Résultats : 87 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 136-141
EXTRAIT Des Registres de l'Academie Royale des Sciences.
Début :
Tout ce qui regarde les choses necessaires à la vie & à la / Le Pere Sebastien, Mrs Homberg, Varignon, & des Billetes [...]
Mots clefs :
Surdité, Machines, Académie royale des sciences, Son
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT Des Registres de l'Academie Royale des Sciences.
Tout ce qui regarde les chofes neceffaires à la vie & à la
fanté , ne pouvant eftre trop
connuës ; je dois vous entretenir encore de deux Articles
dont je vous ay déja parlé , afin
de vous faire voir le progrés
des chofes dont ces Articles
traitent ; le premier regarde la
furdité.
GALANT 137
EXTRAIT
Des Regiſtres de l'Academic
Royale des Sciences.
Le PereSebaftien , Mrs Homberg, Varignon , &des Billetes
qui avoient efté nomméz pour
examiner des Machines de Mr
du Guet qui augmente le fon qui
s'apliquent fous la Perruque des
Hommes , fous la Coiffure
des Femmes , à des Sieges , &
dont l'effet augmente à proportion de leur volume en ayant
fait leur raport , la Compagnie à
jugé qu'elles eftoient nouvelles
Février 1710. M
138 MERCURE
ingenieufes & utiles à ceux qui
entendent difficilement ou pour
entendrede plusloin. Fait à Paris
ce 6 ° May 1709.fignéFontenelle
Secretaire perpetuel de l'Academie Royale des Sciences.
Le Roy , eh confideration
de l'invention particuliere de
ces Machines qui fervent tresutilement à ceux qui ont l'ouye
dure , & intereffent ceux qui
font obligez de leur parler , le
Roy a accordé un Privilege
exclufifà Mr du Guet , &pour
vous marquer le progrés de
fes Machines , je vous envoye
GALANT 139
une Lettre qui a cfté adreffée
audit Sieur du Guet.
COPIE DE LA LETTRE
du Pere Damien , Capucin ,
Confeffeur des Capucines ,
écrite à M' du Guet,
Novembre 1709.
Le 10.
Il eft jufte Monfieur , que
pour vostre fatisfaction & pour
procurer au Public l'utilité du
Secret que vous avez pour foulager aux perfonnes fourdes la
difficulté qu'elles ont d'entendre ,
je vous rende compte du fuccés
que vous avez eu dans le MoMij
140 MERCURE
naftere de nos Meres Capucines
enlaperfonne de Sœur Marie de
Saint Louis de Boulainvilliers
qui fe trouve parfaitementfoulagée de fa Surdité par l'ufage de voftre Machine. Toute
la Communauté qui s'aperçoit
bien de ce fuccés fe loüe fort de ce
fecret & Madame de Boulainvilliers mere de cette Religieufe , fut furprife de ce que fa
fille entendoit beaucoup mieux
depuis quelques mois qu'elle ne
l'avoit veuë , elle approuva fort
cette Machine dont fa fille fe
trouvoitfibien; fi ce temoignage
que je rends à la verité vous
GALANT 141
peut eftre utile , fervez vous- en
j'en auray autant de plaifir
que vous à quije voudrois de tout
moncœurrendre d'autresfervices
eftant , Monfieur, voftre , & c
fanté , ne pouvant eftre trop
connuës ; je dois vous entretenir encore de deux Articles
dont je vous ay déja parlé , afin
de vous faire voir le progrés
des chofes dont ces Articles
traitent ; le premier regarde la
furdité.
GALANT 137
EXTRAIT
Des Regiſtres de l'Academic
Royale des Sciences.
Le PereSebaftien , Mrs Homberg, Varignon , &des Billetes
qui avoient efté nomméz pour
examiner des Machines de Mr
du Guet qui augmente le fon qui
s'apliquent fous la Perruque des
Hommes , fous la Coiffure
des Femmes , à des Sieges , &
dont l'effet augmente à proportion de leur volume en ayant
fait leur raport , la Compagnie à
jugé qu'elles eftoient nouvelles
Février 1710. M
138 MERCURE
ingenieufes & utiles à ceux qui
entendent difficilement ou pour
entendrede plusloin. Fait à Paris
ce 6 ° May 1709.fignéFontenelle
Secretaire perpetuel de l'Academie Royale des Sciences.
Le Roy , eh confideration
de l'invention particuliere de
ces Machines qui fervent tresutilement à ceux qui ont l'ouye
dure , & intereffent ceux qui
font obligez de leur parler , le
Roy a accordé un Privilege
exclufifà Mr du Guet , &pour
vous marquer le progrés de
fes Machines , je vous envoye
GALANT 139
une Lettre qui a cfté adreffée
audit Sieur du Guet.
COPIE DE LA LETTRE
du Pere Damien , Capucin ,
Confeffeur des Capucines ,
écrite à M' du Guet,
Novembre 1709.
Le 10.
Il eft jufte Monfieur , que
pour vostre fatisfaction & pour
procurer au Public l'utilité du
Secret que vous avez pour foulager aux perfonnes fourdes la
difficulté qu'elles ont d'entendre ,
je vous rende compte du fuccés
que vous avez eu dans le MoMij
140 MERCURE
naftere de nos Meres Capucines
enlaperfonne de Sœur Marie de
Saint Louis de Boulainvilliers
qui fe trouve parfaitementfoulagée de fa Surdité par l'ufage de voftre Machine. Toute
la Communauté qui s'aperçoit
bien de ce fuccés fe loüe fort de ce
fecret & Madame de Boulainvilliers mere de cette Religieufe , fut furprife de ce que fa
fille entendoit beaucoup mieux
depuis quelques mois qu'elle ne
l'avoit veuë , elle approuva fort
cette Machine dont fa fille fe
trouvoitfibien; fi ce temoignage
que je rends à la verité vous
GALANT 141
peut eftre utile , fervez vous- en
j'en auray autant de plaifir
que vous à quije voudrois de tout
moncœurrendre d'autresfervices
eftant , Monfieur, voftre , & c
Fermer
Résumé : EXTRAIT Des Registres de l'Academie Royale des Sciences.
En février 1710, l'Académie Royale des Sciences a examiné des inventions de Monsieur du Guet visant à améliorer l'audition. Ces machines étaient conçues pour amplifier le son sous les perruques masculines et les coiffures féminines, ainsi que sur les sièges. Elles ont été jugées nouvelles, ingénieuses et utiles pour les personnes ayant des difficultés auditives. Le roi a accordé à Monsieur du Guet un privilège exclusif pour ces inventions. Une lettre du Père Damien, datée de novembre 1709, atteste du succès de ces machines, notamment auprès de la sœur Marie de Saint Louis de Boulainvilliers, dont la surdité a été soulagée. La communauté des Capucines et la mère de la religieuse ont également approuvé cette invention.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 56-102
Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Discours, Plantes, Baromètre, Animaux, Matière, Malades, Médecine, Mercure, Assemblée, Botanique, Métal, Minéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
Fermer
Résumé : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le 30 avril, l'Académie Royale des Sciences organisa sa première assemblée publique après Pâques. M. de Fontenelle, secrétaire perpétuel, ouvrit la séance en rendant hommage à M. de Chazelles, professeur en hydrographie à Marseille. Chazelles est reconnu pour son expertise dans la création de plans et de cartes grâce à des observations astronomiques, compétences acquises à l'Observatoire sous la direction de M. Cassini. Il a mené de nombreuses campagnes en Méditerranée, décrivant avec précision les ports, rades et côtes. M. Renéaume présenta ensuite un discours sur la découverte d'un nouveau fébrifuge. Il souligna que la botanique ne se limite pas à la nomenclature des plantes mais vise à en découvrir les usages médicaux. Renéaume critiqua l'abandon des remèdes locaux au profit de plantes étrangères, comme la quinquina, qui avait éclipsé de nombreux remèdes efficaces. Il présenta la noix de galle comme un nouveau fébrifuge, découvert par erreur, et décrivit ses propriétés et son efficacité, confirmée par plusieurs guérisons. M. de la Hire, le cadet, lut un discours sur l'analogie entre les plantes et les animaux, et l'utilité de cette étude. Il expliqua que, bien que la botanique puisse sembler stérile, elle est riche en faits curieux et peut bénéficier des connaissances sur les animaux. Il donna des exemples de plantes spécifiques à certains pays et de leur comportement lorsqu'elles sont transplantées. Il mentionna également une plante appelée Baromets ou Boranets, ressemblant à un agneau, qui pousse en Tartarie et nécessite de l'herbe pour survivre. Un autre orateur discuta des similitudes entre les plantes et les animaux, soulignant que les processus de croissance et de reproduction sont comparables. Il mentionna la découverte des œufs dans les plantes, la puberté des plantes comparée à celle des animaux, et la variété des espèces. Il aborda également les maladies des plantes, les moyens de les guérir, et la stérilité. Il conclut en affirmant une forte analogie entre les plantes et les animaux. Mr. Hombert présenta un discours sur les matières sulphureuses, expliquant leur transformation et classification en trois classes selon leur état (terreux, aqueux, ou mercuriel). Il décrivit comment ces matières peuvent changer d'état sans perdre leur nature sulphureuse, illustrant ses propos par des expériences. Mr. de Bernouilly, professeur à Bâle, envoya une lettre sur un nouveau baromètre sensible qu'il a inventé. Mr. de Varignon lut cette lettre, décrivant les avantages de ce baromètre, notamment sa sensibilité accrue, son absence de problèmes liés à l'évaporation, et sa simplicité de construction. Il expliqua le principe de fonctionnement du baromètre et sa résistance aux variations de température. Enfin, l'Abbé Bignon résuma les discours avec esprit et pertinence, soulignant les beautés et les nouvelles perspectives apportées par chaque intervention.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 13-15
ACADEMIE Royale des Sciences.
Début :
Le Mécredy 12. Novembre Messieurs de l'Academie Royale des [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Discours, Araignées, Réaumur, Cassini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ACADEMIE Royale des Sciences.
ACADEMIE
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées.
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées.
Fermer
Résumé : ACADEMIE Royale des Sciences.
Le 12 novembre, l'Académie Royale des Sciences tint son assemblée annuelle. Monsieur Cassini parla du flux et reflux marin. Monsieur de Reaumur découvrit la fiole des araignées. Monsieur Mery discuta des moules des rivières et étangs. Monsieur Homberg conclut sur la végétation des métaux. Les discours seront publiés prochainement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 49-81
EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
Début :
L'auteur, aprés quelques remarques nouvelles & judicieuses, dit que jusques [...]
Mots clefs :
Animaux, Rivière, Mer, Académie royale des sciences, Coquilles, Limaçon, Variété, Liqueurs, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
EXTRAIT
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
En février 1711, M. de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur la formation et l'accroissement des coquilles des animaux terrestres et aquatiques. Il a souligné que, jusqu'alors, les hommes s'étaient contentés de collectionner les coquilles les plus rares sans chercher à comprendre les causes de la variété de leurs couleurs. Reaumur a donc étudié la nature pour expliquer ces phénomènes. Dans son discours, Reaumur a distingué deux types de croissance des coquilles : par végétation (ou intussusception) et par juxtaposition. La croissance par végétation implique que les petites parties de matière se préparent à l'intérieur du corps avant de s'y ajouter, comme la sève dans les plantes ou le sang dans les animaux. La croissance par juxtaposition se produit lorsque les parties s'ajoutent sans préparation préalable, comme dans les cristallisations ou les fels. Reaumur a choisi d'étudier les limaçons de terre pour leurs observations, car ils sont plus faciles à observer. Il a expliqué que lorsque l'animal grandit, la coquille ne peut plus le couvrir entièrement, laissant une partie de son corps nue. Cette partie nue est toujours proche de l'ouverture de la coquille. Les animaux à coquilles spiralées, comme les limaçons, ne peuvent s'étendre que du côté de la tête, tandis que ceux à coquilles en deux parties, comme les moules, peuvent s'étendre dans tout leur contour. L'accroissement des coquilles est dû à une mécanique similaire à celle des canaux conduisant l'eau. Les petites parties de matière, moins fluides, se déplacent vers les parois des canaux et s'y attachent, formant une croûte. De même, chez les animaux, les liquides circulent dans des canaux et déposent des particules qui forment la nouvelle coquille. Reaumur a mené des expériences pour prouver ses observations, comme celle où il a inséré une peau de canepin dans une coquille de limaçon pour observer la formation de la nouvelle coquille. Il a également noté que les coquilles des limaçons augmentent en taille par l'ajout de tours de spirale, mais que la largeur de chaque tour reste constante. Pour expliquer la variété des couleurs des coquilles, Reaumur a proposé que la peau de l'animal agit comme un crible qui laisse passer des particules formant la coquille. Si cette peau est percée différemment en divers endroits ou composée de différents cribles, les particules passant à travers ces cribles auront des formes ou des natures différentes. Ces particules formeront des corps réfléchissant la lumière de manière différente, créant ainsi des morceaux de coquille de diverses couleurs. Reaumur a également attribué les figures, canelures, gravures et autres caractéristiques des coquilles les plus rares aux formes et mouvements différents de l'animal. Il a conclu que ses observations et expériences confirment sa théorie sur l'accroissement des coquilles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 3-11
Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
Début :
Messieurs de l'Academie Royale des Sciences viennent de donner au [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Mémoires, Public, Vérités
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
Histoire dePAc-ademieBodes .yaleder
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
Fermer
Résumé : Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
L'Académie Royale des Sciences a publié un volume de son Histoire, regroupant des pièces académiques sur diverses sciences. Ce volume inclut un ouvrage du secrétaire de la compagnie, qui présente les détails de chaque mémoire. Les découvertes y sont issues de méditations profondes et de recherches actives, appréciées pour leur vivacité et leur exactitude. Les savants offrent au public des connaissances utiles et ouvrent des chemins vers la vérité, partageant des méthodes pour étendre les vues de l'esprit et le progrès des sciences. Le livre est divisé en deux parties. La première, 'Histoire de l'Académie Royale des Sciences', résume chaque mémoire et sert d'introduction et de récapitulation. Elle facilite la compréhension des mémoires et montre comment les vérités se tiennent entre elles. L'ouvrage est également remarquable pour son élégance et sa politesse, prouvant que les grâces et les sciences ne sont pas incompatibles. Le texte ne fournit pas un extrait complet du dernier volume, mais mentionne des sujets moins abstraits et propose une table des matières pour localiser facilement les sujets traités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 49-57
ELOGE de Mr de Tschirnhaus, de l'Academie Royale des Sciences. Par Mr de Fontenelle.
Début :
Mr de Tschirnhaus étant mort le 11 Octobre 1708. Mr [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Ehrenfried Walther von Tschirnhaus, Éloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de Mr de Tschirnhaus, de l'Academie Royale des Sciences. Par Mr de Fontenelle.
ELOGE de Mr de
Tschirnhaus, de ¡J,A.
1demie Royale des
Sciences,
ParMrde Fontcnelle.
Mr deTschirnhausétant
mort le xi Octobre 1708;
Mr de Fontenelle fit son
éloge à l'Academie des
Sciences.
:
,
Mr de Fontenelle après
avoir parlé de l'illustre extra&
ionde M, de Tfchirnhaus
; de son inclinationdominante
pour les Lettres
& pour la Géométrie des
sa plus grande jeunesse; du
fruit de ses voyages; de soncaractere
d'esprit vif, hardi,
original; des découvertes
qu'il a faites dans les
Mathématiques, qui luiont
acquis une si grande réputation
parmi les Sçavans;
de son Traité de Medecina
mentis & corporis: lui donne
du costé des sentimens &
des moeurs les louanges qu'il
mérité. Voici entr'autres
çhçfcs ce qùef dit Mrde
Fontenelle sur k dcfintç*.
reornentphiiofophtqucde
Mr de Tfehirnhaus.
.(;' Cette passion ardenreCe
pourl'étude doie natu- €f
relieraient:doftiier l'idée -
d'unhomme éxtrètncmcntf
evide de gloire;carenfin ic
il riy a point de grands
travaux sans âtgrands"
motifs^ lesSçàvans font <p
dès ambitieux )de cabinet. u
Cependant Mr de Tfchjr. «C'
nhausne l'était point; il cf
n'aspirait point partou-fC
tessesveilles à cette im- Cç
mortalité qui nous tou-1{
„
che, tant & nous appartient
si peu ; iladit à ses „amisque dés l'âge de 24 ans il croyoit s'être af-
»franchi de l'amour des
;,.
plaisirs, des richesses, &
même de la gloire. Il y a
des hommes qui ont droit de rendre témoignage
,,
d'eux mêmes. Il aimoic
,, donc les Sçiences de cet
"amour pur & desinteressé
„ qui fait tant d'honneur, »&àl'objetquil'inspire,&
„ au coeur qui le ressent;
„ la maniere dont il s'exl'
prime en quelques endroits
( de son Livre) sur u
le ravissement que cause
la joüissance de la vericé <c
est si vive & si animée, cc
qu'il auraitété inexcufa- cc
bledese proposeruneau-"
tre récompense.
On voit par là à quel
point Mr de Tschirnhaus
estoit Philosophe;
on en jugera demême
par la fin deson eloge.
Ilavaitdonne une par-"
tieconsiderablede son pa-<c
trimoineàson plaisir,c'eGcC
à dire auxLettres. Il pro- [i
"pole dans ion ouvrage le
„ plan d'une Société de gens
„ de condition,& amateurs „des Sciences, qui fourniyi
raiént à des ~sçavans plus
appliqués tout cequi
,, leur seraitnecessaire &
,,
pourleurs sciences & pour
„ eux;& l'on sent bien avec
„ quel plaisir il auroit porté
ses charges de cette Com-
,, munauté. Il les porroit dé- là sans l'avoirformée. Il
cherchoit des gens qui eussent
des talens, soit pour
„ lesSciencesutiles,soit pour
ks Arts; illestirait des tenebres
où ils habitent or- <c
dinairement, & était en c(
même-temps leur compagnon,
leur Directeur, &(<
leur Bienfacteur. Il s'est as- t€
sez souvent chargé du foincC
& de la dépense de fàirecC
imprimer les Livres d'au- cC
truy, dont il esperoit deCI
l'utilité pour le Public, en- (<
tr'autres le Cours de Chy- ct
mie de Mr Lemery, qu'il
avoit fait traduire en Alle- cc
mand, & cela sans se faire <c
rendre, ou sans se rendre
à lui même dans les Pre- cC
faces l'honneur qui luy/î
,,- était dû, & qu'un autre"
3>
n'auroit pas negligé. Dans
des occasions plus impoiv?
tantes, si cependantelles
ne le font pas toutes égament
pour la vanité, H
;, n'était pas moins éloigné
„deloflentatibil. Il faisoit
,,du bien à Ces ennemis avec chaleur, & sans qu'ilslé?'
~fçûssent,ce qu'à peine le
Christianisme ose exiger.
* Il n'était point Philosophe
par des conoiflances*
,,rares & homme vulgaire
?) par ses passions & par ses
faiblesses.La vraye Philosophie
avait penetré Conte
coeur, & y avait établi cette
delicieuse tranquillité,
qui est le plus grand & le c,
moins recherché de tous
les biens.
Tschirnhaus, de ¡J,A.
1demie Royale des
Sciences,
ParMrde Fontcnelle.
Mr deTschirnhausétant
mort le xi Octobre 1708;
Mr de Fontenelle fit son
éloge à l'Academie des
Sciences.
:
,
Mr de Fontenelle après
avoir parlé de l'illustre extra&
ionde M, de Tfchirnhaus
; de son inclinationdominante
pour les Lettres
& pour la Géométrie des
sa plus grande jeunesse; du
fruit de ses voyages; de soncaractere
d'esprit vif, hardi,
original; des découvertes
qu'il a faites dans les
Mathématiques, qui luiont
acquis une si grande réputation
parmi les Sçavans;
de son Traité de Medecina
mentis & corporis: lui donne
du costé des sentimens &
des moeurs les louanges qu'il
mérité. Voici entr'autres
çhçfcs ce qùef dit Mrde
Fontenelle sur k dcfintç*.
reornentphiiofophtqucde
Mr de Tfehirnhaus.
.(;' Cette passion ardenreCe
pourl'étude doie natu- €f
relieraient:doftiier l'idée -
d'unhomme éxtrètncmcntf
evide de gloire;carenfin ic
il riy a point de grands
travaux sans âtgrands"
motifs^ lesSçàvans font <p
dès ambitieux )de cabinet. u
Cependant Mr de Tfchjr. «C'
nhausne l'était point; il cf
n'aspirait point partou-fC
tessesveilles à cette im- Cç
mortalité qui nous tou-1{
„
che, tant & nous appartient
si peu ; iladit à ses „amisque dés l'âge de 24 ans il croyoit s'être af-
»franchi de l'amour des
;,.
plaisirs, des richesses, &
même de la gloire. Il y a
des hommes qui ont droit de rendre témoignage
,,
d'eux mêmes. Il aimoic
,, donc les Sçiences de cet
"amour pur & desinteressé
„ qui fait tant d'honneur, »&àl'objetquil'inspire,&
„ au coeur qui le ressent;
„ la maniere dont il s'exl'
prime en quelques endroits
( de son Livre) sur u
le ravissement que cause
la joüissance de la vericé <c
est si vive & si animée, cc
qu'il auraitété inexcufa- cc
bledese proposeruneau-"
tre récompense.
On voit par là à quel
point Mr de Tschirnhaus
estoit Philosophe;
on en jugera demême
par la fin deson eloge.
Ilavaitdonne une par-"
tieconsiderablede son pa-<c
trimoineàson plaisir,c'eGcC
à dire auxLettres. Il pro- [i
"pole dans ion ouvrage le
„ plan d'une Société de gens
„ de condition,& amateurs „des Sciences, qui fourniyi
raiént à des ~sçavans plus
appliqués tout cequi
,, leur seraitnecessaire &
,,
pourleurs sciences & pour
„ eux;& l'on sent bien avec
„ quel plaisir il auroit porté
ses charges de cette Com-
,, munauté. Il les porroit dé- là sans l'avoirformée. Il
cherchoit des gens qui eussent
des talens, soit pour
„ lesSciencesutiles,soit pour
ks Arts; illestirait des tenebres
où ils habitent or- <c
dinairement, & était en c(
même-temps leur compagnon,
leur Directeur, &(<
leur Bienfacteur. Il s'est as- t€
sez souvent chargé du foincC
& de la dépense de fàirecC
imprimer les Livres d'au- cC
truy, dont il esperoit deCI
l'utilité pour le Public, en- (<
tr'autres le Cours de Chy- ct
mie de Mr Lemery, qu'il
avoit fait traduire en Alle- cc
mand, & cela sans se faire <c
rendre, ou sans se rendre
à lui même dans les Pre- cC
faces l'honneur qui luy/î
,,- était dû, & qu'un autre"
3>
n'auroit pas negligé. Dans
des occasions plus impoiv?
tantes, si cependantelles
ne le font pas toutes égament
pour la vanité, H
;, n'était pas moins éloigné
„deloflentatibil. Il faisoit
,,du bien à Ces ennemis avec chaleur, & sans qu'ilslé?'
~fçûssent,ce qu'à peine le
Christianisme ose exiger.
* Il n'était point Philosophe
par des conoiflances*
,,rares & homme vulgaire
?) par ses passions & par ses
faiblesses.La vraye Philosophie
avait penetré Conte
coeur, & y avait établi cette
delicieuse tranquillité,
qui est le plus grand & le c,
moins recherché de tous
les biens.
Fermer
Résumé : ELOGE de Mr de Tschirnhaus, de l'Academie Royale des Sciences. Par Mr de Fontenelle.
Lors d'une séance à l'Académie des Sciences, Mr de Fontenelle a rendu hommage à Mr de Tschirnhaus, décédé le 11 octobre 1708. Il a souligné l'inclination précoce de Tschirnhaus pour les lettres et la géométrie, ainsi que les fruits de ses voyages. Tschirnhaus était reconnu pour son esprit vif, hardi et original, et pour ses découvertes en mathématiques, qui lui ont valu une grande réputation parmi les savants. Fontenelle a également mentionné le traité de médecine de Tschirnhaus, intitulé 'Medicina mentis & corporis'. Il a loué les sentiments et les mœurs de Tschirnhaus, le décrivant comme un homme passionné par l'étude, motivé par la gloire et les grands motifs. Tschirnhaus n'était pas guidé par la vanité et faisait du bien à ses ennemis avec chaleur et discrétion. Il n'était ni un philosophe par des connaissances rares ni un homme vulgaire par ses passions et ses faiblesses. La véritable philosophie avait pénétré son cœur, y établissant une tranquillité délicieuse, considérée comme le plus grand et le moins recherché des biens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 39-52
« L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...] »
Début :
L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...]
Mots clefs :
Huile, Sang, Liqueurs, Vaisseaux, Sécrétion, Corps, Médecine, Animaux, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...] »
L'Assemblée publique de
l'Academie Royale des
Sciencesqui se devoit tenir
le Mercredy i;c Avril, ne
se tint point & fut remise au
Mercredy 22e. Elle sur ouverte
par l'Eloge que Mr de
Fontenellefit deMr Guilelmini
Associé étranger de
cette Academie, & mort
depuis peu.
MrMarchand lut ensuite
quelques observations qu'il
avoit faites sur la nature des
Plantes & sur quelques unes
de leurs parties cachées.
Mr de Reaumur traita
ensuite des différentes manieres
dont plusieurs animaux
de mer s'attachent
au sable, aux pierres, ou les
uns aux autres.
Enfin Mr Vinflon Medecin
de la Faculté de Paris
,
reçu depuis peu à l'Academieen
qualitéd'Anatomiste
, satisfità l'obligation où
sont les nouveaux Academiciens
de payer leur bienvenuë
dans une Assemblée
publique, par un Discours
qu'illut touchant la maniere
dont se fait la secretion
dans les glandes des animaux.
Il ex posad'abord ce qu'il
entendoit par fecrction
,
il dit, que le corps humain
estoit arrosé par un grand
nombrede différentes liqueurs
outre le fang, que
la pluspart de ces liqueurs
prenoient leur origine du
sang, quelle s'en separoient
dans des organes particuliers
qu'on nommoit Glandes;
& que cette separation ou
cribration des liqueurs d'avec
le fang se nommoic
Secretion.
Il exposa les differents
sentiments des Philosophes
touchant la maniere donc
se faisoit cette secretion ;
& aprés avoir rejetté les
Facul rez des Anciens les,
ferments,& la configuration
des pores des modernes
,
il dit, que ceux ,
qui
avoient le mieux raisonné
sur cela, estoient quelques
uns des modernes, qui
avoient comparé les secretions
dans les glandes, aux
philtrations des Chymistes,
il rapporta sur cela deux
experiences des Chymistes,
La premiere qu'ayant une
fois imbibé un papier broüillard
d'eau ou d'huile, si
l'on ver se sur ce papier un
mélange d'huile & d'eau
,
il ne pane au travers du papier
que celle des deux liqueurs
dont il a estéimbibé,
l'autre demeurant dessus.
La seconde que si on met
dans un vase de l'huile & de
l'eau meslées ensemble
,
si
l'on trempe des méches de
cotton, ou des languetres
de drap les unes dans l'huile
& les autres dans l'eau
que l'on place ces méches
ou languettes sur le bord'
du vaisseau en maniere de
siphon
,
ensorte qu'un de
leurs bouts trempe dans la
liqueur & l'autre pende
dehors, celles qui seront
imbibées d'huile distilleront
de l'hüile,& celles qui seront
imbibées d'eau ne disstilleront
que de l'eau.
Fondésur ces ex periences
il établit avec les nouveaux
Philosophes uneimbibition
pour catife de la secretion.
Ce sentiment n'avoit esté
jusquesicy qu'une fuppofirion
donc on s'estoit conten.
té faute de mieux; mais
comme un Philosophe &
surtout un Philosophe Medecin
ne doit pas se contenter
de simples con jectures
dans une affaire aussi importante
que celles des [cerc.
tions pour toute l'oeconomie
animale &pour les
consequences que l'on en
peut tirer dans la pratique
de la Medecine, Mr
Vinslon a cherché dans la
nature même la verité, il
a parcouru toutes les glandes
du corps humain, &
celles du corps de differents
animaux, & enfin après une
longue recherche il a reconnu
que les glandes estoient
des pelotons de vaisseaux,
qu'il nomme Secretoires
,
à
cause de leur usage
, que
ces vaisseaux sont remplis
d'une espece de velouté
ou duvet,- capable defaire
le même effet que le
tissu filamenteux du drap,
du cotton, ou du papier,
&ila promis dele faire voir
dans toutes les glandes du
corps de l'homme ou des
animaux.
Il dit que le sang est porté
par les arteres dans les glandes
, que l'artere se divise
en une infinité de petits
rameaux d'une extrême si..
nesse qui se recourbent en.
fuite & se reünissent pour
sortir des glandes fous le
nom de veines, que c'est
dans cescourbures que s'abouchent
ces vaisseaux fccretoires,
qui le reünissent
aussi en un seul canal qu'il
nomme Excretoire
, parce
qu'il porte hors de la glande
le suc qui s'y est philtré. Ces
glandes ou vaisseaux secretoiresont,
dit-il,esté imbibez
dés la premicre conformation
du foetus, des liqueursqu'elles
devoientphiltrer,
en sorte que le fang qui
arrive par l'artere se divifc
infiniment dans tous ces
petits rameaux;de maniere
que ses molecules font obligées
en quel ques maniere
de défiler une à une dans
leur
leurscourbures
,
où les
molecules qui sont de la
nature de celles des canaux
secretoires sont imbibez,
entrent dans ces canaux.
pendant que les autres pasfant
par dessus sans sy mesler,
roulent jufqucs dans les
veines.
Mr Vinslon dit qu'illaissoitaux
Physiciens à rendre
raison de ce fait,aussibien
que de la philtration des
Chymistes,& qu'il secontentoit
d'avoir reconnu la
verité sans en chercher la
raison.
Le temps ne luy permit
pas d'expliquerbeaucoup de
choses par rapport aux secretions,
par exemple, quel
est l'usage des nerfs&des
vaisseauxlymphatiques des
glandes, qu'elle doit estre
la disposition du sangpour
les differentes secretions , &c. ce qu'il doit donner
dans des Mémoires particu-,
liers.
Mr Vinslonest originairement
Danois. & parent- dvi;
fameux Mr Renon
,
il,
avoit esté élevé dansla Religion
de son Pays. Le Roy
de Dannemarck l'avoit envoyé
en France pour s'y
induire dans toutes les
parties de la Medecine; Il
luy payoit icy ses pensions,
1" & luy avoit promis de luy
donner ensuite une Chaire
de Professeur à Copenhague
Le hazardl'ayant fait connoisstre
de feu Mr l'Evêque
[de Meaux qui reconnut dans ce jeune homme un grand
» fonds de bonnes moeurs &
de Religion,cePrelatentreprit
de le convertir ; ce
jeune homme aprésavoit
long. temps combattu (e
rendit enfin aux solides raisons
du Prélat & sitoiti.
qu'il fut convaincu, il oubIia,
pour se convertir lax*
fortune qui l'attendoit enri
Dannemarck
,
& les biens
que sa famille & luy y pof-.-
sedoient atruellement ; enn
effet le Roy de Dannemarck
supprima aussi-tost ses pen--J
sions, l'interdit de tous ses
biens & le proserivit de sonn
pays; tout cela n'a fait que
l'affermir davantagedans
la veritableReligion, dans
laquelle on peut le regardera
comme un modele de pieté
l'Academie Royale des
Sciencesqui se devoit tenir
le Mercredy i;c Avril, ne
se tint point & fut remise au
Mercredy 22e. Elle sur ouverte
par l'Eloge que Mr de
Fontenellefit deMr Guilelmini
Associé étranger de
cette Academie, & mort
depuis peu.
MrMarchand lut ensuite
quelques observations qu'il
avoit faites sur la nature des
Plantes & sur quelques unes
de leurs parties cachées.
Mr de Reaumur traita
ensuite des différentes manieres
dont plusieurs animaux
de mer s'attachent
au sable, aux pierres, ou les
uns aux autres.
Enfin Mr Vinflon Medecin
de la Faculté de Paris
,
reçu depuis peu à l'Academieen
qualitéd'Anatomiste
, satisfità l'obligation où
sont les nouveaux Academiciens
de payer leur bienvenuë
dans une Assemblée
publique, par un Discours
qu'illut touchant la maniere
dont se fait la secretion
dans les glandes des animaux.
Il ex posad'abord ce qu'il
entendoit par fecrction
,
il dit, que le corps humain
estoit arrosé par un grand
nombrede différentes liqueurs
outre le fang, que
la pluspart de ces liqueurs
prenoient leur origine du
sang, quelle s'en separoient
dans des organes particuliers
qu'on nommoit Glandes;
& que cette separation ou
cribration des liqueurs d'avec
le fang se nommoic
Secretion.
Il exposa les differents
sentiments des Philosophes
touchant la maniere donc
se faisoit cette secretion ;
& aprés avoir rejetté les
Facul rez des Anciens les,
ferments,& la configuration
des pores des modernes
,
il dit, que ceux ,
qui
avoient le mieux raisonné
sur cela, estoient quelques
uns des modernes, qui
avoient comparé les secretions
dans les glandes, aux
philtrations des Chymistes,
il rapporta sur cela deux
experiences des Chymistes,
La premiere qu'ayant une
fois imbibé un papier broüillard
d'eau ou d'huile, si
l'on ver se sur ce papier un
mélange d'huile & d'eau
,
il ne pane au travers du papier
que celle des deux liqueurs
dont il a estéimbibé,
l'autre demeurant dessus.
La seconde que si on met
dans un vase de l'huile & de
l'eau meslées ensemble
,
si
l'on trempe des méches de
cotton, ou des languetres
de drap les unes dans l'huile
& les autres dans l'eau
que l'on place ces méches
ou languettes sur le bord'
du vaisseau en maniere de
siphon
,
ensorte qu'un de
leurs bouts trempe dans la
liqueur & l'autre pende
dehors, celles qui seront
imbibées d'huile distilleront
de l'hüile,& celles qui seront
imbibées d'eau ne disstilleront
que de l'eau.
Fondésur ces ex periences
il établit avec les nouveaux
Philosophes uneimbibition
pour catife de la secretion.
Ce sentiment n'avoit esté
jusquesicy qu'une fuppofirion
donc on s'estoit conten.
té faute de mieux; mais
comme un Philosophe &
surtout un Philosophe Medecin
ne doit pas se contenter
de simples con jectures
dans une affaire aussi importante
que celles des [cerc.
tions pour toute l'oeconomie
animale &pour les
consequences que l'on en
peut tirer dans la pratique
de la Medecine, Mr
Vinslon a cherché dans la
nature même la verité, il
a parcouru toutes les glandes
du corps humain, &
celles du corps de differents
animaux, & enfin après une
longue recherche il a reconnu
que les glandes estoient
des pelotons de vaisseaux,
qu'il nomme Secretoires
,
à
cause de leur usage
, que
ces vaisseaux sont remplis
d'une espece de velouté
ou duvet,- capable defaire
le même effet que le
tissu filamenteux du drap,
du cotton, ou du papier,
&ila promis dele faire voir
dans toutes les glandes du
corps de l'homme ou des
animaux.
Il dit que le sang est porté
par les arteres dans les glandes
, que l'artere se divise
en une infinité de petits
rameaux d'une extrême si..
nesse qui se recourbent en.
fuite & se reünissent pour
sortir des glandes fous le
nom de veines, que c'est
dans cescourbures que s'abouchent
ces vaisseaux fccretoires,
qui le reünissent
aussi en un seul canal qu'il
nomme Excretoire
, parce
qu'il porte hors de la glande
le suc qui s'y est philtré. Ces
glandes ou vaisseaux secretoiresont,
dit-il,esté imbibez
dés la premicre conformation
du foetus, des liqueursqu'elles
devoientphiltrer,
en sorte que le fang qui
arrive par l'artere se divifc
infiniment dans tous ces
petits rameaux;de maniere
que ses molecules font obligées
en quel ques maniere
de défiler une à une dans
leur
leurscourbures
,
où les
molecules qui sont de la
nature de celles des canaux
secretoires sont imbibez,
entrent dans ces canaux.
pendant que les autres pasfant
par dessus sans sy mesler,
roulent jufqucs dans les
veines.
Mr Vinslon dit qu'illaissoitaux
Physiciens à rendre
raison de ce fait,aussibien
que de la philtration des
Chymistes,& qu'il secontentoit
d'avoir reconnu la
verité sans en chercher la
raison.
Le temps ne luy permit
pas d'expliquerbeaucoup de
choses par rapport aux secretions,
par exemple, quel
est l'usage des nerfs&des
vaisseauxlymphatiques des
glandes, qu'elle doit estre
la disposition du sangpour
les differentes secretions , &c. ce qu'il doit donner
dans des Mémoires particu-,
liers.
Mr Vinslonest originairement
Danois. & parent- dvi;
fameux Mr Renon
,
il,
avoit esté élevé dansla Religion
de son Pays. Le Roy
de Dannemarck l'avoit envoyé
en France pour s'y
induire dans toutes les
parties de la Medecine; Il
luy payoit icy ses pensions,
1" & luy avoit promis de luy
donner ensuite une Chaire
de Professeur à Copenhague
Le hazardl'ayant fait connoisstre
de feu Mr l'Evêque
[de Meaux qui reconnut dans ce jeune homme un grand
» fonds de bonnes moeurs &
de Religion,cePrelatentreprit
de le convertir ; ce
jeune homme aprésavoit
long. temps combattu (e
rendit enfin aux solides raisons
du Prélat & sitoiti.
qu'il fut convaincu, il oubIia,
pour se convertir lax*
fortune qui l'attendoit enri
Dannemarck
,
& les biens
que sa famille & luy y pof-.-
sedoient atruellement ; enn
effet le Roy de Dannemarck
supprima aussi-tost ses pen--J
sions, l'interdit de tous ses
biens & le proserivit de sonn
pays; tout cela n'a fait que
l'affermir davantagedans
la veritableReligion, dans
laquelle on peut le regardera
comme un modele de pieté
Fermer
Résumé : « L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...] »
L'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, initialement prévue le 11 avril, a été reportée au 22 avril. La séance a commencé par l'éloge de Monsieur Guillelmini, un associé étranger récemment décédé, prononcé par Monsieur de Fontenelle. Monsieur Marchand a ensuite présenté des observations sur la nature des plantes et certaines de leurs parties cachées. Monsieur de Reaumur a traité des différentes manières dont certains animaux marins s'attachent au sable, aux pierres ou les uns aux autres. Monsieur Vinflon, médecin de la Faculté de Paris et nouvellement reçu à l'Académie en qualité d'anatomiste, a prononcé un discours sur la sécrétion dans les glandes des animaux. Il a défini la sécrétion comme la séparation des liquides du sang dans des organes particuliers appelés glandes. Après avoir rejeté les explications des Anciens et des modernes, il a comparé les sécrétions glandulaires aux filtrations des chimistes, illustrant cela par deux expériences. Fondé sur ces expériences, il a proposé l'imbibition comme mécanisme de la sécrétion, une hypothèse jusqu'alors non vérifiée. Monsieur Vinflon a exploré les glandes du corps humain et de différents animaux, découvrant que les glandes sont des pelotons de vaisseaux sécrétoires remplis d'une substance similaire au duvet. Le sang, apporté par les artères, se divise en petits rameaux qui se recourbent et se réunissent pour sortir des glandes sous forme de veines. Les molécules du sang, en passant par ces courbures, sont imbibées par les vaisseaux sécrétoires, tandis que les autres molécules continuent leur chemin vers les veines. Originaire du Danemark et parent de Monsieur Renon, Monsieur Vinflon avait été envoyé en France par le roi de Danemark pour étudier la médecine. Converti au christianisme grâce à l'évêque de Meaux, il a renoncé à sa fortune et aux biens qu'il possédait dans son pays natal. Le roi de Danemark a supprimé ses pensions et l'a proscrit, mais cela n'a fait que renforcer sa foi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 17-19
ACADEMIES.
Début :
Le 25. Aoust Mrs de l'Academie Françoise celebrerent la [...]
Mots clefs :
Académie française, Académie royale des sciences, Académie royale des médailles et inscriptions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ACADEMIES.
ACADEMIES.
Le25.AouttMrsde l' Academie
Françoisecelebrerent
la Feste de Sain Louis Roy
de France, selon leur coutume.
Oi dit la Messedans
la Chapelledu Louvre, pendantlaquelle
on chantaun
MotetenMusique quiavoit
esté composé par Mr du
Bouder.Le Panegyrique du
Saint sur prononcé par Mr
l'Abbé Germain.
Mrs de l'Academie Royale
des Sciences, &de celle des
Médailles& Inscriptions celebrerent
la même Fête dans
FEgLifedesPreitresde l'Oratoire
; & le Pere Quinquet
Theatinprononça le Pane.
gyrique.
L'aprésdînée, M" de
l'Academie Françoise tinrcnc
leurAssemblée pour
délivrer le Prix d'Eloquence
qui fut donné à M' Roy,
Confeillct au Chasteler; celuy
de Poesie fut remis à
l'Année prochaine.
Le25.AouttMrsde l' Academie
Françoisecelebrerent
la Feste de Sain Louis Roy
de France, selon leur coutume.
Oi dit la Messedans
la Chapelledu Louvre, pendantlaquelle
on chantaun
MotetenMusique quiavoit
esté composé par Mr du
Bouder.Le Panegyrique du
Saint sur prononcé par Mr
l'Abbé Germain.
Mrs de l'Academie Royale
des Sciences, &de celle des
Médailles& Inscriptions celebrerent
la même Fête dans
FEgLifedesPreitresde l'Oratoire
; & le Pere Quinquet
Theatinprononça le Pane.
gyrique.
L'aprésdînée, M" de
l'Academie Françoise tinrcnc
leurAssemblée pour
délivrer le Prix d'Eloquence
qui fut donné à M' Roy,
Confeillct au Chasteler; celuy
de Poesie fut remis à
l'Année prochaine.
Fermer
Résumé : ACADEMIES.
Le 25 août, l'Académie Française célébra la fête de Saint Louis au Louvre. La messe fut accompagnée d'un motet de Monsieur du Bouder et le panégyrique fut prononcé par l'Abbé Germain. L'Académie Royale des Sciences et des Médailles et Inscriptions tint une célébration similaire à la chapelle des Prêtres de l'Oratoire. L'après-midi, l'Académie Française décerna le prix d'éloquence à Monsieur Roy. Le prix de poésie fut reporté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 28-33
« L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...] »
Début :
L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Grains, Limaçon, Couleur, Pourpre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...] »
Assemblées
de Messieurs de l'Acade
mie Royale des Sciences
, se fit le Samedy 14.
Novembre,par une Assemblée
publique.
Cette assemblée commença
par les Eloges que
fit Mr de Fontenelles Secretaire
de l'Académie, de
deux Académiciens morts
pendant l'année, dont l'un
estoit Mr Carré Académicien
pensionnaire Mechanicien,
& l'autre MrClaude
Bourdelin premier Medecin
de Madame la DuchessedeBourgogne,
aujourd'huy
Madame laDauphine,
& associé Botaniste.
A prés ces Eloges ceux
qui avoient rempli leurs
places payerent leur bienvenuë.
1
4 remMplrissdoeit Reaumur qui
la place de Mr
Carré,lut un memoire contenant
1a découverte dune
nouvelle teinture de pourpre.
La pourpre des Anciens
est un lue jaunastre
qui le trouve dans un pctig
sac au col de certains lima
çons de mer. Et refpandantce
suc sur un linge,&
le laissant exposé à
l'air, de jaune qu'il estoit
il devient dune belle couleur
de pourpre. Mr de
Reaumur cherchant de
ces coquillages, observa
qu'ils se ramassoient dans
certains endroits du bord
de la mer, & que les pierres
autour desquellesils
estoient
,
se trouvoient
chargées de petits grains
oblongs ou ovales, de deux
à trois lignes de long, 6c
d'environ une lignede large
, que ces grains estoient
composez d'une peau
membraneuse
, ouverts à
une de leurs extremitez,
& fermez de l'autre
, que
l'extremité ouverte estoit
bouchée par un petit corps
rond,solide&transparent,
& que ces grains renfermoient
une liqueur jaunafire,
qui répanduë sur le
linge, & exposée au grand
air le teint en couleur de
pourpre. Ilobserva au(Xi
que cette liqueur tenuë ds
un lieu sombre & hors du
grand air, ne change point
de couleur Il doute si ces
grains sont les oeufs du limaçon
qui porte la pourpre
, ou si c'est le fruit de
quelque plantemassive qui
serve de nourriture à ces
animaux, &qui leur fournit
ce suc. Ilrapporraaussi
beaucoup d'experiences
qu ilavoit faites sur ce suc,
tant pour en découvrir la
nature , que pour trouver
la raison de ces changements
de couleur. Il a fait
remarquer deplus quecette
teinture soutient plusieursblanchissages,
quoy
qu'il avouë qu'elle se décharge
tousjoursàchaque
fois.
On donnera de ce discours
un extrait plus ample
le mois prochain,
de Messieurs de l'Acade
mie Royale des Sciences
, se fit le Samedy 14.
Novembre,par une Assemblée
publique.
Cette assemblée commença
par les Eloges que
fit Mr de Fontenelles Secretaire
de l'Académie, de
deux Académiciens morts
pendant l'année, dont l'un
estoit Mr Carré Académicien
pensionnaire Mechanicien,
& l'autre MrClaude
Bourdelin premier Medecin
de Madame la DuchessedeBourgogne,
aujourd'huy
Madame laDauphine,
& associé Botaniste.
A prés ces Eloges ceux
qui avoient rempli leurs
places payerent leur bienvenuë.
1
4 remMplrissdoeit Reaumur qui
la place de Mr
Carré,lut un memoire contenant
1a découverte dune
nouvelle teinture de pourpre.
La pourpre des Anciens
est un lue jaunastre
qui le trouve dans un pctig
sac au col de certains lima
çons de mer. Et refpandantce
suc sur un linge,&
le laissant exposé à
l'air, de jaune qu'il estoit
il devient dune belle couleur
de pourpre. Mr de
Reaumur cherchant de
ces coquillages, observa
qu'ils se ramassoient dans
certains endroits du bord
de la mer, & que les pierres
autour desquellesils
estoient
,
se trouvoient
chargées de petits grains
oblongs ou ovales, de deux
à trois lignes de long, 6c
d'environ une lignede large
, que ces grains estoient
composez d'une peau
membraneuse
, ouverts à
une de leurs extremitez,
& fermez de l'autre
, que
l'extremité ouverte estoit
bouchée par un petit corps
rond,solide&transparent,
& que ces grains renfermoient
une liqueur jaunafire,
qui répanduë sur le
linge, & exposée au grand
air le teint en couleur de
pourpre. Ilobserva au(Xi
que cette liqueur tenuë ds
un lieu sombre & hors du
grand air, ne change point
de couleur Il doute si ces
grains sont les oeufs du limaçon
qui porte la pourpre
, ou si c'est le fruit de
quelque plantemassive qui
serve de nourriture à ces
animaux, &qui leur fournit
ce suc. Ilrapporraaussi
beaucoup d'experiences
qu ilavoit faites sur ce suc,
tant pour en découvrir la
nature , que pour trouver
la raison de ces changements
de couleur. Il a fait
remarquer deplus quecette
teinture soutient plusieursblanchissages,
quoy
qu'il avouë qu'elle se décharge
tousjoursàchaque
fois.
On donnera de ce discours
un extrait plus ample
le mois prochain,
Fermer
Résumé : « L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...] »
Le 14 novembre, l'Académie Royale des Sciences organisa une assemblée publique. L'assemblée débuta par des éloges en mémoire de deux académiciens décédés : Monsieur Carré et Monsieur Claude Bourdelin. Ensuite, les nouveaux membres accueillis payèrent leur bienvenue. René-Antoine Ferchault de Réaumur, successeur de Monsieur Carré, présenta un mémoire sur la découverte d'une nouvelle teinture de pourpre. Cette pourpre, similaire à celle des Anciens, est un liquide jaunâtre trouvé dans un petit sac au col de certains limacons de mer. En exposant ce suc à l'air sur un linge, il devient pourpre. Réaumur observa que ces coquillages se rassemblaient en certains endroits et que les pierres environnantes contenaient des grains oblongs ou ovales. Ces grains, composés d'une peau membraneuse, contenaient une liqueur jaunâtre qui, exposée à l'air, teignait le linge en pourpre. Réaumur se demanda si ces grains étaient les œufs du limacon ou le fruit d'une plante. Il rapporta plusieurs expériences sur cette liqueur pour en découvrir la nature et les changements de couleur. Il nota que la teinture résistait à plusieurs blanchissages, bien qu'elle s'affaiblît à chaque fois. Un extrait plus détaillé de ce discours sera publié le mois suivant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 33-48
Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Début :
Monsieur Geoffroy le jeune ayant succedé à feu Mr Bourdelin [...]
Mots clefs :
Poussières, Plantes, Fleurs, Fécondité, Sommet, Embryons, Grains, Botaniste, Académie royale des sciences, Claude-Joseph Geoffroy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Extrait du Discours de M'r
Geoffroy le jeune.
MonsieurGeoffroy le
jeune ayanr succedé à feu
Mr Bourdelin, en sa place
d' associe Bocaniste, lut des
observations qu'il a faites
sur la structure & l'usage
des principales parties des
fleurs. On sçait bien que
c'est lafleur qui donne
naissance riU fruit &à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaistre ; mais
il est plus difficile de connoistre
quelles sont les parties
de la plante qui y contribuentle
plus, & de quelle
maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous fra ppent le
plus,sont les
feuilles
donc
la varieté, la structure
, &
le vif eclac des couleurs
amusent le curieux. Mais
le Physicien va plus loin,
il approfondie, &ne trouvant
dans ces parties rien
de considerable que leur
beauté, il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plusessentielles
pour la conservation de
chaque espece de plante,
sontces sommets garnis de
poussiere qui se trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs, & cette
tige verte & creuse qu'on
appelle le pistille. Ces parties
contribuent essentiellement
à la reproduction
de la plante, puisque si les
fleurs sont privées de l'usage
de l'une ou de l'aurre ,
il nevient point de grains
ou cette graine est sterile,
€c ne peur germer.
Ces deux parties,selon
Mr Geoffroy, respondent
à celles des animaux qui
sont destinées à la generation.
Les sommets avec
leurs poussieres
,
tiennent
lieu de parries masles, & h:
pistille, qui est commel'ovaire
où se trouvent renfermez
les embrions des
graines, y tient lieu d e partie
femelle.
Voila donc deux sexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils se
trouvent ordinairement
réunis dansla mesmefleur
à cause de l'immobilité des
plantes ; mais ils se trouventaussi
quelquefois separés
}
& c'est ce qui appuye
le sentiment de Mr
Geoffroy qui rend raison
! parlà de la différence que
les Botanistes avoient misesentrecertaines
plantes
qu'ils appelloient mafiesJj
& d'autres de la mesme espece
qu'ils appelloient femelles
sans en sçavoir bien
la raison.La voicypresentement
toute évidente:
c'est que les plantes malles
ne produisent que des
fleurs à examines garnis de
sommets & de poussiere
sans pistille ;de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le pistille d'où naist le
fruitdans éramines ny sommets
:mais la poussiere des
sommets qui les rend secondes,
leur elt apportée
par le moyen de l' air ou
du vent, foie que ces étamines
soient sur différentes
branches du mesme pied
soit qu'elles soient sur des,
pieds differens, les autres
fleurs réunissent tout à la
fois les deux sexes.
On voit ordinairement
que ces poussieres qu'on
voit suspenduës à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs,
n'en sont que comme les
excrements. Mais Mr
Geoffroy en les examinant
de plusprès, a découvert
que ce n'eftoirpointune
poussiere formée au ha,..
sard ; mais que ces petits
grains avoientunefigure
particulière & déterminée
dans chaque espece
, ôc
qu'ils estoient renfermez
des la naissance de la fleur
danslessommets comme
dans des capsules de différentes
formes selonladifference
des plantes.Il donne
le détail de toutes ces
differences qu'il avoir observéesavec
beaucoup de
soin
foin à l'aide du microscope.
Ensuite il appuyé son
sentiment de trois observations
considerables. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connuë qui n'aie
sesexamines avec les sommets
garnis de poussiere,
ou réunis avec son pifille)
ou separez en differents
endroits du mesme pied,
ou mesme sur des pieds differens
: c'est ce qu'il prouva
solidement.
La secondeobservation
est que dms les fleurs où
les deux sexessont reunis,
les sommets garnis de leurs
poussieres font tellement
disposez autour des pistiles,
qu'ils en sont necessairement
couverts, de maniere
que cette poussiere pepe
s'insinuer dans la cavité
de ces pistiles pour feconder
les embrions des grains
qui y sont renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonstances
dans les différentes fortes
de fleurs de ce genre. 1
1
La troisiéme observation
,
qui est la décisive;
c'est que ces poussieres
sont absolument necessaires
à lasecondité des plantes.
Quand les fruits manquent,
que le bled est niellé,
ou que la vigne coule,
cela n'arrive que parce que
les poussieres dessommets
ne peuvent s'introduire
dans les pistiles, foit parcç
que la gelée desseiche le
pistile avant qu'ilait receu
les poussieres, ce qui arri-
» ve aux arbres fruitiers, soit
que la pluye venant à laver
ces poussieres, lesentraitnent
& empeschent qu'elles
ne s'introduisent dans
les pistilles, ce qui produit
la nielle des bleds, ou la
couleure delavigne.
Pour preuve que c'est
là ce qui produit ceseffets
dont la cause soit si peu
connuë,c'est que MrGeoffroy
ayant élevé exprés
plusieurs pieds de bled de
Turquie qui, comme ron
sçait, porre dans le haut de
la tige, Ces étamineschargées
de sommets & les
fruits ou les épies le long
de la tige dans quelques
aiselles defeuilles, après
avoir coupe ces étamines
dés qu'elles commençoienr
à paroistre, les épies
ne sont venus qu'à une
certaine grosseur,&se font
ensuite entierement deffeichez,
sans que les embrions
des grains ayent
profité. La mesme chose
est arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étam ines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce sisteme
,
c'est de concevoir
commentles plantes
malles, qui sont quelquefois
fort esloignées de
leurs femelles, peuvent les
rendre secondes de si loin.
Maisc'est un fait dont on
ne peur douter après l'exemple
que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eslevé dans les bois
d'Otrante, & qui ne commença
à portcr des fruits
qu:- quand s'estant eslevé
au dessusdes autres arbres,
il pat Joüir,dit Pontanus,
qui rapporte ce fait, de la
veuë d'un Palmier masle
qu'on eslevoit a Brindes.
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
poussieres du masle jusques
aux fleurs de la femelle
,
elle devint seconde
desterile quelle e floir'.
sans qu'il soit 1 besoin pour
expliquerce fait de recourir
à la sympathieou à l'amour
des plantes, termes
qui ne signifient rien, 6c
qui ne fervent de refuge
auxPhycisiens que jusqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable cause
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les poussieres des sommets
qu'on avoir neglgé juç
ques icycommc de viles
excremenrs qui sembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parries essentiellesà la fecondité
des plantes, où les
deux sexes sont aussi distinguez
que parm y les animaux
, excepté qu'ils sont
plus rarement separez,
Geoffroy le jeune.
MonsieurGeoffroy le
jeune ayanr succedé à feu
Mr Bourdelin, en sa place
d' associe Bocaniste, lut des
observations qu'il a faites
sur la structure & l'usage
des principales parties des
fleurs. On sçait bien que
c'est lafleur qui donne
naissance riU fruit &à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaistre ; mais
il est plus difficile de connoistre
quelles sont les parties
de la plante qui y contribuentle
plus, & de quelle
maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous fra ppent le
plus,sont les
feuilles
donc
la varieté, la structure
, &
le vif eclac des couleurs
amusent le curieux. Mais
le Physicien va plus loin,
il approfondie, &ne trouvant
dans ces parties rien
de considerable que leur
beauté, il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plusessentielles
pour la conservation de
chaque espece de plante,
sontces sommets garnis de
poussiere qui se trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs, & cette
tige verte & creuse qu'on
appelle le pistille. Ces parties
contribuent essentiellement
à la reproduction
de la plante, puisque si les
fleurs sont privées de l'usage
de l'une ou de l'aurre ,
il nevient point de grains
ou cette graine est sterile,
€c ne peur germer.
Ces deux parties,selon
Mr Geoffroy, respondent
à celles des animaux qui
sont destinées à la generation.
Les sommets avec
leurs poussieres
,
tiennent
lieu de parries masles, & h:
pistille, qui est commel'ovaire
où se trouvent renfermez
les embrions des
graines, y tient lieu d e partie
femelle.
Voila donc deux sexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils se
trouvent ordinairement
réunis dansla mesmefleur
à cause de l'immobilité des
plantes ; mais ils se trouventaussi
quelquefois separés
}
& c'est ce qui appuye
le sentiment de Mr
Geoffroy qui rend raison
! parlà de la différence que
les Botanistes avoient misesentrecertaines
plantes
qu'ils appelloient mafiesJj
& d'autres de la mesme espece
qu'ils appelloient femelles
sans en sçavoir bien
la raison.La voicypresentement
toute évidente:
c'est que les plantes malles
ne produisent que des
fleurs à examines garnis de
sommets & de poussiere
sans pistille ;de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le pistille d'où naist le
fruitdans éramines ny sommets
:mais la poussiere des
sommets qui les rend secondes,
leur elt apportée
par le moyen de l' air ou
du vent, foie que ces étamines
soient sur différentes
branches du mesme pied
soit qu'elles soient sur des,
pieds differens, les autres
fleurs réunissent tout à la
fois les deux sexes.
On voit ordinairement
que ces poussieres qu'on
voit suspenduës à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs,
n'en sont que comme les
excrements. Mais Mr
Geoffroy en les examinant
de plusprès, a découvert
que ce n'eftoirpointune
poussiere formée au ha,..
sard ; mais que ces petits
grains avoientunefigure
particulière & déterminée
dans chaque espece
, ôc
qu'ils estoient renfermez
des la naissance de la fleur
danslessommets comme
dans des capsules de différentes
formes selonladifference
des plantes.Il donne
le détail de toutes ces
differences qu'il avoir observéesavec
beaucoup de
soin
foin à l'aide du microscope.
Ensuite il appuyé son
sentiment de trois observations
considerables. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connuë qui n'aie
sesexamines avec les sommets
garnis de poussiere,
ou réunis avec son pifille)
ou separez en differents
endroits du mesme pied,
ou mesme sur des pieds differens
: c'est ce qu'il prouva
solidement.
La secondeobservation
est que dms les fleurs où
les deux sexessont reunis,
les sommets garnis de leurs
poussieres font tellement
disposez autour des pistiles,
qu'ils en sont necessairement
couverts, de maniere
que cette poussiere pepe
s'insinuer dans la cavité
de ces pistiles pour feconder
les embrions des grains
qui y sont renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonstances
dans les différentes fortes
de fleurs de ce genre. 1
1
La troisiéme observation
,
qui est la décisive;
c'est que ces poussieres
sont absolument necessaires
à lasecondité des plantes.
Quand les fruits manquent,
que le bled est niellé,
ou que la vigne coule,
cela n'arrive que parce que
les poussieres dessommets
ne peuvent s'introduire
dans les pistiles, foit parcç
que la gelée desseiche le
pistile avant qu'ilait receu
les poussieres, ce qui arri-
» ve aux arbres fruitiers, soit
que la pluye venant à laver
ces poussieres, lesentraitnent
& empeschent qu'elles
ne s'introduisent dans
les pistilles, ce qui produit
la nielle des bleds, ou la
couleure delavigne.
Pour preuve que c'est
là ce qui produit ceseffets
dont la cause soit si peu
connuë,c'est que MrGeoffroy
ayant élevé exprés
plusieurs pieds de bled de
Turquie qui, comme ron
sçait, porre dans le haut de
la tige, Ces étamineschargées
de sommets & les
fruits ou les épies le long
de la tige dans quelques
aiselles defeuilles, après
avoir coupe ces étamines
dés qu'elles commençoienr
à paroistre, les épies
ne sont venus qu'à une
certaine grosseur,&se font
ensuite entierement deffeichez,
sans que les embrions
des grains ayent
profité. La mesme chose
est arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étam ines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce sisteme
,
c'est de concevoir
commentles plantes
malles, qui sont quelquefois
fort esloignées de
leurs femelles, peuvent les
rendre secondes de si loin.
Maisc'est un fait dont on
ne peur douter après l'exemple
que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eslevé dans les bois
d'Otrante, & qui ne commença
à portcr des fruits
qu:- quand s'estant eslevé
au dessusdes autres arbres,
il pat Joüir,dit Pontanus,
qui rapporte ce fait, de la
veuë d'un Palmier masle
qu'on eslevoit a Brindes.
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
poussieres du masle jusques
aux fleurs de la femelle
,
elle devint seconde
desterile quelle e floir'.
sans qu'il soit 1 besoin pour
expliquerce fait de recourir
à la sympathieou à l'amour
des plantes, termes
qui ne signifient rien, 6c
qui ne fervent de refuge
auxPhycisiens que jusqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable cause
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les poussieres des sommets
qu'on avoir neglgé juç
ques icycommc de viles
excremenrs qui sembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parries essentiellesà la fecondité
des plantes, où les
deux sexes sont aussi distinguez
que parm y les animaux
, excepté qu'ils sont
plus rarement separez,
Fermer
Résumé : Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Geoffroy le Jeune, succédant à M. Bourdelin, a présenté des observations sur la structure et l'usage des principales parties des fleurs. Il souligne que, bien que la fleur soit essentielle à la production des fruits et des graines, il est difficile de déterminer quelles parties y contribuent le plus et comment. Geoffroy identifie deux parties essentielles : les sommets garnis de poussière, appelés étamines, et la tige verte creuse appelée pistil. Ces parties sont cruciales pour la reproduction des plantes, car leur absence rend la graine stérile. Geoffroy compare ces parties aux organes de reproduction des animaux, les étamines jouant le rôle des parties mâles et le pistil celui des parties femelles. Il note que les plantes peuvent avoir les deux sexes réunis dans la même fleur ou séparés, ce qui explique les différences entre les plantes mâles et femelles observées par les botanistes. Geoffroy observe également que les poussières des étamines, souvent considérées comme des excréments, sont en réalité des grains de pollen ayant une forme particulière et déterminée pour chaque espèce. Il souligne que ces grains sont nécessaires à la fécondité des plantes et que leur absence ou leur lavage par la pluie peut entraîner la stérilité des fruits. Pour prouver ses observations, Geoffroy a mené des expériences sur des pieds de blé et de mercuriale, montrant que l'absence des étamines empêchait la formation des grains. Il rapporte également un exemple de palmiers mâles et femelles éloignés, où les vents ont transporté les grains de pollen, permettant la fécondation. Geoffroy conclut que les poussières des étamines sont essentielles à la fécondité des plantes, distinguant ainsi les sexes chez les plantes de manière similaire aux animaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 23-39
Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
On a promis dans le dernier Mercure cet Extrait plus [...]
Mots clefs :
Pourpre, Académie royale des sciences, Nature, Coquillages, Discours, Teinture, Anciens, Liqueurs, Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
On a promis dans le
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
Fermer
Résumé : Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
Monsieur de Reaumur a présenté à l'Académie Royale des Sciences une découverte concernant une nouvelle teinture de pourpre. Malgré les travaux des Modernes et les descriptions d'Aristote et de Pline, la nature de la liqueur fournissant la pourpre ancienne restait peu connue. Les auteurs anciens avaient mentionné des mollusques à coquilles produisant cette liqueur, mais leurs descriptions n'avaient pas permis de percer ce secret. Reaumur a observé des coquillages de l'espèce Buccinum sur les côtes de l'Océan, regroupés autour de certaines pierres ou sous des arches de sable. Il a remarqué des petits grains sphéroïdes elliptiques contenant une liqueur blanche jaunâtre, similaire à celle des Buccinum. En écrasant ces grains sur ses manchettes, il a observé une coloration pourpre après quelques minutes. Pour vérifier la ténacité de cette liqueur, Reaumur a mené plusieurs expériences. Il a constaté que le linge trempé dans cette liqueur prenait une couleur pourpre lorsqu'il était exposé à l'air. Il a également noté que cette liqueur pouvait être extraite de manière plus simple que celle des Buccinum anciens. Reaumur a conclu que cette nouvelle teinture pourrait être utilisée pour imprimer des figures sur du linge, car elle ne s'étend pas au-delà de l'endroit où elle est posée, permettant ainsi de tracer des traits nets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 192-212
Discours sur l'Academie Royale des Sciences. [titre d'après la table]
Début :
L'Academie Royale des Sciences tint séance publique, le Mercredy 6. Avril [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Discours, Mercure, Opium, Vitriol, Vapeurs, Sel, Chaux, Tartre, Chimiste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur l'Academie Royale des Sciences. [titre d'après la table]
Ne croyant pas pou voir donner ce mois-ci
le memoire suivant, on
avoir déja imprimé un
morceau de Monsieur
Parent. Quoique cette
Piece foitégalement belle &solide, on en trouvera peut-être trop de
ce même genre pour
un seul mois: mais à
coup sûr ce ne fera pas lessçavans quis'en plaindront.
L'Academie Royale des
Sciences tint séance publique, le Mercredy 6. Avril
Mr l'Abbé Bignon qui prefidoit felicita la Compagnie
sur ce que cette Assemblée
ne commençoit point
à@.
l'ordinaire par l'Eloge funebre de quelque Académicien
,
n'en étant mort aucun
dans le dernier Semestre.
Mr Lemery le fils, sçavant
Medecin & Chimistehabile, lut un memoire sur les
differentes couleurs des Précipitez du Mercure;il raporta plusieurs experiences des
changementsdecouleurs
qui arrivent à
ces précipitez,
le Mercure dissous dans
l'esprit de nitre est sans
couleurs, c'est-à-dire que
la dissolution est claire &
transparente, si on verse
dessus du sel Marin, la liqueur blanchit & il se précipire peu à peu une poudre
blanche qui cft le Mercure
dans sa couleur naturelle, le
sel Ammoniac la précipite
en un blanc sale, l'eau de
chaux en jaune, & le sel de
tartre en jaune orangé, &c.
Il dit que la couleur na-
•>
turelle du Mercure étoit le
blanc, que la couleur jaune
Du rouge luy étoit étrangère, & il l'anribua aux
parties dé ftü qui portées
avec la chaux où lé sel de
Tartre penetroient le Mercure, & se méslant avec luy
prenoient la couleur rougé
& naturelle à
ces mesmes
parties de feu.
Il prouva que la couleur
haturelle des parties de feu
étoit le rouge, par la couleur
mesme dufeuordinaire, par lacouleurque prend le Mercure seul calciné de long-
temps qui le convertit de
lui-mesme en une poudre
rouge, & par la couleur des
vapeurs du Salpêtre quand
on le convertit en cfprit de
nitre, car les vapeurs qui
emplissent le bâlon dans
cette operation font rouges
comme du sang; ce qui ne
peur provenir que des partics de feu. Il dit aussi que le
sel de tartre& la chaux ne
teignoient en jaune ou en
orange que parce que con'
tenant des parties de feu,
ces parties dans le melange
des matieres abandonnoient
la chaux ou le sel de tartre
pour fc joindre au Mercure.
Un homme quisetrouvoit
auprès de moy cm qui me crut
grând Chimiste
,
me demanda pourquoy ces mêmes partics de feu qui rougissoient
le Mercure, ne rougissoient
pas neantmoins la chaux &
le sel de tartre que l'on
joignoit au Mercure dans
ces expériences? je tiray m es Tablettes & ayant mis sa
demande par écrit je lui dis
que je pourrois lui rendre
réponse dans un mois, li
parut un peu surpris du long
terme, mais cependant cela
l'encourageaà me faire une
secondedemande, pourquoy les parties de feu qui
rougissent les vapeurs de
l'esprit de pitre ne rou- girent de elles^p^ lçs vapeurs
l'huille de Vitriol; je
voulus faire le sçavant pour
cette fois, & lui répondis
que si les vapeurs de l'huile
de Vitriol n'étoient pas
rouges, sans doute qu'iln'y.
avoirpointde partiesde feu;
mais il me soutint qu'il y
avoit des parties de feu I°.
parce qu'il faut un feu
bien plus violent pour tirer
l'huile de Vitriol que pour
£jre& l'esprit de n~rc~2.~
par l'action violente de
l'huile de Vitriol qui corrode & brule trèsfortement; enfin par ce que si
ron jette l'huile glaciale de
Vitriol dans de l'eau froide,
elle y
excite un gresillement
p^çil celuy que fait un
charbonrouge que l'onjette
dans l'eau froide. Comme
cela passoit ma portée j'écrivis&luy promisréponse
dans un mois, je prie ou
Mr Lémeri ou quelque
Chimiste de vouloir bien me dégager de ma parole en
m'envoyant réponseà ces deux demandes.
Mr Cassin le fils, digne
héritier du nom qu'il
porte, lut ensuite un mémoire sur le flux & le reflux
de la Mer, il y
donna des
moyens de trouver juste
l'heure des hautes,& basses
Marées dans les Ports de
France, il fit voir que les
Equinoxes ne sont pas les
temps des plus hautes Marées comme on se l'étoit
persuadé jufqucs icy, & il
démontra que ces mouvements reglez de la Mer dépendoient presque entièrement de la pression de la
Lune sur les eaux.
Mr Boulduc le pere, trèshabile Chimiste donna la
découverte d'un nouvel
Opium, après avoir tenté
plusieurs moyens de corri.
ger l'Opium ordinaire que
l'on ne sçauroit donner que
dans une dose très petite, &
qui souvent toute petite
qu'elle est ne laisse pas de
produire encore de fâcheux
effets,&voyant que toutes
ses corrections ne changeoient point l'Opium, il
essayade différentes si narco- çliçrch4 dans l'extrait des fleurs de Coquelicot
la qualité anodine, qu'il n'y
trQuya point, lprfqueJ'e^
trait n'étoitfait qu'avec lq,
seules feuilles de la fleur;
mais il observa que lesirop
de Coquelicot & l'extrait
croient un peu somnifères
lorsqu'on laissoit la reste des
Coquelicots avec les Feuilles
des fleurs,cela l'engagea de
fairel'extrait des testes
seules, & il trouva qyic
c'étaitfun somnifere des
plus doux qu'il y eut, qui a
la dose de quatre grains faisoit dormir sanslaisser aucun
trouble dans la teste: remede
d'autant plus utile qu'il ne
faut point l'aller chercher en
Turquieétant trèscommun
en France.
:
Deux de mes woifms
chausserentbeaucoup à l'occasion
de cette dissertation poursçavoir
si l'on déçoit mettre l'Opium
au rang des remedes ou des
poisonsfroids ou chauds. Je ne
rapporteray point leurs raisons
qui me parurentfort peu deci-
fivesi mais leurs disputefinit
par une demande que je rapporte icicommem'ayantparuplusimportante;sçavoir,s'ily aquelques marques pour connoistre
si
un hommeseroitmort d'avoir
pris une trop grande doss d'Opium? l'un deux dit qu'il n'y
avoit aucune marque. L'autre
dit que tous ceux qui mouroient
ayant pris beaucoup d'Opium
avoient le sang tellement
dissous qu'ilnesefigeoitjamais.
Unepetitedissertation de quelque
habile Medecinsur cette
matiere, aideroit àremplirmon
Mercure & pourroit estre
agreable &utile au public. Mr Vinflou habile &
sçavant Anatomiste, donna
un mémoire touchant les
glandes qui se rencontrent
dans les corps des animaux, illesdiftnbuaft fous ses différentesclasses qu'ilfubdivisa aussi en plusieurs especes.
Il range dansla première
Classe les glandes conglobéesj ce sont les glandesqui
font en quelquemanière
arrondies un peu fermes
d'une grandeur confiderablc,& d'une surface lisle
&unie comme les reins,&c.
Dans la sceonde Claffclefc
glandes conglomcrécs,qui
font des amas de plusieurs
pelotons étroitement collez ensemble & renfermez
fous une menbrane commune, comme le Pancreas,
les Parotides,&c.
Dans latroisiéme Classe,
les glandes en grain, il
nommaainfide petits corps
glanduleux tantost solitaires, tantost parfemez sur ua",
mesme plan de différentes
figures,telles font une
grande parties des glandes
intestinales, les çutan*écs.,&c.,
Dans la quatrième Classe
les glandes à poil ce font
celles qui forment
ce que l'on nomme le velouté de
l'estomach & des intestins,
composé d'une infinité de
petits tuyaux glanduleux en forme de panne ou de
velours.
Dans la cinquiémc Classe
les glandes irregulieres,qui
font celles qui par leur
forme extérieure ne se rapportent à
pas une des
precedentes, par exemple lefoye,&c.
;
:', Dans la sixiémeClasse les
glandes inperceptibles, qui
son celles qui sont sipetites
qu'onne les peut pas diflip*,
guersans microscope,ouque
l'onne découvre pas même
àl'aide du Microscope; mais
dontonne supposoit que
par leurs effets, ou à l'occasion de certaines maladies,
quiles rendent sensibles
celles sont les glandes du
Pericarde & du Pericorne
Il subdivisaensuitecessix
Classes générales en differentesespeccs, en les con.
siderant fous differens égards ,1 ; ou par raport
à leur uÍfu) ou par
raport aux sucs qu'elles
filtrent, ou par raport à
leursemploys, ou par raport
à leur durée.
Il donna ensuite la description & la figure de la
plus simple de ces glandes
pour la structure qui est la
glande à poil, dont l'assemblage forme le velouté de
l'estomach
,
ensuite celle du
rein, qui est un peu plus
composée
,
celle du
foye
qu'il dit estre une glandeconglobée cellulaire, dont chacune des cellules estgarnie
intérieurementd'un velouté
fort fin, dont chaque poil
estune glande comme auvelouté des intestins, & en
fin celle de la Ratte qui cft
U glande la plus composée;
puisque c'est selon luy unr.
glande conglobée, celluleuse, reticulaire & vasculeuse.
Il fcroit difficile de bien
faire comprendre la ftruc-4
ture de ces parties qu'en raportant sa propre description jointe aux figures, ce
quele peu de pratiqueque
ayAnqçpmicne m'apas
permis de faire.
Il raporta dans ces discours une chose fort singuliere, c'est que l'on pouvoit
avoir des preuves visiblesde
la transpiration des corps
vivants, en se presentant la
teste nuë, ou le corps de
quelque animal que ce soit
au grand soleil contre une
muraille blanche on aperçoir, dit il,une ombre legere
& voltigeante au dessus de
la teste ou du corps de l'animal, qui est l'ombre de la
waticre de l'insensible transpiration. Mes voisins se de*
manderent s'il étoit possible
qu'un corps invisible produisit une ombre visible,
chacun se promit de vérifier
l'expérience avant que d'en
chercher l'explication.
Mt l'Abbé Bignon reprit
à la fin de chaque mémoire
précis de ce qui avoitétédit,
& fit sentir au public l'utilité qu'il devoir attendre de
chacune deces observations
ou de ces découvertes, ce
qu'il fit avec cette facilité,
cette netteté
,
& cette
Eloquence qui luy font si natur
le memoire suivant, on
avoir déja imprimé un
morceau de Monsieur
Parent. Quoique cette
Piece foitégalement belle &solide, on en trouvera peut-être trop de
ce même genre pour
un seul mois: mais à
coup sûr ce ne fera pas lessçavans quis'en plaindront.
L'Academie Royale des
Sciences tint séance publique, le Mercredy 6. Avril
Mr l'Abbé Bignon qui prefidoit felicita la Compagnie
sur ce que cette Assemblée
ne commençoit point
à@.
l'ordinaire par l'Eloge funebre de quelque Académicien
,
n'en étant mort aucun
dans le dernier Semestre.
Mr Lemery le fils, sçavant
Medecin & Chimistehabile, lut un memoire sur les
differentes couleurs des Précipitez du Mercure;il raporta plusieurs experiences des
changementsdecouleurs
qui arrivent à
ces précipitez,
le Mercure dissous dans
l'esprit de nitre est sans
couleurs, c'est-à-dire que
la dissolution est claire &
transparente, si on verse
dessus du sel Marin, la liqueur blanchit & il se précipire peu à peu une poudre
blanche qui cft le Mercure
dans sa couleur naturelle, le
sel Ammoniac la précipite
en un blanc sale, l'eau de
chaux en jaune, & le sel de
tartre en jaune orangé, &c.
Il dit que la couleur na-
•>
turelle du Mercure étoit le
blanc, que la couleur jaune
Du rouge luy étoit étrangère, & il l'anribua aux
parties dé ftü qui portées
avec la chaux où lé sel de
Tartre penetroient le Mercure, & se méslant avec luy
prenoient la couleur rougé
& naturelle à
ces mesmes
parties de feu.
Il prouva que la couleur
haturelle des parties de feu
étoit le rouge, par la couleur
mesme dufeuordinaire, par lacouleurque prend le Mercure seul calciné de long-
temps qui le convertit de
lui-mesme en une poudre
rouge, & par la couleur des
vapeurs du Salpêtre quand
on le convertit en cfprit de
nitre, car les vapeurs qui
emplissent le bâlon dans
cette operation font rouges
comme du sang; ce qui ne
peur provenir que des partics de feu. Il dit aussi que le
sel de tartre& la chaux ne
teignoient en jaune ou en
orange que parce que con'
tenant des parties de feu,
ces parties dans le melange
des matieres abandonnoient
la chaux ou le sel de tartre
pour fc joindre au Mercure.
Un homme quisetrouvoit
auprès de moy cm qui me crut
grând Chimiste
,
me demanda pourquoy ces mêmes partics de feu qui rougissoient
le Mercure, ne rougissoient
pas neantmoins la chaux &
le sel de tartre que l'on
joignoit au Mercure dans
ces expériences? je tiray m es Tablettes & ayant mis sa
demande par écrit je lui dis
que je pourrois lui rendre
réponse dans un mois, li
parut un peu surpris du long
terme, mais cependant cela
l'encourageaà me faire une
secondedemande, pourquoy les parties de feu qui
rougissent les vapeurs de
l'esprit de pitre ne rou- girent de elles^p^ lçs vapeurs
l'huille de Vitriol; je
voulus faire le sçavant pour
cette fois, & lui répondis
que si les vapeurs de l'huile
de Vitriol n'étoient pas
rouges, sans doute qu'iln'y.
avoirpointde partiesde feu;
mais il me soutint qu'il y
avoit des parties de feu I°.
parce qu'il faut un feu
bien plus violent pour tirer
l'huile de Vitriol que pour
£jre& l'esprit de n~rc~2.~
par l'action violente de
l'huile de Vitriol qui corrode & brule trèsfortement; enfin par ce que si
ron jette l'huile glaciale de
Vitriol dans de l'eau froide,
elle y
excite un gresillement
p^çil celuy que fait un
charbonrouge que l'onjette
dans l'eau froide. Comme
cela passoit ma portée j'écrivis&luy promisréponse
dans un mois, je prie ou
Mr Lémeri ou quelque
Chimiste de vouloir bien me dégager de ma parole en
m'envoyant réponseà ces deux demandes.
Mr Cassin le fils, digne
héritier du nom qu'il
porte, lut ensuite un mémoire sur le flux & le reflux
de la Mer, il y
donna des
moyens de trouver juste
l'heure des hautes,& basses
Marées dans les Ports de
France, il fit voir que les
Equinoxes ne sont pas les
temps des plus hautes Marées comme on se l'étoit
persuadé jufqucs icy, & il
démontra que ces mouvements reglez de la Mer dépendoient presque entièrement de la pression de la
Lune sur les eaux.
Mr Boulduc le pere, trèshabile Chimiste donna la
découverte d'un nouvel
Opium, après avoir tenté
plusieurs moyens de corri.
ger l'Opium ordinaire que
l'on ne sçauroit donner que
dans une dose très petite, &
qui souvent toute petite
qu'elle est ne laisse pas de
produire encore de fâcheux
effets,&voyant que toutes
ses corrections ne changeoient point l'Opium, il
essayade différentes si narco- çliçrch4 dans l'extrait des fleurs de Coquelicot
la qualité anodine, qu'il n'y
trQuya point, lprfqueJ'e^
trait n'étoitfait qu'avec lq,
seules feuilles de la fleur;
mais il observa que lesirop
de Coquelicot & l'extrait
croient un peu somnifères
lorsqu'on laissoit la reste des
Coquelicots avec les Feuilles
des fleurs,cela l'engagea de
fairel'extrait des testes
seules, & il trouva qyic
c'étaitfun somnifere des
plus doux qu'il y eut, qui a
la dose de quatre grains faisoit dormir sanslaisser aucun
trouble dans la teste: remede
d'autant plus utile qu'il ne
faut point l'aller chercher en
Turquieétant trèscommun
en France.
:
Deux de mes woifms
chausserentbeaucoup à l'occasion
de cette dissertation poursçavoir
si l'on déçoit mettre l'Opium
au rang des remedes ou des
poisonsfroids ou chauds. Je ne
rapporteray point leurs raisons
qui me parurentfort peu deci-
fivesi mais leurs disputefinit
par une demande que je rapporte icicommem'ayantparuplusimportante;sçavoir,s'ily aquelques marques pour connoistre
si
un hommeseroitmort d'avoir
pris une trop grande doss d'Opium? l'un deux dit qu'il n'y
avoit aucune marque. L'autre
dit que tous ceux qui mouroient
ayant pris beaucoup d'Opium
avoient le sang tellement
dissous qu'ilnesefigeoitjamais.
Unepetitedissertation de quelque
habile Medecinsur cette
matiere, aideroit àremplirmon
Mercure & pourroit estre
agreable &utile au public. Mr Vinflou habile &
sçavant Anatomiste, donna
un mémoire touchant les
glandes qui se rencontrent
dans les corps des animaux, illesdiftnbuaft fous ses différentesclasses qu'ilfubdivisa aussi en plusieurs especes.
Il range dansla première
Classe les glandes conglobéesj ce sont les glandesqui
font en quelquemanière
arrondies un peu fermes
d'une grandeur confiderablc,& d'une surface lisle
&unie comme les reins,&c.
Dans la sceonde Claffclefc
glandes conglomcrécs,qui
font des amas de plusieurs
pelotons étroitement collez ensemble & renfermez
fous une menbrane commune, comme le Pancreas,
les Parotides,&c.
Dans latroisiéme Classe,
les glandes en grain, il
nommaainfide petits corps
glanduleux tantost solitaires, tantost parfemez sur ua",
mesme plan de différentes
figures,telles font une
grande parties des glandes
intestinales, les çutan*écs.,&c.,
Dans la quatrième Classe
les glandes à poil ce font
celles qui forment
ce que l'on nomme le velouté de
l'estomach & des intestins,
composé d'une infinité de
petits tuyaux glanduleux en forme de panne ou de
velours.
Dans la cinquiémc Classe
les glandes irregulieres,qui
font celles qui par leur
forme extérieure ne se rapportent à
pas une des
precedentes, par exemple lefoye,&c.
;
:', Dans la sixiémeClasse les
glandes inperceptibles, qui
son celles qui sont sipetites
qu'onne les peut pas diflip*,
guersans microscope,ouque
l'onne découvre pas même
àl'aide du Microscope; mais
dontonne supposoit que
par leurs effets, ou à l'occasion de certaines maladies,
quiles rendent sensibles
celles sont les glandes du
Pericarde & du Pericorne
Il subdivisaensuitecessix
Classes générales en differentesespeccs, en les con.
siderant fous differens égards ,1 ; ou par raport
à leur uÍfu) ou par
raport aux sucs qu'elles
filtrent, ou par raport à
leursemploys, ou par raport
à leur durée.
Il donna ensuite la description & la figure de la
plus simple de ces glandes
pour la structure qui est la
glande à poil, dont l'assemblage forme le velouté de
l'estomach
,
ensuite celle du
rein, qui est un peu plus
composée
,
celle du
foye
qu'il dit estre une glandeconglobée cellulaire, dont chacune des cellules estgarnie
intérieurementd'un velouté
fort fin, dont chaque poil
estune glande comme auvelouté des intestins, & en
fin celle de la Ratte qui cft
U glande la plus composée;
puisque c'est selon luy unr.
glande conglobée, celluleuse, reticulaire & vasculeuse.
Il fcroit difficile de bien
faire comprendre la ftruc-4
ture de ces parties qu'en raportant sa propre description jointe aux figures, ce
quele peu de pratiqueque
ayAnqçpmicne m'apas
permis de faire.
Il raporta dans ces discours une chose fort singuliere, c'est que l'on pouvoit
avoir des preuves visiblesde
la transpiration des corps
vivants, en se presentant la
teste nuë, ou le corps de
quelque animal que ce soit
au grand soleil contre une
muraille blanche on aperçoir, dit il,une ombre legere
& voltigeante au dessus de
la teste ou du corps de l'animal, qui est l'ombre de la
waticre de l'insensible transpiration. Mes voisins se de*
manderent s'il étoit possible
qu'un corps invisible produisit une ombre visible,
chacun se promit de vérifier
l'expérience avant que d'en
chercher l'explication.
Mt l'Abbé Bignon reprit
à la fin de chaque mémoire
précis de ce qui avoitétédit,
& fit sentir au public l'utilité qu'il devoir attendre de
chacune deces observations
ou de ces découvertes, ce
qu'il fit avec cette facilité,
cette netteté
,
& cette
Eloquence qui luy font si natur
Fermer
Résumé : Discours sur l'Academie Royale des Sciences. [titre d'après la table]
Lors d'une séance publique de l'Académie Royale des Sciences le 6 avril, l'Abbé Bignon félicita la compagnie pour l'absence de décès d'académiciens au dernier semestre. Plusieurs mémoires furent présentés. Mr Lemery, fils, lut un mémoire sur les différentes couleurs des précipités du mercure, expliquant que le mercure dissous dans l'esprit de nitre change de couleur selon les substances ajoutées. Il attribua la couleur jaune ou rouge du mercure à la présence de 'parties de feu' dans les substances mélangées. Mr Cassini, fils, présenta un mémoire sur le flux et le reflux de la mer, fournissant des moyens de déterminer l'heure des marées en France et démontrant que les mouvements réguliers de la mer dépendent principalement de la pression lunaire. Mr Boulduc, père, découvrit un nouvel opium à partir des fleurs de coquelicot, somnifère doux et utile, contrairement à l'opium ordinaire qui peut avoir des effets néfastes. Mr Vinflou, anatomiste, discuta des glandes animales, les classant en six catégories : glandes conglobées, conglomérées, en grain, à poil, irrégulières et imperceptibles. Il décrivit la structure de plusieurs glandes, comme celles de l'estomac, du rein, du foie et de la rate. L'Abbé Bignon conclut chaque présentation en soulignant l'utilité des observations et découvertes présentées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 169-173
MORTS.
Début :
N. le Tonnelier Breteüil, Chevalier de Malthe, Capitaine au [...]
Mots clefs :
Chevalier de Malthe, Académie royale des sciences, Casini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
N. le Tonnelier Breteuil
Sept. 17120 P
170 MERCURE
Chevalier de Malthe , Ca
pitaine au regiment des
Gardes Françoifes , mourut
fubitement le 12. Septembre. Il étoit fils de feu M. de
Breteuil, Confeiller d'Etat ,
qui a exercé plufieurs années la Chargede Controlleur general des Finances ;
& frere de feu M. de Breteüil , auffi Confeiller d'Etat
& Intendant des Finances ;
de feu M. l'Evêque de Bologne; &de M. le Baronde
Breteuil , qui eft à prefent
Introducteur des Ambaſſadeurs, aprés avoir été Lec-
GALANT. 177
teur de la Chambre du
Roy, &Envoyé en plufieurs
Cours.
2
M.Jean- Dominique Caf
fini , de l'Academie Royale
des Sciences , l'un des plus
grands Aftronomes de ce
fiecle , que le Roy avoič
fait venir de Bologne il y
a plufieurs années , pour
lui donner la conduite de
l'Obfervatoire , y mourut
le 14. Septembre , âgé de
quatre-vingt-huit ans , laif
fantun fils Maître des Compres. 40 arai TuGL , MALÍ
Pij
17 MERCURE
M. Sebaftien Malo, Che
valier Seigneur de Bour
donnay , Adainville , Gouf
fainville & autres lieux
mourut fans alliance le 15.
Septembre, âgé de 85. ans.
Il étoit frere de M. Malode
Sery , mort Confeiller de la
Grand Chambre.
M. Jean-Baptifte le Ragois de Bretonvilliers, Che.
valier Seigneur de faint Dié,
Noify le Sec & autres lieux,
Lieutenant general pour
Roy au Gouvernement de
Paris , mourut fans alliance
le
GALANT 13
le 17. Septembre , âgé de 57.
ans. Il étoit fils & frere de
Meffieurs de Bretonvilliers,
morts Prefidens de la
Chambre des Comptes.
2014 S
M. Charles - Paul Bailly, Chevalier Seigneur du
Bourgneuf, mourut le ry.
Septembre.
N. le Tonnelier Breteuil
Sept. 17120 P
170 MERCURE
Chevalier de Malthe , Ca
pitaine au regiment des
Gardes Françoifes , mourut
fubitement le 12. Septembre. Il étoit fils de feu M. de
Breteuil, Confeiller d'Etat ,
qui a exercé plufieurs années la Chargede Controlleur general des Finances ;
& frere de feu M. de Breteüil , auffi Confeiller d'Etat
& Intendant des Finances ;
de feu M. l'Evêque de Bologne; &de M. le Baronde
Breteuil , qui eft à prefent
Introducteur des Ambaſſadeurs, aprés avoir été Lec-
GALANT. 177
teur de la Chambre du
Roy, &Envoyé en plufieurs
Cours.
2
M.Jean- Dominique Caf
fini , de l'Academie Royale
des Sciences , l'un des plus
grands Aftronomes de ce
fiecle , que le Roy avoič
fait venir de Bologne il y
a plufieurs années , pour
lui donner la conduite de
l'Obfervatoire , y mourut
le 14. Septembre , âgé de
quatre-vingt-huit ans , laif
fantun fils Maître des Compres. 40 arai TuGL , MALÍ
Pij
17 MERCURE
M. Sebaftien Malo, Che
valier Seigneur de Bour
donnay , Adainville , Gouf
fainville & autres lieux
mourut fans alliance le 15.
Septembre, âgé de 85. ans.
Il étoit frere de M. Malode
Sery , mort Confeiller de la
Grand Chambre.
M. Jean-Baptifte le Ragois de Bretonvilliers, Che.
valier Seigneur de faint Dié,
Noify le Sec & autres lieux,
Lieutenant general pour
Roy au Gouvernement de
Paris , mourut fans alliance
le
GALANT 13
le 17. Septembre , âgé de 57.
ans. Il étoit fils & frere de
Meffieurs de Bretonvilliers,
morts Prefidens de la
Chambre des Comptes.
2014 S
M. Charles - Paul Bailly, Chevalier Seigneur du
Bourgneuf, mourut le ry.
Septembre.
Fermer
Résumé : MORTS.
En septembre 1712, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Le chevalier de Malthe, capitaine au régiment des Gardes Françaises, est décédé subitement le 12 septembre. Il était le fils de feu M. de Breteuil, conseiller d'État et ancien contrôleur général des Finances, et avait pour frères un conseiller d'État et intendant des Finances, l'évêque de Boulogne, et le baron de Breteuil, introducteur des ambassadeurs. Jean-Dominique Cassini, astronome de l'Académie Royale des Sciences et directeur de l'Observatoire, est mort le 14 septembre à l'âge de quatre-vingt-huit ans, laissant un fils maître des comptes. Sébastien Malo, chevalier seigneur de Bourdonnay, Adainville, Gouffaingville et autres lieux, est décédé sans alliance le 15 septembre à l'âge de 85 ans. Il était le frère de M. Malo de Sery, ancien conseiller de la Grand Chambre. Jean-Baptiste Le Ragois de Bretonvilliers, chevalier seigneur de Saint-Dié, Noisy-le-Sec et autres lieux, lieutenant général pour le roi au gouvernement de Paris, est mort sans alliance le 17 septembre à l'âge de 57 ans. Il était le fils et le frère des sieurs de Bretonvilliers, anciens présidents de la Chambre des Comptes. Charles-Paul Bailly, chevalier seigneur du Bourgneuf, est décédé le 19 septembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 173-185
EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Début :
L'Académie Royale des Sciences fit l'ouverture de ses [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Assemblée publique, Fontenelles, Cassini, Éloges, Mémoires, Machine, Réaumur, Abeilles, Crabes, Écrevisses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
AIT
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
Fermer
Résumé : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Le 16 novembre 1712, l'Académie Royale des Sciences inaugura ses exercices par une assemblée publique. Monsieur de Fontenelle prononça l'éloge de deux académiciens décédés : Monsieur Berger, médecin et chimiste, et Monsieur Cassini, renommé pour ses découvertes astronomiques. L'éloge de Cassini fut particulièrement apprécié mais ne fut pas publié pour en préserver l'intégralité. Monsieur de la Hire présenta une machine permettant à un homme dans son carrosse de détacher rapidement les chevaux qui prennent le mors aux dents. Monsieur Maraldi exposa un mémoire sur les abeilles, les classant en mâles, femelles et faussaires. Il décrivit leur mode de construction des cellules, la ponte des œufs, la fermeture et l'ouverture des cellules, l'élimination des faussaires, et le stockage de miel pour l'hiver. Monsieur de Reaumur lut un mémoire sur la reproduction des pattes des écrevisses et des crabes. Il démontra que les savants, comme le vulgaire, peuvent avoir des préjugés. Les paysans observaient souvent des écrevisses avec des pattes plus courtes, pensant qu'elles repoussaient. Un savant contesta cette idée, affirmant que la structure des pattes ne permettait pas leur reproduction. Reaumur prouva par expérience que les pattes coupées repoussaient effectivement, confondant ainsi le savant et son raisonnement. L'abbé Bignon, président de l'assemblée, conclut en louant les auteurs des mémoires et en soulignant la beauté et l'utilité des discours présentés. Les extraits des discours les plus curieux et solides seront publiés séparément dans les lettres suivantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 184-189
RELATION envoyée à Mr Rigaud par un de ses amis qui est à Cadix du 21. Février 1713.
Début :
Voicy un fait que vous n'avez jamais veu, ny ouï parler [...]
Mots clefs :
Relation, Lettres de l'Alphabet, Caractères italiques, Prunelle, Alphabet espagnol, Oeil, Académie des inscriptions, Académie royale des sciences, Oeuf, Poule
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION envoyée à Mr Rigaud par un de ses amis qui est à Cadix du 21. Février 1713.
RELATIOM
envoyée à Mr Rigaud par
,
Cb f
, un defèsamis quirfià
Cadixdu 11.Févrieriji3. vOicy un fait que vous
n'avez jamais veu, ny
ouï parler. LHostesse où je
loge actuellement a chez »elle une petire Niéce, belle
& blonde de l âge de six ans;
elle à les yeux du plus bel
outremer qui se voye, sur
lequel sont marquées toutes
les Lettres de l'Alphabeth
d'un petit filet blanc, en
Caracteres Italiques, coures
rangées, le bas des Lettres
au centre de la Prunelle, distinctes
les unes des autres, &
formées d'une justesse telle
que vostre Pinceau le pourroit
faire.
L'Alphabeth Espagnol
n'a que vingt trois Lettres;
la nature pour les distinguer
des nostres en a mis douze
sur la prunelle de ¡.oeil droit,
& onze sur celle de l'oeil
gauche.
Mais comme les distances
des Lettres sont égallement
o1bkrrvercs, ainsi que les
groiIeurs; il esteroit la
place d'une Lettre dans la
prunelle gauche; si cetexcellent
Artiste ne l'avoit rempli
d'une espece de petite
rose ou ornelncru) tel approchant
qu'il y en a autour de
la Monnoye en France;
quand les mots qu'on y met
ne remplissent pas le cercle
de la piece&ces yeux là son
fort bons &forts sains propres
& disposez à tres bien
faire leur mêtier dans la
fuite. L'indolence des Espagnols
ne leur laisse pas faire
attention à cet espece =
prodige, en sorte que fcs
yeux là ne les émouvent pas
plus que les autres à l'ordinaire
: cependant je les crois
dignes de toute l'attention,
non de Messieurs de l'Academie
des Inscriptions, car
la fille est iiiodcrne,& il ne
leur faut que des Médailles
du plus antique; mais de
Messieurs de l'Academie
Royale des Sciences, qui
ont pour objet principal,
toutes les parties de la Philfique.
Qoiquece foenomene soit
trcs- singulier dansla nature
il ne lame pas dy en avoir
eu d'aussi extraordinaires &
tres averez dans les journaux,
&c.
Une Poulc faitunoeuf,
lequel estans caffé dans lemesme
tems il en fort un
petit Canal d qui crie hannemanus,
attribuë celaàl'imagination
de la Poule & prétend
que cette imagination
peur tout pourvu que les organes
sur lesquelselleagit b Ine
soient point corrompus
le poulet avec une teste
d Epervier. Le Soleil peint
dans unoeuf &c. font pareil-
lemcnt effets de l'imagination
dont l'effet prouvetoit
que les semences ne sont
point absolument determinées
à certaine espece. Il
croit que les petits serpents
trouvez dans un oeuf provenoient
de la semence de
Serpent qu'avale la Poule
gourmande.
envoyée à Mr Rigaud par
,
Cb f
, un defèsamis quirfià
Cadixdu 11.Févrieriji3. vOicy un fait que vous
n'avez jamais veu, ny
ouï parler. LHostesse où je
loge actuellement a chez »elle une petire Niéce, belle
& blonde de l âge de six ans;
elle à les yeux du plus bel
outremer qui se voye, sur
lequel sont marquées toutes
les Lettres de l'Alphabeth
d'un petit filet blanc, en
Caracteres Italiques, coures
rangées, le bas des Lettres
au centre de la Prunelle, distinctes
les unes des autres, &
formées d'une justesse telle
que vostre Pinceau le pourroit
faire.
L'Alphabeth Espagnol
n'a que vingt trois Lettres;
la nature pour les distinguer
des nostres en a mis douze
sur la prunelle de ¡.oeil droit,
& onze sur celle de l'oeil
gauche.
Mais comme les distances
des Lettres sont égallement
o1bkrrvercs, ainsi que les
groiIeurs; il esteroit la
place d'une Lettre dans la
prunelle gauche; si cetexcellent
Artiste ne l'avoit rempli
d'une espece de petite
rose ou ornelncru) tel approchant
qu'il y en a autour de
la Monnoye en France;
quand les mots qu'on y met
ne remplissent pas le cercle
de la piece&ces yeux là son
fort bons &forts sains propres
& disposez à tres bien
faire leur mêtier dans la
fuite. L'indolence des Espagnols
ne leur laisse pas faire
attention à cet espece =
prodige, en sorte que fcs
yeux là ne les émouvent pas
plus que les autres à l'ordinaire
: cependant je les crois
dignes de toute l'attention,
non de Messieurs de l'Academie
des Inscriptions, car
la fille est iiiodcrne,& il ne
leur faut que des Médailles
du plus antique; mais de
Messieurs de l'Academie
Royale des Sciences, qui
ont pour objet principal,
toutes les parties de la Philfique.
Qoiquece foenomene soit
trcs- singulier dansla nature
il ne lame pas dy en avoir
eu d'aussi extraordinaires &
tres averez dans les journaux,
&c.
Une Poulc faitunoeuf,
lequel estans caffé dans lemesme
tems il en fort un
petit Canal d qui crie hannemanus,
attribuë celaàl'imagination
de la Poule & prétend
que cette imagination
peur tout pourvu que les organes
sur lesquelselleagit b Ine
soient point corrompus
le poulet avec une teste
d Epervier. Le Soleil peint
dans unoeuf &c. font pareil-
lemcnt effets de l'imagination
dont l'effet prouvetoit
que les semences ne sont
point absolument determinées
à certaine espece. Il
croit que les petits serpents
trouvez dans un oeuf provenoient
de la semence de
Serpent qu'avale la Poule
gourmande.
Fermer
Résumé : RELATION envoyée à Mr Rigaud par un de ses amis qui est à Cadix du 21. Février 1713.
Le document est une lettre datée du 11 février 1713, envoyée par un ami résidant à Cadix à Monsieur Rigaud. L'auteur décrit une jeune fille de six ans, nièce de son hôtesse, dont les yeux portent les lettres de l'alphabet en caractères italiques. Les lettres sont réparties entre les deux yeux : douze sur l'œil droit et onze sur l'œil gauche. Lorsque l'espace de la prunelle n'est pas rempli par les lettres, une petite rose ou une fleur similaire les remplace. Les Espagnols, en raison de leur indolence, ne prêtent pas attention à ce phénomène. L'auteur suggère que ce cas mérite l'attention de l'Académie Royale des Sciences plutôt que celle des Inscriptions, car il relève de la philosophie naturelle. Le texte mentionne également d'autres phénomènes singuliers, comme un œuf pondant un poussin avec une tête d'épervier ou un œuf contenant le Soleil, attribués à l'imagination de la poule. Ces exemples illustrent que les semences ne sont pas déterminées à une espèce spécifique et peuvent être influencées par des facteurs externes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 193-199
Memoire concernant quelques observations sur le vitriol & sur le fer, par M. Geoffroy. [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredy 26. Avril l'Academie Royale des Sciences reprit ses [...]
Mots clefs :
Vitriol, Liqueur, Académie royale des sciences, Terre, Équateur, Méridiens, Sels acides, Nitre, Botanistes, Cristaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire concernant quelques observations sur le vitriol & sur le fer, par M. Geoffroy. [titre d'après la table]
LE mercredy 26. Avril
l'Académie Royale des
Sciences reprir ses exercices
qui avoient estê interrompus
pendant les FêtesdePasquès,
& elle lés ouvrir à on ordinaire
par une Assemblée
publique.
Monsieur Oflîni com- mença la Séance par un discours;
dans lequel il démontra
que la figure de la Terre
étoit Ecliptique, & que son
(axe pris d'un Pole à l'autre
étoit beaucoup plus grand
que - son Diamètre fous
l'Equateur: Il donna en
mcfme temps une méthode
pour avoir la mesure des
devrez des Méridiens.
MrLemery le jeune, expliqua
ensuite la maniere
dont les Sels acides ( &
particulierement le Sel acide
du Nitre ) agissent sur les
soufres pour prÉxfcire la
"flafne.
Mr Marchand, rapporta
la découvertequ'il avoir
faite de la fkur d'une petite
planteou efpccfr de mousle,
nommée LichenpetroeusfldlAtus.
Cette Fleur avoit été
jusques ici inconnuëaux
Botanistes, quoyque la plante
fûttres-commune.
Mr Geoffroy termina la
Seance par la lecture d'un
mémoire, concernant quelques
observations sur le Vitriol
& sur le Fer. Il donna
plusieurs manieres de reduire
le Vitriol vert en une liqueur
grasse onctueuse & qui ne
secristallise plus, qu'il nomma
Eau mne ou essence Hipuque
duVitriol.Onappelle
ordinairement Eaux meres,
des liqueurs grasses, qui
restent après les cristallisations
du salpetre ,du Vitriol,
du esl marin, de l'alum, &c.
On avoit crû jusques ici que
les liqueurs grasses étoient
commposées des sels alcalis
& de la graisse de la Terre
qui fc trouvant messez avec
ces sels s'en séparoient dans
la cristalisation ; mais il
avança que cela. n'étoit poinr,
Q¿ que c'estoit la substance
même des sels qui étoit ainsi
changée, & qu'il prouva par-
C.qùé tous ces sels, si bien
apurez qu'ils puissens cftre^
se peuvent entierement changer
en cette liqueur, ce qu'il
prouva par experience sur le
Vitriol. Une des manieres
qu'il proposa pour reduire
ainsi le Vitriol est de calciner
du Vitriol vert aux rayons
du Soleil pendant l'Eté. Il
se reduit en une poudre blanche.
On fait fondre cette
poudre dans de l'eau de
pluye; on philtre la dissolution,
& après avoir fait digerer
pendant quelque temps
la liqueur au Soleil, on la
fait éva porer & on laisse cris.
talliser le sel, Il reste entre
les cristaux une liqueur rougeâtre,
grasse qui ne fc cri stallise
point du tour. On
la garde à part. On fait calciner
de nouveau les cristaux
au Soleil, on les fait dissoudre,
on digere la dissolution
on la philtre, on la fait criftaliser
& on sépare la liqueur
qui ne se cristallise point;
on continuë cela pluficurs
fois jurqu'à ce que tour le
Vitriol foit converti en huile
ou eau mere. Il ne proposa
pas feulement cette liqueur
comme une simple curiosité;
mais encore comme un remede
utile, & comme un
fort bon stiptique pour arrester
le fang des playesapplique
exterieuremcnt, &
pour appaiser les bemorr hagies
prisincerieurerpeut;cest
pourquoy il lui avoic donné
le nom d'EiTencc stiptique du
Vitriol. Le temps ne luy permit
pas de licelfes observations
sur le Fer.
l'Académie Royale des
Sciences reprir ses exercices
qui avoient estê interrompus
pendant les FêtesdePasquès,
& elle lés ouvrir à on ordinaire
par une Assemblée
publique.
Monsieur Oflîni com- mença la Séance par un discours;
dans lequel il démontra
que la figure de la Terre
étoit Ecliptique, & que son
(axe pris d'un Pole à l'autre
étoit beaucoup plus grand
que - son Diamètre fous
l'Equateur: Il donna en
mcfme temps une méthode
pour avoir la mesure des
devrez des Méridiens.
MrLemery le jeune, expliqua
ensuite la maniere
dont les Sels acides ( &
particulierement le Sel acide
du Nitre ) agissent sur les
soufres pour prÉxfcire la
"flafne.
Mr Marchand, rapporta
la découvertequ'il avoir
faite de la fkur d'une petite
planteou efpccfr de mousle,
nommée LichenpetroeusfldlAtus.
Cette Fleur avoit été
jusques ici inconnuëaux
Botanistes, quoyque la plante
fûttres-commune.
Mr Geoffroy termina la
Seance par la lecture d'un
mémoire, concernant quelques
observations sur le Vitriol
& sur le Fer. Il donna
plusieurs manieres de reduire
le Vitriol vert en une liqueur
grasse onctueuse & qui ne
secristallise plus, qu'il nomma
Eau mne ou essence Hipuque
duVitriol.Onappelle
ordinairement Eaux meres,
des liqueurs grasses, qui
restent après les cristallisations
du salpetre ,du Vitriol,
du esl marin, de l'alum, &c.
On avoit crû jusques ici que
les liqueurs grasses étoient
commposées des sels alcalis
& de la graisse de la Terre
qui fc trouvant messez avec
ces sels s'en séparoient dans
la cristalisation ; mais il
avança que cela. n'étoit poinr,
Q¿ que c'estoit la substance
même des sels qui étoit ainsi
changée, & qu'il prouva par-
C.qùé tous ces sels, si bien
apurez qu'ils puissens cftre^
se peuvent entierement changer
en cette liqueur, ce qu'il
prouva par experience sur le
Vitriol. Une des manieres
qu'il proposa pour reduire
ainsi le Vitriol est de calciner
du Vitriol vert aux rayons
du Soleil pendant l'Eté. Il
se reduit en une poudre blanche.
On fait fondre cette
poudre dans de l'eau de
pluye; on philtre la dissolution,
& après avoir fait digerer
pendant quelque temps
la liqueur au Soleil, on la
fait éva porer & on laisse cris.
talliser le sel, Il reste entre
les cristaux une liqueur rougeâtre,
grasse qui ne fc cri stallise
point du tour. On
la garde à part. On fait calciner
de nouveau les cristaux
au Soleil, on les fait dissoudre,
on digere la dissolution
on la philtre, on la fait criftaliser
& on sépare la liqueur
qui ne se cristallise point;
on continuë cela pluficurs
fois jurqu'à ce que tour le
Vitriol foit converti en huile
ou eau mere. Il ne proposa
pas feulement cette liqueur
comme une simple curiosité;
mais encore comme un remede
utile, & comme un
fort bon stiptique pour arrester
le fang des playesapplique
exterieuremcnt, &
pour appaiser les bemorr hagies
prisincerieurerpeut;cest
pourquoy il lui avoic donné
le nom d'EiTencc stiptique du
Vitriol. Le temps ne luy permit
pas de licelfes observations
sur le Fer.
Fermer
Résumé : Memoire concernant quelques observations sur le vitriol & sur le fer, par M. Geoffroy. [titre d'après la table]
Le 26 avril, l'Académie Royale des Sciences a repris ses activités après les fêtes de Pâques. Monsieur Oflîni a présenté une démonstration sur la forme elliptique de la Terre, affirmant que son axe polaire est plus long que son diamètre équatorial, et a proposé une méthode pour mesurer les degrés des méridiens. Monsieur Lemery le jeune a expliqué l'action des sels acides, comme le sel acide du nitre, sur les soufres pour produire de la flamme. Monsieur Marchand a rapporté la découverte d'une nouvelle espèce de mousse, le Lichen petraeus fulvus, fréquente mais inconnue des botanistes. Enfin, Monsieur Geoffroy a lu un mémoire sur le vitriol et le fer, décrivant des méthodes pour transformer le vitriol vert en une liqueur grasse et onctueuse, nommée 'eau mère' ou 'essence hippique du vitriol'. Cette liqueur, obtenue après plusieurs cristallisations, est utilisée comme remède stiptique pour arrêter les saignements et apaiser les hémorragies internes. Geoffroy n'a pas pu présenter ses observations sur le fer faute de temps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 101-121
Rentrée de l'Academie.
Début :
Le Mercredi 15. Novembre l'Academie Royale des Sciences reprit ses [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Éloge, Botaniste, Poudre, Chimiste, Extensibilité, Matériaux , M. Homberg, Charité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Rentrée de l'Academie.
Rentrée de l' Academie.
Le Mercredi 15. Novembre
l'Academie Royale des
Sciences reprit ses exercices
ordinaires, donc elle fie
l'ouverture par uneassemblée
publique, où Monsieur
de Fontenelles, Secretaire
de ladite Academie
,
fit avec son éloquence
ordinaire l'éloge de Monsieur
Blondin, éleve Botaniste,
quiétoit mort pendant
l'année. Aprés luy le
Sieur Martino Poli, Romain,
associé étranger de
l'Academie, &qui setrou,
voit pour lors à Paris, donna
une maniere de faire
une poudre qui imitoit par
sa couleur & son éclat les
plus belles perlesOrientales.
En voici le procedé.Il prend
égalés parties de bismuth
ou étain de glace,& de sublimé
cotrosif, pulverisez
chacun à part. Il les mêle
ensemble dans une cornuë
Je verre, puis les distille
comme les Chymistes ont
coutumededistiller le beurre
d'antimoine, Il en sort
en effet, avec dumercure
coulant, une liqueur saline
qui se fige en consistance
de beurre. Il prend ce beurre
,
qu'il distille de nouveau.
Il luy reste dans la
cornuë une poudre fort fine,
talqueuse ou composée
de plusieurs parcelles plattes,
argentine ou de couleur
de perle, que le feu ni
rien ne peut alterar. Il continuë
à distiller de nouveau
ce beurre, jusqu'à ce qu'il
ne laisse plus de poudre à
la fin de la distillation, &
la derniere poudre est plus
belle que la premiere.
Il rendit ensuite raison
de ce qui se passoit dans
cette operation, dont il expliqua
fort bien toutes les
cirçonstances.Il y joignit
quelques reflexions générales
, & il dit entr'autres,
que toutes, ou la plûpart
desvolatilisations,oudes fixations
- qu'on faisoit en
Chymien'étoient point de
veritables volatilisations &
fixations; que nonobstant
toutes les prétenduës fixations
du mercure, ce mineral
restoit toûjours volatil,
& que nonobstant toutes
les prétendues volatilisations
des métaux & du
sel de tartre, ils restoient
toûjours fixes. Il dit qu'il
ne pretendoit pas cependantqu'ells
fussent impossibles,
au contraire; ôc
qu'il donneroit quelque
jour un memoire touchant
la maniere d'en venir à
bout. Enfinil passa aux usages
de sa poudre, dont il
dit qu'on pouvoit faire de
fort belles perles; qu'on
pouvoit l'employer dans la
peinture ou avec le vernis,
pour peindre desévantails,
des tabatieres
,
des boëtes
detoilette,&c.
Ensuite M. de Reaumur
lut un mémoiresur la divisibilité
& l'extensibilité
de la matiere, qu'il demontra
dans les feüilles d'or
battu, dans le fil d'or, ou
plûtôt le fil d'argent dore,
& dans les filets des araignées.
Ce discours, quoyque
long, ne fut point du
tout ennuyeux, tant à cause
de la varieté des choses
curieuses dont il étoit rempli,
que par rapport à l'élegance
du style.Outreles
calculs de l'extensibilité de
l'or dans les feüilles & dans
l'or trait, il dit que le verre
pouvoit se tirer en un fil
assez fin pour se plier &
par consequent pour se travailler
;ce qui est aussi beau
& aussi curieux que la malleabilité
du verre que les
Chymistes cherchent avec
tant d'empressement. A
cette occasion je dirai ici
ce qui m'a été affuré par
un Chymiste qui étoit auprès
de moy, que cette
malleabilité du verre n'étoit
pas impossible;qu'elle
étoit decrite dans un livre
de Becher, intitulé
,
Physica
subterranea,où il decrivoit
la maniere de forger
le verre. Je donne cet avis
en passant, afin que les curieux
en puissent profiter.
Mais revenons au discours
de M. de Reaumur. Il donna
de plus l'anaromie des
parties de l'araignée qui
fervent à préparer la matiere
de ses fils & à les filer,
qui est d'autant plus curieuse
, que ces organes sont
fort petits, que personne
ne les avoit encore décrits,
&qu'on a naturellement
de l'horreur de travailler
sur unsi vilain animal.
MonsieurHomberg lut
ensuite un memoire sur la
facilité qu'ont les métaux
de se laisser penetrer par
certaines substances. Il en.
apporta beaucoup d'exemples;
comme la matière
magnétique qui pénétre
tous les corps, & même
les metaux au travers desquels
l'aiman attire le fer.
L'encre de sympathie faite
avec la chaux&l'orpiment,
qui laisseéchaper de petites
particules ,qui passeau
traversdesbois, des pierres
& des lames de metal,
pour aller colorer l'écriture
faiteavec l'impregnation
de saturne, autrement dite
vinaigre de plomb. 1: Les
émanations qui partent de
la pierre de Boulogne,&
qu'on apperçoit aisément a
l'odeur, qui penetrent de
même la plûpart des corps,
& apportent quelques petits
changemens aux metaux.
Il dit qu'ayant tenu
dans un tiroir une pierre
deBoulogne nouvellement
calcinée, avec une montre
à boëte d'argent,quelque
temps après il trouva la
boëte d'argent dorée par
cettevapeur, & toutes les
rouës de ladite boëte, qui
étoient de cuivre jaune,
argentées. Il ajoûtaqu'un
morceau de soufre mis sur
,
une plaque de fer rouge se
fondpromptement
, penetre
la plaque, fond les
parties dufer qu'il touche,
qu'il entraîne, & laisse un
trou à la plaque. Qu'un
morceau de sublimé corrosiffait
la même chose
sur l'argent, avec cette
difference que l'argent dissous
par le sublimé se rapproche
& laisse un trou à
la plaque, bordé tout autour
d'une éminence ou
bourlet d'argent.
Il donna ensuite la maniere
de faire un sel qui
passe au travers d'un fer
rouge, comme l'eau au travers
d'un drap,sans l'alterer.
Ce sel se fait ainsi.
Il prend une livre de
chaud vive ôc quatrelivres
de vinaigredistillé, Illaisse
»
digerer
digerer le tout ensemble
dans un matras pendant
deux jours, aprés quoy il
verse la liqueur par inclination
, & il la garde.
Ensuite il prend une partie
de soufre, deux parties
de salpêtre, & trois parties
de sel commun decrepité,
dont il fait un mélange
exact, qu'il jette par cüeillerée
dans un creu set rougi
entre les charbons ardens,
où il pousse le feu jusqu'à
ce que le tout soit fondu.
Il jette la matiere fonduë
dans une bassine où elle se
durcir bientôtenunemasse
saline. On prend une -pa-r..
tie de ce sel, on le fait rom
dre dans six parties de vinaigre
distillé ,preparé
comme nous avons dit cidessus.
On fait évaporer Ja
dissolutionjusques à pellicule,
& on la laisse cristalsiser
en un lieu frais. C'est
le sel dont il est question;
quiétant fondu dans une
cuilliere de fer ou autre
vaisseau de fer à grandfeu,
passe au travets des' pores
de la cuilliere, sans alterer
en aucunemaniere la subfiance
du metal. Sionlaisse
ce même sel dans la cuillierc
de fer dans un -
lieu
humide, il se fond peu à
peu, & coule au bout d'un
certain temps au travers du
même fer,quonapperçoit
moüillé au dehors à mesure
que la liqueur qui est au
dedans diminuë :mais cette
filtration se fait bien plus
lentement à froid qu'au
grand feu.
Il decrivit encore une
autreoperation, qui n'est
gueres moins curieuse que
la precedente.C'est une e spece
de bitume metallique
ou de cinabre, d'argent,
dont onmet un morceau
de lagrosseur d'un pois sur
une lame d'argent mediocrement
épaisse & placée
entre les charbons. Cette
matieremetalliquese fond
§>& passeau travers de la lame
,de même que l'eau au
traversdu papier gris. Elle
ne perce point la lame,
maiselle la laisse tachéedes
deux côtez d'une couleur
livide commeduplomb;
&cettecouleur n'occupe
pasfeulement les deux surfaces
exterieures : mais elle
penetre encore toute la substance
de l'argent, qu'on
prendroit pour du plomb,
sans qu'il soit pour cela ni
plus aigre ni plus cassant.
-
Cette experience donna
occasion au R. P. Gouyer,
qui presidoit à l'assemblée,
&quiresumoit en peu de
mots ce que chacun avoit
dit, de reprocher aux Chymisses
en la personnede
M. Homberg
,
qu'au lieu
des richesses qu'ils nous
promettent, il ne nous avoit
encore appris qu'à convertir
l'or en verre dans quelques
experiences des années
precedentes
,
& l'arglenet
en-plocmbida.ns cel- M. Imbert termina l'assemblée
par une observation
d'un homme qui a été
pendant quatre mois endormi
à la Charité des hommes.
Cet homme, qui étoit
garçon Charpentier, ayant
eu querelle avec un de ses
camarades, apprend peu
de temps après que son ennemi
vient de tomber du
haut d'un bâtiment & de 1
se tuer tout roide. Un mélange
de differentespassions
de joye, de surprise,
de frayeur, de compassion,
le rendent immobile, il
tombe par terre & y reste
comme endormi.On le
releve, on le tourmente è
rien ne le réveille. On le
porte à la Charité des hommes,
on le livre aux Medecins,
qui le font saigner,
vomir, purger, suer, ventouser,
&c. & le tout inutilement.
Il dort toûjours,
& dort d'un profond sommeil.
On lui fait prendre
cependant un peu de nourriture
, en luy passantle
doigtmoüillé de vin &de
boüillon sur le bord des levres,
il ouvre les levres ôc
la bouchepour laisser passer
la nourriture, sans se reveiller.
Il dort ainsi depuis
quatre. mois; à la verité
depuis, quelque temps le
sommeil estmoins profond,
ôc il commence à donner
quelques signes de sentiment
& de connoissance.
M. Imbert rapporta en meZ.
me temps une autre observationd'unhommeenHollande
lande qui avoit dormi pendant
plus d'un an. Il accompagna
ces observations de
beaucoup de belles - reflexions,&
d'explications physiques
d'effets si extraordinaires.
Le Mercredi 15. Novembre
l'Academie Royale des
Sciences reprit ses exercices
ordinaires, donc elle fie
l'ouverture par uneassemblée
publique, où Monsieur
de Fontenelles, Secretaire
de ladite Academie
,
fit avec son éloquence
ordinaire l'éloge de Monsieur
Blondin, éleve Botaniste,
quiétoit mort pendant
l'année. Aprés luy le
Sieur Martino Poli, Romain,
associé étranger de
l'Academie, &qui setrou,
voit pour lors à Paris, donna
une maniere de faire
une poudre qui imitoit par
sa couleur & son éclat les
plus belles perlesOrientales.
En voici le procedé.Il prend
égalés parties de bismuth
ou étain de glace,& de sublimé
cotrosif, pulverisez
chacun à part. Il les mêle
ensemble dans une cornuë
Je verre, puis les distille
comme les Chymistes ont
coutumededistiller le beurre
d'antimoine, Il en sort
en effet, avec dumercure
coulant, une liqueur saline
qui se fige en consistance
de beurre. Il prend ce beurre
,
qu'il distille de nouveau.
Il luy reste dans la
cornuë une poudre fort fine,
talqueuse ou composée
de plusieurs parcelles plattes,
argentine ou de couleur
de perle, que le feu ni
rien ne peut alterar. Il continuë
à distiller de nouveau
ce beurre, jusqu'à ce qu'il
ne laisse plus de poudre à
la fin de la distillation, &
la derniere poudre est plus
belle que la premiere.
Il rendit ensuite raison
de ce qui se passoit dans
cette operation, dont il expliqua
fort bien toutes les
cirçonstances.Il y joignit
quelques reflexions générales
, & il dit entr'autres,
que toutes, ou la plûpart
desvolatilisations,oudes fixations
- qu'on faisoit en
Chymien'étoient point de
veritables volatilisations &
fixations; que nonobstant
toutes les prétenduës fixations
du mercure, ce mineral
restoit toûjours volatil,
& que nonobstant toutes
les prétendues volatilisations
des métaux & du
sel de tartre, ils restoient
toûjours fixes. Il dit qu'il
ne pretendoit pas cependantqu'ells
fussent impossibles,
au contraire; ôc
qu'il donneroit quelque
jour un memoire touchant
la maniere d'en venir à
bout. Enfinil passa aux usages
de sa poudre, dont il
dit qu'on pouvoit faire de
fort belles perles; qu'on
pouvoit l'employer dans la
peinture ou avec le vernis,
pour peindre desévantails,
des tabatieres
,
des boëtes
detoilette,&c.
Ensuite M. de Reaumur
lut un mémoiresur la divisibilité
& l'extensibilité
de la matiere, qu'il demontra
dans les feüilles d'or
battu, dans le fil d'or, ou
plûtôt le fil d'argent dore,
& dans les filets des araignées.
Ce discours, quoyque
long, ne fut point du
tout ennuyeux, tant à cause
de la varieté des choses
curieuses dont il étoit rempli,
que par rapport à l'élegance
du style.Outreles
calculs de l'extensibilité de
l'or dans les feüilles & dans
l'or trait, il dit que le verre
pouvoit se tirer en un fil
assez fin pour se plier &
par consequent pour se travailler
;ce qui est aussi beau
& aussi curieux que la malleabilité
du verre que les
Chymistes cherchent avec
tant d'empressement. A
cette occasion je dirai ici
ce qui m'a été affuré par
un Chymiste qui étoit auprès
de moy, que cette
malleabilité du verre n'étoit
pas impossible;qu'elle
étoit decrite dans un livre
de Becher, intitulé
,
Physica
subterranea,où il decrivoit
la maniere de forger
le verre. Je donne cet avis
en passant, afin que les curieux
en puissent profiter.
Mais revenons au discours
de M. de Reaumur. Il donna
de plus l'anaromie des
parties de l'araignée qui
fervent à préparer la matiere
de ses fils & à les filer,
qui est d'autant plus curieuse
, que ces organes sont
fort petits, que personne
ne les avoit encore décrits,
&qu'on a naturellement
de l'horreur de travailler
sur unsi vilain animal.
MonsieurHomberg lut
ensuite un memoire sur la
facilité qu'ont les métaux
de se laisser penetrer par
certaines substances. Il en.
apporta beaucoup d'exemples;
comme la matière
magnétique qui pénétre
tous les corps, & même
les metaux au travers desquels
l'aiman attire le fer.
L'encre de sympathie faite
avec la chaux&l'orpiment,
qui laisseéchaper de petites
particules ,qui passeau
traversdesbois, des pierres
& des lames de metal,
pour aller colorer l'écriture
faiteavec l'impregnation
de saturne, autrement dite
vinaigre de plomb. 1: Les
émanations qui partent de
la pierre de Boulogne,&
qu'on apperçoit aisément a
l'odeur, qui penetrent de
même la plûpart des corps,
& apportent quelques petits
changemens aux metaux.
Il dit qu'ayant tenu
dans un tiroir une pierre
deBoulogne nouvellement
calcinée, avec une montre
à boëte d'argent,quelque
temps après il trouva la
boëte d'argent dorée par
cettevapeur, & toutes les
rouës de ladite boëte, qui
étoient de cuivre jaune,
argentées. Il ajoûtaqu'un
morceau de soufre mis sur
,
une plaque de fer rouge se
fondpromptement
, penetre
la plaque, fond les
parties dufer qu'il touche,
qu'il entraîne, & laisse un
trou à la plaque. Qu'un
morceau de sublimé corrosiffait
la même chose
sur l'argent, avec cette
difference que l'argent dissous
par le sublimé se rapproche
& laisse un trou à
la plaque, bordé tout autour
d'une éminence ou
bourlet d'argent.
Il donna ensuite la maniere
de faire un sel qui
passe au travers d'un fer
rouge, comme l'eau au travers
d'un drap,sans l'alterer.
Ce sel se fait ainsi.
Il prend une livre de
chaud vive ôc quatrelivres
de vinaigredistillé, Illaisse
»
digerer
digerer le tout ensemble
dans un matras pendant
deux jours, aprés quoy il
verse la liqueur par inclination
, & il la garde.
Ensuite il prend une partie
de soufre, deux parties
de salpêtre, & trois parties
de sel commun decrepité,
dont il fait un mélange
exact, qu'il jette par cüeillerée
dans un creu set rougi
entre les charbons ardens,
où il pousse le feu jusqu'à
ce que le tout soit fondu.
Il jette la matiere fonduë
dans une bassine où elle se
durcir bientôtenunemasse
saline. On prend une -pa-r..
tie de ce sel, on le fait rom
dre dans six parties de vinaigre
distillé ,preparé
comme nous avons dit cidessus.
On fait évaporer Ja
dissolutionjusques à pellicule,
& on la laisse cristalsiser
en un lieu frais. C'est
le sel dont il est question;
quiétant fondu dans une
cuilliere de fer ou autre
vaisseau de fer à grandfeu,
passe au travets des' pores
de la cuilliere, sans alterer
en aucunemaniere la subfiance
du metal. Sionlaisse
ce même sel dans la cuillierc
de fer dans un -
lieu
humide, il se fond peu à
peu, & coule au bout d'un
certain temps au travers du
même fer,quonapperçoit
moüillé au dehors à mesure
que la liqueur qui est au
dedans diminuë :mais cette
filtration se fait bien plus
lentement à froid qu'au
grand feu.
Il decrivit encore une
autreoperation, qui n'est
gueres moins curieuse que
la precedente.C'est une e spece
de bitume metallique
ou de cinabre, d'argent,
dont onmet un morceau
de lagrosseur d'un pois sur
une lame d'argent mediocrement
épaisse & placée
entre les charbons. Cette
matieremetalliquese fond
§>& passeau travers de la lame
,de même que l'eau au
traversdu papier gris. Elle
ne perce point la lame,
maiselle la laisse tachéedes
deux côtez d'une couleur
livide commeduplomb;
&cettecouleur n'occupe
pasfeulement les deux surfaces
exterieures : mais elle
penetre encore toute la substance
de l'argent, qu'on
prendroit pour du plomb,
sans qu'il soit pour cela ni
plus aigre ni plus cassant.
-
Cette experience donna
occasion au R. P. Gouyer,
qui presidoit à l'assemblée,
&quiresumoit en peu de
mots ce que chacun avoit
dit, de reprocher aux Chymisses
en la personnede
M. Homberg
,
qu'au lieu
des richesses qu'ils nous
promettent, il ne nous avoit
encore appris qu'à convertir
l'or en verre dans quelques
experiences des années
precedentes
,
& l'arglenet
en-plocmbida.ns cel- M. Imbert termina l'assemblée
par une observation
d'un homme qui a été
pendant quatre mois endormi
à la Charité des hommes.
Cet homme, qui étoit
garçon Charpentier, ayant
eu querelle avec un de ses
camarades, apprend peu
de temps après que son ennemi
vient de tomber du
haut d'un bâtiment & de 1
se tuer tout roide. Un mélange
de differentespassions
de joye, de surprise,
de frayeur, de compassion,
le rendent immobile, il
tombe par terre & y reste
comme endormi.On le
releve, on le tourmente è
rien ne le réveille. On le
porte à la Charité des hommes,
on le livre aux Medecins,
qui le font saigner,
vomir, purger, suer, ventouser,
&c. & le tout inutilement.
Il dort toûjours,
& dort d'un profond sommeil.
On lui fait prendre
cependant un peu de nourriture
, en luy passantle
doigtmoüillé de vin &de
boüillon sur le bord des levres,
il ouvre les levres ôc
la bouchepour laisser passer
la nourriture, sans se reveiller.
Il dort ainsi depuis
quatre. mois; à la verité
depuis, quelque temps le
sommeil estmoins profond,
ôc il commence à donner
quelques signes de sentiment
& de connoissance.
M. Imbert rapporta en meZ.
me temps une autre observationd'unhommeenHollande
lande qui avoit dormi pendant
plus d'un an. Il accompagna
ces observations de
beaucoup de belles - reflexions,&
d'explications physiques
d'effets si extraordinaires.
Fermer
Résumé : Rentrée de l'Academie.
Le 15 novembre, l'Académie Royale des Sciences reprit ses activités avec une assemblée publique. Monsieur de Fontenelle, secrétaire de l'Académie, rendit hommage à Monsieur Blondin, un botaniste récemment décédé. Ensuite, le Sieur Martino Poli, associé étranger, présenta une méthode pour créer une poudre imitant les perles orientales. Il utilisa du bismuth ou de l'étain de glace et du sublimé corrosif, distillés pour obtenir une poudre fine et résistante au feu. Poli discuta des volatilisations et fixations en chimie, affirmant que beaucoup de ces processus ne sont pas véritables et promettant un mémoire sur le sujet. Il mentionna les usages de sa poudre, notamment pour créer des perles et dans la peinture. Monsieur de Reaumur lut ensuite un mémoire sur la divisibilité et l'extensibilité de la matière, illustré par des exemples comme les feuilles d'or battu et les fils d'araignée. Il mentionna également la possibilité de tirer le verre en un fil fin et flexible, et décrivit l'anatomie des organes des araignées produisant leurs fils. Monsieur Homberg présenta un mémoire sur la pénétration des métaux par certaines substances, comme la matière magnétique, l'encre de sympathie, et les émanations de la pierre de Boulogne. Il décrivit plusieurs expériences, dont une où un sel passe à travers une cuillère de fer sans l'altérer. L'assemblée se conclut par des observations médicales rapportées par M. Imbert. La première concernait un charpentier resté endormi pendant quatre mois après un choc émotionnel. La seconde portait sur un homme en Hollande ayant dormi plus d'un an. M. Imbert accompagna ces observations de réflexions et d'explications physiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 193-207
EXTRAIT du Discours de Monsieur de Reaumur sur la prodigieuse ductilité de diverses matieres, leu dans l'assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 15. Novembre.
Début :
Dans le Mercure dernier nous nous contentasmes de faire connoistre [...]
Mots clefs :
Réaumur, Académie royale des sciences, Ductilité, Métaux, Vers à soie, Araignées, Filage, Microscope, Métallurgie, Innovations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Discours de Monsieur de Reaumur sur la prodigieuse ductilité de diverses matieres, leu dans l'assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 15. Novembre.
EXTRAIT
du Discours-deMonsieurde
Reaumur sur la prodigieuse
ductilité dedinjerfesmatiè-
Ires) leu dans l'assemblée publique
de l'AcadémieRayale
des Sciences
,
le 15. Novembre.
'D Ans le Mercure dernier
nous nous contentasmes
de faire connoistre le
sujet de cettedissertation
d'indiquer lesmatierescu-,
rieusesqui y sont examinées;
nousavertismes aussi
RU'ellé estoitremplie d'un
grand nombre d'observations
singulieres, écrites
d'une maniere qui feule estoit
capable de les faire recevoir
agréablement, on
nous sçauroit mauvais gré
si nous en estions restez Jà,-
nous allons tascher d'en
donner une idée plus complette.
Pour embrasser tout ce
qui regarde lamerveilleuseductilité
dedivers corps,
M. deReaumur divisales
corps ductiles en deux
classes;dontlapremiere
comprend lecorpsqu'il
nommaductiles durs, &.
la seconde les ductiles
mous Les métaux quis'estendent
sans marteau, ou
en passant par la filiere,
luy fournirent des exemples
de la premiere cfpece
de ductilité. Le Pere Mersenne,
Furtiere
,
Rohault,
& divers Sçavans, que M.
de Reaumur eut foin de
citer, ont fait des calculs
pour montrer jusquesoù
les batteurs d'orestendent
l'orenfeüilles, & jusques
où les tireurs d'or estendent
les lingots dorez,dont ils
forment les fils que nous
employons dans une infinité
d'ouvrages. Mr de
Reaumur qui a décrit les
arts du batteur d'or & du
tireur d'or pour servir l'histoire
generale des arts, a
-
trouve pouffé la ductilité
des metaux bien plus loin
que les Anciens ne l'avoient
dit. Les artsse persectionnèrent
, nous nous
contenterons de rapporter
qu'il fit voir par des experiences
exactes que l'onestend
un lingot ou une especede
cylindre d'argent:
doré d'environ vingt deux
pouces de long,& de quinze
lignes de diametre, qu'-
on estend, dis
- je,ce cylindrejusqul'à
ce que sa longueur
parvienne à celle de
cent onze lieuës. Le calcul
quil donna de 1epaifseur
de lacouche d'or qui
couvre les lames d'argent
doré dans lesquels cit réduit
ce lingot, est encore
plus surprenant. Cette cou- -
che d'or n'a pas fouvenc
d'epaisseur la 300000. partie
d'une ligne; Mr de
Reaumuramesme fait des
experiencesoùilla reduite
à n'en avoir que la millionniéme
partie aprés avoir
examiné les duétiIes
durs, Mr de Reaumur passa
aux ductiles mous Entre
les corps il donna le premier
rang au verre; il avertit
au reste qu'on ne devoit
pas e stre surpris de ce qu'il
donnoit cette -place à la
plus cassante, & àla plus
roide de toutes les matieres
Lorsque le feu l'a penetrée
on la peut rravailler
comme une cire molle. Il
expliqua comment avec le
1
verre on forme des fils plus
déliez que les cheveux, &
qui se plientde mesme au
gréduvent. Enfinil montra
qu'on pouvoit rendre
flexibles ces fils à un point
estonnant; & que si nous
en sçavionsfaired'aussi déliées
que le sont ceux dont
les araignées forment les
coques qui enveloppent
leurs oeufs; que probablement
ils feroient propres à
entrer dans des tissus. De
forte
,
s'il est vray de dire
que le verre n'est pas malleable
,
qu'il n'est pas seur
,
de dire qu'il n'est pas textible.
Il raconta aussi la maniere
dont il avoir tiré de
pareils fils beaucoup plus
déliez que ceux que les ouvriers
filent, & plus fins
mesme que les fils des versr àfoye.
Aprés rout Mr de Reaumur
avoüa que nous estions
peu habiles à travailler
les corps ductiles mous,
mais qu'heureusement la
nature nous a dédommagé
de ce quenous ignorons
de ce costé-la, il dit qu'elle
instruitune infinité d'animaux
à les estendre pour
nous; nous n'avons qu'à
mettre en oeuvre les fils
qu'ils nous préparent. Les
Vers à foye sont ces animaux.
Ils tirent leurs fils
d'une matiere visqueuse
contenuë dans leurs corps.
- A mesure que cette matiere
s'estend elle prend de
la consistance, elle devient
soye. Pourfaire voir néanmoinsjusques
où la nature
sçait estendreune matiere
molle, Mr de Reaumur ne
crut pas devoir s'arrester à
la soye des Vers. Les Araignées
luy en fournirent de 1
meilleures preuves. Mais
avant de faire voir quelle i
ea la prodigieusefinesse
des fils de certaines especes
d'Araignées, il décrivit la
belle mecanique que la nature
employe pour former
ces fils, il entra dans le détail
de toutes les parties
destinées à cetusage. Dans
le corps d'un si vilain animal
il y a un appareil furprenant
prés du derriere
de l'Araignée; on voit six
mamelons, le bout de chaque
mamelon examiné au
microscope, paroist percé
d'un nombre de trous prodigieux
, Mr de Reaumur
crut trop dire en asseurant
qu'il n'y avoit pas un de ces
bouts qui n'eust plus demille
trous. Chaque trou donnepassage
à un fil séparé.
L'Araignée ayant six mamelons
peut donc faire fortir
de son corps plus desix
millefils à la fois, ou pluCtostces
six mille fils séparez
sont actuellement formezdans
son corps. Tout
déliez qu'ils sont, ils ont
chacun leur tuyau particulier
qui les conduit jusques
aux reservoirs où est contenuë
la liqueur dont ilssont
formez. A la sortie dumamelon
plusieurs de ces fils
se réunissent ensemble
, &
en compofenr un ,
tel que
font ceux dont les araignées
font leurscoques.
Mais quelle est la prodigieuse
finesse de ces fils
dont l'assemblagene compose
qu'un fil plus délié
que tout ce quenousconnoissons.
Enfin siau lieu de
considerer ces 6000. fils,
dans les grossesAraignées
on les confidere dans certainesAraignées
naissantes,
qui ne peuvent presqueestre
apperçuës ellesmêmes
qu'avec le Microscope, on
aura bien de quoy admirer
les ouvrages de la nature.
Nousajouterons icy
une chose
,
dont nousoubliâmes
à parler dans le
dernier Mercure, qui ne
doit pas estre indifferente
au Public. C'est que le Pere
Gouye, après avoir fait un
Extrait trésexact des Discours
précedens,annonça
au Public que M. de Reaumur
s'estoit charge en partie
de l'execution du projet
que l'Academie a formé de
donner des descriptions de
tous les Arts & Metiers,
de tous leurs procédez, de
tous leurs instrumens, leurs
machines
, &c. Ce projet
dans l'execution a esté generalement
souhaitté,soit
dans leRoyaume, doit dans
les Pays estrangers
, comme
trés-utile, soit pour le
progrez, foit pour la conservation
des Arts. Le Pere
Gouye annonça en rneme
Fernps que M. de Reaumur
*A
avoit des ja décrit un grand
nombre d'Arts des pluscurieux
,
dont il donneroit
bientostun grosvolume.
du Discours-deMonsieurde
Reaumur sur la prodigieuse
ductilité dedinjerfesmatiè-
Ires) leu dans l'assemblée publique
de l'AcadémieRayale
des Sciences
,
le 15. Novembre.
'D Ans le Mercure dernier
nous nous contentasmes
de faire connoistre le
sujet de cettedissertation
d'indiquer lesmatierescu-,
rieusesqui y sont examinées;
nousavertismes aussi
RU'ellé estoitremplie d'un
grand nombre d'observations
singulieres, écrites
d'une maniere qui feule estoit
capable de les faire recevoir
agréablement, on
nous sçauroit mauvais gré
si nous en estions restez Jà,-
nous allons tascher d'en
donner une idée plus complette.
Pour embrasser tout ce
qui regarde lamerveilleuseductilité
dedivers corps,
M. deReaumur divisales
corps ductiles en deux
classes;dontlapremiere
comprend lecorpsqu'il
nommaductiles durs, &.
la seconde les ductiles
mous Les métaux quis'estendent
sans marteau, ou
en passant par la filiere,
luy fournirent des exemples
de la premiere cfpece
de ductilité. Le Pere Mersenne,
Furtiere
,
Rohault,
& divers Sçavans, que M.
de Reaumur eut foin de
citer, ont fait des calculs
pour montrer jusquesoù
les batteurs d'orestendent
l'orenfeüilles, & jusques
où les tireurs d'or estendent
les lingots dorez,dont ils
forment les fils que nous
employons dans une infinité
d'ouvrages. Mr de
Reaumur qui a décrit les
arts du batteur d'or & du
tireur d'or pour servir l'histoire
generale des arts, a
-
trouve pouffé la ductilité
des metaux bien plus loin
que les Anciens ne l'avoient
dit. Les artsse persectionnèrent
, nous nous
contenterons de rapporter
qu'il fit voir par des experiences
exactes que l'onestend
un lingot ou une especede
cylindre d'argent:
doré d'environ vingt deux
pouces de long,& de quinze
lignes de diametre, qu'-
on estend, dis
- je,ce cylindrejusqul'à
ce que sa longueur
parvienne à celle de
cent onze lieuës. Le calcul
quil donna de 1epaifseur
de lacouche d'or qui
couvre les lames d'argent
doré dans lesquels cit réduit
ce lingot, est encore
plus surprenant. Cette cou- -
che d'or n'a pas fouvenc
d'epaisseur la 300000. partie
d'une ligne; Mr de
Reaumuramesme fait des
experiencesoùilla reduite
à n'en avoir que la millionniéme
partie aprés avoir
examiné les duétiIes
durs, Mr de Reaumur passa
aux ductiles mous Entre
les corps il donna le premier
rang au verre; il avertit
au reste qu'on ne devoit
pas e stre surpris de ce qu'il
donnoit cette -place à la
plus cassante, & àla plus
roide de toutes les matieres
Lorsque le feu l'a penetrée
on la peut rravailler
comme une cire molle. Il
expliqua comment avec le
1
verre on forme des fils plus
déliez que les cheveux, &
qui se plientde mesme au
gréduvent. Enfinil montra
qu'on pouvoit rendre
flexibles ces fils à un point
estonnant; & que si nous
en sçavionsfaired'aussi déliées
que le sont ceux dont
les araignées forment les
coques qui enveloppent
leurs oeufs; que probablement
ils feroient propres à
entrer dans des tissus. De
forte
,
s'il est vray de dire
que le verre n'est pas malleable
,
qu'il n'est pas seur
,
de dire qu'il n'est pas textible.
Il raconta aussi la maniere
dont il avoir tiré de
pareils fils beaucoup plus
déliez que ceux que les ouvriers
filent, & plus fins
mesme que les fils des versr àfoye.
Aprés rout Mr de Reaumur
avoüa que nous estions
peu habiles à travailler
les corps ductiles mous,
mais qu'heureusement la
nature nous a dédommagé
de ce quenous ignorons
de ce costé-la, il dit qu'elle
instruitune infinité d'animaux
à les estendre pour
nous; nous n'avons qu'à
mettre en oeuvre les fils
qu'ils nous préparent. Les
Vers à foye sont ces animaux.
Ils tirent leurs fils
d'une matiere visqueuse
contenuë dans leurs corps.
- A mesure que cette matiere
s'estend elle prend de
la consistance, elle devient
soye. Pourfaire voir néanmoinsjusques
où la nature
sçait estendreune matiere
molle, Mr de Reaumur ne
crut pas devoir s'arrester à
la soye des Vers. Les Araignées
luy en fournirent de 1
meilleures preuves. Mais
avant de faire voir quelle i
ea la prodigieusefinesse
des fils de certaines especes
d'Araignées, il décrivit la
belle mecanique que la nature
employe pour former
ces fils, il entra dans le détail
de toutes les parties
destinées à cetusage. Dans
le corps d'un si vilain animal
il y a un appareil furprenant
prés du derriere
de l'Araignée; on voit six
mamelons, le bout de chaque
mamelon examiné au
microscope, paroist percé
d'un nombre de trous prodigieux
, Mr de Reaumur
crut trop dire en asseurant
qu'il n'y avoit pas un de ces
bouts qui n'eust plus demille
trous. Chaque trou donnepassage
à un fil séparé.
L'Araignée ayant six mamelons
peut donc faire fortir
de son corps plus desix
millefils à la fois, ou pluCtostces
six mille fils séparez
sont actuellement formezdans
son corps. Tout
déliez qu'ils sont, ils ont
chacun leur tuyau particulier
qui les conduit jusques
aux reservoirs où est contenuë
la liqueur dont ilssont
formez. A la sortie dumamelon
plusieurs de ces fils
se réunissent ensemble
, &
en compofenr un ,
tel que
font ceux dont les araignées
font leurscoques.
Mais quelle est la prodigieuse
finesse de ces fils
dont l'assemblagene compose
qu'un fil plus délié
que tout ce quenousconnoissons.
Enfin siau lieu de
considerer ces 6000. fils,
dans les grossesAraignées
on les confidere dans certainesAraignées
naissantes,
qui ne peuvent presqueestre
apperçuës ellesmêmes
qu'avec le Microscope, on
aura bien de quoy admirer
les ouvrages de la nature.
Nousajouterons icy
une chose
,
dont nousoubliâmes
à parler dans le
dernier Mercure, qui ne
doit pas estre indifferente
au Public. C'est que le Pere
Gouye, après avoir fait un
Extrait trésexact des Discours
précedens,annonça
au Public que M. de Reaumur
s'estoit charge en partie
de l'execution du projet
que l'Academie a formé de
donner des descriptions de
tous les Arts & Metiers,
de tous leurs procédez, de
tous leurs instrumens, leurs
machines
, &c. Ce projet
dans l'execution a esté generalement
souhaitté,soit
dans leRoyaume, doit dans
les Pays estrangers
, comme
trés-utile, soit pour le
progrez, foit pour la conservation
des Arts. Le Pere
Gouye annonça en rneme
Fernps que M. de Reaumur
*A
avoit des ja décrit un grand
nombre d'Arts des pluscurieux
,
dont il donneroit
bientostun grosvolume.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Discours de Monsieur de Reaumur sur la prodigieuse ductilité de diverses matieres, leu dans l'assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 15. Novembre.
Le 15 novembre, Monsieur de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur la ductilité des matières. Il a classé les corps ductiles en deux catégories : les ductiles durs et les ductiles mous. Les métaux, tels que l'or et l'argent, appartiennent à la première catégorie. Reaumur a mentionné des expériences démontrant que l'argent peut être étiré jusqu'à atteindre une longueur de cent onze lieues à partir d'un cylindre initial. Il a également exploré la finesse des couches d'or sur l'argent doré, qui peuvent être réduites à des épaisseurs extrêmement minces. Pour les ductiles mous, Reaumur a pris l'exemple du verre, qui, une fois chauffé, peut être travaillé comme une cire molle. Il a décrit la formation de fils de verre très fins et flexibles, comparables à ceux produits par les araignées. Reaumur a souligné que, bien que les humains soient peu habiles à travailler ces matériaux, la nature compense en instruisant certains animaux, comme les vers à soie et les araignées, à produire des fils très fins. Enfin, le texte indique que le Père Gouye a annoncé que Reaumur participera à un projet de l'Académie visant à décrire tous les arts et métiers, leurs procédés et instruments. Ce projet est très attendu tant en France qu'à l'étranger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 5-23
EXTRAIT du Memoire lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 12. Novembre 1729. sur les Eaux de Bourbon.
Début :
Mr. Boulduc lut un Discours intitulé Essai d'Analyse en general des Eaux [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Gilles-François Boulduc, Sel, Eaux , Acide, Sédiment, Terre, Eaux de Bourbon, Eau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 12. Novembre 1729. sur les Eaux de Bourbon.
EXTRAIT du Mémoire lit a l'Afimble'e
■publique de ^Académie Royale de*
Sciences, le 12. Novembre XJíJ. fur
les Eaux de Bourbon.
Mr. Boulduc lut un Discours intitule
Ejfai t£ Analyse m genêtal des Eaux
Minérales chaudes de Bourbon l'Archarabaud.
Ces Eaux étant du nombre des plus an
ciennes du Royaume & des plus renom-f
niées par la guérison de plusieurs mala
dies longues & fâcheuíes.ellcs se sont tou
jours attiré Inattention & la recherche des*
Médecins & des Physiciens.
Dès les années 1605. & 1 £18. fans?
remonter plus haut , Jean Ban , de Mòu-í
.lins, en fait mention dans son Livre des
•vertus des Eaux naturelles de France re
nommées y & croit qu'elles contiennent d*
Souffre minerai , du Bitume & du Nitre ,
qui est le Natron des Anciens , que l'on
regarde comme un Sel Alkali minerai ,
comparable par ses effets aux Sels fixes -,
acres & lixiviels, qu'on tire des Plantes
après les avoir réduites en cendres.
En 1670. M. Duclos , de cette Acadé
mie , reconnut dans nos Eaux le même
Nitres
Ì MERCURE DE FRANCE..
Nitre; & depuis cet Auteur, d'autres Aca
démiciens ayant eu par intervales occa
sion de les examiner, ont encore conclu
avec leur Prédécesseur , qu'elles ne ren
ferment presqu'autre chose que cet Al
kali naturel.
II seinbloit donc, que sa qualité alkaline
leur étoit bien assurée. Mais en 1699:
quelqu'un, fous le nom de Pascal ,1a rejetta
entièrement dans un Livre fait ex
près' au sujet de ces Eaux ; ce n'est pas
un simple Sel Alkali qu'elles contien
nent , c'est , selon lui , un Sei mixte, com
posé d'un Acide volatile & d'un Sel Al
kali fixe, qu'il appelle un Nitre fort vo
latile & fort épuré; on tireroit même,
dit-il , cet Acide comme un véritable
esprit de Nitre du sédimènt,qu'on trouve à'
leur source en manière de croûtes ; &£•
pour Jouir du Sel dans son état naturel
il faudroit laisser évaporer nos Eaux à l'air
ou au Soleil j le feu-, qu'on employé , est
infidèle , il altère les Mixtes , il décom
pose ce Sel, & fajt , à la vérité , qu'on ne
trouve qu'un Alkali, mais cet Alkali étoit?
auparavant lié avec l'acide.
Plusieurs personnes ont applaudi à ce
raisonnement : M.Boulduc fait néanmoins
Remarquer en passant , qu'un véritable
esprit deNitre,uni avec un Sel Alkali fixe,
ftEoir nécessairement un véritable Nitre
Jan vi er. t7ìó. i
áes Modernes , c'est à- dire , un bon Sal
pêtre qui ne se décompose pas fi aisément
qu'on le dit.
Cependant le Livre allégué dérive de
ce Sel Mixte Nitreux la plupart des effets
que nos Eaux produisent sur le corpr
humain} au lieu que les premiers Auteutr
les dérivoient de l'Alkali Salin.
Cette diversité de sentimens a été le
principal motif pour que M. Boulduc'
cherchât les moyens de s'éclaircir de la
Vérité, en examinant ces Eaux de nouveau.
Son dessein a été secondé > il en a reçu
près de cent Bouteilles très- promptement
à l'occasion du retour de S. A. S. Mon
sieur le Duc-, qui les ravoir prises avec
succès à Bourbon; & un bon Artiste voulut
fcien en évaporer à la Source un grand
nombre de livres } & lui en remettre la-
Résidence. '
M. Boulduc , de son côté , y a trouve
par son travail plus de matières qu'onr
n'en avoit encore connu , & quel
ques-unes dans des circonstances singu
lières. Les mystères de la Nature ne se
développent que peu à peu , & c'est tou
jours un avantage pour lès derniers venus.
L'Eau de Bourbon est claire & limpide
comme une Eau de Roche , presque sans
edeur , & d'un gout partagé entre le vrai
felc & le lixiviel i sortant de la terre très^
sensiblement
$ MERCURE DE FRANCE;
sensiblement bouillante , elle fume con
tinuellement daní ses puits & réservoir , &
à mesure qu'il s'en exhale , il paroît à la
surface une fleur ou poussière blanche
très-fine fous l'apparence d'une toile ou
pellicule grasse fans liaison , qui devient
filus visible quand il y á long-temps que
'Eau n'a été agitée , mais qu'on ne sçausoit
ramasser de quelque façon qu'on s'y
prenne. Cette Eau dépose un Sédiment en
maniéré de croules pierreuses assez dures ,
formées de plusieurs couches blanches
bi«n distinctes , & mêlées en quelques
endroits , particulièrement en dessous ,
d'une couche de terre d'un brun foncé.
Ces croûtes qui font fans gout & fans
odeur fe collent aux bords & à la surface
intérieure du puits , du conduit & du réJ
scrvoir, dont on est obligé de les détachée
de temps à autre.
Cette Eau, gardée dans des bouteilles
bien transparentes , fait auflî voir au bouc
de quelque temps à fa surface de petits
corps blancs fort déliez qui augmentent
peu à peu & fe condensent en une
pellicule semblable à celle, qui se forme
sut l'Ëau de Chaux , laquelle gtossissant
au point que l'Eau ne peut plus la sou
tenir , se brise en beaucoup de morceaux ,
qui en tombant, s'attachent au fond &
aux parois du vaisseau , & affectent une
JANVIER. i7j«; 9
1
Configuration régulière comme quelque
chose de lalin» *
Après le récit de ces circonstances ,
M. Boulduc entre dans l' Analyse, & dit
à la fin de chaque article des matières qu'il
y a trouvées , comme il les a pressenties,
par les Epreuves, quand il y en a , par le
gout , par l'odeur , &c. & comment il est
enfin parvenu à les séparer de manière
qu'il les puisse exposer aux yeux.- dont
nous ne pouvons ici donner que le précis.
Les Epreuves les plus significatives que
M. Boulduc a faites fur l'Eau de Bourbon
font ; qu'elle précipite l'argent dissous en
un cailla blanc qui fond aisément au feu
&C devient volatile" , si on n'employe que
peu de cette solution ; que si au contraire
on en passe les bornes , l'Eau en fait un
deuxième précipité qui refuse la fonte i
qu'elle verdit lá teinture de violettes len
tement ; qu'elle fermente avec tous le»
Acides aflez sensiblement,& ptécipite l'Aïun
& les Vitriols ordinaires , quand ili
font dissous dans de l'eau commune :
Avec une forte huille de tartre faite pat
défaillance , elle se trouble & dépose après
jane terre blanche. : .
IÇqus ces effets font plus prompts Sc
plus sensibles , quand notre Eau est con
centrée , soit par le feu , par l'air ou par U
gelée. Alors elle fait même bien plus
jio MERCURE DE FRANCE,
^qu'auparavant, comme de précipiter, eaîre
autres , le sublime' dissous en une pou
dre de couleur d'e'corcc d'Orange. Les
différentes matières réciproques ne pouvoient
pas s'atteindre facilement dans la
grande étendue du liquide.
V Evaporation & la Distillation , con»
tinuées jusqu'à siccité des matières, n'ont
presque rien fait appercevoir à M. Boulcîuc
de diffèrent d'entre-elles. A peine
l'£au ressent- elle la chaleur qu'elle jette
à la surface une poussière blanche très*
fine , laquelle en augmentant se noye en
partie , & tombe ; & eo partie elle forme
par l'union.d'un nombre de petits filets
iìns & transparents des feuillets à peu près
comme on en voit dans l'eau de chaux ,
qui restent quelque temps à la surface }
& se brisant enfin, voltigent long-temps en
tout sens avant que d'aller au fond.L'Eau,
qui est élevée dans la distillation,n'a puine
de gout ni d'odeur,ni ne fait impression fut
aucune matierejla cucurbitc sent seulement
un peu l'empyreume,& toute la Résidence
affaissée est une terre blanche mêlée d'une
matière qui reffernble a une gelés on mu
cilage bien transparent & couverte d'une
malje de Sels fort blancs.
Cette Résidence mise sur une pelle ou;
lame d'argent bien chauffées , jetre une
petite flamme , •& exposée, à l'air elle
s'hu/î
/ JANVIER. 1750: 31
(í'hìimecte. Si son poids varie d'une éva
poration à l'autre de quelques grains audessous
ou au- dessus de soixante pour
chaques deux livres d'Eau , c'est d'avoir
été plus ou moins desséchée.
En démêlant cette Résidence, M. Boulduc
n'a pas perdu de vûe celle qu'on lui
avoit apportée de Bourbon > l'une & l'au*
tre lui ont fourni les mêmes matières par
différentes operations.Cependant M. Boulduc
s'étaat apperçu , que YEvaporation
frh-modèrée de notre Eau , pouvoit pres
que toute seule suffire pour en dévelop
per tout , il la propose comme le moyea
le plus simple & le plus aisé à exécuter.
Sans répeter ce qui a été dit de ce
qu'on voít au commencement de cette
opération , on continue à fajre exhaler
notre eau le plus doucement qu'il est pos
sible , & toutes les fois qu'il se présente
une certaine quantité de Sédiment en par
tie , comme une terre informe &c opaque ,
en partie, comme des filets transparents,
on le sépare en survuidant l'eau claire dans
un autre vaisseau : plus elle se concentre
de cette manière -r plus elle jaunit , & il
íe forme alots peu à peu au fond & aux
parois du vaisseau , des. Cristaux en cubes
■parfaits , pendant que la surface se cou
vre d'une croûte saline , qui en dessus est
jnégalc $c raboteuse , ôc en dessous mêlée
; • de
,1
ttc
t x MERCURE DE FRANCE/n.
4c deux sortes de Crystaux. On ôte certe
croûte aussi souvent qu'il s'en forme ,
pour que l'eau s'c'vapore librement ; &
nous dkons davantage du Sédiment ea
son lieu.
Les Cryftaux cubiques sont un vérita
ble Sel commun , qui se distingue pat
cette confìguratipn , par son gout parti
culièrement salé , & par d'autres proprietez
trop connues pour être rapportées.
II se déclare d'avance par le gout qu'il
donne à notre eau , & encore davantage
dans les Epreuves, par l'effet de ia volatilité
, que son acide imprime à l'argent , en
le précipitant ; & enfin, on le réduit par
l'c'vaporation en fa consistence con
crète.
Ce Sel fait la plus grande quantité
d'entre les matières de la Résidence, com
paré avec chacune en particulier.
Les Croûtes faline/,de nouveau dissoutes
dans de l'eau commune , donnent par
l'évaporation encote du Sel commun i
•près quoi le reste de cette solution survuidée
& exposée à l'aìt fait naître des
Crystaux d'un-quarré long , taillez à far
certes aux extrémitez , amers d'abord , 8c
frais ensuite sur la langue, qui sont des
•^roprietez , qui avec d'autres font le ca
ractère du Sel de Glaufor : Et c'est4à ce
que P»ícal a pris pour un Sel Nitreux^ féJANVIER.
1730; 13
iaìt par quelque rcísemblance superfi
cielle & imparfaite des Crystaux. L'acide
nitreux , qui fait l'essence des Sels de ce
nom , n'entre point dans fa compositions
c'est celui du Vitriol •: & outre que
M. Lemmery a prouvé clairement dans
un de fes Mémoires, que la source de
Notre Nitre , n'est point dans les entrail
les de la terre , mais qu'il naît , pour
ainsi dire , à fa surface , ou à une très-pe
tite profondeur ; il est encore bien cer
tain , qu'il ne s'-en est point trouvé jus-»
qu'ici de bien reconnu pour tel dans au
cune eau Minérale 5 car celles qu'on ap
pelle communément Nitrenses , contien
nent un Sel alkali à toute épreuve 3
on les a comparé au Nitre des Ancient ,
qui leur a fait donner ce nom.
Le Sel de Glaaber ne fçauroit être dis
tingué dans notre Eau par le gout , parce
qu'il est dominé par d'autres , dont nous
ressentons plus d'impression -, on ne fçau
roit non plus le prévoir par une simple
épreuve : il faut le soupçonner , & en par
tie seulement se convaincre de sa présence
avant que de le chercher.
On peut avec quelque fondement le
soupçonner par tout où il y a du Sel
commun , ils ne font guëtes l'un fans
l'autre. 11 y en a ainsi dans quelques Aci
dules ou Eauxierrugineuscs froides,com«
■ j B ta»
14 'MERCURE DE FRANCE,
me il y en a. dans notre Eau naturelle»
ment chaude ; l'eau de la Mer même
n'en est pas exempte ; & M . Boulduc eu
a trouvé dans des eaux de Salines , que
l'on regardoit comme purement salc'es ^
parce que l'on en tire du Sel commun.
J?our s'assurer de la présence de ce Sel
par quelque épreuve , il faut d'abord
yoir , si l'on peut découvrir l'acide vi
triolique en genexal , & c'est ce que
Jyl» Boulduc fait pai le moyen de l'huile
4e Chaux , qui lui sert de pierre de tou
che pour cet acide , lequel (ous quelque
fpijue qu'il se trouve , quitte après ce
mélange fa base quelconque , & se porte
(at la Chaux , avec laquelle il fait une
espèce de crystaliíation : l' Acide vitrioli
que étant ainsi dévoilé , pn employé ensuice
des moyens subsidiaires , par lesquels
Pn puisse reconnoître , s'il est lié avec du
fer , comme il l'est dans le Vitriol , ou
avec une terre crétacée , comme il l'est
dans l'Alun , &c. Que, si ces sortes de
preuves manquent , on est assez certain ,
qu'il y a du Sel de Glauber. Et c'est de
eette manière que M» Boulduc l'a pres
senti dans les Croûtes Salines avant que
de le faire paroître pat la crystalisation.
Ce Sel contribue' beaucoup à faire va
rier le poids de la Résidence , parce qu'on
te peut de#«her au pojnt. qu'il pèse plus
JANVIER. i7J0;
'3e la moitié moins que dans son état na
turel.
Apte's avoir retiré de notre Eau le Sel
-commun & les Croûtes Salines , on con
tinue à l'évaporer : plus elle s'avance ver»
la fin , plus elle devient rousse & grasse ,
d'un gout piquant comme une Lexive ,
& répand une odeur bitumineuse , saoa
déposer davantage deCrystaux.
Ces circonstances font juger , qu'il y a
là plus d'une matière : c'est un Sel qu'on
découvre par le gout , & une substance
cn gênerai appeìlce sulphureufe , qu'on
apperçoir par l'odeur qu'il faut démêler
l'une d'avec l'autre.
Ce qui produit le gout piquant &lixiviel
, est un Sel Alkali fixe , dont le*
proprietez égalent en beaucoup de cir
constances un bon Sel de Tartre , avec
lequel M. Boulduc l'a toujours compare í
mais elles s'en éloignent , entr'autres , en
-ce qù'au lieu que le Sel de Tartre mêle
avec le Vitriol ou son acide fait un Tar
tre vitriolé-, le/ Sel de notre Eau mêlé
avec le même acide produit constam
ment un Sel de Glauber. Ce fait, jusquelà
l'unique , a fait souhaitter à M. Boul
duc d'avoir du moins encore un exemple
<le pareil Sel ; & il l'a trouvé dans la Terre
áppellée Nitreuse , qu'on amasse autour
de Smyrae& d'Ephese , & qu'on employé
Bij dans
i« MERCURE DE FRANCË.
dans ce Pays-là à la fabrique du Savon f
il en a fait une forte Lexive purement
alkaline , & Payant mêle'e avec du Vi
triol ou son acide J il cn a pareillemenc
retiré du Sel de Glauber , & point d'au
tre. Cette différence prouve éviáemment
que ces deux Alkalis tirent leur origine
du Sel commun ; & M. Boulduc conjec
ture , que les Sels de toutes ces Eaux Mi
nérales que M. Du Clos & d'autres ont
appellé Nitreufes , font auíîi de cette cfr
pece distinguée.
i Cet* Alkali salin se déclare d'avance
dans notre Eau par le gout Lixivicl qu'il
lui donne , & qui avec celui du Sel com
mun domine far le reste -, il le fait encore
connoître davantage dans les épreuves
par les effets d'effervescence avec les aci
des , de précipitation de tout ce qu'ils
ont dissous , de changement de couleur
dans la teinture de Violettes , 8i dans la
solution du Sublimé corrosif,; & enfin on
peut le réunir , & le rendre fec'& palpa
ble , comme nous Talions dire en par
lant de ce qu'il y a de sulphurfux dans
notre Eau.
Le Sel commun étant partout où il
íe irouve plus ou moins bitumineux j a
selon toute apparence communiqué 4
notre Eau du Bitume , quel'Alkali tient
dissous, & l'empcçhc par là de surnager^
JANVIER. 173Ò. 17
St de paroîcre. Quoiqu'il en soit de íoa
origine , le Bitume y est , & on peut le sé
parer d'avec l'Alkali ,• en versant de l'Esrit
de Vin sur la derniere portion d'ean
ien concentrée : par ce moyen,comme le
plus aisé d'entre les autres.quelques gout
telettes de Bitume montent â la surface ,
& d'autres se collent aux parois du vais
seau , pendant que le Sel jílcali reste li
quide au fond , d'où on le retire facile
ment pour le destecher& pour l'avoir pur
& blanc. L'Efprit de Vin seul en quantiw
suffisante le réduit à sec avec le tems.
• - Le gout ne fçauroit distinguer le Bitu
me daná netre Eau, & le peu- d'odeur
qu'elle a est une trop foible & incertaine
marque de fa présence : on ne peut que
k soupçonner par l'empyreume que l'eau
imprime au vaisseau dan & la distillation ,
.& par l'odeur qu'elle exhale sur la fin de
-l'évaporation , jusqu'à ce qu'on le sépare
de tout mélange par le moyen que nous
venons de ditev
Le Bitume répandu dans toute la Rési
dence , fait qu'elle s'enflamme , quand
on en met fur une pele rougie , étant in
flammable de lui même.
Nous passons à- examiner le Sédiment ;
c'est autant celui que l'on garde des éva
porations , que celui que l'eau dépose ì
. B iij fa.
t» MERCURE DE FRANCE.
fa Source en manière de croûtes pier*
xeuses.
On apperçoit dans l'Eau , qu'on éva
pore actuellement, de petits filets clairs
& transparents parmi d'autres corps blancs
f!r opaqu.es , qui en s'affaissant se confon
dent ensemble : & dans les croûtes pier
reuses on distingue de petits bri Huns par
mi une matière terne & pins éclat. Voilà:
encore deux substances à démêler.
La première , qui a de la transparence
eu du brillant , est un Sel moyen , dans
lequel l'Acide vitriolique est chargé de
beaucoup de terre , & M. Boulduc a par
lé plus au long de fa qualité saline , à
l'oecasion des Nouvelles Eaux Minérales
de Pafsy. Ce Mixte n'ayant pas encore
été mis au rang des Sels, il fera libre a cha
cun de lui donner tel nom qu'il voudra.'
M. Boulduc l'appelle Sele nite , parce qu'il
prend la même configuration en fecryC
talifant.
Comme un Sel de difficile dissolution ;
ou qui a besoin de beaucoup d'eau pour
-se tenir dissous , il commence à paroît»
comme une poussière fine qui a quelque
éclat , aussi tôt qu'un peu d'eau lui est
soustraite . & à mesure qu'elle diminue
il forme de petits filets , ensuite des fciiil-
]$ïs ou pellicules , dont enfin les mor<
«aux,
Janvier. r72Q. r*
ceaux brisez s'attachent au vaisseau , 8c
prennent encore là plus de volume & plu»
de régularité dans leur configuration.
Ce Sel ne se trouve pas feulement dant
quelques Acidules & Eaux Minérales
chaudes-, il y en a aussi dans des Eaux fa*
tées , dont on tire du Sel commun , comme
font celles de Salins , de Durban , de
Fourtou » de Roquefort.
Pour ce qui regarde la deuxième m»,
r'iere de nos Sedimens , ces corps blanc*
& opaque* ou ternes $ c'est une Terre ».
qui fermente avec tous les Acides , com
me le font celles qu'on appelle abforb*ntes:
elle a pourtant une qualité' de plus »
que M. Boulduc a reconnue par d'autres
essais ; c'est qu'elle a été calcinée dans le
Laboratoire souterrain. Quand on ett
mêle avec du &tl Ammonite , soit qu'ost
employé la terre de la Résidence bien lai
vée , ou les croûtes pierreuses , comme
elles font sorties de l'eau , elles retien*
lient dans la distillation l' Acide du Sel
commun , & rtìertenr en liberté VEsprit
nrineux , qui est vif & pénétrant , & de
ses effets ordinaires , précipitant le Subli^
mé en blanc , verdissant le íyrop violât- \
changeant en bleu céleste toute solutiorî
de cuivre : & le Résidu , comme un Sel"
Ammoniac fixe a résous par l'humidité de
B iiij, l'air „
Se MERCURE DE FRANCE,
l'air , ou détrempé dans de Peau , donna
cette Liqueur ou Solution , qu'on appelle
vulgairement Huile de Chaux , laquelle
passant par le filtre , laisse err arriére une
majse brune , qui après une legere calci—
nation , & pas plutôt , permet à l' Aimant
d'en attirer des parcelles de fer.
Les Croutep pierreuses , dont on avoic
fait espérer un Esprit de Nitre, distillées
seules , donnent un peu de Bitume ; 6c
mêlées avec du Vitriol, elles fournissent
un phlegme d'une odeur bitumineuse , fie
tien au-delà.
L' Alkali terreux se fait bientôt connoî»
tre dans l'évaporation de notre Eau com
me une terre en gênerai -, mais dans les
épreuves il semble , que l'Huile de Tar
tre par défaillance déclare sa qualité par
ticulière , parce qu'elle l'en précipite r
comme elle le fak à l'eau de Chaux. Etanc
bien absorbante, elle a- part à-^'efferves
cence avec les- acides , & à la précipi
tation de ce qu'ils avoient dissous.
Comme cette terre & laSelenite se présenrent
toujours à la surface de laSource,
où il se fait sans cesse une évaporation de
diminution assez forte -, ces deux maticxes
s'amonceLnt dans les tems , que l'eau
»'est point agitée , & parvenant au point
4c surmonter sa résistance , ou aidées par
des
JANVIER. 1719. 21
íîes agitations volontaires de la part de
«eux qui en puisent , elles se déposent
successivement , & forment les couches
des croûtes pierreuses , qui se mêlent 6c
se cimentent encore avec les feuillets
bruns , qui dérivent en partie de la bouë,
que l'eau amène de son fond.
fc Le Fer, dont nous avons touché uq
mot , faisant la plus petite partie d'entre
les matières de la Résidence , ne sçauroic
y paroître sous fa couleur ordinaire -, les
couches rouges brunesdes croures le peu
vent faire soupçonner -, mais Pépreuve ,
qu'on fait avec la noix de galle ne peut
pas déclarer fa présence , parce qu'il n'est
pas dissous dans notre Eau , ou en forme
de Vitriol -, il n'y est pas non plus comme
Fer parfait, parce qu'il n'obéît pas d'aborr
à l' Aimant. II y a apparence , qu'il
fort d'une Marcaflltc ferrugineuse , &
que ses pores sont encore bouchez de
te-rre , dont le feu les délivre ; & alors la
matière magnétique y trouve accès.
M-. Boulduc a tiré du Fer & des croûtes
pierreuses , & de là partie terreuse de la
Résidence M. Burlet en avoir aupara
vant apperçû dans le Mucilage qui est
d'ailleurs, une partie du tout, entremêlé
de Sels, de Bitume & de terres , avec un
petit reste d'eau , qui lui conserve de la
transparence pour quelque tems..
B v l*
a 2 MERCURE DE FRANCE;
Le Mucilage, plus ou moins desséché*,;
{>eut contribuer beaucoup à faire variec
e poids de la Résidence.
\ Après ce détail, M. Boulduc réponds
à une Objection , qu'on fait communé
ment à laChymie fur ses productions ,
& particulièrement fur les Sels : le feu al
tère & décompose. Qu'on laiífe évaporer
notre Eau , dit-il >. â Pair ou au Soleil ,..
comme Pascal l'a voulu, ou qu'on la con
centre par la gelée , de de l'une ou de
l'autre façon, à tel point qu'on voudta %
& qu'on la mêle ensuite à différentes re
prises , avec de l'efprit de Vin , que l'onaugmentera
chaque fois-, qu'on furvuidera
le mélange : de cette manière , on
rerra d'abord la terre , que la Selenite
& le Fer accompagnent , ensuite les Selsmoyens
en Crystaux , & finalement le
Sel Alkali au fond, distinctement séparé'
d'avec l'Efprir de Vin, comme si on y
avoit versé une forte Huile de Tartre par
défaillance.
II n'y. a point d'apparence , qu'après-;
cela on mette le Sel Alkali -ou quelqueautre
fut le compte du feu , qu'on n'á pasemployé.
De tout ce qui a été dit jusqu'ici , Mi
Boulduc conclnd J que les Eaux de Bour
bon contiennent naturellement du Stl
wnmm , du Sel de Glanbtr , un Sel M~
. JANVIER. 17 to.
í-alì , du Bitume , de la Selenite , une Ter
re absorban e , & du Fer , dont lc mélan
ge répandu dans une eau actuellement
chaude , ôc chaque matière considérée
selon fa qualité , connue par l'experience
l'u/agc ; que la Médecine en fait tous
les jours , doivent faire inférer d'avance- ,
qu'elles font «n état de déterger, d'ineiftrt
&c de résoudre , qui font des effetsgénéraux
communément suivis d'une am
ple transpiration 8c excrétion d'urine 5.
que de plus elles peuvent absorber, & en .
partie dessécher ôc fortifier ; mais ce qu'on
•regrette ordinairement fort , c'est qu'el
les ne fçauroient guères purger, 8c c'est
austï ce que la plupart des Malades regar
dent comme un deffaut , mesurant I*
bonté d'âne Eau Minérale fut de fré
quentes évacuations de cette efpece.
Si on accorde, dit M. Boulduc en fiuiffant
, que ce soit ìi vm deffaut , d'ha
biles Médecins fçavent bien lc réparer
soit en faisant précéder les Eaux de Vixhy
, pour frayer le chemin: à celles de
Bourbon , soit en faisant prendre ces der
nieres , quand ils le jugent à propos , avec
des Sels moyens apéritifs , d'entre lesquels •
M* Butler a depuis une vingtaine d'an
nées misen usage 1'1 jircanum dublicatum*
■bien <o»ditionnt , & en a d'heufeussuccès*
■publique de ^Académie Royale de*
Sciences, le 12. Novembre XJíJ. fur
les Eaux de Bourbon.
Mr. Boulduc lut un Discours intitule
Ejfai t£ Analyse m genêtal des Eaux
Minérales chaudes de Bourbon l'Archarabaud.
Ces Eaux étant du nombre des plus an
ciennes du Royaume & des plus renom-f
niées par la guérison de plusieurs mala
dies longues & fâcheuíes.ellcs se sont tou
jours attiré Inattention & la recherche des*
Médecins & des Physiciens.
Dès les années 1605. & 1 £18. fans?
remonter plus haut , Jean Ban , de Mòu-í
.lins, en fait mention dans son Livre des
•vertus des Eaux naturelles de France re
nommées y & croit qu'elles contiennent d*
Souffre minerai , du Bitume & du Nitre ,
qui est le Natron des Anciens , que l'on
regarde comme un Sel Alkali minerai ,
comparable par ses effets aux Sels fixes -,
acres & lixiviels, qu'on tire des Plantes
après les avoir réduites en cendres.
En 1670. M. Duclos , de cette Acadé
mie , reconnut dans nos Eaux le même
Nitres
Ì MERCURE DE FRANCE..
Nitre; & depuis cet Auteur, d'autres Aca
démiciens ayant eu par intervales occa
sion de les examiner, ont encore conclu
avec leur Prédécesseur , qu'elles ne ren
ferment presqu'autre chose que cet Al
kali naturel.
II seinbloit donc, que sa qualité alkaline
leur étoit bien assurée. Mais en 1699:
quelqu'un, fous le nom de Pascal ,1a rejetta
entièrement dans un Livre fait ex
près' au sujet de ces Eaux ; ce n'est pas
un simple Sel Alkali qu'elles contien
nent , c'est , selon lui , un Sei mixte, com
posé d'un Acide volatile & d'un Sel Al
kali fixe, qu'il appelle un Nitre fort vo
latile & fort épuré; on tireroit même,
dit-il , cet Acide comme un véritable
esprit de Nitre du sédimènt,qu'on trouve à'
leur source en manière de croûtes ; &£•
pour Jouir du Sel dans son état naturel
il faudroit laisser évaporer nos Eaux à l'air
ou au Soleil j le feu-, qu'on employé , est
infidèle , il altère les Mixtes , il décom
pose ce Sel, & fajt , à la vérité , qu'on ne
trouve qu'un Alkali, mais cet Alkali étoit?
auparavant lié avec l'acide.
Plusieurs personnes ont applaudi à ce
raisonnement : M.Boulduc fait néanmoins
Remarquer en passant , qu'un véritable
esprit deNitre,uni avec un Sel Alkali fixe,
ftEoir nécessairement un véritable Nitre
Jan vi er. t7ìó. i
áes Modernes , c'est à- dire , un bon Sal
pêtre qui ne se décompose pas fi aisément
qu'on le dit.
Cependant le Livre allégué dérive de
ce Sel Mixte Nitreux la plupart des effets
que nos Eaux produisent sur le corpr
humain} au lieu que les premiers Auteutr
les dérivoient de l'Alkali Salin.
Cette diversité de sentimens a été le
principal motif pour que M. Boulduc'
cherchât les moyens de s'éclaircir de la
Vérité, en examinant ces Eaux de nouveau.
Son dessein a été secondé > il en a reçu
près de cent Bouteilles très- promptement
à l'occasion du retour de S. A. S. Mon
sieur le Duc-, qui les ravoir prises avec
succès à Bourbon; & un bon Artiste voulut
fcien en évaporer à la Source un grand
nombre de livres } & lui en remettre la-
Résidence. '
M. Boulduc , de son côté , y a trouve
par son travail plus de matières qu'onr
n'en avoit encore connu , & quel
ques-unes dans des circonstances singu
lières. Les mystères de la Nature ne se
développent que peu à peu , & c'est tou
jours un avantage pour lès derniers venus.
L'Eau de Bourbon est claire & limpide
comme une Eau de Roche , presque sans
edeur , & d'un gout partagé entre le vrai
felc & le lixiviel i sortant de la terre très^
sensiblement
$ MERCURE DE FRANCE;
sensiblement bouillante , elle fume con
tinuellement daní ses puits & réservoir , &
à mesure qu'il s'en exhale , il paroît à la
surface une fleur ou poussière blanche
très-fine fous l'apparence d'une toile ou
pellicule grasse fans liaison , qui devient
filus visible quand il y á long-temps que
'Eau n'a été agitée , mais qu'on ne sçausoit
ramasser de quelque façon qu'on s'y
prenne. Cette Eau dépose un Sédiment en
maniéré de croules pierreuses assez dures ,
formées de plusieurs couches blanches
bi«n distinctes , & mêlées en quelques
endroits , particulièrement en dessous ,
d'une couche de terre d'un brun foncé.
Ces croûtes qui font fans gout & fans
odeur fe collent aux bords & à la surface
intérieure du puits , du conduit & du réJ
scrvoir, dont on est obligé de les détachée
de temps à autre.
Cette Eau, gardée dans des bouteilles
bien transparentes , fait auflî voir au bouc
de quelque temps à fa surface de petits
corps blancs fort déliez qui augmentent
peu à peu & fe condensent en une
pellicule semblable à celle, qui se forme
sut l'Ëau de Chaux , laquelle gtossissant
au point que l'Eau ne peut plus la sou
tenir , se brise en beaucoup de morceaux ,
qui en tombant, s'attachent au fond &
aux parois du vaisseau , & affectent une
JANVIER. i7j«; 9
1
Configuration régulière comme quelque
chose de lalin» *
Après le récit de ces circonstances ,
M. Boulduc entre dans l' Analyse, & dit
à la fin de chaque article des matières qu'il
y a trouvées , comme il les a pressenties,
par les Epreuves, quand il y en a , par le
gout , par l'odeur , &c. & comment il est
enfin parvenu à les séparer de manière
qu'il les puisse exposer aux yeux.- dont
nous ne pouvons ici donner que le précis.
Les Epreuves les plus significatives que
M. Boulduc a faites fur l'Eau de Bourbon
font ; qu'elle précipite l'argent dissous en
un cailla blanc qui fond aisément au feu
&C devient volatile" , si on n'employe que
peu de cette solution ; que si au contraire
on en passe les bornes , l'Eau en fait un
deuxième précipité qui refuse la fonte i
qu'elle verdit lá teinture de violettes len
tement ; qu'elle fermente avec tous le»
Acides aflez sensiblement,& ptécipite l'Aïun
& les Vitriols ordinaires , quand ili
font dissous dans de l'eau commune :
Avec une forte huille de tartre faite pat
défaillance , elle se trouble & dépose après
jane terre blanche. : .
IÇqus ces effets font plus prompts Sc
plus sensibles , quand notre Eau est con
centrée , soit par le feu , par l'air ou par U
gelée. Alors elle fait même bien plus
jio MERCURE DE FRANCE,
^qu'auparavant, comme de précipiter, eaîre
autres , le sublime' dissous en une pou
dre de couleur d'e'corcc d'Orange. Les
différentes matières réciproques ne pouvoient
pas s'atteindre facilement dans la
grande étendue du liquide.
V Evaporation & la Distillation , con»
tinuées jusqu'à siccité des matières, n'ont
presque rien fait appercevoir à M. Boulcîuc
de diffèrent d'entre-elles. A peine
l'£au ressent- elle la chaleur qu'elle jette
à la surface une poussière blanche très*
fine , laquelle en augmentant se noye en
partie , & tombe ; & eo partie elle forme
par l'union.d'un nombre de petits filets
iìns & transparents des feuillets à peu près
comme on en voit dans l'eau de chaux ,
qui restent quelque temps à la surface }
& se brisant enfin, voltigent long-temps en
tout sens avant que d'aller au fond.L'Eau,
qui est élevée dans la distillation,n'a puine
de gout ni d'odeur,ni ne fait impression fut
aucune matierejla cucurbitc sent seulement
un peu l'empyreume,& toute la Résidence
affaissée est une terre blanche mêlée d'une
matière qui reffernble a une gelés on mu
cilage bien transparent & couverte d'une
malje de Sels fort blancs.
Cette Résidence mise sur une pelle ou;
lame d'argent bien chauffées , jetre une
petite flamme , •& exposée, à l'air elle
s'hu/î
/ JANVIER. 1750: 31
(í'hìimecte. Si son poids varie d'une éva
poration à l'autre de quelques grains audessous
ou au- dessus de soixante pour
chaques deux livres d'Eau , c'est d'avoir
été plus ou moins desséchée.
En démêlant cette Résidence, M. Boulduc
n'a pas perdu de vûe celle qu'on lui
avoit apportée de Bourbon > l'une & l'au*
tre lui ont fourni les mêmes matières par
différentes operations.Cependant M. Boulduc
s'étaat apperçu , que YEvaporation
frh-modèrée de notre Eau , pouvoit pres
que toute seule suffire pour en dévelop
per tout , il la propose comme le moyea
le plus simple & le plus aisé à exécuter.
Sans répeter ce qui a été dit de ce
qu'on voít au commencement de cette
opération , on continue à fajre exhaler
notre eau le plus doucement qu'il est pos
sible , & toutes les fois qu'il se présente
une certaine quantité de Sédiment en par
tie , comme une terre informe &c opaque ,
en partie, comme des filets transparents,
on le sépare en survuidant l'eau claire dans
un autre vaisseau : plus elle se concentre
de cette manière -r plus elle jaunit , & il
íe forme alots peu à peu au fond & aux
parois du vaisseau , des. Cristaux en cubes
■parfaits , pendant que la surface se cou
vre d'une croûte saline , qui en dessus est
jnégalc $c raboteuse , ôc en dessous mêlée
; • de
,1
ttc
t x MERCURE DE FRANCE/n.
4c deux sortes de Crystaux. On ôte certe
croûte aussi souvent qu'il s'en forme ,
pour que l'eau s'c'vapore librement ; &
nous dkons davantage du Sédiment ea
son lieu.
Les Cryftaux cubiques sont un vérita
ble Sel commun , qui se distingue pat
cette confìguratipn , par son gout parti
culièrement salé , & par d'autres proprietez
trop connues pour être rapportées.
II se déclare d'avance par le gout qu'il
donne à notre eau , & encore davantage
dans les Epreuves, par l'effet de ia volatilité
, que son acide imprime à l'argent , en
le précipitant ; & enfin, on le réduit par
l'c'vaporation en fa consistence con
crète.
Ce Sel fait la plus grande quantité
d'entre les matières de la Résidence, com
paré avec chacune en particulier.
Les Croûtes faline/,de nouveau dissoutes
dans de l'eau commune , donnent par
l'évaporation encote du Sel commun i
•près quoi le reste de cette solution survuidée
& exposée à l'aìt fait naître des
Crystaux d'un-quarré long , taillez à far
certes aux extrémitez , amers d'abord , 8c
frais ensuite sur la langue, qui sont des
•^roprietez , qui avec d'autres font le ca
ractère du Sel de Glaufor : Et c'est4à ce
que P»ícal a pris pour un Sel Nitreux^ féJANVIER.
1730; 13
iaìt par quelque rcísemblance superfi
cielle & imparfaite des Crystaux. L'acide
nitreux , qui fait l'essence des Sels de ce
nom , n'entre point dans fa compositions
c'est celui du Vitriol •: & outre que
M. Lemmery a prouvé clairement dans
un de fes Mémoires, que la source de
Notre Nitre , n'est point dans les entrail
les de la terre , mais qu'il naît , pour
ainsi dire , à fa surface , ou à une très-pe
tite profondeur ; il est encore bien cer
tain , qu'il ne s'-en est point trouvé jus-»
qu'ici de bien reconnu pour tel dans au
cune eau Minérale 5 car celles qu'on ap
pelle communément Nitrenses , contien
nent un Sel alkali à toute épreuve 3
on les a comparé au Nitre des Ancient ,
qui leur a fait donner ce nom.
Le Sel de Glaaber ne fçauroit être dis
tingué dans notre Eau par le gout , parce
qu'il est dominé par d'autres , dont nous
ressentons plus d'impression -, on ne fçau
roit non plus le prévoir par une simple
épreuve : il faut le soupçonner , & en par
tie seulement se convaincre de sa présence
avant que de le chercher.
On peut avec quelque fondement le
soupçonner par tout où il y a du Sel
commun , ils ne font guëtes l'un fans
l'autre. 11 y en a ainsi dans quelques Aci
dules ou Eauxierrugineuscs froides,com«
■ j B ta»
14 'MERCURE DE FRANCE,
me il y en a. dans notre Eau naturelle»
ment chaude ; l'eau de la Mer même
n'en est pas exempte ; & M . Boulduc eu
a trouvé dans des eaux de Salines , que
l'on regardoit comme purement salc'es ^
parce que l'on en tire du Sel commun.
J?our s'assurer de la présence de ce Sel
par quelque épreuve , il faut d'abord
yoir , si l'on peut découvrir l'acide vi
triolique en genexal , & c'est ce que
Jyl» Boulduc fait pai le moyen de l'huile
4e Chaux , qui lui sert de pierre de tou
che pour cet acide , lequel (ous quelque
fpijue qu'il se trouve , quitte après ce
mélange fa base quelconque , & se porte
(at la Chaux , avec laquelle il fait une
espèce de crystaliíation : l' Acide vitrioli
que étant ainsi dévoilé , pn employé ensuice
des moyens subsidiaires , par lesquels
Pn puisse reconnoître , s'il est lié avec du
fer , comme il l'est dans le Vitriol , ou
avec une terre crétacée , comme il l'est
dans l'Alun , &c. Que, si ces sortes de
preuves manquent , on est assez certain ,
qu'il y a du Sel de Glauber. Et c'est de
eette manière que M» Boulduc l'a pres
senti dans les Croûtes Salines avant que
de le faire paroître pat la crystalisation.
Ce Sel contribue' beaucoup à faire va
rier le poids de la Résidence , parce qu'on
te peut de#«her au pojnt. qu'il pèse plus
JANVIER. i7J0;
'3e la moitié moins que dans son état na
turel.
Apte's avoir retiré de notre Eau le Sel
-commun & les Croûtes Salines , on con
tinue à l'évaporer : plus elle s'avance ver»
la fin , plus elle devient rousse & grasse ,
d'un gout piquant comme une Lexive ,
& répand une odeur bitumineuse , saoa
déposer davantage deCrystaux.
Ces circonstances font juger , qu'il y a
là plus d'une matière : c'est un Sel qu'on
découvre par le gout , & une substance
cn gênerai appeìlce sulphureufe , qu'on
apperçoir par l'odeur qu'il faut démêler
l'une d'avec l'autre.
Ce qui produit le gout piquant &lixiviel
, est un Sel Alkali fixe , dont le*
proprietez égalent en beaucoup de cir
constances un bon Sel de Tartre , avec
lequel M. Boulduc l'a toujours compare í
mais elles s'en éloignent , entr'autres , en
-ce qù'au lieu que le Sel de Tartre mêle
avec le Vitriol ou son acide fait un Tar
tre vitriolé-, le/ Sel de notre Eau mêlé
avec le même acide produit constam
ment un Sel de Glauber. Ce fait, jusquelà
l'unique , a fait souhaitter à M. Boul
duc d'avoir du moins encore un exemple
<le pareil Sel ; & il l'a trouvé dans la Terre
áppellée Nitreuse , qu'on amasse autour
de Smyrae& d'Ephese , & qu'on employé
Bij dans
i« MERCURE DE FRANCË.
dans ce Pays-là à la fabrique du Savon f
il en a fait une forte Lexive purement
alkaline , & Payant mêle'e avec du Vi
triol ou son acide J il cn a pareillemenc
retiré du Sel de Glauber , & point d'au
tre. Cette différence prouve éviáemment
que ces deux Alkalis tirent leur origine
du Sel commun ; & M. Boulduc conjec
ture , que les Sels de toutes ces Eaux Mi
nérales que M. Du Clos & d'autres ont
appellé Nitreufes , font auíîi de cette cfr
pece distinguée.
i Cet* Alkali salin se déclare d'avance
dans notre Eau par le gout Lixivicl qu'il
lui donne , & qui avec celui du Sel com
mun domine far le reste -, il le fait encore
connoître davantage dans les épreuves
par les effets d'effervescence avec les aci
des , de précipitation de tout ce qu'ils
ont dissous , de changement de couleur
dans la teinture de Violettes , 8i dans la
solution du Sublimé corrosif,; & enfin on
peut le réunir , & le rendre fec'& palpa
ble , comme nous Talions dire en par
lant de ce qu'il y a de sulphurfux dans
notre Eau.
Le Sel commun étant partout où il
íe irouve plus ou moins bitumineux j a
selon toute apparence communiqué 4
notre Eau du Bitume , quel'Alkali tient
dissous, & l'empcçhc par là de surnager^
JANVIER. 173Ò. 17
St de paroîcre. Quoiqu'il en soit de íoa
origine , le Bitume y est , & on peut le sé
parer d'avec l'Alkali ,• en versant de l'Esrit
de Vin sur la derniere portion d'ean
ien concentrée : par ce moyen,comme le
plus aisé d'entre les autres.quelques gout
telettes de Bitume montent â la surface ,
& d'autres se collent aux parois du vais
seau , pendant que le Sel jílcali reste li
quide au fond , d'où on le retire facile
ment pour le destecher& pour l'avoir pur
& blanc. L'Efprit de Vin seul en quantiw
suffisante le réduit à sec avec le tems.
• - Le gout ne fçauroit distinguer le Bitu
me daná netre Eau, & le peu- d'odeur
qu'elle a est une trop foible & incertaine
marque de fa présence : on ne peut que
k soupçonner par l'empyreume que l'eau
imprime au vaisseau dan & la distillation ,
.& par l'odeur qu'elle exhale sur la fin de
-l'évaporation , jusqu'à ce qu'on le sépare
de tout mélange par le moyen que nous
venons de ditev
Le Bitume répandu dans toute la Rési
dence , fait qu'elle s'enflamme , quand
on en met fur une pele rougie , étant in
flammable de lui même.
Nous passons à- examiner le Sédiment ;
c'est autant celui que l'on garde des éva
porations , que celui que l'eau dépose ì
. B iij fa.
t» MERCURE DE FRANCE.
fa Source en manière de croûtes pier*
xeuses.
On apperçoit dans l'Eau , qu'on éva
pore actuellement, de petits filets clairs
& transparents parmi d'autres corps blancs
f!r opaqu.es , qui en s'affaissant se confon
dent ensemble : & dans les croûtes pier
reuses on distingue de petits bri Huns par
mi une matière terne & pins éclat. Voilà:
encore deux substances à démêler.
La première , qui a de la transparence
eu du brillant , est un Sel moyen , dans
lequel l'Acide vitriolique est chargé de
beaucoup de terre , & M. Boulduc a par
lé plus au long de fa qualité saline , à
l'oecasion des Nouvelles Eaux Minérales
de Pafsy. Ce Mixte n'ayant pas encore
été mis au rang des Sels, il fera libre a cha
cun de lui donner tel nom qu'il voudra.'
M. Boulduc l'appelle Sele nite , parce qu'il
prend la même configuration en fecryC
talifant.
Comme un Sel de difficile dissolution ;
ou qui a besoin de beaucoup d'eau pour
-se tenir dissous , il commence à paroît»
comme une poussière fine qui a quelque
éclat , aussi tôt qu'un peu d'eau lui est
soustraite . & à mesure qu'elle diminue
il forme de petits filets , ensuite des fciiil-
]$ïs ou pellicules , dont enfin les mor<
«aux,
Janvier. r72Q. r*
ceaux brisez s'attachent au vaisseau , 8c
prennent encore là plus de volume & plu»
de régularité dans leur configuration.
Ce Sel ne se trouve pas feulement dant
quelques Acidules & Eaux Minérales
chaudes-, il y en a aussi dans des Eaux fa*
tées , dont on tire du Sel commun , comme
font celles de Salins , de Durban , de
Fourtou » de Roquefort.
Pour ce qui regarde la deuxième m»,
r'iere de nos Sedimens , ces corps blanc*
& opaque* ou ternes $ c'est une Terre ».
qui fermente avec tous les Acides , com
me le font celles qu'on appelle abforb*ntes:
elle a pourtant une qualité' de plus »
que M. Boulduc a reconnue par d'autres
essais ; c'est qu'elle a été calcinée dans le
Laboratoire souterrain. Quand on ett
mêle avec du &tl Ammonite , soit qu'ost
employé la terre de la Résidence bien lai
vée , ou les croûtes pierreuses , comme
elles font sorties de l'eau , elles retien*
lient dans la distillation l' Acide du Sel
commun , & rtìertenr en liberté VEsprit
nrineux , qui est vif & pénétrant , & de
ses effets ordinaires , précipitant le Subli^
mé en blanc , verdissant le íyrop violât- \
changeant en bleu céleste toute solutiorî
de cuivre : & le Résidu , comme un Sel"
Ammoniac fixe a résous par l'humidité de
B iiij, l'air „
Se MERCURE DE FRANCE,
l'air , ou détrempé dans de Peau , donna
cette Liqueur ou Solution , qu'on appelle
vulgairement Huile de Chaux , laquelle
passant par le filtre , laisse err arriére une
majse brune , qui après une legere calci—
nation , & pas plutôt , permet à l' Aimant
d'en attirer des parcelles de fer.
Les Croutep pierreuses , dont on avoic
fait espérer un Esprit de Nitre, distillées
seules , donnent un peu de Bitume ; 6c
mêlées avec du Vitriol, elles fournissent
un phlegme d'une odeur bitumineuse , fie
tien au-delà.
L' Alkali terreux se fait bientôt connoî»
tre dans l'évaporation de notre Eau com
me une terre en gênerai -, mais dans les
épreuves il semble , que l'Huile de Tar
tre par défaillance déclare sa qualité par
ticulière , parce qu'elle l'en précipite r
comme elle le fak à l'eau de Chaux. Etanc
bien absorbante, elle a- part à-^'efferves
cence avec les- acides , & à la précipi
tation de ce qu'ils avoient dissous.
Comme cette terre & laSelenite se présenrent
toujours à la surface de laSource,
où il se fait sans cesse une évaporation de
diminution assez forte -, ces deux maticxes
s'amonceLnt dans les tems , que l'eau
»'est point agitée , & parvenant au point
4c surmonter sa résistance , ou aidées par
des
JANVIER. 1719. 21
íîes agitations volontaires de la part de
«eux qui en puisent , elles se déposent
successivement , & forment les couches
des croûtes pierreuses , qui se mêlent 6c
se cimentent encore avec les feuillets
bruns , qui dérivent en partie de la bouë,
que l'eau amène de son fond.
fc Le Fer, dont nous avons touché uq
mot , faisant la plus petite partie d'entre
les matières de la Résidence , ne sçauroic
y paroître sous fa couleur ordinaire -, les
couches rouges brunesdes croures le peu
vent faire soupçonner -, mais Pépreuve ,
qu'on fait avec la noix de galle ne peut
pas déclarer fa présence , parce qu'il n'est
pas dissous dans notre Eau , ou en forme
de Vitriol -, il n'y est pas non plus comme
Fer parfait, parce qu'il n'obéît pas d'aborr
à l' Aimant. II y a apparence , qu'il
fort d'une Marcaflltc ferrugineuse , &
que ses pores sont encore bouchez de
te-rre , dont le feu les délivre ; & alors la
matière magnétique y trouve accès.
M-. Boulduc a tiré du Fer & des croûtes
pierreuses , & de là partie terreuse de la
Résidence M. Burlet en avoir aupara
vant apperçû dans le Mucilage qui est
d'ailleurs, une partie du tout, entremêlé
de Sels, de Bitume & de terres , avec un
petit reste d'eau , qui lui conserve de la
transparence pour quelque tems..
B v l*
a 2 MERCURE DE FRANCE;
Le Mucilage, plus ou moins desséché*,;
{>eut contribuer beaucoup à faire variec
e poids de la Résidence.
\ Après ce détail, M. Boulduc réponds
à une Objection , qu'on fait communé
ment à laChymie fur ses productions ,
& particulièrement fur les Sels : le feu al
tère & décompose. Qu'on laiífe évaporer
notre Eau , dit-il >. â Pair ou au Soleil ,..
comme Pascal l'a voulu, ou qu'on la con
centre par la gelée , de de l'une ou de
l'autre façon, à tel point qu'on voudta %
& qu'on la mêle ensuite à différentes re
prises , avec de l'efprit de Vin , que l'onaugmentera
chaque fois-, qu'on furvuidera
le mélange : de cette manière , on
rerra d'abord la terre , que la Selenite
& le Fer accompagnent , ensuite les Selsmoyens
en Crystaux , & finalement le
Sel Alkali au fond, distinctement séparé'
d'avec l'Efprir de Vin, comme si on y
avoit versé une forte Huile de Tartre par
défaillance.
II n'y. a point d'apparence , qu'après-;
cela on mette le Sel Alkali -ou quelqueautre
fut le compte du feu , qu'on n'á pasemployé.
De tout ce qui a été dit jusqu'ici , Mi
Boulduc conclnd J que les Eaux de Bour
bon contiennent naturellement du Stl
wnmm , du Sel de Glanbtr , un Sel M~
. JANVIER. 17 to.
í-alì , du Bitume , de la Selenite , une Ter
re absorban e , & du Fer , dont lc mélan
ge répandu dans une eau actuellement
chaude , ôc chaque matière considérée
selon fa qualité , connue par l'experience
l'u/agc ; que la Médecine en fait tous
les jours , doivent faire inférer d'avance- ,
qu'elles font «n état de déterger, d'ineiftrt
&c de résoudre , qui font des effetsgénéraux
communément suivis d'une am
ple transpiration 8c excrétion d'urine 5.
que de plus elles peuvent absorber, & en .
partie dessécher ôc fortifier ; mais ce qu'on
•regrette ordinairement fort , c'est qu'el
les ne fçauroient guères purger, 8c c'est
austï ce que la plupart des Malades regar
dent comme un deffaut , mesurant I*
bonté d'âne Eau Minérale fut de fré
quentes évacuations de cette efpece.
Si on accorde, dit M. Boulduc en fiuiffant
, que ce soit ìi vm deffaut , d'ha
biles Médecins fçavent bien lc réparer
soit en faisant précéder les Eaux de Vixhy
, pour frayer le chemin: à celles de
Bourbon , soit en faisant prendre ces der
nieres , quand ils le jugent à propos , avec
des Sels moyens apéritifs , d'entre lesquels •
M* Butler a depuis une vingtaine d'an
nées misen usage 1'1 jircanum dublicatum*
■bien <o»ditionnt , & en a d'heufeussuccès*
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 12. Novembre 1729. sur les Eaux de Bourbon.
Le 12 novembre, M. Boulduc a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur l'analyse des eaux minérales chaudes de Bourbon-l'Archambault, connues pour leur efficacité contre diverses maladies. Ces eaux, parmi les plus anciennes et renommées du royaume, ont été mentionnées par Jean Ban en 1605 et 1618, qui les décrivait comme contenant du soufre minéral, du bitume et du nitre. En 1670, M. Duclos confirma la présence de nitre, mais en 1699, Pascal contesta cette analyse, affirmant que les eaux contenaient un sel mixte composé d'un acide volatile et d'un sel alcalin fixe. Intrigué par ces divergences, M. Boulduc a entrepris une nouvelle analyse des eaux de Bourbon. Il a observé que l'eau est claire, limpide, presque sans odeur et d'un goût entre le salé et le lixiviel. Elle est naturellement bouillante et forme des croûtes blanches à la surface. Ses expériences ont révélé que l'eau précipite l'argent dissous, fermente avec les acides et précipite l'alun et les vitriols. Après évaporation et distillation, il a identifié plusieurs matières, dont un sel commun, du sel de Glauber, une substance sulfurée et une odeur bitumineuse. M. Boulduc a conclu que l'évaporation modérée de l'eau est le moyen le plus simple pour en développer les composants. Il a détaillé les processus chimiques et les propriétés des sels identifiés, soulignant l'importance de méthodes précises pour les analyser. Le texte mentionne également la présence de silice, de sel de Glauber, d'un sel alcalin, de bitume, de selenite, d'une terre absorbante et de fer dans les eaux de Bourbon. Ces eaux sont utilisées en médecine pour leurs effets détergents, irritants et résolutifs, souvent suivis de transpiration et d'excrétion d'urine. Cependant, elles ne purgent pas facilement, ce que certains médecins compensent en les associant à des sels apéritifs ou à des eaux comme celles de Vichy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 758-764
Rentrée des Académies.
Début :
L'Académie Royale des Belles-Lettres tint son Assemblée publique du semestre [...]
Mots clefs :
Académie royale des belles-lettres, Académie royale des sciences, Mémoires, Grecs, Langues orientales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Rentrée des Académies.
Rentrée des Académies.
L'Académie Royale des Belles-Lettres
tint fon Affemblée publique du femeftre
de Pafques le 18. Avril. M. de Boze , Secretaire
perpetuel de cette Académie
ouvrit la féance par l'éloge de M. de Valbonais
, Premier Préfident de la Chambre
des Comptes de Grenoble , Corref
pondant honoraire ; & comme cet éloge
étoit compofé avec cette élegance & cette
précifion qui paroît dans tous les autres
M. l'Abbé Bignon fit remarquer ce qu'on
n'avoit point penfé , que M. de Boze n'avoit
reçû les Mémoires de la Vie de M.
de Valbonnais que fept ou huit jours auparavant
.
}
M. Hardion lut enfuite des Reflexions
fur les Choeurs de la Tragédie d'Andromaque
par Euripide , & après avoir remarqué
le bon ufage que les Anciens faifoient
de ces Choeurs qu'ils avoient l'art de lier
avec la Piece , par l'interêt que plufieurs
perfonnes devoient naturellement prendre
à l'action qui étoit repréſentée , puifqu'elle
étoit & publique & importante
it
AVRIL. 1730. 759
il condamne fans prévention un des
Choeurs de cette même Tragédie qui paroft
deplacé. Il prend même occafion des
endroits où Euripide s'éleve contre la Bigamie
, d'examiner fi l'ufage en étoit permis
à Athénes du tems de ce Poëte , &
fi lui- méme & Socrate n'avoient pas eu
deux femmes legitimes à la fois ; & après
avoir refuté le fentiment de ceux des Anciens
& des Modernes qui l'avoient crû ,
il décide pour la négative.
M. Fourmont l'aîné lut après une Differtation
dont l'objet étoit d'établir la neceffité
des Langues Orientales pour la
connoiffance de l'Hiftoire ancienne & de
Ja Mythologie ; cette propofition , pourvû
qu'elle ne foit pas generale , eft fans
doute très- vraye , & les Sçavans du dernier
Siecle , principalement le celebre
Bochart , en avoient déja fait un grand
ulage. Les Grecs qui nous ont tranſmis
prefque toutes les Fables que nous connoiffons
, tiroient leur origine des Colonies
Egyptiennes & Phéniciennes , qui
avoient apporté dans le Continent de la
Grece & dans les Ifles voifines leur Religion
& leur Langue , & il eft fûr , comme
l'a fouvent remarqué le fçavant Bochart
, que les Langues Phénicienne &
Egyptienne , mal entendues , ont donné
fouvent lieu aux Grecs de debiter des Fa-
Fj bles
760 MERCURE DE FRANCE
bles , c'est- à-dire , de fubftituer des idées
extraordinaires & merveilleufes à des
idées qui ne devoient préfenter rien que
de naturel ; delà , fans doute , l'origine
d'une infinité de fictions. Cependant les
Grecs & les Latins après eux ont debité
eux-mêmes de nouvelles Fables qui ne
paroiffent avoir aucun rapport avec les
Langues Etrangeres , & c'eft une diftinction
que ceux qui entreprennent de les
expliquer, ne doivent pas manquer de faire
; quoiqu'il en foit , M. Fourmont choifit
pour preuve de fa propofition deux
exemples finguliers , l'un de la Fable &
l'autre de l'Hiftoire. Le premier exemple
fut celui de la Fable des Gorgonnes , l'écueil
des Mythologues , & il fit voir qu'à
l'aide des Langues Orientales , elle étoit
fort intelligible , & ne renfermoit plus
aucunes de ces idées myfterieufes qui y répandent
tant d'obfcurité. Les noms des
trois Gorgonnes font ceux des trois Vaiffeaux
que Perfée prit vers les Syrtes de
l'Afrique fur Phoreys,& les Marchandifes
qu'il en rapporta marquent & Chrifaor ,
qui nâquit du fang de Meduſe , & cette
dent & cet oeil unique qu'on donna aux
trois Gorgonnes. Mais pour developer davantage
l'idée de cet Académicien , il faudroit
rapporter toutes les étimologies dont
il fit ufage , ce qui n'eft pas poffible fans
ا ع
AVRIL. 1730. 761
le copier entierement.
Le fecond exemple étoit tiré de la celebre
Infcription de Sardanapale , qu'on
regardoit comme fon Epitaphe , & dans
laquelle après avoir marqué que ce Prince
avoit bâti en un même jour les Villes
de Tarfe & d'Anchialé , on congédioit les
Lecteurs , en leur difant : Paffans, buvez,
mangez , réjouiffez -vous & faites l'amour,
ce qui paroiffoit entierement hors de propos
, & fort deplacé dans un endroit où
F'on venoit de parler de la conftruction
extraordinaire de deux Villes en un même
jour.
C'étoit cependant ainfi que tous les
Anciens avoient rapporté & expliqué
cette Infcription. Il paroiffoit auffi par
cette même Infcription que Sardanapale
étoit fils d'Araxindax , perfonnage toutà
- fait inconnu dans l'Antiquité ; mais.
M. Fourmont , en remettant cette Infcription
dans fa Langue originale , qui eft la
Chaldéenne , & en fubftituant aux trois
mots Grecs qui la terminoient , des mots
Caldéens , il en résulte un fens fort naturel,
qui eft queSardanapale avoit bâti les
deux Villes en queftion en un même jour,
qu'il avoit auffi fait conftruire un Pont
fur le Torrent qui couloit auprès , car
Arax , dans les Langues Orientales , fignifie
en general de l'eau , & il les avoit
Fv réellement
62 MERCURE DE FRANCE
réellement conftruites dans un efpace fi
court , qu'il y avoit mis jufqu'aux clôtures
& aux fermetures , ce que fignifient
les trois mots Chaldéens fubftituez aux
trois mots Grecs qui terminoient l'Inf
cription. Ainfi difparoiffent & le trait
déplacé de cette Infcription , & l'Ara
xindarax prétendu pere de Sardanapale.
M. de la Nauze termina l'Aſſemblée
par
la lecture de l'Hiftoire de Leandre &
de Hero. L'Auteur , après avoir démontré
que ce fait étoit revêtu de toutes les
preuves néceffaires pour le rendre certain,.
quoiqu'en ait dit un celebre Critique ,
qui le traite de pure fable , le raconta
d'une maniere fimple & naturelle , & fit
des Remarques critiques & judicieuſes.
fur les autres qui en avoient parlé. Il
prouva contre le fentiment de quelques
Sçavans , que les deux Epitres d'Ovide
fur ce fujet , étoient de ce Poëte , & contre
le celebre Scaliger , que le Mufée , qui
a compofé un petit Poëme ſur cet évenement
, n'étoit pas l'ancien Mufée , dont
les Ouvrages ne fubfiftent plus , & que
celui-cy , dont Tzetzés eft le premier qui
ait parlé , ne vivoit qu'environ vers le
IVe fiecle. M. de la Nauze fit enfuite uneexacte
Analyfe de ce Poëme & des deux
Heroïdes d'Ovide,
L'AAVRIL
1730. 763
1
L'Académie Royale des Sciences , tint
fon Affemblée publique le Mercredy 19 ,
Avril . M. de Fontenelle ouvrit la Séance
par l'Eloge de feu M. de Valincourt ,
Académicien Honoraire .
M. Caffini lût enfuite un Memoire contenant
les Obfervations qu'il a faites de
la Comete qui a paru l'année derniere
pendant près de cinq mois.
M. Geoffroi , le cadet , lût après cela
un Memoire de Chimie , contenant l'Analyfe
de prefque toutes les viandes qui
fervent à la nourriture des hommes ,
d'où il tire les Relations qu'ont entre
elles les quantitez des parties nourriffantes
que ces viandes produifent.
M. Dufay , lût auffi un Memoire qui
contient de nouvelles preuves de fon fentiment
fur l'Aiman , & donna les Méthodes
les plus fûres & les plus promp
tes d'aimanter les Aiguilles.
M. Juffieu , lût après cela un Memoire
fur la neceffité de continuer & d'augmen--
ter le commerce que les Botaniftes d'Eu
rope ont avec ceux des Indes , pour la
perfection de la Botanique & de l'Hif
toire Naturelle.
M. Duhamel finit la Seance par la
lecture d'un Memoire fur les Greffes des
Arbres ; il y examina les rapports de convenances
& de difconvenances que les
F vj Greffes
764 MERCURE DE FRANCE
Greffes doivent avoir avec les fujets lur
lefquels on les greffe.
On donnera des Extraits de ces Memoires.
L'Académie Royale des Belles-Lettres
tint fon Affemblée publique du femeftre
de Pafques le 18. Avril. M. de Boze , Secretaire
perpetuel de cette Académie
ouvrit la féance par l'éloge de M. de Valbonais
, Premier Préfident de la Chambre
des Comptes de Grenoble , Corref
pondant honoraire ; & comme cet éloge
étoit compofé avec cette élegance & cette
précifion qui paroît dans tous les autres
M. l'Abbé Bignon fit remarquer ce qu'on
n'avoit point penfé , que M. de Boze n'avoit
reçû les Mémoires de la Vie de M.
de Valbonnais que fept ou huit jours auparavant
.
}
M. Hardion lut enfuite des Reflexions
fur les Choeurs de la Tragédie d'Andromaque
par Euripide , & après avoir remarqué
le bon ufage que les Anciens faifoient
de ces Choeurs qu'ils avoient l'art de lier
avec la Piece , par l'interêt que plufieurs
perfonnes devoient naturellement prendre
à l'action qui étoit repréſentée , puifqu'elle
étoit & publique & importante
it
AVRIL. 1730. 759
il condamne fans prévention un des
Choeurs de cette même Tragédie qui paroft
deplacé. Il prend même occafion des
endroits où Euripide s'éleve contre la Bigamie
, d'examiner fi l'ufage en étoit permis
à Athénes du tems de ce Poëte , &
fi lui- méme & Socrate n'avoient pas eu
deux femmes legitimes à la fois ; & après
avoir refuté le fentiment de ceux des Anciens
& des Modernes qui l'avoient crû ,
il décide pour la négative.
M. Fourmont l'aîné lut après une Differtation
dont l'objet étoit d'établir la neceffité
des Langues Orientales pour la
connoiffance de l'Hiftoire ancienne & de
Ja Mythologie ; cette propofition , pourvû
qu'elle ne foit pas generale , eft fans
doute très- vraye , & les Sçavans du dernier
Siecle , principalement le celebre
Bochart , en avoient déja fait un grand
ulage. Les Grecs qui nous ont tranſmis
prefque toutes les Fables que nous connoiffons
, tiroient leur origine des Colonies
Egyptiennes & Phéniciennes , qui
avoient apporté dans le Continent de la
Grece & dans les Ifles voifines leur Religion
& leur Langue , & il eft fûr , comme
l'a fouvent remarqué le fçavant Bochart
, que les Langues Phénicienne &
Egyptienne , mal entendues , ont donné
fouvent lieu aux Grecs de debiter des Fa-
Fj bles
760 MERCURE DE FRANCE
bles , c'est- à-dire , de fubftituer des idées
extraordinaires & merveilleufes à des
idées qui ne devoient préfenter rien que
de naturel ; delà , fans doute , l'origine
d'une infinité de fictions. Cependant les
Grecs & les Latins après eux ont debité
eux-mêmes de nouvelles Fables qui ne
paroiffent avoir aucun rapport avec les
Langues Etrangeres , & c'eft une diftinction
que ceux qui entreprennent de les
expliquer, ne doivent pas manquer de faire
; quoiqu'il en foit , M. Fourmont choifit
pour preuve de fa propofition deux
exemples finguliers , l'un de la Fable &
l'autre de l'Hiftoire. Le premier exemple
fut celui de la Fable des Gorgonnes , l'écueil
des Mythologues , & il fit voir qu'à
l'aide des Langues Orientales , elle étoit
fort intelligible , & ne renfermoit plus
aucunes de ces idées myfterieufes qui y répandent
tant d'obfcurité. Les noms des
trois Gorgonnes font ceux des trois Vaiffeaux
que Perfée prit vers les Syrtes de
l'Afrique fur Phoreys,& les Marchandifes
qu'il en rapporta marquent & Chrifaor ,
qui nâquit du fang de Meduſe , & cette
dent & cet oeil unique qu'on donna aux
trois Gorgonnes. Mais pour developer davantage
l'idée de cet Académicien , il faudroit
rapporter toutes les étimologies dont
il fit ufage , ce qui n'eft pas poffible fans
ا ع
AVRIL. 1730. 761
le copier entierement.
Le fecond exemple étoit tiré de la celebre
Infcription de Sardanapale , qu'on
regardoit comme fon Epitaphe , & dans
laquelle après avoir marqué que ce Prince
avoit bâti en un même jour les Villes
de Tarfe & d'Anchialé , on congédioit les
Lecteurs , en leur difant : Paffans, buvez,
mangez , réjouiffez -vous & faites l'amour,
ce qui paroiffoit entierement hors de propos
, & fort deplacé dans un endroit où
F'on venoit de parler de la conftruction
extraordinaire de deux Villes en un même
jour.
C'étoit cependant ainfi que tous les
Anciens avoient rapporté & expliqué
cette Infcription. Il paroiffoit auffi par
cette même Infcription que Sardanapale
étoit fils d'Araxindax , perfonnage toutà
- fait inconnu dans l'Antiquité ; mais.
M. Fourmont , en remettant cette Infcription
dans fa Langue originale , qui eft la
Chaldéenne , & en fubftituant aux trois
mots Grecs qui la terminoient , des mots
Caldéens , il en résulte un fens fort naturel,
qui eft queSardanapale avoit bâti les
deux Villes en queftion en un même jour,
qu'il avoit auffi fait conftruire un Pont
fur le Torrent qui couloit auprès , car
Arax , dans les Langues Orientales , fignifie
en general de l'eau , & il les avoit
Fv réellement
62 MERCURE DE FRANCE
réellement conftruites dans un efpace fi
court , qu'il y avoit mis jufqu'aux clôtures
& aux fermetures , ce que fignifient
les trois mots Chaldéens fubftituez aux
trois mots Grecs qui terminoient l'Inf
cription. Ainfi difparoiffent & le trait
déplacé de cette Infcription , & l'Ara
xindarax prétendu pere de Sardanapale.
M. de la Nauze termina l'Aſſemblée
par
la lecture de l'Hiftoire de Leandre &
de Hero. L'Auteur , après avoir démontré
que ce fait étoit revêtu de toutes les
preuves néceffaires pour le rendre certain,.
quoiqu'en ait dit un celebre Critique ,
qui le traite de pure fable , le raconta
d'une maniere fimple & naturelle , & fit
des Remarques critiques & judicieuſes.
fur les autres qui en avoient parlé. Il
prouva contre le fentiment de quelques
Sçavans , que les deux Epitres d'Ovide
fur ce fujet , étoient de ce Poëte , & contre
le celebre Scaliger , que le Mufée , qui
a compofé un petit Poëme ſur cet évenement
, n'étoit pas l'ancien Mufée , dont
les Ouvrages ne fubfiftent plus , & que
celui-cy , dont Tzetzés eft le premier qui
ait parlé , ne vivoit qu'environ vers le
IVe fiecle. M. de la Nauze fit enfuite uneexacte
Analyfe de ce Poëme & des deux
Heroïdes d'Ovide,
L'AAVRIL
1730. 763
1
L'Académie Royale des Sciences , tint
fon Affemblée publique le Mercredy 19 ,
Avril . M. de Fontenelle ouvrit la Séance
par l'Eloge de feu M. de Valincourt ,
Académicien Honoraire .
M. Caffini lût enfuite un Memoire contenant
les Obfervations qu'il a faites de
la Comete qui a paru l'année derniere
pendant près de cinq mois.
M. Geoffroi , le cadet , lût après cela
un Memoire de Chimie , contenant l'Analyfe
de prefque toutes les viandes qui
fervent à la nourriture des hommes ,
d'où il tire les Relations qu'ont entre
elles les quantitez des parties nourriffantes
que ces viandes produifent.
M. Dufay , lût auffi un Memoire qui
contient de nouvelles preuves de fon fentiment
fur l'Aiman , & donna les Méthodes
les plus fûres & les plus promp
tes d'aimanter les Aiguilles.
M. Juffieu , lût après cela un Memoire
fur la neceffité de continuer & d'augmen--
ter le commerce que les Botaniftes d'Eu
rope ont avec ceux des Indes , pour la
perfection de la Botanique & de l'Hif
toire Naturelle.
M. Duhamel finit la Seance par la
lecture d'un Memoire fur les Greffes des
Arbres ; il y examina les rapports de convenances
& de difconvenances que les
F vj Greffes
764 MERCURE DE FRANCE
Greffes doivent avoir avec les fujets lur
lefquels on les greffe.
On donnera des Extraits de ces Memoires.
Fermer
Résumé : Rentrée des Académies.
Le 18 avril 1730, l'Académie Royale des Belles-Lettres organisa une assemblée publique. M. de Boze, secrétaire perpétuel, débuta la séance par un éloge de M. de Valbonnais, Premier Président de la Chambre des Comptes de Grenoble. L'Abbé Bignon complimenta l'élégance et la précision de cet éloge, soulignant que M. de Boze avait préparé son discours en seulement sept ou huit jours. M. Hardion présenta ensuite des réflexions sur les chœurs de la tragédie 'Andromaque' d'Euripide, critiquant un chœur déplacé et discutant de la bigamie à Athènes. M. Fourmont l'aîné exposa une dissertation sur l'importance des langues orientales pour la compréhension de l'histoire ancienne et de la mythologie, illustrant ses propos avec des exemples comme la fable des Gorgonnes et l'inscription de Sardanapale. M. de la Nauze conclut l'assemblée par la lecture de l'histoire de Léandre et d'Héro, démontrant la réalité de ce fait et analysant les œuvres littéraires s'y rapportant. Le 19 avril 1730, l'Académie Royale des Sciences tint également une assemblée publique. M. de Fontenelle ouvrit la séance par un éloge de feu M. de Valincourt, académicien honoraire. Plusieurs mémoires furent lus, couvrant des sujets variés tels que les observations d'une comète, l'analyse des viandes, les propriétés de l'aimant, l'importance du commerce botanique avec les Indes et les techniques de greffe des arbres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 764-766
PRIX proposé par l'Academie Royale des Sciences, pour l'année 1732.
Début :
Feu M. Roüillé de Messay, ancien Conseiller au Parlement de Paris, ayant conçû le noble [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Prix, Prix de l'Académie royale des sciences, Secrétaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIX proposé par l'Academie Royale des Sciences, pour l'année 1732.
PRIX propofe par l' Academie Royale des
Sciences. , pour l'année 1732 .
F
Eu M. Rouillé de Mellay , ancien Confeiller
au Parlement de Paris , ayant conçu le noble
deffein de contribuer au progrès des Sciences & à
l'utilité que le Public en doit retirer , a légué à
l'Academie Royale des Sciences un fonds pour
deux Prix , qui feront diftribuez à ceux qui , au
jugement de cette Compagnie , auront le mieux
réuffi fur deux differentes fortes de Sujets , qu'il
a indiquez dans fon Teftament , & dont il a donné
des exemples.
Les Sujets du premier Prix regardent le Siftême
général du Monde , & l'Aftronomie Phyſique..
Ce Prix devroit être de deux mille liv . aux termes
du Teſtament , & ſe diſtribuer tous les ans、
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans afin de le rendre
plus confiderable , & il fera de 2.500 liv.
Les fujets du fecond Prix regardent la Navigation
& le Commerce.
,
Il ne fe donnera que tous les deux ans , & fera
de deux mille livres.
L'Académie fe conformant aux vûës & aux intentions
du Tefta teur ,propofe pour Sujet du premier
Prix , qui tombe dans l'année 1732 .
Quelle est la caufe Phyfique de l'inclinaison
des Plans , des Orbites , des Planettes , par rapport
au Plan de l'Equateur de la révolution du
Soleil autour de fon Axe , & d'où vient que es
Inclinaisons de ces Orbites font differentes ensr'elles..
Les
AVRIL. 1730. 76.5
Les Savans de toutes les Nations font invitez
à travailler fur ces fujets , & même les Affociez
Etrangers de l'Académie. Elle s'eft fait la Loi
d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre
aux Prix .
Ceux qui compoferont font invitez à écrire en
François ou en Latin , mais fans aucune obligation.
Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils
voudront, & l'Académie fera traduire leurs Ouvrages.
On les prie que leurs Ecrits foient fort lifibles,
fur-tout quand il y aura des Calculs d'Algebre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvra
ges , mais feulement une Sentence ou Devife. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un
Billet féparé & cacheté par eux , où feront avec
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez &
leur adreffe , & ce Billet ne fera ouvert par l'Académie
, qu'en cas que la Piece ait remporté le
Prix .
Ceux qui travailleront pour le Prix , adrefferont
leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpetuel
de l'Académie, ou les lui feront remettre entre
les mains . Dans ce fecond cas , le Secretaire
en donnera en même -tems,à celui qui les lui aura
remis ,fon Recepiffé , oùì fera marquée la Sentence
de l'Ouvrage & fon numero,felon l'ordre ou lo
tems dans lequel il aura été reçû.
Les Ouvrages ne feront reçûs que jufqu'au premier
Septembre 1731. exclufivement.
L'Académie à fon Affemblée publique d'après
Pâques 1732. proclamera la Piece qui aura ce
Prix.
S'il y aun Recepiffe du Secretaire pour la Piéce
qui aura remporté le Prix ,le Tréforier de l'Académie
délivrera la fomme du Prix à celui qui
Jui rapportera ce Récepiffé. Il n'y aura à cela
nulle autre formalité. S'il
766 MERCURE DE FRANCE
S'il n'y a pas de Récepiffé du Secretaire , le-
Tréforier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur même
, qui fe fera connoître , ou au Porteur d'une.
Procuration de fa part.
MONSIEUR BERNOULLI , Profeffeur en Mathématique
à Bále , aremporté le Prix de 1730..
Sciences. , pour l'année 1732 .
F
Eu M. Rouillé de Mellay , ancien Confeiller
au Parlement de Paris , ayant conçu le noble
deffein de contribuer au progrès des Sciences & à
l'utilité que le Public en doit retirer , a légué à
l'Academie Royale des Sciences un fonds pour
deux Prix , qui feront diftribuez à ceux qui , au
jugement de cette Compagnie , auront le mieux
réuffi fur deux differentes fortes de Sujets , qu'il
a indiquez dans fon Teftament , & dont il a donné
des exemples.
Les Sujets du premier Prix regardent le Siftême
général du Monde , & l'Aftronomie Phyſique..
Ce Prix devroit être de deux mille liv . aux termes
du Teſtament , & ſe diſtribuer tous les ans、
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans afin de le rendre
plus confiderable , & il fera de 2.500 liv.
Les fujets du fecond Prix regardent la Navigation
& le Commerce.
,
Il ne fe donnera que tous les deux ans , & fera
de deux mille livres.
L'Académie fe conformant aux vûës & aux intentions
du Tefta teur ,propofe pour Sujet du premier
Prix , qui tombe dans l'année 1732 .
Quelle est la caufe Phyfique de l'inclinaison
des Plans , des Orbites , des Planettes , par rapport
au Plan de l'Equateur de la révolution du
Soleil autour de fon Axe , & d'où vient que es
Inclinaisons de ces Orbites font differentes ensr'elles..
Les
AVRIL. 1730. 76.5
Les Savans de toutes les Nations font invitez
à travailler fur ces fujets , & même les Affociez
Etrangers de l'Académie. Elle s'eft fait la Loi
d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre
aux Prix .
Ceux qui compoferont font invitez à écrire en
François ou en Latin , mais fans aucune obligation.
Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils
voudront, & l'Académie fera traduire leurs Ouvrages.
On les prie que leurs Ecrits foient fort lifibles,
fur-tout quand il y aura des Calculs d'Algebre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvra
ges , mais feulement une Sentence ou Devife. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un
Billet féparé & cacheté par eux , où feront avec
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez &
leur adreffe , & ce Billet ne fera ouvert par l'Académie
, qu'en cas que la Piece ait remporté le
Prix .
Ceux qui travailleront pour le Prix , adrefferont
leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpetuel
de l'Académie, ou les lui feront remettre entre
les mains . Dans ce fecond cas , le Secretaire
en donnera en même -tems,à celui qui les lui aura
remis ,fon Recepiffé , oùì fera marquée la Sentence
de l'Ouvrage & fon numero,felon l'ordre ou lo
tems dans lequel il aura été reçû.
Les Ouvrages ne feront reçûs que jufqu'au premier
Septembre 1731. exclufivement.
L'Académie à fon Affemblée publique d'après
Pâques 1732. proclamera la Piece qui aura ce
Prix.
S'il y aun Recepiffe du Secretaire pour la Piéce
qui aura remporté le Prix ,le Tréforier de l'Académie
délivrera la fomme du Prix à celui qui
Jui rapportera ce Récepiffé. Il n'y aura à cela
nulle autre formalité. S'il
766 MERCURE DE FRANCE
S'il n'y a pas de Récepiffé du Secretaire , le-
Tréforier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur même
, qui fe fera connoître , ou au Porteur d'une.
Procuration de fa part.
MONSIEUR BERNOULLI , Profeffeur en Mathématique
à Bále , aremporté le Prix de 1730..
Fermer
Résumé : PRIX proposé par l'Academie Royale des Sciences, pour l'année 1732.
En 1730, M. Rouillé de Mellay, ancien conseiller au Parlement de Paris, a légué un fonds à l'Académie Royale des Sciences pour créer deux prix annuels afin de promouvoir les sciences et l'utilité publique. Le premier prix, doté de 2 500 livres tous les deux ans, concerne le système général du monde et l'astronomie physique. Pour 1732, le sujet proposé est l'inclinaison des plans et des orbites des planètes par rapport à l'équateur du Soleil. Le second prix, de 2 000 livres également tous les deux ans, porte sur la navigation et le commerce. L'Académie invite les savants de toutes les nations à soumettre leurs travaux en français ou en latin, anonymement et accompagnés d'une devise. Les œuvres doivent être envoyées au secrétaire perpétuel de l'Académie avant le 1er septembre 1731. Le prix sera décerné lors de l'assemblée publique d'après Pâques 1732. Si un reçu est fourni, le trésorier remettra la somme au porteur du reçu. Sinon, le prix sera remis à l'auteur ou à son représentant. En 1730, M. Bernoulli, professeur de mathématiques à Bâle, a remporté le prix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 1103-1109
OBSERVATIONS sur la seconde Lettre imprimée de M. Petit, Docteur en Medecine, & de l'Académie Royale des Sciences.
Début :
Je crois que M. Petit est trop judicieux pour me sçavoir mauvais gré de quelques Observations [...]
Mots clefs :
Cataracte, Sang, Académie royale des sciences, Maladie, Oeil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur la seconde Lettre imprimée de M. Petit, Docteur en Medecine, & de l'Académie Royale des Sciences.
OBSERVATIONS fur la feconde
Lettre imprimée de M. Petit , Docteur
en Medecine , & de l'Académie Royale
des Sciences.
JE
E crois que M. Petit efttrop judicieux pour me
fçavoir mauvais gré de quelques Obfervations
que je prends la liberté de faire fur fa feconde
Lettre à M. Hecquet. Je fuis même tellement perfuadé
qu'il eft au-deffus de la prévention & de
la hauteur pédentefque qui indifpofent les hommes
naturellement contre ceux qui ont la hardieffe
de dire que nous nous fommes trompez ,
que j'ofe avec affurance lui offrir mes Remarques;
il les recevra, fans doute, en bonne part, puifqu'en
les lui préfentant je n'ai d'autre motif que mon
inftruction & le bien du Public.
Il n'y a pas lieu d'être furpris de ce qui a été avancé
par le celebre M.Hecquet,touchant la naiffance
des Cataractes cryftallines ; car quand il rapporte
que le fang, iorfqu'il dégenere de fon état naturel,
eft capable de ternir & d'obfcurcir toutes les humeurs
de l'oeil , en leur ôtant leurs tranſparences
& brillant , il ne dit rien que de vrai. En effet,
quoi de plus commun que de voir des Cataractes
cryftallines fe produire par la fuppreffion des Regles
, que le Sexe ne fouftre que trop fouvent ; qui
ne conviendra que cette maladie en corrompant
la male du fang , ne foit capable de former des
obstructions dans l'humeur cryftalline, & de caufer
des Cataractes De plus , ceux qui menent une
vie trop fédentaire , ne font-ils pas aufli fort fujets
à cette maladie Oculaire ? parce qu'elle favo-
→ 1. Vol.
rife
1104 MERCURE DE FRANCE
•
rife beaucoup l'amas des fuperfluités impures
qui feconfondent dans la maffe du fang, & dorit
il ne peut fe dégager ? Les hommes livrez aux
plaifirs de la table & à la débauche du fexe , n'y
font-ils pas bien fujets , puifque l'excès de la
bonne chere & du vin , augmentent trop le vo-
Jume du fang ; & le vin l'épaiffiffant contre nature
, le dépouille du Vehicule pur & fpiritueux
qui lui eft neceffaire pour entretenir la circulation
libre pour la nourriture de toutes les parties de
notre corps ? Pour revenir à la débauche du fexe,
elle appauvrit le fang & lui derobe un fluide le
plus animé & le plus fpiritueux de tous les liquides
du corps, qui entretient le Méchaniſme de
l'animal par l'ofcillation des Solides. Ne doit - on
pas conclure que l'épaiffiffement du fang contribue
à produire ces fortes de Cataractes cryftallines,
parce qu'en rendant la circulation trop lente,
& le brifement des parties folides du fang ne fe
faifant pas à propos , la Lymphe devient trop
groffiere & trop épaiffe pour être reportée par
les vaiffeaux abducteurs dans la voye de la circulation
, & le récrément qui en refte produit des
Cataractes de deux fortes , & quelquefois des
glaucômes de l'humeur vitrée , dont feu M. Lancifi
, Medecin du Pape , & après lui M. Heifter ,
ont produit plufieurs experiences.
Si M. Petit avoit fait plus d'attention à la
propofition, lorfqu'il dit qu'une Cataracte membraneufe
ne peut être abbattue fans déchirer la
Capfule du Chryftallin , il ne fe feroit pas expliqué
de cette maniere ; il fe feroit fouvenu que
dans fa premiere Lettre imprimée , page 8. il déclare
qu'il n'en connoît point , & qu'il n'en a jamais
vû. Comment pourroit-on faire pour déchirer
la Capfule du Cryftallin , puifque cette Caaracte
n'y eft pas adherente ? il faudroit être
·
1. Vol.
bien
JUI N. 1730 . 1105
bien peu verfé dans cetteOperation ,pour faire une
pareille bévûë ; s'il y avoit donc quelque chofe à
craindre , ce feroit d'endommager l'Ủvée plutôt
que la Capfule du Cryftallin , puifque cette Ca-.
taracte y eft quelquefois adherente , en tout , ou
en partie.
M. Petit dit encore à la page 15. que l'Operation
de la Cataracte Cryſtalline eft vingt fois
moins dangereufe que celle de la Cataracte Membraneufe,
fuppofé qu'il y en eût, & qu'on put les
diftinguer des Cryſtallines. Cet Ecrivain ne me
paroît pas bien fondé en parlant ainfi ; car il ne
devroit pas porter un jugement fi affirmatif fur
une matiere dont il avoue n'avoir point de connoiffance,
& qu'il nie abfolument.
Quel avantage M. Petit peut-il tirer, en avançant
qu'il y a vingt fois plus de Cataractes Cryltallines
que
de Membraneufes , ce qu'il a pris des
Differtations Ophthalmiques de M. de Woolouſe,
qui a fait cette découverte le premier ; y a-t- il la
moindre difpute à faire ? tout le monde n'en convient-
il pas prefentement ? peut- on faire une pareille
difficulté ? S'il n'y avoit que ce point à réfoudre
, on feroit bien - tôt d'accord , puifqu'on
n'en peut pas difconvenir ; mais la pluralité des
Cataractes Cryſtallines ne détruit aucunement l'éxiſtence
des Membraneuſes , puiſque l'experience
fait voir qu'il s'en rencontre de temps à autre.
J'en ai vû moi - même , comme je l'ai rapporté
dans le Mercure de France du mois de Decembre
1728. premier volume,page 2592. M. Rauffin
le pere , ancien Chirurgien Oculifte de Châlons
, & très- experimenté , & plufieurs autres,
n'en ont- ils pas rencontré dans leur pratique? Si
M. Petit veut en être convaincu à n'en plus douter,
il trouvera plufieurs Journaux de Trevoux,
qui en ont cité nombre d'experiences autentiques.
7
Is Vol.
C Je
1106 MERCURE DE FRANCE
Je fuis d'accord avec M. Petit que la Cataracte
Cryftalline peut auffi quelquefois fe former par
une forte contraction des Mufeles des Membranes
de l'oeil qui compriment le Cryſtallin en raprochant
fes parties, & en y faifant une forte com .
preffion ; or le Systême de M. Hecquet eft done
plus conftant & plus probable , lorfqu'il affure
que l'oeil étant affailli par trop de fang ou de
lymphe, fait un embarras dans les Vaiffeaux , un
amas & dépôt dans les chambres de l'oeil , les fucs
venant à s'accumuler & à y croupir trop longtems,
ne manquent pas,en l'épaiffiffant, d'obfcurcir
le Cryftallin, & de former une Cataracte Cryſtalline.
Les Veaux ne font- ils pas des animaux les
plus fujets à cette maladie fpecifique de l'oeil ,
c'eft- à - dire , aux Glaucômes qu'on veut appeller
aujourd'hui ( quoique mal à propos ) Cataractes
Cryftallines ; eft -ce par la contraction des Mufcles
& des Membranes de l'oeil qu'elle leur vient ?
peut-on dire que cette Contraction eft excitée par
feur attention ou application , comme notre Académicien
le prétend ? C'est donc une confequence
évidente de dire que les Cataractes Cryſtallines
fe forment ordinairement par la trop grande
abondance des fucs accumulez qui y croupiffent ,
& qui obfcurciffent le Cryftallin , & forment enfuite
des Cataractes Crystallines ; enforte que
l'Hypothefe de M. Hecquet me paroît la plus
naturelle & la meilleure , & ne fouffre aucune
difficulté , puifqu'elle eft prouvée par l'experience
des yeux des Veaux, qui eft inconteftable, & dont
tout le monde peut fe convaincre .
Le Crystallin fe deffeche quelquefois dans l'oeil,
comme on obferve dans de vieux Chiens domeftiques
& les Chevaux , fans que la diminution
des humeurs naturelles y ait aucune part , pour
lors il fe déchatonne, fe couche ou s'attache, jufques
D
at
JUIN. 1730. [ 107
ques fur les fibres pofterieures de l'Iris, comme je
l'ai vu arriver à une fille nommée Marguerite
Drouet , âgée d'environ 30 années , je ne puis
attribuer la caufe de ce deffechement du Cryſtallin
qu'au deffechement & détachement des Vaiffeaux
qui environnent fa Membrane , lefquels ,
faute de nourriture , fe flétriffent.
Si M. Petit avoit pouffé plus loin fa Reflexion
dans fa Réponse à Mrs Hecquet & Morgagni ,
qui difent qu'il fe trouve une eau au centre du
Cryftallin , & que la furface anterieure de cette
humeur fe trouve baignée , il fe feroit bien gardé
de s'exprimer de cette maniere , en difant : Je ne
erois pas que qui que ce foit ait jamais obfervé
une eau au centre du Cryftallin , non pas même
M. Morgagni , cela ne ſe trouve ni chez les
Anciens, ni chez les Modernes. Puifque M. Pecic
lui-même affure à la page 5. de fa premiere Lettre
imprimée , que le Crystallin eft toûjours hu
mecté d'une petite quantité de liqueur , fans qu'il
fe trouve une eau à fon centre , ni fans qu'il en
foit baigné , cela paroît oppofé , ou bien il faut
renoncer à tous les Principes ; il dit encore à la
page. 14. de fa feconde Lettre imprimée , que le
Crystallin eft pour l'ordinaire féparé de fa Capfule
par une très - petite quantité de liqueur qui
fe trouve renfermée dans fa Capfule ; après des
preuves fi claires, produites par l'Auteur , tirées
de fes Ouvrages , peut- on avoir encore quelques
doutes fur le Systême de Mrs Hecquet & Morgagui
n'eft-il pas fuffifamment prouvé ? è
M. Hecquet raifonne fort jufte fur l'Operation
de la Cataracte pour en faire voir toutes les difficultez
, & combien les fignes & les fymptomes
en font incertains & équivoques ; car, quand il dit
qu'il eft très- difficile de connoître le point de
maturité de ces fortes de Cataractes , il n'avance
Cij rien
1108 MERCURE DE FRANCE
rien qui ne foit bien connu de tous les bons Praticiens;
en effet, quand il s'agit de faire la difference
d'une Cataracte , de connoître fon état , fa fituation
, fon progrès , cela demande une experience
d'un nombre confiderable d'années que M. Petit
n'a point , puifqu'il eft nouvellement Oculifte ,
quoique Medecin de plufieurs années .
Lorfque M. Hecquet veut chercher les moyens
d'éviter cette Operation , c'eft qu'il eſt bien perfuadé
que ( quoiqu'elle ne faffe pas mourir ) elle
eft fouvent caufe que les Malades fouffrent longtemps
de grandes douleurs , furtout quand ils
tombent entre les mains de Chirurgiens Oculif
tes , qui ne fçavent pas la ftructure de l'oeil , &
qui ignorent les précautions qu'on doit prendre
avant que de l'entreprendre , & la maniere de la
faire.
Il eft vrai que M. Hecquet propofe la Paracenthèfe
comme un moyen utile pour prévenir la
Cataracte , ce remede feroit d'un grand fecours
fi les perfonnes à qui on le propoſe , avoient affez
de réfolution & de courage pour ſe ſoumettre à
cette ancienne Operation , qui les mettroit pourtant
à couvert de l'aveuglement ; mais comme
dans nos jours on eft trop délicat , & que le feul
nom d'une Operation fait peur , je me fers d'un
autre expedient qui m'a fort fouvent réüſſi dans
toutes fortes de Cataractes naiffantes , c'eſt une
compreffe trempée dans une liqueur de ma façon
& appliquée fur l'oeil fermé pendant une heure ;
fi on veut voir un effet plus confiderable , il faut
réiterer, en faisant tremper la même compreffe, &
faire la même application , les malades pour lors
trouveront un foulagement notable ; il faut continuer,
pendant huit jours, foir & matin; on peut
compter que par ce Remede que j'ai fouvent
expérimenté , la Cataracte fera entierement diffipée,
JUIN. 1730. 1109
fipée. Si elle étoit plus avancée dans fa maturité,
il la fixeroit au moins, & en empêcheroit le progrès
, à moins que la douleur de tête & migraine
n'affligeaflent fans ceffe les Malades.
J'ofe me flatter que le celebre M. Petit me fera
P'honneur d'une Replique avec fa politeffe ordinaire
, dont je lui tiendrai compte , & il me trouyera
plus docile & plus flexible que ce Sçavant
du premier ordre , avec lequel il eft en difpute
& qui s'eft retiré du monde pour ne fonger qu'à
fon falut ; deforte que M. Petit auroit pû s'épargner
la peine de dire qu'il n'auroit pas dorenavant
le temps de répondre aux Répliques de
M. Hecquet , au cas qu'il veuille en faire.
Par M. Blanchard , Prêtre du Diocèfe
de Châlons , Chapelain de l'Eglife Collegiale
de Notre- Dame.
Lettre imprimée de M. Petit , Docteur
en Medecine , & de l'Académie Royale
des Sciences.
JE
E crois que M. Petit efttrop judicieux pour me
fçavoir mauvais gré de quelques Obfervations
que je prends la liberté de faire fur fa feconde
Lettre à M. Hecquet. Je fuis même tellement perfuadé
qu'il eft au-deffus de la prévention & de
la hauteur pédentefque qui indifpofent les hommes
naturellement contre ceux qui ont la hardieffe
de dire que nous nous fommes trompez ,
que j'ofe avec affurance lui offrir mes Remarques;
il les recevra, fans doute, en bonne part, puifqu'en
les lui préfentant je n'ai d'autre motif que mon
inftruction & le bien du Public.
Il n'y a pas lieu d'être furpris de ce qui a été avancé
par le celebre M.Hecquet,touchant la naiffance
des Cataractes cryftallines ; car quand il rapporte
que le fang, iorfqu'il dégenere de fon état naturel,
eft capable de ternir & d'obfcurcir toutes les humeurs
de l'oeil , en leur ôtant leurs tranſparences
& brillant , il ne dit rien que de vrai. En effet,
quoi de plus commun que de voir des Cataractes
cryftallines fe produire par la fuppreffion des Regles
, que le Sexe ne fouftre que trop fouvent ; qui
ne conviendra que cette maladie en corrompant
la male du fang , ne foit capable de former des
obstructions dans l'humeur cryftalline, & de caufer
des Cataractes De plus , ceux qui menent une
vie trop fédentaire , ne font-ils pas aufli fort fujets
à cette maladie Oculaire ? parce qu'elle favo-
→ 1. Vol.
rife
1104 MERCURE DE FRANCE
•
rife beaucoup l'amas des fuperfluités impures
qui feconfondent dans la maffe du fang, & dorit
il ne peut fe dégager ? Les hommes livrez aux
plaifirs de la table & à la débauche du fexe , n'y
font-ils pas bien fujets , puifque l'excès de la
bonne chere & du vin , augmentent trop le vo-
Jume du fang ; & le vin l'épaiffiffant contre nature
, le dépouille du Vehicule pur & fpiritueux
qui lui eft neceffaire pour entretenir la circulation
libre pour la nourriture de toutes les parties de
notre corps ? Pour revenir à la débauche du fexe,
elle appauvrit le fang & lui derobe un fluide le
plus animé & le plus fpiritueux de tous les liquides
du corps, qui entretient le Méchaniſme de
l'animal par l'ofcillation des Solides. Ne doit - on
pas conclure que l'épaiffiffement du fang contribue
à produire ces fortes de Cataractes cryftallines,
parce qu'en rendant la circulation trop lente,
& le brifement des parties folides du fang ne fe
faifant pas à propos , la Lymphe devient trop
groffiere & trop épaiffe pour être reportée par
les vaiffeaux abducteurs dans la voye de la circulation
, & le récrément qui en refte produit des
Cataractes de deux fortes , & quelquefois des
glaucômes de l'humeur vitrée , dont feu M. Lancifi
, Medecin du Pape , & après lui M. Heifter ,
ont produit plufieurs experiences.
Si M. Petit avoit fait plus d'attention à la
propofition, lorfqu'il dit qu'une Cataracte membraneufe
ne peut être abbattue fans déchirer la
Capfule du Chryftallin , il ne fe feroit pas expliqué
de cette maniere ; il fe feroit fouvenu que
dans fa premiere Lettre imprimée , page 8. il déclare
qu'il n'en connoît point , & qu'il n'en a jamais
vû. Comment pourroit-on faire pour déchirer
la Capfule du Cryftallin , puifque cette Caaracte
n'y eft pas adherente ? il faudroit être
·
1. Vol.
bien
JUI N. 1730 . 1105
bien peu verfé dans cetteOperation ,pour faire une
pareille bévûë ; s'il y avoit donc quelque chofe à
craindre , ce feroit d'endommager l'Ủvée plutôt
que la Capfule du Cryftallin , puifque cette Ca-.
taracte y eft quelquefois adherente , en tout , ou
en partie.
M. Petit dit encore à la page 15. que l'Operation
de la Cataracte Cryſtalline eft vingt fois
moins dangereufe que celle de la Cataracte Membraneufe,
fuppofé qu'il y en eût, & qu'on put les
diftinguer des Cryſtallines. Cet Ecrivain ne me
paroît pas bien fondé en parlant ainfi ; car il ne
devroit pas porter un jugement fi affirmatif fur
une matiere dont il avoue n'avoir point de connoiffance,
& qu'il nie abfolument.
Quel avantage M. Petit peut-il tirer, en avançant
qu'il y a vingt fois plus de Cataractes Cryltallines
que
de Membraneufes , ce qu'il a pris des
Differtations Ophthalmiques de M. de Woolouſe,
qui a fait cette découverte le premier ; y a-t- il la
moindre difpute à faire ? tout le monde n'en convient-
il pas prefentement ? peut- on faire une pareille
difficulté ? S'il n'y avoit que ce point à réfoudre
, on feroit bien - tôt d'accord , puifqu'on
n'en peut pas difconvenir ; mais la pluralité des
Cataractes Cryſtallines ne détruit aucunement l'éxiſtence
des Membraneuſes , puiſque l'experience
fait voir qu'il s'en rencontre de temps à autre.
J'en ai vû moi - même , comme je l'ai rapporté
dans le Mercure de France du mois de Decembre
1728. premier volume,page 2592. M. Rauffin
le pere , ancien Chirurgien Oculifte de Châlons
, & très- experimenté , & plufieurs autres,
n'en ont- ils pas rencontré dans leur pratique? Si
M. Petit veut en être convaincu à n'en plus douter,
il trouvera plufieurs Journaux de Trevoux,
qui en ont cité nombre d'experiences autentiques.
7
Is Vol.
C Je
1106 MERCURE DE FRANCE
Je fuis d'accord avec M. Petit que la Cataracte
Cryftalline peut auffi quelquefois fe former par
une forte contraction des Mufeles des Membranes
de l'oeil qui compriment le Cryſtallin en raprochant
fes parties, & en y faifant une forte com .
preffion ; or le Systême de M. Hecquet eft done
plus conftant & plus probable , lorfqu'il affure
que l'oeil étant affailli par trop de fang ou de
lymphe, fait un embarras dans les Vaiffeaux , un
amas & dépôt dans les chambres de l'oeil , les fucs
venant à s'accumuler & à y croupir trop longtems,
ne manquent pas,en l'épaiffiffant, d'obfcurcir
le Cryftallin, & de former une Cataracte Cryſtalline.
Les Veaux ne font- ils pas des animaux les
plus fujets à cette maladie fpecifique de l'oeil ,
c'eft- à - dire , aux Glaucômes qu'on veut appeller
aujourd'hui ( quoique mal à propos ) Cataractes
Cryftallines ; eft -ce par la contraction des Mufcles
& des Membranes de l'oeil qu'elle leur vient ?
peut-on dire que cette Contraction eft excitée par
feur attention ou application , comme notre Académicien
le prétend ? C'est donc une confequence
évidente de dire que les Cataractes Cryſtallines
fe forment ordinairement par la trop grande
abondance des fucs accumulez qui y croupiffent ,
& qui obfcurciffent le Cryftallin , & forment enfuite
des Cataractes Crystallines ; enforte que
l'Hypothefe de M. Hecquet me paroît la plus
naturelle & la meilleure , & ne fouffre aucune
difficulté , puifqu'elle eft prouvée par l'experience
des yeux des Veaux, qui eft inconteftable, & dont
tout le monde peut fe convaincre .
Le Crystallin fe deffeche quelquefois dans l'oeil,
comme on obferve dans de vieux Chiens domeftiques
& les Chevaux , fans que la diminution
des humeurs naturelles y ait aucune part , pour
lors il fe déchatonne, fe couche ou s'attache, jufques
D
at
JUIN. 1730. [ 107
ques fur les fibres pofterieures de l'Iris, comme je
l'ai vu arriver à une fille nommée Marguerite
Drouet , âgée d'environ 30 années , je ne puis
attribuer la caufe de ce deffechement du Cryſtallin
qu'au deffechement & détachement des Vaiffeaux
qui environnent fa Membrane , lefquels ,
faute de nourriture , fe flétriffent.
Si M. Petit avoit pouffé plus loin fa Reflexion
dans fa Réponse à Mrs Hecquet & Morgagni ,
qui difent qu'il fe trouve une eau au centre du
Cryftallin , & que la furface anterieure de cette
humeur fe trouve baignée , il fe feroit bien gardé
de s'exprimer de cette maniere , en difant : Je ne
erois pas que qui que ce foit ait jamais obfervé
une eau au centre du Cryftallin , non pas même
M. Morgagni , cela ne ſe trouve ni chez les
Anciens, ni chez les Modernes. Puifque M. Pecic
lui-même affure à la page 5. de fa premiere Lettre
imprimée , que le Crystallin eft toûjours hu
mecté d'une petite quantité de liqueur , fans qu'il
fe trouve une eau à fon centre , ni fans qu'il en
foit baigné , cela paroît oppofé , ou bien il faut
renoncer à tous les Principes ; il dit encore à la
page. 14. de fa feconde Lettre imprimée , que le
Crystallin eft pour l'ordinaire féparé de fa Capfule
par une très - petite quantité de liqueur qui
fe trouve renfermée dans fa Capfule ; après des
preuves fi claires, produites par l'Auteur , tirées
de fes Ouvrages , peut- on avoir encore quelques
doutes fur le Systême de Mrs Hecquet & Morgagui
n'eft-il pas fuffifamment prouvé ? è
M. Hecquet raifonne fort jufte fur l'Operation
de la Cataracte pour en faire voir toutes les difficultez
, & combien les fignes & les fymptomes
en font incertains & équivoques ; car, quand il dit
qu'il eft très- difficile de connoître le point de
maturité de ces fortes de Cataractes , il n'avance
Cij rien
1108 MERCURE DE FRANCE
rien qui ne foit bien connu de tous les bons Praticiens;
en effet, quand il s'agit de faire la difference
d'une Cataracte , de connoître fon état , fa fituation
, fon progrès , cela demande une experience
d'un nombre confiderable d'années que M. Petit
n'a point , puifqu'il eft nouvellement Oculifte ,
quoique Medecin de plufieurs années .
Lorfque M. Hecquet veut chercher les moyens
d'éviter cette Operation , c'eft qu'il eſt bien perfuadé
que ( quoiqu'elle ne faffe pas mourir ) elle
eft fouvent caufe que les Malades fouffrent longtemps
de grandes douleurs , furtout quand ils
tombent entre les mains de Chirurgiens Oculif
tes , qui ne fçavent pas la ftructure de l'oeil , &
qui ignorent les précautions qu'on doit prendre
avant que de l'entreprendre , & la maniere de la
faire.
Il eft vrai que M. Hecquet propofe la Paracenthèfe
comme un moyen utile pour prévenir la
Cataracte , ce remede feroit d'un grand fecours
fi les perfonnes à qui on le propoſe , avoient affez
de réfolution & de courage pour ſe ſoumettre à
cette ancienne Operation , qui les mettroit pourtant
à couvert de l'aveuglement ; mais comme
dans nos jours on eft trop délicat , & que le feul
nom d'une Operation fait peur , je me fers d'un
autre expedient qui m'a fort fouvent réüſſi dans
toutes fortes de Cataractes naiffantes , c'eſt une
compreffe trempée dans une liqueur de ma façon
& appliquée fur l'oeil fermé pendant une heure ;
fi on veut voir un effet plus confiderable , il faut
réiterer, en faisant tremper la même compreffe, &
faire la même application , les malades pour lors
trouveront un foulagement notable ; il faut continuer,
pendant huit jours, foir & matin; on peut
compter que par ce Remede que j'ai fouvent
expérimenté , la Cataracte fera entierement diffipée,
JUIN. 1730. 1109
fipée. Si elle étoit plus avancée dans fa maturité,
il la fixeroit au moins, & en empêcheroit le progrès
, à moins que la douleur de tête & migraine
n'affligeaflent fans ceffe les Malades.
J'ofe me flatter que le celebre M. Petit me fera
P'honneur d'une Replique avec fa politeffe ordinaire
, dont je lui tiendrai compte , & il me trouyera
plus docile & plus flexible que ce Sçavant
du premier ordre , avec lequel il eft en difpute
& qui s'eft retiré du monde pour ne fonger qu'à
fon falut ; deforte que M. Petit auroit pû s'épargner
la peine de dire qu'il n'auroit pas dorenavant
le temps de répondre aux Répliques de
M. Hecquet , au cas qu'il veuille en faire.
Par M. Blanchard , Prêtre du Diocèfe
de Châlons , Chapelain de l'Eglife Collegiale
de Notre- Dame.
Fermer
Résumé : OBSERVATIONS sur la seconde Lettre imprimée de M. Petit, Docteur en Medecine, & de l'Académie Royale des Sciences.
M. Blanchard, dans une lettre imprimée, répond aux observations de M. Petit, docteur en médecine et membre de l'Académie Royale des Sciences, concernant une lettre précédente de M. Petit adressée à M. Hecquet. Blanchard commence par exprimer son admiration pour la sagesse de M. Petit et son désir de contribuer à l'instruction et au bien public. Blanchard aborde la question des cataractes cristallines, soulignant que les propos de M. Hecquet sur leur origine sont fondés. Il explique que le sang, lorsqu'il dégénère, peut ternir et obscurcir les humeurs de l'œil, causant ainsi des cataractes. Il mentionne également que des facteurs comme la suppression des règles, une vie sédentaire, l'excès de nourriture et de vin, ainsi que la débauche sexuelle, peuvent contribuer à l'épaississement du sang et à la formation de cataractes. Blanchard critique M. Petit pour ses affirmations sur les cataractes membraneuses, notant que Petit admet ne pas en avoir vu ou connu. Il souligne que, bien que les cataractes cristallines soient plus fréquentes, les cataractes membraneuses existent bel et bien, comme le montrent diverses expériences et observations rapportées dans des journaux médicaux. Il approuve ensuite l'hypothèse de M. Hecquet selon laquelle les cataractes cristallines se forment souvent à cause de l'accumulation de sucres dans l'œil, citant l'exemple des veaux qui sont sujets aux glaucomes. Blanchard décrit également des cas où le cristallin se déplace dans l'œil sans diminution des humeurs naturelles, attribuant cela au flétrissement des vaisseaux environnants. Enfin, Blanchard discute de l'opération des cataractes, soulignant les difficultés et les risques associés, notamment lorsque l'opération est réalisée par des chirurgiens inexpérimentés. Il propose une alternative à la paracenthèse, consistant en une compresse imbibée d'une liqueur spécifique appliquée sur l'œil, pour prévenir ou traiter les cataractes naissantes. Blanchard conclut en espérant une réponse de M. Petit et en exprimant son respect pour les savants engagés dans la recherche médicale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 1174-1176
Extraits des Memoires lûs à l'Académie des Sciences par Mrs de Jussieu & Geauffroy le cadet, [titre d'après la table]
Début :
Dans la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, M. de [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Viande, Botanique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extraits des Memoires lûs à l'Académie des Sciences par Mrs de Jussieu & Geauffroy le cadet, [titre d'après la table]
Dans la derniere Affemblée publique
de l'Académie Royale des Sciences, M. de
Juffieu lut un Memoire dans lequel il fit
voir les avantages que l'on peut tirer d'un
commerce litteraire avec les perſonnes
qui s'appliquent à la Botanique dans les
païs Etrangers : Avantages qu'il ne fit pas
confifter feulement dans la connoiffance
des Plantes propres à orner nos Jardins ,
& à augmenter de quelque nouvel aliment
le ſervice de nos tables , mais à enrichir
la Médecine de quelqu'un de ces
remedes qu'on appelle fpécifiques , & à
nous apprendre par la comparaifon de
beaucoup de ces Plantes étrangeres avec
les nôtres , & par le rapport qu'elles ont
avec celles de Continent , les Vertus des
Plantes qui font communes , & qui ſont
fouvent regardées comme inutiles , parce
qu'on en ignoroit les ufages .
Pour cela M. de Juffien fit part au public
de cinq differentes Relations qu'il
I. Vol.
reçut
JUIN. 1730. 1175
reçut l'année paffée de divers endroits des
Indes Orientales , tels que de l'Ile de
Bourbon , de Pontichery , de Mahé & de
la côte de Bengale . Dans chacune de ces
Relations il y a quelque chofe d'interef
fant à ce fujet.
M. Geoffroy le cadet , lût un Mémoire
qui avoit pour titre Examen Chymique
des Viandes qu'on employe ordinairement
dans les Bouillons , par lequel on peut connoître
la quantité d'Extrait qu'elles fournif
fent , & détermine ce que chaque Bouillon
doit contenir de fuc nourriffant.
Après avoir fait le détail de ce que ces
Viandes diftillées crues contiennent de
principes , il fit voir ce que les Extraits
tirez de ces viandes par l'évaporation des
Bouillons , fourniffent de ces principes ,
& la diverfité de ces mêmes principes tant
dans les differentes Viandes , que dans
leurs os , le bois de Cerf , l'Yvoire , & c.
Il finit fon Mémoire par une récapitulation
exacte du poids des Extraits des dif
ferentes Viandes , afin de prouver, contre
l'opinion commune , qu'un malade auquel
on donne par jour cinq ou fix boiiilfons
, faits fuivant l'ufage , avec la tranche
de Boeuf , la Rouëlle de Veau & un
demi Chapon , reçoit autant de nourri
ture de cet aliment liquide en vingt- qua
I. Vol. tic
1176 MERCURE DE FRANCE .
tre heures , que lui en fourniroit en fanté
l'ufage des alimens folides ordinaires .
M. Geoffroy a joint à ce Mémoire une
table divifée , dont chaque article contient
les differens produits des Analifes
qu'il a faites de la Chair de Boeuf , de fes
Ôs ; de celle du Veau , de fon Coeur & de
fon Foye ; de l'Agneau , du Mouton , du
Poulet , du Cocq , du Chapon ,du Pigeon ,
du Faiſan , de la Perdrix , du Poulet d'Inde
, du bois de Cerf, de l'Yvoire , des Viperes
, du Brochet , de la Carpe , de la Tanche
, de la Tortuë , des Ecreviffes , des
Grenouilles , des Moules , & c.
de l'Académie Royale des Sciences, M. de
Juffieu lut un Memoire dans lequel il fit
voir les avantages que l'on peut tirer d'un
commerce litteraire avec les perſonnes
qui s'appliquent à la Botanique dans les
païs Etrangers : Avantages qu'il ne fit pas
confifter feulement dans la connoiffance
des Plantes propres à orner nos Jardins ,
& à augmenter de quelque nouvel aliment
le ſervice de nos tables , mais à enrichir
la Médecine de quelqu'un de ces
remedes qu'on appelle fpécifiques , & à
nous apprendre par la comparaifon de
beaucoup de ces Plantes étrangeres avec
les nôtres , & par le rapport qu'elles ont
avec celles de Continent , les Vertus des
Plantes qui font communes , & qui ſont
fouvent regardées comme inutiles , parce
qu'on en ignoroit les ufages .
Pour cela M. de Juffien fit part au public
de cinq differentes Relations qu'il
I. Vol.
reçut
JUIN. 1730. 1175
reçut l'année paffée de divers endroits des
Indes Orientales , tels que de l'Ile de
Bourbon , de Pontichery , de Mahé & de
la côte de Bengale . Dans chacune de ces
Relations il y a quelque chofe d'interef
fant à ce fujet.
M. Geoffroy le cadet , lût un Mémoire
qui avoit pour titre Examen Chymique
des Viandes qu'on employe ordinairement
dans les Bouillons , par lequel on peut connoître
la quantité d'Extrait qu'elles fournif
fent , & détermine ce que chaque Bouillon
doit contenir de fuc nourriffant.
Après avoir fait le détail de ce que ces
Viandes diftillées crues contiennent de
principes , il fit voir ce que les Extraits
tirez de ces viandes par l'évaporation des
Bouillons , fourniffent de ces principes ,
& la diverfité de ces mêmes principes tant
dans les differentes Viandes , que dans
leurs os , le bois de Cerf , l'Yvoire , & c.
Il finit fon Mémoire par une récapitulation
exacte du poids des Extraits des dif
ferentes Viandes , afin de prouver, contre
l'opinion commune , qu'un malade auquel
on donne par jour cinq ou fix boiiilfons
, faits fuivant l'ufage , avec la tranche
de Boeuf , la Rouëlle de Veau & un
demi Chapon , reçoit autant de nourri
ture de cet aliment liquide en vingt- qua
I. Vol. tic
1176 MERCURE DE FRANCE .
tre heures , que lui en fourniroit en fanté
l'ufage des alimens folides ordinaires .
M. Geoffroy a joint à ce Mémoire une
table divifée , dont chaque article contient
les differens produits des Analifes
qu'il a faites de la Chair de Boeuf , de fes
Ôs ; de celle du Veau , de fon Coeur & de
fon Foye ; de l'Agneau , du Mouton , du
Poulet , du Cocq , du Chapon ,du Pigeon ,
du Faiſan , de la Perdrix , du Poulet d'Inde
, du bois de Cerf, de l'Yvoire , des Viperes
, du Brochet , de la Carpe , de la Tanche
, de la Tortuë , des Ecreviffes , des
Grenouilles , des Moules , & c.
Fermer
Résumé : Extraits des Memoires lûs à l'Académie des Sciences par Mrs de Jussieu & Geauffroy le cadet, [titre d'après la table]
Lors de la dernière assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, M. de Juffieu présenta un mémoire sur les avantages d'un commerce littéraire avec les botanistes étrangers. Il souligna les bénéfices pour l'ornement des jardins, l'enrichissement des tables, l'amélioration de la médecine grâce à des remèdes spécifiques et la découverte des vertus des plantes communes. Il partagea cinq relations reçues des Indes Orientales, incluant l'île de Bourbon, Pondichéry, Mahé et la côte de Bengale, contenant des informations sur les plantes. Par ailleurs, M. Geoffroy le cadet lut un mémoire intitulé 'Examen Chimique des Viandes qu'on emploie ordinairement dans les Bouillons'. Il y détailla la quantité d'extrait fourni par les viandes et la composition nutritive des bouillons. Geoffroy analysa les principes contenus dans les viandes distillées crues et les extraits obtenus par évaporation des bouillons, comparant différentes viandes, os, bois de cerf et ivoire. Il conclut que cinq ou six bouillons par jour, préparés avec de la tranche de bœuf, de la rouelle de veau et un demi-chapon, fournissent autant de nourriture liquide en vingt-quatre heures que des aliments solides ordinaires. Geoffroy joignit une table listant les produits des analyses effectuées sur diverses viandes, poissons et autres animaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 1977-1987
REPONSE de M. Godin, D. l'Ac. R. D. S. à un Article des Memoires de Trévoux, du mois de May 1730. page 910. & suivantes.
Début :
J'ai avancé dans ma Description de l'Aurore Boreale du 19. Octobre 1726. [...]
Mots clefs :
Aurore boréale, Observations, Phénomènes, Lumière, Journaliste, Académie royale des sciences, Mémoires de Trévoux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. Godin, D. l'Ac. R. D. S. à un Article des Memoires de Trévoux, du mois de May 1730. page 910. & suivantes.
REPONSE de M. Godin , D. l'Ac.
R. D. S. à un Article des Memoires de
Trévoux , du mois de May 1730. page
910. & fuivantes.
JA
' Ai avancé dans ma Defcription de
l'Aurore Boreale du 19. Octobre 1726 .
imprimée dans les Memoires de l'Acadé
mie Royale des Sciences de la même année,
que les PP. Kircher & Schott avoient
attribué les Aurores Boreales ou d'autres
Phénomenes Aeriens , relatifs , felon moi,
aux Aurores Boréales , à une Reflexion
de quelques objets terreftres fur la furface
des Nuées , capables par une certaine difpofition
, de produire l'effet d'un Miroir.
Cet Article a été relevé dans les Journaux
de Trévoux ; on y prétend :
1. Que j'attribue à ces deux fçavans
hommes un fentiment qu'ils n'ont jamais
eu , fentiment que le P. Schott combat
au contraire bien plus fortement que moi.
2. Que j'ai traduit le P. Schott , à l'endroit
même où il combat fi fortement ce
fentiment pour adopter fon explication du
du Phénomene fans lui en faire honneur.
D iij Je
1978 MERCURE DE FRANCE
Je conviens que lorfque je fis cette Defcription
de l'Aurore Boreale , je n'avois
ni le P. Kircher , ni Schott , & en leur
attribuant ce fentiment prétendu faux ,
j'ai fuivi le P. Zahn , qui leur attribuë
auffi ( Oeconom. Mund. Mirabil. Tome I.
pag. 420. ) & qui cite l'endroit de leurs
Ouvrages où il fe trouve. Si j'ai attribué
faux, Zahn l'a donc fait avant moi ; voyons
s'il s'eft trompé , reprenons les endroits
qu'il cite & de Kircher & de Schott.
Kircher , In Arte magnâ lucis & umbra;
lib. 10. part. 2. cap. I. Natura admirabili
quodam lucis temperamento veluti varia
colorum mifturâ , & temperamento in
aereisfpeculis tanta induftriâ diverfiffima rerum
fimulachra depingit , ut nulla ars bumana
, & c. Et plus bas ; Quod verò varias
animalium voces audiant , id per voces animalium
vicinorum in concavâ * Nube
•aut monte reflexas fieri poſſe nullum dubium
effe debet. Kircher conclut enfin : Patet
igitur aereum fpeculum à naturâ fieri in quo
rerum imagines multiplicata hominibus fe ,ceu
prodigia quadam exhibeant.
Voilà bien clairement des Phénomenes
relatifs aux Aurores Boreales expliquez
par la reflexion de quelques objets terreftres
fur des Nuées qui produifent l'effet
d'un Miroir.
* On trouve rupe dans Kircher ; Zahn lit nube.'
Le
SEPTEMBRE . 1730. 1979
Le P. Schott a dit la même chofe
( Magia natural. part. 1. lib . 4. cap. 1. )
je ne le tranfcris pas ici , mais quand je ne
pourrois pas le citer , on n'aura pas de peine
à le croire, à moins qu'on ignore qu'il
étoit le Difciple , le compagnon d'études,
le copiſte même des Ouvrages du P. Kircher
, des termes duquel il fe fert pendant
des Chapitres entiers .
Mais Schott, dit- on , parle so . ans avant
moi , il expoſe ce fentiment, le combat , &
dit qu'il eft ridicule & contraire à la faine
Philofophie ; j'ai dit la même chofe ;
j'ai donc traduit cet Auteur ; non , car
fans prétendre en être crû , quand j'affure
que je n'ai vu la Phyfique curieufe
du P. Schott , qu'à l'occafion de
cette Critique ; ce n'eft pas traduire un
Auteur , ni même adopter fon fentiment,
que de donner une explication détaillée
de quelque Phénomene dont il a dit un
mot. Belle confequence qu'on tireroit de
ce qu'on trouve en trois ou quatre pages
d'un Livre de Schott , une ou deux phrafes
femblables aux miennes.
Mais pour le fonds ; que prouve con
tre moi le Texte de fa Thefe que Non
funt res alibi in terris exiftentes . & in
aere velut in fpeculo apparentes , rien ,
fi - non que le fentiment du P. Kircher
que j'ai allegué , & que Schott a employé
D iiij
dans
1980 MERCURE DE FRANCE
dans fa Magie naturelle à l'endroit cité
n'eft pas foutenable ; je fuis en cela d'accord
avec Schott , il ne m'a donc manqué
que d'avoir lû fa Phyfique curieufe
pour m'appercevoir qu'il y avoit changé
de fentiment .
Quand je dis que Schott l'a employé
ailleurs , je le traduis ici , * Dicet aliquis
poffe ac folere variis in locis apparere varias
ac prodigiofas Paraftafes , feu reprafentationes
uti. Nos ipfi demonftravimus in
Magia noftra , part. 1. lib . 4. fintagm . 1 .
Exemplo mirabilis Morgana Rheginorum &
aliarum fimilium in aere vaporofo repræſentationum.
Le Critique ajoute enfin que Schott
rapporte , ainfi que moi , la caufe de ces
Phénomenes aux exhalaifons : Sunt vapores,
exhalationes , partes aeris addenfati , dit
cer Auteur dans les Memoires de Trévoux
, c'eft le texte de fa feconde Thefe ,
il y explique donc de quelle maniere ces
vapeurs , cet air condenfé , &c . peuvent
former ces fortes de Phénomenes ; point
du tout , Schott rapporté dans le Trévoux
eft different de Schott dans fes
propres
Livres ; voici fon Texte entier : Sunt vapores,
exhalationes partes aeris addenfati effigiata
in formam Equorum , Hominum fimi-
Phyfic, curiof. loc. cit.
lium
SEPTEMBRE . 1730. 1981
liumque spectrorum non cafu & naturâ , fed
bonorum Geniorum operâ ; autre fentiment
auffi peu fondé que le premier , & bien
different de celui que j'ai eu , & que le
Critique attribue à fon Phyficien .
Cette Réponſe me donne occafion de faire
deux ou trois Remarques fur quelques
Extraits des Memoires de l'Académie de
1726. qui fe trouvent dans le même mois.
des Journaux de Trévoux , page 879. &
fuivantes , & qui regardent plus particu
lierement le Metéore dont il s'agit ici ou
l'Aftronomie.
M. de Mairan , dans fa Defcription des
Aurores Boréales du 26. Septembre & 19.
Octobre 1726. avoit dit :
» La lumiere Septentrionale ou l'Aurore
» Boréale eft un Phénomene très ordi-
» naire dans les Pays Septentrionaux &
» vrai-femblablement auffi ancien que le
» Monde ; cependant les anciens Philoſo-
>> phes ne l'ont point connu , ou n'en ont
» parlé que fous l'idée generique de Phé.
» nomene de feu & de Lumiere celefte .
» M. Gaffendi eft un des premiers qui en
>> ait fait mention & qui l'ait rapporté au
» Nord comme à fon lieu propre & à fa
» veritable origine.
Le Journaliſte dont je ne prétends ici
cependant , auffi-bien que dans ce que
j'ai à dire dans la fuite , ni blâmer ni qua-
D v lifier
1982 MERCURE DE FRANCE
lifier les intentions , donne un fens tout
different à ce commencement du Memoire
de M. de Mairan , & il fait naître
dans l'efprit de fon Lecteur la même idée
qu'il paroît en avoir pris lui-même. » Gaffendi
, dit- il , n'eft pas le premier qui ait
» parlé de l'Aurore Boréale ; Cardan , bien
» d'autres l'ont connue & affez bien con-
» nue avant lui ; que Cardan & bien d'autres
que je pourrois citer , l'ayent connue
fous l'idée génerique de feu , de lumiere
celefte , &c. avant Gaffendi
l'accordera au Journaliſte , & M. de Mairan
l'a dit ; mais qu'ils l'ayent , comme
il ajoûte , affez bien connue avant lui, &
rapportée au Nord comme au veritable
licu de fon origine , c'eſt un fait ailé
à détruire , & que je m'étonne que
le Journaliſte ait avancé ; ce que M. de
Mairan a dit de Gaffendi , eft vrai à la
lettre, il n'a point dit ce que le Journaliſte
lui fait dire, & ce que celui- ci , avance,
il auroit bien de la peine à le prouver.
on
On pourroit croire auffi que le Journaliſte
a voulu préfenter fous un afpect
peu favorable, pour ne rien dire de plus,
f'exactitude de M. de Mairan dans l'Obfervation
& dans la Defcription de l'Aurore
Boréale du 26. Octobre ; comme fi
un Phénomene fi marqué , fi different à
plufieurs égards de ceux qu'on avoit vû
deSEPTEMBRE.
1730. 19831
1723 .
depuis long-temps dans ce genre & fi capable
d'influer fur les explications qu'on
en pourroit donner dans la ſuite , ne mériroit
pas une attention plus particuliere.
Le Journaliſte trouve mauvais que M.Maraldi
ait dit que les Obfervations des Aftronomes
Chinois fur la Comete de
ne font pas exactes ; qu'auroit fait le Journaliſte
lui- même , fi comparant les Obfervations
de cette Comete , faites à Pekin
par le P. Kegler Jefuite , à celles qui ont
été faites le même jour par les Chinois
commis pour veiller à la Tour Aftrono
mique , il avoit trouvé les Obfervations
de ces derniers differentes de celles du
P. Kegler de 6º 30 ' en longitude & de 12 '
en latitude , il auroit conclu , fans doute,
comme a fait M. Maraldi , que les Obfervations
des Chinois ne font pas exactes ;
neanmoins les Obfervations Chinoifes
font affez bien circonftanciées , on y marque
les paffages de la Comete par le Meridien
en heures & en minutes , le 11 &
le 12. Octobre avec la hauteur meridienne
, en degrez & minutes .
3
Celle du P.Kegler faite le 11. eft défectueufe
en ce qu'il ne marque point à quelle
minute précife la Comete paffa par le méridien;
il s'accorde avec les Chinois pour la
hauteur prife le 11. & pour l'Obfervation
du 12.à quelques minutes près dans la hau-
D vj teur
1984 MERCURE DE FRANCE
>
teur méridienne ; on peut donc jufqu'ici
fe fier aux Obfervations Chinoifes ; mais
par ces Obfervations comparées avec celle
que le P. Kegler fit par une Armille Zodiacale
on trouve une difference de
6 ° en longitude , & de 12 ' en latitude
; on pourroit donc conclure que l'Obfervation
du P. Kegler faite par l'Armille
Zodiacale n'eft pas exacte , puifqu'elle
differe de celle que ce même P. & les Obfervateurs
Chinois ont faites au méridien.
Qu'a donc fait M.Maraldi , plein d'égards
& de bonne opinion pour le P. Kegler
il a' conclu plutôt en fa faveur , en faifant
néanmoins remarquer le petit défaut
qui fe trouvoit dans fon Obfervation faite
le 11.
Le triomphe du Journaliſte eft donc
hors de faifon , lorfqu'il dit : » C'est pourtant
a de pareils Obfervateurs que L'AC
»tronomie & la Geographie doivent bien
» de grandes découvertes , & en particu-
» lier une plus grande exactitude ; avant
>> eux l'Afie &c.
Je ne connois aucune découverte en
Aftronomie qui foit due aux Obſervations
de la Chine ; nos Theories Phyſiques
ou Geometriques n'en font ni mieux établies
ni plus éclaircies ; nos Inftrumens
ne leur doivent point leur perfection ;
nos calculs n'en font devenus ni plus aifés
SEPTEMBRE. 1730. 1985.
fés ni plus furs . Il eft faux d'ailleurs que
ce foit aux Obfervateurs Chinois que l'on
doive la poſition précife de quelque Lieu
terreftre ; mais quand cela feroit , eft- ce
à leurs Obfervations mal faites & peu
exactes que font dues toutes ces prétendues
découvertes , & M. Maraldi auroitil
dû trouver bonnes des Obfervations fi
differentes entr'elles ? Si cet habile Aftronome
avoit ainfi décidé , le Journaliſte
l'auroit avec raiſon repris de trop de complaifance
ou de manque de difcernement.
M. Delifle avoit lu en 1723. à l'Académie
un Mémoire fur la longitude de l'embouchure
du Fleuve Miffiffipi ; il y établiffoit
par un grand nombre de raifons
& de comparaifons Geographiques la longitude
de ce point de la Terre, telle qu'il
l'avoit déterminée & placée dans fes deux
Cartes de l'Amerique & de la Louiſiane.
L'occafion de ce Mémoire fut la difference
entre cette pofition & celle qui refultoit
d'une Obfervation du 1. Satellite
de Jupiter , faite fur le Lieu même par le
P. Laval , difference de 11 ° ou de 200 .
lieuës. L'Académie pleine d'égards pour
le Jefuite , dont le mérite lui étoit connu ,
crut malgré les fortes raifons de M. Delifle
ne devoir pas fi tôt prononcer contre
une Obſervation immédiate ; elle jugea
à propos de differer l'impreffion de
ce
1986 MERCURE DE FRANCE
ce Mémoire jufqu'à celle du Livre du P.
Laval , afin que le Public vît en mêmetems
, & comparât les raifons des deux
Adverfaires. La Note miſe au bas du Mémoire
en fait foi . La voici :
» Ce Mémoire a été lû dès l'année 1723.
» mais on n'a pas crû qu'il convenoit de le
>>faire paroître avant que l'Obfervation
qu'il attaque eut été imprimée , & elle ne
»l'a été que depuis peu .
22
>
Ce n'eft donc pas ,comme le Journaliſte
femble l'infinuer en quelque maniere , que
l'Académie ait attendu la mort du P. Laval
pour publier le Mémoire de M. Delifle
; le Jefuite a eu le tems de
répondre aux raifons de l'Académicien
le Mémoire lui avoit été communiqué
par M. Delifle lui même , & quoique mis
dans le Volume de 1726. il n'a été imprimé
qu'en 1728. un an & plus avant la
mort du P. Laval ; la mort n'a donc pas
mis le celebre Aftronome hors d'état de
défendre fon Obfervation.
Il ne l'a point fait il ne la croyoit
donc pas fi bonne que le Journaliſte l'a
penfé ; au refte , cette queftion eft décidée ,
& il paroît que M. Delifle n'a ufé de
pas
tout le droit que lui donnoient fes recher
ches & fes grandes connoiffances en Geographie.
M. Baron envoyé par le Roi dans
l'Amérique Septentrionale pour y faire
des
des Observations Physiques & Mathématiques,
y observa à la Nouvelle Orleans
l'Eclipse de Lune du 8. Août 1729. &C
cette Observation comparée à
,
celle qui
fut faite à Paris donne 6 h 9' 7 pourla
différence des méridiens ou 92 v 16J45"
dont la nouvelle Orleans est plus occidentale
que Paris.
Voilà donc jusqu'ici la dispute entre M;
Delisle 5c le P. Laval décidée en faveur
du premier; sa position de l'embouchure
du Mississîpi est soutenuë & verifiée par
une autorité de même genre que celle du
P. Laval , & l'Observation de ce Pere en
devient pour nous d'autant moins bonne.
Je n'ai prétendu parler ici que de ce qui
regarde l'Aurore Boreale, l'Astronomie
& la Geographie, sans toucher aux autres
Extraits, sur la plupart desquels on
pourroit peut être faire de semblables remarques.
R. D. S. à un Article des Memoires de
Trévoux , du mois de May 1730. page
910. & fuivantes.
JA
' Ai avancé dans ma Defcription de
l'Aurore Boreale du 19. Octobre 1726 .
imprimée dans les Memoires de l'Acadé
mie Royale des Sciences de la même année,
que les PP. Kircher & Schott avoient
attribué les Aurores Boreales ou d'autres
Phénomenes Aeriens , relatifs , felon moi,
aux Aurores Boréales , à une Reflexion
de quelques objets terreftres fur la furface
des Nuées , capables par une certaine difpofition
, de produire l'effet d'un Miroir.
Cet Article a été relevé dans les Journaux
de Trévoux ; on y prétend :
1. Que j'attribue à ces deux fçavans
hommes un fentiment qu'ils n'ont jamais
eu , fentiment que le P. Schott combat
au contraire bien plus fortement que moi.
2. Que j'ai traduit le P. Schott , à l'endroit
même où il combat fi fortement ce
fentiment pour adopter fon explication du
du Phénomene fans lui en faire honneur.
D iij Je
1978 MERCURE DE FRANCE
Je conviens que lorfque je fis cette Defcription
de l'Aurore Boreale , je n'avois
ni le P. Kircher , ni Schott , & en leur
attribuant ce fentiment prétendu faux ,
j'ai fuivi le P. Zahn , qui leur attribuë
auffi ( Oeconom. Mund. Mirabil. Tome I.
pag. 420. ) & qui cite l'endroit de leurs
Ouvrages où il fe trouve. Si j'ai attribué
faux, Zahn l'a donc fait avant moi ; voyons
s'il s'eft trompé , reprenons les endroits
qu'il cite & de Kircher & de Schott.
Kircher , In Arte magnâ lucis & umbra;
lib. 10. part. 2. cap. I. Natura admirabili
quodam lucis temperamento veluti varia
colorum mifturâ , & temperamento in
aereisfpeculis tanta induftriâ diverfiffima rerum
fimulachra depingit , ut nulla ars bumana
, & c. Et plus bas ; Quod verò varias
animalium voces audiant , id per voces animalium
vicinorum in concavâ * Nube
•aut monte reflexas fieri poſſe nullum dubium
effe debet. Kircher conclut enfin : Patet
igitur aereum fpeculum à naturâ fieri in quo
rerum imagines multiplicata hominibus fe ,ceu
prodigia quadam exhibeant.
Voilà bien clairement des Phénomenes
relatifs aux Aurores Boreales expliquez
par la reflexion de quelques objets terreftres
fur des Nuées qui produifent l'effet
d'un Miroir.
* On trouve rupe dans Kircher ; Zahn lit nube.'
Le
SEPTEMBRE . 1730. 1979
Le P. Schott a dit la même chofe
( Magia natural. part. 1. lib . 4. cap. 1. )
je ne le tranfcris pas ici , mais quand je ne
pourrois pas le citer , on n'aura pas de peine
à le croire, à moins qu'on ignore qu'il
étoit le Difciple , le compagnon d'études,
le copiſte même des Ouvrages du P. Kircher
, des termes duquel il fe fert pendant
des Chapitres entiers .
Mais Schott, dit- on , parle so . ans avant
moi , il expoſe ce fentiment, le combat , &
dit qu'il eft ridicule & contraire à la faine
Philofophie ; j'ai dit la même chofe ;
j'ai donc traduit cet Auteur ; non , car
fans prétendre en être crû , quand j'affure
que je n'ai vu la Phyfique curieufe
du P. Schott , qu'à l'occafion de
cette Critique ; ce n'eft pas traduire un
Auteur , ni même adopter fon fentiment,
que de donner une explication détaillée
de quelque Phénomene dont il a dit un
mot. Belle confequence qu'on tireroit de
ce qu'on trouve en trois ou quatre pages
d'un Livre de Schott , une ou deux phrafes
femblables aux miennes.
Mais pour le fonds ; que prouve con
tre moi le Texte de fa Thefe que Non
funt res alibi in terris exiftentes . & in
aere velut in fpeculo apparentes , rien ,
fi - non que le fentiment du P. Kircher
que j'ai allegué , & que Schott a employé
D iiij
dans
1980 MERCURE DE FRANCE
dans fa Magie naturelle à l'endroit cité
n'eft pas foutenable ; je fuis en cela d'accord
avec Schott , il ne m'a donc manqué
que d'avoir lû fa Phyfique curieufe
pour m'appercevoir qu'il y avoit changé
de fentiment .
Quand je dis que Schott l'a employé
ailleurs , je le traduis ici , * Dicet aliquis
poffe ac folere variis in locis apparere varias
ac prodigiofas Paraftafes , feu reprafentationes
uti. Nos ipfi demonftravimus in
Magia noftra , part. 1. lib . 4. fintagm . 1 .
Exemplo mirabilis Morgana Rheginorum &
aliarum fimilium in aere vaporofo repræſentationum.
Le Critique ajoute enfin que Schott
rapporte , ainfi que moi , la caufe de ces
Phénomenes aux exhalaifons : Sunt vapores,
exhalationes , partes aeris addenfati , dit
cer Auteur dans les Memoires de Trévoux
, c'eft le texte de fa feconde Thefe ,
il y explique donc de quelle maniere ces
vapeurs , cet air condenfé , &c . peuvent
former ces fortes de Phénomenes ; point
du tout , Schott rapporté dans le Trévoux
eft different de Schott dans fes
propres
Livres ; voici fon Texte entier : Sunt vapores,
exhalationes partes aeris addenfati effigiata
in formam Equorum , Hominum fimi-
Phyfic, curiof. loc. cit.
lium
SEPTEMBRE . 1730. 1981
liumque spectrorum non cafu & naturâ , fed
bonorum Geniorum operâ ; autre fentiment
auffi peu fondé que le premier , & bien
different de celui que j'ai eu , & que le
Critique attribue à fon Phyficien .
Cette Réponſe me donne occafion de faire
deux ou trois Remarques fur quelques
Extraits des Memoires de l'Académie de
1726. qui fe trouvent dans le même mois.
des Journaux de Trévoux , page 879. &
fuivantes , & qui regardent plus particu
lierement le Metéore dont il s'agit ici ou
l'Aftronomie.
M. de Mairan , dans fa Defcription des
Aurores Boréales du 26. Septembre & 19.
Octobre 1726. avoit dit :
» La lumiere Septentrionale ou l'Aurore
» Boréale eft un Phénomene très ordi-
» naire dans les Pays Septentrionaux &
» vrai-femblablement auffi ancien que le
» Monde ; cependant les anciens Philoſo-
>> phes ne l'ont point connu , ou n'en ont
» parlé que fous l'idée generique de Phé.
» nomene de feu & de Lumiere celefte .
» M. Gaffendi eft un des premiers qui en
>> ait fait mention & qui l'ait rapporté au
» Nord comme à fon lieu propre & à fa
» veritable origine.
Le Journaliſte dont je ne prétends ici
cependant , auffi-bien que dans ce que
j'ai à dire dans la fuite , ni blâmer ni qua-
D v lifier
1982 MERCURE DE FRANCE
lifier les intentions , donne un fens tout
different à ce commencement du Memoire
de M. de Mairan , & il fait naître
dans l'efprit de fon Lecteur la même idée
qu'il paroît en avoir pris lui-même. » Gaffendi
, dit- il , n'eft pas le premier qui ait
» parlé de l'Aurore Boréale ; Cardan , bien
» d'autres l'ont connue & affez bien con-
» nue avant lui ; que Cardan & bien d'autres
que je pourrois citer , l'ayent connue
fous l'idée génerique de feu , de lumiere
celefte , &c. avant Gaffendi
l'accordera au Journaliſte , & M. de Mairan
l'a dit ; mais qu'ils l'ayent , comme
il ajoûte , affez bien connue avant lui, &
rapportée au Nord comme au veritable
licu de fon origine , c'eſt un fait ailé
à détruire , & que je m'étonne que
le Journaliſte ait avancé ; ce que M. de
Mairan a dit de Gaffendi , eft vrai à la
lettre, il n'a point dit ce que le Journaliſte
lui fait dire, & ce que celui- ci , avance,
il auroit bien de la peine à le prouver.
on
On pourroit croire auffi que le Journaliſte
a voulu préfenter fous un afpect
peu favorable, pour ne rien dire de plus,
f'exactitude de M. de Mairan dans l'Obfervation
& dans la Defcription de l'Aurore
Boréale du 26. Octobre ; comme fi
un Phénomene fi marqué , fi different à
plufieurs égards de ceux qu'on avoit vû
deSEPTEMBRE.
1730. 19831
1723 .
depuis long-temps dans ce genre & fi capable
d'influer fur les explications qu'on
en pourroit donner dans la ſuite , ne mériroit
pas une attention plus particuliere.
Le Journaliſte trouve mauvais que M.Maraldi
ait dit que les Obfervations des Aftronomes
Chinois fur la Comete de
ne font pas exactes ; qu'auroit fait le Journaliſte
lui- même , fi comparant les Obfervations
de cette Comete , faites à Pekin
par le P. Kegler Jefuite , à celles qui ont
été faites le même jour par les Chinois
commis pour veiller à la Tour Aftrono
mique , il avoit trouvé les Obfervations
de ces derniers differentes de celles du
P. Kegler de 6º 30 ' en longitude & de 12 '
en latitude , il auroit conclu , fans doute,
comme a fait M. Maraldi , que les Obfervations
des Chinois ne font pas exactes ;
neanmoins les Obfervations Chinoifes
font affez bien circonftanciées , on y marque
les paffages de la Comete par le Meridien
en heures & en minutes , le 11 &
le 12. Octobre avec la hauteur meridienne
, en degrez & minutes .
3
Celle du P.Kegler faite le 11. eft défectueufe
en ce qu'il ne marque point à quelle
minute précife la Comete paffa par le méridien;
il s'accorde avec les Chinois pour la
hauteur prife le 11. & pour l'Obfervation
du 12.à quelques minutes près dans la hau-
D vj teur
1984 MERCURE DE FRANCE
>
teur méridienne ; on peut donc jufqu'ici
fe fier aux Obfervations Chinoifes ; mais
par ces Obfervations comparées avec celle
que le P. Kegler fit par une Armille Zodiacale
on trouve une difference de
6 ° en longitude , & de 12 ' en latitude
; on pourroit donc conclure que l'Obfervation
du P. Kegler faite par l'Armille
Zodiacale n'eft pas exacte , puifqu'elle
differe de celle que ce même P. & les Obfervateurs
Chinois ont faites au méridien.
Qu'a donc fait M.Maraldi , plein d'égards
& de bonne opinion pour le P. Kegler
il a' conclu plutôt en fa faveur , en faifant
néanmoins remarquer le petit défaut
qui fe trouvoit dans fon Obfervation faite
le 11.
Le triomphe du Journaliſte eft donc
hors de faifon , lorfqu'il dit : » C'est pourtant
a de pareils Obfervateurs que L'AC
»tronomie & la Geographie doivent bien
» de grandes découvertes , & en particu-
» lier une plus grande exactitude ; avant
>> eux l'Afie &c.
Je ne connois aucune découverte en
Aftronomie qui foit due aux Obſervations
de la Chine ; nos Theories Phyſiques
ou Geometriques n'en font ni mieux établies
ni plus éclaircies ; nos Inftrumens
ne leur doivent point leur perfection ;
nos calculs n'en font devenus ni plus aifés
SEPTEMBRE. 1730. 1985.
fés ni plus furs . Il eft faux d'ailleurs que
ce foit aux Obfervateurs Chinois que l'on
doive la poſition précife de quelque Lieu
terreftre ; mais quand cela feroit , eft- ce
à leurs Obfervations mal faites & peu
exactes que font dues toutes ces prétendues
découvertes , & M. Maraldi auroitil
dû trouver bonnes des Obfervations fi
differentes entr'elles ? Si cet habile Aftronome
avoit ainfi décidé , le Journaliſte
l'auroit avec raiſon repris de trop de complaifance
ou de manque de difcernement.
M. Delifle avoit lu en 1723. à l'Académie
un Mémoire fur la longitude de l'embouchure
du Fleuve Miffiffipi ; il y établiffoit
par un grand nombre de raifons
& de comparaifons Geographiques la longitude
de ce point de la Terre, telle qu'il
l'avoit déterminée & placée dans fes deux
Cartes de l'Amerique & de la Louiſiane.
L'occafion de ce Mémoire fut la difference
entre cette pofition & celle qui refultoit
d'une Obfervation du 1. Satellite
de Jupiter , faite fur le Lieu même par le
P. Laval , difference de 11 ° ou de 200 .
lieuës. L'Académie pleine d'égards pour
le Jefuite , dont le mérite lui étoit connu ,
crut malgré les fortes raifons de M. Delifle
ne devoir pas fi tôt prononcer contre
une Obſervation immédiate ; elle jugea
à propos de differer l'impreffion de
ce
1986 MERCURE DE FRANCE
ce Mémoire jufqu'à celle du Livre du P.
Laval , afin que le Public vît en mêmetems
, & comparât les raifons des deux
Adverfaires. La Note miſe au bas du Mémoire
en fait foi . La voici :
» Ce Mémoire a été lû dès l'année 1723.
» mais on n'a pas crû qu'il convenoit de le
>>faire paroître avant que l'Obfervation
qu'il attaque eut été imprimée , & elle ne
»l'a été que depuis peu .
22
>
Ce n'eft donc pas ,comme le Journaliſte
femble l'infinuer en quelque maniere , que
l'Académie ait attendu la mort du P. Laval
pour publier le Mémoire de M. Delifle
; le Jefuite a eu le tems de
répondre aux raifons de l'Académicien
le Mémoire lui avoit été communiqué
par M. Delifle lui même , & quoique mis
dans le Volume de 1726. il n'a été imprimé
qu'en 1728. un an & plus avant la
mort du P. Laval ; la mort n'a donc pas
mis le celebre Aftronome hors d'état de
défendre fon Obfervation.
Il ne l'a point fait il ne la croyoit
donc pas fi bonne que le Journaliſte l'a
penfé ; au refte , cette queftion eft décidée ,
& il paroît que M. Delifle n'a ufé de
pas
tout le droit que lui donnoient fes recher
ches & fes grandes connoiffances en Geographie.
M. Baron envoyé par le Roi dans
l'Amérique Septentrionale pour y faire
des
des Observations Physiques & Mathématiques,
y observa à la Nouvelle Orleans
l'Eclipse de Lune du 8. Août 1729. &C
cette Observation comparée à
,
celle qui
fut faite à Paris donne 6 h 9' 7 pourla
différence des méridiens ou 92 v 16J45"
dont la nouvelle Orleans est plus occidentale
que Paris.
Voilà donc jusqu'ici la dispute entre M;
Delisle 5c le P. Laval décidée en faveur
du premier; sa position de l'embouchure
du Mississîpi est soutenuë & verifiée par
une autorité de même genre que celle du
P. Laval , & l'Observation de ce Pere en
devient pour nous d'autant moins bonne.
Je n'ai prétendu parler ici que de ce qui
regarde l'Aurore Boreale, l'Astronomie
& la Geographie, sans toucher aux autres
Extraits, sur la plupart desquels on
pourroit peut être faire de semblables remarques.
Fermer
Résumé : REPONSE de M. Godin, D. l'Ac. R. D. S. à un Article des Memoires de Trévoux, du mois de May 1730. page 910. & suivantes.
M. Godin, membre de l'Académie Royale des Sciences, réagit à un article des *Mémoires de Trévoux* de mai 1730 qui critique sa description de l'aurore boréale du 19 octobre 1726. Godin avait attribué aux pères Kircher et Schott l'idée que les aurores boréales étaient dues à la réflexion d'objets terrestres sur les nuages, agissant comme des miroirs. Les *Mémoires de Trévoux* accusent Godin d'avoir mal interprété les travaux de ces savants, notamment en omettant de mentionner que Schott rejetait cette explication. Godin admet avoir suivi les écrits du père Zahn, qui citait Kircher et Schott en soutien de cette théorie. Il cite des extraits des œuvres de Kircher et Schott pour démontrer que ces auteurs avaient effectivement évoqué des phénomènes aériens similaires aux aurores boréales, expliqués par la réflexion sur les nuages. Godin reconnaît que Schott avait changé d'avis par la suite, mais il maintient que sa propre description était basée sur des interprétations antérieures. Godin critique également les *Mémoires de Trévoux* pour avoir mal interprété les observations de M. de Mairan sur les aurores boréales et pour avoir contesté l'exactitude des observations astronomiques chinoises, notamment celles du père Kegler. Il défend la précision des observations de M. Maraldi et conteste l'idée que les découvertes astronomiques doivent beaucoup aux observations chinoises. Enfin, Godin aborde la controverse entre M. Delisle et le père Laval concernant la longitude de l'embouchure du fleuve Mississippi. Il souligne que l'Académie Royale des Sciences avait différé la publication du mémoire de Delisle pour permettre à Laval de répondre, et que la mort de Laval n'avait pas empêché cette réponse. Godin conclut que les observations de Delisle sont confirmées par celles de M. Baron, invalidant ainsi celles de Laval.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 2019-2020
« Le sieur Baradelle, Ingenieur du Roi pour les Instrumens de Mathématique, demeurant à l'enseigne [...] »
Début :
Le sieur Baradelle, Ingenieur du Roi pour les Instrumens de Mathématique, demeurant à l'enseigne [...]
Mots clefs :
Ingénieur du roi, Encrier, Académie royale des sciences, Contrefaçon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le sieur Baradelle, Ingenieur du Roi pour les Instrumens de Mathématique, demeurant à l'enseigne [...] »
Le fieur Baradelle , Ingenieur du Roi pour les
Inftrumens de Mathématique, demeurant à l'en
feigne de l'Obfervatoire , Quay de l'Horloge du
Palais à Paris , donne avis au Public qu'il y a des
Ouvriers qui contrefont , mais mal , les Ancriers
qui confervent l'ancre plufieurs années fans fe gåter
, lefquels prennent le nom du fieur Baradelle
& le font graver fur l'Ancrier , comme s'il fortoit
de fes mains. Il avertit qu'il les débite lui - même à
Paris, & qu'il n'en donne & aucun Marchandpour
2020 MERCURE DE FRANCE
débiter, Il vend auffi une Jauge approuvée de
P'Académie Royale des Sciences , pour jaug er
toutes fortes de Tonneaux imaginables ; il a
eu égard aux courbures que l'on donne aux Tonneaux,
ce qui embarraffe le plus les Jeaugeurs. Il
vend de fort belles Pierres d'Aimant , que l'on
croit propres pour les mouvemens convulfifs &
bonnes pour les experiences de Phyfique.
Inftrumens de Mathématique, demeurant à l'en
feigne de l'Obfervatoire , Quay de l'Horloge du
Palais à Paris , donne avis au Public qu'il y a des
Ouvriers qui contrefont , mais mal , les Ancriers
qui confervent l'ancre plufieurs années fans fe gåter
, lefquels prennent le nom du fieur Baradelle
& le font graver fur l'Ancrier , comme s'il fortoit
de fes mains. Il avertit qu'il les débite lui - même à
Paris, & qu'il n'en donne & aucun Marchandpour
2020 MERCURE DE FRANCE
débiter, Il vend auffi une Jauge approuvée de
P'Académie Royale des Sciences , pour jaug er
toutes fortes de Tonneaux imaginables ; il a
eu égard aux courbures que l'on donne aux Tonneaux,
ce qui embarraffe le plus les Jeaugeurs. Il
vend de fort belles Pierres d'Aimant , que l'on
croit propres pour les mouvemens convulfifs &
bonnes pour les experiences de Phyfique.
Fermer
Résumé : « Le sieur Baradelle, Ingenieur du Roi pour les Instrumens de Mathématique, demeurant à l'enseigne [...] »
L'ingénieur Baradelle, résidant à l'Observatoire de Paris, dénonce la contrefaçon de ses ancres et l'usage illégal de son nom. Il vend personnellement ces ancres, une jauge approuvée par l'Académie Royale des Sciences pour mesurer les tonneaux, et des pierres d'aimant de qualité pour les expériences physiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 2680-2683
Ouvertures des Academies, &c. / Extrait du Mémoire sur les Phospheres nouveaux, [titre d'après la table]
Début :
Le 14. Novembre, l'Académie Royale des Belles-Lettres tint son Assemblée [...]
Mots clefs :
Académie royale des belles-lettres, Académie royale des sciences, Phosphore, Pierre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ouvertures des Academies, &c. / Extrait du Mémoire sur les Phospheres nouveaux, [titre d'après la table]
Le 14. Novembre , l'Académie Royale
'des Belles Lettres tint fon Affemblée
publique après deux mois de vacances ;
S. E. M. le Cardinal de Fleuri , Acadé--
micien honoraire , y préfida. M. l'Abbé
Sevin ouvrit la féance par la Relation
de fon Voyage litteraire dans le Levant .
L'Abbé Gedoin lut enfuite la Préface qu'il
doit mettre à la tête de fa Traduction
de Paufanias ; après quoi M. le Cardinal
de Fleuri ayant été obligé de partir pour
Verſailles , M. l'Abbé Bignon prit fa pla
ce , & l'Abbé Salier lut pour l'Abbé-
Bannier une Differtation Mythologiquefur
les Déeffes Meres , & l'Abbé Souchay·
termina la féance par une autre fur les
Pfylles.
Le 15. Novembre , l'Académie Royale
des Sciences fit auffi fa rentrée publique
à laquelle M. de Maison , Préfident à
Mortier , Académicien honoraire , pré-
La.Kala
fida .
DECEMBRE. 1730. 2681!
fida. M. de Fontenelle , Secrétaire , lut less
Eloges de M M. Maraldi & Bianchini
& donna un Catalogue raifonné & curieux
des Ouvrages de ces deux illuftres»
Académiciens , morts depuis peu.
M. de Reaumur lut enfuite un Mé
moire fur les Termometres , & parla d'u
ne efpece particuliere de fon invention¸
plus parfaits que les autres.-
M. du Fay lut un Mémoire fur la découverte
qu'il a faite d'un grand nombre
de Phofphores nouveaux , dont l'effet eft
femblable à celui de la pierre de Boulo--
gne. Jufques à préfent on ne connoiffoit
que cette pierre & une préparation chimique
connue fous le nom de Phoſphore
hermetique de Balduinus , qui euffent la
proprieté de s'impregner des rayons de la
lumiere , en les expofant au jour , & de
conferver cette lumiere, étant portés dans
l'obſcurité ; enſorte qu'il femble que ce
foient des charbons de feu embrafés fansaucune
chaleur.
La pierre de Boulogne & cette prépa
ration chimique ont été celebrées à l'envi
par un grand nombre d'Auteurs de
tous Pays , & on s'eft beaucoup plus appliqué
à deviner ce qu'il pouvoit y avoir
de fingulier dans cette pierre qu'à cher--
cher s'il n'y en avoit point d'autres qui
euffent la même proprieté. Enfin M. du
Lo Vol Fay
2682 MERCURE DE FRANCE
و
Fay s'en eft avifé , & le fuccès a de beaucoup
paffe fon attente ; car il a trouvé
un nombre infini de matieres de toute
efpece qui font précisément tous les mêmes
effets que la fameufe pierre de Boulogne
; & ce qu'il y a d'avantageux , c'eſt
que ces matieres ne font pas rares ; car
toutes les efpeces de gyps ou pierres à
plâtre , les albâtres les felenites , les
pierres à chaux , tous les marbres indifferemment
, les écailles d'huitre , les coquilles
d'oeuf , les os d'animaux ; enfin
toutes les matieres qui peuvent être calcinées
font dans ce cas ; il fuffit de les
mettre dans un creufet de placer le
creufet dans une forge , & de les chaufer
vivement pendant une demie heure ou
trois quarts d'heure : fi on manque la
premiere fois , il n'y a qu'à recommencer
une feconde , ou même une troifiéme , &
on réuffit.
و
M. Dufay ayant tenté la même choſe
fur les pierres de taille , les moilons , la
pierre de liais , la marne , les bols &c.
aucune ne lui réuffit ; mais il imagina de
les diffoudre dans l'Eau- forte , comme
on fait la craye dans le Phoſphore de
Balduinus , & toutes lui réuffirent par
cette voye. Il eut le même fuccès en employant
les cendres de toutes fortes de
bois , des feuilles , de la paille , enfin de
\ I. Val.
toutes
DECEMBRE . 1730. 2683
OF
།
ce
off
de
me
de
Jar
de
tes
les
A
1
toutes les matieres combuftibles.
Voici la préparation : il prend quelqu'une
de ces pierres , terres ou cendres ,
il les fait diffoudre dans l'Eau forte ; it
fait évaporer & deffecher la diffolution
& prend un morceau de cette matiere
feche qu'il met dans un creufet , & le
fait chauffer à peu près comme fi l'on
fondoit du plomb ; la matiere fe gonfle ,
fume , & fe deffeche une feconde fois , &
le Phoſphore eft préparé ; il n'y a qu'à
expoſer le creufet à la lumiere du jour ,
& le porter dans l'obſcurité. Voilà donc
toutes les matieres qui fe peuvent trouver
fur la terre devenues fufceptibles de
lumiere , il n'y a que les pierres dures ,
telles que les cailloux , agathes &c. & les
métaux qui n'ayent point encore réuffi à
M. Dufay ; mais il ne defefpere pas d'y
parvenir. Il ajouta enfuite les effets finguliers
que font quelques- uns de ces
Phofphores dans l'eau , l'efprit de vin
l'huile , l'eau-forte , les liqueurs alkalines
&c. mais nous ne le fuivrons point
dans ce détail . Enfin , il indiqua quelques
unes des experiences qu'il y auroit encore
à faire , & exhorta les Phyficiens à y
travailler auffi de leur côté , perfuadé
qu'elles peuvent mener à des découvertes.
importantes fur la nature de la lumiere.
'des Belles Lettres tint fon Affemblée
publique après deux mois de vacances ;
S. E. M. le Cardinal de Fleuri , Acadé--
micien honoraire , y préfida. M. l'Abbé
Sevin ouvrit la féance par la Relation
de fon Voyage litteraire dans le Levant .
L'Abbé Gedoin lut enfuite la Préface qu'il
doit mettre à la tête de fa Traduction
de Paufanias ; après quoi M. le Cardinal
de Fleuri ayant été obligé de partir pour
Verſailles , M. l'Abbé Bignon prit fa pla
ce , & l'Abbé Salier lut pour l'Abbé-
Bannier une Differtation Mythologiquefur
les Déeffes Meres , & l'Abbé Souchay·
termina la féance par une autre fur les
Pfylles.
Le 15. Novembre , l'Académie Royale
des Sciences fit auffi fa rentrée publique
à laquelle M. de Maison , Préfident à
Mortier , Académicien honoraire , pré-
La.Kala
fida .
DECEMBRE. 1730. 2681!
fida. M. de Fontenelle , Secrétaire , lut less
Eloges de M M. Maraldi & Bianchini
& donna un Catalogue raifonné & curieux
des Ouvrages de ces deux illuftres»
Académiciens , morts depuis peu.
M. de Reaumur lut enfuite un Mé
moire fur les Termometres , & parla d'u
ne efpece particuliere de fon invention¸
plus parfaits que les autres.-
M. du Fay lut un Mémoire fur la découverte
qu'il a faite d'un grand nombre
de Phofphores nouveaux , dont l'effet eft
femblable à celui de la pierre de Boulo--
gne. Jufques à préfent on ne connoiffoit
que cette pierre & une préparation chimique
connue fous le nom de Phoſphore
hermetique de Balduinus , qui euffent la
proprieté de s'impregner des rayons de la
lumiere , en les expofant au jour , & de
conferver cette lumiere, étant portés dans
l'obſcurité ; enſorte qu'il femble que ce
foient des charbons de feu embrafés fansaucune
chaleur.
La pierre de Boulogne & cette prépa
ration chimique ont été celebrées à l'envi
par un grand nombre d'Auteurs de
tous Pays , & on s'eft beaucoup plus appliqué
à deviner ce qu'il pouvoit y avoir
de fingulier dans cette pierre qu'à cher--
cher s'il n'y en avoit point d'autres qui
euffent la même proprieté. Enfin M. du
Lo Vol Fay
2682 MERCURE DE FRANCE
و
Fay s'en eft avifé , & le fuccès a de beaucoup
paffe fon attente ; car il a trouvé
un nombre infini de matieres de toute
efpece qui font précisément tous les mêmes
effets que la fameufe pierre de Boulogne
; & ce qu'il y a d'avantageux , c'eſt
que ces matieres ne font pas rares ; car
toutes les efpeces de gyps ou pierres à
plâtre , les albâtres les felenites , les
pierres à chaux , tous les marbres indifferemment
, les écailles d'huitre , les coquilles
d'oeuf , les os d'animaux ; enfin
toutes les matieres qui peuvent être calcinées
font dans ce cas ; il fuffit de les
mettre dans un creufet de placer le
creufet dans une forge , & de les chaufer
vivement pendant une demie heure ou
trois quarts d'heure : fi on manque la
premiere fois , il n'y a qu'à recommencer
une feconde , ou même une troifiéme , &
on réuffit.
و
M. Dufay ayant tenté la même choſe
fur les pierres de taille , les moilons , la
pierre de liais , la marne , les bols &c.
aucune ne lui réuffit ; mais il imagina de
les diffoudre dans l'Eau- forte , comme
on fait la craye dans le Phoſphore de
Balduinus , & toutes lui réuffirent par
cette voye. Il eut le même fuccès en employant
les cendres de toutes fortes de
bois , des feuilles , de la paille , enfin de
\ I. Val.
toutes
DECEMBRE . 1730. 2683
OF
།
ce
off
de
me
de
Jar
de
tes
les
A
1
toutes les matieres combuftibles.
Voici la préparation : il prend quelqu'une
de ces pierres , terres ou cendres ,
il les fait diffoudre dans l'Eau forte ; it
fait évaporer & deffecher la diffolution
& prend un morceau de cette matiere
feche qu'il met dans un creufet , & le
fait chauffer à peu près comme fi l'on
fondoit du plomb ; la matiere fe gonfle ,
fume , & fe deffeche une feconde fois , &
le Phoſphore eft préparé ; il n'y a qu'à
expoſer le creufet à la lumiere du jour ,
& le porter dans l'obſcurité. Voilà donc
toutes les matieres qui fe peuvent trouver
fur la terre devenues fufceptibles de
lumiere , il n'y a que les pierres dures ,
telles que les cailloux , agathes &c. & les
métaux qui n'ayent point encore réuffi à
M. Dufay ; mais il ne defefpere pas d'y
parvenir. Il ajouta enfuite les effets finguliers
que font quelques- uns de ces
Phofphores dans l'eau , l'efprit de vin
l'huile , l'eau-forte , les liqueurs alkalines
&c. mais nous ne le fuivrons point
dans ce détail . Enfin , il indiqua quelques
unes des experiences qu'il y auroit encore
à faire , & exhorta les Phyficiens à y
travailler auffi de leur côté , perfuadé
qu'elles peuvent mener à des découvertes.
importantes fur la nature de la lumiere.
Fermer
Résumé : Ouvertures des Academies, &c. / Extrait du Mémoire sur les Phospheres nouveaux, [titre d'après la table]
Le 14 novembre 1730, l'Académie Royale des Belles Lettres reprit ses activités après deux mois de pause avec une assemblée publique présidée par le Cardinal de Fleury. L'Abbé Sevin débuta la séance en relatant son voyage littéraire dans le Levant. Ensuite, l'Abbé Gedoin présenta la préface de sa traduction de Pausanias. Après le départ du Cardinal de Fleury, l'Abbé Bignon prit la présidence. L'Abbé Salier lut une dissertation mythologique sur les Déesses Mères pour l'Abbé Bannier, et l'Abbé Souchay conclut la séance avec une dissertation sur les Phylles. Le 15 novembre, l'Académie Royale des Sciences tint également sa rentrée publique, sous la présidence de M. de Maison. M. de Fontenelle, en tant que Secrétaire, lut les éloges de MM. Maraldi et Bianchini et présenta un catalogue de leurs ouvrages. M. de Réaumur lut un mémoire sur les thermomètres, présentant une nouvelle invention plus perfectionnée. M. Du Fay lut un mémoire sur la découverte de nombreux nouveaux phosphores, dont les effets sont similaires à ceux de la pierre de Boulogne. Ces nouveaux phosphores incluent diverses matières telles que le gypse, les albâtres, les sélénites, les pierres à chaux, les marbres, les écailles d'huître, les coquilles d'œuf, les os d'animaux et toutes les matières combustibles. M. Du Fay mentionna que certaines pierres dures et métaux n'ont pas encore été transformés en phosphores, mais il espère y parvenir. Il parla également des effets singuliers de certains phosphores dans divers liquides et encouragea les physiciens à poursuivre ces recherches pour découvrir des propriétés importantes de la lumière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 337-338
« Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Début :
Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Élection, Pensionnaire chimiste, Estampe, Essence, Savon, Se laver, Lait virginal, Liqueurs, Sirops
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Le31.Janvierl'AcadémieRoyale
des Sciences fit l'élection des trois sujets ,
dont un , au choix du Roi , doit remplir
la place de Pensionaire Chimiste , vacante
par la mort de M. Geoffroi. Les trois sujets
qui ont été élus sont M M. Boulduc
et Dufay , tous deux associés Chimistes
et M. Imbert Externe .
Le 14. Fevrier , le Comte de Maurepas
écrivit à l'Académie , pour lui ap
prendre que le Roi avoit choisi M. Du
fay pour remplir cette place.
L'Estampe de la Dile Camargo que le
Public désire si fort , et dont nous avons
parlé le mois passé , sera en vente dans
les premiers jours du mois de Mars chez
les Auteurs et chez la Veuve Chereau ,
rue S. Jacques , aux deux Piliers d'or.
BRIART demeurant Cour Abbatiale de Saint
Germain des Prez , rue Cardinale , vis - à- vis le
Bailliage , à Paris , fait depuis peu une Essence
appellée d'ogni fiori , ou de toute fleurs , dont un
Parfumeur Napolitain lui a donné le secret..
On.
338 MERCURE DE FRANCE
On en met quelques goutes dans l'eau , dont or
se lave aprés avoir été rasé ; elle produit le mê
me effet que le lait virginal , mais elle est plus
agréable , et a de meilleures qualités , sur tout
pour décrasser , rendre la peau unie , et en ôter
les taches et boutons. On là vend 15. sols l'once.
Il continue avec succès à faire la veritable Essence
de Savon à la Bergamotte et autres odeurs
douces , dont on se sert pour la barbe , au lieu
de Savonnetes ; les Dames s'en servent aussi pour
se laver le visage et les mains. Les bouteilles sont
cachetées de son adresse.
M M. Giraudeau le jeune et Felz , Marchands
à Montpellier , qui font depuis long- tems un
commerce considerable en gros de liqueurs , sirops
, Eau de la Reine d'Hongrie et autres Marchandises
, donnent avis au Public qu'ils ont inventé
depuis peu une nouvelle liqueur fine , à la
quelle ils ont donné le nom d'Eau Dauphine
Cette liqueur est genéralement goutée et reconnue
pour supérieure en bonté à toutes celles qui
ont parû jusqu'à présent. Ceux qui en auront
besoin pourront leur écrire à Montpelier . Ils
vont ordinairement à la Foire de Beaucaire , et
y ont leur Magasin dans la grande rue. Pout
distinguer la liqueur de leur fabrique d'avec celle
qu'on pourroit contrefaire et débiter sous leur
nom , ils avertissent que les étiquetes qu'ils y font
mettre sont gravées en Taille- douce , qu'elles
sont signées d'eux , & qu'elles sont en ces termes:
Eau Dauphine inventée en 1730. par Girau
Leau , lejeune , et Felz , de Montpeliers
des Sciences fit l'élection des trois sujets ,
dont un , au choix du Roi , doit remplir
la place de Pensionaire Chimiste , vacante
par la mort de M. Geoffroi. Les trois sujets
qui ont été élus sont M M. Boulduc
et Dufay , tous deux associés Chimistes
et M. Imbert Externe .
Le 14. Fevrier , le Comte de Maurepas
écrivit à l'Académie , pour lui ap
prendre que le Roi avoit choisi M. Du
fay pour remplir cette place.
L'Estampe de la Dile Camargo que le
Public désire si fort , et dont nous avons
parlé le mois passé , sera en vente dans
les premiers jours du mois de Mars chez
les Auteurs et chez la Veuve Chereau ,
rue S. Jacques , aux deux Piliers d'or.
BRIART demeurant Cour Abbatiale de Saint
Germain des Prez , rue Cardinale , vis - à- vis le
Bailliage , à Paris , fait depuis peu une Essence
appellée d'ogni fiori , ou de toute fleurs , dont un
Parfumeur Napolitain lui a donné le secret..
On.
338 MERCURE DE FRANCE
On en met quelques goutes dans l'eau , dont or
se lave aprés avoir été rasé ; elle produit le mê
me effet que le lait virginal , mais elle est plus
agréable , et a de meilleures qualités , sur tout
pour décrasser , rendre la peau unie , et en ôter
les taches et boutons. On là vend 15. sols l'once.
Il continue avec succès à faire la veritable Essence
de Savon à la Bergamotte et autres odeurs
douces , dont on se sert pour la barbe , au lieu
de Savonnetes ; les Dames s'en servent aussi pour
se laver le visage et les mains. Les bouteilles sont
cachetées de son adresse.
M M. Giraudeau le jeune et Felz , Marchands
à Montpellier , qui font depuis long- tems un
commerce considerable en gros de liqueurs , sirops
, Eau de la Reine d'Hongrie et autres Marchandises
, donnent avis au Public qu'ils ont inventé
depuis peu une nouvelle liqueur fine , à la
quelle ils ont donné le nom d'Eau Dauphine
Cette liqueur est genéralement goutée et reconnue
pour supérieure en bonté à toutes celles qui
ont parû jusqu'à présent. Ceux qui en auront
besoin pourront leur écrire à Montpelier . Ils
vont ordinairement à la Foire de Beaucaire , et
y ont leur Magasin dans la grande rue. Pout
distinguer la liqueur de leur fabrique d'avec celle
qu'on pourroit contrefaire et débiter sous leur
nom , ils avertissent que les étiquetes qu'ils y font
mettre sont gravées en Taille- douce , qu'elles
sont signées d'eux , & qu'elles sont en ces termes:
Eau Dauphine inventée en 1730. par Girau
Leau , lejeune , et Felz , de Montpeliers
Fermer
Résumé : « Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Le 31 janvier, l'Académie Royale des Sciences élit MM. Boulduc, Dufay et Imbert pour remplacer M. Geoffroi au poste de Pensionaire Chimiste. Le 14 février, le Comte de Maurepas annonce que le Roi a choisi M. Dufay. Par ailleurs, une estampe de la danseuse La Camargo sera disponible en mars chez les auteurs et la Veuve Chereau, rue Saint-Jacques. Briart, résidant à Paris, propose une nouvelle essence appelée 'd'ogni fiori' ou 'de toute fleurs', utilisée pour le lavage après le rasage, comparable au lait virginal mais plus agréable et efficace. Cette essence est vendue 15 sols l'once. Briart continue de produire des essences de savon à la bergamote et autres odeurs douces, utilisées pour la barbe et par les dames pour le visage et les mains. À Montpellier, MM. Giraudeau le jeune et Felz, commerçants en liqueurs et sirops, annoncent l'invention d'une nouvelle liqueur fine nommée 'Eau Dauphine', reconnue pour sa supériorité. Ils précisent que leurs étiquettes sont gravées en taille-douce et signées pour éviter les contrefaçons.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 1705-1713
COURS DE CHYMIE, DISCOURS.
Début :
Le lundi 2. de ce mois M. Lemery, Médecin de la Faculté de Paris, [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Cours de Chimie , Premier médecin du roi, Intendant du jardin royal, Réflexions, Sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COURS DE CHYMIE, DISCOURS.
COURS DE CHYMIE ,
DISCOURS.
E lundi 2. de ce mois M. Lemery ,
LMédecin de la Faculté de Paris ,
Conseiller Médecin ordinaire du Roy ,
de l'Académie Royale des Sciences , nouvellement
reçû Professeur de Chymie au
Jardin Royal , à la place de feu M. Geoffroy
, y fit l'ouverture du Cours de Chymie.
Il avoit annoncé publiquement ,
qu'avant que d'entrer dans ce qu'il appelle
la Pratique de cette Science , c'està
- dire , les differentes préparations Chymiques
, il feroit plusieurs Discours sur
sa Théorie ; ce qu'il a executé en cinq
Discours differents , dont on n'avoit
point coutume avant lui de faire préceder
les démonstrations Chymiques : Mais
avant que d'entrer en matiere , il débuta
par un Discours oratoire , où M. Chirac ,
premier Médecin du Roy , et Intendant
du Jardin Royal , entre naturellement
pour beaucoup. Et ce qu'il y a d'heureux
pour l'Orateur , et de glorieux pour celui
dont on fait l'Eloge , c'est qu'il n'y
Dv entre
1706 MERCURE DE FRANCE
entre point aux dépens de la verité. Le
Public pourra en juger par la lecture du
Discours même, le voici :
Que ne puis-je oublier , Messieurs , que
ne pouvez- vous oublier vous -mêmes , quels
hommes ont rempli avant moi la place que·
j'occupe ! je paroîtrois ici avec moins de confusion
; et peut-être appercevriez- vous moins
ce qui me manque , si d'autres ne vous
avoient fait voir dans cette place toutes les
grandes qualités qu'elle demande. Vous avez
eu le plaisir d'y admirer plus d'une fois
te Collegue illustre à qui j'ai l'honneur de
succeder; il vous a appris , M". , à quoy.
vous deviés vos applaudissemens ; it
n'est plus possible de les surprendre , et
la difficulté de les meriter, ne me fait que
trop sentir le besoin que j'ai de vôtre indulgence..
C'est un usage établi de prouver
d'abord
l'utilité
d'une Science
dont on doit trai
ter. Je pourrois , M" vous faire voir que·
ce qu'on sçait sur la composition naturelle
des liqueurs differentes qui font partie de
nos corps , sur les alterations dont elles sont
susceptibles , sur la maniere dont elles se
dérangent , sur la nature des Remedes vége
Baux , animaux , et mineraux , n'est veriablement
dû qu'à la Chymie ; mais ce détail
, dont la preuve et l'éclaircissement nous
meneroient
JUILLET. 1731. 1707
meneroient un peu loin , se manifestera assés
par les Réflexions que nous aurons occasion
de faire sur les Operations Chymiques , qui
se feront en vôtre présence dans la suite de
ce Cours. D'ailleurs , qu'est-il nécessaire de
prouver l'utilité de la Chymie quel est
Phomme de bon sens qui en doute ? la Médecine
désavoitera- t- elle les secours qu'elle en
tire ? la Physique niera -t- elle qu'elle ne doive
une partie de ses progrés aux experiences
et aux raisonnemens qu'elle lui fournit ? et
n'est-ce pas en consequence de cette utilité
reconnue , que notre Auguste Monarque
qui ne se méprend point dans la protection
qu'il donne aux Sciences , accorde à celleci
une retraite honorable en ces lieux , et luž
prodigue des secours dignes de sa magnificen
ce , et de son discernement.
C'est à bajustesse de ce discernement qu'est
dû le choix du Chef illustre sous les auspices
et la direction duquel se font les Exercices
du Jardin Royal : Sa Majesté ne pouvoit
mieux faire sentir le cas qu'elle fair
de ces exercices , et son attention particuliere
2
lesfaire fleurir , par une administration
sage et éclairée , qu'en chargeant de cette
administration un anffi grand Maître que
Fest M. Chirac dans chacune des parties
de Médecine qui s'y enseignent , etpar là
aussi capable qu'il l'est de s'acquitter di-
D vj gnement
1708 MERCURE DE FRANCE
gnement d'un emploi de cette nature .
Cet employ , Messieurs , qui avant que
M. Chirac en eût été pourvû , avoit toujours
été une espece d'apanage des premiers
Médecins , est devenu entre ses mains le
gage du merite qu'on lui récennoissoit d'avance
, pourremplir unjour la premiere plaee
, et ce gage l'y désignoit dès-lors en quelque
maniere
Cette désignation , M" , se trouve aus
jourd'huy heureusement accomplie , et nous
voyons avec d'autant plus de joye , l'Intendance
du Jardin Royal réunie à la place de
premier Medecin , que cette intendance en
est naturellement une dépendance ou une attribution
, et qu'elle n'en avoit été dans la
personne de M. Chirac qu'une distraction
pour quelques années.
Arrêtons-nous un moment , M" , sur ce
dernier évênement , qui fait à la fois l'Elo
ge de la justice du Roy, la gloire de celui qui
en a receu les effets , et la satisfaction de
Doute la France , qui n'a plus d'allarmes sur
la plus précieuse santé de l'Univers , depuis
qu'elle la voit entre les mains du plus par
fait , et du plus digne de tous les Médecins
Les Places éminentes de la Médecine
s'obtiennent rarement sans beaucoup de sollicitations
et de brigues ; si le merite se joins
aux efforts qu'on fait pour réussir , ce merite
fait
JUILLET. 1731. 1709
fait quelquefois pencher la Balance de son
côté , d'autrefois et le plus souvent il dessert,
L'envie qui le regarde comme son plus grand
ennemi , ne manque guére à lui susciter les
obstacles les plus puissants, et par là vient
ordinairement à bout d'en triompher.
Delà le découragement de ceux qui moins
occupés de se procurer des protections brillantes
et utiles , que de multiplier le nombre de
leurs connoissances , et de se perfetionner de
plus en plus dans la Médecine , se voyent
frustrés injustement des récompenses qui der
voient naturellement les regarder , et qui pas
sent souvent entre les mains de gens aussi peu
versés dans la Théorie et la Pratique de leur
Art , que ceux qui en ont été exclus l'y font
beaucoup.
Delà vient encore que ceux en qui l'envie
de s'élever l'emporte de beaucoup sur
Le goût de leur profession , seul capable de
former degrands sujets , quand on s'y livre
tout entier , donnent tous leurs soins à se mênager
les secours que les veues de leur ambition
leur suggerent , et négligent d'autant
l'Etude d'une Science dont la vaste étendue
plusque suffisante pour occuper uniquement,
et sans partage , permet à peine quelques
moments de relache et de délassement.
Ces exemples pernicieux dont le frequent
succès
$710 MERCURE DE FRANCE
succès tout contraire qu'il est au bon ordre ,
et à la droite raison , produit tant d'imitateurs
, ne perdront- ils point de leur credit ?
et ne changera-t-on point de conduite en
considerant celle que l'illustre M. Chirac
a toujouts tenuë , et qui lui a si beureusement
et si glorieusement réussi.
Ennemi déclaré de ces souplesses , et de ces
sollicitations indignes qui ne deshonorent pas
moins ceux qui s'en laissent séduire , que
ceux qui ont la bassesse de les faire , on l'a
toujours vû le même dans tous les tems de sa
vie , il n'a point été audevant de la fortune
par des routes illegitimes , il l'a laissé agir
en sa faveur, ou s'il a cherché à se la rendrefavorable
, ce n'a été qu'à force d'étude
et de travail. $
+
C'est dans une Célèbre Faculté , où il a
professé avec éclat pendant plusieurs an
nées , qu'il a commencé àfaire ses preuves.
On l'y a vu uniquement occupe de guerir
on d'enseigner à le faire , travailler continuellement
et sans relâche , aux progrès et
à la perfection de la Médecine , et communiquer
liberalement , et sans reserve tout ce
qu'il sçavoit , à une foule d'Auditeurs , qui
venoient de toutes parts puiser dans cette
Sourceféconde , les lumieres dont ils avoient
Besoin.
C'est ainsi que M. Chirac a scû se faire
un
JUILLET. 1731. 1751
un si grand nombre de Partisans dans le Public
;C'est là la maniere dont il a crû pouvoir
briguer leurs suffrages , eh ! comment
ne seroit-il pas venu à bout de les obtenir?
les Eloges que la multitude de ses Disciples:
faisoient de leur Maître dans les differents
endroits de leur résidence , ne pouvoient être
suspects ils étoient unanimes ; la réconnoissance
et la verité les dictoient. D'ailleurs on
en trouvoit en quelque maniere la garantie
dans plusieurs de ces Disciples , le merite
qui les distinguoit , et qu'ils ne tenoient que
de lui , annonçoit la superiorité du sien ..
Il étoit bien difficile qu'une réputation
aussi brillante , aussi solide , et aussi justement
acquise que l'étoit celle de M.Chirac, ne
travaillat pas , même à son insçu,en sa faveur.
Quoique ceux qui dispensent lesgraces , Souvent
peu capables de le faire avec connoissance
de cause ou trop susceptibles de préventions
, n'accordent que trop ordinairement
aux importunitez et à la cabale , ce que la
justice réclame d'un autre côté ; il en est d'au
tres plus rares , à la verité , et plus judicieux ,
que le goût des Sciences,et l'étude qu'ils en ont
faite , a rendus plus clair- voyants, plus diffim
ciles à tromper , plus attachés au vray merite
et qui se trouvent par là plus à portée de
ne pas confondre les faux ou les demi Sçavants
avec ceux du premier ordre..
Tel
1712 MERCURE DE FRANCE
*
Tel étoit le grand Prince ami des Scien
ces , et Protecteur des Sçavants , qui jugeant
M. Chirac digne du dépost précieux de sa
santé , l'appella auprès de S. A. R. l'hon
nora de son estime et de toute sa confiance
et le recompensa par là des services que jus➡
qu'alors il avoit rendus au Public.
Cette nouvelle Dignité ne fut point changer
de conduite à M. Chirac ; il auroit pû
Pombre de ses Lauriers jouird'un repos merité
par ses travaux passés ; il auroit même pŵ
profiterhabilement de ce repos pour cultiver à
Loisir et plus sûrement un certain nombre d'a
mis , utiles dans l'occasion; mais il s'étoit livré
de trop bon coeur au Public, et à sa Profession
pour succomber à des vies de cette nature ;
d'ailleurs il sçavoit mieux qu'un autre , que
•quelque progrès qu'on aitfait dans la Médecine
, ce qu'on sçait est toujours fort au
dessous de ce qui reste à sçavoir, et que
quand on s'arrête au milieu de sa carriere ,
et qu'on n'est plus dans l'exercice actuel
non- seulement on n'avance plus , mais que
trace de ce qu'on sçavoit le mieux s'affoiblit
insensiblement faute d'être renouvellée ou enpar
la répetition des mêmes objets,
On chancelle quand il s'agit de se déterminer,
On s'enrouille petit àpetit , et le plus grand·
Praticien devient souvent par là un Méder
cin assés médiocre.
tretenuë
·la
C'est
JUILLET . 1731. 1713
C'estpour éviter une chute semblable
que
M. Chirac arrivé à Paris , où sa grande
réputation l'avoit déja de beaucoup devancé ,
s'y est prêté aussi-tôt à tous ceux qui ont eu
recours à ses lumieres ; on l'y a vû justifier
pleinement par ses discours , et par le succès
de sa pratique , tout ce que la rénommée
avoit publié en sa faveur. Loin de se rébuter
des fatigues inséparables d'un aufſt grand
employ que celui où il s'y est trouvé , fon ardeurpour
le travail s'est toujours accrue par
la multitude de ses affaires , et il s'y est donné
tout entier et sans partage , pendant une
longue suite d'années ; c'eft en primant aux
yeux du Public , et de l'aveu même de ses
Confreres , dans l'exercice de sa profession ,
qu'il est arrivé à ce baut degré de gloire ,
où Sa Majesté lui a fait l'honneur de l'appeller.
La brigue qu'il a toujours détestée ,
et qui n'avoit en aucune part à sa place
de premier Médecin de feu M. le Duc
d'Orleans , n'en a pas a pas eû davantage à selle
de premier Médecin du Roy. Quel bonheur !
si un si bel exemple pouvoit engager à ne
suivre dorénavant en pareil cas d'autre route
que celle qui a été tenue et tracée par M.
Chirac; le merite rentreroit bien- tôt par
dans tous les droits qui lui appartiennent
et dont il se voit presque toujours déchû
La cabale et par l'injustice.
DISCOURS.
E lundi 2. de ce mois M. Lemery ,
LMédecin de la Faculté de Paris ,
Conseiller Médecin ordinaire du Roy ,
de l'Académie Royale des Sciences , nouvellement
reçû Professeur de Chymie au
Jardin Royal , à la place de feu M. Geoffroy
, y fit l'ouverture du Cours de Chymie.
Il avoit annoncé publiquement ,
qu'avant que d'entrer dans ce qu'il appelle
la Pratique de cette Science , c'està
- dire , les differentes préparations Chymiques
, il feroit plusieurs Discours sur
sa Théorie ; ce qu'il a executé en cinq
Discours differents , dont on n'avoit
point coutume avant lui de faire préceder
les démonstrations Chymiques : Mais
avant que d'entrer en matiere , il débuta
par un Discours oratoire , où M. Chirac ,
premier Médecin du Roy , et Intendant
du Jardin Royal , entre naturellement
pour beaucoup. Et ce qu'il y a d'heureux
pour l'Orateur , et de glorieux pour celui
dont on fait l'Eloge , c'est qu'il n'y
Dv entre
1706 MERCURE DE FRANCE
entre point aux dépens de la verité. Le
Public pourra en juger par la lecture du
Discours même, le voici :
Que ne puis-je oublier , Messieurs , que
ne pouvez- vous oublier vous -mêmes , quels
hommes ont rempli avant moi la place que·
j'occupe ! je paroîtrois ici avec moins de confusion
; et peut-être appercevriez- vous moins
ce qui me manque , si d'autres ne vous
avoient fait voir dans cette place toutes les
grandes qualités qu'elle demande. Vous avez
eu le plaisir d'y admirer plus d'une fois
te Collegue illustre à qui j'ai l'honneur de
succeder; il vous a appris , M". , à quoy.
vous deviés vos applaudissemens ; it
n'est plus possible de les surprendre , et
la difficulté de les meriter, ne me fait que
trop sentir le besoin que j'ai de vôtre indulgence..
C'est un usage établi de prouver
d'abord
l'utilité
d'une Science
dont on doit trai
ter. Je pourrois , M" vous faire voir que·
ce qu'on sçait sur la composition naturelle
des liqueurs differentes qui font partie de
nos corps , sur les alterations dont elles sont
susceptibles , sur la maniere dont elles se
dérangent , sur la nature des Remedes vége
Baux , animaux , et mineraux , n'est veriablement
dû qu'à la Chymie ; mais ce détail
, dont la preuve et l'éclaircissement nous
meneroient
JUILLET. 1731. 1707
meneroient un peu loin , se manifestera assés
par les Réflexions que nous aurons occasion
de faire sur les Operations Chymiques , qui
se feront en vôtre présence dans la suite de
ce Cours. D'ailleurs , qu'est-il nécessaire de
prouver l'utilité de la Chymie quel est
Phomme de bon sens qui en doute ? la Médecine
désavoitera- t- elle les secours qu'elle en
tire ? la Physique niera -t- elle qu'elle ne doive
une partie de ses progrés aux experiences
et aux raisonnemens qu'elle lui fournit ? et
n'est-ce pas en consequence de cette utilité
reconnue , que notre Auguste Monarque
qui ne se méprend point dans la protection
qu'il donne aux Sciences , accorde à celleci
une retraite honorable en ces lieux , et luž
prodigue des secours dignes de sa magnificen
ce , et de son discernement.
C'est à bajustesse de ce discernement qu'est
dû le choix du Chef illustre sous les auspices
et la direction duquel se font les Exercices
du Jardin Royal : Sa Majesté ne pouvoit
mieux faire sentir le cas qu'elle fair
de ces exercices , et son attention particuliere
2
lesfaire fleurir , par une administration
sage et éclairée , qu'en chargeant de cette
administration un anffi grand Maître que
Fest M. Chirac dans chacune des parties
de Médecine qui s'y enseignent , etpar là
aussi capable qu'il l'est de s'acquitter di-
D vj gnement
1708 MERCURE DE FRANCE
gnement d'un emploi de cette nature .
Cet employ , Messieurs , qui avant que
M. Chirac en eût été pourvû , avoit toujours
été une espece d'apanage des premiers
Médecins , est devenu entre ses mains le
gage du merite qu'on lui récennoissoit d'avance
, pourremplir unjour la premiere plaee
, et ce gage l'y désignoit dès-lors en quelque
maniere
Cette désignation , M" , se trouve aus
jourd'huy heureusement accomplie , et nous
voyons avec d'autant plus de joye , l'Intendance
du Jardin Royal réunie à la place de
premier Medecin , que cette intendance en
est naturellement une dépendance ou une attribution
, et qu'elle n'en avoit été dans la
personne de M. Chirac qu'une distraction
pour quelques années.
Arrêtons-nous un moment , M" , sur ce
dernier évênement , qui fait à la fois l'Elo
ge de la justice du Roy, la gloire de celui qui
en a receu les effets , et la satisfaction de
Doute la France , qui n'a plus d'allarmes sur
la plus précieuse santé de l'Univers , depuis
qu'elle la voit entre les mains du plus par
fait , et du plus digne de tous les Médecins
Les Places éminentes de la Médecine
s'obtiennent rarement sans beaucoup de sollicitations
et de brigues ; si le merite se joins
aux efforts qu'on fait pour réussir , ce merite
fait
JUILLET. 1731. 1709
fait quelquefois pencher la Balance de son
côté , d'autrefois et le plus souvent il dessert,
L'envie qui le regarde comme son plus grand
ennemi , ne manque guére à lui susciter les
obstacles les plus puissants, et par là vient
ordinairement à bout d'en triompher.
Delà le découragement de ceux qui moins
occupés de se procurer des protections brillantes
et utiles , que de multiplier le nombre de
leurs connoissances , et de se perfetionner de
plus en plus dans la Médecine , se voyent
frustrés injustement des récompenses qui der
voient naturellement les regarder , et qui pas
sent souvent entre les mains de gens aussi peu
versés dans la Théorie et la Pratique de leur
Art , que ceux qui en ont été exclus l'y font
beaucoup.
Delà vient encore que ceux en qui l'envie
de s'élever l'emporte de beaucoup sur
Le goût de leur profession , seul capable de
former degrands sujets , quand on s'y livre
tout entier , donnent tous leurs soins à se mênager
les secours que les veues de leur ambition
leur suggerent , et négligent d'autant
l'Etude d'une Science dont la vaste étendue
plusque suffisante pour occuper uniquement,
et sans partage , permet à peine quelques
moments de relache et de délassement.
Ces exemples pernicieux dont le frequent
succès
$710 MERCURE DE FRANCE
succès tout contraire qu'il est au bon ordre ,
et à la droite raison , produit tant d'imitateurs
, ne perdront- ils point de leur credit ?
et ne changera-t-on point de conduite en
considerant celle que l'illustre M. Chirac
a toujouts tenuë , et qui lui a si beureusement
et si glorieusement réussi.
Ennemi déclaré de ces souplesses , et de ces
sollicitations indignes qui ne deshonorent pas
moins ceux qui s'en laissent séduire , que
ceux qui ont la bassesse de les faire , on l'a
toujours vû le même dans tous les tems de sa
vie , il n'a point été audevant de la fortune
par des routes illegitimes , il l'a laissé agir
en sa faveur, ou s'il a cherché à se la rendrefavorable
, ce n'a été qu'à force d'étude
et de travail. $
+
C'est dans une Célèbre Faculté , où il a
professé avec éclat pendant plusieurs an
nées , qu'il a commencé àfaire ses preuves.
On l'y a vu uniquement occupe de guerir
on d'enseigner à le faire , travailler continuellement
et sans relâche , aux progrès et
à la perfection de la Médecine , et communiquer
liberalement , et sans reserve tout ce
qu'il sçavoit , à une foule d'Auditeurs , qui
venoient de toutes parts puiser dans cette
Sourceféconde , les lumieres dont ils avoient
Besoin.
C'est ainsi que M. Chirac a scû se faire
un
JUILLET. 1731. 1751
un si grand nombre de Partisans dans le Public
;C'est là la maniere dont il a crû pouvoir
briguer leurs suffrages , eh ! comment
ne seroit-il pas venu à bout de les obtenir?
les Eloges que la multitude de ses Disciples:
faisoient de leur Maître dans les differents
endroits de leur résidence , ne pouvoient être
suspects ils étoient unanimes ; la réconnoissance
et la verité les dictoient. D'ailleurs on
en trouvoit en quelque maniere la garantie
dans plusieurs de ces Disciples , le merite
qui les distinguoit , et qu'ils ne tenoient que
de lui , annonçoit la superiorité du sien ..
Il étoit bien difficile qu'une réputation
aussi brillante , aussi solide , et aussi justement
acquise que l'étoit celle de M.Chirac, ne
travaillat pas , même à son insçu,en sa faveur.
Quoique ceux qui dispensent lesgraces , Souvent
peu capables de le faire avec connoissance
de cause ou trop susceptibles de préventions
, n'accordent que trop ordinairement
aux importunitez et à la cabale , ce que la
justice réclame d'un autre côté ; il en est d'au
tres plus rares , à la verité , et plus judicieux ,
que le goût des Sciences,et l'étude qu'ils en ont
faite , a rendus plus clair- voyants, plus diffim
ciles à tromper , plus attachés au vray merite
et qui se trouvent par là plus à portée de
ne pas confondre les faux ou les demi Sçavants
avec ceux du premier ordre..
Tel
1712 MERCURE DE FRANCE
*
Tel étoit le grand Prince ami des Scien
ces , et Protecteur des Sçavants , qui jugeant
M. Chirac digne du dépost précieux de sa
santé , l'appella auprès de S. A. R. l'hon
nora de son estime et de toute sa confiance
et le recompensa par là des services que jus➡
qu'alors il avoit rendus au Public.
Cette nouvelle Dignité ne fut point changer
de conduite à M. Chirac ; il auroit pû
Pombre de ses Lauriers jouird'un repos merité
par ses travaux passés ; il auroit même pŵ
profiterhabilement de ce repos pour cultiver à
Loisir et plus sûrement un certain nombre d'a
mis , utiles dans l'occasion; mais il s'étoit livré
de trop bon coeur au Public, et à sa Profession
pour succomber à des vies de cette nature ;
d'ailleurs il sçavoit mieux qu'un autre , que
•quelque progrès qu'on aitfait dans la Médecine
, ce qu'on sçait est toujours fort au
dessous de ce qui reste à sçavoir, et que
quand on s'arrête au milieu de sa carriere ,
et qu'on n'est plus dans l'exercice actuel
non- seulement on n'avance plus , mais que
trace de ce qu'on sçavoit le mieux s'affoiblit
insensiblement faute d'être renouvellée ou enpar
la répetition des mêmes objets,
On chancelle quand il s'agit de se déterminer,
On s'enrouille petit àpetit , et le plus grand·
Praticien devient souvent par là un Méder
cin assés médiocre.
tretenuë
·la
C'est
JUILLET . 1731. 1713
C'estpour éviter une chute semblable
que
M. Chirac arrivé à Paris , où sa grande
réputation l'avoit déja de beaucoup devancé ,
s'y est prêté aussi-tôt à tous ceux qui ont eu
recours à ses lumieres ; on l'y a vû justifier
pleinement par ses discours , et par le succès
de sa pratique , tout ce que la rénommée
avoit publié en sa faveur. Loin de se rébuter
des fatigues inséparables d'un aufſt grand
employ que celui où il s'y est trouvé , fon ardeurpour
le travail s'est toujours accrue par
la multitude de ses affaires , et il s'y est donné
tout entier et sans partage , pendant une
longue suite d'années ; c'eft en primant aux
yeux du Public , et de l'aveu même de ses
Confreres , dans l'exercice de sa profession ,
qu'il est arrivé à ce baut degré de gloire ,
où Sa Majesté lui a fait l'honneur de l'appeller.
La brigue qu'il a toujours détestée ,
et qui n'avoit en aucune part à sa place
de premier Médecin de feu M. le Duc
d'Orleans , n'en a pas a pas eû davantage à selle
de premier Médecin du Roy. Quel bonheur !
si un si bel exemple pouvoit engager à ne
suivre dorénavant en pareil cas d'autre route
que celle qui a été tenue et tracée par M.
Chirac; le merite rentreroit bien- tôt par
dans tous les droits qui lui appartiennent
et dont il se voit presque toujours déchû
La cabale et par l'injustice.
Fermer
Résumé : COURS DE CHYMIE, DISCOURS.
Le 2 juillet, Louis Lemery, médecin de la Faculté de Paris, conseiller du roi et professeur de chimie au Jardin Royal, a inauguré son cours de chimie en remplacement de M. Geoffroy. Avant d'aborder la pratique, Lemery a prononcé cinq discours théoriques, une méthode nouvelle. Il a débuté par un hommage à M. Chirac, premier médecin du roi et intendant du Jardin Royal, tout en restant fidèle à la vérité. Lemery a mis en avant l'importance de la chimie pour la médecine et la physique, soulignant que cette science est soutenue par le roi. Il a également loué la sagesse et la gestion éclairée de M. Chirac au Jardin Royal, notant que cette fonction est naturellement liée à celle de premier médecin. Le texte évoque la difficulté d'accéder à des postes éminents en médecine en raison des sollicitations et des intrigues. Lemery critique ceux qui recherchent des protections plutôt que de se consacrer à l'étude et à la perfection dans la médecine. Il admire M. Chirac pour son dévouement, son travail acharné et sa générosité dans le partage de ses connaissances, ce qui lui a valu une grande réputation et la confiance du roi. Malgré sa nouvelle dignité, Chirac a continué à se consacrer à sa profession, évitant la complaisance et les sollicitations indignes. Il a été reconnu pour ses compétences et son mérite, et non pour des faveurs ou des cabales. Lemery espère que l'exemple de Chirac encouragera d'autres à suivre une voie similaire, basée sur le mérite et le travail.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 1781-1784
Lanterne Marine, &c. [titre d'après la table]
Début :
Sur les Découvertes dont nous avons parlé dans le dernier Mercure, page 1560. au sujet des [...]
Mots clefs :
Découvertes, Académie royale des sciences, Lanterne, Chaises mouvantes, Cheval marin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lanterne Marine, &c. [titre d'après la table]
Sur les Découvertes dont nous avons parlé
dans le dernier Mercure , page 1560. au sujet des
differentes manoeuvres qu'on peut faire au fond
de la Mer M. Vergile a. donné à l'Académie
Royale:
1782 MERCURE DE FRANCE
Royale des Sciences un Memoire et les instructions
necessaires , surquoi Mrs de Cassini et Pitot,
Membres de cette Académie , et nommez pour
examiner ces Découvertes , ont dit leur sentiment
à M. Vergile , en ces termes.
et
Nous déclarons que M. Vergile nous a fait voir
une Lanterne qu'il alluma à l'air , et l'ayant fermée
elle s'éteignit un moment après. La Lanterne
fut encore rallumée et ensuite fermée
comme elle alloit s'éteindre , elle fut enfoncée
dans l'eau où elle se ralluma tout- à - fait et où elle
éclaira pendant l'espace de trois minutes , quoiqu'elle
fûr entierement couverte d'eau .
Par l'explication du Mécanisme de cette Lanterne
que M. Vergile nous fit , nous avons reconnu
que cette Lanterne peut éclairer à une grande
profondeur d'eau , et qu'on peut aisément en
augmenter la durée.
Cette Lanterne n'a aucune communication
avec l'air superieur .
M. Vergile prétend, encore avoir fait des Découvertes
bien plus considerables , sçavoir
Un moyen sûr et facile de trouver les Vaisseaux
qui ont coulé bas.
Un moyen sûr et facile de remettre à flot ces
mêmes Vaisseaux , pourvû toutefois , qu'ils ne.
soient point adherens au fond de la Mer.
Un moyen sûr et aisé de faire rester dans l'eau
un homme sans incommodité , et en état de manoeuvrer
de toutes les façons pendant 20. et 30 .
heures ; il pourra même y manger et y
boire..
M. Vergile nous expliqua le moyen de trouver
les Vaisseaux au fond de la Mer..
Sur quoi il nous a paru que le moyen a toutes
les qualitez proposées , et qu'il est de peu de dépense
, pourvu toutefois que le moyen de respirer
dans
JUILLET. 1731. 1783
dans l'eau , qu'il suppose , soit sûr , et c'est sur
quoi nous ne pouvons rien dire , M. Vergile
n'ayant pas trouvé à propos de nous le déclarer.
Il en est à peu près de même du moyen de
manger et de boire , qui est sûr , pourvû que d'ailleurs
l'homme qui est dans l'eau puisse respirer.
M. Vergile n'a pas expliqué sa manoeuvre pour
retirer les Vaisseaux du fond de la Mer et les remettre
à flot ..
Le sieur Maillard , Maître Menuisier et Machiniste
, a obtenu le premier Juin 1731. le Privilege
exclusif de fabriquer , vendre et debiter seul deux
Chaises mouvantes, de son invention ; l'une pour
se faire mener par un homme assis derriere, où il
y aura un Volant capable d'augmenter considerablement
la force de l'homme et de soulager ses
bras ; l'autre pour se promener et faire aller soimême
, par le même mouvement , la Chaise roulante
, posée sur trois roues. L'Académie Royale
des Sciences a approuvé et reconnu l'utilité de
cette Invention par un Certificat.
a encore inventé plusieurs autres Machines ,.
comme un Cigne qui paroît vivant , jusqu'à s'y
tromper , qui a du mouvement dans la tête et
dans le col , et qui a la même allure sur l'eau .
Un Cheval Marin en petit , qui tire une Gondole
où paroît Apollon au milieu des Muses , qui
ont du nouvement .
Un petit Cheval , qui part d'une vitesse surattelé
à une Calêche , dans laquelle sont
prenante ,
deux petites Figures à terre..
On voit encore chez lui deux Phaetons o
Calêches sans ressorts ni soupentes , tirées chacune
par un Cheval naturel , fort differentes de
tout ce qu'on a vu jusqu'à present en ce genre ,.
Pune
7784 MERCURE DE FRANCE
Pune est propre pour la Chasse et pour aller
dans les bois touffus où à peine un cheval peut
passer. L'autre montée sur un Train de Chaisede
Poste très solide et très - douce, sans ressorts ni
elle pesera environ 600. livres et coûtera
beaucoup moins que les Chaises de Poste ordinaires
, parce qu'il y aura beaucoup moins de:
ferrare.
soupentes ;
>
Le sieur Maillard , dans ses nouvelles Machines
a joint l'utile à l'agréable. Il demeure Fau
bourg S. Honoré , rue de la bonne Moruë , dont
un bout donne dans la Place du Pont Tournant.
des Thuilleries.
dans le dernier Mercure , page 1560. au sujet des
differentes manoeuvres qu'on peut faire au fond
de la Mer M. Vergile a. donné à l'Académie
Royale:
1782 MERCURE DE FRANCE
Royale des Sciences un Memoire et les instructions
necessaires , surquoi Mrs de Cassini et Pitot,
Membres de cette Académie , et nommez pour
examiner ces Découvertes , ont dit leur sentiment
à M. Vergile , en ces termes.
et
Nous déclarons que M. Vergile nous a fait voir
une Lanterne qu'il alluma à l'air , et l'ayant fermée
elle s'éteignit un moment après. La Lanterne
fut encore rallumée et ensuite fermée
comme elle alloit s'éteindre , elle fut enfoncée
dans l'eau où elle se ralluma tout- à - fait et où elle
éclaira pendant l'espace de trois minutes , quoiqu'elle
fûr entierement couverte d'eau .
Par l'explication du Mécanisme de cette Lanterne
que M. Vergile nous fit , nous avons reconnu
que cette Lanterne peut éclairer à une grande
profondeur d'eau , et qu'on peut aisément en
augmenter la durée.
Cette Lanterne n'a aucune communication
avec l'air superieur .
M. Vergile prétend, encore avoir fait des Découvertes
bien plus considerables , sçavoir
Un moyen sûr et facile de trouver les Vaisseaux
qui ont coulé bas.
Un moyen sûr et facile de remettre à flot ces
mêmes Vaisseaux , pourvû toutefois , qu'ils ne.
soient point adherens au fond de la Mer.
Un moyen sûr et aisé de faire rester dans l'eau
un homme sans incommodité , et en état de manoeuvrer
de toutes les façons pendant 20. et 30 .
heures ; il pourra même y manger et y
boire..
M. Vergile nous expliqua le moyen de trouver
les Vaisseaux au fond de la Mer..
Sur quoi il nous a paru que le moyen a toutes
les qualitez proposées , et qu'il est de peu de dépense
, pourvu toutefois que le moyen de respirer
dans
JUILLET. 1731. 1783
dans l'eau , qu'il suppose , soit sûr , et c'est sur
quoi nous ne pouvons rien dire , M. Vergile
n'ayant pas trouvé à propos de nous le déclarer.
Il en est à peu près de même du moyen de
manger et de boire , qui est sûr , pourvû que d'ailleurs
l'homme qui est dans l'eau puisse respirer.
M. Vergile n'a pas expliqué sa manoeuvre pour
retirer les Vaisseaux du fond de la Mer et les remettre
à flot ..
Le sieur Maillard , Maître Menuisier et Machiniste
, a obtenu le premier Juin 1731. le Privilege
exclusif de fabriquer , vendre et debiter seul deux
Chaises mouvantes, de son invention ; l'une pour
se faire mener par un homme assis derriere, où il
y aura un Volant capable d'augmenter considerablement
la force de l'homme et de soulager ses
bras ; l'autre pour se promener et faire aller soimême
, par le même mouvement , la Chaise roulante
, posée sur trois roues. L'Académie Royale
des Sciences a approuvé et reconnu l'utilité de
cette Invention par un Certificat.
a encore inventé plusieurs autres Machines ,.
comme un Cigne qui paroît vivant , jusqu'à s'y
tromper , qui a du mouvement dans la tête et
dans le col , et qui a la même allure sur l'eau .
Un Cheval Marin en petit , qui tire une Gondole
où paroît Apollon au milieu des Muses , qui
ont du nouvement .
Un petit Cheval , qui part d'une vitesse surattelé
à une Calêche , dans laquelle sont
prenante ,
deux petites Figures à terre..
On voit encore chez lui deux Phaetons o
Calêches sans ressorts ni soupentes , tirées chacune
par un Cheval naturel , fort differentes de
tout ce qu'on a vu jusqu'à present en ce genre ,.
Pune
7784 MERCURE DE FRANCE
Pune est propre pour la Chasse et pour aller
dans les bois touffus où à peine un cheval peut
passer. L'autre montée sur un Train de Chaisede
Poste très solide et très - douce, sans ressorts ni
elle pesera environ 600. livres et coûtera
beaucoup moins que les Chaises de Poste ordinaires
, parce qu'il y aura beaucoup moins de:
ferrare.
soupentes ;
>
Le sieur Maillard , dans ses nouvelles Machines
a joint l'utile à l'agréable. Il demeure Fau
bourg S. Honoré , rue de la bonne Moruë , dont
un bout donne dans la Place du Pont Tournant.
des Thuilleries.
Fermer
Résumé : Lanterne Marine, &c. [titre d'après la table]
En 1782, le Mercure de France a rapporté les découvertes de M. Vergile dans le domaine des manœuvres sous-marines. M. Vergile a présenté à l'Académie Royale des Sciences une lanterne capable de s'allumer sous l'eau et d'éclairer pendant trois minutes. Les membres de l'Académie, notamment M. de Cassini et M. Pitot, ont validé cette invention, confirmant qu'elle peut fonctionner à grande profondeur et que sa durée d'éclairage peut être prolongée. La lanterne ne nécessite aucune communication avec l'air extérieur. M. Vergile a également revendiqué d'autres inventions, telles qu'un moyen de localiser et de remonter des vaisseaux coulés, à condition qu'ils ne soient pas fixés au fond de la mer. Il a aussi conçu un dispositif permettant à un homme de rester sous l'eau pendant 20 à 30 heures, de manger et de boire. Cependant, il n'a pas fourni de détails sur le mécanisme de respiration sous-marine ou sur la méthode pour remonter les vaisseaux. Par ailleurs, le sieur Maillard, maître menuisier et machiniste, a obtenu un privilège exclusif pour fabriquer et vendre deux types de chaises roulantes innovantes. L'Académie Royale des Sciences a approuvé ces inventions. Maillard a également créé plusieurs machines, dont un cigne mécanique, un cheval marin tirant une gondole, et des phaétons sans ressorts. Il réside à Paris, rue de la Bonne Moruë.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 1967-1974
Barometres et pesanteur de l'air, [titre d'après la table]
Début :
CONSIDERATIONI intorno al Barometro del Cartesio, ed al peso dell' aria del Signor [...]
Mots clefs :
Baromètres, Pesanteur de l'air, Académie royale des sciences, République de Venise, Professeur de médecine et de botanique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Barometres et pesanteur de l'air, [titre d'après la table]
CONSIDERATIONI intorno al Barometro
del Cartesio , ed al peso dell' aria del Si
gnor Marchese Gio Poleni Veneziano , Fre
blico Professore di Meteore , e di Astronomia
nello studio di Padova, c'est -à dire
OBSERWA
F vj
1958 MERCURE DE FRANCE
OBSERVATIONS sur les Barometres de Des
cartes et sur la pesanteur de l'air. Par M.
le Marquis POLENI , Professeur d'Astronomie
à Padoue : on ne dit point l'année
ni le lieu de l'impression .
Cet Ouvrage n'a pour bút que la per
fection du Barometre : l'Auteur donne à
Descartes les louanges qui lui sont dues
à cet égard , mais il ne dissimule pas les
deffauts de l'Instrument de son invention
qui porte ce nom ; Il ajoute que M.
de la Hyre à parfaitement bien traité cette
matiere dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , année 1708. Enfin
il propose un Barometre de sa propre invention
, dont on trouve la figure gravée
dans le Journal avec un discours
pour en prouver la bonté et l'utilité ,
qui fait voir la capacité de ce Professeur
sur le sujet qu'il a entrepris de traiter..
Dans les Nouvelles Litteraires de ce
volume on trouve un petit Eloge du fa→
meux. Prosper Alpin , né sujet de la République
de Venise , et Professeur de
Medecine et de Botanique à Padoue dans
le XVI. et le XVII . Siecle , à l'occasion
de la réimpression du plus rare et du plus
estimé de ses Ouvrages , intitulé De prasagienda
vita et morte agrotantium. Cette
Edition a été faite à Leyde en l'année
1710
A O UST. 1731. 195
1710. par les soins de M. Hermant Boerhave
, aussi Professeur de Medecine ez
de Botanique de l'Université de Leyde ,
avec une Preface de sa façon , dans la
quelle il aura sans doute parlé des autres
Ouvrages de P. Alpin , qui sont tous
curieux et devenus rares. Nos Journalislistes
n'en parlent point ; c'est le premier
de tous les Européens qui a écrit sur l'Ar
bre et le fruit du Café , et qui la fait connoitre
en deçà des Mers , après l'avoir
vû en Egypte . Il a aussi fait un excellent
Traité sur l'Arbre du Baume , un autre
des Plantes étrangeres , et un Ouvrage
sur la Medecine des Egyptiens . On devroit
bien songer à les réimprimer.
On apprend , dans l'Article de Luques,
que Pellegrin Frediani y venoit de réimprimer
in 8. la 1. et la 2. Partie des
Poësies sacrés et morales de Louis Adimari
Senateur de Florence et Académicien
;
de la Crusca , avec la Paraphrase des VII .
Pseaumes de la Penitence en vers lyriques
du même Auteur , estimé l'un des plus
fameux Poëtes Italiens de notre temps;
il est mort à Florence le 23. Juin 1708 .
Tous ses Ouvrages furent dabord publiés
dans cette derniere Ville de l'Imprimerie
du Grand Duc en 1696. 1. vol . fol. et
ils meritoient bien , au sentiment de nos
Journalistes
1970 MERCURE DE FRANCE
Journalistes , par la pieté des sentimens ,
et par leur politesse , l'honneur d'une
nouvelle Edition .
Un Antiquaire écrit de Naples , qu'en
travaillant dans le Village de Résine ,
auprès de cette Ville , à la réparation
d'une Citerne , on a trouvé quelques
Marbres antiques , ce qui a excité la curiosité
du Prince d'Elbeuf , qui a fait
foüir la terre aux environs : au moyen
de ce travail , on a découvert plusieurs
fragmens de Colomnes de Marbre affricain
, de Cipolin , d'Albâtre &c. quelques
Statues d'un goût grec , mais fort
mal traitées , et diverses Corniches de
Marbre de Paros , d'un travail exquis et
d'Ordre Corinthien. L'opinion commune
veut qu'il y a eu là un Temple de
l'ancienne Ville d'Herculane , dont Pline ,
Ciceron , Mela , et Strabon ont parlé
cette découverte le confirme , et on croit
que les Colomnes dont on vient de
fer , formoient le dernier Ordre d'Architecture
, ensorte que si on creusoit plus
ayant jusques à la profondeur de 80.
palmes , on trouveroit d'autres Colomnes
plus considerables &c . On a oute que
la chûte de cet Edifice fût un des effets
du fameux tremblement de Terre qui arriva
sous l'Empereur Tite.
par-
L'InscripA
O UST. 1737 1971
L'Inscription suivante se lit sur une
Architrave , ou plutôt sur une Frize
APPIVS. PVCHER . C. F. COS. IMP.
VII VIR. EPVLONVM. Cer Appius
Pucher , selon notre Antiquaire , fût Consul
avec C. Norbanus Flaccus , sur quoy
il fait quelques Remarques Historiques
qui lui donnent lieu de croire que l'Appius
Pulcher de l'Inscription est le même
à qui Ciceron a écrit plusieurs Lettres ,
et qui succeda à Ciceron dans la charge:
de Proconsul de Cilicie.
On ajoute que dans le même lieu on
déterra la Statue d'une Femme , que ce
même Antiquaire conjecture être celle
de la Vestale Claudia , dont Valere Maxime
a fait mention dans son Histoire. Nos.
Journalistes promettent , en cas que cette
découverte ait d'autres suites , d'ent
faire part au Public .
On apprend dans l'Article de Rome ,
que M. André Adam , de la Ville de Boulogne
, Maître de la Chapelle du Pape ,
et Beneficier de l'Eglise Sainte Marie Majeure
, a publié un Ouvrage qui lui fait
honneur , et qui marque son application
aux devoirs de sa charge , en voici le
titre : Osservazioni ben regolare il coro
de i cantori della Capella Pontificia tanto
Belle funzioni ordinarie , che straordinarie.
per
Roma
1972 MERCURE DE FRANCE
Roma per Antonio de Rossi 1711. in 4° .
pagg. 216. Senza la Prefazione e l'indice.
Les Saintes Fonctions de la Chapelle
Pontificale sont remplies de tanr de Majesté,
qu'il étoit à propos de les décrire et
de les expliquer dans unLivre particulier,
comme l'a fait M. Adam pour l'instruction
et pour l'édification des Fideles. Il a
ajouté un Catalogue des Chantres de
cette Chapelle depuis Paul III . jusqu'à
ɛe tems- ci , avec les Portraits en Failledouce
de quelques-uns. L'Ouvrage est
utile , digne de son Auteur , et magnifiquement
imprimé , nobilmente Stampata.
M. Adam est de l'Académie des Arcadiens
, gli Arcadi , dont tous les Mem
bres , comme l'on sçait, portent des noms
particuliers. Celui de cet Auteur est Ca
ricle Pisée. Cela fait, souvenir de l'Académie
des Humides de Florence , dont les
premiers Membres furent appellés l'Humecte
le Gelé , le Froid , le Trempé , ls
Transi , le Trouble , le Brochet , le Bourbeux
, le RRoocchheerr ,,l'EEccuummeeuuxx ,, le Cygne.
›
On trouve chez André Cailleau , Quay
des Augustins , près le Pont S. Michel
à l'Image S. André , les Livres nouveaux
suivans.
OEUVRES de Clement Marot , revûës
Su
AOUST. 17318 1975
1
sur plusieurs Manuscrits et sur plus de
40. Editions , et augmentées , avec les Ouvrages
de Jean Marot , son pere , ceux de
Michel Marot , son fils , 4. vol . in 4. 1731 .
Les mêmes Oeuvres in 12. 6. volumes.
HISTOIRE de la Ville de Genève et des
Environs.Nouvelle Edition très- augmen- .
tée , 2. vol. in 4. 1731. avec Cartes es
Figures.
La même 4. volumes in 12.
COURS d'Arithmétique , &c. par l'Abbé
le Port , in 12.
LES EPITRES et Evangiles , avec des
Refléxions , volume in 12 .
L'HISTOIRE des Rois de Chypre , de
la Maison de Lusignan , traduite de l'Italien
du Cavalier Henry Giblet Cypriot.
2. volumes in 12. sous Presse.
Le même Libraire vient d'imprimer la
suite du Théatre Italien , par le sicur
Ricoboni , dit Lelio , avec une Lettre de
M. Rousseau à l'Auteur , et l'Explication
des Figures , grand in 8. 1731. Il vend
aussi le premier vol. in 8. avec figures.
On trouve aussi chez lui une Carte
Géographique des Pays de Bierre , dit de
Fontainebleau , de Hurepoix , Gatinois ,
et
1974 MERCURE DE FRANCE
et de partie de la Brie , dédiée au Roi ,
par M. l'Abbe Guilbert , Auteur de la Description
de Fontainebleau , qui se vend
chez le même Libraire. Cette Carte est
d'autant plus commode , qu'elle se peut
mettre dans la poche , n'ayant que 14.
pouces en quarré , et qu'on y trouve les
noms des Seigneurs de toutes les Villes ,
Villages , Fiefs et Hameaux qui se trouvent
dans ces Pays.
Le troisiéme volume des Veillées de
Thessalie , paroît chez J. Fr. Josse , ruë
S. Jacques , et se fait lire aussi agréablement
que les précedens.
et
Les illustres personnes qui nous ont
communiqué l'Epitaphe de Madame de
Brunswic , composée à Vienne par l'ordre
de l'Imperatrice Doüairiere , sa fille ,
publiée dans le Mercure de Juillet dernier,
ont souhaité que nous en donnassions
une Traduction Françoise , pour la satisfaction
des Dames et de ceux à qui l'au
tre Langue n'est pas si familiere.
del Cartesio , ed al peso dell' aria del Si
gnor Marchese Gio Poleni Veneziano , Fre
blico Professore di Meteore , e di Astronomia
nello studio di Padova, c'est -à dire
OBSERWA
F vj
1958 MERCURE DE FRANCE
OBSERVATIONS sur les Barometres de Des
cartes et sur la pesanteur de l'air. Par M.
le Marquis POLENI , Professeur d'Astronomie
à Padoue : on ne dit point l'année
ni le lieu de l'impression .
Cet Ouvrage n'a pour bút que la per
fection du Barometre : l'Auteur donne à
Descartes les louanges qui lui sont dues
à cet égard , mais il ne dissimule pas les
deffauts de l'Instrument de son invention
qui porte ce nom ; Il ajoute que M.
de la Hyre à parfaitement bien traité cette
matiere dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , année 1708. Enfin
il propose un Barometre de sa propre invention
, dont on trouve la figure gravée
dans le Journal avec un discours
pour en prouver la bonté et l'utilité ,
qui fait voir la capacité de ce Professeur
sur le sujet qu'il a entrepris de traiter..
Dans les Nouvelles Litteraires de ce
volume on trouve un petit Eloge du fa→
meux. Prosper Alpin , né sujet de la République
de Venise , et Professeur de
Medecine et de Botanique à Padoue dans
le XVI. et le XVII . Siecle , à l'occasion
de la réimpression du plus rare et du plus
estimé de ses Ouvrages , intitulé De prasagienda
vita et morte agrotantium. Cette
Edition a été faite à Leyde en l'année
1710
A O UST. 1731. 195
1710. par les soins de M. Hermant Boerhave
, aussi Professeur de Medecine ez
de Botanique de l'Université de Leyde ,
avec une Preface de sa façon , dans la
quelle il aura sans doute parlé des autres
Ouvrages de P. Alpin , qui sont tous
curieux et devenus rares. Nos Journalislistes
n'en parlent point ; c'est le premier
de tous les Européens qui a écrit sur l'Ar
bre et le fruit du Café , et qui la fait connoitre
en deçà des Mers , après l'avoir
vû en Egypte . Il a aussi fait un excellent
Traité sur l'Arbre du Baume , un autre
des Plantes étrangeres , et un Ouvrage
sur la Medecine des Egyptiens . On devroit
bien songer à les réimprimer.
On apprend , dans l'Article de Luques,
que Pellegrin Frediani y venoit de réimprimer
in 8. la 1. et la 2. Partie des
Poësies sacrés et morales de Louis Adimari
Senateur de Florence et Académicien
;
de la Crusca , avec la Paraphrase des VII .
Pseaumes de la Penitence en vers lyriques
du même Auteur , estimé l'un des plus
fameux Poëtes Italiens de notre temps;
il est mort à Florence le 23. Juin 1708 .
Tous ses Ouvrages furent dabord publiés
dans cette derniere Ville de l'Imprimerie
du Grand Duc en 1696. 1. vol . fol. et
ils meritoient bien , au sentiment de nos
Journalistes
1970 MERCURE DE FRANCE
Journalistes , par la pieté des sentimens ,
et par leur politesse , l'honneur d'une
nouvelle Edition .
Un Antiquaire écrit de Naples , qu'en
travaillant dans le Village de Résine ,
auprès de cette Ville , à la réparation
d'une Citerne , on a trouvé quelques
Marbres antiques , ce qui a excité la curiosité
du Prince d'Elbeuf , qui a fait
foüir la terre aux environs : au moyen
de ce travail , on a découvert plusieurs
fragmens de Colomnes de Marbre affricain
, de Cipolin , d'Albâtre &c. quelques
Statues d'un goût grec , mais fort
mal traitées , et diverses Corniches de
Marbre de Paros , d'un travail exquis et
d'Ordre Corinthien. L'opinion commune
veut qu'il y a eu là un Temple de
l'ancienne Ville d'Herculane , dont Pline ,
Ciceron , Mela , et Strabon ont parlé
cette découverte le confirme , et on croit
que les Colomnes dont on vient de
fer , formoient le dernier Ordre d'Architecture
, ensorte que si on creusoit plus
ayant jusques à la profondeur de 80.
palmes , on trouveroit d'autres Colomnes
plus considerables &c . On a oute que
la chûte de cet Edifice fût un des effets
du fameux tremblement de Terre qui arriva
sous l'Empereur Tite.
par-
L'InscripA
O UST. 1737 1971
L'Inscription suivante se lit sur une
Architrave , ou plutôt sur une Frize
APPIVS. PVCHER . C. F. COS. IMP.
VII VIR. EPVLONVM. Cer Appius
Pucher , selon notre Antiquaire , fût Consul
avec C. Norbanus Flaccus , sur quoy
il fait quelques Remarques Historiques
qui lui donnent lieu de croire que l'Appius
Pulcher de l'Inscription est le même
à qui Ciceron a écrit plusieurs Lettres ,
et qui succeda à Ciceron dans la charge:
de Proconsul de Cilicie.
On ajoute que dans le même lieu on
déterra la Statue d'une Femme , que ce
même Antiquaire conjecture être celle
de la Vestale Claudia , dont Valere Maxime
a fait mention dans son Histoire. Nos.
Journalistes promettent , en cas que cette
découverte ait d'autres suites , d'ent
faire part au Public .
On apprend dans l'Article de Rome ,
que M. André Adam , de la Ville de Boulogne
, Maître de la Chapelle du Pape ,
et Beneficier de l'Eglise Sainte Marie Majeure
, a publié un Ouvrage qui lui fait
honneur , et qui marque son application
aux devoirs de sa charge , en voici le
titre : Osservazioni ben regolare il coro
de i cantori della Capella Pontificia tanto
Belle funzioni ordinarie , che straordinarie.
per
Roma
1972 MERCURE DE FRANCE
Roma per Antonio de Rossi 1711. in 4° .
pagg. 216. Senza la Prefazione e l'indice.
Les Saintes Fonctions de la Chapelle
Pontificale sont remplies de tanr de Majesté,
qu'il étoit à propos de les décrire et
de les expliquer dans unLivre particulier,
comme l'a fait M. Adam pour l'instruction
et pour l'édification des Fideles. Il a
ajouté un Catalogue des Chantres de
cette Chapelle depuis Paul III . jusqu'à
ɛe tems- ci , avec les Portraits en Failledouce
de quelques-uns. L'Ouvrage est
utile , digne de son Auteur , et magnifiquement
imprimé , nobilmente Stampata.
M. Adam est de l'Académie des Arcadiens
, gli Arcadi , dont tous les Mem
bres , comme l'on sçait, portent des noms
particuliers. Celui de cet Auteur est Ca
ricle Pisée. Cela fait, souvenir de l'Académie
des Humides de Florence , dont les
premiers Membres furent appellés l'Humecte
le Gelé , le Froid , le Trempé , ls
Transi , le Trouble , le Brochet , le Bourbeux
, le RRoocchheerr ,,l'EEccuummeeuuxx ,, le Cygne.
›
On trouve chez André Cailleau , Quay
des Augustins , près le Pont S. Michel
à l'Image S. André , les Livres nouveaux
suivans.
OEUVRES de Clement Marot , revûës
Su
AOUST. 17318 1975
1
sur plusieurs Manuscrits et sur plus de
40. Editions , et augmentées , avec les Ouvrages
de Jean Marot , son pere , ceux de
Michel Marot , son fils , 4. vol . in 4. 1731 .
Les mêmes Oeuvres in 12. 6. volumes.
HISTOIRE de la Ville de Genève et des
Environs.Nouvelle Edition très- augmen- .
tée , 2. vol. in 4. 1731. avec Cartes es
Figures.
La même 4. volumes in 12.
COURS d'Arithmétique , &c. par l'Abbé
le Port , in 12.
LES EPITRES et Evangiles , avec des
Refléxions , volume in 12 .
L'HISTOIRE des Rois de Chypre , de
la Maison de Lusignan , traduite de l'Italien
du Cavalier Henry Giblet Cypriot.
2. volumes in 12. sous Presse.
Le même Libraire vient d'imprimer la
suite du Théatre Italien , par le sicur
Ricoboni , dit Lelio , avec une Lettre de
M. Rousseau à l'Auteur , et l'Explication
des Figures , grand in 8. 1731. Il vend
aussi le premier vol. in 8. avec figures.
On trouve aussi chez lui une Carte
Géographique des Pays de Bierre , dit de
Fontainebleau , de Hurepoix , Gatinois ,
et
1974 MERCURE DE FRANCE
et de partie de la Brie , dédiée au Roi ,
par M. l'Abbe Guilbert , Auteur de la Description
de Fontainebleau , qui se vend
chez le même Libraire. Cette Carte est
d'autant plus commode , qu'elle se peut
mettre dans la poche , n'ayant que 14.
pouces en quarré , et qu'on y trouve les
noms des Seigneurs de toutes les Villes ,
Villages , Fiefs et Hameaux qui se trouvent
dans ces Pays.
Le troisiéme volume des Veillées de
Thessalie , paroît chez J. Fr. Josse , ruë
S. Jacques , et se fait lire aussi agréablement
que les précedens.
et
Les illustres personnes qui nous ont
communiqué l'Epitaphe de Madame de
Brunswic , composée à Vienne par l'ordre
de l'Imperatrice Doüairiere , sa fille ,
publiée dans le Mercure de Juillet dernier,
ont souhaité que nous en donnassions
une Traduction Françoise , pour la satisfaction
des Dames et de ceux à qui l'au
tre Langue n'est pas si familiere.
Fermer
Résumé : Barometres et pesanteur de l'air, [titre d'après la table]
Le texte présente diverses observations et découvertes littéraires et historiques. Le Marquis Gio Poleni, professeur d'astronomie à Padoue, publie un ouvrage sur les baromètres de Descartes et la pesanteur de l'air. Il critique les défauts de l'instrument de Descartes et propose un baromètre amélioré, dont la figure est gravée dans le journal. Poleni apprécie également les travaux de M. de la Hyre sur le même sujet. Les Nouvelles Littéraires mentionnent un éloge du médecin et botaniste Prosper Alpin, né à Venise et professeur à Padoue. Son ouvrage 'De prasagienda vita et morte agrotantium' a été réimprimé à Leyde en 1710 sous la supervision de Hermant Boerhave. Alpin est reconnu comme le premier Européen à avoir écrit sur l'arbre et le fruit du café, ainsi que sur l'arbre du baume et la médecine des Égyptiens. À Luques, Pellegrin Frediani réimprime les œuvres poétiques de Louis Adimari, sénateur florentin et académicien de la Crusca, décédé en 1708. Ces œuvres sont appréciées pour leur piété et leur politesse. Un antiquaire de Naples rapporte la découverte de marbres antiques et de statues près de la ville de Résine, confirmant l'existence d'un temple à Herculane. Cette découverte est attribuée au tremblement de terre sous l'empereur Tite. À Rome, M. André Adam, maître de la chapelle du Pape, publie un ouvrage sur les fonctions de la chapelle pontificale, incluant un catalogue des chantres et des portraits. Adam est membre de l'Académie des Arcadiens. Le texte liste également plusieurs ouvrages disponibles chez André Cailleau, dont les œuvres de Clément Marot, une histoire de Genève, un cours d'arithmétique, et une histoire des rois de Chypre. Il mentionne aussi une carte géographique des pays de Bierre et une suite du Théâtre Italien par Ricoboni. Enfin, il note la parution du troisième volume des 'Veillées de Thessalie' et une traduction française de l'épitaphe de Madame de Brunswick.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 1980-1902
Oeuvres de Moliere : nouvelle Edition, [titre d'après la table]
Début :
Les Libraires de Paris travaillent actuellement à donner au Public une nouvelle Édition [...]
Mots clefs :
Libraires de Paris, Réflexions historiques et critiques, Molière, Portrait, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Oeuvres de Moliere : nouvelle Edition, [titre d'après la table]
Les Libraires de Paris travaillent actuelles
ment
AOUS T. 1731. 1981
ment à donner au Public une nouvelle Edition
des OEUVRES DE MOLIERE ? en six volumes inquarto
, avec des Memoires sur la Vie de l'Auteur
, et des Réflexions Historiques et Critiques
sur chaque Piece.
;
On n'épargnera aucune dépense pour embellir
cette Edition , qui sera toute entiere sur du
grand papier avec le Portrait de l'Auteur , des
Estampes pour chaque Sujet , des Vignettes
Lettres grises et Culs - de-lampes ; le tout dessiné
et gravé par les meilleurs Maîtres.
Le Texte a été exactement conferé avec les
anciennes Editions et quelques Manuscrits. La
correction de cette Edition sera faite avec un
très-grand soin .
Les Exemplaires seront délivrés à la fin de
l'année 1732. Il n'en sera tiré qu'un très- petit
nombre, conformément au papier et aux Caracteres
employés au present Avis.
Ceux qui en voudront retenir , pourront s'adresser
, à Paris chez Pierre Gandoüin , Quay
des Augustins , Theodore le Gras , Grand'Salle
du Palais. Michel - Estienne David , sur ledit
Quay. Guillaume Cavelier , rue Saint Jacques.
Les Libraires ci - dessus ne délivreront des
Reconnoissances que jusqu'au dernier Novembre
1731.
La suite et conclusion des Mémoires d'un
homme de qualité qui s'est retiré du Monde
se trouve à Paris chez Gabriël Martin , Libraire
, ruë S. Jacques , chez la Veuve Delaulne
, même ruë , et chez Theodore le Gras au
Palais.
Le samedi 28. Juillet , l'Académie Royale
G des
1902 MER DE FRANCE
des Sciences élût Mrs. de Maupertuis , Pitot ,
et Bouguier , pour remplir la place de Pensionnaire
Géométre , vacante pat la veterance accordée
à M. Saurin , le premier a été choisi par
le Roy pour remplir cette place .
Le Mercredi 1. Aoust M. Clairau a été choisi
pour remplir la place d'Adjoint Méchanicien ,
vacante depuis long- temps,
Le Mercredi 8. M. de Valiere , Lieutenant
General d'Artillerie , Grand- Croix de l'Ordre
de S. Louis , et M. de la Peyronie , premier
Chirurgien du Roy, ont été élûs pour remplir la
premiere de deux places d'Associés libres , dont
le Roy vient d'augmenter cette Classe : ces deux
Sujets ont été choisis pour remplir ces deux
places.
ment
AOUS T. 1731. 1981
ment à donner au Public une nouvelle Edition
des OEUVRES DE MOLIERE ? en six volumes inquarto
, avec des Memoires sur la Vie de l'Auteur
, et des Réflexions Historiques et Critiques
sur chaque Piece.
;
On n'épargnera aucune dépense pour embellir
cette Edition , qui sera toute entiere sur du
grand papier avec le Portrait de l'Auteur , des
Estampes pour chaque Sujet , des Vignettes
Lettres grises et Culs - de-lampes ; le tout dessiné
et gravé par les meilleurs Maîtres.
Le Texte a été exactement conferé avec les
anciennes Editions et quelques Manuscrits. La
correction de cette Edition sera faite avec un
très-grand soin .
Les Exemplaires seront délivrés à la fin de
l'année 1732. Il n'en sera tiré qu'un très- petit
nombre, conformément au papier et aux Caracteres
employés au present Avis.
Ceux qui en voudront retenir , pourront s'adresser
, à Paris chez Pierre Gandoüin , Quay
des Augustins , Theodore le Gras , Grand'Salle
du Palais. Michel - Estienne David , sur ledit
Quay. Guillaume Cavelier , rue Saint Jacques.
Les Libraires ci - dessus ne délivreront des
Reconnoissances que jusqu'au dernier Novembre
1731.
La suite et conclusion des Mémoires d'un
homme de qualité qui s'est retiré du Monde
se trouve à Paris chez Gabriël Martin , Libraire
, ruë S. Jacques , chez la Veuve Delaulne
, même ruë , et chez Theodore le Gras au
Palais.
Le samedi 28. Juillet , l'Académie Royale
G des
1902 MER DE FRANCE
des Sciences élût Mrs. de Maupertuis , Pitot ,
et Bouguier , pour remplir la place de Pensionnaire
Géométre , vacante pat la veterance accordée
à M. Saurin , le premier a été choisi par
le Roy pour remplir cette place .
Le Mercredi 1. Aoust M. Clairau a été choisi
pour remplir la place d'Adjoint Méchanicien ,
vacante depuis long- temps,
Le Mercredi 8. M. de Valiere , Lieutenant
General d'Artillerie , Grand- Croix de l'Ordre
de S. Louis , et M. de la Peyronie , premier
Chirurgien du Roy, ont été élûs pour remplir la
premiere de deux places d'Associés libres , dont
le Roy vient d'augmenter cette Classe : ces deux
Sujets ont été choisis pour remplir ces deux
places.
Fermer
Résumé : Oeuvres de Moliere : nouvelle Edition, [titre d'après la table]
En 1731, les Libraires de Paris préparent une nouvelle édition des œuvres de Molière en six volumes in-quarto. Cette édition inclura des mémoires sur la vie de l'auteur et des réflexions historiques et critiques sur chaque pièce. Pour embellir l'ouvrage, les libraires utiliseront du grand papier, des portraits de l'auteur, des estampes pour chaque sujet, des vignettes, des lettres grises et des culs-de-lampe, tous dessinés et gravés par les meilleurs maîtres. Le texte a été soigneusement comparé avec les anciennes éditions et quelques manuscrits, et la correction sera faite avec un grand soin. Les exemplaires seront disponibles à la fin de l'année 1732, en nombre limité. Les personnes intéressées peuvent s'adresser à Pierre Gandoüin, Theodore le Gras, Michel-Estienne David ou Guillaume Cavelier à Paris. Les reconnaissances seront délivrées jusqu'au dernier novembre 1731. Par ailleurs, la suite des 'Mémoires d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde' est disponible chez Gabriël Martin, la Veuve Delaulne et Theodore le Gras. L'Académie Royale des Sciences a élu plusieurs membres en juillet et août 1731, notamment de Maupertuis, Pitot, Bouguier, Clairaut, de Valière et de La Peyronie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 2022-2029
Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 16. le Corps de Ville assemblé, fit l'élection de deux nouveaux Echevins [...]
Mots clefs :
Échevins, Scrutin, Maître des cérémonies, Noblesse, Concert d'instruments, Académie royale de musique, Académie française, Académie royale des sciences, Société royale de Londres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
Le 16. le Corps de Ville assemblé ,
fit l'élection de deux nouveaux Echevins
qui sont M. Pelet , Avocat ès Conseils ,
Bailly de l'Abbaye de S. Germain des
Près , et Conseiller de Ville , et M. Géoffroy
, de l'Académie Royale des Sciences
et de la Societé Royale de Londres.
Le 19. le même Corps de Ville , le
Duc de Tresmes , Gouverneur de Paris ,
étant à la tête , eut Audience du Roy
avec les Céremonies accoûtumées, Il fut
présenté par le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat , et conduit par le Marquis
de Brezé , Grand-Maître des Ceremonies
, en survivance du Marquis de
Dreux son Pere , et par M. Desgranges ,
Maître des Ceremonies .
BAN
A O UST. . 1731. 2023
Mr. Pelet et Geoffroy , nouveaux Echevins
, prêterent entre les mains de S. M.
le serment de fidelité dont le Comte de
Maurepas fit la lecture. Le Scrutin fut présenté
par M. de Tourmont de Gournay ,
Conseiller au Parlement , qui s'exprima
en ces termes.
SIRE
Votre bonne Ville de Paris vient toujours
avec le même empressement presenter
à Votre Majesté les assurances respectueuses
de sa fidelité ; souffrez , Sire , qu'elle
dise de son amour pour son auguste Maître
comment un Peuple dont vous faites tout le
bonheur ne seroit- il pas pénétré de ces sentimens
? il admire en vous les vertus de tous
les âges ; vous les rendez aimables par les
charmes qu'elles répandent sur vôtre personne
sacrée et nécessaires par votre exemple.
Les graces que la nature vous a prodiguées
ont un éclat qui ne se confund point avec
celui du Trône . Vous regnez sur vous-même
dans cette saison dangereuse où les passions
dominent sur les Maîtres du Monde avec
plus d'empire que sur les autres hommes. Un
discernement juste vousfait choisir ceux que
vous honorez de votre confiance ; et ce choix.
si important est le chef-d'oeuvre d'un Monarque
2024 MERCURE DE FRANCE
7425
que consommé dans l'Art de regner. Vous
nous conservez l'avantage inestimable de ta
Paix. Nous devons à vos soins paternels des
jours heureux dont rien ne pourra désormais
interrompre le cours ; nous en avons pour
garants la tendresse de Votre Majesté pour
un Peuple si fidele , et ces gages precieux de
la fidelité publique , qu'il a plû au Ciel d'ac
corder à vos vertus , et à l'ardeur de nos
voeux.
Le 21. les Députez des Etats de Languedoc
curent Audience du Roy , étant
presentés par le Prince de Dombes , Gouverneur
de la Province , et par le Comte
de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et
conduits en la maniere accoutumée par
le Grand- Maitre , et par le Maître des
Ceremonies. La députation étoit com
posée de M. de Segur , Evéque de Saint
Papoul pour le Clergé , lequel porta la
parole du Baron de Lenta pour la Noblesse;
de M. de Lavedan et la Caze , députés
du Tiers Etat , et de M. Joubert ,
Sindic Géneral de la Province . Les Ca
hiers furent presentés par l'Evêque de
S. Papoul , qui parla avec beaucoup d'éloquence
, et dont le discours fût applau
di. Ce Prelat est fils du Marquis de Segure,
Grand- Croix de l'Ordre de S.Louis,
Gouverneur du Pays de Foix , et Lieur
tenant
A O UST. 1731. 2025
tenant Géneral au Gouvernement de
Brie. Il est d'une des meilleures Maisons
de la Province de Guyenne . Ces députés
curent ensuite Audience de la Reine , et
ils rendirent leurs respects à Monseigneur
le Dauphin , à Monseigneur le Duc
d'Anjou et à Mesdames de France .
Le Roy a donné la place de Conseiller
d'Etat vacante par la mort de M. d'Argouges
, à M. de Bouville , Intendant
d'Orléans : S. M. a nommé à l'Intendance
d'Orleans M. de Beaussan qui est
remplacé dans l'Intendance de Poitiers
par M, le Nain , M. des Requetes , et
M. Chauvelin de Beauséjour , Me. des
Requêtes , a été nommé Intendant de
la Géneralité d'Amiens , à la Place de
M. Chauvelin Conseiller d'Etat son
Pere,
Le 23. La Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement
des Actions fut tirée en la maniere
accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie,
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et dixièmes d'Actions qui doivent
être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 309. Actions,
Le Concert d'Instrumens que l'Aça¬
démic
2026 MEAL
#1
à
démie Royale de Musique donne tous
les ans au Château des Thuilleries
Poccasion de la Fête du Roy , a été executé
le 24. veille de S. Louis , par un grand
nombre d'excellens Simphonistes de la
même Académie , qui jouërent differens
morceaux de Musique de M. de Lully ,
et d'autres Maîtres Modernes.
L'Académie Françoise celebra le 25.
de ce mois la Fête de S. Louis dans la
Chapelle du Louvre , la Messe fut celebrée
par l'Archevêque de Sens , l'un
des quarante de l'Académie , et l'Abbé
Laizeau prononça le Panegyrique du
Saint.
Le même jour , l'Académie des Inscriptions
et Belles - Lettres , et celle des
Sciences , celebrerent la fête de S. Louis
dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire
de S. Honoré ; il y eut une Musique
excellente pendant la Messe. Le R. P.
Meney , Chanoine Regulier de S. Augustin
, Congregation de S. Antoine , prononça
le Panegyrique du S. Roy en présence
des deux Académies et d'une nomé
breuse Assemblée. Son Discours parut fort
éloquent. On y remarqua un grand fond
de Religion et de pieté soutenu par
tous les traits les plus marqués et les plus
biil-
1
AOUST. 2027 17318
brillants de la vie de S. Loüis. Les Pseaumes
, Domine Dominus noster et Cantate
Laus ejus , mis en Musique par les Sieurs
Dornel et du Bousset , furent chantés
pendant ces Messes et fort applaudis.
Le 28. de ce mois après midi , la Reine
accompagnée des Dames de Sa Cour , se
rendit à la Maison Royale de S. Cyr , où
S. M. donna le voile de Religion à la
Dlle. Charpin de Gennetine. Le Sermon
y fut prononcé par l'Abbé de la Pause ;
Predicateur ordinaire du Roy.
Le Roi a nommé à la place de Mede
cin des Enfans de France , M. François
Chicoyneau , Conseiller en la Cour des
Aydes , Comptes et Finances de Languedoc
, Membre de l'Académie Royale des
Sciences de Montpellier , Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Intendant
du Jardin du Roi , Chancelier et Juge de
l'Université en Médecine de la mêmeVille.
M. Chicoyneau fut un des six Mede
cins à Marseille en l'an- S. M. envoya
que
née 1720. pour secourir les Pestiferez ; il
fut gratifié à cette occasion , avec ses Confreres
, d'une pension de 2000. liv. et du
Colier de l'Ordre de S. Michel . On écrit
de Montpellier , qu'il part de cette Ville
regretté
2023 MERCURE DE FRANCE
差
regreté generalement de tout le mon
de , et plus particulierement des P.
vres , ausquels il ne refusoit ni ses visite
ni ses conseils , sans compter les secou
solides qu'il leur fournissoir depuis 30,
ans. C'est aussi par cette consideration
que la Cour des Aydes le dispensoit de
se trouver à ses Audiances , en reconnoissance
de la charité qu'il exerçoit envers
les Pauvres.
En l'année 1715. il fut député de sa
Compagnie pour accompagner M. Bon ,
Premier President , lorsqu'il fut question
de complimenter le Roi sur son avenenement
à la Couronne.
M. Chicoyneau laisse à Montpellier un
fils du premier lit , reçû depuis 172 3 .
en survivance de ces mêmes Charges de
l'Université de Medecine de Montpellier,
dans lesquelles il a donné des preuves distinguées
qu'il est heritier de tous les heureux
talens de M. son Pere, lequel a épousé
en secondes nôces Mlle Chirac , fille unique
de M. Chirac , aujourd'hui Premier
Medecin du Roi , qu'il suffit de nommer
pour en faire l'Eloge.
Le mêine jour , le Roi nomma M. Botiilhac,
Docteur enMedecine de la Faculté de
Montpellier, Medecin du grandCommun
de la Maison du Roi et de la Charité de
Versailles
A O UST. 1731. 2019
Versailles, pour servir près des Enfans de
France , et suppléer à M. Chicoyneau, en
cas de maladie ou d'absence , même pour
l'aider dans ses fonctions , lorsqu'il sera
present.
fit l'élection de deux nouveaux Echevins
qui sont M. Pelet , Avocat ès Conseils ,
Bailly de l'Abbaye de S. Germain des
Près , et Conseiller de Ville , et M. Géoffroy
, de l'Académie Royale des Sciences
et de la Societé Royale de Londres.
Le 19. le même Corps de Ville , le
Duc de Tresmes , Gouverneur de Paris ,
étant à la tête , eut Audience du Roy
avec les Céremonies accoûtumées, Il fut
présenté par le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat , et conduit par le Marquis
de Brezé , Grand-Maître des Ceremonies
, en survivance du Marquis de
Dreux son Pere , et par M. Desgranges ,
Maître des Ceremonies .
BAN
A O UST. . 1731. 2023
Mr. Pelet et Geoffroy , nouveaux Echevins
, prêterent entre les mains de S. M.
le serment de fidelité dont le Comte de
Maurepas fit la lecture. Le Scrutin fut présenté
par M. de Tourmont de Gournay ,
Conseiller au Parlement , qui s'exprima
en ces termes.
SIRE
Votre bonne Ville de Paris vient toujours
avec le même empressement presenter
à Votre Majesté les assurances respectueuses
de sa fidelité ; souffrez , Sire , qu'elle
dise de son amour pour son auguste Maître
comment un Peuple dont vous faites tout le
bonheur ne seroit- il pas pénétré de ces sentimens
? il admire en vous les vertus de tous
les âges ; vous les rendez aimables par les
charmes qu'elles répandent sur vôtre personne
sacrée et nécessaires par votre exemple.
Les graces que la nature vous a prodiguées
ont un éclat qui ne se confund point avec
celui du Trône . Vous regnez sur vous-même
dans cette saison dangereuse où les passions
dominent sur les Maîtres du Monde avec
plus d'empire que sur les autres hommes. Un
discernement juste vousfait choisir ceux que
vous honorez de votre confiance ; et ce choix.
si important est le chef-d'oeuvre d'un Monarque
2024 MERCURE DE FRANCE
7425
que consommé dans l'Art de regner. Vous
nous conservez l'avantage inestimable de ta
Paix. Nous devons à vos soins paternels des
jours heureux dont rien ne pourra désormais
interrompre le cours ; nous en avons pour
garants la tendresse de Votre Majesté pour
un Peuple si fidele , et ces gages precieux de
la fidelité publique , qu'il a plû au Ciel d'ac
corder à vos vertus , et à l'ardeur de nos
voeux.
Le 21. les Députez des Etats de Languedoc
curent Audience du Roy , étant
presentés par le Prince de Dombes , Gouverneur
de la Province , et par le Comte
de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et
conduits en la maniere accoutumée par
le Grand- Maitre , et par le Maître des
Ceremonies. La députation étoit com
posée de M. de Segur , Evéque de Saint
Papoul pour le Clergé , lequel porta la
parole du Baron de Lenta pour la Noblesse;
de M. de Lavedan et la Caze , députés
du Tiers Etat , et de M. Joubert ,
Sindic Géneral de la Province . Les Ca
hiers furent presentés par l'Evêque de
S. Papoul , qui parla avec beaucoup d'éloquence
, et dont le discours fût applau
di. Ce Prelat est fils du Marquis de Segure,
Grand- Croix de l'Ordre de S.Louis,
Gouverneur du Pays de Foix , et Lieur
tenant
A O UST. 1731. 2025
tenant Géneral au Gouvernement de
Brie. Il est d'une des meilleures Maisons
de la Province de Guyenne . Ces députés
curent ensuite Audience de la Reine , et
ils rendirent leurs respects à Monseigneur
le Dauphin , à Monseigneur le Duc
d'Anjou et à Mesdames de France .
Le Roy a donné la place de Conseiller
d'Etat vacante par la mort de M. d'Argouges
, à M. de Bouville , Intendant
d'Orléans : S. M. a nommé à l'Intendance
d'Orleans M. de Beaussan qui est
remplacé dans l'Intendance de Poitiers
par M, le Nain , M. des Requetes , et
M. Chauvelin de Beauséjour , Me. des
Requêtes , a été nommé Intendant de
la Géneralité d'Amiens , à la Place de
M. Chauvelin Conseiller d'Etat son
Pere,
Le 23. La Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement
des Actions fut tirée en la maniere
accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie,
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et dixièmes d'Actions qui doivent
être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 309. Actions,
Le Concert d'Instrumens que l'Aça¬
démic
2026 MEAL
#1
à
démie Royale de Musique donne tous
les ans au Château des Thuilleries
Poccasion de la Fête du Roy , a été executé
le 24. veille de S. Louis , par un grand
nombre d'excellens Simphonistes de la
même Académie , qui jouërent differens
morceaux de Musique de M. de Lully ,
et d'autres Maîtres Modernes.
L'Académie Françoise celebra le 25.
de ce mois la Fête de S. Louis dans la
Chapelle du Louvre , la Messe fut celebrée
par l'Archevêque de Sens , l'un
des quarante de l'Académie , et l'Abbé
Laizeau prononça le Panegyrique du
Saint.
Le même jour , l'Académie des Inscriptions
et Belles - Lettres , et celle des
Sciences , celebrerent la fête de S. Louis
dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire
de S. Honoré ; il y eut une Musique
excellente pendant la Messe. Le R. P.
Meney , Chanoine Regulier de S. Augustin
, Congregation de S. Antoine , prononça
le Panegyrique du S. Roy en présence
des deux Académies et d'une nomé
breuse Assemblée. Son Discours parut fort
éloquent. On y remarqua un grand fond
de Religion et de pieté soutenu par
tous les traits les plus marqués et les plus
biil-
1
AOUST. 2027 17318
brillants de la vie de S. Loüis. Les Pseaumes
, Domine Dominus noster et Cantate
Laus ejus , mis en Musique par les Sieurs
Dornel et du Bousset , furent chantés
pendant ces Messes et fort applaudis.
Le 28. de ce mois après midi , la Reine
accompagnée des Dames de Sa Cour , se
rendit à la Maison Royale de S. Cyr , où
S. M. donna le voile de Religion à la
Dlle. Charpin de Gennetine. Le Sermon
y fut prononcé par l'Abbé de la Pause ;
Predicateur ordinaire du Roy.
Le Roi a nommé à la place de Mede
cin des Enfans de France , M. François
Chicoyneau , Conseiller en la Cour des
Aydes , Comptes et Finances de Languedoc
, Membre de l'Académie Royale des
Sciences de Montpellier , Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Intendant
du Jardin du Roi , Chancelier et Juge de
l'Université en Médecine de la mêmeVille.
M. Chicoyneau fut un des six Mede
cins à Marseille en l'an- S. M. envoya
que
née 1720. pour secourir les Pestiferez ; il
fut gratifié à cette occasion , avec ses Confreres
, d'une pension de 2000. liv. et du
Colier de l'Ordre de S. Michel . On écrit
de Montpellier , qu'il part de cette Ville
regretté
2023 MERCURE DE FRANCE
差
regreté generalement de tout le mon
de , et plus particulierement des P.
vres , ausquels il ne refusoit ni ses visite
ni ses conseils , sans compter les secou
solides qu'il leur fournissoir depuis 30,
ans. C'est aussi par cette consideration
que la Cour des Aydes le dispensoit de
se trouver à ses Audiances , en reconnoissance
de la charité qu'il exerçoit envers
les Pauvres.
En l'année 1715. il fut député de sa
Compagnie pour accompagner M. Bon ,
Premier President , lorsqu'il fut question
de complimenter le Roi sur son avenenement
à la Couronne.
M. Chicoyneau laisse à Montpellier un
fils du premier lit , reçû depuis 172 3 .
en survivance de ces mêmes Charges de
l'Université de Medecine de Montpellier,
dans lesquelles il a donné des preuves distinguées
qu'il est heritier de tous les heureux
talens de M. son Pere, lequel a épousé
en secondes nôces Mlle Chirac , fille unique
de M. Chirac , aujourd'hui Premier
Medecin du Roi , qu'il suffit de nommer
pour en faire l'Eloge.
Le mêine jour , le Roi nomma M. Botiilhac,
Docteur enMedecine de la Faculté de
Montpellier, Medecin du grandCommun
de la Maison du Roi et de la Charité de
Versailles
A O UST. 1731. 2019
Versailles, pour servir près des Enfans de
France , et suppléer à M. Chicoyneau, en
cas de maladie ou d'absence , même pour
l'aider dans ses fonctions , lorsqu'il sera
present.
Fermer
Résumé : Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
En août 1731, plusieurs événements significatifs ont eu lieu à Paris et en France. Le 16 août, le Corps de Ville a élu deux nouveaux échevins : M. Pelet, avocat et conseiller de ville, et M. Geoffroy, membre de l'Académie Royale des Sciences et de la Société Royale de Londres. Le 19 août, le Corps de Ville, sous la direction du Duc de Tresmes, a été reçu en audience par le roi. Cette audience a été présentée par le Comte de Maurepas et conduite par le Marquis de Brezé et M. Desgranges. Les nouveaux échevins ont prêté serment de fidélité au roi. Le 21 août, les députés des États de Languedoc ont également eu audience avec le roi, présentés par le Prince de Dombes et le Comte de Saint Florentin. La délégation comprenait des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état. Le 23 août, la loterie de la Compagnie des Indes a été tirée pour le remboursement des actions. Le 24 août, un concert de l'Académie Royale de Musique a été donné au Château des Tuileries. Le 25 août, l'Académie Française et les Académies des Inscriptions et Belles-Lettres et des Sciences ont célébré la fête de Saint Louis. Le 28 août, la reine a accompagné la demoiselle Charpin de Gennetine à la Maison Royale de Saint Cyr pour recevoir le voile de religion. Le roi a nommé M. François Chicoyneau comme médecin des Enfants de France et M. Botiilhac comme son suppléant. M. Chicoyneau était reconnu pour ses services lors de l'épidémie de peste à Marseille en 1720 et pour ses soins aux pauvres de Montpellier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 2391-2394
DESCRIPTION d'un Globe celeste mouvant, qui represente le mouvement du Soleil, de la Lune et des Etoiles fixes, inventé par M. Outhier, Prêtre du Diocèse de Besançon, et presenté par l'Autheur à l'Academie Royale des Sciences, le 26 Juillet 1727.
Début :
On voit d'abord un Globe celeste, porté par l'Axe du monde dans un Cercle méridien, [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Étoiles fixes, Machine, Lune, Sonnerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION d'un Globe celeste mouvant, qui represente le mouvement du Soleil, de la Lune et des Etoiles fixes, inventé par M. Outhier, Prêtre du Diocèse de Besançon, et presenté par l'Autheur à l'Academie Royale des Sciences, le 26 Juillet 1727.
OF
N voit d'abord un Globe celeste, porté par
l'Axe du monde dans un Cercle méridien ,
qui est engagé dans l'horizon à l'élevation du Polet
aux Spheres ordinaires. Sur ce Globe sont représentées
toutes les constellations et les Etoiles fixes,
et au dedans est enfermé le mouvement d'une
Pendule qui le fait mouvoir,et lui fait achever sa
révolution d'Orient en Occident , heures ,
16 minutes et quelques secondes, sur les Poles du
monde.
en 23
Pendant que le Globe tourne ainsi , une Aiguille
marque les heures du temps moyen , sur un petit
Cadran , qui est attaché fur le Méridien , au Pole
Arctique ; et en même temps un second mou-
Fij vement
2392 MERCURE
DE FRANCE
vement , qui est conduit par le premier , donne
sur les Poles de l'Eccliptique les mouvemens
propres du Soleil , de la Lune et des Nuës , par
le moyen d'une piece excentrique & de trois branches
,dont l'une porte le Soleil , qui demeure par
la construction de la Machine, huit jours de plus
dans les signes Septentrionaux, que dans les Méridionaux.
La seconde branche conduit la Lune
qui est portée sur la troisiéme ; & cette troisiéme
est dirigée par l'Excentrique , pour faire prendre
à la Lune ses latitudes Septentrionale & Méridionale
. L'Excentrique a aussi son mouvement
particulier , pour donner le mouvement des
noeuds. La Lune outre cela , ou plutôt le petit
Globe d'yvoire qui le représente, tourne sur son
centre et prefente toujours la moitié qui est blanche
vers le Soleil.
Par tous ces mouvemens on connoît le lever ,
le paffage au Meridien , le coucher , les amp itudes
ortives & occases , les differentes élevations
fous le Meridien du Soleil, de la Lune et des Etoiles
fixes ; les conjonctions du Soleil et de la Lune,
celles qui font Ecliptiques & celles qui ne le font
pas , et toutes les Phases de la Lune. Le Soleil
ayant ses differences d'ascension droite fait connoître
le temps vrai , & sa difference au temps
moyen que l'on connoît sur le petit Çadran , qui
eft au Pole Arétique.
Toute la machine eft d'une telle construction,
qu'elle n'eft pas pius sujette à s'arrêter que les
Pendules ordinaires , les differens mouvemens
qu'on vient de rapporter ne chatgeant prefque en
rien l'ouvrage .
Messieurs de l'Académic Royale des Sciences
qui eurent la bonté de donner une approbation
generale à cet Ouvrage , ont bien voulu après le
rap
OCTOBRE 1731. \ 2293
faport de Messieurs Cassini et du Fay, qui avoient
été nommez pour l'examiner , le faire inserer
dans l'histoire de l'Académie de 1727. au nom→
bre des Machines et des inventions qu'ils ont approuvécs.
EXTRAITde l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , de l'année 17270
page 143.
ور
ם כ
အ
כ כ
ן כ
UN Globe celeste mouvant, de M. Guthier,
Prêtre du Diocèse de Besançon , qui représente
le mouvement diurne & le mouvement
annuel du Soleil , leur difference ou celle
" du temps vrai et du moyen , tous les mouvemens
de la Lune , ses Phases , les Eclipses , le
bɔ passage des Etoiles fixes
par le Méridien , leur
mouvement particulier , &c . tout cela par la
construction interieure du Globe, qui contient
deux mouvemens séparez, dont l'un se fait sur
l'axe de l'Equateur , & l'autre sur celui de l'Ecliptique.
Il contient aussi une Horloge sonante.
Quoiqu'il y ait déja plusieurs Ouvrages dans
ce gout - là , on a trouvé que celui - cy
étoit tres ingénieusement imaginé , que quel-
» ques dispositions nouvelles ; celles par exemple
, qui regardent les Phases de la Lune et ses
Latitudes , le rendoient simple , et donnoient
une idée avantageuse de l'intelligence et de
» l'habileté de l'inventeur.
>>
∞
ל כ
Da
que
Comme Messieurs de l'Académie trouverent
la Machine seroit encore plus simple et plus
parfaite , de n'avoir point de sonnerie , mais d'avoir
une Aiguille de minutes. L'Auteur dans d'autres
semblables Ouvrages qu'il a fait exécuter ,
en a` retranché la sonnerie , qui les auroit rendus
Fiij trop
2394 MERCURE
DE FRANCE
trop composez, y a ajouté l'Aiguille des minutes,
les a fait marcher huit jours sans les remonter ,y
a donné un moyen d'allonger ou accourcir la
Pendule tres facilement , pour en regler les mouvemens
, sans être obligé d'ouvrir le Globe. Un
de ces Ouvrages a paru à l'Assemblée de l'Acadé
mie , le 1 Septembre 1731 et a été envoïé au
Roy de Portugal , et P'Auteur a eu l'honneur de
lire à l'Assemblée du s du même mois , un Memoire
au sujet de ces perfections qu'il a donné à
son Ouvrage, qu'il a fait exécuter par le sieur
Jean - Baptiste Cattin , Horloger de Franche-
Comté , qui y a parfaitement bien réussi .
I
Les Curieux qui voudront avoir de pareilles
Machines , du même Auteur, en trouveront chez
le sieur C. Langlois , Ingénieur du Roy pour les
Instrumens de Mathématique .
Il demeure sur le Quai de l'Horloge du Palais
, à l'Enseigne du Niveau , et c'est lui qui a
P'honneur de travailler pour l'Observatoire,pour
PAcademie Royale des Sciences , et pour les autres
differentes Académies du Royaume.
N voit d'abord un Globe celeste, porté par
l'Axe du monde dans un Cercle méridien ,
qui est engagé dans l'horizon à l'élevation du Polet
aux Spheres ordinaires. Sur ce Globe sont représentées
toutes les constellations et les Etoiles fixes,
et au dedans est enfermé le mouvement d'une
Pendule qui le fait mouvoir,et lui fait achever sa
révolution d'Orient en Occident , heures ,
16 minutes et quelques secondes, sur les Poles du
monde.
en 23
Pendant que le Globe tourne ainsi , une Aiguille
marque les heures du temps moyen , sur un petit
Cadran , qui est attaché fur le Méridien , au Pole
Arctique ; et en même temps un second mou-
Fij vement
2392 MERCURE
DE FRANCE
vement , qui est conduit par le premier , donne
sur les Poles de l'Eccliptique les mouvemens
propres du Soleil , de la Lune et des Nuës , par
le moyen d'une piece excentrique & de trois branches
,dont l'une porte le Soleil , qui demeure par
la construction de la Machine, huit jours de plus
dans les signes Septentrionaux, que dans les Méridionaux.
La seconde branche conduit la Lune
qui est portée sur la troisiéme ; & cette troisiéme
est dirigée par l'Excentrique , pour faire prendre
à la Lune ses latitudes Septentrionale & Méridionale
. L'Excentrique a aussi son mouvement
particulier , pour donner le mouvement des
noeuds. La Lune outre cela , ou plutôt le petit
Globe d'yvoire qui le représente, tourne sur son
centre et prefente toujours la moitié qui est blanche
vers le Soleil.
Par tous ces mouvemens on connoît le lever ,
le paffage au Meridien , le coucher , les amp itudes
ortives & occases , les differentes élevations
fous le Meridien du Soleil, de la Lune et des Etoiles
fixes ; les conjonctions du Soleil et de la Lune,
celles qui font Ecliptiques & celles qui ne le font
pas , et toutes les Phases de la Lune. Le Soleil
ayant ses differences d'ascension droite fait connoître
le temps vrai , & sa difference au temps
moyen que l'on connoît sur le petit Çadran , qui
eft au Pole Arétique.
Toute la machine eft d'une telle construction,
qu'elle n'eft pas pius sujette à s'arrêter que les
Pendules ordinaires , les differens mouvemens
qu'on vient de rapporter ne chatgeant prefque en
rien l'ouvrage .
Messieurs de l'Académic Royale des Sciences
qui eurent la bonté de donner une approbation
generale à cet Ouvrage , ont bien voulu après le
rap
OCTOBRE 1731. \ 2293
faport de Messieurs Cassini et du Fay, qui avoient
été nommez pour l'examiner , le faire inserer
dans l'histoire de l'Académie de 1727. au nom→
bre des Machines et des inventions qu'ils ont approuvécs.
EXTRAITde l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , de l'année 17270
page 143.
ور
ם כ
အ
כ כ
ן כ
UN Globe celeste mouvant, de M. Guthier,
Prêtre du Diocèse de Besançon , qui représente
le mouvement diurne & le mouvement
annuel du Soleil , leur difference ou celle
" du temps vrai et du moyen , tous les mouvemens
de la Lune , ses Phases , les Eclipses , le
bɔ passage des Etoiles fixes
par le Méridien , leur
mouvement particulier , &c . tout cela par la
construction interieure du Globe, qui contient
deux mouvemens séparez, dont l'un se fait sur
l'axe de l'Equateur , & l'autre sur celui de l'Ecliptique.
Il contient aussi une Horloge sonante.
Quoiqu'il y ait déja plusieurs Ouvrages dans
ce gout - là , on a trouvé que celui - cy
étoit tres ingénieusement imaginé , que quel-
» ques dispositions nouvelles ; celles par exemple
, qui regardent les Phases de la Lune et ses
Latitudes , le rendoient simple , et donnoient
une idée avantageuse de l'intelligence et de
» l'habileté de l'inventeur.
>>
∞
ל כ
Da
que
Comme Messieurs de l'Académie trouverent
la Machine seroit encore plus simple et plus
parfaite , de n'avoir point de sonnerie , mais d'avoir
une Aiguille de minutes. L'Auteur dans d'autres
semblables Ouvrages qu'il a fait exécuter ,
en a` retranché la sonnerie , qui les auroit rendus
Fiij trop
2394 MERCURE
DE FRANCE
trop composez, y a ajouté l'Aiguille des minutes,
les a fait marcher huit jours sans les remonter ,y
a donné un moyen d'allonger ou accourcir la
Pendule tres facilement , pour en regler les mouvemens
, sans être obligé d'ouvrir le Globe. Un
de ces Ouvrages a paru à l'Assemblée de l'Acadé
mie , le 1 Septembre 1731 et a été envoïé au
Roy de Portugal , et P'Auteur a eu l'honneur de
lire à l'Assemblée du s du même mois , un Memoire
au sujet de ces perfections qu'il a donné à
son Ouvrage, qu'il a fait exécuter par le sieur
Jean - Baptiste Cattin , Horloger de Franche-
Comté , qui y a parfaitement bien réussi .
I
Les Curieux qui voudront avoir de pareilles
Machines , du même Auteur, en trouveront chez
le sieur C. Langlois , Ingénieur du Roy pour les
Instrumens de Mathématique .
Il demeure sur le Quai de l'Horloge du Palais
, à l'Enseigne du Niveau , et c'est lui qui a
P'honneur de travailler pour l'Observatoire,pour
PAcademie Royale des Sciences , et pour les autres
differentes Académies du Royaume.
Fermer
Résumé : DESCRIPTION d'un Globe celeste mouvant, qui represente le mouvement du Soleil, de la Lune et des Etoiles fixes, inventé par M. Outhier, Prêtre du Diocèse de Besançon, et presenté par l'Autheur à l'Academie Royale des Sciences, le 26 Juillet 1727.
Le texte présente un Globe céleste conçu par M. Guthier, prêtre du diocèse de Besançon. Cet instrument illustre les mouvements diurnes et annuels du Soleil, ainsi que ceux de la Lune, y compris ses phases et les éclipses. Il montre également le passage des étoiles fixes par le méridien et leurs mouvements particuliers. Le Globe est doté de deux mouvements séparés : l'un sur l'axe de l'équateur et l'autre sur celui de l'écliptique. Il comprend une horloge sonnante et des dispositifs innovants pour les phases de la Lune et ses latitudes, ce qui le rend simple et ingénieux. L'Académie Royale des Sciences a approuvé cet ouvrage et l'a inclus dans l'histoire de l'Académie de 1727. Les membres de l'Académie ont recommandé de supprimer la sonnerie et d'ajouter une aiguille de minutes pour simplifier et améliorer la machine. M. Guthier a ensuite créé d'autres instruments similaires sans sonnerie, avec une aiguille de minutes, et capables de fonctionner huit jours sans remontage. Un de ces ouvrages a été présenté à l'Assemblée de l'Académie le 1er septembre 1731 et envoyé au roi de Portugal. Les personnes intéressées peuvent acquérir des machines similaires auprès de M. C. Langlois, ingénieur du roi pour les instruments de mathématiques, résidant sur le Quai de l'Horloge du Palais, à l'Enseigne du Niveau. M. Langlois travaille pour l'Observatoire, l'Académie Royale des Sciences et d'autres académies du royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 2618-2620
Assemblées publiques des Academies, [titre d'après la table]
Début :
Le Mardy 13. Novembre, l'Académie Royale des Inscriptions, et Belles-Lettres [...]
Mots clefs :
Curé, Église, Académie royale des sciences, Pensionnaire anatomiste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Assemblées publiques des Academies, [titre d'après la table]
Le Mardy 13. Novembre , l'Académie
Royale des Inscriptions , et Belles - Lettres
, reprit ses séances par une Assemblée
publique , où M. l'Abbé Sevin lût
d'abord une Dissertation sur la vie et les
ouvrages de Panatius , ancien Philosophe
Stoïcien . Cette lecture fut suivie de celle
d'un Discours de M. Hardion sur la
TraNOVEMBRE
1731 2619
Tragedie de Rhesus , qui se trouve dans
le Recueil de celles d'Euripide. Il en fait
la Critique , et rapporte les raisons qu'il
a de croire que cette Piece n'étoit ni de
Sophocle ni d'Euripide. M. l'Abbé Souchay
lût ensuite une Dissertation sur l'Epithalam
, où il recherche l'origine de
ce genre de Poësie , et examine sa nature.
et ses differentes especes. La séance fût
terminée par un Memoire de M. Lancelot
, sur la vie et les ouvrages de François
Philelphe , l'un de ces premiers Sçavants
qui dans le commencement du quinziéme
siécle firent fleurir les Lettres en
Italie.
Le Mercredy 14. l'Académie Royale
des Sciences tint son assemblée publique.
que, La séance s'ouvrit par l'Eloge du
Comte de Marsigli , Associé Etranger ,
mort depuis quelque temps. Cet Eloge
écrit , selon la coûtume , par M. de Fontenelle
,
fut lû par M. l'Abbé de Bragelogne.
M. Bolduc lût ensuite un Memoire
sur le Sel d'Epsom : après quoy l'Abbé
de Bragelogne lût encore pour M. de
Fontenelle , l'Eloge de M. Duvernay
Pensionnaire Anatomiste , mort aussi depuis
quelque temps.
M.
#620 MERCURE DE FRANCE
M. Duhamel lût après une Dissertation
sur la greffe des Arbres , et M. Morand
finit la séance par un Memoire sur
certains déchiremens du coeur , qui occasionnent
la mort subite.
On donnera des Extraits de tous ces
Memoires..............................................................................
Royale des Inscriptions , et Belles - Lettres
, reprit ses séances par une Assemblée
publique , où M. l'Abbé Sevin lût
d'abord une Dissertation sur la vie et les
ouvrages de Panatius , ancien Philosophe
Stoïcien . Cette lecture fut suivie de celle
d'un Discours de M. Hardion sur la
TraNOVEMBRE
1731 2619
Tragedie de Rhesus , qui se trouve dans
le Recueil de celles d'Euripide. Il en fait
la Critique , et rapporte les raisons qu'il
a de croire que cette Piece n'étoit ni de
Sophocle ni d'Euripide. M. l'Abbé Souchay
lût ensuite une Dissertation sur l'Epithalam
, où il recherche l'origine de
ce genre de Poësie , et examine sa nature.
et ses differentes especes. La séance fût
terminée par un Memoire de M. Lancelot
, sur la vie et les ouvrages de François
Philelphe , l'un de ces premiers Sçavants
qui dans le commencement du quinziéme
siécle firent fleurir les Lettres en
Italie.
Le Mercredy 14. l'Académie Royale
des Sciences tint son assemblée publique.
que, La séance s'ouvrit par l'Eloge du
Comte de Marsigli , Associé Etranger ,
mort depuis quelque temps. Cet Eloge
écrit , selon la coûtume , par M. de Fontenelle
,
fut lû par M. l'Abbé de Bragelogne.
M. Bolduc lût ensuite un Memoire
sur le Sel d'Epsom : après quoy l'Abbé
de Bragelogne lût encore pour M. de
Fontenelle , l'Eloge de M. Duvernay
Pensionnaire Anatomiste , mort aussi depuis
quelque temps.
M.
#620 MERCURE DE FRANCE
M. Duhamel lût après une Dissertation
sur la greffe des Arbres , et M. Morand
finit la séance par un Memoire sur
certains déchiremens du coeur , qui occasionnent
la mort subite.
On donnera des Extraits de tous ces
Memoires..............................................................................
Fermer
Résumé : Assemblées publiques des Academies, [titre d'après la table]
Le 13 novembre 1731, l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres reprit ses séances publiques. L'Abbé Sevin présenta une dissertation sur la vie et les œuvres de Panatius, un philosophe stoïcien. Hardion lut un discours critiquant la tragédie de Rhésus, attribuée à Euripide, et argumenta qu'elle n'était ni de Sophocle ni d'Euripide. L'Abbé Souchay discuta de l'épithalame, explorant son origine et ses différentes espèces. La séance se conclut par un mémoire de Lancelot sur la vie et les œuvres de François Philelphe, un savant italien du quinzième siècle. Le 14 novembre, l'Académie Royale des Sciences tint son assemblée publique. La séance débuta par l'éloge du Comte de Marsigli, rédigé par de Fontenelle et lu par l'Abbé de Bragelogne. Bolduc lut un mémoire sur le sel d'Epsom. L'Abbé de Bragelogne lut ensuite l'éloge de Duvernay, anatomiste. Duhamel présenta une dissertation sur la greffe des arbres, et Morand conclut la séance avec un mémoire sur certaines déchirures du cœur causant la mort subite. Des extraits de tous ces mémoires seront publiés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 693-706
LETTRE de M. Bouguer, à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le Mercure de France du mois de Février dernier, page 274. et suiv.
Début :
MONSIEUR, La plûpart des personnes qui jetteront les yeux sur [...]
Mots clefs :
Demi-cercle, Pinule, Circonférence, Instrument, Académie royale des sciences, Balancier, Vibrations, Machine, Boussole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Bouguer, à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le Mercure de France du mois de Février dernier, page 274. et suiv.
LETTRE de M. Bouguer , à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le
Mercure de France du mois de Février
dernier, page 274. et suiv.
MONONSIEUR,
La plupart des personnes qui jetteront
les yeux sur l'Ecrit que vous avez fait inserer dans le Mercure de France de
Fevrier
4 MERCURE DE FRANCE
Fevrier dernier , ne pourront jamais découvrir pourquoi vous exagerez si fort
la faute dont vous m'accusez, ni pourquoi vous poussez si loin vos plaintes.
Ils verront , non-seulement que je ne
pouvois pas découvrir toutes les particularitez de votre demi Cercle , dans une
Description qui ne les contenoit pas , ils
verront encore que si je n'en ai pas donné
une idée assez exacte , je n'avois aucune
mauvaise intention , et ils ne comprendront point ce qui peut vous avoir fait
prendre pour une censure , ce qu'on ne
doit regarder que commeune espece d'approbation. Je n'ai pas une notion assez
distincte de votre demi Cercle ; il me
semble qu'il est sujet à un inconvénient,
et j'affirme aussi-tôt sur la connoissance
que j'ai de vos lumieres , que vous avez
trouvé le moyen de l'éviter : Nous ne
connoissons ce demi Cercle , ce sont mes
propres termes , que pour en avoir vu une
description très-succincte ; mais nous ne dontons point que son sçavant Auteur ne lui
procure une situation constamment horisontale , malgré le poids de la Pinule qui est
située sur la circonference. Je le demande à
tout le monde , je le demande même à
vos amis les plus intimes , si c'est- là le
langage d'un homme qui cherche à vous
offenser
AVRIL. 1732 695
offenser , et si ce ne sont pas là plutôt les
termes de la prédilection et de l'estime.
Mais puisque vous me forcez à expHquer l'Enigme; je vais montrer comment
Fai , malgré moi , donné occasion à votre
chagrin. Tous les Instrumens dont on peut
se servir en Mer pour observer la hau
teur des Astres , se réduisent à deux especes ; ou ils se mettent de niveau par
leur propre pesanteur , ou c'est le Pilote
qui les met dans cette situation , en vi
sant à l'horison sensible. Je me suis trouvé dans la nécessité d'examiner ces di
vers Instrumens ; cet examen fait le sujet
de la premiere Partie d'un petit Traité
publié en 1729. qui remporta le Prix proposé par l'Académie Royale des Sciences.
Je me déclarai dans cet Ouvrage pour les
Instrumens de la seconde espece , lesquels
sont en usage depuis longtemps dans la
Marine , et je justifiai mon choix par des
raisons , qui , parcequ'elles sont generales,
donnent l'exclusion à votre demi Cercle,
comme à tous les autres Instrumens qui
sont suspendus de la même maniere. Vollà, je pense , ce qui vous a indisposé contre moi ; car je mets à part tous les autres
motifs. Vous avez trouvé mes raisons trop
fortes , quoique j'aye eu la politesse de >
n'en faire aucune application particuliere;
D elles
695 MERCURE DE FRANCE
elles vous ont fâché en même- temps qu'elles vous ont paru utiles ; et comme vous
avez senti qu'il n'étoit point à propos
d'y répondre , vous vous êtes à la fin crû
obligé d'écrire au moins contre l'endroit où je parlois avantageusement de
vous. Il vous est facile de me réfuter de
cette sorte , et vous pouvez continuer
tant que vous le voudrez , à m'apprendre
toutes les particularitez de votre demi
cercle , avec tout l'appareil d'une réprimande. Il vous importe peu d'ailleurs de
le faire sans aucune apparence de necessité, pouvû que vous puissiez faire croire
qu'il ne s'agis point entre nous d'autre
chose. Mais comme on ne peut point en
imposer au Public , qui est un Juge trop
éclairé , il s'appercevra bien que vous
abandonnez réellement la deffense de votre cause, et que vous ne touchez pointdu
tout au sujet.
Il n'importe point en effet , que j'aye
bien ou mal décrit votre demi Cercle ,
puisque j'ay déclaré moi- même que je ne
le connoissois pas parfaitement. Toute
la question est de sçavoir si j'ai pû cependant le condamner avec tous les autres Instrumens de la même espece. Or
il me suffiroit pour avoir ce droit , de
sçavoir qu'il se plaçoit de niveau par sa
construc
AVRIL. 1732. 697
construction et qu'il étoit suspendu par
sa partie superieure. Car dès lors je pouvois le regarder comme un Pendule dont
l'agitation est continuelle , puisque le Navire est sans cesse sujet pendant sa marche ; ou au tangage ou au roulis , ou à
faire quelques élans , et que son mouvement n'est jamais parfaitement uniforme.
Si l'Instrument étoit suspendu par son
centre de gravité , toutes ses parties participeroient en même temps aux secousses; mais aussi tôt qu'il est suspendu par
un autre endroit , une de ses extrémitez
doit toûjours recevoir par l'entremise des
Ressorts et des Balanciers , l'agitation
du Vaisseau , pendant que les autres parties n'auront encore que leur premier
mouvement , et ainsi il doit être sujet à
faire sans cesse des vibrations , lesquelles
seront encore perpetuées par la main de
l'Observateur , qui est obligé presque
chaque instant de toucher à la Boëte pour
l'orienter , ou à l'Allidade pour la diriger.
Remarquez de plus que quelques foibles
que soient ces vibrations , elles feront
toûjours que l'Instrument perdra sa situa-
*
à
★ Les Balanciers sont des especes de Cercles ou
de Quadres de cuivre , dont on se sert avec des
Pivots à l'oposite l'un de l'autre , pour suspendre en Mer les Boussoles.
Dij tion
98 MERCURE DE FRANCE
tion verticale de plusieurs degrez , et qu'll
la perdra dans divers sens , à cause de
Pirrégularité des secousses. Or en voilà
assez pour rendre deffectueuses presque
toutes les Observations qu'on fera au
Soleil ; d'autant plus que le temps absolument propre à les faire , s'échappe avec
rapidité. Mais ce sera encore toute autre
chose , lorsqu'on voudra la nuit prendre
la hauteur des Etoiles. Car comment voulez vous pendant que votre demi Cercle
sera agité et que l'Observateur sera aussi
exposé de son côté à un grand mouvement et à un mouvement qui n'a aucune
conformité avec celui du demi Cercle ,
puisque l'Observateur est toûjours obligé
de s'incliner d'un côté lorsque le Navire
s'incline de l'autre, comment voulez- vous
que pendant cette complication de deux
ou trois mouvemens qui ne s'accordent
point , le Pilote puisse appliquer l'œil à
une Pinule extrémement étroite , et viser
à un objet aussi difficile à saisir qu'une
Etoile Vous devez bien sentir que cela
est absolument impossible avec tous les
Instrumens de l'espece du vôtre , sans
aucune exception ; et que pour réüssir
dans une pareille Observation , on est
obligé, comme je l'ai toûjours soutenu ,
d'employer ceux qui sont actuellement
›
en
A VRIE 17327 699
en usage. Car il faut qu'on puisse ôter
à l'Instrument dont on se sert , tous ses
balancemens particuliers et l'assujettir
contre l'œil et il faut parçonséquent
que le Pilote se charge de tout le soin
de le disposer en visant à l'horison sen- sible.
>
Mais je serois obligé de transcrire
presque toute la premiere Partie de mon
petit Traité , si je voulois vous rapporter
toutes les choses qui vous interessent et
auxquelles vous n'entreprenez point de
répondre. Je pourrois cependant encore
ajouter, maintenant que je connois mieux
votre demi Cercle , que comme une de
ses graduations est conforme à celle de
l'Anneau Astronomique , il doit être extrémement difficile de distinguer avec
exactitude les scrupules du degré, et que
ce n'a pû être que par hazard , ou parce
que vous sçaviez d'avance la hauteur que
vous deviez trouver , que vous ne vous
êtes trompé à Brest que d'environ une
minute. Je pourrois encore vous montrer combien est inutile la suspension que
vous employez , faute d'avoir fait attention qu'on ne doit se servir de Balancier
que lorsqu'on veut suspendre quelque
chose par un point qui est interieur et
qui ne se presente pas aisément. Est-il
Diij question
700 MERCURE DE FRANCE
question de suspendre une Boussole où
une Lampe par un point qu'on ne peut
point aller chercher au- dedans , il faut
dans cette rencontre mettte un Balancier
par dehors. Mais ce n'est plus la même.
chose , aussi- tôt qu'il s'agit de suspendre
un corps par un endroit qui est exterieur
et qu'on peut saisir sans peine. Car tous
les Balanciers que vous mettriez , ne serviroient qu'à rendre immobile un certain
point par rapport à la Boëte et aussi- tôt
que vous en avez la commodité, vous devez bien plutôt suspendre l'Instrument
immédiatement à ce point , sans rendre
inutilement la Machine plus composée et
plus sujette à se déranger. J'insisterois
sur toutes ces choses et je tâcherois de les
porter jusqu'à la derniere évidence, si je ne.
voyois quevous ne donnez aucuneatteinte
à mes premieres Remarques , et que vous
les laissez subsister dans toute leur force..
Je vois d'ailleurs qu'elles ont fait quelque impression sur vous , et qu'elles ne
vous ont pas été inutiles. Car vous avez
depuis changé d'avis dans la construction
d'un autre Instrument destiné encore à
des usages nautiques. Il s'agit , dans un
Ouvrage que vous venez de donner au
Public , de la suspension des Boussoles , et
quoiqu'elles ayent déja un Balancier comme
AVRIL. 1732. 701
me votre demi Cercle , vous reconnoissez néanmoins que tant qu'elles sont appliquées sur quelque chose qui tient au
Vaisseau , elles en reçoivent tous les mou
vemens , et que les Observations se trouvent par là dérangées ; parce que , ditesvous , (a) tantôt le Soleil ne peut être vû
par la fenêtre qui est du côté de l'Observateur, que beaucoup au- dessus ou aux côtez
de lafenêtre opposée à cause du mouvement,
comme lorsque le Vaisseau est incliné du côté
du Soleil on àla droite ou à lagauche, de
PObservateur , lorsqu'il fait Observation ;
et tantôt , &c. C'est pourquoi vous aimez
mieux maintenant laisser au Pilote le soin
de donner à l'Instrument la situation
qu'il doit avoir, et cela parce que (b) le
Pilote , par une habitude qui lui est enpar tie devenuë naturelle à la Mer, entretenant
assez bien son corps en équilibre , et en même temps l'Instrument qui qui lui sert lui sert pour observer la latitude , quoique dans ce temps- la le Vaisseau incline considerablement , tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre , à cause du roulis et du Tangage, il entretiendra cet Instrument dans le même équilibre de son corps.
lorsqu'il s'en servira pour observer la déclinaison de l'Aiguille aimantée , tant au Soleil qu'aux Etoiles , ce qui rendra l'Obser-
(a) Au bas de la page 6. (b) Page 17.
Diiij vation
702 MERCURE DE FRANCE
vation bien plus seure. Je vous félicite,
Monsieur , sur votre changement , mais
souffrez en même-temps que je m'en pré
vale ; puisque vous mettez vous même le
sceau à votre condamnation en employant contre les Boussoles ordinaires ,
les mêmes raisons , aux termes près , que
j'avois déja employées contre votre demiCercle.
•
Après cela je ne suis plus étonné si vous
ne lui donnez plus la préference sur l'Arbalestrille ni sur le quartier Anglois ordinaire , et si vous n'entreprenez pas même de la comparer à un Instrument que
j'ai proposé , qui est soutenu par son centre de gravité et qui est parconsequent
de même espece que le vôtre, quoique
je le croye beaucoup mieux suspendu.
Tout ce que vous prétendez faire , c'est
de montrer que je me suis mépris lorsque j'ai préferé le quart de Cercle formé
d'un seul Arc , non- pas à votre demi Cercle , dont il n'étoit plus question , mais
au quartier Anglois ordinaire. Que j'aye
cependant bien ou mal choisi dans cette
derniere circonstance , le sort de votre
Instrument ne change point ; et si je ne
me suis trompé que dans cette rencontre,
j'ai toûjours eu l'avantage de rendre un
service assez considerable au Public , en
pros-
A-V R- IL. 17.320 703
·
proscrivant toutes ces diverses suspensions , dons on vouloit , mal à propos
lui faire embrasser l'usage. Mais de quelle
manieré prouvez- vous que le quart de
Cercle formé d'un seul Arc , est moins
exact que le quartier Anglois ? La nature
de vos preuves me dispense d'y répondre.
Il s'agit d'un changement fait il y a plus
d'un siecle ; il s'agit de sçavoir les motifs
qui ont déterminé à le faire , et vous m'alleguez pour cela l'experience des Marins
d'aujourd'hui. Nous avons une suite de
Traités de Navigation, qui nous marquent
les divers progrès du Pilotage ; Pierre de
Médine et Pierre Nonius en Espagne et
en Portugal; Willebrod Snellius et plu- sieurs autres en Hollande ; M. Denis et
les P. Fournier et Dechales en France ,
ont écrit sur cet Art , et nous en ont représenté tous les differens âges. Mais vous
ne consultez point ces Livres ; vous vous
adressez à nos Pilotes , pour qu'ils vous
rendent compte d'une chose qu'ils doivent encore moins sçavoir que vous, puisqu'elle ne s'est point passée sous leurs
yeux ni de leur temps , et qu'elle n'est
pour eux qu'un point de pure spéculation. De grace , Monsieur , ne renversez
pas ainsi une autre fois l'ordre des cho
ses ou si à la honte des Professeurs
Dv VOUS
2
My
704 MERCURE DE FRANCE
vous suivez encore une pareille conduite,
faites au moins assez usage de vos lumieres , pour peser les réponses que les Pilotes vous feront. Ils vous ont assuré ,
dites-vous , qu'on a abandonné l'usage du
quart de Cerclé formé d'un seul " Arc ,
parce qu'on a experimentéque cet Instrument est sujet à tel et tel inconvenient.
Mais ne deviez- vous pas penser qu'on ne
peut rien établir sur une experience que
personne n'a vûë et que personne ne peut
attester ? ne deviez - vous pas encore examiner si les inconveniens dont on vous
parloit, étoient réels , et s'il n'étoit pas
possible de les lever ?
Je finis , Monsieur , en vous assurant
que comme je n'ai que faire d'en venir
à l'experience pour sçavoir ce que je dois
penser de votre demi Cercle , je ne crois
pas que je me donne jamais la peine d'en
faire l'essai. Je m'imagine bien que vous
me ferez encore un crime de ce que je
persiste ainsi à condamner une Production qui a été approuvée par une Compagnie , dont je suis plus interessé que
personne au monde , à faire valoir les
Jugemens. Ce reproche me toucheroit ,
s'il n'étoit aussi mal fondé que les autres;
et si l'Académie des Sciences , qui prononce toûjours avec autant de prudence
que
AVRIL 1732 705
que de lumieres , n'avoit pas eu le soin
de mettre de sages restrictions à l'Approbation qu'elle vous donna. Cette Compagnie a , outre cela , assez montré depuis
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé
la question en votre faveur , puisqu'elle
en a fait le sujet du Prix qui fut distri-,
bué en 1729. et dont elle m'honora. Objectez-moi encore , si vous le voulez , que
je n'ai point été en Mer ; je vous répondrai que si dans certaines matieres de Marine , la premiere chose est d'acquerir des
connoissances de fait , et de se former
une juste idée des mouvemens de la Mer
et de ceux du Vaisseau , le point le plus
essentiel et en même- temps le plus dif.
ficile , est de penetrer la cause de tous
ces mouvemens et d'être en état d'en prévoir les divers effets ; et j'ajouterai qu'on
peut s'appliquer à tout cela avec autant
de succès à Terre que dans tout autre
endroit. Je dois aussi me rendre ce bon
témoignage , puisque vous m'y obligez ,
que quoique je connusse tout le péril
qu'il y avoit à venir remplir une place
que vous aviez occupée , vous qui avez
-fait un voyage de long cours ; personne
ne s'est encore apperçu ici que je n'aye
cultivé l'Hydrographie que dans le Cabinet. J'ai l'honneur d'être , malgré tous
D vj nos
7c6 MERCURE DE FRANCE
nos differends , avec bien de la conside
ration , Monsieur , votre , &c. -
Au Havre , le premier d'Avril 1732.
Mercure de France du mois de Février
dernier, page 274. et suiv.
MONONSIEUR,
La plupart des personnes qui jetteront
les yeux sur l'Ecrit que vous avez fait inserer dans le Mercure de France de
Fevrier
4 MERCURE DE FRANCE
Fevrier dernier , ne pourront jamais découvrir pourquoi vous exagerez si fort
la faute dont vous m'accusez, ni pourquoi vous poussez si loin vos plaintes.
Ils verront , non-seulement que je ne
pouvois pas découvrir toutes les particularitez de votre demi Cercle , dans une
Description qui ne les contenoit pas , ils
verront encore que si je n'en ai pas donné
une idée assez exacte , je n'avois aucune
mauvaise intention , et ils ne comprendront point ce qui peut vous avoir fait
prendre pour une censure , ce qu'on ne
doit regarder que commeune espece d'approbation. Je n'ai pas une notion assez
distincte de votre demi Cercle ; il me
semble qu'il est sujet à un inconvénient,
et j'affirme aussi-tôt sur la connoissance
que j'ai de vos lumieres , que vous avez
trouvé le moyen de l'éviter : Nous ne
connoissons ce demi Cercle , ce sont mes
propres termes , que pour en avoir vu une
description très-succincte ; mais nous ne dontons point que son sçavant Auteur ne lui
procure une situation constamment horisontale , malgré le poids de la Pinule qui est
située sur la circonference. Je le demande à
tout le monde , je le demande même à
vos amis les plus intimes , si c'est- là le
langage d'un homme qui cherche à vous
offenser
AVRIL. 1732 695
offenser , et si ce ne sont pas là plutôt les
termes de la prédilection et de l'estime.
Mais puisque vous me forcez à expHquer l'Enigme; je vais montrer comment
Fai , malgré moi , donné occasion à votre
chagrin. Tous les Instrumens dont on peut
se servir en Mer pour observer la hau
teur des Astres , se réduisent à deux especes ; ou ils se mettent de niveau par
leur propre pesanteur , ou c'est le Pilote
qui les met dans cette situation , en vi
sant à l'horison sensible. Je me suis trouvé dans la nécessité d'examiner ces di
vers Instrumens ; cet examen fait le sujet
de la premiere Partie d'un petit Traité
publié en 1729. qui remporta le Prix proposé par l'Académie Royale des Sciences.
Je me déclarai dans cet Ouvrage pour les
Instrumens de la seconde espece , lesquels
sont en usage depuis longtemps dans la
Marine , et je justifiai mon choix par des
raisons , qui , parcequ'elles sont generales,
donnent l'exclusion à votre demi Cercle,
comme à tous les autres Instrumens qui
sont suspendus de la même maniere. Vollà, je pense , ce qui vous a indisposé contre moi ; car je mets à part tous les autres
motifs. Vous avez trouvé mes raisons trop
fortes , quoique j'aye eu la politesse de >
n'en faire aucune application particuliere;
D elles
695 MERCURE DE FRANCE
elles vous ont fâché en même- temps qu'elles vous ont paru utiles ; et comme vous
avez senti qu'il n'étoit point à propos
d'y répondre , vous vous êtes à la fin crû
obligé d'écrire au moins contre l'endroit où je parlois avantageusement de
vous. Il vous est facile de me réfuter de
cette sorte , et vous pouvez continuer
tant que vous le voudrez , à m'apprendre
toutes les particularitez de votre demi
cercle , avec tout l'appareil d'une réprimande. Il vous importe peu d'ailleurs de
le faire sans aucune apparence de necessité, pouvû que vous puissiez faire croire
qu'il ne s'agis point entre nous d'autre
chose. Mais comme on ne peut point en
imposer au Public , qui est un Juge trop
éclairé , il s'appercevra bien que vous
abandonnez réellement la deffense de votre cause, et que vous ne touchez pointdu
tout au sujet.
Il n'importe point en effet , que j'aye
bien ou mal décrit votre demi Cercle ,
puisque j'ay déclaré moi- même que je ne
le connoissois pas parfaitement. Toute
la question est de sçavoir si j'ai pû cependant le condamner avec tous les autres Instrumens de la même espece. Or
il me suffiroit pour avoir ce droit , de
sçavoir qu'il se plaçoit de niveau par sa
construc
AVRIL. 1732. 697
construction et qu'il étoit suspendu par
sa partie superieure. Car dès lors je pouvois le regarder comme un Pendule dont
l'agitation est continuelle , puisque le Navire est sans cesse sujet pendant sa marche ; ou au tangage ou au roulis , ou à
faire quelques élans , et que son mouvement n'est jamais parfaitement uniforme.
Si l'Instrument étoit suspendu par son
centre de gravité , toutes ses parties participeroient en même temps aux secousses; mais aussi tôt qu'il est suspendu par
un autre endroit , une de ses extrémitez
doit toûjours recevoir par l'entremise des
Ressorts et des Balanciers , l'agitation
du Vaisseau , pendant que les autres parties n'auront encore que leur premier
mouvement , et ainsi il doit être sujet à
faire sans cesse des vibrations , lesquelles
seront encore perpetuées par la main de
l'Observateur , qui est obligé presque
chaque instant de toucher à la Boëte pour
l'orienter , ou à l'Allidade pour la diriger.
Remarquez de plus que quelques foibles
que soient ces vibrations , elles feront
toûjours que l'Instrument perdra sa situa-
*
à
★ Les Balanciers sont des especes de Cercles ou
de Quadres de cuivre , dont on se sert avec des
Pivots à l'oposite l'un de l'autre , pour suspendre en Mer les Boussoles.
Dij tion
98 MERCURE DE FRANCE
tion verticale de plusieurs degrez , et qu'll
la perdra dans divers sens , à cause de
Pirrégularité des secousses. Or en voilà
assez pour rendre deffectueuses presque
toutes les Observations qu'on fera au
Soleil ; d'autant plus que le temps absolument propre à les faire , s'échappe avec
rapidité. Mais ce sera encore toute autre
chose , lorsqu'on voudra la nuit prendre
la hauteur des Etoiles. Car comment voulez vous pendant que votre demi Cercle
sera agité et que l'Observateur sera aussi
exposé de son côté à un grand mouvement et à un mouvement qui n'a aucune
conformité avec celui du demi Cercle ,
puisque l'Observateur est toûjours obligé
de s'incliner d'un côté lorsque le Navire
s'incline de l'autre, comment voulez- vous
que pendant cette complication de deux
ou trois mouvemens qui ne s'accordent
point , le Pilote puisse appliquer l'œil à
une Pinule extrémement étroite , et viser
à un objet aussi difficile à saisir qu'une
Etoile Vous devez bien sentir que cela
est absolument impossible avec tous les
Instrumens de l'espece du vôtre , sans
aucune exception ; et que pour réüssir
dans une pareille Observation , on est
obligé, comme je l'ai toûjours soutenu ,
d'employer ceux qui sont actuellement
›
en
A VRIE 17327 699
en usage. Car il faut qu'on puisse ôter
à l'Instrument dont on se sert , tous ses
balancemens particuliers et l'assujettir
contre l'œil et il faut parçonséquent
que le Pilote se charge de tout le soin
de le disposer en visant à l'horison sen- sible.
>
Mais je serois obligé de transcrire
presque toute la premiere Partie de mon
petit Traité , si je voulois vous rapporter
toutes les choses qui vous interessent et
auxquelles vous n'entreprenez point de
répondre. Je pourrois cependant encore
ajouter, maintenant que je connois mieux
votre demi Cercle , que comme une de
ses graduations est conforme à celle de
l'Anneau Astronomique , il doit être extrémement difficile de distinguer avec
exactitude les scrupules du degré, et que
ce n'a pû être que par hazard , ou parce
que vous sçaviez d'avance la hauteur que
vous deviez trouver , que vous ne vous
êtes trompé à Brest que d'environ une
minute. Je pourrois encore vous montrer combien est inutile la suspension que
vous employez , faute d'avoir fait attention qu'on ne doit se servir de Balancier
que lorsqu'on veut suspendre quelque
chose par un point qui est interieur et
qui ne se presente pas aisément. Est-il
Diij question
700 MERCURE DE FRANCE
question de suspendre une Boussole où
une Lampe par un point qu'on ne peut
point aller chercher au- dedans , il faut
dans cette rencontre mettte un Balancier
par dehors. Mais ce n'est plus la même.
chose , aussi- tôt qu'il s'agit de suspendre
un corps par un endroit qui est exterieur
et qu'on peut saisir sans peine. Car tous
les Balanciers que vous mettriez , ne serviroient qu'à rendre immobile un certain
point par rapport à la Boëte et aussi- tôt
que vous en avez la commodité, vous devez bien plutôt suspendre l'Instrument
immédiatement à ce point , sans rendre
inutilement la Machine plus composée et
plus sujette à se déranger. J'insisterois
sur toutes ces choses et je tâcherois de les
porter jusqu'à la derniere évidence, si je ne.
voyois quevous ne donnez aucuneatteinte
à mes premieres Remarques , et que vous
les laissez subsister dans toute leur force..
Je vois d'ailleurs qu'elles ont fait quelque impression sur vous , et qu'elles ne
vous ont pas été inutiles. Car vous avez
depuis changé d'avis dans la construction
d'un autre Instrument destiné encore à
des usages nautiques. Il s'agit , dans un
Ouvrage que vous venez de donner au
Public , de la suspension des Boussoles , et
quoiqu'elles ayent déja un Balancier comme
AVRIL. 1732. 701
me votre demi Cercle , vous reconnoissez néanmoins que tant qu'elles sont appliquées sur quelque chose qui tient au
Vaisseau , elles en reçoivent tous les mou
vemens , et que les Observations se trouvent par là dérangées ; parce que , ditesvous , (a) tantôt le Soleil ne peut être vû
par la fenêtre qui est du côté de l'Observateur, que beaucoup au- dessus ou aux côtez
de lafenêtre opposée à cause du mouvement,
comme lorsque le Vaisseau est incliné du côté
du Soleil on àla droite ou à lagauche, de
PObservateur , lorsqu'il fait Observation ;
et tantôt , &c. C'est pourquoi vous aimez
mieux maintenant laisser au Pilote le soin
de donner à l'Instrument la situation
qu'il doit avoir, et cela parce que (b) le
Pilote , par une habitude qui lui est enpar tie devenuë naturelle à la Mer, entretenant
assez bien son corps en équilibre , et en même temps l'Instrument qui qui lui sert lui sert pour observer la latitude , quoique dans ce temps- la le Vaisseau incline considerablement , tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre , à cause du roulis et du Tangage, il entretiendra cet Instrument dans le même équilibre de son corps.
lorsqu'il s'en servira pour observer la déclinaison de l'Aiguille aimantée , tant au Soleil qu'aux Etoiles , ce qui rendra l'Obser-
(a) Au bas de la page 6. (b) Page 17.
Diiij vation
702 MERCURE DE FRANCE
vation bien plus seure. Je vous félicite,
Monsieur , sur votre changement , mais
souffrez en même-temps que je m'en pré
vale ; puisque vous mettez vous même le
sceau à votre condamnation en employant contre les Boussoles ordinaires ,
les mêmes raisons , aux termes près , que
j'avois déja employées contre votre demiCercle.
•
Après cela je ne suis plus étonné si vous
ne lui donnez plus la préference sur l'Arbalestrille ni sur le quartier Anglois ordinaire , et si vous n'entreprenez pas même de la comparer à un Instrument que
j'ai proposé , qui est soutenu par son centre de gravité et qui est parconsequent
de même espece que le vôtre, quoique
je le croye beaucoup mieux suspendu.
Tout ce que vous prétendez faire , c'est
de montrer que je me suis mépris lorsque j'ai préferé le quart de Cercle formé
d'un seul Arc , non- pas à votre demi Cercle , dont il n'étoit plus question , mais
au quartier Anglois ordinaire. Que j'aye
cependant bien ou mal choisi dans cette
derniere circonstance , le sort de votre
Instrument ne change point ; et si je ne
me suis trompé que dans cette rencontre,
j'ai toûjours eu l'avantage de rendre un
service assez considerable au Public , en
pros-
A-V R- IL. 17.320 703
·
proscrivant toutes ces diverses suspensions , dons on vouloit , mal à propos
lui faire embrasser l'usage. Mais de quelle
manieré prouvez- vous que le quart de
Cercle formé d'un seul Arc , est moins
exact que le quartier Anglois ? La nature
de vos preuves me dispense d'y répondre.
Il s'agit d'un changement fait il y a plus
d'un siecle ; il s'agit de sçavoir les motifs
qui ont déterminé à le faire , et vous m'alleguez pour cela l'experience des Marins
d'aujourd'hui. Nous avons une suite de
Traités de Navigation, qui nous marquent
les divers progrès du Pilotage ; Pierre de
Médine et Pierre Nonius en Espagne et
en Portugal; Willebrod Snellius et plu- sieurs autres en Hollande ; M. Denis et
les P. Fournier et Dechales en France ,
ont écrit sur cet Art , et nous en ont représenté tous les differens âges. Mais vous
ne consultez point ces Livres ; vous vous
adressez à nos Pilotes , pour qu'ils vous
rendent compte d'une chose qu'ils doivent encore moins sçavoir que vous, puisqu'elle ne s'est point passée sous leurs
yeux ni de leur temps , et qu'elle n'est
pour eux qu'un point de pure spéculation. De grace , Monsieur , ne renversez
pas ainsi une autre fois l'ordre des cho
ses ou si à la honte des Professeurs
Dv VOUS
2
My
704 MERCURE DE FRANCE
vous suivez encore une pareille conduite,
faites au moins assez usage de vos lumieres , pour peser les réponses que les Pilotes vous feront. Ils vous ont assuré ,
dites-vous , qu'on a abandonné l'usage du
quart de Cerclé formé d'un seul " Arc ,
parce qu'on a experimentéque cet Instrument est sujet à tel et tel inconvenient.
Mais ne deviez- vous pas penser qu'on ne
peut rien établir sur une experience que
personne n'a vûë et que personne ne peut
attester ? ne deviez - vous pas encore examiner si les inconveniens dont on vous
parloit, étoient réels , et s'il n'étoit pas
possible de les lever ?
Je finis , Monsieur , en vous assurant
que comme je n'ai que faire d'en venir
à l'experience pour sçavoir ce que je dois
penser de votre demi Cercle , je ne crois
pas que je me donne jamais la peine d'en
faire l'essai. Je m'imagine bien que vous
me ferez encore un crime de ce que je
persiste ainsi à condamner une Production qui a été approuvée par une Compagnie , dont je suis plus interessé que
personne au monde , à faire valoir les
Jugemens. Ce reproche me toucheroit ,
s'il n'étoit aussi mal fondé que les autres;
et si l'Académie des Sciences , qui prononce toûjours avec autant de prudence
que
AVRIL 1732 705
que de lumieres , n'avoit pas eu le soin
de mettre de sages restrictions à l'Approbation qu'elle vous donna. Cette Compagnie a , outre cela , assez montré depuis
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé
la question en votre faveur , puisqu'elle
en a fait le sujet du Prix qui fut distri-,
bué en 1729. et dont elle m'honora. Objectez-moi encore , si vous le voulez , que
je n'ai point été en Mer ; je vous répondrai que si dans certaines matieres de Marine , la premiere chose est d'acquerir des
connoissances de fait , et de se former
une juste idée des mouvemens de la Mer
et de ceux du Vaisseau , le point le plus
essentiel et en même- temps le plus dif.
ficile , est de penetrer la cause de tous
ces mouvemens et d'être en état d'en prévoir les divers effets ; et j'ajouterai qu'on
peut s'appliquer à tout cela avec autant
de succès à Terre que dans tout autre
endroit. Je dois aussi me rendre ce bon
témoignage , puisque vous m'y obligez ,
que quoique je connusse tout le péril
qu'il y avoit à venir remplir une place
que vous aviez occupée , vous qui avez
-fait un voyage de long cours ; personne
ne s'est encore apperçu ici que je n'aye
cultivé l'Hydrographie que dans le Cabinet. J'ai l'honneur d'être , malgré tous
D vj nos
7c6 MERCURE DE FRANCE
nos differends , avec bien de la conside
ration , Monsieur , votre , &c. -
Au Havre , le premier d'Avril 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Bouguer, à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le Mercure de France du mois de Février dernier, page 274. et suiv.
La lettre de M. Bouguer à M. Méchain répond à des critiques publiées dans le Mercure de France de février précédent concernant une description de son demi-cercle. Bouguer affirme que ses remarques étaient bienveillantes et non malveillantes. Il reconnaît ne pas avoir une connaissance parfaite du demi-cercle de Méchain mais exprime des réserves sur son utilisation en mer. Bouguer rappelle avoir publié un traité en 1729, récompensé par l'Académie Royale des Sciences, où il justifiait l'usage d'instruments de la seconde espèce, ceux que le pilote met en niveau en visant l'horizon sensible. Il pense que Méchain s'est offensé car ses raisons excluaient les instruments suspendus, comme le demi-cercle. Bouguer détaille les inconvénients des instruments suspendus, notamment les vibrations causées par le tangage et le roulis du navire, rendant les observations astronomiques imprécises. Il insiste sur l'impossibilité d'utiliser efficacement ces instruments pour observer les étoiles en raison des mouvements contradictoires du navire et de l'observateur. Il note également que Méchain a modifié sa position sur la suspension des boussoles, reconnaissant les problèmes soulevés par Bouguer. Méchain préfère désormais laisser au pilote le soin de mettre l'instrument en niveau, ce que Bouguer considère comme une validation de ses arguments. Bouguer critique Méchain pour ne pas avoir consulté les traités historiques de navigation et pour se fier uniquement aux expériences actuelles des marins, ce qui est insuffisant pour juger des évolutions passées. Par ailleurs, un texte daté du 1er avril 1732 conteste l'abandon de l'usage d'un quart de cercle formé d'un seul arc. L'auteur critique l'absence de preuves concrètes et d'expériences vérifiables concernant les inconvénients supposés de cet instrument. Il souligne l'importance de vérifier la réalité de ces inconvénients et la possibilité de les surmonter. Il exprime son refus de tester cet instrument, affirmant qu'il n'a pas besoin d'expérience pour se forger une opinion. L'auteur mentionne que l'Académie des Sciences a approuvé le quart de cercle avec des restrictions et a fait de son évaluation le sujet d'un prix en 1729. Il reconnaît ne pas avoir navigué mais affirme que la compréhension des mouvements marins et la prédiction de leurs effets peuvent être étudiées à terre avec succès. Enfin, il se défend d'avoir négligé l'hydrographie et affirme avoir cultivé cette discipline dans son cabinet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 774
« Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...] »
Début :
Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Académie française, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Mines d'Antimoine, Académie des sciences de Moscou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...] »
Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson;
de l'Académie Royale des Sciences , fut élu par
l'Académie Françoise , pour remplir la place vacante par la mort du Comte de Morville.
M. de la Nauze , de l'Académie Royale des
Inscriptions et Belles-Lettres , a été élû depuis
peu Membre de la Societé Royale de Londres.
On écrit de Luxembourg , qu'on a découvert
depuis peu aux environs de cette Ville , une Mine
d'Antimoine , aussi bon que celui qu'on tire de
Hongrie , qui a toûjours passé pour le meilleurs
il est , comme on sçait , d'un rouge obscur , et a
ses veines fort longues et fort huisantes.
On mande de Petersbourg , que la Czarine alla
au commencement du mois dernier , voir dans le
Jardin de l'Académie des Sciences de cette Ville ,
les nouvelles Plantes des Pays Etrangers qu'on y
cultive, et cette Princesse eut le plaisir d'y cueillir
elle-même deuxÀnanas dans leur parfaite maturité
de l'Académie Royale des Sciences , fut élu par
l'Académie Françoise , pour remplir la place vacante par la mort du Comte de Morville.
M. de la Nauze , de l'Académie Royale des
Inscriptions et Belles-Lettres , a été élû depuis
peu Membre de la Societé Royale de Londres.
On écrit de Luxembourg , qu'on a découvert
depuis peu aux environs de cette Ville , une Mine
d'Antimoine , aussi bon que celui qu'on tire de
Hongrie , qui a toûjours passé pour le meilleurs
il est , comme on sçait , d'un rouge obscur , et a
ses veines fort longues et fort huisantes.
On mande de Petersbourg , que la Czarine alla
au commencement du mois dernier , voir dans le
Jardin de l'Académie des Sciences de cette Ville ,
les nouvelles Plantes des Pays Etrangers qu'on y
cultive, et cette Princesse eut le plaisir d'y cueillir
elle-même deuxÀnanas dans leur parfaite maturité
Fermer
Résumé : « Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...] »
Le 15 du mois dernier, l'Abbé Terrasson a été élu à l'Académie Française pour succéder au Comte de Morville. M. de la Nauze a été élu à la Société Royale de Londres. À Luxembourg, une mine d'antimoine de qualité comparable à celle de Hongrie a été découverte. La Czarine a visité le jardin de l'Académie des Sciences à Petersbourg et y a cueilli deux ananas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 803-809
ADDITION.
Début :
Pierre Chirac, Conseiller d'Etat, Sur-Intendant du Jardin Royal des [...]
Mots clefs :
Médecin, Ecole de Montpellier, Pierre Chirac, Académie royale des sciences, Méthode analytique, Anatomie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION.
ADDIT Ï O N.
Terre Chirac , Conseiller d'Etat, Sur
PIntendant du Jardin Royal des Plantes , et des Eaux Minérales , Bains etFontaines Médicinales du Royaume , Profes--
seur Royal de Médecine en l'Université
de Montpellier , Membre de l'Académic
Royale des Sciences de Paris , et premier
Médecin du Roy , mourut à Marly, le
a du mois de Mars dernier.
Quoique son Eloge soit renfermé dans
son
804 MERCURE DE FRANCE
son Nom, nous ne sçaurions nous dispenser de dire qu'il est mort , généralement
regretté du Public , dont il avoit mérité
depuis long-temps l'estime et la confiance : c'est un témoignage que nous devons
à sa Mémoire.
Il se fit admirer depuis l'année 1687.
qu'il fut reçu Professeur Royal de Médecine en l'Université de Montpellier ,
où il avoit pris ses dégrez. Il s'y distingua d'abord par les Leçons publiques et
les Cours particuliers qu'il faisoit sur tou
tes les Parties de la Médecine, qu'il a trai
tées chacune en détail ; ses écrits étoient
enrichis des découvertes qu'il faisoit dans
L'Anatomie, Science qu'il aimoit et qu'il
cultivoit particulierement, et qui lui servie
toujours de guide pour rectifier la prati❤
que de la Médecine.
Nous n'avons de cet excellent homme
que quelques petits Traitez particu
liers, imprimez en forme de Dissertation,
n'ayant jamais eu assez de loisir pour
pouvoir mettre ses écrits en état d'être
imprimez en un Corps d'Ouvrage.
En effet ses talens l'enleverent bien-tôt
àl'Ecole de Montpellier , dont il faisoie
l'ornement. Cette Ecole n'a eu d'autre
dédommagement de son absence que l'établissement d'une doctrine refléchie , dont
PAA 3
AVRIL 1732. 8051
1'Anatomie étoit la baze , et que plusieurs
Experiences et Observations réïterées
avoient confirmée.
La Méthode analytique est celle qu'il
avoit employée , comme la plus propre
conduire à la vérité.
Il sortit pour la premiere fois de Montpelier,en l'année 1692. pour aller en qualité de Medecin de l'Armée , au Siege de
Rose , où il sauva au Roy beaucoup de
Soldats attaquez d'une Dissenterie Epidémique , dont il arrêta heureusement le
cours par le changement de nourriture
&c. Ce ne fut pas là la seule occasion
où il signala son zéle pour le service du
Roy ; car ayant été envoyé à Rochefort
où regnoit une maladie pestilentielle ...
inconnue jusqu'alors , il en découvrit la
cause par les fréquentes ouvertures des
Gadavres. Après avoir établi un genre de
Traitement convenable à ce te maladie
par rapport à la cause prochaine et aux
accidens qui l'accompagnoient , il reme
dia à la cause commune par le change
ment de nourriture , et prescrivit un regime préservatif pour ceux qui avoient
été épargnez jusques là; mais à qui la violence de cette maladie avoit fait perdre
tout espoir d'échaper à ses coups.
Après qu'il eut mis tout en regle à
Rem
80s MERCURE DE FRANCE
Rochefort pour l'établissement et la fourniture des Hôpitaux , sans oublier la Police necessaire dans une Ville désolée ,
dequor M. Bégon , Intendant de la Province et de la Marine , l'avoit laissé le
Maître , prévoyant qu'il pourroit bien
être attaqué lui- même de la même maladie Epidémique , à laquelle un travail
et une application continuelle , mais indispensables, l'exposoient à tout moment;
il dicta à un Chirurgien qu'il avoit auprès de lui en qualité de Secretaire , une
Methode particuliere et relative à son
temperamment , suivant laquelle il voulbit être traité , en cas qu'il tomba malade , ce qui arriva effectivement ; il fut
tres-long- temps à se remettre , et il vint
achever sa convalescence à Montpellier.
Dès qu'il fut rétabli , il reprit ses exercices de l'Ecole , toujours avec le même
plaisir et la même application. Le succès
de sa pratique enMedecine dédommageoit
alors les habitans de Montpellier et les
Etrangers de la perte du fameux M. Barbeyrac , le plus grand Praticien du siecle
passé.
En l'année 1706. S.A. R. le Duc d'Orléans lui fit l'honneur de le mander pour:
aller en Italie avec lui en qualité de son
Medecin de confiance; il ne fut pas lọngtemps
AVRIL 1732. 807
temps à mériter cet honneur , car il sauva
à cePrince unbras qu'on étoit sur le point
de lui couper , àcause d'une blessure tresdangereuse qu'il avoit reçue au poignet au
Siege de Turin. L'année suivante S.A.R:
ne mena point d'autre Medecin que lup
en Espagne.
Il fut très-utile par lui-même et par ses
conseils à l'Armée des deux Couronnes.
M. Chirac revint à Paris , après avoir
demeuré quelque temps en Espagne , et
dès que le fameux M.Homberg fut mort,
S. A. R. lui donna la place de premier
Medecin de sa Personne.
I
Le Roy lui donna à la mort de M. Fagon , la Sur-Intendance du Jardin du
Roy. Sa Majesté lui accorda des Lettres
de Noblesse en 1728. ses longs services et
la supériorité de ses talens en furent le
motif. Enfin le Roy le choisit pour son
premier Medecin , au mois de Decembre
1730. Tout le monde a été témoin de son
attachement pour la Personne du Roy;
mais on verra , avec beaucoup plus d'étendue , tout ce que M. Chirac avoit de
grand , dans l'Eloge qu'en donnera Pillustre Académicien , à qui , avec des ta-"
lens au dessus des loüanges , il a été
particulierement donné de transmettre
à la posterité , la mémoire des grands hom-
868 MERCURE DE FRANCE
hommes , avec toute la gloire qu'ils se
sont acquise pendant leur vie, ce qui nous
dispense d'en dire davantage..
.
M. François Chicoineau , Conseiller
er Medecin du Roy, Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Chancelier
et Juge de l'Université de Medecine de
Montpellier,Intendant du Jardin du Roy,
Membre de la Societé Royale des Sciences , Conseiller en la Cour des Aydes de
la même Ville , depuis peu premier Medecin de Monseigneur le Dauphin et des
Entans de France , gendre de M.Chirac ,
a été nommé par le Roy , le 2 de ce mois,
pour remplir la place de son premier
Medecin. Tout le monde. sçait avec quel
zele M. Chicoineau a signalé sa capacité
er sa charité , à la tête des Medecins envoyez à Marseille , lors de la derniere
Peste: Il a laissé M. son Fils à Montpellier,.
digne heritier de ses talens ; et qui avoit
dès l'année, 1723. la survivance, de toutes
ses Charges, qu'il a exercées sous les yeux
de son pere , depuis ce temps- là.
C'est le cinquiéme de ce nom, de pere
en fils que la celebre Ecole de Montpellier , voit avec plaisir à sa tête , en qua
lité de Chancelier et Juge de l'Universi❤ .
té, Place à laquelle est toujours attachée
l'Intendance du Jardin du Roy, avec
une :
AVRIL 173.2. 869
une Charge de Professeur Royal de Bo
tanique et une d'Anatomie , qui font
l'exercice et la pension annuelle du Chancelier.
Tous les Titres cy-dessus ont été transmis à M. Chicoineau , aujourd'hui pre
mier Medecin du Roy, et Conseiller d'E
tat après la mort de ses deux freres aînez,
tous deux ayant été successivement déco .
résparfeu M.MichelChicoineau leur pere,
Conseiller en la Cour des Aydes de Montpellier, un des plus sçavans Medecins du
siecle dernier , et l'ornement de l'Ecole de
Montpellier.
A MADE
Terre Chirac , Conseiller d'Etat, Sur
PIntendant du Jardin Royal des Plantes , et des Eaux Minérales , Bains etFontaines Médicinales du Royaume , Profes--
seur Royal de Médecine en l'Université
de Montpellier , Membre de l'Académic
Royale des Sciences de Paris , et premier
Médecin du Roy , mourut à Marly, le
a du mois de Mars dernier.
Quoique son Eloge soit renfermé dans
son
804 MERCURE DE FRANCE
son Nom, nous ne sçaurions nous dispenser de dire qu'il est mort , généralement
regretté du Public , dont il avoit mérité
depuis long-temps l'estime et la confiance : c'est un témoignage que nous devons
à sa Mémoire.
Il se fit admirer depuis l'année 1687.
qu'il fut reçu Professeur Royal de Médecine en l'Université de Montpellier ,
où il avoit pris ses dégrez. Il s'y distingua d'abord par les Leçons publiques et
les Cours particuliers qu'il faisoit sur tou
tes les Parties de la Médecine, qu'il a trai
tées chacune en détail ; ses écrits étoient
enrichis des découvertes qu'il faisoit dans
L'Anatomie, Science qu'il aimoit et qu'il
cultivoit particulierement, et qui lui servie
toujours de guide pour rectifier la prati❤
que de la Médecine.
Nous n'avons de cet excellent homme
que quelques petits Traitez particu
liers, imprimez en forme de Dissertation,
n'ayant jamais eu assez de loisir pour
pouvoir mettre ses écrits en état d'être
imprimez en un Corps d'Ouvrage.
En effet ses talens l'enleverent bien-tôt
àl'Ecole de Montpellier , dont il faisoie
l'ornement. Cette Ecole n'a eu d'autre
dédommagement de son absence que l'établissement d'une doctrine refléchie , dont
PAA 3
AVRIL 1732. 8051
1'Anatomie étoit la baze , et que plusieurs
Experiences et Observations réïterées
avoient confirmée.
La Méthode analytique est celle qu'il
avoit employée , comme la plus propre
conduire à la vérité.
Il sortit pour la premiere fois de Montpelier,en l'année 1692. pour aller en qualité de Medecin de l'Armée , au Siege de
Rose , où il sauva au Roy beaucoup de
Soldats attaquez d'une Dissenterie Epidémique , dont il arrêta heureusement le
cours par le changement de nourriture
&c. Ce ne fut pas là la seule occasion
où il signala son zéle pour le service du
Roy ; car ayant été envoyé à Rochefort
où regnoit une maladie pestilentielle ...
inconnue jusqu'alors , il en découvrit la
cause par les fréquentes ouvertures des
Gadavres. Après avoir établi un genre de
Traitement convenable à ce te maladie
par rapport à la cause prochaine et aux
accidens qui l'accompagnoient , il reme
dia à la cause commune par le change
ment de nourriture , et prescrivit un regime préservatif pour ceux qui avoient
été épargnez jusques là; mais à qui la violence de cette maladie avoit fait perdre
tout espoir d'échaper à ses coups.
Après qu'il eut mis tout en regle à
Rem
80s MERCURE DE FRANCE
Rochefort pour l'établissement et la fourniture des Hôpitaux , sans oublier la Police necessaire dans une Ville désolée ,
dequor M. Bégon , Intendant de la Province et de la Marine , l'avoit laissé le
Maître , prévoyant qu'il pourroit bien
être attaqué lui- même de la même maladie Epidémique , à laquelle un travail
et une application continuelle , mais indispensables, l'exposoient à tout moment;
il dicta à un Chirurgien qu'il avoit auprès de lui en qualité de Secretaire , une
Methode particuliere et relative à son
temperamment , suivant laquelle il voulbit être traité , en cas qu'il tomba malade , ce qui arriva effectivement ; il fut
tres-long- temps à se remettre , et il vint
achever sa convalescence à Montpellier.
Dès qu'il fut rétabli , il reprit ses exercices de l'Ecole , toujours avec le même
plaisir et la même application. Le succès
de sa pratique enMedecine dédommageoit
alors les habitans de Montpellier et les
Etrangers de la perte du fameux M. Barbeyrac , le plus grand Praticien du siecle
passé.
En l'année 1706. S.A. R. le Duc d'Orléans lui fit l'honneur de le mander pour:
aller en Italie avec lui en qualité de son
Medecin de confiance; il ne fut pas lọngtemps
AVRIL 1732. 807
temps à mériter cet honneur , car il sauva
à cePrince unbras qu'on étoit sur le point
de lui couper , àcause d'une blessure tresdangereuse qu'il avoit reçue au poignet au
Siege de Turin. L'année suivante S.A.R:
ne mena point d'autre Medecin que lup
en Espagne.
Il fut très-utile par lui-même et par ses
conseils à l'Armée des deux Couronnes.
M. Chirac revint à Paris , après avoir
demeuré quelque temps en Espagne , et
dès que le fameux M.Homberg fut mort,
S. A. R. lui donna la place de premier
Medecin de sa Personne.
I
Le Roy lui donna à la mort de M. Fagon , la Sur-Intendance du Jardin du
Roy. Sa Majesté lui accorda des Lettres
de Noblesse en 1728. ses longs services et
la supériorité de ses talens en furent le
motif. Enfin le Roy le choisit pour son
premier Medecin , au mois de Decembre
1730. Tout le monde a été témoin de son
attachement pour la Personne du Roy;
mais on verra , avec beaucoup plus d'étendue , tout ce que M. Chirac avoit de
grand , dans l'Eloge qu'en donnera Pillustre Académicien , à qui , avec des ta-"
lens au dessus des loüanges , il a été
particulierement donné de transmettre
à la posterité , la mémoire des grands hom-
868 MERCURE DE FRANCE
hommes , avec toute la gloire qu'ils se
sont acquise pendant leur vie, ce qui nous
dispense d'en dire davantage..
.
M. François Chicoineau , Conseiller
er Medecin du Roy, Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Chancelier
et Juge de l'Université de Medecine de
Montpellier,Intendant du Jardin du Roy,
Membre de la Societé Royale des Sciences , Conseiller en la Cour des Aydes de
la même Ville , depuis peu premier Medecin de Monseigneur le Dauphin et des
Entans de France , gendre de M.Chirac ,
a été nommé par le Roy , le 2 de ce mois,
pour remplir la place de son premier
Medecin. Tout le monde. sçait avec quel
zele M. Chicoineau a signalé sa capacité
er sa charité , à la tête des Medecins envoyez à Marseille , lors de la derniere
Peste: Il a laissé M. son Fils à Montpellier,.
digne heritier de ses talens ; et qui avoit
dès l'année, 1723. la survivance, de toutes
ses Charges, qu'il a exercées sous les yeux
de son pere , depuis ce temps- là.
C'est le cinquiéme de ce nom, de pere
en fils que la celebre Ecole de Montpellier , voit avec plaisir à sa tête , en qua
lité de Chancelier et Juge de l'Universi❤ .
té, Place à laquelle est toujours attachée
l'Intendance du Jardin du Roy, avec
une :
AVRIL 173.2. 869
une Charge de Professeur Royal de Bo
tanique et une d'Anatomie , qui font
l'exercice et la pension annuelle du Chancelier.
Tous les Titres cy-dessus ont été transmis à M. Chicoineau , aujourd'hui pre
mier Medecin du Roy, et Conseiller d'E
tat après la mort de ses deux freres aînez,
tous deux ayant été successivement déco .
résparfeu M.MichelChicoineau leur pere,
Conseiller en la Cour des Aydes de Montpellier, un des plus sçavans Medecins du
siecle dernier , et l'ornement de l'Ecole de
Montpellier.
A MADE
Fermer
Résumé : ADDITION.
Théodore de Chirac, médecin et scientifique français éminent, a marqué l'histoire par ses contributions significatives à la médecine. Né à Montpellier, il a débuté sa carrière en 1687 en tant que Professeur Royal de Médecine à l'Université de Montpellier, où il s'est illustré par ses leçons publiques et ses cours particuliers sur diverses branches de la médecine. Ses écrits étaient enrichis de découvertes en anatomie, une science qu'il cultivait particulièrement et qui guidait sa pratique médicale. En 1692, Chirac a servi comme médecin de l'armée lors du siège de Rose, où il a sauvé de nombreux soldats d'une dissenterie épidémique. Il a également été envoyé à Rochefort pour combattre une maladie pestilentielle, découvrant la cause de la maladie par l'autopsie des cadavres et établissant un traitement approprié. En 1706, il a été appelé en Italie et en Espagne par le Duc d'Orléans, où il a sauvé ce dernier d'une blessure grave. À son retour à Paris, il a succédé à Homberg comme premier Médecin du Duc d'Orléans, puis à Fagon comme Surintendant du Jardin du Roi. En 1728, il a reçu des lettres de noblesse pour ses services et ses talents. En décembre 1730, il a été nommé premier Médecin du Roi. Chirac a occupé plusieurs postes prestigieux, notamment celui de Conseiller d'État, d'Intendant du Jardin Royal des Plantes, et de Membre de l'Académie Royale des Sciences de Paris. Il est décédé à Marly en mars 1732. Le texte mentionne également François Chicoineau, gendre de Chirac et son successeur en tant que premier Médecin du Roi. Chicoineau était également Professeur Royal d'Anatomie et de Botanique, Chancelier et Juge de l'Université de Médecine de Montpellier, et Intendant du Jardin du Roi. Il a été reconnu pour son zèle et sa charité, notamment lors de la peste à Marseille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 826-828
Ouverture des Académies, [titre d'après la table]
Début :
Le Mardy 22. de ce mois, l'Académie Royale des [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Séance, Académie royale des belles-lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ouverture des Académies, [titre d'après la table]
Le Mardy 22. de ce mois , l'Académie
Royale des Belles- Letrres tint son Assemblée publique. M. l'Abbé Bignon y
présida.
M. l'Abbé Canaye ouvrit la séance par
la lecture d'une Dissertation ; sur la Personne , les Sentimens , et les Ouvrages
d'Anaximandre , Philosophe Grec , Disciple de Thales.
M. l'Abbé Sallier lut pour M. Racine
absent , un parallele de l'Andromaque
d'Eurypide , et de celle de M. Racine ,
pere.
M.
AVRIL. 1732. 827
M. de Foncemagne lut un Discours ,
dans lequel il examine et refute le sentiment du Comte de Boulinvilliers , au
´sujet de l'Election des Generaux de l'Armée , que cet Auteur donne à la Nation
Françoise pendant la premiere Race , et
qu'il croyoit être une chose essentiellement separée de la Royauté.
M. l'Abbé Sallier, lut une Ode de Pindare , traduite en François , avec des Remarques historiques et critiques , suivant
la Methode du feu Abbé Massieu.
M.Bonami, termina la Séance par l'histoire de la guerre que Cesar soûtint dans
Alexandrie contre Ptolemée et les Egyptiens , après la mort de Pompée , et la
Bataille de Pharsale , conformément aux
Plans de la ville d'Alexandrie , ancienne
et moderne , et de ses deux Ports , &c.
dont il avoit donné l'explication dans une
Dissertation lue à l'Académie.
Le Mecredi 23, l'Académie Royale des
Sciences , tint aussi son Assemblée publique d'après Pâques.
M. de Fontenelle ouvrit lá scéance par
PEloge de M. de Maisons , Président
du Parlement , et honoraire de cette
Académie , mort l'année derniere.
M.d'Ons-embrai lut après la description
et la maniere de construire un Instrument
propre
868 MERCURE DE FRANCE
propreà faire éxecuter les Airs deMusique
dans le vrai mouvement qu'ils ont été
composez.
,
M. de Reaumur lut ensuite un Mémoire d'Histoire naturelle , sur l'insecte appellé Teigne des arbres.
Après celà M. Dufay lut un Mémoire
sur la maniere de colorer le marbre..
M. Buache donna la Description d'un s
Instrument propre à observer la variation de l'aiguille aimantée , et en même
tems sa déclinaison .
M. Duhamel finit la scéance par la lecture d'un Mémoire sur la formation d'un
sel , &c. Nous donnerons un Extrait de
ces Mémoires.
Royale des Belles- Letrres tint son Assemblée publique. M. l'Abbé Bignon y
présida.
M. l'Abbé Canaye ouvrit la séance par
la lecture d'une Dissertation ; sur la Personne , les Sentimens , et les Ouvrages
d'Anaximandre , Philosophe Grec , Disciple de Thales.
M. l'Abbé Sallier lut pour M. Racine
absent , un parallele de l'Andromaque
d'Eurypide , et de celle de M. Racine ,
pere.
M.
AVRIL. 1732. 827
M. de Foncemagne lut un Discours ,
dans lequel il examine et refute le sentiment du Comte de Boulinvilliers , au
´sujet de l'Election des Generaux de l'Armée , que cet Auteur donne à la Nation
Françoise pendant la premiere Race , et
qu'il croyoit être une chose essentiellement separée de la Royauté.
M. l'Abbé Sallier, lut une Ode de Pindare , traduite en François , avec des Remarques historiques et critiques , suivant
la Methode du feu Abbé Massieu.
M.Bonami, termina la Séance par l'histoire de la guerre que Cesar soûtint dans
Alexandrie contre Ptolemée et les Egyptiens , après la mort de Pompée , et la
Bataille de Pharsale , conformément aux
Plans de la ville d'Alexandrie , ancienne
et moderne , et de ses deux Ports , &c.
dont il avoit donné l'explication dans une
Dissertation lue à l'Académie.
Le Mecredi 23, l'Académie Royale des
Sciences , tint aussi son Assemblée publique d'après Pâques.
M. de Fontenelle ouvrit lá scéance par
PEloge de M. de Maisons , Président
du Parlement , et honoraire de cette
Académie , mort l'année derniere.
M.d'Ons-embrai lut après la description
et la maniere de construire un Instrument
propre
868 MERCURE DE FRANCE
propreà faire éxecuter les Airs deMusique
dans le vrai mouvement qu'ils ont été
composez.
,
M. de Reaumur lut ensuite un Mémoire d'Histoire naturelle , sur l'insecte appellé Teigne des arbres.
Après celà M. Dufay lut un Mémoire
sur la maniere de colorer le marbre..
M. Buache donna la Description d'un s
Instrument propre à observer la variation de l'aiguille aimantée , et en même
tems sa déclinaison .
M. Duhamel finit la scéance par la lecture d'un Mémoire sur la formation d'un
sel , &c. Nous donnerons un Extrait de
ces Mémoires.
Fermer
Résumé : Ouverture des Académies, [titre d'après la table]
Le 22 avril, l'Académie Royale des Belles-Lettres organisa une assemblée publique présidée par l'Abbé Bignon. La séance débuta par la lecture d'une dissertation de l'Abbé Canaye sur Anaximandre, philosophe grec et disciple de Thalès. L'Abbé Sallier présenta un parallèle entre l'Andromaque d'Euripide et celle de Jean Racine père. M. de Foncemagne réfuta les propos du Comte de Boulainvilliers sur l'élection des généraux de l'armée française durant la première race. L'Abbé Sallier lut également une ode de Pindare traduite en français, accompagnée de remarques historiques et critiques. M. Bonami conclut la séance avec l'histoire de la guerre menée par César à Alexandrie contre Ptolémée et les Égyptiens, après la mort de Pompée et la bataille de Pharsale. Le 23 avril, l'Académie Royale des Sciences tint également son assemblée publique. M. de Fontenelle ouvrit la séance par l'éloge de M. de Maisons, Président du Parlement et membre honoraire de l'Académie. M. d'Ons-en-Bray décrivit un instrument pour exécuter les airs de musique dans leur mouvement original. M. de Réaumur présenta un mémoire sur l'insecte appelé teigne des arbres. M. Dufay lut un mémoire sur la manière de colorer le marbre. M. Buache décrivit un instrument pour observer la variation et la déclinaison de l'aiguille aimantée. M. Duhamel termina la séance par la lecture d'un mémoire sur la formation d'un sel.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 828-831
PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences pour l'année 1734.
Début :
Feu M. Roüillé de Meslay, ancien Conseiller au Parlement de [...]
Mots clefs :
Prix, Académie royale des sciences, Système général du monde, Astronomie physique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences pour l'année 1734.
RIX proposé par l'Académie Royale
des Sciences pour l'année 1734.
Fu
Eu M. Roüillé de Meslay , ancien Conseiller
au Parlement de Paris , ayant conçû le noble
dessein de contribuer au progrès des Sciences , et
à l'utilité que le Public en doit retirer , a légué à
PAca
AVRIL: 1732 829
l'Académie Royale des Sciences , un fonds pour
deux Prix , qui seront distribuez à ceux , qui au
jugement de cette Compagnie , auront le mieux
réussi sur deux differentes sortes de Sujets , qu'il
a indiqués dans son Testament, et dont il a donné des exemples. "
Les Sujets du premier Prix regardent le sistême.
general du Monde , et PAstronomie Phisique.
Ce Prix devoit être de 2000. livres , aux termes du Testament , et se distribuer tous les ans.
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans , afin de le rendre
plus considerable , et il sera de 2 5oo . livres,
Les Sujets du second Prix regardent la Naviga-:
tion & le Commerce.
Il ne se donnera que tous les deux ans, et sera- a
de 2000. livres.
Les Scavans de toutes les Nations sont invitez
à travailler sur les Sujets qui seront proposez, et
même les Associez Etrangers de l'Académie. Elle
s'est fait la Loi d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre aux Prix.
Ceux qui composeront sont invitez à écrire en
François ou en Latin , mais sans aucune obliga-...
tion. Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils
voudront , et l'Académie ferâ traduire leurs Ou
vrages
On les prie que leurs écrits soient fort lisibles ,
sur- tout quand il y aura des Calculs d'Algebre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages , mais seulement une Sentence ou Devise. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un »
Billet séparé et cacheté par eux , où seront avec
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez et leur adresse , et ce Billet ne sera ouvert par l'Académie, qu'en cas que la Piece ait remporté le Prix.
30 MERCURE DE FRANCE .
Ceux qui travailleront pour le Prix , adresse
ront leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpe
tuel de l'Académie , ou les lui feront remettre end
tre les mains- Dans le second cas le Secretaire en
donnera en même temps à celui qui les lui aura
remis , son Recepissé , où sera marquée la Sen
tence de l'Ouvrage et son numero selon l'ordre
ou le temps dans lequel il aura été reçû.
S'il y a un Recepissé du Secretaire pour la Pie- ce qui aura remporté le Prix , le Trésorier de
P'Académie délivrera la somme du Prix à celui
qui lui rapportera ce Recepissé. Il n'y aura à cela
nulle autre formalité.
S'il n'y a pas de Recepissé du Secretaire , le
Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur mê¹
me, qui se fera connoître , ou au Porteur d'une Procuration de sa part.
Le Sujet proposé pour le Prix de l'année 1732
étoit , Quelle est la Cause Physique de l'inclinaison
des Plans des Orbites des Planettes ; par rapport au
plan de l'Equateur de la révolution du Soleil autour
de son axe, et d'où vient que les inclinaisons de
ces Orbites sont differentes entr'elles.
Quoique dans les Pieces qui ont été envoyées
pour concourrir à ce Prix , il s'en soit trouvé
quelques- unes qui paroissent avoir été faites par
des personnes sçavantes , et où il y a des Recherches curieuses , cependant comme on n'y a rien
trouvé d'assez précis ni d'assez ' clair sur la ques
tion proposée , on n'a pas cru devoir adjuger le Prix
Une matiere aussi importante pour l'Astrono.
mie Physique étant très digne d'êtie approfondie,
l'Académie a jugé devoir proposer de nouvean
le même Sujet pour l'année 1734. dont le Prix
sera double , c** -à -dire de sooo. livres, suivant
les dispositions de M. de Meſlay.
AVRIL. 1732 83·2
Les Auteurs des Pieces qui ont été déja envoyées pour 1732. pourront y faire tels changes mens, ou les mettre sous telle forme nouvelle
qu'ils voudront , mais en marquant que ce se
ront les Pieces auxquelles ils avoient donne telle
Sentence ou Devise , et ils les renvoyeront écris
tes tout de nouveau.
S'ils n'y font aucun changement , ils n'auront
rien à dire , ni à faire sçavoir , et leurs Pieces Concourront encore avec toutes les autres.
A plus forte raison les Pieces absolument nouvelles seront reçûës.
On ne recevra les unes et les autres que jus
qu'au premier Septembre 1733.
L'Académie , à son Assemblée publique d'après
Pâques 1734. proclamera la Piece qui aura ce Prix,
des Sciences pour l'année 1734.
Fu
Eu M. Roüillé de Meslay , ancien Conseiller
au Parlement de Paris , ayant conçû le noble
dessein de contribuer au progrès des Sciences , et
à l'utilité que le Public en doit retirer , a légué à
PAca
AVRIL: 1732 829
l'Académie Royale des Sciences , un fonds pour
deux Prix , qui seront distribuez à ceux , qui au
jugement de cette Compagnie , auront le mieux
réussi sur deux differentes sortes de Sujets , qu'il
a indiqués dans son Testament, et dont il a donné des exemples. "
Les Sujets du premier Prix regardent le sistême.
general du Monde , et PAstronomie Phisique.
Ce Prix devoit être de 2000. livres , aux termes du Testament , et se distribuer tous les ans.
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans , afin de le rendre
plus considerable , et il sera de 2 5oo . livres,
Les Sujets du second Prix regardent la Naviga-:
tion & le Commerce.
Il ne se donnera que tous les deux ans, et sera- a
de 2000. livres.
Les Scavans de toutes les Nations sont invitez
à travailler sur les Sujets qui seront proposez, et
même les Associez Etrangers de l'Académie. Elle
s'est fait la Loi d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre aux Prix.
Ceux qui composeront sont invitez à écrire en
François ou en Latin , mais sans aucune obliga-...
tion. Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils
voudront , et l'Académie ferâ traduire leurs Ou
vrages
On les prie que leurs écrits soient fort lisibles ,
sur- tout quand il y aura des Calculs d'Algebre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages , mais seulement une Sentence ou Devise. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un »
Billet séparé et cacheté par eux , où seront avec
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez et leur adresse , et ce Billet ne sera ouvert par l'Académie, qu'en cas que la Piece ait remporté le Prix.
30 MERCURE DE FRANCE .
Ceux qui travailleront pour le Prix , adresse
ront leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpe
tuel de l'Académie , ou les lui feront remettre end
tre les mains- Dans le second cas le Secretaire en
donnera en même temps à celui qui les lui aura
remis , son Recepissé , où sera marquée la Sen
tence de l'Ouvrage et son numero selon l'ordre
ou le temps dans lequel il aura été reçû.
S'il y a un Recepissé du Secretaire pour la Pie- ce qui aura remporté le Prix , le Trésorier de
P'Académie délivrera la somme du Prix à celui
qui lui rapportera ce Recepissé. Il n'y aura à cela
nulle autre formalité.
S'il n'y a pas de Recepissé du Secretaire , le
Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur mê¹
me, qui se fera connoître , ou au Porteur d'une Procuration de sa part.
Le Sujet proposé pour le Prix de l'année 1732
étoit , Quelle est la Cause Physique de l'inclinaison
des Plans des Orbites des Planettes ; par rapport au
plan de l'Equateur de la révolution du Soleil autour
de son axe, et d'où vient que les inclinaisons de
ces Orbites sont differentes entr'elles.
Quoique dans les Pieces qui ont été envoyées
pour concourrir à ce Prix , il s'en soit trouvé
quelques- unes qui paroissent avoir été faites par
des personnes sçavantes , et où il y a des Recherches curieuses , cependant comme on n'y a rien
trouvé d'assez précis ni d'assez ' clair sur la ques
tion proposée , on n'a pas cru devoir adjuger le Prix
Une matiere aussi importante pour l'Astrono.
mie Physique étant très digne d'êtie approfondie,
l'Académie a jugé devoir proposer de nouvean
le même Sujet pour l'année 1734. dont le Prix
sera double , c** -à -dire de sooo. livres, suivant
les dispositions de M. de Meſlay.
AVRIL. 1732 83·2
Les Auteurs des Pieces qui ont été déja envoyées pour 1732. pourront y faire tels changes mens, ou les mettre sous telle forme nouvelle
qu'ils voudront , mais en marquant que ce se
ront les Pieces auxquelles ils avoient donne telle
Sentence ou Devise , et ils les renvoyeront écris
tes tout de nouveau.
S'ils n'y font aucun changement , ils n'auront
rien à dire , ni à faire sçavoir , et leurs Pieces Concourront encore avec toutes les autres.
A plus forte raison les Pieces absolument nouvelles seront reçûës.
On ne recevra les unes et les autres que jus
qu'au premier Septembre 1733.
L'Académie , à son Assemblée publique d'après
Pâques 1734. proclamera la Piece qui aura ce Prix,
Fermer
Résumé : PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences pour l'année 1734.
En 1732, M. Roüillé de Meslay, ancien conseiller au Parlement de Paris, a légué un fonds à l'Académie Royale des Sciences pour établir deux prix annuels. Le premier prix, d'une valeur de 2 500 livres, est destiné aux travaux sur le système général du monde et l'astronomie physique. Le second prix, de 2 000 livres, concerne la navigation et le commerce. Ces prix sont attribués tous les deux ans et sont ouverts aux savants de toutes les nations, à l'exception des académiciens français. Les travaux peuvent être rédigés en français, en latin ou dans toute autre langue et doivent être envoyés au secrétaire perpétuel de l'Académie. Pour l'année 1732, le sujet proposé pour le premier prix était la cause physique de l'inclinaison des plans des orbites des planètes par rapport à l'équateur du Soleil. Aucun travail n'ayant été jugé suffisamment précis ou clair, le sujet a été proposé à nouveau pour 1734, avec un prix doublé à 3 000 livres. Les auteurs des travaux déjà envoyés pour 1732 ont pu les modifier et les soumettre à nouveau jusqu'au 1er septembre 1733. L'Académie a proclamé le lauréat lors de son assemblée publique après Pâques 1734.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
p. 972-976
Memoire sur la maniere de colorer les Pierres, [titre d'après la table]
Début :
Dans la derniere assemblée publique de l'Académie Royale des [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Colorer, Pierres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire sur la maniere de colorer les Pierres, [titre d'après la table]
Dáns la derniere assemblée publique de
L'Académie Royale des Sciences , M. Dufay lut un second Mémoire sur la maniere
de colorer les Pierres ; nous avons donné
l'Extrait du premier dans le Mercure de
Decembre 1730. 1. vol. Celui- cy- contient
MAY. 1732.
973*
tient deux parties ; dans la premiere M..
Dufay remedie à quelques inconveniens
qui se rencontroient dans l'emploi de certaines couleurs , décrites dans son premier Mémoire , et il en ajoute quelquesunes , qu'il n'a découvertes que depuis
peu ; dans la seconde partie , il donne la
maniere de former des desseins en blanc
sur la Cornaline, ou de blanchir le champ
de la Cornaline, et d'y tracer des desseins
en rouge.
La maniere dont l'Auteur employe la
Gomme , appellée Sang de Dragon , pour
fair le rouge sur du Marbre blanc , est
bien simple; il broye cette Gomme dans
un Mortier d'Agathe , et y met quelques.
goutes d'Esprit de vin ; il l'employe ainsi
avec le Pinceau , sans qu'elle se grumele,
ou s'empâte , comme il arrive , en la dissolvant à l'ordinaire ; pour faireun rouges
très brun , il y ajoûte de la Poix noire ,
suivant la nuance qu'il désire, il employe
la Gomme gutte pour le jaune de la même maniere; et si avec l'une ou l'autre de
ces couleurs on veut réserver des Parties
blanches au milieu de la tache , fl suffit de
mettre un enduitde blanc d'Espagne.avec
de l'Eau gommée dans les endroits que
l'on veut conserver ; on peut passer la
couleur pardessus , sans craindre qu'elles
les endommage.. Lors
974 MERCURE DE FRANCE
Lorsque ces couleurs sont employées ,
on porte la piece de marbre dans un Four
ordinaire , et on l'y laisse jusques à ce
qu'on s'apperçoive par quelque échantil
lon que les couleurs sont fonduës et ont
bien pénétré.
Le marbre étant froid , on y met la dissolution de Sang de dragon pour faire la
couleur de chair ; le marbre n'a pas -besoin d'être chaud pour cette nuance,
non plus que pour le bleu , qui se fait
avec une dissolution de tournesol, dans
une lessive de chaux et d'urine ; cette liqueur pénétre le marbre à froid et entre
très-avant. Elle fait un très beau bleu , tirant quelquefois sur le violet , suivant
que la liqueur est plus ou moins chargée
de Tournesol , ou qu'elle a digéré plus
long- temps:
Lorsque le marbre est entierement peint,
on le ponce pour enlever le marc des couleurs , et on le polit à l'ordinaire ; de la
sorte on peut faire pénétrer dans le marbre blanc toutes les couleurs imaginables,
et par consequent imiter les marbres les
plus beaux et les plus précieux.
A l'égard de la seconde Partie qui regarde Is Cornalines , la pratique en est
fort simple, et voicy comme M. Dufay
en a fait la découverte ; il voulut essayer
d'é-
MA Y. 17327 975
d'émailler une Cornaline ; elle ne put pas
soutenir,sans se casser,la chaleur nécessaire pour fondre l'émail ; mais l'ayant retiré du feu , il s'apperçut que les endroits
qui avoient été couverts d'émail , étoient
blancs , le reste étant demeuré rouge ; il
imagina que l'émail avoit occasionne plus
de chaleur dans les endroits où il avoit été
appliqué, et il essaya de faire la même chose
avec d'autres matieres terreuses ; en ayant
essayéplusieurs, il trouva qu'aucune ne faisoit mieux que le Colchotar dissous dans
l'Eau gommée, on forme avec cette matiere des desseins sur la Cornaline , et en la
chauffantpetit à petit sous uneMoufle, tout
ce qui est couvert de Colchorar blanchit,
et le champ de la pierre demeure rouge.
M.Dufay a aussi remarqué qu'on pouvoit
nuancer ce blanc et le faire plus mat en
des endroits qu'en d'autres , en donnant
plus ou moins d'épaisseur à l'enduit de
Colchotar ; on peut aussi ombrer ces sortes de desseins avec la dissolution d'argent dans l'Esprit de Nitre, en sorte qu'il
ne faut présentement qu'un ouvrier hapour porter cet art à son plus haut
dégré de perfection. M. Dufay finit par
quelques Observations sur le choix des
Cornalines les plus propres à cette sorte
de travail , parce qu'elles ne le sont pas
bile
tou
976 MERCURE DE FRANCE
toutes également , et qu'il y en a même
qui n'y sçauroient absolument être employées
L'Académie Royale des Sciences , M. Dufay lut un second Mémoire sur la maniere
de colorer les Pierres ; nous avons donné
l'Extrait du premier dans le Mercure de
Decembre 1730. 1. vol. Celui- cy- contient
MAY. 1732.
973*
tient deux parties ; dans la premiere M..
Dufay remedie à quelques inconveniens
qui se rencontroient dans l'emploi de certaines couleurs , décrites dans son premier Mémoire , et il en ajoute quelquesunes , qu'il n'a découvertes que depuis
peu ; dans la seconde partie , il donne la
maniere de former des desseins en blanc
sur la Cornaline, ou de blanchir le champ
de la Cornaline, et d'y tracer des desseins
en rouge.
La maniere dont l'Auteur employe la
Gomme , appellée Sang de Dragon , pour
fair le rouge sur du Marbre blanc , est
bien simple; il broye cette Gomme dans
un Mortier d'Agathe , et y met quelques.
goutes d'Esprit de vin ; il l'employe ainsi
avec le Pinceau , sans qu'elle se grumele,
ou s'empâte , comme il arrive , en la dissolvant à l'ordinaire ; pour faireun rouges
très brun , il y ajoûte de la Poix noire ,
suivant la nuance qu'il désire, il employe
la Gomme gutte pour le jaune de la même maniere; et si avec l'une ou l'autre de
ces couleurs on veut réserver des Parties
blanches au milieu de la tache , fl suffit de
mettre un enduitde blanc d'Espagne.avec
de l'Eau gommée dans les endroits que
l'on veut conserver ; on peut passer la
couleur pardessus , sans craindre qu'elles
les endommage.. Lors
974 MERCURE DE FRANCE
Lorsque ces couleurs sont employées ,
on porte la piece de marbre dans un Four
ordinaire , et on l'y laisse jusques à ce
qu'on s'apperçoive par quelque échantil
lon que les couleurs sont fonduës et ont
bien pénétré.
Le marbre étant froid , on y met la dissolution de Sang de dragon pour faire la
couleur de chair ; le marbre n'a pas -besoin d'être chaud pour cette nuance,
non plus que pour le bleu , qui se fait
avec une dissolution de tournesol, dans
une lessive de chaux et d'urine ; cette liqueur pénétre le marbre à froid et entre
très-avant. Elle fait un très beau bleu , tirant quelquefois sur le violet , suivant
que la liqueur est plus ou moins chargée
de Tournesol , ou qu'elle a digéré plus
long- temps:
Lorsque le marbre est entierement peint,
on le ponce pour enlever le marc des couleurs , et on le polit à l'ordinaire ; de la
sorte on peut faire pénétrer dans le marbre blanc toutes les couleurs imaginables,
et par consequent imiter les marbres les
plus beaux et les plus précieux.
A l'égard de la seconde Partie qui regarde Is Cornalines , la pratique en est
fort simple, et voicy comme M. Dufay
en a fait la découverte ; il voulut essayer
d'é-
MA Y. 17327 975
d'émailler une Cornaline ; elle ne put pas
soutenir,sans se casser,la chaleur nécessaire pour fondre l'émail ; mais l'ayant retiré du feu , il s'apperçut que les endroits
qui avoient été couverts d'émail , étoient
blancs , le reste étant demeuré rouge ; il
imagina que l'émail avoit occasionne plus
de chaleur dans les endroits où il avoit été
appliqué, et il essaya de faire la même chose
avec d'autres matieres terreuses ; en ayant
essayéplusieurs, il trouva qu'aucune ne faisoit mieux que le Colchotar dissous dans
l'Eau gommée, on forme avec cette matiere des desseins sur la Cornaline , et en la
chauffantpetit à petit sous uneMoufle, tout
ce qui est couvert de Colchorar blanchit,
et le champ de la pierre demeure rouge.
M.Dufay a aussi remarqué qu'on pouvoit
nuancer ce blanc et le faire plus mat en
des endroits qu'en d'autres , en donnant
plus ou moins d'épaisseur à l'enduit de
Colchotar ; on peut aussi ombrer ces sortes de desseins avec la dissolution d'argent dans l'Esprit de Nitre, en sorte qu'il
ne faut présentement qu'un ouvrier hapour porter cet art à son plus haut
dégré de perfection. M. Dufay finit par
quelques Observations sur le choix des
Cornalines les plus propres à cette sorte
de travail , parce qu'elles ne le sont pas
bile
tou
976 MERCURE DE FRANCE
toutes également , et qu'il y en a même
qui n'y sçauroient absolument être employées
Fermer
Résumé : Memoire sur la maniere de colorer les Pierres, [titre d'après la table]
Lors de la dernière assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, M. Du Fay a présenté un second mémoire sur la manière de colorer les pierres, publié en mai 1732. Ce mémoire est divisé en deux parties. Dans la première, Du Fay corrige des inconvénients mentionnés dans son premier mémoire et ajoute de nouvelles couleurs récemment découvertes. Il décrit également comment former des dessins en blanc sur la cornaline ou blanchir son champ pour tracer des dessins en rouge. Pour obtenir du rouge sur du marbre blanc, Du Fay utilise la gomme appelée Sang de Dragon, qu'il broie dans un mortier d'agate avec quelques gouttes d'esprit de vin, puis applique avec un pinceau. Pour des rouges plus bruns, il ajoute de la poix noire. Il utilise la gomme gutte pour obtenir du jaune de la même manière. Pour préserver des parties blanches, il applique un enduit de blanc d'Espagne mélangé à de l'eau gommée. Après l'application des couleurs, la pièce de marbre est placée dans un four jusqu'à ce que les couleurs soient fondues et bien pénétrées. Pour la couleur de chair et le bleu, le marbre n'a pas besoin d'être chaud. Le bleu est obtenu avec une dissolution de tournesol dans une lessive de chaux et d'urine, qui pénètre le marbre à froid. Une fois le marbre entièrement peint, il est poncé pour enlever les résidus de couleur, puis poli. Ainsi, toutes les couleurs peuvent être intégrées dans le marbre blanc, permettant d'imiter les marbres les plus beaux et les plus précieux. Dans la seconde partie, Du Fay explique comment créer des dessins sur la cornaline. Il a découvert que l'émail, en fondant, blanchit les zones couvertes. Il utilise ensuite le colchotar dissous dans l'eau gommée pour former des dessins, qui blanchissent en chauffant. Il est également possible de nuancer ces blancs et de les ombrer avec une dissolution d'argent dans l'esprit de nitre. Du Fay conclut avec des observations sur le choix des cornalines les plus adaptées à ce type de travail.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 1053-1076
REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
Début :
J'ay vû depuis trois jours dans le Mercure du [...]
Mots clefs :
Demi-cercle, Hydrographie, Public, Plainte, Prix de l'Académie royale des sciences, Académie royale des sciences, Astres, Marins, Instruments, Théorie, Observations, Professeur royal, Mathématiques, Expériences, Pilotes, Mémoires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
REPONSE de M. Meynier , Ingénieur
de la Marine , à la Lettre que M. Bouguer , Professeur Royal d'Hidrographie ,
a fait inserer dans le Mercure de France
du mois d'Avril dernier , page 693.
"Ay vû depuis trois jours dans le MerJacure du mois d'Avril dernier , la Réponse que vous avez donnée au Public
sur ma plainte que je lui avois exposée
dans le Mercure du mois de Fevrier de
la même année , page 247. Vous ditës
d'abord , que le Public ne découvrira pas
les raisons de ma plainte. Elles étoient trop
évidentes pour que cette découverte pût 1. Vol.
A iiij lui
1054 MERCURE DE FRANCE
lui avoir donné de la peine; j'ai eu la satisfaction de voir qu'il m'a rendu justice
et à vous aussi , et de lui entendre dire
qu'il ne comprenoit pas comment vous
aviez pû vous écarter si fort sur cet article , en décidant d'une chose que vous
ne connoissiez pas , de laquelle vous avez
fait un portrait qui n'y a aucune ressemblance , et que vous n'en avez agi de
même que pour tâcher de sapper tout
ce qui étoit connu , afin de donner plus
d'éclat à vos productions , et afin d'avoir
plus de part au Prix que l'Académie avoit
proposé à ce sujet. Ce même Public est
trop éclairé pour ne pas voir que votre
Réponse est montée sur le même ton
que ce qui a donné lieu à ma plainte.
Vous ne lui persuaderez jamais que ce que
vous avez dit de mon demi Cercle.en
étoit une espece d'approbation ; en tout
cas le Public trouvera l'espece d'approbation fort singuliere.
Dans votre Réponse , page 694. ligne
15. vous dites : Que vous avez parlé de
mon demi Cercle dans votre Livre sur la
meilleure maniere d'observer la hauteur
des Atres , en disant qu'il vous semble
qu'il est sujet à un inconvénient , et que
vous affirmez aussi- tôt sur la connoissance
que vous avez de mes lumieres , que j'ai
1. Vol. trouvé
JUIN 1732. 1055
trouvé le moyen de l'éviter. Ceux qui ont
lû ma plainte , où je répete mot à mot ce
que vous en avez dit , verront bien que
Ce n'est pas-là ce que vous en dites aujourd'hui , que vous en avez changé le
veritable sens , en employant dans votre
Réponse le présent où vous aviez employé l'avenir , et le doute où vous aviez
employé l'affirmation ; vous en avez repeté quelques mots , comme si vous n'en
eussiez pas dit davantage ailleurs , et vous
avez obmis les principaux termes , comme, par exemple, celui de qu'on est obligé,
parce qu'il exprime une chose qui est indispensable et non une chose qui semble
être , &c. Auriez- vous voulu en faire une
Enigme j'ai été fort aise de voir que
vous prévenez le Public , page 695. que
vous en répandez dans vos Ouvrages , en
disant que vous allez expliquer l'Enigme.
Dès la premiere lecture que je fis de vos
Ouvrages, je m'étois apperçu qu'ils étoient
fort énigmatiques , et j'avoue que je n'ai
pas pû reconnoître le sens que vous leur
donnez pour être leur sens naturel , comme vous le verrez un jour dans un Ouvrage que je donnerai au Public.
Après ce que vous avez dit de mon
demi Cercle et ce que vous venez de répondre à ma juste plainte, je m'attends
I, Vol.
Αν bien
1016 MERCURE DE FRANCE
bien que vous donnerez au Public de
nouvelles Enigmes sur mon compte ; mais
j'espere que je n'aurai pas de peine à lui .
en expliquer le sens naturel , et qu'il ne
prendra pas , comme vous avez fait , le
retard du temps à votre avantage.
L'article de votre Livre qui a donné
occasion à nos écritures , est sur le projet
du Programme que l'Académie Royale
des Sciences avoit publié pour l'année
1729 qui ne consistoit que sur la meil
leure maniere d'observer la hauteur des
Astres sur Mer , soit par des Instrumens
déja connus , soit par des Instrumens de
nouvelle invention. Il ne s'agissoit donc
que de décider sur l'Instrument le plus
utile , le mien ne fut pas dans le cas de
pouvoir disputer le Prix au vôtre , parce
que sur l'annoncé du Programme , j'avois
cru que le Mémoire que j'avois remis à
l'Académie quatre ans auparavant sur ce
même sujet , lorsqu'elle m'en donna son
Certificat , devoit suffire , attendu que
mon demi Cercle répondoit aux deux cas
du Programme , et que par cette raison il
seroit inutile d'envoyer une seconde copie
de mon Mémoire ; mais Mrs de l'Académie ne penserent pas de- même , ils ne
firent aucun usage de mon Mémoire , disant que j'aurois dû en envoyer une autre
1. Vol.
copie
JUIN. 1732 1057
copie dans le temps prescrit par le Programme , ce que j'avois cru inutile ; mais
puisque vous m'obligez à vous parler net,
je croi Mrs de l'Académie trop éclairez
pour qu'ils n'eussent pas préferé mon demi Cercle à vos deux quarts de Cercle,
s'ils eussent fait usage de mon Memoire.
pas
Vous voudriez faire entendre au Public , que j'ai crû vos quarts de Cercle
fort bons et plus utiles à la Navigation
que mon demi Cercle , parce que je ne
l'ai d'abord réfuté ; la consequence
n'est pas juste , je ne pensois pas même
à le faire , parce que j'avois des occupa
tions plus essentielles , et ce n'a été que
votre maniere de m'en parler qui m'y a
contraint; il me suffiroit de sçavoir avec
tous les Marins , qu'on ne peut pas mettre en pratique votre quart de Cercle sur
Mer aussi utilement que les Instrumens
ordinaires ; je ne travaille d'ailleurs à examiner les Ouvrages des autres et à en faire
des Notes , qu'à certaines heures de récréation qui sont toujours fort courtes chez
moi , parce que je commence d'abord par
remplir mon devoir et travailler à ce qui
me paroît pouvoir être utile au service du
Roiou du public ; les succès que j'ai eu
dans ces occupations , m'y attachent si
fort , qu'il est bien rare que je les discon
I. Vol. A vj tinue
1058 MERCURE DE FRANCE
·
tinue pour m'amuser à autre chose , à
moins que ce ne soit pour remplir mon
devoir , de maniere que très- souvent je
ne trouve pas seulement le temps de répondre aux Lettres de mes amis même
les plus intimes ; ainsi vous ne devez pas
croire que je me dérange jamais beaucoup
de cette conduite pour vous répondre
incessamment ; qu'importe que je le fasse
plus tôt ou plus tard , mes Réponses n'en
vaudront pas moins ? Je ne veux rien réfuter legerement , ni m'attacher à ce qui
n'est point essentiel au fait , ni chercher
des détours qui ne sçauroient instruire le
Public pour l'éclaircir des faits. Je crois,
Monsieur , qu'il nous convient à tous les
deux de prendre ce parti là , afin de rendre nos Ouvrages plus instructifs ; car
si nous nous avisions de faire autrement,
il nous en coûteroit notre argent pour
l'impression , parce que nous ne trouverions aucun Libraire qui voulût s'en charger , dans la crainte d'être obligé de
les vendre à des Marchands de Poivre.
Le Public qui n'aime pas à être fatigué
par les longs discours , lorsqu'ils ne décident point avec évidence , jugera beaucoup plus sainement de nos Ouvrages
par des raisons simples et sensibles et par
leur utilité dans la pratique , que par tou
I, Vol. tes
JUIN. 1732.
1055
tes les autres voyes que nous pourrions
prendre.
Tout le monde est convaincu que l'experience dément souvent la théorie , ou
la rend impraticable , principalement sur
Mer , lorsque les fondemens de cette
Théorie sont douteux , comme il arrive
à bien des propositions , comme dans toutes celles qui ne sont que de pure spéculation . C'est par cette raison qu'on ne
doit disputer que sur des faits certains ,
dont les principes sont bien démontrez
et les consequences,sûres ; à moins que
l'experience ne décide des choses qui sont
fondées sur des principes douteux , ou
qu'elle se déclare contre les principes qui
paroissent évidents , ou lorsque les difficultez de mettre ces principes en execution
ne peuvent pas assez répondre à la proposition pour la rendre utile. C'est- là
mon unique but le Public qui sçait que
je l'ai atteint en plusieurs occasions , me
rend justice là- dessus.
J'ai vû avec plaisir dans votre Réponse.
que vous reconnoissez que les Instrumens
qui sont actuellement en usage pour observer
la hauteur des Astres sur Mer , sont préferables à tous les autres , et par consequent
aux vôtres qui ne sont point en usage ;
mais vous ne devriez pas dire que vous
چر I. Vol. l'avez
fogo MERCURE DE FRANCE
L'avez toujours soutenu de même ; puisque vous avez soutenu le contraire en faveur
de votre demi Cercle , dans la troisiéme
Section de votre Livre , page 32. sous le
titre de Changemens qu'il faut faire au
quartier Anglois , pour lui donner toute la
perfection possible ; c'est sur ces changemens que vous avez donné votre quart
de Cercle pour être préferable à tous les
autres Instrumens. Je vous felicite d'être
revenu de- même sur le compte de votre
quart de Cercle , je dois l'attribuer à l'évidence de l'explication que j'en ai donnée dans ma plainte.
Vous ne vous êtes pas contenté de
parle de mon demiCercle sans fondement,
vous avez encore voulu me faire mon procès un peu cavalierement sur les Observations qui en ont été faites dans la
Rade de Brest , en disant , que je connoissois la latitude du lieu où elles furent faites;
faisant entendre que c'étoit sur cette connoissance que le Certificat avoit été fait
et non sur le mérite de l'Instrument.
Vous me connoissez bien mal , Monsieur,
de me croire capable d'en imposer de
même à la verité , tout autre que moi
vous en accuseroit aussi dans vos Ouvrages ; mais parce que croyant faire mon
procès , vous avez fait en deux façons
I. Vol. celui
JUIN. 1734. 1061
celui des personnes qui m'ont donné le
Certificat dont j'ai parlé , qui firent euxmêmes l'experience de mon demi Cercle
dans cette Rade , en ma présence. Ce
sont M. Deslandes , Contrôleur de la Marine , de l'Académie Royale des Sciences,
le R. P. le Brun , Professeur Royal de
Mathématiques pour Mr les Gardes de la
Marine , Mrs Liard et Michot , Pilotes
Amiraux , qui en dresserent ensuite un
Certificat , dont ils envoyerent copie à
⚫ M. le Comte de Maurepas et à l'Académie des Sciences , à ce que ces M m'en
dirent six mois après , c'est- à - dire , au
retour de la campagne , en m'en remettant aussi une copie ; c'est donc à ces
Mrs là à se plaindre de votre jugement
sur cet article ; ce qu'il y a de bien certain , c'est qu'ils n'avoient aucun interêt
d'en imposer à la Cour et à l'Académie
qu'ils ont trop de probité pour l'avoir
fait sous aucun prétexte , que je n'avois
pas l'honneur de les connoître trois jours
avant mon départ pour l'Amerique , et
queje n'ai contribué en rien aux termes du
Certificat , puisque dès le lendemain de la
derniere Observation nous partîmes pour
l'Amerique , qu'il n'a été dressé qu'après ,
et queje n'ai sçû ce qu'il contenoit que six
mois après.
1. Vol. Puisque
1062 MERCURE DE FRANCE
Puisque vous n'avez pas jugé à propos
de vous appercevoir de la proposition que
je vous ai faite dans maplainte, je vais vous
la répeter afin que le Public sçache encore
mieux de quoi il s'agit , et que vous ne
puissiez plus feindre de l'ignorer. Je
vous avois proposé de faire en presence
des gens du métier , l'experience de votre quart de Cercle et en même temps
de mon demi Cercle.dans une Rade ,
ou même à terre , à un endroit qui seroit
exposé au vent et à un mouvement qui
imiteroit à peu près le roulis d'un Vaisseau ; mais ne l'ayant pas accepté , si vous
le refusez encore , ce sera , pour me servir de vos termes , proscrire vous- même
vos quarts de Cercle de l'usage que vous
auriez voulu en faire prendre au Public ,
et les reconnoître en même temps beauinferieurs à mon demi Cercle pour coup
l'usage de la Navigation ; et comme notre dispute ne roule que là-dessus , vous y
cederez entierement par votre refus. Vous
êtes encore à temps d'accepter mon défi , vous pouvez même joindre à votre
quart de Gercle que j'ai réfuté dans mat
plainte , celui que vous suspendez par
une boucle , que vous dites être mieux
suspendue que le mien ;je vous permettrai dans l'experience que vous employez
I. Vol. l'un
JUIN. 17328 1063
l'un et l'autre indifferemment à votre
choix. Pour nous assurer par l'experiencé
de l'avantage de nos Instrumens les uns
sur les autres , on assemblera à terre un
quart de Cercle à lunette de 3. ou 4.
pieds du Rayon , pour observer pendant
le jour la hauteur du Soleil , er pendant
la nuit celle de quelque Etoile ; nous
serons ensuite tous les deux en Rade dans
le même Vaisseau , sans Montre ni Horloge , nous aurons pris d'avance toutes les précautions qu'on pourra proposer , afin
que nous ne puissions pas avoir connoissance de l'heure , parce qu'elle pourroit
nous servir pour déterminer les hauteurs
des Astres , indépendamment de nos Ins
trumens ; nous observerions ensuite la
hauteur du Soleil le jour , et celle de
quelque Etoile la nuit , dans le temps
qu'on feroit la même observation à terre
avec le susdit quart de Cercle ; et au
moyen des signaux , on n'ôteroit en même temps la quantité de chacune des Observations , qui étant ensuite comparées
avec celles qui auroient été faites en même-temps à terre , serviroient à décider
d'une maniere incontestable lequel des
deux Instrumens vaut le mieux. On peut
faire les mêmes experiences à terre sur
quelques planches mobiles ; il n'y auroie
I. Vol.
en
1064 MERCURE DE FRANCÉ
en cela de l'avantage pour personne. Quesi
yous n'acceptez pas une proposition si raisonnable , qui est la maniere la plus sure
de faire connoître au Public l'avantage
de vos Instrumens sur le mien , ou du
mien sur les vôtres , il employera avec bien
plus de fondement le terme de proscription pour vos deux quarts de Cercle , que
vous ne l'avez employé mal - à- propos
pour mon demi Cercle ; je dis mal- à- pro-.
pos , parce que vous en parlez comme
une personne qui ne le connoît pas encore , qui ne veut pas s'en rapporter aux experiences qui en ont été faites par des
gens de probité et du métier , ni à tous
les Pilotes de Brest , qui l'ont reconnu
fort utile pour la Marine , dans un Certificat qu'ils m'en ont donné. J'espere cependant que les Pilotes des autres Ports
ne l'approuveront pas moins , et que je
m'en servirai utilement à la campagne que
je vais faire dans le Levant.Je ne crois pas
que vous puissiez jamais en dire autant
de vos deux quarts de Cercle.
Vous prétendez , Monsieur , que la
suspension que je donne à mon demi Cercle est inutile , et que je n'ai pas fait at
tention aux cas qu'on employe cette sus
pension. Avez-vous fait attention vousmême que la suspension de mon demi I. Vel.
Cercle
JUIN. 1732. 1065
Cercle est la même que celle des Compas de variation dont on se sert sur Mer
que l'effet de cette suspension , dans l'un
comme dans l'autre Instrument , porte
l'Instrument à obéïr aux differens mouvemens du Vaisseau ? qu'on ne les employe
que pour cela , et que vous ne sçauriez
condamner l'un sans condamner Pautre ?
Si vous aviez fait quelque campagne sur la
Mer , vous auriez vû que cette suspension est si necessaire qu'il ne seroit pas
possible de se servir également des Compas de variation sans cela ; je la laisse subsister dans le Compas de variation que
j'ai donné au Public , et par consequent
je la croi très-utile , parce qu'elle l'est veritablement.
Je m'apperçois dans toute votre Répon
se , que vos idées sont bien differentes
de celles qui ont été acquises par la pratique , ce qui me fait penser que vous en
doutez au moins , c'est le refus que vous
avez fait à mon défi sur la comparaison
de nos Instrumens par des experiences ;
parlant dans votre Réponse comme si je
ne l'avois pas proposé.
Vous dites que parce que je ne donne
aucune atteinte à vos Remarques, qu'elles
ont fait une impression sur moi ; la consequence n'est pas prouvée , en disant qu'elI. Vol. los
1066 MERCURE DE FRANCE
les ne m'ont pas été inutiles , que depuis
j'ai changé d'avis dans l'Ouvrage que je
viens de donner au Public , sur la meilleure maniere d'observer la variation de
la Boussole à la Mer. Je n'ai du tout
point changé d'avis ; et une preuve que
je soutiens toûjours cette suspension bonne , c'est que je l'ai employée , comme je
viens de le dire , au Compas de Variation
que vous citez de la même manieré qu'elle est employée à mon demi Cercle , et
vous vous attribuez mal à propos les avis
que j'ai suivis pour faire tenir mon Compas de variation , par celui qui fait l'Observation.
Etant à Brest 4. ans avant l'impression
de votre Ouvrage , Mr les Officiers de ce
Port , tant d'Epée que de Plume , m'en
donnerent l'idée , que j'ai réduite à la
maniere qui est expliquée dans mon Livre;il y a apparence que vous aviez puisé
cette idée à la même source , puisque j'ai
appris que vous aviez aussi été à Brest ;
d'ailleurs les Marins l'ont toûjours dit
ainsi , et la théorie seule ne sçauroit nous
l'avoir appris de même.
Le public trouvera , comme moi fort
singulier , que vous desaprouvicz , page
703. que je consulte les Marins d'aujourd'hui , ne diroit-on pas à ce terme
I. Vol.
de
JUIN. 1732. 1067
de Marins d'aujourd'hui , que vous voudriez les mettre bien au dessous de
ceux de l'ancien temps ; il est pourtant
certain que de l'aveu de tout l'Univers
la Marine est à un plus haut point de
perfection qu'elle ait jamais été , et la
comparaison que nous faisons des anciens
écrits avec les modernes qui la regar
dent, nous le confirment ; vous conviendrez, sans doute, qu'elle n'a reçu ce grand
avantage ni de vous ni de moi ; d'où je
conclus que les Marins d'aujourd'hui
valent bien mieux que ceux de l'ancien
temps ; qu'ils sont plus habiles , qu'ils
naviguent bien mieux , et que nous devons les consulter préférablement aux
écrits des anciens. L'expérience et la tradition ont appris aux Marins d'aujour
d'hui ( pour me servir de votre terme )
que vos deux quarts de Cercle sont proscrits à l'usage de la Marine, par les raisons que j'ai détaillées dans ma plainte,
Elles sont si évidentes , qu'il n'est pas
possible de les contester avec fondement
et n'exigent aucune citation, parce qu'aucun des Livres qui traitent de la Navigation ou du Pilotage , ne nous donne
l'histoire suivie d'aucun des Instrumens
qui ont été employez , ou qu'on employe
sur mer ; mais seulement leur construc
I.Vol. tion
068 MERCURE DE FRANCE
tion et leurs usages,comme ils l'ont fait de
beaucoup d'autres Instrumens qu'on ne
sçauroit mettre en pratique utilement et
qui sont inutiles. Auroit-il falu vous consulter préférablement aux Marins d'aujourd'hui, et s'en raporter à vos décisions?
il y auroit eu de la témérité. On doitagir
avec plus de prudence lorsqu'on veut.
donner des choses qui soient praticables
sur Mer. Il ne paroît pas dans vos écrits
que vous ayez la moindre pratique de la
Navigation. Si vous ne les consultiez pas
vous- même bien souvent , dans un cas où
vous seriez chargé de la conduite d'un
Vaisseau , il y a toute apparence que vous
iriez bien- tôt habiter avec les Poissons, par
le deffaut de pratique. Vous reconnoître
peut-être unjour la nécessité de les consúlter , ou de frequenter long- temps
Mer soi-même , lorsqu'on veut donner
du nouveau qui soit utile. Si vous aviez
pris cette sage précaution , je ne croi pas
que vous eussiez donné votre Traité sur
la matiere des Vaisseaux, tel que vous l'avez publié ; je vous en expliquerai un jour
les raisons, appuïées la plus part sur l'expérience et sur des démonstrations géométriques , qui seront à la portée de tous
les Géometres.
la
La Campagne que j'ai faite à l'AmériI. Vol.
que
JUIN. 1732. 1069
que , les avis que je pris de Mrs les Marins
pendant le voyage , et à Brest à mon retour me donnerent dans ce temps- là l'idée de réduire le Compas de Variation
que j'avois inventé , tel que je viens de
le donner au public , n'ayant fait , comme je l'ai déja dit , aucun changement à sa
suspension , ainsi vous me félicitez mal à
propos sur ce prétendu changement,
Vous cherchez , Monsieur , à vous défendre inutilement d'avoir voulu décider
de mon demi Cercle sans le connoître ;
l'histoire de l'Académie , de l'année 1724.
où on voit , pag. 93. la Relation de mon
demi Cercle , laquelle Relation vous a
donné occasion d'en parler , comme vous
avez fait , subsiste encore ; de même que
le Traité sur la meilleure maniere d'observer la hauteur des Astres que vous.
avez fait imprimer en l'année 1729. chez
Claude Jombert , à Paris , où vous avez
donné occasion à ma plainte , page 11.
ainsi vous avez beau dire que vous n'aviez pas pu en prendre assez de connoissance dans l'histoire de l'Académie ; vous
prononcez votre condamnation par cet
aveu ; car quand même l'instrument seroit tel que vous le dites à present , vous
n'étiez pas en droit d'en faire un portrait
qui n'y eût aucune ressemblance, et encore I. Vol. toins
1070 MERCURE DE FRANCE
moins d'en décider , sans le connoître ,
parce qu'on ne doit faite le portrait et
décider que des choses qu'on connoît entierement ; et parce que j'ai fait voir dans
ma plainte , par la copie des pièces justificatives , que tout ce que vous en avez
dit , n'a aucun rapport à ce qui est inseré
dans l'histoire de l'Académie. Vous voulez soutenir une partie de ce que vous
avez avancé ; mais il ne vous est pas possible d'y réussir , à moins que vous n'acceptiez le défi que je vous en ai fait , et
que vous ayez gain de cause dans les expériences proposées. Vous avez cru vous
en deffendre , en disant que vous n'avez
faire d'en venir à l'expérience de mon
demi Cercle. N'auriez- vous pas fait attention qu'il s'agissoit aussi dans mon défi
de l'expérience de votre quart de Cercle,
afin de juger ensuite s'il vaut mieux que
mon demi Cercle , par la comparaison de
leurs expériences. Vous êtes encore àtems
de l'accepter et d'y joindre votre autre
quart de Cercle suspendu par une boucle , comme je vous l'ai déja dit ; que si
vous le refusez , le public ne manquera
pas de dire avec raison que vous cedez entierement , quelques détours que vous
puissiez chercher , parce que c'est- là le
seul point sur lequel roule toute notre
que
*I.Vol. dispute ;
JUIN. 1732.
1071
dispute ; jusqu'icy les détours que vous
pourrez prendre , ne pourront être que
de la nature de ceux qui ont donné occasion à ma plainte, de ceux que vous venez de produire et de ceux que vous avez
cherchez pour ne pas effectuer la gageure
que vous m'aviez fait proposer au sujet
de nos deux Mémoires , sur la meilleure
maniere d'observer la variation de l'Eguille Aimantée sur mer. Le public sera
bien aise d'être informé de cette petite.
'histoire , afin de sçavoir à quoi il doit s'en
tenir , sur ce que vous avancez.
Au commencement du mois de Juillet
dernier, vous me fîtes proposer du Ha
vre, par un de mes amis , une gageure de
Jo Louis , au sujet de nos deux Mémoi
res ; lesquels so Louis seroient au profitde celui dont le Mémoire seroit reconnu
par Mrs les Commissaires de l'Académie
avoir mieux mérité le prix qui avoit été
proposé à ce sujet. J'appris cette nouvelle
à Paris , où j'étois pour lors , et où j'en
parlai par occasion , à des personnes qui
me dirent, qu'avant votre départ de Paris
pour le Havre , vous aviez dit chez votre
Libraire et ailleurs , en présence de plusieurs personnes, que si je croïois que mon
Mémoire eut eu le prix , s'il n'eut pas été
oublié à la Poste , vous me gageriez les
1.Vol. B 2000
1072 MERCURE DE FRANCE
2000 liv. que vous en aviez reçuës, pour,
soûtenir qu'il vous auroit été attribué également depuis ; votre Libraire et d'autres personnes m'ont confirmé la chose.
Je vis bien par là combien vous étiez prévenu en faveur de votre Ouvrage , car
vous ne connoissiez pas encore le mien
dans ce temps- là enfin je n'ai été informé de votre proposition de gageure à Paris , qu'après que vous m'avez eu faitproposer du Havre celle de so Louis , ainsi
je n'avois pas pû y répondre , parce que
je n'en avois pas eu connoissance ; mais
parce que vous aurez pû croire que je le
sçavois , et que la crainte m'avoit empêché de l'accepter , vous m'avez fait proposer la seconde, croïant , sans doute, que
je ne l'accepterois pas ; mais vous en fûtes
bien- tôt détrompe , car j'envoié le lendemain à mon ami la gageure écrite et signée
de ma main , priant cet ami de compter
la somme , afin que vous n'eussiez qu'à
signer la gageure , pour qu'elle commençat d'avoir lieu ; mais lorsqu'on vous presenta l'écrit pour le signer , vous vous retranchates d'abord à 5o Pistoles,au lieu de
50 Louis , et l'orsqu'on voulut compter
l'argent pour moi , vous ne jugeâtes pas à
propos de fondre la cloche. Il y a apparence qu'après avoir réduit la gagcure de
J.Vol. 2000
JUIN. 1732.
2000 liv. à 5o Louis , et de so Louis à
1073
go Pistoles , vous auriez voulu la réduire
a moins de so sols , puisqu'à la fin vous
l'avez réduite à rien. Je vous avois cependant laissé le maître de choisir vousmême les Juges dans le Corps de l'Académie des Sciences , ou dans celui de la
Marine. Je dois cependant vous dire que
je l'accepterai encore , que je vous laisserai le même avantage de choisir les Juges,
et que si l'Académie refuse son jugement,
nous en ferons décider Mrs les Marins
qui assurément en rendront unjugement
équitable, parce que la matiere est de leur
competence , qu'elle les interesse même
beaucoup , et parce que toute la question
ne roule que sur la meilleure maniere
d'observer sur Mer la variation de la
Boussole; il ne s'agit que de décider ,
lequel des deux Ouvrages y sera le plus
utile.
"
Les sages restrictions de l'Académie
dont vous parlez dans votre Lettre , pag.
705.ne consistent qu'à faire sur Mer l'expérience de mon demi Cercle, pour sçavoir s'il approcheroit d'y donner la hauteur des Astres , comme il l'avoit donnée à terre. On trouve dans le Mémoire
que j'ai laissé à la même Académie à ce
sujet , cette restriction dans les mêmes
I. Vol.
Bij termes ,
2074 MERCURE DE FRANCE
termes ; depuis, l'Académie n'a pas montré comme vous l'avancez tout de suite,
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé la
question en mafaveur , en proposant le mêmesujet pour prix. Ce qu'elle en a ditdans
-son histoire de 1724 , page 93. est tresclair , puisqu'elle ne parle qu'après les
Observations qu'elle en fit dans un sens,
qui ne demande aucune interprétation ;
ainsi vous auriez dû vous dispenser de
celle que vous y donnez , parce que cette
description n'est pas de la nature de vos
énigmes.
Vous · finissez votre Lettre , Monsieur ,
en disant, au sujet des Vaisseaux lorsqu'ils
sont à la Mer , que le point le plus essentiel et en même temps le plus difficile est de
pénétrer la cause de tous les mouvemens , ei
d'être en état d'en prévoir les différens effets
vous ajoûtez, qu'on peut s'appliquer à tous
dans cela avec autant de succès à terre que
tout autre endroit.
On vous prouvera un jour le contraire ;
mais en attendant où trouverez- vous un
Marin qui en convienne , depuis le plus
habile et le plus expert ,jusqu'au plus novice dans cette pratique ; l'expérience leur
en a appris la verité.
Vous dites de suite que personne ne
s'est encore apperçu au Havre que vous
n'as
JUIN. 1732. T07
moins
n'ayez cultivé l'Hydrographie que dans
le Cabinet,je crois qu'on ne vous l'a pas té
moigné , mais qu'on ne s'en est pas
apperçuscar moi qui n'al fait qu'une Cam
pagne de long cours , je l'ai si- bien recom
nu dans tous vos Ouvrages touchant la
Marine, que je n'ai pas pu m'empêcher de
vous le dire dans ma plainte ; quoique 15
jours auparavant vous m'eussiez soutenu
verbalement le contraire. Je vous détail
lerai à mon loisir les articles oùje m'en
suis aperçu.
Comme je pars demain pour Toulon,
et de-là pour les Echelles du Levant , je
serai assez long temps absent du Royaumesans être informé dece que vous pour
rez écrire contre moi. Vous aurez l'avantage de combattre un homme absent da
Royaume, qui ne pouvant avoir aucune
connoissance de vos écritures, ne sçauroit
vous répondre qu'à son retour, qui ne sera
pas si-tôt ; vous ne voudrez pas pour lors
tirer avantage du retard de sa replique ,.
comme vous avez voulu le faire du re.
tard de sa-Plainte; ces sortes de ressources
se réduisent à rien dans les disputes , elles
ne vont pointau fait, et lorsqu'on est obligé de les employer pour se défendre , on
annonce la perte de la cause, parce que ces
affaires - là ne prescrivent point.
I.Vol. Bij Je
1076 MERCURE DE FRANCE
Je vous propose, Monsieur, de faire ensemble une campagne par Mer , pour y
mettre en pratique vos Instrumens et les
miens ; je ne doute pas que M. le Comte
de Maurepas ne nous en accorde la per
mission , parce que cette campagne seroit
utile à la Marine, en ce que nous ne manquerions pas l'un et l'autre de bien éplu- cher nos Instrumens dans tous leurs usages , d'en apprendre , autant que nous le
pourrions, la pratique à Mr les Marins, et
de leur en faire sentir par- là le bon ou lè
mauvais ; on sçauroit pour lors fort bien
à quoi s'en tenir , sur les vôtres et sur
les miens ; vous m'y trouverez toujours
disposé; mais si vous le refusés, le public
ne manquera pas de dire, avec raison, que
connoissant vous-même la superiorité de
mes Ouvrages sur les vôtres , pour l'utilité de la Marine , vous voulez éviter de
l'en éclaircir. J'ai l'honneur d'être , malgré tous nos differens , avec beaucoup
de considération. Monsieur , votre , &c.
AVersailles , le 12 May 1732.
de la Marine , à la Lettre que M. Bouguer , Professeur Royal d'Hidrographie ,
a fait inserer dans le Mercure de France
du mois d'Avril dernier , page 693.
"Ay vû depuis trois jours dans le MerJacure du mois d'Avril dernier , la Réponse que vous avez donnée au Public
sur ma plainte que je lui avois exposée
dans le Mercure du mois de Fevrier de
la même année , page 247. Vous ditës
d'abord , que le Public ne découvrira pas
les raisons de ma plainte. Elles étoient trop
évidentes pour que cette découverte pût 1. Vol.
A iiij lui
1054 MERCURE DE FRANCE
lui avoir donné de la peine; j'ai eu la satisfaction de voir qu'il m'a rendu justice
et à vous aussi , et de lui entendre dire
qu'il ne comprenoit pas comment vous
aviez pû vous écarter si fort sur cet article , en décidant d'une chose que vous
ne connoissiez pas , de laquelle vous avez
fait un portrait qui n'y a aucune ressemblance , et que vous n'en avez agi de
même que pour tâcher de sapper tout
ce qui étoit connu , afin de donner plus
d'éclat à vos productions , et afin d'avoir
plus de part au Prix que l'Académie avoit
proposé à ce sujet. Ce même Public est
trop éclairé pour ne pas voir que votre
Réponse est montée sur le même ton
que ce qui a donné lieu à ma plainte.
Vous ne lui persuaderez jamais que ce que
vous avez dit de mon demi Cercle.en
étoit une espece d'approbation ; en tout
cas le Public trouvera l'espece d'approbation fort singuliere.
Dans votre Réponse , page 694. ligne
15. vous dites : Que vous avez parlé de
mon demi Cercle dans votre Livre sur la
meilleure maniere d'observer la hauteur
des Atres , en disant qu'il vous semble
qu'il est sujet à un inconvénient , et que
vous affirmez aussi- tôt sur la connoissance
que vous avez de mes lumieres , que j'ai
1. Vol. trouvé
JUIN 1732. 1055
trouvé le moyen de l'éviter. Ceux qui ont
lû ma plainte , où je répete mot à mot ce
que vous en avez dit , verront bien que
Ce n'est pas-là ce que vous en dites aujourd'hui , que vous en avez changé le
veritable sens , en employant dans votre
Réponse le présent où vous aviez employé l'avenir , et le doute où vous aviez
employé l'affirmation ; vous en avez repeté quelques mots , comme si vous n'en
eussiez pas dit davantage ailleurs , et vous
avez obmis les principaux termes , comme, par exemple, celui de qu'on est obligé,
parce qu'il exprime une chose qui est indispensable et non une chose qui semble
être , &c. Auriez- vous voulu en faire une
Enigme j'ai été fort aise de voir que
vous prévenez le Public , page 695. que
vous en répandez dans vos Ouvrages , en
disant que vous allez expliquer l'Enigme.
Dès la premiere lecture que je fis de vos
Ouvrages, je m'étois apperçu qu'ils étoient
fort énigmatiques , et j'avoue que je n'ai
pas pû reconnoître le sens que vous leur
donnez pour être leur sens naturel , comme vous le verrez un jour dans un Ouvrage que je donnerai au Public.
Après ce que vous avez dit de mon
demi Cercle et ce que vous venez de répondre à ma juste plainte, je m'attends
I, Vol.
Αν bien
1016 MERCURE DE FRANCE
bien que vous donnerez au Public de
nouvelles Enigmes sur mon compte ; mais
j'espere que je n'aurai pas de peine à lui .
en expliquer le sens naturel , et qu'il ne
prendra pas , comme vous avez fait , le
retard du temps à votre avantage.
L'article de votre Livre qui a donné
occasion à nos écritures , est sur le projet
du Programme que l'Académie Royale
des Sciences avoit publié pour l'année
1729 qui ne consistoit que sur la meil
leure maniere d'observer la hauteur des
Astres sur Mer , soit par des Instrumens
déja connus , soit par des Instrumens de
nouvelle invention. Il ne s'agissoit donc
que de décider sur l'Instrument le plus
utile , le mien ne fut pas dans le cas de
pouvoir disputer le Prix au vôtre , parce
que sur l'annoncé du Programme , j'avois
cru que le Mémoire que j'avois remis à
l'Académie quatre ans auparavant sur ce
même sujet , lorsqu'elle m'en donna son
Certificat , devoit suffire , attendu que
mon demi Cercle répondoit aux deux cas
du Programme , et que par cette raison il
seroit inutile d'envoyer une seconde copie
de mon Mémoire ; mais Mrs de l'Académie ne penserent pas de- même , ils ne
firent aucun usage de mon Mémoire , disant que j'aurois dû en envoyer une autre
1. Vol.
copie
JUIN. 1732 1057
copie dans le temps prescrit par le Programme , ce que j'avois cru inutile ; mais
puisque vous m'obligez à vous parler net,
je croi Mrs de l'Académie trop éclairez
pour qu'ils n'eussent pas préferé mon demi Cercle à vos deux quarts de Cercle,
s'ils eussent fait usage de mon Memoire.
pas
Vous voudriez faire entendre au Public , que j'ai crû vos quarts de Cercle
fort bons et plus utiles à la Navigation
que mon demi Cercle , parce que je ne
l'ai d'abord réfuté ; la consequence
n'est pas juste , je ne pensois pas même
à le faire , parce que j'avois des occupa
tions plus essentielles , et ce n'a été que
votre maniere de m'en parler qui m'y a
contraint; il me suffiroit de sçavoir avec
tous les Marins , qu'on ne peut pas mettre en pratique votre quart de Cercle sur
Mer aussi utilement que les Instrumens
ordinaires ; je ne travaille d'ailleurs à examiner les Ouvrages des autres et à en faire
des Notes , qu'à certaines heures de récréation qui sont toujours fort courtes chez
moi , parce que je commence d'abord par
remplir mon devoir et travailler à ce qui
me paroît pouvoir être utile au service du
Roiou du public ; les succès que j'ai eu
dans ces occupations , m'y attachent si
fort , qu'il est bien rare que je les discon
I. Vol. A vj tinue
1058 MERCURE DE FRANCE
·
tinue pour m'amuser à autre chose , à
moins que ce ne soit pour remplir mon
devoir , de maniere que très- souvent je
ne trouve pas seulement le temps de répondre aux Lettres de mes amis même
les plus intimes ; ainsi vous ne devez pas
croire que je me dérange jamais beaucoup
de cette conduite pour vous répondre
incessamment ; qu'importe que je le fasse
plus tôt ou plus tard , mes Réponses n'en
vaudront pas moins ? Je ne veux rien réfuter legerement , ni m'attacher à ce qui
n'est point essentiel au fait , ni chercher
des détours qui ne sçauroient instruire le
Public pour l'éclaircir des faits. Je crois,
Monsieur , qu'il nous convient à tous les
deux de prendre ce parti là , afin de rendre nos Ouvrages plus instructifs ; car
si nous nous avisions de faire autrement,
il nous en coûteroit notre argent pour
l'impression , parce que nous ne trouverions aucun Libraire qui voulût s'en charger , dans la crainte d'être obligé de
les vendre à des Marchands de Poivre.
Le Public qui n'aime pas à être fatigué
par les longs discours , lorsqu'ils ne décident point avec évidence , jugera beaucoup plus sainement de nos Ouvrages
par des raisons simples et sensibles et par
leur utilité dans la pratique , que par tou
I, Vol. tes
JUIN. 1732.
1055
tes les autres voyes que nous pourrions
prendre.
Tout le monde est convaincu que l'experience dément souvent la théorie , ou
la rend impraticable , principalement sur
Mer , lorsque les fondemens de cette
Théorie sont douteux , comme il arrive
à bien des propositions , comme dans toutes celles qui ne sont que de pure spéculation . C'est par cette raison qu'on ne
doit disputer que sur des faits certains ,
dont les principes sont bien démontrez
et les consequences,sûres ; à moins que
l'experience ne décide des choses qui sont
fondées sur des principes douteux , ou
qu'elle se déclare contre les principes qui
paroissent évidents , ou lorsque les difficultez de mettre ces principes en execution
ne peuvent pas assez répondre à la proposition pour la rendre utile. C'est- là
mon unique but le Public qui sçait que
je l'ai atteint en plusieurs occasions , me
rend justice là- dessus.
J'ai vû avec plaisir dans votre Réponse.
que vous reconnoissez que les Instrumens
qui sont actuellement en usage pour observer
la hauteur des Astres sur Mer , sont préferables à tous les autres , et par consequent
aux vôtres qui ne sont point en usage ;
mais vous ne devriez pas dire que vous
چر I. Vol. l'avez
fogo MERCURE DE FRANCE
L'avez toujours soutenu de même ; puisque vous avez soutenu le contraire en faveur
de votre demi Cercle , dans la troisiéme
Section de votre Livre , page 32. sous le
titre de Changemens qu'il faut faire au
quartier Anglois , pour lui donner toute la
perfection possible ; c'est sur ces changemens que vous avez donné votre quart
de Cercle pour être préferable à tous les
autres Instrumens. Je vous felicite d'être
revenu de- même sur le compte de votre
quart de Cercle , je dois l'attribuer à l'évidence de l'explication que j'en ai donnée dans ma plainte.
Vous ne vous êtes pas contenté de
parle de mon demiCercle sans fondement,
vous avez encore voulu me faire mon procès un peu cavalierement sur les Observations qui en ont été faites dans la
Rade de Brest , en disant , que je connoissois la latitude du lieu où elles furent faites;
faisant entendre que c'étoit sur cette connoissance que le Certificat avoit été fait
et non sur le mérite de l'Instrument.
Vous me connoissez bien mal , Monsieur,
de me croire capable d'en imposer de
même à la verité , tout autre que moi
vous en accuseroit aussi dans vos Ouvrages ; mais parce que croyant faire mon
procès , vous avez fait en deux façons
I. Vol. celui
JUIN. 1734. 1061
celui des personnes qui m'ont donné le
Certificat dont j'ai parlé , qui firent euxmêmes l'experience de mon demi Cercle
dans cette Rade , en ma présence. Ce
sont M. Deslandes , Contrôleur de la Marine , de l'Académie Royale des Sciences,
le R. P. le Brun , Professeur Royal de
Mathématiques pour Mr les Gardes de la
Marine , Mrs Liard et Michot , Pilotes
Amiraux , qui en dresserent ensuite un
Certificat , dont ils envoyerent copie à
⚫ M. le Comte de Maurepas et à l'Académie des Sciences , à ce que ces M m'en
dirent six mois après , c'est- à - dire , au
retour de la campagne , en m'en remettant aussi une copie ; c'est donc à ces
Mrs là à se plaindre de votre jugement
sur cet article ; ce qu'il y a de bien certain , c'est qu'ils n'avoient aucun interêt
d'en imposer à la Cour et à l'Académie
qu'ils ont trop de probité pour l'avoir
fait sous aucun prétexte , que je n'avois
pas l'honneur de les connoître trois jours
avant mon départ pour l'Amerique , et
queje n'ai contribué en rien aux termes du
Certificat , puisque dès le lendemain de la
derniere Observation nous partîmes pour
l'Amerique , qu'il n'a été dressé qu'après ,
et queje n'ai sçû ce qu'il contenoit que six
mois après.
1. Vol. Puisque
1062 MERCURE DE FRANCE
Puisque vous n'avez pas jugé à propos
de vous appercevoir de la proposition que
je vous ai faite dans maplainte, je vais vous
la répeter afin que le Public sçache encore
mieux de quoi il s'agit , et que vous ne
puissiez plus feindre de l'ignorer. Je
vous avois proposé de faire en presence
des gens du métier , l'experience de votre quart de Cercle et en même temps
de mon demi Cercle.dans une Rade ,
ou même à terre , à un endroit qui seroit
exposé au vent et à un mouvement qui
imiteroit à peu près le roulis d'un Vaisseau ; mais ne l'ayant pas accepté , si vous
le refusez encore , ce sera , pour me servir de vos termes , proscrire vous- même
vos quarts de Cercle de l'usage que vous
auriez voulu en faire prendre au Public ,
et les reconnoître en même temps beauinferieurs à mon demi Cercle pour coup
l'usage de la Navigation ; et comme notre dispute ne roule que là-dessus , vous y
cederez entierement par votre refus. Vous
êtes encore à temps d'accepter mon défi , vous pouvez même joindre à votre
quart de Gercle que j'ai réfuté dans mat
plainte , celui que vous suspendez par
une boucle , que vous dites être mieux
suspendue que le mien ;je vous permettrai dans l'experience que vous employez
I. Vol. l'un
JUIN. 17328 1063
l'un et l'autre indifferemment à votre
choix. Pour nous assurer par l'experiencé
de l'avantage de nos Instrumens les uns
sur les autres , on assemblera à terre un
quart de Cercle à lunette de 3. ou 4.
pieds du Rayon , pour observer pendant
le jour la hauteur du Soleil , er pendant
la nuit celle de quelque Etoile ; nous
serons ensuite tous les deux en Rade dans
le même Vaisseau , sans Montre ni Horloge , nous aurons pris d'avance toutes les précautions qu'on pourra proposer , afin
que nous ne puissions pas avoir connoissance de l'heure , parce qu'elle pourroit
nous servir pour déterminer les hauteurs
des Astres , indépendamment de nos Ins
trumens ; nous observerions ensuite la
hauteur du Soleil le jour , et celle de
quelque Etoile la nuit , dans le temps
qu'on feroit la même observation à terre
avec le susdit quart de Cercle ; et au
moyen des signaux , on n'ôteroit en même temps la quantité de chacune des Observations , qui étant ensuite comparées
avec celles qui auroient été faites en même-temps à terre , serviroient à décider
d'une maniere incontestable lequel des
deux Instrumens vaut le mieux. On peut
faire les mêmes experiences à terre sur
quelques planches mobiles ; il n'y auroie
I. Vol.
en
1064 MERCURE DE FRANCÉ
en cela de l'avantage pour personne. Quesi
yous n'acceptez pas une proposition si raisonnable , qui est la maniere la plus sure
de faire connoître au Public l'avantage
de vos Instrumens sur le mien , ou du
mien sur les vôtres , il employera avec bien
plus de fondement le terme de proscription pour vos deux quarts de Cercle , que
vous ne l'avez employé mal - à- propos
pour mon demi Cercle ; je dis mal- à- pro-.
pos , parce que vous en parlez comme
une personne qui ne le connoît pas encore , qui ne veut pas s'en rapporter aux experiences qui en ont été faites par des
gens de probité et du métier , ni à tous
les Pilotes de Brest , qui l'ont reconnu
fort utile pour la Marine , dans un Certificat qu'ils m'en ont donné. J'espere cependant que les Pilotes des autres Ports
ne l'approuveront pas moins , et que je
m'en servirai utilement à la campagne que
je vais faire dans le Levant.Je ne crois pas
que vous puissiez jamais en dire autant
de vos deux quarts de Cercle.
Vous prétendez , Monsieur , que la
suspension que je donne à mon demi Cercle est inutile , et que je n'ai pas fait at
tention aux cas qu'on employe cette sus
pension. Avez-vous fait attention vousmême que la suspension de mon demi I. Vel.
Cercle
JUIN. 1732. 1065
Cercle est la même que celle des Compas de variation dont on se sert sur Mer
que l'effet de cette suspension , dans l'un
comme dans l'autre Instrument , porte
l'Instrument à obéïr aux differens mouvemens du Vaisseau ? qu'on ne les employe
que pour cela , et que vous ne sçauriez
condamner l'un sans condamner Pautre ?
Si vous aviez fait quelque campagne sur la
Mer , vous auriez vû que cette suspension est si necessaire qu'il ne seroit pas
possible de se servir également des Compas de variation sans cela ; je la laisse subsister dans le Compas de variation que
j'ai donné au Public , et par consequent
je la croi très-utile , parce qu'elle l'est veritablement.
Je m'apperçois dans toute votre Répon
se , que vos idées sont bien differentes
de celles qui ont été acquises par la pratique , ce qui me fait penser que vous en
doutez au moins , c'est le refus que vous
avez fait à mon défi sur la comparaison
de nos Instrumens par des experiences ;
parlant dans votre Réponse comme si je
ne l'avois pas proposé.
Vous dites que parce que je ne donne
aucune atteinte à vos Remarques, qu'elles
ont fait une impression sur moi ; la consequence n'est pas prouvée , en disant qu'elI. Vol. los
1066 MERCURE DE FRANCE
les ne m'ont pas été inutiles , que depuis
j'ai changé d'avis dans l'Ouvrage que je
viens de donner au Public , sur la meilleure maniere d'observer la variation de
la Boussole à la Mer. Je n'ai du tout
point changé d'avis ; et une preuve que
je soutiens toûjours cette suspension bonne , c'est que je l'ai employée , comme je
viens de le dire , au Compas de Variation
que vous citez de la même manieré qu'elle est employée à mon demi Cercle , et
vous vous attribuez mal à propos les avis
que j'ai suivis pour faire tenir mon Compas de variation , par celui qui fait l'Observation.
Etant à Brest 4. ans avant l'impression
de votre Ouvrage , Mr les Officiers de ce
Port , tant d'Epée que de Plume , m'en
donnerent l'idée , que j'ai réduite à la
maniere qui est expliquée dans mon Livre;il y a apparence que vous aviez puisé
cette idée à la même source , puisque j'ai
appris que vous aviez aussi été à Brest ;
d'ailleurs les Marins l'ont toûjours dit
ainsi , et la théorie seule ne sçauroit nous
l'avoir appris de même.
Le public trouvera , comme moi fort
singulier , que vous desaprouvicz , page
703. que je consulte les Marins d'aujourd'hui , ne diroit-on pas à ce terme
I. Vol.
de
JUIN. 1732. 1067
de Marins d'aujourd'hui , que vous voudriez les mettre bien au dessous de
ceux de l'ancien temps ; il est pourtant
certain que de l'aveu de tout l'Univers
la Marine est à un plus haut point de
perfection qu'elle ait jamais été , et la
comparaison que nous faisons des anciens
écrits avec les modernes qui la regar
dent, nous le confirment ; vous conviendrez, sans doute, qu'elle n'a reçu ce grand
avantage ni de vous ni de moi ; d'où je
conclus que les Marins d'aujourd'hui
valent bien mieux que ceux de l'ancien
temps ; qu'ils sont plus habiles , qu'ils
naviguent bien mieux , et que nous devons les consulter préférablement aux
écrits des anciens. L'expérience et la tradition ont appris aux Marins d'aujour
d'hui ( pour me servir de votre terme )
que vos deux quarts de Cercle sont proscrits à l'usage de la Marine, par les raisons que j'ai détaillées dans ma plainte,
Elles sont si évidentes , qu'il n'est pas
possible de les contester avec fondement
et n'exigent aucune citation, parce qu'aucun des Livres qui traitent de la Navigation ou du Pilotage , ne nous donne
l'histoire suivie d'aucun des Instrumens
qui ont été employez , ou qu'on employe
sur mer ; mais seulement leur construc
I.Vol. tion
068 MERCURE DE FRANCE
tion et leurs usages,comme ils l'ont fait de
beaucoup d'autres Instrumens qu'on ne
sçauroit mettre en pratique utilement et
qui sont inutiles. Auroit-il falu vous consulter préférablement aux Marins d'aujourd'hui, et s'en raporter à vos décisions?
il y auroit eu de la témérité. On doitagir
avec plus de prudence lorsqu'on veut.
donner des choses qui soient praticables
sur Mer. Il ne paroît pas dans vos écrits
que vous ayez la moindre pratique de la
Navigation. Si vous ne les consultiez pas
vous- même bien souvent , dans un cas où
vous seriez chargé de la conduite d'un
Vaisseau , il y a toute apparence que vous
iriez bien- tôt habiter avec les Poissons, par
le deffaut de pratique. Vous reconnoître
peut-être unjour la nécessité de les consúlter , ou de frequenter long- temps
Mer soi-même , lorsqu'on veut donner
du nouveau qui soit utile. Si vous aviez
pris cette sage précaution , je ne croi pas
que vous eussiez donné votre Traité sur
la matiere des Vaisseaux, tel que vous l'avez publié ; je vous en expliquerai un jour
les raisons, appuïées la plus part sur l'expérience et sur des démonstrations géométriques , qui seront à la portée de tous
les Géometres.
la
La Campagne que j'ai faite à l'AmériI. Vol.
que
JUIN. 1732. 1069
que , les avis que je pris de Mrs les Marins
pendant le voyage , et à Brest à mon retour me donnerent dans ce temps- là l'idée de réduire le Compas de Variation
que j'avois inventé , tel que je viens de
le donner au public , n'ayant fait , comme je l'ai déja dit , aucun changement à sa
suspension , ainsi vous me félicitez mal à
propos sur ce prétendu changement,
Vous cherchez , Monsieur , à vous défendre inutilement d'avoir voulu décider
de mon demi Cercle sans le connoître ;
l'histoire de l'Académie , de l'année 1724.
où on voit , pag. 93. la Relation de mon
demi Cercle , laquelle Relation vous a
donné occasion d'en parler , comme vous
avez fait , subsiste encore ; de même que
le Traité sur la meilleure maniere d'observer la hauteur des Astres que vous.
avez fait imprimer en l'année 1729. chez
Claude Jombert , à Paris , où vous avez
donné occasion à ma plainte , page 11.
ainsi vous avez beau dire que vous n'aviez pas pu en prendre assez de connoissance dans l'histoire de l'Académie ; vous
prononcez votre condamnation par cet
aveu ; car quand même l'instrument seroit tel que vous le dites à present , vous
n'étiez pas en droit d'en faire un portrait
qui n'y eût aucune ressemblance, et encore I. Vol. toins
1070 MERCURE DE FRANCE
moins d'en décider , sans le connoître ,
parce qu'on ne doit faite le portrait et
décider que des choses qu'on connoît entierement ; et parce que j'ai fait voir dans
ma plainte , par la copie des pièces justificatives , que tout ce que vous en avez
dit , n'a aucun rapport à ce qui est inseré
dans l'histoire de l'Académie. Vous voulez soutenir une partie de ce que vous
avez avancé ; mais il ne vous est pas possible d'y réussir , à moins que vous n'acceptiez le défi que je vous en ai fait , et
que vous ayez gain de cause dans les expériences proposées. Vous avez cru vous
en deffendre , en disant que vous n'avez
faire d'en venir à l'expérience de mon
demi Cercle. N'auriez- vous pas fait attention qu'il s'agissoit aussi dans mon défi
de l'expérience de votre quart de Cercle,
afin de juger ensuite s'il vaut mieux que
mon demi Cercle , par la comparaison de
leurs expériences. Vous êtes encore àtems
de l'accepter et d'y joindre votre autre
quart de Cercle suspendu par une boucle , comme je vous l'ai déja dit ; que si
vous le refusez , le public ne manquera
pas de dire avec raison que vous cedez entierement , quelques détours que vous
puissiez chercher , parce que c'est- là le
seul point sur lequel roule toute notre
que
*I.Vol. dispute ;
JUIN. 1732.
1071
dispute ; jusqu'icy les détours que vous
pourrez prendre , ne pourront être que
de la nature de ceux qui ont donné occasion à ma plainte, de ceux que vous venez de produire et de ceux que vous avez
cherchez pour ne pas effectuer la gageure
que vous m'aviez fait proposer au sujet
de nos deux Mémoires , sur la meilleure
maniere d'observer la variation de l'Eguille Aimantée sur mer. Le public sera
bien aise d'être informé de cette petite.
'histoire , afin de sçavoir à quoi il doit s'en
tenir , sur ce que vous avancez.
Au commencement du mois de Juillet
dernier, vous me fîtes proposer du Ha
vre, par un de mes amis , une gageure de
Jo Louis , au sujet de nos deux Mémoi
res ; lesquels so Louis seroient au profitde celui dont le Mémoire seroit reconnu
par Mrs les Commissaires de l'Académie
avoir mieux mérité le prix qui avoit été
proposé à ce sujet. J'appris cette nouvelle
à Paris , où j'étois pour lors , et où j'en
parlai par occasion , à des personnes qui
me dirent, qu'avant votre départ de Paris
pour le Havre , vous aviez dit chez votre
Libraire et ailleurs , en présence de plusieurs personnes, que si je croïois que mon
Mémoire eut eu le prix , s'il n'eut pas été
oublié à la Poste , vous me gageriez les
1.Vol. B 2000
1072 MERCURE DE FRANCE
2000 liv. que vous en aviez reçuës, pour,
soûtenir qu'il vous auroit été attribué également depuis ; votre Libraire et d'autres personnes m'ont confirmé la chose.
Je vis bien par là combien vous étiez prévenu en faveur de votre Ouvrage , car
vous ne connoissiez pas encore le mien
dans ce temps- là enfin je n'ai été informé de votre proposition de gageure à Paris , qu'après que vous m'avez eu faitproposer du Havre celle de so Louis , ainsi
je n'avois pas pû y répondre , parce que
je n'en avois pas eu connoissance ; mais
parce que vous aurez pû croire que je le
sçavois , et que la crainte m'avoit empêché de l'accepter , vous m'avez fait proposer la seconde, croïant , sans doute, que
je ne l'accepterois pas ; mais vous en fûtes
bien- tôt détrompe , car j'envoié le lendemain à mon ami la gageure écrite et signée
de ma main , priant cet ami de compter
la somme , afin que vous n'eussiez qu'à
signer la gageure , pour qu'elle commençat d'avoir lieu ; mais lorsqu'on vous presenta l'écrit pour le signer , vous vous retranchates d'abord à 5o Pistoles,au lieu de
50 Louis , et l'orsqu'on voulut compter
l'argent pour moi , vous ne jugeâtes pas à
propos de fondre la cloche. Il y a apparence qu'après avoir réduit la gagcure de
J.Vol. 2000
JUIN. 1732.
2000 liv. à 5o Louis , et de so Louis à
1073
go Pistoles , vous auriez voulu la réduire
a moins de so sols , puisqu'à la fin vous
l'avez réduite à rien. Je vous avois cependant laissé le maître de choisir vousmême les Juges dans le Corps de l'Académie des Sciences , ou dans celui de la
Marine. Je dois cependant vous dire que
je l'accepterai encore , que je vous laisserai le même avantage de choisir les Juges,
et que si l'Académie refuse son jugement,
nous en ferons décider Mrs les Marins
qui assurément en rendront unjugement
équitable, parce que la matiere est de leur
competence , qu'elle les interesse même
beaucoup , et parce que toute la question
ne roule que sur la meilleure maniere
d'observer sur Mer la variation de la
Boussole; il ne s'agit que de décider ,
lequel des deux Ouvrages y sera le plus
utile.
"
Les sages restrictions de l'Académie
dont vous parlez dans votre Lettre , pag.
705.ne consistent qu'à faire sur Mer l'expérience de mon demi Cercle, pour sçavoir s'il approcheroit d'y donner la hauteur des Astres , comme il l'avoit donnée à terre. On trouve dans le Mémoire
que j'ai laissé à la même Académie à ce
sujet , cette restriction dans les mêmes
I. Vol.
Bij termes ,
2074 MERCURE DE FRANCE
termes ; depuis, l'Académie n'a pas montré comme vous l'avancez tout de suite,
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé la
question en mafaveur , en proposant le mêmesujet pour prix. Ce qu'elle en a ditdans
-son histoire de 1724 , page 93. est tresclair , puisqu'elle ne parle qu'après les
Observations qu'elle en fit dans un sens,
qui ne demande aucune interprétation ;
ainsi vous auriez dû vous dispenser de
celle que vous y donnez , parce que cette
description n'est pas de la nature de vos
énigmes.
Vous · finissez votre Lettre , Monsieur ,
en disant, au sujet des Vaisseaux lorsqu'ils
sont à la Mer , que le point le plus essentiel et en même temps le plus difficile est de
pénétrer la cause de tous les mouvemens , ei
d'être en état d'en prévoir les différens effets
vous ajoûtez, qu'on peut s'appliquer à tous
dans cela avec autant de succès à terre que
tout autre endroit.
On vous prouvera un jour le contraire ;
mais en attendant où trouverez- vous un
Marin qui en convienne , depuis le plus
habile et le plus expert ,jusqu'au plus novice dans cette pratique ; l'expérience leur
en a appris la verité.
Vous dites de suite que personne ne
s'est encore apperçu au Havre que vous
n'as
JUIN. 1732. T07
moins
n'ayez cultivé l'Hydrographie que dans
le Cabinet,je crois qu'on ne vous l'a pas té
moigné , mais qu'on ne s'en est pas
apperçuscar moi qui n'al fait qu'une Cam
pagne de long cours , je l'ai si- bien recom
nu dans tous vos Ouvrages touchant la
Marine, que je n'ai pas pu m'empêcher de
vous le dire dans ma plainte ; quoique 15
jours auparavant vous m'eussiez soutenu
verbalement le contraire. Je vous détail
lerai à mon loisir les articles oùje m'en
suis aperçu.
Comme je pars demain pour Toulon,
et de-là pour les Echelles du Levant , je
serai assez long temps absent du Royaumesans être informé dece que vous pour
rez écrire contre moi. Vous aurez l'avantage de combattre un homme absent da
Royaume, qui ne pouvant avoir aucune
connoissance de vos écritures, ne sçauroit
vous répondre qu'à son retour, qui ne sera
pas si-tôt ; vous ne voudrez pas pour lors
tirer avantage du retard de sa replique ,.
comme vous avez voulu le faire du re.
tard de sa-Plainte; ces sortes de ressources
se réduisent à rien dans les disputes , elles
ne vont pointau fait, et lorsqu'on est obligé de les employer pour se défendre , on
annonce la perte de la cause, parce que ces
affaires - là ne prescrivent point.
I.Vol. Bij Je
1076 MERCURE DE FRANCE
Je vous propose, Monsieur, de faire ensemble une campagne par Mer , pour y
mettre en pratique vos Instrumens et les
miens ; je ne doute pas que M. le Comte
de Maurepas ne nous en accorde la per
mission , parce que cette campagne seroit
utile à la Marine, en ce que nous ne manquerions pas l'un et l'autre de bien éplu- cher nos Instrumens dans tous leurs usages , d'en apprendre , autant que nous le
pourrions, la pratique à Mr les Marins, et
de leur en faire sentir par- là le bon ou lè
mauvais ; on sçauroit pour lors fort bien
à quoi s'en tenir , sur les vôtres et sur
les miens ; vous m'y trouverez toujours
disposé; mais si vous le refusés, le public
ne manquera pas de dire, avec raison, que
connoissant vous-même la superiorité de
mes Ouvrages sur les vôtres , pour l'utilité de la Marine , vous voulez éviter de
l'en éclaircir. J'ai l'honneur d'être , malgré tous nos differens , avec beaucoup
de considération. Monsieur , votre , &c.
AVersailles , le 12 May 1732.
Fermer
Résumé : REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
M. Meynier, ingénieur de la Marine, répond à la lettre de M. Bouguer, Professeur Royal d'Hydrographie, publiée dans le Mercure de France d'avril. Meynier affirme que les raisons de sa plainte étaient évidentes et que le public lui a rendu justice. Il critique Bouguer pour avoir décidé d'un sujet qu'il ne connaissait pas et pour avoir modifié le sens de ses propos sur le demi-cercle. Meynier accuse Bouguer de tenter de sapper les connaissances établies pour promouvoir ses propres productions. Le différend concerne un programme de l'Académie Royale des Sciences de 1729 sur la meilleure manière d'observer la hauteur des astres en mer. Meynier critique Bouguer pour ne pas avoir pris en compte son mémoire précédent et pour avoir mal interprété ses observations. Il souligne que ses occupations l'ont empêché de réfuter immédiatement les propos de Bouguer et qu'il travaille principalement à des projets utiles pour le service du Roi et du public. Meynier reconnaît que les instruments actuellement en usage sont préférables et critique Bouguer pour avoir changé d'avis sur la préférence de son quart de cercle. Il accuse Bouguer de l'avoir mal jugé concernant les observations faites dans la Rade de Brest et propose une expérience publique pour comparer les instruments. Meynier conclut en appelant à une dispute basée sur des faits certains et des expériences pratiques. Dans une autre correspondance, Meynier défend son demi-cercle, affirmant qu'il est reconnu utile par les pilotes de Brest et d'autres ports. Il critique Bouguer pour avoir condamné son demi-cercle sans expérience pratique et sans se baser sur des expériences validées par des marins et des experts. Meynier souligne l'importance de la suspension dans son demi-cercle, nécessaire pour les mouvements du vaisseau, et compare cette suspension à celle des compas de variation. Il mentionne également une dispute académique et une gageure proposée par Bouguer, qu'il est prêt à accepter pour prouver la supériorité de son instrument. Bouguer, écrivant depuis Versailles le 12 mai 1732, reconnaît l'expertise de Meynier en hydrographie à travers ses ouvrages. Il propose de faire une campagne en mer ensemble pour tester leurs instruments respectifs, afin de déterminer leur utilité pour la marine. Bouguer espère obtenir la permission de M. le Comte de Maurepas pour cette campagne, qui permettrait d'évaluer et d'enseigner la pratique des instruments aux marins. Il conclut en affirmant sa disponibilité pour cette entreprise, tout en soulignant que le refus de Meynier serait interprété comme une reconnaissance de la supériorité de ses propres ouvrages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 1128-1135
EXTRAIT du Memoire de M. de Reaumur, lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, du 23. Avril dernier, sur la Teigne des feüilles des Arbres.
Début :
Nous avons déja donné dans d'autres Mercures, les Extraits [...]
Mots clefs :
M. de Réaumur, Teigne des feuilles, Membranes, Espèces, Substance, Fourreau, Habits, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire de M. de Reaumur, lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, du 23. Avril dernier, sur la Teigne des feüilles des Arbres.
EXTRAIT du Memoire de M.. de·
Raumur, lû à l'Assemblée publique de·
Académie Royale des Sciences , du 23
Avril dernier,sur la Teigne des feuilles,
des A bres.
Ous avons déja donné dans d'autres
ercures, les Extraits des deux Mé..
mones de M. de Reaumur , sur ces Insectes industrieux qui , comme nous
naissent nuds , et qui , comine nous , sçavent se faire de veritables habits. Ceux
2
I.Vol.
dont
JUIN. 1732. II29
dont les procedez y sont décrits , sont
les Teignes des Laines et des Pelleteries.
M. de Reaumur , après avoir expliqué
l'art avec lequel elles travaillent les fourreaux qui les couvrent , a cherché et a
trouvé des moyens surs d'arrêter les désordres qu'elles font dans les Etoffes de
Laines de toute espece , et dans les Fou- fures.
Le troisiéme Memoire et celui dont
il s'agit à présent , a pour objet des
Teignes qui ne sont pas aussi à craindre que les premieres , mais qui ne sont
pas moins admirables par leur industrie.
Elles se tiennent sur les arbres ; elles sont
ordinairement appliquées contre le dessous de leurs feuilles ; elles sont logées:
dans des especes d'Etuis de couleur de
feuille seche , ce qui fait qu'on remarque rarement ces Etuits , quoi qu'ils
soient assez communs , et longs de sept à
huit lignes. Un grand nombre d'especes.
d'arbres , citez dans le Memoire , nourrissent differentes especes de Teignes.
Mais il n'est point d'arbres où elles soient
plus communes que sur les Ormes ; les
fourreaux de celles-cy sont des plus remarquables pour leur forme; ils ont quelque ressemblance avec celle de l'exterieur
de divers Poissons , tels que les Carpes..
L.. Vol Lai D vj
1130 MERCURE DE FRANCE
A
,
La partie superieure du fourreau , celle
qui est tout du long du dessous du dos de
l'Insecte , est ornée de dentellures , faites
et posées à peu près comme les aillerons
que divers Poissons portent sur leur dos.
Le fourreau a une ouverture à chaque
bout celle par où l'Insecte fait sortir
sa tête et ses jambes quand il veut marcher , est circulaire ; là , le fourreau est cilindrique et un peu recourbé vers le
ventre , l'autre bout est applati ; il est
composé de lames plates , qui par leurs
contours imitent les queues de Poisson.
Ces lames n'y sont qu'appliquées l'une contre l'autre , elles s'écartent l'une de
l'autre , toutes les fois, que l'Insecte veut
jetter ses excremens ; il avance son der
riere entr'elles pour les forcer de s'entr'ouvrir , il se retire lorsqu'il a dardé
ses excrémens , et aussi- tôt les deux lames se raprochent par leur ressort.
>
Par tout où la Teigne va , elle porte
son fourreau avec elle ; lors même qu'elle
marche , il n'y a que sa tête et ses jambes qui en soient proches , qui sont à découvert. On ne peut voir marcher cet
Insecte avec une espece d'habit si singuier par la forme et la matiere dont la
ualité ne paroît pas aisée à reconnoître ,
sans quelque envie de sçavoir comment.
1. Vol. il
JUIN. 17322 1131
il le fair et de quoi il le fait, M. de Reaumur ayoüe que toutes ses conjectures ne
lui ont pû faire deviner en quoi consistent les procedez de cet Insecte , que ce
n'est qu'après l'avoir dépouillé en certaines circonstances favorables et après l'a- voir mis dans la necessité de se vétir
qu'il a reconnu l'art avec lequel il prépare l'étoffe convenable et avec lequel il
la met en œuvre ; mais pour pouvoir
faire entendre comment il s'habille , il
faut avoir expliqué comment il se nourrit.
La Teigne vit de feuilles , mais elle
ne les ronge pas de part en part , comme
font tant d'autres Insectes ; elle laisse même leur forme à celles dont elle tire son
aliment. Une feuille d'Orme , par exemple , quoique mince , est composée de
deux membranes , entre lesquelles est
renfermée une substance charnuë ; la Teigne ne se nourrit que de cette substance
charnue. Quand elle veut manger , elle
fait sortir sa tête de son fourreau , et avec
deux crochets dont elle est armée , elle
perce la membrane du dessous de la feüille; elle détache toute la substance charnuë qui est vis - à - vis le trou circulaire.
qu'elle a commencé ; elle la mange à mesure qu'elle la détache ; mais elle ne creuse
ce trou que jusqu'à la membrane superieu1. Vol re ,
#132 MERCURE DE FRANCE
re ; elle laisse celle-cy saine et entiere.
Quand elle a avancé jusques-là sa tête
elle la recourbe et commence à miner
entre les deux membranes ; elle détacher
la substance charnuë qui est entre celles
du côté où la tête s'est dirigée , et en
même temps elle écarte les deux membranes l'une de l'autre beaucoup plus.
qu'elles ne le sont naturellement ; par là
elle's'y fait une place où la tête puisse
être contenue , et être en état d'aller miner plus loin. Ainsi successivement elle:
mine dans tout le contour du trou , et
toûjours de plus loin en plus loins à
mesure qu'elle avance plus loin dans
la feuille , une plus grande partie du
corps est hors du fourreau , et se trouve entre deux membranes.
Pendant que diverses Teignes étoient
ainsi occupées à manger , et cramponnées
entre les deux membranes de la feuille ,
M. de Reaumur a retiré promptement
leurs fourreaux ; ainsi surprises , elles se
sont trouvées hors d'état d'y rentrer , elles ont donc été dépouillées sans qu'on
leur ait fait aucun autre mal et mises dans
la necessité de se vétir.
Une Teigne ainsi nuë , tâte à droit et
à gauche tout autour du trou , pour
chercher son habit ; après avoir tâté in- utilement "
L. Vel..
JUIN. 1732. 1133
utilement , elle prend le parti de conti
nuer de miner entre les deux membranes , afin d'y faire une place où elle puisse être contenuë toute entiere. A force:
de miner , de manger et d'écarter les
deux membranes , elle se trouve dans peu
entierement logće entr'elles . La voilà déja
à couvert ; et ayant des alimens tout autour de soi , bien- tôt elle recommence à
miner , et cela parce qu'en minant elle
prépare l'étoffe necessaire pour se faire:
un habit. Les portions de membranes
d'où toute la substance charnüe a été détachée , sont cette étoffe ; il n'en faut pass
de grandes pieces pour couvrir une Teigne , il en faut pourtant plus que l'état
actuel de son corps ne semble le demander, pour n'avoir pas à recommencer si
souvent ; elle fait chaque habit une fois
plus grand que le corps qu'il doit couvrir..
Les morceaux de membranes ainsi préparez, dégagez dè toute substance char
nue , sont pour elle ce qu'est pour un
Tailleur une piece de drap , et un Tailleur ne s'y prendroitpas autrement qu'elle va faire. Son habit doir être composé
de deux pieces égales et semblables , les
pieces employées à faire le devant ou le
derriere de nos juste-au- corps n'ont pas
des figures plus contournées , et contour
J. Volo. néest
1134 MERCURE DE FRANCE
nées plus bizarement , que chacune de
celles de l'habit de la Teigne. Elle les
coupe pourtant l'une et l'autre aussi régulierement que si elle étoir conduite par
un patron, elle semble nous vouloir prouver qu'elle a l'idée de leur figure ; c'est
avec les deux Serres qu'elle a au- dessous
de la tête qu'elle les coupe.
Après que les deux pieces ont été coupées , elles restent encore dans la feuille,
elles y tiennent par de petits engrainemens ; il ne s'agit plus que de les assembler et elles sont en place pour cela ,
étant l'une vis-à- vis l'autre. L'art de coudre n'est pas connu des Teignes , mais
elles sçavent filer. Les fils nouvellement
sortis de la filiore , sont gluants , ils se
collent aisément aux corps contre lesquels
ils sont appliquez. C'est avec ces fils
gluants qu'elle réunit les bords d'une des
pieces avec ceux de l'autre , par tout où
ils doivent être assemblez; ces endroits
se trouvent par la suite au dessus du dos
et au dessous du ventre ; la réunion en
est si bien faite , que quoi qu'on sçache
les endroits où elle a été faite , on ne peut
les reconnoître même avec la loupe.
Enfin, quand les deux pieces de l'habit
sont assemblées , la Teigne frotte leurs
surfaces interieures avec sa tête pour les
. 1. Vol. anir
JUIN. 1732. 1135
unir , pour les lisser ; ensuite elle les fortifie par une doublure de Soye. Alors
l'habit est fini , elle les desengraine de
l'espece d'établis où il est resté. Jusqueslà elle se met à marcher et l'emporte
avec soi sur une autre feüille où elle va
prendre de la nourriture. Il faudroit rapporter le Memoire de M. de Reaumur ,
tout au long pour faire entendre les differentes manieres dont les Teignes s'y pren-,
nent pour faire leurs habits en differentes
circonstances , lorsqu'elles se les font de
bon gré , ou lorsqu'elles se les font après
y avoir été forcées ; pour expliquer en
quel cas elles se font des habits neufs ,
et combien de fois en leur vie ; comment
elles réparent quelquefois les déchirures
ou les morceaux emportez. En quoi les
habits des differentes especes de Teignes
different entierement , et pour apprendre le reste de leur Histoire ; c'est dans
le Memoire même , lorsqu'il sera imprimé, qu'on lira tous ces faits , qui sont des
plus singuliers que fournisse l'Histoire
naturelle des Insectes , quelque féconde
qu'elle soit en merveilles.
Raumur, lû à l'Assemblée publique de·
Académie Royale des Sciences , du 23
Avril dernier,sur la Teigne des feuilles,
des A bres.
Ous avons déja donné dans d'autres
ercures, les Extraits des deux Mé..
mones de M. de Reaumur , sur ces Insectes industrieux qui , comme nous
naissent nuds , et qui , comine nous , sçavent se faire de veritables habits. Ceux
2
I.Vol.
dont
JUIN. 1732. II29
dont les procedez y sont décrits , sont
les Teignes des Laines et des Pelleteries.
M. de Reaumur , après avoir expliqué
l'art avec lequel elles travaillent les fourreaux qui les couvrent , a cherché et a
trouvé des moyens surs d'arrêter les désordres qu'elles font dans les Etoffes de
Laines de toute espece , et dans les Fou- fures.
Le troisiéme Memoire et celui dont
il s'agit à présent , a pour objet des
Teignes qui ne sont pas aussi à craindre que les premieres , mais qui ne sont
pas moins admirables par leur industrie.
Elles se tiennent sur les arbres ; elles sont
ordinairement appliquées contre le dessous de leurs feuilles ; elles sont logées:
dans des especes d'Etuis de couleur de
feuille seche , ce qui fait qu'on remarque rarement ces Etuits , quoi qu'ils
soient assez communs , et longs de sept à
huit lignes. Un grand nombre d'especes.
d'arbres , citez dans le Memoire , nourrissent differentes especes de Teignes.
Mais il n'est point d'arbres où elles soient
plus communes que sur les Ormes ; les
fourreaux de celles-cy sont des plus remarquables pour leur forme; ils ont quelque ressemblance avec celle de l'exterieur
de divers Poissons , tels que les Carpes..
L.. Vol Lai D vj
1130 MERCURE DE FRANCE
A
,
La partie superieure du fourreau , celle
qui est tout du long du dessous du dos de
l'Insecte , est ornée de dentellures , faites
et posées à peu près comme les aillerons
que divers Poissons portent sur leur dos.
Le fourreau a une ouverture à chaque
bout celle par où l'Insecte fait sortir
sa tête et ses jambes quand il veut marcher , est circulaire ; là , le fourreau est cilindrique et un peu recourbé vers le
ventre , l'autre bout est applati ; il est
composé de lames plates , qui par leurs
contours imitent les queues de Poisson.
Ces lames n'y sont qu'appliquées l'une contre l'autre , elles s'écartent l'une de
l'autre , toutes les fois, que l'Insecte veut
jetter ses excremens ; il avance son der
riere entr'elles pour les forcer de s'entr'ouvrir , il se retire lorsqu'il a dardé
ses excrémens , et aussi- tôt les deux lames se raprochent par leur ressort.
>
Par tout où la Teigne va , elle porte
son fourreau avec elle ; lors même qu'elle
marche , il n'y a que sa tête et ses jambes qui en soient proches , qui sont à découvert. On ne peut voir marcher cet
Insecte avec une espece d'habit si singuier par la forme et la matiere dont la
ualité ne paroît pas aisée à reconnoître ,
sans quelque envie de sçavoir comment.
1. Vol. il
JUIN. 17322 1131
il le fair et de quoi il le fait, M. de Reaumur ayoüe que toutes ses conjectures ne
lui ont pû faire deviner en quoi consistent les procedez de cet Insecte , que ce
n'est qu'après l'avoir dépouillé en certaines circonstances favorables et après l'a- voir mis dans la necessité de se vétir
qu'il a reconnu l'art avec lequel il prépare l'étoffe convenable et avec lequel il
la met en œuvre ; mais pour pouvoir
faire entendre comment il s'habille , il
faut avoir expliqué comment il se nourrit.
La Teigne vit de feuilles , mais elle
ne les ronge pas de part en part , comme
font tant d'autres Insectes ; elle laisse même leur forme à celles dont elle tire son
aliment. Une feuille d'Orme , par exemple , quoique mince , est composée de
deux membranes , entre lesquelles est
renfermée une substance charnuë ; la Teigne ne se nourrit que de cette substance
charnue. Quand elle veut manger , elle
fait sortir sa tête de son fourreau , et avec
deux crochets dont elle est armée , elle
perce la membrane du dessous de la feüille; elle détache toute la substance charnuë qui est vis - à - vis le trou circulaire.
qu'elle a commencé ; elle la mange à mesure qu'elle la détache ; mais elle ne creuse
ce trou que jusqu'à la membrane superieu1. Vol re ,
#132 MERCURE DE FRANCE
re ; elle laisse celle-cy saine et entiere.
Quand elle a avancé jusques-là sa tête
elle la recourbe et commence à miner
entre les deux membranes ; elle détacher
la substance charnuë qui est entre celles
du côté où la tête s'est dirigée , et en
même temps elle écarte les deux membranes l'une de l'autre beaucoup plus.
qu'elles ne le sont naturellement ; par là
elle's'y fait une place où la tête puisse
être contenue , et être en état d'aller miner plus loin. Ainsi successivement elle:
mine dans tout le contour du trou , et
toûjours de plus loin en plus loins à
mesure qu'elle avance plus loin dans
la feuille , une plus grande partie du
corps est hors du fourreau , et se trouve entre deux membranes.
Pendant que diverses Teignes étoient
ainsi occupées à manger , et cramponnées
entre les deux membranes de la feuille ,
M. de Reaumur a retiré promptement
leurs fourreaux ; ainsi surprises , elles se
sont trouvées hors d'état d'y rentrer , elles ont donc été dépouillées sans qu'on
leur ait fait aucun autre mal et mises dans
la necessité de se vétir.
Une Teigne ainsi nuë , tâte à droit et
à gauche tout autour du trou , pour
chercher son habit ; après avoir tâté in- utilement "
L. Vel..
JUIN. 1732. 1133
utilement , elle prend le parti de conti
nuer de miner entre les deux membranes , afin d'y faire une place où elle puisse être contenuë toute entiere. A force:
de miner , de manger et d'écarter les
deux membranes , elle se trouve dans peu
entierement logće entr'elles . La voilà déja
à couvert ; et ayant des alimens tout autour de soi , bien- tôt elle recommence à
miner , et cela parce qu'en minant elle
prépare l'étoffe necessaire pour se faire:
un habit. Les portions de membranes
d'où toute la substance charnüe a été détachée , sont cette étoffe ; il n'en faut pass
de grandes pieces pour couvrir une Teigne , il en faut pourtant plus que l'état
actuel de son corps ne semble le demander, pour n'avoir pas à recommencer si
souvent ; elle fait chaque habit une fois
plus grand que le corps qu'il doit couvrir..
Les morceaux de membranes ainsi préparez, dégagez dè toute substance char
nue , sont pour elle ce qu'est pour un
Tailleur une piece de drap , et un Tailleur ne s'y prendroitpas autrement qu'elle va faire. Son habit doir être composé
de deux pieces égales et semblables , les
pieces employées à faire le devant ou le
derriere de nos juste-au- corps n'ont pas
des figures plus contournées , et contour
J. Volo. néest
1134 MERCURE DE FRANCE
nées plus bizarement , que chacune de
celles de l'habit de la Teigne. Elle les
coupe pourtant l'une et l'autre aussi régulierement que si elle étoir conduite par
un patron, elle semble nous vouloir prouver qu'elle a l'idée de leur figure ; c'est
avec les deux Serres qu'elle a au- dessous
de la tête qu'elle les coupe.
Après que les deux pieces ont été coupées , elles restent encore dans la feuille,
elles y tiennent par de petits engrainemens ; il ne s'agit plus que de les assembler et elles sont en place pour cela ,
étant l'une vis-à- vis l'autre. L'art de coudre n'est pas connu des Teignes , mais
elles sçavent filer. Les fils nouvellement
sortis de la filiore , sont gluants , ils se
collent aisément aux corps contre lesquels
ils sont appliquez. C'est avec ces fils
gluants qu'elle réunit les bords d'une des
pieces avec ceux de l'autre , par tout où
ils doivent être assemblez; ces endroits
se trouvent par la suite au dessus du dos
et au dessous du ventre ; la réunion en
est si bien faite , que quoi qu'on sçache
les endroits où elle a été faite , on ne peut
les reconnoître même avec la loupe.
Enfin, quand les deux pieces de l'habit
sont assemblées , la Teigne frotte leurs
surfaces interieures avec sa tête pour les
. 1. Vol. anir
JUIN. 1732. 1135
unir , pour les lisser ; ensuite elle les fortifie par une doublure de Soye. Alors
l'habit est fini , elle les desengraine de
l'espece d'établis où il est resté. Jusqueslà elle se met à marcher et l'emporte
avec soi sur une autre feüille où elle va
prendre de la nourriture. Il faudroit rapporter le Memoire de M. de Reaumur ,
tout au long pour faire entendre les differentes manieres dont les Teignes s'y pren-,
nent pour faire leurs habits en differentes
circonstances , lorsqu'elles se les font de
bon gré , ou lorsqu'elles se les font après
y avoir été forcées ; pour expliquer en
quel cas elles se font des habits neufs ,
et combien de fois en leur vie ; comment
elles réparent quelquefois les déchirures
ou les morceaux emportez. En quoi les
habits des differentes especes de Teignes
different entierement , et pour apprendre le reste de leur Histoire ; c'est dans
le Memoire même , lorsqu'il sera imprimé, qu'on lira tous ces faits , qui sont des
plus singuliers que fournisse l'Histoire
naturelle des Insectes , quelque féconde
qu'elle soit en merveilles.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire de M. de Reaumur, lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, du 23. Avril dernier, sur la Teigne des feüilles des Arbres.
Le mémoire de M. de Reaumur, présenté à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences le 23 avril précédent, traite des teignes des feuilles et des arbres. Reaumur, ayant déjà étudié les teignes des laines et des pelleteries, se concentre ici sur celles des arbres, notamment celles des ormes. Ces teignes, bien que moins nuisibles, sont remarquables par leur industrie. Les teignes des arbres vivent souvent sous les feuilles, dans des étuis de couleur feuille sèche, mesurant sept à huit lignes de long. Ces fourreaux sont ornés de dentellures et imitent la forme de certains poissons. Les teignes portent leur fourreau en marchant, ne laissant apparaître que leur tête et leurs pattes. Reaumur observe que les teignes se nourrissent de la substance charnue des feuilles sans les détruire entièrement. Elles percent les membranes des feuilles avec des crochets pour accéder à cette substance. Pour étudier leur processus de fabrication des fourreaux, Reaumur a dépouillé les teignes et les a observées en train de se revêtir. Les teignes préparent l'étoffe de leur fourreau en minant entre les membranes des feuilles, détachant la substance charnue. Elles coupent ensuite des morceaux de membranes pour former deux pièces égales, qu'elles assemblent avec des fils gluants. Elles lissent et renforcent leur fourreau avec une doublure de soie avant de le détacher et de le porter sur une autre feuille. Le mémoire de Reaumur détaille les différentes manières dont les teignes fabriquent leurs fourreaux et d'autres aspects de leur histoire naturelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 1151-1154
EXTRAIT du Memoire lû à l'Académie Royale des Sciences, par M. Pajot Donsenbray, le 23 Avril 1732.
Début :
L'objet que M. Donsenbray se propose dans ce Mémoire [...]
Mots clefs :
Airs de musique, Métrometre, Mesures, Machine, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire lû à l'Académie Royale des Sciences, par M. Pajot Donsenbray, le 23 Avril 1732.
EXTRAIT du Memoire lû à l'Académie Royale des Sciences , parM. Pajot
Donsenbray , le 23 Avril 17.3.2.
Ld
&
'Objet que M.Donsenbray se propose
dans ce Mémoire est une Machine
propre pour constater la durée des Mesures et des temps des Airs de Musique.
Il donne à cette Machine le nom de Métrometre , qui signifie Mesure des Mesures.
Il expose d'abord que , quoique les Airs
de Musique ayent toujours renfermé en
soy une certaine quantité de mesures , er
que chaque mesure soit divisée en un
nombre de temps ou de parties égales , il
seroit cependant impossible de déterminer aujourd'hui le goût des anciens sur
celui des modernes , faute de pouvoir
connoître au juste la quantité du temps
qu'ils employoient pour chaque mesure ;
et il n'est pas moins certain que chaque
compositeur a toujours eu grande atten--
tion àfaire exécuter sa Musique , plus ou
moins vivement , suivant le gout qu'ik ax
cu.
1. Kol, Ev M..
1152 MERCURE DE FRANCE
M. Donsenbray a connu que rien ne
pouvoit être plus propre pour constater
la juste durée des mesures et des temps
des Airs , que la propriété admirable de
l'égalité des Vibrations du Pendule, trouvée par Galilée.
On s'est servi de cette découverte pour
donner toute la justesse qu'on pouvoit
désirer aux Horloges et aux Pendules. Il
étoit fort naturel de penser qu'on pourroit aussi s'en servir tres- utilement, pour
constater la durée des mesures des Airs..
Des Idées simples ont souvent donné lieu.
à des découvertes utiles .
M. Donsenbray rend au S Loutier, qui
étoit de la Musique de Me de Guise,toute la justice qui lui est dûë , en reconnoissant qu'il est le premier qui ait, eu idée
de se servir des Vibrations du Pendule
pour marquer les Mesures des Airs , et de
prendre la durée connuë de ces Vibrations , pour constater celle des mêmes
mesures ; mais on reconnoîtra aisément
par la lecture du Mémoire de M. Don
senbray , qu'il étoit impossible de se servir des moyens indiquez par le St Lou
tier , et qu'il falloit donner à une Machi-.
ne ou au Métrometre , toutes les perfections necessaires pour déterminer aisément la durée des Mesures des Airs, sansI. Vol. qu'on
JUIN. 1732. 1153
qu'on soit obligé d'avoir les yeux attachez sur la Machine,et qu'on puisse dans
un moment, sans qu'elle s'arrête augmen
ter ou diminuer la durée des Vibrations
suivant que les Mesures des Airs sont plus
lentes ou plus vives , &c.
·
M. Donsenbray divise son Mémoire en
trois parties...
Dans la premiere , il donne la description du Métronietre , qu'il a imaginé et
de ses usages.
Dans la seconde partie , il donne les
Regles pour trouver les justes longueurs
qu'il faut donner au Pendule , pour que
les battemens ou les vibrations soient de
telle durée qu'on voudra. Il y a joint une
table fort complette de toutes les longueurs du Pendule , pour les differentes
durées des Vibrations de demi-tierces en
demi tierces , jusqu'à 180 demi-tierces ;
cette Table contient aussi le nombre des
Vibrations par heure ; elle pourroit être
utile non seulement dans l'Orlogerie ,
mais dans beaucoup d'autres usages. I
Enfin dans la troisiéme partie, M. Donsenbray donne les durées des mesures et
même des temps , de quelques Airs de
M. de Lully , Campra , Destouches et
autres , afin de guider les Compositeurs:
modernes dans usage du Métrometre
1. Vol E vj et
1154 MERCURE DE FRANCE
et en faire sensiblement connoître les
avantages.
Il finit son Mémoire par dire queceux
qui ne voudront pas faire la dépense d'une
Machine , pourront se servir de toutes
Pendules à contre-pied , au-dessus desquelles il n'y aura qu'à attacher l'Axe qui
porte les deux Bobines , sur lesquelles restent roulées en sens contraire les deux
Rubans , dont l'un servira avec une Lentille au bout , à la place de la Verge du
Pendule qu'on décrochera , pendant que
le bout de l'autre Ruban où il y aura une
Cheville, sera arrêté à volonté, sur le côté
de la Boëte de la Pendule , dans un des.
trous , dont les distances auront été di
visées par la méthode expliquée dans le
Mémoire.
Enfin il observe encore que rien n'est
plus propre que cette Machine , pour for mer l'oreille des jeunes personnes qui ap
`prennent la Musique et à chanter , puisqu'elles s'accoutumeront aisément à bae
tre la mesure avec précision et suivant la
goût du Maître ou du Compositeur.
Donsenbray , le 23 Avril 17.3.2.
Ld
&
'Objet que M.Donsenbray se propose
dans ce Mémoire est une Machine
propre pour constater la durée des Mesures et des temps des Airs de Musique.
Il donne à cette Machine le nom de Métrometre , qui signifie Mesure des Mesures.
Il expose d'abord que , quoique les Airs
de Musique ayent toujours renfermé en
soy une certaine quantité de mesures , er
que chaque mesure soit divisée en un
nombre de temps ou de parties égales , il
seroit cependant impossible de déterminer aujourd'hui le goût des anciens sur
celui des modernes , faute de pouvoir
connoître au juste la quantité du temps
qu'ils employoient pour chaque mesure ;
et il n'est pas moins certain que chaque
compositeur a toujours eu grande atten--
tion àfaire exécuter sa Musique , plus ou
moins vivement , suivant le gout qu'ik ax
cu.
1. Kol, Ev M..
1152 MERCURE DE FRANCE
M. Donsenbray a connu que rien ne
pouvoit être plus propre pour constater
la juste durée des mesures et des temps
des Airs , que la propriété admirable de
l'égalité des Vibrations du Pendule, trouvée par Galilée.
On s'est servi de cette découverte pour
donner toute la justesse qu'on pouvoit
désirer aux Horloges et aux Pendules. Il
étoit fort naturel de penser qu'on pourroit aussi s'en servir tres- utilement, pour
constater la durée des mesures des Airs..
Des Idées simples ont souvent donné lieu.
à des découvertes utiles .
M. Donsenbray rend au S Loutier, qui
étoit de la Musique de Me de Guise,toute la justice qui lui est dûë , en reconnoissant qu'il est le premier qui ait, eu idée
de se servir des Vibrations du Pendule
pour marquer les Mesures des Airs , et de
prendre la durée connuë de ces Vibrations , pour constater celle des mêmes
mesures ; mais on reconnoîtra aisément
par la lecture du Mémoire de M. Don
senbray , qu'il étoit impossible de se servir des moyens indiquez par le St Lou
tier , et qu'il falloit donner à une Machi-.
ne ou au Métrometre , toutes les perfections necessaires pour déterminer aisément la durée des Mesures des Airs, sansI. Vol. qu'on
JUIN. 1732. 1153
qu'on soit obligé d'avoir les yeux attachez sur la Machine,et qu'on puisse dans
un moment, sans qu'elle s'arrête augmen
ter ou diminuer la durée des Vibrations
suivant que les Mesures des Airs sont plus
lentes ou plus vives , &c.
·
M. Donsenbray divise son Mémoire en
trois parties...
Dans la premiere , il donne la description du Métronietre , qu'il a imaginé et
de ses usages.
Dans la seconde partie , il donne les
Regles pour trouver les justes longueurs
qu'il faut donner au Pendule , pour que
les battemens ou les vibrations soient de
telle durée qu'on voudra. Il y a joint une
table fort complette de toutes les longueurs du Pendule , pour les differentes
durées des Vibrations de demi-tierces en
demi tierces , jusqu'à 180 demi-tierces ;
cette Table contient aussi le nombre des
Vibrations par heure ; elle pourroit être
utile non seulement dans l'Orlogerie ,
mais dans beaucoup d'autres usages. I
Enfin dans la troisiéme partie, M. Donsenbray donne les durées des mesures et
même des temps , de quelques Airs de
M. de Lully , Campra , Destouches et
autres , afin de guider les Compositeurs:
modernes dans usage du Métrometre
1. Vol E vj et
1154 MERCURE DE FRANCE
et en faire sensiblement connoître les
avantages.
Il finit son Mémoire par dire queceux
qui ne voudront pas faire la dépense d'une
Machine , pourront se servir de toutes
Pendules à contre-pied , au-dessus desquelles il n'y aura qu'à attacher l'Axe qui
porte les deux Bobines , sur lesquelles restent roulées en sens contraire les deux
Rubans , dont l'un servira avec une Lentille au bout , à la place de la Verge du
Pendule qu'on décrochera , pendant que
le bout de l'autre Ruban où il y aura une
Cheville, sera arrêté à volonté, sur le côté
de la Boëte de la Pendule , dans un des.
trous , dont les distances auront été di
visées par la méthode expliquée dans le
Mémoire.
Enfin il observe encore que rien n'est
plus propre que cette Machine , pour for mer l'oreille des jeunes personnes qui ap
`prennent la Musique et à chanter , puisqu'elles s'accoutumeront aisément à bae
tre la mesure avec précision et suivant la
goût du Maître ou du Compositeur.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire lû à l'Académie Royale des Sciences, par M. Pajot Donsenbray, le 23 Avril 1732.
Le mémoire de M. Donsenbray, présenté à l'Académie Royale des Sciences le 23 avril 1732, introduit le 'Métromètre', une machine conçue pour mesurer la durée des mesures et des temps des airs de musique. Cette invention répond à un besoin non satisfait jusqu'alors, celui de déterminer la durée exacte des mesures musicales en l'absence de références précises sur le temps utilisé par les anciens compositeurs. M. Donsenbray s'inspire des vibrations égales du pendule, une propriété découverte par Galilée et utilisée pour régler les horloges. Il reconnaît que le sieur Saint-Loutier, musicien de Madame de Guise, avait déjà envisagé l'utilisation des vibrations du pendule pour marquer les mesures des airs. Cependant, M. Donsenbray juge les moyens proposés par Saint-Loutier insuffisants et perfectionne donc sa machine pour permettre une détermination facile de la durée des mesures sans surveillance constante. Le mémoire est structuré en trois parties. La première décrit le Métromètre et ses usages. La seconde fournit des règles et une table des longueurs du pendule pour différentes durées de vibrations. La troisième présente les durées des mesures et des temps de quelques airs de compositeurs célèbres tels que Lully, Campra et Destouches, afin de guider les compositeurs modernes. Enfin, M. Donsenbray propose une alternative pour ceux qui ne souhaitent pas acquérir la machine, en suggérant l'utilisation de pendules à contre-pied modifiées. Il souligne également l'utilité du Métromètre pour former l'oreille des jeunes musiciens, leur permettant de battre la mesure avec précision.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
44
p. 1331-136
EXTRAIT du Memoire sur les Tartres Solubles, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Duhamel du Monceau.
Début :
On sçait que le Tartre est une incrustation saline, qui [...]
Mots clefs :
Sel, Tartre, Soluble, Craie, Académie royale des sciences, Duhamel du Monceau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire sur les Tartres Solubles, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Duhamel du Monceau.
EXTRAIT du Memoire sur les Tartres
Solubles , lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences,
par M.Duhamel du Monceau.
O
Nsçait que leTartre est une incrustation saline , qui s'attache aux parois interieures des vaisseaux qu'on emplit de vin.
•
Beaucoup d'Auteurs donnent une maniere de purifier ce Sel , pour l'avoir en
II. Vol.
Dij beaux
1332 MERCURE DE FRANCE
beaux Cristaux ; mais il s'en faut beaucoup que par leur procedé on parvienne
à en avoir d'aussi beaux que ceux qu'on
nous apporte de Montpellier. M. Fize
de la Societé Royale de Montpellier , a
envoyé à l'Académie des Sciences , un
fort beau Memoire, dans lequel il détaille d'une maniere fort circonstanciée ,
tout ce qu'on pratique aux environs de
cetteVille pour y préparer ces beaux Cristaux de Tartre , qui se distribuent presque par tout le Royaume.
Ir paroît que le procedé en usage auprès de Montpellier , differe de celui qui
est rapporté dans les Auteurs , principa
lement par une Terre blanche qu'on mêle
avec le Sel crud, apparamment pour lui
ôter une graisse surabondante et grossiere,
qui altere la beauté de ce Sel.
M. Duhamel , tant pour s'assurer de
la maniere dont cette Terre agissoit sur
le Sel , que dans le dessein de trouver des Terres pour substituer à celle de Montpellier , s'est proposé de traiter le Tartre
avec un grand nombre de Terres ; mais
dans l'execution des experiences qu'il
avoit prémeditées , il fut très- surpris de
voir plusieurs sortes de Terres décomposer , pour ainsi dire , le Tartre , et en faire un vrai Sel soluble , au lieu de le purifier simplement,
Ce
JUIN. 173.2. 1333
Ce Phénomene , à quoi il avoue qu'il
ne s'attendoit pas , lui fit quitter son objet , et il ne travailla presque plus qu'à
rendre le Tartre soluble par des Terres
alcalines, ce qu'on n'avoit fait jusqu'à present que par des Sels Alcalis.
Pendant que M. Duhamel étoit occupé à cette recherche , M. Grosse , faisant
attention aux differentes métamorphoses
que prend le Cristal de Tartre , suivant
les differens Sels Alcalis , avec lesquels
on le joint , fut tenté d'essayer ce que
produiroit le mélange du Sel de Tartre
avec les Terres Alcalines , et ainsi les deux
Académiciens entreprirent , sans le sçavoir , la même recherche.
Au retour des Vacances , ayant appris
P'un et l'autre qu'ils avoient embrassé le
même objet , ils se communiquerent leur
travail sans réserve , et ils eurent le plaisir
réciproque de trouver une conformité
parfaite dans leurs découvertes ; ce qui
les détermina à suivre leurs recherches ,
de concert, pour n'en faire qu'un seul et
même Ouvrage ; et cela a donné lieu à un
Memoire très-considerable , dont M. D.
a lû un abregé à la derniere Assemblée
publique de l'Académie , et dont nous
allons essayer de donner une idée.
Tout le monde sçait que le Cristal.de
II. Vol. Diij Sel
334 MERCURE DE FRANCE
Sel n'est pas soluble dans l'eau ; mais lors
qu'on mêle ce Sel essentiel Acide avec le
Sel Alcali de Tartre , il en résulte un Sel
moyen qui se fond aisément dans l'eau
et qu'on appelle Sel Vegetal.
M. Bolduc fit voir l'année derniere å
l'Académie , que si l'on employe au lieu
du Sel Tartre , le Sel Alcali fixe de la
Soude , on obtient un Sel particulier tout
à- fait semblable au fameux Sel de la Rochelle ou de Seignet.
M. le Febvre , Médecin d'Uzès , et Cofrespondant de l'Académie , est encore.
parvenu à rendre soluble ce même Cristal de Tartre, d'une maniere tout-à- fait
singuliere , par le moyen du Borax , qui
est , à la verité , un Sel Alcali , comme
M. Lémery l'a depuis démontré dans un
Mémoire qu'il a lû à l'Académie.
Enfin M" D. et G. viennent aussi de
rendre ce Sel essentiel par l'alliage de la
Terre , de la Chaux ou de la Craye , ou
des yeux d'Ecrevisse , ou des Écailles.
d'Huitres , ou enfin d'autres Alcalis térreux.
Ainsi ces Académiciens ont fait jouer
à ces Terres Alcalines tout le reste des
Sels Alcalis , et qui plus est , ils démontrent que ces substances agissent ici
comme Terres,et non pas par aucuns Sels
11. Vol. fixes
JUIN. 1732 1335 1
fixes qu'elles contiennent , et ils rapportent beaucoup d'experiences qui confirment le sentiment de ceux qui soutiennent que les Sels fixes agissent simplement par leurs Terres ; mais les bornes
d'un Extrait sont trop resserrées pour
entreprendre de détailler les experiences
qui servent de baze à ces principes , ainsi
nous nous contenterons de rapporter en
peu de mots , comme ces M" s'y sont pris
pour rendre le Sel soluble par la Craye.
Ils ont mit dans une Bassine , avec quafre à cinq livres d'eau , une demie livre
de Craye de Champagne pulverisée , et
Forsque l'eau a commencé à bouillir , ils
ont jetté sur cette bouillie claire , une
livre et demie de Cristal de Sel en poudre , ce qui a excité une violente fermentation , pendant laquelle tout le Tartre
s'est fondu et la Craye a disparu entierement ; desorte que tout a passé par le
papier gris , et la liqueur filtrée a donné
de beaux Cristaux de Tartre soluble , qui
se fondent aisément dans l'eau froide , qui
brulent sur la pelle rouge , qui font un
vrai Sel neutre , et qui ont un goût pres
que semblable au Sel de la Rochelle.
Cependant par une décomposition fort
jolie , dont ils donnent la pratique dans
leur Memoire , ils sont parvenus à retiII. Vol.
D iiij rer
1336 MERCURE DE FRANCE
rer la Craye et le Tartre, tels que chacune de ses substances étoit avant d'avoir
été employée ; ainsi les prodigieux changemens qui sont arrivez au Sel dans cette
operation , ne peuvent être légitimement
attribucz qu'à l'alliage d'un peu de la Terre de la Craye.
Entre les Terres qu'ils ont employées ,
il y en a beaucoup qui n'ont pas rendu le
Sel soluble , mais qui ont été utilement
employées pour le dégraisser. La Terre de
Montpellier , dont nous avons parlé , la
Terre qu'on employe dans les raffineries
de Sucre , la Terre grasse ordinaire , la
Craye de Brianson , &c. ont été de cette
nature.
Or comme il est bon de sçavoir distinguer les Terres qui peuvent décomposer le Sel , d'avec celles qu'on doit employer pour le purifier , ils proposent un
moyen très-facile , qui peut être employé
comme une Pierre de touche, pour faire cette distinction ; c'est de verser sur ces
Terres du Vinaigre distillé , car celles qui
seront dissoutes par cet Acide , rendront
infailliblement le Sel soluble , au lieu que
les autres ne l'altereront point du tout ;
elles se chargeront seulement d'une huille
grossiere , qui altere la blancheur de ce
Sel.
11
Solubles , lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences,
par M.Duhamel du Monceau.
O
Nsçait que leTartre est une incrustation saline , qui s'attache aux parois interieures des vaisseaux qu'on emplit de vin.
•
Beaucoup d'Auteurs donnent une maniere de purifier ce Sel , pour l'avoir en
II. Vol.
Dij beaux
1332 MERCURE DE FRANCE
beaux Cristaux ; mais il s'en faut beaucoup que par leur procedé on parvienne
à en avoir d'aussi beaux que ceux qu'on
nous apporte de Montpellier. M. Fize
de la Societé Royale de Montpellier , a
envoyé à l'Académie des Sciences , un
fort beau Memoire, dans lequel il détaille d'une maniere fort circonstanciée ,
tout ce qu'on pratique aux environs de
cetteVille pour y préparer ces beaux Cristaux de Tartre , qui se distribuent presque par tout le Royaume.
Ir paroît que le procedé en usage auprès de Montpellier , differe de celui qui
est rapporté dans les Auteurs , principa
lement par une Terre blanche qu'on mêle
avec le Sel crud, apparamment pour lui
ôter une graisse surabondante et grossiere,
qui altere la beauté de ce Sel.
M. Duhamel , tant pour s'assurer de
la maniere dont cette Terre agissoit sur
le Sel , que dans le dessein de trouver des Terres pour substituer à celle de Montpellier , s'est proposé de traiter le Tartre
avec un grand nombre de Terres ; mais
dans l'execution des experiences qu'il
avoit prémeditées , il fut très- surpris de
voir plusieurs sortes de Terres décomposer , pour ainsi dire , le Tartre , et en faire un vrai Sel soluble , au lieu de le purifier simplement,
Ce
JUIN. 173.2. 1333
Ce Phénomene , à quoi il avoue qu'il
ne s'attendoit pas , lui fit quitter son objet , et il ne travailla presque plus qu'à
rendre le Tartre soluble par des Terres
alcalines, ce qu'on n'avoit fait jusqu'à present que par des Sels Alcalis.
Pendant que M. Duhamel étoit occupé à cette recherche , M. Grosse , faisant
attention aux differentes métamorphoses
que prend le Cristal de Tartre , suivant
les differens Sels Alcalis , avec lesquels
on le joint , fut tenté d'essayer ce que
produiroit le mélange du Sel de Tartre
avec les Terres Alcalines , et ainsi les deux
Académiciens entreprirent , sans le sçavoir , la même recherche.
Au retour des Vacances , ayant appris
P'un et l'autre qu'ils avoient embrassé le
même objet , ils se communiquerent leur
travail sans réserve , et ils eurent le plaisir
réciproque de trouver une conformité
parfaite dans leurs découvertes ; ce qui
les détermina à suivre leurs recherches ,
de concert, pour n'en faire qu'un seul et
même Ouvrage ; et cela a donné lieu à un
Memoire très-considerable , dont M. D.
a lû un abregé à la derniere Assemblée
publique de l'Académie , et dont nous
allons essayer de donner une idée.
Tout le monde sçait que le Cristal.de
II. Vol. Diij Sel
334 MERCURE DE FRANCE
Sel n'est pas soluble dans l'eau ; mais lors
qu'on mêle ce Sel essentiel Acide avec le
Sel Alcali de Tartre , il en résulte un Sel
moyen qui se fond aisément dans l'eau
et qu'on appelle Sel Vegetal.
M. Bolduc fit voir l'année derniere å
l'Académie , que si l'on employe au lieu
du Sel Tartre , le Sel Alcali fixe de la
Soude , on obtient un Sel particulier tout
à- fait semblable au fameux Sel de la Rochelle ou de Seignet.
M. le Febvre , Médecin d'Uzès , et Cofrespondant de l'Académie , est encore.
parvenu à rendre soluble ce même Cristal de Tartre, d'une maniere tout-à- fait
singuliere , par le moyen du Borax , qui
est , à la verité , un Sel Alcali , comme
M. Lémery l'a depuis démontré dans un
Mémoire qu'il a lû à l'Académie.
Enfin M" D. et G. viennent aussi de
rendre ce Sel essentiel par l'alliage de la
Terre , de la Chaux ou de la Craye , ou
des yeux d'Ecrevisse , ou des Écailles.
d'Huitres , ou enfin d'autres Alcalis térreux.
Ainsi ces Académiciens ont fait jouer
à ces Terres Alcalines tout le reste des
Sels Alcalis , et qui plus est , ils démontrent que ces substances agissent ici
comme Terres,et non pas par aucuns Sels
11. Vol. fixes
JUIN. 1732 1335 1
fixes qu'elles contiennent , et ils rapportent beaucoup d'experiences qui confirment le sentiment de ceux qui soutiennent que les Sels fixes agissent simplement par leurs Terres ; mais les bornes
d'un Extrait sont trop resserrées pour
entreprendre de détailler les experiences
qui servent de baze à ces principes , ainsi
nous nous contenterons de rapporter en
peu de mots , comme ces M" s'y sont pris
pour rendre le Sel soluble par la Craye.
Ils ont mit dans une Bassine , avec quafre à cinq livres d'eau , une demie livre
de Craye de Champagne pulverisée , et
Forsque l'eau a commencé à bouillir , ils
ont jetté sur cette bouillie claire , une
livre et demie de Cristal de Sel en poudre , ce qui a excité une violente fermentation , pendant laquelle tout le Tartre
s'est fondu et la Craye a disparu entierement ; desorte que tout a passé par le
papier gris , et la liqueur filtrée a donné
de beaux Cristaux de Tartre soluble , qui
se fondent aisément dans l'eau froide , qui
brulent sur la pelle rouge , qui font un
vrai Sel neutre , et qui ont un goût pres
que semblable au Sel de la Rochelle.
Cependant par une décomposition fort
jolie , dont ils donnent la pratique dans
leur Memoire , ils sont parvenus à retiII. Vol.
D iiij rer
1336 MERCURE DE FRANCE
rer la Craye et le Tartre, tels que chacune de ses substances étoit avant d'avoir
été employée ; ainsi les prodigieux changemens qui sont arrivez au Sel dans cette
operation , ne peuvent être légitimement
attribucz qu'à l'alliage d'un peu de la Terre de la Craye.
Entre les Terres qu'ils ont employées ,
il y en a beaucoup qui n'ont pas rendu le
Sel soluble , mais qui ont été utilement
employées pour le dégraisser. La Terre de
Montpellier , dont nous avons parlé , la
Terre qu'on employe dans les raffineries
de Sucre , la Terre grasse ordinaire , la
Craye de Brianson , &c. ont été de cette
nature.
Or comme il est bon de sçavoir distinguer les Terres qui peuvent décomposer le Sel , d'avec celles qu'on doit employer pour le purifier , ils proposent un
moyen très-facile , qui peut être employé
comme une Pierre de touche, pour faire cette distinction ; c'est de verser sur ces
Terres du Vinaigre distillé , car celles qui
seront dissoutes par cet Acide , rendront
infailliblement le Sel soluble , au lieu que
les autres ne l'altereront point du tout ;
elles se chargeront seulement d'une huille
grossiere , qui altere la blancheur de ce
Sel.
11
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire sur les Tartres Solubles, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Duhamel du Monceau.
Le 'Mémoire sur les Tartres' présenté par M. Duhamel du Monceau à l'Académie Royale des Sciences aborde la purification du tartre, une incrustation saline présente dans les vaisseaux de vin. Plusieurs méthodes ont été proposées pour obtenir des cristaux de tartre, mais celles de Montpellier sont particulièrement reconnues. Le procédé de Montpellier utilise une terre blanche pour éliminer la graisse du sel. M. Duhamel a expérimenté avec diverses terres pour purifier le tartre et a découvert que certaines terres alcalines peuvent le rendre soluble, contrairement à la simple purification. M. Grosse, intéressé par les métamorphoses du cristal de tartre, a également commencé des recherches similaires. Les deux académiciens ont collaboré après avoir découvert qu'ils travaillaient sur le même sujet, menant à un mémoire conjoint. Le texte explique que le cristal de tartre n'est pas soluble dans l'eau, mais devient soluble lorsqu'il est mélangé avec des sels alcalins, formant un sel végétal. Différents sels et substances, comme la soude, le borax, la chaux, la craie, et des alcalis terreux, ont été utilisés pour rendre le tartre soluble. Les académiciens ont démontré que ces substances agissent comme des terres et non par leurs sels fixes. Le mémoire détaille également une méthode pour distinguer les terres capables de décomposer le tartre de celles utilisées pour le purifier, en utilisant du vinaigre distillé comme pierre de touche.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
45
p. 1388
« Le 24 Mai, l'Académie Royale des Sciences, proceda à l'élection [...] »
Début :
Le 24 Mai, l'Académie Royale des Sciences, proceda à l'élection [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 24 Mai, l'Académie Royale des Sciences, proceda à l'élection [...] »
Le 24 Mai , l'Académie Royale des
Sciences , proceda à l'élection de deux
Sujets , pour remplir la place d'Associélibre , vacante par la mort de M. Chirac,
Premier Médecin du Roi ; la pluralité
des suffrages tomba sur M. Chicoyneau ,
aujourd'hui Premier Médecin de S. M.
et sur M. de Gamaches , Chanoine Régulier de Sainte Croix de la Bretonerie , ct
Vicaire General de son Ordre en France.
Le 30 du même mois , le Comte de
Maurepas écrivit à l'Académie que le Roi
avoit accepté ces deux Sujets pour remplir cette seule place , sans que cela pût
tirer à conséquence pour l'avenir.
Sciences , proceda à l'élection de deux
Sujets , pour remplir la place d'Associélibre , vacante par la mort de M. Chirac,
Premier Médecin du Roi ; la pluralité
des suffrages tomba sur M. Chicoyneau ,
aujourd'hui Premier Médecin de S. M.
et sur M. de Gamaches , Chanoine Régulier de Sainte Croix de la Bretonerie , ct
Vicaire General de son Ordre en France.
Le 30 du même mois , le Comte de
Maurepas écrivit à l'Académie que le Roi
avoit accepté ces deux Sujets pour remplir cette seule place , sans que cela pût
tirer à conséquence pour l'avenir.
Fermer
Résumé : « Le 24 Mai, l'Académie Royale des Sciences, proceda à l'élection [...] »
Le 24 mai, l'Académie Royale des Sciences élit M. Chicoyneau et M. de Gamaches pour remplacer M. Chirac, Premier Médecin du Roi. Le 30 mai, le Comte de Maurepas annonce que le Roi accepte ces deux candidats pour une seule place vacante, sans créer de précédent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
46
p. 1804-1806
LETTRE écrite par M. Morand, le 14. Août, à M. de la R.
Début :
J'ay rendu compte au Public, Monsieur, en 1730. et 1731. de ce qui s'étoit [...]
Mots clefs :
Chirurgien, Taille latérale, Hôpital, Académie royale des sciences, Opération
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite par M. Morand, le 14. Août, à M. de la R.
LETTRE écrite par M. Morand,
le 14. Août , à M. de la R.
J'
' Ay rendu compte au Public , Monsieur , en 1730. et 1731. de ce qui s'étoit passé sur la Taille Laterale par la
Méthode de M. Cheselden , Chirurgien
Anglois. Il y en a eu quatre dans le Printemps de cette année 1732. qui ont réüssi
toutes quatre. Voici les noms de ceux qui
ont opéré , et les noms des Taillez. Andry
AOUST. 1732. 1809
dry Querru , âgé de 3. ans et demi , fils
du Vigneron des Religieux Feüillans à
Montmorency, a été taillé par leur Chirurgien , Eleve de l'Hôpital de la Charité,
qui lui a tiré deux Pierres ; il a été entierement guéri au bout de quinze jours.
J'ai taillé François Coquelin , âgé de
18. ans et demi , retiré aux Incurables ,
parce qu'il est contrefait et très- incommodé. Il avoit été taillé à l'Hôtel- Dieu
à l'âge de 4. ans , par la méthode ordinaire , et depuis ce temps- là il perdoit ses urines involontairement. Je lui ai tiré une
assez grosse Pierre , en présence de M. Syl
va, de plusieurs Maîtres Chirurgiens , du
Chirurgien Major des Incurables , de plusieurs Chirurgiens de l'Hôpital de la Charité , et de quelques Etrangers. Il est parfaitement guéri , et retient ses urines. Il
m'étoit recommandé par Madame la Duchesse de la Rochefoucault , Doüairiere.
George Lite , âgé de 14 ans , a été taillé
à Gaillon , Maison de l'Archevêque de
Rouen, par le sieur le Cat , éleve de l'Hôpital de la Charité , et reçû en survivance
Chirurgien Major de l'Hôtel- Dieu de
Rouen , je lui tenois sa Sónde dans l'Operation, il a tiré une Pierre grosse comme un Abricot , noire et fort dure ; le
Malade a été guéri en zo. jours.
Jacques
1
1806 MERCURE DE FRANCE
Jacques Lienard , âgé de 7. ans , a été
taillé à Gaillon , par le même Chirurgien,
je lui tenois sa Sonde , il a tiré une petite
Pierre. Le Malade a rendu plusieurs vers
dans le cours du traitement ; il a été guéri
en 23. jours. Ces quatre Taillez ont été
présentez le 13. d'Août dans l'Assemblée
de l'Académie Royale des Sciences. Ces
Messieurs ont vû les Sujets, leurs Pierres
et leurs cicatrices.
P. S. Il faut , Monsieur , pour l'exactitude de l'histoire de cette Operation ,
ajoûter à la fin de 1731. une Taille à la
Méthode de M. Cheselden , faite à Mante,
par M. Garengeot , et dont le Malade est
guéri ; une autre faite à Paris , par M. Perchet , dont le Malade est mort ; et deux
faites par M. Foubert , avec quelques
changemens , dont il a fait part à l'Académie de Chirurgie ; ses deux Malades
ont été guéris. Je suis , &c.
le 14. Août , à M. de la R.
J'
' Ay rendu compte au Public , Monsieur , en 1730. et 1731. de ce qui s'étoit passé sur la Taille Laterale par la
Méthode de M. Cheselden , Chirurgien
Anglois. Il y en a eu quatre dans le Printemps de cette année 1732. qui ont réüssi
toutes quatre. Voici les noms de ceux qui
ont opéré , et les noms des Taillez. Andry
AOUST. 1732. 1809
dry Querru , âgé de 3. ans et demi , fils
du Vigneron des Religieux Feüillans à
Montmorency, a été taillé par leur Chirurgien , Eleve de l'Hôpital de la Charité,
qui lui a tiré deux Pierres ; il a été entierement guéri au bout de quinze jours.
J'ai taillé François Coquelin , âgé de
18. ans et demi , retiré aux Incurables ,
parce qu'il est contrefait et très- incommodé. Il avoit été taillé à l'Hôtel- Dieu
à l'âge de 4. ans , par la méthode ordinaire , et depuis ce temps- là il perdoit ses urines involontairement. Je lui ai tiré une
assez grosse Pierre , en présence de M. Syl
va, de plusieurs Maîtres Chirurgiens , du
Chirurgien Major des Incurables , de plusieurs Chirurgiens de l'Hôpital de la Charité , et de quelques Etrangers. Il est parfaitement guéri , et retient ses urines. Il
m'étoit recommandé par Madame la Duchesse de la Rochefoucault , Doüairiere.
George Lite , âgé de 14 ans , a été taillé
à Gaillon , Maison de l'Archevêque de
Rouen, par le sieur le Cat , éleve de l'Hôpital de la Charité , et reçû en survivance
Chirurgien Major de l'Hôtel- Dieu de
Rouen , je lui tenois sa Sónde dans l'Operation, il a tiré une Pierre grosse comme un Abricot , noire et fort dure ; le
Malade a été guéri en zo. jours.
Jacques
1
1806 MERCURE DE FRANCE
Jacques Lienard , âgé de 7. ans , a été
taillé à Gaillon , par le même Chirurgien,
je lui tenois sa Sonde , il a tiré une petite
Pierre. Le Malade a rendu plusieurs vers
dans le cours du traitement ; il a été guéri
en 23. jours. Ces quatre Taillez ont été
présentez le 13. d'Août dans l'Assemblée
de l'Académie Royale des Sciences. Ces
Messieurs ont vû les Sujets, leurs Pierres
et leurs cicatrices.
P. S. Il faut , Monsieur , pour l'exactitude de l'histoire de cette Operation ,
ajoûter à la fin de 1731. une Taille à la
Méthode de M. Cheselden , faite à Mante,
par M. Garengeot , et dont le Malade est
guéri ; une autre faite à Paris , par M. Perchet , dont le Malade est mort ; et deux
faites par M. Foubert , avec quelques
changemens , dont il a fait part à l'Académie de Chirurgie ; ses deux Malades
ont été guéris. Je suis , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite par M. Morand, le 14. Août, à M. de la R.
Dans une lettre du 14 août, M. Morand informe M. de la R. des opérations de taille latérale réalisées selon la méthode de M. Cheselden. En 1732, quatre interventions ont été couronnées de succès. André Querru, âgé de 3 ans et demi, a été opéré à Montmorency par un élève de l'Hôpital de la Charité. Deux pierres ont été retirées, et l'enfant a guéri en quinze jours. François Coquelin, 18 ans et demi, a été opéré par M. Morand aux Incurables, où une grosse pierre a été retirée en présence de plusieurs chirurgiens et étrangers. Coquelin a guéri et retient désormais ses urines. George Lite, 14 ans, a été opéré à Gaillon par le sieur le Cat, qui a retiré une pierre grosse comme un abricot, et le patient a guéri en vingt jours. Jacques Lienard, 7 ans, a également été opéré à Gaillon par le même chirurgien, avec retrait d'une petite pierre et guérison en vingt-trois jours. Ces quatre cas ont été présentés à l'Académie Royale des Sciences le 13 août. M. Morand mentionne aussi une opération réussie à Mante par M. Garengeot, une opération mortelle à Paris par M. Perchet, et deux opérations réussies par M. Foubert avec quelques modifications.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
47
p. 1814-1815
« Le Sieur Baradelle, Ingenieur pour les Instrumens de Mathématique, donne avis qu'il a lui [...] »
Début :
Le Sieur Baradelle, Ingenieur pour les Instrumens de Mathématique, donne avis qu'il a lui [...]
Mots clefs :
Instruments de mathématique, Jauge, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Sieur Baradelle, Ingenieur pour les Instrumens de Mathématique, donne avis qu'il a lui [...] »
Le Sieur Baradelle, Ingenieur pour les Instrumenmens de Mathématique , donne avis qu'il a lui
seul les veritables principes de la division d'une
Jauge , construite à la maniere des Fermes ; elle
n'est point sujette aux inconveniens des anciennes Jauges , sujettes à tant de discussions ;
elle donne dans tous les cas possibles , la continence géométrique des Tonneaux . C'est la pré- miere Jauge qui a été approuvée par l'Académie
Royale des Sciences. Elle jauge toute sorte de
Tonneaux courbe et silindrique. Cette Jauge est
si facile , qu'un enfant de dix ans la concevra
et en fera usage. Il a lui seul une autre sorte de
Jauge que l'on nommeVergue , qu'il a divisée en
veltes ou septiers et en pintes ; et donne la ma
niere de s'en servir. Il continue toûjours de débiter ses Encriers qui conservent l'Encre sans se
secher pendant plusieurs années. Sa demeure est
sur le Quay de l'Horloge , à l'Enseigne de l'Obser- vatoire.
seul les veritables principes de la division d'une
Jauge , construite à la maniere des Fermes ; elle
n'est point sujette aux inconveniens des anciennes Jauges , sujettes à tant de discussions ;
elle donne dans tous les cas possibles , la continence géométrique des Tonneaux . C'est la pré- miere Jauge qui a été approuvée par l'Académie
Royale des Sciences. Elle jauge toute sorte de
Tonneaux courbe et silindrique. Cette Jauge est
si facile , qu'un enfant de dix ans la concevra
et en fera usage. Il a lui seul une autre sorte de
Jauge que l'on nommeVergue , qu'il a divisée en
veltes ou septiers et en pintes ; et donne la ma
niere de s'en servir. Il continue toûjours de débiter ses Encriers qui conservent l'Encre sans se
secher pendant plusieurs années. Sa demeure est
sur le Quay de l'Horloge , à l'Enseigne de l'Obser- vatoire.
Fermer
Résumé : « Le Sieur Baradelle, Ingenieur pour les Instrumens de Mathématique, donne avis qu'il a lui [...] »
Le Sieur Baradelle, ingénieur en instruments mathématiques, présente une nouvelle jauge géométrique pour mesurer la contenance des tonneaux, approuvée par l'Académie Royale des Sciences. Il propose aussi une jauge appelée 'Vergue' et fabrique des encriers conservant l'encre plusieurs années. Il réside et travaille sur le Quay de l'Horloge, à l'enseigne de l'Observatoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
48
p. 2399-2407
LETTRE de M. Morand à M. D. L. R. en réponse à celle de M. F. J. Chirurgien de Soissons, sur la Taille.
Début :
J'ai vû sans étonnement, Monsieur, dans le Mercure du mois dernier, la [...]
Mots clefs :
M. Cheselden, Taille latérale, Méthode, Chirurgien, Opérations, Académie royale des sciences, Guérir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Morand à M. D. L. R. en réponse à celle de M. F. J. Chirurgien de Soissons, sur la Taille.
LETTRE de M. Morand à M. D. L. R.
en réponse à celle de M. F. J. Chirur
gien de Soissons , sur la Taille.
J'a
'Ai vû , sans étonnement , Monsieur
dans le Mercure du mois dernier. , la
Lettre de M. F. J. et je réponds sans
peine à ses refléxions : comme ellés paroissent fondées sur ce que dans ma Lettre imprimée dans le Mercure du mois.
d'Août , je ne me suis pas expliqué assez
clairement sur la Méthode de M. Foubert pour la Taille laterale, je commencerai par exposer ici ce que j'ai voulu
dire.
Après avoir appris au Public que dans
le Printems de la présente année 1732. il
y avoit eu quatre tailles à la Méthode de
M. Cheselden faites avec succès , je
croyois devoir l'informer de la suite des
Tailles latérales depuis le détail que vous
en
2040 MERCURE DE FRANCE
ㅋ
en avez donnéen Juillet 1731. et j'en annonçois quatre autres dont deux ont été faites par M. Foubert , avec des changemens dont il a fait part à l'Académie de
Chirurgie. Je n'ai donc pas assez distingué la Taille de M. Foubert , de celle de
M. Cheselden ; si c'est là ma faute , je
déclare que je n'ai englobée celle de
M. Foubert avec les autres , que comme
deux tailles de l'espéce qu'on nomme en
général latérale , relativement au grand
appareil , que je n'ai pas prétendu les confondre pour la Méthode , et que si M.
Foubert trouve mauvais que j'aye fait
usage de ses opérations en faveur de la
Taille latérale , prise relativement au
grand appareil , je serai exact à l'avenir
a ne citer que celles qui seront faites par
la Méthode de M. Cheselden. Pour rectifier dès-à- présent cet endroit , je dirai
que depuis le détail qu'on a lû dans le Mercure de Juillet 1731. où je parle de dixhuit opérations faites par cette Méthode dont quatorze ont réussi , il y en a eu six
de faites , dont cinq ont réussi.
à
Aux risques de déplaire à M. F. J. que
ces listes de guérisons importunent , il
faut cependant en ajoûter une nouvelle.
J'ai taillé le 14 Octobre dernier un homme qui avoit eu plusieurs fluxions et abs
cès
NOVEMBRE. 1732. 2041
ressoit par bonté
cès dans les parties voisines de celles de
la taille. M. Sylva Medecin , et plusieurs
Chirurgiens y étoient présents ; j'ai tiré
une pierre de la grosseur d'un abricot , et
le malade aété guéri sans avoir eu le moindre accident. C'est un homme pour qui
Madame la Princesse de Bouillon s'inte
et par charité.
Je dois encore apprendre au Public que
dans le voyage de M. Cheselden à Paris ,
il dit à un Ministre respectable qu'il étoit
en état de publier la premiere centaine
de ses opérations , que la seconde seroit
bientôt complette , et qu'il n'en avoit encore perdu que neuf. Voilà bien des listes , et bien des sujets d'impatience pour
M. F. J. mais il vaut autant les réunir
toutes sous un même point de vuë , puisqu'il s'agit d'éxaminer à présent si le jugement qu'il en a porté est équitable.
Voici les motifs qui me les ont fait publier.
Toutes les fois qu'il est question d'une
nouvelle Méthode à établir ou à justifier ,
on est necessairement obligé d'entrer dans
des détails qui deviennent inutiles lorsque la méthode est établie ou justifiée , et
il faut nécessairement faire l'énumeration
des faits sur lesquels on veut l'appuyer. Il
n'est donc pas étonnant que j'aye publié les
2042 MERCURE DE FRANCE
les opérations faites en France par la méthode de M. Cheselden , puisqu'elle y est
nouvelle , et que c'est sur un grand nom
bre de faits qu'elle peut être établie. Ainsi
le compliment que M. F. J. fait aux illustres Lithotomistes de Paris est déplacé , parce que le Public , moins attentif sur une Méthode ancienne , a toujours les yeux plus ouverts sur une Méthode nouvelle. L'énumeration de mes
tailles n'est donc pas hors de propos ; je
vais l'autoriser des exemples. par
>
On n'a point fait de procès au célebre
M. Rau , quand il a dit dans un Discours
publié à Leyde , qu'il avoit fait son opération sur 1547. Malades. On n'a point
regardé comme un séducteur du Public
M. Douglas , quand il a donné les nom,
surnom , et âge de ceux sur qui il avoit
pratiqué le haut appareil. On n'a point
dit à M. Cheselden qu'il présentoit les
choses sous une face dangereuse quand à
la suite de sa Méthode , publiée en 1730.
il a donné le catalogue de ceux qu'il
avoit taillés depuis 1727. Cette énumeration de faits ne m'est donc point particuliere , et si c'est une faute , je suis bien
excusable de l'avoir faite après de si grands
hommes.
D'ailleurs , il est évident que ce que
j'ai
NOVEMBRE. 1732. 2403
j'ai produit à cet égard étoit plus en faveur de l'opération que de l'Opérateur
puisqu'à mes opérations j'ai ajoûté celles
de Mrs Perchet , Garengeot , le Cat. C'a
été enfin sans partialité , puisque j'ai
publié les mauvais succès comme les
bons.
,
›
Il faut présentement prouver que j'ay
dû publier ces faits , et que j'ai eu des
motifs très - pressans de le faire. En effet
il sied mal à M. F. J. de dire qu'il valoit
mieux laisser dans l'oubli les faits que je
rapporte que de les divulguer. De bonne foi,
si sur le nombre de 24 Sujets taillés en
France par la méthode de M. Cheselden
dont 19. ont été guéris et 5. sont morts ;
il y en eut eu 19. de morts et 5. guéris
auroit on laissé ces faits dans l'oubli ? Répondre affirmativement , ce seroit ne pas
connoître ce qu'on appelle communément
jalousie de métier. Je n'en veux d'autre
preuve que ce qui s'est passé après la
mort de M. de Janson on a d'abord répandu dans la Gazette d'Hollande du mois de Mai 1731. que l'Opération latérale étoit deffendue en France ;
ensuite le Mercure de France a publié que
sur les inconveniens connus de cette opération , on ne l'avoit point fait cette année dans l'Hôpital de la Charité , afin
que
2404 MERCURE DE FRANCE
que les Pauvres servent d'instruction aux
Eleves sans être leurs victimes. Après de
telles atteintes données à cette Méthode
il est clair que je devois nécessairement
apprendre au Public , que cette opération bien loin d'être deffendue , comme le
disoit la Gazette d'Hollande , venoit d'être faite sur six Sujets. Il falloit nécessairement lui apprendre que cette opération,
bien loin de faire de nos Malades nos victimes , comme le disoit le Mercure , venoit de rendre à la vie cinq des six malades qui l'avoient essuyée ; le Public pru
dent et éclairé trouvera sans doute qu'il
y auroit bien de l'injustice , à ne vouloir
permettre aux Nouvelles publiques de se
charger que des époques qui peuvent être
fatales à une opération , et ne leur pas
permettre d'annoncer ce qui peut en re- hausser le prix.
Je conclurai donc que le jugement de
M. F. J. n'est pas équitable , mes listes
n'auroient été dangereuses que dans le cas
d'une conséquence tirée en faveur de la
Méthode , de l'argument seul des guérisons nombreuses , et c'est ce que je n'ai
point fait ; car à bien approfondir le
sens de la Lettre de M. F. J. il semble insinuer que je ne puis alléguer
que les faits en faveur de la Méthode de
M.
NOVEMBRE. 1732. 240
M. Cheselden. Il faut convenir que bien
d'honnêtes gens s'accommoderoient de
cette preuve ; mais je ne m'en suis point
tenu là , et j'ai pris la chose par plus d'un endroit.
·
M. F. J. ignore , ou peut-être veut
ignorer, qu'après avoir montré à l'Acadé
mie Royale des Sciences les Sujets taillés
par la Méthode de M. Cheselden , j'en ai .
expliqué le manuel conformément aux
notions anatomiques , j'y ai démontré les
parties interessées dans cette opération
fraîches , dessechées , injectées ; j'ai fait le
parallele de cette taille avec les autres ;
j'ai fait voir plus de vingt Planches dessinées pour expliquer la Taille latérale depuis Frere Jacques jusqu'à M. Cheselden ;
j'ai donné un Mémoire fort circonstancié ,
et j'ai promis un Ouvrage en forme sur
cette matiere ; je ne puis donc être accusé d'avoir entamé la chose superficiellement ; et quoiqu'on dise , je ne puis établir les avantages de cette Taille que sur
les raisonnemens et sur les faits ; j'ai produit mes raisonnemens à l'Académie
Royale des Sciences , et j'instruis, le Public des faits à mesure qu'ils arri
vent.
Mais je vois à la fin de la Lettre de
M. F. J. Chirurgien de Soissons , ce qui.
E blesse
24.06 MERCURE DE FRANCE
3
blesse sa délicatesse , et j'y trouve de vio
lens soupçons de croire que nous habitons
la même Ville. L'Académie de S. Côme,
dit-on , ne devoit-elle pas être la dépositaire
de ces faits ? Je réponds uniment qu'avant
que l'Académie de S. Côme fut établie ,
celle des Sciences avoit reçû mes Observations , et j'avoue qu'elle a sur l'autre
un droit d'aînesse bien établi. D'ailleurs
je ne puis marquer trop de reconnoissance à cette Illustre Académie , et je ne
cesserai de publier les bontez qu'elle a eues
pour moi depuis dix ans que j'ai l'honneur d'en être ; c'est elle qui m'a engagé
à comparer les différentes Méthodes de
la Taille , c'est elle qui vraiement libre
depréjugé et d'interêt a fait un examenéquitable de mes Opérations , elle a répandu mes succès , elle m'a consolé dans
mes adversités : quelle eut été mon ingratitude , si je n'eusse pas rapporté à une
Compagnie si digne de respect et d'amour
tout ce qui étoit relatif à une chose entreprise sous ses auspices ? L'Académie des
Sciences devoit donc être dépositaire de
ces faits. Je ne crois pas pour cela avoir
manqué en rien à celle de S. Côme , je défie qu'on puisse me rien reprocher à cet
égard , et mon zele pour seconder les intentions des premiers Chirurgiens du
Roi
NOVEMBRE. 1732 2407
Roi dans ce nouvel et utile établissement,
est trop éclatant pour cela.
Voilà , M. ce que j'ai à répondre à la
Lettre de M. F. J. je ne crains point que
ses phrases sur le biengeneral , &c. en imposent au Public qui est présentement au
faitde tout le mistere. Je suis , Mon
sieur , &c.
AParis ,ce 1o. Novembre 1732.
en réponse à celle de M. F. J. Chirur
gien de Soissons , sur la Taille.
J'a
'Ai vû , sans étonnement , Monsieur
dans le Mercure du mois dernier. , la
Lettre de M. F. J. et je réponds sans
peine à ses refléxions : comme ellés paroissent fondées sur ce que dans ma Lettre imprimée dans le Mercure du mois.
d'Août , je ne me suis pas expliqué assez
clairement sur la Méthode de M. Foubert pour la Taille laterale, je commencerai par exposer ici ce que j'ai voulu
dire.
Après avoir appris au Public que dans
le Printems de la présente année 1732. il
y avoit eu quatre tailles à la Méthode de
M. Cheselden faites avec succès , je
croyois devoir l'informer de la suite des
Tailles latérales depuis le détail que vous
en
2040 MERCURE DE FRANCE
ㅋ
en avez donnéen Juillet 1731. et j'en annonçois quatre autres dont deux ont été faites par M. Foubert , avec des changemens dont il a fait part à l'Académie de
Chirurgie. Je n'ai donc pas assez distingué la Taille de M. Foubert , de celle de
M. Cheselden ; si c'est là ma faute , je
déclare que je n'ai englobée celle de
M. Foubert avec les autres , que comme
deux tailles de l'espéce qu'on nomme en
général latérale , relativement au grand
appareil , que je n'ai pas prétendu les confondre pour la Méthode , et que si M.
Foubert trouve mauvais que j'aye fait
usage de ses opérations en faveur de la
Taille latérale , prise relativement au
grand appareil , je serai exact à l'avenir
a ne citer que celles qui seront faites par
la Méthode de M. Cheselden. Pour rectifier dès-à- présent cet endroit , je dirai
que depuis le détail qu'on a lû dans le Mercure de Juillet 1731. où je parle de dixhuit opérations faites par cette Méthode dont quatorze ont réussi , il y en a eu six
de faites , dont cinq ont réussi.
à
Aux risques de déplaire à M. F. J. que
ces listes de guérisons importunent , il
faut cependant en ajoûter une nouvelle.
J'ai taillé le 14 Octobre dernier un homme qui avoit eu plusieurs fluxions et abs
cès
NOVEMBRE. 1732. 2041
ressoit par bonté
cès dans les parties voisines de celles de
la taille. M. Sylva Medecin , et plusieurs
Chirurgiens y étoient présents ; j'ai tiré
une pierre de la grosseur d'un abricot , et
le malade aété guéri sans avoir eu le moindre accident. C'est un homme pour qui
Madame la Princesse de Bouillon s'inte
et par charité.
Je dois encore apprendre au Public que
dans le voyage de M. Cheselden à Paris ,
il dit à un Ministre respectable qu'il étoit
en état de publier la premiere centaine
de ses opérations , que la seconde seroit
bientôt complette , et qu'il n'en avoit encore perdu que neuf. Voilà bien des listes , et bien des sujets d'impatience pour
M. F. J. mais il vaut autant les réunir
toutes sous un même point de vuë , puisqu'il s'agit d'éxaminer à présent si le jugement qu'il en a porté est équitable.
Voici les motifs qui me les ont fait publier.
Toutes les fois qu'il est question d'une
nouvelle Méthode à établir ou à justifier ,
on est necessairement obligé d'entrer dans
des détails qui deviennent inutiles lorsque la méthode est établie ou justifiée , et
il faut nécessairement faire l'énumeration
des faits sur lesquels on veut l'appuyer. Il
n'est donc pas étonnant que j'aye publié les
2042 MERCURE DE FRANCE
les opérations faites en France par la méthode de M. Cheselden , puisqu'elle y est
nouvelle , et que c'est sur un grand nom
bre de faits qu'elle peut être établie. Ainsi
le compliment que M. F. J. fait aux illustres Lithotomistes de Paris est déplacé , parce que le Public , moins attentif sur une Méthode ancienne , a toujours les yeux plus ouverts sur une Méthode nouvelle. L'énumeration de mes
tailles n'est donc pas hors de propos ; je
vais l'autoriser des exemples. par
>
On n'a point fait de procès au célebre
M. Rau , quand il a dit dans un Discours
publié à Leyde , qu'il avoit fait son opération sur 1547. Malades. On n'a point
regardé comme un séducteur du Public
M. Douglas , quand il a donné les nom,
surnom , et âge de ceux sur qui il avoit
pratiqué le haut appareil. On n'a point
dit à M. Cheselden qu'il présentoit les
choses sous une face dangereuse quand à
la suite de sa Méthode , publiée en 1730.
il a donné le catalogue de ceux qu'il
avoit taillés depuis 1727. Cette énumeration de faits ne m'est donc point particuliere , et si c'est une faute , je suis bien
excusable de l'avoir faite après de si grands
hommes.
D'ailleurs , il est évident que ce que
j'ai
NOVEMBRE. 1732. 2403
j'ai produit à cet égard étoit plus en faveur de l'opération que de l'Opérateur
puisqu'à mes opérations j'ai ajoûté celles
de Mrs Perchet , Garengeot , le Cat. C'a
été enfin sans partialité , puisque j'ai
publié les mauvais succès comme les
bons.
,
›
Il faut présentement prouver que j'ay
dû publier ces faits , et que j'ai eu des
motifs très - pressans de le faire. En effet
il sied mal à M. F. J. de dire qu'il valoit
mieux laisser dans l'oubli les faits que je
rapporte que de les divulguer. De bonne foi,
si sur le nombre de 24 Sujets taillés en
France par la méthode de M. Cheselden
dont 19. ont été guéris et 5. sont morts ;
il y en eut eu 19. de morts et 5. guéris
auroit on laissé ces faits dans l'oubli ? Répondre affirmativement , ce seroit ne pas
connoître ce qu'on appelle communément
jalousie de métier. Je n'en veux d'autre
preuve que ce qui s'est passé après la
mort de M. de Janson on a d'abord répandu dans la Gazette d'Hollande du mois de Mai 1731. que l'Opération latérale étoit deffendue en France ;
ensuite le Mercure de France a publié que
sur les inconveniens connus de cette opération , on ne l'avoit point fait cette année dans l'Hôpital de la Charité , afin
que
2404 MERCURE DE FRANCE
que les Pauvres servent d'instruction aux
Eleves sans être leurs victimes. Après de
telles atteintes données à cette Méthode
il est clair que je devois nécessairement
apprendre au Public , que cette opération bien loin d'être deffendue , comme le
disoit la Gazette d'Hollande , venoit d'être faite sur six Sujets. Il falloit nécessairement lui apprendre que cette opération,
bien loin de faire de nos Malades nos victimes , comme le disoit le Mercure , venoit de rendre à la vie cinq des six malades qui l'avoient essuyée ; le Public pru
dent et éclairé trouvera sans doute qu'il
y auroit bien de l'injustice , à ne vouloir
permettre aux Nouvelles publiques de se
charger que des époques qui peuvent être
fatales à une opération , et ne leur pas
permettre d'annoncer ce qui peut en re- hausser le prix.
Je conclurai donc que le jugement de
M. F. J. n'est pas équitable , mes listes
n'auroient été dangereuses que dans le cas
d'une conséquence tirée en faveur de la
Méthode , de l'argument seul des guérisons nombreuses , et c'est ce que je n'ai
point fait ; car à bien approfondir le
sens de la Lettre de M. F. J. il semble insinuer que je ne puis alléguer
que les faits en faveur de la Méthode de
M.
NOVEMBRE. 1732. 240
M. Cheselden. Il faut convenir que bien
d'honnêtes gens s'accommoderoient de
cette preuve ; mais je ne m'en suis point
tenu là , et j'ai pris la chose par plus d'un endroit.
·
M. F. J. ignore , ou peut-être veut
ignorer, qu'après avoir montré à l'Acadé
mie Royale des Sciences les Sujets taillés
par la Méthode de M. Cheselden , j'en ai .
expliqué le manuel conformément aux
notions anatomiques , j'y ai démontré les
parties interessées dans cette opération
fraîches , dessechées , injectées ; j'ai fait le
parallele de cette taille avec les autres ;
j'ai fait voir plus de vingt Planches dessinées pour expliquer la Taille latérale depuis Frere Jacques jusqu'à M. Cheselden ;
j'ai donné un Mémoire fort circonstancié ,
et j'ai promis un Ouvrage en forme sur
cette matiere ; je ne puis donc être accusé d'avoir entamé la chose superficiellement ; et quoiqu'on dise , je ne puis établir les avantages de cette Taille que sur
les raisonnemens et sur les faits ; j'ai produit mes raisonnemens à l'Académie
Royale des Sciences , et j'instruis, le Public des faits à mesure qu'ils arri
vent.
Mais je vois à la fin de la Lettre de
M. F. J. Chirurgien de Soissons , ce qui.
E blesse
24.06 MERCURE DE FRANCE
3
blesse sa délicatesse , et j'y trouve de vio
lens soupçons de croire que nous habitons
la même Ville. L'Académie de S. Côme,
dit-on , ne devoit-elle pas être la dépositaire
de ces faits ? Je réponds uniment qu'avant
que l'Académie de S. Côme fut établie ,
celle des Sciences avoit reçû mes Observations , et j'avoue qu'elle a sur l'autre
un droit d'aînesse bien établi. D'ailleurs
je ne puis marquer trop de reconnoissance à cette Illustre Académie , et je ne
cesserai de publier les bontez qu'elle a eues
pour moi depuis dix ans que j'ai l'honneur d'en être ; c'est elle qui m'a engagé
à comparer les différentes Méthodes de
la Taille , c'est elle qui vraiement libre
depréjugé et d'interêt a fait un examenéquitable de mes Opérations , elle a répandu mes succès , elle m'a consolé dans
mes adversités : quelle eut été mon ingratitude , si je n'eusse pas rapporté à une
Compagnie si digne de respect et d'amour
tout ce qui étoit relatif à une chose entreprise sous ses auspices ? L'Académie des
Sciences devoit donc être dépositaire de
ces faits. Je ne crois pas pour cela avoir
manqué en rien à celle de S. Côme , je défie qu'on puisse me rien reprocher à cet
égard , et mon zele pour seconder les intentions des premiers Chirurgiens du
Roi
NOVEMBRE. 1732 2407
Roi dans ce nouvel et utile établissement,
est trop éclatant pour cela.
Voilà , M. ce que j'ai à répondre à la
Lettre de M. F. J. je ne crains point que
ses phrases sur le biengeneral , &c. en imposent au Public qui est présentement au
faitde tout le mistere. Je suis , Mon
sieur , &c.
AParis ,ce 1o. Novembre 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Morand à M. D. L. R. en réponse à celle de M. F. J. Chirurgien de Soissons, sur la Taille.
M. Morand répond à la lettre de M. F. J., chirurgien de Soissons, publiée dans le Mercure, concernant la méthode de la taille latérale. Il reconnaît n'avoir pas suffisamment distingué la méthode de M. Foubert de celle de M. Cheselden dans sa précédente lettre. Depuis juillet 1731, six opérations supplémentaires ont été réalisées selon la méthode de Cheselden, dont cinq ont été couronnées de succès. Morand mentionne également une opération récente où il a retiré une pierre de la taille d'un abricot avec succès. Morand justifie la publication des détails des opérations en soulignant que toute nouvelle méthode nécessite des preuves concrètes. Il cite des exemples de chirurgiens célèbres qui ont également publié leurs résultats. Ses publications visent à établir la méthode de Cheselden en France et à répondre aux critiques cherchant à discréditer cette technique. Il affirme que ses publications sont nécessaires pour contrer les attaques contre la méthode de Cheselden et pour informer le public des succès obtenus. Morand exprime sa reconnaissance envers l'Académie Royale des Sciences pour son soutien et son examen équitable de ses opérations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 2447-2449
Rentrée des Académies, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredi 12. de ce mois, l'Académie Royale des Sciences se rassembla, et cette Assemblée [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Mémoire, Académie des Belles-Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Rentrée des Académies, &c. [titre d'après la table]
Le Mercredi 12. de ce mois , l'Académie
Royale des Sciences se rassembla , et cette Assemblée , selon la coûtume , fut publique. M. de
Fontenelle ouvrit d'abord la séance par l'éloge
de M. Ruisk , celébre Anatomiste Hollandois
et l'un des Associez Etrangers de cette Académie,
11
2448 MERCURE DE FRANCE
il fut suivi de l'éloge de M. Chirac , Premier
Médecin du Roi , et Associé libre de l'Académie l'un et l'autre morts dans le courant de
cette année.
;
M. Pitot lût ensuite un Mémoire , dans lequel
il donne la description d'un Instrument qu'il a
inventé , pour mesurer dans tous les Fleuves et Rivieres , la vitesse de l'eau , non- seulement à
leurs surfaces supérieures , mais à telle profon
deur qu'on voudra.
•
· M. de la Condamine lût un Extrait de diverses
Observations d'Astronomie sur diverses matieres de Physique , sur la Navigation , faites
pendant le cours de son Voyage du Levant sur
les Vaisseaux du Roi en 1731. Il fit voir à la
Compagnie plusieurs Cartes Géographiques Turques , nouvellement gravées à la nouvelle Imprimerie de Constantinople , et donna une idée
de l'état des Sciences et des Arts d'Europe dans
cette Capitale de l'Empire Ottoman ; il attribua
le peu de progrès qu'y font les Turcs au manque de societé qui est entr'eux , et à leur défaut
de curiosité qui est une suite de l'éloignement et
du mépris que leur éducation leur inspire pour tous les Etrangers.
Le Vendredi 14 Novembre , l'Académie des
Belles-Lettres tint son Assemblée publique au
Louvre, et M. le Cardinal de Polignac y présida,
en l'absence de M. le Cardinal de Rohan.
M. l'Abbé Sevin fit l'ouverture de la Scéance
par un Discours plein de sçavantes recherches sar la Vie et les Ouvrages de Thrasylle , grand
Phylosophe et célébre Astrologue , qui vivoit du
temps d'Auguste et de Tibére.
A cette lecture succeda celle d'un autre Discours
NOVEMBRE. 1732. 2449
cours de M. Blanchard , sur les Sybarites.
Ensuite, M. Hardion lût une premiere Disserration sur l'origine et les progrès de la Rhétori- que , dans la Grece.
M. Freret termina la Scéance par la lecture
d'un Discours sur un Phænomene observé dans
le Ciel du tems d'Ogygere.
Royale des Sciences se rassembla , et cette Assemblée , selon la coûtume , fut publique. M. de
Fontenelle ouvrit d'abord la séance par l'éloge
de M. Ruisk , celébre Anatomiste Hollandois
et l'un des Associez Etrangers de cette Académie,
11
2448 MERCURE DE FRANCE
il fut suivi de l'éloge de M. Chirac , Premier
Médecin du Roi , et Associé libre de l'Académie l'un et l'autre morts dans le courant de
cette année.
;
M. Pitot lût ensuite un Mémoire , dans lequel
il donne la description d'un Instrument qu'il a
inventé , pour mesurer dans tous les Fleuves et Rivieres , la vitesse de l'eau , non- seulement à
leurs surfaces supérieures , mais à telle profon
deur qu'on voudra.
•
· M. de la Condamine lût un Extrait de diverses
Observations d'Astronomie sur diverses matieres de Physique , sur la Navigation , faites
pendant le cours de son Voyage du Levant sur
les Vaisseaux du Roi en 1731. Il fit voir à la
Compagnie plusieurs Cartes Géographiques Turques , nouvellement gravées à la nouvelle Imprimerie de Constantinople , et donna une idée
de l'état des Sciences et des Arts d'Europe dans
cette Capitale de l'Empire Ottoman ; il attribua
le peu de progrès qu'y font les Turcs au manque de societé qui est entr'eux , et à leur défaut
de curiosité qui est une suite de l'éloignement et
du mépris que leur éducation leur inspire pour tous les Etrangers.
Le Vendredi 14 Novembre , l'Académie des
Belles-Lettres tint son Assemblée publique au
Louvre, et M. le Cardinal de Polignac y présida,
en l'absence de M. le Cardinal de Rohan.
M. l'Abbé Sevin fit l'ouverture de la Scéance
par un Discours plein de sçavantes recherches sar la Vie et les Ouvrages de Thrasylle , grand
Phylosophe et célébre Astrologue , qui vivoit du
temps d'Auguste et de Tibére.
A cette lecture succeda celle d'un autre Discours
NOVEMBRE. 1732. 2449
cours de M. Blanchard , sur les Sybarites.
Ensuite, M. Hardion lût une premiere Disserration sur l'origine et les progrès de la Rhétori- que , dans la Grece.
M. Freret termina la Scéance par la lecture
d'un Discours sur un Phænomene observé dans
le Ciel du tems d'Ogygere.
Fermer
Résumé : Rentrée des Académies, &c. [titre d'après la table]
Le 12 novembre 1732, l'Académie Royale des Sciences organisa une assemblée publique. M. de Fontenelle rendit hommage à M. Ruisk, anatomiste hollandais, et à M. Chirac, Premier Médecin du Roi, tous deux décédés. M. Pitot présenta un instrument pour mesurer la vitesse de l'eau dans les fleuves. M. de la Condamine partagea ses observations astronomiques et physiques réalisées en 1731 et discuta des sciences et des arts en Europe à Constantinople, attribuant le manque de progrès des Turcs à leur manque de société et de curiosité envers les étrangers. Le 14 novembre, l'Académie des Belles-Lettres tint une assemblée au Louvre, présidée par le Cardinal de Polignac. L'Abbé Sevin parla de Thrasylle, philosophe et astrologue. M. Blanchard discuta des Sybarites, M. Hardion de l'origine de la rhétorique en Grèce, et M. Freret d'un phénomène céleste observé du temps d'Ogygere.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
50
p. 2599-2605
EXTRAIT du Memoire de M. Pitot, contenant la Description d'une Machine pour mesurer la vitesse des Eaux courantes, et le chemin ou le sillage des Vaisseaux; lû à la Rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences, le lendemain de la S. Martin, 12. Novembre 1732.
Début :
Mr Pitot commence son Memoire par quelques Refléxions sur les ravages [...]
Mots clefs :
Vitesse, Machine, Eaux , Académie royale des sciences, Force, Courant, Navigation, Tube, Hydrauliques, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire de M. Pitot, contenant la Description d'une Machine pour mesurer la vitesse des Eaux courantes, et le chemin ou le sillage des Vaisseaux; lû à la Rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences, le lendemain de la S. Martin, 12. Novembre 1732.
EXTRAITdu Memoire de M.Pitot ,
contenant la Description d'une Machine
pour mesurer la vitesse des Eaux courantes , et le chemin ou le sillage des
Vaisseaux ; lû à la Rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences , le
lendemain de la S. Martin , 12. Novembre 1732.
Pitot commence son Memoire
Mpar quelques Reflexions sur les ravages que causent la plupart des Fleuves et des Rivieres , par leurs changemens de lit et leurs débordemens. Que
pour construire utilement des Ouvrages
capables de prévenir ces désordres , comme des Levées , des Digues , des Jettées ,
il est important de connoître le degré
de force ou de vitesse du courant de l'eau,
de voir l'endroit du Fleuve où le courant
est le plus rapide , et de déterminer la direction du fil de l'eau. Il y a un grand
nombre d'autres occasions ( ajoûte M. Pitot ) où l'on a besoin de connoître la
1. Vala DY vitesse
2600 MERCURE DE FRANCE
vitesse des eaux des Rivieres , des Aque
ducs , des Ruisseaux , des Fontaines , soit
par la mesure de la jauge des mêmes
eaux, ce qui arrive fort souvent pour des
Projets de Canaux de Navigation , soit
pour connoître la force des eaux sur les
roues de Moulin ou de toute autre Machine muë par des courans d'eau, et connoître leurs effets ou leur produit ; soit
enfin pour déterminer l'endroit le plus
avantageux d'une Riviere pour placer ces
mêmes Machines.
M. Pitor explique ensuite la Methode
dont on s'est servi jusqu'à present pour
mesurer la vitesse des eaux courantes , et
expose les inconveniens de cette Méthode , dont les plus considerables sont de
ne pouvoir pas connoître la vitesse de
l'eau dans les endroits où il importe le
plus de la connoître , comme à l'entrée
ou à la sortie d'une Arche de Pont , &c.
La question de sçavoir si la vitesse des
caux vers le fond des Rivieres , est plus
grande ou plus petite qu'à leurs surfaces,
est curieuse et a souvent partagé les sentimens des Sçavans ; car suivant les loix
des Hydroliques , la vitesse des eaux vers
le fond doit être plus grande qu'à la surface; mais d'un autre côté les frottemens
des eaux contre le fond et les bords des
J. Vol Rivieres
DECEMBRE. 1732 2601
Rivieres , sont si considerables , que suivant les Démonstrations de M. Pitot , sans
les frottemens , la vitesse des eaux des
Fleuves seroit vingt ou trente fois plus
grande qu'elle n'est réellement. Ainsi
sans les frottemens , presque toutes les
eaux courantes seroient des Torrens affreux dont on ne tireroit aucun avan
tage.
au
Toutes ces questions également utiles
et curieuses , peuvent être éclaircies sur
le champ avec une grande facilité ,
moyen de l'Instrument proposé par M.Pitot; l'opération en est aussi simple que
celle de plonger un bâton dans l'eau et de
le retirer. Par cette Machine , ajoûte l'Académicien , on mesurera la juste quan
tité de la vitesse des eaux à telle profondeur qu'on voudra , et cela aussi aisément qu'à leur surface. On mesurera aussi
la vitesse de l'eau à l'entrée et à la sortie
des Arches de Pont , et il sera toûjours
aisé de trouver l'endroit du courant où
elle est la plus grande.
Cette Machine est très simple , M. Pitot la construit de deux façons ; la premiere consiste à un Tube de verre recourbé par un bout en entonnoir , ce Tube est log: dans une rénure faite à une
tringle de bois , taillée en prisme trianJ₂ Vola Dvj gulaire
4602 MERCURE DE FRANCE
gulaire. Les vitesses sont marquées en
pieds par seconde de temps , sur une
regle de cuivre qu'on peut arrêter le long
de la tringle ; à la seconde Machine , il
y a deux Tubes de verre , dont l'un n'est
pas recourbé et sért pour marquer le niveau de l'eau. Mais pour donner une description exacte et complette de ces Machines , il faudroit joindre ici des figures
et entrer dans des détails que nous renvoyons au Mémoire de l'Auteur.
Après la Description de la Machine et
'des moyens de s'en servir pour les eaux
coutantes , M. Pitot rapporte plusieurs
Experiences qu'il a faites sur les Ponts
de Paris , et dans plusieurs autres endroits de la Seine , où il a pris la vitesse
des eaux , tant à leurs surfaces que dans
le fond. Un des principaux résultats de
ces Experiences est qu'en general la vi--
tesse des eaux va en diminuant vers le
fond , sur tout aux endroits où elle est
le plus rapide vers la surface , il se trouve
aussi dans quelques endroits des mouvemens d'eau en tourbillon qui sont cachez¸
pour ainsi-dire , dans l'interieur des eaux,
mais que la Machine fait découvrir aisé
ment.
M. Pitot ajoûte encore à l'usage de sa
Machine , qu'on pourra faire plusieurs
LeVol. autres
་ DECEMBRE. 1732: 2603
·
autres Observations sur les eaux courant
res , utiles et curieuses , pour connoître
par exemple , la vitesse moyenne du total
des eaux d'une Riviere. Pour sçavoir si
les augmentations de vitesse sont proportionnelles aux accroissemens des eaux
ou dans quel rapport , pour voir quelle
est la relation entre les volumes d'eau es
la quantité des frottemens , &c. De-là
M. Pitot passe à la démonstration de l'effet de la Machine , il fait voir que cet
effet n'est qu'une application très-simple
du principe ou de la loi fondamentale
des Hydrauliques et du mouvement des
eaux ; application dont vrai-semblablement personne ne s'étoit encore avisé
elle est même très heureuse pour avoir
de justes déterminations. Car les vitesses
des eaux sont mesurées à cette Machine
par les élevations ou ascensions de l'eau,
et par le principe , les élevations de l'eau
sont comme les quarres des vitesses , une
vitesse double donne une hauteur quadruple ; une vitesse triple donne une hauteur neuffois plus grande ; ainsi le moindre changement de vitesse se fait connoître sur la Machine, par des differences très-sensibles. Après les Démonstrations de l'effet de la Machine , M. Pitot
donne les regles pour avoir les vitesses
1. Vol des
2604 MERCURE DE FRANCE
des eaux courantes en pieds et pouces par
seconde de temps relative aux élevations
de l'eau , et il a joint une Tablede toutes
les vitesses en pieds et pouces , correspon
dantes aux élevations de l'eau de pouces
en pouces et même de ligne en ligne.
Mais l'application la plus importante
et la plus utile que M. Pitot prétend qu'on
peut tirer de cette découverte , c'est la
connoissance et la mesure du chemin ou
du sillage des Vaisseaux ; ' il espere que
les Officiers de Marine et les Pilotes ,--les
plus obstinez à ne pas recevoir des nouveautez , seront forcez de convenir qu'on
n'a rien fait jusques à present , de plus
sûr et de plus commode pour mesurer
exactement la vitesse des Vaisseaux. Mais
il n'a point encore déterminé la meil
lure façon de placer sa Machine sur le
Vaisseau , elle ne consistera qu'en deux
petits tuyaux fixes , à l'un desquels on
verra le chemin du Vaisseau en toises par
minutes et par heures , comme l'on voit
les dégrez de chaleur à un Thermometre.
Enfin , M. Fitor finit son Memoire en
rapportant quelques Experiences qui ont
rapport au Sillage des Vaisseaux , ayant
remonté la Riviere sur un petit Bateau
à la voile par un ass z grand vent et
mesuré avec sa Machine le chemin du.
MI.Vol Batcaus
DECEMBRE. 1732. 2605
Bateau ; il assure que ces Experiences
lui ont réussi au- delà de son attente , les
mouvemens du Bateau causez par degrosses vagues , ne causent aucuns obstacles
à l'effet de la Machine , et il est convaincu qu'il n'y aura rien à craindre
non plus de la part des Roulis et du Tangage des Vaisseaux , ce qui´est extréme
ment avantageux.
contenant la Description d'une Machine
pour mesurer la vitesse des Eaux courantes , et le chemin ou le sillage des
Vaisseaux ; lû à la Rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences , le
lendemain de la S. Martin , 12. Novembre 1732.
Pitot commence son Memoire
Mpar quelques Reflexions sur les ravages que causent la plupart des Fleuves et des Rivieres , par leurs changemens de lit et leurs débordemens. Que
pour construire utilement des Ouvrages
capables de prévenir ces désordres , comme des Levées , des Digues , des Jettées ,
il est important de connoître le degré
de force ou de vitesse du courant de l'eau,
de voir l'endroit du Fleuve où le courant
est le plus rapide , et de déterminer la direction du fil de l'eau. Il y a un grand
nombre d'autres occasions ( ajoûte M. Pitot ) où l'on a besoin de connoître la
1. Vala DY vitesse
2600 MERCURE DE FRANCE
vitesse des eaux des Rivieres , des Aque
ducs , des Ruisseaux , des Fontaines , soit
par la mesure de la jauge des mêmes
eaux, ce qui arrive fort souvent pour des
Projets de Canaux de Navigation , soit
pour connoître la force des eaux sur les
roues de Moulin ou de toute autre Machine muë par des courans d'eau, et connoître leurs effets ou leur produit ; soit
enfin pour déterminer l'endroit le plus
avantageux d'une Riviere pour placer ces
mêmes Machines.
M. Pitor explique ensuite la Methode
dont on s'est servi jusqu'à present pour
mesurer la vitesse des eaux courantes , et
expose les inconveniens de cette Méthode , dont les plus considerables sont de
ne pouvoir pas connoître la vitesse de
l'eau dans les endroits où il importe le
plus de la connoître , comme à l'entrée
ou à la sortie d'une Arche de Pont , &c.
La question de sçavoir si la vitesse des
caux vers le fond des Rivieres , est plus
grande ou plus petite qu'à leurs surfaces,
est curieuse et a souvent partagé les sentimens des Sçavans ; car suivant les loix
des Hydroliques , la vitesse des eaux vers
le fond doit être plus grande qu'à la surface; mais d'un autre côté les frottemens
des eaux contre le fond et les bords des
J. Vol Rivieres
DECEMBRE. 1732 2601
Rivieres , sont si considerables , que suivant les Démonstrations de M. Pitot , sans
les frottemens , la vitesse des eaux des
Fleuves seroit vingt ou trente fois plus
grande qu'elle n'est réellement. Ainsi
sans les frottemens , presque toutes les
eaux courantes seroient des Torrens affreux dont on ne tireroit aucun avan
tage.
au
Toutes ces questions également utiles
et curieuses , peuvent être éclaircies sur
le champ avec une grande facilité ,
moyen de l'Instrument proposé par M.Pitot; l'opération en est aussi simple que
celle de plonger un bâton dans l'eau et de
le retirer. Par cette Machine , ajoûte l'Académicien , on mesurera la juste quan
tité de la vitesse des eaux à telle profondeur qu'on voudra , et cela aussi aisément qu'à leur surface. On mesurera aussi
la vitesse de l'eau à l'entrée et à la sortie
des Arches de Pont , et il sera toûjours
aisé de trouver l'endroit du courant où
elle est la plus grande.
Cette Machine est très simple , M. Pitot la construit de deux façons ; la premiere consiste à un Tube de verre recourbé par un bout en entonnoir , ce Tube est log: dans une rénure faite à une
tringle de bois , taillée en prisme trianJ₂ Vola Dvj gulaire
4602 MERCURE DE FRANCE
gulaire. Les vitesses sont marquées en
pieds par seconde de temps , sur une
regle de cuivre qu'on peut arrêter le long
de la tringle ; à la seconde Machine , il
y a deux Tubes de verre , dont l'un n'est
pas recourbé et sért pour marquer le niveau de l'eau. Mais pour donner une description exacte et complette de ces Machines , il faudroit joindre ici des figures
et entrer dans des détails que nous renvoyons au Mémoire de l'Auteur.
Après la Description de la Machine et
'des moyens de s'en servir pour les eaux
coutantes , M. Pitot rapporte plusieurs
Experiences qu'il a faites sur les Ponts
de Paris , et dans plusieurs autres endroits de la Seine , où il a pris la vitesse
des eaux , tant à leurs surfaces que dans
le fond. Un des principaux résultats de
ces Experiences est qu'en general la vi--
tesse des eaux va en diminuant vers le
fond , sur tout aux endroits où elle est
le plus rapide vers la surface , il se trouve
aussi dans quelques endroits des mouvemens d'eau en tourbillon qui sont cachez¸
pour ainsi-dire , dans l'interieur des eaux,
mais que la Machine fait découvrir aisé
ment.
M. Pitot ajoûte encore à l'usage de sa
Machine , qu'on pourra faire plusieurs
LeVol. autres
་ DECEMBRE. 1732: 2603
·
autres Observations sur les eaux courant
res , utiles et curieuses , pour connoître
par exemple , la vitesse moyenne du total
des eaux d'une Riviere. Pour sçavoir si
les augmentations de vitesse sont proportionnelles aux accroissemens des eaux
ou dans quel rapport , pour voir quelle
est la relation entre les volumes d'eau es
la quantité des frottemens , &c. De-là
M. Pitot passe à la démonstration de l'effet de la Machine , il fait voir que cet
effet n'est qu'une application très-simple
du principe ou de la loi fondamentale
des Hydrauliques et du mouvement des
eaux ; application dont vrai-semblablement personne ne s'étoit encore avisé
elle est même très heureuse pour avoir
de justes déterminations. Car les vitesses
des eaux sont mesurées à cette Machine
par les élevations ou ascensions de l'eau,
et par le principe , les élevations de l'eau
sont comme les quarres des vitesses , une
vitesse double donne une hauteur quadruple ; une vitesse triple donne une hauteur neuffois plus grande ; ainsi le moindre changement de vitesse se fait connoître sur la Machine, par des differences très-sensibles. Après les Démonstrations de l'effet de la Machine , M. Pitot
donne les regles pour avoir les vitesses
1. Vol des
2604 MERCURE DE FRANCE
des eaux courantes en pieds et pouces par
seconde de temps relative aux élevations
de l'eau , et il a joint une Tablede toutes
les vitesses en pieds et pouces , correspon
dantes aux élevations de l'eau de pouces
en pouces et même de ligne en ligne.
Mais l'application la plus importante
et la plus utile que M. Pitot prétend qu'on
peut tirer de cette découverte , c'est la
connoissance et la mesure du chemin ou
du sillage des Vaisseaux ; ' il espere que
les Officiers de Marine et les Pilotes ,--les
plus obstinez à ne pas recevoir des nouveautez , seront forcez de convenir qu'on
n'a rien fait jusques à present , de plus
sûr et de plus commode pour mesurer
exactement la vitesse des Vaisseaux. Mais
il n'a point encore déterminé la meil
lure façon de placer sa Machine sur le
Vaisseau , elle ne consistera qu'en deux
petits tuyaux fixes , à l'un desquels on
verra le chemin du Vaisseau en toises par
minutes et par heures , comme l'on voit
les dégrez de chaleur à un Thermometre.
Enfin , M. Fitor finit son Memoire en
rapportant quelques Experiences qui ont
rapport au Sillage des Vaisseaux , ayant
remonté la Riviere sur un petit Bateau
à la voile par un ass z grand vent et
mesuré avec sa Machine le chemin du.
MI.Vol Batcaus
DECEMBRE. 1732. 2605
Bateau ; il assure que ces Experiences
lui ont réussi au- delà de son attente , les
mouvemens du Bateau causez par degrosses vagues , ne causent aucuns obstacles
à l'effet de la Machine , et il est convaincu qu'il n'y aura rien à craindre
non plus de la part des Roulis et du Tangage des Vaisseaux , ce qui´est extréme
ment avantageux.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire de M. Pitot, contenant la Description d'une Machine pour mesurer la vitesse des Eaux courantes, et le chemin ou le sillage des Vaisseaux; lû à la Rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences, le lendemain de la S. Martin, 12. Novembre 1732.
Le mémoire de M. Pitot, présenté à l'Académie Royale des Sciences le 12 novembre 1732, introduit une machine destinée à mesurer la vitesse des eaux courantes et le sillage des vaisseaux. Pitot met en avant les dommages causés par les fleuves et rivières en raison de leurs changements de lit et de leurs débordements, soulignant l'importance de connaître la vitesse du courant pour construire des ouvrages de prévention tels que des levées, des digues et des jetées. Pitot identifie plusieurs situations nécessitant la mesure de la vitesse des eaux, comme la jauge des eaux pour des projets de canaux, l'évaluation de la force des eaux sur les roues de moulin, ou la détermination des emplacements optimaux pour des machines hydrauliques. Il critique les méthodes existantes, notant qu'elles ne permettent pas de mesurer la vitesse dans des endroits critiques, comme à l'entrée ou à la sortie d'une arche de pont. Il aborde également la controverse sur la vitesse des eaux au fond des rivières par rapport à leur surface, en tenant compte des lois hydroliques et des frottements. La machine proposée par Pitot permet de mesurer la vitesse des eaux à différentes profondeurs et dans des endroits spécifiques, comme les arches de pont. Elle est composée de tubes de verre et de règles graduées. Pitot décrit plusieurs expériences réalisées sur la Seine, montrant que la vitesse des eaux diminue généralement vers le fond. Il mentionne également l'application de sa machine pour mesurer le sillage des vaisseaux, espérant que les officiers de marine reconnaîtront son utilité. Pitot conclut en rapportant des expériences réussies sur le sillage des bateaux, affirmant que les mouvements causés par les vagues n'affectent pas l'efficacité de la machine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer