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1
p. 164-167
Article de Marine. [titre d'après la table]
Début :
J'oubliay le mois passé lors que je fermay ma Lettre, d'y [...]
Mots clefs :
Marine, Commandant, Bâtiment, Capitaine, Corsaire
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texteReconnaissance textuelle : Article de Marine. [titre d'après la table]
J'oubliay le mois paffé lors
que je fermay ma Lettre , d'y
mettre les Articles de Marine
que vous allez lire.
De Dunkerque le 6. Mars.
Les Vaiffeaux du Roy l'Augufte & le Blackwal , ont amené
un Baftiment Hollandois char
gé de Moruë.
De Bordeaux le 8. Mars.
Le Vaiffeau la -Bellone de
Bordeauxya conduit une Priſe
CALANT 165
Angloife nommée l'Agnés de
Glafcom, chargée de Sucre , de
Cotton, & de Gingembre , venant d'Antigue , Ifle Angloife.
De Breft le 10. Mars.
Mr Hamel Commandant
la Fregatte du Roy la Victoire,
a pris le Navire l'Ecureuil , venant de Ligourne chargé de
vin de Florence & de marbre ,
deſtiné pour Londres , aprés
une heure de Combat dans lequel Mr Hamel a eu trois
hommes tuez & cinq bleffez.
166 MERCURE
De Calais le z2 . Mars
Le Capitaine Mathieu Car--
don Commandant le Corfaire
nommé le Maréchal de Boufflers, a pris un Baftiment Hol
landois de 70. tonneaux fortant de Rotterdam pour
Aberdein, Nord- d'Angleterre,
chargé de briques , poteries
chanvres , papiers , fil de fer ,
peintures , & épiceries.
aller à
,
Le Capitaine Alexandre
Dalzel Commandant le Dogre
l'Experience , a amené une rançon de 32 50. livres.
GALANT 167
De S. Malo le 5. Mars.
Le Corfaire le Chaffeura pris
un Paquebot Anglois venant
de Lifbonne , fur lequel il y
avoit plufieurs Officiers de cette Nation , deux Suedois , &
quatre Marchands Hollandoispaffagers.
LaMarguerite a repris deux
Barques chargées de vin de
Bordeaux qui avoient eſté enlevées par des Corfaires de
Jerfé.
que je fermay ma Lettre , d'y
mettre les Articles de Marine
que vous allez lire.
De Dunkerque le 6. Mars.
Les Vaiffeaux du Roy l'Augufte & le Blackwal , ont amené
un Baftiment Hollandois char
gé de Moruë.
De Bordeaux le 8. Mars.
Le Vaiffeau la -Bellone de
Bordeauxya conduit une Priſe
CALANT 165
Angloife nommée l'Agnés de
Glafcom, chargée de Sucre , de
Cotton, & de Gingembre , venant d'Antigue , Ifle Angloife.
De Breft le 10. Mars.
Mr Hamel Commandant
la Fregatte du Roy la Victoire,
a pris le Navire l'Ecureuil , venant de Ligourne chargé de
vin de Florence & de marbre ,
deſtiné pour Londres , aprés
une heure de Combat dans lequel Mr Hamel a eu trois
hommes tuez & cinq bleffez.
166 MERCURE
De Calais le z2 . Mars
Le Capitaine Mathieu Car--
don Commandant le Corfaire
nommé le Maréchal de Boufflers, a pris un Baftiment Hol
landois de 70. tonneaux fortant de Rotterdam pour
Aberdein, Nord- d'Angleterre,
chargé de briques , poteries
chanvres , papiers , fil de fer ,
peintures , & épiceries.
aller à
,
Le Capitaine Alexandre
Dalzel Commandant le Dogre
l'Experience , a amené une rançon de 32 50. livres.
GALANT 167
De S. Malo le 5. Mars.
Le Corfaire le Chaffeura pris
un Paquebot Anglois venant
de Lifbonne , fur lequel il y
avoit plufieurs Officiers de cette Nation , deux Suedois , &
quatre Marchands Hollandoispaffagers.
LaMarguerite a repris deux
Barques chargées de vin de
Bordeaux qui avoient eſté enlevées par des Corfaires de
Jerfé.
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Résumé : Article de Marine. [titre d'après la table]
En mars, plusieurs événements maritimes notables ont été rapportés. À Dunkerque, le 6 mars, les vaisseaux Auguste et Blackwall ont capturé un navire hollandais chargé de morue. À Bordeaux, le 8 mars, La Bellone a conduit une prise anglaise, l'Agnès de Glascom, chargée de sucre, de coton et de gingembre, en provenance d'Antigua. À Brest, le 10 mars, la frégate La Victoire, commandée par M. Hamel, a pris le navire L'Écureuil, venant de Livourne et chargé de vin de Florence et de marbre destiné à Londres, après un combat ayant causé trois morts et cinq blessés. À Calais, le 22 mars, le corsaire Le Maréchal de Boufflers a capturé un bâtiment hollandais de 70 tonneaux en provenance de Rotterdam à destination d'Aberdeen, chargé de divers produits. Le capitaine Alexandre Dalzel a amené une rançon de 32 500 livres. À Saint-Malo, le 5 mars, le corsaire Le Chasseur a pris un paquebot anglais venant de Lisbonne avec plusieurs passagers, et La Marguerite a repris deux barques chargées de vin de Bordeaux enlevées par des corsaires de Jersey.
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2
p. 17-30
Nouvelles de Juin. [titre d'après la table]
Début :
De Paris le 26. Juin. LE 22. AVRIL la Ville [...]
Mots clefs :
Brigadier, Camp, Commandant, Versailles, Ratisbonne, Paris, Camp de Corbins
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Juin. [titre d'après la table]
De Paris le z6.Juin.
*
LE ZI. AVRIL la Ville
de Douay a esté investie par
les Alliez.
LA NUIT DU 4.AU 5. JUIN
la tranchéeaesté ouverte.
LE 29.JUIN laVilleaesté
renduë par Capitulation,
avec le Fort de Scarpe.
Mrle Comte d'Albergothy
,
Lieutenant General,
Commandant en Chef.
Mr de Pomereu, Gouverneur.
Mrde Valory, Maréchal
de Camp, & Commandant
les Ingénieurs.
Mr le Comte de Dreux,
Maréchal de Camp.
M1le Duc de Mortemar,
Brigadier General d'Infanterie.
Mrle Comte de Lagnion,
Brigadier.
MrdeChastenay, Brigadier.
M' le Chevalier de Saucourt,
Commandant l'Artillerie.
Les Maréchaux de Camp
ont esté faits Lieutenans
Generaux.
ï M1 k Duc de Mortemar
aété faitMaréchal de Camp.
Mrle Marquis de Lille,
Colonel, a esté fait Brigadier.
Mrle Chevalier de Villouvet,
Colonel, a este fait Brigadier.
Il n'y avoit dans la Place
que 7500. hommes.
Le corps d'Armée détaché
pour le siege
,
estoit
composé de 40. Bataillons
& de 40. Escadrons.
Leur Artillerie estoit de
70. pieces de canori, & de
80.mortiers ou pieriers.
Les Assiegeans ont perdu
8. à 9000. hommes.
On a fait 32.sorties.
La droite de l'Ataque c*
toit commandée par lePrince
d'Anhalt-Dessau,& la
gauche par le Prince d'Orange.
L'Armée d'observation;
commandée par le Prince
Eugene,& par Milord Mari..
borough.
Je distingue les moindres
circonstances par
Articles, pour en faclliter
la recherche.
Je mets en forme de
Table la date des Lettres
davis, & à la teste de
chaque Articleladate du
fait dont il s'agit.Voicy,
par exemple, l'arrangement
que je suivray pour
les dates.
JDt Versailles le y. Juin.
LE 5. JUIN Monsieur
le Cardinal de Noailles béniz
la nouvelle Chapelle du
Chasteau avec les ceremonies
ordinaires.
Du Camp de Corbins le
t 5.Juin.
•
LE2.JUIN, Dom Juan
Anronio d'Amezaga,commandant
un détachement
de tArmeeduRoy d'Espagne,
prit d'alTaut la Ville
, d'Estadilla.
De Paris le 6.Juin.
LE le Roy a donné
à Mr Coypel;la Charge de
Garde des Tableaux & des
Peintures de la Couronne.
Elle vacquoit par la mort de
Mr Oats.
De Paris le 6.Juin.
LE 6.JU1N Louisedela
Baulme le Blanc,Duchesse
de la Valliere, est morte
âgée de 67. ans au grand
Convent des Carmelites.
Elle y avoit pris l Habit de
Religion fous le nom de
Soeur Louise de la Misericorde,
& elle y avoic passé 36. ans
dans la pratique de la penitence
la plus austere, & de
toutesles vertus chrêtiennes.
DeRatisbonnele
LIl E.leDucHenry de
Saxe -
Reinhield est more
sans enfans. Le Duc Jean-
Ernest de Salfeld son frere,
& le Duc de Saxe -
Meincngen
son neveu, ont pris
possession de ses Etats. Le
Duc de Saxe- Gotha,aussi
neveu du défunt s'yest opposé.
DeVcrfailleslei LE13. JUIN le Roy
a donnél'Abbaye d'Haulmont
à Don Ansbert Petit.
De Versailles le 13.Juin
LE13 JUINle Roy a
donné l'Abbaye de VernaisonàMcduRouffecdela
Baume.
- DeVeifailles le 13, Juin,
LE13 JUIN leRoya
donné l'Abbaye de Sainte
Claire de Clermont à Mc
Dagrain.
DeVeifâillesIt13.Juin..
LE 13. JUIN le Roy
a donné le Doyenné de
Saint Omer à Mr l'Abbé
des Lyons, Grand - Vicaire
de Saint Omer.
1
C'estassez de Nouvelles
de fuite: je les interrompray
souvent par des
Ouvragesd'esprit ou par
des Historiettes
,
quand
j'enauray. Cettealternative
des-ennuyera également
certains beaux
Esprits que les Nouvelles
fatiguent,&certains
Nouvellistes qu'un Ouvrage
d'esprit fait bâiller.
La difficulté,C'est de
trouver une especed'ordre
pour arranger d'une
maniere amusante tant
de sujets differens ou opposez.
Je trouve cela si
difficile que je desespere
d'yréüssir. Un bel ordre
est bien plus aisé à trouver.
L'ord re a des réglés ;
mais un desordre agreable
n'a gueres d'autres réglés
que la variété &c le
goust.
La variété est une re,.
gleseure pour plaire; je
vous promets de varier
quand j'auray dequoy. A
l'égarddu goust, la regle
feure c'est quelegoust
d'un seul homme ne
sçauroit plaire à tous.
-
Je ne puis pourtant arranger
que selon mon
goust. J'ensuis fâché
: je
tâcheray de reparer le dé..
faut de l'arrangement
par le bon choix des
Ouvrages.
En donnant d'abord
quelques Pieces composées
par des Auteurs du
premier ordre, je prétens
rendre honorable la place
que je donneray dans
mon Mercure. Je prie
donc tous les excellents
Compositeurs de s'y placer
,
afin qu'il soit honteux
de n'y pas estre
,
à
tous ceux qui me refuseront
leurs Ouvrages.
*
LE ZI. AVRIL la Ville
de Douay a esté investie par
les Alliez.
LA NUIT DU 4.AU 5. JUIN
la tranchéeaesté ouverte.
LE 29.JUIN laVilleaesté
renduë par Capitulation,
avec le Fort de Scarpe.
Mrle Comte d'Albergothy
,
Lieutenant General,
Commandant en Chef.
Mr de Pomereu, Gouverneur.
Mrde Valory, Maréchal
de Camp, & Commandant
les Ingénieurs.
Mr le Comte de Dreux,
Maréchal de Camp.
M1le Duc de Mortemar,
Brigadier General d'Infanterie.
Mrle Comte de Lagnion,
Brigadier.
MrdeChastenay, Brigadier.
M' le Chevalier de Saucourt,
Commandant l'Artillerie.
Les Maréchaux de Camp
ont esté faits Lieutenans
Generaux.
ï M1 k Duc de Mortemar
aété faitMaréchal de Camp.
Mrle Marquis de Lille,
Colonel, a esté fait Brigadier.
Mrle Chevalier de Villouvet,
Colonel, a este fait Brigadier.
Il n'y avoit dans la Place
que 7500. hommes.
Le corps d'Armée détaché
pour le siege
,
estoit
composé de 40. Bataillons
& de 40. Escadrons.
Leur Artillerie estoit de
70. pieces de canori, & de
80.mortiers ou pieriers.
Les Assiegeans ont perdu
8. à 9000. hommes.
On a fait 32.sorties.
La droite de l'Ataque c*
toit commandée par lePrince
d'Anhalt-Dessau,& la
gauche par le Prince d'Orange.
L'Armée d'observation;
commandée par le Prince
Eugene,& par Milord Mari..
borough.
Je distingue les moindres
circonstances par
Articles, pour en faclliter
la recherche.
Je mets en forme de
Table la date des Lettres
davis, & à la teste de
chaque Articleladate du
fait dont il s'agit.Voicy,
par exemple, l'arrangement
que je suivray pour
les dates.
JDt Versailles le y. Juin.
LE 5. JUIN Monsieur
le Cardinal de Noailles béniz
la nouvelle Chapelle du
Chasteau avec les ceremonies
ordinaires.
Du Camp de Corbins le
t 5.Juin.
•
LE2.JUIN, Dom Juan
Anronio d'Amezaga,commandant
un détachement
de tArmeeduRoy d'Espagne,
prit d'alTaut la Ville
, d'Estadilla.
De Paris le 6.Juin.
LE le Roy a donné
à Mr Coypel;la Charge de
Garde des Tableaux & des
Peintures de la Couronne.
Elle vacquoit par la mort de
Mr Oats.
De Paris le 6.Juin.
LE 6.JU1N Louisedela
Baulme le Blanc,Duchesse
de la Valliere, est morte
âgée de 67. ans au grand
Convent des Carmelites.
Elle y avoit pris l Habit de
Religion fous le nom de
Soeur Louise de la Misericorde,
& elle y avoic passé 36. ans
dans la pratique de la penitence
la plus austere, & de
toutesles vertus chrêtiennes.
DeRatisbonnele
LIl E.leDucHenry de
Saxe -
Reinhield est more
sans enfans. Le Duc Jean-
Ernest de Salfeld son frere,
& le Duc de Saxe -
Meincngen
son neveu, ont pris
possession de ses Etats. Le
Duc de Saxe- Gotha,aussi
neveu du défunt s'yest opposé.
DeVcrfailleslei LE13. JUIN le Roy
a donnél'Abbaye d'Haulmont
à Don Ansbert Petit.
De Versailles le 13.Juin
LE13 JUINle Roy a
donné l'Abbaye de VernaisonàMcduRouffecdela
Baume.
- DeVeifailles le 13, Juin,
LE13 JUIN leRoya
donné l'Abbaye de Sainte
Claire de Clermont à Mc
Dagrain.
DeVeifâillesIt13.Juin..
LE 13. JUIN le Roy
a donné le Doyenné de
Saint Omer à Mr l'Abbé
des Lyons, Grand - Vicaire
de Saint Omer.
1
C'estassez de Nouvelles
de fuite: je les interrompray
souvent par des
Ouvragesd'esprit ou par
des Historiettes
,
quand
j'enauray. Cettealternative
des-ennuyera également
certains beaux
Esprits que les Nouvelles
fatiguent,&certains
Nouvellistes qu'un Ouvrage
d'esprit fait bâiller.
La difficulté,C'est de
trouver une especed'ordre
pour arranger d'une
maniere amusante tant
de sujets differens ou opposez.
Je trouve cela si
difficile que je desespere
d'yréüssir. Un bel ordre
est bien plus aisé à trouver.
L'ord re a des réglés ;
mais un desordre agreable
n'a gueres d'autres réglés
que la variété &c le
goust.
La variété est une re,.
gleseure pour plaire; je
vous promets de varier
quand j'auray dequoy. A
l'égarddu goust, la regle
feure c'est quelegoust
d'un seul homme ne
sçauroit plaire à tous.
-
Je ne puis pourtant arranger
que selon mon
goust. J'ensuis fâché
: je
tâcheray de reparer le dé..
faut de l'arrangement
par le bon choix des
Ouvrages.
En donnant d'abord
quelques Pieces composées
par des Auteurs du
premier ordre, je prétens
rendre honorable la place
que je donneray dans
mon Mercure. Je prie
donc tous les excellents
Compositeurs de s'y placer
,
afin qu'il soit honteux
de n'y pas estre
,
à
tous ceux qui me refuseront
leurs Ouvrages.
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Résumé : Nouvelles de Juin. [titre d'après la table]
En juin, plusieurs événements historiques marquants ont eu lieu. Le 21 avril, les alliés ont investi la ville de Douai. La tranchée a été ouverte la nuit du 4 au 5 juin, et la ville s'est rendue le 29 juin par capitulation, accompagnée du Fort de Scarpe. Les principaux commandants étaient le Comte d'Albergothy, Lieutenant Général et Commandant en Chef, ainsi que plusieurs autres officiers de haut rang. La garnison de Douai comptait 7 500 hommes, tandis que le corps d'armée assiégeant était composé de 40 bataillons et 40 escadrons, avec une artillerie de 70 pièces de canon et 80 mortiers. Les assiégeants ont subi des pertes de 8 000 à 9 000 hommes et ont effectué 32 sorties. Les attaques étaient commandées par le Prince d'Anhalt-Dessau à droite et le Prince d'Orange à gauche. L'armée d'observation était dirigée par le Prince Eugène et Milord Marlborough. Parallèlement, d'autres événements notables ont eu lieu. Le 5 juin, la nouvelle chapelle du Château de Versailles a été bénie par le Cardinal de Noailles. Le 2 juin, la ville d'Estadilla a été prise par Dom Juan Antonio d'Amezaga. Le 6 juin, Louise de La Baume Le Blanc, Duchesse de La Vallière, est décédée à l'âge de 67 ans. Le 13 juin, le Roi a fait plusieurs donations d'abbayes et de doyennés. Le texte mentionne également la mort du Duc Henry de Saxe-Reinhield et les disputes de succession qui en ont découlé. L'auteur exprime ses difficultés à organiser les nouvelles de manière amusante et variée, tout en promettant de présenter des œuvres d'auteurs de premier ordre.
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3
p. 102-108
MARINE. Avis de Prises.
Début :
De Toulon le premier Decembre 1710. Le sieur Desdons Capitaine [...]
Mots clefs :
Vaisseau, Tonneaux, Prises, Anglais, Capitaine, Capitaines, Commandant, Toulon, Calais, Livourne, Morlaix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARINE. Avis de Prises.
MARINE.
Avis de Prises.
De Toulon le premier Decembre
1 7 10.
Le sieur Desdons Capitaine
de Brulot qui avoit armé
encourse le Vaisseau la Marie
Anne, a pris trois Vais-
[caux, sçavoir, deux Anglois,
chargez de morüe &
de bled, & le troisiéme
Hollandois,venantde Moscovie
,
destiné pour Livourne,
à l'abordage duquel le
Sr Desdons a cité tué par le
dernier coup de Canon qui
en futtiré.
Cette prise est estimée
2.50000. livres.
De Calais le 5. Decembre
1710.
Le Capiraine Gavelle y a
amené un Batteau Anglois,
nommé le Samuel de Hastin
g.
Le Capitaine Guillaume
Cardon y a aussiamené une
Galliotte Hollandoise de 70
Tonneaux, nommée les
trois Amis dAmsterdam.
De Livourne le
1 g.. Novembre1710.
Le Capitaine Augier,
Commandant IcVaincau la
Fortune de la mer , a mené
à Livourne un Vaisseau
Hollandois, nommé la Galere
Sara-Maria, estimée
zjooo. écus.
Madame la Connestable
Doüairrere de Cologne. M.
le Connestable, M. son frere
& Mesdames leurs Epouses
qont presentement à Ligourne.
De Calais le 8. Decembre
1710.
Il yaesté amené 3. pri-.
qes, sçavoir
, une Barque
Suedoise de50 Tonneaux,
faice par les Capitaines
Marcq Teste
,
& Jean Hache.
La 2.
e. un Dogre de 50-
Tonneaux pris par les Capitaines
Bachelier & Live.
Et la 3 e.estune Galliotte
de
1 50 Tonneaux prispar
les Capitaines Dunet &autres
Corsairesde ce Port.
De Toulon le 2. Decembre
1710.
Le sieur de Pallas écrit
de Cadis qu'il y a conduit
deux prises, sçivoir un Vaisseau
de la Reine Anne de
30.Canons, dans lequelil
s'est trouve environ dix mil
piastres en or ,deux mil pia sstres
enmarchandises, 40.
bariques de vivres, & que
le corps du Vaisseau a esté
vendu 2010.piastres.
Et la 2e.un Vaisseau Anglois
de 70. Tonneaux.
Le sieur Grasson Commandant
le Faucon y a mené
aussi un Vaisseau Anglois
de 30. Canons chargé de
munitionsdeguerre,&un
Vaisseau Venitien,estimée
îjooo. piastres.
De Morlaix le 5. Decembre-
1710,
Les sieurs de Quernolle &£
Cambruah,Commandants
les Fregates la Couronne&
la Fidelle, y ont mené les prises
suivantes.
Le Henry de Bristol, le*
Vigilant de Montsara, le
Content de Falmouth
,
ô£
le Hopsvel de Guernezey.
Le ticur de Luzancy
Commandant une Fregate
du même nom, a conduit 4
prisesàl'Isle de Bas,
De Calais le 8. Decembre
1710.
Des Corsaires de Calais
y ont amené trois prises
nommées.
La Concorde de Christiania.
La Tour de Ahum.
L'Esperance de Drames.
Avis de Prises.
De Toulon le premier Decembre
1 7 10.
Le sieur Desdons Capitaine
de Brulot qui avoit armé
encourse le Vaisseau la Marie
Anne, a pris trois Vais-
[caux, sçavoir, deux Anglois,
chargez de morüe &
de bled, & le troisiéme
Hollandois,venantde Moscovie
,
destiné pour Livourne,
à l'abordage duquel le
Sr Desdons a cité tué par le
dernier coup de Canon qui
en futtiré.
Cette prise est estimée
2.50000. livres.
De Calais le 5. Decembre
1710.
Le Capiraine Gavelle y a
amené un Batteau Anglois,
nommé le Samuel de Hastin
g.
Le Capitaine Guillaume
Cardon y a aussiamené une
Galliotte Hollandoise de 70
Tonneaux, nommée les
trois Amis dAmsterdam.
De Livourne le
1 g.. Novembre1710.
Le Capitaine Augier,
Commandant IcVaincau la
Fortune de la mer , a mené
à Livourne un Vaisseau
Hollandois, nommé la Galere
Sara-Maria, estimée
zjooo. écus.
Madame la Connestable
Doüairrere de Cologne. M.
le Connestable, M. son frere
& Mesdames leurs Epouses
qont presentement à Ligourne.
De Calais le 8. Decembre
1710.
Il yaesté amené 3. pri-.
qes, sçavoir
, une Barque
Suedoise de50 Tonneaux,
faice par les Capitaines
Marcq Teste
,
& Jean Hache.
La 2.
e. un Dogre de 50-
Tonneaux pris par les Capitaines
Bachelier & Live.
Et la 3 e.estune Galliotte
de
1 50 Tonneaux prispar
les Capitaines Dunet &autres
Corsairesde ce Port.
De Toulon le 2. Decembre
1710.
Le sieur de Pallas écrit
de Cadis qu'il y a conduit
deux prises, sçivoir un Vaisseau
de la Reine Anne de
30.Canons, dans lequelil
s'est trouve environ dix mil
piastres en or ,deux mil pia sstres
enmarchandises, 40.
bariques de vivres, & que
le corps du Vaisseau a esté
vendu 2010.piastres.
Et la 2e.un Vaisseau Anglois
de 70. Tonneaux.
Le sieur Grasson Commandant
le Faucon y a mené
aussi un Vaisseau Anglois
de 30. Canons chargé de
munitionsdeguerre,&un
Vaisseau Venitien,estimée
îjooo. piastres.
De Morlaix le 5. Decembre-
1710,
Les sieurs de Quernolle &£
Cambruah,Commandants
les Fregates la Couronne&
la Fidelle, y ont mené les prises
suivantes.
Le Henry de Bristol, le*
Vigilant de Montsara, le
Content de Falmouth
,
ô£
le Hopsvel de Guernezey.
Le ticur de Luzancy
Commandant une Fregate
du même nom, a conduit 4
prisesàl'Isle de Bas,
De Calais le 8. Decembre
1710.
Des Corsaires de Calais
y ont amené trois prises
nommées.
La Concorde de Christiania.
La Tour de Ahum.
L'Esperance de Drames.
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Résumé : MARINE. Avis de Prises.
Entre novembre et décembre 1710, plusieurs prises maritimes ont été réalisées par des capitaines français. À Toulon, le 1er décembre, le capitaine Desdons a capturé trois vaisseaux, deux anglais et un hollandais, estimés à 250 000 livres, mais a été tué lors de l'opération. À Calais, le 5 décembre, le capitaine Gavelle a amené un bateau anglais, et le capitaine Guillaume Cardon a capturé une galiote hollandaise. À Livourne, le 19 novembre, le capitaine Augier a conduit un vaisseau hollandais estimé à 25 000 écus. Le 8 décembre, trois autres prises ont été amenées à Calais. À Toulon, le 2 décembre, le sieur de Pallas a conduit deux prises à Cadix, et le sieur Grasson a amené un vaisseau anglais et un vaisseau vénitien. À Morlaix, le 5 décembre, les capitaines de Quernolle et Cambruah ont mené plusieurs prises. Le sieur de Luzancy a conduit quatre prises à l'île de Batz. Enfin, des corsaires de Calais ont amené trois autres prises.
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4
p. 102-108
Nouvelles de Marine, [titre d'après la table]
Début :
Le sieur Févre, Commandant la Fregate le S. François de [...]
Mots clefs :
Bayonne, Le Havre, Calais, Dunkerque, Port, Capitaine, Roi, Navires, Commandant
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Marine, [titre d'après la table]
DeBayonne le 17. Decembre
1 7 10.
Le sieur Févre, Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo,a
pris ujn Vaisseau Port*ugais,
venantdu Bresil
d'environ600. Ton-,
neaux ,
qu'il a conduit à
Castres.
Du Havre leDécembre1710.
Deux prises Angloises,
l'unede120 Tonneaux,
& l'autre de 80. conduite
ce Port par la Frégate
laCouronne de S. Malo,
estimées 200000. livrçs.
r- 'y
f
DeCalais le 11. Décembre1710.
.-
Le Capitaine Marc-
Teste, Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouse,amené en ce
Port, une prise de 60.
l
Tonneaux , chargée de
t Beurre.
De Dunkerque le 7.y.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauss, a
conduit en ce Port,uné
priie Angloise,& a tire
d'une prise Portugaise,
faisant partie de la flotte
du Bresîl, 600. Caisses
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere, a pris un
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port.
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoyé Monsieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adressée pour
vous; je profite de cette occasion,
pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Saufs, Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite; il commande le Vad:"
seau l'Auguste, Mr Battement
le Blakoal,& Mr Pomet
le Prothée, &il s'estoit
joint à eux trois Corsaires
deCalais; ils ont rencontré
11.Navires Anglois venant
de la Virginie,escortez par
deux Vaisseaux de Guerre
de 36 , &40 Canons Mr
Saufs ayant fait signal d'abordage
, les convois ont
pris la'- suite avec 4 Navires
Marchands
,
dont deux fo
sont échouez & bruslez ;
quatorze ont ésté pris. Il
est aussi arrivé à Calaisquatreautres
prises faites par
des Corsaires de ce Port
chargées , de différentes Marchandises
,
dans lesquelles
Mr Sauffa part.
Mrsde la Jaillecommandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne&du Bois dela
Mothe commandant l'Argonaute,
ont pris trois Navires
Anglois. venant de la
nouvefter>York,chargez de
bled, farine & biscuirs;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venise
chargé de saumon & floc-J
fich,& un autre venant de
Ligourne, chargé debled ôc
de rit.
On a appris de Malthe
que le Commandeur de S
Aulaire, dela Maison de
Beaupoil,Capitaine de Vaisseau
du Roy, Secretaire des
Commandemens & Grand
Maistre pour les affaires de
France, son Grand Ecuyer,
& Gouverneur de cette Ville,
aesté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
1 7 10.
Le sieur Févre, Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo,a
pris ujn Vaisseau Port*ugais,
venantdu Bresil
d'environ600. Ton-,
neaux ,
qu'il a conduit à
Castres.
Du Havre leDécembre1710.
Deux prises Angloises,
l'unede120 Tonneaux,
& l'autre de 80. conduite
ce Port par la Frégate
laCouronne de S. Malo,
estimées 200000. livrçs.
r- 'y
f
DeCalais le 11. Décembre1710.
.-
Le Capitaine Marc-
Teste, Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouse,amené en ce
Port, une prise de 60.
l
Tonneaux , chargée de
t Beurre.
De Dunkerque le 7.y.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauss, a
conduit en ce Port,uné
priie Angloise,& a tire
d'une prise Portugaise,
faisant partie de la flotte
du Bresîl, 600. Caisses
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere, a pris un
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port.
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoyé Monsieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adressée pour
vous; je profite de cette occasion,
pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Saufs, Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite; il commande le Vad:"
seau l'Auguste, Mr Battement
le Blakoal,& Mr Pomet
le Prothée, &il s'estoit
joint à eux trois Corsaires
deCalais; ils ont rencontré
11.Navires Anglois venant
de la Virginie,escortez par
deux Vaisseaux de Guerre
de 36 , &40 Canons Mr
Saufs ayant fait signal d'abordage
, les convois ont
pris la'- suite avec 4 Navires
Marchands
,
dont deux fo
sont échouez & bruslez ;
quatorze ont ésté pris. Il
est aussi arrivé à Calaisquatreautres
prises faites par
des Corsaires de ce Port
chargées , de différentes Marchandises
,
dans lesquelles
Mr Sauffa part.
Mrsde la Jaillecommandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne&du Bois dela
Mothe commandant l'Argonaute,
ont pris trois Navires
Anglois. venant de la
nouvefter>York,chargez de
bled, farine & biscuirs;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venise
chargé de saumon & floc-J
fich,& un autre venant de
Ligourne, chargé debled ôc
de rit.
On a appris de Malthe
que le Commandeur de S
Aulaire, dela Maison de
Beaupoil,Capitaine de Vaisseau
du Roy, Secretaire des
Commandemens & Grand
Maistre pour les affaires de
France, son Grand Ecuyer,
& Gouverneur de cette Ville,
aesté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
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Résumé : Nouvelles de Marine, [titre d'après la table]
En décembre 1710 et janvier 1711, plusieurs captures de navires ont été réalisées par des commandants français. Le sieur Févre, à bord du Saint-François de Saint-Malo, a capturé un vaisseau portugais de 600 tonneaux venant du Brésil, conduit à Castres. Au Havre, la Couronne de Saint-Malo a amené deux prises anglaises, d'une valeur estimée à 200 000 livres. À Calais, le capitaine Marc-Teste a capturé un navire de 60 tonneaux chargé de beurre. À Dunkerque, le capitaine Sauss a conduit une prise anglaise et a récupéré 600 caisses de sucre blanc et 25 livres de poudre d'or d'une prise portugaise. Le chevalier de Rochepiere a capturé un pinck vide. En janvier 1711, à Calais, le capitaine Saufs a capturé onze navires anglais venant de Virginie, escortés par deux vaisseaux de guerre. Quatre autres prises ont été faites par des corsaires de Calais. Les commandants de la Jaille et du Bois de la Mothe ont capturé plusieurs navires anglais chargés de blé, farine, biscuits, saumon et autres marchandises. Par ailleurs, le commandeur de Saulxure a été nommé Grand Croix et Maréchal de l'Ordre de Malte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 33-70
NOUVELLES de divers endroits.
Début :
On a appris par les Lettres de Cadix du 10. Juillet, [...]
Mots clefs :
Duc, Roi, Marquis, Fille, Veuve, Prince, Comte, Guerre, Seigneur, Armée, Commandant, Vaisseau, Espagne, Officier, Chevalier, Croix, Seigneur, Fille, France, Mort
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de divers endroits.
NOUVELLES
dedivers endroits.
Onaappris par les Lettres
de Cadix du 10. Juillet r
que Mrl'Aigleaprès yavoir
amenépluseurs Prises
, erv
estoit party le quatre pour
allercroiser vers le Dérroit.
que le lendemain il avoit
attaquéune Fregate Hollandoise
de36. canons commandée
par le Capitaine
Jean Hopener
-, que lecombat
avoit duré plus de deux
heures, U qu'enfin cette
Fregate avoir esté coulée à
fond ;niais que Mr l'Aigle
y avoir été tué, alnllquc:
plusieurs Officiers & Soldats
de son équipage. Son Corps
a estéenterréà Malagaavec
tous les honneurs dûs à un
homme qui s'étoit distinguéen
plusieurs occasions
cependant le cours de cette
guerre.
Le 30, Juillet il parut à
la hauteur de Bayonne une
Escadre de11. Vaisseaux
de guerre Anglois revenant
de Lisbonne &: retournant
dans les Ports d'Angleterre.
Une heure aprèsquelle eut
fait voile une de nos Frégatesamena
deux Prises, dont
l'une estoit un Baftimenc-
Hollandois qui allait. à
Lisbonne chargé de Vins.
*
DesLettresde Lisbonne
du 17. Juin portent que le
Navire Nostra- Senora de
Torso, qui marquoit que
la Flotte de Pernambuco
avoitesté pris le 4. Avrilà
15. lieues du Tage par un
Vaisseau de guerre François
de l'Escadre de Mr du Casse
qui avoir mis l'équipage à
terre à rifle de Madere ;
queceNavire estoit chargé
de 450. caisses de Sucre,
de 400. rolles de Tabac,
de Cuirs, de bois de Bresit,
& de 40. mille Crufades
tant en argent monnayé
qu'en poudre d'or; que le
Vaisseau qui l'avoit pris,
selon le rapport de l'équipage
, estoit parti de Brest
avec fcpt ou huit autres
dont ilavoit estéseparé, &
qu'ildévoiealler à la Martinique.
Je n'ay pû vous parler
plutost de la mort de Don
Antonio Martin Alvarez
de Tolede & Beaumont,
Enriquez
,
de Rivera,Fernandez
)
Manrique, Duc
d'Albe, & de Huefcar
J Comte de Lerin, de Salvatierra,
&c. Marquis deCoria
, &c. Connestable &
Grand Chancellier de Navarre,
Sommellier de Corps
du Roy d'Espagne & Ton
Ambassadeur en France,
qui mourut icy le 28. May
en la 41.l'année de son âge.
Sa maladie a esté des j^lus
longues, &: elle ne luy a
jamaisservy de raison ny de
pretexte pour le dispenser
d'aucuns de ses devoirs, &
ce grand Ministre a toûjours
s-ofuotuernenuud'du'nueneen£ra5ie force
e le poids d'une Ambassade
aussi importante & aussï
laborieuse. Il y a succombé
à la fin, & la mort de
MonCeigneur a achevé de
l'accabler; l'interetvif&
fîneere qu'il y prenoit le fie
paroistreencore plus sensible
à cette perte qu'il ne
l'avoit paru à celle de Mr
le Connestable de Navarre
fonftls unique qui donnait
déjà de si grandes esperances,&
qu'il perdit nlalhcu..
reusement à sa 19eannée.
Comme toute la vie de
Mr le Duc d'Albe avoi-c
esté une préparation à la
mort on n'eut pas de peine
à l'y disposer. Sa résignationavoitesté
plus prompte
que le premier avis qu'oq
eut pû luy en donner. Quelques
heures avant sa mort
il fit prier un de nos, plu£
grands Ministres de vouloir
bienluy rendre encore une
visite,&de venir recevoir
ses derniers adieux. Cet
entretien fut touchant de
part & d'autre; lemourant
parla assezlong
-
temps de
choses importantes avec le
mêmeesprit,lamême force
& la même grandeur d'ame
quil avoit fait dans sa meilleure
santé. Enfinilsouhaita
de recevoir la Benediction
deMr le Cardinal de Noailles
Archevêquede Paris.
Son Eminence s'y transporta
sur l'heure.
Madame la Duchesse
d'Albe n'a pû avoir dans
une douleur aussi accablante
que Dieu pour consolation.
Elle se retira sur l'heureau
Valde Grace. Elle se
tient toujours dans cette
retraite si conforme à sa
situation. Elle a esté le modelle
des femmes mariées ;
elle l'est des veuves de son
rang.
LeRoyd'Espagne luy a
fait l'honneur de luy écrire
de sa main en langue EfpJ.¿
gnole la Lettre du monde
la plus consolante, La Reine
luyaécrit de même. S. NL
C.a joint aux honneurs
qu'elle a fait à cccccittuftre
veuve des liberalitez qui
honorent en elle lamémoire
du deffunt. Elle ;cil de la
grande Maison de Poncé de
Leon
,
fille de l'illustre Me
la Duchesse d'Aveiro
,
&
soeur de Mr le Duc d'Arcos
& de Mr le Duc de Banos
tous deux Granded'Espagne.
Mr le Duc d'Albe qui
n'arienoubliéen mouranc
a laissé par un écrit de sa
main le foin & la conduite
des Affaires d'Espagne en
France: à Mr Don Feliz-
Corncjo son Secrétaire
d'Ambassade. S. M. C. a
confirmé ce choix dans l'interim
jusqu'àce qu'il vienne
icy de sa part un nouvel
Ambassadeur. Le Portrait
en vers de Mr le Ducd'Albeestdansla
partie des Picces
Fugitives de ce moiscy.
Charlotte Armande d'Argouges
de Rannes épouse
de Guillaume Alexandre ,
Marquis de Vieuxpont
Lieutenant General des ar*.
mées du Roy
<
& Couverneur
de la Ville de Beauvais
& du Beauvoisis, mourut
le 28. Juin âgée de 36,.
ans. Elle estoit fille unique
de Nicolas d'Argouges
Marquis de Rannes, Lieutenant
General des Armées
du Roy, Colonel General
des Dragons
, & de Charlotte
de Beautru - Nogentqui
épousaen seconde nôces.
Jean
-
Baptisse Armand de
Rohan Prince de Montauban
,dont elle est veuve.
Mre N.Chabert Chevalier
de Saint Louis
)
Chef
d'Escadre des Armées Na-,
vales du Roy,fils du grand-
ChJbert)est mort à Toulon.
Ilavoit donné dans
toutes les occasions des
preuves de son courage &
de sa capacité. Il avoit ramené
du Sud une Flore d'argent
des plus riches qui
soient jamais venuës de
ces Mers. Il arriva heureusement
à Rochefort sur lafin
du mois de Mars de*
l'année 1709.aprés avoir
évité par son habileté quatre
Escadres des ennelllisr.
quil'attendoient sur sarouteen
quatre endroits differens.
Le Vaisseau du Roy
le Trident qu'il Commandoit
estle premier Vaisseau
de guerre qu'on ait vû à la
Rade de Lima depuis la découverte
de ce Continent
Marie Louis Chevalier,
Marquis de Sourdeilles,
Baron deFeissac, &c. Lieutenantde
Roy au Gouvernement
de Limosin & de
la Marche, est mort dans
son Chasteau de la Ganne
âgé de 44.ans. Ilaesté fort
regretté,&particulièrement
des Pauvres.
Il avoit épousé Marie fille
de Robert Marquis de Lignerac
Comte de Saint Chaînant
d'une des plusillustres
&de plus anciennes maisons
d'Auvergne.
Sa mere estoit de celle
des Vicomtes de Sedicre
A alliée à celles de Noailles9»
de Gimel, &c. & sa grande
mere estoit de celle d'Aubusson
la Feüillade.
Mr le Marquis de Sourdeilles
avoir d'abord pris le
party des Armes;mais la'
mort de son pere dont il
estoit filsunique, l'obligea
de quitter le Service. b
Catherine de Robeyre
3 épouse dYvesMarie dela
Bourdonnaye Seigneur de
Cotoyon
,
Maistre des Requestes
& Intendant à 0r.
leans,mourut aux eaux de
Bour bon le 24. Juin âgée
de 44. ans laissant posterité
Elle estoit fille de Mr de
Ribeyre Conseilier d'Etat,
&deCatherine Potier fills
de Mr de Novion premier
President.- Jean Guillaume Frison,
Prince de Nassau Stathouder
de Fiise., sur noyé le 14<
Juillet avec le Brigadier
WiJkeSc•
Wilkes. Il. sftoit parry de
l'Armée de Flandre pour
aller travailler à l'Affaire de
la successïon du feu Prince
dOrange qu'il avoir contre
l'Electeur de Brandebourg
qui estoit venu en Hollande
pour la terminer. Il s'embarqua
pour traverser le
passage de Moerdick,&
estanc demeuré dans son
Carosseàcause de la pluyc
avec le Brigadier Wilkes
uunnccoouuppddeevveenntt qui survint*,
renversa le ponton. On ne
trouva leurs corps que queL
ques jours après.
Ce Prince eltoïc hfe
d'Henry Casimir Prince de
Nassau & Stathouder de
Frise mort le15 Mars
1686. &d'Amelie fille de
Jean Georges Prince d'Anhalt
Dessau.
Ilestoit néle 4. Aoust;
1687.&avoirépousé le 16.
Avril 1709. Marie Louise
fille de Charles Landgrave
deHesseCassel,&deMarie
Amélie fille Jacques Duc de
Curlande. Il a laisse une
Princesse née au mois de
Septembre1710. & sa
veuve enceinte.
Les Etats Généraux ont
fait un accommodement
provisionnel entre l'Electeur
de Brandebourg &les
héritiers de ce Prince,qui ne
doit prejudicier en aucune
manière aux droits des Parties
; il porte que S.A. E.
jouira par provisionde la
Maisonde la vieille Cour à
la Haye,de la Maison du
Bois,dc HonslardiCK, de
Diercn& de quelquesTerres
qui valent six mille
florins de rente à quoy on
en ajoutera vingt
- quatre
mille pour faire la somme
de cinquante mille Horins
par an ; sur lesquels on en
retiendra dix mille pour
l'entretien de ces Maisons,
8c cela outre les biens donc
il joiiic déja; que la Princes.
se veuve, en qualité de Mere
& de Tutrice de son enfant
ou enfans
3
jouira de la
Maifoii de Loo; de la fomme
de cinquante mille florins
par an ,
qui fera prise
sur les biensde la fucceisson,
&unesomme decinquante
mille florinsune fois payée;
& que six mois après laccouchcment
de cette Prin
cess elle envoyera des Plénipotentiaires
pour termu
ner les pretentions de parc
& d'autre.
1
Madame la Duchesse de
Berry estant accouchée
avant terme le u. Juillet
d'une Princesse qui mourut
en même tem ps , on porta
son corps à SaintDenisle
13.Il y fut accompagné par
Mr la DacheffedeBeauvil
lier & par Me la Marquise
de Chastillon,& il fut inhumé
par Mr l'Evêque de
Séez premier Aumônier de
Monfcigncur le Duc de
Berry.
Charles Claude
,
Sire
& Comte de Breauté, Marquis
du Hotot
,
&c.Maistre
de la Garderobbe de S. A. R,
Philippe petitfils deFrance
Duc d'Orléans, mourut le xi. Juilleten sa 46.année,
Anne Geneviève Charr
rier épousede Charles Cesar
Le scalopier Maistre des
Requestes, & Intendant du
Commerce & de la Generalité
de Châlons,mourus
le14. Juillet.; Annele Maistre,épousede
Marc Anne Goiflard Seigneur
de Montsabert, Baron
de Toureil
)
&c. Conseiller
au Parlement
s mou- *
rut le 26. Juillet. i
MichelFrançois de Bethune
Comte de Charost mourut
le z6. Juillet dans sa
sisiemeannée.Ilestoit fils
d'Armand de Bethune Duc
de Charost& de Catherine
de Lamet sa sécondé femme.
I.(¡
Jean Baptiste Jacques
Ollier Marquis de Veneuil,
Seigneur de Preau Maistre
de la. Garderobbe de feue
S. A. R. Monsieur Frere
unique du Roy, mourut le
17. Juilletâgéde50. ans. Il
estoit Gouverneur deDomfont.
Henry Charles Arnauld
Comte de Pomponne,
mourut le 2.7.Juillet âgé
de 14.ans 7. mois. Ilestoit
fils de Nicolas Simon Arnaud
Marquis de Pomponne
, Sire Baron de Ferrieres,
Chambrois
,
Auquiville
Marqnis de Paloifeau
,
&c.
BrigadierdesArmées du
Roy; Lieutenant General
& Commandant pour Sa
Majeste aux Provinces de
l'isle de France & Soissonnois
; &de Confiance de
Harville Paloiseau.
Le Pere Jean de la Roche
, Prestre de l'Oratoire
fameux Predicateur, mourut
le 18Juittec.: -
François d'Anglure de
Bourlaymont, Docteur en
Theologie de la Faculté de
Paris, qui avoit été nommé
à l'Evêché de Pamiers
en 1681. qui s'en éroit démis
en 1685. sans avoir esté
Sacré, & qui fut nommé à
lors Abbé de Saint Florent
de Saumur, mourut le i-f.
Juillet. Il étoit fils de Nicolas
Marquis de Bourlaymont,
Gouverneur de Sesnay.
Gaspart- Claude Noler,
Docteur en Thologic de la
Faculté de Paris & Chanoi
ne de Nostre Dame, mourut
le premier Aoust âgé de j3.ans.
Mrle Cardinal de Noailles,
a donné son Canonicat
à Mr l'Abbé Vivant, son
Grand Vicaire& Penitentier
del'EglisedeParis,ci devant
.Curé de S.Leusson meriteest
connu de tout le monde..
Alsonce de. Bonne de
Crequi Duc de Lesdiguiéres,
Paire de France,mourut
le 5. Aoust âgé de 85,
ans. Son Corps a esté ports
aux Carmelitesde S. Denis
en France, où a esté inhi*.
méeAnne du Roure sa
mere, qui mourut le 18,
Février. 1686. &qui étoit
veuve de Charles Sire de"
Grequi & de Canapies, , Mestrede Camp du Regi:
ment des Gardes;.mort de
la blessure qu'il reçueau
siege de Chamberylanuitdu14.
au IJ.May 1630.
& qui étoit second fils de
Charles Sire de Crequi Duc
de Lesdiguiéres Maréchal
de France. Celuy qui vient
de mourir avoitépousé à
l'âge de 75. ans le u Septembre
1702. Gabrielle
Victoire de Rochechoüart
fille de Louis Duc de Vivonne
Pair &Maréchal de France
,
& d'Antoinette de
Mesmes, dont il n'a point
cû d'enfans.
Marie Anne Picques
épouse , de Loüis Gabriel
Portail
j
Chevalier Seigneur
de Fresnceu ,&au paravant
veuve de François Pajoc
Seigneur de Cordon,rnourut
le 6. Aoust âgée de quarante
-
iix ans, sans laisser
de postencé de ses deux alliances.
Florcnt de Marparaulr,
Marquis du même lieu
,
mourut le 7. Août.
Nicolle Miron, veuve
de DanielJacquinot
, Seigneur des Pressoirs
,
mourut le 9. Aoustâgée de
85. ans.
Claude le Pelletier
Conseillcr d'Etat ordinaire
; President Honoraire
du Parlement, Minifstr
d'Etat, cy- devant Prevost
des Marchands
,
Contrôlleur
General des Finances,
& sur-Intendant des postes
mourut le 10. Aoust en sa
8 1. année. Il y avoit déjà
long
- temps qu'ils'étoit
retiré du Monde ; & qu'il
ne s'ocupoit qu'à des oeeuvres
de Pieté., & particulièrement
à soulager les Pauvres.
1 Monsieur de Canaples,
ancien Commandant de la
Ville de Lyon dont on vient
de parler, avoir pris le nom
-
de Lesdiguiéres) & c'est luy
qui étoit le dernier de cec-
Ite Maison. Il avoir douze
mille livres de pension de
la Ville de Lyon; comme
6
Commandant, dont il s'en
estoit reservé neuf mille
i
lors qu'il se démit de ce
Commandement en faveur
de M' de Rochebonne en
luy laissant les trois autres
mille livres. Depuislamort
de M' de Canaples la penfion
de neuf mille livres
E
qu'ils'értit reservée sur
li.
celle de douze que fait la
Ville au Commandant ; a
cfté donnée,à Monsieur le
Duc de Villeroy.
Depuis la mort de Monseigneur,
le Roy a acordé
à Madame la Dauphine, la
Nef, le Cadenas, le Bâton
de Maistre d'Hotel & la
Musique. Elle mangea pour
la premiere fois à son grand
Couvert comme Dauphine
le 8. Aoust, & elle fut servie
par Monsieur le Marquis de
Vilacerfson premier Maître
d'Hostel; & le 10. elle fut
servie aussi à son grand
Couvert par Mr de la Croix
son Maître d'Hostel. Il se
rendit à la bouche avec ses
Officiers, lava ses mains; le
Contrôlleur & le Gentilhomme
servant les lavetent
ensuite; l'Ecuyer ordinaire
de la Bouche luy presenta
une Assiettesurlaquelle il
y avoir des Mouillettes - do
pain; il en prit deux avec
lefquclles il toucha tous les
Mets les uns après les autres;
il en donna une à manger à
l'Ecuyer de la Bouche, ensuite
il prit son Baston des
mains de l'Hussier du Bu-f
reau qui l'y avoit apporté.
puis la marche commença
en cet ordre. Un Garde du
Corps du Roy ayant la
Carabine sur l'épaule; un
Huissier de Salle & un
Huissier du Bureau, Mr de
la Croix marchoit derriere
eux, ayant son Baston de
Maistre d'Hostel à la main.
Un Gentil
-
homme servant
& le Contrôlieur portant
chacun un Plat, l'Ecuyer de
la Bouche & les autres
Officiers de la Bouche en
portant aussî chacun un,
marchaient ensuite. Lors
qu'ilsfurent arrivez à la Salleoù
estoit le prest, Mr de la
Croix vit mettre tous les
Plats surlaTable, où un
Gentil-homme servant qui
étoit de Garde au prest, fit
un nouvel essai de chaque
Plat: & donna la Mouillette
dont il avoit fait l'éssai à
chacun de ceux qui avoient
porté les Plats, après quoy
Mr de la Croix les vit met--
tersurla Table par les Gentils-
hommes servants. ;
*i IIlallaen suite,ayant Tonv
Baston à la main,, avertir
Monseigneur le Dauphin;
<k Madame la Dauphine;
puis il revint à la Table ou
il attendit Monseigneur le
Dauphin. Dés qu'il parut
il mit son Chapeau & son
Baston entre les mains du
Chef de Gobelet, & presensa
à ce Prince une serviette
mouilléequiétoic
encre deux Assiettes d'or
pour se laver les mains; il
prit ensuite une autre serviette
mouilléeaussï cntre
deux Alliettes d'or qu'il
presenta de mesme à Madame
la Dauphine. Un
Gentilhomme servant presenta
une autre serviette
mouillée aussi entre deux
assiettes ,à Madame
,
qui
mangea pour la première
fois avec Madame la Dauphine
à son grand couvert
Alors Mr de la Croix
reprit son Bâton & son Chapeau
,&retourna à la bouche
precedé feulement d'un
Garde du Corps & des deux
Huissiers.L'essay du second
fcrvice ne se fit point à IfI
bouche; mais au prest où
citoit la Nef. Il se plaçaen- t
:-
suite au costédroit du Fauteuil
de Monseigneur le
Dauphinoùil restapendant
toutle repasayant toujours
son Bâton à la main; les
Genciihommes servants firentle
Service de même que
cchheezz le RRooyj.
-
Il y avoir à ce repas une
tres grande Assemblée de
Dames;il y en avoit treize
qui avoient le Tabouret
,
les autresestoient debour.
Monfcigneur le Dauphin&
Madame la Dauphine tinrent
ensuite un Cercle dé
Dames comme chez le Roy
aprèssonsoupé; Cérémonie
qui si fait pour les re'--
mercier.
dedivers endroits.
Onaappris par les Lettres
de Cadix du 10. Juillet r
que Mrl'Aigleaprès yavoir
amenépluseurs Prises
, erv
estoit party le quatre pour
allercroiser vers le Dérroit.
que le lendemain il avoit
attaquéune Fregate Hollandoise
de36. canons commandée
par le Capitaine
Jean Hopener
-, que lecombat
avoit duré plus de deux
heures, U qu'enfin cette
Fregate avoir esté coulée à
fond ;niais que Mr l'Aigle
y avoir été tué, alnllquc:
plusieurs Officiers & Soldats
de son équipage. Son Corps
a estéenterréà Malagaavec
tous les honneurs dûs à un
homme qui s'étoit distinguéen
plusieurs occasions
cependant le cours de cette
guerre.
Le 30, Juillet il parut à
la hauteur de Bayonne une
Escadre de11. Vaisseaux
de guerre Anglois revenant
de Lisbonne &: retournant
dans les Ports d'Angleterre.
Une heure aprèsquelle eut
fait voile une de nos Frégatesamena
deux Prises, dont
l'une estoit un Baftimenc-
Hollandois qui allait. à
Lisbonne chargé de Vins.
*
DesLettresde Lisbonne
du 17. Juin portent que le
Navire Nostra- Senora de
Torso, qui marquoit que
la Flotte de Pernambuco
avoitesté pris le 4. Avrilà
15. lieues du Tage par un
Vaisseau de guerre François
de l'Escadre de Mr du Casse
qui avoir mis l'équipage à
terre à rifle de Madere ;
queceNavire estoit chargé
de 450. caisses de Sucre,
de 400. rolles de Tabac,
de Cuirs, de bois de Bresit,
& de 40. mille Crufades
tant en argent monnayé
qu'en poudre d'or; que le
Vaisseau qui l'avoit pris,
selon le rapport de l'équipage
, estoit parti de Brest
avec fcpt ou huit autres
dont ilavoit estéseparé, &
qu'ildévoiealler à la Martinique.
Je n'ay pû vous parler
plutost de la mort de Don
Antonio Martin Alvarez
de Tolede & Beaumont,
Enriquez
,
de Rivera,Fernandez
)
Manrique, Duc
d'Albe, & de Huefcar
J Comte de Lerin, de Salvatierra,
&c. Marquis deCoria
, &c. Connestable &
Grand Chancellier de Navarre,
Sommellier de Corps
du Roy d'Espagne & Ton
Ambassadeur en France,
qui mourut icy le 28. May
en la 41.l'année de son âge.
Sa maladie a esté des j^lus
longues, &: elle ne luy a
jamaisservy de raison ny de
pretexte pour le dispenser
d'aucuns de ses devoirs, &
ce grand Ministre a toûjours
s-ofuotuernenuud'du'nueneen£ra5ie force
e le poids d'une Ambassade
aussi importante & aussï
laborieuse. Il y a succombé
à la fin, & la mort de
MonCeigneur a achevé de
l'accabler; l'interetvif&
fîneere qu'il y prenoit le fie
paroistreencore plus sensible
à cette perte qu'il ne
l'avoit paru à celle de Mr
le Connestable de Navarre
fonftls unique qui donnait
déjà de si grandes esperances,&
qu'il perdit nlalhcu..
reusement à sa 19eannée.
Comme toute la vie de
Mr le Duc d'Albe avoi-c
esté une préparation à la
mort on n'eut pas de peine
à l'y disposer. Sa résignationavoitesté
plus prompte
que le premier avis qu'oq
eut pû luy en donner. Quelques
heures avant sa mort
il fit prier un de nos, plu£
grands Ministres de vouloir
bienluy rendre encore une
visite,&de venir recevoir
ses derniers adieux. Cet
entretien fut touchant de
part & d'autre; lemourant
parla assezlong
-
temps de
choses importantes avec le
mêmeesprit,lamême force
& la même grandeur d'ame
quil avoit fait dans sa meilleure
santé. Enfinilsouhaita
de recevoir la Benediction
deMr le Cardinal de Noailles
Archevêquede Paris.
Son Eminence s'y transporta
sur l'heure.
Madame la Duchesse
d'Albe n'a pû avoir dans
une douleur aussi accablante
que Dieu pour consolation.
Elle se retira sur l'heureau
Valde Grace. Elle se
tient toujours dans cette
retraite si conforme à sa
situation. Elle a esté le modelle
des femmes mariées ;
elle l'est des veuves de son
rang.
LeRoyd'Espagne luy a
fait l'honneur de luy écrire
de sa main en langue EfpJ.¿
gnole la Lettre du monde
la plus consolante, La Reine
luyaécrit de même. S. NL
C.a joint aux honneurs
qu'elle a fait à cccccittuftre
veuve des liberalitez qui
honorent en elle lamémoire
du deffunt. Elle ;cil de la
grande Maison de Poncé de
Leon
,
fille de l'illustre Me
la Duchesse d'Aveiro
,
&
soeur de Mr le Duc d'Arcos
& de Mr le Duc de Banos
tous deux Granded'Espagne.
Mr le Duc d'Albe qui
n'arienoubliéen mouranc
a laissé par un écrit de sa
main le foin & la conduite
des Affaires d'Espagne en
France: à Mr Don Feliz-
Corncjo son Secrétaire
d'Ambassade. S. M. C. a
confirmé ce choix dans l'interim
jusqu'àce qu'il vienne
icy de sa part un nouvel
Ambassadeur. Le Portrait
en vers de Mr le Ducd'Albeestdansla
partie des Picces
Fugitives de ce moiscy.
Charlotte Armande d'Argouges
de Rannes épouse
de Guillaume Alexandre ,
Marquis de Vieuxpont
Lieutenant General des ar*.
mées du Roy
<
& Couverneur
de la Ville de Beauvais
& du Beauvoisis, mourut
le 28. Juin âgée de 36,.
ans. Elle estoit fille unique
de Nicolas d'Argouges
Marquis de Rannes, Lieutenant
General des Armées
du Roy, Colonel General
des Dragons
, & de Charlotte
de Beautru - Nogentqui
épousaen seconde nôces.
Jean
-
Baptisse Armand de
Rohan Prince de Montauban
,dont elle est veuve.
Mre N.Chabert Chevalier
de Saint Louis
)
Chef
d'Escadre des Armées Na-,
vales du Roy,fils du grand-
ChJbert)est mort à Toulon.
Ilavoit donné dans
toutes les occasions des
preuves de son courage &
de sa capacité. Il avoit ramené
du Sud une Flore d'argent
des plus riches qui
soient jamais venuës de
ces Mers. Il arriva heureusement
à Rochefort sur lafin
du mois de Mars de*
l'année 1709.aprés avoir
évité par son habileté quatre
Escadres des ennelllisr.
quil'attendoient sur sarouteen
quatre endroits differens.
Le Vaisseau du Roy
le Trident qu'il Commandoit
estle premier Vaisseau
de guerre qu'on ait vû à la
Rade de Lima depuis la découverte
de ce Continent
Marie Louis Chevalier,
Marquis de Sourdeilles,
Baron deFeissac, &c. Lieutenantde
Roy au Gouvernement
de Limosin & de
la Marche, est mort dans
son Chasteau de la Ganne
âgé de 44.ans. Ilaesté fort
regretté,&particulièrement
des Pauvres.
Il avoit épousé Marie fille
de Robert Marquis de Lignerac
Comte de Saint Chaînant
d'une des plusillustres
&de plus anciennes maisons
d'Auvergne.
Sa mere estoit de celle
des Vicomtes de Sedicre
A alliée à celles de Noailles9»
de Gimel, &c. & sa grande
mere estoit de celle d'Aubusson
la Feüillade.
Mr le Marquis de Sourdeilles
avoir d'abord pris le
party des Armes;mais la'
mort de son pere dont il
estoit filsunique, l'obligea
de quitter le Service. b
Catherine de Robeyre
3 épouse dYvesMarie dela
Bourdonnaye Seigneur de
Cotoyon
,
Maistre des Requestes
& Intendant à 0r.
leans,mourut aux eaux de
Bour bon le 24. Juin âgée
de 44. ans laissant posterité
Elle estoit fille de Mr de
Ribeyre Conseilier d'Etat,
&deCatherine Potier fills
de Mr de Novion premier
President.- Jean Guillaume Frison,
Prince de Nassau Stathouder
de Fiise., sur noyé le 14<
Juillet avec le Brigadier
WiJkeSc•
Wilkes. Il. sftoit parry de
l'Armée de Flandre pour
aller travailler à l'Affaire de
la successïon du feu Prince
dOrange qu'il avoir contre
l'Electeur de Brandebourg
qui estoit venu en Hollande
pour la terminer. Il s'embarqua
pour traverser le
passage de Moerdick,&
estanc demeuré dans son
Carosseàcause de la pluyc
avec le Brigadier Wilkes
uunnccoouuppddeevveenntt qui survint*,
renversa le ponton. On ne
trouva leurs corps que queL
ques jours après.
Ce Prince eltoïc hfe
d'Henry Casimir Prince de
Nassau & Stathouder de
Frise mort le15 Mars
1686. &d'Amelie fille de
Jean Georges Prince d'Anhalt
Dessau.
Ilestoit néle 4. Aoust;
1687.&avoirépousé le 16.
Avril 1709. Marie Louise
fille de Charles Landgrave
deHesseCassel,&deMarie
Amélie fille Jacques Duc de
Curlande. Il a laisse une
Princesse née au mois de
Septembre1710. & sa
veuve enceinte.
Les Etats Généraux ont
fait un accommodement
provisionnel entre l'Electeur
de Brandebourg &les
héritiers de ce Prince,qui ne
doit prejudicier en aucune
manière aux droits des Parties
; il porte que S.A. E.
jouira par provisionde la
Maisonde la vieille Cour à
la Haye,de la Maison du
Bois,dc HonslardiCK, de
Diercn& de quelquesTerres
qui valent six mille
florins de rente à quoy on
en ajoutera vingt
- quatre
mille pour faire la somme
de cinquante mille Horins
par an ; sur lesquels on en
retiendra dix mille pour
l'entretien de ces Maisons,
8c cela outre les biens donc
il joiiic déja; que la Princes.
se veuve, en qualité de Mere
& de Tutrice de son enfant
ou enfans
3
jouira de la
Maifoii de Loo; de la fomme
de cinquante mille florins
par an ,
qui fera prise
sur les biensde la fucceisson,
&unesomme decinquante
mille florinsune fois payée;
& que six mois après laccouchcment
de cette Prin
cess elle envoyera des Plénipotentiaires
pour termu
ner les pretentions de parc
& d'autre.
1
Madame la Duchesse de
Berry estant accouchée
avant terme le u. Juillet
d'une Princesse qui mourut
en même tem ps , on porta
son corps à SaintDenisle
13.Il y fut accompagné par
Mr la DacheffedeBeauvil
lier & par Me la Marquise
de Chastillon,& il fut inhumé
par Mr l'Evêque de
Séez premier Aumônier de
Monfcigncur le Duc de
Berry.
Charles Claude
,
Sire
& Comte de Breauté, Marquis
du Hotot
,
&c.Maistre
de la Garderobbe de S. A. R,
Philippe petitfils deFrance
Duc d'Orléans, mourut le xi. Juilleten sa 46.année,
Anne Geneviève Charr
rier épousede Charles Cesar
Le scalopier Maistre des
Requestes, & Intendant du
Commerce & de la Generalité
de Châlons,mourus
le14. Juillet.; Annele Maistre,épousede
Marc Anne Goiflard Seigneur
de Montsabert, Baron
de Toureil
)
&c. Conseiller
au Parlement
s mou- *
rut le 26. Juillet. i
MichelFrançois de Bethune
Comte de Charost mourut
le z6. Juillet dans sa
sisiemeannée.Ilestoit fils
d'Armand de Bethune Duc
de Charost& de Catherine
de Lamet sa sécondé femme.
I.(¡
Jean Baptiste Jacques
Ollier Marquis de Veneuil,
Seigneur de Preau Maistre
de la. Garderobbe de feue
S. A. R. Monsieur Frere
unique du Roy, mourut le
17. Juilletâgéde50. ans. Il
estoit Gouverneur deDomfont.
Henry Charles Arnauld
Comte de Pomponne,
mourut le 2.7.Juillet âgé
de 14.ans 7. mois. Ilestoit
fils de Nicolas Simon Arnaud
Marquis de Pomponne
, Sire Baron de Ferrieres,
Chambrois
,
Auquiville
Marqnis de Paloifeau
,
&c.
BrigadierdesArmées du
Roy; Lieutenant General
& Commandant pour Sa
Majeste aux Provinces de
l'isle de France & Soissonnois
; &de Confiance de
Harville Paloiseau.
Le Pere Jean de la Roche
, Prestre de l'Oratoire
fameux Predicateur, mourut
le 18Juittec.: -
François d'Anglure de
Bourlaymont, Docteur en
Theologie de la Faculté de
Paris, qui avoit été nommé
à l'Evêché de Pamiers
en 1681. qui s'en éroit démis
en 1685. sans avoir esté
Sacré, & qui fut nommé à
lors Abbé de Saint Florent
de Saumur, mourut le i-f.
Juillet. Il étoit fils de Nicolas
Marquis de Bourlaymont,
Gouverneur de Sesnay.
Gaspart- Claude Noler,
Docteur en Thologic de la
Faculté de Paris & Chanoi
ne de Nostre Dame, mourut
le premier Aoust âgé de j3.ans.
Mrle Cardinal de Noailles,
a donné son Canonicat
à Mr l'Abbé Vivant, son
Grand Vicaire& Penitentier
del'EglisedeParis,ci devant
.Curé de S.Leusson meriteest
connu de tout le monde..
Alsonce de. Bonne de
Crequi Duc de Lesdiguiéres,
Paire de France,mourut
le 5. Aoust âgé de 85,
ans. Son Corps a esté ports
aux Carmelitesde S. Denis
en France, où a esté inhi*.
méeAnne du Roure sa
mere, qui mourut le 18,
Février. 1686. &qui étoit
veuve de Charles Sire de"
Grequi & de Canapies, , Mestrede Camp du Regi:
ment des Gardes;.mort de
la blessure qu'il reçueau
siege de Chamberylanuitdu14.
au IJ.May 1630.
& qui étoit second fils de
Charles Sire de Crequi Duc
de Lesdiguiéres Maréchal
de France. Celuy qui vient
de mourir avoitépousé à
l'âge de 75. ans le u Septembre
1702. Gabrielle
Victoire de Rochechoüart
fille de Louis Duc de Vivonne
Pair &Maréchal de France
,
& d'Antoinette de
Mesmes, dont il n'a point
cû d'enfans.
Marie Anne Picques
épouse , de Loüis Gabriel
Portail
j
Chevalier Seigneur
de Fresnceu ,&au paravant
veuve de François Pajoc
Seigneur de Cordon,rnourut
le 6. Aoust âgée de quarante
-
iix ans, sans laisser
de postencé de ses deux alliances.
Florcnt de Marparaulr,
Marquis du même lieu
,
mourut le 7. Août.
Nicolle Miron, veuve
de DanielJacquinot
, Seigneur des Pressoirs
,
mourut le 9. Aoustâgée de
85. ans.
Claude le Pelletier
Conseillcr d'Etat ordinaire
; President Honoraire
du Parlement, Minifstr
d'Etat, cy- devant Prevost
des Marchands
,
Contrôlleur
General des Finances,
& sur-Intendant des postes
mourut le 10. Aoust en sa
8 1. année. Il y avoit déjà
long
- temps qu'ils'étoit
retiré du Monde ; & qu'il
ne s'ocupoit qu'à des oeeuvres
de Pieté., & particulièrement
à soulager les Pauvres.
1 Monsieur de Canaples,
ancien Commandant de la
Ville de Lyon dont on vient
de parler, avoir pris le nom
-
de Lesdiguiéres) & c'est luy
qui étoit le dernier de cec-
Ite Maison. Il avoir douze
mille livres de pension de
la Ville de Lyon; comme
6
Commandant, dont il s'en
estoit reservé neuf mille
i
lors qu'il se démit de ce
Commandement en faveur
de M' de Rochebonne en
luy laissant les trois autres
mille livres. Depuislamort
de M' de Canaples la penfion
de neuf mille livres
E
qu'ils'értit reservée sur
li.
celle de douze que fait la
Ville au Commandant ; a
cfté donnée,à Monsieur le
Duc de Villeroy.
Depuis la mort de Monseigneur,
le Roy a acordé
à Madame la Dauphine, la
Nef, le Cadenas, le Bâton
de Maistre d'Hotel & la
Musique. Elle mangea pour
la premiere fois à son grand
Couvert comme Dauphine
le 8. Aoust, & elle fut servie
par Monsieur le Marquis de
Vilacerfson premier Maître
d'Hostel; & le 10. elle fut
servie aussi à son grand
Couvert par Mr de la Croix
son Maître d'Hostel. Il se
rendit à la bouche avec ses
Officiers, lava ses mains; le
Contrôlleur & le Gentilhomme
servant les lavetent
ensuite; l'Ecuyer ordinaire
de la Bouche luy presenta
une Assiettesurlaquelle il
y avoir des Mouillettes - do
pain; il en prit deux avec
lefquclles il toucha tous les
Mets les uns après les autres;
il en donna une à manger à
l'Ecuyer de la Bouche, ensuite
il prit son Baston des
mains de l'Hussier du Bu-f
reau qui l'y avoit apporté.
puis la marche commença
en cet ordre. Un Garde du
Corps du Roy ayant la
Carabine sur l'épaule; un
Huissier de Salle & un
Huissier du Bureau, Mr de
la Croix marchoit derriere
eux, ayant son Baston de
Maistre d'Hostel à la main.
Un Gentil
-
homme servant
& le Contrôlieur portant
chacun un Plat, l'Ecuyer de
la Bouche & les autres
Officiers de la Bouche en
portant aussî chacun un,
marchaient ensuite. Lors
qu'ilsfurent arrivez à la Salleoù
estoit le prest, Mr de la
Croix vit mettre tous les
Plats surlaTable, où un
Gentil-homme servant qui
étoit de Garde au prest, fit
un nouvel essai de chaque
Plat: & donna la Mouillette
dont il avoit fait l'éssai à
chacun de ceux qui avoient
porté les Plats, après quoy
Mr de la Croix les vit met--
tersurla Table par les Gentils-
hommes servants. ;
*i IIlallaen suite,ayant Tonv
Baston à la main,, avertir
Monseigneur le Dauphin;
<k Madame la Dauphine;
puis il revint à la Table ou
il attendit Monseigneur le
Dauphin. Dés qu'il parut
il mit son Chapeau & son
Baston entre les mains du
Chef de Gobelet, & presensa
à ce Prince une serviette
mouilléequiétoic
encre deux Assiettes d'or
pour se laver les mains; il
prit ensuite une autre serviette
mouilléeaussï cntre
deux Alliettes d'or qu'il
presenta de mesme à Madame
la Dauphine. Un
Gentilhomme servant presenta
une autre serviette
mouillée aussi entre deux
assiettes ,à Madame
,
qui
mangea pour la première
fois avec Madame la Dauphine
à son grand couvert
Alors Mr de la Croix
reprit son Bâton & son Chapeau
,&retourna à la bouche
precedé feulement d'un
Garde du Corps & des deux
Huissiers.L'essay du second
fcrvice ne se fit point à IfI
bouche; mais au prest où
citoit la Nef. Il se plaçaen- t
:-
suite au costédroit du Fauteuil
de Monseigneur le
Dauphinoùil restapendant
toutle repasayant toujours
son Bâton à la main; les
Genciihommes servants firentle
Service de même que
cchheezz le RRooyj.
-
Il y avoir à ce repas une
tres grande Assemblée de
Dames;il y en avoit treize
qui avoient le Tabouret
,
les autresestoient debour.
Monfcigneur le Dauphin&
Madame la Dauphine tinrent
ensuite un Cercle dé
Dames comme chez le Roy
aprèssonsoupé; Cérémonie
qui si fait pour les re'--
mercier.
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Résumé : NOUVELLES de divers endroits.
Le texte relate divers événements militaires et décès notables. Le navire français 'L'Aigle' a coulé une frégate hollandaise après un combat de plus de deux heures, mais son capitaine a été tué. Le 30 juillet, une escadre anglaise de 11 vaisseaux a été aperçue près de Bayonne. Un navire français a capturé un bateau hollandais chargé de vins près de Lisbonne. Plusieurs personnalités ont également péri, dont le duc d'Albe, ambassadeur d'Espagne en France, décédé à l'âge de 41 ans après une longue maladie. Sa veuve s'est retirée au couvent du Val-de-Grâce. Le marquis de Vieuxpont, lieutenant général des armées du roi, est mort à l'âge de 36 ans. Le chevalier de Chabert, chef d'escadre, est décédé à Toulon après avoir ramené une riche cargaison d'argent. Le marquis de Sourdeilles, lieutenant du roi en Limousin, est mort à l'âge de 44 ans. Parmi les autres décès notables, on compte le prince de Nassau, stathouder de Frise, noyé avec le brigadier Wilkes. La duchesse de Berry a accouché prématurément d'une princesse qui est décédée peu après. Le texte mentionne également des événements et des transferts de responsabilités au sein de la cour. Un commandant avait réservé neuf mille livres, laissant trois mille livres à M. de Rochebonne après sa démission. Suite au décès de M. de Canaples, la pension de neuf mille livres a été transmise au Duc de Villeroy. Après la mort de Monseigneur, le roi a accordé à Madame la Dauphine divers privilèges, dont la Nef, le Cadenas, le Bâton de Maître d'Hôtel et la Musique. Elle a participé pour la première fois à un grand couvert le 8 août, servie par le Marquis de Vilacerf, et le 10 août par M. de la Croix, son Maître d'Hôtel. Ce dernier a suivi un protocole précis, incluant la présentation des mets et l'utilisation de mouillettes. Lors du repas, une grande assemblée de dames était présente, avec treize d'entre elles ayant le privilège du tabouret. Après le souper, Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine ont tenu un cercle de dames pour remercier les invités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 296-300
Nouvelles. De Hambourg, de Dannemarck, de Stralzund, de la Haye, de Vienne, de Perpignan. [titre d'après la table]
Début :
On écrit de Hambourg le 30. Juillet que les Lettres de [...]
Mots clefs :
Suède, Hommes, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles. De Hambourg, de Dannemarck, de Stralzund, de la Haye, de Vienne, de Perpignan. [titre d'après la table]
On écrit de Hambourg le
50. Juillet que les Lettres de
Suede ne sont aucune mention
de ce Combat Naval
donton par le depuis longtemps
Elles marquent aucontraire
que les deux Flotes n'avoient
encore pû se joindre,
& que celle de Suede se renforçoit
de jour en jour, par
lesBastiments qui la venoient
joindre, ensorte qu'elle estoit
beaucoup fuperieurc à celle
des Moscovites.
Le Roy de Dannemark est
encore occupé à fairelarevûë
de ses Troupes qui ne pourront
estreassemblezque dans
le quinze dumois prochain:
Comme la saison s'avance, on
ne croit pas qu'il puisse faire
de grands progrez cetteCampagne.
Il doit cependant l'ouvrit
parl'attaque de l'Isled'Higelant
; & pour cette expédition
,
il fait embarquer de
-
l'Artillerie,des Bombes&des
Mortiers. Cette Isleestdedifsicile
accez,d'autant que pour
en approcher, il faut passer entre
des écuëils dangereux, &
que d'ailleurs le passage enest
dessendu par des Forts tresescarpez.
On écrit de Stralzund que
le General Duker a fous cette
Place un Corps de 9. à 10.mil
hommes ausquels le Commandant
de Wismar joindra
trois mil hommes en cas de
besoin. Mais il ne fera point
de mouvement que lesDanois
nee nsoietntratetacphezrà iqsuelequ.e
Le Roy Auguste qui partit
de Dresde le1 3. pour retourner
en Pologne,dépêcha le
jour de devant son départ, divers
Courriers. Celuyqu'ila
envoyé au Roy de Dannemar
k a esté enlevé dans le
M kelbourg par un Parti de
la Garnison de Wismarquil'a
mené au Commandant de
cette Place
,
& les dépêches
ont esté envoyez àlaRegence
deSuede.
50. Juillet que les Lettres de
Suede ne sont aucune mention
de ce Combat Naval
donton par le depuis longtemps
Elles marquent aucontraire
que les deux Flotes n'avoient
encore pû se joindre,
& que celle de Suede se renforçoit
de jour en jour, par
lesBastiments qui la venoient
joindre, ensorte qu'elle estoit
beaucoup fuperieurc à celle
des Moscovites.
Le Roy de Dannemark est
encore occupé à fairelarevûë
de ses Troupes qui ne pourront
estreassemblezque dans
le quinze dumois prochain:
Comme la saison s'avance, on
ne croit pas qu'il puisse faire
de grands progrez cetteCampagne.
Il doit cependant l'ouvrit
parl'attaque de l'Isled'Higelant
; & pour cette expédition
,
il fait embarquer de
-
l'Artillerie,des Bombes&des
Mortiers. Cette Isleestdedifsicile
accez,d'autant que pour
en approcher, il faut passer entre
des écuëils dangereux, &
que d'ailleurs le passage enest
dessendu par des Forts tresescarpez.
On écrit de Stralzund que
le General Duker a fous cette
Place un Corps de 9. à 10.mil
hommes ausquels le Commandant
de Wismar joindra
trois mil hommes en cas de
besoin. Mais il ne fera point
de mouvement que lesDanois
nee nsoietntratetacphezrà iqsuelequ.e
Le Roy Auguste qui partit
de Dresde le1 3. pour retourner
en Pologne,dépêcha le
jour de devant son départ, divers
Courriers. Celuyqu'ila
envoyé au Roy de Dannemar
k a esté enlevé dans le
M kelbourg par un Parti de
la Garnison de Wismarquil'a
mené au Commandant de
cette Place
,
& les dépêches
ont esté envoyez àlaRegence
deSuede.
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Résumé : Nouvelles. De Hambourg, de Dannemarck, de Stralzund, de la Haye, de Vienne, de Perpignan. [titre d'après la table]
Le 50 juillet, des lettres de Hambourg indiquent qu'aucun combat naval n'a eu lieu entre les flottes suédoise et moscovite, car elles ne se sont pas encore rencontrées. La flotte suédoise s'accroît quotidiennement avec l'arrivée de nouveaux navires, surpassant ainsi celle des Moscovites. Le roi de Danemark passe en revue ses troupes, prêtes le 15 du mois suivant, mais l'avancement de la saison limite ses actions. Il prévoit d'attaquer l'île d'Higelant, défendue par des écueils et des forts. À Stralzund, le général Duker dispose de 9 à 10 000 hommes, renforçables par 3 000 hommes de Wismar, mais n'agira pas avant l'arrivée des Danois. Le roi Auguste, parti de Dresde le 13 juillet, a envoyé des courriers, dont un destiné au roi de Danemark, intercepté près de Kiel et transmis à la régence de Suède.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 682-697
SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait d'une Lettre écrite du Caire le 30. Août 1729.
Début :
Au mois de Juin dernier, les Beys qui s'étoient retirez au Saïdy, dans [...]
Mots clefs :
Rebelles, Égypte, Le Caire, Troupes, Hommes, Pacha , Beys, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait d'une Lettre écrite du Caire le 30. Août 1729.
SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait
d'une Lettre écrite du Caire le 30.
Août 1729.
Aqui
U mois de Juin dernier , les Beys
qui s'étoient retirez au Saïdy , dans
la haute Egypte , lors de la deffaite totale
de Cherkes Mehemet Bey , arrivée en
1725. commencerent à donner des foupçons
aux Commandans du Païs , dont
Zulficar Bey eft le principal Chef , par
les intelligences qu'ils avoient dans la
Ville du Caire , ce qui fit redoubler les
attentions à chaffer ou à faire executer les
Rebelles qui reftoient dans la Ville ; ceux
qui purent éviter de perir par le Sabre
prirent le parti de s'aller joindre à ceux
de la haute Egypte , dont le nombre s'accrut
confiderablement ce qui donna
beaucoup d'inquiétude à nos Commandans
, & les détermina enfin à envoyer
un Corps de 3000. hommes pour tâcher
de les réduire , ou de les difperfer.
,
Ceux de la haute Egypte ne s'endormirent
pas de leur côté, ils s'étoient précautionnez
long- temps auparavant en fe
joignant aux Arabes , dont un des Beys.
Rebelles avoit époufé une Princeffe , fille
d'un des principaux Emirs de cette Nation,
AVRIL. 1730. 683
A
tion , ce qui leur donna le courage de
s'opposer au Corps de Troupes dont on
vient de parler. Le 5. Juillet dernier , co
Corps commença à fe mettre en marche.
Les Rebelles marcherent prefque en même
temps , ils fe rencontrerent bientôt ,
& camperent les uns devant les autres
fans coup ferir.
Quelquesjours après , Soliman Bey, Chef
des Rebelles , envoya dire à Ofman Bey ,
Commandant des Troupes du Caire , qu'il
n'étoit pas bien aife de combattre contre
Les freres , que la Religion Mufulmane ,
dont ils étoient tous , le lui deffendoit
ce qui ayant été pris par Ofman Bey pour
une marque de foibleffe , il fe détermina
au combat qui fut donné le 13. Juillet ,
mais il eut le malheur d'y fuccomber avec
le plus grand nombre des fiens , dont
plus de 350. pafferent du côté des Rebelles.
Dans la mêlée Soliman Bey atteignit
Ofman Bey d'un coup de Lance , &
s'en rendit enfuite bientôt le maître ; il
lui reprocha fes cruautez & les mauvaiſes
manieres que ceux de fon parti avoient
eues avec lui , après quoi il lui coupa luimême
la tête d'un coup de Sabre. Les
autres Beys & ceux qui font échapez
dont le nombre eft fort petit , font prefque
tous bleffez , celui des morts eft trèsconfiderable.
Cij Deux
684 MERCURE DE FRANCE
Deux jours après cette défaite , Cherkez
Mehemet Bey ,qui étoit fugitif depuis fa
déroute de 1725. rentra dans le Royaume
& joignit les Beys du Saïdy , ce qui a
beaucoup renforcé ce Parti ; ayant fait
cette jonction à la tête de 400. Maugre
bins ou Africains de Barbarie , ce renfort
fit prendre la réfolution aux Beys d'écrire
à ceux du Caire , qu'ils euffent à ne
plus envoyer de Troupes contre eux ,
étant bien réfolus d'aller au-devant pour
les combattre , ce qui obligea les Beys.
du Caire à prendre mieux leurs meſures,
ne doutant pas fur cette fierté qu'il n'y
eût dans la Ville quelqu'un qui les trahiffoit.
Ils ne furent pas long- temps à décou
vrir que c'étoit le Pacha d'Egypte lui ,
même , qui abufant de l'autorité dont il
eft revêtu , favorifoit les Rebelles , furquoi
ils s'affemblerent & prirent la réſolution
de le deftituer , ce qu'ils executerent
de cette maniere le 19. Juillet. Tous
les Beys & autres Puiffances du Pays ,
s'étant affemblez à Carameidam , * ils
firent prier le Pacha d'y venir pour conferer
enfemble fur les moyens de faire
cefler les troubles caufez par les Rebel
les ; le Pacha fe rendit à l'Affemblée ;
mais il n'y fut pas plutôt arrivé qu'on
* La Place Noire lieu oùse font les Executions:
lui
AVRIL 1730. 683
lui déclara la réſolution qu'on venoit de
prendre de le deftituer , ce qui fut executé
fur le champ ; il n'en parut point ému ,
on croit même qu'il n'eft pas fâché de
cette deftitution dans les conjonctures prefentes
. Cependant le Pacha affectant toûtjours
un air tranquille , s'adreffa au Tefterdar
ou Tréforier General , préſent à
cette Aſſemblée , à qui il dit , c'eſt donc
à vous à être Kaimakan ou Lieutenant
General du Gouvernement , ce que celuicy
refufa. Alors Zulficar Bey , qui eſt tout
puiffant dans le Parti , dit qu'ils avoient
réfolu d'élire MehemetBey, fils deDervich
Bey pour Kaimakan,à quoi lePacha confentit
; il lui vétitleCaftant ouRobe d'honneur
& lui fit prefent d'une belle Vefte doublée
d'une riche Peau , après quoi le Pacha fe
retira dans la maifon qu'on lui avoit préparée
, où il doit refter fous bonne garde,
en attendant les ordres de la Porte ; il
a reçû depuis bien des mortifications
de la des Puiffances du Pays , jufqu'à
confentir qu'on coupât la tête à trois de
fes Gens , qui étoient ſuſpects au Parti
dominant.
part
Au refte , cette deftitution a fait un
grand changement dans le Pays , ceux.de
la Ville en paroiffent plus tranquilles ,
& ceux de la Campagne ne remuent plus
eependant les Beys d'ici préparent un
Ciij Corps
686 MERCURE DE FRANCE
Corps de 6000. hommes pour l'envoyer
contre les Rebelles , qu'on dit s'être
retranchez dans la haute Egypte , attendant
de pied ferme ceux qui doivent aller
les attaquer. On ne le pourra que par eau,
car nous fommes dans le temps de la
croiffance du Nil . Comme ces Comman
dans ont épuisé leurs fonds , & que pour
la continuation de la guerre , la folde des
6000. hommes & les autres dépenses , il
leur faut plus d'un million cinq cens mille
livres , ils tyrannifent le Peuple & taxent
tous les Marchands , ce qui fait crier hautement
contre leur Gouvernement.
Le 28. nous apprîmes qu'un Corps des
Rebelles s'étoit avancé jufqu'à deux journées
du Caire ; à cette nouvelle on s'affembla
& on confia les poftes du dehors
de la Ville à divers Seigneurs , qui avec
leurs Troupes , fe chargerent de les garder
, & comme on eft toûjouts perfuadé
que le Pacha favorife les Rebelles ,
on
alla lui ordonner de la part des Commandans
, de fortir de fa demeure pour
être conduit à la Prifon de Jofeph , fituée
dans le Château ; c'eft le lieu ordinaire
où l'on execute les Pachas lorsqu'il y a
des ordres de la Porte pour les faire mourir.
Le Pacha parut confterné, & dit qu'il
n'avoit rien fait qui méritât la mort , mais
que fi on devoit l'executer , il falloit
que
AVRIL 1730. 687
que ce fût à la porte de l'Hôtel des Jan- ,
niffaires , comme étant de leur Corps ; il
y fut conduit fur le chimp ; Zulficar Bey
ordonna qu'il y refteroit fous la garde..
d'un Bey ; dès que ce Bey fut arrivé à la
porte des Jannillaires pour y executer les ,
ordres de Zulficar , l'un des anciens Kia- :
hias ou Lieutenans des Janniffaires , fe
leva & dit en s'adreffant à tout le Corps ,
permettrez vous , mes freres , qu'on nous
faffe un tel affront , & ne fommes- nous
pas affez puiffants pour garder nous- mê- ,
mes un Pacha ; ces paroles prononcées :
avec force par un ancien Oficier du
Corps , firent une telle impreffion qu'on
envoya dire fur le champ au Bey de fe
retirer, ce que celui- cy nè fè fit pas dire .
deux fois.
qu'il
Le 29. Zulficar fit fortir toutes fes fem
mes de fa maiſon & tout ce qu'il avoit
de plus précieux , & fit travailler à des
affuts deCanon pour pouvoir monter ceux
avoit fait venir d'Alexandrie des
deux Barques Tripolines qu'il avoit confifquées
, & fait vendre à l'enchere , fur
ce que ceux de Tripoly avoient donné
retraite à Cherkez Mehemet Bey. On ne
put rien apprendre des Rebelles de tout
ce jour là , tous les poftes du dehors continuant
à être gardez .
Le 30. il partit d'ici un détachement
Ciiij de
688 MERCURE DE FRANCE
de 5oo. hommes , commandez par un
Bey , pour aller reconnoître les ennemis ,
qu'on affuroit n'être plus qu'à deux journées
d'ici , & en même- temps un autre
Bey alla fe pofter avec des Troupes &
des Canons fur une élévation qui commande
le Château & une partie de la
Ville ; les poftes continuerent à être exactement
gardez .
›
Le 31. il y eut une petite allarme aur
fujet des 5oo. hommes qu'on avoit envoyez
pour reconnoître les Ennemis , on
affuroit qu'ils avoient été battus & taillez
en pieces ; cependant on continua à envoyer
des Troupes & des Munitions aux
divers Officiers qui occupoient les dehors
de la Ville. Le même jour ceux- cy , peu
accoûtumez aux travaux de la guerre ,
envoyerent dire à Zulficar & à Youffep
Kiahia Officiers dans le Corps des
Azabs , qu'ils euffent à fortir du Caire ,
pour les venir joindre & aller enfemble
attaquer les Rebelles; ceux - cy répondirent
qu'ils ne pouvoient fortir que dans deux
ou trois jours ; on affure qu'ils fe méfient
de ceux qui ont fait cette demande , les
croyant d'intelligence avec les Rebelles .
Le premier Août , les 500. hommes en- ၂၁ ဝ .
voyez pour reconnoître les Ennemis ,
s'en retournerent épouvantez d'une ca-
* Azabs , Corps de Milice,
nonade
.
AVRIL 1730. 689
nonade dont ils furent régalez à leur approche
, ce qui les dérouta totalement.
Le même jour on vint affurer le Bey
Commandant , que les Rebelles n'avoient
tout au plus que 200. hommes de bonnes
Troupes , & 3. à 400. Arabes fort mal
équipez , ce qu'on prit grand foin de publier
pour donner du courage aux Troupes.
Le même jour il arriva au Caire un
Tartare , dépêché par un Aga de la Porte
, arrivé de Conftantinople à Damiette ,
qu'on difoit porteur de la confirmation
du Pacha deftitué. On ne voulut pas
permettre à ce Courier de voir le Pacha
toûjours prifonnier chez les Janniffaires;
le. Kiahia ou Lieutenant de ce Pacha
ayant demandé de pouvoir refter dans la
maifon qu'il occupoit auparavant , pour
avoir foin de fes femmes & de fa famille,
on le lui accorda , mais auffi - tôt qu'il y
fut entré , on lui donna des Gardes , de
forte que ce Lieutenant devint auffi
Prifonnier.
a;
Cependant l'Aga des Janniffaires , pour
calmer la Populace , fit crier par toute
la Ville que la paix & la tranquillité
étoient rétablies , qu'il n'y avoit plus rien
à craindre , & qu'on pouvoit ouvrir les
Boutiques. Mais on continua d'arrêter
tous les Bâtimens trouvez fur le Nil , pour
C v tranf
690 MERCURE DE FRANCE
tranfporter des Munitions de guerre &
de bouche à ceux qui font au bout du
vieux Caire , fur la même Riviere , pour
fervir à réduire les Rebelles.
,
Le 2. on envoya un Commandement à
Damiette pour y arrêter l'Aga , Porteur
de la confirmation du Pacha & les
6000. hommes deftinez pour aller at
taquer les Rebelles partirent. Le Procès
Verbal qu'on a coûtume de dreffer contre
le Pacha lorfqu'on le deftituë , pour envoyer
à la Porte , n'étoit pas encore fi
gné de toutes les Puiffances , mais il le
fut le 3. & on l'envoya à Conftantinople
on apprit ce jour là que les 6000. hommes
avoient fait une marche de 8. heures
confécutives , après quoi ils avoient
fait alte pour laiffer paffer les chaleurs
, & que les Rebelles attendoient
toujours de pied ferme. On apprit auffi
qu'il y avoit trois Beys du parti des Rebelles
dans la Ville , & on arrêta un homme
qui leur portoit des Provifions , mais
ayant fait inveftir la maifon indiquée ,
on ne les y trouva pas , ce qui inquiete
fort le Commandant, perfuadé qu'ils font
cachez dans cette grande Ville , où ils fomentent
les troubles .
Le 4. le bruit fe répandit que les Rebelles
en étoient venus aux mains avec
les 6000. hommes envoyez de la Ville
&
AVRIL 1730. 691
&
que ceux- cy
les avoient deffaits , &
on affure que Soliman Bey étoit mort les
armes à la main , & que Cherkes Mehemet
Bey avoit pris la fuite. Un Chef des
Arabes du parti de Zulficar , arriva en
même- temps & confirma cette nouvelle.
On crut au Caire qu'il apportoit la tête
de Soliman Bey & celle des fix autres
Grands de fon parti ; cet Arabe fut fort
bien reçû du Bey , qui lui fit prefent d'une
belle Peliffe de Samour , d'un Cheval
& d'un Village ; il fit diftribuer deux
poignées de Sequins aux Gens de fa fuite.
Sur cette nouvelle le Commandant rappella
le Bey qui étoit de garde fur la hauteur
qui domine le Château , lequel aban
donna auffi-tôt fon pofte & rentra dans
la Ville avec tous fes Gens. Le Peuple
plaignit extrémement le fort de Soliman
Bey , qui étoit adoré à cauſe de ſes bonnes
qualitez , & les Religieux Latins le
regretterent comme leur plus grand' Protecteur
dans le Pays .
Le 5. une partie des Troupes envoyées
contre les Rebelles rentra dans la Ville
avec quelques - uns des Commandans ; on
publia qu'il n'y avoit eu qu'un petit
choc , & que les Rebelles n'étant pas les:
plus forts , s'étoient retranchez entre deux
Montagnes qui les rendoient maîtres du
paffage , & on affura que Soliman Bey
692 MERCURE DE FRANCE
-1
& Cherkez étoient encore en vie & toujours
très-unis , que la prétenduë tête
qu'on avoit apportée de Soliman Bey ,
étoit celle de Marram Aly Bey , autre
Chef des Rebelles , lequel ayant eu fon
cheval tué fous lui , fut pris & eut la tête
coupée..
>
Le 6. les nouvelles varierent , on confirma
la mort de Soliman Bey , & la
deffaite des Rebelles
ajoûtant que
Cherkez Mehemet Bey , ayant été pourfuivi
, s'étoit refugié dans un Village avec
environ 400. hommes de Troupes ; làdeffus
Zulficar Bey fortit pour faire défiler
les Troupes qui étoient rentrées du
côté de ce Village pour l'inveftir & fe
rendre maître de Cherkez . Ce même jour
on amena Cara Muftapha , Chaoux des
Janniffaires , du parti des Rebelles , lequel
ayant été interrogé par le Bey Commandant
, ne daigna pas lui répondre .
Il fut conduit à l'Hôtel des Janniffaires
& interrogé par les Officiers de fon Corps,
il s'obſtina à ne vouloir rien déclarer
fur quoi on lui fit couper la tête .
Le 7. le Commandant fortit encore de
la Ville pour achever de faire repaffer la
Riviere aux Troupes commandées pour
prendre Cherkez , & en même- temps on
X fit voiturer des Munitions de guerre &
de bouche.
Le
AVRIL 1730. 693
Le 8. on continua d'affurer que SolimanBey
n'étoit pas mort, que dans la derniere
affaire qui s'eft paffée , une balle de
Moufquet ne lui avoit fait qu'éfleurer le
nez , & qu'il étoit toûjours avec Cherkez,
& en état de fe bien deffendre ; cependant
la politique des Commandans continuoit
de le faire paffer pour mort dans
le public , & l'autre Bey rencoigné dans
un Village , prêt à fe rendre ; ce qui eſt,
dit-on , bien different de la verité .
Le 9. on fit fortir le Pacha de l'Hôtel
des Janniffaires & on le renvoya dans fa
premiere maiſon , où il eft toûjours gardé ;
on continue de garder exactement les
Poftes du dedans de la Ville.
Le 10. on apprit que Cherkez s'étoit
retiré dans le Village de Manouri , fitué
dans la Behera , prefque au milieu du
chemin de Roffette à Alexandrie , &
qu'ayant fait alliance avec les Arabes de
cette Contrée , il s'étoit , pour ainfi dire ,
rendu le maître de cette Prefqu'Ifle , d'où
oncroyoit qu'il feroit difficile de le chaffer.
Le 11. le Bey Commandant , taxa toutes
les Boutiques de la Ville à un Sequin
chacune , ce qui doit lui rendre près de
vingt mille Sequins , outre cela il envoya
de temps - en-temps faire des emprunts
aux Habitans les plus aifez du Caire , ce
qui n'augmente pas la confiance , & na
link
694
MERCURE DE FRANCE
lui attire pas l'amitié du Peuple.
Le 12. on apprit que Cherkez & fes
amis avoient abandonné leurs poftes de
la Montagne , & qu'ils avoient parcouru
divers Villages de la Behere , qu'ils avoient
mis à contribution .
Le 13. Aly Bey , Commandant des Troupes
de la Ville , fut renforcé par un petit
Détachement que Zulficar lui envoya.
Ce même jour on fit la ceremonie accoûtumée
de couper le Nil, qui étoit venu
au point fixe de fa croiffance , depuis:
il a encore augmenté ; deforte que les
terres vont dans peu de temps être inondées
, ce qui pourra favorifer Cher
kez dans fa retraite , s'il a ce deffein- là.
>
Le 14. Cherkez Bey s'avança au Fioume,.
canton de la Behere , avec les Troupes
où , en chemin faifant , il fut , dit -on ,
attaqué par le Kiimakan d'un Village ,
qui lui tua une trentaine d'hommes : enfuite
de quoi il arriva au Fioume , où il
fe délaffi pendant deux jours fans être
inquieté de perfonne.
Le 15. Aly Bey envoya dire qu'il s'en
retournoit , ne fe fentant pas affez fort
pour attaquer Cherkez , qui , fuivant les
apparences , ne cherche qu'à fatiguer ceux
qui vont pour le combattre , & ce jour
là il commença d'entrer partie des Troupes
d'Aly Bey dans la Ville.
Lo
"AVRIL 1730.
695
Le 16. il arriva un Courier de la Mec
que, avec avis que la Caravane arrivetoit
dans une quinzaine de jours , il donna
auffi pour nouvelle que Mehemet Pacha
, cy-devant Pacha du Caire & preſentement
de Gedda , étoit mort à la Mecque
, en moins de trois jours , ce qu'on
affure être le motif du Voyage de Janem
Koaga à la Mecque , qui avoit , dit-on
ordre de la Porte, d'empoifonner ce Vizir.
Aly Bey arriva ce jour-là avec le refte de
fes Troupes , mais il campa dehors.
Le 17. on apprit que Cherkez Bey étoit
venu camper à deux journées du Caire
au même endroit où il avoit été ci -de-
,
vant battu , fur quoi Aly Bey envoya dire
qu'il ne vouloit plus entrer , mais qu'il
vouloit aller combattre Cherkez &
qu'on eut à lui envoyer des Troupes ; à
quoi on s'appliqua pendant toute la jour
née. On affure que la diverfion qu'avoit
fait Cherkez de courir vers Alexandrie
où les Troupes du Caire le fuivirent ,
n'étoit pas fans deffein , puifque Soliman
Bey qui avoit été bleffé dans la premiere:
Bataille s'étoit retiré dans un Village pour
fe faire guerir , & afin qu'on ne foupçonnât
rien de ce qui fe paffoit, Cherkez
avoit attiré bien loin les Troupes du Caire
& c.
· Le 18. le Kaïmakan fit appeller en plein
Divan
696 MERCURE DE FRANCE
Divan les Vizirs Aly & Uffein Qurb bigi
de Rofferte , aufquels il revêtit le Caftan
de Bey. Le Parti regnant a fait cependant
tout ce qu'il a pû pour remettre Dekir
Pacha en place ; mais celui- ci a remercié,
& delà , on conjecture avec fondement
que le Procès Verbal contre ce Pacha n'a
pas encore été envoyé à la Porte. Aly Bey
partit avec de nouvelles Troupes pour
aller combattre Cherkez ; mais on apprehende
l'inondation ne feconde pas
fon deffein. Zulficar Bey a mis la tête de
Cherkez Bey à prix , offrant de donner
dix mille fequins à ceux qui l'ameneront
en vie , & deux mille fequins à ceux qui
apporteront fa tête feulement.
que
J
Le 19. Uffein , un des nouveaux Beys,
fortit de la Ville avec 400. hommes de
Milice & alla camper hors du Vieux
Caire , fans qu'on ait fçû dans quel deffein
; les uns croyent que c'eft pour garder
les avenues , & les autres pour être
plus à portée de donner du fecours à Aly
Bey.
Le 20. on apprit que apprit que Cherkez avoit
décampé de l'endroit où il étoit , & qu'il
s'étoit mis en marche pour aller dans la
Haute Egypte , ce qui a fair refoudre Aly
Bey de s'en retourner . On affure que Cher
kez , en chemin faifant , arrête tous les
Batteaux qui tranfportent des grains au
1
Caire
AVRIL 1730. 697
Caire , & qu'il revend enfuite à fort bon
compte. Comme on ne parle en aucune
maniere plus de Soliman Bey , cela fait
croire qu'il eft effectivement mort . Uffein
Bey rentra ce jour là dans la Ville ; mais
les Troupes refterent dehors .
Le 21. les Beys & les autres Puiffances
de la Ville allerent complimenter les deux
nouveaux Beys , aufquels le Pacha n'a
pas voulu envoyer le Pavillon , fuivant
Fufage ; car quoique celui- ci foit deftitué,
il faut que le Pavillon leur foit envoyé
par
l'Homme direct du Grand - Seigneur.
On a réfolu d'envoyer les Kaïmakans dans
la Haute Egypte , chacun dans leur Village
, pour voir s'ils pourront y arriver
fans empêchement , après quoi le Bey ,
Gouverneur de cette Province , s'y rendra
auffi , mais fi au contraire les Kaïmakans
font obligés de s'en retourner , on
formera une nouvelle Thegeride ou Camp
volant pour réduire ceux qui s'oppofent.
à la tranquillité du Pays.
d'une Lettre écrite du Caire le 30.
Août 1729.
Aqui
U mois de Juin dernier , les Beys
qui s'étoient retirez au Saïdy , dans
la haute Egypte , lors de la deffaite totale
de Cherkes Mehemet Bey , arrivée en
1725. commencerent à donner des foupçons
aux Commandans du Païs , dont
Zulficar Bey eft le principal Chef , par
les intelligences qu'ils avoient dans la
Ville du Caire , ce qui fit redoubler les
attentions à chaffer ou à faire executer les
Rebelles qui reftoient dans la Ville ; ceux
qui purent éviter de perir par le Sabre
prirent le parti de s'aller joindre à ceux
de la haute Egypte , dont le nombre s'accrut
confiderablement ce qui donna
beaucoup d'inquiétude à nos Commandans
, & les détermina enfin à envoyer
un Corps de 3000. hommes pour tâcher
de les réduire , ou de les difperfer.
,
Ceux de la haute Egypte ne s'endormirent
pas de leur côté, ils s'étoient précautionnez
long- temps auparavant en fe
joignant aux Arabes , dont un des Beys.
Rebelles avoit époufé une Princeffe , fille
d'un des principaux Emirs de cette Nation,
AVRIL. 1730. 683
A
tion , ce qui leur donna le courage de
s'opposer au Corps de Troupes dont on
vient de parler. Le 5. Juillet dernier , co
Corps commença à fe mettre en marche.
Les Rebelles marcherent prefque en même
temps , ils fe rencontrerent bientôt ,
& camperent les uns devant les autres
fans coup ferir.
Quelquesjours après , Soliman Bey, Chef
des Rebelles , envoya dire à Ofman Bey ,
Commandant des Troupes du Caire , qu'il
n'étoit pas bien aife de combattre contre
Les freres , que la Religion Mufulmane ,
dont ils étoient tous , le lui deffendoit
ce qui ayant été pris par Ofman Bey pour
une marque de foibleffe , il fe détermina
au combat qui fut donné le 13. Juillet ,
mais il eut le malheur d'y fuccomber avec
le plus grand nombre des fiens , dont
plus de 350. pafferent du côté des Rebelles.
Dans la mêlée Soliman Bey atteignit
Ofman Bey d'un coup de Lance , &
s'en rendit enfuite bientôt le maître ; il
lui reprocha fes cruautez & les mauvaiſes
manieres que ceux de fon parti avoient
eues avec lui , après quoi il lui coupa luimême
la tête d'un coup de Sabre. Les
autres Beys & ceux qui font échapez
dont le nombre eft fort petit , font prefque
tous bleffez , celui des morts eft trèsconfiderable.
Cij Deux
684 MERCURE DE FRANCE
Deux jours après cette défaite , Cherkez
Mehemet Bey ,qui étoit fugitif depuis fa
déroute de 1725. rentra dans le Royaume
& joignit les Beys du Saïdy , ce qui a
beaucoup renforcé ce Parti ; ayant fait
cette jonction à la tête de 400. Maugre
bins ou Africains de Barbarie , ce renfort
fit prendre la réfolution aux Beys d'écrire
à ceux du Caire , qu'ils euffent à ne
plus envoyer de Troupes contre eux ,
étant bien réfolus d'aller au-devant pour
les combattre , ce qui obligea les Beys.
du Caire à prendre mieux leurs meſures,
ne doutant pas fur cette fierté qu'il n'y
eût dans la Ville quelqu'un qui les trahiffoit.
Ils ne furent pas long- temps à décou
vrir que c'étoit le Pacha d'Egypte lui ,
même , qui abufant de l'autorité dont il
eft revêtu , favorifoit les Rebelles , furquoi
ils s'affemblerent & prirent la réſolution
de le deftituer , ce qu'ils executerent
de cette maniere le 19. Juillet. Tous
les Beys & autres Puiffances du Pays ,
s'étant affemblez à Carameidam , * ils
firent prier le Pacha d'y venir pour conferer
enfemble fur les moyens de faire
cefler les troubles caufez par les Rebel
les ; le Pacha fe rendit à l'Affemblée ;
mais il n'y fut pas plutôt arrivé qu'on
* La Place Noire lieu oùse font les Executions:
lui
AVRIL 1730. 683
lui déclara la réſolution qu'on venoit de
prendre de le deftituer , ce qui fut executé
fur le champ ; il n'en parut point ému ,
on croit même qu'il n'eft pas fâché de
cette deftitution dans les conjonctures prefentes
. Cependant le Pacha affectant toûtjours
un air tranquille , s'adreffa au Tefterdar
ou Tréforier General , préſent à
cette Aſſemblée , à qui il dit , c'eſt donc
à vous à être Kaimakan ou Lieutenant
General du Gouvernement , ce que celuicy
refufa. Alors Zulficar Bey , qui eſt tout
puiffant dans le Parti , dit qu'ils avoient
réfolu d'élire MehemetBey, fils deDervich
Bey pour Kaimakan,à quoi lePacha confentit
; il lui vétitleCaftant ouRobe d'honneur
& lui fit prefent d'une belle Vefte doublée
d'une riche Peau , après quoi le Pacha fe
retira dans la maifon qu'on lui avoit préparée
, où il doit refter fous bonne garde,
en attendant les ordres de la Porte ; il
a reçû depuis bien des mortifications
de la des Puiffances du Pays , jufqu'à
confentir qu'on coupât la tête à trois de
fes Gens , qui étoient ſuſpects au Parti
dominant.
part
Au refte , cette deftitution a fait un
grand changement dans le Pays , ceux.de
la Ville en paroiffent plus tranquilles ,
& ceux de la Campagne ne remuent plus
eependant les Beys d'ici préparent un
Ciij Corps
686 MERCURE DE FRANCE
Corps de 6000. hommes pour l'envoyer
contre les Rebelles , qu'on dit s'être
retranchez dans la haute Egypte , attendant
de pied ferme ceux qui doivent aller
les attaquer. On ne le pourra que par eau,
car nous fommes dans le temps de la
croiffance du Nil . Comme ces Comman
dans ont épuisé leurs fonds , & que pour
la continuation de la guerre , la folde des
6000. hommes & les autres dépenses , il
leur faut plus d'un million cinq cens mille
livres , ils tyrannifent le Peuple & taxent
tous les Marchands , ce qui fait crier hautement
contre leur Gouvernement.
Le 28. nous apprîmes qu'un Corps des
Rebelles s'étoit avancé jufqu'à deux journées
du Caire ; à cette nouvelle on s'affembla
& on confia les poftes du dehors
de la Ville à divers Seigneurs , qui avec
leurs Troupes , fe chargerent de les garder
, & comme on eft toûjouts perfuadé
que le Pacha favorife les Rebelles ,
on
alla lui ordonner de la part des Commandans
, de fortir de fa demeure pour
être conduit à la Prifon de Jofeph , fituée
dans le Château ; c'eft le lieu ordinaire
où l'on execute les Pachas lorsqu'il y a
des ordres de la Porte pour les faire mourir.
Le Pacha parut confterné, & dit qu'il
n'avoit rien fait qui méritât la mort , mais
que fi on devoit l'executer , il falloit
que
AVRIL 1730. 687
que ce fût à la porte de l'Hôtel des Jan- ,
niffaires , comme étant de leur Corps ; il
y fut conduit fur le chimp ; Zulficar Bey
ordonna qu'il y refteroit fous la garde..
d'un Bey ; dès que ce Bey fut arrivé à la
porte des Jannillaires pour y executer les ,
ordres de Zulficar , l'un des anciens Kia- :
hias ou Lieutenans des Janniffaires , fe
leva & dit en s'adreffant à tout le Corps ,
permettrez vous , mes freres , qu'on nous
faffe un tel affront , & ne fommes- nous
pas affez puiffants pour garder nous- mê- ,
mes un Pacha ; ces paroles prononcées :
avec force par un ancien Oficier du
Corps , firent une telle impreffion qu'on
envoya dire fur le champ au Bey de fe
retirer, ce que celui- cy nè fè fit pas dire .
deux fois.
qu'il
Le 29. Zulficar fit fortir toutes fes fem
mes de fa maiſon & tout ce qu'il avoit
de plus précieux , & fit travailler à des
affuts deCanon pour pouvoir monter ceux
avoit fait venir d'Alexandrie des
deux Barques Tripolines qu'il avoit confifquées
, & fait vendre à l'enchere , fur
ce que ceux de Tripoly avoient donné
retraite à Cherkez Mehemet Bey. On ne
put rien apprendre des Rebelles de tout
ce jour là , tous les poftes du dehors continuant
à être gardez .
Le 30. il partit d'ici un détachement
Ciiij de
688 MERCURE DE FRANCE
de 5oo. hommes , commandez par un
Bey , pour aller reconnoître les ennemis ,
qu'on affuroit n'être plus qu'à deux journées
d'ici , & en même- temps un autre
Bey alla fe pofter avec des Troupes &
des Canons fur une élévation qui commande
le Château & une partie de la
Ville ; les poftes continuerent à être exactement
gardez .
›
Le 31. il y eut une petite allarme aur
fujet des 5oo. hommes qu'on avoit envoyez
pour reconnoître les Ennemis , on
affuroit qu'ils avoient été battus & taillez
en pieces ; cependant on continua à envoyer
des Troupes & des Munitions aux
divers Officiers qui occupoient les dehors
de la Ville. Le même jour ceux- cy , peu
accoûtumez aux travaux de la guerre ,
envoyerent dire à Zulficar & à Youffep
Kiahia Officiers dans le Corps des
Azabs , qu'ils euffent à fortir du Caire ,
pour les venir joindre & aller enfemble
attaquer les Rebelles; ceux - cy répondirent
qu'ils ne pouvoient fortir que dans deux
ou trois jours ; on affure qu'ils fe méfient
de ceux qui ont fait cette demande , les
croyant d'intelligence avec les Rebelles .
Le premier Août , les 500. hommes en- ၂၁ ဝ .
voyez pour reconnoître les Ennemis ,
s'en retournerent épouvantez d'une ca-
* Azabs , Corps de Milice,
nonade
.
AVRIL 1730. 689
nonade dont ils furent régalez à leur approche
, ce qui les dérouta totalement.
Le même jour on vint affurer le Bey
Commandant , que les Rebelles n'avoient
tout au plus que 200. hommes de bonnes
Troupes , & 3. à 400. Arabes fort mal
équipez , ce qu'on prit grand foin de publier
pour donner du courage aux Troupes.
Le même jour il arriva au Caire un
Tartare , dépêché par un Aga de la Porte
, arrivé de Conftantinople à Damiette ,
qu'on difoit porteur de la confirmation
du Pacha deftitué. On ne voulut pas
permettre à ce Courier de voir le Pacha
toûjours prifonnier chez les Janniffaires;
le. Kiahia ou Lieutenant de ce Pacha
ayant demandé de pouvoir refter dans la
maifon qu'il occupoit auparavant , pour
avoir foin de fes femmes & de fa famille,
on le lui accorda , mais auffi - tôt qu'il y
fut entré , on lui donna des Gardes , de
forte que ce Lieutenant devint auffi
Prifonnier.
a;
Cependant l'Aga des Janniffaires , pour
calmer la Populace , fit crier par toute
la Ville que la paix & la tranquillité
étoient rétablies , qu'il n'y avoit plus rien
à craindre , & qu'on pouvoit ouvrir les
Boutiques. Mais on continua d'arrêter
tous les Bâtimens trouvez fur le Nil , pour
C v tranf
690 MERCURE DE FRANCE
tranfporter des Munitions de guerre &
de bouche à ceux qui font au bout du
vieux Caire , fur la même Riviere , pour
fervir à réduire les Rebelles.
,
Le 2. on envoya un Commandement à
Damiette pour y arrêter l'Aga , Porteur
de la confirmation du Pacha & les
6000. hommes deftinez pour aller at
taquer les Rebelles partirent. Le Procès
Verbal qu'on a coûtume de dreffer contre
le Pacha lorfqu'on le deftituë , pour envoyer
à la Porte , n'étoit pas encore fi
gné de toutes les Puiffances , mais il le
fut le 3. & on l'envoya à Conftantinople
on apprit ce jour là que les 6000. hommes
avoient fait une marche de 8. heures
confécutives , après quoi ils avoient
fait alte pour laiffer paffer les chaleurs
, & que les Rebelles attendoient
toujours de pied ferme. On apprit auffi
qu'il y avoit trois Beys du parti des Rebelles
dans la Ville , & on arrêta un homme
qui leur portoit des Provifions , mais
ayant fait inveftir la maifon indiquée ,
on ne les y trouva pas , ce qui inquiete
fort le Commandant, perfuadé qu'ils font
cachez dans cette grande Ville , où ils fomentent
les troubles .
Le 4. le bruit fe répandit que les Rebelles
en étoient venus aux mains avec
les 6000. hommes envoyez de la Ville
&
AVRIL 1730. 691
&
que ceux- cy
les avoient deffaits , &
on affure que Soliman Bey étoit mort les
armes à la main , & que Cherkes Mehemet
Bey avoit pris la fuite. Un Chef des
Arabes du parti de Zulficar , arriva en
même- temps & confirma cette nouvelle.
On crut au Caire qu'il apportoit la tête
de Soliman Bey & celle des fix autres
Grands de fon parti ; cet Arabe fut fort
bien reçû du Bey , qui lui fit prefent d'une
belle Peliffe de Samour , d'un Cheval
& d'un Village ; il fit diftribuer deux
poignées de Sequins aux Gens de fa fuite.
Sur cette nouvelle le Commandant rappella
le Bey qui étoit de garde fur la hauteur
qui domine le Château , lequel aban
donna auffi-tôt fon pofte & rentra dans
la Ville avec tous fes Gens. Le Peuple
plaignit extrémement le fort de Soliman
Bey , qui étoit adoré à cauſe de ſes bonnes
qualitez , & les Religieux Latins le
regretterent comme leur plus grand' Protecteur
dans le Pays .
Le 5. une partie des Troupes envoyées
contre les Rebelles rentra dans la Ville
avec quelques - uns des Commandans ; on
publia qu'il n'y avoit eu qu'un petit
choc , & que les Rebelles n'étant pas les:
plus forts , s'étoient retranchez entre deux
Montagnes qui les rendoient maîtres du
paffage , & on affura que Soliman Bey
692 MERCURE DE FRANCE
-1
& Cherkez étoient encore en vie & toujours
très-unis , que la prétenduë tête
qu'on avoit apportée de Soliman Bey ,
étoit celle de Marram Aly Bey , autre
Chef des Rebelles , lequel ayant eu fon
cheval tué fous lui , fut pris & eut la tête
coupée..
>
Le 6. les nouvelles varierent , on confirma
la mort de Soliman Bey , & la
deffaite des Rebelles
ajoûtant que
Cherkez Mehemet Bey , ayant été pourfuivi
, s'étoit refugié dans un Village avec
environ 400. hommes de Troupes ; làdeffus
Zulficar Bey fortit pour faire défiler
les Troupes qui étoient rentrées du
côté de ce Village pour l'inveftir & fe
rendre maître de Cherkez . Ce même jour
on amena Cara Muftapha , Chaoux des
Janniffaires , du parti des Rebelles , lequel
ayant été interrogé par le Bey Commandant
, ne daigna pas lui répondre .
Il fut conduit à l'Hôtel des Janniffaires
& interrogé par les Officiers de fon Corps,
il s'obſtina à ne vouloir rien déclarer
fur quoi on lui fit couper la tête .
Le 7. le Commandant fortit encore de
la Ville pour achever de faire repaffer la
Riviere aux Troupes commandées pour
prendre Cherkez , & en même- temps on
X fit voiturer des Munitions de guerre &
de bouche.
Le
AVRIL 1730. 693
Le 8. on continua d'affurer que SolimanBey
n'étoit pas mort, que dans la derniere
affaire qui s'eft paffée , une balle de
Moufquet ne lui avoit fait qu'éfleurer le
nez , & qu'il étoit toûjours avec Cherkez,
& en état de fe bien deffendre ; cependant
la politique des Commandans continuoit
de le faire paffer pour mort dans
le public , & l'autre Bey rencoigné dans
un Village , prêt à fe rendre ; ce qui eſt,
dit-on , bien different de la verité .
Le 9. on fit fortir le Pacha de l'Hôtel
des Janniffaires & on le renvoya dans fa
premiere maiſon , où il eft toûjours gardé ;
on continue de garder exactement les
Poftes du dedans de la Ville.
Le 10. on apprit que Cherkez s'étoit
retiré dans le Village de Manouri , fitué
dans la Behera , prefque au milieu du
chemin de Roffette à Alexandrie , &
qu'ayant fait alliance avec les Arabes de
cette Contrée , il s'étoit , pour ainfi dire ,
rendu le maître de cette Prefqu'Ifle , d'où
oncroyoit qu'il feroit difficile de le chaffer.
Le 11. le Bey Commandant , taxa toutes
les Boutiques de la Ville à un Sequin
chacune , ce qui doit lui rendre près de
vingt mille Sequins , outre cela il envoya
de temps - en-temps faire des emprunts
aux Habitans les plus aifez du Caire , ce
qui n'augmente pas la confiance , & na
link
694
MERCURE DE FRANCE
lui attire pas l'amitié du Peuple.
Le 12. on apprit que Cherkez & fes
amis avoient abandonné leurs poftes de
la Montagne , & qu'ils avoient parcouru
divers Villages de la Behere , qu'ils avoient
mis à contribution .
Le 13. Aly Bey , Commandant des Troupes
de la Ville , fut renforcé par un petit
Détachement que Zulficar lui envoya.
Ce même jour on fit la ceremonie accoûtumée
de couper le Nil, qui étoit venu
au point fixe de fa croiffance , depuis:
il a encore augmenté ; deforte que les
terres vont dans peu de temps être inondées
, ce qui pourra favorifer Cher
kez dans fa retraite , s'il a ce deffein- là.
>
Le 14. Cherkez Bey s'avança au Fioume,.
canton de la Behere , avec les Troupes
où , en chemin faifant , il fut , dit -on ,
attaqué par le Kiimakan d'un Village ,
qui lui tua une trentaine d'hommes : enfuite
de quoi il arriva au Fioume , où il
fe délaffi pendant deux jours fans être
inquieté de perfonne.
Le 15. Aly Bey envoya dire qu'il s'en
retournoit , ne fe fentant pas affez fort
pour attaquer Cherkez , qui , fuivant les
apparences , ne cherche qu'à fatiguer ceux
qui vont pour le combattre , & ce jour
là il commença d'entrer partie des Troupes
d'Aly Bey dans la Ville.
Lo
"AVRIL 1730.
695
Le 16. il arriva un Courier de la Mec
que, avec avis que la Caravane arrivetoit
dans une quinzaine de jours , il donna
auffi pour nouvelle que Mehemet Pacha
, cy-devant Pacha du Caire & preſentement
de Gedda , étoit mort à la Mecque
, en moins de trois jours , ce qu'on
affure être le motif du Voyage de Janem
Koaga à la Mecque , qui avoit , dit-on
ordre de la Porte, d'empoifonner ce Vizir.
Aly Bey arriva ce jour-là avec le refte de
fes Troupes , mais il campa dehors.
Le 17. on apprit que Cherkez Bey étoit
venu camper à deux journées du Caire
au même endroit où il avoit été ci -de-
,
vant battu , fur quoi Aly Bey envoya dire
qu'il ne vouloit plus entrer , mais qu'il
vouloit aller combattre Cherkez &
qu'on eut à lui envoyer des Troupes ; à
quoi on s'appliqua pendant toute la jour
née. On affure que la diverfion qu'avoit
fait Cherkez de courir vers Alexandrie
où les Troupes du Caire le fuivirent ,
n'étoit pas fans deffein , puifque Soliman
Bey qui avoit été bleffé dans la premiere:
Bataille s'étoit retiré dans un Village pour
fe faire guerir , & afin qu'on ne foupçonnât
rien de ce qui fe paffoit, Cherkez
avoit attiré bien loin les Troupes du Caire
& c.
· Le 18. le Kaïmakan fit appeller en plein
Divan
696 MERCURE DE FRANCE
Divan les Vizirs Aly & Uffein Qurb bigi
de Rofferte , aufquels il revêtit le Caftan
de Bey. Le Parti regnant a fait cependant
tout ce qu'il a pû pour remettre Dekir
Pacha en place ; mais celui- ci a remercié,
& delà , on conjecture avec fondement
que le Procès Verbal contre ce Pacha n'a
pas encore été envoyé à la Porte. Aly Bey
partit avec de nouvelles Troupes pour
aller combattre Cherkez ; mais on apprehende
l'inondation ne feconde pas
fon deffein. Zulficar Bey a mis la tête de
Cherkez Bey à prix , offrant de donner
dix mille fequins à ceux qui l'ameneront
en vie , & deux mille fequins à ceux qui
apporteront fa tête feulement.
que
J
Le 19. Uffein , un des nouveaux Beys,
fortit de la Ville avec 400. hommes de
Milice & alla camper hors du Vieux
Caire , fans qu'on ait fçû dans quel deffein
; les uns croyent que c'eft pour garder
les avenues , & les autres pour être
plus à portée de donner du fecours à Aly
Bey.
Le 20. on apprit que apprit que Cherkez avoit
décampé de l'endroit où il étoit , & qu'il
s'étoit mis en marche pour aller dans la
Haute Egypte , ce qui a fair refoudre Aly
Bey de s'en retourner . On affure que Cher
kez , en chemin faifant , arrête tous les
Batteaux qui tranfportent des grains au
1
Caire
AVRIL 1730. 697
Caire , & qu'il revend enfuite à fort bon
compte. Comme on ne parle en aucune
maniere plus de Soliman Bey , cela fait
croire qu'il eft effectivement mort . Uffein
Bey rentra ce jour là dans la Ville ; mais
les Troupes refterent dehors .
Le 21. les Beys & les autres Puiffances
de la Ville allerent complimenter les deux
nouveaux Beys , aufquels le Pacha n'a
pas voulu envoyer le Pavillon , fuivant
Fufage ; car quoique celui- ci foit deftitué,
il faut que le Pavillon leur foit envoyé
par
l'Homme direct du Grand - Seigneur.
On a réfolu d'envoyer les Kaïmakans dans
la Haute Egypte , chacun dans leur Village
, pour voir s'ils pourront y arriver
fans empêchement , après quoi le Bey ,
Gouverneur de cette Province , s'y rendra
auffi , mais fi au contraire les Kaïmakans
font obligés de s'en retourner , on
formera une nouvelle Thegeride ou Camp
volant pour réduire ceux qui s'oppofent.
à la tranquillité du Pays.
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Résumé : SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait d'une Lettre écrite du Caire le 30. Août 1729.
En août 1729, les beys retirés au Saïdy en Haute-Égypte, après la défaite de Cherkes Mehemet Bey en 1725, commencèrent à susciter des soupçons parmi les commandants du Caire, notamment Zulficar Bey. Les rebelles restants dans la ville furent soit chassés, soit exécutés, beaucoup rejoignant les rebelles en Haute-Égypte. En juillet 1730, un corps de 3 000 hommes fut envoyé pour les réduire, mais les rebelles, alliés aux Arabes, résistèrent. Le 13 juillet, après un refus de combat de Soliman Bey, chef des rebelles, une bataille éclata. Ofman Bey, commandant des troupes du Caire, fut tué par Soliman Bey, qui lui reprocha ses cruautés avant de lui couper la tête. Cette défaite renforça les rebelles avec le retour de Cherkes Mehemet Bey et un renfort de 400 Maugrebins. Les beys du Caire découvrirent que le Pacha d'Égypte favorisait les rebelles et le destituèrent le 19 juillet. Mehemet Bey, fils de Dervich Bey, fut nommé lieutenant général. Malgré cette destitution, les troubles continuèrent. Les beys préparèrent un corps de 6 000 hommes pour attaquer les rebelles retranchés en Haute-Égypte. Le Pacha, emprisonné, subissait des mortifications. Les commandants, manquant de fonds, tyrannisaient le peuple pour financer la guerre. Le 28 août, des rebelles approchèrent du Caire, renforçant les mesures de sécurité. Le Pacha fut transféré en prison, mais les Jannissaires refusèrent de le garder, le considérant comme l'un des leurs. Zulficar Bey renforça les défenses de la ville. Le 31 août, une alarme fut déclenchée par une attaque sur les éclaireurs. Les commandants continuèrent à envoyer des troupes et des munitions. Le 1er août, les éclaireurs revinrent épouvantés par une embuscade. Les nouvelles sur la situation des rebelles variaient, mais les commandants restaient vigilants. Le 5 août, une partie des troupes rentra au Caire, affirmant une résistance des rebelles. Le 6 août, la mort de Soliman Bey fut confirmée, et Cherkes Mehemet Bey se réfugia dans un village. Zulficar Bey préparait une nouvelle offensive. Du 6 au 21 avril 1730, plusieurs événements marquants se déroulèrent au Caire et dans ses environs. Cara Muftapha, un chef rebelle, fut exécuté après avoir refusé de répondre aux interrogatoires. Le commandant de la ville continua de renforcer les troupes et de préparer des munitions pour affronter Cherkez. Des rumeurs circulaient sur la mort de Soliman Bey, bien que la politique officielle le déclarât mort, des informations suggéraient qu'il était toujours en vie et prêt à se défendre. Cherkez se retira dans le village de Manouri, s'alliant avec les Arabes locaux pour contrôler la région. Le commandant de la ville imposa une taxe sur les boutiques et fit des emprunts auprès des habitants. Cherkez et ses alliés pillèrent divers villages de la Behere. Aly Bey, commandant des troupes, fut renforcé et participa à la cérémonie de la coupe du Nil. Cherkez attaqua le Fioume et se délasça sans être inquiété. Aly Bey, jugeant ses forces insuffisantes, décida de ne pas attaquer Cherkez. Un courrier de La Mecque annonça la mort de Mehemet Pacha et l'arrivée imminente de la caravane. Aly Bey et Uffein Qurb bigi furent nommés Beys, et Aly Bey partit combattre Cherkez, bien que l'inondation puisse entraver ses plans. Uffein sortit de la ville avec des milices, et Cherkez se déplaça vers la Haute Égypte, interrompant le transport de grains vers Le Caire. Les Beys et autres autorités complimentèrent les nouveaux Beys, et des préparatifs furent faits pour envoyer des Kaïmakans en Haute Égypte afin de rétablir l'ordre.
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8
p. 2736-2737
RUSSIE.
Début :
Les Lettres de Derbent portent que le Roi de Perse avoit fait dire aux Commandans des [...]
Mots clefs :
Tsarine, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
LEs Roide
Es Lettres de Derbent portent que le Roi de
Troupes Mofcovites en Perfe qu'il obferveroit
exactement les Traités qu'il a conclus avec le
feu Czar Pierre I. & que fi les Marchands, Sujets
de la Czarine , vouloient aller négocier dans
fes Etats , il leur accorderoit tous les Paffeports
qu'ils demanderoient.
>
Les Ouvriers qu'on avoit envoyés dans les
Montagnes de la Georgie pour y travailler aux
Mines d'or & d'argent qu'on y a découvertes
n'en étoient pas encore revenus à Aftracant au
mois de Septembre dernier , & l'on a fçû que
I. Vel. n'étant
DECEMBRE. 1730. 2737
:
n'étant pas en affez grand nombre , ils n'avoient
pú faire fauter les Rochers qui couvrent ces
Mines comme on eft perfuadé qu'elles feront
d'un grand produit , parceque les fources qui
coulent de ces Montagnes entraînent un fable
très -chargé de paillittes d'or , on a réſolu de ne
point abandonner cette entrepriſe & d'y envoyer
encore deux cens homines , avec des provifions
en abondance,
Les Chefs des Cofaques venus à Moscou pour
fervir d'otages de la fidelité de leur Nation , ont
été renvoyés chez eux après avoir promis , avec
ferment, de ne prendre les armes qu'en faveur de
la Czarine , & de lui fournir 100000. hommes
en cas qu'elle fut obligée d'entrer en guerre avec
le Grand- Seigneur.
Le Commandant de Pultowa a écrit depuis que
les Cofaques , tant ceux qui font fous la protection
du G. S. que ceux qui fe font mis fous
celle de S. M. Cz. avoient eu ordre , fous peine
de mort , de prêter ferment de fidelité à S. H.
& d'envoyer à Conftantinople les arrerages échus
de leur tribut ordinaire.
â
On a dépeché un Courier au Commandant
dans l'Ukraine pour lui porter ordre d'empêcher
les Cofaques foumis à la Czarine d'executer les
ordres de la Porte , & de leur promettre toutes
fortes de fecours , en cas qu'on voulut les forcer
à prêter le ferment qu'on leur demande.
LEs Roide
Es Lettres de Derbent portent que le Roi de
Troupes Mofcovites en Perfe qu'il obferveroit
exactement les Traités qu'il a conclus avec le
feu Czar Pierre I. & que fi les Marchands, Sujets
de la Czarine , vouloient aller négocier dans
fes Etats , il leur accorderoit tous les Paffeports
qu'ils demanderoient.
>
Les Ouvriers qu'on avoit envoyés dans les
Montagnes de la Georgie pour y travailler aux
Mines d'or & d'argent qu'on y a découvertes
n'en étoient pas encore revenus à Aftracant au
mois de Septembre dernier , & l'on a fçû que
I. Vel. n'étant
DECEMBRE. 1730. 2737
:
n'étant pas en affez grand nombre , ils n'avoient
pú faire fauter les Rochers qui couvrent ces
Mines comme on eft perfuadé qu'elles feront
d'un grand produit , parceque les fources qui
coulent de ces Montagnes entraînent un fable
très -chargé de paillittes d'or , on a réſolu de ne
point abandonner cette entrepriſe & d'y envoyer
encore deux cens homines , avec des provifions
en abondance,
Les Chefs des Cofaques venus à Moscou pour
fervir d'otages de la fidelité de leur Nation , ont
été renvoyés chez eux après avoir promis , avec
ferment, de ne prendre les armes qu'en faveur de
la Czarine , & de lui fournir 100000. hommes
en cas qu'elle fut obligée d'entrer en guerre avec
le Grand- Seigneur.
Le Commandant de Pultowa a écrit depuis que
les Cofaques , tant ceux qui font fous la protection
du G. S. que ceux qui fe font mis fous
celle de S. M. Cz. avoient eu ordre , fous peine
de mort , de prêter ferment de fidelité à S. H.
& d'envoyer à Conftantinople les arrerages échus
de leur tribut ordinaire.
â
On a dépeché un Courier au Commandant
dans l'Ukraine pour lui porter ordre d'empêcher
les Cofaques foumis à la Czarine d'executer les
ordres de la Porte , & de leur promettre toutes
fortes de fecours , en cas qu'on voulut les forcer
à prêter le ferment qu'on leur demande.
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Résumé : RUSSIE.
En décembre 1730, plusieurs affaires politiques et économiques sont rapportées en Russie. Le roi de Perse s'engage à respecter les traités avec le tsar Pierre Ier et à délivrer des passeports aux marchands russes. En Géorgie, des ouvriers envoyés exploiter des mines d'or et d'argent n'étaient pas revenus à Astracan en septembre. En raison de leur faible nombre, ils n'avaient pas pu dégager les mines, mais 200 hommes supplémentaires avec des provisions abondantes doivent être envoyés. Les chefs cosaques à Moscou ont offert des otages pour prouver leur fidélité à la czarine et ont promis 100 000 hommes en cas de guerre avec le Grand Seigneur. Le commandant de Pultowa a signalé que les Cosaques, qu'ils soient sous la protection du Grand Seigneur ou de la czarine, avaient reçu l'ordre de prêter serment à la Sublime Porte et de payer les arriérés de leur tribut. Un courrier a été envoyé en Ukraine pour empêcher les Cosaques soumis à la czarine d'exécuter les ordres de la Porte et pour leur offrir des secours en cas de pression.
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9
p. 2471-2480
De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
Début :
Je vous ai mandé, Monsieur, par ma Lettre du 22 Avril, que la porte avoit ordonné au [...]
Mots clefs :
Moscovites, Tartares, Nouvelles, Perse, Général, Troupes, Marche, Passage, Commandant, Crimée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
De Constantinople , le 6 Septembre 1733 .
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
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A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
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d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
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Résumé : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
En septembre 1733, un rapport de Constantinople décrit les mouvements des Tartares de Crimée, envoyés par la Porte en Perse. Ces Tartares ont traversé le Caucase, évitant les terres moscovites, pour atteindre la Géorgie puis le Daghestan, où ils ont été rejoints par les Lesghis. Leur progression vers la Perse est confirmée, mais des divergences existent sur leur passage à Derbent. Les Moscovites les ont arrêtés, mais des rapports contradictoires circulent. Aslan Ghuirai, chef des Tartares, a rapporté deux affrontements près de Solak entre les Tartares et les Moscovites. Après avoir traversé le pays de Kabarta et le fleuve Terki sans obstacle, les Tartares ont été confrontés par les Moscovites qui exigeaient un droit de passage. Malgré les négociations, les Moscovites ont attaqué, mais les Tartares, soutenus par les Lesghis et les Comouks, ont remporté la victoire. Ils ont capturé des canons, des chariots de munitions et fait des prisonniers. Des lettres du gouverneur d'Asof confirment ces événements et ajoutent que les Moscovites cherchaient à gagner du temps pour renforcer leurs troupes. Les Tartares, ayant découvert cette stratégie, ont attaqué et vaincu les Moscovites lors d'un second affrontement. Plus récemment, les Tartares ont contourné les forces moscovites près de Solak et ont traversé le Coyou-Sovi. Ils ont ensuite rencontré et défait un convoi moscovite près de Derbent, mais ont été arrêtés par des renforts moscovites. Il est présumé que les Comouks, alliés des Tartares, pourraient faciliter leur passage vers la Géorgie. Le Grand Visir a refusé de donner des ordres aux Tartares, estimant que la situation avait déjà évolué. Dans la région du Kabarta, les Moscovites ont rencontré une résistance des Tartares. Dans une partie du Kabarta reconnaissant la Czarine comme souveraine, 300 Moscovites, envoyés pour soutenir les habitants, ont appris que leurs compatriotes avaient été battus par les Tartares. Craignant une attaque, ils ont demandé la permission de se retirer et une escorte au chef local, qui a accepté mais a ensuite trahi sa promesse en alertant le fils du Khan de Crimée. Ce dernier a attaqué et massacré les 300 Moscovites. À Constantinople, les ministres de la Porte ont réagi en envoyant des munitions et de l'artillerie à Asof pour se préparer à une éventuelle rupture avec les Moscovites. Les conséquences de ces événements restent incertaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 187-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 2 Avril, le Roi tint le Sceau pour la troisieme fois dans la même [...]
Mots clefs :
Sceau, Maîtres des requêtes, Ouragan, Dégâts, Duc, Comtesse, Évêque, Compagnie des Mousquetaires, Convention, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Articles, Troupes, Hiérarchie, Brigadiers, Officiers, Commandant, Campement, Chevaliers, Académie royale des sciences, Corsaires , Marchandises, Capitaines
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
LE 2 Avril , le Roi tint le Sceau pour la troifieme
fois dans la même piece de fon appartement ,
où Sa Majesté l'avoit tenu le 4 & le 18 du mois
de Mars. Les fix Maîtres des Requêtes , nommés par le Roi pour affifter
au Sceau pendant
ce trimeftre
, font Mrs. de Bercy , de Villeneuve ,
d'Argouges de Fleury , Bernard de Balinvilliers ,
le Nain , & Amelot de Chaillou . Après que M.
Jolly , Grand Audiencier de France , eut préfenté
les Lettres dont il étoit chargé ; ils firent
ainfi que le Confeiller du Grand Confeil , Grand
Rapporteur , le rapport de celles qui les concernent.
M. Charpentier , Contrôleur Général de
la Chancellerie , a rempli les fonctions de cette
charge. Elles avoient été remplies dans le trimeftre
de Janvier par M. Chazelle , alors en
exercice . Les trois jours que Sa Majeſté a tenu le
Sceau , M. de la Haye , Procureur du Roi des
Requêtes de l'Hôtel , & Général des grande &
petite Chancelleries , a occupé la place qui lui
eft marquée derriere les Maîtres des Requêtes.
On effuya à Paris , le même jour au foir , un ouragan
des plus terribles . Cette tempête a embraf
fé une grande étendue de pays , & a caufé des
188 MERCURE DE FRANCE.
dommages confidérables en plufieurs endroits
Elle a été , particuliérement au Havre , l'occafion
d'un finiftre événement. L'impétuofité du
vent ayant emporté une partie du comble de la
falle de la Comédie , une autre partie de ce
comble eft tombée fur les luftres & fur les lampions
du théâtre. Le feu a pris aux décorations ,
& bientôt à toute la falle . Il y avoit près de
cinq cens perfonnes au fpectacle. Onze ont été ,
les unes écrasées , les autres brûlées ou étouffées .
Vingt autres ont été bleffées . Toute la falle a
été réduite en cendres. L'incendie a duré trois
heures. Il auroit confumé la ville entiere , fi les
fecours qu'on apporta n'euffent arrêté le progrès
des Aammes.
Le Jeudi-Saint , l'Evêque de Saint - Omer ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de la Cene de M. Frefneau , Vicaire de la Paroiffe
Royale de Saint Germain l'Auxerrois à
Paris ; Sa Majesté a lavé les pieds à douze pauvres
, & les a fervis à table. Le Prince de Condé ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc
de Penthievre , & par les principaux Officiers
de Sa Majesté . Après cette cérémonie , le Roi
& la Reine fe font rendus à la Chapelle , où
Leurs Majeftés ont entendu la grande Meffe , &
ont affifté enfuite à la Proceffion.
Le 11 , Madame la Comteffe de Giſors , à qui le
Roi a accordé un Brevet d'Honneur, eut l'honneur
de faluer Leurs Majeftés , & prit le tabouret .
Le Roi a choifi l'Evêque , Duc de Laon , pour
JUIN. 1757. 189
remplacer en qualité d'Ambaſſadeur de Sa Majeſté
auprès du Saint Siege, le Comte de Stainville , qui
doit aller réfider avec le même caractere auprès de
l'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme.
Le 17 Avril , les Députés des Etats d'Artois
eurent audience du Roi , étant préſentés par M.
le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province >
& par M. le Marquis de Paulmy, Miniftre & Secre
taire d'Etat , & conduits par M. Defgranges , Maître
des Cérémonies. La députation étoit compofée,
pour le Clergé , de l'Evêque de Saint- Omer , qui
porta la parole ; du Marquis de Creny , pour la
Nobleffe , & de M. de Canchy , Maire d'Arras
pour le Tiers Etat.
"
Le Roi a accordé la Cornette vacante dans la
feconde compagnie des Moufquetaires par la mort
de M. le Marquis de Villegagnon , à M. de Keret
de Keravel , premier Maréchal des Logis de cette
Compagnie. Sa Majefté en cette occaſion a bien
voulu rappeller un ufage long-temps fuivi par
rapport aux deux compagnies de Moufquetaires.
Toute la Nobleffe apprendra fans doute avec
plaifir une nouvelle qui intéreffe un Corps ,
dans lequel elle a toujours tenu à honneur de faire
au moins fes premieres campagnes.
Le 10 Mai , le Roi tint le Sceau , pour la cinquieme
fois. Avant le Sceau , les Secretaires du
Roi eurent l'honneur de préfenter à Sa Majeſté
dans fon Cabinet la bourfe de jettons , que cette
Compagnie donne ordinairement au Garde des
Sceaux le jour de S. Jean Porte-Latine. M. Carpot,
comme l'ancien des Secretaires du Roi préfens ,
porta la parole. La bourfe fut préſentée par
M. Hemart , Tréſorier de la Compagnie.
Le 11 Mai , le Roi , accompagné de Monſei
gneur le Dauphin , fit dans la plaine des Sablons ,
190 MERCURE DE FRANCE.
la revue des Régimens des Gardes Françoiſes &
Suiffes. Ces deux Régimens , après avoir fait
l'exercice , défilerent en préfence de Sa Majesté.
Madame & Mefdames Victoires & Sophie , af
fifterent à cette revue. Le peuple exprima par fes
acclamations réitérées la joie que lui inſpiroit la
préfence de Sa Majesté.
Le Roi a agréé , pour la place de Colonel-
Lieutenant du Régiment d'Infanterie d'Orléans ,
vacante par la démiffion du Comte de Balleroy ,
le Marquis Saujon , Colonel dans les Grenadiers
de France. Sa Majefté a nommé le Comte de
Guines de Souaftre , & le Chevalier de Durfort ,
Colonels dans le Corps des mêmes Grenadiers.
La convention conclue entre le Roi & l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , fur le
fervice de leurs armées combinées , étant d'une trop
grande étendue pour pouvoir être inférée ici en
entier , on fe contentera d'en extraire les principaux
articles :
« Les troupes de S. M.Très- Chrétienne n'étant
» qu'auxiliaires des troupes de S. M. l'Impératrice
» Reine, celles - ci auront toujours la droite en quel
» que nombre qu'elles fe trouvent avec les trou-
» pes Françoifes , excepté dans le cas où la difpo-
» fition militaire ne pourroit pas permettre aux
» troupes de former la totalité de l'aîle droite ,
>> premiere & feconde ligne : en ce cas , l'Infan-
» terie de Sa Majesté l'Impératrice aura la totalité
» de la droite de l'infanterie , premiere & fecon-
» de ligne ; le Corps de la Cavalerie , premiere
» & feconde ligne , fera placé & joint à la droite
» de l'Infanterie , & le furplus de la Cavalerie ,
>> néceffaire pour former l'aîle droite , fera fourni
» par les troupes Françoifes. Dans le même cas
où les troupes Françoifes feront auxiliaires , &
JUIN. 1757. 191
où elles feront en moindre nombre que les trou
» pes de l'Impératrice Reine , elles feront mifes
» en bataille fur l'aîle gauche dans le même or→
» dre , qui vient d'être expliqué pour l'aîle droite
» en parlant des troupes de l'Impératrice Reine..
>> Mais fi au contraire , par quelque cas impré-
» vu , les troupes de l'Impératrice Reine devien
» nent auxiliaires du Corps des troupes Françoi-
» fes , elles prendront pofte à la gauche , fuivant
» les difpofitions prefcrites ci - deffus pour les trou-
» pes Françoifes , lorfqu'elles étoient dans le cas
» d'être auxiliaires .
» Quelque grade militaire que puiffe avoir l'Of-
>> ficier qui commandera en chef les troupes de l'u-
» ne ou de l'autre Nation , qui feront en moindre
» nombre dans une armée combinée , il fera tou-
» jours la feconde perfonne de l'armée , fans pouvoir
devenir la premiere , quand même le com-
» mandement tomberoit entre les mains d'un
» Officier Général des troupes de l'autre Nation ,
» qui feroit d'un grade inférieur au fien.
La préférence pour le commandement entre
» les Officiers Généraux des deux Nations , Officiers
Supérieurs , & autres , fera toujours réglée
» par la date des pouvoirs , brevets & commiffions
defdits Officiers , auxquels , à grade égal ,
» l'ancienneté donnera toujours le droit de com-
> mander.
» Comme il y a dans les troupes des deux Puiffances
, des grades différens les uns des autres ,
» tels que ceux de Brigadiers d'Infanterie , de
» Cavalerie & de Dragons , dans les troupes de
» S. M. T. Chrétienne , & ceux de Généraux d'Infanterie
& de Cavalerie dans les armécs de l'Impératrice
Reine ; & comme il eft néceffaire d'égalifer
le fervice par quelque expédient , qui
5
192 MERCURE DE FRANCE.
»fatisfaffe également aux ufages des deux Nations ?
l'Impératrice Reine défignera autant de Colonels
de fes troupes , qu'Elle le jugera à propos ,
» pour faire le ſervice de Brigadiers dans les ar-
» mées combinées ; & de fon côté S. M. T. C.
défignera le nombre qu'Elle jugera à propos de
Lieutenans-Généraux de ſes armées , pour faire
» le fervice de Généraux de Cavalerie & d'Infante.
» rie dans lefdites armées combinées .
>> Tous les Généraux de Cavalerie ou d'Infante-
» rie de l'une ou de l'autre Nation , foit qu'ils
>> aient réellement le grade , foit qu'ils foient
» fimplément défignés & admis à en remplir les
>> fonctions , prendront rang entr'eux pour le
> commandement , du jour de la date de leurs
» pouvoirs , ou commiffions de Lieutenans - Gé-
» néraux.
» De même les Brigadiers de l'une & l'autre
» Nation , ou poffédant réellement ce titre , ou en
>> étant revêtus occafionnellement , prendront rang
» entr'eux , pour le commandement & le fervice ,
» du jour de la date de leurs commiffions reſpecti
» ves de Colonels. Quant aux Lieutenans- Colo-
» nels François , employés en leur qualité de Brigadiers
, ils prendront rang avec les Officiers
» Autrichiens défignés pour faire ledit fervice de
Brigadiers , fuivant la date de leurs brevets de
» Brigadiers ; & les mêmes Colonels Autrichiens ,
» défignés pour tenir rang avec les Brigadiers , fe
» régleront en conféquence , fuivant la date de
» leurs commiffions de Colonels , avec lefdits
Lieutenans -Colonels des troupes Françoiſes ,
» du jour que lesdits Lieutenans-Colonels auront
» été nommés au grade de Brigadier .
» L'ufage étant parmi les troupes Françoifes ,
que dans les détachemens l'Officier de Cava-
» lerię
JUIN. 1757.
193
» lerie commande en plaine , & que lorsque le
» même détachement ſe trouve dans les Places ou
» dans des lieux fermés , le commandement appartient
, à grade égal , à l'Officier d'Infante
» rie : au contraire , parmi les troupes Autri
» chiennes , le commandement ne variant jamais ,
foit en plaine , foit dans les lieux fermés , cha
» que Nation fuivra fes regles à cet égard. Et
toutes les fois qu'il y aura variation entre les
» Commandans des troupes Françoiſes en confé
» quence de leurs Ordonnances , le nouveau Com.
» mandant fera toujours en droit de fe régler avec
» les Commandans des troupes Autrichiennes par
n la date de leurs commiffions refpectives. Mais
» l'Officier Autrichien commandera , foit en plai
» ne , foit dans les lieux fermés , s'il eft ancien
» ou fuivant fon ancienneté fur celui des deux
» qui appartiendra de droit le commandement
» fur les troupes Françoifes.
- >> Le Commandant en chefdu Corps de troupes
>> des deux Nations , qui fera en moindre nomwbre
dans une armée combinée , fera appellé à
> tous les Confeils de guerre , & à fon défaure
l'Officier Général , ou autre à qui le comman~
» dement des troupes de fa Nation fera échu...
7
Il ne pourra rien diminuer ni changer aux
»-bans que les Général de Parmée fera publier :
» cependant comme il peut y avoir dans les ufa-
» ges de l'une des deux Nations , des punitions
plus féveres pour certains crimesque dans l'au
>>>- tre , chaque Nation, fuivra fes uſages à cet
» égard ; & le Commandant des troupes qui fe
» ront en moindre nombre à l'armée pourra tou
»jours ajouter au ban du Général de l'armée , ce
» qu'il croira néceffaire pour la plus févere punition «
» des délits , & pour l'entière exécution des Or- e
• II. Vol b anellinred I
194 MERCURE DE FRANCE.
I
» donnances de fon Souverain , auxquelles il aura
> attention de fe conformer ; mais il ne pourra
jamais rien diminuer à l'efpece des punitions qui
» feront ordonnées par lefdits bans du Général
» de l'armée , quand même les uſages de få Nay
tion feroient différens. .....
» Il pourra faire grace aux criminels des trou-
» pes de fa Nation pour les cas de fa juftice parti-
>> culiere , mais non pas pour les délits commis
> contre les défenfes portées dans les bans publiés
» par l'ordre du Général de l'armée , à qui feul ce
droit appartiendra ; mais de fon côté le Général
» de l'armée ne pourra pas faire grace à un crimi-
>> nel qui auroit été condamné par le Confeil de
guerre de l'autre Nation , fur les fujets de laquelle
le droit de vie & de mort appartient à
» fon feul Souverain , ou à celui qui le repréfente.
» Le feul Général de l'armée combinée aura
» droit de donner des fauve -gardes ; mais lorfqu'il
en enverra , il en fera fourni proportion-
»> nellement par les troupes des deux Nations.
» On fuivra , pour la façon de camper , & pour
» les détails du campement , les ufages de chaque
» Nation . Elles fuivront de même leurs ufages
» pour leur ordre de bataille particulier.
A l'égard des marches générales de l'armée ;
» quoique l'on convienne que les troupes belligé
Drantes doivent toujours avoir la droite & Pa-
>>. vant-garde , cependant il eft des occafions , où,
» en corps d'armée , cette difpofition ne peut pas
» avoir lieu militairement , & le Général de l'ar-
» mée fera le maître de faire , à ce ſujet , les dif
p.pofitions telles qu'il le jugera à propos.
ม
En détachement , les troupes de la Nation
belligérante auront toujours l'avant- garde en
pallant à l'ennemi, & l'arriére- garde dans les cas
» de retraite ; les bataillons de la même Nation ,
JUIN. 1757. 195
la droite dans la tranchée ; & leurs Compagnies
» de Grenadiers , la tête de la ſappe.
» Les Gardes & détachemens feront fournis par
proportion réciproque du nombre complet des
» troupes de chaque Nation , qui formeront l'armée
combinée . Chaque garde ne fera jamais
» compofée que de troupes de la même Nation .
» Les détachemens de cinquante hommes , & au
» deffous , ne feront de même jamais compofés
» que de troupes de la même Nation . Les déta-
*
chemens plus confidérables feront compofés de
» plufieurs troupes de cinquante hommes des
» troupes des deux Nations , en proportion de
» leurs forces. Et comme les Officiers particuliers
» des troupes Autrichiennes font en moindre
» nombre que ceux des troupes Françoifes , ils
» n'enfourniront que la moitié de ceux qui feront
» commandés pour les détachemens des troupes
>> Françoiſes , à moins que pour des raifons par-
❤ticulieres le Commandant Général de leur Na-
» tion ne jugeât à propos d'y faire marcher un
plus grand nombre d'Officiers.
» Dans les difpofitions qui feront faites pour
» l'emplacement des troupes des deux Nations
dans des cantonnemens ou des quartiers d'hywwer
, on obfervera , autant qu'il fera poffible
» de les placer fuivant l'ordre de bataille que les
troupes des deux Nations tiennent entr'elles à
l'armée.
» Si les circonstances , la nature du pays , les
objets militaires , ou autre raiſons , ne permet-
>> toient pas de fuivre cet ordre , on obfervera de
ne point entremêler les troupes d'une Nation
» avec celles de l'autre , & de leur former un ar-
» rondiffement , de façon que le corps qui fera
» en moindre nombre , de même que celui qui
Î ij
196 MERCURE DE FRANCE.
» fera en plus grand nombre , foient placés , fans
» interruption , en premiere , feconde & troifie-
» me ligne.
Il en fera de même pour les fourrages ; &
» dans ceux qui feront faits , foit au verd , ſoit au
» fec , on obfervera d'affigner, à chaque Nation
» un terrein marqué , ou un arrondiffement de
» Villages , qui faffe que chaque Nation puiſſe
» fourrager fans le mêler avec l'autre.
Cette convention , qui contient trente-huit articles
, fut fignée à Vienne le 25 du mois de Février
dernier , au nom du Roi , par le Maréchal
d'Eftrées , Plénipotentiaire de Sa Majefté , & au
nom de l'Impératrice Reine de Hongrie & de
Boheme , par le Feld- Maréchal Comte de Neipperg,
chargé des pouvoirs de cette Princeffe. La
ratification du Roi eft datée du 19 Mars , & celle<<
de l'Impératrice Reine , du 25 du même mois.
Le 11 Mai , les Chevaliers de l'Ordre de Saint-
Michel tinrent un Chapitre dans le grand Gouvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Duc de Vil
leroy, Chevalier des Ordres du Roi , y préfida en..
qualité de Commiffaire de Sa Majesté. H reçut
Chevaliers M. Dupleix , ci-devant Gouverneur de
Pondichery , & Commandant en chef dans les établillemens
François aux Indes Orientales ; M, Faucher,
Commiffaire des Guerres , qui a été emploié ‹
pour les affaires du Roi à Genes, & à Turin , &
M. Laurent , Ingénieur célebre par l'invention de
plufieurs machines auffi utiles qu'ingénieuſes. Le
Baron d'Olne , Liégeois M. Olivieri , premier
Sculpteur du Roi d'Efpagne , &@M. Zabielo
, Gentilhomme de Lithuanie , que le Roi a
nommés Chevaliers , furent préconisés dans les
mêmeChapitre Sa Majefté a mis auffi au nombre
des Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel M.
L
197
$
JUIN
. 1757.
Haufer , Bailli du canton de Glaris , & M. Freuler,
Banneret & Brigadier du même Canton.
Le 12,le Roi & Madame furent parrein & marreine
de M. Bontemps , un des quatre Valets de
Chambre de Sa Majefté , & dont la famille depuis
quatre générations poffede cette charge. Il a éte
nommé Louis Pierre- Dominique. Les cérémonies
du Baptême lui furent fuppléées.dans la Chapelle
du Château , en préfence du Curé de la Paroiffe de
Notre-Dame , par l'Abbé de Sainte Aldegonde ,
Aumonier du Roi.
Leurs Majeftés fignerent le 15 le contrat de
mariage de M. Bontemps avec Mlle. Teiffier , fille
de l'ancien Maître de la Chambre aux Deniers ,
& celui de M. Teiffier fils avec Dlle. Bontemps.
Sur la démiffion de M. de Pontcarré , de Roi a
nommé premier Préfident du Parlement de Nor.
mandie M. Hue de Miromefnil , Maître des Requêtes.
M. Buache , de l'Académie Royale des Sciences
, a eu l'honneur de préfenter au Roi un rẻ-
ceuil de cartes & de tables , approuvées par cette
compagnies : elles établiffent un fyftême de géographie
phyfique fur la ftructure du globe , conconfidérée
par les grandes chaînes de montagnes,
qui traverfent les continens , comme les mers
d'un pôle à l'autre , & d'Occident en Orient.
Pour rendre fon fyftême complet fur l'enchaînement
des continens connus avec celui des terres
Antarctiques dont on connoît trois points principaux
, l'Auteur a examiné l'existence de ces terres.
Il en fixe l'étendue & la figure , dans un mémoire
que le temps ne lui a pas permis de life à la
derniere rentrée publique de l'Académie des
Sciences .
"
M. Hardouin Manfard-de Lévy- de Sagonne ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
de l'Académie Royale d'Architecture , & ancien
Architecte du Roi , prêta ferment le 22 entre les
mains de Sa Majefté , pour la charge de Lieutemant
de Roi de la Province de Bourbonnois.
Le Roi a accordé le brevet de Lieutenant de Frégate
, avec une gratification de quatre cens livres ,
a M. Rozier , commandant le Navire le Robufte ,
qui foutint le & du mois dernier , & les deux jours
fuivans trois combats très- vifs contre une Frégate
Angloife , fort fupérieure en forces , & le 11 du
même mois un autre combat contre un Corfaire
de 200 hommes d'équipage. Sa Majéſté a donné
une épée au Lieutenant de M. Rozier , une gratification
de trois mille livres pour l'équipage du
Navire le Robufte , & pour les Volontaires étrangers
embarqués fur ce Bâtiment , une de quatre
cens livres au Chevalier de Saint - Rome qui commande
ces derniers , & une de trois cens à M. de
Gaignerau fon Lieutenant.
Le fieur Martel , commandant la Frégate du
Roi la Valeur , s'eft emparé le 28 du mois de
Mars , à la vue de Belle -Iffe , d'un Corſaire Anglois
armé de 10 canons , 10 pierriers , & 70
hommes d'équipage .
*
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne
a relâché à Dunkerque , où le Capitaine Libert
qui le commande , a remis les ôtages des fept
rançons qu'il a faites , & qui montent enfemble
$ 3000 liv.
On mande de Saint -Malo , que le Capitaine
Thomas Donat , qui commande le Corfaire la
Duc d'Aiguillon , de ce Port , y a conduit le Corfaire
Anglois le Blackeney , armé de 16 canons
& de 12 pierriers. Il s'en eft emparé à la vue des
Sept-Ifles.
>
Le Corfaire l'Aurore ,, de Bayonne , dont eft
JUIN. 1757.
1994 :
Gapitaine le fieur Lavernis , s'eft rendu maitre des
Navires Anglois l'Induftrie & l'Ami , venant de
la Caroline . Ils font chargés , l'un de 25441 livres
d'indigo , de 25 barrils de riz , de 135 barrils de
goudron , & de 86 barrils de brai ; l'autre de 36341
livres d'indigo , de 1-32 barriques de café , de 3
boucauts de fucre , de pelleteries , & d'autres
marchandiſes.
Le Capitaine Saubat- Balanqué , commandant
la Marquise d'Amon , autre Corfaire de Bayonne,
s'eft emparé du Navire Anglois le Duc de Scarbo
rough , de 160 tonneaux , chargé de faumon falé
& d'autres marchandiſes. Cette prife a été conduite
en ce Port .
Le Vaiffeau du Roi l'Hippopotame , armé en
courſe , & commandé par le fieur de Pigache
Lieutenant de Vaiffeau , a pris & fait conduire à
Marſeille le Navire Anglois l'Elifabeth , qui alloit,
d'Yarmouth à Venife avec un chargement
compofé de plomb & de falaiſons .
On a été informé par des lettres écrites de Mahon
, que le nommé François Nufa , Minorcain ,
qui commande un des quatorze Corfaires armés
en ce Port , a pris à l'abordage deux Navires An
glois , l'un de 14 canons l'autre de 2 , & qu'il les
a conduits à Cartagene . Ces deux priſes font d'une
valeur affez conſidérable .
Le Capitaine Martin la Fargue , commandant
Le Corfaire l'Aigle , de Bayonne , y eft rentré le
4 Avril , avec deux Navires Anglois , dont il
s'eft rendu maître. Ces deux Navires , appellés
Pun la Charmante Nancy , l'autre la Charmante
Marthe , font très- richement chargés. La cargai
fon du premier confifte en 87577 livres d'indigo ,
189 futailles de fucre , 223 futailles de café , 75
futailles de riz , 25 furons de kina , 6 furons de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tabac d'Efpagne , 62 madriers de bois d'Acajou ,
1 pipe de vin de Madere , 36 cuirs de boeuf en
poil , a barriques de cortera , 5 tonneaux de bois
de Bréfil , & 13 tonneaux de bois de Campe
che. Le fecond a pour chargement 103000 li
vres d'indigo , 37 futailles de fucre , une pipe
de vin de Madere , 151 futailles de riz , 100
furons de tabac d'Eſpagne , 10 tonneaux de bois
de Campeche , to furons de kina , 30 futailles de
café , 27 futailles de peaux de chevreuil 1 barril
&6 paquets de pelleteries , 29 paux d'ours , 186
barrils de goudron , & une caiffe contenant 10 li
vres d'ambre gris.
>
L'Espérance , autre Corfaire de Bayonne , commandé
par le Capitaine Dotatce , a pris & a fait
conduire à Bordeaux le Navire le Marchand , de
80 tonneaux , chargé de vin de Malvoiſie , & de
fruits.
Le Corfaire le Comte de Saint-Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Flot , de 180 tonneaux , venant de la Caroline
avec un chargement de 325 boucauts de tabac ;
l'Anne , de 170 tonneaux , n'ayant que fon left ,
& d'un autre Bâtiment qu'il a rançonné pour 100
livres sterlings.
Le Capitaine Jalineau , commandant le Corfaire
la Comteffe de Noailles , de Bordeaux , s'eft
zendu maître du Corfaire Anglois la Molley , de
de Jerzey , de 18 Canons , 14 pierriers & 93
hommes d'équipage , & il l'a conduit à Breft.
On mande de Bayonne , que le Corfaire la Repréfaille
, de ce Port , a pris & y a fait conduire
le Navire Anglois la Ducheffe de Blewford , de
Briſtol , de 166 tonneaux , chargé de fucre , girofle
, poivre , gingembre , & autres marchandifes.
Des lettres écrites de Marfeille marquent que
JUI N. 1757.
201
le Corfaire le Bien- Aimé , de ce Port , y á conduit
le Navire Anglois le Faffi , dont il s'eft emparé
, & dont le chargement confifte principalement
en huile .
Le Capitaine Libert , commandant le Corfairé
le Duc d'Aumont , de Boulogne , eft entré à
Dunkerque , où il a remis les otages de fept
rançons montant enſemble à 1000os livres.
Les Corfaires la Difficulté & l'Hyver , du Havre
, y ont fait conduire le petit Corfaire Anglois
le Héros , armé de 2 canons , 8 pierriers , & 25
hommes d'équipage. Ils s'en font emparés à l'embouchure
de la riviere de Caén .
On mande de Saint-Malo , que le Corfaire
le Marquis de Puyzieulx , de ce Port , s'eft rendu
maître du Corfaire Anglois le Tartare , de
Guernezey , ( ci- devant la Baftienne , de Boulo.
gne ) de huit canons , 8 pierriers , & 56 hom
mes d'équipage.
a
Le Capitaine Magnonet qui commande le Corfaire
le Machault , de Granville , a pris & à fait
conduire à Rofcoff deux Bâtimens Anglois : l'un
eft un Corſaire de Guernezey , de 8 canons , 10
pierriers , & 53 hommes d'équipage ; l'autre eft
un Navire armé de 4 petits canons , ayant pour
chargement 245 futailles de fucre , & 46 milliers
de café .
Un autre Corfaire du même nom , armé à
Saint-Malo , s'eft rendu maître de la Corvette du
Roi d'Angleterre le Merlin , de 12 canons , &
107 hommes d'équipage. On a trouvé fur cette
Corvette , qui eft arrivée à Breft , une grande
quantité de munitions de guerre. Le même Cor
faire s'eft emparé d'un autre Bâtiment armé en
guerre avec 16 canons , 16 pierries , & 85 hommes
d'équipage.
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Il est arrivé à Bayonne un Navire Anglois aps.
pellé le Spitwel , de Londres. Il a été pris par le
Capitaine Fau , commandant le Corfaire la Repré
Jaille. Son chargement confifte en 658 futailles
de riz , 70 barrils de café , 53 barrils ou caiffes .
d'indigo , 11 barriques de pelleteries , 9 barriques
de bois de canelle , & is tonneaux de bois
de campeche.
On eft informé qu'un Corfaire François s'eft
emparé , dans les Mers du Nord , d'un Navire
Anglois richement chargé , & qu'il l'a conduit à
Bergue en Norwege..
Le Capitaine Olivier-Jean Bellanger , com
mandant le Corfaire le Caincy , de Dieppe , a remis
à Dunkerque les ôtages dedeux rançons qu'ik
a faites , & qui montent enſemble à 450 guinées.
Il eft arrivé à Dunkerque un Navire Anglois ,
appellé le Janet & Bety , de 60 tonneaux ,, char
gé de vin , d'eau-de-vie , de riz , & d'autres mar
chandifes. Il a été pris par le Corfaire le Duc d'Aumont
de Boulogne,
Les Corfaires la Difficulté & l'Hiver , du Havre,
ont pris & conduit à la Hougue le petit Corfaire
l'Aventure- Galley , de Jezey , armé de 4
pierriers , & de 17 hommes d'équipage.
Le Corfaire la Philippine , de Calais , y eft,
rentré avec les ôtages de cinq rançons qu'il a fai
tes, & qui montent enfemble à 795 guinées.
Les Bateaux Anglois le Jean & Marie & ls,
Thomas & Guillaume , l'un chargé d'huîtres
l'autre n'ayant que fon left , ont été, pris par les
Corfaires le Marquis de Villequier , la Princeffe,
de Condé & la Bonne Foy , qui les ont conduits à
Boulogne.
On mande du Havre , qu'il y eft arrivé trois,
Navires Anglois , appellés, l'un le Marchandde
y I
"
1
JUIN. 1757. 203.
Schiedam de 220 tonneaux , l'autre la Dame
Fortune , de 200 tonneaux ; & le troifieme le
Saint-Georges , de 140 tonneaux. Ces trois Bâtimens
, qui font chargés de charbon de terre , ont
été pris par le Corfaire la Victoire , de Saint-
Malo.
Le Puyzieulx , autre Corfaire de ce port , y a
conduit le Navire Anglois le Tigre , .de 230 ton--
neau , allant de la Virginie à Londres avec un char--
gement de 433 boucauts de tabac , 34. tonneaux
de fer , & autres marchandiſes.
Le même Corfaire , & un autre nommé l'In--
vincible , fe font emparés du Corfaire l'Amazone ,,
de Grenezey , armé de 16 canons , 10 pierriers ,,
& 94 hommes d'équipage.
On apprend par des lettres écrites de la Ro--
chelle , que le Corfaire le Maréchal de Richelieu ,
de Nantes , a conduit dans ce premier Port le:
Corfaire le Grenezey , de Grenezey , armé de 200
canons & de 180 hommes d'équipage. Il s'en eft
emparé après un combat de trois heures..
LE 2 Avril , le Roi tint le Sceau pour la troifieme
fois dans la même piece de fon appartement ,
où Sa Majesté l'avoit tenu le 4 & le 18 du mois
de Mars. Les fix Maîtres des Requêtes , nommés par le Roi pour affifter
au Sceau pendant
ce trimeftre
, font Mrs. de Bercy , de Villeneuve ,
d'Argouges de Fleury , Bernard de Balinvilliers ,
le Nain , & Amelot de Chaillou . Après que M.
Jolly , Grand Audiencier de France , eut préfenté
les Lettres dont il étoit chargé ; ils firent
ainfi que le Confeiller du Grand Confeil , Grand
Rapporteur , le rapport de celles qui les concernent.
M. Charpentier , Contrôleur Général de
la Chancellerie , a rempli les fonctions de cette
charge. Elles avoient été remplies dans le trimeftre
de Janvier par M. Chazelle , alors en
exercice . Les trois jours que Sa Majeſté a tenu le
Sceau , M. de la Haye , Procureur du Roi des
Requêtes de l'Hôtel , & Général des grande &
petite Chancelleries , a occupé la place qui lui
eft marquée derriere les Maîtres des Requêtes.
On effuya à Paris , le même jour au foir , un ouragan
des plus terribles . Cette tempête a embraf
fé une grande étendue de pays , & a caufé des
188 MERCURE DE FRANCE.
dommages confidérables en plufieurs endroits
Elle a été , particuliérement au Havre , l'occafion
d'un finiftre événement. L'impétuofité du
vent ayant emporté une partie du comble de la
falle de la Comédie , une autre partie de ce
comble eft tombée fur les luftres & fur les lampions
du théâtre. Le feu a pris aux décorations ,
& bientôt à toute la falle . Il y avoit près de
cinq cens perfonnes au fpectacle. Onze ont été ,
les unes écrasées , les autres brûlées ou étouffées .
Vingt autres ont été bleffées . Toute la falle a
été réduite en cendres. L'incendie a duré trois
heures. Il auroit confumé la ville entiere , fi les
fecours qu'on apporta n'euffent arrêté le progrès
des Aammes.
Le Jeudi-Saint , l'Evêque de Saint - Omer ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de la Cene de M. Frefneau , Vicaire de la Paroiffe
Royale de Saint Germain l'Auxerrois à
Paris ; Sa Majesté a lavé les pieds à douze pauvres
, & les a fervis à table. Le Prince de Condé ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc
de Penthievre , & par les principaux Officiers
de Sa Majesté . Après cette cérémonie , le Roi
& la Reine fe font rendus à la Chapelle , où
Leurs Majeftés ont entendu la grande Meffe , &
ont affifté enfuite à la Proceffion.
Le 11 , Madame la Comteffe de Giſors , à qui le
Roi a accordé un Brevet d'Honneur, eut l'honneur
de faluer Leurs Majeftés , & prit le tabouret .
Le Roi a choifi l'Evêque , Duc de Laon , pour
JUIN. 1757. 189
remplacer en qualité d'Ambaſſadeur de Sa Majeſté
auprès du Saint Siege, le Comte de Stainville , qui
doit aller réfider avec le même caractere auprès de
l'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme.
Le 17 Avril , les Députés des Etats d'Artois
eurent audience du Roi , étant préſentés par M.
le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province >
& par M. le Marquis de Paulmy, Miniftre & Secre
taire d'Etat , & conduits par M. Defgranges , Maître
des Cérémonies. La députation étoit compofée,
pour le Clergé , de l'Evêque de Saint- Omer , qui
porta la parole ; du Marquis de Creny , pour la
Nobleffe , & de M. de Canchy , Maire d'Arras
pour le Tiers Etat.
"
Le Roi a accordé la Cornette vacante dans la
feconde compagnie des Moufquetaires par la mort
de M. le Marquis de Villegagnon , à M. de Keret
de Keravel , premier Maréchal des Logis de cette
Compagnie. Sa Majefté en cette occaſion a bien
voulu rappeller un ufage long-temps fuivi par
rapport aux deux compagnies de Moufquetaires.
Toute la Nobleffe apprendra fans doute avec
plaifir une nouvelle qui intéreffe un Corps ,
dans lequel elle a toujours tenu à honneur de faire
au moins fes premieres campagnes.
Le 10 Mai , le Roi tint le Sceau , pour la cinquieme
fois. Avant le Sceau , les Secretaires du
Roi eurent l'honneur de préfenter à Sa Majeſté
dans fon Cabinet la bourfe de jettons , que cette
Compagnie donne ordinairement au Garde des
Sceaux le jour de S. Jean Porte-Latine. M. Carpot,
comme l'ancien des Secretaires du Roi préfens ,
porta la parole. La bourfe fut préſentée par
M. Hemart , Tréſorier de la Compagnie.
Le 11 Mai , le Roi , accompagné de Monſei
gneur le Dauphin , fit dans la plaine des Sablons ,
190 MERCURE DE FRANCE.
la revue des Régimens des Gardes Françoiſes &
Suiffes. Ces deux Régimens , après avoir fait
l'exercice , défilerent en préfence de Sa Majesté.
Madame & Mefdames Victoires & Sophie , af
fifterent à cette revue. Le peuple exprima par fes
acclamations réitérées la joie que lui inſpiroit la
préfence de Sa Majesté.
Le Roi a agréé , pour la place de Colonel-
Lieutenant du Régiment d'Infanterie d'Orléans ,
vacante par la démiffion du Comte de Balleroy ,
le Marquis Saujon , Colonel dans les Grenadiers
de France. Sa Majefté a nommé le Comte de
Guines de Souaftre , & le Chevalier de Durfort ,
Colonels dans le Corps des mêmes Grenadiers.
La convention conclue entre le Roi & l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , fur le
fervice de leurs armées combinées , étant d'une trop
grande étendue pour pouvoir être inférée ici en
entier , on fe contentera d'en extraire les principaux
articles :
« Les troupes de S. M.Très- Chrétienne n'étant
» qu'auxiliaires des troupes de S. M. l'Impératrice
» Reine, celles - ci auront toujours la droite en quel
» que nombre qu'elles fe trouvent avec les trou-
» pes Françoifes , excepté dans le cas où la difpo-
» fition militaire ne pourroit pas permettre aux
» troupes de former la totalité de l'aîle droite ,
>> premiere & feconde ligne : en ce cas , l'Infan-
» terie de Sa Majesté l'Impératrice aura la totalité
» de la droite de l'infanterie , premiere & fecon-
» de ligne ; le Corps de la Cavalerie , premiere
» & feconde ligne , fera placé & joint à la droite
» de l'Infanterie , & le furplus de la Cavalerie ,
>> néceffaire pour former l'aîle droite , fera fourni
» par les troupes Françoifes. Dans le même cas
où les troupes Françoifes feront auxiliaires , &
JUIN. 1757. 191
où elles feront en moindre nombre que les trou
» pes de l'Impératrice Reine , elles feront mifes
» en bataille fur l'aîle gauche dans le même or→
» dre , qui vient d'être expliqué pour l'aîle droite
» en parlant des troupes de l'Impératrice Reine..
>> Mais fi au contraire , par quelque cas impré-
» vu , les troupes de l'Impératrice Reine devien
» nent auxiliaires du Corps des troupes Françoi-
» fes , elles prendront pofte à la gauche , fuivant
» les difpofitions prefcrites ci - deffus pour les trou-
» pes Françoifes , lorfqu'elles étoient dans le cas
» d'être auxiliaires .
» Quelque grade militaire que puiffe avoir l'Of-
>> ficier qui commandera en chef les troupes de l'u-
» ne ou de l'autre Nation , qui feront en moindre
» nombre dans une armée combinée , il fera tou-
» jours la feconde perfonne de l'armée , fans pouvoir
devenir la premiere , quand même le com-
» mandement tomberoit entre les mains d'un
» Officier Général des troupes de l'autre Nation ,
» qui feroit d'un grade inférieur au fien.
La préférence pour le commandement entre
» les Officiers Généraux des deux Nations , Officiers
Supérieurs , & autres , fera toujours réglée
» par la date des pouvoirs , brevets & commiffions
defdits Officiers , auxquels , à grade égal ,
» l'ancienneté donnera toujours le droit de com-
> mander.
» Comme il y a dans les troupes des deux Puiffances
, des grades différens les uns des autres ,
» tels que ceux de Brigadiers d'Infanterie , de
» Cavalerie & de Dragons , dans les troupes de
» S. M. T. Chrétienne , & ceux de Généraux d'Infanterie
& de Cavalerie dans les armécs de l'Impératrice
Reine ; & comme il eft néceffaire d'égalifer
le fervice par quelque expédient , qui
5
192 MERCURE DE FRANCE.
»fatisfaffe également aux ufages des deux Nations ?
l'Impératrice Reine défignera autant de Colonels
de fes troupes , qu'Elle le jugera à propos ,
» pour faire le ſervice de Brigadiers dans les ar-
» mées combinées ; & de fon côté S. M. T. C.
défignera le nombre qu'Elle jugera à propos de
Lieutenans-Généraux de ſes armées , pour faire
» le fervice de Généraux de Cavalerie & d'Infante.
» rie dans lefdites armées combinées .
>> Tous les Généraux de Cavalerie ou d'Infante-
» rie de l'une ou de l'autre Nation , foit qu'ils
>> aient réellement le grade , foit qu'ils foient
» fimplément défignés & admis à en remplir les
>> fonctions , prendront rang entr'eux pour le
> commandement , du jour de la date de leurs
» pouvoirs , ou commiffions de Lieutenans - Gé-
» néraux.
» De même les Brigadiers de l'une & l'autre
» Nation , ou poffédant réellement ce titre , ou en
>> étant revêtus occafionnellement , prendront rang
» entr'eux , pour le commandement & le fervice ,
» du jour de la date de leurs commiffions reſpecti
» ves de Colonels. Quant aux Lieutenans- Colo-
» nels François , employés en leur qualité de Brigadiers
, ils prendront rang avec les Officiers
» Autrichiens défignés pour faire ledit fervice de
Brigadiers , fuivant la date de leurs brevets de
» Brigadiers ; & les mêmes Colonels Autrichiens ,
» défignés pour tenir rang avec les Brigadiers , fe
» régleront en conféquence , fuivant la date de
» leurs commiffions de Colonels , avec lefdits
Lieutenans -Colonels des troupes Françoiſes ,
» du jour que lesdits Lieutenans-Colonels auront
» été nommés au grade de Brigadier .
» L'ufage étant parmi les troupes Françoifes ,
que dans les détachemens l'Officier de Cava-
» lerię
JUIN. 1757.
193
» lerie commande en plaine , & que lorsque le
» même détachement ſe trouve dans les Places ou
» dans des lieux fermés , le commandement appartient
, à grade égal , à l'Officier d'Infante
» rie : au contraire , parmi les troupes Autri
» chiennes , le commandement ne variant jamais ,
foit en plaine , foit dans les lieux fermés , cha
» que Nation fuivra fes regles à cet égard. Et
toutes les fois qu'il y aura variation entre les
» Commandans des troupes Françoiſes en confé
» quence de leurs Ordonnances , le nouveau Com.
» mandant fera toujours en droit de fe régler avec
» les Commandans des troupes Autrichiennes par
n la date de leurs commiffions refpectives. Mais
» l'Officier Autrichien commandera , foit en plai
» ne , foit dans les lieux fermés , s'il eft ancien
» ou fuivant fon ancienneté fur celui des deux
» qui appartiendra de droit le commandement
» fur les troupes Françoifes.
- >> Le Commandant en chefdu Corps de troupes
>> des deux Nations , qui fera en moindre nomwbre
dans une armée combinée , fera appellé à
> tous les Confeils de guerre , & à fon défaure
l'Officier Général , ou autre à qui le comman~
» dement des troupes de fa Nation fera échu...
7
Il ne pourra rien diminuer ni changer aux
»-bans que les Général de Parmée fera publier :
» cependant comme il peut y avoir dans les ufa-
» ges de l'une des deux Nations , des punitions
plus féveres pour certains crimesque dans l'au
>>>- tre , chaque Nation, fuivra fes uſages à cet
» égard ; & le Commandant des troupes qui fe
» ront en moindre nombre à l'armée pourra tou
»jours ajouter au ban du Général de l'armée , ce
» qu'il croira néceffaire pour la plus févere punition «
» des délits , & pour l'entière exécution des Or- e
• II. Vol b anellinred I
194 MERCURE DE FRANCE.
I
» donnances de fon Souverain , auxquelles il aura
> attention de fe conformer ; mais il ne pourra
jamais rien diminuer à l'efpece des punitions qui
» feront ordonnées par lefdits bans du Général
» de l'armée , quand même les uſages de få Nay
tion feroient différens. .....
» Il pourra faire grace aux criminels des trou-
» pes de fa Nation pour les cas de fa juftice parti-
>> culiere , mais non pas pour les délits commis
> contre les défenfes portées dans les bans publiés
» par l'ordre du Général de l'armée , à qui feul ce
droit appartiendra ; mais de fon côté le Général
» de l'armée ne pourra pas faire grace à un crimi-
>> nel qui auroit été condamné par le Confeil de
guerre de l'autre Nation , fur les fujets de laquelle
le droit de vie & de mort appartient à
» fon feul Souverain , ou à celui qui le repréfente.
» Le feul Général de l'armée combinée aura
» droit de donner des fauve -gardes ; mais lorfqu'il
en enverra , il en fera fourni proportion-
»> nellement par les troupes des deux Nations.
» On fuivra , pour la façon de camper , & pour
» les détails du campement , les ufages de chaque
» Nation . Elles fuivront de même leurs ufages
» pour leur ordre de bataille particulier.
A l'égard des marches générales de l'armée ;
» quoique l'on convienne que les troupes belligé
Drantes doivent toujours avoir la droite & Pa-
>>. vant-garde , cependant il eft des occafions , où,
» en corps d'armée , cette difpofition ne peut pas
» avoir lieu militairement , & le Général de l'ar-
» mée fera le maître de faire , à ce ſujet , les dif
p.pofitions telles qu'il le jugera à propos.
ม
En détachement , les troupes de la Nation
belligérante auront toujours l'avant- garde en
pallant à l'ennemi, & l'arriére- garde dans les cas
» de retraite ; les bataillons de la même Nation ,
JUIN. 1757. 195
la droite dans la tranchée ; & leurs Compagnies
» de Grenadiers , la tête de la ſappe.
» Les Gardes & détachemens feront fournis par
proportion réciproque du nombre complet des
» troupes de chaque Nation , qui formeront l'armée
combinée . Chaque garde ne fera jamais
» compofée que de troupes de la même Nation .
» Les détachemens de cinquante hommes , & au
» deffous , ne feront de même jamais compofés
» que de troupes de la même Nation . Les déta-
*
chemens plus confidérables feront compofés de
» plufieurs troupes de cinquante hommes des
» troupes des deux Nations , en proportion de
» leurs forces. Et comme les Officiers particuliers
» des troupes Autrichiennes font en moindre
» nombre que ceux des troupes Françoifes , ils
» n'enfourniront que la moitié de ceux qui feront
» commandés pour les détachemens des troupes
>> Françoiſes , à moins que pour des raifons par-
❤ticulieres le Commandant Général de leur Na-
» tion ne jugeât à propos d'y faire marcher un
plus grand nombre d'Officiers.
» Dans les difpofitions qui feront faites pour
» l'emplacement des troupes des deux Nations
dans des cantonnemens ou des quartiers d'hywwer
, on obfervera , autant qu'il fera poffible
» de les placer fuivant l'ordre de bataille que les
troupes des deux Nations tiennent entr'elles à
l'armée.
» Si les circonstances , la nature du pays , les
objets militaires , ou autre raiſons , ne permet-
>> toient pas de fuivre cet ordre , on obfervera de
ne point entremêler les troupes d'une Nation
» avec celles de l'autre , & de leur former un ar-
» rondiffement , de façon que le corps qui fera
» en moindre nombre , de même que celui qui
Î ij
196 MERCURE DE FRANCE.
» fera en plus grand nombre , foient placés , fans
» interruption , en premiere , feconde & troifie-
» me ligne.
Il en fera de même pour les fourrages ; &
» dans ceux qui feront faits , foit au verd , ſoit au
» fec , on obfervera d'affigner, à chaque Nation
» un terrein marqué , ou un arrondiffement de
» Villages , qui faffe que chaque Nation puiſſe
» fourrager fans le mêler avec l'autre.
Cette convention , qui contient trente-huit articles
, fut fignée à Vienne le 25 du mois de Février
dernier , au nom du Roi , par le Maréchal
d'Eftrées , Plénipotentiaire de Sa Majefté , & au
nom de l'Impératrice Reine de Hongrie & de
Boheme , par le Feld- Maréchal Comte de Neipperg,
chargé des pouvoirs de cette Princeffe. La
ratification du Roi eft datée du 19 Mars , & celle<<
de l'Impératrice Reine , du 25 du même mois.
Le 11 Mai , les Chevaliers de l'Ordre de Saint-
Michel tinrent un Chapitre dans le grand Gouvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Duc de Vil
leroy, Chevalier des Ordres du Roi , y préfida en..
qualité de Commiffaire de Sa Majesté. H reçut
Chevaliers M. Dupleix , ci-devant Gouverneur de
Pondichery , & Commandant en chef dans les établillemens
François aux Indes Orientales ; M, Faucher,
Commiffaire des Guerres , qui a été emploié ‹
pour les affaires du Roi à Genes, & à Turin , &
M. Laurent , Ingénieur célebre par l'invention de
plufieurs machines auffi utiles qu'ingénieuſes. Le
Baron d'Olne , Liégeois M. Olivieri , premier
Sculpteur du Roi d'Efpagne , &@M. Zabielo
, Gentilhomme de Lithuanie , que le Roi a
nommés Chevaliers , furent préconisés dans les
mêmeChapitre Sa Majefté a mis auffi au nombre
des Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel M.
L
197
$
JUIN
. 1757.
Haufer , Bailli du canton de Glaris , & M. Freuler,
Banneret & Brigadier du même Canton.
Le 12,le Roi & Madame furent parrein & marreine
de M. Bontemps , un des quatre Valets de
Chambre de Sa Majefté , & dont la famille depuis
quatre générations poffede cette charge. Il a éte
nommé Louis Pierre- Dominique. Les cérémonies
du Baptême lui furent fuppléées.dans la Chapelle
du Château , en préfence du Curé de la Paroiffe de
Notre-Dame , par l'Abbé de Sainte Aldegonde ,
Aumonier du Roi.
Leurs Majeftés fignerent le 15 le contrat de
mariage de M. Bontemps avec Mlle. Teiffier , fille
de l'ancien Maître de la Chambre aux Deniers ,
& celui de M. Teiffier fils avec Dlle. Bontemps.
Sur la démiffion de M. de Pontcarré , de Roi a
nommé premier Préfident du Parlement de Nor.
mandie M. Hue de Miromefnil , Maître des Requêtes.
M. Buache , de l'Académie Royale des Sciences
, a eu l'honneur de préfenter au Roi un rẻ-
ceuil de cartes & de tables , approuvées par cette
compagnies : elles établiffent un fyftême de géographie
phyfique fur la ftructure du globe , conconfidérée
par les grandes chaînes de montagnes,
qui traverfent les continens , comme les mers
d'un pôle à l'autre , & d'Occident en Orient.
Pour rendre fon fyftême complet fur l'enchaînement
des continens connus avec celui des terres
Antarctiques dont on connoît trois points principaux
, l'Auteur a examiné l'existence de ces terres.
Il en fixe l'étendue & la figure , dans un mémoire
que le temps ne lui a pas permis de life à la
derniere rentrée publique de l'Académie des
Sciences .
"
M. Hardouin Manfard-de Lévy- de Sagonne ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
de l'Académie Royale d'Architecture , & ancien
Architecte du Roi , prêta ferment le 22 entre les
mains de Sa Majefté , pour la charge de Lieutemant
de Roi de la Province de Bourbonnois.
Le Roi a accordé le brevet de Lieutenant de Frégate
, avec une gratification de quatre cens livres ,
a M. Rozier , commandant le Navire le Robufte ,
qui foutint le & du mois dernier , & les deux jours
fuivans trois combats très- vifs contre une Frégate
Angloife , fort fupérieure en forces , & le 11 du
même mois un autre combat contre un Corfaire
de 200 hommes d'équipage. Sa Majéſté a donné
une épée au Lieutenant de M. Rozier , une gratification
de trois mille livres pour l'équipage du
Navire le Robufte , & pour les Volontaires étrangers
embarqués fur ce Bâtiment , une de quatre
cens livres au Chevalier de Saint - Rome qui commande
ces derniers , & une de trois cens à M. de
Gaignerau fon Lieutenant.
Le fieur Martel , commandant la Frégate du
Roi la Valeur , s'eft emparé le 28 du mois de
Mars , à la vue de Belle -Iffe , d'un Corſaire Anglois
armé de 10 canons , 10 pierriers , & 70
hommes d'équipage .
*
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne
a relâché à Dunkerque , où le Capitaine Libert
qui le commande , a remis les ôtages des fept
rançons qu'il a faites , & qui montent enfemble
$ 3000 liv.
On mande de Saint -Malo , que le Capitaine
Thomas Donat , qui commande le Corfaire la
Duc d'Aiguillon , de ce Port , y a conduit le Corfaire
Anglois le Blackeney , armé de 16 canons
& de 12 pierriers. Il s'en eft emparé à la vue des
Sept-Ifles.
>
Le Corfaire l'Aurore ,, de Bayonne , dont eft
JUIN. 1757.
1994 :
Gapitaine le fieur Lavernis , s'eft rendu maitre des
Navires Anglois l'Induftrie & l'Ami , venant de
la Caroline . Ils font chargés , l'un de 25441 livres
d'indigo , de 25 barrils de riz , de 135 barrils de
goudron , & de 86 barrils de brai ; l'autre de 36341
livres d'indigo , de 1-32 barriques de café , de 3
boucauts de fucre , de pelleteries , & d'autres
marchandiſes.
Le Capitaine Saubat- Balanqué , commandant
la Marquise d'Amon , autre Corfaire de Bayonne,
s'eft emparé du Navire Anglois le Duc de Scarbo
rough , de 160 tonneaux , chargé de faumon falé
& d'autres marchandiſes. Cette prife a été conduite
en ce Port .
Le Vaiffeau du Roi l'Hippopotame , armé en
courſe , & commandé par le fieur de Pigache
Lieutenant de Vaiffeau , a pris & fait conduire à
Marſeille le Navire Anglois l'Elifabeth , qui alloit,
d'Yarmouth à Venife avec un chargement
compofé de plomb & de falaiſons .
On a été informé par des lettres écrites de Mahon
, que le nommé François Nufa , Minorcain ,
qui commande un des quatorze Corfaires armés
en ce Port , a pris à l'abordage deux Navires An
glois , l'un de 14 canons l'autre de 2 , & qu'il les
a conduits à Cartagene . Ces deux priſes font d'une
valeur affez conſidérable .
Le Capitaine Martin la Fargue , commandant
Le Corfaire l'Aigle , de Bayonne , y eft rentré le
4 Avril , avec deux Navires Anglois , dont il
s'eft rendu maître. Ces deux Navires , appellés
Pun la Charmante Nancy , l'autre la Charmante
Marthe , font très- richement chargés. La cargai
fon du premier confifte en 87577 livres d'indigo ,
189 futailles de fucre , 223 futailles de café , 75
futailles de riz , 25 furons de kina , 6 furons de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tabac d'Efpagne , 62 madriers de bois d'Acajou ,
1 pipe de vin de Madere , 36 cuirs de boeuf en
poil , a barriques de cortera , 5 tonneaux de bois
de Bréfil , & 13 tonneaux de bois de Campe
che. Le fecond a pour chargement 103000 li
vres d'indigo , 37 futailles de fucre , une pipe
de vin de Madere , 151 futailles de riz , 100
furons de tabac d'Eſpagne , 10 tonneaux de bois
de Campeche , to furons de kina , 30 futailles de
café , 27 futailles de peaux de chevreuil 1 barril
&6 paquets de pelleteries , 29 paux d'ours , 186
barrils de goudron , & une caiffe contenant 10 li
vres d'ambre gris.
>
L'Espérance , autre Corfaire de Bayonne , commandé
par le Capitaine Dotatce , a pris & a fait
conduire à Bordeaux le Navire le Marchand , de
80 tonneaux , chargé de vin de Malvoiſie , & de
fruits.
Le Corfaire le Comte de Saint-Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Flot , de 180 tonneaux , venant de la Caroline
avec un chargement de 325 boucauts de tabac ;
l'Anne , de 170 tonneaux , n'ayant que fon left ,
& d'un autre Bâtiment qu'il a rançonné pour 100
livres sterlings.
Le Capitaine Jalineau , commandant le Corfaire
la Comteffe de Noailles , de Bordeaux , s'eft
zendu maître du Corfaire Anglois la Molley , de
de Jerzey , de 18 Canons , 14 pierriers & 93
hommes d'équipage , & il l'a conduit à Breft.
On mande de Bayonne , que le Corfaire la Repréfaille
, de ce Port , a pris & y a fait conduire
le Navire Anglois la Ducheffe de Blewford , de
Briſtol , de 166 tonneaux , chargé de fucre , girofle
, poivre , gingembre , & autres marchandifes.
Des lettres écrites de Marfeille marquent que
JUI N. 1757.
201
le Corfaire le Bien- Aimé , de ce Port , y á conduit
le Navire Anglois le Faffi , dont il s'eft emparé
, & dont le chargement confifte principalement
en huile .
Le Capitaine Libert , commandant le Corfairé
le Duc d'Aumont , de Boulogne , eft entré à
Dunkerque , où il a remis les otages de fept
rançons montant enſemble à 1000os livres.
Les Corfaires la Difficulté & l'Hyver , du Havre
, y ont fait conduire le petit Corfaire Anglois
le Héros , armé de 2 canons , 8 pierriers , & 25
hommes d'équipage. Ils s'en font emparés à l'embouchure
de la riviere de Caén .
On mande de Saint-Malo , que le Corfaire
le Marquis de Puyzieulx , de ce Port , s'eft rendu
maître du Corfaire Anglois le Tartare , de
Guernezey , ( ci- devant la Baftienne , de Boulo.
gne ) de huit canons , 8 pierriers , & 56 hom
mes d'équipage.
a
Le Capitaine Magnonet qui commande le Corfaire
le Machault , de Granville , a pris & à fait
conduire à Rofcoff deux Bâtimens Anglois : l'un
eft un Corſaire de Guernezey , de 8 canons , 10
pierriers , & 53 hommes d'équipage ; l'autre eft
un Navire armé de 4 petits canons , ayant pour
chargement 245 futailles de fucre , & 46 milliers
de café .
Un autre Corfaire du même nom , armé à
Saint-Malo , s'eft rendu maître de la Corvette du
Roi d'Angleterre le Merlin , de 12 canons , &
107 hommes d'équipage. On a trouvé fur cette
Corvette , qui eft arrivée à Breft , une grande
quantité de munitions de guerre. Le même Cor
faire s'eft emparé d'un autre Bâtiment armé en
guerre avec 16 canons , 16 pierries , & 85 hommes
d'équipage.
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Il est arrivé à Bayonne un Navire Anglois aps.
pellé le Spitwel , de Londres. Il a été pris par le
Capitaine Fau , commandant le Corfaire la Repré
Jaille. Son chargement confifte en 658 futailles
de riz , 70 barrils de café , 53 barrils ou caiffes .
d'indigo , 11 barriques de pelleteries , 9 barriques
de bois de canelle , & is tonneaux de bois
de campeche.
On eft informé qu'un Corfaire François s'eft
emparé , dans les Mers du Nord , d'un Navire
Anglois richement chargé , & qu'il l'a conduit à
Bergue en Norwege..
Le Capitaine Olivier-Jean Bellanger , com
mandant le Corfaire le Caincy , de Dieppe , a remis
à Dunkerque les ôtages dedeux rançons qu'ik
a faites , & qui montent enſemble à 450 guinées.
Il eft arrivé à Dunkerque un Navire Anglois ,
appellé le Janet & Bety , de 60 tonneaux ,, char
gé de vin , d'eau-de-vie , de riz , & d'autres mar
chandifes. Il a été pris par le Corfaire le Duc d'Aumont
de Boulogne,
Les Corfaires la Difficulté & l'Hiver , du Havre,
ont pris & conduit à la Hougue le petit Corfaire
l'Aventure- Galley , de Jezey , armé de 4
pierriers , & de 17 hommes d'équipage.
Le Corfaire la Philippine , de Calais , y eft,
rentré avec les ôtages de cinq rançons qu'il a fai
tes, & qui montent enfemble à 795 guinées.
Les Bateaux Anglois le Jean & Marie & ls,
Thomas & Guillaume , l'un chargé d'huîtres
l'autre n'ayant que fon left , ont été, pris par les
Corfaires le Marquis de Villequier , la Princeffe,
de Condé & la Bonne Foy , qui les ont conduits à
Boulogne.
On mande du Havre , qu'il y eft arrivé trois,
Navires Anglois , appellés, l'un le Marchandde
y I
"
1
JUIN. 1757. 203.
Schiedam de 220 tonneaux , l'autre la Dame
Fortune , de 200 tonneaux ; & le troifieme le
Saint-Georges , de 140 tonneaux. Ces trois Bâtimens
, qui font chargés de charbon de terre , ont
été pris par le Corfaire la Victoire , de Saint-
Malo.
Le Puyzieulx , autre Corfaire de ce port , y a
conduit le Navire Anglois le Tigre , .de 230 ton--
neau , allant de la Virginie à Londres avec un char--
gement de 433 boucauts de tabac , 34. tonneaux
de fer , & autres marchandiſes.
Le même Corfaire , & un autre nommé l'In--
vincible , fe font emparés du Corfaire l'Amazone ,,
de Grenezey , armé de 16 canons , 10 pierriers ,,
& 94 hommes d'équipage.
On apprend par des lettres écrites de la Ro--
chelle , que le Corfaire le Maréchal de Richelieu ,
de Nantes , a conduit dans ce premier Port le:
Corfaire le Grenezey , de Grenezey , armé de 200
canons & de 180 hommes d'équipage. Il s'en eft
emparé après un combat de trois heures..
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En avril 1757, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour du roi de France. Le 2 avril, le roi tint le Sceau pour la troisième fois du mois en présence de six Maîtres des Requêtes. Ce même jour, un ouragan dévastateur à Paris causa des dommages importants, notamment au Havre où la salle de la Comédie fut détruite, entraînant la mort de onze personnes et blessant vingt autres. Le 10 avril, le roi lava les pieds de douze pauvres lors du Jeudi-Saint. Le 11 avril, la comtesse de Gisors fut reçue par le roi et prit le tabouret. Le roi nomma également l'évêque de Laon comme ambassadeur auprès du Saint-Siège et le comte de Stainville auprès de l'impératrice Reine de Hongrie. Le 17 avril, les députés des États d'Artois furent reçus par le roi. Le 10 mai, le roi tint le Sceau pour la cinquième fois et reçut une bourse de jettons des Secretaires du Roi. Le 11 mai, il passa en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses. Plusieurs nominations d'officiers furent effectuées, dont le marquis de Saujon comme Colonel-Lieutenant du régiment d'Orléans et le comte de Guines de Souastre comme Colonel des Grenadiers de France. Une convention entre le roi et l'impératrice Reine de Hongrie régla les détails du service des armées combinées, notamment les positions et les grades des officiers des deux nations. Le texte mentionne également une convention militaire entre la France et l'Autriche, signée à Vienne le 25 février 1757. Composée de trente-huit articles, elle régit la disposition et l'organisation des troupes des deux nations en cas de combat ou de cantonnement. Les troupes en détachement doivent avoir une avant-garde et une arrière-garde de la même nation, et les bataillons et compagnies de grenadiers doivent également être de la même nation. Les gardes et détachements doivent être formés proportionnellement au nombre de troupes de chaque nation, sauf pour les détachements de cinquante hommes ou moins, qui doivent être composés de troupes d'une seule nation. Le 1er juin 1757, plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français. À Boulogne, deux navires furent pris par les corsaires Marquis de Villequier, la Princesse de Condé et la Bonne Foy. Au Havre, trois navires anglais furent capturés par le corsaire la Victoire de Saint-Malo. À Saint-Malo, le corsaire le Puyzieulx conduisit le navire anglais le Tigre, transportant du tabac et du fer. Les corsaires le Puyzieulx et l'Invincible capturèrent également le corsaire l'Amazone de Grenesey. À La Rochelle, le corsaire le Maréchal de Richelieu de Nantes conduisit le corsaire le Grenesey de Grenesey après un combat de trois heures.
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11
p. 206-208
Extrait du Journal de l'Escadre des Indes, commandée par le Comte Daché, Chef d'Escadre des Armées Navales.
Début :
Le 27 Janvier de l'année dernière, l'Escadre commandée par le Comte Daché, [...]
Mots clefs :
Comte Daché, Escadre des Indes, Vaisseaux, Forts, Frégates, Combats, Pondichéry, Vivres, Commandant, Blessés, Navigation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Journal de l'Escadre des Indes, commandée par le Comte Daché, Chef d'Escadre des Armées Navales.
Extrait du Journal de l'Efcadre des Indes ;
commandée par le Comte Daché , Chef d'Eſcadre
des Armées Navales .
Le 27 Janvier de l'année derniere , l'Eſcadre
commandée par le Comte Daché , partit de l'lflede-
France pour fe rendre dans l'Inde. Elle étoit
alors compofée d'un Vaiffeau du Roi , de huit
Vaiffeaux de la Compagnie des Indes & de deux
Frégates.
Le 28 Avril cette Eſcadre parut à la côte de Coromandel
, devant la Ville de Gondelour & le Fort
Saint-David à quatre lieues de Pondichery . Deux
Frégates Angloiles qui étoient à l'ancre , le jetterent
à la côte & s'y brûlerent. ( On a reçu depuis
que ces deux Frégates étoient le Brigdwater & le
Triton , chacune de 20 canons. )
Quoique l'Escadre eût befoin de rafraîchiffement
& d'eau , il fut réfolu de profiter de la confternation
que fon arrivée devant Gondelour mettoit
dans la Ville , pour la bloquer par mer ,
tandis que le fieur de Lally qui pafferoit à Pondichery,
y prendroit des Troupes , pour venir l'inveftir
par terre ; & en conféquence le Vaiffeau le
Comte de Provence , avec la frégate la Diligente ,
furent détachés à Pondichery avec le fieur de
Lally.
44 ,
Le lendemain 29 , la frégate la Silphyde , qui
faifoit la découverte , fit fignal d'une Efcadre de
neuf vaiffeaux. Elle étoit compofée de quatre
vaiffeaux de 70 canons , de trois de 60 , d'un de
& d'un de 20. Le combat fut engagé à
deux heures après - midi. Il fut très - vif de parc
& d'autre jusqu'à la nuit , fans que le vailleau le
Comte de Provence & la frégate la Diligente , qui
<arriverent alors de Pondichery ,, ayent pû être
d'aucun renfort. On s'attendoit le lendemain à
+
AVRIL 1759. 207
un fecond combat ; mais l'Efcadre Angloife maltraitée
s'étoit retirée vers Madras pour s'y réparer.
L'Eſcadre Françoiſe fe trouva le 30 Avril devant
Alemparvé , à fept lieues de Pondichery. Le
vaiffeau le Bien-Aimé , dont le cable fe rompit
dans la nuit , fut obligé de faire côte , & le perdit
; mais tout l'équipage fut fauvé.
Le 7 Mai l'Efcadre arriva à Pondichery , & y
débarqua les troupes , les munitions de guerre ,
& l'argent dont elle étoit chargée ; elle fe rendit
le lendemain 2 Juin devant Goudelour & le
Fort Saint- David , qui n'étant point fecouru par
l'Eſcadre Angloife , fut réduit à capituler.
L'Eſcadre parut le 4 Juin devant Divicottey ,
dont le Fort le rendit fans faire de réfiſtance.
Du 9 au 17 Juin , que l'Eſcadre revint à Pondichery
, elle a croifé fur l'Ifle de Ceylan & devant
Negapatnam & Karical . Elle s'eft emparée
dans fa croifiere d'un brigantin Anglois nommé
l'Expériment , Capitaine Whiteway , qui fut tout
de fuite envoyé à Pondichery.
Du 17 au 27 Juillet l'Eſcadre eft reſtée devant,
Pondichery à le réparer & ſe pourvoir de vivres.
Mais l'Ecadre Angloiſe ayant paru , le Comte Daché
fe mit fous voile, ayant avec lui le même nombre
de Vaiffeaux que dans le premier combat;
fi ce n'eft qu'au lieu du Vaiffeau le Bien- Aimé
qui avoit péri , & de la Frégate la Silphyde qui
étoit défarmée , il avoit pris le Vaiffeau le Comte
de Provence & la Frégate la Diligente.
Le 3 Août : ce jour - là le combat s'eft enga
gé avec la plus grande vivacité à une heure
après-midi , & a duré de la même force pendant
plus de deux heures . L'Eſcadre Angloife étoit
très-maltraitée ; & le Comte Daché auroit eu
tout l'avantage dans le fecond combat fans les
accidens qui furvinrent fur fon vaiffeau & fug
208 MERCURE DE FRANCE.
le Comte de Provence , par des artifices que les'
Anglois y jettèrent contre toutes les régles
& ufages de la guerre. Le Vaiffeau le Comte de
Provence en fur le premier maltraité ; le feu
prit à toutes les voiles & au mât d'artimon ; il
gagnoit la dunette , & auroit confumé le vaiffeau ,
fipar une manoeuvre hardie du fieur Bouvet, Commandant
le Duc de Bourgogne , celui - ci ne fût
venu le placer entre le Comte de Provence & le
vaiffeau Anglois , qui après lui avoir jetté les artifices
, continuoit de lui tirer fes bordées . Ce n'eſt
qu'avec des peines infinies que le fieur la Chaife
a pu parvenir à éteindre le feu des artifices. Il
en a été de même fur le Zodiaque ; avec cette
différence que les artifices des Anglois ayant
gagné la route aux poudres , le vaiffeau a été fur
le point de fauter en l'air. Les foins des Officiers,
& ceux du fieur Guillemain , Ecrivain , ont fauvé
le vaiffeau du danger où il étoit : mais après ces
accidens , l'Efcadre a été forcée de faire retraite ,
le Zodiaque formant l'arriere- garde ; & l'Eſcadre
étant venue mouiller le 4 devant Pondichery ,
s'y eſt emboffée en ligne , fans que les Anglois
foient venus l'attaquer de nouveau.
Les Vaiffeaux s'étant réparés dans le courant du
mois d'Août , le Comte Daché , a mis à la voile
de Pondichery le 3 Septembre , & eft arrivé le
13 Novembre à l'Ile de France , où il a trouvé
les Vaiffeaux du Roi le Minotaure , l'Illuftre &
Actifcommandés par les fieurs Froger de l'Eguille
, Chevalier de Ruis , & d'Ifle- Beauchaine ,
Lefquels fe font joints à l'Eſcadre.
*
Le Comte Daché a dépêché en France la Frégate
la Diligente , avec le fieur Earhantel , Enfeigne
de Vaiffeau , fur le Zodiaque , qui a ap
porté ce détail . Il y a eu fur l'Eſcadre 251 hom
imes tués , & 602 bleffés,
commandée par le Comte Daché , Chef d'Eſcadre
des Armées Navales .
Le 27 Janvier de l'année derniere , l'Eſcadre
commandée par le Comte Daché , partit de l'lflede-
France pour fe rendre dans l'Inde. Elle étoit
alors compofée d'un Vaiffeau du Roi , de huit
Vaiffeaux de la Compagnie des Indes & de deux
Frégates.
Le 28 Avril cette Eſcadre parut à la côte de Coromandel
, devant la Ville de Gondelour & le Fort
Saint-David à quatre lieues de Pondichery . Deux
Frégates Angloiles qui étoient à l'ancre , le jetterent
à la côte & s'y brûlerent. ( On a reçu depuis
que ces deux Frégates étoient le Brigdwater & le
Triton , chacune de 20 canons. )
Quoique l'Escadre eût befoin de rafraîchiffement
& d'eau , il fut réfolu de profiter de la confternation
que fon arrivée devant Gondelour mettoit
dans la Ville , pour la bloquer par mer ,
tandis que le fieur de Lally qui pafferoit à Pondichery,
y prendroit des Troupes , pour venir l'inveftir
par terre ; & en conféquence le Vaiffeau le
Comte de Provence , avec la frégate la Diligente ,
furent détachés à Pondichery avec le fieur de
Lally.
44 ,
Le lendemain 29 , la frégate la Silphyde , qui
faifoit la découverte , fit fignal d'une Efcadre de
neuf vaiffeaux. Elle étoit compofée de quatre
vaiffeaux de 70 canons , de trois de 60 , d'un de
& d'un de 20. Le combat fut engagé à
deux heures après - midi. Il fut très - vif de parc
& d'autre jusqu'à la nuit , fans que le vailleau le
Comte de Provence & la frégate la Diligente , qui
<arriverent alors de Pondichery ,, ayent pû être
d'aucun renfort. On s'attendoit le lendemain à
+
AVRIL 1759. 207
un fecond combat ; mais l'Efcadre Angloife maltraitée
s'étoit retirée vers Madras pour s'y réparer.
L'Eſcadre Françoiſe fe trouva le 30 Avril devant
Alemparvé , à fept lieues de Pondichery. Le
vaiffeau le Bien-Aimé , dont le cable fe rompit
dans la nuit , fut obligé de faire côte , & le perdit
; mais tout l'équipage fut fauvé.
Le 7 Mai l'Efcadre arriva à Pondichery , & y
débarqua les troupes , les munitions de guerre ,
& l'argent dont elle étoit chargée ; elle fe rendit
le lendemain 2 Juin devant Goudelour & le
Fort Saint- David , qui n'étant point fecouru par
l'Eſcadre Angloife , fut réduit à capituler.
L'Eſcadre parut le 4 Juin devant Divicottey ,
dont le Fort le rendit fans faire de réfiſtance.
Du 9 au 17 Juin , que l'Eſcadre revint à Pondichery
, elle a croifé fur l'Ifle de Ceylan & devant
Negapatnam & Karical . Elle s'eft emparée
dans fa croifiere d'un brigantin Anglois nommé
l'Expériment , Capitaine Whiteway , qui fut tout
de fuite envoyé à Pondichery.
Du 17 au 27 Juillet l'Eſcadre eft reſtée devant,
Pondichery à le réparer & ſe pourvoir de vivres.
Mais l'Ecadre Angloiſe ayant paru , le Comte Daché
fe mit fous voile, ayant avec lui le même nombre
de Vaiffeaux que dans le premier combat;
fi ce n'eft qu'au lieu du Vaiffeau le Bien- Aimé
qui avoit péri , & de la Frégate la Silphyde qui
étoit défarmée , il avoit pris le Vaiffeau le Comte
de Provence & la Frégate la Diligente.
Le 3 Août : ce jour - là le combat s'eft enga
gé avec la plus grande vivacité à une heure
après-midi , & a duré de la même force pendant
plus de deux heures . L'Eſcadre Angloife étoit
très-maltraitée ; & le Comte Daché auroit eu
tout l'avantage dans le fecond combat fans les
accidens qui furvinrent fur fon vaiffeau & fug
208 MERCURE DE FRANCE.
le Comte de Provence , par des artifices que les'
Anglois y jettèrent contre toutes les régles
& ufages de la guerre. Le Vaiffeau le Comte de
Provence en fur le premier maltraité ; le feu
prit à toutes les voiles & au mât d'artimon ; il
gagnoit la dunette , & auroit confumé le vaiffeau ,
fipar une manoeuvre hardie du fieur Bouvet, Commandant
le Duc de Bourgogne , celui - ci ne fût
venu le placer entre le Comte de Provence & le
vaiffeau Anglois , qui après lui avoir jetté les artifices
, continuoit de lui tirer fes bordées . Ce n'eſt
qu'avec des peines infinies que le fieur la Chaife
a pu parvenir à éteindre le feu des artifices. Il
en a été de même fur le Zodiaque ; avec cette
différence que les artifices des Anglois ayant
gagné la route aux poudres , le vaiffeau a été fur
le point de fauter en l'air. Les foins des Officiers,
& ceux du fieur Guillemain , Ecrivain , ont fauvé
le vaiffeau du danger où il étoit : mais après ces
accidens , l'Efcadre a été forcée de faire retraite ,
le Zodiaque formant l'arriere- garde ; & l'Eſcadre
étant venue mouiller le 4 devant Pondichery ,
s'y eſt emboffée en ligne , fans que les Anglois
foient venus l'attaquer de nouveau.
Les Vaiffeaux s'étant réparés dans le courant du
mois d'Août , le Comte Daché , a mis à la voile
de Pondichery le 3 Septembre , & eft arrivé le
13 Novembre à l'Ile de France , où il a trouvé
les Vaiffeaux du Roi le Minotaure , l'Illuftre &
Actifcommandés par les fieurs Froger de l'Eguille
, Chevalier de Ruis , & d'Ifle- Beauchaine ,
Lefquels fe font joints à l'Eſcadre.
*
Le Comte Daché a dépêché en France la Frégate
la Diligente , avec le fieur Earhantel , Enfeigne
de Vaiffeau , fur le Zodiaque , qui a ap
porté ce détail . Il y a eu fur l'Eſcadre 251 hom
imes tués , & 602 bleffés,
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Résumé : Extrait du Journal de l'Escadre des Indes, commandée par le Comte Daché, Chef d'Escadre des Armées Navales.
En janvier de l'année précédente, l'escadre commandée par le Comte Daché quitta l'île de France pour se rendre en Inde. Elle était composée d'un vaisseau du Roi, de huit vaisseaux de la Compagnie des Indes et de deux frégates. Le 28 avril, l'escadre arriva devant la côte de Coromandel, près de Gondelour et du Fort Saint-David, à quatre lieues de Pondichéry. Deux frégates anglaises, le Brigdwater et le Triton, se jetèrent à la côte et s'y brûlèrent. Malgré le besoin de rafraîchissement et d'eau, il fut décidé de bloquer Gondelour par mer, tandis que le sieur de Lally, à Pondichéry, rassemblait des troupes pour investir la ville par terre. Le vaisseau le Comte de Provence et la frégate la Diligente furent envoyés à Pondichéry avec le sieur de Lally. Le 29 avril, la frégate la Sylphide signala une escadre anglaise de neuf vaisseaux. Un combat s'engagea à deux heures de l'après-midi et dura jusqu'à la nuit. L'escadre anglaise, maltraitée, se retira vers Madras. Le 30 avril, l'escadre française se trouva devant Alemparvé, à sept lieues de Pondichéry. Le vaisseau le Bien-Aimé fut perdu après que son câble se rompit, mais l'équipage fut sauvé. Le 7 mai, l'escadre arriva à Pondichéry et débarqua les troupes, les munitions et l'argent. Le 2 juin, elle se rendit devant Gondelour et le Fort Saint-David, qui capitulèrent. Le 4 juin, l'escadre apparut devant Divicottey, dont le fort se rendit sans résistance. Du 9 au 17 juin, l'escadre croisa devant l'île de Ceylan et les côtes de Negapatnam et Karical, capturant un brigantin anglais, l'Expériment. Du 17 au 27 juillet, l'escadre resta à Pondichéry pour se réparer et se ravitailler. Le 3 août, un second combat s'engagea avec l'escadre anglaise. Malgré les dommages causés par des artifices jetés par les Anglais, l'escadre française dut se retirer. Les vaisseaux se réparèrent en août, et le Comte Daché mit à la voile le 3 septembre, arrivant à l'île de France le 13 novembre. La frégate la Diligente fut envoyée en France avec des détails sur les combats, signalant 251 hommes tués et 602 blessés.
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12
p. 204-209
Relation de ce qui s'est passé à l'action du premier Août près de Minden, entre l'armée du Roi & celle des Alliés.
Début :
La prise de Minden par le Duc de Broglie ayant dérangé le projet que [...]
Mots clefs :
Duc de Broglie, Prise de Minden, Armée, Ennemis, Maréchal de Contades, Siège, Prince Ferdinand , Mouvements des troupes, Tactique militaire, Bataillons, Attaque, Infanterie, Cavalerie, Canons, Blessés et morts, Général, Commandant, Retraite, Cassel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Relation de ce qui s'est passé à l'action du premier Août près de Minden, entre l'armée du Roi & celle des Alliés.
Relation de ce qui s'eft paffé à l'action du premier
Août près de Minden , entre l'armée du Roi &
celle des Alliés .
La prife de Minden par le Duc de Broglie
ayant dérangé le projet que le Prince Ferdinand
avoit de fe retirer fous cette ville , & notre
armée s'y étant rendue le 15 Juillet , les ennemis
dirigèrent leur marche fur Petershagen ;
• ils s'avancèrent le 16 à Todenhaufen , & s'emparèrent
le 17 d'un bois qui n'étoit qu'à une deinie-
lieue de Minden.
Comme on pouvoit croire que l'ennemi cherchoit
à engager une affaire , & l'objet du Maréchal
de Contades n'étant que de conferver Minden
& de couvrir le fiége de Munſter , on fir
prendre à l'armée une pofition défenfive. Elle fe
SEPTEMBRE 1759. 205
couvrit d'un petit ruilleau & d'un marais regardé
comme impraticable , la droite appuyée à Minden
, la gauche à la montagne & a des bois.
Le Prince Ferdinand renonçant à nous attaquer
, s'occupa des moyens de nous refferrer
dans notre pofition , & de gêner l'arrivée de
nos convois . 11 fit auffi travailler à des retranchemens
en avant , & dans le bois qui débouchoit
dans la plaine de Minden.
Quand ce Prince crut la gauche affez formidable
pour réfifter à nos efforts , il fit faire à
fon armée un mouvement qui la raprocha du
marais. Son quartier général fut établi au village
de Hill ..
Le Prince héréditaire fut enfuite détaché avec
un corps de douze mille hommes fur Labbecké ,
d'où il s'avança au débouché de nos convois.
3
Ce mouvement engagea le Maréchal de Contades
à faire un détachement de trois mille
hommes aux ordres du Duc de Briffac , pour
protéger nos communications & couvrir les gros
équipages qui avoient été envoyés à Coesfeld.
Le détachement du Prince héréditaire de Brunf
wick ayant affoibli l'armée ennemie , dont le
flanc gauche paroiffoit fort étendu , le Maréchal
de Contades jugea que le moment éroit favorable
pour l'attaquer. L'ara će ennemie étoit derrière
le village de Hill , la gauche derrière celui
d'Holtzhaufen , & cette armée tenoit encore au
Wefer par un corps particulier campé entre le
village de Todenhaufen & celui de Petershagen.
C'eft fur ce corps particulier que le Maréchal
de Contades jugea néceffaire de faire fes premiers
efforts , dans le deffein de le culbuter & d'em➡
bratler enfuite le flanc gauche de l'ennemi.
Le Duc de Broglie avec les troupes de fa ré→
ferve fut chargé de cette attaque ; on la renforça
de huit Bataillons des Grenadiers de France
206 MERCURE DE FRANCE.
& Royaux , de fix piéces de canon de 12 livres
& de quatre obufiers , & il lui fut prefcrit dans
la difpofition générale d'attaquer l'ennemi vivement
& avec rapidité , pour ne pas donner le
temps au Prince Ferdinand d'arriver far notre
gauche qu'on avoit rendue moins forte en nombre
de troupes , parce qu'on vouloit faire le principal
effort par notre droite.
L'armée fe forma en bataille au point du jour ,
appuyant la gauche au marais , occupant le vil .
lage d'Hullem & les hayes qui l'environnent.
Quatre Brigades d'Infanterie aux ordres da
Marquis de Guerchy formoient la gauche de la
premiere ligne , foutenue en feconde ligne par
le corps des troupes Saxones aux ordres du
Comte de Luface.
Trois Brigades de Cavalerie aux ordres du Duc
de Filtz-James formoient le centre de la ligne
dans une grande bruyere qui eft entre le village
de Hullem & celui de Todenhaufen , & elles
étoient foutenues par trois autres Brigades de Cavalerie
en feconde ligne , aux ordres da Marquis
Dumefnil.
La Gendarmerie & fes Carabiniers étoient en
réferve en troifiéme ligne derriere le centre.
La droite de la ligne étoit compofée de quatre
Brigades d'Infanterie aux ordres du Chevalier de
Nicolay ; elle étoit placée à la droite de la Cavalerie
, & foutenue en feconde ligne par deux
Brigades d'Infanterie aux ordres du Comte de
Saint- Germain.
La réſerve du Duc de Broglie faifoit la droite
du tout ; & le Chevalier de Nicolay avoit ordre
de concerter les mouvemens avec ceux du Duc
de Broglie , & même de le foutenir , pour faire
dans cette partie un effort plus décifi£.
SEPTEMBRE. 1759. 107
L'action commença à cette droite à cinq heures
du matin par une canonnade fort vive entre les
troupes du Duc de Broglie , & le corps ennemi
qui s'étoit avancé au village de Todenhaufen.
Cette canonnade dura près de trois heures.
Pendant ce temps - là , fur l'avis que donna le
Duc de Broglie que les ennemis avoient plus
de troupes dans cette partie qu'on ne l'avoit jugé
la veille , le Maréchal de Contades fit marcher
deux brigades d'infanterie de la feconde ligne ,
pour renforcer encore cette droite ; mais l'attaque
ordonnée n'ayant pas eu lieu , le Prince
Ferdinand eut le temps de porter les troupes de
fa droite fur fon centre , & fit déboucher promptement
neuf bataillons fans canon fur la bruyere
vis-à - vis de notre Cavalerie; tandis que d'autres
troupes avec du canon attaquoient la gauche
aux ordres du Marquis de Guerchy , qui foutint
cette attaque avec beaucoup de fermeté.
Le Duc de Filtz James voyant déboucher
cette Infanterie vis - à- vis de lui , fit marcher fur
elle une partie de fa Cavalerie , qui fut repoulfée.
Le Maréchal de Contades dit alors au Duc
de Broglie de retourner à ſa réſerve & de fe
contenter de contenir la gauche des Ennemis ,
en attendant le fuccès du combat qui venoit de
s'engager.
Il ordonna en même temps au Marquis de
Beaupreau d'occuper avec les Brigades d'Infanterie
de Touraine & de Rouergue , & huit piéces de
canon de huit , quelques maifons entourées de
haies , qui étoient en avant de la droite de notre
Cavalerie , pour la protéger , & pour prendre
à revers l'Infanterie ennemie . Pendant que cer
208 MERCURE DE FRANCE.
'ordre s'exécutoit , quelques Brigades de Cavalerie
marcherent de nouveau fur l'Infanterie ennemie
qui foutint cette charge avec autant de fermeté
que la premiere . La Gendarmerie & les Carabiniers
firent avec peu de fuccès une troifiéme
charge. Le Marquis de Poyanne qui les commandoit
fut bleflé d'un coup de feu & de quelques
coups de fabre ; & la droite de la Cavalerie
commandée par le Marquis de Vogué, en fit une
quatriéme auffi infructueule que les autres.
Le Prince de Condé pendant toutes ces attaques
chargea à la tête de la Cavalerie avec une valeur
digne de fon fang & de fon nom .
Toute cette Cavalerie étant en déroute , le
centre fut percé. Les Brigades de Touraine &
de Rouergue qui n'avoient pas encore achevé
d'occuper les maiſons dont on vient de parler ,
furent attaquées par leur flanc droit par plu
fieurs Efcadrons de Cavalerie , & fouffrirent ertrêmement.
Le Marquis de Beaupreau qui les
commandoit fut bleffé de plufieurs coups de labre
, & le Marquis de Monty de deux coups de
feu. Elles fe replierent fur la Brigade d'Auvergne
& d'Anhalt , que le Maréchal de Contades plaça
à la hâte dans les haies en arrière de la bruyere.
L'Ennemi fe rendit maître de ces maifons & f
plaça du canon qui tira avec beaucoup de vivacité
fur nos troupes.
Tandis que ces différentes attaques ſe faifoient
au centre , l'Ennemi pouffoit avec beaucoup de
vivacité celle de notre gauche.
Le Comte de Luface foutint nos brigades de la
première ligne , & attaqua avec quelques baraillons
Saxons une tête de colonne d'Infanterie ennemie
qui débouchoit fur lui ; mais malgré les
efforts qu'il fit de fa perfonne , & avec les troupes
animées par fon exemple , les Brigades d'Aquitaine
& de Condé furent obligées de fe replier
SEPTEMBRE. 1759. 209
8
avec une perte confidérable , & le Marquis dé
Maugiron qui les commandoit fut bleffé de deux
coups de feu .
Dans ce défordre général , le Maréchal de
Contades ordonna la retraite , le Marquis de
Guerchy & le Comte de Luface replierent dans
le camp les Brigades d'Infanterie de la gauche.
Les troupes du Duc de Broglie firent leur retraite
fur la Ville de Minden ; & la Cavalerie entra
auffi dans le camp.
Ce fut dans le moment de cette retraite que le
Maréchal de Contades apprit que le Duc de
Briffac avoit été attaqué & battu auprès de Coovelt
par le corps du Prince héréditaire de Brunfwick
, & que ce Prince étoit maître du Pont de
Coovelt fur la Wera.
Il apprit en même temps par le Commandant
de l'escorte des gros équipages qui étoient à Remen
, que les Ennemis marchoient à lui , & que
pour s'en garantir il avoit fait bruler le Pont des
Salines de Remen.
Cer Pont de Coovelt occupé par l'Ennemi , &
celui des Salines brulé , qui devoient fervir a la
retraite de l'Armée , déterminerent le Maréchal
de Contades à lui faire paffer le Wefer pour fe
retirer fur Einbeck ; & l'ordre en fut donné aux
équipages , aux convois de pain qui étoient à
l'Armée , & aux troupes.
On n'a eu jufqu'à préfent que des détails imparfaits
de la perte qu'on a faite. Elle roule principalement
fur les quarante Efcadrons & les quatre
Brigades d'Infanterie qui ont eu le plus de
part a l'action .
L'Armée s'eft retirée vers Caffel. Je donnerai
dans le Mercure prochain le détail de cette marche
qui fait beaucoup d'honneur aux troupes &
aux Officiers Généraux qui les commandoient ,
Août près de Minden , entre l'armée du Roi &
celle des Alliés .
La prife de Minden par le Duc de Broglie
ayant dérangé le projet que le Prince Ferdinand
avoit de fe retirer fous cette ville , & notre
armée s'y étant rendue le 15 Juillet , les ennemis
dirigèrent leur marche fur Petershagen ;
• ils s'avancèrent le 16 à Todenhaufen , & s'emparèrent
le 17 d'un bois qui n'étoit qu'à une deinie-
lieue de Minden.
Comme on pouvoit croire que l'ennemi cherchoit
à engager une affaire , & l'objet du Maréchal
de Contades n'étant que de conferver Minden
& de couvrir le fiége de Munſter , on fir
prendre à l'armée une pofition défenfive. Elle fe
SEPTEMBRE 1759. 205
couvrit d'un petit ruilleau & d'un marais regardé
comme impraticable , la droite appuyée à Minden
, la gauche à la montagne & a des bois.
Le Prince Ferdinand renonçant à nous attaquer
, s'occupa des moyens de nous refferrer
dans notre pofition , & de gêner l'arrivée de
nos convois . 11 fit auffi travailler à des retranchemens
en avant , & dans le bois qui débouchoit
dans la plaine de Minden.
Quand ce Prince crut la gauche affez formidable
pour réfifter à nos efforts , il fit faire à
fon armée un mouvement qui la raprocha du
marais. Son quartier général fut établi au village
de Hill ..
Le Prince héréditaire fut enfuite détaché avec
un corps de douze mille hommes fur Labbecké ,
d'où il s'avança au débouché de nos convois.
3
Ce mouvement engagea le Maréchal de Contades
à faire un détachement de trois mille
hommes aux ordres du Duc de Briffac , pour
protéger nos communications & couvrir les gros
équipages qui avoient été envoyés à Coesfeld.
Le détachement du Prince héréditaire de Brunf
wick ayant affoibli l'armée ennemie , dont le
flanc gauche paroiffoit fort étendu , le Maréchal
de Contades jugea que le moment éroit favorable
pour l'attaquer. L'ara će ennemie étoit derrière
le village de Hill , la gauche derrière celui
d'Holtzhaufen , & cette armée tenoit encore au
Wefer par un corps particulier campé entre le
village de Todenhaufen & celui de Petershagen.
C'eft fur ce corps particulier que le Maréchal
de Contades jugea néceffaire de faire fes premiers
efforts , dans le deffein de le culbuter & d'em➡
bratler enfuite le flanc gauche de l'ennemi.
Le Duc de Broglie avec les troupes de fa ré→
ferve fut chargé de cette attaque ; on la renforça
de huit Bataillons des Grenadiers de France
206 MERCURE DE FRANCE.
& Royaux , de fix piéces de canon de 12 livres
& de quatre obufiers , & il lui fut prefcrit dans
la difpofition générale d'attaquer l'ennemi vivement
& avec rapidité , pour ne pas donner le
temps au Prince Ferdinand d'arriver far notre
gauche qu'on avoit rendue moins forte en nombre
de troupes , parce qu'on vouloit faire le principal
effort par notre droite.
L'armée fe forma en bataille au point du jour ,
appuyant la gauche au marais , occupant le vil .
lage d'Hullem & les hayes qui l'environnent.
Quatre Brigades d'Infanterie aux ordres da
Marquis de Guerchy formoient la gauche de la
premiere ligne , foutenue en feconde ligne par
le corps des troupes Saxones aux ordres du
Comte de Luface.
Trois Brigades de Cavalerie aux ordres du Duc
de Filtz-James formoient le centre de la ligne
dans une grande bruyere qui eft entre le village
de Hullem & celui de Todenhaufen , & elles
étoient foutenues par trois autres Brigades de Cavalerie
en feconde ligne , aux ordres da Marquis
Dumefnil.
La Gendarmerie & fes Carabiniers étoient en
réferve en troifiéme ligne derriere le centre.
La droite de la ligne étoit compofée de quatre
Brigades d'Infanterie aux ordres du Chevalier de
Nicolay ; elle étoit placée à la droite de la Cavalerie
, & foutenue en feconde ligne par deux
Brigades d'Infanterie aux ordres du Comte de
Saint- Germain.
La réſerve du Duc de Broglie faifoit la droite
du tout ; & le Chevalier de Nicolay avoit ordre
de concerter les mouvemens avec ceux du Duc
de Broglie , & même de le foutenir , pour faire
dans cette partie un effort plus décifi£.
SEPTEMBRE. 1759. 107
L'action commença à cette droite à cinq heures
du matin par une canonnade fort vive entre les
troupes du Duc de Broglie , & le corps ennemi
qui s'étoit avancé au village de Todenhaufen.
Cette canonnade dura près de trois heures.
Pendant ce temps - là , fur l'avis que donna le
Duc de Broglie que les ennemis avoient plus
de troupes dans cette partie qu'on ne l'avoit jugé
la veille , le Maréchal de Contades fit marcher
deux brigades d'infanterie de la feconde ligne ,
pour renforcer encore cette droite ; mais l'attaque
ordonnée n'ayant pas eu lieu , le Prince
Ferdinand eut le temps de porter les troupes de
fa droite fur fon centre , & fit déboucher promptement
neuf bataillons fans canon fur la bruyere
vis-à - vis de notre Cavalerie; tandis que d'autres
troupes avec du canon attaquoient la gauche
aux ordres du Marquis de Guerchy , qui foutint
cette attaque avec beaucoup de fermeté.
Le Duc de Filtz James voyant déboucher
cette Infanterie vis - à- vis de lui , fit marcher fur
elle une partie de fa Cavalerie , qui fut repoulfée.
Le Maréchal de Contades dit alors au Duc
de Broglie de retourner à ſa réſerve & de fe
contenter de contenir la gauche des Ennemis ,
en attendant le fuccès du combat qui venoit de
s'engager.
Il ordonna en même temps au Marquis de
Beaupreau d'occuper avec les Brigades d'Infanterie
de Touraine & de Rouergue , & huit piéces de
canon de huit , quelques maifons entourées de
haies , qui étoient en avant de la droite de notre
Cavalerie , pour la protéger , & pour prendre
à revers l'Infanterie ennemie . Pendant que cer
208 MERCURE DE FRANCE.
'ordre s'exécutoit , quelques Brigades de Cavalerie
marcherent de nouveau fur l'Infanterie ennemie
qui foutint cette charge avec autant de fermeté
que la premiere . La Gendarmerie & les Carabiniers
firent avec peu de fuccès une troifiéme
charge. Le Marquis de Poyanne qui les commandoit
fut bleflé d'un coup de feu & de quelques
coups de fabre ; & la droite de la Cavalerie
commandée par le Marquis de Vogué, en fit une
quatriéme auffi infructueule que les autres.
Le Prince de Condé pendant toutes ces attaques
chargea à la tête de la Cavalerie avec une valeur
digne de fon fang & de fon nom .
Toute cette Cavalerie étant en déroute , le
centre fut percé. Les Brigades de Touraine &
de Rouergue qui n'avoient pas encore achevé
d'occuper les maiſons dont on vient de parler ,
furent attaquées par leur flanc droit par plu
fieurs Efcadrons de Cavalerie , & fouffrirent ertrêmement.
Le Marquis de Beaupreau qui les
commandoit fut bleffé de plufieurs coups de labre
, & le Marquis de Monty de deux coups de
feu. Elles fe replierent fur la Brigade d'Auvergne
& d'Anhalt , que le Maréchal de Contades plaça
à la hâte dans les haies en arrière de la bruyere.
L'Ennemi fe rendit maître de ces maifons & f
plaça du canon qui tira avec beaucoup de vivacité
fur nos troupes.
Tandis que ces différentes attaques ſe faifoient
au centre , l'Ennemi pouffoit avec beaucoup de
vivacité celle de notre gauche.
Le Comte de Luface foutint nos brigades de la
première ligne , & attaqua avec quelques baraillons
Saxons une tête de colonne d'Infanterie ennemie
qui débouchoit fur lui ; mais malgré les
efforts qu'il fit de fa perfonne , & avec les troupes
animées par fon exemple , les Brigades d'Aquitaine
& de Condé furent obligées de fe replier
SEPTEMBRE. 1759. 209
8
avec une perte confidérable , & le Marquis dé
Maugiron qui les commandoit fut bleffé de deux
coups de feu .
Dans ce défordre général , le Maréchal de
Contades ordonna la retraite , le Marquis de
Guerchy & le Comte de Luface replierent dans
le camp les Brigades d'Infanterie de la gauche.
Les troupes du Duc de Broglie firent leur retraite
fur la Ville de Minden ; & la Cavalerie entra
auffi dans le camp.
Ce fut dans le moment de cette retraite que le
Maréchal de Contades apprit que le Duc de
Briffac avoit été attaqué & battu auprès de Coovelt
par le corps du Prince héréditaire de Brunfwick
, & que ce Prince étoit maître du Pont de
Coovelt fur la Wera.
Il apprit en même temps par le Commandant
de l'escorte des gros équipages qui étoient à Remen
, que les Ennemis marchoient à lui , & que
pour s'en garantir il avoit fait bruler le Pont des
Salines de Remen.
Cer Pont de Coovelt occupé par l'Ennemi , &
celui des Salines brulé , qui devoient fervir a la
retraite de l'Armée , déterminerent le Maréchal
de Contades à lui faire paffer le Wefer pour fe
retirer fur Einbeck ; & l'ordre en fut donné aux
équipages , aux convois de pain qui étoient à
l'Armée , & aux troupes.
On n'a eu jufqu'à préfent que des détails imparfaits
de la perte qu'on a faite. Elle roule principalement
fur les quarante Efcadrons & les quatre
Brigades d'Infanterie qui ont eu le plus de
part a l'action .
L'Armée s'eft retirée vers Caffel. Je donnerai
dans le Mercure prochain le détail de cette marche
qui fait beaucoup d'honneur aux troupes &
aux Officiers Généraux qui les commandoient ,
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Résumé : Relation de ce qui s'est passé à l'action du premier Août près de Minden, entre l'armée du Roi & celle des Alliés.
Le 15 juillet 1759, l'armée française, dirigée par le Maréchal de Contades, s'installa à Minden après que le Duc de Broglie eut pris la ville. Cette action perturba les plans du Prince Ferdinand de se retirer à Minden. Les ennemis avancèrent vers Petershagen, s'emparèrent d'un bois près de Minden et prirent des positions défensives. Le Maréchal de Contades positionna son armée derrière un ruisseau et un marais, avec la droite à Minden et la gauche protégée par une montagne et des bois. Le Prince Ferdinand, renonçant à attaquer, renforça ses positions et gêna les convois français. Le Maréchal de Contades, voyant une opportunité après le départ du Prince héréditaire de Brunswick, décida d'attaquer. L'armée française se forma en bataille au point du jour, avec des unités d'infanterie et de cavalerie réparties stratégiquement. L'action débuta à cinq heures du matin par une canonnade entre les troupes du Duc de Broglie et les ennemis à Todenhaufen. Malgré des renforts, l'attaque française fut repoussée. Les ennemis perçèrent le centre français, et la cavalerie ennemie repoussa plusieurs charges françaises. Le Maréchal de Contades ordonna la retraite après des pertes significatives. Pendant la retraite, il fut informé que le Duc de Brissac avait été battu près de Coesfeld par le Prince héréditaire de Brunswick, et que les ponts nécessaires à la retraite étaient soit occupés, soit détruits. L'armée se retira vers Cassel. Les détails des pertes étaient encore incomplets, mais elles étaient principalement parmi les unités de cavalerie et d'infanterie ayant participé à l'action.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 205
Du Journal de l'Armée Autrichienne, le premier Septembre.
Début :
Le Général Haddick avoit été chargé d'attaquer la Forteresse de Peitz sur la Sprée. [...]
Mots clefs :
Général Haddick, Forteresse, Commandant, Menace , Capitulation, Garnison, Artillerie, Vivres, Munitions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Du Journal de l'Armée Autrichienne, le premier Septembre.
Du Journal de l'Armée Autrichienne , lepremier
Septembre.
Le Général Haddick avoit été chargé d'atta-
quer la Fortereffe de Peitz fur la Sprée. Le 26
il fit fommer le Commandant de fe rendre , en
le menaçant de faire brûler la Ville & les Faux-
bourgs , s'il entreprenoit de lui réſiſter. Cette
menace fit impreffion , & la Garniſon capitula
le lendemain. Il fut réglé qu'elle fortiroit le 28
avec les honneurs de la guerre , & qu'elle feroit
conduite à Berlin ; que les habitans conferve-
roient leurs priviléges , & le libre exercice de leur
religion ; & que la Fortereffe feroit livrée avec
toute l'artillerie , tous les vivres & toutes les mu-
'nitions.
Septembre.
Le Général Haddick avoit été chargé d'atta-
quer la Fortereffe de Peitz fur la Sprée. Le 26
il fit fommer le Commandant de fe rendre , en
le menaçant de faire brûler la Ville & les Faux-
bourgs , s'il entreprenoit de lui réſiſter. Cette
menace fit impreffion , & la Garniſon capitula
le lendemain. Il fut réglé qu'elle fortiroit le 28
avec les honneurs de la guerre , & qu'elle feroit
conduite à Berlin ; que les habitans conferve-
roient leurs priviléges , & le libre exercice de leur
religion ; & que la Fortereffe feroit livrée avec
toute l'artillerie , tous les vivres & toutes les mu-
'nitions.
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Résumé : Du Journal de l'Armée Autrichienne, le premier Septembre.
Le 26 septembre, le Général Haddick a ordonné la reddition de la forteresse de Peitz. Il a menacé de détruire la ville en cas de résistance. La garnison a capitulé le 27 septembre. Les termes incluaient le départ avec les honneurs de la guerre vers Berlin, la conservation des privilèges des habitants et la remise de la forteresse avec son artillerie et ses munitions.
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14
p. 210-211
DU HAVRE, le 5 Septembre.
Début :
On a appris par un courrier arrivé de Cadix, que l'Escadre du Roi commandée par [...]
Mots clefs :
Escadre, Vaisseaux, Anglais, Frégates, Vents violents, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU HAVRE, le 5 Septembre.
DU HAVRE
, le 5
Septembre
.
On
a
appris
par un
courier arrivé
de Cadix
,
que
l'Eſcadre
du Roi
commandée
par
le fieur
de
la Clue
,
après avoir paſſé le détroit
,
a effuyé
un
coup de vent
la nuit
du 16 au 17 du mois der
OCTOBRE
.
1759.
211
2
nier qui l'a féparée. Les cinq vaiffeaux le Fan-
tafque , le Lyon , le Triton , le Fier , & l'Ori
flame , avec les frégates la Chimere , la Minerve
& la Gracieufe , ont relâché à Cadix . Le refte de
l'Escadre ayant été attaqué par les Efcadres
réunies des Amiraux Boscawen & Broderick , les
vailleaux Centaure & le Téméraire ont été pris , &.
Océan & le Redoutable ont été brûlés à la côte
de Lagos. Au départ du courier on ignoroit le
fort des trois autres vaiffeaux le Guerrier, le Sou
verain , & le Modefte.
Le 24 du mois dernier , les Anglois n'avoient
fait aucunes difpofitions pour attaquer le Havre.
Leur Efcadre étoit mouillée dans la grande rade,
à l'exception de trois frégates & d'une bombarde
qui étoient venues mouiller au pied des hauts de
la rade. C'eft à-peu- près le même endroit où
étoient placées les galiotes à bombes lors du
bombardement.
Nos chaloupes canonnieres s'en approcherent
le 28 après midi. Il y eut des coups de canon de
part & d'autre.
Du
11
.
Les vaiffeaux Anglois ont beaucoup fouffert de
la variation & de la violence des vents. Ils font
encore mouillés dans la même poſition. Le 10 , à
une heure & demie , le vaiffeau Commandant a
tiré trois coups de canon ; mais la brume épaiffe
qui s'eft élevée a empêché de voir l'effet de ce
fignal. On a remarqué un navire Eſpagnol que
les deux frégates & les deux quaiches qui font
continuellement en croifiere , ont arrêté , & que
les ennemis retiennent.
, le 5
Septembre
.
On
a
appris
par un
courier arrivé
de Cadix
,
que
l'Eſcadre
du Roi
commandée
par
le fieur
de
la Clue
,
après avoir paſſé le détroit
,
a effuyé
un
coup de vent
la nuit
du 16 au 17 du mois der
OCTOBRE
.
1759.
211
2
nier qui l'a féparée. Les cinq vaiffeaux le Fan-
tafque , le Lyon , le Triton , le Fier , & l'Ori
flame , avec les frégates la Chimere , la Minerve
& la Gracieufe , ont relâché à Cadix . Le refte de
l'Escadre ayant été attaqué par les Efcadres
réunies des Amiraux Boscawen & Broderick , les
vailleaux Centaure & le Téméraire ont été pris , &.
Océan & le Redoutable ont été brûlés à la côte
de Lagos. Au départ du courier on ignoroit le
fort des trois autres vaiffeaux le Guerrier, le Sou
verain , & le Modefte.
Le 24 du mois dernier , les Anglois n'avoient
fait aucunes difpofitions pour attaquer le Havre.
Leur Efcadre étoit mouillée dans la grande rade,
à l'exception de trois frégates & d'une bombarde
qui étoient venues mouiller au pied des hauts de
la rade. C'eft à-peu- près le même endroit où
étoient placées les galiotes à bombes lors du
bombardement.
Nos chaloupes canonnieres s'en approcherent
le 28 après midi. Il y eut des coups de canon de
part & d'autre.
Du
11
.
Les vaiffeaux Anglois ont beaucoup fouffert de
la variation & de la violence des vents. Ils font
encore mouillés dans la même poſition. Le 10 , à
une heure & demie , le vaiffeau Commandant a
tiré trois coups de canon ; mais la brume épaiffe
qui s'eft élevée a empêché de voir l'effet de ce
fignal. On a remarqué un navire Eſpagnol que
les deux frégates & les deux quaiches qui font
continuellement en croifiere , ont arrêté , & que
les ennemis retiennent.
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Résumé : DU HAVRE, le 5 Septembre.
Le 5 septembre 1759, un courrier de Cadix a rapporté que l'escadre royale, dirigée par le chevalier de la Clue, a subi un coup de vent dans la nuit du 16 au 17 octobre. Cinq vaisseaux et trois frégates ont dû se réfugier à Cadix. Le reste de l'escadre a été attaqué par les amiraux Boscawen et Broderick. Les vaisseaux Centaure et Téméraire ont été capturés, tandis que l'Océan et le Redoutable ont été brûlés près de Lagos. Le sort des vaisseaux Guerrier, Souverain et Modeste était inconnu. Le 24 août, les Anglais n'avaient pas attaqué Le Havre. Leur escadre était ancrée dans la grande rade, sauf trois frégates et une bombarde. Le 28 août, des chaloupes canonnières françaises ont échangé des coups de canon avec les vaisseaux anglais, immobilisés par des vents violents. Le 10 septembre, un signal a été donné par le vaisseau commandant, mais la brume a empêché d'en voir l'effet. Un navire espagnol a été arrêté par des frégates et des chaïques ennemies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 199-204
DE LONDRES, le 20 Octobre.
Début :
La Cour a reçu plusieurs lettres du Canada, dont le contenu vient d'être [...]
Mots clefs :
Canada, Troupes, Général, Bataillons, Ennemis, Camp, Indiens d'Amérique, Français, Débarquement, Siège de Québec, Attaques, Blessés et morts, Grenadiers, Avantages, Commandant, Vaisseaux, Amiral, Forts, Capitaine, Courrier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Octobre.
De
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Octobre.
En 1759, des événements militaires significatifs se sont déroulés au Canada. Le 2 juin, les troupes du Général Wolfe ont débarqué sur l'île d'Orléans. Le Brigadier Monckton a été chargé de déloger des troupes ennemies à la pointe de Lévi, tandis que le Colonel Carleton établissait une position à l'ouest de l'île. Les Britanniques ont construit des batteries à la pointe de Lévi, repoussant une attaque ennemie de 160 hommes. Cependant, une compagnie britannique a été détruite par des Indiens. Le 31 juillet, Wolfe a tenté une attaque sur les lignes françaises mais a subi de lourdes pertes. Quelques jours plus tard, un détachement britannique a brûlé un magasin ennemi à Chambaud. Wolfe et l'Amiral Saunders ont décidé d'attaquer Québec en remontant la rivière et en débarquant les troupes à trois milles de la ville. Le 11 septembre, les troupes ont débarqué près du Cap Diamant et ont engagé le combat le lendemain. Les généraux Wolfe et Montcalm ont été tués. Les Britanniques ont pris le contrôle du champ de bataille, capturant des prisonniers et des canons. Le commandant français a demandé à capituler le 17 septembre. Les Britanniques ont accordé à la garnison les honneurs de la guerre et ont embarqué les prisonniers pour la France. Par ailleurs, l'Amiral Saunders a reçu des informations sur l'abandon des forts français sur l'Ohio. En Europe, des mesures ont été prises pour contrer les mouvements de l'escadre française du Capitaine Thurot. Divers amiraux britanniques surveillaient les côtes pour empêcher les sorties de vaisseaux français. Un traité de subside entre l'Angleterre et la Prusse a été renouvelé, et un courier a été envoyé à Petersbourg sans que le contenu des dépêches soit divulgué.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 193-194
DE VIENNE, le 10 Novembre.
Début :
Le 22, le Baron de Laudon avec le Corps qu'il commande se rendit [...]
Mots clefs :
Baron de Laudon, Commandant, Roi de Prusse, Armée russe, Camp, Attaque, Ennemis, Artillerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 10 Novembre.
DE VIENNE , le 10 Novembre.
E 22 , le Baron de Laudon avec le Corps
qu'il commande fe rendit maître des hauteurs
près d'Hernftadt. Dès qu'il y fut établi , il fit
menacer le Commandant de la Place de la réduire
en cendres s'il ne l'abandonnoit pas fur le
champ. Le Commandant répondit qu'il ne pouvoit
pas fe retirer , fans un ordre du Roi de
Prufle , & il demanda quelques heures pour
prendre fa réfolution . L'armée des Ruſſes arriva ,
& occupa le camp que le Baron de Laudon venoit
de lui marquer. Il s'avança à Babiele fur le
flanc gauche de cette armée ; & vers le foir on
obferva que les Pruffiens faifoient divers mouvemens
fur les hauteurs qui font derriere la Place
& au- delà de la rivière.
On apperçut le lendemain leur armée qui
campoit fur ces hauteurs . Sur les neuf heures du
matin , le Comte de Soltikoff envoya un de fes
Aides de Camp pour fommer de nouveau le Commandant
de la Place. Celui - ci répondit qu'il
avoit ordre du Roi fon Maître de fe défendre jufqu'à
la derniere extrêmité. Sur cette réponſe le
Comte de Soltikoff fit démafquer une grande
batterie qui venoit d'être conftruite fur les hauteurs.
Le feu des canons & des mortiers fit beaucoup
d'effet fur la Ville & embrafa les fauxbourgs.
I. Vol.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur Holmer , Lieutenant- général d'Artillerie
, fe tranfporta l'après - midi dans les Fauxbourgs
qui venoient d'étre brûlés , afin de reconnoître
deplus près l'état dela Place . Il fut découvert
par l'ennemi , & effuya une décharge de
moufqueterie. Le Comte de Soltikoff, à qui il
rendit compte de fes obfervations , fit approcher
la groffe artillerie pour embrafer la ville . Ses
ordres furent exécutés fi ponctuellement , que le
feu prit tout à la fois en quatre endroits différens,
Pendant ce temps-là l'artillerie des Autrichiens.
foudroyoit l'avant - garde des Pruffiens . Cette
canonnade dura jufqu'à la nuit , & la Ville de
Hernftadt fut entièrement détruite .
E 22 , le Baron de Laudon avec le Corps
qu'il commande fe rendit maître des hauteurs
près d'Hernftadt. Dès qu'il y fut établi , il fit
menacer le Commandant de la Place de la réduire
en cendres s'il ne l'abandonnoit pas fur le
champ. Le Commandant répondit qu'il ne pouvoit
pas fe retirer , fans un ordre du Roi de
Prufle , & il demanda quelques heures pour
prendre fa réfolution . L'armée des Ruſſes arriva ,
& occupa le camp que le Baron de Laudon venoit
de lui marquer. Il s'avança à Babiele fur le
flanc gauche de cette armée ; & vers le foir on
obferva que les Pruffiens faifoient divers mouvemens
fur les hauteurs qui font derriere la Place
& au- delà de la rivière.
On apperçut le lendemain leur armée qui
campoit fur ces hauteurs . Sur les neuf heures du
matin , le Comte de Soltikoff envoya un de fes
Aides de Camp pour fommer de nouveau le Commandant
de la Place. Celui - ci répondit qu'il
avoit ordre du Roi fon Maître de fe défendre jufqu'à
la derniere extrêmité. Sur cette réponſe le
Comte de Soltikoff fit démafquer une grande
batterie qui venoit d'être conftruite fur les hauteurs.
Le feu des canons & des mortiers fit beaucoup
d'effet fur la Ville & embrafa les fauxbourgs.
I. Vol.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur Holmer , Lieutenant- général d'Artillerie
, fe tranfporta l'après - midi dans les Fauxbourgs
qui venoient d'étre brûlés , afin de reconnoître
deplus près l'état dela Place . Il fut découvert
par l'ennemi , & effuya une décharge de
moufqueterie. Le Comte de Soltikoff, à qui il
rendit compte de fes obfervations , fit approcher
la groffe artillerie pour embrafer la ville . Ses
ordres furent exécutés fi ponctuellement , que le
feu prit tout à la fois en quatre endroits différens,
Pendant ce temps-là l'artillerie des Autrichiens.
foudroyoit l'avant - garde des Pruffiens . Cette
canonnade dura jufqu'à la nuit , & la Ville de
Hernftadt fut entièrement détruite .
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Résumé : DE VIENNE, le 10 Novembre.
Le 10 novembre, le Baron de Laudon s'empara des hauteurs près d'Hernftadt et menaça de réduire la ville en cendres si elle ne se rendait pas. Le commandant refusa, attendant un ordre du Roi de Prusse. L'armée russe arriva et occupa le camp indiqué par Laudon. Les Prussiens effectuèrent divers mouvements sur les hauteurs derrière la ville. Le lendemain, le Comte de Soltikoff demanda au commandant de se rendre, mais celui-ci reçut l'ordre de se défendre jusqu'au bout. Soltikoff fit alors ouvrir le feu avec une grande batterie, causant des dégâts importants et incendiant les faubourgs. Le lieutenant-général d'artillerie Holmer, envoyé pour évaluer l'état de la place, fut découvert et dut se retirer. Soltikoff ordonna ensuite d'utiliser l'artillerie lourde, provoquant des incendies en plusieurs points de la ville. Pendant ce temps, l'artillerie autrichienne bombardait l'avant-garde prussienne. La canonnade dura jusqu'à la nuit, entraînant la destruction totale de la ville d'Hernftadt.
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17
p. 249
MARIAGE.
Début :
Messire Armand Gabriel de Rasilly, Lieutenant général des Armées du Roi, [...]
Mots clefs :
Lieutenant général des armées du roi, Commandant, Mariage, Demoiselle, Fille, Duc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Meffire Armand Gabriel de Rafilly , Lieutenant
général des Armées duRoi , Commandeur de l'Ordre
royal & Militaire de S.Louis Ancien Comman→
dant de bataillon du Régiment des Gardes Françoifes
Gouverneur de l'ifle de Ré a épousé ,,
le 23 du mois dernier , Damoiſelle Amédée Adélaïde
de Lorme , fille de . Jean Amédée de Lorme
, Intendant des Finances de feu M. le Duc
d'Orléans , Régent , Intendant de l'Ordre Royal
& Militaire de S. Louis , & de Louife- Margueritede
Graville , foeur de M. le Comte de Graville ,
Lieutenant général des Armées du Roi, Infpecteur
général de Cavalerie , & Chevalier des Ordres da
Roi:
Meffire Armand Gabriel de Rafilly , Lieutenant
général des Armées duRoi , Commandeur de l'Ordre
royal & Militaire de S.Louis Ancien Comman→
dant de bataillon du Régiment des Gardes Françoifes
Gouverneur de l'ifle de Ré a épousé ,,
le 23 du mois dernier , Damoiſelle Amédée Adélaïde
de Lorme , fille de . Jean Amédée de Lorme
, Intendant des Finances de feu M. le Duc
d'Orléans , Régent , Intendant de l'Ordre Royal
& Militaire de S. Louis , & de Louife- Margueritede
Graville , foeur de M. le Comte de Graville ,
Lieutenant général des Armées du Roi, Infpecteur
général de Cavalerie , & Chevalier des Ordres da
Roi:
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Résumé : MARIAGE.
Le mariage de Meffire Armand Gabriel de Rafilly, Lieutenant général des Armées du Roi, a eu lieu le 23 du mois précédent. La mariée est Damoiselle Amédée Adélaïde de Lorme, fille de Jean Amédée de Lorme, Intendant des Finances du Duc d'Orléans. La mère de la mariée est Louise-Marguerite de Graville, fille du Comte de Graville, Lieutenant général des Armées du Roi.
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18
p. 193-195
DE STOCKOLM, le premier Février.
Début :
Le Général Manteuffel, après le mauvais succès de son entreprise sur nos quartiers, se retira [...]
Mots clefs :
Général, Quartiers, Retraite, Déserteurs, Prisonniers, Attaque, Bataillons, Comte, Commandant, Officiers, Capitaine, Froid, Températures extrêmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE STOCKOLM, le premier Février.
De STOKOLM , le premier Février.
Le Général Manteuffel , après le mauvais fuccès
de fon entreprife fur nos quartiers , fe retira
précipitamment à Anclam où il entra le 24
au foir. Il fut pouríuivi par le Général de Lan-
I
>
194 MERCURE DE FRANCE.
tingshaufen , qui lui enleva dans cette retraite
deux piéces de canon , & foixante dix-huit chariots
de bagages. Nous fimes auffi plus de centcinquante
prilonniers , & nous favorifâmes l'évafion
d'un grand nombre de déferteurs . Le Général
de Lantingshaufen , arriva le 25 devant Anclam
: il envoya auffitôt le Baron de Wrangel ,
fon Aide de camp général , au Comte de Monteuffel
, pour le lommer de rompre le pont qu'il
avoit fur la Péene . Sur fon refus , le Comte de
Lantingshaufen fit fes difpofitions pour l'attaquer.
Sept bataillons , commandés par le Comte de
Horn , en furent chargés. L'attaque commença
le 28 au matin , avant le jour , & nos troupes
forcèrent les Pruffiens d'abandonner le Fauxbourg
en deçà de la Péene , & la chauffée qui
conduit à la Ville. Un de nos bataillons , dans la
chaleur de la pourfuite , pénétra avec lesfuyards
dans la Ville. Le Comte de Manteuffel y étoit
occupé à rallier les troupes ; mais trois bieffures
qu'il reçut le mirent hors de combat , & il fut fait
prifonnier avec fon Aide de camp . Cependant
les Pruffiens s'étant ralliés , le bataillon Suédois
fongea à la retraite , & il l'exécuta en fe faifant
jour à travers le Régiment de Kalkstein , qui lui
barroit le pallage. Il fit même prifonniers le
Commandant de ce corps , & plufieurs foldats.
La perte des Prufliens dans cette occafion , &
dans leur incurfion en Pomeranie , a été de
quinze à feize cens hommes. La nôtre a été de
deux à trois cens.
Le Comte de Lantingshaufen envoya le lendemain
de fon expédition , un Officier au Gouverneur
d'Anclam , pour le fommer de nouveau
de détruire fon pont . Cet Officier étoit chargé
de lui déclarer , en cas de refus , que le Général
Suédois ne pourroit fe difpenfer , pour affurer
MARS. 1760. 195
la tranquillité de fes quartiers , de revenir fur
cette Ville , & de la bruler entièrement. Cette
fommation a fait impreffion fur le Commandant
Pruffien , & il a fait rompre le pont.
Le Général de Stutterheim a pris le comman
dement des Pruffiens , à la place du Comte de
Manteuffel. Cet événement a déconcerté les projets
des Pruffiens fur le Mecklembourg. Après
cette expédition , le Comte de Lantingshaufen a
renvoyé les Troupes dans leurs cantonnemens
& fon quartier général eſt établi à Gripswald .
>
Des avis venus de Norwège , apprennent que
le Capitaine Thurot,eft dans un des Ports de cette
Côte , avec fa petite Efcadre. Il y a amené quatre
Vaiffeaux Anglois , qu'il a intercepté à l'entrée
du Sund.
Le froid , qu'on a reffenti jufques vers la fin
du mois dernier , a été d'une rigueur exceffive.
détroit du Sund a été entièrement gelé , de
forte qu'on pouvoit paffer à pied ou en traîneaux ,
de la Selande , en Scanie.
Le Général Manteuffel , après le mauvais fuccès
de fon entreprife fur nos quartiers , fe retira
précipitamment à Anclam où il entra le 24
au foir. Il fut pouríuivi par le Général de Lan-
I
>
194 MERCURE DE FRANCE.
tingshaufen , qui lui enleva dans cette retraite
deux piéces de canon , & foixante dix-huit chariots
de bagages. Nous fimes auffi plus de centcinquante
prilonniers , & nous favorifâmes l'évafion
d'un grand nombre de déferteurs . Le Général
de Lantingshaufen , arriva le 25 devant Anclam
: il envoya auffitôt le Baron de Wrangel ,
fon Aide de camp général , au Comte de Monteuffel
, pour le lommer de rompre le pont qu'il
avoit fur la Péene . Sur fon refus , le Comte de
Lantingshaufen fit fes difpofitions pour l'attaquer.
Sept bataillons , commandés par le Comte de
Horn , en furent chargés. L'attaque commença
le 28 au matin , avant le jour , & nos troupes
forcèrent les Pruffiens d'abandonner le Fauxbourg
en deçà de la Péene , & la chauffée qui
conduit à la Ville. Un de nos bataillons , dans la
chaleur de la pourfuite , pénétra avec lesfuyards
dans la Ville. Le Comte de Manteuffel y étoit
occupé à rallier les troupes ; mais trois bieffures
qu'il reçut le mirent hors de combat , & il fut fait
prifonnier avec fon Aide de camp . Cependant
les Pruffiens s'étant ralliés , le bataillon Suédois
fongea à la retraite , & il l'exécuta en fe faifant
jour à travers le Régiment de Kalkstein , qui lui
barroit le pallage. Il fit même prifonniers le
Commandant de ce corps , & plufieurs foldats.
La perte des Prufliens dans cette occafion , &
dans leur incurfion en Pomeranie , a été de
quinze à feize cens hommes. La nôtre a été de
deux à trois cens.
Le Comte de Lantingshaufen envoya le lendemain
de fon expédition , un Officier au Gouverneur
d'Anclam , pour le fommer de nouveau
de détruire fon pont . Cet Officier étoit chargé
de lui déclarer , en cas de refus , que le Général
Suédois ne pourroit fe difpenfer , pour affurer
MARS. 1760. 195
la tranquillité de fes quartiers , de revenir fur
cette Ville , & de la bruler entièrement. Cette
fommation a fait impreffion fur le Commandant
Pruffien , & il a fait rompre le pont.
Le Général de Stutterheim a pris le comman
dement des Pruffiens , à la place du Comte de
Manteuffel. Cet événement a déconcerté les projets
des Pruffiens fur le Mecklembourg. Après
cette expédition , le Comte de Lantingshaufen a
renvoyé les Troupes dans leurs cantonnemens
& fon quartier général eſt établi à Gripswald .
>
Des avis venus de Norwège , apprennent que
le Capitaine Thurot,eft dans un des Ports de cette
Côte , avec fa petite Efcadre. Il y a amené quatre
Vaiffeaux Anglois , qu'il a intercepté à l'entrée
du Sund.
Le froid , qu'on a reffenti jufques vers la fin
du mois dernier , a été d'une rigueur exceffive.
détroit du Sund a été entièrement gelé , de
forte qu'on pouvoit paffer à pied ou en traîneaux ,
de la Selande , en Scanie.
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Résumé : DE STOCKOLM, le premier Février.
Le 1er février, après un échec à Stockholm, le Général Manteuffel se retira à Anclam, poursuivi par le Général Lantingshaufen. Ce dernier captura deux pièces de canon, soixante-dix-huit chariots de bagages, fit plus de cent cinquante prisonniers et favorisa l'évasion de nombreux déserteurs. Le 25 février, Lantingshaufen arriva devant Anclam et demanda à Manteuffel de détruire le pont sur la Péene. Face au refus, Lantingshaufen attaqua avec sept bataillons commandés par le Comte de Horn. L'attaque débuta le 28 au matin, forçant les Prussiens à abandonner le faubourg et la chaussée menant à la ville. Manteuffel fut blessé et fait prisonnier. Les Prussiens se ralliant, un bataillon suédois se retira, capturant le commandant du Régiment de Kalkstein et plusieurs soldats. Les pertes prussiennes furent de quinze à seize cents hommes, contre deux à trois cents pour les Suédois. Lantingshaufen somma le gouverneur d'Anclam de détruire le pont, mençant de brûler la ville en cas de refus. Le pont fut détruit. Le Général Stutterheim remplaça Manteuffel. Lantingshaufen renvoya ses troupes dans leurs cantonnements, établissant son quartier général à Gripswald. Par ailleurs, des nouvelles de Norvège signalèrent la présence du Capitaine Thurot avec quatre vaisseaux anglais interceptés. Un froid rigoureux gela le détroit du Sund, permettant le passage à pied ou en traîneaux entre la Selande et la Scanie.
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19
p. 204-206
DE VERSAILLES, le 28 Février, & jours suivans.
Début :
Le sieur Bignon, Commandeur, Prevôt, & Maître des Cérémonies des Ordres [...]
Mots clefs :
Prévôt, Cérémonies, Ordres du roi, Famille royale, Contrat de mariage, Colonel, Demoiselle, Chapitre, Nominations, Capitaine, Commandant, Chevalier, Abbé, Marquis, Prince de Condé, Abbaye, Prieuré
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texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES, le 28 Février, & jours suivans.
De VERSAILLES , le 28 Février , & jours
L
fuivans.
E fieur Bignon , Commandeur , Prevôt , &
Maître des Cérémonies des Ordres du Roi , fon
Eibliothécaire , Maître des Requêtes , de l'Académie
Françoife , & honoraire de celle des Infcriptions
, a été chargé par Sa Majefté de porter au
Prince des Afturies , & à l'Infant . Don Louis , le
Collier , & les marques des ordres du Roi.
AVRIL. 1760. 205
Le 18 Février , le Roi , la Reine , & la Famille
Royale , fignerent le contrat de mariage du Marquis
de Juigné , Colonel du Régiment de Champagne
, avec Demoiſelle Thiroux de Chammeville
, fille du feur de Chammeville , l'un des
Adminiſtrateurs généraux des Poftes.
Le 2 , le Roi tint un Chapitre extraordinaire
de l'Ordre du S. Efprit , & il nomma Chevalier
de cet Ordre , le Roi des Deux - Siciles . Le 3 , Sa
Majefté tint le Sceau .
Le Roi a nommé le fieur de Sinety. , Capitaine
dans le Régiment des Gardes Françoifes , Sous-
Gouverneur de Monfeigneur le Duc de Berry ; &
il lui a accordé une penfion de retraite de fix
mille livres. Sa Majeſté a auffi nommé le Comte
de Montault & le Vicomte de Boisgelin , Gentilshommes
de la Manche du même Prince.
Le Roi a donné le commandement de la Province
de Rouergue , & de toute l'étendue des Evêchés
de Rhodes & de Vabre , au Baron de Tullier
, Meftre-de-Camp de Dragons , Inspecteur
des Milices Garde-côtes de Guyenne , & Gouverneur
de Rhodès.
Sa Majesté a accordé au Chevalier de Crancé,
Ecuyer de main de Madame la Dauphine , le
Gouvernement de Châlons en Champagne , vadepuis
la mort du Comte d'Estaing. cant
Le Roi a nommé l'Abbé Moftuejour , Grand-
Vicaire de Chartres , Sous- Précepteur de Monfeigneur
le Duc de Berry
Le 1 ,, le Roi , la Reine , & la Famille Royale ,
fignerent le contrat de mariage du Marquis de
Rougé . Colonel du Régiment de Foix , avec N..
d'Havré , fille du Duc de ce nom ; & celui du
Comte de Parabere , avec Dile de Perigni.
Le 17 , le Prince de Condé eut l'honneur de
faire les révérences au Roi , a la Reine , & a la ›
Famille Royale. Il étoit en manteau long , ainfi
206 MERCURE DE FRANCE.
que les Gentilshommes de fa fuite. Les Princes
qui l'ont accompagné à cette cérémonie , font le
Comte de Charolois & le Comte de Clermont.
Le 18 , Sa Majesté tint le Sceau .
Le Roi a donné l'Abbaye Royale & Séculière
de S. Pierre de Metz , à la Dame de Choiſeul ,
Chanoineffe de Remiremont.
Et le Prieuré des Filles- Dieu , Diocèfe & Ville
de Rouen , à la Dame Dutot de Beaunay , Religieufe
a l'Abbaye de Fontaine- Guérard .
L
fuivans.
E fieur Bignon , Commandeur , Prevôt , &
Maître des Cérémonies des Ordres du Roi , fon
Eibliothécaire , Maître des Requêtes , de l'Académie
Françoife , & honoraire de celle des Infcriptions
, a été chargé par Sa Majefté de porter au
Prince des Afturies , & à l'Infant . Don Louis , le
Collier , & les marques des ordres du Roi.
AVRIL. 1760. 205
Le 18 Février , le Roi , la Reine , & la Famille
Royale , fignerent le contrat de mariage du Marquis
de Juigné , Colonel du Régiment de Champagne
, avec Demoiſelle Thiroux de Chammeville
, fille du feur de Chammeville , l'un des
Adminiſtrateurs généraux des Poftes.
Le 2 , le Roi tint un Chapitre extraordinaire
de l'Ordre du S. Efprit , & il nomma Chevalier
de cet Ordre , le Roi des Deux - Siciles . Le 3 , Sa
Majefté tint le Sceau .
Le Roi a nommé le fieur de Sinety. , Capitaine
dans le Régiment des Gardes Françoifes , Sous-
Gouverneur de Monfeigneur le Duc de Berry ; &
il lui a accordé une penfion de retraite de fix
mille livres. Sa Majeſté a auffi nommé le Comte
de Montault & le Vicomte de Boisgelin , Gentilshommes
de la Manche du même Prince.
Le Roi a donné le commandement de la Province
de Rouergue , & de toute l'étendue des Evêchés
de Rhodes & de Vabre , au Baron de Tullier
, Meftre-de-Camp de Dragons , Inspecteur
des Milices Garde-côtes de Guyenne , & Gouverneur
de Rhodès.
Sa Majesté a accordé au Chevalier de Crancé,
Ecuyer de main de Madame la Dauphine , le
Gouvernement de Châlons en Champagne , vadepuis
la mort du Comte d'Estaing. cant
Le Roi a nommé l'Abbé Moftuejour , Grand-
Vicaire de Chartres , Sous- Précepteur de Monfeigneur
le Duc de Berry
Le 1 ,, le Roi , la Reine , & la Famille Royale ,
fignerent le contrat de mariage du Marquis de
Rougé . Colonel du Régiment de Foix , avec N..
d'Havré , fille du Duc de ce nom ; & celui du
Comte de Parabere , avec Dile de Perigni.
Le 17 , le Prince de Condé eut l'honneur de
faire les révérences au Roi , a la Reine , & a la ›
Famille Royale. Il étoit en manteau long , ainfi
206 MERCURE DE FRANCE.
que les Gentilshommes de fa fuite. Les Princes
qui l'ont accompagné à cette cérémonie , font le
Comte de Charolois & le Comte de Clermont.
Le 18 , Sa Majesté tint le Sceau .
Le Roi a donné l'Abbaye Royale & Séculière
de S. Pierre de Metz , à la Dame de Choiſeul ,
Chanoineffe de Remiremont.
Et le Prieuré des Filles- Dieu , Diocèfe & Ville
de Rouen , à la Dame Dutot de Beaunay , Religieufe
a l'Abbaye de Fontaine- Guérard .
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Résumé : DE VERSAILLES, le 28 Février, & jours suivans.
En février et avril 1760, plusieurs événements et nominations marquèrent la cour de France. Le 28 février, le sieur Bignon fut chargé de remettre le Collier et les marques des ordres du Roi au Prince des Asturies et à l'Infant Don Louis. Le 18 février, le Roi, la Reine et la Famille Royale signèrent le contrat de mariage du Marquis de Juigné avec Demoiselle Thiroux de Chammeville. Le 2 avril, le Roi organisa un Chapitre extraordinaire de l'Ordre du Saint-Esprit et nomma Chevalier le Roi des Deux-Siciles. Plusieurs nominations furent annoncées, dont celle du sieur de Sinety comme Sous-Gouverneur du Duc de Berry, du Baron de Tullier comme commandant de la Province de Rouergue, et du Chevalier de Crancé comme Gouverneur de Châlons en Champagne. L'Abbé Moftuejour fut nommé Sous-Précepteur du Duc de Berry. Le 1er avril, les contrats de mariage du Marquis de Rougé et du Comte de Parabere furent signés par le Roi, la Reine et la Famille Royale. Le 17 avril, le Prince de Condé fit les révérences au Roi, à la Reine et à la Famille Royale. Le Roi attribua l'Abbaye Royale de Saint-Pierre de Metz à la Dame de Choiseul et le Prieuré des Filles-Dieu de Rouen à la Dame Dutot de Beaunay.
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20
p. 206-207
De l'Armée du Bas Rhin, le 24 Février.
Début :
Nous jouissons, dans nos quartiers, de toute la tranquillité qu'on peut desirer. [...]
Mots clefs :
Maréchal Broglie, Détachement, Protection, Villes, Armée alliée, Prince, Commandant, Landgrave, Général, Roi, Ordonnance, Régence, Rébellion matée, Punition, Magistrats
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texteReconnaissance textuelle : De l'Armée du Bas Rhin, le 24 Février.
De l'Armée du Bas Rhin , le 24 Février.
Nous jouillons , dans nos quartiers , de toute
Ia tranquillité qu'on peut defirer. Le Maréchal.
de Broglie a envoyé à Fulde un fort détachement ,
compofé de piquets de divers Régimens , fous les
ordres du fieur du Vair. Cette difpofition a pour
objet de protéger cette Ville , contre les partis de
F'Armée alliée , qui ne ceffoient d'y commettre
des exactions .
La Régence du Comté de Hanau , ayant reçu
la-nouvelle de la mort du Landgrave de Helle-
Caffel , en informa le Maréchal Duc de Broglie ;
& tout de fuite elle demanda au Prince de Robecq
, Commandant, pour le Roi de France, dans
la Ville de Hanau , la permiffion de notifier cet
événe nent aux Peuples : mais au lieu de cette
fimple notification , elle fit une eſpèce d'acte de
prife de poffeffion du Comté de Hanau , en faveur
du Prince Guillaume de Helle Caffel , fils
aîné du nouveau Landgrave . Comme certe entreprise
fut exécutée à l'infçu du Maréchal de
Broglie , dans un Pays qui ne peut & ne doit
reconnoître d'autre autorité que celle du Roi
de France , qui en a la poffeffion actuelle , par
le droit des armes , ce Général fit arrêter le 9 de
ce mois , les quatre principaux Officiers de cette
AVRIL. 1760. 207
Régence , & il les fit conduire dans une Maiſon
fûre,pour yêtre féparément & étroitement gardés,
jufqu'a ce qu'il eût reçu les ordres du Roi fon
Maitre en conféquence defquels , il fic fubie
hier le même fort aux autres Officiers de la Régence.
En même temps , il fit publier une Ordonnance
, qui , en annullant la proclamation
faite d'autorité privée par cette Régence , comme
attentatoire aux droits que les loix de la
guerre donnent à Sa Majeſté Trés - Chrétienne , &
en fufpendant les fonctions , condamne les
Membres qui la compofent , à refter en prifon ,
jufqu'à ce qu'ils ayent payé la fomme de deux
cens mille écus , en expiation de leur rébellion.
Cette punition paroîtra ſévère , au premier coup
d'oeil ; mais elle eft douce en comparaiſon des
traitemens rigoureux , que le Roi de Prulle fait
éprouver aux Magiftrats de Leipfick & autres
Villes . D'ailleurs , elle ne peut être que juſte ,
étant inoui que les Magiftrats d'un Pays occupé
par le droit des armes , oublient jufqu'à un tel
point leur devoir à l'égard de la Puiffance qui
les a foumis.
Nous jouillons , dans nos quartiers , de toute
Ia tranquillité qu'on peut defirer. Le Maréchal.
de Broglie a envoyé à Fulde un fort détachement ,
compofé de piquets de divers Régimens , fous les
ordres du fieur du Vair. Cette difpofition a pour
objet de protéger cette Ville , contre les partis de
F'Armée alliée , qui ne ceffoient d'y commettre
des exactions .
La Régence du Comté de Hanau , ayant reçu
la-nouvelle de la mort du Landgrave de Helle-
Caffel , en informa le Maréchal Duc de Broglie ;
& tout de fuite elle demanda au Prince de Robecq
, Commandant, pour le Roi de France, dans
la Ville de Hanau , la permiffion de notifier cet
événe nent aux Peuples : mais au lieu de cette
fimple notification , elle fit une eſpèce d'acte de
prife de poffeffion du Comté de Hanau , en faveur
du Prince Guillaume de Helle Caffel , fils
aîné du nouveau Landgrave . Comme certe entreprise
fut exécutée à l'infçu du Maréchal de
Broglie , dans un Pays qui ne peut & ne doit
reconnoître d'autre autorité que celle du Roi
de France , qui en a la poffeffion actuelle , par
le droit des armes , ce Général fit arrêter le 9 de
ce mois , les quatre principaux Officiers de cette
AVRIL. 1760. 207
Régence , & il les fit conduire dans une Maiſon
fûre,pour yêtre féparément & étroitement gardés,
jufqu'a ce qu'il eût reçu les ordres du Roi fon
Maitre en conféquence defquels , il fic fubie
hier le même fort aux autres Officiers de la Régence.
En même temps , il fit publier une Ordonnance
, qui , en annullant la proclamation
faite d'autorité privée par cette Régence , comme
attentatoire aux droits que les loix de la
guerre donnent à Sa Majeſté Trés - Chrétienne , &
en fufpendant les fonctions , condamne les
Membres qui la compofent , à refter en prifon ,
jufqu'à ce qu'ils ayent payé la fomme de deux
cens mille écus , en expiation de leur rébellion.
Cette punition paroîtra ſévère , au premier coup
d'oeil ; mais elle eft douce en comparaiſon des
traitemens rigoureux , que le Roi de Prulle fait
éprouver aux Magiftrats de Leipfick & autres
Villes . D'ailleurs , elle ne peut être que juſte ,
étant inoui que les Magiftrats d'un Pays occupé
par le droit des armes , oublient jufqu'à un tel
point leur devoir à l'égard de la Puiffance qui
les a foumis.
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Résumé : De l'Armée du Bas Rhin, le 24 Février.
Le 24 février, l'Armée du Bas-Rhin est en paix dans ses quartiers. Le maréchal de Broglie envoie un détachement à Fulde pour protéger la ville contre les exactions de l'Armée alliée. La Régence du Comté de Hanau informe le maréchal de Broglie de la mort du Landgrave de Hesse-Cassel et demande au Prince de Robecq la permission de notifier cet événement aux habitants. Profitant de cette occasion, la Régence proclame la prise de possession du Comté de Hanau en faveur du Prince Guillaume de Hesse-Cassel, fils aîné du nouveau Landgrave, sans l'aval du maréchal de Broglie. Cette action est perçue comme une atteinte aux droits du Roi de France, qui possède actuellement le Comté par le droit des armes. En conséquence, le maréchal fait arrêter les quatre principaux officiers de la Régence le 9 avril et les place en garde à vue. Il publie une ordonnance annulant la proclamation de la Régence, suspendant les fonctions de ses membres et les condamnant à payer une amende de deux cent mille écus pour expier leur rébellion. Cette punition est justifiée par l'oubli de leur devoir envers la puissance occupante.
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21
p. 213-214
DE VERSAILLES, le 3 Avril.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye de Signy, Ordre de Cîteaux, Diocèse de Rheims, [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Religieux, Commandant, Président du Parlement, Nominations, Duchesse, Famille royale, Comte
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texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES, le 3 Avril.
De VERSAILLES le
, 3
Avril.
LE Roi a donné l'Abbaye de Signy , Ordre de
Citeaux , Diocèle de Rheinis , à l'Evêque Duc de
Laon , Ambaſſadeur Extraordinaire de Sa Majesté
à Rome.
L'Abbaye de Jumieges , Ordre de S. Benoît ,
Diocèle de Rouen , à l'Abbé de Lorraine , Grand
Doyen de Strasbourg.
L'Abbaye Régulière de Choquèz , Ordre de
S. Auguftin , Diocèle de S. Omer , à Dom Chavatte
, Religieux de la même Abbaye.
Et celle de Notre- Dame des Anges , Ordre de
S. Benoît , Diocèſe & Ville de Coutances , à la
Dame de Canouville , Religieufe à l'Abbaye de
S. Sauveur à Evreux .
Le Roi a nommé le Chevalier d'Argence , cidevant
Lieutenant Colonel dans la Légion Royale
, Meſtre de Camp , commandant le Régiment
de Beaufremont.
La place de Premier Préfident du Parlement
de Grenoble , vacante par la mort du fieur de
Piolenc , a été donnée, par Sa Majefté, au fieur de
Berulle , Intendant de Moulins ; & le fieur le
Nain , Maître des Requêtes , a été nommé à l'Intendance
de Moulins.
214 MERCURE DE FRANCE.
Le 19 Mars , la Ducheffe de Coffe fut préfentée
au Roi , à la Reine , & à la Famille Royale ,
& prit le tabouret chez la Reine.
Le 26 , la Duchefle de Charoft fut auffi préfentée
au Roi , à la Reine , & à la Famille Royale
, & prit le tabouret chez la Reine.
Le 29 , le Comte de Curé prêta ferment entre
les mains du Roi , pour la charge de Maître de
la garde-robe de Sa Majeſtć.
Le 2 de ce mois , le Roi tint le fceau.
, 3
Avril.
LE Roi a donné l'Abbaye de Signy , Ordre de
Citeaux , Diocèle de Rheinis , à l'Evêque Duc de
Laon , Ambaſſadeur Extraordinaire de Sa Majesté
à Rome.
L'Abbaye de Jumieges , Ordre de S. Benoît ,
Diocèle de Rouen , à l'Abbé de Lorraine , Grand
Doyen de Strasbourg.
L'Abbaye Régulière de Choquèz , Ordre de
S. Auguftin , Diocèle de S. Omer , à Dom Chavatte
, Religieux de la même Abbaye.
Et celle de Notre- Dame des Anges , Ordre de
S. Benoît , Diocèſe & Ville de Coutances , à la
Dame de Canouville , Religieufe à l'Abbaye de
S. Sauveur à Evreux .
Le Roi a nommé le Chevalier d'Argence , cidevant
Lieutenant Colonel dans la Légion Royale
, Meſtre de Camp , commandant le Régiment
de Beaufremont.
La place de Premier Préfident du Parlement
de Grenoble , vacante par la mort du fieur de
Piolenc , a été donnée, par Sa Majefté, au fieur de
Berulle , Intendant de Moulins ; & le fieur le
Nain , Maître des Requêtes , a été nommé à l'Intendance
de Moulins.
214 MERCURE DE FRANCE.
Le 19 Mars , la Ducheffe de Coffe fut préfentée
au Roi , à la Reine , & à la Famille Royale ,
& prit le tabouret chez la Reine.
Le 26 , la Duchefle de Charoft fut auffi préfentée
au Roi , à la Reine , & à la Famille Royale
, & prit le tabouret chez la Reine.
Le 29 , le Comte de Curé prêta ferment entre
les mains du Roi , pour la charge de Maître de
la garde-robe de Sa Majeſtć.
Le 2 de ce mois , le Roi tint le fceau.
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Résumé : DE VERSAILLES, le 3 Avril.
Le document du 3 avril relate plusieurs nominations et présentations à la cour royale. Le Roi a attribué diverses abbayes : l'Abbaye de Signy à l'Évêque Duc de Laon, l'Abbaye de Jumieges à l'Abbé de Lorraine, l'Abbaye de Choquèz à Dom Chavatte, et l'Abbaye de Notre-Dame des Anges à la Dame de Canouville. Le Chevalier d'Argence a été nommé Mestre de Camp du Régiment de Beaufremont. La place de Premier Président du Parlement de Grenoble, vacante après la mort du sieur de Piolenc, a été attribuée au sieur de Bérulle, Intendant de Moulins, tandis que le sieur Le Nain a été nommé à l'Intendance de Moulins. Le 19 mars, la Duchesse de Coffe a été présentée au Roi, à la Reine et à la Famille Royale, et a pris le tabouret chez la Reine. Le 26 mars, la Duchesse de Charost a également été présentée et a pris le tabouret chez la Reine. Le 29 mars, le Comte de Curé a prêté serment pour la charge de Maître de la garde-robe du Roi. Le 2 avril, le Roi a tenu le sceau.
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22
p. 249-250
DE FRANCFORT, le 1 Mai.
Début :
Il y a longtemps que la Foire de cette Ville, qui s'est tenue le mois dernier, [...]
Mots clefs :
Foire, Maréchal de Broglie, Sécurité, Commandant, Armée, Détachement, Retraite, Postes militaires
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texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 1 Mai.
DE FRANCFORT , le Mai.
Il y a longtemps que la Foire de cette Ville ,
qui s'eft tenue le mois dernier , n'avoit été auffi
nombreuſe & auffi brillante. Les difpofitions du ›
Maréchal de Broglie y ont fait regner l'abondance
, le bon ordre & la fécurité .
Il y eut dans cette Ville , la nuit du 25 au 26 ,
un incendie confidérable , qui confuma huit maifons.
Le feu auroit fait plus de ravage , fans les
bons ordres du Maréchal de Broglie, & fans les
prompts fecours des Troupes Françoifes.
Les Alliés continuent de fortifier Caffel.
L v
250 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur de Vair , Commandant les Volontaires
de l'Armée , avec lesquels il occupe , depuis
quelque temps , les environs de Fulde , a furpris
dans la petite Ville de Vacha , un détachement de
quatre cens Chaffeurs , commandés par le Colonel
Freytag . Ayant été obligé de le retirer , il
ne s'eft commis aucun défordre de la part des
Troupes commandées par le fieur de Vair , ni
pendant l'action , ni pendant la retraite . Elles ont
perdu quelques hommes en fe repliant ; & on a
repris les poftes que l'on occupoit avant cette
expédition.
Il y a longtemps que la Foire de cette Ville ,
qui s'eft tenue le mois dernier , n'avoit été auffi
nombreuſe & auffi brillante. Les difpofitions du ›
Maréchal de Broglie y ont fait regner l'abondance
, le bon ordre & la fécurité .
Il y eut dans cette Ville , la nuit du 25 au 26 ,
un incendie confidérable , qui confuma huit maifons.
Le feu auroit fait plus de ravage , fans les
bons ordres du Maréchal de Broglie, & fans les
prompts fecours des Troupes Françoifes.
Les Alliés continuent de fortifier Caffel.
L v
250 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur de Vair , Commandant les Volontaires
de l'Armée , avec lesquels il occupe , depuis
quelque temps , les environs de Fulde , a furpris
dans la petite Ville de Vacha , un détachement de
quatre cens Chaffeurs , commandés par le Colonel
Freytag . Ayant été obligé de le retirer , il
ne s'eft commis aucun défordre de la part des
Troupes commandées par le fieur de Vair , ni
pendant l'action , ni pendant la retraite . Elles ont
perdu quelques hommes en fe repliant ; & on a
repris les poftes que l'on occupoit avant cette
expédition.
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Résumé : DE FRANCFORT, le 1 Mai.
En mai, la Foire de Francfort, organisée le mois précédent, a été marquée par une grande affluence et un bon ordre grâce aux mesures du Maréchal de Broglie. La nuit du 25 au 26 mai, un incendie a détruit huit maisons, mais les interventions rapides des troupes françaises ont limité les dégâts. Par ailleurs, les Alliés continuent les travaux de fortification à Cassel. Le sieur de Vair, commandant les Volontaires de l'Armée, a surpris un détachement de quatre cents Chasseurs commandés par le Colonel Freytag à Vacha. Malgré la retraite des Chasseurs, aucune exaction n'a été commise par les troupes du sieur de Vair, ni pendant l'action ni pendant la retraite. Quelques hommes ont été perdus lors du repli, mais les positions occupées avant l'expédition ont été reprises.
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23
p. 187-192
De VIENNE, le 6 Juillet 1760.
Début :
Un Officier, dépêché par le Général d'Infanterie Baron de Laudon, [...]
Mots clefs :
Officier, Infanterie, Général Laudon, Victoire, Roi de Prusse, Siège, Artillerie, Opérations militaires, Troupes, Mouvements des troupes, Attaque, Escadron, Blessés et morts, Commandant, Marche, Ennemis, Prisonniers, Campagne militaire, Maréchal Daun, Armée russe, Prince Charles de Lorraine, Quartier général, Camps militaires, Ministre
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texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 6 Juillet 1760.
De VIENNE , le 6 Juillet 1760.
N Officier,dépêché par le Général d'Infanterie
Baron de Laudon , apporta le 25 du mois
dernier a Leurs Majeftés Impériales , la nouvelle
de la victoire remportée le 23 près de Landshut ,
par nos troupes fur celles du Roi de Prufe , commandées
par le Lieutenant Général de la Motte
Fouquet. Voici les détails de cette action .
Le Baron de Laudon , ayant jugé à propos de
faire l'ouverture de la campagne par le fiége de
Glatz , avoit laiffé fa cavalerie à Frankenftein. Il
avoit garni de troupes les défilés de Silberberg ,
de Wartha & de Reichenbach , ainfi que le pofte
de Landshut & les retranchemens voilins. La fortereffe
de Glatz étoit inveſtie par le refte de l'infanterie
, & les ordres étoient donnés pour le
tranfport de la grolle artillerie , qui devoit arriver
inceffamment.
Toutes ces difpofitions perfuaderent le Général
188 MERCURE DE FRANCE
Fouquet , que ce fiége étoit l'objet principal des
opérations. Il ne lui reftoit d'autre moyen d'y
mettre obſtacle , que de s'ouvrir un paffage par
Landshut. Dans cette vue il fit avancer , le 17 ,
vers cette Ville tout le corps qu'il avoit à fes ordres.
Les troupes Autrichiennes , fort inférieures
en nombre , abandonnerent ce pofte , & elles fe
replierent fur Reich - Hennersdorff, & fur la montagne
de Langenberg , où elles furent renforcées
par un détachement confidérable , Les Pruffiens ,
en poffeffion de Landshut & des retranchemens
de Buchberg , refterent tranquilles ce jour &
les fuivans , fans rien entreprendre contre elles.
Le Général Baron de Laudon , informé de ces
mouvemens & de la poſition du Corps Pruffien ,
prit auffitôt la réſoluiton de l'attaquer. Il fe mit
en marche le 18 avec fon Corps de réſerve ; il
pafla la montagne de Joannefberg , & il arriva le
19 près de Schwartzwald , à peu de diſtance
des retranchemens occupés par les Pruffiens . Ces
retranchemens confiftoient en ouvrages folides ,
munis de fortins fraifés & paliffadés , de pontlevis
& de foflés très-profonds. Ils embraffoient
& couvroient huit montagnes , dont la plûpart
avoient entr'elles des lignes de communication ,
fervant à leur défenſe mutuelle. Nos troupes
rencontrerent dans leur marche , un Corps de fix
cens hommes de troupes légères , commandé
par le Général de Malachowsky . Deux escadrons
de Dragons , avec quelques Huffards & Grenadiers
, eurent ordre de l'attaquer , & ils le firent
avec tant de vivacité que ce Corps ennemi fur
enfoncé dans l'inftant . On lui tua cinquante
hommes , & on lui fit cent trente - cinq prifonniers
, parmi lesquels fe trouverent deux Capitaines
& trois Lieutenans, Gette attaque ne nous
AOUST. 1760. 189
a couté que dix hommes tués & une vingtaine
de bleflés .
Le dellein du Baron de Laudon étoit de combattre
, auffitôt après fon arrivée , le Général Fouquet
, s'il n'avoit pas encore toutes les forces.
Mais il apprit que ce Général les avoit raflemblées
; & qu'il avoit fait venir de Schweidnitz un
train confidérable de groffe artillerie , dont il
avoit garni fes retranchemens. Sur cette nouvelle
, le Baron de Laudon jugea à propos de fufpendre
fon attaque . Ses ordres furent donnés ,
aux Commandans des troupes qui étoient reſtéos
dans le Comté de Glatz , de marcher en diligence
pour le joindre , en n'y laiflant que celles qui
étoient nécellaires pour garder les défilés , & continuer
le blocus de Clatz. D'un autre côté ,
le
Lieutenant- Feld Maréchal de Beck , agiffant de
concert avec le Baron de Laudon , occupa la Ville
de Schmiedeberg , pour fermer ce paffage à l'Ennemi.
Le 22 , toutes les troupes arriverent. Elles firent
halte pendant quelques heures pour reprendre
haleine. Le Général de Laudon fit le foir fes difpofitions
pour l'attaque. Le fignal fut donné le 23 ,
à une heure trois quarts du matin , par quatre
bombes. A ce fignal , les attaques commencerent
de tous les côtés avec la plus grande vivacité . Les
deux redoutes principales, conftruites fur les Montagnes
appellées Buchberg- et- Doctorsberg, furent
emportées en moins de trois quarts d'heure. La
ligne de communication , tirée entre ces deux
Montagnes , fut enfuite attaquée & forcée ; l'en
nemi fut challé d'une montagne à l'autre , &
délogé de la Ville de Landshut.
Quelques Corps ennemis tenterent de ſe frayer
un pallage du côté de Schmiedeberg ;mais le Géné⚫
ral Navendorff, à la tête des Régimens de Nadafti
190 MERCURE DE FRANCE.
de Bethlem , de Saxe - Gotha & de Loweftein ;
les repouffa toujours. Un bataillon de Grenadiers,
commandé par le Général Fouquet , ne voulant
point fe rendre , fut entierement détruit , & ce
Général fut pris dans cette occafion , après avoir
été bleffé. Enfin vers les huit heures du matin ,
les derniers bataillons & efcadrons ennemis jetterent
bas les armes , & ils fe rendirent à difcrétion
. Tous les paffages avoient été gardés avec
tant de foin , que des dix- huit bataillons & des
dix- fept elcadrons qui compofoient le Corps ennemi
, il s'eft à peine fauvé deux ou trois cens
hommes.
Le nombre des prifonniers monte à près de
neuf mille hommes , parmi lesquels font le Lieutenant
général Fouquet , les Généraux Majors
de Schenkendorff , & de Malachowky , trois Colonels
, un Lieutenant - Colonel , cinquante- neuf
tant Majors que Capitaines , & cent cinquantefept
Lieutenans , fous- Lieutenans & Enfeignes.
Toute l'artillerie ennemie , confiftant en foirante
piéces de canon , & neuf obus de différens calibres
, tous les drapeaux , étendards , bagages &
munitions , font tombés en notre pouvoir. Notre
perte n'excéde guères trois mille hommes tant
tués que bleflés .
Le Comte de Montazet , Lieutenant général
des Armées de Sa Majellé Très Chrétienne , arriva
dernierement dans cette Ville , d'où il prit lä
route de l'Armée de l'Impératrice Reine , dans
laquelle il deit faire la Campagne.
On prétend que le Prince Ferdinand a eu ordre
de faire enlever le Landgrave de Helfe- Caffel,
& de le faire conduire , fous une efcorte de cinq
cens cavaliers, à Stade , dans le Duché de Bremen.
Le Maréchal Comte de Daun a renforcé le
Général Baron de Laudon , de plufieurs régiAOUST.
1760 : 1gr.
mens , afin de le mettre en état de pouffer fes
opérations fans retardement. Le Baron de Beck ,
a reçu ordre de joindre , avec le Corps qu'il
commande , l'Armée du Baron de Landon , & de
ne lailler dans la Luface , que les troupes néceſſaires
pour couvrir les frontieres de la Bohême.
L'Armée Ruffe s'avance vers celle du Prince
Henry.
Le Prince Charles de Lorraine eſt arrivé des
Pays-Bas depuis la fin du mois dernier .
Le Quarur général du Maréchal de Daun eft
à Ubigan. Après plufieurs tentatives pour furprendre
ce Maréchal & quelques efcarmouches
de part & d'autre , les Prufkens le font repliés
fur Grofs Dobritz. On enleva près de Grollenhayn
, le Lieutenant de Holtzendorff , Aide de
Camp du Général de Zaftrow , qui venoit de
Schweidnitz porter au Roi de Pruffe , la nouvelle
de la défaite du Général Fouquet.
Le Maréchal de Daun vint le 28 reconnoître
le Camp de Radebourg , & celui que l'Ennemi-
Occupe actuellement. Il y eut cette journée plufieurs
actions très-vives , entre -nos Corps avan
cés . Un détachement ennemi de deux mille hom- '
mes vint attaquer le pofte d'Ebersbach & quelques
autres qu'il poufla jufqu'a Radebourg . Le
Général de Lafcy leur envoya da renfort , &
nos troupes repoufferent à leur tour les Pruf→
fiens jufqu'au - delà d'Ebersbach . Nous reſtâmes
entin en podelion de ce pofte.
1-
Les derniers avis venus de Warlovie apprennent
que le Marquis de Paulmay , Miniftre d'Etat ,
& devant Séciétaire d'Etat de la guerre,
Amballadur de Sa Majesté Très - Chiéenne
auprès du Roi & de la République de Pologne ,
eſt a rivé dans cette ville , le 21 , & qu'il a eu fa
premiere Audience de Sa Majesté Polonoife .
Suivant les mêmes avis , le Roi de Pruſſe a
192 MERCURE DE FRANCE.
fait remettre en liberté le Prince de Sulkowsky ,
Grand-Veneur du Duché de Lithuanie.
N Officier,dépêché par le Général d'Infanterie
Baron de Laudon , apporta le 25 du mois
dernier a Leurs Majeftés Impériales , la nouvelle
de la victoire remportée le 23 près de Landshut ,
par nos troupes fur celles du Roi de Prufe , commandées
par le Lieutenant Général de la Motte
Fouquet. Voici les détails de cette action .
Le Baron de Laudon , ayant jugé à propos de
faire l'ouverture de la campagne par le fiége de
Glatz , avoit laiffé fa cavalerie à Frankenftein. Il
avoit garni de troupes les défilés de Silberberg ,
de Wartha & de Reichenbach , ainfi que le pofte
de Landshut & les retranchemens voilins. La fortereffe
de Glatz étoit inveſtie par le refte de l'infanterie
, & les ordres étoient donnés pour le
tranfport de la grolle artillerie , qui devoit arriver
inceffamment.
Toutes ces difpofitions perfuaderent le Général
188 MERCURE DE FRANCE
Fouquet , que ce fiége étoit l'objet principal des
opérations. Il ne lui reftoit d'autre moyen d'y
mettre obſtacle , que de s'ouvrir un paffage par
Landshut. Dans cette vue il fit avancer , le 17 ,
vers cette Ville tout le corps qu'il avoit à fes ordres.
Les troupes Autrichiennes , fort inférieures
en nombre , abandonnerent ce pofte , & elles fe
replierent fur Reich - Hennersdorff, & fur la montagne
de Langenberg , où elles furent renforcées
par un détachement confidérable , Les Pruffiens ,
en poffeffion de Landshut & des retranchemens
de Buchberg , refterent tranquilles ce jour &
les fuivans , fans rien entreprendre contre elles.
Le Général Baron de Laudon , informé de ces
mouvemens & de la poſition du Corps Pruffien ,
prit auffitôt la réſoluiton de l'attaquer. Il fe mit
en marche le 18 avec fon Corps de réſerve ; il
pafla la montagne de Joannefberg , & il arriva le
19 près de Schwartzwald , à peu de diſtance
des retranchemens occupés par les Pruffiens . Ces
retranchemens confiftoient en ouvrages folides ,
munis de fortins fraifés & paliffadés , de pontlevis
& de foflés très-profonds. Ils embraffoient
& couvroient huit montagnes , dont la plûpart
avoient entr'elles des lignes de communication ,
fervant à leur défenſe mutuelle. Nos troupes
rencontrerent dans leur marche , un Corps de fix
cens hommes de troupes légères , commandé
par le Général de Malachowsky . Deux escadrons
de Dragons , avec quelques Huffards & Grenadiers
, eurent ordre de l'attaquer , & ils le firent
avec tant de vivacité que ce Corps ennemi fur
enfoncé dans l'inftant . On lui tua cinquante
hommes , & on lui fit cent trente - cinq prifonniers
, parmi lesquels fe trouverent deux Capitaines
& trois Lieutenans, Gette attaque ne nous
AOUST. 1760. 189
a couté que dix hommes tués & une vingtaine
de bleflés .
Le dellein du Baron de Laudon étoit de combattre
, auffitôt après fon arrivée , le Général Fouquet
, s'il n'avoit pas encore toutes les forces.
Mais il apprit que ce Général les avoit raflemblées
; & qu'il avoit fait venir de Schweidnitz un
train confidérable de groffe artillerie , dont il
avoit garni fes retranchemens. Sur cette nouvelle
, le Baron de Laudon jugea à propos de fufpendre
fon attaque . Ses ordres furent donnés ,
aux Commandans des troupes qui étoient reſtéos
dans le Comté de Glatz , de marcher en diligence
pour le joindre , en n'y laiflant que celles qui
étoient nécellaires pour garder les défilés , & continuer
le blocus de Clatz. D'un autre côté ,
le
Lieutenant- Feld Maréchal de Beck , agiffant de
concert avec le Baron de Laudon , occupa la Ville
de Schmiedeberg , pour fermer ce paffage à l'Ennemi.
Le 22 , toutes les troupes arriverent. Elles firent
halte pendant quelques heures pour reprendre
haleine. Le Général de Laudon fit le foir fes difpofitions
pour l'attaque. Le fignal fut donné le 23 ,
à une heure trois quarts du matin , par quatre
bombes. A ce fignal , les attaques commencerent
de tous les côtés avec la plus grande vivacité . Les
deux redoutes principales, conftruites fur les Montagnes
appellées Buchberg- et- Doctorsberg, furent
emportées en moins de trois quarts d'heure. La
ligne de communication , tirée entre ces deux
Montagnes , fut enfuite attaquée & forcée ; l'en
nemi fut challé d'une montagne à l'autre , &
délogé de la Ville de Landshut.
Quelques Corps ennemis tenterent de ſe frayer
un pallage du côté de Schmiedeberg ;mais le Géné⚫
ral Navendorff, à la tête des Régimens de Nadafti
190 MERCURE DE FRANCE.
de Bethlem , de Saxe - Gotha & de Loweftein ;
les repouffa toujours. Un bataillon de Grenadiers,
commandé par le Général Fouquet , ne voulant
point fe rendre , fut entierement détruit , & ce
Général fut pris dans cette occafion , après avoir
été bleffé. Enfin vers les huit heures du matin ,
les derniers bataillons & efcadrons ennemis jetterent
bas les armes , & ils fe rendirent à difcrétion
. Tous les paffages avoient été gardés avec
tant de foin , que des dix- huit bataillons & des
dix- fept elcadrons qui compofoient le Corps ennemi
, il s'eft à peine fauvé deux ou trois cens
hommes.
Le nombre des prifonniers monte à près de
neuf mille hommes , parmi lesquels font le Lieutenant
général Fouquet , les Généraux Majors
de Schenkendorff , & de Malachowky , trois Colonels
, un Lieutenant - Colonel , cinquante- neuf
tant Majors que Capitaines , & cent cinquantefept
Lieutenans , fous- Lieutenans & Enfeignes.
Toute l'artillerie ennemie , confiftant en foirante
piéces de canon , & neuf obus de différens calibres
, tous les drapeaux , étendards , bagages &
munitions , font tombés en notre pouvoir. Notre
perte n'excéde guères trois mille hommes tant
tués que bleflés .
Le Comte de Montazet , Lieutenant général
des Armées de Sa Majellé Très Chrétienne , arriva
dernierement dans cette Ville , d'où il prit lä
route de l'Armée de l'Impératrice Reine , dans
laquelle il deit faire la Campagne.
On prétend que le Prince Ferdinand a eu ordre
de faire enlever le Landgrave de Helfe- Caffel,
& de le faire conduire , fous une efcorte de cinq
cens cavaliers, à Stade , dans le Duché de Bremen.
Le Maréchal Comte de Daun a renforcé le
Général Baron de Laudon , de plufieurs régiAOUST.
1760 : 1gr.
mens , afin de le mettre en état de pouffer fes
opérations fans retardement. Le Baron de Beck ,
a reçu ordre de joindre , avec le Corps qu'il
commande , l'Armée du Baron de Landon , & de
ne lailler dans la Luface , que les troupes néceſſaires
pour couvrir les frontieres de la Bohême.
L'Armée Ruffe s'avance vers celle du Prince
Henry.
Le Prince Charles de Lorraine eſt arrivé des
Pays-Bas depuis la fin du mois dernier .
Le Quarur général du Maréchal de Daun eft
à Ubigan. Après plufieurs tentatives pour furprendre
ce Maréchal & quelques efcarmouches
de part & d'autre , les Prufkens le font repliés
fur Grofs Dobritz. On enleva près de Grollenhayn
, le Lieutenant de Holtzendorff , Aide de
Camp du Général de Zaftrow , qui venoit de
Schweidnitz porter au Roi de Pruffe , la nouvelle
de la défaite du Général Fouquet.
Le Maréchal de Daun vint le 28 reconnoître
le Camp de Radebourg , & celui que l'Ennemi-
Occupe actuellement. Il y eut cette journée plufieurs
actions très-vives , entre -nos Corps avan
cés . Un détachement ennemi de deux mille hom- '
mes vint attaquer le pofte d'Ebersbach & quelques
autres qu'il poufla jufqu'a Radebourg . Le
Général de Lafcy leur envoya da renfort , &
nos troupes repoufferent à leur tour les Pruf→
fiens jufqu'au - delà d'Ebersbach . Nous reſtâmes
entin en podelion de ce pofte.
1-
Les derniers avis venus de Warlovie apprennent
que le Marquis de Paulmay , Miniftre d'Etat ,
& devant Séciétaire d'Etat de la guerre,
Amballadur de Sa Majesté Très - Chiéenne
auprès du Roi & de la République de Pologne ,
eſt a rivé dans cette ville , le 21 , & qu'il a eu fa
premiere Audience de Sa Majesté Polonoife .
Suivant les mêmes avis , le Roi de Pruſſe a
192 MERCURE DE FRANCE.
fait remettre en liberté le Prince de Sulkowsky ,
Grand-Veneur du Duché de Lithuanie.
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Résumé : De VIENNE, le 6 Juillet 1760.
Le 6 juillet 1760, un officier du Baron de Laudon informa les souverains impériaux de la victoire autrichienne du 23 juin près de Landshut contre les troupes prussiennes commandées par le Lieutenant Général de la Motte Fouquet. La campagne avait débuté par le siège de Glatz, avec la cavalerie laissée à Frankenstein et divers postes stratégiques garnis. Fouquet, pensant que Glatz était l'objectif principal, tenta de passer par Landshut. Les troupes autrichiennes, inférieures en nombre, se replièrent sur Reich-Hennersdorff et Langenberg, où elles furent renforcées. Le Baron de Laudon décida d'attaquer les Prussiens. Il marcha vers Schwartzwald et repoussa un corps de troupes légères commandé par le Général de Malachowsky. Le 23 juin, les troupes autrichiennes attaquèrent les retranchements prussiens, capturant deux redoutes principales en moins de trois quarts d'heure. Les Prussiens furent chassés de Landshut. La bataille se solda par la capture de près de neuf mille prisonniers, dont Fouquet, et la prise de toute l'artillerie ennemie. Les pertes autrichiennes s'élevèrent à environ trois mille hommes. Le Comte de Montazet, Lieutenant général des armées françaises, arriva dans la région pour rejoindre l'armée de l'Impératrice Reine. Le Maréchal Comte de Daun renforça le Baron de Laudon pour poursuivre les opérations. L'armée prussienne avançait vers celle du Prince Henry, tandis que le Prince Charles de Lorraine arrivait des Pays-Bas. Plusieurs escarmouches eurent lieu entre les forces autrichiennes et prussiennes, notamment autour de Radebourg et Ebersbach. Le Marquis de Paulmy, ministre d'État français, arriva à Varsovie pour une audience avec le Roi de Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 195
De l'Armée commandée par le Maréchal de Broglie, le 4 Juillet.
Début :
Le 30 du mois dernier, on a appris que le Commandant du château de Marbourg, [...]
Mots clefs :
Commandant, Comte, Maréchal, Camp, Garnison, Prisonnier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée commandée par le Maréchal de Broglie, le 4 Juillet.
.De l'Armée commandée par le Maréchal de Broglie,
le 4 Juillet.
Le 30 du mois dernier , on a appris que le
Commandant du château de Marbourg , qui avoit
refufé de le rendre aux différentes fonimations
que lui avoit faites le Comte de Chabot , Maréchal
de Camp , s'étoit rendu à la fixiéme bombe,qu'on
avoit jettée fur la Ville & le château ; la garnifon
, confiftant en trois cens quatre-vingt dix - fept
hommes , a été faite prifonniere de guerre.
le 4 Juillet.
Le 30 du mois dernier , on a appris que le
Commandant du château de Marbourg , qui avoit
refufé de le rendre aux différentes fonimations
que lui avoit faites le Comte de Chabot , Maréchal
de Camp , s'étoit rendu à la fixiéme bombe,qu'on
avoit jettée fur la Ville & le château ; la garnifon
, confiftant en trois cens quatre-vingt dix - fept
hommes , a été faite prifonniere de guerre.
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25
p. 206
De RATISBONNE le 20 Septembre.
Début :
Le Corps de troupes du Duc de Wirtemberg campe actuellement dans les [...]
Mots clefs :
Corps, Duc, Prince, Commandant, Incendie, Ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De RATISBONNE le 20 Septembre.
De RATISBONNE le 20 Septembre.
Le Corps de troupes du Duc de Wirtemberg
campe actuellement dans les environs de Hall.
Ce Prince fit fommer , le 10 de ce mois , le Commandant
Pruffien de Leipfick de fe retirer de cette
place. Ce Commandant répondit qu'il avoit ordre
du Roi fon Maître de la défendre juſqu'à
la derniere extrémité , & de bruler fes fauxbourgs
& la Ville même plutôt que de la rendre. Le
Duc de Wirtemberg lui fit dire que la Ville de
Hall , dont il étoit en poffeffion , lui répondroic .
du traitement que l'on feroit à celle de Leipfick .
Le Corps de troupes du Duc de Wirtemberg
campe actuellement dans les environs de Hall.
Ce Prince fit fommer , le 10 de ce mois , le Commandant
Pruffien de Leipfick de fe retirer de cette
place. Ce Commandant répondit qu'il avoit ordre
du Roi fon Maître de la défendre juſqu'à
la derniere extrémité , & de bruler fes fauxbourgs
& la Ville même plutôt que de la rendre. Le
Duc de Wirtemberg lui fit dire que la Ville de
Hall , dont il étoit en poffeffion , lui répondroic .
du traitement que l'on feroit à celle de Leipfick .
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Résumé : De RATISBONNE le 20 Septembre.
Le 20 septembre, les troupes du Duc de Wurtemberg sont près de Hall. Le 10 septembre, le Duc a ordonné au commandant prussien de Leipzig, Leipfick, de se retirer. Leipfick a refusé, affirmant qu'il devait défendre et brûler Leipzig sur ordre du roi. Le Duc a menacé de traiter Hall de la même manière si elle n'était pas rendue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 182
DE COPPENHAGUE, le 8 Janvier 1763.
Début :
Le Roi a nommé Lieutenant-Général de ses Armées le sieur de Chazot, Gentilhomme [...]
Mots clefs :
Roi, Lieutenant général, Gentilhomme, Armée, Commandant, Nomination
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE COPPENHAGUE, le 8 Janvier 1763.
DE COPPENHAGUE , le 8 Janvier 1763.
.
Le Roi a nommé Lieutenant- Général de fes
Armées le fieur de Chaz ot , Gentilhomme François
, Commandant de Lubeck.
.
Le Roi a nommé Lieutenant- Général de fes
Armées le fieur de Chaz ot , Gentilhomme François
, Commandant de Lubeck.
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27
p. 169-174
Suite des Nouvelles de VERSAILLES.
Début :
Le Roi ayant reconnu que la constitution solide qu'il veut donner à ses Troupes, [...]
Mots clefs :
Constitution, Ordonnance, Provinces, Régiments, Royaume, Compagnies, Capitaine, Paix, Commandant, Service, Duc, Commissaire, Incendie, Opéra, Académie royale, Église, Village, Loterie, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles de VERSAILLES.
Suite des Nouvelles de VERSAILLES.
L. Roi ayant reconnu que la conftitution ſolide
qu'il veut donner à fes Troupes , dépend
du premier choix des hommes qui la compoſent ,
a rendu une Ordonnance , datée du premier
Fevrier 1763 , par laquelle Sa Majesté établit
trente & un Régimens de recrue d'un Bataillon
, dans les Provinces de Picardie , de Champagne
, de Rouen , de Caen , d'Alençon , de
Moulins , d'Auvergne , de Flandre & d'Artois ,
de Montauban , d'Auch , de Bordeaux , de Poitiers
, de Lyonnois , de la Rochelle , de Tours,
du Dauphiné , de Paris , de Soiffons , de Limoges
, d'Orléans , de Bretagne , du Pays Melfin
, de Bourges , du Haynaut , d'Alface , de
Rouffillon , du Duché de Bourgogne , de Languedoc
, du Comté de Bourgogne , de la Provence
& de la Lorraine ; & un Régiment de
deux Bataillons de la Ville de Paris ; ces Régimens
feront défignés fous les noms des principales
Villes ou Généralités , & marcheront
entre eux fuivant le rang dans lequel ils font
infcrits ci-après : fçavoir , Régime nt d'Abbeville ,
de Châlons , de Rouen , de Caen , d'Alençon
de Moulins , de Riom , de Lille , de Montauban
, d'Auch , de Bordeaux , de Poitiers , de
Lyon , de la Rochelle , de Tours , de Gre noble
II. Vol.
H
170 MERCURE DE FRANCE .
de Sens , de Soiffons , de Limoges , de Blois ,
de Rennes , de Metz , de Bourges , de Valen
ciennes de Strasbourg , de Perpignan , de Dijon
, de Toulouſe de Befançon , d'Aiz , de
Nancy , & de la Ville de Paris . Chaque Régiment
fera compofé de huit Compagnies , lefquelles
feront commandées chacune , en temps de
paix , par un Capitaine & un Lieutenant , &
compofées de deux Sergens , quatre Caporaux ,
quatre Appointés & un Tambour , & d'un nombre
égal d'hommes proportionnément à celui
dont Sa Majefté aura ordonné chaque année
la levée dans chaque Département ; lefquels
feront exercés dans des quartiers particuliers ,
& mis par-là en état de remplacer les hommes
qui manqueront dans les Troupes de Sa Majefté.
En temps de guerre , chaque Compagnie
fera commandée par un Capitaine , un Lieutenant
& un Sous-Lieutenant , & compofé de quatre
Sergens , d'un Fourrier , de huit Caporaux , de
huit Appointés , un Tambour & d'autant d'hom❤
mes que les circonftances les requerront. Les
Officiers de ces Régimens feront choifis parmi
ceux qui viennent d'être réformés à l'occaſion
de la Paix , lefquels , en ce cas , & du jour
qu'ils recevront les appointemens , cefferont de
jouir des penfions de réforme qu'ils pourroient
avoir obtenues. Chaque Compagnie fera payée,
fur le pied fuivant ; à chaque Capitaine , 1080
1. par an ; à chaque Lieutenant , 450 1. à chaque,
Sous-Lieutenant , 360 1. à chaque Fourrier , 162 l.,
à chaque Caporal , 138 1. à chaque Appointé, 120.
1. à chaque homme , 102 l. au Tambour, 138.
1. ETAT-MAJOR. Au Commandant de chaque ,
Régiment , 1800 1. à l'Aide- Major , 1080l . au
Sous-Aide-Major, 450 1. au Chirurgien, 300 1. Le
JUILLET. 1763. 171
Lieutenant Général de Police de la Ville de Paris,
pour ce qui rgarde le Régiment de cette Ville ,
& les Intendans des Provinces , feront chargés fupérieurement
de la levée detdits Régimens , de
laquelle ils rendront compte au Secrétaire d'Etat
ayant le Département de la Guerre : ils établiront
à cet effet , un dépôt particulier dans leur Département.
Il y aura dans chaque Ville , Bourg
ou Village dépendant de chaque Généralité , des
prépofés à l'enrôlement & un prépofé principal
dans le chef- lieu où fera établi le dépôt parti
culier. Ces préposés n'employeront , pour les
enrôlemens , ni féduction , ni violence , ni fu
percherie , & n'admettront que des hommes de
dix-fept ans accomplis jufqu'à quarante pendant
la paix , & de l'âge de dix - huit jufqu'à quarante
cinq ans pendant la guerre , de la taille de
cinq pieds un pouce au moins en temps de guer
re , & de cinq pieds deux pouces en temps de
paix. Le temps de fervice fera de huit années ,
pendant lefquelles ils ne pourront s'abfenter fans
congé de leur troupe , à peine d'être pourful
vis & punis comme déferteurs ; & à l'expiration
deſdites huit années , ils auront leurs congés abfolus
en temps de guerre comme en temps de
paix. Si quelqu'un d'entr'eux eft admis à renouveller
fon engagement , il aura pour prix de ce
fecond engagement , fçavoir , 30 liv. à l'expiration
du premier, & 30 1. au commencement de
la cinquième année du fecond. Ces Régimen's fe
conformeront en tout aux Ordonnances concernant
l'Infanterie , mais ils ne feront alujettis ,
en temps de paix , à d'autre fervice qu'à celui
de fournir une garde de Police dans l'intérieur de
leur quartier. Lorfque des hommes de recrue
feront envoyés aux Régimens qui en auront be- ›
€
3
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
foin , il fera adreffé au Commandant du REgiment
de recrue les routes néceffaires pour
conduire lefdits hommes à leur deſtination . Cette
Ordonnance contient plufieurs autres difpofitions
particulieres , concernant le fervice , la dif
cipline , l'habillement , &c. de ces nouveaux Régimens.
Le Duc de Bedfort eft parti d'ici le 9 de ce
mois , pour le rendre en Angleterre. La commiflion
établie au Châtelet pour l'affaire du Canada
, a commencé fes Séances le 7 , pour le
jugement de cette affaire , au rapport du fieur
Dupont , Confeiller au Châtelet , Commiffaire-
Rapporteur de ce Procès.
Le 6 , entre les onze heures & midi , le feu prit
à la falle de l'Opéra & fe communiqua avec une
violence extrême à la partie du bâtiment qui tient
au Palais Royal. L'incendie fit en peu de temps
les plus terribles progrès , & la falle fut prèfque
confumée avant nême qu'il eût été poffible d'apporter
aucun fecours. Bientôt l'aîle de la première
Cour du Palais fut embrafée. Le feu fe communiquoit
au corps du bâtiment neuf & à celui qui
partage les deux cours ; & ce nefut que vers les
quatre heures qu'on parvint à arrêter le progrès
des flammes en mettant bas la charpente par laquelle
l'incendie eût infailliblement gagné l'appartement
du Duc d'Orléans, Le premier foin
dont on s'eft occupé à été d'enlever les Archives
& de mettre en fûreté la collection précieufe
des Tableaux du Palais Royal . Les Cours
& les Jardins de ce Palais étoient remplis de
meubles & d'effets tant du Duc d'Orléans que
des perfonnes qui lui font attachées & dont les
logemens étoient menacés d'embrâſement. Le
comble du grand efcaljer s'eft écroulé vers une
JUILLET. 1763. 173
:
heure & demie heureufement perfonne n'y a
péri. A neuf heures & demie du foir , toure
communication du feu a été coupée . Le foyer
n'étoit plus que dans les machines du Théâtre
de l'Opéra . Le Maréchal Duc de Biron , le
Duc de Chevreufe , le Prévôt des Marchands ,
le Lieutenant de Police , fe font tranfportés fur
le lieu , & ont donné tous les ordres néceffaires.
Les Gardes Françoifes & Suiffes , les Gens de
Police , des Religieux de différens Ordies , &
furtout les Peres Capucins fe font diftingués
par le zèle le plus courageux , par le travail
le plus infatigable. On ne tardera pas à conſtruire
une nouvelle Salle pour l'Opéra ; mais en attendant
, il paroît décidé que l'Académie Royale de
Mufique donnera fes repréſentations au Palais des
Thuilleries fur le Théâtre des machines qu'on
va difpofer pour cet objet.
Le 12 du mois dernier , il y eut à Effoyes
fur l'Ourſe , en Champagne , un incendie confidérable
qui , en moins de cinq heures , réduifit
en cendres deux cens foixante- dix maiſons .
Meubles , effets , denrées , proviſions , près de
de quatorze mille muids , tant de vin que d'eau
de vie , deux troupeaux confidérables de bêtes
à cornes , tour a été confumé : l'Eglife & le
Clocher ont été entiérement détruits , & les Cloches
fondues. Il ne refte fur pied dans tout le
Village que trente & une maiſons. Quatre perfonnes
ont péri dans les flâmes , & quatre autres
font mortes des impreffions du feu. Cet
accident réduit à la dernière mifère douze cens
perfonnes.
Dans la nuit du 12 au 13 , le feu a pris auffi
à une maison du Fauxbourg de Vervins en Thiéraches
, & le progrès des flammes a été fi rapide
H iij
174 MERCURE DE FRANCE .
qu'en quatre heures de temps elles ont confumé
tout ce Fauxbourg & un autre adjacent. Soixantedix
Maifons , neuf Granges pleines , fix Ecuries
particulières , & cinq Tanneries ont été détruites
, ainsi que les Meubles , Grains , Fourages ,
Beftiaux , Marchandifes , & autres effets qui y
étoient renfermés , & quatre perfonnes ont péri
dans les flammes.
Le 12 encore , le feu a pris au Village de Ste
Marie à Py , Election de Retel - Mazarin. Les
flammes étant excitées par la violence du Vent ,
confumèrent en peu de tems vingt - fept Maifons ,
trente & une Granges , & quatre-vingt- trois autres
petits Bâtimens, avec les meubles , les grains
& les provifions qui s'y trouvoient. Trente- cinq
Familles , dont treize de Laboureurs , le trouvent
par cet affreux événement fans habitation &
fans pain.
-
Le vingt - feptiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eft fait le 24 Mars , en la
manière accoutumée . Le Lot de cinquante-mille
livres eft échu au numero 98886 , celui de
vingt mille livres au numéro 98 09 , & les
deux de dix mille livres aux numéros 85968 &
97960.
Le 6 de ce mois , on a tiré la Loterie de l'École-
Royale-Militaire. Les numéros fortis de la roue
de fortune , font , 86 , 61 , 2 , 14.7. Le prom
chain tirage fe fera les Mai .
L. Roi ayant reconnu que la conftitution ſolide
qu'il veut donner à fes Troupes , dépend
du premier choix des hommes qui la compoſent ,
a rendu une Ordonnance , datée du premier
Fevrier 1763 , par laquelle Sa Majesté établit
trente & un Régimens de recrue d'un Bataillon
, dans les Provinces de Picardie , de Champagne
, de Rouen , de Caen , d'Alençon , de
Moulins , d'Auvergne , de Flandre & d'Artois ,
de Montauban , d'Auch , de Bordeaux , de Poitiers
, de Lyonnois , de la Rochelle , de Tours,
du Dauphiné , de Paris , de Soiffons , de Limoges
, d'Orléans , de Bretagne , du Pays Melfin
, de Bourges , du Haynaut , d'Alface , de
Rouffillon , du Duché de Bourgogne , de Languedoc
, du Comté de Bourgogne , de la Provence
& de la Lorraine ; & un Régiment de
deux Bataillons de la Ville de Paris ; ces Régimens
feront défignés fous les noms des principales
Villes ou Généralités , & marcheront
entre eux fuivant le rang dans lequel ils font
infcrits ci-après : fçavoir , Régime nt d'Abbeville ,
de Châlons , de Rouen , de Caen , d'Alençon
de Moulins , de Riom , de Lille , de Montauban
, d'Auch , de Bordeaux , de Poitiers , de
Lyon , de la Rochelle , de Tours , de Gre noble
II. Vol.
H
170 MERCURE DE FRANCE .
de Sens , de Soiffons , de Limoges , de Blois ,
de Rennes , de Metz , de Bourges , de Valen
ciennes de Strasbourg , de Perpignan , de Dijon
, de Toulouſe de Befançon , d'Aiz , de
Nancy , & de la Ville de Paris . Chaque Régiment
fera compofé de huit Compagnies , lefquelles
feront commandées chacune , en temps de
paix , par un Capitaine & un Lieutenant , &
compofées de deux Sergens , quatre Caporaux ,
quatre Appointés & un Tambour , & d'un nombre
égal d'hommes proportionnément à celui
dont Sa Majefté aura ordonné chaque année
la levée dans chaque Département ; lefquels
feront exercés dans des quartiers particuliers ,
& mis par-là en état de remplacer les hommes
qui manqueront dans les Troupes de Sa Majefté.
En temps de guerre , chaque Compagnie
fera commandée par un Capitaine , un Lieutenant
& un Sous-Lieutenant , & compofé de quatre
Sergens , d'un Fourrier , de huit Caporaux , de
huit Appointés , un Tambour & d'autant d'hom❤
mes que les circonftances les requerront. Les
Officiers de ces Régimens feront choifis parmi
ceux qui viennent d'être réformés à l'occaſion
de la Paix , lefquels , en ce cas , & du jour
qu'ils recevront les appointemens , cefferont de
jouir des penfions de réforme qu'ils pourroient
avoir obtenues. Chaque Compagnie fera payée,
fur le pied fuivant ; à chaque Capitaine , 1080
1. par an ; à chaque Lieutenant , 450 1. à chaque,
Sous-Lieutenant , 360 1. à chaque Fourrier , 162 l.,
à chaque Caporal , 138 1. à chaque Appointé, 120.
1. à chaque homme , 102 l. au Tambour, 138.
1. ETAT-MAJOR. Au Commandant de chaque ,
Régiment , 1800 1. à l'Aide- Major , 1080l . au
Sous-Aide-Major, 450 1. au Chirurgien, 300 1. Le
JUILLET. 1763. 171
Lieutenant Général de Police de la Ville de Paris,
pour ce qui rgarde le Régiment de cette Ville ,
& les Intendans des Provinces , feront chargés fupérieurement
de la levée detdits Régimens , de
laquelle ils rendront compte au Secrétaire d'Etat
ayant le Département de la Guerre : ils établiront
à cet effet , un dépôt particulier dans leur Département.
Il y aura dans chaque Ville , Bourg
ou Village dépendant de chaque Généralité , des
prépofés à l'enrôlement & un prépofé principal
dans le chef- lieu où fera établi le dépôt parti
culier. Ces préposés n'employeront , pour les
enrôlemens , ni féduction , ni violence , ni fu
percherie , & n'admettront que des hommes de
dix-fept ans accomplis jufqu'à quarante pendant
la paix , & de l'âge de dix - huit jufqu'à quarante
cinq ans pendant la guerre , de la taille de
cinq pieds un pouce au moins en temps de guer
re , & de cinq pieds deux pouces en temps de
paix. Le temps de fervice fera de huit années ,
pendant lefquelles ils ne pourront s'abfenter fans
congé de leur troupe , à peine d'être pourful
vis & punis comme déferteurs ; & à l'expiration
deſdites huit années , ils auront leurs congés abfolus
en temps de guerre comme en temps de
paix. Si quelqu'un d'entr'eux eft admis à renouveller
fon engagement , il aura pour prix de ce
fecond engagement , fçavoir , 30 liv. à l'expiration
du premier, & 30 1. au commencement de
la cinquième année du fecond. Ces Régimen's fe
conformeront en tout aux Ordonnances concernant
l'Infanterie , mais ils ne feront alujettis ,
en temps de paix , à d'autre fervice qu'à celui
de fournir une garde de Police dans l'intérieur de
leur quartier. Lorfque des hommes de recrue
feront envoyés aux Régimens qui en auront be- ›
€
3
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
foin , il fera adreffé au Commandant du REgiment
de recrue les routes néceffaires pour
conduire lefdits hommes à leur deſtination . Cette
Ordonnance contient plufieurs autres difpofitions
particulieres , concernant le fervice , la dif
cipline , l'habillement , &c. de ces nouveaux Régimens.
Le Duc de Bedfort eft parti d'ici le 9 de ce
mois , pour le rendre en Angleterre. La commiflion
établie au Châtelet pour l'affaire du Canada
, a commencé fes Séances le 7 , pour le
jugement de cette affaire , au rapport du fieur
Dupont , Confeiller au Châtelet , Commiffaire-
Rapporteur de ce Procès.
Le 6 , entre les onze heures & midi , le feu prit
à la falle de l'Opéra & fe communiqua avec une
violence extrême à la partie du bâtiment qui tient
au Palais Royal. L'incendie fit en peu de temps
les plus terribles progrès , & la falle fut prèfque
confumée avant nême qu'il eût été poffible d'apporter
aucun fecours. Bientôt l'aîle de la première
Cour du Palais fut embrafée. Le feu fe communiquoit
au corps du bâtiment neuf & à celui qui
partage les deux cours ; & ce nefut que vers les
quatre heures qu'on parvint à arrêter le progrès
des flammes en mettant bas la charpente par laquelle
l'incendie eût infailliblement gagné l'appartement
du Duc d'Orléans, Le premier foin
dont on s'eft occupé à été d'enlever les Archives
& de mettre en fûreté la collection précieufe
des Tableaux du Palais Royal . Les Cours
& les Jardins de ce Palais étoient remplis de
meubles & d'effets tant du Duc d'Orléans que
des perfonnes qui lui font attachées & dont les
logemens étoient menacés d'embrâſement. Le
comble du grand efcaljer s'eft écroulé vers une
JUILLET. 1763. 173
:
heure & demie heureufement perfonne n'y a
péri. A neuf heures & demie du foir , toure
communication du feu a été coupée . Le foyer
n'étoit plus que dans les machines du Théâtre
de l'Opéra . Le Maréchal Duc de Biron , le
Duc de Chevreufe , le Prévôt des Marchands ,
le Lieutenant de Police , fe font tranfportés fur
le lieu , & ont donné tous les ordres néceffaires.
Les Gardes Françoifes & Suiffes , les Gens de
Police , des Religieux de différens Ordies , &
furtout les Peres Capucins fe font diftingués
par le zèle le plus courageux , par le travail
le plus infatigable. On ne tardera pas à conſtruire
une nouvelle Salle pour l'Opéra ; mais en attendant
, il paroît décidé que l'Académie Royale de
Mufique donnera fes repréſentations au Palais des
Thuilleries fur le Théâtre des machines qu'on
va difpofer pour cet objet.
Le 12 du mois dernier , il y eut à Effoyes
fur l'Ourſe , en Champagne , un incendie confidérable
qui , en moins de cinq heures , réduifit
en cendres deux cens foixante- dix maiſons .
Meubles , effets , denrées , proviſions , près de
de quatorze mille muids , tant de vin que d'eau
de vie , deux troupeaux confidérables de bêtes
à cornes , tour a été confumé : l'Eglife & le
Clocher ont été entiérement détruits , & les Cloches
fondues. Il ne refte fur pied dans tout le
Village que trente & une maiſons. Quatre perfonnes
ont péri dans les flâmes , & quatre autres
font mortes des impreffions du feu. Cet
accident réduit à la dernière mifère douze cens
perfonnes.
Dans la nuit du 12 au 13 , le feu a pris auffi
à une maison du Fauxbourg de Vervins en Thiéraches
, & le progrès des flammes a été fi rapide
H iij
174 MERCURE DE FRANCE .
qu'en quatre heures de temps elles ont confumé
tout ce Fauxbourg & un autre adjacent. Soixantedix
Maifons , neuf Granges pleines , fix Ecuries
particulières , & cinq Tanneries ont été détruites
, ainsi que les Meubles , Grains , Fourages ,
Beftiaux , Marchandifes , & autres effets qui y
étoient renfermés , & quatre perfonnes ont péri
dans les flammes.
Le 12 encore , le feu a pris au Village de Ste
Marie à Py , Election de Retel - Mazarin. Les
flammes étant excitées par la violence du Vent ,
confumèrent en peu de tems vingt - fept Maifons ,
trente & une Granges , & quatre-vingt- trois autres
petits Bâtimens, avec les meubles , les grains
& les provifions qui s'y trouvoient. Trente- cinq
Familles , dont treize de Laboureurs , le trouvent
par cet affreux événement fans habitation &
fans pain.
-
Le vingt - feptiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eft fait le 24 Mars , en la
manière accoutumée . Le Lot de cinquante-mille
livres eft échu au numero 98886 , celui de
vingt mille livres au numéro 98 09 , & les
deux de dix mille livres aux numéros 85968 &
97960.
Le 6 de ce mois , on a tiré la Loterie de l'École-
Royale-Militaire. Les numéros fortis de la roue
de fortune , font , 86 , 61 , 2 , 14.7. Le prom
chain tirage fe fera les Mai .
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Résumé : Suite des Nouvelles de VERSAILLES.
En février 1763, le roi de France a émis une ordonnance visant à renforcer les troupes en créant trente-et-un nouveaux régiments de recrues, chacun composé d'un bataillon. Ces régiments portent les noms des principales villes ou généralités et sont organisés par ordre de rang. Chaque régiment est structuré en huit compagnies, dirigées par des officiers et des sous-officiers. Les effectifs varient selon les périodes de paix ou de guerre. Les officiers sont sélectionnés parmi ceux récemment réformés, ce qui entraîne la perte de leurs pensions de réforme. Les soldats doivent avoir entre 17 et 40 ans en temps de paix, et entre 18 et 45 ans en temps de guerre, avec une taille minimale de cinq pieds un pouce en temps de guerre et de cinq pieds deux pouces en temps de paix. Le service militaire dure huit ans, avec des congés absolus à l'expiration de cette période. Des dispositions spécifiques concernent le service, la discipline et l'habillement de ces nouveaux régiments. Par ailleurs, plusieurs incidents notables ont été rapportés. Le 6 juillet, un incendie a détruit une partie de l'Opéra et menacé le Palais Royal à Paris. Les secours ont permis de sauver les archives et les tableaux précieux. Le même mois, des incendies ont ravagé les villages d'Effoyes en Champagne, de Vervins en Thiérache, et de Sainte-Marie à Py, causant des destructions massives et des pertes humaines. Enfin, les résultats des tirages de la loterie de l'Hôtel de Ville et de l'École Royale Militaire ont été annoncés, avec des gains allant jusqu'à cinquante mille livres.
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28
p. 185-187
DE GENES, le 29 Octobre 1763.
Début :
Il est arrivé ici de Bonifacio, le 25 de ce mois un Bâtiment qui a apporté [...]
Mots clefs :
Bonifacio, Complots, Rebelles, Attaque, Commandant, Troupes, Menaces, Paoli, Armes, Patron
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE GENES, le 29 Octobre 1763.
DE GENES, le 29 Octobre 1763.
Il eſt arrivé ici de Bonifacio , le 25 de ce mois
un Bâtiment qui a apporté les nouvelles fuivantes .
Paoli entretenoit une intelligence fecrette avec le
nommé Maffaria , habitant d'Ajaccio , qui , de
concert avec fon fils , deux Eccléfiaftiques & deux
Sardes , avoit formé le complot d'introduire dans
186 MERCURE DE FRANCE.
la Ville le Chef des Rebelles. Maſſaria & ſes conpagnons
trouverent en effet moyen d'entrer le
dans le Château : ils tuérent d'abord deux fentinelles
; mais une troifiéme fentinelle ayant entendu
quelque bruit , tira un coup de fufil qui donna
l'allarme à la Garniſon. Le Commandant fit met
tre auffi-tôt les troupes fous les armes ; le fils de
Maffaria fut tué , & il fut lui - même dangereufement
bleffé , & arrêté avec fes camarades. On le
menaça de le faire mourir , s'il ne déclare it le motif
d'une entrepriſe fi hardie : ces menaces lui arrachèrent
l'aveu de tous les détails du complot.
Sur cette dépofition , le Commandant fit mettre en
ordre fon artillerie , & fur le champ envoya chercher
à Bonifacio des munitions de guerre & les
troupes dont il avoit befoin. Paoli , de fon côté ,
avoit fait marcher au- delà des Monts un corps
confidérable de Rebelles , foutenu de quelques
troupes réglées , & s'étoit approché d'Ajaccio , où
il fe flattoit d'être introduit par Maffaria . Mais le
renfort que le Commandant y avoit fait venir , &
auquel le joignirent un grand nombre d'habitans ,
& plufieurs Grecs qui font leur réfidence en cette
Ville , força les Rebelles de fe retirer , & d'abandonner
les deux Couvens de Franciſcains où ils s'étoient
fortifiés. Les Rebelles euffent peut-être réuffi
dans leur entrepriſe , fi le feu eût pris au canon
que Maffaria devoit tirer pour les avertir : c'étoit
le fignal dont il étoit convenu avec eux . Le Patron
d'un Pinque Génois , arrivé avant- hier de Calvi , a
aufli rapporté que le 16 le Commandant de cette
Place lui avoit ordonné de prendre ſur ſon bord fix
à fept Rebelles qui s'étoient rendus chez ce Commandant
, pour lui déclarer qu'ils avoient quitté le
fervice de Paoli , & vouloient entrer dans celui de
la République. Le Patron y confentit , mais lés
JANVIER. 1764. 187
voyant bien armés , il leur déclara qu'il ne les recevroit
point avec leurs armes. Les Corfes propoferent
de laiffer les armes à feu ; mais , le Patron
infiftant à ne les point recevoir qu'ils ne fuffent
entièrement défarmés , ils ne voulurent point y
confentir , & fe retirèrent. On conjecture que
leur deffein étoit de faire main-baffe fur tout l'équipage
de fe rendre maître du Bâtiment , & de
s'en fervir pour l'entrepriſe d'Ajaccio.
Il eſt arrivé ici de Bonifacio , le 25 de ce mois
un Bâtiment qui a apporté les nouvelles fuivantes .
Paoli entretenoit une intelligence fecrette avec le
nommé Maffaria , habitant d'Ajaccio , qui , de
concert avec fon fils , deux Eccléfiaftiques & deux
Sardes , avoit formé le complot d'introduire dans
186 MERCURE DE FRANCE.
la Ville le Chef des Rebelles. Maſſaria & ſes conpagnons
trouverent en effet moyen d'entrer le
dans le Château : ils tuérent d'abord deux fentinelles
; mais une troifiéme fentinelle ayant entendu
quelque bruit , tira un coup de fufil qui donna
l'allarme à la Garniſon. Le Commandant fit met
tre auffi-tôt les troupes fous les armes ; le fils de
Maffaria fut tué , & il fut lui - même dangereufement
bleffé , & arrêté avec fes camarades. On le
menaça de le faire mourir , s'il ne déclare it le motif
d'une entrepriſe fi hardie : ces menaces lui arrachèrent
l'aveu de tous les détails du complot.
Sur cette dépofition , le Commandant fit mettre en
ordre fon artillerie , & fur le champ envoya chercher
à Bonifacio des munitions de guerre & les
troupes dont il avoit befoin. Paoli , de fon côté ,
avoit fait marcher au- delà des Monts un corps
confidérable de Rebelles , foutenu de quelques
troupes réglées , & s'étoit approché d'Ajaccio , où
il fe flattoit d'être introduit par Maffaria . Mais le
renfort que le Commandant y avoit fait venir , &
auquel le joignirent un grand nombre d'habitans ,
& plufieurs Grecs qui font leur réfidence en cette
Ville , força les Rebelles de fe retirer , & d'abandonner
les deux Couvens de Franciſcains où ils s'étoient
fortifiés. Les Rebelles euffent peut-être réuffi
dans leur entrepriſe , fi le feu eût pris au canon
que Maffaria devoit tirer pour les avertir : c'étoit
le fignal dont il étoit convenu avec eux . Le Patron
d'un Pinque Génois , arrivé avant- hier de Calvi , a
aufli rapporté que le 16 le Commandant de cette
Place lui avoit ordonné de prendre ſur ſon bord fix
à fept Rebelles qui s'étoient rendus chez ce Commandant
, pour lui déclarer qu'ils avoient quitté le
fervice de Paoli , & vouloient entrer dans celui de
la République. Le Patron y confentit , mais lés
JANVIER. 1764. 187
voyant bien armés , il leur déclara qu'il ne les recevroit
point avec leurs armes. Les Corfes propoferent
de laiffer les armes à feu ; mais , le Patron
infiftant à ne les point recevoir qu'ils ne fuffent
entièrement défarmés , ils ne voulurent point y
confentir , & fe retirèrent. On conjecture que
leur deffein étoit de faire main-baffe fur tout l'équipage
de fe rendre maître du Bâtiment , & de
s'en fervir pour l'entrepriſe d'Ajaccio.
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Résumé : DE GENES, le 29 Octobre 1763.
Le 29 octobre 1763, des informations provenant de Bonifacio révèlent un complot impliquant Pasquale Paoli. Ce dernier avait des contacts secrets avec Massaria, un habitant d'Ajaccio, et ses complices, incluant deux ecclésiastiques et deux Sardes. Leur plan consistait à introduire Paoli dans la ville en tuant des sentinelles au château. Cependant, une sentinelle donna l'alerte, permettant au commandant de mobiliser ses troupes. Massaria et ses complices furent arrêtés après que Massaria eut révélé les détails du complot sous la menace. Simultanément, Paoli avait envoyé des rebelles vers Ajaccio, soutenus par des troupes régulières. Le commandant, renforcé par des habitants et des Grecs résidents, repoussa les rebelles, qui durent abandonner leurs positions. Le complot échoua également en raison de la non-exécution d'un signal convenu, un coup de canon. Par ailleurs, un patron de pinque génois rapporta que six à sept rebelles, ayant quitté le service de Paoli, tentèrent de monter à bord de son navire pour se rendre à Ajaccio. Le patron refusa de les embarquer armés, et les rebelles se retirèrent. On suspecte qu'ils voulaient s'emparer du navire pour participer à l'attaque d'Ajaccio.
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29
p. 204
De ROCHEFORT, le 4 Février 1764.
Début :
On a lancé derniérement à l'Eau le Vaisseau la Ville de Paris, de [...]
Mots clefs :
Vaisseau, Gouverneur, Louisiane, Marquis, Commandant, Régiment, Saint-Domingue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De ROCHEFORT, le 4 Février 1764.
De RocHEFoRT , le 4 Février 1764.
On a lancé derniérement à l'Eau le Vaiſſeau
la Ville de Paris, de quatre-vingt-douze canons.
Le ſieur de Kerlerec , Gouverneur de la Loui
ſiane, dont il eſt de retour ici avec toute ſa fa
mille, eſt arrivé avec le Marquis de Fremur,
Colonel du Régiment d'Angoumois, 'qui , en
1762, paſſa à la Louiſiane en qualité de Com
mandant-Général des troupes, & à qui le mau
vais état de ſa ſanté n'a pas permis de ſuivre
ſon Régiment à S. Domingue. Le ſieur de Kerle
rec fut reçu avec beaucoup de diſtinction par le
#º & les principaux Officiers de cette
Place.
On a lancé derniérement à l'Eau le Vaiſſeau
la Ville de Paris, de quatre-vingt-douze canons.
Le ſieur de Kerlerec , Gouverneur de la Loui
ſiane, dont il eſt de retour ici avec toute ſa fa
mille, eſt arrivé avec le Marquis de Fremur,
Colonel du Régiment d'Angoumois, 'qui , en
1762, paſſa à la Louiſiane en qualité de Com
mandant-Général des troupes, & à qui le mau
vais état de ſa ſanté n'a pas permis de ſuivre
ſon Régiment à S. Domingue. Le ſieur de Kerle
rec fut reçu avec beaucoup de diſtinction par le
#º & les principaux Officiers de cette
Place.
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Résumé : De ROCHEFORT, le 4 Février 1764.
Le 4 février 1764, le vaisseau 'la Ville de Paris' a été lancé à Rochefort. Le sieur de Kerlerec, gouverneur de la Louisiane, est revenu avec sa famille et le marquis de Fremur. Ce dernier, nommé commandant en Louisiane en 1762, n'avait pu partir en raison de sa santé. Ils ont été accueillis avec distinction par le roi et les officiers.
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30
p. 195-200
« Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...] »
Début :
Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...]
Mots clefs :
Académie royale de peinture et de sculpture, Assemblée, Ouvrages, Régiments, Gardes françaises, Services, Honneur, Officiers, Soldats, Ordonnance, Compagnies, Bataillons, Capitaines, Soldes, Uniforme, Règlement, Commandant, Loterie de l'école royale militaire, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage, Numéros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...] »
L, 24 Février, l'Académie Royale de Peinture ,
& de Sculpture tint une Aſſem blée & reçut au
nombre des Aggrégés le ſieur Prince, Peintre
de l'Impératrice de Ruſſie, connu par différens
Onvrages qui lui ont acquis de la r lutation
I ij -
196 MERCURE DE FRANCE.
|
dans cette Cour , ainſi que dans celle de
Vienne & de Warſovie. Il a préſenté a l'Aca
démie quatre Tableaux & plufieurs deſſeins qui
ont mérité les ſuffrages de tous les Membres.
Le ſieur Briſſon, dc l'Académie Royale des
Sciences , commencera , le 14 de ce mois, un
cours de phyſique expérimentale , dans la Salie
des Machines au Collége de Navarre, & le
continuera les Lundis, Mercredis & Vendredis
de chaque ſemaine.
Sa Majeſté voulant donner au Régiment des
Gardes Françoiſes des marques de la ſatisfac
tion qu'Elle a des ſervices diſtingués que ce
Corps a rendus dans tous les temps & dans tou
tes les circonſtances , & lui régler en même
temps un traitement qui réponde à l'honneur
qu'il a d'être affecté d'une manière particulière
à la garde de ſa Perſonne, a réſolu de lui fi
xer une conſtitution ſolide & invariable, & d'ac
corder, tant aux Officiers qu'aux Soldats une
· augmentation de traitement. En conſéquence,
Sà Majeſté a rendu une Ordonnance, en date
du 29 Janvier dernier, ſuivant laquelle ce Ré
· giment continuera d'être compoſé de trois com
pagnies de Grenadiers & de trente compagnies de
Fuſiliers, leſquelles formeront ſix bataillons,
compoſé chacun d'une demie-compagnie de Gre
nadiers & de cinq compagnies de Fuſiliers.Chaque
compagnie de Grenadiers ſera commandée en
tout temps par un Capitaine , deux Lieutenans,
deux Sous-Lieutenans, & deux Enſeignes à Pique ;
& compoſée de quatre Sergens, d'un Sergent
d'Armes, d'un Sergent-Fourrier, de huit Capo
raux, d'un Caporal Aide-Fourrier, d'un Caporal
Aide-Magaſinier , de huit Appointés, d'un Ap
pointé-Aide-Magaſinier , d'un Appointé-Chirur
gien, de quatre-vingt Grenadiers & de quatre
J U I N. 1764. 1q7
Tambours. Chaque compagnie de Fuſiliers ſera
commandée en tout temps par un Capitaine, un
Lieutenant, deux Sous-Lieutenans, un Enſeigne
à Picque & une Enſeigne à Drapeau, & compoſée
en temps de paix, de quatre Sergens, d'un Sér
gent-d'Armes, d'un Sergent-Fourier, de huit Ca
poraux, d'un Caporal-Porte-Drapeau , d'un Ca
poral-Magaſinier , d'un Caporal-aide-Fourrier ,
d'un Caporal-Canonnier, de huit Appointés, d'un
Appointé-Aide-Magaſinier, d'un Appointé-Chi
rurgien , de denx Appointés-Apprentifs Canon
niers, de ſoixante - ſeize Fuſiliers & de quatre
Tambours: l'Etat-Major ſera compoſé d'un Colo
nel, d'un Lieutenant-Colonel, d'un Major, de
ſept Aides-Major , de ſept Sous-Aides Major, de
deux Sergens d'Ordre, dun Tambour-Major, de
deux Sous-Tambours-Majors, de deux Commiſ
ſaires, d'un Maréchal-des-Logis, d'un Aumônier,
de deux Chirurgiens Majors, d'un Prevôt, d'un
Lieutenant de Prévôt, d'un Greffier, d'un Juge-Au
diteur des Bandes, d'un Médecin, d'un Aide-Mé
decin, d'un Apothicaire, de douze Archers, d'un
Exécuteur & de ſeize Muſiciens.La même Ordon
nance aſſigne les fonctions de chacun des Officiers
& Bas-Officiers, & porte divers Réglemens ſur le
choix des Sergens & autres. Le terme des engage
mens ſera fixé à huit ans. Les Soldats qui, après
avoir ſetvi ſeize ans, ſe retireront chez eux & non
ailleurs, y toucheront la moitié de leur ſolde,
indépendamment d'un habit de l'uniforme qui
leur ſera délivré tous les huit ans : ceux qui
auront ſervi vingt-quatre ans auront le choix, ou
d'être reçus à l'Hôtel des Invalides ou de ſe retirer
chez eux & non ailleurs, avec leur ſolde entiere &
il leur ſera délivré tous les ſix ans un habit de l'uniforme.
Les appointemens & ſolde ſeront payés à
I iij
r98 MERCURE DE FRANCE.
fp
l'avenir aux Officiers & Soldats de la maniere ſui
vante. CoMPAGNIE DE GRENADIERs. Capitaine,
12 , ooo , liv. par an en tout temps ; Lieutenant ,
4, ooo : Sous-Lieutenant, 2 , ooo ; Enſeigne, r ,
zoe ; Sergent d'Armes, 85o ; Sergent-Fourrier ,
75 o ; Sergent, 6oo ; Caporal , 2 16 , Appointé,
Aide-Magafinier & Chirurgien, 19 3 ; Tambour,
2 1 6 ; Grenadiers, 18o. CoMPAGNIEs DE FUs1
LIERs. Capitaine, 11 ooo liv. Lieutenant, 3 , ooo ;
premier Sous-Lieutenant, 1 , 5oo; ſecond Sous
Lieutenant, 1 , 2oe ; Enſeigne à Pique, 8oo ;
Fnſeigne à Drapeau, 66o ;Sergent d'Armes, 8oo,
Sergent Fourrier, 7oo; Sergent, 54o ; Caporal,
Porte-Drapeau, Magaſinier , Aide-Fourrier &
Canonnier, 198 ; Appointé, Aide-Magaſinier,
Chirurgien & Apprentif-Canonnier, 18o ; Tam
bour, 193; Fuſilier, 162. ETAT-MAJoR. Colonel,
7o, coe liv. Lieutenant-Colonel, indépendam
ment de ſes appointemens de Capitaine, 11,75o ;
Major, 18, ooo ; premier Aide-Major, 5 , eoo ;
Aide Major,4 , 5oo; Sous-Aide-Major, 2 , 5oo,
Capitaine-Appointé, 1, 5oo; Sergent d'Ordre, 1,
2 oc;Tambour-Major, 8oo Sous-Tambour Major,
36o. Aumônier, 1 , ooo; Chirurgien Major, 1, ooo
Commifſaire des Guerres ayant la Police, 1 o,
287 ; ſecond Commiſſaire, 6 , 35 o ; Maréchal
des-Logis, 3 , ooo , Prevôt, 3 , 639 , Lieutenant
de Prevôt, 8oo , Greffier, 45 ° ; Juge-Auditeur
des Bandes, 6oo ; Archer, zoo , Exécuteur, 1 5o ;
Médecin, 8oo, Aide-Médecin, 5co; Apothicaire,
6oo ; Muſicien , 1 , 5oo. Les Capitaines ſeront à
l'avenir déchargés du ſoin de faire des recrues :
l'Etat-Major en ſera chargé pour toutes les com
pagnies moyennant 12oliv. par homme,les hom
mes ne ſeront agréés qu'autant qu'ils auront
moins de vingt-cinq ans & cinq pieds quatre pou
ces de taille , & qu'ils produiront un certificat
J U I N. 1764. 199
de bonnes moeurs & de domicile : ils prêteront
ſerment entre les mains du Major à la tête du Ré
giment en bataille ſur les Drapeaux qui ſeront
réunis à cet effet: là ils jureront d'obéir aux or
dre de leurs Officiers & Bas-Officiers, de ne jamais
déſerter, de ne jamais quitter leurs Drapeaux ſous
quelque prétexte que ce ſoit, & étant particuliere
ment deſtinés à l'honneur de garder Sa Majeſté,
ils promettront de la fervir avec zéle & fidélité,
& de veiller à ſa conſervation au péril de leur vie
Le Colonel ſeul ſera chargé de donner les congés
abſolus. Au moyen du nouveau traitement, les
penſions d'ancienneté & les gratifications atta
chées aux charges ſeront ſupprimées. En temps
de guerre ſeulement, la ſomme de 4 , ooo liv.
continuera d'être payée au Commandant du
Régiment, lorſqu'il fera la campagne en qualité
de Commandant de la brigade , ainſi que la ſom
me de, 1 , 5oo liv. à chacun de quatre Capitaines
Appointés dans la colonne des Capitaines. Le Ré
giment ſera caſerné dans trois ou ſix corps de
caſernes. A commencer du 1 Avril prochain , jour
fixé pour la nouvelle compoſition, les Capitaines
ſeront déchargés du ſoin des logemens dans les
différens quartiers de Paris : le Colonel en de
meurera ſeul chargé, ainſi que de la Police & de
la diſcipline des caſernes & de l'habillement &
uniforme du Régiment. Le Roi donne au Colonel
ſeul le pouvoir d'accorder aux Soldats de leur
compagnie la permiſſion de travailler dans Paris,
de ſe marier & de s'abſenter par congé ou autre
ment : le Régiment continuera de jouir de tous
ſes anciens Priviléges & prérogatives.
Le trente - huitiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait le 24 Mars, en la
manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
I iv .
2oo MERCURE DE FRANCE.
livres eſt échu au numéro 13765, celui de vingr
mille livres au numéro 13 573 , & les deux de
dix mille livres aux numéres 1891 & 12 694.
Le 5 du même mois , on a tiré la Loterie
de l'Ecole Royale Militaire, les numéros ſortis
de la roue de fortune ſont 48 , 5 , 3o , 46, 36,
& de Sculpture tint une Aſſem blée & reçut au
nombre des Aggrégés le ſieur Prince, Peintre
de l'Impératrice de Ruſſie, connu par différens
Onvrages qui lui ont acquis de la r lutation
I ij -
196 MERCURE DE FRANCE.
|
dans cette Cour , ainſi que dans celle de
Vienne & de Warſovie. Il a préſenté a l'Aca
démie quatre Tableaux & plufieurs deſſeins qui
ont mérité les ſuffrages de tous les Membres.
Le ſieur Briſſon, dc l'Académie Royale des
Sciences , commencera , le 14 de ce mois, un
cours de phyſique expérimentale , dans la Salie
des Machines au Collége de Navarre, & le
continuera les Lundis, Mercredis & Vendredis
de chaque ſemaine.
Sa Majeſté voulant donner au Régiment des
Gardes Françoiſes des marques de la ſatisfac
tion qu'Elle a des ſervices diſtingués que ce
Corps a rendus dans tous les temps & dans tou
tes les circonſtances , & lui régler en même
temps un traitement qui réponde à l'honneur
qu'il a d'être affecté d'une manière particulière
à la garde de ſa Perſonne, a réſolu de lui fi
xer une conſtitution ſolide & invariable, & d'ac
corder, tant aux Officiers qu'aux Soldats une
· augmentation de traitement. En conſéquence,
Sà Majeſté a rendu une Ordonnance, en date
du 29 Janvier dernier, ſuivant laquelle ce Ré
· giment continuera d'être compoſé de trois com
pagnies de Grenadiers & de trente compagnies de
Fuſiliers, leſquelles formeront ſix bataillons,
compoſé chacun d'une demie-compagnie de Gre
nadiers & de cinq compagnies de Fuſiliers.Chaque
compagnie de Grenadiers ſera commandée en
tout temps par un Capitaine , deux Lieutenans,
deux Sous-Lieutenans, & deux Enſeignes à Pique ;
& compoſée de quatre Sergens, d'un Sergent
d'Armes, d'un Sergent-Fourrier, de huit Capo
raux, d'un Caporal Aide-Fourrier, d'un Caporal
Aide-Magaſinier , de huit Appointés, d'un Ap
pointé-Aide-Magaſinier , d'un Appointé-Chirur
gien, de quatre-vingt Grenadiers & de quatre
J U I N. 1764. 1q7
Tambours. Chaque compagnie de Fuſiliers ſera
commandée en tout temps par un Capitaine, un
Lieutenant, deux Sous-Lieutenans, un Enſeigne
à Picque & une Enſeigne à Drapeau, & compoſée
en temps de paix, de quatre Sergens, d'un Sér
gent-d'Armes, d'un Sergent-Fourier, de huit Ca
poraux, d'un Caporal-Porte-Drapeau , d'un Ca
poral-Magaſinier , d'un Caporal-aide-Fourrier ,
d'un Caporal-Canonnier, de huit Appointés, d'un
Appointé-Aide-Magaſinier, d'un Appointé-Chi
rurgien , de denx Appointés-Apprentifs Canon
niers, de ſoixante - ſeize Fuſiliers & de quatre
Tambours: l'Etat-Major ſera compoſé d'un Colo
nel, d'un Lieutenant-Colonel, d'un Major, de
ſept Aides-Major , de ſept Sous-Aides Major, de
deux Sergens d'Ordre, dun Tambour-Major, de
deux Sous-Tambours-Majors, de deux Commiſ
ſaires, d'un Maréchal-des-Logis, d'un Aumônier,
de deux Chirurgiens Majors, d'un Prevôt, d'un
Lieutenant de Prévôt, d'un Greffier, d'un Juge-Au
diteur des Bandes, d'un Médecin, d'un Aide-Mé
decin, d'un Apothicaire, de douze Archers, d'un
Exécuteur & de ſeize Muſiciens.La même Ordon
nance aſſigne les fonctions de chacun des Officiers
& Bas-Officiers, & porte divers Réglemens ſur le
choix des Sergens & autres. Le terme des engage
mens ſera fixé à huit ans. Les Soldats qui, après
avoir ſetvi ſeize ans, ſe retireront chez eux & non
ailleurs, y toucheront la moitié de leur ſolde,
indépendamment d'un habit de l'uniforme qui
leur ſera délivré tous les huit ans : ceux qui
auront ſervi vingt-quatre ans auront le choix, ou
d'être reçus à l'Hôtel des Invalides ou de ſe retirer
chez eux & non ailleurs, avec leur ſolde entiere &
il leur ſera délivré tous les ſix ans un habit de l'uniforme.
Les appointemens & ſolde ſeront payés à
I iij
r98 MERCURE DE FRANCE.
fp
l'avenir aux Officiers & Soldats de la maniere ſui
vante. CoMPAGNIE DE GRENADIERs. Capitaine,
12 , ooo , liv. par an en tout temps ; Lieutenant ,
4, ooo : Sous-Lieutenant, 2 , ooo ; Enſeigne, r ,
zoe ; Sergent d'Armes, 85o ; Sergent-Fourrier ,
75 o ; Sergent, 6oo ; Caporal , 2 16 , Appointé,
Aide-Magafinier & Chirurgien, 19 3 ; Tambour,
2 1 6 ; Grenadiers, 18o. CoMPAGNIEs DE FUs1
LIERs. Capitaine, 11 ooo liv. Lieutenant, 3 , ooo ;
premier Sous-Lieutenant, 1 , 5oo; ſecond Sous
Lieutenant, 1 , 2oe ; Enſeigne à Pique, 8oo ;
Fnſeigne à Drapeau, 66o ;Sergent d'Armes, 8oo,
Sergent Fourrier, 7oo; Sergent, 54o ; Caporal,
Porte-Drapeau, Magaſinier , Aide-Fourrier &
Canonnier, 198 ; Appointé, Aide-Magaſinier,
Chirurgien & Apprentif-Canonnier, 18o ; Tam
bour, 193; Fuſilier, 162. ETAT-MAJoR. Colonel,
7o, coe liv. Lieutenant-Colonel, indépendam
ment de ſes appointemens de Capitaine, 11,75o ;
Major, 18, ooo ; premier Aide-Major, 5 , eoo ;
Aide Major,4 , 5oo; Sous-Aide-Major, 2 , 5oo,
Capitaine-Appointé, 1, 5oo; Sergent d'Ordre, 1,
2 oc;Tambour-Major, 8oo Sous-Tambour Major,
36o. Aumônier, 1 , ooo; Chirurgien Major, 1, ooo
Commifſaire des Guerres ayant la Police, 1 o,
287 ; ſecond Commiſſaire, 6 , 35 o ; Maréchal
des-Logis, 3 , ooo , Prevôt, 3 , 639 , Lieutenant
de Prevôt, 8oo , Greffier, 45 ° ; Juge-Auditeur
des Bandes, 6oo ; Archer, zoo , Exécuteur, 1 5o ;
Médecin, 8oo, Aide-Médecin, 5co; Apothicaire,
6oo ; Muſicien , 1 , 5oo. Les Capitaines ſeront à
l'avenir déchargés du ſoin de faire des recrues :
l'Etat-Major en ſera chargé pour toutes les com
pagnies moyennant 12oliv. par homme,les hom
mes ne ſeront agréés qu'autant qu'ils auront
moins de vingt-cinq ans & cinq pieds quatre pou
ces de taille , & qu'ils produiront un certificat
J U I N. 1764. 199
de bonnes moeurs & de domicile : ils prêteront
ſerment entre les mains du Major à la tête du Ré
giment en bataille ſur les Drapeaux qui ſeront
réunis à cet effet: là ils jureront d'obéir aux or
dre de leurs Officiers & Bas-Officiers, de ne jamais
déſerter, de ne jamais quitter leurs Drapeaux ſous
quelque prétexte que ce ſoit, & étant particuliere
ment deſtinés à l'honneur de garder Sa Majeſté,
ils promettront de la fervir avec zéle & fidélité,
& de veiller à ſa conſervation au péril de leur vie
Le Colonel ſeul ſera chargé de donner les congés
abſolus. Au moyen du nouveau traitement, les
penſions d'ancienneté & les gratifications atta
chées aux charges ſeront ſupprimées. En temps
de guerre ſeulement, la ſomme de 4 , ooo liv.
continuera d'être payée au Commandant du
Régiment, lorſqu'il fera la campagne en qualité
de Commandant de la brigade , ainſi que la ſom
me de, 1 , 5oo liv. à chacun de quatre Capitaines
Appointés dans la colonne des Capitaines. Le Ré
giment ſera caſerné dans trois ou ſix corps de
caſernes. A commencer du 1 Avril prochain , jour
fixé pour la nouvelle compoſition, les Capitaines
ſeront déchargés du ſoin des logemens dans les
différens quartiers de Paris : le Colonel en de
meurera ſeul chargé, ainſi que de la Police & de
la diſcipline des caſernes & de l'habillement &
uniforme du Régiment. Le Roi donne au Colonel
ſeul le pouvoir d'accorder aux Soldats de leur
compagnie la permiſſion de travailler dans Paris,
de ſe marier & de s'abſenter par congé ou autre
ment : le Régiment continuera de jouir de tous
ſes anciens Priviléges & prérogatives.
Le trente - huitiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait le 24 Mars, en la
manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
I iv .
2oo MERCURE DE FRANCE.
livres eſt échu au numéro 13765, celui de vingr
mille livres au numéro 13 573 , & les deux de
dix mille livres aux numéres 1891 & 12 694.
Le 5 du même mois , on a tiré la Loterie
de l'Ecole Royale Militaire, les numéros ſortis
de la roue de fortune ſont 48 , 5 , 3o , 46, 36,
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Résumé : « Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...] »
Le 24 février, l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture a accueilli le sieur Prince, peintre de l'Impératrice de Russie, parmi les agrégés. Il a présenté quatre tableaux et plusieurs dessins, appréciés par les membres de l'Académie. Le sieur Brisson, de l'Académie Royale des Sciences, débutera un cours de physique expérimentale le 14 du mois suivant, les lundis, mercredis et vendredis au Collège de Navarre. Sa Majesté a exprimé sa satisfaction envers le Régiment des Gardes Françaises pour ses services distingués. Elle a décidé d'accorder une augmentation de traitement aux officiers et soldats, et a rendu une ordonnance le 29 janvier pour réorganiser le régiment. Ce dernier sera composé de trois compagnies de grenadiers et de trente compagnies de fusiliers, formant six bataillons. L'ordonnance précise la composition et les fonctions de chaque grade, ainsi que les conditions de service et les retraites. Les soldats ayant servi seize ans recevront la moitié de leur solde s'ils se retirent chez eux, tandis que ceux ayant servi vingt-quatre ans pourront choisir entre l'Hôtel des Invalides ou une retraite avec solde complète. Les traitements des officiers et soldats sont détaillés, et les capitaines seront déchargés du recrutement, remplacé par l'État-Major. Les nouvelles recrues devront avoir moins de vingt-cinq ans et une taille minimale de cinq pieds quatre pouces, avec un certificat de bonnes mœurs et de domicile. Le régiment continuera de jouir de ses anciens privilèges et prérogatives. Le 24 mars, le trente-huitième tirage de la Loterie de l'Hôtel de Ville a attribué un lot de cinquante mille livres au numéro 13765, un lot de vingt mille livres au numéro 13573, et deux lots de dix mille livres aux numéros 1891 et 12694. Le 5 mars, la Loterie de l'École Royale Militaire a également eu lieu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 137
De POSANIE, le 1. Juillet 1764.
Début :
On apprend que le Prince Radziwill, Palatin de Wilna, a emporté [...]
Mots clefs :
Prince Radziwill, Assaut, Garnison, Place, Commandant, Troupes, Ordres, Combattre, Expédition, Russes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De POSANIE, le 1. Juillet 1764.
De POSNANIE , le 1. Juillet 1764.
On apprend que le Prince Radziwill , Palatin
de Wilna , a emporté d'affaut la Ville de Terefpol
, a forcé la Garnifon de fe rendre à difcrétion ,
& a mis à contribution la Place & les dépendan
ces ; après quoi il a marché droit au fecours de
fon Château de Niefwien . Mais on a appris ,
comme on l'a annoncé , que le Commandant
de ce Château l'avoit rendu par Capitulation aux
Confédérés & aux Ruffes qui l'affiégeoient. Ceuxci
feront joints par les Généraux Poniatowski &
Ronicker qui commandent un Corps de Troupes
de la Couronne , ainfi que par le Prince Repnin,
Miniftre Plénipotentiaire de Ruffie , qui a fous fes
ordres un Détachement confidérable de Troupes
de fa Nation. Leur projet eft de combattre le
Prince Radziwill , & de mettre en même temps
à couvert les Terres du Prince Czatoriski. Les
huit mille Ruffes qui pafferent dernierement à
Minsk , & le Corps de Troupes de la même Nation
qui eft arrivé à Novogrodeck , ſont auffi deftinés
pour la même expédition.
On apprend que le Prince Radziwill , Palatin
de Wilna , a emporté d'affaut la Ville de Terefpol
, a forcé la Garnifon de fe rendre à difcrétion ,
& a mis à contribution la Place & les dépendan
ces ; après quoi il a marché droit au fecours de
fon Château de Niefwien . Mais on a appris ,
comme on l'a annoncé , que le Commandant
de ce Château l'avoit rendu par Capitulation aux
Confédérés & aux Ruffes qui l'affiégeoient. Ceuxci
feront joints par les Généraux Poniatowski &
Ronicker qui commandent un Corps de Troupes
de la Couronne , ainfi que par le Prince Repnin,
Miniftre Plénipotentiaire de Ruffie , qui a fous fes
ordres un Détachement confidérable de Troupes
de fa Nation. Leur projet eft de combattre le
Prince Radziwill , & de mettre en même temps
à couvert les Terres du Prince Czatoriski. Les
huit mille Ruffes qui pafferent dernierement à
Minsk , & le Corps de Troupes de la même Nation
qui eft arrivé à Novogrodeck , ſont auffi deftinés
pour la même expédition.
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Résumé : De POSANIE, le 1. Juillet 1764.
Le 1er juillet 1764, à Posnanie, des nouvelles rapportent que le Prince Radziwill, Palatin de Wilna, a pris la ville de Terefpol par la force, contraignant la garnison à se rendre. Il a ensuite mis à contribution la place et ses dépendances avant de se diriger vers le château de Nieswień pour le secourir. Cependant, il a appris que le commandant du château avait capitulé face aux confédérés et aux Russes qui l'assiégeaient. Les généraux Poniatowski et Ronicker, à la tête d'un corps de troupes de la Couronne, ainsi que le Prince Repnin, ministre plénipotentiaire de Russie, ont rejoint les assiégeants avec un détachement significatif de troupes russes. Leur objectif est de combattre le Prince Radziwill et de protéger les terres du Prince Czartoryski. Les huit mille Russes récemment passés par Minsk et les troupes russes arrivées à Novogrodek sont également destinés à cette expédition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 162-167
De PÉTERSBOURG, le 28 Août 1764.
Début :
Les circonstances de l'événement qui s'est passé dans la Forteresse [...]
Mots clefs :
Forteresse, Décès, Prince, Impératrice, Manifeste, Catherine II, Sujets, Couronne, Décrets, Héritière, Légitime, Actions justes, Compassion, Caractère, Officiers, Trouble, Récompense, Scélérat, Serment de fidélité, Patrie, Attaque, Providence, Ennemis, Révolte, Commandant, Crime, Lieutenant, Synode
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PÉTERSBOURG, le 28 Août 1764.
De PETERSBOURG , le 28 Août 1764.
Les circonstances de l'événement qui s'eft paffé
dans la Fortereffe de Schluffelbourg & qui a fait
perdre la vie au Prince Iwan , ayant été rapportées
de différente manière , l'Impératrice a publié
à cette occafion le Manifefte fuivant.
» Catherine II , par la grace de Dieu , Impéra-
» trice & Souveraine de toutes les Ruffies , &c. &c.
ל כ
Lorfque , par la volonté de Dieu & au gré
NOVEMBRE . 1764. 163
53
50
des voeux unanimes de tous nos fidéles Sujets ,
nous montâmes fur le Trône de Ruffie , nous
» étions inftruite que le Prince Jean , né du mariage
du Prince Antoine de Brunswick-Wolfenbuttel
avec la Princeffe Anne de Mecklenbourg
étoit encore exiftant. Ce Prince , comme
on le fçait , avoit à peine reçu le jour , qu'il fut
illégitimement défigné pour porter la Couronne
Impériale de Ruflie , mais par les Décrets de la
Providence il en fut peu de temps après exclus
» pour toujours , & le Sceptre revint à la légitime
Héritière fille de PIERRE - LE - GRAND , notre trèschère
Tante l'Impératrice ELISABETH de glo-
» rieufe mémoire .
>>
"
A notre avénement au Trône , nos premiers
» foins , après avoir rendu nos juftes actions de
graces au Ciel , furent , par un effet de l'huma-
» nité qui nous eft naturelle , d'adoucir , autant
qu'il feroit poffible , le fort de ce Prince détrô-
» né par la volonté Divine & malheureux dès fon
enfance. Nous nous proposâmes d'abord de le
voir pour juger par nous- mêmes des facultés
de fon âme & lui affurer , convenablement à fon
» caractère & à l'éducation qu'il avoit reçue jufques
- là , une vie ailée & tranquille . Mais quelle
fut notre furpriſe de voir qu'outre un bégaye-
» ment incommode pour lui-même & qui rendoit
» fes difcours prèfque incompréhenfibles aux
သ
*
autres , il étoit abfolument dépourvu d'efprit &
» de raiſon ! Tous ceux qui fe trouvoient alors
» avec nous virent combien notre coeur fouffroit
» à la vue d'un objet propre à exciter notre com-
» paflion ; ils furent en même temps convaincus
» qu'il ne nous reftoit d'autre feoours à donner à
ce Prince , né fi malheureufement , que de le
» laiffer où il étoit , & de lui procurer toutes les
164 MERCURE DE FRANCÈ.
> aifances convenables à fa fituation. Nous don
» nâmes nos ordres en conféquence ; mais fon
'état ne lui permit pas d'y être fenfible , ne connoiffant
point les gens & ne fçachant pas diftin-
» guer le bien d'avec le mal , ni faire ufage de la
» lecture pour fe préferver de l'ennui , mettant
» au contraire toute fa félicité dans des chofes
qui marquoient le défordre de fon efptit.
သ
Ainfi , pour empêcher que , par des vues
particulières , quelque mal intentionné ne cherchât
à l'inquiéter en aucune manière , ou në
>> voulût fe fervir de fa perfonne pour troubler le
repos public , nous lui fimes donner une garde
>> fûre , & mîmes auprès de lui deux Officiers de
» la Garniſon , connus par leur probité & leur
» fidélité , l'un le Capitaine Wlaffieff & l'autre le
» Lieutenant Tichekin , qui , par leurs longs fervices
militaires , avoient mérité une récom-
» penfe & un emploi tranquille pour le refe de
» leurs jours. Il étoit recommandé à ces deux
> Officiers de prendre les plus grands foins de la
» Perfonne de ce Prince.
לכ
Cependant , malgré toutes ces précautions , il
a été impoffible d'empêcher qu'un Scélérat , par
» une méchanceté des plus noires & au mépris
» même de la vie , ne commit a Schluffelbourg
➡un attentat dont la feule penſée fait frémir . Un
» Sous-Lieutenant du Régiment de Smolensko ,
» Infanterie , nommé Bafile Miranowitz , né en
» Ukraine , petit - fils du premier Rebelle qui fuivit
» Mazeppa , & en qui il paroît que le parjure
s'étoit tranfmis par le fang , ayant palle fa vie
» dans la débauche , la diffipation & le défordre ,
s'étoit privé par là des moyens légitimes de
>> faire un jour une fortune honorable : ayant enfin
perdu de vue ce qu'il devoit à la loi de Dieu
NOVEMBRE . 1764. 165
» & au ferment de fidélité qu'il nous avoit prêté ,
» ne connoiflant le Prince Jean que de nom , &
>> bien moins encore les qualités de fon corps-
» & celles de fon âme , il fe mit en tête de faire
» par fon moyen une fortune éclatante , à quelque
prix que ce fût, & quelque fanglante que la
Icène pût devenir pour le Public.
»›Pour l'exécution de ce projet auffi déteſtable
que dangereux pour la Patrie & pour l'Auteur
» même , ce Sous - Lieutenant demanda pendant
→ notre voyage en Livonie qu'on l'envoyât , quoique
ce ne fût pas fon tour , faire la garde qui
» fe reléve tous les huit jours dans la Fortereffe
de Schluffelbourg : la nuit du au du mois
» dernier à deux heures après -minuit , il éveilla
☐ tout d'un coup fa grand'garde , la rangea de
front , & lui ordonna de charger à balles . Berednikoff
, Gommandant de la Fortereffe ,
» ayant entendu du bruit , fortit de fon quartier
» & en demanda la cauſe à Miranowitz lui - même
; mais , pour toute réponſe , ce Rebelle lui
donna fur la tête un coup de la croffe de fon
» fufil , & le fit arrêter. Il alla enfuite à la tête de
» fa troupe attaquer avec furie le petit nombre
» des Soldats qui gardoient le Prince Jean
>> mais ceux ci , qui fe trouvoient fous les ordres
>> des deux Officiers nommés ci -deſſus , le reçurent
» de manière qu'il fut obligé de fe retirer. Par
» une difpofition particulière de la Providence ,
» qui veille à la confervation de la vie des hommes
, il faifoit cette nuit là un brouillard fort
» épais qui , joint à la fituation intérieure de la
» Forterelle , empêcha qu'il n'y eût perſonne de
a bleffé ni de tué.
» Le peu de fuccès de cette première tentative
» ne pouvant faire défifter de fon projet de rébel166
MERCURE DE FRANCE.
>>lion cet ennemi du repos public , le défeſpoir
» lui fuggéra de faire amener d'un baſtion une
» piéce de canon avec les munitions néceſſaires ,
» ce qui fut d'abord exécuté. Le Capitaine Wlaf
» Geff & fon Lieutenant Tilchekin , voyant une
» force à laquelle ils ne pouvoient réûſter , crai-
>> gnirent un malheur beaucoup plus grand fi le
» Prince qui leur étoit confié venoir à être déli-
» vré ; & voulant épargner le fang innocent qu'il
>> en coûteroit à la Patrie dans de pareils trou-
» bles , ils prirent entre eux l'unique parti qu'ils
croyoient leur refter , celui d'affurer la tranquillité
publique en abrégeant les jours de l'infortuné
Prince . Confidérant d'ailleurs que s'ils
>> lâchoient un prifonnier qu'on s'efforçoit de leur
>> arracher avec tant d'acharnement , ils rifquoient
» d'être punis fuivant toute la rigueur des Loix ,
ils ôterent la vie au Prince , fans être retenus
par la crainte de recevoir la mort
main d'un Scélérat réduit au défeſpoir. Ce
» monftre , voyant devant lui le corps du
» Prince fans vie , fut fi frappé de ce coup inat-
» tendu , qu'il reconnut à l'inftant même fa témé-
» rité & fon crime , & en marqua fon repentir en
de la
préfence de fa troupe qu'une heure auparavant
» il avoit féduite & rendue complice de fon for-
» fait.
» Ce fut alors que les Officiers qui avoient
étouffé cette révolte dès fa naillance , s'aflurerent
, conjointement avec le Commandant , da
Rebelle , ramenerent les Soldats à leur devoir ,
» & envoyerent notre Confeiller- Privé - Actuel
» & Sénateur Panin , fous les ordres duquel ils fe
trouvoient , le rapport de cet événement qui ,
quoique malheureux , avoit cependant , par la
protection du Ciel , détourné un plus grand
>> malheur encore,
NOVEMBRE . 1764. 167
20
Ce Sénateur fit partir fur le champ le Lieute-
» nant- Colonel Cafchkin chargé d'inſtructions
fuffifantes pour affurer la tranquillité & le bon
ordre dans la Fortereffe , & nous envoya en
» même temps un Courier avec le détail de cette
» affaire . En conféquence nous ordonnâmes à
> notre Lieutenant - Général Weymarn , de ladivifion
de Pétersbourg , de fe tranſporter fur le
>> lieu pour y faire les informations néceffaires :
après les avoir finies , il vient de nous remettre
les interrogatoires , les dépofitions des témoins ,
» les preuves , & enfin le propre aveu du Scé-
ככ
>> lérat.
,
"
rap-
Ayant reconnu la grandeur de ce crime &
> combien il intéreffoit le repos de la Patrie
>> nous avons renvoyé cette affaire à notre Sénat
» & lui ordonnons , ainfi qu'au Synode , d'inviter
» les trois premières Claffes & tous les Préfidens
» de tous les Colléges pour en entendre le
sport de la bouche du Lieutenant Général Weymarn
qui en a pourfuivi les informations ; de
>> prononcer enfuite la Sentence felon les loix de
l'Empire , & de nous la préfenter lorſqu'elle
» aura été fignée , afin que nous la confirmions ,
(L. S. ) ( Signé ) CATHERINE,
» Imprimé au Sénat Dirigent à Pétersbourg , le
» 17 Août 1764. ३०
Les circonstances de l'événement qui s'eft paffé
dans la Fortereffe de Schluffelbourg & qui a fait
perdre la vie au Prince Iwan , ayant été rapportées
de différente manière , l'Impératrice a publié
à cette occafion le Manifefte fuivant.
» Catherine II , par la grace de Dieu , Impéra-
» trice & Souveraine de toutes les Ruffies , &c. &c.
ל כ
Lorfque , par la volonté de Dieu & au gré
NOVEMBRE . 1764. 163
53
50
des voeux unanimes de tous nos fidéles Sujets ,
nous montâmes fur le Trône de Ruffie , nous
» étions inftruite que le Prince Jean , né du mariage
du Prince Antoine de Brunswick-Wolfenbuttel
avec la Princeffe Anne de Mecklenbourg
étoit encore exiftant. Ce Prince , comme
on le fçait , avoit à peine reçu le jour , qu'il fut
illégitimement défigné pour porter la Couronne
Impériale de Ruflie , mais par les Décrets de la
Providence il en fut peu de temps après exclus
» pour toujours , & le Sceptre revint à la légitime
Héritière fille de PIERRE - LE - GRAND , notre trèschère
Tante l'Impératrice ELISABETH de glo-
» rieufe mémoire .
>>
"
A notre avénement au Trône , nos premiers
» foins , après avoir rendu nos juftes actions de
graces au Ciel , furent , par un effet de l'huma-
» nité qui nous eft naturelle , d'adoucir , autant
qu'il feroit poffible , le fort de ce Prince détrô-
» né par la volonté Divine & malheureux dès fon
enfance. Nous nous proposâmes d'abord de le
voir pour juger par nous- mêmes des facultés
de fon âme & lui affurer , convenablement à fon
» caractère & à l'éducation qu'il avoit reçue jufques
- là , une vie ailée & tranquille . Mais quelle
fut notre furpriſe de voir qu'outre un bégaye-
» ment incommode pour lui-même & qui rendoit
» fes difcours prèfque incompréhenfibles aux
သ
*
autres , il étoit abfolument dépourvu d'efprit &
» de raiſon ! Tous ceux qui fe trouvoient alors
» avec nous virent combien notre coeur fouffroit
» à la vue d'un objet propre à exciter notre com-
» paflion ; ils furent en même temps convaincus
» qu'il ne nous reftoit d'autre feoours à donner à
ce Prince , né fi malheureufement , que de le
» laiffer où il étoit , & de lui procurer toutes les
164 MERCURE DE FRANCÈ.
> aifances convenables à fa fituation. Nous don
» nâmes nos ordres en conféquence ; mais fon
'état ne lui permit pas d'y être fenfible , ne connoiffant
point les gens & ne fçachant pas diftin-
» guer le bien d'avec le mal , ni faire ufage de la
» lecture pour fe préferver de l'ennui , mettant
» au contraire toute fa félicité dans des chofes
qui marquoient le défordre de fon efptit.
သ
Ainfi , pour empêcher que , par des vues
particulières , quelque mal intentionné ne cherchât
à l'inquiéter en aucune manière , ou në
>> voulût fe fervir de fa perfonne pour troubler le
repos public , nous lui fimes donner une garde
>> fûre , & mîmes auprès de lui deux Officiers de
» la Garniſon , connus par leur probité & leur
» fidélité , l'un le Capitaine Wlaffieff & l'autre le
» Lieutenant Tichekin , qui , par leurs longs fervices
militaires , avoient mérité une récom-
» penfe & un emploi tranquille pour le refe de
» leurs jours. Il étoit recommandé à ces deux
> Officiers de prendre les plus grands foins de la
» Perfonne de ce Prince.
לכ
Cependant , malgré toutes ces précautions , il
a été impoffible d'empêcher qu'un Scélérat , par
» une méchanceté des plus noires & au mépris
» même de la vie , ne commit a Schluffelbourg
➡un attentat dont la feule penſée fait frémir . Un
» Sous-Lieutenant du Régiment de Smolensko ,
» Infanterie , nommé Bafile Miranowitz , né en
» Ukraine , petit - fils du premier Rebelle qui fuivit
» Mazeppa , & en qui il paroît que le parjure
s'étoit tranfmis par le fang , ayant palle fa vie
» dans la débauche , la diffipation & le défordre ,
s'étoit privé par là des moyens légitimes de
>> faire un jour une fortune honorable : ayant enfin
perdu de vue ce qu'il devoit à la loi de Dieu
NOVEMBRE . 1764. 165
» & au ferment de fidélité qu'il nous avoit prêté ,
» ne connoiflant le Prince Jean que de nom , &
>> bien moins encore les qualités de fon corps-
» & celles de fon âme , il fe mit en tête de faire
» par fon moyen une fortune éclatante , à quelque
prix que ce fût, & quelque fanglante que la
Icène pût devenir pour le Public.
»›Pour l'exécution de ce projet auffi déteſtable
que dangereux pour la Patrie & pour l'Auteur
» même , ce Sous - Lieutenant demanda pendant
→ notre voyage en Livonie qu'on l'envoyât , quoique
ce ne fût pas fon tour , faire la garde qui
» fe reléve tous les huit jours dans la Fortereffe
de Schluffelbourg : la nuit du au du mois
» dernier à deux heures après -minuit , il éveilla
☐ tout d'un coup fa grand'garde , la rangea de
front , & lui ordonna de charger à balles . Berednikoff
, Gommandant de la Fortereffe ,
» ayant entendu du bruit , fortit de fon quartier
» & en demanda la cauſe à Miranowitz lui - même
; mais , pour toute réponſe , ce Rebelle lui
donna fur la tête un coup de la croffe de fon
» fufil , & le fit arrêter. Il alla enfuite à la tête de
» fa troupe attaquer avec furie le petit nombre
» des Soldats qui gardoient le Prince Jean
>> mais ceux ci , qui fe trouvoient fous les ordres
>> des deux Officiers nommés ci -deſſus , le reçurent
» de manière qu'il fut obligé de fe retirer. Par
» une difpofition particulière de la Providence ,
» qui veille à la confervation de la vie des hommes
, il faifoit cette nuit là un brouillard fort
» épais qui , joint à la fituation intérieure de la
» Forterelle , empêcha qu'il n'y eût perſonne de
a bleffé ni de tué.
» Le peu de fuccès de cette première tentative
» ne pouvant faire défifter de fon projet de rébel166
MERCURE DE FRANCE.
>>lion cet ennemi du repos public , le défeſpoir
» lui fuggéra de faire amener d'un baſtion une
» piéce de canon avec les munitions néceſſaires ,
» ce qui fut d'abord exécuté. Le Capitaine Wlaf
» Geff & fon Lieutenant Tilchekin , voyant une
» force à laquelle ils ne pouvoient réûſter , crai-
>> gnirent un malheur beaucoup plus grand fi le
» Prince qui leur étoit confié venoir à être déli-
» vré ; & voulant épargner le fang innocent qu'il
>> en coûteroit à la Patrie dans de pareils trou-
» bles , ils prirent entre eux l'unique parti qu'ils
croyoient leur refter , celui d'affurer la tranquillité
publique en abrégeant les jours de l'infortuné
Prince . Confidérant d'ailleurs que s'ils
>> lâchoient un prifonnier qu'on s'efforçoit de leur
>> arracher avec tant d'acharnement , ils rifquoient
» d'être punis fuivant toute la rigueur des Loix ,
ils ôterent la vie au Prince , fans être retenus
par la crainte de recevoir la mort
main d'un Scélérat réduit au défeſpoir. Ce
» monftre , voyant devant lui le corps du
» Prince fans vie , fut fi frappé de ce coup inat-
» tendu , qu'il reconnut à l'inftant même fa témé-
» rité & fon crime , & en marqua fon repentir en
de la
préfence de fa troupe qu'une heure auparavant
» il avoit féduite & rendue complice de fon for-
» fait.
» Ce fut alors que les Officiers qui avoient
étouffé cette révolte dès fa naillance , s'aflurerent
, conjointement avec le Commandant , da
Rebelle , ramenerent les Soldats à leur devoir ,
» & envoyerent notre Confeiller- Privé - Actuel
» & Sénateur Panin , fous les ordres duquel ils fe
trouvoient , le rapport de cet événement qui ,
quoique malheureux , avoit cependant , par la
protection du Ciel , détourné un plus grand
>> malheur encore,
NOVEMBRE . 1764. 167
20
Ce Sénateur fit partir fur le champ le Lieute-
» nant- Colonel Cafchkin chargé d'inſtructions
fuffifantes pour affurer la tranquillité & le bon
ordre dans la Fortereffe , & nous envoya en
» même temps un Courier avec le détail de cette
» affaire . En conféquence nous ordonnâmes à
> notre Lieutenant - Général Weymarn , de ladivifion
de Pétersbourg , de fe tranſporter fur le
>> lieu pour y faire les informations néceffaires :
après les avoir finies , il vient de nous remettre
les interrogatoires , les dépofitions des témoins ,
» les preuves , & enfin le propre aveu du Scé-
ככ
>> lérat.
,
"
rap-
Ayant reconnu la grandeur de ce crime &
> combien il intéreffoit le repos de la Patrie
>> nous avons renvoyé cette affaire à notre Sénat
» & lui ordonnons , ainfi qu'au Synode , d'inviter
» les trois premières Claffes & tous les Préfidens
» de tous les Colléges pour en entendre le
sport de la bouche du Lieutenant Général Weymarn
qui en a pourfuivi les informations ; de
>> prononcer enfuite la Sentence felon les loix de
l'Empire , & de nous la préfenter lorſqu'elle
» aura été fignée , afin que nous la confirmions ,
(L. S. ) ( Signé ) CATHERINE,
» Imprimé au Sénat Dirigent à Pétersbourg , le
» 17 Août 1764. ३०
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Résumé : De PÉTERSBOURG, le 28 Août 1764.
Le 28 août 1764, Catherine II publie un manifeste concernant la mort du Prince Iwan, également connu sous le nom de Prince Jean. À son avènement, Catherine apprend que le Prince Jean, fils du Prince Antoine de Brunswick-Wolfenbuttel et de la Princesse Anne de Mecklenbourg, avait été illégitimement désigné pour porter la Couronne Impériale de Russie, mais avait été exclu par la Providence. Le sceptre revint alors à Élisabeth, fille de Pierre le Grand. Catherine décide d'adoucir le sort du Prince Jean, qu'elle trouve dépourvu d'esprit et de raison. Elle lui assure une vie tranquille et lui attribue une garde sûre composée du Capitaine Wlassieff et du Lieutenant Tischekin. Malgré ces précautions, un sous-lieutenant du régiment de Smolensko, Basile Miranowitz, tente de s'emparer du Prince pour faire fortune. Lors de cette tentative, les officiers préfèrent tuer le Prince pour éviter un bain de sang. Miranowitz, face au corps sans vie du Prince, reconnaît son erreur et se repent. Les officiers rétablissent l'ordre et informent le Sénateur Panin. Catherine ordonne une enquête dirigée par le Lieutenant-Général Weymarn, qui remet les preuves et les aveux du scélérat. L'affaire est ensuite confiée au Sénat et au Synode pour jugement selon les lois de l'Empire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 168-170
De VERSAILLES, le 3 Octobre 1764.
Début :
Le Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Duc de Lorraine, Chevalier, Colonie, Commandant, Contrat de mariage, Ambassadeur, Ouvrage, Professeur, Capitaines, Lieutenant, Marquis, Vicomte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 3 Octobre 1764.
De VERSAILLES , le 3.Octobre 1764.
La Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar ,
eft arrivé de Lunéville ici , le 15 du mois dernier,
& il eft parti aujourd'hui pour retourner à Lunéville.
Le Chevalier Turgot , Gouverneur , Lieutenant-
Général de la Guyane , & le fieur de Béhague
, Commandant en Chef dans cette Colonie ,
ont eu l'honneur de prendre congé le 9 de Leurs
Majeftés & de la Famille Royale : ils fe difpolent
à partir inceffamment pour Rochefort , où ils doiyent
s'embarquer pour paller à Cayenne,
La
NOVEMBRE. 1764. 1fg
le
La Comteffe de Bercheny , nominée Dame
our accompagner Mefdames à la place de la
Marquife de Soulanges , a été en cette qualité
préfentée au Roi le 20 .
Le Roi a accordé les entrées de fa Chambre au
Duc de Villars , Pair de France , Gouverneur &
Commandant en Provence.
Leurs Majeſtés & la Famille Royale ont figné le
30 le contrat de mariage du Marquis de Rochechouart
avec Demoiſelle de Courteille . Le même
jour le fieur de S. Prieft , Intendant de Languedoc
, qui a obtenu la Place de Conſeiller d'Etat
vacante par la mort du fieur de Lucé , Intendant,
d'Alface , a eu l'honneur d'être préfenté au Roi
en cette qualité.
Le même jour le Comte de Guerchy , Ambaf
fadeur du Roi auprès de Sa Majefté Britannique ,
& la Comteffe de Guerchy , fon époufe , ont pris
congé de Leurs Majeftés & de la Famille Royale ,
pour retourner à Londres,
Le 29 , le fieur de Fleury , ancien Profeffeur
Royal de Mathématique , de Génie & d'Artillerie
a eu l'honneur de préfenter à Leurs Majeftés & à
la Famille Royale , ainſi qu'au Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , un Ouvrage intitulé : .,
Effaifur les moyens de réformer l'éducation particu
Lière & générale.
"
Le koi a nommé Lieutenans - Généraux des Armées
Navales le Prince de Beauffremont - Liftenois
, le Comte de Blenac , le Chevalier d'Aubigny .
& le fieur de Bompar , Chefs d'Eſcadre. Le Marquis
de Saint Aignan, le Comte de Coufages , les
fieurs Rofily , Maurville , Keruforet & le Borgne
le Chevalier d'Eaux de Raimondis le fieur de
Sabran , le Vicomte d'Urtubie , les fieurs Beauffiers
de l'Ifle , de Rochemore & de Panat , le
H
•
1-0 MERCURE DE FRANCE.
Vicomte de Bouville , les fieurs d'Orvilliers , du
Chaffault & le Chevalier de Rohan , Capitaines de
Vaiffeaux , ont été faits Chefs d'Efcadre. Sa Ma➡
jefté ayant rétabli le grade de Capitaine de Frégate
, a avancé à ce grade cinquante Lieutenans
de Va fleau, Elle a accordé le grade de Lieutenant
de Vaiſeau à foixante- deux Enfeignes , & celui
d'Enfeigne de Vaiffeau à quatre - vingt - fix Gardes
du Pavillon & de la Marine . Elle a auſſi fait un
remplacement de fix Gardes de la Marine.
Sa Majefté a rendu le 14 du mois dernier
deux Ordonnances ; l'une concernant les régles
qu'elle prefcrit pour l'avancement aux différens
grades de la Marine & fur l'uniforme des Officiers
de la Marine ; l'autre , fur la compofition , le fervice
, la difcipline & l'inftruction des Compagnies
des Gardes du Pavillon & de la Marine , & fur
l'admiffion des Volontaires qui feront agréés pour
fervir fur les Vaiffeaux de Sa Majesté.
Le Roi a difpofé de fa Lieutenance des Gardes
du Corps dans la Compagnie de Luxembourg
vacante par la retraite du Marquis de Vareille ,
en faveur du Marquis de Laubepin , qui étoit
premier Enfeigne de la même Compagnie , &
qui a été remplacé par le Marquis de Floreffac,
Le fieur de Bonfol a obtenu le Bâton d'Exempt.
La Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar ,
eft arrivé de Lunéville ici , le 15 du mois dernier,
& il eft parti aujourd'hui pour retourner à Lunéville.
Le Chevalier Turgot , Gouverneur , Lieutenant-
Général de la Guyane , & le fieur de Béhague
, Commandant en Chef dans cette Colonie ,
ont eu l'honneur de prendre congé le 9 de Leurs
Majeftés & de la Famille Royale : ils fe difpolent
à partir inceffamment pour Rochefort , où ils doiyent
s'embarquer pour paller à Cayenne,
La
NOVEMBRE. 1764. 1fg
le
La Comteffe de Bercheny , nominée Dame
our accompagner Mefdames à la place de la
Marquife de Soulanges , a été en cette qualité
préfentée au Roi le 20 .
Le Roi a accordé les entrées de fa Chambre au
Duc de Villars , Pair de France , Gouverneur &
Commandant en Provence.
Leurs Majeſtés & la Famille Royale ont figné le
30 le contrat de mariage du Marquis de Rochechouart
avec Demoiſelle de Courteille . Le même
jour le fieur de S. Prieft , Intendant de Languedoc
, qui a obtenu la Place de Conſeiller d'Etat
vacante par la mort du fieur de Lucé , Intendant,
d'Alface , a eu l'honneur d'être préfenté au Roi
en cette qualité.
Le même jour le Comte de Guerchy , Ambaf
fadeur du Roi auprès de Sa Majefté Britannique ,
& la Comteffe de Guerchy , fon époufe , ont pris
congé de Leurs Majeftés & de la Famille Royale ,
pour retourner à Londres,
Le 29 , le fieur de Fleury , ancien Profeffeur
Royal de Mathématique , de Génie & d'Artillerie
a eu l'honneur de préfenter à Leurs Majeftés & à
la Famille Royale , ainſi qu'au Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , un Ouvrage intitulé : .,
Effaifur les moyens de réformer l'éducation particu
Lière & générale.
"
Le koi a nommé Lieutenans - Généraux des Armées
Navales le Prince de Beauffremont - Liftenois
, le Comte de Blenac , le Chevalier d'Aubigny .
& le fieur de Bompar , Chefs d'Eſcadre. Le Marquis
de Saint Aignan, le Comte de Coufages , les
fieurs Rofily , Maurville , Keruforet & le Borgne
le Chevalier d'Eaux de Raimondis le fieur de
Sabran , le Vicomte d'Urtubie , les fieurs Beauffiers
de l'Ifle , de Rochemore & de Panat , le
H
•
1-0 MERCURE DE FRANCE.
Vicomte de Bouville , les fieurs d'Orvilliers , du
Chaffault & le Chevalier de Rohan , Capitaines de
Vaiffeaux , ont été faits Chefs d'Efcadre. Sa Ma➡
jefté ayant rétabli le grade de Capitaine de Frégate
, a avancé à ce grade cinquante Lieutenans
de Va fleau, Elle a accordé le grade de Lieutenant
de Vaiſeau à foixante- deux Enfeignes , & celui
d'Enfeigne de Vaiffeau à quatre - vingt - fix Gardes
du Pavillon & de la Marine . Elle a auſſi fait un
remplacement de fix Gardes de la Marine.
Sa Majefté a rendu le 14 du mois dernier
deux Ordonnances ; l'une concernant les régles
qu'elle prefcrit pour l'avancement aux différens
grades de la Marine & fur l'uniforme des Officiers
de la Marine ; l'autre , fur la compofition , le fervice
, la difcipline & l'inftruction des Compagnies
des Gardes du Pavillon & de la Marine , & fur
l'admiffion des Volontaires qui feront agréés pour
fervir fur les Vaiffeaux de Sa Majesté.
Le Roi a difpofé de fa Lieutenance des Gardes
du Corps dans la Compagnie de Luxembourg
vacante par la retraite du Marquis de Vareille ,
en faveur du Marquis de Laubepin , qui étoit
premier Enfeigne de la même Compagnie , &
qui a été remplacé par le Marquis de Floreffac,
Le fieur de Bonfol a obtenu le Bâton d'Exempt.
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Résumé : De VERSAILLES, le 3 Octobre 1764.
En octobre 1764, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de Versailles. Le 3 octobre, le roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, arriva de Lunéville et repartit le même jour. Le 9 octobre, le chevalier Turgot et le sieur de Béhague prirent congé pour se rendre à Rochefort avant d'embarquer pour Cayenne. En novembre, la comtesse de Bercheny fut présentée au roi pour remplacer la marquise de Soulanges auprès de Mesdames. Le duc de Villars devint gouverneur de Provence. Le 30 novembre, le contrat de mariage du marquis de Rochechouart fut signé. Le sieur de Saint-Priest fut présenté comme conseiller d'État et intendant de Languedoc. Le comte et la comtesse de Guerchy prirent congé pour retourner à Londres. Le sieur de Fleury présenta un ouvrage sur la réforme de l'éducation. Le roi nomma plusieurs lieutenants-généraux des armées navales et rendit des ordonnances sur l'avancement et l'uniforme des officiers de la marine. Le marquis de Laubepin succéda au marquis de Vareille comme lieutenant des gardes du corps, et le sieur de Bonfol obtint le bâton d'exempt.
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