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1
p. 102-106
LETTRE DU MESME Ministre à Mr le Directeur Baron.
Début :
Comme le Genéral de Surate a eu la bonté d'envoyer par [...]
Mots clefs :
Présents, Roi, Général, Envoyer, André Boureau-Deslandes, Temps, Ambre, Lettres, Ambassade
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DU MESME Ministre à Mr le Directeur Baron.
LETTRE DU MESME
Miniſtre à M. le Directeur
Baron .
Omme te
Comme
Genéralde Surate
a' eu la bonté d'envoyer par
Mª des Landes , des Lettres
des Préfens, pour eftre présentez
au grand er puiſfant Roy mon
Maistre , me recommandantde
donner mon afſiſtance pour les luy
estre présentez , & qu'il ma
auffi envoyé une Lettre , & des
Préfens quejay reçû; on a ex
pliqué lesdites Lettres ſuivant la
coûtume .Or j'ay conuu par leur
GALANT. 103
teneur , er par les difcours de
M des Landes , que M² le
General ayant fçû que l'on devoit
envoyer des Ambassadeurs
au Roy de France , OJ au S.
Pape , en avoit conçu beaucoup
de joye , & qu'il avoit préparé
unVaiffeau afin de recevoir l' Ambaffade,
auquel il avoit ordonné
defaire conformément à ce qui
leurferoit commandé ; &que si
l'on differoit encore d'envoyer
l'Ambaffade , il nous prioitque
le Vaiſſeau fuft dépêché à temps,
pour ne pas perdre la Mouffon.
Comme il y a tres-long-temps
qu'il defiroit avec paſſion qu'ily
I mj
104 MERCURE
cust Alliance er unionferme en
tre les deux Couronnes à l'avenir
; & quand M² le General a
envoyé un Vaisseau pour porter
les Ambassadeurs , c'est ce que
fon coeurRoyalſouhaitoit ardemment
, à mesme temps il m'a
donnéfes ordres , que j'ay reçus
fur le sommet de ma teste,sça
voir, de préparer des Ambassa
deurs pour porterfes Lettres
Préfens à la Royale &Haute
Majefté du Roy de France , afin
que cette Royale & excellente
Alliance fust éternelle à l'avenir.
Je croy que M des Landes.ne
manquera pas de donner avis
<
GALANT. IoF
M le General,desſervices que
je luy ay rendus.
Le Roy mon Maistre vous
envoye ſes Préfens . 3
Et moy de ma part, un Coffre
de Japon, à couverture voutée,
le fond noir avec des Feinlles
d'or ; un Coffre de Chine , le
fond noir , travaillé avec ambre
&& or ; deux Arbriſſeaux d'ambre
; un Pot d'ambre ; deux Boulis
à Chaa ; huit Chavanes ; deux
Bandéges noirs & peints ; une
paire de Paranavants du Japon;
ce que je vous prie de recevoir,
pour l'amitiéque vous me portez.
Fe laiſſe à M le General àpour
L
t
106 MERCURE
/
voir aux moyens quiſont necef
faires pour qu'entre lay of moy
ilpuiffey avoir un parfait amour,
& inviolable amitié pour l'avenir.
Miniſtre à M. le Directeur
Baron .
Omme te
Comme
Genéralde Surate
a' eu la bonté d'envoyer par
Mª des Landes , des Lettres
des Préfens, pour eftre présentez
au grand er puiſfant Roy mon
Maistre , me recommandantde
donner mon afſiſtance pour les luy
estre présentez , & qu'il ma
auffi envoyé une Lettre , & des
Préfens quejay reçû; on a ex
pliqué lesdites Lettres ſuivant la
coûtume .Or j'ay conuu par leur
GALANT. 103
teneur , er par les difcours de
M des Landes , que M² le
General ayant fçû que l'on devoit
envoyer des Ambassadeurs
au Roy de France , OJ au S.
Pape , en avoit conçu beaucoup
de joye , & qu'il avoit préparé
unVaiffeau afin de recevoir l' Ambaffade,
auquel il avoit ordonné
defaire conformément à ce qui
leurferoit commandé ; &que si
l'on differoit encore d'envoyer
l'Ambaffade , il nous prioitque
le Vaiſſeau fuft dépêché à temps,
pour ne pas perdre la Mouffon.
Comme il y a tres-long-temps
qu'il defiroit avec paſſion qu'ily
I mj
104 MERCURE
cust Alliance er unionferme en
tre les deux Couronnes à l'avenir
; & quand M² le General a
envoyé un Vaisseau pour porter
les Ambassadeurs , c'est ce que
fon coeurRoyalſouhaitoit ardemment
, à mesme temps il m'a
donnéfes ordres , que j'ay reçus
fur le sommet de ma teste,sça
voir, de préparer des Ambassa
deurs pour porterfes Lettres
Préfens à la Royale &Haute
Majefté du Roy de France , afin
que cette Royale & excellente
Alliance fust éternelle à l'avenir.
Je croy que M des Landes.ne
manquera pas de donner avis
<
GALANT. IoF
M le General,desſervices que
je luy ay rendus.
Le Roy mon Maistre vous
envoye ſes Préfens . 3
Et moy de ma part, un Coffre
de Japon, à couverture voutée,
le fond noir avec des Feinlles
d'or ; un Coffre de Chine , le
fond noir , travaillé avec ambre
&& or ; deux Arbriſſeaux d'ambre
; un Pot d'ambre ; deux Boulis
à Chaa ; huit Chavanes ; deux
Bandéges noirs & peints ; une
paire de Paranavants du Japon;
ce que je vous prie de recevoir,
pour l'amitiéque vous me portez.
Fe laiſſe à M le General àpour
L
t
106 MERCURE
/
voir aux moyens quiſont necef
faires pour qu'entre lay of moy
ilpuiffey avoir un parfait amour,
& inviolable amitié pour l'avenir.
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Résumé : LETTRE DU MESME Ministre à Mr le Directeur Baron.
La lettre du ministre à M. le Directeur, Baron, mentionne l'envoi de lettres et de présents par M. des Landes au roi de France, avec une recommandation pour leur présentation. Le ministre a également reçu des lettres et des présents du Général, qui exprime sa joie à l'idée d'envoyer des ambassadeurs en France et au Saint-Père. Le Général a préparé un vaisseau pour l'ambassade et prie que ce vaisseau soit dépêché à temps pour ne pas manquer la mousson. Le ministre souligne le désir du Général d'établir une alliance ferme entre les deux couronnes et a reçu l'ordre de préparer des ambassadeurs pour porter des lettres et des présents au roi de France afin de renforcer cette alliance. Le ministre espère que M. des Landes informera le Général des services rendus. Enfin, divers présents, dont des coffres de Japon et de Chine, des arbrisseaux d'ambre, et d'autres objets, sont envoyés en signe d'amitié. Le ministre laisse au Général le soin de trouver les moyens nécessaires pour maintenir une amitié parfaite et inviolable à l'avenir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 200-208
Autres Morts, [titre d'après la table]
Début :
On a eu icy avis de la mort de Monsieur le Commandeur [...]
Mots clefs :
Décès, Monsieur, Commandeur, Maison de Tressemanes Chasteuil, Siège, Distinction, Charges, Abbé, Chapitre, Obsèques, Seigneur, Conseiller au Parlement, Général, Lieutenant, Capitaine, Fils, Prêtre, Maison de Bruslard
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texteReconnaissance textuelle : Autres Morts, [titre d'après la table]
On a eu icy avis de la mort
de Monfieur le Commandeur de
Treffemanes Chateüil , qui s'eſt
fignalé avec beaucoup de diftinction
dans les Siéges de Sainte
Maure , & de Preveza. Il est
mort fur les Galeres au retour du
Voyage , apres feize jours d'une
maladie caufée par les grandes.
incommoditez foufertes pendant
ces deux Siéges, & dans les Cour
fes que l'on avoit faites dans l'Epire
, où il s'eftoit rendu recommandable
par fa conduite , par
vertu , & par le mépris qu'il faifoit
de fa vie pour une ſi juſte caufe
. Il eftoit de l'Auberge de Provence
, & d'une des meilleuresfa
GALANT. 201
73.
Maifons de cette Province , &
des plus anciennes dans l'Ordre.
Deux de fes grands Oneles en
ont efté , avec quatre de fes Oncles
, du nombre defquels eftoiɛ
Monfieur de Treffemanes-Chateuil
, Bailly de Manofque , qui
mourut il y a deux ans dans fa
année . Trois de fes Freres font
encore Chevaliers , & ils ont tous
I trois l'honneur d'eftre dans le
fervice du Roy. L'un eft fur les
Galeres de Sa Majefté ; l'autre ,
Capitaine dans le Régiment de
Champagne , où il eft fort eftimé ,
ayant embraffé la Profeffion
des Armes dés l'âge de quinze
ans ; & le troifiéme eft fon Lieutenant
. le paffe à d'atres Articles
de mefme nature .
8
Le R. P. Erard Florior , mort
le de ce mois , âgé de 63. ans ,
apres avoir exercé les Charges
14.
IS
202 MERCURE
les plus confiderables de fon Orcre.
Il avoit efté élû pour la fecon.
de fois au mois de Septemere
dernier , Abbé de Sainte Geneviève
du Mont & Superieur
Genéral des Chanoines Réguliers
de S. Auguftin , de la Congrégation
de France . Quand on
remplit ces fortes de Poftes par
Election , il faut qu'on ait un
fort grand mérite , puis que toute
une Communauté ne fe trompe
pas. Cet Abbé eftoit Frere de Madame
le Pelletier Femme de
Monfieur le Contrôleur Genéral .
Si tot qu'il fut mort , le Pere
Vvatrée , Premier Affiftant , qui
eftoit en droit de luy fucceder,
fut reconnu par le Chapitre , légitime
Abbé , & Supérieur Ge
néral , & en cette qualité reveſtu
des marques de fa Dignité nouvelle
. Il fit deux jours apres la
>
GALANT. 203
e
,
Cerémonie des Obféques de fon
Prédeceffeur , qui eft univerfel.
lement regreté de tous ceux qui
ont connu la vertu , & fes grandes
qualitez. En vous parlant de
cet Ordre , je croy ne devoir pas
oublier à vous dire , que Monfieur
Gaftier , l'un des Chanoines
Réguliers de Sainte Geneviève ,
quoy que jeune encore , a déja
remply les meilleures Chaires de
Paris , & qu'il s'eſt fait admirer à
S. Nicolas des Champs ; pendant
le dernier Avent.
Meffire Louis le Tonnellier
Breteuil , Seigneur de Boeffetes,
de Ruvire , & autres Lieux , mort
le 19.de ce mois. Ila efté fucceffivement
Confeiller aux Parlemens
de Bretagne & de Paris , enfuite
Maître des Requeſtes , Intendant
de la Province de Languedoc ,
& de la Generalité de Paris , Con-
I 6
204 MERCURE
trôleur Genéral des Finances ,
pendant dix années , & eft mort
Confeiller d'Etat ordinaire . Il a eü
fept Enfans mâles , dont fix font
encore vivans . Monfieur de Bruteül
l'aîné a efté Intendant en
Picardie & en Flandres , & des
Armées du Roy , & eft à prefent
Intendant des Finances , & Confeiller
d'Etat. Les Trois autres
font Chevaliers de Malte , dont
le premier eft Chef d'Eſcadre de
Galeres ; le cinquième eft Evelque
de Boulogne , & le fixiéme à
efté Envoyé Extraordinaire vers
les Princes d'Italie. Il a laiffé auffi
une Fille qui eft mariée à Monfieur
le Marquis de Simblimont,
d'une des plus Illuftres Maiſons
de Picardie.
Meffire Florimond Bruflard ,
Marquis de Genlis , Confeiller
d'Etat , & Capitaine Lieutenant
GALANT .
205
des Gensd'armes de feu Monfieur
le Duc d'Orleans , mort
le 20. de ce mois , en fa Terre
de Beaumont en Picardie , âgé
de 83. ans. La Maifon de Bruflard
eft tres - ancienne , & doit
fon éclat à Nicolas Bruflard ,
Seigneur de Sillery , Chancelier
de France dont l'éloge feroit
trop long à faire. Elle eft divifée
en trois branches , de Sillery , de
la Borde , & de Genlis . Les Marquis
de Sillery ont pris Alliance
avec les Familles de Neufville-
Villeroy & d'Etampes . La feconde
branche de cette Maifon s'eft
alliée avec celles de la Rochefoucaut
, Belliévre , & Dauvet , &
les Marquis de Genlis , avec celles
de Robertet , de Maillet , de Halluin
, Piennes , de Sainte Marie
aux Epaules , & de Brunetel-
Bethencourt. Monfieur le Mar206
MERCURE
quis de Genlis qui vient de mourir
étoit l'aîné de cette troifiéme
branche.
Meffire Guillaume Ifac Aubourg,
Marquis de Boury , mort
le 23. de ce mois . Il eftoit Fils de
Monfieur Aubourg , Secretaire
du Roy , & Garde des Rôles des
Offices de France.
Meffire Pancrace Betille , Prê--
tre , Docteur en Theologie , de
la Faculté de Paris , Doyen de la
mefme Faculté , & Sénieur de la
Maifon & Societé de Sorbonne,
mort le mefme jour par un accident
tres- déplorable . Ses Valets
T'ayant laiffé feul auprés du feu,
envelopé de fourrures à cauſe de
fon grand âge, une fort méchante
odeur que l'on fentit dans l'apartement
d'enhaut , obligea celuy
qui l'occupoit d'envoyer fçavoir
ce qui fe paffoit en bas.
GALANTA 207
Quelqu'un entra dans fa chambre
, & le trouva étouffé du feu ,
qui ayant confumé une partie de
fes habits , luy avoit déja brûlé
les cuiffes .
Meffire Louis Defmê de la
Chenaye , Aumônier du Roy,
Abbé de Noftre- Dame de Corneville,
& de Noftre- Dame d'Angle
, mort le 24. de ce mois . 11 a
refigné fes Benefices à un de fes
Neveux , Fils de Monfieur de la
Chefnaye , Gentilhomme de la
Manche de Monfeigneur le Dauphin,&
qui l'a efté du Roy. Monfieur
de la Chefnaye fon Pere ,
qui eft le Grand- Pere de celuy à
qui l'on a refigné les Benefices,
étoit auffi au Service du feu Roy,
& en étoit eftimé . Sa Majefté a
bien voulu agreér cette Refignation
en faveur des Services de
l'un & de l'autre , les Refigna208
MERCURE
tions d'Abbayes n'ayant jamais
lieu , fi Elle n'accorde fon confentement
.
de Monfieur le Commandeur de
Treffemanes Chateüil , qui s'eſt
fignalé avec beaucoup de diftinction
dans les Siéges de Sainte
Maure , & de Preveza. Il est
mort fur les Galeres au retour du
Voyage , apres feize jours d'une
maladie caufée par les grandes.
incommoditez foufertes pendant
ces deux Siéges, & dans les Cour
fes que l'on avoit faites dans l'Epire
, où il s'eftoit rendu recommandable
par fa conduite , par
vertu , & par le mépris qu'il faifoit
de fa vie pour une ſi juſte caufe
. Il eftoit de l'Auberge de Provence
, & d'une des meilleuresfa
GALANT. 201
73.
Maifons de cette Province , &
des plus anciennes dans l'Ordre.
Deux de fes grands Oneles en
ont efté , avec quatre de fes Oncles
, du nombre defquels eftoiɛ
Monfieur de Treffemanes-Chateuil
, Bailly de Manofque , qui
mourut il y a deux ans dans fa
année . Trois de fes Freres font
encore Chevaliers , & ils ont tous
I trois l'honneur d'eftre dans le
fervice du Roy. L'un eft fur les
Galeres de Sa Majefté ; l'autre ,
Capitaine dans le Régiment de
Champagne , où il eft fort eftimé ,
ayant embraffé la Profeffion
des Armes dés l'âge de quinze
ans ; & le troifiéme eft fon Lieutenant
. le paffe à d'atres Articles
de mefme nature .
8
Le R. P. Erard Florior , mort
le de ce mois , âgé de 63. ans ,
apres avoir exercé les Charges
14.
IS
202 MERCURE
les plus confiderables de fon Orcre.
Il avoit efté élû pour la fecon.
de fois au mois de Septemere
dernier , Abbé de Sainte Geneviève
du Mont & Superieur
Genéral des Chanoines Réguliers
de S. Auguftin , de la Congrégation
de France . Quand on
remplit ces fortes de Poftes par
Election , il faut qu'on ait un
fort grand mérite , puis que toute
une Communauté ne fe trompe
pas. Cet Abbé eftoit Frere de Madame
le Pelletier Femme de
Monfieur le Contrôleur Genéral .
Si tot qu'il fut mort , le Pere
Vvatrée , Premier Affiftant , qui
eftoit en droit de luy fucceder,
fut reconnu par le Chapitre , légitime
Abbé , & Supérieur Ge
néral , & en cette qualité reveſtu
des marques de fa Dignité nouvelle
. Il fit deux jours apres la
>
GALANT. 203
e
,
Cerémonie des Obféques de fon
Prédeceffeur , qui eft univerfel.
lement regreté de tous ceux qui
ont connu la vertu , & fes grandes
qualitez. En vous parlant de
cet Ordre , je croy ne devoir pas
oublier à vous dire , que Monfieur
Gaftier , l'un des Chanoines
Réguliers de Sainte Geneviève ,
quoy que jeune encore , a déja
remply les meilleures Chaires de
Paris , & qu'il s'eſt fait admirer à
S. Nicolas des Champs ; pendant
le dernier Avent.
Meffire Louis le Tonnellier
Breteuil , Seigneur de Boeffetes,
de Ruvire , & autres Lieux , mort
le 19.de ce mois. Ila efté fucceffivement
Confeiller aux Parlemens
de Bretagne & de Paris , enfuite
Maître des Requeſtes , Intendant
de la Province de Languedoc ,
& de la Generalité de Paris , Con-
I 6
204 MERCURE
trôleur Genéral des Finances ,
pendant dix années , & eft mort
Confeiller d'Etat ordinaire . Il a eü
fept Enfans mâles , dont fix font
encore vivans . Monfieur de Bruteül
l'aîné a efté Intendant en
Picardie & en Flandres , & des
Armées du Roy , & eft à prefent
Intendant des Finances , & Confeiller
d'Etat. Les Trois autres
font Chevaliers de Malte , dont
le premier eft Chef d'Eſcadre de
Galeres ; le cinquième eft Evelque
de Boulogne , & le fixiéme à
efté Envoyé Extraordinaire vers
les Princes d'Italie. Il a laiffé auffi
une Fille qui eft mariée à Monfieur
le Marquis de Simblimont,
d'une des plus Illuftres Maiſons
de Picardie.
Meffire Florimond Bruflard ,
Marquis de Genlis , Confeiller
d'Etat , & Capitaine Lieutenant
GALANT .
205
des Gensd'armes de feu Monfieur
le Duc d'Orleans , mort
le 20. de ce mois , en fa Terre
de Beaumont en Picardie , âgé
de 83. ans. La Maifon de Bruflard
eft tres - ancienne , & doit
fon éclat à Nicolas Bruflard ,
Seigneur de Sillery , Chancelier
de France dont l'éloge feroit
trop long à faire. Elle eft divifée
en trois branches , de Sillery , de
la Borde , & de Genlis . Les Marquis
de Sillery ont pris Alliance
avec les Familles de Neufville-
Villeroy & d'Etampes . La feconde
branche de cette Maifon s'eft
alliée avec celles de la Rochefoucaut
, Belliévre , & Dauvet , &
les Marquis de Genlis , avec celles
de Robertet , de Maillet , de Halluin
, Piennes , de Sainte Marie
aux Epaules , & de Brunetel-
Bethencourt. Monfieur le Mar206
MERCURE
quis de Genlis qui vient de mourir
étoit l'aîné de cette troifiéme
branche.
Meffire Guillaume Ifac Aubourg,
Marquis de Boury , mort
le 23. de ce mois . Il eftoit Fils de
Monfieur Aubourg , Secretaire
du Roy , & Garde des Rôles des
Offices de France.
Meffire Pancrace Betille , Prê--
tre , Docteur en Theologie , de
la Faculté de Paris , Doyen de la
mefme Faculté , & Sénieur de la
Maifon & Societé de Sorbonne,
mort le mefme jour par un accident
tres- déplorable . Ses Valets
T'ayant laiffé feul auprés du feu,
envelopé de fourrures à cauſe de
fon grand âge, une fort méchante
odeur que l'on fentit dans l'apartement
d'enhaut , obligea celuy
qui l'occupoit d'envoyer fçavoir
ce qui fe paffoit en bas.
GALANTA 207
Quelqu'un entra dans fa chambre
, & le trouva étouffé du feu ,
qui ayant confumé une partie de
fes habits , luy avoit déja brûlé
les cuiffes .
Meffire Louis Defmê de la
Chenaye , Aumônier du Roy,
Abbé de Noftre- Dame de Corneville,
& de Noftre- Dame d'Angle
, mort le 24. de ce mois . 11 a
refigné fes Benefices à un de fes
Neveux , Fils de Monfieur de la
Chefnaye , Gentilhomme de la
Manche de Monfeigneur le Dauphin,&
qui l'a efté du Roy. Monfieur
de la Chefnaye fon Pere ,
qui eft le Grand- Pere de celuy à
qui l'on a refigné les Benefices,
étoit auffi au Service du feu Roy,
& en étoit eftimé . Sa Majefté a
bien voulu agreér cette Refignation
en faveur des Services de
l'un & de l'autre , les Refigna208
MERCURE
tions d'Abbayes n'ayant jamais
lieu , fi Elle n'accorde fon confentement
.
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Résumé : Autres Morts, [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décès notables de personnalités ayant occupé des postes importants. Le Commandeur de Treffemanes Chateüil, connu pour ses distinctions lors des sièges de Sainte Maure et de Preveza, est décédé des suites d'une maladie contractée lors de ces sièges et des courses en Épire. Issu d'une famille illustre de l'Ordre de Provence, il avait deux oncles et quatre frères ayant servi dans l'Ordre, dont trois sont encore en vie et au service du roi. Le Père Erard Florior, âgé de 63 ans, est décédé après avoir exercé des charges importantes au sein de l'Ordre des Chanoines Réguliers de Saint-Augustin. Il était Abbé de Sainte Geneviève du Mont et Supérieur Général, et a été remplacé par le Père Vvatrée. Louis le Tonnellier Breteuil, Seigneur de Boeffetes et autres lieux, est également décédé. Il a occupé diverses fonctions prestigieuses, dont celles de Conseiller aux Parlements de Bretagne et de Paris, Maître des Requestes, Intendant de Languedoc et de Paris, Contrôleur Général des Finances, et Conseiller d'État. Il laisse sept enfants mâles, dont six sont encore vivants et occupent des postes importants. Florimond Bruflard, Marquis de Genlis, Conseiller d'État et Capitaine Lieutenant des Gens d'armes, est décédé à l'âge de 83 ans. Sa famille est très ancienne et illustre, avec des alliances notables. Guillaume Ifac Aubourg, Marquis de Boury, est décédé. Il était fils de Monsieur Aubourg, Secrétaire du Roi et Garde des Rôles des Offices de France. Pancrace Betille, Prêtre et Docteur en Théologie, Doyen de la Faculté de Paris et Seigneur de la Maison et Société de Sorbonne, est décédé accidentellement après s'être étouffé avec des vêtements en feu. Enfin, Louis Desmê de la Chenaye, Aumônier du Roi et Abbé de Notre-Dame de Corneville et d'Angle, est décédé. Il a légué ses bénéfices à un de ses neveux, fils de Monsieur de la Chenaye, Gentilhomme de la Manche du Dauphin et du Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 188-262
Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Début :
Ce jeune Prince s'estant fait donner un jour la Clef [...]
Mots clefs :
Roi, Prince, Comte, Angleterre, Duc, Troupes, Colonnel, Peuple, Matelot, Ennemis, Noblesse, Vaisseaux, Gentilhomme, Fidélité, Obstacles, Seigneur, Commissaires, Habits, Royaume, Rivière, Général, Crainte, Avantage, Succès, Décès, Héritiers, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Ce
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
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Résumé : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Le texte relate les événements entourant la fuite et les tentatives de restauration du Duc d'York, futur Jacques II, et du Prince de Galles, futur Charles II. Le Duc d'York, déguisé, s'échappe d'Angleterre et parvient à embarquer malgré les réticences d'un marinier qui reconnaît son ordre de la Jarretière. Le Prince de Galles, après son évasion, suscite une révolte en Angleterre et en Écosse, mais est démasqué par le chevalier Dishinton. En 1648, Charles II tente de rallier des vaisseaux hollandais et anglais pour libérer son père, Charles Ier, mais échoue face à la résistance et à une tempête. Charles Ier est exécuté en 1649, et Charles II, proclamé roi en Écosse, cherche à venger son père. Il envoie chercher le marquis de Montrose, qui est capturé et exécuté malgré ses efforts pour rejoindre Charles II. Ce dernier, malgré les obstacles, continue ses tentatives pour restaurer la monarchie. Le texte décrit également les événements entourant le règne de Charles II en Écosse. Le roi obtient des États écossais l'autorisation de lever seize mille hommes de pied et six mille chevaux. Les commandants nommés incluent le comte de Leven pour l'infanterie et Holborne pour la cavalerie, avec Montgomery et Lefley comme adjoints. Charles II est nommé généralissime. Cependant, les troupes écossaises sont défaites par Cromwell à la bataille de Copperfpec, subissant de lourdes pertes. Cette défaite refroidit les États écossais, qui imposent des restrictions au roi et cherchent à limiter son pouvoir. Malgré ces difficultés, Charles II est couronné roi d'Écosse le 4 janvier 1651 à l'abbaye de Schoone. Après son couronnement, il marche vers l'Angleterre avec son armée, mais est finalement défait à la bataille de Worcester le 22 août 1651. Forcé de fuir, il se cache dans diverses maisons et forêts, notamment dans le célèbre 'Chêne Royal'. Avec l'aide de fidèles sujets comme George Pendrille et Milord Wilmot, il parvient à échapper à ses poursuivants et à se mettre en sécurité. Le texte relate également la fuite du roi Jacques II, déguisé en domestique, accompagné de la demoiselle Lane, vers Bristol. Déguisé grâce à un mélange d'écorces de noix et d'autres drogues, le roi parvient à éviter la reconnaissance. Leur chemin est marqué par plusieurs incidents, comme la perte d'un fer de cheval du roi, qui doit être remplacé, et des rencontres avec des cavaliers envoyés pour l'arrêter. Grâce à l'aide de fidèles sujets, dont Jean Pope et Milord Wilmot, le roi parvient à éviter les obstacles et à se cacher chez divers nobles, tels que le colonel Windhams et M. Hides. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un vaisseau, le roi s'embarque finalement à Britemhsthed en Suffolk et arrive à Fécamp en Normandie. Le voyage se déroule sans encombre, et le roi est reconnu par le capitaine du vaisseau, Tetershall. À Rouen, le roi change d'habits et se rend à Paris pour attendre les révolutions politiques. Le texte mentionne également la mort d'Olivier Cromwell et la restauration de la monarchie avec le retour du roi, proclamé par le Parlement et accueilli triomphalement à Londres. Le roi est couronné en 1661 et épouse Catherine de Portugal. Il lutte contre les factieux et remporte des victoires contre les Hollandais. Le texte se termine par la description de la mort du roi en février 1685, après une nuit d'inquiétudes et de souffrances. Le roi laisse plusieurs enfants naturels, dont Jacques Scott, duc de Monmouth, et Charles Lenox, duc de Richemont.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 185-325
Journal du Voyage de M. le Chevalier de Chaumont. [titre d'après la table]
Début :
Je viens au détail du Voyage de Mr le Chevalier [...]
Mots clefs :
Roi, Chevalier de Chaumont, Siam, Ambassadeur, Hollandais, Mandarins, Eau, Roi de Siam, Terre, Vaisseau, Pays, Banten, Bord, Canon, Tigre, Mer, Rivière, Batavia, Maisons, Côte, Royaume, Constance, Abbé, Vaisseaux, Cap, Général, Gouverneur, Loge, France, Pagode, Frégate, Malades, Europe, Indes, Siamois, Ballon, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Journal du Voyage de M. le Chevalier de Chaumont. [titre d'après la table]
Je viensau détail du VoyaJ.
ge de Mr le Chevalier
de Chaumont. Sa Majesté
l'ayant nommé son Ambasfadeur
vers leRoy de Siam.
Il se rendit à Brest avec Mr
l'Abbé de Choisy, sur la fin
de Fevrier de l'année der-
,
niere, & ils s'embarquerent
dans un des Vaisseaux du
Roy,appellél'Oiseau. Mrde
Vaudricourt qui le commandoit
fit mettreà la Voile
le3. de Mars & partit de
Brest avec la Fregate la Maligne,
commandéepar Mr de v
Joyeux. Le vent leur fut toû-
« jours assez favorable, ôc :
comme il y avoit dans le !
Vaisseaudes Millionnaires&
six Jesuites, ce n'estoit tous
les jours qu'Exercices de
pieté, & l'on y vivoitavec
la mesme regularité que
dans unConvent.Ilss'appliquoient
tour à tour à faire
des Exhortations à tout
Equipage. On disoit lar
Messe, on chantoitVespres,
& on passa fort heureufenent
la Ligne le 6. d'Aril
sans souffrir beaucoup
le lachaleur. Ce fut alors
su'il fut question de faire ce
u'on appelle la Ceremonie
u Bàptesme. Ceux qui n'ont
mais passé la Ligne, sont obligez
de souffrir qu'on leur
jette sur le corps certain
nombre de seaux d'eau, à
moins qu'ils ne donnent
quelque argent pour racheter
cette peine. Il n'y a personne
qui puisse s'en exempter
, de quelque condition
quel'on puisse estre, & on
fait jurer tout le monde sur
le Livre des Evangiles, pour
sçavoir si on a fait ce passage.
Mr le Chevalier de Chaumont
ne voulut point endurer
que l'on jurast sur les Evangiles.
Il fit faire ce Serment
sur une Mapemonde,
& mit de l'argent dans un
bassin
, ce que firent après
luy toutes les personnes considerables
du Vaisseau, pour
s'épargner la Ceremonie. La
somme montaà soixanteescus
quifurent distribuezaux
Matelots. Le reste de la traversée
fut tres heureux jusquesau
Cap de bonne Esperance.
On y arriva le 31. de
May,&l'on y receut les Saluts
ordinaires de quatre
Vaisseaux Hollandoisqu'on
y trouva. Ils portoient a Batavia
le Commissaire Generalde
laCompagnie des IiW
des
, avec Mr de S. Martin
François, Major Général.
M. le Chevalier de Chaumonts'arresta
sept jours à
ce Cap afin d'yfaire de l'eau,
& de prendre desrafraichisfemens.
Le Gouverneur qui
eA Hollandois
,
luy en envoya
de toutes fortes, aprés
l'avoir fait complimenter
par le Neveu&par le Secretaire
du Commissaire. Tous:
ceux du Vaisseau mirent pied
a, ~erre lIes urns a,près 1lesautres.
Ils'en trouva quelquesuns
qui estoient malades d&
Scorbut, & ils furent gueris
en quatre jours. La Forteresse
que les Hollandais ont.
fait bastir en ce lieu là
,
est
toute revestuë de pierres,
&a quatre bastions. Elle n'a.
point de fossez, mais elleest
Ilterès- bien garnie de Canon, Havre est fort seur
,
ôc
peut contenirungrand nom- bre de Vaisseaux. Il y a déja
quantité de Maisons qui forment
une espece de Ville.
^Cequ'ilya de plus remar-
,
quable est un Jardin fort
grand & fort spacieux avec
des allées à perte de veuë.
On y a planté tout cequ'il
ya de bons fruits en Europe
& dans les Indes. Les uns
sont d'un costé,les autres de
l'autre
,
& tous y viennent
fort bien. Celuy qui a foin
de ce beau Jardinest unFrançoisqui
est grand Seigneur
en ce Pays-là. Il reconnut
Mr le Chevalier de Chaumont,
qu'il avoit veu chez
Monsieur
, ou il avoit esté
Jardinier.
La terre que les Hollandoisoccupenr,
a esté achetée
d'un petit Roy du Pays, pour
des bagatelles de l'Europe.
Plus on avance en s'éloignant
gnant de la Mer, plus elle
est bonne & fertile, &sur
tout la Chasse y en merveilleuse
; mais on y doit craindre
les Bestes farouches,
comme Lyons,Tygres,Elephans,
& autres. Ces belles
s'écartent à mesure que le
Pays se découvre, & qu'on
y fair de nouvelles habitations.
Les Hollandoisont
déjàcommencé d'en faire
en plusieurs endroits. Pendant
le séjour de Mr l'Ambassadeurau
Cap, deux d'enreeuxestantallezàla
Chase
furent rencontrez & attaquez
par un Tigre. Il le
jetta sur l'un de ces Hollandois,
l'autrele tira & le blessa.
Le Tigre tout en fureur
vint à celuy qui l'avoir blessé,
& il l'auroit devoré sans
doute, si son Camarade qu'il
avoit jetté par terre, ne Ce
fust promptement relevé
pour tirer aussi son coup. Il
le tira si heureusement qu'il
cassa la teste au Tigre. On
l'apporta pour le faire voir.
Il estoit d'une grandeur effroyable.
On mit le Blessé à
un Hospital, qui est là tresbien
fondé, & oùl'on est
rtraité avec tous les soins imaginables.
Tous les Vaisseaux
Hollandois qui viennent
d'Europe, & ceux qui s'yen
retournent, laissent leurs
Malades en ce lieu là
,
& ils
y recouvrent incontinent
leur santé
,
l'air & les eaux
estant admirables.
Les Habitans y sont doux,
assez bien faisans, & il n'est
pas difficile de s'accommoier
de leurs manieres, mais
Ils sont laids, mal-faits, de
petite taille,& ont plus de
rapport à la façon de vivre
les bestes qu'à celle des hommes.
Leurvisageest tout ridé,
ils ont les cheveux remplis
de graisse
;
& comme ils
se frottent le corps d'huile
de Baleine,& qu'ilsne mangent
que de lachaircruë,ils
sont si puans qu'on les sent
de loin. Ils ne mangentleur
Betail que lorsqu'il est mort
de maladie
,
& ce leur est
un fort grand ragoust qu'une
Baleine morte ,
jettée par la
Mer sur le rivage, ou les
tri pes chaudes d'une Bê-
-
te. Ils les secoüent fort legerement
,
& les mangent
avec les ordures
,
aprés en
avoir osté les excremens,
dont quelques-uns se servent
pour se froter le visage. On
leur - a donné le nom de Cafres,&
les hommes &les femmes
n'ont qu'une peau coupée
en triangle pour se couvrir
ce que la nature apprend
à cacher. Ils se l'attachent
avec une ceintire de cuir au
milieu du corps. Quelquesuns
se couvrent les hanches
d'une peau de Boeuf ou de
Lyon. D'autres portent une
peau qui leur descend depuis
les épaules jusque sur les
hanches,& plusieurs se dé-
coupent le visage3 les bras:
& lescuisses
, & achevent
de se défigurer parlescaracteres
étranges qu'ilsy font.
LesFemmes portent aux bras
& aux jambes des Cercles de
fer ou de cuivre, que les Etrangers
troquent avec elles
toujours à leur avantage. Ils
demeurentende petites hûtes
où ils vivent avec leur
bétail fous un mesme couvert.
Ils n'ont ny lit,nysieges,
ny meubles, & s'asseient
sur leurs talons pous se reposer.
Ils nevont vers la Mer
,
que lors qu'ils sçaventqu'il
est arrivé quelque Navire,
& qu'ils peuvent troquer
leur betail. Ils ont aussides
peaux de Lyon, de Boeuf, de
Leopard, & de Tigre, qu'ils
donnent pour des Miroirs,
des Couteaux
,
des Cloux,
des Marteaux,des Haches,
& autres vieilles ferrailles..
Il est malaisé de découvrir
l'estat du Païs au dedans, ôc
les richesses qu'on y peut
trouver,àcause que les GouverneurHollandoisont
fait
faire ferment à tous ceux
qu'ils ont menez avant dans
les Terres, de n'en reveleraucune
chose,On a sçeud'un
Homme quia demeurelongtemps
dans la Forteresse que
depuis quelques années le
Gouverneur avoir esté avec
bonne escorte à plus de deux
cens cinquante lieuës pour
faire la découverte du Pays;
qu'ilavoir trouvé par tout
des Peu ples traitables, ôc
assezbienfaits, les Terres
fort bonnes & ca pables de
-
toute sorte de cu lture, ôc
qu'il y avoit ~desMi d'or,
de fer, & d'une espece de
cuivre où il entroit une septiéme
partie d'or. Onles
trouva chantans & dançans
& ilsavoient des manieres
de Flustes qui estoient sans
trous. Elles estoient creuses,
& une espece de coulisse
-
qu'ils haussoient ou baissoient
avec leurs doigts, faisoit
la diference des tons.
Ce Gouverneur avoit esté
conduit par un Cafre, & ce
Cafre ayant aperçeu deux
hommes de grande taille fqouri.s ven.oien,t à eux, s écria
alarmé
y
qu'ils estoient
perdus, & qu'il voyoit les
deux plus grands Magiciens
du Pays. Le Gouverneur
4
répondit qu'il estoit encore
plus grand Magicien qu'eux,
& qu'il ne s'étonnait point.
Les pretendus Magiciens s'étant
avancez, il sir aporter
un verre remply d'eau de
vie.On y mit le feu,& il lavala.
Ces Malheureux furent si
épouvantez d'un pareil prodige,
qu'ils prirent le Gouverneur
pour un Dieu, & Ce
mirent à genoux pour luy
demander la vie. Les Hollandois
ont fait un nouvel
établissèment au Cap. Il est
au bord de la Mer; mais ils.
le tiennent secret, ne vouIant
pas que les autres Nations
quiviennent s'y rafraischir,
en ayent connoissance.
Ce Cap est l'extremité de la
terre ferme d'Afrique, qui
avance dans la Mer vers le
Sud, à trente-six degrez au
delà de la Ligne.Cette extremité
de terre fut nommée
Cabo de Boa Speranza
, par
Jean II. Roy de Portugal,
fous lequel Barthélémy Dias
la découvriten1493 Ce Prince
la fit appeller ainsi à cause
qu'il esperoit découvrir
en fuite les richesses des Indes
Orientales, & les autres
Nations luy ont confirmé,
ce nom, parce qu a près que
l'ona doubléle Cap, quiest,
presque en distance égale de
deux mille cinq cens lieuës,
entre l'Europe & la Coste la
plus Orientale desIndes,on
a toute forte d'esperance de
pouvoirachever ce grand
Voyage.
Les Malades estant guéris
-' on fit du bois& de l'eau, on
acheta toutes les provisions
que l'onjugea necessaires
- pour aller à Batavia,& l'on
remit à laVoile le 7. de Juin,
après les Saluts donnez &
rendus de part & d'autre
comme onavaitfait en arrivant.
Cette seconde traver- senefut pas si douce que
la premiere. Les vents furent
violens,& la tempeste separa
la Fregate la Maligne du
Vaisseau de Mr l'Ambassadeur
,sans quelle pust le rejoindre
qu'auprés de Batavia.
Le 5. de Juilleton découvrit
l'Isle de Java,
-
& le 16. on
moüilla prés de Bantam. La
longueur del'Isle de Java est
de cent cinquante lieuës,
mais on n'a pas encore bien
sceu quelle est sa largeur.
C'est ce qui a fait croire à
quelques uns quecen'estoit
pas une Ble; mais qu'elle faisoit
partie du Continent que
l'on connoist fous le nom de
terre Australe au près du Détroit
de Magellanes. Les Habitans
pretendent que leurs
Predecesseurs estoient Chinois,&
que ne pouvant sousfrir
la trop severe domination
du Roy de la Chine, ils
passerent dans l'Isle de Java.
Ontrouveeneffet que les Ja- 1
vansontle front& les. machoires
larges,& les yeux pe- l
tits comme lesChinois. Il n'y t
àpresquepoint de Ville dans
Java qui n'ait son Roy, &
tous ces Rois obeissoient autrefoisà
un Empereur mais
depuis environ quatre-vingt
ans,ils ont aboly cette Souveraineté
,
& chacun d'eux
est indépendant. Celuy de
Bantam est le plus puissant.
de tous. La Ville qui porte ce
nom, estau pied d'une Montagne
de laquelle sortent
trois Rivieres,dont l'une traverse
Bantam
,
& les deux
autres lavent ses murailles y
mais elles ont si peu d'eau.
qu'aucune des trois n'est lia.
vigable.LesHollandois sont
maistres de cette Place depuis
peu d'années. Le Roy
de Bantam ayant cedé le
Royaume à son Fils, ce Fils
maltraita d'abord tous ceux
qui avoient esté considerez
de son Pere. Le vieux Roy
l'ayant appris luy en fit faire
des reprimandes, & le Fils
pour s'en vanger, fit massacrer
tous ces malheureux. Ce
différentalluma la guerre
entre le Pere & le Fils, & ce
dernier fut chassé. Dans cette
disgrace
,
il demanda du
secours aux Hollandois qui
le rétablirent & mirent le
vieux Roy dans une Prison
où ils le tiennent encore.
Tout se faitaunom du jeune
Roy
,
qui ay ant une grosse
GardeHollandoisetoujours
avec luy pour l'observer, n'a
pc pouvoirqu'autant que les
Hollandoisluy en laissent.
Le Vaisseau de Mrl'Ambassadeurn'entra
point dans le
Havre de Bantam, mais on
le laissa pas de prendre tous
es rafraichissemens. dont on
ut besoin
,
& ils furent apportez
à bord par ceux du
Pays. - -¡"., -,,-'-'f.
Le 18. on arriva devant Batavia
,
où l'on demeura sept
jours pour soulager les Malades
que l'on mit à terre.
Cette Ville est située à douze
lieuës de Bantam
, vers le
Levant dans une Baye
,
qui
estant couverte de quelques
petites Isles du costé de la
Mer, fait une des plus belles
rades de toutes les Indes.
Ce n'estoit d'abord qu'une
Loge que les Hollandois avoient
à Jacatra
,
& que le
Roy de ce nom leur avoir:
permis de bastir à causedes
avantages qu'il tiroit du de j
bit des Epiceries qu'ils y venoient
acheter. Le Roy de
Bantam leur avoit aussi permis
de bastir une Maison ou
Loge dans son Royaume,
pour y laisser les Facteurs qui
devoient veiller à la conservation
des Marchandises
dont ils trafiquoient. La
mesme permission avoit esté :
donnée aux Anglois, malgré
la repugnance qu'avoient les
Javans de souffrir aucun établissement
aux Estrangers
dans leur Isle, par lacrainte:
où ils estoient qu'ils ne les
traitassentavecla mesme rugueur
que les Portugais avoient
exercée contre les
Rois Indiens qui les avoient
receus chez eux. Les Traitez
que les Hollandois avoient
faits avec ceux de Jacatra &
de Bantam
,
regloient les
Droits d'Entrée &de Sorcier
mais comme ils haussoient
ces Droits àmesurequ'ils
voyoient que le Commerce
devenoit necessaire aux Etrangers,
la mauvaise foy
qu'ils eurent
5
obligea les
Hollandois à fortifier peu à
peu leur Loge de
-
Jacatra,
pour se mettre à couvert de I
la violence que leur pourroient
faire les Barbares
quand ils voudroient se
mettre à couvert de ces injustices.
LesIndiensnes'en
apperçeurent que lors que
la Loge futen estar de desense,
& ne pouvant plus se
décharger des Hollandois
par laforcey ils se servirent
de l'occasion de la mauvaise
ntelligence où ils les virent
Lvec les Anglois, & quiéclaa
principalement batNaval au Com- qui se donna entre
ux le 2. Janvier 1619. entre
acatra & Bantam. LaFlote
Angloise qui estoit d'onze
Ramberges
,
maltraita la
Hollandonise j , qui n'estoit,
composée que de sept Navires.
LesHollandoiss'étantretirez,
le Roy de Jacatra assiegea
leur Fort, auquel ils avoientdonné
le nom de Batavia.
Il se servit des Troupes
Angloises,qui après un Siege
de sixmois,furent contraintes
de l'ab andonnerles Hollandois
ayant renforce leur Flote,
des Navires qu'ils avoient
dans les Moluques. Le Roy
de Jacatrarejetta inutilement
sur lesAnglois la cause de ces
desordres, Le General Hollandois
se paya point de ces
excuses; Il fit débarquer ses
gens au nombre d'onze cens
hommes, attaqua la Ville de
Jacatray la prit de force, &
y fit mettre le feu. Aprés ce
succez,les Hollandoisacheverent
les Fortifications de
leur Loge, & en firent une
Place reguliere, à quatre Bâstionsrevestus
de pierre,bien
fossoyée&palissadée avec
ses demy-lunes, redoutes, ôc
autres Ouvrages. Le Royde
Matran
,
quiestoitcomme
l'Empereur de toute rIfle..
assiegea le Fort en 1628.& s'étant
logé fous le Canon, fit
donner plusieurs assauts à la
Place, mais il fut enfin contraint
de lever le Siege, aussibien
que l'année suivante,
& depuiscetemps là les Hollandois
y akr- étably leur
-
commerceavec lesChinois,
Japonois, Siamois, & autres
Peuples Voisins
,
se failanc
payer dix pour cent pour les
droits de laTraite-Foraine,
de toutes les Marchandises
qui s'y débitent. Ils sont
maistres de toute la Canelle
&du Clou deGirofle quiest
dans I
dans le monde,&envoyent
tous les deux ans un Vaisseau.
au Japon; mais ils n'ont presque
point de liberté en ce
lieu là. Si-tost queleurs Vaiffeaux
y sont arrivez, on 1.
prend leurs Voiles, leurs Agrés,
& tous lesMasts qu'on
met ians unMagasin &
quelque
tempsqu'il
puisse
Faire,on les oblige à partir au
OUI; qui leur est marqué.
Le Directeur du Comptoir
l'y peut estre que trois ans. 1
^.infi il y en a toujours trois,
'un quiva,l'autre qui revient,
( le dernier qui demeure.
On ne souffre point qu'ils
aillent dans le Pays, mais Us?
en rapportent tantde riches
ses, qu'ilssesoûmettent sans
peine à ce qu'on exige d'eux.
Le General Hollandois qui ij
està Batavia,n'est pas moins
puissant qu'un Roy. Quoy
qu'on ne l'élise General que 3
pour trois ans, l'élection se 5
confirme
,
& il est toujours 2
continué. Il a une Garde à i
pied & à cheval. Ses apoin- -
temens sont de quarre mille
francs par mois, & il prend h
tout ce qu'il veut dans les
Magasins sans rendre comp- -
se de rien. Il y a six Conseillers
ordinaires qui font toules
choses
,
& quand il en
meurt quelqu'un,c'est luy
qui luy nomme un Succes-
,- seur fous le bon plaisir de la
Compagnie.Son choix en elt
toujoursapprouve. Il yaaussi
des Conseillers extraordinaires
,mais quand on prend
leurs avis, on ne compte
point leurs voix, si ce n'est
sqeuil'lielrms anque un des six Conordinaires.
Ils sont
tous logez dans la Forteresse.
La Compagnie a dans ce
Pays-là plus de deux cens
Vaisseaux qui font tout le tra- 1 fie de l'Orient.Ondit que
les Hollandois y peuvent l
faireune armée de plus, de
cinquanteVaisseauxdeGuer- '-
re. Ils ont six Gouyernemens
Généraux, desquels dépendent
tous les Gouvernemens
particuliers de leurs Places,
& par consequent tous les
Comptoirs & Loges qu'ils
ont la en tresgrand nombre,
& dans tous les lieux où ils
croyent pouvoir trafiquer.
Mr l'Ambassadeur receut
toutes les honnestetez possibles
de ce General des Hbllandois,
quil'envoya visiter
à bord 7 j , &luy -Et porter toutes
fortes de rafraichissemens.
Quoy qu'il se fust excusé
de sortir de sonVaisseau,
comme il l'en, avoir fait
prier, il ne laissa pas de defcendre
à terre Incognito, ôc
d'aller voir les beaurez de
Batavia. Après avoir donné
quelques jours aux Malades
que l'air de la terre guerit en
fort peu de tem ps, il resolut
de poursuivre son Voyage;
mais comme aucun des Pilotes
n'avoit esté à Siam, il en
prit un du Payspour passer
le Détroit de Banca qui est
dangereux. Ce fut là que la
Fregate la Maligne le rejoignit
, ce qui fut à tous un
fort grand sujet de joye. Peu
de jours aprés, Mr d'Arbouville
Gentilhomme de Normandie
,mourut dans cette
Fregate, & il fut jetté à la.
Mer avec les ceremonies ordinaires
dans ces-tristes occa
fions. Les deux Mandarins
que l'on remenoit de France
à Siam
,
n'avoient sorty que
deux fois du trou où ils s'etoient
mis dans le Vaisseau
pendant tout y ce long Voyage
,
mais lors que l'on commença
a voirdeshommes
noirs vers ce Détroitde Banca,
ils monterentsur letillac,
& donnerent de grandes
marques de joye.
Le 3. de Septembre on repassa
la Ligne, & enfin le 14.
du mesme mois on moüilla
à la Barre de la Riviere de
Siam, qui est une des plus
grandes de toutes les Indes.
On l'appelle Menam, c'est à
dire, Mere des Eaux Elle
n'est pas bien. large , mais
elle est si longue, qu'on dit
qu'on n'a pû encore monter
jusqu'a sa source. Son cours
est du Nord au Sud.Elle f
passe par les Royaumes de
Pegu & d'Auva, & en suite
parceluy de Siam. Elle a
cela de commun avec le Nil,
qu'elle se déborde tous les
ans, & couvre la terre pen
dant quatremois. En s'en
retirant, elle y laisse un limonquiluy
donne lagraisse
& l'humidité dont elle a be.
foin pour la production du
Ris. Elle se dégorge dans le
Golse de Siam par trois grandes
embouchures, dont la
plus commode pour les Navires
& pour les Barques est
la plus orientale, mais ce qui
la rend presque inutile,c'est
uu Banc de sable d'une lieuë
d'étenduë, qui est vis-à-vis
de laRiviere,& qui n'a que
cinq ou six pieds d'eau avec
la basse Marée.Lahaute y
en amene jusqu'à quinze ou
seize; maiscen'e st pasassez
pour les grandsNavires qui
demeurent ordinairement à
la rade à deux lieuës de ce
Banc. Ils y sont en seureté,
& ont en tout temps six
brasses d'eau.Ainsi le Vaisseau
de Mrl'Ambassideur
demeura à cette rade, & la
Fregate qui prenoit moins
d'eau, passa sur le Banc avec
la Marée. Quand on l'apafsé
on peut entrer dans la Riviere
jusques à BancoK, qui
est une Ville éloignée dela
Mer de six lieuës. Celle de
Siam en cil: à vingt-quatre,
Si-tost qu'on eut mouillé à
cette embouchure, Mr le
Chevalier de Chaumont envoya
Mr Vachet, Miffionnaire
Apostolique, qui estoit
venu en France avec les
Mandarins de Siam
,
donner
avisdeson arrivéeàMr l'Evêque
de Metellopolis. Cette
nouvelle causa une extrême
joye au Roy de Siam. Il ordonna
aussi-tost qu'on prearast
toutes choses pour saie
une magnifiquereception
L Mr l'Ambassadeur, & nomna
deux Mandarins du prenier
Ordre pour luy venir
aire com pliment à bord.
C'est ce qu'apprit MrleChevalier
de Chaumont par Mr
Evesque de Metellopolis,
qui vint à bord le 29. avec
Mrl'Abbé de Lyonne. Cét
Abbé estoit passé à Siam en
581. avec Mr l'Evesque d'Heliopolis,
dont il y a quelques 1
mois que je vous appris la
mort. Son zeleestconnue,&
l'on peut juger par là dufruit
qu'il a fait en travaillant à la
Conversion desInfidelles.Le
lendemain les deux Mandarins
vinrentsaluer Mr l'Ambassadeur.
Il les receut dans
sa Chambre
,
assis dans un
Fauteüil
,
&ils s'assirent à la
mode du Pays sur des Carreaux
qui étoiét surle Tapis
de pied. Ilsluy marquerent
1 la joy e que le Roy leur Maîtreavoit
de sonarrivée,& dirent
qu'on luy avoir donné
une agréable Nouvelle,en
luy apprenant quele Roy de
France avoit vaincu tous ses
Ennemis, & donné ensuite
la Paix à l'Europe. Cette Audience
finie, on apporta du
Thé& des Confitures,& l'on
tira neufcoups de Canon à
leur sortie du Vaisseau.
Le I. d'Octobre,MrConstanceFavory
duRoy,envoya
son Secretaire avec des rafraichissemens
en si grand
nombre, qu'il y en eut pour
nourrir tout l'Equipage pendant
quatre jours. Mr Constance
est un homme d'un
fort grand merite, qui s'est
élevé par sa vertu au porte
où il est. Il est Grec,de Mie
de Cefalonie
,
& fut pris petit
Garçon par un Vaisseau,
où il fut fait Mousse. C'est
le nom qu'on donne à de
jeunes Matelots qui fervent
les gens de l'Equipage. On
le mena en Angleterre,&
il continua le service dans
les Vaisseaux. Il passa aux Indes,&
de degré en degré, il
devint enfin Capitaine de
Vaisseau. Il alloit à la Chine,
& au Japon, où il trafiquoit
pour le compte des Marchands.
La tempesteluy
ayant fait faire naufrage à la
Coste de Siam
,
il fut contraint
de semettreau service
du Barcalon, qui est un des
six grands Officiers de ce
Royaume. Son employ consiste
dans l'administration
des Finances. Le Roy de
Siam avoit alors un grand
démeslé avec ses voisins,
touchant un compte par lequel
on pretendoit qu'il demeuroit
redevable de fort
grosses sommes Les Siamois
n'entendent pas bien l'Arithmetique.
Mr Constance de-
-
manda à examiner tous les
Papiers que le Barcalon a-
, voit entre ses mains
,
& il
rendit le compte sinet, qu'il
fit connoistre non seulement
que le Roy de
-
Siam ne devoit
rien
,
mais que l'autre
Roy luy devoit des sommes
tres -
considera bles. Vous
pouvez juger dans quellefaveur
il se mit par là. Le Barcalon
estant mort peu de
temps aprés, le Roy le prit
JL son service ,&il est presentement
tout puissant dans
cet Estat. Il n'a voulu accepter
aucune des six grandes
Charges
,
mais il est sort diffusde au
tous ceux qui les
exercent
,
& il seroit dangereux
dene luy pas obeïr. Il
parle au Roy quand il veut, -
c'est un privilege qui luyest
particulier. Laprincipalede
ces grandes Charges rend
celuy qui la possede comme
Viceroy de tout le Rovau--»
me.elleest presentement
exercée par un Vieillard pour
cjm le Roy mesme a grand
:*e{peâ.-Il est son Oncle & a"
ïsté son Tuteur. Ce Vieilard
estsourd
,
& on luy par- eparile moyen d'uniennp
homme que l'on sait entrer,
& quien criantfort haut,
luy fait entendre ce qu'il faut
qu'il sçache. C'est un homme
de tres-bon sens, & on
s'est toûjours bien trouvé de
ses avis.
Le 8. Mr l'Evesque de Metellopolis
revint à bord avec
deux Mandarins plus qualifiez
que les premiers, qui furent
receus & saluez de la
>•
mesme forte. Ils venoient j
s'informer au nom du Roy
de la santé deMrl'Ambassadeur,
& l'inviter de descendre
à terre. Aprèsqu'ils furent
sortis du Vaisseau, cet
A mbassadeur se mit dans son
Canot, & sur le soir il entra
dans la Riviere avec les per-
»
sonnes de sa fuite, qui avoient
trouvédes Bateaux du
Roy pour les amener. A l'entrée
de cette Riviere estoient
cinqBalons sortmagnifiques
que le Roy avoit envoyez
pour le conduire à Siam. Ce
sont des Bastimens faits d'un
seul arbre. Il y ena qui ont.
cent pieds de longueur, &,
qui n'en ont que huit on
neufpar le milieu,quiest
l'endroit le plus large,& dans
lequel il y auneespece de
Trône couvert. Mrl'Ambassadeur
coucha ce soirlaà
bord de la Maligne, qui étoit
entrée dansla Riviere quelques
jours auparavant.
-
Le 9. deux nouveaux Mandarins
vinrent recevoir ses
ordres. Ils estoienthabillez
comme les autres, avec une
maniere d'écharpe fort large
depuis la peinture jusqu'aux
genoux, sans estre plissée.
Elle estoit de toile peinte,
& tomboitcomme une culote
Il y avoit au bas une
bordure fort bien travaillée,
!& des deux bouts de l'écharpe,
l'un passoit entre leurs
jambes, l'autre par derriere.
- Depuislaceinturejusqu'en
haut,ilsavoient une maniere
de chemise deMousseline
assez ample, tombant par
dessus l'écharpe, & toute ouverte
par le devant. Les
manches venoient un peu
au dessous du cou de
,
& étoient
passablement larges.
~ls avoient la teste nuë
,
ôc
~stoient sans bas & sans souiers.
La plus part de leurs
~alets n'avoient que l'éharpe
& point de chemise.
Onze Bateaux arriverent dej
Siam chargez de toutes sor- ni
tes de vivres. Mr Constance j
les envoyoit de la part du j
Roy,qui luy avoit ordonné t
de faire fournir aux Equipagestoutes
leschoses dontils
auroietbesoin pour leur sub- fl
sistance,pendant leur séjour.
Mr l'Ambassadeur s'étant "a
i < -
mis dans un Balon partità *'j
sept heures du marin, & apres
avoir fait cinqlieuës,
il arriva dans une Maison
bastie de Bambous, qui est
un Bois fort leger, & couverte
de Nates assez propresm
Il y avoir plusieurs Chambres
toutes tapissées de toiles.
peintes. Les Meubles en estoient
fort riches, & tous les
Planchers estoient couverts
de tres-beauxTapis. La
Chambre deMrl'Ambassadeur
estoit meublée plus
magnifiquement que les autres.
Il y avoir un Dais de
toile d'or, un Fauteüil doré,
&un tres- beau Lit. Deux
Mandarins, & les Gouververneurs
de BancoK& de
Pipely le receurent en cette
Maison, qui avoir esté bâtie
expres, ainsique toutes les
autres-où il logea jusqu'àson
arrivée à Siam. Il fautaussi
remarquer que les Meubles 1
de toutes ces Maisons estoient
neufs, & n'avoient
jamais servy. Il y eut un
grand Repas, aussi abondant
en viandes qu'en fruits.
Apres que l'on eut disné, Mr
l'Ambassadeur se remit dans
sonBalon, & arriva le soir à
BancoK, qui est la premiere
Place du Royaume de Siam
sur la Riviere. Un Navire~
Anglois qui se trouva à la
rade, le falüa de 21. coups de
Canon, & les deux Forteresses
ses qui sont des deux costez
de cette Riviere, tirerent
l'une 31. coups de Canon &
l'autre29. Il logea dans l'une
de ces Forteresses, en unf
Maison fort bien bastie, &",
que l'on avoit richement
meublée. Il y fut traité avec
la mefime magnificence.
Il partit le 10. à huitheures
du marin, & receut des Forteresses
le mesme salut qu'à
on arrivée. Il fut complimenté
avant son départ, par
eux nouveaux Mandarins
ui l'accompagnerent avec
~us les autres,auffi- bien que
le Gouverneur de Bancok.
Il trouva de cinq lieuës enn
cinq lieuës de nouvelles
Maisons toujours tres-commodes
,& fort richement
meublées
,
& arriva le 12. à"É
deux lieues de la Ville de
Siam. Il avoit plus de cinquante
Balons à sa suite, de i
cinquante jusqu'à cent pieds
de longueur, & depuis trente
jusqu'à six-vingt Rameurs..
Ilssontassis deux sur chaque *
banc,l'un d'un costé, & l'au-
-
tre de l'autre, le visage vers 2
le lieu où ilsveulent arriver..
Leurs rames sont longues de *
quatre pieds, lapluspart dorées,&
ils fatiguét beaucou p
enramant de cette forte. Il
- faut cependant fort peu de
chose pour les contenter.On
leur donne du ris qu'ils font
cuire avecde l'eau, &quand
on y ajoûte un peu de poisson,
on leur fait grand' chere.
Dans tout ce passageon rendit
à Mr l'Ambassadeur les
mesmes honneurs que l'on
rend au Roy. Il ne demeura
pei sonne dans les Maisons,
& comme toute la Campagne
estoit a lors inondée,tout
le monde estoit prosterné
dans desBalons, ou ssir<
des monceaux de terre élevez
à fleur d'eau,& chacun
avoir les mains jointes proche
le front. Devant toutes
les Maisons & Villages, il y
avoir une espece de parapet,
élevé de sept ou huit pieds
hors de l'eau avec des nates.
C'est ce qu'ils observent lors
que leRoy passe. Ils se jettent
le ventre contre terre, & par
respect ils n' osentjetter les
yeux sur luy. J'ayoublié de
vous dire que toutes les
Maisons où Mr l'Ambassadeur
logea, estoient peintes
derouge,ce qui est particu
lier aux Maisons du Roy.
On y faisoitgarde pendant
lanuit, & ilyavoit des feux
tout autour.
Le 13. Mr m'Ambassadeur
fit prier le Roy de luy vouloir
envoyer quelque personne
de confiance avec
qui il pust s'expliquer, parce
que les manieres de recevoir
les Ambassadeurs des Roys
d'Orient
,
estoient differentes
des Ceremonies que l'on
devoit observer en recevant
un Ambassadeur du Roy de
France. Mr Constance vint
à bord le lendemain
,
& ils
convinrent ensemble de
toutes choses.
Le 15 tout le Seminaire
de Siam vint saluer Mr le
Cheualier de Chaumont. Il
y avoit plusieurs Prestres venerables
par leur grande
barbe, & quantitéde jeunes
Chinois, Japonois, Cochinchinois,
Siamois & autres,
tous en long habit, & avec
une modestietres-édisiante.
Les uns sont dans les Ordres
Sacrez,&les autres aspirent
a y entrer.
Le 16. les Deputez de toutes
les Nations établies à
Siam au nombre de quarante
deux, le vinrentcomplimenter.
Ilsestoient tous habillez
à leur maniere, ce qui
faisoit un effet tres. agréable.
Lesunsavoient desTurbans,
les autres des Bonnetsàl'Arménienne,
ceux-cy des Calotes,&
quelques-uns des Babouches
comme les Turcs,
Il y en avoit qui estoient
teste nuë ainsi que les Siamois,
parmy lesquels ceux
qui font d'une qualité distingllée,
ont un Bonnetcomme
celuy d'un Dragon. Ilest
faitde Mousseline blanche,
& se tient toutdroit. Ils l'arrestent
avec un ruban qu'ils
passent tous leur menton.
Le 17. Mr Constance vint
voirles Presens que Sa Majesté
envoyait nu Roy son
Maistre
,
&il amena quatre
Ballons magnifiques pour
les porteràSiam.
Le 18. Feste de S. Luc,
M l'Ambassadeur sedisposa
à son entrée dés le matin, &
il commença par offrir à
Dieu son Ambassade
,
puisqu'elle
n'avoit esté resoluë
que pour sa gloire. Il fit ses
Dévorions avec sa pieté ordinaire
,
& ensuite il alla
:rouver deuxOyas& quaante
Mandarins qui l'attenloienc
dans la Salie. Les
Dyas sont comme les Ducs -
n France. Il prit la Lettre
lu Roy, & la mit dans une
Boëte d'or, cette Boëte dans
ne Coupe d'or, la Coupe
~DUS une sous-Coupe d'or, &
exposa ainsi sur la table, ou
stoitun richeDais. LesOyas
les Mandarins se profernerent
les mains jointes
11* lefront, levisage contre
rre, & salüerent trois fois
la Lettre en cette posture-
C'est un honneur qui n'avait
jamais esté rendu dans
ces fortes de Ceremonies.
Cela estant fait, Mr l'Ambassadeur
prit la Lettre avec
le Vase, le porta septouhuit
pas & l'ayant donné
à Mrl'Abbé de Choisyqui
marchoit un peu derriere.à
sa gauche,
il alla jusqu'a la
Riviere, où il trouva un Ba-
Ion très-doré
,
dans lequel
estoient deux grands Mandarins.
Alors il reprit la Lettre
du Roy, des mains de M
l'AbbédeChoisy,laportajusue
dans ce Balon & l'ayant
onnée à l'un desdeux Man-
~arins, ce Mandarin la mit
iixs un Dais fort élevé en
pince & tout brillant d'or.
* Balon où cette Lettre tmise
,
suivit ceux qui
~rtoient les Presens du Royeux
autres estoient de cha-
~e cofté
, & il y avoit.
~ux Mandarins dans chaa
pour garder la Lettre.
~tit autres Balons de l'Estat
Siam, tous fort magnifies
,
suivoient ceuxcy ,
Ôc
cedoient un tres -
super-
Balon où Mr l'Ambassadeurestoit
seul. Mrl'Abbé
de Choisy estoit aussi feullli,
dans un autre, & il y en avoit
de vuides qui servoient
d'escorte à droit& à gauche.
-
En suite parurenr quatreautres
Balons, où estoient les
Gentilshommes & les Officiers
de Mr l'Ambassadeur.
Dans d'autres estoientles
Gens de saisuite, tous fort
propres, & accompagnez de 3)
Trompettes & de dix-huit
hommJ.es de livrée. Elle cftoit
fort magnifique,&frap- -<j
pa les Siamois plus que l'or n
des Juste-au-corps. LesNations
étrangeres furent du
Cortege, & l'on ne voyoit
que Balons sur la Riviere.
Les grands Mandarins marchoient
à la teste en deux
colomnes. Le Balon oùef-
~oit la Lettre du Roy & les
leux Balons qui la garloient
avec celuy de Mr
»Ambassadeur
,
tenoient le
milieu. Si tostqu'il fut arrivé
terre, la Ville le salüa
, ce
qui ne s'estoit jamais fait
pour aucun Ambassadeur. Il
~ortit de son Balon,& ayant
~epris laLettre du Roy, illa
pic sur un Char de Triomphe
qui l'attendoit, & quiu
estoit encore plus magnifï--que
que que le Balon. On le ~fiéd
monter dans une Chaise ~déJj
couverte, toute d'or, & ~quoi,
dix hommes porterent. M"i\
l'Abbé de Choisy fut ~portôr
dans uneautre. Les~Gentils-?
hommes & les ~Mandainen
suivoient à cheval, & les/j
Trompettes, & tous les ~Genen
de laMaison de Mr~l'Am-rr
bassadeur alloient à ~piecVj
en fort bon ordre. Les Na~x,l
tions suivirent aussi à ~piedhz
On marcha de cette ~fortor;
dans une ruë assez longue, &&
largeà peu pres comme la
ruëdeS Honoré.Elleestoit
bordée d'arbres, & dune
double file deSoldats, le Pot
enrested'un metaldoré, leBouclier & ferentes au bras avec dif- armes, Sabres, Piques,
Dards, Mousquets,
Arcs & Lances. Ils estoient
nuds pieds., & avoient une Chemise rouge, avec une Echarpe de toile peinte qui leur servoit de culote, com-
~me j'ay déja marqué. Des Tambours sonnant comme des Timbales, des Musettes,
des manieres de petites Cloches,&
des Trompettes qui
nerendoient qu'un son des
Cornet,formoient une har- -
monieaussibizarre qu'extraordinaire.
Apres avoir passé
-
u
par cette ruë, on arriva dans 21
une assez grande Place. C'es- -
toit celle du Palais. On ~n
voy oit des deux costez plumesieurs
Elefans de guerre, & :),
des hommes à cheval habil- - lez à la moresque avec la
-
Lance à la main. Les Na- ~-
tions avec tout le restedu Il
Cortege,quitterent M'l'Am- -e
bassadeur en ce lieu là , à la Li
reserve de ses Gentilshom- -1
mes. Avant que d'entrer ij
dans lePalais, il prit la Lettre
du Roy qu'il remit entre les
mains de Mrl'Abbé de Choi-
(y. En suite on marcha à
pied fort gravement. Les
Gentilshommes & les Ovas
alloient devant en bon ordre.
On traversa plusieurs
Courts. Dans la premiereil
y avoit deux mille Soldats le
Pot en reste, & le Bouclier
lOfé) ayant devant eux leurs
Mousquetsfichez en terre;
ls estoient assis sur leurs taons.
Dans la seconde par~
uurreenntt tcrrooiiss cens CChheevvaauuxx-.
~en Escadron, avec plus de
quatre-vingts Elefans, & :
dans la derniere estoient : quantité de Mandarins le
visage en terre, & soute-
-
nu sur leurs coudes. Il y >
avoit six Chevaux dont 3
tout le harnois estoit d'une e
richesse que l'on auroit peine
à exprimer. Brides,Poitrails,
( Crou pieres,Courroyes
, tout 3
estoit garny d'or,& par des- -
sus il y avoit un nombre infiny
de Perles,de Rubis&de 3
Diamans, en sorte qu'on ne s
pouvoit voir le cuir. Les 2:
Estriers estoient d'or,& les v
Selles d'or ou d'argent. Ils EJ
avoient des anneaux d'or
aux pieds de devant
, &
estoient tenus chacun pardeux
Mandarins.On y voioit
aussi plusieurs Elephans richement
enharnachez,comme
des Chevaux de Carrosse.
Leur harnois estoit de velours
cramoisy avec des boucles
doréesLorsquel'on fut
arri vé auxdegrez de la Salle
destinée pour l' Audience,
Mr l'Ambassadeur s'arresta
avec Mr Constance qui l'cf---
toit venu trouver, pour donner
le tem ps à ses Gentilshommes
d'entrer avant luy
dans cette Salle. Ils y entrerent
à la Françoise, & s'assirent
sur de superbes Tapis,
dont tout le plancher estoit
couvert. Les Mandarins &
tous les Gens de la Garde se
placerent de l'autre costé, &
pendant ce temps le Barca-
Ion dont on n'avoit point
encore entendu parler, entretenoit
Mr l'Ambassadeur
au bas du degré. Il luy dit
qu'a la nouvelle de son arrivée
ala Barre de Siam, il avoit
eu envie de l'aller trouver,
mais que les Affaires de
l'Estat ne luy en avoient
point laissé le temps. Ce
compliment estoit à peine
~Un y
>
qu'on entendit les
Tronl pettes&les Tambours
~lu dedans. Les Trompettes
lu dehors répondirent à ~niit,quifaisoitconnoistcree
~ue le Roy montoit à son
~trône. En effetil parut dans
e moment, & à mesme
~nips tous les Mandarins se
~ofternerent" pat terre les
ains jointes, suivant leur
~»ultumé.' Les François le
~üerenr, mais sans se le.
~r de leurs places. Alors
~Confiance&leBarcalpn.
entrerent dans la Salle les
pieds nuds
,
& en rampant
sur les mains & sur les genoux.
Mr l'Ambassadeur les
suivit
, ayant à sa droite Mr
l'Evesque de Merellopolis,
&à (a gauche M l'Abbé de
Choisy
,
qui portoit le Vase
où estoit la Lettre du Roy.
On tient qu'il pesoit du
moins cent livres, & il l'avoit,
toûjours eu entre les.
mains depuis qu'on l'avoir
tiré du Char de Triomphe.
Il estoit en habit longavec
un Rochet, & son ~manteaux
par dessus.Mrl'Ambassadeurs
osta son chapeau sur le dernier
degré dela Salle, & appercevant
le Roy dés qu'il
fut entré,il fit une profonde
\- reverence. Mr l'Abbé de
Choisynefalüa pas , parce
qu'il portoit la Lettre du
Roy.Ilsmarcherent jusqu'au
milieu de la Salle
, entre les
François assis sur les ta pis dit
Plancher & deux rangs de
grands Mandarins prosternez,
parmy lesquels il y avoit
deux Fils du Roy de
Chiampa
,
& un Frere du
Roy de Camboie, Mr l'Ambassadeur
fit une seconde reverence
,& s'avançant toujours
vers le Trône; lors
qu'il fut proche du lieu où
estoituneChaise à bras
qu'on luy avoir preparée, il
en fit une troisième, & commença
sa Harangue,ne s'asseiant
Ôc ne mettant ion chapeau
qu'aprés en avoir prononcéle
premier mot. Il dit
au Roy de Siam
,
£hte le Roy
son Maistre, fameux par tant de
Victoires, & par la paix qu'il
avoit accordée tant de fois à jes
Ennemis, luy avoit commandé
de venir trouver Sa Majesté aux
extremitez de l'Univers
, pour
luyi
w
wy pfeflnter des marques de jon
ejftme, er l'afj-rcr de son amitié
; mais que rien nefloit plus ca..
fable d'unir deux sigrands Princes
t que de vivre dam les fntinjem
dune mtfrne croyance; que cestoitparticulièremint ce que le
Roy son Maiflreluyavot recommandé
de rrpYl/ enter à Sa
Al.siesté
;
Quele Royleconjuroit
Par l'interef}quilpi non: à ra
véritable gloire
)
de co?1.fidrer
tjue cettesuprême A/fcjefit dont il
ijloit revcjîu sur Li Tcrre
, ne
wàuvoit venirque 'u vr yT)iru dire, du Di u Tout puiss
ant ,
Eternel Infiny
,
tel que
Ses Cbreftiens le reconnoijfent*
qui seulfait regner les Roys,&
réglé lafortune de tous les Peuples
; Que c'efloit à ce Dieu du
Ciel & de la Terre qu'ilfalloit
soumettre toutessesgrandeurs,
non a ces 'Vi'Vinitez qu'on adore
dins l'Orient,rItr dont Sa Maje/
lequi avoittantde lumierese
de pénétration
, ne pouvoit manquer
de voir l'impmjfance. Il finieen
disant,quelaplus agreableNouvelle
quil pourroit porter
au Roy [on Maigre
y
feroit que
Sa Majeftéperfuadée dela veri.
té,sifaisoitinstruire dms la ReligionCbrejhenne
; que cela cimenterott
a jamais iejnme &
iamitié entre les deux Rays ; que
iesFrançoisviendraient dans fort
Royaume avec plus d'empreffimentg)
de confiance,&quâinfi
ea Majefié s'attireroit un honheur
eternel dans le Ciel, après a.
suoit régnéavec rant de prosperité
surla Terre.
- Mr TAmbassadeurprononça
cette Harangue toûjours
assis,& sans oster son Chapeau
, que lors qu'il nommoit
quelqu'un des deux
Roys. Mr Confiance en fut
l'Interprete, & se prosterna
trois fois avant que de corn»
mencer. Aprés quoy M41le
Chevalier deChaumont prit
la Lettre de Sa Majesté des
mainsde Mrl'AbbédeChoisy.
Le Vase où onl'avoitenfermée,
estoit soustenu d'un
grand manche d'or de plus
de trois pieds de long. Ils'avança
jusqu'au Trône, qui
estoitune manieredeTribune
assez élevée dans une fenestre
de la Salle,& il presenta
le Vase sans hausser la
main. Mr Constance luy dit
qu'il prist la Coupe par le
baston, mais il n'en voulut
rien faire. Le Roy se mit à
rire
,
& s'estant levé pour
prendre le Vase, il se baissade
maniere qu'on luy vit
plus de la moitiédu corps. Il
regarda la Lettre qui estoit
dans une autre Boëte d'or
que ce Princeouvrit. Il avoir
une Couronne toute brillante
de gros Diamans, avec un
Bonnet comme celuy d'un
Dragon, qui se tenoit droit,
artaché à la Couronne. Son
Habit estoit une maniere de
Juste-au-corps d'un Brocart
d'or, dont le fond estoit UEP
rouge enfoncé. Ce Juste-aucorps
luy serroit le col & les
poignets, & aux bords il y avoitde
l'or&desDiamans,qui
faisoient comme un collier
& des bracelets.. Il avoit aux
doigts quantitéde Diamans.
LaSalle de l'Audience étoit
elevée de douze ou quinze
degrez.Elle estoit quarrée &
assez grande, avec des fenestres
fort baffes de chaque
coste. Les murs estoient
peints, & il y avoit de grandes
Fleurs d'or depuis le
haut jusqu'au bas. Le platfond
estoit orné de quantité
de Festonsdorez, Deux
Escaliers conduisoient dans,
une Chambre ouestoit le
Roy, & au milieu de ces Escaliers
estoit une fenestre
brisée, devant laquelle on
voyoit troisgrands Parasols
par étages qui alloient jusqu'auPlat
fond,l'étoffe estoit
d'or,& une feüille d'or couvroit
le baston. L'un de ces
trois Parasols estoit au milieu
de la fenestre, & les deux:
autres aux costez. Ce fut par
cette fenêtreque leRoyparla,
Mr le Chevalier de Chaumont
estant retourné en [a'v
place, apres avoir donné la
Lettre de SaMajesté, ce qui:
futune grande marque de
distinction pour l'Ambassadeur
du Roy de France, les
Roisd'Orient ne prenant
aucune Lettre desmains des
Ambassadeurs, Sa Majesté
Siamoiseluyditqu'Elle recevoit
avec grande joye desmarques
de l'estime&del'amitié
du Roy & qu'il luy
seroit fort agréable de luy
faire voir en sa personne
combien elles luy estoient
cheres. Apres celaMrl'Am-
-
bassadeur luy montra quelques
Presens du nombre de
ceux que le Roy luy enroyoit,
& luy- presenta Mr
'AbbédeCkoify5&lesGen-
- iishommes. Ce Prince luy
larIa des Ambassadeurs qu'il
voit envoyez dans le Soleil
Orient, & demanda des
ouTelles de la Maison
.oyale, & ce qui se passoit
n Europe. Mr FAmbanaeur
répondit que Sa Mailsatcée,
apresavoir pris la forte
de Luxembourg avoit
oligél'Empereur,, les Espanols,
les Hollandois, & tous
s Princes d'Allemagne à
gner avec luy une Tréve
3 *
: vingtans. Il fit encore
d'autres Questions sur lesquelles
Mr l'Evesque de Metellopolis
servit d'Interprete,
& apres que M l'Ambassadeur
y eut répondu, on tiraun
Rideau devant la Fenestre
de la Tribune. Ce fut par
là que l' Audience finit. Elle
dura plus d'une heure, &
les Mandarins demeurerent.
prosternez pendant tout cor
temps. Ils avoient tous un.
Bonnet,mais sansCouronne,
& chacun d'eux tenoit une
Boëte, pleine de Betel &
d'Areque, dont ils usentencore
plus que nous ne faions
icy de Tabac, C'estpar
diference de ces Boëtes.
u'on peut distinguer leurs
ualitez.
Au sortir de l'Au dience,
Mr l'Ambassadeur fut conuit
dans le Palais, où il vit,
Elefant blanc. On luy rend
e grands honneurs, & on.
regarde comme une Diviité.
Quatre Mandarins sont
ûjours aupresde luy. Deux
ennent un Eventail pour
nasser les Mouches, & les
eux autres un Parasol, afin,
empescherqu'il ne soit inommodé
du Soleil.Ilest
servyen Vaisselle d'or.
-
One
en éleve un petit qui sert
son Successeur.. Lors qu'il 1
besoin de se laver, on le .me-si
ne à la Riviere, & alors les
Tambours &les Trompetes
marchentdevantluy. Dans
l'endroit où on le lave, il )(
a une espece deSale couverte,
destinée pour cet usage
Il y a eu autrefois de grandesGuerres
pour l'Eléphant
bbllanc '1 f1. 1 1 ,v,
,
& il a cousté la vie iî i
plus de six cens mille personnes.
Le Roy de Pegu
ayant appris que cet,Animal
estoit possedé par le Roy
e Siam,luy envoya une
mbassade des plus solembiles
pour le prier de le
lettre à prix, s'offrant d'en
lyer ce qu'il voudroit. Ce
t en 1568. Le Roy de Siam
rant refusédes'en défaire
luydePegu leva une Arée
d'unmillion d'hommes
en aguerris
,
dans laquelle
y avoit deux cens mille
hevaux
,
nans cinq mille Ele- ,
& trois mille Chaeaux.
Quoy que Pegu soit
Digne de Siam de soixante
cinqjournées de Chaeau
,
il ne laissa pas avec
cetteredoutable Armée, de
venir amener son Ennemi
dans laVille Capitale. Il
prit& laruinaentierement
s'estant rendu Maistre de se
Trésors, de sa Femme & db
ses Enfans, qu'il emmena i
Peguavecl'Eléphant blancs
Le Roy de Siam se défen
dit jusques à l'extremité, &
voyant sa Ville prise
,
il fl
jetta du haut de son Palais
en bas, d'où il fut tiré crû
pieces. Quelques-uns écrin
vent que le Siege dura vingt
deuxmois,&que cette guerre
re couta plus de cinq cen
mille hommes au Roy de
Pegu. Jugezcombien il en
dût perir ducosté des Siamois.
Les Indiens trouventquelque
chose de Divindans l'Elesant
blanc. Ils disent que
ce n'est pas feulement à
cause de sa couleur qu'ils le
respectent, mais que sa fierté
leur fait connoistre qu'il veut
qu'on le traite en Prince,
Sr. qu'ils ont remarqué plurieurs
fois qu'il se fâche,
quand les autres Elefans
nanquent à luy rendre
'honneur qu'ils luy doivent.
Apres que l'on eut fait
voir cet Elefant à M l'Am—r
bassadeur, il fut conduit àssi
l'Hostel qu'on luy avoitpreparé.
Par toutoù il passa, illi
trouva des Elefans avec les
Soldats qui bordoient les
chemins en tres-bel ordre,s
Quelques Troupes,& plusieurs
Mandarins montez sur
des Chevaux ou sur des Elesans
magnifiquementenharnachez,
marchoient devant
luy, & grand nombres
d'autres suivoient par hon- -c
neur, Ainsi il ne manqua &r
rien à cette Entrée pour la d
rendre très superbe. Tous
Siam joüit de ce grand Spectacle,&
ce qu'il y eut de surprenant,
c'est que tout le
monde estoit prosterné,comime
si le Roy eust passé luymesme,&
cela sefitavecun
si grand respect, que l'onnentendoit
personne cracher,
tousser, ny parler. Les
ordres du Roy avoient elle
donnez pour cela, ce qu'il
n'avoit jamais fait pour d'autres
Ambassadeurs. Il est remarquable
que les Siamois,
Rapportent aucun desous en
laissant, & qu'on ne voir
parmy eux, ny Boiteux, ny
Bossus, ny Borgnes. S'il y a
quelques Aveugles, ils ne le 1
font que pour avoir estécon- j damnez à cette peine pour
quelque crime commis.
La Ville de Siam, que î
quelques uns apellentIndia J
d'autres Iudia, est la Capitale
du Royaume, & l'une des j
plus grandes & des plus peuplées
de toutes les Indes. Ses 1
Remparts sont environ de z
trois toises de hauteur,&elle
a des Bastions de toutes les aj
sortesde plats, de coupez & al
desolides. La Riviere deMenam
qui y coule enhuit enadroits,
y forme deux Isles,
Elle a plusieurs belles Ruës,
& des Canaux qui sont assez
regulierement tirez. La plus
belle est celledesMores. Ce - qu'ils a ppellent le Quartier
de la Chine est aussi tresbeau.
LesMaisons ne sont
pas laides, & il y en a sort
peu où l'on ne puissealler
enBatcau. Surtout les Temples
& les Monasteres sont
tres-bienbattis. Ils ont tous
les Pyramides dorées qui
ontun très bel effet de loin
;zs, Faux-bourgs, des deux
costez de la Riviere sont
pour le moins aussi grands
& aussi ornez de Morquées
& de Palais que la Ville mesme.
Celuy du Roy est d'une
si grande estenglue, qu'on
le pourroit prendre pour une
seconde Ville. Il ases Remparts
separez ,& les Tours
qui l'environnent en grand
nombre sontfort élevées,
& très-magnifiques..
Mr le Chevalier de Chaumont
trouva au lieu où il sur
conduit,des Mandarins qui
estoient degarde
,
& que
l'on avoit chargez defaire
fournir tout ce qui luy seroit
necessaire pour sa dépense.
Le 19. Mr Confiance fit assembler
tous les Mandarins
Etrangers
,
& leur declara
que le Roy son Maistre vouloit
qu'ils se rendissent tous àl'Hostel de Mrl'Ambassadeur
,
afin qu'ils fussenttémoins
de la distinction avec
laquelle il traitoit le Roy de
France, comme estant un
Monarque tout- puissant, &
qui sçavoit reconnoistre les.
donneurs qu'on luy faifoir.
Ces Mandarins répondirent
qu'ilsn'avoient jamais veu
d'Ambassadeur de France;
mais qu'ils estoient fort persuadez
que cette distinction
estoit deuë à un Prince aussi
grand, aussi puissant, &
aussi victorieux que celuy
qui regnoit sur les François,
puisqu'il y avoit long-temps
que ses Victoires estoient
connuës par tout l'Orient.
Ils allerent aussi-tost salüer
Mr l'Ambassadeur, & le mesme
jour Mr l'Evesque de
Metellopolis se rendit au
Palais où le Roy l'avoit mandé
pour interpreter la Lettreque
Mr le Chevalier de
Chaumont luy avoir donnée
e jour precedent. Envoicy
es termes.
LETTRE
DU ROY
TAU ROY DE SIAM. RES HAFT, TRES PVISSANT,
TRES. EXCELLENT,
ET TRESMAGNANIMEPRINCE,
ET NOSTRE
;H'ER ET BON AMr, DIEV
rEVIllEAUGMENTER VOS-
-RE GRANDEVR AVEC YNE.
rIN HEVREYSE.
Nous 4ious appris avec déplaisir
la perte des mbfadeurSI
que :~ nous envoyajîa en1681. -
&Nous avons cflé informe^par
ItiPreflres Mijjionnaires quifont 1
njen;$ deSian
, C. par les Letj
très nueno?Adimlhts ont reteuës j
de h p.irt de celiiya qui vous 1
confia VO) pnncipules affaires e>rijffpm-nr 3, avec leCjnA vous
Joubair.'XnojhramneRoyale.
Ccflpouryfartsfa'rcque nous
avons choisy le Sieur Chevalier'
de Chaumontpouy nolire Ambaf-
Jadeur,quivous apprendra plusparticulièrement
nos intentions9
sur tout ce qui peut contribuer àK
ejldlirpout toujours cette amitié
fi/ide
fllidr entre nous.CependantAlc,
ferons tres-ais de trouver les
occûfons de tous témoigner la
reconnoijjance avec laqui lie nous
avons appris que vous conrznuez
a donner voflre protcfhon aux E-
'Vesques, cm euxautres ÀdiJJionnaires^
potfohcj'ei, quitravaillenta
linflrufliondetosSujets
ians laRetio-ion Cbjeflien,,,e,
lotreefiimep meulièreincurvons
Wus fait desirer ardernn em que
}OKS 'Vur¡fluZ bien vous-mfmc
k écouter) Çj7 apprendre d\u,x ïvéritables À^aximas @r les
fistres f^cre-^dune si fat.te
9y, dans laquelle un a la LulMijfance
du vray Dieu,qui Jîufa
peutJaprés TOUS avoirfait rtgnem
long temps & glorieusement (un
vos Sujets ,
101.$combler d'u
bon heur eternel. Nous avenui
chargénoflreAmb^Qaieur dese
choses les plus curreujes de noftrt
Royaume, qu'il vous prejenter
comme unemarque de noflre ePi_j
me
y
& il vous expliquera aussi
ce que nous pouvons Jfjinr dt
voui pour l'avantage du Com-A
merce de nos Sujets.Sur ce,Afousm
prions Dieu qu'ilvueilleaugmentas
tervoftre Grandeur avec toute fin^\
heureuse. Ecrit en Noflre Cha.X
(eaU Royal le u. Janvier168
Vostre tres cher & bon Amy,
LO VIS, & plus bas COLBERT.
Quelques jours a pres,
le Roy envoya des Presens
à Mr l'Ambassadeur,
sçavoir plusieurs pieces de
Brocart, des Robes du Japon,
une garniture de Boutons
d'or, & diverses curiositez
du Pays. Il y en eut
aussi pour Mr l'Abbé de
Choisy
,
& pour les Gentilshommes
François.
Le 2,5. il fut mené à une seconde
Audience dans une
Salle à costéd'uneautre où
,eHoir l-e Roy. Le disçours étant
tombé sur la Famille
Royale, Mr l' Ambassadeur *>
dit au Roy de Stam que lu-
- nion y estoit sigrande, que
Monsieur,Frere unique de Sa
Majesté,avoitgagné une
grande Bataille pour le Roy v
sonFrere, contre les Ennemis
liguez,& commandez s
par le General des Hollandois
, qui avoient le plus de s
Troupes danscette Armée;à
quoy le Roy de Siam répondità
peu prés en ces termes.
Je ne m'étonne point que le Roy \(
de France ait réüssidanstoutesses
r entreprises,puis qu'ilaun Frere
l
si bien uny avec luy.La desunion
ejb ce qui renverse les Etats. lec"
sçay les malheurs qu'elle a causez
dans la Famille Royale de Matran
, & dans celle de Bantam,
&sçache le Grand Dieu du Ciel
ce qui arrivera de la mienne.Ce-
Roy a deux Freres ,dont lais-
Xïéfiir tout est tres-remuant.
Il a trente-sept ans, & est
fort incommodé de sa Perfodne.
Peut-estre l'a t'on mis
en cétestat afin de tenir (on.
ambition dans l'impuissance
d'agir. Le plus jeune est
moins âgé de dixans. Il est
muet , ou il fait semblant de
l'estre. Ils ont chacun leur
Palais,& leurs Domestiques,
& ne voyent le Roy leur
Frere que deux fois l'année.
Le Roy peut avoir cinquante
cinq ans. Il est bazanné
de , moyenne taille, & a les
yeux noirs, petits
,
& fort
vifs. Outre deux Oncles qui
sont fort vieux, & dont l'un
luy a servy de Tuteur, il a
des Tantes qui n'ont jamais
esté mariées. Cette seconde
Audience dont j'ay déja
commencé à vous parl er , finit par une matiere de Religion
qui n'eut point de suite.
Mr l'Ambassadeur dit au
Roy, que le Roy son Maître
ne souhaitoit rienavec
plus d'ardeur que d'apprendre
qu'il consentist à se faire
instruire par les Evesques &
Missionnaires qui estoient
dans ses Etats. Il se leva, ôc
ne fit point de réponse. Lors
qu'il se fut retiré, Mr Constance
mena Mrle Chevalier
de Chaumont dans le Jardin
du Palais, où le disner
estoit preparé, Son Couvert.
estoit en Vaisselle d'or; tous
les autres furent servis en
Vaisselle d'argent. Le Grand-
Trésorier, le Capitaine des
Gardes, & d'autres grands
Mandarins servirent à table.
Lerepas dura trois heures,
& l'on allavoir delà l'Estang
du Jardin
,
où il se trouve
plusieurs poissons curieux.
Ilsenvirentun entre autres
avec un virage d'homme.
Le 26. Mr Constancerenditvisite
à Mr l'Ambassadeur.
La Conversion du Roy
fut le sujet de leur entretien.
Mr Constance yfit paroistre
de grandes difficultez
,
sur
ce qu'il seroit tresdangereux
de donner pretexte à
une revolte, en voulant
changer une Religion establie
& professéedepuis tant
de Siecles. Illuy fit connoîue
que leRoyavoit un Frere
quine cherchoitqu'à broüiller;
que c'estoit toûjours
beaucoup que Sa Majesté
permist qu'on enseignast la
Religion Chrestienne dans
son Royaume; qu'illafalloit
laisser embrasser aux Peuples
&aux Mandarins mesme,
si quelqu'un d'entr'eux
vouloit se faireChrestien,
8c qu'avec le temps les choses
pourroient prendre une
autre face.
Le29. Mr le Chevalier de
Chaumont alla visiter le Barcalon,
qui dans les honneurs.
qu'il luy Et rendre le distingua
desautresAmbassadeurs,
ainsi qu'avoit fait le Roy. Mr
l'Evesque de Metellopolis
l'accompagna dans cette visite
, & leur servit dInterprete.
Le 30. on alla au Palais
pour voir ta grande Pagode.
C'est ainsi que les Siamois
appellent leurs Temples
mais ils ne laissent pas de
donner aussi le nom de Paggooddeess
àà leurs Idoles. En pas- Isant
par la premiere Court,
Mr l'Ambassadeur eut le divertissement
d'un combat de
deux Elephans On les avoit
attachez ensemble par les
jambes de derriere
,
& deux
hommes estoient sur chacun,
de ces Animaux, l'un sur le
col
,
l'autre sur la crou pe. Ils
esanimoientavec un croc, lui leur servant d'aiguillon,
es faisoit tourner comme ils
ouloient. Ce Combat ne
onsista qu'en des coups de
ent & de trom pe. On dit
ue le Roy y estoit present
mais il ne se laissa pointvoir.
Les Elephans ont beaucoup
d'intelligence& onleur fait
comprendre aisément tout
ce qu'on leur dit. De cette
Court on passa dans plusieurs.
autres avant que de trouver
la Pagode. Le Portail en est
antique, de assez bien travail.
lé.C'estuntres-beau bastimens
, dont l'Architécture
est presque semblable à celle
de nos Eglises. Les yeux
furent fra ppez enentrant,de
plu sieurs Statuës - de cuivre
doré, qui semblent offrirun
Sacrifice à une grande Idole
qui est touted'or.Elle a quarante
pieds de longueur,
douze de largeur
,
& trois
pouces d'épaisseur. Son poids
est de plus de douze millions
d'or Dans-une guerre où
ceux de Pegu conquirent
presque tout leRoyaume de
Siam, ils couperent une
main à cette Idole. Elle a
icihe remplacée depuis. Aux
deux costezdecette Pagode,
il y a plusieurs autres petites
Idoles dont la plus grande
partie est d'or. Des Lampes
Allumées depuis le haut jusqu'au
bas, font voir dans
quelleveneration elles sont Au fond est une autre Idole
en forme de Mausolée. Elle
est d'un prix extraordinaire.
Parmy ce grand nombre on
en voit une qui bien qu'assise
les jambes en croix,asoixante
pieds de haut. De cette
Pagode M"1"Ambassadeur
alla dans une autre qui en
dépend, & pour y aller, il
passasous une voûte qui est
en forme de Cloistre. D'un
costé de cette voûte,il y avoit
de deux pieds en deux
pieds des Idoles toutes dorées
,& devant chacune bruloituneLampe
queles Talapoins
ont soin d'allulller
0,«Zous les soirs. Dans cette seconde
Pagode Mr l'Ambasfadeur
vit le Mausolée de la
Reyne dccedée depuis quatre
ans, & celuy d'un Roy
de Siam, representé par une
grande Statuü couchée sur
le costé. Il est habillé comme
le sont les Roys de ce
Pays là aux jours de Ceremonies.
Cette Statuë qui est de
cuivre doré
, .a vingtcinq
piedsde longueur. En d'autres
endroits font quantité
de Statuesd'or & d'argent,
avec des Rubis & des Diamans
aux doigts, La princi- pale - beau ré de toutcelaconsiste
dans les richesses,la-plus
grande partiede cequ'il y a s
de plus precieux dans le
Royaume, estantrenfermée
dans les Pagodes. Au sortir
de là, Mr l'Ambassadeur vit i
les ElephansduRoy qu'il fait i
nourrir au nombre de plus 2
de dix mille. Il vit aussi une i
piece de Canon de fonte q
fonduë à Siam qui est de s
vingt-quatre pieds, & qui a j
quatorze pouces de diamet-
-
tre par l'embouchure.
-
Le 3I. - on fit de fort grandies
réjoüissance pourle coueiincirient.
du. Roy de Portugal.
On tira quantitéde
f J
coups de Canon,&il y eut le
f*ir un feu d' Artifice.Cesréiouiflincesfurentcontinue'es
»
u lendemain,premierjour.
[^Novembre
, par Mr Con- rance qui donna un grand
'dhrT, où MrAmbassadeur
.le invité. Il s'y trouva avec
put ce qu'il y avoit d'Euroéens
dans la Ville. On n'enfndit
que coups de Canon
ifqua la nuit,& on tira
ujourssans discontinuer.
Tous les Bastimens qui é- -
toient sur la Rivierre
,
tirerent
aussi après le repas,
qui fut suivye d'uneComedie
de Chinois,&: d'un autre
Divertissement,façon de -j
Marionnettes. Il y eut quelque
chose d'assez surprenant
& de singulier dans cette
Feste. î
Le 4. de Novembre Mr
Constanceavertit Mr l'Ambassadeurque
leRoy devoit
sortir pour se rendre àune
Pagode,où il a accoûtumé
d'aller tous les ans. Comme
ce jour estoit un de ceux Otli
il se montre à ses Peuples,la
mSeremonie meritoit qu,'on
empressa pour la voir. On
e conduisit dans une Salle
ue l'on-avoir pre parée sur
eau pour luy donner ce
laisir. D'abord il passaun
rand Balontout doré,dans
quel estoit un Mandarin
si venoit voir si toutestoit
en dans l'ordre. Il fut suisde
plusieurs Balons rem- des plus qualifiez des
andarins, tous habillez de
ap rouge. Ils doiventestre
tus de mesme couleuren
pareils jours, & c'estle
y qui choisit cette couleur.
Ils avoient des bonnets <
blancs dont la pointe estoit j
fort élevée.Les Oyas étoient
distinguez par un bord d'or
qu'ils avoient a leurs Bon- J
nets. Je ne parle point de a
leur écharpe;elleestoit telle b
- que je l'ay déjàdécrite. On 11
vit paroistre aprés eux quan- titédeMandarins du second J]
ordre, des Gardes du Corps,
&piusieurs Soldatsqui oc<~
cuperent les ailles. Le Roy
estoit dansun Balonmagnisique,
à chaque collé duque
il yen avoit un autre qui nC.
-
toit pas moins brillant. Ce
trois Balons estoient plis rem- de Sculpture,& dorez
jusque sous l'eau. Je
1
vous
en a y déja tant parlé que
vous ne ferez pas fachéed'en
voir quelques uns dans cette
Planche, où j'en ay fait graver
quatre. Vous vous fou.
viendrez que je vous ay dit
qu'ils estoient fort longs, &
aits d'un seul arbre. Leur
ongueur est cause qu'il y a
n grand nombre de Raleurs
,
& qu'ils vont fort
ste. Quand les Rameurs
nantent , ce qu'ils fontsouet,
ilsemble que leurs rames
s'accordentavecleurs voix, JI
& qu'ils battent la mesure *
dans l'eau. Le Balon que
vousvoyez gravé le premier,
est celuy dans lequel estoit la
Lertre de Sa Majesté. Il eitJ
ce qu'ils appellent à trois
T'oirs, & ceux-là sont les
plus considerables. Je croy
mesme qu'ils sont particuliers
pour le Roy, & qu'il
n'est permis à personned'en
avoir. Vosyeux vous feront
voir aisément la diference
des autres, qui n'est
que dans le plus ou moins 1
d'élevation de l'espece de. I
petite Loge qui est au miieu.
Quand il pleut, on (e
netdans cet endroit qui approche
beaucoup des Bans
avec quoy l'on jouë iCYh
les Rameurs du Balon où
stoit le Roy, & des deux
utres qui luyservoientd'act)
i-n-pacrniement,efloienthaillez
comme les Soldats, h
reserve qu'ils avoient une.
aniere de Cuirasse, &de
asque enteste,quel'ondiit
estre d'or. Ils estoient
t nombre de cent quatrengt
sur chacun de cestrois
lons, a,yec-- des Rames.
toutes dorées, & sur ceux
des Mandarins il y en avoit
cent ou six-vingts. D'autres
Gardes du Corps suivoient
dans d'autres Balons, & alloient
devant d'autres Mandarins
qui faisoient l' Arriere
garde, de forte que le Cortege
estoit du moins de deux
cens Balôns. Toute la
Riviere enestoitcouverte,
& il y avoit plusde cent
mille personnesprosternées
& dans un profond silence,
pour joüir de la permission
qu'on avoit de voir le Roy
ce jourla; car en d'autres
temps
temps il faut qu'on s'éloigne
par respect, & ceux qui se
trouveroient à son passage
seroientpunis fort severement.
Ilavoit un Habit tressomptueux,
& tout parsemé
de pierreries, avec un Bonnet
rouge un peu élevé, &
une Aigrette enrichie aussi
de Pierreries. Mr l'Ambassadeur
entra sur le soir dans
ses Balons pour voir revenir
le Roy. Ilavoit changé de
Balon, & promis un Prix à
celuy qui arriveroit au Palais
avant les autres. Ce fut
le sien qui arriva le premier.
Il récompensa ses Rameurs
en Roy, en leur donnant à
chacun la valeur de cinquante
escus. Ce mesme soir
il y eut un Feu d'artifice, &
l'on tira quantité de cou ps
de Canon pour le Couronnement
du Roy d'Angeterre.
Cette Feste fut continuée
le lendemain. Mr Constance
donna encore à disner
à Mr l'Ambassadeur avec
beaucoup de magnisicence,
& tous les Européens 2
furent invitez à ce Repas.
Le Roy qui se montre au
Peuple deux ou trois fois
cous les ans, va aussi quelquefois
par terre faire ses
Offrandes à quelque Mosquée.
Deux cens Elefans, ou
environ, commencent la
marche, portant chacun
trois Hommes armez Apres
eeuuxxvvieienntltala MM-usique. Elle
est composée de Timbales,
de Tambours, & de Hautbois.
Millehommes de pied
armez paroissent ensuite,distribuez
en diverses Compagnies,
qui ont leurs Drapeaux
& leurs Bannieres.
Tout cela precede les grands
Mandarins qui sont à cheval.
Il y en a qui ont une j
Couronne d'or sur la teste, i
ôc une fuite de soixante, ! j
quatre-vingts ôc cent per- 1
sonnes à pied. Entre lesGar- -|
des du Corps & ces Manda-
-
rins marchent deux cens
Soldats Japonois, en équipage
fort leste. Apres eux on f\
voit les Chevaux & les Ele- -j
sans qui ne fervent que pour aPersonne du RtÜY: Leurs zi
Harnois sont magnifiques.
Ils sont chargez de boucles 21
8c de lames d' or, & les dia- -4
mans & les pierreries y brillent
de toutes parts. Ceux
qui portent les Presenschoisis
pourl'Offrande,marchent
devant les plus qualifiez du
Royaume, parmy lesquels
il y en a deux, dont l'untient
l'Etendart du Roy,& l'autre
le Sceptre de Justice. Ils marchent
tous deux à pied immediatement
devant leRoy,
qui est monté sur un Elefant
magnifiquement enharnaché.
Il est porté sur son dos,
assis dans une Chaise d'or.
Cet Elefant marche gravement
tout fier de sa charge.
Il semble connoistre l'honneur
qu'il reçoit,puis qu'il
le met à genoux quand le
Roy s'appreste à monter sur
luy, & qu'il ne soufriroit pas
qu'un autre y montast.Lors
quele Roy a un Fils,ce Prince
le fuit, & apres luy la
Reyne & sesautres Femmes.
Elles sont aussi sur des Elefans
, mais enfermées dans
des manieres de Guerites de
bois doré, en forte qu'il est
impossible de les voir. La
marche tH: fermée par d'autres
Gardes, environ au nombre
de six cens, & tout le
Cortege est composé de
quinze ou seize mille personnes.
La vie du Rov est allez
réglée.
(
Il Ce leve à quatre
heures tous les jours, & la
premiere chose qu'il fait
c'est de donner l'aumosne à
des Talapoins, quine manquent
pas de se montrer devant
luy si tostqu'il paroist.
Ces Talapoins sont comme
nos Religieux Mendians.
Apres celail donne Audience,
dans l'intérieur de [on:
Palais,à. ses Concubines, aux.
Esclaves & aux Eunuques,
& ensuite à un Magistrat
qui luy vient montrer tous
les Procez que l'on a jugez.
Il les approuve ou infirme
comme il luy plaist. Lors
que ce Magistratest forty,
1 Audience est ouverte à
tout le monde jusqu'à l'heure
du Disner. Il disne avec
la Princesse sa Fille, que l'en.L
appelle la Princesse Reyne.,
& dontje vous parleray dans
unautre endroit. La Reyne -
qui est morte depuis peu
d'annees ne'luy a la~ aue
cette Fille. Le Medecin qui
està la porte, visite toutes
les Viandes, & renvoye celles
qu'illuy croit nuisibles.
Pendant ce Repas,qui estle
seul qu'il sait chaque jour,
on luy lit les Procez criminels,&
il ordonne du fort -
de chacun. Apres le Disné,
il entre dans une Salle, oùil
se met sur quelque Lit de
Repos. Il est suivy d'un
Lecteur qui luy lit ordinairement
la Vie de quelqu'un
des Rois qui ont
regné avant luy
,
& lors
qu'il s'endort
,
le Lecteur
paisse la voix, & peu a prés se
etire. Ce mesme Lecteur
entre dans la Salle sur les
quatre heures, & il recomnence
à lire d'un ton si aigu,
qu'il faut neceffiirciiie-ilt
que le Roy s'éveille. Alors il
donne Audience à chacun,
de ses six grands Officiers,
& sur les dix heures le Conseil
s'a ssemble. Il dure ordi-;
nairement jusques à minuit.
MrConfianceaussison Au-j
dience particuliere
,
& si l
toutcela va tropavant dans
la nuit,le Medecin luy vient
dire qu'il faut qu'il se couche.
Ce Medecin est receu
dans le Conseil, mais il ne
fait qu'écouter, & l'on n'y
prend jamais son avis.
Je m'apperçois de la longueur
de ma Lettre ; mais
comment songer à la finir,
ayant encore tant de choses
curieuses à vous a pprendre
touchant le Royaume de
Siam? Je n'ay pas encore
conduit M le Chevalier de
Chaumont à Louvo
,
qui est
une Maison de Plaisance du
Roy, où il alla prendre son
Audience de Congé, & ce
qui s'y est passé pendant le
séjourqu'ily a fait, fournit
la matiere d'un tres-long
Article. Ainsi, Madame,en
vous envoyant cette prernle.
re - Partie de ma Lettre ,je
vous en promets une seconde
quevous aurez dans fort peu
dejours. Je joindray à ce qui |
me reste à vous dire du }
Royaume deSiam les autres V
Nouvelles que vous atten- ;.
dez de moy. Ce sont celles;
quiregardent les Venitiens |
& la Hongrie. Cette seconde j
Partie finira par deuxEnigmes
nouvelles, & par les
noms de ceux qui ont expliqué
les deux dernieres. i
Onvient de m'apprendre ;
que ce que je vous ay dit au
commencement de cette
Rèlation, touchant des Ambassadeurs
que le Roy J de
Slam avoit envoyez à Sa
Majesté par le Portugal,
n'est point véritable. Cesont
des Envoyez de Siam qui
rie vont qu'en Portugal
,
8c
que l'on a chargez des Presens
, dont vous avez trouvé
une Lifte dans ma Lettre
de May. Ainsi cette Liste
est vraye ,
& ils ont ordre
d'envoyer en France les Presens
qu'elle contient.
ge de Mr le Chevalier
de Chaumont. Sa Majesté
l'ayant nommé son Ambasfadeur
vers leRoy de Siam.
Il se rendit à Brest avec Mr
l'Abbé de Choisy, sur la fin
de Fevrier de l'année der-
,
niere, & ils s'embarquerent
dans un des Vaisseaux du
Roy,appellél'Oiseau. Mrde
Vaudricourt qui le commandoit
fit mettreà la Voile
le3. de Mars & partit de
Brest avec la Fregate la Maligne,
commandéepar Mr de v
Joyeux. Le vent leur fut toû-
« jours assez favorable, ôc :
comme il y avoit dans le !
Vaisseaudes Millionnaires&
six Jesuites, ce n'estoit tous
les jours qu'Exercices de
pieté, & l'on y vivoitavec
la mesme regularité que
dans unConvent.Ilss'appliquoient
tour à tour à faire
des Exhortations à tout
Equipage. On disoit lar
Messe, on chantoitVespres,
& on passa fort heureufenent
la Ligne le 6. d'Aril
sans souffrir beaucoup
le lachaleur. Ce fut alors
su'il fut question de faire ce
u'on appelle la Ceremonie
u Bàptesme. Ceux qui n'ont
mais passé la Ligne, sont obligez
de souffrir qu'on leur
jette sur le corps certain
nombre de seaux d'eau, à
moins qu'ils ne donnent
quelque argent pour racheter
cette peine. Il n'y a personne
qui puisse s'en exempter
, de quelque condition
quel'on puisse estre, & on
fait jurer tout le monde sur
le Livre des Evangiles, pour
sçavoir si on a fait ce passage.
Mr le Chevalier de Chaumont
ne voulut point endurer
que l'on jurast sur les Evangiles.
Il fit faire ce Serment
sur une Mapemonde,
& mit de l'argent dans un
bassin
, ce que firent après
luy toutes les personnes considerables
du Vaisseau, pour
s'épargner la Ceremonie. La
somme montaà soixanteescus
quifurent distribuezaux
Matelots. Le reste de la traversée
fut tres heureux jusquesau
Cap de bonne Esperance.
On y arriva le 31. de
May,&l'on y receut les Saluts
ordinaires de quatre
Vaisseaux Hollandoisqu'on
y trouva. Ils portoient a Batavia
le Commissaire Generalde
laCompagnie des IiW
des
, avec Mr de S. Martin
François, Major Général.
M. le Chevalier de Chaumonts'arresta
sept jours à
ce Cap afin d'yfaire de l'eau,
& de prendre desrafraichisfemens.
Le Gouverneur qui
eA Hollandois
,
luy en envoya
de toutes fortes, aprés
l'avoir fait complimenter
par le Neveu&par le Secretaire
du Commissaire. Tous:
ceux du Vaisseau mirent pied
a, ~erre lIes urns a,près 1lesautres.
Ils'en trouva quelquesuns
qui estoient malades d&
Scorbut, & ils furent gueris
en quatre jours. La Forteresse
que les Hollandais ont.
fait bastir en ce lieu là
,
est
toute revestuë de pierres,
&a quatre bastions. Elle n'a.
point de fossez, mais elleest
Ilterès- bien garnie de Canon, Havre est fort seur
,
ôc
peut contenirungrand nom- bre de Vaisseaux. Il y a déja
quantité de Maisons qui forment
une espece de Ville.
^Cequ'ilya de plus remar-
,
quable est un Jardin fort
grand & fort spacieux avec
des allées à perte de veuë.
On y a planté tout cequ'il
ya de bons fruits en Europe
& dans les Indes. Les uns
sont d'un costé,les autres de
l'autre
,
& tous y viennent
fort bien. Celuy qui a foin
de ce beau Jardinest unFrançoisqui
est grand Seigneur
en ce Pays-là. Il reconnut
Mr le Chevalier de Chaumont,
qu'il avoit veu chez
Monsieur
, ou il avoit esté
Jardinier.
La terre que les Hollandoisoccupenr,
a esté achetée
d'un petit Roy du Pays, pour
des bagatelles de l'Europe.
Plus on avance en s'éloignant
gnant de la Mer, plus elle
est bonne & fertile, &sur
tout la Chasse y en merveilleuse
; mais on y doit craindre
les Bestes farouches,
comme Lyons,Tygres,Elephans,
& autres. Ces belles
s'écartent à mesure que le
Pays se découvre, & qu'on
y fair de nouvelles habitations.
Les Hollandoisont
déjàcommencé d'en faire
en plusieurs endroits. Pendant
le séjour de Mr l'Ambassadeurau
Cap, deux d'enreeuxestantallezàla
Chase
furent rencontrez & attaquez
par un Tigre. Il le
jetta sur l'un de ces Hollandois,
l'autrele tira & le blessa.
Le Tigre tout en fureur
vint à celuy qui l'avoir blessé,
& il l'auroit devoré sans
doute, si son Camarade qu'il
avoit jetté par terre, ne Ce
fust promptement relevé
pour tirer aussi son coup. Il
le tira si heureusement qu'il
cassa la teste au Tigre. On
l'apporta pour le faire voir.
Il estoit d'une grandeur effroyable.
On mit le Blessé à
un Hospital, qui est là tresbien
fondé, & oùl'on est
rtraité avec tous les soins imaginables.
Tous les Vaisseaux
Hollandois qui viennent
d'Europe, & ceux qui s'yen
retournent, laissent leurs
Malades en ce lieu là
,
& ils
y recouvrent incontinent
leur santé
,
l'air & les eaux
estant admirables.
Les Habitans y sont doux,
assez bien faisans, & il n'est
pas difficile de s'accommoier
de leurs manieres, mais
Ils sont laids, mal-faits, de
petite taille,& ont plus de
rapport à la façon de vivre
les bestes qu'à celle des hommes.
Leurvisageest tout ridé,
ils ont les cheveux remplis
de graisse
;
& comme ils
se frottent le corps d'huile
de Baleine,& qu'ilsne mangent
que de lachaircruë,ils
sont si puans qu'on les sent
de loin. Ils ne mangentleur
Betail que lorsqu'il est mort
de maladie
,
& ce leur est
un fort grand ragoust qu'une
Baleine morte ,
jettée par la
Mer sur le rivage, ou les
tri pes chaudes d'une Bê-
-
te. Ils les secoüent fort legerement
,
& les mangent
avec les ordures
,
aprés en
avoir osté les excremens,
dont quelques-uns se servent
pour se froter le visage. On
leur - a donné le nom de Cafres,&
les hommes &les femmes
n'ont qu'une peau coupée
en triangle pour se couvrir
ce que la nature apprend
à cacher. Ils se l'attachent
avec une ceintire de cuir au
milieu du corps. Quelquesuns
se couvrent les hanches
d'une peau de Boeuf ou de
Lyon. D'autres portent une
peau qui leur descend depuis
les épaules jusque sur les
hanches,& plusieurs se dé-
coupent le visage3 les bras:
& lescuisses
, & achevent
de se défigurer parlescaracteres
étranges qu'ilsy font.
LesFemmes portent aux bras
& aux jambes des Cercles de
fer ou de cuivre, que les Etrangers
troquent avec elles
toujours à leur avantage. Ils
demeurentende petites hûtes
où ils vivent avec leur
bétail fous un mesme couvert.
Ils n'ont ny lit,nysieges,
ny meubles, & s'asseient
sur leurs talons pous se reposer.
Ils nevont vers la Mer
,
que lors qu'ils sçaventqu'il
est arrivé quelque Navire,
& qu'ils peuvent troquer
leur betail. Ils ont aussides
peaux de Lyon, de Boeuf, de
Leopard, & de Tigre, qu'ils
donnent pour des Miroirs,
des Couteaux
,
des Cloux,
des Marteaux,des Haches,
& autres vieilles ferrailles..
Il est malaisé de découvrir
l'estat du Païs au dedans, ôc
les richesses qu'on y peut
trouver,àcause que les GouverneurHollandoisont
fait
faire ferment à tous ceux
qu'ils ont menez avant dans
les Terres, de n'en reveleraucune
chose,On a sçeud'un
Homme quia demeurelongtemps
dans la Forteresse que
depuis quelques années le
Gouverneur avoir esté avec
bonne escorte à plus de deux
cens cinquante lieuës pour
faire la découverte du Pays;
qu'ilavoir trouvé par tout
des Peu ples traitables, ôc
assezbienfaits, les Terres
fort bonnes & ca pables de
-
toute sorte de cu lture, ôc
qu'il y avoit ~desMi d'or,
de fer, & d'une espece de
cuivre où il entroit une septiéme
partie d'or. Onles
trouva chantans & dançans
& ilsavoient des manieres
de Flustes qui estoient sans
trous. Elles estoient creuses,
& une espece de coulisse
-
qu'ils haussoient ou baissoient
avec leurs doigts, faisoit
la diference des tons.
Ce Gouverneur avoit esté
conduit par un Cafre, & ce
Cafre ayant aperçeu deux
hommes de grande taille fqouri.s ven.oien,t à eux, s écria
alarmé
y
qu'ils estoient
perdus, & qu'il voyoit les
deux plus grands Magiciens
du Pays. Le Gouverneur
4
répondit qu'il estoit encore
plus grand Magicien qu'eux,
& qu'il ne s'étonnait point.
Les pretendus Magiciens s'étant
avancez, il sir aporter
un verre remply d'eau de
vie.On y mit le feu,& il lavala.
Ces Malheureux furent si
épouvantez d'un pareil prodige,
qu'ils prirent le Gouverneur
pour un Dieu, & Ce
mirent à genoux pour luy
demander la vie. Les Hollandois
ont fait un nouvel
établissèment au Cap. Il est
au bord de la Mer; mais ils.
le tiennent secret, ne vouIant
pas que les autres Nations
quiviennent s'y rafraischir,
en ayent connoissance.
Ce Cap est l'extremité de la
terre ferme d'Afrique, qui
avance dans la Mer vers le
Sud, à trente-six degrez au
delà de la Ligne.Cette extremité
de terre fut nommée
Cabo de Boa Speranza
, par
Jean II. Roy de Portugal,
fous lequel Barthélémy Dias
la découvriten1493 Ce Prince
la fit appeller ainsi à cause
qu'il esperoit découvrir
en fuite les richesses des Indes
Orientales, & les autres
Nations luy ont confirmé,
ce nom, parce qu a près que
l'ona doubléle Cap, quiest,
presque en distance égale de
deux mille cinq cens lieuës,
entre l'Europe & la Coste la
plus Orientale desIndes,on
a toute forte d'esperance de
pouvoirachever ce grand
Voyage.
Les Malades estant guéris
-' on fit du bois& de l'eau, on
acheta toutes les provisions
que l'onjugea necessaires
- pour aller à Batavia,& l'on
remit à laVoile le 7. de Juin,
après les Saluts donnez &
rendus de part & d'autre
comme onavaitfait en arrivant.
Cette seconde traver- senefut pas si douce que
la premiere. Les vents furent
violens,& la tempeste separa
la Fregate la Maligne du
Vaisseau de Mr l'Ambassadeur
,sans quelle pust le rejoindre
qu'auprés de Batavia.
Le 5. de Juilleton découvrit
l'Isle de Java,
-
& le 16. on
moüilla prés de Bantam. La
longueur del'Isle de Java est
de cent cinquante lieuës,
mais on n'a pas encore bien
sceu quelle est sa largeur.
C'est ce qui a fait croire à
quelques uns quecen'estoit
pas une Ble; mais qu'elle faisoit
partie du Continent que
l'on connoist fous le nom de
terre Australe au près du Détroit
de Magellanes. Les Habitans
pretendent que leurs
Predecesseurs estoient Chinois,&
que ne pouvant sousfrir
la trop severe domination
du Roy de la Chine, ils
passerent dans l'Isle de Java.
Ontrouveeneffet que les Ja- 1
vansontle front& les. machoires
larges,& les yeux pe- l
tits comme lesChinois. Il n'y t
àpresquepoint de Ville dans
Java qui n'ait son Roy, &
tous ces Rois obeissoient autrefoisà
un Empereur mais
depuis environ quatre-vingt
ans,ils ont aboly cette Souveraineté
,
& chacun d'eux
est indépendant. Celuy de
Bantam est le plus puissant.
de tous. La Ville qui porte ce
nom, estau pied d'une Montagne
de laquelle sortent
trois Rivieres,dont l'une traverse
Bantam
,
& les deux
autres lavent ses murailles y
mais elles ont si peu d'eau.
qu'aucune des trois n'est lia.
vigable.LesHollandois sont
maistres de cette Place depuis
peu d'années. Le Roy
de Bantam ayant cedé le
Royaume à son Fils, ce Fils
maltraita d'abord tous ceux
qui avoient esté considerez
de son Pere. Le vieux Roy
l'ayant appris luy en fit faire
des reprimandes, & le Fils
pour s'en vanger, fit massacrer
tous ces malheureux. Ce
différentalluma la guerre
entre le Pere & le Fils, & ce
dernier fut chassé. Dans cette
disgrace
,
il demanda du
secours aux Hollandois qui
le rétablirent & mirent le
vieux Roy dans une Prison
où ils le tiennent encore.
Tout se faitaunom du jeune
Roy
,
qui ay ant une grosse
GardeHollandoisetoujours
avec luy pour l'observer, n'a
pc pouvoirqu'autant que les
Hollandoisluy en laissent.
Le Vaisseau de Mrl'Ambassadeurn'entra
point dans le
Havre de Bantam, mais on
le laissa pas de prendre tous
es rafraichissemens. dont on
ut besoin
,
& ils furent apportez
à bord par ceux du
Pays. - -¡"., -,,-'-'f.
Le 18. on arriva devant Batavia
,
où l'on demeura sept
jours pour soulager les Malades
que l'on mit à terre.
Cette Ville est située à douze
lieuës de Bantam
, vers le
Levant dans une Baye
,
qui
estant couverte de quelques
petites Isles du costé de la
Mer, fait une des plus belles
rades de toutes les Indes.
Ce n'estoit d'abord qu'une
Loge que les Hollandois avoient
à Jacatra
,
& que le
Roy de ce nom leur avoir:
permis de bastir à causedes
avantages qu'il tiroit du de j
bit des Epiceries qu'ils y venoient
acheter. Le Roy de
Bantam leur avoit aussi permis
de bastir une Maison ou
Loge dans son Royaume,
pour y laisser les Facteurs qui
devoient veiller à la conservation
des Marchandises
dont ils trafiquoient. La
mesme permission avoit esté :
donnée aux Anglois, malgré
la repugnance qu'avoient les
Javans de souffrir aucun établissement
aux Estrangers
dans leur Isle, par lacrainte:
où ils estoient qu'ils ne les
traitassentavecla mesme rugueur
que les Portugais avoient
exercée contre les
Rois Indiens qui les avoient
receus chez eux. Les Traitez
que les Hollandois avoient
faits avec ceux de Jacatra &
de Bantam
,
regloient les
Droits d'Entrée &de Sorcier
mais comme ils haussoient
ces Droits àmesurequ'ils
voyoient que le Commerce
devenoit necessaire aux Etrangers,
la mauvaise foy
qu'ils eurent
5
obligea les
Hollandois à fortifier peu à
peu leur Loge de
-
Jacatra,
pour se mettre à couvert de I
la violence que leur pourroient
faire les Barbares
quand ils voudroient se
mettre à couvert de ces injustices.
LesIndiensnes'en
apperçeurent que lors que
la Loge futen estar de desense,
& ne pouvant plus se
décharger des Hollandois
par laforcey ils se servirent
de l'occasion de la mauvaise
ntelligence où ils les virent
Lvec les Anglois, & quiéclaa
principalement batNaval au Com- qui se donna entre
ux le 2. Janvier 1619. entre
acatra & Bantam. LaFlote
Angloise qui estoit d'onze
Ramberges
,
maltraita la
Hollandonise j , qui n'estoit,
composée que de sept Navires.
LesHollandoiss'étantretirez,
le Roy de Jacatra assiegea
leur Fort, auquel ils avoientdonné
le nom de Batavia.
Il se servit des Troupes
Angloises,qui après un Siege
de sixmois,furent contraintes
de l'ab andonnerles Hollandois
ayant renforce leur Flote,
des Navires qu'ils avoient
dans les Moluques. Le Roy
de Jacatrarejetta inutilement
sur lesAnglois la cause de ces
desordres, Le General Hollandois
se paya point de ces
excuses; Il fit débarquer ses
gens au nombre d'onze cens
hommes, attaqua la Ville de
Jacatray la prit de force, &
y fit mettre le feu. Aprés ce
succez,les Hollandoisacheverent
les Fortifications de
leur Loge, & en firent une
Place reguliere, à quatre Bâstionsrevestus
de pierre,bien
fossoyée&palissadée avec
ses demy-lunes, redoutes, ôc
autres Ouvrages. Le Royde
Matran
,
quiestoitcomme
l'Empereur de toute rIfle..
assiegea le Fort en 1628.& s'étant
logé fous le Canon, fit
donner plusieurs assauts à la
Place, mais il fut enfin contraint
de lever le Siege, aussibien
que l'année suivante,
& depuiscetemps là les Hollandois
y akr- étably leur
-
commerceavec lesChinois,
Japonois, Siamois, & autres
Peuples Voisins
,
se failanc
payer dix pour cent pour les
droits de laTraite-Foraine,
de toutes les Marchandises
qui s'y débitent. Ils sont
maistres de toute la Canelle
&du Clou deGirofle quiest
dans I
dans le monde,&envoyent
tous les deux ans un Vaisseau.
au Japon; mais ils n'ont presque
point de liberté en ce
lieu là. Si-tost queleurs Vaiffeaux
y sont arrivez, on 1.
prend leurs Voiles, leurs Agrés,
& tous lesMasts qu'on
met ians unMagasin &
quelque
tempsqu'il
puisse
Faire,on les oblige à partir au
OUI; qui leur est marqué.
Le Directeur du Comptoir
l'y peut estre que trois ans. 1
^.infi il y en a toujours trois,
'un quiva,l'autre qui revient,
( le dernier qui demeure.
On ne souffre point qu'ils
aillent dans le Pays, mais Us?
en rapportent tantde riches
ses, qu'ilssesoûmettent sans
peine à ce qu'on exige d'eux.
Le General Hollandois qui ij
està Batavia,n'est pas moins
puissant qu'un Roy. Quoy
qu'on ne l'élise General que 3
pour trois ans, l'élection se 5
confirme
,
& il est toujours 2
continué. Il a une Garde à i
pied & à cheval. Ses apoin- -
temens sont de quarre mille
francs par mois, & il prend h
tout ce qu'il veut dans les
Magasins sans rendre comp- -
se de rien. Il y a six Conseillers
ordinaires qui font toules
choses
,
& quand il en
meurt quelqu'un,c'est luy
qui luy nomme un Succes-
,- seur fous le bon plaisir de la
Compagnie.Son choix en elt
toujoursapprouve. Il yaaussi
des Conseillers extraordinaires
,mais quand on prend
leurs avis, on ne compte
point leurs voix, si ce n'est
sqeuil'lielrms anque un des six Conordinaires.
Ils sont
tous logez dans la Forteresse.
La Compagnie a dans ce
Pays-là plus de deux cens
Vaisseaux qui font tout le tra- 1 fie de l'Orient.Ondit que
les Hollandois y peuvent l
faireune armée de plus, de
cinquanteVaisseauxdeGuer- '-
re. Ils ont six Gouyernemens
Généraux, desquels dépendent
tous les Gouvernemens
particuliers de leurs Places,
& par consequent tous les
Comptoirs & Loges qu'ils
ont la en tresgrand nombre,
& dans tous les lieux où ils
croyent pouvoir trafiquer.
Mr l'Ambassadeur receut
toutes les honnestetez possibles
de ce General des Hbllandois,
quil'envoya visiter
à bord 7 j , &luy -Et porter toutes
fortes de rafraichissemens.
Quoy qu'il se fust excusé
de sortir de sonVaisseau,
comme il l'en, avoir fait
prier, il ne laissa pas de defcendre
à terre Incognito, ôc
d'aller voir les beaurez de
Batavia. Après avoir donné
quelques jours aux Malades
que l'air de la terre guerit en
fort peu de tem ps, il resolut
de poursuivre son Voyage;
mais comme aucun des Pilotes
n'avoit esté à Siam, il en
prit un du Payspour passer
le Détroit de Banca qui est
dangereux. Ce fut là que la
Fregate la Maligne le rejoignit
, ce qui fut à tous un
fort grand sujet de joye. Peu
de jours aprés, Mr d'Arbouville
Gentilhomme de Normandie
,mourut dans cette
Fregate, & il fut jetté à la.
Mer avec les ceremonies ordinaires
dans ces-tristes occa
fions. Les deux Mandarins
que l'on remenoit de France
à Siam
,
n'avoient sorty que
deux fois du trou où ils s'etoient
mis dans le Vaisseau
pendant tout y ce long Voyage
,
mais lors que l'on commença
a voirdeshommes
noirs vers ce Détroitde Banca,
ils monterentsur letillac,
& donnerent de grandes
marques de joye.
Le 3. de Septembre on repassa
la Ligne, & enfin le 14.
du mesme mois on moüilla
à la Barre de la Riviere de
Siam, qui est une des plus
grandes de toutes les Indes.
On l'appelle Menam, c'est à
dire, Mere des Eaux Elle
n'est pas bien. large , mais
elle est si longue, qu'on dit
qu'on n'a pû encore monter
jusqu'a sa source. Son cours
est du Nord au Sud.Elle f
passe par les Royaumes de
Pegu & d'Auva, & en suite
parceluy de Siam. Elle a
cela de commun avec le Nil,
qu'elle se déborde tous les
ans, & couvre la terre pen
dant quatremois. En s'en
retirant, elle y laisse un limonquiluy
donne lagraisse
& l'humidité dont elle a be.
foin pour la production du
Ris. Elle se dégorge dans le
Golse de Siam par trois grandes
embouchures, dont la
plus commode pour les Navires
& pour les Barques est
la plus orientale, mais ce qui
la rend presque inutile,c'est
uu Banc de sable d'une lieuë
d'étenduë, qui est vis-à-vis
de laRiviere,& qui n'a que
cinq ou six pieds d'eau avec
la basse Marée.Lahaute y
en amene jusqu'à quinze ou
seize; maiscen'e st pasassez
pour les grandsNavires qui
demeurent ordinairement à
la rade à deux lieuës de ce
Banc. Ils y sont en seureté,
& ont en tout temps six
brasses d'eau.Ainsi le Vaisseau
de Mrl'Ambassideur
demeura à cette rade, & la
Fregate qui prenoit moins
d'eau, passa sur le Banc avec
la Marée. Quand on l'apafsé
on peut entrer dans la Riviere
jusques à BancoK, qui
est une Ville éloignée dela
Mer de six lieuës. Celle de
Siam en cil: à vingt-quatre,
Si-tost qu'on eut mouillé à
cette embouchure, Mr le
Chevalier de Chaumont envoya
Mr Vachet, Miffionnaire
Apostolique, qui estoit
venu en France avec les
Mandarins de Siam
,
donner
avisdeson arrivéeàMr l'Evêque
de Metellopolis. Cette
nouvelle causa une extrême
joye au Roy de Siam. Il ordonna
aussi-tost qu'on prearast
toutes choses pour saie
une magnifiquereception
L Mr l'Ambassadeur, & nomna
deux Mandarins du prenier
Ordre pour luy venir
aire com pliment à bord.
C'est ce qu'apprit MrleChevalier
de Chaumont par Mr
Evesque de Metellopolis,
qui vint à bord le 29. avec
Mrl'Abbé de Lyonne. Cét
Abbé estoit passé à Siam en
581. avec Mr l'Evesque d'Heliopolis,
dont il y a quelques 1
mois que je vous appris la
mort. Son zeleestconnue,&
l'on peut juger par là dufruit
qu'il a fait en travaillant à la
Conversion desInfidelles.Le
lendemain les deux Mandarins
vinrentsaluer Mr l'Ambassadeur.
Il les receut dans
sa Chambre
,
assis dans un
Fauteüil
,
&ils s'assirent à la
mode du Pays sur des Carreaux
qui étoiét surle Tapis
de pied. Ilsluy marquerent
1 la joy e que le Roy leur Maîtreavoit
de sonarrivée,& dirent
qu'on luy avoir donné
une agréable Nouvelle,en
luy apprenant quele Roy de
France avoit vaincu tous ses
Ennemis, & donné ensuite
la Paix à l'Europe. Cette Audience
finie, on apporta du
Thé& des Confitures,& l'on
tira neufcoups de Canon à
leur sortie du Vaisseau.
Le I. d'Octobre,MrConstanceFavory
duRoy,envoya
son Secretaire avec des rafraichissemens
en si grand
nombre, qu'il y en eut pour
nourrir tout l'Equipage pendant
quatre jours. Mr Constance
est un homme d'un
fort grand merite, qui s'est
élevé par sa vertu au porte
où il est. Il est Grec,de Mie
de Cefalonie
,
& fut pris petit
Garçon par un Vaisseau,
où il fut fait Mousse. C'est
le nom qu'on donne à de
jeunes Matelots qui fervent
les gens de l'Equipage. On
le mena en Angleterre,&
il continua le service dans
les Vaisseaux. Il passa aux Indes,&
de degré en degré, il
devint enfin Capitaine de
Vaisseau. Il alloit à la Chine,
& au Japon, où il trafiquoit
pour le compte des Marchands.
La tempesteluy
ayant fait faire naufrage à la
Coste de Siam
,
il fut contraint
de semettreau service
du Barcalon, qui est un des
six grands Officiers de ce
Royaume. Son employ consiste
dans l'administration
des Finances. Le Roy de
Siam avoit alors un grand
démeslé avec ses voisins,
touchant un compte par lequel
on pretendoit qu'il demeuroit
redevable de fort
grosses sommes Les Siamois
n'entendent pas bien l'Arithmetique.
Mr Constance de-
-
manda à examiner tous les
Papiers que le Barcalon a-
, voit entre ses mains
,
& il
rendit le compte sinet, qu'il
fit connoistre non seulement
que le Roy de
-
Siam ne devoit
rien
,
mais que l'autre
Roy luy devoit des sommes
tres -
considera bles. Vous
pouvez juger dans quellefaveur
il se mit par là. Le Barcalon
estant mort peu de
temps aprés, le Roy le prit
JL son service ,&il est presentement
tout puissant dans
cet Estat. Il n'a voulu accepter
aucune des six grandes
Charges
,
mais il est sort diffusde au
tous ceux qui les
exercent
,
& il seroit dangereux
dene luy pas obeïr. Il
parle au Roy quand il veut, -
c'est un privilege qui luyest
particulier. Laprincipalede
ces grandes Charges rend
celuy qui la possede comme
Viceroy de tout le Rovau--»
me.elleest presentement
exercée par un Vieillard pour
cjm le Roy mesme a grand
:*e{peâ.-Il est son Oncle & a"
ïsté son Tuteur. Ce Vieilard
estsourd
,
& on luy par- eparile moyen d'uniennp
homme que l'on sait entrer,
& quien criantfort haut,
luy fait entendre ce qu'il faut
qu'il sçache. C'est un homme
de tres-bon sens, & on
s'est toûjours bien trouvé de
ses avis.
Le 8. Mr l'Evesque de Metellopolis
revint à bord avec
deux Mandarins plus qualifiez
que les premiers, qui furent
receus & saluez de la
>•
mesme forte. Ils venoient j
s'informer au nom du Roy
de la santé deMrl'Ambassadeur,
& l'inviter de descendre
à terre. Aprèsqu'ils furent
sortis du Vaisseau, cet
A mbassadeur se mit dans son
Canot, & sur le soir il entra
dans la Riviere avec les per-
»
sonnes de sa fuite, qui avoient
trouvédes Bateaux du
Roy pour les amener. A l'entrée
de cette Riviere estoient
cinqBalons sortmagnifiques
que le Roy avoit envoyez
pour le conduire à Siam. Ce
sont des Bastimens faits d'un
seul arbre. Il y ena qui ont.
cent pieds de longueur, &,
qui n'en ont que huit on
neufpar le milieu,quiest
l'endroit le plus large,& dans
lequel il y auneespece de
Trône couvert. Mrl'Ambassadeur
coucha ce soirlaà
bord de la Maligne, qui étoit
entrée dansla Riviere quelques
jours auparavant.
-
Le 9. deux nouveaux Mandarins
vinrent recevoir ses
ordres. Ils estoienthabillez
comme les autres, avec une
maniere d'écharpe fort large
depuis la peinture jusqu'aux
genoux, sans estre plissée.
Elle estoit de toile peinte,
& tomboitcomme une culote
Il y avoit au bas une
bordure fort bien travaillée,
!& des deux bouts de l'écharpe,
l'un passoit entre leurs
jambes, l'autre par derriere.
- Depuislaceinturejusqu'en
haut,ilsavoient une maniere
de chemise deMousseline
assez ample, tombant par
dessus l'écharpe, & toute ouverte
par le devant. Les
manches venoient un peu
au dessous du cou de
,
& étoient
passablement larges.
~ls avoient la teste nuë
,
ôc
~stoient sans bas & sans souiers.
La plus part de leurs
~alets n'avoient que l'éharpe
& point de chemise.
Onze Bateaux arriverent dej
Siam chargez de toutes sor- ni
tes de vivres. Mr Constance j
les envoyoit de la part du j
Roy,qui luy avoit ordonné t
de faire fournir aux Equipagestoutes
leschoses dontils
auroietbesoin pour leur sub- fl
sistance,pendant leur séjour.
Mr l'Ambassadeur s'étant "a
i < -
mis dans un Balon partità *'j
sept heures du marin, & apres
avoir fait cinqlieuës,
il arriva dans une Maison
bastie de Bambous, qui est
un Bois fort leger, & couverte
de Nates assez propresm
Il y avoir plusieurs Chambres
toutes tapissées de toiles.
peintes. Les Meubles en estoient
fort riches, & tous les
Planchers estoient couverts
de tres-beauxTapis. La
Chambre deMrl'Ambassadeur
estoit meublée plus
magnifiquement que les autres.
Il y avoir un Dais de
toile d'or, un Fauteüil doré,
&un tres- beau Lit. Deux
Mandarins, & les Gouververneurs
de BancoK& de
Pipely le receurent en cette
Maison, qui avoir esté bâtie
expres, ainsique toutes les
autres-où il logea jusqu'àson
arrivée à Siam. Il fautaussi
remarquer que les Meubles 1
de toutes ces Maisons estoient
neufs, & n'avoient
jamais servy. Il y eut un
grand Repas, aussi abondant
en viandes qu'en fruits.
Apres que l'on eut disné, Mr
l'Ambassadeur se remit dans
sonBalon, & arriva le soir à
BancoK, qui est la premiere
Place du Royaume de Siam
sur la Riviere. Un Navire~
Anglois qui se trouva à la
rade, le falüa de 21. coups de
Canon, & les deux Forteresses
ses qui sont des deux costez
de cette Riviere, tirerent
l'une 31. coups de Canon &
l'autre29. Il logea dans l'une
de ces Forteresses, en unf
Maison fort bien bastie, &",
que l'on avoit richement
meublée. Il y fut traité avec
la mefime magnificence.
Il partit le 10. à huitheures
du marin, & receut des Forteresses
le mesme salut qu'à
on arrivée. Il fut complimenté
avant son départ, par
eux nouveaux Mandarins
ui l'accompagnerent avec
~us les autres,auffi- bien que
le Gouverneur de Bancok.
Il trouva de cinq lieuës enn
cinq lieuës de nouvelles
Maisons toujours tres-commodes
,& fort richement
meublées
,
& arriva le 12. à"É
deux lieues de la Ville de
Siam. Il avoit plus de cinquante
Balons à sa suite, de i
cinquante jusqu'à cent pieds
de longueur, & depuis trente
jusqu'à six-vingt Rameurs..
Ilssontassis deux sur chaque *
banc,l'un d'un costé, & l'au-
-
tre de l'autre, le visage vers 2
le lieu où ilsveulent arriver..
Leurs rames sont longues de *
quatre pieds, lapluspart dorées,&
ils fatiguét beaucou p
enramant de cette forte. Il
- faut cependant fort peu de
chose pour les contenter.On
leur donne du ris qu'ils font
cuire avecde l'eau, &quand
on y ajoûte un peu de poisson,
on leur fait grand' chere.
Dans tout ce passageon rendit
à Mr l'Ambassadeur les
mesmes honneurs que l'on
rend au Roy. Il ne demeura
pei sonne dans les Maisons,
& comme toute la Campagne
estoit a lors inondée,tout
le monde estoit prosterné
dans desBalons, ou ssir<
des monceaux de terre élevez
à fleur d'eau,& chacun
avoir les mains jointes proche
le front. Devant toutes
les Maisons & Villages, il y
avoir une espece de parapet,
élevé de sept ou huit pieds
hors de l'eau avec des nates.
C'est ce qu'ils observent lors
que leRoy passe. Ils se jettent
le ventre contre terre, & par
respect ils n' osentjetter les
yeux sur luy. J'ayoublié de
vous dire que toutes les
Maisons où Mr l'Ambassadeur
logea, estoient peintes
derouge,ce qui est particu
lier aux Maisons du Roy.
On y faisoitgarde pendant
lanuit, & ilyavoit des feux
tout autour.
Le 13. Mr m'Ambassadeur
fit prier le Roy de luy vouloir
envoyer quelque personne
de confiance avec
qui il pust s'expliquer, parce
que les manieres de recevoir
les Ambassadeurs des Roys
d'Orient
,
estoient differentes
des Ceremonies que l'on
devoit observer en recevant
un Ambassadeur du Roy de
France. Mr Constance vint
à bord le lendemain
,
& ils
convinrent ensemble de
toutes choses.
Le 15 tout le Seminaire
de Siam vint saluer Mr le
Cheualier de Chaumont. Il
y avoit plusieurs Prestres venerables
par leur grande
barbe, & quantitéde jeunes
Chinois, Japonois, Cochinchinois,
Siamois & autres,
tous en long habit, & avec
une modestietres-édisiante.
Les uns sont dans les Ordres
Sacrez,&les autres aspirent
a y entrer.
Le 16. les Deputez de toutes
les Nations établies à
Siam au nombre de quarante
deux, le vinrentcomplimenter.
Ilsestoient tous habillez
à leur maniere, ce qui
faisoit un effet tres. agréable.
Lesunsavoient desTurbans,
les autres des Bonnetsàl'Arménienne,
ceux-cy des Calotes,&
quelques-uns des Babouches
comme les Turcs,
Il y en avoit qui estoient
teste nuë ainsi que les Siamois,
parmy lesquels ceux
qui font d'une qualité distingllée,
ont un Bonnetcomme
celuy d'un Dragon. Ilest
faitde Mousseline blanche,
& se tient toutdroit. Ils l'arrestent
avec un ruban qu'ils
passent tous leur menton.
Le 17. Mr Constance vint
voirles Presens que Sa Majesté
envoyait nu Roy son
Maistre
,
&il amena quatre
Ballons magnifiques pour
les porteràSiam.
Le 18. Feste de S. Luc,
M l'Ambassadeur sedisposa
à son entrée dés le matin, &
il commença par offrir à
Dieu son Ambassade
,
puisqu'elle
n'avoit esté resoluë
que pour sa gloire. Il fit ses
Dévorions avec sa pieté ordinaire
,
& ensuite il alla
:rouver deuxOyas& quaante
Mandarins qui l'attenloienc
dans la Salie. Les
Dyas sont comme les Ducs -
n France. Il prit la Lettre
lu Roy, & la mit dans une
Boëte d'or, cette Boëte dans
ne Coupe d'or, la Coupe
~DUS une sous-Coupe d'or, &
exposa ainsi sur la table, ou
stoitun richeDais. LesOyas
les Mandarins se profernerent
les mains jointes
11* lefront, levisage contre
rre, & salüerent trois fois
la Lettre en cette posture-
C'est un honneur qui n'avait
jamais esté rendu dans
ces fortes de Ceremonies.
Cela estant fait, Mr l'Ambassadeur
prit la Lettre avec
le Vase, le porta septouhuit
pas & l'ayant donné
à Mrl'Abbé de Choisyqui
marchoit un peu derriere.à
sa gauche,
il alla jusqu'a la
Riviere, où il trouva un Ba-
Ion très-doré
,
dans lequel
estoient deux grands Mandarins.
Alors il reprit la Lettre
du Roy, des mains de M
l'AbbédeChoisy,laportajusue
dans ce Balon & l'ayant
onnée à l'un desdeux Man-
~arins, ce Mandarin la mit
iixs un Dais fort élevé en
pince & tout brillant d'or.
* Balon où cette Lettre tmise
,
suivit ceux qui
~rtoient les Presens du Royeux
autres estoient de cha-
~e cofté
, & il y avoit.
~ux Mandarins dans chaa
pour garder la Lettre.
~tit autres Balons de l'Estat
Siam, tous fort magnifies
,
suivoient ceuxcy ,
Ôc
cedoient un tres -
super-
Balon où Mr l'Ambassadeurestoit
seul. Mrl'Abbé
de Choisy estoit aussi feullli,
dans un autre, & il y en avoit
de vuides qui servoient
d'escorte à droit& à gauche.
-
En suite parurenr quatreautres
Balons, où estoient les
Gentilshommes & les Officiers
de Mr l'Ambassadeur.
Dans d'autres estoientles
Gens de saisuite, tous fort
propres, & accompagnez de 3)
Trompettes & de dix-huit
hommJ.es de livrée. Elle cftoit
fort magnifique,&frap- -<j
pa les Siamois plus que l'or n
des Juste-au-corps. LesNations
étrangeres furent du
Cortege, & l'on ne voyoit
que Balons sur la Riviere.
Les grands Mandarins marchoient
à la teste en deux
colomnes. Le Balon oùef-
~oit la Lettre du Roy & les
leux Balons qui la garloient
avec celuy de Mr
»Ambassadeur
,
tenoient le
milieu. Si tostqu'il fut arrivé
terre, la Ville le salüa
, ce
qui ne s'estoit jamais fait
pour aucun Ambassadeur. Il
~ortit de son Balon,& ayant
~epris laLettre du Roy, illa
pic sur un Char de Triomphe
qui l'attendoit, & quiu
estoit encore plus magnifï--que
que que le Balon. On le ~fiéd
monter dans une Chaise ~déJj
couverte, toute d'or, & ~quoi,
dix hommes porterent. M"i\
l'Abbé de Choisy fut ~portôr
dans uneautre. Les~Gentils-?
hommes & les ~Mandainen
suivoient à cheval, & les/j
Trompettes, & tous les ~Genen
de laMaison de Mr~l'Am-rr
bassadeur alloient à ~piecVj
en fort bon ordre. Les Na~x,l
tions suivirent aussi à ~piedhz
On marcha de cette ~fortor;
dans une ruë assez longue, &&
largeà peu pres comme la
ruëdeS Honoré.Elleestoit
bordée d'arbres, & dune
double file deSoldats, le Pot
enrested'un metaldoré, leBouclier & ferentes au bras avec dif- armes, Sabres, Piques,
Dards, Mousquets,
Arcs & Lances. Ils estoient
nuds pieds., & avoient une Chemise rouge, avec une Echarpe de toile peinte qui leur servoit de culote, com-
~me j'ay déja marqué. Des Tambours sonnant comme des Timbales, des Musettes,
des manieres de petites Cloches,&
des Trompettes qui
nerendoient qu'un son des
Cornet,formoient une har- -
monieaussibizarre qu'extraordinaire.
Apres avoir passé
-
u
par cette ruë, on arriva dans 21
une assez grande Place. C'es- -
toit celle du Palais. On ~n
voy oit des deux costez plumesieurs
Elefans de guerre, & :),
des hommes à cheval habil- - lez à la moresque avec la
-
Lance à la main. Les Na- ~-
tions avec tout le restedu Il
Cortege,quitterent M'l'Am- -e
bassadeur en ce lieu là , à la Li
reserve de ses Gentilshom- -1
mes. Avant que d'entrer ij
dans lePalais, il prit la Lettre
du Roy qu'il remit entre les
mains de Mrl'Abbé de Choi-
(y. En suite on marcha à
pied fort gravement. Les
Gentilshommes & les Ovas
alloient devant en bon ordre.
On traversa plusieurs
Courts. Dans la premiereil
y avoit deux mille Soldats le
Pot en reste, & le Bouclier
lOfé) ayant devant eux leurs
Mousquetsfichez en terre;
ls estoient assis sur leurs taons.
Dans la seconde par~
uurreenntt tcrrooiiss cens CChheevvaauuxx-.
~en Escadron, avec plus de
quatre-vingts Elefans, & :
dans la derniere estoient : quantité de Mandarins le
visage en terre, & soute-
-
nu sur leurs coudes. Il y >
avoit six Chevaux dont 3
tout le harnois estoit d'une e
richesse que l'on auroit peine
à exprimer. Brides,Poitrails,
( Crou pieres,Courroyes
, tout 3
estoit garny d'or,& par des- -
sus il y avoit un nombre infiny
de Perles,de Rubis&de 3
Diamans, en sorte qu'on ne s
pouvoit voir le cuir. Les 2:
Estriers estoient d'or,& les v
Selles d'or ou d'argent. Ils EJ
avoient des anneaux d'or
aux pieds de devant
, &
estoient tenus chacun pardeux
Mandarins.On y voioit
aussi plusieurs Elephans richement
enharnachez,comme
des Chevaux de Carrosse.
Leur harnois estoit de velours
cramoisy avec des boucles
doréesLorsquel'on fut
arri vé auxdegrez de la Salle
destinée pour l' Audience,
Mr l'Ambassadeur s'arresta
avec Mr Constance qui l'cf---
toit venu trouver, pour donner
le tem ps à ses Gentilshommes
d'entrer avant luy
dans cette Salle. Ils y entrerent
à la Françoise, & s'assirent
sur de superbes Tapis,
dont tout le plancher estoit
couvert. Les Mandarins &
tous les Gens de la Garde se
placerent de l'autre costé, &
pendant ce temps le Barca-
Ion dont on n'avoit point
encore entendu parler, entretenoit
Mr l'Ambassadeur
au bas du degré. Il luy dit
qu'a la nouvelle de son arrivée
ala Barre de Siam, il avoit
eu envie de l'aller trouver,
mais que les Affaires de
l'Estat ne luy en avoient
point laissé le temps. Ce
compliment estoit à peine
~Un y
>
qu'on entendit les
Tronl pettes&les Tambours
~lu dedans. Les Trompettes
lu dehors répondirent à ~niit,quifaisoitconnoistcree
~ue le Roy montoit à son
~trône. En effetil parut dans
e moment, & à mesme
~nips tous les Mandarins se
~ofternerent" pat terre les
ains jointes, suivant leur
~»ultumé.' Les François le
~üerenr, mais sans se le.
~r de leurs places. Alors
~Confiance&leBarcalpn.
entrerent dans la Salle les
pieds nuds
,
& en rampant
sur les mains & sur les genoux.
Mr l'Ambassadeur les
suivit
, ayant à sa droite Mr
l'Evesque de Merellopolis,
&à (a gauche M l'Abbé de
Choisy
,
qui portoit le Vase
où estoit la Lettre du Roy.
On tient qu'il pesoit du
moins cent livres, & il l'avoit,
toûjours eu entre les.
mains depuis qu'on l'avoir
tiré du Char de Triomphe.
Il estoit en habit longavec
un Rochet, & son ~manteaux
par dessus.Mrl'Ambassadeurs
osta son chapeau sur le dernier
degré dela Salle, & appercevant
le Roy dés qu'il
fut entré,il fit une profonde
\- reverence. Mr l'Abbé de
Choisynefalüa pas , parce
qu'il portoit la Lettre du
Roy.Ilsmarcherent jusqu'au
milieu de la Salle
, entre les
François assis sur les ta pis dit
Plancher & deux rangs de
grands Mandarins prosternez,
parmy lesquels il y avoit
deux Fils du Roy de
Chiampa
,
& un Frere du
Roy de Camboie, Mr l'Ambassadeur
fit une seconde reverence
,& s'avançant toujours
vers le Trône; lors
qu'il fut proche du lieu où
estoituneChaise à bras
qu'on luy avoir preparée, il
en fit une troisième, & commença
sa Harangue,ne s'asseiant
Ôc ne mettant ion chapeau
qu'aprés en avoir prononcéle
premier mot. Il dit
au Roy de Siam
,
£hte le Roy
son Maistre, fameux par tant de
Victoires, & par la paix qu'il
avoit accordée tant de fois à jes
Ennemis, luy avoit commandé
de venir trouver Sa Majesté aux
extremitez de l'Univers
, pour
luyi
w
wy pfeflnter des marques de jon
ejftme, er l'afj-rcr de son amitié
; mais que rien nefloit plus ca..
fable d'unir deux sigrands Princes
t que de vivre dam les fntinjem
dune mtfrne croyance; que cestoitparticulièremint ce que le
Roy son Maiflreluyavot recommandé
de rrpYl/ enter à Sa
Al.siesté
;
Quele Royleconjuroit
Par l'interef}quilpi non: à ra
véritable gloire
)
de co?1.fidrer
tjue cettesuprême A/fcjefit dont il
ijloit revcjîu sur Li Tcrre
, ne
wàuvoit venirque 'u vr yT)iru dire, du Di u Tout puiss
ant ,
Eternel Infiny
,
tel que
Ses Cbreftiens le reconnoijfent*
qui seulfait regner les Roys,&
réglé lafortune de tous les Peuples
; Que c'efloit à ce Dieu du
Ciel & de la Terre qu'ilfalloit
soumettre toutessesgrandeurs,
non a ces 'Vi'Vinitez qu'on adore
dins l'Orient,rItr dont Sa Maje/
lequi avoittantde lumierese
de pénétration
, ne pouvoit manquer
de voir l'impmjfance. Il finieen
disant,quelaplus agreableNouvelle
quil pourroit porter
au Roy [on Maigre
y
feroit que
Sa Majeftéperfuadée dela veri.
té,sifaisoitinstruire dms la ReligionCbrejhenne
; que cela cimenterott
a jamais iejnme &
iamitié entre les deux Rays ; que
iesFrançoisviendraient dans fort
Royaume avec plus d'empreffimentg)
de confiance,&quâinfi
ea Majefié s'attireroit un honheur
eternel dans le Ciel, après a.
suoit régnéavec rant de prosperité
surla Terre.
- Mr TAmbassadeurprononça
cette Harangue toûjours
assis,& sans oster son Chapeau
, que lors qu'il nommoit
quelqu'un des deux
Roys. Mr Confiance en fut
l'Interprete, & se prosterna
trois fois avant que de corn»
mencer. Aprés quoy M41le
Chevalier deChaumont prit
la Lettre de Sa Majesté des
mainsde Mrl'AbbédeChoisy.
Le Vase où onl'avoitenfermée,
estoit soustenu d'un
grand manche d'or de plus
de trois pieds de long. Ils'avança
jusqu'au Trône, qui
estoitune manieredeTribune
assez élevée dans une fenestre
de la Salle,& il presenta
le Vase sans hausser la
main. Mr Constance luy dit
qu'il prist la Coupe par le
baston, mais il n'en voulut
rien faire. Le Roy se mit à
rire
,
& s'estant levé pour
prendre le Vase, il se baissade
maniere qu'on luy vit
plus de la moitiédu corps. Il
regarda la Lettre qui estoit
dans une autre Boëte d'or
que ce Princeouvrit. Il avoir
une Couronne toute brillante
de gros Diamans, avec un
Bonnet comme celuy d'un
Dragon, qui se tenoit droit,
artaché à la Couronne. Son
Habit estoit une maniere de
Juste-au-corps d'un Brocart
d'or, dont le fond estoit UEP
rouge enfoncé. Ce Juste-aucorps
luy serroit le col & les
poignets, & aux bords il y avoitde
l'or&desDiamans,qui
faisoient comme un collier
& des bracelets.. Il avoit aux
doigts quantitéde Diamans.
LaSalle de l'Audience étoit
elevée de douze ou quinze
degrez.Elle estoit quarrée &
assez grande, avec des fenestres
fort baffes de chaque
coste. Les murs estoient
peints, & il y avoit de grandes
Fleurs d'or depuis le
haut jusqu'au bas. Le platfond
estoit orné de quantité
de Festonsdorez, Deux
Escaliers conduisoient dans,
une Chambre ouestoit le
Roy, & au milieu de ces Escaliers
estoit une fenestre
brisée, devant laquelle on
voyoit troisgrands Parasols
par étages qui alloient jusqu'auPlat
fond,l'étoffe estoit
d'or,& une feüille d'or couvroit
le baston. L'un de ces
trois Parasols estoit au milieu
de la fenestre, & les deux:
autres aux costez. Ce fut par
cette fenêtreque leRoyparla,
Mr le Chevalier de Chaumont
estant retourné en [a'v
place, apres avoir donné la
Lettre de SaMajesté, ce qui:
futune grande marque de
distinction pour l'Ambassadeur
du Roy de France, les
Roisd'Orient ne prenant
aucune Lettre desmains des
Ambassadeurs, Sa Majesté
Siamoiseluyditqu'Elle recevoit
avec grande joye desmarques
de l'estime&del'amitié
du Roy & qu'il luy
seroit fort agréable de luy
faire voir en sa personne
combien elles luy estoient
cheres. Apres celaMrl'Am-
-
bassadeur luy montra quelques
Presens du nombre de
ceux que le Roy luy enroyoit,
& luy- presenta Mr
'AbbédeCkoify5&lesGen-
- iishommes. Ce Prince luy
larIa des Ambassadeurs qu'il
voit envoyez dans le Soleil
Orient, & demanda des
ouTelles de la Maison
.oyale, & ce qui se passoit
n Europe. Mr FAmbanaeur
répondit que Sa Mailsatcée,
apresavoir pris la forte
de Luxembourg avoit
oligél'Empereur,, les Espanols,
les Hollandois, & tous
s Princes d'Allemagne à
gner avec luy une Tréve
3 *
: vingtans. Il fit encore
d'autres Questions sur lesquelles
Mr l'Evesque de Metellopolis
servit d'Interprete,
& apres que M l'Ambassadeur
y eut répondu, on tiraun
Rideau devant la Fenestre
de la Tribune. Ce fut par
là que l' Audience finit. Elle
dura plus d'une heure, &
les Mandarins demeurerent.
prosternez pendant tout cor
temps. Ils avoient tous un.
Bonnet,mais sansCouronne,
& chacun d'eux tenoit une
Boëte, pleine de Betel &
d'Areque, dont ils usentencore
plus que nous ne faions
icy de Tabac, C'estpar
diference de ces Boëtes.
u'on peut distinguer leurs
ualitez.
Au sortir de l'Au dience,
Mr l'Ambassadeur fut conuit
dans le Palais, où il vit,
Elefant blanc. On luy rend
e grands honneurs, & on.
regarde comme une Diviité.
Quatre Mandarins sont
ûjours aupresde luy. Deux
ennent un Eventail pour
nasser les Mouches, & les
eux autres un Parasol, afin,
empescherqu'il ne soit inommodé
du Soleil.Ilest
servyen Vaisselle d'or.
-
One
en éleve un petit qui sert
son Successeur.. Lors qu'il 1
besoin de se laver, on le .me-si
ne à la Riviere, & alors les
Tambours &les Trompetes
marchentdevantluy. Dans
l'endroit où on le lave, il )(
a une espece deSale couverte,
destinée pour cet usage
Il y a eu autrefois de grandesGuerres
pour l'Eléphant
bbllanc '1 f1. 1 1 ,v,
,
& il a cousté la vie iî i
plus de six cens mille personnes.
Le Roy de Pegu
ayant appris que cet,Animal
estoit possedé par le Roy
e Siam,luy envoya une
mbassade des plus solembiles
pour le prier de le
lettre à prix, s'offrant d'en
lyer ce qu'il voudroit. Ce
t en 1568. Le Roy de Siam
rant refusédes'en défaire
luydePegu leva une Arée
d'unmillion d'hommes
en aguerris
,
dans laquelle
y avoit deux cens mille
hevaux
,
nans cinq mille Ele- ,
& trois mille Chaeaux.
Quoy que Pegu soit
Digne de Siam de soixante
cinqjournées de Chaeau
,
il ne laissa pas avec
cetteredoutable Armée, de
venir amener son Ennemi
dans laVille Capitale. Il
prit& laruinaentierement
s'estant rendu Maistre de se
Trésors, de sa Femme & db
ses Enfans, qu'il emmena i
Peguavecl'Eléphant blancs
Le Roy de Siam se défen
dit jusques à l'extremité, &
voyant sa Ville prise
,
il fl
jetta du haut de son Palais
en bas, d'où il fut tiré crû
pieces. Quelques-uns écrin
vent que le Siege dura vingt
deuxmois,&que cette guerre
re couta plus de cinq cen
mille hommes au Roy de
Pegu. Jugezcombien il en
dût perir ducosté des Siamois.
Les Indiens trouventquelque
chose de Divindans l'Elesant
blanc. Ils disent que
ce n'est pas feulement à
cause de sa couleur qu'ils le
respectent, mais que sa fierté
leur fait connoistre qu'il veut
qu'on le traite en Prince,
Sr. qu'ils ont remarqué plurieurs
fois qu'il se fâche,
quand les autres Elefans
nanquent à luy rendre
'honneur qu'ils luy doivent.
Apres que l'on eut fait
voir cet Elefant à M l'Am—r
bassadeur, il fut conduit àssi
l'Hostel qu'on luy avoitpreparé.
Par toutoù il passa, illi
trouva des Elefans avec les
Soldats qui bordoient les
chemins en tres-bel ordre,s
Quelques Troupes,& plusieurs
Mandarins montez sur
des Chevaux ou sur des Elesans
magnifiquementenharnachez,
marchoient devant
luy, & grand nombres
d'autres suivoient par hon- -c
neur, Ainsi il ne manqua &r
rien à cette Entrée pour la d
rendre très superbe. Tous
Siam joüit de ce grand Spectacle,&
ce qu'il y eut de surprenant,
c'est que tout le
monde estoit prosterné,comime
si le Roy eust passé luymesme,&
cela sefitavecun
si grand respect, que l'onnentendoit
personne cracher,
tousser, ny parler. Les
ordres du Roy avoient elle
donnez pour cela, ce qu'il
n'avoit jamais fait pour d'autres
Ambassadeurs. Il est remarquable
que les Siamois,
Rapportent aucun desous en
laissant, & qu'on ne voir
parmy eux, ny Boiteux, ny
Bossus, ny Borgnes. S'il y a
quelques Aveugles, ils ne le 1
font que pour avoir estécon- j damnez à cette peine pour
quelque crime commis.
La Ville de Siam, que î
quelques uns apellentIndia J
d'autres Iudia, est la Capitale
du Royaume, & l'une des j
plus grandes & des plus peuplées
de toutes les Indes. Ses 1
Remparts sont environ de z
trois toises de hauteur,&elle
a des Bastions de toutes les aj
sortesde plats, de coupez & al
desolides. La Riviere deMenam
qui y coule enhuit enadroits,
y forme deux Isles,
Elle a plusieurs belles Ruës,
& des Canaux qui sont assez
regulierement tirez. La plus
belle est celledesMores. Ce - qu'ils a ppellent le Quartier
de la Chine est aussi tresbeau.
LesMaisons ne sont
pas laides, & il y en a sort
peu où l'on ne puissealler
enBatcau. Surtout les Temples
& les Monasteres sont
tres-bienbattis. Ils ont tous
les Pyramides dorées qui
ontun très bel effet de loin
;zs, Faux-bourgs, des deux
costez de la Riviere sont
pour le moins aussi grands
& aussi ornez de Morquées
& de Palais que la Ville mesme.
Celuy du Roy est d'une
si grande estenglue, qu'on
le pourroit prendre pour une
seconde Ville. Il ases Remparts
separez ,& les Tours
qui l'environnent en grand
nombre sontfort élevées,
& très-magnifiques..
Mr le Chevalier de Chaumont
trouva au lieu où il sur
conduit,des Mandarins qui
estoient degarde
,
& que
l'on avoit chargez defaire
fournir tout ce qui luy seroit
necessaire pour sa dépense.
Le 19. Mr Confiance fit assembler
tous les Mandarins
Etrangers
,
& leur declara
que le Roy son Maistre vouloit
qu'ils se rendissent tous àl'Hostel de Mrl'Ambassadeur
,
afin qu'ils fussenttémoins
de la distinction avec
laquelle il traitoit le Roy de
France, comme estant un
Monarque tout- puissant, &
qui sçavoit reconnoistre les.
donneurs qu'on luy faifoir.
Ces Mandarins répondirent
qu'ilsn'avoient jamais veu
d'Ambassadeur de France;
mais qu'ils estoient fort persuadez
que cette distinction
estoit deuë à un Prince aussi
grand, aussi puissant, &
aussi victorieux que celuy
qui regnoit sur les François,
puisqu'il y avoit long-temps
que ses Victoires estoient
connuës par tout l'Orient.
Ils allerent aussi-tost salüer
Mr l'Ambassadeur, & le mesme
jour Mr l'Evesque de
Metellopolis se rendit au
Palais où le Roy l'avoit mandé
pour interpreter la Lettreque
Mr le Chevalier de
Chaumont luy avoir donnée
e jour precedent. Envoicy
es termes.
LETTRE
DU ROY
TAU ROY DE SIAM. RES HAFT, TRES PVISSANT,
TRES. EXCELLENT,
ET TRESMAGNANIMEPRINCE,
ET NOSTRE
;H'ER ET BON AMr, DIEV
rEVIllEAUGMENTER VOS-
-RE GRANDEVR AVEC YNE.
rIN HEVREYSE.
Nous 4ious appris avec déplaisir
la perte des mbfadeurSI
que :~ nous envoyajîa en1681. -
&Nous avons cflé informe^par
ItiPreflres Mijjionnaires quifont 1
njen;$ deSian
, C. par les Letj
très nueno?Adimlhts ont reteuës j
de h p.irt de celiiya qui vous 1
confia VO) pnncipules affaires e>rijffpm-nr 3, avec leCjnA vous
Joubair.'XnojhramneRoyale.
Ccflpouryfartsfa'rcque nous
avons choisy le Sieur Chevalier'
de Chaumontpouy nolire Ambaf-
Jadeur,quivous apprendra plusparticulièrement
nos intentions9
sur tout ce qui peut contribuer àK
ejldlirpout toujours cette amitié
fi/ide
fllidr entre nous.CependantAlc,
ferons tres-ais de trouver les
occûfons de tous témoigner la
reconnoijjance avec laqui lie nous
avons appris que vous conrznuez
a donner voflre protcfhon aux E-
'Vesques, cm euxautres ÀdiJJionnaires^
potfohcj'ei, quitravaillenta
linflrufliondetosSujets
ians laRetio-ion Cbjeflien,,,e,
lotreefiimep meulièreincurvons
Wus fait desirer ardernn em que
}OKS 'Vur¡fluZ bien vous-mfmc
k écouter) Çj7 apprendre d\u,x ïvéritables À^aximas @r les
fistres f^cre-^dune si fat.te
9y, dans laquelle un a la LulMijfance
du vray Dieu,qui Jîufa
peutJaprés TOUS avoirfait rtgnem
long temps & glorieusement (un
vos Sujets ,
101.$combler d'u
bon heur eternel. Nous avenui
chargénoflreAmb^Qaieur dese
choses les plus curreujes de noftrt
Royaume, qu'il vous prejenter
comme unemarque de noflre ePi_j
me
y
& il vous expliquera aussi
ce que nous pouvons Jfjinr dt
voui pour l'avantage du Com-A
merce de nos Sujets.Sur ce,Afousm
prions Dieu qu'ilvueilleaugmentas
tervoftre Grandeur avec toute fin^\
heureuse. Ecrit en Noflre Cha.X
(eaU Royal le u. Janvier168
Vostre tres cher & bon Amy,
LO VIS, & plus bas COLBERT.
Quelques jours a pres,
le Roy envoya des Presens
à Mr l'Ambassadeur,
sçavoir plusieurs pieces de
Brocart, des Robes du Japon,
une garniture de Boutons
d'or, & diverses curiositez
du Pays. Il y en eut
aussi pour Mr l'Abbé de
Choisy
,
& pour les Gentilshommes
François.
Le 2,5. il fut mené à une seconde
Audience dans une
Salle à costéd'uneautre où
,eHoir l-e Roy. Le disçours étant
tombé sur la Famille
Royale, Mr l' Ambassadeur *>
dit au Roy de Stam que lu-
- nion y estoit sigrande, que
Monsieur,Frere unique de Sa
Majesté,avoitgagné une
grande Bataille pour le Roy v
sonFrere, contre les Ennemis
liguez,& commandez s
par le General des Hollandois
, qui avoient le plus de s
Troupes danscette Armée;à
quoy le Roy de Siam répondità
peu prés en ces termes.
Je ne m'étonne point que le Roy \(
de France ait réüssidanstoutesses
r entreprises,puis qu'ilaun Frere
l
si bien uny avec luy.La desunion
ejb ce qui renverse les Etats. lec"
sçay les malheurs qu'elle a causez
dans la Famille Royale de Matran
, & dans celle de Bantam,
&sçache le Grand Dieu du Ciel
ce qui arrivera de la mienne.Ce-
Roy a deux Freres ,dont lais-
Xïéfiir tout est tres-remuant.
Il a trente-sept ans, & est
fort incommodé de sa Perfodne.
Peut-estre l'a t'on mis
en cétestat afin de tenir (on.
ambition dans l'impuissance
d'agir. Le plus jeune est
moins âgé de dixans. Il est
muet , ou il fait semblant de
l'estre. Ils ont chacun leur
Palais,& leurs Domestiques,
& ne voyent le Roy leur
Frere que deux fois l'année.
Le Roy peut avoir cinquante
cinq ans. Il est bazanné
de , moyenne taille, & a les
yeux noirs, petits
,
& fort
vifs. Outre deux Oncles qui
sont fort vieux, & dont l'un
luy a servy de Tuteur, il a
des Tantes qui n'ont jamais
esté mariées. Cette seconde
Audience dont j'ay déja
commencé à vous parl er , finit par une matiere de Religion
qui n'eut point de suite.
Mr l'Ambassadeur dit au
Roy, que le Roy son Maître
ne souhaitoit rienavec
plus d'ardeur que d'apprendre
qu'il consentist à se faire
instruire par les Evesques &
Missionnaires qui estoient
dans ses Etats. Il se leva, ôc
ne fit point de réponse. Lors
qu'il se fut retiré, Mr Constance
mena Mrle Chevalier
de Chaumont dans le Jardin
du Palais, où le disner
estoit preparé, Son Couvert.
estoit en Vaisselle d'or; tous
les autres furent servis en
Vaisselle d'argent. Le Grand-
Trésorier, le Capitaine des
Gardes, & d'autres grands
Mandarins servirent à table.
Lerepas dura trois heures,
& l'on allavoir delà l'Estang
du Jardin
,
où il se trouve
plusieurs poissons curieux.
Ilsenvirentun entre autres
avec un virage d'homme.
Le 26. Mr Constancerenditvisite
à Mr l'Ambassadeur.
La Conversion du Roy
fut le sujet de leur entretien.
Mr Constance yfit paroistre
de grandes difficultez
,
sur
ce qu'il seroit tresdangereux
de donner pretexte à
une revolte, en voulant
changer une Religion establie
& professéedepuis tant
de Siecles. Illuy fit connoîue
que leRoyavoit un Frere
quine cherchoitqu'à broüiller;
que c'estoit toûjours
beaucoup que Sa Majesté
permist qu'on enseignast la
Religion Chrestienne dans
son Royaume; qu'illafalloit
laisser embrasser aux Peuples
&aux Mandarins mesme,
si quelqu'un d'entr'eux
vouloit se faireChrestien,
8c qu'avec le temps les choses
pourroient prendre une
autre face.
Le29. Mr le Chevalier de
Chaumont alla visiter le Barcalon,
qui dans les honneurs.
qu'il luy Et rendre le distingua
desautresAmbassadeurs,
ainsi qu'avoit fait le Roy. Mr
l'Evesque de Metellopolis
l'accompagna dans cette visite
, & leur servit dInterprete.
Le 30. on alla au Palais
pour voir ta grande Pagode.
C'est ainsi que les Siamois
appellent leurs Temples
mais ils ne laissent pas de
donner aussi le nom de Paggooddeess
àà leurs Idoles. En pas- Isant
par la premiere Court,
Mr l'Ambassadeur eut le divertissement
d'un combat de
deux Elephans On les avoit
attachez ensemble par les
jambes de derriere
,
& deux
hommes estoient sur chacun,
de ces Animaux, l'un sur le
col
,
l'autre sur la crou pe. Ils
esanimoientavec un croc, lui leur servant d'aiguillon,
es faisoit tourner comme ils
ouloient. Ce Combat ne
onsista qu'en des coups de
ent & de trom pe. On dit
ue le Roy y estoit present
mais il ne se laissa pointvoir.
Les Elephans ont beaucoup
d'intelligence& onleur fait
comprendre aisément tout
ce qu'on leur dit. De cette
Court on passa dans plusieurs.
autres avant que de trouver
la Pagode. Le Portail en est
antique, de assez bien travail.
lé.C'estuntres-beau bastimens
, dont l'Architécture
est presque semblable à celle
de nos Eglises. Les yeux
furent fra ppez enentrant,de
plu sieurs Statuës - de cuivre
doré, qui semblent offrirun
Sacrifice à une grande Idole
qui est touted'or.Elle a quarante
pieds de longueur,
douze de largeur
,
& trois
pouces d'épaisseur. Son poids
est de plus de douze millions
d'or Dans-une guerre où
ceux de Pegu conquirent
presque tout leRoyaume de
Siam, ils couperent une
main à cette Idole. Elle a
icihe remplacée depuis. Aux
deux costezdecette Pagode,
il y a plusieurs autres petites
Idoles dont la plus grande
partie est d'or. Des Lampes
Allumées depuis le haut jusqu'au
bas, font voir dans
quelleveneration elles sont Au fond est une autre Idole
en forme de Mausolée. Elle
est d'un prix extraordinaire.
Parmy ce grand nombre on
en voit une qui bien qu'assise
les jambes en croix,asoixante
pieds de haut. De cette
Pagode M"1"Ambassadeur
alla dans une autre qui en
dépend, & pour y aller, il
passasous une voûte qui est
en forme de Cloistre. D'un
costé de cette voûte,il y avoit
de deux pieds en deux
pieds des Idoles toutes dorées
,& devant chacune bruloituneLampe
queles Talapoins
ont soin d'allulller
0,«Zous les soirs. Dans cette seconde
Pagode Mr l'Ambasfadeur
vit le Mausolée de la
Reyne dccedée depuis quatre
ans, & celuy d'un Roy
de Siam, representé par une
grande Statuü couchée sur
le costé. Il est habillé comme
le sont les Roys de ce
Pays là aux jours de Ceremonies.
Cette Statuë qui est de
cuivre doré
, .a vingtcinq
piedsde longueur. En d'autres
endroits font quantité
de Statuesd'or & d'argent,
avec des Rubis & des Diamans
aux doigts, La princi- pale - beau ré de toutcelaconsiste
dans les richesses,la-plus
grande partiede cequ'il y a s
de plus precieux dans le
Royaume, estantrenfermée
dans les Pagodes. Au sortir
de là, Mr l'Ambassadeur vit i
les ElephansduRoy qu'il fait i
nourrir au nombre de plus 2
de dix mille. Il vit aussi une i
piece de Canon de fonte q
fonduë à Siam qui est de s
vingt-quatre pieds, & qui a j
quatorze pouces de diamet-
-
tre par l'embouchure.
-
Le 3I. - on fit de fort grandies
réjoüissance pourle coueiincirient.
du. Roy de Portugal.
On tira quantitéde
f J
coups de Canon,&il y eut le
f*ir un feu d' Artifice.Cesréiouiflincesfurentcontinue'es
»
u lendemain,premierjour.
[^Novembre
, par Mr Con- rance qui donna un grand
'dhrT, où MrAmbassadeur
.le invité. Il s'y trouva avec
put ce qu'il y avoit d'Euroéens
dans la Ville. On n'enfndit
que coups de Canon
ifqua la nuit,& on tira
ujourssans discontinuer.
Tous les Bastimens qui é- -
toient sur la Rivierre
,
tirerent
aussi après le repas,
qui fut suivye d'uneComedie
de Chinois,&: d'un autre
Divertissement,façon de -j
Marionnettes. Il y eut quelque
chose d'assez surprenant
& de singulier dans cette
Feste. î
Le 4. de Novembre Mr
Constanceavertit Mr l'Ambassadeurque
leRoy devoit
sortir pour se rendre àune
Pagode,où il a accoûtumé
d'aller tous les ans. Comme
ce jour estoit un de ceux Otli
il se montre à ses Peuples,la
mSeremonie meritoit qu,'on
empressa pour la voir. On
e conduisit dans une Salle
ue l'on-avoir pre parée sur
eau pour luy donner ce
laisir. D'abord il passaun
rand Balontout doré,dans
quel estoit un Mandarin
si venoit voir si toutestoit
en dans l'ordre. Il fut suisde
plusieurs Balons rem- des plus qualifiez des
andarins, tous habillez de
ap rouge. Ils doiventestre
tus de mesme couleuren
pareils jours, & c'estle
y qui choisit cette couleur.
Ils avoient des bonnets <
blancs dont la pointe estoit j
fort élevée.Les Oyas étoient
distinguez par un bord d'or
qu'ils avoient a leurs Bon- J
nets. Je ne parle point de a
leur écharpe;elleestoit telle b
- que je l'ay déjàdécrite. On 11
vit paroistre aprés eux quan- titédeMandarins du second J]
ordre, des Gardes du Corps,
&piusieurs Soldatsqui oc<~
cuperent les ailles. Le Roy
estoit dansun Balonmagnisique,
à chaque collé duque
il yen avoit un autre qui nC.
-
toit pas moins brillant. Ce
trois Balons estoient plis rem- de Sculpture,& dorez
jusque sous l'eau. Je
1
vous
en a y déja tant parlé que
vous ne ferez pas fachéed'en
voir quelques uns dans cette
Planche, où j'en ay fait graver
quatre. Vous vous fou.
viendrez que je vous ay dit
qu'ils estoient fort longs, &
aits d'un seul arbre. Leur
ongueur est cause qu'il y a
n grand nombre de Raleurs
,
& qu'ils vont fort
ste. Quand les Rameurs
nantent , ce qu'ils fontsouet,
ilsemble que leurs rames
s'accordentavecleurs voix, JI
& qu'ils battent la mesure *
dans l'eau. Le Balon que
vousvoyez gravé le premier,
est celuy dans lequel estoit la
Lertre de Sa Majesté. Il eitJ
ce qu'ils appellent à trois
T'oirs, & ceux-là sont les
plus considerables. Je croy
mesme qu'ils sont particuliers
pour le Roy, & qu'il
n'est permis à personned'en
avoir. Vosyeux vous feront
voir aisément la diference
des autres, qui n'est
que dans le plus ou moins 1
d'élevation de l'espece de. I
petite Loge qui est au miieu.
Quand il pleut, on (e
netdans cet endroit qui approche
beaucoup des Bans
avec quoy l'on jouë iCYh
les Rameurs du Balon où
stoit le Roy, & des deux
utres qui luyservoientd'act)
i-n-pacrniement,efloienthaillez
comme les Soldats, h
reserve qu'ils avoient une.
aniere de Cuirasse, &de
asque enteste,quel'ondiit
estre d'or. Ils estoient
t nombre de cent quatrengt
sur chacun de cestrois
lons, a,yec-- des Rames.
toutes dorées, & sur ceux
des Mandarins il y en avoit
cent ou six-vingts. D'autres
Gardes du Corps suivoient
dans d'autres Balons, & alloient
devant d'autres Mandarins
qui faisoient l' Arriere
garde, de forte que le Cortege
estoit du moins de deux
cens Balôns. Toute la
Riviere enestoitcouverte,
& il y avoit plusde cent
mille personnesprosternées
& dans un profond silence,
pour joüir de la permission
qu'on avoit de voir le Roy
ce jourla; car en d'autres
temps
temps il faut qu'on s'éloigne
par respect, & ceux qui se
trouveroient à son passage
seroientpunis fort severement.
Ilavoit un Habit tressomptueux,
& tout parsemé
de pierreries, avec un Bonnet
rouge un peu élevé, &
une Aigrette enrichie aussi
de Pierreries. Mr l'Ambassadeur
entra sur le soir dans
ses Balons pour voir revenir
le Roy. Ilavoit changé de
Balon, & promis un Prix à
celuy qui arriveroit au Palais
avant les autres. Ce fut
le sien qui arriva le premier.
Il récompensa ses Rameurs
en Roy, en leur donnant à
chacun la valeur de cinquante
escus. Ce mesme soir
il y eut un Feu d'artifice, &
l'on tira quantité de cou ps
de Canon pour le Couronnement
du Roy d'Angeterre.
Cette Feste fut continuée
le lendemain. Mr Constance
donna encore à disner
à Mr l'Ambassadeur avec
beaucoup de magnisicence,
& tous les Européens 2
furent invitez à ce Repas.
Le Roy qui se montre au
Peuple deux ou trois fois
cous les ans, va aussi quelquefois
par terre faire ses
Offrandes à quelque Mosquée.
Deux cens Elefans, ou
environ, commencent la
marche, portant chacun
trois Hommes armez Apres
eeuuxxvvieienntltala MM-usique. Elle
est composée de Timbales,
de Tambours, & de Hautbois.
Millehommes de pied
armez paroissent ensuite,distribuez
en diverses Compagnies,
qui ont leurs Drapeaux
& leurs Bannieres.
Tout cela precede les grands
Mandarins qui sont à cheval.
Il y en a qui ont une j
Couronne d'or sur la teste, i
ôc une fuite de soixante, ! j
quatre-vingts ôc cent per- 1
sonnes à pied. Entre lesGar- -|
des du Corps & ces Manda-
-
rins marchent deux cens
Soldats Japonois, en équipage
fort leste. Apres eux on f\
voit les Chevaux & les Ele- -j
sans qui ne fervent que pour aPersonne du RtÜY: Leurs zi
Harnois sont magnifiques.
Ils sont chargez de boucles 21
8c de lames d' or, & les dia- -4
mans & les pierreries y brillent
de toutes parts. Ceux
qui portent les Presenschoisis
pourl'Offrande,marchent
devant les plus qualifiez du
Royaume, parmy lesquels
il y en a deux, dont l'untient
l'Etendart du Roy,& l'autre
le Sceptre de Justice. Ils marchent
tous deux à pied immediatement
devant leRoy,
qui est monté sur un Elefant
magnifiquement enharnaché.
Il est porté sur son dos,
assis dans une Chaise d'or.
Cet Elefant marche gravement
tout fier de sa charge.
Il semble connoistre l'honneur
qu'il reçoit,puis qu'il
le met à genoux quand le
Roy s'appreste à monter sur
luy, & qu'il ne soufriroit pas
qu'un autre y montast.Lors
quele Roy a un Fils,ce Prince
le fuit, & apres luy la
Reyne & sesautres Femmes.
Elles sont aussi sur des Elefans
, mais enfermées dans
des manieres de Guerites de
bois doré, en forte qu'il est
impossible de les voir. La
marche tH: fermée par d'autres
Gardes, environ au nombre
de six cens, & tout le
Cortege est composé de
quinze ou seize mille personnes.
La vie du Rov est allez
réglée.
(
Il Ce leve à quatre
heures tous les jours, & la
premiere chose qu'il fait
c'est de donner l'aumosne à
des Talapoins, quine manquent
pas de se montrer devant
luy si tostqu'il paroist.
Ces Talapoins sont comme
nos Religieux Mendians.
Apres celail donne Audience,
dans l'intérieur de [on:
Palais,à. ses Concubines, aux.
Esclaves & aux Eunuques,
& ensuite à un Magistrat
qui luy vient montrer tous
les Procez que l'on a jugez.
Il les approuve ou infirme
comme il luy plaist. Lors
que ce Magistratest forty,
1 Audience est ouverte à
tout le monde jusqu'à l'heure
du Disner. Il disne avec
la Princesse sa Fille, que l'en.L
appelle la Princesse Reyne.,
& dontje vous parleray dans
unautre endroit. La Reyne -
qui est morte depuis peu
d'annees ne'luy a la~ aue
cette Fille. Le Medecin qui
està la porte, visite toutes
les Viandes, & renvoye celles
qu'illuy croit nuisibles.
Pendant ce Repas,qui estle
seul qu'il sait chaque jour,
on luy lit les Procez criminels,&
il ordonne du fort -
de chacun. Apres le Disné,
il entre dans une Salle, oùil
se met sur quelque Lit de
Repos. Il est suivy d'un
Lecteur qui luy lit ordinairement
la Vie de quelqu'un
des Rois qui ont
regné avant luy
,
& lors
qu'il s'endort
,
le Lecteur
paisse la voix, & peu a prés se
etire. Ce mesme Lecteur
entre dans la Salle sur les
quatre heures, & il recomnence
à lire d'un ton si aigu,
qu'il faut neceffiirciiie-ilt
que le Roy s'éveille. Alors il
donne Audience à chacun,
de ses six grands Officiers,
& sur les dix heures le Conseil
s'a ssemble. Il dure ordi-;
nairement jusques à minuit.
MrConfianceaussison Au-j
dience particuliere
,
& si l
toutcela va tropavant dans
la nuit,le Medecin luy vient
dire qu'il faut qu'il se couche.
Ce Medecin est receu
dans le Conseil, mais il ne
fait qu'écouter, & l'on n'y
prend jamais son avis.
Je m'apperçois de la longueur
de ma Lettre ; mais
comment songer à la finir,
ayant encore tant de choses
curieuses à vous a pprendre
touchant le Royaume de
Siam? Je n'ay pas encore
conduit M le Chevalier de
Chaumont à Louvo
,
qui est
une Maison de Plaisance du
Roy, où il alla prendre son
Audience de Congé, & ce
qui s'y est passé pendant le
séjourqu'ily a fait, fournit
la matiere d'un tres-long
Article. Ainsi, Madame,en
vous envoyant cette prernle.
re - Partie de ma Lettre ,je
vous en promets une seconde
quevous aurez dans fort peu
dejours. Je joindray à ce qui |
me reste à vous dire du }
Royaume deSiam les autres V
Nouvelles que vous atten- ;.
dez de moy. Ce sont celles;
quiregardent les Venitiens |
& la Hongrie. Cette seconde j
Partie finira par deuxEnigmes
nouvelles, & par les
noms de ceux qui ont expliqué
les deux dernieres. i
Onvient de m'apprendre ;
que ce que je vous ay dit au
commencement de cette
Rèlation, touchant des Ambassadeurs
que le Roy J de
Slam avoit envoyez à Sa
Majesté par le Portugal,
n'est point véritable. Cesont
des Envoyez de Siam qui
rie vont qu'en Portugal
,
8c
que l'on a chargez des Presens
, dont vous avez trouvé
une Lifte dans ma Lettre
de May. Ainsi cette Liste
est vraye ,
& ils ont ordre
d'envoyer en France les Presens
qu'elle contient.
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Résumé : Journal du Voyage de M. le Chevalier de Chaumont. [titre d'après la table]
Le texte relate le voyage du Chevalier de Chaumont, ambassadeur du roi de France, vers le roi de Siam, accompagné de l'Abbé de Choisy. Ils embarquent à Brest le 3 mars sur le vaisseau 'L'Oiseau' et la frégate 'La Maligne'. La traversée jusqu'à la ligne équatoriale se déroule sans incident, marquée par des exercices de piété quotidiens. Chaumont refuse de jurer sur les Évangiles lors de la cérémonie du baptême équatorial et paie pour éviter cette obligation. Le voyage continue jusqu'au Cap de Bonne Espérance, où ils font escale pour se ravitailler et soigner les malades. Le Cap est décrit comme un lieu bien fortifié avec un jardin luxuriant et des habitants locaux appelés Cafres, vivant de manière primitive. Les Hollandais y ont établi une forteresse et des habitations. Après sept jours, ils repartent vers Batavia, mais la traversée est plus difficile. Ils arrivent à Java, une île dont les habitants prétendent descendre des Chinois. Ils font escale à Bantam, où les Hollandais contrôlent le royaume après une guerre civile. Enfin, ils atteignent Batavia, où ils restent sept jours pour soigner les malades. Batavia est décrite comme une ville bien située et protégée. Le texte mentionne également les conflits entre les Hollandais, les Anglais, et les Indiens dans les Indes orientales au début du XVIIe siècle. En 1619, les Indiens profitent de la mauvaise entente entre les Hollandais et les Anglais pour se libérer de la domination hollandaise. Une bataille navale entre les flottes anglaise et hollandaise a lieu le 2 janvier 1619, et les Hollandais reprennent le fort de Batavia après six mois de siège. Ils consolident leur position en construisant des fortifications et en établissant des relations commerciales avec les Chinois, les Japonais, et les Siamois. À Siam, l'ambassadeur est accueilli avec magnificence et loge dans des maisons neuves et richement meublées. Il reçoit des saluts canoniques et est traité avec honneur. Il rencontre des dignitaires siamois et présente la lettre du roi de France de manière solennelle. La salle de l'audience est richement décorée, et le roi du Siam exprime sa joie de recevoir les marques d'estime et d'amitié du roi de France. L'ambassadeur visite également plusieurs pagodes, dont une contenant une grande idole d'or endommagée lors d'une guerre contre Pegu. Il observe les éléphants du roi et une pièce de canon de fonte. Des réjouissances sont organisées pour célébrer le couronnement du roi de Portugal. Le roi de Siam mène une vie réglée, se levant tôt pour donner l'aumône et recevoir des audiences. Le texte se termine par la mention de la visite de l'ambassadeur à Louvo, une maison de plaisance du roi, et promet une seconde partie avec d'autres nouvelles sur le royaume de Siam.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1-216
HISTOIRE DU SIEGE DE BUDE.
Début :
Nous avons vû en moins d'une année deux choses [...]
Mots clefs :
Bude, Siège de Buda, Siège, Prince, Histoire, Comte, Troupes, Place, Hommes, Armée, Ville, Attaque, Canon, Assiéger, Place, Prince Charles, Charles V de Lorraine, Électeur de Bavière, Maximilien-Emmanuel de Bavière, Général, Camp, Assiégés, Brandebourg, Assiégeants, Pièces, Travaux, Soldats, Ennemis, Rondelle, Brèche, Nuit, Turcs, Bavarois, Lieutenant, Colonel, Janissaires, Lignes, Major, Régiment, Palissades, Côté
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texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE DU SIEGE DE BUDE.
HISTOIRE
DU SIEGE
DE BUD E.
OUS avons vu en
moins d'une annéedeux
chofes fi remarquables ,
l'une en France , & l'autre
en Hongrie , qu'il eft impoffible
qu'elles ne paffent jufqu'à la
pofterité la plus éloignée , puifque
plufieurs fiecles enſemble ne
fourniffent pas quelquefois des
actions d'un fi grand éclat. Tout
A
Hiftoire du Siege
l'Empire Ottoman employoit fes
foins & fes principales forces à
empefcher que l'on ne prît Bude,
parce que cette Ville peut ouvrir
le paffage jufques à Conftantinople
, & qu'il eft malaisé que le
Royaume de Hongrie dont elle
eft la Capitale , ne foit pasfoumis
à la domination de celuy qui
la poffede. C'eſt pour cela que les
Tures fe font toûjours attachez à
la conferver. Elle a foûtenu quatre
fieges depuis qu'ils en font les
maiſtres , & n'a efté prife qu'au
cinquième , qui eft celuy qui
vient d'eftre fait par l'Armée confedérée
des Chrétiens. L'Empereur
à qui tant de Troupes auxiliaires
jointes aux fiennes , ont
facilité cette Conquête , y va rétablir
la veritable Religion , pendant
que Sa Majefté fortifie cette
méme Religion dans huit cens
Villes
de Bude. 3
t
Villes ou Bourgs , d'où Elle a
chaffe la fauffe , que fept de fes
predeceffeurs n'avoient pû détruire.
Ces deux Nouvelles ayant
donné au Pape la plus fenfible
joye qu'il ait receue depuis fon
Exaltation au Pontificat , il a ordonné
de femblables remerciemens
à Dieu , & d'égales rejoüiffances
dans Rome, pour des actions
qui font du plus grand merite au
prés du S. Siege. On n'y a parlé
jufqu'à la prife de Bude , que de
ce que l'Eglife doit au Roy de
France , & depuis la Conquête
de cette importante Place, on n'y
parle que de l'une & de l'autre
action, & on les regardes comme
les deux plus grands Triomphes
que l'Eglife pouvoit remporter.
Je vous ay entretenue de l'une
pendant plufieurs mois , il faut
vous entretenir de l'autre ; mais
A ij
4 Hiftoire
du Siege
pour le faire avec un peu d'ordre ,
je croy qu'il fera bon de vous expliquer
en peu de mots comment
la Ville de Bude a paffé au pouvoir
des Ottomans.
Louis II. dit le Jeune , Roy de
Hongrie , ayant pery en 1526. à
la bataille de Mohacs , Jean de
Zapol , Comte de Scepus , Vaivode
de Tranfilvanie fut falué
Roy par une partie des Hongrois.
L'autre élut Ferdinand Roy de
Boheme , qui avoit époufé Anne ,
Soeur du defunt Roy Loiys . Ferdinand
affifté des forces de l'Empereur
Charle Quint fon frere ,
alla droit à Bude , dont il fe fai fit
en ayant chaffe Jean de Zapol , qui
par diverfes pratiques qu'il eut à
la Porte , vint enfin à bout de faire
venir Soliman à fon fecours . Solyman
eftant entré dans la Hongrie
avec de puiffantes forces en 1529.
marcha
de Bude.
5
€
C
marcha vers Bude , la prit & retablit
le Roy Jean dans fon Eftat.
Ce dernier pour s'y maintenir
fans trouble , fit un accord avec
Ferdinand , par lequel il devoit
jour du Royaume de Hongrie
jufques à fa mort , à condition
que Ferdinand , ou l'un de fes
Fils , luy fuccederoit , & comme
il fe pouvoit faire que Jean venant
à fe marier auroit des enfans
, il fut arrefté que s'il avoit
un Fils , ce Fils feroit Prince de
Tranfilvanie, & poffederoit toutes
les terres , Villes & Chateaux
qui avoient appartenu à Jean avant
que les Hongrois l'euffent
fait leur Roy. Ce Traité eftant
conclu, il fe maria avec Elifabeth.
fille de Sigifmond Roy de Polog.
ne, & mourut prefque auffi - toft ,
laiffant au berceau un Fils qu'il
en eut. Quelques- uns mirent la
A iij
6 .
Hiftoire du Siege
Couronne fur la tefte de l'Enfant
le jour qu'il fut baptifé , & Ferdinand
ayant demandé à Elifabeth
l'execution du Traité fait
avec le Royfon Mary cette malheureufe
Reyne qui fut avertie
qu'il preparoit une Armée pour
la contraindre à l'obeïffance , envoya
des Ambaffadeurs à Solimã .
Ils en furent bien receus , & en
rapporterent une Robe d'écarlate
en broderie , une maffe de fer
avec le pommeau & la poignée
d'or , & un cimeterre dont le fourreau
eftoit tout femé de pierreries
, pour marque de fon amitié
& de fa protection . En mefme
temps Solyman donna fes ordres
pour faire fecourir Elifabeth fi
elle eftoit attaquée , & Guillaume
Rocandolph, General des Troupes
de Ferdinand , ayant commencé
le Siege de Bude , Mahomet Bacha
de Bude ..
7
cha , & Mahomet Sangiac de
Belgrade , pour obeir à leur Empereur
, marcherent vers cette
Place avec toute la diligence poffible
. Rocandolph remüa fon
Camp à leur arrivée . Il le mit au
pied du Mont S. Girard . Le Sangiac
de Belgrade alla camper fur
les cofteaux de la Plaine qui s'étend
depuis ce Mont le long du
Danube pour enfermer les Chreftiens,
& Mahomet Bacha campa
d'un autre cofté , & fi prés de
Rocandolph , que les Tentes de
l'une & de l'autre Armée n'étoient
éloignées que d'une demie
lieuë. Il y eut de legers combats
entre les deux Camps , avec des
fuccez , tantoft favorables pour
l'un des partis , & tantoft pour
l'autre ; mais enfin Rocandolph
ayant appris que Solyman venoit
luy- mefme appuyer les deffeins
A iiij
8
Hiftoire du Siege
de fes Generaux à la tefte de
deux- cens mille hommes , jugea à
propos de fe retirer . Les Turcs
avertis de fon deffein l'attaquerent
dans fa retraite , & plus de
vingt mille Chrêtiens demeurerent
fur la place . La levée du Siege
n'empefcha pas Solyman de
pourfuivre fon voyage , & de venir
jufque devant Bude . Il envoya
de là affurer la Reine Elifabeth
de fa bienveillance ; & la fit
prier de fatisfaire l'envie qu'il
avoit de voir le jeune Eftienne
fon Fils. Elifabeth trouvant dangereux
de le refufer , parce que
c'eût été marquer de la défiance ,
& irriter un Prince puiffant, l'envoya
au Camp de Solyman , avec
les principaux Seigneurs de fa
Cour. Le Turc le receut avec
beaucoup de careffes , & le fit
loger avec Bajazet & Selim fes
Fils ,
de Bude.
Fils , qu'il avoit eus de Roxelane .
Les Bachas traiterent magnifiquement
les Seigneurs Hongrois
qui avoient accompagné leur
jeune Roy , & cependant les Janiffaires
de Solyman qui avoient
fes ordres , eftant entrez dans la
Ville comme amis , fe répandirent
par tout fous pretexte de
confiderer la beauté des Bâtimens
, & fe voyant affez forts
pour executer leur entreprife , ils
fe faifirent de toutes les Places ,
forcerent les Gardes des Portes
qui ne foupçonnoient point cette
trahifon , & les ouvrirent à quelques
Troupes qu'on avoit fait
avancer. Enfuite on commanda
aux Bourgeois de rendre les armes
, & ce fut ainfi que Solyman
s'empara de Bude , fans qu'il en
coutât le fang d'un feul homme .
Cela arriva en 1541. Apres un
•
A V
Hiftoire du Siege
évenement fi favorable , l'Empereur
Turc tint confeil , & l'on
y
mit en deliberation s'il retiendroit
le Royaume de Hongrie,
ou s'il le rendroit au jeune Roy.
Mahomet Bacha eftoit d'avis que
Solyman le menaſt à Conſtantinople
avec les Seigneurs Hongrois
qu'il avoit entre fes mains ,
& qu'il mift à Bude un Gouverneur
qui ufant de moderation ,
apprit à ce Peuple à fe foumettre
au joug Ottoman . Ruftan
, Gendre de l'Empereur &
de Roxelane , luy voulut perfuader
de garder ſa foy , qu'il ne
pouvoit violer fans honte , & le
Sangiac de Belgrade fut d'avis
qu'en reduifant la Hongrie en
Province , il fe delivraft par là
de la neceffité, où il pourroit eftre
encore de revenir de fi loin fecourir
une Femme & un Enfant.
Il
de Bude. I
Il luy reprefenta qu'ils ne pourroient
refifter aux forces Allemandes
que par le fecours de
celles de la Hauteffe , & que les
Guerres ne fe devant faire que
pour avoir le moyen de vivre en
paix , il eftoit de l'intereft du
Sultan fon Maiftre, de reduire en
Province un Royaume qu'il avoit
fi fouvent défendu ; qu'ainfi il
falloit renvoyer la Reyne en Pologne
à fon Pere Sigifmond , mener
le jeune Roy Eftienne à
Conftantinople pour l'y élever
dans la Loy Mahometane , faire
trancher la tefte à tous les
Seigneurs Hongrois prifonniers,
rafer leurs Fortereffes , tranfporter
une pattie des familles en
Afie , & tenir les autres dans le
devoir par de fortes Garnifons.
Soliman ne fuivit aucun de ces
avis. Il entra dans Bude, & aprés
avoir
12
Hiftoire du Siege
, avoir renverfé les Autels &
fait brifer toutes les Images de
l'Eglife Cathedrale pour la confacrer
felon les Superftitions Mahometanes
, il fit fortir Elifabeth
de la Ville , & l'obligea de ſe retirer
à Lippe avec fon Fils pour
gouverner la Transilvanie , l'affurant
qu'il le rétabliroit fur le
Trône quand il feroit dans un
âge plus avancé. Cependant il la
declara Tutrice de ce jeune Prince
dont il luy promit d'eftre le
Protecteur, & luy rendit Georges
Martinufius pour eftre Miniftre
de fes Eftats. Depuis ce temps-là
la Ville de Bude que les Allemans
appellent offen , eftoit toûjours
demeurée au pouvoir des Turcs.
Elle fut affiegée en 1598. fous
le Regne de Mahomet III . par
l'Archiduc Mathias . Il força le
Fauxbourg qui eft du cofté du
Da
de Bude . 13
1
I
Danube , & fe rendit maiſtre
du Fort bafty fur le Mont Saint
Girard , où il trova quatre- vingt
pieces de canon , mais il ne put
venir à bout de la Citadelle .
Elle fut & vigoureufement défendue
, que la mauvaiſe faifon
s'avançant , il fe vit contraint de
lever le Siege. Comme il n'abandonnoit
le deffein de faire
cette conquefte que par la confideration
de l'hyver , fi - toſt
qu'il vit le temps propre à l'entreprendre
, il ramena fon Armée
devant cette Place. Les
Turcs qui en apprehendoient
la perte , s'avancerent promptement
pour la fecourir. Ils furent
défaits , mais cette victoire qui
donnoit de fi grandes efperances
aux Princes Chreftiens qui attaquoient
Bude ne pût rien
diminuer de la fermeté des
,
Affie
14 Hiftoire du Siege
Affiegez à fe bien défendre .
L'Armée Chreftienne trouva
dans ce fecond Siege les mefmes
hommes , & la mefme refiftance
qui luy avoit fait quitter
le premier , & elle fe retira
encore une fois.
>
Apres la perte d'Albe - Royale
, repriſe en 1602. par les
Turcs qui l'avoient perduë
l'année precedente , le mefine
Archiduc Mathias , qui commandoit
une Armée de quarante
mille hommes , marcha pour
la troifiéme fois contre Bude.
La Ville - baffe ayant efté
facilement emportée , il affiegea
la haute , furprit la Ville de
Peft , & ces commencemens furent
fi heureux , qu'on ne douta
point qu'il ne vint à bout de
fon entrepriſe. Cependant toute
la valeur & la prévoyance
des
de Bude.
15
des Chreftiens ne put empefcher
que la Citadelle ne fût rafraîchie
d'hommes , de vivres &
de munitions . de Guerre ; ainfi
il fallut encore lever le Siège.
Charles de Gonzague , Duc de
Nevers , y fut bleffé d'un coup de
moufquet à l'épaule.
Le dernier Siege eft connu
de tout le monde. Il fut commencé
par le Prince Charles de
Lorraine le 14 de Juillet 1684.
& le fecours jetté dans la Place
, le mauvais eftat dés Troupes
, l'incommodité de la faifon
, & le hazard auquel on fe
feroit exposé en donnant un
affaut general , dans lequel on
auroit eu à combattre en meſme
temps & ceux de la Ville , &
le Seraskier qui n'eftoit pas éloigné
des Lignes , ayant fait
craindre un mauvais fuccez de
cette
16 Histoire du Siege
cette entrepriſe , l'Armée Chreftienne
fe retira le premier jour
de Septembre , fans eftre inquietée
par les Ennemis dans fa
retraite .
Je viens au cinquième Siege
de cette importante Place.
Rien n'eft plus difficile qu'u
ne Relation de cette nature ,
fur tout lors qu'un Siege a efté
long , qu'il a fait verfer beaucoup
de fang, & que l'évenement
en a efté attendu de toute
l'Europe. Comme dans celuy
que j'entreprens de décrire , le
nombre des Intereffez a efté
grand , & qu'il y a eu differens
quartiers de divers Souverains,
fans compter quantité de Volontaires
repandus de plufieurs
Nations, chacun voudroit qu'on
n'oubliaft rien de ce qui le regarde
, & c'est une exactitude
qui
de Bude.
17
,
qui eft entieremet impoffible.Cependant
s'il arrive qu'on ne parle
point d'une action d'un feul Volotaire
lors qu'il eft d'une qualité.
diftinguée, cela eft caufe que tous
ceux de la mefme Nation fe récrient
fur la fauffeté d'un ouvrage
, qui ne manque quelquefois
qu'en ces fortes de circonftances
qui ne meriteroient pas
qu'on s'en mift en peine . Il y en
a d'autres qui pouffent le point
d'honneur plus loing , & qui ne
voudroient pas qu'on marquaft
que ceux de leur Nation ont eu
fouvent du defavantage pendant
le cours du Siege , comme fi la
- Victoire qui couronne tous les
travaux par la priſe d'une Place,
& qui efface toutes les pertes,
pouvoit empécher que l'on n'euft
efté quelquefois batu avant le
triomphe. S'il ne faloit point
parler
18
Hiftoire du Siege
parler des de avantages du Vainqueur,
il faudroit feulement marquer
la Prife , & la Victoire &
ce ne feroit plus alors la Relation
d'un Siege , mais le détail de la
derniere action. Bien que l'on
foit affuré de la priſe de la Place
avant que d'écrire la premiere
ligne du Siege , & qu'on fçache
que ceux qui fe font venus rendre
aux Afliegeans ont dit la
plus - part des fauffetez , il faut
pourtant faire mention de ces
fauffetez ,quoy que dans le tems
qu'on les écrit , on les connoiffe
pour telles. Il faut mettre dans
un journal tout ce qui s'est fait
& tout ce qui s'eft dit , parce que
felon ces chofes ont voit les vraies
& les fauffes mefures qu'ont pris
tant les Affiegeans que les Affiegez.
C'eſt par là que la Pofterité
s'inftruit , & c'eft ce qui doit
donner
de Bude. 19
3:
donner des lumieres à ceux qui
en de pareilles occafions peuvent
un jour avoir des commandemens.
Ainfi quand je diray la
verité de ce qui s'eft paffe pendant
le cours du Siege de Bude
,je ne feray pas pour cela contre
les Allemans. Tout depend
de la derniere action , puifque
lors qu'on reuffit , on a toûjours
pris de juítes mefures. Je dois
dire à l'avantage de la France,
qu'une Place fans dehors , com-
I me celle que vient de reduire
l'Armée des Confederez, fe pourroit
compter prife d'abord
les François l'affiegeoient , puifqu'on
ne manque jamais de capituler
dés qu'ils ont pris les dehors
de quelque Place , & que
Bude n'en avoit point . Ils auroient
pû faire voir en cette occafion
ce qu'ils ont fouvent fait
, fi
éprou
20
Hiftoire du Siege
éprouver à plufieurs Villes , mais
l'Allemagne avoit trop connu
leur valeur en la fameufe journée
de S. Godard pour vouloir
donner lieu à d'autres qu'à fes
Sujets d'acquerir une auffi grande
gloire , & elle a mieux aimé
faire lentement cette Conquête,
quand mefme elle auroit deu
rifquer à ne la pas faire
,, que de
laiffer aux François les avantages
qu'ils font toûjours feurs de
remporter dans toutes leurs entrepriſes.
Comme le fuccés de
celle- cy paroiffoit douteux , elle
fut fort debatue au Confeil de
l'Empereur.Les fentimens étoient
partagez, & il y en avoit d'entierement
cotraires à l'avis du Prince
Charles de Lorraine , qui fouhaitoit
d'ouvrir la Campagne par
un Siege auffi confiderable que
celuy de Bude paroiffoit aux Allemans
.
de Bude. 21
lemans. Il avoit efté contraint
de le lever en 1684. & il croyoit
qu'il y alloit de fa gloire de reparer
par la prife de cette Place
qu'on jugeoit fi importante , le
malheur qu'il avoit eu l'affiegeant
inutilement. Il trouvoit l'occafion
favorable , & qu'il luy eftoit
facile d'acquerir beaucoup de
gloire , à moins qu'il n'euft toû
jours le mefme malheur , puis
qu'il devoit eftre fecondé dans
cette Expedition , non feulement
par les Troupes de l'Empire , mais
encore par celles de plufieurs
Souverains , dont il y en avoit
un tout remply de coeur , qui
vouloit commander les fiennes en
perfonne , & que ces Troupes
qui ne manquoient de rien , étoient
aguerries à l'exemple de
leur Chef , qui a déja fait voir
fon courage & fon intrepidité
en
22 Hiftoire du Siege
en plufieurs occafions . Ileft aisé
de juger que c'eft de l'Electeur
de Baviere que je parle. Outre
tout cela ,le Prince Charles voyoit
accourir en foule quantité d'illuftres
Volontaires de toutes les
Cours de l'Europe , parmi lefquels
eftoient beaucoup de François
qui fe trouvent toujours dans les
lieux où ils peuvent voir qu'il y
a de la gloire à acquerir. Ce n'étoit
pas encore tout ce qui foutenoit
l'efperance de ce Prince. Il
fçavoit que les liberalitez du Pape
fe répadoient à pleines mains,
pour faire fubfifter fes Troupes,
que chaque Souverain de l'Europe
fourniffoit des hommes , de
l'argent , ou des munitions pour
avancer le fuccés de fes deffeins,
& qu'enfin le Siege de Bude étoit
pluftoft l'entrepriſe de la
Chreftienté entiere,que de l'Empire.
de Bude.
23
pire. Comme tous ces avantages
pouvoient contribuer à fa.
gloire & le faire triompher , il
eftoit de ſes interefts de profiter
de l'occafion , puis que l'honneur
de remporter la Victoire , quoy
que deuë aux plus braves fujets
de tous les Souverains de l'Eurodevoit
réjaillir preſque fur
pe ,
luy feul.
Si ce Prince fouhaittoit avec
une extreme impatience qu'il luy
fuft permis d'affieger Bude , les
Turcs qui n'avoient point d'armée
en campagne , ne defiroient
pas avec moins d'ardeur de luy
voir former ce Siege . Celle des
Chreftiens eftoit puiffante , de
forte que l'on eftoit affeuré que
la Place qu'ils attaqueroient ne
pourroit refifter long- temps , ny
attendre le fecours , à moins
qu'on n'affiegeaft la plus forte, &
la
24 Hiftoire du Siege
la mieux remplie d'hommes , &
de munitions & tout cela fe
trouvant à Bude , les Turcs avoient
raiſon de fouhaiter qu'on
mift le Siege devant cette Place,
afin que la longue refiftace qu'elle
feroit, leur puft donner lieu de
preparer un puiffant fecours , &
de le faire mefme venir du fond
de la Turquie , s'il en eftoit befoin
. Michel Abaffi , Prince de
Tranfilvanie , qui eftoit de concert
avec eux fit entendre aux
Imperiaux qu'il fe declareroit
plus ouvertement en leur faveur,
files Ottomans n'eftoient plus
maiftres de Bude. Ainfi tout
contribua à cette entreprife,quoy
que le fuccez en fuft incertain,
parce que la Place , ainfi que la
fuite l'a fait voir , ne manquoit
ny de Soldats , ny de Chefs intrepides
& aguerris, ny d'argent,
2
ny
de Bude.
25
Ο
C
ny de toutes fortes de munitions.
D'ailleurs la forte & longue reſiſtance
que le Gouverneur avoit
faite pendant le dernier Siege
, devoit fervir de regle à celuy
à qui l'on en avoit commis
la défenfe , & comme il étoit
feur d'eftre étranglé s'il rendoit
la Place , il y avoit
apparence
qu'il la défendroit jufqu'à la derniere
extremité. Il y avoit auffi
lieu de prefumer pour plufieurs
raifons , que le grand Vizir venant
en perfonne , periroit plutoft
, que de ne la pas fecourir.
La deftinée de fes deux Predeceffeurs
le devoient engager à
cet effort , c'eftoit par la qu'il
pouvoit fe monftrer digne du
choix qu'on venoit de faire en
Il'élevant à la dignité où il fe
voyoit. Il avoit eu l'adreffe de
fe faire mettre . en la place de
B
16
Hiftoire du Siege
fon Predeceffeur, & il avoit commandé
une Armée contre la Pologne
avec affez de fuccés pour
faire attendre de plus grandes
chofes de luy , quand il feroit à
la tefte d'un plus grand nombre
de Troupes , & cependant c'eft
luy qui eft caufe que l'on a pris
Bude.
Quelque nombreuse que foit
une Armée devant une Place, &
quelque fortifiée qu'elle foit , il eft
prefque impoffible ( & c'eft ce
qu'on n'a prefque point vû depuis
plufieurs ficcles) qu'elle empefche
une Armée Royale de fecourir
la Place affiegée lors que
cette Armée a pu faire affez de
diligence pour arriver avant la
prife de la Ville qu'elle a voulu
delivrer d'un fiege . C'est pour ceque
dans la plufpart des capitulations
, les Villes affiegées metla
tent
de Bude.
27
tent qu'elles fe rendront au jour
dont on convient, pourveu qu'avant
ce jour-là il n'arrive point
d'Armée Royale pour les fecourir.
Il eft enfin conftant que de
vingt Armées qui ont donné
dans des Lignes pour les forcer,
quoy que défenduës par un plus
grand nombre de Troupes , dixneuf
y ont réuffi. La raifon en
eft facile à comprendre. Une Armée
,, quoy que tres -nombreuſe,
qui entoure une Place, peut eftre
forcée par une plus foible , parce
qu'elle eft obligée d'occuper plufieurs
lieues de terrain autour de
la Place qu'elle affiege, & quainfi
chaque quartier eft peu garny
de Troupe , au lieu que l'Armée
qui attaque eft toute raf
femblée en un corps , ce qui la
rend beaucoup plus forte. Celle
qui eft dans les lignes pour-
Bij
28 Hiftoire du Siege
roit faire la mefme chofe , &
unir auffi toutes les forces pour
défendre l'endroit par lequel elle
eft attaquée , mais quand ceux
qui la veulent forcer font habiles
, ils donnent de fauffes attaques
fi à propos qu'on n'ofe dégarnir
aucun Pofte , parce qu'on
ne peut deviner la veritable at
taque. Ainfi l'Armée qui veut
paffer dans une Place , & qui
prend toutes les mesures qu'il
faut pour cela , cela , ne trouvant que
les Troupes d'un feul quartier
à combattre , les forces , aidée
de la Garniſon qui en ce rencontre
ne manque jamais de vigoureufes
forties. Ceft par là que
les Villes affiegées qui ont be
foin d'eftre fecouruës , le font
toujours, quand les Armées qu'on
veut employer pour ce fecours,
arrivent affez à temps . Le Grand
•
Vizir
de Bude. 29
Vizir au lieu de fe fervir de
tous ces avantages , a fait quan
tité de fautes , & elles ont efté
caufe de la prife de la Place
qu'il auroit pû fecourir. Il a fait
batre plufieurs fois fes meilleures
Troupes en détail , ce qui
ne pouvoit manquer d'arriver ,
puifque les corps qu'il envoyoit
eftoient moins forts que toute
Farmée qu'ils avoient à combatre.
Il a laiffé le temps de connoiſtre
que celle qu'il amenoit,
eftoit moins nombreuſe qu'on
n'avoit crû. Il a fait rallentir la
chaleur de fes Troupes , en les
faifant battre trop fouvent , & en
sobftinant à ne pas attaquer les
lignes avec toute fon Armée . Il
a par la frequente défaite de ces
mefmes Troupes rehauffé le courage
des Chreftiens. Il leur a
donné le temps de faire venir
Bij
30
Hiftoire du Siege
le General Scheffemberg avec
les fiennes , qui n'eſtant rebutées
par aucun affaut , ont emporté
la Place ; il eſt cauſe de
la mort du Gouverneur , & de
perte de tout ce qui reftoit
de bonnes Troupes dans Bude,
parce que fi fa preſence n'euft
pas fait efperer un
la
prompt
& vigoureux fecours , on auroit
capitulé lors qu'on auroit
crû n'eftre plus en eftat de fe
défendre. Ainfi fa prefence a
donné aux Affiegeans une Vitoire
, & plus grande , & plus
complette . Elle a fait voir le
peu
de valeur , & le petit nombre
des Troupes Ottomanes
que le peu d'experience de fes
Chefs. Elle a caufé les pertes
que les Troupes ont faites depuis
la prife de Bude , & qui entraifneront
celles qui les doivent
fuivre .
•
>
ainfi
de Bude.
31
e
fuivre. Elle a donné du coeur
aux Victorieux ; elle a ofté la
terreur qui depuis long - temps
faifoit apprehender l'Empire Ot-
& fera caufe qu'aucu- toman
ne Place forte ne ſe défendra autant
qu'elle pourroit faire quand
elle fera affiegée , de crainte
d'éprouver le fort de Neuhaufel
& de Bude .
Toute l'Europe eſtoit attentive
fur l'entreprife par laquelle
les Imperiaux feroient cette année
l'ouverture de la Campagne.
L'Electeur de Baviere eſtant
arrivé à Neuftadt le vingtiéme
de May , l'Empereur y tint plufieurs
fois confeil de guerre avec
les Officiers generaux &
ſes Miniftres. On y propofa le
fiege d'Albe Royale , auquel il
y eut quantité d'avis contraires .
-
B üij
32 Hiftoire du Siege
pes
·
On reprefentoit que les Troueftant
fraifches , & l'Artillerie
en bon eftat , il feroit beaucoup
plus avantageux d'attaquer
Bude. On convenoit que ce Siege
ne fe pouvoit faire fans beaucoup
de peine , à caufe que les
fortifications en avoient efté
tres bien rétablies , & qu'on
y avoit ajouté quelques ouvrages
pour en fortifier les dehors
le long du Danube jufqu'à la
Montagne.On fçavoit encore que
le Foffe avoit efté aprofondy de
l'autre coſté de la Ville , que
avoit contreminé les endroits où
les Imperiaux avoient preparé
des mines lors qu'ils l'affiegerent
en 1684. qu'il y avoit de fauffes
portes pour faire des forties par
deffous , & qu'on avoit dépavé
les rues , ofté les toits , & fait
couvrir de terre toutes les maifons
,
l'on
de Bude.
33
C
3
fons , afin d'empefcher l'effet des
Bombes & des Carcaffes. Des
Deferteurs avoient auffi rapporté
qu'il y avoit dans la Place des
munitions de guerre & de bouche
, pour foutenir un Siege de
plus de fix mois ,,
que la garnifon
eftoit de plus de dix mille
hommes choifis entre les Janiffaires
& les Spahis , & que le
1 Bacha Abdi qui commandoit
dans la Place , eftoit un homme
tres - confommé dans le meftier
de la Guerre , qui avoit fous luy
fix autres Officiers fort experimenteż.
On balança toutes ces
raifons , & elles ne furent point
affez fortes pour empêcher qu'on
ne refoluft d'affieger Bude. Le
rendez vous general fut donné
aux Troupes pour le 29. de
ce mefme mois à la referve de
celles de Brandebourg , qui tra-
·
B v
34 Hiftoire du Siege
verfant la Silefie de fort mau
par
vais chemins, ne pouvoient marcher
qu'à petites journées. Il fut
arrefté fuivant la divifion qui
s'en fit que la grande Armée
que commanderoit le Prince
Charles de Lorraine , feroit de
cinquante- huit à foixante mille
hommes , fçavoir de quinze mille
hommes d'Infanterie Allemande
, de quatorze mille Chevaux
& Dragons Allemans , des Troupes
auxiliaires de Saxe , de Brandebourg
, & de Suabe , & de
quatre mille Hongrois , & que
l'Armée dont l'Electeur de Baviere
auroit le commandement ,
feroit compofée de douze mille
Fantaffins Allemans , de dix
mille Chevaux auffi Allemans
des Troupes de cet Electeur ,
& de celles des Cercles de Baviere
& de Franconie , & de
troisde
Bude..
35
+
trois- mille Hongrois . Dans l'Armée
du Prince Charles les
Comtes de Caprara & de Staremberg
furent nommez Marefchaux
de Camp Generaux ;
le Duc de Croy General d'Infanterie
, le Prince Louis de
Neubourg , & le Comte de Suze
Lieutenans Generaux ; les
Barons de Thingen & de Thun,
& le Marquis de Nigrelli Sergeans
Majors de Bataille ; les
Comtes de Schults & de Dunevald
Generaux de Cavalerie ;
les Comtes de Taff , & de Palfi
, & le Baron de Mercy Lieutenans
Generaux ; le Prince Eugene
de Savoye qui eftoit arrivé
d'Efpagne en pofte depuis
peu de jours , le Comte Philippe
de Thaun , le Baron de Lodron,
& le Comte de Stirum Sergeans
Majors de Bataille .
Le
Comte
36
Hiftoire
du Siege
Comte de Leſlie fut fait Maref
chal de Camp General de l'Armée
de l'Electeur de Baviere ; le
Comte de Sherini General d'Infanterie
, le Marquis de la Verne
& le Comte de Schaffemberg
Lieutenans Generaux, & les Barons
de Wallis & de Berk , &
le Comte d'Afpremont Majors
Generaux . Il fut auffi arrefté que
le Comte de Scherffemberg demeureroit
en Tranfilvanie , &
le Comte Caraffa vers Zatmar
avec les détachemens qu'ils y
commandoient pour la confervation
des Conqueftes nouvellement
faites. Quelques accés.
de fievre qui retinrent le Prince
Charles à Edembourg , l'ayant
empéché d'aller fe mettre à la tête
des Troupes dont on devoit
faire le 29. une reveue Generale
dans les Plaines de Barcam , elle
fut
de Bude.
37
fut remife au 8. de Juin. Ce Prince
partit d'Edembourg le 20.
après avoir eu une longue conference
avec l'Electeur de Baviere
, qui fe rendit à Neuſtadt
le lendemain pour en rendre
compte à l'Empereur. Cependant
tout le trajet du Danube
depuis Ratisbonne jufqu'à Presbourg
eftoit couvert de Barques
& autres petits Vaiffeaux chargez
de munitions & de vivres, & des
Troupes de Baviere , de Franconie
& de Suabe qui defcendoient
vers la Hongrie. Jamais entrepriſe
n'a efté executée avec tant de
joye. On fe preparoit au Siege
de Bude avec un courage & une
ardeur qui ne fe peut exprimer.
Les Volontaires accouroient , de
France, d'Espagne , d'Angleterre,
d'Allemagne & de tous les endroits
de la Chrêtienté , & le
Duc
E
38 Hiftoire du Siege
Duc de Bejar Grand d'Eſpagne,
vint joindre à Vienne le Marquis
de Valero fon frere , qui s'y
eftoit déja rendu avec quelques
autres. Le 29. le Prince Loüis
de Bade partit de Neuftadt en
pofte pour aller joindre l'Electeur
de Baviere , & le Prince
Charles s'y eſtant rendu de Raab
le premier de Juin pour prendre
congé de Sa Majefté Imperiale,
reprit la route de Hongrie , accompagné
du Comte Stratman,
Grand Chancelier. Le 5. il arriva
à Comorrhe , où l'Electeur de
Baviere avoit efté receu deux
jours auparavant au bruit du
Canon & de la Moufqueterie. Ils
en partirent enſemble pour aller
au rendez - vous general. Le Prince
Charles y trouva les Troupes
dont l'Armée Imperiale devoit
eftre compofée. Elles avoient eſté
affem
A
de Bude.
39
affemblées proche de Barkam ,
par les foins du Comte de Staremberg.
On ne peut s'imaginer
la joyé qu'elles témoignerent en
voyant leur General . Il fut aisé
de connoître par toutes les marques
qu'elles en donnerent l'impatience
que chacun avoit de
marcher fous fa conduite . Les
Troupes de Saxe eſtant arrivées
au nombre de mille Chevaux
, & de quatre mille hommes
d'Infanterie , le Prince de
Saxe qui les commandoit , envoya
prier le Prince Charles
de les venir voir. Ce Prince
en fit la reveuë , & alla enfuite
difner dans la Tente de l'Electeur
de Baviere , qui luy fit voir les
fiennes rangées en bataille . I
retourna de là à Comorre pour
quelques ordres qu'il avoit à y
donner. Cependant les Troupes
du
40 Hiftoire du Siege
du Cercle de Suabe , commandées
par le Marquis de Bade-
Dourlach , joignirent l'Armée.
Elles étoient de trois mille hommes
de pied , & de trois mille
Chevaux. On intercepta des
Lettres , par lesquelles on apprit
, que le Grand- Viſir eſtoit
venu à Belgrade , qu'il avoit
donné le commandement en
Chef de l'Armée Ottomane en
Hongrie à Achmet Bacha , auquel
il avoit laiffé des ordres
particuliers , de ne rien épargner
pour la confervation de
Bude & d'Effek comme des
deux Places qui leur eftoient les
plus importantes , & qui faifoient
la feureté de toutes celles
qui leur reftoient dans le Royaume,
& qu'il eftoit enſuite retourné
à Andrinople avec une extreme
diligence. On fçeut auffi
›
par
de Bude. 41
par les Efpions que l'on avoit
envoyez pour reconnoiftre les
forces des Turcs , qu'ils ne pouvoient
mettre au plus que quarante
mille hommes en Campagne
, & que les Troupes d'Afie
avoient pour la plufpart deferté
dans leur marche d'Andrinople
à Belgrade. Les Huffars de Papa,
Dotis , Vefprin & Comorre allerent
en courſe au nombre de
quinze cens jufqu'à quatre lieuës
plus bas que Bude , & jufqu'à
deux lieues du Camp que les
Turcs avoient formé entre cette
Ville & le Pont d'Effeck . Ils emmenerent
prés de deux mille
moutons , deux cens boeufs , &
quantité de chevaux , fans avoir
trouvé perfonne qui leur difputaft
tout ce butin.
9 .
Le le Confeil de guerre fut
tenu au Camp , où tous les Officiers
42 Hiftoire du Siege
ciers Generaux s'eftoient affemblez.
Le Comte Stratman s'y
trouva de la part de Sa Majesté
Imperiale . On leur fit part de ce
qu'on avoit refolu touchant le
Siege de Bude , & deux jours
aprés le Comte de Stratman partit
pour Vienne , où il rendit
compte à l'Empereur de tout ce
qui s'eftoit paffé dans ce Confeil
. Le Comte Rabata , Commif
faire general , s'en retourna auffi
à Vienne , afin de donner ſes ordres
pour faire venir inceffamment
les vivres & les munitions
neceffaires.
Le 12. le Prince Charles partit
de Comorre , & fe rendit au
Camp de Barkan . L'Electeur de
Baviere l'y joignit le lendemain ,
& aprés que l'on eut fait une Reveuë
generale des Troupes , on
commença à leur faire paffer le
Da
de Bude.
43
9
Danube fur le Pont de Gran.
Celles de Saxe marcherent à l'Avant-
garde. L'Electeur de Baviere
partit à la tefte d'un Corps
d'Armée de vingt quatre mille
hommes , compofé des Troupes
Bavaroifes , & de plufieurs Regimens
Imperiaux , & prit fa mar
che en deçà de la Riviere. I
s'avança vers Hatwan , dans le
deffein de s'en rendre Maistre ,
& d'attaquer Peft enfuite. La
priſe de ces deux Places , dont la
derniere n'eft feparée de Bude
que par le Danube , devoit empefcher
les Ennemis d'avoir aut
cune communication entre Bude
& Agria. Le 14. les Défilez,
& la difficulté des chemins qu'il
fallut élargir en plufieurs endroits
, pour les rendre pratiquables
, ayant obligé l'Infanterie à
demeurer derriere avec l'Artillerie,
44 Hiftoire du Siege
lerie , le Prince Charles la laiffa
fous la conduite du Comte de
Staremberg , & s'avança vers
Vicegrad , du côté droit du Danube
, tandis que l'Electeur de
Baviere continuoit fa marche de
l'autre cofté , à une diſtance égale
, en forte que les deux Armées
euffent pû fe fecourir reciproquement
en cas de befoin .
Le 15.
la Cavalerie Imperiale
campa à Poftkamp , & le lendemain
à Saint André. L'Electeur
de Baviere marcha toûjours fous
une meſme ligne , n'ayant que le
Danube entre deux , & vint
le 16. camper à Weitzen. Les Ennemis
qui les pouvoient découvrir
des Ramparts de Bude des
deux coftez de ce Fleuve , ne firent
aucun mouvement pour les
venir reconnoiftre. On fceut par
quelques Turcs qui furent pris
pen
de Bude.
45
pendant cette marche , que le
Commandant de Bude ne s'attendoit
point à voir fa Place affiegée
que dans la croyance
que l'Armée Chreftienne attaqueroit
Agria ou Albe Royale,
on les avoit munies de bonnes
Garnifons & de quantité de vivres
, & qu'on en avort tranf
porté à Bude la pluſpart des richeffes
& des plus beaux meubles
des Officiers & des Bourgeois
, avec les femmes , les enfans
, & les bouches inutiles ; que
fur l'avis que ce Commandant
avoit receu qu'on venoit à luy,
il avoit envoyé demander des
Troupes à ceux des Places voifines
pour en renforcer fa Garnifon
, mais qu'il n'y avoit pas
d'apparence qu'on luy en puft
envoyer avant que les Princes
eunent inveſty la Place . Certe
Gar
46 Hiftoire du Siege
Garnifon ne laiffoit pas d'eftre
forte, puis qu'elle eftoit de douze
mille hommes de pied & trois
mille Chevaux , à ce qu'on aprit
de ces mefmes prifonniers. ,
Le 17. la Cavalerie fe repofa
dans le mefme campement afin
d'attendre que l'Infanterie fuft
arrivée , & l'on fit defcendre les
Bateaux dont on fe devoit fervir
pour conftruire un Pont à faire
paffer le Corps d'Armée de l'E
lecteur de Baviere. Ce Prince
qui defcendoit à gauche du
Fleuve s'empara de Peft , d'où
la garnifon Turque s'eftoit retirée
, aprés avoir fait fauter une
partie des murailles , & tiré de
la Place les munitions & les vivres.
Elle avoit enfuite rompu le
Pont qui luy donnoit communication
avec Bude , mais elle ne
put fi bien faire fa retraite,
qu'un
de Bude.
47
qu'un Aga ne tombaft entre les
mains des Bavarois avec trente
Janiffaires. Son Alteffe Electorale,
ayant laiffé garnifon dan Peft
& donné les ordres pour en reparer
les fortifications , détacha
le Comte de Steinaw avec fix
mille hommes pour aller attar
quer Hatwan , & fe mit en marche
vers l'ifte de S. André pour
paffer le Danube fur les Ponts
que l'on devoit y avoir dieffez,
& fe trouver au Camp devanţ
Bude. Le Prince Charles y étoit
arrivé le 18 & ce mefme jour
toute l'Infanterie ayant joint
l'Armée , il luy fit prendre des
poftes à demie lieuë de la Place,
La Cavalerie les prit de l'autre
cofté vers Albe Royale , & l'on
commença à travailler aux lignes
de circonvallation . Pendant ce
temps il fut tiré des Rempars
plu
48
Hiftoire du Siege
plufieurs volées de Cañon , dont
tout l'effet fut de tuer un Païfan
. On vit auffi paroiftre un detachement
de Cavalerie & d'Infanterie
de la Garnifon de Bude
qui fe prefenta pour embaraffer
les Travailleurs , mais il fe retira
prefque auffi- toft , ne fe trouvant
pas en eftat de foutenir un
gros de Cavalerie Imperiale qui
fe preparoit à le charger . L'avantgarde
du détachement que le
Prince Charles avoit envoyé
pour inveftir la Place, enleva un
Chaoux avec vingt Turcs de
quarante qui l'eſcortoient . Il venoit
de Belgrade, & apportoit des
Lettres au Bacha de Bude . Elles
confirmoient que l'Armée Ottomane
feroit commandée par Achmet
Bacha & que le Grand-
Vifir avoit eu ordre de fe rendre
promptement auprés de fa
Hauteffe
>
>
de Bude. 49
Hauteffe qui eftoit allée à Conftantinople.
Le 19. on ferra la Place de tous
les coftez par où elle eft acceffible
, & le Quartier general fut
étably à un quart de lieuë , avec
quelques Regimens d'Infanterie .
Le lendemain les Affiegez ayant
fait une fortie de trois cens Chevaux
foûtenus d'un pareil nombre
de Janiffaires , il y eut quel
que
Efcarmouche , mais elle fut
de peu de durée , parce qu'ils fe
tinrent toûjours fous le Canon
de la Place , fans qu'on les puft
attirer plus loin . Le Comte d'Altheim
y fut bleffé. Ce mefme
jour on commença d'ouvrir les
Lignes de circonvallation , & de
tracer les premieres Places d'Armes.
On marqua auffi trois Batteries
, & autant d'épaulemens
pour tenir à couvert la Cavalerie
C
50 Hiftoire du Siege
,
dont les Travailleurs devoient
eftre foûtenus dans les approches.
Sur le foir , le Comte de
Staremberg receut ordre d'aller
fe pofter proche les Bains afin
d'attaquer le Vafferftadt ou la
Ville baffe contre laquelle on
drefla deux Batteries du cofté
qui defcend vers le Danube. I
fit ouvrir la Tranchée , & on la
pouffa affez avant. Le Bacha de
Bude trouvant à propos de fe
défaire de beaucoup de bouches
inutiles >
donna la liberté
à tous les Chreftiens .
que
l'on trouva incapables de porter
les armes , & l'on fceut par
eux , qu'ayant affemblé la Garnifon
dans la grande Place , il
leur avoit leu les ordres du
Grand Seigneur qui les exhortoit
à refifter vigoureufement;
qu'il avoit enfuite défendu aux
Sol
de Bude.
51
X
1 Soldats & aux Habitans fous
peine de la vie de parler de Capitulation
, & que s'il arrivoit
qu'il fut tué en leur donnant
l'exemple de fe bien défendre,
on avoit nommé quatre Bachas
qui devoient l'un aprés l'autre
prendre le Commandement.
Le 21. les Bavarois commencerent
à paffer le Danube fur le
Pont de Bateaux de l'Ile de
S. André , & ce jour là fut employé
à ranger les Bagages dans
les Lignes , & à divifer les Troupes
par Eſcadrons & par Batail-
Ilons , afin de faire la diftinction
des Quartiers. Le Prince Charles
occupa les mefmes Poftes qu'il
avoit pris dans le dernier Siege.
L'Electeur de Baviere fit la mefme
chofe , & vint fe camper au
pied du Mont S. Gerard .
Le 22. on dreffa une nou-
Cij
52 Hiftoire du Siege
velle Batterie de fix pieces de
Canon contre la Ville baffe , &
l'on commença en mefme temps
à travailler aux Tranchées par
l'ouverture de trois grandes Places
d'Armes ; beaucoup plus prés
de la Ville que l'on n'avoit fait
en 1684. Il fut refolu qu'il y au
roit trois Attaques ; la premiere
commandée par l'Electeur de
Baviere ; la feconde par le Comte
de Staremberg , & la troifiéme
par les Troupes de l'Electeur
de Brandebourg que l'on attendoit
inceffamment , & auf
quelles on devoit joindre quelques
Regimens Imperiaux , &
d'autres Troupes Auxiliaires . Le
Prince Charles ne garda que
dix hommes de Cavalerie par
Compagnie pour fervir au
Camp à couvrir les Travailleurs
fous les ordres du Comte de Pal-
,
fi,
de Bude.
53
fi , & il envoya le reste aux environs
d'Albe- Royale , afin d'y
confumer les Fourages, & d'ofter
par là aux Infidelles les moyens
d'y fubfifter. Les Affiegez firent
grand feu tout le jour & toute la
nuit fuivante, & il y eut neuf Soldats
tuez ou bleffez .
Le 23. la nouvelle Batterie de
fix pieces de Canon s'eftant
trouvée prefte , commença dés
le matin à tirer , & fit une Bréche
de fix pas. Ceux qui estoient
au haut des Montagnes , apperçurent
par cette bréche quantité
de Betail & de Chevaux , mais
les Ennemis ne parurent point.
Il y eut fix Soldats à la Batterie
emportez par le Canon de la Place.
Quelques Huffarts & Croates
qui s'étoient avancez trois
lieuës au delà de Bude fous la
conduite du Comte Budiani ,
C iij
$4 Hiftoire du Siege
,
ayant efté avertis que le Bacha
en avoit fait fortir quantité de
Barques chargées de femmes ,
d'enfans & de quantité de
meubles qu'il envoyoit à Belgrade
, les pourſuivirent avec
trois cens Dragons , & les rencontrerent
à l'Ile de Sainte Marguerite.
Ils taillerent en pieces
tous ceux qui les eſcortoient,
s'emparerent de leurs Trefors ,
& amenerent deux cens Prifonniers
, qui furent les Vieillards
, & autres qu'ils jugerent
les plus propres à fe faire ra
cheter.
Le 24. la bréche ayant efté
élargie de vingt pas , on examina
la contenance des Affiegez
qui s'eftoient retranchez à droit
& à gauche au nombre de quatre
cens . Il fut refolu que l'on
iroit à l'Affaut , & comme c'eftoit
de Bude.
55
1 ftoit la premiere action du Siege
, chacun à l'envy chercha à
fe diftinguer. Les difpofitions
de l'attaque furent faites , & à
dix heures du foir on en donna
le fignal par trois volées de Ca-
1 non. Cent Grenadiers s'avancerent
les premiers , ayant un Capitaine
à leur tefte ; ils furent
fuivis de deux cens Moufquetaires
que commandoit un Sergent
Major , & foûtenus de trois
cens autres fous la conduite d'un
Lieutenant Colonel. Ils allerent
vers la brèche , & attaquerent
avec tant de force & de bravoure
les Ennemis qui la défendoient,
qu'ils les forcerent d'abandonner
leurs retranchemens. Six cens
hommes d'Infanterie en deux
Brigades marcherent aprés ceuxcy
, & fe pofterent au pied de
la bréche avec cinq petites pie-
C iiij
$6
Hiftoire
du
Siege
ces de Canon qu'ils avoient fait.
conduire avec eux . Elle fut franchie
par le Prince de Vaudemont,
par le Prince de Commercy,
& par un tres grand nombre
de Volontaires qui s'eftoient
mis à la tefte de l'Infanterie , &
qui fe pofterent dans la Ville
baffe malgré le feu continuel
que firent les Affiegez . Il n'y eut
que cinq Soldats tuez & onze
bleffez. Le Comte de Marfilly,
Infpecteur general des Ingenieurs
, eut le bras caffé au deffus
du coude , d'un coup de Mouf
quet qu'il réceut dans la tranchée
avant que l'on commençant l'Attaque
.
Le 25. fut employé à perfectionner
les Poftes que l'on avoit
occupez dans la baffe Ville , &
fix Bataillons furent logez au
pied des murailles. Il y eut un
Lieu
de Bude .
57
Lieutenant des Grenadiers tué
d'un boulet qui tomba dans la
Tranchée, & qui emporta les bras
& les jambes à cinq Soldats. Un
Chevalier de Malte François fut
auffi dangereufement bleffé . Il
eftoit avec le Marquis de Souvray,
qui fit paroiftre beaucoup
de bravoure .
Le 26. on s'apperceut que les
Affiegez faifoient gliffer du monde
le long de l'eau par dedans la
Ville baffe , pour venir attaquer
un Pofte qui eftoit devant une
groffe Tour joignant le Danube.
Le Chevalier de Rhofne , Capitaine
du Regiment de Staremberg,
foûtenu du Comte d'Awersbergs
, Lieutenant Colonel du
Regiment de Mansfeld , vint à
leur rencontre , & ils les repoufferent
avec beaucoup de vigueur.
Le Prince de Vaudemont le
,
C v
58
Hiftoire
du Siege
Prince de Commercy , & plufieurs
autres Volontaires qualifiez
, accoururent à l'efcarmouche
, qui dura une heure fous le
Canon de la Place. Il n'y eut que
quinze hommes tuez ou bleffez
du cofté des Affiegeans . Le Sieur
Bourgers , Capitaine du Regiment
de Staremberg fut de ces
derniers , & Milord Mongois receut
une contufion à la temple.
Les Affiegez perdirent trente
hommes, & le nombre des bleffez
fut beaucoup plus grand. Ce jour
là le Prince de Neubourg, Grand
Maître de l'Ordre Teutonique,
Lieutenant General , qui eftoit
arrivé au Camp le 22. & le
Comte de Diepenthal , General
Major , monterent la Tranchée,
fuivant ce qui avoit efté arreſté
quelques jours auparavant au
Confeil de Guerre , que tous les
jours
de Bude.
59.
jours ce feroit un Lieutenant General
, & un General Major qui
la monteroient à chaque Attaque
avec deux mille hommes,
& qu'on les releveroit de vingtquatre
heures , en vingt- quatre
heures . Outre ces deux mille
hommes , il y avoit toûjours fix
Bataillons de referve , & une
Garde de Cavalerie pour les
foûtenir. On travailla la nuit à
pouffer une grande Coupure fur
Ela droite le long de la muraille ,
afin de couvrir une Batterie de
douze Pieces qu'on vouloit mettre
en estat contre les défences
de deux Rondelles, & de la Courtine,
vers laquelle on devoit conduire
la Tranchée. On ouvrit
auffi une porte au coin de cette
Muraille , où l'on fe logea en dedans
de la baffe Ville , à trois
cens pas du Corps de la haute,
&
60
Histoire
du siege
& en tous ces logemens on ne
perdit que quinze hommes.
Le 27. les Travaux fe trouverent
fort avancez à l'Attaque
de l'Electeur de Baviere , qui fit
dreffer une Batterie fur le panchant
de la Montagne. Il fit faire
auffi fur la hauteur de cette
meſme, Montagne un Logement
affez grand pour contenir mille
hommes , & affeurer la tefte de
la Tranchée , qui fut ouverte au
pied du Chafteau , vis à vis la
grande Tour qui en couvre la
façade. Le foir les Affiegeans firent
une fortie au nombre de
quatre
cens, Cavalerie & Infanterie,
fur cent hommes retranchez à la
teſte des Travaux qu'on avoit
faits la nuit précedente. Le Comte
de Saur, Capitaine au Regiment
de Lorraine qui les commandoit
fit une fi vigoureuſe reſiſtance,
de Bude. 61
cè , que la grande Garde eut le
temps d'y accourir. Les Ennemis
furent repouflez ; ils laifferent
feize des leurs fur la place , &.
eurent quelques bleffez.La Tranchée
fut relevée ce jour- là par
le Comte de Souches , Lieutenant
General , & par le Comte
de Tinghen , Mareſchal Major.
Le 28. on joignit les deux Attaques
par une Ligne de communication
de quatre cens pas .
On mit auffi huit groffes pieces
de Canon fur une nouvelle Baterie
à l'Attaque du Prince Charles
, devant laquelle on tira une
Ligne de deux cens pas ,
afin
qu'on y puft aller de la Tranchée
fans eftre infulté des Ennemis.
Cette Baterie fervit à tirer
contre deux Ouvrages avancez
en forme de pafté , qui défendoient
la Porte du cofté de
la
62 Hiftoire du Siege
la baffe-Ville . Les Ennemis faifoient
de là un feu continuel de
Canon , dont les Affiegeans eftoient
fort incommodez . Les Travaux
furent continuez fans beaucoup
d'obſtacle la nuit de ce
même jour , & on perfectionna la
Ligne de communication
entre
la Porte du milieu & la derniere
, ce qui donnoit moyen
moyen d'entrer
à couvert dans la nouvelle
Baterie.
Le 29. le Sieur Soulars , Ingenieur
, fut bleffé en faifant travailler
à de nouvelles Lignes
qu'on fit en forme de paralelles,
pour communiquer avec les au
tres Travaux , & s'approcher plus
prés de la Place . L'Electeur de
Baviere ayant eu quelque indifpofition
, le Prince Charles l'alla
vifiter fur les cinq heures du foir,
& dans ce temps mefme , les Af-
י
Liegez
de Bude.
63
fiegez firent une Sortie en bien
plus grand nombre qu'ils n'avoient
encore fait du cofté de
l'Attaque des Bavarois. Ils attaquerent
les Travailleurs & les
Troupes qui eftoient en garde
dans la Tranchée , & les
ayant
mis en defordre , ils euffent comblé
les Travaux , fi le Comte de
Hoffkirken n'euft promptement
amené la Garde de Cavalerie.
L'Electeur de Baviere ayant efté
averty de cette Sortie , rien ne
fut capable de le retenir. Il y
courut , quoy qu'indifpofé , auffi-
bien que le Prince Charles , &
leur prefence anima fi bien tous
ceux qui avoient déja commencé
à foûtenir les efforts des Infidelles,
qu'après en avoir tué beaucoup,
ils les forcerent à fe retirer,
& les pourſuivirent jufqu'à quarante
pas de la Tranchée Le Prin64
Hiftoire du Siege
ce Eugene de Savoye fe fit remarquer
par fa bravoure , & eut
un cheval tué fous luy
, auffibien
qu'un de fes Gentilshommes.
Le Baron de Zwitterthal ,
Lieutenant Colonel du Regiment
de Steinaw , fut tué avec
trente ou quarante Bavarois. Il
y eut auffi quelques bleffez . Le
Baron de Billes , Capitaine dans
le Regiment d'Arko , le fut dangereuſement
.
Le 30. on repara les Travaux
que les Ennemis avoient ruinez
le jour precedent , & on avança
jufqu'à fix-vingt pas de la muraille.
Ce méme jour , deux Compagnies
de Paffau & de Ratisbonne
arriverent au Camp, auffi
- bien que les Troupes de Suabe
& de Franconie . Elles étoient
en tres-bon eftat , & au nombre
de cinq à fix mille hommes . Celles
de Suede commandées par le
de Bude.
65
po-
Marquis de Turlac , arriverent
pareillement , & prirent leur
ite fur une hauteur, afin de pouvoir
agir où il feroit le plus neceffaire.
Le feu parut en differens
endroits de la Ville ; il y avoit
efté mis par des Bombes .
qu'une Baterie de Mortiers avoit
jettées. Le Comte de Dunewald
partit ce jour- là du Camp , pour
aller commander la Cavalerie
inutile au Siege , qui eftoit venuë
camper au nombre de plus
de douze mille hommes jufqu'à
la portée du Canon d'Albe Royale
, ce qui avoit obligé les Turcs
à abandonner plufieurs Chafteaux
, & d'autres petits Poftes
aux environs.
Le 1. de Juillet fut employé à
perfectionner la ligne de communication
à l'attaque du Prince
Charles , & les Poftes deftinez
66
Hiftoire du Siege
par
nez aux Poftes de Suabe & de
Franconie leur furent donnez.
On apprit par des Transfuges
qu'il y avoit une grande confternation
dans la Ville, caufée
la perte qu'avoient fait les Affiegez
à la fortie du 29. il y eut
quatorze de leurs Officiers tuez
avec quantité de Janiffaires. Les
ouvrages qui avoiết eſté comencez
fur la droite , furent achevez .
la nuit fuivante , & on pouffa
ceux de la gauche jufqu'à cent
cinquante pas de la muraille .
Le 2. douze pieces de Canon
& huit Mortiers batirent la Ville.
Deux bateries que les Affiegez
avoient , l'une fur la groffe
Tour , & l'autre fur une autre
Tour , furent démontées en peu
de temps. Les Bombes cauferent
ce jour- là beaucoup de dommage
dans la Ville , à ce qu'on apprit
de Bude. 67
prit d'un Deferteur qui dit qu'elle
n'eftoit défenduë que par ſept
ou huit mille hommes , & que
les vivres commençoient à eſtre
chers , parce qu'ils n'y eftoient
pas en grande abondance. Il parut
quelques Troupes Ennemies
du cofté de Peft , & fur l'avis
qu'on en eut , le Prince Charles
ordonn que l'on fift conſtruire
trois redoutes au bord du Danube
, que les Heiduques & les
Hongrois garderoient . On fit
une brêche de quinze pas du
cofté de l'attaque du Prince
Charles.
Le 3. le Regiment du Prince
Eugene de Savoye arriva au
Camp , & on eut avis que les
Troupes de Brandebourg n'en
eftoient qu'à une lieuë. Quatre .
Mortiers furent ajoutez aux 8.
que l'on avoit mis fur la baterie
dreffée
68
Hiftoire du Siege
dreffée à l'attaque des Imperiaux,
& tout cela fit grand feu la nuit
fuivante. La Baterie des Bavarois
n'en fit pas moins , elle eftoit de
fept Mortiers. L'Artillerie des
Ennemis fit auffi grand feu , &
les Affiegeans furent fort incommodez
des Pierres qu'on leur jetta.
Le Sieur Collery , Capitaine
dans le Regiment de Lorraine,
eut le genouil fracaffé d'un éclat
de Bombe , & un des meilleurs
Bombardiers receut un coup à la
tefte. Il y eut encore quinze ou
vingt hommes bleffez . Un Offi
cier Turc qui vint ſe rendre, fur
mené à l'Electeur de Baviere,auquel
il conta qu'ayant tué le mary
d'une femme dont il eftoit amoureux
, il avoit eſté obligé de
quitter la Ville , & s'eftoit tenu
caché pendant quelques heures
dans un endroit où fa maiftreffe
luy
de Bude. 69
luy avoit promis de le venir joindre
, mais , mais que la crainte d'eftre
découvert par les Affiegeans qui
luy auroient fait un mechant
party , ne luy avoit pas permis de
l'attendre. Il ajouta qu'il n'y avoit
dans la Place que trois mille
Janiflaires , & un pareil nombre
de Soldats ; que malgré l'effet des
Carcaffes & des Bombes , qui avoient
obligé le Commandant à
fe loger dans une cave voutée
prés du Chateau pour y eftre
plus en feureté , ils eftoient tous
refolus de fe bien défendre ; qu'il
n'eftoit entré perfonne dans la
Ville comme on l'avoit crû, mais
que des Turcs en eftoient fortis
pour aller demander un prompt
fecours à Achmet Bacha Seraf
Kier , & aux Tartares.
Le 4. ce mefme Officier montra
à l'Electeur de Baviere , &
aux
70 Hiftoire du Siege
Le
aux Princes de Bade & de Savoye
, le Magafin à poudres &
les mines des Affiegez . Il dit
qu'il y en avoit fous la Rondelle
du Chafteau & à l'endroit de la
breche des Imperiaux. Un autre
Transfuge qui fe difoit Polonois,
fe rendit au Camp & affeura que
les Affiegez ne pourroient tenir
encore un mois , fi l'Armée du
Seraskier ne les fecouroit.
Prince Charles paſſa le Danube
pour aller voir les Troupes de
Brandebourg qui eftoient arri
vées le jour precedent avec une
belle Artillerie. Elles eftoient
compofées de huit mille hommes
, en fix Eſcadrons de Cavalerie
& dix Bataillons d'Infanterie
Le General Schoning qui
les commandoit, receut ce Prince
au bruit du Canon , qui fut
ſuivy de 3. décharges de Mouſque
de Bude.
71
I
queterie. Il luy donna enfuite
un magnifique difner dans fa
tente.
Le
4
5. on fit paffer le Danube
à ces Troupes , qui prirent le pofte
qui leur avoit eſté deſtiné du
cofté de la Ville baffe. Il fut refolu
qu'on en tireroit quinze
cens hommes tous les jours pour
monter la tranchée , & qu'on les
joindroit aux Imperiaux & aux
Suedois, afin de faire quatre mille
hommes pour les Poles qui étoient
du coſté de l'attaque du
Prince Charles.
Un Deferteur Grec arriva en-
*
core au Camp & raporta que
cinq Turcs qu'on avoit fait fortit
à la nage , eftoient allez preffer
le fecours que lors
que les Trou
pes de Brandebourg avoient paru
, les Affiegez avoient fait
roiftre beaucoup de joye dans la
penfée
pa72
Hiftoire du Siege
1
penféc que ce fuft celles du Se
raskier , & que le Commendant ,
ayant appris que c'eftoit un renfort
pour l'Armée Chreftienne,
avoit taché de le déguifer à la
garnifon , en difant que c'eftoit
un mouvement que les Affiegeans
avoient fait faire à leurs Troupes
pour faire croire qu'il leur en
eftoit venu de nouvelles . La plufpart
des Bateries des Affiegez furent
miſes en defordre par le grad
feu qui fut fait de l'attaque des
Imperiaux & de celle des Bavarois.
Il leur demonta plufieurs pieces
de Canon, & fit un fort grand
dommage au couronnement des
deux Pâtez,en forte qu'ils ne pouvoient
prefque plus y demeurer
à couvert . La breche ſe trouva
large de quatre - vingt pas , &
comme les ruines n'avoient point
couvert le pied de la muraille
qui
de Bude.
73
qui paroiffoit encore haute de
dix pieds , ont refolut de l'égaler
avec des Fafcines & des facs à
terre. L'attaque des Bavarois fut
auffi fort avancée , mais la breche
n'eftoit pas fi fpacieuſe.Ceux
Ide Brandebourg qui avoient ou-
Evert la tranchée à leur attaque
avec 1200. hommes , avancerent
- leurs travaux fur la gauche avec
tant de diligence , qu'ils fe trouverent
prefque au pied de la muraille
. Ce jour- là mefme ils donnerent
des marques de leur valeur.
Les Affiegez n'avoient point
fait de fortie depuis celle du 29.
= & pour eftonner ces nouveaux
1 venus ils en firent une fort
brufque & bien concertée fur
leurs Travailleurs , mais ils furent
repouffez avec grand carnage
jufques à la porte de la
Ville , devant laquelle fe pofte-
,
D
74 Hiftoire du Siege
rent ceux qui les avoient pourfuivis.
Ils s'y maintinrent , &
travaillerent de ces Poftes avancez
en reculant , & de la tefte
de la Tranchée en avançant ,
pour rejoindre les Travaux , &
les faire communiquer les uns
avec les autres. Les Ennemis
perdirent quatre ou cinq cens
hommes , & il en coufta à ceux
de Brandebourg un de leurs Ingenieurs
, quatre Lieutenans ,
autant d'Enfeignes, environ . trente
Soldats , & le Fils aifné du
General d'Orffling . il eftoit venu
en Hongrie pour faire cette
Campagne en qualité de Volontaire
, & il fut tué d'un coup
de Moufquet au travers du corps.
La nuit on jetta quantité de
Bombes & de Carcaffes dans la
Ville , principalement du cofté
de l'attaque des Imperiaux. L'Eglife
de Bude.
75
glife de faint Jean , qui fervoit
aux Turcs de grande Moſquée,
fut reduite en cendres avec cinquante
maiſons voifines.Le nombre
des Travailleurs ayant efté
augmenté , on pouffa encore les
approches, & les Lignes de communication
entre les trois attaques
qui furent perfectionnées. ›
Le fixiéme les Troupes de
Brandebourg continuerent leurs
travaux , & ils les poufferent
de telle forte qu'ils fe trouverent
auffi avancez que ceux des
deux autres attaques. Un Capitaine
& quatre de leurs Soldats
furent bleffez , & il y en
eut huit tuez . On fit jouer du
cofté de l'attaque des Bavarois
une Batterie de dix pieces de
Canon dont une fut demontée
auffi- toft par le Canon de
la Ville. Ils fe pofterent la nuit
Dij
76 Hiftoire du Siege
tout proche les Pallades , &
eurent prés de foixante hommes
tuez ou bleffez . Le Sieur Funck,
Lieutenant
Colonel du Regiment
de Souches , fut de ces derniers.
Le 7. les Travaux furent avancez
à droit & à gauche , jufques
à dix ou douze pas de la
bréche , où les Imperiaux fe pofterent.
Ils perdirent prés de cin-
Le Sergent
quante hommes .
General de Dinghen fut bleffé
au pied , à la tefte de l'attaque,
où il eftoit cette nuit de garde
avec le Comte de Souches , &
le Chevalier de Rofne receut
un coup de Moufquet au travers
corps. Les Mineurs eurent ordre
de faire éventer les Contremines
des Affiegez dont on
avoit eſté averty , & les Troupes
de Brandebourg qui travaillerent
de Bude.
77
lerent à dreffer leurs bateries,
les mirent prefque en eftat. Le
bruit fe repandit dans le Camp
que le Grand Vizir eftoit en
marche entre Belgrade & Effek
avec une Armée confiderable,
mais on connut auffi - toft la fauffeté
de ce bruit. C'eftoit Benfi
Bacha , Aga des Jani ffaires. Il
avoit joint les Troupes des Turcs
qui eftoient campez depuis longtemps
en ce lieu - là.
Le huitiéme on travailla à
élever deux nouvelles Batteries
à l'Attaque de Lorraine , l'une
de cinq pieces de Canon , &
l'autre de quatre , afin d'élargir
les brèches. La petite Rondelle
fut abatue par le Canon des Bavarois,
qu'elle incommodoit beaucoup
dans les Tranchées , & la
nuit fuivante on tira une Ligne
qui traverfoit le long de la Ron-
Dij
78 Hiftoire du Siege
,
delle gauche vers la Courtine
droite. Comme ce travail ſe faifoit
fort prés , les pierres & les
Grenades que jetterent les Ennemis
, tuerent ou blefferent prés.
de trente hommes. Le Comte
Guido de Staremberg , Lieutenant
Colonel du Regiment de
ce nom qui commandoit à la
Tranchée , s'y fit diftinguer par
fa valeur , auffi bien que le Major
Bifchoffhaufen , qui fut bleffé
au bras d'une balle de Moufquet.
Un Capitaine de Staremberg
le fut auffi à l'épaule , &
fon Capitaine Lieutenant au
pied . Trois Turcs fe rendirent,
& on apprit d'eux que les Affiegez
avoient grande impatience
qu'il leur vinft quelque fecours,
& qu'ils fe défendoient avec
d'autant plus de réſolution &
de courage, que les belles actions
eftoient
de Bude.
79
eftoient récompenſées par le
Commandant. Quelques autres.
Turcs fortirent de la Ville , dans.
le deffein de brûler les Batteries
des Affiegeans , mais l'un d'eux
ayant efté mis par terre d'un
coup de Moufquet , tout le refte
prit la fuite.
Le neuvième les Affiegez à
la pointe du jour firent jouer
un Fourneau entre la Porte &
la Rondelle du milieu. Il ruina
la Mine que les Imperiaux
avoient faite. Il y eut fept Mineurs
enterrez , & leur Capitaine
fut dangereufement bleffé
. Ils firent enfuite une Sortie
entre cette Attaque & celle
de Brandebourg. Les Troupes
de cette derniere furent d'abord
mifes en defordre , & fe renverferent
fur les Travailleurs avec
perte d'environ cent hom-
D iiij
80
Hiftoire du Siege
mes , entre lefquels furent deux
Lieutenans Colonels ,
II
quatre Capitaines
, & quelques Officiers
fubalternes
. Cependant le Corps
de réſerve de la Place d'Armes
la plus voifine eftant accouru,
on chargea les Turcs d'une maniere
fi vigoureufe , qu'ils fe retirerent
avec plus de précipitation
qu'ils n'eftoient venus.
demeura plus de quatre - vingt
des leurs fur la Place , fans les
bleffez , & l'on fit fix prifonniers.
Aprés qu'ils eurent efté
repouffez , on travailla à retirer
les Mineurs & les Travailleurs
des ruines que le Fourneau avoit
faites. Il n'y en eut qu'un
que l'on ne put retrouver. On
continua les Travaux avec autant
d'ardeur que s'il ne s'eftoit
point fait de Sortie. Les Bavarois
firent jouer une autre Batterie
de Bude. 81
terie de dix pieces , ayant eſté
obligez de changer la premiere,
à caufe que le Canon de la Ville.
l'incommodoit , & qu'elle en
eftoit trop éloignée . Ce mefme
jour , quelques Hongrois donnerent
avis à l'Electeur de Baviere
que fept mille Tartares étoient
en marche , pour jetter
du fecours avec un Bacha dans
Bude du cofté de Peft. Cela
obligea d'envoyer en diligence
trois cens . cinquante hommes :
dans cette derniere Place , avec
ordre de travailler à des Redoutes
, afin que les Ennemis trouvant
les Paffages coupez, ne pûffent
executer leur deffein.
Le dixième on attacha les
Mineurs fous la Paliffade de la
Rondelle oppofée à l'Attaque de
Baviere , & l'on redreffa en celle
de Lorraine la Galerie qui
D v
821 Hiftoire du Siege
→
avoit efté brûlée en partie le
jour précedent . On y attacha
auffi les Mineurs , pour tâcher
d'éventer les Contre- mines fous
la Rondelle qui eftoit à gauche
& fous celle du milieu .
Quoy qu'il tombaſt ce jour- là
une groffe pluye , elle ne put
empefcher que le Prince Charles
ne fift dreffer deux nouvelles
Batteries l'une au milieu
des Travaux , & l'autre de
neuf pieces de Canon fur la
gauche .
Le 11. fut employé à perfectionner
les approches à l'Attaque
de Lorraine , & l'on mit le
Canon fur les deux nouvelles :
Batteries , & deux Mortiers fur
une autre. Il y eut quelques Soldats
tuez & bleffez , mais en
petit nombre. On travailla auffaux
Mines , & à rencontrer
celles
de Bude.
83
celles
,
que les Affiegez pouvoient
avoir préparées pour les faire fauter
contre les Affiegeans , s'ils
donnoient l'affaut. Pendant tout
ce jour , les Canons & les Mortiers
tirerent fans ceffe tant
pour élargir les bréches, que pour
ruiner les Retranchemens qu'avoient
fait les Affiegez , dans le
deffein de bien foûtenir l'affaut.
La Batterie de ceux de Brandebourg
joia , auffi- bien que
celle de Dom Antonio Gonçales
, Lieutenant general de l'Artillerie
, & d'un Ingenieur Efpagnol
, qui par l'élevation de fes
feux d'artifice donna beaucoup
de plaifirs aux Affiegeans , en
mefme temps qu'il caufoit de
grands dommages aux Affiegez .
Les Bavarois battirent inceffam-.
ment la Rondelle du Chafteau,
& y jetterent des Bombes de
deux
$4 Hiftoire du Siege
deux Batteries de trois Mortiers
chacune , dont l'une n'eftoit qu'à
trente pas de la Paliffade . Trois
de leurs Mineurs furent tuez par
leurs propres Cannoniers & le
mefme malheur feroit arrivé à
l'Electeur de Baviere , s'il n'euft
pas changé de place un moment
auparavant.Sur l'avis qu'on avoit
eu que le Seraskier s'eftoit avancé
jufqu'à trois lieuës de Peſt as
vec un Corps de huit mille hommes,
tirez des Garnifons de Themifwar,
Lippa, Giula, grand Waradin
, Segedin , Agria , Hatwan
, & autres Places des Turcs
en la baffe Hongrie , & fur
les Frontieres de Tranfylvanie,
dans le deffein de fecourir Bude
le Prince Charles détacha
le Baron de Mercy & le
Prince Eugene de Savoye avec
trois
,
de Bude. 85
un
trois mille chevaux , & fix Bataillons
d'Infanterie , qui pafferent
le Danube , & fe pofterent
proche de Peft de l'autre colté
du Pont , hors de la portée du Canon
, pour y attendre les Turcs,
& empefcher qu'ils ne fe puffent.
= jetter dans la Place . On fit auffi
un Détachement confiderable de
Cavalerie & de Dragons pour
renforcer ceux que l'on avoit envoyez
à Peſt , où ils travailloient
à de nouvelles fortifications du
cofté du Danube , & pour refferrer
la garnifon d'Albe- Royale,
qui auroit pu faire quelque diverfion
en faveur des Affiegez ,
afin de faciliter le fecours qu'ils
attendoient .
Le 12. on fit applanir à l'attaque
de Lorraine la defcente dans
les Foffez oppofez aux breches,
à la faveur du Canon & des
Bom
86
Hiftoire du Siege
Bombes , afin de pouvoir monter
à l'Affaut , & l'on fit auffi grand
feu aux attaques de Baviere &
de Brandebourg. Quoy que la
breche que l'on avoit commencé
à faire dans cette derniere le
jour precedent , fe trouvaſt élargie
de plus de quinze pas , la muraille
eftoit encore trop haute depuis
fon pied jufques à l'éboulement.
Ainfi l'on continua de
tirer le Canon avec plus de violence
, pour taſcher d'y faire des
ruines plus confiderables , & les
Affiegez qui jetterent inceffamment
des feux d'artifice & des
pierres de leurs Mortiers , n'empêcherent
point qu'en l'une &
en l'autre on n'avançaft les approches
fort prés des foffez . On
vit paroiftre la flâme pendant
plus de huit heures en plufieurs
endroits de la Ville , ce qui fit
2
juger
de Bude.
juger que
les Bombes & les Carcaffes
des Affiegeans
y avoient
caufé un grand dommage. Le
feu de la Baterie des Bavarois
prit à des Tonneaux
de poudre,
& fit fauter en l'air prés de vingt
perfonnes.
Le 13. les Regimens de Steireim
, de Pafc , & de Goucqfes
arriverent des environs de Stulweiſenbourg
au camp des Troupes
commandées par le Baron de
Mercy & par le Prince Eugene
de Savoye , ce qui fit un corps de
neufmille hommes. Les Ennemis
éventerent la mine des Imperiaux
, mais les Mineurs eurent
le loifir de fe fauver. Ils mirent
auffi le feu à un Fourneau dans
l'efperance de faire fauter la
grande garde des Imperiaux , &
l'effet en fut contraire à ce qu'ils
avoient attendu les terres retom
88
Hiftoire du Siege
tomberent fur eux , & remplirent
feulement une partie de la tefte
des travaux des Affiegeans . Cependant
le feu mis à ce Fourneau
ayant ebranlé la Tour fous
laquelle le Mineur avoit eſté attaché
, on pointa contre cette
mefme Tour huit pieces de Canon
qui y firent une breche confiderable.
On tint un Confeil de
guerre où l'on refolut de donner
Affaut par trois endroits , à la
breche de l'attaque de Lorraine.
Le Comte Guido de Staremberg
, & le Comte d'Awersberg
furent commandez , chacun avec
deux- cens quatre - vingts hommes
, le premier à la droite de
l'attaque proche la grande Rondelle
, & le fecond à la gauche.
Le Comte de Herberftein , avec
qui marchoient les Fufeliers ,
Pionniers , & Travailleurs, avoit
or
1
de Bude. 8.9
ordre de donner au milieu de la
Courtine. Il eftoit auffi fuivy de
deux cens quatre - vingts hommes
, & le refte , au nombre de
deux-mille , demeura de referve
pour les foutenir . Sur les fept
heures du foir , le Signal ayant
efté donné pour l'affaut par une
décharge de tout le Canon qui
eftoit en baterie à cette attaque,
on commença de monter à la breche
, ce qui n'eftoit pas aisé , à
caufe que les Ennemis l'avoient
I reparée par plufieurs rangs
de
Paliffades . On ne laiffa pas de les
forcer, quoy qu'ils fiffent une vigoureufe
refiftance , & l'on fe pofta
fur la brêche à la faveur de
la Moufqueterie & des Grenades
qu'on tira dans les retranchemens
paliffadez qu'ils avoient.
faits , derriere lefquels ils fe maintinrent
en tres- bon ordre. Rie
n'e
୨୦ Hiftoire du Siege
·
n'eft égal à l'ardeur que firent
paroiftre tout ce qu'il y avoit de
Volontaires & de Braves à l'Armée
, pour eſtre des premiers à
fe trouver fur la breche . On y
demeura prés de deux heures:
que l'efcarmouche dura, & pendant
ce temps les Affiegez firent
fauter deux Mines , qui cauferent
moins de perte aux Affiegeans
, que les Fleches , les Bombes
, les Grenades & les Pierres.
Cependant on ne pût venir à
bout de faire le logement ; le
defordre & la chaleur du combat
avoient éloigné les Travailleurs
, & d'ailleurs il auroit falu
plus de Fafcines & de facs à terre
, qu'on n'en avoit , pour pou
voir fe mettre à couvert & ſe retrancher.
Cela fut cauſe que l'on
ugea à propos de faire retirer les
raupes dans leurs Poftes, ce que
l'on
de Bude . 91
lon fit à neuf heures du foir, tandis
que le
Canon
, des
Bombes
&
la Moufqueterie
de
deux
Bataillons
de
Souches
&
de
Mansfeld
favorifoient
la retraite
. Le
Prince
Charles
fut
preſent
à l'action
, &
eut
deux
Pages
, l'un
tué
à fes
coftez
, &
l'autre
bleffé
.
La
perte
fut
grande
de
part
& d'autre
. On
tient
qu'il
y
eut
plus
de
cinq
cens
Soldats
tuez
du
cofté
des
Affiegeans
, &
prés
de
trois
cens
bleffez
, ' outre
quelques
Colonels
,
Capitaines
, autres
Officiers
, &
beaucoup
de
Volontaires
. Parmy
ces
derniers
fut
le
Prince
de
Commercy
, qui
demeura
longtemps
fur
la
bréche
expofé
au
feu
. Le
Sieur
du
Pleffis
, fon
Ecuyer
, fut
tué
auprés
de
luy
, &
le
Sieur
de
S. Sulpice
, l'un
de
fes
Gentilhommes
, y_receut
quelques
bleffures
. Le
Duc
de
Bejar
,
Grand
92
Hiftoire du Siege
Grand d'Espagne , monta un des
premiers à l'affaut. Il y fut bleffé
dangereufement , & mourut trois
jours aprés . Le Fils du Prince Robert,
& Milord Georges Savil, fe
cond Fils du Marquis d'Halifax,
avec plufieurs autres Seigneurs
Anglois furent tuez , ainfi que
le
Prince Palatin de Veldens,le jeune
Comte de Maldeghen , le Chevalier
de Cormaillon , le Comte
de Herberſtein , le Comte de
Kouffstein , Capitaine dans Staremberg
, le Baron de Rolle , &
le Sieur Kirchmeir , tous deux
Capitaines dans le Regiment de
Souches, le Baron de Chiffer , le
Comte de Strottembach , & plufieurs
autres Volontaires & Officiers
fubalternes. Milord Fitz-
James, Fils naturel du Roy d'Angleterre
, fut bleffé legerement.
Le Prince Picolomini mourut
dés
de Bude.
93
dés le lendemain de fes bleffures,
& fut enterré dans Peft . Les autres
Bleffez confiderables , dont
les noms ont efté fçeus , furent le
Comte de Staremberg , Lieutenant
Colonel , qui avoit le commandement
de la droite ; le
Comte d'Aversberg , auffi Lieutenant
Colonel , qui commandoit
la gauche ; le Comte de Dona ,
Colonel dans les Troupes de
Brandebourg ; le Marquis de la
Verne , Lieutenant Maréchal de
Camp ; le Duc de Scalona , Grand
d'Efpagne ; le Comte de Valero,
frere du Duc de Bejar ; Dom
Gafpard de Suneja , fon Coufin;
le Comte de Cormaillon ; le Fils
du Comte d'Urfet , & fon Ecuyer;
le Sieur de Longueval ; le Chevalier
de Rhofne ; le Sieur de Landas
, Capitaine de Starembergs
les Capitaines Herrero & le Bay,
&
94 Hiftoire du Siege
& quelques Officiers venus de
Flandre ; le Sieur de Vaubonne ,
Capitaine des Grenadiers de
Bade ; le Baron Golenski , Capitaine
de Becq ; Dom Francifco
l'Africain ; le Sieur de la Brigondelle
, & le Sieur de Vaucou-
Gentilhomme du jeune leur
Prince de Vaudemont. Le Marquis
de Blanchefort , Fils du Maréchal
de Crequi , fut auffi bleffé ,
& la maniere dont il fe diftingua
fit affez connoiftre de quel
Sang il eft forty. Les Affiegez
perdirent beaucoup de monde.
On fçeut d'un Transfuge , qu'une
feule Bombe , qui eftoit tombée
dans leurs Retranchemens après
l'action , avoit emporté deux Agas
des Janiffaires, & plus de quarante
Soldats. Comme ils croyoient les
Troupes des Affiegeans fort en
defordre, il voulurent profiter de
l'oc
de Bude.
95
l'occafion , en faifant une Sortie
fur celles de Brandebourg , mais
ils furent repouffez avec beaucoup
de vigueur, & laifferent plus
de 40. des leurs fur la place. On
fit quinze Prifonniers.
Le 14. on travailla à applanir
les débris que les Contremines
des Affiegez avoient faits à l'Attaque
de Lorraine , & à combler
les Foffez de celles de Baviere
& de Brandebourg. On continua
de canonner la Place , & d'y
jetter des Carcaffes & des Bombes.
On nettoya auffi la Tranchée
, & on en ofta les terres ,
dont les Fourneaux des Ennemis
en avoient remply une partie . On
en découvrit deux ce jour là , &
l'on en tira les Poudres. ' Il y eut
un Mineur tué par l'imprudence,
d'un Canonnier, La Mine prit
feu, & vingt Soldats & deux Ca-
$
no
96
Hiftoire du Siege
nonniers furent emportez. On
eut avis que les Troupes d'Afie
eſtoient arrivées à Belgrade fous
la conduite du Grand Vifir , qu'il
y en avoit encore pris de nouvelles
, & qu'il s'eftoit enfuite
avancé vers le Pont d'Effeck ,
aprés avoir envoyé fix mille Spahis
à Walpo & à Poffega , avec
ordre d'obferver le General
Schults , qui avoit mené huit
mille Allemans & cinq cens
Croates de ce coſté - là.
Le 15. on attacha le Mineur
à la Muraille de la grande Rondelle
, & on commença deux Galaries
au pied de la Courtine.
Quelques Païfans fortis de Bude
furent conduits à l'Attaque de
Lorraine . Ils dirent qu'à l'affaut
du 13. il y avoit eu plus de cinq
cens hommes tuez du cofté des
Ennemis. On avança les Travaux
juſqu'au
de Bude.
97
jufqu'au Foffé , fur le bord du
quel on dreffa une nouvelle bat--
terie , pour ruiner à droit le cofté
de la grande Rondelle , qu'on
n'avoit pas encore attaqué. Tandis
que les Mineurs travailloient
à deux chambres de Mine , les
Affiegez en firent fauter une à
la gauche de l'Attaque. Elle ne
fit qu'agrandir la brèche du cofté
de ceux de Brandebourg. On
en éventa deux autres qu'on n'avoit
point encore chargées. Les
Bombes que l'Ingenieur Espagnol
fembloit élever jufqu'aux Etoiles,
faifoient un effet fi prodigieux
en retombant , qu'un Transfuge
rapporta qu'une feule avoit enfoncé
deux planchers & deux
voûtes , & tué plus de
perfonnes dans la plus baffe ; ce
qui caufoit une grande defolation
, parce qu'il n'y avoit pref-
E
quarante
98
Hiftoire
du
Siege
que plus d'endroits où l'on fe
puft tenir à couvert. On eut
avis que les Turcs qui venoient
fecourir Bude , eftoient campez
vers Hatwan , aprés avoir paffe
la Teyffe avec un Convoy prés
de Segedin. On détacha auffitoft
les Regimens de Stirum , de
Taff , & de Trurks , pour aller
joindre le Barón de Mercy , afin
d'obliger les Infidelles à repaffer
la Riviere..
Le 16. les Bavarois firent jouer
deux Mines , qui au lieu de
combler le Foffe de la Rondelle
du Chafteau , & de faire fauter
la Paliffade , comme on l'avoit
creu , renverferent les premiers
poftes de leurs Tranchées,
de forte qu'il y eut plus de trente
hommes tuez ou bleffez. Le
Marquis de la Verne , qui n'avoit
efté bleffé que legerement
à
de Bude.
୨୨
#
à l'affaut du 13. le fut ce jourlà
d'un éclat de pierre. Cet accident
fit qu'on réfolut de ne
plus faire jouer de Mines , qu'on
n'euft achevé toutes celles où
l'on travailloit , afin de les faire
fauter toutes à la fois , quand
les trois Attaques donneroient
l'affaut. Un Armenien , qui avoit
fa Femme & fes Enfans à Vienne
, s'eftant échapé de Bude , vint
donner avis que les Janiffaires
avoient preffé deux fois le Bacha
de rendre la Place mais
que ne l'ayant pas trouvé de ce
fentiment , ils luy avoient déclaré
qu'ils fe défendroient encore
quelque temps , mais qu'ils
ne vouloient pas attendre l'extremité
. Il ajoûta que les Affiegez
avoient perdu beaucoup de
monde dans l'action du 13. qu'ils
auroient capitulé fi l'on avoit
E ij
TE
DE
LA
>-
LYON
1895
roo
Hiftoire du Siege
pû fe maintenir fur la brèche,
qu'ils ne s'eftoient tenus en fi
bon ordre derriere leurs rétranchemens
, que parce qu'un Deferteur
eftoit venu leur donner
avis de la refolution que l'on
avoit priſe de donner l'Affaut ;
que cependant l'ayant pris pour
un Efpion , ils luy avoient fait
couper la tefte , & qu'ils en feroient
autant à tous ceux qui
viendroient ſe rendre ; que l'on
avoit commencé à manger les
Chevaux , faute de fourage &
d'autre viande ; qu'un pain
pour vivre un feul jour couftoit
un écu , & que les Bombes de
I'Ingenieur Eſpagnol , qu'ils nommoient
le feu du Ciel , perçoient
les voûtes des Caves. La nuit
les Bavarois fe pofterent derriete
la Paliffade du Foffé de la
Rondelle du Chafteau , de forte
.
que
de Bude. ΙΟΥ
que les Ennemis furent obligez
de s'en retirer avec perte de
quelques hommes. Le Comte
de Fontaine , qui commandoit
les Bavarois , fut tué d'un coup
de Moufquet. Le Comte d'Apre
mont fut bleffé dans la mefme
occafion , auffi bien que le Capitaine
des Grenadiers du Regiment
de Bade. Son Lieutenant
fut tué , & il y eut encore environ
quarante Soldats tuez ou
bleſſez Les Ennemis deffendoient
ce poſte au nombre de deux
cens cinquante , & comme on
leur coupa d'abord le chemin
de la retraite , il n'en échappa
que vingt-fix qui demanderent
quartier. Tout le reste fut tué .
Un Turc qui fortoit de Bude fut
arrefté cette mefme nuit. Il eftoit
Mineur. On apprit de luy que
quoy que la Ville fuft extremé-
E iij
102
Hiftoire du Siege
ment incommodée de l'infection
des Cadavres , qu'on ne pouvoit
enterrer faute de trouver des
lieux où l'on puft les mettre , &
que les Habitans fouffriffent une
fort grande difette à cauſe qu'on
ne diftribuoit des vivres qu'aux
Soldats , les Affiegez ne laiffoient.
pas d'eftre refolus de continuer à
fe bien défendre , & qu'il y avoit
des Fourneaux en divers endroits
avec des coupures & des retranchemens
dans les ruës , à la teſte
defquels ils avoient mis plufieurs
pieces de Canon chargées de
Cartouches.
Le 17. le Prince Charles de
Neubourg eftant arrivé au Camp,
alla fe pofter avec fon Regiment
de l'autre cofté du Pont . Le
Maréchal Caprara , & le General
Palfi , revinrent des environs de
Stulweifembourg avec plufieurs
Re
de Bude.
103
Regimens de Cavalerie . Le premier
paffa le Danube , & prit
le commandement
des Troupes
qui eftoient campées proche de
Peft. Le Marquis de la Verne,
quoy que bleffé , eftant demeurẻ
feul à remplir la Charge de
Lieutenant Maréchal de Camp
general d'Infanterie , ne voulut
plus fortir de l'attaque à caufe
que
le Comte de Fontaine ayant
efté tué la nuit precedente , il
n'y avoit plus d'Officier de fon
caractere pour le relever. On
avança les approches des trois
attaques jufqu'au pied de la
muraille , & l'on acheva une baterie
de trois pieces de Canon à
celle de Lorraine pour battre
l'Angle de la Tour. On travailla
aux Mines à l'Attaque de Brandebourg,
& les Mineurs fe trouverent
fous la Courtine proche
E iiij
104 Hiftoire du Siege
la troifieme Rondelle de celle de
Lorraine , & fous une autre à
gauche. On applanit auffi la defcente
dans les foflez , & pendant
tout le jour & toute la nuit on
ne ceffa point aux trois Attaques
de faire un grand feu de toutes
les Bateries , afin d'agrandir les
bréches & d'achever de ruiner
toutes les defences & les coupures
qui eftoient derriere , ce qui
devoit mettre les Generaux en
eftat de faire donner l'Affaut general
, qu'ils ne vouloient point
hazarder qu'on n'euft éventé les
Contremines.
Le 18. une partie de ceux qui
eftoient campez proche de Peft ,
& qui ne compófoient point
de Regiment , retournerent à
leurs premiers Poftes , fur les
avis qu'on receut que les Troupes
Ottomanes , qu'on croyoit
de
de Bude.
105
,
devoir venir de ce cofté là jetter
du fecours dans Bude s'efloient
retirées apres avoir mis
des vivres dans Hatwan & dans
Erlaw. On apprit le mefme jour
que des Turcs eftoient venus à
deux lieues du Camp couper la
tefte à quelques Fourageurs &
Vivandiers . Sur les onze heures
du foir , les Affiegez fe montrerent
fur la breche . Ils poufferent
de grands cris , & cela fit croire
qu'ils fe preparoient à une fortie .
On fit fur eux un grand feu qui
les contraignit de fe retirer . Ils
éventerent la Mine de l'Attaque
des Imperiaux par un Fourneau
qu'ils firent jouer. Quatre Mineurs
& le Sieur Liber leur Capitaine
, y furent enfevelis . On
les chercha auffi- toft , & on ne
put trouver que deux Mineurs ,
qui n'eftoient pas morts. Les Ba
E v
106
Hiftoire du Siege
varois mirent le feu dans le Chafteau
par une Bombe qu'ils y firent
tomber. Cependant les Ennemis
barricaderent d'une nouvelle
Paliffade la Breche de la
Rondelle .
Le 19.les Affiegez travaillerent
inceffamment entre la Breche des
Imperiaux & la muraille de la
Ville, ce qui fit croire qu'ils y faifoient
un nouveau retranchement.
Les Bavarois travaillerent
de mefme pendant tout le jour à
à une Baterie fur le bord du Foffé
, afin d'abatre la Paliffade , & le
refte de la Rondelle du Cha fteau .
Ils attacherent en mefme temps
le Mineur, pour chercher les Mines
des Ennemis . La nuit les
Troupes de l'Attaque de Lorraine
donnerent un faux Affaut , &
firent jouer plufieurs Mortiers
chargez de Bombes , de Carcaffes
&
de Bude.
107
& de Grenades. L'effet en fut
terrible pour les Affiegez , qui
eftoient accourus en foule pour fe
defendre. Un Transfuge paffa
de la Ville au Camp , & en parlant
des defordres que faifoient
les Bombés dans la Place , il dit
qu'il en eftoit tombé une fur une
voute , qu'elle l'avoit enfoncée, &
que plus de cent hommes qui
eftoient deffous , en avoient efté
tuez .
Le 20. les Affiegez donnerent
trois fauffes allarmes, ce qui obligea
de faire avancer contr'eux
un détachement de Grenadiers
à chaque attaque. On s'apperceus
qu'ils s'aflembloient derriere leurs
Paliffades, & dans la penfée qu'on
eut qu'ils avoient deffein de faire
une fortie, on fit pointer le Canon
& les Mortiers de ce costé là . Les
Bateries firent un grand feu , & le
fuc
108
Hiftoire du Siege
fuccez en fut fort avantageux
aux Affiegeans. Le mefine jour le
General Palfi retourna fur fes pas
avec fix Regimens , & eut ordre
d'obferver les mouvemens des
Troupes Ottomanes , qui avoient
déja paffé le Pont d'Effeck , à ce
que difoient tous les Efpions. Le
Prince Charles alla reconnoiftre
les endroits par où les Turcs pouvoient
jetter du fecours dans la
Place. Il y eut encore un Armenien
qui fe fauva de la Ville. Il
dit que la confternation yeftoit
tres -grande ; qu'il n'y reftoit plus.
que deux mille Janiffaires dont
le nombre diminuoit tous les
jours , & qu'ils ne ſe defendoient
que parce qu'on les avoit affurez,
qu'il y avoit deux Armées en
marche , pour venir faire lever
le Siege .
Le 21. on continua d'élargir
la
de Bude. 109
la brêche à coups de Canon à
l'Attaque de Lorraine , & de
rompre la Paliffade que les Ennemis
y avoient mife. Le Baron
de Mercy , qui avoit fait repaffer
la Teyffe aux Turcs qui s'étoient
avancez vers Hatwan , &
dont il avoit défait une partie de
l'Arriere garde , receut ordre de
repaffer le Danube , & de marcher
avec la Cavalerie que l'on
avoit jugée inutile pour le Siege,
à la rencontre des Infidelles qu'on
difoit s'eftre affemblez vers le
Pont d'Effeck , au nombre de
vingt- cinq à trente mille. Un Cavalier
du Regiment de Caprara
fe faifit d'un Turc qui eftoit caché
dans un Marais . Il avoit des
Lettres pour le Grand Vizir , &
pour quelques Officiers de l'Armée
Turque. Elles furent déchifrées.
Le Bacha de Bude leur
don
110
Hiftoire du Siege
donnoit avis de l'eftat de la Place
, & du preffant befoin qu'il
avoit qu'on le fecouruft.
Le 22. de grand matin les Af
fiegez fortirent du cofté des Bavarois
, & ayant pouffe la Garde
qui étoit à la tefte de la Tracheé,
ils tuerent prés de cent hommes,
entre lefquels fe trouverent le
Sieur Lôben Colonel dans les
Troupes de Saxe , un Capitaine
, & quelques Officiers fubalternes.
Le Sieur Defchwint, Colonel
de l'Artillerie de Baviere,
fut mortellement bleffé au cou.
Ils enclouerent trois pieces de
Canon & un Mortier, & auroient
caufé un plus grand defordre , fi
un Lieutenant & quelques Fantaffins
du Regiment de Bade qui
accoururent n'euffent foûtenu
les Bavarois , & contraint les Ennemis
de fe retirer avec perte de
>
plus
de Bude. III
plus de fix- vingt des leurs, qu'ils
laifferent fur la place. L'avis en
ayant efté donné à l'Electeur de
Baviere , il vint auffi - toft dans la
Tranchée. On décloüa le Mortier
& deux pieces de Canon, &
en fuite on jetta une Bombe de
ce Mortier. Un peu après, on entendit
un bruit extraordinaire,
& il fe fit comme un tremblement
de terre qui ébranla tout
le Camp, & dont plufieurs Tentes
furent renversées. Il s'éleva
une fumée fi épaiffe qu'on' fut
quelque temps fans voir la Ville.
Soit par l'effet de la Bombe,
foit par quelque autre accident,
le feu s'eftoit mis à un Magafin
à poudre , qui eftant proche de
la muraille en renverfa plus de
quarante pas de longueur, en forte
qu'on y euft pû monter aifément;
IIZ
Hiftoire du Siege
ment , fi la Riviere n'en avoit
pas empêché l'accez. Des Fantaffs
fe jetterent fur l'Electeur
de Baviere pour le garantir des
pierres qui tomboient en quantité
dans les Tranchées . On en
trouva un fort grand nombre
dans Peft & dans tout le Camp,
de la pefanteur de deux , trois,
& quatre cens livres , jufques à
cinq cens. On dit qu'il y avoit
neuf cens Quintaux de poudre
dans ce Magafin , & qu'il fit perir
, en fautant en l'air , plus de
quinze cens perfonnes , hommes
femmes & enfans , fans compter
ceux qui demeurerent enfevelis
dans les caves voifines qui furent
couvertes des ruïnes de ce
grand bâtiment. La nuit, on travailla
à la chambre de la Mine
fous la grande Rondelle . Les Af
fiegez la contreminerent , ce qui
obligea
de Bude. 113
geans
obligea les Mineurs des Affied'abandonner
le travail. Il
n'y eut que celuy qui eftoit attaché
à la Courtine du milieu à
la gauche , qui continua . Il arri-
Iva dans la chambre de la Mine
que les Ennemis avoient éventée
, & la voulut rétablir , mais
ayant entendu travailler fous lui,
il fe retira, & laiffa quelques barils
de poudres découverts ; le
feu y prit pluftoft qu'on ne l'avoit
crû , & jetta le Lieutenant
des Mineurs jufque fur la batterie
de Brandebourg . Celuy qui
les commandoit fut brûlé . Comme
la Mine n'eftoit pas affez profonde
, l'ouverture qu'elle fit au
pied de la Courtine , fut feulement
de deux toifes. Les Turcs
fortirent en fi grand nombre ,
qu'on ne les put arrefter que par
un feu extraordinaire que l'on fit
fur eux.
Le
114 Hiftoire du Siege
a
Le 23. Le Mineur attaché à la
Rondelle du milieu, ayant achevé
de perfectionner la Mine , il
fut refolu que fi elle avoit l'effet
que l'on pouvoit s'en promettre,
on donneroit l'Affaut , general,,
Cependant le Prince Charles jugea
à propos
de faire fommer les
Afliegez avant que de l'entreprendre.
Le Magaſin fanté le
jour précedent , avoit mis un fi
grand defordre dans la Place
qu'il y avoit lieu de croire qu'on
les trouveroit moins obftinez , &
qu'ils fe refoudroient à fe rendre
fi on leur offroit des conditions
avantageufes. Ainfi fur les trois
heures aprés midy, ce Prince envoya
le Comte de Konigfek, fon
Aide de Camp general , avec un
Tambour & un Interprete pour
fommer la Ville. Les Affiegez
le voyant venir , & connoiffant
au
de Bude.
115
,
au fignal d'un mouchoir blanc
qu'il avoit quelque propofition
à leur faire planterent fur la
Muraille un Drapeau de mefme
couleur , & vinrent enfuite
prendre la Lettre du Prince
Charles pour la porter au Bacha
, qui dormoit alors , à ce
qu'ils dirent. En attendant la
réponſe , on luy laiffa trois Turcs
pour Oftages , & on luy vint
dire un peu aprés que le Bacha
avoit affemblé fes Officiers,
pour deliberer fur cette Lettre.
Il y eut de part & d'autre fufpenfion
d'armes pendant deux
heures
, & aprés ce temps on
apporta la réponſe du Bacha au
Prince Charles , envelopée d'écarlate.
Voicy les termes qu'elle
contenoit .
GRAND
116
Hiftoire du Siege
RAND VISIR DES
G&RESTIENS,
Tu es bien présomptueux de venir
une feconde fois mettre le Siege
devant Bude , qui a déja couté tant
de monde & tant d'argent aux
Chreftiens. Il est bien vray que ce
Siege nous a furpris , parce que nous
ne nous y attendions point ; mais
par l'affiftance de Dieu, & de noftre
Prophete Mahomet, vous aurez efte
par deux fois honteufement repous-
Sez, & vous n'aurez pas à nous
donner tat d'affauts que vous croiez.
Nous efperons qu'il vous en arrivera
comme il vous est déja arrivé . Si
voftre Empereur vous a commandé
de nous attaquer , nous avons ordre
du noftre de nous bien défendre .
Cette réponſe pleine de fierté
obligea les Affiegeans à faire joüer
le Canon des trois Attaques , &
de Bude.
117
à bombarder la Place avec plus
de furie que l'on n'avoit fait auparavant.
Le 24. Les Imperiaux firent
jouer une Mine , qui au lieu de
renverfer la Rondelle qui eftoit
entre leur bréche & celle des
Troupes de Brandebourg , combla
les premiers poftes de leurs
Tranchées , ce qui fâcha fort les
Hongrois , qui au nombre de
deux mille eftoient tout prefts de
monter à l'affaut , à la tefte des
Troupes de l'Attaque de Lorraine.
Le Capitaine des Mineurs &
deux Travailleurs furent accablez
par les débris de la Mine,
dont plus de deux cens Soldats
furent tuez ou bleffez. Un fugitif
vint apprendre au Prince
Charles que le Treforier des Janiffaires
avoit eu deffein de livrer
la Ville , à condition qu'on
l'en
118 Hiftoire du Siege
t
l'en feroit Vice - Commandant ,
mais que deux Païfans qui luy
devoient apporter la Lettre aïant
efté arreftez , le Bacha avoit fait
couper la tefte au Treforier , &
pendre les Païfans . Il ajoûta que
cinquante Turcs & un Aga a-
- voient efté tuez de la Mine, que
les Imperiaux avoient fait jouër
ce mefme jour, a
Le 25. une Bombe des Affiegeans
renverfa fur la Rondelle
du Chafteau quelques Paliffades,
& deux ou trois cofres chargez
de terre & de pierres qui les foûtenoient.
Le General Dunewald
receut ordre de prendre langue
de l'Armée des Infidelles. Sur les
cinq heures du foir , les Affiegez
firent une Sortie avec 200. hommes
fur la droite de l'Attaque de
Lorraine , où commandoit le
Comte de Saur , qui les repouſſa
vigou
de Bude.
119
quelque
.
vigoureufement avec
perte de leut cofté , mais elle
ne les empefcha pas d'en faire
une autre fur la gauche , où é-.
toient les Troupes de Brandebourg.
Ils couperent la tefte à
quarante hommes , & après avoir
encore efté répouffez de ce coſté
là , ils revinrent de nouveau , 1 , &
poufferent ceux de Brandebourg,
qui furent contraints de quitter
leurs Lignes. Le Prince Charles
en fut averty , & fit incontinent
avancer les Bataillons de referve,
qui eftoient poftez le long du
Danube prés des murailles de la
Ville- baffe. Les Turcs plierent
-lors qu'ils virent ce fecours , &
quoy qu'ils en euffent receu du
Bacha,qui leur envoyoit dé temps
en temps de nouvelles Troupes
pour les foûtenir , ils rentrerent
dans la Ville aprés une Efcarmouche
I 20
Hiftoire du Siege
che qui dura prés de quatre heures.
Il ne demeura que vingt
des leurs fur la place. Ceux de
Brandebourg perdirent le Lieutenant
Colonel de leurs Gardes.
Le Baron d'Ati qui commandoit
le Corps de referve , fut bleffé
au pied d'un coup de Moufquet,
& l'Aide de Camp du Comte de
Staremberg eut les deux jambes
emportées d'un coup de Canon.
Le Baron de Hoenwart fut tué
avec un Enſeigne du Regiment
de Souches , & quelques autres
Officiers.
Le 26. on prepara toutes les
chofes neceffaires pour donner le
lendemain l'Affaut general . Le
Maréchal Caprara paffa le Danube
, & vint fe camper au milieu
des Imperiaux & des Bavarois
, afin de fermer le paffage
· par où les Ennemis auroient pû
fe
de Bude. 121
fe fauver , ou faire des Sorties
fur les Affiegeans. Le Prince
Charles, qui avoit refolu de faire
donner l'Affaut à la pointe du
jour , paffa toute la nuit dans la
Tranchée , & pendant ce temps
on executa la refolution que l'on
avoit priſe d'attacher aux Paliffades
une certaine compofition
de feu artificiel pour les brûler;
elle eut un tres- grand effet .
,
Le 17. au matin les Paliffades
eftant encore toutes enflâmées
par la quantité qu'on y
avoit mis de cette compofition,
on attendit pour donner l'Affaut
qu'une petite pluye , qui
commença à tomber , euft éteint
les feux qui fervoient comme de
défenſe aux Ennemis. Tous les
ordres avoient été donnez le jour
précedent à tous les Officiers Generaux
Subalternes qui devoient
F
7 122 Hiftoire du Siege
eftre employez aux 3.Attaques,&
ils fçavoient en quel lieu & en
quelle maniere ils devoient agir
lors qu'ils auroient oüy le Signal.
Ce Signal eftoit 3. décharges de
12.petites pieces de Canon du côté
de Peft,afin qu'on en puft entendre
le bruit auffibien au quartier
de Baviere, qu'à ceux de Lorraine
& de Brandebourg. Il fut
donné fur les fix heures du foir, &
auffi- toft ceux qui eftoient commandez
à l'Attaque de Lortaine,
marcherent en fort bon ordre
vers la groffe Rondelle à droit,afin
de fe loger fur la bréche . Quarante
Grenadiers ayant un Capitaine
à leur tefte avec un Lieutenant
& un Sergent , furent fuivis
de cinquante Fufeliers , &
d'un pareil nombre d'hommes armez
de faulx , fous les ordres
d'un Capitaine , d'un Lieutenam
,
de Bude. 123
nant , d'un Sergent , & des autres
Officiers fubalternels. Cent
hommes chargez de haches &
pelles eftoient à la premiere ligne,
commandez par un Capitaine
, par un Lieutenant , & par
un Sergent, & avoient deux cens
Moufquetaires pour les foûtenir.
Le Prince de Neubourg, Grand-
Maistre de l'Ordre, Teutonique
, commandoit en cet endroit
de l'Attaque , & le Marquis de
Nigrelli , General de Bataille ,
le Colonel Keth , le Baron Reder
, Lieutenant Colonel , & le
Lieutenant Major de Staremberg
l'accompagnoient pour
porter fes ordres , & les faire
executer avec plus de promptitude.
Le Comte de Souches, qui
avoit auprés de luy le Sergent
general Diepental , le Colonel
d'Oetingen , le Comte Jorger,
,
Fij
124 Hiftoire du Siege
1
Lieutenant Colonel , & le Sergent
Major de Croy, marcha au milieu
vers la Courtine , précedé de 50.
Grenadiers , de cent Fufeliers, &
-de cent autres hommes armez de
faulx & de bâtons ferrez par les
deux bouts . Ceux - cy ayant leurs
Officiers à leur tefte , avoient
auffi pour les foûtenir 200. Moufquetaires
& 5o.hommes avec des
haches & des bêches propres à faper
& à faire des logemens après
qu'on auroit chaffe les Ennemis
de leurs poftes. La difpofition fut
pareille à l'Attaque de Brandebourg.
Ceux qui devoient donner
à la bréche de la Rondelle à gauche,
eftoient foutenus d'un pareil
nombre de Moufquetaires , & avoient
ordre de faire grand feu
contre les Turcs fi- toft qu'ils fe
montreroient hors de leurs Coupures.
Les Heiduques furent
commandez pour donner une
de Bude. 125
fauffe alarme du cofté de l'eau ,
à l'endroit où l'embrafement du
Magafin avoit ouvert la Murailles.
Trois cens hommes les foutenoient
fous les ordres d'un Sergent
Major , de trois Capitaines
& des autres Officiers Inferieurs.
Tous les autres Generaux
furent poftez en divers endroits
pour y faire la fonction
de leurs charges fuivant le commandement
qu'ils avoient receu
. On avoit mis douce cens
hommes de reſerve dans un fond
au pied de la brêche , & ils devoient
s'avancer par files afin de
remplir la place de ceux qui feroient
tuez . Le General Dinghen
les commandoit. Le refte de l'Infanterie
eftoit deftiné pour s'avancer
de la mefme forte fi les
Generaux & les autre Officiers
à qui l'on avoit confié la garde
Y
Fiij
126 Hiftoire du Siege
de la Tranchée , l'euffent jugé
à propos. Tout ayant efté difpofé
de cette forte , les Troupes
Imperiales & celles de Brandebourg
marcherent en mefme
temps du coté des brêches ,
chacun en fon rang , tant les Of
ficiers que les Soldats , principalement
vers la grande Rondelle,
dont la maçonnerie n'avoit
pas
efté bien éboulée , quoy qu'on
y euft fait jouer plufieurs Mines.
Ce fut de part & d'autre
un feu effroyable & un bruit
terrible qu'on ne sçauroit exprimer.
Si le Canon , les Bombes
, les Carcaffes , les Grenades,
& la moufqueterie des Affiegeans
, firent un fracas qui euſt
pû épouvanter les plus intrepides
, le feu que firent les Affiegez
& par leur Canon & par
leurs Mortiers à pierres qu'ils ac- .
compagnerent d'une grefle de
de Bude.
127
Fleches , de Dards , de Bombes
ardentes , & autres Machines,
qu'ils faifoient rouler du haut
des brêches où ils s'expofoient
à corps découvert , fit voir aux
Chreftiens qu'ils avoient à faire
à des gens determinez qui leur
vendroient cherement leurs vies.
Les Imperiaux s'avancerent
bord jufqu'aux Paliffades , dont
les Ennemis avoient reparé les
bréches des Rondelles . Ils eurert
peine à y conferver leur
pofte , à caufe du grand nombre
de Fourneaux qu'on y fit
jouer. Plus de trois cens hommes
furent tuez ou accablez du
premier , & la refiftance des
Affiegez qui fut extraordinaire ,
fit reculer les Imperiaux juf
qu'à trois fois. Le Prince Charles
qui s'en appercent du lieu où
il donnoit les ordres , & qui les
F
128
Hiftoire
du Siege
રે
vit au milieu des feux , tant des
Machines que les Ennemis faifoient
rouler , que de neuf Mines
& de neuf fourneaux qu'ils
firent fauter en fort peu de
temps , s'avança luy - meſme au
pied de la brêche pour les foûtenir
avec de nouvelles Troupes
Sa prefence les anima telle.
ment , que voyant leur General
s'expofer comme eux au plus
grand peril , & vouloir fe rendre
témoin de leurs actions , ils
forcerent les Paliffades , & fe
rendirent maiftres de la grande
Rondelle où ils fe logerent. Ceux
de Brandebourg n'eurent
moins de fuccez à leur attaque.
Ils vinrent à bout de fe loger
fur la Courtine & fur la Rondelle
à gauche. Les Ennemis qui
s'eftoient retirez derriere les retranchemens
qu'ils avoient faits
pas
all
de Bude. 129
= au de- là des Paliffades , firent
leurs efforts pour les en chaffer,
& jetterent fur les uns & fur
les autres quantité de Fleches ,
de feux d'artifices , & d'autres
Inftrumens remplis de foufre ;
fur tout leurs Mortiers à pierres,
les Mines & les Sacs à poudre
aufquels ils mettoient le feu en
ſe retirant des Poftes qu'on les
forçoit de quitter , tuerent &
blefferent un grand nombre de
Chreftiens. La prefence du Prince
Charles qui ne voulut point
abandonner l'entreprife , contribua
fort à l'heureux fuccez qu'elle
cut. Chacun cherchoit à fe
fignaler avec une intrepidité qui
n'eft pas croyable , & les Soldats
à envy les uns des autres,
prenoient le Pofte que leurs camarades
leur abandonnoient en
perdant la vie. Les Imperiaux
F v
130 Hiftoire du Siege.
trouverent dans la grande Rondelle
deux Etendarts des Janiffaires
, & trois Pieces de Canon,
& ceux de Brandebourg en trouverent
fept & quelques Mortiers
dans la Rondelle dont ils s'étoient
emparez à gauche.
Pendant que l'on donna l'affaut
de ce cofté - là , l'Electeur de Baviere
le donna auffi du cofté de
fon attaque . Il avoit fait brûler le
jour precedent les Paliffades que
les Ennemis avoient plantées fur
la brêche, & fi-toft qu'on eut entendu
le Signal pour y monter,les
Fufeliers , & les Grenadiers avec
les hommes armez de haches qui
avoient fes ordres pour faper celles
qui pouvoient encore embaraffer
, fortirent de la Tranchée,
fuivis de cent Moufquetaires fous
un Capitaine & deux Lieutenans
, pour monter à l'affaut, tant
à
de Bude.
à droit qu'à gauche. Ĉent Travailleurs
marcherent en fuite, 25 .
avec des Pelles , & foixante &
quinze avec des faux , pour faire
un logement fur la hauteur de la
Rondelle, aprés qu'on s'en feroit
emparé. Ils eftoient fouftenus de
50. Fufeliers , de 30. Grenadiers,
& de 200. Moufquetaires. D'autres
Moufquetaires choifis avoiết
efté commandez pour feconder
de chaque cofté les trois Bataillons
Imperiaux , Bavarois & Saxons
qui devoient fouftenir les
premiers. On fe mit en marche
par les Ouvertures qui avoient
efté faites aux foffez vers la brêche
à droit & à gauche de la
Rondelle. En mefme temps toutes
les bateries commencerent à
tirer fur les brêches, & contre les
murailles hautes & les feneftres
des maifons du Chafteau, & l'on
jetta
132
Hiftoire du Siege
jetta auffi fans aucun relâche des
bombes & des carcaffes , dont il
y en eut quantité qui furent jettées
contre les retranchemens
des Affiegez , & entre les deux
premieres murailles du cofté du
Danube. Quoy que la muraille
fuft encore haute & difficile
à monter , on s'avança vers
la brêche à droit & à gauche
avec tant de valeur , de courage
& de conduite , que l'on
s'empara de la Rondelle , malgré
les coups de Moufquets que
les Ennemis tiroient fans ceffe
des Crenaux de cette meſme
muraille . On s'empara auffi à
gauche d'un lieu fitué entre les
maifons , & la muraille exterieure
, ce qui n'eftoit pas aifé
, parce que les endroits les
plus éminens du Chateau le
commandoient , & que l'on jettoit
de Bude .
133
toit de là fur les Affiegeans
une infinité de pierres , de Grenades
, de Bombes & de Sacs
à poudre. Ce feu continuel ne
put arrefter l'ardeur qui les emportoit
, & ils l'effuyerent avec
une bravoure qu'on ne peut affez
loüer, mais la nuit qui commençoit
d'approcher , ne permit pas
qu'on avançaft davantage. On
travailla à des Logemens fur la
Rondelle , & dans les autres Poftes
que l'on avoit occupez . L'Electeur
de Baviere fe tint expofé
au feu pendant toute l'action . Il
vifita tous les Poftes , & alla par
tout donner les ordres qu'il jugea
utiles pour la feureté & pour la
perfection du travail. Non feulement
il animoit les Soldats par
fa prefence , mais il les engageoit
à continuer de bien faire en leur
donnant des marques de fa liberali
F34
Histoire du Siege
ralité . Le Prince Louis de Bade
fit paroiftre auffi beaucoup d'intrepidité
, & demeura expofé
aux coups pendant toute l'efcarmouche
, afin qu'on apprift par
fon exemple à méprifer le peril.
Le Prince de Neubourg, le Prince
Eugene de Savoye , & plufieurs
autres Generaux montrerent
de leur cofté toute la bravoure
qui pouvoit donner un
nouveau courage aux Attaquans,
& la fermeté avec laquelle ils les
voyoient foûtenir le grand feu
des Ennemis , fervit beaucoup à
leur faire remporter les avantages
qu'ils eurent en cette journée.
Ce que firent les Heiduques
ne fut pas confiderable. Auffi ne
faifoient- ils qu'une fauffe attaque
afin d'attirer les Ennemis de
ce cofté- là . Ils y trouverent les
Poftes tres -bien garnis , à caufe
que
de Bude..
135
*
que c'eftoit l'endroit où te Magafin
avoit fauté , & par confequent
le plus découvert. L'affaut:
dura trois heures avec grand
perte du côté des Affiegeans . Ils .
eurent prés de deux mille hom .
mes tuez ou bleffez , fans un fort
grand nombre d'autres qui furent
brûlez ou enterrez par les
mines. Le Prince Charles fut
atteint legerement d'un coup de
pierre à la jambe , & le Sieur
d'Artein fon Ayde de Camp general
de ce Prince , fut tué auprés
de luy. Le Duc de Croy qui
n'avoit receu d'abord qu'une
bleffure peu confiderable , receut
enfuite un coup de Moufquet qui
luy perça le genoüil . Le Duc de
Curland Colonel dans les Troudes
de Brandebourg , fut bleffé
dangereufement , auffi bien que
le Comte Schileck, & le Marquis
Sa
136
Hiftoire
du Siege
,
Sanati . Le General Major de
Thingen le fut mortellement à la
teſte. Le Baron d'Afti qui n'eſtoit
pas encore guery d'une bleffure
qu'il avoit receu e deux jours auparavant
, eut les deux cuiffes
percées , & le Baron de Welbersheim
, les deux bras caffez . Le
Prince de Comercy qui s'eft
toûjours fignalé dans les occafions
où il y avoit le plus de peril
à effuyer , receut auffi une legere
bleffure. Les autres bleffez
dont on a pû jufqu'icy fçavoir les
noms , furent le Duc de Scalona ,
le General Major Diepenthal , le
Comte & le Chevalier d'Apremont
, Freres , le Colonel Goeling
; le Comte d'Archinto ; le
Comte Zacco Sergent Major , le
Lieutenant Colonel Rotten ; le
Comte de Saur ; le Sieur Reder,
Lieutenant Colonel du Regiment
de Bude 137
ment de Neubourg . Le Sergent-
Major Pini , le Marquis de la
Verne , le General Rummel , le
Baron de Welberg , Lieutenant
Colonel de Beck , avec plufieurs
Officiers de ce mefme Regiment:
le Comte de Palfi , Lieutenant
Colonel ; le Baron d'Aversberg,
le Sergent Major , un Capitaine
& un Lieutenant de Staremberg,
& plufieurs autres Officiers
des Regimens de Bade , de Beck,
de Steinau, de Rummel , de Selbolftoff,
de Gallensfels , & autres.
Le Comte de Dona , & le Sergent
Major de Marwitz , furent
tuez à l'attaque de Brandebourg.
Le 28. on dreffa une Batterie
fur la Rondelle du milieu , dont
les Imperiaux s'eftoient rendus
maiſtres à l'Attaque de Lorraine ,
& l'on applanit les bréches , afin
d'y
138 Hiftoire du Siege
d'y pouvoir guinder l'Artillerie .
On travailla à perfectionner les
Lignes de communication des
logemens , & l'on pourfuivit le
travail de trois Mines , qui avoient
efté commencées fous la
feconde Muraille incontinent aprés
l'Affaut du jour précedent.
Le Mineur fut attaché en deux
endroits de cette mefme Muraille.
Ceux de Brandebourg tirerent
une Ligne paralelle à cette
Attaque .
Le 29. on fit fauter deux mines
à l'Attaque de Lorraine. Il y
en eut une qui renverfa quinze
toifes de maçonnerie dans le Foffé
. Elle ne laifferent pas de caufer
du dommage aux Affiegeans ,
puis que deux Capitaines des
Troupes de Brandebourg , & environ
cinquante Fantaffins , la
plufpart des mefmes Troupes.
£u
de Bude.
139
furent enterrez fous leur debris .
Une Batterie de trois pieces de
Canon fut achevée ce jour - là à
la mefine Attaque . Quelques Armeniens
fugitifs vinrent avertir
que plus de mille perfonnes , hommes
, femmes & enfans , avoient
efté tuez dans la Place le jour
qu'on avoit donné l'Affaut ; qu'une
grande quantité avoient voulu
fe fauver du cofté de la Ri
viere , mais qu'ils y avoient trouvé
tous les Bateaux enchaifnez;
que la Garnifon n'eftoit plus que
de mille Combattans , & que le
Muphti les exhortoit inceffammet
à fe rédre,mais que le Bacha
les animoit à refifter jufqu'au
bout par l'efperance du fecours
qu'il attendoit ; qu'il y avoit par
tout des Retranchemens & des
Coupures , & qu'à la derniere
extremité il avoit efté refolus
qu'on
140 Hiftoire du Siege
qu'on mettroit le feu aux Magagafins
, pour faire fauter la Ville
avec tous ceux qui fe trouveroient
dedans. La nuit , les Bavarois
avancerent environ de quarante
pas dans la Rondelle du
Chafteau , en tirant du cofté de
la Riviere , avec perte de cinquante
hommes , & ils y firent
mener deux pieces de Canon,afin
d'élargir la bréche de la feconde
Muraille .
Le 30. le Comte de Souches
& le Comte de Lodron ,Major de
Cavalerie , monterent la Tranchée
. Ce dernier avoit efté nommé
pour la relever , aina que le
Comte de Stirum , auffi Major de
Cavalerie , parce qu'il n'y avoit
plus que le Comte de Nigrelli ,
Major general d'Infanterie , qui
puft fervir. On fit jouër ce jourlà
une troifiéme Mine à l'Attaque
de Bude. 141
que de Lorraine , & deux à l'Attaque
de Baviere, qui firent affez
d'effet. Cependant le Prince
Charles jugeant qu'il y alloit du
fervice de l'Empereur de ne pas
expofer la Ville à l'affaut & au
pillage , envoya une ſeconde fois
fommer le Commandant de fe
rendre. Comme il eftoit déja
tard , les Affiegez prierent les Députez
d'attendre jufqu'au lendemain
la réponſe qu'ils leur demandoient
, parce qu'il falloit affembler
le Confeil fur une affaire
d'une fi grande importance.
Le 31. le Prince Eugene de
Savoye & un Interprete allerent
à la Porte de la Ville , où aprés
qu'on les eut fait attendre une
heure & demie , on leur apporta
deux Lettres du Commandant,
l'une adreffée au Prince Charles,
&
142 Hiftoire du Siege
& l'autre à l'Electeur de Baviere .
Elles contenoient , que la confervation
de Bude , qui eftoit la clef
de Conftantinople & de Jerufalem,
eftoit d'une telle confequence
pour les Ottomans , qu'il ne
pouvoit fe refoudre à la remettre
entre les mains des Chreftiens
mais qu'on n'avoit qu'à
choifir une autre Ville , & qu'il
eftoit preſt à la donner , efperant
par là qu'on luy voudroit bien
accorder la Paix . Ce mefme jour
le premier Capitaine d'Artillerie
eut le bras percé , & le Comte de
Staremberg , en reconnoiffant la
bréche, receut un coup de Moufquet
qui luy emporta un doigt,
& le bleffa à l'épaule . La fièvre
qui luy furvint , accompagnée
d'une diffenterie , l'obligea de fe
faire tranfporter à Comore , où le
Prince de Vaudemont , qu'une
vio
de Bude.
143
violente maladie avoit forcé de
quitter le Camp , eftoit déja depuis
quelques jours. Sur les huit
heures du foir , les Affiegez qui
n'avoient point eu de réponſe,
envoyerent deux Agas au Prince
Charles , & emmenerent avec
eux le Baron de Crentz , Ayde
de Camp du Prince Louis de
Bade , & un Interprete. On crut
que le Commandant avoit deffein
de capituler , mais toute la
negociation aboutit encore à dire
, qu'il feroit livrer telle Ville
qu'on voudroit fi on levoit le
Siege de Bude , ou qu'il rendroit
cette Place pourveu qu'on fift
une Paix generale avec l'Empire
Ottoman . Le Prince Charles
voyant que l'on n'avoit point
d'autres propofitions à luy faire,
renvoya les deux Agas , & rappella
les Oftages. Ils dirent qu'on
les
144 Hiftoire du Siege
les avoit receus fort civilement,
& qu'à leur départ ils avoient
veu beaucoup de confternation
dans la Ville. On fceut ce jour
là que l'Aga des Janiffaires eftoit
mort des bleffures qu'il avoit receues
à l'Affaut du 27. & qu'il y
avoit plus de deux mille hommes
des Ennernis bleffez ou malades.
Le premier jour d'Aouft les
Imperiaux firent jouër une Mine
qui eut un tres - bon effet. Elle fit
bréche dans la feconde Muraille,
& ébranla mefme la troifiéme , ce
qui obligea les Affiegez d'y accourir
en grand nombre. Les
Bavarois profiterent de ce moment
pour attaquer le Chafteau .
Ils y entrerent , mais ils ne purent
fe maintenir dans le logement
qu'ils y avoient commencé.
Le Marquis de la Vergne,
Gene
de Bude . 145
General Major , receut deux
coups de Fléches , dont l'un luy
perça le bras & l'autre la cuiffe .
Le Lieutenant Colonel de l'Artillerie
en receut un autre au ventre.
Quatre Fugitifs vinrent a-,
vertir que les Affiegez travailloient
à une Mine pour faire fauter
la grande Rondelle dont les
Imperiaux s'eftoient emparez. Le
General Dunewald arriva au
Camp avec la Cavalerie qu'il
commandoit aux environs de
Stulweiſembourg.
Le 2. le Comte Caraffa , Major
General, & le General Heufler
, arriverent auffi au Camp,
avec un Corps de quatre mille
hommes qu'ils commandoient
dans la haute Hongrie du cofté
de Zolnoch , & ils prirent leurs
poftes au delà du Danube , où
deux mille Hongrois comman-
G
146
Hiftoire du Siege
dez par le Comte Budiani les
joignirent . La nuit on travailla
aux Lignes de circonvallation
, pour arrefter le fecours des
Ennemis.
Le 3. on vit paroiftre des Avant-
coureurs de l'Armée des
Infidelles, & les Affiegez firet une
falve de tous leurs Canons . Comme
on s'eftoit difpofé à donner
un troifiéme Affaut , les Affiegeans
firent jouer une Mine , mais
elle n'eut pas l'effet qu'on en avoit
eſperé , & la bréche ne s'êtant
pas trouvée affez profonde,
le Prince Charles envoya dire à
l'Electeur de Baviere qu'il ne jugeoit
pas à propos de donner
l'Affaut. Les Troupes de cet Electeur
ne laifferent pas d'y monter
, foit que l'ardeur qui les ani
moit leur fift avancer l'heure du
Combat , foit qu'elles euffent
pris
de Bude.
147
-
pris le bruit de la Mine pour le
Signal dont on étoit convenu . Le
Prince Charles qui en eut avis
fit donner l'attaque de fon cofté .
Les Affiegez au nombre de plus
de deux cens , fe montrerent fur
la Bréche , le Sabre à la main , &
le corps tout découvert. Les Femmes
& les Enfans y parurent
mefme tirant des Fléches , &
faifant rouler des pierres. Il y
eut beaucoup de vigueur de part
& d'autre , & la refiftance fut
telle du cofté des Ennemis , que
tout ce que purent faire les Imperiaux
, ce fut d'avancer leurs
Logemens jufqu'au pied de la
troifiéme muraille. Ils eurent plus
de deux cens hommes tuez ou
bleffez. Les Bavarois fe faifirent
de deux ouvrages , où ils trouverent
du Canon & des Mortiers ;
mais ce ne fut pas fans perdre
G
11
148 Hiftoire du Siege
beaucoup de monde . Le Prince
de Bade receut une contufion
d'une Balle de Moufquet qui luy
perça le Ceinturon & le Jufte
au corps par derriere , & le Prince
Eugene eut un coup de Fléche
, dont le fer luy entra entierement
dans la main . Le Comte
de Caunits , Lieutenant Colonel
du Regiment de Metternich , le
Comte Hermeftein Lieutenant
Colonel de Souches , le Sieur de
Breffey , Gentilhomme Bourguignon
, Major du Regiment de
Grana , & le Major du Regiment
de la Vergne, furent bleffez à l'attaque
des Imperiaux avec plufieurs
autres Officiers. Il y eut un
jeune Comte de Staremberg tué
au commencement de cet Allaut.
Le Chevalier Huberti , Capitaine
des Gardes de l'Electeur de
Baviere , fut bleffé à l'attaque des
Ba
de Bude. 149
Bavarois avec quelques Officiers,
qui ne pûrent obliger les Fantaffins
à les fuivre , tant ils eftoient
rebutez par le feu des Ennemis,
& par les Bombes , Pierres & Grenades
qu'ils jettoient fur eux du
haut du Chateau.
Le 4. on continua de, canonner
& de bombarder la Ville , &
Fon eut avis que l'Armée Ottomane
s'approchoit . On acheva
les deux logemens à droit & à
gauche de la grande Rondelle,
& l'on conduifit quatre pieces
de Canon fur la bréche . On mit
plufieurs rangs de Pali ffades, dont
on fortifia les Travaux , que l'on
avança fort prés des Retranchemens
des Affiegez . Le Prince
Charles employa ce jour à vifiter
tous les Poftes , & à difpofer tout
ce qu'il crut neceffaire pour
eftre en eftat d'aller au devant
G iij
150 Hiftoire du Siege
de l'Armée des Ennemis.
l'Ar-
Le 5. on ne fit que travailler
aux Lignes de circonvallation, &
de contrevallation , & à des Redoutes.
On travailla auffi à des
Mines, à de nouvelles Bateries, &
à combler le Foffé à l'Attaque des
Imperiaux . On eut avis que
mée des Ottomans s'avançoit
toûjours , & que le Grand Vifir
la commandoit en perfonne. On
détacha auffi- toft differens partis ,
afin d'en avoir des nouvelles affeurées
; & cependant la garde
fut redoublée dans tous les Pofles
. Les Affiegez jetterent quantité
de Bombes. Il y en eut une
qui tomba à trois pas du Prince
Charles proche les Bateries des
Imperiaux. Elle mit le feu à
quelques barils de poudre , tua
vingt Canonniers ou Soldats , &
en bleffa plufieurs autres. Pendant
de Bude. 151
dant la nuit les Affiegez firent
defcendre un Batteau chargé de
monde & de meubles,ce qui obligea
de faire un Pont prés de Pefty
pour empefcher que la mefme
chofe n'arrivaft encore , & pour
avoir le fourage plus commodement.
Le 6. les Huffars , après avoir
battu un Party de trente Turcs,
qui s'eftoient détachez pour donner
quelques avis au Bacha de
Bude , amenerent quatre Prifonniers
, par lesquels on fçeut qu'il y
avoit une Armée de vingt mille
hommes du cofté de Stulweiſembourg,
fous le commandement du
Seraskier , & que le Grand Vifir
devoit fuivre avec une Armée de
trente mille hommes, & quarante
pieces de Canon . Le Prince Charles
donna auffi toft fes ordres
pour faire tranſporter les Mala-
Güij
152 Hiftoire du Siege
des , les Bleffez , & tout le bagage
fuperflu dans l'Ifle de S. André;
l'on travailla avec toute la diligence
poffible à perfectionner les
Ouvrages neceffaires pour mettre
le Camp en feureté , & pour
empefcher que les Ennemis ne
fecouruffent la Place . Les Bavarois
firent jouer un Fourneau qui
réüffit affez bien . Il y en avoit encore
un autre mais les Mineurs
ayant rencontré ceux de la Ville,
ne le pûrent achever.
,
Le 7. comme on fe trouvoit
fort incommodé d'une Batterie
que les Affiegez avoient derriere
la petite Rondelle , on en dref
fa une de deux . Canons pour la
démonter . Elle fit l'effet qu'on
en avoit attendu . Les , Bavarois
en firent
firent jouer une nouvelle ,
qui eftoit auffi de deux pieces
de Canon. Ils l'avoient dreffée fur
un
de Bude.
153
un échafaut bien élevé au bout
de la premiere muraille de la
Rondelle , pour abatre le Chafteau
. La nuit, on tâcha de combler
le Foffé avec des fafcines,
mais tout ce qu'on y jetta fut confumé
par des fléches ardentes que
tirerent les Affiegez , & qui y mirent
le feu. Sur le midy on fceut
par des Prifonniers que toute l'Armée
Ottomane devoit s'affembler
le lendemain devant Albe Royale.
On vint dire le foir qu'il y en
avoit partie arrivé à une lieuë du
Camp , du cofté du Chateau où
eftoit l'Attaque des Bavarois.Cela
obligea le Prince Charles à changer
fon Camp. Il fit occuper les
hauteurs & les vallons qui environnent
la Place , & nomma les
Regimens que l'on devoit envoyer
au devant des Ennemis, &
ceux qui demeureroient pour
G V
154 Hiftoire du Siege
continuer le Siege. On eut avis
ce jour là que le General Schults
eftoit mort. Il commandoit un
Camp- volant entre la Save & la
Drave.
Le 8. à la pointe du jour , trois
mille Turcs & Tartares parurent
fur une hauteur. Ils enleverent
deux Gardes avancées de douze
hommes chacune , & aprés avoir
efcarmouché avec les Huffars,
ils fe retirerent fur le midy. Cent
cinquante Hongrois qui avoient
efté détachez pour reconnoiftre
l'Armée des Infidelles , & qui
revenoient au Camp avec quelques
Prifonniers , tomberent entre
leurs mains , & en furent taillez
en pieces , à la referve de
quelques- uns qui en apporterent
la nouvelle. Ce mefme jour
les Affiegez ayant ouvert la Porte
du Chafteau , on fit un déta
de Bude.
155
tachement à l'attaque de Baviere
, pour s'avancer de ce coſtélà.
On en vit un fort grand nombre
le fabre à la main derriere
leurs retranchemens , & ils jetterent
tant de Grenades, qu'on fut
obligé de fe retirer , avec perte
de foixante hommes. On continua
de mettre les Lignes de Circonvalation
en défenfe , en les
fortifiant avec des Redoutes , fur
lofquelles on plaça quelques pieces
de Campagne.Douze hommes.
furent tuéz ou bleffez à une Batterie
à laquelle on travailloit depuis
plufieurs jours , & que les
Bombes des Ennemis ruinerent.
&
Le 9. les Tartares & les Turcs
revinrent fur le midy le long de
la Montagne vis à vis le Camp
de l'Electeur de Baviere
pafferent tout le jour à efcarmoucher.
Quoy qu'ils ne fuffent
pas,
156
Hiftoire
du Siege
pas en affez grand nombre pour
forcer les Lignes, ils ne laifferent
pas d'incommoder , parce qu'on
fut obligé de fe tenir toûjours
fous les Armes. Une Bombe des
Affiegez tomba à l'Attaque des
Imperiaux au milieu de plus
de mille Grenades . Elle mit le
feu à quelques unes dont quatre
ou cinq Moufquetaires furent
tuez. Le Comte d'Archinto
fut bleffé legerement. On pour
fuivit le travail des Mines que
l'on deftinoit à renverfer la feconde
muraille, & les retranchemens
des Paliffades dont les Ennemis
avoient reparé les brèches,
& les Heiduques furent employez
à faire des Fafcines & des
Sacs à terre , pour en remplir les
Foffez, qui eftoient de la hauteurde
deux piques .
Le 10. les Affiegez firent une
for
de Bude. 157
fique
fortie à l'Attaque des Bavarois,
& couperent la tefte à quarante
hommes qu'ils trouverent dans la
Rondelle du Chateau. Un gros
de Turcs au nombre de douze
ou quinze cens , s'approcha du
Camp , mais ils n'eurent pas
toft aperceu un détachement.
commandoit le General Dunewald,
qu'ils prirent la fuite .Trente
Huffarts ayant rencontré
quarante
Turcs, les combatirent . Ils.
en tuerent fix , & firent cinq
Prifonniers , parmy lefquels eftoit
un Aga , qui ayant efté déja pris
il y a quelques années , avoit
payé huit mille écus de rançon.
Ils dirent que le Seraskier avoit
ordre de fecourir Bude à quelque
prix que ce fuft ; mais qu'ils
croyoient que l'on auroit peine
à l'engager au Combat .. Un Efpion
vint donner avis que l'Armée
158 Hiftoire du Siege
mée Otomane, compolée de plus
de foixante mille hommes , eftoit
campée le long du Danube à
trois lieues des Affiegeans. Il dit
qu'il avoit efté la reconnoiftre en
habit de Tartare , que le Serafkier
la commandoit , qu'elle occupoit
deux lieues d'étendue, &
que le grand Vifir eftoit demeuré
derriere avec mille hommes
qu'il avoit retenus pour le
garder.
La Ligne de communication
de l'attaque des Bavarois avec
celle des Imperiaux fut achevée
, & un Foffé profond que
l'on fit avec des bons épaulemens,
mit leur Quartier hors d'eftat
d'eftre infulté par les Ennemis.
Le 11. deux mille Chevaux
Turcs parurent fur la hauteur vis
à vis de l'Attaque de Baviere.
Quelques Efcadrons furent dé
tachez pour les aller reconnoitre.
de Bude.
159
tre. Il y eut une Efcarmouche
dans laquelle
le Prince
Charles
de Neubourg
eut un Cheval
tué
fous luy ; mais les Infidelles
commencerent
à defcendre
en fi grad
nombre
qu'il fut impoffible
de
les fouftenir
. Ainfi il falut fe retirer,
& fe contenter
de faire fur
eux un feu continuel
de Canon .
Trois Mines
furent
miſes en état
de jouer le lendemain
. La plus
grande
avoit huit Chambres
, &
leur charge
eftoit de cinq milliers
de poudre
. Comme
on avoit
refolu
d'aller
à l'Affaut
fi elles
réuffiffoient
, le Prince
Charles
commanda
trois mille hommes
de pied avec quinze
cens Chevaux
ou Dragons
, pour les foûtenir
. Le Comte
Petnehafi
arriva
au Camp
avec trois mille
Hongrois
,
Le 12. on fit jouer les trois Mines,
160
Hiftoire du Siege
nes, dont la plus grande n'eut aucun
effet , ce qui fit croire qu'el
le avoit efté découverte, & qu'on
en avoit tiré les poudres. Les
deux autres ne firent qu'une ouverture
pour dix hommes de
front , encore n'eut- elle pas efté
pluftoft faite que les Affiegez la
reboucherent par le moyen des
chevaux de frife , de forte que
l'on ne jugea pas qu'on d'euft
hazerder l'affaut ,
, quoy qu'on s'y
fuft déja difpofé . On fit retirer
les detachemens , & les Mineurs
eurent ordre de commencer un
nouveau travail . Les Mines jettérent
dans la Tranchée quantité
de pierres , dont plufieurs des
Affiegeans furent bleffez ,entr'autres
le Prince de Wirtemberg , le
Comte de Ridberg , & les Lieutenans
Colonels des Regimens de
Lodron de Neubourg. L'Armée
des
de Bude. 161
des Infidelles vint camper fur le
haut d'une Montagne qui n'étoit
pas fort éloignée des Lignes.
Ceux qu'on avoit envoyez pour
s'en informer,rapporterent qu'elle
eftoit de cinquante mille hommes
avec du Canon .
Le 13. les Affiegez firent une
fortie à cheval fur la grande Garde
des Imperiaux ,dont ils tuerent
douze hommes , & emmenerent
quatre Prifonniers qu'ils firent .
Le Comte de Colonitz , Page du
Prince Charles , & un Trompette
de l'Electeur de Baviere , eurent
la tefte coupée dans cette
efcarmouche. Les Turcs parurent
en bataille devat leur Camp,
& comme ils firent defcendre une
partie de leur Armée, on crut
qu'ils avoiet envie de döner combat.
Cela obligea le Prince Charles,
quidésle jour precedent avoit
fait
162
Hiftoire du Siege
fait fortir des Lignes toute la Cavalerie
, Dragons , Huffars , &
Croates,d'en faire auffi fortir l'Infanterie
, à la referve de vingt
mille hommes ,aufquels il en confia
la garde , & celle des trois attaques.
On forma deux Efcadrons
de la plupart des Volontaires , &
deux mille Heiduques , & un pareil
nombre de Hongrois , furent
commandez pour faire l'avantgarde
de l'Armee , & pour venir
les premiers aux mains fi les
Turcs vouloient entreprendre
quelque chofe. Ceux qu'on avoit
veus d'abord ne tenterent rien,
& fe retirerent le foir dans leur
Camp.
Le 14 dés fix heures du matin
, on s'apperceut qu'ils avoient
formé un corps de trois mille Janiffaires
& d'environ 5000. Chevaux
, qui devoit fervir d'avantgarde,
de Bude.
163
que
garde à leur Armée , tandis
le refte demeureroit derriere rangé
en bataille pour les fouftenir.
On apprit que leur deſſein eftoit
de faire paffer les trois mille Janiffaires
entre le quartier des Imperiaux
, & celuy de Brandebourg,
& que pendant l'action les Affiegez
devoient faire une Sortie
pour leur faciliter le paffage, &
leur donner moyen d'entrer dans
la Ville.En meſme temps le Prince
Charles commanda le Comte
de Dunewald pour former l'aifle
gauche de la Bataille avec neuf
Kegimens Imperiaux , qui furent
ceux de Caprara , Palfi , Taff, Lodron
, Neubourg , Furftemberg,
Stirum , Serau, & Schultz , & huit
cens Huffars. Le General Heufler
eut la droite avec un pareil
nombre de Regimens , tant Imperiaux
& Bavarois, que de ceux
de
164 Hiftoire du Siege
de Saxe & de Brandebourg , qui
occuperent une hauteur dont le
terrein leur eftoit avantageux, &
d'où tous les mouvemens des Ennemis
pouvoient eftre décou
verts . Le gros de l'Armée eftoit
difpofé en fort bon ordre , &
dans une diſtance de terrein- qui
luy donnoit facilité de charger
tout ce qui s'avanceroit pour fecourir
Bude. Les huit mille Janiffaires
& Spahis qui devoient
forcer les Lignes, après avoir voltigé
derriere les hauteurs pendant
deux heures , prirent leur
marche entre ces mefmes hauteurs
, & rencontrerent d'abord
les quatre mille hommes de l'Avantgarde
, qui furent rompus au
premier choc. Le Baron de Mercy
les voyant plier , ſe mit à la
tefte du Regiment de Schultz
pour les fouftenir , & en faifant
fermé,
de Bude. 165
>
ferme , il donna le temps au
Comte de Dunewald d'avancer
avec les Regimens de Taff , de
Lodron , & autres. Ce fut alors
que l'on vint à un Combat tresrude
& tres - opiniaftré . Les
Infidelles furent chargez avec
toute la vigueur poffible , & ces
Regimens faifant leurs decharges
à propos , renverferent
leur
Cavalerie qui prit la fuite & abandonna
les Janiffaires. Il y en
eut deux mille de tuez . Chacun
d'eux portoit quatre à cinq Grenades
, & ils avoient tous , les uns
des haches , les autres des pelles
pour rompre les Lignes & les
applanir s'ils euffent pu aller jufques-
là. On prit huit pieces de
Canon , quarante Etendarts , &
fon fit quatre à cinq cens Prifonniers.
Aprés le Combat , les
Infidelles firent divers mouvemens
166
Hiftoire du Siege
mens en s'avançant dans la Plaine
oppofée au Čamp de l'Electeur
de Baviere , qui ayant fait
auffi fortir fon Armée des Lignes
, la tenoit en ordre de Bataille.
Il fut refolu dans un Confeil
general qui fe tint , qu'on iroit
les attaquer , ce qui fut executé
par cet Electeur , mais ſe voyant
pourfuivis ils fe retirerent dans
leur Camp.Le Comte de Dunewald
, & le General Heufler , qui
s'étoient avacez avec les Huffars
par de là les hauteurs , rencontrerent
un gros de Spahis , que
les Ennemis avoient laiffé pour
couvrir leur retraite. Ils en tuerent
prés de deux cens , & en
firent trente Prifonniers. Il n'y
eut qu'environ cent hommes tuez
du cofté des Imperiaux , entre
lefquels fe trouvèrent le Comte
de Lodron , Lieutenant Colonel
de Bude. 167
nel du Regiment de Croates de
ce nom , & le Major du Regiment
de Caprara On fceut que
les Tures avoient perdu plus de
quatre mille hommes , fans un
fort grand nombre de bleffez, &
qu'ils eftoient d'autant plus touchez
de cette perte , que les Janiffaires
qui avoient eſté tuez
eftoient l'élite de leurs Troupes,
& que c'eftoit par eux principalement
qu'ils s'eftoient flatez
de pouvoir jetter du fecours dans
Bude. Les Affiegez firent une
fortie pendant le Combat , mais
ils furent fi vigoureufement repouffez
, qu'ils tarderent peu à
fe retirer. L'Armée Imperiale
eſtant retournée dans ſon Camp ,
& celle de l'Electeur de Baviere
dans le fien , on fit une falve de
tout le Canon des trois Attaques.
On expofa fur des Piques
plu
168
Hiftoire du Siege
plufieurs teftes de ceux qui avoient
efté tuez dans le Combat
, & l'on planta fur la brêche
les Drapeaux gagnez , afin que
les Affiegez ne puffent douter
de la Victoire qu'on venoit de
remporter. La nuit on furprit
deux Efpions avec des lettres
pour le Grand Vifir. Le Bacha
de Bude luy mandoit qu'il avoit
beſoin d'un prompt fecours , &
qu'il falloit fe fervir de la nuit
pour enfoncer les Lignes des Affiegeans
; que pour luy il s'eftoit
retranché dans la Ville , mais
qu'ils eftoient trop avancez pour
leur pouvoir refiſter.
Le 15. on connut que les
Ennemis avoient decampé , &
qu'ils s'eftoient éloignez de deux
lieuës. Le Prince Charles ordonna
qu'on fift enterrer les
Morts qui eftoient demeurez
dans
de Bude.
169
dans le Champ de Bataille , afin
qu'ils n'infectaffent point l'air, &
aprés avoir envoyé aux Affiegez
un des Prifonniers qu'on avoit
faits , pour les informer de
l'heureux fuccez du jour precedent
, qui les devoit empefcher
d'efperer aucun fecours , il fit
partir le Comte de Lamberg
pour aller fommer la Ville , mais
il ne fut pas pluſtoſt arrivé à la
porte , qu'ils commencerent à
tirer fur luy , de forte qu'il fut
obligé de fe retirer . Le foir,
on apprit par un Transfuge que
trois Bachas eftoient demeurez
au dernier Combat que le
Grand Vifir avoit fait couper
la tefte à un autre , & qu'at- '
tribuant au Seraskier le mauvais
fuccez de cette journée , il
l'avoit infulté avec toutes for-
H
>
170 Hiftoire du Siege
tes de marques de, mépris & de
colere.
Le 16. les Affiegez firent joier
une Mine à l'Attaque des imperiaux
, & fortirent en mefme
temps pour tâcher de profiter de
la confufion où ils croyoient les
trouver dans leurs Tranchées,
mas ils connurent que leur Mine
n'avoit eu aucun effet , & fe retirerent
avec quelque perte . Les
Imperiaux mirent le feu aux Paliffades
de la brêche , & en brû
lerent une partie , mais les Affiegez
en remirent d'autres pendant
la nuit. On s'apperceut
qu'il y en avoit un double rang
derriere les premieres , & qu'ils
les avoient moüillées , afin d'empefcher
que celles qui eftoient
en feu ne les confumaffent.Cinq
Polonois qui vinrent ſe rendre,
rapporterent que les Jani ffaires
avoient
de Bude. 171
avoient declaré qu'ils ne vouloient
plus aller au Combat, parce
que la Cavalerie les abandonnoit
toûjours dans le peril. Ils
ajoûterent que le Grand Vifir en
avoit fait mourir quelques - uns
pour remettre les autres dans l'obeillance.
Le 17. une Mine des Affiegeans
fut éventée à l'Attaque des
Imperiaux. Un Transfuge rapporta
que le foir qu'on avoit brulé
les Paliffades , prés de cent
Turcs avoient été bleffez ou tuez
par les Bombes qu'ils y avoient
enterrées , & aufquelles ils auroient
mis le feu , fi Ton euſt
monté à l'affaut ; qu'il ne reftoit
dans la Ville qu'environ mille
hommes capables de porter les
armes , mais que chacun eftoit
refolu de fe défendre jufqu'à la
derniere goute de fon fang. Six
.
H ij
172 Hiftoire du Siege
Fantaffins qui avoient merité la
mort , monterent par ordre de
l'Electeur de Baviere au haut du
Chafteau pour en découvrir le
dedans , mais les Affiegez qui les
découvrirent les firent defcendre
trop toft. La nuit , trente
Volontaires qui s'eftoient détachez
voulurent mettre le feu aux
Paliffades qui défendoient la
brêche de la derniere enceinte
de la Place , mais il y avoit des
poudres répandues aux environs
qui en brûlerent quelquesuns
, & les Affiegez en tuerent
quelques autres , de forte qu'ils
ne purent executer leur def
fein.
Le 18. deux Polonois qui s'étoient
fauvez de l'Armée des
Turcs, rapporterent que le Grand
Vifir avoit promis trente écus
à chacun des Janiffaires qui
pour
de Bude.
173
pourroient forcer les Lignes &
fe jetter dans la Place , qu'ils s'étoient
mis en marche au nombre
de deux mille avec quantité
de Tartares , pour aller gagner
les Montagnes qui regardent la
Ville- baffe , que c'eftoit par là
que les Ennemis pretendoient
faire entrer dans Bude le fecours
que le Commandant continuoit
de preffer , & qu'ayant un Pont
à cinq lieues du Camp des Chrétiens,
ils avoient envoyé du monde
en de là du Danube pour
faire diverfion. Oń fit jouer une
Mine à l'Attaque des Imperiaux
, &le peu de ffuucccceezz qu'elle
eut , obligea de differer l'Affaut
general , & de retirer les
détachemens que l'on avoit faits
à ce deffein. La nuit , on refolut
de nouveau de brûler les Paliffades
, & trois cens hommes
-
Hiij
174 Hiftoire du Siege
furent commandez pour cela ,
mais il n'y eut qu'un fort petit
nombre de Grenadiers qui monterent.
Le grand feu que firent
les Affiegez , & la quantité de
Grenades & de Sacs à poudre
qu'ils jetterent , épouvanterent
fi fort les Moufquetaires qui les
devoient fouftenir , qu'une partie
fe cacha , en forte que les
Officiers s'avancerent prefque
feuls.
Le 19.les Imperiaux tâcherent
de fe pofter fur la petite Rondelle
de la feconde muraille,mais
la refiftance qu'ils trouverent les
en empefcha . Ils eurent prés
de quarante hommes tuez , ou
bleffez. On fut averty par un
Transfuge que le Grand Vifir
avoit commencé de fe mettre
en marche pour revenir vers le
Camp des Affiegeans mais
qu'ayant
de Bude.
175
qu'ayant appris d'un Deferteur
qu'il leur eftoit arrivé un corps
de dix mille hommes , cette nouvelle
l'avoit obligé de retourner
fur fes pas , & que vingt - cinq
mille Tartares eftoient au de- là
du Danube peur tâcher d'y faire
diverfion.
Le 20. à la pointe du jour,
pendant que l'Armée Ottomane
venoit le mettre en Bataille devant
le Camp de- l'Electeur de
Baviere , deux mille Janitaires
qui s'eftoient tenus cachez la
nuit , defcendirent par le grand
Vallon aprés que le Biouac fe fut
retiré , & ils paffetent les Lignes.
de circonvallation que l'on n'avoit
pû laiffer garnies faute de
monde. Ils poufferent la grande
Garde , mais les Generaux
Caprara, & Heufler s'eftant trouvez
heureuſement à cheval , y
Hij
176
Hiftoire du Siege
accoururent. Ils couperent ceux
qui avoient déja forcé les retranchemens
, & les taillerent en pieces
, mais toute leur refiftance,
quoyque des plus vigoureuſes ,
n'empefcha pas que prés de trois
cens ne paffaffent dans la Place,
le refte fut repouffé hors du
Camp. On fit trois cens Prifonniers
, & il y en eut beaucoup
de tuez. Le Sieur Sentini Chevalier
de Malte , & Capitaine
de Cavalerie dans les Troupes
de Baviere , s'eftant trop avancé
pour reconnoiftre les Ennemis,
fut fait prifonnier. Le Comte
de Konigfmark Lieutenant Cólonel
de Beck fut tué , & le General
Heufler bleffé au pied.
Quoy que ceux qui entrerent
dans la Ville , fuffent la plufpart
bleffez & en petit nombre , les
Affiegez ne laifferent pas de faire
de Bude.
177
re une falve de tous leurs Canons
, pour faire croire qu'il leur
eftoit arrivé un plus grand fecours.
On apprit par un Chrétien
qui s'échappa de l'Armée
des Ottomans , que le Grand Vifir
avoit fait affembler fes Troupes
,,
pour leur dire que le fecours
qu'il avoit envoyé , eftoit
entierement entré dans la Ville,
& qu'il donneroit à tous ceux
qui auroient envie de s'y jetter,
la mefme fomme qu'il avoit donnée
aux autres . L'Armée des Infidelles
fe retira à quelques lieuës
du Camp des Chreftiens .
>
Le 21. la Baterie de l'attaque
des Imperiaux qui battoit en
flanc les retranchemens des Af-
Liegez receut un fort grand
dommage du feu que fit leur Artillerie
. Elle en fut prefque entierement
démontée , ce qui fit
H v
178
Hiftoire
du Siege
qu'on augmenta le nombre des
Travailleurs pour la rétablir pen
dant la nuit.Ön redoubla auffi les
Troupes de la Tranchée , & l'on
fit un feu continuel afin d'occu
per les Ennemis. Cette même nuit
on fe prepara à donner un Affaut
au Chafteau du cofté de l'attaque
des Bavarois.
Le 22. le Prince . Charles fit
faire une fauffe Attaque , pour
faciliter par une diverfion celle
que l'Electeur de Baviere commençoit
de fon cofté. Les Turcs.
eftant accourus en grand nom.
bre fur la brêche du cofté des
Imperiaux , on fit fur eux une
décharge de Mortiers , qui leur
tuerent cent hommes , & pen
dant ce temps les Bavarois , qu'animoit
la prefence de leur Prince
, fe rendirent maiftres de la
plus grande partie du Chateau,
malgré
de Bude..
179
malgré la refiftance opiniaftre
de ceux qui le défendoient. Le
General Rummel qui commandoit
l'Attaque , fut tué d'un coup
de Moufquet dans les approches.
H fut extremement regretté .C'étoit
un Officier d'une grande experience
. On ne perdit que trente
hommes , mais plus de deux
cens furent bleffez , la plufpart
par des Sacs à poudre . Un Duc
de Saxe- Mesbourg , ayant une
Compagnie dans le Regiment
de Bade , receut deux coups de
Moufquet, dont l'un luy calla la
jambe. La nuit , les Ennemis
tacherent de repoufler les Bava-
Fois du Pofte qu'ils occupoient,
mais ils ne purent en venir
bout.
Le 23. les Affiegez firent une
Sortie fur la grande Garde des
Bavarois , mais ceux - cy les contrai
180 Hiftoire du Siege
traignirent de fe retirer , & les
pourfuivirent jufques aux portes.
Le Lieutenant Colonel d'Arco
y ayant efté tué d'un coup de
Moufquet , les Turcs emporterent
le corps dans la Ville . On
prit dans l'lfle de Sainte Marguerite
un Turc qui eftoit fortyde
Bude à la nage avec un More
, pendant un orage qui s'eftoit
élevé la nuit . Il dit que ce More
qu'on n'avoit pu arrefter , eftoit
envoyé au Grand Vifir avec
des lettres , par lesquelles le Bacha
de Bude le preffoit de luy
donner promptement un fecours
plus fort que celuy qu'il avoit re
ceu que la Ville ne pouvoit te
nir encore bien long- temps , &
que le Chafteau eftoit fur le
point d'eftre perdu . Il ajoûta ,
qu'il n'eftoit entré que deux
cens cinquante Janiffaires la
plus
de Bude. 181
plufparts bleffez , & hors de combat
, & que le Bacha en publioit
le nombre plus grand pour donner
courage à ceux de la Ville;
que les Affiegez avoient perdu
cent hommes le jour que les Bavarois
s'eftoient poſtez au haut
-du Chafteau & que le Bacha
avoit promis cinq cens écus à
ceux qui eftoient venus la nuit
pour les en chaffer , mais que celuy
qui les commandoit avoit
pris la fuite...
Le 24. les Bavarois fe fortifierent
dans les Poftes dont ils s'eftoient
emparez. Les Affiegez firent
contre eux de nouveaux efforts
mais ils furent inutiles.
Trente Soldats y furent tuez avec
le Lieutenant Colonel du Regiment
Saxon de Trautmansdorf.
L'Armée Ottomane parut de
nouveau à la veuë du Camp , &
sen
182
Hiftoire du Siege
›
s'en retourna le mefmejour à une
lieuë de là. Comme les Affiegez
avoient fait des feu pendant la
nuit, & allumé plufieurs fois de la
poudre au deffus de la grande
Rondelle , on ne douta point que
ce ne fuffent autant de Signaux
pour preffer les Turcs de faire
encore quelque tentative. Le
Prince Charles , pour prevenir
leurs deffeins , détacha fix Efca
drons, & fix Bataillons , qu'il fit
commander par le Baron de Mercy
, le Comte de Souches & le
General Heufler. Ils pafferent
toute la nuit fous les armes fans
qu'il fe fift aucun mouvement du
cofté des Infidelles. On continua
pendant cette mefme nuit , de
combler les Foffez, & d'affurer les
Travaux qui avoient eſté faits
du cofté de l'attaque de Lorrai
ne. On eut avis que le Comte de
Scherf
de Bade. 183
Scherffemberg dont on preffoit
Farrivée , eftoit auprés de Zolnoch
avec les Troupes qu'il commandoit
en Tranfilvanie, & qu'il
feroit toute la diligence poffible
pour le rendre promptement au
Camp , quoy que fon Infanterie
fuft fort fatiguée .
Le 25 deux Escadrons que l'on
avoit détachez , eurent ordre de
revenir au Camp , & les quatre
autres furent poftez au pied des
murailles. Le Prince Charles fit
fortifier les Lignes le long du Danube
, de plufieurs rangs de Paliffades,
& quatre cens Allemans
& deux cens Hongrois y furent
envoyez fous le commandement
du Baron d'Afti pour s'oppofer
au fecours , fi les Ennemis tachoient
d'en faire paffer par là.
Les Travaux que les Bavarois avoient
faits au hautdu Chafteau ,
fu
184 Hiftoire du Siege
furent entierement brûlez par les
facs à poudre, & autres Machines
à feu que les Affiegez y jetterent.
Ainfi l'on fut obligé de fe
retirer , & de fe pofter plus à la
droite. Il y eut en cette occafion
dix ou douze hommes tuez , &
plus de deux-cens bleſſez .
Le 26. le Canon des Affiegeans
ayant ruiné la face de la grande
Rondelle dont ils s'eftoient ren
dus maiftres , on y fit une maniere
de pont avec des poutres. Elles
alloient d'une muraille à l'autre,
& faifoient la communication
des Logemens . Les Ennemis firent
ce qu'ils purent pour bruler
ce Pont, mais on le garnit fi bien
de toutes les chofes qui le pou
voient garantir du feu, qu'ils furent
forcez d'abandonner ce deffen.
Il ne leur reftoit plus que
fept groffes pieces de Canon en
bat
de Bude.
185
batterie ; toutes les autres avoient
efté demontées. Un Turc fut arrêté
proche de la Ville. Il dit que
quantité de Janiffaires animez
par les promeffes du Grand Vifir,
montoient tous les jours à cheval
avec refolution de fe venir
jetter dans la Place , mais que le
courage leur manquoit , fſii toft
qu'ils découvroient le Camp des
Chreftiens.
Le 27. on terraffa le Pont de
communication , & on fit une
forte Redoute pour en defendre
la tefte . On travailla auffi à un
Logement fur la grande Rondelle.
Il fut étendu fur un terrain
uny qui donnoit paffage jufqu'à
la derniere muraille de la Ville.
Ainfi les Affiegeans n'eftoient
plus qu'à cinq ou fix pas des Ennemis
, qui tâcherent de redoubler
leur defence. Ils jetterent
quan
186 Hiftoire du Siege
quantité de feux d'artifice , fans
pouvoir endommager le Logement
qui touchoit leurs Palifades
. Un Croate Deferteur vint
avertir que les Ennemis avoient
receu un renfort de huit mille
hommes , & tiré de Stulweifembourg
huit groffes pieces de Canon
; que le Grand Viſir ayant
promis de récompenfer tous ceux
qui fe jetteroient dans la Ville,
plufieurs s'eftoient déja prefentez
, & que la nuit fuivante on
devoit venir attaquer le Camp
des Chrefliens par deux endroits .
Ce rapport fit qu'on la paffa toute
entiere fous les armes . On s'y
tint mefme le lendemain jufques
à midy , mais on ne vit que quelques
détachemens qui ne firent
que paroiftre, & fe retirerent prefque
auffi - toft.
Le 28. les Affiegeans fe fortific
de Bude.
187
1
fierent dans leur Logement, malgré
tout le feu des Affiegez qui
commença à diminuer. On ag
grandit la bréche du flanc de ce
Logement , & toutes chofes furent
heureuſement difpofées pour
reüffir dans l'affaut. La Baterie de
Suabe continua de faire grand
feu. Elle eftoit fur le panchant
de la Montagne d'où l'on tiroit
avec des Boulets enchaifnez,afin
qu'il fuft plus ailé d'abatre les
Paliffades. Ce mefme jour on
furprit on Turc qui eftoit encore
forty de la Ville à la nage . Il avoitpaffé
fous les deux Ponts , &
s'eftoit caché dans un trou au
de - là des Lignes . Il n'avoit fur
luy qu'une écharpe & un Sabre
avec une Lettre qu'il portoit à
l'Armée Turque pour l'Aga des
Janiffaires. Elle eftoit écrite par
ce
188 Histoire du Siege
celuy qui commandoit les Janiffaires
dans Bude , & n'avoit rien
de particulier , finon que l'Homme
que le Grand Vifir avoit envoyé
, eftoit entré dans la Ville,
& qu'elle eftoit fort preffe. Il fut
impoffible pendant tout le jour
de faire parler ce Turc , mais enfin
on l'intimida fi bien par les
menaces , qu'il avoüa fur le foir,
que le Commandant de Bude
l'avoit chargé de dire au Grand
Vifir, qu'il yavoit prés de quinze
jours qu'il eftoit campé devant
la Ville , & qu'il s'étonnoit que
fcachant le preffant danger où
ilfe trouvoit , il ne luy envoyat
pas un fecours confiderable ; que
les Troupes qu'il commandoit
témoignoient avoir moins de
courage que les Femmes de la
Ville , puifqu'on ne tentoit aucune
chofe , que pour luy il eftoit
re
de Bude. 189
refolu de fe défendre jufqu'à la
derniere goute de fon fang , mais
qu'il ne pouvoit répondre de la
Place s'il ne recevoit un prompt
fecours. Ce Turc ajoûta que le
Bacha luy avoit auffi donné ordre
de recommander la Ville de
Bude & l'honneur de l'Empire
Ottoman au Commandant des
Tartares ; qu'il y avoit encore
2000. hommes dans la Place , avec
quatre cens Janiffaires qui
s'y eftoient jettez le 20 que les
Affiegez s'eftoient bien retranchez
du coſté de l'Attaque des
Imperiaux ; que derriere la Paliffade
de la feconde brêche il y
avoit encore un Foffe & une autre
Paliffade , mais qu'ils n'avoient
point travaillé du cofté
du Chafteau , eſperant eſtre ſecourus.
Le 29. un Polonois vint ſe rendre
190 Hiftoire du Siege
dre le matin , & raporta que les
Infidelles devoient venir atta,
quer le Camp par trois endroits.
Peu de temps aprés , mille Spahis
& deux mille Janiffaires commandez
par deux Bachas, & foutenus
de quinze mille Tartares,
qui avoient ordre de leur faciliter
l'entrée dans la Ville, vinrent
du cofté d'Actoffen pour s'y jetter
, mais comme ils n'y trouve
rent point de paffage & qu'ils
virent qu'on faifoit fur eux une
vigoureufe décharge , ils gagnerent
une colline , d'où eftant enfuite
defcendus dans un Marais
qu'on trouve dans le Vallon , ils
furent envelopez par des Efcadrons
, à la tefte defquels eftoient
le Baron de Mercy & le General
Heufler , & par la garde des Bavarois
. Il en refta huit cens fur la
place. Ils avoient chacun trente
écus
de Bude. 191
écus qu'on leur trouva dans la
poche , le refte fut mis en fuite,
& il n'y en eut que quinze qui
purent paffer ; encore n'en entra↓
t- il que quatre dans la Ville , les
onze autres ayant eſté tuez avant
que d'y arriver. On coupa chemin
à cent Spahis , dont foixante
& feize furent paffez au fil de
l'épée par deux differentes Troupes
de celles de Brandebourg , &
quatre autres tuez dans le quar
tier du General. Le Baron de
Mercy receut trois coups de Sabre
dans cette action,un à l'épaule
, & deux à la tefte , Son Ayde
de Camp fut tué à ſes coftez .
Dans ce mefme temps les Affiegez
voulant faciliter l'entrée du
Secours , hazarderent une Sortie,
mais les Bavarois qui avoient la
garde de la Tranchée , les contraignirent
de fe retirer avec perte
192 Hiftoire du Siege
te de cinquante hommes. D'un
autre cofté l'Armée des Ennemis
vint en ordre de Bataille vers les
Lignes du Camp de Baviere ,
mais elle ne tenta rien , & le
Grand Vifir ayant veu paroiſtre
vingt cinq Efcadrons du corps
d'Armée du Comte de Scherffemberg
qui paffoient le Pont du
Danube , fous le commandement
du General Picolomini , prit le
parti de fe retirer. On gagna
trente Drapeaux, la plufpart rou
ges , les autres eftoient de differentes
couleurs. On fceut par un
Deferteur , que des trois mille
Janiffaires ou Spahis qui avoient
juré au Grand Vifir qu'ils ne reculeroient
, ny ne fuiroient point,
il n'en eftoit pas retourné plus de
cinq cens.
Le 30.quatre Chreftiens écha
pez des mains des Infidelles , fe
rendi
de Bude.
193
Jap
rendirent dans le Camp , & rapporterent
que l'Armée Ottomane
eftoit allée camper une lieuë plus
loin que la plufpart de leurs
Troupes defertoient avec les Drapeaux
, & qu'elles avoient une
grande difette de vivres . Ce mef
me jour le Comte de Scherffemberg
arriva de Tranfilvanie avec
les trois Regimens d'Infanterie ,
de Sherini , de Scherffemberg ,
de Spinola , & le refte de la Cavalerie
, fçavoir soo . Hongrois &
les Regimens de Picolomini ; de
Veterani , de Sainte Croix ; de
Magni , & de Tefvin. Celuy de
Sherini fut joint au corps de Ba
viere , & les autres allerent occu
per le terrein qui reftoit vuide
du cofté de la baffe Ville , depuis'
la droite des Imperiaux jufques
au Dambe."
Le 31 on eit avis, que fept
isque I
194 Hiftoire du Siege
mille Tartares s'eftoient avancez
vers Gran , afin d'empécher
qu'il ne defcendift des vivres
pour les Affiegeans. On entendit
mefme tirer le Canon de cette
Ville. Les Bavarois firent mener
de nouvelles Pieces fur leurs Batteries
à la place de celles qui avoient
eſté gaſtées . Les Troupes
demeurerent fous les armes toute
la nuit , fur ce que le bruit
s'eftoit répandu le foir , que l'Armée
des Infidelles s'eftoit mife
en marche pour les venir attaquer.
Le premier jour de Septembre
on ne ceffa de jetter dans la
Ville des Carcaffes & des Bombes
, & de battre les Paliffades
avec le Canon . Ce mefme jour on
tint un Confeil de Guerre , où ſe
trouverent tous les Generaux
des Troupes auxiliaires . Il fut
agité
de Bude.
195
agité fi l'on iroit attaquer le
Grand Vifir en laiffant affez de
Troupes pour continuer le Siege
, où fi on l'attendroit dans
les Lignes. Plufieurs crurent qu'il
falloit aller aux Ennemis & profiter
de la confternation où les
mettoit la perte qu'ils avoient faite,
mais l'avis contraire l'emporta
, & on refolut de donner l'affaut.
Cette reſolution fut tenuë
fecrette , & le Prince Charles fit
fortir des Lignes trente mille
hommes de Cavalerie & dix mille
d'Infanterie qu'il fit ranger en
Bataille dans la plaine oppofée
au front du terrain que les Infidelles
occupoient > comme s'il
euft eu deffein de les aller attaquer.
Il les empefchoit par là de
faire des détachemens pour le
fecours de la Place. Les Generaux
qui eurent le commande-
I ij
196
Hiftoire du Siege
ment de la Cavalerie , furent le
General Bielke , le Prince Eugene
de Savoye , & les Comtes de
la Torre & d'Arco . Le General
Steinau & le Comte d'Afpremont
commanderent l'Infanterie.
Les ordres furent enfuite
donnez pour l'affaut . Le Comte
de Souches fut commandé pour
l'Attaque de la droite, & le Comte
de Scherffemberg le fut pour
la gauche, chacun avec trois mille
chevaux choifis , & un pareil
nombre d'hommes de pied . La
marche des Volontaires , qui attendoient
ce grand jour avec une
extreme impatience , fut ordonnée
entre les deux aifles, avecordre
de ne pas preceder les premieres
files.
Le 2 . tous les Generaux ſe
trouverent à cheval fi- toft que le
jour parut . Ils allerent vifiter les
Tra
de Bude.
197
Travaux , & le Prince Charles
ayant fait venir les Officiers Ma-.
jors dans fa Tente , les avertit de
tenir toutes les Troupes preftes
pour donner l'affaut à deux heures
aprés midy. L'Electeur de Baviere
n'oublia de fon cofté aucun
des ordres qui pouvoient
eftre neceffaires pour achever de
fe rendre maiftres du Chateau.
Le General Schoning tint auffi
toutes chofes difpofées à l'attaque
de Brandebourg , & d'abord
que le Signal cut efté donné par
fix Pieces de Canon tirées du
quartier des Troupes de Suabe,
quatre Capitaines fuivis chacun
de cinquante Grenadiers , avec
quatre Lieutenans , quatre Sergens
, & les autres Officiers inferieurs
, marcherent à la droite
de l'Attaque. Le Baron d'Afti
eftoit à leur tefte , & ils eftoient
I iij
198 Hiftoire du Siege
fouftenus de deux cens Moufquetaires
que commandoient
quatre Capitaines & d'autres
Officiers fubalternes, ayant à leur
tefte un Lieutenant Colonel &
un Major. Ceux - cy eftoient fuivis
de cent hommes armez d'une
demie Pique & d'un Sabre , chacun
avec deux Piftolets de ceinture
. On fit marcher à quelque
diſtance trois cens Arquebufiers
commandez par quatre Capitaines,
& trois Bataillons de reſerve
les fuivoient. Ils eftoient chacun
de fix cens hommes avec leurs
Officiers. La difpofition de la
gauche fut pareille . Toute la difference
qu'il y eut , c'eſt que cent
cinquante Arquebufiers furent
les premiers qui s'avancerent, &
qu'ils n'eftoient precedez que de
cinquante Grenadiers , & de
vingt- cinq à trente hommes armez
de Bude. 199
mez de Pertuifanes , d'une Epée,
& d'une Hache . Tout fut difpofé
de la muc torte à l'Attaque
de Daviere, & à celle de Rrandebourg
, & jamais Affaut ne fut
entrepris avec plus d'ardeur , &
plus d'intrepidité . Le Baron
d'Afti qui avoit l'Avant- garde
des Grenadiers , & qui marchoit
à leur tefte , fut bleffé d'abord,
& le Sieur Bifchoff- haufen , Sergent
Major du Regiment de Diepenthal
, prit le Commandement
en fa place. Quoy qu'ils fuffent
foûtenus des Bataillons qu'on avoit
fait fuivre , ils trouverent
une fi furieuſe refiftance de la
part des Affiegez , qu'ils furent
contraints de reculer. Outre la
grande quantité de facs à poudre
qu'on jetta fur eux , les Ennemis
firent jouer une Mine qui
leur caufa un fort grand defor-
I iiij
200
Hiftoire du Siege
dre. Ils retournerent une feconde
fois à l'affaut avec une vigueur
extraordine , & ils ne
Purent encore obliger les Tercs
a fuir , mais enfin aprés une tresrude
Efcarmouche qui dura une
heure devant la Ville , les Affiegez
ayant perdu courage par la mort
du Commandant qui fut tué fur
la Bréche , ils firent fi bien qu'ils
vinrent à bout d'arracher les
Paliffades , & de forcer leurs
Retranchemens. Ils y trouverent
huit cens Janiffaires qu'ils taillerent
en pieces , fans avoir aucun
égard à la poſture foûmife
où ils fe mirent en leur demandant
quartier , & jettant leurs
Armes bas. Quelques - uns d'entre
eux voyant qu'ils ne vouloient
épargner perfonne , reprirent
leurs Armes , fe défendirent
en defefperez , & firent
jouër
•
de Bude. 201
jouer un Fourneau dont plufieurs
Maifons fauterent . Le feu
du Fourneau fe communiqua à
une certaine machine qu'il avoient
difpofée auparavant , &
produifit un autre feu bien plus
dangereux qui couroit de place
en place, & que perfonne ne prenoit
le foin d'efteindre , parce
que les Victorieux eftoient alors
occupez à pourfuivre , & à exterminer
tout ce qui pouvoit
refter d'Ennemis dans la Ville ,
où quelques ordres que les Of
ficiers puffent donner , il fut impoffible
d'empefcher le carnage.
Ainfi l'embrafement fut prefque
general. Ceux de Brandebourg
entrerent en mefme temps dans
la Ville , & penetrant dans les
rues au travers des flâmes , ils
firent main baffe fur tout ce
qu'ils rencontrerent , fans épar
I v
202 Hiftoire du Siege
gner Vieillards , Femmes & Enfans
. Les Victorieux n'en confultoient
que la fureur qui les
animoit , & qui les portoit à fe
vanger de l'opiniâtre reſiſtance
que ces malheureux avoient faite
fur la Bréche à force de Bombes
, de Mines , de Pots à feu &
autres machines roulantes qu'ils
avoient jettées à la faveur de
leur Moufqueterie , & d'une
grefle de fléches. Cependant la
Cavalerie qu'on avoit tirée des
Lignes fous les Generaux nommez
pour la commander eftoit
demeurée , ainsi que l'Infanterie,
toûjours en action , & en Bataille
avec les Ennemis , dont
l'Armée , non feulement avoit
paru de ce coſté là , mais meſme
avoit commencé à attaquer l'Avantgarde
des Chreftiens. D'un
autre cofté les Generaux Sherini
,
de Bude.
203
rini, la Vergne & de Beck , n'ou
blierent rien pour achever de
fe rendre maiftres de ce qui reftoit
à occuper du Chateau,
fouftenant avec un courage tout
heroïque l'affaut qu'ils y avoient
donné , & en mefme temps les
Grenades & les Pierres que jettoient
les Janiffaires , qui ne fçachant
encore rien du fuccez de
l'autre attaque , faifoient leurs
derniers efforts pour fe maintenir
fur une hauteur d'où dépendoit
la confervation du Chafteau.
Pendant qu'ils fe deffendoient
avec toute la bravoure
qu'on peut attendre de gens.
auffi aguerris que determinez ,
les Turcs qui eftoient auparavant
de l'autre cofté , s'eftoient
venus retirer de celuy - cy , partie
du cofté de la Riviere , &
partie du cofté du Chaſteau où
ils
204 Hiftoire du Siege
ils avoient merveilleufement renforcé
les Janiflaires. Pour s'oppofer
au fecours qu'ils leurs donnoient
, l'Electeur de Baviere ,
qui remarqua que le Grand Vifir
n'agifloit point , & qu'il ne
faifoit mine d'aucun mouvement
, commanda le Comte d'Apremont
avec 500. hommes , &
le fit aller à l'affaut avec les autres
pour les foûtenir. Le Prince
Louis de Bade s'apercevant de
l'inevitable neceffité qu'il y a
voit de s'emparer de la hauteur
qui occupoient encore les Affiegez
, pour le rendre enfuite maifres
du bas où ils avoient plufieurs
places d'armes & autres
Logemens , paffa luy mefme de
ce coflé-là , & ordonna de l'efcalader
& de grimper au deffus,
ce qui fut fait fi heureuſement,
que
de Bude.
205
que l'on envoya une grefle de
de moufquerades & de Grenades
fur les Turcs qui fe voyant foudroyez
de cette forte , arborerent
un Drapeau blanc , & jufques à
leurs Turbans , criant de toute
leur force qu'on leur donnaft
quartier & la vie. Il y en cut
plufieurs , qui ne voulant point
attendre ce qu'on refoudroit, pafferent
par deffus le mur d'un
chemin couvert , & tâcherent de
fe fauver avec quelques Juifs par
le Danube dans de petits Bateaux
qu'ils trouverent mais
les Tolpazes les ayant atteints
avec leurs Saiques , coulerent à
fond plufieurs de ces petits Baftimens
, tuerent la plupart de
ceux qui avoient cru s'échaper,
& les autres qui avoient déja
paffe la Riviere , furent taillez
2
en
206
Hiftoire du Siege
>
en pieces , ou faits prifonniers
par les Hongrois qui eftoient
dans Peft . L'Electeur de Baviere
accorda la vie au Lieutenant
du Bacha & à plus de
douze cens hommes , qui voyant
les Imperiaux Maitres de la
Place , l'avoient fuivy dans une
Rondelle où il s'eftoit retiré
entre le Chafteau & la Ville.
Il fit de mefine quartier à ce qui
reftoit de Turcs dans le Chafteau
, d'où il les envoya fous
bonne garde dans une grande
Mofquée & dans un grand Magafin
. Les Soldats qu'on ne
put faire revenir fi - toft de leur
premiere fureur , affommerent
& jetterent dans la Riviere les
vieilles Gens fans nulle diftinction
de Sexe , & il y en eut
quelques - uns de fi
,
cruels ,
qu'ayant
de Bude.
207
cruautez ,
qu'ayant trouvé des Femmes
avec des Enfans de deux ou trois
mois , ils leur ouvrirent le ventre
, & y fourrerent ces miferables
Enfans. L'Electeur de Baviere
, & le Comte de Stratman ,
Chancelier de l'Empereur , qui
arriverent dans la Ville pendant
que l'on commettoit ces
ne pûrent les faire
ceffer qu'aprés des défenfes tres
rigoureufes , & plufieurs fois reïterées.
Le feu eftoit répandu par
tout , & avec le fang qui couloit
de tous coftez , il est aisé de
s'imaginer quel affreux Spectacle
offroit cette trifte Ville abandonnée
au pillage . Cependant
la principale Mofquée , qui
avoit efté autrefois l'Eglife de
Saint Etienne , Roy de Hongrie
, fut préfervée de l'embrafement,
208
Hiftoire du Siege
>
fement , ainfi qu'un grand Magafin
, dans lequel eftoient quantité
de vivres , & un autre plein
de poudres . Ces deux Magalins
furent confervez par les foins
du Commiffaire Rabata qui
eut là - deffus beaucoup de conduite
& de vigilance . On perdit
prés de deux cens hommes
à l'Attaque de Lorraine , avec
le Marquis de Spinola , Colonel
d'un Regiment d'Infanterie . Il
y eut trois cens cinquante Soldats
tuez à celle de Baviere , à
caufe d'un Fourneau que les Ennemis
y firent jouër . Le Comte
de Tartembac fut auffi tué à
cette Attaque , & le Comte de
Zacco , Major du Regiment
d'Alpremont , y fut bleffé à
mort ainfi que le Sieur Mon-
.ticolli , Capitaine dans le meſme
>
Re
de Bude . 209
Regiment. Ceux de Brandebourg
ne perdirent que cent
hommes , & le nombre des Blef
fez ne fut que de quatre cens
dans toutes les trois Attaques .
11 y eut plus de trois mille hommes
tuez ce jour- là - du cofté des
Affiegez . On jetta les corps des
Turcs & des Juifs dans la Riviere
, & les Chretiens furent enterrez.
Le Lieutenant du Bacha
dit qu'au commencement du Siege
la Garnifon eftoit de dix mille
Janiffaires , fans compter les Juifs
& les Habitans capables de porter
les armes , qui faifoient encore
plus de cinq mille hommes.
L'Aga des Janiffaires &
le Mufthi demeurerent prifonniers
avec ce Lieutenant du Bacha
, & plufieurs autres Offciers.
L'Aga fut donné au Prince
Char
210 Hiftoire du Siege
Charles. Cette conqueſte eft
d'autant plus glorienfe , qu'elle
s'eft faite à la veuë de l'Armée
des Ottomans , qui fans ofer rien
tenter , ont laiffé prendre une
Ville auffi importante que Bude,
& dont ils eftoient en poffeffion
dépuis cent quarante-cinq ans.
On dit que lors qu'ils connurent
que les Chreftiens y eftoient entrez
, ils s'arracherent la barbe
de defefpoir , & fe jetterent par
terre. Le foir ils fe retirerent à la
faveur de la nuit .
dans la Place trois à
On a trouvé
quatre cens
dont il dont y en
pieces de Canon ,
a quantité d'un fort grand calibre
, avec foixante Mortiers,
& un nombre incroyable de Boulets
, de Grenades , de Carcaffes ,
de Bombes , & d'autres Machines
de Guerre. On fit environ
deux
de Bude. 211
deux mille prifonniers , & l'on
prit plus de cent Juifs qui s'eftoient
refugiez dans leur Synagogue.
Le Prince Charles fit tout
ce qu'on peut attendre d'un
grand & experimenté Capitaine,
donnant les ordres par tout où
fa prefence eftoit neceffaire , &
n'oubliant rien de ce qui pouvoit
contribuer à l'heureux fuccés
de cette grande journée . L'Electeur
de Baviere s'y acquit
beaucoup de gloire , & fit
roiftre combien il eft intrepide
par la maniere dont il s'expofa
au feu. Tous les Volontaires
chercherent à fe fignaler à l'envy
les uns des autres , & le Prince
de Commercy donna d'éclatantes
marques de valeur &
de courage. Comme ils pouvoient
fe trouver par tout , le
pa-
Mar
212
Hiftoire du Siege
allerent
Marquis de Blanchefort , & le
Marquis de Souvray
dans tous les Poftes où le peril
eftoit le plus apparent. C'eſt ce
qu'ils avoient déja fait pendant
tout le Siege, n'ayant laiffé échaper
aucune occafion , quelque
dangereufe quelle fuft , fans y
courir avec une ardeur qui ne
fe peut exprimer. Le Prince
Louis de Bade receut un coup
de Moufquet qui luy éfleura la
chair. Il monta un des premiers
à l'affaut , & anima les Soldats
par fa valeur . Le Prince Euge
ne de Savoye , qui eft fon Coufin
Germain , ne fe diftingua
pas
moins. Il avoit cfté deftiné
à l'Eglife , mais le Chevalier de
Savoye , fon Frere , qui commandoit
un Regiment de Dragons
au fervice de l'Empereur,
eftant
de Bude .
2137
eftant mort au Siege de Vienne,
il refolut de quitter l'Etat Ecclefiaftique
, & s'eftant rendu en
pofte à ce mefme Siege aprés a--
voir efté faluër S. M. I. qui étoit '
à Lints , il s'y fignala , & acheva
la Campagne en qualité de Volontaire
, âgé feulement de dixneuf
ans. L'Empereur voulant
reconnoiftre la valeur de ce jeune
Prince , luy donna un Regiment
de Dragons , à la tefte duquel
il fervit la Campagne fui- :
vante , & fit des chofes au delà !
de fon âge à la prife de Strigonie,
& au premier Siege de Bude , où
il fut bleffé d'un coup de Moufquet
au bras. Aprés la Campa
gne, il alla voir le Duc de Savoye
Chef de fa Maifon , qui le receut
avec toutes les marques d'honneur
deuës à ſa naiffance & à fon
me
214 Hiftoire du Siege
merite. Il paffa de là à Veniſe , revint
à la Cour de l'Empereur , &
fe trouva àla Prife de Neuhaufel
& autres Places . Au retour.
de cette Campagne , quoy qu'il
n'euft alors que vingt & un an,
l'Empereur le fit General Major.
de fes Troupes fur la fin de l'année
derniere . Le Siege de Bude
ayant efté refolu , il fe rendit au
Camp des Impériaux pour y faire
les fonctions de cet employ , dont
il s'eft acquité avec toute la gloire
poffible.
Si-toft
que
la Place
eut eſté
prife
, le Prince
Antoine
de Neubourg
, Grand
Maiftre
de l'Or.
dre Teutonique
, & le Prince
de Commercy
partirent
pour
en
apporter
la nouvelle
, l'un à l'Empereur
, & l'autre
à l'Imperatrice
.
Doüairiere
, le Comte
de Sherini
,
de Bude. 215
rini , dépefché par l'Electeur de
Baviere , l'apporta à l'Electrice fa
Femme. Le Comte de Konigfeeck
fut auffi dépeſché par le
Prince Charles avec le grand
Drapeau des Turcs trouvé dans
Bude qu'il apporta au Prince Hereditaire
Imperial .
Le 3. le Prince Charles & les
Generaux vinrent au Quartier
de l'Electeur de Baviere , où le
Te Deum fut chanté au bruit des
Trompettes , des Timbales , &
des Canons , dont on fit faire trois
décharges autour des Lignes. On
mit auffi le feu aux Bombes qu'on
y avoit enterrées pour les Ennemis,
s'ils euffent ofé entreprendre
de les
attaquer.
Le 6. toute l'Armée partit en
bon ordre pour marcher du cofté
du Pont d'Effeck. On laiffa
dans
216 Hiftoire du Siege de Dude.
dans Bude les Regimens d'In-1
fanterie de Beck , de Salme &
de Diepenthal , avec des détachemens
des Alliez fous le
Commandement du Baron de
Beck .
F I
DU SIEGE
DE BUD E.
OUS avons vu en
moins d'une annéedeux
chofes fi remarquables ,
l'une en France , & l'autre
en Hongrie , qu'il eft impoffible
qu'elles ne paffent jufqu'à la
pofterité la plus éloignée , puifque
plufieurs fiecles enſemble ne
fourniffent pas quelquefois des
actions d'un fi grand éclat. Tout
A
Hiftoire du Siege
l'Empire Ottoman employoit fes
foins & fes principales forces à
empefcher que l'on ne prît Bude,
parce que cette Ville peut ouvrir
le paffage jufques à Conftantinople
, & qu'il eft malaisé que le
Royaume de Hongrie dont elle
eft la Capitale , ne foit pasfoumis
à la domination de celuy qui
la poffede. C'eſt pour cela que les
Tures fe font toûjours attachez à
la conferver. Elle a foûtenu quatre
fieges depuis qu'ils en font les
maiſtres , & n'a efté prife qu'au
cinquième , qui eft celuy qui
vient d'eftre fait par l'Armée confedérée
des Chrétiens. L'Empereur
à qui tant de Troupes auxiliaires
jointes aux fiennes , ont
facilité cette Conquête , y va rétablir
la veritable Religion , pendant
que Sa Majefté fortifie cette
méme Religion dans huit cens
Villes
de Bude. 3
t
Villes ou Bourgs , d'où Elle a
chaffe la fauffe , que fept de fes
predeceffeurs n'avoient pû détruire.
Ces deux Nouvelles ayant
donné au Pape la plus fenfible
joye qu'il ait receue depuis fon
Exaltation au Pontificat , il a ordonné
de femblables remerciemens
à Dieu , & d'égales rejoüiffances
dans Rome, pour des actions
qui font du plus grand merite au
prés du S. Siege. On n'y a parlé
jufqu'à la prife de Bude , que de
ce que l'Eglife doit au Roy de
France , & depuis la Conquête
de cette importante Place, on n'y
parle que de l'une & de l'autre
action, & on les regardes comme
les deux plus grands Triomphes
que l'Eglife pouvoit remporter.
Je vous ay entretenue de l'une
pendant plufieurs mois , il faut
vous entretenir de l'autre ; mais
A ij
4 Hiftoire
du Siege
pour le faire avec un peu d'ordre ,
je croy qu'il fera bon de vous expliquer
en peu de mots comment
la Ville de Bude a paffé au pouvoir
des Ottomans.
Louis II. dit le Jeune , Roy de
Hongrie , ayant pery en 1526. à
la bataille de Mohacs , Jean de
Zapol , Comte de Scepus , Vaivode
de Tranfilvanie fut falué
Roy par une partie des Hongrois.
L'autre élut Ferdinand Roy de
Boheme , qui avoit époufé Anne ,
Soeur du defunt Roy Loiys . Ferdinand
affifté des forces de l'Empereur
Charle Quint fon frere ,
alla droit à Bude , dont il fe fai fit
en ayant chaffe Jean de Zapol , qui
par diverfes pratiques qu'il eut à
la Porte , vint enfin à bout de faire
venir Soliman à fon fecours . Solyman
eftant entré dans la Hongrie
avec de puiffantes forces en 1529.
marcha
de Bude.
5
€
C
marcha vers Bude , la prit & retablit
le Roy Jean dans fon Eftat.
Ce dernier pour s'y maintenir
fans trouble , fit un accord avec
Ferdinand , par lequel il devoit
jour du Royaume de Hongrie
jufques à fa mort , à condition
que Ferdinand , ou l'un de fes
Fils , luy fuccederoit , & comme
il fe pouvoit faire que Jean venant
à fe marier auroit des enfans
, il fut arrefté que s'il avoit
un Fils , ce Fils feroit Prince de
Tranfilvanie, & poffederoit toutes
les terres , Villes & Chateaux
qui avoient appartenu à Jean avant
que les Hongrois l'euffent
fait leur Roy. Ce Traité eftant
conclu, il fe maria avec Elifabeth.
fille de Sigifmond Roy de Polog.
ne, & mourut prefque auffi - toft ,
laiffant au berceau un Fils qu'il
en eut. Quelques- uns mirent la
A iij
6 .
Hiftoire du Siege
Couronne fur la tefte de l'Enfant
le jour qu'il fut baptifé , & Ferdinand
ayant demandé à Elifabeth
l'execution du Traité fait
avec le Royfon Mary cette malheureufe
Reyne qui fut avertie
qu'il preparoit une Armée pour
la contraindre à l'obeïffance , envoya
des Ambaffadeurs à Solimã .
Ils en furent bien receus , & en
rapporterent une Robe d'écarlate
en broderie , une maffe de fer
avec le pommeau & la poignée
d'or , & un cimeterre dont le fourreau
eftoit tout femé de pierreries
, pour marque de fon amitié
& de fa protection . En mefme
temps Solyman donna fes ordres
pour faire fecourir Elifabeth fi
elle eftoit attaquée , & Guillaume
Rocandolph, General des Troupes
de Ferdinand , ayant commencé
le Siege de Bude , Mahomet Bacha
de Bude ..
7
cha , & Mahomet Sangiac de
Belgrade , pour obeir à leur Empereur
, marcherent vers cette
Place avec toute la diligence poffible
. Rocandolph remüa fon
Camp à leur arrivée . Il le mit au
pied du Mont S. Girard . Le Sangiac
de Belgrade alla camper fur
les cofteaux de la Plaine qui s'étend
depuis ce Mont le long du
Danube pour enfermer les Chreftiens,
& Mahomet Bacha campa
d'un autre cofté , & fi prés de
Rocandolph , que les Tentes de
l'une & de l'autre Armée n'étoient
éloignées que d'une demie
lieuë. Il y eut de legers combats
entre les deux Camps , avec des
fuccez , tantoft favorables pour
l'un des partis , & tantoft pour
l'autre ; mais enfin Rocandolph
ayant appris que Solyman venoit
luy- mefme appuyer les deffeins
A iiij
8
Hiftoire du Siege
de fes Generaux à la tefte de
deux- cens mille hommes , jugea à
propos de fe retirer . Les Turcs
avertis de fon deffein l'attaquerent
dans fa retraite , & plus de
vingt mille Chrêtiens demeurerent
fur la place . La levée du Siege
n'empefcha pas Solyman de
pourfuivre fon voyage , & de venir
jufque devant Bude . Il envoya
de là affurer la Reine Elifabeth
de fa bienveillance ; & la fit
prier de fatisfaire l'envie qu'il
avoit de voir le jeune Eftienne
fon Fils. Elifabeth trouvant dangereux
de le refufer , parce que
c'eût été marquer de la défiance ,
& irriter un Prince puiffant, l'envoya
au Camp de Solyman , avec
les principaux Seigneurs de fa
Cour. Le Turc le receut avec
beaucoup de careffes , & le fit
loger avec Bajazet & Selim fes
Fils ,
de Bude.
Fils , qu'il avoit eus de Roxelane .
Les Bachas traiterent magnifiquement
les Seigneurs Hongrois
qui avoient accompagné leur
jeune Roy , & cependant les Janiffaires
de Solyman qui avoient
fes ordres , eftant entrez dans la
Ville comme amis , fe répandirent
par tout fous pretexte de
confiderer la beauté des Bâtimens
, & fe voyant affez forts
pour executer leur entreprife , ils
fe faifirent de toutes les Places ,
forcerent les Gardes des Portes
qui ne foupçonnoient point cette
trahifon , & les ouvrirent à quelques
Troupes qu'on avoit fait
avancer. Enfuite on commanda
aux Bourgeois de rendre les armes
, & ce fut ainfi que Solyman
s'empara de Bude , fans qu'il en
coutât le fang d'un feul homme .
Cela arriva en 1541. Apres un
•
A V
Hiftoire du Siege
évenement fi favorable , l'Empereur
Turc tint confeil , & l'on
y
mit en deliberation s'il retiendroit
le Royaume de Hongrie,
ou s'il le rendroit au jeune Roy.
Mahomet Bacha eftoit d'avis que
Solyman le menaſt à Conſtantinople
avec les Seigneurs Hongrois
qu'il avoit entre fes mains ,
& qu'il mift à Bude un Gouverneur
qui ufant de moderation ,
apprit à ce Peuple à fe foumettre
au joug Ottoman . Ruftan
, Gendre de l'Empereur &
de Roxelane , luy voulut perfuader
de garder ſa foy , qu'il ne
pouvoit violer fans honte , & le
Sangiac de Belgrade fut d'avis
qu'en reduifant la Hongrie en
Province , il fe delivraft par là
de la neceffité, où il pourroit eftre
encore de revenir de fi loin fecourir
une Femme & un Enfant.
Il
de Bude. I
Il luy reprefenta qu'ils ne pourroient
refifter aux forces Allemandes
que par le fecours de
celles de la Hauteffe , & que les
Guerres ne fe devant faire que
pour avoir le moyen de vivre en
paix , il eftoit de l'intereft du
Sultan fon Maiftre, de reduire en
Province un Royaume qu'il avoit
fi fouvent défendu ; qu'ainfi il
falloit renvoyer la Reyne en Pologne
à fon Pere Sigifmond , mener
le jeune Roy Eftienne à
Conftantinople pour l'y élever
dans la Loy Mahometane , faire
trancher la tefte à tous les
Seigneurs Hongrois prifonniers,
rafer leurs Fortereffes , tranfporter
une pattie des familles en
Afie , & tenir les autres dans le
devoir par de fortes Garnifons.
Soliman ne fuivit aucun de ces
avis. Il entra dans Bude, & aprés
avoir
12
Hiftoire du Siege
, avoir renverfé les Autels &
fait brifer toutes les Images de
l'Eglife Cathedrale pour la confacrer
felon les Superftitions Mahometanes
, il fit fortir Elifabeth
de la Ville , & l'obligea de ſe retirer
à Lippe avec fon Fils pour
gouverner la Transilvanie , l'affurant
qu'il le rétabliroit fur le
Trône quand il feroit dans un
âge plus avancé. Cependant il la
declara Tutrice de ce jeune Prince
dont il luy promit d'eftre le
Protecteur, & luy rendit Georges
Martinufius pour eftre Miniftre
de fes Eftats. Depuis ce temps-là
la Ville de Bude que les Allemans
appellent offen , eftoit toûjours
demeurée au pouvoir des Turcs.
Elle fut affiegée en 1598. fous
le Regne de Mahomet III . par
l'Archiduc Mathias . Il força le
Fauxbourg qui eft du cofté du
Da
de Bude . 13
1
I
Danube , & fe rendit maiſtre
du Fort bafty fur le Mont Saint
Girard , où il trova quatre- vingt
pieces de canon , mais il ne put
venir à bout de la Citadelle .
Elle fut & vigoureufement défendue
, que la mauvaiſe faifon
s'avançant , il fe vit contraint de
lever le Siege. Comme il n'abandonnoit
le deffein de faire
cette conquefte que par la confideration
de l'hyver , fi - toſt
qu'il vit le temps propre à l'entreprendre
, il ramena fon Armée
devant cette Place. Les
Turcs qui en apprehendoient
la perte , s'avancerent promptement
pour la fecourir. Ils furent
défaits , mais cette victoire qui
donnoit de fi grandes efperances
aux Princes Chreftiens qui attaquoient
Bude ne pût rien
diminuer de la fermeté des
,
Affie
14 Hiftoire du Siege
Affiegez à fe bien défendre .
L'Armée Chreftienne trouva
dans ce fecond Siege les mefmes
hommes , & la mefme refiftance
qui luy avoit fait quitter
le premier , & elle fe retira
encore une fois.
>
Apres la perte d'Albe - Royale
, repriſe en 1602. par les
Turcs qui l'avoient perduë
l'année precedente , le mefine
Archiduc Mathias , qui commandoit
une Armée de quarante
mille hommes , marcha pour
la troifiéme fois contre Bude.
La Ville - baffe ayant efté
facilement emportée , il affiegea
la haute , furprit la Ville de
Peft , & ces commencemens furent
fi heureux , qu'on ne douta
point qu'il ne vint à bout de
fon entrepriſe. Cependant toute
la valeur & la prévoyance
des
de Bude.
15
des Chreftiens ne put empefcher
que la Citadelle ne fût rafraîchie
d'hommes , de vivres &
de munitions . de Guerre ; ainfi
il fallut encore lever le Siège.
Charles de Gonzague , Duc de
Nevers , y fut bleffé d'un coup de
moufquet à l'épaule.
Le dernier Siege eft connu
de tout le monde. Il fut commencé
par le Prince Charles de
Lorraine le 14 de Juillet 1684.
& le fecours jetté dans la Place
, le mauvais eftat dés Troupes
, l'incommodité de la faifon
, & le hazard auquel on fe
feroit exposé en donnant un
affaut general , dans lequel on
auroit eu à combattre en meſme
temps & ceux de la Ville , &
le Seraskier qui n'eftoit pas éloigné
des Lignes , ayant fait
craindre un mauvais fuccez de
cette
16 Histoire du Siege
cette entrepriſe , l'Armée Chreftienne
fe retira le premier jour
de Septembre , fans eftre inquietée
par les Ennemis dans fa
retraite .
Je viens au cinquième Siege
de cette importante Place.
Rien n'eft plus difficile qu'u
ne Relation de cette nature ,
fur tout lors qu'un Siege a efté
long , qu'il a fait verfer beaucoup
de fang, & que l'évenement
en a efté attendu de toute
l'Europe. Comme dans celuy
que j'entreprens de décrire , le
nombre des Intereffez a efté
grand , & qu'il y a eu differens
quartiers de divers Souverains,
fans compter quantité de Volontaires
repandus de plufieurs
Nations, chacun voudroit qu'on
n'oubliaft rien de ce qui le regarde
, & c'est une exactitude
qui
de Bude.
17
,
qui eft entieremet impoffible.Cependant
s'il arrive qu'on ne parle
point d'une action d'un feul Volotaire
lors qu'il eft d'une qualité.
diftinguée, cela eft caufe que tous
ceux de la mefme Nation fe récrient
fur la fauffeté d'un ouvrage
, qui ne manque quelquefois
qu'en ces fortes de circonftances
qui ne meriteroient pas
qu'on s'en mift en peine . Il y en
a d'autres qui pouffent le point
d'honneur plus loing , & qui ne
voudroient pas qu'on marquaft
que ceux de leur Nation ont eu
fouvent du defavantage pendant
le cours du Siege , comme fi la
- Victoire qui couronne tous les
travaux par la priſe d'une Place,
& qui efface toutes les pertes,
pouvoit empécher que l'on n'euft
efté quelquefois batu avant le
triomphe. S'il ne faloit point
parler
18
Hiftoire du Siege
parler des de avantages du Vainqueur,
il faudroit feulement marquer
la Prife , & la Victoire &
ce ne feroit plus alors la Relation
d'un Siege , mais le détail de la
derniere action. Bien que l'on
foit affuré de la priſe de la Place
avant que d'écrire la premiere
ligne du Siege , & qu'on fçache
que ceux qui fe font venus rendre
aux Afliegeans ont dit la
plus - part des fauffetez , il faut
pourtant faire mention de ces
fauffetez ,quoy que dans le tems
qu'on les écrit , on les connoiffe
pour telles. Il faut mettre dans
un journal tout ce qui s'est fait
& tout ce qui s'eft dit , parce que
felon ces chofes ont voit les vraies
& les fauffes mefures qu'ont pris
tant les Affiegeans que les Affiegez.
C'eſt par là que la Pofterité
s'inftruit , & c'eft ce qui doit
donner
de Bude. 19
3:
donner des lumieres à ceux qui
en de pareilles occafions peuvent
un jour avoir des commandemens.
Ainfi quand je diray la
verité de ce qui s'eft paffe pendant
le cours du Siege de Bude
,je ne feray pas pour cela contre
les Allemans. Tout depend
de la derniere action , puifque
lors qu'on reuffit , on a toûjours
pris de juítes mefures. Je dois
dire à l'avantage de la France,
qu'une Place fans dehors , com-
I me celle que vient de reduire
l'Armée des Confederez, fe pourroit
compter prife d'abord
les François l'affiegeoient , puifqu'on
ne manque jamais de capituler
dés qu'ils ont pris les dehors
de quelque Place , & que
Bude n'en avoit point . Ils auroient
pû faire voir en cette occafion
ce qu'ils ont fouvent fait
, fi
éprou
20
Hiftoire du Siege
éprouver à plufieurs Villes , mais
l'Allemagne avoit trop connu
leur valeur en la fameufe journée
de S. Godard pour vouloir
donner lieu à d'autres qu'à fes
Sujets d'acquerir une auffi grande
gloire , & elle a mieux aimé
faire lentement cette Conquête,
quand mefme elle auroit deu
rifquer à ne la pas faire
,, que de
laiffer aux François les avantages
qu'ils font toûjours feurs de
remporter dans toutes leurs entrepriſes.
Comme le fuccés de
celle- cy paroiffoit douteux , elle
fut fort debatue au Confeil de
l'Empereur.Les fentimens étoient
partagez, & il y en avoit d'entierement
cotraires à l'avis du Prince
Charles de Lorraine , qui fouhaitoit
d'ouvrir la Campagne par
un Siege auffi confiderable que
celuy de Bude paroiffoit aux Allemans
.
de Bude. 21
lemans. Il avoit efté contraint
de le lever en 1684. & il croyoit
qu'il y alloit de fa gloire de reparer
par la prife de cette Place
qu'on jugeoit fi importante , le
malheur qu'il avoit eu l'affiegeant
inutilement. Il trouvoit l'occafion
favorable , & qu'il luy eftoit
facile d'acquerir beaucoup de
gloire , à moins qu'il n'euft toû
jours le mefme malheur , puis
qu'il devoit eftre fecondé dans
cette Expedition , non feulement
par les Troupes de l'Empire , mais
encore par celles de plufieurs
Souverains , dont il y en avoit
un tout remply de coeur , qui
vouloit commander les fiennes en
perfonne , & que ces Troupes
qui ne manquoient de rien , étoient
aguerries à l'exemple de
leur Chef , qui a déja fait voir
fon courage & fon intrepidité
en
22 Hiftoire du Siege
en plufieurs occafions . Ileft aisé
de juger que c'eft de l'Electeur
de Baviere que je parle. Outre
tout cela ,le Prince Charles voyoit
accourir en foule quantité d'illuftres
Volontaires de toutes les
Cours de l'Europe , parmi lefquels
eftoient beaucoup de François
qui fe trouvent toujours dans les
lieux où ils peuvent voir qu'il y
a de la gloire à acquerir. Ce n'étoit
pas encore tout ce qui foutenoit
l'efperance de ce Prince. Il
fçavoit que les liberalitez du Pape
fe répadoient à pleines mains,
pour faire fubfifter fes Troupes,
que chaque Souverain de l'Europe
fourniffoit des hommes , de
l'argent , ou des munitions pour
avancer le fuccés de fes deffeins,
& qu'enfin le Siege de Bude étoit
pluftoft l'entrepriſe de la
Chreftienté entiere,que de l'Empire.
de Bude.
23
pire. Comme tous ces avantages
pouvoient contribuer à fa.
gloire & le faire triompher , il
eftoit de ſes interefts de profiter
de l'occafion , puis que l'honneur
de remporter la Victoire , quoy
que deuë aux plus braves fujets
de tous les Souverains de l'Eurodevoit
réjaillir preſque fur
pe ,
luy feul.
Si ce Prince fouhaittoit avec
une extreme impatience qu'il luy
fuft permis d'affieger Bude , les
Turcs qui n'avoient point d'armée
en campagne , ne defiroient
pas avec moins d'ardeur de luy
voir former ce Siege . Celle des
Chreftiens eftoit puiffante , de
forte que l'on eftoit affeuré que
la Place qu'ils attaqueroient ne
pourroit refifter long- temps , ny
attendre le fecours , à moins
qu'on n'affiegeaft la plus forte, &
la
24 Hiftoire du Siege
la mieux remplie d'hommes , &
de munitions & tout cela fe
trouvant à Bude , les Turcs avoient
raiſon de fouhaiter qu'on
mift le Siege devant cette Place,
afin que la longue refiftace qu'elle
feroit, leur puft donner lieu de
preparer un puiffant fecours , &
de le faire mefme venir du fond
de la Turquie , s'il en eftoit befoin
. Michel Abaffi , Prince de
Tranfilvanie , qui eftoit de concert
avec eux fit entendre aux
Imperiaux qu'il fe declareroit
plus ouvertement en leur faveur,
files Ottomans n'eftoient plus
maiftres de Bude. Ainfi tout
contribua à cette entreprife,quoy
que le fuccez en fuft incertain,
parce que la Place , ainfi que la
fuite l'a fait voir , ne manquoit
ny de Soldats , ny de Chefs intrepides
& aguerris, ny d'argent,
2
ny
de Bude.
25
Ο
C
ny de toutes fortes de munitions.
D'ailleurs la forte & longue reſiſtance
que le Gouverneur avoit
faite pendant le dernier Siege
, devoit fervir de regle à celuy
à qui l'on en avoit commis
la défenfe , & comme il étoit
feur d'eftre étranglé s'il rendoit
la Place , il y avoit
apparence
qu'il la défendroit jufqu'à la derniere
extremité. Il y avoit auffi
lieu de prefumer pour plufieurs
raifons , que le grand Vizir venant
en perfonne , periroit plutoft
, que de ne la pas fecourir.
La deftinée de fes deux Predeceffeurs
le devoient engager à
cet effort , c'eftoit par la qu'il
pouvoit fe monftrer digne du
choix qu'on venoit de faire en
Il'élevant à la dignité où il fe
voyoit. Il avoit eu l'adreffe de
fe faire mettre . en la place de
B
16
Hiftoire du Siege
fon Predeceffeur, & il avoit commandé
une Armée contre la Pologne
avec affez de fuccés pour
faire attendre de plus grandes
chofes de luy , quand il feroit à
la tefte d'un plus grand nombre
de Troupes , & cependant c'eft
luy qui eft caufe que l'on a pris
Bude.
Quelque nombreuse que foit
une Armée devant une Place, &
quelque fortifiée qu'elle foit , il eft
prefque impoffible ( & c'eft ce
qu'on n'a prefque point vû depuis
plufieurs ficcles) qu'elle empefche
une Armée Royale de fecourir
la Place affiegée lors que
cette Armée a pu faire affez de
diligence pour arriver avant la
prife de la Ville qu'elle a voulu
delivrer d'un fiege . C'est pour ceque
dans la plufpart des capitulations
, les Villes affiegées metla
tent
de Bude.
27
tent qu'elles fe rendront au jour
dont on convient, pourveu qu'avant
ce jour-là il n'arrive point
d'Armée Royale pour les fecourir.
Il eft enfin conftant que de
vingt Armées qui ont donné
dans des Lignes pour les forcer,
quoy que défenduës par un plus
grand nombre de Troupes , dixneuf
y ont réuffi. La raifon en
eft facile à comprendre. Une Armée
,, quoy que tres -nombreuſe,
qui entoure une Place, peut eftre
forcée par une plus foible , parce
qu'elle eft obligée d'occuper plufieurs
lieues de terrain autour de
la Place qu'elle affiege, & quainfi
chaque quartier eft peu garny
de Troupe , au lieu que l'Armée
qui attaque eft toute raf
femblée en un corps , ce qui la
rend beaucoup plus forte. Celle
qui eft dans les lignes pour-
Bij
28 Hiftoire du Siege
roit faire la mefme chofe , &
unir auffi toutes les forces pour
défendre l'endroit par lequel elle
eft attaquée , mais quand ceux
qui la veulent forcer font habiles
, ils donnent de fauffes attaques
fi à propos qu'on n'ofe dégarnir
aucun Pofte , parce qu'on
ne peut deviner la veritable at
taque. Ainfi l'Armée qui veut
paffer dans une Place , & qui
prend toutes les mesures qu'il
faut pour cela , cela , ne trouvant que
les Troupes d'un feul quartier
à combattre , les forces , aidée
de la Garniſon qui en ce rencontre
ne manque jamais de vigoureufes
forties. Ceft par là que
les Villes affiegées qui ont be
foin d'eftre fecouruës , le font
toujours, quand les Armées qu'on
veut employer pour ce fecours,
arrivent affez à temps . Le Grand
•
Vizir
de Bude. 29
Vizir au lieu de fe fervir de
tous ces avantages , a fait quan
tité de fautes , & elles ont efté
caufe de la prife de la Place
qu'il auroit pû fecourir. Il a fait
batre plufieurs fois fes meilleures
Troupes en détail , ce qui
ne pouvoit manquer d'arriver ,
puifque les corps qu'il envoyoit
eftoient moins forts que toute
Farmée qu'ils avoient à combatre.
Il a laiffé le temps de connoiſtre
que celle qu'il amenoit,
eftoit moins nombreuſe qu'on
n'avoit crû. Il a fait rallentir la
chaleur de fes Troupes , en les
faifant battre trop fouvent , & en
sobftinant à ne pas attaquer les
lignes avec toute fon Armée . Il
a par la frequente défaite de ces
mefmes Troupes rehauffé le courage
des Chreftiens. Il leur a
donné le temps de faire venir
Bij
30
Hiftoire du Siege
le General Scheffemberg avec
les fiennes , qui n'eſtant rebutées
par aucun affaut , ont emporté
la Place ; il eſt cauſe de
la mort du Gouverneur , & de
perte de tout ce qui reftoit
de bonnes Troupes dans Bude,
parce que fi fa preſence n'euft
pas fait efperer un
la
prompt
& vigoureux fecours , on auroit
capitulé lors qu'on auroit
crû n'eftre plus en eftat de fe
défendre. Ainfi fa prefence a
donné aux Affiegeans une Vitoire
, & plus grande , & plus
complette . Elle a fait voir le
peu
de valeur , & le petit nombre
des Troupes Ottomanes
que le peu d'experience de fes
Chefs. Elle a caufé les pertes
que les Troupes ont faites depuis
la prife de Bude , & qui entraifneront
celles qui les doivent
fuivre .
•
>
ainfi
de Bude.
31
e
fuivre. Elle a donné du coeur
aux Victorieux ; elle a ofté la
terreur qui depuis long - temps
faifoit apprehender l'Empire Ot-
& fera caufe qu'aucu- toman
ne Place forte ne ſe défendra autant
qu'elle pourroit faire quand
elle fera affiegée , de crainte
d'éprouver le fort de Neuhaufel
& de Bude .
Toute l'Europe eſtoit attentive
fur l'entreprife par laquelle
les Imperiaux feroient cette année
l'ouverture de la Campagne.
L'Electeur de Baviere eſtant
arrivé à Neuftadt le vingtiéme
de May , l'Empereur y tint plufieurs
fois confeil de guerre avec
les Officiers generaux &
ſes Miniftres. On y propofa le
fiege d'Albe Royale , auquel il
y eut quantité d'avis contraires .
-
B üij
32 Hiftoire du Siege
pes
·
On reprefentoit que les Troueftant
fraifches , & l'Artillerie
en bon eftat , il feroit beaucoup
plus avantageux d'attaquer
Bude. On convenoit que ce Siege
ne fe pouvoit faire fans beaucoup
de peine , à caufe que les
fortifications en avoient efté
tres bien rétablies , & qu'on
y avoit ajouté quelques ouvrages
pour en fortifier les dehors
le long du Danube jufqu'à la
Montagne.On fçavoit encore que
le Foffe avoit efté aprofondy de
l'autre coſté de la Ville , que
avoit contreminé les endroits où
les Imperiaux avoient preparé
des mines lors qu'ils l'affiegerent
en 1684. qu'il y avoit de fauffes
portes pour faire des forties par
deffous , & qu'on avoit dépavé
les rues , ofté les toits , & fait
couvrir de terre toutes les maifons
,
l'on
de Bude.
33
C
3
fons , afin d'empefcher l'effet des
Bombes & des Carcaffes. Des
Deferteurs avoient auffi rapporté
qu'il y avoit dans la Place des
munitions de guerre & de bouche
, pour foutenir un Siege de
plus de fix mois ,,
que la garnifon
eftoit de plus de dix mille
hommes choifis entre les Janiffaires
& les Spahis , & que le
1 Bacha Abdi qui commandoit
dans la Place , eftoit un homme
tres - confommé dans le meftier
de la Guerre , qui avoit fous luy
fix autres Officiers fort experimenteż.
On balança toutes ces
raifons , & elles ne furent point
affez fortes pour empêcher qu'on
ne refoluft d'affieger Bude. Le
rendez vous general fut donné
aux Troupes pour le 29. de
ce mefme mois à la referve de
celles de Brandebourg , qui tra-
·
B v
34 Hiftoire du Siege
verfant la Silefie de fort mau
par
vais chemins, ne pouvoient marcher
qu'à petites journées. Il fut
arrefté fuivant la divifion qui
s'en fit que la grande Armée
que commanderoit le Prince
Charles de Lorraine , feroit de
cinquante- huit à foixante mille
hommes , fçavoir de quinze mille
hommes d'Infanterie Allemande
, de quatorze mille Chevaux
& Dragons Allemans , des Troupes
auxiliaires de Saxe , de Brandebourg
, & de Suabe , & de
quatre mille Hongrois , & que
l'Armée dont l'Electeur de Baviere
auroit le commandement ,
feroit compofée de douze mille
Fantaffins Allemans , de dix
mille Chevaux auffi Allemans
des Troupes de cet Electeur ,
& de celles des Cercles de Baviere
& de Franconie , & de
troisde
Bude..
35
+
trois- mille Hongrois . Dans l'Armée
du Prince Charles les
Comtes de Caprara & de Staremberg
furent nommez Marefchaux
de Camp Generaux ;
le Duc de Croy General d'Infanterie
, le Prince Louis de
Neubourg , & le Comte de Suze
Lieutenans Generaux ; les
Barons de Thingen & de Thun,
& le Marquis de Nigrelli Sergeans
Majors de Bataille ; les
Comtes de Schults & de Dunevald
Generaux de Cavalerie ;
les Comtes de Taff , & de Palfi
, & le Baron de Mercy Lieutenans
Generaux ; le Prince Eugene
de Savoye qui eftoit arrivé
d'Efpagne en pofte depuis
peu de jours , le Comte Philippe
de Thaun , le Baron de Lodron,
& le Comte de Stirum Sergeans
Majors de Bataille .
Le
Comte
36
Hiftoire
du Siege
Comte de Leſlie fut fait Maref
chal de Camp General de l'Armée
de l'Electeur de Baviere ; le
Comte de Sherini General d'Infanterie
, le Marquis de la Verne
& le Comte de Schaffemberg
Lieutenans Generaux, & les Barons
de Wallis & de Berk , &
le Comte d'Afpremont Majors
Generaux . Il fut auffi arrefté que
le Comte de Scherffemberg demeureroit
en Tranfilvanie , &
le Comte Caraffa vers Zatmar
avec les détachemens qu'ils y
commandoient pour la confervation
des Conqueftes nouvellement
faites. Quelques accés.
de fievre qui retinrent le Prince
Charles à Edembourg , l'ayant
empéché d'aller fe mettre à la tête
des Troupes dont on devoit
faire le 29. une reveue Generale
dans les Plaines de Barcam , elle
fut
de Bude.
37
fut remife au 8. de Juin. Ce Prince
partit d'Edembourg le 20.
après avoir eu une longue conference
avec l'Electeur de Baviere
, qui fe rendit à Neuſtadt
le lendemain pour en rendre
compte à l'Empereur. Cependant
tout le trajet du Danube
depuis Ratisbonne jufqu'à Presbourg
eftoit couvert de Barques
& autres petits Vaiffeaux chargez
de munitions & de vivres, & des
Troupes de Baviere , de Franconie
& de Suabe qui defcendoient
vers la Hongrie. Jamais entrepriſe
n'a efté executée avec tant de
joye. On fe preparoit au Siege
de Bude avec un courage & une
ardeur qui ne fe peut exprimer.
Les Volontaires accouroient , de
France, d'Espagne , d'Angleterre,
d'Allemagne & de tous les endroits
de la Chrêtienté , & le
Duc
E
38 Hiftoire du Siege
Duc de Bejar Grand d'Eſpagne,
vint joindre à Vienne le Marquis
de Valero fon frere , qui s'y
eftoit déja rendu avec quelques
autres. Le 29. le Prince Loüis
de Bade partit de Neuftadt en
pofte pour aller joindre l'Electeur
de Baviere , & le Prince
Charles s'y eſtant rendu de Raab
le premier de Juin pour prendre
congé de Sa Majefté Imperiale,
reprit la route de Hongrie , accompagné
du Comte Stratman,
Grand Chancelier. Le 5. il arriva
à Comorrhe , où l'Electeur de
Baviere avoit efté receu deux
jours auparavant au bruit du
Canon & de la Moufqueterie. Ils
en partirent enſemble pour aller
au rendez - vous general. Le Prince
Charles y trouva les Troupes
dont l'Armée Imperiale devoit
eftre compofée. Elles avoient eſté
affem
A
de Bude.
39
affemblées proche de Barkam ,
par les foins du Comte de Staremberg.
On ne peut s'imaginer
la joyé qu'elles témoignerent en
voyant leur General . Il fut aisé
de connoître par toutes les marques
qu'elles en donnerent l'impatience
que chacun avoit de
marcher fous fa conduite . Les
Troupes de Saxe eſtant arrivées
au nombre de mille Chevaux
, & de quatre mille hommes
d'Infanterie , le Prince de
Saxe qui les commandoit , envoya
prier le Prince Charles
de les venir voir. Ce Prince
en fit la reveuë , & alla enfuite
difner dans la Tente de l'Electeur
de Baviere , qui luy fit voir les
fiennes rangées en bataille . I
retourna de là à Comorre pour
quelques ordres qu'il avoit à y
donner. Cependant les Troupes
du
40 Hiftoire du Siege
du Cercle de Suabe , commandées
par le Marquis de Bade-
Dourlach , joignirent l'Armée.
Elles étoient de trois mille hommes
de pied , & de trois mille
Chevaux. On intercepta des
Lettres , par lesquelles on apprit
, que le Grand- Viſir eſtoit
venu à Belgrade , qu'il avoit
donné le commandement en
Chef de l'Armée Ottomane en
Hongrie à Achmet Bacha , auquel
il avoit laiffé des ordres
particuliers , de ne rien épargner
pour la confervation de
Bude & d'Effek comme des
deux Places qui leur eftoient les
plus importantes , & qui faifoient
la feureté de toutes celles
qui leur reftoient dans le Royaume,
& qu'il eftoit enſuite retourné
à Andrinople avec une extreme
diligence. On fçeut auffi
›
par
de Bude. 41
par les Efpions que l'on avoit
envoyez pour reconnoiftre les
forces des Turcs , qu'ils ne pouvoient
mettre au plus que quarante
mille hommes en Campagne
, & que les Troupes d'Afie
avoient pour la plufpart deferté
dans leur marche d'Andrinople
à Belgrade. Les Huffars de Papa,
Dotis , Vefprin & Comorre allerent
en courſe au nombre de
quinze cens jufqu'à quatre lieuës
plus bas que Bude , & jufqu'à
deux lieues du Camp que les
Turcs avoient formé entre cette
Ville & le Pont d'Effeck . Ils emmenerent
prés de deux mille
moutons , deux cens boeufs , &
quantité de chevaux , fans avoir
trouvé perfonne qui leur difputaft
tout ce butin.
9 .
Le le Confeil de guerre fut
tenu au Camp , où tous les Officiers
42 Hiftoire du Siege
ciers Generaux s'eftoient affemblez.
Le Comte Stratman s'y
trouva de la part de Sa Majesté
Imperiale . On leur fit part de ce
qu'on avoit refolu touchant le
Siege de Bude , & deux jours
aprés le Comte de Stratman partit
pour Vienne , où il rendit
compte à l'Empereur de tout ce
qui s'eftoit paffé dans ce Confeil
. Le Comte Rabata , Commif
faire general , s'en retourna auffi
à Vienne , afin de donner ſes ordres
pour faire venir inceffamment
les vivres & les munitions
neceffaires.
Le 12. le Prince Charles partit
de Comorre , & fe rendit au
Camp de Barkan . L'Electeur de
Baviere l'y joignit le lendemain ,
& aprés que l'on eut fait une Reveuë
generale des Troupes , on
commença à leur faire paffer le
Da
de Bude.
43
9
Danube fur le Pont de Gran.
Celles de Saxe marcherent à l'Avant-
garde. L'Electeur de Baviere
partit à la tefte d'un Corps
d'Armée de vingt quatre mille
hommes , compofé des Troupes
Bavaroifes , & de plufieurs Regimens
Imperiaux , & prit fa mar
che en deçà de la Riviere. I
s'avança vers Hatwan , dans le
deffein de s'en rendre Maistre ,
& d'attaquer Peft enfuite. La
priſe de ces deux Places , dont la
derniere n'eft feparée de Bude
que par le Danube , devoit empefcher
les Ennemis d'avoir aut
cune communication entre Bude
& Agria. Le 14. les Défilez,
& la difficulté des chemins qu'il
fallut élargir en plufieurs endroits
, pour les rendre pratiquables
, ayant obligé l'Infanterie à
demeurer derriere avec l'Artillerie,
44 Hiftoire du Siege
lerie , le Prince Charles la laiffa
fous la conduite du Comte de
Staremberg , & s'avança vers
Vicegrad , du côté droit du Danube
, tandis que l'Electeur de
Baviere continuoit fa marche de
l'autre cofté , à une diſtance égale
, en forte que les deux Armées
euffent pû fe fecourir reciproquement
en cas de befoin .
Le 15.
la Cavalerie Imperiale
campa à Poftkamp , & le lendemain
à Saint André. L'Electeur
de Baviere marcha toûjours fous
une meſme ligne , n'ayant que le
Danube entre deux , & vint
le 16. camper à Weitzen. Les Ennemis
qui les pouvoient découvrir
des Ramparts de Bude des
deux coftez de ce Fleuve , ne firent
aucun mouvement pour les
venir reconnoiftre. On fceut par
quelques Turcs qui furent pris
pen
de Bude.
45
pendant cette marche , que le
Commandant de Bude ne s'attendoit
point à voir fa Place affiegée
que dans la croyance
que l'Armée Chreftienne attaqueroit
Agria ou Albe Royale,
on les avoit munies de bonnes
Garnifons & de quantité de vivres
, & qu'on en avort tranf
porté à Bude la pluſpart des richeffes
& des plus beaux meubles
des Officiers & des Bourgeois
, avec les femmes , les enfans
, & les bouches inutiles ; que
fur l'avis que ce Commandant
avoit receu qu'on venoit à luy,
il avoit envoyé demander des
Troupes à ceux des Places voifines
pour en renforcer fa Garnifon
, mais qu'il n'y avoit pas
d'apparence qu'on luy en puft
envoyer avant que les Princes
eunent inveſty la Place . Certe
Gar
46 Hiftoire du Siege
Garnifon ne laiffoit pas d'eftre
forte, puis qu'elle eftoit de douze
mille hommes de pied & trois
mille Chevaux , à ce qu'on aprit
de ces mefmes prifonniers. ,
Le 17. la Cavalerie fe repofa
dans le mefme campement afin
d'attendre que l'Infanterie fuft
arrivée , & l'on fit defcendre les
Bateaux dont on fe devoit fervir
pour conftruire un Pont à faire
paffer le Corps d'Armée de l'E
lecteur de Baviere. Ce Prince
qui defcendoit à gauche du
Fleuve s'empara de Peft , d'où
la garnifon Turque s'eftoit retirée
, aprés avoir fait fauter une
partie des murailles , & tiré de
la Place les munitions & les vivres.
Elle avoit enfuite rompu le
Pont qui luy donnoit communication
avec Bude , mais elle ne
put fi bien faire fa retraite,
qu'un
de Bude.
47
qu'un Aga ne tombaft entre les
mains des Bavarois avec trente
Janiffaires. Son Alteffe Electorale,
ayant laiffé garnifon dan Peft
& donné les ordres pour en reparer
les fortifications , détacha
le Comte de Steinaw avec fix
mille hommes pour aller attar
quer Hatwan , & fe mit en marche
vers l'ifte de S. André pour
paffer le Danube fur les Ponts
que l'on devoit y avoir dieffez,
& fe trouver au Camp devanţ
Bude. Le Prince Charles y étoit
arrivé le 18 & ce mefme jour
toute l'Infanterie ayant joint
l'Armée , il luy fit prendre des
poftes à demie lieuë de la Place,
La Cavalerie les prit de l'autre
cofté vers Albe Royale , & l'on
commença à travailler aux lignes
de circonvallation . Pendant ce
temps il fut tiré des Rempars
plu
48
Hiftoire du Siege
plufieurs volées de Cañon , dont
tout l'effet fut de tuer un Païfan
. On vit auffi paroiftre un detachement
de Cavalerie & d'Infanterie
de la Garnifon de Bude
qui fe prefenta pour embaraffer
les Travailleurs , mais il fe retira
prefque auffi- toft , ne fe trouvant
pas en eftat de foutenir un
gros de Cavalerie Imperiale qui
fe preparoit à le charger . L'avantgarde
du détachement que le
Prince Charles avoit envoyé
pour inveftir la Place, enleva un
Chaoux avec vingt Turcs de
quarante qui l'eſcortoient . Il venoit
de Belgrade, & apportoit des
Lettres au Bacha de Bude . Elles
confirmoient que l'Armée Ottomane
feroit commandée par Achmet
Bacha & que le Grand-
Vifir avoit eu ordre de fe rendre
promptement auprés de fa
Hauteffe
>
>
de Bude. 49
Hauteffe qui eftoit allée à Conftantinople.
Le 19. on ferra la Place de tous
les coftez par où elle eft acceffible
, & le Quartier general fut
étably à un quart de lieuë , avec
quelques Regimens d'Infanterie .
Le lendemain les Affiegez ayant
fait une fortie de trois cens Chevaux
foûtenus d'un pareil nombre
de Janiffaires , il y eut quel
que
Efcarmouche , mais elle fut
de peu de durée , parce qu'ils fe
tinrent toûjours fous le Canon
de la Place , fans qu'on les puft
attirer plus loin . Le Comte d'Altheim
y fut bleffé. Ce mefme
jour on commença d'ouvrir les
Lignes de circonvallation , & de
tracer les premieres Places d'Armes.
On marqua auffi trois Batteries
, & autant d'épaulemens
pour tenir à couvert la Cavalerie
C
50 Hiftoire du Siege
,
dont les Travailleurs devoient
eftre foûtenus dans les approches.
Sur le foir , le Comte de
Staremberg receut ordre d'aller
fe pofter proche les Bains afin
d'attaquer le Vafferftadt ou la
Ville baffe contre laquelle on
drefla deux Batteries du cofté
qui defcend vers le Danube. I
fit ouvrir la Tranchée , & on la
pouffa affez avant. Le Bacha de
Bude trouvant à propos de fe
défaire de beaucoup de bouches
inutiles >
donna la liberté
à tous les Chreftiens .
que
l'on trouva incapables de porter
les armes , & l'on fceut par
eux , qu'ayant affemblé la Garnifon
dans la grande Place , il
leur avoit leu les ordres du
Grand Seigneur qui les exhortoit
à refifter vigoureufement;
qu'il avoit enfuite défendu aux
Sol
de Bude.
51
X
1 Soldats & aux Habitans fous
peine de la vie de parler de Capitulation
, & que s'il arrivoit
qu'il fut tué en leur donnant
l'exemple de fe bien défendre,
on avoit nommé quatre Bachas
qui devoient l'un aprés l'autre
prendre le Commandement.
Le 21. les Bavarois commencerent
à paffer le Danube fur le
Pont de Bateaux de l'Ile de
S. André , & ce jour là fut employé
à ranger les Bagages dans
les Lignes , & à divifer les Troupes
par Eſcadrons & par Batail-
Ilons , afin de faire la diftinction
des Quartiers. Le Prince Charles
occupa les mefmes Poftes qu'il
avoit pris dans le dernier Siege.
L'Electeur de Baviere fit la mefme
chofe , & vint fe camper au
pied du Mont S. Gerard .
Le 22. on dreffa une nou-
Cij
52 Hiftoire du Siege
velle Batterie de fix pieces de
Canon contre la Ville baffe , &
l'on commença en mefme temps
à travailler aux Tranchées par
l'ouverture de trois grandes Places
d'Armes ; beaucoup plus prés
de la Ville que l'on n'avoit fait
en 1684. Il fut refolu qu'il y au
roit trois Attaques ; la premiere
commandée par l'Electeur de
Baviere ; la feconde par le Comte
de Staremberg , & la troifiéme
par les Troupes de l'Electeur
de Brandebourg que l'on attendoit
inceffamment , & auf
quelles on devoit joindre quelques
Regimens Imperiaux , &
d'autres Troupes Auxiliaires . Le
Prince Charles ne garda que
dix hommes de Cavalerie par
Compagnie pour fervir au
Camp à couvrir les Travailleurs
fous les ordres du Comte de Pal-
,
fi,
de Bude.
53
fi , & il envoya le reste aux environs
d'Albe- Royale , afin d'y
confumer les Fourages, & d'ofter
par là aux Infidelles les moyens
d'y fubfifter. Les Affiegez firent
grand feu tout le jour & toute la
nuit fuivante, & il y eut neuf Soldats
tuez ou bleffez .
Le 23. la nouvelle Batterie de
fix pieces de Canon s'eftant
trouvée prefte , commença dés
le matin à tirer , & fit une Bréche
de fix pas. Ceux qui estoient
au haut des Montagnes , apperçurent
par cette bréche quantité
de Betail & de Chevaux , mais
les Ennemis ne parurent point.
Il y eut fix Soldats à la Batterie
emportez par le Canon de la Place.
Quelques Huffarts & Croates
qui s'étoient avancez trois
lieuës au delà de Bude fous la
conduite du Comte Budiani ,
C iij
$4 Hiftoire du Siege
,
ayant efté avertis que le Bacha
en avoit fait fortir quantité de
Barques chargées de femmes ,
d'enfans & de quantité de
meubles qu'il envoyoit à Belgrade
, les pourſuivirent avec
trois cens Dragons , & les rencontrerent
à l'Ile de Sainte Marguerite.
Ils taillerent en pieces
tous ceux qui les eſcortoient,
s'emparerent de leurs Trefors ,
& amenerent deux cens Prifonniers
, qui furent les Vieillards
, & autres qu'ils jugerent
les plus propres à fe faire ra
cheter.
Le 24. la bréche ayant efté
élargie de vingt pas , on examina
la contenance des Affiegez
qui s'eftoient retranchez à droit
& à gauche au nombre de quatre
cens . Il fut refolu que l'on
iroit à l'Affaut , & comme c'eftoit
de Bude.
55
1 ftoit la premiere action du Siege
, chacun à l'envy chercha à
fe diftinguer. Les difpofitions
de l'attaque furent faites , & à
dix heures du foir on en donna
le fignal par trois volées de Ca-
1 non. Cent Grenadiers s'avancerent
les premiers , ayant un Capitaine
à leur tefte ; ils furent
fuivis de deux cens Moufquetaires
que commandoit un Sergent
Major , & foûtenus de trois
cens autres fous la conduite d'un
Lieutenant Colonel. Ils allerent
vers la brèche , & attaquerent
avec tant de force & de bravoure
les Ennemis qui la défendoient,
qu'ils les forcerent d'abandonner
leurs retranchemens. Six cens
hommes d'Infanterie en deux
Brigades marcherent aprés ceuxcy
, & fe pofterent au pied de
la bréche avec cinq petites pie-
C iiij
$6
Hiftoire
du
Siege
ces de Canon qu'ils avoient fait.
conduire avec eux . Elle fut franchie
par le Prince de Vaudemont,
par le Prince de Commercy,
& par un tres grand nombre
de Volontaires qui s'eftoient
mis à la tefte de l'Infanterie , &
qui fe pofterent dans la Ville
baffe malgré le feu continuel
que firent les Affiegez . Il n'y eut
que cinq Soldats tuez & onze
bleffez. Le Comte de Marfilly,
Infpecteur general des Ingenieurs
, eut le bras caffé au deffus
du coude , d'un coup de Mouf
quet qu'il réceut dans la tranchée
avant que l'on commençant l'Attaque
.
Le 25. fut employé à perfectionner
les Poftes que l'on avoit
occupez dans la baffe Ville , &
fix Bataillons furent logez au
pied des murailles. Il y eut un
Lieu
de Bude .
57
Lieutenant des Grenadiers tué
d'un boulet qui tomba dans la
Tranchée, & qui emporta les bras
& les jambes à cinq Soldats. Un
Chevalier de Malte François fut
auffi dangereufement bleffé . Il
eftoit avec le Marquis de Souvray,
qui fit paroiftre beaucoup
de bravoure .
Le 26. on s'apperceut que les
Affiegez faifoient gliffer du monde
le long de l'eau par dedans la
Ville baffe , pour venir attaquer
un Pofte qui eftoit devant une
groffe Tour joignant le Danube.
Le Chevalier de Rhofne , Capitaine
du Regiment de Staremberg,
foûtenu du Comte d'Awersbergs
, Lieutenant Colonel du
Regiment de Mansfeld , vint à
leur rencontre , & ils les repoufferent
avec beaucoup de vigueur.
Le Prince de Vaudemont le
,
C v
58
Hiftoire
du Siege
Prince de Commercy , & plufieurs
autres Volontaires qualifiez
, accoururent à l'efcarmouche
, qui dura une heure fous le
Canon de la Place. Il n'y eut que
quinze hommes tuez ou bleffez
du cofté des Affiegeans . Le Sieur
Bourgers , Capitaine du Regiment
de Staremberg fut de ces
derniers , & Milord Mongois receut
une contufion à la temple.
Les Affiegez perdirent trente
hommes, & le nombre des bleffez
fut beaucoup plus grand. Ce jour
là le Prince de Neubourg, Grand
Maître de l'Ordre Teutonique,
Lieutenant General , qui eftoit
arrivé au Camp le 22. & le
Comte de Diepenthal , General
Major , monterent la Tranchée,
fuivant ce qui avoit efté arreſté
quelques jours auparavant au
Confeil de Guerre , que tous les
jours
de Bude.
59.
jours ce feroit un Lieutenant General
, & un General Major qui
la monteroient à chaque Attaque
avec deux mille hommes,
& qu'on les releveroit de vingtquatre
heures , en vingt- quatre
heures . Outre ces deux mille
hommes , il y avoit toûjours fix
Bataillons de referve , & une
Garde de Cavalerie pour les
foûtenir. On travailla la nuit à
pouffer une grande Coupure fur
Ela droite le long de la muraille ,
afin de couvrir une Batterie de
douze Pieces qu'on vouloit mettre
en estat contre les défences
de deux Rondelles, & de la Courtine,
vers laquelle on devoit conduire
la Tranchée. On ouvrit
auffi une porte au coin de cette
Muraille , où l'on fe logea en dedans
de la baffe Ville , à trois
cens pas du Corps de la haute,
&
60
Histoire
du siege
& en tous ces logemens on ne
perdit que quinze hommes.
Le 27. les Travaux fe trouverent
fort avancez à l'Attaque
de l'Electeur de Baviere , qui fit
dreffer une Batterie fur le panchant
de la Montagne. Il fit faire
auffi fur la hauteur de cette
meſme, Montagne un Logement
affez grand pour contenir mille
hommes , & affeurer la tefte de
la Tranchée , qui fut ouverte au
pied du Chafteau , vis à vis la
grande Tour qui en couvre la
façade. Le foir les Affiegeans firent
une fortie au nombre de
quatre
cens, Cavalerie & Infanterie,
fur cent hommes retranchez à la
teſte des Travaux qu'on avoit
faits la nuit précedente. Le Comte
de Saur, Capitaine au Regiment
de Lorraine qui les commandoit
fit une fi vigoureuſe reſiſtance,
de Bude. 61
cè , que la grande Garde eut le
temps d'y accourir. Les Ennemis
furent repouflez ; ils laifferent
feize des leurs fur la place , &.
eurent quelques bleffez.La Tranchée
fut relevée ce jour- là par
le Comte de Souches , Lieutenant
General , & par le Comte
de Tinghen , Mareſchal Major.
Le 28. on joignit les deux Attaques
par une Ligne de communication
de quatre cens pas .
On mit auffi huit groffes pieces
de Canon fur une nouvelle Baterie
à l'Attaque du Prince Charles
, devant laquelle on tira une
Ligne de deux cens pas ,
afin
qu'on y puft aller de la Tranchée
fans eftre infulté des Ennemis.
Cette Baterie fervit à tirer
contre deux Ouvrages avancez
en forme de pafté , qui défendoient
la Porte du cofté de
la
62 Hiftoire du Siege
la baffe-Ville . Les Ennemis faifoient
de là un feu continuel de
Canon , dont les Affiegeans eftoient
fort incommodez . Les Travaux
furent continuez fans beaucoup
d'obſtacle la nuit de ce
même jour , & on perfectionna la
Ligne de communication
entre
la Porte du milieu & la derniere
, ce qui donnoit moyen
moyen d'entrer
à couvert dans la nouvelle
Baterie.
Le 29. le Sieur Soulars , Ingenieur
, fut bleffé en faifant travailler
à de nouvelles Lignes
qu'on fit en forme de paralelles,
pour communiquer avec les au
tres Travaux , & s'approcher plus
prés de la Place . L'Electeur de
Baviere ayant eu quelque indifpofition
, le Prince Charles l'alla
vifiter fur les cinq heures du foir,
& dans ce temps mefme , les Af-
י
Liegez
de Bude.
63
fiegez firent une Sortie en bien
plus grand nombre qu'ils n'avoient
encore fait du cofté de
l'Attaque des Bavarois. Ils attaquerent
les Travailleurs & les
Troupes qui eftoient en garde
dans la Tranchée , & les
ayant
mis en defordre , ils euffent comblé
les Travaux , fi le Comte de
Hoffkirken n'euft promptement
amené la Garde de Cavalerie.
L'Electeur de Baviere ayant efté
averty de cette Sortie , rien ne
fut capable de le retenir. Il y
courut , quoy qu'indifpofé , auffi-
bien que le Prince Charles , &
leur prefence anima fi bien tous
ceux qui avoient déja commencé
à foûtenir les efforts des Infidelles,
qu'après en avoir tué beaucoup,
ils les forcerent à fe retirer,
& les pourſuivirent jufqu'à quarante
pas de la Tranchée Le Prin64
Hiftoire du Siege
ce Eugene de Savoye fe fit remarquer
par fa bravoure , & eut
un cheval tué fous luy
, auffibien
qu'un de fes Gentilshommes.
Le Baron de Zwitterthal ,
Lieutenant Colonel du Regiment
de Steinaw , fut tué avec
trente ou quarante Bavarois. Il
y eut auffi quelques bleffez . Le
Baron de Billes , Capitaine dans
le Regiment d'Arko , le fut dangereuſement
.
Le 30. on repara les Travaux
que les Ennemis avoient ruinez
le jour precedent , & on avança
jufqu'à fix-vingt pas de la muraille.
Ce méme jour , deux Compagnies
de Paffau & de Ratisbonne
arriverent au Camp, auffi
- bien que les Troupes de Suabe
& de Franconie . Elles étoient
en tres-bon eftat , & au nombre
de cinq à fix mille hommes . Celles
de Suede commandées par le
de Bude.
65
po-
Marquis de Turlac , arriverent
pareillement , & prirent leur
ite fur une hauteur, afin de pouvoir
agir où il feroit le plus neceffaire.
Le feu parut en differens
endroits de la Ville ; il y avoit
efté mis par des Bombes .
qu'une Baterie de Mortiers avoit
jettées. Le Comte de Dunewald
partit ce jour- là du Camp , pour
aller commander la Cavalerie
inutile au Siege , qui eftoit venuë
camper au nombre de plus
de douze mille hommes jufqu'à
la portée du Canon d'Albe Royale
, ce qui avoit obligé les Turcs
à abandonner plufieurs Chafteaux
, & d'autres petits Poftes
aux environs.
Le 1. de Juillet fut employé à
perfectionner la ligne de communication
à l'attaque du Prince
Charles , & les Poftes deftinez
66
Hiftoire du Siege
par
nez aux Poftes de Suabe & de
Franconie leur furent donnez.
On apprit par des Transfuges
qu'il y avoit une grande confternation
dans la Ville, caufée
la perte qu'avoient fait les Affiegez
à la fortie du 29. il y eut
quatorze de leurs Officiers tuez
avec quantité de Janiffaires. Les
ouvrages qui avoiết eſté comencez
fur la droite , furent achevez .
la nuit fuivante , & on pouffa
ceux de la gauche jufqu'à cent
cinquante pas de la muraille .
Le 2. douze pieces de Canon
& huit Mortiers batirent la Ville.
Deux bateries que les Affiegez
avoient , l'une fur la groffe
Tour , & l'autre fur une autre
Tour , furent démontées en peu
de temps. Les Bombes cauferent
ce jour- là beaucoup de dommage
dans la Ville , à ce qu'on apprit
de Bude. 67
prit d'un Deferteur qui dit qu'elle
n'eftoit défenduë que par ſept
ou huit mille hommes , & que
les vivres commençoient à eſtre
chers , parce qu'ils n'y eftoient
pas en grande abondance. Il parut
quelques Troupes Ennemies
du cofté de Peft , & fur l'avis
qu'on en eut , le Prince Charles
ordonn que l'on fift conſtruire
trois redoutes au bord du Danube
, que les Heiduques & les
Hongrois garderoient . On fit
une brêche de quinze pas du
cofté de l'attaque du Prince
Charles.
Le 3. le Regiment du Prince
Eugene de Savoye arriva au
Camp , & on eut avis que les
Troupes de Brandebourg n'en
eftoient qu'à une lieuë. Quatre .
Mortiers furent ajoutez aux 8.
que l'on avoit mis fur la baterie
dreffée
68
Hiftoire du Siege
dreffée à l'attaque des Imperiaux,
& tout cela fit grand feu la nuit
fuivante. La Baterie des Bavarois
n'en fit pas moins , elle eftoit de
fept Mortiers. L'Artillerie des
Ennemis fit auffi grand feu , &
les Affiegeans furent fort incommodez
des Pierres qu'on leur jetta.
Le Sieur Collery , Capitaine
dans le Regiment de Lorraine,
eut le genouil fracaffé d'un éclat
de Bombe , & un des meilleurs
Bombardiers receut un coup à la
tefte. Il y eut encore quinze ou
vingt hommes bleffez . Un Offi
cier Turc qui vint ſe rendre, fur
mené à l'Electeur de Baviere,auquel
il conta qu'ayant tué le mary
d'une femme dont il eftoit amoureux
, il avoit eſté obligé de
quitter la Ville , & s'eftoit tenu
caché pendant quelques heures
dans un endroit où fa maiftreffe
luy
de Bude. 69
luy avoit promis de le venir joindre
, mais , mais que la crainte d'eftre
découvert par les Affiegeans qui
luy auroient fait un mechant
party , ne luy avoit pas permis de
l'attendre. Il ajouta qu'il n'y avoit
dans la Place que trois mille
Janiflaires , & un pareil nombre
de Soldats ; que malgré l'effet des
Carcaffes & des Bombes , qui avoient
obligé le Commandant à
fe loger dans une cave voutée
prés du Chateau pour y eftre
plus en feureté , ils eftoient tous
refolus de fe bien défendre ; qu'il
n'eftoit entré perfonne dans la
Ville comme on l'avoit crû, mais
que des Turcs en eftoient fortis
pour aller demander un prompt
fecours à Achmet Bacha Seraf
Kier , & aux Tartares.
Le 4. ce mefme Officier montra
à l'Electeur de Baviere , &
aux
70 Hiftoire du Siege
Le
aux Princes de Bade & de Savoye
, le Magafin à poudres &
les mines des Affiegez . Il dit
qu'il y en avoit fous la Rondelle
du Chafteau & à l'endroit de la
breche des Imperiaux. Un autre
Transfuge qui fe difoit Polonois,
fe rendit au Camp & affeura que
les Affiegez ne pourroient tenir
encore un mois , fi l'Armée du
Seraskier ne les fecouroit.
Prince Charles paſſa le Danube
pour aller voir les Troupes de
Brandebourg qui eftoient arri
vées le jour precedent avec une
belle Artillerie. Elles eftoient
compofées de huit mille hommes
, en fix Eſcadrons de Cavalerie
& dix Bataillons d'Infanterie
Le General Schoning qui
les commandoit, receut ce Prince
au bruit du Canon , qui fut
ſuivy de 3. décharges de Mouſque
de Bude.
71
I
queterie. Il luy donna enfuite
un magnifique difner dans fa
tente.
Le
4
5. on fit paffer le Danube
à ces Troupes , qui prirent le pofte
qui leur avoit eſté deſtiné du
cofté de la Ville baffe. Il fut refolu
qu'on en tireroit quinze
cens hommes tous les jours pour
monter la tranchée , & qu'on les
joindroit aux Imperiaux & aux
Suedois, afin de faire quatre mille
hommes pour les Poles qui étoient
du coſté de l'attaque du
Prince Charles.
Un Deferteur Grec arriva en-
*
core au Camp & raporta que
cinq Turcs qu'on avoit fait fortit
à la nage , eftoient allez preffer
le fecours que lors
que les Trou
pes de Brandebourg avoient paru
, les Affiegez avoient fait
roiftre beaucoup de joye dans la
penfée
pa72
Hiftoire du Siege
1
penféc que ce fuft celles du Se
raskier , & que le Commendant ,
ayant appris que c'eftoit un renfort
pour l'Armée Chreftienne,
avoit taché de le déguifer à la
garnifon , en difant que c'eftoit
un mouvement que les Affiegeans
avoient fait faire à leurs Troupes
pour faire croire qu'il leur en
eftoit venu de nouvelles . La plufpart
des Bateries des Affiegez furent
miſes en defordre par le grad
feu qui fut fait de l'attaque des
Imperiaux & de celle des Bavarois.
Il leur demonta plufieurs pieces
de Canon, & fit un fort grand
dommage au couronnement des
deux Pâtez,en forte qu'ils ne pouvoient
prefque plus y demeurer
à couvert . La breche ſe trouva
large de quatre - vingt pas , &
comme les ruines n'avoient point
couvert le pied de la muraille
qui
de Bude.
73
qui paroiffoit encore haute de
dix pieds , ont refolut de l'égaler
avec des Fafcines & des facs à
terre. L'attaque des Bavarois fut
auffi fort avancée , mais la breche
n'eftoit pas fi fpacieuſe.Ceux
Ide Brandebourg qui avoient ou-
Evert la tranchée à leur attaque
avec 1200. hommes , avancerent
- leurs travaux fur la gauche avec
tant de diligence , qu'ils fe trouverent
prefque au pied de la muraille
. Ce jour- là mefme ils donnerent
des marques de leur valeur.
Les Affiegez n'avoient point
fait de fortie depuis celle du 29.
= & pour eftonner ces nouveaux
1 venus ils en firent une fort
brufque & bien concertée fur
leurs Travailleurs , mais ils furent
repouffez avec grand carnage
jufques à la porte de la
Ville , devant laquelle fe pofte-
,
D
74 Hiftoire du Siege
rent ceux qui les avoient pourfuivis.
Ils s'y maintinrent , &
travaillerent de ces Poftes avancez
en reculant , & de la tefte
de la Tranchée en avançant ,
pour rejoindre les Travaux , &
les faire communiquer les uns
avec les autres. Les Ennemis
perdirent quatre ou cinq cens
hommes , & il en coufta à ceux
de Brandebourg un de leurs Ingenieurs
, quatre Lieutenans ,
autant d'Enfeignes, environ . trente
Soldats , & le Fils aifné du
General d'Orffling . il eftoit venu
en Hongrie pour faire cette
Campagne en qualité de Volontaire
, & il fut tué d'un coup
de Moufquet au travers du corps.
La nuit on jetta quantité de
Bombes & de Carcaffes dans la
Ville , principalement du cofté
de l'attaque des Imperiaux. L'Eglife
de Bude.
75
glife de faint Jean , qui fervoit
aux Turcs de grande Moſquée,
fut reduite en cendres avec cinquante
maiſons voifines.Le nombre
des Travailleurs ayant efté
augmenté , on pouffa encore les
approches, & les Lignes de communication
entre les trois attaques
qui furent perfectionnées. ›
Le fixiéme les Troupes de
Brandebourg continuerent leurs
travaux , & ils les poufferent
de telle forte qu'ils fe trouverent
auffi avancez que ceux des
deux autres attaques. Un Capitaine
& quatre de leurs Soldats
furent bleffez , & il y en
eut huit tuez . On fit jouer du
cofté de l'attaque des Bavarois
une Batterie de dix pieces de
Canon dont une fut demontée
auffi- toft par le Canon de
la Ville. Ils fe pofterent la nuit
Dij
76 Hiftoire du Siege
tout proche les Pallades , &
eurent prés de foixante hommes
tuez ou bleffez . Le Sieur Funck,
Lieutenant
Colonel du Regiment
de Souches , fut de ces derniers.
Le 7. les Travaux furent avancez
à droit & à gauche , jufques
à dix ou douze pas de la
bréche , où les Imperiaux fe pofterent.
Ils perdirent prés de cin-
Le Sergent
quante hommes .
General de Dinghen fut bleffé
au pied , à la tefte de l'attaque,
où il eftoit cette nuit de garde
avec le Comte de Souches , &
le Chevalier de Rofne receut
un coup de Moufquet au travers
corps. Les Mineurs eurent ordre
de faire éventer les Contremines
des Affiegez dont on
avoit eſté averty , & les Troupes
de Brandebourg qui travaillerent
de Bude.
77
lerent à dreffer leurs bateries,
les mirent prefque en eftat. Le
bruit fe repandit dans le Camp
que le Grand Vizir eftoit en
marche entre Belgrade & Effek
avec une Armée confiderable,
mais on connut auffi - toft la fauffeté
de ce bruit. C'eftoit Benfi
Bacha , Aga des Jani ffaires. Il
avoit joint les Troupes des Turcs
qui eftoient campez depuis longtemps
en ce lieu - là.
Le huitiéme on travailla à
élever deux nouvelles Batteries
à l'Attaque de Lorraine , l'une
de cinq pieces de Canon , &
l'autre de quatre , afin d'élargir
les brèches. La petite Rondelle
fut abatue par le Canon des Bavarois,
qu'elle incommodoit beaucoup
dans les Tranchées , & la
nuit fuivante on tira une Ligne
qui traverfoit le long de la Ron-
Dij
78 Hiftoire du Siege
,
delle gauche vers la Courtine
droite. Comme ce travail ſe faifoit
fort prés , les pierres & les
Grenades que jetterent les Ennemis
, tuerent ou blefferent prés.
de trente hommes. Le Comte
Guido de Staremberg , Lieutenant
Colonel du Regiment de
ce nom qui commandoit à la
Tranchée , s'y fit diftinguer par
fa valeur , auffi bien que le Major
Bifchoffhaufen , qui fut bleffé
au bras d'une balle de Moufquet.
Un Capitaine de Staremberg
le fut auffi à l'épaule , &
fon Capitaine Lieutenant au
pied . Trois Turcs fe rendirent,
& on apprit d'eux que les Affiegez
avoient grande impatience
qu'il leur vinft quelque fecours,
& qu'ils fe défendoient avec
d'autant plus de réſolution &
de courage, que les belles actions
eftoient
de Bude.
79
eftoient récompenſées par le
Commandant. Quelques autres.
Turcs fortirent de la Ville , dans.
le deffein de brûler les Batteries
des Affiegeans , mais l'un d'eux
ayant efté mis par terre d'un
coup de Moufquet , tout le refte
prit la fuite.
Le neuvième les Affiegez à
la pointe du jour firent jouer
un Fourneau entre la Porte &
la Rondelle du milieu. Il ruina
la Mine que les Imperiaux
avoient faite. Il y eut fept Mineurs
enterrez , & leur Capitaine
fut dangereufement bleffé
. Ils firent enfuite une Sortie
entre cette Attaque & celle
de Brandebourg. Les Troupes
de cette derniere furent d'abord
mifes en defordre , & fe renverferent
fur les Travailleurs avec
perte d'environ cent hom-
D iiij
80
Hiftoire du Siege
mes , entre lefquels furent deux
Lieutenans Colonels ,
II
quatre Capitaines
, & quelques Officiers
fubalternes
. Cependant le Corps
de réſerve de la Place d'Armes
la plus voifine eftant accouru,
on chargea les Turcs d'une maniere
fi vigoureufe , qu'ils fe retirerent
avec plus de précipitation
qu'ils n'eftoient venus.
demeura plus de quatre - vingt
des leurs fur la Place , fans les
bleffez , & l'on fit fix prifonniers.
Aprés qu'ils eurent efté
repouffez , on travailla à retirer
les Mineurs & les Travailleurs
des ruines que le Fourneau avoit
faites. Il n'y en eut qu'un
que l'on ne put retrouver. On
continua les Travaux avec autant
d'ardeur que s'il ne s'eftoit
point fait de Sortie. Les Bavarois
firent jouer une autre Batterie
de Bude. 81
terie de dix pieces , ayant eſté
obligez de changer la premiere,
à caufe que le Canon de la Ville.
l'incommodoit , & qu'elle en
eftoit trop éloignée . Ce mefme
jour , quelques Hongrois donnerent
avis à l'Electeur de Baviere
que fept mille Tartares étoient
en marche , pour jetter
du fecours avec un Bacha dans
Bude du cofté de Peft. Cela
obligea d'envoyer en diligence
trois cens . cinquante hommes :
dans cette derniere Place , avec
ordre de travailler à des Redoutes
, afin que les Ennemis trouvant
les Paffages coupez, ne pûffent
executer leur deffein.
Le dixième on attacha les
Mineurs fous la Paliffade de la
Rondelle oppofée à l'Attaque de
Baviere , & l'on redreffa en celle
de Lorraine la Galerie qui
D v
821 Hiftoire du Siege
→
avoit efté brûlée en partie le
jour précedent . On y attacha
auffi les Mineurs , pour tâcher
d'éventer les Contre- mines fous
la Rondelle qui eftoit à gauche
& fous celle du milieu .
Quoy qu'il tombaſt ce jour- là
une groffe pluye , elle ne put
empefcher que le Prince Charles
ne fift dreffer deux nouvelles
Batteries l'une au milieu
des Travaux , & l'autre de
neuf pieces de Canon fur la
gauche .
Le 11. fut employé à perfectionner
les approches à l'Attaque
de Lorraine , & l'on mit le
Canon fur les deux nouvelles :
Batteries , & deux Mortiers fur
une autre. Il y eut quelques Soldats
tuez & bleffez , mais en
petit nombre. On travailla auffaux
Mines , & à rencontrer
celles
de Bude.
83
celles
,
que les Affiegez pouvoient
avoir préparées pour les faire fauter
contre les Affiegeans , s'ils
donnoient l'affaut. Pendant tout
ce jour , les Canons & les Mortiers
tirerent fans ceffe tant
pour élargir les bréches, que pour
ruiner les Retranchemens qu'avoient
fait les Affiegez , dans le
deffein de bien foûtenir l'affaut.
La Batterie de ceux de Brandebourg
joia , auffi- bien que
celle de Dom Antonio Gonçales
, Lieutenant general de l'Artillerie
, & d'un Ingenieur Efpagnol
, qui par l'élevation de fes
feux d'artifice donna beaucoup
de plaifirs aux Affiegeans , en
mefme temps qu'il caufoit de
grands dommages aux Affiegez .
Les Bavarois battirent inceffam-.
ment la Rondelle du Chafteau,
& y jetterent des Bombes de
deux
$4 Hiftoire du Siege
deux Batteries de trois Mortiers
chacune , dont l'une n'eftoit qu'à
trente pas de la Paliffade . Trois
de leurs Mineurs furent tuez par
leurs propres Cannoniers & le
mefme malheur feroit arrivé à
l'Electeur de Baviere , s'il n'euft
pas changé de place un moment
auparavant.Sur l'avis qu'on avoit
eu que le Seraskier s'eftoit avancé
jufqu'à trois lieuës de Peſt as
vec un Corps de huit mille hommes,
tirez des Garnifons de Themifwar,
Lippa, Giula, grand Waradin
, Segedin , Agria , Hatwan
, & autres Places des Turcs
en la baffe Hongrie , & fur
les Frontieres de Tranfylvanie,
dans le deffein de fecourir Bude
le Prince Charles détacha
le Baron de Mercy & le
Prince Eugene de Savoye avec
trois
,
de Bude. 85
un
trois mille chevaux , & fix Bataillons
d'Infanterie , qui pafferent
le Danube , & fe pofterent
proche de Peft de l'autre colté
du Pont , hors de la portée du Canon
, pour y attendre les Turcs,
& empefcher qu'ils ne fe puffent.
= jetter dans la Place . On fit auffi
un Détachement confiderable de
Cavalerie & de Dragons pour
renforcer ceux que l'on avoit envoyez
à Peſt , où ils travailloient
à de nouvelles fortifications du
cofté du Danube , & pour refferrer
la garnifon d'Albe- Royale,
qui auroit pu faire quelque diverfion
en faveur des Affiegez ,
afin de faciliter le fecours qu'ils
attendoient .
Le 12. on fit applanir à l'attaque
de Lorraine la defcente dans
les Foffez oppofez aux breches,
à la faveur du Canon & des
Bom
86
Hiftoire du Siege
Bombes , afin de pouvoir monter
à l'Affaut , & l'on fit auffi grand
feu aux attaques de Baviere &
de Brandebourg. Quoy que la
breche que l'on avoit commencé
à faire dans cette derniere le
jour precedent , fe trouvaſt élargie
de plus de quinze pas , la muraille
eftoit encore trop haute depuis
fon pied jufques à l'éboulement.
Ainfi l'on continua de
tirer le Canon avec plus de violence
, pour taſcher d'y faire des
ruines plus confiderables , & les
Affiegez qui jetterent inceffamment
des feux d'artifice & des
pierres de leurs Mortiers , n'empêcherent
point qu'en l'une &
en l'autre on n'avançaft les approches
fort prés des foffez . On
vit paroiftre la flâme pendant
plus de huit heures en plufieurs
endroits de la Ville , ce qui fit
2
juger
de Bude.
juger que
les Bombes & les Carcaffes
des Affiegeans
y avoient
caufé un grand dommage. Le
feu de la Baterie des Bavarois
prit à des Tonneaux
de poudre,
& fit fauter en l'air prés de vingt
perfonnes.
Le 13. les Regimens de Steireim
, de Pafc , & de Goucqfes
arriverent des environs de Stulweiſenbourg
au camp des Troupes
commandées par le Baron de
Mercy & par le Prince Eugene
de Savoye , ce qui fit un corps de
neufmille hommes. Les Ennemis
éventerent la mine des Imperiaux
, mais les Mineurs eurent
le loifir de fe fauver. Ils mirent
auffi le feu à un Fourneau dans
l'efperance de faire fauter la
grande garde des Imperiaux , &
l'effet en fut contraire à ce qu'ils
avoient attendu les terres retom
88
Hiftoire du Siege
tomberent fur eux , & remplirent
feulement une partie de la tefte
des travaux des Affiegeans . Cependant
le feu mis à ce Fourneau
ayant ebranlé la Tour fous
laquelle le Mineur avoit eſté attaché
, on pointa contre cette
mefme Tour huit pieces de Canon
qui y firent une breche confiderable.
On tint un Confeil de
guerre où l'on refolut de donner
Affaut par trois endroits , à la
breche de l'attaque de Lorraine.
Le Comte Guido de Staremberg
, & le Comte d'Awersberg
furent commandez , chacun avec
deux- cens quatre - vingts hommes
, le premier à la droite de
l'attaque proche la grande Rondelle
, & le fecond à la gauche.
Le Comte de Herberftein , avec
qui marchoient les Fufeliers ,
Pionniers , & Travailleurs, avoit
or
1
de Bude. 8.9
ordre de donner au milieu de la
Courtine. Il eftoit auffi fuivy de
deux cens quatre - vingts hommes
, & le refte , au nombre de
deux-mille , demeura de referve
pour les foutenir . Sur les fept
heures du foir , le Signal ayant
efté donné pour l'affaut par une
décharge de tout le Canon qui
eftoit en baterie à cette attaque,
on commença de monter à la breche
, ce qui n'eftoit pas aisé , à
caufe que les Ennemis l'avoient
I reparée par plufieurs rangs
de
Paliffades . On ne laiffa pas de les
forcer, quoy qu'ils fiffent une vigoureufe
refiftance , & l'on fe pofta
fur la brêche à la faveur de
la Moufqueterie & des Grenades
qu'on tira dans les retranchemens
paliffadez qu'ils avoient.
faits , derriere lefquels ils fe maintinrent
en tres- bon ordre. Rie
n'e
୨୦ Hiftoire du Siege
·
n'eft égal à l'ardeur que firent
paroiftre tout ce qu'il y avoit de
Volontaires & de Braves à l'Armée
, pour eſtre des premiers à
fe trouver fur la breche . On y
demeura prés de deux heures:
que l'efcarmouche dura, & pendant
ce temps les Affiegez firent
fauter deux Mines , qui cauferent
moins de perte aux Affiegeans
, que les Fleches , les Bombes
, les Grenades & les Pierres.
Cependant on ne pût venir à
bout de faire le logement ; le
defordre & la chaleur du combat
avoient éloigné les Travailleurs
, & d'ailleurs il auroit falu
plus de Fafcines & de facs à terre
, qu'on n'en avoit , pour pou
voir fe mettre à couvert & ſe retrancher.
Cela fut cauſe que l'on
ugea à propos de faire retirer les
raupes dans leurs Poftes, ce que
l'on
de Bude . 91
lon fit à neuf heures du foir, tandis
que le
Canon
, des
Bombes
&
la Moufqueterie
de
deux
Bataillons
de
Souches
&
de
Mansfeld
favorifoient
la retraite
. Le
Prince
Charles
fut
preſent
à l'action
, &
eut
deux
Pages
, l'un
tué
à fes
coftez
, &
l'autre
bleffé
.
La
perte
fut
grande
de
part
& d'autre
. On
tient
qu'il
y
eut
plus
de
cinq
cens
Soldats
tuez
du
cofté
des
Affiegeans
, &
prés
de
trois
cens
bleffez
, ' outre
quelques
Colonels
,
Capitaines
, autres
Officiers
, &
beaucoup
de
Volontaires
. Parmy
ces
derniers
fut
le
Prince
de
Commercy
, qui
demeura
longtemps
fur
la
bréche
expofé
au
feu
. Le
Sieur
du
Pleffis
, fon
Ecuyer
, fut
tué
auprés
de
luy
, &
le
Sieur
de
S. Sulpice
, l'un
de
fes
Gentilhommes
, y_receut
quelques
bleffures
. Le
Duc
de
Bejar
,
Grand
92
Hiftoire du Siege
Grand d'Espagne , monta un des
premiers à l'affaut. Il y fut bleffé
dangereufement , & mourut trois
jours aprés . Le Fils du Prince Robert,
& Milord Georges Savil, fe
cond Fils du Marquis d'Halifax,
avec plufieurs autres Seigneurs
Anglois furent tuez , ainfi que
le
Prince Palatin de Veldens,le jeune
Comte de Maldeghen , le Chevalier
de Cormaillon , le Comte
de Herberſtein , le Comte de
Kouffstein , Capitaine dans Staremberg
, le Baron de Rolle , &
le Sieur Kirchmeir , tous deux
Capitaines dans le Regiment de
Souches, le Baron de Chiffer , le
Comte de Strottembach , & plufieurs
autres Volontaires & Officiers
fubalternes. Milord Fitz-
James, Fils naturel du Roy d'Angleterre
, fut bleffé legerement.
Le Prince Picolomini mourut
dés
de Bude.
93
dés le lendemain de fes bleffures,
& fut enterré dans Peft . Les autres
Bleffez confiderables , dont
les noms ont efté fçeus , furent le
Comte de Staremberg , Lieutenant
Colonel , qui avoit le commandement
de la droite ; le
Comte d'Aversberg , auffi Lieutenant
Colonel , qui commandoit
la gauche ; le Comte de Dona ,
Colonel dans les Troupes de
Brandebourg ; le Marquis de la
Verne , Lieutenant Maréchal de
Camp ; le Duc de Scalona , Grand
d'Efpagne ; le Comte de Valero,
frere du Duc de Bejar ; Dom
Gafpard de Suneja , fon Coufin;
le Comte de Cormaillon ; le Fils
du Comte d'Urfet , & fon Ecuyer;
le Sieur de Longueval ; le Chevalier
de Rhofne ; le Sieur de Landas
, Capitaine de Starembergs
les Capitaines Herrero & le Bay,
&
94 Hiftoire du Siege
& quelques Officiers venus de
Flandre ; le Sieur de Vaubonne ,
Capitaine des Grenadiers de
Bade ; le Baron Golenski , Capitaine
de Becq ; Dom Francifco
l'Africain ; le Sieur de la Brigondelle
, & le Sieur de Vaucou-
Gentilhomme du jeune leur
Prince de Vaudemont. Le Marquis
de Blanchefort , Fils du Maréchal
de Crequi , fut auffi bleffé ,
& la maniere dont il fe diftingua
fit affez connoiftre de quel
Sang il eft forty. Les Affiegez
perdirent beaucoup de monde.
On fçeut d'un Transfuge , qu'une
feule Bombe , qui eftoit tombée
dans leurs Retranchemens après
l'action , avoit emporté deux Agas
des Janiffaires, & plus de quarante
Soldats. Comme ils croyoient les
Troupes des Affiegeans fort en
defordre, il voulurent profiter de
l'oc
de Bude.
95
l'occafion , en faifant une Sortie
fur celles de Brandebourg , mais
ils furent repouffez avec beaucoup
de vigueur, & laifferent plus
de 40. des leurs fur la place. On
fit quinze Prifonniers.
Le 14. on travailla à applanir
les débris que les Contremines
des Affiegez avoient faits à l'Attaque
de Lorraine , & à combler
les Foffez de celles de Baviere
& de Brandebourg. On continua
de canonner la Place , & d'y
jetter des Carcaffes & des Bombes.
On nettoya auffi la Tranchée
, & on en ofta les terres ,
dont les Fourneaux des Ennemis
en avoient remply une partie . On
en découvrit deux ce jour là , &
l'on en tira les Poudres. ' Il y eut
un Mineur tué par l'imprudence,
d'un Canonnier, La Mine prit
feu, & vingt Soldats & deux Ca-
$
no
96
Hiftoire du Siege
nonniers furent emportez. On
eut avis que les Troupes d'Afie
eſtoient arrivées à Belgrade fous
la conduite du Grand Vifir , qu'il
y en avoit encore pris de nouvelles
, & qu'il s'eftoit enfuite
avancé vers le Pont d'Effeck ,
aprés avoir envoyé fix mille Spahis
à Walpo & à Poffega , avec
ordre d'obferver le General
Schults , qui avoit mené huit
mille Allemans & cinq cens
Croates de ce coſté - là.
Le 15. on attacha le Mineur
à la Muraille de la grande Rondelle
, & on commença deux Galaries
au pied de la Courtine.
Quelques Païfans fortis de Bude
furent conduits à l'Attaque de
Lorraine . Ils dirent qu'à l'affaut
du 13. il y avoit eu plus de cinq
cens hommes tuez du cofté des
Ennemis. On avança les Travaux
juſqu'au
de Bude.
97
jufqu'au Foffé , fur le bord du
quel on dreffa une nouvelle bat--
terie , pour ruiner à droit le cofté
de la grande Rondelle , qu'on
n'avoit pas encore attaqué. Tandis
que les Mineurs travailloient
à deux chambres de Mine , les
Affiegez en firent fauter une à
la gauche de l'Attaque. Elle ne
fit qu'agrandir la brèche du cofté
de ceux de Brandebourg. On
en éventa deux autres qu'on n'avoit
point encore chargées. Les
Bombes que l'Ingenieur Espagnol
fembloit élever jufqu'aux Etoiles,
faifoient un effet fi prodigieux
en retombant , qu'un Transfuge
rapporta qu'une feule avoit enfoncé
deux planchers & deux
voûtes , & tué plus de
perfonnes dans la plus baffe ; ce
qui caufoit une grande defolation
, parce qu'il n'y avoit pref-
E
quarante
98
Hiftoire
du
Siege
que plus d'endroits où l'on fe
puft tenir à couvert. On eut
avis que les Turcs qui venoient
fecourir Bude , eftoient campez
vers Hatwan , aprés avoir paffe
la Teyffe avec un Convoy prés
de Segedin. On détacha auffitoft
les Regimens de Stirum , de
Taff , & de Trurks , pour aller
joindre le Barón de Mercy , afin
d'obliger les Infidelles à repaffer
la Riviere..
Le 16. les Bavarois firent jouer
deux Mines , qui au lieu de
combler le Foffe de la Rondelle
du Chafteau , & de faire fauter
la Paliffade , comme on l'avoit
creu , renverferent les premiers
poftes de leurs Tranchées,
de forte qu'il y eut plus de trente
hommes tuez ou bleffez. Le
Marquis de la Verne , qui n'avoit
efté bleffé que legerement
à
de Bude.
୨୨
#
à l'affaut du 13. le fut ce jourlà
d'un éclat de pierre. Cet accident
fit qu'on réfolut de ne
plus faire jouer de Mines , qu'on
n'euft achevé toutes celles où
l'on travailloit , afin de les faire
fauter toutes à la fois , quand
les trois Attaques donneroient
l'affaut. Un Armenien , qui avoit
fa Femme & fes Enfans à Vienne
, s'eftant échapé de Bude , vint
donner avis que les Janiffaires
avoient preffé deux fois le Bacha
de rendre la Place mais
que ne l'ayant pas trouvé de ce
fentiment , ils luy avoient déclaré
qu'ils fe défendroient encore
quelque temps , mais qu'ils
ne vouloient pas attendre l'extremité
. Il ajoûta que les Affiegez
avoient perdu beaucoup de
monde dans l'action du 13. qu'ils
auroient capitulé fi l'on avoit
E ij
TE
DE
LA
>-
LYON
1895
roo
Hiftoire du Siege
pû fe maintenir fur la brèche,
qu'ils ne s'eftoient tenus en fi
bon ordre derriere leurs rétranchemens
, que parce qu'un Deferteur
eftoit venu leur donner
avis de la refolution que l'on
avoit priſe de donner l'Affaut ;
que cependant l'ayant pris pour
un Efpion , ils luy avoient fait
couper la tefte , & qu'ils en feroient
autant à tous ceux qui
viendroient ſe rendre ; que l'on
avoit commencé à manger les
Chevaux , faute de fourage &
d'autre viande ; qu'un pain
pour vivre un feul jour couftoit
un écu , & que les Bombes de
I'Ingenieur Eſpagnol , qu'ils nommoient
le feu du Ciel , perçoient
les voûtes des Caves. La nuit
les Bavarois fe pofterent derriete
la Paliffade du Foffé de la
Rondelle du Chafteau , de forte
.
que
de Bude. ΙΟΥ
que les Ennemis furent obligez
de s'en retirer avec perte de
quelques hommes. Le Comte
de Fontaine , qui commandoit
les Bavarois , fut tué d'un coup
de Moufquet. Le Comte d'Apre
mont fut bleffé dans la mefme
occafion , auffi bien que le Capitaine
des Grenadiers du Regiment
de Bade. Son Lieutenant
fut tué , & il y eut encore environ
quarante Soldats tuez ou
bleſſez Les Ennemis deffendoient
ce poſte au nombre de deux
cens cinquante , & comme on
leur coupa d'abord le chemin
de la retraite , il n'en échappa
que vingt-fix qui demanderent
quartier. Tout le reste fut tué .
Un Turc qui fortoit de Bude fut
arrefté cette mefme nuit. Il eftoit
Mineur. On apprit de luy que
quoy que la Ville fuft extremé-
E iij
102
Hiftoire du Siege
ment incommodée de l'infection
des Cadavres , qu'on ne pouvoit
enterrer faute de trouver des
lieux où l'on puft les mettre , &
que les Habitans fouffriffent une
fort grande difette à cauſe qu'on
ne diftribuoit des vivres qu'aux
Soldats , les Affiegez ne laiffoient.
pas d'eftre refolus de continuer à
fe bien défendre , & qu'il y avoit
des Fourneaux en divers endroits
avec des coupures & des retranchemens
dans les ruës , à la teſte
defquels ils avoient mis plufieurs
pieces de Canon chargées de
Cartouches.
Le 17. le Prince Charles de
Neubourg eftant arrivé au Camp,
alla fe pofter avec fon Regiment
de l'autre cofté du Pont . Le
Maréchal Caprara , & le General
Palfi , revinrent des environs de
Stulweifembourg avec plufieurs
Re
de Bude.
103
Regimens de Cavalerie . Le premier
paffa le Danube , & prit
le commandement
des Troupes
qui eftoient campées proche de
Peft. Le Marquis de la Verne,
quoy que bleffé , eftant demeurẻ
feul à remplir la Charge de
Lieutenant Maréchal de Camp
general d'Infanterie , ne voulut
plus fortir de l'attaque à caufe
que
le Comte de Fontaine ayant
efté tué la nuit precedente , il
n'y avoit plus d'Officier de fon
caractere pour le relever. On
avança les approches des trois
attaques jufqu'au pied de la
muraille , & l'on acheva une baterie
de trois pieces de Canon à
celle de Lorraine pour battre
l'Angle de la Tour. On travailla
aux Mines à l'Attaque de Brandebourg,
& les Mineurs fe trouverent
fous la Courtine proche
E iiij
104 Hiftoire du Siege
la troifieme Rondelle de celle de
Lorraine , & fous une autre à
gauche. On applanit auffi la defcente
dans les foflez , & pendant
tout le jour & toute la nuit on
ne ceffa point aux trois Attaques
de faire un grand feu de toutes
les Bateries , afin d'agrandir les
bréches & d'achever de ruiner
toutes les defences & les coupures
qui eftoient derriere , ce qui
devoit mettre les Generaux en
eftat de faire donner l'Affaut general
, qu'ils ne vouloient point
hazarder qu'on n'euft éventé les
Contremines.
Le 18. une partie de ceux qui
eftoient campez proche de Peft ,
& qui ne compófoient point
de Regiment , retournerent à
leurs premiers Poftes , fur les
avis qu'on receut que les Troupes
Ottomanes , qu'on croyoit
de
de Bude.
105
,
devoir venir de ce cofté là jetter
du fecours dans Bude s'efloient
retirées apres avoir mis
des vivres dans Hatwan & dans
Erlaw. On apprit le mefme jour
que des Turcs eftoient venus à
deux lieues du Camp couper la
tefte à quelques Fourageurs &
Vivandiers . Sur les onze heures
du foir , les Affiegez fe montrerent
fur la breche . Ils poufferent
de grands cris , & cela fit croire
qu'ils fe preparoient à une fortie .
On fit fur eux un grand feu qui
les contraignit de fe retirer . Ils
éventerent la Mine de l'Attaque
des Imperiaux par un Fourneau
qu'ils firent jouer. Quatre Mineurs
& le Sieur Liber leur Capitaine
, y furent enfevelis . On
les chercha auffi- toft , & on ne
put trouver que deux Mineurs ,
qui n'eftoient pas morts. Les Ba
E v
106
Hiftoire du Siege
varois mirent le feu dans le Chafteau
par une Bombe qu'ils y firent
tomber. Cependant les Ennemis
barricaderent d'une nouvelle
Paliffade la Breche de la
Rondelle .
Le 19.les Affiegez travaillerent
inceffamment entre la Breche des
Imperiaux & la muraille de la
Ville, ce qui fit croire qu'ils y faifoient
un nouveau retranchement.
Les Bavarois travaillerent
de mefme pendant tout le jour à
à une Baterie fur le bord du Foffé
, afin d'abatre la Paliffade , & le
refte de la Rondelle du Cha fteau .
Ils attacherent en mefme temps
le Mineur, pour chercher les Mines
des Ennemis . La nuit les
Troupes de l'Attaque de Lorraine
donnerent un faux Affaut , &
firent jouer plufieurs Mortiers
chargez de Bombes , de Carcaffes
&
de Bude.
107
& de Grenades. L'effet en fut
terrible pour les Affiegez , qui
eftoient accourus en foule pour fe
defendre. Un Transfuge paffa
de la Ville au Camp , & en parlant
des defordres que faifoient
les Bombés dans la Place , il dit
qu'il en eftoit tombé une fur une
voute , qu'elle l'avoit enfoncée, &
que plus de cent hommes qui
eftoient deffous , en avoient efté
tuez .
Le 20. les Affiegez donnerent
trois fauffes allarmes, ce qui obligea
de faire avancer contr'eux
un détachement de Grenadiers
à chaque attaque. On s'apperceus
qu'ils s'aflembloient derriere leurs
Paliffades, & dans la penfée qu'on
eut qu'ils avoient deffein de faire
une fortie, on fit pointer le Canon
& les Mortiers de ce costé là . Les
Bateries firent un grand feu , & le
fuc
108
Hiftoire du Siege
fuccez en fut fort avantageux
aux Affiegeans. Le mefine jour le
General Palfi retourna fur fes pas
avec fix Regimens , & eut ordre
d'obferver les mouvemens des
Troupes Ottomanes , qui avoient
déja paffé le Pont d'Effeck , à ce
que difoient tous les Efpions. Le
Prince Charles alla reconnoiftre
les endroits par où les Turcs pouvoient
jetter du fecours dans la
Place. Il y eut encore un Armenien
qui fe fauva de la Ville. Il
dit que la confternation yeftoit
tres -grande ; qu'il n'y reftoit plus.
que deux mille Janiffaires dont
le nombre diminuoit tous les
jours , & qu'ils ne ſe defendoient
que parce qu'on les avoit affurez,
qu'il y avoit deux Armées en
marche , pour venir faire lever
le Siege .
Le 21. on continua d'élargir
la
de Bude. 109
la brêche à coups de Canon à
l'Attaque de Lorraine , & de
rompre la Paliffade que les Ennemis
y avoient mife. Le Baron
de Mercy , qui avoit fait repaffer
la Teyffe aux Turcs qui s'étoient
avancez vers Hatwan , &
dont il avoit défait une partie de
l'Arriere garde , receut ordre de
repaffer le Danube , & de marcher
avec la Cavalerie que l'on
avoit jugée inutile pour le Siege,
à la rencontre des Infidelles qu'on
difoit s'eftre affemblez vers le
Pont d'Effeck , au nombre de
vingt- cinq à trente mille. Un Cavalier
du Regiment de Caprara
fe faifit d'un Turc qui eftoit caché
dans un Marais . Il avoit des
Lettres pour le Grand Vizir , &
pour quelques Officiers de l'Armée
Turque. Elles furent déchifrées.
Le Bacha de Bude leur
don
110
Hiftoire du Siege
donnoit avis de l'eftat de la Place
, & du preffant befoin qu'il
avoit qu'on le fecouruft.
Le 22. de grand matin les Af
fiegez fortirent du cofté des Bavarois
, & ayant pouffe la Garde
qui étoit à la tefte de la Tracheé,
ils tuerent prés de cent hommes,
entre lefquels fe trouverent le
Sieur Lôben Colonel dans les
Troupes de Saxe , un Capitaine
, & quelques Officiers fubalternes.
Le Sieur Defchwint, Colonel
de l'Artillerie de Baviere,
fut mortellement bleffé au cou.
Ils enclouerent trois pieces de
Canon & un Mortier, & auroient
caufé un plus grand defordre , fi
un Lieutenant & quelques Fantaffins
du Regiment de Bade qui
accoururent n'euffent foûtenu
les Bavarois , & contraint les Ennemis
de fe retirer avec perte de
>
plus
de Bude. III
plus de fix- vingt des leurs, qu'ils
laifferent fur la place. L'avis en
ayant efté donné à l'Electeur de
Baviere , il vint auffi - toft dans la
Tranchée. On décloüa le Mortier
& deux pieces de Canon, &
en fuite on jetta une Bombe de
ce Mortier. Un peu après, on entendit
un bruit extraordinaire,
& il fe fit comme un tremblement
de terre qui ébranla tout
le Camp, & dont plufieurs Tentes
furent renversées. Il s'éleva
une fumée fi épaiffe qu'on' fut
quelque temps fans voir la Ville.
Soit par l'effet de la Bombe,
foit par quelque autre accident,
le feu s'eftoit mis à un Magafin
à poudre , qui eftant proche de
la muraille en renverfa plus de
quarante pas de longueur, en forte
qu'on y euft pû monter aifément;
IIZ
Hiftoire du Siege
ment , fi la Riviere n'en avoit
pas empêché l'accez. Des Fantaffs
fe jetterent fur l'Electeur
de Baviere pour le garantir des
pierres qui tomboient en quantité
dans les Tranchées . On en
trouva un fort grand nombre
dans Peft & dans tout le Camp,
de la pefanteur de deux , trois,
& quatre cens livres , jufques à
cinq cens. On dit qu'il y avoit
neuf cens Quintaux de poudre
dans ce Magafin , & qu'il fit perir
, en fautant en l'air , plus de
quinze cens perfonnes , hommes
femmes & enfans , fans compter
ceux qui demeurerent enfevelis
dans les caves voifines qui furent
couvertes des ruïnes de ce
grand bâtiment. La nuit, on travailla
à la chambre de la Mine
fous la grande Rondelle . Les Af
fiegez la contreminerent , ce qui
obligea
de Bude. 113
geans
obligea les Mineurs des Affied'abandonner
le travail. Il
n'y eut que celuy qui eftoit attaché
à la Courtine du milieu à
la gauche , qui continua . Il arri-
Iva dans la chambre de la Mine
que les Ennemis avoient éventée
, & la voulut rétablir , mais
ayant entendu travailler fous lui,
il fe retira, & laiffa quelques barils
de poudres découverts ; le
feu y prit pluftoft qu'on ne l'avoit
crû , & jetta le Lieutenant
des Mineurs jufque fur la batterie
de Brandebourg . Celuy qui
les commandoit fut brûlé . Comme
la Mine n'eftoit pas affez profonde
, l'ouverture qu'elle fit au
pied de la Courtine , fut feulement
de deux toifes. Les Turcs
fortirent en fi grand nombre ,
qu'on ne les put arrefter que par
un feu extraordinaire que l'on fit
fur eux.
Le
114 Hiftoire du Siege
a
Le 23. Le Mineur attaché à la
Rondelle du milieu, ayant achevé
de perfectionner la Mine , il
fut refolu que fi elle avoit l'effet
que l'on pouvoit s'en promettre,
on donneroit l'Affaut , general,,
Cependant le Prince Charles jugea
à propos
de faire fommer les
Afliegez avant que de l'entreprendre.
Le Magaſin fanté le
jour précedent , avoit mis un fi
grand defordre dans la Place
qu'il y avoit lieu de croire qu'on
les trouveroit moins obftinez , &
qu'ils fe refoudroient à fe rendre
fi on leur offroit des conditions
avantageufes. Ainfi fur les trois
heures aprés midy, ce Prince envoya
le Comte de Konigfek, fon
Aide de Camp general , avec un
Tambour & un Interprete pour
fommer la Ville. Les Affiegez
le voyant venir , & connoiffant
au
de Bude.
115
,
au fignal d'un mouchoir blanc
qu'il avoit quelque propofition
à leur faire planterent fur la
Muraille un Drapeau de mefme
couleur , & vinrent enfuite
prendre la Lettre du Prince
Charles pour la porter au Bacha
, qui dormoit alors , à ce
qu'ils dirent. En attendant la
réponſe , on luy laiffa trois Turcs
pour Oftages , & on luy vint
dire un peu aprés que le Bacha
avoit affemblé fes Officiers,
pour deliberer fur cette Lettre.
Il y eut de part & d'autre fufpenfion
d'armes pendant deux
heures
, & aprés ce temps on
apporta la réponſe du Bacha au
Prince Charles , envelopée d'écarlate.
Voicy les termes qu'elle
contenoit .
GRAND
116
Hiftoire du Siege
RAND VISIR DES
G&RESTIENS,
Tu es bien présomptueux de venir
une feconde fois mettre le Siege
devant Bude , qui a déja couté tant
de monde & tant d'argent aux
Chreftiens. Il est bien vray que ce
Siege nous a furpris , parce que nous
ne nous y attendions point ; mais
par l'affiftance de Dieu, & de noftre
Prophete Mahomet, vous aurez efte
par deux fois honteufement repous-
Sez, & vous n'aurez pas à nous
donner tat d'affauts que vous croiez.
Nous efperons qu'il vous en arrivera
comme il vous est déja arrivé . Si
voftre Empereur vous a commandé
de nous attaquer , nous avons ordre
du noftre de nous bien défendre .
Cette réponſe pleine de fierté
obligea les Affiegeans à faire joüer
le Canon des trois Attaques , &
de Bude.
117
à bombarder la Place avec plus
de furie que l'on n'avoit fait auparavant.
Le 24. Les Imperiaux firent
jouer une Mine , qui au lieu de
renverfer la Rondelle qui eftoit
entre leur bréche & celle des
Troupes de Brandebourg , combla
les premiers poftes de leurs
Tranchées , ce qui fâcha fort les
Hongrois , qui au nombre de
deux mille eftoient tout prefts de
monter à l'affaut , à la tefte des
Troupes de l'Attaque de Lorraine.
Le Capitaine des Mineurs &
deux Travailleurs furent accablez
par les débris de la Mine,
dont plus de deux cens Soldats
furent tuez ou bleffez. Un fugitif
vint apprendre au Prince
Charles que le Treforier des Janiffaires
avoit eu deffein de livrer
la Ville , à condition qu'on
l'en
118 Hiftoire du Siege
t
l'en feroit Vice - Commandant ,
mais que deux Païfans qui luy
devoient apporter la Lettre aïant
efté arreftez , le Bacha avoit fait
couper la tefte au Treforier , &
pendre les Païfans . Il ajoûta que
cinquante Turcs & un Aga a-
- voient efté tuez de la Mine, que
les Imperiaux avoient fait jouër
ce mefme jour, a
Le 25. une Bombe des Affiegeans
renverfa fur la Rondelle
du Chafteau quelques Paliffades,
& deux ou trois cofres chargez
de terre & de pierres qui les foûtenoient.
Le General Dunewald
receut ordre de prendre langue
de l'Armée des Infidelles. Sur les
cinq heures du foir , les Affiegez
firent une Sortie avec 200. hommes
fur la droite de l'Attaque de
Lorraine , où commandoit le
Comte de Saur , qui les repouſſa
vigou
de Bude.
119
quelque
.
vigoureufement avec
perte de leut cofté , mais elle
ne les empefcha pas d'en faire
une autre fur la gauche , où é-.
toient les Troupes de Brandebourg.
Ils couperent la tefte à
quarante hommes , & après avoir
encore efté répouffez de ce coſté
là , ils revinrent de nouveau , 1 , &
poufferent ceux de Brandebourg,
qui furent contraints de quitter
leurs Lignes. Le Prince Charles
en fut averty , & fit incontinent
avancer les Bataillons de referve,
qui eftoient poftez le long du
Danube prés des murailles de la
Ville- baffe. Les Turcs plierent
-lors qu'ils virent ce fecours , &
quoy qu'ils en euffent receu du
Bacha,qui leur envoyoit dé temps
en temps de nouvelles Troupes
pour les foûtenir , ils rentrerent
dans la Ville aprés une Efcarmouche
I 20
Hiftoire du Siege
che qui dura prés de quatre heures.
Il ne demeura que vingt
des leurs fur la place. Ceux de
Brandebourg perdirent le Lieutenant
Colonel de leurs Gardes.
Le Baron d'Ati qui commandoit
le Corps de referve , fut bleffé
au pied d'un coup de Moufquet,
& l'Aide de Camp du Comte de
Staremberg eut les deux jambes
emportées d'un coup de Canon.
Le Baron de Hoenwart fut tué
avec un Enſeigne du Regiment
de Souches , & quelques autres
Officiers.
Le 26. on prepara toutes les
chofes neceffaires pour donner le
lendemain l'Affaut general . Le
Maréchal Caprara paffa le Danube
, & vint fe camper au milieu
des Imperiaux & des Bavarois
, afin de fermer le paffage
· par où les Ennemis auroient pû
fe
de Bude. 121
fe fauver , ou faire des Sorties
fur les Affiegeans. Le Prince
Charles, qui avoit refolu de faire
donner l'Affaut à la pointe du
jour , paffa toute la nuit dans la
Tranchée , & pendant ce temps
on executa la refolution que l'on
avoit priſe d'attacher aux Paliffades
une certaine compofition
de feu artificiel pour les brûler;
elle eut un tres- grand effet .
,
Le 17. au matin les Paliffades
eftant encore toutes enflâmées
par la quantité qu'on y
avoit mis de cette compofition,
on attendit pour donner l'Affaut
qu'une petite pluye , qui
commença à tomber , euft éteint
les feux qui fervoient comme de
défenſe aux Ennemis. Tous les
ordres avoient été donnez le jour
précedent à tous les Officiers Generaux
Subalternes qui devoient
F
7 122 Hiftoire du Siege
eftre employez aux 3.Attaques,&
ils fçavoient en quel lieu & en
quelle maniere ils devoient agir
lors qu'ils auroient oüy le Signal.
Ce Signal eftoit 3. décharges de
12.petites pieces de Canon du côté
de Peft,afin qu'on en puft entendre
le bruit auffibien au quartier
de Baviere, qu'à ceux de Lorraine
& de Brandebourg. Il fut
donné fur les fix heures du foir, &
auffi- toft ceux qui eftoient commandez
à l'Attaque de Lortaine,
marcherent en fort bon ordre
vers la groffe Rondelle à droit,afin
de fe loger fur la bréche . Quarante
Grenadiers ayant un Capitaine
à leur tefte avec un Lieutenant
& un Sergent , furent fuivis
de cinquante Fufeliers , &
d'un pareil nombre d'hommes armez
de faulx , fous les ordres
d'un Capitaine , d'un Lieutenam
,
de Bude. 123
nant , d'un Sergent , & des autres
Officiers fubalternels. Cent
hommes chargez de haches &
pelles eftoient à la premiere ligne,
commandez par un Capitaine
, par un Lieutenant , & par
un Sergent, & avoient deux cens
Moufquetaires pour les foûtenir.
Le Prince de Neubourg, Grand-
Maistre de l'Ordre, Teutonique
, commandoit en cet endroit
de l'Attaque , & le Marquis de
Nigrelli , General de Bataille ,
le Colonel Keth , le Baron Reder
, Lieutenant Colonel , & le
Lieutenant Major de Staremberg
l'accompagnoient pour
porter fes ordres , & les faire
executer avec plus de promptitude.
Le Comte de Souches, qui
avoit auprés de luy le Sergent
general Diepental , le Colonel
d'Oetingen , le Comte Jorger,
,
Fij
124 Hiftoire du Siege
1
Lieutenant Colonel , & le Sergent
Major de Croy, marcha au milieu
vers la Courtine , précedé de 50.
Grenadiers , de cent Fufeliers, &
-de cent autres hommes armez de
faulx & de bâtons ferrez par les
deux bouts . Ceux - cy ayant leurs
Officiers à leur tefte , avoient
auffi pour les foûtenir 200. Moufquetaires
& 5o.hommes avec des
haches & des bêches propres à faper
& à faire des logemens après
qu'on auroit chaffe les Ennemis
de leurs poftes. La difpofition fut
pareille à l'Attaque de Brandebourg.
Ceux qui devoient donner
à la bréche de la Rondelle à gauche,
eftoient foutenus d'un pareil
nombre de Moufquetaires , & avoient
ordre de faire grand feu
contre les Turcs fi- toft qu'ils fe
montreroient hors de leurs Coupures.
Les Heiduques furent
commandez pour donner une
de Bude. 125
fauffe alarme du cofté de l'eau ,
à l'endroit où l'embrafement du
Magafin avoit ouvert la Murailles.
Trois cens hommes les foutenoient
fous les ordres d'un Sergent
Major , de trois Capitaines
& des autres Officiers Inferieurs.
Tous les autres Generaux
furent poftez en divers endroits
pour y faire la fonction
de leurs charges fuivant le commandement
qu'ils avoient receu
. On avoit mis douce cens
hommes de reſerve dans un fond
au pied de la brêche , & ils devoient
s'avancer par files afin de
remplir la place de ceux qui feroient
tuez . Le General Dinghen
les commandoit. Le refte de l'Infanterie
eftoit deftiné pour s'avancer
de la mefme forte fi les
Generaux & les autre Officiers
à qui l'on avoit confié la garde
Y
Fiij
126 Hiftoire du Siege
de la Tranchée , l'euffent jugé
à propos. Tout ayant efté difpofé
de cette forte , les Troupes
Imperiales & celles de Brandebourg
marcherent en mefme
temps du coté des brêches ,
chacun en fon rang , tant les Of
ficiers que les Soldats , principalement
vers la grande Rondelle,
dont la maçonnerie n'avoit
pas
efté bien éboulée , quoy qu'on
y euft fait jouer plufieurs Mines.
Ce fut de part & d'autre
un feu effroyable & un bruit
terrible qu'on ne sçauroit exprimer.
Si le Canon , les Bombes
, les Carcaffes , les Grenades,
& la moufqueterie des Affiegeans
, firent un fracas qui euſt
pû épouvanter les plus intrepides
, le feu que firent les Affiegez
& par leur Canon & par
leurs Mortiers à pierres qu'ils ac- .
compagnerent d'une grefle de
de Bude.
127
Fleches , de Dards , de Bombes
ardentes , & autres Machines,
qu'ils faifoient rouler du haut
des brêches où ils s'expofoient
à corps découvert , fit voir aux
Chreftiens qu'ils avoient à faire
à des gens determinez qui leur
vendroient cherement leurs vies.
Les Imperiaux s'avancerent
bord jufqu'aux Paliffades , dont
les Ennemis avoient reparé les
bréches des Rondelles . Ils eurert
peine à y conferver leur
pofte , à caufe du grand nombre
de Fourneaux qu'on y fit
jouer. Plus de trois cens hommes
furent tuez ou accablez du
premier , & la refiftance des
Affiegez qui fut extraordinaire ,
fit reculer les Imperiaux juf
qu'à trois fois. Le Prince Charles
qui s'en appercent du lieu où
il donnoit les ordres , & qui les
F
128
Hiftoire
du Siege
રે
vit au milieu des feux , tant des
Machines que les Ennemis faifoient
rouler , que de neuf Mines
& de neuf fourneaux qu'ils
firent fauter en fort peu de
temps , s'avança luy - meſme au
pied de la brêche pour les foûtenir
avec de nouvelles Troupes
Sa prefence les anima telle.
ment , que voyant leur General
s'expofer comme eux au plus
grand peril , & vouloir fe rendre
témoin de leurs actions , ils
forcerent les Paliffades , & fe
rendirent maiftres de la grande
Rondelle où ils fe logerent. Ceux
de Brandebourg n'eurent
moins de fuccez à leur attaque.
Ils vinrent à bout de fe loger
fur la Courtine & fur la Rondelle
à gauche. Les Ennemis qui
s'eftoient retirez derriere les retranchemens
qu'ils avoient faits
pas
all
de Bude. 129
= au de- là des Paliffades , firent
leurs efforts pour les en chaffer,
& jetterent fur les uns & fur
les autres quantité de Fleches ,
de feux d'artifices , & d'autres
Inftrumens remplis de foufre ;
fur tout leurs Mortiers à pierres,
les Mines & les Sacs à poudre
aufquels ils mettoient le feu en
ſe retirant des Poftes qu'on les
forçoit de quitter , tuerent &
blefferent un grand nombre de
Chreftiens. La prefence du Prince
Charles qui ne voulut point
abandonner l'entreprife , contribua
fort à l'heureux fuccez qu'elle
cut. Chacun cherchoit à fe
fignaler avec une intrepidité qui
n'eft pas croyable , & les Soldats
à envy les uns des autres,
prenoient le Pofte que leurs camarades
leur abandonnoient en
perdant la vie. Les Imperiaux
F v
130 Hiftoire du Siege.
trouverent dans la grande Rondelle
deux Etendarts des Janiffaires
, & trois Pieces de Canon,
& ceux de Brandebourg en trouverent
fept & quelques Mortiers
dans la Rondelle dont ils s'étoient
emparez à gauche.
Pendant que l'on donna l'affaut
de ce cofté - là , l'Electeur de Baviere
le donna auffi du cofté de
fon attaque . Il avoit fait brûler le
jour precedent les Paliffades que
les Ennemis avoient plantées fur
la brêche, & fi-toft qu'on eut entendu
le Signal pour y monter,les
Fufeliers , & les Grenadiers avec
les hommes armez de haches qui
avoient fes ordres pour faper celles
qui pouvoient encore embaraffer
, fortirent de la Tranchée,
fuivis de cent Moufquetaires fous
un Capitaine & deux Lieutenans
, pour monter à l'affaut, tant
à
de Bude.
à droit qu'à gauche. Ĉent Travailleurs
marcherent en fuite, 25 .
avec des Pelles , & foixante &
quinze avec des faux , pour faire
un logement fur la hauteur de la
Rondelle, aprés qu'on s'en feroit
emparé. Ils eftoient fouftenus de
50. Fufeliers , de 30. Grenadiers,
& de 200. Moufquetaires. D'autres
Moufquetaires choifis avoiết
efté commandez pour feconder
de chaque cofté les trois Bataillons
Imperiaux , Bavarois & Saxons
qui devoient fouftenir les
premiers. On fe mit en marche
par les Ouvertures qui avoient
efté faites aux foffez vers la brêche
à droit & à gauche de la
Rondelle. En mefme temps toutes
les bateries commencerent à
tirer fur les brêches, & contre les
murailles hautes & les feneftres
des maifons du Chafteau, & l'on
jetta
132
Hiftoire du Siege
jetta auffi fans aucun relâche des
bombes & des carcaffes , dont il
y en eut quantité qui furent jettées
contre les retranchemens
des Affiegez , & entre les deux
premieres murailles du cofté du
Danube. Quoy que la muraille
fuft encore haute & difficile
à monter , on s'avança vers
la brêche à droit & à gauche
avec tant de valeur , de courage
& de conduite , que l'on
s'empara de la Rondelle , malgré
les coups de Moufquets que
les Ennemis tiroient fans ceffe
des Crenaux de cette meſme
muraille . On s'empara auffi à
gauche d'un lieu fitué entre les
maifons , & la muraille exterieure
, ce qui n'eftoit pas aifé
, parce que les endroits les
plus éminens du Chateau le
commandoient , & que l'on jettoit
de Bude .
133
toit de là fur les Affiegeans
une infinité de pierres , de Grenades
, de Bombes & de Sacs
à poudre. Ce feu continuel ne
put arrefter l'ardeur qui les emportoit
, & ils l'effuyerent avec
une bravoure qu'on ne peut affez
loüer, mais la nuit qui commençoit
d'approcher , ne permit pas
qu'on avançaft davantage. On
travailla à des Logemens fur la
Rondelle , & dans les autres Poftes
que l'on avoit occupez . L'Electeur
de Baviere fe tint expofé
au feu pendant toute l'action . Il
vifita tous les Poftes , & alla par
tout donner les ordres qu'il jugea
utiles pour la feureté & pour la
perfection du travail. Non feulement
il animoit les Soldats par
fa prefence , mais il les engageoit
à continuer de bien faire en leur
donnant des marques de fa liberali
F34
Histoire du Siege
ralité . Le Prince Louis de Bade
fit paroiftre auffi beaucoup d'intrepidité
, & demeura expofé
aux coups pendant toute l'efcarmouche
, afin qu'on apprift par
fon exemple à méprifer le peril.
Le Prince de Neubourg, le Prince
Eugene de Savoye , & plufieurs
autres Generaux montrerent
de leur cofté toute la bravoure
qui pouvoit donner un
nouveau courage aux Attaquans,
& la fermeté avec laquelle ils les
voyoient foûtenir le grand feu
des Ennemis , fervit beaucoup à
leur faire remporter les avantages
qu'ils eurent en cette journée.
Ce que firent les Heiduques
ne fut pas confiderable. Auffi ne
faifoient- ils qu'une fauffe attaque
afin d'attirer les Ennemis de
ce cofté- là . Ils y trouverent les
Poftes tres -bien garnis , à caufe
que
de Bude..
135
*
que c'eftoit l'endroit où te Magafin
avoit fauté , & par confequent
le plus découvert. L'affaut:
dura trois heures avec grand
perte du côté des Affiegeans . Ils .
eurent prés de deux mille hom .
mes tuez ou bleffez , fans un fort
grand nombre d'autres qui furent
brûlez ou enterrez par les
mines. Le Prince Charles fut
atteint legerement d'un coup de
pierre à la jambe , & le Sieur
d'Artein fon Ayde de Camp general
de ce Prince , fut tué auprés
de luy. Le Duc de Croy qui
n'avoit receu d'abord qu'une
bleffure peu confiderable , receut
enfuite un coup de Moufquet qui
luy perça le genoüil . Le Duc de
Curland Colonel dans les Troudes
de Brandebourg , fut bleffé
dangereufement , auffi bien que
le Comte Schileck, & le Marquis
Sa
136
Hiftoire
du Siege
,
Sanati . Le General Major de
Thingen le fut mortellement à la
teſte. Le Baron d'Afti qui n'eſtoit
pas encore guery d'une bleffure
qu'il avoit receu e deux jours auparavant
, eut les deux cuiffes
percées , & le Baron de Welbersheim
, les deux bras caffez . Le
Prince de Comercy qui s'eft
toûjours fignalé dans les occafions
où il y avoit le plus de peril
à effuyer , receut auffi une legere
bleffure. Les autres bleffez
dont on a pû jufqu'icy fçavoir les
noms , furent le Duc de Scalona ,
le General Major Diepenthal , le
Comte & le Chevalier d'Apremont
, Freres , le Colonel Goeling
; le Comte d'Archinto ; le
Comte Zacco Sergent Major , le
Lieutenant Colonel Rotten ; le
Comte de Saur ; le Sieur Reder,
Lieutenant Colonel du Regiment
de Bude 137
ment de Neubourg . Le Sergent-
Major Pini , le Marquis de la
Verne , le General Rummel , le
Baron de Welberg , Lieutenant
Colonel de Beck , avec plufieurs
Officiers de ce mefme Regiment:
le Comte de Palfi , Lieutenant
Colonel ; le Baron d'Aversberg,
le Sergent Major , un Capitaine
& un Lieutenant de Staremberg,
& plufieurs autres Officiers
des Regimens de Bade , de Beck,
de Steinau, de Rummel , de Selbolftoff,
de Gallensfels , & autres.
Le Comte de Dona , & le Sergent
Major de Marwitz , furent
tuez à l'attaque de Brandebourg.
Le 28. on dreffa une Batterie
fur la Rondelle du milieu , dont
les Imperiaux s'eftoient rendus
maiſtres à l'Attaque de Lorraine ,
& l'on applanit les bréches , afin
d'y
138 Hiftoire du Siege
d'y pouvoir guinder l'Artillerie .
On travailla à perfectionner les
Lignes de communication des
logemens , & l'on pourfuivit le
travail de trois Mines , qui avoient
efté commencées fous la
feconde Muraille incontinent aprés
l'Affaut du jour précedent.
Le Mineur fut attaché en deux
endroits de cette mefme Muraille.
Ceux de Brandebourg tirerent
une Ligne paralelle à cette
Attaque .
Le 29. on fit fauter deux mines
à l'Attaque de Lorraine. Il y
en eut une qui renverfa quinze
toifes de maçonnerie dans le Foffé
. Elle ne laifferent pas de caufer
du dommage aux Affiegeans ,
puis que deux Capitaines des
Troupes de Brandebourg , & environ
cinquante Fantaffins , la
plufpart des mefmes Troupes.
£u
de Bude.
139
furent enterrez fous leur debris .
Une Batterie de trois pieces de
Canon fut achevée ce jour - là à
la mefine Attaque . Quelques Armeniens
fugitifs vinrent avertir
que plus de mille perfonnes , hommes
, femmes & enfans , avoient
efté tuez dans la Place le jour
qu'on avoit donné l'Affaut ; qu'une
grande quantité avoient voulu
fe fauver du cofté de la Ri
viere , mais qu'ils y avoient trouvé
tous les Bateaux enchaifnez;
que la Garnifon n'eftoit plus que
de mille Combattans , & que le
Muphti les exhortoit inceffammet
à fe rédre,mais que le Bacha
les animoit à refifter jufqu'au
bout par l'efperance du fecours
qu'il attendoit ; qu'il y avoit par
tout des Retranchemens & des
Coupures , & qu'à la derniere
extremité il avoit efté refolus
qu'on
140 Hiftoire du Siege
qu'on mettroit le feu aux Magagafins
, pour faire fauter la Ville
avec tous ceux qui fe trouveroient
dedans. La nuit , les Bavarois
avancerent environ de quarante
pas dans la Rondelle du
Chafteau , en tirant du cofté de
la Riviere , avec perte de cinquante
hommes , & ils y firent
mener deux pieces de Canon,afin
d'élargir la bréche de la feconde
Muraille .
Le 30. le Comte de Souches
& le Comte de Lodron ,Major de
Cavalerie , monterent la Tranchée
. Ce dernier avoit efté nommé
pour la relever , aina que le
Comte de Stirum , auffi Major de
Cavalerie , parce qu'il n'y avoit
plus que le Comte de Nigrelli ,
Major general d'Infanterie , qui
puft fervir. On fit jouër ce jourlà
une troifiéme Mine à l'Attaque
de Bude. 141
que de Lorraine , & deux à l'Attaque
de Baviere, qui firent affez
d'effet. Cependant le Prince
Charles jugeant qu'il y alloit du
fervice de l'Empereur de ne pas
expofer la Ville à l'affaut & au
pillage , envoya une ſeconde fois
fommer le Commandant de fe
rendre. Comme il eftoit déja
tard , les Affiegez prierent les Députez
d'attendre jufqu'au lendemain
la réponſe qu'ils leur demandoient
, parce qu'il falloit affembler
le Confeil fur une affaire
d'une fi grande importance.
Le 31. le Prince Eugene de
Savoye & un Interprete allerent
à la Porte de la Ville , où aprés
qu'on les eut fait attendre une
heure & demie , on leur apporta
deux Lettres du Commandant,
l'une adreffée au Prince Charles,
&
142 Hiftoire du Siege
& l'autre à l'Electeur de Baviere .
Elles contenoient , que la confervation
de Bude , qui eftoit la clef
de Conftantinople & de Jerufalem,
eftoit d'une telle confequence
pour les Ottomans , qu'il ne
pouvoit fe refoudre à la remettre
entre les mains des Chreftiens
mais qu'on n'avoit qu'à
choifir une autre Ville , & qu'il
eftoit preſt à la donner , efperant
par là qu'on luy voudroit bien
accorder la Paix . Ce mefme jour
le premier Capitaine d'Artillerie
eut le bras percé , & le Comte de
Staremberg , en reconnoiffant la
bréche, receut un coup de Moufquet
qui luy emporta un doigt,
& le bleffa à l'épaule . La fièvre
qui luy furvint , accompagnée
d'une diffenterie , l'obligea de fe
faire tranfporter à Comore , où le
Prince de Vaudemont , qu'une
vio
de Bude.
143
violente maladie avoit forcé de
quitter le Camp , eftoit déja depuis
quelques jours. Sur les huit
heures du foir , les Affiegez qui
n'avoient point eu de réponſe,
envoyerent deux Agas au Prince
Charles , & emmenerent avec
eux le Baron de Crentz , Ayde
de Camp du Prince Louis de
Bade , & un Interprete. On crut
que le Commandant avoit deffein
de capituler , mais toute la
negociation aboutit encore à dire
, qu'il feroit livrer telle Ville
qu'on voudroit fi on levoit le
Siege de Bude , ou qu'il rendroit
cette Place pourveu qu'on fift
une Paix generale avec l'Empire
Ottoman . Le Prince Charles
voyant que l'on n'avoit point
d'autres propofitions à luy faire,
renvoya les deux Agas , & rappella
les Oftages. Ils dirent qu'on
les
144 Hiftoire du Siege
les avoit receus fort civilement,
& qu'à leur départ ils avoient
veu beaucoup de confternation
dans la Ville. On fceut ce jour
là que l'Aga des Janiffaires eftoit
mort des bleffures qu'il avoit receues
à l'Affaut du 27. & qu'il y
avoit plus de deux mille hommes
des Ennernis bleffez ou malades.
Le premier jour d'Aouft les
Imperiaux firent jouër une Mine
qui eut un tres - bon effet. Elle fit
bréche dans la feconde Muraille,
& ébranla mefme la troifiéme , ce
qui obligea les Affiegez d'y accourir
en grand nombre. Les
Bavarois profiterent de ce moment
pour attaquer le Chafteau .
Ils y entrerent , mais ils ne purent
fe maintenir dans le logement
qu'ils y avoient commencé.
Le Marquis de la Vergne,
Gene
de Bude . 145
General Major , receut deux
coups de Fléches , dont l'un luy
perça le bras & l'autre la cuiffe .
Le Lieutenant Colonel de l'Artillerie
en receut un autre au ventre.
Quatre Fugitifs vinrent a-,
vertir que les Affiegez travailloient
à une Mine pour faire fauter
la grande Rondelle dont les
Imperiaux s'eftoient emparez. Le
General Dunewald arriva au
Camp avec la Cavalerie qu'il
commandoit aux environs de
Stulweiſembourg.
Le 2. le Comte Caraffa , Major
General, & le General Heufler
, arriverent auffi au Camp,
avec un Corps de quatre mille
hommes qu'ils commandoient
dans la haute Hongrie du cofté
de Zolnoch , & ils prirent leurs
poftes au delà du Danube , où
deux mille Hongrois comman-
G
146
Hiftoire du Siege
dez par le Comte Budiani les
joignirent . La nuit on travailla
aux Lignes de circonvallation
, pour arrefter le fecours des
Ennemis.
Le 3. on vit paroiftre des Avant-
coureurs de l'Armée des
Infidelles, & les Affiegez firet une
falve de tous leurs Canons . Comme
on s'eftoit difpofé à donner
un troifiéme Affaut , les Affiegeans
firent jouer une Mine , mais
elle n'eut pas l'effet qu'on en avoit
eſperé , & la bréche ne s'êtant
pas trouvée affez profonde,
le Prince Charles envoya dire à
l'Electeur de Baviere qu'il ne jugeoit
pas à propos de donner
l'Affaut. Les Troupes de cet Electeur
ne laifferent pas d'y monter
, foit que l'ardeur qui les ani
moit leur fift avancer l'heure du
Combat , foit qu'elles euffent
pris
de Bude.
147
-
pris le bruit de la Mine pour le
Signal dont on étoit convenu . Le
Prince Charles qui en eut avis
fit donner l'attaque de fon cofté .
Les Affiegez au nombre de plus
de deux cens , fe montrerent fur
la Bréche , le Sabre à la main , &
le corps tout découvert. Les Femmes
& les Enfans y parurent
mefme tirant des Fléches , &
faifant rouler des pierres. Il y
eut beaucoup de vigueur de part
& d'autre , & la refiftance fut
telle du cofté des Ennemis , que
tout ce que purent faire les Imperiaux
, ce fut d'avancer leurs
Logemens jufqu'au pied de la
troifiéme muraille. Ils eurent plus
de deux cens hommes tuez ou
bleffez. Les Bavarois fe faifirent
de deux ouvrages , où ils trouverent
du Canon & des Mortiers ;
mais ce ne fut pas fans perdre
G
11
148 Hiftoire du Siege
beaucoup de monde . Le Prince
de Bade receut une contufion
d'une Balle de Moufquet qui luy
perça le Ceinturon & le Jufte
au corps par derriere , & le Prince
Eugene eut un coup de Fléche
, dont le fer luy entra entierement
dans la main . Le Comte
de Caunits , Lieutenant Colonel
du Regiment de Metternich , le
Comte Hermeftein Lieutenant
Colonel de Souches , le Sieur de
Breffey , Gentilhomme Bourguignon
, Major du Regiment de
Grana , & le Major du Regiment
de la Vergne, furent bleffez à l'attaque
des Imperiaux avec plufieurs
autres Officiers. Il y eut un
jeune Comte de Staremberg tué
au commencement de cet Allaut.
Le Chevalier Huberti , Capitaine
des Gardes de l'Electeur de
Baviere , fut bleffé à l'attaque des
Ba
de Bude. 149
Bavarois avec quelques Officiers,
qui ne pûrent obliger les Fantaffins
à les fuivre , tant ils eftoient
rebutez par le feu des Ennemis,
& par les Bombes , Pierres & Grenades
qu'ils jettoient fur eux du
haut du Chateau.
Le 4. on continua de, canonner
& de bombarder la Ville , &
Fon eut avis que l'Armée Ottomane
s'approchoit . On acheva
les deux logemens à droit & à
gauche de la grande Rondelle,
& l'on conduifit quatre pieces
de Canon fur la bréche . On mit
plufieurs rangs de Pali ffades, dont
on fortifia les Travaux , que l'on
avança fort prés des Retranchemens
des Affiegez . Le Prince
Charles employa ce jour à vifiter
tous les Poftes , & à difpofer tout
ce qu'il crut neceffaire pour
eftre en eftat d'aller au devant
G iij
150 Hiftoire du Siege
de l'Armée des Ennemis.
l'Ar-
Le 5. on ne fit que travailler
aux Lignes de circonvallation, &
de contrevallation , & à des Redoutes.
On travailla auffi à des
Mines, à de nouvelles Bateries, &
à combler le Foffé à l'Attaque des
Imperiaux . On eut avis que
mée des Ottomans s'avançoit
toûjours , & que le Grand Vifir
la commandoit en perfonne. On
détacha auffi- toft differens partis ,
afin d'en avoir des nouvelles affeurées
; & cependant la garde
fut redoublée dans tous les Pofles
. Les Affiegez jetterent quantité
de Bombes. Il y en eut une
qui tomba à trois pas du Prince
Charles proche les Bateries des
Imperiaux. Elle mit le feu à
quelques barils de poudre , tua
vingt Canonniers ou Soldats , &
en bleffa plufieurs autres. Pendant
de Bude. 151
dant la nuit les Affiegez firent
defcendre un Batteau chargé de
monde & de meubles,ce qui obligea
de faire un Pont prés de Pefty
pour empefcher que la mefme
chofe n'arrivaft encore , & pour
avoir le fourage plus commodement.
Le 6. les Huffars , après avoir
battu un Party de trente Turcs,
qui s'eftoient détachez pour donner
quelques avis au Bacha de
Bude , amenerent quatre Prifonniers
, par lesquels on fçeut qu'il y
avoit une Armée de vingt mille
hommes du cofté de Stulweiſembourg,
fous le commandement du
Seraskier , & que le Grand Vifir
devoit fuivre avec une Armée de
trente mille hommes, & quarante
pieces de Canon . Le Prince Charles
donna auffi toft fes ordres
pour faire tranſporter les Mala-
Güij
152 Hiftoire du Siege
des , les Bleffez , & tout le bagage
fuperflu dans l'Ifle de S. André;
l'on travailla avec toute la diligence
poffible à perfectionner les
Ouvrages neceffaires pour mettre
le Camp en feureté , & pour
empefcher que les Ennemis ne
fecouruffent la Place . Les Bavarois
firent jouer un Fourneau qui
réüffit affez bien . Il y en avoit encore
un autre mais les Mineurs
ayant rencontré ceux de la Ville,
ne le pûrent achever.
,
Le 7. comme on fe trouvoit
fort incommodé d'une Batterie
que les Affiegez avoient derriere
la petite Rondelle , on en dref
fa une de deux . Canons pour la
démonter . Elle fit l'effet qu'on
en avoit attendu . Les , Bavarois
en firent
firent jouer une nouvelle ,
qui eftoit auffi de deux pieces
de Canon. Ils l'avoient dreffée fur
un
de Bude.
153
un échafaut bien élevé au bout
de la premiere muraille de la
Rondelle , pour abatre le Chafteau
. La nuit, on tâcha de combler
le Foffé avec des fafcines,
mais tout ce qu'on y jetta fut confumé
par des fléches ardentes que
tirerent les Affiegez , & qui y mirent
le feu. Sur le midy on fceut
par des Prifonniers que toute l'Armée
Ottomane devoit s'affembler
le lendemain devant Albe Royale.
On vint dire le foir qu'il y en
avoit partie arrivé à une lieuë du
Camp , du cofté du Chateau où
eftoit l'Attaque des Bavarois.Cela
obligea le Prince Charles à changer
fon Camp. Il fit occuper les
hauteurs & les vallons qui environnent
la Place , & nomma les
Regimens que l'on devoit envoyer
au devant des Ennemis, &
ceux qui demeureroient pour
G V
154 Hiftoire du Siege
continuer le Siege. On eut avis
ce jour là que le General Schults
eftoit mort. Il commandoit un
Camp- volant entre la Save & la
Drave.
Le 8. à la pointe du jour , trois
mille Turcs & Tartares parurent
fur une hauteur. Ils enleverent
deux Gardes avancées de douze
hommes chacune , & aprés avoir
efcarmouché avec les Huffars,
ils fe retirerent fur le midy. Cent
cinquante Hongrois qui avoient
efté détachez pour reconnoiftre
l'Armée des Infidelles , & qui
revenoient au Camp avec quelques
Prifonniers , tomberent entre
leurs mains , & en furent taillez
en pieces , à la referve de
quelques- uns qui en apporterent
la nouvelle. Ce mefme jour
les Affiegez ayant ouvert la Porte
du Chafteau , on fit un déta
de Bude.
155
tachement à l'attaque de Baviere
, pour s'avancer de ce coſtélà.
On en vit un fort grand nombre
le fabre à la main derriere
leurs retranchemens , & ils jetterent
tant de Grenades, qu'on fut
obligé de fe retirer , avec perte
de foixante hommes. On continua
de mettre les Lignes de Circonvalation
en défenfe , en les
fortifiant avec des Redoutes , fur
lofquelles on plaça quelques pieces
de Campagne.Douze hommes.
furent tuéz ou bleffez à une Batterie
à laquelle on travailloit depuis
plufieurs jours , & que les
Bombes des Ennemis ruinerent.
&
Le 9. les Tartares & les Turcs
revinrent fur le midy le long de
la Montagne vis à vis le Camp
de l'Electeur de Baviere
pafferent tout le jour à efcarmoucher.
Quoy qu'ils ne fuffent
pas,
156
Hiftoire
du Siege
pas en affez grand nombre pour
forcer les Lignes, ils ne laifferent
pas d'incommoder , parce qu'on
fut obligé de fe tenir toûjours
fous les Armes. Une Bombe des
Affiegez tomba à l'Attaque des
Imperiaux au milieu de plus
de mille Grenades . Elle mit le
feu à quelques unes dont quatre
ou cinq Moufquetaires furent
tuez. Le Comte d'Archinto
fut bleffé legerement. On pour
fuivit le travail des Mines que
l'on deftinoit à renverfer la feconde
muraille, & les retranchemens
des Paliffades dont les Ennemis
avoient reparé les brèches,
& les Heiduques furent employez
à faire des Fafcines & des
Sacs à terre , pour en remplir les
Foffez, qui eftoient de la hauteurde
deux piques .
Le 10. les Affiegez firent une
for
de Bude. 157
fique
fortie à l'Attaque des Bavarois,
& couperent la tefte à quarante
hommes qu'ils trouverent dans la
Rondelle du Chateau. Un gros
de Turcs au nombre de douze
ou quinze cens , s'approcha du
Camp , mais ils n'eurent pas
toft aperceu un détachement.
commandoit le General Dunewald,
qu'ils prirent la fuite .Trente
Huffarts ayant rencontré
quarante
Turcs, les combatirent . Ils.
en tuerent fix , & firent cinq
Prifonniers , parmy lefquels eftoit
un Aga , qui ayant efté déja pris
il y a quelques années , avoit
payé huit mille écus de rançon.
Ils dirent que le Seraskier avoit
ordre de fecourir Bude à quelque
prix que ce fuft ; mais qu'ils
croyoient que l'on auroit peine
à l'engager au Combat .. Un Efpion
vint donner avis que l'Armée
158 Hiftoire du Siege
mée Otomane, compolée de plus
de foixante mille hommes , eftoit
campée le long du Danube à
trois lieues des Affiegeans. Il dit
qu'il avoit efté la reconnoiftre en
habit de Tartare , que le Serafkier
la commandoit , qu'elle occupoit
deux lieues d'étendue, &
que le grand Vifir eftoit demeuré
derriere avec mille hommes
qu'il avoit retenus pour le
garder.
La Ligne de communication
de l'attaque des Bavarois avec
celle des Imperiaux fut achevée
, & un Foffé profond que
l'on fit avec des bons épaulemens,
mit leur Quartier hors d'eftat
d'eftre infulté par les Ennemis.
Le 11. deux mille Chevaux
Turcs parurent fur la hauteur vis
à vis de l'Attaque de Baviere.
Quelques Efcadrons furent dé
tachez pour les aller reconnoitre.
de Bude.
159
tre. Il y eut une Efcarmouche
dans laquelle
le Prince
Charles
de Neubourg
eut un Cheval
tué
fous luy ; mais les Infidelles
commencerent
à defcendre
en fi grad
nombre
qu'il fut impoffible
de
les fouftenir
. Ainfi il falut fe retirer,
& fe contenter
de faire fur
eux un feu continuel
de Canon .
Trois Mines
furent
miſes en état
de jouer le lendemain
. La plus
grande
avoit huit Chambres
, &
leur charge
eftoit de cinq milliers
de poudre
. Comme
on avoit
refolu
d'aller
à l'Affaut
fi elles
réuffiffoient
, le Prince
Charles
commanda
trois mille hommes
de pied avec quinze
cens Chevaux
ou Dragons
, pour les foûtenir
. Le Comte
Petnehafi
arriva
au Camp
avec trois mille
Hongrois
,
Le 12. on fit jouer les trois Mines,
160
Hiftoire du Siege
nes, dont la plus grande n'eut aucun
effet , ce qui fit croire qu'el
le avoit efté découverte, & qu'on
en avoit tiré les poudres. Les
deux autres ne firent qu'une ouverture
pour dix hommes de
front , encore n'eut- elle pas efté
pluftoft faite que les Affiegez la
reboucherent par le moyen des
chevaux de frife , de forte que
l'on ne jugea pas qu'on d'euft
hazerder l'affaut ,
, quoy qu'on s'y
fuft déja difpofé . On fit retirer
les detachemens , & les Mineurs
eurent ordre de commencer un
nouveau travail . Les Mines jettérent
dans la Tranchée quantité
de pierres , dont plufieurs des
Affiegeans furent bleffez ,entr'autres
le Prince de Wirtemberg , le
Comte de Ridberg , & les Lieutenans
Colonels des Regimens de
Lodron de Neubourg. L'Armée
des
de Bude. 161
des Infidelles vint camper fur le
haut d'une Montagne qui n'étoit
pas fort éloignée des Lignes.
Ceux qu'on avoit envoyez pour
s'en informer,rapporterent qu'elle
eftoit de cinquante mille hommes
avec du Canon .
Le 13. les Affiegez firent une
fortie à cheval fur la grande Garde
des Imperiaux ,dont ils tuerent
douze hommes , & emmenerent
quatre Prifonniers qu'ils firent .
Le Comte de Colonitz , Page du
Prince Charles , & un Trompette
de l'Electeur de Baviere , eurent
la tefte coupée dans cette
efcarmouche. Les Turcs parurent
en bataille devat leur Camp,
& comme ils firent defcendre une
partie de leur Armée, on crut
qu'ils avoiet envie de döner combat.
Cela obligea le Prince Charles,
quidésle jour precedent avoit
fait
162
Hiftoire du Siege
fait fortir des Lignes toute la Cavalerie
, Dragons , Huffars , &
Croates,d'en faire auffi fortir l'Infanterie
, à la referve de vingt
mille hommes ,aufquels il en confia
la garde , & celle des trois attaques.
On forma deux Efcadrons
de la plupart des Volontaires , &
deux mille Heiduques , & un pareil
nombre de Hongrois , furent
commandez pour faire l'avantgarde
de l'Armee , & pour venir
les premiers aux mains fi les
Turcs vouloient entreprendre
quelque chofe. Ceux qu'on avoit
veus d'abord ne tenterent rien,
& fe retirerent le foir dans leur
Camp.
Le 14 dés fix heures du matin
, on s'apperceut qu'ils avoient
formé un corps de trois mille Janiffaires
& d'environ 5000. Chevaux
, qui devoit fervir d'avantgarde,
de Bude.
163
que
garde à leur Armée , tandis
le refte demeureroit derriere rangé
en bataille pour les fouftenir.
On apprit que leur deſſein eftoit
de faire paffer les trois mille Janiffaires
entre le quartier des Imperiaux
, & celuy de Brandebourg,
& que pendant l'action les Affiegez
devoient faire une Sortie
pour leur faciliter le paffage, &
leur donner moyen d'entrer dans
la Ville.En meſme temps le Prince
Charles commanda le Comte
de Dunewald pour former l'aifle
gauche de la Bataille avec neuf
Kegimens Imperiaux , qui furent
ceux de Caprara , Palfi , Taff, Lodron
, Neubourg , Furftemberg,
Stirum , Serau, & Schultz , & huit
cens Huffars. Le General Heufler
eut la droite avec un pareil
nombre de Regimens , tant Imperiaux
& Bavarois, que de ceux
de
164 Hiftoire du Siege
de Saxe & de Brandebourg , qui
occuperent une hauteur dont le
terrein leur eftoit avantageux, &
d'où tous les mouvemens des Ennemis
pouvoient eftre décou
verts . Le gros de l'Armée eftoit
difpofé en fort bon ordre , &
dans une diſtance de terrein- qui
luy donnoit facilité de charger
tout ce qui s'avanceroit pour fecourir
Bude. Les huit mille Janiffaires
& Spahis qui devoient
forcer les Lignes, après avoir voltigé
derriere les hauteurs pendant
deux heures , prirent leur
marche entre ces mefmes hauteurs
, & rencontrerent d'abord
les quatre mille hommes de l'Avantgarde
, qui furent rompus au
premier choc. Le Baron de Mercy
les voyant plier , ſe mit à la
tefte du Regiment de Schultz
pour les fouftenir , & en faifant
fermé,
de Bude. 165
>
ferme , il donna le temps au
Comte de Dunewald d'avancer
avec les Regimens de Taff , de
Lodron , & autres. Ce fut alors
que l'on vint à un Combat tresrude
& tres - opiniaftré . Les
Infidelles furent chargez avec
toute la vigueur poffible , & ces
Regimens faifant leurs decharges
à propos , renverferent
leur
Cavalerie qui prit la fuite & abandonna
les Janiffaires. Il y en
eut deux mille de tuez . Chacun
d'eux portoit quatre à cinq Grenades
, & ils avoient tous , les uns
des haches , les autres des pelles
pour rompre les Lignes & les
applanir s'ils euffent pu aller jufques-
là. On prit huit pieces de
Canon , quarante Etendarts , &
fon fit quatre à cinq cens Prifonniers.
Aprés le Combat , les
Infidelles firent divers mouvemens
166
Hiftoire du Siege
mens en s'avançant dans la Plaine
oppofée au Čamp de l'Electeur
de Baviere , qui ayant fait
auffi fortir fon Armée des Lignes
, la tenoit en ordre de Bataille.
Il fut refolu dans un Confeil
general qui fe tint , qu'on iroit
les attaquer , ce qui fut executé
par cet Electeur , mais ſe voyant
pourfuivis ils fe retirerent dans
leur Camp.Le Comte de Dunewald
, & le General Heufler , qui
s'étoient avacez avec les Huffars
par de là les hauteurs , rencontrerent
un gros de Spahis , que
les Ennemis avoient laiffé pour
couvrir leur retraite. Ils en tuerent
prés de deux cens , & en
firent trente Prifonniers. Il n'y
eut qu'environ cent hommes tuez
du cofté des Imperiaux , entre
lefquels fe trouvèrent le Comte
de Lodron , Lieutenant Colonel
de Bude. 167
nel du Regiment de Croates de
ce nom , & le Major du Regiment
de Caprara On fceut que
les Tures avoient perdu plus de
quatre mille hommes , fans un
fort grand nombre de bleffez, &
qu'ils eftoient d'autant plus touchez
de cette perte , que les Janiffaires
qui avoient eſté tuez
eftoient l'élite de leurs Troupes,
& que c'eftoit par eux principalement
qu'ils s'eftoient flatez
de pouvoir jetter du fecours dans
Bude. Les Affiegez firent une
fortie pendant le Combat , mais
ils furent fi vigoureufement repouffez
, qu'ils tarderent peu à
fe retirer. L'Armée Imperiale
eſtant retournée dans ſon Camp ,
& celle de l'Electeur de Baviere
dans le fien , on fit une falve de
tout le Canon des trois Attaques.
On expofa fur des Piques
plu
168
Hiftoire du Siege
plufieurs teftes de ceux qui avoient
efté tuez dans le Combat
, & l'on planta fur la brêche
les Drapeaux gagnez , afin que
les Affiegez ne puffent douter
de la Victoire qu'on venoit de
remporter. La nuit on furprit
deux Efpions avec des lettres
pour le Grand Vifir. Le Bacha
de Bude luy mandoit qu'il avoit
beſoin d'un prompt fecours , &
qu'il falloit fe fervir de la nuit
pour enfoncer les Lignes des Affiegeans
; que pour luy il s'eftoit
retranché dans la Ville , mais
qu'ils eftoient trop avancez pour
leur pouvoir refiſter.
Le 15. on connut que les
Ennemis avoient decampé , &
qu'ils s'eftoient éloignez de deux
lieuës. Le Prince Charles ordonna
qu'on fift enterrer les
Morts qui eftoient demeurez
dans
de Bude.
169
dans le Champ de Bataille , afin
qu'ils n'infectaffent point l'air, &
aprés avoir envoyé aux Affiegez
un des Prifonniers qu'on avoit
faits , pour les informer de
l'heureux fuccez du jour precedent
, qui les devoit empefcher
d'efperer aucun fecours , il fit
partir le Comte de Lamberg
pour aller fommer la Ville , mais
il ne fut pas pluſtoſt arrivé à la
porte , qu'ils commencerent à
tirer fur luy , de forte qu'il fut
obligé de fe retirer . Le foir,
on apprit par un Transfuge que
trois Bachas eftoient demeurez
au dernier Combat que le
Grand Vifir avoit fait couper
la tefte à un autre , & qu'at- '
tribuant au Seraskier le mauvais
fuccez de cette journée , il
l'avoit infulté avec toutes for-
H
>
170 Hiftoire du Siege
tes de marques de, mépris & de
colere.
Le 16. les Affiegez firent joier
une Mine à l'Attaque des imperiaux
, & fortirent en mefme
temps pour tâcher de profiter de
la confufion où ils croyoient les
trouver dans leurs Tranchées,
mas ils connurent que leur Mine
n'avoit eu aucun effet , & fe retirerent
avec quelque perte . Les
Imperiaux mirent le feu aux Paliffades
de la brêche , & en brû
lerent une partie , mais les Affiegez
en remirent d'autres pendant
la nuit. On s'apperceut
qu'il y en avoit un double rang
derriere les premieres , & qu'ils
les avoient moüillées , afin d'empefcher
que celles qui eftoient
en feu ne les confumaffent.Cinq
Polonois qui vinrent ſe rendre,
rapporterent que les Jani ffaires
avoient
de Bude. 171
avoient declaré qu'ils ne vouloient
plus aller au Combat, parce
que la Cavalerie les abandonnoit
toûjours dans le peril. Ils
ajoûterent que le Grand Vifir en
avoit fait mourir quelques - uns
pour remettre les autres dans l'obeillance.
Le 17. une Mine des Affiegeans
fut éventée à l'Attaque des
Imperiaux. Un Transfuge rapporta
que le foir qu'on avoit brulé
les Paliffades , prés de cent
Turcs avoient été bleffez ou tuez
par les Bombes qu'ils y avoient
enterrées , & aufquelles ils auroient
mis le feu , fi Ton euſt
monté à l'affaut ; qu'il ne reftoit
dans la Ville qu'environ mille
hommes capables de porter les
armes , mais que chacun eftoit
refolu de fe défendre jufqu'à la
derniere goute de fon fang. Six
.
H ij
172 Hiftoire du Siege
Fantaffins qui avoient merité la
mort , monterent par ordre de
l'Electeur de Baviere au haut du
Chafteau pour en découvrir le
dedans , mais les Affiegez qui les
découvrirent les firent defcendre
trop toft. La nuit , trente
Volontaires qui s'eftoient détachez
voulurent mettre le feu aux
Paliffades qui défendoient la
brêche de la derniere enceinte
de la Place , mais il y avoit des
poudres répandues aux environs
qui en brûlerent quelquesuns
, & les Affiegez en tuerent
quelques autres , de forte qu'ils
ne purent executer leur def
fein.
Le 18. deux Polonois qui s'étoient
fauvez de l'Armée des
Turcs, rapporterent que le Grand
Vifir avoit promis trente écus
à chacun des Janiffaires qui
pour
de Bude.
173
pourroient forcer les Lignes &
fe jetter dans la Place , qu'ils s'étoient
mis en marche au nombre
de deux mille avec quantité
de Tartares , pour aller gagner
les Montagnes qui regardent la
Ville- baffe , que c'eftoit par là
que les Ennemis pretendoient
faire entrer dans Bude le fecours
que le Commandant continuoit
de preffer , & qu'ayant un Pont
à cinq lieues du Camp des Chrétiens,
ils avoient envoyé du monde
en de là du Danube pour
faire diverfion. Oń fit jouer une
Mine à l'Attaque des Imperiaux
, &le peu de ffuucccceezz qu'elle
eut , obligea de differer l'Affaut
general , & de retirer les
détachemens que l'on avoit faits
à ce deffein. La nuit , on refolut
de nouveau de brûler les Paliffades
, & trois cens hommes
-
Hiij
174 Hiftoire du Siege
furent commandez pour cela ,
mais il n'y eut qu'un fort petit
nombre de Grenadiers qui monterent.
Le grand feu que firent
les Affiegez , & la quantité de
Grenades & de Sacs à poudre
qu'ils jetterent , épouvanterent
fi fort les Moufquetaires qui les
devoient fouftenir , qu'une partie
fe cacha , en forte que les
Officiers s'avancerent prefque
feuls.
Le 19.les Imperiaux tâcherent
de fe pofter fur la petite Rondelle
de la feconde muraille,mais
la refiftance qu'ils trouverent les
en empefcha . Ils eurent prés
de quarante hommes tuez , ou
bleffez. On fut averty par un
Transfuge que le Grand Vifir
avoit commencé de fe mettre
en marche pour revenir vers le
Camp des Affiegeans mais
qu'ayant
de Bude.
175
qu'ayant appris d'un Deferteur
qu'il leur eftoit arrivé un corps
de dix mille hommes , cette nouvelle
l'avoit obligé de retourner
fur fes pas , & que vingt - cinq
mille Tartares eftoient au de- là
du Danube peur tâcher d'y faire
diverfion.
Le 20. à la pointe du jour,
pendant que l'Armée Ottomane
venoit le mettre en Bataille devant
le Camp de- l'Electeur de
Baviere , deux mille Janitaires
qui s'eftoient tenus cachez la
nuit , defcendirent par le grand
Vallon aprés que le Biouac fe fut
retiré , & ils paffetent les Lignes.
de circonvallation que l'on n'avoit
pû laiffer garnies faute de
monde. Ils poufferent la grande
Garde , mais les Generaux
Caprara, & Heufler s'eftant trouvez
heureuſement à cheval , y
Hij
176
Hiftoire du Siege
accoururent. Ils couperent ceux
qui avoient déja forcé les retranchemens
, & les taillerent en pieces
, mais toute leur refiftance,
quoyque des plus vigoureuſes ,
n'empefcha pas que prés de trois
cens ne paffaffent dans la Place,
le refte fut repouffé hors du
Camp. On fit trois cens Prifonniers
, & il y en eut beaucoup
de tuez. Le Sieur Sentini Chevalier
de Malte , & Capitaine
de Cavalerie dans les Troupes
de Baviere , s'eftant trop avancé
pour reconnoiftre les Ennemis,
fut fait prifonnier. Le Comte
de Konigfmark Lieutenant Cólonel
de Beck fut tué , & le General
Heufler bleffé au pied.
Quoy que ceux qui entrerent
dans la Ville , fuffent la plufpart
bleffez & en petit nombre , les
Affiegez ne laifferent pas de faire
de Bude.
177
re une falve de tous leurs Canons
, pour faire croire qu'il leur
eftoit arrivé un plus grand fecours.
On apprit par un Chrétien
qui s'échappa de l'Armée
des Ottomans , que le Grand Vifir
avoit fait affembler fes Troupes
,,
pour leur dire que le fecours
qu'il avoit envoyé , eftoit
entierement entré dans la Ville,
& qu'il donneroit à tous ceux
qui auroient envie de s'y jetter,
la mefme fomme qu'il avoit donnée
aux autres . L'Armée des Infidelles
fe retira à quelques lieuës
du Camp des Chreftiens .
>
Le 21. la Baterie de l'attaque
des Imperiaux qui battoit en
flanc les retranchemens des Af-
Liegez receut un fort grand
dommage du feu que fit leur Artillerie
. Elle en fut prefque entierement
démontée , ce qui fit
H v
178
Hiftoire
du Siege
qu'on augmenta le nombre des
Travailleurs pour la rétablir pen
dant la nuit.Ön redoubla auffi les
Troupes de la Tranchée , & l'on
fit un feu continuel afin d'occu
per les Ennemis. Cette même nuit
on fe prepara à donner un Affaut
au Chafteau du cofté de l'attaque
des Bavarois.
Le 22. le Prince . Charles fit
faire une fauffe Attaque , pour
faciliter par une diverfion celle
que l'Electeur de Baviere commençoit
de fon cofté. Les Turcs.
eftant accourus en grand nom.
bre fur la brêche du cofté des
Imperiaux , on fit fur eux une
décharge de Mortiers , qui leur
tuerent cent hommes , & pen
dant ce temps les Bavarois , qu'animoit
la prefence de leur Prince
, fe rendirent maiftres de la
plus grande partie du Chateau,
malgré
de Bude..
179
malgré la refiftance opiniaftre
de ceux qui le défendoient. Le
General Rummel qui commandoit
l'Attaque , fut tué d'un coup
de Moufquet dans les approches.
H fut extremement regretté .C'étoit
un Officier d'une grande experience
. On ne perdit que trente
hommes , mais plus de deux
cens furent bleffez , la plufpart
par des Sacs à poudre . Un Duc
de Saxe- Mesbourg , ayant une
Compagnie dans le Regiment
de Bade , receut deux coups de
Moufquet, dont l'un luy calla la
jambe. La nuit , les Ennemis
tacherent de repoufler les Bava-
Fois du Pofte qu'ils occupoient,
mais ils ne purent en venir
bout.
Le 23. les Affiegez firent une
Sortie fur la grande Garde des
Bavarois , mais ceux - cy les contrai
180 Hiftoire du Siege
traignirent de fe retirer , & les
pourfuivirent jufques aux portes.
Le Lieutenant Colonel d'Arco
y ayant efté tué d'un coup de
Moufquet , les Turcs emporterent
le corps dans la Ville . On
prit dans l'lfle de Sainte Marguerite
un Turc qui eftoit fortyde
Bude à la nage avec un More
, pendant un orage qui s'eftoit
élevé la nuit . Il dit que ce More
qu'on n'avoit pu arrefter , eftoit
envoyé au Grand Vifir avec
des lettres , par lesquelles le Bacha
de Bude le preffoit de luy
donner promptement un fecours
plus fort que celuy qu'il avoit re
ceu que la Ville ne pouvoit te
nir encore bien long- temps , &
que le Chafteau eftoit fur le
point d'eftre perdu . Il ajoûta ,
qu'il n'eftoit entré que deux
cens cinquante Janiffaires la
plus
de Bude. 181
plufparts bleffez , & hors de combat
, & que le Bacha en publioit
le nombre plus grand pour donner
courage à ceux de la Ville;
que les Affiegez avoient perdu
cent hommes le jour que les Bavarois
s'eftoient poſtez au haut
-du Chafteau & que le Bacha
avoit promis cinq cens écus à
ceux qui eftoient venus la nuit
pour les en chaffer , mais que celuy
qui les commandoit avoit
pris la fuite...
Le 24. les Bavarois fe fortifierent
dans les Poftes dont ils s'eftoient
emparez. Les Affiegez firent
contre eux de nouveaux efforts
mais ils furent inutiles.
Trente Soldats y furent tuez avec
le Lieutenant Colonel du Regiment
Saxon de Trautmansdorf.
L'Armée Ottomane parut de
nouveau à la veuë du Camp , &
sen
182
Hiftoire du Siege
›
s'en retourna le mefmejour à une
lieuë de là. Comme les Affiegez
avoient fait des feu pendant la
nuit, & allumé plufieurs fois de la
poudre au deffus de la grande
Rondelle , on ne douta point que
ce ne fuffent autant de Signaux
pour preffer les Turcs de faire
encore quelque tentative. Le
Prince Charles , pour prevenir
leurs deffeins , détacha fix Efca
drons, & fix Bataillons , qu'il fit
commander par le Baron de Mercy
, le Comte de Souches & le
General Heufler. Ils pafferent
toute la nuit fous les armes fans
qu'il fe fift aucun mouvement du
cofté des Infidelles. On continua
pendant cette mefme nuit , de
combler les Foffez, & d'affurer les
Travaux qui avoient eſté faits
du cofté de l'attaque de Lorrai
ne. On eut avis que le Comte de
Scherf
de Bade. 183
Scherffemberg dont on preffoit
Farrivée , eftoit auprés de Zolnoch
avec les Troupes qu'il commandoit
en Tranfilvanie, & qu'il
feroit toute la diligence poffible
pour le rendre promptement au
Camp , quoy que fon Infanterie
fuft fort fatiguée .
Le 25 deux Escadrons que l'on
avoit détachez , eurent ordre de
revenir au Camp , & les quatre
autres furent poftez au pied des
murailles. Le Prince Charles fit
fortifier les Lignes le long du Danube
, de plufieurs rangs de Paliffades,
& quatre cens Allemans
& deux cens Hongrois y furent
envoyez fous le commandement
du Baron d'Afti pour s'oppofer
au fecours , fi les Ennemis tachoient
d'en faire paffer par là.
Les Travaux que les Bavarois avoient
faits au hautdu Chafteau ,
fu
184 Hiftoire du Siege
furent entierement brûlez par les
facs à poudre, & autres Machines
à feu que les Affiegez y jetterent.
Ainfi l'on fut obligé de fe
retirer , & de fe pofter plus à la
droite. Il y eut en cette occafion
dix ou douze hommes tuez , &
plus de deux-cens bleſſez .
Le 26. le Canon des Affiegeans
ayant ruiné la face de la grande
Rondelle dont ils s'eftoient ren
dus maiftres , on y fit une maniere
de pont avec des poutres. Elles
alloient d'une muraille à l'autre,
& faifoient la communication
des Logemens . Les Ennemis firent
ce qu'ils purent pour bruler
ce Pont, mais on le garnit fi bien
de toutes les chofes qui le pou
voient garantir du feu, qu'ils furent
forcez d'abandonner ce deffen.
Il ne leur reftoit plus que
fept groffes pieces de Canon en
bat
de Bude.
185
batterie ; toutes les autres avoient
efté demontées. Un Turc fut arrêté
proche de la Ville. Il dit que
quantité de Janiffaires animez
par les promeffes du Grand Vifir,
montoient tous les jours à cheval
avec refolution de fe venir
jetter dans la Place , mais que le
courage leur manquoit , fſii toft
qu'ils découvroient le Camp des
Chreftiens.
Le 27. on terraffa le Pont de
communication , & on fit une
forte Redoute pour en defendre
la tefte . On travailla auffi à un
Logement fur la grande Rondelle.
Il fut étendu fur un terrain
uny qui donnoit paffage jufqu'à
la derniere muraille de la Ville.
Ainfi les Affiegeans n'eftoient
plus qu'à cinq ou fix pas des Ennemis
, qui tâcherent de redoubler
leur defence. Ils jetterent
quan
186 Hiftoire du Siege
quantité de feux d'artifice , fans
pouvoir endommager le Logement
qui touchoit leurs Palifades
. Un Croate Deferteur vint
avertir que les Ennemis avoient
receu un renfort de huit mille
hommes , & tiré de Stulweifembourg
huit groffes pieces de Canon
; que le Grand Viſir ayant
promis de récompenfer tous ceux
qui fe jetteroient dans la Ville,
plufieurs s'eftoient déja prefentez
, & que la nuit fuivante on
devoit venir attaquer le Camp
des Chrefliens par deux endroits .
Ce rapport fit qu'on la paffa toute
entiere fous les armes . On s'y
tint mefme le lendemain jufques
à midy , mais on ne vit que quelques
détachemens qui ne firent
que paroiftre, & fe retirerent prefque
auffi - toft.
Le 28. les Affiegeans fe fortific
de Bude.
187
1
fierent dans leur Logement, malgré
tout le feu des Affiegez qui
commença à diminuer. On ag
grandit la bréche du flanc de ce
Logement , & toutes chofes furent
heureuſement difpofées pour
reüffir dans l'affaut. La Baterie de
Suabe continua de faire grand
feu. Elle eftoit fur le panchant
de la Montagne d'où l'on tiroit
avec des Boulets enchaifnez,afin
qu'il fuft plus ailé d'abatre les
Paliffades. Ce mefme jour on
furprit on Turc qui eftoit encore
forty de la Ville à la nage . Il avoitpaffé
fous les deux Ponts , &
s'eftoit caché dans un trou au
de - là des Lignes . Il n'avoit fur
luy qu'une écharpe & un Sabre
avec une Lettre qu'il portoit à
l'Armée Turque pour l'Aga des
Janiffaires. Elle eftoit écrite par
ce
188 Histoire du Siege
celuy qui commandoit les Janiffaires
dans Bude , & n'avoit rien
de particulier , finon que l'Homme
que le Grand Vifir avoit envoyé
, eftoit entré dans la Ville,
& qu'elle eftoit fort preffe. Il fut
impoffible pendant tout le jour
de faire parler ce Turc , mais enfin
on l'intimida fi bien par les
menaces , qu'il avoüa fur le foir,
que le Commandant de Bude
l'avoit chargé de dire au Grand
Vifir, qu'il yavoit prés de quinze
jours qu'il eftoit campé devant
la Ville , & qu'il s'étonnoit que
fcachant le preffant danger où
ilfe trouvoit , il ne luy envoyat
pas un fecours confiderable ; que
les Troupes qu'il commandoit
témoignoient avoir moins de
courage que les Femmes de la
Ville , puifqu'on ne tentoit aucune
chofe , que pour luy il eftoit
re
de Bude. 189
refolu de fe défendre jufqu'à la
derniere goute de fon fang , mais
qu'il ne pouvoit répondre de la
Place s'il ne recevoit un prompt
fecours. Ce Turc ajoûta que le
Bacha luy avoit auffi donné ordre
de recommander la Ville de
Bude & l'honneur de l'Empire
Ottoman au Commandant des
Tartares ; qu'il y avoit encore
2000. hommes dans la Place , avec
quatre cens Janiffaires qui
s'y eftoient jettez le 20 que les
Affiegez s'eftoient bien retranchez
du coſté de l'Attaque des
Imperiaux ; que derriere la Paliffade
de la feconde brêche il y
avoit encore un Foffe & une autre
Paliffade , mais qu'ils n'avoient
point travaillé du cofté
du Chafteau , eſperant eſtre ſecourus.
Le 29. un Polonois vint ſe rendre
190 Hiftoire du Siege
dre le matin , & raporta que les
Infidelles devoient venir atta,
quer le Camp par trois endroits.
Peu de temps aprés , mille Spahis
& deux mille Janiffaires commandez
par deux Bachas, & foutenus
de quinze mille Tartares,
qui avoient ordre de leur faciliter
l'entrée dans la Ville, vinrent
du cofté d'Actoffen pour s'y jetter
, mais comme ils n'y trouve
rent point de paffage & qu'ils
virent qu'on faifoit fur eux une
vigoureufe décharge , ils gagnerent
une colline , d'où eftant enfuite
defcendus dans un Marais
qu'on trouve dans le Vallon , ils
furent envelopez par des Efcadrons
, à la tefte defquels eftoient
le Baron de Mercy & le General
Heufler , & par la garde des Bavarois
. Il en refta huit cens fur la
place. Ils avoient chacun trente
écus
de Bude. 191
écus qu'on leur trouva dans la
poche , le refte fut mis en fuite,
& il n'y en eut que quinze qui
purent paffer ; encore n'en entra↓
t- il que quatre dans la Ville , les
onze autres ayant eſté tuez avant
que d'y arriver. On coupa chemin
à cent Spahis , dont foixante
& feize furent paffez au fil de
l'épée par deux differentes Troupes
de celles de Brandebourg , &
quatre autres tuez dans le quar
tier du General. Le Baron de
Mercy receut trois coups de Sabre
dans cette action,un à l'épaule
, & deux à la tefte , Son Ayde
de Camp fut tué à ſes coftez .
Dans ce mefme temps les Affiegez
voulant faciliter l'entrée du
Secours , hazarderent une Sortie,
mais les Bavarois qui avoient la
garde de la Tranchée , les contraignirent
de fe retirer avec perte
192 Hiftoire du Siege
te de cinquante hommes. D'un
autre cofté l'Armée des Ennemis
vint en ordre de Bataille vers les
Lignes du Camp de Baviere ,
mais elle ne tenta rien , & le
Grand Vifir ayant veu paroiſtre
vingt cinq Efcadrons du corps
d'Armée du Comte de Scherffemberg
qui paffoient le Pont du
Danube , fous le commandement
du General Picolomini , prit le
parti de fe retirer. On gagna
trente Drapeaux, la plufpart rou
ges , les autres eftoient de differentes
couleurs. On fceut par un
Deferteur , que des trois mille
Janiffaires ou Spahis qui avoient
juré au Grand Vifir qu'ils ne reculeroient
, ny ne fuiroient point,
il n'en eftoit pas retourné plus de
cinq cens.
Le 30.quatre Chreftiens écha
pez des mains des Infidelles , fe
rendi
de Bude.
193
Jap
rendirent dans le Camp , & rapporterent
que l'Armée Ottomane
eftoit allée camper une lieuë plus
loin que la plufpart de leurs
Troupes defertoient avec les Drapeaux
, & qu'elles avoient une
grande difette de vivres . Ce mef
me jour le Comte de Scherffemberg
arriva de Tranfilvanie avec
les trois Regimens d'Infanterie ,
de Sherini , de Scherffemberg ,
de Spinola , & le refte de la Cavalerie
, fçavoir soo . Hongrois &
les Regimens de Picolomini ; de
Veterani , de Sainte Croix ; de
Magni , & de Tefvin. Celuy de
Sherini fut joint au corps de Ba
viere , & les autres allerent occu
per le terrein qui reftoit vuide
du cofté de la baffe Ville , depuis'
la droite des Imperiaux jufques
au Dambe."
Le 31 on eit avis, que fept
isque I
194 Hiftoire du Siege
mille Tartares s'eftoient avancez
vers Gran , afin d'empécher
qu'il ne defcendift des vivres
pour les Affiegeans. On entendit
mefme tirer le Canon de cette
Ville. Les Bavarois firent mener
de nouvelles Pieces fur leurs Batteries
à la place de celles qui avoient
eſté gaſtées . Les Troupes
demeurerent fous les armes toute
la nuit , fur ce que le bruit
s'eftoit répandu le foir , que l'Armée
des Infidelles s'eftoit mife
en marche pour les venir attaquer.
Le premier jour de Septembre
on ne ceffa de jetter dans la
Ville des Carcaffes & des Bombes
, & de battre les Paliffades
avec le Canon . Ce mefme jour on
tint un Confeil de Guerre , où ſe
trouverent tous les Generaux
des Troupes auxiliaires . Il fut
agité
de Bude.
195
agité fi l'on iroit attaquer le
Grand Vifir en laiffant affez de
Troupes pour continuer le Siege
, où fi on l'attendroit dans
les Lignes. Plufieurs crurent qu'il
falloit aller aux Ennemis & profiter
de la confternation où les
mettoit la perte qu'ils avoient faite,
mais l'avis contraire l'emporta
, & on refolut de donner l'affaut.
Cette reſolution fut tenuë
fecrette , & le Prince Charles fit
fortir des Lignes trente mille
hommes de Cavalerie & dix mille
d'Infanterie qu'il fit ranger en
Bataille dans la plaine oppofée
au front du terrain que les Infidelles
occupoient > comme s'il
euft eu deffein de les aller attaquer.
Il les empefchoit par là de
faire des détachemens pour le
fecours de la Place. Les Generaux
qui eurent le commande-
I ij
196
Hiftoire du Siege
ment de la Cavalerie , furent le
General Bielke , le Prince Eugene
de Savoye , & les Comtes de
la Torre & d'Arco . Le General
Steinau & le Comte d'Afpremont
commanderent l'Infanterie.
Les ordres furent enfuite
donnez pour l'affaut . Le Comte
de Souches fut commandé pour
l'Attaque de la droite, & le Comte
de Scherffemberg le fut pour
la gauche, chacun avec trois mille
chevaux choifis , & un pareil
nombre d'hommes de pied . La
marche des Volontaires , qui attendoient
ce grand jour avec une
extreme impatience , fut ordonnée
entre les deux aifles, avecordre
de ne pas preceder les premieres
files.
Le 2 . tous les Generaux ſe
trouverent à cheval fi- toft que le
jour parut . Ils allerent vifiter les
Tra
de Bude.
197
Travaux , & le Prince Charles
ayant fait venir les Officiers Ma-.
jors dans fa Tente , les avertit de
tenir toutes les Troupes preftes
pour donner l'affaut à deux heures
aprés midy. L'Electeur de Baviere
n'oublia de fon cofté aucun
des ordres qui pouvoient
eftre neceffaires pour achever de
fe rendre maiftres du Chateau.
Le General Schoning tint auffi
toutes chofes difpofées à l'attaque
de Brandebourg , & d'abord
que le Signal cut efté donné par
fix Pieces de Canon tirées du
quartier des Troupes de Suabe,
quatre Capitaines fuivis chacun
de cinquante Grenadiers , avec
quatre Lieutenans , quatre Sergens
, & les autres Officiers inferieurs
, marcherent à la droite
de l'Attaque. Le Baron d'Afti
eftoit à leur tefte , & ils eftoient
I iij
198 Hiftoire du Siege
fouftenus de deux cens Moufquetaires
que commandoient
quatre Capitaines & d'autres
Officiers fubalternes, ayant à leur
tefte un Lieutenant Colonel &
un Major. Ceux - cy eftoient fuivis
de cent hommes armez d'une
demie Pique & d'un Sabre , chacun
avec deux Piftolets de ceinture
. On fit marcher à quelque
diſtance trois cens Arquebufiers
commandez par quatre Capitaines,
& trois Bataillons de reſerve
les fuivoient. Ils eftoient chacun
de fix cens hommes avec leurs
Officiers. La difpofition de la
gauche fut pareille . Toute la difference
qu'il y eut , c'eſt que cent
cinquante Arquebufiers furent
les premiers qui s'avancerent, &
qu'ils n'eftoient precedez que de
cinquante Grenadiers , & de
vingt- cinq à trente hommes armez
de Bude. 199
mez de Pertuifanes , d'une Epée,
& d'une Hache . Tout fut difpofé
de la muc torte à l'Attaque
de Daviere, & à celle de Rrandebourg
, & jamais Affaut ne fut
entrepris avec plus d'ardeur , &
plus d'intrepidité . Le Baron
d'Afti qui avoit l'Avant- garde
des Grenadiers , & qui marchoit
à leur tefte , fut bleffé d'abord,
& le Sieur Bifchoff- haufen , Sergent
Major du Regiment de Diepenthal
, prit le Commandement
en fa place. Quoy qu'ils fuffent
foûtenus des Bataillons qu'on avoit
fait fuivre , ils trouverent
une fi furieuſe refiftance de la
part des Affiegez , qu'ils furent
contraints de reculer. Outre la
grande quantité de facs à poudre
qu'on jetta fur eux , les Ennemis
firent jouer une Mine qui
leur caufa un fort grand defor-
I iiij
200
Hiftoire du Siege
dre. Ils retournerent une feconde
fois à l'affaut avec une vigueur
extraordine , & ils ne
Purent encore obliger les Tercs
a fuir , mais enfin aprés une tresrude
Efcarmouche qui dura une
heure devant la Ville , les Affiegez
ayant perdu courage par la mort
du Commandant qui fut tué fur
la Bréche , ils firent fi bien qu'ils
vinrent à bout d'arracher les
Paliffades , & de forcer leurs
Retranchemens. Ils y trouverent
huit cens Janiffaires qu'ils taillerent
en pieces , fans avoir aucun
égard à la poſture foûmife
où ils fe mirent en leur demandant
quartier , & jettant leurs
Armes bas. Quelques - uns d'entre
eux voyant qu'ils ne vouloient
épargner perfonne , reprirent
leurs Armes , fe défendirent
en defefperez , & firent
jouër
•
de Bude. 201
jouer un Fourneau dont plufieurs
Maifons fauterent . Le feu
du Fourneau fe communiqua à
une certaine machine qu'il avoient
difpofée auparavant , &
produifit un autre feu bien plus
dangereux qui couroit de place
en place, & que perfonne ne prenoit
le foin d'efteindre , parce
que les Victorieux eftoient alors
occupez à pourfuivre , & à exterminer
tout ce qui pouvoit
refter d'Ennemis dans la Ville ,
où quelques ordres que les Of
ficiers puffent donner , il fut impoffible
d'empefcher le carnage.
Ainfi l'embrafement fut prefque
general. Ceux de Brandebourg
entrerent en mefme temps dans
la Ville , & penetrant dans les
rues au travers des flâmes , ils
firent main baffe fur tout ce
qu'ils rencontrerent , fans épar
I v
202 Hiftoire du Siege
gner Vieillards , Femmes & Enfans
. Les Victorieux n'en confultoient
que la fureur qui les
animoit , & qui les portoit à fe
vanger de l'opiniâtre reſiſtance
que ces malheureux avoient faite
fur la Bréche à force de Bombes
, de Mines , de Pots à feu &
autres machines roulantes qu'ils
avoient jettées à la faveur de
leur Moufqueterie , & d'une
grefle de fléches. Cependant la
Cavalerie qu'on avoit tirée des
Lignes fous les Generaux nommez
pour la commander eftoit
demeurée , ainsi que l'Infanterie,
toûjours en action , & en Bataille
avec les Ennemis , dont
l'Armée , non feulement avoit
paru de ce coſté là , mais meſme
avoit commencé à attaquer l'Avantgarde
des Chreftiens. D'un
autre cofté les Generaux Sherini
,
de Bude.
203
rini, la Vergne & de Beck , n'ou
blierent rien pour achever de
fe rendre maiftres de ce qui reftoit
à occuper du Chateau,
fouftenant avec un courage tout
heroïque l'affaut qu'ils y avoient
donné , & en mefme temps les
Grenades & les Pierres que jettoient
les Janiffaires , qui ne fçachant
encore rien du fuccez de
l'autre attaque , faifoient leurs
derniers efforts pour fe maintenir
fur une hauteur d'où dépendoit
la confervation du Chafteau.
Pendant qu'ils fe deffendoient
avec toute la bravoure
qu'on peut attendre de gens.
auffi aguerris que determinez ,
les Turcs qui eftoient auparavant
de l'autre cofté , s'eftoient
venus retirer de celuy - cy , partie
du cofté de la Riviere , &
partie du cofté du Chaſteau où
ils
204 Hiftoire du Siege
ils avoient merveilleufement renforcé
les Janiflaires. Pour s'oppofer
au fecours qu'ils leurs donnoient
, l'Electeur de Baviere ,
qui remarqua que le Grand Vifir
n'agifloit point , & qu'il ne
faifoit mine d'aucun mouvement
, commanda le Comte d'Apremont
avec 500. hommes , &
le fit aller à l'affaut avec les autres
pour les foûtenir. Le Prince
Louis de Bade s'apercevant de
l'inevitable neceffité qu'il y a
voit de s'emparer de la hauteur
qui occupoient encore les Affiegez
, pour le rendre enfuite maifres
du bas où ils avoient plufieurs
places d'armes & autres
Logemens , paffa luy mefme de
ce coflé-là , & ordonna de l'efcalader
& de grimper au deffus,
ce qui fut fait fi heureuſement,
que
de Bude.
205
que l'on envoya une grefle de
de moufquerades & de Grenades
fur les Turcs qui fe voyant foudroyez
de cette forte , arborerent
un Drapeau blanc , & jufques à
leurs Turbans , criant de toute
leur force qu'on leur donnaft
quartier & la vie. Il y en cut
plufieurs , qui ne voulant point
attendre ce qu'on refoudroit, pafferent
par deffus le mur d'un
chemin couvert , & tâcherent de
fe fauver avec quelques Juifs par
le Danube dans de petits Bateaux
qu'ils trouverent mais
les Tolpazes les ayant atteints
avec leurs Saiques , coulerent à
fond plufieurs de ces petits Baftimens
, tuerent la plupart de
ceux qui avoient cru s'échaper,
& les autres qui avoient déja
paffe la Riviere , furent taillez
2
en
206
Hiftoire du Siege
>
en pieces , ou faits prifonniers
par les Hongrois qui eftoient
dans Peft . L'Electeur de Baviere
accorda la vie au Lieutenant
du Bacha & à plus de
douze cens hommes , qui voyant
les Imperiaux Maitres de la
Place , l'avoient fuivy dans une
Rondelle où il s'eftoit retiré
entre le Chafteau & la Ville.
Il fit de mefine quartier à ce qui
reftoit de Turcs dans le Chafteau
, d'où il les envoya fous
bonne garde dans une grande
Mofquée & dans un grand Magafin
. Les Soldats qu'on ne
put faire revenir fi - toft de leur
premiere fureur , affommerent
& jetterent dans la Riviere les
vieilles Gens fans nulle diftinction
de Sexe , & il y en eut
quelques - uns de fi
,
cruels ,
qu'ayant
de Bude.
207
cruautez ,
qu'ayant trouvé des Femmes
avec des Enfans de deux ou trois
mois , ils leur ouvrirent le ventre
, & y fourrerent ces miferables
Enfans. L'Electeur de Baviere
, & le Comte de Stratman ,
Chancelier de l'Empereur , qui
arriverent dans la Ville pendant
que l'on commettoit ces
ne pûrent les faire
ceffer qu'aprés des défenfes tres
rigoureufes , & plufieurs fois reïterées.
Le feu eftoit répandu par
tout , & avec le fang qui couloit
de tous coftez , il est aisé de
s'imaginer quel affreux Spectacle
offroit cette trifte Ville abandonnée
au pillage . Cependant
la principale Mofquée , qui
avoit efté autrefois l'Eglife de
Saint Etienne , Roy de Hongrie
, fut préfervée de l'embrafement,
208
Hiftoire du Siege
>
fement , ainfi qu'un grand Magafin
, dans lequel eftoient quantité
de vivres , & un autre plein
de poudres . Ces deux Magalins
furent confervez par les foins
du Commiffaire Rabata qui
eut là - deffus beaucoup de conduite
& de vigilance . On perdit
prés de deux cens hommes
à l'Attaque de Lorraine , avec
le Marquis de Spinola , Colonel
d'un Regiment d'Infanterie . Il
y eut trois cens cinquante Soldats
tuez à celle de Baviere , à
caufe d'un Fourneau que les Ennemis
y firent jouër . Le Comte
de Tartembac fut auffi tué à
cette Attaque , & le Comte de
Zacco , Major du Regiment
d'Alpremont , y fut bleffé à
mort ainfi que le Sieur Mon-
.ticolli , Capitaine dans le meſme
>
Re
de Bude . 209
Regiment. Ceux de Brandebourg
ne perdirent que cent
hommes , & le nombre des Blef
fez ne fut que de quatre cens
dans toutes les trois Attaques .
11 y eut plus de trois mille hommes
tuez ce jour- là - du cofté des
Affiegez . On jetta les corps des
Turcs & des Juifs dans la Riviere
, & les Chretiens furent enterrez.
Le Lieutenant du Bacha
dit qu'au commencement du Siege
la Garnifon eftoit de dix mille
Janiffaires , fans compter les Juifs
& les Habitans capables de porter
les armes , qui faifoient encore
plus de cinq mille hommes.
L'Aga des Janiffaires &
le Mufthi demeurerent prifonniers
avec ce Lieutenant du Bacha
, & plufieurs autres Offciers.
L'Aga fut donné au Prince
Char
210 Hiftoire du Siege
Charles. Cette conqueſte eft
d'autant plus glorienfe , qu'elle
s'eft faite à la veuë de l'Armée
des Ottomans , qui fans ofer rien
tenter , ont laiffé prendre une
Ville auffi importante que Bude,
& dont ils eftoient en poffeffion
dépuis cent quarante-cinq ans.
On dit que lors qu'ils connurent
que les Chreftiens y eftoient entrez
, ils s'arracherent la barbe
de defefpoir , & fe jetterent par
terre. Le foir ils fe retirerent à la
faveur de la nuit .
dans la Place trois à
On a trouvé
quatre cens
dont il dont y en
pieces de Canon ,
a quantité d'un fort grand calibre
, avec foixante Mortiers,
& un nombre incroyable de Boulets
, de Grenades , de Carcaffes ,
de Bombes , & d'autres Machines
de Guerre. On fit environ
deux
de Bude. 211
deux mille prifonniers , & l'on
prit plus de cent Juifs qui s'eftoient
refugiez dans leur Synagogue.
Le Prince Charles fit tout
ce qu'on peut attendre d'un
grand & experimenté Capitaine,
donnant les ordres par tout où
fa prefence eftoit neceffaire , &
n'oubliant rien de ce qui pouvoit
contribuer à l'heureux fuccés
de cette grande journée . L'Electeur
de Baviere s'y acquit
beaucoup de gloire , & fit
roiftre combien il eft intrepide
par la maniere dont il s'expofa
au feu. Tous les Volontaires
chercherent à fe fignaler à l'envy
les uns des autres , & le Prince
de Commercy donna d'éclatantes
marques de valeur &
de courage. Comme ils pouvoient
fe trouver par tout , le
pa-
Mar
212
Hiftoire du Siege
allerent
Marquis de Blanchefort , & le
Marquis de Souvray
dans tous les Poftes où le peril
eftoit le plus apparent. C'eſt ce
qu'ils avoient déja fait pendant
tout le Siege, n'ayant laiffé échaper
aucune occafion , quelque
dangereufe quelle fuft , fans y
courir avec une ardeur qui ne
fe peut exprimer. Le Prince
Louis de Bade receut un coup
de Moufquet qui luy éfleura la
chair. Il monta un des premiers
à l'affaut , & anima les Soldats
par fa valeur . Le Prince Euge
ne de Savoye , qui eft fon Coufin
Germain , ne fe diftingua
pas
moins. Il avoit cfté deftiné
à l'Eglife , mais le Chevalier de
Savoye , fon Frere , qui commandoit
un Regiment de Dragons
au fervice de l'Empereur,
eftant
de Bude .
2137
eftant mort au Siege de Vienne,
il refolut de quitter l'Etat Ecclefiaftique
, & s'eftant rendu en
pofte à ce mefme Siege aprés a--
voir efté faluër S. M. I. qui étoit '
à Lints , il s'y fignala , & acheva
la Campagne en qualité de Volontaire
, âgé feulement de dixneuf
ans. L'Empereur voulant
reconnoiftre la valeur de ce jeune
Prince , luy donna un Regiment
de Dragons , à la tefte duquel
il fervit la Campagne fui- :
vante , & fit des chofes au delà !
de fon âge à la prife de Strigonie,
& au premier Siege de Bude , où
il fut bleffé d'un coup de Moufquet
au bras. Aprés la Campa
gne, il alla voir le Duc de Savoye
Chef de fa Maifon , qui le receut
avec toutes les marques d'honneur
deuës à ſa naiffance & à fon
me
214 Hiftoire du Siege
merite. Il paffa de là à Veniſe , revint
à la Cour de l'Empereur , &
fe trouva àla Prife de Neuhaufel
& autres Places . Au retour.
de cette Campagne , quoy qu'il
n'euft alors que vingt & un an,
l'Empereur le fit General Major.
de fes Troupes fur la fin de l'année
derniere . Le Siege de Bude
ayant efté refolu , il fe rendit au
Camp des Impériaux pour y faire
les fonctions de cet employ , dont
il s'eft acquité avec toute la gloire
poffible.
Si-toft
que
la Place
eut eſté
prife
, le Prince
Antoine
de Neubourg
, Grand
Maiftre
de l'Or.
dre Teutonique
, & le Prince
de Commercy
partirent
pour
en
apporter
la nouvelle
, l'un à l'Empereur
, & l'autre
à l'Imperatrice
.
Doüairiere
, le Comte
de Sherini
,
de Bude. 215
rini , dépefché par l'Electeur de
Baviere , l'apporta à l'Electrice fa
Femme. Le Comte de Konigfeeck
fut auffi dépeſché par le
Prince Charles avec le grand
Drapeau des Turcs trouvé dans
Bude qu'il apporta au Prince Hereditaire
Imperial .
Le 3. le Prince Charles & les
Generaux vinrent au Quartier
de l'Electeur de Baviere , où le
Te Deum fut chanté au bruit des
Trompettes , des Timbales , &
des Canons , dont on fit faire trois
décharges autour des Lignes. On
mit auffi le feu aux Bombes qu'on
y avoit enterrées pour les Ennemis,
s'ils euffent ofé entreprendre
de les
attaquer.
Le 6. toute l'Armée partit en
bon ordre pour marcher du cofté
du Pont d'Effeck. On laiffa
dans
216 Hiftoire du Siege de Dude.
dans Bude les Regimens d'In-1
fanterie de Beck , de Salme &
de Diepenthal , avec des détachemens
des Alliez fous le
Commandement du Baron de
Beck .
F I
Fermer
Résumé : HISTOIRE DU SIEGE DE BUDE.
Le siège de Buda, capitale stratégique du royaume de Hongrie, fut marqué par plusieurs événements militaires significatifs. En 1526, après la mort du roi Louis II à la bataille de Mohács, Jean de Zapolya et Ferdinand de Bohême se disputèrent le trône. Ferdinand, soutenu par Charles Quint, prit Buda mais dut la rendre en 1529 après l'intervention de Soliman le Magnifique, qui rétablit Jean de Zapolya. À la mort de ce dernier, sa veuve Élisabeth envoya leur fils Étienne à Soliman, qui s'empara de Buda en 1541 sans combat. La ville resta sous domination ottomane jusqu'en 1686. Plusieurs sièges eurent lieu par la suite. En 1598 et 1602, l'archiduc Mathias échoua à prendre la citadelle. En 1684, le prince Charles de Lorraine commença un siège mais dut se retirer. Le cinquième et dernier siège, en 1686, fut mené par une armée chrétienne confédérée et aboutit à la prise de Buda, rétablissant ainsi la domination chrétienne sur la ville. Les préparatifs du siège de 1686 inclurent la revue des troupes et les travaux de circonvallation. Les attaques impériales et bavaroises désorganisèrent les batteries des assiégés, ouvrant une brèche dans la muraille. Les combats furent intenses, avec des pertes des deux côtés. Le 2 septembre 1686, les troupes impériales entrèrent dans Buda après une résistance farouche. Les pertes furent lourdes : les troupes de Brandebourg perdirent 100 hommes, les forces adverses 400, et 3 000 hommes furent tués du côté des assiégés. Les corps des Turcs et des Juifs furent jetés dans la rivière, tandis que les chrétiens furent enterrés. La garnison comptait 10 000 janissaires, 5 000 Juifs et habitants armés. Plusieurs officiers ottomans furent capturés. La conquête de Buda eut lieu sous les yeux de l'armée ottomane, qui se retira sans intervenir. Dans la ville, on découvrit 400 pièces de canon, 60 mortiers et une grande quantité de munitions. Environ 2 000 prisonniers furent faits, dont plus de 100 Juifs réfugiés dans leur synagogue. Le Prince Charles et l'Électeur de Bavière se distinguèrent par leur bravoure, ainsi que le Prince Eugène de Savoie. Après la prise de la ville, un Te Deum fut chanté pour célébrer la victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 11-57
Premier Article des morts, [titre d'après la table]
Début :
La pluspart des mes Lettres estant remplies de plusieurs Articles [...]
Mots clefs :
Général, Fils, Parlement, Saint, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Premier Article des morts, [titre d'après la table]
La plupart de mes Lettres
eftant remplies de plufieurs.
Articles de morts , rien n'étant plus ordinaire aux hommes , je me trouve obligé de
vous en parler prefque dés le
commencement de chaque
Lettre ; je commence par
quelques morts étrangeres
12 MERCURE
dans les Articles defquelles
vous trouverez des faits Hiftoriques affez curieux.
Le Pere Pierre Alemanni ,
Jefuite, eft mort en Toscane ,
à la fleur de fon âge ; mais
dans une grande opinion de
fainteté Les merveiles qui
ont éclaté à fa mort , & ce
qui s'eft fait à fon tombeau ,
ont même donné occafion de
compofer fa vie , qu'on
vient d'Imprimer en Italie . Il
avoit efté élevé dans la Maifon
du Grand Duc , & il avoit efté
Page d'honneur de ce Prince; il
ydonnoit déja, quoyqu'encore
GALANT 13
•
dans l'enfance , des efperances
du progrés qu'il feroit un jour
dans la vertu la plus fublime.
Retiré dans fa Chambre , &
fuyant le commerce fouvent
contagieux , de fes camarades ,
ont le furprenoit ſouvent dans
la pratique des exercices les
plus rigoureux de la Penitence
& dans la Meditation la plus.
profonde. Il connut bientoft la Cour eft un pays que
trop orageux& qu'il luy feroit
difficile d'y conferver longtemps fon innocence. Plein
de cette crainte falutaire , il
chercha un port plus affuré
14 MERCURE
dans le party qu'il prit ; il
devint en peu de temps l'exemple non-feulement de fes
jeunes Confreres , mais auffi
des plus anciens. Sa ferveur
augmentoit chaque jour ; il
netrouvoit rien dans les Obfervances de fa Regle, d'affez
penible & d'affez humiliant ;
ily ajoutoit de fecretes aufteritez , & une Meditation fi
continuelle qu'on avoit peine
à le tirer de fon Oratoire. Une
vertu fi rare a efté enviée àla
terre ; le Pere Alemanni avoit
à peine 30. ans que Dieu a
couronné fcs vertus . Il eftoit
GALANT 15
d'une illuftre famille de Tofcane qui s'eft fignalée par fa
fidelité pour la Maifon de
- Medicis. La Vie du Pere Alemanni , eft imprimée à Florence ; c'eft un vray chefd'œuvre de fpiritualité , & il
en eft peu de cette nature où
l'on parle avec tant d'onction
des voyes de Dieu. Les peintures y font vives & touchantes mais peu chargées ; les
Eloges fans eftre exceffifs donnent l'idée la plus avantageufe
du faint homme qui fait le
fujet de l'Ouvrage ; tout y
porte à la pieté & il eſt impoſ-
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceflament une feconde les merveilles qu'on dit qui ſe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faiſant ſouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe- Gotha , épouſe du Prince
d'Anhalt Zerbit, eft morteaux
eaux de Carelfbade en Boheme,
âgée de 34. ans ; c'eftoit une
tres belle perfonne , & qu'on
afortregrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneſt de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond eftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceffament une feconde les merveilles qu'on dit qui fe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faifant fouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17.
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe Gotha , époufe du Prince
d'Anhalt Zerbſt, eft morte aux
caux de Carelfbade enBoheme,
âgée de 34. ans ; c'eſtoit une
tres belle perfonne , & qu'on
fort regrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneft de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond cftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
18 MERCURE
neft; & Frederic Guillaume fon
frere aîné fit la branche d'Altemberg , qui finit il y a 37.
ans. Erneft dont defcendoit
Jean Guillaume , eftoit fils de
Frederic dit le Pacifique , qui
mourut en 1464. les autres
branches de la Maiſon de Saxe,.
font celles de Hall , Merfbourg , Naumbourg , Weymar , Eyfenach. Des Succeffeurs de Rodolfe , neveu du
fameux Witikind , le Duché
de Saxe paffa à la Maiſon de
Billingen , enfuite à celle de
Supplinberg enla perfonne de
Lothaire, qui fut depuis Em-
GALANT 19
pereur , & qui donna fa fille
avec la Saxe à Henry le Superbe Duc de Baviere ; & de celui - cy defcendent tous les
Princes de Saxc.
M' Wafferbach , Confeiller
de M' le Comte de Lippe , eft
mort depuis quelque temps.
Il eftoit un des plus fçavans
hommes de toute l'Allemagne , & fa mort fera pleurée
de plufieurs Sçavans , qui trouvoient ordinairement chez luy
des fonds inépuifables de fcience & d'érudition. Il avoit commencé à faire imprimer une
nouvelle édition des œuvres
Bij
20 MERCURE
de feu M'Herman Hamelmann
où il devoit inferer plufieurs
pieces de cet Auteur qui n'avoient pas encore eſté imprimées. Oncraint, & avec raiſon,
quecette mort n'apporte quelque retardement à cette nouvelle édition que tous les Sçavans attendent avec de vifs
empreffemens. Les principaux
ouvrages de M' Hamelmann
font , les Annales d'Oldembourg , quelques Genealogies.
& des Memoires fervant à
l'Hiftoire de la Reformation
de la Weftphalie , où eft fitué
la Ville & Comté de Lippe ,
GALANT 21
9
qui eftoit la Patrie de M' Waf
ferbach. Ce fçavant homme
avoit auffi deffein quand il eſt
mort de travailler à l'Hiftoire
du Concile que Charlemagne
fit celebrer à Lippe dans le
fiecle pour yfaire confacrer les
Evêques Saxons qu'il deftinoit
à l'inſtruction des Peuples de
Saxe qu'il avoir foûmis un fi
grand nombre de fois , & qui
aprés plufieurs revoltes furent
enfin obligez enfe foumettant
à la loy duvainqueur d'embraffer fa Religion. Je veux dire
de recevoir le Baptême. Mr
Wafferbah auroit relevé dans
22 MERCURE
cet ouvrage , l'erreur de quelques Auteurs qui ont attribué
ce Concile à la Ville de Lippe ,
qui eft en Tranffylvanie , trom
pez fans doute par la conformitédes noms.
M' Oginski petit General
de Lithuanie , & Starofte de
Samogitie , eft mort à Lublin.
Il eftoit d'une Maifon ancienne de Lithuanie , mais qui fous.
le regne de Jean III. du nom ,
s'eftoit fort élevée. Les circon..
ftances en font trop intereffantes pour n'eftre pas détaillées avec foin. La Maifon de
Sapia au commencement du
GALANT 23
regne de Jean III. eſtoit fort
rampante , & celle de Patz
tres-floriffante. Deux freres en
eftoient les Chefs , dont l'un
cftoit grand Chancelier & l'autre grand General. Ils ne confentirent qu'avec peine à l'élec
tion du grand Maréchal So
bieski au Trône de Pologne:
aprés la mort du Roy Michel.
Ce Prince monté fur le Trône
jugea que leur puiffance eftoit
trop grande & qu'elle avoit befoin de bornes. Il leur oppofa
les Sapia , qu'on difoit venir de
race Tartare. En peu de temps
le Roy les combla de biens &
24 MERCURE
de dignitez. L'aîné fut fait pe
tit General & Caftelan de Wilna; &le fecond grand Treforier , &un troifiéme qui reftoit
à pourvoir , grand Ecuyer , &
il eut le Palatinat de Polotzko ,
&quelque temps aprés le cadet
nommé le Onrioué, fut grandMaistre de l'Artillerie & Treforier de la Cour. Enfin pour
furcroift de bonne fortune
pour les Sapia , le grand General Patz mourut , & l'aîné Sapia fon ennemi declaré fut fait
grand General & eut le Palatinat de Wilna , vacant par la
mort du grand General Patz.
Le
GALANT 25
Le Grand Chancelier Patz
mourut auffi; &ainfi cette maifon étant entierement abbatuë
que le Roy devoit avoir lieu
de regretter , fur tout le Grand
General , qui foutint au fameuxCombat de Jurafno tout
l'effort des Turcs , les Sapia
s'enorgueillirent de leur exceffive puiffance , & commencerent à prendre des fentimens peu favorables à la Cour.
Alors le Roy de Pologne ,
réfolut de les abbaiffer ou du
moins de leur oppoſer quelque
Maiſon qui balançât l'autorité & la puiffance de la leur.
Mars 1710.
C
26 MERCURE
Ce Prince jetta les yeux fur
les Oginski ou Oguinski. Il
eftoient freres de noble &
ancienne famille à la verité ;
mais peu illuftrée par les dignitez. Il fit l'aîné Palatin de
Trok , qui eft le troifiéme
Senateur du Grand Duché , &
enfuite Grand Chancelier ;
l'autre eut le Bâton de petic
General avec le Caftelenat de
Wilna. Ce dernier mourut
deux ans aprés , & l'autre en
1690. n'ayant marqué ni
l'un ni l'autre la fermeté que
le Roy attendoit d'eux contre
la puiffance des Seigneurs
GALANT 27
Lithuanois oppofez à la
Maifon Sobieski. C'eft des
>.
,
deux Oginski , que defcendoit
le petit General de Lithuanie ,
dont je vous apprens la mort
& dont les démêlez avec les
Sapia ont fait tant d'éclat
depuis quelques années , que
toutes les nouvelles publiques.
en ont parlé. Les Oginski
furem plus reconnoiſſans pour
leur bienfaiteur que les Sapia ,
ou Sapieha , ( car on écrit de
ces deux manieres ) & leur
pofterité a toujours etté fidelle
non-feulement à la Maiſon
Royale Sobieski ; mais auffi
Cij
28 MERCURE
aux veritables interefts de la
Republique. Celuy dont je
vous apprens la mort en a
donné des preuves qui luy
font beaucoup d'honneur
dans les differentes irruptions
que les Mofcovites ont faites
en Pologne. Ce General a
efté fort regretté en Lithuanie
oùil eftoit fort aimé, fur tout
de la haute Nobleffe.
La Sœur de Sainte Madelaine de Sylvecane , Religieufe
de l'Ordre de Saint Benoift
dans l'Abbaye de Chazaut de
Lyon , y eft morte dans de
grands fentimens de pieté &
CALANT 29
dans la réputation d'une vertu
bien épurée. Cette Dame
avoit fait de grands progrés
dans la vie Miftique , & le
détachement parfait où elle
avoit toujours paru depuis
fon entrée dans la Religion ,
de toutes les chofes dumonde,
luy avoit fait un grand nom
parmy les Devots du premier
ordre , je veux dire , parmy
ceux qui s'attachent à là contemplation. Elle eftoit la
feconde des trois fœurs du
nom de Sylvecane qui font
dans l'Abbaye de Chazaut ,
toutes trois diftinguées par
Cij
30 MERCUR
leur vertu & par leur merite.
Mede Saint Conftant fur tout
qui eft l'aînée a l'efprit tresbrillant & tres cultivé. Ces
Dames font foeurs de Mr de
Sylvecane Prefident de la
Cour des Monnoyes de Paris ,
& de Me de Chaponey mere
de Me la Senechale de Lyon;
elles font auffi fœurs de Mc
Bultaut , qui demeure à Paris ;
toutes ces Dames enfin font
filles de feu Mr le Prefident
de Sylvecane Intendant &
Directeur General de la Monnoye de Lyon , un des plus
grands hommes de fon temps
GALANT 31
de quelque côté qu'on l'envifage. Il a donné au Public
une Traduction de Juvenal ,
qui eft tres- eftimée. La délicateffe de fa verfification prouve la facilité de fon genie. C'eſt
un homme rare que tous les
Sçavans de fon temps ont
celebré à l'envy. Il avoit eſté
Prevôt des Marchands de
Lyon. La Sœur de Sainte Madelaine eft morte à la fleur de
fon âge fort regrettée de fa
munauté.
re
C
Dame Anne le Gras , veuve
de M François - Gafpard de
Montmorin, Marquis de Saint
C
iiij
32 MERCURE
Heran, Gouverneur de Fontainebleau , eft morte âgée de 85.
ans. Elle eftoit d'une ancienne
famille de la Robe , connuë
dans le Parlement depuis prés
de trois ficcles , & au commencement qu'il fut rendu ſedentaire. Mla Marquife de SaintHerana paffé fa vie dans l'exercice des verrus chreftiennes , &
Dieu a recompenſé une conduite pure & reguliere qui a
caracterifé toutes les actions ,
par une famille dont elle a cu
de grands fujets d'eftre fatisfaite. M' le Marquis de SaintHeran fon fils eft aujourd'huy
GALANT 33
Gouverneur de Fontainebleau,
& il foutient cet employ avec
beaucoup de dignité & des manieres fort nobles. La Maiſon
dont il eft le chefeft tres - ancienne &fort illuftrée. Anne de
Montmorin , fille de Charles ,
Chevalier , Seigneur de Montmorinépoufa en 1475. Henry
d'Albon Seigneur de Saint Forgeux . Les Memoires de la Maifon d'Albon parlent avantageufement de cette Dame qui
fur grand- mere du celebre Antoine d'Albon Archevêque de
Lyon & Lieutenant de Roy au
Gouvernement du Lyonnois &
34 MERCURE
quabifayeule de Pierre d'Efpinac ,
le plus grand Ligueur de fon
temps , auffi Archevêque de
la même Ville. Françoiſe de
Montmorin , fille de noble &
puiffant Seigneur ( c'eſt la
Lité qu'il prenoit ) Claude de
Montmorin , Chevalier , Seigneur de Luppiat, Baron de la
Tarriere , S. Bonnet & de Pertus, & de Catherine de Joyeufe , époufa dans les dernieres
années du 16° fiecle Louis de
la Barge grand pere de Me la
Comteffe doüairiere de Mongon , & d'une illuftre Maiſon
d'Auvergne qui a donné cinq
GALANT 35
Comtes à l'Eglife de Lyon.
Feu Mr le Comte de la Barge
qui avoit époufé Catherine
d'Albon , fille aînée de GilbertAntoine d'Albon , Chevalier
d'Honneur de Madame la Ducheffe d'Orleans , Comte de
Chazeul , & de Dame Charlotte Bouteiller , eftoit petitfils de Françoiſe de Montmorin. Jean - Baptifte de la Barge
fon fils qui époufa Jeanne de
Canillac fut Chevalier de
l'Ordre du Roy , Gentilhomme ordinaire de fa Chambte ,
& fon Lieutenant general au
Gouvernement d'Auvergne.
36 MERCURE
La Maifon de Montmorin
porte pour Armoiries de Gueules femé de mollettes d'éperon
d'argent au Lyon de même ,
brochant fur le tout. M' l'Archevêque de Vienne , ci - devant Evêque de Die , & auparavant de l'Ordre des Feüillans , cft de cette Maifon. Il
eft frere de Me la Comteffe de
Gamaches ; & il joint à une
naiſſance illuſtre une pieté , un
zele dans les fonctions de fon
Miniftere, & un amour propre
pour les Pauvres qui le rendent
encore plus recommandable.
Mre N... Amable Faydit ,
GALANT 37
Preftre , connu dans la Republique des Lettres par quantité
d'ouvrages fortis de fa plume,
eft mort à Riom âgé de prés
de 70. ans. Il avoit paffé une
partie de fa jeuneffe dans la
Congregation de l'Oratoire ,
où les talens particuliers, joints
àune profonde érudition , luy
avoient attiré beaucoup d'admirateurs. Il y avoit profeffé
les Humanitez & même la Philofophie avecbeaucoup de fuccés & d'applaudiffement , & il
cut au nombre de fes diſciples
d'illuftres perfonnes qui font
aujourd'huy Patrons des Gens
"
38 MERCURE
de Lettres. Cet Abbé eftoit
forti de cette Congregation à
laquelle , comme on fçait , on
n'eft jamais attaché par aucun
engagement ; il compoſa plufieurs ouvrages aprés s'eftre retiré auprés de M' Lizot ancien
Curé de Saint Severin fonami
particulier. Il donna d'abord
quelques reflexions fur le premier volume des Memoires de
Mr de Tillemont , & il intitula
cet ouvrage , Memoire des Memoires , &c. Ce Livre fit beaucoup de bruit ; le Traité qu'il
donna enfuite fur la Trinité ,
n'en fit pas moins ; le P. Hugo
>
GALANT 39
Chanoine Regulier de l'Ordre
de Saint Auguſtin de la Congregation de Prémontré , attaqua cet ouvrage , & cette critique produifit quelques réponſes où Mr l'Abbé Faydit
expliquoit ce qu'il avoit voulu dire en excluant de l'Effence de Dieu une unité numerique , & en n'y admettant
qu'une unité fpecifique. La
Preſbyteromachie eſt auſſi un petit ouvrage de ce fçavant Abbé fur le Quietisme , dont il
a cfté un rude Adverfaire. Il
adreffa enfuire une Lettre à un
Prieur des Carmes déchauffez
40 MERCURE
contre la Tradition qu'onimpute aux Religieux de cet Ordre , d'avoir foutenu que Pythagore a efté de leur Ordre.
Cette Lettre eft inferée dans
un des Supplémens des Effais de
Litterature. Il fe chargea peu
aprés de continuer ce même
Supplément, & il en donna quelques volumes remplis d'une
grande érudition & d'une fine
critique. Il a fait auffi plufieurs
autres ouvrages , & il eft mort
la plume à la main. Il eftoit
preft de donner une Critique
generale des ouvrages de Mr le
Clerc, lorſqu'il cft allé luy-mê-
GALANT 41
me rendre compte de fes fentimens & de fa doctrine à celuy qui juge tous les hommes.
Il ne bornoit pas fes talens à
faire des Livres ; il eftoit Predicateur & excellent Predicateur;
dans le temps des affaires de
l'Affemblée du Clergé de France de 1682. il fit un Sermon
dans l'Eglife de Sainte Opportune , qui luy fit beaucoup
d'honneur. Il y a long temps
qu'on attend fes Difcours Polemiques qu'il promettoit depuis plufieurs années. Il eftoit
d'une tres- ancienne famille de
Riom qui a donné à certe VilMars 1710.
D
42 MERCURE
le-là pendant plus de trois cens
ans de pere en fils des Avocats
celebres , y en ayant encore actuellement de ce nom qui exercent avec éclat cette noble Profeffion. Cet Abbé eftoit proche parent de Mr Faydit de
Graville Confeiller au Prefidial de Riom , mort âgé de 8 3.
ans en 1694. Ce Magiftrat
avoit beaucoup contribué à la
compofition des doctes écrits
du P. Sirmond, Confeffeur de
Louis XIII. dont Mr l'Abbé
Faydit avoit l'honneur d'eftre
petit -neveu. Tous les Faydit
defcendent de Faydit Damoi
GALANT 43
feau de Jurgals dans le Vicomté de Turenne , & frere du fameux Jurifconfulte Faydit . Ils
vivoient au commencement
du 14. fiecle. Il y a eu un Cardinal Faydit qu'on croit de cette famille.
M Jean Doujat Doyen
du Parlement , eft mort âgé
de 89. ans & demy, regretté
univerfellement de tous fes
Confreres. Il avoit efté reçû
Confeiller au Parlement le 30.
Aouft 1647. & il a exercé
cette Charge un peu plus de
63. ans puifqu'il eft mort le 18.
Janvier de cette année ( 1710. )
Dij
44 MERCURE
Il eftoit d'une ancienne famille
connue dans le Parlement depuis deux ou trois ficcles . Elle
produifit dans le commencement du dernier fiecle un
celebre Profeffeur de Jurifpru.
dence, dont le nom eft aujourd'huy devenu celebre parmy
tous les Jurifconfultes. Il ya
aujourd'huy deux branches
de la famille des Doujats. Celuy qui vient de mourir eſtoit
Chef de la premiere. Il laiffe
un fils Maiftre des Requeſtes ,
depuis l'année 1701 .
c'eft
Mre Jean Charles Doujat
cy- devant Intendant de Bor-
GALANT 45
deaux & aujourd'huy de Poitiers. Le Chef de la feconde
branche eft Mre Jofeph- Joachim - François Doujat , reçû
Confeiller au Chaftelet en
1697. & frere de Dame N...
Doujat épouse de Jean François le Boindre , fixiéme Confeiller de la premiere Chambre
des Enqueftes , & reçû dans
le Parlement en 1689. Mr
Doujat leur pere , eftoit Contrôlleur General de la Maiſon
du Roy. La famille de Mrs
Doujat , eft fortie par les femmes de celles des Longüeil ,
de Maiſons , & de Nicolaï.
›
46 MERCURE
Celle de Fieubet Launac
tient auffi par une alliance à
celle de Doujat.
Mre Jean le Nain , SousDoyen du Parlement , eft devenu par cette mort Doyen
du même Corps ; il eſt beaufrere de Mre Paul Portail,
feptiéme Confeiller de la
Grand Chambre , & pere de
feu Mr le Nain , premier Avocat General du Parlement
mort depuis quelques mois.
Mr le Nain fut reçû dans le
Parlement le deuxième deJuin
l'an 1655. il eft frere de feu
Mr de Tillemont Auteur
GALANT 47
de l'Hiftoire Ecclefiaftique des
fix premiers ficcles de l'Eglife ,
écrite avec tant de methode
& de netteté , &frere du Pere
le Nain Sous-prieur de l'Abbaye de la Trape. La famille
de Mrs le Nain , eft dans une
grande confideration dans le
Parlement depuis plus de trois
fiecles. Elle a toûjours eu pour
Chefs d'illuftres Magiftrats ,
qui fe font diftinguez par leur
zele pour la Patrie , & parune
probité & une droiture dignes
des premiers temps dans l'adminiſtration de la Juftice.
Mre Gafpard Brayer , Sous-
48 MERCURE
4.
Doyen de la troifiéme Cham
bre des Enqueftes , eſt monté
à la grande -Chambre par le
mouvement qu'a fait la mort
du Doyen. Il y a un peu plus
detrente cinqans qu'il eft Confeiller , y ayant efté reçu le
Janvier de l'année 1675. Mr
Brayer eft tres - eftimé dans le
Parlement ; le fuccés qu'il a eu
dans la conduite de plufieurs
affaires d'une difficile difcuffion , luy a attiré une grande
réputation dans cet illuftre
Corps. Il a environ foixante
ans.
Dame Elifabeth de Hantecourt ,
GALANT 49
court , veuve de Mr Eftienne
le Tonnellier , Confeiller du
Roy & Maiftre ordinaire en
fa Chambre des Comptes , eft
morte âgée de 78. ans , dans de
grands fentimens de pieté , &
dans l'exercice des vertus qu'elle a pratiquées durant le cours
d'une longue vie. Sa charité &
fon amour pour les Pauvres
font les vertus qui l'ont le plus
diftinguée. On luy connoiffoit
un fi grand zele pour leur foulagement , & un fi grandfond
delumieres fur tout ce qui pouvoit contribuer à adoucir leurs
maux , qu'on l'a continuée
Mars 1710.
.
E
50 MERCURE
prefque pendant toute fa vie
Dame de la Charité de fa Paroiffe , parce qu'on eftoit perfuadé que les interefts des Pauvres ne pouvoient eftre en de
meilleures mains. L'inclination
qu'elle a marquée toute ſa vie
pour eux , l'avoit liée depuis
plufieurs années avec M° Trudaine mere de M° Voifin &de
M' l'Intendante de Lyon , &
ces deux illuftres Amies picquées d'une fainte émulation
s'excitoient continuellement
aux emplois de charité. Enfin le
foulagement des Pauvres & la
pratiquedes vertus propres aux
GALANT 51
Veuves chreftiennes , eftoit le
fondement de leur liaiſon. M
le Tonnellier eftoit proche parente de M' de Hantecourt ,
Chancelier de l'Univerfité de
Paris & Curé de Saint Etienne
du Mont , l'un des plus dignes
fujets de la Congregation de
Sainte Geneviève. La famille de
Mrs de Hantecourt eft fort ancienne dans le Parlement. M
le Tonnellier laiffe trois fils.
L'aîné eft Pierre Eftienne leTonnellier , Seigneur de Charmaux Confeiller au grand
Confeil , où il fut reçu en l'année 1691. Il eſt du Semestre
E ij
$2 MERCURE
d'Eté. Il a beaucoup de merite & il a acquis une folide
réputation dans l'exercice de
fa Charge. Il fit autrefois le
voyage d'Italie avec Mr Trudaine Intendant de Lyon , M
Trudaine & M° le Tonnellier
ayant voulu que leurs enfans
qui avoient toûjours efté fort
unis , ne fe féparaffent point
dans ce voyage. Ces deux Magiftrats reçurent de grands
honneurs de plufieurs perfonnes de diſtinction des princi- ·
pales Villes d'Italie. Le fecond
fils de Mele Tonnellier eft M
le Tonnellier Docteur de Sor-
GALANT 53
bonne, Chanoine Regulier de
l'Ordre de Saint Auguftin &
Prieur de l'Abbaye de S. Victor pour la troifiéme fois. C'eſt
un homme d'un grand merite ,
& qui eft eftimé dans fa Congregation;le troifiéme eſt Dom
Paſcal le Tonnellier Chartreux de Paris , Religieux connu par fes talens , & fur tour.
par la connoiffance des LanM's le Tonnelier font de
la même Maifon que M's de
Breteüil. Ily a eu un Controlleur general des Finances de
leur maison. Ils font parens
de M's Charpentier dont je
gues.
E iij
54 MERCURE
vous ay fouvent parlé.
MN..... d'Agoult , Seigneur de Chanoufle , cft mort
dans fes terres en Dauphiné.
Il eftoit iffu de François d'Agoult , Seigneur de Montiay
& de Chanouffe , & de Françoife de Virieu , d'une Maiſon
qui a donné des Ambaffadeurs
à la France. Cette Dame eftoir
fille de François de Virieu , Seigneur de Puppetieres , & de
Gafparde Prunier Saint André,
famille dont eftoit feu M' de
Saint André Ambaffadeur à
Venife & premier Prefident au
Parlement de Grenoble. Bar-
GALANT 55
thelemy d'Agoult , fecond fils
de François d'Agoult , & de
Jamonne de Revilafe , a formé
cette branche de l'illustre Maifon d'Agoule dans le penultiéme fiecle. Il époufa Françoiſe
de Remufac de qui vint François d'Agoult époux d'Anne
d'Autanne pere d'Antoine
qui de Claire de Morges a cu
le pere de feu Mr le Comte de Chanouffe. On prétend'
que le chefde l'illuftre Maiſon
d'Agoult fut un Agoult du
Loup, provenu des amours du
Prince de Goulnaud & de la
Princeffe de Pomeranie , &
E iiij
56 MERURE
qu'ayant efté expofé , il fut
nourripar une Louve, & qu'enfuiteHenryII . Empereur fit ce
SeigneurMaréchal de l'Empire
&luy infeoda la Terre de Sault,
qui eft entrée dans la Maiſon
de Crequy par Chreftienne
d'Aguerre , qui aprés avoir
perdu Antoine Duc de Crequy
fon mary , épousa FrançoisLouis d'Agoult , Comte de
Sault , Chevalier des Ordres du
Roy, dont elle eut cette Terre
• pour les droits , qu'elle laiſſa à
M' le Maréchal de Lefdiguieres fon fils du premier lit. La
Maiſon de Simianes d'aujour-
GALANT 57
d'huy eft une branche de celle
d'Agoult , une des plus illuf
tres & des plus anciennes du
Royaume.
eftant remplies de plufieurs.
Articles de morts , rien n'étant plus ordinaire aux hommes , je me trouve obligé de
vous en parler prefque dés le
commencement de chaque
Lettre ; je commence par
quelques morts étrangeres
12 MERCURE
dans les Articles defquelles
vous trouverez des faits Hiftoriques affez curieux.
Le Pere Pierre Alemanni ,
Jefuite, eft mort en Toscane ,
à la fleur de fon âge ; mais
dans une grande opinion de
fainteté Les merveiles qui
ont éclaté à fa mort , & ce
qui s'eft fait à fon tombeau ,
ont même donné occafion de
compofer fa vie , qu'on
vient d'Imprimer en Italie . Il
avoit efté élevé dans la Maifon
du Grand Duc , & il avoit efté
Page d'honneur de ce Prince; il
ydonnoit déja, quoyqu'encore
GALANT 13
•
dans l'enfance , des efperances
du progrés qu'il feroit un jour
dans la vertu la plus fublime.
Retiré dans fa Chambre , &
fuyant le commerce fouvent
contagieux , de fes camarades ,
ont le furprenoit ſouvent dans
la pratique des exercices les
plus rigoureux de la Penitence
& dans la Meditation la plus.
profonde. Il connut bientoft la Cour eft un pays que
trop orageux& qu'il luy feroit
difficile d'y conferver longtemps fon innocence. Plein
de cette crainte falutaire , il
chercha un port plus affuré
14 MERCURE
dans le party qu'il prit ; il
devint en peu de temps l'exemple non-feulement de fes
jeunes Confreres , mais auffi
des plus anciens. Sa ferveur
augmentoit chaque jour ; il
netrouvoit rien dans les Obfervances de fa Regle, d'affez
penible & d'affez humiliant ;
ily ajoutoit de fecretes aufteritez , & une Meditation fi
continuelle qu'on avoit peine
à le tirer de fon Oratoire. Une
vertu fi rare a efté enviée àla
terre ; le Pere Alemanni avoit
à peine 30. ans que Dieu a
couronné fcs vertus . Il eftoit
GALANT 15
d'une illuftre famille de Tofcane qui s'eft fignalée par fa
fidelité pour la Maifon de
- Medicis. La Vie du Pere Alemanni , eft imprimée à Florence ; c'eft un vray chefd'œuvre de fpiritualité , & il
en eft peu de cette nature où
l'on parle avec tant d'onction
des voyes de Dieu. Les peintures y font vives & touchantes mais peu chargées ; les
Eloges fans eftre exceffifs donnent l'idée la plus avantageufe
du faint homme qui fait le
fujet de l'Ouvrage ; tout y
porte à la pieté & il eſt impoſ-
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceflament une feconde les merveilles qu'on dit qui ſe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faiſant ſouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe- Gotha , épouſe du Prince
d'Anhalt Zerbit, eft morteaux
eaux de Carelfbade en Boheme,
âgée de 34. ans ; c'eftoit une
tres belle perfonne , & qu'on
afortregrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneſt de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond eftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceffament une feconde les merveilles qu'on dit qui fe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faifant fouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17.
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe Gotha , époufe du Prince
d'Anhalt Zerbſt, eft morte aux
caux de Carelfbade enBoheme,
âgée de 34. ans ; c'eſtoit une
tres belle perfonne , & qu'on
fort regrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneft de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond cftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
18 MERCURE
neft; & Frederic Guillaume fon
frere aîné fit la branche d'Altemberg , qui finit il y a 37.
ans. Erneft dont defcendoit
Jean Guillaume , eftoit fils de
Frederic dit le Pacifique , qui
mourut en 1464. les autres
branches de la Maiſon de Saxe,.
font celles de Hall , Merfbourg , Naumbourg , Weymar , Eyfenach. Des Succeffeurs de Rodolfe , neveu du
fameux Witikind , le Duché
de Saxe paffa à la Maiſon de
Billingen , enfuite à celle de
Supplinberg enla perfonne de
Lothaire, qui fut depuis Em-
GALANT 19
pereur , & qui donna fa fille
avec la Saxe à Henry le Superbe Duc de Baviere ; & de celui - cy defcendent tous les
Princes de Saxc.
M' Wafferbach , Confeiller
de M' le Comte de Lippe , eft
mort depuis quelque temps.
Il eftoit un des plus fçavans
hommes de toute l'Allemagne , & fa mort fera pleurée
de plufieurs Sçavans , qui trouvoient ordinairement chez luy
des fonds inépuifables de fcience & d'érudition. Il avoit commencé à faire imprimer une
nouvelle édition des œuvres
Bij
20 MERCURE
de feu M'Herman Hamelmann
où il devoit inferer plufieurs
pieces de cet Auteur qui n'avoient pas encore eſté imprimées. Oncraint, & avec raiſon,
quecette mort n'apporte quelque retardement à cette nouvelle édition que tous les Sçavans attendent avec de vifs
empreffemens. Les principaux
ouvrages de M' Hamelmann
font , les Annales d'Oldembourg , quelques Genealogies.
& des Memoires fervant à
l'Hiftoire de la Reformation
de la Weftphalie , où eft fitué
la Ville & Comté de Lippe ,
GALANT 21
9
qui eftoit la Patrie de M' Waf
ferbach. Ce fçavant homme
avoit auffi deffein quand il eſt
mort de travailler à l'Hiftoire
du Concile que Charlemagne
fit celebrer à Lippe dans le
fiecle pour yfaire confacrer les
Evêques Saxons qu'il deftinoit
à l'inſtruction des Peuples de
Saxe qu'il avoir foûmis un fi
grand nombre de fois , & qui
aprés plufieurs revoltes furent
enfin obligez enfe foumettant
à la loy duvainqueur d'embraffer fa Religion. Je veux dire
de recevoir le Baptême. Mr
Wafferbah auroit relevé dans
22 MERCURE
cet ouvrage , l'erreur de quelques Auteurs qui ont attribué
ce Concile à la Ville de Lippe ,
qui eft en Tranffylvanie , trom
pez fans doute par la conformitédes noms.
M' Oginski petit General
de Lithuanie , & Starofte de
Samogitie , eft mort à Lublin.
Il eftoit d'une Maifon ancienne de Lithuanie , mais qui fous.
le regne de Jean III. du nom ,
s'eftoit fort élevée. Les circon..
ftances en font trop intereffantes pour n'eftre pas détaillées avec foin. La Maifon de
Sapia au commencement du
GALANT 23
regne de Jean III. eſtoit fort
rampante , & celle de Patz
tres-floriffante. Deux freres en
eftoient les Chefs , dont l'un
cftoit grand Chancelier & l'autre grand General. Ils ne confentirent qu'avec peine à l'élec
tion du grand Maréchal So
bieski au Trône de Pologne:
aprés la mort du Roy Michel.
Ce Prince monté fur le Trône
jugea que leur puiffance eftoit
trop grande & qu'elle avoit befoin de bornes. Il leur oppofa
les Sapia , qu'on difoit venir de
race Tartare. En peu de temps
le Roy les combla de biens &
24 MERCURE
de dignitez. L'aîné fut fait pe
tit General & Caftelan de Wilna; &le fecond grand Treforier , &un troifiéme qui reftoit
à pourvoir , grand Ecuyer , &
il eut le Palatinat de Polotzko ,
&quelque temps aprés le cadet
nommé le Onrioué, fut grandMaistre de l'Artillerie & Treforier de la Cour. Enfin pour
furcroift de bonne fortune
pour les Sapia , le grand General Patz mourut , & l'aîné Sapia fon ennemi declaré fut fait
grand General & eut le Palatinat de Wilna , vacant par la
mort du grand General Patz.
Le
GALANT 25
Le Grand Chancelier Patz
mourut auffi; &ainfi cette maifon étant entierement abbatuë
que le Roy devoit avoir lieu
de regretter , fur tout le Grand
General , qui foutint au fameuxCombat de Jurafno tout
l'effort des Turcs , les Sapia
s'enorgueillirent de leur exceffive puiffance , & commencerent à prendre des fentimens peu favorables à la Cour.
Alors le Roy de Pologne ,
réfolut de les abbaiffer ou du
moins de leur oppoſer quelque
Maiſon qui balançât l'autorité & la puiffance de la leur.
Mars 1710.
C
26 MERCURE
Ce Prince jetta les yeux fur
les Oginski ou Oguinski. Il
eftoient freres de noble &
ancienne famille à la verité ;
mais peu illuftrée par les dignitez. Il fit l'aîné Palatin de
Trok , qui eft le troifiéme
Senateur du Grand Duché , &
enfuite Grand Chancelier ;
l'autre eut le Bâton de petic
General avec le Caftelenat de
Wilna. Ce dernier mourut
deux ans aprés , & l'autre en
1690. n'ayant marqué ni
l'un ni l'autre la fermeté que
le Roy attendoit d'eux contre
la puiffance des Seigneurs
GALANT 27
Lithuanois oppofez à la
Maifon Sobieski. C'eft des
>.
,
deux Oginski , que defcendoit
le petit General de Lithuanie ,
dont je vous apprens la mort
& dont les démêlez avec les
Sapia ont fait tant d'éclat
depuis quelques années , que
toutes les nouvelles publiques.
en ont parlé. Les Oginski
furem plus reconnoiſſans pour
leur bienfaiteur que les Sapia ,
ou Sapieha , ( car on écrit de
ces deux manieres ) & leur
pofterité a toujours etté fidelle
non-feulement à la Maiſon
Royale Sobieski ; mais auffi
Cij
28 MERCURE
aux veritables interefts de la
Republique. Celuy dont je
vous apprens la mort en a
donné des preuves qui luy
font beaucoup d'honneur
dans les differentes irruptions
que les Mofcovites ont faites
en Pologne. Ce General a
efté fort regretté en Lithuanie
oùil eftoit fort aimé, fur tout
de la haute Nobleffe.
La Sœur de Sainte Madelaine de Sylvecane , Religieufe
de l'Ordre de Saint Benoift
dans l'Abbaye de Chazaut de
Lyon , y eft morte dans de
grands fentimens de pieté &
CALANT 29
dans la réputation d'une vertu
bien épurée. Cette Dame
avoit fait de grands progrés
dans la vie Miftique , & le
détachement parfait où elle
avoit toujours paru depuis
fon entrée dans la Religion ,
de toutes les chofes dumonde,
luy avoit fait un grand nom
parmy les Devots du premier
ordre , je veux dire , parmy
ceux qui s'attachent à là contemplation. Elle eftoit la
feconde des trois fœurs du
nom de Sylvecane qui font
dans l'Abbaye de Chazaut ,
toutes trois diftinguées par
Cij
30 MERCUR
leur vertu & par leur merite.
Mede Saint Conftant fur tout
qui eft l'aînée a l'efprit tresbrillant & tres cultivé. Ces
Dames font foeurs de Mr de
Sylvecane Prefident de la
Cour des Monnoyes de Paris ,
& de Me de Chaponey mere
de Me la Senechale de Lyon;
elles font auffi fœurs de Mc
Bultaut , qui demeure à Paris ;
toutes ces Dames enfin font
filles de feu Mr le Prefident
de Sylvecane Intendant &
Directeur General de la Monnoye de Lyon , un des plus
grands hommes de fon temps
GALANT 31
de quelque côté qu'on l'envifage. Il a donné au Public
une Traduction de Juvenal ,
qui eft tres- eftimée. La délicateffe de fa verfification prouve la facilité de fon genie. C'eſt
un homme rare que tous les
Sçavans de fon temps ont
celebré à l'envy. Il avoit eſté
Prevôt des Marchands de
Lyon. La Sœur de Sainte Madelaine eft morte à la fleur de
fon âge fort regrettée de fa
munauté.
re
C
Dame Anne le Gras , veuve
de M François - Gafpard de
Montmorin, Marquis de Saint
C
iiij
32 MERCURE
Heran, Gouverneur de Fontainebleau , eft morte âgée de 85.
ans. Elle eftoit d'une ancienne
famille de la Robe , connuë
dans le Parlement depuis prés
de trois ficcles , & au commencement qu'il fut rendu ſedentaire. Mla Marquife de SaintHerana paffé fa vie dans l'exercice des verrus chreftiennes , &
Dieu a recompenſé une conduite pure & reguliere qui a
caracterifé toutes les actions ,
par une famille dont elle a cu
de grands fujets d'eftre fatisfaite. M' le Marquis de SaintHeran fon fils eft aujourd'huy
GALANT 33
Gouverneur de Fontainebleau,
& il foutient cet employ avec
beaucoup de dignité & des manieres fort nobles. La Maiſon
dont il eft le chefeft tres - ancienne &fort illuftrée. Anne de
Montmorin , fille de Charles ,
Chevalier , Seigneur de Montmorinépoufa en 1475. Henry
d'Albon Seigneur de Saint Forgeux . Les Memoires de la Maifon d'Albon parlent avantageufement de cette Dame qui
fur grand- mere du celebre Antoine d'Albon Archevêque de
Lyon & Lieutenant de Roy au
Gouvernement du Lyonnois &
34 MERCURE
quabifayeule de Pierre d'Efpinac ,
le plus grand Ligueur de fon
temps , auffi Archevêque de
la même Ville. Françoiſe de
Montmorin , fille de noble &
puiffant Seigneur ( c'eſt la
Lité qu'il prenoit ) Claude de
Montmorin , Chevalier , Seigneur de Luppiat, Baron de la
Tarriere , S. Bonnet & de Pertus, & de Catherine de Joyeufe , époufa dans les dernieres
années du 16° fiecle Louis de
la Barge grand pere de Me la
Comteffe doüairiere de Mongon , & d'une illuftre Maiſon
d'Auvergne qui a donné cinq
GALANT 35
Comtes à l'Eglife de Lyon.
Feu Mr le Comte de la Barge
qui avoit époufé Catherine
d'Albon , fille aînée de GilbertAntoine d'Albon , Chevalier
d'Honneur de Madame la Ducheffe d'Orleans , Comte de
Chazeul , & de Dame Charlotte Bouteiller , eftoit petitfils de Françoiſe de Montmorin. Jean - Baptifte de la Barge
fon fils qui époufa Jeanne de
Canillac fut Chevalier de
l'Ordre du Roy , Gentilhomme ordinaire de fa Chambte ,
& fon Lieutenant general au
Gouvernement d'Auvergne.
36 MERCURE
La Maifon de Montmorin
porte pour Armoiries de Gueules femé de mollettes d'éperon
d'argent au Lyon de même ,
brochant fur le tout. M' l'Archevêque de Vienne , ci - devant Evêque de Die , & auparavant de l'Ordre des Feüillans , cft de cette Maifon. Il
eft frere de Me la Comteffe de
Gamaches ; & il joint à une
naiſſance illuſtre une pieté , un
zele dans les fonctions de fon
Miniftere, & un amour propre
pour les Pauvres qui le rendent
encore plus recommandable.
Mre N... Amable Faydit ,
GALANT 37
Preftre , connu dans la Republique des Lettres par quantité
d'ouvrages fortis de fa plume,
eft mort à Riom âgé de prés
de 70. ans. Il avoit paffé une
partie de fa jeuneffe dans la
Congregation de l'Oratoire ,
où les talens particuliers, joints
àune profonde érudition , luy
avoient attiré beaucoup d'admirateurs. Il y avoit profeffé
les Humanitez & même la Philofophie avecbeaucoup de fuccés & d'applaudiffement , & il
cut au nombre de fes diſciples
d'illuftres perfonnes qui font
aujourd'huy Patrons des Gens
"
38 MERCURE
de Lettres. Cet Abbé eftoit
forti de cette Congregation à
laquelle , comme on fçait , on
n'eft jamais attaché par aucun
engagement ; il compoſa plufieurs ouvrages aprés s'eftre retiré auprés de M' Lizot ancien
Curé de Saint Severin fonami
particulier. Il donna d'abord
quelques reflexions fur le premier volume des Memoires de
Mr de Tillemont , & il intitula
cet ouvrage , Memoire des Memoires , &c. Ce Livre fit beaucoup de bruit ; le Traité qu'il
donna enfuite fur la Trinité ,
n'en fit pas moins ; le P. Hugo
>
GALANT 39
Chanoine Regulier de l'Ordre
de Saint Auguſtin de la Congregation de Prémontré , attaqua cet ouvrage , & cette critique produifit quelques réponſes où Mr l'Abbé Faydit
expliquoit ce qu'il avoit voulu dire en excluant de l'Effence de Dieu une unité numerique , & en n'y admettant
qu'une unité fpecifique. La
Preſbyteromachie eſt auſſi un petit ouvrage de ce fçavant Abbé fur le Quietisme , dont il
a cfté un rude Adverfaire. Il
adreffa enfuire une Lettre à un
Prieur des Carmes déchauffez
40 MERCURE
contre la Tradition qu'onimpute aux Religieux de cet Ordre , d'avoir foutenu que Pythagore a efté de leur Ordre.
Cette Lettre eft inferée dans
un des Supplémens des Effais de
Litterature. Il fe chargea peu
aprés de continuer ce même
Supplément, & il en donna quelques volumes remplis d'une
grande érudition & d'une fine
critique. Il a fait auffi plufieurs
autres ouvrages , & il eft mort
la plume à la main. Il eftoit
preft de donner une Critique
generale des ouvrages de Mr le
Clerc, lorſqu'il cft allé luy-mê-
GALANT 41
me rendre compte de fes fentimens & de fa doctrine à celuy qui juge tous les hommes.
Il ne bornoit pas fes talens à
faire des Livres ; il eftoit Predicateur & excellent Predicateur;
dans le temps des affaires de
l'Affemblée du Clergé de France de 1682. il fit un Sermon
dans l'Eglife de Sainte Opportune , qui luy fit beaucoup
d'honneur. Il y a long temps
qu'on attend fes Difcours Polemiques qu'il promettoit depuis plufieurs années. Il eftoit
d'une tres- ancienne famille de
Riom qui a donné à certe VilMars 1710.
D
42 MERCURE
le-là pendant plus de trois cens
ans de pere en fils des Avocats
celebres , y en ayant encore actuellement de ce nom qui exercent avec éclat cette noble Profeffion. Cet Abbé eftoit proche parent de Mr Faydit de
Graville Confeiller au Prefidial de Riom , mort âgé de 8 3.
ans en 1694. Ce Magiftrat
avoit beaucoup contribué à la
compofition des doctes écrits
du P. Sirmond, Confeffeur de
Louis XIII. dont Mr l'Abbé
Faydit avoit l'honneur d'eftre
petit -neveu. Tous les Faydit
defcendent de Faydit Damoi
GALANT 43
feau de Jurgals dans le Vicomté de Turenne , & frere du fameux Jurifconfulte Faydit . Ils
vivoient au commencement
du 14. fiecle. Il y a eu un Cardinal Faydit qu'on croit de cette famille.
M Jean Doujat Doyen
du Parlement , eft mort âgé
de 89. ans & demy, regretté
univerfellement de tous fes
Confreres. Il avoit efté reçû
Confeiller au Parlement le 30.
Aouft 1647. & il a exercé
cette Charge un peu plus de
63. ans puifqu'il eft mort le 18.
Janvier de cette année ( 1710. )
Dij
44 MERCURE
Il eftoit d'une ancienne famille
connue dans le Parlement depuis deux ou trois ficcles . Elle
produifit dans le commencement du dernier fiecle un
celebre Profeffeur de Jurifpru.
dence, dont le nom eft aujourd'huy devenu celebre parmy
tous les Jurifconfultes. Il ya
aujourd'huy deux branches
de la famille des Doujats. Celuy qui vient de mourir eſtoit
Chef de la premiere. Il laiffe
un fils Maiftre des Requeſtes ,
depuis l'année 1701 .
c'eft
Mre Jean Charles Doujat
cy- devant Intendant de Bor-
GALANT 45
deaux & aujourd'huy de Poitiers. Le Chef de la feconde
branche eft Mre Jofeph- Joachim - François Doujat , reçû
Confeiller au Chaftelet en
1697. & frere de Dame N...
Doujat épouse de Jean François le Boindre , fixiéme Confeiller de la premiere Chambre
des Enqueftes , & reçû dans
le Parlement en 1689. Mr
Doujat leur pere , eftoit Contrôlleur General de la Maiſon
du Roy. La famille de Mrs
Doujat , eft fortie par les femmes de celles des Longüeil ,
de Maiſons , & de Nicolaï.
›
46 MERCURE
Celle de Fieubet Launac
tient auffi par une alliance à
celle de Doujat.
Mre Jean le Nain , SousDoyen du Parlement , eft devenu par cette mort Doyen
du même Corps ; il eſt beaufrere de Mre Paul Portail,
feptiéme Confeiller de la
Grand Chambre , & pere de
feu Mr le Nain , premier Avocat General du Parlement
mort depuis quelques mois.
Mr le Nain fut reçû dans le
Parlement le deuxième deJuin
l'an 1655. il eft frere de feu
Mr de Tillemont Auteur
GALANT 47
de l'Hiftoire Ecclefiaftique des
fix premiers ficcles de l'Eglife ,
écrite avec tant de methode
& de netteté , &frere du Pere
le Nain Sous-prieur de l'Abbaye de la Trape. La famille
de Mrs le Nain , eft dans une
grande confideration dans le
Parlement depuis plus de trois
fiecles. Elle a toûjours eu pour
Chefs d'illuftres Magiftrats ,
qui fe font diftinguez par leur
zele pour la Patrie , & parune
probité & une droiture dignes
des premiers temps dans l'adminiſtration de la Juftice.
Mre Gafpard Brayer , Sous-
48 MERCURE
4.
Doyen de la troifiéme Cham
bre des Enqueftes , eſt monté
à la grande -Chambre par le
mouvement qu'a fait la mort
du Doyen. Il y a un peu plus
detrente cinqans qu'il eft Confeiller , y ayant efté reçu le
Janvier de l'année 1675. Mr
Brayer eft tres - eftimé dans le
Parlement ; le fuccés qu'il a eu
dans la conduite de plufieurs
affaires d'une difficile difcuffion , luy a attiré une grande
réputation dans cet illuftre
Corps. Il a environ foixante
ans.
Dame Elifabeth de Hantecourt ,
GALANT 49
court , veuve de Mr Eftienne
le Tonnellier , Confeiller du
Roy & Maiftre ordinaire en
fa Chambre des Comptes , eft
morte âgée de 78. ans , dans de
grands fentimens de pieté , &
dans l'exercice des vertus qu'elle a pratiquées durant le cours
d'une longue vie. Sa charité &
fon amour pour les Pauvres
font les vertus qui l'ont le plus
diftinguée. On luy connoiffoit
un fi grand zele pour leur foulagement , & un fi grandfond
delumieres fur tout ce qui pouvoit contribuer à adoucir leurs
maux , qu'on l'a continuée
Mars 1710.
.
E
50 MERCURE
prefque pendant toute fa vie
Dame de la Charité de fa Paroiffe , parce qu'on eftoit perfuadé que les interefts des Pauvres ne pouvoient eftre en de
meilleures mains. L'inclination
qu'elle a marquée toute ſa vie
pour eux , l'avoit liée depuis
plufieurs années avec M° Trudaine mere de M° Voifin &de
M' l'Intendante de Lyon , &
ces deux illuftres Amies picquées d'une fainte émulation
s'excitoient continuellement
aux emplois de charité. Enfin le
foulagement des Pauvres & la
pratiquedes vertus propres aux
GALANT 51
Veuves chreftiennes , eftoit le
fondement de leur liaiſon. M
le Tonnellier eftoit proche parente de M' de Hantecourt ,
Chancelier de l'Univerfité de
Paris & Curé de Saint Etienne
du Mont , l'un des plus dignes
fujets de la Congregation de
Sainte Geneviève. La famille de
Mrs de Hantecourt eft fort ancienne dans le Parlement. M
le Tonnellier laiffe trois fils.
L'aîné eft Pierre Eftienne leTonnellier , Seigneur de Charmaux Confeiller au grand
Confeil , où il fut reçu en l'année 1691. Il eſt du Semestre
E ij
$2 MERCURE
d'Eté. Il a beaucoup de merite & il a acquis une folide
réputation dans l'exercice de
fa Charge. Il fit autrefois le
voyage d'Italie avec Mr Trudaine Intendant de Lyon , M
Trudaine & M° le Tonnellier
ayant voulu que leurs enfans
qui avoient toûjours efté fort
unis , ne fe féparaffent point
dans ce voyage. Ces deux Magiftrats reçurent de grands
honneurs de plufieurs perfonnes de diſtinction des princi- ·
pales Villes d'Italie. Le fecond
fils de Mele Tonnellier eft M
le Tonnellier Docteur de Sor-
GALANT 53
bonne, Chanoine Regulier de
l'Ordre de Saint Auguftin &
Prieur de l'Abbaye de S. Victor pour la troifiéme fois. C'eſt
un homme d'un grand merite ,
& qui eft eftimé dans fa Congregation;le troifiéme eſt Dom
Paſcal le Tonnellier Chartreux de Paris , Religieux connu par fes talens , & fur tour.
par la connoiffance des LanM's le Tonnelier font de
la même Maifon que M's de
Breteüil. Ily a eu un Controlleur general des Finances de
leur maison. Ils font parens
de M's Charpentier dont je
gues.
E iij
54 MERCURE
vous ay fouvent parlé.
MN..... d'Agoult , Seigneur de Chanoufle , cft mort
dans fes terres en Dauphiné.
Il eftoit iffu de François d'Agoult , Seigneur de Montiay
& de Chanouffe , & de Françoife de Virieu , d'une Maiſon
qui a donné des Ambaffadeurs
à la France. Cette Dame eftoir
fille de François de Virieu , Seigneur de Puppetieres , & de
Gafparde Prunier Saint André,
famille dont eftoit feu M' de
Saint André Ambaffadeur à
Venife & premier Prefident au
Parlement de Grenoble. Bar-
GALANT 55
thelemy d'Agoult , fecond fils
de François d'Agoult , & de
Jamonne de Revilafe , a formé
cette branche de l'illustre Maifon d'Agoule dans le penultiéme fiecle. Il époufa Françoiſe
de Remufac de qui vint François d'Agoult époux d'Anne
d'Autanne pere d'Antoine
qui de Claire de Morges a cu
le pere de feu Mr le Comte de Chanouffe. On prétend'
que le chefde l'illuftre Maiſon
d'Agoult fut un Agoult du
Loup, provenu des amours du
Prince de Goulnaud & de la
Princeffe de Pomeranie , &
E iiij
56 MERURE
qu'ayant efté expofé , il fut
nourripar une Louve, & qu'enfuiteHenryII . Empereur fit ce
SeigneurMaréchal de l'Empire
&luy infeoda la Terre de Sault,
qui eft entrée dans la Maiſon
de Crequy par Chreftienne
d'Aguerre , qui aprés avoir
perdu Antoine Duc de Crequy
fon mary , épousa FrançoisLouis d'Agoult , Comte de
Sault , Chevalier des Ordres du
Roy, dont elle eut cette Terre
• pour les droits , qu'elle laiſſa à
M' le Maréchal de Lefdiguieres fon fils du premier lit. La
Maiſon de Simianes d'aujour-
GALANT 57
d'huy eft une branche de celle
d'Agoult , une des plus illuf
tres & des plus anciennes du
Royaume.
Fermer
Résumé : Premier Article des morts, [titre d'après la table]
Le texte relate plusieurs décès de personnalités notables et fournit des détails sur leurs vies et leurs familles. Le Père Pierre Alemanni, un jésuite toscan âgé d'environ 30 ans, est décédé. Sa vie, publiée à Florence, a été bien accueillie par la cour du Grand Duc. La princesse Frédéric de Saxe-Gotha, épouse du prince d'Anhalt-Zerbst, est morte à Carlsbad à l'âge de 34 ans et était très regrettée en Allemagne. Le texte détaille également la généalogie de la branche de Saxe-Gotha. M. Wafferbach, conseiller du comte de Lippe, est décédé récemment. Il était un savant reconnu travaillant sur une nouvelle édition des œuvres de M. Herman Hamelmann. La mort de M. Oginski, petit général de Lituanie, est également mentionnée, ainsi que des détails sur sa famille et ses exploits militaires. Le texte évoque la mort de la sœur Sainte Madeleine de Sylvecane, religieuse bénédictine à Lyon, et de Dame Anne le Gras, veuve du marquis de Saint-Héran, âgée de 85 ans, connue pour sa vie vertueuse et sa famille illustre. La comtesse douairière de Mongon, issue d'une illustre maison d'Auvergne, a donné cinq comtes à l'Église de Lyon. Le comte de la Barge, époux de Catherine d'Albon, était petit-fils de Françoise de Montmorin. Jean-Baptiste de la Barge, son fils, fut Chevalier de l'Ordre du Roy et Lieutenant général au Gouvernement d'Auvergne. M. Amable Faydit, un prêtre érudit mort à Riom à près de 70 ans, est connu pour ses ouvrages et son érudition. Il a écrit plusieurs travaux notables, dont 'Mémoire des Mémoires' et un traité sur la Trinité, et a critiqué le quietisme. M. Jean Doujat, doyen du Parlement, est décédé à 89 ans après avoir exercé sa charge pendant plus de 63 ans. Il appartenait à une famille ancienne et respectée dans le Parlement, divisée en deux branches influentes dans la magistrature. La famille Le Nain est connue pour ses magistrats zélés et probes. M. Gaspard Brayer, sous-doyen de la troisième chambre des Enquêtes, a été promu à la grande Chambre après la mort du doyen. Dame Élisabeth de Hantecourt, veuve de M. Étienne le Tonnellier, est décédée à 78 ans, reconnue pour sa charité et son amour pour les pauvres. Enfin, M. d'Agoult, seigneur de Chanoufle, est mort en Dauphiné. Sa famille, illustre et ancienne, a produit des ambassadeurs et des magistrats notables. La maison de Simianes est une branche de la maison d'Agoult.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 339-369
Suite des Nouvelles d'Espagne.
Début :
Les Ennemis en abandonnant Tolede pour prendre la route d'Arragon, [...]
Mots clefs :
Ennemis, Roi, Général, Vendôme, Armée, Troupes, Cavalerie, Infanterie, Bataille, Canon, Dragons, Guadalajara, Reine, Guerre, Prisonniers, Brihuega, Général Stanhope, Staremberg, Gérone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa Cavalc
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa Cavalc
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Les forces ennemies, après avoir quitté Tolède, se dirigèrent vers l'Aragon en divisant leur armée en plusieurs corps pour se protéger mutuellement. Le roi d'Espagne, afin de dissimuler ses intentions, se rendit à Madrid avec Monsieur de Vendôme, tandis que les troupes espagnoles se préparèrent à attaquer les ennemis. Le roi ordonna à un détachement de grenadiers et de cavalerie de marcher rapidement pour intercepter les ennemis. Le 7 décembre, le roi et Vendôme arrivèrent à Alcala et apprirent la présence d'un régiment ennemi à proximité. Don Feliciano de Bracamonte surprit et captura ce régiment. Le 9 décembre, le roi d'Espagne informa la reine de la capture de huit bataillons et huit escadrons ennemis à Brihuega, après un assaut intense. Les ennemis, bien retranchés, furent finalement contraints de se rendre. Parmi les prisonniers figuraient les généraux Stanhope, Wills et Carpenter. Le roi d'Espagne, ayant appris que Stanhope était à Brihuega, marcha vers la ville et ordonna un assaut. Après une bataille acharnée, les ennemis capitulèrent. Le roi et Vendôme se préparèrent ensuite à affronter le comte de Starhemberg, qui avançait avec des renforts. Le 10 décembre, les deux armées s'affrontèrent près de Villa-Viciosa. Les troupes espagnoles, bien commandées, parvinrent à envelopper et à repousser les ennemis, capturant de nombreux prisonniers et du matériel. Dans les jours suivants, les troupes espagnoles continuèrent à faire des prisonniers et à capturer des drapeaux et des timbales. Le duc de Noailles, quant à lui, investit Gironne et repoussa les forces ennemies qui tentaient de défendre la montagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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p. 1-50
A Québec le 31. Octobre 1710.
Début :
MONSIEUR, Voici une suite non interrompuë des Nouvelles que j'ay [...]
Mots clefs :
Canada, Montréal, Sauvages, Québec, New York, Angleterre, Général, Officiers, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Québec le 31. Octobre 1710.
A Qjtêbec le 31. Octobre
1710.
MONSIEUR,
Voici une suite non interrompue
des Nouvelles
que j'ai coustume de vous
donnerchaqueannée dece
qui s'ell: passé de plus nlé.
morable en Canada.
1
Le desseinque les Anglois
avaient eu l'année
derniere d'envahir la Colonie
ayant avorté, & s'es-
"- tant vûs eux-mêmes les
Artisans de leur propre défaite
& de leur ruine ,en
brûlant les Forts - qu'ils
avoient construits à grands
frais aux environs des lacs
dua Saint Sacrement & de
a Lacs de l'Amérique Septentrionale
entre la Nouvelle Angleterre &'
la Nouvelle France vers les 43. & les
45. Dégrez delatitude du Nord
,
(elon
les plusexafl.:.:s observations.
Champlain; &qui plusest
tous leurs Bateaux, b Pirogués,
Chaloupes, & bon
nombre de Canots de toutes
grandeurs ayant esté
brisés de leurs propres
mains,& toutes leurs munitions
de guerre & de
bouche jettées ça & là
,
difsipées
par leur ordre,ils ont
trouvé dans leur patrie l'imaged'une
mort aussi tristequecellede
l'epée, dont
ils menaçoient les habitans
AbrbPreectirtesuPsiem,feonrtstfeaniutssadge'usunrl~ed
fleuvedeMissisipi
dela Nouvelle France depuis
quatre ou cinq ans.
Les Anglois,dis je, ont
trouvéà leur retour dans
leur pays, la contagion répanduë
dans presque toutes
les famillesde la Nouvelle
Angleterre & de la
Nouvelle Yorck
,
funeste
fuite d'uneexpédition an1-
bitieuse, tentée sur nous &
non executée,restemalheureux
de tant d'inutiles
travaux, fruits des dépenses
immenses que nos Ennemis
ont faites» qui en
achevant de diminuer le
nombre des habitants ,
leur a ôté le moyen de nous
faire la guerre, en lesépuisant
d'argent qui en est le
nerf& prerque tout le soutien.
La crainte de l'Ennemi
étant éloignée vers lafin
de 1709. par le bon ordre
que mit par tout Mr le
Marquis de Vaudreüll
, Gouverneur general de Canada,
on envoya en qualitéd'Ambassadeur
chez les
Iroquois, Mr le Baron de
Longuëil
,
Chevalier de
l'Ordre Militaire de saint
Loüis.Comme cet Officieir
a le coeur des Sauvages ,
l'affection étant passée du
pere au c fils
,
le choix
qu'en a fait Mr le General
a esté tres-judicieux &
vousen jugerez vous-même
,
Mr,lorsqueje vous
assureray que Mr de Longuëil
a la cabane chez ces
Peuples du Nord c'est-àdire
sa Maisonà l'Iroquoise
y
qui luy est conservée
avec autant de respect que
c M. le Moine, pere de M. de
Longuëil, étoit appelle par les Iroç
quois à KrÚÚfliln
,
c'est-à-dire la
Perdrix.
les Palais où logentord inairement
les Ambassadeurs
en Europe.
Mr de la Chauvinerie
accompagnaMr le Moyne
de Longuëil ;
il entend
parfaitement la Langue
Iroquoise. LeCalumet de
Paix, qui est une grande
Pipe garnie de longues plumes
vertes, rouges, bleuës,
grises, &c. Fut arboré à nos
Canots, en arrivant chez
les cinq Nations: les principaux
chefs des Iroquois
enfirent autant; la joye se
répanditaussi-tôt par tout,
& l'AmbassadeurFrançois
futconduit à sa cabane au
bruit des chansons des jeur
nes guerriers; la foule l'empeschoit
de passer. Aprés
les repas ordinaires & les
danses entremeslées selon
l'usage de ces Sauvages
Ameriquains,leCalumet
de paix fut plantéau milieu
d'un grand cercleformé
par les Vieillards ôc les
plus considerez d'entre ces
chefs des Nations Iroquoises.
L'Officier Canadien
leur fit une courte harangue,&
leur exposa les raisons
qu'avoit Onnonito,
c'est-à-dire le Gouverneur
general des, François, de
l'envoyer chez eux. Celuy
des Iroquoisqui porroit la
parole pour les Nations, y
fit la réponsequevoicy à
peu prés. Que veritablement
les Anglois les avoient
engagez par de magnifiques
& de tics-riches
presens à se retirer au près
d'eux : qu'ils leur avoient
donné la Hache, ( stile sauvage
, cela veut dire qu'ils
leur avoient fourni des armes,)
mais qu'ilsn'avoient
jamais eu le dessein de la
décharger sur les François:
qu'ilsn'avoient eu d'autre
vue en toutes ces démarches,
quoyque tres-desavantageuses
en apparence
aux François
, que d'estre
spectateurs des coups qui
se donneroient de part &
d'autre, sans prendre d'autre
parti: que d'ailleurs ils
étoient tres-resolus de ne
rompre jamais le celebre
Traité fait avec feu Onnontio
Mr le Chevalier de
Callieres d leur pere en
duGouverneur General de la Nou1701.
entre treizeNations :
Que l'arbre e de Li Paix
étoit encore tout verd
,
6c
qu'ils n'y donneroient aucun
coup de hache: que
pour montrer la sincerité
de leurs intentions ils étoient
prests de choisirplusieurs
d'entre leurs chefs
pourenassurerOnnontio,
le grand General des François,
&: c'etf ce que ces Nations
sauvagesont executé
quelquetems après. Il faut
velleFrance, & frere du Plenipotentiaire
pour la Paix de R i(V ick.
e Stilefiguré très-usité chez Ici-
Sauvages du Nord.
avoüer, Monsieur, que le
sieur de Junquieres quidepuis
plusieurs annéess'acquitte
avec beaucoup de
soin de sa negociation auprés
des Iroquois, a beaucou
p contribué à nous gagner
ces Peuples sauvages
& guerriers, par son habileté
à manier des esprits
aussi difficiles que le sont
ceux-là.
Le trouble qu'avoient
cause ces grands préparatifs
de nos Ennemis voisins,
pour nous soumettre
à leur domination étant
âppaisé ôc les Iroquois
qu'ils avoient gagné autant
par menaces que par promesles
& encore davantage
par des effets, je veux
dire par de larges presens,
étant venus chanter la palinodie
, & reconnoître en
presenced'Onnontio qu'ils
s'étoient trop avancez en
écoutant les propoeitiens
de l'Anglois nostre Ennemi,
nous avons joui d'une
tranquillité charmante cette
année 1710mais comme
dans lapaix il faut sedéfier
d'un voisin jaloux
,
ambitieux
& inquiet ,Mr le
Marquis de Vaudrciiil,ciî,
homme habile,avoit en- fj voyeaucommencement
de la mesme année, dans
la nouvelle Anglecerre,
deux Officiers,Meilleurs
Dupuy & de la Periere ;
avec quelques Canadiensatercesy
qui en menageant
la liberté de quelques prisonniers
faitsde, part &
d'autre, apprendroient par
eux-mesmsl'étatdes ColoniesAngloises
ôc leurs
divers mouvements. Je
trouve, Monsïeur, quenostre
General a fait comme
dit le Proverbe) d'une pierre
deux coups, car par cet
te espece, d'ambassade il
içu au retour de ces Officiers
aucommencement
d'Avril bien des choies
dont il n'étoit point assùré.
parfaitement; au reste il
faut rendre icy le mente à
quiil appartient, & dire à
la louange des Anglois
qu'ils ont receu avec toute
forte d'honneur nos Envoyezy&
qu'ils n'ont point
seint d'avouer que l'alarme
avoit été chez eux en J702.
jusqu'aun pointqu'il éUJ
difficile d'exprimer [ur
bruit de la marche c
François resolus de les
taquer par tout où ils
rencontreraient
, & c'
dans letems mesme qui
estoient renfermez dz
leurs Forts du collé du D
Champlain. Cette terr*
répanditsi universel
ment danstoute laNo
velle York, que lèsfaà*
tants de la villed'Oran
vuderent avec beauco
f Ville de la Nouvelle Yorkq
appelleaussiAlbany.
- d'empressemt
dempressement leurs magazins
,
& transporterent
leurs effets a Manhate, qui
est le lieu de la residence
des Gouverneursde Ne$r-
.york,& s'appelle vulgairement
la Menade. Le*
fleurs Dupuy ôc Boucher
de la Periere ramenèrent
de ce Pays-là entr'autres
prisonniers échange
,
le
Pere de Mareuil, Jesuite
Missionnaire chez , les Sauvages
de laNation des On-
, montagues. Ce bon Pere
s'écoitréfugié chez les Flamands
deNew-York pour
éviter la fureur des Iroquoisquile
menaçoientdé
luy faire un mauvais quartier,
justement dans letems
que les Anglois employoient
le verd & le sec
pour attirer ces-Sauvages
dans leur parti contre nouy.
La garnison du Détroit
poste dontje vous aytant
parlé dans mespremieres
Lettres, efl défendue-au
mois de May en l'ille de
Montréal
,
fans- doute, par
g Fort environnéde quelques habitations
firué entre le lac Eric&kc
lac dcs Huronsau43e. degic d:luti-»
tude Septentrionale. 4'"'•*
ordre de la Cour. Mr de la
Mothe qui en est Gouverneur
y est resté avec les
Canadiens établis en cet
endroit: mais cet Officier
ayant esténommé par Sa
Majesté, Gouverneur de la
Louiliane autrement dite
leMissisipi il n'y demeurera
pas longtems.Mr de la
Forest:
,
Capitaine, est allé
le relever pour leDétroit
De plus de trente partis
que nous avons formez
,
tant de Canadiens h que de
hLesCanadiens font les Ff.mcoM
Sauvages
, pour tenir en
respect les Colonies Anglosses
)
il n'yena. paseu
un seul qui ne se foie
distingué par quelques ex.
ploits les uns en amenant
bonnombre de prisonniers,
& les autres en apportant
des chevelures:
ceuxcy regardent les Sauvvaaggeess,,
qquuiiaapprreèss aavvooiirr renverse
leurs Ennemis avec
la massue les fléchés où le
fusil, leurincitent la peau
dufront, & tout autourde
rez en Canada, il faut direCanada
&nonpis Canadois.
latête,puis leur levent la
chevelure, & la portent
au bout de leur arc ou de
leur fusil,&lorsqu'ilsfont
arrivez a leur cabane, les
arborent à l'entrée en maniere
de trophée & de dépouille
de l'Ennemy ; les
Anglois se font donc vus
réduits aux abois & exposez
à mourir de faim. Les
Sauvages nos alliez lesempeschent
( a la maniéré des
chiens couchans) de sortir
de leurs habitations, les
gardant à vûë, cela allait
si loin qu'à peine osoientils
sortir de ces cabanes, Se
pour les besoins les plus
pressants. ? 6-
-
Quinze denos Sauvages
s'étant mis en embuscade
dans un liois ont défait dixhuitAngloisarmezjusques?
aux dents & sur leurs gar-:,
des. Ces Anglois étoient
commandez par un Colonel
qui a été tué dans le
combat avec plusieurs des
fiens le reste fut mis en
fuire. :Voicy un fait assezsingulier
au sujet d'un parti
de Sauvages nos alliez.
DeuxAlgonKins de la Mission
de Lorette - establis
dans l'IsledeMontréal
sous, la conduite de i\'lef.
sieurs dé S. Sulpice,attaquent
deux Cavaliers du
côté de la Nouvelle Angleterre
, eux n'étant qu'à
pied à leur ordinaire,&en
prennent un. Voilà, Monssiieeuurr,
conlnle vous vovez,
, comme voyez,
ce qu'on peut appeller la
petite guerre. Les Sauvages
du Nord. del'Amerique,
ainsi que les chasseurs vont
à la poursuite des animaux,
cherchent les hommes
comme du gibier qui leur
convient. L'Anglois pris,
ils le lient & se mettent en
devoir de l'amener, la compassion
des deux Sauvages,
ne l'avoit fait lier quetrèslegerement
;les deux Sauvages
fatiguez s'arrestent
en chemin pour prendre
quelque repos ,
l'Anglais
les croyant fort endormis
& dans le premier sommeil
qui d'ordinaireest le plus
profond,se délie & court
se saisir d'une hache qui
appartenoit à ses vainqueurs,
mais non si adroitement
tement que l'un des Algonkins
ne s'en apperçust: celuy-
cyfrappédu desseindu
Prisonniercommun, éveille
son camarade: alors le
pauvre Anglois se voyant
découvert, met son fàluc
dans la suite; la circonstance
du temps luy estoit
favorable,à cause de la
nuit: cependant les deux
Sauvages le. suivent à la
blancheur de sa chemise
>,
car il estoit nud, ôc ne
pouvantl'ateindre de prés,
ils l'attraperent de loin,en
luy laschant un grand
coup de fusil qui arrefta,
ftouut, cyourtalerptris.onnier Le Printemps & l'Esté
de l'année où nous femmes
, ayant presque esté
sans pluye
,
la secheresse
s'est trouvée si excessive
que lesoiseauxqui dans ces
saisons seretirent pour l'ordinaire
dans les bois, ont
eâc obligez d'en sortir
pour trouverdequoy boire
&c mander sur les bords du '!
fleuve S. Laurent. On estime
icy que ce manque de
pluye & cette chaleur estonnante
nous oru: procure
une multitude infinie de
Tourtes,espèces de Ramiers
ou de Bisets qui ont
desolez une partie des bleds
&mesme les legumes
, comme pois, feves, &c.
en beaucoup d'endroits:
-mais de peur que ces animaux
ne nous mangeassent
davantage, nous les avens
mangé eux-mesmes par la
chasse que nous leur avons
donnée à grands coups de
fusil.,
Les Ours ces animaux si
feroces ont quitté leurs
trous,ôc se sont jettez sur
lesterres ensemencées;ils
ont porté leur audacejusqu'à
s'approcher des habitations
à
& on en voyoit
souvent à la pointe del'Isle
de Montréal qui est du côté
que l'on appelle la Chine.
Au mois d'Aoust quelques
Sauvages des nôtres
venant de la ville d'Orange
en New-YorK nous ont appris
qu'une flotte de la
vieille ! i Angleterre avoit
paru sur les costes de cette >?
i Vieille par rapport à la Nouvelle
tpidl: nostrevoisine.
contrée, ôc y amenoit un
nouveau Gouverneur:c'est
si je ne me trompe ,
le Colonel
Hunter
,
qui a esté
choisi par la Princesse Anne
pour succeder à Mylord
Lorelace mortGouverneur
de la Nouvelle York. Les
mesmes Sauvages ont rapportéque
Peter Schuiler
vulgairement pitre Schul-,
le ,Major d'Orange étoit
arrivéavec ces Sauvages
que les Gazettes de Roterdam
nous marquent avoir
esté traitez de Rois à Londres,
Ôc ce ne sont que trois
miserables Iroquois dela
Nation des Aniez que le
pauvre Pitre Schulleavoir
traisné avec luy, pourjetter
de la poudre aux yeux
& prelenter du brillant à
la Cour d'Angleterre parune
ambassade de trois
gueux venus de loin.
Des Lettres que l'on a
reçues de la même Colonie
, nous ont encore appris
que cinq cents familles
duPalatinat ont passé d'Europe
en Amérique, & sont
venus habiter le Pays des
Aniez
, une des cinq Nations
Iroquoisesfortamie
des Anglois. Ce sont ces
Palatins si souvent répétez
dans les nouvellespubliques
y
passez avec tant de
frais en Hollande, puis en
Angleterre, & delà dans
les Colonies Angloises de
IJAInerique septentrional.
Voilà du gibier pour les
Sauvagesytk il y a beir de
croire,Monsieur, ques'il
y a guerre entre les Iroquois
nos alliez, & ceux
qui peuvent estre gagnez
par les Anglois, ces bonnes
gens, qui ont fait tant
de chemin, courrontgrand
risquedese repentir bien
des fois,&de dire eneuxmesmes.
, que sommesnGous
veanuslfaeire dransecet.te
Le 8. de. Septembre dernier
nous avons eulajoye
de voir moüiller dans la
belle rade de Quebeç
,
le
Vaisseaudu Roy,l'Afriquain,
commandé par Mi
deMarigny.Ce Bastiment
est percé pour cinquante
canons. -.
-
Phenomene pour Messieurs
les Philosophes. Le
16, de Septembre de lapresente
année
,
sur les huit
heures du matin, il y Cà
un.tremblement & une secousse
deterredans l'Isle de
MonrreaI.Comme lemouvve&
mmenetnnienefruuttppoominttlolonngg,,
car il ne dura tout au plus
qu'un demi quart d'heure,
on serassura. Noussommes
icy assez sujets à ces
fortes de tremblements,
Le sieur Guyon Phlibustier
,amena le
10. de ce
moiscy devant Quebec
unepriseAngloise chargée,
deSel, de Moruë 5c d'Huile.
Cet Armateur rapports
qu'il avoir vu dix ou douze
gros vaisseaux Anglois
&trois Galiotes à bombes,
approcher des codes de
l'Acadie. Mr le Marquis
de Vaudreüil,nostre General
,
avoit envoyé des
Officiers & des Troupes des
renfort à Mr de Subercasse
Gouverneur dePort-Royal
& deFAcjdie.
Mr le Duc, cy-devant
Avocat au Parlement des
Paris & envoyéde France
pourremplir dans leConteil.
fouveraiii de Quebec
la Charge de Procureur
General, yest mort huit
rjours après son arrivée.
prépatoitàcequ'onm'a
dit une fort belle haran-
:j,gue,Quoyque la pluyeait
manque cette année crc
partie pour les biens de la
-
terre , nous avonscep ri-
;- dant fait une recolté Cft:
toute sortedegrains, & sur
tout en bled. L'année precedente
nous avons tiré, a
ce que l'on prérend, pour
,,
deux cent mil livres d'ar- t gent, du surplus de nos 1
bleds: mais cette année om
en usera autrement pour de)
bonnes raisons.
On vient d'achever unouvrage
dans le liautcaiiida,,
qui fera beaucoup d'honneurà
Mr le General aussibienqu'à
Mrle Chevalier
deBeaucour qui en a donn
le plan, ôc comme cetOfsicier
entend l'architecture
militaire
,
il l'a parfaitement
bien fait executer
C'est un Fort flanqué de
quatre bons Bastions. Il
environcentpieds en quar
ré & ca revestu de pierre
Te tailles dures comme du
marbre, que l'on a trouve
leplus heureusement du
monde dans une carriere
toifine. Ce quiest de merveilleux
,
c'estqu'onn'à
presque point eu besoinde
marteaux pour les mettre
en oeuvre s'eftariî^rèh'co'ni
tr¿es pour la pluparttoutéfc
taillées naturellement Ce
Fort eil: basti dansunlieu
appelleChambly, ;lesmurailles
sont élevées par dessus
le niveau de la campagne
devingt-cinq pieds au -
moffîs.j leur épaisseur est
de six pieds au bas vers les
talu ; elles sont faites de lac
pierre dontj'ay parlé; chaque
Bastion eL1 garni do
trois rangs de J^teriçs;
composées de bons-Canons
&de gros Pierriers'"?
Tout cet exterieur du Forn
couvreentierement les ma
gazins à poud re qui fonjr
bien voutez; les Caves tres
Je Ce sont de petites pieces d'artil
leues communement desa' ,
qui m
poneurras loin
,
mais qui font 1
-gr,in,d- écarts, on s'en sert à jetter do
pierres & des cailloux, desballes si
de la feraille enveloppées dans d'h
cartouches; cette espécede Canon
jtlurge p,tf la culalle avecune boeCGj
spatieuses & très-belles ;
les Boulangeriesfortadroitemen-
t menagé1es
,
&: par
dessus tout cela une Chapelle
d'unfort bon goust
& bien entenduë
;
les logements
dans ce Fort sont
!
si considerables que Mr le
Général, leGouverneur de
Montreal, ôc le Gouverneur
particulier du Fort
avec quarante ou cinquante
Officiers
, pourronty
estre placez à leur aise, sans
comptertrois ou quatre
centsSoldats &: huit cents
en cas d'attaque
, rangez
dans les bastiments le long
des courtines &en dedans,
la place d' rmes demeurant
libre & dégagée, quoyque
tout y aboutisse; en un
mot on ne peut rien de plus
beau & en mesme temps
de plusaiséà deffendre. Ce
Fortestsituéau46° degré
: de latitude Nord, au de[-,.
fous delacataracte formée ;
par les eaux du lac Cham-
-
plain, dans un terrain a.
vantageux&quifedtffend
presquedetous costez. La
chasse & la pesche contribuent
à l'entretien de laj,
garnison ,
garnison,& la riviere qui
fort LortChamplain,conduitau
fleuve S.Laurent,
vis-à-vis les Isles de Richelieu
, d'où l'on peut envoyer
des Canots à Quebec
& à Montreal :. tel est , Monsieur, le nouveau Fort
de Chambly ,qui met à
couvert tout le Gouvernement
de Montreal ,&qui
avec quatre ou cinq cents
hommes de garnison peut
resister à tous les efforts des
Anglois nos voisins ,les
empeschent de passer , èc
les obligent de retourner
chez eux,fussentils venus
jusques-là au nombre de
dix mille.
Mr deBreslay ce zeleM
MissionnairedeSulpice,
dont je vous ay parlé tant
de fois dans mes Lettres,
qui a quité la Cour des
Rois pour gagner des Sau--
vages d'Amerique au fbu--
verain maistre de l'Univers
, a fait construire une;
Fort dans l'isleaux Tourtrès
où est le principallieu
de sa Million, elle est f-1-
tuée entre le lac S. Louis&
le lac des deux montagnes.
Commeil a este autrefois
Ingenieur
, vouspourrez
juger Monsieur,qu'il na.
voit pas besoin de Conseil
pour l'aider; ce Fort est à
un quart de lieuë de celuy
deM. deSenneville quiest
à la pointe de Ile de Montréaldu
costé du lac sains
Louis;c'est: proprement là,
qu'est le bout du Canada.
Lemesme
1
Ecclesiastiquea
commencéune Eglisebastiede
bonnes psierres,dans
la petite Isle dontjeviens
de faire mention Le Roy
abien voulu signaler aspieté
dans ce nouvel establi
sement,& sa bonté envers
Mr de Breslay
, qui a este
un des Gentilliommes de
sa Chambre
, en luy envoyant
des Ornemens pour
son Eglise.
Il ya eu une pronlotion
d'Officiers de Guerre & do
Jullicc: en ce payscy Ministre la faite , cette ani
née par ordre du Roy, en-r
viron deux mois avant l
départ des derniers vaiC)
seaux pour le Canada, Mil
de Galifet cy-devantLieu
tenant de Roy auMontréa
a eilé choisi pour Gouverneur
des trois rivières
Ville également distante,
de Quebec & de Montréal,
à la place de feuMrleMarquis
de Chrysaphi, Mr des
Bergeres en a esté fait Major,
Mr le Baron de Longuëilest
Lieutenant deRoy
de Ville Marie ou Montréal,&:
Mrde la Chasaigne
Major de cette Ville
Mr le Marquis de , Vaudreüil
fils aisné de Mr le
General, a esté fait Capitaine
; Messieurs de la Pipardiere
,deBeaujeu,d'Argenteüil,
le Gardeur
, &c.
ont esté eslevez au mefmr
rang. A l'egard des Officiers
de Justice,Mrde la
Martiniere a esté nomme
Doyen du ConseilSouverain
de Québec,àla place
de feu Mr Chartier deLorbiniere,
dont un des filsa
esté faitConseiller dans 1*
mesmepromotion, &c.
Les plus remarquables
d'entre 1rs passagers qui
fontcetteannée le voyage
de France, sont Mr Raudot
le fils,Intendant confort;
Mr son Pere doit le
sui vre l'année prochaine ,
èc il fera relevé par Mr Bergon,
le filsdufeu Intendant
de R ochofort, homme
tressçavant ôc.des plusintelligens
que nous ayons
eu dans la Marine. Mr le
Fevre Ecclesiastique né en
Canada,qui dans un âge
peu avancé, possede plusieurs
Langues de l'Europe
& a de l'apritude pour toutes
les belles choses
; c'est
le premier Canad ien de
l'Isle de Montréal qui ait
pris le parti de l'Eglise, depuis
que les François en
font les maistres,.. Madame
le Vasseurfemme de
l'Ingénieur de Québec,
mené avec elle ses ensans.
Je ne trouve de considérableentre
les morts , parmi
ceux qui me frapent laS
mémoire, en achevant ma
Lettre, que Mr du Chut,
Capitaine expérimente, de
qui connoissoit à merveille,
leNord du Canada,aussi
bien que les grands lacs,
êc le sieur delaMorandiere
Garde-Magazin du Roy.
Mettons fin à cette Lettre
qui n'est déjà que trop
longue
longue par une petite avanture
que vous trouverez
assez plaisante, quoyque
tirée d'un sujet fort
serieux -, voicy le fait en
deux mots. La femme d'un
Sauvage Chrestien estant
morte, son mary est venu
avertir le Bedeau de l'Eglise
de Montreal de faire
une fosse pour elle; on a
sonné pour 11 personne
morte, ÔC lorsqu'on a esté
prest d'enlever le corps
pour le mettre en terre, le
Sauvage a demande du
temps alléguant pour ses
raisons que sa femme refpiroic
encore; que duresse
il avoit esté bien aise de
faire préparer toutes choses
de son vivant, & sonner
les cloches pour ne la point
faire attendre lorsqu'elle
seroit decedée tout de bon,
voulant luy faire connoistre
en cela la bonne volontéquil
avoit pourelle.
'0 Comme l'Afriquain va
mettre à la voile, & qu'il
n'y a pas de temps à per- ,
dre
, je me trouve obligé
de vous dire que dans cet
endroit je vous fuis
1710.
MONSIEUR,
Voici une suite non interrompue
des Nouvelles
que j'ai coustume de vous
donnerchaqueannée dece
qui s'ell: passé de plus nlé.
morable en Canada.
1
Le desseinque les Anglois
avaient eu l'année
derniere d'envahir la Colonie
ayant avorté, & s'es-
"- tant vûs eux-mêmes les
Artisans de leur propre défaite
& de leur ruine ,en
brûlant les Forts - qu'ils
avoient construits à grands
frais aux environs des lacs
dua Saint Sacrement & de
a Lacs de l'Amérique Septentrionale
entre la Nouvelle Angleterre &'
la Nouvelle France vers les 43. & les
45. Dégrez delatitude du Nord
,
(elon
les plusexafl.:.:s observations.
Champlain; &qui plusest
tous leurs Bateaux, b Pirogués,
Chaloupes, & bon
nombre de Canots de toutes
grandeurs ayant esté
brisés de leurs propres
mains,& toutes leurs munitions
de guerre & de
bouche jettées ça & là
,
difsipées
par leur ordre,ils ont
trouvé dans leur patrie l'imaged'une
mort aussi tristequecellede
l'epée, dont
ils menaçoient les habitans
AbrbPreectirtesuPsiem,feonrtstfeaniutssadge'usunrl~ed
fleuvedeMissisipi
dela Nouvelle France depuis
quatre ou cinq ans.
Les Anglois,dis je, ont
trouvéà leur retour dans
leur pays, la contagion répanduë
dans presque toutes
les famillesde la Nouvelle
Angleterre & de la
Nouvelle Yorck
,
funeste
fuite d'uneexpédition an1-
bitieuse, tentée sur nous &
non executée,restemalheureux
de tant d'inutiles
travaux, fruits des dépenses
immenses que nos Ennemis
ont faites» qui en
achevant de diminuer le
nombre des habitants ,
leur a ôté le moyen de nous
faire la guerre, en lesépuisant
d'argent qui en est le
nerf& prerque tout le soutien.
La crainte de l'Ennemi
étant éloignée vers lafin
de 1709. par le bon ordre
que mit par tout Mr le
Marquis de Vaudreüll
, Gouverneur general de Canada,
on envoya en qualitéd'Ambassadeur
chez les
Iroquois, Mr le Baron de
Longuëil
,
Chevalier de
l'Ordre Militaire de saint
Loüis.Comme cet Officieir
a le coeur des Sauvages ,
l'affection étant passée du
pere au c fils
,
le choix
qu'en a fait Mr le General
a esté tres-judicieux &
vousen jugerez vous-même
,
Mr,lorsqueje vous
assureray que Mr de Longuëil
a la cabane chez ces
Peuples du Nord c'est-àdire
sa Maisonà l'Iroquoise
y
qui luy est conservée
avec autant de respect que
c M. le Moine, pere de M. de
Longuëil, étoit appelle par les Iroç
quois à KrÚÚfliln
,
c'est-à-dire la
Perdrix.
les Palais où logentord inairement
les Ambassadeurs
en Europe.
Mr de la Chauvinerie
accompagnaMr le Moyne
de Longuëil ;
il entend
parfaitement la Langue
Iroquoise. LeCalumet de
Paix, qui est une grande
Pipe garnie de longues plumes
vertes, rouges, bleuës,
grises, &c. Fut arboré à nos
Canots, en arrivant chez
les cinq Nations: les principaux
chefs des Iroquois
enfirent autant; la joye se
répanditaussi-tôt par tout,
& l'AmbassadeurFrançois
futconduit à sa cabane au
bruit des chansons des jeur
nes guerriers; la foule l'empeschoit
de passer. Aprés
les repas ordinaires & les
danses entremeslées selon
l'usage de ces Sauvages
Ameriquains,leCalumet
de paix fut plantéau milieu
d'un grand cercleformé
par les Vieillards ôc les
plus considerez d'entre ces
chefs des Nations Iroquoises.
L'Officier Canadien
leur fit une courte harangue,&
leur exposa les raisons
qu'avoit Onnonito,
c'est-à-dire le Gouverneur
general des, François, de
l'envoyer chez eux. Celuy
des Iroquoisqui porroit la
parole pour les Nations, y
fit la réponsequevoicy à
peu prés. Que veritablement
les Anglois les avoient
engagez par de magnifiques
& de tics-riches
presens à se retirer au près
d'eux : qu'ils leur avoient
donné la Hache, ( stile sauvage
, cela veut dire qu'ils
leur avoient fourni des armes,)
mais qu'ilsn'avoient
jamais eu le dessein de la
décharger sur les François:
qu'ilsn'avoient eu d'autre
vue en toutes ces démarches,
quoyque tres-desavantageuses
en apparence
aux François
, que d'estre
spectateurs des coups qui
se donneroient de part &
d'autre, sans prendre d'autre
parti: que d'ailleurs ils
étoient tres-resolus de ne
rompre jamais le celebre
Traité fait avec feu Onnontio
Mr le Chevalier de
Callieres d leur pere en
duGouverneur General de la Nou1701.
entre treizeNations :
Que l'arbre e de Li Paix
étoit encore tout verd
,
6c
qu'ils n'y donneroient aucun
coup de hache: que
pour montrer la sincerité
de leurs intentions ils étoient
prests de choisirplusieurs
d'entre leurs chefs
pourenassurerOnnontio,
le grand General des François,
&: c'etf ce que ces Nations
sauvagesont executé
quelquetems après. Il faut
velleFrance, & frere du Plenipotentiaire
pour la Paix de R i(V ick.
e Stilefiguré très-usité chez Ici-
Sauvages du Nord.
avoüer, Monsieur, que le
sieur de Junquieres quidepuis
plusieurs annéess'acquitte
avec beaucoup de
soin de sa negociation auprés
des Iroquois, a beaucou
p contribué à nous gagner
ces Peuples sauvages
& guerriers, par son habileté
à manier des esprits
aussi difficiles que le sont
ceux-là.
Le trouble qu'avoient
cause ces grands préparatifs
de nos Ennemis voisins,
pour nous soumettre
à leur domination étant
âppaisé ôc les Iroquois
qu'ils avoient gagné autant
par menaces que par promesles
& encore davantage
par des effets, je veux
dire par de larges presens,
étant venus chanter la palinodie
, & reconnoître en
presenced'Onnontio qu'ils
s'étoient trop avancez en
écoutant les propoeitiens
de l'Anglois nostre Ennemi,
nous avons joui d'une
tranquillité charmante cette
année 1710mais comme
dans lapaix il faut sedéfier
d'un voisin jaloux
,
ambitieux
& inquiet ,Mr le
Marquis de Vaudrciiil,ciî,
homme habile,avoit en- fj voyeaucommencement
de la mesme année, dans
la nouvelle Anglecerre,
deux Officiers,Meilleurs
Dupuy & de la Periere ;
avec quelques Canadiensatercesy
qui en menageant
la liberté de quelques prisonniers
faitsde, part &
d'autre, apprendroient par
eux-mesmsl'étatdes ColoniesAngloises
ôc leurs
divers mouvements. Je
trouve, Monsïeur, quenostre
General a fait comme
dit le Proverbe) d'une pierre
deux coups, car par cet
te espece, d'ambassade il
içu au retour de ces Officiers
aucommencement
d'Avril bien des choies
dont il n'étoit point assùré.
parfaitement; au reste il
faut rendre icy le mente à
quiil appartient, & dire à
la louange des Anglois
qu'ils ont receu avec toute
forte d'honneur nos Envoyezy&
qu'ils n'ont point
seint d'avouer que l'alarme
avoit été chez eux en J702.
jusqu'aun pointqu'il éUJ
difficile d'exprimer [ur
bruit de la marche c
François resolus de les
taquer par tout où ils
rencontreraient
, & c'
dans letems mesme qui
estoient renfermez dz
leurs Forts du collé du D
Champlain. Cette terr*
répanditsi universel
ment danstoute laNo
velle York, que lèsfaà*
tants de la villed'Oran
vuderent avec beauco
f Ville de la Nouvelle Yorkq
appelleaussiAlbany.
- d'empressemt
dempressement leurs magazins
,
& transporterent
leurs effets a Manhate, qui
est le lieu de la residence
des Gouverneursde Ne$r-
.york,& s'appelle vulgairement
la Menade. Le*
fleurs Dupuy ôc Boucher
de la Periere ramenèrent
de ce Pays-là entr'autres
prisonniers échange
,
le
Pere de Mareuil, Jesuite
Missionnaire chez , les Sauvages
de laNation des On-
, montagues. Ce bon Pere
s'écoitréfugié chez les Flamands
deNew-York pour
éviter la fureur des Iroquoisquile
menaçoientdé
luy faire un mauvais quartier,
justement dans letems
que les Anglois employoient
le verd & le sec
pour attirer ces-Sauvages
dans leur parti contre nouy.
La garnison du Détroit
poste dontje vous aytant
parlé dans mespremieres
Lettres, efl défendue-au
mois de May en l'ille de
Montréal
,
fans- doute, par
g Fort environnéde quelques habitations
firué entre le lac Eric&kc
lac dcs Huronsau43e. degic d:luti-»
tude Septentrionale. 4'"'•*
ordre de la Cour. Mr de la
Mothe qui en est Gouverneur
y est resté avec les
Canadiens établis en cet
endroit: mais cet Officier
ayant esténommé par Sa
Majesté, Gouverneur de la
Louiliane autrement dite
leMissisipi il n'y demeurera
pas longtems.Mr de la
Forest:
,
Capitaine, est allé
le relever pour leDétroit
De plus de trente partis
que nous avons formez
,
tant de Canadiens h que de
hLesCanadiens font les Ff.mcoM
Sauvages
, pour tenir en
respect les Colonies Anglosses
)
il n'yena. paseu
un seul qui ne se foie
distingué par quelques ex.
ploits les uns en amenant
bonnombre de prisonniers,
& les autres en apportant
des chevelures:
ceuxcy regardent les Sauvvaaggeess,,
qquuiiaapprreèss aavvooiirr renverse
leurs Ennemis avec
la massue les fléchés où le
fusil, leurincitent la peau
dufront, & tout autourde
rez en Canada, il faut direCanada
&nonpis Canadois.
latête,puis leur levent la
chevelure, & la portent
au bout de leur arc ou de
leur fusil,&lorsqu'ilsfont
arrivez a leur cabane, les
arborent à l'entrée en maniere
de trophée & de dépouille
de l'Ennemy ; les
Anglois se font donc vus
réduits aux abois & exposez
à mourir de faim. Les
Sauvages nos alliez lesempeschent
( a la maniéré des
chiens couchans) de sortir
de leurs habitations, les
gardant à vûë, cela allait
si loin qu'à peine osoientils
sortir de ces cabanes, Se
pour les besoins les plus
pressants. ? 6-
-
Quinze denos Sauvages
s'étant mis en embuscade
dans un liois ont défait dixhuitAngloisarmezjusques?
aux dents & sur leurs gar-:,
des. Ces Anglois étoient
commandez par un Colonel
qui a été tué dans le
combat avec plusieurs des
fiens le reste fut mis en
fuire. :Voicy un fait assezsingulier
au sujet d'un parti
de Sauvages nos alliez.
DeuxAlgonKins de la Mission
de Lorette - establis
dans l'IsledeMontréal
sous, la conduite de i\'lef.
sieurs dé S. Sulpice,attaquent
deux Cavaliers du
côté de la Nouvelle Angleterre
, eux n'étant qu'à
pied à leur ordinaire,&en
prennent un. Voilà, Monssiieeuurr,
conlnle vous vovez,
, comme voyez,
ce qu'on peut appeller la
petite guerre. Les Sauvages
du Nord. del'Amerique,
ainsi que les chasseurs vont
à la poursuite des animaux,
cherchent les hommes
comme du gibier qui leur
convient. L'Anglois pris,
ils le lient & se mettent en
devoir de l'amener, la compassion
des deux Sauvages,
ne l'avoit fait lier quetrèslegerement
;les deux Sauvages
fatiguez s'arrestent
en chemin pour prendre
quelque repos ,
l'Anglais
les croyant fort endormis
& dans le premier sommeil
qui d'ordinaireest le plus
profond,se délie & court
se saisir d'une hache qui
appartenoit à ses vainqueurs,
mais non si adroitement
tement que l'un des Algonkins
ne s'en apperçust: celuy-
cyfrappédu desseindu
Prisonniercommun, éveille
son camarade: alors le
pauvre Anglois se voyant
découvert, met son fàluc
dans la suite; la circonstance
du temps luy estoit
favorable,à cause de la
nuit: cependant les deux
Sauvages le. suivent à la
blancheur de sa chemise
>,
car il estoit nud, ôc ne
pouvantl'ateindre de prés,
ils l'attraperent de loin,en
luy laschant un grand
coup de fusil qui arrefta,
ftouut, cyourtalerptris.onnier Le Printemps & l'Esté
de l'année où nous femmes
, ayant presque esté
sans pluye
,
la secheresse
s'est trouvée si excessive
que lesoiseauxqui dans ces
saisons seretirent pour l'ordinaire
dans les bois, ont
eâc obligez d'en sortir
pour trouverdequoy boire
&c mander sur les bords du '!
fleuve S. Laurent. On estime
icy que ce manque de
pluye & cette chaleur estonnante
nous oru: procure
une multitude infinie de
Tourtes,espèces de Ramiers
ou de Bisets qui ont
desolez une partie des bleds
&mesme les legumes
, comme pois, feves, &c.
en beaucoup d'endroits:
-mais de peur que ces animaux
ne nous mangeassent
davantage, nous les avens
mangé eux-mesmes par la
chasse que nous leur avons
donnée à grands coups de
fusil.,
Les Ours ces animaux si
feroces ont quitté leurs
trous,ôc se sont jettez sur
lesterres ensemencées;ils
ont porté leur audacejusqu'à
s'approcher des habitations
à
& on en voyoit
souvent à la pointe del'Isle
de Montréal qui est du côté
que l'on appelle la Chine.
Au mois d'Aoust quelques
Sauvages des nôtres
venant de la ville d'Orange
en New-YorK nous ont appris
qu'une flotte de la
vieille ! i Angleterre avoit
paru sur les costes de cette >?
i Vieille par rapport à la Nouvelle
tpidl: nostrevoisine.
contrée, ôc y amenoit un
nouveau Gouverneur:c'est
si je ne me trompe ,
le Colonel
Hunter
,
qui a esté
choisi par la Princesse Anne
pour succeder à Mylord
Lorelace mortGouverneur
de la Nouvelle York. Les
mesmes Sauvages ont rapportéque
Peter Schuiler
vulgairement pitre Schul-,
le ,Major d'Orange étoit
arrivéavec ces Sauvages
que les Gazettes de Roterdam
nous marquent avoir
esté traitez de Rois à Londres,
Ôc ce ne sont que trois
miserables Iroquois dela
Nation des Aniez que le
pauvre Pitre Schulleavoir
traisné avec luy, pourjetter
de la poudre aux yeux
& prelenter du brillant à
la Cour d'Angleterre parune
ambassade de trois
gueux venus de loin.
Des Lettres que l'on a
reçues de la même Colonie
, nous ont encore appris
que cinq cents familles
duPalatinat ont passé d'Europe
en Amérique, & sont
venus habiter le Pays des
Aniez
, une des cinq Nations
Iroquoisesfortamie
des Anglois. Ce sont ces
Palatins si souvent répétez
dans les nouvellespubliques
y
passez avec tant de
frais en Hollande, puis en
Angleterre, & delà dans
les Colonies Angloises de
IJAInerique septentrional.
Voilà du gibier pour les
Sauvagesytk il y a beir de
croire,Monsieur, ques'il
y a guerre entre les Iroquois
nos alliez, & ceux
qui peuvent estre gagnez
par les Anglois, ces bonnes
gens, qui ont fait tant
de chemin, courrontgrand
risquedese repentir bien
des fois,&de dire eneuxmesmes.
, que sommesnGous
veanuslfaeire dransecet.te
Le 8. de. Septembre dernier
nous avons eulajoye
de voir moüiller dans la
belle rade de Quebeç
,
le
Vaisseaudu Roy,l'Afriquain,
commandé par Mi
deMarigny.Ce Bastiment
est percé pour cinquante
canons. -.
-
Phenomene pour Messieurs
les Philosophes. Le
16, de Septembre de lapresente
année
,
sur les huit
heures du matin, il y Cà
un.tremblement & une secousse
deterredans l'Isle de
MonrreaI.Comme lemouvve&
mmenetnnienefruuttppoominttlolonngg,,
car il ne dura tout au plus
qu'un demi quart d'heure,
on serassura. Noussommes
icy assez sujets à ces
fortes de tremblements,
Le sieur Guyon Phlibustier
,amena le
10. de ce
moiscy devant Quebec
unepriseAngloise chargée,
deSel, de Moruë 5c d'Huile.
Cet Armateur rapports
qu'il avoir vu dix ou douze
gros vaisseaux Anglois
&trois Galiotes à bombes,
approcher des codes de
l'Acadie. Mr le Marquis
de Vaudreüil,nostre General
,
avoit envoyé des
Officiers & des Troupes des
renfort à Mr de Subercasse
Gouverneur dePort-Royal
& deFAcjdie.
Mr le Duc, cy-devant
Avocat au Parlement des
Paris & envoyéde France
pourremplir dans leConteil.
fouveraiii de Quebec
la Charge de Procureur
General, yest mort huit
rjours après son arrivée.
prépatoitàcequ'onm'a
dit une fort belle haran-
:j,gue,Quoyque la pluyeait
manque cette année crc
partie pour les biens de la
-
terre , nous avonscep ri-
;- dant fait une recolté Cft:
toute sortedegrains, & sur
tout en bled. L'année precedente
nous avons tiré, a
ce que l'on prérend, pour
,,
deux cent mil livres d'ar- t gent, du surplus de nos 1
bleds: mais cette année om
en usera autrement pour de)
bonnes raisons.
On vient d'achever unouvrage
dans le liautcaiiida,,
qui fera beaucoup d'honneurà
Mr le General aussibienqu'à
Mrle Chevalier
deBeaucour qui en a donn
le plan, ôc comme cetOfsicier
entend l'architecture
militaire
,
il l'a parfaitement
bien fait executer
C'est un Fort flanqué de
quatre bons Bastions. Il
environcentpieds en quar
ré & ca revestu de pierre
Te tailles dures comme du
marbre, que l'on a trouve
leplus heureusement du
monde dans une carriere
toifine. Ce quiest de merveilleux
,
c'estqu'onn'à
presque point eu besoinde
marteaux pour les mettre
en oeuvre s'eftariî^rèh'co'ni
tr¿es pour la pluparttoutéfc
taillées naturellement Ce
Fort eil: basti dansunlieu
appelleChambly, ;lesmurailles
sont élevées par dessus
le niveau de la campagne
devingt-cinq pieds au -
moffîs.j leur épaisseur est
de six pieds au bas vers les
talu ; elles sont faites de lac
pierre dontj'ay parlé; chaque
Bastion eL1 garni do
trois rangs de J^teriçs;
composées de bons-Canons
&de gros Pierriers'"?
Tout cet exterieur du Forn
couvreentierement les ma
gazins à poud re qui fonjr
bien voutez; les Caves tres
Je Ce sont de petites pieces d'artil
leues communement desa' ,
qui m
poneurras loin
,
mais qui font 1
-gr,in,d- écarts, on s'en sert à jetter do
pierres & des cailloux, desballes si
de la feraille enveloppées dans d'h
cartouches; cette espécede Canon
jtlurge p,tf la culalle avecune boeCGj
spatieuses & très-belles ;
les Boulangeriesfortadroitemen-
t menagé1es
,
&: par
dessus tout cela une Chapelle
d'unfort bon goust
& bien entenduë
;
les logements
dans ce Fort sont
!
si considerables que Mr le
Général, leGouverneur de
Montreal, ôc le Gouverneur
particulier du Fort
avec quarante ou cinquante
Officiers
, pourronty
estre placez à leur aise, sans
comptertrois ou quatre
centsSoldats &: huit cents
en cas d'attaque
, rangez
dans les bastiments le long
des courtines &en dedans,
la place d' rmes demeurant
libre & dégagée, quoyque
tout y aboutisse; en un
mot on ne peut rien de plus
beau & en mesme temps
de plusaiséà deffendre. Ce
Fortestsituéau46° degré
: de latitude Nord, au de[-,.
fous delacataracte formée ;
par les eaux du lac Cham-
-
plain, dans un terrain a.
vantageux&quifedtffend
presquedetous costez. La
chasse & la pesche contribuent
à l'entretien de laj,
garnison ,
garnison,& la riviere qui
fort LortChamplain,conduitau
fleuve S.Laurent,
vis-à-vis les Isles de Richelieu
, d'où l'on peut envoyer
des Canots à Quebec
& à Montreal :. tel est , Monsieur, le nouveau Fort
de Chambly ,qui met à
couvert tout le Gouvernement
de Montreal ,&qui
avec quatre ou cinq cents
hommes de garnison peut
resister à tous les efforts des
Anglois nos voisins ,les
empeschent de passer , èc
les obligent de retourner
chez eux,fussentils venus
jusques-là au nombre de
dix mille.
Mr deBreslay ce zeleM
MissionnairedeSulpice,
dont je vous ay parlé tant
de fois dans mes Lettres,
qui a quité la Cour des
Rois pour gagner des Sau--
vages d'Amerique au fbu--
verain maistre de l'Univers
, a fait construire une;
Fort dans l'isleaux Tourtrès
où est le principallieu
de sa Million, elle est f-1-
tuée entre le lac S. Louis&
le lac des deux montagnes.
Commeil a este autrefois
Ingenieur
, vouspourrez
juger Monsieur,qu'il na.
voit pas besoin de Conseil
pour l'aider; ce Fort est à
un quart de lieuë de celuy
deM. deSenneville quiest
à la pointe de Ile de Montréaldu
costé du lac sains
Louis;c'est: proprement là,
qu'est le bout du Canada.
Lemesme
1
Ecclesiastiquea
commencéune Eglisebastiede
bonnes psierres,dans
la petite Isle dontjeviens
de faire mention Le Roy
abien voulu signaler aspieté
dans ce nouvel establi
sement,& sa bonté envers
Mr de Breslay
, qui a este
un des Gentilliommes de
sa Chambre
, en luy envoyant
des Ornemens pour
son Eglise.
Il ya eu une pronlotion
d'Officiers de Guerre & do
Jullicc: en ce payscy Ministre la faite , cette ani
née par ordre du Roy, en-r
viron deux mois avant l
départ des derniers vaiC)
seaux pour le Canada, Mil
de Galifet cy-devantLieu
tenant de Roy auMontréa
a eilé choisi pour Gouverneur
des trois rivières
Ville également distante,
de Quebec & de Montréal,
à la place de feuMrleMarquis
de Chrysaphi, Mr des
Bergeres en a esté fait Major,
Mr le Baron de Longuëilest
Lieutenant deRoy
de Ville Marie ou Montréal,&:
Mrde la Chasaigne
Major de cette Ville
Mr le Marquis de , Vaudreüil
fils aisné de Mr le
General, a esté fait Capitaine
; Messieurs de la Pipardiere
,deBeaujeu,d'Argenteüil,
le Gardeur
, &c.
ont esté eslevez au mefmr
rang. A l'egard des Officiers
de Justice,Mrde la
Martiniere a esté nomme
Doyen du ConseilSouverain
de Québec,àla place
de feu Mr Chartier deLorbiniere,
dont un des filsa
esté faitConseiller dans 1*
mesmepromotion, &c.
Les plus remarquables
d'entre 1rs passagers qui
fontcetteannée le voyage
de France, sont Mr Raudot
le fils,Intendant confort;
Mr son Pere doit le
sui vre l'année prochaine ,
èc il fera relevé par Mr Bergon,
le filsdufeu Intendant
de R ochofort, homme
tressçavant ôc.des plusintelligens
que nous ayons
eu dans la Marine. Mr le
Fevre Ecclesiastique né en
Canada,qui dans un âge
peu avancé, possede plusieurs
Langues de l'Europe
& a de l'apritude pour toutes
les belles choses
; c'est
le premier Canad ien de
l'Isle de Montréal qui ait
pris le parti de l'Eglise, depuis
que les François en
font les maistres,.. Madame
le Vasseurfemme de
l'Ingénieur de Québec,
mené avec elle ses ensans.
Je ne trouve de considérableentre
les morts , parmi
ceux qui me frapent laS
mémoire, en achevant ma
Lettre, que Mr du Chut,
Capitaine expérimente, de
qui connoissoit à merveille,
leNord du Canada,aussi
bien que les grands lacs,
êc le sieur delaMorandiere
Garde-Magazin du Roy.
Mettons fin à cette Lettre
qui n'est déjà que trop
longue
longue par une petite avanture
que vous trouverez
assez plaisante, quoyque
tirée d'un sujet fort
serieux -, voicy le fait en
deux mots. La femme d'un
Sauvage Chrestien estant
morte, son mary est venu
avertir le Bedeau de l'Eglise
de Montreal de faire
une fosse pour elle; on a
sonné pour 11 personne
morte, ÔC lorsqu'on a esté
prest d'enlever le corps
pour le mettre en terre, le
Sauvage a demande du
temps alléguant pour ses
raisons que sa femme refpiroic
encore; que duresse
il avoit esté bien aise de
faire préparer toutes choses
de son vivant, & sonner
les cloches pour ne la point
faire attendre lorsqu'elle
seroit decedée tout de bon,
voulant luy faire connoistre
en cela la bonne volontéquil
avoit pourelle.
'0 Comme l'Afriquain va
mettre à la voile, & qu'il
n'y a pas de temps à per- ,
dre
, je me trouve obligé
de vous dire que dans cet
endroit je vous fuis
Fermer
Résumé : A Québec le 31. Octobre 1710.
En 1710, les Anglais ont échoué dans leur tentative d'envahir la colonie canadienne à Québec, subissant une défaite auto-infligée après avoir détruit leurs propres forts et munitions. De retour en Nouvelle-Angleterre et en Nouvelle-York, ils ont été frappés par une contagion, réduisant leur capacité militaire. La situation en Nouvelle-France s'est stabilisée grâce à l'ordre établi par le Marquis de Vaudreuil, gouverneur général du Canada. Le Baron de Longueuil, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis, a renforcé les alliances françaises en étant envoyé en ambassade chez les Iroquois. Ces derniers ont réaffirmé leur fidélité au traité de paix de 1701, malgré les tentatives de séduction des Anglais. Le Sieur de Junquières a joué un rôle crucial dans le maintien de ces alliances. La tranquillité a régné en 1710, mais le Marquis de Vaudreuil a envoyé des officiers en Nouvelle-Angleterre pour surveiller les mouvements ennemis. Les Anglais ont accueilli les envoyés français avec honneur, confirmant leur alarme de l'année précédente. Des expéditions françaises ont capturé des prisonniers et repoussé les Anglais, réduisant leurs colonies à une situation précaire. Les alliés autochtones ont empêché les Anglais de sortir de leurs habitations. Des incidents notables, comme la capture d'un Anglais par deux Algonquins, illustrent la 'petite guerre' menée par les Français et leurs alliés. Parallèlement, environ cinq cents familles du Palatinat ont émigré d'Europe vers l'Amérique et se sont installées dans le pays des Aniez, une des cinq Nations Iroquoises alliées des Anglais. Leur situation est préoccupante car ils risquent de se retrouver pris entre les Iroquois et les Anglais. Le 8 septembre, le vaisseau du roi, l'Afriquain, commandé par M. de Marigny, a accosté à Québec, armé de cinquante canons. Le 16 septembre, un tremblement de terre a été ressenti sur l'île de Montréal. Le sieur Guyon, un flibustier, a intercepté une prise anglaise près de Québec et signalé la présence de vaisseaux anglais près des côtes de l'Acadie. En réponse, M. le Marquis de Vaudreuil a envoyé des renforts à M. de Subercasse, gouverneur de Port-Royal et de l'Acadie. M. le Duc, ancien avocat au Parlement de Paris, est décédé peu après son arrivée en France pour remplir la charge de Procureur Général au Conseil souverain de Québec. Malgré une année sèche, la récolte a été bonne, surtout en blé. Un nouvel ouvrage, un fort flanqué de quatre bastions à Chambly, a été achevé pour protéger le gouvernement de Montréal. M. de Breslay, un missionnaire sulpicien, a construit un fort sur l'île aux Tourtres et commencé la construction d'une église en pierre. Plusieurs promotions d'officiers de guerre et de justice ont été annoncées, notamment M. de Galifet comme gouverneur des Trois-Rivières et M. le Baron de Longueuil comme lieutenant du roi à Montréal. Parmi les passagers arrivés de France, on note M. Raudot le fils, intendant confirmé, et M. le Fèvre, un ecclésiastique canadien polyglotte. Parmi les décès, on mentionne M. du Chast, capitaine expérimenté, et le sieur de la Morandière, garde-magazin du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 33-35
Suite des Nouvelles d'Espagne.
Début :
Le Roy & le Prince des Asturies doivent accompagner la [...]
Mots clefs :
Général, Flotte, Asturies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Suite des Nouvelles
d'EJftagne.
LeRoy&le Princedes
! Astîuriesdoivent acompagner
la Reine à Corella, & on
travaille aux préparatifs
pour ce Voyage. Toutes les
Troupessont en riou-uepnme
excepté celles de la Maison
du Roy qui doivent partir
'VtYS le 10. avec Monfieur
: deVendôme. Le General
Stoerwiberg n'apas voulu m-,
tifier le Traité que le General
Stanhopeavoit fait pour
échangerlesOfficiersPrisonniers,
sexcufant sur ce que
les Soldats periraient quand
il n'y auroit plus d'Officiers
pour prendre soin d'eux. Ce
General est campé avec un
Corps de Troupes pres d'Igualada
où il peut les faire
subsister plus commodemrnt.
Nous avons appris que l'Amiral
Norris avoit debarqué
à Barcelone environcinq
mille hommes de sept qu'il
avoit en partatant de Vado
,
le resse ayant péri dans plufleurs
Tempesses quesa Flotte
a essuyées dans le trajet, avec
la plus part des chevaux qu>-
il avoit embarquez. & beaucoup
de Munitions de bouche.
Le bruit court que l'Archiduc
veut prositer du retour de cette
Flotte en Italie pourypas
ser
, & de là à Vienne;
mais que cet Amiralrefuje
desechargerdeJapersonne
sans en avoir auparavant
reçu un ordre de la Reim
Anne.
d'EJftagne.
LeRoy&le Princedes
! Astîuriesdoivent acompagner
la Reine à Corella, & on
travaille aux préparatifs
pour ce Voyage. Toutes les
Troupessont en riou-uepnme
excepté celles de la Maison
du Roy qui doivent partir
'VtYS le 10. avec Monfieur
: deVendôme. Le General
Stoerwiberg n'apas voulu m-,
tifier le Traité que le General
Stanhopeavoit fait pour
échangerlesOfficiersPrisonniers,
sexcufant sur ce que
les Soldats periraient quand
il n'y auroit plus d'Officiers
pour prendre soin d'eux. Ce
General est campé avec un
Corps de Troupes pres d'Igualada
où il peut les faire
subsister plus commodemrnt.
Nous avons appris que l'Amiral
Norris avoit debarqué
à Barcelone environcinq
mille hommes de sept qu'il
avoit en partatant de Vado
,
le resse ayant péri dans plufleurs
Tempesses quesa Flotte
a essuyées dans le trajet, avec
la plus part des chevaux qu>-
il avoit embarquez. & beaucoup
de Munitions de bouche.
Le bruit court que l'Archiduc
veut prositer du retour de cette
Flotte en Italie pourypas
ser
, & de là à Vienne;
mais que cet Amiralrefuje
desechargerdeJapersonne
sans en avoir auparavant
reçu un ordre de la Reim
Anne.
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Le texte décrit les préparatifs et événements militaires en Espagne. Le Roi et le Prince des Asturies doivent escorter la Reine à Corella. Les troupes sont en alerte, sauf celles de la Maison du Roi, qui partiront le 10 avec Monsieur de Vendôme. Le Général Stoerwiberg a refusé de ratifier un traité d'échange d'officiers prisonniers proposé par le Général Stanhope, justifiant cette décision par la survie des soldats en l'absence d'officiers. Stoerwiberg est positionné près d'Igualada avec ses troupes. L'Amiral Norris a débarqué à Barcelone avec environ cinq mille hommes, après avoir subi des pertes lors de tempêtes. Il est également envisagé que l'Archiduc pourrait se rendre en Italie, puis à Vienne, mais l'Amiral Norris refuse de débarquer sans ordre de la Reine Anne.
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10
p. 36-40
Suite des Nouvelles de Flandre.
Début :
Au Camp du Prieuré S. Michel les Arras le 15. [...]
Mots clefs :
Prince, Général, Maréchal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles de Flandre.
Suite des Nouvelles
de Flandre.
Au Camp du Prieuré
S. Michel lez Arras
le 15.Juin.
Les Ennemis décamperent
hier à une heure
aprés Minuit, & marcherent
sur plusieurs Colonnes.
Ils passerent la Scarpe
le matin entre Vitry
& Douay , & leurs Bagages
passerent la mesme
rivière au dessousde la
mesmeVille,& le Canal
de la Deule àAuby& à
Dourge. Leur droite est à
lievinàcoité de Lens sur
le Souchet, & leurGauche
à Pontà-Saut sur la Deule
du costé de Douay
,
le
Souchet & le Canal derriereeux.
Leurs Généraux
sont à Lens. Le gros de
notre Armée marcha en
même temps par la même
hauteur pour joindre foi.'
xante & huit Escadrons
qui estoient vers la Somme
& que Mrle Maréchal
avoit fait avancer
sur le Crinchon. Nostré
Droite est à Biaclie,nostre
Gauche à Monrencourr,
& nôtre Centre à Fampon
sur la Scarpe. Mr le
Maréchal est logé au
Prieuré
, & son Etat Major
au Fauxbourg d'Arras.
Les Lettres d'Holande
portent que l'Electeurde
Brandebourg étoit arrivé
à la Haye le 6. Juin pour
follicirer les Etats Généraux
de terminer le diferent
qu'il a avec le Prince
de Nassaw Stathouder de
Frise & de Groningue
concernant la succession
du Feu Prince d'Orangei
Ce Prince,par son Testament
avoit institué le
Prince de Nassau son Legaraire
universel , Son
AltesseElectoraleprétend
qu'il ne la pas pû ou dû
faire à son préjudice comme
étant son plus proche
parent; en cette qualité
Elle s'est mise en posses.
sion de tous les biens situez
hors des Provinces
Unies. Le Prince de Nassau
, à la prière des Hollandois
, a nommé des
Commissaires pour tra-*
vailler avec Mr Hymmen
Commissaire de son Altesse
Electorale , aux
moyens de finir cette affaire
à l'amiable.
de Flandre.
Au Camp du Prieuré
S. Michel lez Arras
le 15.Juin.
Les Ennemis décamperent
hier à une heure
aprés Minuit, & marcherent
sur plusieurs Colonnes.
Ils passerent la Scarpe
le matin entre Vitry
& Douay , & leurs Bagages
passerent la mesme
rivière au dessousde la
mesmeVille,& le Canal
de la Deule àAuby& à
Dourge. Leur droite est à
lievinàcoité de Lens sur
le Souchet, & leurGauche
à Pontà-Saut sur la Deule
du costé de Douay
,
le
Souchet & le Canal derriereeux.
Leurs Généraux
sont à Lens. Le gros de
notre Armée marcha en
même temps par la même
hauteur pour joindre foi.'
xante & huit Escadrons
qui estoient vers la Somme
& que Mrle Maréchal
avoit fait avancer
sur le Crinchon. Nostré
Droite est à Biaclie,nostre
Gauche à Monrencourr,
& nôtre Centre à Fampon
sur la Scarpe. Mr le
Maréchal est logé au
Prieuré
, & son Etat Major
au Fauxbourg d'Arras.
Les Lettres d'Holande
portent que l'Electeurde
Brandebourg étoit arrivé
à la Haye le 6. Juin pour
follicirer les Etats Généraux
de terminer le diferent
qu'il a avec le Prince
de Nassaw Stathouder de
Frise & de Groningue
concernant la succession
du Feu Prince d'Orangei
Ce Prince,par son Testament
avoit institué le
Prince de Nassau son Legaraire
universel , Son
AltesseElectoraleprétend
qu'il ne la pas pû ou dû
faire à son préjudice comme
étant son plus proche
parent; en cette qualité
Elle s'est mise en posses.
sion de tous les biens situez
hors des Provinces
Unies. Le Prince de Nassau
, à la prière des Hollandois
, a nommé des
Commissaires pour tra-*
vailler avec Mr Hymmen
Commissaire de son Altesse
Electorale , aux
moyens de finir cette affaire
à l'amiable.
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Résumé : Suite des Nouvelles de Flandre.
Le 15 juin, des mouvements militaires et des négociations politiques ont eu lieu en Flandre et en Hollande. Les forces ennemies ont quitté leur camp à minuit, se déplaçant en plusieurs colonnes et traversant la Scarpe entre Vitry et Douai. Leurs bagages ont également traversé la Scarpe en dessous de Douai, ainsi que le canal de la Deule à Auby et Dourges. Leur droite se trouve à Liévin, près de Lens sur le Souchet, et leur gauche à Pont-à-Saut sur la Deule, près de Douai. Les généraux ennemis sont à Lens. L'armée française a également marché pour rejoindre quatre-vingt-huit escadrons près du Crinchon. La droite française est à Biache, la gauche à Monchencourt, et le centre à Fampoux sur la Scarpe. Le maréchal français est logé au Prieuré de Saint-Michel, et son état-major au faubourg d'Arras. Par ailleurs, l'Électeur de Brandebourg est arrivé à La Haye le 6 juin pour négocier avec les États Généraux concernant la succession du Prince d'Orange. Le Prince d'Orange avait désigné le Prince de Nassau comme son légataire universel, mais l'Électeur conteste cette décision, affirmant être le parent le plus proche. L'Électeur a pris possession des biens situés hors des Provinces Unies. Le Prince de Nassau, à la demande des Hollandais, a nommé des commissaires pour négocier avec l'Électeur afin de résoudre ce différend à l'amiable.
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11
p. 76-82
« D'autres Lettres portent que l'on continuoit de travailler [...] »
Début :
D'autres Lettres portent que l'on continuoit de travailler [...]
Mots clefs :
Marquis, Général, Troupes, Camp
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « D'autres Lettres portent que l'on continuoit de travailler [...] »
D'autres Lettres portent
que l'on continuoit
de travailler aux fortifications
deCervera, que les
Trou pes augmentent tous
les jours en ces quartierslà
; que lesAlliez estoient
tousjours dans leursmesmes
Quartiers;qu'ils faisoient
approcher lesTroupes
Allemandes pour estre
toutes sous le même Commandant
qui dévoitestrè
le General Vezel qui estoit
leseul de leurs Généraux
qui fust encore forti de
Barcelone ;que le bruic
couroic qu'ils se devoienc
mettre incessamment en
Campagne, & que leur
premierCamp sera prés
de Tarragone; mais que
les provisions leur manquent
,& que leur Artillerie
n'est pas preste.
Celles d'Estremadure
portentque les Portugais,
aprèss'estre tenus long-
temps dans un Camp avantageux
,
avoient envoyé
quelques détachemens
du costé de Zafra
pour lever les contributions,
& s'estoient ensuite
retirez;que M.le Marquis
de Bay pour les obliger à
sortir de leur Camp, avoit
fait bombarder Elvas;
qu'il s'estoit avancé ensuite
vers la ville deBorvaqui
avoit esté pillée, & qui
avoit donné seize mille
Ecus pour empescher
qu'on n'ymist le feu,8$
qu'un de sesPartis avoit
dessait trois cens Grena,
diers ; que les Portugais
avoient fait courir le bruit
qu'ils attendoient des
Mortiers potiv- bombarderBadajozpar
represailles,
& que si M. le Marquis
de Bay s'y opposoit,
ils luy donneroient bataille
;quece General en
ayant estéinformé s'étoit
approché d'eux; que les
innemis le voyant en leur
presence,s'estoient avancez
en bataille; maiS1
qu'ayant reconnu queM.
le Marquis de Bay se dispofoit
à les bien recevoir,
ils avoient défilésur leur
gauche, & estoient allez
camper plus loin entre l,,
Caya & la Catola vers la
Tour de Segovie ; que
quelques jours aprésils
publierent encore qu'ils
retourneroient pour attaquer
M.le Marquis de Bay
qu'ils battroientparce
qu'ils estoientplusforts
que luy en lnfclnrerie;flu
cependant il s'estoit eh4
core avancé,&avoit cam.'
pé en leur presence,sans
qu'ils eussent osé venir à
luy.
D'autres Lettres confirment
que M. de Monte-
Negro avoit repris Caravalajez
; qu'il eftoic£nfuite
entré enPortugal
par la Province de Tralos-
Montes
, ou il avoit
détaché Dom Nicolas de
San Severino avec un
Corps de Cavalerie
,
qui
avoir pris la ville de Vimiofo,
située quatre lieuës
au-dessus de Miranda, &
que M. de Monte-Negro
l'ayant suivi avoit pris le
Chasteau où il y avoic
deux Compagnies d'infanrerie,
& où il avoit
trouvé beaucoup de munitions
de guerre & de
bouche.
que l'on continuoit
de travailler aux fortifications
deCervera, que les
Trou pes augmentent tous
les jours en ces quartierslà
; que lesAlliez estoient
tousjours dans leursmesmes
Quartiers;qu'ils faisoient
approcher lesTroupes
Allemandes pour estre
toutes sous le même Commandant
qui dévoitestrè
le General Vezel qui estoit
leseul de leurs Généraux
qui fust encore forti de
Barcelone ;que le bruic
couroic qu'ils se devoienc
mettre incessamment en
Campagne, & que leur
premierCamp sera prés
de Tarragone; mais que
les provisions leur manquent
,& que leur Artillerie
n'est pas preste.
Celles d'Estremadure
portentque les Portugais,
aprèss'estre tenus long-
temps dans un Camp avantageux
,
avoient envoyé
quelques détachemens
du costé de Zafra
pour lever les contributions,
& s'estoient ensuite
retirez;que M.le Marquis
de Bay pour les obliger à
sortir de leur Camp, avoit
fait bombarder Elvas;
qu'il s'estoit avancé ensuite
vers la ville deBorvaqui
avoit esté pillée, & qui
avoit donné seize mille
Ecus pour empescher
qu'on n'ymist le feu,8$
qu'un de sesPartis avoit
dessait trois cens Grena,
diers ; que les Portugais
avoient fait courir le bruit
qu'ils attendoient des
Mortiers potiv- bombarderBadajozpar
represailles,
& que si M. le Marquis
de Bay s'y opposoit,
ils luy donneroient bataille
;quece General en
ayant estéinformé s'étoit
approché d'eux; que les
innemis le voyant en leur
presence,s'estoient avancez
en bataille; maiS1
qu'ayant reconnu queM.
le Marquis de Bay se dispofoit
à les bien recevoir,
ils avoient défilésur leur
gauche, & estoient allez
camper plus loin entre l,,
Caya & la Catola vers la
Tour de Segovie ; que
quelques jours aprésils
publierent encore qu'ils
retourneroient pour attaquer
M.le Marquis de Bay
qu'ils battroientparce
qu'ils estoientplusforts
que luy en lnfclnrerie;flu
cependant il s'estoit eh4
core avancé,&avoit cam.'
pé en leur presence,sans
qu'ils eussent osé venir à
luy.
D'autres Lettres confirment
que M. de Monte-
Negro avoit repris Caravalajez
; qu'il eftoic£nfuite
entré enPortugal
par la Province de Tralos-
Montes
, ou il avoit
détaché Dom Nicolas de
San Severino avec un
Corps de Cavalerie
,
qui
avoir pris la ville de Vimiofo,
située quatre lieuës
au-dessus de Miranda, &
que M. de Monte-Negro
l'ayant suivi avoit pris le
Chasteau où il y avoic
deux Compagnies d'infanrerie,
& où il avoit
trouvé beaucoup de munitions
de guerre & de
bouche.
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Résumé : « D'autres Lettres portent que l'on continuoit de travailler [...] »
Le texte décrit plusieurs événements militaires. À Cervera, les travaux de fortification se poursuivent malgré l'augmentation des troupes ennemies. Près de Tarragone, les alliés dirigés par le général Vezel se préparent à entrer en campagne, mais manquent de provisions et leur artillerie n'est pas prête. En Estrémadure, les Portugais ont envoyé des détachements à Zafra pour lever des contributions avant de se retirer. Le marquis de Bay a bombardé Elvas et pillé Borva, obtenant une rançon pour éviter l'incendie de la ville. Les Portugais ont menacé de bombarder Badajoz et de livrer bataille si le marquis de Bay s'opposait à eux. Ce dernier s'est approché des Portugais, qui ont reculé et se sont campés entre Caya et la Catola. Quelques jours plus tard, les Portugais ont annoncé leur intention de revenir attaquer le marquis de Bay, mais ce dernier a campé en leur présence sans qu'ils osent l'affronter. Par ailleurs, M. de Monte-Negro a repris Caravalajez et est entré au Portugal par la province de Tras-os-Montes. Il a détaché Dom Nicolas de San Severino, qui a pris la ville de Vimioso. M. de Monte-Negro a ensuite pris un château où se trouvaient deux compagnies d'infanterie et des munitions.
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12
p. 10-13
Lettre de Corella du 24. Juillet.
Début :
Les Miquelets ou Volontaires qui faisoient des courses jusques à [...]
Mots clefs :
Général, Troupes, Corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de Corella du 24. Juillet.
Lettre de Corella du 24.-
Juillet.
Les Miquelets ou Volontaires
quifaisoient des courses
jusques à cinq ou six lieues
dtIcy
, ont enfin estécontraints
d'abandonner la Plaine & de
si retirer dans les Montagnes
, le Regiment de Courtebonne
en a surpris un Corpshqoumi
ms'eéstoit joint à deux cens.
de Troupes reglées.
dans la ville dyArens, 0* qui
étoient commandez par le General
Shovel. Ily en a eu un
grand nombre de tue:{ & de
pris,& ce General s'estsauvé
dans le Chasteau avec environ
quatre-vingt hommes; on les A
investi
y
Monsieur le Marquis
d'Arpajonestparti de Balaguer
avec un Corps de Troupes
Françoises pour faire le siége
de ce Chasteau, celles quisont
venües duLampourdan font
en quartier entre les deux
Noguera&la Cinca
J
excepté
deux Bataillons quon a envoj.
e% à Cervera pour renforcer
le Corps que Adonjïeur
le Marquis de Valdecanasy
commande. Les ennemis ont
posté un petit Corps au col de
Monblanc e un autre au col
de Balaguer, à moitiéchemin
de Tortose à Tarragonne. On
a eu nouvelle de Barcelone que
les troubles quiy regnent ont .-
tflé causez par un Livre qui
efl contraire aux Loix e aux
Priviléges du Pays ,eque les
peuples demandent que l'Autheursoitpuni
severement, le
bruit court qu'ily est arrivé
ordre d'Angleterre d'executerle
traitéque Mo onsieur de Vmda~
me avoit arresté pour l'échange
des prisonniers
3
que le General
Staremberg n'avoitpas voulu
ratifier. Le Roy, la Racine 0*
le Prince sont en parfaite
santé. MoryÍeur de Bergbeik.
estarrivé iry
j
il a esté tresbien
reçu de leurs Majestez.
Le Roy a donnéle Gouvernement
de la Province de Guipuscoa
a Don Augustin de
Roblés cy-devant Gouverneur
de Cadi
Juillet.
Les Miquelets ou Volontaires
quifaisoient des courses
jusques à cinq ou six lieues
dtIcy
, ont enfin estécontraints
d'abandonner la Plaine & de
si retirer dans les Montagnes
, le Regiment de Courtebonne
en a surpris un Corpshqoumi
ms'eéstoit joint à deux cens.
de Troupes reglées.
dans la ville dyArens, 0* qui
étoient commandez par le General
Shovel. Ily en a eu un
grand nombre de tue:{ & de
pris,& ce General s'estsauvé
dans le Chasteau avec environ
quatre-vingt hommes; on les A
investi
y
Monsieur le Marquis
d'Arpajonestparti de Balaguer
avec un Corps de Troupes
Françoises pour faire le siége
de ce Chasteau, celles quisont
venües duLampourdan font
en quartier entre les deux
Noguera&la Cinca
J
excepté
deux Bataillons quon a envoj.
e% à Cervera pour renforcer
le Corps que Adonjïeur
le Marquis de Valdecanasy
commande. Les ennemis ont
posté un petit Corps au col de
Monblanc e un autre au col
de Balaguer, à moitiéchemin
de Tortose à Tarragonne. On
a eu nouvelle de Barcelone que
les troubles quiy regnent ont .-
tflé causez par un Livre qui
efl contraire aux Loix e aux
Priviléges du Pays ,eque les
peuples demandent que l'Autheursoitpuni
severement, le
bruit court qu'ily est arrivé
ordre d'Angleterre d'executerle
traitéque Mo onsieur de Vmda~
me avoit arresté pour l'échange
des prisonniers
3
que le General
Staremberg n'avoitpas voulu
ratifier. Le Roy, la Racine 0*
le Prince sont en parfaite
santé. MoryÍeur de Bergbeik.
estarrivé iry
j
il a esté tresbien
reçu de leurs Majestez.
Le Roy a donnéle Gouvernement
de la Province de Guipuscoa
a Don Augustin de
Roblés cy-devant Gouverneur
de Cadi
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Résumé : Lettre de Corella du 24. Juillet.
Le 24 juillet, les Miquelets, ou Volontaires, ont dû se retirer dans les montagnes après des raids jusqu'à cinq ou six lieues de leur base. Le régiment de Courtebonne a surpris un groupe de Miquelets rejoints par deux cents troupes régulières commandées par le général Shovel à Arens, entraînant de nombreux tués et prisonniers. Le général Shovel s'est réfugié dans un château avec environ quatre-vingts hommes, assiégés par le marquis d'Arpajon et ses troupes françaises. Les troupes françaises de Lérida sont positionnées entre les rivières Noguera et Cinca, à l'exception de deux bataillons envoyés à Cervera pour renforcer les forces du marquis de Valdecanas. Les ennemis ont placé des troupes au col de Montblanc et au col de Balaguer, entre Tortose et Tarragone. À Barcelone, des troubles ont été causés par un livre contraire aux lois et privilèges du pays, et la population demande la punition sévère de son auteur. L'Angleterre a ordonné l'exécution d'un traité concernant l'échange de prisonniers, refusé par le général Starhemberg. Le roi, la reine et le prince sont en bonne santé. Le marquis de Bergbeik a été bien reçu par leurs Majestés. Le roi a nommé Don Augustin de Roblés, ancien gouverneur de Cadix, comme gouverneur de la province de Guipuscoa.
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13
p. 28-84
SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Début :
ARGUMENT du quatrième Livre. AVERTISSEMENT. On a mis dans la suite [...]
Mots clefs :
Troyens, Minerve, Grecs, Combat, Courage, Roi, Jupiter, Iliade, Bataille, Armes, Guerre, Dieu, Général, Junon, Javelot, Pandare, Diomède, Ménélas, Corps, Ordres, Char, Nestor, Chefs, Apollon, Fils, Armée, Agamemnon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
SUITE DE L'ABREGE
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
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Résumé : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Le quatrième livre de l'Iliade relate un conseil des dieux concernant la guerre de Troie. Jupiter critique Junon et Minerve pour leur absence des combats, contrairement à Vénus qui soutient son favori. Junon refuse la paix et demande à Minerve d'inciter les Troyens à rompre le traité. Minerve, déguisée en Laodocus, persuade Pandarus de tirer une flèche sur Ménélas, le blessant légèrement. Agamemnon, alarmé, appelle un médecin pour soigner Ménélas. Les Troyens avancent en bataille, et les Grecs se préparent au combat. Agamemnon encourage les soldats et réprimande les lâches. Les deux armées se rejoignent, et le combat commence, marqué par des scènes de violence et de mort. Mars soutient les Troyens, tandis que Minerve aide les Grecs. Diomède, encouragé par Minerve, se distingue par sa bravoure et tue plusieurs Troyens. Pandarus blesse Diomède, mais Minerve le guérit et l'encourage à continuer. La journée se termine par des combats acharnés, avec des pertes des deux côtés. Diomède, comparé à un lion, attaque et vainc Échémon et Chromius, fils de Priam, s'emparant de leurs armes et chevaux. Enée, voyant les ravages causés par Diomède, cherche Pandarus pour l'exhorter à utiliser son arc contre ce guerrier. Pandarus reconnaît Diomède et regrette de ne pas avoir pris plus de chars. Il jure de brûler son arc s'il revient à Troie. Enée propose à Pandarus de monter sur son char pour affronter Diomède. Pandarus conseille à Enée de conduire ses propres chevaux et se prépare à affronter Diomède avec sa lance. Diomède, malgré les conseils de Sthelenus de se retirer, décide de rester et de combattre. Pandarus lance un dard contre Diomède, qui riposte en le blessant mortellement. Enée tente de défendre le corps de Pandarus, mais Diomède le frappe à la cuisse avec une pierre, le blessant gravement. Vénus, la mère d'Enée, vient à son secours et le transporte, blessée à la main par Diomède. Apollon prend ensuite Enée sous sa protection. Diomède, encouragé par Minerve, continue de combattre avec fureur. Les dieux interviennent de manière plus directe : Junon et Minerve décident d'arrêter les ravages de Mars et de secourir les Grecs. Minerve, déguisée, incite Diomède à affronter Mars, qu'elle blesse ensuite. Mars, blessé, retourne dans l'Olympe où Jupiter le guérit. La scène se termine par la préparation des dieux pour continuer à influencer le cours de la bataille.
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14
p. 19-23
Feste donnée à Joigny le jour de Saint Loüis, par Mr de la Brulerie, ancien Officier des Troupes du Roy, & Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Loüis.
Début :
Le 25. Aoust, Feste de Saint Louis, Mr de la Brulerie [...]
Mots clefs :
Joigny, Général, Maréchal, Chevalier, Camp, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Feste donnée à Joigny le jour de Saint Loüis, par Mr de la Brulerie, ancien Officier des Troupes du Roy, & Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Loüis.
Fcftc donnée àJoigny le
jour de Saint Louis>
par M1 de la Brulcric,
ancien Officier
des Troupes du Roy,
&Chevalier de l'Or.
dre Royal & Alili- - taire de S. Louis.
-, Le 25.Aoust,Festede
Le 2 5. Aoust, Feste de
Saint Louis, M1 de la Brulerie
,
l'un des principaux
Officiers de la Ville de Joigny,
donna un dîné magnifique
ou fetrouverent Mrle
Marquis de Guerchy
, pere
du Lieutenant General, Mr
le Marquis de Monrperous,
Lieutenant General & Mestre
de Camp General de la
Cavalerie de France; Mr le
Marqu i s dHautestilt Ilc
Maréchal ,. de Camp; Mr de
la Tarte aussi Maréchal de
Camp, & tous Chevaliers
de S.Louis ; Mr de Chamlay
Grand Croix de ccr Ordre;
Mr Joly ancien Brigadier
des Armées du Roy,
Chevalier de Saint Louis £
Mr le Baron de Bontain
,, Maître des Cercmonies U,
Prevost de l'Ordre; Mr
d Iverniaussi Brigadier &
Chevalier de Saint Louis;
Mr de Brumpt ancien Colonel
Ecossois
,
qui amena la?
Noblesse d'Ecosse& quil'a,
commandée pour le fervicc
du Roy jusqu'en 1 692.
Mr d'Arbonnc
,
Capitaine,
audit Regiment de Pardaillan
Cava0lerie, Mrle Gheva*
lier de Verneüillet
,
fils du
Press dent à Mortier de Rouen,
Menin de Monsieur le
Duc du Maine, tous cbcvalier
de S. Louis Mrs Berthelot,
de Pleneuf, deCharmoy
,& de Senan, ancien
Colonel de Cavalerie, s'y
trouvèrent aussi, avec plusieurs
autres per sonnes de
consideration.
On passa l'aprésdînée
en Jeux & en réjoii(Tances,
& le soir Mr de la Brulerie
donna aussiun grand soupe
aux Dîmes, au Gouverneur
,..au President & à tous
les Conseillers de la Ville.
Apres le soupé on tira un
beau feu d'Artifice
,
qui
fut suivi d'un Bal qui dura
toute lanuit.
jour de Saint Louis>
par M1 de la Brulcric,
ancien Officier
des Troupes du Roy,
&Chevalier de l'Or.
dre Royal & Alili- - taire de S. Louis.
-, Le 25.Aoust,Festede
Le 2 5. Aoust, Feste de
Saint Louis, M1 de la Brulerie
,
l'un des principaux
Officiers de la Ville de Joigny,
donna un dîné magnifique
ou fetrouverent Mrle
Marquis de Guerchy
, pere
du Lieutenant General, Mr
le Marquis de Monrperous,
Lieutenant General & Mestre
de Camp General de la
Cavalerie de France; Mr le
Marqu i s dHautestilt Ilc
Maréchal ,. de Camp; Mr de
la Tarte aussi Maréchal de
Camp, & tous Chevaliers
de S.Louis ; Mr de Chamlay
Grand Croix de ccr Ordre;
Mr Joly ancien Brigadier
des Armées du Roy,
Chevalier de Saint Louis £
Mr le Baron de Bontain
,, Maître des Cercmonies U,
Prevost de l'Ordre; Mr
d Iverniaussi Brigadier &
Chevalier de Saint Louis;
Mr de Brumpt ancien Colonel
Ecossois
,
qui amena la?
Noblesse d'Ecosse& quil'a,
commandée pour le fervicc
du Roy jusqu'en 1 692.
Mr d'Arbonnc
,
Capitaine,
audit Regiment de Pardaillan
Cava0lerie, Mrle Gheva*
lier de Verneüillet
,
fils du
Press dent à Mortier de Rouen,
Menin de Monsieur le
Duc du Maine, tous cbcvalier
de S. Louis Mrs Berthelot,
de Pleneuf, deCharmoy
,& de Senan, ancien
Colonel de Cavalerie, s'y
trouvèrent aussi, avec plusieurs
autres per sonnes de
consideration.
On passa l'aprésdînée
en Jeux & en réjoii(Tances,
& le soir Mr de la Brulerie
donna aussiun grand soupe
aux Dîmes, au Gouverneur
,..au President & à tous
les Conseillers de la Ville.
Apres le soupé on tira un
beau feu d'Artifice
,
qui
fut suivi d'un Bal qui dura
toute lanuit.
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Résumé : Feste donnée à Joigny le jour de Saint Loüis, par Mr de la Brulerie, ancien Officier des Troupes du Roy, & Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Loüis.
Le 25 août, à l'occasion de la fête de Saint Louis, M. de la Brulerie, ancien officier des Troupes du Roy et Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, organisa un dîner somptueux à Joigny. Les invités comprenaient des personnalités notables telles que le Marquis de Guerchy, père du Lieutenant Général, le Marquis de Montperoux, Lieutenant Général et Maître de Camp Général de la Cavalerie de France, ainsi que plusieurs Maréchaux de Camp et Chevaliers de Saint-Louis. Parmi les autres invités de marque figuraient le Baron de Bontain, Maître des Cérémonies et Prévôt de l'Ordre, et Mr. d'Iverny, Brigadier et Chevalier de Saint-Louis. L'après-midi fut marquée par des jeux et des réjouissances, suivis d'un grand souper offert aux Dîmes, au Gouverneur, au Président et aux Conseillers de la Ville. Le soir, un feu d'artifice fut tiré, suivi d'un bal qui dura toute la nuit.
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15
p. 103-110
MORTS.
Début :
Charles Marie Maillard de Tournon, Cardinal Piemontois, Legat dans l' [...]
Mots clefs :
Général, Roi, Cardinal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Charles Marie Maillard
de Tournon,Cardinal Picmontois,
Legat dans l'Empire
de la Chine, mourut
à Macao le 18. Juin 1710.
Il étoit l'un des Cametiers
d'honneur du Pape Clement
XI. qui le nomma
Patrarche d'Antioche le
Décembre
1 701. & declara
en mesme temps qu'ill'avoir
destiné pour l'envoyer
à la Chine en qualité de
VisiteurApoltohque,avec
les facultez de Legat à
Latere pour y porter les
Decrets & les Reglemens
necessaires pour la conduite
des Chrêtieus de ce Païs-là.
Le 21. du mesme mois le
Pape fit dans le Choeur de
l'Eglise de S. Pierre la ceremonie
de le sacrer Patriarche,
assisté des Cardinaux
Acciajoli & Carpegna,fonction
que les Papes n'avoient
point faite pendant tout le
cours du siecle precedent
depuis ClementVIII. Sa
Sainteté le nomma Cardinalle
I
r. Aoust 1707. on
a recu à Rome un Proces
verbal contenant les circonstances
de sa mort.
Maria Gabrieli Giovanni,
Cardinal, mourut à Caprola
- dans sa cinquante
huitiémeannée.Il y étoit
allé pour prendre l'air afin
de s'y rétablir d'une grande
maladie qu'il avoit eue auparavant.
Il avoit esté General
des Feuillants, & fait
Cardinal par le Pape Innocent
XII. à la promotion
du 14. Novembre. Il vacque
par ces deux Morts,
dix sept places dans le Sacré
College.
Le Chevalier Richard
de Bulstrode, Anglois,
mourut à S. Germain en
Laye le 3e. Octobre age
decent cinq ans. Ilavoit
servy fous cinq Rois d'Angleterre.
Il avoit esté Commiflairc
General de l'Armée
du Roy Charles I. puis Envoyé
Extraordinaire à ta
Cour de Bruxelles sousdes
Rois Henry II. & Jacques
IL Il a laissé dix-sept ensans
de deux lits, donc trois
font Moufcjuetaires}- l'aîné
de ses fils, est âgé de soixante
& douze ans, & le
plus jeune de treize.
René Seguin
,
Capitaine
du Châceau du Louvre,
mourut le 4. Octobre agé
de 66 ans après une longue
maladie. Il étoit le
dernier de sa famille
,
qui
a possedé cette Charge de
pere en fils, pendant quatre-
vingt ans.
Antoine François Picard,
Seigneur de Mauny, Conseiller
au Parlement, mourut
sans alliance le11. Octobre
agé de trente ans.
Bonaventure Frotier,
Marquis de la Messeliere,
Marechal des Camps & Armées
du Roy, mourut le
14.Septembre dans sa
Terre de la Messeliere en
Poitou. Il avoit esté Gouverneur
de MastricK. -
Anne Thibeuf mourut
le
1 5. Octobre. Elle avoit
épousé en premiere Noces
Clauded'Alesso, Conseilkr
au Parlement
,
&,. en
seconde-noces Pierre Lallomant
de Lestiée Vicomte
de Villeneuve &c. Gouverneur
des Villes & Citadelle
de Donchcry & d'Auxerre.
Antoinette Françoise
Robineau de Fortelles seconde
femme de Cesar
Hurault Comte du Marais,
mourut le 16. Octobre
# agée de 33. ans.
Marie- Anne Roland ,
épouse de Claude Jacques
du Noyer, Seigneur de
Touches, Maistre des Requestes
, mourut en couches
le 18. Octobre.
Jean Angelique de Frezeau,
Marquis de la Frefelicre)
Lieutenant General
des Armées du Roy,&
Premier Lieutenant General
de l'Artillerie de France,
mourut le 16. Octobre en
sonChâteau de laChaussée,
agé de 39. ans. Son
Corps a esté apporté à
Saint Paul où il a esté inhumé.
Charles Marie Maillard
de Tournon,Cardinal Picmontois,
Legat dans l'Empire
de la Chine, mourut
à Macao le 18. Juin 1710.
Il étoit l'un des Cametiers
d'honneur du Pape Clement
XI. qui le nomma
Patrarche d'Antioche le
Décembre
1 701. & declara
en mesme temps qu'ill'avoir
destiné pour l'envoyer
à la Chine en qualité de
VisiteurApoltohque,avec
les facultez de Legat à
Latere pour y porter les
Decrets & les Reglemens
necessaires pour la conduite
des Chrêtieus de ce Païs-là.
Le 21. du mesme mois le
Pape fit dans le Choeur de
l'Eglise de S. Pierre la ceremonie
de le sacrer Patriarche,
assisté des Cardinaux
Acciajoli & Carpegna,fonction
que les Papes n'avoient
point faite pendant tout le
cours du siecle precedent
depuis ClementVIII. Sa
Sainteté le nomma Cardinalle
I
r. Aoust 1707. on
a recu à Rome un Proces
verbal contenant les circonstances
de sa mort.
Maria Gabrieli Giovanni,
Cardinal, mourut à Caprola
- dans sa cinquante
huitiémeannée.Il y étoit
allé pour prendre l'air afin
de s'y rétablir d'une grande
maladie qu'il avoit eue auparavant.
Il avoit esté General
des Feuillants, & fait
Cardinal par le Pape Innocent
XII. à la promotion
du 14. Novembre. Il vacque
par ces deux Morts,
dix sept places dans le Sacré
College.
Le Chevalier Richard
de Bulstrode, Anglois,
mourut à S. Germain en
Laye le 3e. Octobre age
decent cinq ans. Ilavoit
servy fous cinq Rois d'Angleterre.
Il avoit esté Commiflairc
General de l'Armée
du Roy Charles I. puis Envoyé
Extraordinaire à ta
Cour de Bruxelles sousdes
Rois Henry II. & Jacques
IL Il a laissé dix-sept ensans
de deux lits, donc trois
font Moufcjuetaires}- l'aîné
de ses fils, est âgé de soixante
& douze ans, & le
plus jeune de treize.
René Seguin
,
Capitaine
du Châceau du Louvre,
mourut le 4. Octobre agé
de 66 ans après une longue
maladie. Il étoit le
dernier de sa famille
,
qui
a possedé cette Charge de
pere en fils, pendant quatre-
vingt ans.
Antoine François Picard,
Seigneur de Mauny, Conseiller
au Parlement, mourut
sans alliance le11. Octobre
agé de trente ans.
Bonaventure Frotier,
Marquis de la Messeliere,
Marechal des Camps & Armées
du Roy, mourut le
14.Septembre dans sa
Terre de la Messeliere en
Poitou. Il avoit esté Gouverneur
de MastricK. -
Anne Thibeuf mourut
le
1 5. Octobre. Elle avoit
épousé en premiere Noces
Clauded'Alesso, Conseilkr
au Parlement
,
&,. en
seconde-noces Pierre Lallomant
de Lestiée Vicomte
de Villeneuve &c. Gouverneur
des Villes & Citadelle
de Donchcry & d'Auxerre.
Antoinette Françoise
Robineau de Fortelles seconde
femme de Cesar
Hurault Comte du Marais,
mourut le 16. Octobre
# agée de 33. ans.
Marie- Anne Roland ,
épouse de Claude Jacques
du Noyer, Seigneur de
Touches, Maistre des Requestes
, mourut en couches
le 18. Octobre.
Jean Angelique de Frezeau,
Marquis de la Frefelicre)
Lieutenant General
des Armées du Roy,&
Premier Lieutenant General
de l'Artillerie de France,
mourut le 16. Octobre en
sonChâteau de laChaussée,
agé de 39. ans. Son
Corps a esté apporté à
Saint Paul où il a esté inhumé.
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Résumé : MORTS.
Le texte mentionne plusieurs décès notables. Charles Marie Maillard de Tournon, Cardinal Picmontois et Légat en Chine, est décédé à Macao le 18 juin 1710. Il avait été nommé Patriarche d'Antioche en décembre 1701 et sacré à l'Église de Saint-Pierre le 21 décembre 1701. Il fut élevé au rang de Cardinal le 1er août 1707. Maria Gabrieli Giovanni, Cardinal, est mort à Caprola à l'âge de cinquante-huit ans. Ces deux décès ont laissé dix-sept places vacantes dans le Sacré Collège. Richard de Bulstrode, Chevalier anglais, est décédé à Saint-Germain-en-Laye le 3 octobre à l'âge de quatre-vingt-cinq ans. Il avait servi sous cinq Rois d'Angleterre et laissé dix-sept enfants. René Seguin, Capitaine du Château du Louvre, est mort le 4 octobre à l'âge de soixante-six ans après une longue maladie. Antoine François Picard, Seigneur de Mauny et Conseiller au Parlement, est décédé sans alliance le 11 octobre à l'âge de trente ans. Bonaventure Frotier, Marquis de la Messeliere et Maréchal des Camps et Armées du Roi, est mort le 14 septembre. Anne Thibeuf est décédée le 15 octobre. Antoinette Françoise Robineau de Fortelles, seconde femme de César Hurault Comte du Marais, est morte le 16 octobre à l'âge de trente-trois ans. Marie-Anne Roland, épouse de Claude Jacques du Noyer, est décédée en couches le 18 octobre. Jean Angélique de Frezeau, Marquis de la Frezelière et Lieutenant Général des Armées du Roi, est mort le 16 octobre à l'âge de trente-neuf ans.
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16
p. 202-219
LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
Début :
Monsieur, Vous vous attendez sans doute à un détail exact [...]
Mots clefs :
Québec, Angleterre, Sauvages, Général, Acadie, Canada, Prisonniers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
lage.
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré quece qu avoient projette nos ennemis principalement cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y
avoir dixans ou environ que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre, formoient le dessein de joindre à leurs Colonies celle du Canada
ik
sceance. qui seroit fort à leur bienCe que les François possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens. Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots, qui dans les changemens des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;cequi est souventtrès avan- tageux. -
Cela supposé pour revenir aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler de ce pays-ci,sur le Canada d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre fous les yeux la
conduite habile &: très prudente que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a
gardée jusqu'àpresent pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de BeauBassin,sousles ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens & de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
L"a même l , année 1703. a
la fin du mois de Décembre, M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta d'assaut laville de Diersields dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez, & contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie
,
Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez, dans,l'intention de
les mettre de son parti:
maisilstinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie, dans la nouvelle Angleterre
,
& dans NevvYork en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre. Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale de la nouvelle Anglterre, envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année 1705. que les Canadiens, fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également habile dans l'art de
fortifier les places, & dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs du fort S. Jean, poste des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre fut en 1707. bloquée,s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation au Conseil de Baston, on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau commencement
de Juin.
Une expédition memorable ce fut celle de Haveril fous le commandement de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante pour attaquerMontreal
:
mais la flote fut con-
tremandée par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête dessiens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entre-
prendre sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier de Beaucour, Capitaine Ingenieur,fort estime dans la nouvelle France & fort habile dans
l'architecturemilitaire,
a
élevé le Fort dePontchartrain, vulgairementappellédeChambly. On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre) ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant tourné, & un de leurs domestiques noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à
travers les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'éga-
rerent en cherchant à vivre, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré quece qu avoient projette nos ennemis principalement cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y
avoir dixans ou environ que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre, formoient le dessein de joindre à leurs Colonies celle du Canada
ik
sceance. qui seroit fort à leur bienCe que les François possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens. Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots, qui dans les changemens des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;cequi est souventtrès avan- tageux. -
Cela supposé pour revenir aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler de ce pays-ci,sur le Canada d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre fous les yeux la
conduite habile &: très prudente que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a
gardée jusqu'àpresent pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de BeauBassin,sousles ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens & de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
L"a même l , année 1703. a
la fin du mois de Décembre, M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta d'assaut laville de Diersields dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez, & contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie
,
Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez, dans,l'intention de
les mettre de son parti:
maisilstinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie, dans la nouvelle Angleterre
,
& dans NevvYork en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre. Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale de la nouvelle Anglterre, envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année 1705. que les Canadiens, fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également habile dans l'art de
fortifier les places, & dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs du fort S. Jean, poste des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre fut en 1707. bloquée,s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation au Conseil de Baston, on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau commencement
de Juin.
Une expédition memorable ce fut celle de Haveril fous le commandement de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante pour attaquerMontreal
:
mais la flote fut con-
tremandée par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête dessiens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entre-
prendre sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier de Beaucour, Capitaine Ingenieur,fort estime dans la nouvelle France & fort habile dans
l'architecturemilitaire,
a
élevé le Fort dePontchartrain, vulgairementappellédeChambly. On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre) ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant tourné, & un de leurs domestiques noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à
travers les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'éga-
rerent en cherchant à vivre, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse
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Résumé : LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
La lettre datée du 20 novembre 1712 relate les tensions et les conflits entre les Français et les Anglais en Amérique du Nord. Les Anglais, soutenus par la 'vieille Angleterre,' visaient à s'emparer des colonies françaises, notamment le Canada et Terre-Neuve, en raison de l'importance économique de la pêche à la morue. Le gouverneur général de la Nouvelle-France, le Marquis de Vaudreuil, a adopté une conduite prudente pour contrer ces menaces. En 1703, des expéditions françaises ont capturé plusieurs postes en Nouvelle-Angleterre. L'année suivante, les Anglais ont tenté de prendre Port-Royal en Acadie, mais ont été repoussés. En 1705, des prisonniers anglais ont été échangés, et les Canadiens ont pris des postes importants à Terre-Neuve. En 1707, les alliés autochtones des Français ont bloqué la Nouvelle-Angleterre. Des expéditions françaises ont également semé la terreur dans les colonies anglaises. En 1709, malgré les conditions hivernales rigoureuses, les Canadiens ont pris le fort Saint-Jean. En 1710, le Chevalier de Beaucour a construit le fort de Pontchartrain, un rempart contre les attaques venues du haut Canada. La lettre se termine par le récit d'une mission de deux hommes, un Anglais et un Français, qui ont dû traverser des conditions difficiles pour négocier un échange de prisonniers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 80-88
Nouvelle d'Espagne.
Début :
Le Roy a donné la Clef de Gentilhomme de la Chambre [...]
Mots clefs :
Général, Espagne, Roi, Gouverneur, Catalogne, Aragon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle d'Espagne.
Nouvelle d'Espagne.
Le Roy a donné la Clef
de Gentilhomme de la
GALANT 31
Chambre à Don Louis de
Caravajal Mexia & Cueva ,
en confideration de fes fervices , & de ceux de Don
Francifco Caravajah fon
pere..
Sa Majesté a auffi donné
la Charge de Confeiller au
Confeil de Caftille à Don
Franciſco de Arana , ci-devant Prefident de la Chan
cellerie de Valladolid.
La Charge de Gouver
neur & Capitaine general
de la nouvelle Biſcaye, dans
l'Amerique feptentrionale ,
à Don Gabriel Tinaguero
de la Efcalera,
82 MERCURE
Le regiment de Vallado
lid à DonNicolas Ceffar &
Gudiel , Chevalier de l'Ordre de Calatrava , ci-devant
Lieutenant- Colonel du regiment d'infanterie Elpagnole de Salamanque , qui
eft en Sicile.
Sa Majeſté a fait Colonel
d'un regiment nouvellement levé fur la frontiere
de Catalogne , le fils du
Comte de Herſel , Maré
chal de Camp & Commandant de Cervera.m
Le Pere Pantaleon Gar
cia , Provincial de la Pro
GALANT. 83
3
7.
vince d'Arragon , fut élû le
14. May General de l'Ordre
de la Mercy , dans le Chapitre tenu à Alcala , auquel
prefidoir le Cardinal del
Giudice Inquifiteur genepal.
On ' mande de Catalogne que Don Miguel Pons
ayant deffein d'enlever un
quartier des ennemis dans
la Conca de Trems , avoit
paffé la Noguera Ribagor
çana fur le pont de Suert
avec deux cent hommes ,
qu'il avoit été envelopé par
mille hommes de troupes
$4
MERCURE
reglées , & deux mille Mi
quelets , qui l'avoient bleffe
& pris aprés s'être vigou
reuſement défendu.
Les lettres de Perpignan
portent que les troupes que
le General Staremberg a
voit envoyées vers le Lam
pourdan , n'ont rien entre
pris.
On mande d'Arragon
que les Miquelets & les vo
lontaires s'étant avancez
pour s'emparer du pont de
Suert fur la Noguera Riba.
gorçana ont été défaits par
Don Patricia Laules , Ma
GALANT.
יב
a
1
70
12
גר
21
réchal de Camp Irlandois ;
qu'un grand nombre avoit
été tué , & foixante faits
prifonniers , parmi lesquels
étoit leur Commandant
Don Jofeph Iniquez d'Abarca , à qui l'Archiduc a
voit donné le titre de Marquis de las Navas , le Chef
des volontaires , appellé
Bravo , & quelques autres
Officiers. On a pris aux environs de Cervera trentefix volontaires , qui ont été
conduits à Lerida. :
On écrit de Tortofe , que
le Duc de Vendôme y eſt
›
86 MERCURE
arrivé , où il donne les or
dresneceffaires pour ſe mettre encampagne. L'on continue d'envoyer en cette ville-là & à Vinaros dės pro
vifions , des habits pour les
, & des felles pour
les chevaux. !
Onmande des frontieres
de Catalogne, qu'on avoit
prefque achevé de prati
quer un chemin commode
le long de l'Ebro , depuis
Mequinença jufqu'à Tortofe: les ennemis s'étant affemblez de ce côté- là pour
interrompre cet ouvrage ,
GALANT. 87
ont été repouffez par le
Comte de Muret Lieutenant general.
Les lettres d'Eftremadure
portent que le Marquis de
Bay avoit affemblé au voifinage de Badajoz fon armée de quatorze mille fantaffins , & de plus de fept
mille chevaux, qu'il devoit
dans peufe mettre en campagne , qu'il avoit fait un
detachement pour obferver les Portugais qui marchoient des frontieres de
Leon & de Galice , pour
joindre leur armée, qui s'af
88 MERCURE
•
fembloit aux environs d'E
tremoz. Les dernieres lettres d'Eftremadure affurent
que le Marquis de Bay s'ëtoit mis en marche le 20.
May avec toute fon armée
&un grand train d'artillerie pour paffer la riviere de
Caya, & aller camper à la
Fuente de los Zapateros en
Portugal.
Le Roy a donné la Clef
de Gentilhomme de la
GALANT 31
Chambre à Don Louis de
Caravajal Mexia & Cueva ,
en confideration de fes fervices , & de ceux de Don
Francifco Caravajah fon
pere..
Sa Majesté a auffi donné
la Charge de Confeiller au
Confeil de Caftille à Don
Franciſco de Arana , ci-devant Prefident de la Chan
cellerie de Valladolid.
La Charge de Gouver
neur & Capitaine general
de la nouvelle Biſcaye, dans
l'Amerique feptentrionale ,
à Don Gabriel Tinaguero
de la Efcalera,
82 MERCURE
Le regiment de Vallado
lid à DonNicolas Ceffar &
Gudiel , Chevalier de l'Ordre de Calatrava , ci-devant
Lieutenant- Colonel du regiment d'infanterie Elpagnole de Salamanque , qui
eft en Sicile.
Sa Majeſté a fait Colonel
d'un regiment nouvellement levé fur la frontiere
de Catalogne , le fils du
Comte de Herſel , Maré
chal de Camp & Commandant de Cervera.m
Le Pere Pantaleon Gar
cia , Provincial de la Pro
GALANT. 83
3
7.
vince d'Arragon , fut élû le
14. May General de l'Ordre
de la Mercy , dans le Chapitre tenu à Alcala , auquel
prefidoir le Cardinal del
Giudice Inquifiteur genepal.
On ' mande de Catalogne que Don Miguel Pons
ayant deffein d'enlever un
quartier des ennemis dans
la Conca de Trems , avoit
paffé la Noguera Ribagor
çana fur le pont de Suert
avec deux cent hommes ,
qu'il avoit été envelopé par
mille hommes de troupes
$4
MERCURE
reglées , & deux mille Mi
quelets , qui l'avoient bleffe
& pris aprés s'être vigou
reuſement défendu.
Les lettres de Perpignan
portent que les troupes que
le General Staremberg a
voit envoyées vers le Lam
pourdan , n'ont rien entre
pris.
On mande d'Arragon
que les Miquelets & les vo
lontaires s'étant avancez
pour s'emparer du pont de
Suert fur la Noguera Riba.
gorçana ont été défaits par
Don Patricia Laules , Ma
GALANT.
יב
a
1
70
12
גר
21
réchal de Camp Irlandois ;
qu'un grand nombre avoit
été tué , & foixante faits
prifonniers , parmi lesquels
étoit leur Commandant
Don Jofeph Iniquez d'Abarca , à qui l'Archiduc a
voit donné le titre de Marquis de las Navas , le Chef
des volontaires , appellé
Bravo , & quelques autres
Officiers. On a pris aux environs de Cervera trentefix volontaires , qui ont été
conduits à Lerida. :
On écrit de Tortofe , que
le Duc de Vendôme y eſt
›
86 MERCURE
arrivé , où il donne les or
dresneceffaires pour ſe mettre encampagne. L'on continue d'envoyer en cette ville-là & à Vinaros dės pro
vifions , des habits pour les
, & des felles pour
les chevaux. !
Onmande des frontieres
de Catalogne, qu'on avoit
prefque achevé de prati
quer un chemin commode
le long de l'Ebro , depuis
Mequinença jufqu'à Tortofe: les ennemis s'étant affemblez de ce côté- là pour
interrompre cet ouvrage ,
GALANT. 87
ont été repouffez par le
Comte de Muret Lieutenant general.
Les lettres d'Eftremadure
portent que le Marquis de
Bay avoit affemblé au voifinage de Badajoz fon armée de quatorze mille fantaffins , & de plus de fept
mille chevaux, qu'il devoit
dans peufe mettre en campagne , qu'il avoit fait un
detachement pour obferver les Portugais qui marchoient des frontieres de
Leon & de Galice , pour
joindre leur armée, qui s'af
88 MERCURE
•
fembloit aux environs d'E
tremoz. Les dernieres lettres d'Eftremadure affurent
que le Marquis de Bay s'ëtoit mis en marche le 20.
May avec toute fon armée
&un grand train d'artillerie pour paffer la riviere de
Caya, & aller camper à la
Fuente de los Zapateros en
Portugal.
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Résumé : Nouvelle d'Espagne.
Le texte relate diverses nominations et événements militaires en Espagne et en Amérique du Nord. Le roi a décerné la clé de Gentilhomme de la Chambre à Don Louis de Caravajal Mexia & Cueva, en reconnaissance des services rendus par lui et son père. Don Francisco de Arana a été nommé Conseiller au Conseil de Castille, ancien Président de la Chancellerie de Valladolid. Don Gabriel Tinaguero de la Escalera a été désigné Gouverneur et Capitaine général de la Nouvelle-Biscaye. Le régiment de Valladolid a été confié à Don Nicolás Ceffar & Gudiel, Chevalier de l'Ordre de Calatrava. Le fils du Comte de Hersel a été promu Colonel d'un régiment nouvellement levé en Catalogne. En Aragon, le Père Pantaleon Garcia a été élu Général de l'Ordre de la Mercy. En Catalogne, Don Miguel Pons a été capturé lors d'une tentative de prise d'un quartier ennemi. Les troupes du Général Staremberg n'ont pas entrepris d'action vers le Lampourdan. En Aragon, les Miquelets et volontaires ont été défaits par Don Patricia Laules. Trente-six volontaires ont été capturés près de Cervera. À Tortose, le Duc de Vendôme a donné des ordres pour se mettre en campagne. Des provisions continuent d'être envoyées à Tortose et Vinaros. Un chemin le long de l'Ebro a été presque achevé malgré les tentatives ennemies. En Estrémadure, le Marquis de Bay a rassemblé une armée près de Badajoz et a observé les Portugais se déplacer vers Estrémoz. Le Marquis de Bay s'est mis en marche le 20 mai avec son armée pour traverser la rivière de Caya.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 42-59
MONSIEUR LE DUC de Vendosme.
Début :
Louis Joseph Duc de Vendosme, Pair de France, Prince de [...]
Mots clefs :
Duc de Vendôme, Mort, Général, Apprentissage, Armée, Commandement, Espagne, Roi, Siège, Campagne, Combat, Valeur, Victoire, Héros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MONSIEUR LE DUC de Vendosme.
Ona différé l'article de
la mort de Monsieur de Vendosme jtifcytes à ce mois
- cy
pour avoir les memoires fui..
vantsy ileustfallu le differer
trop long-temps pourrecevoirle
détail de toutes les belles agitons
qu'il a
faites.
MONSIEUR LE DUC
de Vendosme lLOU[S joseph Duc de
Vendosme,Pair de France,
Prince de Martigues,Chevalier des Ordres du Roy,
Grand Senechal & Gouverneur de la Provence,
General des Galeres, mourutàVinaros leII. dumois
de juin,âgé de cinquante
huitans, petit fils du plus
grand Roy qui ait veseu
avant Louis le Grand ,dû_'
quel il estoitune image
vivante par le trait de son
visage
,
plus encore par
ceux de son ameIl donna dès son enfance des marques de ses raresqualitez
,
qui dans les
Princes font au dessusdes
qualitez heroïques, deson
humanité affable, généreux, compatissant donnanttout &c.
Il s'appliqua dès sa plus
tendre jeunesse à ce grand
m'estier dont il s'est servy
depuis plusieurs fois si uti-
lement pourrestablir les
affaires dans tous les lieux
où il a
esté appelle.
Dés l'âge de dix-sept
ans, il fut à la teste d'un.
Regiment d'Infanterie,&
il servit avec la mesme assiduitéque s'il avoitesperé
delà sa fortune.
Il fit son chemin avec la
mesme lenteur d'un particulier, & passa par tousles
dégrez, ce qui le rendit un
si grand General.
Il fit son apprentissage
fous Monsieur de Turenne
,
qui à cet âge
-
là luy
donnoit mille marques de
saconfiance.
Il repoussales ennemis
ayant son seulRégiment,
au combat d'Althenem où
il fut grievement blessé.
Après la mort de Monsieur de Turenne, il eut
pour Maistre Monsieur le
Mareschal de Crequy
,
&
fit voir dans toutes forte4
d'occasions combien il avoitprofité des leçons de
ces deux grands Généraux.
Tous les temps de paix
ont esté signaléc par ses
magnificencesdans sa belle Maison d'Anet, où il
donnoit presque tous les
ans des sestes à Monseigneur le Dauphin qui l'honoroit d'une tendre ami-
"hé qui n'aefté ignorée de
perfonneJamais le Roy n'adonné
à personne de sa Cour
,
de si grandes marques de
sa confiance; & Sa Majesté le fie bien paroistre
par laLettre qu'Elle luy
fit l'honneur de luy escrire en rassemblant sur sa
telle le Generalat des Ga-
leresau Gouvernement de
Provence.
Il faudrait une histoire
commecelle de Mezerec, sil'onvouloirraconter toutes les astions particulières
qu'il afaites avant de commander en chef, en Allemagne fousMonseigneur,
& fous Messieurs les Mareschaux de Duras & de
Lorge; en Flandres fous
Monsieur de Luxemborg,
où toute l'armée vit avec
plaisir que le gain du combat de Steinkerque fut deu
à un avis qu'il avoit donné.
<
A la Marfaille Monsieur
le Mareschal de Catinat
publia que c'estoit Monsieur de Vendosme qui s'estoit avisé la veille de mettre la droite à la gauche,
&la gauche à la droite,
afin d'opposer par la la
Gendarmerie aux Cuirassiers de l'Empereur
,
& il
chargea le lendemain, &
fit des actions surprenantes à la teste de cette Gendarmerie.
Les commandements
dans la Vallée de BarceJonnette
,
à Nice, ôc en
Provence suffiroient pour faire l'éloge d'un autre,
mais voyonsle comman- der en chef.
Le Roy luy donne le
commandement de l'armée de Catalogne, il y
arrive, trouve nostre armée decouragée, nos Grenadiers tremblanrs devant
les Miquelets; son arrivée
restablit tout
,
&¡;en une
campagne;il fait lever le
siege de plusieurs places,
Palamos
,
Ostallery, Calcet- soüilles, &c.
Il bat un gros corps de
Cavalerie, commande par
le Prince d'Armée, & se
seroit mis en estac de faire
le siege de Barcelonne dès
cette campagne, si la Cour
n'avoit trouve à propos de
differer à la suivante.
Quelfut ce siege de Barcelonne! Une grandeVille
qui ne peut estre investiè
,
défendue par une garnison
au dedans qui estoit aussi
forte qu'unearmée, & et
tant assiege tuy.
-
mesme
au dehors par une armée
aussi forte que la sienne,
commandée par le Vice-
roy
,
il commence par le
battre, & le mettre entièrement en deroute; & aprés
cinquante deux jours de
tranchéeouverte
,
il se
rend maître de cette place.
Tout le monde se souvient
encore des aétions furprenances qui se passerent à ce
siege ; & c'est bien dommage que la paresse de
Monsieur Capiftron Tait
empefehéde lesescrire La
< prisede cette Ville fit faire
la paix de Rifwik.
L'affairede Cremonearrive,Monsieur deVendos-
me y vole, on tremiroit à
voir sur la Carte les pays
donc les Ennemis estoient
emparez
,
& dont il les
cbufTi depuisfaine Nazaro,
& de l'Etradel, jusques à
Goito au delà de Mancouë
que l'armée de l'Empereur
tenoit bloqué, & dont il fit
lever le blocus après avoir
pris chemin faisant cinq
ou six places ausquelles il
fallut ouvrir la tranchée, ilbattitcette même Campagne Vice-conty à la Victoria, & gagna fous les or- dres du Roy d'espagne la
fameuse bataille de Luzara.
La Campagne ensuite il
penetra jusqu'à Trente
aprèsavoir pris cinq ou six
Chasteaux qui paroissoient
im prenables par leur situation, & revient à la fin de
la Campagne, battre le
mesme Vice-conty à S.
Sebastien prés d'Alexandrie, laisse le commandement de l'armée dePiémont
à Monsieur le Grand Prieur
son frere, retourne à celle
deLombardie sur la Sequia,
d'où il partit pour suivre
1.
Nuremberg, & pendant
prés de quinze jours battre
tous les soirs fort arriere
garde, marche qui fut
égalertt£ri£glorieuse à la
respectable opiniatreté de
ses grands rivaux.
Que de Villes prises en
1704. Ivrée, Verceil
,
&:
toutes les places de Monsieur de Savoye
,
Veruë priseaucommencement
de 1705. & ce Prince réduit
au seul Turin.
Le Combat de Cassan
où sa seule valeur alla plusieursfois arracherJ^;vicr
toire dans les bataillons
des Ennemis.
Quelle ouverture pour
la Campagne de 1706. que
la glorieuseaffaire de Calsinat, il l'aprojette à Mantoüe, fait ses dispositions,
& profite de la rigueur de
l'hyverquile mettoit dans
l'impossibilité de les executer
,
pour venir faire sa
cour au Roy, qu'il n'avoit
eu l'honneur de voir depuis
quatre ans, & dont il ne
pouvoit plus vivre essoigné,
reçoit à Anet les applaudissements de toute la Fran-
ce ,qui l'y traita pendant
tous les six jours qu'ily fut
avec une magnificence qui
jusques là n'avoit point eu
d'exemple. Il part enfin de
ce sejour de delices pour
aller executer son dessein
sur Calsinat le mesme jour
qu'ill'avoit projette, &
Monsieur le Prince Eugene
y
arriva à
temps pour estre
le tesmoin de savictoire.
Il est rappelled'Italie
pour aller commander l'armée de Flandres après le
malheur de Ramilly. Il y
trouve le Generaldes En-
nemis enSe de ses prosperitez
,
& prometrant à son
armée de la mener à Paris;
il rabu si bien foi} audace,
que les soldats luy disoient
tout haut que Bruxelles
n'en estoit pas le chemin.
Sa valeur sur tousjours
la mesme, mais la victoire
l'abandonna à Oudenarde,
peut estre pour relever sa
gloire. On ne voir jamais
un Heros toutentier quand
on ne le voit que dans la
prosperité.
Tout ce qui s'est passé
en Espagne est si nouveau,
que je ferois tort d'en donner des Mémoires à celuy
qui prendra le foin d'escrire ce qu'il a
fait depuis son
dernier départ d'Anet jusqua sa mort. On travaille
à present au Journal exact
de cette suite de belles actions qui ont affermi la
Couronne du Roy d'Espagné, quand ce Journal serafaitj'en donnerai un extrait.
la mort de Monsieur de Vendosme jtifcytes à ce mois
- cy
pour avoir les memoires fui..
vantsy ileustfallu le differer
trop long-temps pourrecevoirle
détail de toutes les belles agitons
qu'il a
faites.
MONSIEUR LE DUC
de Vendosme lLOU[S joseph Duc de
Vendosme,Pair de France,
Prince de Martigues,Chevalier des Ordres du Roy,
Grand Senechal & Gouverneur de la Provence,
General des Galeres, mourutàVinaros leII. dumois
de juin,âgé de cinquante
huitans, petit fils du plus
grand Roy qui ait veseu
avant Louis le Grand ,dû_'
quel il estoitune image
vivante par le trait de son
visage
,
plus encore par
ceux de son ameIl donna dès son enfance des marques de ses raresqualitez
,
qui dans les
Princes font au dessusdes
qualitez heroïques, deson
humanité affable, généreux, compatissant donnanttout &c.
Il s'appliqua dès sa plus
tendre jeunesse à ce grand
m'estier dont il s'est servy
depuis plusieurs fois si uti-
lement pourrestablir les
affaires dans tous les lieux
où il a
esté appelle.
Dés l'âge de dix-sept
ans, il fut à la teste d'un.
Regiment d'Infanterie,&
il servit avec la mesme assiduitéque s'il avoitesperé
delà sa fortune.
Il fit son chemin avec la
mesme lenteur d'un particulier, & passa par tousles
dégrez, ce qui le rendit un
si grand General.
Il fit son apprentissage
fous Monsieur de Turenne
,
qui à cet âge
-
là luy
donnoit mille marques de
saconfiance.
Il repoussales ennemis
ayant son seulRégiment,
au combat d'Althenem où
il fut grievement blessé.
Après la mort de Monsieur de Turenne, il eut
pour Maistre Monsieur le
Mareschal de Crequy
,
&
fit voir dans toutes forte4
d'occasions combien il avoitprofité des leçons de
ces deux grands Généraux.
Tous les temps de paix
ont esté signaléc par ses
magnificencesdans sa belle Maison d'Anet, où il
donnoit presque tous les
ans des sestes à Monseigneur le Dauphin qui l'honoroit d'une tendre ami-
"hé qui n'aefté ignorée de
perfonneJamais le Roy n'adonné
à personne de sa Cour
,
de si grandes marques de
sa confiance; & Sa Majesté le fie bien paroistre
par laLettre qu'Elle luy
fit l'honneur de luy escrire en rassemblant sur sa
telle le Generalat des Ga-
leresau Gouvernement de
Provence.
Il faudrait une histoire
commecelle de Mezerec, sil'onvouloirraconter toutes les astions particulières
qu'il afaites avant de commander en chef, en Allemagne fousMonseigneur,
& fous Messieurs les Mareschaux de Duras & de
Lorge; en Flandres fous
Monsieur de Luxemborg,
où toute l'armée vit avec
plaisir que le gain du combat de Steinkerque fut deu
à un avis qu'il avoit donné.
<
A la Marfaille Monsieur
le Mareschal de Catinat
publia que c'estoit Monsieur de Vendosme qui s'estoit avisé la veille de mettre la droite à la gauche,
&la gauche à la droite,
afin d'opposer par la la
Gendarmerie aux Cuirassiers de l'Empereur
,
& il
chargea le lendemain, &
fit des actions surprenantes à la teste de cette Gendarmerie.
Les commandements
dans la Vallée de BarceJonnette
,
à Nice, ôc en
Provence suffiroient pour faire l'éloge d'un autre,
mais voyonsle comman- der en chef.
Le Roy luy donne le
commandement de l'armée de Catalogne, il y
arrive, trouve nostre armée decouragée, nos Grenadiers tremblanrs devant
les Miquelets; son arrivée
restablit tout
,
&¡;en une
campagne;il fait lever le
siege de plusieurs places,
Palamos
,
Ostallery, Calcet- soüilles, &c.
Il bat un gros corps de
Cavalerie, commande par
le Prince d'Armée, & se
seroit mis en estac de faire
le siege de Barcelonne dès
cette campagne, si la Cour
n'avoit trouve à propos de
differer à la suivante.
Quelfut ce siege de Barcelonne! Une grandeVille
qui ne peut estre investiè
,
défendue par une garnison
au dedans qui estoit aussi
forte qu'unearmée, & et
tant assiege tuy.
-
mesme
au dehors par une armée
aussi forte que la sienne,
commandée par le Vice-
roy
,
il commence par le
battre, & le mettre entièrement en deroute; & aprés
cinquante deux jours de
tranchéeouverte
,
il se
rend maître de cette place.
Tout le monde se souvient
encore des aétions furprenances qui se passerent à ce
siege ; & c'est bien dommage que la paresse de
Monsieur Capiftron Tait
empefehéde lesescrire La
< prisede cette Ville fit faire
la paix de Rifwik.
L'affairede Cremonearrive,Monsieur deVendos-
me y vole, on tremiroit à
voir sur la Carte les pays
donc les Ennemis estoient
emparez
,
& dont il les
cbufTi depuisfaine Nazaro,
& de l'Etradel, jusques à
Goito au delà de Mancouë
que l'armée de l'Empereur
tenoit bloqué, & dont il fit
lever le blocus après avoir
pris chemin faisant cinq
ou six places ausquelles il
fallut ouvrir la tranchée, ilbattitcette même Campagne Vice-conty à la Victoria, & gagna fous les or- dres du Roy d'espagne la
fameuse bataille de Luzara.
La Campagne ensuite il
penetra jusqu'à Trente
aprèsavoir pris cinq ou six
Chasteaux qui paroissoient
im prenables par leur situation, & revient à la fin de
la Campagne, battre le
mesme Vice-conty à S.
Sebastien prés d'Alexandrie, laisse le commandement de l'armée dePiémont
à Monsieur le Grand Prieur
son frere, retourne à celle
deLombardie sur la Sequia,
d'où il partit pour suivre
1.
Nuremberg, & pendant
prés de quinze jours battre
tous les soirs fort arriere
garde, marche qui fut
égalertt£ri£glorieuse à la
respectable opiniatreté de
ses grands rivaux.
Que de Villes prises en
1704. Ivrée, Verceil
,
&:
toutes les places de Monsieur de Savoye
,
Veruë priseaucommencement
de 1705. & ce Prince réduit
au seul Turin.
Le Combat de Cassan
où sa seule valeur alla plusieursfois arracherJ^;vicr
toire dans les bataillons
des Ennemis.
Quelle ouverture pour
la Campagne de 1706. que
la glorieuseaffaire de Calsinat, il l'aprojette à Mantoüe, fait ses dispositions,
& profite de la rigueur de
l'hyverquile mettoit dans
l'impossibilité de les executer
,
pour venir faire sa
cour au Roy, qu'il n'avoit
eu l'honneur de voir depuis
quatre ans, & dont il ne
pouvoit plus vivre essoigné,
reçoit à Anet les applaudissements de toute la Fran-
ce ,qui l'y traita pendant
tous les six jours qu'ily fut
avec une magnificence qui
jusques là n'avoit point eu
d'exemple. Il part enfin de
ce sejour de delices pour
aller executer son dessein
sur Calsinat le mesme jour
qu'ill'avoit projette, &
Monsieur le Prince Eugene
y
arriva à
temps pour estre
le tesmoin de savictoire.
Il est rappelled'Italie
pour aller commander l'armée de Flandres après le
malheur de Ramilly. Il y
trouve le Generaldes En-
nemis enSe de ses prosperitez
,
& prometrant à son
armée de la mener à Paris;
il rabu si bien foi} audace,
que les soldats luy disoient
tout haut que Bruxelles
n'en estoit pas le chemin.
Sa valeur sur tousjours
la mesme, mais la victoire
l'abandonna à Oudenarde,
peut estre pour relever sa
gloire. On ne voir jamais
un Heros toutentier quand
on ne le voit que dans la
prosperité.
Tout ce qui s'est passé
en Espagne est si nouveau,
que je ferois tort d'en donner des Mémoires à celuy
qui prendra le foin d'escrire ce qu'il a
fait depuis son
dernier départ d'Anet jusqua sa mort. On travaille
à present au Journal exact
de cette suite de belles actions qui ont affermi la
Couronne du Roy d'Espagné, quand ce Journal serafaitj'en donnerai un extrait.
Fermer
Résumé : MONSIEUR LE DUC de Vendosme.
Le texte relate la vie et les exploits militaires de Louis Joseph de Vendôme, Duc de Vendôme, Pair de France, Prince de Martigues, Chevalier des Ordres du Roy, Grand Sénéchal et Gouverneur de la Provence, et Général des Galères. Né petit-fils d'un grand roi, il montra dès son enfance des qualités rares telles que l'humanité, l'affabilité, la générosité et la compassion. Il s'illustra très tôt dans sa carrière militaire, servant avec assiduité et gravissant les échelons jusqu'à devenir un grand général. Sous la tutelle de Turenne et de Crequy, il participa à de nombreuses batailles, comme celle d'Altenheim où il fut grièvement blessé. Il se distingua également lors des sièges de Barcelone et de Cremone, et dans diverses campagnes en Allemagne, en Flandres et en Italie. Ses actions militaires, telles que la prise de plusieurs villes et la victoire à la bataille de Luzara, contribuèrent à affermir la couronne du Roi d'Espagne. Le Duc de Vendôme était également connu pour sa magnificence et son hospitalité, notamment lors des séjours du Dauphin à sa maison d'Anet. Il reçut de grandes marques de confiance du Roi, qui lui confia divers commandements importants. Sa carrière militaire fut marquée par des succès notables, bien que la victoire lui ait parfois échappé, comme à la bataille d'Oudenarde. Le texte mentionne également la préparation d'un journal détaillant ses actions en Espagne, soulignant l'impact de ses exploits sur la couronne espagnole.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 170-186
MORT.
Début :
Milord Richard Cromwel, fils aîné d'Olivier Cromwel, si fameux [...]
Mots clefs :
Olivier Cromwel, Londres, Angleterre, Protecteur, Aldermans, Richard Cromwel, Mort, Gentilhomme, Supplice, Honneur, Parlement, Général
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT.
MORT.
v./Milord Richard Cromyvel, fils aîné d'Olivier
Cromvvel
,
si fameux dans
Hiiftoire, d'Angleterre,
mourut à Lpndjjes le 2,4,
juillet 1712. âgé de quatrevingt-dix ans;lequel, aprés
la mort de son pere, arrivée le 13. Septembre1658.
fut déclaré protecteur avec
une promptitudenecessaire
ence rencontre,& le privé
Conseils'étant assemblé,
delibera sur la nomination
que le défunt avoit faite de
la personne de son fils aîné: ce qui futagréé unanimement de toute l'Angleterre, & ensuite il fut proclamé le lendemain14. par
tous leslieux dela-ville de
Londres, avec
grande fo*
lemnité, &il setrouvaun
grand concours de peuple.
La proclamation etoit conçûë en cestermes, & publiée àhautevoix par le
Roy d'armes.
Comme il a
plûà Dieu
par sa providence retirerdu
mondele Serenissime & renomméOlivier, Seigneur
procecteurdecetteRépublique, SonAlcesseapendant savie;,félonl'humble
requête & avis du Parlement, declaré & ordonné
le trés-noble & illustre Seigneur Richard, son fils aî-
-i
né,pour luisucceder dans
le gouvernements de ces
Nations.Nous,duduprivé
Conseil,avecMilord Maire
& les Aldermans de Londres, lesOfficiers de l'armée, & plusieursautres des
principaux de la Noblesse,
publions & declarons d'une
communevoix,&d'un consentement general, de langue & de cœur, ledit noble
& illustre Seigneur Richard
être justement protecteur
de cette République d'Angleterre, d'Ecosse & d'Irlande, & des Seigneuries 8e
Territoires qui en dépendent; en sorte que nous reconnoissionsluidevoirtoute fidélité ÔQ inviolable
obeïssance,selon les loix ôs
ladite humble requête &
avis; avec toute affeéèiol\
cordiale: suppliant le Seigneur, par qui lesPrinces
regnent,delebenir d'une
longue vie, & de combler
ces Nations de bonheur
sous son gouvernement.
L'apresdînée le Maire
les Aldermans vinrent en
ceremonie trouver Son AltesseàVvitheal, pour fë
condouloir avec elle, au
nom de tous lespeuples de
Londres,de laperte de Milord sonpere,& la feliciter
pareillement de son élection en qualité de protecteur ; ce qu'ayant fait en
presence des Seigneurs du
Conseil, qui s'y étoientexprés trouvez,ce Maire remit l'épée de la ville entre
les mains de Son Altesse,
quila lui rendit aussitôt.
Cette proclamation &reconnoissance étant faite,
il reçut quantité d'Adresses.
des Juges de paix, des Mi>-
niftres,&Genjilsl^ommes,
en un motde toutes les \iU
ks des Royaumes.Ilfitplusieursreglemenspourla sûreté publique.
Le 24. Février. 1659. le
Parlement nouveaud'Angleterre fut assemblé, le
reconnut pour proted:ew:;.
&-suprêmeMagistratd'Angleterre,d'Ecosse & d'Ir-.
lande; &par son Ordonnance du 3. May suivantil
cassa & dissouditle Parlement pour plusieursraisons
importantes, parce que le
parti du Roy CharlesII.
commençoitàéclater fi*
bienque ce futla derniere
action qu'ilfitenqualité de
protecteur, parce que la
jalousie& la défiance s'étant glissées contre ce nouveaUi¡ Parlement & corure
le protecteur,que le parti
contraireapprehendoit qu'-
on ne declarât Roy, firent
agirlesOfficiers de l'armée,
qui après plusieursassemblées resolurentde rétablir
l'ancienParlement qui avoit été cassé par le défunt
protecteur ,& firent une
Ordonnancepourson réta-
blissement,promettant leur
assistance; ce qui fut fait^
& aprés les Officiers prélenterent Requête àce Parlement rétabli, & demanderent quelestrois Nations
fussent regies fous le gouvernement d'un Etat libre
sans Protecteur, Royauté,
ni Chambre desSeigneurs,
& un Comité,futchargé
d'aller trouverMilord Richard Cromvvel pour lui
proposer d'acquiescer au
Gouvernement; ce qu'il fit
par écrit, & son frere Henny Cromvvel ,Viceroy d'Ii:./
lande, se démitde son autorité parordre duParlement
entre les mains de deux,
Commissaires,&vintrendre
compte de sa gestion; aprèsquoy onlui permit de se retirer en tellieu,dela campagne qu'illui plairoit.
Cependant les Chevaliers Georges Booth, &,.
Thomas Middletonprirent
les armes en sa, Comté de
Chester pour le Roy d'Ari,
glecerre ,Nqui y,sur proclawe&tout le gouvernement
d'Angleterre fut cliangé,,
&l'ancien Parlement fut
cassé par l'autorité des Offî-1
ciers destroupes comman:
dées parle General Morek,
qui étoit le plusfort. Il vint:
à Londres, où ayant été re-*
çûavechonneur ce furItii^qui procuralacafîàtionL
de l'ancien Parlement, &l
l'établissement. d'un nou«v
veau; , composé d'unç
Chambre des Seigneurs ÔC
d'une Chambre des Communes. Ce nouveau Parlement reconnut pour Roy.
Charles II. du nom , qui
pour lors étoit aux PaysBas yôc il paira. en Angle-
terre le 4.Juin166o.foc
reçuà, Douvrespar 1le General Morek,àlatètede
.4000. Gentilshommes;&
quatre joursaprèsilfit ion
crLcreeaLondres, accorda
une amnistie& un pardon
général des troubles passez,
Jt l'exclusion de vingt-huit
personnes qui avoient eu
part àla mortduRoy son
Pere., dont quelques-uns
furentpunis du dernier supplice.
Comme je ne pretens
point traiter de l'histoire
d'Angleterre, qu'il faudroit
-des" volumes entiers pour
la contenir,n'ayant fait ce
traité qu'au sujet de la mort
-de Richard Cromvvel, &
pour faire connoître ce qui
arriva après la mort d'Oliviersonpere jusqu'au réra-
"!blilfement du RoyCharles
II. il est necessaire de dire
quelque chose des entreprises dudit OlivierCromwel.
Olivier Cromvvel3 simple Gentilhomme, devint
fort capable par son application à l'étude de l'Histoire &de la Politique, fut
d'abord Capitaine de cavalerie dans l'armée des re,
belescontrele Roy Charles
premier, fous l'autorité du
Parlement. En 1641. il s'avança dans les Charges militaires
, par sasouplesse &
parson courage il devint
Commissaire général de
l'armée Parlementaire,que
Thomas Farfax commandoit contre son Souverain.
Il défit le Duc de Bukingham, & broiiilla son Prince légitimeirreconciliablement avec le Parlement,
& il fut le principal auteur
d'un attentat incroyableà
la posterité, par le juge.
ment qui fut renducontre
9c Roy Charles premier,
lui firentcouper latêtesur
un échafaut en public le 9. Février 1648. Cet homme
ayant joint l'artifice, laviolence, la perfidie,le faux
zele de justice & de religion, devint l'exemple d'une élévation outrée; si bien
que leRoyétantmort, il
ne songea plus ou-à regner
sanstrône &sansle nom de
Roy, ayant pris celui de
Protecteur, & exerça une
-
puis-
sanceabsoluë jusques à sa
mort,arrivée letreize Septembre 1658. fut enterré avec la magnificenceRoyale
dans le tombeau des Rois,
ayant les habits Royaux, la
couronne sur la tête, le
sceptre &; le globe Royal
en main: mais le Roy Charles fecond ne fut pas plûtôt rentré à Londres,& a- prés f011 couronnement,
qu'il fit déterrer son cadavre, & ceux d'Mon & de
Bradeshau,&lesfit attacher
au gibet public; ensuite on
fit une fosse profonde au bas
du gibet, où on les jett£>
dedans. La tête de Crom^
vvel fut mise sur un pieu,
& posée où elle cft. encore,
sur la salle où le Roy Charks premier aété jugé indignement par ses sujets beles. reAinsivoila la fin de
cette grande élévation d'un
homme qui aété fameux
tyran en Angleterre sous
le nom, de protecteur; de
ce Royaume.
v./Milord Richard Cromyvel, fils aîné d'Olivier
Cromvvel
,
si fameux dans
Hiiftoire, d'Angleterre,
mourut à Lpndjjes le 2,4,
juillet 1712. âgé de quatrevingt-dix ans;lequel, aprés
la mort de son pere, arrivée le 13. Septembre1658.
fut déclaré protecteur avec
une promptitudenecessaire
ence rencontre,& le privé
Conseils'étant assemblé,
delibera sur la nomination
que le défunt avoit faite de
la personne de son fils aîné: ce qui futagréé unanimement de toute l'Angleterre, & ensuite il fut proclamé le lendemain14. par
tous leslieux dela-ville de
Londres, avec
grande fo*
lemnité, &il setrouvaun
grand concours de peuple.
La proclamation etoit conçûë en cestermes, & publiée àhautevoix par le
Roy d'armes.
Comme il a
plûà Dieu
par sa providence retirerdu
mondele Serenissime & renomméOlivier, Seigneur
procecteurdecetteRépublique, SonAlcesseapendant savie;,félonl'humble
requête & avis du Parlement, declaré & ordonné
le trés-noble & illustre Seigneur Richard, son fils aî-
-i
né,pour luisucceder dans
le gouvernements de ces
Nations.Nous,duduprivé
Conseil,avecMilord Maire
& les Aldermans de Londres, lesOfficiers de l'armée, & plusieursautres des
principaux de la Noblesse,
publions & declarons d'une
communevoix,&d'un consentement general, de langue & de cœur, ledit noble
& illustre Seigneur Richard
être justement protecteur
de cette République d'Angleterre, d'Ecosse & d'Irlande, & des Seigneuries 8e
Territoires qui en dépendent; en sorte que nous reconnoissionsluidevoirtoute fidélité ÔQ inviolable
obeïssance,selon les loix ôs
ladite humble requête &
avis; avec toute affeéèiol\
cordiale: suppliant le Seigneur, par qui lesPrinces
regnent,delebenir d'une
longue vie, & de combler
ces Nations de bonheur
sous son gouvernement.
L'apresdînée le Maire
les Aldermans vinrent en
ceremonie trouver Son AltesseàVvitheal, pour fë
condouloir avec elle, au
nom de tous lespeuples de
Londres,de laperte de Milord sonpere,& la feliciter
pareillement de son élection en qualité de protecteur ; ce qu'ayant fait en
presence des Seigneurs du
Conseil, qui s'y étoientexprés trouvez,ce Maire remit l'épée de la ville entre
les mains de Son Altesse,
quila lui rendit aussitôt.
Cette proclamation &reconnoissance étant faite,
il reçut quantité d'Adresses.
des Juges de paix, des Mi>-
niftres,&Genjilsl^ommes,
en un motde toutes les \iU
ks des Royaumes.Ilfitplusieursreglemenspourla sûreté publique.
Le 24. Février. 1659. le
Parlement nouveaud'Angleterre fut assemblé, le
reconnut pour proted:ew:;.
&-suprêmeMagistratd'Angleterre,d'Ecosse & d'Ir-.
lande; &par son Ordonnance du 3. May suivantil
cassa & dissouditle Parlement pour plusieursraisons
importantes, parce que le
parti du Roy CharlesII.
commençoitàéclater fi*
bienque ce futla derniere
action qu'ilfitenqualité de
protecteur, parce que la
jalousie& la défiance s'étant glissées contre ce nouveaUi¡ Parlement & corure
le protecteur,que le parti
contraireapprehendoit qu'-
on ne declarât Roy, firent
agirlesOfficiers de l'armée,
qui après plusieursassemblées resolurentde rétablir
l'ancienParlement qui avoit été cassé par le défunt
protecteur ,& firent une
Ordonnancepourson réta-
blissement,promettant leur
assistance; ce qui fut fait^
& aprés les Officiers prélenterent Requête àce Parlement rétabli, & demanderent quelestrois Nations
fussent regies fous le gouvernement d'un Etat libre
sans Protecteur, Royauté,
ni Chambre desSeigneurs,
& un Comité,futchargé
d'aller trouverMilord Richard Cromvvel pour lui
proposer d'acquiescer au
Gouvernement; ce qu'il fit
par écrit, & son frere Henny Cromvvel ,Viceroy d'Ii:./
lande, se démitde son autorité parordre duParlement
entre les mains de deux,
Commissaires,&vintrendre
compte de sa gestion; aprèsquoy onlui permit de se retirer en tellieu,dela campagne qu'illui plairoit.
Cependant les Chevaliers Georges Booth, &,.
Thomas Middletonprirent
les armes en sa, Comté de
Chester pour le Roy d'Ari,
glecerre ,Nqui y,sur proclawe&tout le gouvernement
d'Angleterre fut cliangé,,
&l'ancien Parlement fut
cassé par l'autorité des Offî-1
ciers destroupes comman:
dées parle General Morek,
qui étoit le plusfort. Il vint:
à Londres, où ayant été re-*
çûavechonneur ce furItii^qui procuralacafîàtionL
de l'ancien Parlement, &l
l'établissement. d'un nou«v
veau; , composé d'unç
Chambre des Seigneurs ÔC
d'une Chambre des Communes. Ce nouveau Parlement reconnut pour Roy.
Charles II. du nom , qui
pour lors étoit aux PaysBas yôc il paira. en Angle-
terre le 4.Juin166o.foc
reçuà, Douvrespar 1le General Morek,àlatètede
.4000. Gentilshommes;&
quatre joursaprèsilfit ion
crLcreeaLondres, accorda
une amnistie& un pardon
général des troubles passez,
Jt l'exclusion de vingt-huit
personnes qui avoient eu
part àla mortduRoy son
Pere., dont quelques-uns
furentpunis du dernier supplice.
Comme je ne pretens
point traiter de l'histoire
d'Angleterre, qu'il faudroit
-des" volumes entiers pour
la contenir,n'ayant fait ce
traité qu'au sujet de la mort
-de Richard Cromvvel, &
pour faire connoître ce qui
arriva après la mort d'Oliviersonpere jusqu'au réra-
"!blilfement du RoyCharles
II. il est necessaire de dire
quelque chose des entreprises dudit OlivierCromwel.
Olivier Cromvvel3 simple Gentilhomme, devint
fort capable par son application à l'étude de l'Histoire &de la Politique, fut
d'abord Capitaine de cavalerie dans l'armée des re,
belescontrele Roy Charles
premier, fous l'autorité du
Parlement. En 1641. il s'avança dans les Charges militaires
, par sasouplesse &
parson courage il devint
Commissaire général de
l'armée Parlementaire,que
Thomas Farfax commandoit contre son Souverain.
Il défit le Duc de Bukingham, & broiiilla son Prince légitimeirreconciliablement avec le Parlement,
& il fut le principal auteur
d'un attentat incroyableà
la posterité, par le juge.
ment qui fut renducontre
9c Roy Charles premier,
lui firentcouper latêtesur
un échafaut en public le 9. Février 1648. Cet homme
ayant joint l'artifice, laviolence, la perfidie,le faux
zele de justice & de religion, devint l'exemple d'une élévation outrée; si bien
que leRoyétantmort, il
ne songea plus ou-à regner
sanstrône &sansle nom de
Roy, ayant pris celui de
Protecteur, & exerça une
-
puis-
sanceabsoluë jusques à sa
mort,arrivée letreize Septembre 1658. fut enterré avec la magnificenceRoyale
dans le tombeau des Rois,
ayant les habits Royaux, la
couronne sur la tête, le
sceptre &; le globe Royal
en main: mais le Roy Charles fecond ne fut pas plûtôt rentré à Londres,& a- prés f011 couronnement,
qu'il fit déterrer son cadavre, & ceux d'Mon & de
Bradeshau,&lesfit attacher
au gibet public; ensuite on
fit une fosse profonde au bas
du gibet, où on les jett£>
dedans. La tête de Crom^
vvel fut mise sur un pieu,
& posée où elle cft. encore,
sur la salle où le Roy Charks premier aété jugé indignement par ses sujets beles. reAinsivoila la fin de
cette grande élévation d'un
homme qui aété fameux
tyran en Angleterre sous
le nom, de protecteur; de
ce Royaume.
Fermer
Résumé : MORT.
Le texte relate la vie et la mort de Richard Cromwell, fils aîné d'Olivier Cromwell, une figure emblématique de l'histoire anglaise. Richard Cromwell est décédé à Londres le 24 juillet 1712 à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Après la mort de son père, survenue le 13 septembre 1658, Richard a été déclaré protecteur de la République d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Cette nomination a été approuvée unanimement par le Parlement et proclamée le 14 septembre avec une grande solennité. La proclamation a été publiée à haute voix par le Roi d'armes, reconnaissant Richard Cromwell comme successeur de son père. Richard Cromwell a reçu des adresses de diverses autorités et a pris plusieurs mesures pour la sécurité publique. Cependant, en février 1659, le Parlement nouvellement assemblé l'a reconnu comme protecteur suprême, mais l'a dissous en mai de la même année en raison de tensions politiques. Les officiers de l'armée ont ensuite rétabli l'ancien Parlement, mettant fin au protectorat de Richard Cromwell. Les partisans du roi Charles II ont pris les armes, et le général Monk a restauré Charles II sur le trône le 4 juin 1660. Charles II a accordé une amnistie générale, à l'exception de vingt-huit personnes impliquées dans la mort de son père. Le texte mentionne également la vie d'Olivier Cromwell, qui est passé de simple gentilhomme à protecteur après avoir joué un rôle clé dans la guerre civile anglaise. Il a été l'un des principaux responsables de l'exécution du roi Charles Ier en 1648 et a exercé une puissance absolue jusqu'à sa mort en 1658. Après la restauration de Charles II, le cadavre d'Olivier Cromwell a été exhumé et exposé publiquement, marquant la fin de son règne tyrannique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 217-237
ORDRE DE BATAILLE de l'Armée de Flandres.
Début :
General. Mr le Maréchal Duc de Villars. Mr le Maréchal [...]
Mots clefs :
Ordre de bataille, Armée de Flandres, Première ligne, Infanterie, Cavalerie, Dragons, Seconde ligne, Lieutenants, Réserve, Brigadiers, Maréchaux de camp, Général, Maréchal de Villars
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ORDRE DE BATAILLE de l'Armée de Flandres.
ORDRE DE BATAILLE
de l'Armée de Flandres.
General.
Mr le Maréchal Duc de
Villars.
Mr. le Maréchal de
Montefquiou.
Lieutenants Generaux.
Hautefort , du Rofel ,
Rechberg , Jcoffreville
Septembre 1712. T
218 MERCURE
Puiffegure , Goefbriand ,
Duc de Guiche , Comte de
Villars Albergothy ,
Vivans , la Valliere , Prince
de Rohan, Saint Fremont.
>
Maréchaux de Camp.
Prince Charles , Comte
de Nille , Château- Morand,
Izanghuien , Montmorency, Duc de Mortemart ,
Rooth, Nangis, Choifeüil ,
Leffart , le Vidame, Silly.
Brigadiers.
Bellefond , Labillarderie ,
Caftelmoront, Saumery ,
GALANT. 219
Courtade , Kaukemberg ,
Choileul , Nugent , Montbazon , Periffant , Livoy ,
Beaupuys, Berrieux,Obrien ,
Lyonne , Aubigné , Bernoldt , Arling , Gaffion ,
Capy , Gacé , Dannifis Gi
rault , Saint Micault , Dauffkirck, Rouvroy, Paſteur ,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS.
Royal,
Beauffremont ,
Lefpinay,
odus.cle
.
3.
3.
の
Tij
110 MERCURE
CAVALERIE.
Maifon du Roy,
Gendarmerie ,
13
&
21
Royal Rouffillon , 3
Cayeux,
Royal Piedmont , 3
Saint Agnan ,
Royal Allemand, 3
Rottenbourg,
Druhot ,
GALANT. 220
Prince Marcillac,
Choifcul ,
Courcillon ,
Nugent,
Villeroy, tionnoduc
Royal Etrangeryonel ♬
دم
61
INFANTERIESVOJ
Picardie ,
Royal Rouffillon ,
Aunay,
on 3 Bat.
6
Tiij
221 MERCURE
Picmont,
Bourgogne ,
Montroux ,
Bourbonnois ,
Mortemart
Nivernois,
youlliv
cua13 Lvos
10
Le Roy,
Royal Comtois I
6
LeMaine ,
Bacqueville, nuos
Bigotre,
0
GALANT. 223
Lée ,
Obrien ,
Odonel ,
Dorington,
Galmoy ,
3
Gardes Françoiles,
Gardes Suiffes ,
Royal ,
Royal la Marine,
Royal Italien ,
Bevil Broffe ,
Alface ,
3
2
6
4
Tiiij
224 MERCURE
Champagne,
Izanguien ,
Guyenne ,
3
I
Genfac ,
Deflandes ,
Navarre ,
70
6
CAVALERIE.
Cravattes ,
Capy,
Frezin ,
3 Efc.
GALANT. 555
Dauphin Etranger , 3
Vaudrey,
Schepy.
Bretagne,
Gefvres ,
Villequier ,
Dumaine ,
Prince Lambefc ,
Condé,
Bourbon ,
Arco-Baviere ,
Dauffkirck,
7
322
7
3
3
3
3
6
3
3
6
226 MERCURE
Carabiniers ,
Gardes Baviere ,
Gardes d'Eſpagne
DRAGONS.
Bonelle,
Paſteur ,
Flavacourt,
¿
Lieutenants Generaux.
10
Sailly , Mezieres , Vicu
3
GALANT. 227
pont , Dreux , Brandlée ,
Chevalier de Croiffy , Lée,
Bouzolde
Davaray.
Conflans
Maréchaux de Camp.
Mortany, Cofta , Chevalier del Roye, Mouchy,
Beuil , Mercy , Lambert ,
Comte de la Marck, Duc
de Duras Flavacourt ,
Beauveau,Arab isn
esackoT
Brigadiers.
Livry, Gaydon, Marte-
128 MERCURE
tevile, Ryos , la Tremoille,
Tourotte , Simiane , Saint
Morel, Crecy, Sebret, Lifle,
Greder, May, Altermalt,
Perrin, Colandre , Tricault,
Forfac ,
C
Jouy , Melun
Sandrafky, Saa, Poth.
SECONDE LIGNE
CAVALERIE
Colonel General ,
Toulouze ,
3
Livry,
GALANT. 227
Chartres
Efclainvillier
Aubeterre,
7
Marteville,
Ligondez ,
Joyeuſe ,
Rios ,
Vertamont
Raigecourt ,
6
Villepreux,
Dupalais ,
Dautanne ,
230 MERCURE
Tourotte ,
Saint Blimont ,
Simiane,
la Reyne,
42
INFANTERIE
Poitou ,
2 Bat.
Greder Allemand
Aunix,
6
Limofin ,
Boulonnois ,
Solre ,
zicleg, a
< 2
6
2
GALANT. 231
Perche ,
Sparre,
Santere ,
6
LaFere ,
Lorraine ,
Saint Second ,
Villars,
Greder,
Phiffer ,
Brandlée ,
May,
2
t 2
Iim im
m3
232 MERGURE
Heffy, any
Surbeck,
La Sarre ,
Perrin,
Prince Electoral,
Les Vaiffeaux ,
6
S
3
Lamarck,
Nice ,
Beauce,
Agenois ,
Lyonnois ,
GI
GALANT. 233
CAVALERIE,
Orleans , 3 Efc.
Villiers ,
Montauban ,
7
Dufief,
2
Meleun ,
Pardeilhant,
Forfac,
Paon ,
Brabant , CA
Gouffier ,
Brifac M
4
Septembre 1712. V
2
2
234 MERCURE.
Lenoncourt ,
Saint Phal ,
Flandres,
$
Cofta Baviere ,
Poth ,
6.
Cauferau ,
Beringhen ,
Commiffaire General ,
2
3
3.
8 ያ
42
Coigny Lieutenant General.
Pezeux Maréchal de
Camp.
GALANT. 235
Marbeuf.
Chatillon.
De Labre.
RESERVE.
DRAGONS.
La Reyne ,
Bretagne ,
Coettman ,
3
3
3
Guienne . 3
12
Pourieres ,
3
Chatillon ,
Parpaille
3
3.
Vij
236 MERCURE
Clermont ,
Saint Chaumont
Le Coigneux ,
De Labre ,
33
12
3
3
m
m
n
m
3
3
Broglio Lieutenant General.
Tarneau , Caubom.
RESERVE.
CAVALERIE.
Le Roy,
Beaujeu ,
Tarneau,
3 Elc.
2
GALANT. 237
Du Beffé ,
Beauvaire ,
La Tour,
7
D. de Granville ,
H. de Verfeille ,
17
Houffards de Ratzky,
3
3
Camperont au quartier
general.
Royal Artillerie ,
Bombardiers ,
Total Elcadrons
Total Bataillons ,
23
257
134
de l'Armée de Flandres.
General.
Mr le Maréchal Duc de
Villars.
Mr. le Maréchal de
Montefquiou.
Lieutenants Generaux.
Hautefort , du Rofel ,
Rechberg , Jcoffreville
Septembre 1712. T
218 MERCURE
Puiffegure , Goefbriand ,
Duc de Guiche , Comte de
Villars Albergothy ,
Vivans , la Valliere , Prince
de Rohan, Saint Fremont.
>
Maréchaux de Camp.
Prince Charles , Comte
de Nille , Château- Morand,
Izanghuien , Montmorency, Duc de Mortemart ,
Rooth, Nangis, Choifeüil ,
Leffart , le Vidame, Silly.
Brigadiers.
Bellefond , Labillarderie ,
Caftelmoront, Saumery ,
GALANT. 219
Courtade , Kaukemberg ,
Choileul , Nugent , Montbazon , Periffant , Livoy ,
Beaupuys, Berrieux,Obrien ,
Lyonne , Aubigné , Bernoldt , Arling , Gaffion ,
Capy , Gacé , Dannifis Gi
rault , Saint Micault , Dauffkirck, Rouvroy, Paſteur ,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS.
Royal,
Beauffremont ,
Lefpinay,
odus.cle
.
3.
3.
の
Tij
110 MERCURE
CAVALERIE.
Maifon du Roy,
Gendarmerie ,
13
&
21
Royal Rouffillon , 3
Cayeux,
Royal Piedmont , 3
Saint Agnan ,
Royal Allemand, 3
Rottenbourg,
Druhot ,
GALANT. 220
Prince Marcillac,
Choifcul ,
Courcillon ,
Nugent,
Villeroy, tionnoduc
Royal Etrangeryonel ♬
دم
61
INFANTERIESVOJ
Picardie ,
Royal Rouffillon ,
Aunay,
on 3 Bat.
6
Tiij
221 MERCURE
Picmont,
Bourgogne ,
Montroux ,
Bourbonnois ,
Mortemart
Nivernois,
youlliv
cua13 Lvos
10
Le Roy,
Royal Comtois I
6
LeMaine ,
Bacqueville, nuos
Bigotre,
0
GALANT. 223
Lée ,
Obrien ,
Odonel ,
Dorington,
Galmoy ,
3
Gardes Françoiles,
Gardes Suiffes ,
Royal ,
Royal la Marine,
Royal Italien ,
Bevil Broffe ,
Alface ,
3
2
6
4
Tiiij
224 MERCURE
Champagne,
Izanguien ,
Guyenne ,
3
I
Genfac ,
Deflandes ,
Navarre ,
70
6
CAVALERIE.
Cravattes ,
Capy,
Frezin ,
3 Efc.
GALANT. 555
Dauphin Etranger , 3
Vaudrey,
Schepy.
Bretagne,
Gefvres ,
Villequier ,
Dumaine ,
Prince Lambefc ,
Condé,
Bourbon ,
Arco-Baviere ,
Dauffkirck,
7
322
7
3
3
3
3
6
3
3
6
226 MERCURE
Carabiniers ,
Gardes Baviere ,
Gardes d'Eſpagne
DRAGONS.
Bonelle,
Paſteur ,
Flavacourt,
¿
Lieutenants Generaux.
10
Sailly , Mezieres , Vicu
3
GALANT. 227
pont , Dreux , Brandlée ,
Chevalier de Croiffy , Lée,
Bouzolde
Davaray.
Conflans
Maréchaux de Camp.
Mortany, Cofta , Chevalier del Roye, Mouchy,
Beuil , Mercy , Lambert ,
Comte de la Marck, Duc
de Duras Flavacourt ,
Beauveau,Arab isn
esackoT
Brigadiers.
Livry, Gaydon, Marte-
128 MERCURE
tevile, Ryos , la Tremoille,
Tourotte , Simiane , Saint
Morel, Crecy, Sebret, Lifle,
Greder, May, Altermalt,
Perrin, Colandre , Tricault,
Forfac ,
C
Jouy , Melun
Sandrafky, Saa, Poth.
SECONDE LIGNE
CAVALERIE
Colonel General ,
Toulouze ,
3
Livry,
GALANT. 227
Chartres
Efclainvillier
Aubeterre,
7
Marteville,
Ligondez ,
Joyeuſe ,
Rios ,
Vertamont
Raigecourt ,
6
Villepreux,
Dupalais ,
Dautanne ,
230 MERCURE
Tourotte ,
Saint Blimont ,
Simiane,
la Reyne,
42
INFANTERIE
Poitou ,
2 Bat.
Greder Allemand
Aunix,
6
Limofin ,
Boulonnois ,
Solre ,
zicleg, a
< 2
6
2
GALANT. 231
Perche ,
Sparre,
Santere ,
6
LaFere ,
Lorraine ,
Saint Second ,
Villars,
Greder,
Phiffer ,
Brandlée ,
May,
2
t 2
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m3
232 MERGURE
Heffy, any
Surbeck,
La Sarre ,
Perrin,
Prince Electoral,
Les Vaiffeaux ,
6
S
3
Lamarck,
Nice ,
Beauce,
Agenois ,
Lyonnois ,
GI
GALANT. 233
CAVALERIE,
Orleans , 3 Efc.
Villiers ,
Montauban ,
7
Dufief,
2
Meleun ,
Pardeilhant,
Forfac,
Paon ,
Brabant , CA
Gouffier ,
Brifac M
4
Septembre 1712. V
2
2
234 MERCURE.
Lenoncourt ,
Saint Phal ,
Flandres,
$
Cofta Baviere ,
Poth ,
6.
Cauferau ,
Beringhen ,
Commiffaire General ,
2
3
3.
8 ያ
42
Coigny Lieutenant General.
Pezeux Maréchal de
Camp.
GALANT. 235
Marbeuf.
Chatillon.
De Labre.
RESERVE.
DRAGONS.
La Reyne ,
Bretagne ,
Coettman ,
3
3
3
Guienne . 3
12
Pourieres ,
3
Chatillon ,
Parpaille
3
3.
Vij
236 MERCURE
Clermont ,
Saint Chaumont
Le Coigneux ,
De Labre ,
33
12
3
3
m
m
n
m
3
3
Broglio Lieutenant General.
Tarneau , Caubom.
RESERVE.
CAVALERIE.
Le Roy,
Beaujeu ,
Tarneau,
3 Elc.
2
GALANT. 237
Du Beffé ,
Beauvaire ,
La Tour,
7
D. de Granville ,
H. de Verfeille ,
17
Houffards de Ratzky,
3
3
Camperont au quartier
general.
Royal Artillerie ,
Bombardiers ,
Total Elcadrons
Total Bataillons ,
23
257
134
Fermer
Résumé : ORDRE DE BATAILLE de l'Armée de Flandres.
En septembre 1712, l'ordre de bataille de l'Armée de Flandres est structuré en trois lignes : première ligne, seconde ligne et réserve. Les principaux officiers incluent le Maréchal Duc de Villars et le Maréchal de Montefquiou. Les lieutenants généraux sont Hautefort, du Rofel, Rechberg, Jcoffreville, Puiffegure, Goefbriand, Duc de Guiche, Comte de Villars, Albergothy, Vivans, la Valliere, Prince de Rohan, et Saint Fremont. Les maréchaux de camp comprennent le Prince Charles, Comte de Nille, Château-Morand, Izanghuien, Montmorency, Duc de Mortemart, Rooth, Nangis, Choiseul, Leffart, le Vidame, et Silly. Les brigadiers incluent Bellefond, Labillarderie, Castelmoront, Saumery, Courtade, Kaukemberg, Choiseul, Nugent, Montbazon, Periffant, Livoy, Beaupuys, Berrieux, O'Brien, Lyonne, Aubigné, Bernoldt, Arling, Gaffion, Capy, Gacé, Dannifis Girault, Saint Micault, Dauffkirck, Rouvroy, et Pasteur. Les unités de dragons, de cavalerie et d'infanterie sont détaillées. La première ligne comprend les dragons Royal, Beauffremont, Lefpinay, et les cavaleries Maison du Roy, Gendarmerie, Royal Rouffillon, Cayeux, Royal Piedmont, Saint Agnan, Royal Allemand, Rottenbourg, et Druhot. L'infanterie inclut les régiments Picardie, Royal Rouffillon, Aunay, Picardmont, Bourgogne, Montroux, Bourbonnois, Mortemart, Nivernois, Le Roy, Royal Comtois, Le Maine, Bacqueville, Bigorre, Lee, O'Brien, Odonel, Dorington, Galmoy, Gardes Françaises, Gardes Suisses, Royal, Royal la Marine, Royal Italien, Bevil Broffe, et Alface. La seconde ligne comprend des unités telles que le Colonel Général, Toulouze, Livry, Chartres, Esclainvillier, Aubeterre, Marteville, Ligondez, Joyeuse, Rios, Vertamont, Raigecourt, Villepreux, Dupalais, Dautanne, Tourotte, Saint Blimont, Simiane, et la Reyne. La réserve inclut les dragons La Reyne, Bretagne, Coettman, Guienne, Pourieres, Chatillon, Parpaille, Clermont, Saint Chaumont, Le Coigneux, De Labre, et les cavaleries Le Roy, Beaujeu, Tarneau, Du Beffé, Beauvaire, La Tour, D. de Granville, H. de Verfeille, et Houffards de Ratzky. Le total des escadrons est de 234 et celui des bataillons de 257.
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21
p. 84-99
Nouvelles.
Début :
Les lettres de Berlin portent que les preliminaires touchant les [...]
Mots clefs :
Général, Prince, Armée, Troupes, Holstein, Suède, France, Fortifications, Assemblée de Brunswick, Vienne, Berlin
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles.
Nouvelles,
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
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Résumé : Nouvelles.
Les nouvelles de Berlin rapportent que les préliminaires concernant les États de Holstein-Gottorp ont été réglés. Tonningen sera ravitaillé tous les quinze jours, et les autres points seront discutés lors de l'assemblée de Brunswick. Le Prince Administrateur, actuellement à Lübeck avec la Princesse, ne sollicitera pas le secours de la Suède ou d'autres puissances durant les négociations. Les lettres de Stralsund indiquent que les troupes suédoises ont quitté la ville pour la Suède. Le Général Meyerfeldt, Gouverneur de Poméranie, et le Général Ducker, Gouverneur de Stralsund, ont été appelés à Stockholm pour des informations sur l'état des affaires en Poméranie. Le Major général Lubin doit prendre le commandement à la place de Ducker. Les nouvelles de Suède mentionnent des préparatifs militaires importants pour former une armée capable de résister aux Danois et aux Moscovites, qui fortifient leurs positions en Finlande. La Suède rassemble également des prisonniers moscovites pour les échanger avec des troupes retenues au Holstein. Les lettres de Léopold rapportent que le grand Général de la Couronne a envoyé le Sieur de la Meer, Colonel Saxon, auprès du Khan des Tartares avec des lettres du Roi Auguste. Le Colonel Kalinovski a été détaché avec des troupes pour renforcer les positions en Ukraine et fournir des munitions aux villes de Niemirov et de Bialacerkiev. Le régiment Saxon de Seckendorf, ayant causé des désordres en Palatinat de Cracovie, a été déplacé en Hongrie. Les nouvelles de Hongrie confirment le retrait des Tartares et la marche de l'armée ottomane vers le Danube, réduisant la crainte d'une guerre avec les Turcs. Cependant, les Turcs continuent de renforcer leurs fortifications et de faire des levées de troupes. Les lettres de Hambourg indiquent que le Roi de Danemark a permis l'entrée de provisions à Tonningen tous les quinze jours, mais il entend rester en possession des États du Duc de Holstein-Gottorp jusqu'à la résolution de l'affaire à l'assemblée de Brunswick. Les nouvelles de Berlin mentionnent que le Roi de Prusse a nommé le Général Natzmar Colonel des gardes du corps et le Major général Lilien Commandant de Berlin. Les lettres de Vienne rapportent que la Cour continue de préparer la guerre en raison de l'incertitude des conférences de Rastadt. Les États de la basse Autriche déclarent leur incapacité à fournir les sommes demandées en raison des ravages de la guerre et de la contagion. Le Comte Othon-Henry de Sinzendorf est décédé sans héritier mâle, laissant son frère héritier de ses biens. Les nouvelles de Londres indiquent que les Commissaires français et anglais doivent se réunir pour régler les difficultés restantes sur le traité de commerce. Le Sieur d'Iberville, Envoyé extraordinaire de France, a eu sa première audience de la Reine. Des Commissaires ont été nommés pour les fortifications de Portsmouth, Chatham et Harwich. Le Sieur Voisley doit partir pour le Portugal et Milord Bingley pour l'Espagne après l'arrivée de Milord Lexington. Les lettres de Cologne rapportent qu'un parti français a attaqué le Prince de Holstein près de Bonne, capturant ses bagages et sa vaisselle d'argent, et prenant la Princesse et le Prince son fils, qui ont ensuite été renvoyés. Les dernières lettres de Fribourg mentionnent que le Chevalier d'Hasfeld a détaché des troupes pour attaquer le bourg de Neustadt, où plusieurs ennemis ont été tués ou capturés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 271-285
ARTICLE des Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Hambourg du 12. janvier portent qu'on [...]
Mots clefs :
Officiers, Général, Troupes, Suède, Barcelone, Cavalerie, Assemblée de Brunswick, Pays-Bas, Provisions, Londres, Hambourg, Madrid, Vienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE des Nouvelles.
ARTICLE
des Nouvelles.
L Es Lettres de Hambourg
du 12,. Janvier portent
qu'on avoit fait entrer
dansTonningen, du consentement
du Roy de Dan.
nemarx: , un convoy de
boeufs, de rnoutons de
vin, d'eau-de. vie ,de bois,
& d'autres provisions pour
quinze jours, & qui fera
continuéjusqu'à ce que
les affaires des Estats de
Holstein-Gottorp ayent
esté réglées à l'Assemblee
de Brunswich, quinedoit
commencer qu'à la fin de
ce mois; que trois vait
seaus & deux Battimens
partis d'Angleterre
, avec
des provisions pour Ton.
ningen
,
avoient (fié battus
d'une si rude tempeste,
que le plus grand avoit
fait naufrage vers Tlfle de
de Heiligheland, & que
deux autres avoient
échoué dans la rivière
d'Eyder;que les Officiers
qui les commandoient
avoient esté arrestez & menez
prisonniers à Gardingen;
que les Pilotes avoient
aussi esté pris & qu'on menaçoit
de leur taire leur
procès, pour avoir entre- -
pris, nonobstant les def- (
senses publiques d'introduire
des provisions dans
Tonningen, & que les
Matelots avoient reçu ordre
de se retirer incessamment
,
à peine d'estreaussi
emprisonnez;que la Garnison
de Tonningen estoit
encore composee de soixante
Officiers,&d'environ
douze cens Soldats
>
& que les habitans estoient
au nombre de dix huit
cens soixante six hommes.
Que le Comte de
Welling avoit rendu publique
une protestation
envoyée de Suede
,
dans
laquelle on se plaint de
l'infractionduTraité conclu
avec le Comte de SteinbocK
à Oldensworth, le
le 6. May dernier, dont on
différé encore l'exécution
fous divers pretextes,malgré
l'offre de refehange
& de la rançon qui avoient
estéstipulez; ce qui eaufoit
la ruine des Troupes
Suedoises
,
qui devoient
depuis long tems avoir esté
délivrées.
Les avis de Suede confirment
que les Trou pes
Suedoises embarquées à
Stralzund
,
estoient arrivées
en moins de 24. heures
dans la Province de
Schonen
,
où Ton attendoit
encore de StoKolm
divers Seigneurs; qu'on
formoit de grands Magazinsià
Goctenbourg &à
Malmoé) & qu'on faisoit
des levées dans tout le
Royaume; que rAmirl
avoit reçu ordre de faire
tous les préparatifs necessaires
pour se mettre en
Mer au commencement
du Primems.avec trentesix
Vaisseaux de guerre;
que les Deputez qui doivent
composerles t. tats du
Royaume convoquez au
23. Décembre arrivoient
de tous costez à StoKolm,
& que la PrincesseUlrique
Eleonor, Regente., allie.
toit régulièrement au Senat,&
qu'elleavoit nommé
le ComteCronhielm pour
son Conseiller du cabiner.
On ercrit de Vienne
que cette Cour avoitestabli
un Conseil pour les
Estats de la Monarchie
d'Espagne que l'Archiduc
possede
,
dont l'Archevesque
de Valence seraPresident,
& le Duc d'Uceda
Tresorier General. Qu'il
y aura de plus, deux Conseillers
de Robe, & autant
d'Epée, pour chaque
Pays & quatre Secrétaires;
un pour le Royaume de
Naples; un pour laSardaigne;
un autre pour le
Milanés j & un pour le.
Pays Bas Espagnol, avec
un Fiscal General & d'autres
Officiers ; que les
Conseillers auront chacun
huit mille florins d'appointement,
& qu'ils auront
le rang de Conseiller
du Conseil d'Estat; que le
Resident de Suede a reçu
un Courier du Roy son
Maistre, avec des Lettres
du x. Novembre
,
qui portent
qu'il estoit encore à
Demir Tocca
,
où il devoit
demeurer jusqu'au
Printems ; mais que si la
Cour Othomane persistoit
dans ses resolutions,alors
il reviendroit dans ses
Etats, ou par terreavec
l'escorre de Turcs & de
Tartaresqu'elle lui a promise
,ou par Mer. Que le
Chancelier Mullern avoit
aussi escrit que sa Majesté
Suedoise ne s'étoit pas encore
expliquée sur l'assemblée
de Brunswich, ni sur
la médiation que la Cour
de Vienne lui a offerte:
que les affaires des Polonois
& des Moscovites
,
estoient tousjours au oick
me Etat; que le Sultan
insistant à ce que la Pologne
cede une partie de
l'Ukraine Polonoise, pour
y establir des Cosaques
qui feront fous la protection
du Grand Seigneur,
& que le Czar paye le
tribut aux Tartares qu'il
prétend avoir esté aboli
par un Traité fait avec
eux en 1700.
Les Lettres de Madrid -
portent que la Charge de
Commissàire General de la
Croizade avoit esté donnée
à Don Philippe de Taboa-
-
da,
da,Président de la Chancellerie
de Valladolid; que
leRoyavoit nommé à l'Evesché
de Huesca
)
l'Evesque
de Balbaftro;& à l'Evesché
de Balbastro Don
Pedro Granell
,
Curé de
S. Martin deValence. On
écrit de Cartagene que
toute la Flotteavoit
,
le
premier Janvier) fair voile
d'Alicante vers les costes
de Catalogne.- Les Lettres
de Perpignan portent que
toutes les Troupes Espagnoles
& Vallones y - avoient passees allant vers
Barcelone; que la Cavalerie
estoit fort belle
, mais que l'Infanterie estoit
fort fatiguée;que les Regimensde
Cavalerie d'Anjou,
de Berry, & de Fleche,
& celui de Dragons
de Hauteville, estoient
repassez ; qu'on n'attendoit
que la Flotte d'Espagne
qui doit arriver dans
peu pour commencer le
Siege de Barcelone; &
que lesBarcelonoisavoient
plusieurs petits Bastimens
armez en course qui courent
la Mer;qu'ils avoient
fait une descente près de
Torreille de Mengry,d'où
ils avoient enlevécentVaches&
deuxcensMoutons.
Celles du Camp devant
Barcelone portent que les
TroupesEspagnoles&Vallones
qui servoient aux
Pays Bas y estoient arrivées,
& que la division des
Barcelonois estoit un peu
diminuée depuis que quelques
Bastimens chargez de
vivres estoiententrez dans
le Port. iHi"(', *> Onmandede Londres
que les CoiftfaifTaires estantallezàRochester
pour
payer&licentier les Troupes
de la Marine
,
cinq
cens Soldats avec deux Sergentsrefuferenc
de mettre
les armes bas, jusqu'à ce
que leurs Officiers eussent
faitle descompte de ce
qu'ils leur doivent; qu'on
avoit détaché cinq cens
hommes de la garde,six
vingt Gardes du Corps,&
soixante Grenadiers à Cheval
;mais on apprit que
ces mutins estoient venus
trouver prés deGrenwich,
le General Withers, à qui
ils avoient remis leurs armes
,le priant de faire faire
leur descompte: cependant
le 13. & le 14.
deuxCouriers rapporterent
que les Troupes de la Marine
qui font à Cantorbery
&àRochestersestoient de
nouveau mutinées : mais
comme le Regiment de
Peterborough & les deftachemens
de Cavalerie
sont de ce costé là, on ne
doute pas qu'on ne lesreduiseàleur
devoir.
des Nouvelles.
L Es Lettres de Hambourg
du 12,. Janvier portent
qu'on avoit fait entrer
dansTonningen, du consentement
du Roy de Dan.
nemarx: , un convoy de
boeufs, de rnoutons de
vin, d'eau-de. vie ,de bois,
& d'autres provisions pour
quinze jours, & qui fera
continuéjusqu'à ce que
les affaires des Estats de
Holstein-Gottorp ayent
esté réglées à l'Assemblee
de Brunswich, quinedoit
commencer qu'à la fin de
ce mois; que trois vait
seaus & deux Battimens
partis d'Angleterre
, avec
des provisions pour Ton.
ningen
,
avoient (fié battus
d'une si rude tempeste,
que le plus grand avoit
fait naufrage vers Tlfle de
de Heiligheland, & que
deux autres avoient
échoué dans la rivière
d'Eyder;que les Officiers
qui les commandoient
avoient esté arrestez & menez
prisonniers à Gardingen;
que les Pilotes avoient
aussi esté pris & qu'on menaçoit
de leur taire leur
procès, pour avoir entre- -
pris, nonobstant les def- (
senses publiques d'introduire
des provisions dans
Tonningen, & que les
Matelots avoient reçu ordre
de se retirer incessamment
,
à peine d'estreaussi
emprisonnez;que la Garnison
de Tonningen estoit
encore composee de soixante
Officiers,&d'environ
douze cens Soldats
>
& que les habitans estoient
au nombre de dix huit
cens soixante six hommes.
Que le Comte de
Welling avoit rendu publique
une protestation
envoyée de Suede
,
dans
laquelle on se plaint de
l'infractionduTraité conclu
avec le Comte de SteinbocK
à Oldensworth, le
le 6. May dernier, dont on
différé encore l'exécution
fous divers pretextes,malgré
l'offre de refehange
& de la rançon qui avoient
estéstipulez; ce qui eaufoit
la ruine des Troupes
Suedoises
,
qui devoient
depuis long tems avoir esté
délivrées.
Les avis de Suede confirment
que les Trou pes
Suedoises embarquées à
Stralzund
,
estoient arrivées
en moins de 24. heures
dans la Province de
Schonen
,
où Ton attendoit
encore de StoKolm
divers Seigneurs; qu'on
formoit de grands Magazinsià
Goctenbourg &à
Malmoé) & qu'on faisoit
des levées dans tout le
Royaume; que rAmirl
avoit reçu ordre de faire
tous les préparatifs necessaires
pour se mettre en
Mer au commencement
du Primems.avec trentesix
Vaisseaux de guerre;
que les Deputez qui doivent
composerles t. tats du
Royaume convoquez au
23. Décembre arrivoient
de tous costez à StoKolm,
& que la PrincesseUlrique
Eleonor, Regente., allie.
toit régulièrement au Senat,&
qu'elleavoit nommé
le ComteCronhielm pour
son Conseiller du cabiner.
On ercrit de Vienne
que cette Cour avoitestabli
un Conseil pour les
Estats de la Monarchie
d'Espagne que l'Archiduc
possede
,
dont l'Archevesque
de Valence seraPresident,
& le Duc d'Uceda
Tresorier General. Qu'il
y aura de plus, deux Conseillers
de Robe, & autant
d'Epée, pour chaque
Pays & quatre Secrétaires;
un pour le Royaume de
Naples; un pour laSardaigne;
un autre pour le
Milanés j & un pour le.
Pays Bas Espagnol, avec
un Fiscal General & d'autres
Officiers ; que les
Conseillers auront chacun
huit mille florins d'appointement,
& qu'ils auront
le rang de Conseiller
du Conseil d'Estat; que le
Resident de Suede a reçu
un Courier du Roy son
Maistre, avec des Lettres
du x. Novembre
,
qui portent
qu'il estoit encore à
Demir Tocca
,
où il devoit
demeurer jusqu'au
Printems ; mais que si la
Cour Othomane persistoit
dans ses resolutions,alors
il reviendroit dans ses
Etats, ou par terreavec
l'escorre de Turcs & de
Tartaresqu'elle lui a promise
,ou par Mer. Que le
Chancelier Mullern avoit
aussi escrit que sa Majesté
Suedoise ne s'étoit pas encore
expliquée sur l'assemblée
de Brunswich, ni sur
la médiation que la Cour
de Vienne lui a offerte:
que les affaires des Polonois
& des Moscovites
,
estoient tousjours au oick
me Etat; que le Sultan
insistant à ce que la Pologne
cede une partie de
l'Ukraine Polonoise, pour
y establir des Cosaques
qui feront fous la protection
du Grand Seigneur,
& que le Czar paye le
tribut aux Tartares qu'il
prétend avoir esté aboli
par un Traité fait avec
eux en 1700.
Les Lettres de Madrid -
portent que la Charge de
Commissàire General de la
Croizade avoit esté donnée
à Don Philippe de Taboa-
-
da,
da,Président de la Chancellerie
de Valladolid; que
leRoyavoit nommé à l'Evesché
de Huesca
)
l'Evesque
de Balbaftro;& à l'Evesché
de Balbastro Don
Pedro Granell
,
Curé de
S. Martin deValence. On
écrit de Cartagene que
toute la Flotteavoit
,
le
premier Janvier) fair voile
d'Alicante vers les costes
de Catalogne.- Les Lettres
de Perpignan portent que
toutes les Troupes Espagnoles
& Vallones y - avoient passees allant vers
Barcelone; que la Cavalerie
estoit fort belle
, mais que l'Infanterie estoit
fort fatiguée;que les Regimensde
Cavalerie d'Anjou,
de Berry, & de Fleche,
& celui de Dragons
de Hauteville, estoient
repassez ; qu'on n'attendoit
que la Flotte d'Espagne
qui doit arriver dans
peu pour commencer le
Siege de Barcelone; &
que lesBarcelonoisavoient
plusieurs petits Bastimens
armez en course qui courent
la Mer;qu'ils avoient
fait une descente près de
Torreille de Mengry,d'où
ils avoient enlevécentVaches&
deuxcensMoutons.
Celles du Camp devant
Barcelone portent que les
TroupesEspagnoles&Vallones
qui servoient aux
Pays Bas y estoient arrivées,
& que la division des
Barcelonois estoit un peu
diminuée depuis que quelques
Bastimens chargez de
vivres estoiententrez dans
le Port. iHi"(', *> Onmandede Londres
que les CoiftfaifTaires estantallezàRochester
pour
payer&licentier les Troupes
de la Marine
,
cinq
cens Soldats avec deux Sergentsrefuferenc
de mettre
les armes bas, jusqu'à ce
que leurs Officiers eussent
faitle descompte de ce
qu'ils leur doivent; qu'on
avoit détaché cinq cens
hommes de la garde,six
vingt Gardes du Corps,&
soixante Grenadiers à Cheval
;mais on apprit que
ces mutins estoient venus
trouver prés deGrenwich,
le General Withers, à qui
ils avoient remis leurs armes
,le priant de faire faire
leur descompte: cependant
le 13. & le 14.
deuxCouriers rapporterent
que les Troupes de la Marine
qui font à Cantorbery
&àRochestersestoient de
nouveau mutinées : mais
comme le Regiment de
Peterborough & les deftachemens
de Cavalerie
sont de ce costé là, on ne
doute pas qu'on ne lesreduiseàleur
devoir.
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Résumé : ARTICLE des Nouvelles.
Au début de l'année 1700, plusieurs événements politiques et militaires marquent l'Europe. À Tonningen, des provisions ont été introduites avec l'accord du roi de Danemark pour soutenir la garnison jusqu'à la résolution des affaires des États de Holstein-Gottorp à l'Assemblée de Brunswick. Trois vaisseaux et deux bâtiments partis d'Angleterre, chargés de provisions, ont été endommagés par une tempête, et leurs officiers arrêtés. La garnison de Tonningen compte soixante officiers et environ douze cents soldats, avec une population totale de dix-huit cents soixante-six habitants. Le comte de Wellington a rendu publique une protestation suédoise contre l'infraction d'un traité conclu avec le comte de Steinbock. Les troupes suédoises, embarquées à Stralsund, sont arrivées en Schonen, où des préparatifs militaires sont en cours. L'amiral suédois doit se préparer à prendre la mer au printemps avec trente-six vaisseaux de guerre. La régente de Suède, la princesse Ulrique Éléonore, a nommé le comte Cronhielm comme conseiller. À Vienne, un conseil a été établi pour les États de la monarchie d'Espagne, avec des appointements et des rangs spécifiques pour les conseillers. Le résident de Suède à Vienne a reçu des nouvelles du roi de Suède, alors à Demir Tocca, indiquant qu'il pourrait revenir dans ses États selon les décisions de la Cour ottomane. Les affaires polonaises et moscovites restent en suspens, avec des revendications territoriales du sultan et du tsar. À Madrid, des nominations ont été faites pour des charges ecclésiastiques. À Carthagène, la flotte a pris la mer vers la Catalogne. À Perpignan, les troupes espagnoles et vallonnes se dirigent vers Barcelone, avec des préparatifs pour le siège de la ville. Les Barcelonais disposent de petits bâtiments armés en course. À Londres, des mutineries ont eu lieu parmi les troupes de la marine à Rochester et Cantorbery, mais elles ont été réprimées par les régiments de Peterborough et les détachements de cavalerie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 151-168
NOUVELLES.
Début :
Les Lettres de Hambourg du premier Mars portent que la [...]
Mots clefs :
Hambourg, Madrid, Troupes, Guerre, Place, Roi du Danemark, Marquis de Valdecañas, Général, Duc de Popoli, Prince, Pièces de canon, Roi de Prusse, Portugal, Hollande
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
Les Lettres de Hambourg
du premier Mars portent que
la maladie contagieufe dimi-
N iiij
*; * MERCURE
"
nuoit fort, & qu'on efpere.
que le Commerce fera bientoft
entierement rétabli avec
les Etats voisins ; que les Danois
rafoient les Lignes
& les autres ouvrages qu'il
avoient faits pour le blocus
de Tonningen. Que le Colonel
Wolf, qui commandoit
dans cette Place , eftoit allé à
Stokholm pour rendre compte
au jeune Duc de Holſtein-
Gottorp , de tout ce qui s'y
étoit paffé & de l'extrême neneceflité
qui l'a obligé de la
rendre par Capitulation au
Roy de Dannemark. La GarGALANT
133
nifon qui en eft fortie a efté
conduite à Eutin. Les malades
font reftez dans la Place
juſqu'à leur entiere guerifon ,
avec un Commiffaire pour en
prendre foin , & les Troupes
Danoifes qui en formoient le
blocus fe font mifes en matche
pour aller aux quartiers
d'hyver qui leur ont efté affi
gnez . Deux bataillons Danois
font entrez en garnifon
dans Tonningen , où l'on
conduit à prefent des provifions
en abondance . Les Of
ficiers Danois travaillent avec
empreſſement à faire leurs re114
MERCURE
crues , & à fe pourvoir de
chevaux de remonte. Ils ont
ordre de fe tenir preſts à marcher
au premier commandement
, & on établit de grands
Magafins à Segoberg ; ce qui
donne lieu de croire que le
Roy de Dannemark a deſſein
de faire le fiege de Wilmat.
Celles de Berlin portent que
le Roy de Pruffe ayant appris
la reddition de Tonningen ,
avoit tenu un grand Confeil ;
qu'il faifoit continuer fes
levées : qu'il avoit fait le Baron
de Loben Lieutenant General ,
fon grand Chambellan , & le
GALANT $ s $
fieur de Cameck , fon grand
Treforier ; que le fieur Lintelo
, envoyé des Etats Generaux
des Provinces unies , luy
avoit prefenté un Memoire
touchant quelques Places que
les Troupes avoient occupées
dans les Pays - Bas.
Les Lettres de Conftantinople
du 16. Janvier portent
que l'Ambaffadeur de France
avoit cu Audiance du grand
Vifir le 6. qu'il avoit complimenté
fur fon arrivéc &
fur fon élevation à la dignité
de premier Miniftre de l'Empire
Othoman : que l'Ambaf
56 MERCURE
fadeur de la Grande Bretagne
avoit cu Audiance fur le même
fujet le 8. le Baile de Venife
le 13. & l'Ambaffadeur
.
de Hollande le 15. Que les
Envoyez du Sultan & du Kan
des Tartares qui étoient allez
en Pologne , n'eftoient
pas
encore revenus. Que les
Commiffaires deftinez pour
regler les Limites de l'Ukraine
& les dépendances
d'Azak
avec les Commiffaires
Polonois
& Mofcovites
, eftoient
partis depuis quelques jours
pour le rendre fur la Frontiere.
Qu'on continuoit
à
GALANT , 117
D'autres
faire de grands preparatifs de
guerre par Mer & Terre
par
fans qu'on fçû à quoy ils
eftoient deftinez.
Lettres du 20. confirment que
les troubles d'Afe cftoient ap
paifez par la défaite des rebelles
. Que le Bacha d'Alepayant
affemblé fes Troupes & celles
des environs , avoit attaqué
leur armée , en avoit taillé en
pieces la plus grande partic , &
avoit fait empaler cent quarante
des principaux auteurs
de la revolte & rétabli le calme
en ces Pays là.
Les avis de Madrid portent que
iss MERCURE
a
fitoft que le Roy cut appris
que la Reine étoit expirée , il
feretira avec le Prince & les
deux Infants au Palais du Duc
de Medina- Celi . Sa Majesté
a refolu de ne point retourner
au Palais , on a fait quelques
changemens à celuy de Medina
Celi pour le rendre plus
commode. Elle a laiffé pour
quinze jours le foin du Gouvernement
au Cardinal Def-
Giudice , comme il l'avoit reglé
avant le decés de la Reine .
La Princeffe des Urfins a efté
déclarée Gouvernante
du
Prince & des deux Infants.
GALANT. 139
Le Prince Pio , Marquis de
Caftel -Rodrigo qui depuis
quelques jours eft arrivé de Si .
cile , a efté fait Capitaine Ge
neral & Gouverneur de Madrid
& de fon Territoire avec
douze mille écus d'appointement
, il aura fous luy quatre
cens hommes , pour veiller à
la fureté & à la tranquilité de la
Ville , avec quatre Officiers de
Juftice qui lui feront fubordonnez
, & qui jugeront envingt-
quatre heures les caufes
des malfaiteurs
Les Lettres du Camp devant
Barcelonne portent qu'on
160 MERCURE
continuoitde de barquer vers
l'embouchure du l'Obregat
les Troupes & les provifions
, & que le Marquis de
Valdecannas y avoit auffi mit
sy
pied à terre , & qu'il devoit
commander en chef dans les
Vigueries de Tarragone , de
Monblanc & de Tortofe , que
200. rebelles s'étant fortifiez
à Saint Paul fur la cofte , entre
Mataro & Blancs , le
Duc de Popoli y envoya un
détachement avec quatre
picces de canon fous 1 cmmandement
de Don- Gabriel
Cano, Maréchal de Camp. II
fic
GALANT. 161.
fit battre la Place le 12. & le
13. Février ; & la bréché é
tant faite , les Affiegez furent
obligez de fe rendre à difcre
tion , offrant pour fauver leur
vie de faire rendre tous les
Officiers qui fe trouvoient prifonniers
à Cardone . On leur
avoit envoyé de Barcelone
une Galiote chargée d'un
fecours de Troupes , de
munitions de guerre & de
vivres ; mais elle fut prife par
les Galeres du Roy. Le Comte
de Montemar avec fon détach
ment a battu les rebelles
en diver fes occafions enforte
Ma's 1714.
16 MERCURE
qu'ils commencent à le foumettre
à l'obeïffance de Sa
Majesté. On a envoyé au
Camp fous une bonne efcorte
trente mille Pistoles pour
payer les Troupes, avec ordre
de preffer les preparatifs du
Siege de Barcelone , auquel
le Duc de Popoli comman
dera .
Le Comte de Fiennes commandera
du cofté de Girone.
Le Marquis de Valdecannas
du cofté de Tarragonne, & le
Marquis de Thouy du coſté
de Lerida :de maniere que l'attaque
de la Place fe fera tranGALANT
163
quillement fans qu'elle puiffe
cftre fecourue ni par Terre ny
par Mer.
On mande de Cadix que
le 21. Février l'Amiral General
Don . Andres de Pez avoit
fait voile pour aller joindre
la Flote fur les Coftes de Ca
talogne , avec trois Vaiffeaux
de guerre dont un eſt monté
de loixante- dix pieces de canon
& un autre de cinquante ,
qu'on avoit fait embarquer
onze cent foldats choifis , &
une grande quantite d'orge &
d'avoine , pour la fubfiftance
de la Cavalerie de l'Armée :
Oij
164 MERCURE
qu'il étoit entré dans la
Baye un Vaiffeau François ,
un Anglois , un Suedois &
deux de Bifcaye , l'un defquels
avoit efté attaqué vers les
Berlingues fur les coftes de
Portugal par deux Corſaires
Turcs de quarante & de cinquante
pieces de canon : mais
que leur ayant montré un
Paffeport de France , & fait
paroistre un paffager François,
ils l'avoient laille paffer , &
luy avoient donné du biſcuit ,
pour lequel on leur rendit du
goudron.
On écrit de Londres que
GALANT. 169
le General Hill a reçû ordre
de partir inceffamment pour
retourner à Dunkerque done
il cft Commandant , afin de
mettre la Garnifon en état
d'abandonner cette
auffi toft que les Fortifications
auront efté entierement démolies
& de marcher vers
Place
Gand & Bruges , afin de renforcer
les Garnifons de ces
Villes que la Reine prétend
garder , jufqu'à ce que los
Hollandois foient convenus
par un Traité avec l'Empereur
de luy remettre les Pays - Bas
Espagnols. Le ficur Keith ,
166 MERCURE
fils du Chevalier . Guillaume
Keith a efté fait Intendanc
General de la Colonie de Ma
ryland , dont le fieur Hart a
efté fait Gouverneur. Ils ne
doivent partir pour aller prendre
poffeffion de ces charges
qu'aprés l'arrivée de l Evêque
de Londres pour nommer à
plufieurs Benefices vacants en
cePaïs là , qui dépendent de fon
Evêché. On charge un Vaiffeau
fur la Tamife , pour porter
cent cinquante tonneaux
de provifions à la Garnifon
de Gibraltar qui en manque.
Oa fait la recherche des Frans
GALANT . 167
çois refugiez qui ont des penfions
furl Irlande , & on les oblige
à donner un état de leurs
biens & de leurs familles . On
mande de Lisbone que le Roy
de Portugal avoit nommé le
jeune Comte Ribeyra fon
Ambaffadeur auprés du Roy
Tres-Chreftien , & que le
fieur de Laval , Envoyé de Sa
Majesté Britannique en Por
tugal s'étoit embarqué fur le
Vaiffeau de guerre le Ludlow-
Caſtle, & avoit fait voilele.12.
Janvier pour retourner à Lon
dres ; que le fieur Worley qui
lui doit fucceder en la même
蕊
168 MERCURE
qualité , cft retenu par les
vents contraires à la Rade de
l'Ifle de Wight.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on eft fort inquiet
touchant les prétentions du
Roy de Pruffe , fur les Terres
de la fucceffion de la Maifon
d'Orange . Ce Prince voulant
occuper la Baronie de Herftal
au Pays de Liege ; fes
Troupes ont trouvez que cclles
des Hollandois s'étoient
poſtées dans l'Hoftel de Ville,
& elles fe font retranchées aux
avenues des principales, ruës.
Les Lettres de Hambourg
du premier Mars portent que
la maladie contagieufe dimi-
N iiij
*; * MERCURE
"
nuoit fort, & qu'on efpere.
que le Commerce fera bientoft
entierement rétabli avec
les Etats voisins ; que les Danois
rafoient les Lignes
& les autres ouvrages qu'il
avoient faits pour le blocus
de Tonningen. Que le Colonel
Wolf, qui commandoit
dans cette Place , eftoit allé à
Stokholm pour rendre compte
au jeune Duc de Holſtein-
Gottorp , de tout ce qui s'y
étoit paffé & de l'extrême neneceflité
qui l'a obligé de la
rendre par Capitulation au
Roy de Dannemark. La GarGALANT
133
nifon qui en eft fortie a efté
conduite à Eutin. Les malades
font reftez dans la Place
juſqu'à leur entiere guerifon ,
avec un Commiffaire pour en
prendre foin , & les Troupes
Danoifes qui en formoient le
blocus fe font mifes en matche
pour aller aux quartiers
d'hyver qui leur ont efté affi
gnez . Deux bataillons Danois
font entrez en garnifon
dans Tonningen , où l'on
conduit à prefent des provifions
en abondance . Les Of
ficiers Danois travaillent avec
empreſſement à faire leurs re114
MERCURE
crues , & à fe pourvoir de
chevaux de remonte. Ils ont
ordre de fe tenir preſts à marcher
au premier commandement
, & on établit de grands
Magafins à Segoberg ; ce qui
donne lieu de croire que le
Roy de Dannemark a deſſein
de faire le fiege de Wilmat.
Celles de Berlin portent que
le Roy de Pruffe ayant appris
la reddition de Tonningen ,
avoit tenu un grand Confeil ;
qu'il faifoit continuer fes
levées : qu'il avoit fait le Baron
de Loben Lieutenant General ,
fon grand Chambellan , & le
GALANT $ s $
fieur de Cameck , fon grand
Treforier ; que le fieur Lintelo
, envoyé des Etats Generaux
des Provinces unies , luy
avoit prefenté un Memoire
touchant quelques Places que
les Troupes avoient occupées
dans les Pays - Bas.
Les Lettres de Conftantinople
du 16. Janvier portent
que l'Ambaffadeur de France
avoit cu Audiance du grand
Vifir le 6. qu'il avoit complimenté
fur fon arrivéc &
fur fon élevation à la dignité
de premier Miniftre de l'Empire
Othoman : que l'Ambaf
56 MERCURE
fadeur de la Grande Bretagne
avoit cu Audiance fur le même
fujet le 8. le Baile de Venife
le 13. & l'Ambaffadeur
.
de Hollande le 15. Que les
Envoyez du Sultan & du Kan
des Tartares qui étoient allez
en Pologne , n'eftoient
pas
encore revenus. Que les
Commiffaires deftinez pour
regler les Limites de l'Ukraine
& les dépendances
d'Azak
avec les Commiffaires
Polonois
& Mofcovites
, eftoient
partis depuis quelques jours
pour le rendre fur la Frontiere.
Qu'on continuoit
à
GALANT , 117
D'autres
faire de grands preparatifs de
guerre par Mer & Terre
par
fans qu'on fçû à quoy ils
eftoient deftinez.
Lettres du 20. confirment que
les troubles d'Afe cftoient ap
paifez par la défaite des rebelles
. Que le Bacha d'Alepayant
affemblé fes Troupes & celles
des environs , avoit attaqué
leur armée , en avoit taillé en
pieces la plus grande partic , &
avoit fait empaler cent quarante
des principaux auteurs
de la revolte & rétabli le calme
en ces Pays là.
Les avis de Madrid portent que
iss MERCURE
a
fitoft que le Roy cut appris
que la Reine étoit expirée , il
feretira avec le Prince & les
deux Infants au Palais du Duc
de Medina- Celi . Sa Majesté
a refolu de ne point retourner
au Palais , on a fait quelques
changemens à celuy de Medina
Celi pour le rendre plus
commode. Elle a laiffé pour
quinze jours le foin du Gouvernement
au Cardinal Def-
Giudice , comme il l'avoit reglé
avant le decés de la Reine .
La Princeffe des Urfins a efté
déclarée Gouvernante
du
Prince & des deux Infants.
GALANT. 139
Le Prince Pio , Marquis de
Caftel -Rodrigo qui depuis
quelques jours eft arrivé de Si .
cile , a efté fait Capitaine Ge
neral & Gouverneur de Madrid
& de fon Territoire avec
douze mille écus d'appointement
, il aura fous luy quatre
cens hommes , pour veiller à
la fureté & à la tranquilité de la
Ville , avec quatre Officiers de
Juftice qui lui feront fubordonnez
, & qui jugeront envingt-
quatre heures les caufes
des malfaiteurs
Les Lettres du Camp devant
Barcelonne portent qu'on
160 MERCURE
continuoitde de barquer vers
l'embouchure du l'Obregat
les Troupes & les provifions
, & que le Marquis de
Valdecannas y avoit auffi mit
sy
pied à terre , & qu'il devoit
commander en chef dans les
Vigueries de Tarragone , de
Monblanc & de Tortofe , que
200. rebelles s'étant fortifiez
à Saint Paul fur la cofte , entre
Mataro & Blancs , le
Duc de Popoli y envoya un
détachement avec quatre
picces de canon fous 1 cmmandement
de Don- Gabriel
Cano, Maréchal de Camp. II
fic
GALANT. 161.
fit battre la Place le 12. & le
13. Février ; & la bréché é
tant faite , les Affiegez furent
obligez de fe rendre à difcre
tion , offrant pour fauver leur
vie de faire rendre tous les
Officiers qui fe trouvoient prifonniers
à Cardone . On leur
avoit envoyé de Barcelone
une Galiote chargée d'un
fecours de Troupes , de
munitions de guerre & de
vivres ; mais elle fut prife par
les Galeres du Roy. Le Comte
de Montemar avec fon détach
ment a battu les rebelles
en diver fes occafions enforte
Ma's 1714.
16 MERCURE
qu'ils commencent à le foumettre
à l'obeïffance de Sa
Majesté. On a envoyé au
Camp fous une bonne efcorte
trente mille Pistoles pour
payer les Troupes, avec ordre
de preffer les preparatifs du
Siege de Barcelone , auquel
le Duc de Popoli comman
dera .
Le Comte de Fiennes commandera
du cofté de Girone.
Le Marquis de Valdecannas
du cofté de Tarragonne, & le
Marquis de Thouy du coſté
de Lerida :de maniere que l'attaque
de la Place fe fera tranGALANT
163
quillement fans qu'elle puiffe
cftre fecourue ni par Terre ny
par Mer.
On mande de Cadix que
le 21. Février l'Amiral General
Don . Andres de Pez avoit
fait voile pour aller joindre
la Flote fur les Coftes de Ca
talogne , avec trois Vaiffeaux
de guerre dont un eſt monté
de loixante- dix pieces de canon
& un autre de cinquante ,
qu'on avoit fait embarquer
onze cent foldats choifis , &
une grande quantite d'orge &
d'avoine , pour la fubfiftance
de la Cavalerie de l'Armée :
Oij
164 MERCURE
qu'il étoit entré dans la
Baye un Vaiffeau François ,
un Anglois , un Suedois &
deux de Bifcaye , l'un defquels
avoit efté attaqué vers les
Berlingues fur les coftes de
Portugal par deux Corſaires
Turcs de quarante & de cinquante
pieces de canon : mais
que leur ayant montré un
Paffeport de France , & fait
paroistre un paffager François,
ils l'avoient laille paffer , &
luy avoient donné du biſcuit ,
pour lequel on leur rendit du
goudron.
On écrit de Londres que
GALANT. 169
le General Hill a reçû ordre
de partir inceffamment pour
retourner à Dunkerque done
il cft Commandant , afin de
mettre la Garnifon en état
d'abandonner cette
auffi toft que les Fortifications
auront efté entierement démolies
& de marcher vers
Place
Gand & Bruges , afin de renforcer
les Garnifons de ces
Villes que la Reine prétend
garder , jufqu'à ce que los
Hollandois foient convenus
par un Traité avec l'Empereur
de luy remettre les Pays - Bas
Espagnols. Le ficur Keith ,
166 MERCURE
fils du Chevalier . Guillaume
Keith a efté fait Intendanc
General de la Colonie de Ma
ryland , dont le fieur Hart a
efté fait Gouverneur. Ils ne
doivent partir pour aller prendre
poffeffion de ces charges
qu'aprés l'arrivée de l Evêque
de Londres pour nommer à
plufieurs Benefices vacants en
cePaïs là , qui dépendent de fon
Evêché. On charge un Vaiffeau
fur la Tamife , pour porter
cent cinquante tonneaux
de provifions à la Garnifon
de Gibraltar qui en manque.
Oa fait la recherche des Frans
GALANT . 167
çois refugiez qui ont des penfions
furl Irlande , & on les oblige
à donner un état de leurs
biens & de leurs familles . On
mande de Lisbone que le Roy
de Portugal avoit nommé le
jeune Comte Ribeyra fon
Ambaffadeur auprés du Roy
Tres-Chreftien , & que le
fieur de Laval , Envoyé de Sa
Majesté Britannique en Por
tugal s'étoit embarqué fur le
Vaiffeau de guerre le Ludlow-
Caſtle, & avoit fait voilele.12.
Janvier pour retourner à Lon
dres ; que le fieur Worley qui
lui doit fucceder en la même
蕊
168 MERCURE
qualité , cft retenu par les
vents contraires à la Rade de
l'Ifle de Wight.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on eft fort inquiet
touchant les prétentions du
Roy de Pruffe , fur les Terres
de la fucceffion de la Maifon
d'Orange . Ce Prince voulant
occuper la Baronie de Herftal
au Pays de Liege ; fes
Troupes ont trouvez que cclles
des Hollandois s'étoient
poſtées dans l'Hoftel de Ville,
& elles fe font retranchées aux
avenues des principales, ruës.
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Résumé : NOUVELLES.
Le 1er mars, les nouvelles de Hambourg indiquent une diminution de la maladie contagieuse, permettant une reprise prochaine du commerce avec les États voisins. Les Danois ont levé le blocus de Tonningen, où les garnisons danoises ont pris possession de la place et des provisions sont acheminées. Les officiers danois se préparent à une possible attaque de Wilmat. À Berlin, le roi de Prusse, informé de la reddition de Tonningen, a tenu un conseil et poursuivi ses levées. Il a nommé le baron de Loben lieutenant général et le seigneur de Cameck grand trésorier. L'envoyé des Provinces-Unies a présenté un mémoire concernant des places occupées dans les Pays-Bas. À Constantinople, les ambassadeurs de France, de Grande-Bretagne, de Venise et de Hollande ont été reçus par le grand vizir. Des commissaires sont partis régler les limites de l'Ukraine et les dépendances d'Azov avec les commissaires polonais et moscovites. Des préparatifs de guerre sont en cours par mer et par terre. En Asie, les troubles ont été apaisés par la défaite des rebelles, avec le bacha d'Alep ayant rassemblé ses troupes pour attaquer les rebelles. À Madrid, le roi s'est retiré avec le prince et les deux infants au palais du duc de Medina-Celi après le décès de la reine. La princesse des Ursins a été nommée gouvernante du prince et des deux infants, et le prince Pio a été nommé capitaine général et gouverneur de Madrid. Les troupes et provisions continuent d'être acheminées vers l'embouchure de l'Obregat pour le siège de Barcelone. Les rebelles ont été battus et contraints de se rendre. À Cadix, l'amiral général Don Andrés de Pez a fait voile pour rejoindre la flotte sur les côtes de Catalogne avec des vaisseaux de guerre et des soldats. Un vaisseau français a été attaqué par des corsaires turcs mais a pu passer après avoir montré un passeport français. À Londres, le général Hill a reçu l'ordre de retourner à Dunkerque pour démolir les fortifications et renforcer les garnisons de Gand et Bruges. Le seigneur Keith a été nommé intendant général de la colonie de Maryland, et un vaisseau est chargé de porter des provisions à la garnison de Gibraltar. En Hollande, des inquiétudes sont exprimées concernant les prétentions du roi de Prusse sur les terres de la succession de la maison d'Orange. Les troupes prussiennes et hollandaises se sont affrontées à Liège.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 272-279
ARTICLE des Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Cadix portent qu'il estoit sorti du Port [...]
Mots clefs :
Barcelone, Cadix, Général, Lettres, Guerre, Bâtiment, Convoi, Bayonne, Kamieniec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE des Nouvelles.
ARTICLE
des
Nouvelles.
LEs
Lettres de
Cadix
portent
qu'il
eftoit
forti du Port
deux
Fregates
Françoiſes
de 40.
Canons
chacune
, qui
y ont
chargé
des
munitions
de
guerre
pour
employer
.
au
fiege
de
Barcelone
, &
qu'un
Baftiment
arrivé
des
Illes de
Terceres
avoit
rapporté
qu'au
commencement
de
Mars
les
vents
avoient
fait
perir
plufieurs
Vaiffeaux
.
GALANT. 273
Celles de
Perpignan portent
que les Barcelonnois
avoient de nouveau envoyé
un paquet au Duc de Popoly
pour fa Majefté Catholique
, offrant d'ouvrir les
Portes à certaines
conditions
que l'on ne pouvoir
accorder. Ce General leur
ayant fait dire qu'il n'y
avoit pas de capitulation à
eſperer , &
que s'ils attenfuft
doient que la tranchée
ouverte ils n'auroient pas
de quartier. Ces mefmes
Lettres ajouftent que la
plaine eftoit tranquille , &.
274 MERCURE
qu'il eftoit arrivé dans le
Rouffillon 20. bataillons
François qui attendoient
un vent favorable pour
paffer dans les montagnes
.
Onefcrit du Camp devant
Barcelone du 6. Avril , que
la nuit du 27. au 28. Mars
un convoy venant de Majorque
parut devant Barcelone
, où un feul Bafti .
ment entra , & le reſte prit
la fuite à toutes voiles.
On leur donna la chaffe ;
& le fieur du Caffe pric
trois Tartanes chargés de
bled & de bois dont il y a
GALANT. 275
une grande difette dans la
ville , les Barcelonois eftant
obligés d'abattre des maifons
& de rompre des barques
qu'ils ont dans le Port
pour cuire leur pain & leurs
autres vivres. On a appris
par des Lettres de Celhou
re que le Chevalier Voifin
en eftoit parti avec une
Barque armée , eſcortant
un Convoy d'onze Tartanes
chargées de provifions;
dont il en a laiffé deux à
Rofes pour les troupes du
Lampourdan , & il conduit
les neuf autres à Pala276
MERCURE
mos , & de là au camp
devant devant Barcelone .
On mande de Kamil'on
niec du 7. Mars que
craignoit plus que jamais
que les Turcs ne vouluffent
rompre avec la Pologne ;
Je Kan des Tartares s'eft.
déclaré en faveur des Cofaques
qui fe veulent eſtablir
en Ulkranie il paroift
vouloir appuyer leurs prétentions
, puifqu'il a escrit
au Sieur Kalinousку Kaltelan
de Kaminiec une Lettre
pleine de menaces & qu'il
la finit
par dire
dire
que l'on
GALANT. 277
麝
verroit bien toft qui feroit
maiftre de l'Ulkranie. Cette
crainte de la guerre des
Turcs eft d'autant plus
fenfible , que le mécontentement
general de la Nobleffe
, caufé par le grand
nombre des troupes Saxonnes
qui font dans leur
Royaume , & par les contributions
exceffives qu'elles
exigent , s'eft tourné en
méfiance contre le Roy ,
le Prince de Wifniowcky
le General Smigieſl kу &
& le Sieur Krifipin s'ef
toient rendus fur la fron278
MERCURE
tierre pour profiter de l'amniftie
qu'on leur avoit accordée
, mais l'apparence
d'une rupture avec la Porte
leur a fait prendre la route
de la Silefie où ils fe
font mis fous la protection
de l'Empereur ; le Palatin
de Kiovie devoit cependant
arriver inceffamment
à Kaminiec , & le Palatin
de Podolie l'y attendoit .
L'on mande de Bayonne
du 14. qu'il y a preſentement
dans la riviere plus
de 60. voilestant Anglois,
Hollandois
que Portugais
.
GALANT. 279
Ces derniers font chargés
de fucre & de tabac , un
baftiment arrivé hier de
Cadix a rencontré au Cap
de Finiſtere une Flotte
Angloiſe de 30. voiles , tant
de guerre que marchands ,
doublant le Cap . Que la
Reine d'Espagne douairiere
a été tres mal d'une
fluxion de poitrine , mais
ayant efté faignée trois fois,
elle a efté foulagée .
des
Nouvelles.
LEs
Lettres de
Cadix
portent
qu'il
eftoit
forti du Port
deux
Fregates
Françoiſes
de 40.
Canons
chacune
, qui
y ont
chargé
des
munitions
de
guerre
pour
employer
.
au
fiege
de
Barcelone
, &
qu'un
Baftiment
arrivé
des
Illes de
Terceres
avoit
rapporté
qu'au
commencement
de
Mars
les
vents
avoient
fait
perir
plufieurs
Vaiffeaux
.
GALANT. 273
Celles de
Perpignan portent
que les Barcelonnois
avoient de nouveau envoyé
un paquet au Duc de Popoly
pour fa Majefté Catholique
, offrant d'ouvrir les
Portes à certaines
conditions
que l'on ne pouvoir
accorder. Ce General leur
ayant fait dire qu'il n'y
avoit pas de capitulation à
eſperer , &
que s'ils attenfuft
doient que la tranchée
ouverte ils n'auroient pas
de quartier. Ces mefmes
Lettres ajouftent que la
plaine eftoit tranquille , &.
274 MERCURE
qu'il eftoit arrivé dans le
Rouffillon 20. bataillons
François qui attendoient
un vent favorable pour
paffer dans les montagnes
.
Onefcrit du Camp devant
Barcelone du 6. Avril , que
la nuit du 27. au 28. Mars
un convoy venant de Majorque
parut devant Barcelone
, où un feul Bafti .
ment entra , & le reſte prit
la fuite à toutes voiles.
On leur donna la chaffe ;
& le fieur du Caffe pric
trois Tartanes chargés de
bled & de bois dont il y a
GALANT. 275
une grande difette dans la
ville , les Barcelonois eftant
obligés d'abattre des maifons
& de rompre des barques
qu'ils ont dans le Port
pour cuire leur pain & leurs
autres vivres. On a appris
par des Lettres de Celhou
re que le Chevalier Voifin
en eftoit parti avec une
Barque armée , eſcortant
un Convoy d'onze Tartanes
chargées de provifions;
dont il en a laiffé deux à
Rofes pour les troupes du
Lampourdan , & il conduit
les neuf autres à Pala276
MERCURE
mos , & de là au camp
devant devant Barcelone .
On mande de Kamil'on
niec du 7. Mars que
craignoit plus que jamais
que les Turcs ne vouluffent
rompre avec la Pologne ;
Je Kan des Tartares s'eft.
déclaré en faveur des Cofaques
qui fe veulent eſtablir
en Ulkranie il paroift
vouloir appuyer leurs prétentions
, puifqu'il a escrit
au Sieur Kalinousку Kaltelan
de Kaminiec une Lettre
pleine de menaces & qu'il
la finit
par dire
dire
que l'on
GALANT. 277
麝
verroit bien toft qui feroit
maiftre de l'Ulkranie. Cette
crainte de la guerre des
Turcs eft d'autant plus
fenfible , que le mécontentement
general de la Nobleffe
, caufé par le grand
nombre des troupes Saxonnes
qui font dans leur
Royaume , & par les contributions
exceffives qu'elles
exigent , s'eft tourné en
méfiance contre le Roy ,
le Prince de Wifniowcky
le General Smigieſl kу &
& le Sieur Krifipin s'ef
toient rendus fur la fron278
MERCURE
tierre pour profiter de l'amniftie
qu'on leur avoit accordée
, mais l'apparence
d'une rupture avec la Porte
leur a fait prendre la route
de la Silefie où ils fe
font mis fous la protection
de l'Empereur ; le Palatin
de Kiovie devoit cependant
arriver inceffamment
à Kaminiec , & le Palatin
de Podolie l'y attendoit .
L'on mande de Bayonne
du 14. qu'il y a preſentement
dans la riviere plus
de 60. voilestant Anglois,
Hollandois
que Portugais
.
GALANT. 279
Ces derniers font chargés
de fucre & de tabac , un
baftiment arrivé hier de
Cadix a rencontré au Cap
de Finiſtere une Flotte
Angloiſe de 30. voiles , tant
de guerre que marchands ,
doublant le Cap . Que la
Reine d'Espagne douairiere
a été tres mal d'une
fluxion de poitrine , mais
ayant efté faignée trois fois,
elle a efté foulagée .
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Résumé : ARTICLE des Nouvelles.
Les lettres de Cadix signalent la présence de deux frégates françaises de 40 canons chargées de munitions pour le siège de Barcelone. Un navire des Îles Terceiras a rapporté la perte de plusieurs vaisseaux en mars à cause des vents. À Perpignan, les Barcelonais ont proposé au Duc de Popoly d'ouvrir les portes de la ville sous certaines conditions, refusées par le général, qui a menacé de réprimer toute résistance. La plaine du Roussillon est calme, avec 20 bataillons français prêts à passer dans les montagnes. Un convoi de Majorque a tenté de rejoindre Barcelone, mais seul un bâtiment a réussi. Les Barcelonais manquent de blé et de bois, les forçant à abattre des maisons et à utiliser des barques pour cuire leur pain. Le Chevalier Voisin a escorté onze tartanes chargées de provisions, en laissant deux à Roses et en conduisant les autres à Palamos puis au camp devant Barcelone. À Kamionka, des tensions sont signalées entre les Turcs et la Pologne, avec le soutien des Tartares aux Cosaques en Ukraine. La noblesse polonaise, mécontente des troupes saxonnes et des contributions excessives, cherche protection auprès de l'Empereur. À Bayonne, plus de 60 voiles anglaises, hollandaises et portugaises sont présentes, chargées de sucre et de tabac. Une flotte anglaise de 30 voiles a été rencontrée au Cap Finisterre. La reine douairière d'Espagne a été gravement malade mais s'est rétablie après avoir été saignée.
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p. 178-198
Morts [titre d'après la table]
Début :
L'Article des Morts peut bien trouver sa place à la suite [...]
Mots clefs :
Marquis, Roi, Chevalier, Seigneur, Comte, Abbé, Esprit, Religion, Bordeaux, Normandie, Dame, Général, Lieutenant
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texteReconnaissance textuelle : Morts [titre d'après la table]
bien trouver sa place à la fuite
de l'examen des eaux de Bourbon
, puisque quelques sçavantes
Dissertations que les
plus sçavantsMedecins fafsent
sur les specifiquesles plus
souverains,toutl'Art d'Escu-
- lape est foible contre la necessité
de mourir.
Mrle Marquis de la Charce
est mort le 6. May à Nions
en Dauphiné,touché des plus
vifs sentimens de picté & de
religion. Il avoit esté élevé
dans l'heresie de Calvin; sa
conversion à la Religion Ca..
tholique avoit attiré celle de
sa Famille,& d'une partie de
son canton, & sa mort vient
d'estre pour eux un merveilkux
exemple d'édification.
Mrle Marquis de la Charce
estoit ce qu'on pouvoitappeller
uncaractereaccompli,
& pour l'esprit, & pour les
sentimens; personne n"jgno-i
roit les raresqualitez de son
coeur: ce (iul endroit meriteroit
un éloge particulier,si
tout ce que j'en pourrois dire
n'cfkic public, & fort audessous
de tout ce qu'il meritoit.
Il avoitcommencéàservirdéssaplus
tendre enfance,
& avoit donné des marques
de son zele pour le servicedu
Roy dans les occasions les
plus remarquables. Né pour
, les plusgrandes choses, si la
fortune luy eust esté un peu
plus favorable, tous les Emplois
luy paroissoient égaux
lorsqu'il s'agissoit du fervicc.
Le seul nom de la Charce fait
l'éloge de tous ceux qui le
portent:ils ont tous esté distingucz
par un merite particulier
& par un cfprit superieur.
Mre Pierre de laTour
son pere, Marquis de la Charce,
fut fait Lieutenant general
des Armées du Royà l'age de
vingt-huit ans; cette dilHnc.
tion particulière marque assez
son merite: il seroit parvenu
aux plus hautes dignitez si de
grandes blessures & ses incommodiccz
ne l'eussent mis
hors d'état de continuer le fervice.
Il avoit épousé Dame
Catherine de la Tour sa cousine
germaine;c'est cette Dame
qui parut à laCour, il y a
quelques années, quoy que
dans un agefort avancé: elle
y fit paroître autant d'esprit
que de politesse ; son merite
fut reconnu du Roy même,
qui l'honora de mille marques
>d'eftime&dedittin£tion.L'illustre
Mcde la Charce,qui a
..- tant fait d'honneur à son (exe,
&dont il en inutile derepeter
les éloges, estoit sa fille, &
soeurs du deffunt : il en reste
encore deuxsoeurs, Me la
Marquise de Bar,mariée en
Languedoc, où elle est en
grandeconsideration; & Mlle
Dalerac, dont l'esprit & le
merire font également cono
nus Les ouvrages de Poësie
1 qu'elle a laissé échaper au Public
ont toûjours paru des
Chefs-d'oeuvre par la délicatesse
des pensées & letour
ingénieux des expressions.
Mrs de laCharce font une
branche cadette de la Maison
de la Tour. Mr le Marquis
de laCharce qui avoit autant
d'amour pour son nom que
de noblesse & de dignité à le
soûtenir,avoit fait imprimer
peu de temps avant la mort,
la genealogie de cette Maison
, qui n'a point esté renduëpublique.
LeChefdecetteMaisonestaujourd'huyMr
le Marquis deGouverner jeune
Seigneur de beaucoup d'esperance.
Les aînez ont toûjours
porté ce nom depuis le
fameux
fameux René de la Tour, qui
s'est si fort distingué fous le
nom de Gouvernet : il estoit
contemporaindu Connêtable
de Lesdiguieres : sa naissance
& lesimportans fcrvices qu'il
avoit rendus à l'Etat,l'auroient
aussi-,, élevé aux plus
grandes dignitez
,
si-kl Religion
de Calvinqu'il professoit,
&qu'il ne voulutjamais
quittermalgré son zele pour
de Roy, n'avoit esté un obstacle
invincible. Mr le Marquis
dela Charce qui donne lieu à
l'cet article, avoit épouséDameClaudede
Mazel ,Dame
d'un merite , & d'une -vertu
distinguée. Elle estoitfillede
Mrc Jacq. de Mazel , ancien
Colonel de Cavalerie. Son
mérite & fâ reputation ont
rfte également connus dans le
Service. Il en avoit mêmerendus
d'importans à l'Etat. Il
avoitépousé Dame Catherine
Arnauld d'une branche de
la mêmeMaison que Mrs
dt Pompone daujourd'huy.
.C'efi une branche de cette
famille qui s'estoit établie
d'Auvergne en Languedoc
depuis plusieurs années. Feu
M. le Marquis de la Charce :*
n'a eu de ce mariage donc je
viens de vous parler, que deux
enfans, l'aîné connu fous le
nom de Comte de la Charce,
Colonel de Dragons aux
Troupes d'Espagne ; l'estime
dont M.•de Vendosmel'ho- noroît, & le cas qu''IiI.l. en faisoit
feroientassez son éloge, si
d'ailleurs il n'estoit connu par
un merite fingulicr, & par ce
même esprit qui est héréditaire
dans sa famille. Sa Majestéqui
se plaist à recompenser lemerite,
vient d'en donner une
marque en sa personne
l'honorant depuis , en peu de
jours d'une pension de1500.
livres:elle a accompagné cette
grace d'agrémens&dedistinction
pour luy & pourtoute
sa fanillc.
Le 21. Mars dernier Dame
Louise-Eugeniede Vieil châtel
de Montalant,épouse de
Mre Claude-Louis Lombard;
Chevalier, Seigneur d'Erme-
DOUville, & autres lieux, est
morte âgée de 24. ans. Elle
laisse un garçon &,. une fille:
Elle estoit fille de Mre Glaude
Charles de Viel Chastel, Chevalier,
Comte de Montalant,
& de Dame Geneviéve-Eugenie
de Vic.
Son Bisayeul du côté paternel
estoit Jean de VielChâtel,
Maquis de Montatanc,
Gouverneur de Barle Duc ÔC
Pays Barrois, qui a esté le premicr
CommandantdesMousquetaires
du Roy. Il avoit
épousé DameSufannede Bely
de Boulainvilliers, du côtépaternelelle
est encore petitenièce
de M. le Duc de S. Simon.
Ducôté maternel elle est
arriéré petitefille de Meryde
Vie, Garde des Sceaux de
-
France,&arriérépctite-niéce
de Dominique de Vie, Vice-
Amiral de France, Gouverneur
de Calais, & Pays re.
conquis,
-
Gaspard François Ménard
âcTissages., Prellre., Dozo.
teur de Sorbonne
,
Priçur de
Clairmont, grand- Archidiacre
de l'Eghie de Bordeaux,,
mourut à Bordeaux dans le
Seminaire le 2. 1. de Juin, âgé
de 2.6. ans 4. mois. Il estoit
alle, à Bordeaux y prendre
possession de ses Bénéfices que
Mr l'Abbé de Bourlemont lui
avoit. resigné ;& peu de jours
après il y a est enlevé d'une
fièvre maligne en six jours de
Dlaladie. Ilavoir parudansle
Public comme un prodige à
son âge. Né pour toutes tes
sciences, il fit icyl'annéederniere
pendant le cours de sa
licence le Panegiriqucde S.
Louis aux grands Jesuites, ccluy
de Sainte Anneaux Theatins,
& plusieurs autres Ser-
.jnons dans les Eglises les plus
célébrés de Paris; Il estoit fils
de François Ménard de Tisfanges,
Conseiller du Roy,
son Procureur General des
Eaux & Forests à laTable de
Marbrer à la Chambre de
l'Arsenal pour la reformation
llcs Eaux& Forests >&de Maçguerite
Deshayettes sa merc,
& neveu de M. l'Abbé Ménard.
Cette familleoriginaire
de Poitou 0 & de Touraine est
tres-ancienne & tres-distinguée
par elle-même, par es
alliances,& les belles LcttrCSi.
Labranche dontestoit le defr
funt cft. établie à Paris il ya
prés de deux cent ans. t*-
,
LouisCatinat,AbbédeS.
Julien deToursy,mourut le.'
Juillet. Il estoit fils deRené
Catinat, Seigneur de Courtraïe&
de S Mars-Cônfcific'-r
au Parlement de Paris, & de
Frasçoise Frozon,& frere de
Pierre
Pierre de Catinat, Seigneur de
S. Mars, aussiConleiller au
Parlement, & neveil de Ni- ,
colas Catinat, Seigneur de S.
Gratien, Maréchal de France;.
-
Messire Leonor de Matignon,
Evêque & Comte de
Lizieux
,
Abbé de Lassay &
de Torigny, mourut le 14.
Juillet,âgéde78. ans. Ilavoit
si, If esténommé a cet Evêchhél en
1677. par lademission d'Eleonor
Goyon deMatignon son
oncle;il étoit frerc aîné de Mr
le Comte de Matignon & de
Mr le Maréchal de Matignon,
& fils de Françoisde Matignon,
Comte de Marigny,
Torigny, Montmartin, & de
Gafley,Marquis de Lonré..
Chevalier des-Ordres du Roy,
Lieutenant Générât en haLTe
Normandie) & de Anne Malot
de Bercy, & petit fils de
Charles Sire de Moignon,
Comte de Torigny, Chevalier
des Ordres du Roy, Lieutenant
General de Normandie,
& d'Eleonorde Longuevile,
Dame deGaffey ,filled'Eleonor
Duc de Longueville
94
& de Marie do Bourbon, & arrierefils de Jacques
Sire de Matignon,Maréchal
de France, Gouverneur;de
Normandie &de Bordeaux.
Lieutenant General en Guyen
ne, & Chevalier des Ordres
du Roy. La Maison de Matignon,
l'une des plus Illustres
duRoyaume,estoriginaire de
Bretagne;Estienne Goyon.
Seigneur de la Goyemiere &
deChasseau Goyon, ayant é
poufé vers l'an mo. Lucie de
Matignon, sa posterité en prit
depuis le nom & les armes.
L'Eveschéde Lizieux en
Normandie est fuffraganc de
Rouen, l'Evesqueest Seigneur
de laVille,&leDiocesest
diviséen quatre Archidiaconnez
, & contient cinqcent
quatre vingt Paroisses ; se premier
EvesqueestThibault;
quiletrouvaaud3.4.&
Conciles d'Orléans en 1538.
**541.& 1J¡.9.. :';
'McfEre JoachimTrotti ad
sa Chetardie t, Docteur en
Theologie & Curé de S. Sulpice,
mourut le 19. Mr Lan.
guetde Gergy, Vicaire de ladire
Eglise,Juy a succedé. Le
mois prochain je parleray plus
amplement de Mre -de, là
Chetardie. ," Mrl'AbbédéGould,àqui
leRoya donne l'Abbaye
RojfaledeS. LaonàThouars
en-Poitou, vaccante par la
more deMr l'Abbé Régnier,
Secretaite de l'Académie Françoise
voulant donner des
parques publiquesde sa reconnoissance
à Mr le Comte
de Pont Charrrain, a fait faire
un Servicesolemnel dans
l'Eglise de. son Abbaye, pour
lerepos de l'Ame de feuë Madame
la Chancelliere,avec
toue le zele& toute la devotionconvenable
à la dignité
&al'a pieté démettevertueuse
Dame.Tous les Corps de
laVille de Thüarsy affistelent
encérémonieaussi-bien:
que toute laNoblesse des environs
qu'il avoir eu le foin d'y
convoquer.
Mrl'AbbédeGould,Gen
til homme Irlandois a quitts
son Pays & abandonné toué
ses biens pour la Religion Ca
tholique,il s'etf rendu fort recommandable
par la quantité
de per sonnes qu'ilaconverties
en Poitou & dans les Provinces
voisines
de l'examen des eaux de Bourbon
, puisque quelques sçavantes
Dissertations que les
plus sçavantsMedecins fafsent
sur les specifiquesles plus
souverains,toutl'Art d'Escu-
- lape est foible contre la necessité
de mourir.
Mrle Marquis de la Charce
est mort le 6. May à Nions
en Dauphiné,touché des plus
vifs sentimens de picté & de
religion. Il avoit esté élevé
dans l'heresie de Calvin; sa
conversion à la Religion Ca..
tholique avoit attiré celle de
sa Famille,& d'une partie de
son canton, & sa mort vient
d'estre pour eux un merveilkux
exemple d'édification.
Mrle Marquis de la Charce
estoit ce qu'on pouvoitappeller
uncaractereaccompli,
& pour l'esprit, & pour les
sentimens; personne n"jgno-i
roit les raresqualitez de son
coeur: ce (iul endroit meriteroit
un éloge particulier,si
tout ce que j'en pourrois dire
n'cfkic public, & fort audessous
de tout ce qu'il meritoit.
Il avoitcommencéàservirdéssaplus
tendre enfance,
& avoit donné des marques
de son zele pour le servicedu
Roy dans les occasions les
plus remarquables. Né pour
, les plusgrandes choses, si la
fortune luy eust esté un peu
plus favorable, tous les Emplois
luy paroissoient égaux
lorsqu'il s'agissoit du fervicc.
Le seul nom de la Charce fait
l'éloge de tous ceux qui le
portent:ils ont tous esté distingucz
par un merite particulier
& par un cfprit superieur.
Mre Pierre de laTour
son pere, Marquis de la Charce,
fut fait Lieutenant general
des Armées du Royà l'age de
vingt-huit ans; cette dilHnc.
tion particulière marque assez
son merite: il seroit parvenu
aux plus hautes dignitez si de
grandes blessures & ses incommodiccz
ne l'eussent mis
hors d'état de continuer le fervice.
Il avoit épousé Dame
Catherine de la Tour sa cousine
germaine;c'est cette Dame
qui parut à laCour, il y a
quelques années, quoy que
dans un agefort avancé: elle
y fit paroître autant d'esprit
que de politesse ; son merite
fut reconnu du Roy même,
qui l'honora de mille marques
>d'eftime&dedittin£tion.L'illustre
Mcde la Charce,qui a
..- tant fait d'honneur à son (exe,
&dont il en inutile derepeter
les éloges, estoit sa fille, &
soeurs du deffunt : il en reste
encore deuxsoeurs, Me la
Marquise de Bar,mariée en
Languedoc, où elle est en
grandeconsideration; & Mlle
Dalerac, dont l'esprit & le
merire font également cono
nus Les ouvrages de Poësie
1 qu'elle a laissé échaper au Public
ont toûjours paru des
Chefs-d'oeuvre par la délicatesse
des pensées & letour
ingénieux des expressions.
Mrs de laCharce font une
branche cadette de la Maison
de la Tour. Mr le Marquis
de laCharce qui avoit autant
d'amour pour son nom que
de noblesse & de dignité à le
soûtenir,avoit fait imprimer
peu de temps avant la mort,
la genealogie de cette Maison
, qui n'a point esté renduëpublique.
LeChefdecetteMaisonestaujourd'huyMr
le Marquis deGouverner jeune
Seigneur de beaucoup d'esperance.
Les aînez ont toûjours
porté ce nom depuis le
fameux
fameux René de la Tour, qui
s'est si fort distingué fous le
nom de Gouvernet : il estoit
contemporaindu Connêtable
de Lesdiguieres : sa naissance
& lesimportans fcrvices qu'il
avoit rendus à l'Etat,l'auroient
aussi-,, élevé aux plus
grandes dignitez
,
si-kl Religion
de Calvinqu'il professoit,
&qu'il ne voulutjamais
quittermalgré son zele pour
de Roy, n'avoit esté un obstacle
invincible. Mr le Marquis
dela Charce qui donne lieu à
l'cet article, avoit épouséDameClaudede
Mazel ,Dame
d'un merite , & d'une -vertu
distinguée. Elle estoitfillede
Mrc Jacq. de Mazel , ancien
Colonel de Cavalerie. Son
mérite & fâ reputation ont
rfte également connus dans le
Service. Il en avoit mêmerendus
d'importans à l'Etat. Il
avoitépousé Dame Catherine
Arnauld d'une branche de
la mêmeMaison que Mrs
dt Pompone daujourd'huy.
.C'efi une branche de cette
famille qui s'estoit établie
d'Auvergne en Languedoc
depuis plusieurs années. Feu
M. le Marquis de la Charce :*
n'a eu de ce mariage donc je
viens de vous parler, que deux
enfans, l'aîné connu fous le
nom de Comte de la Charce,
Colonel de Dragons aux
Troupes d'Espagne ; l'estime
dont M.•de Vendosmel'ho- noroît, & le cas qu''IiI.l. en faisoit
feroientassez son éloge, si
d'ailleurs il n'estoit connu par
un merite fingulicr, & par ce
même esprit qui est héréditaire
dans sa famille. Sa Majestéqui
se plaist à recompenser lemerite,
vient d'en donner une
marque en sa personne
l'honorant depuis , en peu de
jours d'une pension de1500.
livres:elle a accompagné cette
grace d'agrémens&dedistinction
pour luy & pourtoute
sa fanillc.
Le 21. Mars dernier Dame
Louise-Eugeniede Vieil châtel
de Montalant,épouse de
Mre Claude-Louis Lombard;
Chevalier, Seigneur d'Erme-
DOUville, & autres lieux, est
morte âgée de 24. ans. Elle
laisse un garçon &,. une fille:
Elle estoit fille de Mre Glaude
Charles de Viel Chastel, Chevalier,
Comte de Montalant,
& de Dame Geneviéve-Eugenie
de Vic.
Son Bisayeul du côté paternel
estoit Jean de VielChâtel,
Maquis de Montatanc,
Gouverneur de Barle Duc ÔC
Pays Barrois, qui a esté le premicr
CommandantdesMousquetaires
du Roy. Il avoit
épousé DameSufannede Bely
de Boulainvilliers, du côtépaternelelle
est encore petitenièce
de M. le Duc de S. Simon.
Ducôté maternel elle est
arriéré petitefille de Meryde
Vie, Garde des Sceaux de
-
France,&arriérépctite-niéce
de Dominique de Vie, Vice-
Amiral de France, Gouverneur
de Calais, & Pays re.
conquis,
-
Gaspard François Ménard
âcTissages., Prellre., Dozo.
teur de Sorbonne
,
Priçur de
Clairmont, grand- Archidiacre
de l'Eghie de Bordeaux,,
mourut à Bordeaux dans le
Seminaire le 2. 1. de Juin, âgé
de 2.6. ans 4. mois. Il estoit
alle, à Bordeaux y prendre
possession de ses Bénéfices que
Mr l'Abbé de Bourlemont lui
avoit. resigné ;& peu de jours
après il y a est enlevé d'une
fièvre maligne en six jours de
Dlaladie. Ilavoir parudansle
Public comme un prodige à
son âge. Né pour toutes tes
sciences, il fit icyl'annéederniere
pendant le cours de sa
licence le Panegiriqucde S.
Louis aux grands Jesuites, ccluy
de Sainte Anneaux Theatins,
& plusieurs autres Ser-
.jnons dans les Eglises les plus
célébrés de Paris; Il estoit fils
de François Ménard de Tisfanges,
Conseiller du Roy,
son Procureur General des
Eaux & Forests à laTable de
Marbrer à la Chambre de
l'Arsenal pour la reformation
llcs Eaux& Forests >&de Maçguerite
Deshayettes sa merc,
& neveu de M. l'Abbé Ménard.
Cette familleoriginaire
de Poitou 0 & de Touraine est
tres-ancienne & tres-distinguée
par elle-même, par es
alliances,& les belles LcttrCSi.
Labranche dontestoit le defr
funt cft. établie à Paris il ya
prés de deux cent ans. t*-
,
LouisCatinat,AbbédeS.
Julien deToursy,mourut le.'
Juillet. Il estoit fils deRené
Catinat, Seigneur de Courtraïe&
de S Mars-Cônfcific'-r
au Parlement de Paris, & de
Frasçoise Frozon,& frere de
Pierre
Pierre de Catinat, Seigneur de
S. Mars, aussiConleiller au
Parlement, & neveil de Ni- ,
colas Catinat, Seigneur de S.
Gratien, Maréchal de France;.
-
Messire Leonor de Matignon,
Evêque & Comte de
Lizieux
,
Abbé de Lassay &
de Torigny, mourut le 14.
Juillet,âgéde78. ans. Ilavoit
si, If esténommé a cet Evêchhél en
1677. par lademission d'Eleonor
Goyon deMatignon son
oncle;il étoit frerc aîné de Mr
le Comte de Matignon & de
Mr le Maréchal de Matignon,
& fils de Françoisde Matignon,
Comte de Marigny,
Torigny, Montmartin, & de
Gafley,Marquis de Lonré..
Chevalier des-Ordres du Roy,
Lieutenant Générât en haLTe
Normandie) & de Anne Malot
de Bercy, & petit fils de
Charles Sire de Moignon,
Comte de Torigny, Chevalier
des Ordres du Roy, Lieutenant
General de Normandie,
& d'Eleonorde Longuevile,
Dame deGaffey ,filled'Eleonor
Duc de Longueville
94
& de Marie do Bourbon, & arrierefils de Jacques
Sire de Matignon,Maréchal
de France, Gouverneur;de
Normandie &de Bordeaux.
Lieutenant General en Guyen
ne, & Chevalier des Ordres
du Roy. La Maison de Matignon,
l'une des plus Illustres
duRoyaume,estoriginaire de
Bretagne;Estienne Goyon.
Seigneur de la Goyemiere &
deChasseau Goyon, ayant é
poufé vers l'an mo. Lucie de
Matignon, sa posterité en prit
depuis le nom & les armes.
L'Eveschéde Lizieux en
Normandie est fuffraganc de
Rouen, l'Evesqueest Seigneur
de laVille,&leDiocesest
diviséen quatre Archidiaconnez
, & contient cinqcent
quatre vingt Paroisses ; se premier
EvesqueestThibault;
quiletrouvaaud3.4.&
Conciles d'Orléans en 1538.
**541.& 1J¡.9.. :';
'McfEre JoachimTrotti ad
sa Chetardie t, Docteur en
Theologie & Curé de S. Sulpice,
mourut le 19. Mr Lan.
guetde Gergy, Vicaire de ladire
Eglise,Juy a succedé. Le
mois prochain je parleray plus
amplement de Mre -de, là
Chetardie. ," Mrl'AbbédéGould,àqui
leRoya donne l'Abbaye
RojfaledeS. LaonàThouars
en-Poitou, vaccante par la
more deMr l'Abbé Régnier,
Secretaite de l'Académie Françoise
voulant donner des
parques publiquesde sa reconnoissance
à Mr le Comte
de Pont Charrrain, a fait faire
un Servicesolemnel dans
l'Eglise de. son Abbaye, pour
lerepos de l'Ame de feuë Madame
la Chancelliere,avec
toue le zele& toute la devotionconvenable
à la dignité
&al'a pieté démettevertueuse
Dame.Tous les Corps de
laVille de Thüarsy affistelent
encérémonieaussi-bien:
que toute laNoblesse des environs
qu'il avoir eu le foin d'y
convoquer.
Mrl'AbbédeGould,Gen
til homme Irlandois a quitts
son Pays & abandonné toué
ses biens pour la Religion Ca
tholique,il s'etf rendu fort recommandable
par la quantité
de per sonnes qu'ilaconverties
en Poitou & dans les Provinces
voisines
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Résumé : Morts [titre d'après la table]
Le texte relate les décès et les biographies de plusieurs personnages notables. Le Marquis de la Charce est décédé le 6 mai à Nions en Dauphiné. Connu pour sa piété et sa conversion du calvinisme au catholicisme, sa mort a servi d'exemple édifiant pour sa famille et son canton. Il était reconnu pour son caractère accompli, son esprit et ses qualités de cœur. Il a servi le roi dès son jeune âge et a montré un zèle remarquable. Sa famille, les La Charce, est distinguée par un mérite particulier et un esprit supérieur. Son père, Pierre de la Tour, fut Lieutenant général des Armées du Roy à vingt-huit ans, mais des blessures l'ont empêché de continuer son service. Sa mère, Catherine de la Tour, était reconnue à la cour pour son esprit et sa politesse. Le Marquis avait épousé Claude de Mazel, fille du Colonel de Cavalerie Jacques de Mazel. Ils ont eu deux enfants, dont l'aîné, le Comte de la Charce, est Colonel de Dragons aux Troupes d'Espagne et a reçu une pension de 1500 livres. Dame Louise-Eugénie de Vieilchâtel de Montalant est décédée le 21 mars à l'âge de 24 ans, laissant un garçon et une fille. Elle était issue d'une famille noble avec des ancêtres distingués, dont Jean de Vielchâtel, Gouverneur de Bar-le-Duc. Gaspard François Ménard, docteur de Sorbonne, est décédé à Bordeaux à l'âge de 26 ans. Il était connu pour ses talents en sciences et en oratoire. Louis Catinat, Abbé de Saint-Julien de Toursy, est décédé en juillet. Il était issu d'une famille de conseillers au Parlement de Paris et neveu du Maréchal de France Nicolas Catinat. Messire Léonor de Matignon, Évêque et Comte de Lisieux, est décédé à l'âge de 78 ans. Il était issu d'une famille illustre de Bretagne, avec des ancêtres maréchaux de France et gouverneurs de provinces. L'évêché de Lisieux est suffragant de Rouen et comprend cinq cent quatre-vingt paroisses. Enfin, le texte mentionne le décès de Mère Joachim Trotti de la Chétardie, curé de Saint-Sulpice, et des actions de reconnaissance de l'Abbé de Gould envers le Comte de Pontcharrrain.
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26
p. 463-471
REMARQUES sur l'Arc de Triomphe d'Orange.
Début :
L'Arc de Triomphe de la Ville d'Orange a merité de tout temps l'attention [...]
Mots clefs :
Arc de triomphe, Ville d'Orange, Auguste, Monument, Général, Romains, Marius, Domitien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur l'Arc de Triomphe d'Orange.
REMARQUES fur l'Arc de Triomphe
d'Orange.
L'A
'Arc de Triomphe de la Ville d'O
range a merité de tout temps l'atten
tion des Curieux ; la beauté de ce Monu
ment les a engagez fur tout à rechercher
à quelle occafion il a été érigé ; les uns
Pont attribué à Domitius Enobarbus , ou
à Fabius Maximus , & les autres à Caïns
Marius ; ces derniers font prefentement
Les plus fuivis , mais , fi j'ofe le dire , ces
deux opinions font infoutenables , & pour
peu qu'on veuille examiner fur quoi elles
font fondées, on en fera bien- tôt perfuadé.
Florus , dans fon Abregé de l'Hiftoire
Romaine , a donné naiffance à l'un & àl'autre
de ces fentimens ; il dit que Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , après
avoir vaincu les Allorbroges , firent élever
fur le Champ de bataille des Tours de
pierre , & au- deffus y firent dreffer des
Trophées , parés des Armes des Ennemis :
voici les paroles : Domitius Enobarbus &
Fabius Maximus , ipfis quibus dimicaverant
Locis faxeas erexere turres & defuper
exornata armis hoftilibus Trophea
fixere.
Ceux qui font pour la premiere opinion
difens
464 MERCURE DE FRANCE.
difent que le Monument d'Orange eft le
même que celui que Florus nous décrit ,
qu'il n'eſt éloigné que de quelques lieuës
de l'endroit où les Allobroges furent défaits
, qu'il eft certain que c'eft un Ouvrage
des Romains , & qu'il eft très ancien
, ainfi il n'y a pas lieu de douter , difent
ils , que Domitius Enob. ou Fab.
Max . ne l'ayent fait élever .
Pour répondre à cela , il n'y a qu'à faire
attention que le Monument d'Orange eft
un Arc de Triomphe qu'on admire encore
aujourd'hui par fon Architecture & par
la beauté de les bas - reliefs , & que Florus
ne nous parle que de Tours informes &
groffieres , faxeas erexere turres. Cela eft
6 vrai que Coëffeteau , Evêque de Marſeil
le , l'un des plus fçavans hommes du fieele
paffé , en traduifant ce Paffage , dit
que Domit . Enobarbus & Fab. Maximus
ne firent élever que des monceaux de
pierre ; ainfi fans qu'il foit befoin d'avoir
recours à d'autres preuves , cette opinion
tombe d'elle - même .
Venons prefentement à celle qui veut
que l'Arc de Triomphe d'Orange doit
Etre attribué à Marius ; ils établiffent d'abord
que les Romains depuis Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , étoient
dans la coûtume d'élever des Monumens de
Triomphe après avoir remporté quelque
victoire
MAR S. 1730. 465
victoire ; ils difent enfuite que Caius Ma
rius , après avoir défait les Ambrons &
les Teutons , n'aura pas manqué d'en faire
aufli conftruire un , mais comme ce General
Romain furpaffoit fes Predeceffeurs
par la grandeur & le nombre de ces Exploits
, il voulut les furpaffer en magnificence
, & ainfi au lieu de quelques Tours
informes & groffieres , il fit élever le bel
Arc de Triomphe que nous voyons à
Orange ; enfin , pour nous en convaincre
entierement , ils font remarquer que le
nom de Marius fe trouve gravé fur ce Mo
nument.
Avant que de démontrer la fauffeté de
cette derniere opinion , il eft bon de fe
rappeller que les Romains ont de tour
temps érigé fur le Champ de bataille des
Trophées d'Armes , dont l'appareil confif
toit en un Pieu ou Tronc d'arbre , chargé
des dépouilles de l'Ennemi ; ainfi Domitius
Enobius & Fab. Maximus , ne changerent
rien à l'ancienne coûtume , ils vou-
Jurent feulement rehauffer l'éclat de leurs
Trophées , dont l'ufage avoit été jufqu'alors
de les mettre fur un Pieu fimplement
élevé fur terre , & pour cela ils firent conf
truire des Tours de pierre pour les y placer
au -deffus , voulant par là abaiffer encore
davantage l'orgueil de leurs Ennemis
, & par des Monumens plus durables
per
466 MERCURE DE FRANCE .
perpetuer leur honte dans la poſterité ;
c'eft pour cela que Florus dit que les Ro
mains n'avoient pas encore infulté aux
Vaincus d'une maniere fi outrageante ,
Cum hic mos inufitatus fuerit noftris , nunquam
enim Populus Rom. hoftibus domitis
victoriam exprobavit.
Il faut remarquer en fecond lieu que
Domit.Enob. & Fab. Max, ne firent con (-
truire leursTours qu'aux mêmes endroits
où l'on avoit coûtume d'ériger des Tro
phées ( c'est - à- dire , fur le Champ de ba
taille ) comme Florus nous Patteſte , Ipſis
quibus dimicaverant Locis faxeas erexere
turres : & que le's Trophées étoient ornez
des Armes des Vaincus , & defuper exor
nata arnis hoftilibus Trophea fixere.
Cela fuppofé , je dis , que l'Arc de
Triomphe d'Orange ne peut pas être attribué
à Marius.
1. Parce que ce Monument n'eft pas
conftruit fur le Champ de Bataille , & que
Marius n'a pas dû s'écarter d'un ufage établi
de temps immemorial ; à la verité , fice
General Romain a voulu fe diftinguer de
fes Predecefleurs par la grandeur & la
beauté du Monument , il l'aura pù , mais il
Faura toûjours fait conftruire fuivant l'ufage
établi dans le lieu même du Combat ,
ipfis quibus dimicaverant Locis . En effet
sonne on ne conftruifoit de ces fortes de
Mo
MARS. 1730. 4.67
Monumens que pour infulter aux Ennemiş
vaincus , on fe fervoit des Armes & des
dépouilles de ceux qui avoient été tuez
pendant l'action , pour en faire des Trophées
, & defuper exornata Armis hoftilibus
Trophea fixere , & par la même raifon
on choififfoit expreffement le lieu du
Combat , comme un témoin irreprochable
de leur défaite , & par confequent un
terrain étranger ne leur convenoit pas ;
d'ailleurs quelle apparence y a-t-il que
pour deux Batailles gagnées proche laVille
d'Aix , Marius ait choifi la Ville d'Orange
, où il n'a jamais été , & qui eft éloignée
du lieu du Combat d'environ dixhuit
lieuës, pour y faire dreffer un Arc de
Triomphe , il feroit bien plus naturel de
placer dans la Plaine appellée de Porrieres
, à quatre lieuës d'Aix , le Monument
de Triomphe que ce General Romain fit
conftruire , puifque c'eft dans cette Plaine
qu'il acheva de détruire entierement les
Barbares, & qu'on y voit encore un refte
d'Edifice quarré d'une Antiquité très - reculée
, que les gens du Pays appellent par
tradition le Triomphe de Porrieres ; ainfi
il me femble qu'on pourroit conjecturer
vrai-femblablement que ce General , fuivant
la coûtume d'alors fit élever ce Monument
fur le Champ de Bataille , pour
marquer la victoire.
468 MERCURE DE FRANCE.
2°. Aucun Auteur ancien n'a parlé d'un
Monument de Triomphe , érigé à Orange
à l'honneur de Marius ; cependant Florus
qui a décrit fi exactement les Tours
élevées par Domit. Enob. & par Fabius
Max. n'auroit pas manqué de faire mention
d'un Arc de Triomphe , qui auroit
été autant nouveau & inufité pour le tems
de Marius , que les Tours décrites par cet
Auteur , l'étoient pour le tems de Domitius
& de Fabius , car s'il n'a pas parlé
du Monument que Marius fit dreffer dans
la Plaine de Porrieres , c'eſt qu'il reffembloit
apparemment , à peu de chofe près ,
aux Monuments dreffez par fes Predeceffeurs
; d'autant mieux qu'il n'y a qu'une
vingtaine d'années d'intervalle des uns
aux autres : enfin Plutarque , qui a écrit
la Vie de Marius , auroit - il oublié de faire
mention d'un Monument fi propre à relever
la gloire de fon Heros ; certainement
ce n'eft pas un Ouvrage d'une nature
à pouvoir être caché ni ignoré, pour
le paffer fous filence .
3 °. La République Romaine qui étoit
fi jaloufe de la grandeur de fes Sujets ,
auroit- elle permis qu'on érigeat un fi beau
Monument à la gloire d'un de fes Generaux
, qu'on foupçonnoit déja de vouloir
fe rendre indépendant.
4. Sylla , Dictateur , dont la puiffance
étoit
MARS. 1730. 469
étoit fans bornes , & qui fit abattre les
Trophées que Marius avoit fait dreffer
dans Rome ; auroit-il laiffé fur pied un
Monument capable lui feul d'illuftrer
fon Rival dans la pofterité la plus reculée.
59 Le nom de Marius fe trouve confondu
& mêlé avec d'autres noms fur les
Boucliers de cet Arc de Triomphe , or je
dis que fi ce Monument avoit été élevé
pour ce General Romain , on auroit certainement
mis fon nom dans la Place la
plus honorable , cependant on le trouve
gravé fimplement fur un Bouclier fans
diftinction des autres , c'eſt donc une marque
évidente qu'on ne l'a pas élevé
pour lui , & même il y a beaucoup d'apparence
que par ce nom de Marius on a
voulu défigner quelqu'autre que le Vainqueur
des Ambrons & des Teutons , d'autant
mieux que les autres noms qui font
placez du pair & dans le même rang qué
celui-cy , font des noms barbares & inconnus.
6º. On voit gravé fur ce Monument
une grande quantité d'Inftrumens de Marine
; autre raison qui prouve qu'on ne le
doit pas attribuer à Marius , puifque ce
General Romain n'a jamais donné aucun
Combat fur Mer.
Après tout, les habiles Antiquaires cons
viennent aujourd'hui que les Arcs de
Triomphe
470 MERCURE DE FRANCE.
Triomphe n'éoient point encore en ufage
du tems de Marius , & que le Monument
d'Orange eft trop beau pour être fi ancien;
pour moi je le croirois du fiecle d'Augufte.
Suetone, dans la Vie de cet Empereur,
m'a fait naître cette conjecture ; il nous
apprend qu'Augufte fit conftruire une
grande quantité de Monuments & d'Edifices
, non- feulement à Rome , mais encore
dans plufieurs Provinces de l'Empire,
& qu'il exhorta fouvent les principaux
Citoyens de Rome , d'en faire conftruire
pour l'embelliffenent de la Ville ; cet Auteur
ajoûte que plufieurs d'entre eux en
firent élever : à leur exemple les Proconfuls
& les Préteurs dans leurs Gouvernements
, pour fe conformer au gout de
l'Empereur & lui faire leur cour , & les
Villes particulieres pour mieux marquer
leur attachement à leur Souverain , ou
pour obtenir quelque Privilege , en firent
pareillement élever de leur côté ; ainſi il
me femble très-probable que l'Arc de
Triomphe d'Orange a été érigé dans ce
temps-là à la gloire d'Augufte , pour quelqu'un
des motifs que je viens d'infinuer ;
d'autant mieux que les inftruments de Mazine
qu'on voit dans ce Monument conviennent
parfaitement à cet Empereur ,
qui par la Bataille Navale qu'il gagna pro
che d'Actium , le vit feul maître du Monde
entier. Je
MARS. 1730 . 471
Je, conclus enfin qu'on peut pareillement
rapporter à ce tems là la conftruc .
tion du Monument qui eft proche la Ville
de S. Remi en Provence , & celle de l'Arc
de Triomphe qu'on voit dans la Ville de
Carpentras , Capitale du Comtat Venailfin
les Connoiffeurs les jugent tous les
deux du fiecle d'Augufte , ainfi des Monumens
fituez fi proches les uns des autres
, & qui paroiffent avoir été conſtruits
dans le même temps , fortifient encore
le fentiment où je fuis , que tous ces Monumens
ont été élevez du temps d'Augufte
pour quelqu'un des motifs obfervez
cy- deffus .
d'Orange.
L'A
'Arc de Triomphe de la Ville d'O
range a merité de tout temps l'atten
tion des Curieux ; la beauté de ce Monu
ment les a engagez fur tout à rechercher
à quelle occafion il a été érigé ; les uns
Pont attribué à Domitius Enobarbus , ou
à Fabius Maximus , & les autres à Caïns
Marius ; ces derniers font prefentement
Les plus fuivis , mais , fi j'ofe le dire , ces
deux opinions font infoutenables , & pour
peu qu'on veuille examiner fur quoi elles
font fondées, on en fera bien- tôt perfuadé.
Florus , dans fon Abregé de l'Hiftoire
Romaine , a donné naiffance à l'un & àl'autre
de ces fentimens ; il dit que Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , après
avoir vaincu les Allorbroges , firent élever
fur le Champ de bataille des Tours de
pierre , & au- deffus y firent dreffer des
Trophées , parés des Armes des Ennemis :
voici les paroles : Domitius Enobarbus &
Fabius Maximus , ipfis quibus dimicaverant
Locis faxeas erexere turres & defuper
exornata armis hoftilibus Trophea
fixere.
Ceux qui font pour la premiere opinion
difens
464 MERCURE DE FRANCE.
difent que le Monument d'Orange eft le
même que celui que Florus nous décrit ,
qu'il n'eſt éloigné que de quelques lieuës
de l'endroit où les Allobroges furent défaits
, qu'il eft certain que c'eft un Ouvrage
des Romains , & qu'il eft très ancien
, ainfi il n'y a pas lieu de douter , difent
ils , que Domitius Enob. ou Fab.
Max . ne l'ayent fait élever .
Pour répondre à cela , il n'y a qu'à faire
attention que le Monument d'Orange eft
un Arc de Triomphe qu'on admire encore
aujourd'hui par fon Architecture & par
la beauté de les bas - reliefs , & que Florus
ne nous parle que de Tours informes &
groffieres , faxeas erexere turres. Cela eft
6 vrai que Coëffeteau , Evêque de Marſeil
le , l'un des plus fçavans hommes du fieele
paffé , en traduifant ce Paffage , dit
que Domit . Enobarbus & Fab. Maximus
ne firent élever que des monceaux de
pierre ; ainfi fans qu'il foit befoin d'avoir
recours à d'autres preuves , cette opinion
tombe d'elle - même .
Venons prefentement à celle qui veut
que l'Arc de Triomphe d'Orange doit
Etre attribué à Marius ; ils établiffent d'abord
que les Romains depuis Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , étoient
dans la coûtume d'élever des Monumens de
Triomphe après avoir remporté quelque
victoire
MAR S. 1730. 465
victoire ; ils difent enfuite que Caius Ma
rius , après avoir défait les Ambrons &
les Teutons , n'aura pas manqué d'en faire
aufli conftruire un , mais comme ce General
Romain furpaffoit fes Predeceffeurs
par la grandeur & le nombre de ces Exploits
, il voulut les furpaffer en magnificence
, & ainfi au lieu de quelques Tours
informes & groffieres , il fit élever le bel
Arc de Triomphe que nous voyons à
Orange ; enfin , pour nous en convaincre
entierement , ils font remarquer que le
nom de Marius fe trouve gravé fur ce Mo
nument.
Avant que de démontrer la fauffeté de
cette derniere opinion , il eft bon de fe
rappeller que les Romains ont de tour
temps érigé fur le Champ de bataille des
Trophées d'Armes , dont l'appareil confif
toit en un Pieu ou Tronc d'arbre , chargé
des dépouilles de l'Ennemi ; ainfi Domitius
Enobius & Fab. Maximus , ne changerent
rien à l'ancienne coûtume , ils vou-
Jurent feulement rehauffer l'éclat de leurs
Trophées , dont l'ufage avoit été jufqu'alors
de les mettre fur un Pieu fimplement
élevé fur terre , & pour cela ils firent conf
truire des Tours de pierre pour les y placer
au -deffus , voulant par là abaiffer encore
davantage l'orgueil de leurs Ennemis
, & par des Monumens plus durables
per
466 MERCURE DE FRANCE .
perpetuer leur honte dans la poſterité ;
c'eft pour cela que Florus dit que les Ro
mains n'avoient pas encore infulté aux
Vaincus d'une maniere fi outrageante ,
Cum hic mos inufitatus fuerit noftris , nunquam
enim Populus Rom. hoftibus domitis
victoriam exprobavit.
Il faut remarquer en fecond lieu que
Domit.Enob. & Fab. Max, ne firent con (-
truire leursTours qu'aux mêmes endroits
où l'on avoit coûtume d'ériger des Tro
phées ( c'est - à- dire , fur le Champ de ba
taille ) comme Florus nous Patteſte , Ipſis
quibus dimicaverant Locis faxeas erexere
turres : & que le's Trophées étoient ornez
des Armes des Vaincus , & defuper exor
nata arnis hoftilibus Trophea fixere.
Cela fuppofé , je dis , que l'Arc de
Triomphe d'Orange ne peut pas être attribué
à Marius.
1. Parce que ce Monument n'eft pas
conftruit fur le Champ de Bataille , & que
Marius n'a pas dû s'écarter d'un ufage établi
de temps immemorial ; à la verité , fice
General Romain a voulu fe diftinguer de
fes Predecefleurs par la grandeur & la
beauté du Monument , il l'aura pù , mais il
Faura toûjours fait conftruire fuivant l'ufage
établi dans le lieu même du Combat ,
ipfis quibus dimicaverant Locis . En effet
sonne on ne conftruifoit de ces fortes de
Mo
MARS. 1730. 4.67
Monumens que pour infulter aux Ennemiş
vaincus , on fe fervoit des Armes & des
dépouilles de ceux qui avoient été tuez
pendant l'action , pour en faire des Trophées
, & defuper exornata Armis hoftilibus
Trophea fixere , & par la même raifon
on choififfoit expreffement le lieu du
Combat , comme un témoin irreprochable
de leur défaite , & par confequent un
terrain étranger ne leur convenoit pas ;
d'ailleurs quelle apparence y a-t-il que
pour deux Batailles gagnées proche laVille
d'Aix , Marius ait choifi la Ville d'Orange
, où il n'a jamais été , & qui eft éloignée
du lieu du Combat d'environ dixhuit
lieuës, pour y faire dreffer un Arc de
Triomphe , il feroit bien plus naturel de
placer dans la Plaine appellée de Porrieres
, à quatre lieuës d'Aix , le Monument
de Triomphe que ce General Romain fit
conftruire , puifque c'eft dans cette Plaine
qu'il acheva de détruire entierement les
Barbares, & qu'on y voit encore un refte
d'Edifice quarré d'une Antiquité très - reculée
, que les gens du Pays appellent par
tradition le Triomphe de Porrieres ; ainfi
il me femble qu'on pourroit conjecturer
vrai-femblablement que ce General , fuivant
la coûtume d'alors fit élever ce Monument
fur le Champ de Bataille , pour
marquer la victoire.
468 MERCURE DE FRANCE.
2°. Aucun Auteur ancien n'a parlé d'un
Monument de Triomphe , érigé à Orange
à l'honneur de Marius ; cependant Florus
qui a décrit fi exactement les Tours
élevées par Domit. Enob. & par Fabius
Max. n'auroit pas manqué de faire mention
d'un Arc de Triomphe , qui auroit
été autant nouveau & inufité pour le tems
de Marius , que les Tours décrites par cet
Auteur , l'étoient pour le tems de Domitius
& de Fabius , car s'il n'a pas parlé
du Monument que Marius fit dreffer dans
la Plaine de Porrieres , c'eſt qu'il reffembloit
apparemment , à peu de chofe près ,
aux Monuments dreffez par fes Predeceffeurs
; d'autant mieux qu'il n'y a qu'une
vingtaine d'années d'intervalle des uns
aux autres : enfin Plutarque , qui a écrit
la Vie de Marius , auroit - il oublié de faire
mention d'un Monument fi propre à relever
la gloire de fon Heros ; certainement
ce n'eft pas un Ouvrage d'une nature
à pouvoir être caché ni ignoré, pour
le paffer fous filence .
3 °. La République Romaine qui étoit
fi jaloufe de la grandeur de fes Sujets ,
auroit- elle permis qu'on érigeat un fi beau
Monument à la gloire d'un de fes Generaux
, qu'on foupçonnoit déja de vouloir
fe rendre indépendant.
4. Sylla , Dictateur , dont la puiffance
étoit
MARS. 1730. 469
étoit fans bornes , & qui fit abattre les
Trophées que Marius avoit fait dreffer
dans Rome ; auroit-il laiffé fur pied un
Monument capable lui feul d'illuftrer
fon Rival dans la pofterité la plus reculée.
59 Le nom de Marius fe trouve confondu
& mêlé avec d'autres noms fur les
Boucliers de cet Arc de Triomphe , or je
dis que fi ce Monument avoit été élevé
pour ce General Romain , on auroit certainement
mis fon nom dans la Place la
plus honorable , cependant on le trouve
gravé fimplement fur un Bouclier fans
diftinction des autres , c'eſt donc une marque
évidente qu'on ne l'a pas élevé
pour lui , & même il y a beaucoup d'apparence
que par ce nom de Marius on a
voulu défigner quelqu'autre que le Vainqueur
des Ambrons & des Teutons , d'autant
mieux que les autres noms qui font
placez du pair & dans le même rang qué
celui-cy , font des noms barbares & inconnus.
6º. On voit gravé fur ce Monument
une grande quantité d'Inftrumens de Marine
; autre raison qui prouve qu'on ne le
doit pas attribuer à Marius , puifque ce
General Romain n'a jamais donné aucun
Combat fur Mer.
Après tout, les habiles Antiquaires cons
viennent aujourd'hui que les Arcs de
Triomphe
470 MERCURE DE FRANCE.
Triomphe n'éoient point encore en ufage
du tems de Marius , & que le Monument
d'Orange eft trop beau pour être fi ancien;
pour moi je le croirois du fiecle d'Augufte.
Suetone, dans la Vie de cet Empereur,
m'a fait naître cette conjecture ; il nous
apprend qu'Augufte fit conftruire une
grande quantité de Monuments & d'Edifices
, non- feulement à Rome , mais encore
dans plufieurs Provinces de l'Empire,
& qu'il exhorta fouvent les principaux
Citoyens de Rome , d'en faire conftruire
pour l'embelliffenent de la Ville ; cet Auteur
ajoûte que plufieurs d'entre eux en
firent élever : à leur exemple les Proconfuls
& les Préteurs dans leurs Gouvernements
, pour fe conformer au gout de
l'Empereur & lui faire leur cour , & les
Villes particulieres pour mieux marquer
leur attachement à leur Souverain , ou
pour obtenir quelque Privilege , en firent
pareillement élever de leur côté ; ainſi il
me femble très-probable que l'Arc de
Triomphe d'Orange a été érigé dans ce
temps-là à la gloire d'Augufte , pour quelqu'un
des motifs que je viens d'infinuer ;
d'autant mieux que les inftruments de Mazine
qu'on voit dans ce Monument conviennent
parfaitement à cet Empereur ,
qui par la Bataille Navale qu'il gagna pro
che d'Actium , le vit feul maître du Monde
entier. Je
MARS. 1730 . 471
Je, conclus enfin qu'on peut pareillement
rapporter à ce tems là la conftruc .
tion du Monument qui eft proche la Ville
de S. Remi en Provence , & celle de l'Arc
de Triomphe qu'on voit dans la Ville de
Carpentras , Capitale du Comtat Venailfin
les Connoiffeurs les jugent tous les
deux du fiecle d'Augufte , ainfi des Monumens
fituez fi proches les uns des autres
, & qui paroiffent avoir été conſtruits
dans le même temps , fortifient encore
le fentiment où je fuis , que tous ces Monumens
ont été élevez du temps d'Augufte
pour quelqu'un des motifs obfervez
cy- deffus .
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Résumé : REMARQUES sur l'Arc de Triomphe d'Orange.
L'Arc de Triomphe d'Orange suscite des interrogations quant à son origine. Deux hypothèses principales ont été proposées. La première attribue sa construction à Domitius Enobarbus ou à Fabius Maximus, après leur victoire sur les Allobroges, comme le rapporte Florus. La seconde hypothèse suggère que Caius Marius l'aurait érigé après ses victoires sur les Ambrons et les Teutons. Cependant, ces deux théories sont jugées infondées. Les partisans de la première hypothèse affirment que l'Arc correspond aux tours décrites par Florus, construites sur le champ de bataille. Toutefois, l'Arc de Triomphe d'Orange est un monument architectural complexe, contrairement aux tours informes décrites par Florus. De plus, l'évêque Coëffeteau traduit ces tours comme des monceaux de pierre, ce qui contredit l'idée d'un Arc de Triomphe. Pour la seconde hypothèse, les défenseurs de Marius soulignent que les Romains avaient l'habitude d'élever des monuments de triomphe après une victoire. Ils avancent que Marius, voulant surpasser ses prédécesseurs, aurait construit un Arc de Triomphe plus magnifique. Cependant, plusieurs points contredisent cette théorie : l'Arc n'est pas situé sur le champ de bataille, contrairement à l'usage romain, et aucun auteur ancien ne mentionne un tel monument à Orange pour Marius. De plus, la République romaine était jalouse de la grandeur de ses sujets et n'aurait pas permis un tel monument pour un général suspecté de vouloir s'émanciper. Sylla, dictateur, aurait également détruit les trophées de Marius à Rome, rendant improbable la survie d'un monument en son honneur. Le nom de Marius est gravé sur l'Arc, mais il est mélangé avec d'autres noms, suggérant qu'il ne s'agit pas du principal honneur. La présence d'instruments de marine sur le monument est incompatible avec les campagnes terrestres de Marius. Les antiquaires modernes estiment que les Arcs de Triomphe n'étaient pas en usage du temps de Marius et que l'Arc d'Orange est trop beau pour être aussi ancien. Ils le datent plutôt du siècle d'Auguste. Suétone mentionne qu'Auguste a construit de nombreux monuments et a encouragé les citoyens à en faire de même. Ainsi, l'Arc de Triomphe d'Orange pourrait avoir été érigé à la gloire d'Auguste, peut-être après sa victoire navale près d'Actium. Cette hypothèse est renforcée par la présence d'instruments de marine sur le monument.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 1685-1688
MORTS NAISSANCES,
Début :
N... Marquis d'Harcourt, Capitaine de Dragons, dans le Regiment Colonel General, [...]
Mots clefs :
Général, Chevalier, Roi, Duc, Épouse, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCES,
MORTS NAISSANCES,
Ngon Marquis d'Harcourt
, Capitaine de Dragons
, dans le Regiment Colonel General
mourut à Lille le 20 Juin , âgé de 19 ans. Fl
étoit fils unique de Charles , Comte d'Harcourt
& Dollonde , cy- devant Meftre de Camp & Sous-
Lieutenant des Chevaux Legers de Bourgogne.
Chefdu Nom & des Armes de cette Illuftre Maifon;
& de Dame N.de Franquetot de Coigny,foeur
du Marquis de Coigny, Chevalier des ordres du
Roy , Lieutenant General de fes Armées , & Colonel
General des Dragons. Il ne refte plus de cette
branche des Comtes Dollonde,du nom d'Harcourt,
que les Coufins Germains du Comte d'Harcourt
, pere du Marquis qui vient de mourir, fça
voir , Jean-François d'Harcourt , Prêtre , Abbé
Commandataire de l'Abbaye de Ménat en Auvergne
, & Guillaume , Marquis d'Harcourt, fon
frere , Capitaine des Vaiffeaux du Roy , retiré à
fa
"
1686 MERCURE DE FRANCE
La Terre de Baffe - Normandie, à cauſe de ſes infirmitez.
Il avoit époufé feuë Dame Anne - Rofe
de Poefrie , héritiere de la Maifon de Taillepied ,
de laquelle il avoit eu deux enfans , qui font Marie-
Rofe d'Harcourt , Penfionnaire au Monaftere
des Religieufes de la Vifitation de Caën , &
Jacques , Comte d'Harcourt , qui fait actuellement
fes exercices à l'Academie de Vandeuil.
C'eſt aujourd'hui le feul rejetton de cette Branche
de la Maifon d'Harcourt.
Dame Marie Salé Dumenillet , époufe
de M. Antoine-Thomas le Secq , Chevalier
, Seigneur de S. Martin , Baron de Balingant
, Confeiller du Roy en fes Confeils
,Procureur general des Eaux & Forêts,
décedée le 25 Juin 1730. âgée de 55 ans ,
environ .
Dame Anne Guilbert , veuve de N.Foy,
Seigneur de S. Maurice , Commiffaire du
Confeil pour les Monnoyes , mourut le 27
Juin , âgée de 88 ans .
•
M. Pierre- Gilbert de Voifins, Preſident
de la deuxième Chambre des Enquêtes du
Parlement , & Doyen des Prefidens des
Enquêtes & Requêtes , mourut le 1. dece
mois , âgé d'environ 74 ans .
Dame Françoife Glucq , époufe de J. B.
de Montulé , Confeiller au Parlement ,
Chef du Confeil de fon S.A.S.M. le Prince
de Conti , mourut le même jour , âgée
d'environ 46 ans.
Frere Louis de Fronlay de Teffé , Chevalier
, Profès , de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem
JUILLET. 1730. 1687
rufalem,Commandeur de Coulours, mourut
à Paris le 4 de ce mois , âgé de 65 ans.
Nicolas le Fevre , Seigneur de S. Luc ,
Benoît - la- Chapelle , &c. Lieutenant general
d'Epée au Bailliage & Préfidial de
Troyes & Maître des Eaux & Forêts, mourut
le 8.'âgé de 62 ans.
Dame Madelaine le Rebours , veuve de
M. Charles- Nicolas Huquet de Semonville
, Doyen du Parlement , décédé le 11
Juillet , âgée de 72 ans.
3 Emmanuel de Roquette Seigneur
d'Amades , premier Ecuyer de S. A. S.
Madame la Princeffe de Conty , feconde
Douairiere , mourut le 14 , âgé de 73 ans.
François de Neuville, Duc de Villeroy,
Pair & premierMaréchal deFrance , Chevalier
des Ordres du Roy, Gouverneur de fa
Perfonne, General de fes Armées, Miniftre
d'Etat ,Chef duConfeilRoyal desFinances,
Gouverneur de la Ville de Lyon , & de la
Province de Lyonnois, Forêt & Baujolois,
mourut à Paris le 18 Juillet, âgé de 86 ans
3 mois. Il avoit époufé en 1662. Marie de
Coffe ,fille de Louis de Coffe , Duc de
Briffac , & de Catherine de Gondi , dont
il a eu le Duc de Villeroy , Lieutenant General
des Armées du Roy , Chevalier des
fes Ordres & Capitaine des Gardes du
Corps de S. M. Gouverneur de la Ville de
Lyon,&c .& l'Archevêque de Lyon , Commandeur
1688 MERCURE DE FRANCË
mandeur des Ordres du Roy. Le Duc de
Retz & le Duc d'Alincour font les fils du
Duc de Villeroy.
Dame Jeanne - Felix Nouvel , époule
de M. J. B. Sorba , Comte de la Villette
Secretaire d'Etat de la République dé Génes
, & fon Miniftre Plénipotentiaire à la
Cour de France, accoucha le 7 Juin , d'une
fille , qui fut nommée Role-Placidie.
Dame Anne Geneviève de Meuve, épou
fe de Jean - Paul Bochart de Champigny ,
Capitaine au Regiment des Gardes Françoiſes
, Chevalier de l'Ordre Militaire de
S. Louis , accoucha le 13. d'un fils , qui fut
tenu fur les Fonts & nommé Frederic, par
Frederic- Guillaume de la Trémoille . Prince
de Talmond , Lieutenant General des
Armées du Roy , & Gouverneur des Ville
& Fortereffe de Saarlouis , & Pays en dépendans
; & par Dame Loüife - Françoiſe
d'Humieres, époufe de Louis- Antoine-Armand
, Duc de Grammont , Pair de France
, Chevalier des Ordres du Roy , Colonel
du Regiment des Gardes Françoifes &
Gouverneur de Bearn.-
Ngon Marquis d'Harcourt
, Capitaine de Dragons
, dans le Regiment Colonel General
mourut à Lille le 20 Juin , âgé de 19 ans. Fl
étoit fils unique de Charles , Comte d'Harcourt
& Dollonde , cy- devant Meftre de Camp & Sous-
Lieutenant des Chevaux Legers de Bourgogne.
Chefdu Nom & des Armes de cette Illuftre Maifon;
& de Dame N.de Franquetot de Coigny,foeur
du Marquis de Coigny, Chevalier des ordres du
Roy , Lieutenant General de fes Armées , & Colonel
General des Dragons. Il ne refte plus de cette
branche des Comtes Dollonde,du nom d'Harcourt,
que les Coufins Germains du Comte d'Harcourt
, pere du Marquis qui vient de mourir, fça
voir , Jean-François d'Harcourt , Prêtre , Abbé
Commandataire de l'Abbaye de Ménat en Auvergne
, & Guillaume , Marquis d'Harcourt, fon
frere , Capitaine des Vaiffeaux du Roy , retiré à
fa
"
1686 MERCURE DE FRANCE
La Terre de Baffe - Normandie, à cauſe de ſes infirmitez.
Il avoit époufé feuë Dame Anne - Rofe
de Poefrie , héritiere de la Maifon de Taillepied ,
de laquelle il avoit eu deux enfans , qui font Marie-
Rofe d'Harcourt , Penfionnaire au Monaftere
des Religieufes de la Vifitation de Caën , &
Jacques , Comte d'Harcourt , qui fait actuellement
fes exercices à l'Academie de Vandeuil.
C'eſt aujourd'hui le feul rejetton de cette Branche
de la Maifon d'Harcourt.
Dame Marie Salé Dumenillet , époufe
de M. Antoine-Thomas le Secq , Chevalier
, Seigneur de S. Martin , Baron de Balingant
, Confeiller du Roy en fes Confeils
,Procureur general des Eaux & Forêts,
décedée le 25 Juin 1730. âgée de 55 ans ,
environ .
Dame Anne Guilbert , veuve de N.Foy,
Seigneur de S. Maurice , Commiffaire du
Confeil pour les Monnoyes , mourut le 27
Juin , âgée de 88 ans .
•
M. Pierre- Gilbert de Voifins, Preſident
de la deuxième Chambre des Enquêtes du
Parlement , & Doyen des Prefidens des
Enquêtes & Requêtes , mourut le 1. dece
mois , âgé d'environ 74 ans .
Dame Françoife Glucq , époufe de J. B.
de Montulé , Confeiller au Parlement ,
Chef du Confeil de fon S.A.S.M. le Prince
de Conti , mourut le même jour , âgée
d'environ 46 ans.
Frere Louis de Fronlay de Teffé , Chevalier
, Profès , de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem
JUILLET. 1730. 1687
rufalem,Commandeur de Coulours, mourut
à Paris le 4 de ce mois , âgé de 65 ans.
Nicolas le Fevre , Seigneur de S. Luc ,
Benoît - la- Chapelle , &c. Lieutenant general
d'Epée au Bailliage & Préfidial de
Troyes & Maître des Eaux & Forêts, mourut
le 8.'âgé de 62 ans.
Dame Madelaine le Rebours , veuve de
M. Charles- Nicolas Huquet de Semonville
, Doyen du Parlement , décédé le 11
Juillet , âgée de 72 ans.
3 Emmanuel de Roquette Seigneur
d'Amades , premier Ecuyer de S. A. S.
Madame la Princeffe de Conty , feconde
Douairiere , mourut le 14 , âgé de 73 ans.
François de Neuville, Duc de Villeroy,
Pair & premierMaréchal deFrance , Chevalier
des Ordres du Roy, Gouverneur de fa
Perfonne, General de fes Armées, Miniftre
d'Etat ,Chef duConfeilRoyal desFinances,
Gouverneur de la Ville de Lyon , & de la
Province de Lyonnois, Forêt & Baujolois,
mourut à Paris le 18 Juillet, âgé de 86 ans
3 mois. Il avoit époufé en 1662. Marie de
Coffe ,fille de Louis de Coffe , Duc de
Briffac , & de Catherine de Gondi , dont
il a eu le Duc de Villeroy , Lieutenant General
des Armées du Roy , Chevalier des
fes Ordres & Capitaine des Gardes du
Corps de S. M. Gouverneur de la Ville de
Lyon,&c .& l'Archevêque de Lyon , Commandeur
1688 MERCURE DE FRANCË
mandeur des Ordres du Roy. Le Duc de
Retz & le Duc d'Alincour font les fils du
Duc de Villeroy.
Dame Jeanne - Felix Nouvel , époule
de M. J. B. Sorba , Comte de la Villette
Secretaire d'Etat de la République dé Génes
, & fon Miniftre Plénipotentiaire à la
Cour de France, accoucha le 7 Juin , d'une
fille , qui fut nommée Role-Placidie.
Dame Anne Geneviève de Meuve, épou
fe de Jean - Paul Bochart de Champigny ,
Capitaine au Regiment des Gardes Françoiſes
, Chevalier de l'Ordre Militaire de
S. Louis , accoucha le 13. d'un fils , qui fut
tenu fur les Fonts & nommé Frederic, par
Frederic- Guillaume de la Trémoille . Prince
de Talmond , Lieutenant General des
Armées du Roy , & Gouverneur des Ville
& Fortereffe de Saarlouis , & Pays en dépendans
; & par Dame Loüife - Françoiſe
d'Humieres, époufe de Louis- Antoine-Armand
, Duc de Grammont , Pair de France
, Chevalier des Ordres du Roy , Colonel
du Regiment des Gardes Françoifes &
Gouverneur de Bearn.-
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Résumé : MORTS NAISSANCES,
En 1730, plusieurs décès et naissances notables ont été enregistrés. Le Marquis d'Harcourt, Capitaine de Dragons, est décédé à Lille le 20 juin à l'âge de 19 ans. Fils unique de Charles, Comte d'Harcourt, et de Dame N. de Franquetot de Coigny, il laisse derrière lui ses cousins germains, Jean-François d'Harcourt, Prêtre et Abbé Commandataire, et Guillaume, Marquis d'Harcourt, Capitaine des Vaisseaux du Roy. Parmi les autres décès marquants, on compte Dame Marie Salé Dumenillet, épouse de M. Antoine-Thomas le Secq, décédée le 25 juin à l'âge de 55 ans ; Dame Anne Guilbert, veuve de N. Foy, décédée le 27 juin à l'âge de 88 ans ; M. Pierre-Gilbert de Voisins, Président de la deuxième Chambre des Enquêtes du Parlement, décédé en juin à l'âge de 74 ans ; Dame Françoise Glucq, épouse de J. B. de Montulé, décédée le même jour à l'âge de 46 ans ; Frère Louis de Fronlay de Tessé, Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, décédé à Paris le 4 juillet à l'âge de 65 ans ; Nicolas le Fèvre, Seigneur de Saint-Luc, décédé le 8 juillet à l'âge de 62 ans ; Dame Madeleine le Rebours, veuve de M. Charles-Nicolas Huquet de Semonville, décédée le 11 juillet à l'âge de 72 ans ; Emmanuel de Roquette, Seigneur d'Amades, décédé le 14 juillet à l'âge de 73 ans ; et François de Neuville, Duc de Villeroy, Pair de France et Maréchal, décédé à Paris le 18 juillet à l'âge de 86 ans. Du côté des naissances, Dame Jeanne-Félix Nouvel a donné naissance à une fille nommée Role-Placidie le 7 juin. Dame Anne Geneviève de Meuve a accouché d'un fils nommé Frédéric le 13 juin, dont les parrains étaient Frédéric-Guillaume de la Trémoille et Dame Louise-Françoise d'Humières.
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28
p. 2532-2534
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
Dame Marie Anne Boucher, Epouse de M. Anne François, Marquis de Harville, [...]
Mots clefs :
Marquis, Épouse, Lieutenant, Armées, Diocèse, Comte, Gouverneur, Duc, Ambassadeur, Général
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS , NAISSANCES.
DM.
& Mariages.
Ame Marie Anne Boucher , Epoufe de
M. Anne François , Marquis de Harville ,
Brigadier des Armées du Roi , & Meftre de Camp
Lieutenant du Régiment de Clermont , Cavalerie,
mourut à Bordeaux le 15. du mois dernier , âgée
d'environ 25. ans.
Jacques Dumetz , Brigadier des Armées du
Rof , mourut le 19. Octobre , âgé de 48. ans.
M. Jofeph de Nagu , Marquis de Varenne ,..
Capitaine des Suiffes de la Reine d'Espagne , veuve
du Roi Louis I , mourut à Paris le 27. du même
mois dans la 48. année de fon âge.
Dame Charlotte le Normand veuve des
M. Louis Godefroi , Comte d'Estrades , Lieutenant
Genéral des Armées du Roi , & Maire per
petuel de la Ville de Bordeaux , mourut à Paris .
le 30. du mois dernier , âgée d'environ 58. ans.
Jacques Deshayes , Secrétaire du Roi ; & Di-.
гостенк
NOVEMBRE. 1730 : 2533
recteur General de la Compagnie des Indes , mous
rut le 31. Octobre , âgé de 57. ans .
D. Elifabeth Mignot , veuve de Louis Goffeau
de Rochebrune , Capitaine au Régiment des
Gardes Françoiles , mourut le 7 Novembre
âgée de 92. ans.
Denis-François Boutheillier de Chavigny , Archevêque
de Sens , Abbé de N. D. d'Oigny , Or
dre de S. Auguftin, Diocéfe d'Autun , de S. Loup,
même Ordre, Diocéfe de Troyes ,& de Vauluifant,
Ordre de Citeaux,Diocéfe de Sens, Prieur de S.Denis
de Marnay, ci -devant Evêque de Troyes,mourut
dans fon Diocéfe , le 9. de ce mois , âgé
d'environ 65. ans.
Dame Anne- Marie - Françoife- Loüife Boucherat
, veuve de M. Nicolas-Augufte de Harlay
Comte de Cely , Confeiller d'Etat ordinaire , Ambaffadeur
Extraordinaire & Plenipotentiaire à
l'Amffemblée de Francfort, & aux Conferences de
l'Empire, & depuis premier Ambaffadeur & Plenipotentiaire
pour la Paix de Rifwick , mourut en
cette Ville , le 23. de ce mois , dans la foixante
quatorziéme année de fon âge..
Claude- Jean- Baptifte Dodard , premier Medecin
du Roi , mourut à Verfailles le 25. de ce
mois , âgé d'environ 36. ans. Il avoit été premier
Medecin de feu Monfeigneur le Dauphin , Pere de
Sa Majesté.
Le 20. de ce mois , D. Marguerite Delphine
de Valbelle , époufe d'André Géonroy de Valbelle,
Marquis de Rians , Baron de Méyrargués & de.
Cadarache , Mestre de Camp de Cavalerie , accoucha
d'un fils , qui fut tenu fur les Fonts , & nom
mé François , Felix , Alphonfe , par Côme- Alphonfe
de Valbelle , Marquis de Montfuron
Comte de Ribiers, Capitaine- Sous -Lieutenant des
Gen-
23
2534 MERCURE DE FRANCE
Gendarmes de la Garde ordinaire du Roi , Bri¬
gadier de fes Armées , Commandeur de l'Ordre-
Royal & Militaire de S. Louis , & par Madame
Françoife- Felicité Colbert de Torcy, époufe d'André
Jofeph Ancezune , D'otaifon , Marquis d'Ancezune
, Meftre de Camp de Cavalerie.
Elifabeth de Champeron , époufe de Dominique
Anel , Premier Chirurgien de feuë Madame
Royale de Savoye , accoucha le 13. Septembre
d'un fils , qui fut tenu fur les Fonts le 20. Novembre
& nommé Antoine Charles , par Charles
de Rohan, Prince de Soubife, & par Dame Marie.
Therefe Ifidore , Comteffe de Zanoy , époufe da
Comte de Kinigzeg , Ambaffadeur Extraordinai
re de S. M. I. au Congrès de Soiffons , & Maréchal
de l'Empire.
Dame Marie- Sophie de Courcillon , époufe.de-
Charles- François Dalbert Dailly , Duc de Pequigny
, Pair de France , Capitaine - Lieutenant de la
Compagnie des Chevaux-Legers de la Garde du
Roi , accoucha le 18. Novembre d'une fille , qui
fut nommée Marie- Thereze , par Leonard Elie ,
Marquis de Pompadour &c. Gouverneur & -
Grand-Senechal Honoraire de Périgord , & par
Dame Jeanne-Marie Colbert , veuve de Charles
Honoré Dalbert, Duc de Luynes & de Chevreule,
Pair de France , Chevalier des Ordres du Roi ,
Gouverneur de la Province de Guyenne .
Jean -Luc de Lauzieres , Marquis de Themines,
de Cardaillac , & c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Orleans , Premier Prince du Sang, Gouverneur
des Ville & Châteaux de Dommes , épou--
fa le 13.Novembre D.Angelique Sophie d'Hautefort,
fille de feu Louis - Charles d'Hautefort, Marquis
de Surville , Lieutenant General des Armées.
du Roi, & de Dame Louife de Crevant d'Huinieres.
DM.
& Mariages.
Ame Marie Anne Boucher , Epoufe de
M. Anne François , Marquis de Harville ,
Brigadier des Armées du Roi , & Meftre de Camp
Lieutenant du Régiment de Clermont , Cavalerie,
mourut à Bordeaux le 15. du mois dernier , âgée
d'environ 25. ans.
Jacques Dumetz , Brigadier des Armées du
Rof , mourut le 19. Octobre , âgé de 48. ans.
M. Jofeph de Nagu , Marquis de Varenne ,..
Capitaine des Suiffes de la Reine d'Espagne , veuve
du Roi Louis I , mourut à Paris le 27. du même
mois dans la 48. année de fon âge.
Dame Charlotte le Normand veuve des
M. Louis Godefroi , Comte d'Estrades , Lieutenant
Genéral des Armées du Roi , & Maire per
petuel de la Ville de Bordeaux , mourut à Paris .
le 30. du mois dernier , âgée d'environ 58. ans.
Jacques Deshayes , Secrétaire du Roi ; & Di-.
гостенк
NOVEMBRE. 1730 : 2533
recteur General de la Compagnie des Indes , mous
rut le 31. Octobre , âgé de 57. ans .
D. Elifabeth Mignot , veuve de Louis Goffeau
de Rochebrune , Capitaine au Régiment des
Gardes Françoiles , mourut le 7 Novembre
âgée de 92. ans.
Denis-François Boutheillier de Chavigny , Archevêque
de Sens , Abbé de N. D. d'Oigny , Or
dre de S. Auguftin, Diocéfe d'Autun , de S. Loup,
même Ordre, Diocéfe de Troyes ,& de Vauluifant,
Ordre de Citeaux,Diocéfe de Sens, Prieur de S.Denis
de Marnay, ci -devant Evêque de Troyes,mourut
dans fon Diocéfe , le 9. de ce mois , âgé
d'environ 65. ans.
Dame Anne- Marie - Françoife- Loüife Boucherat
, veuve de M. Nicolas-Augufte de Harlay
Comte de Cely , Confeiller d'Etat ordinaire , Ambaffadeur
Extraordinaire & Plenipotentiaire à
l'Amffemblée de Francfort, & aux Conferences de
l'Empire, & depuis premier Ambaffadeur & Plenipotentiaire
pour la Paix de Rifwick , mourut en
cette Ville , le 23. de ce mois , dans la foixante
quatorziéme année de fon âge..
Claude- Jean- Baptifte Dodard , premier Medecin
du Roi , mourut à Verfailles le 25. de ce
mois , âgé d'environ 36. ans. Il avoit été premier
Medecin de feu Monfeigneur le Dauphin , Pere de
Sa Majesté.
Le 20. de ce mois , D. Marguerite Delphine
de Valbelle , époufe d'André Géonroy de Valbelle,
Marquis de Rians , Baron de Méyrargués & de.
Cadarache , Mestre de Camp de Cavalerie , accoucha
d'un fils , qui fut tenu fur les Fonts , & nom
mé François , Felix , Alphonfe , par Côme- Alphonfe
de Valbelle , Marquis de Montfuron
Comte de Ribiers, Capitaine- Sous -Lieutenant des
Gen-
23
2534 MERCURE DE FRANCE
Gendarmes de la Garde ordinaire du Roi , Bri¬
gadier de fes Armées , Commandeur de l'Ordre-
Royal & Militaire de S. Louis , & par Madame
Françoife- Felicité Colbert de Torcy, époufe d'André
Jofeph Ancezune , D'otaifon , Marquis d'Ancezune
, Meftre de Camp de Cavalerie.
Elifabeth de Champeron , époufe de Dominique
Anel , Premier Chirurgien de feuë Madame
Royale de Savoye , accoucha le 13. Septembre
d'un fils , qui fut tenu fur les Fonts le 20. Novembre
& nommé Antoine Charles , par Charles
de Rohan, Prince de Soubife, & par Dame Marie.
Therefe Ifidore , Comteffe de Zanoy , époufe da
Comte de Kinigzeg , Ambaffadeur Extraordinai
re de S. M. I. au Congrès de Soiffons , & Maréchal
de l'Empire.
Dame Marie- Sophie de Courcillon , époufe.de-
Charles- François Dalbert Dailly , Duc de Pequigny
, Pair de France , Capitaine - Lieutenant de la
Compagnie des Chevaux-Legers de la Garde du
Roi , accoucha le 18. Novembre d'une fille , qui
fut nommée Marie- Thereze , par Leonard Elie ,
Marquis de Pompadour &c. Gouverneur & -
Grand-Senechal Honoraire de Périgord , & par
Dame Jeanne-Marie Colbert , veuve de Charles
Honoré Dalbert, Duc de Luynes & de Chevreule,
Pair de France , Chevalier des Ordres du Roi ,
Gouverneur de la Province de Guyenne .
Jean -Luc de Lauzieres , Marquis de Themines,
de Cardaillac , & c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Orleans , Premier Prince du Sang, Gouverneur
des Ville & Châteaux de Dommes , épou--
fa le 13.Novembre D.Angelique Sophie d'Hautefort,
fille de feu Louis - Charles d'Hautefort, Marquis
de Surville , Lieutenant General des Armées.
du Roi, & de Dame Louife de Crevant d'Huinieres.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Le document relate divers événements survenus en octobre et novembre 1730, incluant des décès et des naissances. Parmi les décès notables, Ame Marie Anne Boucher, épouse du Marquis de Harville, est décédée à Bordeaux à l'âge de 25 ans. Jacques Dumetz, Brigadier des Armées du Roi, est mort à 48 ans. Le Marquis de Varenne, capitaine des Suisses de la Reine d'Espagne, est décédé à Paris à 48 ans. Dame Charlotte le Normand, veuve du Comte d'Estrades, est morte à Paris à 58 ans. Jacques Deshayes, Secrétaire du Roi et Directeur général de la Compagnie des Indes, est décédé à 57 ans. D. Élisabeth Mignot, veuve de Louis Goffeau de Rochebrune, est morte à 92 ans. Denis-François Boutheillier de Chavigny, Archevêque de Sens, est décédé à 65 ans. Dame Anne-Marie-Françoise-Louise Boucherat, veuve du Comte de Cely, est morte à 64 ans. Claude-Jean-Baptiste Dodard, premier Médecin du Roi, est décédé à Versailles à 36 ans. En ce qui concerne les naissances, Dame Marguerite Delphine de Valbelle a accouché d'un fils nommé François, Félix, Alphonse, le 20 novembre. Élisabeth de Champeron a accouché d'un fils nommé Antoine Charles le 13 septembre, baptisé le 20 novembre. Dame Marie-Sophie de Courcillon a accouché d'une fille nommée Marie-Thérèse le 18 novembre. Enfin, Jean-Luc de Lauzieres, Marquis de Thémines, a épousé D'Angélique Sophie d'Hautefort le 13 novembre.
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29
p. 611-620
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Le 9 Février 1732. mourut à Paris en son Hôtel, [...]
Mots clefs :
Marquis, France, Général, Cavalerie, Chevalier des Ordres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS, NAISSANCES
et Mariages.
,
E 9. de Février 1732. mourut à Paris
en son Hôtel , M. Jean de Vins d'A
goult de Montauban, Chevalier , Marquis
de Vins et de Savigny, Baron de Forqualqueret, de S. Savournin , de Rous
sillon , de Castelnau , &c. Lieutenant General des Armées du Roy , Gouverneut
pour S. M. des Pays , Ville et Citadelle :
de Broüage , cy-devant Capitaine- Lieute
nant de la seconde Compagnie des Mousquetaires de la Garde du Roy, un des plus
anciens Officiers de guerre du Royaume
et le dernier de sa Maison. Il étoit second
fils de Melchier , Marquis de Vins , et de
Dame Laurence de Paulien de Veyrac. Il
avoit été reçû Chevalier de Malte ; il étoit
Iv prêct
612 MERCURE DE FRANCE
prêt à faire ses vœux , lorsque son frere
aîné , François de Vins , fut tué dans une
Occasion près d'Utrech en 1672. l'un et
l'autre avoient fait leurs premieres Campagnes en Hongrie, et l'aîné étant repassé en
France , le Cadet demeura pendant quelque temps au service de l'Empereur.
Il se trouva en 1665. à la tête d'une
Compagnie de Cavalerie Allemande , à la
Bataille de Montesclaros en Portugal, où il
fut blessé dangereusement , et c'est la seule
fois qu'il l'ait été. Depuis il alla à Malte et
fit ses Caravanes. Il eut une Compagnie de
Cavalerie en 1667. It servit en 1672.
dans le Regiment de Cavalerie de son
frere aîné , qui fut tué , comme on vient
de le dire; par-là devenu l'aîné , il eut
l'agrément pour un Régiment de Cavalerie , qu'il acheta.
L'Espagne jalouse des progrès de la
France , lui déclara la guerre après la
Prise de Mastric , et le Marquis de Vins
passa en Catalogne avec son Régiment.
Il épousa en 1674. Mad. Lavocat , et
traita de la Lieutenance de la seconde
Compagnie des Mousquetaires , où il a
servi , soit en cette qualité , soit en celle
de Capitaine- Lieutenant, pendant 43 ans.
On peut se représenter les Batailles , les
Assauts et les autres occasions où il s'est
trouvé
MARS. 17326 613
trouvé étant dans ce Corps , les Sieges de
Besançon , de Condé , d'Aire , de Valenciennes , d'Ypre , de Gand , la Bataille de
Cassel. Il fut fait Brigadier des Armées
du Roy à la prise de Valenciennes , où
les Mousquetaires se signalerent d'une
maniere si surprenante , qu'il entrerent
pêle mêle dans la Place avec les ennemis.
Le Marquis de Vins les contint par sa
prudence , et empêcha qu'ils ne se répandissent dans la Ville ; on a toûjours vanté
son intrépidité et ce sang froid qu'il conservoit dans les actions les plus périlleuses.
Il fut fait Maréchal de Camp au mois
d'Août 1688. et comme il devoit commander le Détachement de la seconde
Compagnie des Mousquetaires qui accompagna MONSEIGNEUR , le Roy lui fit
l'honneur de le présenter à ce Prince avec
cet éloge , que c'étoit un des plus sages Officiers de son Royaume , et que Monseigneur
pouvoit prendre ses conseils et les suivre.
Cette Campagne est la derniere qu'il ait
faite avec les Mousquetaires , il a toûjours
servi depuis comme Officier General.
Il fut envoyé en 1689 .. en Bresse , pour
y commander. Il avoit très- peu de mon.
de , mais sa prudence suppléoit à tout;
c'est le témoignage que lui a rendu souI vj vent
614 MERCURE DE FRANCE
vent le Maréchal de Catinat. Il y a peu
de Troupes de ce côté- là , écrit- il , le Marquis de Vins y est , et j'ai l'esprit en repos.
En 1690. M. de S. Ruth et le Marquis
de Vins , s'avançerent dans la Tarentaise,
entre Conflans et Monstier , où ils forcerent le Baron de Sales , qui s'y étoit retranché avec un Corps considerable de
Troupes ; ils le défirent et le prirent
lui-même prisonnier : après ce Combat
ils soumirent presque toute la Savoye ,
et l'année suivante il servit seul de Maréchal de Camp sous M. de Catinat au
Siege de Nice.
Cette même année il fut nommé par
le Roi pour couvrir les Frontieres de Dauphiné et de Provence, Il battit le Sicur
Julien dans la Vallée de Barcelonete , et
soumit toutes ces Montagnes , prit Sos
pelle , Broglio , Saorgio , et autres Places,
jusqu'à la Mer et au Col de Tende.
op
Pendant que le Maréchal de Catinat
veilloit en 1692. sur tous les Passages des
Montagnes , le Marquis de Vins étoit
posé avec un Camp volant , aux desseins
du Duc de Savoye et de ses Alliez , qur
ne se proposoient pas moins que d'envahir le Dauphiné et la Provence; avec fort
peu de Troupes , il rendit leurs efforts
inutiles ou très- peu efficaces.
Cette
1
MAR S. 1732. 615
Cette année lui fut fatale ; il fut fait
Capitaine-Lieutenant de la seconde Compagne des Mousquetaires , par le décès
de M. de Jonvelle , qui la commandoit ,,
mais il perdit son fils unique , jeune Seigneur d'une très-grandees perance, lequel
fut tué au Combat de Steinkerque , à sa
quatriémeCampagne.Ilavoit servi l'année
précédente d'Ayde- de-Camp à son Pere
qui en avoit été très- content. Le Marquis de Vins eut besoin de tout son courage et de toute sa religion pour soutenir
ce-coup , qu'il a senti toute sa vie.
Il fut fait Lieutenant General des Ar
mées du Roy en 1593. et en cette quafité , il commanda l'aîle droite à la Bataille de la Marsaille. Le Duc de Vendôme
voulut être à l'aile gauche , et chargea
Paîle droite des Ennemis avec cette va
leur , que tout le monde lui connoissoit,
et il la chargea jusqu'à quatre fois. Il
trouva toûjours pareille résistance ; le
Corps de Bataille où étoit le Maréchal de
Catinat , qui commandoit l'Armée , souffroit beaucoup. Il pressoit le Marquis de
Vins , qui s'ébranla si à propos , et fit
donner, la Bayonnette au bout du fusil,
avec tant de vigueur , que toute l'aîle
gauche des Ennemis plia et fut entierement défaite , ce qui décida de la Victoire.
Si
616 MERCURE DE FRANCE
Si Asdrubal a reproché à Annibal qu'il
sçavoit vaincre , mais qu'il ne sçavoit pas.
profiter de la victoire , on peut dire du
Marquis de Vins , qu'il servoit bien
mais qu'il ne sçavoit pas faire valoir ses
services ; ennemi de tout faste et de toute
ostentation , modeste à l'excès , il parloit
peu et jamais de lui ni contre personne ;
ayant en horreur les cabales et les intri
guesde quelque genre que ce fût. Il étoit
d'une droiture et d'une probité à toute
épreuve , mettant l'homme d'honneur et
le Chrétien beaucoup au-dessus du Capitaine et du General d'Armée.
Content des biens considerables qu'il
avoit eus de ses Peres , il ne se soucioit
pas d'en avoir davantage , et il croyoit
qu'il suffisoit de bien faire pour mériter
les graces. Jamais il ne s'est plaint de la
Fortune , c'étoit une Divinité qu'il ne
connoissoit pas. Toujours prêt d'aller audevant des besoins de ses amis , il n'at--
tendoit pas qu'ils lui demandassent des
secours pour les soulager. Tel étoit l'hon-,
nête homme, mais le Chrétien alloit bien
plus loin. Il donnoit à son rang tout ce
que la bienséance pouvoit exiger ; sa Maison reglée comme il convenoit,ayant beaucoup d'ordre et d'arrangement dans ses.
affaires , son superflu étoit considerable
et
MAR S. 1732. 617
et tout étoit pour les pauvres ; de-là ses
liberalitez aux Hôpitaux et des Fondations d'Ecoles Chrétiennes dans toutes ses
Terres ; à peine s'y sentoit-on des années de calamité , tant il avoit soin que
la veuve et l'orphelin et generalement
tous les nécessiteux fussent soulagez, sans
que jamais la main gauche sçût ce que faisoit la droite.
Après la Paix de Riswick , il envoya
dans les Vallées de Barcelonete et autres lieux où il avoit fait la guerre , des
sommes considerables pour aider aux Habitans à se rétablir. Lorsqu'en 1717. il
se démit de la Compagnie des Mousquetaires , on lui offrit une pension de douze
mille livres. Il remercia , et dit qu'il n'en
avoit pas besoin , et qu'il valoit mieux
la distribuer à de pauvres Officiers.
Pendant la Peste de Provence , il envoya des sommes considerables dans les
Terres qu'il avoit en ce Pays-là. Dans
toutes ces bonnes œuvres il étoit secondé
par son Epouse ; jamais il n'y eut une plus
grande conformité de sentimens , et l'on
peut trouver dans la maniere dont ils ont
vécu ensemble pendant 58.ans de mariage,
l'idée de la plus parfaite union conjugale.
Tant de vertus ont été récompensées d'une
longue vie. Il est mort âgé de 9o. ans, munide
348 MERCURE DE FRANCE
-de tous les Sacremens, avec cette édification qu'on devoit attendre d'un homme
qui avoit vécu comme il à fait."
Il a institué le Comte du Luc , de la
Maison de Vintimille , son parent et son
ami particulier , son Légataire universel,
avec substitution pour son fils et son petit fils.
Dme Marie- Renée de Berthemet , veuve de M
Gilbert Colbert de S. Poüanges , Commandeur er
Grand Trésorier des Ordres du Roy, mourut à
Paris , le 28 de Fevrier , âgée d'eviron 85 ans.
et M. Pierre Chirac, Premier Medecin du Roy
Sur-Intendant du Jardin Royal des Plantes ,
Associé Libre de l'Academie Röyale des Scien
ces , mourut à Marly, le 1 de ce mois , âgé de 82 ans. Il avoit été Premier Médecin de feue S.
A. R. M. le Duc d'Orleans.
I
Dne Charlote- Angelique Courtin , veuve de
Jacques Roque , Chevaher , Marquis de Varan
geville , Seigneur de Galleville , Dendeville , & ct
Ambassadeur de France à Venise , mourut le 6 ≤
Mars , âgée de 73 ans...
Jean-Baptiste, François Johanne , Marquis de
Saumery , Baron de Chemerol , &c. Chevalier de
S. Louis, Maréchal des Camps et Armées du Roy,
Gouverneur des Isles de sainte Marguerite et de
S. Honorat de Lerins , Gouverneur du Château :
Royal de Chambord , mourut le 19 , âgé d'envi- ron 5 ans.
François Comte d'Esteing , Marquis de Murole , Baron de Spoix , &c. Chevalier des Ordres du
Roy, Lieutenant General des Armées de S. M.
Gouverneur de Douay et de la Ville de Châlons
sur Marne , mourut à Paris , le 20 de ce mois ,
âgé de près de 81 ans.
Alexan
MARS. 17328
Alexandre- César de Cauchon , Baron de la
sainte Ampoule , Seigneur de Neuflize , mourut
le 22 Mars , dans la 57 année de son âge , et fur inhumé à S. Eustache. On prie les Personnes qui
sçavent quelle est l'origine des Barons de la sain
te Ampoule, de vouloir bien en instruire le public.
Dane Marie- Anne Françoise de Montmorin ,
Epouse de Pierre de Champon , Marquis d'Arbouville , Capitaine des Grenadiers au Regiment
des Gardes Françoises , accoucha le 21 Mars ,
d'un Fils , qui fut nommé Pierre-Nicolas , par
Nicolas de Campon , Mestre de Camp , Lieute- .
nant des Grenadiers , et par Dme Angelique Cecile de Montmorin , veuve de-François d'Har
ville , Marquis de Pailoiseau.
François Michel- César le Tellier , Marquis de
Montmirel , Capitaine Colonel des Cent Suisses
de la Garde du Roy , fils mineur de François
Macé le Tellier , Marquis de Louvois , &c. et de :
Dme Anne- Louise de Noailles , épousa le 25 Fé- vrier , Dme Loüise- Antonine de Gontault de Bi- .
ton , fille mineure d'Armand de Gontault , Duc
de Biron , Pair de France , Colonel du Regiment
d'Anjou Cavalerie, Brigadier des Armées du Roy;
et de Dme Adelaide de Grammont , Dame du Palais de la Reine.
Joachim-Louis de Montaigu , Marquis de Bouzol , &c. Lieutenant General de la Province de la
Basse- Auvergne , fils mineur de feu Joseph de
Montaigu , Comte de Bouzol , Maréchal de
Camp , Inspecteur general de la Cavalerie , et des
Dragons , et de Dme Jeanne- Henriette Doreilhet
de Colombines , epousa le 11 Mars , Dme Laure
Fitz-James, fille mineure de M. Jacques , Duc
de Fitz-James de Beryick , Xezica, et de Liria Pair
820 MERCURE DE FRANCE
Pair et Maréchal de France , Genéral des Armées
du Roy, Grand - d'Espagne , Chevalier des Ordres de S. M. de la Toison d'Or , et de la Jarretiere , Gouverneur et Lieutenant General du
Haut et Bas Limousin , et de la Ville de Strasbourg , et de Dme Anne Bulkeley
et Mariages.
,
E 9. de Février 1732. mourut à Paris
en son Hôtel , M. Jean de Vins d'A
goult de Montauban, Chevalier , Marquis
de Vins et de Savigny, Baron de Forqualqueret, de S. Savournin , de Rous
sillon , de Castelnau , &c. Lieutenant General des Armées du Roy , Gouverneut
pour S. M. des Pays , Ville et Citadelle :
de Broüage , cy-devant Capitaine- Lieute
nant de la seconde Compagnie des Mousquetaires de la Garde du Roy, un des plus
anciens Officiers de guerre du Royaume
et le dernier de sa Maison. Il étoit second
fils de Melchier , Marquis de Vins , et de
Dame Laurence de Paulien de Veyrac. Il
avoit été reçû Chevalier de Malte ; il étoit
Iv prêct
612 MERCURE DE FRANCE
prêt à faire ses vœux , lorsque son frere
aîné , François de Vins , fut tué dans une
Occasion près d'Utrech en 1672. l'un et
l'autre avoient fait leurs premieres Campagnes en Hongrie, et l'aîné étant repassé en
France , le Cadet demeura pendant quelque temps au service de l'Empereur.
Il se trouva en 1665. à la tête d'une
Compagnie de Cavalerie Allemande , à la
Bataille de Montesclaros en Portugal, où il
fut blessé dangereusement , et c'est la seule
fois qu'il l'ait été. Depuis il alla à Malte et
fit ses Caravanes. Il eut une Compagnie de
Cavalerie en 1667. It servit en 1672.
dans le Regiment de Cavalerie de son
frere aîné , qui fut tué , comme on vient
de le dire; par-là devenu l'aîné , il eut
l'agrément pour un Régiment de Cavalerie , qu'il acheta.
L'Espagne jalouse des progrès de la
France , lui déclara la guerre après la
Prise de Mastric , et le Marquis de Vins
passa en Catalogne avec son Régiment.
Il épousa en 1674. Mad. Lavocat , et
traita de la Lieutenance de la seconde
Compagnie des Mousquetaires , où il a
servi , soit en cette qualité , soit en celle
de Capitaine- Lieutenant, pendant 43 ans.
On peut se représenter les Batailles , les
Assauts et les autres occasions où il s'est
trouvé
MARS. 17326 613
trouvé étant dans ce Corps , les Sieges de
Besançon , de Condé , d'Aire , de Valenciennes , d'Ypre , de Gand , la Bataille de
Cassel. Il fut fait Brigadier des Armées
du Roy à la prise de Valenciennes , où
les Mousquetaires se signalerent d'une
maniere si surprenante , qu'il entrerent
pêle mêle dans la Place avec les ennemis.
Le Marquis de Vins les contint par sa
prudence , et empêcha qu'ils ne se répandissent dans la Ville ; on a toûjours vanté
son intrépidité et ce sang froid qu'il conservoit dans les actions les plus périlleuses.
Il fut fait Maréchal de Camp au mois
d'Août 1688. et comme il devoit commander le Détachement de la seconde
Compagnie des Mousquetaires qui accompagna MONSEIGNEUR , le Roy lui fit
l'honneur de le présenter à ce Prince avec
cet éloge , que c'étoit un des plus sages Officiers de son Royaume , et que Monseigneur
pouvoit prendre ses conseils et les suivre.
Cette Campagne est la derniere qu'il ait
faite avec les Mousquetaires , il a toûjours
servi depuis comme Officier General.
Il fut envoyé en 1689 .. en Bresse , pour
y commander. Il avoit très- peu de mon.
de , mais sa prudence suppléoit à tout;
c'est le témoignage que lui a rendu souI vj vent
614 MERCURE DE FRANCE
vent le Maréchal de Catinat. Il y a peu
de Troupes de ce côté- là , écrit- il , le Marquis de Vins y est , et j'ai l'esprit en repos.
En 1690. M. de S. Ruth et le Marquis
de Vins , s'avançerent dans la Tarentaise,
entre Conflans et Monstier , où ils forcerent le Baron de Sales , qui s'y étoit retranché avec un Corps considerable de
Troupes ; ils le défirent et le prirent
lui-même prisonnier : après ce Combat
ils soumirent presque toute la Savoye ,
et l'année suivante il servit seul de Maréchal de Camp sous M. de Catinat au
Siege de Nice.
Cette même année il fut nommé par
le Roi pour couvrir les Frontieres de Dauphiné et de Provence, Il battit le Sicur
Julien dans la Vallée de Barcelonete , et
soumit toutes ces Montagnes , prit Sos
pelle , Broglio , Saorgio , et autres Places,
jusqu'à la Mer et au Col de Tende.
op
Pendant que le Maréchal de Catinat
veilloit en 1692. sur tous les Passages des
Montagnes , le Marquis de Vins étoit
posé avec un Camp volant , aux desseins
du Duc de Savoye et de ses Alliez , qur
ne se proposoient pas moins que d'envahir le Dauphiné et la Provence; avec fort
peu de Troupes , il rendit leurs efforts
inutiles ou très- peu efficaces.
Cette
1
MAR S. 1732. 615
Cette année lui fut fatale ; il fut fait
Capitaine-Lieutenant de la seconde Compagne des Mousquetaires , par le décès
de M. de Jonvelle , qui la commandoit ,,
mais il perdit son fils unique , jeune Seigneur d'une très-grandees perance, lequel
fut tué au Combat de Steinkerque , à sa
quatriémeCampagne.Ilavoit servi l'année
précédente d'Ayde- de-Camp à son Pere
qui en avoit été très- content. Le Marquis de Vins eut besoin de tout son courage et de toute sa religion pour soutenir
ce-coup , qu'il a senti toute sa vie.
Il fut fait Lieutenant General des Ar
mées du Roy en 1593. et en cette quafité , il commanda l'aîle droite à la Bataille de la Marsaille. Le Duc de Vendôme
voulut être à l'aile gauche , et chargea
Paîle droite des Ennemis avec cette va
leur , que tout le monde lui connoissoit,
et il la chargea jusqu'à quatre fois. Il
trouva toûjours pareille résistance ; le
Corps de Bataille où étoit le Maréchal de
Catinat , qui commandoit l'Armée , souffroit beaucoup. Il pressoit le Marquis de
Vins , qui s'ébranla si à propos , et fit
donner, la Bayonnette au bout du fusil,
avec tant de vigueur , que toute l'aîle
gauche des Ennemis plia et fut entierement défaite , ce qui décida de la Victoire.
Si
616 MERCURE DE FRANCE
Si Asdrubal a reproché à Annibal qu'il
sçavoit vaincre , mais qu'il ne sçavoit pas.
profiter de la victoire , on peut dire du
Marquis de Vins , qu'il servoit bien
mais qu'il ne sçavoit pas faire valoir ses
services ; ennemi de tout faste et de toute
ostentation , modeste à l'excès , il parloit
peu et jamais de lui ni contre personne ;
ayant en horreur les cabales et les intri
guesde quelque genre que ce fût. Il étoit
d'une droiture et d'une probité à toute
épreuve , mettant l'homme d'honneur et
le Chrétien beaucoup au-dessus du Capitaine et du General d'Armée.
Content des biens considerables qu'il
avoit eus de ses Peres , il ne se soucioit
pas d'en avoir davantage , et il croyoit
qu'il suffisoit de bien faire pour mériter
les graces. Jamais il ne s'est plaint de la
Fortune , c'étoit une Divinité qu'il ne
connoissoit pas. Toujours prêt d'aller audevant des besoins de ses amis , il n'at--
tendoit pas qu'ils lui demandassent des
secours pour les soulager. Tel étoit l'hon-,
nête homme, mais le Chrétien alloit bien
plus loin. Il donnoit à son rang tout ce
que la bienséance pouvoit exiger ; sa Maison reglée comme il convenoit,ayant beaucoup d'ordre et d'arrangement dans ses.
affaires , son superflu étoit considerable
et
MAR S. 1732. 617
et tout étoit pour les pauvres ; de-là ses
liberalitez aux Hôpitaux et des Fondations d'Ecoles Chrétiennes dans toutes ses
Terres ; à peine s'y sentoit-on des années de calamité , tant il avoit soin que
la veuve et l'orphelin et generalement
tous les nécessiteux fussent soulagez, sans
que jamais la main gauche sçût ce que faisoit la droite.
Après la Paix de Riswick , il envoya
dans les Vallées de Barcelonete et autres lieux où il avoit fait la guerre , des
sommes considerables pour aider aux Habitans à se rétablir. Lorsqu'en 1717. il
se démit de la Compagnie des Mousquetaires , on lui offrit une pension de douze
mille livres. Il remercia , et dit qu'il n'en
avoit pas besoin , et qu'il valoit mieux
la distribuer à de pauvres Officiers.
Pendant la Peste de Provence , il envoya des sommes considerables dans les
Terres qu'il avoit en ce Pays-là. Dans
toutes ces bonnes œuvres il étoit secondé
par son Epouse ; jamais il n'y eut une plus
grande conformité de sentimens , et l'on
peut trouver dans la maniere dont ils ont
vécu ensemble pendant 58.ans de mariage,
l'idée de la plus parfaite union conjugale.
Tant de vertus ont été récompensées d'une
longue vie. Il est mort âgé de 9o. ans, munide
348 MERCURE DE FRANCE
-de tous les Sacremens, avec cette édification qu'on devoit attendre d'un homme
qui avoit vécu comme il à fait."
Il a institué le Comte du Luc , de la
Maison de Vintimille , son parent et son
ami particulier , son Légataire universel,
avec substitution pour son fils et son petit fils.
Dme Marie- Renée de Berthemet , veuve de M
Gilbert Colbert de S. Poüanges , Commandeur er
Grand Trésorier des Ordres du Roy, mourut à
Paris , le 28 de Fevrier , âgée d'eviron 85 ans.
et M. Pierre Chirac, Premier Medecin du Roy
Sur-Intendant du Jardin Royal des Plantes ,
Associé Libre de l'Academie Röyale des Scien
ces , mourut à Marly, le 1 de ce mois , âgé de 82 ans. Il avoit été Premier Médecin de feue S.
A. R. M. le Duc d'Orleans.
I
Dne Charlote- Angelique Courtin , veuve de
Jacques Roque , Chevaher , Marquis de Varan
geville , Seigneur de Galleville , Dendeville , & ct
Ambassadeur de France à Venise , mourut le 6 ≤
Mars , âgée de 73 ans...
Jean-Baptiste, François Johanne , Marquis de
Saumery , Baron de Chemerol , &c. Chevalier de
S. Louis, Maréchal des Camps et Armées du Roy,
Gouverneur des Isles de sainte Marguerite et de
S. Honorat de Lerins , Gouverneur du Château :
Royal de Chambord , mourut le 19 , âgé d'envi- ron 5 ans.
François Comte d'Esteing , Marquis de Murole , Baron de Spoix , &c. Chevalier des Ordres du
Roy, Lieutenant General des Armées de S. M.
Gouverneur de Douay et de la Ville de Châlons
sur Marne , mourut à Paris , le 20 de ce mois ,
âgé de près de 81 ans.
Alexan
MARS. 17328
Alexandre- César de Cauchon , Baron de la
sainte Ampoule , Seigneur de Neuflize , mourut
le 22 Mars , dans la 57 année de son âge , et fur inhumé à S. Eustache. On prie les Personnes qui
sçavent quelle est l'origine des Barons de la sain
te Ampoule, de vouloir bien en instruire le public.
Dane Marie- Anne Françoise de Montmorin ,
Epouse de Pierre de Champon , Marquis d'Arbouville , Capitaine des Grenadiers au Regiment
des Gardes Françoises , accoucha le 21 Mars ,
d'un Fils , qui fut nommé Pierre-Nicolas , par
Nicolas de Campon , Mestre de Camp , Lieute- .
nant des Grenadiers , et par Dme Angelique Cecile de Montmorin , veuve de-François d'Har
ville , Marquis de Pailoiseau.
François Michel- César le Tellier , Marquis de
Montmirel , Capitaine Colonel des Cent Suisses
de la Garde du Roy , fils mineur de François
Macé le Tellier , Marquis de Louvois , &c. et de :
Dme Anne- Louise de Noailles , épousa le 25 Fé- vrier , Dme Loüise- Antonine de Gontault de Bi- .
ton , fille mineure d'Armand de Gontault , Duc
de Biron , Pair de France , Colonel du Regiment
d'Anjou Cavalerie, Brigadier des Armées du Roy;
et de Dme Adelaide de Grammont , Dame du Palais de la Reine.
Joachim-Louis de Montaigu , Marquis de Bouzol , &c. Lieutenant General de la Province de la
Basse- Auvergne , fils mineur de feu Joseph de
Montaigu , Comte de Bouzol , Maréchal de
Camp , Inspecteur general de la Cavalerie , et des
Dragons , et de Dme Jeanne- Henriette Doreilhet
de Colombines , epousa le 11 Mars , Dme Laure
Fitz-James, fille mineure de M. Jacques , Duc
de Fitz-James de Beryick , Xezica, et de Liria Pair
820 MERCURE DE FRANCE
Pair et Maréchal de France , Genéral des Armées
du Roy, Grand - d'Espagne , Chevalier des Ordres de S. M. de la Toison d'Or , et de la Jarretiere , Gouverneur et Lieutenant General du
Haut et Bas Limousin , et de la Ville de Strasbourg , et de Dme Anne Bulkeley
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Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En février et mars 1732, plusieurs personnalités notables décédèrent. Le 9 février 1732, à Paris, M. Jean de Vins d'Agoult de Montauban, Chevalier, Marquis de Vins et de Savigny, Baron de Forqualqueret, de Saint-Savournin, de Roussillon, de Castelnau, Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur de Broüage, et ancien Capitaine-Lieutenant des Mousquetaires, s'éteignit à l'âge de 90 ans. Second fils de Melchier, Marquis de Vins, et de Dame Laurence de Paulien de Veyrac, il fut destiné à devenir Chevalier de Malte mais dut reprendre du service après la mort de son frère aîné en 1672. Il participa à de nombreuses campagnes, notamment en Hongrie, au Portugal, et en Catalogne. Il épousa Madame Lavocat en 1674 et servit pendant 43 ans dans les Mousquetaires. Promu Brigadier des Armées du Roi à la prise de Valenciennes, il devint Maréchal de Camp en 1688. Il commanda ensuite en Bresse, en Tarentaise, et en Savoie, où il remporta plusieurs victoires. En 1693, il fut nommé Lieutenant Général des Armées du Roi et joua un rôle crucial à la bataille de la Marsaille. Connu pour sa modestie et sa probité, il laissa une fortune considérable aux pauvres et aux nécessiteux. Il institua le Comte du Luc, de la Maison de Vintimille, comme son légataire universel. D'autres décès notables incluent Dame Marie-Renée de Berthemet, veuve de Gilbert Colbert de Saint-Pouanges, et M. Pierre Chirac, Premier Médecin du Roi. Plusieurs naissances et mariages sont également mentionnés, notamment celui de François Michel-César Le Tellier, Marquis de Montmirel, et de Dame Louise-Antonine de Gontault de Biron. Le texte énumère également trois entités distinctes : le Haut et Bas Limousin, la Ville de Strasbourg, et Dame Anne Bulkeley. Ces éléments sont mentionnés sans contexte supplémentaire ni explication.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 2550-2562
SECONDE LETTRE DE M. D. L. R. à M. A. C. D. V. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
Début :
Avant que de répondre, Monsieur, aux autres demandes que vous me [...]
Mots clefs :
Marquis de Rosny, Duc de Sully, Abbaye de Saint Taurin, Lettre, Mémoires, Boisrozé, Général, Henriade, Méprises, Courage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE LETTRE DE M. D. L. R. à M. A. C. D. V. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
SECONDE LETTRE de
M. D L. R. à M. A. C. D. V. au
sujet du Marquis de Rosny , depuis Duc
de Sully , &c. contenant quelques Remarques Historiques.
A
Vant que de répondre , Monsieur ,
aux autres demandes que vous me
faites au sujet du Marquis de Rosny.
j'ay encore quelque chose à vous dire
sur votre premiere question concernant
l'Abbaye de S. Taurin , que ce Seigneur
a possedée par la nomination du Roy
Henry III . Outre la double preuve que
je vous ai apportée de ce fait dans mapremiere Lettre , en voici encore deux autres
qu'il est bon de ne pas omettre.
La premiere est dans le XLI. Chapitre du I. Vol. des Memoires de
Sully. On voit sur la fin de ce Chapitre
que le Marquis de Rosny étant allé à sa
Terre de Bontin pour quelques affaires
domestiques , le Roy lui écrivit la Lettre
qui suit , pour le faire revenir à Fon- tainebleau.
Mon Ami, je ne vous avois donné congé
que pour dix jours , et neanmoins ily ena
1. Vol. déja
DECEMBRE. 1732. 2551 7
déja quinze que vous êtes partis ce n'estpas
votre coutume de manquer à ce que vous
promettez , ni d'être paresseux : partant revenez-vous-en me trouver , c'est chose necessaire pour mon service , tant pour voir
des Lettres que Madame de Simiers et un
nommé la Font (qui , à mon avis , est celui
de qui vous sçaviez des nouvelles durant
notre grand Siege ) qui vous écrivent de
Rouen, lesquelles sont en chiffres ; et par si
peu que nous en avons pu déchiffrer ( car
je les ai fait ouvrir ) nous jugeons qu'elles
importent à mon service. Il y en a encore.
une d'un nommé Desportes , qui demeure à
Verneuil, lequel vous prie de lui mander
s'il sera le bien venu pour vous parler d'une
chose dont vous conferâtes une fois ensemble.
à Evreux dans votre Abbaye de S. Taurin , que le feu Roy vous donna. J'ay aussi
plusieurs choses à vous dire , et s'en présente tous les jours une infinité sur lesquelles
je serai bien aise de prendre vos avis , comme j'ai fait sur beaucoup d'autres , dont je
me suis bien trouvé. Partant , partez en diligence et me venez trouver à Fontainebleau,
Adieu. Ce 3. Septembre 1593.
Vous voyez , Monsieur , dans cette Lettre le fait en question constaté de la main
du Roy ; on y voit aussi que le Marquis
de Rosny se retiroit quelquefois à saint
VI. Vel By Taurin
2552 MERCURE DE FRANCE
Taurin d'Evreux , pour gouter dans une
agréable solitude le repos qu'il ne trouvoit pas ailleurs , et qui ne laissoit pas
d'être encore interrompu dans cette Âbbaye par les affaires importantes qui le
sùivoient par tout.
L'autre preuve se trouve dans le même
premier Vol. des Memoires, Chap. XLVI.
où il est traité de la Négociation que
M. de Rosny fit à Rouen avec Amiral
de Villars , pour la réduction de toute
la Normandie. On voit là qu'entre autres demandes que faisoit cet Amiral de
là Ligue , il voulut avoir les Abbayes de
Jumieges, de Tiron , de Bomport , de
Valasse et de S. Taurin : les Memoires
ne disent point si c'étoit pour lui-même
ou pour ses amis qu'il faisoit cette de-,
mande , mais les Auteurs qui ont écrit
ces Memoires , et qui , comme vous sçavez , adressent toûjours la parole au Marquis de Rosny , leur Maître , s'expriment
én ces termes sur cet article.
De tous lesquels points dans quatre jours
vons convintes ensemble et en demeurâtes
d'accord , voire de S. Taurin , quoique
l'Abbayefût à vous.
Cela , au reste , ne fut pas un simple
projet , l'execution suivit et se trouve confirmée par le discours que tint M. de,
1. Vol A.,Rosny
DECEMBRE. 1732. 255 3
Rosny au sieur de Boisrosé , que vous
avez lû dans ma précédente Lettre ; ainsi
il est démontré non- seulement que ce
Seigneur a été Abbé de S. Taurin d'Evreux ; mais on sçait à peu près le temps.
et à quelle occasion il eut la generosité
de se dépouiller de cette Abbaye. 2
On apprend dans le même endroit que
quelque ample pouvoir qu'eût le Marquis de Rosny de traiter avec M. de Villars , pour l'entiere réduction de la Normandie , il y eut cependant trois Articles
sur lesquels il ne voulut rien prendre
sur lui.
Les deux premiers concernoient M. de
Montpensier et M. de Biron , et le troi,
siéme regardoit le sieur de Boisrozé , à
cause , disent les Memoires , de la baute
qualité des deux premiers , et de l'injustice
qu'il sembloit y avoir en l'autre. Sur quoi
M. de Rosny desira avoir un ordre particulier de la propre main du Roy, &c.
Vous êtes , sans doute surpris , Monsieur , de voir ici les petits interêts d'un
simple Gouverneur de Fécamp , mêlez
avec ceux d'un Prince du Sang , Gouverneur de Normandie et avec ceux de M. de
Biron , que le Roy avoit fait depuis peu
Amiral de France , Charge que M. de
Villars vouloit garder pour lui-même , les
2.1. Vol. B vj interêts
2554 MERCURE DE FRANCE
intetêts , dis-je , du sieur de Boisrozé
dont l'avanture vous a réjoui dans me
premiere Lettre , faire un objet considerable dans la Négociation d'un Traité si
important.
Cela a besoin d'un petit Commentaire.
Je vais vous le faire d'autant plus volontiers , qu'après avoir un peu maltraité,
ce me semble , se pauvre Gentilhomme
( en vous parlant de l'avanture de Louviers ) je profiterai de l'occasion pour le
réhabiliter dans votre esprit , en vous le
montrant par le plus bel endroit , et je
vous exposerai en même- temps un trait
de hardiesse et de valeur peu commune
qui mérite d'être distingué dans notre
Histoire, et que je trouve peu exactement *
par Mezeray et par le P. Daniel.
Je trouve ce fait dans le XLIII. Chapitre des Memoires, intitulé : Affaires Mi
litaires et d'Etat. J'en abregerai la narration tant que je pourrai,sans en rien omettre d'essentiel.
narré
Fécamp est une petite Ville Maritime
de la Haute Normandie , située à 15.
* Mezeray a défiguré jusqu'au nom de ce brave
homme, qu'il appelloit Bosc Rosé, il lui rend d'ailleurs justice sur sa valeur. Il s'étoit auparavant
très- distingué dans Roïen assiegé par l'Armée da Roy en 1992.
1. Fol. lieües
DECEMBRE. 1732. 2555
lieuës de Rouen vers le Couchant , à 8.
du Havre de Grace , et à 12 de Dieppe.
Elle étoit munie alors d'une bonne For
teresse , qu'on appelle aujourd'hui le
Château , élevé sur un Rocher escarpé
qui regarde la Mer. Boisrozé étoit dans.
la Place, lorsque M. de Biron l'assiegea et
la prit sur ceux de la Ligue. Avant que
d'en sortir il forma le dessein de la reprendre et il s'y prit de la maniere qui
suit. Après avoir bien instruit deux Soldats de la valeur et de la fidelité desquels
il étoit assuré , il trouva le moyen de
les faire entrer et admettre parmi ceux
de la Garnison. De son côté il s'assura
de so. autres Soldats ou Matelots , des
plus déterminez et des plus experts au
métier de grimper aux Hunes par les
cordages , &c. son dessein étoit d'escalader lui et les siens , le Rocher dont je
viens de parler , et d'entrer par là dans la
Place.
L'entreprise étoit des plus témeraires.
Le Roc en question de cent toises de
hauteur , est non- seulement escarpé et
coupé en précipice , mais son pied est
ordinairement battu de vagues de
la Mer , excepté quatre ou cinq fois de
l'année , au temps des plus basses Marées;
alors durant quelques heures seulement
1. Vol
2556 MERCURE DE FRANCE
la Mer laisse un certain espace sec au
pied du Rocher, ce qui arrive quelquefois la nuit et quelquefois le jour,
Boisrozé devoit executer son dessein
dans l'un de ces intervales , assez incer
tains , et pour cela il se munit d'un Cable
de longueur convenable pour le Roc qu'il
vouloit gravir, et à icelui d'espace en espace,
fut fairedes noeuds pour se tenir des mains, et
des étriers de corde avec de petits bâtons
pour y apposer les pieds. Avec cet appareil il s'embarqua lui et ses Gens dans
deux Chalouppes et vint par une nuit fort
noire , aborder le plus près du Roc que
la bassesse de l'eau put le lui permettre.
Sur le haut de ce Roc logeoit dans quel
que Hute l'un des deux Soldats gagnez ,
et il veilloit exactement à toutes les basses marées , pour entendre le signal dont
on étoit convenu, Il ne fut donc pas difficile, au moyen de ce signal, de jetter une
corde à l'extremité de laquelle fut attaché le bout du gros cable , que le Soldat
tira incontinent à lui. Le bout du cable
étoit muni d'un crampon de fer qui fut
aussi-tôt attaché dans l'entre- deux, d'une
canoniere avec un gros levier.
Après avoir tiré et ébranlé plusieurs
fois le cable pour s'assurer de la solidité
d'une Echelle si périlleuse , Boisrosé fit
--- I. Vol. d'abord,
DECEMBRE. 1732. 2557
d'abord monter l'un des deux Sergens
du nombre des so. hommes , auquel il
se fioit le plus , et l'ayant fait suivre par
tous les autres , il monta lui- même tout
le dernier , afin que nul ne s'en pût dédire
et qu'il leur servit de chasse-avant.
Cette précaution étoit nécessaire , car,
dans le temps qu'il fallut employer pour
placer les so. hommes sur cette corde er
à monter les uns après les autres avec
leurs armes bien attachées autour du
corps , la marée avoit commencé de revenir et elle étoit déja à six pieds de
hauteur contre le Rocher , que Boisrozé
et les Siens n'étoient encore qu'à moitié
chemin ; desorte qu'étant ainsi pendus et
comme enfilez à ce cable , il ne leur restoit plus aucune esperance de salut que
par la prise de la Place. Boisrozé , armé
d'un courage intrépide et bien résolu de
mourir plutôt que de reculer , la tenoit
toûjours pour indubitable , lorsque le Sergent qui montoit le premier , soit à cause de l'extreme hauteur où il étoit parvenu , soit à cause du bruit des vagues
qui venoient se briser contre le Roc
commença de s'effrayer , à dire que la
tête lui tournoit , et qu'il étoit impossi
ble de monter plus haut.
Cet incident étant rapporté de bouche
1- Vol.... ...cn
2558 MERCURE DE FRANCE
en bouche à Boisrozé ; celui cy après
avoir tenté inutilement de faire rassurer
son homme, prit la résolution de l'aller
joindre lui- même , et passant par- dessus
les corps et les têtes de ses Compagnons
suspendus en l'air , il parvint jusqu'à lui
et le rassura aucunement ; puis le poignard à la main , il le contraignit de continuer à monter , tant qu'enfin le jour
étant prêt à paroître ils parvinrent tous
sur le haut du Rocher sans autre inconvenient. Ils furent incontinent reçûs par
les deux Soldats , et connoissant tous ensemble les êtres et les avenues du Fort , ils
surprirent facilement le Corps de Garde
et les Sentinelles qui étoient du côté de
la Ville , car on ne faisoit aucune gardedu côté de la Mer estimé inaccessible, On
fit main bisse sur eux , et on tailla
en pieces tout ce qui vint successivement
au secours ; enfin Boisrozé se rendït le
maître du Fort , de quoi il avertit aussitôt M. de Villars , tant pour lui deLe P. Daniel dit que Boisrozé mécontent de
Villars , surprit Fécamp et s'y retrancha si bien que
ce Gouverneur , qui vint l'y attaquer , ne put le
forcer, &c.
L'Auteur se trompe et confond ici les choses ,
étant bien certain que Boisrozé ne fit son Expedition de Fécamp, qu'en faveur de la Ligue et de
M. de Villars , et que sa brouillerie avec ce Ge
meral n'arriva que dans la suite , &c. ·
DECEMBRE. 1732. 2559.
mander du monde , afin de se saisir de
la Ville et de pouvoir la garder , que
pour s'assurer du Gouvernement de la
Place , qu'il croyoit avoir bien mérité.
:
Vous jugés bien , M. que ce General ne
lui refusa rien mais j'apprends au même,
endroit que dans la suite Boisrosé s'étant
brouillé avec lui , et craignant toujours
de perdre son Gouvernement , il se donna entierement au Roi , et ne voulut plus
reconnoître les ordres de M. Villars. Ce
General le fit investir et le resserra si fort
dans Fecamp , que le Roi , dont le nouveau Gouverneur implorà le secours ,
vint en personne le dégager , en contraignant les Troupes de la Ligue de se retirer , et en donnant tous les ordres néces
saires pour la conservation du Fort de
Fécamp, dont ce grand Prince reconnois
soit l'importance.
Boisrozé en étoit donc paisible Gouver
neur , lorsque le Marquis de Rosny- traitoit de la réduction de toute la Normandie avec M. de Villars , et qu'il fut obligé de passer au nom du Roi toutes les
conditions qu'on éxigeoit , à l'exception
des trois dont il est parlé ci-dessus. Vous
vous souvenez , Monsieur , que la considération particuliere de Boisrozé formoit
la troisième , et vous voyez à présent que
I. Vol. CO
2560 MERCURE DE FRANCE
ce n'est pas sans raison , M. de Rosny
trouvant de l'injustice de déplacer un si
brave homme, et ne pouvant se résoudre
de le faire de son chef. Ii fallut cependant y venir , le Roi , à qui les trois articles furent renvoyés , n'hesita pas de
les passer pour parvenir à un si grand
bien. Je ne vous dis rien du bruit qu'en
fir Boisrozé , vous en sçavez assez par le
récit de l'avanture de Louviers. Le bon
homme , plein de son ressentiment, ignoroit alors tout ce que M. de Rosny
avoit fait pour le maintenir dans son
poste.
Au reste , dès que le Traité eut été ar
rêté et signé , M. de Rosny en écrivit de
Rouen une Lettre au Roi , dont je ne
rapporterai ici que le commencement
pour abreger.
SIRE ,
-La bonté de Dieu , votre vertu et votre
fortune , ont tellement fortifié mon courage
et bien heuré mon entremise , queje vous puis
maintenant nommer Ducpaisible de toute la
Normandie , &c.
dit
Le Roi ayant reçû cette Lettre , répon
par le même Courrier , et de sa propre main , au Marquis de Rosny, de la maniere qui suit.
İvel. MON-
DECEMBRE. 1732. 2561
MONSIEUR,
J'ai vû > tant par votre derniere Lettre
que par vos précedentes , les signalez servi➡
ces que vous m'avez rendus pour la Rêduction entiere de la Normandie en mon obeissance , lesquels j'appellervis volontiers des
miracles , si je ne sçavois bien que l'on nè
donne point ce titre aux choses tantjourna
lieres et ordinaires , que me sont les preuves
par effet de votre loyale affection , laquelle
aussi je n'oublieraijamais , &c. Adieu mon
Ami. De Senlis , le 14. Mars 1594
HENRY.
Je finis ici ma Lettre , Monsieur, pour
ne plus vous parler de l'Abbaye de
S.Taurin, ni du sieur de Boisrozé. Il falloit
vous faire ce détail pour répondre perti
nemment à votre premiere question , et
ne vous laisserrien ignorer sur une matiere qui entre si naturellement dans l'éxecution du projet d'Histoire que vous avez formé.
J'ai mes Mémoires prêts pour répondre
à vos autres demandes au sujet du Marquis de Rosny , et je n'oublierai pas ceque vous me marqués en dernier lieu sur
les variations et sur les méprises de l'Auteur du Poëme de la Ligue , ou la Hen- I. Vol. riade
2562 MERCURE DE FRANCE riade , par rapport à ce Seigneur. Je suis
toujours , &c.
AParis , le 20 Mars 1732.
M. D L. R. à M. A. C. D. V. au
sujet du Marquis de Rosny , depuis Duc
de Sully , &c. contenant quelques Remarques Historiques.
A
Vant que de répondre , Monsieur ,
aux autres demandes que vous me
faites au sujet du Marquis de Rosny.
j'ay encore quelque chose à vous dire
sur votre premiere question concernant
l'Abbaye de S. Taurin , que ce Seigneur
a possedée par la nomination du Roy
Henry III . Outre la double preuve que
je vous ai apportée de ce fait dans mapremiere Lettre , en voici encore deux autres
qu'il est bon de ne pas omettre.
La premiere est dans le XLI. Chapitre du I. Vol. des Memoires de
Sully. On voit sur la fin de ce Chapitre
que le Marquis de Rosny étant allé à sa
Terre de Bontin pour quelques affaires
domestiques , le Roy lui écrivit la Lettre
qui suit , pour le faire revenir à Fon- tainebleau.
Mon Ami, je ne vous avois donné congé
que pour dix jours , et neanmoins ily ena
1. Vol. déja
DECEMBRE. 1732. 2551 7
déja quinze que vous êtes partis ce n'estpas
votre coutume de manquer à ce que vous
promettez , ni d'être paresseux : partant revenez-vous-en me trouver , c'est chose necessaire pour mon service , tant pour voir
des Lettres que Madame de Simiers et un
nommé la Font (qui , à mon avis , est celui
de qui vous sçaviez des nouvelles durant
notre grand Siege ) qui vous écrivent de
Rouen, lesquelles sont en chiffres ; et par si
peu que nous en avons pu déchiffrer ( car
je les ai fait ouvrir ) nous jugeons qu'elles
importent à mon service. Il y en a encore.
une d'un nommé Desportes , qui demeure à
Verneuil, lequel vous prie de lui mander
s'il sera le bien venu pour vous parler d'une
chose dont vous conferâtes une fois ensemble.
à Evreux dans votre Abbaye de S. Taurin , que le feu Roy vous donna. J'ay aussi
plusieurs choses à vous dire , et s'en présente tous les jours une infinité sur lesquelles
je serai bien aise de prendre vos avis , comme j'ai fait sur beaucoup d'autres , dont je
me suis bien trouvé. Partant , partez en diligence et me venez trouver à Fontainebleau,
Adieu. Ce 3. Septembre 1593.
Vous voyez , Monsieur , dans cette Lettre le fait en question constaté de la main
du Roy ; on y voit aussi que le Marquis
de Rosny se retiroit quelquefois à saint
VI. Vel By Taurin
2552 MERCURE DE FRANCE
Taurin d'Evreux , pour gouter dans une
agréable solitude le repos qu'il ne trouvoit pas ailleurs , et qui ne laissoit pas
d'être encore interrompu dans cette Âbbaye par les affaires importantes qui le
sùivoient par tout.
L'autre preuve se trouve dans le même
premier Vol. des Memoires, Chap. XLVI.
où il est traité de la Négociation que
M. de Rosny fit à Rouen avec Amiral
de Villars , pour la réduction de toute
la Normandie. On voit là qu'entre autres demandes que faisoit cet Amiral de
là Ligue , il voulut avoir les Abbayes de
Jumieges, de Tiron , de Bomport , de
Valasse et de S. Taurin : les Memoires
ne disent point si c'étoit pour lui-même
ou pour ses amis qu'il faisoit cette de-,
mande , mais les Auteurs qui ont écrit
ces Memoires , et qui , comme vous sçavez , adressent toûjours la parole au Marquis de Rosny , leur Maître , s'expriment
én ces termes sur cet article.
De tous lesquels points dans quatre jours
vons convintes ensemble et en demeurâtes
d'accord , voire de S. Taurin , quoique
l'Abbayefût à vous.
Cela , au reste , ne fut pas un simple
projet , l'execution suivit et se trouve confirmée par le discours que tint M. de,
1. Vol A.,Rosny
DECEMBRE. 1732. 255 3
Rosny au sieur de Boisrosé , que vous
avez lû dans ma précédente Lettre ; ainsi
il est démontré non- seulement que ce
Seigneur a été Abbé de S. Taurin d'Evreux ; mais on sçait à peu près le temps.
et à quelle occasion il eut la generosité
de se dépouiller de cette Abbaye. 2
On apprend dans le même endroit que
quelque ample pouvoir qu'eût le Marquis de Rosny de traiter avec M. de Villars , pour l'entiere réduction de la Normandie , il y eut cependant trois Articles
sur lesquels il ne voulut rien prendre
sur lui.
Les deux premiers concernoient M. de
Montpensier et M. de Biron , et le troi,
siéme regardoit le sieur de Boisrozé , à
cause , disent les Memoires , de la baute
qualité des deux premiers , et de l'injustice
qu'il sembloit y avoir en l'autre. Sur quoi
M. de Rosny desira avoir un ordre particulier de la propre main du Roy, &c.
Vous êtes , sans doute surpris , Monsieur , de voir ici les petits interêts d'un
simple Gouverneur de Fécamp , mêlez
avec ceux d'un Prince du Sang , Gouverneur de Normandie et avec ceux de M. de
Biron , que le Roy avoit fait depuis peu
Amiral de France , Charge que M. de
Villars vouloit garder pour lui-même , les
2.1. Vol. B vj interêts
2554 MERCURE DE FRANCE
intetêts , dis-je , du sieur de Boisrozé
dont l'avanture vous a réjoui dans me
premiere Lettre , faire un objet considerable dans la Négociation d'un Traité si
important.
Cela a besoin d'un petit Commentaire.
Je vais vous le faire d'autant plus volontiers , qu'après avoir un peu maltraité,
ce me semble , se pauvre Gentilhomme
( en vous parlant de l'avanture de Louviers ) je profiterai de l'occasion pour le
réhabiliter dans votre esprit , en vous le
montrant par le plus bel endroit , et je
vous exposerai en même- temps un trait
de hardiesse et de valeur peu commune
qui mérite d'être distingué dans notre
Histoire, et que je trouve peu exactement *
par Mezeray et par le P. Daniel.
Je trouve ce fait dans le XLIII. Chapitre des Memoires, intitulé : Affaires Mi
litaires et d'Etat. J'en abregerai la narration tant que je pourrai,sans en rien omettre d'essentiel.
narré
Fécamp est une petite Ville Maritime
de la Haute Normandie , située à 15.
* Mezeray a défiguré jusqu'au nom de ce brave
homme, qu'il appelloit Bosc Rosé, il lui rend d'ailleurs justice sur sa valeur. Il s'étoit auparavant
très- distingué dans Roïen assiegé par l'Armée da Roy en 1992.
1. Fol. lieües
DECEMBRE. 1732. 2555
lieuës de Rouen vers le Couchant , à 8.
du Havre de Grace , et à 12 de Dieppe.
Elle étoit munie alors d'une bonne For
teresse , qu'on appelle aujourd'hui le
Château , élevé sur un Rocher escarpé
qui regarde la Mer. Boisrozé étoit dans.
la Place, lorsque M. de Biron l'assiegea et
la prit sur ceux de la Ligue. Avant que
d'en sortir il forma le dessein de la reprendre et il s'y prit de la maniere qui
suit. Après avoir bien instruit deux Soldats de la valeur et de la fidelité desquels
il étoit assuré , il trouva le moyen de
les faire entrer et admettre parmi ceux
de la Garnison. De son côté il s'assura
de so. autres Soldats ou Matelots , des
plus déterminez et des plus experts au
métier de grimper aux Hunes par les
cordages , &c. son dessein étoit d'escalader lui et les siens , le Rocher dont je
viens de parler , et d'entrer par là dans la
Place.
L'entreprise étoit des plus témeraires.
Le Roc en question de cent toises de
hauteur , est non- seulement escarpé et
coupé en précipice , mais son pied est
ordinairement battu de vagues de
la Mer , excepté quatre ou cinq fois de
l'année , au temps des plus basses Marées;
alors durant quelques heures seulement
1. Vol
2556 MERCURE DE FRANCE
la Mer laisse un certain espace sec au
pied du Rocher, ce qui arrive quelquefois la nuit et quelquefois le jour,
Boisrozé devoit executer son dessein
dans l'un de ces intervales , assez incer
tains , et pour cela il se munit d'un Cable
de longueur convenable pour le Roc qu'il
vouloit gravir, et à icelui d'espace en espace,
fut fairedes noeuds pour se tenir des mains, et
des étriers de corde avec de petits bâtons
pour y apposer les pieds. Avec cet appareil il s'embarqua lui et ses Gens dans
deux Chalouppes et vint par une nuit fort
noire , aborder le plus près du Roc que
la bassesse de l'eau put le lui permettre.
Sur le haut de ce Roc logeoit dans quel
que Hute l'un des deux Soldats gagnez ,
et il veilloit exactement à toutes les basses marées , pour entendre le signal dont
on étoit convenu, Il ne fut donc pas difficile, au moyen de ce signal, de jetter une
corde à l'extremité de laquelle fut attaché le bout du gros cable , que le Soldat
tira incontinent à lui. Le bout du cable
étoit muni d'un crampon de fer qui fut
aussi-tôt attaché dans l'entre- deux, d'une
canoniere avec un gros levier.
Après avoir tiré et ébranlé plusieurs
fois le cable pour s'assurer de la solidité
d'une Echelle si périlleuse , Boisrosé fit
--- I. Vol. d'abord,
DECEMBRE. 1732. 2557
d'abord monter l'un des deux Sergens
du nombre des so. hommes , auquel il
se fioit le plus , et l'ayant fait suivre par
tous les autres , il monta lui- même tout
le dernier , afin que nul ne s'en pût dédire
et qu'il leur servit de chasse-avant.
Cette précaution étoit nécessaire , car,
dans le temps qu'il fallut employer pour
placer les so. hommes sur cette corde er
à monter les uns après les autres avec
leurs armes bien attachées autour du
corps , la marée avoit commencé de revenir et elle étoit déja à six pieds de
hauteur contre le Rocher , que Boisrozé
et les Siens n'étoient encore qu'à moitié
chemin ; desorte qu'étant ainsi pendus et
comme enfilez à ce cable , il ne leur restoit plus aucune esperance de salut que
par la prise de la Place. Boisrozé , armé
d'un courage intrépide et bien résolu de
mourir plutôt que de reculer , la tenoit
toûjours pour indubitable , lorsque le Sergent qui montoit le premier , soit à cause de l'extreme hauteur où il étoit parvenu , soit à cause du bruit des vagues
qui venoient se briser contre le Roc
commença de s'effrayer , à dire que la
tête lui tournoit , et qu'il étoit impossi
ble de monter plus haut.
Cet incident étant rapporté de bouche
1- Vol.... ...cn
2558 MERCURE DE FRANCE
en bouche à Boisrozé ; celui cy après
avoir tenté inutilement de faire rassurer
son homme, prit la résolution de l'aller
joindre lui- même , et passant par- dessus
les corps et les têtes de ses Compagnons
suspendus en l'air , il parvint jusqu'à lui
et le rassura aucunement ; puis le poignard à la main , il le contraignit de continuer à monter , tant qu'enfin le jour
étant prêt à paroître ils parvinrent tous
sur le haut du Rocher sans autre inconvenient. Ils furent incontinent reçûs par
les deux Soldats , et connoissant tous ensemble les êtres et les avenues du Fort , ils
surprirent facilement le Corps de Garde
et les Sentinelles qui étoient du côté de
la Ville , car on ne faisoit aucune gardedu côté de la Mer estimé inaccessible, On
fit main bisse sur eux , et on tailla
en pieces tout ce qui vint successivement
au secours ; enfin Boisrozé se rendït le
maître du Fort , de quoi il avertit aussitôt M. de Villars , tant pour lui deLe P. Daniel dit que Boisrozé mécontent de
Villars , surprit Fécamp et s'y retrancha si bien que
ce Gouverneur , qui vint l'y attaquer , ne put le
forcer, &c.
L'Auteur se trompe et confond ici les choses ,
étant bien certain que Boisrozé ne fit son Expedition de Fécamp, qu'en faveur de la Ligue et de
M. de Villars , et que sa brouillerie avec ce Ge
meral n'arriva que dans la suite , &c. ·
DECEMBRE. 1732. 2559.
mander du monde , afin de se saisir de
la Ville et de pouvoir la garder , que
pour s'assurer du Gouvernement de la
Place , qu'il croyoit avoir bien mérité.
:
Vous jugés bien , M. que ce General ne
lui refusa rien mais j'apprends au même,
endroit que dans la suite Boisrosé s'étant
brouillé avec lui , et craignant toujours
de perdre son Gouvernement , il se donna entierement au Roi , et ne voulut plus
reconnoître les ordres de M. Villars. Ce
General le fit investir et le resserra si fort
dans Fecamp , que le Roi , dont le nouveau Gouverneur implorà le secours ,
vint en personne le dégager , en contraignant les Troupes de la Ligue de se retirer , et en donnant tous les ordres néces
saires pour la conservation du Fort de
Fécamp, dont ce grand Prince reconnois
soit l'importance.
Boisrozé en étoit donc paisible Gouver
neur , lorsque le Marquis de Rosny- traitoit de la réduction de toute la Normandie avec M. de Villars , et qu'il fut obligé de passer au nom du Roi toutes les
conditions qu'on éxigeoit , à l'exception
des trois dont il est parlé ci-dessus. Vous
vous souvenez , Monsieur , que la considération particuliere de Boisrozé formoit
la troisième , et vous voyez à présent que
I. Vol. CO
2560 MERCURE DE FRANCE
ce n'est pas sans raison , M. de Rosny
trouvant de l'injustice de déplacer un si
brave homme, et ne pouvant se résoudre
de le faire de son chef. Ii fallut cependant y venir , le Roi , à qui les trois articles furent renvoyés , n'hesita pas de
les passer pour parvenir à un si grand
bien. Je ne vous dis rien du bruit qu'en
fir Boisrozé , vous en sçavez assez par le
récit de l'avanture de Louviers. Le bon
homme , plein de son ressentiment, ignoroit alors tout ce que M. de Rosny
avoit fait pour le maintenir dans son
poste.
Au reste , dès que le Traité eut été ar
rêté et signé , M. de Rosny en écrivit de
Rouen une Lettre au Roi , dont je ne
rapporterai ici que le commencement
pour abreger.
SIRE ,
-La bonté de Dieu , votre vertu et votre
fortune , ont tellement fortifié mon courage
et bien heuré mon entremise , queje vous puis
maintenant nommer Ducpaisible de toute la
Normandie , &c.
dit
Le Roi ayant reçû cette Lettre , répon
par le même Courrier , et de sa propre main , au Marquis de Rosny, de la maniere qui suit.
İvel. MON-
DECEMBRE. 1732. 2561
MONSIEUR,
J'ai vû > tant par votre derniere Lettre
que par vos précedentes , les signalez servi➡
ces que vous m'avez rendus pour la Rêduction entiere de la Normandie en mon obeissance , lesquels j'appellervis volontiers des
miracles , si je ne sçavois bien que l'on nè
donne point ce titre aux choses tantjourna
lieres et ordinaires , que me sont les preuves
par effet de votre loyale affection , laquelle
aussi je n'oublieraijamais , &c. Adieu mon
Ami. De Senlis , le 14. Mars 1594
HENRY.
Je finis ici ma Lettre , Monsieur, pour
ne plus vous parler de l'Abbaye de
S.Taurin, ni du sieur de Boisrozé. Il falloit
vous faire ce détail pour répondre perti
nemment à votre premiere question , et
ne vous laisserrien ignorer sur une matiere qui entre si naturellement dans l'éxecution du projet d'Histoire que vous avez formé.
J'ai mes Mémoires prêts pour répondre
à vos autres demandes au sujet du Marquis de Rosny , et je n'oublierai pas ceque vous me marqués en dernier lieu sur
les variations et sur les méprises de l'Auteur du Poëme de la Ligue , ou la Hen- I. Vol. riade
2562 MERCURE DE FRANCE riade , par rapport à ce Seigneur. Je suis
toujours , &c.
AParis , le 20 Mars 1732.
Fermer
Résumé : SECONDE LETTRE DE M. D. L. R. à M. A. C. D. V. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
La lettre de M. D L. R. à M. A. C. D. V. traite de la possession de l'Abbaye de Saint-Taurin par le Marquis de Rosny, devenu Duc de Sully. L'auteur répond à une question concernant cette abbaye, dont la possession par le Marquis de Rosny a été confirmée par la nomination du roi Henri III. Deux preuves sont fournies pour étayer ce fait. La première est une lettre du roi Henri III, datée du 3 septembre 1593, où le roi demande au Marquis de Rosny de revenir à Fontainebleau pour des affaires importantes, mentionnant explicitement l'Abbaye de Saint-Taurin. La seconde preuve se trouve dans les Mémoires de Sully, où il est question d'une négociation à Rouen avec l'Amiral de Villars pour la réduction de la Normandie. L'Amiral demandait plusieurs abbayes, dont celle de Saint-Taurin, confirmant ainsi la possession du Marquis de Rosny. La lettre détaille également une négociation complexe où le Marquis de Rosny refusait de prendre des décisions sur trois articles sans un ordre particulier du roi. L'un de ces articles concernait le sieur de Boisrosé, gouverneur de Fécamp. L'auteur narre ensuite une expédition audacieuse de Boisrosé pour reprendre Fécamp, malgré les dangers et les obstacles. Cette action est décrite en détail, soulignant le courage et la détermination de Boisrosé. Par ailleurs, une autre correspondance, datée du 14 mars 1594, montre le roi Henri IV exprimant sa gratitude au Marquis de Rosny pour ses services dans la réduction de la Normandie. Le roi qualifie ces services de 'miracles' en raison de leur efficacité et de leur régularité. La lettre du roi a été écrite de Senlis. Un autre correspondant, écrivant en mars 1732, mentionne la fin d'une lettre concernant l'Abbaye de Saint-Taurin et le sieur de Boisrozé, et indique qu'il a des mémoires prêts pour répondre à d'autres demandes concernant le Marquis de Rosny. Il fait également référence aux variations et méprises de l'auteur du poème 'La Ligue' ou 'La Henriade' par rapport au Marquis de Rosny.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 366-375
LETTRE écrite de Constantinople le 10. Novembre 1732. au sujet de la derniere Révolution de Perse.
Début :
Après avoir été fort long-temps ici dans l'incertitude sur les affaires de Perse, on a reçu enfin [...]
Mots clefs :
Perse, Constantinople, Thamas Kouli-Kan, Roi, Prince, Armée, Ispahan, Chah, Troupes, Général, Officiers, Ministre, Cour, Couronne, Empire, Ambition, Révolution
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Constantinople le 10. Novembre 1732. au sujet de la derniere Révolution de Perse.
LETTRE écrite de Constantinople le
10. Novembre 1732. au sujet de la der
niere Révolution de Perse.
Près avoir été fort long - temps ici dans l'in-
Acertitude sur les affaires de Perse, on a reçû enfin
à la Porte des nouvelles d'Achmet - Pacha,Gouwerneur
de Bagdat ; et voici la traduction d'une
Lettre que ce Pacha a envoyée au G. S, et qui
lui avoit été écrite d'Ispaham le 26. Septembre
dernier par Abdilbaki Kan de Kirmanchah , qui
se trouvoit alors à la Cour de Perse
Les nouvelles que j'ai écrites à Votre Excellence,
très -Honoré et très- Magnifique Seigneur , vous
surprendront moins qu'un autre, parce que l'arrogance
et l'ambition sans bornes de Thamas Kouli-
Kan vous sont connues depuis long- temps ; voici
ce que j'ai à vous apprendre d'interessant qui
regarde la situation présente de cet Empire.
Thamas Kouli- Kan , après avoir subjugué la
Province de Yerak , s'étoit livré à des idées ambitieuses
, qui lui avoient fait concevoir le dessein
de s'emparer de la Couronne de Perse ; et
comme il lui falloit un prétexte pour s'approcher
d'Ispaham , il publia qu'il vouloit faire la
guerre à l'Empire Ottoman , et sans attendre
d'ordres formels de Schah - Thamas , il parut disposer
son Armée à se mettre en marche.
Le Roy de Perse , à qui la conduite de son
Premier Ministre étoit devenuë suspecte , comme
V ,
FEVRIER . 1733. 367
V. E. en a été déja informée , et qui avoit connoissance
de ses projets ambitieux , lui écrivit
de ne pas s'avancer avec l'Armée et d'attendre
ses ordres dans le Khorassan . Thamas Kouli- Kan,
qui avoit ses vûes , obéit et se contenta de supplier
le Roy par des Lettres très - soumises , en
apparence , de lui envoyer ceux de ses Officiers
ou Ministres en qui il auroit le plus de confiance
, pour qu'il pût conferer avec eux sur les interêts
de l'Etat, et leur communiquer ses desseins et
ses vûës.
>
Thamas- Schah ne se refusa pas à cette proposition
, il nomma plusieurs Députez qu'il choisit
parmi les Seigneurs les plus qualifiez de sa Cour,
et qui lui étoient le plus affidez. Ceux - cy se rendirent
à l'Armée de Kouli - Kan et ce General
pour les engager à ajoûter plus de foi à ses paroles,
destina pour le Lieu de la Conference , l'enceinte
du Tombeau de l'Iman * Riza , Personnage
tenu pour Saint et extrêmement réveré parmi
les Persans. Il commença la Conférence par donner
aux Députez des assurances de la sincerité de
de ses sentimens , qu'il accompagna des sermens
les plus terribles , leur disant qu'il n'avoit rien
tant coeur que d'en donner des preuves à son
Souverain ; que les soupçons du Roy , dont il
avoit lieu de s'appercevoir , le mettoient au désespoir
, qu'il les prioit de les effacer de l'esprit
de ce Prince , et enfin qu'il n'avoit point d'autre
vûë , en voulant conduire P'Armée dans la Province
d'Ispaham , que de la faire passer vers les
Il faut lire Ali - Ridha , le VIII. des 12 .
fameux Imans , ou Chefs de la Religion Musulmane
, descendans d'Ali et reconnus tels par les
Persans , &c.
Hij Fron368
MERCURE DE FRANCE
6
Frontieres de Turquie pour vanger l'Empire de
toutes les cruautez que les Turcs avoient exercées
dans les differentes Provinces de Perse .
Les Députez se laisserent tromper à ces apparences
de sincerité et de bonne foi , et Thamas
Kouli- Kan les renvoya en les chargeant d'une
Lettre pour le Roy , par laquelle il marquoit à
ce Prince qu'il ne se regardoit que comme le der
nier de ses Esclaves , qu'il n'avoit d'autre ambition
que celle de travailler pour son service et
pour sa gloire , que cependant lorsqu'il se seroit
approché d'Ispaham avcc l'Armée , il ne feroit
aucune démarche sans son ordre.
Le Roy ayant reçû cette Lettre , bien loin d'a
joûter foi aux protestations de son General , sortit
d'Ispaham avec ses femmes et tous ses Effets
les plus précieux , et alla camper à cinq journées
delà dans un lieu appellé Serchemé , dans l'ancienne
Bactriane , à dessein de ramasser autant
de Troupes qu'il lui seroit possible, et d'en for-
- mer un Corps d'Armée capable , en cas de besoin
, de résister aux forces de Kouli - Kan , résolu
à tout évenement , et dans le cas d'une
grande extrémité , de se réfugier dans les Etats
du G. S.
Cependant ce Prince , qui au péril de sa vie ,
vouloit maintenir le dernier Traité conclu avec
la Porte , écrivit à son Géneral les raisons les
plus fortes pour le détourner de faire la guerre
aux Turcs au préjudice de ce Traité , ajoutant
que s'il aimoit tant la gloire et la prosperité de
la Perse , il pouvoit signaler sa valeur en portant
la guerre dans le Pays des Tartares Usbecs , dans
celui des Aghuans et jusques dans les Indes , qui
lui offroient des Pays assez vastes pour contenter
son ambition ; qu'en un mot il lui deffendoit
trèss
FEVRIER. 1733. 369
très - expressément et sous peine de desobeïssance
, de faire avancer son armée dans la Province
d'Ispaham .
Sur des ordres si précis , Kouli- Kan prit le
parti de feindre , dit qu'il étoit disposé d'obéir ,
et il en écrivit en ces termes au Roy son Maître ,
ajoutant seulement qu'il étoit d'avis d'envoyer un
Ambassadeur à la Porte pour demander la restitution
des Provinces dont le G. S. avoit conservé
la possession par le dernier Traité , et qu'en attendant
le retour de l'Ambassadeur , il resteroit
campé avec l'Armée à Serahanende. Mais dans
le même- temps qu'il paroissoit si soumis , il
écrivit à tous les amis qu'il avoit à la Cour , οὐ
son crédit et son autorité lui en avoient fait
un grand nombre , de mettre tout en usage pour
effacer les soupçons du Roy , et de l'engager ,
force de prieres , à quitter son Camp et à rentrer
dans sa Capitale.
Les Partisans de Kouli- Kan s'employerent ave
tant de zele et parlerent si efficacement en faveur
de sa prétendue fidelité , qu'ils dissiperent en
partie les soupçons de Schah- Thamas , mettant
en oeuvre toute sorte d'artifice pour le rassurer,
ensorte que ce malheureux Prince se laissant enfin
entierement persuader , quitta son Camp et
rentra dans Ispaham .
A peine le General en eut reçu l'avis , qu'il
quitta Serahanende et sa premiere démarche fut
d'envoyer ses Officiers les plus affidez avec de petits
corps de Troupes occuper les postes les plus
importans des environs d'Ispaham ; desorte qu'en
peu de temps il se vit maître de tous les passages
par où le Roy auroit pû sortir de cette Ville
qu'il tint , pour ainsi dire , bloquée , prenant en
même-temps des précautions pour que l'on ob-
H iij
servât
?
370 MERCURE DE FRANCE
servât tous les mouvemens de ce Prince , er pour
qu'il ne lui fût pas possible de prendre la fuite.
Après avoir ainsi disposé les choses il écrivit
à ses amis qui étoient auprès de Schah- Thamas ,
d'engager ce Prince à l'inviter de se rendre auprès
de sa Personne. Le Roy s'apperçut trop
tard de la facilité avec laquelle il avoit ajoûté foi
aux paroles de son General ; mais se voyant environné
de ses Ennemis , sans secours et hors
d'état de rien entreprendre , il fut contraint de
suivre les mouvemens qu'on lui inspiroit et de
concourir lui- même à sa perte .
Il écrivit de sa propre main à Thamas Kouli-
Kan , pour l'inviter à venir recevoir des marques
de sa satisfaction et de sa bienveillance . Ce perfide
Ministre n'eut pas plutôt reçû la Lettre du
Roy qu'il s'avança vers Ispaham , suivi de son
Armée , Schah - Thamas en étant averti , donna
des ordres pour qu'on lui fit une Entrée magni- '
fique , il vouloit aller lui-même à sa rencontre
pour l'honorer davantage ; mais le General craignant
que dans une cérémonie qui alloit donner
lieu à un si grand concours de Peuple , on n'attentât
à sa vie , refusa , sous les apparences d'une
feinte modestie , les honneurs qu'on lui offroit ,
et fit dire au Roy qu'il se rendroit dans son
Quartier suivi de peu de monde.
Il arriva le cinq de la Lune de Rebiulakhir à
une Maison Royale qui n'est éloignée d'Ispaham
que d'une lieue. Il fit camper son Armée aux environs
, et après y avoir séjourné deux jours , il
fit demander au Roy une Audiance , en exigeant
dé ce Prince qu'il seroit seul dans la Sale où il le
recevroit , ce qui lui ayant été accordé , il entra
dans Ispaham avec quelques Troupes et les principaux
Officiers de son Armée. Il fut introduit devant
FEVRIER: 1733. 371
vant le Roy, et au lieu de se présenter dans l'état
respectueux qui convient à un Sujet , il s'assit en
la présence du Roy, sans en avoir obtenu la permission
; mais quoique par cette démarche il eûg
laissé appercevoir son orgueil , il ne laissa pas
d'employer encore la feinte.
Il s'approcha du Trône où Schah- Thamas étoit
assis , et dit à ce Prince qu'il étoit son premier
Ministre , et qu'en cette qualité le soin des affai
res de l'Etat et de la Famille Royale le regardoit,
que S. M. devoit être persuadée de sa fidelité par
les services importans qu'il lui avoit rendus , mais
que si elle avoit encore quelques soupçons sur sa
fidelité , il la supplioit par tout ce qu'il y a de
plus saint et de plus sacré , de concevoir des idées
plus favorables , et d'être persuadée qu'elle n'avoit
point d'Esclave qui exposât plus volontiers
sa vie que lui pour son service.
Le Roy réduit à la triste necessité de ménager
ce Traitre , répondit qu'il étoit persuadé de sa fidelité
, que c'étoit à lui , comme Premier Ministre
, de remédier aux désordres de l'Etat , et que
c'étoit dans ce dessein qu'il le faisoit dépositaire
de toute son autorité.
Après un assez long entretien avec le Roy,
Kouli-Kan sortit de la Sale d'Audiance environné
de tous les Courtisans ; et commençant de
faire usage de l'autorité qui venoit de lui être
confirmée , il fit arrêter deux des principaux Officiers
de la Couronne qui étoient les plus affectionnez
au Roy ; ils fuient par son ordre dépouillez
de tous leurs biens , releguez dans le Korassan
et leurs maisons abandonnées au pillage .
Ensuite , sous prétexte que Schah -Thamas vouloit
voir passer ses Troupes en revûë , il envoya
des ordres à son Aimée pour se rendre à Ispa
Hiiij
ham
372 MERCURE DE FRANCE
ham ; et feignant toujours qu'il agissoit par les
ordres du Roy , ce perfide Ministre réforma
tous les Officiers qu'il connoissoit attachez à leur
Souverain , et enrichit de leurs dépouilles ses
Creatures et les Soldats dont il avoit gagné l'affection
par ses liberalitez .
•
Les choses ainsi disposées , il proposa au Roy
de venir dans son Quartier , où il vouloit , disoitil
, le régaler splendidement , et cela pour faire
connoître au Peuple que S. M. lui avoit rendu
toute sa confiance , ce qui produiroit , disoit- il
un grand avantage pour son service. Schah- Thamas
se voyant en quelque maniere forcé de se
prêter aux insinuations de son Ministre , se rendit
le 9. de la Lune de Rebiuleuvel au Camp ,
éloigné , comme je l'ai dit , d'une lieüe de la
Ville , il y fut reçû avec tout l'honneur et tout
le respect qui lui étoit dû , Kouli - Kan l'engagea
d'y passer la nuit.
Mais le lendemain , ce Rebelle ayant fait assembler
les principaux Officiers de son Armée ,
de concert avec les Courtisans qu'il avoit engagés
dans son parti , il leur représenta le Roy comme
un Prince imbécile et absolument incapable
de gouverner l'Etat , il ne veut point , ajoûta - t'il ,
donner son consentement pour faire la guerre aux
Turcs ; c'est un Prince sans courage , il faut le
détrôner et établir en sa place Mirza - Abbas son
fils, il est,à la verité, encore au berceau , et n'a que
40. jours , mais je gouvernerai le Royaume en
qualité de Régent , toute la Terre s'appercevra
bien- tôt de ce changement.
Ce discours fut applaudi par les Partisans du
General, et les plus fideles serviteurs du Roy furent
contraints de dissimuler ; on se saisit en
même-temps de la personne du Prince , qui fut
d'abord
FEVRIER. 1733 373
d'abord mis en prison, et deux jours après il fut
conduit dans le Korassan , avec une escorte qui
eut ordre de passer par les Deserts et d'éviter
avec soin les lieux habitez , crainte que le Roy
ne fût enlevé par les Peuples. On n'a laissé à ce
malheureux Prince que deux Eunuques et quelques
Esclaves.
Le 17. du même mois , Kouli Kan se rendit à
Ispaham avec une pompe et une magnificence
Royale , et étant descendu au Palais des Rois , il
fir publier la déposition de Schah- Thamas et
l'avenement à la Couronne de Mirza - Abbas. En
même-temps ce Prince dans son berceau fut placé
sur un Trône où tous les Grands vinrent lui
rendre hommage ; cet Evenement fut annoncé
dans toutes les Mosquées , et l'on frappa de la
Monnoye au coin du nouveau Souverain.
Après cette cérémonie , le Rebelle Kouli - Kan ,
vêtu d'une Robbe Royale , portant une Couronne
sur sa tête , et placé sur le Trône , reçut
en qualité de Régent du Royaume , les compli- ,
mens de tous les Officiers de la Cour , il entra
ensuite dans la Harem de Thamas- Schah , y viola
la Soeur du Roy , fille de Schah- Hussein
Princesse d'une extrême beauté , et dont là vertu
étoit généralement révérée de toute la Perse , il
se saisit aussi du Trésor Royal et generalement
de tout ce qui appartenoit à la Couronne.
>
Je vous dirai , très- Honoré Seigneur , que cette
action est détestée de tous les Peuples , qui jusqu'alors
avoient consideré ce General comme le
Restaurateur de la Patrie , et le Ministre le plus
zelé que le Roy pût trouver. Cette opinion a dégeneré
en haine publique ; mais il ne se trouve
personne qui ait assez de résolution pour faire
paroître ses sentimens. La timidité des Peuples
Hv donne
174 MERCURE DE FRANCE
donne le temps à ce Rebelle de grossir son parti,
de se faire des créatures et d'écraser tous ceux
qui pourroient lui donner de l'ombrage . Les
cruautez , les rapines , les vexations sont inoüies ,
les Grands - Seigneurs passent tout d'un coup de
l'Etat le plus opulent à une extrême indigence ,
les Musulmans sont immolez dans les Mosquées ,
enfin je ne finirois point ma Lettre si j'entrois
dans le détail des abominations , des excès et de
tous les crimes qui se commettent ; toutes les richesses
qui sont abandonnées au pillage des Rebelles
, sont partagées entre les Troupes venues
du Korassan, dont Kouli - Kan se ménage l'affection
, et dont je vous envoye l'Etat détaillé avec
ma Lettre.
Ces Troupes lui sont si affectionnées qu'elles
répandroient tout leur sang pour son service , et
indépendemment de cette Arinée , qui est d'environ
25000 hommes , Cavalerie et Infanterie
il peut avec beaucoup de facilité mettre sur pied
encore 25000. hommes de Troupes d'élite .
Au reste , comme il est persuadé que Artille
rie Persanne n'est pas à comparer à celle des
Turcs , il a résolu d'attaquer le Turquestan par
trois differens endroits , afin d'occuper les Habitans
du Pays de façon qu'ils ne puissent donner
aucun secours au Séraskier , ne voulant risquer
aucun Evenement qui puisse dépendre de
Peffort de l'Artillerie Et si V. Ex , se renferme
avec ses Troupes dans Bagdat , Kouli- Kan se propose
de bloquer cette Place avec une partie de
son Armée , et d'employer l'autre partie à ravager
la campagne pour affamer la Place . L'orgueil
de ce Rebelle est si outré et son ambition si démesurée
, qu'il regarde tout le reste du Monde
Comine sa proye et sa conquête . Voilà , Seigneur,
la
FEVRIER. 1733- 375
la véritable situation des affaires de Perse. Au
reste , l'ordre et le commandement dépendent de
celui qui peut tout.
Ces nouvelles ayant été reçûës à la Porte , elles
ont donné lieu à un Conseil , auquel ont assisté
tous les Ministres et les Principaux de la Cour.
y a été déliberé que le G. S. écriroit des Let-
Il
tses à tous les Gouverneurs des Provinces de Perse
, pour les exciter à prendre les Armes , pour
vanger leur légitime Souverain , contre les entreprises
de ce nouvel Usurpateur ; avec promesse ,
de la part de Sa Hautesse , de les soûtenir de
toutes les forces de son Empire , dans une Guerre
si juste.
10. Novembre 1732. au sujet de la der
niere Révolution de Perse.
Près avoir été fort long - temps ici dans l'in-
Acertitude sur les affaires de Perse, on a reçû enfin
à la Porte des nouvelles d'Achmet - Pacha,Gouwerneur
de Bagdat ; et voici la traduction d'une
Lettre que ce Pacha a envoyée au G. S, et qui
lui avoit été écrite d'Ispaham le 26. Septembre
dernier par Abdilbaki Kan de Kirmanchah , qui
se trouvoit alors à la Cour de Perse
Les nouvelles que j'ai écrites à Votre Excellence,
très -Honoré et très- Magnifique Seigneur , vous
surprendront moins qu'un autre, parce que l'arrogance
et l'ambition sans bornes de Thamas Kouli-
Kan vous sont connues depuis long- temps ; voici
ce que j'ai à vous apprendre d'interessant qui
regarde la situation présente de cet Empire.
Thamas Kouli- Kan , après avoir subjugué la
Province de Yerak , s'étoit livré à des idées ambitieuses
, qui lui avoient fait concevoir le dessein
de s'emparer de la Couronne de Perse ; et
comme il lui falloit un prétexte pour s'approcher
d'Ispaham , il publia qu'il vouloit faire la
guerre à l'Empire Ottoman , et sans attendre
d'ordres formels de Schah - Thamas , il parut disposer
son Armée à se mettre en marche.
Le Roy de Perse , à qui la conduite de son
Premier Ministre étoit devenuë suspecte , comme
V ,
FEVRIER . 1733. 367
V. E. en a été déja informée , et qui avoit connoissance
de ses projets ambitieux , lui écrivit
de ne pas s'avancer avec l'Armée et d'attendre
ses ordres dans le Khorassan . Thamas Kouli- Kan,
qui avoit ses vûes , obéit et se contenta de supplier
le Roy par des Lettres très - soumises , en
apparence , de lui envoyer ceux de ses Officiers
ou Ministres en qui il auroit le plus de confiance
, pour qu'il pût conferer avec eux sur les interêts
de l'Etat, et leur communiquer ses desseins et
ses vûës.
>
Thamas- Schah ne se refusa pas à cette proposition
, il nomma plusieurs Députez qu'il choisit
parmi les Seigneurs les plus qualifiez de sa Cour,
et qui lui étoient le plus affidez. Ceux - cy se rendirent
à l'Armée de Kouli - Kan et ce General
pour les engager à ajoûter plus de foi à ses paroles,
destina pour le Lieu de la Conference , l'enceinte
du Tombeau de l'Iman * Riza , Personnage
tenu pour Saint et extrêmement réveré parmi
les Persans. Il commença la Conférence par donner
aux Députez des assurances de la sincerité de
de ses sentimens , qu'il accompagna des sermens
les plus terribles , leur disant qu'il n'avoit rien
tant coeur que d'en donner des preuves à son
Souverain ; que les soupçons du Roy , dont il
avoit lieu de s'appercevoir , le mettoient au désespoir
, qu'il les prioit de les effacer de l'esprit
de ce Prince , et enfin qu'il n'avoit point d'autre
vûë , en voulant conduire P'Armée dans la Province
d'Ispaham , que de la faire passer vers les
Il faut lire Ali - Ridha , le VIII. des 12 .
fameux Imans , ou Chefs de la Religion Musulmane
, descendans d'Ali et reconnus tels par les
Persans , &c.
Hij Fron368
MERCURE DE FRANCE
6
Frontieres de Turquie pour vanger l'Empire de
toutes les cruautez que les Turcs avoient exercées
dans les differentes Provinces de Perse .
Les Députez se laisserent tromper à ces apparences
de sincerité et de bonne foi , et Thamas
Kouli- Kan les renvoya en les chargeant d'une
Lettre pour le Roy , par laquelle il marquoit à
ce Prince qu'il ne se regardoit que comme le der
nier de ses Esclaves , qu'il n'avoit d'autre ambition
que celle de travailler pour son service et
pour sa gloire , que cependant lorsqu'il se seroit
approché d'Ispaham avcc l'Armée , il ne feroit
aucune démarche sans son ordre.
Le Roy ayant reçû cette Lettre , bien loin d'a
joûter foi aux protestations de son General , sortit
d'Ispaham avec ses femmes et tous ses Effets
les plus précieux , et alla camper à cinq journées
delà dans un lieu appellé Serchemé , dans l'ancienne
Bactriane , à dessein de ramasser autant
de Troupes qu'il lui seroit possible, et d'en for-
- mer un Corps d'Armée capable , en cas de besoin
, de résister aux forces de Kouli - Kan , résolu
à tout évenement , et dans le cas d'une
grande extrémité , de se réfugier dans les Etats
du G. S.
Cependant ce Prince , qui au péril de sa vie ,
vouloit maintenir le dernier Traité conclu avec
la Porte , écrivit à son Géneral les raisons les
plus fortes pour le détourner de faire la guerre
aux Turcs au préjudice de ce Traité , ajoutant
que s'il aimoit tant la gloire et la prosperité de
la Perse , il pouvoit signaler sa valeur en portant
la guerre dans le Pays des Tartares Usbecs , dans
celui des Aghuans et jusques dans les Indes , qui
lui offroient des Pays assez vastes pour contenter
son ambition ; qu'en un mot il lui deffendoit
trèss
FEVRIER. 1733. 369
très - expressément et sous peine de desobeïssance
, de faire avancer son armée dans la Province
d'Ispaham .
Sur des ordres si précis , Kouli- Kan prit le
parti de feindre , dit qu'il étoit disposé d'obéir ,
et il en écrivit en ces termes au Roy son Maître ,
ajoutant seulement qu'il étoit d'avis d'envoyer un
Ambassadeur à la Porte pour demander la restitution
des Provinces dont le G. S. avoit conservé
la possession par le dernier Traité , et qu'en attendant
le retour de l'Ambassadeur , il resteroit
campé avec l'Armée à Serahanende. Mais dans
le même- temps qu'il paroissoit si soumis , il
écrivit à tous les amis qu'il avoit à la Cour , οὐ
son crédit et son autorité lui en avoient fait
un grand nombre , de mettre tout en usage pour
effacer les soupçons du Roy , et de l'engager ,
force de prieres , à quitter son Camp et à rentrer
dans sa Capitale.
Les Partisans de Kouli- Kan s'employerent ave
tant de zele et parlerent si efficacement en faveur
de sa prétendue fidelité , qu'ils dissiperent en
partie les soupçons de Schah- Thamas , mettant
en oeuvre toute sorte d'artifice pour le rassurer,
ensorte que ce malheureux Prince se laissant enfin
entierement persuader , quitta son Camp et
rentra dans Ispaham .
A peine le General en eut reçu l'avis , qu'il
quitta Serahanende et sa premiere démarche fut
d'envoyer ses Officiers les plus affidez avec de petits
corps de Troupes occuper les postes les plus
importans des environs d'Ispaham ; desorte qu'en
peu de temps il se vit maître de tous les passages
par où le Roy auroit pû sortir de cette Ville
qu'il tint , pour ainsi dire , bloquée , prenant en
même-temps des précautions pour que l'on ob-
H iij
servât
?
370 MERCURE DE FRANCE
servât tous les mouvemens de ce Prince , er pour
qu'il ne lui fût pas possible de prendre la fuite.
Après avoir ainsi disposé les choses il écrivit
à ses amis qui étoient auprès de Schah- Thamas ,
d'engager ce Prince à l'inviter de se rendre auprès
de sa Personne. Le Roy s'apperçut trop
tard de la facilité avec laquelle il avoit ajoûté foi
aux paroles de son General ; mais se voyant environné
de ses Ennemis , sans secours et hors
d'état de rien entreprendre , il fut contraint de
suivre les mouvemens qu'on lui inspiroit et de
concourir lui- même à sa perte .
Il écrivit de sa propre main à Thamas Kouli-
Kan , pour l'inviter à venir recevoir des marques
de sa satisfaction et de sa bienveillance . Ce perfide
Ministre n'eut pas plutôt reçû la Lettre du
Roy qu'il s'avança vers Ispaham , suivi de son
Armée , Schah - Thamas en étant averti , donna
des ordres pour qu'on lui fit une Entrée magni- '
fique , il vouloit aller lui-même à sa rencontre
pour l'honorer davantage ; mais le General craignant
que dans une cérémonie qui alloit donner
lieu à un si grand concours de Peuple , on n'attentât
à sa vie , refusa , sous les apparences d'une
feinte modestie , les honneurs qu'on lui offroit ,
et fit dire au Roy qu'il se rendroit dans son
Quartier suivi de peu de monde.
Il arriva le cinq de la Lune de Rebiulakhir à
une Maison Royale qui n'est éloignée d'Ispaham
que d'une lieue. Il fit camper son Armée aux environs
, et après y avoir séjourné deux jours , il
fit demander au Roy une Audiance , en exigeant
dé ce Prince qu'il seroit seul dans la Sale où il le
recevroit , ce qui lui ayant été accordé , il entra
dans Ispaham avec quelques Troupes et les principaux
Officiers de son Armée. Il fut introduit devant
FEVRIER: 1733. 371
vant le Roy, et au lieu de se présenter dans l'état
respectueux qui convient à un Sujet , il s'assit en
la présence du Roy, sans en avoir obtenu la permission
; mais quoique par cette démarche il eûg
laissé appercevoir son orgueil , il ne laissa pas
d'employer encore la feinte.
Il s'approcha du Trône où Schah- Thamas étoit
assis , et dit à ce Prince qu'il étoit son premier
Ministre , et qu'en cette qualité le soin des affai
res de l'Etat et de la Famille Royale le regardoit,
que S. M. devoit être persuadée de sa fidelité par
les services importans qu'il lui avoit rendus , mais
que si elle avoit encore quelques soupçons sur sa
fidelité , il la supplioit par tout ce qu'il y a de
plus saint et de plus sacré , de concevoir des idées
plus favorables , et d'être persuadée qu'elle n'avoit
point d'Esclave qui exposât plus volontiers
sa vie que lui pour son service.
Le Roy réduit à la triste necessité de ménager
ce Traitre , répondit qu'il étoit persuadé de sa fidelité
, que c'étoit à lui , comme Premier Ministre
, de remédier aux désordres de l'Etat , et que
c'étoit dans ce dessein qu'il le faisoit dépositaire
de toute son autorité.
Après un assez long entretien avec le Roy,
Kouli-Kan sortit de la Sale d'Audiance environné
de tous les Courtisans ; et commençant de
faire usage de l'autorité qui venoit de lui être
confirmée , il fit arrêter deux des principaux Officiers
de la Couronne qui étoient les plus affectionnez
au Roy ; ils fuient par son ordre dépouillez
de tous leurs biens , releguez dans le Korassan
et leurs maisons abandonnées au pillage .
Ensuite , sous prétexte que Schah -Thamas vouloit
voir passer ses Troupes en revûë , il envoya
des ordres à son Aimée pour se rendre à Ispa
Hiiij
ham
372 MERCURE DE FRANCE
ham ; et feignant toujours qu'il agissoit par les
ordres du Roy , ce perfide Ministre réforma
tous les Officiers qu'il connoissoit attachez à leur
Souverain , et enrichit de leurs dépouilles ses
Creatures et les Soldats dont il avoit gagné l'affection
par ses liberalitez .
•
Les choses ainsi disposées , il proposa au Roy
de venir dans son Quartier , où il vouloit , disoitil
, le régaler splendidement , et cela pour faire
connoître au Peuple que S. M. lui avoit rendu
toute sa confiance , ce qui produiroit , disoit- il
un grand avantage pour son service. Schah- Thamas
se voyant en quelque maniere forcé de se
prêter aux insinuations de son Ministre , se rendit
le 9. de la Lune de Rebiuleuvel au Camp ,
éloigné , comme je l'ai dit , d'une lieüe de la
Ville , il y fut reçû avec tout l'honneur et tout
le respect qui lui étoit dû , Kouli - Kan l'engagea
d'y passer la nuit.
Mais le lendemain , ce Rebelle ayant fait assembler
les principaux Officiers de son Armée ,
de concert avec les Courtisans qu'il avoit engagés
dans son parti , il leur représenta le Roy comme
un Prince imbécile et absolument incapable
de gouverner l'Etat , il ne veut point , ajoûta - t'il ,
donner son consentement pour faire la guerre aux
Turcs ; c'est un Prince sans courage , il faut le
détrôner et établir en sa place Mirza - Abbas son
fils, il est,à la verité, encore au berceau , et n'a que
40. jours , mais je gouvernerai le Royaume en
qualité de Régent , toute la Terre s'appercevra
bien- tôt de ce changement.
Ce discours fut applaudi par les Partisans du
General, et les plus fideles serviteurs du Roy furent
contraints de dissimuler ; on se saisit en
même-temps de la personne du Prince , qui fut
d'abord
FEVRIER. 1733 373
d'abord mis en prison, et deux jours après il fut
conduit dans le Korassan , avec une escorte qui
eut ordre de passer par les Deserts et d'éviter
avec soin les lieux habitez , crainte que le Roy
ne fût enlevé par les Peuples. On n'a laissé à ce
malheureux Prince que deux Eunuques et quelques
Esclaves.
Le 17. du même mois , Kouli Kan se rendit à
Ispaham avec une pompe et une magnificence
Royale , et étant descendu au Palais des Rois , il
fir publier la déposition de Schah- Thamas et
l'avenement à la Couronne de Mirza - Abbas. En
même-temps ce Prince dans son berceau fut placé
sur un Trône où tous les Grands vinrent lui
rendre hommage ; cet Evenement fut annoncé
dans toutes les Mosquées , et l'on frappa de la
Monnoye au coin du nouveau Souverain.
Après cette cérémonie , le Rebelle Kouli - Kan ,
vêtu d'une Robbe Royale , portant une Couronne
sur sa tête , et placé sur le Trône , reçut
en qualité de Régent du Royaume , les compli- ,
mens de tous les Officiers de la Cour , il entra
ensuite dans la Harem de Thamas- Schah , y viola
la Soeur du Roy , fille de Schah- Hussein
Princesse d'une extrême beauté , et dont là vertu
étoit généralement révérée de toute la Perse , il
se saisit aussi du Trésor Royal et generalement
de tout ce qui appartenoit à la Couronne.
>
Je vous dirai , très- Honoré Seigneur , que cette
action est détestée de tous les Peuples , qui jusqu'alors
avoient consideré ce General comme le
Restaurateur de la Patrie , et le Ministre le plus
zelé que le Roy pût trouver. Cette opinion a dégeneré
en haine publique ; mais il ne se trouve
personne qui ait assez de résolution pour faire
paroître ses sentimens. La timidité des Peuples
Hv donne
174 MERCURE DE FRANCE
donne le temps à ce Rebelle de grossir son parti,
de se faire des créatures et d'écraser tous ceux
qui pourroient lui donner de l'ombrage . Les
cruautez , les rapines , les vexations sont inoüies ,
les Grands - Seigneurs passent tout d'un coup de
l'Etat le plus opulent à une extrême indigence ,
les Musulmans sont immolez dans les Mosquées ,
enfin je ne finirois point ma Lettre si j'entrois
dans le détail des abominations , des excès et de
tous les crimes qui se commettent ; toutes les richesses
qui sont abandonnées au pillage des Rebelles
, sont partagées entre les Troupes venues
du Korassan, dont Kouli - Kan se ménage l'affection
, et dont je vous envoye l'Etat détaillé avec
ma Lettre.
Ces Troupes lui sont si affectionnées qu'elles
répandroient tout leur sang pour son service , et
indépendemment de cette Arinée , qui est d'environ
25000 hommes , Cavalerie et Infanterie
il peut avec beaucoup de facilité mettre sur pied
encore 25000. hommes de Troupes d'élite .
Au reste , comme il est persuadé que Artille
rie Persanne n'est pas à comparer à celle des
Turcs , il a résolu d'attaquer le Turquestan par
trois differens endroits , afin d'occuper les Habitans
du Pays de façon qu'ils ne puissent donner
aucun secours au Séraskier , ne voulant risquer
aucun Evenement qui puisse dépendre de
Peffort de l'Artillerie Et si V. Ex , se renferme
avec ses Troupes dans Bagdat , Kouli- Kan se propose
de bloquer cette Place avec une partie de
son Armée , et d'employer l'autre partie à ravager
la campagne pour affamer la Place . L'orgueil
de ce Rebelle est si outré et son ambition si démesurée
, qu'il regarde tout le reste du Monde
Comine sa proye et sa conquête . Voilà , Seigneur,
la
FEVRIER. 1733- 375
la véritable situation des affaires de Perse. Au
reste , l'ordre et le commandement dépendent de
celui qui peut tout.
Ces nouvelles ayant été reçûës à la Porte , elles
ont donné lieu à un Conseil , auquel ont assisté
tous les Ministres et les Principaux de la Cour.
y a été déliberé que le G. S. écriroit des Let-
Il
tses à tous les Gouverneurs des Provinces de Perse
, pour les exciter à prendre les Armes , pour
vanger leur légitime Souverain , contre les entreprises
de ce nouvel Usurpateur ; avec promesse ,
de la part de Sa Hautesse , de les soûtenir de
toutes les forces de son Empire , dans une Guerre
si juste.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Constantinople le 10. Novembre 1732. au sujet de la derniere Révolution de Perse.
En novembre 1732, des informations provenant de Perse atteignent Constantinople, révélant les ambitions de Thamas Kouli-Kan, gouverneur de Bagdad. Kouli-Kan, après avoir soumis la province de Yerak, aspire à la couronne perse et justifie son avancée vers Ispahan par une prétendue guerre contre l'Empire Ottoman. Le roi de Perse, Thamas Schah, méfiant, ordonne à son ministre de rester au Khorassan. Kouli-Kan, feignant la soumission, demande des députés pour discuter des intérêts de l'État. Le roi envoie des représentants, trompés par les assurances de Kouli-Kan, qui les renvoie avec une lettre affirmant sa loyauté. Cependant, le roi, toujours méfiant, quitte Ispahan pour rassembler des troupes. Kouli-Kan, tout en feignant l'obéissance, consolide son pouvoir et bloque Ispahan. Il invite ensuite le roi à une audience où il se comporte de manière insolente. Forcé par les circonstances, le roi confirme son autorité. Kouli-Kan arrête des officiers loyaux, réforme l'armée en enrichissant ses partisans, et organise une fête où il destitue le roi, le fait emprisonner et l'exile au Khorassan. Il proclame Mirza Abbas, fils du roi, comme nouveau souverain et se proclame régent. Kouli-Kan s'empare du trésor royal et viole la sœur du roi, une action détestée par le peuple perse. En 1733, Kouli-Kan, perçu comme un restaurateur de la Patrie et un ministre zélé, a suscité une haine publique sans que personne ose s'opposer à lui. Profitant de la timidité du peuple, il a renforcé son pouvoir, commis des atrocités et pillé les richesses du pays. Ses troupes, principalement venues du Khorassan, lui sont loyales et nombreuses, totalisant environ 50 000 hommes. Kouli-Kan prévoit d'attaquer le Turquestan par trois points différents pour empêcher les habitants de secourir le Séraskier, évitant ainsi de dépendre de l'artillerie. Il envisage également de bloquer Bagdad et de ravager la campagne pour affamer la ville. Son ambition démesurée le pousse à considérer le monde entier comme sa proie. À la suite de ces nouvelles, un conseil à la Porte ottomane a décidé d'écrire aux gouverneurs des provinces persanes pour les inciter à prendre les armes contre Kouli-Kan, promettant le soutien de l'Empire ottoman.
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32
p. 819-824
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Nicolas de Vatteville, Lieutenant des Gardes du Corps, Compagnie d'Harcourt, [...]
Mots clefs :
Marquis de Saint-Chamant, Armées du roi, Château, Général, Mademoiselle de Saint-Chamant, Marquis de Wargemont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS
N
?
NAISSANCES
et Mariages.
Icolas de Vatteville , Lieutenant des Gar¬
des du Corps , Compagnie d'Harcourt ,
mourut à Paris , le 3 Février dernier , àgé de 32
ans.
> Le Marquis de Nerestang , Duc de Gadagne
Brigadier des armées du Roy , cy- devant Gui
don de Gendarmerie , y mourut le 7 du même
mois , âgé de 60 ans.
N. Cailly Delpech , premier Avocat General
de la Cour des Aydes , mourut à Paris le & Mars
Agé d'environ 60 ans.
Le Chevalier de Belfond , chef de Brigade
Gardes du Corps, Compagnie d'Harcourt,mourut
à Versailles , le 9 du même mois , âgé de 66
ans.
N. de Chausserais, mourut au Château de Madrid
, dans le Bois de Boulogne , le 24 Mars ,
âgée de 75 ans. Elle avoit été fille d'honneur de
feue MADAME.
Louis - Euverte Angran , Maître des Requêres
, Intendant du Commerce , mourut le 17 de
ee mois , âgé d'environ 51 ans.
I'v Pierre
820 MERCURE DE FRANCE
Pierre- Jacques -Joseph Ferdinand de , Blondel,
Chevalier , Baron d'Oud nove , Seigneur de Michelbek
, Lillers , Villiers , &c. Brigadier des
Armées du Roy , mourut le même jour , âgé de-
62 ans.
Louis de la Vergne de Tressan , Archevêque
de Rouen , Abbé des Abbayes de Long- pont , de
Bonneval , et d'Espau , mourut à Gaillon le 18
de ce mois , âgé de 63 ans. Il avoit été premier
Aumônier de feu Monsieur le Duc d'Orleans.
D. Marie-Madelaine le Franc , veuve de Claude
Arnould Poncher , Maître des Requêtes
, &c. mourut le 19 , âgée d'environ 70
ans.
Louis - Pierre Scipion de Grimoard , Comte du
Roure , déceda en son Château de Barsac , le 24
Avril , âgé de 86 ans et 7 mois ; il étoit Lieutenant
General de la Province de Languedoc , et
Gouverneur de la Ville et Citadelle du Pont Saint
Esprit ; à l'âge de 22 ans , le feu Roy , qui l'aimoit
beaucoup et qui l'a toujours honoré de ses
bontez , lui donna un Régiment de Cavalerie ; et
connoissant son mérite , il lui confia le Commandement
de toutes les Troupes qui étoient en
Languedoc , dans la premiere Guerre des Huguenots
, et un détachement considérable de Sa
Maison , qui étoit aussi à ses Ordres , quoique
commandée par d'anciens Officiers Généraux .
Il laisse le Comte du Roure , fils , Gouverneur
de la Ville et Citadelle du Pont- Saint-Esprit, Brigadier
des Armées du Roy , et le Marquis du
Roure , son petit - fils , Cornette des Mousquetaires
Gris.
e. D. Françoise - Elizabeth de Lamoignon , épouse
de Jean Aymar Nicolaï , Marquis de Goussainille,
Premier Président de la Chambre des Comptcs
AVRIL. 1733 821
ptes , mourut à Paris le 27 , dans la 55 année de
son âge.
D. Henriette de Fitzjames , Dame du Palais de
la Reine , épouse de Jean- Baptiste - Louis Clermont
d'Amboise , Marquis de Resnel , Comte
de Chiverni , &c. Gouverneur de Chaumont , eg
Grand-Baillif de Provins , Colonel du Régiment
de Santerre , accoucha le 21 Mars , d'une fille ,
qui fut baptisée par l'Abbé de Fitzjames , Abbé
de l'Abbaie Royale de S. Victor, et nommée Diane-
Jacquete-Louise- Henriette , par Jacques de
Fitzjames , Duc de Liria , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy d'Espagne , Chevalier de
la Toison d'or, et de l'Aigle blanc , Grand d'Es
pagne , de la premiere Classe , cy- devant Ame
bassadeur de S M. C. auprès de l'Empereur es
de la Czarine, et par D. Diane de Clermont Gal
lerande , Epouse du Marquis de Clermont Saint
Aignan , Inspecteur General de la Cavalerie.
Dame Marie Elisabeth de Chamillard , Epouse
de Daniel- Marie - Anne de Talegrand de Périgord
, Marquis de Talegrand , accoucha le 23
d'Avril , à Versailles , d'une fille , qui fut nom
mée Marie-Henriette , par Henry de Chamil
lard. , Marquis de Courcelles , et par Demoisel
le Marie-Marguerite - Françoise de Talegrand de
Périgord , fille de Jean - Charles de Talegrand
de Périgord , Prince de Chalais , Grand d'Es
pagne ; et de Marie. Françoise de Rochechouart
de Mortemar , Dame du Palais de la Reine.
Nous avons parlé dans le Mercure du mois
passé du Mariage de M. le Marquis de Warges
mont , avec Madamoiselle de Saint-Chamant
sur quoi nous avons omis quelques circonstan
1 aj
ces
822 MERCURE DE FRANCE
ces , faute d'instruction , ausquelles nous sup
plérons volontiers icy.
La Cérémonie de la Célébration fut faite la
nuit du 10 Mars , par M. de la Chaize , Docteur
en Théologie et Curé des Paroisses de Vitlenauxce
, en l'absence de M. l'Evêque de Troyes,
qui devoit faire cette Célébration.
Dès les six heures du matin on sonna toutes
les Cloches des deux Paroisses , et de l'Abbaye
des Bénédictins , ce qui dura jusqu'au soir ; on
fit sur les Remparts et aux environs du Château,
dé fréquentes décharges de Canon .
La Milice Bourgeoise, au nombre de 400 hommes
, ayant à leur tête les Principaux Officiers ,
et les Chevaliers de l'Arquebuse , parût sous les
Armes, et accompagna , au son des Tambours
des Trompettes , des Haut bois , & c. le Corps
de Justice de la Ville , quand il alla complimenter
les nouveaux mariez.
M. Joblet , Procureur Fiscal , et de l'Elections,
porta la parole pour le Corps de Justice ; et M.
Rivet , Maire de la Ville , parla pour les Habitans.
M. de Wargemont répondit avec toute la
politesse possible ; le peuple ne cessoit cependant
de faire des acclamations , et la Milice termina
cette cérémonie par une décharge generale .
A l'entrée de la nuit la Façade du Château qui
regarde la Prairie , parut toute illuminée , avec
autant de goût que de magnificence , par le
moyen de plusieurs grands Lustres , et de quantité
de Flambeaux , outre une infinité de Lampions
, dont on avoit bordé les croisées . De plus
on avoit placé autour des Fossez et du principal
Canal , un tres -grand nombre de Terrines, dont
les lumieres éclairoient doublement par la réverbération
des Eaux, Un monde infini répandu
dans
AVRIL. 17338 825
dans toute cette grande Prairie , coupée par divers
Canaux , attiré par le bruit de la Fête,chargé
de Falots, de Lanternes, &c. formoit une autre
espece d'illumination , qui éclairoit toute la
campagne aux environs.
Au milieu de cette Prairie et en face du Château ,
on avoit dressé sur quatre Pilliers un grand Feu
d'Artifice , orné de Peintures , d'Emblemes et de
Devises convenables au sujet. Le Prince de Tingry
y mit le feu , et l'exécution suivit avec une si
agréable variété et tant de succès , que tout le
monde en parut satisfait ; on tiroit en mêmetemps
des Fusées et d'autres Artifices de la Tour
de la principale Eglise. Enfin des Gerbes et des
Soleils de feu terminerent tout ce brillant Spectacle
qui dura pendant deux heures.
Il y eut ensuite dans le Château un magnifique
Repas . On tira le Canon à l'entrée et à la sortie
de Table. On avoit aussi dressé des Tables pour
les principaux Officiers de Justice et Bourgeois
de la Ville ; les Cours et les avenuës du Château
étoient pleines de Fontaines de Vin , que Mada.
me de Saint Chamant cut soin de faire couler
en abondance.
Le Dimanche suivant le Marquis et la Marquise
de Wargemont , nouveaux mariez, le Prin
ce de Tingry , le Marquis de Savines , Lieutenant
General des Armées du Roy , vinrent avec
la Marquise de Saint - Chamant, assister à la Messe
Paroissiale; ils furent reçus à la Porte de l'Eglise
par le Clergé Séculier et Régulier.. A la fin
de la Messe , chantée solemnellement par le mê.
me Clergé , on chanta le Te Deum , au bruit du
Canon et de la Mousqueterie de la Milice Bourgeoise
, qui étoit autour de l'Eglise. A la sortie,
Te Marquis de wargemont fit. distribuer des Au
mânes
824 M
MERCERE
DE
FRANCE
mones considerables aux Pauvres de la Paroisse.
On ne vit jamais un plus grand empressement,
à marquer de la joie et du zéle , que celui qui a
paru de la des Habitans de cette Ville , qui
conserveront un souvenir éternel des bienfaits,
qu'ils ont reçûs en differentes occasions de feu
M. le Marquls de Saint-Chamant , & c.
N
?
NAISSANCES
et Mariages.
Icolas de Vatteville , Lieutenant des Gar¬
des du Corps , Compagnie d'Harcourt ,
mourut à Paris , le 3 Février dernier , àgé de 32
ans.
> Le Marquis de Nerestang , Duc de Gadagne
Brigadier des armées du Roy , cy- devant Gui
don de Gendarmerie , y mourut le 7 du même
mois , âgé de 60 ans.
N. Cailly Delpech , premier Avocat General
de la Cour des Aydes , mourut à Paris le & Mars
Agé d'environ 60 ans.
Le Chevalier de Belfond , chef de Brigade
Gardes du Corps, Compagnie d'Harcourt,mourut
à Versailles , le 9 du même mois , âgé de 66
ans.
N. de Chausserais, mourut au Château de Madrid
, dans le Bois de Boulogne , le 24 Mars ,
âgée de 75 ans. Elle avoit été fille d'honneur de
feue MADAME.
Louis - Euverte Angran , Maître des Requêres
, Intendant du Commerce , mourut le 17 de
ee mois , âgé d'environ 51 ans.
I'v Pierre
820 MERCURE DE FRANCE
Pierre- Jacques -Joseph Ferdinand de , Blondel,
Chevalier , Baron d'Oud nove , Seigneur de Michelbek
, Lillers , Villiers , &c. Brigadier des
Armées du Roy , mourut le même jour , âgé de-
62 ans.
Louis de la Vergne de Tressan , Archevêque
de Rouen , Abbé des Abbayes de Long- pont , de
Bonneval , et d'Espau , mourut à Gaillon le 18
de ce mois , âgé de 63 ans. Il avoit été premier
Aumônier de feu Monsieur le Duc d'Orleans.
D. Marie-Madelaine le Franc , veuve de Claude
Arnould Poncher , Maître des Requêtes
, &c. mourut le 19 , âgée d'environ 70
ans.
Louis - Pierre Scipion de Grimoard , Comte du
Roure , déceda en son Château de Barsac , le 24
Avril , âgé de 86 ans et 7 mois ; il étoit Lieutenant
General de la Province de Languedoc , et
Gouverneur de la Ville et Citadelle du Pont Saint
Esprit ; à l'âge de 22 ans , le feu Roy , qui l'aimoit
beaucoup et qui l'a toujours honoré de ses
bontez , lui donna un Régiment de Cavalerie ; et
connoissant son mérite , il lui confia le Commandement
de toutes les Troupes qui étoient en
Languedoc , dans la premiere Guerre des Huguenots
, et un détachement considérable de Sa
Maison , qui étoit aussi à ses Ordres , quoique
commandée par d'anciens Officiers Généraux .
Il laisse le Comte du Roure , fils , Gouverneur
de la Ville et Citadelle du Pont- Saint-Esprit, Brigadier
des Armées du Roy , et le Marquis du
Roure , son petit - fils , Cornette des Mousquetaires
Gris.
e. D. Françoise - Elizabeth de Lamoignon , épouse
de Jean Aymar Nicolaï , Marquis de Goussainille,
Premier Président de la Chambre des Comptcs
AVRIL. 1733 821
ptes , mourut à Paris le 27 , dans la 55 année de
son âge.
D. Henriette de Fitzjames , Dame du Palais de
la Reine , épouse de Jean- Baptiste - Louis Clermont
d'Amboise , Marquis de Resnel , Comte
de Chiverni , &c. Gouverneur de Chaumont , eg
Grand-Baillif de Provins , Colonel du Régiment
de Santerre , accoucha le 21 Mars , d'une fille ,
qui fut baptisée par l'Abbé de Fitzjames , Abbé
de l'Abbaie Royale de S. Victor, et nommée Diane-
Jacquete-Louise- Henriette , par Jacques de
Fitzjames , Duc de Liria , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy d'Espagne , Chevalier de
la Toison d'or, et de l'Aigle blanc , Grand d'Es
pagne , de la premiere Classe , cy- devant Ame
bassadeur de S M. C. auprès de l'Empereur es
de la Czarine, et par D. Diane de Clermont Gal
lerande , Epouse du Marquis de Clermont Saint
Aignan , Inspecteur General de la Cavalerie.
Dame Marie Elisabeth de Chamillard , Epouse
de Daniel- Marie - Anne de Talegrand de Périgord
, Marquis de Talegrand , accoucha le 23
d'Avril , à Versailles , d'une fille , qui fut nom
mée Marie-Henriette , par Henry de Chamil
lard. , Marquis de Courcelles , et par Demoisel
le Marie-Marguerite - Françoise de Talegrand de
Périgord , fille de Jean - Charles de Talegrand
de Périgord , Prince de Chalais , Grand d'Es
pagne ; et de Marie. Françoise de Rochechouart
de Mortemar , Dame du Palais de la Reine.
Nous avons parlé dans le Mercure du mois
passé du Mariage de M. le Marquis de Warges
mont , avec Madamoiselle de Saint-Chamant
sur quoi nous avons omis quelques circonstan
1 aj
ces
822 MERCURE DE FRANCE
ces , faute d'instruction , ausquelles nous sup
plérons volontiers icy.
La Cérémonie de la Célébration fut faite la
nuit du 10 Mars , par M. de la Chaize , Docteur
en Théologie et Curé des Paroisses de Vitlenauxce
, en l'absence de M. l'Evêque de Troyes,
qui devoit faire cette Célébration.
Dès les six heures du matin on sonna toutes
les Cloches des deux Paroisses , et de l'Abbaye
des Bénédictins , ce qui dura jusqu'au soir ; on
fit sur les Remparts et aux environs du Château,
dé fréquentes décharges de Canon .
La Milice Bourgeoise, au nombre de 400 hommes
, ayant à leur tête les Principaux Officiers ,
et les Chevaliers de l'Arquebuse , parût sous les
Armes, et accompagna , au son des Tambours
des Trompettes , des Haut bois , & c. le Corps
de Justice de la Ville , quand il alla complimenter
les nouveaux mariez.
M. Joblet , Procureur Fiscal , et de l'Elections,
porta la parole pour le Corps de Justice ; et M.
Rivet , Maire de la Ville , parla pour les Habitans.
M. de Wargemont répondit avec toute la
politesse possible ; le peuple ne cessoit cependant
de faire des acclamations , et la Milice termina
cette cérémonie par une décharge generale .
A l'entrée de la nuit la Façade du Château qui
regarde la Prairie , parut toute illuminée , avec
autant de goût que de magnificence , par le
moyen de plusieurs grands Lustres , et de quantité
de Flambeaux , outre une infinité de Lampions
, dont on avoit bordé les croisées . De plus
on avoit placé autour des Fossez et du principal
Canal , un tres -grand nombre de Terrines, dont
les lumieres éclairoient doublement par la réverbération
des Eaux, Un monde infini répandu
dans
AVRIL. 17338 825
dans toute cette grande Prairie , coupée par divers
Canaux , attiré par le bruit de la Fête,chargé
de Falots, de Lanternes, &c. formoit une autre
espece d'illumination , qui éclairoit toute la
campagne aux environs.
Au milieu de cette Prairie et en face du Château ,
on avoit dressé sur quatre Pilliers un grand Feu
d'Artifice , orné de Peintures , d'Emblemes et de
Devises convenables au sujet. Le Prince de Tingry
y mit le feu , et l'exécution suivit avec une si
agréable variété et tant de succès , que tout le
monde en parut satisfait ; on tiroit en mêmetemps
des Fusées et d'autres Artifices de la Tour
de la principale Eglise. Enfin des Gerbes et des
Soleils de feu terminerent tout ce brillant Spectacle
qui dura pendant deux heures.
Il y eut ensuite dans le Château un magnifique
Repas . On tira le Canon à l'entrée et à la sortie
de Table. On avoit aussi dressé des Tables pour
les principaux Officiers de Justice et Bourgeois
de la Ville ; les Cours et les avenuës du Château
étoient pleines de Fontaines de Vin , que Mada.
me de Saint Chamant cut soin de faire couler
en abondance.
Le Dimanche suivant le Marquis et la Marquise
de Wargemont , nouveaux mariez, le Prin
ce de Tingry , le Marquis de Savines , Lieutenant
General des Armées du Roy , vinrent avec
la Marquise de Saint - Chamant, assister à la Messe
Paroissiale; ils furent reçus à la Porte de l'Eglise
par le Clergé Séculier et Régulier.. A la fin
de la Messe , chantée solemnellement par le mê.
me Clergé , on chanta le Te Deum , au bruit du
Canon et de la Mousqueterie de la Milice Bourgeoise
, qui étoit autour de l'Eglise. A la sortie,
Te Marquis de wargemont fit. distribuer des Au
mânes
824 M
MERCERE
DE
FRANCE
mones considerables aux Pauvres de la Paroisse.
On ne vit jamais un plus grand empressement,
à marquer de la joie et du zéle , que celui qui a
paru de la des Habitans de cette Ville , qui
conserveront un souvenir éternel des bienfaits,
qu'ils ont reçûs en differentes occasions de feu
M. le Marquls de Saint-Chamant , & c.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En 1733, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Parmi eux, Icolas de Vatteville, Lieutenant des Gardes du Corps, est décédé à Paris le 3 février à l'âge de 32 ans. Le Marquis de Nerestang, Duc de Gadagne et Brigadier des armées du Roy, est mort le 7 février à 60 ans. N. Cailly Delpech, premier Avocat Général de la Cour des Aydes, a décédé le 6 mars à environ 60 ans. Le Chevalier de Belfond, chef de Brigade des Gardes du Corps, est mort à Versailles le 9 mars à 66 ans. N. de Chausserais est décédée au Château de Madrid dans le Bois de Boulogne le 24 mars à 75 ans. Louis-Euverte Angran, Maître des Requêtes et Intendant du Commerce, est mort le 17 mars à environ 51 ans. Pierre-Jacques-Joseph Ferdinand de Blondel, Chevalier et Brigadier des armées du Roy, est décédé le 17 mars à 62 ans. Louis de la Vergne de Tressan, Archevêque de Rouen, est mort à Gaillon le 18 mars à 63 ans. D. Marie-Madelaine le Franc, veuve de Claude Arnould Poncher, est décédée le 19 mars à environ 70 ans. Louis-Pierre Scipion de Grimoard, Comte du Roure, est décédé en son Château de Barsac le 24 avril à 86 ans et 7 mois. D. Françoise-Elisabeth de Lamoignon, épouse de Jean Aymar Nicolaï, est morte à Paris le 27 avril à 55 ans. Deux naissances ont également été mentionnées : Diane-Jacquete-Louise-Henriette, fille de D. Henriette de Fitzjames et de Jean-Baptiste-Louis Clermont d'Amboise, est née le 21 mars. Marie-Henriette, fille de Dame Marie Elisabeth de Chamillard et de Daniel-Marie-Anne de Talégrand de Périgord, est née le 23 avril. Le document décrit également le mariage du Marquis de Wargemont avec Mademoiselle de Saint-Chamant, célébré la nuit du 10 mars. Cet événement a été marqué par diverses cérémonies et festivités, incluant des décharges de canon, des illuminations, un feu d'artifice et un repas somptueux.
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33
p. 1031-1035
MORTS, NAISSANCE et Mariages.
Début :
Dame Marie-Françoise d'Apremont, Abbesse de l'Abbaye Royale du Lis, près de Melun, [...]
Mots clefs :
Roi, Marquis, Général, Dame, Brigadier des armées du roi, Auvergne
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texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCE et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
D
et Mariages.
Ame Marie-Françoise d'Apremont, Abbesse
de l'Abbaye Royale du Lis , près de Melun
mourut dans son Abbaye presque subitement ,
Lundy 13. Avril , âgée de plus de 40. ans.
le
M. de Montmyral , Brigadier des Armées du
Roy , Lieutenant pour le Roy au Gouvernement
de Strasbourg, y mourut le 27. du mois dernier.
M. de Beaulieu , Brigadier des Armées du Roy,
et Lieutenant de Roy de Schelestad , mourut le
même jour.
Louis Adolphe Rouault de Gamaches , Auditeur
de Rote pour la France , depuis près de 18. ans ,
Abbé de l'Abbaye de Mont- Majour , et Prieur
d'Arbois, mourut à Rome le 18. du mois dernier,
dans la 47. année de son âge.
L'Abbé de Courtenay , Abbé des Abbayes de
S. Pierre d'Auxerre , et d'Eschalis , mourut à
Paris les de ce mois , dans la 87. année de
son âge.
L'Abbé François Spilimberti , chargé des Affaires
de S. A. S. M. le Duc de Modêne , mourut
à Paris le 7. âgé de 45. ans.
M.jean le Normand, Evêque d'Evreux et Abbé
de S. Taurin de la même Ville , mourut le 7. du
même mois dans son Diocèse , âgé de 78. ans.
Joseph-Robert de Lignerac , Brigadier des Armées
du Roy , Grand - Baillif et Lieutenant General
de la Haute Auvergne, mourut le 11. May,
âgé de 63. ans .
Godefroy- Charles - Alexandre de la Tour d'Au
vergne I v
9032 MERCURE DE FRANCE
vergne , Duc de Château- Thierry , fils unique
de Frédéric- Jules de la Tour d'Auvergne , Prince
d'Auvergne , et de Madame Catherine Olive
de Trente , Princesse d'Auvergne , mourut le 16.
May , âgê de 7. ans 9. mois.
Françoise Charlotte de Bethisy , fille de Eugene
Marie de Bethisy , Chevalier , Seigneur , Marquis
de Méziere Campvermont , & c. Lieutenant
General des Armées du Roy , Gouverneur des
Ville et Citadelle d'Amiens et de Corbie , Grand-
Bailly d'Epée d'Amiens , Commandant pour le
Roy dans les Provinces de Picardie , Champagne,
Artois , Soissonnois , Cambresis et Haynaut , ef
de Dame Eleonore d'Oglethorge , mourut le 17.
May , âgée d'environ 15. ans.
M. Jeau Guyner , Conseiller du Roy, Maître
ordinaire en la Chambre des Comptes , mourut
le même jour, âgé d'environ 64 , ans .
Dame Henriette- Magdeleine- Julie de Martel-
Fontaine , veuve de Charles - François Marie
Marquis d'Estaing , Lieutenant General du Verdunois
, Gouverneur de la Ville de Châlons
Mestre de Camp du Régiment de Forêt , Infanterie
, et Gouverneur de la Ville de Douay , en
-survivance du Comte d'Estaing son pere , mourut
à Paris le 19 âgée de 37. ans.
Jacques Bazin de Besons, Maréchal de France,
Chevalier des Ordres du Roy , Gouverneur des
Ville et Citadelle de Cambray et du Pays Cambresis
, ancien Conseiller au Conseil de Régence,
et Grand- Croix de l'Ordre Militaire de S. Louis,
mourut le 22. May âgé d'environ 87 ans .
Dame Marie-Edmée Terrier , veuve de Re
né Charles d'Hozier , Conseiller du Roy , Juge
General d'Armes et Garde de l'Armorial general
de France , Généalogiste de la Maison et des
Ecuries
MAY. 1733. 1033
Ecuries de S. M. Chevalier des Ordres de S. Maude
S. Lazare de Savoye , mourut le premier
Mars de la présente année 1733. âgée de
78. ans f. mois.
rice et
Feu M. d'Hozier , son mari , qui mourut le 13
de Février de l'année derniere , âgé de 2 ans
n'a point laissé d'enfans de ce Mariage ; mais il
a institué son seul héritier M. d'Hozier , son
neveu , Maître des Comptes et reçû en survivance
dès l'année 1710. dans les Charges de Juge
General d'Armes de France et de Généalogiste
de la Maison et des Ecuries du Roy. L'article qui
a été employé sur ce sujet dans le Mercure d'A
vril , a été dressé sur de faux Mémoires.
Dame Marie-Anne Robillard, femme de Louis
Pierre d'Hozier , Juge General d'Armes de France
, Chevalier de l'Ordre du Roy , son Conseiller
, Maître Ordinaire en sa Chambre des Comptes
de Paris , et Génealogiste de la Maison et
des Ecuries de S. M. et de celle de la Reine ,
accoucha le 6. d'Avril dernier , d'un fils , qui fut
baptisé le même jour dans l'Eglise de S. Nicolas
des Champs , et nommé Jean - François - Louis ,
par François Boula , Ecuyer , Seigneur de Quinci
et par Dame Marie- Jeanne Elisabeth Cappe ,
femine de Charles - François de Common , Conseiller
du Roy, Correcteur en la même Chambre
des Comptes.
Le 11 de ce mois , à 7. heures et un quart dự
soir , la Reine accoucha à Versailles , d'une Prinsesse
, qui fut gndoyée par l'Abbé de Bellefont ,
Aumônier du Roy en quartier , en présence du
Curé de la Paroisse. Après la Cérémonie cette
Princesse fut portée dans son Appartement par
Ja Duchesse de Tallard , Gouvernance des Enfans
I vj da
1034 MERCURE DE FRANCE
de France. La Reine se porte aussi bien qu'on
peut le desirer.
D. Gabrielle- Emilie de Breteuil , Epouse de Florent-
Claude , Marquis du Châtelet , &c. Gouverneur
de Semur , Grand- Bailly d'Aunoy et de
Sarlouis , Colonel du Régiment de Hainaut , accoucha
le 11. Avril , d'un fils qui fut nommé
Victor- Esprit , par François- Victor le Tonnelier
de Breteuil , Marquis de Fontenay- Trésigny,
&c. Commandeur des Ordres du Roy , Chancelier
de la Reine et ancien Secretaire d'Etat au Dé
partement de la Guerre ; et par D. Marie Florence
du Châtelet , Epouse de Melchior Esprit de
la Baume , Comte de Montrevel , & c. Brigadier
des Armées du Roy , `Mestre de Camp de Cavalerie
..
-
D. Marguerite Catherine Magdeleine le
Yoyer d'Argenson , Epouse de Thomas le Gendre
de Collande , Maréchal des Camps et Armées:
du Roy , Commandeur de l'Ordre de S. Louis
accoucha le 15. Avril d'un fils qui fut nommé
Antoine- François , par M. Jean-François - Paul
le Févre de Caumarun , Evêque de Blois , représonté
par Antoine- Louis- François le Févre de
Caumartin de S. Ange , fils d'Antoine- Louis
François , Marquis de S. Ange , Comte de Mauret
&c. Maître des Requêtes , et par D. Gatherine-
Françoise-Charlotte de Cossé de Brissac
fille de Charles Timoleon- Louis de Cossé , Duc
de Brissac , Pair et grand Pannetier de France !
Dame Yvonne- Sylvie du Bresil de Rais , Epou
se de Guy Auguste de Rohan Chabot , Mestre
de Camp , accoucha le zo. Avril d'un fils qui
fut nommé Louis - Antoine Auguste , par Louis
Bretagne Alain de Rohan - Chabor , Prince de
Leon , Duc de Rohan , Pair de Fance , et par
DI
MAY. 1733. 1035
DMarianne-Antoinette de Mesmes , Epouse de
Guy de Durfort , Duc de Lorge .
D. Marie-Susanne Prévôt de Sansac , Epouse
de Henry , Marquis de Bourdeilles , accoucha le
27. du même mois , d'une fille , qui fut nommée
Marie-Susanne , par Henry- Joseph , et par Marie-
Susanne de Bourdeilles , ses frere et soeur.
Simon- Joseph de Raousset , fils de Guillaume
de Raousset , Marquis de Seilhon et de Meslan ,
Conseiller au Parlement de Provence , et de D.
Anne de Vintimille , d'Oullioules , des Comtes
de Marseille , épousa le 16. Avril Marguerite-
Charlotte de la Roche de Fontenilles , fille de
François de la Roche , Marquis de Fontenilles, et
de D. Marie -Therese de Mesmes.
Yves- Marie de Bologne de Lens de Liques ,
Comie de Rupelmonde , Colonnel d'Infanterie et
Capitaine dans le Régiment d'Alsace , fils de feu
Maximilien- Philippe- Joseph de Bologne de Lens,
& c. Maréchal des Camps et Armées du Roy d'Espagne
et de D. Marie - Marguerite - Elisabeth d'Alegre
, Dame du Palais de la Reine , épousa le
21 Avril D. Marie- Chrétienne Christine de
Grammont d'Astel , file ' de' Louis , Comte de
Grammont, Brigadier des Armées du Roy, Chevalier
de ses Ordres , Gouverneur des Villes et
Château de Ham , et de Genevieve Gontaut de
Biton.
Alexandre de Mauleon de Beaupré, & c. Colonel
d'Infanterie et Major du Régiment du Roy ,
fils de Claude de Mauleon de Beaupré , & c . et de
D. Anne-Marie Carteron , épousa le 13. May D.
Marie Marthe de S Simon de Courtaumer , fille
de Jacques- Antoine de S. Simon Comte de
Courtaumer, & c, et de D. Marthe Charden .
D
et Mariages.
Ame Marie-Françoise d'Apremont, Abbesse
de l'Abbaye Royale du Lis , près de Melun
mourut dans son Abbaye presque subitement ,
Lundy 13. Avril , âgée de plus de 40. ans.
le
M. de Montmyral , Brigadier des Armées du
Roy , Lieutenant pour le Roy au Gouvernement
de Strasbourg, y mourut le 27. du mois dernier.
M. de Beaulieu , Brigadier des Armées du Roy,
et Lieutenant de Roy de Schelestad , mourut le
même jour.
Louis Adolphe Rouault de Gamaches , Auditeur
de Rote pour la France , depuis près de 18. ans ,
Abbé de l'Abbaye de Mont- Majour , et Prieur
d'Arbois, mourut à Rome le 18. du mois dernier,
dans la 47. année de son âge.
L'Abbé de Courtenay , Abbé des Abbayes de
S. Pierre d'Auxerre , et d'Eschalis , mourut à
Paris les de ce mois , dans la 87. année de
son âge.
L'Abbé François Spilimberti , chargé des Affaires
de S. A. S. M. le Duc de Modêne , mourut
à Paris le 7. âgé de 45. ans.
M.jean le Normand, Evêque d'Evreux et Abbé
de S. Taurin de la même Ville , mourut le 7. du
même mois dans son Diocèse , âgé de 78. ans.
Joseph-Robert de Lignerac , Brigadier des Armées
du Roy , Grand - Baillif et Lieutenant General
de la Haute Auvergne, mourut le 11. May,
âgé de 63. ans .
Godefroy- Charles - Alexandre de la Tour d'Au
vergne I v
9032 MERCURE DE FRANCE
vergne , Duc de Château- Thierry , fils unique
de Frédéric- Jules de la Tour d'Auvergne , Prince
d'Auvergne , et de Madame Catherine Olive
de Trente , Princesse d'Auvergne , mourut le 16.
May , âgê de 7. ans 9. mois.
Françoise Charlotte de Bethisy , fille de Eugene
Marie de Bethisy , Chevalier , Seigneur , Marquis
de Méziere Campvermont , & c. Lieutenant
General des Armées du Roy , Gouverneur des
Ville et Citadelle d'Amiens et de Corbie , Grand-
Bailly d'Epée d'Amiens , Commandant pour le
Roy dans les Provinces de Picardie , Champagne,
Artois , Soissonnois , Cambresis et Haynaut , ef
de Dame Eleonore d'Oglethorge , mourut le 17.
May , âgée d'environ 15. ans.
M. Jeau Guyner , Conseiller du Roy, Maître
ordinaire en la Chambre des Comptes , mourut
le même jour, âgé d'environ 64 , ans .
Dame Henriette- Magdeleine- Julie de Martel-
Fontaine , veuve de Charles - François Marie
Marquis d'Estaing , Lieutenant General du Verdunois
, Gouverneur de la Ville de Châlons
Mestre de Camp du Régiment de Forêt , Infanterie
, et Gouverneur de la Ville de Douay , en
-survivance du Comte d'Estaing son pere , mourut
à Paris le 19 âgée de 37. ans.
Jacques Bazin de Besons, Maréchal de France,
Chevalier des Ordres du Roy , Gouverneur des
Ville et Citadelle de Cambray et du Pays Cambresis
, ancien Conseiller au Conseil de Régence,
et Grand- Croix de l'Ordre Militaire de S. Louis,
mourut le 22. May âgé d'environ 87 ans .
Dame Marie-Edmée Terrier , veuve de Re
né Charles d'Hozier , Conseiller du Roy , Juge
General d'Armes et Garde de l'Armorial general
de France , Généalogiste de la Maison et des
Ecuries
MAY. 1733. 1033
Ecuries de S. M. Chevalier des Ordres de S. Maude
S. Lazare de Savoye , mourut le premier
Mars de la présente année 1733. âgée de
78. ans f. mois.
rice et
Feu M. d'Hozier , son mari , qui mourut le 13
de Février de l'année derniere , âgé de 2 ans
n'a point laissé d'enfans de ce Mariage ; mais il
a institué son seul héritier M. d'Hozier , son
neveu , Maître des Comptes et reçû en survivance
dès l'année 1710. dans les Charges de Juge
General d'Armes de France et de Généalogiste
de la Maison et des Ecuries du Roy. L'article qui
a été employé sur ce sujet dans le Mercure d'A
vril , a été dressé sur de faux Mémoires.
Dame Marie-Anne Robillard, femme de Louis
Pierre d'Hozier , Juge General d'Armes de France
, Chevalier de l'Ordre du Roy , son Conseiller
, Maître Ordinaire en sa Chambre des Comptes
de Paris , et Génealogiste de la Maison et
des Ecuries de S. M. et de celle de la Reine ,
accoucha le 6. d'Avril dernier , d'un fils , qui fut
baptisé le même jour dans l'Eglise de S. Nicolas
des Champs , et nommé Jean - François - Louis ,
par François Boula , Ecuyer , Seigneur de Quinci
et par Dame Marie- Jeanne Elisabeth Cappe ,
femine de Charles - François de Common , Conseiller
du Roy, Correcteur en la même Chambre
des Comptes.
Le 11 de ce mois , à 7. heures et un quart dự
soir , la Reine accoucha à Versailles , d'une Prinsesse
, qui fut gndoyée par l'Abbé de Bellefont ,
Aumônier du Roy en quartier , en présence du
Curé de la Paroisse. Après la Cérémonie cette
Princesse fut portée dans son Appartement par
Ja Duchesse de Tallard , Gouvernance des Enfans
I vj da
1034 MERCURE DE FRANCE
de France. La Reine se porte aussi bien qu'on
peut le desirer.
D. Gabrielle- Emilie de Breteuil , Epouse de Florent-
Claude , Marquis du Châtelet , &c. Gouverneur
de Semur , Grand- Bailly d'Aunoy et de
Sarlouis , Colonel du Régiment de Hainaut , accoucha
le 11. Avril , d'un fils qui fut nommé
Victor- Esprit , par François- Victor le Tonnelier
de Breteuil , Marquis de Fontenay- Trésigny,
&c. Commandeur des Ordres du Roy , Chancelier
de la Reine et ancien Secretaire d'Etat au Dé
partement de la Guerre ; et par D. Marie Florence
du Châtelet , Epouse de Melchior Esprit de
la Baume , Comte de Montrevel , & c. Brigadier
des Armées du Roy , `Mestre de Camp de Cavalerie
..
-
D. Marguerite Catherine Magdeleine le
Yoyer d'Argenson , Epouse de Thomas le Gendre
de Collande , Maréchal des Camps et Armées:
du Roy , Commandeur de l'Ordre de S. Louis
accoucha le 15. Avril d'un fils qui fut nommé
Antoine- François , par M. Jean-François - Paul
le Févre de Caumarun , Evêque de Blois , représonté
par Antoine- Louis- François le Févre de
Caumartin de S. Ange , fils d'Antoine- Louis
François , Marquis de S. Ange , Comte de Mauret
&c. Maître des Requêtes , et par D. Gatherine-
Françoise-Charlotte de Cossé de Brissac
fille de Charles Timoleon- Louis de Cossé , Duc
de Brissac , Pair et grand Pannetier de France !
Dame Yvonne- Sylvie du Bresil de Rais , Epou
se de Guy Auguste de Rohan Chabot , Mestre
de Camp , accoucha le zo. Avril d'un fils qui
fut nommé Louis - Antoine Auguste , par Louis
Bretagne Alain de Rohan - Chabor , Prince de
Leon , Duc de Rohan , Pair de Fance , et par
DI
MAY. 1733. 1035
DMarianne-Antoinette de Mesmes , Epouse de
Guy de Durfort , Duc de Lorge .
D. Marie-Susanne Prévôt de Sansac , Epouse
de Henry , Marquis de Bourdeilles , accoucha le
27. du même mois , d'une fille , qui fut nommée
Marie-Susanne , par Henry- Joseph , et par Marie-
Susanne de Bourdeilles , ses frere et soeur.
Simon- Joseph de Raousset , fils de Guillaume
de Raousset , Marquis de Seilhon et de Meslan ,
Conseiller au Parlement de Provence , et de D.
Anne de Vintimille , d'Oullioules , des Comtes
de Marseille , épousa le 16. Avril Marguerite-
Charlotte de la Roche de Fontenilles , fille de
François de la Roche , Marquis de Fontenilles, et
de D. Marie -Therese de Mesmes.
Yves- Marie de Bologne de Lens de Liques ,
Comie de Rupelmonde , Colonnel d'Infanterie et
Capitaine dans le Régiment d'Alsace , fils de feu
Maximilien- Philippe- Joseph de Bologne de Lens,
& c. Maréchal des Camps et Armées du Roy d'Espagne
et de D. Marie - Marguerite - Elisabeth d'Alegre
, Dame du Palais de la Reine , épousa le
21 Avril D. Marie- Chrétienne Christine de
Grammont d'Astel , file ' de' Louis , Comte de
Grammont, Brigadier des Armées du Roy, Chevalier
de ses Ordres , Gouverneur des Villes et
Château de Ham , et de Genevieve Gontaut de
Biton.
Alexandre de Mauleon de Beaupré, & c. Colonel
d'Infanterie et Major du Régiment du Roy ,
fils de Claude de Mauleon de Beaupré , & c . et de
D. Anne-Marie Carteron , épousa le 13. May D.
Marie Marthe de S Simon de Courtaumer , fille
de Jacques- Antoine de S. Simon Comte de
Courtaumer, & c, et de D. Marthe Charden .
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Résumé : MORTS, NAISSANCE et Mariages.
En 1733, plusieurs événements marquants ont été enregistrés, incluant des décès, des naissances et des mariages. Parmi les décès notables, Marie-Françoise d'Apremont, abbesse de l'Abbaye Royale du Lis, est décédée le 13 avril à l'âge de plus de 40 ans. Plusieurs brigadiers des armées du roi ont également péri, tels que M. de Montmyral, M. de Beaulieu et Joseph-Robert de Lignerac. Louis Adolphe Rouault de Gamaches, auditeur de Rote pour la France, est mort à Rome le 18 avril à l'âge de 47 ans. L'abbé de Courtenay, abbé des abbayes de Saint-Pierre d'Auxerre et d'Eschalis, est décédé à Paris en mai à l'âge de 87 ans. L'abbé François Spilimberti, chargé des affaires du duc de Modène, est mort à Paris le 7 mai à l'âge de 45 ans. Jean le Normand, évêque d'Évreux, est décédé le 7 mai à l'âge de 78 ans. Godefroy-Charles-Alexandre de la Tour d'Auvergne, duc de Château-Thierry, est mort le 16 mai à l'âge de 7 ans et 9 mois. Françoise Charlotte de Bethisy est décédée le 17 mai à l'âge d'environ 15 ans. Jacques Bazin de Besons, maréchal de France, est mort le 22 mai à l'âge d'environ 87 ans. Marie-Edmée Terrier, veuve de René Charles d'Hozier, est décédée le 1er mars à l'âge de 78 ans. Du côté des naissances, Jean-François-Louis, fils de Marie-Anne Robillard et Louis Pierre d'Hozier, est né le 6 avril. Une princesse, fille de la reine, est née le 11 mai à Versailles. Victor-Esprit, fils de Gabrielle-Émilie de Breteuil et Florent-Claude, marquis du Châtelet, est né le 11 avril. Antoine-François, fils de Marguerite Catherine Magdeleine le Yoyer d'Argenson et Thomas le Gendre de Collande, est né le 15 avril. Louis-Antoine-Auguste, fils de Yvonne-Sylvie du Bresil de Rais et Guy Auguste de Rohan Chabot, est né le 20 avril. Marie-Susanne, fille de Marie-Susanne Prévôt de Sansac et Henry, marquis de Bourdeilles, est née le 27 avril. Concernant les mariages, Simon-Joseph de Raousset et Marguerite-Charlotte de la Roche de Fontenilles se sont mariés le 16 avril. Yves-Marie de Bologne de Lens de Liques et Marie-Chrétienne Christine de Grammont d'Astel se sont mariés le 21 avril. Alexandre de Mauleon de Beaupré et Marie-Marthe de Saint-Simon de Courtaumer se sont mariés le 13 mai.
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34
p. 1460-1466
ARRESTS NOTABLES.
Début :
EDIT DU ROY, portant suppression des six Offices d'Affineurs des Monnoyes de [...]
Mots clefs :
Majesté, Cavalerie, Régiments, Cavaliers, Chevaux, Habillement, Consuls, Général, Ordonnance, Capitaines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES.
E
ARRESTS NOTABLES.
DIT DU ROY , portant suppression
des six Offices d'Affineurs des Monnoyes de
Paris et de Lyon , et création de pareils Offices.
Donnée à Versailles , au mois de May 17 3 3 .
Registré en la Cour des Monnoyes , les Juin
suivant.
ORDONNANCE DU ROY , du 27 May
concernant les droits des Consuls et Vice- Consuls
des Eschelles de Négrépont , la Cavalle
Rhodes , Mételin , Scio , Mile , Tine et Miconi,
par laquelle S. M. ordonne que les Consuls er
Vice Consuls des susdites Eschelles , qui n'ont
point d'appointemens payez par la Chambre du
Commerce de Marseille , percevront à l'avenir
deux pour cent seulement , sur le prix des Nolisemens
que les Capitaines et Patrons des Bâtimens
François feront dans leurs Eschelles ; def
fendant ausdits Consuls et Vice- Consuls , d'exiger
ledit droit sur un plus haut pied , et ausdits
Capitaines et Patrons d'en frustrer lesdits Consuls
et Vice -Consu's , sous les peines portées par
le Réglement du 28 Février 1732. que S.M veut
au surplus être exécuté selon sa forme et teneur.
4
VI. Vol OR
JUIN. 1733 . 1461
ORDONNANCE DU ROY , portant Regles
ment pour l'Habillement , Equippement et Ar
mement de la Cavalerie , du 28 May 1733.
Sa Majesté étant informée des différens usages
qui se sont introduits dans l'Habillement, Equippement
et Armement de la Cavalerie : Et vou
lant non seulement régler ledit Habillement
Equipement et Armement , de maniere qu'il soit
uniforme dans tous les Régimens , mais aussi la
taille des Chevaux , et faire reprendre aux Officiers
la Cuirasse , et aux Cavaliers le Plastron
qui ont été abandonnez depuis la paix : Sa Majesté
a ordonné et ordonne ce qui suit :
ART. I L'Habillement des Brigadiers & Cavaliers
demeurera composé d'un Juste- au-Corps
de Drap de Lodéve ou de Berry , blanc , bleu ou
rouge , selon la couleur affectée au Régiment ,
doublé de Serge d'Aumale ou autre étoffe de même
qualité , avec un Buffle , ou une Veste de
tricot , couleur de Chamois , suivant qu'il sera
convenu dans le Régiment ; d'un Chapeau , dont
la forme aura quatre pouces deux lignes au
moins de profondeur , en sorte qu'il puisse être
aisément garni d'une Calotte de fer ou de méche
; le bordé en or ou en argent sera d'une
once : Deffend , Sa Majesté, d'employer les cour
leurs fines aux Habits des Brigadiers ou Cavafiers
; et permet seulement un bordé d'or ou
d'argent , du poids d'une once , à la Manche des
Brigadiers ; deffend pareillement Sa Majesté, les
Cartouches sur les Housses , Bourses ou Chaperons
, ausquelles il sera mis un simple bordé
en laine ou galon de livrée .
II. Les Habits uniformes des Officiers seront
en tout semblables à ceux des Cavaliers , à l'exception
qu'ils seront de Drap d'Elbeuf ou autre
1
11. Vol.
Ma
1462 MERCURE DE FRANCE
Manufacture semblable ; il n'y sera employé d
Doublures d'aucune autre étoffe que de laine ,
ni aucun galon ou fil d'or ou d'argent sur les
Juste-au-Corps ni sur les Vestes , mais seule
ment des Boutons de cuivre doré ou d'argent
sur bois.
III. Il ne sera fait à l'avenir aucun Habillement
par les Régimens de Cavalerie ,
que sur des
marchez , contenant les qualitez , les quantitez
& les prix des différentes especes de fournitures.
Lesquels marchez seront présentez par les Offciers
, chargez du détail aux Inspecteurs , pour
être par eux examinez et envoyez, avec leur avis,
au Secretaire d'Etat, ayant le département de la
Guerre , pour en rendre compte à Sa Majesté ;
faisant deffense de mettre à exécution lesdits
marchez , qu'après qu'Elle les aura approuvez .
IV. N'entend , Sa Majesté , comprendre dans
les articles cy - dessus , le Régiment Royal des
Carabiniers , celui de Royal Allemand , et les
Régimens de Hussards , à l'Habillement des
quels il ne sera fait aucun changement.
V. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie, y compris les Carabiniers et Royal
Allemand , seront tous en Bottes molles , sans
qu'à l'avenir les Capitaines puissent en donner
de fortes , sous quelque prétexte que ce soit.
VI. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie continueront d'être armez d'un
Mousqueton , deux Pistolets et un Sabre ; et attendu
que Sa Majesté a été informée qu'il n'y
a point d'uniformité entre les Régimens , soit
pour les longueurs ou pour le calibre desdites
Armes , Sa Majesté veut qu'à l'avenir la longueur
des Mousquetons demeure fixée à trois
pieds six pouces six lignes ; la longueur du Ca-
II. Vela non
JUIN. 1733. 1463
non à deux pieds , quatre ponces , ayant chacun
une Grenadiere , et la longueur des Pistolets à
seize pouces , tous montez ; que lesdits Mousquetons
et Pistolets soient mis auCalibre de l'Infanterie
,, pour recevoir la Balle de 18 à la livre
et que les Lames des Sabres soient de deux pieds
neuf pouces de longueur , sans la Poignée , qui
sera faite de façon que la main et le pouce
soient couverts ; et auront lesdits Cavaliers des
Bandoulieres de Buffle à anneau roulant , de la
largeur de deux pouces , une ou deux lignes , le
Ceinturon de même qualité et moins large ; le
tout simplement picqué dans les bords , suivant
les modeles qui seront envoyez aux Régimens.
Veut néanmoins Sa Majesté , que le Regiment
Royal des Carabiniers , le Régiment Royal Allemand
et les Hussards , demeurent armez comme
ils le sont à
present,
>
VII. Sa Majesté ayant reconnu qu'il est im
portant que toutes ses Troupes , tant de Gendarmerie
que de Cavalerie soient cuirassées et
plastronnées , même en temps de paix , pour
être accoûtumées à l'usage des Armes deffensives
en temps de guerre Sa Majesté a ordonné
et ordonne que conformément à l'Ordonnance ,
du 1 Février 1703. tous les Officiers , tant de
Gendarmerie , que de Cavalerie , se pourvoiront
incessamment de Cuirasses à l'épreuve, au moins
du Pistolet ; en sorte qu'ils en ayent tous à la
Revûë que les Directeurs et Inspecteurs feront
l'année prochaine 1734. et que les Brigadiers ,
Gendarmes , Chevaux - legers et Cavaliers , 2
l'exception des Hussards , auront des Plastrons ,
et les porteront dans tous les Exercices , aux Revûës
et dans les Marches , à commencer du jour
que Sa Majesté leur en aura fait distribuer de ses
II. Vol. Ma1464
MERCURE DE FRANCE
Magazins ; ce qui sera fait pour une premiere
fois , après quoi les Capitaines demeureront
chargez de l'entretien .
VIII. Sa Majesté pareillement informée que,
quoique la Talie des Chevaux ait été réglée par
differentes Ordonnances , notamment celles des
2 Septembre 1680. et 25 Octobre 1689. neanmoins
les Capitaines acheptent des Chevaux
beaucoup plus elevez que ce qui est prescrit par
lesdites Ordonnances : Sa Majesté veut qu'il ne
soit doresnavant point reçû de Chevaux pour la
remonte de la Cavalerie legere , de la Taille audessus
, de quatre pieds huit à dix pouces an
plus , mesurez depuis le dessous du fer . jusqu'à
la naissance des Crins sur le garost ; qu'ils soient
tous à longue Queue , et que les Directeurs et
Inspecteurs Généraux et Commissaires des guerres
qui feront les Revûës , réforment tous les
nouveaux Chevaux qui seront donnez aux Cavaliers
, d'une Taille autre que celle marquée cydessus.
IX. Les changemens cy-dessus pour les Bottes,
armement et la Taille des Chevaux , auront lieu,
à mesure qu'il sera besoin de les renouveller :
Voulant , Sa Majesté , qué les Directeurs et Inspecteurs
, à la premiere Revue qu'ils feront ,
prescrivent à chaque Régiment , un temps fixe
pour s'y conformer , et qu'ils en donnent avis à
Sa Majesté: Mandant , Sa Majesté, à M.le Comte
d'Evreux , Colonel Général de sa Cavalerie , et
au Sieur de Châtillon , Mestre de Camp Général
de ladite Cavalerie , de tenir la main chacun ,
ainsi qu'il lui appartiendra , à l'exécution de la
Présente.
Mande et ordonne , Sa Majesté , aux Gouver
meurs , et à ses Lieutenaus Généraux en ses Pro-
II. Vol. vinces
JUIN. 1733. 1468
es , aux Officiers Généraux , ayant comidement
sur ses Troupes , aux Camps où
its Régimens seront assemblez , aux Gouneurs
de ses Villes et Places , aux Intendans
ites Provinces , et sur ses Frontieres , aux Di
teurs et Inspecteurs Généraux sur ses Troupes
aux Commissaires de ses Guerres , de tenir la
in à l'exécution de la Présente ; laquelle sera
et publiée à la tête desdites Troupes , à ce
aucun n'en prétende cause d'ignorance. Fait à
rsailles , le 28 May 1733. Signé, LOUIS. E
Es bas , BAUYN .
OUIS DE LA TOUR D'AUVERGNE ,
Comte d'Evreux , Colonel Général de la Cavalerie
légere , Françoise et Etrangere, Lieutenanı
Général des Armées du Roy , Gouverneur et
Lieutenant Général pour Sa Majesté au Gouvernement
de l'Isle de France.
Vû l'Ordonnance cy - dessus , en date du 28 du
ois dernier , par laquelle Sa Majesté a reglé
Habillement , Equipement et Armement de la
avalerie , la Taille des Chevaux , comme aussi
our faire reprendre aux Officiers la Cuirasse
aux Cavaliers le Plastron , qui ont été aban
onnez depuis la paix , ainsi qu'il est plus an
-ng contenu dans ladite Ordonnance , pour
exécution de laquelle Sa Majesté nous mande
e tenir la main.
Nous , en vertu du pouvoir à Nous donné par
a Majesté , à cause de notre Charge de Colo
el Général de la Cavalerie , mandons à Monieur
le Comte de Châtillon , Mestre de Camp
Général de ladite Cavalerie , de tenir exactement
la main à l'exécution de ladite Ordonnan
e , suivant l'intention de Sa Majesté : Ordon-
II. Vol. nons
1465 MERCURE DE FRAN
nons à tous Mestres de Camp des Régimer
Cavalerie , et des Brigades du Régiment R
des Carabiniers ; Lieutenans Colonels , Majet
Capitaines desdits Régimens et Brigades , d
server et exécuter ponctuellement la volont
Sa Majesté , mentionnée en ladite Ordonna
sans y contrevenir : Laquelledite Ordonnanc
la Présente seront lûës et publiées à la tête
Régimens de Cavalerie , et des Brigades de C
rabiniers , par les Commissaires des Guerres
en ont la Police ; afin que personne n'en igno
Fait à Paris , le 3 Juin 1733. Signé , LOUIS E
LA TOUR D'AUVERGNE , Comte d'Ev
Et plus bas : Par Monseigneur MITOUFLET
I ORDONNANCE DU ROY , du 1 Juin, por
regler le traitement des Troupes qui dows
camper sur la Meuse et au Comté de Bourg
gne , près de Gray.
>
ORDONNANCE DU ROY, du 10 Juin, d
permet de faire faucher les Prez avant la S.Je
par laquelle S. M. permet à tous Fermiers , L
boureurs et autres dans la Généralité de Pars ,
même dans l'étendue des Capitaineries , de fat
faucher pendant la présente année seulement t
sans tirer à consequence , tous les Prez, de que
que nature et qualité qu'ils soient , dans le tems,
qu'ils le jugeront à propos , sans en demand )
permission aux Seigneurs , aux Capitaines da
Chasses , à leurs Officiers et autres.
ARRESTS NOTABLES.
DIT DU ROY , portant suppression
des six Offices d'Affineurs des Monnoyes de
Paris et de Lyon , et création de pareils Offices.
Donnée à Versailles , au mois de May 17 3 3 .
Registré en la Cour des Monnoyes , les Juin
suivant.
ORDONNANCE DU ROY , du 27 May
concernant les droits des Consuls et Vice- Consuls
des Eschelles de Négrépont , la Cavalle
Rhodes , Mételin , Scio , Mile , Tine et Miconi,
par laquelle S. M. ordonne que les Consuls er
Vice Consuls des susdites Eschelles , qui n'ont
point d'appointemens payez par la Chambre du
Commerce de Marseille , percevront à l'avenir
deux pour cent seulement , sur le prix des Nolisemens
que les Capitaines et Patrons des Bâtimens
François feront dans leurs Eschelles ; def
fendant ausdits Consuls et Vice- Consuls , d'exiger
ledit droit sur un plus haut pied , et ausdits
Capitaines et Patrons d'en frustrer lesdits Consuls
et Vice -Consu's , sous les peines portées par
le Réglement du 28 Février 1732. que S.M veut
au surplus être exécuté selon sa forme et teneur.
4
VI. Vol OR
JUIN. 1733 . 1461
ORDONNANCE DU ROY , portant Regles
ment pour l'Habillement , Equippement et Ar
mement de la Cavalerie , du 28 May 1733.
Sa Majesté étant informée des différens usages
qui se sont introduits dans l'Habillement, Equippement
et Armement de la Cavalerie : Et vou
lant non seulement régler ledit Habillement
Equipement et Armement , de maniere qu'il soit
uniforme dans tous les Régimens , mais aussi la
taille des Chevaux , et faire reprendre aux Officiers
la Cuirasse , et aux Cavaliers le Plastron
qui ont été abandonnez depuis la paix : Sa Majesté
a ordonné et ordonne ce qui suit :
ART. I L'Habillement des Brigadiers & Cavaliers
demeurera composé d'un Juste- au-Corps
de Drap de Lodéve ou de Berry , blanc , bleu ou
rouge , selon la couleur affectée au Régiment ,
doublé de Serge d'Aumale ou autre étoffe de même
qualité , avec un Buffle , ou une Veste de
tricot , couleur de Chamois , suivant qu'il sera
convenu dans le Régiment ; d'un Chapeau , dont
la forme aura quatre pouces deux lignes au
moins de profondeur , en sorte qu'il puisse être
aisément garni d'une Calotte de fer ou de méche
; le bordé en or ou en argent sera d'une
once : Deffend , Sa Majesté, d'employer les cour
leurs fines aux Habits des Brigadiers ou Cavafiers
; et permet seulement un bordé d'or ou
d'argent , du poids d'une once , à la Manche des
Brigadiers ; deffend pareillement Sa Majesté, les
Cartouches sur les Housses , Bourses ou Chaperons
, ausquelles il sera mis un simple bordé
en laine ou galon de livrée .
II. Les Habits uniformes des Officiers seront
en tout semblables à ceux des Cavaliers , à l'exception
qu'ils seront de Drap d'Elbeuf ou autre
1
11. Vol.
Ma
1462 MERCURE DE FRANCE
Manufacture semblable ; il n'y sera employé d
Doublures d'aucune autre étoffe que de laine ,
ni aucun galon ou fil d'or ou d'argent sur les
Juste-au-Corps ni sur les Vestes , mais seule
ment des Boutons de cuivre doré ou d'argent
sur bois.
III. Il ne sera fait à l'avenir aucun Habillement
par les Régimens de Cavalerie ,
que sur des
marchez , contenant les qualitez , les quantitez
& les prix des différentes especes de fournitures.
Lesquels marchez seront présentez par les Offciers
, chargez du détail aux Inspecteurs , pour
être par eux examinez et envoyez, avec leur avis,
au Secretaire d'Etat, ayant le département de la
Guerre , pour en rendre compte à Sa Majesté ;
faisant deffense de mettre à exécution lesdits
marchez , qu'après qu'Elle les aura approuvez .
IV. N'entend , Sa Majesté , comprendre dans
les articles cy - dessus , le Régiment Royal des
Carabiniers , celui de Royal Allemand , et les
Régimens de Hussards , à l'Habillement des
quels il ne sera fait aucun changement.
V. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie, y compris les Carabiniers et Royal
Allemand , seront tous en Bottes molles , sans
qu'à l'avenir les Capitaines puissent en donner
de fortes , sous quelque prétexte que ce soit.
VI. Les Brigadiers et Cavaliers des Régimens
de Cavalerie continueront d'être armez d'un
Mousqueton , deux Pistolets et un Sabre ; et attendu
que Sa Majesté a été informée qu'il n'y
a point d'uniformité entre les Régimens , soit
pour les longueurs ou pour le calibre desdites
Armes , Sa Majesté veut qu'à l'avenir la longueur
des Mousquetons demeure fixée à trois
pieds six pouces six lignes ; la longueur du Ca-
II. Vela non
JUIN. 1733. 1463
non à deux pieds , quatre ponces , ayant chacun
une Grenadiere , et la longueur des Pistolets à
seize pouces , tous montez ; que lesdits Mousquetons
et Pistolets soient mis auCalibre de l'Infanterie
,, pour recevoir la Balle de 18 à la livre
et que les Lames des Sabres soient de deux pieds
neuf pouces de longueur , sans la Poignée , qui
sera faite de façon que la main et le pouce
soient couverts ; et auront lesdits Cavaliers des
Bandoulieres de Buffle à anneau roulant , de la
largeur de deux pouces , une ou deux lignes , le
Ceinturon de même qualité et moins large ; le
tout simplement picqué dans les bords , suivant
les modeles qui seront envoyez aux Régimens.
Veut néanmoins Sa Majesté , que le Regiment
Royal des Carabiniers , le Régiment Royal Allemand
et les Hussards , demeurent armez comme
ils le sont à
present,
>
VII. Sa Majesté ayant reconnu qu'il est im
portant que toutes ses Troupes , tant de Gendarmerie
que de Cavalerie soient cuirassées et
plastronnées , même en temps de paix , pour
être accoûtumées à l'usage des Armes deffensives
en temps de guerre Sa Majesté a ordonné
et ordonne que conformément à l'Ordonnance ,
du 1 Février 1703. tous les Officiers , tant de
Gendarmerie , que de Cavalerie , se pourvoiront
incessamment de Cuirasses à l'épreuve, au moins
du Pistolet ; en sorte qu'ils en ayent tous à la
Revûë que les Directeurs et Inspecteurs feront
l'année prochaine 1734. et que les Brigadiers ,
Gendarmes , Chevaux - legers et Cavaliers , 2
l'exception des Hussards , auront des Plastrons ,
et les porteront dans tous les Exercices , aux Revûës
et dans les Marches , à commencer du jour
que Sa Majesté leur en aura fait distribuer de ses
II. Vol. Ma1464
MERCURE DE FRANCE
Magazins ; ce qui sera fait pour une premiere
fois , après quoi les Capitaines demeureront
chargez de l'entretien .
VIII. Sa Majesté pareillement informée que,
quoique la Talie des Chevaux ait été réglée par
differentes Ordonnances , notamment celles des
2 Septembre 1680. et 25 Octobre 1689. neanmoins
les Capitaines acheptent des Chevaux
beaucoup plus elevez que ce qui est prescrit par
lesdites Ordonnances : Sa Majesté veut qu'il ne
soit doresnavant point reçû de Chevaux pour la
remonte de la Cavalerie legere , de la Taille audessus
, de quatre pieds huit à dix pouces an
plus , mesurez depuis le dessous du fer . jusqu'à
la naissance des Crins sur le garost ; qu'ils soient
tous à longue Queue , et que les Directeurs et
Inspecteurs Généraux et Commissaires des guerres
qui feront les Revûës , réforment tous les
nouveaux Chevaux qui seront donnez aux Cavaliers
, d'une Taille autre que celle marquée cydessus.
IX. Les changemens cy-dessus pour les Bottes,
armement et la Taille des Chevaux , auront lieu,
à mesure qu'il sera besoin de les renouveller :
Voulant , Sa Majesté , qué les Directeurs et Inspecteurs
, à la premiere Revue qu'ils feront ,
prescrivent à chaque Régiment , un temps fixe
pour s'y conformer , et qu'ils en donnent avis à
Sa Majesté: Mandant , Sa Majesté, à M.le Comte
d'Evreux , Colonel Général de sa Cavalerie , et
au Sieur de Châtillon , Mestre de Camp Général
de ladite Cavalerie , de tenir la main chacun ,
ainsi qu'il lui appartiendra , à l'exécution de la
Présente.
Mande et ordonne , Sa Majesté , aux Gouver
meurs , et à ses Lieutenaus Généraux en ses Pro-
II. Vol. vinces
JUIN. 1733. 1468
es , aux Officiers Généraux , ayant comidement
sur ses Troupes , aux Camps où
its Régimens seront assemblez , aux Gouneurs
de ses Villes et Places , aux Intendans
ites Provinces , et sur ses Frontieres , aux Di
teurs et Inspecteurs Généraux sur ses Troupes
aux Commissaires de ses Guerres , de tenir la
in à l'exécution de la Présente ; laquelle sera
et publiée à la tête desdites Troupes , à ce
aucun n'en prétende cause d'ignorance. Fait à
rsailles , le 28 May 1733. Signé, LOUIS. E
Es bas , BAUYN .
OUIS DE LA TOUR D'AUVERGNE ,
Comte d'Evreux , Colonel Général de la Cavalerie
légere , Françoise et Etrangere, Lieutenanı
Général des Armées du Roy , Gouverneur et
Lieutenant Général pour Sa Majesté au Gouvernement
de l'Isle de France.
Vû l'Ordonnance cy - dessus , en date du 28 du
ois dernier , par laquelle Sa Majesté a reglé
Habillement , Equipement et Armement de la
avalerie , la Taille des Chevaux , comme aussi
our faire reprendre aux Officiers la Cuirasse
aux Cavaliers le Plastron , qui ont été aban
onnez depuis la paix , ainsi qu'il est plus an
-ng contenu dans ladite Ordonnance , pour
exécution de laquelle Sa Majesté nous mande
e tenir la main.
Nous , en vertu du pouvoir à Nous donné par
a Majesté , à cause de notre Charge de Colo
el Général de la Cavalerie , mandons à Monieur
le Comte de Châtillon , Mestre de Camp
Général de ladite Cavalerie , de tenir exactement
la main à l'exécution de ladite Ordonnan
e , suivant l'intention de Sa Majesté : Ordon-
II. Vol. nons
1465 MERCURE DE FRAN
nons à tous Mestres de Camp des Régimer
Cavalerie , et des Brigades du Régiment R
des Carabiniers ; Lieutenans Colonels , Majet
Capitaines desdits Régimens et Brigades , d
server et exécuter ponctuellement la volont
Sa Majesté , mentionnée en ladite Ordonna
sans y contrevenir : Laquelledite Ordonnanc
la Présente seront lûës et publiées à la tête
Régimens de Cavalerie , et des Brigades de C
rabiniers , par les Commissaires des Guerres
en ont la Police ; afin que personne n'en igno
Fait à Paris , le 3 Juin 1733. Signé , LOUIS E
LA TOUR D'AUVERGNE , Comte d'Ev
Et plus bas : Par Monseigneur MITOUFLET
I ORDONNANCE DU ROY , du 1 Juin, por
regler le traitement des Troupes qui dows
camper sur la Meuse et au Comté de Bourg
gne , près de Gray.
>
ORDONNANCE DU ROY, du 10 Juin, d
permet de faire faucher les Prez avant la S.Je
par laquelle S. M. permet à tous Fermiers , L
boureurs et autres dans la Généralité de Pars ,
même dans l'étendue des Capitaineries , de fat
faucher pendant la présente année seulement t
sans tirer à consequence , tous les Prez, de que
que nature et qualité qu'ils soient , dans le tems,
qu'ils le jugeront à propos , sans en demand )
permission aux Seigneurs , aux Capitaines da
Chasses , à leurs Officiers et autres.
Fermer
Résumé : ARRESTS NOTABLES.
En mai et juin 1733, plusieurs ordonnances royales ont été émises. Le 17 mai, une ordonnance a supprimé les six offices d'affineurs des monnaies de Paris et de Lyon, et en a créé de nouveaux. Le 27 mai, une autre ordonnance a réglé les droits des consuls et vice-consuls des échelles de Négrépont, Rhodes, Mételin, Scio, Mile, Tine et Miconi, fixant leurs perceptions à deux pour cent sur le prix des nolisements des bâtiments français. Le 28 mai, une ordonnance a établi des règles pour l'habillement, l'équipement et l'armement de la cavalerie. Elle a imposé un uniforme standardisé et la réintroduction de la cuirasse pour les officiers et du plastron pour les cavaliers. Elle a également fixé la taille des chevaux et les spécifications des armes. Le 1er juin, une ordonnance a réglé le traitement des troupes devant camper sur la Meuse et au Comté de Bourgogne, près de Gray. Enfin, le 10 juin, une ordonnance a permis de faucher les prés avant la Saint-Jean dans la généralité de Paris et les capitaineries.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 1521-1534
SUITE du Voyage de Basse Normandie. LETTRE XII.
Début :
Il est temps, Monsieur, de quitter l'Antique pour le Moderne ; je ne vous [...]
Mots clefs :
Comte de Matignon, Basse-Normandie, Torigny, Épitaphe, Épouse, Marbre, Château, Normandie, Maréchal de Matignon, Général, Chapelle, Mausolée
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texteReconnaissance textuelle : SUITE du Voyage de Basse Normandie. LETTRE XII.
SUITE du Voyage de Basse
Normandie.
LETTRE XH.
L est temps , Monsieur , de quitter
le
dirai plus rien de l'Inscription Romaine
de Torigny , si ce n'est peut- être quand
elle aura été exactement gravée avec ses
abbréviations bizares , &c. à quoi je songe
actuellement. Il ne sera queſtion dans
cette Lettre que de vous donner une
idée du Château de Torigny & de fes dépendances.
Ce Lieu charmant où nous
avons passé des momens si agréables ,
mérite bien cette attention de moi ; je
la dois aussi à votre curiosité et à la suite
de mes narrations sur le voyage de
Basse Normandie.
Le Château de Torigny , quoiqu'un
Cv
pew
1522 MERCURE DE FRANCE
peu irrégulier dans sa structure, a un certain
air de grandeur qui frape au premier
aspect. La premiere Entrée n'en est
point heureuse , étant occupée du côté
du Bourg , par la principale Eglise Paroissiale
. On trouve d'abord une grande
Porte , de laquelle on monte sur une
Terrasse spacieuse qui sert d'Avant-Cour;
elle est fort élevée , revêtuë de Masson->
nerie et ornée d'une Balustrade qui re- "
gne tout autour. On passe de là sur un
Pont- le-vis pour entrer dans la Cour
laquelle , aussi - bien que le Château , est
>
entourée de Fossez revêtus . Le Plan du
Château représente une Equierre , auxdeux
extrémitez de laquelle il y a deux
gros Pavillons et un troifiéme dans l'Angle.
Joachim , Sire de Matignon , Chevalier
de l'Ordre du Roy , et Lieutenant Géné
ral de Normandie , fit bâtir le premier et
le plus gros de ces Pavillons , il est tout
de Pierre de taille , d'un goût antique , et
fort élevé. La Maréchal de Matignon ,
Gouverneur de Guienne , &c. fit bâtir,
enfuite ce qui se trouve depuis ce Pavil
lon , jusqu'à celui qui termine l'Equierre
, lequel a été construit en 1692. par;
M. le Comte de Matignon ,
Les Faces de tout ce Château , depuis
le
JUILLET. 1733. 1523
le premier Pavillon , sont décorées d'un
ordre Dorique en bas et d'un ordre lonique
au dessus ; le tout avec un Bossage,
dont la dispofition des Assises , construites
alternativement de Pierres rouges
blanches et bleuâtres , fait un effet aussi
singulier qu'admirable .
Dans la face qui regarde la Cour , regnent
plusieurs Galleries, ornées de tresbelles
Peintures, qui représentent les principales
Alliances des Seigneurs de Matignon,
les Batailles où ils se sont distinguez ,
& c. De l'une de ces Gale ies on passe sur
une grande Terrasse , qui regne le long de
la face opposée, depuis le Pavillon de l'Angle,
jusqu'au Pavillon neuf.On a là en perspective
une magnifique Cascade et deux
grandes Piéces d'Eau des deux côtez ,
dont l'une fait face à l'Avant- Cour . Tout
cela , avec les Allées , les Bosquets et le
Terrain orné , qui s'étend plus d'une demi-
lieuë de ce même côté , fait un fort
bel effet à la vuë.
On voit aussi du même Endroit , environ
à une lieuë de distance , un petit
Château , bâti pour le plaisir de la Chasse ;
entre le premier Pavillon et celui de l'Angle
; dans un juste milieu , est un grand
Vestibule , qui conduit par un Pont - le
vis , dans un beau Parterre, et le Parterre
C vj
mê1524
MERCURE DE FRANCE
méne à l'Orangerie . Henry de Matignon ',
Lieutenant Général de Normandie , &c,
qui vivoit en 1680. la fit bâtir ; mais
comme depuis elle s'est trouvée trop
étroite pour le grand nombre d'Orangers
qu'il y a aujourd'hui , on se prépare
à en bâtir une autre beaucoup plus
belle et plus spacieuse. On passe de ce
Parterre sur une grande Terrasse , revêtuë
de Massonnerie , où l'on a encore une
tres belle vûë. On a aussi le plaisir l'Eté
de s'y promener à l'ombre d'une petite
Forêt d'Orangers , chose des plus rares
dans le fond de la Normandie. On voit
bien , au reste, que la situation du Terrain
étant d'elle - même assez ingrate , il
en a prodigieusement coûté en remuemens
de terres pour mettre les choses
dans la belle situation où elles sont.
Je ne vous dirai rien de l'interieur de
ce Château , tout y répond à sa magnificence
extérieure,àu bon goût , à la qualité
et à la distinction des Seigneurs qui
l'habitent .
Je passai un temps considérable dans
l'Eglise Paroissiale de S. Laurent , à examiner
les differens Mausolées et à lire les
Epitaphes de plusieurs Seigneurs qui y
sont inhumez. D'abord on me fit entrer
dans une Chapelle , qui est au côté droit
du
JUILLET. 1735. 1525
du Grand Autel , où est le Mausolée de
Joachim , Sire de Matignon , et de Fran
çoise de Daillon son Epouse , dont les figures,
de grandeur naturelle, s'y voyent
couchées , ayant à leurs pieds , l'une un
Lyon et l'autre un Chien . Une Epitaphe
en lettres d'or , sur un Marbre noir , apprend
que ce Seigneur étoit Chevalier
de l'Ordre du Roy , Conseiller d'Etat ,
Capitaine de so hommes d'Armes , Lieutenant
General en toute la Normandie.
Que n'ayant point eu d'Enfants de son
Epouse , veuve de Jacques de Rohan , ik
eût pour successeur en ligne collatérale
Jacques de Matignon , Maréchal de Fran
ce , représentant Jacques de Matignon ,
Seigneur de la Roche , son Pere , Frere
unique et puîné de Joachim . Icelui Jacque
, dir l'Epitaphe, fûr Colonel des Suisses
, et décéda aux Guerres de Piémont
en 1537. Joachim , son aîné , mourut en
1542 , et son Epouse en 1540.
Dans la même Chapelle est aussi inhumé
François , Sire de Matignon , fils de
Charles et de Madame Léonor d'Orleans .
Son Epitaphe ,gravée sur un Marbre noir,
au dessus de la Porte , doit avoir icy sa
place.
» Peu de personnes ont eu une nais-
» sance aussi illustre. Le sang de tout ce
qu'il
1526 MERCURE DE FRANCE
» qu'il y a de Souverain dans l'Europe ſe
» voit uni à l'ancienne Tige , dont il ti-
" roit son origine; ayant eu l'honneur de
» se voir au quatrième dégré , avec les
» Rois de France , d'Espagne et d'Angle-
» terre; son courage et ses actions répon-
» dirent à sa grande noblesse. Il se dis
» tingua dès l'âge de 16 ans , aux Guer-
» res d'Italie , sous son frere aîné , Jac-
" ques de Matignon , Comte de Thori
» gny , Colonel Général de la Cavalerie
» légere et se signala ensuite au Siége de
» la Rochelle et à l'Isle de Rhé , avec son
» Régiment d'Infanterie; et après fût Co-
» lonel de la Cavalerie , Maréchal de
Camp , et Lieutenant Général dans les
» Armées du Roy. Ses services lui firent
» mériter les Charges et Gouvernemens
» de ses Peres. Il fut le fixiéme Lieutenant
,
Général de cette Province , et le cin-
» quiéme Chevalier des Ordres du Roy ,
» avec le Seigneur Evêque de Lisieux son
» frere. Sa justice et sa bonté ont attiré les
» regrets de tous ceux qui étoient sous
» son Gouvernement. Il mourut à Tho-
> rigny , le 16 de Janvier 1675.
De cette Chapelle nous passâmes dans
une autre, qui est située derriere le Grand
Autel . On y voit plusieurs Mausolées ,
dont le plus distingué est celui du fameux
JUILLET. 1733 : 1527
meux Jacques , Sire de Matignon , Maréchal
de France , Gouverneur de Guyenne,
& c. Ce Monument est au milieu de la
Chapelle , prefque tout de, Marbre noir ,
veiné de blanc, et parfaitement bien travaillé
. Il est élevé sur une Base de trois
pieds de hauteur et de quatre de largeur ,
sur une longueur de huit pieds et demi.-
Cette Basé est ornée de Bas - reliefs historiques
et symboliques de Marbre blanc,
qui ont rapport à la vie toute guerriere
de ce Seigneur. Au dessus du Tombeau
on le voit representé à genoux , de grandeur
naturelle , avec Françoise * de Dail- ,
lon , son Epouse , en deux belles Figures .
de marbre grisatre , à l'exception des têtes
et des mains qui sont de marbre blanc.
Le Maréchal est revêtu du grand Manteau
et du Collier des Ordres du Roy , et
la Dame est vêtue et coeffée selon l'usage
-du temps . Le tout est parfaitement bien
exécuté , les Draperies en particulier ont
toute la légèreté et la hardiesse possible.
Aux quatre coins du Mausolée on a élevé
sut des Piédestaux , quatre Statuës de
Femmes , d'une belle Pierre blanche , qui
représentent la Religion, la Paix , la Pru-
* Cette Dame étoit fille du Comte du Lude et de
la mme Maison que Françoise de Dallon, Epouse
de Joachim de Matignon , oncle du Maréchal .
1
dence
1528 MERCURE DE FRANCE
dence et la Force, ayant à la main ou aux
pieds les symboles qui leur conviennent.
Les Piedestaux sont chargez de quelques
Vers François ,.en l'honneur de ces deux
Illustres Personnes , par rapport aux Figures
dont je viens de parler.
Ces Vers se sentent un peu du gout du
temps , mais on est dédommagé par la
lecture d'une Epitaphe latine du Maréchal
de Matignon , qui est gravée au dessous
de sa Figure , et qui contient un abbregé
de sa vie , qui finit , selon l'Epitaphe
, le 27 de Juillet 1597. à l'âge de 72
ans. Les expressions en sont nobles et
heureuses , les pensées justes . Elle est de
la composition de Philippe Desportes ,
Abbé de Tiron. On voit aussi sur le mê--
me Monument , une Epitaphe en François
, de la Dame de Daillon son Epouse ,
gravée de même au dessous de sa Représentation
, laquelle est aussi d'une noble
et édifiante simplicité. Les Armoiries de
cette Dame se voyent en Bronze aux deux
bouts du Tombeau . Elle portoit , écartelé
au premier et au quatriéme de Dail--
lon ; au second , de Craon ; au troisième,
de Laval , et sur le tout d'Illiers.
En Face de la Porte de la même Chapelle
, on voit sous une grande Arcade,
pratiquée dans le mur , et toute incrustée
de
JUILLET. 1733 . 1529
de Marbre , le Mausolée de Henri de Matignon
; il consiste en une espece d'Urne
de fix pieds de hauteur , de Marbre noir
jaspé , supportée par quatre pattes de
Lion , de Bronze. La figure de ce Seigneur
en Marbre blanc, de grandeur naturelle,
paroît au dessus , Il est representé assis sur
Urne , armé de toutes pieces , excepté
du Casque , sur lequel il est appuyé , tenant
en main un Bâton de Commandement.
Cette figure est d'une excellente.
beauté. On lit au dessus , contre le mur ,
une Epitaphe latine , dans laquelle entre
autres chofes , on louë sa piété , sa grande
charité , son inclination pour les Lettrès
, et sa protection envers les Sçavans.
Il mourut à Caen le 28 Decembre 1682.
dans la so année de son âge ; et Marie-
Françoise de la Lutumiere , son Epouse,
lui fit eriger ce Monument.
On voit à côté et dans le même Mur
un autre moindre Mausolée de trois
Enfans de la même Maison ; sçavoir
Jean-Louis- Charles , François et Leonor
de Matignon ; tous trois fils de Henri et
de la Dame de la Lutumiere , dont le plus
âgé n'avoit que dix ans lors de son décès
arrivé à Paris , le 17 Avril 1672. Ils sont
representez sur ce Monument , qui est
presque tout de Marbre blanc , soutenu
par
1530 MERCURE DE FRANCE
ya
par quatre figures de Lion . Il y a au dessous
une Epitaphe de l'ainé,accompagnée
de Vers François , & c .
Près de ce petit Mausolée sont deux
autres Epitaphes gravées sur une grande
Table de marbre , ornée de moulures , &c .
La premiere de Charles de Matignon
Comte de Torigny et de Gacé , Marquis
de Lonré , Baron de S. Lô , Chevalier
des Ordres du Roi , et Lieutenant General
en Normandie , honoré depuis par
le Roi Louis XIII . d'un Brevet de Maréchal
de France , et de la Lieutenance
Generale de ses Armées en Bourgogne.
Il étoit fils du Maréchal de Matignon , et
de Françoise de Daillon du Lude, il mourut
le 9 Juin 1648. âgé de 84 ans.
L'autre Epitaphe est de Léonor d'Orléans
, son Epouse , fille de Léonor d'Orléans
, Duc de Longueville , et d'Etouteville
, Comte Souverain de Neufchâtel
, et de Marie de Bourbon , Princesse
du Sang , fille de François de Bourbon ,
et nièce d'Antoine , Roi de Navarre.
Elle mourut à Torigny , le 6 Juin 1639 .
âgée de 66 ans . Sa Vie est ici représentée
comme un continuel Exercice de ' pieté
envers Dieu , et de charité envers les
pauvres.
Nous rentrâmes dans la Chapelle pour
lire
JUILLET. 1733- 1531
lire à côté d'un petit Autel , l'Epitaphe
du fils aîné du Maréchal de Matignon et
de Françoise de Daillon : sçavoir , Odet
de Matignon , qui fut Chevalier des
Ordres du Roi , Maréchal de Camp , &c.
et rendit de grands services militaires
sur tout à la Bataille d'Yvri , où il dégagea
le Roi , le retirant presque des mains
de ses Ennemis.Il mourut âgé de 40 ans ,
à Lons le Saunier , le 7 Août de l'année
1597. ne laissant point de posterité de la
Comtesse de Maure , son Epouse.
Enfin , nous lûmes dans le même licu
Epitaphe de Charles de Matignon
Comte de Gacé , &c . Colonel du Régiment
de Vermandois , Brigadier des Armées
du Roi , lequel après s'être signalé
en Hongrie , en Hollande , en Flandres ,
en Allemagne , et en Affrique , fut blessé
mortellement à la Bataille de Senef , et
finit ses jours à Charleroy le 26 Août
1674. àgé seulement de trente- trois ans.
Son corps fut transporté à Torigny.
-Si toutes les dates marquées dans ces
Monumens sont justes , comme il y a lieu
de le présumer , on pourra s'en servir
pour en rectifier quelques-unes dans
l'Ouvrage du Pere Anselme , et ailleurs,
où il est parlé de tous ces Seigneurs.
Quoique le Maréchal de Matignon
Gou1532
MERCURE DE FRANCE
Gouverneur de Guyenne , &c. ait été
l'un des plus grands Hommes de son
tems , je n'ai pas crû devoir rapporter
l'Epitaphe qui est sur son Mausolée , ni
devoir m'étendre autrement sur son sujet
, parce que sa vie a été écrite par
M. de Cailliere , et publiée à Paris chez.
Courbé en un volume in-fol. 1661. Livre
que tout le monde peut voir dans les
bonnes Bibliotheques.
Le Bourg de Torigny peut passer pour
une petite Ville à cause de son étenduë ,
et de son exemption. D'ailleurs , outre
ses deux Paroisses , S. Laurent , qui est la
principale , et Notre- Dame , il y a deux
Abbayes de l'Ordre de Citeaux . La premiere
d'Hommes , fondée au commencement
du XIV . siécle par un Archidiacre
d'Avranches , a pour Abbé Commanda
taire M. de la Chasteigneraye Ste Foy ;
la seconde de Filles est sous la conduite
de Madame de la Tour d'Auvergne. It
y a aussi dans ce Bourg un Hôpital de la
fondation de la Maison faite dans le dernier
siécle , où l'on reçoit les pauvres
malades , les Orphelins , et tous ceux qui
ne sont pas en état de gagner leur vie.
La Comté de Torigny est d'une fort
grande étenduë , et dans d'aussi beaux
droits qu'aucune autre Terre de cette qua
JUILLET. 1733. 1533
lité. M. de Matignon est aussi Seigneur
de S. Lô , Ville à deux lieues de distance
de Torigny , où l'on frappoit autrefois
de la Monnoye. De nouvelles et importantes
acquisitions , faites dans les Diocèses
de Bayeux et de Coûtances , font
qu'il n'y a pas dans toute la Province de
Normandie de Domaine plus beau et
plus étendu que le sien.
par
Je ne dois pas , en finissant ma Lettre ,
oublier de vous dire que de tous temps
le Château de Torigny a été l'abord et
le rendez-vous des Gens de Condition , et
des plus beaux esprits du pays ; attirez ,
moins la beauté du lieu , que par la
politesse et par l'affabilité des Maîtres.
Il seroit difficile de rencontrer ensemble.
trois personnes plus vénérables dans la
République des Lettres , chacune dans
son genre d'érudition , que le sçavant
M. Huet , Evêque d'Avranches , le fameux
St Evremont , et l'illustre M. de
Segrais , qui dans leur tems ont fait leurs
délices de ce séjour. En remontant plus
haut , on y a vû le sçavant Pere Mam -7
brun Jesuite , les Bochart et les Morins
de Caen , Malherbe , Sarrazin , Boisrobert
, G. André de la Roque l'Historien
les deux Corneilles , Brebeuf et autres
l'Elite des meilleursEsprits de cette gran-
.
>
de
1534 MERCURE DE FRANCE
de Province. Je suis , Monsieur , & c.
Dans la dixiéme Lettre imprimée dans
le Mercure d'Avril 1733. la mort du
Maréchal de Matignon est marquée page
696. en l'année 1594 il faut lire 1597.:
Il s'y est glissé quelques autres fautes
d'impression , on les corrigera de cette
maniere.
Page 707. ligne 8. consensitis , lisez consentitis.
P. 708. 1. 19. Provinciæ , lisez
Provincia . Le Lecteur intelligent suppléera
au reste.
Normandie.
LETTRE XH.
L est temps , Monsieur , de quitter
le
dirai plus rien de l'Inscription Romaine
de Torigny , si ce n'est peut- être quand
elle aura été exactement gravée avec ses
abbréviations bizares , &c. à quoi je songe
actuellement. Il ne sera queſtion dans
cette Lettre que de vous donner une
idée du Château de Torigny & de fes dépendances.
Ce Lieu charmant où nous
avons passé des momens si agréables ,
mérite bien cette attention de moi ; je
la dois aussi à votre curiosité et à la suite
de mes narrations sur le voyage de
Basse Normandie.
Le Château de Torigny , quoiqu'un
Cv
pew
1522 MERCURE DE FRANCE
peu irrégulier dans sa structure, a un certain
air de grandeur qui frape au premier
aspect. La premiere Entrée n'en est
point heureuse , étant occupée du côté
du Bourg , par la principale Eglise Paroissiale
. On trouve d'abord une grande
Porte , de laquelle on monte sur une
Terrasse spacieuse qui sert d'Avant-Cour;
elle est fort élevée , revêtuë de Masson->
nerie et ornée d'une Balustrade qui re- "
gne tout autour. On passe de là sur un
Pont- le-vis pour entrer dans la Cour
laquelle , aussi - bien que le Château , est
>
entourée de Fossez revêtus . Le Plan du
Château représente une Equierre , auxdeux
extrémitez de laquelle il y a deux
gros Pavillons et un troifiéme dans l'Angle.
Joachim , Sire de Matignon , Chevalier
de l'Ordre du Roy , et Lieutenant Géné
ral de Normandie , fit bâtir le premier et
le plus gros de ces Pavillons , il est tout
de Pierre de taille , d'un goût antique , et
fort élevé. La Maréchal de Matignon ,
Gouverneur de Guienne , &c. fit bâtir,
enfuite ce qui se trouve depuis ce Pavil
lon , jusqu'à celui qui termine l'Equierre
, lequel a été construit en 1692. par;
M. le Comte de Matignon ,
Les Faces de tout ce Château , depuis
le
JUILLET. 1733. 1523
le premier Pavillon , sont décorées d'un
ordre Dorique en bas et d'un ordre lonique
au dessus ; le tout avec un Bossage,
dont la dispofition des Assises , construites
alternativement de Pierres rouges
blanches et bleuâtres , fait un effet aussi
singulier qu'admirable .
Dans la face qui regarde la Cour , regnent
plusieurs Galleries, ornées de tresbelles
Peintures, qui représentent les principales
Alliances des Seigneurs de Matignon,
les Batailles où ils se sont distinguez ,
& c. De l'une de ces Gale ies on passe sur
une grande Terrasse , qui regne le long de
la face opposée, depuis le Pavillon de l'Angle,
jusqu'au Pavillon neuf.On a là en perspective
une magnifique Cascade et deux
grandes Piéces d'Eau des deux côtez ,
dont l'une fait face à l'Avant- Cour . Tout
cela , avec les Allées , les Bosquets et le
Terrain orné , qui s'étend plus d'une demi-
lieuë de ce même côté , fait un fort
bel effet à la vuë.
On voit aussi du même Endroit , environ
à une lieuë de distance , un petit
Château , bâti pour le plaisir de la Chasse ;
entre le premier Pavillon et celui de l'Angle
; dans un juste milieu , est un grand
Vestibule , qui conduit par un Pont - le
vis , dans un beau Parterre, et le Parterre
C vj
mê1524
MERCURE DE FRANCE
méne à l'Orangerie . Henry de Matignon ',
Lieutenant Général de Normandie , &c,
qui vivoit en 1680. la fit bâtir ; mais
comme depuis elle s'est trouvée trop
étroite pour le grand nombre d'Orangers
qu'il y a aujourd'hui , on se prépare
à en bâtir une autre beaucoup plus
belle et plus spacieuse. On passe de ce
Parterre sur une grande Terrasse , revêtuë
de Massonnerie , où l'on a encore une
tres belle vûë. On a aussi le plaisir l'Eté
de s'y promener à l'ombre d'une petite
Forêt d'Orangers , chose des plus rares
dans le fond de la Normandie. On voit
bien , au reste, que la situation du Terrain
étant d'elle - même assez ingrate , il
en a prodigieusement coûté en remuemens
de terres pour mettre les choses
dans la belle situation où elles sont.
Je ne vous dirai rien de l'interieur de
ce Château , tout y répond à sa magnificence
extérieure,àu bon goût , à la qualité
et à la distinction des Seigneurs qui
l'habitent .
Je passai un temps considérable dans
l'Eglise Paroissiale de S. Laurent , à examiner
les differens Mausolées et à lire les
Epitaphes de plusieurs Seigneurs qui y
sont inhumez. D'abord on me fit entrer
dans une Chapelle , qui est au côté droit
du
JUILLET. 1735. 1525
du Grand Autel , où est le Mausolée de
Joachim , Sire de Matignon , et de Fran
çoise de Daillon son Epouse , dont les figures,
de grandeur naturelle, s'y voyent
couchées , ayant à leurs pieds , l'une un
Lyon et l'autre un Chien . Une Epitaphe
en lettres d'or , sur un Marbre noir , apprend
que ce Seigneur étoit Chevalier
de l'Ordre du Roy , Conseiller d'Etat ,
Capitaine de so hommes d'Armes , Lieutenant
General en toute la Normandie.
Que n'ayant point eu d'Enfants de son
Epouse , veuve de Jacques de Rohan , ik
eût pour successeur en ligne collatérale
Jacques de Matignon , Maréchal de Fran
ce , représentant Jacques de Matignon ,
Seigneur de la Roche , son Pere , Frere
unique et puîné de Joachim . Icelui Jacque
, dir l'Epitaphe, fûr Colonel des Suisses
, et décéda aux Guerres de Piémont
en 1537. Joachim , son aîné , mourut en
1542 , et son Epouse en 1540.
Dans la même Chapelle est aussi inhumé
François , Sire de Matignon , fils de
Charles et de Madame Léonor d'Orleans .
Son Epitaphe ,gravée sur un Marbre noir,
au dessus de la Porte , doit avoir icy sa
place.
» Peu de personnes ont eu une nais-
» sance aussi illustre. Le sang de tout ce
qu'il
1526 MERCURE DE FRANCE
» qu'il y a de Souverain dans l'Europe ſe
» voit uni à l'ancienne Tige , dont il ti-
" roit son origine; ayant eu l'honneur de
» se voir au quatrième dégré , avec les
» Rois de France , d'Espagne et d'Angle-
» terre; son courage et ses actions répon-
» dirent à sa grande noblesse. Il se dis
» tingua dès l'âge de 16 ans , aux Guer-
» res d'Italie , sous son frere aîné , Jac-
" ques de Matignon , Comte de Thori
» gny , Colonel Général de la Cavalerie
» légere et se signala ensuite au Siége de
» la Rochelle et à l'Isle de Rhé , avec son
» Régiment d'Infanterie; et après fût Co-
» lonel de la Cavalerie , Maréchal de
Camp , et Lieutenant Général dans les
» Armées du Roy. Ses services lui firent
» mériter les Charges et Gouvernemens
» de ses Peres. Il fut le fixiéme Lieutenant
,
Général de cette Province , et le cin-
» quiéme Chevalier des Ordres du Roy ,
» avec le Seigneur Evêque de Lisieux son
» frere. Sa justice et sa bonté ont attiré les
» regrets de tous ceux qui étoient sous
» son Gouvernement. Il mourut à Tho-
> rigny , le 16 de Janvier 1675.
De cette Chapelle nous passâmes dans
une autre, qui est située derriere le Grand
Autel . On y voit plusieurs Mausolées ,
dont le plus distingué est celui du fameux
JUILLET. 1733 : 1527
meux Jacques , Sire de Matignon , Maréchal
de France , Gouverneur de Guyenne,
& c. Ce Monument est au milieu de la
Chapelle , prefque tout de, Marbre noir ,
veiné de blanc, et parfaitement bien travaillé
. Il est élevé sur une Base de trois
pieds de hauteur et de quatre de largeur ,
sur une longueur de huit pieds et demi.-
Cette Basé est ornée de Bas - reliefs historiques
et symboliques de Marbre blanc,
qui ont rapport à la vie toute guerriere
de ce Seigneur. Au dessus du Tombeau
on le voit representé à genoux , de grandeur
naturelle , avec Françoise * de Dail- ,
lon , son Epouse , en deux belles Figures .
de marbre grisatre , à l'exception des têtes
et des mains qui sont de marbre blanc.
Le Maréchal est revêtu du grand Manteau
et du Collier des Ordres du Roy , et
la Dame est vêtue et coeffée selon l'usage
-du temps . Le tout est parfaitement bien
exécuté , les Draperies en particulier ont
toute la légèreté et la hardiesse possible.
Aux quatre coins du Mausolée on a élevé
sut des Piédestaux , quatre Statuës de
Femmes , d'une belle Pierre blanche , qui
représentent la Religion, la Paix , la Pru-
* Cette Dame étoit fille du Comte du Lude et de
la mme Maison que Françoise de Dallon, Epouse
de Joachim de Matignon , oncle du Maréchal .
1
dence
1528 MERCURE DE FRANCE
dence et la Force, ayant à la main ou aux
pieds les symboles qui leur conviennent.
Les Piedestaux sont chargez de quelques
Vers François ,.en l'honneur de ces deux
Illustres Personnes , par rapport aux Figures
dont je viens de parler.
Ces Vers se sentent un peu du gout du
temps , mais on est dédommagé par la
lecture d'une Epitaphe latine du Maréchal
de Matignon , qui est gravée au dessous
de sa Figure , et qui contient un abbregé
de sa vie , qui finit , selon l'Epitaphe
, le 27 de Juillet 1597. à l'âge de 72
ans. Les expressions en sont nobles et
heureuses , les pensées justes . Elle est de
la composition de Philippe Desportes ,
Abbé de Tiron. On voit aussi sur le mê--
me Monument , une Epitaphe en François
, de la Dame de Daillon son Epouse ,
gravée de même au dessous de sa Représentation
, laquelle est aussi d'une noble
et édifiante simplicité. Les Armoiries de
cette Dame se voyent en Bronze aux deux
bouts du Tombeau . Elle portoit , écartelé
au premier et au quatriéme de Dail--
lon ; au second , de Craon ; au troisième,
de Laval , et sur le tout d'Illiers.
En Face de la Porte de la même Chapelle
, on voit sous une grande Arcade,
pratiquée dans le mur , et toute incrustée
de
JUILLET. 1733 . 1529
de Marbre , le Mausolée de Henri de Matignon
; il consiste en une espece d'Urne
de fix pieds de hauteur , de Marbre noir
jaspé , supportée par quatre pattes de
Lion , de Bronze. La figure de ce Seigneur
en Marbre blanc, de grandeur naturelle,
paroît au dessus , Il est representé assis sur
Urne , armé de toutes pieces , excepté
du Casque , sur lequel il est appuyé , tenant
en main un Bâton de Commandement.
Cette figure est d'une excellente.
beauté. On lit au dessus , contre le mur ,
une Epitaphe latine , dans laquelle entre
autres chofes , on louë sa piété , sa grande
charité , son inclination pour les Lettrès
, et sa protection envers les Sçavans.
Il mourut à Caen le 28 Decembre 1682.
dans la so année de son âge ; et Marie-
Françoise de la Lutumiere , son Epouse,
lui fit eriger ce Monument.
On voit à côté et dans le même Mur
un autre moindre Mausolée de trois
Enfans de la même Maison ; sçavoir
Jean-Louis- Charles , François et Leonor
de Matignon ; tous trois fils de Henri et
de la Dame de la Lutumiere , dont le plus
âgé n'avoit que dix ans lors de son décès
arrivé à Paris , le 17 Avril 1672. Ils sont
representez sur ce Monument , qui est
presque tout de Marbre blanc , soutenu
par
1530 MERCURE DE FRANCE
ya
par quatre figures de Lion . Il y a au dessous
une Epitaphe de l'ainé,accompagnée
de Vers François , & c .
Près de ce petit Mausolée sont deux
autres Epitaphes gravées sur une grande
Table de marbre , ornée de moulures , &c .
La premiere de Charles de Matignon
Comte de Torigny et de Gacé , Marquis
de Lonré , Baron de S. Lô , Chevalier
des Ordres du Roi , et Lieutenant General
en Normandie , honoré depuis par
le Roi Louis XIII . d'un Brevet de Maréchal
de France , et de la Lieutenance
Generale de ses Armées en Bourgogne.
Il étoit fils du Maréchal de Matignon , et
de Françoise de Daillon du Lude, il mourut
le 9 Juin 1648. âgé de 84 ans.
L'autre Epitaphe est de Léonor d'Orléans
, son Epouse , fille de Léonor d'Orléans
, Duc de Longueville , et d'Etouteville
, Comte Souverain de Neufchâtel
, et de Marie de Bourbon , Princesse
du Sang , fille de François de Bourbon ,
et nièce d'Antoine , Roi de Navarre.
Elle mourut à Torigny , le 6 Juin 1639 .
âgée de 66 ans . Sa Vie est ici représentée
comme un continuel Exercice de ' pieté
envers Dieu , et de charité envers les
pauvres.
Nous rentrâmes dans la Chapelle pour
lire
JUILLET. 1733- 1531
lire à côté d'un petit Autel , l'Epitaphe
du fils aîné du Maréchal de Matignon et
de Françoise de Daillon : sçavoir , Odet
de Matignon , qui fut Chevalier des
Ordres du Roi , Maréchal de Camp , &c.
et rendit de grands services militaires
sur tout à la Bataille d'Yvri , où il dégagea
le Roi , le retirant presque des mains
de ses Ennemis.Il mourut âgé de 40 ans ,
à Lons le Saunier , le 7 Août de l'année
1597. ne laissant point de posterité de la
Comtesse de Maure , son Epouse.
Enfin , nous lûmes dans le même licu
Epitaphe de Charles de Matignon
Comte de Gacé , &c . Colonel du Régiment
de Vermandois , Brigadier des Armées
du Roi , lequel après s'être signalé
en Hongrie , en Hollande , en Flandres ,
en Allemagne , et en Affrique , fut blessé
mortellement à la Bataille de Senef , et
finit ses jours à Charleroy le 26 Août
1674. àgé seulement de trente- trois ans.
Son corps fut transporté à Torigny.
-Si toutes les dates marquées dans ces
Monumens sont justes , comme il y a lieu
de le présumer , on pourra s'en servir
pour en rectifier quelques-unes dans
l'Ouvrage du Pere Anselme , et ailleurs,
où il est parlé de tous ces Seigneurs.
Quoique le Maréchal de Matignon
Gou1532
MERCURE DE FRANCE
Gouverneur de Guyenne , &c. ait été
l'un des plus grands Hommes de son
tems , je n'ai pas crû devoir rapporter
l'Epitaphe qui est sur son Mausolée , ni
devoir m'étendre autrement sur son sujet
, parce que sa vie a été écrite par
M. de Cailliere , et publiée à Paris chez.
Courbé en un volume in-fol. 1661. Livre
que tout le monde peut voir dans les
bonnes Bibliotheques.
Le Bourg de Torigny peut passer pour
une petite Ville à cause de son étenduë ,
et de son exemption. D'ailleurs , outre
ses deux Paroisses , S. Laurent , qui est la
principale , et Notre- Dame , il y a deux
Abbayes de l'Ordre de Citeaux . La premiere
d'Hommes , fondée au commencement
du XIV . siécle par un Archidiacre
d'Avranches , a pour Abbé Commanda
taire M. de la Chasteigneraye Ste Foy ;
la seconde de Filles est sous la conduite
de Madame de la Tour d'Auvergne. It
y a aussi dans ce Bourg un Hôpital de la
fondation de la Maison faite dans le dernier
siécle , où l'on reçoit les pauvres
malades , les Orphelins , et tous ceux qui
ne sont pas en état de gagner leur vie.
La Comté de Torigny est d'une fort
grande étenduë , et dans d'aussi beaux
droits qu'aucune autre Terre de cette qua
JUILLET. 1733. 1533
lité. M. de Matignon est aussi Seigneur
de S. Lô , Ville à deux lieues de distance
de Torigny , où l'on frappoit autrefois
de la Monnoye. De nouvelles et importantes
acquisitions , faites dans les Diocèses
de Bayeux et de Coûtances , font
qu'il n'y a pas dans toute la Province de
Normandie de Domaine plus beau et
plus étendu que le sien.
par
Je ne dois pas , en finissant ma Lettre ,
oublier de vous dire que de tous temps
le Château de Torigny a été l'abord et
le rendez-vous des Gens de Condition , et
des plus beaux esprits du pays ; attirez ,
moins la beauté du lieu , que par la
politesse et par l'affabilité des Maîtres.
Il seroit difficile de rencontrer ensemble.
trois personnes plus vénérables dans la
République des Lettres , chacune dans
son genre d'érudition , que le sçavant
M. Huet , Evêque d'Avranches , le fameux
St Evremont , et l'illustre M. de
Segrais , qui dans leur tems ont fait leurs
délices de ce séjour. En remontant plus
haut , on y a vû le sçavant Pere Mam -7
brun Jesuite , les Bochart et les Morins
de Caen , Malherbe , Sarrazin , Boisrobert
, G. André de la Roque l'Historien
les deux Corneilles , Brebeuf et autres
l'Elite des meilleursEsprits de cette gran-
.
>
de
1534 MERCURE DE FRANCE
de Province. Je suis , Monsieur , & c.
Dans la dixiéme Lettre imprimée dans
le Mercure d'Avril 1733. la mort du
Maréchal de Matignon est marquée page
696. en l'année 1594 il faut lire 1597.:
Il s'y est glissé quelques autres fautes
d'impression , on les corrigera de cette
maniere.
Page 707. ligne 8. consensitis , lisez consentitis.
P. 708. 1. 19. Provinciæ , lisez
Provincia . Le Lecteur intelligent suppléera
au reste.
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Résumé : SUITE du Voyage de Basse Normandie. LETTRE XII.
La lettre décrit le château de Torigny en Normandie, en mettant en avant sa grandeur malgré une structure irrégulière. L'entrée principale est occupée par l'église paroissiale, suivie d'une grande porte menant à une terrasse spacieuse. Le château est entouré de fossés revêtus et présente un plan en forme de quadrilatère avec trois pavillons. Joachim, Sire de Matignon, construisit le premier pavillon en pierre de taille, d'un goût antique. Le maréchal de Matignon et le comte de Matignon ajoutèrent d'autres parties du château, décorées d'ordres dorique et ionique avec un bossage alternant des pierres rouges, blanches et bleuâtres. Les galeries sont ornées de peintures représentant les alliances et les batailles des seigneurs de Matignon. Le château comprend également une cascade, des pièces d'eau, des allées, des bosquets et un terrain orné s'étendant sur plus d'une demi-lieue. Un petit château pour la chasse est visible à une lieue de distance. L'orangerie, construite par Henry de Matignon, est trop petite pour le nombre actuel d'orangers, et une nouvelle est en préparation. L'auteur ne décrit pas l'intérieur du château mais mentionne que tout y répond à sa magnificence extérieure. L'auteur passe un temps considérable dans l'église paroissiale de Saint-Laurent, examinant les mausolées et lisant les épitaphes des seigneurs de Matignon inhumés là. Parmi eux, Joachim, Sire de Matignon, et son épouse Françoise de Daillon, ainsi que François, Sire de Matignon, fils de Charles et de Léonor d'Orléans. Les mausolées de Jacques, Sire de Matignon, maréchal de France, et de Henri de Matignon, ainsi que ceux de leurs enfants et descendants, sont également détaillés. Les épitaphes fournissent des informations sur leurs vies, leurs titres et leurs actions militaires. Le bourg de Torigny, considéré comme une petite ville en raison de son étendue et de son exemption, comprend deux paroisses, Saint-Laurent et Notre-Dame, ainsi que deux abbayes cisterciennes. Il abrite également un hôpital fondé pour accueillir les pauvres malades, les orphelins et ceux incapables de subvenir à leurs besoins. La comté de Torigny est vaste et située dans une région particulièrement agréable. M. de Matignon est également seigneur de Saint-Lô, une ville distante de deux lieues de Torigny. Grâce à de récentes acquisitions dans les diocèses de Bayeux et de Coutances, le domaine de M. de Matignon est l'un des plus beaux et des plus étendus de Normandie. Le château de Torigny a toujours été un lieu de rassemblement pour les personnes de condition et les esprits brillants du pays, attirés par la politesse et l'affabilité des maîtres. Parmi les illustres visiteurs, on compte M. Huet, évêque d'Avranches, St Évremond, M. de Segrais, le père Maмбrun jésuite, les Bochart et les Morin de Caen, Malherbe, Sarrazin, Boisrobert, G. André de la Roque, les deux Corneille, Brebeuf, et d'autres esprits éminents de la province. Le texte mentionne également des erreurs d'impression dans une lettre publiée dans le Mercure d'Avril 1733, notamment concernant la date de décès du maréchal de Matignon, corrigée de 1594 à 1597.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 1627-1628
« On écrit de Lisbonne que l'Académie Royale de l'Histoire s'étant assemblée sur la fin du [...] »
Début :
On écrit de Lisbonne que l'Académie Royale de l'Histoire s'étant assemblée sur la fin du [...]
Mots clefs :
Général, Lisbonne, Comte, Directeur, Académie royale d'histoire portugaise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On écrit de Lisbonne que l'Académie Royale de l'Histoire s'étant assemblée sur la fin du [...] »
On écrit de Lisbonne que l'Académie Royale
de l'Histoire s'étant assemblée sur la fin du
mois de Mai dernier , Don François - Xavier de
Menezés , Comte d'Ericeira , lût l'Eloge de
deffunt Marquis d'Abrantes , Directeur de cette
Académie ; son Discours fut trouvé fort éloquent
; il n'y eut rien d'oublié sur les grandes
qualitez et sur la vaste érudition de cet illus
tre Directeur. Don Pierre d'Almeïda , Comté
d'Assumar , General de Bataille , Gouverneur
et Capitaine General de la Province das Minas ,
fut élu dans la même Assemblée pour lui succeder
dans cette qualité.
On mande de Lisbonne qu'on y avoit aussi
appris d'Aurique , que la femme de Blaise Figueira
, habitant du Village de Junqueiros dans
les environs de certe Ville , est accouchée le 10.
du mois dernier d'une fille , le lendemain d'une
seconde ,
1628 MERCURE DE FRANCE
seconde , le 13 d'une troisiéme , et le 14 d'une
quatrième , qui ont toutes reçû le Baptême ,
mais qui sont mortes peu après leur nais
sance.
de l'Histoire s'étant assemblée sur la fin du
mois de Mai dernier , Don François - Xavier de
Menezés , Comte d'Ericeira , lût l'Eloge de
deffunt Marquis d'Abrantes , Directeur de cette
Académie ; son Discours fut trouvé fort éloquent
; il n'y eut rien d'oublié sur les grandes
qualitez et sur la vaste érudition de cet illus
tre Directeur. Don Pierre d'Almeïda , Comté
d'Assumar , General de Bataille , Gouverneur
et Capitaine General de la Province das Minas ,
fut élu dans la même Assemblée pour lui succeder
dans cette qualité.
On mande de Lisbonne qu'on y avoit aussi
appris d'Aurique , que la femme de Blaise Figueira
, habitant du Village de Junqueiros dans
les environs de certe Ville , est accouchée le 10.
du mois dernier d'une fille , le lendemain d'une
seconde ,
1628 MERCURE DE FRANCE
seconde , le 13 d'une troisiéme , et le 14 d'une
quatrième , qui ont toutes reçû le Baptême ,
mais qui sont mortes peu après leur nais
sance.
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Résumé : « On écrit de Lisbonne que l'Académie Royale de l'Histoire s'étant assemblée sur la fin du [...] »
À Lisbonne, l'Académie Royale de l'Histoire a honoré le Marquis d'Abrantes par un discours de Don François-Xavier de Menezés. Don Pierre d'Almeïda a été élu pour lui succéder. Par ailleurs, la femme de Blaise Figueira a donné naissance à quatre filles en quatre jours, toutes décédées après leur baptême.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 1875-1880
« Le Roy a nommé le Maréchal Duc de Berwick, pour commander depuis [...] »
Début :
Le Roy a nommé le Maréchal Duc de Berwick, pour commander depuis [...]
Mots clefs :
Roi, Général, Académie française, Cérémonies, Motet, Musique, Composition, Audience, Compte, Députés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a nommé le Maréchal Duc de Berwick, pour commander depuis [...] »
FRANCE,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
E Roy a nommé le Maréchal Duc
de Berwick , pour commander depuis
la Meuse jusqu'au Rhin ; il a pris
congé de Sa Majesté , et il est pirti
17. de ce mois pour se rendre à Metz .
le
S. M. a accordé au Marquis de Conflans
, l'agrément du Régiment d'Auxerrois
, dont le Marquis d'Oisy étoit Colon.
l.
Le Chapitre General des Benedictins
de
1876 MERCURE DE FRANCE
de la Congrégation de S. Maur , assem
blé à Marmoutier , a élû le 2. Juillet le
R. P. Dom Hervé Ménard , pour Géneral
. Il étoit cy - devant Premier Assistant
, puis Vicaire general depuis la mort
du dernier General. Le R. P. Dom Claude
du Pré , Grand - Prieur de l'Abbaye
Royale de S. Germain des Prez , a été
fait premier Assistant , le R. P. Dom
René Lanau , second Assistant , et le.
R. P. Dom Pierre Maloet , a été nommé
Prieur de S. Germain des Prez.
Le 16. Août après midy , le Roy par-.
tit de Compiegne , et S. M. vint coucher
au Château de Chantilly. Elle prit
le divertissement de la Chasse du Sanglier
et du Cerf, le 17. et le 18 ; et le 19.
le Roy en partit et arriva à Versailles
vers les huit heures du soir.
Le 17. le Corps de Ville fit l'Election
des deux nouveaux Echevins , qui sont-
Mrs de Vildé , Conseiller de Ville , et
M. Josset.
Le 23. le Corps de Ville alla à Versailles
, et le Duc de Gesvres , Gouver
neur de Paris , étant à la tête ; il eut
audience du Roy avec les ceremonies
accoûtumées. Il fut présenté à S. M. par
le
A O UST. 1733 1877
le Comte de Maurepas , Secretaire d'Etat
, et conduit par le Grand-Maître et
Maître des Ceremonies . Les deux nouveaux
Echevins préterent le Serment de
fidelité , dont le Comte de Maurepas fit
la lecture ; le Scrutin avant été présenté
par le sieur du Tillet de la Bussiere ,
Conseiller au Parlement , qui parla avec
beaucoup d'éloquence.
Le 24. les Députez des Etats de Languedoc
, eurent audience du Roy , étant
présentez par le Prince de Dombes
Gouverneur de la Province , en survivance
du Duc du Maine , son Pere , et
par le Comte de S. Florentin , Secretaire
d'Etat , et conduits en la maniere accoûtumée
, par le Grand- Maître et le Maître
des Céremonies. La Députation étoit
composée de l'Evêque d'Agde , pour le
Clergé , qui porta la parole ; du Vicomte
de Polignac pour la Noblesse , des sieurs
de Saint Sébastien et Brigaud , Députez
du Tiers Etat , et du sieur de Montferrier
, Syndic general de la Province.
Ces Députez eurent ensuite audience de
la Reine avec les mêmes Ceremonies.
L'Académie Françoise celebra le 252
de ce mois la Fête de S, Louis , dans la
Cha18-
8 MERCURE DE FRANCE
Chapelle du Louvre. Pendant la Messe
on chanta un très -beau Motet en Musique
, de la composition du sieur Dornel
. Le R. P. Tournemine , de la Compa
gnie de Jesus , prononça le Panégyrique
du Saint , avec autant d'onction que dé-
Loquence. Son Discours fut fort applau
di . L'après midi l'Académie adjugea e
Prix d Eloquence rés rvé de l'année derniere
à une Piece qui fut luë par M.l'Abbé
Sallier ; l'Auteur qu'on dit être Provençal
, ne s'est point encore fait connoître
. Elle donna ensuite le Prix de
Poësie à M. Isnard , de l'Oratoire ,
aussi Provençal , Professeur d'Eloquence
au College de Soissons , présent à l'Assemblée.
Sa Piece est une Ode , dont la
lecture par M. Danchet , fit beaucoup de
plaisir . Les Prix dont on vient de parler
sont une Médaille d'or , la derniere qui
a été frappée pour le Roy et dont nou
avons donné la gravûr dans le Mercure
du mo's de Février dernier , p . 34 La
Séance finit par le Tribut de l'Académie
de Soissons . qui fut une Ode lû : par
M. l'Abbé Gédouin , imitée de celle d'Horace
, sur les innocens plaisirs de la Campagne.
Le même jour l'Académie des Inscriptions
et Belles- Lettres , et celle des Sciences
C
1879
AOUST. 1733.
Jes
Мо
Dot
lat
des
Ab
de
ees , celebrerent la même Fête dans l'Eglise
des P P. de l'Oratoire . Il y eut aussi
un beau Motet pendant la Messe , de la
composition du sieur du Bousset , après
laquelle le R.P.Coulomb , Dominiquain du
Noviciat , prononça , avec beaucoup de
succès , le Panegyrique de S. Louis.
Le 15. Août , Fête de l'Assomption de la
Vierge , il y eur Concert Spirituel au Château
des Tuilleries , où l'on chanta le Lauda Jerusa-
Po lem , Motet de M. de la Lande , après lequel la
Dlle Petitpas chanta seule un Moter du sieur le
Maire , avec beaucoup d'applaudissement. Le
sieur Jeliot , dont la belle voix fait tant de plaisir
, en chanta un autre seul , de la composition
de M. Mouret , qui fut goûté et applaudi d'une
très - nombreuse Assemblée , et après plusieurs
Pieces de Simphonie , executées par les sieurs le
de Clerc et Blavet , le Concert fut terminé par le
Dominus Regnavit , Motet de M. de la Lande.
те
ie
11.
Il y a eu plusieurs Concerts chez la Reine
endant le mois de Juillet dernier , M. de Blamont
, Sur- Intendant de la Musique du Roy ,
a fait chanter les Lundis et Mercredis les Opera
d'Atys , de Roland et d'Iphigenie , dont l'exécu¬
tion a fait beaucoup de plaisir.
Le 3. le I2. et le 18. Août , on concerta le
Balet de l'Europe Galante , dont les principaux
Rôles et ceux des Concerts précedens , ont ét
chantez par les meilleurs Sujets de la Musiqu
du Roy et par ceux de l'Académie Royale´d
Musique.
5
Le I
1380 MERCURE DE FRANCE
·
Le 25. Fête de S. Louis , les Vingt - quatre
Violons de la Chambre du Roy executerent
pendant le dîner de S. M. plusieurs Suites de
Simphonies , de la composition de M. de Bla
mont , Sur- Intendant de la Musique du Roy.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
E Roy a nommé le Maréchal Duc
de Berwick , pour commander depuis
la Meuse jusqu'au Rhin ; il a pris
congé de Sa Majesté , et il est pirti
17. de ce mois pour se rendre à Metz .
le
S. M. a accordé au Marquis de Conflans
, l'agrément du Régiment d'Auxerrois
, dont le Marquis d'Oisy étoit Colon.
l.
Le Chapitre General des Benedictins
de
1876 MERCURE DE FRANCE
de la Congrégation de S. Maur , assem
blé à Marmoutier , a élû le 2. Juillet le
R. P. Dom Hervé Ménard , pour Géneral
. Il étoit cy - devant Premier Assistant
, puis Vicaire general depuis la mort
du dernier General. Le R. P. Dom Claude
du Pré , Grand - Prieur de l'Abbaye
Royale de S. Germain des Prez , a été
fait premier Assistant , le R. P. Dom
René Lanau , second Assistant , et le.
R. P. Dom Pierre Maloet , a été nommé
Prieur de S. Germain des Prez.
Le 16. Août après midy , le Roy par-.
tit de Compiegne , et S. M. vint coucher
au Château de Chantilly. Elle prit
le divertissement de la Chasse du Sanglier
et du Cerf, le 17. et le 18 ; et le 19.
le Roy en partit et arriva à Versailles
vers les huit heures du soir.
Le 17. le Corps de Ville fit l'Election
des deux nouveaux Echevins , qui sont-
Mrs de Vildé , Conseiller de Ville , et
M. Josset.
Le 23. le Corps de Ville alla à Versailles
, et le Duc de Gesvres , Gouver
neur de Paris , étant à la tête ; il eut
audience du Roy avec les ceremonies
accoûtumées. Il fut présenté à S. M. par
le
A O UST. 1733 1877
le Comte de Maurepas , Secretaire d'Etat
, et conduit par le Grand-Maître et
Maître des Ceremonies . Les deux nouveaux
Echevins préterent le Serment de
fidelité , dont le Comte de Maurepas fit
la lecture ; le Scrutin avant été présenté
par le sieur du Tillet de la Bussiere ,
Conseiller au Parlement , qui parla avec
beaucoup d'éloquence.
Le 24. les Députez des Etats de Languedoc
, eurent audience du Roy , étant
présentez par le Prince de Dombes
Gouverneur de la Province , en survivance
du Duc du Maine , son Pere , et
par le Comte de S. Florentin , Secretaire
d'Etat , et conduits en la maniere accoûtumée
, par le Grand- Maître et le Maître
des Céremonies. La Députation étoit
composée de l'Evêque d'Agde , pour le
Clergé , qui porta la parole ; du Vicomte
de Polignac pour la Noblesse , des sieurs
de Saint Sébastien et Brigaud , Députez
du Tiers Etat , et du sieur de Montferrier
, Syndic general de la Province.
Ces Députez eurent ensuite audience de
la Reine avec les mêmes Ceremonies.
L'Académie Françoise celebra le 252
de ce mois la Fête de S, Louis , dans la
Cha18-
8 MERCURE DE FRANCE
Chapelle du Louvre. Pendant la Messe
on chanta un très -beau Motet en Musique
, de la composition du sieur Dornel
. Le R. P. Tournemine , de la Compa
gnie de Jesus , prononça le Panégyrique
du Saint , avec autant d'onction que dé-
Loquence. Son Discours fut fort applau
di . L'après midi l'Académie adjugea e
Prix d Eloquence rés rvé de l'année derniere
à une Piece qui fut luë par M.l'Abbé
Sallier ; l'Auteur qu'on dit être Provençal
, ne s'est point encore fait connoître
. Elle donna ensuite le Prix de
Poësie à M. Isnard , de l'Oratoire ,
aussi Provençal , Professeur d'Eloquence
au College de Soissons , présent à l'Assemblée.
Sa Piece est une Ode , dont la
lecture par M. Danchet , fit beaucoup de
plaisir . Les Prix dont on vient de parler
sont une Médaille d'or , la derniere qui
a été frappée pour le Roy et dont nou
avons donné la gravûr dans le Mercure
du mo's de Février dernier , p . 34 La
Séance finit par le Tribut de l'Académie
de Soissons . qui fut une Ode lû : par
M. l'Abbé Gédouin , imitée de celle d'Horace
, sur les innocens plaisirs de la Campagne.
Le même jour l'Académie des Inscriptions
et Belles- Lettres , et celle des Sciences
C
1879
AOUST. 1733.
Jes
Мо
Dot
lat
des
Ab
de
ees , celebrerent la même Fête dans l'Eglise
des P P. de l'Oratoire . Il y eut aussi
un beau Motet pendant la Messe , de la
composition du sieur du Bousset , après
laquelle le R.P.Coulomb , Dominiquain du
Noviciat , prononça , avec beaucoup de
succès , le Panegyrique de S. Louis.
Le 15. Août , Fête de l'Assomption de la
Vierge , il y eur Concert Spirituel au Château
des Tuilleries , où l'on chanta le Lauda Jerusa-
Po lem , Motet de M. de la Lande , après lequel la
Dlle Petitpas chanta seule un Moter du sieur le
Maire , avec beaucoup d'applaudissement. Le
sieur Jeliot , dont la belle voix fait tant de plaisir
, en chanta un autre seul , de la composition
de M. Mouret , qui fut goûté et applaudi d'une
très - nombreuse Assemblée , et après plusieurs
Pieces de Simphonie , executées par les sieurs le
de Clerc et Blavet , le Concert fut terminé par le
Dominus Regnavit , Motet de M. de la Lande.
те
ie
11.
Il y a eu plusieurs Concerts chez la Reine
endant le mois de Juillet dernier , M. de Blamont
, Sur- Intendant de la Musique du Roy ,
a fait chanter les Lundis et Mercredis les Opera
d'Atys , de Roland et d'Iphigenie , dont l'exécu¬
tion a fait beaucoup de plaisir.
Le 3. le I2. et le 18. Août , on concerta le
Balet de l'Europe Galante , dont les principaux
Rôles et ceux des Concerts précedens , ont ét
chantez par les meilleurs Sujets de la Musiqu
du Roy et par ceux de l'Académie Royale´d
Musique.
5
Le I
1380 MERCURE DE FRANCE
·
Le 25. Fête de S. Louis , les Vingt - quatre
Violons de la Chambre du Roy executerent
pendant le dîner de S. M. plusieurs Suites de
Simphonies , de la composition de M. de Bla
mont , Sur- Intendant de la Musique du Roy.
Fermer
Résumé : « Le Roy a nommé le Maréchal Duc de Berwick, pour commander depuis [...] »
En août 1733, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le roi a nommé le Maréchal Duc de Berwick pour commander les troupes depuis la Meuse jusqu'au Rhin, et ce dernier a quitté Paris pour Metz le 17 août. Le Marquis de Conflans a reçu l'agrément du Régiment d'Auxerrois, précédemment dirigé par le Marquis d'Oisy. Le Chapitre Général des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, réuni à Marmoutier, a élu le R. P. Dom Hervé Ménard comme Général le 2 juillet, et d'autres nominations ont été effectuées au sein de la congrégation. Le roi a quitté Compiègne pour Chantilly le 16 août, où il a chassé le sanglier et le cerf les 17 et 18 août, avant de retourner à Versailles le 19 août. Le 17 août, deux nouveaux échevins, Messieurs de Vildé et Josset, ont été élus. Le 23 août, le Corps de Ville s'est rendu à Versailles pour prêter serment de fidélité en présence du roi. Le 24 août, les députés des États de Languedoc ont été reçus par le roi et la reine, présentés par le Prince de Dombes et le Comte de Saint-Florentin. L'Académie Française a célébré la fête de Saint-Louis le 25 août dans la Chapelle du Louvre. Un motet composé par le sieur Dornel a été chanté, et le R. P. Tournemine a prononcé un panégyrique du saint. Les prix d'éloquence et de poésie ont été attribués à l'Abbé Sallier et à M. Isnard, respectivement. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ainsi que celle des Sciences, ont également célébré la fête dans l'église des Pères de l'Oratoire. Le 15 août, à la fête de l'Assomption de la Vierge, un concert spirituel a eu lieu au Château des Tuileries. Plusieurs concerts ont été organisés chez la reine en juillet, et des ballets et opéras ont été joués en août. Le 25 août, les Vingt-quatre Violons de la Chambre du roi ont exécuté des suites de symphonies pendant le dîner du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 2055-2059
A Constantinople le 14. Août 1733.
Début :
La nouvelle qu'on reçut ici le 7. Août au soir, de la grande victoire remportée par l'Armée [...]
Mots clefs :
Topal Osman Pacha, Thamas Kouli-Kan, Général, Bagdad, Armée, Troupes, Bataille, Victoire, Persans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Constantinople le 14. Août 1733.
Constantinople le 14. Août 1733 .
A nouvelle qu'on reçut ici le 7. Août au soir,
de Lie la grande victoire remportée par l'Armée
Turque sur les Persans , et dont on espere que
les suites seront aussi avantageuses à l'Empire
Ottoman , que glorieuses à Topal Osman , fut
annoncée au Public entre neuf et dix heures par
une salve de plus de cent. Pieces de Canon du
Serrail de Top- Hana , de l'Arsenal , des Vaisseaux
et des Galeres du Grand Seigneur, ce qui a
été repeté chacun des trois jours suivans . Voici
ce qu'on a pû recueillir de diverses Lettres , surtout
de celles du General Topal Osman Pacha.
>
*
Quelques jours avant l'arrivée de ce Pacha à
Kerkoud , Thamas Kouli- Kan , dont la valeur
est ternie par une présomption insupportable ,
écrivit au Pacha de cette Ville , que regardant
Bagdad comme une Place qui étoit déja en son
pouvoir, il comptoit de finir la Campagne par la
prise d'Alep , après s'être emparé en chemin
faisant de Kerkoud , de Mossul , de Diabékir
&c.que cependant ayant appris qu'un certain Gé.
néral Turc , dont la lenteur ne lui donnoit pas
une grande idée de son courage , étoit en marche
depuis long- temps , pour venir s'opposer à
ses conquêtes , il le prioit de mander à ce Général
de se hâter un peu plus , parce qu'il étoit
pressé, et que pour lui abreger le chemin , il
iroit bien- tôt à sa rencontre avec une partie de
son Armée , qui suffiroit de reste pour le faire:
repentir de sa témérité.
Le Pacha de Kerkoud , ayant communiqué
cette insolente Lettre à Topal -Osman , ce der
nier se chargea de répondre à Thamas Kouli
Kan , et le fit à peu près dans ces termes.
Ge vj Quoi
2056 MERCURE DE FRANCE
*
Quoique le G. S. mon Maitre , ait des Soldats
en aussi grand nombre que le sable de la Mer , er
qu'indépendamment de son G. V. il pourroit choi
sir parmi ses Pachas des Chefs pour les commander,
dont la réputation seule seroit capable de t'anéantir,
cependant Sa Hautesse a crû que ce seroit assez.
pour réprimer ton orgueil , que de t'opposer quelques-
unes de ses Troupes , et de mettre à leur tête
un pauvre Boiteux , chargé d'ans et d'infirmitez,
tel que je le suis , et j'espere qu'avec le secours die
Tout-Puissant , en qui je me confie , et qui se sert
souvent des instrumens les plus méprisables pour
confondre les superbes comme toy , il te fera
éprouver par mon moyen un sort pareil à celui
qu'eut autrefois Nimbrout ** lequel voulant s'égater
à Dieu, fut puni de sa vanité impie , en péris
sant dans les douleurs que lui causa une simple
Moucke qui lui étoit entrée par le nez et avoit pénetré
jusques dans le cerveau.
Kouli- Kan s'étant effectivement mis en moùvement
, partit des environs de Bagdad avec l'é-
Lite de ses Troupes , au nombre de 80000. hommes
, dont toute la Cavalerie étoit armée de
maille; et Topal Osman continuant sa route le
long du Tigre , avec plus de cent mille Combattans
; les deux Amées se trouverent en présence
à la pointe du jour le 19. Juillet dans la Plaine
Udjoum qui est à la moitié chemin de Ker
koud à Bagdad , environ à 10. à 12. lieuës de
l'une à l'autre Place.
Le Général Persan faisoit marcher la sienne
dans un ordre de Bataille , à peu près semblable
à celui qui s'observe en Europe , et celle de Topal-
Osman fut rangée sur les bords du Fleuve.
** Topal' en Turc , signifie Boiteux.
** C'est une des Traditions Mabométanes .
Ca
SEPTEMBRE. 17 : 3 2057
Ce Bacha se posta dans le centre avec les Trou
pes de Romelie , sur lesquelles il comptoit le
plus , et mit aux premiers rangs les Curdes , de
la bravoure desquels il se méfioit , et sur qui il
ordonna aux autres Troupes de tirer , dès qu'ils
feroient mine de s'enfuir . Les Persans commencerent
le Combat par une décharge de toute leur
Artillerie et par celle d'un Coips d'Arquebusiers
montez sur des Chameaux , selon l'usage de cette
Nation . Les Curdes ne tarderent pas à lâcher pied,
comme le Général l'avoit prévû ; mais on tira
sur eux , et se voyant entre deux feux , ils furent
contraints de combattre comme les autres , encouragez
d'ailleurs par l'activité infatigable du
Général , qui volant du centre aux aîles , et de
rang en rang , ranimoit tout par sa présence ,
par son exemple et par ses largesses .
Cependant quelque bien secondé qu'il fût pens
dant le cours de cette sanglante action , qui commença
vers les six heures du matin et dura jusqu'à
trois heures après midi , la victoire incertaine
fut si vivement disputée , qu'elle changea
plusieurs fois de parti ; mais enfin les Persans
ayant perdu plus de 20000 hommes de leur In
fanterie , plus de 10000. de Cavalerie , et Kouli
Kan ayant reçu trois coups de lance , ils prirent
l'épouvante , abandonnerent le Champ de
Bataille , l'Artillerie et les Munitions , et s'enfuirent
la plupart à travers les Déserts , évitant les
chemins pratiquez ; une partie de l'Armée Ottomane
les poursuivit pendant . heures , et leur
Général , tout blessé qu'il étoit , se sauva come
me il
put avec quelques Cavaliers qui ne l'abandonnerent
point . Quant aux Turcs , à qui ce
triomphe n'a pas laissé de coûter , ils ont eu.
ooo. hommes de tuez , 7000. de blessez , et
*
parmis
2018 MERCURE DE FRANCE
parmi les morts , il s'est trouvé beaucoup de
Beys , qui sont comme des Chefs dans chaque
Province.
Le Seraskier Topal - Osman , donna aussi- tôt
avis de cette victoire à Achmet - Pacha , Gouverneur
de Bagdad , et lui manda en même-temps
que le Vendredy suivant 24. il comptoit d'entrer
dans cette Place , et qu'après avoir rendu graces
à Dieu sur le Tombeau de l'Iman Mahassem ,
ils conféreroient ensemble sur les opérations du
reste de la Campagne . Il coucha sur le Champ
de bataille , y séjourna le lendemain pour laisser
*
reposer son Armée , et se remit en marche le 21 .
Juillet,
Il est remarquer que Kouli- Kan , outre ses
propres Troupes , avoit été suivi d'un gros Corps
d'Arabes , sur l'assistance duquel il avoit beaucoup
compté , et que ces Arabes , au lieu de
prendre part au combat , en resterent les tranquilles
Spectateurs , leur inaction fut d'autant
plus favorable au Général Turc , qu'il n'avoit
point encore été joint par toutes les Troupes de
Romelie et par celles d'Egypte , qu'il attendoit
et sur lesquelles il comptoit beaucoup , mais dès
que l'affaire fut décidéee en sa faveur , tous ces
Arabes repasserent à la nâge de l'autre côté du
Tigre , et de- là ils députerent vers lui pour ob .
tenir une capitulation honorable , réprésentant
qu'ils avoient toujours été amis des Turcs, qu'ils
n'avoient embrassé le parti de Kouli - Kan , en
apparence , que parce qu'il s'étoit rendu le maître
chez eux , et qu'ils venoient de prouver de
* Cet Iman est un des plus respectables parmi
Tes Musulmans , et l'un des plus celebres Commentateurs
de l'Alcoran. Son Tombeau est auprès de
Bagdad.
reste
SEPTEMBRE. 1733. 2059
reste, combien ils lui étoient peu attachez , puisqu'ils
l'avoient laissé batere sans lui donner aucun
secours
Le Seraskier , qui d'un côté avoit ses raisons
pour les ménager , et qui de l'autre étoit bien
aise de leur faire sentir qu'il n'étoit pas tout- àfait
content de leur conduite et de leurs excuses
les remit pour regler toutes choses avec eux à
son arivée à Bagdad ; il fit donner aux Députez
quelques Caftans ou Robbes d'honneur , éxigea
d'eux qu'ils poursuivroient Kouli Kan et qu'ils
feroient tout leur possible pour le lui amener
mort ou vif, et que dès à présent ils envoye
roient des provisions pour quatre jours
dans Bagdad , afin que son Armée pût les y
trouver en arrivant , moyennant quoi , il leur
promit que jusqu'à - ce qu'il eût pû traiter avec
eux , il ne leur seroit fait aucun tort de la par
de ses Troupes.
On attend tous les jours Hamzé- Aga- Capigi-
Bachi , qui apporte des détails plus circonstanciez
de cette mémorable journée. Celui qui en a
apporté la premiere nouvelle , est venu en 17 .
jours. C'est un Officier Tartare , attaché à Topal-
Osman , et qui s'est fort distingué par des
actions de valeur le jour de la Bataille.
Le Seraskier lui donna , en le dépêchant , une
espece d'Aigrette d'or à trois pointes , avec laquelle
il a été présenté au G. S. qui lui en fic
donner une autre beaucoup plus riche , et le
gratifia d'un Apanage de quatre Bourses ou de
2000. écus de revenu ; on assure d'ailleurs que
ce Courier étant allé visiter tous les Ministres et
Tous les Grands de la Porte , en a reçû la valeur
de près de cent Bourses en differens présens.
A nouvelle qu'on reçut ici le 7. Août au soir,
de Lie la grande victoire remportée par l'Armée
Turque sur les Persans , et dont on espere que
les suites seront aussi avantageuses à l'Empire
Ottoman , que glorieuses à Topal Osman , fut
annoncée au Public entre neuf et dix heures par
une salve de plus de cent. Pieces de Canon du
Serrail de Top- Hana , de l'Arsenal , des Vaisseaux
et des Galeres du Grand Seigneur, ce qui a
été repeté chacun des trois jours suivans . Voici
ce qu'on a pû recueillir de diverses Lettres , surtout
de celles du General Topal Osman Pacha.
>
*
Quelques jours avant l'arrivée de ce Pacha à
Kerkoud , Thamas Kouli- Kan , dont la valeur
est ternie par une présomption insupportable ,
écrivit au Pacha de cette Ville , que regardant
Bagdad comme une Place qui étoit déja en son
pouvoir, il comptoit de finir la Campagne par la
prise d'Alep , après s'être emparé en chemin
faisant de Kerkoud , de Mossul , de Diabékir
&c.que cependant ayant appris qu'un certain Gé.
néral Turc , dont la lenteur ne lui donnoit pas
une grande idée de son courage , étoit en marche
depuis long- temps , pour venir s'opposer à
ses conquêtes , il le prioit de mander à ce Général
de se hâter un peu plus , parce qu'il étoit
pressé, et que pour lui abreger le chemin , il
iroit bien- tôt à sa rencontre avec une partie de
son Armée , qui suffiroit de reste pour le faire:
repentir de sa témérité.
Le Pacha de Kerkoud , ayant communiqué
cette insolente Lettre à Topal -Osman , ce der
nier se chargea de répondre à Thamas Kouli
Kan , et le fit à peu près dans ces termes.
Ge vj Quoi
2056 MERCURE DE FRANCE
*
Quoique le G. S. mon Maitre , ait des Soldats
en aussi grand nombre que le sable de la Mer , er
qu'indépendamment de son G. V. il pourroit choi
sir parmi ses Pachas des Chefs pour les commander,
dont la réputation seule seroit capable de t'anéantir,
cependant Sa Hautesse a crû que ce seroit assez.
pour réprimer ton orgueil , que de t'opposer quelques-
unes de ses Troupes , et de mettre à leur tête
un pauvre Boiteux , chargé d'ans et d'infirmitez,
tel que je le suis , et j'espere qu'avec le secours die
Tout-Puissant , en qui je me confie , et qui se sert
souvent des instrumens les plus méprisables pour
confondre les superbes comme toy , il te fera
éprouver par mon moyen un sort pareil à celui
qu'eut autrefois Nimbrout ** lequel voulant s'égater
à Dieu, fut puni de sa vanité impie , en péris
sant dans les douleurs que lui causa une simple
Moucke qui lui étoit entrée par le nez et avoit pénetré
jusques dans le cerveau.
Kouli- Kan s'étant effectivement mis en moùvement
, partit des environs de Bagdad avec l'é-
Lite de ses Troupes , au nombre de 80000. hommes
, dont toute la Cavalerie étoit armée de
maille; et Topal Osman continuant sa route le
long du Tigre , avec plus de cent mille Combattans
; les deux Amées se trouverent en présence
à la pointe du jour le 19. Juillet dans la Plaine
Udjoum qui est à la moitié chemin de Ker
koud à Bagdad , environ à 10. à 12. lieuës de
l'une à l'autre Place.
Le Général Persan faisoit marcher la sienne
dans un ordre de Bataille , à peu près semblable
à celui qui s'observe en Europe , et celle de Topal-
Osman fut rangée sur les bords du Fleuve.
** Topal' en Turc , signifie Boiteux.
** C'est une des Traditions Mabométanes .
Ca
SEPTEMBRE. 17 : 3 2057
Ce Bacha se posta dans le centre avec les Trou
pes de Romelie , sur lesquelles il comptoit le
plus , et mit aux premiers rangs les Curdes , de
la bravoure desquels il se méfioit , et sur qui il
ordonna aux autres Troupes de tirer , dès qu'ils
feroient mine de s'enfuir . Les Persans commencerent
le Combat par une décharge de toute leur
Artillerie et par celle d'un Coips d'Arquebusiers
montez sur des Chameaux , selon l'usage de cette
Nation . Les Curdes ne tarderent pas à lâcher pied,
comme le Général l'avoit prévû ; mais on tira
sur eux , et se voyant entre deux feux , ils furent
contraints de combattre comme les autres , encouragez
d'ailleurs par l'activité infatigable du
Général , qui volant du centre aux aîles , et de
rang en rang , ranimoit tout par sa présence ,
par son exemple et par ses largesses .
Cependant quelque bien secondé qu'il fût pens
dant le cours de cette sanglante action , qui commença
vers les six heures du matin et dura jusqu'à
trois heures après midi , la victoire incertaine
fut si vivement disputée , qu'elle changea
plusieurs fois de parti ; mais enfin les Persans
ayant perdu plus de 20000 hommes de leur In
fanterie , plus de 10000. de Cavalerie , et Kouli
Kan ayant reçu trois coups de lance , ils prirent
l'épouvante , abandonnerent le Champ de
Bataille , l'Artillerie et les Munitions , et s'enfuirent
la plupart à travers les Déserts , évitant les
chemins pratiquez ; une partie de l'Armée Ottomane
les poursuivit pendant . heures , et leur
Général , tout blessé qu'il étoit , se sauva come
me il
put avec quelques Cavaliers qui ne l'abandonnerent
point . Quant aux Turcs , à qui ce
triomphe n'a pas laissé de coûter , ils ont eu.
ooo. hommes de tuez , 7000. de blessez , et
*
parmis
2018 MERCURE DE FRANCE
parmi les morts , il s'est trouvé beaucoup de
Beys , qui sont comme des Chefs dans chaque
Province.
Le Seraskier Topal - Osman , donna aussi- tôt
avis de cette victoire à Achmet - Pacha , Gouverneur
de Bagdad , et lui manda en même-temps
que le Vendredy suivant 24. il comptoit d'entrer
dans cette Place , et qu'après avoir rendu graces
à Dieu sur le Tombeau de l'Iman Mahassem ,
ils conféreroient ensemble sur les opérations du
reste de la Campagne . Il coucha sur le Champ
de bataille , y séjourna le lendemain pour laisser
*
reposer son Armée , et se remit en marche le 21 .
Juillet,
Il est remarquer que Kouli- Kan , outre ses
propres Troupes , avoit été suivi d'un gros Corps
d'Arabes , sur l'assistance duquel il avoit beaucoup
compté , et que ces Arabes , au lieu de
prendre part au combat , en resterent les tranquilles
Spectateurs , leur inaction fut d'autant
plus favorable au Général Turc , qu'il n'avoit
point encore été joint par toutes les Troupes de
Romelie et par celles d'Egypte , qu'il attendoit
et sur lesquelles il comptoit beaucoup , mais dès
que l'affaire fut décidéee en sa faveur , tous ces
Arabes repasserent à la nâge de l'autre côté du
Tigre , et de- là ils députerent vers lui pour ob .
tenir une capitulation honorable , réprésentant
qu'ils avoient toujours été amis des Turcs, qu'ils
n'avoient embrassé le parti de Kouli - Kan , en
apparence , que parce qu'il s'étoit rendu le maître
chez eux , et qu'ils venoient de prouver de
* Cet Iman est un des plus respectables parmi
Tes Musulmans , et l'un des plus celebres Commentateurs
de l'Alcoran. Son Tombeau est auprès de
Bagdad.
reste
SEPTEMBRE. 1733. 2059
reste, combien ils lui étoient peu attachez , puisqu'ils
l'avoient laissé batere sans lui donner aucun
secours
Le Seraskier , qui d'un côté avoit ses raisons
pour les ménager , et qui de l'autre étoit bien
aise de leur faire sentir qu'il n'étoit pas tout- àfait
content de leur conduite et de leurs excuses
les remit pour regler toutes choses avec eux à
son arivée à Bagdad ; il fit donner aux Députez
quelques Caftans ou Robbes d'honneur , éxigea
d'eux qu'ils poursuivroient Kouli Kan et qu'ils
feroient tout leur possible pour le lui amener
mort ou vif, et que dès à présent ils envoye
roient des provisions pour quatre jours
dans Bagdad , afin que son Armée pût les y
trouver en arrivant , moyennant quoi , il leur
promit que jusqu'à - ce qu'il eût pû traiter avec
eux , il ne leur seroit fait aucun tort de la par
de ses Troupes.
On attend tous les jours Hamzé- Aga- Capigi-
Bachi , qui apporte des détails plus circonstanciez
de cette mémorable journée. Celui qui en a
apporté la premiere nouvelle , est venu en 17 .
jours. C'est un Officier Tartare , attaché à Topal-
Osman , et qui s'est fort distingué par des
actions de valeur le jour de la Bataille.
Le Seraskier lui donna , en le dépêchant , une
espece d'Aigrette d'or à trois pointes , avec laquelle
il a été présenté au G. S. qui lui en fic
donner une autre beaucoup plus riche , et le
gratifia d'un Apanage de quatre Bourses ou de
2000. écus de revenu ; on assure d'ailleurs que
ce Courier étant allé visiter tous les Ministres et
Tous les Grands de la Porte , en a reçû la valeur
de près de cent Bourses en differens présens.
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Résumé : A Constantinople le 14. Août 1733.
Le 14 août 1733, Constantinople apprend la victoire de l'armée turque sur les Persans à Kerkoud. La nouvelle, reçue le 7 août, est annoncée par une salve de canons et répétée les trois jours suivants. Les informations proviennent des lettres du général Topal Osman Pacha. Quelques jours avant la bataille, Thamas Kouli-Kan, général persan, avait écrit au pacha de Kerkoud, se vantant de ses conquêtes et pressant le général turc de se hâter. Topal Osman Pacha répondit en soulignant l'humilité et la confiance en Dieu, malgré ses infirmités. Le 19 juillet, les deux armées se rencontrent dans la plaine d'Udjoum. Les Persans, commandés par Kouli-Kan, commencent le combat par une décharge d'artillerie et d'arquebusiers montés sur des chameaux. La bataille, très disputée, dure de six heures du matin à trois heures de l'après-midi. Les Persans, ayant perdu environ 30 000 hommes, prennent la fuite, abandonnant leur artillerie et munitions. Les Turcs, bien que victorieux, subissent également des pertes importantes, avec 6 000 hommes tués et 7 000 blessés. Topal Osman Pacha informe Achmet Pacha, gouverneur de Bagdad, de sa victoire et de son intention d'entrer dans la ville le 24 juillet. Il séjourne sur le champ de bataille pour reposer son armée avant de se remettre en marche le 21 juillet. Les Arabes, initialement spectateurs, demandent une capitulation honorable après la défaite de Kouli-Kan. Topal Osman Pacha les remet à plus tard, exigeant leur aide pour capturer Kouli-Kan et fournir des provisions à Bagdad. Un officier tartare, distingué lors de la bataille, apporte la nouvelle à Constantinople en 17 jours. Il est récompensé par le sultan et les grands de la Porte.
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39
p. 2282-2283
OFFICIERS GENERAUX de l'Armée d'Allemagne.
Début :
LE MARECHAL DE BERWICK, Commandant en chef. Lieutenans Generaux. Mrs [...]
Mots clefs :
Armée d'Allemagne, Comte, Marquis, Général, Généraux, Chevalier
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texteReconnaissance textuelle : OFFICIERS GENERAUX de l'Armée d'Allemagne.
OFFICIERS GENERAUX
de Armée d'Allemagne.
LE MARECHAL DE BERWICK
Commandant en chef.
Lieutenans Generaux .
Mrs de Puysegur.
Duc de Noailles .
Marq . de Cilly ,détaché
dans les 3. Evêchez .
Prince de Tingry.
Marquis de Dreuz.
Marquis de Nangis
De Quadt.
Duc de Duras.
De Leuville.
Comte de Bellisle , dang
les 3. Evêchez.
Maréchaux de Camp.
De Siougeat .
Vicomte de Melun .
D'Aubigné.
Balincourt.
De Tarneau .
De la Billarderie.
Chevalier de Givry.
De Guittaud .
La Farre,
Comte de Saxe.
Marquis de Clermon
Brigadiers d'Infanterie.
Comte d'Houtetot, Comte d'Estaing,
De Gensac. De la Javilliere
De Polastron De Varennes .
D'Herouville. De Manville .
De Luteaux , est avec De Ximenez.
son Régiment dans
Nancy .
Comte de Baviere..
De Lenck.
De Chenetette.
De Montflour.
Comte de Middelbourg. Hozannussy.
Philippe.
De Bulkeley.
D'Aremberg
Brigadiers de Cavalerie.
De Curton,
OCTOBRE . 1733. 228
De Castelmoron.
Comte de Cayeux.
De Montmorency.
De Mainville .
De Mercy.
De Cernay.
De Vaudray.
Du Cayla.
Comte Chastelus .
De Saint Saëns.
Chevalier de S. André
De Lerans.
De Puttanges.
Marquis d'Oyse.
D'Harville.
Brigadiers de Dragons.
Marq de Beaufremont. Marquis de Clermont.
Elat Major de l'Armée.
De la Javelliere , Major General.
De Saliers , Aydes - Majors Generaux d'In-
D'Astier , fanterie . }
Marquis de Ximenes, Maréchal General des Legis
de l'Armée .
Chevalier de S. André , Maréchal General des
Logis de la Cavaleria.
De Montal , Ayde- Maréchal General des Logis
de la Cavalerie.
de Armée d'Allemagne.
LE MARECHAL DE BERWICK
Commandant en chef.
Lieutenans Generaux .
Mrs de Puysegur.
Duc de Noailles .
Marq . de Cilly ,détaché
dans les 3. Evêchez .
Prince de Tingry.
Marquis de Dreuz.
Marquis de Nangis
De Quadt.
Duc de Duras.
De Leuville.
Comte de Bellisle , dang
les 3. Evêchez.
Maréchaux de Camp.
De Siougeat .
Vicomte de Melun .
D'Aubigné.
Balincourt.
De Tarneau .
De la Billarderie.
Chevalier de Givry.
De Guittaud .
La Farre,
Comte de Saxe.
Marquis de Clermon
Brigadiers d'Infanterie.
Comte d'Houtetot, Comte d'Estaing,
De Gensac. De la Javilliere
De Polastron De Varennes .
D'Herouville. De Manville .
De Luteaux , est avec De Ximenez.
son Régiment dans
Nancy .
Comte de Baviere..
De Lenck.
De Chenetette.
De Montflour.
Comte de Middelbourg. Hozannussy.
Philippe.
De Bulkeley.
D'Aremberg
Brigadiers de Cavalerie.
De Curton,
OCTOBRE . 1733. 228
De Castelmoron.
Comte de Cayeux.
De Montmorency.
De Mainville .
De Mercy.
De Cernay.
De Vaudray.
Du Cayla.
Comte Chastelus .
De Saint Saëns.
Chevalier de S. André
De Lerans.
De Puttanges.
Marquis d'Oyse.
D'Harville.
Brigadiers de Dragons.
Marq de Beaufremont. Marquis de Clermont.
Elat Major de l'Armée.
De la Javelliere , Major General.
De Saliers , Aydes - Majors Generaux d'In-
D'Astier , fanterie . }
Marquis de Ximenes, Maréchal General des Legis
de l'Armée .
Chevalier de S. André , Maréchal General des
Logis de la Cavaleria.
De Montal , Ayde- Maréchal General des Logis
de la Cavalerie.
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Résumé : OFFICIERS GENERAUX de l'Armée d'Allemagne.
En octobre 1733, l'Armée d'Allemagne est dirigée par le Maréchal de Berwick. Les lieutenants généraux incluent Puysegur, Duc de Noailles, Marquis de Cilly, Prince de Tingry, Marquis de Dreuz, Marquis de Nangis, De Quadt, Duc de Duras, De Leuville, et Comte de Bellisle. Parmi les maréchaux de camp, on trouve De Siougeat, Vicomte de Melun, D'Aubigné, Balincourt, De Tarneau, De la Billarderie, Chevalier de Givry, De Guittaud, La Farre, Comte de Saxe, et Marquis de Clermont. Les brigadiers d'infanterie comprennent d'Houtetot, d'Estaing, De Gensac, De la Javilliere, De Polastron, De Varennes, D'Herouville, De Manville, De Luteaux, Comte de Bavière, De Lenck, De Chenetette, De Montflour, Comte de Middelbourg, Hozannussy, Philippe, De Bulkeley, et D'Aremberg. Les brigadiers de cavalerie sont De Curton, Comte de Cayeux, De Montmorency, De Mainville, De Mercy, De Cernay, De Vaudray, Du Cayla, Comte Chastelus, De Saint Saëns, Chevalier de S. André, De Lerans, De Puttanges, Marquis d'Oyse, et D'Harville. Les brigadiers de dragons sont le Marquis de Beaufremont et le Marquis de Clermont. Les aides-majors généraux d'infanterie sont De Saliers et D'Astier, avec De la Javelliere comme major général. Le Marquis de Ximenes est le maréchal général des logis de l'armée, le Chevalier de S. André pour la cavalerie, et De Montal est l'aide-maréchal général des logis de la cavalerie.
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40
p. 2283-2284
OFFICIERS GENERAUX de l'Armée d'Italie, sous les ordres du Roy de Sardaigne, General de ladite Armée.
Début :
LE MARÉCHAL DE VILLARS, commandant l'Armée, sous les ordres du [...]
Mots clefs :
Armée d'Italie, Marquis, Comte, Armée, Général, Brigadiers
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texteReconnaissance textuelle : OFFICIERS GENERAUX de l'Armée d'Italie, sous les ordres du Roy de Sardaigne, General de ladite Armée.
OFFICIERS GENERAUX
de Armée d'Italie , sous les ordres du
Roy de Sardaigne , General de ladite
Armée.
LE MARECHAL DE VILLARS ,
commandant l'Armée , sous les ordres du
Roy de Sardaigne .
Lieutenans Generaux.
Mrs le Marquis d'Asfeldt.
Le Comte de Coigny.
Le Comte de Broglio .
Le Prince Charles de
Lorraine.
Le Marq deRavignan.
Le Marquis de Savines.
Hj De
2284 MERCURE DE FRANCE
De Cadrieu.
Comte de Beüil .
Prince de Carignan .
Marquis de Maillebois.
De Contade.
Maréchaux de Camp.
De Sandricourt. De Ferraques.
De Berville.
Marquis de Bonas .
De Chatillon.
Duc d'Harcourt.
D'Affry. Marquis de Pezé ,
De Montal.
Marquis de l'Isle .
De Lannion.
Brigadiers d'Infanterie.
De Louvigny , Du Planty.
Comte de Lautrec
Thomé.
De Mison.
Chevalier de Boissieux.
Cadeville.
Brigadiers de Cavalerie.
Marquis de Valencé.
Marquis de Chaste.
De Montrevel .
Du Chaila.
De Germinon.
Marquis de Segur.
De Ratsky.
De Cheppy.
Comte de Lamotte De Pardeilhan.
Houdancourt.
D'Epinay
Brigadiers de Dragons.
De Vernicourt.
Etat Major de l'Armée.
Marquis de Pezé , Maréchal General des Logis
Duplanty , Major General de l'Infanterie .
Chevalier de Contade , Aydes - Majors Gené
De la Serre ,
Cavalerie.
de Armée d'Italie , sous les ordres du
Roy de Sardaigne , General de ladite
Armée.
LE MARECHAL DE VILLARS ,
commandant l'Armée , sous les ordres du
Roy de Sardaigne .
Lieutenans Generaux.
Mrs le Marquis d'Asfeldt.
Le Comte de Coigny.
Le Comte de Broglio .
Le Prince Charles de
Lorraine.
Le Marq deRavignan.
Le Marquis de Savines.
Hj De
2284 MERCURE DE FRANCE
De Cadrieu.
Comte de Beüil .
Prince de Carignan .
Marquis de Maillebois.
De Contade.
Maréchaux de Camp.
De Sandricourt. De Ferraques.
De Berville.
Marquis de Bonas .
De Chatillon.
Duc d'Harcourt.
D'Affry. Marquis de Pezé ,
De Montal.
Marquis de l'Isle .
De Lannion.
Brigadiers d'Infanterie.
De Louvigny , Du Planty.
Comte de Lautrec
Thomé.
De Mison.
Chevalier de Boissieux.
Cadeville.
Brigadiers de Cavalerie.
Marquis de Valencé.
Marquis de Chaste.
De Montrevel .
Du Chaila.
De Germinon.
Marquis de Segur.
De Ratsky.
De Cheppy.
Comte de Lamotte De Pardeilhan.
Houdancourt.
D'Epinay
Brigadiers de Dragons.
De Vernicourt.
Etat Major de l'Armée.
Marquis de Pezé , Maréchal General des Logis
Duplanty , Major General de l'Infanterie .
Chevalier de Contade , Aydes - Majors Gené
De la Serre ,
Cavalerie.
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Résumé : OFFICIERS GENERAUX de l'Armée d'Italie, sous les ordres du Roy de Sardaigne, General de ladite Armée.
Le document énumère les officiers généraux de l'Armée d'Italie, dirigée par le Roi de Sardaigne et commandée par le Maréchal de Villars. Les lieutenants généraux incluent le Marquis d'Asfeldt, le Comte de Coigny, le Comte de Broglio, le Prince Charles de Lorraine, le Marquis de Ravignan, le Marquis de Savines, le Comte de Cadrieu, le Comte de Beüil, le Prince de Carignan, le Marquis de Maillebois et le Comte de Contade. Les maréchaux de camp sont De Sandricourt, De Ferraques, De Berville, le Marquis de Bonas, De Chatillon, le Duc d'Harcourt, D'Affry, le Marquis de Pezé, De Montal, le Marquis de l'Isle et De Lannion. Les brigadiers d'infanterie comprennent De Louvigny, Du Planty, le Comte de Lautrec, Thomé, De Mison, le Chevalier de Boissieux et Cadeville. Les brigadiers de cavalerie sont le Marquis de Valencé, le Marquis de Chaste, De Montrevel, Du Chaila, De Germinon, le Marquis de Segur, De Ratsky, De Cheppy, le Comte de Lamotte De Pardeilhan, Houdancourt et D'Epinay. Les brigadiers de dragons incluent De Vernicourt. L'état-major comprend le Marquis de Pezé, Maréchal Général des Logis, Duplanty, Major Général de l'Infanterie, le Chevalier de Contade, Aides-Majors Généraux, et De la Serre pour la cavalerie.
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41
p. 2471-2480
De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
Début :
Je vous ai mandé, Monsieur, par ma Lettre du 22 Avril, que la porte avoit ordonné au [...]
Mots clefs :
Moscovites, Tartares, Nouvelles, Perse, Général, Troupes, Marche, Passage, Commandant, Crimée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
De Constantinople , le 6 Septembre 1733 .
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
Fermer
Résumé : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
En septembre 1733, un rapport de Constantinople décrit les mouvements des Tartares de Crimée, envoyés par la Porte en Perse. Ces Tartares ont traversé le Caucase, évitant les terres moscovites, pour atteindre la Géorgie puis le Daghestan, où ils ont été rejoints par les Lesghis. Leur progression vers la Perse est confirmée, mais des divergences existent sur leur passage à Derbent. Les Moscovites les ont arrêtés, mais des rapports contradictoires circulent. Aslan Ghuirai, chef des Tartares, a rapporté deux affrontements près de Solak entre les Tartares et les Moscovites. Après avoir traversé le pays de Kabarta et le fleuve Terki sans obstacle, les Tartares ont été confrontés par les Moscovites qui exigeaient un droit de passage. Malgré les négociations, les Moscovites ont attaqué, mais les Tartares, soutenus par les Lesghis et les Comouks, ont remporté la victoire. Ils ont capturé des canons, des chariots de munitions et fait des prisonniers. Des lettres du gouverneur d'Asof confirment ces événements et ajoutent que les Moscovites cherchaient à gagner du temps pour renforcer leurs troupes. Les Tartares, ayant découvert cette stratégie, ont attaqué et vaincu les Moscovites lors d'un second affrontement. Plus récemment, les Tartares ont contourné les forces moscovites près de Solak et ont traversé le Coyou-Sovi. Ils ont ensuite rencontré et défait un convoi moscovite près de Derbent, mais ont été arrêtés par des renforts moscovites. Il est présumé que les Comouks, alliés des Tartares, pourraient faciliter leur passage vers la Géorgie. Le Grand Visir a refusé de donner des ordres aux Tartares, estimant que la situation avait déjà évolué. Dans la région du Kabarta, les Moscovites ont rencontré une résistance des Tartares. Dans une partie du Kabarta reconnaissant la Czarine comme souveraine, 300 Moscovites, envoyés pour soutenir les habitants, ont appris que leurs compatriotes avaient été battus par les Tartares. Craignant une attaque, ils ont demandé la permission de se retirer et une escorte au chef local, qui a accepté mais a ensuite trahi sa promesse en alertant le fils du Khan de Crimée. Ce dernier a attaqué et massacré les 300 Moscovites. À Constantinople, les ministres de la Porte ont réagi en envoyant des munitions et de l'artillerie à Asof pour se préparer à une éventuelle rupture avec les Moscovites. Les conséquences de ces événements restent incertaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 2521-252[9]
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Dans le Mercure du mois dernier, en parlant de la mort d'Hercule-Joseph [...]
Mots clefs :
Marquis, Général, Seigneur, Épouse, Maison, Abbaye, Capitaine, Président, Diocèse, Congrégation, François-Jean-Baptiste-Joseph de Sade, Michel-François de Maillé de La Tour, Maison de Maillé, Anne-Geneviève de Meuves, Charlotte-Elisabeth de Bassompierre, Guillaume-Jean-Baptiste-François de Becdelièvre, Gabriel de Riberolles, Pierre de Pardaillan de Gondrin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
et Mariages.
D
Ans le Mercure du mois dernier
en parlant de la mort d'Hercule-
Joseph de Lur , Chevalier , Marquis de
Saluces , de Drujac et de la Groliere , on
doit ajouter qu'il étoit ; Vicomte , Seigneur
de Melangein , de l'Isle de Couderot
, &c.
La Maison de Lur est très ancienne , et
tire son origine d'Allemagne ; elle est
établie depuis plusieurs siècles dans la
Ι province
2522 MERCURE DE FRANCE
Province de Guienne , et a contracté en
France des alliances avec les Maisons les
plus considerables du Royaume.
Le Marquis de Saluces étoit l'aîné de la
Maison ; il ne laisse qu'un fils , Officier
aux Gardes Françoises,
D. Gabrielle de Rochechouart- Morte
mar, Abbesse de l'Abbaye de Beaumontlès-
Tours ,Ordre de S. Benoît , mourut le
24. Octobre , âgée d'environ soixante
seize ans , après avoir gouverné cette Abbaye
avec beaucoup de sagesse et d'édification
pendant près de 44. ans. Elle étoit
fille aînée de Louis Victor de Rochechouart,
Duc deVivonne , Pair et Maréchal
de France , Général des Galeres , Gouverneur
de Champagne et Brie , mort le 18
Septemb. 1688.et de D. Antoinette Louise
de Mesmes, morte le 10 Mars 1709.
M. Pierre de Pardaillan de Gondrin
d'Antin , Evêque et Duc de Langres ,
Pair de France , Abbé des Abbayes de
Montier-Ramey et de Lire , Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris , et l'un
des 40 de l'Académie Françoise , mourut
dans son Diocèse le 2. Novembre âgé
d'environ 41 ans. Il étoit quatriéme fils er
Le seul qui restât de Louis- Antoine dePar
daillan de Gondrin , Duc d'Antin , Pair
de France , Chevalier des Ordres du Roi ,
Lieutenant
NOVEMBRE . 1733. 2525
Lieutenant général de ses Armées , et de
la haute et basse Alsace &c. Gouverneur
des Ville et Duché d'Orleans & c. Directeur
général des Bâtimens du Roi , Jardins
et Manufactures de France , et de D.
Julie Françoise de Crussol d'Uzez .
Le R. P. Gabriel de Riberolles , Prêtre '
Chanoine Régulier de l'Ordre de S. Augustin
, de la Congrégation de France ,
mourut le 2. Novembre en l'Abbaye Ste
Geneviève à Paris , âgé d'environ 81 ans ,
après avoir été pendant six années Abbé
de cette Abbaye, et Superieur Général de
sa Congrégation . Il étoit de Paris , et fils
d'Abraham de Riberolles , Conseiller au
Châtelet, et de Clemence du Mas , Soeur
d'Hilaire du Mas , Docteur de la Maison
et Societé de Sorbonne , et Conseiller au
Parlement. Le P. de Riberolles , fut élû
pour la premiere fois Abbé de Ste Genevieve
, et Superieur général de sa Congrégation
, le 11. Septembre 1715. et fut
continué par le Chapitre général pour
trois autres années, le is . Septembre 1718.
étant premier Assistant de sa Congrégation
lors de la mort du R. P. Jean Polinier
, Abbé et Superieur général , arrivée
le 6. Mars 1727. Il fut choisi pour achever
les sept mois qui restoient au deffunt
de ses trois ans , et le 11. Septembre sui-
Iij
vant ,
2524 MERCURE DE FRANCE
vant , il fut élû Abbé et Superieur général
pour la troisième fois , et le 11. Septembre
1730. pour la quatrième fois .
J
D. Magdelaine le Cousturier de Neuville
, Veuve de Claude Potier , Comte
de Novion ,Brigadier des Armées du Roi,
mourut le 4. Novembre sans enfans. Elle
étoit fille de Henri le Cousturier , Seigneur
de Neuville , vivant Capitaine ,
commandant le premier Bataillon du Regiment
du Roi , et de Catherine - Françoise-
Louise de la Broise , soeur de la Veuve
de Charles - Jean - Louis de Faucon
Marquis de Ris.
Henri Joseph de Vassé , Marquis d'Esguilly
&c. Seigneur de Fontenay , Mestre
de Camp de Cavalerie , mourut le
6. Novembre , âgé d'environ 34. ans.
Il étoit fils ds Joseph Artus de Vassé
, Marquis d'Esguilly &c. mort le 2 .
Septembre 1710. Et de Louise de Fesque
morte en 1732 ..Il avoit épousé en 1724 .
D. Magdeleine - Gabrielle des Gentils du
Bessay , de laquelle il laisse deux fils .
D. Jeanne Marie Palatine de Dyo de
Momperous , Marquise de Roquefeuil
Baronne de Castelnau , Epouse de Marie
François Roger de Langhac , Comte de
Dalet et de Toulongon &c. mourut le 7 .
âgée d'environ 5.5.ans , laissant deux filles,
dont
NOVEMBRE . 1733 2525
dont la cadette Françoise Charlotte de
Langhac fut mariée le 7. Juillet 1732.
avec Jean-Baptiste - François de Cugnac
Marquis de Dampierre &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , cy- devant Cornette
des Chevaux Legers de Berry.
Le même jour , Guillaume - Jean-
Baptiste- François Becdelievre , Seigneur
de la Busnelays et de Treambert , premier
Président en la Chambre des Comtes
de Nantes , Charge en laquelle il·
avoit été reçu par la résignation de son
Pere , le 17. Novembre 1722. après avoir
étéauparavant successivement Maître ordinaire
, et Président en la même Chambre
, mourut âgé de 46. ans . Il étoit fils
aîné de feu Jean - Baptiste Becdeljevre ,
Seigneur de la Busnelays , le deuxième
de sa famille , premier Président én la
Chambre des Comptes de Nantes , et de
Renée de Sesmaisons de Treambert , et
il avoit été marié le 30. Juillet 1705. avec
Françoise Renée le Nobletz , fille de René
le Noblerz , Seigneur de Lescus , et de
Marie Agnes du Chastel . Il en a eu plusieurs
enfans , qui sont rapportés dans
l'Etat de la France'de 17 27. vol.4.p. sí7 .
"la Généalogie de cette famille se trouve
dans le Dictionnaire Histor. éditions de
1725. et 1732.
3
I iij
Le
2526 MERCURE DE FRANCE
Le 8.Philippe- Auguste Porlier, Ecuyer,
Sieur de Compiègne , et de Maillezais ,
autrefois Capitaine au Regiment Dauphin
Infanterie , mourut à Paris , âgé d'environ
65 ans. Il avoit épousé au mois de
Mai 1700. Susanne Fardoil , sa Cousine
issuë de germain , morte le 12. Février
1710. âgée de 32. ans , fille unique de Nicolas
Fardoil , Conseiller en la Cour des
Aides de Paris , mort le 8. Juin 1699. et
de Magdeleine Poussé , de laquelle il laisse
des enfans.
>
D. Charlotte- Elizabeth de Bassompierre
Epouse de Charles Marie , Marquis
de Choiseul , Mestre de Camp de Cava
krie , Sous-Lieutenant des Gendarmes
Ecossois , et Lieutenant général pour le
Roi au Gouvernement de Champagne et
Brie, accoucha le 6. Octobre dans la Ville
de Nanci , d'un fils qui a été nommé
Claude Antoine par M. l'Abbé de Choiseul
, Aumônier du Roi , nommé à l'Evêché
de Châlons sur Marne , et par D.
Charlotte de Choiseul , Comtesse de
Ludre.
D. Anne- Geneviève de Meuves, Epou
se de Jean- Paul Bochard de Champigny,
Capitaine au Regiment des Gardes Françoises
, Chevalier de S. Louis , accoucha
NOVEMBRE. 1733 2527
-
le 24 Octobre d'un fils qui a été nommé
Conrard Alexandre , par Conrard
Alexandre , Comte de Rottembourg ,
Brigadier des Armées du Roi , Gouver
neur de Bethune , Chevalier des Ordres
du Roi , Ambassadeur de S. M. en Espagne
, et par D. Emilie Mailly du Bruëil ,
Epouse de Jean-François de Creil , Brigadier
des Armées du Roi, Capitaine - Commandant
de la Compagnie des Grenadiers
à cheval, Chevalier de S. Louis.
Le Lundy 26, Octobre , à une heure
du matin , a été celebré dans la Chapelle
du Château du Houssay , près de Bonneval,
Diocèse de Chartres par M. Michel
François de Maillé de la Tour Landri ,
Prêtre , Chanoine et Chefcier de l'Eglise
Cathedrale , et Vicaire général de l'Evêque
de Chartres, Abbé commandataire de
F'Abbaye de S.Pierre de L'Esterp, Diocèse
de Limoges , le Mariage de François- Antoine
- Alexandre d'Albignac , Marquis de
Castelnau, âgé de 21. ans, fils aîné de Fran
çois d'Albignac, Chevalier , Baron de Castelnau
, Seigneur du Triadous au Diocèse
de Mende, & c.avec Dlle Anne- Elizabeth-
Constance de Montboissier , âgée de 19 .
ans , fille aînée de Philippe - Claude de
Montboissier- Canillac , Capitaine - Lieu-
I iiij
tenant
2528 MERCURE DE FRANCE
tenant de la seconde Compagnie des
Mousquetaires de la Garde du Roi , et
Brigadier des Armées de S. M. et de D.
Marie-Anne Genevieve de Maillé- Benchart
, Dame du Houssay.
M. le Marquis de Courbons , premier
Président du Parlement de Navarre , fils
de M. Miche , Marquis de Gaubert ,
premier Président au même Parlement ,
épousa le même jour Dlle Angelique
de Lons , fille de feu M. le Marquis
de Lons , Lieutenant pour le Roi et
'Commandant en Navarre et Bearn."
-
Le 13. Novembre , François - Jean-
Baptiste Joseph de Sade , Chevalier ,
Comte de la Coste et de Saumane dans
le païs Venaissin , Colonel général de la
Cavalerie du Pape , fils de Gaspard-François
de Sade , Chevalier , Marquis de
Mazan , Seigneur de Saumane , &c. et
de D. Louise - Aldonce d'Astoüaud de
Mus , épousa à Paris Dlle Marie - Eleonore
de Maillé de Carman , fille de Do
natien de Maillé , Chevalier , Marquis de
Carman , Comte de Maillé , Baron de
Lesquelen , Seigneur Desterres de Dameny
, et de Villeromain , second Baron de
Bretagne , et de Dame Marie - Louise Binet
de Marcognet son Epouse. Ce mariage
a été celebré dans la Chapelle de l'Hôtel
NOVEMBRE. 1733. 2527
tel de Condé , en présence du Duc et
de la jeune Duchesse de Bourbon . La
Mariée a été nommée Dame d'accompagnement
par M.le Duc, à qui elle a l'honneur
d'être alliée . Le marié est d'une des
plus anciennes familles de Provence , l'Abbé
Robert de Briançon en parle avantageusement
dans son Livre intitulé PEtat
de la Provence dans sa Noblesse,Tom.
3. p. 21 , La belle Laure , si connue par les
loüanges , que le fameux Petrarque , qui
s'étoit laissé toucher par sa beauté et par
son esprit , lui donna dans les Vers qu'il
fit en son honneur , pendant sa vie , et
même après sa mort arrivée en 1348. sans
avoir été mariée , étoit de la famille de
Sade. Il y a un article d'Elle dans le Dictionnaire
Histor. sous le nom de Laurc..
La Maison de Maillé originaire de
Touraine , est trop connue pour en parler
icy. La Généalogie de cette Illustre
Maison se trouve dans le 7. Tome des
grands Officiers de la Couronne à l'art.
des Maréchaux de France p. 497.
et Mariages.
D
Ans le Mercure du mois dernier
en parlant de la mort d'Hercule-
Joseph de Lur , Chevalier , Marquis de
Saluces , de Drujac et de la Groliere , on
doit ajouter qu'il étoit ; Vicomte , Seigneur
de Melangein , de l'Isle de Couderot
, &c.
La Maison de Lur est très ancienne , et
tire son origine d'Allemagne ; elle est
établie depuis plusieurs siècles dans la
Ι province
2522 MERCURE DE FRANCE
Province de Guienne , et a contracté en
France des alliances avec les Maisons les
plus considerables du Royaume.
Le Marquis de Saluces étoit l'aîné de la
Maison ; il ne laisse qu'un fils , Officier
aux Gardes Françoises,
D. Gabrielle de Rochechouart- Morte
mar, Abbesse de l'Abbaye de Beaumontlès-
Tours ,Ordre de S. Benoît , mourut le
24. Octobre , âgée d'environ soixante
seize ans , après avoir gouverné cette Abbaye
avec beaucoup de sagesse et d'édification
pendant près de 44. ans. Elle étoit
fille aînée de Louis Victor de Rochechouart,
Duc deVivonne , Pair et Maréchal
de France , Général des Galeres , Gouverneur
de Champagne et Brie , mort le 18
Septemb. 1688.et de D. Antoinette Louise
de Mesmes, morte le 10 Mars 1709.
M. Pierre de Pardaillan de Gondrin
d'Antin , Evêque et Duc de Langres ,
Pair de France , Abbé des Abbayes de
Montier-Ramey et de Lire , Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris , et l'un
des 40 de l'Académie Françoise , mourut
dans son Diocèse le 2. Novembre âgé
d'environ 41 ans. Il étoit quatriéme fils er
Le seul qui restât de Louis- Antoine dePar
daillan de Gondrin , Duc d'Antin , Pair
de France , Chevalier des Ordres du Roi ,
Lieutenant
NOVEMBRE . 1733. 2525
Lieutenant général de ses Armées , et de
la haute et basse Alsace &c. Gouverneur
des Ville et Duché d'Orleans & c. Directeur
général des Bâtimens du Roi , Jardins
et Manufactures de France , et de D.
Julie Françoise de Crussol d'Uzez .
Le R. P. Gabriel de Riberolles , Prêtre '
Chanoine Régulier de l'Ordre de S. Augustin
, de la Congrégation de France ,
mourut le 2. Novembre en l'Abbaye Ste
Geneviève à Paris , âgé d'environ 81 ans ,
après avoir été pendant six années Abbé
de cette Abbaye, et Superieur Général de
sa Congrégation . Il étoit de Paris , et fils
d'Abraham de Riberolles , Conseiller au
Châtelet, et de Clemence du Mas , Soeur
d'Hilaire du Mas , Docteur de la Maison
et Societé de Sorbonne , et Conseiller au
Parlement. Le P. de Riberolles , fut élû
pour la premiere fois Abbé de Ste Genevieve
, et Superieur général de sa Congrégation
, le 11. Septembre 1715. et fut
continué par le Chapitre général pour
trois autres années, le is . Septembre 1718.
étant premier Assistant de sa Congrégation
lors de la mort du R. P. Jean Polinier
, Abbé et Superieur général , arrivée
le 6. Mars 1727. Il fut choisi pour achever
les sept mois qui restoient au deffunt
de ses trois ans , et le 11. Septembre sui-
Iij
vant ,
2524 MERCURE DE FRANCE
vant , il fut élû Abbé et Superieur général
pour la troisième fois , et le 11. Septembre
1730. pour la quatrième fois .
J
D. Magdelaine le Cousturier de Neuville
, Veuve de Claude Potier , Comte
de Novion ,Brigadier des Armées du Roi,
mourut le 4. Novembre sans enfans. Elle
étoit fille de Henri le Cousturier , Seigneur
de Neuville , vivant Capitaine ,
commandant le premier Bataillon du Regiment
du Roi , et de Catherine - Françoise-
Louise de la Broise , soeur de la Veuve
de Charles - Jean - Louis de Faucon
Marquis de Ris.
Henri Joseph de Vassé , Marquis d'Esguilly
&c. Seigneur de Fontenay , Mestre
de Camp de Cavalerie , mourut le
6. Novembre , âgé d'environ 34. ans.
Il étoit fils ds Joseph Artus de Vassé
, Marquis d'Esguilly &c. mort le 2 .
Septembre 1710. Et de Louise de Fesque
morte en 1732 ..Il avoit épousé en 1724 .
D. Magdeleine - Gabrielle des Gentils du
Bessay , de laquelle il laisse deux fils .
D. Jeanne Marie Palatine de Dyo de
Momperous , Marquise de Roquefeuil
Baronne de Castelnau , Epouse de Marie
François Roger de Langhac , Comte de
Dalet et de Toulongon &c. mourut le 7 .
âgée d'environ 5.5.ans , laissant deux filles,
dont
NOVEMBRE . 1733 2525
dont la cadette Françoise Charlotte de
Langhac fut mariée le 7. Juillet 1732.
avec Jean-Baptiste - François de Cugnac
Marquis de Dampierre &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , cy- devant Cornette
des Chevaux Legers de Berry.
Le même jour , Guillaume - Jean-
Baptiste- François Becdelievre , Seigneur
de la Busnelays et de Treambert , premier
Président en la Chambre des Comtes
de Nantes , Charge en laquelle il·
avoit été reçu par la résignation de son
Pere , le 17. Novembre 1722. après avoir
étéauparavant successivement Maître ordinaire
, et Président en la même Chambre
, mourut âgé de 46. ans . Il étoit fils
aîné de feu Jean - Baptiste Becdeljevre ,
Seigneur de la Busnelays , le deuxième
de sa famille , premier Président én la
Chambre des Comptes de Nantes , et de
Renée de Sesmaisons de Treambert , et
il avoit été marié le 30. Juillet 1705. avec
Françoise Renée le Nobletz , fille de René
le Noblerz , Seigneur de Lescus , et de
Marie Agnes du Chastel . Il en a eu plusieurs
enfans , qui sont rapportés dans
l'Etat de la France'de 17 27. vol.4.p. sí7 .
"la Généalogie de cette famille se trouve
dans le Dictionnaire Histor. éditions de
1725. et 1732.
3
I iij
Le
2526 MERCURE DE FRANCE
Le 8.Philippe- Auguste Porlier, Ecuyer,
Sieur de Compiègne , et de Maillezais ,
autrefois Capitaine au Regiment Dauphin
Infanterie , mourut à Paris , âgé d'environ
65 ans. Il avoit épousé au mois de
Mai 1700. Susanne Fardoil , sa Cousine
issuë de germain , morte le 12. Février
1710. âgée de 32. ans , fille unique de Nicolas
Fardoil , Conseiller en la Cour des
Aides de Paris , mort le 8. Juin 1699. et
de Magdeleine Poussé , de laquelle il laisse
des enfans.
>
D. Charlotte- Elizabeth de Bassompierre
Epouse de Charles Marie , Marquis
de Choiseul , Mestre de Camp de Cava
krie , Sous-Lieutenant des Gendarmes
Ecossois , et Lieutenant général pour le
Roi au Gouvernement de Champagne et
Brie, accoucha le 6. Octobre dans la Ville
de Nanci , d'un fils qui a été nommé
Claude Antoine par M. l'Abbé de Choiseul
, Aumônier du Roi , nommé à l'Evêché
de Châlons sur Marne , et par D.
Charlotte de Choiseul , Comtesse de
Ludre.
D. Anne- Geneviève de Meuves, Epou
se de Jean- Paul Bochard de Champigny,
Capitaine au Regiment des Gardes Françoises
, Chevalier de S. Louis , accoucha
NOVEMBRE. 1733 2527
-
le 24 Octobre d'un fils qui a été nommé
Conrard Alexandre , par Conrard
Alexandre , Comte de Rottembourg ,
Brigadier des Armées du Roi , Gouver
neur de Bethune , Chevalier des Ordres
du Roi , Ambassadeur de S. M. en Espagne
, et par D. Emilie Mailly du Bruëil ,
Epouse de Jean-François de Creil , Brigadier
des Armées du Roi, Capitaine - Commandant
de la Compagnie des Grenadiers
à cheval, Chevalier de S. Louis.
Le Lundy 26, Octobre , à une heure
du matin , a été celebré dans la Chapelle
du Château du Houssay , près de Bonneval,
Diocèse de Chartres par M. Michel
François de Maillé de la Tour Landri ,
Prêtre , Chanoine et Chefcier de l'Eglise
Cathedrale , et Vicaire général de l'Evêque
de Chartres, Abbé commandataire de
F'Abbaye de S.Pierre de L'Esterp, Diocèse
de Limoges , le Mariage de François- Antoine
- Alexandre d'Albignac , Marquis de
Castelnau, âgé de 21. ans, fils aîné de Fran
çois d'Albignac, Chevalier , Baron de Castelnau
, Seigneur du Triadous au Diocèse
de Mende, & c.avec Dlle Anne- Elizabeth-
Constance de Montboissier , âgée de 19 .
ans , fille aînée de Philippe - Claude de
Montboissier- Canillac , Capitaine - Lieu-
I iiij
tenant
2528 MERCURE DE FRANCE
tenant de la seconde Compagnie des
Mousquetaires de la Garde du Roi , et
Brigadier des Armées de S. M. et de D.
Marie-Anne Genevieve de Maillé- Benchart
, Dame du Houssay.
M. le Marquis de Courbons , premier
Président du Parlement de Navarre , fils
de M. Miche , Marquis de Gaubert ,
premier Président au même Parlement ,
épousa le même jour Dlle Angelique
de Lons , fille de feu M. le Marquis
de Lons , Lieutenant pour le Roi et
'Commandant en Navarre et Bearn."
-
Le 13. Novembre , François - Jean-
Baptiste Joseph de Sade , Chevalier ,
Comte de la Coste et de Saumane dans
le païs Venaissin , Colonel général de la
Cavalerie du Pape , fils de Gaspard-François
de Sade , Chevalier , Marquis de
Mazan , Seigneur de Saumane , &c. et
de D. Louise - Aldonce d'Astoüaud de
Mus , épousa à Paris Dlle Marie - Eleonore
de Maillé de Carman , fille de Do
natien de Maillé , Chevalier , Marquis de
Carman , Comte de Maillé , Baron de
Lesquelen , Seigneur Desterres de Dameny
, et de Villeromain , second Baron de
Bretagne , et de Dame Marie - Louise Binet
de Marcognet son Epouse. Ce mariage
a été celebré dans la Chapelle de l'Hôtel
NOVEMBRE. 1733. 2527
tel de Condé , en présence du Duc et
de la jeune Duchesse de Bourbon . La
Mariée a été nommée Dame d'accompagnement
par M.le Duc, à qui elle a l'honneur
d'être alliée . Le marié est d'une des
plus anciennes familles de Provence , l'Abbé
Robert de Briançon en parle avantageusement
dans son Livre intitulé PEtat
de la Provence dans sa Noblesse,Tom.
3. p. 21 , La belle Laure , si connue par les
loüanges , que le fameux Petrarque , qui
s'étoit laissé toucher par sa beauté et par
son esprit , lui donna dans les Vers qu'il
fit en son honneur , pendant sa vie , et
même après sa mort arrivée en 1348. sans
avoir été mariée , étoit de la famille de
Sade. Il y a un article d'Elle dans le Dictionnaire
Histor. sous le nom de Laurc..
La Maison de Maillé originaire de
Touraine , est trop connue pour en parler
icy. La Généalogie de cette Illustre
Maison se trouve dans le 7. Tome des
grands Officiers de la Couronne à l'art.
des Maréchaux de France p. 497.
Fermer
Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En novembre 1733, plusieurs événements marquants ont eu lieu parmi la noblesse française. Plusieurs décès notables sont à signaler. Le Chevalier Marquis de Saluces, Joseph de Lur, issu d'une ancienne famille allemande établie en Guienne, est décédé, laissant un fils officier. Gabrielle de Rochechouart, Abbesse de Beaumont-lès-Tours, est morte à l'âge de 76 ans après 44 ans de gouvernance. Pierre de Pardaillan de Gondrin, Évêque de Langres, est décédé à 41 ans. Gabriel de Riberolles, Chanoine Régulier de l'Ordre de Saint Augustin, est mort à 81 ans après avoir été Abbé de Sainte-Geneviève. D'autres décès incluent ceux de Magdeleine le Cousturier, Henri Joseph de Vassé, Jeanne Marie Palatine de Dyo, Guillaume-Jean-Baptiste Becdelievre, et Philippe-Auguste Porlier. Parallèlement, plusieurs naissances ont été signalées. Charlotte-Elisabeth de Bassompierre a accouché d'un fils nommé Claude Antoine, et Anne-Geneviève de Meuves a donné naissance à un fils nommé Conrad Alexandre. Des mariages ont également eu lieu, notamment celui de François-Antoine-Alexandre d'Albignac avec Anne-Elisabeth-Constance de Montboissier, et celui de François-Jean-Baptiste-Joseph de Sade avec Marie-Éléonore de Maillé de Carman. Le Marquis de Courbons a épousé Angélique de Lons. Ces événements illustrent la dynamique des familles nobles à travers les naissances, les mariages et les décès qui structurent la continuité et les alliances au sein de l'aristocratie française.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 2693-2697
POLOGNE.
Début :
On a appris sur la fin du mois dernier, par un Courrier, arrivé de l'Ukraine à Dantzik, [...]
Mots clefs :
Troupes, Moscovites, Général, Comte, Pologne, Armée, Varsovie, Noblesse, Gdańsk, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, des rapports récents signalent que le Khan de Budziack, à la tête d'un corps de Tartares, a attaqué les troupes du Général Wiesbach en Ukraine. Après une bataille indécise, les Moscovites se sont retirés à Kiow. Le Comte Pocci a transmis une lettre révélant que la Czarine ne fournira pas de nouveaux secours au Général Lesci. Des nobles ayant assisté à l'élection de l'Électeur de Saxe en Pologne rapportent que l'armée ennemie souffre de disette, les paysans ayant caché leurs provisions. Ils confirment que l'élection a été faite sous la contrainte des Moscovites et que la noblesse n'y a pas participé. La noblesse de plusieurs palatinats a formé une confédération pour chasser les troupes moscovites et saxonnes. Des villes et abbayes lèvent des troupes pour le service du Roi. Le Comte Potoski, avec une armée de 25 000 hommes, est campé entre Sandomir et Ospatow, tandis que le Palatin de Lublin et le Comte Pocci avancent avec leurs troupes pour contrer les ennemis. Les Moscovites, ayant quitté Warsovie, campent à Lowitz mais continuent de subir des attaques. Les levées de troupes dans la Prusse Polonoise se font avec succès, et plusieurs seigneurs harcèlent les Moscovites en attaquant leurs convois. Le Général Lesci demande en vain des renforts à la Czarine. Le Roi a reçu une copie de l'acte de confédération de la noblesse polonaise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 2743-[2]746
MORTS ET MARIAGES.
Début :
Dme Marie-Magdelaine Prevôt, épouse de M. Silva, Docteur-Régent de la Faculté [...]
Mots clefs :
Roi, Général, Épouse, Paris, Jean-Jacques Damas, Nicolas de Fresnoy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS ET MARIAGES.
MORTS ET MARIAGES.
ME Marie - Magdelaine Prevôt , épouse de
M. Silva , Docteur Régent de la Faculté
de Médecine de Paris , Medecin Consultant du
-
I. Vol.
I vj Roy
2744 MERCURE DE FRANCE
Roy , et Medecin Consultant du Duc de Bout
bon , mourut à Paris le 2 du mois dernier , âgée
d'environ 45 ans.
Jean-Jacques Damas , Comte du Breuil , Lientenant
General des Armées du Roy, Gouverneur
de, Maubeuge , mourut à Mâcon le 7 Novembre
dernier , dans un âge tres avancé. Il étoit troi
siéme fils de Jean Damas, Comte du Breuil,Marquis
d'Antigny , Gouverneur de la Principauté
de Dombes, et de Claudine. Alexandrine de Vienne,
Il avoit quitté depuis quelques années la
Croix de Malte. Il fut fait Brigadier au mois de
Février 1704. Maréchal de Camp en Février 1711.
et Lieutenant General le 30 Mars 1710. Enfin
Gouverneur de Maubeuge , à la mort et en la
place de Louis Anne- Marie Damas , Comte de
Ruffey , son frere , Lieutenant General des Armées
du Roy , Premier Sous - Lieutenant de la
premiere Compagnie des Mousquetaires et Sous-
Gouverneur de la Personne du Roy. La Maison
de Damas est une des plus anciennes et des plus
illustres du Royaume. La Genealogie en est rap-1
portée dans l'Histoire des Grands Officiers de la
Couronne . Nouv. Edit. tom. 8. page 317. Damas
, Porte d'or , à la Croix ancrée de Gueule.
Pierre-Joseph Faure , Maître ordinaire en la
Chambre des Comptes de Paris , mourut le 16
Novembre , dans son Château de Boissette , près -
de Melun , âgé d'environ 74 ans laissant d'Anne
Fautrier , son Epouse , une Fille unique.
D. Anne- Eléonore de Béthune d'Orval , Reli➡-
giuse Professe de l'Abbaye de Réaulieu , Ordre
de S. Benoît , Diocèse de Soissons , er Abbesse
de celle de N. D. du Val de Gif , du même Or~
dre , Diocèse de Paris , depuis le 15 Août 1686 .
mourut en ce Monastere le 28 Novembre , âgée.
de
DECEMBR E. 1733. 2745
de 78 ans ; elle étoit Fille de François de Bethune
, Duc d'Orval , Pair de France, Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de ses Armées
, et du Pais Chatttain , Premier Ecuyer de
la Reine Anne d'Autriche
, et de D. Aune de
Harville de Palaiseau . Par cette mort , la Dame
de Ségur devient titulaire de l'Abbaye de Gif,
dont elle fût nommée Coadjutrice
par le Roy ,
le 2 Mars 1719 .
I
Nicolas Emanuel de Villers , ancien Conseiller
au Parlement , mourut le r Decembre, fort âgé.
Alexandre Baillot , President , Tresorier de
France au Bureau des Finances, et Gran - Voyer
en la Generalité de Paris , mourut le 4 Decembre
, dans la 48 année de son âge.
D. Marie- Elizabeth- Claude - Petronille Bouchu
, épouse de René Mans de Froulay , Comte
de Tessé , &c. Grand d'Espagne , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de ses Armées
, et au Gouvernement des Pays du Maine,
Perche et Laval , Premier Ecuyer de la Reine ,
mourut le 9 Decembre,âgée de 48 ans. Elle étoit :
Fille de Jean- Etienne de Bouchu , Conseiller d'Etat
ordinaire , et de D. Elizabeth Rouillé des
Meslay.
Nicolas de Fresnoy , Marquis de Fresnoy ,
mourut à Paris , le Decembre , âgé de 74
ans , il avoit été dans sa jeunesse Chevalier de
l'Ordre de S. Jean de Jerusalem , et Abbé de
S. Taurin d'Evreux , Ordre de S. Benoît . Són
frere aîné étant mort sans alliance , il quitra la
Croix de Malte , et remit son Abbaye en 1685% ]
Ilentra depuis dans le Service , et fut successivement
Guidon en 1691. et Enseigne en 1693 de
la Compagnie des Gendarmes d'Anjou . Il se retira
du Service en 1699. et épousa Louise- Ale➡ › ,
I. Vola
1746 MERCURE DE FRANCE
xandrine de Coligny, fille de Jean Comte de Coligny
, &c. Gouverneur d'Autun , et Grand Bailly
de Charolois, Lieutenant General des Armées
du Roy , et d'Anne- Nicole Cauchon de Maupas.
Il a laissé de ce mariage Marie, Marquis de Fresnoy
, né en 1701. leque, a épousé en 1730 Charlotte
Rivié , dont il a un fils .
·
Jean du Chastelet , Seigneur de Fresnieres ,
Conseiller au Grand Conseil, mourut le 15 Decembre
, âgé d'environ 72 ans. Sa famille noble
d'extraction est originaire de Picardie. Il avoit
épousé en 1689, Susanne - Geneviève Talon , fille
unique de Jean Jacques Talon , Seigneur de
S. Val , Contrôleur General des Décimes en
Champagne , et de Genevieve Brussel ; il en a
laissé Alexandre Gaston , appellé le Comte du
Chastelet , cy-devant Ecuyer du Roy , et Alexis-
Jean du Chastelet , appellé le Marquis de Fres
njeres , Ecuyer du Roy , depuis la démission de
son frere.
Le 22 Decembre , Paul Emile , Marquis de
Braque , Chevalier Seigneur du Luat , a épousé
Dlle Elizabeth Lorimier , fille d'Antoine- Charles
Lorimier , Ecuyer , Conseiller Secretaire du
Roy , Maison , Couronne de France et de ses
Finances , et de Dame Marie - Louise Boucher.
ME Marie - Magdelaine Prevôt , épouse de
M. Silva , Docteur Régent de la Faculté
de Médecine de Paris , Medecin Consultant du
-
I. Vol.
I vj Roy
2744 MERCURE DE FRANCE
Roy , et Medecin Consultant du Duc de Bout
bon , mourut à Paris le 2 du mois dernier , âgée
d'environ 45 ans.
Jean-Jacques Damas , Comte du Breuil , Lientenant
General des Armées du Roy, Gouverneur
de, Maubeuge , mourut à Mâcon le 7 Novembre
dernier , dans un âge tres avancé. Il étoit troi
siéme fils de Jean Damas, Comte du Breuil,Marquis
d'Antigny , Gouverneur de la Principauté
de Dombes, et de Claudine. Alexandrine de Vienne,
Il avoit quitté depuis quelques années la
Croix de Malte. Il fut fait Brigadier au mois de
Février 1704. Maréchal de Camp en Février 1711.
et Lieutenant General le 30 Mars 1710. Enfin
Gouverneur de Maubeuge , à la mort et en la
place de Louis Anne- Marie Damas , Comte de
Ruffey , son frere , Lieutenant General des Armées
du Roy , Premier Sous - Lieutenant de la
premiere Compagnie des Mousquetaires et Sous-
Gouverneur de la Personne du Roy. La Maison
de Damas est une des plus anciennes et des plus
illustres du Royaume. La Genealogie en est rap-1
portée dans l'Histoire des Grands Officiers de la
Couronne . Nouv. Edit. tom. 8. page 317. Damas
, Porte d'or , à la Croix ancrée de Gueule.
Pierre-Joseph Faure , Maître ordinaire en la
Chambre des Comptes de Paris , mourut le 16
Novembre , dans son Château de Boissette , près -
de Melun , âgé d'environ 74 ans laissant d'Anne
Fautrier , son Epouse , une Fille unique.
D. Anne- Eléonore de Béthune d'Orval , Reli➡-
giuse Professe de l'Abbaye de Réaulieu , Ordre
de S. Benoît , Diocèse de Soissons , er Abbesse
de celle de N. D. du Val de Gif , du même Or~
dre , Diocèse de Paris , depuis le 15 Août 1686 .
mourut en ce Monastere le 28 Novembre , âgée.
de
DECEMBR E. 1733. 2745
de 78 ans ; elle étoit Fille de François de Bethune
, Duc d'Orval , Pair de France, Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de ses Armées
, et du Pais Chatttain , Premier Ecuyer de
la Reine Anne d'Autriche
, et de D. Aune de
Harville de Palaiseau . Par cette mort , la Dame
de Ségur devient titulaire de l'Abbaye de Gif,
dont elle fût nommée Coadjutrice
par le Roy ,
le 2 Mars 1719 .
I
Nicolas Emanuel de Villers , ancien Conseiller
au Parlement , mourut le r Decembre, fort âgé.
Alexandre Baillot , President , Tresorier de
France au Bureau des Finances, et Gran - Voyer
en la Generalité de Paris , mourut le 4 Decembre
, dans la 48 année de son âge.
D. Marie- Elizabeth- Claude - Petronille Bouchu
, épouse de René Mans de Froulay , Comte
de Tessé , &c. Grand d'Espagne , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de ses Armées
, et au Gouvernement des Pays du Maine,
Perche et Laval , Premier Ecuyer de la Reine ,
mourut le 9 Decembre,âgée de 48 ans. Elle étoit :
Fille de Jean- Etienne de Bouchu , Conseiller d'Etat
ordinaire , et de D. Elizabeth Rouillé des
Meslay.
Nicolas de Fresnoy , Marquis de Fresnoy ,
mourut à Paris , le Decembre , âgé de 74
ans , il avoit été dans sa jeunesse Chevalier de
l'Ordre de S. Jean de Jerusalem , et Abbé de
S. Taurin d'Evreux , Ordre de S. Benoît . Són
frere aîné étant mort sans alliance , il quitra la
Croix de Malte , et remit son Abbaye en 1685% ]
Ilentra depuis dans le Service , et fut successivement
Guidon en 1691. et Enseigne en 1693 de
la Compagnie des Gendarmes d'Anjou . Il se retira
du Service en 1699. et épousa Louise- Ale➡ › ,
I. Vola
1746 MERCURE DE FRANCE
xandrine de Coligny, fille de Jean Comte de Coligny
, &c. Gouverneur d'Autun , et Grand Bailly
de Charolois, Lieutenant General des Armées
du Roy , et d'Anne- Nicole Cauchon de Maupas.
Il a laissé de ce mariage Marie, Marquis de Fresnoy
, né en 1701. leque, a épousé en 1730 Charlotte
Rivié , dont il a un fils .
·
Jean du Chastelet , Seigneur de Fresnieres ,
Conseiller au Grand Conseil, mourut le 15 Decembre
, âgé d'environ 72 ans. Sa famille noble
d'extraction est originaire de Picardie. Il avoit
épousé en 1689, Susanne - Geneviève Talon , fille
unique de Jean Jacques Talon , Seigneur de
S. Val , Contrôleur General des Décimes en
Champagne , et de Genevieve Brussel ; il en a
laissé Alexandre Gaston , appellé le Comte du
Chastelet , cy-devant Ecuyer du Roy , et Alexis-
Jean du Chastelet , appellé le Marquis de Fres
njeres , Ecuyer du Roy , depuis la démission de
son frere.
Le 22 Decembre , Paul Emile , Marquis de
Braque , Chevalier Seigneur du Luat , a épousé
Dlle Elizabeth Lorimier , fille d'Antoine- Charles
Lorimier , Ecuyer , Conseiller Secretaire du
Roy , Maison , Couronne de France et de ses
Finances , et de Dame Marie - Louise Boucher.
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Résumé : MORTS ET MARIAGES.
En 1733, plusieurs personnalités notables ont connu des décès et des mariages marquants. Marie-Magdelaine Prevôt, épouse du Dr Silva, médecin consultant du Duc de Boutbon, est décédée à Paris à l'âge d'environ 45 ans. Jean-Jacques Damas, Comte du Breuil et Lieutenant Général des Armées du Roi, est mort à Mâcon à un âge avancé. Il avait occupé divers postes militaires et provenait d'une famille illustre. Pierre-Joseph Faure, Maître en la Chambre des Comptes de Paris, est décédé à l'âge de 74 ans, laissant une fille unique. Anne-Éléonore de Béthune d'Orval, Abbesse de l'Abbaye de N.D. du Val de Gif, est morte à 78 ans. Nicolas Emanuel de Villers, ancien Conseiller au Parlement, et Alexandre Baillot, Président et Trésorier de France, sont également décédés en décembre. Marie-Élisabeth-Claude-Pétronille Bouchu, épouse du Comte de Tessé, est morte à 48 ans. Jean du Chastelet, Seigneur de Fresnieres, est décédé à 72 ans, laissant deux fils. Nicolas de Fresnoy, Marquis de Fresnoy, a quitté l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et a épousé Louise-Alexandrine de Coligny. Enfin, Paul Emile, Marquis de Braque, a épousé Elizabeth Lorimier le 22 décembre.
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45
p. 2892-2900
AUTRE LETTRE de Constantinople du 18 Novembre 1733. Défaite de Thamas Kouli-Kan par Topal-Osman.
Début :
Plusieurs Tartares arrivez ici dans la nuit du 8. au 9. de ce mois, ont apporté la nouvelle [...]
Mots clefs :
Thamas Kouli-Kan, Topal Osman Pacha, Armée, Sérasker, Général, Hommes, Bagdad, Kerkout, Perse, Aghuans, Persans, Porte, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LETTRE de Constantinople du 18 Novembre 1733. Défaite de Thamas Kouli-Kan par Topal-Osman.
AUTRE LETTRE de Constantinople
du 18 Novembre 1733. Défaute de
Thamas Kouli - Kan par Topal Osman.
Plusieurs Tartares arrivez ici dans la nuit du
8. au 9. de ce mois , ont apporté la nouvelle .
d'une seconde victoire que Topal - Osman Pacha
Seraskier a remportée le 22. du mois passé.
Mais avant que d'en faire le récit , il est à propos
de reprendre les choses de plus loin et
de rapporter quelques faits qui ont precedé cer
Evenement, dont on a été d'autant plus surpris
qu'on n'avoit pas lieu de s'y attendre.
Depuis la défaite de Thamas- Kouli Kan , du
19. Juillet , et la levée du Blocus de Bagdad ,
qui deux jours après en fut le premier fruit , ce
General Persan, quoique dangereusement blessé ,
ayant gagné Amadan avec les debris de son Armée,
paroissoit y vouloir demeurer sur la deffensive,
soit par les soins qu'il prenoit de fortifier cette
Place et quelques autres aux environs , soit par
II. Vel - Je
DECEMBRE. 1733. 2893
le peu de monde qui lui restoit en état de servir.
Il est vrai que quelque temps après sa retraite
à Amadan il écrivit à Acmet - Pacha, Gouverneur
de, Bagdad , que malgré les désavantages qu'il
avoit eus cette année , il ne se tenoit pas pour
tout-à- fait vaincu , qu'il reconnoissoit les fautes
qu'il avoit commises , et qu'il n'y retomberoit
plus ; mais que comme il vouloit faire la guerre
noblement , il le prévenoit d'avance qu'au Printemps
prochain il se remettroit en campagne
avec une Armée plus nombreuse que celle qu'il
avoit perdue , et qu'il l'iroit trouver à Bagdad.
Ces menaces pouvant être regardées comme
des rodomontades , sur tout de la part d'un homme
aussi va n que l'est Kouli - Kan , et ne devant
pas d'ailleurs s'executer si - tôt , on n'avoit
pas sujet d'en craindre des effets prochains.
Achmet-Pacha cependant ne laissa pas de redoubler
son attention pour ravitailler sa Place
et la mettre en état de soutenir un second Siege,
autant que le Pais des environs qui est entiererement
ruiné à plus de 20. lieues à la ronde , et
les autres circonstances où il se trouvoit , pouvoient
le lui permettre ; et Topal Osman , qui
de son côté ne pouvoit , faute de munitions ,
tenter de nouvelles conquêtes , se borna à envoyer
Poulac Pacha avec 6000. hommes s'emparer
de Takaya ou Tayon , suivant la Carte de
M. de Lisle , Défilé dans des Montagnes , par où
il faut absolument passer pour venir d'Amadan
sur les Terres de Turquie. Ensuite divisant son
Armée en plusieurs corps pour la faire plus aisément
subsister, il se retira à Kerkout,à cinq journées
de ce passage, avec environ trente mille hommes
seulement , qu'il disposa dans les lieux cir-
Convoisins , n'en gardant avec lui qu'un petit
II. Vol. nombre
2894 MERCURE DE FRANCE
nombre pour servir de garnison à cette Forteresse.
Les choses étoient dans cet état quand le Seraskier
eut avis que le fils de Thamas Kouli-Kan
amenoit au Candahar quarante mille Aghuans à
son pere , il en informa aussi-tôt la Porte par
un Courier qu'il dépêcha , et representa , comme
il l'avoit déja fait plusieurs fois , la necessité
qu'il y avoit d'envoyer en Perse de prompts secours
d'hommes , d'argent et de vivres , et il demanda
en même - temps qu'en consideration de
sa vieillesse et de ses infirmitez , on lui permit
de se démettre de la Charge de Séraskier, en faveur
d'Achinet Pacha , qui étoit plus en état que
lui de la remplir dignement.
Le G. S. deferant à ses prieres , et ne voulant
pourtant pas qu'is se retirat entierement du service
, l'avoit nonmé Pacha de Cutaya'; Ville
d'Asie , à trois journées de Constantinople , et
Beyglerbey de Natolie ; l'expedition des ordres
pour ces nouveaux arrangemens , étoit même
déja prête à partir , lorsque la Porte reçut de
nouvelles Lettres de Topal- Osman , par lesquel
les il mandoit que les Persans avoient forcé le
passage de Takaya , et que leur General s'avançoit
vers lui avec une nombreuse Armee de Cavalerie
, sur quoi il renouvelloit ses instances
pour l'envoi des secours qu'il avoit demandez.
On tint sur ce sujet un Grand- Conseil au Sérail
le premier de ce mois , mais les résolutions
qu'on y prit furent tenues si secrettes , que le
Public ne fut pas même informé alors de la nouvelle
pour laquelle ce Conseil avoit été assemblé.
On scut seulement qu'on y avoit décidé de sus
pendre l'execution des ordres dont j'ai parlé cy
dessus et que Topal -Osman continueroit à com
nander l'Armée Ottomane en Perse.
DECEMBRE . 1733. 2895
>
Venons à Kouli - Kan ; les Aghuans que conduisoit
son fils , l'ayant joint à Amadan , il en
partit peu de jours après avec so. à 60. mille
hommes de Cavalerie , dont il fit prendre les devans
20. mille pour se saisir du défilé de Takaya.
Poulac Pacha , à qui , comme on l'a dit ,
la garde en avoit été confiée soit qu'il cut
négligé de s'y fortifier , ou qu'il eût été surpris
all'improviste , soit qu'il ne lui parût pas possible
de résister à l'Armée Persane , que de faux avis
lui avoient fait monter à 200. milie Combatans ;
Poulac- Pacha , dis je , à la vue des 20. mille
Aghuans qui venoient l'attaquer , prit la fuite et
se sauva , à la verité , avec presque tout son
monde , mais sans pouvoir rien emporter de son
Camp , qu'il abandonna.
Dès que Topal - Osman le vit arriver en
fuyard à Kerkout , il fut si indigné contre lui ,
et sur tout de ce qu'il n'avoit pas eu le soin de
prendre de plus exactes informations sur le veritable
nombre des ennemis, qu'il vouloit lui taire
couper la tête. Cependant tant de gens de cousidération
se jetterent à ses pieds , pour lui demander
la grace de cet infortuué Pacha , en lui
rappellant les marques éclatantes , qu'il avoit
données de sa bravoure dans la Bataille du 19 Juil.
let qu'enfin le Seraskier se laissa fléchir; mais prévoyant
bien qu'il alloit se trouver dans de grands
embarras , que le danger étoit pressant , et qu'il
ne devoit pas compter sur les secours qu'il avoit
si souvent sollicitez à la Porte , il se tourna du
côté des Arabes du voisinage dont il demanda
l'assistance et dont plusieurs Cheiks , ou Commandants
lui ammenerent sept à huit mille
hommes. Il rapella en même tems le plus de
Troupes Ottomanes qu'il put rassembler , sor-
I. Vol.
2896 MERCURE DE FRANCE
氧
tit de Kerkout , mit son Armée en Bataille devant
cette place ; et fit faire de bons retranchemens
, boracz de 60 piéces de Canons.
Il étoit encore occupé à fortifier son Camp ,
lorsqu'un exprès du General de Perse lui en apporta
une Lettre , par laquelle cet orgueilleux
ennemi marquoit qu'il marchoit à lui , et que
non -seulemene il enleveroit sa petite Armée ,
mais qu'il l'enleveroit lui même comme un enfant
avec son Bechik. Pour entendre la mauvaise
plaisanterie que ce mot Persan renferme , il faut
sçavoir qu'il signifie tout à la fois , Berceau et
Litiere , et que Topal Osman à cause de ses infirmitez
est obligé depuis long- tems à se servir
de cette voiture.
Le Seraskier ne répondit autre chose à cette
Lettre insultante , sinon qu'il étoit boiteux ,
vieux , et malade qu'il ne pouvoit aller au devant
de Kouli- Kan, mais qu'il l'attendoit et que
/ Dieu décideroit de tout.
Ce dernier continuant sa route passa près de
Bagdad sans s'arrêter , comptant toujours que
cette place ne pouroit manquer de tomber entre
ses mains , dès qu'il auroit battu les Turcs ,
comme il s'en flatoit : mais on dit qu'il surprit
tine fort grosse Caravane qui sortoit de cette
Ville , et qui étant destinée pour Alep , Smirne,
et Constantinople , étoit d'autant plus riche que
ceux qui l'avoient formée , croyant leurs effets
en sureté sur la route , depuis la défaite et la
retraite des Persans , ils avoient fait des envoys
considerables de Marchandises précieuses pour
se dédommager de la longue interruption de leur
commerce.
Enfin Kouli- Kan venant à paroître à la veuë
de Kerkout , le 22 Octobre Topal - Osman le
II. Vol. laissa
DECEMBRE . 1733. 2897
laissa approcher de ses retranchemens jusqu'à la
portée du fusil : il fit faire alors une décharge
de toute son Artillerie chargée à mitraille , et de
toute sa Mousqueterie , ce qui commença à
jetter un grand désordre dans l'Armée Persane , )
il dit à ses Soldats qu'il n'avoit rien à leur commander
; qu'ils étoient bien retranchez et qu'ils
pouvoient se tenir sur la deffensive ; mais qu'il
permettroit volontiers de sortir du Camp à tous
ceux qui auroient assez de valeur pour aller atta
quer l'ennemi . A ce discours , les Jannissaires
du Caire , et quelques Corps de Romelie qui ne
s'étoient point trouvez à l'Action du 19 Juillet
se piquerent d'honneur ; et secondez par quelques
autres Troupes et par les Arabes , ils fondirent
avec furie sur les Persans . Il faisoit beaucoup
de poussiere , un gros brouillard et un
vent qui soufloit la poudre aux yeux de ceux ci,
dont les Turcs tirerent un grand avantage.
›
Après quatre heures d'un combat opiniâtre ,
le Seraskier s'appercevant que ses Troupes prenoient
le dessus , il fit ordonner à tout ce qui
lui en restoit dans le Camp , de venir partager
le péril et la gloire de cette journée. Ce renfort
redoubla le courage des Turcs et acheva d'abbattre
celui des Persans : ils prirent enfin la fuite,
laissant 6000 des leurs sur la Place , dont on apporta
les têtes aux pieds de Topal - Osman , ct
trois mille Prisonniers , parmi lesquels on dit ,
que sont le Beau- pere et le neveu de Kouli - Kan
avec plusieurs Seigneurs de marque.
> Le Seraskier les ayant fait venir devant lui
leur demanda comment leur General après avoir
été si bien battu auprès de Bagdat, étoit revenu
le chercher avec tant de diligence ? Seigneur
lui répondirent- ils , Thamas Kouli - Kan n'a d'a-
II. Vol. G bord .
288 MERCURE DE FRANCE
,
bord fait cette démarches que sur les assurances
qu'on lui avoit données de plusieurs endroits que
vous étiez mort et dans la persuasion où il étoit
qu'un Chef tel que vous manquant à l'Armée Ottomane
, il en triompheroit aisément , et qu'ensuite il
ne trouveroit que de foibles obstacles à s'emparer de
Bagdad. Il a bien reconnu depuis , qu'on lui en
avoit imposé , mais il n'a pú se résoudre à reculer,
et il s'est d'ailleurs fié en son courage et à celui des
Aghuans , avec lesquels il a ci- devant remporté
beaucoup de Victoires ,
Il est à remarquer qu'aussi - tôt qu'Achmet Pacha
eût apris que Polac Pacha avoit abandonné le defilé
de Taxaya , il se pressa de faire entrer dans sa
Place tout ce qu'il put ramasser d'utile , et de faire
fermer les Portes , ne doutant pas que Kouli - Kan
ne vint en renouveler le blocus . Il régaloit même
dans ce moment le Buyuk Imbrohor , ou grand
Ecuyer du G.S.qui étoit sur le point de partir pour
revenir à Constantinople ; et iui ayant represen
té le risque qu'il y auroit pour lui sur le chemin
de Bagdad à Kerkout , qui devoit être alors infesté
de partis Ennemis , il lui fit prendre la route
de Mossul par le desert. Topal - Osman en
ayant été informé , envoya à ce Grand - Ecuyer
une Relation de l'Affaire qu'on vient de raconter ,
avec ordre de la faire passer incessamment à la
Porte , et d'attendre encore de ses nouvelles à
Mossul.
On présume de - là , qu'apparemment le Seraskier
veut lui faire remettre avec sureté le Beaupere
et le neveu de Kouli- Kan , avec les autres
Prisonniers de distinction , pour qu'il les conduise
et les présente lui - même au G. S.
Comme suivant quelques avis Kouli-Kan
après cette derniere déroute . s'étoit arrêté à
II. Vol. Leilan
DFCEMBRE. 1733. 2899
>
Leilan qui n'est qu'à cinq lieues de Kerkout
et qu'on craint avec raison qu'il ne veuille encore
tenter le sort des Armes , la Porte a dépêché un
Courier à Demir Pacha qui commiande 40
mille hommes aux environs de Tauris , avec ordre
de marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , lesquels l'auront joint
vers les lieux où l'Armée de Kouli - Kan sera
campée.
Quoique cette nouvelle Victoire de Topal-
Osman soit encore plus glorieuse pour lui que la
premiere , on n'a cependant point tiré le Canon
ici , comme il est d'usage en pareil cas , parce
qu'on attend, dit - on , l'arrivée du Buyuk Imbrohor,
ou celle de quelque personne qui vienne directement
de la part du Seraskier.
Du 18 Novembre 1733.
P. V. D.
Comme j'allois fermer mon paquet , Monsieur,
on m'est venu dire une nouvelle de la derniere
importance pour cet Empire ; sçavoir , que Topal-
Osman Pacha étant allé attaquer Thamas
Kouli- Kan à Leilan , où je vous ai marqué qu'il
s'étoit arrêté , après sa dérouté du 22 Octobre ,
les Aghuans qui composoient la meilleure partie
de l'Armée Persane, avoient ployé leurs Etendarts
et s'étoient venus rendre à Topal - Osman , que
Kouli-Kan trop affoibli par cette désertion
pour pouvoir resister aux Turcs , avoit pris la
fuite vers la Perse avec environ 10000 hommes
qui lui restoient , que Topal - Osman l'avoit fait
suivre par Menis Pacha à la tête d'un gros
Corps de Troupes , et avoit donné ordre en
même tems aux Curdes de s'emparer d'un defilé
par où il falloit necessairement que les Persans
II. Vol.
Gij
passassent
2000 MERCURE DE FRANCE
>
passassent; que leur General se voyant prêt d'être
assailli par devant et par derriere , sans espérance
de pouvoir échapper , avoit écrit une Lettre
à Topal- Osman , par laquelle il se confessoit
vaincu et lui demandoit la Paix à telles conditions
qu'il voudroit lui imposer , mais que le
Seraskier lui avoit répondu que le regardant
comme un Rebelle , il ne vouloit traiter en aucune
façon avec lui ; enfin que suivant l'extre
mité ou Kouli- Kan étoit réduit au depart des
trois Couriers qui ont apporté cette nouvelle
ce matin , ce General Persan doit avoir été pris
depuis avec le reste de son Armée.
On a tenu ici sur le champ un Conseil general
au Serail , dans lequel il a été résolu d'envoyer
sans délai des pleins pouvoirs à Topal - Osman ,
pour traiter de la Paix avec des Ministres du léitime
Souverain de Perse , que l'on dit être un
jeune Fils de Schah - Thamas , ce dernier étant
à ce que l'on ajoute , et avec ordre de
n'écouter aucune proposition de la part de Thamas
Kouli- Kan,
mort ,
P. V. D.
du 18 Novembre 1733. Défaute de
Thamas Kouli - Kan par Topal Osman.
Plusieurs Tartares arrivez ici dans la nuit du
8. au 9. de ce mois , ont apporté la nouvelle .
d'une seconde victoire que Topal - Osman Pacha
Seraskier a remportée le 22. du mois passé.
Mais avant que d'en faire le récit , il est à propos
de reprendre les choses de plus loin et
de rapporter quelques faits qui ont precedé cer
Evenement, dont on a été d'autant plus surpris
qu'on n'avoit pas lieu de s'y attendre.
Depuis la défaite de Thamas- Kouli Kan , du
19. Juillet , et la levée du Blocus de Bagdad ,
qui deux jours après en fut le premier fruit , ce
General Persan, quoique dangereusement blessé ,
ayant gagné Amadan avec les debris de son Armée,
paroissoit y vouloir demeurer sur la deffensive,
soit par les soins qu'il prenoit de fortifier cette
Place et quelques autres aux environs , soit par
II. Vel - Je
DECEMBRE. 1733. 2893
le peu de monde qui lui restoit en état de servir.
Il est vrai que quelque temps après sa retraite
à Amadan il écrivit à Acmet - Pacha, Gouverneur
de, Bagdad , que malgré les désavantages qu'il
avoit eus cette année , il ne se tenoit pas pour
tout-à- fait vaincu , qu'il reconnoissoit les fautes
qu'il avoit commises , et qu'il n'y retomberoit
plus ; mais que comme il vouloit faire la guerre
noblement , il le prévenoit d'avance qu'au Printemps
prochain il se remettroit en campagne
avec une Armée plus nombreuse que celle qu'il
avoit perdue , et qu'il l'iroit trouver à Bagdad.
Ces menaces pouvant être regardées comme
des rodomontades , sur tout de la part d'un homme
aussi va n que l'est Kouli - Kan , et ne devant
pas d'ailleurs s'executer si - tôt , on n'avoit
pas sujet d'en craindre des effets prochains.
Achmet-Pacha cependant ne laissa pas de redoubler
son attention pour ravitailler sa Place
et la mettre en état de soutenir un second Siege,
autant que le Pais des environs qui est entiererement
ruiné à plus de 20. lieues à la ronde , et
les autres circonstances où il se trouvoit , pouvoient
le lui permettre ; et Topal Osman , qui
de son côté ne pouvoit , faute de munitions ,
tenter de nouvelles conquêtes , se borna à envoyer
Poulac Pacha avec 6000. hommes s'emparer
de Takaya ou Tayon , suivant la Carte de
M. de Lisle , Défilé dans des Montagnes , par où
il faut absolument passer pour venir d'Amadan
sur les Terres de Turquie. Ensuite divisant son
Armée en plusieurs corps pour la faire plus aisément
subsister, il se retira à Kerkout,à cinq journées
de ce passage, avec environ trente mille hommes
seulement , qu'il disposa dans les lieux cir-
Convoisins , n'en gardant avec lui qu'un petit
II. Vol. nombre
2894 MERCURE DE FRANCE
nombre pour servir de garnison à cette Forteresse.
Les choses étoient dans cet état quand le Seraskier
eut avis que le fils de Thamas Kouli-Kan
amenoit au Candahar quarante mille Aghuans à
son pere , il en informa aussi-tôt la Porte par
un Courier qu'il dépêcha , et representa , comme
il l'avoit déja fait plusieurs fois , la necessité
qu'il y avoit d'envoyer en Perse de prompts secours
d'hommes , d'argent et de vivres , et il demanda
en même - temps qu'en consideration de
sa vieillesse et de ses infirmitez , on lui permit
de se démettre de la Charge de Séraskier, en faveur
d'Achinet Pacha , qui étoit plus en état que
lui de la remplir dignement.
Le G. S. deferant à ses prieres , et ne voulant
pourtant pas qu'is se retirat entierement du service
, l'avoit nonmé Pacha de Cutaya'; Ville
d'Asie , à trois journées de Constantinople , et
Beyglerbey de Natolie ; l'expedition des ordres
pour ces nouveaux arrangemens , étoit même
déja prête à partir , lorsque la Porte reçut de
nouvelles Lettres de Topal- Osman , par lesquel
les il mandoit que les Persans avoient forcé le
passage de Takaya , et que leur General s'avançoit
vers lui avec une nombreuse Armee de Cavalerie
, sur quoi il renouvelloit ses instances
pour l'envoi des secours qu'il avoit demandez.
On tint sur ce sujet un Grand- Conseil au Sérail
le premier de ce mois , mais les résolutions
qu'on y prit furent tenues si secrettes , que le
Public ne fut pas même informé alors de la nouvelle
pour laquelle ce Conseil avoit été assemblé.
On scut seulement qu'on y avoit décidé de sus
pendre l'execution des ordres dont j'ai parlé cy
dessus et que Topal -Osman continueroit à com
nander l'Armée Ottomane en Perse.
DECEMBRE . 1733. 2895
>
Venons à Kouli - Kan ; les Aghuans que conduisoit
son fils , l'ayant joint à Amadan , il en
partit peu de jours après avec so. à 60. mille
hommes de Cavalerie , dont il fit prendre les devans
20. mille pour se saisir du défilé de Takaya.
Poulac Pacha , à qui , comme on l'a dit ,
la garde en avoit été confiée soit qu'il cut
négligé de s'y fortifier , ou qu'il eût été surpris
all'improviste , soit qu'il ne lui parût pas possible
de résister à l'Armée Persane , que de faux avis
lui avoient fait monter à 200. milie Combatans ;
Poulac- Pacha , dis je , à la vue des 20. mille
Aghuans qui venoient l'attaquer , prit la fuite et
se sauva , à la verité , avec presque tout son
monde , mais sans pouvoir rien emporter de son
Camp , qu'il abandonna.
Dès que Topal - Osman le vit arriver en
fuyard à Kerkout , il fut si indigné contre lui ,
et sur tout de ce qu'il n'avoit pas eu le soin de
prendre de plus exactes informations sur le veritable
nombre des ennemis, qu'il vouloit lui taire
couper la tête. Cependant tant de gens de cousidération
se jetterent à ses pieds , pour lui demander
la grace de cet infortuué Pacha , en lui
rappellant les marques éclatantes , qu'il avoit
données de sa bravoure dans la Bataille du 19 Juil.
let qu'enfin le Seraskier se laissa fléchir; mais prévoyant
bien qu'il alloit se trouver dans de grands
embarras , que le danger étoit pressant , et qu'il
ne devoit pas compter sur les secours qu'il avoit
si souvent sollicitez à la Porte , il se tourna du
côté des Arabes du voisinage dont il demanda
l'assistance et dont plusieurs Cheiks , ou Commandants
lui ammenerent sept à huit mille
hommes. Il rapella en même tems le plus de
Troupes Ottomanes qu'il put rassembler , sor-
I. Vol.
2896 MERCURE DE FRANCE
氧
tit de Kerkout , mit son Armée en Bataille devant
cette place ; et fit faire de bons retranchemens
, boracz de 60 piéces de Canons.
Il étoit encore occupé à fortifier son Camp ,
lorsqu'un exprès du General de Perse lui en apporta
une Lettre , par laquelle cet orgueilleux
ennemi marquoit qu'il marchoit à lui , et que
non -seulemene il enleveroit sa petite Armée ,
mais qu'il l'enleveroit lui même comme un enfant
avec son Bechik. Pour entendre la mauvaise
plaisanterie que ce mot Persan renferme , il faut
sçavoir qu'il signifie tout à la fois , Berceau et
Litiere , et que Topal Osman à cause de ses infirmitez
est obligé depuis long- tems à se servir
de cette voiture.
Le Seraskier ne répondit autre chose à cette
Lettre insultante , sinon qu'il étoit boiteux ,
vieux , et malade qu'il ne pouvoit aller au devant
de Kouli- Kan, mais qu'il l'attendoit et que
/ Dieu décideroit de tout.
Ce dernier continuant sa route passa près de
Bagdad sans s'arrêter , comptant toujours que
cette place ne pouroit manquer de tomber entre
ses mains , dès qu'il auroit battu les Turcs ,
comme il s'en flatoit : mais on dit qu'il surprit
tine fort grosse Caravane qui sortoit de cette
Ville , et qui étant destinée pour Alep , Smirne,
et Constantinople , étoit d'autant plus riche que
ceux qui l'avoient formée , croyant leurs effets
en sureté sur la route , depuis la défaite et la
retraite des Persans , ils avoient fait des envoys
considerables de Marchandises précieuses pour
se dédommager de la longue interruption de leur
commerce.
Enfin Kouli- Kan venant à paroître à la veuë
de Kerkout , le 22 Octobre Topal - Osman le
II. Vol. laissa
DECEMBRE . 1733. 2897
laissa approcher de ses retranchemens jusqu'à la
portée du fusil : il fit faire alors une décharge
de toute son Artillerie chargée à mitraille , et de
toute sa Mousqueterie , ce qui commença à
jetter un grand désordre dans l'Armée Persane , )
il dit à ses Soldats qu'il n'avoit rien à leur commander
; qu'ils étoient bien retranchez et qu'ils
pouvoient se tenir sur la deffensive ; mais qu'il
permettroit volontiers de sortir du Camp à tous
ceux qui auroient assez de valeur pour aller atta
quer l'ennemi . A ce discours , les Jannissaires
du Caire , et quelques Corps de Romelie qui ne
s'étoient point trouvez à l'Action du 19 Juillet
se piquerent d'honneur ; et secondez par quelques
autres Troupes et par les Arabes , ils fondirent
avec furie sur les Persans . Il faisoit beaucoup
de poussiere , un gros brouillard et un
vent qui soufloit la poudre aux yeux de ceux ci,
dont les Turcs tirerent un grand avantage.
›
Après quatre heures d'un combat opiniâtre ,
le Seraskier s'appercevant que ses Troupes prenoient
le dessus , il fit ordonner à tout ce qui
lui en restoit dans le Camp , de venir partager
le péril et la gloire de cette journée. Ce renfort
redoubla le courage des Turcs et acheva d'abbattre
celui des Persans : ils prirent enfin la fuite,
laissant 6000 des leurs sur la Place , dont on apporta
les têtes aux pieds de Topal - Osman , ct
trois mille Prisonniers , parmi lesquels on dit ,
que sont le Beau- pere et le neveu de Kouli - Kan
avec plusieurs Seigneurs de marque.
> Le Seraskier les ayant fait venir devant lui
leur demanda comment leur General après avoir
été si bien battu auprès de Bagdat, étoit revenu
le chercher avec tant de diligence ? Seigneur
lui répondirent- ils , Thamas Kouli - Kan n'a d'a-
II. Vol. G bord .
288 MERCURE DE FRANCE
,
bord fait cette démarches que sur les assurances
qu'on lui avoit données de plusieurs endroits que
vous étiez mort et dans la persuasion où il étoit
qu'un Chef tel que vous manquant à l'Armée Ottomane
, il en triompheroit aisément , et qu'ensuite il
ne trouveroit que de foibles obstacles à s'emparer de
Bagdad. Il a bien reconnu depuis , qu'on lui en
avoit imposé , mais il n'a pú se résoudre à reculer,
et il s'est d'ailleurs fié en son courage et à celui des
Aghuans , avec lesquels il a ci- devant remporté
beaucoup de Victoires ,
Il est à remarquer qu'aussi - tôt qu'Achmet Pacha
eût apris que Polac Pacha avoit abandonné le defilé
de Taxaya , il se pressa de faire entrer dans sa
Place tout ce qu'il put ramasser d'utile , et de faire
fermer les Portes , ne doutant pas que Kouli - Kan
ne vint en renouveler le blocus . Il régaloit même
dans ce moment le Buyuk Imbrohor , ou grand
Ecuyer du G.S.qui étoit sur le point de partir pour
revenir à Constantinople ; et iui ayant represen
té le risque qu'il y auroit pour lui sur le chemin
de Bagdad à Kerkout , qui devoit être alors infesté
de partis Ennemis , il lui fit prendre la route
de Mossul par le desert. Topal - Osman en
ayant été informé , envoya à ce Grand - Ecuyer
une Relation de l'Affaire qu'on vient de raconter ,
avec ordre de la faire passer incessamment à la
Porte , et d'attendre encore de ses nouvelles à
Mossul.
On présume de - là , qu'apparemment le Seraskier
veut lui faire remettre avec sureté le Beaupere
et le neveu de Kouli- Kan , avec les autres
Prisonniers de distinction , pour qu'il les conduise
et les présente lui - même au G. S.
Comme suivant quelques avis Kouli-Kan
après cette derniere déroute . s'étoit arrêté à
II. Vol. Leilan
DFCEMBRE. 1733. 2899
>
Leilan qui n'est qu'à cinq lieues de Kerkout
et qu'on craint avec raison qu'il ne veuille encore
tenter le sort des Armes , la Porte a dépêché un
Courier à Demir Pacha qui commiande 40
mille hommes aux environs de Tauris , avec ordre
de marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , lesquels l'auront joint
vers les lieux où l'Armée de Kouli - Kan sera
campée.
Quoique cette nouvelle Victoire de Topal-
Osman soit encore plus glorieuse pour lui que la
premiere , on n'a cependant point tiré le Canon
ici , comme il est d'usage en pareil cas , parce
qu'on attend, dit - on , l'arrivée du Buyuk Imbrohor,
ou celle de quelque personne qui vienne directement
de la part du Seraskier.
Du 18 Novembre 1733.
P. V. D.
Comme j'allois fermer mon paquet , Monsieur,
on m'est venu dire une nouvelle de la derniere
importance pour cet Empire ; sçavoir , que Topal-
Osman Pacha étant allé attaquer Thamas
Kouli- Kan à Leilan , où je vous ai marqué qu'il
s'étoit arrêté , après sa dérouté du 22 Octobre ,
les Aghuans qui composoient la meilleure partie
de l'Armée Persane, avoient ployé leurs Etendarts
et s'étoient venus rendre à Topal - Osman , que
Kouli-Kan trop affoibli par cette désertion
pour pouvoir resister aux Turcs , avoit pris la
fuite vers la Perse avec environ 10000 hommes
qui lui restoient , que Topal - Osman l'avoit fait
suivre par Menis Pacha à la tête d'un gros
Corps de Troupes , et avoit donné ordre en
même tems aux Curdes de s'emparer d'un defilé
par où il falloit necessairement que les Persans
II. Vol.
Gij
passassent
2000 MERCURE DE FRANCE
>
passassent; que leur General se voyant prêt d'être
assailli par devant et par derriere , sans espérance
de pouvoir échapper , avoit écrit une Lettre
à Topal- Osman , par laquelle il se confessoit
vaincu et lui demandoit la Paix à telles conditions
qu'il voudroit lui imposer , mais que le
Seraskier lui avoit répondu que le regardant
comme un Rebelle , il ne vouloit traiter en aucune
façon avec lui ; enfin que suivant l'extre
mité ou Kouli- Kan étoit réduit au depart des
trois Couriers qui ont apporté cette nouvelle
ce matin , ce General Persan doit avoir été pris
depuis avec le reste de son Armée.
On a tenu ici sur le champ un Conseil general
au Serail , dans lequel il a été résolu d'envoyer
sans délai des pleins pouvoirs à Topal - Osman ,
pour traiter de la Paix avec des Ministres du léitime
Souverain de Perse , que l'on dit être un
jeune Fils de Schah - Thamas , ce dernier étant
à ce que l'on ajoute , et avec ordre de
n'écouter aucune proposition de la part de Thamas
Kouli- Kan,
mort ,
P. V. D.
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Résumé : AUTRE LETTRE de Constantinople du 18 Novembre 1733. Défaite de Thamas Kouli-Kan par Topal-Osman.
En novembre 1733, une lettre de Constantinople annonce la victoire de Topal Osman Pacha, Seraskier, sur Thamas Kouli-Kan. Après sa défaite du 19 juillet, Kouli-Kan s'était retranché à Amadan et menaçait de revenir au printemps avec une armée renforcée. Achmet Pacha, gouverneur de Bagdad, avait renforcé les défenses, tandis que Topal Osman, manquant de munitions, avait envoyé Poulac Pacha sécuriser le défilé de Takaya. Kouli-Kan, soutenu par des Aghuans amenés par son fils, a forcé ce passage et vaincu Poulac Pacha. Informé, Topal Osman a rassemblé des troupes et des Arabes, et préparé sa défense à Kerkout. Le 22 octobre, il a repoussé Kouli-Kan, infligeant de lourdes pertes aux Persans. Après cette victoire, Kouli-Kan s'est retiré à Leilan. Topal Osman a poursuivi les Persans, et les Aghuans ont déserté, permettant à Topal Osman de vaincre définitivement Kouli-Kan, qui a fui vers la Perse avec quelques milliers d'hommes. Parallèlement, Thamas Kouli-Kan avait demandé la paix à Topal Osman, mais ce dernier l'avait rejetée, considérant Kouli-Kan comme un rebelle. Des informations récentes suggèrent que Kouli-Kan et son armée ont probablement été capturés. En réponse, un conseil général a été tenu au Serail, décidant d'envoyer des pleins pouvoirs à Topal Osman pour négocier la paix avec les ministres du légitime souverain de Perse, identifié comme un jeune fils de Schah-Thamas. Les instructions étaient de ne pas écouter les propositions de Thamas Kouli-Kan, désormais décédé.
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46
p. 2900-2901
POLOGNE.
Début :
Le Roy a fait publier un Decret par lequel S. M. accorde une Amnistie generale aux [...]
Mots clefs :
Moscovites, Général, Pologne, Roi, Décret, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Roy a fait publier un Decret par lequel
5. M. accorde une Amnistie generale aux
Opposants , qui dans un terme prescrit lui rendront
l'hommage qu'ils lui doivent > et se joindront
à ses Troupes pour chasser les Moscovites
et les Saxons de la Pologne ; S. M. ajoute dans
ce Decret , que si après le terme qui est donné
aux Rebelles pour se soumettre,ils persistent dans
leur révolte , ils seront privez de tous les droits
de la Noblesse , et declarez infames , et que leurs
biens seront confisquez et leurs maisons rasées .
II. Vol. Plusieurs
Plusieurs des Opposans qui étoient restez à
Warsovie depuis que le General Lesci est allé
camper à Lowitz , ont profité du pardon qui
leur a été offert.
Les Moscovites souffrent toujours beaucoup
dans ce nouveau Camp qu'ils occupent , parce
que le Castellan de Czersko a ravagé tous les
environs de cette derniere Ville pour ôter aux
Ennemis les moyens de subsister , et qu'il n'a
pas même épargné les terres du Primat et les
siennes . Le Castellan, celui de Lublin et le "Comte
Pocci, Régimentaire de Lithuanie , sont toujours
près de Louwitz , et ils fatiguent par des
combats continuels les Moscovites qui sont
obligez d'être jour et nuit sur leurs gardes pour
se garantir des surprises . Les Castellans de Mariembourg
et de Plocko ne laissent pas plus
tranquilles les Troupes Saxones, qui depuis leur
entrée en Posnanie n'ont fait aucun mouvement
pour pénétrer plus avant dans le Royaume , er
il se passe peu de jour sans qu'on ait quelqu’-
avantage sur leurs détachements.
Le Comte Potocki Régimentaire de la Couronne
s'est retranché sur les bords de la Vistule ,
pour en disputer le passage aux Ennemts s'ils
marchent vers Cracovie. Quelques violences
que le General Lesci commette sur les Terres
des Seigneurs et des Gentilshommes attachez au
parti du Roy , aucun n'a trahi son devoir, et les
menaces de ce General, loin d'ébranler leur fidelité
, semblent augmenter leur empressement à
entrer dans la confédération faite par la Noblesse
des Palatinats de la Prusse Polonoise.
E Roy a fait publier un Decret par lequel
5. M. accorde une Amnistie generale aux
Opposants , qui dans un terme prescrit lui rendront
l'hommage qu'ils lui doivent > et se joindront
à ses Troupes pour chasser les Moscovites
et les Saxons de la Pologne ; S. M. ajoute dans
ce Decret , que si après le terme qui est donné
aux Rebelles pour se soumettre,ils persistent dans
leur révolte , ils seront privez de tous les droits
de la Noblesse , et declarez infames , et que leurs
biens seront confisquez et leurs maisons rasées .
II. Vol. Plusieurs
Plusieurs des Opposans qui étoient restez à
Warsovie depuis que le General Lesci est allé
camper à Lowitz , ont profité du pardon qui
leur a été offert.
Les Moscovites souffrent toujours beaucoup
dans ce nouveau Camp qu'ils occupent , parce
que le Castellan de Czersko a ravagé tous les
environs de cette derniere Ville pour ôter aux
Ennemis les moyens de subsister , et qu'il n'a
pas même épargné les terres du Primat et les
siennes . Le Castellan, celui de Lublin et le "Comte
Pocci, Régimentaire de Lithuanie , sont toujours
près de Louwitz , et ils fatiguent par des
combats continuels les Moscovites qui sont
obligez d'être jour et nuit sur leurs gardes pour
se garantir des surprises . Les Castellans de Mariembourg
et de Plocko ne laissent pas plus
tranquilles les Troupes Saxones, qui depuis leur
entrée en Posnanie n'ont fait aucun mouvement
pour pénétrer plus avant dans le Royaume , er
il se passe peu de jour sans qu'on ait quelqu’-
avantage sur leurs détachements.
Le Comte Potocki Régimentaire de la Couronne
s'est retranché sur les bords de la Vistule ,
pour en disputer le passage aux Ennemts s'ils
marchent vers Cracovie. Quelques violences
que le General Lesci commette sur les Terres
des Seigneurs et des Gentilshommes attachez au
parti du Roy , aucun n'a trahi son devoir, et les
menaces de ce General, loin d'ébranler leur fidelité
, semblent augmenter leur empressement à
entrer dans la confédération faite par la Noblesse
des Palatinats de la Prusse Polonoise.
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Résumé : POLOGNE.
Le roi de Pologne a publié un décret offrant une amnistie générale aux opposants, à condition qu'ils lui prêtent allégeance et rejoignent ses troupes pour expulser les Moscovites et les Saxons. Les réfractaires seront privés de leurs droits nobles, déclarés infâmes et leurs biens confisqués. Plusieurs opposants à Varsovie ont accepté cette amnistie. Les Moscovites, installés dans un nouveau camp, souffrent des destructions causées par le Castellan de Czersko, qui a ravagé les environs pour les priver de ressources. Les Castellans de Czersko, Lublin et le Comte Pocci harcèlent continuellement les Moscovites. Les Castellans de Mariembourg et de Plocko combattent les troupes saxones en Posnanie. Le Comte Potocki défend les rives de la Vistule pour empêcher les ennemis d'atteindre Cracovie. Malgré les violences du Général Lesci, les seigneurs et gentilshommes restent fidèles au roi et s'engagent dans la confédération de la noblesse des Palatinats de la Prusse Polonoise.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 594-595
« D'autres lettres portent que l'avantage remporté par les Persans sur les Turcs, a été mandé [...] »
Début :
D'autres lettres portent que l'avantage remporté par les Persans sur les Turcs, a été mandé [...]
Mots clefs :
Troupes, Général, Mehemet, Armée, Thamas Kouli-Kan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « D'autres lettres portent que l'avantage remporté par les Persans sur les Turcs, a été mandé [...] »
D'autres lettres portent que l'avantage remporté
par les Persans sur les Turcs , a étémandé
au G. S. par Mahomet Pacha de Dierbeck ,
et ci-devant Grand Visir , qui a pris le commandement
des Troupes Ottomanes depuis
qu'elles ont perdu leur General, lequel, ajoutent
ces Lettres , ayant résolu d'aller joindre Mehemet
qui avec vingt mille hommes tenoit une partie
de l'armée Persane enfermée dans des défilez
sortit du Camp où il étoit retranché sous Kerkout
, et il s'avança avec un Corps de Troupes
à peu près égal à celui que Mehemet commandoit
, vers l'endroit où étoit ce Pacha , il n'en
étoit plus éloigné que de quatre journées , lorsqu'il
fut attaqué par Thamas-Kouli - Kan qui
ayant été instruit de la marche du Seraskier
avoit passé par des chemins peu connus , pour
empêcher les deux corps d'armée des Turcs de
se joindre. Les Troupes de Topal- Osman soutinrent
le premier choc avec valeur , mais à la
fin elles furent contraintes de céder au nombre.
Ce General voyant qu'elles commençoient à
plier , quitta sa Litière dans laquelle il avoit
demeuré jusqu'alors à cause de son grand âge
et de ses infirmitez , et s'étant fait mettre à cheval
, il exhorta ceux qui étoient près de lui , à
le suivre , et il se jetta dans le fort de la mêlée .
Quelques efforts qu'il fit pour animer les Troupes
par son exemple , plusieurs Pachas se retirerent
et il ne resta avec lui que ses meilleures
Troupes qui disputérent encore pendant quelque
temps la victoire aux Ennemis ; mais le Seraskier
étant tombé percé de coups , et les Troupes
qui l'avoient suivi étant découragées par la
mort de leur General , elles abandonnerent le
Champ de bataille aux Persans
McheMARS.
1734. 595
Mehemet mande à Sa Hautesse , que les Turcs
ont perdu dans cette Action près de huit mille
hommes et qu'il est actuellement avec l'armée
dans le Camp de Kerkout , où il rassemble le
plus de Troupes qu'il lui est possible .
Une action de Thamas Kouli-Kan , qui paroîtra
sans doute severe , si elle est bien vraie ;
mais qui est remarquable. C'est qu'après ce dernier
avantage remporté sur les Turcs , et la défaite
et la mort de l'Illustre Topal - Osman , ses
Courtisans lui prodiguerent toute sorte de Dis
cours flateurs ; il en coûta la vie à son Secretaire
, pour avoir été plus loin que les autres ; il lui
proposa , pour étendre , disoit - il , son crédit ,
et les moyens d'augmenter le nombre de ses
créatures , et de ses Partisans , la vente des Emplois
et des Charges Civiles et Militaires ; mais
Kouli-Kan accabla d'injures le donneur d'avis ,
ajoûtant que c'étoit un artifice pour lui ôter les
moyens de récompenser le mérite , le rendre
odieux , et pour s'enrichir lui - même ; et le jugeant
digne de mort , il le fit mettre dans un
Sac et jetter sur le Champ dans la Riviere.
par les Persans sur les Turcs , a étémandé
au G. S. par Mahomet Pacha de Dierbeck ,
et ci-devant Grand Visir , qui a pris le commandement
des Troupes Ottomanes depuis
qu'elles ont perdu leur General, lequel, ajoutent
ces Lettres , ayant résolu d'aller joindre Mehemet
qui avec vingt mille hommes tenoit une partie
de l'armée Persane enfermée dans des défilez
sortit du Camp où il étoit retranché sous Kerkout
, et il s'avança avec un Corps de Troupes
à peu près égal à celui que Mehemet commandoit
, vers l'endroit où étoit ce Pacha , il n'en
étoit plus éloigné que de quatre journées , lorsqu'il
fut attaqué par Thamas-Kouli - Kan qui
ayant été instruit de la marche du Seraskier
avoit passé par des chemins peu connus , pour
empêcher les deux corps d'armée des Turcs de
se joindre. Les Troupes de Topal- Osman soutinrent
le premier choc avec valeur , mais à la
fin elles furent contraintes de céder au nombre.
Ce General voyant qu'elles commençoient à
plier , quitta sa Litière dans laquelle il avoit
demeuré jusqu'alors à cause de son grand âge
et de ses infirmitez , et s'étant fait mettre à cheval
, il exhorta ceux qui étoient près de lui , à
le suivre , et il se jetta dans le fort de la mêlée .
Quelques efforts qu'il fit pour animer les Troupes
par son exemple , plusieurs Pachas se retirerent
et il ne resta avec lui que ses meilleures
Troupes qui disputérent encore pendant quelque
temps la victoire aux Ennemis ; mais le Seraskier
étant tombé percé de coups , et les Troupes
qui l'avoient suivi étant découragées par la
mort de leur General , elles abandonnerent le
Champ de bataille aux Persans
McheMARS.
1734. 595
Mehemet mande à Sa Hautesse , que les Turcs
ont perdu dans cette Action près de huit mille
hommes et qu'il est actuellement avec l'armée
dans le Camp de Kerkout , où il rassemble le
plus de Troupes qu'il lui est possible .
Une action de Thamas Kouli-Kan , qui paroîtra
sans doute severe , si elle est bien vraie ;
mais qui est remarquable. C'est qu'après ce dernier
avantage remporté sur les Turcs , et la défaite
et la mort de l'Illustre Topal - Osman , ses
Courtisans lui prodiguerent toute sorte de Dis
cours flateurs ; il en coûta la vie à son Secretaire
, pour avoir été plus loin que les autres ; il lui
proposa , pour étendre , disoit - il , son crédit ,
et les moyens d'augmenter le nombre de ses
créatures , et de ses Partisans , la vente des Emplois
et des Charges Civiles et Militaires ; mais
Kouli-Kan accabla d'injures le donneur d'avis ,
ajoûtant que c'étoit un artifice pour lui ôter les
moyens de récompenser le mérite , le rendre
odieux , et pour s'enrichir lui - même ; et le jugeant
digne de mort , il le fit mettre dans un
Sac et jetter sur le Champ dans la Riviere.
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Résumé : « D'autres lettres portent que l'avantage remporté par les Persans sur les Turcs, a été mandé [...] »
Le texte décrit une bataille entre les Persans et les Turcs. Mahomet Pacha de Dierbeck, ancien Grand Visir, a pris le commandement des troupes ottomanes après la perte de leur général. Il a tenté de rejoindre Mehemet, qui dirigeait une partie de l'armée persane. Thamas-Kouli-Kan, informé de l'avancée des Turcs, a attaqué les troupes de Topal-Osman, un général turc. Malgré une résistance initiale, les Turcs ont été vaincus en raison de leur infériorité numérique. Topal-Osman, malgré son âge et ses infirmités, a tenté de rallier ses troupes mais a été tué, entraînant la déroute des Turcs. Mehemet a informé le souverain ottoman de la défaite, mentionnant la perte de près de huit mille hommes. Après sa victoire, Thamas-Kouli-Kan a sévèrement réprimé son secrétaire pour des conseils jugés malveillants, le faisant exécuter.
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48
p. 596-601
POLOGNE.
Début :
Les Troupes du Roy, destinées à composer la Garnison de Dantzick, y sont entrées quelques [...]
Mots clefs :
Roi, Troupes, Gdańsk, Électeur de Saxe, Couronne, République, Couronnement, Général, Majesté, Primat
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLO G N E.
Es Troupes du Roy , destinées à composer
Lla Garnison de Danizicky sont entrées quelques
jours plustard qu'il n'avoit été résolu , à
cause de quelques difficultez faues par les Magistrats
; quelques - uns d'eux vouloient que dès
qu'elles y seroient , elles ne reçussent plus l'ordre
que d'un General qui eût prêté serment à la
Ville ; ils désiroient aussi qu'on ne permit point
l'en-
J
MARS 1734. 597
Pentrée au Regiment des Gardes de la Couronne
, parce que c'est un Corps attaché plus immédiatement
au Roy qu'à la République ; mais
toutes ces difficultez ont été levées à la satisfaction
de Sa Majesté , et ses Troupes ont été reçues
dans cette Ville , et dans tous les lieux de sa
dépendance , où elles gardent une exacte dis
cipline.
Le 11 Février , ces Troupes prêterent serment
entre les mains des Magistrats , suivant ce qui
été convenu , et plusieurs des Officiers de l'etat
Major et des Capitaines dés Gardes de la Couronne
ayant refusé de le faire , sous prétexte
que cela étoit contraire à leurs prérogatives ,
le Roy a ordonné qu'ils n'auroient aucun commandement
tant que le Régiment seroit à Dantzick
, et Sa Majesté a nommé d'autres Officiers
pour commander à leur place .
Le Roy a fait fignifier aux Agens , qui résident
à Dantzick , de la part de la Czarine , et de
l'Electeur de Saxe , d'en sortir. Ils seront gardez
à vue jusqu'à leur départ. On vient d'apprendre
qu'ils ont obéi aux Ordres du Roy , et qu'ils ont
été accompagnez par une Escorte, jusqu'au Camp
du Général Lesci .
L'Avant-garde des Troupes Moscovites que ce
Général commande , s'étoit avancée jusqu'aux
environs de Prest , Village qui n'est éloigné de
Dantzick que de quelques lieuës ; mais le Général
Lesci n'ayant point une Armée assez nombreuse
pour former le Blocus de la Ville , a pris
le parti de se retirer du côté de Langfuhr. On
croit qu'il a dessein d'y former quelques retranehemens
pour empêcher les débarquemens que
l'on pourroit tenter de faire à la Rade de cet
endroit.
Qwel598
MERCURE DE FRANCE
Quelques Prisonniers de l'Armée ennemie ont
rapporté qu'il avoit été résolu d'attaquer Wechselmunde
, afin de pouvoir , en s'en emparant ,
ôter à Dantzick la communication avec la Mer ,
mais que les Moscovites avoient renoncé à cette
entreprise , en apprenant que ce Fort étoit abondamment
pourvû de toutes sortes de Munitions,
et qu'il étoit en état , non seulement par la maniere
dont il est fortifié, mais encore pat le nombre
des Troupes qui y sont en garnison , de soû
tenir un long Siége .
Les Fortifications de cette Ville sont entiere
ment réparées , et l'on y a ajouté divers Ouvra
ges exterieurs qui en rendent les approches extrémement
difficiles . On a inondé , au moyen
des Ecluses, toutes les Prairies qui sont à l'Ouest,
et il est impossible aux Ennemis d'y arriver de
ce côté -là.
Outre les Troupes que le Roy a fait entrer
Dantzick , du consentement des Magistrats , la
Ville entretient pour sa deffense une Garnison
considérable , laquelle sera encore augmentée.
On apprend de Cracovie que les opposants
ont demandé au Comte de Hewolde , Ambassadeur
de la Czarine près l'Electeur de Saxe , que
les Troupes Moscovites payassent à l'avenir les
Vivres et les Fourages qu'elles consommeroient,
mais qu'ils n'ont point reçû de ce Ministre une
réponse telle qu'ils la désiroient.
Les dernieres Lettres de Dantzick , portent
que le Roy y tint le 20. du mois dernier un
grand Conseil , auquel assisterent le Primat , les
Sénateurs et tous les Députez que les Palatinats
ont nommez pour demeurer auprès de la personne
de Sa Majesté ; on y lût le Projet du Manifeste
contre le Couronnement de l'Electeur de
Saxe,
MARS. 1734
599
Baxe, et Sa Majesté , après qu'il eut été approuvé
, ordonna qu'il seroit rendu public , et qu'on
en déposeroit dans le Trésor des Archives une
copic qui seroit signée par le Primat et par le
sieur Radzieuscki, Maréchal de la Diette d'Election.
Ce Manifeste contient une Protestation du
Sénat et de la Noblesse , contre tous les Actes de
Souveraineté que l'Electeur de Saxe pourroit
exercer en vertu de son Couronnement ,et l'on y
fait un long dédail des violences que les Troupes
Moscovites et Saxones commettent dans le
Royaume pour procurer à ce Prince une Couronne
que le consentement unanime de la Nation
a donnée au Roy.
Sur la fin du mois dernier le General Lesci
tenta de surprendre le Fort de Wechselmunde
mais il fut repoussé avec perte , et depuis il n'a
formé aucune autre entreprise.
>
Le Manifeste dont on vient de parler porte en
substance , qu'une poignée d'Enfans dénaturez de
La Patrie , ayant fait à Praage une Election toutà-
fait illegitime , et craignant que la République
ne leur demande raison de leur procedé criminel
ils aiment mieux poursuivre leurs Entreprises dont
ils connoissent déja eux mêmes l'injustice , que de
se soumettre au Jugement de la République qu'ils
ont outragée ; qu'il ne faut pas s'étonner , après
leurs démarches desesperées de la résolution que
l'Electeur de Saxe a prise de se faire couronner
après une Election qu'il ne peut pas ignorer être
tout à -fait invalide ; que le Roy Stanislas étant le
seul légitimement et unanimement élû , il n'y avoit
que lui qui ait pu être couronné Roy de Pologne ;
qu'il étoit le maître de se faire d'abord couronner à
Varsovie par le Primat , en présence d'environ
60000.
Gentilshommes qui l'avoient élú ; qu'il
pourroit
foo MERCURE DE FRANCE
>
pourroit bien aller à Cracovie pour y reprendre la
Couronne avec plus de solemnité , que même il
pourroit se faire couronner avec les Diademes ordinaires
et usite dans la Province où il se trouve
accompagné d'un si grand nombre d'illustres Citoyens
, dont plusieurs y seroient encore survenus en
foule mais que Sa Majesté n'ayant rien voulu
précipiter , a mieux aimé observer tous les degrez
es toutes les formalitez requises ; qu'au contraire
la Proclamation de l'Electeur de Saxe étant
tout à fait nulle son Couronnement ne peut
étre qu'illégitime , et de xulle valeur : que cependant
pour le faire par force on a fait entrer
les Troupes Saxones dans le Royaume déja opprimé
par celles de Russie ; que le Prince VVeissen➡
feld's, Commandant des Troupes Saxones , a commis
d'abord à son Entrée un attentat contre les
Loix les plus fondamentales de la République , en
donnant un Edit par lequel il deffend aux Officiers
des Finances de la République de remettre les de-,
niers publics aux Grands Trésoriers du Royaume ;
et de Lithuanie : Que la prétenduë Diette du Couronnement
, et les prétendues Diestines qui l'ont précédé
, n'ont été convoquées quepar les Universaux
du Sieur Poninski , qui n'avoit aucun droit de le
faire , n'ayant pas même été du nombre des Nonces
à la Diette d'Election : Que le prétendu Couronnement
ne s'est pas fait avec les Diadémes anciens
et usitez , mais avec d'autres qu'on afabriquez &
set effet en Saxe : Que cet acte s'est fait sous les
armes et au préjudice du Primat , à qui seul il
appartient de couronner les Rois de Pologne ; que
Evêque de Cracovie ayant préfumé de le faire
sans aucun droit , a méprisé par- là la constitution
de Sixte V, et le Jugement du S. Siége , qui avoit
déja reconnu Stanislas I. pour légitime Roy. Qu'il
a agi
MARS 1734
agi en cela contre les sentimens de toute la République
qui se confédere et prend les Armes pour sousenir
sa liberté , et la Couronne de son Roy contre
ceux qui la lui veulent ravir. Et que pour toutes
ces raisons le Sénat , et l'Ordre Equestre , conformément
au serment prêté à la Diette de Convocation
sur l'exclusion de l'Etranger , proteste trèsfolemnellement
contre le Couronnement illégitime
de l'Electeur de Saxe : et contre tous les Acres qui
en dépendent , &c. fait à Dantzick le 10 Février
1734. Signé Theodore Potocski , Archevêque et
Primat, François de Brien Radzevvski , Chambelan
de Posnanie , Maréchal de l'Ordre Equestre à
la Diette d'Election .
On a appris d'Elbing , que les Polonois y
avoient fait créver les Canons et les Mortiers qui
y sont , pour empêcher que les Russiens et les
Saxons ne pussent s'en servir contre la Ville de
Dantzick.
Es Troupes du Roy , destinées à composer
Lla Garnison de Danizicky sont entrées quelques
jours plustard qu'il n'avoit été résolu , à
cause de quelques difficultez faues par les Magistrats
; quelques - uns d'eux vouloient que dès
qu'elles y seroient , elles ne reçussent plus l'ordre
que d'un General qui eût prêté serment à la
Ville ; ils désiroient aussi qu'on ne permit point
l'en-
J
MARS 1734. 597
Pentrée au Regiment des Gardes de la Couronne
, parce que c'est un Corps attaché plus immédiatement
au Roy qu'à la République ; mais
toutes ces difficultez ont été levées à la satisfaction
de Sa Majesté , et ses Troupes ont été reçues
dans cette Ville , et dans tous les lieux de sa
dépendance , où elles gardent une exacte dis
cipline.
Le 11 Février , ces Troupes prêterent serment
entre les mains des Magistrats , suivant ce qui
été convenu , et plusieurs des Officiers de l'etat
Major et des Capitaines dés Gardes de la Couronne
ayant refusé de le faire , sous prétexte
que cela étoit contraire à leurs prérogatives ,
le Roy a ordonné qu'ils n'auroient aucun commandement
tant que le Régiment seroit à Dantzick
, et Sa Majesté a nommé d'autres Officiers
pour commander à leur place .
Le Roy a fait fignifier aux Agens , qui résident
à Dantzick , de la part de la Czarine , et de
l'Electeur de Saxe , d'en sortir. Ils seront gardez
à vue jusqu'à leur départ. On vient d'apprendre
qu'ils ont obéi aux Ordres du Roy , et qu'ils ont
été accompagnez par une Escorte, jusqu'au Camp
du Général Lesci .
L'Avant-garde des Troupes Moscovites que ce
Général commande , s'étoit avancée jusqu'aux
environs de Prest , Village qui n'est éloigné de
Dantzick que de quelques lieuës ; mais le Général
Lesci n'ayant point une Armée assez nombreuse
pour former le Blocus de la Ville , a pris
le parti de se retirer du côté de Langfuhr. On
croit qu'il a dessein d'y former quelques retranehemens
pour empêcher les débarquemens que
l'on pourroit tenter de faire à la Rade de cet
endroit.
Qwel598
MERCURE DE FRANCE
Quelques Prisonniers de l'Armée ennemie ont
rapporté qu'il avoit été résolu d'attaquer Wechselmunde
, afin de pouvoir , en s'en emparant ,
ôter à Dantzick la communication avec la Mer ,
mais que les Moscovites avoient renoncé à cette
entreprise , en apprenant que ce Fort étoit abondamment
pourvû de toutes sortes de Munitions,
et qu'il étoit en état , non seulement par la maniere
dont il est fortifié, mais encore pat le nombre
des Troupes qui y sont en garnison , de soû
tenir un long Siége .
Les Fortifications de cette Ville sont entiere
ment réparées , et l'on y a ajouté divers Ouvra
ges exterieurs qui en rendent les approches extrémement
difficiles . On a inondé , au moyen
des Ecluses, toutes les Prairies qui sont à l'Ouest,
et il est impossible aux Ennemis d'y arriver de
ce côté -là.
Outre les Troupes que le Roy a fait entrer
Dantzick , du consentement des Magistrats , la
Ville entretient pour sa deffense une Garnison
considérable , laquelle sera encore augmentée.
On apprend de Cracovie que les opposants
ont demandé au Comte de Hewolde , Ambassadeur
de la Czarine près l'Electeur de Saxe , que
les Troupes Moscovites payassent à l'avenir les
Vivres et les Fourages qu'elles consommeroient,
mais qu'ils n'ont point reçû de ce Ministre une
réponse telle qu'ils la désiroient.
Les dernieres Lettres de Dantzick , portent
que le Roy y tint le 20. du mois dernier un
grand Conseil , auquel assisterent le Primat , les
Sénateurs et tous les Députez que les Palatinats
ont nommez pour demeurer auprès de la personne
de Sa Majesté ; on y lût le Projet du Manifeste
contre le Couronnement de l'Electeur de
Saxe,
MARS. 1734
599
Baxe, et Sa Majesté , après qu'il eut été approuvé
, ordonna qu'il seroit rendu public , et qu'on
en déposeroit dans le Trésor des Archives une
copic qui seroit signée par le Primat et par le
sieur Radzieuscki, Maréchal de la Diette d'Election.
Ce Manifeste contient une Protestation du
Sénat et de la Noblesse , contre tous les Actes de
Souveraineté que l'Electeur de Saxe pourroit
exercer en vertu de son Couronnement ,et l'on y
fait un long dédail des violences que les Troupes
Moscovites et Saxones commettent dans le
Royaume pour procurer à ce Prince une Couronne
que le consentement unanime de la Nation
a donnée au Roy.
Sur la fin du mois dernier le General Lesci
tenta de surprendre le Fort de Wechselmunde
mais il fut repoussé avec perte , et depuis il n'a
formé aucune autre entreprise.
>
Le Manifeste dont on vient de parler porte en
substance , qu'une poignée d'Enfans dénaturez de
La Patrie , ayant fait à Praage une Election toutà-
fait illegitime , et craignant que la République
ne leur demande raison de leur procedé criminel
ils aiment mieux poursuivre leurs Entreprises dont
ils connoissent déja eux mêmes l'injustice , que de
se soumettre au Jugement de la République qu'ils
ont outragée ; qu'il ne faut pas s'étonner , après
leurs démarches desesperées de la résolution que
l'Electeur de Saxe a prise de se faire couronner
après une Election qu'il ne peut pas ignorer être
tout à -fait invalide ; que le Roy Stanislas étant le
seul légitimement et unanimement élû , il n'y avoit
que lui qui ait pu être couronné Roy de Pologne ;
qu'il étoit le maître de se faire d'abord couronner à
Varsovie par le Primat , en présence d'environ
60000.
Gentilshommes qui l'avoient élú ; qu'il
pourroit
foo MERCURE DE FRANCE
>
pourroit bien aller à Cracovie pour y reprendre la
Couronne avec plus de solemnité , que même il
pourroit se faire couronner avec les Diademes ordinaires
et usite dans la Province où il se trouve
accompagné d'un si grand nombre d'illustres Citoyens
, dont plusieurs y seroient encore survenus en
foule mais que Sa Majesté n'ayant rien voulu
précipiter , a mieux aimé observer tous les degrez
es toutes les formalitez requises ; qu'au contraire
la Proclamation de l'Electeur de Saxe étant
tout à fait nulle son Couronnement ne peut
étre qu'illégitime , et de xulle valeur : que cependant
pour le faire par force on a fait entrer
les Troupes Saxones dans le Royaume déja opprimé
par celles de Russie ; que le Prince VVeissen➡
feld's, Commandant des Troupes Saxones , a commis
d'abord à son Entrée un attentat contre les
Loix les plus fondamentales de la République , en
donnant un Edit par lequel il deffend aux Officiers
des Finances de la République de remettre les de-,
niers publics aux Grands Trésoriers du Royaume ;
et de Lithuanie : Que la prétenduë Diette du Couronnement
, et les prétendues Diestines qui l'ont précédé
, n'ont été convoquées quepar les Universaux
du Sieur Poninski , qui n'avoit aucun droit de le
faire , n'ayant pas même été du nombre des Nonces
à la Diette d'Election : Que le prétendu Couronnement
ne s'est pas fait avec les Diadémes anciens
et usitez , mais avec d'autres qu'on afabriquez &
set effet en Saxe : Que cet acte s'est fait sous les
armes et au préjudice du Primat , à qui seul il
appartient de couronner les Rois de Pologne ; que
Evêque de Cracovie ayant préfumé de le faire
sans aucun droit , a méprisé par- là la constitution
de Sixte V, et le Jugement du S. Siége , qui avoit
déja reconnu Stanislas I. pour légitime Roy. Qu'il
a agi
MARS 1734
agi en cela contre les sentimens de toute la République
qui se confédere et prend les Armes pour sousenir
sa liberté , et la Couronne de son Roy contre
ceux qui la lui veulent ravir. Et que pour toutes
ces raisons le Sénat , et l'Ordre Equestre , conformément
au serment prêté à la Diette de Convocation
sur l'exclusion de l'Etranger , proteste trèsfolemnellement
contre le Couronnement illégitime
de l'Electeur de Saxe : et contre tous les Acres qui
en dépendent , &c. fait à Dantzick le 10 Février
1734. Signé Theodore Potocski , Archevêque et
Primat, François de Brien Radzevvski , Chambelan
de Posnanie , Maréchal de l'Ordre Equestre à
la Diette d'Election .
On a appris d'Elbing , que les Polonois y
avoient fait créver les Canons et les Mortiers qui
y sont , pour empêcher que les Russiens et les
Saxons ne pussent s'en servir contre la Ville de
Dantzick.
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Résumé : POLOGNE.
En mars 1734, les troupes du roi destinées à la garnison de Dantzick entrèrent dans la ville avec retard en raison des difficultés soulevées par les magistrats. Ces derniers exigeaient que les troupes ne reçoivent d'ordres que d'un général ayant prêté serment à la ville et refusaient l'entrée des Gardes de la Couronne. Ces problèmes furent résolus à la satisfaction du roi, et les troupes furent accueillies dans la ville et ses dépendances, où elles maintinrent une discipline stricte. Le 11 février, les troupes prêtèrent serment entre les mains des magistrats. Plusieurs officiers refusèrent de prêter serment, invoquant leurs prérogatives. Le roi ordonna alors qu'ils n'aient aucun commandement tant que le régiment resterait à Dantzick et nomma d'autres officiers pour les remplacer. Le roi fit également expulser les agents résidant à Dantzick au nom de la czarine et de l'électeur de Saxe, qui furent gardés à vue jusqu'à leur départ. Les troupes moscovites, commandées par le général Lesci, s'étaient avancées jusqu'aux environs de Prest, mais se retirèrent vers Langfuhr pour former des retranchements et empêcher les débarquements. Les fortifications de Dantzick furent entièrement réparées et renforcées par divers ouvrages extérieurs. Les prairies à l'ouest furent inondées pour empêcher l'accès des ennemis. Outre les troupes du roi, la ville entretenait une garnison considérable pour sa défense. À Cracovie, les opposants demandèrent aux troupes moscovites de payer les vivres et les fourrages qu'elles consommaient, mais n'obtinrent pas la réponse souhaitée. Le roi tint un grand conseil à Dantzick le 20 février, où fut approuvé un manifeste contre le couronnement de l'électeur de Saxe. Ce manifeste protestait contre les actes de souveraineté de l'électeur et détaillait les violences commises par les troupes moscovites et saxonnes. Le manifeste affirmait que Stanislas était le seul roi légitimement élu et que son couronnement à Varsovie avait été validé par environ 60 000 gentilshommes. Il dénonçait le couronnement illégitime de l'électeur de Saxe, soutenu par les troupes saxonnes et russes, et les violations des lois fondamentales de la République. Le Sénat et la noblesse protestèrent solennellement contre ce couronnement et les actes qui en découlaient. À Elbing, les Polonais firent crever les canons et mortiers pour empêcher les Russiens et les Saxons de s'en servir contre Dantzick.
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49
p. 606-609
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Début :
Le 4. Janvier 1734, sur les 3. heures après midi, mourut à Rome après une longue maladie, [...]
Mots clefs :
Général, Rome, Prince, Comte, Archevêque, Cardinal, Ferdinando Bernualdo Filippo Orsini d'Aragona, Afonso de Vasconcelos e Sousa Cunha Câmara Faro e Veiga, Diego de Astorga y Céspedes, Pedro José Gutiérrez de los Ríos y Zapata
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
LE
E 4. Janvier 1734, sur les 3. heures après
midi , mourut à Rome après une longue maladie
, Don Ferdinand Bernard Philippe Orsini ,
( en françois des Ursins , ) Duc de Gravina ,
Prince de Solafra , Comte de Murs & c. Chef de
la Maison des Ursins , l'une des quatre premieres
Maisons de Rome, Prince du Soglio à Rome,
et Prince du S. Empire , Noble Venitien , Cónseiller
intime actuel d'Etat de l'Empereur. Il étoit
neveu du feu Pape Benoist XIII. mort le 21.
Fevrier 1730. et frere de D. Mondille Orsini , né
le 22. Juillet 1690. Prêtre de la Congrégation
de l'Oratoire , qui fut fait successivement par
le feu Pape son Oncle , Archevêque de Corinthe
en 1724. Evêque assistant du Trône,
1
Evêque
MARS. 1734. 607
Evêque de Melfe et de Rapolla , unis en la même
année 1724. Archevêque de Capoue en 1728.
et Patriarche de Constantinople en 1729. Le Duc
de Gravina avoit épousé en 1717. Dona Hiacinte
Ruspoli , soeur du Cardinal Barthelemy
Ruspoli , Créature du Pape regnant Clement XII.
qui l'honora de la Pourpre le 2. Octobre 1730.
D. Alfonse de Vasconcellos , de Sousa , Ribeiro
, de Camara , et Tavora , du Conseil du
Roy de Portugal , cinquiéme Comte de Calhera,
quatriéme de Castel - Melhor , Grand Maître de
la Garderobbe de S. M. P. Donataire et Capitaine-
General de l'Ile de Madere , dans la partie
de Funchal , Seigneur Donataire des Villes
de Almendra , Castel - Melhor , Valhelhas , Gon
çalo , Famelicam , Ponto du Sol , Camara de
Lobos , et Ca heta , Donataire et Capitaine General
des Iles de Sainte Marie , Port Saint , et
Ifles Déseries , Commandeur des Commanderies
de Pombal , Redinha , Facha et Salvateria
do extremo , dans l'Ordre de Christ , Seigneur
des Bourgades de Monta- Santa , Fayoens et
Romphe , &c. mourut après une longue maladie
à Lisbone le 2. Fevrier 1734. à l'âge de 70 .
ans , et fut inhumé le lendemain dans l'Eglise
de S. Pierre d'Alcantara des Capucins , surnommez
Arrabidos. Toute la Noblesse de la Cour
assista à ses Obseques. Il avoit épousé en premieres
Nôces à Lisbone au mois de Juillet 1690 .
la fille du Comte de Villaverde , de laquelle il
eut trois fils ; et en secondes Noces à Paris par
Procureur le 21. Juillet 1694. Emilie- Sophronie-
Pelagie de Rohan , née le 2. Juillet 1678. fille
de feu François de Rohan , Prince de Soubise ,
Seigneur de Frontenay et de Ponghes , Capitaime-
Lieutenant des Gendarmes de la Garde du
I iiij Roy,
608 MERCURE DE FRANCE
Roy , Lieutenant General de ses Armées , Gou
verneur de Champagne et de Brie , et de feüe
Anne Chabot de Rohan , sa seconde femme ,
ayant eû d'elle une nombreuse posterité.
Don André Govanni , Régent du Conseil Collateral
du Royaume de Naples , y mourut le 6.
Février , dans la 95. année de son âge.
Le 9. Février Don Diego de Astorga et Cespedes
, Cardinal de l'Eglise Romaine , Archevêque
de Tolede , Primar des Espagnes , mourut
à Madrid , âgé de 68. ans. Ce Prélat après
avoir rempli plusieurs Emplois honorables , dans
P'exercice desquels il avoit donné des marques
de son grand zele , de sa prudence et de son habileté
, étant en dernier lieu Inquisiteur de Mur
cie , fut nommé au mois de Décembre 1725. à
l'Evêché de Barcelone , d'où il fut appellé à Madrid
au mois de Mars 1720. pour remplir la
Charge de Grand- Inquisiteur General d'Espagne.
Il fut transferé le 16. Juin suivant à l'Ar-
Chevêché de Tolede qui fut proposé pour lui à
Rome le 22. Juillet de la même année . Il exerça
la Charge de Ministre du Cabinet sous le Regne
de D. Louis premier , et enfin , à la recomman
dation de la Couronne d'Espagne , il fut élevé
au Cardinalat le 26. Novembre 1727. Ce Cardinal
, que l'on regarde comme un des grands
Prélats qui ont occupé le Siege de Tolede , a été
universellement regretté pour sa vertu exemplaire
et son ardente charité envers les pauvres. C'est
ainsi qu'en parlent les Nouvelles d'Espagne qui
marquent sa mort.
D. Pierre-Joseph Gutierrés , de Los- Rios ,
Cordoue et Mendoze , Comte de Fernan Nañés ,
Seigneur des Villes et Château de Bencalis et la
Morena , Commandeur de l'Ordre , et Massier
оц
MARS. 1734. 609
Du Garde- Clefs du Château et Saint Convent de
Calatrave , dignité de cet Ordre , Capitaine General
de l'Armement et des Armées Navales du
Roy d'Espagne sur la Mer Oceane , mourut à
Cadix le 10 Fevrier . Il avoit épousé par Procu
reur à Bruxelles , le 12. May 1726. Anne - Fran-,
çoise -Joseph de Los Rios et d'Alsace . sa parente
, fille de François Gutierrés de los Rios
Cordoue de la Tour et Tassis , Lieutenant General
des Armées de l'Empereur , et Colonel d'un
Régiment d'Infanterie , et de D. Anne- Christine
de Hennin d'Alsace , née Comtesse de Boussut
Soeur de Philippe- Thomas de Hennin d'Alsace
de Boussut et de Chymay , Cardinal , Archevêque
de Malines .
LE
E 4. Janvier 1734, sur les 3. heures après
midi , mourut à Rome après une longue maladie
, Don Ferdinand Bernard Philippe Orsini ,
( en françois des Ursins , ) Duc de Gravina ,
Prince de Solafra , Comte de Murs & c. Chef de
la Maison des Ursins , l'une des quatre premieres
Maisons de Rome, Prince du Soglio à Rome,
et Prince du S. Empire , Noble Venitien , Cónseiller
intime actuel d'Etat de l'Empereur. Il étoit
neveu du feu Pape Benoist XIII. mort le 21.
Fevrier 1730. et frere de D. Mondille Orsini , né
le 22. Juillet 1690. Prêtre de la Congrégation
de l'Oratoire , qui fut fait successivement par
le feu Pape son Oncle , Archevêque de Corinthe
en 1724. Evêque assistant du Trône,
1
Evêque
MARS. 1734. 607
Evêque de Melfe et de Rapolla , unis en la même
année 1724. Archevêque de Capoue en 1728.
et Patriarche de Constantinople en 1729. Le Duc
de Gravina avoit épousé en 1717. Dona Hiacinte
Ruspoli , soeur du Cardinal Barthelemy
Ruspoli , Créature du Pape regnant Clement XII.
qui l'honora de la Pourpre le 2. Octobre 1730.
D. Alfonse de Vasconcellos , de Sousa , Ribeiro
, de Camara , et Tavora , du Conseil du
Roy de Portugal , cinquiéme Comte de Calhera,
quatriéme de Castel - Melhor , Grand Maître de
la Garderobbe de S. M. P. Donataire et Capitaine-
General de l'Ile de Madere , dans la partie
de Funchal , Seigneur Donataire des Villes
de Almendra , Castel - Melhor , Valhelhas , Gon
çalo , Famelicam , Ponto du Sol , Camara de
Lobos , et Ca heta , Donataire et Capitaine General
des Iles de Sainte Marie , Port Saint , et
Ifles Déseries , Commandeur des Commanderies
de Pombal , Redinha , Facha et Salvateria
do extremo , dans l'Ordre de Christ , Seigneur
des Bourgades de Monta- Santa , Fayoens et
Romphe , &c. mourut après une longue maladie
à Lisbone le 2. Fevrier 1734. à l'âge de 70 .
ans , et fut inhumé le lendemain dans l'Eglise
de S. Pierre d'Alcantara des Capucins , surnommez
Arrabidos. Toute la Noblesse de la Cour
assista à ses Obseques. Il avoit épousé en premieres
Nôces à Lisbone au mois de Juillet 1690 .
la fille du Comte de Villaverde , de laquelle il
eut trois fils ; et en secondes Noces à Paris par
Procureur le 21. Juillet 1694. Emilie- Sophronie-
Pelagie de Rohan , née le 2. Juillet 1678. fille
de feu François de Rohan , Prince de Soubise ,
Seigneur de Frontenay et de Ponghes , Capitaime-
Lieutenant des Gendarmes de la Garde du
I iiij Roy,
608 MERCURE DE FRANCE
Roy , Lieutenant General de ses Armées , Gou
verneur de Champagne et de Brie , et de feüe
Anne Chabot de Rohan , sa seconde femme ,
ayant eû d'elle une nombreuse posterité.
Don André Govanni , Régent du Conseil Collateral
du Royaume de Naples , y mourut le 6.
Février , dans la 95. année de son âge.
Le 9. Février Don Diego de Astorga et Cespedes
, Cardinal de l'Eglise Romaine , Archevêque
de Tolede , Primar des Espagnes , mourut
à Madrid , âgé de 68. ans. Ce Prélat après
avoir rempli plusieurs Emplois honorables , dans
P'exercice desquels il avoit donné des marques
de son grand zele , de sa prudence et de son habileté
, étant en dernier lieu Inquisiteur de Mur
cie , fut nommé au mois de Décembre 1725. à
l'Evêché de Barcelone , d'où il fut appellé à Madrid
au mois de Mars 1720. pour remplir la
Charge de Grand- Inquisiteur General d'Espagne.
Il fut transferé le 16. Juin suivant à l'Ar-
Chevêché de Tolede qui fut proposé pour lui à
Rome le 22. Juillet de la même année . Il exerça
la Charge de Ministre du Cabinet sous le Regne
de D. Louis premier , et enfin , à la recomman
dation de la Couronne d'Espagne , il fut élevé
au Cardinalat le 26. Novembre 1727. Ce Cardinal
, que l'on regarde comme un des grands
Prélats qui ont occupé le Siege de Tolede , a été
universellement regretté pour sa vertu exemplaire
et son ardente charité envers les pauvres. C'est
ainsi qu'en parlent les Nouvelles d'Espagne qui
marquent sa mort.
D. Pierre-Joseph Gutierrés , de Los- Rios ,
Cordoue et Mendoze , Comte de Fernan Nañés ,
Seigneur des Villes et Château de Bencalis et la
Morena , Commandeur de l'Ordre , et Massier
оц
MARS. 1734. 609
Du Garde- Clefs du Château et Saint Convent de
Calatrave , dignité de cet Ordre , Capitaine General
de l'Armement et des Armées Navales du
Roy d'Espagne sur la Mer Oceane , mourut à
Cadix le 10 Fevrier . Il avoit épousé par Procu
reur à Bruxelles , le 12. May 1726. Anne - Fran-,
çoise -Joseph de Los Rios et d'Alsace . sa parente
, fille de François Gutierrés de los Rios
Cordoue de la Tour et Tassis , Lieutenant General
des Armées de l'Empereur , et Colonel d'un
Régiment d'Infanterie , et de D. Anne- Christine
de Hennin d'Alsace , née Comtesse de Boussut
Soeur de Philippe- Thomas de Hennin d'Alsace
de Boussut et de Chymay , Cardinal , Archevêque
de Malines .
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Résumé : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
En 1734, plusieurs personnalités étrangères marquantes décédèrent. Le 4 janvier, Don Ferdinand Bernard Philippe Orsini, Duc de Gravina, Prince de Solafra et Chef de la Maison des Ursins, mourut à Rome après une longue maladie. Il était neveu du Pape Benoît XIII et frère de Don Mondille Orsini, un prélat ayant occupé divers postes ecclésiastiques importants. Le Duc de Gravina avait épousé Dona Hiacinte Ruspoli, sœur du Cardinal Barthelemy Ruspoli. Le 2 février, Don Alfonse de Vasconcellos, Comte de Calhera et Grand Maître de la Garderobbe du Roi de Portugal, décéda à Lisbonne à l'âge de 70 ans. Il avait épousé en premières noces la fille du Comte de Villaverde et en secondes noces Emilie-Sophronie-Pelagie de Rohan. Le 6 février, Don André Giovanni, Régent du Conseil Collateral du Royaume de Naples, mourut à l'âge de 95 ans. Le 9 février, Don Diego de Astorga et Cespedes, Cardinal et Archevêque de Tolède, décéda à Madrid à l'âge de 68 ans. Il avait occupé divers postes honorables, notamment celui de Grand-Inquisiteur Général d'Espagne. Le 10 février, Don Pierre-Joseph Gutierrés, Comte de Fernan Nañés et Capitaine Général des Armées Navales du Roi d'Espagne, décéda à Cadix. Il avait épousé Anne-Françoise-Joseph de Los Rios et d'Alsace.
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50
p. 773-775
POLOGNE.
Début :
Le 13. du mois dernier, le Comte de Munich, Feldt Maréchal, arriva au Camp des [...]
Mots clefs :
Comte Pocci, Troupes, Général, Prince de Radziwill, Électeur de Saxe, Batterie, Régimentaire de Lituanie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
du mois dernier , le Comte de Mu-
Lnich', Feldt Maréchal , arriva au Camp des
Moscovites , dont il prit le commandement . Le
20. du même mois , il fit, a taquer un poste
qui couvroit le Village de Schotland , près de
Dantzick , lequel fut emporté. Les Ennemis y
ont perdu environ 600. hommes , et ils y ont
placé une batterie de que ques Mortiers , qui ne
peuvent causer aucun dommage à la Ville , à
cause de la trop grande distance.
Ce General fit tirer le 26. d'une hauteur , sur
laquelle il a placé une Batterie de six Pieces de
Canon , quelques Boulets rouges , qui ne purent
arriver jusqu'à la Ville , mais qui mirent le feu à
deux maisons d'un petit Bourg voisin.
Le Comte Pocci , Régimentaire de Lithuanie ,
a écrit au Roy , qu'il avoit été joint par la plupart
des Seigneurs et des Gentilshommes de cette
Province , qui avoient pris les Armes pour les interêts
communs du Roy et de la Nation , et que
PArmée qu'il commande étoit très - considerable-
Le Prince de Radzivil et quelques autres Sei
Encurs Lithuaniens , attachez au Parti de l'Elec-
Gy teur
774 MERCURE DE FRANCE
teur de Saxe , ont pris la fuite pour éviter de
tomber entre les mains du Comte Pocci , qui
avoit envoyé des Troupes pour les enlever et le
bruit court qu'ils sont allez en Curlande , mais
on n'est pas encore informé exactement du lieu
de leur retraite , on sçait seulement que plusieurs
de leurs terres les plus considerables ont été ravagées
et que leurs Vassaux ont été contraints
de payer de fortes contributions .
Selon les derniers avis reçûs du Palatinat de
Culm , la Noblesse des trois Palatinats de la
Prusse Polonoise , qui s'étoit assemblée à Graudentz
, a joint le corps de Troupes commandé
par le General Schliebing , à qui le Castellan de
Czersk , et les Generaux Fronese et Barkouski ,
ont amené un renfort considerable de Troupes
Sa Majesté a reçû avis de Warsovie , que l'Electeur
de Saxe , qui y étoit arrivé le 19. du mois
passé , en étoit parti avec précipitation pour
Dresde , que la plupart des Seigneurs qui avoient
assisté au Couronnement dè ce Prince , avoient
abandonné en même - temps la Ville , dans la
crainte de n'y être pas en sûreté après son dé
part , et qu'on croyoit même que le Prince Wienovieski
, cy - devant Regimentaire de Lithuanie,
et les deux Princes Lubomirski , avoient pris le
parti de sortir du Royaume .
On a reçû avis qu'un Détachement avoit battu
P'Escorte des Equipages de l'Electeur de Saxe
qu'on en avoit enlevé plusieurs Chariots où l'on
avoit trouvé un butin considerable , et que celui
que les Polonois avoient fait en pillant les Equi
pages du Comte Brannitzki et du Comte de Cetner
, montoit à plus de cent mille écus.
La Comtesse de Brannitzki , qui avoit pris la
route de Dresde , avec une escorte de 1Iro. hom-
'm'es
AVRIL 1734. 775
mes d'Infanterie Saxone , a eu le même sort que
le Comte son Epoux , et elle a été faite prisonniere
par un Détachement des Troupes Polonoises
, qui l'ont menée au Camp du Palatin de
Lublin ; mais ce General l'a renvoyée à Craco
vie , après lui avoir donné la permission de voir
son Epoux.
du mois dernier , le Comte de Mu-
Lnich', Feldt Maréchal , arriva au Camp des
Moscovites , dont il prit le commandement . Le
20. du même mois , il fit, a taquer un poste
qui couvroit le Village de Schotland , près de
Dantzick , lequel fut emporté. Les Ennemis y
ont perdu environ 600. hommes , et ils y ont
placé une batterie de que ques Mortiers , qui ne
peuvent causer aucun dommage à la Ville , à
cause de la trop grande distance.
Ce General fit tirer le 26. d'une hauteur , sur
laquelle il a placé une Batterie de six Pieces de
Canon , quelques Boulets rouges , qui ne purent
arriver jusqu'à la Ville , mais qui mirent le feu à
deux maisons d'un petit Bourg voisin.
Le Comte Pocci , Régimentaire de Lithuanie ,
a écrit au Roy , qu'il avoit été joint par la plupart
des Seigneurs et des Gentilshommes de cette
Province , qui avoient pris les Armes pour les interêts
communs du Roy et de la Nation , et que
PArmée qu'il commande étoit très - considerable-
Le Prince de Radzivil et quelques autres Sei
Encurs Lithuaniens , attachez au Parti de l'Elec-
Gy teur
774 MERCURE DE FRANCE
teur de Saxe , ont pris la fuite pour éviter de
tomber entre les mains du Comte Pocci , qui
avoit envoyé des Troupes pour les enlever et le
bruit court qu'ils sont allez en Curlande , mais
on n'est pas encore informé exactement du lieu
de leur retraite , on sçait seulement que plusieurs
de leurs terres les plus considerables ont été ravagées
et que leurs Vassaux ont été contraints
de payer de fortes contributions .
Selon les derniers avis reçûs du Palatinat de
Culm , la Noblesse des trois Palatinats de la
Prusse Polonoise , qui s'étoit assemblée à Graudentz
, a joint le corps de Troupes commandé
par le General Schliebing , à qui le Castellan de
Czersk , et les Generaux Fronese et Barkouski ,
ont amené un renfort considerable de Troupes
Sa Majesté a reçû avis de Warsovie , que l'Electeur
de Saxe , qui y étoit arrivé le 19. du mois
passé , en étoit parti avec précipitation pour
Dresde , que la plupart des Seigneurs qui avoient
assisté au Couronnement dè ce Prince , avoient
abandonné en même - temps la Ville , dans la
crainte de n'y être pas en sûreté après son dé
part , et qu'on croyoit même que le Prince Wienovieski
, cy - devant Regimentaire de Lithuanie,
et les deux Princes Lubomirski , avoient pris le
parti de sortir du Royaume .
On a reçû avis qu'un Détachement avoit battu
P'Escorte des Equipages de l'Electeur de Saxe
qu'on en avoit enlevé plusieurs Chariots où l'on
avoit trouvé un butin considerable , et que celui
que les Polonois avoient fait en pillant les Equi
pages du Comte Brannitzki et du Comte de Cetner
, montoit à plus de cent mille écus.
La Comtesse de Brannitzki , qui avoit pris la
route de Dresde , avec une escorte de 1Iro. hom-
'm'es
AVRIL 1734. 775
mes d'Infanterie Saxone , a eu le même sort que
le Comte son Epoux , et elle a été faite prisonniere
par un Détachement des Troupes Polonoises
, qui l'ont menée au Camp du Palatin de
Lublin ; mais ce General l'a renvoyée à Craco
vie , après lui avoir donné la permission de voir
son Epoux.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, le Comte de Münnich a pris le commandement des forces moscovites et a attaqué un poste près de Dantzick, infligeant environ 600 pertes aux ennemis. Le 26, il a mis le feu à deux maisons d'un bourg voisin. Le Comte Pocci a informé le Roi que les seigneurs et gentilshommes de Lithuanie avaient formé une armée pour soutenir le Roi et la Nation, forçant des partisans de l'Électeur de Saxe, comme le Prince de Radzivil, à fuir en Curlande. La noblesse des trois Palatinats de la Prusse Polonoise a rejoint les troupes du Général Schliebing. À Varsovie, l'Électeur de Saxe a quitté précipitamment la ville pour Dresde, suivi par plusieurs seigneurs. Un détachement polonais a capturé des chariots contenant un butin considérable et pillé les équipages de nobles saxons, récupérant plus de cent mille écus. La Comtesse de Brannitzki a été capturée puis renvoyée à Cracovie.
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