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1
p. 59-73
Particularitez touchant la prise de la Cayenne, avec les noms de tous ceux qui s'y sont signalez. [titre d'après la table]
Début :
Voicy les Noms de tant de braves Gens qui n'ont [...]
Mots clefs :
Prise, Cayenne, Troupes, Corps, Capitaine, Garnison, Fort, Comte d'Estrées
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texteReconnaissance textuelle : Particularitez touchant la prise de la Cayenne, avec les noms de tous ceux qui s'y sont signalez. [titre d'après la table]
Voicy
les noms de tant de braves
gens qui n'ont pas ſeulement lafatigue des Sieges à eſſuyer,
mais encor toutes les incommoditezde la Mer,&la fureur
deselemens. A
Toutes les Troupes eftant débarquées , furent ſeparées
endeuxCorps.
Premier Corps. Roki
CAPITA
Monfieur le Comte deBlenac : Il aeſté bleſſé d'un éclat
GALANT. 47 deGrenade àla cuiſſe. Il commandoit ſous Monfieur le Comte d'Eſtrées , & il a paru infatigable dans le combat.
LIEUTENANS.
M. deMontmoron.
M. le Chevalier d'Arvaux :
Il a commandé un détachement de cinquante hommes ,
& s'eſt acquis beaucoup de gloire.
M. deMonbant : Il a eſté bleſſéd'un coup de pique àla teſte.
M. d'Haire.
M. deCourcelles l'Indien.
ENSEIGNES.
M.de Saint Privaſt : Il a été
bleſſé au coude.
M. de Malaſſis.
M. de Chavegeon : Ila eu
un coupdeMouſquet au bras.
48 LE MERCURE
VOLONTAIRES.
M. Cotendon.
M. Defcloches.
M. d'Armanville : lafait la
fo ction d'Ayde Major , & a
donné des preuves d'un grand
courage.
t
AUTRES OFFICIERS.
M. Ferolles.
M.des Granges : Il a eſté
bleflé d'un coup de pique au col,qui ne l'empeſcha point de
combattre.
M.Barol.
M. Stenay,
M. le Chevalier de Balce.
M. Salbret de Marfilly.
M. Durefort.
Second Corps.
CAPITAINES.
M. Faucher.
M. de Grand Fontaine : Il
a
GALANT. 49
afait des fonctions ſurprenan- tes ; & quoy qu'il fuſt aſſez blefſé pour ſe retirer du combat, il a toûjours donnéſes ordres , & pouffé ſon attaque
avec une vigueur extraordinaire.
LIEUTENANS.
M. de Champigny.
M. de Meſlinierres: Il.commandoit une attaque avec M.
le Chevalier de Lezy : Ils ont pris leGouverneur prifonnier,
& quelques Officiers.
M. Poier.
M. Stinas.
M.Perić,
ENSEIGNES.
M. Sangers.
M. le Comte d'Aulnay.
M. Merande-Villiers .
M. Coignande Malmaiſon.
Tome 2. C
So LE MERCURE M. Serpin.
M du Tertre.
AUTRES OFFICIERS
M. Naudin.
M. Rigoteau : Il a eſté tué.
M.Maiſon Blanche.
M. Leſcoure.
M. Villiers.
M. Guermont..
M. Desjumaux.
M. Brefme.
M. Morienne.
M. Lavaux.
1
M.Belle-Croix : Il a donné
des marques d'une intrepidi- té qu'onne peutaſſez admirer.
M.d'Arbouville Majord'Ef
cadre: Il s'eſt acquis beaucoup
de gloire en cette occafion, &
a fait tout ce qu'on pouvoit attendre d'un grand courage.
M. deMartignac.
}
GALANT. SI
DE
M. le Chevalier Pariſot.
M.le ChevalierdeLezy: Jay
marqué dans un autre endroit les grandes actiós qu'il a faites.
M. Canchy.
M. Piner.
M. le Clerc.
M. L'honnoré.
M. de l'iſle.
M. de la Bouſſiere : Il commandoit une Barque longue qui devoit ſoûtenir les Chaloupes,& retourner enſuite en
garde à la tête desgrandsVaif- ſeaux, &apres le combat il eſt
entrédans la riviere d'Aproüague , avec M. Bourdet commandantleVaiſſeau nomméla
Fée,poury ruinerle commencementde la Colonie que les Hollandois y ont établie.
M. Panetier : Il a receu deux
Cij
52 LE MERCURE coups de mouſquet dans la machoire dés le commencementdel'attaque,où il eſt toûjours demeuré pour encoura- ger ſes ſoldatsM. Machaut. On ne peut
mieux s'acquiterdeſondevoir
qu'il a fait à la teſte de trois
Chaloupes qu'il commandoit.
M. Patoulet : Il eſtoit Commiſſaire General. Il n'a point abandonné M. le Comte d'Eſtrées , &il n'y a eu aucun en- droit perilleux où il ne ſe ſoit expoſé.
M.laGuerre: Il a eſte blefſé d'un coup de Pique à la cuiffe.
M. du Vignan : Il a été blef- fé àlamain.
M. Regon : Ila eſté tué.
M. Bourder. Il s'eſt rendu
GALANT. 53 maiſtre d'une Galliote de cent
tonneaux qui estoit chargée
deproviſions.
M. Gabaret , Capitaine de Vaiſſeau. Ilcommandoit cinq
gros Vaiffeaux pour foûtenir l'effort de l'Eſcadre Hollandoiſe.
Tous ceux qui n'ontpoint eſté bleſſez n'ont pas fait pa- roiſtre moins de valeur que
les autres ; mais ils ont eſté
plusheureux.
, eftoit
Lagarniſon du Fort que ces braves attaquerent
compoſée de trois cens hom- mes , ſoûtenus de quelques
autres troupes moins reglées qui avoient beaucoup contri- bué auxfortifications de la Pla.
ce. Les travaux eſtoient bien
environnez de paliſſades ; il y
Ciij
54 LE MERCURE
avoit des Cavaliers , & vingtfix pieces de canon en divers
endroits des retranchemens
qui pouvoient battre nos gens
defront&de flanc.
M. le Comted'Eſtrées ayant ſeparé ſes troupes en deux corps , ainſi que ie vous l'ay marqué , & donné ſes ordres
aux Vaiſſeaux, pour obliger les ennemis à faire diverſion de
leurs troupes , marcha la nuit
par des defilez. Cette marche
fut fort penible le terrain étoit fablonneux, la chaleurdu iour
avoit alteré & fatigué nos foldats, &ils ne trouverent point d'eau ; mais ils ne laſſerent
pas , quoy qu'abatus de la ſoif
&du travail , de faire des
choſes extraordinaires. Monheur le Comte d'Eſtrées avoit
GALANT. 55 ordonné fept attaques , & el- les furent pouffées avec tant
de vigueur , que tous les tra- vaux furent emportez , ce
grand nombre d'attaques ayat également réüſſy , ce qui n'eſt,
preſque iamais arrivé. LeFort,
fut pris de cette maniere , &
le Gouverneur demeura prifonnier de guerre, avec toute la garnison. On ne peut aſſez donner de loüanges à Mon- fieur le Comte d'Eſtrées , il a
faitvoir nonſeulement beaucoup de prudence & de conduite dans les ordres qu'il a
donnez , mais encorbeaucoup devaleurdans l'execution d'une entrepriſe qu'il avoit fi heu- reuſement meditée , &dont il
eſt venu à bout en ſi peu de temps,avec une vigueurquine
*
C iiij
56 LE MERCURE peut trouver d'exemple que parmy les Français.
les noms de tant de braves
gens qui n'ont pas ſeulement lafatigue des Sieges à eſſuyer,
mais encor toutes les incommoditezde la Mer,&la fureur
deselemens. A
Toutes les Troupes eftant débarquées , furent ſeparées
endeuxCorps.
Premier Corps. Roki
CAPITA
Monfieur le Comte deBlenac : Il aeſté bleſſé d'un éclat
GALANT. 47 deGrenade àla cuiſſe. Il commandoit ſous Monfieur le Comte d'Eſtrées , & il a paru infatigable dans le combat.
LIEUTENANS.
M. deMontmoron.
M. le Chevalier d'Arvaux :
Il a commandé un détachement de cinquante hommes ,
& s'eſt acquis beaucoup de gloire.
M. deMonbant : Il a eſté bleſſéd'un coup de pique àla teſte.
M. d'Haire.
M. deCourcelles l'Indien.
ENSEIGNES.
M.de Saint Privaſt : Il a été
bleſſé au coude.
M. de Malaſſis.
M. de Chavegeon : Ila eu
un coupdeMouſquet au bras.
48 LE MERCURE
VOLONTAIRES.
M. Cotendon.
M. Defcloches.
M. d'Armanville : lafait la
fo ction d'Ayde Major , & a
donné des preuves d'un grand
courage.
t
AUTRES OFFICIERS.
M. Ferolles.
M.des Granges : Il a eſté
bleflé d'un coup de pique au col,qui ne l'empeſcha point de
combattre.
M.Barol.
M. Stenay,
M. le Chevalier de Balce.
M. Salbret de Marfilly.
M. Durefort.
Second Corps.
CAPITAINES.
M. Faucher.
M. de Grand Fontaine : Il
a
GALANT. 49
afait des fonctions ſurprenan- tes ; & quoy qu'il fuſt aſſez blefſé pour ſe retirer du combat, il a toûjours donnéſes ordres , & pouffé ſon attaque
avec une vigueur extraordinaire.
LIEUTENANS.
M. de Champigny.
M. de Meſlinierres: Il.commandoit une attaque avec M.
le Chevalier de Lezy : Ils ont pris leGouverneur prifonnier,
& quelques Officiers.
M. Poier.
M. Stinas.
M.Perić,
ENSEIGNES.
M. Sangers.
M. le Comte d'Aulnay.
M. Merande-Villiers .
M. Coignande Malmaiſon.
Tome 2. C
So LE MERCURE M. Serpin.
M du Tertre.
AUTRES OFFICIERS
M. Naudin.
M. Rigoteau : Il a eſté tué.
M.Maiſon Blanche.
M. Leſcoure.
M. Villiers.
M. Guermont..
M. Desjumaux.
M. Brefme.
M. Morienne.
M. Lavaux.
1
M.Belle-Croix : Il a donné
des marques d'une intrepidi- té qu'onne peutaſſez admirer.
M.d'Arbouville Majord'Ef
cadre: Il s'eſt acquis beaucoup
de gloire en cette occafion, &
a fait tout ce qu'on pouvoit attendre d'un grand courage.
M. deMartignac.
}
GALANT. SI
DE
M. le Chevalier Pariſot.
M.le ChevalierdeLezy: Jay
marqué dans un autre endroit les grandes actiós qu'il a faites.
M. Canchy.
M. Piner.
M. le Clerc.
M. L'honnoré.
M. de l'iſle.
M. de la Bouſſiere : Il commandoit une Barque longue qui devoit ſoûtenir les Chaloupes,& retourner enſuite en
garde à la tête desgrandsVaif- ſeaux, &apres le combat il eſt
entrédans la riviere d'Aproüague , avec M. Bourdet commandantleVaiſſeau nomméla
Fée,poury ruinerle commencementde la Colonie que les Hollandois y ont établie.
M. Panetier : Il a receu deux
Cij
52 LE MERCURE coups de mouſquet dans la machoire dés le commencementdel'attaque,où il eſt toûjours demeuré pour encoura- ger ſes ſoldatsM. Machaut. On ne peut
mieux s'acquiterdeſondevoir
qu'il a fait à la teſte de trois
Chaloupes qu'il commandoit.
M. Patoulet : Il eſtoit Commiſſaire General. Il n'a point abandonné M. le Comte d'Eſtrées , &il n'y a eu aucun en- droit perilleux où il ne ſe ſoit expoſé.
M.laGuerre: Il a eſte blefſé d'un coup de Pique à la cuiffe.
M. du Vignan : Il a été blef- fé àlamain.
M. Regon : Ila eſté tué.
M. Bourder. Il s'eſt rendu
GALANT. 53 maiſtre d'une Galliote de cent
tonneaux qui estoit chargée
deproviſions.
M. Gabaret , Capitaine de Vaiſſeau. Ilcommandoit cinq
gros Vaiffeaux pour foûtenir l'effort de l'Eſcadre Hollandoiſe.
Tous ceux qui n'ontpoint eſté bleſſez n'ont pas fait pa- roiſtre moins de valeur que
les autres ; mais ils ont eſté
plusheureux.
, eftoit
Lagarniſon du Fort que ces braves attaquerent
compoſée de trois cens hom- mes , ſoûtenus de quelques
autres troupes moins reglées qui avoient beaucoup contri- bué auxfortifications de la Pla.
ce. Les travaux eſtoient bien
environnez de paliſſades ; il y
Ciij
54 LE MERCURE
avoit des Cavaliers , & vingtfix pieces de canon en divers
endroits des retranchemens
qui pouvoient battre nos gens
defront&de flanc.
M. le Comted'Eſtrées ayant ſeparé ſes troupes en deux corps , ainſi que ie vous l'ay marqué , & donné ſes ordres
aux Vaiſſeaux, pour obliger les ennemis à faire diverſion de
leurs troupes , marcha la nuit
par des defilez. Cette marche
fut fort penible le terrain étoit fablonneux, la chaleurdu iour
avoit alteré & fatigué nos foldats, &ils ne trouverent point d'eau ; mais ils ne laſſerent
pas , quoy qu'abatus de la ſoif
&du travail , de faire des
choſes extraordinaires. Monheur le Comte d'Eſtrées avoit
GALANT. 55 ordonné fept attaques , & el- les furent pouffées avec tant
de vigueur , que tous les tra- vaux furent emportez , ce
grand nombre d'attaques ayat également réüſſy , ce qui n'eſt,
preſque iamais arrivé. LeFort,
fut pris de cette maniere , &
le Gouverneur demeura prifonnier de guerre, avec toute la garnison. On ne peut aſſez donner de loüanges à Mon- fieur le Comte d'Eſtrées , il a
faitvoir nonſeulement beaucoup de prudence & de conduite dans les ordres qu'il a
donnez , mais encorbeaucoup devaleurdans l'execution d'une entrepriſe qu'il avoit fi heu- reuſement meditée , &dont il
eſt venu à bout en ſi peu de temps,avec une vigueurquine
*
C iiij
56 LE MERCURE peut trouver d'exemple que parmy les Français.
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Résumé : Particularitez touchant la prise de la Cayenne, avec les noms de tous ceux qui s'y sont signalez. [titre d'après la table]
Le texte décrit une expédition militaire dirigée par le Comte d'Estrées, impliquant deux corps de troupes. Les soldats ont dû affronter non seulement la fatigue des sièges, mais aussi les difficultés liées à la mer et aux éléments naturels. Le premier corps était sous le commandement du Comte de Blénac, qui a été blessé à la cuisse. Plusieurs officiers, comme le Chevalier d'Arvaux et M. de Monbant, ont également été blessés ou ont démontré un grand courage. Le second corps, dirigé par M. de Grand Fontaine, a également subi des pertes, notamment la mort de M. Rigoteau au combat. Les troupes ont dû faire face à une garnison composée de trois cents hommes et de troupes auxiliaires, soutenues par des fortifications et des pièces d'artillerie. Malgré les conditions difficiles, les attaques ont réussi à neutraliser les défenses et à capturer le fort, faisant prisonnier le gouverneur et sa garnison. Le Comte d'Estrées a été félicité pour sa prudence, sa conduite et sa valeur dans l'exécution de cette entreprise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 215-227
« Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Début :
Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...]
Mots clefs :
Duc de Vivonne, Ennemis, Armée, Garnison, Bataille, Sicile, Roi, Prise d'Agouste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Je paſſe à l'Article que vous m'avez demandé de M² le Mareſchal , Duc de Vivonne ; &
puis quevous vous intereſſez fr fortdans ce qui le regarde , je vous écriray ce qui en eſt venu àma connoiſſance. Les Secours
que le Roy luy a envoyez de François &de Suiffes, font, dit- en, arrivez &ſe mettront bien-
GALAN T. 141
toſt en estat d'executer les Projets qu'il à faits , pour affermir l'authorité du Roydans la Sici- le , & étendre ſes Conqueſtes.
Vous ſçavez, Madame , que ce Sage Vice-Roy a eſté obligé de mettre enGarniſon dans lesPlaces qu'il conquit l'année der- niere , une partie des Troupes quiluy reſtoient, &qu'il en faut toûjoursun nombre confiderable dans Meſſine , où les Efpa- gnols confervent des intelligen- ces&font continuellement des
entrepriſes pourtafcher à ébran- ler la conftance des Meſſinois.
Vous ne ſçauriez croire l'affe- Etion que ces Peuples ont pour M le Marefchal de Vivonne.
Elle est telle qu'on peut dire qu'elle ne contribuë pas peu à la conſervation de l'authorité du
Royen cesPays là. Onconfide
142 LE MERCVRE reen luy une bonté extraordi- naire , une affabilité où les Efpagnols n'avoient jamaisaccoû- tumé les Siciliens , une juſtice que rien ne ſçauroit corrompre,
undes-intereſſementdont il ne
peut étre affez loüé. Ces nou- veaux Sujetsde la Franceontad- miré comme nous ſa Valeur ,
quand ils l'ont veu arriver chez eux dans l'extremité où ils
eſtoient réduits , en leur portant l'abondance , apres avoir défait les Ennemis dans un Combat
inégal. Ils ont eſté entretenus dans cetteopinion par la refolu- tion qu'il avoit faite , d'entre- prendre ſur l'Armée Navale des Eſpagnols dans le Port deNa- ples. Elle ne trouva d'obstacle queparl'impoſſibilé qui s'y ren- contra,quandon fut fur le point de l'executer. Il eſtoit difficile
GALAN T. 143 que M de Vivonne n'acquiſt pas leur amitié,par les ſoins con- tinuels qu'il avoit de leur faire
venir des vivres &de faire des
priſes confiderables fur leurs
Ennemis , pour ramener chez eux l'abondancedans un temps,
où ils eſtoientprivez de tousles Secours de leurs Païs. La confiance qu'ils avoient en luy, pa- rut particulierement , lors qu'il voulut aller à cette grande Ex- pedition , où M² du Queſne dé- fit l'Armée ennemie , commandée par le fameux AdmiralRüy- ter. If modera l'envie qu'il avoit d'acquerir de la gloire, dans un Combat, où il devoit avoir le
premier Commandement , pour Te rendre à l'amour de cesPeuples, qui deſeſperoient de leur confervation, s'ils laiſſoient éloigner celuy qu'ils regardoient
144 LE MERCVRE
comme leur Pere. Apres le gain de la Bataille , où i² du Queſne fit de fi belles choſes, &où tous
les Commandans ſe ſignalerent,
nôtre Armée Navale fut obligée deſe retirer en Provence , tant pour faire radouber les Vaifſeaux, que pour prendredes Vivres , qui pouvoient manquer.
Alors M le Mareſchal de Vivonne confiderant qu'il en re- ſtoit fort peu dans Meſſine , &
qu'il n'y avoit pas de ſeureté pour le paſſage de M de Châ- teau- renaud,qui venoit de France avec unConvoy; parce que les Ennemis , qui n'avoient pas tant de chemin à faire, ſeroient
toûjours en eſtat de luyempef- cher l'entrée du Phare , il conclut la fameuſe Expedition de Palerme,dont vousſçavez le détail , malgré les oppoſitions de
quel
:
GALANT. 7 145
et
:
quelques-uns qui voyoient le danger plus grand que luy , ou qui n'avoient pas tant d'ardeur pour la gloire. Les chofes luy réüffirent comme il l'avoit eſpe- ré , le Convoy arriva heureuſe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n'avoient point encore veu d'exemple, &noftre Mareſchal retourna triomphant dans Meſſine. L'amour des Peuples redoubla pour luy,com- me il redoubla ſes ſoins pour les conſerver ; il découvrit beaucoup de Conjurations , &meme contre ſa vie; il ne prit cepen- dant de precaution , que pour empeſcher les, entrepriſes des Ennemis ſur les nouveaux Sujets d'un Roy, que ceux qui le connoiſſent , ſçavent qu'il aime uniquement, & pour quiil ſacri- fieroit de bon cœur toutes cho-
: Tome IV. G
146 LE MERCVRE
faut
ſes. Ainſi quelque paffion qu'il aitpourlagloire,elle n'approche point de l'amour qu'il a pour le Royfon Maiſtre. Vous croyez bien, Madame , que pour faire tout ce qu'on en publie , il ne pas qu'il dorme toûjours,
comme veulent faire croire les
Ennemis dans leurs Gazettes;
maisilfe donne fi peu de peine pour avoir des Gens qui faffent courirde luy des bruits avanta- geux, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'en répand quelquefois d'autresqui trouvét de la créance patmy les gens, qui ne con- noiffent pas cet Illuftre Gene- ral, mais cela est bien-toſt de- truit par la force de la verité;
&tout l'artifice de ſes envieux,
dontles Perfonnes , comme luy,
ne manquent jamais , ne peut rien contre la reputation , que ſes belles actions luy ont acqui-
GALAN T. 147
de
k
es
t
fe. La priſe d'Agoufte &de tant dePlaces qui fortifient le party des Meſſinois , renverſe tout ce qu'on peut inventer , pour ob- ſourcir l'éclatde ſa gloire. Il ne la veut devoir qu'aux ſervices qu'il rend àſon Prince , & il en laiſſe le ſoin àceux qui écrivent
les Evenemens de
fe
ceSiecle,ſans TRE
mettre en peine d'avoir des
Prôneurs à la Cours. Ie ne vous
dis rien de la grande Action de Palerme. Vous la ſçavez ; mais vous ne ſçavez peut-eſtre pas que le bruit qu'elle fit chez les Tures, y porta tant de terreur,
qu'ilsredoublerentles Garniſons
de toutes les Places maritimes
qu'ils ontde ce coſté-là.
puis quevous vous intereſſez fr fortdans ce qui le regarde , je vous écriray ce qui en eſt venu àma connoiſſance. Les Secours
que le Roy luy a envoyez de François &de Suiffes, font, dit- en, arrivez &ſe mettront bien-
GALAN T. 141
toſt en estat d'executer les Projets qu'il à faits , pour affermir l'authorité du Roydans la Sici- le , & étendre ſes Conqueſtes.
Vous ſçavez, Madame , que ce Sage Vice-Roy a eſté obligé de mettre enGarniſon dans lesPlaces qu'il conquit l'année der- niere , une partie des Troupes quiluy reſtoient, &qu'il en faut toûjoursun nombre confiderable dans Meſſine , où les Efpa- gnols confervent des intelligen- ces&font continuellement des
entrepriſes pourtafcher à ébran- ler la conftance des Meſſinois.
Vous ne ſçauriez croire l'affe- Etion que ces Peuples ont pour M le Marefchal de Vivonne.
Elle est telle qu'on peut dire qu'elle ne contribuë pas peu à la conſervation de l'authorité du
Royen cesPays là. Onconfide
142 LE MERCVRE reen luy une bonté extraordi- naire , une affabilité où les Efpagnols n'avoient jamaisaccoû- tumé les Siciliens , une juſtice que rien ne ſçauroit corrompre,
undes-intereſſementdont il ne
peut étre affez loüé. Ces nou- veaux Sujetsde la Franceontad- miré comme nous ſa Valeur ,
quand ils l'ont veu arriver chez eux dans l'extremité où ils
eſtoient réduits , en leur portant l'abondance , apres avoir défait les Ennemis dans un Combat
inégal. Ils ont eſté entretenus dans cetteopinion par la refolu- tion qu'il avoit faite , d'entre- prendre ſur l'Armée Navale des Eſpagnols dans le Port deNa- ples. Elle ne trouva d'obstacle queparl'impoſſibilé qui s'y ren- contra,quandon fut fur le point de l'executer. Il eſtoit difficile
GALAN T. 143 que M de Vivonne n'acquiſt pas leur amitié,par les ſoins con- tinuels qu'il avoit de leur faire
venir des vivres &de faire des
priſes confiderables fur leurs
Ennemis , pour ramener chez eux l'abondancedans un temps,
où ils eſtoientprivez de tousles Secours de leurs Païs. La confiance qu'ils avoient en luy, pa- rut particulierement , lors qu'il voulut aller à cette grande Ex- pedition , où M² du Queſne dé- fit l'Armée ennemie , commandée par le fameux AdmiralRüy- ter. If modera l'envie qu'il avoit d'acquerir de la gloire, dans un Combat, où il devoit avoir le
premier Commandement , pour Te rendre à l'amour de cesPeuples, qui deſeſperoient de leur confervation, s'ils laiſſoient éloigner celuy qu'ils regardoient
144 LE MERCVRE
comme leur Pere. Apres le gain de la Bataille , où i² du Queſne fit de fi belles choſes, &où tous
les Commandans ſe ſignalerent,
nôtre Armée Navale fut obligée deſe retirer en Provence , tant pour faire radouber les Vaifſeaux, que pour prendredes Vivres , qui pouvoient manquer.
Alors M le Mareſchal de Vivonne confiderant qu'il en re- ſtoit fort peu dans Meſſine , &
qu'il n'y avoit pas de ſeureté pour le paſſage de M de Châ- teau- renaud,qui venoit de France avec unConvoy; parce que les Ennemis , qui n'avoient pas tant de chemin à faire, ſeroient
toûjours en eſtat de luyempef- cher l'entrée du Phare , il conclut la fameuſe Expedition de Palerme,dont vousſçavez le détail , malgré les oppoſitions de
quel
:
GALANT. 7 145
et
:
quelques-uns qui voyoient le danger plus grand que luy , ou qui n'avoient pas tant d'ardeur pour la gloire. Les chofes luy réüffirent comme il l'avoit eſpe- ré , le Convoy arriva heureuſe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n'avoient point encore veu d'exemple, &noftre Mareſchal retourna triomphant dans Meſſine. L'amour des Peuples redoubla pour luy,com- me il redoubla ſes ſoins pour les conſerver ; il découvrit beaucoup de Conjurations , &meme contre ſa vie; il ne prit cepen- dant de precaution , que pour empeſcher les, entrepriſes des Ennemis ſur les nouveaux Sujets d'un Roy, que ceux qui le connoiſſent , ſçavent qu'il aime uniquement, & pour quiil ſacri- fieroit de bon cœur toutes cho-
: Tome IV. G
146 LE MERCVRE
faut
ſes. Ainſi quelque paffion qu'il aitpourlagloire,elle n'approche point de l'amour qu'il a pour le Royfon Maiſtre. Vous croyez bien, Madame , que pour faire tout ce qu'on en publie , il ne pas qu'il dorme toûjours,
comme veulent faire croire les
Ennemis dans leurs Gazettes;
maisilfe donne fi peu de peine pour avoir des Gens qui faffent courirde luy des bruits avanta- geux, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'en répand quelquefois d'autresqui trouvét de la créance patmy les gens, qui ne con- noiffent pas cet Illuftre Gene- ral, mais cela est bien-toſt de- truit par la force de la verité;
&tout l'artifice de ſes envieux,
dontles Perfonnes , comme luy,
ne manquent jamais , ne peut rien contre la reputation , que ſes belles actions luy ont acqui-
GALAN T. 147
de
k
es
t
fe. La priſe d'Agoufte &de tant dePlaces qui fortifient le party des Meſſinois , renverſe tout ce qu'on peut inventer , pour ob- ſourcir l'éclatde ſa gloire. Il ne la veut devoir qu'aux ſervices qu'il rend àſon Prince , & il en laiſſe le ſoin àceux qui écrivent
les Evenemens de
fe
ceSiecle,ſans TRE
mettre en peine d'avoir des
Prôneurs à la Cours. Ie ne vous
dis rien de la grande Action de Palerme. Vous la ſçavez ; mais vous ne ſçavez peut-eſtre pas que le bruit qu'elle fit chez les Tures, y porta tant de terreur,
qu'ilsredoublerentles Garniſons
de toutes les Places maritimes
qu'ils ontde ce coſté-là.
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Résumé : « Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Le texte relate les actions et les succès du maréchal de Vivonne, duc de Vivonne, en Sicile. Grâce aux secours envoyés par le roi, composés de troupes françaises et suisses, Vivonne a pu renforcer l'autorité royale et étendre les conquêtes. Il a dû garnir les places conquises et maintenir une présence militaire significative à Messine pour contrer les Espagnols. Les Siciliens ont manifesté une grande affection pour Vivonne, appréciant sa bonté, son affabilité et sa justice. Ils ont également admiré sa valeur, notamment après sa victoire contre les ennemis dans un combat inégal et son rôle dans l'abondance de vivres apportée à la population. Vivonne a planifié une expédition contre la flotte navale espagnole à Naples, mais celle-ci a été annulée en raison de difficultés logistiques. Lors de l'expédition contre l'amiral Ruyter, Vivonne a sacrifié son désir de gloire pour rester auprès des Siciliens, qu'il considérait comme ses enfants. Après la bataille, la flotte française s'est retirée en Provence pour réparations et approvisionnement. Vivonne a ensuite mené une expédition à Palerme pour sécuriser le passage d'un convoi, malgré les oppositions et les dangers. Cette expédition a été couronnée de succès, renforçant l'amour des Siciliens pour lui. Vivonne a également découvert et neutralisé plusieurs conspirations contre lui et la population. Son dévouement au roi est total, et il sacrifie toute autre ambition pour servir son prince. Les succès militaires de Vivonne, comme la prise d'Agoste et d'autres places, renforcent son prestige et sa réputation, malgré les tentatives des ennemis de le discréditer.
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3
p. 65-66
Extrait d'une Lettre du Camp de Paillancourt du 8. Octobre.
Début :
Nous occupons encore nos mêmes postes ; & nous avons toûjours [...]
Mots clefs :
Garnison
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre du Camp de Paillancourt du 8. Octobre.
Extrait d'une Lettre du
•
Camp de Paillancourt
du 8. Octobre.
Nous occupons encore mil
mêmespostes ; & nous avons
toûjoursnos Pontssur L'Efcatit
&sur le Senses. Ilvientpresque
tous les jours des Deserleurs
ennemis qui rapportent ,
que les maladies continuent
dans leur Camp. Ceux qui
vinrent hier ont dit que Mylord
Marlborough
, avoit envoyéune
heure avant le jour
fourager du costé de Condé;
mais que la Garnison de cette
Place étant tombée sur les
fourageurs & sur l'escorte
,
avoit enlevé quatre cent chevaux
& plusieurs Soldats ou
Cavalliers.
La Garnison d'Ipres à défait
ungrospartiEnnemi CMpris
cent chevaux.
•
Camp de Paillancourt
du 8. Octobre.
Nous occupons encore mil
mêmespostes ; & nous avons
toûjoursnos Pontssur L'Efcatit
&sur le Senses. Ilvientpresque
tous les jours des Deserleurs
ennemis qui rapportent ,
que les maladies continuent
dans leur Camp. Ceux qui
vinrent hier ont dit que Mylord
Marlborough
, avoit envoyéune
heure avant le jour
fourager du costé de Condé;
mais que la Garnison de cette
Place étant tombée sur les
fourageurs & sur l'escorte
,
avoit enlevé quatre cent chevaux
& plusieurs Soldats ou
Cavalliers.
La Garnison d'Ipres à défait
ungrospartiEnnemi CMpris
cent chevaux.
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Résumé : Extrait d'une Lettre du Camp de Paillancourt du 8. Octobre.
Le 8 octobre, les troupes occupent les mêmes positions et contrôlent les ponts sur l'Escaut et le Sensée. Des déserteurs ennemis signalent des maladies dans leur camp. Hier, la garnison de Condé a capturé quatre cents chevaux et plusieurs soldats ennemis. La garnison d'Ypres a repoussé une force ennemie, capturant cent chevaux.
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4
p. 139-144
NOUVELLES d'Espagne.
Début :
Le Roy a donné par interim le commandement de l'armée [...]
Mots clefs :
Espagne, Armée de Catalogne, Royaume d'Aragon, Saragosse, Gouverneur, Grenadiers, Garnison, Prisonniers, Balaguer, Aragon
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Espagne.
NOUVELLES
d'Espagne.
Le Roy a donné par interim le commandement de
l'armée de Catalogne au
Prince Tferclas de Tilly ,
& le commandement de
Sarragoffe & des armes du
Royaume d'Arragon qu'il
exerçoit , a efté donné au
Marquis de Valdecanas
Capitaine General , & la
charge de Lieutenant Colonel du Regiment de Salamanque qui eft en Sicile ,
à Don Miguel Carreno
Mij
140 MERCURE
Capitaine de Grenadiers.
On mande de Sarragoffe
que les Ennemis avoient
tenté pour la troifiéme fois
defurprendreCervera avec
deux mille hommes de
troupes reglées , & deux
mille Micquelers ou Soumettant. Le Gouverneur
en ayant efté informé fit
venir de Balaguerfix cents
Grenadiers , il fit faire un
fi grand feu de mouſqueterie & de canon , que
Ennemis furent contraints
de fe retirer en defordre, &
avec perte ; ils ont abanles
GALANT. 14Ï
donné leurs outils à remuer
la terre , & deux pieces de
canon qu'ils enclouerent
en fe retirant .
Les Lettres de Balaguer
& de Cervera portent qu'-
un Regiment Neapolitain
s'eftant pofté aux environs
de Gironne, le Gouverneur
› en ayant efté informé, fortit avec une partie de fa
garniſon , le défit entiere
ment.
Le Marquis de Valdecanas ayant appris que
quelques Volontaires avoient paffé l'Ebro , & s'a
142 MERCURE
vançoient vers Daroca ,
commanda, pour les couper , plufieurs partis , l'un
defquels conduit par Don
Manuel de faint Martin
Capitaine de Cavalerie, les
rencontra , & les défit ; il
fit plufieurs prifonniers, du
nombre defquels ca efté
leur chef Don Antonio
Biella.
On écrit des frontieres
d'Eftremadure que le Marquis de Bay avoit fait attaquer deux atalayas ou tours
fortifiez , par quelques
compagniesdeGrenadiers,
GALANT. 143
& qu'elles s'eftoient renduës fans faire aucune refiftance , que le Gouverneur de Campo Mayor y
ayant renvoyé de plus fortes garnifons , le Marquis
de Bay fit un détachement
fous les ordres de Don Melchior Cano Marefchal de
Camp qui les obligea à ſe
rendre prifonniers de guerre , & fit rafer les tours.
On mande d'Arragon
que Don Patricio Laules
Marefchal de Camp &
Commandant de Benavar
ri ayant efté informé que
144 MERCURE
14
les Volontaires & les Miquelets s'eftoient affemblez au nombre de huit
cens à deffein de le furprendre , fut à leur rencontre , les furprit , & les obligea de prendre la fuite avec
tant de précipitation que la
plufpart abandonnerent
leurs chevaux , dont on en
prit un grand nombre , il y
en eut plufieurs tuez &faits.
prifonniers.
d'Espagne.
Le Roy a donné par interim le commandement de
l'armée de Catalogne au
Prince Tferclas de Tilly ,
& le commandement de
Sarragoffe & des armes du
Royaume d'Arragon qu'il
exerçoit , a efté donné au
Marquis de Valdecanas
Capitaine General , & la
charge de Lieutenant Colonel du Regiment de Salamanque qui eft en Sicile ,
à Don Miguel Carreno
Mij
140 MERCURE
Capitaine de Grenadiers.
On mande de Sarragoffe
que les Ennemis avoient
tenté pour la troifiéme fois
defurprendreCervera avec
deux mille hommes de
troupes reglées , & deux
mille Micquelers ou Soumettant. Le Gouverneur
en ayant efté informé fit
venir de Balaguerfix cents
Grenadiers , il fit faire un
fi grand feu de mouſqueterie & de canon , que
Ennemis furent contraints
de fe retirer en defordre, &
avec perte ; ils ont abanles
GALANT. 14Ï
donné leurs outils à remuer
la terre , & deux pieces de
canon qu'ils enclouerent
en fe retirant .
Les Lettres de Balaguer
& de Cervera portent qu'-
un Regiment Neapolitain
s'eftant pofté aux environs
de Gironne, le Gouverneur
› en ayant efté informé, fortit avec une partie de fa
garniſon , le défit entiere
ment.
Le Marquis de Valdecanas ayant appris que
quelques Volontaires avoient paffé l'Ebro , & s'a
142 MERCURE
vançoient vers Daroca ,
commanda, pour les couper , plufieurs partis , l'un
defquels conduit par Don
Manuel de faint Martin
Capitaine de Cavalerie, les
rencontra , & les défit ; il
fit plufieurs prifonniers, du
nombre defquels ca efté
leur chef Don Antonio
Biella.
On écrit des frontieres
d'Eftremadure que le Marquis de Bay avoit fait attaquer deux atalayas ou tours
fortifiez , par quelques
compagniesdeGrenadiers,
GALANT. 143
& qu'elles s'eftoient renduës fans faire aucune refiftance , que le Gouverneur de Campo Mayor y
ayant renvoyé de plus fortes garnifons , le Marquis
de Bay fit un détachement
fous les ordres de Don Melchior Cano Marefchal de
Camp qui les obligea à ſe
rendre prifonniers de guerre , & fit rafer les tours.
On mande d'Arragon
que Don Patricio Laules
Marefchal de Camp &
Commandant de Benavar
ri ayant efté informé que
144 MERCURE
14
les Volontaires & les Miquelets s'eftoient affemblez au nombre de huit
cens à deffein de le furprendre , fut à leur rencontre , les furprit , & les obligea de prendre la fuite avec
tant de précipitation que la
plufpart abandonnerent
leurs chevaux , dont on en
prit un grand nombre , il y
en eut plufieurs tuez &faits.
prifonniers.
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Résumé : NOUVELLES d'Espagne.
Le roi a nommé le Prince Tferclas de Tilly commandant par intérim de l'armée de Catalogne. Le Marquis de Valdecanas a été désigné Capitaine Général et commandant de Sarragosse et des armes du Royaume d'Aragon. Don Miguel Carreno a été nommé Lieutenant Colonel du Régiment de Salamanque en Sicile. À Sarragosse, les ennemis ont été repoussés après une attaque contre Cervera, abandonnant des outils et deux pièces de canon. À Balaguer et Cervera, un régiment napolitain a été défait par le gouverneur. Le Marquis de Valdecanas a vaincu des volontaires près de Daroca, capturant leur chef, Don Antonio Biella. En Estrémadure, le Marquis de Bay a pris deux tours fortifiées et contraint les renforts à se rendre. En Aragon, Don Patricio Laules a mis en fuite des volontaires et des miquelets, capturant plusieurs chevaux et faisant des prisonniers.
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5
p. 294-305
Du Camp devant Douay.
Début :
Le Maréchal de Villars, a reglé que les Officiers Generaux [...]
Mots clefs :
Douai, Maréchal de Villars, Prince Eugène, Fort de Scarpe, Henin-Lietard, Lettres, Garnison, Canon, Coigny
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texteReconnaissance textuelle : Du Camp devant Douay.
:Douay*
'rC( < 'a
Le Maréchal de 'ViUart,.
a
reglé que les Officiers
Generaux monteraient la
tranchée selon leur anncienneté
,
ansi le Comte de
Gassion estant indisposé
,
Monsieur le Marquis d'Alegre a monté la tranchée
avec la Regiment des Gardes.
A l'attaque du Fort de
Scarpe,leComte d'Albertgoti montala tranchée avec
le Regiment de Picardie,
& elle fut poussée à trente
toises sans d'autre perte que d'un Valet d'Officier, les
deux nuits suivanteslatranchée fut pouffée jusqu'àla
contrescarpe
,
sans aucune
perte. La nuit du 17 au iS.-
a minuit on commença a
batre la Ville & le Fort avec
vingt
-
six pieces de canon
& des mortiers, & mettre
vingt autres pieces de cannonen batterie, les bombes
ont fait de grands ravages
dans le Fort le
1
8. ayant
mis le feu à l'Eglise & à
la maison du Gouverneur,
& aux Cazernes.
Les Lettres du 28assurent
qu'il, yavoit prés de quatre
cent malades & deux cent
portant les armes, pris dans
le Fort d'Escarpe, & dixhuit pieces de canon.
Que l'attaque de Saint
Eloy devenoit considérable
& qu'il y
avoit des batteries qui battoient en
brcche
; on avance fort à la
droite, ensorte que l'on espere que l'on aura la Place
vers le quatre ou le cinq.
Il y a
bien des malades.
Que le Maréchal deVillars
avoit marché à d'Henin
Lietard
,
à Levendrc entre
Doiiay & Bouchain:il a
marché depuis avec quinze
mille hommes à Ribaucourt
& y
fait des retranchements
Le Prince Eugene s'estoit
retiré à Marquese
,
derrier
Lille & avoit détaché foix
-
ante Mons.. Escadrons du costé de
Le Maréchal de ViH.ars
avoit détaché de son cofté
Monsieur de Coigny
,
avec
ses Dragons pour empecher
un Convoy qui vouloir cni
trer dans le Quednoy, pour
y porter des vivres & en retirer les canons que le Prince
Eugrne avoit à Landrecy.
Les Lettres de l'Armée
de Flandres du zi. Aouft5
portentqu'on coupa le 2. yla communication du Fory
avec la Ville où la Garnison
vouloit tacher de se retirer.
Il n'y avoit eû au Siege jusqu'a ce jour, que trois cent
hommes tuezou bltflfcz.
- On remarqua le vingtquatre ,que l'inondation se
perdoitd'elle-même dans les
terres ;
cependant comme
les Assiegez pouvoit lacher
de nouvelles caux,on acheva la coupure pour les faite
écouler. Le vingt
- quatre
ou le vingt
-
cinq on s'empara du chemin-couvert
du Fort, le même jour, on
fit une batterie pour battre
le Fort en breche
, on fie
jouër le 26 une mine qui fit
un si grand effet,que cinquan
te hommes qui estoient
en cet endroit furent presque tous accablez en mêmetemps, les grenadiers du
Regiment des Vaisseaux se
jetèrent]la bayonette au
bout du fusil dans le chemin
couvert ..& poursuivirent
les ennemisjusqu'à la seconde traverse
,
pour facvoriser les travailleursqui
firent un logementdans la
Place d'Armes. On continuoit de battre en breche
la Villeaussi bien que le
Fort, dont on commençoit
à combler le Fossé
: mais la
garnison craignant d'estre
emporté d'assaut batit la
chamade le vingt- sept.
Elle s'est renduë prisonniere de Guerre, & on a
accordé aux Officiers d'envoyer leurs bagages dans
quelqu'une de leurs Places,
de cinq cent hommes qui y
estoient il n'en reste que -
trois cent; on a
trouvé dans
le Fort dix huit pieces de
canon,&onad'abordouvert les éclusespour faire
couler les eaux, ce qui
faciliterabeaucoup l'attaque
delaVille. ",
Les ennemisqui depuis it. de cemoiscampoient
à Ribaucourt,avoient tfa;,
vailé sans relâche à preparer
des Gabions,desGlayes, des
Fascines & a
faire venir
cinquante pieces de. Canon
pour attaquer nosretran»
chementsjtnaisils n'avoient
encore rien entrepris, ou
avoir cru le 20 qu'ils. se re.
retireroient maison aprit
que ce n'estoit qu'un détachement qui marchoit du
cofté de Mons. La disette
de pain &de fourage étoit
toujours si grande dans
,
leur arméequ'ils- étoient
obligé d'aller sourager audelà de la Lis du costé
de Varneton. Néanmoins
aprés avoirplusieurs fois
reconnu lesretranchement
ils jugerent qu'ils ne pouvoient les attaquer sans exposer toute leur armée,b
25.ilsfirent défiler leurs
bagages & leur artillerie, le
foir ils. brûlèrent les grands
amas de facines, de clayes
&deGabions qu'ils avoient
préparez & le
-
2 5. toute
leur armée marcha & se retira entre Lille & Tournay.
Le Partisan Jaquot
ayant joint vers Namur
le Partisan du Moulin
qui avoit 1 5 00. Chevaux,
marcha du costé d'Anvers
avec six pieces de Campagne & neufPontons.
Le Maréchal de Villars
a
envoyé le Marquis ..Je---
Coigny du cossé duQues-
- noy avec sa reserve de Dragons, sur lavis qu'il a eu
que le PrinceEugène hiioïc
marcher un détachement
de ce costé là pour tâcher
d'emmener à Mons 90.
piècesde gros Canons qui
font dansle Quesnoy.
Il est arrivé la semaine
passé àlaMonnoyede cette
Ville douze charettes venant de Brest chargées de
piastres & de lingots d'or
êc d'argent pour estre convertisenespeces
'rC( < 'a
Le Maréchal de 'ViUart,.
a
reglé que les Officiers
Generaux monteraient la
tranchée selon leur anncienneté
,
ansi le Comte de
Gassion estant indisposé
,
Monsieur le Marquis d'Alegre a monté la tranchée
avec la Regiment des Gardes.
A l'attaque du Fort de
Scarpe,leComte d'Albertgoti montala tranchée avec
le Regiment de Picardie,
& elle fut poussée à trente
toises sans d'autre perte que d'un Valet d'Officier, les
deux nuits suivanteslatranchée fut pouffée jusqu'àla
contrescarpe
,
sans aucune
perte. La nuit du 17 au iS.-
a minuit on commença a
batre la Ville & le Fort avec
vingt
-
six pieces de canon
& des mortiers, & mettre
vingt autres pieces de cannonen batterie, les bombes
ont fait de grands ravages
dans le Fort le
1
8. ayant
mis le feu à l'Eglise & à
la maison du Gouverneur,
& aux Cazernes.
Les Lettres du 28assurent
qu'il, yavoit prés de quatre
cent malades & deux cent
portant les armes, pris dans
le Fort d'Escarpe, & dixhuit pieces de canon.
Que l'attaque de Saint
Eloy devenoit considérable
& qu'il y
avoit des batteries qui battoient en
brcche
; on avance fort à la
droite, ensorte que l'on espere que l'on aura la Place
vers le quatre ou le cinq.
Il y a
bien des malades.
Que le Maréchal deVillars
avoit marché à d'Henin
Lietard
,
à Levendrc entre
Doiiay & Bouchain:il a
marché depuis avec quinze
mille hommes à Ribaucourt
& y
fait des retranchements
Le Prince Eugene s'estoit
retiré à Marquese
,
derrier
Lille & avoit détaché foix
-
ante Mons.. Escadrons du costé de
Le Maréchal de ViH.ars
avoit détaché de son cofté
Monsieur de Coigny
,
avec
ses Dragons pour empecher
un Convoy qui vouloir cni
trer dans le Quednoy, pour
y porter des vivres & en retirer les canons que le Prince
Eugrne avoit à Landrecy.
Les Lettres de l'Armée
de Flandres du zi. Aouft5
portentqu'on coupa le 2. yla communication du Fory
avec la Ville où la Garnison
vouloit tacher de se retirer.
Il n'y avoit eû au Siege jusqu'a ce jour, que trois cent
hommes tuezou bltflfcz.
- On remarqua le vingtquatre ,que l'inondation se
perdoitd'elle-même dans les
terres ;
cependant comme
les Assiegez pouvoit lacher
de nouvelles caux,on acheva la coupure pour les faite
écouler. Le vingt
- quatre
ou le vingt
-
cinq on s'empara du chemin-couvert
du Fort, le même jour, on
fit une batterie pour battre
le Fort en breche
, on fie
jouër le 26 une mine qui fit
un si grand effet,que cinquan
te hommes qui estoient
en cet endroit furent presque tous accablez en mêmetemps, les grenadiers du
Regiment des Vaisseaux se
jetèrent]la bayonette au
bout du fusil dans le chemin
couvert ..& poursuivirent
les ennemisjusqu'à la seconde traverse
,
pour facvoriser les travailleursqui
firent un logementdans la
Place d'Armes. On continuoit de battre en breche
la Villeaussi bien que le
Fort, dont on commençoit
à combler le Fossé
: mais la
garnison craignant d'estre
emporté d'assaut batit la
chamade le vingt- sept.
Elle s'est renduë prisonniere de Guerre, & on a
accordé aux Officiers d'envoyer leurs bagages dans
quelqu'une de leurs Places,
de cinq cent hommes qui y
estoient il n'en reste que -
trois cent; on a
trouvé dans
le Fort dix huit pieces de
canon,&onad'abordouvert les éclusespour faire
couler les eaux, ce qui
faciliterabeaucoup l'attaque
delaVille. ",
Les ennemisqui depuis it. de cemoiscampoient
à Ribaucourt,avoient tfa;,
vailé sans relâche à preparer
des Gabions,desGlayes, des
Fascines & a
faire venir
cinquante pieces de. Canon
pour attaquer nosretran»
chementsjtnaisils n'avoient
encore rien entrepris, ou
avoir cru le 20 qu'ils. se re.
retireroient maison aprit
que ce n'estoit qu'un détachement qui marchoit du
cofté de Mons. La disette
de pain &de fourage étoit
toujours si grande dans
,
leur arméequ'ils- étoient
obligé d'aller sourager audelà de la Lis du costé
de Varneton. Néanmoins
aprés avoirplusieurs fois
reconnu lesretranchement
ils jugerent qu'ils ne pouvoient les attaquer sans exposer toute leur armée,b
25.ilsfirent défiler leurs
bagages & leur artillerie, le
foir ils. brûlèrent les grands
amas de facines, de clayes
&deGabions qu'ils avoient
préparez & le
-
2 5. toute
leur armée marcha & se retira entre Lille & Tournay.
Le Partisan Jaquot
ayant joint vers Namur
le Partisan du Moulin
qui avoit 1 5 00. Chevaux,
marcha du costé d'Anvers
avec six pieces de Campagne & neufPontons.
Le Maréchal de Villars
a
envoyé le Marquis ..Je---
Coigny du cossé duQues-
- noy avec sa reserve de Dragons, sur lavis qu'il a eu
que le PrinceEugène hiioïc
marcher un détachement
de ce costé là pour tâcher
d'emmener à Mons 90.
piècesde gros Canons qui
font dansle Quesnoy.
Il est arrivé la semaine
passé àlaMonnoyede cette
Ville douze charettes venant de Brest chargées de
piastres & de lingots d'or
êc d'argent pour estre convertisenespeces
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Résumé : Du Camp devant Douay.
Le texte décrit des événements militaires impliquant le Maréchal de Villars et le Prince Eugène. Lors de l'attaque du Fort de Scarpe, le Comte d'Albert-Goti a mené le Régiment de Picardie sans subir de pertes significatives. Les bombardements sur la ville et le fort ont commencé le 17 août, causant des ravages importants. Le 28 août, de nombreux malades et soldats ainsi que dix-huit pièces de canon ont été capturés. Le Maréchal de Villars a déplacé ses troupes à Ribaucourt et construit des retranchements. Le Prince Eugène s'est retiré à Marquese, derrière Lille. Des escadrons ont été détachés pour empêcher un convoi de ravitailler le Quesnoy. Les lettres de l'Armée de Flandres du 21 août indiquent que la communication entre le fort et la ville a été coupée, avec seulement trois cents hommes tués ou blessés jusqu'alors. Le 24 août, l'inondation s'est résorbée, et les assiégés ont été contraints de se rendre le 27 août. La garnison, réduite à trois cents hommes, a capitulé. Dix-huit pièces de canon ont été trouvées dans le fort. Les ennemis, malgré leurs préparatifs, ont jugé les retranchements imprenables et se sont retirés entre Lille et Tournay. Le Partisan Jaquot a rejoint le Partisan du Moulin près de Namur et a marché vers Anvers. Le Maréchal de Villars a envoyé le Marquis de Coigny pour empêcher le Prince Eugène de déplacer des canons vers Mons. Douze charettes chargées de piastres et de lingots sont arrivées à la Monnoye de Quesnoy.
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6
p. 110-117
NOUVELLES d'Espagne.
Début :
Les Lettres de Catalogne portent que l'armée du Roy [...]
Mots clefs :
Espagne, Fourrages, Lettres de Catalogne, Gérone, Garnison, Ennemis, Suspension d'armes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Espagne.
NOUVELLES
d'Eſpagne.
LEs Lettres de Catalogne
portent que l'armée du Roy
eftoit tousjours campée le
long de la Segre , & qu'elle
attendoit pourſe mettre en
mouvement l'arrivée des
Regiments des Gardes Efpagnoles &Wallones , que
le Marquis de Ceva Grimaldi Lieutenant General , qui
eftoit avec fix mille hommes du coſté de Balaguer ,
avoit paffé la Segre , &
s'eftoit avancé vers Agra-
GALANT. In
munt pour confommer &
enlever les fourrages , ce
qu'il avoit executéfans que
les Ennemis , qui n'avoient
encore rien entrepris , y
euffent fait aucune oppofition. D'autres Lettres apportent que le Gouverneur
de Roſes ayant eſté informéque lesEnnemis avoient
fait ungrand amas de fourrage prés de Mataro à quatre lieues de Barcelonne ,
y avoit envoyé dans des
barques foixante Grenadiers , qui ayant mis pied
à terre de nuit , avoient
112 MERCURE
bruflé les fourrages , pillé
plufieurs maifons de la cofte , & s'eftant enfuite rem,
barquez avec leur butin ,
eftoient retournez à Rofes
fans que les Ennemis . ſe
miffent en devoir de les
pourfuivre. On écrit de
Gironne que la Garniſon a
bru flé foixante chariots
chargez de grains que les
Ennemis avoient amaffez
dans le Lampourdan pour
les envoyer à Barcelonne.
L'armée du Roy continuëde confommer les fourrages de l'autre cofté de la
Segre ,
CALANT. TIS
Segre , ce qui oblige les
Ennemis à aller chercher
des fourrages fi loin , que
leur cavalerie en eft extre
mement fatiguée. Ils ont
fait un détachement à deffein d'enlever les fourrages
au voisinage de Balaguer.
Le Gouverneur en ayant
eu avis , fit fortir des troupes qui les attaquerent
avec tant de valeur qu'ils
les mirent en fuite , & firent plus de deux cents
prifonniers.
On éctit de Penifcola
qu'on y attendoit un con1712. Septembre. K
114 MERCURE
voy de France de vingtdeux Baftimens chargez de
grains , & eſcortez par trois
Fregates.
fe
Ön mande de Gibraltar
que le Gouverneur Anglois
avoit declaré aux troupes
Hollandoifes qu'elles
préparaffent à le retirer à
l'arrivée des deux Regiments Anglois qu'il attendoit de Catalogne.
&
Les Lettres d'Eftremadure portent que le Marquis de Bay y eftoit arrivé
de Salamanque , & qu'il
avoit envoyé ordre aux
GALANT. 115
troupes qui estoient en
quartier de rafraiſchiffement de marcher vers
Badajoz , où il devoit arriver le 24. pour ouvrir la
campagne.
>
On efcrit de Liſbonne ,
qu'on atenu un grand confeil de guerre , auquel les
Generaux & les Gouverneurs de trois Provinces
ont affifté en prefence de
la Reine , que les troupes
Angloifes eftoient preites
à s'embarquer, & qu'elles
n'attendoient qu'une eſcadre pour retourner en AnKij
116 MERCURE
gleterre ; qu'on a rappellé
de Catalogne les troupes
qui y reftent , qu'on y arme neuf ou dix vaiffeaux
pour les envoyer à Rio Janeiro avec deux ou trois
Regiments.
On a eu avis de Cadiz
que quelques Fregates qui
en eftoient forties le dix
Aouſt,pour donner la chaffe à des armateurs qui
croifoient de ce cofté- là ,
en avoient pris deux Zelandois qu'ils y avoient envoyez , && que le 12. ils y
avoient auffi envoyé deux
GALANT. 117
prifes Portuguaifes , dont
la charge eftoit eftimée
cent mille écus ; que le 31.
on vit paroiftre une efcadre Angloife de dix où
douze vaiffeaux de guerre
qui s'approcha de la Ville ,
mais au lieu d'exercer quel
que hoftilité , elle la falua
de plufieurs coups de canon , pour lesquels on luy
rendit le falut , ce qui fait
juger qu'il y a une fufpenfron d'armes avec l'Angleterre.
d'Eſpagne.
LEs Lettres de Catalogne
portent que l'armée du Roy
eftoit tousjours campée le
long de la Segre , & qu'elle
attendoit pourſe mettre en
mouvement l'arrivée des
Regiments des Gardes Efpagnoles &Wallones , que
le Marquis de Ceva Grimaldi Lieutenant General , qui
eftoit avec fix mille hommes du coſté de Balaguer ,
avoit paffé la Segre , &
s'eftoit avancé vers Agra-
GALANT. In
munt pour confommer &
enlever les fourrages , ce
qu'il avoit executéfans que
les Ennemis , qui n'avoient
encore rien entrepris , y
euffent fait aucune oppofition. D'autres Lettres apportent que le Gouverneur
de Roſes ayant eſté informéque lesEnnemis avoient
fait ungrand amas de fourrage prés de Mataro à quatre lieues de Barcelonne ,
y avoit envoyé dans des
barques foixante Grenadiers , qui ayant mis pied
à terre de nuit , avoient
112 MERCURE
bruflé les fourrages , pillé
plufieurs maifons de la cofte , & s'eftant enfuite rem,
barquez avec leur butin ,
eftoient retournez à Rofes
fans que les Ennemis . ſe
miffent en devoir de les
pourfuivre. On écrit de
Gironne que la Garniſon a
bru flé foixante chariots
chargez de grains que les
Ennemis avoient amaffez
dans le Lampourdan pour
les envoyer à Barcelonne.
L'armée du Roy continuëde confommer les fourrages de l'autre cofté de la
Segre ,
CALANT. TIS
Segre , ce qui oblige les
Ennemis à aller chercher
des fourrages fi loin , que
leur cavalerie en eft extre
mement fatiguée. Ils ont
fait un détachement à deffein d'enlever les fourrages
au voisinage de Balaguer.
Le Gouverneur en ayant
eu avis , fit fortir des troupes qui les attaquerent
avec tant de valeur qu'ils
les mirent en fuite , & firent plus de deux cents
prifonniers.
On éctit de Penifcola
qu'on y attendoit un con1712. Septembre. K
114 MERCURE
voy de France de vingtdeux Baftimens chargez de
grains , & eſcortez par trois
Fregates.
fe
Ön mande de Gibraltar
que le Gouverneur Anglois
avoit declaré aux troupes
Hollandoifes qu'elles
préparaffent à le retirer à
l'arrivée des deux Regiments Anglois qu'il attendoit de Catalogne.
&
Les Lettres d'Eftremadure portent que le Marquis de Bay y eftoit arrivé
de Salamanque , & qu'il
avoit envoyé ordre aux
GALANT. 115
troupes qui estoient en
quartier de rafraiſchiffement de marcher vers
Badajoz , où il devoit arriver le 24. pour ouvrir la
campagne.
>
On efcrit de Liſbonne ,
qu'on atenu un grand confeil de guerre , auquel les
Generaux & les Gouverneurs de trois Provinces
ont affifté en prefence de
la Reine , que les troupes
Angloifes eftoient preites
à s'embarquer, & qu'elles
n'attendoient qu'une eſcadre pour retourner en AnKij
116 MERCURE
gleterre ; qu'on a rappellé
de Catalogne les troupes
qui y reftent , qu'on y arme neuf ou dix vaiffeaux
pour les envoyer à Rio Janeiro avec deux ou trois
Regiments.
On a eu avis de Cadiz
que quelques Fregates qui
en eftoient forties le dix
Aouſt,pour donner la chaffe à des armateurs qui
croifoient de ce cofté- là ,
en avoient pris deux Zelandois qu'ils y avoient envoyez , && que le 12. ils y
avoient auffi envoyé deux
GALANT. 117
prifes Portuguaifes , dont
la charge eftoit eftimée
cent mille écus ; que le 31.
on vit paroiftre une efcadre Angloife de dix où
douze vaiffeaux de guerre
qui s'approcha de la Ville ,
mais au lieu d'exercer quel
que hoftilité , elle la falua
de plufieurs coups de canon , pour lesquels on luy
rendit le falut , ce qui fait
juger qu'il y a une fufpenfron d'armes avec l'Angleterre.
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Résumé : NOUVELLES d'Espagne.
Les nouvelles d'Espagne rapportent plusieurs événements militaires. En Catalogne, l'armée royale est positionnée le long de la Segre et attend des renforts. Le Marquis de Ceva Grimaldi a traversé la Segre avec six mille hommes pour sécuriser des fourrages. Le gouverneur de Roses a envoyé des grenadiers détruire des fourrages ennemis près de Mataro. À Gironne, la garnison a brûlé des chariots de grains ennemis. L'armée royale continue de sécuriser des fourrages, épuisant ainsi la cavalerie ennemie. Un détachement ennemi a été repoussé près de Balaguer, faisant plus de deux cents prisonniers. À Peniscola, un convoi français de grains est attendu. À Gibraltar, les troupes hollandaises se préparent à partir. En Estrémadure, le Marquis de Bay a ouvert la campagne à Badajoz. À Lisbonne, un conseil de guerre a décidé du rappel des troupes de Catalogne et de l'armement de vaisseaux pour Rio Janeiro. À Cadix, des frégates ont capturé des navires zélandais et portugais, et une escadre anglaise a suggéré une suspension d'armes avec l'Angleterre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 289-295
Nouvelles de Hollande.
Début :
Les Plenipotentiaires des Alliez continuent de tenir entre eux à [...]
Mots clefs :
Hollande, Plénipotentiaires, Tournay, Ministres, Garnison, Prince Eugène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Hollande.
Nouvelles de Hollande.
Les Plenipotentiaires des
Septembre 1712. Bb
136 MERGURE
Alliez continuent de tenir
entre eux à la Haye & à
Utrecht des conferences generales & particulieres fur
les affaires de la guerre pre
fente fans qu'on fçache
qu'ils Dayent encore pris
2
aucune refolution unanime.
Cependant ils paroiffent
plus difpofez que jamais
à confentir àunefufpenfion
d'Armes. On ne parle
point encore de tenir de
conference generale entre
les Miniftres des deux partis qui font en guerre; on
croir meime qu'elle nd ſc
2
GALANT. 123
tiendrampas encore fistoft
qu'on l'efperoit à cauſe du
different furvenu entre le
fieur Menager & la ficus
de Recheteren, l'un des
Plenipotentiaires des Etats
Generaux au fujet de leurs
domeſtiques dans la conference que les Miniftres des
Allez tinrent les Septem
bre Le Comte de Straford
declara de la part dea
Plenipotentiaires de France
que le Roy Trés Chreftien
demandoit une fatisfaction
publiquenfure cette affaire
avant que d'entrer en aus
B bij
191 MERCURE
cune autre negociation.
L'armée des Alliez quitta
le 3. Septembre le Camp
de Seclin & fur camper la
droire à Pont -à- Treffin ,
& la gauche prés de
Tournay.
Le Major General Keppel
Gouverneur de Bethune :
partit le 2 : Septembre pour
s'y rendre avec fon Regi
mont & celuy de LidenBoom. 22931
On a augmenté de fix
bataillons , la garnifon de
Tournay & on en a détaché dix autres qui campent
ada
GALANT. 293
à Marquette prés de l'Ifle ,
afin d'eftre à portée d'y entreren cas de befoin ; on
cherchoit les moyens de
jetter des vivres dans: Bou
chain & dans le Quefnay
& de retirer la groffe Artil
lerie qui eft dans cette derniere place.
Les Lettres de l'Armée
des Alliez du 12 Septembre
portent que le Prince Eus
gene voyant qu'il ne pous
voit pas empefcher la prifa
de Douay , & voulant s'op
pofer au fiege du Quefnoy,
ou du moins retirer l'Artil
Bb iij
194 MERCURE
}
à
toga
lerie qu'il y avoit laffée
aprés la levée du Siege de
Landrecies , fit pafferilen71
HEſcauta fon armée
Tournay & au-deffus , lė
8.il vintcamper à Leufe &
àCambron
Havre fur l'Haine , & ld
10. il paffa la Troüille &
mitla droiteà Saint Ghilain,
la gauche au deca du bois
oùle donna la bataille de
Malplaquet pil fire certa
marche avec une extreme
diligence cependant il ap,
prit par le Prince de Heffe
Caffel qu'il avoit détaché
#
GALANT 121
avec quarante Escadrons
qu'ilavaitéſtéprévenu par le
Maréchal de Villars qui
s'eftoit posté au deça - du
Quefnoy, ayant l'Hone ay
dovane kiyavoc de bons
retranchens.d
Les Plenipotentiaires des
Septembre 1712. Bb
136 MERGURE
Alliez continuent de tenir
entre eux à la Haye & à
Utrecht des conferences generales & particulieres fur
les affaires de la guerre pre
fente fans qu'on fçache
qu'ils Dayent encore pris
2
aucune refolution unanime.
Cependant ils paroiffent
plus difpofez que jamais
à confentir àunefufpenfion
d'Armes. On ne parle
point encore de tenir de
conference generale entre
les Miniftres des deux partis qui font en guerre; on
croir meime qu'elle nd ſc
2
GALANT. 123
tiendrampas encore fistoft
qu'on l'efperoit à cauſe du
different furvenu entre le
fieur Menager & la ficus
de Recheteren, l'un des
Plenipotentiaires des Etats
Generaux au fujet de leurs
domeſtiques dans la conference que les Miniftres des
Allez tinrent les Septem
bre Le Comte de Straford
declara de la part dea
Plenipotentiaires de France
que le Roy Trés Chreftien
demandoit une fatisfaction
publiquenfure cette affaire
avant que d'entrer en aus
B bij
191 MERCURE
cune autre negociation.
L'armée des Alliez quitta
le 3. Septembre le Camp
de Seclin & fur camper la
droire à Pont -à- Treffin ,
& la gauche prés de
Tournay.
Le Major General Keppel
Gouverneur de Bethune :
partit le 2 : Septembre pour
s'y rendre avec fon Regi
mont & celuy de LidenBoom. 22931
On a augmenté de fix
bataillons , la garnifon de
Tournay & on en a détaché dix autres qui campent
ada
GALANT. 293
à Marquette prés de l'Ifle ,
afin d'eftre à portée d'y entreren cas de befoin ; on
cherchoit les moyens de
jetter des vivres dans: Bou
chain & dans le Quefnay
& de retirer la groffe Artil
lerie qui eft dans cette derniere place.
Les Lettres de l'Armée
des Alliez du 12 Septembre
portent que le Prince Eus
gene voyant qu'il ne pous
voit pas empefcher la prifa
de Douay , & voulant s'op
pofer au fiege du Quefnoy,
ou du moins retirer l'Artil
Bb iij
194 MERCURE
}
à
toga
lerie qu'il y avoit laffée
aprés la levée du Siege de
Landrecies , fit pafferilen71
HEſcauta fon armée
Tournay & au-deffus , lė
8.il vintcamper à Leufe &
àCambron
Havre fur l'Haine , & ld
10. il paffa la Troüille &
mitla droiteà Saint Ghilain,
la gauche au deca du bois
oùle donna la bataille de
Malplaquet pil fire certa
marche avec une extreme
diligence cependant il ap,
prit par le Prince de Heffe
Caffel qu'il avoit détaché
#
GALANT 121
avec quarante Escadrons
qu'ilavaitéſtéprévenu par le
Maréchal de Villars qui
s'eftoit posté au deça - du
Quefnoy, ayant l'Hone ay
dovane kiyavoc de bons
retranchens.d
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Résumé : Nouvelles de Hollande.
En septembre 1712, les plénipotentiaires des puissances alliées se réunissent à La Haye et Utrecht pour discuter de la guerre en cours, mais sans parvenir à une résolution unanime. Ils envisagent cependant une suspension d'armes. Les négociations sont compliquées par un différend entre Menager et le fils de Recheteren, et par la demande du roi Très Chrétien d'une satisfaction publique avant toute négociation. Sur le front militaire, l'armée des Alliés se déplace de Seclin vers Pont-à-Treffin et Tournay le 3 septembre. Le major général Keppel, gouverneur de Béthune, rejoint cette région avec ses régiments. La garnison de Tournay est renforcée de six bataillons, tandis que dix autres bataillons sont positionnés à Marquette. Des efforts sont entrepris pour ravitailler Bouchain et le Quesnoy et pour retirer l'artillerie de cette dernière place. Le prince Eugène, ne pouvant empêcher la prise de Douai, déplace son armée vers Tournay et au-delà. Le 8 septembre, il campe à Leuze et Cambron, puis traverse la Troüille, positionnant ses troupes à Saint-Ghislain et au-delà du bois de Malplaquet. Cependant, il apprend que le maréchal de Villars l'a devancé en se postant près du Quesnoy avec des retranchements solides.
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8
p. 244-251
Réponse.
Début :
Ces jours passez un miserable Napolitain, rebele & bâtard, nommé [...]
Mots clefs :
Napolitain, Ciglio, Gouvernement, Garnison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse.
ponfi.
Ces jours passez un ini.
serableNapolitain,rebele
& bâtard, nommé Thomas Galicta
,
me fit prier
de luienvoyer au lieu de
>
Ciglioc un homme qui est
ici y
àqui il dévoiecommuniquer des choses de
très-grande importance.,
& qui ne me feroient pas
desagreables. Lui ayant repondu que cet homme ne
pouvoit pas y
aller, il eut
la, temerité de me faire,
comme de sa partquelquespropositionsque j'aurois rejettées d'abord, s'il
ne les avoit accompagnées
d'une lettre toute ecrite de
la main de Vôtre Excellence, ôc dattée du 10. de
Janvier, dans laquelle me
faisant souvenir des obligâtions que je lui ai de m'avoir mis en ce Gouvernement, elle me propose ôc
m'exhorte à manquer au
point le plus important de
mon honneur, & 3e la fidélité que j'ai jurée au Roy
nôtre maître Philippe V.,
queDieuconserve. J'avoue
que je ne,m'attendois pas à
cette proposition de la
part de Vôtre Excellencey
& que je ne la croyois pas
capable de me la faire:
mais puisque je vois le contraire,jaijugé a propos
quoy qu'elle ne meritât
point de réponse, de lui
en faire une, afin que Vôtre Excellence ne se fatigue pas inutilement, & de
l'assurer que jusqu'a ce que
j'eus appris qu'elle avoit
manqué à son devoir, j'ai
toujours eu pour elle la veneration & le respect qui
lui étoit dû
:
mais depuis
que Vôtre Excellence a
fait
la démarche scandaleuse
que le monde sçait, tous
ces respects se sont effacez
de ma memoire. Maintenant que vôtre Excellence
m'adonné ce nouveau témoignage du peu d'estime
qu'elle a
fait de moy
,
je fuis
obligé de lui dire que ni
moy
,
ni aucun de mes Officiers, ni le moindre foldat de la garnison de cette
place, ne sommes pas capables de manquer de la
défendre & de la conserver
de tout nôtre pouvoir au
Roy nôtre maître, pour lequel nous sommes prêts à
répandre nôtre fang, reconnoissant que la Souveraineté en appartient à Sa
Majesté seule,& non à
au-
cun autre Prince. Pour cet
effet nous avons des foldats, des vivres & des munirions, &toutce quiest
necessairen'éprouvant
plus les besoins où nous étions quand nous dépendions de celui qui fait à
present connoître le dessein pour lequel alors il
nous abandonnoit. Ainsi
Vôtre Excellence peut se
desabuser, & croire qu'il
n'y a
personne qui la veuille
imiter, & que les artifices
dont vous avez ufë avec moi
feront inutiles, parceque
c'est le Roy nôtre maître
qui peut le faire, & nonpas
Vôtre Excellence l'inventer. Qu'elle foit persuadée:
qu'elle traite avec une personne qui l'entend bien, ôc
qui la connoissoitsuffisamment même avant quelle
se fût declarée. Elle pourvoit faire cette reflexion
avant que de m'ecrire, &.
s'attendre qu'elle n'auroit
point de moy d'autre réponse que celle,que je faisavec,tant de
raison
a Vôtre Excellence, qui ervexr
cufera la maniere) comme jaisupporté ses tentatives. Dieu conserveVôtre Excellence plusieurs années.. De Porto-Hercole
le seize Février mil sept
cent douze, Don Augustin Gonzales de Andradéy
à l'excellentissime Seigneur
Don Juan
«
Francusco Pa.
çhcco.
Ces jours passez un ini.
serableNapolitain,rebele
& bâtard, nommé Thomas Galicta
,
me fit prier
de luienvoyer au lieu de
>
Ciglioc un homme qui est
ici y
àqui il dévoiecommuniquer des choses de
très-grande importance.,
& qui ne me feroient pas
desagreables. Lui ayant repondu que cet homme ne
pouvoit pas y
aller, il eut
la, temerité de me faire,
comme de sa partquelquespropositionsque j'aurois rejettées d'abord, s'il
ne les avoit accompagnées
d'une lettre toute ecrite de
la main de Vôtre Excellence, ôc dattée du 10. de
Janvier, dans laquelle me
faisant souvenir des obligâtions que je lui ai de m'avoir mis en ce Gouvernement, elle me propose ôc
m'exhorte à manquer au
point le plus important de
mon honneur, & 3e la fidélité que j'ai jurée au Roy
nôtre maître Philippe V.,
queDieuconserve. J'avoue
que je ne,m'attendois pas à
cette proposition de la
part de Vôtre Excellencey
& que je ne la croyois pas
capable de me la faire:
mais puisque je vois le contraire,jaijugé a propos
quoy qu'elle ne meritât
point de réponse, de lui
en faire une, afin que Vôtre Excellence ne se fatigue pas inutilement, & de
l'assurer que jusqu'a ce que
j'eus appris qu'elle avoit
manqué à son devoir, j'ai
toujours eu pour elle la veneration & le respect qui
lui étoit dû
:
mais depuis
que Vôtre Excellence a
fait
la démarche scandaleuse
que le monde sçait, tous
ces respects se sont effacez
de ma memoire. Maintenant que vôtre Excellence
m'adonné ce nouveau témoignage du peu d'estime
qu'elle a
fait de moy
,
je fuis
obligé de lui dire que ni
moy
,
ni aucun de mes Officiers, ni le moindre foldat de la garnison de cette
place, ne sommes pas capables de manquer de la
défendre & de la conserver
de tout nôtre pouvoir au
Roy nôtre maître, pour lequel nous sommes prêts à
répandre nôtre fang, reconnoissant que la Souveraineté en appartient à Sa
Majesté seule,& non à
au-
cun autre Prince. Pour cet
effet nous avons des foldats, des vivres & des munirions, &toutce quiest
necessairen'éprouvant
plus les besoins où nous étions quand nous dépendions de celui qui fait à
present connoître le dessein pour lequel alors il
nous abandonnoit. Ainsi
Vôtre Excellence peut se
desabuser, & croire qu'il
n'y a
personne qui la veuille
imiter, & que les artifices
dont vous avez ufë avec moi
feront inutiles, parceque
c'est le Roy nôtre maître
qui peut le faire, & nonpas
Vôtre Excellence l'inventer. Qu'elle foit persuadée:
qu'elle traite avec une personne qui l'entend bien, ôc
qui la connoissoitsuffisamment même avant quelle
se fût declarée. Elle pourvoit faire cette reflexion
avant que de m'ecrire, &.
s'attendre qu'elle n'auroit
point de moy d'autre réponse que celle,que je faisavec,tant de
raison
a Vôtre Excellence, qui ervexr
cufera la maniere) comme jaisupporté ses tentatives. Dieu conserveVôtre Excellence plusieurs années.. De Porto-Hercole
le seize Février mil sept
cent douze, Don Augustin Gonzales de Andradéy
à l'excellentissime Seigneur
Don Juan
«
Francusco Pa.
çhcco.
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Résumé : Réponse.
Dans une lettre datée du 16 février 1712, Don Augustin Gonzales de Andradé, gouverneur de Porto-Hercole, répond à Don Juan Francisco Pachco. Il relate une demande de Thomas Galicta, un rebelle napolitain, de lui envoyer un émissaire à Ciglioc pour transmettre des informations importantes. Galicta a joint une lettre de Don Juan Francisco Pachco, datée du 10 janvier, où ce dernier rappelle au gouverneur ses obligations et l'incite à trahir le roi Philippe V. Le gouverneur exprime sa surprise et son indignation, affirmant qu'il n'a jamais manqué à son devoir jusqu'à ce qu'il découvre l'implication de Don Juan Francisco Pachco. Il réaffirme sa loyauté envers le roi et sa détermination à défendre la place, soulignant que ni lui, ni ses officiers, ni les soldats ne manqueront à leur devoir. Il conclut en déclarant que les artifices de Don Juan Francisco Pachco seront inutiles et que seul le roi peut décider de la souveraineté.
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9
p. 264-268
Nouvelles de Flandres.
Début :
Un détachement de Troupes Françoises s'étant approché de Mons la nuit [...]
Mots clefs :
Garnison, Flandre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Flandres.
Nouvelles de Flandres.
Un détachement de Trou
au 5
pes Françoifes s'étant approché
de Mons la nuit du 4 .
de Janvier , jetterent
avec des petits Mortiers , des
artifices fur des Magafins de
Foin & d'Avoine L. qui
étoient dans les ouvrages
exterieures , mais ils n'en
brulerent qu'environ vingt
mille rations. Les Lettres
d'Ypres portent , que les
François font de grands
preparatifs fur la Frontiere ,
&
GALANT 265
& qu'un parti de la Garniſon
en a defait un de foixante
& dix hommes de celle
d'Audenarde . Celles de Namur
portent que le fieur
du Moulin étant allé en parti
avoit brulé plufieurs batteaux
chargez de fourages
qui remontoient fur la
Meufe de Mastricht à
Liege . Dautres Lettres plus
récentes
de Namur portent
que depuis le commencement
de Janvier les partis
de la Garnifon avoient fait
plufieurs courſes , & avoient
toûjours amené des prifon,
Fanvier 1713 .
Ꮓ
266 MERCURE
niers & du butin , & qu'un
de cinquante Huffars étant
arrivé jufqu'au canal de
Bruxelles , avoient pillé la
Barque & fait vingt - cinq
prifonniers , la plufpart Of
ficiers.
On mande de Dunkerque
du 27. Decembre que
depuis quelques jours , les
Armateurs de ce Port y
avoient amené fix prifes
Hollandoifes , dont il y en
avoit trois chargées de
grains , deux autres d'Oranges,
de Citrons , de Figues,
de raifins fees, & d'autres
GALANT 267
Marchandifes , & que la
fixiéme qui étoit fort riche ,
étoit chargée de fucre & de
cuivre .
Les Lettres de Tournay
du 12 Janvier portent que
le Landgrave de Heffe - Caffel
avoit envoyé ordre à fes
Troupes qui y font en garnifon,
d'en fortit pour tevenir
dans fès Etats , & qu'elles .
pártiroient fitoft qu'elles auroient
des réponfes de la
Haye ; que les Troupes Da
noiſes qui font en diverſes
places avoient reçûs le
mefme ordre. Le bruit
Zij
268 MERCURE
court mefme que celles de
Hanover ont auffi ordre de
s'en retourner.
Un détachement de Trou
au 5
pes Françoifes s'étant approché
de Mons la nuit du 4 .
de Janvier , jetterent
avec des petits Mortiers , des
artifices fur des Magafins de
Foin & d'Avoine L. qui
étoient dans les ouvrages
exterieures , mais ils n'en
brulerent qu'environ vingt
mille rations. Les Lettres
d'Ypres portent , que les
François font de grands
preparatifs fur la Frontiere ,
&
GALANT 265
& qu'un parti de la Garniſon
en a defait un de foixante
& dix hommes de celle
d'Audenarde . Celles de Namur
portent que le fieur
du Moulin étant allé en parti
avoit brulé plufieurs batteaux
chargez de fourages
qui remontoient fur la
Meufe de Mastricht à
Liege . Dautres Lettres plus
récentes
de Namur portent
que depuis le commencement
de Janvier les partis
de la Garnifon avoient fait
plufieurs courſes , & avoient
toûjours amené des prifon,
Fanvier 1713 .
Ꮓ
266 MERCURE
niers & du butin , & qu'un
de cinquante Huffars étant
arrivé jufqu'au canal de
Bruxelles , avoient pillé la
Barque & fait vingt - cinq
prifonniers , la plufpart Of
ficiers.
On mande de Dunkerque
du 27. Decembre que
depuis quelques jours , les
Armateurs de ce Port y
avoient amené fix prifes
Hollandoifes , dont il y en
avoit trois chargées de
grains , deux autres d'Oranges,
de Citrons , de Figues,
de raifins fees, & d'autres
GALANT 267
Marchandifes , & que la
fixiéme qui étoit fort riche ,
étoit chargée de fucre & de
cuivre .
Les Lettres de Tournay
du 12 Janvier portent que
le Landgrave de Heffe - Caffel
avoit envoyé ordre à fes
Troupes qui y font en garnifon,
d'en fortit pour tevenir
dans fès Etats , & qu'elles .
pártiroient fitoft qu'elles auroient
des réponfes de la
Haye ; que les Troupes Da
noiſes qui font en diverſes
places avoient reçûs le
mefme ordre. Le bruit
Zij
268 MERCURE
court mefme que celles de
Hanover ont auffi ordre de
s'en retourner.
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Résumé : Nouvelles de Flandres.
En janvier 1713, plusieurs événements militaires et maritimes ont marqué la Flandres. La nuit du 4 janvier, des soldats français ont incendié environ vingt mille rations de foin et d'avoine près de Mons. À Ypres, les Français préparaient des opérations frontalières et un groupe de la garnison a vaincu un détachement de soixante-dix hommes d'Audenarde. À Namur, des troupes ont brûlé des bateaux chargés de fourrages sur la Meuse. Divers raids ont été menés, capturant des prisonniers et du butin, comme un groupe de cinquante hussards qui ont fait vingt-cinq prisonniers, principalement des officiers. À Dunkerque, des armateurs ont capturé six navires hollandais, dont trois chargés de grains, trois de fruits et marchandises diverses, et un richement chargé de sucre et de cuivre. Des lettres de Tournay rapportent que les troupes du Landgrave de Hesse-Cassel et les troupes danoises ont reçu l'ordre de quitter leurs garnisons pour retourner dans leurs États. Des rumeurs évoquent un retrait similaire des troupes de Hanovre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 127-129
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
On travaille à Vienne, aux preparatifs pour la reception de l'Archiduchesse [...]
Mots clefs :
Florins, Princesse, Archiduchesse, Italie, Garnison, Moselle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d*Allemagne.
On travaille à Vienne, aux
preparatifs pour la reception
de l'Archiduchesse qui doit
partir de Barcelonne vers la
fin du mois de Mars. On
assure que l'Archiduc est
convenu avec les Anglois
,
de
leur payer cent florins pour
chaque per sonne de la suite
de cette Princesse qu'ils
tranrporteront en Italie,
quarante florins pour chaque
Cavalier,& vingt-cinq pour
chaque Fantassin.
Les lettres de Strasbourg
du zi.MÀrs, portentqu'un
parti des Troupes
«
Françoises
, avoit surpris &
entierement défait quatre
Compagnies de Houssars
qui alloient de Philisbourg à
Landau, dont vingt -cinq
avoient été tuez, soixante
faits prisonniers, & beaucoup
de chevaux pris, sans
autre perte que de cinq
hommes tuez & treize blessez;
qu'un autre parti François
avoit défait quarante
hommes de la Garnison de
Traerbach; sur la Moselle.
On travaille à Vienne, aux
preparatifs pour la reception
de l'Archiduchesse qui doit
partir de Barcelonne vers la
fin du mois de Mars. On
assure que l'Archiduc est
convenu avec les Anglois
,
de
leur payer cent florins pour
chaque per sonne de la suite
de cette Princesse qu'ils
tranrporteront en Italie,
quarante florins pour chaque
Cavalier,& vingt-cinq pour
chaque Fantassin.
Les lettres de Strasbourg
du zi.MÀrs, portentqu'un
parti des Troupes
«
Françoises
, avoit surpris &
entierement défait quatre
Compagnies de Houssars
qui alloient de Philisbourg à
Landau, dont vingt -cinq
avoient été tuez, soixante
faits prisonniers, & beaucoup
de chevaux pris, sans
autre perte que de cinq
hommes tuez & treize blessez;
qu'un autre parti François
avoit défait quarante
hommes de la Garnison de
Traerbach; sur la Moselle.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
En Allemagne, des préparatifs sont en cours à Vienne pour accueillir l'Archiduchesse de Barcelone. L'Archiduc a convenu avec les Anglais de financer le transport de sa suite en Italie. À Strasbourg, des troupes françaises ont vaincu des hussards près de Philisbourg et Landau, capturant des prisonniers et des chevaux. Elles ont également défait des hommes de la garnison de Traerbach.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 70-73
Nouvelles d'Utrecht.
Début :
Les Lettres d'Utrecht portent que le Duc d'Ossone avoit eu plusieurs [...]
Mots clefs :
Utrecht, Duc d'Ossone, Vienne, États généraux , Garnison, Assemblée d'Utrecht
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Utrecht.
Nouvellesd'Utrecht.
Les Lettres d'Utrecht
portent que le Duc d'Ossone
avoit eu plusieurs confcrcnces
avec les Ministres des
Alliez, & qu'il attendoit de
jour en jour d'Angleterre
le Marquis de Monteleon
pour terminer sa negotiation
; .& le Baron de
Kirchacr troisiéme Pleni-
.J
potentiare de l'Archiduc en
partit le 17 May, avec le
Secretaire de l'Ambassade
pour aller à Dusseldorp, &
delà à Vienne, & que les bagages
du Comte de Sinzendorf
avoit dejà pris la même
route;qu'il y avoit peu d'apparence
que la Cour de
Vienne voulut accepter les
conditions qui luy ont été
offertes. Que les Ministres
des Princesdontles Troupes
ont été congédiées par les
Etats Généraux, avoient
presentédes memoires pour
les faire payer des atterages
quileur sont dûs; que lapluU
part marchoient vers le Rhin
joindre l'armée de l'Empire,
que les Etats du Pays de
Liege avoient fait signifier à
l'Assemblée d'Utrecht, une
protestation contre le i6°
Article du Traité de Paix
fait avec cet Etat; par lequel
on consent qu'ils mettent
garnison dans la Ville & 1er
Chasteau de Huy, & dan$
la Citadelle de Liege. On
mandede Namut du 6. Juin
que les Troupçs Holbn*
ldaoiVseislléçto,&iedncaeqnstlreéeCshadQaen?sq; -le
le ip. May, & qu'enmême
tems celles de France étoient
entrées dans Bethune & dans
Saint Venant,& qu'on devoit
continuer jusqu'à l'entiere
évacuation des places
cedécs de part & d'autre.
Les Lettres d'Utrecht
portent que le Duc d'Ossone
avoit eu plusieurs confcrcnces
avec les Ministres des
Alliez, & qu'il attendoit de
jour en jour d'Angleterre
le Marquis de Monteleon
pour terminer sa negotiation
; .& le Baron de
Kirchacr troisiéme Pleni-
.J
potentiare de l'Archiduc en
partit le 17 May, avec le
Secretaire de l'Ambassade
pour aller à Dusseldorp, &
delà à Vienne, & que les bagages
du Comte de Sinzendorf
avoit dejà pris la même
route;qu'il y avoit peu d'apparence
que la Cour de
Vienne voulut accepter les
conditions qui luy ont été
offertes. Que les Ministres
des Princesdontles Troupes
ont été congédiées par les
Etats Généraux, avoient
presentédes memoires pour
les faire payer des atterages
quileur sont dûs; que lapluU
part marchoient vers le Rhin
joindre l'armée de l'Empire,
que les Etats du Pays de
Liege avoient fait signifier à
l'Assemblée d'Utrecht, une
protestation contre le i6°
Article du Traité de Paix
fait avec cet Etat; par lequel
on consent qu'ils mettent
garnison dans la Ville & 1er
Chasteau de Huy, & dan$
la Citadelle de Liege. On
mandede Namut du 6. Juin
que les Troupçs Holbn*
ldaoiVseislléçto,&iedncaeqnstlreéeCshadQaen?sq; -le
le ip. May, & qu'enmême
tems celles de France étoient
entrées dans Bethune & dans
Saint Venant,& qu'on devoit
continuer jusqu'à l'entiere
évacuation des places
cedécs de part & d'autre.
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Résumé : Nouvelles d'Utrecht.
Les nouvelles d'Utrecht indiquent que le Duc d'Ossone a tenu plusieurs conférences avec les ministres des alliés et attend le Marquis de Monteleon d'Angleterre pour conclure ses négociations. Le Baron de Kirchacr, troisième plénipotentiaire de l'Archiduc, a quitté Utrecht le 17 mai pour Dusseldorp, puis Vienne, accompagné des bagages du Comte de Sinzendorf. La Cour de Vienne semble peu disposée à accepter les conditions proposées. Les ministres des princes, dont les troupes ont été congédiées par les États Généraux, ont demandé à être payés des arrérages dus. La plupart de ces troupes se dirigent vers le Rhin pour rejoindre l'armée de l'Empire. Les États du Pays de Liège ont protesté contre le 16e article du traité de paix, qui autorise la mise en place de garnisons à Huy et dans la citadelle de Liège. De Namur, le 6 juin, il est rapporté que les troupes hollandaises ont été licenciées et que les troupes françaises ont occupé Bethune et Saint Venant, avec une évacuation complète des places cédées des deux côtés.
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12
p. 95-100
Nouvelles d'Angleterre.
Début :
La Reine a donné au Duc d'Ormond le gouvernement [...]
Mots clefs :
Reine, Gouverneur, Chambre, Gardes, Garnison, Officiers, Projet, Milices, Impôts, Émeute
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre.
Nouvelles d'Angleterre.
,
La Reine a donné au Duc
Ormond lc gouverneent
des 5. Ports, qui est
n des plus considerables
u Royaume, que possedoit
i devant le Comte de Dor-
°t,La Lieutenace a été donée
à Milord Ashburnam
endre du Duc d'Ormond,.
Le Chevalier Henry Bel-
LfIìs a ete fait Gouverneur
e la ville de Bervvick sur
es frontieres d'Ecosse. La
:harnbre en grand comité
; resolu d'accorder 832.81.liv.
sterlin pour l'entrerien des
gardes & des garnisons de
la grande Bretagne ;
29095
liv. pour la garnison de Minorque;
18771. liv. pour la
garnison deGibraltar; 38964.
pour ceUe deDunkerque;&
9300.liv. pour ce qui est du
auxtroupes de Saxe-Gotha.
On a présence une adresse
à la Reine, pour la prier de
faire communiquer à la
Chambre une estimation
des sommes necessaires
pour donner la demi-paye
aux Officiers de terre qui
ont été reformez.
La
La Chambre a ordonné
le dresser un projet d'acte
pour donner pouvoir aux
Commissaires chargez de
áíre construire cinquante
nouvelles Eglises, d'acheer
du terrain pour les Eglies,
pour les cemetieres,&
pour les maisons des Mi-*
nistres.
Le 28. May les Communes
lûrent un projec da£te
pour lever cette année les
milices, & elles resolurent
le presenter une adresse à
a Reine, pour la prier de
eur faire communiquer
une estimation de la demi
paye qui doit etre donnei
aux Officiers & aux
Chapelains
de l'artillerie qui
ont servi en Flandres, e
Espagne & ailleurs ; a
prés quoy la Chambre e
grand comité travailla au
moyens de lever le subside
& il fut resolu de mettre
une imposition de deux
schelins par aune sur lc
roiles a faire des voiles, cm
[crone aportees durant sep
ans des paysetrangers;&
qu'au contraire on diminueraun
schelin par autM
sur les mêmes toiles fabriquées
dans le Royaume, &
qui [crone transportées aux
pays étrangers ;qu'on fera
la même grace aux tabacs
gâtez dans les magasins.
Les lettres d'Edimbourg
du 30. Juin portent qu'il y
a eu un grand tumulte,á
cause que les Officiers de
la Doüane avoient consisque
des marchandises qu'-
on faisoit entrer en fraude.
La populace se soûleva, enfonça
les portes de la Doüane
, jetta deux des Officiers
dans la riviere, qui ne furent
pas noyez, & enleva
les marchandises. Le Commandant
du château fut
obligé d'envoyer un detachement
de la garnison
pour appaiser ce desordre.
,
La Reine a donné au Duc
Ormond lc gouverneent
des 5. Ports, qui est
n des plus considerables
u Royaume, que possedoit
i devant le Comte de Dor-
°t,La Lieutenace a été donée
à Milord Ashburnam
endre du Duc d'Ormond,.
Le Chevalier Henry Bel-
LfIìs a ete fait Gouverneur
e la ville de Bervvick sur
es frontieres d'Ecosse. La
:harnbre en grand comité
; resolu d'accorder 832.81.liv.
sterlin pour l'entrerien des
gardes & des garnisons de
la grande Bretagne ;
29095
liv. pour la garnison de Minorque;
18771. liv. pour la
garnison deGibraltar; 38964.
pour ceUe deDunkerque;&
9300.liv. pour ce qui est du
auxtroupes de Saxe-Gotha.
On a présence une adresse
à la Reine, pour la prier de
faire communiquer à la
Chambre une estimation
des sommes necessaires
pour donner la demi-paye
aux Officiers de terre qui
ont été reformez.
La
La Chambre a ordonné
le dresser un projet d'acte
pour donner pouvoir aux
Commissaires chargez de
áíre construire cinquante
nouvelles Eglises, d'acheer
du terrain pour les Eglies,
pour les cemetieres,&
pour les maisons des Mi-*
nistres.
Le 28. May les Communes
lûrent un projec da£te
pour lever cette année les
milices, & elles resolurent
le presenter une adresse à
a Reine, pour la prier de
eur faire communiquer
une estimation de la demi
paye qui doit etre donnei
aux Officiers & aux
Chapelains
de l'artillerie qui
ont servi en Flandres, e
Espagne & ailleurs ; a
prés quoy la Chambre e
grand comité travailla au
moyens de lever le subside
& il fut resolu de mettre
une imposition de deux
schelins par aune sur lc
roiles a faire des voiles, cm
[crone aportees durant sep
ans des paysetrangers;&
qu'au contraire on diminueraun
schelin par autM
sur les mêmes toiles fabriquées
dans le Royaume, &
qui [crone transportées aux
pays étrangers ;qu'on fera
la même grace aux tabacs
gâtez dans les magasins.
Les lettres d'Edimbourg
du 30. Juin portent qu'il y
a eu un grand tumulte,á
cause que les Officiers de
la Doüane avoient consisque
des marchandises qu'-
on faisoit entrer en fraude.
La populace se soûleva, enfonça
les portes de la Doüane
, jetta deux des Officiers
dans la riviere, qui ne furent
pas noyez, & enleva
les marchandises. Le Commandant
du château fut
obligé d'envoyer un detachement
de la garnison
pour appaiser ce desordre.
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Résumé : Nouvelles d'Angleterre.
Le document décrit plusieurs décisions politiques en Angleterre. La Reine a confié au Duc d'Ormond le gouvernement des Cinq Ports, précédemment sous l'autorité du Comte de Dorset. Milord Ashburnam a été nommé lieutenant sous les ordres du Duc d'Ormond. Le Chevalier Henry Bellasis a été nommé Gouverneur de Berwick. Le Parlement a alloué des fonds pour l'entretien des gardes et garnisons en Grande-Bretagne, à Minorque, Gibraltar, Dunkerque, et pour les troupes de Saxe-Gotha. Une adresse à la Reine a été présentée pour estimer les sommes nécessaires à la demi-paye des officiers réformés. La Chambre des Communes a ordonné la rédaction d'un projet de loi pour construire cinquante nouvelles églises et acquérir des terrains. Le 28 mai, les Communes ont lu un projet de loi pour lever les milices et ont résolu de présenter une adresse à la Reine pour la demi-paye des officiers et aumôniers de l'artillerie. Le Parlement a décidé d'imposer deux schelins par aune sur les toiles importées et de réduire d'un schelin par aune l'impôt sur les toiles exportées. Des troubles ont éclaté à Édimbourg le 30 juin contre les officiers des douanes, obligeant le commandant du château à envoyer des troupes pour rétablir l'ordre.
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13
p. 226-227
Nouvelles de Flandres.
Début :
Les Lettres de Gand & de Bruges portent que trois [...]
Mots clefs :
Cavalerie, Flandres, Garnison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Flandres.
Nouvelles de Flandres.
LesLettres de Gand &
de Brugesportent que trois
Regiments de cavalerie
Anglois qui y estoient en
garnison, en estoient partis
pour s'aller embarquer
& repasser en Angleterre,
que le General Sabin
ayant découvert que quel.t
ques soldats tramoient une
nouvelle conspiration, avoit
fait venir de Bruges
quelques Regiments de
Dragons qui arriverent le
11. Juillet à trois heures du
matin, & occu perent les
avenuës des casernes,qu'on
y avoit pris les autheurs du
précedent tumulte, qui
aprés un Conseil de guerre
furent arquebufez le lendemain
avec cinq autres.
LesLettres de Gand &
de Brugesportent que trois
Regiments de cavalerie
Anglois qui y estoient en
garnison, en estoient partis
pour s'aller embarquer
& repasser en Angleterre,
que le General Sabin
ayant découvert que quel.t
ques soldats tramoient une
nouvelle conspiration, avoit
fait venir de Bruges
quelques Regiments de
Dragons qui arriverent le
11. Juillet à trois heures du
matin, & occu perent les
avenuës des casernes,qu'on
y avoit pris les autheurs du
précedent tumulte, qui
aprés un Conseil de guerre
furent arquebufez le lendemain
avec cinq autres.
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Résumé : Nouvelles de Flandres.
Trois régiments de cavalerie anglaise ont quitté Gand et Bruges pour l'Angleterre. Le général Sabin a découvert une conspiration parmi les soldats. Des dragons de Bruges ont occupé les casernes le 11 juillet. Huit conspirateurs ont été exécutés après un conseil de guerre.
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14
p. 173-185
RELATION de la prise de Landau.
Début :
Le 19. d'Aoust à dix heures du matin les Ennemis [...]
Mots clefs :
Prise, Landau, Capitulation, Troupes, Drapeau, Canon, Garnison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION de la prise de Landau.
RELATION
de la prise de Landau.
LEig. d'Aoustàdixheures
du matin les Ennemis
battirent la chamade, mirent
le drapeau sur la breche,
ayant demandé à capituler.
Les ostages furent
envoyez de part & d'autre,
& demandèrentune capitulation
honorable. Larefponse
de Mr le Mareschal
de Villars ne les rendit pas
contents , en leur disant
qu'il n'y avoit point d'autre
capitulation que celle d'estre
prisonniers de guerre.
Mr le Prince deWirttemberg
ne voulut point se
soumettre à moins de sui.
vre la capitulation deTournay,
qui estoit d'aller prisonnier
de guerre sur leur
parole dans leur pays, &:
de ne point du tout servir
jusqu'à ce qu'ils fussent échangez
quand l'occasion
en seroit venuë, ce que Mr
le Mareschal de Villars n'a
voulu leur accorder. Les
ostages refpondirent qu'ils
aimeroient mieux sacrifier
le tout pour le tout;Mr de
Villars leur dit que s'ils
l'obligeoient à faire tirer
encore un coup de caren ;
il ne les recevroit plus qu'à
dilcrction,& que les Grenadiers
ne demandoient
pas mieux que de monter
à l'aHaut, desorte que la
cessation d'armes ne dura
pas long temps. Le19.qui
estoit le mesmejour sur ks
neufheures du soir après
que chacun fut retirédans
leur pané, &c le drapeau
osté de dessus la brèche,
sur le cham p le carillon recommença
à grande volée
de coups de canon, &
une pluye continuelle de
bombes avec un feu terrible
de mousqueterie pendant
toute la nuit qui dura
jusqu'au lendemain matin
Dimanche zo.duditmois,
ils remirent leur drapeau
sur la breche
J
& demanderent
pour la dernière fois.
à capituler, qui fut le jour
) qu'elle se rendit à l'obëissance
du Roy.
Premièrement qu'ils feroient
prisonniers de guerrc
en France ce qui leur fut,
accordé.
2,°. Que tous les Officiers
garderoient leur épée, te
que le Prince deWirtembert
auroit liberté pour
trois mois, aprèslequel
temps il se rendroit prisonnier
à Peronne. C'est un
Prince de trente ans, de
bonne mine, bien fait, parlant
bon François.
Qu'aucun soldat ne fera
dépoüillé ny deshabillé.
Que l'on ne fcparera
point les Regiments tant
d'Infanrerie que de Cavalerie
, & que les équipages
des Officiers feroient envoyez
à Philisbourg. Le
mesmejour20. ducourant
on ne marcher tour le piquet
qu'on posta autour de
la Ville
, parce qu'ils ne
nous livrèrent la porte de
France que le lendemain
21. Tout estoit farcy de
troupes par les gardes ordinaires
des tranchées, afin
d'empescher que les HuG,
fards des Ennemis ne se
sauvassent la nuit, cequ'ils
avoient envie de faire sans
les justesprécautions qu'on
prit. Le 22. le Prince sortit
à dix heures du matin,
avec tout son équipage ôc
s'en alla à Philisbourg pour
y rester trois mois. On obligea
la garnison qui estoit
toute armée de porter leurs
armes dans un magasin
destiné pour cela, ce qui
fc fie avec ordre & sans
confusion. Sur les deux
heures aprés midiils commencerent
à defiler hors
de la Ville par la porte de
France, le chemin bordé
des deux costez de nos
troupes, & le detachement
commandé les conduisit à
Haguenau
,
ils font forcis
près de 6000. hommes. Jamais
Place de cette con»
sequence n'a moins cousté
d'hommes, nous n'avons
pas perdu 3500., ils en ont -
bien perdu 1500» le reste
tant en malades que blessez
des Ennemis 1500.
hommes, la garnison estoit
de 10000. hommes des
meilleures troupes, il sortit
d'abord
Le Regiment d'Anspach,
habillé de bleu.
Contaichetin bleu, parement
rouge.
Le Regiment de Nasfau
bleu parement rouge.
Le Regiment d'isseler
blanc,parement rouge.
Des Vins qui estoit un
détachement de Grenadiers
qui ont des bonnets
rouges mitrez.
Le Regiment d.lArme.
tat bleu.
Celuy de Gueborne bleu
est le plus beau de tous.
Mincherre blanc, douplé
de rouge, & les Officiers
habillez de verd.
Environ quatre-vingts
Hussards à pied, & trois ou
quatre cens Cavaliersaussi
à pied, qui ont laissé de
beaux chevaux,une compagnie
franche de deux
cens hommes.
On a trouvé dans cette
Place plusde soixante pieces
de canon, plusieurs
mortiers, quantité de bombes
-& de boulets, peu de
jnyflixions& d'armes ayant estéconsommées dansl'incendie
du magasin.
LandauVille d'Allemagne
dans la. basse Alsace
estune desplus fortes Pla„-
ces de cette Province;elle
est située sur la Riviere de
Queichaux confins duPa-
-latinat. C'estoit une des
VillesImperiales dela Préfecture
Provinciale ou de
Haguenau. Elle fut engagée
à Othon Evesque de
Spire par l'Empereur Loüis
de Baviere, & dégagée l'an
1511. par l'Empereur Maximilien
qui lui redonna
la liberté dont elle joüissoit
avant cetengagement.
Elle a esté ccdée à la France
par la Paix de Munster,
&estappelléeLandavia par
les Latins. 1
Cetre Ville a souffert
quatre sieges au commencement
de ce siecle. Les
Imperiaux la prirent en
1702. le Roy des Romains
depuis Empereur, mort en
1711. les commandant en
personne, &elle fut reprise:
se l'année suivante par les
François fous les ordres de
Monseigneur le Duc de
Bourgogne en 1704. Les
Allemands l'ayant assiegée
de nouveaus'en rendirent
les maistres.Assiegée par
les François dans le mois
de Juillet elle s'est renduë
le 20. Aoust à l'obëissance
du Roy.
de la prise de Landau.
LEig. d'Aoustàdixheures
du matin les Ennemis
battirent la chamade, mirent
le drapeau sur la breche,
ayant demandé à capituler.
Les ostages furent
envoyez de part & d'autre,
& demandèrentune capitulation
honorable. Larefponse
de Mr le Mareschal
de Villars ne les rendit pas
contents , en leur disant
qu'il n'y avoit point d'autre
capitulation que celle d'estre
prisonniers de guerre.
Mr le Prince deWirttemberg
ne voulut point se
soumettre à moins de sui.
vre la capitulation deTournay,
qui estoit d'aller prisonnier
de guerre sur leur
parole dans leur pays, &:
de ne point du tout servir
jusqu'à ce qu'ils fussent échangez
quand l'occasion
en seroit venuë, ce que Mr
le Mareschal de Villars n'a
voulu leur accorder. Les
ostages refpondirent qu'ils
aimeroient mieux sacrifier
le tout pour le tout;Mr de
Villars leur dit que s'ils
l'obligeoient à faire tirer
encore un coup de caren ;
il ne les recevroit plus qu'à
dilcrction,& que les Grenadiers
ne demandoient
pas mieux que de monter
à l'aHaut, desorte que la
cessation d'armes ne dura
pas long temps. Le19.qui
estoit le mesmejour sur ks
neufheures du soir après
que chacun fut retirédans
leur pané, &c le drapeau
osté de dessus la brèche,
sur le cham p le carillon recommença
à grande volée
de coups de canon, &
une pluye continuelle de
bombes avec un feu terrible
de mousqueterie pendant
toute la nuit qui dura
jusqu'au lendemain matin
Dimanche zo.duditmois,
ils remirent leur drapeau
sur la breche
J
& demanderent
pour la dernière fois.
à capituler, qui fut le jour
) qu'elle se rendit à l'obëissance
du Roy.
Premièrement qu'ils feroient
prisonniers de guerrc
en France ce qui leur fut,
accordé.
2,°. Que tous les Officiers
garderoient leur épée, te
que le Prince deWirtembert
auroit liberté pour
trois mois, aprèslequel
temps il se rendroit prisonnier
à Peronne. C'est un
Prince de trente ans, de
bonne mine, bien fait, parlant
bon François.
Qu'aucun soldat ne fera
dépoüillé ny deshabillé.
Que l'on ne fcparera
point les Regiments tant
d'Infanrerie que de Cavalerie
, & que les équipages
des Officiers feroient envoyez
à Philisbourg. Le
mesmejour20. ducourant
on ne marcher tour le piquet
qu'on posta autour de
la Ville
, parce qu'ils ne
nous livrèrent la porte de
France que le lendemain
21. Tout estoit farcy de
troupes par les gardes ordinaires
des tranchées, afin
d'empescher que les HuG,
fards des Ennemis ne se
sauvassent la nuit, cequ'ils
avoient envie de faire sans
les justesprécautions qu'on
prit. Le 22. le Prince sortit
à dix heures du matin,
avec tout son équipage ôc
s'en alla à Philisbourg pour
y rester trois mois. On obligea
la garnison qui estoit
toute armée de porter leurs
armes dans un magasin
destiné pour cela, ce qui
fc fie avec ordre & sans
confusion. Sur les deux
heures aprés midiils commencerent
à defiler hors
de la Ville par la porte de
France, le chemin bordé
des deux costez de nos
troupes, & le detachement
commandé les conduisit à
Haguenau
,
ils font forcis
près de 6000. hommes. Jamais
Place de cette con»
sequence n'a moins cousté
d'hommes, nous n'avons
pas perdu 3500., ils en ont -
bien perdu 1500» le reste
tant en malades que blessez
des Ennemis 1500.
hommes, la garnison estoit
de 10000. hommes des
meilleures troupes, il sortit
d'abord
Le Regiment d'Anspach,
habillé de bleu.
Contaichetin bleu, parement
rouge.
Le Regiment de Nasfau
bleu parement rouge.
Le Regiment d'isseler
blanc,parement rouge.
Des Vins qui estoit un
détachement de Grenadiers
qui ont des bonnets
rouges mitrez.
Le Regiment d.lArme.
tat bleu.
Celuy de Gueborne bleu
est le plus beau de tous.
Mincherre blanc, douplé
de rouge, & les Officiers
habillez de verd.
Environ quatre-vingts
Hussards à pied, & trois ou
quatre cens Cavaliersaussi
à pied, qui ont laissé de
beaux chevaux,une compagnie
franche de deux
cens hommes.
On a trouvé dans cette
Place plusde soixante pieces
de canon, plusieurs
mortiers, quantité de bombes
-& de boulets, peu de
jnyflixions& d'armes ayant estéconsommées dansl'incendie
du magasin.
LandauVille d'Allemagne
dans la. basse Alsace
estune desplus fortes Pla„-
ces de cette Province;elle
est située sur la Riviere de
Queichaux confins duPa-
-latinat. C'estoit une des
VillesImperiales dela Préfecture
Provinciale ou de
Haguenau. Elle fut engagée
à Othon Evesque de
Spire par l'Empereur Loüis
de Baviere, & dégagée l'an
1511. par l'Empereur Maximilien
qui lui redonna
la liberté dont elle joüissoit
avant cetengagement.
Elle a esté ccdée à la France
par la Paix de Munster,
&estappelléeLandavia par
les Latins. 1
Cetre Ville a souffert
quatre sieges au commencement
de ce siecle. Les
Imperiaux la prirent en
1702. le Roy des Romains
depuis Empereur, mort en
1711. les commandant en
personne, &elle fut reprise:
se l'année suivante par les
François fous les ordres de
Monseigneur le Duc de
Bourgogne en 1704. Les
Allemands l'ayant assiegée
de nouveaus'en rendirent
les maistres.Assiegée par
les François dans le mois
de Juillet elle s'est renduë
le 20. Aoust à l'obëissance
du Roy.
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Résumé : RELATION de la prise de Landau.
Le 10 août, les forces ennemies demandèrent à capituler après avoir signalé leur intention de négocier en battant la chamade et en hissant un drapeau sur la brèche. Les négociations pour une capitulation honorable échouèrent en raison du refus du maréchal de Villars d'accepter toute autre condition que la reddition en tant que prisonniers de guerre. Le prince de Wurtemberg exigea les termes de la capitulation de Tournay, mais Villars refusa. Les otages déclarèrent qu'ils préféraient continuer le combat jusqu'au bout. Les hostilités reprirent avec un bombardement intense jusqu'au 20 août, date à laquelle les ennemis demandèrent à nouveau à capituler. Les termes acceptés incluaient la reddition en tant que prisonniers de guerre en France, la conservation des épées pour les officiers, et une liberté temporaire pour le prince de Wurtemberg. La garnison, composée de 10 000 hommes, se rendit et fut conduite à Haguenau. Les pertes françaises s'élevèrent à 3 500 hommes, tandis que les ennemis perdirent environ 1 500 hommes. Par ailleurs, Landau, une ville fortifiée en Basse-Alsace, avait déjà subi quatre sièges au début du XVIIIe siècle. Elle fut prise par les Impériaux en 1702 et reprise par les Français en 1704.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 254-266
Extrait de la Capitulation du Chasteau & des Forts de la Ville de Fribourg, accordée le 16. Novembre par Mr le Maréchal, Duc de Villars, commandant l'Armée du Roy.
Début :
Que le 20. Novembre sortiront des deux Châteaux & des [...]
Mots clefs :
Capitulation, Fribourg, Maréchal de Villars, Garnison, Lieutenant général, Canon, Mortier, Archives, Assiégés
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texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Capitulation du Chasteau & des Forts de la Ville de Fribourg, accordée le 16. Novembre par Mr le Maréchal, Duc de Villars, commandant l'Armée du Roy.
Extrait de la Capitulation du
' Cbajleau &des Forts dela
faille de Fribotttg
,
accordée
le i C, Novembrepar Mr le
Maréchala Duc de Villars
commandantl'Admit-, du
O ,'':- Ue le io. Novembre
forcironr desdeux Cbâ.
teaux & des Forts les deux
Garnisons, avec toutes les
marques d'honneur, fous le
Lieutenant général de Bataille
Baron de Wachtendonck, les
deux Commandans de Hanftem
& de Dominique
, tous
les Officiers, avec leurs Dpmeftiques&
équipages qui feront
conduits jusqu'au Camp
Imperial de Rotweïlen Sua-
Le, dans quatre ou cinq
jours. Que,;sixpicces de Canon,
marcheront à la teftc^fçavoir;
.trois,de douze,&trois df six
livres de balle; qe plus quatre
Mortiers decent, 4 trois de
soixanielivresavec la poudrare,
boulet*, bombes & atti-
raiUlss~aeeçccefÙlaaijrrcessppoourur tirer cinquante
coups, aussi bien que
pour toute l'Infanterie & les
Dragons;& pour chaque
Grenadier cinq grenades.
Que cette marche commencera
par les équipages
suffisamment efcorrcz, qu'on
rendra le jour
-
d'auparavant
tous les équipages pris dans la
Ville, meubles & hardes, &
autres; qu'on rendra de bonne
foy tous les chevaux pris
& tource quiappartientàcette
garnison
,
& que la quantité
de chevaux & chariots
dont on a besoin fera fournie
gratis pour le transport jusqu'audit
Rotweil.
Qu'on emmencra librement
tous les Documents &
Ecrits qui font dans les deui
Châteaux concernant les Archlves,
& d'y pouvoir join*
dre ce qui pourroit efire de
plus dans la Ville appartenant
à cela.
Que cous ceux qui voudront
sortir de Fribourg foit presentement
ou dans l'espace de
troismois, comme cela ro
comprend dans toutes les Capitulations
d'honneur, il
leur foit permis, de vendre"
leurs biens - & d'emmener leurs
bagages
j avec les Paflfeports necc:& queJdans ccc
aitick puiflefu cftre/compris
Mrsde ta-Rcgenoe,&c.
- Que lesOfficiers &soldats
malades .& blessez puissent
rester à Fribourg, logez grads.
cbez.les,Bburgeoisravec
les Chirurgiens & autres, pout
cfsfetvir, recevant leur pain
dcïla.farinelaâffée pour ce
fitjet, Çivlesraedjcaraen^idi
mème>, jufipàce;qu'ils
firent en état de partir avec
Passeportspour se rendre à. leursCorps.*
;.
Quetousprisonnierstant -- -
ceuxqui ont csté- lignesyquependantlesiege,
.& cous ceuxqui sont restez
danslaVille, feront rendus,
avec leurs habits & armes.Il
nesera point permis en fortant
de tirer aucun foldac
hors de son rang ou de lccLébaucher
, excepté les defefteurs.
Qu'onmontrera de bonne
foy toutes les minesxtouïg^
l'artillerie &tous les tvivrcs"
qui sontdans les deuxChaf-
, teaux.
, - Que la garnison fera
«
pourveuë de pain pourcinq
jours. ijulqujLRowcil : &
rconime les fours des ChaslVtaca,
uoxninellessulfffeeisrean.tcupiarsepdoaunrslcae- Quelesdettescontra"-,\:f
par lesOfficiers ou--auticsi,
dont-oa^exceptelesvinyja -
viande,le bois& cequ'ila
fallu prendre pour la nourriture
du soldat, & l'usage du
siege ,ce qui ne paye pas, on -
laissera pour les deux premieresclasses
le sieur Dalberdoff,
premier Commissaire
des guerresen ostage, jusqu'à
ce qu'on aurasatisfait,
& on n'éxigera point d'autres
ostages parmi les Officiers.
Qu'aussi-tost la presente
Capitulation fignéc ,on envoyeraun
courier au Prince
EugenedeSavoye, & autre
, pour avertir de la marche
decettegarnison, à
^atvrcil, ( •:: • Qu'oncedera enattendant
la sortie
,
le petit Ouvrage
,,qui est devant la porte de
ceChasteauàlamoitié dela
contrescarpe verslaVille:au
Fort S. Pierre, l'Ouvrage £
, corne&laRedouteattaqué,
^aueiid^flc ^;ciue tca)~ f
deuxôtagespour N4'Jtë LieutenantColonel
Iberaker,&
Mr le Lieutenant Colonel cPErp#<-Jf..1
La Garnison 'n'tfflpfortifc
que le 2.2.ï£aufe3dunY^tfvrfs
temps. Elle ¡ estoit iëltipofefc
ec prés dé?f£|>tVrtitfehbfenm^s»,
& étoit de treize milleau
tommcncerhent du SkgÊJ
Le 31 Octobre Mrle Comte
d'AttatjnattLleàtèriirtft ~~raf~A~~aa~~
^ftWnt1CIÉjètir' àrîtetrâtid^efe
^cfrtbotrtg/fîrattaquer par
d^drcii^Mttnïrèirt le Maré-
^hàtdcrViîfets fàPdcitt(i^ltmë>
laquelle sur emportée dans
l'instant par la valeur des
Troupes, quoy que deffenduë
par cent cinquante hommes
des ennemis qui futent tous
tuez ou pris.
Le lendemain matin on vit
un Drapeau suc labréche, 64
danslemoment Mr le Çrîfticd
d'Artagnan l'estant allé reconnoistre,
s'en saisit, & des
autrespostes. Il entraensuite
dans laville avec quatreCom
pagniesde Grenadiers, & donna
de sibons ordres qu'il
sauva le pillage. Le Baron
d'Arsch,Gouverneur dtJEti4
bourg, envoya le sieur de
Wlinkfoton au Prince Eugene
en son Camp de Mulberg
, il revint le 10. Novembre
au soir. Le lendemain,
le Baron d'Arsch l'envoya au
Maréchal de Villars, auquel il
proposa les conditions pour
la Capitulation du Chasteau
& des Forts, dont une partie
fut refusée. Surqupy le Baron
d'Arsch ayant fait sçavoir
qu'iln'avoit pasun Pouvoir
aâèr grand du Prince Eugene
pour conclurreàd'autres
conditions,demandapermisÛoA&
renvoyerkn}craeùof
sicier
sicier au Prince Eugcne
, ce
qu'onluy accorda. La suspension
d'armes fut prolongée
jusqu'au 15 àcondition que
les Assiegezmettroienttoutes
chosesen état pour l'attaque
du Chasteau& des Forts. On
mit enbatterie vingt-huit
mortiers« & soixantepiSeces de
canon, & on pouffa des
boyaux de communication
aux endroits necessaires. Les
Assiegez voyoient faire tous
ces travaux sans s'y opposer.
Ils envoyoient du Chasteau
des provisions aux malades
& blessez, aux soldats, aux
femmes & aux enfans & aux
valets qu'ilsavoient abandonnez
dans la Ville. Le 13.
Novembre le feu Ce mit par
accident à l'Arsenal de la Ville,
lequel a esté brûlé.
' Cbajleau &des Forts dela
faille de Fribotttg
,
accordée
le i C, Novembrepar Mr le
Maréchala Duc de Villars
commandantl'Admit-, du
O ,'':- Ue le io. Novembre
forcironr desdeux Cbâ.
teaux & des Forts les deux
Garnisons, avec toutes les
marques d'honneur, fous le
Lieutenant général de Bataille
Baron de Wachtendonck, les
deux Commandans de Hanftem
& de Dominique
, tous
les Officiers, avec leurs Dpmeftiques&
équipages qui feront
conduits jusqu'au Camp
Imperial de Rotweïlen Sua-
Le, dans quatre ou cinq
jours. Que,;sixpicces de Canon,
marcheront à la teftc^fçavoir;
.trois,de douze,&trois df six
livres de balle; qe plus quatre
Mortiers decent, 4 trois de
soixanielivresavec la poudrare,
boulet*, bombes & atti-
raiUlss~aeeçccefÙlaaijrrcessppoourur tirer cinquante
coups, aussi bien que
pour toute l'Infanterie & les
Dragons;& pour chaque
Grenadier cinq grenades.
Que cette marche commencera
par les équipages
suffisamment efcorrcz, qu'on
rendra le jour
-
d'auparavant
tous les équipages pris dans la
Ville, meubles & hardes, &
autres; qu'on rendra de bonne
foy tous les chevaux pris
& tource quiappartientàcette
garnison
,
& que la quantité
de chevaux & chariots
dont on a besoin fera fournie
gratis pour le transport jusqu'audit
Rotweil.
Qu'on emmencra librement
tous les Documents &
Ecrits qui font dans les deui
Châteaux concernant les Archlves,
& d'y pouvoir join*
dre ce qui pourroit efire de
plus dans la Ville appartenant
à cela.
Que cous ceux qui voudront
sortir de Fribourg foit presentement
ou dans l'espace de
troismois, comme cela ro
comprend dans toutes les Capitulations
d'honneur, il
leur foit permis, de vendre"
leurs biens - & d'emmener leurs
bagages
j avec les Paflfeports necc:& queJdans ccc
aitick puiflefu cftre/compris
Mrsde ta-Rcgenoe,&c.
- Que lesOfficiers &soldats
malades .& blessez puissent
rester à Fribourg, logez grads.
cbez.les,Bburgeoisravec
les Chirurgiens & autres, pout
cfsfetvir, recevant leur pain
dcïla.farinelaâffée pour ce
fitjet, Çivlesraedjcaraen^idi
mème>, jufipàce;qu'ils
firent en état de partir avec
Passeportspour se rendre à. leursCorps.*
;.
Quetousprisonnierstant -- -
ceuxqui ont csté- lignesyquependantlesiege,
.& cous ceuxqui sont restez
danslaVille, feront rendus,
avec leurs habits & armes.Il
nesera point permis en fortant
de tirer aucun foldac
hors de son rang ou de lccLébaucher
, excepté les defefteurs.
Qu'onmontrera de bonne
foy toutes les minesxtouïg^
l'artillerie &tous les tvivrcs"
qui sontdans les deuxChaf-
, teaux.
, - Que la garnison fera
«
pourveuë de pain pourcinq
jours. ijulqujLRowcil : &
rconime les fours des ChaslVtaca,
uoxninellessulfffeeisrean.tcupiarsepdoaunrslcae- Quelesdettescontra"-,\:f
par lesOfficiers ou--auticsi,
dont-oa^exceptelesvinyja -
viande,le bois& cequ'ila
fallu prendre pour la nourriture
du soldat, & l'usage du
siege ,ce qui ne paye pas, on -
laissera pour les deux premieresclasses
le sieur Dalberdoff,
premier Commissaire
des guerresen ostage, jusqu'à
ce qu'on aurasatisfait,
& on n'éxigera point d'autres
ostages parmi les Officiers.
Qu'aussi-tost la presente
Capitulation fignéc ,on envoyeraun
courier au Prince
EugenedeSavoye, & autre
, pour avertir de la marche
decettegarnison, à
^atvrcil, ( •:: • Qu'oncedera enattendant
la sortie
,
le petit Ouvrage
,,qui est devant la porte de
ceChasteauàlamoitié dela
contrescarpe verslaVille:au
Fort S. Pierre, l'Ouvrage £
, corne&laRedouteattaqué,
^aueiid^flc ^;ciue tca)~ f
deuxôtagespour N4'Jtë LieutenantColonel
Iberaker,&
Mr le Lieutenant Colonel cPErp#<-Jf..1
La Garnison 'n'tfflpfortifc
que le 2.2.ï£aufe3dunY^tfvrfs
temps. Elle ¡ estoit iëltipofefc
ec prés dé?f£|>tVrtitfehbfenm^s»,
& étoit de treize milleau
tommcncerhent du SkgÊJ
Le 31 Octobre Mrle Comte
d'AttatjnattLleàtèriirtft ~~raf~A~~aa~~
^ftWnt1CIÉjètir' àrîtetrâtid^efe
^cfrtbotrtg/fîrattaquer par
d^drcii^Mttnïrèirt le Maré-
^hàtdcrViîfets fàPdcitt(i^ltmë>
laquelle sur emportée dans
l'instant par la valeur des
Troupes, quoy que deffenduë
par cent cinquante hommes
des ennemis qui futent tous
tuez ou pris.
Le lendemain matin on vit
un Drapeau suc labréche, 64
danslemoment Mr le Çrîfticd
d'Artagnan l'estant allé reconnoistre,
s'en saisit, & des
autrespostes. Il entraensuite
dans laville avec quatreCom
pagniesde Grenadiers, & donna
de sibons ordres qu'il
sauva le pillage. Le Baron
d'Arsch,Gouverneur dtJEti4
bourg, envoya le sieur de
Wlinkfoton au Prince Eugene
en son Camp de Mulberg
, il revint le 10. Novembre
au soir. Le lendemain,
le Baron d'Arsch l'envoya au
Maréchal de Villars, auquel il
proposa les conditions pour
la Capitulation du Chasteau
& des Forts, dont une partie
fut refusée. Surqupy le Baron
d'Arsch ayant fait sçavoir
qu'iln'avoit pasun Pouvoir
aâèr grand du Prince Eugene
pour conclurreàd'autres
conditions,demandapermisÛoA&
renvoyerkn}craeùof
sicier
sicier au Prince Eugcne
, ce
qu'onluy accorda. La suspension
d'armes fut prolongée
jusqu'au 15 àcondition que
les Assiegezmettroienttoutes
chosesen état pour l'attaque
du Chasteau& des Forts. On
mit enbatterie vingt-huit
mortiers« & soixantepiSeces de
canon, & on pouffa des
boyaux de communication
aux endroits necessaires. Les
Assiegez voyoient faire tous
ces travaux sans s'y opposer.
Ils envoyoient du Chasteau
des provisions aux malades
& blessez, aux soldats, aux
femmes & aux enfans & aux
valets qu'ilsavoient abandonnez
dans la Ville. Le 13.
Novembre le feu Ce mit par
accident à l'Arsenal de la Ville,
lequel a esté brûlé.
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Résumé : Extrait de la Capitulation du Chasteau & des Forts de la Ville de Fribourg, accordée le 16. Novembre par Mr le Maréchal, Duc de Villars, commandant l'Armée du Roy.
Le 10 novembre, le Maréchal Duc de Villars accorda la capitulation des châteaux et forts de Fribourg. Les garnisons, dirigées par le Baron de Wachtendonck, les Commandants de Hanftem et de Dominique, ainsi que tous les officiers et leurs équipages, reçurent l'autorisation de se rendre au camp impérial de Rotweil en quatre ou cinq jours. Six pièces de canon et quatre mortiers furent remis aux assiégeants, accompagnés de munitions suffisantes pour cinquante coups. Les équipages et les biens pris dans la ville furent rendus, et des chevaux et chariots furent fournis gratuitement pour le transport. Les documents et archives purent également être emportés. Les officiers et soldats malades ou blessés furent autorisés à rester à Fribourg, logés chez les bourgeois, avec des chirurgiens et des provisions. Les prisonniers furent libérés avec leurs habits et armes. Toutes les mines, l'artillerie et les travaux de défense furent montrés aux assiégeants. La garnison fut approvisionnée en pain pour cinq jours. La capitulation fut signée et un courrier fut envoyé au Prince Eugène de Savoie pour l'informer de la marche de la garnison. La garnison du château, fortifiée récemment, comptait environ treize mille hommes. Le 31 octobre, le Comte d'Attainville attaqua Fribourg, défendue par cent cinquante hommes, tous tués ou pris. Le lendemain, le Comte d'Artagnan entra dans la ville avec des grenadiers et évita le pillage. Le Baron d'Arsch, gouverneur de Fribourg, négocia les conditions de la capitulation avec le Maréchal de Villars. La suspension des armes fut prolongée jusqu'au 15 novembre, permettant aux assiégeants de préparer l'attaque. Le 13 novembre, un incendie détruisit l'arsenal de la ville.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 270-275
Supplement aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Hambourg du 16. portent que les Habitans [...]
Mots clefs :
Garnison, Vivres, Colonel, Canon, Tönning
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Supplement aux Nouvelles.
Supplement aux Nouvelles.
Les Lettres de Hambourg
du 16. portent que les Habitans
& la Garnison de Tonningen estant
réduits à la dernicre
extremité faute de vivres
, le Colonel Wolf qui y
commandoit, fut obligé d'envoyer
le 7. à Tottembuttel,
au Brigadier Kneil qui commandent
le Blocus de la Place,
pour demander à capituler.
Que la Capitulation fut
regléele 8. en pluficurs Articles.
Sçavoir :
Que la Garnison fortiroit
, avec toutes les marques d'honneur
deux picces de canon de
six livres de bale & des munitions
pour tirer douze coups; Qu'on lui fourniroit quatrevingt
un Chariots à quatre
chevaux, pour porter les
bagages;
Qu'elle seroit conduite à
Eurin, ne faisant que deux
lieuës par jour, & séjournant
le troisiéme.
Qu'aucun soldat ne seroit
forcé à prendre parti.
Qu'on fourniroit en payant
des remedes aux Officiers &
aux solatsmalades jusquàleur
entiere guerison.
Que les personnes qui sont
au fcrvice du Duc de Hostein
pourront librement se retirer
de la Ville, ou y rester.
Que les effets qui ont esté
retirez dans la Ville seront
rendus de bonne foy.
Que la Ville & son diftrict
conservera les priviléges
& seraexemte de contributions,
& les Bourgeois pareillement;
& que ceux qui sont
prisonniers feront relaschez
sans payer rançon, &c.
Le 1o, la Garnison sortit
au nombre de trois cent cinquante
hommes portans armes,
outre plus de quatre
cent malades restez dans la
place, dont le Colonel Arnoldi
a esté fait Commandant.
On y a trouvez cent quarante
pieces de canon, vingt-cinq
mortiers, & cent soixantefcize
milliers de poudre; mais
si peu de vivres qu'il n'y restoit
que seize mesures de farine.
On mande de Stokholm
que les Erats de Suede continuent
leurs séances avec
beaucoup d'union, qu'ils travailloient
à augmenterl'Arméejusqu'à
soixante ou soixante-
dix mille hommes, &à
faire prendre les armes aux
Ministres pour estre en état
de repousser les Danois & les
Moscovites qui se préparent
à attaquer la Suede en même
tems du costé du Pays de la
Finlande.
On écrit de Vienne que le
Ministre du Roy de Sicile a
esté congédié, & qu'il se prépare
à partir incessamment
pour retourner en Italie, &
qu'on a envoyé un Mandement
à Ausbourg au Comte
de Borgole, Ministre du
même Prince, avec ordre de
forcir de la Ville dans deux
jours, & dans quinze jours
des Terres de l'Empire.
Les Lettres de Hambourg
du 16. portent que les Habitans
& la Garnison de Tonningen estant
réduits à la dernicre
extremité faute de vivres
, le Colonel Wolf qui y
commandoit, fut obligé d'envoyer
le 7. à Tottembuttel,
au Brigadier Kneil qui commandent
le Blocus de la Place,
pour demander à capituler.
Que la Capitulation fut
regléele 8. en pluficurs Articles.
Sçavoir :
Que la Garnison fortiroit
, avec toutes les marques d'honneur
deux picces de canon de
six livres de bale & des munitions
pour tirer douze coups; Qu'on lui fourniroit quatrevingt
un Chariots à quatre
chevaux, pour porter les
bagages;
Qu'elle seroit conduite à
Eurin, ne faisant que deux
lieuës par jour, & séjournant
le troisiéme.
Qu'aucun soldat ne seroit
forcé à prendre parti.
Qu'on fourniroit en payant
des remedes aux Officiers &
aux solatsmalades jusquàleur
entiere guerison.
Que les personnes qui sont
au fcrvice du Duc de Hostein
pourront librement se retirer
de la Ville, ou y rester.
Que les effets qui ont esté
retirez dans la Ville seront
rendus de bonne foy.
Que la Ville & son diftrict
conservera les priviléges
& seraexemte de contributions,
& les Bourgeois pareillement;
& que ceux qui sont
prisonniers feront relaschez
sans payer rançon, &c.
Le 1o, la Garnison sortit
au nombre de trois cent cinquante
hommes portans armes,
outre plus de quatre
cent malades restez dans la
place, dont le Colonel Arnoldi
a esté fait Commandant.
On y a trouvez cent quarante
pieces de canon, vingt-cinq
mortiers, & cent soixantefcize
milliers de poudre; mais
si peu de vivres qu'il n'y restoit
que seize mesures de farine.
On mande de Stokholm
que les Erats de Suede continuent
leurs séances avec
beaucoup d'union, qu'ils travailloient
à augmenterl'Arméejusqu'à
soixante ou soixante-
dix mille hommes, &à
faire prendre les armes aux
Ministres pour estre en état
de repousser les Danois & les
Moscovites qui se préparent
à attaquer la Suede en même
tems du costé du Pays de la
Finlande.
On écrit de Vienne que le
Ministre du Roy de Sicile a
esté congédié, & qu'il se prépare
à partir incessamment
pour retourner en Italie, &
qu'on a envoyé un Mandement
à Ausbourg au Comte
de Borgole, Ministre du
même Prince, avec ordre de
forcir de la Ville dans deux
jours, & dans quinze jours
des Terres de l'Empire.
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Résumé : Supplement aux Nouvelles.
Le document relate des événements militaires et diplomatiques. À Tonningen, la garnison et les habitants, affamés, ont capitulé. Le colonel Wolf a négocié avec le brigadier Kneil, commandant le blocus. Les termes incluaient une sortie honorable, des chariots pour les bagages, une marche vers Eurin à rythme modéré, et la liberté pour les soldats de ne pas prendre parti. Les malades recevraient des soins jusqu'à guérison. Les privilèges de la ville et des bourgeois seraient maintenus, et les prisonniers libérés sans rançon. La garnison, composée de 350 hommes armés et plus de 400 malades, a quitté la ville, laissant des armements mais peu de vivres. En Suède, les États se préparent à augmenter leur armée pour repousser les Danois et les Moscovites. À Vienne, le ministre du roi de Sicile a été congédié et doit retourner en Italie, tandis que le comte de Borgole a reçu l'ordre de quitter Augsbourg et les terres de l'Empire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 570-571
PHÉNOMENES SINGULIERS, vûs à Briançon en Dauphiné. Extrait de Lettre.
Début :
Le 8. Février, immédiatement après une tempête, et un vent [...]
Mots clefs :
Phénomènes singuliers, Briançon, Dauphiné, Éclairs, Tonnerre, Dragon volant, Garnison, Régiment Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PHÉNOMENES SINGULIERS, vûs à Briançon en Dauphiné. Extrait de Lettre.
PHE'NOMENES SINGULIERS,
vûs à Briançon en Dauphiné. Extrait
de Lettre.
E 8. Février , immédiatement après une tem-
Lpête ,et un vent épouvantable , il tomba une
quantité prodigieuse de neige , et à l'entrée de la
nuit le Ciel parut tout en feu par des éclairs si
vifs et si fréquens , que les yeux étoient également
éblouis et étonnez , en même tems qu'on étoit
frappé de terreur par le bruit horrible du tonensorte
que les Habitans de ce Païs les.
plus âgez et les Troupes qui étoient en Garnison ,
ont assuré que de mémoire d'homme on n'avoit
vûun spectacle si effraïant , ni entendu un bruit
si capable d'épouvanter.
nerre ,
Dans un Fort , nommé les Trois Têtes , contigu
MARS. 1731. 575
"
tigu à la ville de Briançon on apperçut huit
Phenomenes singuliers , aiant la figure de gros
flambeaux ardens , dont deux étoient placez à
droit et à gauche sur les chaînes du Pont-levis ;
deux autres étoient sur la Chapelle , deux sur le
Magazin des Vivres , et les deux derniers sur les
Cazernes;ces huit lumieres ou especes de globes de
feu ne parurent que pendant un bon quart d'heure. -
On prétend qu'il en parut un neuvième , qu'un
Sentinelle assura avoir vu positivement au bout
de son fusil , mais cela n'a pas été confirmé , parce
qu'il n'a pas été vû par d'autres dans ce même tems..
A un autre Fort de la même ville de Briançon ,
on apperçut un autre Phénomene en forme d'un
Dragon volant , qui se fixa au - dessus des Cazernes
de ce Fort ; on fit prendre les Armes à la
Garnison , composée de neuf Compagnies du
Régiment Dauphin , Infanterie , on essaïa , mais.
en vain de le dissiper par plusieurs coups de fusil
qu'on tira. Le Dragon resta constamment dans
sa place depuis sept heures du soir jusqu'à minuit,
pendant lequel temps il jetta une lumiere si éclatante
, que tout le Fort en fut éclairé , assez pour
le voir distinctement de loin , et même pour lire
très- aisémene ; ensuite le Dragon quitta sa place
et d'un mouvement grave il descendit par-dessus
le premier Fort des Trois Têtes , et on le suivit
des yeux jusques dans un Valon où il disparut.
M. le Comte de Feuquiere se plaint que dans
le Livre des Memoires sur la Guerre , que fen
M. e Marquis de Feuquieres on frere , avoit
fait il y a 25. ans , sans vouloir qu'il parût jamais
, et qui viennent d'être imprimez à Paris
sur une copie volée il y a des obmissions et des
alterations considerables qui défigurent.cet Ouvrage
, et qui feroient tort à la memoire de
M. de Feuquiere, dans l'esprit des Connoisseurs
vûs à Briançon en Dauphiné. Extrait
de Lettre.
E 8. Février , immédiatement après une tem-
Lpête ,et un vent épouvantable , il tomba une
quantité prodigieuse de neige , et à l'entrée de la
nuit le Ciel parut tout en feu par des éclairs si
vifs et si fréquens , que les yeux étoient également
éblouis et étonnez , en même tems qu'on étoit
frappé de terreur par le bruit horrible du tonensorte
que les Habitans de ce Païs les.
plus âgez et les Troupes qui étoient en Garnison ,
ont assuré que de mémoire d'homme on n'avoit
vûun spectacle si effraïant , ni entendu un bruit
si capable d'épouvanter.
nerre ,
Dans un Fort , nommé les Trois Têtes , contigu
MARS. 1731. 575
"
tigu à la ville de Briançon on apperçut huit
Phenomenes singuliers , aiant la figure de gros
flambeaux ardens , dont deux étoient placez à
droit et à gauche sur les chaînes du Pont-levis ;
deux autres étoient sur la Chapelle , deux sur le
Magazin des Vivres , et les deux derniers sur les
Cazernes;ces huit lumieres ou especes de globes de
feu ne parurent que pendant un bon quart d'heure. -
On prétend qu'il en parut un neuvième , qu'un
Sentinelle assura avoir vu positivement au bout
de son fusil , mais cela n'a pas été confirmé , parce
qu'il n'a pas été vû par d'autres dans ce même tems..
A un autre Fort de la même ville de Briançon ,
on apperçut un autre Phénomene en forme d'un
Dragon volant , qui se fixa au - dessus des Cazernes
de ce Fort ; on fit prendre les Armes à la
Garnison , composée de neuf Compagnies du
Régiment Dauphin , Infanterie , on essaïa , mais.
en vain de le dissiper par plusieurs coups de fusil
qu'on tira. Le Dragon resta constamment dans
sa place depuis sept heures du soir jusqu'à minuit,
pendant lequel temps il jetta une lumiere si éclatante
, que tout le Fort en fut éclairé , assez pour
le voir distinctement de loin , et même pour lire
très- aisémene ; ensuite le Dragon quitta sa place
et d'un mouvement grave il descendit par-dessus
le premier Fort des Trois Têtes , et on le suivit
des yeux jusques dans un Valon où il disparut.
M. le Comte de Feuquiere se plaint que dans
le Livre des Memoires sur la Guerre , que fen
M. e Marquis de Feuquieres on frere , avoit
fait il y a 25. ans , sans vouloir qu'il parût jamais
, et qui viennent d'être imprimez à Paris
sur une copie volée il y a des obmissions et des
alterations considerables qui défigurent.cet Ouvrage
, et qui feroient tort à la memoire de
M. de Feuquiere, dans l'esprit des Connoisseurs
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Résumé : PHÉNOMENES SINGULIERS, vûs à Briançon en Dauphiné. Extrait de Lettre.
Le 8 février, après une tempête, une grande quantité de neige tomba à Briançon en Dauphiné. À la tombée de la nuit, des éclairs vifs et fréquents illuminèrent le ciel, accompagnés d'un bruit de tonnerre terrifiant. Les habitants et les troupes en garnison affirmèrent n'avoir jamais vu un spectacle aussi effrayant. Le 5 mars 1731, huit phénomènes lumineux en forme de flambeaux ardents apparurent pendant un quart d'heure au fort des Trois Têtes à Briançon. Deux étaient placés de chaque côté du pont-levis, deux sur la chapelle, deux sur le magasin des vivres, et les deux derniers sur les casernes. Une sentinelle prétendit avoir vu un neuvième phénomène au bout de son fusil, mais cela ne fut pas confirmé. Dans un autre fort de Briançon, un phénomène en forme de dragon volant se fixa au-dessus des casernes. La garnison, composée de neuf compagnies du régiment Dauphin, tenta en vain de dissiper le dragon par des coups de fusil. Le dragon resta en place de 19 heures à minuit, éclairant tout le fort, avant de disparaître dans un vallon. Par ailleurs, le comte de Feuquières se plaignit des omissions et des altérations dans le livre des Mémoires sur la Guerre de son frère, le marquis de Feuquières, récemment imprimé à partir d'une copie volée. Ces modifications défigurent l'œuvre et nuisent à la mémoire de M. de Feuquières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 2429-2436
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On a eu avis que le Pacha qui commande dans Erivan, avoit donné parole au Roy de Perse [...]
Mots clefs :
Pacha , Roi de Perse, Garnison, Shah, Siège
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE .
Orivan , avoit donné parole au Roy de Perse
Na eu avis que le Pacha qui commande dans
de se rendre prisonnier de Guerre avec toute sa
Garnison , qui est encore de 15000 hommes , si
dans dix jours il ne recevoit pas le secours qu'il
attendoit ; et on ajoûte que le Roy de Perse
avoit détaché de son armée , qui est devant Erivan
, 30000 hommes de Cavalerie , et qu'il les
avoit envoyez du côté de Bagdad , pour occuper
les passages par lesquels il pourroit arriver du
secours au Gouverneur de cette Place.
On a appris presque en même tems que ce détachement
de l'armée de Perse avoit taillé en
pieces le secours que le Pacha du Grand Caireenvoyoit
pour renforcer la Garnison de Bagdad..
Une autre Lettre de Constantinople , du 31
Juillet , porte que la Sultane Validé , qui protege
Djanum Codgea , a obtenu sa grace du Sultan
, qui lui a donné le Pachalik , ou Gouverne
ment en Chef de Rétimo, où sa Hautesse l'avoit
d'abord relegué. Le Kiaya ou Lieutenant et les
neveux de ce Pacha , qui avoient été arrêtez er
COL
2430 MERCURE DE FRANCE
Consignez sur une Galere , le même jour qu'on
lui ôta la Charge de Capitan Pacha , ont depuis
recouvré leur liberté , mais la confiscation qui
avoit été faite de tous ses biens , a subsisté au
profit du Trésor Imperial.
LETTRE écrite de Constantinople ,
le 26 Juin 1731 .
·
E vous ai écrit , Monsieur , le 17 Avril dérnier
, que les Ministres de la Porte avoient eu
Le bonheur de dissiper la seconde sédition arrivée
à Constantinople le jour de Pâques dernier ,
& qu'on étoit redevable de cette action de vigueur
à Djanum Codgea , qui avoit conduit toute
cette grande affaire , et qui par là affermissoit sur
le Trône le Sultan Mahmout son Maître , lequel
en reconnoissance d'un si grand service lui avoit
fait l'honneur de l'aller visiter à l'Arsenal ; honneur
que Codgea , qui n'étoit pas riche , avoit
( payé fort cher puisqu'il lui en coûta cent
bourses..
>
On auroit eru , sans doute , qu'après des services
si signalez , Djanum Codgea auroit joui
tranquillement du fruit de ses travaux : point
du tout. Ce nouveau Capitan Pacha , dans le
tems qu'il s'y attendoit le moins , fut enlevé de
P'Arcenal le 17 de May
, et conduit à la pointe du
Sérail pour y être etranglé à la vvuûeë du Sultan
son Maître , qui , pour être à portée de voir ce
tragique spectacle , étoit allé dans un Kiosque
qui est situé au bord de la Marine , avec la Ŝultane
Validé ( ou Reine Mere. )
Djanum Codgea y fut à peine arrivé que le-
Bostangi Bachi , chargé de l'exécution , lui ôta
sa Pelisse ou Robbe fourrée , lui disant de ne faire
aucun mouvement , parce que le G. S. qui étoit
present
OCTOBRE. 1737. 2431
present examinoit ses actions. Le Capitan Pacha
sans être intimidé par ce discours , se mit à crier
de toute sa force , suppliant son Maître de ne le
point faire mourir sans au moins l'entendre, ajoûtant
que cinquante ans de services , rendus à cer
Empire , et ceux qu'il venoit de rendre personnellement
à S.H. et son grand âge parloit en sa faveur;
que si nonobstant toutes ses considerations
il persistoit à vouloir le faire étrangler
il en étoit le maître ; mais qu'il réfléchît auparavant
qu'il alloit se baigner dans le d'un
sang
innocent , duquel il seroit obligé de rendre com-
-pte à Dieu , et que par cette action inhumaine il
flétriroit au commencement de son regne sa ré
putation , qu'il consideroit bien plus que sa vie.
Soit que ces discours eussent touché le Sultan ,
soit que la Validé s'interessât pour lui , le G. S.
ouvrit une des Fenêtres de son Kiosque , et fit signe
de la main qu'on ne lui ôta pas la vie , mais
qu'il fut conduit à la pointe de Calcedoine os
l'on attendroit ses ordres.
Alors le Bostangi Bachi lui remit sa Pelisse et
le fit embarquer dans son grand Canot, sans vouloir
souffrir qu'aucun de ses gens qui l'avoient.
suivi , l'accompagnât.
D
Cette Scene se passa sur les deux heures après
midi , et cinq heures après on vit passer une
Galere qui alla mouiller à la pointe de Calcedoine
; un Capigi Bachi alla prendre Djanum
Codgea et le fit embarquer sur la Galere , l'assurant
qu'il avoit ordre de le conduire à Retimo
lieu de son exil , et de mener à Constantinople
Abdicapadań, Pacha de Retimo, que le G.S.avoit
nommé Capitan Pacha à sa place. La Galere mit
à la voile à onze heures du soir , sans qu'on put
sçavoir si ce malheureux Codgea devoit être
étranglé , ou si effectivement on se contentoit de
l'exiler. Le
2432 MERCURE DE FRANCE
Le lendemain 18 May , on nomma le plus anclen
des Officiers de l'Arcenal par interim , pour
administrer les affaires de la Marine , et le Grand
Vizir envoya un de ses principaux Officiers au
Divan Kané , pour faire l'inventaire des effets de
Codgea , son Kiaya , de même que ses domestiques
les plus affidez , ils furent conduits prisonniers
sur differentes Galeres , où on leur a donné
plusieurs fois la question pour leur faire déclarer
où étoient les biens de leur Maître, mais quelque
recherche qu'on ait pu faire jusques à present,
il ne s'est trouvé que cinquante - huit bourses et
quelques Montres d'or, et d'autres bijoux de moindre
valeur.
Cinq ou six jours après on apprit que la Galere
avoit mouillé à Héraclée, et que dans le tems
que le Capigi Pachi se disposoit à faire mourir
Djanum Codgea , qui avoit même la corde au
col , il arriva encore un ordre du G. S. de ne le
pas faire , et que la Galere remit à la voile pour
aller à Candie , ou l'ordre portoit qu'il seroit
relégué dans la forteresse. On a depuis vû une
Lettre de D. Codgea , écrite de Venedos à son
neveu , par laquelle il lui marque à peu près les
mêmes choses , et le prie de dire à ses domestiques
, que s'il y en a quelqu'un qui veuille l'aller
joindre à Candie , il peut le faire en toute sureté.
Voici , au reste , les motifs dont on s'est servi
pour le perdre auprès du G. S. On a fait entendre
à S. H. que le grand armement que D. Codgea
venoit de faire, n'avoit pour
but que des vues
particulieres , et non pas la gloire de l'Empire ,
que le Capitan Pacha ne desiroit si ardemment de
sortir dans la Mer blanche que pour s'enfuir avec
la Flotte du G. S. et pour s'aller rendre maître
de quelques unes des Républiques de Barbarie,et s'y
établin
OCTOBRE. 1731. 2433
établir en toute souveraineté , comme il en avoit
déja fait l'entreprise en 1723. que les discours
qu'on lui avoit entendu tenir , qu'il ne se soucioit
plus des Ordres du G. S. lorsqu'il auroit
passé la pointe du Serail , marquoient assez qu'il
n'étoit pas un Sujet moins dangereux que les Rebelles
qu'on avoit exterminez ; qu'il avoit fait
bâtir des Cazernes et des Caffez du côté de l'Arcenal
, où il tenoit un nombre infini de Levantis
Qu Soldats de Marine armez , malgré les deffenses
du Sultan ; enfin que tant qu'il vivroit le
Corps des Janissaires qui étoit rentré de bonne
foy dans son devoir , seroit sensible à la méfiance
que le G. S. auroit euë par ses insinuations ,
& c.
Cette derniere raison , ou pour mieux dire la
satisfaction qu'on a voulu donner aux Janissaires
a le plus contribué à la disgrace de Djanum
Codgea , et rien ne le prouve plus que l'ordre du
Sultan donné le jour même qu'on enleva D.Codgea
, de raser toutes les Cazernes , ce qui fut
executé avec une espece de fureur. Il est bien
vrai que le Capitan Pacha , sur tout depuis la
dernière révolution , ne gardoit presque aucune
mesure dans ses discours. Il étoit , à l'entendre ,
le seul brave , le seul restaurateur de l'Empire ;
son Maître étoit un imbecile , et le Vizir peu
propre pour l'emploi qu'il faisoit , & c. ses amis
Lui representoient quelquefois les consequences de
ces discours ; mais au lieu d'en profiter il s'emportoit
contr'eux et faisoit encore pis : aussi
peut on dire que c'est l'intemperance de sa langue
qui l'a perdu.
Le Vizir étoit devenu par là son mortel ennemi,
quoiqu'ils se fussent juré une amitié de frere
étant ensemble à Lamecque. Le P. Ministre a
tou2434
MERCURE DE FRANCE
toujours dissimulé , et sous des caresses feintes
il cachoit le plus cruel poison. Par surcroît de
mal il se trouvoit auprès de Djánum Codgea
une infinité de flateurs qui le confirmoient dans la
folle opinion que jamais cet Empire n'avoit eu le
bonheur d'avoir une personne de son courage er
de sa réputation , et que le Vizir auprès de lui
n'étoit absolument rien ; le jour même de sa disgrace
il alla à la Porte pour recevoir des mains
du Vizir la Pélisse , dont on a coutume de revêtir
les Capitans Pachas , lorsqu'ils sortent à la
Mer. Le Vizir lui fit mille caresses , et lui dit entre
autres choses que comme il avoit rendu des
services signalez, les marques d'honneur devoient
être proportionnées , que le Sultan Mahmout ne
le consideroit pas comme un Bacha ordinaire ; et
que S. H. se proposoit de le revêtir elle - même
de la Pélisse. Djanum Codgea la reçut cependant
à l'Arcenal . Un instant aprés on l'envoya
chercher du Sérail , et au lieu de le revêtir de la
Robe d'honneur , le G. S. le disgracie , comme je
Pai dit.
Abdicapadan est attendu incessamment ici
On croit qu'on sera content de lui , il est for
doux et fort poli.
On a sçu que les Turcs avoient reçû Pagréable
nouvelle de la défaite de Parmée de Thamas
Schah , qui faisoit le Siége d'Erivan , et que plusieurs
Kams ou Seigneurs Persans , des plus distinguez
, avoient été fait prisonniers, et qu'on les
conduisoit à Constantinople pour les faire servir
à quelque grand Triomphe ; mais.ce grand nombre
de Prisonniers de marque , s'est enfin réduit à
un seul , qui arriva icy le 22 du mois passé ; il
fur dabord conduit a la Porte chez le Grand Vizir
qui le reçût asséz , bien et lui fit rendre quelques
OCTOBRE. 1731. 2135
Enes honneurs par son Kiaya. Ce Kam , nom.
mé Velikoulikam , étoit un des plus considerables
Seigneurs de Perse ; il avoit été fait
Kam du temps de Schah - Suleiman , pere de
Schah - Hussein , et sous le regne de ce dernier
Roy il avoit exercé la Charge d'Eatemad Doulet,
ou de G. V. Il commandoit en dernier lien
l'armée de Schah- Thamas, et par son courage er
par son attachement pour ce Prince ; il avoit un
peu rétabli ses affaires . C'étoit le plus cruel ennemi
que
les Turcs pussent jamais avoir ; aussi
le Sultan Mahmout lui fit trancher la tête , le 24
du mois passé dans la grande Place du Sérail .
Les Turcs sont , dit on , résolus de continuer
cette Guerre , et font des efforts extraordinaires.
On ajoute qu'il vient d'être donné un Fetfa ou
Ordre suprême de faire mourir tous les Persans
qui seront pris en guerre.
Schah Thamas a couru grand risque. Ce Prince
étoit en personne devant Erivan , mais le Kam
qui vient d'avoir la tête tranchée, se méfiant du
courage de ses Troupes , conseilla à son Maître
de se retirer dans un lieu nommé les trois Eglises
, ce qu'il fit , avec quelques -uns des siens , et
la veille de sa défaite il passa la Riviere , qui
n'est étoignée que de huit lieuës , ce qui fut sa
seureté.
Depuis ces avantages remportez par les Turcs ,
on dit que Schah Thamas a écrit à Achmet ,
Pacha de Babilonne, pour demander la paix ;mais
que la Porte a refusé toute ouverture d'accomtmodement,
et même qu'elle a fait arrêter les Ambassadeurs
Persans qui étoient partis d'icy il y a
trois mois. On ajoute qu'un nouvel Ambassadeur
, qui devoit se rendre à Constantinople , a
été arrêté à Icoram , et qu'après s'être saisi de
seo
2436 MERCURE DE FRANCE
ses dépêches, on la conduit en exil dans une dos
Isles de l'Archipel. Je suis , &c.
Orivan , avoit donné parole au Roy de Perse
Na eu avis que le Pacha qui commande dans
de se rendre prisonnier de Guerre avec toute sa
Garnison , qui est encore de 15000 hommes , si
dans dix jours il ne recevoit pas le secours qu'il
attendoit ; et on ajoûte que le Roy de Perse
avoit détaché de son armée , qui est devant Erivan
, 30000 hommes de Cavalerie , et qu'il les
avoit envoyez du côté de Bagdad , pour occuper
les passages par lesquels il pourroit arriver du
secours au Gouverneur de cette Place.
On a appris presque en même tems que ce détachement
de l'armée de Perse avoit taillé en
pieces le secours que le Pacha du Grand Caireenvoyoit
pour renforcer la Garnison de Bagdad..
Une autre Lettre de Constantinople , du 31
Juillet , porte que la Sultane Validé , qui protege
Djanum Codgea , a obtenu sa grace du Sultan
, qui lui a donné le Pachalik , ou Gouverne
ment en Chef de Rétimo, où sa Hautesse l'avoit
d'abord relegué. Le Kiaya ou Lieutenant et les
neveux de ce Pacha , qui avoient été arrêtez er
COL
2430 MERCURE DE FRANCE
Consignez sur une Galere , le même jour qu'on
lui ôta la Charge de Capitan Pacha , ont depuis
recouvré leur liberté , mais la confiscation qui
avoit été faite de tous ses biens , a subsisté au
profit du Trésor Imperial.
LETTRE écrite de Constantinople ,
le 26 Juin 1731 .
·
E vous ai écrit , Monsieur , le 17 Avril dérnier
, que les Ministres de la Porte avoient eu
Le bonheur de dissiper la seconde sédition arrivée
à Constantinople le jour de Pâques dernier ,
& qu'on étoit redevable de cette action de vigueur
à Djanum Codgea , qui avoit conduit toute
cette grande affaire , et qui par là affermissoit sur
le Trône le Sultan Mahmout son Maître , lequel
en reconnoissance d'un si grand service lui avoit
fait l'honneur de l'aller visiter à l'Arsenal ; honneur
que Codgea , qui n'étoit pas riche , avoit
( payé fort cher puisqu'il lui en coûta cent
bourses..
>
On auroit eru , sans doute , qu'après des services
si signalez , Djanum Codgea auroit joui
tranquillement du fruit de ses travaux : point
du tout. Ce nouveau Capitan Pacha , dans le
tems qu'il s'y attendoit le moins , fut enlevé de
P'Arcenal le 17 de May
, et conduit à la pointe du
Sérail pour y être etranglé à la vvuûeë du Sultan
son Maître , qui , pour être à portée de voir ce
tragique spectacle , étoit allé dans un Kiosque
qui est situé au bord de la Marine , avec la Ŝultane
Validé ( ou Reine Mere. )
Djanum Codgea y fut à peine arrivé que le-
Bostangi Bachi , chargé de l'exécution , lui ôta
sa Pelisse ou Robbe fourrée , lui disant de ne faire
aucun mouvement , parce que le G. S. qui étoit
present
OCTOBRE. 1737. 2431
present examinoit ses actions. Le Capitan Pacha
sans être intimidé par ce discours , se mit à crier
de toute sa force , suppliant son Maître de ne le
point faire mourir sans au moins l'entendre, ajoûtant
que cinquante ans de services , rendus à cer
Empire , et ceux qu'il venoit de rendre personnellement
à S.H. et son grand âge parloit en sa faveur;
que si nonobstant toutes ses considerations
il persistoit à vouloir le faire étrangler
il en étoit le maître ; mais qu'il réfléchît auparavant
qu'il alloit se baigner dans le d'un
sang
innocent , duquel il seroit obligé de rendre com-
-pte à Dieu , et que par cette action inhumaine il
flétriroit au commencement de son regne sa ré
putation , qu'il consideroit bien plus que sa vie.
Soit que ces discours eussent touché le Sultan ,
soit que la Validé s'interessât pour lui , le G. S.
ouvrit une des Fenêtres de son Kiosque , et fit signe
de la main qu'on ne lui ôta pas la vie , mais
qu'il fut conduit à la pointe de Calcedoine os
l'on attendroit ses ordres.
Alors le Bostangi Bachi lui remit sa Pelisse et
le fit embarquer dans son grand Canot, sans vouloir
souffrir qu'aucun de ses gens qui l'avoient.
suivi , l'accompagnât.
D
Cette Scene se passa sur les deux heures après
midi , et cinq heures après on vit passer une
Galere qui alla mouiller à la pointe de Calcedoine
; un Capigi Bachi alla prendre Djanum
Codgea et le fit embarquer sur la Galere , l'assurant
qu'il avoit ordre de le conduire à Retimo
lieu de son exil , et de mener à Constantinople
Abdicapadań, Pacha de Retimo, que le G.S.avoit
nommé Capitan Pacha à sa place. La Galere mit
à la voile à onze heures du soir , sans qu'on put
sçavoir si ce malheureux Codgea devoit être
étranglé , ou si effectivement on se contentoit de
l'exiler. Le
2432 MERCURE DE FRANCE
Le lendemain 18 May , on nomma le plus anclen
des Officiers de l'Arcenal par interim , pour
administrer les affaires de la Marine , et le Grand
Vizir envoya un de ses principaux Officiers au
Divan Kané , pour faire l'inventaire des effets de
Codgea , son Kiaya , de même que ses domestiques
les plus affidez , ils furent conduits prisonniers
sur differentes Galeres , où on leur a donné
plusieurs fois la question pour leur faire déclarer
où étoient les biens de leur Maître, mais quelque
recherche qu'on ait pu faire jusques à present,
il ne s'est trouvé que cinquante - huit bourses et
quelques Montres d'or, et d'autres bijoux de moindre
valeur.
Cinq ou six jours après on apprit que la Galere
avoit mouillé à Héraclée, et que dans le tems
que le Capigi Pachi se disposoit à faire mourir
Djanum Codgea , qui avoit même la corde au
col , il arriva encore un ordre du G. S. de ne le
pas faire , et que la Galere remit à la voile pour
aller à Candie , ou l'ordre portoit qu'il seroit
relégué dans la forteresse. On a depuis vû une
Lettre de D. Codgea , écrite de Venedos à son
neveu , par laquelle il lui marque à peu près les
mêmes choses , et le prie de dire à ses domestiques
, que s'il y en a quelqu'un qui veuille l'aller
joindre à Candie , il peut le faire en toute sureté.
Voici , au reste , les motifs dont on s'est servi
pour le perdre auprès du G. S. On a fait entendre
à S. H. que le grand armement que D. Codgea
venoit de faire, n'avoit pour
but que des vues
particulieres , et non pas la gloire de l'Empire ,
que le Capitan Pacha ne desiroit si ardemment de
sortir dans la Mer blanche que pour s'enfuir avec
la Flotte du G. S. et pour s'aller rendre maître
de quelques unes des Républiques de Barbarie,et s'y
établin
OCTOBRE. 1731. 2433
établir en toute souveraineté , comme il en avoit
déja fait l'entreprise en 1723. que les discours
qu'on lui avoit entendu tenir , qu'il ne se soucioit
plus des Ordres du G. S. lorsqu'il auroit
passé la pointe du Serail , marquoient assez qu'il
n'étoit pas un Sujet moins dangereux que les Rebelles
qu'on avoit exterminez ; qu'il avoit fait
bâtir des Cazernes et des Caffez du côté de l'Arcenal
, où il tenoit un nombre infini de Levantis
Qu Soldats de Marine armez , malgré les deffenses
du Sultan ; enfin que tant qu'il vivroit le
Corps des Janissaires qui étoit rentré de bonne
foy dans son devoir , seroit sensible à la méfiance
que le G. S. auroit euë par ses insinuations ,
& c.
Cette derniere raison , ou pour mieux dire la
satisfaction qu'on a voulu donner aux Janissaires
a le plus contribué à la disgrace de Djanum
Codgea , et rien ne le prouve plus que l'ordre du
Sultan donné le jour même qu'on enleva D.Codgea
, de raser toutes les Cazernes , ce qui fut
executé avec une espece de fureur. Il est bien
vrai que le Capitan Pacha , sur tout depuis la
dernière révolution , ne gardoit presque aucune
mesure dans ses discours. Il étoit , à l'entendre ,
le seul brave , le seul restaurateur de l'Empire ;
son Maître étoit un imbecile , et le Vizir peu
propre pour l'emploi qu'il faisoit , & c. ses amis
Lui representoient quelquefois les consequences de
ces discours ; mais au lieu d'en profiter il s'emportoit
contr'eux et faisoit encore pis : aussi
peut on dire que c'est l'intemperance de sa langue
qui l'a perdu.
Le Vizir étoit devenu par là son mortel ennemi,
quoiqu'ils se fussent juré une amitié de frere
étant ensemble à Lamecque. Le P. Ministre a
tou2434
MERCURE DE FRANCE
toujours dissimulé , et sous des caresses feintes
il cachoit le plus cruel poison. Par surcroît de
mal il se trouvoit auprès de Djánum Codgea
une infinité de flateurs qui le confirmoient dans la
folle opinion que jamais cet Empire n'avoit eu le
bonheur d'avoir une personne de son courage er
de sa réputation , et que le Vizir auprès de lui
n'étoit absolument rien ; le jour même de sa disgrace
il alla à la Porte pour recevoir des mains
du Vizir la Pélisse , dont on a coutume de revêtir
les Capitans Pachas , lorsqu'ils sortent à la
Mer. Le Vizir lui fit mille caresses , et lui dit entre
autres choses que comme il avoit rendu des
services signalez, les marques d'honneur devoient
être proportionnées , que le Sultan Mahmout ne
le consideroit pas comme un Bacha ordinaire ; et
que S. H. se proposoit de le revêtir elle - même
de la Pélisse. Djanum Codgea la reçut cependant
à l'Arcenal . Un instant aprés on l'envoya
chercher du Sérail , et au lieu de le revêtir de la
Robe d'honneur , le G. S. le disgracie , comme je
Pai dit.
Abdicapadan est attendu incessamment ici
On croit qu'on sera content de lui , il est for
doux et fort poli.
On a sçu que les Turcs avoient reçû Pagréable
nouvelle de la défaite de Parmée de Thamas
Schah , qui faisoit le Siége d'Erivan , et que plusieurs
Kams ou Seigneurs Persans , des plus distinguez
, avoient été fait prisonniers, et qu'on les
conduisoit à Constantinople pour les faire servir
à quelque grand Triomphe ; mais.ce grand nombre
de Prisonniers de marque , s'est enfin réduit à
un seul , qui arriva icy le 22 du mois passé ; il
fur dabord conduit a la Porte chez le Grand Vizir
qui le reçût asséz , bien et lui fit rendre quelques
OCTOBRE. 1731. 2135
Enes honneurs par son Kiaya. Ce Kam , nom.
mé Velikoulikam , étoit un des plus considerables
Seigneurs de Perse ; il avoit été fait
Kam du temps de Schah - Suleiman , pere de
Schah - Hussein , et sous le regne de ce dernier
Roy il avoit exercé la Charge d'Eatemad Doulet,
ou de G. V. Il commandoit en dernier lien
l'armée de Schah- Thamas, et par son courage er
par son attachement pour ce Prince ; il avoit un
peu rétabli ses affaires . C'étoit le plus cruel ennemi
que
les Turcs pussent jamais avoir ; aussi
le Sultan Mahmout lui fit trancher la tête , le 24
du mois passé dans la grande Place du Sérail .
Les Turcs sont , dit on , résolus de continuer
cette Guerre , et font des efforts extraordinaires.
On ajoute qu'il vient d'être donné un Fetfa ou
Ordre suprême de faire mourir tous les Persans
qui seront pris en guerre.
Schah Thamas a couru grand risque. Ce Prince
étoit en personne devant Erivan , mais le Kam
qui vient d'avoir la tête tranchée, se méfiant du
courage de ses Troupes , conseilla à son Maître
de se retirer dans un lieu nommé les trois Eglises
, ce qu'il fit , avec quelques -uns des siens , et
la veille de sa défaite il passa la Riviere , qui
n'est étoignée que de huit lieuës , ce qui fut sa
seureté.
Depuis ces avantages remportez par les Turcs ,
on dit que Schah Thamas a écrit à Achmet ,
Pacha de Babilonne, pour demander la paix ;mais
que la Porte a refusé toute ouverture d'accomtmodement,
et même qu'elle a fait arrêter les Ambassadeurs
Persans qui étoient partis d'icy il y a
trois mois. On ajoute qu'un nouvel Ambassadeur
, qui devoit se rendre à Constantinople , a
été arrêté à Icoram , et qu'après s'être saisi de
seo
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ses dépêches, on la conduit en exil dans une dos
Isles de l'Archipel. Je suis , &c.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
Le texte décrit des événements militaires et politiques impliquant la Turquie et la Perse. En Turquie, Djanum Codgea, après avoir réprimé une sédition à Constantinople, est arrêté et condamné à mort par le Sultan Mahmout. Grâce à l'intervention de la Sultane Validé, sa peine est commuée en exil à Rétimo. Ses biens sont confisqués, mais ses proches sont libérés. En Perse, le gouverneur d'Erivan menace de se rendre si aucun secours n'arrive. Le roi de Perse envoie 30 000 cavaliers vers Bagdad pour bloquer les renforts turcs. Ces cavaliers attaquent et détruisent les secours envoyés par le Pacha du Grand Caire à Bagdad. À Constantinople, Abdicapadan est nommé nouveau Capitan Pacha. Les Turcs célèbrent la défaite de l'armée perse devant Erivan et exécutent un seigneur perse notable, Velikoulikam. La Turquie refuse les offres de paix du roi perse Schah Thamas et arrête les ambassadeurs perses.
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19
p. 2495-2499
SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
Début :
La nuit du 22. au 23. Octobre, la Tranchée fut relevée par le Marquis de Dreux, Lieutenant [...]
Mots clefs :
Garnison, Siège de Kehl, Fort de Kehl, Duc de Berwick, Régiment de Navarre, Roi, Lieutenant général, Maréchal de camp, Grenadiers, Ouvrage, Brigadier d'infanterie, Gendarmerie, Capitulation
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
SUITE de la Relation du Siege et da
la Prise du Fort de Kell , &c.
A nuit du 22. au 23 Octobre , la Tranchée
Lfut relevée par le Marquis de Dreux , Lieutenant
General , par le Marquis de la Fare ,
Maréchal de Camp , et par M. de Buckele , Brigadier
d'Infanterie ; les 250. Travailleurs ,
commandez pour les Ouvrages , furent soutenue
par les trois Bataillons du Régiment de la Marine,
par six Compagnies de Grenadiers du Régiment
de Navarre , d'Alsace et de Rouergue ,
et par des Détachemens de la Gendarmerie et
de la Cavalerie, et des Dragons, pareil à ceux des
jours précedens. Pendant cette nuit la Tranchée
fut poussée à so. toises du chemin couvert de
l'Ouvrage à corne , et on se logea dans une Lunette
de terre, que les Aseiegez n'avoient pas cu
le temps d'achever.
La nuit du 23. au 24. le Marquis de Nangis ,
Lieutenant General , le Comte de Saxe , Maréobal
de Camp , et le Comte de Bayiere , Briga
dier
2496 MERCURE DE FRANCE
dier , monterent la Tranchée avec les deux Ba-)
taillons du Régiment de Richelieu , et celui de
Gensac , six Compagnies de Grenadiers , un Dé.
tachement de la Gendarmerie , de la Cavalerie
et des Dragons , de 550 hommes et 1200 Travailleurs.
On poussa pendant cette nuit une sappe
entre le Rhin et la branche droite de l'Ouvrage à
corne. M. de la Serre , Capitaine des Grenadiers
dans le Régiment de Richelieu, fut tué avec deux
Grenadiers , et il y en eut deux autres de blessez.?
Le 25. M. de Quadt , Lieutenant General , le
Marquis de Clermont , Maréchal de Camp , et
M. de Chenelette , Brigadier d'Infanterie , étant
de Tranchée avec 400. Travailleurs et le même
nombre de Troupes que les jours précedens , les
Assiegez firent une sortie sur la sappe poussée
entre le Rhin et l'Ouvrage à corne , mais les
Grenadiers les obligerent de se retirer et la sapper
fut continuée.
Le Chevalier de Lamberval , Capitaine de Gre- :
nadiers , dans le Régiment de Bourbonnois , fut ?
blessé dans cette occasion , et M. de.Noyelles
Lieutenant des Grenadiers dans le même Régi
ment , fut tué.
Cette nuit la Tranchée fut relevée par le Duc t
de Duras , Lieutenant Géneral , M. de Sioujcat ,
Maréchal de Camp et M. Hosanussy , Brigadier
d'Infanterie , avec trois Bataillons , six Compagaies
de Grenadiers , le Détachement ordinaire
de la Gendarmerie , de la Cavalerie et des Dragons
, et roo, Travailleurs. On a fait pendang
cette nuit un logement dans la Contresparpe du
demi-Bastion de la droite de l'Ouvrage à corne,
et on se dispose à attacher le Mincur à la branche
droite de cet Ouvrage.
Le Marquis de Renel , Colonel du Régiment
de
NOVEMBRE . 1733. 2497 -
Sancerre , et gendre du Maréchal Duc de
Berwick , arriva à Fontainebleau le 31. Octobre
vers les 6. heures du soir, et il apporta au Roy la
nouvelle de la prise du Fort de Kell. Il étoit
parti le 28. a 9. heures du soir , dans le moment
que le General de Phall avoit fait battre la chamade
, et ce n'est que le 2. de ce mois que le Roy
a reçu les articles de la Capitulation accordée à
la Garnison, par le Maréchal Duc de Berwick,
Il a été convenu par cette Capitulation , que
le Fort de Kell et tous les Ouvrages qui en dépendent
, seroient rendus aux Troupes du Roy
le 29. au matin ; que le lendemain 30 la Garnison
sortireit avec armes et bagages , Tambour
battant , Enseignes déployées , deux Pieces de
Canon de bronze , et 12. coups de munition
pour chaque Soldat.
Qu'on donneroit la permission à tous les Offciers
Ecclesiastiques et Séculiers de toute Religion
et Profession , de la Garnison du Fort de
Kell , de se retirer où bon leur sembleroit.
Que les Vivandiers et les Commerçans de la
Garnison , pourroient sortir librement après
avoir vendu leurs meubles et effets , et que ceux
qui voudroient demeurer au Fort de Kell , seroient
traitez comme les Sujets du Roy .
Qu'il seroit permis à la Garnison de laisser
dans la Place les blessez et les malades , avec des
Officiers e tdes Chirurgiens pour en avoir soin.
Que tous les Baillifs et Sujets du Margrave de
Bade , domiciliez dans l'Ouvrage à corne du
Fort de Kell , seroient , ainsi que leurs effets
sous la protection de S. M. que la Garnison
mettroit le temps qu'elle jugeroit à propos pour
se rendre à Erlingheim , pourvû que ce terme
'excedât pas celui de 5. jours ; qu'elle seroit
*
H escortéct
2498 MERCURE DE FRANCE
escortée par les Troupes du Roy jusqu'à Etlingheim
, et qu'on lui donneroit pour aller jusqu'à
Ulm , un Passeport et un Trompette.
Que personne de la Garnison ne seroit inquié
té pour des dettes contractées au Fort de Kell ,
ou à Strasbourg , le General Phull s'en étant
rendu caution personnellement ; que ce General
donneroit les ordres qu'il jugeroit convenables ,
si pendant la marche de la Garnison pour se
rendre à Ulm , il arrivoit quelques desordres sur
la route , qu'il seroit donné des ôtages jusqu'au'
retour des Troupes du Roy qui auront escorté
la Garnison.
Que les Etats des munitions de guerre et de
bouche , seroient remis avec les clefs des Maga
Zins , aux Officiers préposez par le Maréchal Duc
de Berwick.
Qu'on fourniroit les vivres nécessaires pour
la subsistance de la Garnison pendant 3. ou 4.
jours de marche , et qu'il seroit donné un Passeport
à trois Officiers , Ingenieurs Prussiens ,
envoyez depuis 5. mois par l'Empire pour faire
réparer les Fortifications du Fort de Kell , ep
qui n'avoient pas eu
eu le temps de se retirer,
On a appris du Camp de Stolhoffen , que les
Troupes qui composoient la Garnison du Fort
de Kell , en sortirent le 13. du mois dernier , au
nombre de 1200. hommes; elles défilerent le long
de la ligne , l'Armée du Roy étant en bataille .
et conformément à un des articles de la Capitulation
, elles furent escortées jusqu'à Etlinghen
par un Détachement de Cavalerie.
Le même jour le Maréchal Duc de Berwick
fit entrer dans le Fort de Kell , le Régiment de
Gensac et celui de Rouergue , qui y doivent res
ser en garnison , et il nonma pour commander
dans
•
2499%
NOVEMBRE
. 1733
dans la Place M. de la Fitte , Commandant le
troisiéme Bataillon du Régiment de Navarre.
Le 2. de ce mois , le Chevalier de Givry , Ma
réchal de Camp , fut détaché de l'Armée avec
six Bataillons et un Régiment de Dragons ,
pour se rendre à Huningue , et pour y faire rétablir
le Pont de cette Ville. Le lendemain le
Maréchal Duc de Berwick partit avec une partie
de l'Armée du Roy , du Camp de Sundheem,
et il campa à Bichem ; il alla le 4. à Liectenaw
et il arriva le 5. vis-à- vis du Fort- Louis.
Le reste de l'Armée marcha le 4. sous les or¬
dres du Duc de Noailles ; et après avoir campé
le même jour à Bichem , il se rendit le s. à
Stolhoffen , où toute l'Armée est actuellement.
Le centre est à Selingue , la droite au Village de
Stolhoffen , et la gauche à celui d'Hugelsheim.
On travaille à rétablir le Pont de communication
du Fort - Louis à l'Ile du Marquisat et à
l'Ouvrage à corne qui doit le deffendre.
On apprend de Strasbourg , que le Maréchal
Duc de Berwick , fit le 9. de ce mois la Revûë
generale de l'Armée. Le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Prince de Dombes et le Comte d'Eu , s'y trou
verent. Le 12. une partie de l'Armée repassa
le Rhin , le reste suivit le lendemain , et le 13 .
les Troupes commencerent à défiler pour se
rendre dans leurs quartiers . Les Régimens de la
Marine , d'Alsace , de Pont, de Sancerre , Royal
Baviere , et celui de Mortemart , qui composent
ro, Bataillons , sont campez dans l'Isle du Marquisat
, pour y achever les ouvrages qui y ont
été commencez , et les Régimens de Piémont ,
de Lionnois et celui d'Angoumois , sont à Humingue
, pour en faire rétablir le Pont.
la Prise du Fort de Kell , &c.
A nuit du 22. au 23 Octobre , la Tranchée
Lfut relevée par le Marquis de Dreux , Lieutenant
General , par le Marquis de la Fare ,
Maréchal de Camp , et par M. de Buckele , Brigadier
d'Infanterie ; les 250. Travailleurs ,
commandez pour les Ouvrages , furent soutenue
par les trois Bataillons du Régiment de la Marine,
par six Compagnies de Grenadiers du Régiment
de Navarre , d'Alsace et de Rouergue ,
et par des Détachemens de la Gendarmerie et
de la Cavalerie, et des Dragons, pareil à ceux des
jours précedens. Pendant cette nuit la Tranchée
fut poussée à so. toises du chemin couvert de
l'Ouvrage à corne , et on se logea dans une Lunette
de terre, que les Aseiegez n'avoient pas cu
le temps d'achever.
La nuit du 23. au 24. le Marquis de Nangis ,
Lieutenant General , le Comte de Saxe , Maréobal
de Camp , et le Comte de Bayiere , Briga
dier
2496 MERCURE DE FRANCE
dier , monterent la Tranchée avec les deux Ba-)
taillons du Régiment de Richelieu , et celui de
Gensac , six Compagnies de Grenadiers , un Dé.
tachement de la Gendarmerie , de la Cavalerie
et des Dragons , de 550 hommes et 1200 Travailleurs.
On poussa pendant cette nuit une sappe
entre le Rhin et la branche droite de l'Ouvrage à
corne. M. de la Serre , Capitaine des Grenadiers
dans le Régiment de Richelieu, fut tué avec deux
Grenadiers , et il y en eut deux autres de blessez.?
Le 25. M. de Quadt , Lieutenant General , le
Marquis de Clermont , Maréchal de Camp , et
M. de Chenelette , Brigadier d'Infanterie , étant
de Tranchée avec 400. Travailleurs et le même
nombre de Troupes que les jours précedens , les
Assiegez firent une sortie sur la sappe poussée
entre le Rhin et l'Ouvrage à corne , mais les
Grenadiers les obligerent de se retirer et la sapper
fut continuée.
Le Chevalier de Lamberval , Capitaine de Gre- :
nadiers , dans le Régiment de Bourbonnois , fut ?
blessé dans cette occasion , et M. de.Noyelles
Lieutenant des Grenadiers dans le même Régi
ment , fut tué.
Cette nuit la Tranchée fut relevée par le Duc t
de Duras , Lieutenant Géneral , M. de Sioujcat ,
Maréchal de Camp et M. Hosanussy , Brigadier
d'Infanterie , avec trois Bataillons , six Compagaies
de Grenadiers , le Détachement ordinaire
de la Gendarmerie , de la Cavalerie et des Dragons
, et roo, Travailleurs. On a fait pendang
cette nuit un logement dans la Contresparpe du
demi-Bastion de la droite de l'Ouvrage à corne,
et on se dispose à attacher le Mincur à la branche
droite de cet Ouvrage.
Le Marquis de Renel , Colonel du Régiment
de
NOVEMBRE . 1733. 2497 -
Sancerre , et gendre du Maréchal Duc de
Berwick , arriva à Fontainebleau le 31. Octobre
vers les 6. heures du soir, et il apporta au Roy la
nouvelle de la prise du Fort de Kell. Il étoit
parti le 28. a 9. heures du soir , dans le moment
que le General de Phall avoit fait battre la chamade
, et ce n'est que le 2. de ce mois que le Roy
a reçu les articles de la Capitulation accordée à
la Garnison, par le Maréchal Duc de Berwick,
Il a été convenu par cette Capitulation , que
le Fort de Kell et tous les Ouvrages qui en dépendent
, seroient rendus aux Troupes du Roy
le 29. au matin ; que le lendemain 30 la Garnison
sortireit avec armes et bagages , Tambour
battant , Enseignes déployées , deux Pieces de
Canon de bronze , et 12. coups de munition
pour chaque Soldat.
Qu'on donneroit la permission à tous les Offciers
Ecclesiastiques et Séculiers de toute Religion
et Profession , de la Garnison du Fort de
Kell , de se retirer où bon leur sembleroit.
Que les Vivandiers et les Commerçans de la
Garnison , pourroient sortir librement après
avoir vendu leurs meubles et effets , et que ceux
qui voudroient demeurer au Fort de Kell , seroient
traitez comme les Sujets du Roy .
Qu'il seroit permis à la Garnison de laisser
dans la Place les blessez et les malades , avec des
Officiers e tdes Chirurgiens pour en avoir soin.
Que tous les Baillifs et Sujets du Margrave de
Bade , domiciliez dans l'Ouvrage à corne du
Fort de Kell , seroient , ainsi que leurs effets
sous la protection de S. M. que la Garnison
mettroit le temps qu'elle jugeroit à propos pour
se rendre à Erlingheim , pourvû que ce terme
'excedât pas celui de 5. jours ; qu'elle seroit
*
H escortéct
2498 MERCURE DE FRANCE
escortée par les Troupes du Roy jusqu'à Etlingheim
, et qu'on lui donneroit pour aller jusqu'à
Ulm , un Passeport et un Trompette.
Que personne de la Garnison ne seroit inquié
té pour des dettes contractées au Fort de Kell ,
ou à Strasbourg , le General Phull s'en étant
rendu caution personnellement ; que ce General
donneroit les ordres qu'il jugeroit convenables ,
si pendant la marche de la Garnison pour se
rendre à Ulm , il arrivoit quelques desordres sur
la route , qu'il seroit donné des ôtages jusqu'au'
retour des Troupes du Roy qui auront escorté
la Garnison.
Que les Etats des munitions de guerre et de
bouche , seroient remis avec les clefs des Maga
Zins , aux Officiers préposez par le Maréchal Duc
de Berwick.
Qu'on fourniroit les vivres nécessaires pour
la subsistance de la Garnison pendant 3. ou 4.
jours de marche , et qu'il seroit donné un Passeport
à trois Officiers , Ingenieurs Prussiens ,
envoyez depuis 5. mois par l'Empire pour faire
réparer les Fortifications du Fort de Kell , ep
qui n'avoient pas eu
eu le temps de se retirer,
On a appris du Camp de Stolhoffen , que les
Troupes qui composoient la Garnison du Fort
de Kell , en sortirent le 13. du mois dernier , au
nombre de 1200. hommes; elles défilerent le long
de la ligne , l'Armée du Roy étant en bataille .
et conformément à un des articles de la Capitulation
, elles furent escortées jusqu'à Etlinghen
par un Détachement de Cavalerie.
Le même jour le Maréchal Duc de Berwick
fit entrer dans le Fort de Kell , le Régiment de
Gensac et celui de Rouergue , qui y doivent res
ser en garnison , et il nonma pour commander
dans
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NOVEMBRE
. 1733
dans la Place M. de la Fitte , Commandant le
troisiéme Bataillon du Régiment de Navarre.
Le 2. de ce mois , le Chevalier de Givry , Ma
réchal de Camp , fut détaché de l'Armée avec
six Bataillons et un Régiment de Dragons ,
pour se rendre à Huningue , et pour y faire rétablir
le Pont de cette Ville. Le lendemain le
Maréchal Duc de Berwick partit avec une partie
de l'Armée du Roy , du Camp de Sundheem,
et il campa à Bichem ; il alla le 4. à Liectenaw
et il arriva le 5. vis-à- vis du Fort- Louis.
Le reste de l'Armée marcha le 4. sous les or¬
dres du Duc de Noailles ; et après avoir campé
le même jour à Bichem , il se rendit le s. à
Stolhoffen , où toute l'Armée est actuellement.
Le centre est à Selingue , la droite au Village de
Stolhoffen , et la gauche à celui d'Hugelsheim.
On travaille à rétablir le Pont de communication
du Fort - Louis à l'Ile du Marquisat et à
l'Ouvrage à corne qui doit le deffendre.
On apprend de Strasbourg , que le Maréchal
Duc de Berwick , fit le 9. de ce mois la Revûë
generale de l'Armée. Le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Prince de Dombes et le Comte d'Eu , s'y trou
verent. Le 12. une partie de l'Armée repassa
le Rhin , le reste suivit le lendemain , et le 13 .
les Troupes commencerent à défiler pour se
rendre dans leurs quartiers . Les Régimens de la
Marine , d'Alsace , de Pont, de Sancerre , Royal
Baviere , et celui de Mortemart , qui composent
ro, Bataillons , sont campez dans l'Isle du Marquisat
, pour y achever les ouvrages qui y ont
été commencez , et les Régimens de Piémont ,
de Lionnois et celui d'Angoumois , sont à Humingue
, pour en faire rétablir le Pont.
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Résumé : SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
En octobre 1733, le siège et la prise du Fort de Kell furent marqués par des travaux de tranchée dirigés par plusieurs officiers de haut rang, dont le Marquis de Dreux, le Marquis de la Fare et M. de Buckele, avec le soutien de divers régiments et détachements. Les travaux avancèrent rapidement, avec la construction d'une lunette de terre et une sappe entre le Rhin et l'ouvrage à corne. Plusieurs incidents notables se produisirent, notamment la mort du Capitaine M. de la Serre et du Lieutenant M. de Noyelles, ainsi que des blessures subies par le Chevalier de Lamberval. Le 31 octobre, le Marquis de Renel informa le roi de la prise du Fort de Kell. La capitulation stipulait que la garnison sortirait avec armes et bagages, tambour battant, et que les blessés et malades resteraient sous la protection du roi. La garnison fut escortée jusqu'à Etlingheim, et des passeports furent fournis pour leur voyage jusqu'à Ulm. Les troupes du roi prirent possession du fort, et les régiments de Gensac et de Rouergue y furent stationnés sous le commandement de M. de la Fitte. Par la suite, le Maréchal Duc de Berwick déplaça une partie de l'armée vers Huningue et le Fort-Louis, où des travaux de réparation furent entrepris. Le 9 novembre, le Maréchal Duc de Berwick effectua une revue générale de l'armée à Strasbourg. Le 12 et 13 novembre, les troupes commencèrent à se rendre dans leurs quartiers d'hiver. Les régiments de la Marine, d'Alsace, de Pont, de Sancerre, Royal Bavière et de Mortemart furent stationnés dans l'île du Marquisat pour achever les ouvrages, tandis que les régiments de Piémont, de Lionnois et d'Angoumois furent envoyés à Huningue pour rétablir le pont.
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20
p. 1352-1361
RELATION de ce qui s'est passé à Monaco à l'occasion de l'arrivée de S. A. Honoré III. Prince de Monaco, et de son Avenement à la Souveraineté, sous l'Administration de M. le Duc de Valentinois, Pair de France, son Pere.
Début :
M. le Duc de Valentinois ayant mandé qu'il partiroit de Paris le troisiéme [...]
Mots clefs :
Monaco, Honoré III, Prince de Monaco, Duc de Valentinois, Prince, Place, Ville, Palais, Principauté, Église, Joie, Peuple, Garnison, Cure
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé à Monaco à l'occasion de l'arrivée de S. A. Honoré III. Prince de Monaco, et de son Avenement à la Souveraineté, sous l'Administration de M. le Duc de Valentinois, Pair de France, son Pere.
RELATION de ce qui s'est passé
à Monaco à l'occasion de l'arrivée de
S. A. Honoré III. Princ: de Monaco ,
et de son Avenement à la Souveraineté,
sous l'Administration de M. le Duc de
Valentinois , Pair de France , son Pere,
M
le Duc de Valentinois ayant mandé
qu'il partiroit de Paris le troisiéme
du mois de May pour se rendre
à Monaco avec M. le Prince son fils ,
M. le Chevalier de Grimaldi , Gouverneur
General de la Principauté , envoya
le 21 May à Cannes , Ville Maritime de
Provence , les deux Chalouppes de S. A.
magnifiquement équippées , avec son
Capitaine des Gardes pour les y recevoir;
il fit embarq er aussi quelques Musiciens
et Symphonistes pour amuser le
I k Vol. jeune
JUIN. 1734 1353
Jeune Prince , pendant le petit trajet de
Mer qu'il avoit à faire pour la premiere
fois.
Le treizième , les Chalouppes ayant
paru à la hauteur de la Place , le Canon
commença à tirer et continua par une
salve de 130 coups , au bruit de laquelle
S. A. entra dans les Appartemens de son
Palais.
Tous les Bâtimens qui se trouverent
dans le Port , firent aussi une décharge
de leur Artillerie, lorsque les Chalouppes
y entrérent.
Le Corps qui compo e le Magistrat
et les Principaux de la Ville , suivis d'un
nombre infini d'autres personnes , accoururent
en foule pour se trouver au débarquement
: il se fit aux acclamations de
tout le Peuple qui marquoit son contentement
par les démonstrations de la joye
la plus parfaite.
A la premiere Barriere de la Ville le
Prince trouva M. de Mongremier , Lieutenant
pour le Roy dans la Place , avec
le Comte d'Aunay , Colonel du Regiment
de Vexin , et les Officiers de la
Garnison qui s'étoient avancez pour le
recevoir , et qui le complimenterent sur
son arrivée. On entra ensuite dans la
Place où toute la Garnison
II. Vol.
و
E
qui étoit
Sous
· 1354 MERCURE DE FRANCE
sous les armes , rendit les honneurs dûs
au Souverain de Monaco .
,
Le soir du même jour il y eut dans
toute la Ville de grandes illuminations ,
des feux de joye , beaucoup de déchar
ges d'Artillerie , et de feu d'artifice ;
tout le Peuple accourut en même tems
sur la Place d'Armes au - dessous des
fenêtres du Palais , applaudissant par de
nouvelles acclamations, mêlées de danses,
à l'heureuse arrivée de son Prince.
>
Le lendemain 14. le Magistrat s'étant
rendu à l'heure marquée au Palais en
habit de cérémonie eut l'honneur de
haranguer S. A , au nom de la Ville . Le
Curé de l'Eglise principale , à la tête de
son Clergé, fic la même chose . Toutes les
Dames se présentérent ensuite pour saluer
le Prince .
Pendant la journée ce ne furent que
Fêtes , Danses et continuelles acclamations
de la part du peuple assemblé
dans la grande Place,vis à - vis les Appartemens
du Prince. Les feux , les illuminations
et les réjouissances continuerent
tout le Samedy 15. jusqu'à minuit.
Le 16 , jour destiné pour l'Entrée publique
, S. A. sortit de la Ville sur les
cinq heures du soir ; et après avoir fait
un tour de promenade , il revint sur ses
pas. PenJUIN.
1734 1355
Pendant ce tems- là M. le Chevalier
de Grimaldi , Gouverneur General de la
Principauté , le Magistrat avec tout le
Clergé précedé par la Croix , les Prêtres
en surplis , le Curé et ses deux Assi tans
revêtus de Chappes , allerent à la rencontre
de S. A. ju ques à la premiere
Barriere . Dès qu'el.e y fat arrivée, le Che
valier de G.inaldi , en a qualité , lui présenta
les Clefs de la Ville dans un bassin
de vermeil . M. l'Auditeur , Juge Principal
et Chef du Magis rat , la complimenta
sur son Avénement à la Principauré.
Après ce cérémonial S. A. se mit
genoux sur un Prie Dieu préparé ;
M. le Curé s'étant avancé avec ses Assistans
lui présenta la Croix à baiser ; et
après qu'il eut recité les prieres prescrites
par le Rituel Romain , S. A. se leva
et se mit sous le Diis , porté par les Officiers
de la Magistrature .
à
·
Dans le même tems le Clergé entonna
le Pseaume Benedictus Dominu Deus meus
&c. et S. A. se mit en marche , entourée
de ses Gardes duCorps et des Gens de sa
Cour , pour se rendre à la grande Eglise.
Toutes les Maisons des Rues par où
se faisoit la marche ; étoient ornées de
tapisseries Il y avoit aussi trois gran.is
Arcs de triomphe à des di tance pro-
Eij por II. Vol.
135 MERCURE DE FRANCE
portionnées , ornez de figures Allegoriques
, d'Emblêmes, de Festons &c . éclairez
de quantité de flambeaux , et d'une
infinité de bougies. La Garnison sous les
armes étoit en haye , à droite et à gauche,
de puisle premier Corps de Garde jusques
aux Portes de la grande Eglise.
Cette Eglise étoit richement ornée par
des Tapisseries de brocard d'or, de damas
et de velours cramoisy qui alloient jusqu'à
la voûte. Les illuminations répondoient à
tout le reste ; outre les Lustres de cristal
et la quantité de cierges dont toutes les
Chapelles étoient illuminées , on en avoit
placé trois cent sur le grand Autel .
S. A. étant entrée dans l'Eglise s'avança
jusqu'au milieu du choeur et se mit à genoux
sur un Prie - Dieu , placé sous un
Dais qui étoit suspendu . Le Pseaume
Benedictus étant achevé, le Curé officiant
chanta le verset , O Salutaris Hostia ;
et dans le même temps on fit l'Exposition
du Saint Sacrement ; il entonna
ensuite le Te Deum , et la Place fit aussitôt
une nouvelle salve de 24 piéces de
canon. Après le Te Deum le même Officiant
donna la Bénédiction par laquelle
la cérémonie Ecclesiastique fut terminée.
Le Prince ayant alors quitté son Prie-
Dieu , se mit de nouveau sous le Dais
II Vol
porté
JUIN. 1734 1357
porté par les Magistrats et marcha ainsi
jusqu'aux Portes de l'Eglise précedé par
tout le Clergé , et après avoir reçu un
autre compliment de M. le Curé , il se
rendit au Palais , entouré de ses Gardes du
Corps et suivi par les Gens de sa Cour ,
aux acclamations réïterées de tout le Peuple.
Il passa au milieu des Troupes de
la Garnison qui continuoient à border la
haye à droite et à gauche , et il reçut le
salut accoutumé de la part des Offi
ciers.
Dans ce tems- là , Mrs de la Ville firent
couler quatre fontaines de vin deux
sur la Place et deux à chaque côté du
premier Arc de triomphe. S. A. fit jetter
de l'argent au Peuple , et en fit en
même tems distribuer aux Troupes et aux
Pauvres de la Ville.
Le soir du même jour , les illuminations
, les feux de joye et d'artifice furent
renouvellez dans toute la Ville
fit une autre salve de canon . La Fête
et on
finit par un grand repas donné au Palais ,
où les Officiers Majors de la Place et ceux
de la Garnison furent invitez , ainsi que
les principaux Habitans de Monaco . Ce
jour- là se trouvoit heureusement celui
de la Fête de S. Honoré , dont le Prince
porte le nom.
II. Vol.
E iij Le
1358 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , sur les cinq heures du soir
S. A. assise sous un Dais reçut dans la
grande Sale de son Palais le serment de
fidelité de la part de ses sujets de la Principauté
de Monaco .
Le soir toute la jeunesse de la Ville,
pour marquer plus particulierement sa
joye , fit dresser trois tables sur la grande
Place au de sous des fenêtres des Appartemens
du Prince , et donna un grand
souper qui fut accompagné de salves
réïterées , de boëtes , de concerts , de voix
d'instruments , de danses , avec un concours
extraordinaire de Peuple.
Le 18 au soir , il y eut pareillement
une grande réjouissance au Port . Le Bâtiment
armé qui sert de Garde- côte parut
tout illuminé, tant le longde son bord,
que sur ses vergues , ornées de flammes
et de banderoles : plusieurs autres moin
dres Batimens , Chaloupes , Bâteaux & c.
illuminez par des feux godronnez , firent
entr'eux une espece de combat naval par
des décharges de leur Mousqueterie, tandis
que le gros Vaisseau répondoit de
son Artillerie. Les fux de joye et d'artifices
et les décharges de quantité de boëtes
continuerent une grande partie de la nuit,
le tout par un tems calme et à souhait.
Le 19 au soir le Prince donna un .
II. Vol. grand
JUIN. £734. 1359
grand Bal au Palais , accompagné d'une
magnifique colation .
Il se propose
de faire également son
Entrée publique à Menton , autre Ville
de la même Principauté . Par les préparatif
qui s'y font , il est à présumer que
S. A. n'aura pas moins lieu d'être satisfaite
de sa réception , qu'elle vient de
l'être à Monaco.
INSCRIPTIONS
des Arcs de
Triomphe , érigez dans Monaco à
l'occasion de cette Entrée.
HONORATO III.
Monaci Principi optimo,
In ipso adolescentiaflore
Maturo, augusti genitoris judicio,
Supremi Principatûs gubernaculis admoto ,
Populus Monacensis
·Paterna providentia applaudens
In signum grati animi dulcisque sui amor
Hunc triumphalem Arcum
Erexit.
Die xxvi. Maii M. DCC. XXXIV.
HONORATUS.
Tertius Nomine ,
Sed nobilitate , ingenio , ac animi dotibus,
Nemini secundus
II. Vol. E iilj
Prin
1360 MERCURE DE FRANCE
Principatus dignitatempaternâ liberalitate collatan
Prematurè adeptus
Longam Populorum felicitatem promittit ,
Si justa magnarum rerum spei
Ab egregia ejus indole in omnibus excitata ,
Anni juxtà communem votum
Respondeant.
HONORATUS III.
Primitias amoris Paterni
Non tam natura beneficio ,
Quam excelsis animi Dotibus
Et corporis formá imperio digná
Promeritus
Supremam Principis dignitatem
Ab optimo piissimoque Parente ,
Antè diem ultrò sibi delatam ,
·Populorum felicitati ac gaudio ante diem
Studens
Triumphali pompâ non invitus
Ostentat.
TRADUCTION.
Les Habitans de Monaco applaudissant à la
sage prévoyance paternelle , ont érigé cet Arc
de Triomphe en l'honneur du très- excellent
Prince de Monaco , HONORE' III. qui par
le jugement reflechi d'un illustre Pere , est parvenu
à la souveraine Principauté à la fleur de son
âge , le 16. May, 1734 .
II. Vol. Honoré
JUIN.
1261 1734.
Honoré III. du nom , mais qui ne le cede.
à personne en noblesse , en esprit et par les
belles qualitez de son coeur , parvenu avant le
temps à la Principauté , par la pure liberalité
d'un aimable Pere , promet à ses Peuples un
bonheur constant et durable , si les années répondent
aux grandes esperances que la beauté de
son caractere a fait concevoir à tout le monde.
Honoré III. qui a mérité les prémices de
P'amour paternel , moins par un bienfait de la
Nature , que par les belles qualitez de son coeur ,
et par celles du corps , dignes du Trône , travaillant
au bonheur des Peuples et occupé de
leur prosperité , fair remarquer avec joye dans
sa marche triomphale la dignité de Prince dont
il est revétu , par la faveur et la grace du meilleur
et du plus tendre de tous les Peres.
à Monaco à l'occasion de l'arrivée de
S. A. Honoré III. Princ: de Monaco ,
et de son Avenement à la Souveraineté,
sous l'Administration de M. le Duc de
Valentinois , Pair de France , son Pere,
M
le Duc de Valentinois ayant mandé
qu'il partiroit de Paris le troisiéme
du mois de May pour se rendre
à Monaco avec M. le Prince son fils ,
M. le Chevalier de Grimaldi , Gouverneur
General de la Principauté , envoya
le 21 May à Cannes , Ville Maritime de
Provence , les deux Chalouppes de S. A.
magnifiquement équippées , avec son
Capitaine des Gardes pour les y recevoir;
il fit embarq er aussi quelques Musiciens
et Symphonistes pour amuser le
I k Vol. jeune
JUIN. 1734 1353
Jeune Prince , pendant le petit trajet de
Mer qu'il avoit à faire pour la premiere
fois.
Le treizième , les Chalouppes ayant
paru à la hauteur de la Place , le Canon
commença à tirer et continua par une
salve de 130 coups , au bruit de laquelle
S. A. entra dans les Appartemens de son
Palais.
Tous les Bâtimens qui se trouverent
dans le Port , firent aussi une décharge
de leur Artillerie, lorsque les Chalouppes
y entrérent.
Le Corps qui compo e le Magistrat
et les Principaux de la Ville , suivis d'un
nombre infini d'autres personnes , accoururent
en foule pour se trouver au débarquement
: il se fit aux acclamations de
tout le Peuple qui marquoit son contentement
par les démonstrations de la joye
la plus parfaite.
A la premiere Barriere de la Ville le
Prince trouva M. de Mongremier , Lieutenant
pour le Roy dans la Place , avec
le Comte d'Aunay , Colonel du Regiment
de Vexin , et les Officiers de la
Garnison qui s'étoient avancez pour le
recevoir , et qui le complimenterent sur
son arrivée. On entra ensuite dans la
Place où toute la Garnison
II. Vol.
و
E
qui étoit
Sous
· 1354 MERCURE DE FRANCE
sous les armes , rendit les honneurs dûs
au Souverain de Monaco .
,
Le soir du même jour il y eut dans
toute la Ville de grandes illuminations ,
des feux de joye , beaucoup de déchar
ges d'Artillerie , et de feu d'artifice ;
tout le Peuple accourut en même tems
sur la Place d'Armes au - dessous des
fenêtres du Palais , applaudissant par de
nouvelles acclamations, mêlées de danses,
à l'heureuse arrivée de son Prince.
>
Le lendemain 14. le Magistrat s'étant
rendu à l'heure marquée au Palais en
habit de cérémonie eut l'honneur de
haranguer S. A , au nom de la Ville . Le
Curé de l'Eglise principale , à la tête de
son Clergé, fic la même chose . Toutes les
Dames se présentérent ensuite pour saluer
le Prince .
Pendant la journée ce ne furent que
Fêtes , Danses et continuelles acclamations
de la part du peuple assemblé
dans la grande Place,vis à - vis les Appartemens
du Prince. Les feux , les illuminations
et les réjouissances continuerent
tout le Samedy 15. jusqu'à minuit.
Le 16 , jour destiné pour l'Entrée publique
, S. A. sortit de la Ville sur les
cinq heures du soir ; et après avoir fait
un tour de promenade , il revint sur ses
pas. PenJUIN.
1734 1355
Pendant ce tems- là M. le Chevalier
de Grimaldi , Gouverneur General de la
Principauté , le Magistrat avec tout le
Clergé précedé par la Croix , les Prêtres
en surplis , le Curé et ses deux Assi tans
revêtus de Chappes , allerent à la rencontre
de S. A. ju ques à la premiere
Barriere . Dès qu'el.e y fat arrivée, le Che
valier de G.inaldi , en a qualité , lui présenta
les Clefs de la Ville dans un bassin
de vermeil . M. l'Auditeur , Juge Principal
et Chef du Magis rat , la complimenta
sur son Avénement à la Principauré.
Après ce cérémonial S. A. se mit
genoux sur un Prie Dieu préparé ;
M. le Curé s'étant avancé avec ses Assistans
lui présenta la Croix à baiser ; et
après qu'il eut recité les prieres prescrites
par le Rituel Romain , S. A. se leva
et se mit sous le Diis , porté par les Officiers
de la Magistrature .
à
·
Dans le même tems le Clergé entonna
le Pseaume Benedictus Dominu Deus meus
&c. et S. A. se mit en marche , entourée
de ses Gardes duCorps et des Gens de sa
Cour , pour se rendre à la grande Eglise.
Toutes les Maisons des Rues par où
se faisoit la marche ; étoient ornées de
tapisseries Il y avoit aussi trois gran.is
Arcs de triomphe à des di tance pro-
Eij por II. Vol.
135 MERCURE DE FRANCE
portionnées , ornez de figures Allegoriques
, d'Emblêmes, de Festons &c . éclairez
de quantité de flambeaux , et d'une
infinité de bougies. La Garnison sous les
armes étoit en haye , à droite et à gauche,
de puisle premier Corps de Garde jusques
aux Portes de la grande Eglise.
Cette Eglise étoit richement ornée par
des Tapisseries de brocard d'or, de damas
et de velours cramoisy qui alloient jusqu'à
la voûte. Les illuminations répondoient à
tout le reste ; outre les Lustres de cristal
et la quantité de cierges dont toutes les
Chapelles étoient illuminées , on en avoit
placé trois cent sur le grand Autel .
S. A. étant entrée dans l'Eglise s'avança
jusqu'au milieu du choeur et se mit à genoux
sur un Prie - Dieu , placé sous un
Dais qui étoit suspendu . Le Pseaume
Benedictus étant achevé, le Curé officiant
chanta le verset , O Salutaris Hostia ;
et dans le même temps on fit l'Exposition
du Saint Sacrement ; il entonna
ensuite le Te Deum , et la Place fit aussitôt
une nouvelle salve de 24 piéces de
canon. Après le Te Deum le même Officiant
donna la Bénédiction par laquelle
la cérémonie Ecclesiastique fut terminée.
Le Prince ayant alors quitté son Prie-
Dieu , se mit de nouveau sous le Dais
II Vol
porté
JUIN. 1734 1357
porté par les Magistrats et marcha ainsi
jusqu'aux Portes de l'Eglise précedé par
tout le Clergé , et après avoir reçu un
autre compliment de M. le Curé , il se
rendit au Palais , entouré de ses Gardes du
Corps et suivi par les Gens de sa Cour ,
aux acclamations réïterées de tout le Peuple.
Il passa au milieu des Troupes de
la Garnison qui continuoient à border la
haye à droite et à gauche , et il reçut le
salut accoutumé de la part des Offi
ciers.
Dans ce tems- là , Mrs de la Ville firent
couler quatre fontaines de vin deux
sur la Place et deux à chaque côté du
premier Arc de triomphe. S. A. fit jetter
de l'argent au Peuple , et en fit en
même tems distribuer aux Troupes et aux
Pauvres de la Ville.
Le soir du même jour , les illuminations
, les feux de joye et d'artifice furent
renouvellez dans toute la Ville
fit une autre salve de canon . La Fête
et on
finit par un grand repas donné au Palais ,
où les Officiers Majors de la Place et ceux
de la Garnison furent invitez , ainsi que
les principaux Habitans de Monaco . Ce
jour- là se trouvoit heureusement celui
de la Fête de S. Honoré , dont le Prince
porte le nom.
II. Vol.
E iij Le
1358 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , sur les cinq heures du soir
S. A. assise sous un Dais reçut dans la
grande Sale de son Palais le serment de
fidelité de la part de ses sujets de la Principauté
de Monaco .
Le soir toute la jeunesse de la Ville,
pour marquer plus particulierement sa
joye , fit dresser trois tables sur la grande
Place au de sous des fenêtres des Appartemens
du Prince , et donna un grand
souper qui fut accompagné de salves
réïterées , de boëtes , de concerts , de voix
d'instruments , de danses , avec un concours
extraordinaire de Peuple.
Le 18 au soir , il y eut pareillement
une grande réjouissance au Port . Le Bâtiment
armé qui sert de Garde- côte parut
tout illuminé, tant le longde son bord,
que sur ses vergues , ornées de flammes
et de banderoles : plusieurs autres moin
dres Batimens , Chaloupes , Bâteaux & c.
illuminez par des feux godronnez , firent
entr'eux une espece de combat naval par
des décharges de leur Mousqueterie, tandis
que le gros Vaisseau répondoit de
son Artillerie. Les fux de joye et d'artifices
et les décharges de quantité de boëtes
continuerent une grande partie de la nuit,
le tout par un tems calme et à souhait.
Le 19 au soir le Prince donna un .
II. Vol. grand
JUIN. £734. 1359
grand Bal au Palais , accompagné d'une
magnifique colation .
Il se propose
de faire également son
Entrée publique à Menton , autre Ville
de la même Principauté . Par les préparatif
qui s'y font , il est à présumer que
S. A. n'aura pas moins lieu d'être satisfaite
de sa réception , qu'elle vient de
l'être à Monaco.
INSCRIPTIONS
des Arcs de
Triomphe , érigez dans Monaco à
l'occasion de cette Entrée.
HONORATO III.
Monaci Principi optimo,
In ipso adolescentiaflore
Maturo, augusti genitoris judicio,
Supremi Principatûs gubernaculis admoto ,
Populus Monacensis
·Paterna providentia applaudens
In signum grati animi dulcisque sui amor
Hunc triumphalem Arcum
Erexit.
Die xxvi. Maii M. DCC. XXXIV.
HONORATUS.
Tertius Nomine ,
Sed nobilitate , ingenio , ac animi dotibus,
Nemini secundus
II. Vol. E iilj
Prin
1360 MERCURE DE FRANCE
Principatus dignitatempaternâ liberalitate collatan
Prematurè adeptus
Longam Populorum felicitatem promittit ,
Si justa magnarum rerum spei
Ab egregia ejus indole in omnibus excitata ,
Anni juxtà communem votum
Respondeant.
HONORATUS III.
Primitias amoris Paterni
Non tam natura beneficio ,
Quam excelsis animi Dotibus
Et corporis formá imperio digná
Promeritus
Supremam Principis dignitatem
Ab optimo piissimoque Parente ,
Antè diem ultrò sibi delatam ,
·Populorum felicitati ac gaudio ante diem
Studens
Triumphali pompâ non invitus
Ostentat.
TRADUCTION.
Les Habitans de Monaco applaudissant à la
sage prévoyance paternelle , ont érigé cet Arc
de Triomphe en l'honneur du très- excellent
Prince de Monaco , HONORE' III. qui par
le jugement reflechi d'un illustre Pere , est parvenu
à la souveraine Principauté à la fleur de son
âge , le 16. May, 1734 .
II. Vol. Honoré
JUIN.
1261 1734.
Honoré III. du nom , mais qui ne le cede.
à personne en noblesse , en esprit et par les
belles qualitez de son coeur , parvenu avant le
temps à la Principauté , par la pure liberalité
d'un aimable Pere , promet à ses Peuples un
bonheur constant et durable , si les années répondent
aux grandes esperances que la beauté de
son caractere a fait concevoir à tout le monde.
Honoré III. qui a mérité les prémices de
P'amour paternel , moins par un bienfait de la
Nature , que par les belles qualitez de son coeur ,
et par celles du corps , dignes du Trône , travaillant
au bonheur des Peuples et occupé de
leur prosperité , fair remarquer avec joye dans
sa marche triomphale la dignité de Prince dont
il est revétu , par la faveur et la grace du meilleur
et du plus tendre de tous les Peres.
Fermer
Résumé : RELATION de ce qui s'est passé à Monaco à l'occasion de l'arrivée de S. A. Honoré III. Prince de Monaco, et de son Avenement à la Souveraineté, sous l'Administration de M. le Duc de Valentinois, Pair de France, son Pere.
Le texte décrit l'arrivée et l'accession au trône d'Honoré III, Prince de Monaco, sous la régence de son père, le Duc de Valentinois. Le 21 mai, le Chevalier de Grimaldi, Gouverneur Général de la Principauté, envoya des chaloupes à Cannes pour accueillir le Duc de Valentinois et le jeune Prince. Le 13 juin, à l'arrivée des chaloupes à Monaco, une salve de 130 coups de canon fut tirée, et le Prince fut accueilli par des acclamations et des démonstrations de joie du peuple. Ce soir-là, des illuminations, des feux de joie et des feux d'artifice furent allumés dans toute la ville. Le lendemain, le Magistrat et le Clergé haranguèrent le Prince, et des fêtes et des danses continuèrent toute la journée. Le 16 juin, jour de l'entrée publique, le Prince fut accueilli par le Chevalier de Grimaldi et le Magistrat, qui lui présentèrent les clefs de la ville. Après une cérémonie religieuse à l'église, le Prince distribua de l'argent au peuple et aux troupes. Les célébrations inclurent des fontaines de vin, des illuminations et un grand repas au Palais. Le 17 juin, le Prince reçut le serment de fidélité de ses sujets. Les réjouissances se poursuivirent avec des bals, des concerts et des feux d'artifice. Le Prince prévoyait également une entrée publique à Menton. Des arcs de triomphe furent érigés à Monaco, portant des inscriptions en latin célébrant les qualités et l'accession au trône d'Honoré III.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 1416-1419
POLOGNE. Suite du Siege de Dantzick.
Début :
Au commencement de ce mois, les Ennemis pousserent avec beaucoup de vivacité leurs [...]
Mots clefs :
Siège de Dantzig, Garnison, Troupes saxonnes, Fort, Gdańsk, Détachement, Camp, Ville, Assiégeants, Comte de Munich
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE. Suite du Siege de Dantzick.
POLOGNE.
Suite du Siege de Dantzick
U commencement de ce mois , les Ennemis
pousserent avec beaucoup de vivacité leurs
approches du côté du Bisschosberg , et ils s'emparerent
d'un poste avancé qu'un Détachement
de la Garnison de la Ville occupoit près de
Schiedlitz .
Le s . il vint à Dantzick , du Camp des Assiegeans
, un Tambour des Troupes Saxones , chargé
par le Duc de Saxe Wesseinfels , et le Comte
de Munich , de remettre aux Magistrats une Lettre
, par laquelle ces deux Generaux et les Seigneurs
Polonais attachez au parti de l'Electeur
de Saxe , qui sont dans l'Armée ennemie , les exhortoient
de nouveau à se soumettre à ce Prince
et à donner à la Czarine les satisfactions qu'elle
demande pour les actes d'hostilité commis contre
ses Troupes , et on répondit à cette Lettre ,
comme on avoit fait aux précedentes , que les
Habitans étoient déterminez à se deffendre jusqu'à
la derniere extremité.
Le 6. unDétachement d'environ 250. hommes
de la Garnison , fit une sortie et attaqua avec
beaucoup de valeur les travaux que les Assiegeans
ont commencés sur le Stolzberg , et dont
la plus grande partie fut renversée.
Le 9.
les Vaisseaux François qui étoient à la
Rade de la Ville , mirent à la voile pour reto ur-
11. Vol. ner
J.U IN. 1734 1417
her à Coppenhague , où ils conduisirent une
Frégate Moscovite de 32. Pieces de Canon , qu'ils
avoient prise à la hauteur de l'Ifle de Borsnhelm.
L'Escadre de la Czarine , composée de 14-
Vaisseaux de ligne , de 8. Frégates , de 2. Galiotes
à Bombes , et d'un Brulot , laquelle étoit
partie de Cronstadt le 24. du mois dernier ,
mouilla le 5. de ce mois à Pillau , où elle débarqua
de l'Artillerie et des Munitions destinées
pour le Camp des Assiegeans , et elle arriva le
12. au matin à la Rade de Dantzick.
Le Duc de Saxe Wesseinfels , le Comte de Munich
, et la plupart des Officiers Generaux des
Troupes ennemies se rendirent le 13. de ce mois
à bord de l'Amiral de l'Escadre Moscovite , qui
est toujours à la Rade de Dantzick et qui ferme
le passage de la Vistule, et ils y tinrent un Conseil
de Guerre , dans lequel il fut résolu qu'ils
employeroient tous leurs efforts pour s'emparer
du fort de Wechselmunde , avant que de songer
à soumettre la Ville .
Le lendemain M. Gordon fit commencer le
bombardement du Fort avec deux Galiotes à
bombes. Le feu fut très - vif pendant plusieurs
heures , tant du côté de la Garnison que de celui
des Assicgeans , et quelques Frégates de ces
derniers s'étant avancez trop près du Fort , furent
endommagées par le Canon.
Le 15. les Ennemis continuerent d'y jetter des
Bombes , dont une tomba sur un Magazin à
Poudre , qui n'ayant pas été couvert avec assez.
de précaution , sauta en l'air.
Le Comte de Munich alla le 17. reconnoître
le Fort , et la nuit suivante la Tranchée fut ouverte
par un Détachement des Troupes Saxones
qui a été relevé la nuit du 18. par 2000. Moscovites.
La
1418 MERCURE DE FRANCE
Le bruit court que le Comte de Munich fir
sommer le 19. la Garnison de Wechselmunde
de se rendre , et qu'elle a promis de rendre le
Fort le 24. si elle n'étoit pas secourüe .
L'Artillerie et les Munitions de guerre que
P'Escadre de la Czarine a débarquées au Pillau ,
arriverent il y a quelques jours au Camp des
Assiegeans , qui ont déja dressé plusieurs Batteries
de Canon et de Mortiers , avec lesquels ils
battent la vieille Ville , où ils ont fait sauter un
des Magazins à poudre. Ils bombarderent aussf
avec beaucoup de force le Camp où les Troapes
Françoises sont retranchées , et le General Moscovite
leur a fait faire la même sommation qu'à'
la Garnison de Wechselmunde.
On a appris depuis que le Gouverneur de ce
Fort capitula le 23. de ce mois , et qu'il fut re –
mis le lendemain au Duc de Saxe Weissenfels ,
qui y fit entrer une Garnison Saxone. On est
convenú que M. de Stackelberg , Colonel au
service du Roy de Suede et les Troupes Suedoises
qui étoient dans le Fort , pourroient se retireren
Suede , et qu'il leur seroit fourni des vivres depuis
le jour de la capitulation jusqu'à celui de
leur départ pour retourner dans leur Pays.
Le 19. Juin , le Roy fit sortir de Dantzick un
Détachement de la Garnison , qui attaqua avec
beaucoup de valeur les travaux des Assicgeans ,
en tua plusieurs et fit quelques prisonniers . Un
autre Détachement de la Garnison fit le lendemain
une sortie et combla une partie des Tranchées
des Moscovites.
Les Magistrats envoyerent le 26. un Officier
aux Generaux ennemis , pour leur faire quelques
propositions. Il revint avec un Officier des Troupes
Saxones , lequel eut un long entretien avec
Primat. M.
JUIN. 1734 1419
M. de Brandt , Ministre du Roy de Prusse , a
écrit aux Magistrats une Lettre qui contient
quelques nouvelles propositions d'accommodement
, à l'occasion de laquelle ils ont tenu plusieurs
assemblées .
On assure qu'un Détachement des Troupes de
Ja Couronne s'est emparé de Cracovie , après en
avoir chassé les Troupes Saxones qui y étoient
en garnison.
Suite du Siege de Dantzick
U commencement de ce mois , les Ennemis
pousserent avec beaucoup de vivacité leurs
approches du côté du Bisschosberg , et ils s'emparerent
d'un poste avancé qu'un Détachement
de la Garnison de la Ville occupoit près de
Schiedlitz .
Le s . il vint à Dantzick , du Camp des Assiegeans
, un Tambour des Troupes Saxones , chargé
par le Duc de Saxe Wesseinfels , et le Comte
de Munich , de remettre aux Magistrats une Lettre
, par laquelle ces deux Generaux et les Seigneurs
Polonais attachez au parti de l'Electeur
de Saxe , qui sont dans l'Armée ennemie , les exhortoient
de nouveau à se soumettre à ce Prince
et à donner à la Czarine les satisfactions qu'elle
demande pour les actes d'hostilité commis contre
ses Troupes , et on répondit à cette Lettre ,
comme on avoit fait aux précedentes , que les
Habitans étoient déterminez à se deffendre jusqu'à
la derniere extremité.
Le 6. unDétachement d'environ 250. hommes
de la Garnison , fit une sortie et attaqua avec
beaucoup de valeur les travaux que les Assiegeans
ont commencés sur le Stolzberg , et dont
la plus grande partie fut renversée.
Le 9.
les Vaisseaux François qui étoient à la
Rade de la Ville , mirent à la voile pour reto ur-
11. Vol. ner
J.U IN. 1734 1417
her à Coppenhague , où ils conduisirent une
Frégate Moscovite de 32. Pieces de Canon , qu'ils
avoient prise à la hauteur de l'Ifle de Borsnhelm.
L'Escadre de la Czarine , composée de 14-
Vaisseaux de ligne , de 8. Frégates , de 2. Galiotes
à Bombes , et d'un Brulot , laquelle étoit
partie de Cronstadt le 24. du mois dernier ,
mouilla le 5. de ce mois à Pillau , où elle débarqua
de l'Artillerie et des Munitions destinées
pour le Camp des Assiegeans , et elle arriva le
12. au matin à la Rade de Dantzick.
Le Duc de Saxe Wesseinfels , le Comte de Munich
, et la plupart des Officiers Generaux des
Troupes ennemies se rendirent le 13. de ce mois
à bord de l'Amiral de l'Escadre Moscovite , qui
est toujours à la Rade de Dantzick et qui ferme
le passage de la Vistule, et ils y tinrent un Conseil
de Guerre , dans lequel il fut résolu qu'ils
employeroient tous leurs efforts pour s'emparer
du fort de Wechselmunde , avant que de songer
à soumettre la Ville .
Le lendemain M. Gordon fit commencer le
bombardement du Fort avec deux Galiotes à
bombes. Le feu fut très - vif pendant plusieurs
heures , tant du côté de la Garnison que de celui
des Assicgeans , et quelques Frégates de ces
derniers s'étant avancez trop près du Fort , furent
endommagées par le Canon.
Le 15. les Ennemis continuerent d'y jetter des
Bombes , dont une tomba sur un Magazin à
Poudre , qui n'ayant pas été couvert avec assez.
de précaution , sauta en l'air.
Le Comte de Munich alla le 17. reconnoître
le Fort , et la nuit suivante la Tranchée fut ouverte
par un Détachement des Troupes Saxones
qui a été relevé la nuit du 18. par 2000. Moscovites.
La
1418 MERCURE DE FRANCE
Le bruit court que le Comte de Munich fir
sommer le 19. la Garnison de Wechselmunde
de se rendre , et qu'elle a promis de rendre le
Fort le 24. si elle n'étoit pas secourüe .
L'Artillerie et les Munitions de guerre que
P'Escadre de la Czarine a débarquées au Pillau ,
arriverent il y a quelques jours au Camp des
Assiegeans , qui ont déja dressé plusieurs Batteries
de Canon et de Mortiers , avec lesquels ils
battent la vieille Ville , où ils ont fait sauter un
des Magazins à poudre. Ils bombarderent aussf
avec beaucoup de force le Camp où les Troapes
Françoises sont retranchées , et le General Moscovite
leur a fait faire la même sommation qu'à'
la Garnison de Wechselmunde.
On a appris depuis que le Gouverneur de ce
Fort capitula le 23. de ce mois , et qu'il fut re –
mis le lendemain au Duc de Saxe Weissenfels ,
qui y fit entrer une Garnison Saxone. On est
convenú que M. de Stackelberg , Colonel au
service du Roy de Suede et les Troupes Suedoises
qui étoient dans le Fort , pourroient se retireren
Suede , et qu'il leur seroit fourni des vivres depuis
le jour de la capitulation jusqu'à celui de
leur départ pour retourner dans leur Pays.
Le 19. Juin , le Roy fit sortir de Dantzick un
Détachement de la Garnison , qui attaqua avec
beaucoup de valeur les travaux des Assicgeans ,
en tua plusieurs et fit quelques prisonniers . Un
autre Détachement de la Garnison fit le lendemain
une sortie et combla une partie des Tranchées
des Moscovites.
Les Magistrats envoyerent le 26. un Officier
aux Generaux ennemis , pour leur faire quelques
propositions. Il revint avec un Officier des Troupes
Saxones , lequel eut un long entretien avec
Primat. M.
JUIN. 1734 1419
M. de Brandt , Ministre du Roy de Prusse , a
écrit aux Magistrats une Lettre qui contient
quelques nouvelles propositions d'accommodement
, à l'occasion de laquelle ils ont tenu plusieurs
assemblées .
On assure qu'un Détachement des Troupes de
Ja Couronne s'est emparé de Cracovie , après en
avoir chassé les Troupes Saxones qui y étoient
en garnison.
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Résumé : POLOGNE. Suite du Siege de Dantzick.
Au début du mois en Pologne, les forces ennemies intensifièrent leurs attaques près du Bisschosberg et capturèrent un poste avancé près de Schiedlitz. Un tambour saxon remit aux magistrats de Dantzick une lettre des généraux Duc de Saxe-Weissenfels et Comte de Munich, les exhortant à se soumettre à l'Électeur de Saxe et à satisfaire les demandes de la Czarine. La ville refusa de se rendre. Le 6 juin, un détachement de la garnison de Dantzick attaqua les travaux ennemis sur le Stolzberg, causant des dégâts significatifs. Le 9 juin, des vaisseaux français quittèrent Dantzick pour Copenhague, escortant une frégate moscovite capturée. L'escadre de la Czarine, composée de 14 vaisseaux de ligne et d'autres navires, arriva à Pillau le 5 juin et à Dantzick le 12 juin, apportant de l'artillerie et des munitions. Les généraux ennemis tinrent un conseil de guerre à bord du vaisseau amiral moscovite le 13 juin et décidèrent de capturer le fort de Wechselmunde avant de s'attaquer à la ville. Le bombardement du fort débuta le 14 juin, endommageant plusieurs frégates ennemies. Le 15 juin, une bombe ennemie détruisit un magasin à poudre dans le fort. Le 19 juin, le Comte de Munich somma la garnison de Wechselmunde de se rendre, ce qu'elle fit le 23 juin. Les troupes suédoises du fort purent se retirer en Suède. Le 19 juin, un détachement de la garnison de Dantzick attaqua les travaux ennemis, tuant plusieurs soldats et faisant des prisonniers. Le 26 juin, les magistrats envoyèrent un officier aux généraux ennemis pour des propositions de paix. Par ailleurs, un détachement des troupes de la Couronne s'empara de Cracovie, chassant les troupes saxonnes.
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22
p. 1421-1423
DE NAPLES ET DE SICILE.
Début :
Le Roy a nommé le Prince de Laurenzano pour aller à Rome en qualité de son Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Prince Laurenzano, Roi, Place, Ville, Troupes, Comte de Visconti, Habitants, Garnison, Royaume, Naples
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texteReconnaissance textuelle : DE NAPLES ET DE SICILE.
DE NAPLES ET DE SICILE.
L
E Roy a nommé le Prince de Laurenzano
pour aller à Rome en qualité de son Ambassadeur
Extraordinaire auprès du Pape , et ce
Ministre doit partir incessamment pour donner
part à S. S. de l'avenement de S. M. à la Couronne.
Le Duc de Lauria Cala de Laënzina , que
S. M. a fait Chef de son Conseil Privé , a été
chargé de recevoir à la place du Comte de Charny,
Lieutenant General du Royaume , l'hommage
des Députez des Villes et des Barons de l'Etat
qui n'ont pas encore prêté serment de fidélité.
Les Habitans de la Ville de Lecce , à l'occasion
de quelques impositions que deux Officiers de
P'Empereur qui étoient restez dans cette Ville
ont voulu exiger , ont pris les armes et ont chassé
les Imperiaux , après avoir tué M. Cardamone,
P'un de ces deux Officiers .
Les 8. Galeres Françoises , commandées par le
Chevalier d'Orleans , Grand - Prieur de France ,
entrerent le 15. Juin dans le Port de Naples avec
un pareil nombre de Galeres du Roy d'Espagne ,
et le reste de l'Escadre qui avoit fait voile de Barcelone
le 6. du même mois. Les Troupes qui
sont venues sur cette Escadre consistent en 18.
Bataillons et 2500. hommes de Cavalerie ,
quoiqu'une partie des Vaisseaux qui la composent
ait essuyé une assez violente tempête dans la
II. Vol.
et
Mer
jMer deGêlies,
» on n'a pas perdu un homme ni
91B cheval dans le passage.
On a reçu avis que le Comte de Visconti, cy«'
devant Viceroy de tapies
,
étoit parti dePescara,
sur l'avis qu'il avoit tu --',e la Marche d'un Dé,
tachement qu'on avoit envoyé pour l'y assieger
et qu'il étoit à Fumo,d'oLl il devoir aller à Rome
joindre la Comtesse son Epouse.
La Garnison Imperiale qui étoit dans Reggio,
ayant appris que le Comte de Visconti s etoif*
déterminé à sortir du Royaume,elle a abandonna
cette Place et s'est embarquée pour la Sicile.
Trois cens Grenadiers que le Comte de Sasta.
go elivoyoit au Comte de Visconti , ayant débar-
,qlié dans le Royaume de Naples
, ont été faits
prisonniers de Guerre , et la Galere sur laquelle
Détachement avoir été embarqué, a été prise.
- On a commencé le 'iege de Gaette
, et la
Garnison n'étant pas assez forte pour pouvoir
faire une longue detfense
, on espere que la Place
sera bien-tôt réduite sous l'obéissance de S. M.
il a été résolu de ne point assieger dans les formes
la Ville de Capoiie ,
dont les Habitans souf.
frent déjà beaucoup par la disette et par les maladiesqui
y régnent; on s'est contenté d'augmenter
le nombre des Troupes qui en formoienc
le blocus, et de la faire investir entièrement,
afin de couper- toute retraite aux Imperiaux qui y
4ont enfermez.
Au commencement du moi_s de Juin on fit par-
;tir pour la Calabre sous l'escorte du Vaisseau
de guerre le Saint Philippe
,
plusieurs Bâtimcns
sur lesquels se sont embarquez 4. Bataillons destinez
à renforcer les Troupes qui sont dans cette
-Province, d'où on a appris que tous les AlIemands
et les Napolitains qui ayoient suivi le
VIscontià Pescara, étoient sortis du
Royaume,ou avoient reconnu l'autorité du Roy,
On a publié à Naples un Edit par lequel il estdeffendu
à tous les Sujets de S. M. sous peine de confiscation de leurs biens
,
d'entretenir correspondance aucune avec les Sujets de l'Empereur et de tirer aucune Marchandise des Pays de la domination
de S. M. Jmp. oji des autres Princes de
l'Empire.
L
E Roy a nommé le Prince de Laurenzano
pour aller à Rome en qualité de son Ambassadeur
Extraordinaire auprès du Pape , et ce
Ministre doit partir incessamment pour donner
part à S. S. de l'avenement de S. M. à la Couronne.
Le Duc de Lauria Cala de Laënzina , que
S. M. a fait Chef de son Conseil Privé , a été
chargé de recevoir à la place du Comte de Charny,
Lieutenant General du Royaume , l'hommage
des Députez des Villes et des Barons de l'Etat
qui n'ont pas encore prêté serment de fidélité.
Les Habitans de la Ville de Lecce , à l'occasion
de quelques impositions que deux Officiers de
P'Empereur qui étoient restez dans cette Ville
ont voulu exiger , ont pris les armes et ont chassé
les Imperiaux , après avoir tué M. Cardamone,
P'un de ces deux Officiers .
Les 8. Galeres Françoises , commandées par le
Chevalier d'Orleans , Grand - Prieur de France ,
entrerent le 15. Juin dans le Port de Naples avec
un pareil nombre de Galeres du Roy d'Espagne ,
et le reste de l'Escadre qui avoit fait voile de Barcelone
le 6. du même mois. Les Troupes qui
sont venues sur cette Escadre consistent en 18.
Bataillons et 2500. hommes de Cavalerie ,
quoiqu'une partie des Vaisseaux qui la composent
ait essuyé une assez violente tempête dans la
II. Vol.
et
Mer
jMer deGêlies,
» on n'a pas perdu un homme ni
91B cheval dans le passage.
On a reçu avis que le Comte de Visconti, cy«'
devant Viceroy de tapies
,
étoit parti dePescara,
sur l'avis qu'il avoit tu --',e la Marche d'un Dé,
tachement qu'on avoit envoyé pour l'y assieger
et qu'il étoit à Fumo,d'oLl il devoir aller à Rome
joindre la Comtesse son Epouse.
La Garnison Imperiale qui étoit dans Reggio,
ayant appris que le Comte de Visconti s etoif*
déterminé à sortir du Royaume,elle a abandonna
cette Place et s'est embarquée pour la Sicile.
Trois cens Grenadiers que le Comte de Sasta.
go elivoyoit au Comte de Visconti , ayant débar-
,qlié dans le Royaume de Naples
, ont été faits
prisonniers de Guerre , et la Galere sur laquelle
Détachement avoir été embarqué, a été prise.
- On a commencé le 'iege de Gaette
, et la
Garnison n'étant pas assez forte pour pouvoir
faire une longue detfense
, on espere que la Place
sera bien-tôt réduite sous l'obéissance de S. M.
il a été résolu de ne point assieger dans les formes
la Ville de Capoiie ,
dont les Habitans souf.
frent déjà beaucoup par la disette et par les maladiesqui
y régnent; on s'est contenté d'augmenter
le nombre des Troupes qui en formoienc
le blocus, et de la faire investir entièrement,
afin de couper- toute retraite aux Imperiaux qui y
4ont enfermez.
Au commencement du moi_s de Juin on fit par-
;tir pour la Calabre sous l'escorte du Vaisseau
de guerre le Saint Philippe
,
plusieurs Bâtimcns
sur lesquels se sont embarquez 4. Bataillons destinez
à renforcer les Troupes qui sont dans cette
-Province, d'où on a appris que tous les AlIemands
et les Napolitains qui ayoient suivi le
VIscontià Pescara, étoient sortis du
Royaume,ou avoient reconnu l'autorité du Roy,
On a publié à Naples un Edit par lequel il estdeffendu
à tous les Sujets de S. M. sous peine de confiscation de leurs biens
,
d'entretenir correspondance aucune avec les Sujets de l'Empereur et de tirer aucune Marchandise des Pays de la domination
de S. M. Jmp. oji des autres Princes de
l'Empire.
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Résumé : DE NAPLES ET DE SICILE.
Le roi a nommé le Prince de Laurenzano ambassadeur extraordinaire auprès du Pape pour annoncer son avènement au trône. Le Duc de Lauria a remplacé le Comte de Charny pour recevoir l'hommage des députés des villes et des barons n'ayant pas encore prêté serment de fidélité. À Lecce, les habitants ont pris les armes contre des officiers impériaux, tuant l'un d'eux et chassant les troupes impériales. Huit galères françaises, commandées par le Chevalier d'Orléans, sont arrivées à Naples avec un nombre équivalent de galères espagnoles, transportant 18 bataillons et 2500 hommes de cavalerie. Le Comte de Visconti, ancien vice-roi de Naples, a quitté Pescara pour Rome après avoir repoussé un détachement envoyé pour l'assiéger. La garnison impériale de Reggio a abandonné la ville pour la Sicile. Trois cents grenadiers envoyés au Comte de Visconti ont été capturés, ainsi que leur galère. Le siège de Gaète a commencé, et la ville de Capoue est sous blocus. En juin, des troupes ont été envoyées en Calabre pour renforcer les forces locales. Un édit a été publié à Naples, interdisant toute correspondance avec les sujets de l'Empereur et l'importation de marchandises des pays sous domination impériale.
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23
p. 205-217
RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
Début :
Je crois avant que d'entrer dans le détail du Siege du Fort [...]
Mots clefs :
Ile de Minorque, Port Mahon, Fort Saint-Philippe, Siège, Garnison, Grenadiers, Attaque, Description historique, Description géographique, Anglais
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texteReconnaissance textuelle : RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
RELATION HISTORIQUE
De la Prife de l'Iſle de Minorque , & principalement
des Port-Mahon & Fort Saint-
Philippe ; envoyée par un Officier de l'Armée.
Du Fort S. Philippe , le 30 Juin 1756.
JEE crois avant que d'entrer dans le détail du
Siege du Fort Saint- Philippe , devoir donner une
idée fuccincte, géographique & hiftorique de cette
In e.
L'Ile Minorque fituée dans la Méditerrannée ,
placée précisément au quatrieme degré de latitu
de , à foixante- dix lieues de Marfeille , & à quinze
des côtes de l'Afrique , faifoit anciennement partie
des Iles appellées Baléares , du nom d'un
Grec nommé Baléus , qui fut le premier qui en
fit la découverte .
Sa fituation eft oblongue ; elle a dix- huit lieues
de longueur fur- neuf dans fa plus grande largeur.
Son climat eft fort fain , l'air paffablement tempé
ré il y egne cependant des chaleurs infupporta.
bles pendant les mois de Mai , Juin , Juiller
& Août le refte de l'année est un printemps
continuel : rarement y voit - on de la gelée . Son
local n'eft pas montagneux , quoiqu'affez inégal
206 MERCURE DE FRANCE .
Le terrein produit de tout ce qui est néceffaire
à la vie , furtout de très- bon gibier , d'excellent
mufcat : tous les fruits y font délicieux .
L'Ille eft divifée en cinq territoires, dont chacun
porte le nom de la Ville principale ou Chef-lieu.
Le premier eft Ciutadella qui peut avoir aux
environs de 7 à 8 mille Habitans. Anciennement
les Gouverneurs faifoient leur réfidence encerre
Ville , où on compte actuellement juſqu'à 600
maifons. Le fecond territoire eft Ferrorias , qui
a tout au plus douze cens Habitans: Marcadal
eft le troifieme , dont le nombre d'Habitans ne
paffe pas dix-huit cens. Aleyor eft le quatrieme ,
& eft plus confidérable ; auffi peut- il fournir près
de cinq mille Habitans . Mahon eft le cinquieme
& . dernier territoire. La Ville de Mahon eft la
Capitale de toute l'Ifle : c'eft la réfidence du
Gouverneur & des Corps de Juftice : fon beau
Port & le voisinage du Fort Saint- Philippe , la
rendent infiniment plus confidérable : elle peut
compter au nombre de vingt mille Habitans.
Ily a dans l'Ile deux ports capables de recevoir
les plus gros Vaiffeaux le Port Fornelle , & le
Port Mahon ; il y a encore plufieurs Cales où les
Bâtimens Marchands peuvent mouiller.
2
L'entrée du Port Mahon eft défendue à l'Ouest
par le Fort S. Philippe , & à l'Eft par le Fort
Philippet. Je me tais fur le refte de l'ifle , parce
qu'il n'y a rien qui mérite votre attention .
Comme les Habitans de l'Ifle font originaired'Efpagne
, la Religion Catholique s'y eft confervée.
C'étoit le Gouverneur Anglois qui nommoit
aux Bénéfices , fuivant un article du Traité
d'Utrecht.
Les Cartaginois furent anciennement les Maî→
tres des Illes Baléares , dont l'Ile Minorque faifoit.
AOUST. 1756. 207
partie. Après la feconde guerre Punique , les
Romains en devinrent les Poffeffeurs j'ufqu'à
Pinondation des Goths & Vandales , vers l'an
421. Ceux - ci les conferverent jufqu'au huitieme
fiecle , que les Sarrazins en firent la conquête.
Minorque fut foumiſe à ces derniers , jufqu'à l'an
1210 qu'ils perdirent la fameuſe Bataille de Loza ,
où il périt deux cens mille Maures . Les Minorcains
refterent jufqu'en 1287 dans une espece d'indépendance
, en payant feulement un tribut annuel
aux différens Princes d'Efpagne qui les proté
geoient. Les naturels du Pays fe trouvoient dès ce
temps confondus avec un refte de Sarrazins : la
Religion Mahométane y étoit la dominante. Les
Minorcains voulant s'affranchir du tribut qu'ils
payoient à l'Espagne, attirerent dans leur Ifle quantité
de Barbares de l'Afrique , leurs voifins : mais
Alphonfe , Roi d'Arragon , ayant eu vent du complot,
fit une defcente dans l'Ifle, avec une armée qui
mit tout à feu & à fang , contraignit le gros des
Habitans de ferenfermer dans laFortereffe du Mont
Sainte- Agatte , les affiégea , les prit , La plûpart
périrent par les armes : quelques-uns furent envoyés
en Afrique , & d'autres ne fauverent leur vie qu'en
perdant leur liberté , c'est- à- dire , qu'ils devinrentefclaves
des Espagnols , qui s'établirent dans l'Ile
fous la protection des Rois d'Efpagne . Les Princes
d'Efpagne ont confervé une autorité fouveraine
dans l'ifle Minorque , jufqu'en 1708 que les
Anglois formerent le deffein de s'en rendre les
maîtres.
En effet le 14 Décembre , le Général Comte de
Stenhope y débarqua avec trois mille hommes ,
42 pieces de canon & 15 mortiers. Les troupes
qui étoient répandues dans les différens quartiers .
de l'Ile , fe renfermerent dans les Forts Fornelle
208 MERCURE DE FRANCE.
& Saint-Philippe . Les premieres opérations des An
glois furent d'attaquer Fornelle , qu'ils prirent ea
deux jours. Auffi - tôt après cette réduction , ils
dirigerent leurs forces contre le Fort S. Philippe ,
qui ne tint que quinze jours : la Garnifon compofée
de François & d'Elpagnols , fut renvoyée
partie en France , partie en Espagne. Dès ce moment
les Anglois s'établirent dans Minorque , &
la poffeffion leur en a été affurée par le Traité de
Paix conclu à Utrecht , le 13 Juillet 1713. Ils en
ont été les maîtres pendant 48 ans. Ils le feroient
encore , fi leur pyraterie n'eût obligé notre glorieux
Monarque à punir l'infulte que cette Nation
3
ne ceffe de faire depuis deux ans au Pavillon François.
Il vous paroîtra fingulier , Monfieur , que nous
ayons été fi long - teins à nous rendre les maîtres
de cette Place , pendant que des Anglois en
avoient fait la conquête en moins de trois femaines.
Votre furpriſe ceffera quand vous ferez
inftruit des travaux immenfes que cette nation
a fait au Fort S. Philippe , dont la dépenſe ſe
monte à plus de cent millions , c'eſt - à - dire , plus
que toute l'ile ne peut valoir , fi on en excepte
toutefois la grande reffource dont elle étoit pour
le Commerce des Anglois au Levant.
Voici à peu près la defcription du Fort S. Philippe
, & vous conviendrez , avec toute l'Europe
, qu'il n'a pas fallu moins de prudence que de
courage & de fermeté , pour triompher de tous
les obftacles qui fe rencontroient à chaque pas.
Il est conftruit fur une langue de terre qui
avance dans la mer. Quatre baftions , autant de
courtines , environnés d'un large & profond foffé ,
taillés dans le roc vif , font le principal corps
de la Place : les ouvrages extérieurs , qui font ea
A O UST. 1756. 209
très-grand nombre , s'étendent jufqu'aux rivages
des deux côtés de la langue de terre : les mines
y font abondantes & fi bien diftribuées , qu'elles
fe communiquent au moyen de différens fouterreins.
Les fouterreins font immenfes , & fourniffent
des logemens fuffifans pour une garnifon
des plus confidérables , à l'abri des bombes
& du canon , & dont les approches font minées
& contreminées : avant que de parvenir à
pouvoir battre en breche , il faut s'emparer des
forts de Malbourough , de S. Charles , de Strugen
, d'Orgil & de la Reine , qui entourent les
grands ouvrages du Fort , & fe communiquent
aux autres au moyen des chemins couverts taillés
dans le roc ; enfin le Plan qui vient d'en être
levé, & que vous trouverez fans doute à Paris ( 1 ) ,
vous fuffira pour juger par vous - même des
Ouvrages immenfes que les Anglois y ont faits
depuis qu'ils en étoient en poffeffion . Ajoutez
à tous ces ouvrages trois fontaines intariffables ,
& une citerne,contenant de l'eau pour fix mois
à une garnifon de quatre mille hommes , à l'épreuve
de tout accident : ces avantages font
d'une reffource encore au deffus de toutes les
fortifications.
Quoique les Gazettes vous aient pu inftruire
de toutes nos opérations juſqu'au jour de l'atta
que
des Forts , dont nous nous fommes rendus les
maîtres l'épée à la main , vous ne trouverez pas
mauvais que je vous en donne un détail abrégé.
Notre Flotte , aux ordres de M. le Marquis de la
Galiffoniere , partit de Toulon le 8 Avril M. le
Maréchal de Richelieu monta le Foudroyant avec
(1 ) Ilfe trouve chez le fieur Beaurain & chez
Je fieur le Rouge.
210 MERCURE DE FRANCE.
1
M. de la Galiffoniere. Nous arrivâmes â Ciutaš
della le jour de Pâques 18 du mois , après avois
effuyé quelques coups de vent qui retarderent
notre marche , & féparerent quelques vaiffeaux
de l'Efcadre. Le premier foin de M. le Maréchal
fut de faire chanter le Te Deum dans l'Eglife Collégiale
de la Ville , en action de graces de notre
heureux abordage . Les 18 , 19 , & 20 furent employés
au débarquement des troupes & de l'artil
lerie , fans aucune oppofition de la part des Anglois
; ceux- ci s'étant retirés , aux premieres nouvelles
de notre eſcadre , dans le Fort S. Philippe ,
après y avoir fait entrer tout ce qui pouvoit leur
-être néceffaire pour une longue réfiftance , &
avoir commis les hoftilités les plus fâcheufes, tant
fur les habitans que fur les beftiaux qu'ils ne purent
emmener avec eux.
Le 20 notre armée fe mit en marche par deux
chemins pour fe rendre à Mahon . Vingt - quatre
Compagnies de Grenadiers , & la Brigade de
Royal tinrent la gauche fous les ordres de ' MM.
Damefnil & de Monteynard , pendant que le gros
de l'armée marchoit à droite pour former Pinveftiffement
du Fort S. Philippe. Le 22 nous entrames
dans Mahon aux acclamations du Peuple ,
qui commençoit à nous regarder comme fes Libérateurs
.
Il n'eft pas poffible de vous exprimer les peines
& les travaux qu'il a fallu faire pour conduire notre
artillerie de Ciutadella ici , par lá précaution que
les Anglois avoient eue de rendre toutes les avenues
impraticables.
M. le Maréchal de Richelieu fit conftruire les
premieres batteries fur le Mont des Signaux , une
des pieces de canons , une de mortiers pareils en
nombre , qui commencerent à tirer dès le 8 Mai.
A O UST. 1756. 211
Le7, le Fauxbourg de la Ravale ( 1 ) fut occupé par
un détachement de 100 Volontaires , quatre compagnies
de Grenadiers & fix piquets , aux ordres
du Comte de Briqueville , avec 600 Travailleurs
pour y former des épaulemens , & y établir des
batteries.
Le 10 , M. le Marquis de Roquépine fe rendit
avec douze cens hommes , pour occuper les dehors
du Fort Malbourough.
Les 11 & 12 furent employés à conftruire les
batteries de droite , de gauche & du centre du
Fauxbourg de la Ravale la batterie des mortiers
commença à tirer dès la nuit du 12 au 13.
Le 17 ,
12
la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer.
Le 18 , M. Dupinay , qui commandoit la batterie
de la gauche , fut tué , & M. le Prince de
Wirtemberg légérement bleffé.
Le 19 , l'Efcadre Angloife ayant paru à la hauteur
de l'Ile pour attaquer la nôtre qui fermoit
l'embouchure du Port- Mahon , notre Général envoya
à M. le Marquis de la Galiffoniere un renfort
de 13 piquets . Notre Chef d'Efcadre fit toules
opérations néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés .
Le 20 , une bombe des ennemis ayant mis le
feu à une de nos batteries , la Garnifon du Fort
S. Philippe animée par la préfence de l'Eſcadre
Angloife , fit une fortie confidérable : mais nos
(1), Ce Fauxbourg doit avoir un autre_nom :
le mot Arrabal fignifie un Fauxbourg , en Langue
Espagnole , & c'eft fans doute par erreur que nos
Officiers, qui les premiers ont entendu nommer aux
Habitans de l'Ifle Minorque ce Fauxbourg Arrabal
Pont écrit la Ravalle.
212 MERCURE DE FRANCE.
Grenadiers l'obligerent de rentrer avec autant de
précipitation que de perte.
Les 21 & 22 furent employés à réparer nos
batteries , que le feu violent des ennemis avoient
prefque démontées.
Le foir même du 22 , notre armée fit des
réjouiffances à l'occafion de l'avantage que
notre Efcadre avoit remporté fur celle des
Anglois. ( Vous avez fans doute vu la Rélation
de ce Combat Naval , dans lequel on ne fçauroit
trop exalter la bonne manovre de M. le Marquis
de la Galiffoniere , qui obligea l'Amiral Byng de
fe retirer avec beaucoup de dommages ) .
Le feu des Ennemis devint fi fort, que nous fûmes
obligés d'abandonner le Fauxbourg de la Ravale`,
dont toutes les maifons ont été renversées par
l'artillerie du Fort , ce qui obligea M. le Maréchal
de Richelieu à changer le plan général de fon attaque
fur le Fort Philippe.
Il fallut employer plufieurs jours pour le tranfport
de terre , pour élever de nouvelles batteries
dont le feu ne put commencer que le s Jain.
Dès ce moment le feu fuccefif de nos batteries
de temps une grande partie des travaux
extérieurs de la Place.
ruina en peu
On commença dès le 15 à déblayer les maifons
où l'on avoit réfolu d'établir une nouvelle batterie
de 12 pieces de canons en avant du Fauxbourg
de la Ravale , afin de détruire entiérement la Redoute
de la Reine & la lunette de Ken , & de bat.
tre la contre-garde de l'ouvrage à cornes ; ce qui
fit des merveilles .
Nous avons eu depuis ce temps là 84 pieces de
canons de 24 livres de balles , & 22 mortiers dif
tribués dans douze batteries . Elles n'ont point dif
continué de battre depuis le 16 Juin. La plupar
A OUST. 1756. 213
ne fervoient qu'à demonter les batteries ennemies.
Il ne falloit pas moins aux Affiégés que les
250 pieces de canons & les 40 mortiers qu'ils
avoient , pour faire la défenfe qu'on a éprouvée
jufqu'à la fin. Ce grand nombre de pieces leur
donnoit la facilité de remplacer celles que nous
leur démontions tous les jours.
Voici le détail de l'attaque qui mit nos En
nemis à la raiſon , & qui fera naître dans le coeur
des bons Francois , la joie qu'une longue réſiſtan
ce avoit fans doute altéréë.
>
M. le Maréchal ayant jugé qu'il étoit indifpenfable
d'accélérer l'attaque des ouvrages exté
rieurs , & voulant la favorifer en occupant
l'Ennemi dans plufieurs points de fa défenſe , ordonna
pour le 27 une attaque qui fut diviſée en
quatre points principaux .
M. le Marquis de Laval , de tranchée , fut
chargé de l'attaque de la gauche , divifée fur les
Forts de Strugen & d'Orgil , fur la Redoute de
la Reine , & fur celle de Ken : il avoit à fes ordres
16 Compagnies de Grenadiers , & quatre
Bataillons pour foutenir l'attaque .
Il avoit fous lui M. le Marquis de Monti &
M. de Briqueville , Colonel , dont le Régiment
étoit Chef de tranchée : Royal-Comtois étoit le
deuxieme Régiment.
M. de Monti fut deftiné à attaquer Strugen &
Orgil , à la tête des Compagnies de Grenadiers
de Royal-Comtois , Vermandois , Nice & Rochefort
, & de deux piquets foutenus par le premier
Bataillon de Royal - Comtois.
M. de Briqueville devoit fe porter fur Ken &
le chemin couvert , entre cet ouvrage & celui de
la Reine , à la tête de cinq Compagnies de Grenadiers
de Briqueville , Medoc & Cambis , & de
deux piquets.
214 MERCURE DE FRANCE:
M. de Sade , Lieutenant-Colonel de Brique
ville , devoit attaquer la Redoute de la Reine à la
tête de quatre Compagnies de Grenadiers d'Haynaut
, Cambis & Soiffonnois.
Il y avoit à la fuite de chacune de ces trois attaques
, deux Ingénieurs & 150 Travailleurs , un
Officier du Corps Royal & dix Canonniers , une
Brigade de Mineurs , & un détachement de 60
Volontaires portant dix échelles.
L'attaque du centre étoit dirigée ſur la Redoute
de l'Ouest & la Lunette Caroline , & commandée
par M. le Prince de Bauveau. Il y avoit à fes ordres
deux Brigadiers avec lefquels il devoit foutenir
la tranchée en cas de befoin.
La premiere attaque de la droite commandée
par M. le Comte de Lannion , é.oit dirigée fur le
Fort de Malboroug Il avoit à fes ordres la Brigade
de Royal & le Régiment de Bretagne , aina
que M. de Roquépine qui , à la tête de 400 Volontaires
& de roo Grenadiers , devoit débarquer
dans la Cale de S. Etienne , pour delà marcher
au Fort de S. Charles . On devoit avoir pour cet
effet 100 Chaloupes de l'Eſcadre : mais comme
elles ne purent arriver à temps , on y fuppléa par
celles qu'on put raffembler dans la journée.
La feconde attaque de la droite , aux ordres de
M. le Marquis de Monteynar , commandant la
Brigade de Royal - la Marine & Talaru , avoit
pour objet de s'emparer de la Lunette de Sud-
Ouest , de longer la Langue de S. Etienne , qui
eft entre la Place & le Fort Malboroug ; de fe
communiquer avec l'attaque du Fort S. Charles ,
& de couper la communication du Fort Malboroug
avec le Fort de S. Philippe.
En même temps que toutes ces attaques ſe faifoient
, M. de Beaumanoir , Lieutenant- Colonel ,
A O UST. 1756. 215
commandant à la Tour des Signaux , devoit avec
fon détachement partir dans les Chaloupes de la
Cale , qui eft entre le Fort Saint- Philippe & la
Tour des Signaux , pour venir favorifer l'attaque
de M. de Monti , & tâcher de fe gliffer dans le
chemin couvert , entre la demi-lune & le Fort
d'Orgil.
M. de Fortouval , Capitaine d'Haynaut , de
voit avec 100 hommes de détachement débarquer
au pied de la grande batterie des Ennemis , du
côté du Pont.
A.dix heures du foir , toutes nos batteries ayant
ceffé , le fignal de l'attaque fut donné par un
coup de canon & quatre bombes tirées de la Tour
des Signaux.
M. de Monti déboucha fur Strugen & Orgil ,
& fucceffivement MM . de Briqueville & de Sade
fe porterent avec vivacité fur leur point d'attaque
de Ken & de la Reine .
Nos troupes marcherent avec la plus grande
valeur , & après un feu très-vif , très-long & trèsmeurtrier
, elles parvinrent à s'emparer de Strugen
, d'Orgil, & du Fort de la Reine. Les Ennenis
firent jouer quatre fourneaux qui nous ont
coûté environ so hommes .
On travailla fur le champ au logement de
cette partie , qui étoit la principale attaque ,
pendant que les autres faifoient leur diverfion.
L'ardeur des Grenadiers que commandoit M.
de Bricqueville les ayant emportés , ils fe jetterent
fur la Redoute de la Reine , au lieu de fe
porter fur Ken qu'ils devoient attaquer .
M. le Prince de Bauveau ayant fait marcher
les Grenadiers de Vermandois & 100 hommes
de chaque Brigade fur la Redoute Caroline , &
les Grenadiers de Royal-Italien , avec 1oo hom216
MERCURE DE FRANCE.
mes de cette Brigade , à la Redoute de l'Oueſt ;
il s'empara du chemin couvert , & y fit enclouer
douze pieces de canon le logement y étant
impraticable , parce que la Redoute de Ken
n'étoit pas prife , & qu'il ne pouvoit dans la
nuit affurer fa communication , il fe contenta
de faire couper les paliffades , de faire brifer
les affûts , & de foutenir quelque temps cette
attaque qui favorifoit la principale.
Elle fut faite avec la plus grande intelligence
& la plus grande valeur.
Les attaques de MM. de Lannion & de Mon
teynard , dépendant prefque du fuccès du For
s. Charles , ils attendoient le fignal que devoir
faire M. de Roquépine ; mais les Ennemis s'étant
apperçus de beaucoup de mouvemens dans
cette partie , par les manoeuvres que les Chaloupes
avoient été obligées de faire , ſe tinrent
fur leurs gardes , & ne permirent pas à M. de
Roquépine de faire le débarquement qu'il avoit
tenté , & qui ne pouvoit réuffir que par une
furpriſe.
>
Pendant ce temps - là M. de Lannion fit inquiéter
le Fort Malborough . La divifion de tous
ces feux & la combinaifon de toutes ces attaques
, donnerent le temps à celles de la gauche
d'aflurer fon fuccés, de facon qu'à la pointe
du jour nous pumes établir 400 hommes dans
le Fort de la Reine , & 200 dans Strugen &
Orgil.
M. le Maréchal s'étoit placé au centre des attaques
de la gauche , & avoit avec lui MM . de Maillebois
, du Mefnil , & le Prince de Wirtemberg.
Il a donné pendant toute l'action les confeils
néceffaires au fuccès de l'attaque , dans lefquels
on n'a pu s'empêcher d'admirer les difpofitions
A O
UST.
1756.
217
tions de notre Général & les prodiges de notre
Infanterie.
M. de Lannion a eu une légere contufion à
' épaule , & M. le Marquis de S. Tropès , Aide
de Camp de M. de Maillebois , a été
légérement
bleffé au visage .
A cinq heures du matin on a demandé réciproquement
une fufpenfion d'armes pour retirer
les morts , & elle a été accordée. Nous
avons eu environ 25 Officiers de tués ou bleffés ,
& 400 Soldats..
· M. de Huetton , le Lieutenant de Vaiffeau
qui
commandoit les Chaloupes de l'attaque du
Fort S. Charles , a été tué.
On doit le fuccès de
l'attaque , de la gau
che furtout , à la bonne
conduite de M. de
Monti , qui a fuivi avec la plus grande valeur
& la plus grande fermeté les
difpofitions qu'avoit
faites M. de Laval.
On a pris beaucoup de mortiers & de canons
dans les Forts de Strugen , d'Orgil & de la Reine.
On a fait quinze
prifonniers , du nombre deſquels
eft le fecond
Commandant des Ennemis qui fai
foit le détail de la défenſe.
Le 28 , à deux heures après-midi , trois Députés
de la Place
demanderent à parler à notre
Général. Le réſultat de cette
conférence étoit
qui leur fut accordé vingt- quatre heures pour
dreffer les articles de
Capitulation : on leur accorda
jufqu'à huit heures du foir. Il en revint
un à l'heure marquée , qui apporta à M. le Maréchal
un projet d'articles ,
auxquels il fut ré
pondu le lendemain matin.
De la Prife de l'Iſle de Minorque , & principalement
des Port-Mahon & Fort Saint-
Philippe ; envoyée par un Officier de l'Armée.
Du Fort S. Philippe , le 30 Juin 1756.
JEE crois avant que d'entrer dans le détail du
Siege du Fort Saint- Philippe , devoir donner une
idée fuccincte, géographique & hiftorique de cette
In e.
L'Ile Minorque fituée dans la Méditerrannée ,
placée précisément au quatrieme degré de latitu
de , à foixante- dix lieues de Marfeille , & à quinze
des côtes de l'Afrique , faifoit anciennement partie
des Iles appellées Baléares , du nom d'un
Grec nommé Baléus , qui fut le premier qui en
fit la découverte .
Sa fituation eft oblongue ; elle a dix- huit lieues
de longueur fur- neuf dans fa plus grande largeur.
Son climat eft fort fain , l'air paffablement tempé
ré il y egne cependant des chaleurs infupporta.
bles pendant les mois de Mai , Juin , Juiller
& Août le refte de l'année est un printemps
continuel : rarement y voit - on de la gelée . Son
local n'eft pas montagneux , quoiqu'affez inégal
206 MERCURE DE FRANCE .
Le terrein produit de tout ce qui est néceffaire
à la vie , furtout de très- bon gibier , d'excellent
mufcat : tous les fruits y font délicieux .
L'Ille eft divifée en cinq territoires, dont chacun
porte le nom de la Ville principale ou Chef-lieu.
Le premier eft Ciutadella qui peut avoir aux
environs de 7 à 8 mille Habitans. Anciennement
les Gouverneurs faifoient leur réfidence encerre
Ville , où on compte actuellement juſqu'à 600
maifons. Le fecond territoire eft Ferrorias , qui
a tout au plus douze cens Habitans: Marcadal
eft le troifieme , dont le nombre d'Habitans ne
paffe pas dix-huit cens. Aleyor eft le quatrieme ,
& eft plus confidérable ; auffi peut- il fournir près
de cinq mille Habitans . Mahon eft le cinquieme
& . dernier territoire. La Ville de Mahon eft la
Capitale de toute l'Ifle : c'eft la réfidence du
Gouverneur & des Corps de Juftice : fon beau
Port & le voisinage du Fort Saint- Philippe , la
rendent infiniment plus confidérable : elle peut
compter au nombre de vingt mille Habitans.
Ily a dans l'Ile deux ports capables de recevoir
les plus gros Vaiffeaux le Port Fornelle , & le
Port Mahon ; il y a encore plufieurs Cales où les
Bâtimens Marchands peuvent mouiller.
2
L'entrée du Port Mahon eft défendue à l'Ouest
par le Fort S. Philippe , & à l'Eft par le Fort
Philippet. Je me tais fur le refte de l'ifle , parce
qu'il n'y a rien qui mérite votre attention .
Comme les Habitans de l'Ifle font originaired'Efpagne
, la Religion Catholique s'y eft confervée.
C'étoit le Gouverneur Anglois qui nommoit
aux Bénéfices , fuivant un article du Traité
d'Utrecht.
Les Cartaginois furent anciennement les Maî→
tres des Illes Baléares , dont l'Ile Minorque faifoit.
AOUST. 1756. 207
partie. Après la feconde guerre Punique , les
Romains en devinrent les Poffeffeurs j'ufqu'à
Pinondation des Goths & Vandales , vers l'an
421. Ceux - ci les conferverent jufqu'au huitieme
fiecle , que les Sarrazins en firent la conquête.
Minorque fut foumiſe à ces derniers , jufqu'à l'an
1210 qu'ils perdirent la fameuſe Bataille de Loza ,
où il périt deux cens mille Maures . Les Minorcains
refterent jufqu'en 1287 dans une espece d'indépendance
, en payant feulement un tribut annuel
aux différens Princes d'Efpagne qui les proté
geoient. Les naturels du Pays fe trouvoient dès ce
temps confondus avec un refte de Sarrazins : la
Religion Mahométane y étoit la dominante. Les
Minorcains voulant s'affranchir du tribut qu'ils
payoient à l'Espagne, attirerent dans leur Ifle quantité
de Barbares de l'Afrique , leurs voifins : mais
Alphonfe , Roi d'Arragon , ayant eu vent du complot,
fit une defcente dans l'Ifle, avec une armée qui
mit tout à feu & à fang , contraignit le gros des
Habitans de ferenfermer dans laFortereffe du Mont
Sainte- Agatte , les affiégea , les prit , La plûpart
périrent par les armes : quelques-uns furent envoyés
en Afrique , & d'autres ne fauverent leur vie qu'en
perdant leur liberté , c'est- à- dire , qu'ils devinrentefclaves
des Espagnols , qui s'établirent dans l'Ile
fous la protection des Rois d'Efpagne . Les Princes
d'Efpagne ont confervé une autorité fouveraine
dans l'ifle Minorque , jufqu'en 1708 que les
Anglois formerent le deffein de s'en rendre les
maîtres.
En effet le 14 Décembre , le Général Comte de
Stenhope y débarqua avec trois mille hommes ,
42 pieces de canon & 15 mortiers. Les troupes
qui étoient répandues dans les différens quartiers .
de l'Ile , fe renfermerent dans les Forts Fornelle
208 MERCURE DE FRANCE.
& Saint-Philippe . Les premieres opérations des An
glois furent d'attaquer Fornelle , qu'ils prirent ea
deux jours. Auffi - tôt après cette réduction , ils
dirigerent leurs forces contre le Fort S. Philippe ,
qui ne tint que quinze jours : la Garnifon compofée
de François & d'Elpagnols , fut renvoyée
partie en France , partie en Espagne. Dès ce moment
les Anglois s'établirent dans Minorque , &
la poffeffion leur en a été affurée par le Traité de
Paix conclu à Utrecht , le 13 Juillet 1713. Ils en
ont été les maîtres pendant 48 ans. Ils le feroient
encore , fi leur pyraterie n'eût obligé notre glorieux
Monarque à punir l'infulte que cette Nation
3
ne ceffe de faire depuis deux ans au Pavillon François.
Il vous paroîtra fingulier , Monfieur , que nous
ayons été fi long - teins à nous rendre les maîtres
de cette Place , pendant que des Anglois en
avoient fait la conquête en moins de trois femaines.
Votre furpriſe ceffera quand vous ferez
inftruit des travaux immenfes que cette nation
a fait au Fort S. Philippe , dont la dépenſe ſe
monte à plus de cent millions , c'eſt - à - dire , plus
que toute l'ile ne peut valoir , fi on en excepte
toutefois la grande reffource dont elle étoit pour
le Commerce des Anglois au Levant.
Voici à peu près la defcription du Fort S. Philippe
, & vous conviendrez , avec toute l'Europe
, qu'il n'a pas fallu moins de prudence que de
courage & de fermeté , pour triompher de tous
les obftacles qui fe rencontroient à chaque pas.
Il est conftruit fur une langue de terre qui
avance dans la mer. Quatre baftions , autant de
courtines , environnés d'un large & profond foffé ,
taillés dans le roc vif , font le principal corps
de la Place : les ouvrages extérieurs , qui font ea
A O UST. 1756. 209
très-grand nombre , s'étendent jufqu'aux rivages
des deux côtés de la langue de terre : les mines
y font abondantes & fi bien diftribuées , qu'elles
fe communiquent au moyen de différens fouterreins.
Les fouterreins font immenfes , & fourniffent
des logemens fuffifans pour une garnifon
des plus confidérables , à l'abri des bombes
& du canon , & dont les approches font minées
& contreminées : avant que de parvenir à
pouvoir battre en breche , il faut s'emparer des
forts de Malbourough , de S. Charles , de Strugen
, d'Orgil & de la Reine , qui entourent les
grands ouvrages du Fort , & fe communiquent
aux autres au moyen des chemins couverts taillés
dans le roc ; enfin le Plan qui vient d'en être
levé, & que vous trouverez fans doute à Paris ( 1 ) ,
vous fuffira pour juger par vous - même des
Ouvrages immenfes que les Anglois y ont faits
depuis qu'ils en étoient en poffeffion . Ajoutez
à tous ces ouvrages trois fontaines intariffables ,
& une citerne,contenant de l'eau pour fix mois
à une garnifon de quatre mille hommes , à l'épreuve
de tout accident : ces avantages font
d'une reffource encore au deffus de toutes les
fortifications.
Quoique les Gazettes vous aient pu inftruire
de toutes nos opérations juſqu'au jour de l'atta
que
des Forts , dont nous nous fommes rendus les
maîtres l'épée à la main , vous ne trouverez pas
mauvais que je vous en donne un détail abrégé.
Notre Flotte , aux ordres de M. le Marquis de la
Galiffoniere , partit de Toulon le 8 Avril M. le
Maréchal de Richelieu monta le Foudroyant avec
(1 ) Ilfe trouve chez le fieur Beaurain & chez
Je fieur le Rouge.
210 MERCURE DE FRANCE.
1
M. de la Galiffoniere. Nous arrivâmes â Ciutaš
della le jour de Pâques 18 du mois , après avois
effuyé quelques coups de vent qui retarderent
notre marche , & féparerent quelques vaiffeaux
de l'Efcadre. Le premier foin de M. le Maréchal
fut de faire chanter le Te Deum dans l'Eglife Collégiale
de la Ville , en action de graces de notre
heureux abordage . Les 18 , 19 , & 20 furent employés
au débarquement des troupes & de l'artil
lerie , fans aucune oppofition de la part des Anglois
; ceux- ci s'étant retirés , aux premieres nouvelles
de notre eſcadre , dans le Fort S. Philippe ,
après y avoir fait entrer tout ce qui pouvoit leur
-être néceffaire pour une longue réfiftance , &
avoir commis les hoftilités les plus fâcheufes, tant
fur les habitans que fur les beftiaux qu'ils ne purent
emmener avec eux.
Le 20 notre armée fe mit en marche par deux
chemins pour fe rendre à Mahon . Vingt - quatre
Compagnies de Grenadiers , & la Brigade de
Royal tinrent la gauche fous les ordres de ' MM.
Damefnil & de Monteynard , pendant que le gros
de l'armée marchoit à droite pour former Pinveftiffement
du Fort S. Philippe. Le 22 nous entrames
dans Mahon aux acclamations du Peuple ,
qui commençoit à nous regarder comme fes Libérateurs
.
Il n'eft pas poffible de vous exprimer les peines
& les travaux qu'il a fallu faire pour conduire notre
artillerie de Ciutadella ici , par lá précaution que
les Anglois avoient eue de rendre toutes les avenues
impraticables.
M. le Maréchal de Richelieu fit conftruire les
premieres batteries fur le Mont des Signaux , une
des pieces de canons , une de mortiers pareils en
nombre , qui commencerent à tirer dès le 8 Mai.
A O UST. 1756. 211
Le7, le Fauxbourg de la Ravale ( 1 ) fut occupé par
un détachement de 100 Volontaires , quatre compagnies
de Grenadiers & fix piquets , aux ordres
du Comte de Briqueville , avec 600 Travailleurs
pour y former des épaulemens , & y établir des
batteries.
Le 10 , M. le Marquis de Roquépine fe rendit
avec douze cens hommes , pour occuper les dehors
du Fort Malbourough.
Les 11 & 12 furent employés à conftruire les
batteries de droite , de gauche & du centre du
Fauxbourg de la Ravale la batterie des mortiers
commença à tirer dès la nuit du 12 au 13.
Le 17 ,
12
la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer.
Le 18 , M. Dupinay , qui commandoit la batterie
de la gauche , fut tué , & M. le Prince de
Wirtemberg légérement bleffé.
Le 19 , l'Efcadre Angloife ayant paru à la hauteur
de l'Ile pour attaquer la nôtre qui fermoit
l'embouchure du Port- Mahon , notre Général envoya
à M. le Marquis de la Galiffoniere un renfort
de 13 piquets . Notre Chef d'Efcadre fit toules
opérations néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés .
Le 20 , une bombe des ennemis ayant mis le
feu à une de nos batteries , la Garnifon du Fort
S. Philippe animée par la préfence de l'Eſcadre
Angloife , fit une fortie confidérable : mais nos
(1), Ce Fauxbourg doit avoir un autre_nom :
le mot Arrabal fignifie un Fauxbourg , en Langue
Espagnole , & c'eft fans doute par erreur que nos
Officiers, qui les premiers ont entendu nommer aux
Habitans de l'Ifle Minorque ce Fauxbourg Arrabal
Pont écrit la Ravalle.
212 MERCURE DE FRANCE.
Grenadiers l'obligerent de rentrer avec autant de
précipitation que de perte.
Les 21 & 22 furent employés à réparer nos
batteries , que le feu violent des ennemis avoient
prefque démontées.
Le foir même du 22 , notre armée fit des
réjouiffances à l'occafion de l'avantage que
notre Efcadre avoit remporté fur celle des
Anglois. ( Vous avez fans doute vu la Rélation
de ce Combat Naval , dans lequel on ne fçauroit
trop exalter la bonne manovre de M. le Marquis
de la Galiffoniere , qui obligea l'Amiral Byng de
fe retirer avec beaucoup de dommages ) .
Le feu des Ennemis devint fi fort, que nous fûmes
obligés d'abandonner le Fauxbourg de la Ravale`,
dont toutes les maifons ont été renversées par
l'artillerie du Fort , ce qui obligea M. le Maréchal
de Richelieu à changer le plan général de fon attaque
fur le Fort Philippe.
Il fallut employer plufieurs jours pour le tranfport
de terre , pour élever de nouvelles batteries
dont le feu ne put commencer que le s Jain.
Dès ce moment le feu fuccefif de nos batteries
de temps une grande partie des travaux
extérieurs de la Place.
ruina en peu
On commença dès le 15 à déblayer les maifons
où l'on avoit réfolu d'établir une nouvelle batterie
de 12 pieces de canons en avant du Fauxbourg
de la Ravale , afin de détruire entiérement la Redoute
de la Reine & la lunette de Ken , & de bat.
tre la contre-garde de l'ouvrage à cornes ; ce qui
fit des merveilles .
Nous avons eu depuis ce temps là 84 pieces de
canons de 24 livres de balles , & 22 mortiers dif
tribués dans douze batteries . Elles n'ont point dif
continué de battre depuis le 16 Juin. La plupar
A OUST. 1756. 213
ne fervoient qu'à demonter les batteries ennemies.
Il ne falloit pas moins aux Affiégés que les
250 pieces de canons & les 40 mortiers qu'ils
avoient , pour faire la défenfe qu'on a éprouvée
jufqu'à la fin. Ce grand nombre de pieces leur
donnoit la facilité de remplacer celles que nous
leur démontions tous les jours.
Voici le détail de l'attaque qui mit nos En
nemis à la raiſon , & qui fera naître dans le coeur
des bons Francois , la joie qu'une longue réſiſtan
ce avoit fans doute altéréë.
>
M. le Maréchal ayant jugé qu'il étoit indifpenfable
d'accélérer l'attaque des ouvrages exté
rieurs , & voulant la favorifer en occupant
l'Ennemi dans plufieurs points de fa défenſe , ordonna
pour le 27 une attaque qui fut diviſée en
quatre points principaux .
M. le Marquis de Laval , de tranchée , fut
chargé de l'attaque de la gauche , divifée fur les
Forts de Strugen & d'Orgil , fur la Redoute de
la Reine , & fur celle de Ken : il avoit à fes ordres
16 Compagnies de Grenadiers , & quatre
Bataillons pour foutenir l'attaque .
Il avoit fous lui M. le Marquis de Monti &
M. de Briqueville , Colonel , dont le Régiment
étoit Chef de tranchée : Royal-Comtois étoit le
deuxieme Régiment.
M. de Monti fut deftiné à attaquer Strugen &
Orgil , à la tête des Compagnies de Grenadiers
de Royal-Comtois , Vermandois , Nice & Rochefort
, & de deux piquets foutenus par le premier
Bataillon de Royal - Comtois.
M. de Briqueville devoit fe porter fur Ken &
le chemin couvert , entre cet ouvrage & celui de
la Reine , à la tête de cinq Compagnies de Grenadiers
de Briqueville , Medoc & Cambis , & de
deux piquets.
214 MERCURE DE FRANCE:
M. de Sade , Lieutenant-Colonel de Brique
ville , devoit attaquer la Redoute de la Reine à la
tête de quatre Compagnies de Grenadiers d'Haynaut
, Cambis & Soiffonnois.
Il y avoit à la fuite de chacune de ces trois attaques
, deux Ingénieurs & 150 Travailleurs , un
Officier du Corps Royal & dix Canonniers , une
Brigade de Mineurs , & un détachement de 60
Volontaires portant dix échelles.
L'attaque du centre étoit dirigée ſur la Redoute
de l'Ouest & la Lunette Caroline , & commandée
par M. le Prince de Bauveau. Il y avoit à fes ordres
deux Brigadiers avec lefquels il devoit foutenir
la tranchée en cas de befoin.
La premiere attaque de la droite commandée
par M. le Comte de Lannion , é.oit dirigée fur le
Fort de Malboroug Il avoit à fes ordres la Brigade
de Royal & le Régiment de Bretagne , aina
que M. de Roquépine qui , à la tête de 400 Volontaires
& de roo Grenadiers , devoit débarquer
dans la Cale de S. Etienne , pour delà marcher
au Fort de S. Charles . On devoit avoir pour cet
effet 100 Chaloupes de l'Eſcadre : mais comme
elles ne purent arriver à temps , on y fuppléa par
celles qu'on put raffembler dans la journée.
La feconde attaque de la droite , aux ordres de
M. le Marquis de Monteynar , commandant la
Brigade de Royal - la Marine & Talaru , avoit
pour objet de s'emparer de la Lunette de Sud-
Ouest , de longer la Langue de S. Etienne , qui
eft entre la Place & le Fort Malboroug ; de fe
communiquer avec l'attaque du Fort S. Charles ,
& de couper la communication du Fort Malboroug
avec le Fort de S. Philippe.
En même temps que toutes ces attaques ſe faifoient
, M. de Beaumanoir , Lieutenant- Colonel ,
A O UST. 1756. 215
commandant à la Tour des Signaux , devoit avec
fon détachement partir dans les Chaloupes de la
Cale , qui eft entre le Fort Saint- Philippe & la
Tour des Signaux , pour venir favorifer l'attaque
de M. de Monti , & tâcher de fe gliffer dans le
chemin couvert , entre la demi-lune & le Fort
d'Orgil.
M. de Fortouval , Capitaine d'Haynaut , de
voit avec 100 hommes de détachement débarquer
au pied de la grande batterie des Ennemis , du
côté du Pont.
A.dix heures du foir , toutes nos batteries ayant
ceffé , le fignal de l'attaque fut donné par un
coup de canon & quatre bombes tirées de la Tour
des Signaux.
M. de Monti déboucha fur Strugen & Orgil ,
& fucceffivement MM . de Briqueville & de Sade
fe porterent avec vivacité fur leur point d'attaque
de Ken & de la Reine .
Nos troupes marcherent avec la plus grande
valeur , & après un feu très-vif , très-long & trèsmeurtrier
, elles parvinrent à s'emparer de Strugen
, d'Orgil, & du Fort de la Reine. Les Ennenis
firent jouer quatre fourneaux qui nous ont
coûté environ so hommes .
On travailla fur le champ au logement de
cette partie , qui étoit la principale attaque ,
pendant que les autres faifoient leur diverfion.
L'ardeur des Grenadiers que commandoit M.
de Bricqueville les ayant emportés , ils fe jetterent
fur la Redoute de la Reine , au lieu de fe
porter fur Ken qu'ils devoient attaquer .
M. le Prince de Bauveau ayant fait marcher
les Grenadiers de Vermandois & 100 hommes
de chaque Brigade fur la Redoute Caroline , &
les Grenadiers de Royal-Italien , avec 1oo hom216
MERCURE DE FRANCE.
mes de cette Brigade , à la Redoute de l'Oueſt ;
il s'empara du chemin couvert , & y fit enclouer
douze pieces de canon le logement y étant
impraticable , parce que la Redoute de Ken
n'étoit pas prife , & qu'il ne pouvoit dans la
nuit affurer fa communication , il fe contenta
de faire couper les paliffades , de faire brifer
les affûts , & de foutenir quelque temps cette
attaque qui favorifoit la principale.
Elle fut faite avec la plus grande intelligence
& la plus grande valeur.
Les attaques de MM. de Lannion & de Mon
teynard , dépendant prefque du fuccès du For
s. Charles , ils attendoient le fignal que devoir
faire M. de Roquépine ; mais les Ennemis s'étant
apperçus de beaucoup de mouvemens dans
cette partie , par les manoeuvres que les Chaloupes
avoient été obligées de faire , ſe tinrent
fur leurs gardes , & ne permirent pas à M. de
Roquépine de faire le débarquement qu'il avoit
tenté , & qui ne pouvoit réuffir que par une
furpriſe.
>
Pendant ce temps - là M. de Lannion fit inquiéter
le Fort Malborough . La divifion de tous
ces feux & la combinaifon de toutes ces attaques
, donnerent le temps à celles de la gauche
d'aflurer fon fuccés, de facon qu'à la pointe
du jour nous pumes établir 400 hommes dans
le Fort de la Reine , & 200 dans Strugen &
Orgil.
M. le Maréchal s'étoit placé au centre des attaques
de la gauche , & avoit avec lui MM . de Maillebois
, du Mefnil , & le Prince de Wirtemberg.
Il a donné pendant toute l'action les confeils
néceffaires au fuccès de l'attaque , dans lefquels
on n'a pu s'empêcher d'admirer les difpofitions
A O
UST.
1756.
217
tions de notre Général & les prodiges de notre
Infanterie.
M. de Lannion a eu une légere contufion à
' épaule , & M. le Marquis de S. Tropès , Aide
de Camp de M. de Maillebois , a été
légérement
bleffé au visage .
A cinq heures du matin on a demandé réciproquement
une fufpenfion d'armes pour retirer
les morts , & elle a été accordée. Nous
avons eu environ 25 Officiers de tués ou bleffés ,
& 400 Soldats..
· M. de Huetton , le Lieutenant de Vaiffeau
qui
commandoit les Chaloupes de l'attaque du
Fort S. Charles , a été tué.
On doit le fuccès de
l'attaque , de la gau
che furtout , à la bonne
conduite de M. de
Monti , qui a fuivi avec la plus grande valeur
& la plus grande fermeté les
difpofitions qu'avoit
faites M. de Laval.
On a pris beaucoup de mortiers & de canons
dans les Forts de Strugen , d'Orgil & de la Reine.
On a fait quinze
prifonniers , du nombre deſquels
eft le fecond
Commandant des Ennemis qui fai
foit le détail de la défenſe.
Le 28 , à deux heures après-midi , trois Députés
de la Place
demanderent à parler à notre
Général. Le réſultat de cette
conférence étoit
qui leur fut accordé vingt- quatre heures pour
dreffer les articles de
Capitulation : on leur accorda
jufqu'à huit heures du foir. Il en revint
un à l'heure marquée , qui apporta à M. le Maréchal
un projet d'articles ,
auxquels il fut ré
pondu le lendemain matin.
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Résumé : RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
En 1756, les forces françaises, sous le commandement du maréchal de Richelieu et de M. de La Galissonnière, prirent l'île de Minorque, située en Méditerranée et faisant partie des Baléares. Minorque, dotée d'un climat tempéré avec des chaleurs intenses en été, est divisée en cinq territoires, dont Mahon est la capitale et le principal port. L'île a été sous la domination de diverses civilisations, notamment les Carthaginois, les Romains, les Goths, les Vandales, les Sarrazins, et les Espagnols, avant de passer sous contrôle britannique en 1708. Les Britanniques avaient renforcé le Fort Saint-Philippe après l'avoir pris en 1708. En 1756, les Français débarquèrent à Ciutadella et marchèrent vers Mahon. Après plusieurs semaines de siège et de bombardements intensifs, ils prirent le Fort Saint-Philippe le 30 juin 1756. Le texte détaille les opérations militaires, les mouvements des troupes et les batailles navales qui précédèrent cette prise. L'attaque française, planifiée pour le 27 juin, fut divisée en quatre points principaux. Le Marquis de Laval dirigea l'attaque de la gauche, ciblant plusieurs forts et redoutes avec 16 compagnies de grenadiers et quatre bataillons. Le Prince de Bauveau attaqua la Redoute de l'Ouest et la Lunette Caroline. Le Comte de Lannion et le Marquis de Monteynar dirigèrent les attaques de la droite, ciblant respectivement le Fort de Malborough et la Lunette de Sud-Ouest. L'attaque débuta à dix heures du soir après un signal donné par un coup de canon et des bombes. Les troupes prirent plusieurs forts après un combat intense. Les ennemis firent exploser des fourneaux, causant des pertes. Les attaques de la droite dépendaient de la prise du Fort Saint-Charles, mais les ennemis empêchèrent le débarquement de M. de Roquépine. À la pointe du jour, des hommes furent établis dans les forts conquis. Les pertes françaises inclurent environ 25 officiers tués ou blessés et 400 soldats. Le succès de l'attaque fut attribué à la conduite de M. de Monti. Des mortiers, des canons et quinze prisonniers, dont le second commandant ennemi, furent capturés. Le 28 juin, des députés de la place demandèrent un délai de vingt-quatre heures pour négocier la capitulation, accordé jusqu'à huit heures du soir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 218-226
ARTICLES de la Capitulation proposée par Son Excellence le Lieutenant -Général BLAKNEY, pour la Garnison de Sa Majesté Britannique du Château de S.Philippe, Isle Minorque.
Début :
Que tous les actes d'hostilités cesseront jusqu'à ce que les Articles de la [...]
Mots clefs :
Articles de capitulation, Maréchal de Richelieu, Lieutenant général Blankey, Ile de Minorque, Prise du fort de Saint-Philippe, Fin des hostilités, Reddition, Garnison, Otages, Compensation, Accords, Français, Anglais, Artillerie
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texteReconnaissance textuelle : ARTICLES de la Capitulation proposée par Son Excellence le Lieutenant -Général BLAKNEY, pour la Garnison de Sa Majesté Britannique du Château de S.Philippe, Isle Minorque.
ARTICLES de la Capitulation propofee
par Son Excellence le Lieutenant - Général
BLAKNEY , pour la Garnifon de Sa Majefté
Britannique du Château S. Philippe ,
Ifle Minorque.
Articles demandés par Articles accordésparMon
le Gouverneur.
Q
fieur le Maréchal do
Richelieu.
ARTICLE PREMIER. - ·
Ue tous les actes d'hoftilités cefferont jufqu'à
ce que les Articles de la Capitulation foient convenus
& fignés .
ARTICLE II.
Qu'on accordera
A la Garnifon à fa
reddition tous les
honneurs de la guerre
, comme de fortir
le fufil fur l'épaule,
tambour battant
, enfeignes dé
ployées , 24 coups
à tirer par homme ,
mêche allumée ,
pieces de canon &
2 mortiers , avec 20
coups à tirer par cha-
4
La belle & courageufe
défenfe que les Anglois
ont faite , méritant toutes
les marques d'eſtime
& de véneration que tout
Militaire doit rendre à de
telles actions , & M. le
Maré hal de Richelieu
voulant faire connoître à
fon Excellence M. le Général
Blkuey fa confidération
& celle que mérite
la défenſe qu'il vient de
faire , accorde à la Garnifon
tous les honneurs militaires
dont elle peut
jouir dans la circonftanque
piece , un char- ce de fa fortie pour un
AOUST. 1756. 219
embarquement : fçayoir , riot couvert pour le
le fufil fur l'épaule , tambour
battant , drapeaux
déployés , 20 cartouches
par homme , & même
mêche allumée. Il con-
Tent que le Lieutenant
Général
Blakney & fa
Garniſon , pourront emporter
tous les effets
leur
appartiendront
&
qui pourront
tenir dans
des coffres : il leur feroit
inutile d'avoir des charriots
couverts , il n'y en
a point dans l'ifle ; ainfi
ils font refufés.
qui
Gouverneur , & 4
autres pour la Garnifon
, qui ne ſeront
vifités en aucun
cas.
ARTICLE
Toute la Garniſon Mi-
III.
Que toute la Gar
litaire & Civile ,
comprenifon
comprenant
nant fous le nom de citous
les Sujets de
S. M. Britannique ,
Civile comme Militaire
, auront tous
vile les Officiers de juftice
& de police , à la réferve
des naturels de
Pie , auront la permiffion
d'emporter leurs leurs bagages & efeffets
, & d'en difpofer
comme il vient d'être fets affurés , avec la
dit : mais toutes les dettes
de la Garnifon , qui auront
été connues légitimes
, envers les Sujets de
permiffion de les
emmener , & d'en
difpofer comme ils
fa Majefté très-Chrétien- jugeront à propos.
ne , parmi lesquels les
Minorcains doivent être compris , feront payées,
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
>
ARTICLE IV.
Que la Garnifon ,
comprenant les Officiers
, ouvriers , foldats
, & autres Sujets
de S. M. Britan
nique avec leurs
familles , qui voudront
quitter l'Ifle , conduiront par la plus
feront pourvus de fûre navigation jufqu'à
vaiffeaux de tranf- Gibraltar , dans le plus
ports convenables , court délai qu'il fera pof-
& conduits à Gi- fible , & les y débarqueront
tout de fuite , bien
braltar par la navi- entendu qu'après ce dégation
la plus cour- barquement , il fera fourte
& la plus directe , ni à ces bâtimens des paf-
& qu'ils y feront feports valables , afin de
débarqués auffitôt
leur arrivée , aux
dépens de la Couronne
de France , &
que les provifions
Il fera fourni les vaiffeaux
de tranfport de
de Sa Majefté très Chré
ceux qui font aux gages
tienne , & convenable
à
la Garnifon Militaire &
Civile du Fort S. Philippe
pour eux & leur famille
: ces Vaiffeaux les
leur feront fournies
de celles qui peuvent
être encore
exiftantes dans la
Place au moment
de la reddition >
leur
n'être pas inquietés dans
retour jufqu'aux
ports de France , où ils
devront aller , & il ſera
laiffé des ôtages pour la
tranfport & de leurs équipages
, que l'on remettra
au premier Bâtiment neutre
qui viendra les chercher
après le retour defdits
Bâtimens dans le
port
de France.
Il fera auffi accordé à
fûreté des Bâtimens de
pour le temps qu'ils la Garnifon des fubfiftanA
O UST. 1756. 221
'ces tant pour fon féjour
dans l'Iffe , que pour 12
jours de voyage , qui feront
prifes de celles qui
feront trouvées dans le
Fort Saint-Philippe , &
diftribuées fur le pied
qu'on a coutume de les
fournir à la garniſon Angloife
: & fi on a befoin
d'un fupplément , il fera
fourni en payant fuivant
ce qui fera réglé par les
Commiffaires de
d'autre.
part &
refter
pourroient
dans l'Ifle , & pour
celui de leur voyage
fur mer , & cela
dans la même proportion
qu'on leur
fournit actuellement.
Mais fi on
avoit befoin d'un
plus grand nombre ,
qu'ils feroient fournis
aux dépens de
la Couronne
France .
ARTICLE V.
Les bâtimens étant
prêts pour le tranfport
de
Que l'on fournira
des quartiers convenables
à la Garnifon
, avec un hôpital
propre pour les
malades & bleffés ,
pendant le temps
de la Garniſon , la fourniture
des quartiers demandés
devient inutile :
elle fortira de la Place
dans le plus court délai ,
pour le rendre à Gibraltar.
Et à l'égard de ceux
qui ne pourront être em- que l'on préparera
barqués tout de fuite , ils les bâtimens de
auront la liberté de refter tranfport : lequel
dans l'Ifle ; & il leur fera temps ne pourra pas
excéder celui d'un
fourni tous les fecours
dont ils auront befoin
pour fe rendre à Gibral- mois , à compter du
tar. Lorfqu'ils feront en jour de la fignature
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
de cette Capitulation
& à l'égard
de ceux qui fe trou
veront hors d'état
d'être embarqués ,
qu'ils pourront refter;
& il enfera pris
foin jufqu'à ce qu'ils
foient en état d'être
envoyés à Gibraltar
par une autre occafion.
état d'être embarqués , il
en fera dreflé un état , &
on laiffera aux vaiffeaux
les pafleports néceflaires
pour aller & revenir. Il
fera de même fourni un
hôpital pour les malades
& bleffés , ainfi qu'il fera
réglé par les Commiffaires
refpectifs.
ARTICLE VI.
Que le Gouverneur
ne pourra pas
être comptable pour
toutes les maifons
qui auront été brûlées
pendant le
Liege.
Accordé pour les maifons
détruites ou brûlées
pendant le fiege : mais on
reftituera plufieurs effets
& titres du Tribunal de
l'Amirauté , qui avoient
été tranſportés dans le
Fort , ainfi que les papiers
de l'Hôtel de Ville qui
ont été emportés par le
Receveur ,& les papiers & titres des Vaiffeaux marchands
François , concernant leur chargement , qui
ont été pareillement retenus.
ARTICLE VII.
Quand la Garni- On n'excitera aucun
fon fortira de la Place
, il ne fera permis
à perfonne de
débaucher les folfoldat
à déferter , & les
Officiers auront une entiere
autorité ſur eux júfqu'au
moment de l'embarquement.
A O UST. 1756. £23
dats pour les faire
déferter de leurs régimens
; & leurs
Officiers auront accès
auprès d'eux en
tout temps.
ARTICLE VIII.
Accordé.
On obfervera de
part & d'autre une
exacte difcipline
.
ARTICLE IX.
Son Excellence M. le
Général Blakney & M. le
:
Maréchal de Richelieu
.ne peuvent fixer ou éten
dre l'autorité des Rois
leurs Maîtres fur leurs
Sujets ce feroit y met
tre des limites que d'obliger
de recevoir dans
leurs Etats ceux qu'ils ne
jugeroient pas à propos
qui y fuflent ftables.
Que ceux des Habitans
de l'Ifle qui
ont joint les Anglois
pour la défenfe
de la Place , auront
permiffion
de
refter & de jouir de
leurs biens & effets
dans l'Ifle , fans être
inquiétés
.
ARTICLE X.
On reprendra de part Que tous les pri
& d'autre tous les prifonfonniers
de guerre
niers qui ont été faits de part & d'autre
pendant le fiege ; ainfi
les François en rendant feront rendus.
ceux qu'ils ont , il leur
fera reftitué les piquets
qui ont été pris en allant
joindre l'Efcadre Fran-
5 .
Kig
214 MERCURE DE FRANCE.
coife le jour que parut
PAmiral Bing devant
Mahon.
ARTICLE XI.
Que M. de Cuffinghan
, Ingénieur,
faifant le fervice de
volontaire pendant
le Siege , aura un
paffeport , & la permiffion
de fe retirer
où fes affaires
l'appelleront.
Accordo.
ARTICLE XII.
Sous les conditions
précédentes ,
Son Excellence M.
le Lieutenant Général
, Gouverneur ,
après que les ôtages
auront été donnés
de part & d'autre
pour la fidelle exécution
des Articles
ci- deffus ,
fent de livrer la
con-
Dès que les articles cideffus
auront été fignés ,
il fera livré une des portes
du Château aux François
, avec les Forts Malborough
& de S. Charles
, après avoir envoyé
les otages de part & d'autre
pour la fidelle éxécu–
tion des articles ci- deffus.
L'Eftacade qui eft dans
le Port , ſera levée ; &
l'entrée & fortie en feront
rendues libres à la
difpofition des François ,
jufqu'à l'entiere fortie de Place à Sa Majefté
Très -Chrétienne , la Garnifon ; & en attenavec
tous les maga- dant , les Commiffaires
de part & d'autre travail
A O UST. 1756 . 225
Ieront de la part de fon
Excellence M. de Blakney
, à faire les états des
magaſins militaires &
autres , & de la part de
fon Excellence M. le Maréchal
de Richelieu , à en
recevoir pour les livrer
aux Anglois ; ce qui a
convenu : il fera auffi livré
les Plans des Galleries
, Mines & autres ouvrages
fouterreins.
été
.
fins militaires , munitions
, canons &
mortiers , à la réferve
de ceux mentionnés
dans l'Article II :
comme auffi de
montrer aux Ingénieurs
toutes les
mines & les ouvrages
fouterreins.
Fait au Château
Fait à Saint-Philippe , de S.
Philippe , le
le 29 Juin 1756.
Approuvé , Guillaume
BLAKNEY.
28 Juin 1756.
Signé , Guillaume
BLAKNEY.
Tous les Articles ci - deffus fignés , &les ôtages
donnés , M. le Maréchal de Richelieu est entré dans
la Place leditjour 29 Juin , entre 89 heures du
matin. Il s'eft fait rendre compte de tout ce qui étoit
dans le Fort , dont voici le détail.
Garnifon trouvée au moment de fa reddition
2963 hommes de troupes.
240 pieces de canon faines & entieres , fans:
compter 40 autres pieces que M. le Maréchal avoit
fait enclouer pendant l'attaque..
Environ 70 Mortiers.
.700 milliers de poudre..
12000 Boulets .
15000 Bombes,
Les Ennemis ont perdu pendant le fiege beaucoup
moins de monde que nous , attendu les retraites.
les Cafmattes immenfes où ils fe retiroient , taillées
K.v.
226 MERCURE DE FRANCE.
dans le roc, & à l'abri du boulet & de la bombe.
Les François ont eu , depuis le commencement du
fiege jufqu'à la reddition du Fort , environ 1500
hommes tant de tués que de bleffés : il eft mort peu
de bleffés , parce que la cure des plaies réuſſiſſoit
fort bien dans cette Ifle. Les Chirurgiens même en
étoient étonnés.
Il s'eft trouvé dans le Fort beaucoup de vivres ;
als en avoient encore pour un temps confidérable :
mais lors de fa reddition , il y avoit huit jours que
les Affiégés n'avoient plus ni Vin , ni Eau - de- vie.
Depuis le commencement du Siege jufqu'à la red
dition , il n'y a jamais eu à l'Hôpital de l'armée
Françoife plus de 150 malades couramment ; &
que M. de Fronfac eft parti de Mahon ,
il n'y en avoit que ce nombre.
au moment
On laiffe pour Garniſon les Régimens ſuivans.
Le Royal Italien ; Médoc ; Talaru ; Royal Comtois
& Vermandois.
La Garnison Angloife a dû fortir de l'Ifle le &
Juillet.
M. le Comte de Lannion commandera en chef
les Forts de Pife Minorque.
M. le Duc de Fronfac , qui a porté la nouvelle
'de la prife des Forts , arriva à Paris la nuit du 9
au 10 Juillet : M. le Comte d'Egmont , qui a apporté
les articles de la Capitulation & la nouvelle
de l'évacuation entiere de la Place par les Anglois
, eft arrivé à Paris la nuit du 14 au 15 fuiwant.
M. de Fronfac eft parti le 26 Juillet de Paris
, pour aller rejoindre M. le Maréchal de Richelieu
, qui ne revient point.
Nous ne pouvons mieux terminer cette Relation
que par les Vers fuivans , qui font de M. de
Voltaire , & qui nous ont paru dignes de lui & da
Héros qu'ils célebrent .
par Son Excellence le Lieutenant - Général
BLAKNEY , pour la Garnifon de Sa Majefté
Britannique du Château S. Philippe ,
Ifle Minorque.
Articles demandés par Articles accordésparMon
le Gouverneur.
Q
fieur le Maréchal do
Richelieu.
ARTICLE PREMIER. - ·
Ue tous les actes d'hoftilités cefferont jufqu'à
ce que les Articles de la Capitulation foient convenus
& fignés .
ARTICLE II.
Qu'on accordera
A la Garnifon à fa
reddition tous les
honneurs de la guerre
, comme de fortir
le fufil fur l'épaule,
tambour battant
, enfeignes dé
ployées , 24 coups
à tirer par homme ,
mêche allumée ,
pieces de canon &
2 mortiers , avec 20
coups à tirer par cha-
4
La belle & courageufe
défenfe que les Anglois
ont faite , méritant toutes
les marques d'eſtime
& de véneration que tout
Militaire doit rendre à de
telles actions , & M. le
Maré hal de Richelieu
voulant faire connoître à
fon Excellence M. le Général
Blkuey fa confidération
& celle que mérite
la défenſe qu'il vient de
faire , accorde à la Garnifon
tous les honneurs militaires
dont elle peut
jouir dans la circonftanque
piece , un char- ce de fa fortie pour un
AOUST. 1756. 219
embarquement : fçayoir , riot couvert pour le
le fufil fur l'épaule , tambour
battant , drapeaux
déployés , 20 cartouches
par homme , & même
mêche allumée. Il con-
Tent que le Lieutenant
Général
Blakney & fa
Garniſon , pourront emporter
tous les effets
leur
appartiendront
&
qui pourront
tenir dans
des coffres : il leur feroit
inutile d'avoir des charriots
couverts , il n'y en
a point dans l'ifle ; ainfi
ils font refufés.
qui
Gouverneur , & 4
autres pour la Garnifon
, qui ne ſeront
vifités en aucun
cas.
ARTICLE
Toute la Garniſon Mi-
III.
Que toute la Gar
litaire & Civile ,
comprenifon
comprenant
nant fous le nom de citous
les Sujets de
S. M. Britannique ,
Civile comme Militaire
, auront tous
vile les Officiers de juftice
& de police , à la réferve
des naturels de
Pie , auront la permiffion
d'emporter leurs leurs bagages & efeffets
, & d'en difpofer
comme il vient d'être fets affurés , avec la
dit : mais toutes les dettes
de la Garnifon , qui auront
été connues légitimes
, envers les Sujets de
permiffion de les
emmener , & d'en
difpofer comme ils
fa Majefté très-Chrétien- jugeront à propos.
ne , parmi lesquels les
Minorcains doivent être compris , feront payées,
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
>
ARTICLE IV.
Que la Garnifon ,
comprenant les Officiers
, ouvriers , foldats
, & autres Sujets
de S. M. Britan
nique avec leurs
familles , qui voudront
quitter l'Ifle , conduiront par la plus
feront pourvus de fûre navigation jufqu'à
vaiffeaux de tranf- Gibraltar , dans le plus
ports convenables , court délai qu'il fera pof-
& conduits à Gi- fible , & les y débarqueront
tout de fuite , bien
braltar par la navi- entendu qu'après ce dégation
la plus cour- barquement , il fera fourte
& la plus directe , ni à ces bâtimens des paf-
& qu'ils y feront feports valables , afin de
débarqués auffitôt
leur arrivée , aux
dépens de la Couronne
de France , &
que les provifions
Il fera fourni les vaiffeaux
de tranfport de
de Sa Majefté très Chré
ceux qui font aux gages
tienne , & convenable
à
la Garnifon Militaire &
Civile du Fort S. Philippe
pour eux & leur famille
: ces Vaiffeaux les
leur feront fournies
de celles qui peuvent
être encore
exiftantes dans la
Place au moment
de la reddition >
leur
n'être pas inquietés dans
retour jufqu'aux
ports de France , où ils
devront aller , & il ſera
laiffé des ôtages pour la
tranfport & de leurs équipages
, que l'on remettra
au premier Bâtiment neutre
qui viendra les chercher
après le retour defdits
Bâtimens dans le
port
de France.
Il fera auffi accordé à
fûreté des Bâtimens de
pour le temps qu'ils la Garnifon des fubfiftanA
O UST. 1756. 221
'ces tant pour fon féjour
dans l'Iffe , que pour 12
jours de voyage , qui feront
prifes de celles qui
feront trouvées dans le
Fort Saint-Philippe , &
diftribuées fur le pied
qu'on a coutume de les
fournir à la garniſon Angloife
: & fi on a befoin
d'un fupplément , il fera
fourni en payant fuivant
ce qui fera réglé par les
Commiffaires de
d'autre.
part &
refter
pourroient
dans l'Ifle , & pour
celui de leur voyage
fur mer , & cela
dans la même proportion
qu'on leur
fournit actuellement.
Mais fi on
avoit befoin d'un
plus grand nombre ,
qu'ils feroient fournis
aux dépens de
la Couronne
France .
ARTICLE V.
Les bâtimens étant
prêts pour le tranfport
de
Que l'on fournira
des quartiers convenables
à la Garnifon
, avec un hôpital
propre pour les
malades & bleffés ,
pendant le temps
de la Garniſon , la fourniture
des quartiers demandés
devient inutile :
elle fortira de la Place
dans le plus court délai ,
pour le rendre à Gibraltar.
Et à l'égard de ceux
qui ne pourront être em- que l'on préparera
barqués tout de fuite , ils les bâtimens de
auront la liberté de refter tranfport : lequel
dans l'Ifle ; & il leur fera temps ne pourra pas
excéder celui d'un
fourni tous les fecours
dont ils auront befoin
pour fe rendre à Gibral- mois , à compter du
tar. Lorfqu'ils feront en jour de la fignature
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
de cette Capitulation
& à l'égard
de ceux qui fe trou
veront hors d'état
d'être embarqués ,
qu'ils pourront refter;
& il enfera pris
foin jufqu'à ce qu'ils
foient en état d'être
envoyés à Gibraltar
par une autre occafion.
état d'être embarqués , il
en fera dreflé un état , &
on laiffera aux vaiffeaux
les pafleports néceflaires
pour aller & revenir. Il
fera de même fourni un
hôpital pour les malades
& bleffés , ainfi qu'il fera
réglé par les Commiffaires
refpectifs.
ARTICLE VI.
Que le Gouverneur
ne pourra pas
être comptable pour
toutes les maifons
qui auront été brûlées
pendant le
Liege.
Accordé pour les maifons
détruites ou brûlées
pendant le fiege : mais on
reftituera plufieurs effets
& titres du Tribunal de
l'Amirauté , qui avoient
été tranſportés dans le
Fort , ainfi que les papiers
de l'Hôtel de Ville qui
ont été emportés par le
Receveur ,& les papiers & titres des Vaiffeaux marchands
François , concernant leur chargement , qui
ont été pareillement retenus.
ARTICLE VII.
Quand la Garni- On n'excitera aucun
fon fortira de la Place
, il ne fera permis
à perfonne de
débaucher les folfoldat
à déferter , & les
Officiers auront une entiere
autorité ſur eux júfqu'au
moment de l'embarquement.
A O UST. 1756. £23
dats pour les faire
déferter de leurs régimens
; & leurs
Officiers auront accès
auprès d'eux en
tout temps.
ARTICLE VIII.
Accordé.
On obfervera de
part & d'autre une
exacte difcipline
.
ARTICLE IX.
Son Excellence M. le
Général Blakney & M. le
:
Maréchal de Richelieu
.ne peuvent fixer ou éten
dre l'autorité des Rois
leurs Maîtres fur leurs
Sujets ce feroit y met
tre des limites que d'obliger
de recevoir dans
leurs Etats ceux qu'ils ne
jugeroient pas à propos
qui y fuflent ftables.
Que ceux des Habitans
de l'Ifle qui
ont joint les Anglois
pour la défenfe
de la Place , auront
permiffion
de
refter & de jouir de
leurs biens & effets
dans l'Ifle , fans être
inquiétés
.
ARTICLE X.
On reprendra de part Que tous les pri
& d'autre tous les prifonfonniers
de guerre
niers qui ont été faits de part & d'autre
pendant le fiege ; ainfi
les François en rendant feront rendus.
ceux qu'ils ont , il leur
fera reftitué les piquets
qui ont été pris en allant
joindre l'Efcadre Fran-
5 .
Kig
214 MERCURE DE FRANCE.
coife le jour que parut
PAmiral Bing devant
Mahon.
ARTICLE XI.
Que M. de Cuffinghan
, Ingénieur,
faifant le fervice de
volontaire pendant
le Siege , aura un
paffeport , & la permiffion
de fe retirer
où fes affaires
l'appelleront.
Accordo.
ARTICLE XII.
Sous les conditions
précédentes ,
Son Excellence M.
le Lieutenant Général
, Gouverneur ,
après que les ôtages
auront été donnés
de part & d'autre
pour la fidelle exécution
des Articles
ci- deffus ,
fent de livrer la
con-
Dès que les articles cideffus
auront été fignés ,
il fera livré une des portes
du Château aux François
, avec les Forts Malborough
& de S. Charles
, après avoir envoyé
les otages de part & d'autre
pour la fidelle éxécu–
tion des articles ci- deffus.
L'Eftacade qui eft dans
le Port , ſera levée ; &
l'entrée & fortie en feront
rendues libres à la
difpofition des François ,
jufqu'à l'entiere fortie de Place à Sa Majefté
Très -Chrétienne , la Garnifon ; & en attenavec
tous les maga- dant , les Commiffaires
de part & d'autre travail
A O UST. 1756 . 225
Ieront de la part de fon
Excellence M. de Blakney
, à faire les états des
magaſins militaires &
autres , & de la part de
fon Excellence M. le Maréchal
de Richelieu , à en
recevoir pour les livrer
aux Anglois ; ce qui a
convenu : il fera auffi livré
les Plans des Galleries
, Mines & autres ouvrages
fouterreins.
été
.
fins militaires , munitions
, canons &
mortiers , à la réferve
de ceux mentionnés
dans l'Article II :
comme auffi de
montrer aux Ingénieurs
toutes les
mines & les ouvrages
fouterreins.
Fait au Château
Fait à Saint-Philippe , de S.
Philippe , le
le 29 Juin 1756.
Approuvé , Guillaume
BLAKNEY.
28 Juin 1756.
Signé , Guillaume
BLAKNEY.
Tous les Articles ci - deffus fignés , &les ôtages
donnés , M. le Maréchal de Richelieu est entré dans
la Place leditjour 29 Juin , entre 89 heures du
matin. Il s'eft fait rendre compte de tout ce qui étoit
dans le Fort , dont voici le détail.
Garnifon trouvée au moment de fa reddition
2963 hommes de troupes.
240 pieces de canon faines & entieres , fans:
compter 40 autres pieces que M. le Maréchal avoit
fait enclouer pendant l'attaque..
Environ 70 Mortiers.
.700 milliers de poudre..
12000 Boulets .
15000 Bombes,
Les Ennemis ont perdu pendant le fiege beaucoup
moins de monde que nous , attendu les retraites.
les Cafmattes immenfes où ils fe retiroient , taillées
K.v.
226 MERCURE DE FRANCE.
dans le roc, & à l'abri du boulet & de la bombe.
Les François ont eu , depuis le commencement du
fiege jufqu'à la reddition du Fort , environ 1500
hommes tant de tués que de bleffés : il eft mort peu
de bleffés , parce que la cure des plaies réuſſiſſoit
fort bien dans cette Ifle. Les Chirurgiens même en
étoient étonnés.
Il s'eft trouvé dans le Fort beaucoup de vivres ;
als en avoient encore pour un temps confidérable :
mais lors de fa reddition , il y avoit huit jours que
les Affiégés n'avoient plus ni Vin , ni Eau - de- vie.
Depuis le commencement du Siege jufqu'à la red
dition , il n'y a jamais eu à l'Hôpital de l'armée
Françoife plus de 150 malades couramment ; &
que M. de Fronfac eft parti de Mahon ,
il n'y en avoit que ce nombre.
au moment
On laiffe pour Garniſon les Régimens ſuivans.
Le Royal Italien ; Médoc ; Talaru ; Royal Comtois
& Vermandois.
La Garnison Angloife a dû fortir de l'Ifle le &
Juillet.
M. le Comte de Lannion commandera en chef
les Forts de Pife Minorque.
M. le Duc de Fronfac , qui a porté la nouvelle
'de la prife des Forts , arriva à Paris la nuit du 9
au 10 Juillet : M. le Comte d'Egmont , qui a apporté
les articles de la Capitulation & la nouvelle
de l'évacuation entiere de la Place par les Anglois
, eft arrivé à Paris la nuit du 14 au 15 fuiwant.
M. de Fronfac eft parti le 26 Juillet de Paris
, pour aller rejoindre M. le Maréchal de Richelieu
, qui ne revient point.
Nous ne pouvons mieux terminer cette Relation
que par les Vers fuivans , qui font de M. de
Voltaire , & qui nous ont paru dignes de lui & da
Héros qu'ils célebrent .
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Résumé : ARTICLES de la Capitulation proposée par Son Excellence le Lieutenant -Général BLAKNEY, pour la Garnison de Sa Majesté Britannique du Château de S.Philippe, Isle Minorque.
Le texte expose les articles de la capitulation proposée par le Lieutenant-Général Blakney pour la garnison britannique du Château Saint-Philippe à Minorque, acceptés par le Maréchal de Richelieu. Les hostilités cesseront jusqu'à la signature des articles de la capitulation. La garnison britannique bénéficiera des honneurs de la guerre, incluant une sortie avec armes et drapeaux déployés, ainsi que des salves d'honneur. Le Maréchal de Richelieu reconnaît la défense courageuse des Anglais et accorde ces honneurs en signe de respect. La garnison pourra emporter ses effets personnels et sera transportée à Gibraltar avec des provisions et des navires appropriés. Les dettes légitimes de la garnison envers les sujets du roi de France seront payées. Les habitants de l'île ayant soutenu les Anglais pourront rester et jouir de leurs biens sans être inquiétés. Les prisonniers de guerre seront échangés. Les déserteurs ne seront pas autorisés à quitter leurs régiments. La discipline sera maintenue des deux côtés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 207-213
ALLEMAGNE.
Début :
Le Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le Baron de Vettes [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-maréchal, Bataille, Victoire, Roi de Prusse, Majestés impériales, Récit de la victoire, Régiments, Bravoure, Artillerie, Cavalerie, Comtes, Barons, Prague, Ennemis, Prince Charles de Lorraine, Dresde, Armée, Bielefeld, Officier, Maréchal de camp, Garnison, Capitulation militaire
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 18 juin, le Feld-Maréchal Comte de Daun a remporté une victoire décisive contre l'armée d'observation ennemie, dirigée par le Roi de Prusse. Cette armée était renforcée par 12 000 hommes prussiens et 15 000 hommes conduits par le Prince Maurice d'Anhalt-Dessau. La bataille, qui a duré de 14 heures à 20 heures, a vu les ennemis lancer sept attaques, principalement contre l'aile droite des troupes de l'Impératrice Reine, toutes repoussées. À 19 heures, une nouvelle tentative prussienne a échoué, et la cavalerie prussienne a été culbutée. Les ennemis ont pris la fuite vers Kollin et Bomischbrod. La victoire a été célébrée par l'Empereur et l'Impératrice Reine, qui ont exprimé leur satisfaction à la Maréchale de Daun. Les pertes ennemies étaient considérables, avec environ 20 000 hommes tués ou blessés, contre 8 000 pertes du côté des troupes de l'Impératrice Reine. Plusieurs officiers et régiments ont été distingués pour leur bravoure. Après la bataille, les Prussiens se sont retirés de Prague, libérant la ville après un siège de 42 jours. Le Comte de Browne-de Camus, Feld-Maréchal, est décédé des suites de ses blessures. À Dresde, la Reine a pris des mesures pour soigner les blessés prussiens. Par ailleurs, un détachement français a pris la ville d'Embden en Ost-Frise. Cette information est succincte et se concentre uniquement sur l'aspect des otages en lien avec la sécurité de la capitulation. Aucun autre détail n'est fourni dans le texte.
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26
p. 191-196
ALLEMAGNE.
Début :
Le deux Escadres Russiennes qui ont fait voile, l'une de Cronstadt, [...]
Mots clefs :
Dantzig, Escadres russes, Amiral, Port de Memel, Vienne, Attaques, Troupes de l'Impératrice Reine, Général, Garnison, Prince, Armée, Corps, Dresde, Roi de Prusse, Camp de Pirna, Prague, Dégâts, Mouvements des troupes, Corvey, Duc d'Orléans, Hesse, Marquis, Maréchal de camp, Hambourg, Électeur de Saxe, Actions, Camp de Holtzminden, Prise de la ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 29 Juin.
Les deux Efcadres Ruffiennes qui ont fait voile,
l'une de Cronstadt , l'autre de Revel , fe font
jointes fur les côtes de Pruffe. L'Amiral Mifchukoff
commande la premiere. La feconde eft aux
ordres du Vice- Amiral Lewis. Elles compofent
enſemble une flotte de trente- un vaiſſeaux , deſtinée
à bloquer le port de Memel , tandis que
trente -fept mille hommes de l'armée du Feld-
Maréchal Apraxin feront le fiege de cette Place.
Depuis quelques jours cette flotte s'eſt emparée
de plufieurs bâtimens Pruffiens.
DE VIENNE , le 28 Juillet.
Le 18 de ce mois , le Colonel Mac Ellicot arriva
ici précédé de huit poftillons, pour informer Leurs
Majeftés Impériales , que le Général Comte de
Maguire , à la tête d'un corps compofé de douze
compagnies de Grenadiers , de trente piquets
d'Infanterie , & de cinq cens chevaux , avoit forcé
le pofte important de Gabel . L'attaque & la défenfe
ont été également vives . Les troupes de
l'Impératrice Reine rompirent fucceffivement
deux portes à coups de hache ; mais on trouyą
192 MERCURE DE FRANCE.
derriere la feconde plufieurs barricades , à la faveur
defquelles les Pruffiens firent la réſiſtance la
plus opiniâtre. Le Général Maguire , commençant
à manquer de munitions , fe diſpoſoit à la
retraite , lorfqu'il fut agréablement furpris en
voyant la Garniſon arborer le Drapeau blanc . Elle
confiftoit en deux Bataillons du Régiment de Grenadiers
du Roi de Pruffe , deux Bataillons de fufiliers
, & cent fept tant Dragons que Huffards.
Ces troupes , formant un Corps d'environ trois
mille cinq cens hommes , fe font rendues prifonnieres
de guerre. Par confidération pour la valeur
qu'elles ont montrée , le Général Maguire à laiffé
aux Officiers leurs épées & leurs équipages. On
a trouvé à Gabel quatre pieces de canon de trois
livres de balle , fix autres pieces de plus petit ca-
Libre , & un grand nombre de charriots de vivres.
Nous avons eu près de çoo hommes tués ou bleſſés .
Le Corps commandé par le Prince de Pruffe
ayant pris , ainfi que celui du Prince de Bevern ,
le parti de fe replier vers la Saxe , décampa le 17
de Pifnich. Le 18 il occupa le camp de Kamnitz
, que le Prince de Bevern venoit d'abandonner.
Le Prince de Pruffe ne voulut point que les
bagages s'y arrêtaffent , & il leur fit continuer pendant
la nuit leur marche vers Freydenberg , à la
lueur de quantité de lanternes & de torches , fous
l'eſcorte de quatre Régimens d'Infanterie , d'un
Régiment de Cavalerie , & d'un de Huffards. A
la pointe du jour , le Comte d'Efterhafy , Colonel
, les attaqua dans les défilés de Haffel. Les
troupes qui efcortoient les bagages , furent mifes
en déroute. On renverfa les charriots , on jetta
les pontons de deffus les haquets , on s'empara de
deux pieces de canon , & l'on prit environ cinq
cens chevaux.
L'armée
SEPTEMBRE. 1757. 193
L'armée de l'Impératrice Reine s'avança le 19
à Gabel , & le 21 à Krottau. Le 22 on s'empara
de Gorlitz , & les deux princes de Saxe s'y établirent
avec un Corps de troupes . Le Prince Charles
de Lorraine avoit fait marcher le 19 un détachement
confidérable , pour inveftir Zittau. En même
temps , le Lieutenant - Général Morocz étoit
parti de Zuickau , pour ſe joindre à ce détachement.
On cominença le 21 à bombarder la Place ,
& l'attaque a été pouffée fi vivement , que la Garnifon
, compofée de deux Bataillons , à été obligée
de fe rendre prifonniere de guerre après quelquesjours
de fiege.
DE DRESDE , le 29 Juillet.
Le 25 de ce mois , le Roi de Pruffe , après
avoir fait les difpofitions convenables pour fermer
l'entrée de la Saxe aux troupes Autrichiennes ,
vint occuper le camp de Pirna. Avant- hier , fur
l'avis que le Prince de Pruffe couroit rifque d'être
enveloppé par le Feld- Maréchal Comte de Daun ,
Sa Majefté Pruffienne partit brusquement avec
feize bataillons & trente-deux Escadrons , pour
tâcher de dégager ce Prince.
DE PRAGUE , le 9 Juillet.
Suivant l'examen qu'on a fait des dommages
caufés à cette ville , les boulets rouges ont réduit en
cendres cent trente-huit maifons. Deux cens quatre-
vingt- quatre ont été détruites par les bombes.
Il y en a cinq cens vingt- neuffort endommagées.
Des rues entieres n'offrent que des amas de ruines.
Parmi les maifons brûlées ou renversées , on
compte plufieurs magnifiques Hôtels & divers édi-
I
194 MERCURE DE FRANCE.
fices publics. L'Eglife Métropolitaine a extrêmement
fouffert .
Les troupes , détachées par le Général Comte .
de Nadafty , ont harcelé fans relâche les Pruffiens
dans leur retraite de Jung Buntzlau vers Hirfchberg
. Le détachement du Colonel Ried , en particulier
, a tué deux cens hommes de leur arrieregarde
, & fait cinquante prifonniers. Le Pont de
Jung- Buntzlau , que l'ennemi avoit détruit , a
été rétabli. L'armée de l'Impératrice Reine marcha
le 4 à Alt- Benateck , le 5 à Kofmonos , le
6 à Jung Buntzlau , & le 7 à Munchfgratz. Elle
s'eft avancée la nuit derniere jufqu'à Schweigan
& l'avant- garde s'eft portée à une lieue & demie
par- delà Reichenberg. Dans ces marches , les
troupes légeres du Comte de Nadafty ont toujours
dévancé de deux ou trois lieues le gros de l'armée .
Les Corps Pruffiens , qui étoient à Reitchenberg
& dans les environs , fe font retirés précipitamment
à Zittau , & l'on efpere que demain l'ennemi
aura évacué la Luface. Le Colonel Laudon a
coulé à fond quinze Bateaux de tranſport venus
de Drefde , & a fait prifonnieres les troupes qui
les efcortoient. Il a fait occuper par des détachemens
les poftes de Toplitz & de Marie-Schein.
DE CORWEY , le 13 Juillet ,
Les ennemis , à ce qu'on affure , foutiennent
leur pofition de Minden. M. le Marquis d'Armentieres
eft revenu camper avec la réserve à Forf
temberg , & M. le Maréchal d'Eftrées a attendu
ici avec les Corps du Marquis de Souvré & de
M. de Chevert , & une partie de celui du Duc
d'Orléans , le refte de l'armée qui arrive aujour
d'hui. Il a fait établir deux nouveaux Ponts de
pontons àTonnenborg..
SEPTEMBRE . 1757.
195
Sur l'avis qu'il avoit reçu des difpofitions de
Caffel , il a jugé à propos de fufpendre la marche
du Duc d'Orléans , qui s'étoit acheminé vers la
Heffe avec vingt- huit Bataillons & trente- deux
Escadrons . Ce Prince eſt reſté à l'armée , & le
Maréchal a envoyé à Caffel le Marquis de Contades
avec quatre Brigades d'Infanterie & vingt Efcadrons
de Cavalerie.
a
Le Marquis de Pereufe , Maréchal de Camp ,
qui s'étoit porté avec une Brigade d'Infanterie &
une de Cavalerie de ce détachement à Munden ,
envoyé hier un Courier au Maréchal , pour l'informer
de la priſe de cette Place. La Garnifon
Hanovrienne , compofée de 300 hommes , a été
faite prifonniere de guerre.
Dans l'inftant , le Marquis de Contades mande
de Varborg , qu'il y a été joint par le Grand
Ecuyer du Landgrave , qui eft venu l'affurer de
la foumiffion du pays , ainfi que des difpofitions
certaines où eft ce Prince de procurer à l'armée
Françoiſe tous les fecours , que les refſources du
pays pourront fournir. Le Marquis de Contades
a reçu des ôtages pour fûreté de la convention ,
& nos troupes font en marche pour aller occuper
Caffel.
誓
DE HAMBOURG , le 16 Juillet.
Selon des avis reçus de Konifberg , la Ville de
Memel ayant été canonnée & bombardée très-vi◄
vement pendant fix jours par les Ruffiens , la Garniſon
a cápitulé le 5 de ce mois , & eft fortie de la
Place avec les honneurs de la guerre . Le Feld-
Maréchal de Lehwald s'eft porté de Tilſen ſur
Infterbourg.
On mande de Warfovie , que le Roi de Polc
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
gne Electeur de Saxe , a déclaré le Comte de Noftitz
& le fieur de Zefchwitz Lieutenans-Feld-
Maréchaux , le fieur de Goefnitz Major Général ,
& le fieur de Beckendorff Colonel , en confidéra.
tion des actions par lefquelles ces Officiers ſe ſont
diftingués dans la bataille de Chotzemitz .
DU CAMP DE HOLTZMINDEN , le 16 Juillet.
L'armée eft campée ici à la droite du Wefer. Le
Marquis d'Armentieres eft à deux lieues en avant
vers Hombourg avec fa réſerve. Aujourd'hui , le
Marquis de Pereufe s'eft emparé de la Ville de
Gottingue, dont la Garniſon a été faite prifonniere
de guerre .
DE DANTZICK , le 29 Juin.
Les deux Efcadres Ruffiennes qui ont fait voile,
l'une de Cronstadt , l'autre de Revel , fe font
jointes fur les côtes de Pruffe. L'Amiral Mifchukoff
commande la premiere. La feconde eft aux
ordres du Vice- Amiral Lewis. Elles compofent
enſemble une flotte de trente- un vaiſſeaux , deſtinée
à bloquer le port de Memel , tandis que
trente -fept mille hommes de l'armée du Feld-
Maréchal Apraxin feront le fiege de cette Place.
Depuis quelques jours cette flotte s'eſt emparée
de plufieurs bâtimens Pruffiens.
DE VIENNE , le 28 Juillet.
Le 18 de ce mois , le Colonel Mac Ellicot arriva
ici précédé de huit poftillons, pour informer Leurs
Majeftés Impériales , que le Général Comte de
Maguire , à la tête d'un corps compofé de douze
compagnies de Grenadiers , de trente piquets
d'Infanterie , & de cinq cens chevaux , avoit forcé
le pofte important de Gabel . L'attaque & la défenfe
ont été également vives . Les troupes de
l'Impératrice Reine rompirent fucceffivement
deux portes à coups de hache ; mais on trouyą
192 MERCURE DE FRANCE.
derriere la feconde plufieurs barricades , à la faveur
defquelles les Pruffiens firent la réſiſtance la
plus opiniâtre. Le Général Maguire , commençant
à manquer de munitions , fe diſpoſoit à la
retraite , lorfqu'il fut agréablement furpris en
voyant la Garniſon arborer le Drapeau blanc . Elle
confiftoit en deux Bataillons du Régiment de Grenadiers
du Roi de Pruffe , deux Bataillons de fufiliers
, & cent fept tant Dragons que Huffards.
Ces troupes , formant un Corps d'environ trois
mille cinq cens hommes , fe font rendues prifonnieres
de guerre. Par confidération pour la valeur
qu'elles ont montrée , le Général Maguire à laiffé
aux Officiers leurs épées & leurs équipages. On
a trouvé à Gabel quatre pieces de canon de trois
livres de balle , fix autres pieces de plus petit ca-
Libre , & un grand nombre de charriots de vivres.
Nous avons eu près de çoo hommes tués ou bleſſés .
Le Corps commandé par le Prince de Pruffe
ayant pris , ainfi que celui du Prince de Bevern ,
le parti de fe replier vers la Saxe , décampa le 17
de Pifnich. Le 18 il occupa le camp de Kamnitz
, que le Prince de Bevern venoit d'abandonner.
Le Prince de Pruffe ne voulut point que les
bagages s'y arrêtaffent , & il leur fit continuer pendant
la nuit leur marche vers Freydenberg , à la
lueur de quantité de lanternes & de torches , fous
l'eſcorte de quatre Régimens d'Infanterie , d'un
Régiment de Cavalerie , & d'un de Huffards. A
la pointe du jour , le Comte d'Efterhafy , Colonel
, les attaqua dans les défilés de Haffel. Les
troupes qui efcortoient les bagages , furent mifes
en déroute. On renverfa les charriots , on jetta
les pontons de deffus les haquets , on s'empara de
deux pieces de canon , & l'on prit environ cinq
cens chevaux.
L'armée
SEPTEMBRE. 1757. 193
L'armée de l'Impératrice Reine s'avança le 19
à Gabel , & le 21 à Krottau. Le 22 on s'empara
de Gorlitz , & les deux princes de Saxe s'y établirent
avec un Corps de troupes . Le Prince Charles
de Lorraine avoit fait marcher le 19 un détachement
confidérable , pour inveftir Zittau. En même
temps , le Lieutenant - Général Morocz étoit
parti de Zuickau , pour ſe joindre à ce détachement.
On cominença le 21 à bombarder la Place ,
& l'attaque a été pouffée fi vivement , que la Garnifon
, compofée de deux Bataillons , à été obligée
de fe rendre prifonniere de guerre après quelquesjours
de fiege.
DE DRESDE , le 29 Juillet.
Le 25 de ce mois , le Roi de Pruffe , après
avoir fait les difpofitions convenables pour fermer
l'entrée de la Saxe aux troupes Autrichiennes ,
vint occuper le camp de Pirna. Avant- hier , fur
l'avis que le Prince de Pruffe couroit rifque d'être
enveloppé par le Feld- Maréchal Comte de Daun ,
Sa Majefté Pruffienne partit brusquement avec
feize bataillons & trente-deux Escadrons , pour
tâcher de dégager ce Prince.
DE PRAGUE , le 9 Juillet.
Suivant l'examen qu'on a fait des dommages
caufés à cette ville , les boulets rouges ont réduit en
cendres cent trente-huit maifons. Deux cens quatre-
vingt- quatre ont été détruites par les bombes.
Il y en a cinq cens vingt- neuffort endommagées.
Des rues entieres n'offrent que des amas de ruines.
Parmi les maifons brûlées ou renversées , on
compte plufieurs magnifiques Hôtels & divers édi-
I
194 MERCURE DE FRANCE.
fices publics. L'Eglife Métropolitaine a extrêmement
fouffert .
Les troupes , détachées par le Général Comte .
de Nadafty , ont harcelé fans relâche les Pruffiens
dans leur retraite de Jung Buntzlau vers Hirfchberg
. Le détachement du Colonel Ried , en particulier
, a tué deux cens hommes de leur arrieregarde
, & fait cinquante prifonniers. Le Pont de
Jung- Buntzlau , que l'ennemi avoit détruit , a
été rétabli. L'armée de l'Impératrice Reine marcha
le 4 à Alt- Benateck , le 5 à Kofmonos , le
6 à Jung Buntzlau , & le 7 à Munchfgratz. Elle
s'eft avancée la nuit derniere jufqu'à Schweigan
& l'avant- garde s'eft portée à une lieue & demie
par- delà Reichenberg. Dans ces marches , les
troupes légeres du Comte de Nadafty ont toujours
dévancé de deux ou trois lieues le gros de l'armée .
Les Corps Pruffiens , qui étoient à Reitchenberg
& dans les environs , fe font retirés précipitamment
à Zittau , & l'on efpere que demain l'ennemi
aura évacué la Luface. Le Colonel Laudon a
coulé à fond quinze Bateaux de tranſport venus
de Drefde , & a fait prifonnieres les troupes qui
les efcortoient. Il a fait occuper par des détachemens
les poftes de Toplitz & de Marie-Schein.
DE CORWEY , le 13 Juillet ,
Les ennemis , à ce qu'on affure , foutiennent
leur pofition de Minden. M. le Marquis d'Armentieres
eft revenu camper avec la réserve à Forf
temberg , & M. le Maréchal d'Eftrées a attendu
ici avec les Corps du Marquis de Souvré & de
M. de Chevert , & une partie de celui du Duc
d'Orléans , le refte de l'armée qui arrive aujour
d'hui. Il a fait établir deux nouveaux Ponts de
pontons àTonnenborg..
SEPTEMBRE . 1757.
195
Sur l'avis qu'il avoit reçu des difpofitions de
Caffel , il a jugé à propos de fufpendre la marche
du Duc d'Orléans , qui s'étoit acheminé vers la
Heffe avec vingt- huit Bataillons & trente- deux
Escadrons . Ce Prince eſt reſté à l'armée , & le
Maréchal a envoyé à Caffel le Marquis de Contades
avec quatre Brigades d'Infanterie & vingt Efcadrons
de Cavalerie.
a
Le Marquis de Pereufe , Maréchal de Camp ,
qui s'étoit porté avec une Brigade d'Infanterie &
une de Cavalerie de ce détachement à Munden ,
envoyé hier un Courier au Maréchal , pour l'informer
de la priſe de cette Place. La Garnifon
Hanovrienne , compofée de 300 hommes , a été
faite prifonniere de guerre.
Dans l'inftant , le Marquis de Contades mande
de Varborg , qu'il y a été joint par le Grand
Ecuyer du Landgrave , qui eft venu l'affurer de
la foumiffion du pays , ainfi que des difpofitions
certaines où eft ce Prince de procurer à l'armée
Françoiſe tous les fecours , que les refſources du
pays pourront fournir. Le Marquis de Contades
a reçu des ôtages pour fûreté de la convention ,
& nos troupes font en marche pour aller occuper
Caffel.
誓
DE HAMBOURG , le 16 Juillet.
Selon des avis reçus de Konifberg , la Ville de
Memel ayant été canonnée & bombardée très-vi◄
vement pendant fix jours par les Ruffiens , la Garniſon
a cápitulé le 5 de ce mois , & eft fortie de la
Place avec les honneurs de la guerre . Le Feld-
Maréchal de Lehwald s'eft porté de Tilſen ſur
Infterbourg.
On mande de Warfovie , que le Roi de Polc
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
gne Electeur de Saxe , a déclaré le Comte de Noftitz
& le fieur de Zefchwitz Lieutenans-Feld-
Maréchaux , le fieur de Goefnitz Major Général ,
& le fieur de Beckendorff Colonel , en confidéra.
tion des actions par lefquelles ces Officiers ſe ſont
diftingués dans la bataille de Chotzemitz .
DU CAMP DE HOLTZMINDEN , le 16 Juillet.
L'armée eft campée ici à la droite du Wefer. Le
Marquis d'Armentieres eft à deux lieues en avant
vers Hombourg avec fa réſerve. Aujourd'hui , le
Marquis de Pereufe s'eft emparé de la Ville de
Gottingue, dont la Garniſon a été faite prifonniere
de guerre .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En juin 1757, deux escadres russes, dirigées par l'Amiral Michtchukoff et le Vice-Amiral Lewis, se sont réunies sur les côtes de Prusse avec une flotte de trente et un vaisseaux. Leur objectif était de bloquer le port de Memel, tandis que trente-sept mille hommes de l'armée du Feld-Maréchal Apraxin assiégeaient cette place. La flotte a capturé plusieurs bâtiments prussiens. En juillet, le Colonel Mac Ellicot a informé les Majestés Impériales que le Général Comte de Maguire avait pris le poste stratégique de Gabel avec un corps composé de douze compagnies de Grenadiers, trente piquets d'Infanterie et cinq cents chevaux. Après une résistance acharnée, la garnison prussienne, forte de trois mille cinq cents hommes, s'est rendue. Les troupes prussiennes se sont repliées vers la Saxe, mais ont été attaquées et mises en déroute par le Comte d'Esterházy, qui a capturé des chariots, des chevaux et deux pièces de canon. L'armée de l'Impératrice Reine a avancé vers Gabel, Krottau et Gorlitz, où les princes de Saxe s'étaient établis. Le Prince Charles de Lorraine a bombardé et pris Zittau. À Dresde, le Roi de Prusse a occupé le camp de Pirna pour protéger la Saxe des troupes autrichiennes. À Prague, les bombardements ont causé des dommages considérables, avec de nombreuses maisons détruites ou endommagées. Les troupes du Général Comte de Nadasty ont harcelé les Prussiens en retraite, capturant des prisonniers et rétablissant un pont détruit. L'armée de l'Impératrice Reine a ensuite avancé vers Schweigan, forçant les troupes prussiennes à se retirer. En Allemagne, les ennemis tenaient leur position à Minden. Le Maréchal d'Estrées a établi des ponts à Tonnenborg et suspendu la marche du Duc d'Orléans vers la Hesse. Le Marquis de Contades a pris la ville de Munden et reçu des assurances de soutien du Landgrave. À Hambourg, la ville de Memel a capitulé après un bombardement intense, et le Roi de Pologne a promu plusieurs officiers pour leurs actions lors de la bataille de Chotzemitz. L'armée française était campée à Holtzminden, et le Marquis de Pereuse a pris la ville de Göttingen.
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27
p. 189-192
ALLEMAGNE.
Début :
Tous les avis qu'on reçoit de la Poméranie Citérieure & en [...]
Mots clefs :
Hambourg, Feld-maréchal, Troupes suédoises, Berlin, Général Haddick, Avancée militaire, Garnison, Naumbourg, Maréchal, Leipzig, Roi de Prusse, Ennemis, Otages, Rançon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE HAMBOURG , le 13 Octobre,
Tous les avis qu'on reçoit de la Pomeranie Citérieure
& en particulier de Stralfund , marquent
que le Feld. Maréchal Urgern de Sternberg eft arrivé
le 8 à Anclam , que les troupes Suédoifes fe
font emparées d'un magafin confidérable dans la
Marche-Uckeraine , petite province limitrophe ,
qu'elles y levent des contributions , & qu'elles fe
raffemblent du côté de Stettin pour en faire le
fége.
L'interruption des lettres de Breflau qui mang
quent ici depuis quelques jours , fait croire que
cette Ville eft bloquée , ou du moins ferrée de
très-près par les Troupes Impériales.
DE BERLIN , le 19 Octobre.
Dès qu'on eut appris que le Général Haddick
Savançoit vers la Sprée avec fon corps de Huffards
, de Croates & de Pandoures , l'allarme fe,
répandit auffitôt partout , & la plupart des habi
tans établis dans les Fauxbourgs , s'enfuirent avec
ce qu'ils purent emporter. Le 16 dans l'après- cinée
, une troupe de Huffards ennemis parut dans
les Fauxbourgs de Strablau & de Copenick. Avants
190 MERCURE DE FRANCE.
hier 17 vers le midi , le Général Haddick lui-même
, à la tête d'un corps d'environ fix mille hommes
de troupes légeres , entra dans la Ville par
la rive gauche de la Sprée . La garnifon prit d'abord
les armes ; mais l'ennemi ayant culbuté
deux bataillons , le refte prit la fuite , & fe renferma
dans la Fortereffe de Spandau , où la Reine
s'étoit retirée pendant le combat . Le Général
Haddick demanda cinq cens mille écus de
contribution : après en avoir reçu une partie , il
fe retira avec fon détachement , & emmena quatre
cens prifonniers .
DE NAUMBOURG , le 26 Octobre.
L'armée combinée , dont le quartier général eft
ici , ſe diſpoſe à pouffer vigoureufement les Pruffiens.
Le 24 , le Prince de Saxe- Hildburghasfen
envoya un Trompette au Major Général Haulfen
, Commandant pour le Roi de Pruffe à Leipfick
, avec une lettre par laquelle il le fommoit
d'évacuer cette Ville. On garda le Trompette cinq
ou fix heures , & la réponſe qu'il rapporta , fut
un refus formel de quitter Léipfick. Deux heures
après , on fit partir un autre Trompette pour rétérer
la fommation . Celui- ci fut renvoyé fur le
champ , avec la confirmation du premier refus.
Le lendemain , le Prince de Sare - Hildburghaufen
envoya fommer pour la troifieme fois le Commandant
Pruffien de lui remettre la Place , aur
offres de laiffer retirer librement fes troupes , &
cette troisieme fommation fut rejettée comme les
deux autres. On apprit de plus que ce même jour
25 au matin , le Maréchal Keith , chargé de la
défenſe de cette Ville , avoit mandé les principaux
Magiftrats , & leur avoit tenu ce difcours : « Je
DECEMBRE . 1757. 191
vous ai fait venir , Meffieurs , pour vous ap
» prendre que M. le Prince de Saxe-Hildburg-
» hauſen , m'a envoyé une fommation de lui re-
>> mettre la Ville , à quoi je ne fuis nullement dif
pofé. Il ménage en cas de refus d'en venir à des
» extrêmités : il me donnera donc l'exemple pour
» en agir de même , & ce fera à lui qu'il faudra
imputer les malheurs auxquels votre Ville fera
» expofée. Si vous voulez les prévenir , je vous
» confeille d'aller le trouver , & de l'engager à
» ménager la Ville par rapport à vous & à vos
» Bourgeois , parce qu'au premier avis que je re
» cevrai que les troupes de l'Empire & de France
» s'avancent ici pour m'attaquer , je commence-
» rai par brûler les Fauxbours , & fi cela ne fuffic
>> pas pour obliger l'ennemi à fe défifter de fon en-
» trepriſe , j'irai plus loin , & la Ville même
ne fera pas égargnée. Je ne m'y porterai qu'a
vec le plus grand regret ; mais ce fera la feule
> extrêmité qui m'aura forcé de prendre ce partia
DE LEIPSICK , le 27 Octobre.
Le Roi de Pruffe , en quittant cette Ville , y a
laiffé le Maréchal Keith avec environ cinq à fix
mille hommes. On a eu avis que ce Prince étoit
le 23 à Krachwitz , terre du Comte de Brulh
fituée fur l'Elfter . Cette terre , ainfi que tous les
lieux où a paffé larmée ennemie , a , dit- on , été
pillée , ravagée , détruite , & ces excès font attribués
principalement aux troupes du Prince
d'Anhalt- Deffau . Plufieurs lettres de la Luface
marquent , que les Pruffiens ont forcé les payfans
du plat pays de leur apporter leurs charrues , leurs
Réaux & les autres inftrumens d'Agriculture , &
qu'ils les ont tous brûlés.
192 MERCURE DE FRANCE.
Suivant la convention du 15 de ce mois , arrêtée
par le Roi de Pruffe en perfonne , les ôtages retenus
à Magdebourg , devoient être renvoyés auffitôt
que les Négocians de cette Ville auroient four.
ni des lettres de change pour la fomme de foixante-
quinze mille écus . On ne veut plus aujour
d'hui rendre ces ôrages , que toute la fomme ne
foit réellement acquittée , & l'éxécution militaire,
qui devoit ceffer , continue arbitrairement dans
les plus riches maifons . Les Négocians ont pris le
parti d'envoyer à Berlin traiter avec le Banquier
de la Cour pour acheter leur tranquillité à quelque
prix que ce foit.
Le 19 , les Pruffiens ont pris tout l'argent qui
a pu fe trouver dans les caiffes.
On a conduit ici les Magiftrats de Naumbourg,
que le Roi de Pruffe a fait enlever , pour s'affurer
le paiement des cent cinquante mille écus qu'il s
Exigés de cette Ville,
DE HAMBOURG , le 13 Octobre,
Tous les avis qu'on reçoit de la Pomeranie Citérieure
& en particulier de Stralfund , marquent
que le Feld. Maréchal Urgern de Sternberg eft arrivé
le 8 à Anclam , que les troupes Suédoifes fe
font emparées d'un magafin confidérable dans la
Marche-Uckeraine , petite province limitrophe ,
qu'elles y levent des contributions , & qu'elles fe
raffemblent du côté de Stettin pour en faire le
fége.
L'interruption des lettres de Breflau qui mang
quent ici depuis quelques jours , fait croire que
cette Ville eft bloquée , ou du moins ferrée de
très-près par les Troupes Impériales.
DE BERLIN , le 19 Octobre.
Dès qu'on eut appris que le Général Haddick
Savançoit vers la Sprée avec fon corps de Huffards
, de Croates & de Pandoures , l'allarme fe,
répandit auffitôt partout , & la plupart des habi
tans établis dans les Fauxbourgs , s'enfuirent avec
ce qu'ils purent emporter. Le 16 dans l'après- cinée
, une troupe de Huffards ennemis parut dans
les Fauxbourgs de Strablau & de Copenick. Avants
190 MERCURE DE FRANCE.
hier 17 vers le midi , le Général Haddick lui-même
, à la tête d'un corps d'environ fix mille hommes
de troupes légeres , entra dans la Ville par
la rive gauche de la Sprée . La garnifon prit d'abord
les armes ; mais l'ennemi ayant culbuté
deux bataillons , le refte prit la fuite , & fe renferma
dans la Fortereffe de Spandau , où la Reine
s'étoit retirée pendant le combat . Le Général
Haddick demanda cinq cens mille écus de
contribution : après en avoir reçu une partie , il
fe retira avec fon détachement , & emmena quatre
cens prifonniers .
DE NAUMBOURG , le 26 Octobre.
L'armée combinée , dont le quartier général eft
ici , ſe diſpoſe à pouffer vigoureufement les Pruffiens.
Le 24 , le Prince de Saxe- Hildburghasfen
envoya un Trompette au Major Général Haulfen
, Commandant pour le Roi de Pruffe à Leipfick
, avec une lettre par laquelle il le fommoit
d'évacuer cette Ville. On garda le Trompette cinq
ou fix heures , & la réponſe qu'il rapporta , fut
un refus formel de quitter Léipfick. Deux heures
après , on fit partir un autre Trompette pour rétérer
la fommation . Celui- ci fut renvoyé fur le
champ , avec la confirmation du premier refus.
Le lendemain , le Prince de Sare - Hildburghaufen
envoya fommer pour la troifieme fois le Commandant
Pruffien de lui remettre la Place , aur
offres de laiffer retirer librement fes troupes , &
cette troisieme fommation fut rejettée comme les
deux autres. On apprit de plus que ce même jour
25 au matin , le Maréchal Keith , chargé de la
défenſe de cette Ville , avoit mandé les principaux
Magiftrats , & leur avoit tenu ce difcours : « Je
DECEMBRE . 1757. 191
vous ai fait venir , Meffieurs , pour vous ap
» prendre que M. le Prince de Saxe-Hildburg-
» hauſen , m'a envoyé une fommation de lui re-
>> mettre la Ville , à quoi je ne fuis nullement dif
pofé. Il ménage en cas de refus d'en venir à des
» extrêmités : il me donnera donc l'exemple pour
» en agir de même , & ce fera à lui qu'il faudra
imputer les malheurs auxquels votre Ville fera
» expofée. Si vous voulez les prévenir , je vous
» confeille d'aller le trouver , & de l'engager à
» ménager la Ville par rapport à vous & à vos
» Bourgeois , parce qu'au premier avis que je re
» cevrai que les troupes de l'Empire & de France
» s'avancent ici pour m'attaquer , je commence-
» rai par brûler les Fauxbours , & fi cela ne fuffic
>> pas pour obliger l'ennemi à fe défifter de fon en-
» trepriſe , j'irai plus loin , & la Ville même
ne fera pas égargnée. Je ne m'y porterai qu'a
vec le plus grand regret ; mais ce fera la feule
> extrêmité qui m'aura forcé de prendre ce partia
DE LEIPSICK , le 27 Octobre.
Le Roi de Pruffe , en quittant cette Ville , y a
laiffé le Maréchal Keith avec environ cinq à fix
mille hommes. On a eu avis que ce Prince étoit
le 23 à Krachwitz , terre du Comte de Brulh
fituée fur l'Elfter . Cette terre , ainfi que tous les
lieux où a paffé larmée ennemie , a , dit- on , été
pillée , ravagée , détruite , & ces excès font attribués
principalement aux troupes du Prince
d'Anhalt- Deffau . Plufieurs lettres de la Luface
marquent , que les Pruffiens ont forcé les payfans
du plat pays de leur apporter leurs charrues , leurs
Réaux & les autres inftrumens d'Agriculture , &
qu'ils les ont tous brûlés.
192 MERCURE DE FRANCE.
Suivant la convention du 15 de ce mois , arrêtée
par le Roi de Pruffe en perfonne , les ôtages retenus
à Magdebourg , devoient être renvoyés auffitôt
que les Négocians de cette Ville auroient four.
ni des lettres de change pour la fomme de foixante-
quinze mille écus . On ne veut plus aujour
d'hui rendre ces ôrages , que toute la fomme ne
foit réellement acquittée , & l'éxécution militaire,
qui devoit ceffer , continue arbitrairement dans
les plus riches maifons . Les Négocians ont pris le
parti d'envoyer à Berlin traiter avec le Banquier
de la Cour pour acheter leur tranquillité à quelque
prix que ce foit.
Le 19 , les Pruffiens ont pris tout l'argent qui
a pu fe trouver dans les caiffes.
On a conduit ici les Magiftrats de Naumbourg,
que le Roi de Pruffe a fait enlever , pour s'affurer
le paiement des cent cinquante mille écus qu'il s
Exigés de cette Ville,
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En octobre 1757, plusieurs événements militaires et politiques marquent l'Allemagne. À Hambourg, le 13 octobre, des rapports signalent l'arrivée du feld-maréchal Urgern de Sternberg à Anclam et la prise de contrôle de la Marche-Uckeraine par les troupes suédoises, qui se rassemblent près de Stettin. À Berlin, le 19 octobre, la ville est alarmée par l'approche du général Haddick. Après avoir vaincu la garnison, Haddick prend la ville et exige une contribution de 500 000 écus avant de se retirer avec des prisonniers. À Naumbourg, le 26 octobre, l'armée combinée se prépare à attaquer les Prussiens. Le prince de Saxe-Hildburghausen somme le commandant prussien à Leipzig d'évacuer la ville, mais ses demandes sont refusées. Le maréchal Keith, chargé de la défense de Leipzig, menace de brûler la ville en cas d'attaque. Le 27 octobre, le roi de Prusse laisse le maréchal Keith à Leipzig avec environ 5 000 hommes. Les troupes prussiennes pillent et ravagent les régions traversées, notamment celles du prince d'Anhalt-Dessau. Malgré le paiement partiel des rançons exigées, les otages retenus à Magdebourg ne sont pas libérés. Les Prussiens continuent de prélever des contributions et de piller les richesses des villes et des campagnes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 181-191
ALLEMAGNE.
Début :
Toute la Prusse est actuellement au pouvoir des troupes Russiennes. [...]
Mots clefs :
Königsberg, Russes, Garnison, Armée, Soldats, Mouvements des troupes, Leipzig, Assemblée, Députés, Paiements, Taxes, Exécutions, Déserteurs, Marchands, Magistrats, Maréchaux, Comtes, Vienne, Prince Charles de Lorraine, Prisonniers, Enrôlement, Officiers, Ennemis, Attaques, Hambourg, Roi de Prusse, Marquis, Camp d'Hamelen, Combats, Capitulation, Comtes, Hanovre, Prague, Impératrice-Reine, Actions militaires
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En février 1758, l'Allemagne est sous contrôle des troupes russes. À Königsberg, les Russes ont capturé environ quarante soldats et laissé une garnison de six mille hommes. Les Cosaques montrent une discipline comparable aux troupes nationales. Les Russes prévoient d'augmenter leur armée à quatre-vingt mille hommes, dont la moitié se dirigera vers la Silésie. Le général Fermer se dirige vers la Poméranie. Königsberg a été imposée d'une contribution de cinquante mille écus. Les commissaires de l'impératrice stockent des vivres à Kowno pour soutenir une armée de quarante mille hommes. Les Russes avancent vers la Vistule, et le major général Stolfen a pris Marienwerder avec trois cents hommes. À Leipzig, les États des Cercles de Saxe sont réunis. Le ministre du roi de Prusse, M. de Borck, propose de remettre l'administration des revenus de l'Électorat aux États en échange de paiements et de fournitures pour les troupes prussiennes. Les exécutions militaires continuent avec rigueur, notamment dans les bailliages de Moissen et d'Oschutz, où des contingents de blé sont exigés. Les Cercles saxons, soumis aux ordres des deux partis ennemis, doivent fournir des approvisionnements sous peine de pillage. Douze marchands italiens ont été exécutés à Dresde pour non-paiement de taxes. Les biens des déserteurs saxons sont confisqués, et leurs familles menacées. Le commerce est suspendu, et les troupes prussiennes prennent de force ce qui n'est pas donné. À Vienne, la santé du prince Charles est altérée, et le comte de Daun devrait commander l'armée impériale. L'échange des prisonniers est réglé, et de nouvelles troupes sont levées. Le comte de Broglie retourne en France pour raisons de santé. Les ennemis ont été chassés de Troppau par le marquis de Ville. À Hambourg, un détachement prussien a enlevé le marquis de Fraygne à Zerbst, malgré les protestations du prince régnant. La princesse douairière et le prince régnant se sont retirés pour éviter de nouvelles extrémités. À Hamelen, les troupes hanovriennes, brunswickoises et hessoises, rejointes par des régiments prussiens, ont attaqué les quartiers français. Le comte de Chabot a obtenu une capitulation honorable à Hoya après une vigoureuse défense. En février 1758, un officier français, séparé de son armée à Brême, se retire avec sa garnison jusqu'à Osnabrück pour éviter d'être coupé par l'ennemi. Le Comte de Clermont replie son quartier général pour permettre à toutes les troupes de le rejoindre, partant d'Hanovre le 28 avec discipline et en distribuant des farines aux pauvres. Il ordonne l'évacuation de plusieurs villes et postes occupés par les troupes françaises. Cette retraite entraîne la perte de malades, de chariots mal attelés et de provisions, mais des mesures sont prises pour protéger les magasins. Le 9 mars, l'armée se rassemble à Hamelin, où le Comte de Clermont établit son quartier général. Il ordonne la construction d'un pont sur la Weser à Rinteln pour assurer la communication avec les troupes commandées par le Comte de Saint-Germain. En Bohême, selon un plan d'opérations concerté à Vienne, l'Impératrice-Reine doit diriger trois grandes armées en Silésie, en Moravie et en Lusace. Le 16 février, un officier français avec un petit détachement se retranche dans un cimetière face à un corps de troupes ennemies supérieur. Après une demi-heure de combat, l'officier négocie des conditions et parvient à surprendre les Prussiens en les attaquant de deux côtés. Les Prussiens sont repoussés, laissant 27 morts sur le champ de bataille. Les noms des officiers français impliqués sont le Capitaine Lallieux et le Lieutenant Ryff.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. *201-201
PAYS-BAS.
Début :
Suivant les derniers avis que nous avons reçus ; les Hanovriens ont [...]
Mots clefs :
Hanovre, Liège, Armée, Corps français, Garnison, Ruremonde, Camp
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
DE LIEGE, le S Juillet.
Suivant les derniers avis que nous avons reçus
Fes Hanovriens ont abandonné la ville de Ruremonde
, & le Quartier général de leur armée eft
à Saint-Nicolas. Celui de l'armée du Roi a été
transféré de Nippes à Cafter fur la riviere d'Erft .
Les François ont fait paffer le Rhin au deffus
de Cologne à un Corps de quinze à ſeize mille
hommes. On affure que ce Corps doit marcher
fur la rive droite du fleuve vers Vezel , pour couper
la retraite aux ennemis.
La garnifon de Ruremonde avec divers détachemens
qu'on y a joints , forme un camp fur la
hauteur de Saint - Gilles à une demi -lieue de cette
Ville . Ces difpofitions , & la marche d'un Corps
d'environ dix mille hommes qui nous viennent
des Pays- bas , ont obligé les ennemis de fe replier.
DE LIEGE, le S Juillet.
Suivant les derniers avis que nous avons reçus
Fes Hanovriens ont abandonné la ville de Ruremonde
, & le Quartier général de leur armée eft
à Saint-Nicolas. Celui de l'armée du Roi a été
transféré de Nippes à Cafter fur la riviere d'Erft .
Les François ont fait paffer le Rhin au deffus
de Cologne à un Corps de quinze à ſeize mille
hommes. On affure que ce Corps doit marcher
fur la rive droite du fleuve vers Vezel , pour couper
la retraite aux ennemis.
La garnifon de Ruremonde avec divers détachemens
qu'on y a joints , forme un camp fur la
hauteur de Saint - Gilles à une demi -lieue de cette
Ville . Ces difpofitions , & la marche d'un Corps
d'environ dix mille hommes qui nous viennent
des Pays- bas , ont obligé les ennemis de fe replier.
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Résumé : PAYS-BAS.
En juillet, les Hanovriens ont quitté Ruremonde pour Saint-Nicolas. Le quartier général de l'armée du Roi a été déplacé de Nippes à Cafter. Les Français ont fait traverser le Rhin à 15 000 hommes pour se diriger vers Vezel. La garnison de Ruremonde a établi un camp à Saint-Gilles. Ces mouvements et l'arrivée de 10 000 hommes des Pays-Bas ont forcé les ennemis à se replier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 203-208
ALLEMAGNE.
Début :
Le Maréchal Daun a reçu le confirmation de la victoire remportée par les Russes [...]
Mots clefs :
Armée impériale, Quartier général, Maréchal Daun, Russes, Roi de Prusse, Attaques, Morts, Prisonniers, Victoire, Prise du fort de Sonnenstein, Ennemis, Guerre, Comte, Garnison, Vienne, Conseil aulique, Contingent, Officier, Comte de Browne, Prince de Soubise, Cassel, Armée, Otages, Corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNES
Du Quartier général de l'Armée Impériale
en Saxe , le 12 Septembre,
E
Le Maréchal Daun a reçu la confirmation de la
victoire remportée par les Ruffes le 25 du mois
Août. Un Officier envoyé par fes ordres à l'armée
de Ruffie , & qui a trouvé le fecret de donner
lé changé aux Pruffiens , lui en a apporté le détail.
Il affure que la journée du 25 eft entiérement au
défavantage du Roi de Pruffe , puifqu'à la fin de
l'action l'armée du Comte de Fermer , qui avoit
d'abord perdu du terrein , fe retrouva dans fa
premiere pofition ; après avoir chaffé l'ennemi
qui fe croyoit vainqueur. Le 26 , les Ruffes chanterent
le Te Deum . Le Roi de Pruffe en parut fi
irrité , qu'il fit marcher fur le champ fon armée
contr'eux ; mais ayant voulu les attaquer , il fut
repouffe par deux fois . Il eft refté ving - cinq mille
morts fur le champ de bataille , & les Ruffes ont
fait deux mille Pruffiens prifonniers . Dans le mo
ment où le Roi de Pruffe fépara les deux afles det
l'armée des Ruffes , en faifant fondre fur eux toute
fa Cavalerie à bride abattue , ils perdirent vingtune
pieces de canon ; mais bientôt après ayant
repris de l'avantage , ils enleverent aux Pruffiens
3
Lovj
204 MERCURE DE FRANCE.
vingt-fix canons & huit étendards . Le 27 & le 28 ,
les Ruffes n'ont ceffé de prier le Comte de Fermer
de les remener contre les Pruffiens.
Les dernieres lettres du Marquis de Ville nous
ont appris un avantage remporté par un de fes détachemens
à Kunſtadt en Siléfie. Il avoit fait marcher
vers Creutzbourg un parti de trente-fix Uhlans
, pour y lever des contributions . Deux cers
Pruffiens accoururent de Brellau & de Brieg , &
trouvant les Uhlans divifés en petits poſtes de quatre
à cinq hommes , ils en difperferent & enleverent
quelques - uns . Le refte ſe ſauva dans les bois ;
mais un ' renfort de cent hommes que nos Uhlans
reçurent , les détermina à marcher à l'ennemi . Ils
le rencontrerent près de Kunfftadt , & l'attaquerent
avec tant de vivacité , qu'ils tuerent à coups
de pique la plus grande partie du détachement
Pruffien ; ils lui prirent un Cornette & quarantehuit
hommes ; le refte fut difperfé . Nos Uhlans
n'ont perdu qu'un Trompette & neuf hommes.
Les Pruffiens , en levant leur camp de Zedlitz ,
firent leur retraite avec tant de précautions , qu'il
n'a pas été poffible au Général Vihazy , détaché .
à leur pourfuite , d'entamer leur arriere -garde.
Depuis la prife du Fort de Sonneftein , nous ,
avons reçu le détail fuivant des opérations du fiége.
La ranchée ayant été ouverte le deux de Septembre
, vis- à - vis du jardin du Bureau des Poftes ,
les trois jours fuivans furent employés à établir des
batteries , pour battre la Place de trois côtés, Les
travaux furent pouffés avec beaucoup de vivacité ,
malgré le feu des ennemis , qui tiroient fur nos
Troupes fans relâche, La réferve eut ordre de couvrir
les Travailleurs , & le Général Maquire eut la
direction de l'attaque . Le cinq à la pointe du jour ,
le feu de nos batteries commença à foudroyer la
OCTOBRE. 1758. 205
6
&
Place , & il continua jufqu'au foir fans fe ralen
tir. La Garnifon y répondit toute la journée par
un feu très- vif & très - foutenu . Un peu avant la
nuit , le Commandant fit battre la chamade ,
& demanda permiffion de dépêcher un Officier au
Prince Henry , pour avoir de nouveaux ordres.
Sur le refus qu'on lui en fit , il demanda à capitu
ler. Il efpéroit d'obtenir les honneurs de la guerre
; mais le Général Maquire fur conftant à exiger
que la Garnifon arrivée fur le glacis , metroit
armes bas , & fe rendroit prifonniere de guerre.
Cette condition fut acceptée par le Commandant
Pruffien. Le 6 au matin , la Garnifon , au hombre
de quatorze cens quarante-deux hommes
fortit de la Place Tambours batttans & Enfeignes
déployées. Arrivée fur le glacis , elle mit bas les
armes, & fut faite prifonniere. Le Comte de Gatſruck
prit poffeffion de Sonneftein avec le Régiment
de Nagel , tandis qu'un Bataillon de Saxe-
Gotha , détaché de l'armée du Maréchal Daun ,
occupoit la ville de Pyrna.
On a trouvé dans la Place vingt- neuf pieces de
canon de bronze , neuf de fer & fept mortiers. On
a pris dix Drapeaux des Troupes qui compofoient
la Garnifon. Les prifonniers confiftent en deux
Colonels , un Lieutenant - Colonel , un Major , i
neuf Capitaines , dix - huit Lieutenans , dix Enfei
gnes , cent quatre bas Officiers , & douze cens
quatre- vingt- dix- fept Soldats.
DE
VIENNE , le 13 Septembre.
Le Confeil Aulique vient de faire fignifier au
Duc de Saxe- Gotha un Reſcrit , en date du 21 du
mois d'Août , par lequel ce Prince eft fommé de
retirer les Troupes qu'il ajointes à l'armée Hano
266 MERCURE DE FRANCE.
vrienne , de fournir fon contingent à celle de
l'Empire , & de payer fa quote part des mois Ro
mains , fous peine d'être traité comme perturba
teur de la paix , & de fubir les rigueurs prononcées
contre ceux qui violent les Loix Impériales.
On affure que le même Confeil a fait expédier un
Mandement au Roi de Dannemarck , en fa qualité
de Duc de Holftein , par lequel ce Prince eft
chargé de maintenir le Duc de Mecklembourg "
contre toute entrepriſe de la part des Pruffiens ,
de procurer la reftitution des recrues & des contributions
, enlevées de fon pays avec violence ,
& d'informer l'Empereur dans deux mois de l'exécution
de ce Mandement.
(On vient d'être informé de l'action déteftable
dun Officier Pruffien envers le Comte de Browne
, l'un des Généraux de l'armée de Ruffie . Le
cheval du Comte de Browne ayant été bleffé pen--
dant l'action du 25 Août , un Officier Pruffien du
Régiment de Schorlemmer , Dragons , courut à ce
Général , & le fit prifonnier. Il fe bâta de l'em
mener ; mais comme le Comte de Browne ne
pouvoit pas marcher auffi vite qu'il l'auroit vou
lu, ce barbare Officier lui déchargea douze coups
de fabre fur la tête , & l'abandonna baigné dans
fon fang. Le Comte de Browne a été transporté
à Landfberg , où il eft fort mal de fes bleffares.
De l'Armée du Prince de Soubife , près de
Caffel , le 28 Septembre.
M. le Prince de Soubife ayant pouffé des détachemens
jufqu'à . Hanovre pour en exiger des
contributions , a fait enlever des otages , ainfi
qu'on l'a déja marqué dans plufieurs autres Prin ---
sipautés & Seigneuries de cet Electorat Après
OCTOBRE. 1758 207
cette opération , il avoit fait replier fon armée :
fur Northeim & Gottingen , lorfqu'il fut informé
que le Général Oberg , qui ayant été renforcé de
plufieurs Régimens , avoit feint de diriger fa marche
de Paderborn fur Brakel , comme pour aller
au de-là du Wefer joindre le Prince d'Ifembourg ,
fe-portoit au contraire fur Caffel , où apparam →
ment il comptoit furprendre le petit corps ques
M. le Prince de Soubife y avoit laiffé avec tous
les gros équipages , les magafins & les hôpitaux ::
mais M. le Prince de Soubife , par la diligence
qu'il a faite , y eft arrivé à temps le 26 Deux heures
plus tard, une grande partie du corps du Général
Oberg repouffoit les troupes laiffées aux
ordres du Comte de Waldner. M. le Prince de
Soubife , qui étoit à la tête des gardes & des campemens
; & qui avoit avec lui la brigade de Bentheim
, occupa fur le champ les hauteurs , & fig
attaquer vigoureufement l'ennemi, Le Général,
Hanovrien voyant nos troupes s'étendre , fans em
pouvoir connoître la profondeur , fit faire halte ,
pour attendre le reste de fon armée , & la journée ,
fe paffa en efcarmouches. Les ennemis camperent.
le foir fur le terrein qu'ils occupoient , leur droite
environ à une demi-lieue de notre gauche. Toute
notre armée a joint le 27. Le Prince d'Ifembourg,
a auffi joint de fon côté le Général Oberg le même
jour , & fa droite eft appuyée à la gauche des
troupes Hanovriennes. On eftime que ces deux
corps réunis peuvent monter à vingt - quatre mille
hommes ; mais puifqu'ils ne nous ont point atta
qués hier ; ils le feront encore moins aujourd'hui
ou demain ; car M. le Prince de Soubiſe qui avoit
déja bien reconnu le pofte que nous occupons , a
fait faire plufieurs redoutes qu'ils n'emporteront
pas aifément. Le front de l'armée ennemic, a une
208 MERCURE DE FRANCE .
lieue & demie d'étendue . Il regne beaucoup de
volonté dans la nôtre ; elle eft d'ailleurs en trèsbon
état, & nous n'y manquons de rien . Il y a tout
lieu de croire que M. le Maréchal de Contades.
n'a pas manqué de faire marcher des troupes qui
pourront bien embarraffer les deux Généraux
Hanovriens , s'ils reftent encore long- temps devant
nous.
Du Quartier général de l'Armée Impériale
en Saxe , le 12 Septembre,
E
Le Maréchal Daun a reçu la confirmation de la
victoire remportée par les Ruffes le 25 du mois
Août. Un Officier envoyé par fes ordres à l'armée
de Ruffie , & qui a trouvé le fecret de donner
lé changé aux Pruffiens , lui en a apporté le détail.
Il affure que la journée du 25 eft entiérement au
défavantage du Roi de Pruffe , puifqu'à la fin de
l'action l'armée du Comte de Fermer , qui avoit
d'abord perdu du terrein , fe retrouva dans fa
premiere pofition ; après avoir chaffé l'ennemi
qui fe croyoit vainqueur. Le 26 , les Ruffes chanterent
le Te Deum . Le Roi de Pruffe en parut fi
irrité , qu'il fit marcher fur le champ fon armée
contr'eux ; mais ayant voulu les attaquer , il fut
repouffe par deux fois . Il eft refté ving - cinq mille
morts fur le champ de bataille , & les Ruffes ont
fait deux mille Pruffiens prifonniers . Dans le mo
ment où le Roi de Pruffe fépara les deux afles det
l'armée des Ruffes , en faifant fondre fur eux toute
fa Cavalerie à bride abattue , ils perdirent vingtune
pieces de canon ; mais bientôt après ayant
repris de l'avantage , ils enleverent aux Pruffiens
3
Lovj
204 MERCURE DE FRANCE.
vingt-fix canons & huit étendards . Le 27 & le 28 ,
les Ruffes n'ont ceffé de prier le Comte de Fermer
de les remener contre les Pruffiens.
Les dernieres lettres du Marquis de Ville nous
ont appris un avantage remporté par un de fes détachemens
à Kunſtadt en Siléfie. Il avoit fait marcher
vers Creutzbourg un parti de trente-fix Uhlans
, pour y lever des contributions . Deux cers
Pruffiens accoururent de Brellau & de Brieg , &
trouvant les Uhlans divifés en petits poſtes de quatre
à cinq hommes , ils en difperferent & enleverent
quelques - uns . Le refte ſe ſauva dans les bois ;
mais un ' renfort de cent hommes que nos Uhlans
reçurent , les détermina à marcher à l'ennemi . Ils
le rencontrerent près de Kunfftadt , & l'attaquerent
avec tant de vivacité , qu'ils tuerent à coups
de pique la plus grande partie du détachement
Pruffien ; ils lui prirent un Cornette & quarantehuit
hommes ; le refte fut difperfé . Nos Uhlans
n'ont perdu qu'un Trompette & neuf hommes.
Les Pruffiens , en levant leur camp de Zedlitz ,
firent leur retraite avec tant de précautions , qu'il
n'a pas été poffible au Général Vihazy , détaché .
à leur pourfuite , d'entamer leur arriere -garde.
Depuis la prife du Fort de Sonneftein , nous ,
avons reçu le détail fuivant des opérations du fiége.
La ranchée ayant été ouverte le deux de Septembre
, vis- à - vis du jardin du Bureau des Poftes ,
les trois jours fuivans furent employés à établir des
batteries , pour battre la Place de trois côtés, Les
travaux furent pouffés avec beaucoup de vivacité ,
malgré le feu des ennemis , qui tiroient fur nos
Troupes fans relâche, La réferve eut ordre de couvrir
les Travailleurs , & le Général Maquire eut la
direction de l'attaque . Le cinq à la pointe du jour ,
le feu de nos batteries commença à foudroyer la
OCTOBRE. 1758. 205
6
&
Place , & il continua jufqu'au foir fans fe ralen
tir. La Garnifon y répondit toute la journée par
un feu très- vif & très - foutenu . Un peu avant la
nuit , le Commandant fit battre la chamade ,
& demanda permiffion de dépêcher un Officier au
Prince Henry , pour avoir de nouveaux ordres.
Sur le refus qu'on lui en fit , il demanda à capitu
ler. Il efpéroit d'obtenir les honneurs de la guerre
; mais le Général Maquire fur conftant à exiger
que la Garnifon arrivée fur le glacis , metroit
armes bas , & fe rendroit prifonniere de guerre.
Cette condition fut acceptée par le Commandant
Pruffien. Le 6 au matin , la Garnifon , au hombre
de quatorze cens quarante-deux hommes
fortit de la Place Tambours batttans & Enfeignes
déployées. Arrivée fur le glacis , elle mit bas les
armes, & fut faite prifonniere. Le Comte de Gatſruck
prit poffeffion de Sonneftein avec le Régiment
de Nagel , tandis qu'un Bataillon de Saxe-
Gotha , détaché de l'armée du Maréchal Daun ,
occupoit la ville de Pyrna.
On a trouvé dans la Place vingt- neuf pieces de
canon de bronze , neuf de fer & fept mortiers. On
a pris dix Drapeaux des Troupes qui compofoient
la Garnifon. Les prifonniers confiftent en deux
Colonels , un Lieutenant - Colonel , un Major , i
neuf Capitaines , dix - huit Lieutenans , dix Enfei
gnes , cent quatre bas Officiers , & douze cens
quatre- vingt- dix- fept Soldats.
DE
VIENNE , le 13 Septembre.
Le Confeil Aulique vient de faire fignifier au
Duc de Saxe- Gotha un Reſcrit , en date du 21 du
mois d'Août , par lequel ce Prince eft fommé de
retirer les Troupes qu'il ajointes à l'armée Hano
266 MERCURE DE FRANCE.
vrienne , de fournir fon contingent à celle de
l'Empire , & de payer fa quote part des mois Ro
mains , fous peine d'être traité comme perturba
teur de la paix , & de fubir les rigueurs prononcées
contre ceux qui violent les Loix Impériales.
On affure que le même Confeil a fait expédier un
Mandement au Roi de Dannemarck , en fa qualité
de Duc de Holftein , par lequel ce Prince eft
chargé de maintenir le Duc de Mecklembourg "
contre toute entrepriſe de la part des Pruffiens ,
de procurer la reftitution des recrues & des contributions
, enlevées de fon pays avec violence ,
& d'informer l'Empereur dans deux mois de l'exécution
de ce Mandement.
(On vient d'être informé de l'action déteftable
dun Officier Pruffien envers le Comte de Browne
, l'un des Généraux de l'armée de Ruffie . Le
cheval du Comte de Browne ayant été bleffé pen--
dant l'action du 25 Août , un Officier Pruffien du
Régiment de Schorlemmer , Dragons , courut à ce
Général , & le fit prifonnier. Il fe bâta de l'em
mener ; mais comme le Comte de Browne ne
pouvoit pas marcher auffi vite qu'il l'auroit vou
lu, ce barbare Officier lui déchargea douze coups
de fabre fur la tête , & l'abandonna baigné dans
fon fang. Le Comte de Browne a été transporté
à Landfberg , où il eft fort mal de fes bleffares.
De l'Armée du Prince de Soubife , près de
Caffel , le 28 Septembre.
M. le Prince de Soubife ayant pouffé des détachemens
jufqu'à . Hanovre pour en exiger des
contributions , a fait enlever des otages , ainfi
qu'on l'a déja marqué dans plufieurs autres Prin ---
sipautés & Seigneuries de cet Electorat Après
OCTOBRE. 1758 207
cette opération , il avoit fait replier fon armée :
fur Northeim & Gottingen , lorfqu'il fut informé
que le Général Oberg , qui ayant été renforcé de
plufieurs Régimens , avoit feint de diriger fa marche
de Paderborn fur Brakel , comme pour aller
au de-là du Wefer joindre le Prince d'Ifembourg ,
fe-portoit au contraire fur Caffel , où apparam →
ment il comptoit furprendre le petit corps ques
M. le Prince de Soubife y avoit laiffé avec tous
les gros équipages , les magafins & les hôpitaux ::
mais M. le Prince de Soubife , par la diligence
qu'il a faite , y eft arrivé à temps le 26 Deux heures
plus tard, une grande partie du corps du Général
Oberg repouffoit les troupes laiffées aux
ordres du Comte de Waldner. M. le Prince de
Soubife , qui étoit à la tête des gardes & des campemens
; & qui avoit avec lui la brigade de Bentheim
, occupa fur le champ les hauteurs , & fig
attaquer vigoureufement l'ennemi, Le Général,
Hanovrien voyant nos troupes s'étendre , fans em
pouvoir connoître la profondeur , fit faire halte ,
pour attendre le reste de fon armée , & la journée ,
fe paffa en efcarmouches. Les ennemis camperent.
le foir fur le terrein qu'ils occupoient , leur droite
environ à une demi-lieue de notre gauche. Toute
notre armée a joint le 27. Le Prince d'Ifembourg,
a auffi joint de fon côté le Général Oberg le même
jour , & fa droite eft appuyée à la gauche des
troupes Hanovriennes. On eftime que ces deux
corps réunis peuvent monter à vingt - quatre mille
hommes ; mais puifqu'ils ne nous ont point atta
qués hier ; ils le feront encore moins aujourd'hui
ou demain ; car M. le Prince de Soubiſe qui avoit
déja bien reconnu le pofte que nous occupons , a
fait faire plufieurs redoutes qu'ils n'emporteront
pas aifément. Le front de l'armée ennemic, a une
208 MERCURE DE FRANCE .
lieue & demie d'étendue . Il regne beaucoup de
volonté dans la nôtre ; elle eft d'ailleurs en trèsbon
état, & nous n'y manquons de rien . Il y a tout
lieu de croire que M. le Maréchal de Contades.
n'a pas manqué de faire marcher des troupes qui
pourront bien embarraffer les deux Généraux
Hanovriens , s'ils reftent encore long- temps devant
nous.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte décrit plusieurs affrontements militaires entre les forces autrichiennes et prussiennes. Le 25 août, les troupes autrichiennes, dirigées par le comte de Fermer, ont vaincu les Prussiens. Cette bataille a laissé 25 000 morts prussiens sur le champ de bataille et 2 000 prisonniers. Les Autrichiens ont perdu 21 pièces d'artillerie mais en ont récupéré 29 ainsi que 8 étendards. Les 27 et 28 août, les Autrichiens ont demandé à reprendre les combats. Par ailleurs, un détachement autrichien a remporté une victoire à Kunstadt en Silésie, capturant un cornette et 48 hommes prussiens. Les Prussiens ont quitté leur camp de Zedlitz avec prudence, évitant ainsi toute poursuite. Le fort de Sonneftein a été conquis après un siège. La garnison prussienne, composée de 1 442 hommes, s'est rendue le 6 septembre. Les Autrichiens ont trouvé 38 pièces d'artillerie et 10 drapeaux. Parmi les prisonniers figuraient deux colonels, un lieutenant-colonel, un major, neuf capitaines et 1 297 soldats. Le Conseil Aulique a ordonné au duc de Saxe-Gotha de retirer ses troupes de l'armée hanovrienne et de fournir son contingent à l'armée impériale. Un mandement a également été envoyé au roi de Danemark pour soutenir le duc de Mecklembourg contre les Prussiens. Le prince de Soubise a mené des opérations près de Cassel, repoussant une attaque du général Oberg. Les forces ennemies, estimées à 24 000 hommes, n'ont pas attaqué, permettant aux Autrichiens de renforcer leurs positions.
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31
p. 204-205
De Londres, le 12. Novembre.
Début :
Les dernieres Lettres de Philadelphie, en date du 28. Septembre, [...]
Mots clefs :
Philadelphie, Expédition, Ohio, Lord Forbes, Garnison, Combats, Amiral, Escadre, Ports, Commerce, Hollande
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Londres, le 12. Novembre.
De Londres , le 12. Novembre.
>
Les dernieres Lettres de Philadelphie , en date
du 28. Septembre , parlent d'une maniere peu
avantageufe , de la conduite du Lord Forbes ,
dans l'expédition dont il étoit chargé fur l'Ohio.
Le 12. du même mois , il fit marcher en avant
ún Détachement de 900 hommes aux ordres
du fieur Grant , fans ſe mettre en état de le foutenir
, le fieur Grant s'avança jufqu'à la portée
du canon du Fort du Quelne , pour reconnoître
l'état de la Place , & pour obferver les mancuvres
de la Garniſon . Il paffa la nuit du 13. fous
les Armes. Le lendemain , dès la pointe du jour ,
l'Officier qui commandoit dans le Fort , fit fur
lui une fortie , & l'attaqua à la tête de 1000 hommes
, prefque tous Canadiens . Le Détachement
Anglois , après une courte réfiftance , fe voyant
fur le point d'être enveloppé & entierement détruit
, fut contraint de fe replier vers les bagages ,
& de les emmener précipitamment. Il a perdu
dans ce combat trois cens hommes tués ou
bleffés , parmi lesquels on compte plus de vingt
Officiers.
L'Amiral Boscawen arriva ici le 4. Il fut le
lendemain faire fa cour au Roi qui l'accueillit
avec toute la diftinction due à fes fervices. On a
JANVIER. 1759. 205
appris par le compte que cet Amiral a rendu
du fuccès de l'entrepriſe formée contre Louifbourg
, que la conquête de cette Place étoit due
principalement an mauvais état de les fortifications.
Les anciennes bréches n'étoient pas entierement
réparées , & les murs des revêtillemens
avoient été ſi négligés , qu'il en tomboit des toiſes
entieres , par le feul ébranlement que caufoit
le canon du rempart.
Du 21 .
L'Efcadre du fieur Keppel , & celle du fieur
Hughes , ont mis à la voile pour aller exécuter
féparément deux entrepriſes dont on ſe promet
les meilleurs effets . Quoique cette faifon foit celle
des ouragans & des tempêtes , on affecte de publier
que le départ des deux Eſcadres a eu lieu
dans le temps convenable. On joint à cela le projet
d'une Expédition plus contidérable , qui doit
s'exécuter au Printems prochain .
Du 1. Décembre.
On continue d'amener dans nos Ports quantité
de prifes faites fur les Hollandois . On n'a pu découvrir
juſqu'à préfent le principe de droit qui
donne lieu à une pratique fi nouvelle . Tous les
gens fenfés la jugent contraire à nos vrais intérêts
; & ils font perſuadés qu'elle tournera tôt ou
tard au préjudice de notre Commerce.
>
Les dernieres Lettres de Philadelphie , en date
du 28. Septembre , parlent d'une maniere peu
avantageufe , de la conduite du Lord Forbes ,
dans l'expédition dont il étoit chargé fur l'Ohio.
Le 12. du même mois , il fit marcher en avant
ún Détachement de 900 hommes aux ordres
du fieur Grant , fans ſe mettre en état de le foutenir
, le fieur Grant s'avança jufqu'à la portée
du canon du Fort du Quelne , pour reconnoître
l'état de la Place , & pour obferver les mancuvres
de la Garniſon . Il paffa la nuit du 13. fous
les Armes. Le lendemain , dès la pointe du jour ,
l'Officier qui commandoit dans le Fort , fit fur
lui une fortie , & l'attaqua à la tête de 1000 hommes
, prefque tous Canadiens . Le Détachement
Anglois , après une courte réfiftance , fe voyant
fur le point d'être enveloppé & entierement détruit
, fut contraint de fe replier vers les bagages ,
& de les emmener précipitamment. Il a perdu
dans ce combat trois cens hommes tués ou
bleffés , parmi lesquels on compte plus de vingt
Officiers.
L'Amiral Boscawen arriva ici le 4. Il fut le
lendemain faire fa cour au Roi qui l'accueillit
avec toute la diftinction due à fes fervices. On a
JANVIER. 1759. 205
appris par le compte que cet Amiral a rendu
du fuccès de l'entrepriſe formée contre Louifbourg
, que la conquête de cette Place étoit due
principalement an mauvais état de les fortifications.
Les anciennes bréches n'étoient pas entierement
réparées , & les murs des revêtillemens
avoient été ſi négligés , qu'il en tomboit des toiſes
entieres , par le feul ébranlement que caufoit
le canon du rempart.
Du 21 .
L'Efcadre du fieur Keppel , & celle du fieur
Hughes , ont mis à la voile pour aller exécuter
féparément deux entrepriſes dont on ſe promet
les meilleurs effets . Quoique cette faifon foit celle
des ouragans & des tempêtes , on affecte de publier
que le départ des deux Eſcadres a eu lieu
dans le temps convenable. On joint à cela le projet
d'une Expédition plus contidérable , qui doit
s'exécuter au Printems prochain .
Du 1. Décembre.
On continue d'amener dans nos Ports quantité
de prifes faites fur les Hollandois . On n'a pu découvrir
juſqu'à préfent le principe de droit qui
donne lieu à une pratique fi nouvelle . Tous les
gens fenfés la jugent contraire à nos vrais intérêts
; & ils font perſuadés qu'elle tournera tôt ou
tard au préjudice de notre Commerce.
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Résumé : De Londres, le 12. Novembre.
Le document du 12 novembre décrit des événements militaires et navals. Le 12 septembre, le Lord Forbes envoya 900 hommes sous le commandement du lieutenant Grant pour reconnaître le Fort Duquesne. Le 13 septembre, Grant fut attaqué par environ 1 000 hommes, principalement des Canadiens, et dut se replier, subissant des pertes de 300 hommes, dont plus de vingt officiers. L'amiral Boscawen arriva à Londres le 4 janvier 1759 et fut reçu par le roi. Il attribua la conquête de Louisbourg à l'état délabré des fortifications. Le 21 janvier, les escadres des lieutenants Keppel et Hughes partirent pour des missions séparées, malgré la saison des tempêtes. Une expédition plus importante est prévue pour le printemps. Par ailleurs, des prises de navires hollandais continuent d'être amenées dans les ports britanniques, une pratique jugée contraire aux intérêts commerciaux du pays.
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32
p. 203
De l'Armée Autrichienne, le 26 Juillet.
Début :
Le 23 de ce mois les Russes ont attaqué les Prussiens à Zulichau. [...]
Mots clefs :
Armée autrichienne, Armée prussienne, Attaque, Russes, Victoire, Prince, Garnison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée Autrichienne, le 26 Juillet.
De l'Armée Autrichienne , le 26 Juillet.
LE 2 ; de ce mois les Ruffes ont attaqué les
23
Pruſiens à Zulicbau. Le feu a commencé à deux
heures après -midi , & a duré jufqu'à neuf heures
du foir. La victoire a été entièrement décidée en
faveur des Ruſſes. Ils ont pris tous les bagages &
toute l'artillerie , aina que la caille militaire. Le
carnage a été terrible . Les Ruffes n'ont voulu
faire quartier à perfonne , criant toujours gome
dorf à ceux qui le leur demandoient.
Le Prince de Deux- Ponts eſt entré le y de ce
mois dans la Ville de Léipfick . La garniſon , qui
étoit de quinze cens hommes , a obtenu les honneurs
de la guerre . Douze cens Saxons qui en
faifoient la plus grande partie , ſe ſont joints à
l'armée de l'Empire ; le refte s'eft retiré à Torgau.
Le Prince de Deux - Ponts y marche.
LE 2 ; de ce mois les Ruffes ont attaqué les
23
Pruſiens à Zulicbau. Le feu a commencé à deux
heures après -midi , & a duré jufqu'à neuf heures
du foir. La victoire a été entièrement décidée en
faveur des Ruſſes. Ils ont pris tous les bagages &
toute l'artillerie , aina que la caille militaire. Le
carnage a été terrible . Les Ruffes n'ont voulu
faire quartier à perfonne , criant toujours gome
dorf à ceux qui le leur demandoient.
Le Prince de Deux- Ponts eſt entré le y de ce
mois dans la Ville de Léipfick . La garniſon , qui
étoit de quinze cens hommes , a obtenu les honneurs
de la guerre . Douze cens Saxons qui en
faifoient la plus grande partie , ſe ſont joints à
l'armée de l'Empire ; le refte s'eft retiré à Torgau.
Le Prince de Deux - Ponts y marche.
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Résumé : De l'Armée Autrichienne, le 26 Juillet.
Le 26 juillet, un rapport autrichien signale deux événements. Le 2 juillet, les Russes ont vaincu les Prussiens à Zulicbau, capturant leurs bagages, artillerie et caisse militaire. Le même jour, le Prince de Deux-Ponts a pris Leipzig. La garnison, composée de 1500 hommes, a obtenu les honneurs de la guerre. 1200 Saxons ont rejoint l'armée de l'Empire, les autres se sont retirés à Torgau.
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33
p. 203-204
De l'Armée aux ordres du Maréchal de Contades, le 23 Juillet.
Début :
Le Marquis d'Armentieres ayant fait toute ses dispositions pour le siège de Munster, [...]
Mots clefs :
Marquis, Artillerie, Siège, Ville, Garnison, Citadelle, Maréchal de camp, Capitulation, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée aux ordres du Maréchal de Contades, le 23 Juillet.
De l'Armée aux ordres du Maréchal de Contades ,
le 23 Juillet.
Le Marquis d'Armentieres ayant fait toutes les
I vi
204 MERCURE DE FRANCE.
ditpofitions pour le fiége de Munfter , & l'artille
rie étant arrivée de Caffel le 18 , il fit ouvrir la
tranchée en deux endroits , l'une devant la Ville
le 19 , & l'autre devant la Citadelle le z1 . On
poulla les ouvrages avec beaucoup de vivacité
& fans perte. La Garniton craignant d'être emportée
l'épée à la main , évacua la Ville , & fe
retira dans la Citadelle. On convint d'une neutralité
pour la Ville , & le Marquis de Goyon ,
Maréchal de Camp , y fut etabli pour y com
mander.
La Citadelle s'eft rendue le 25 à fept heures
du matin. La tranchée avoit été ouverte la nuit
du 21 au 22 , & les batteries avoient commencé
à tirer le 25 au point du jour. Par la Capitulation
, la Garnifon au nombre de trois mille quatre-
vingt- dix hommes , non compris les Off-
*ciers & commandée par le fieur Zoftrow ,
Lieutenant Général , eft prifonniere de guerre.
Elle a été conduite à Weſel.
le 23 Juillet.
Le Marquis d'Armentieres ayant fait toutes les
I vi
204 MERCURE DE FRANCE.
ditpofitions pour le fiége de Munfter , & l'artille
rie étant arrivée de Caffel le 18 , il fit ouvrir la
tranchée en deux endroits , l'une devant la Ville
le 19 , & l'autre devant la Citadelle le z1 . On
poulla les ouvrages avec beaucoup de vivacité
& fans perte. La Garniton craignant d'être emportée
l'épée à la main , évacua la Ville , & fe
retira dans la Citadelle. On convint d'une neutralité
pour la Ville , & le Marquis de Goyon ,
Maréchal de Camp , y fut etabli pour y com
mander.
La Citadelle s'eft rendue le 25 à fept heures
du matin. La tranchée avoit été ouverte la nuit
du 21 au 22 , & les batteries avoient commencé
à tirer le 25 au point du jour. Par la Capitulation
, la Garnifon au nombre de trois mille quatre-
vingt- dix hommes , non compris les Off-
*ciers & commandée par le fieur Zoftrow ,
Lieutenant Général , eft prifonniere de guerre.
Elle a été conduite à Weſel.
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Résumé : De l'Armée aux ordres du Maréchal de Contades, le 23 Juillet.
Le 23 juillet, le Marquis d'Armentières prit des mesures pour ouvrir des tranchées devant Münster. Les travaux débutèrent le 19 juillet devant la ville et le 21 juillet devant la citadelle, sans pertes notables. Face à la menace d'un assaut, la garnison quitta la ville pour se retrancher dans la citadelle. Une neutralité fut établie pour la ville, et le Marquis de Goyon fut nommé pour la commander. La citadelle capitula le 25 juillet à sept heures du matin. Les batteries commencèrent à tirer ce même jour à l'aube. Selon les termes de la capitulation, la garnison, composée de 3 090 hommes sous le commandement du Lieutenant Général Zoftrow, fut capturée et conduite à Wesel.
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34
p. 203-205
Du Quartier-général de l'armée de l'Empire, le 25 Août.
Début :
Le Prince des Deux-Ponts s'étant rendu maître de Torgau, la garnison Prussienne [...]
Mots clefs :
Prince, Garnison, Canons, Régiment, Fort, Prisonniers, Attaques, Magasins, Provisions, Cavalerie, Généraux, Ville, Comte, Dresde, Baron, Capitulation, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Du Quartier-général de l'armée de l'Empire, le 25 Août.
Du Quartier -général de l'armée de l'Empire ,
le 25 Août.
LEE Prince des Deux-Ponts s'étant rendu maître
de Torgau , la garniſon Prufſienne fortit de cette
Ville le 1 avec douze piéces de canon & leurs
caillons. Elle prit la route de Wittemberg.
Pendant la marche cette garnifon le révolta ,
ainfi qu'il étoit déja arrivé à celle de Léipfick s
les rébelles déferterent au nombre de huit cens
hommes , qui font venus joindre l'armée.
Le Régiment de Bade-Baden fut mis en gar-
nifon dans la place ; & le Fort fut occupé par un
détachement de Croates. Nous avons trouvé dans
Torgau trois cens prifonniers de troupes Autri-
chiennes & de l'Empire ; un grand nombre de
piéces de canon qui appartiennent au Roi de Polo-
gne , Electeur de Saxe , & un Magafin qui eſt ef-
timé à deux cens mille écus.
Le 20
,
le
Général Kleefeld
marcha
fur
Wit-
temberg
,
avec ordre
de
tenter
une
entrepriſe
contre
cette
place
.
Il
fit
avancer
le
21
un
gros dé-
tachement aux
ordres
du
Colonel Soly
.
Cer Of-
ficier
s'empara des
Fauxbourgs
.
Il
fomma
le
Gé-
néral
Horn
de
fe
rendre
.
Ce Commandant
de-
manda
à
capituler
.
Le
22
,
les
Grenadiers de Badeoccuperent
la porte
de
l'Elftre
,
&
la
garnison
,
compofée de
trois
Bataillons
,
fortit
avec
les
hon
meurs
de la guerre
.
I
vj
204
MERCURE
DE
FRANCE
.
Du
28
.
Les Magafins que les Pruffiens ont été forcés
d'abandonner à Léïpfick & à Torgau confiftent en
38177 mefures de grain , 32656 quintaux de fa-
rine , 10090 rations de biſcuit , 38360 meſures
d'avoine , 10092 mesures d'orge , 7 £24 quintaux
de foin , 28695 bottes de paille , & 4000 tonneaux
remplis de vivres.
Le Régiment de Bade- Baden a été mis en gar-
nifon à Wittemberg avec un détachement de
Croates & de Cavalerie. Torgau eft occupé par
un Régiment d'Infanterie des troupes Electorales
de Trêves.
Les Généraux Autrichiens tiennent la Ville de
Drefde bloquée des deux côtés de l'Elbe. Le fieur
de Churield , Colonel au ſervice de l'Impératrice-
Reine , fomma le Comte de Schmettau de fe
rendre. Ce Commandant répondit qu'il avoir
ordre de fe défendre jufqu'à la derniere extrémité.
Sur cette réponſe le Prince de Deux- Ponts donna
ordre de hârer le tranfport de la groffe artillerie-
qui vient de Prague, & de faire promptement tou-
tes les difpofitions néceffaires pour l'attaque.
Le Comte de Maquire eft pofté fur les hauteurs
qui font vis-à-vis de Dreſde , fur la rive droite de
l'Elbe ; & il a fait jetter un pont fur ce fleuve
pour établir la communication.
Le 27 au matin , le Comte de Maquire donna
avis que la garaifon , après avoir fait miner le
pont de Dreide , avoit évacué la Ville neuve , &
s'étoit retirée précipitamment dans la vieille
Ville ; qu'auth- tôt il avoit donné ordre au Géné
ral de Vehla d'occuper la Ville neuve avec les
Troupes , & qu'on y avoit trouvé un magaſin
confidérable, des armes & des munitions de touse.
elpèce. Le Prince de Deux-Ponts, après avoir bien
OCTOBRE
.
17597
205
affuré fon camp , fe porta au corps du Comte de
Maquire , afin de reconnoître exactement l'état
de la Place , & de faire fes difpofitions en confé-
quence. Les Pruffiens l'ont rendue le 5 Septem-
bre. ( Voyez l'article de la Cour.)
Du
2
Septembre
.
Le Baron de Saint-André manda le 3 I du mois
dernier que la petite garnifon que nous avions à
Wittemberg avoit rendu cette Ville par capitula-
tion , à l'approche d'un corps nombreux détaché
de l'armée du Roi de Prufle , & qu'elle s'étoit
retirée à Léipfick, 2
Le premier de ce mois nous apprîmes que
Torgau s'étoit ren lu la veille au corps de trou-
pes Pruffiennes qui avoit repris Wittemberg. On
aflure que ce corps eft compofé de huit mille
hommes aux ordres du Général Wunſch.
le 25 Août.
LEE Prince des Deux-Ponts s'étant rendu maître
de Torgau , la garniſon Prufſienne fortit de cette
Ville le 1 avec douze piéces de canon & leurs
caillons. Elle prit la route de Wittemberg.
Pendant la marche cette garnifon le révolta ,
ainfi qu'il étoit déja arrivé à celle de Léipfick s
les rébelles déferterent au nombre de huit cens
hommes , qui font venus joindre l'armée.
Le Régiment de Bade-Baden fut mis en gar-
nifon dans la place ; & le Fort fut occupé par un
détachement de Croates. Nous avons trouvé dans
Torgau trois cens prifonniers de troupes Autri-
chiennes & de l'Empire ; un grand nombre de
piéces de canon qui appartiennent au Roi de Polo-
gne , Electeur de Saxe , & un Magafin qui eſt ef-
timé à deux cens mille écus.
Le 20
,
le
Général Kleefeld
marcha
fur
Wit-
temberg
,
avec ordre
de
tenter
une
entrepriſe
contre
cette
place
.
Il
fit
avancer
le
21
un
gros dé-
tachement aux
ordres
du
Colonel Soly
.
Cer Of-
ficier
s'empara des
Fauxbourgs
.
Il
fomma
le
Gé-
néral
Horn
de
fe
rendre
.
Ce Commandant
de-
manda
à
capituler
.
Le
22
,
les
Grenadiers de Badeoccuperent
la porte
de
l'Elftre
,
&
la
garnison
,
compofée de
trois
Bataillons
,
fortit
avec
les
hon
meurs
de la guerre
.
I
vj
204
MERCURE
DE
FRANCE
.
Du
28
.
Les Magafins que les Pruffiens ont été forcés
d'abandonner à Léïpfick & à Torgau confiftent en
38177 mefures de grain , 32656 quintaux de fa-
rine , 10090 rations de biſcuit , 38360 meſures
d'avoine , 10092 mesures d'orge , 7 £24 quintaux
de foin , 28695 bottes de paille , & 4000 tonneaux
remplis de vivres.
Le Régiment de Bade- Baden a été mis en gar-
nifon à Wittemberg avec un détachement de
Croates & de Cavalerie. Torgau eft occupé par
un Régiment d'Infanterie des troupes Electorales
de Trêves.
Les Généraux Autrichiens tiennent la Ville de
Drefde bloquée des deux côtés de l'Elbe. Le fieur
de Churield , Colonel au ſervice de l'Impératrice-
Reine , fomma le Comte de Schmettau de fe
rendre. Ce Commandant répondit qu'il avoir
ordre de fe défendre jufqu'à la derniere extrémité.
Sur cette réponſe le Prince de Deux- Ponts donna
ordre de hârer le tranfport de la groffe artillerie-
qui vient de Prague, & de faire promptement tou-
tes les difpofitions néceffaires pour l'attaque.
Le Comte de Maquire eft pofté fur les hauteurs
qui font vis-à-vis de Dreſde , fur la rive droite de
l'Elbe ; & il a fait jetter un pont fur ce fleuve
pour établir la communication.
Le 27 au matin , le Comte de Maquire donna
avis que la garaifon , après avoir fait miner le
pont de Dreide , avoit évacué la Ville neuve , &
s'étoit retirée précipitamment dans la vieille
Ville ; qu'auth- tôt il avoit donné ordre au Géné
ral de Vehla d'occuper la Ville neuve avec les
Troupes , & qu'on y avoit trouvé un magaſin
confidérable, des armes & des munitions de touse.
elpèce. Le Prince de Deux-Ponts, après avoir bien
OCTOBRE
.
17597
205
affuré fon camp , fe porta au corps du Comte de
Maquire , afin de reconnoître exactement l'état
de la Place , & de faire fes difpofitions en confé-
quence. Les Pruffiens l'ont rendue le 5 Septem-
bre. ( Voyez l'article de la Cour.)
Du
2
Septembre
.
Le Baron de Saint-André manda le 3 I du mois
dernier que la petite garnifon que nous avions à
Wittemberg avoit rendu cette Ville par capitula-
tion , à l'approche d'un corps nombreux détaché
de l'armée du Roi de Prufle , & qu'elle s'étoit
retirée à Léipfick, 2
Le premier de ce mois nous apprîmes que
Torgau s'étoit ren lu la veille au corps de trou-
pes Pruffiennes qui avoit repris Wittemberg. On
aflure que ce corps eft compofé de huit mille
hommes aux ordres du Général Wunſch.
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Résumé : Du Quartier-général de l'armée de l'Empire, le 25 Août.
Le 25 août, le Prince des Deux-Ponts s'empare de Torgau. La garnison prussienne, composée de 1 200 hommes et de douze pièces de canon, se rend et se dirige vers Wittemberg. En chemin, 800 hommes désertent pour rejoindre l'armée adverse. Les troupes occupantes découvrent 300 prisonniers autrichiens et impériaux, ainsi que des pièces de canon et un magasin évalué à 200 000 écus. Le 20 août, le Général Kleefeld reçoit l'ordre de marcher sur Wittemberg. Le 21, un détachement sous le Colonel Soly prend les faubourgs. Le Général Horn demande à capituler, et le 22, la garnison, composée de trois bataillons, se rend avec les honneurs de la guerre. Les magasins abandonnés par les Prussiens à Leipzig et Torgau contiennent des quantités importantes de grain, de farine, de biscuit, d'avoine, d'orge, de foin, de paille et de vivres. Wittemberg et Torgau sont occupés par le Régiment de Bade-Baden et des Croates, ainsi qu'un régiment d'infanterie des troupes électorales de Trêves. Les Autrichiens bloquent Dresde. Le Comte de Schmettau refuse de se rendre, et le Prince des Deux-Ponts prépare une attaque. Le Comte de Maquire établit un pont sur l'Elbe et occupe la Ville neuve de Dresde, y trouvant des magasins et des munitions. Les Prussiens se retirent dans la vieille ville et se rendent le 5 septembre. Le 2 septembre, Wittemberg et Torgau sont reprises par les troupes prussiennes.
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35
p. 205
Du Journal de l'Armée Autrichienne, le premier Septembre.
Début :
Le Général Haddick avoit été chargé d'attaquer la Forteresse de Peitz sur la Sprée. [...]
Mots clefs :
Général Haddick, Forteresse, Commandant, Menace , Capitulation, Garnison, Artillerie, Vivres, Munitions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Du Journal de l'Armée Autrichienne, le premier Septembre.
Du Journal de l'Armée Autrichienne , lepremier
Septembre.
Le Général Haddick avoit été chargé d'atta-
quer la Fortereffe de Peitz fur la Sprée. Le 26
il fit fommer le Commandant de fe rendre , en
le menaçant de faire brûler la Ville & les Faux-
bourgs , s'il entreprenoit de lui réſiſter. Cette
menace fit impreffion , & la Garniſon capitula
le lendemain. Il fut réglé qu'elle fortiroit le 28
avec les honneurs de la guerre , & qu'elle feroit
conduite à Berlin ; que les habitans conferve-
roient leurs priviléges , & le libre exercice de leur
religion ; & que la Fortereffe feroit livrée avec
toute l'artillerie , tous les vivres & toutes les mu-
'nitions.
Septembre.
Le Général Haddick avoit été chargé d'atta-
quer la Fortereffe de Peitz fur la Sprée. Le 26
il fit fommer le Commandant de fe rendre , en
le menaçant de faire brûler la Ville & les Faux-
bourgs , s'il entreprenoit de lui réſiſter. Cette
menace fit impreffion , & la Garniſon capitula
le lendemain. Il fut réglé qu'elle fortiroit le 28
avec les honneurs de la guerre , & qu'elle feroit
conduite à Berlin ; que les habitans conferve-
roient leurs priviléges , & le libre exercice de leur
religion ; & que la Fortereffe feroit livrée avec
toute l'artillerie , tous les vivres & toutes les mu-
'nitions.
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Résumé : Du Journal de l'Armée Autrichienne, le premier Septembre.
Le 26 septembre, le Général Haddick a ordonné la reddition de la forteresse de Peitz. Il a menacé de détruire la ville en cas de résistance. La garnison a capitulé le 27 septembre. Les termes incluaient le départ avec les honneurs de la guerre vers Berlin, la conservation des privilèges des habitants et la remise de la forteresse avec son artillerie et ses munitions.
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36
p. 205-206
De Hambourg le 8 Septembre.
Début :
Les lettres de Stettin nous ont appris que l'Armée Suédoise qui campoit à [...]
Mots clefs :
Lettres, Armée suédoise, Prise de la ville, Fort, Capitulation, Déplacement des troupes, Garnison, Attaque, Résistance, Prusse, Retraite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Hambourg le 8 Septembre.
De
Hambourg
le
8
Septembre
.
Les
Lettres
de
Stettin
nous ont appris
que
l'Ar
mée
Suédoife qui campoit à
Loitz
,
en
partir
le
1
206 MERCURE DE FRANCE.
21 du mois dernier , pour ſe porter fur Anclam ?
dont elle s'eft emparée. Un des Détachemens de
cette Armée fe préfenta devant le Fort d'Uker-
munde , qui lui fut rendu par capitulation. Le
gros de l'Armée marcha le 28 à Schwine , Ville
fortifiée par des retrranchemens paliffadés , &
défendue par une garnifon de fix cens hommes.
Le Comte de Meyerfeld fut chargé d'attaquer
cette Place , & il s'y porta avec beaucoup de ré-
folution. L'attaque dura depuis quatre heures du
matin , jufqu'à fept heures du foir. Les Pruffiens
après une vive réſiſtance , furent forcés de fe re-
tirer en défordre. Les Suédois ont enlevé le fieur
Hauflqui commandoit dans la Place , trois Lieu-
tenans , un Enfeigne , huit Bas-Officiers & foixan-
te-onze Soldats Ils ont trouvé dans les retran-
chemens plufieurs piéces de canon , & des mu-
nitions en abondance.
Hambourg
le
8
Septembre
.
Les
Lettres
de
Stettin
nous ont appris
que
l'Ar
mée
Suédoife qui campoit à
Loitz
,
en
partir
le
1
206 MERCURE DE FRANCE.
21 du mois dernier , pour ſe porter fur Anclam ?
dont elle s'eft emparée. Un des Détachemens de
cette Armée fe préfenta devant le Fort d'Uker-
munde , qui lui fut rendu par capitulation. Le
gros de l'Armée marcha le 28 à Schwine , Ville
fortifiée par des retrranchemens paliffadés , &
défendue par une garnifon de fix cens hommes.
Le Comte de Meyerfeld fut chargé d'attaquer
cette Place , & il s'y porta avec beaucoup de ré-
folution. L'attaque dura depuis quatre heures du
matin , jufqu'à fept heures du foir. Les Pruffiens
après une vive réſiſtance , furent forcés de fe re-
tirer en défordre. Les Suédois ont enlevé le fieur
Hauflqui commandoit dans la Place , trois Lieu-
tenans , un Enfeigne , huit Bas-Officiers & foixan-
te-onze Soldats Ils ont trouvé dans les retran-
chemens plufieurs piéces de canon , & des mu-
nitions en abondance.
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Résumé : De Hambourg le 8 Septembre.
Le 8 septembre, des lettres de Stettin ont rapporté que l'armée suédoise, initialement à Loitz, s'est déplacée vers Anklam le 21 du mois précédent et l'a conquise. Un détachement suédois a ensuite pris le fort d'Uckermunde par capitulation. Le 28, l'armée suédoise a marché vers Schwine, une ville fortifiée par des retranchements palissadés et défendue par une garnison de six cents hommes. Le comte de Meyerfeld a mené l'attaque, qui a duré de quatre heures du matin à sept heures du soir. Malgré une vive résistance, les Prussiens ont été contraints de se retirer en désordre. Les Suédois ont capturé plusieurs officiers et soldats, ainsi que plusieurs pièces de canon et des munitions.
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37
p. 206-207
DE LEIPSICK, le 8 Août.
Début :
Le 4 de ce mois, le Baron de Widman, détaché de l'Armée de l'Empire, [...]
Mots clefs :
Baron, Armée de l'Empire, Garnison, Prince, Articles de capitulation, Dettes, Prisonniers de guerre, Liberté, Fort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LEIPSICK, le 8 Août.
DE LEIPSICK , le 8 Août.
Le
de ce
mois
,
le
Baron de
Widman
;
'
détaché
de l'Armée de
l'Empire
,
arriva
dans
notre
voifinage
,
&
fomma
le
Baron de Hauff
qui
commandoit
notre Garniſon
Pruſſienne
,
de
fe rendre
,
en
lui
fignifiant
de
la
part
du
Prince
de Deux
-
Ponts
,
que
s'il
ofoit
mettre
le
feu
comme
il
nous
en
avoit
ménacé
,
on
le feroit
pendre
,
&
que
toute fa
garnifon
feroit
paffée
au
fil
de
l'épée
.
Cette
fommation
excita
un grand
trouble
parmi
les
foldats
.
Ils
furent fur le
point
de
fe
révolter contre
leur
Commandant
.
Le Baron
de Hauff
qui
craignit
de
n'en
être plus
le
maî-
tre
,
fe hâta
de
régler
avec
le
Baron de
Widman
les articles
de
la capitulation
.
Il
fut arrêté
que
la
Garnifon
fortiroit
avec
les
honneurs de
la
guer-
re
,
&
qu'elle feroit
conduite a
Wittemberg
;
que
les Pruffiens pourroient emporter tous
les effets
OCTOBRE
.
1759
.
107
.
quileur appartenoient , & qu'ils payeroient avant
leurdépart les dettes qu'ils avoientcontractées dans
la Ville ; que les Prifonniers de guerre , & les
ôtages qui étoient actuellement enfermés dans
la Place , auroient leur liberté ; & que l'artillerie
Saxone qui le trouvoit dans le Fort de Pleiffen-
bourg, y feroit laiffée. Les Pruffiens ont enfin
évacué cette Ville, les troupes de l'Empire en ont
pris poffeffion.
Le
de ce
mois
,
le
Baron de
Widman
;
'
détaché
de l'Armée de
l'Empire
,
arriva
dans
notre
voifinage
,
&
fomma
le
Baron de Hauff
qui
commandoit
notre Garniſon
Pruſſienne
,
de
fe rendre
,
en
lui
fignifiant
de
la
part
du
Prince
de Deux
-
Ponts
,
que
s'il
ofoit
mettre
le
feu
comme
il
nous
en
avoit
ménacé
,
on
le feroit
pendre
,
&
que
toute fa
garnifon
feroit
paffée
au
fil
de
l'épée
.
Cette
fommation
excita
un grand
trouble
parmi
les
foldats
.
Ils
furent fur le
point
de
fe
révolter contre
leur
Commandant
.
Le Baron
de Hauff
qui
craignit
de
n'en
être plus
le
maî-
tre
,
fe hâta
de
régler
avec
le
Baron de
Widman
les articles
de
la capitulation
.
Il
fut arrêté
que
la
Garnifon
fortiroit
avec
les
honneurs de
la
guer-
re
,
&
qu'elle feroit
conduite a
Wittemberg
;
que
les Pruffiens pourroient emporter tous
les effets
OCTOBRE
.
1759
.
107
.
quileur appartenoient , & qu'ils payeroient avant
leurdépart les dettes qu'ils avoientcontractées dans
la Ville ; que les Prifonniers de guerre , & les
ôtages qui étoient actuellement enfermés dans
la Place , auroient leur liberté ; & que l'artillerie
Saxone qui le trouvoit dans le Fort de Pleiffen-
bourg, y feroit laiffée. Les Pruffiens ont enfin
évacué cette Ville, les troupes de l'Empire en ont
pris poffeffion.
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Résumé : DE LEIPSICK, le 8 Août.
Le 8 août, le Baron de Widman, envoyé de l'Armée de l'Empire, rencontra le Baron de Hauff, commandant de la garnison prussienne. Widman transmit une menace du Prince de Deux-Ponts, promettant pendaison et massacre si les Prussiens incendiaient la ville. Cette menace sema la panique parmi les soldats prussiens, qui furent prêts à se révolter. Pour éviter une mutinerie, le Baron de Hauff négocia rapidement les termes de la capitulation avec Widman. Les accords stipulaient que la garnison prussienne quitterait la ville avec les honneurs de la guerre et serait conduite à Wittemberg. Les Prussiens pourraient emporter leurs effets personnels et régler leurs dettes locales. Les prisonniers de guerre et les otages seraient libérés, et l'artillerie saxonne resterait au Fort de Pleissenbourg. Les Prussiens évacuèrent ensuite la ville, permettant aux troupes de l'Empire d'en prendre possession.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 213-216
DE VERSAILLES le 30 Août.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye de Massay, Ordre de S. Benoît, Diocèse de Bourges, [...]
Mots clefs :
Abbaye, Diocèse, Ordre, Abbé, Église, Chevalier, Baron, Comte, Conseiller d'État, Dresde, Capitulation, Garnison, Honneurs, Général, Édits, Parlement, Officiers, Arrêt du conseil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES le 30 Août.
DE
VERSAILLES
le
30
Août
.
L
E
Roi
a
donné
l'Abbaye
de Maffay
,
Ordre
de
S.
Benoît
,
Diocèle
de
Bourges
,
à l'Abbé
deJubert
de
Bouville
,
Grand
Vicaire
de
Chartres
.
L'Abbaye de Balle-fontaine , Ordre de Pré-
montré , Diocèſe de Troyes , a l'Abbé de Lomienie
de Brienne , Grand Vicaire de Rouen.
Et la Prevôté de l'Eglife d'Alais , à l'Abbé de
Montolieu , Vicaire Général de ce Diocèfe.
Le 24 , le Roi tint le Sceau.
Le même jour , la Ducheffe de Grammont fur
préfentée aleurs Majeftés & a la Famille Royale,
& prit le tabouret chez la Reine.
Du
6
Septembre
.
Le
26
du
mois
dernier
,
le
Roi
reçut
Cheva-
liers
de
l'Ordre
du
mérite
Militaire le
Prince
de
Nallau
-
Saarbruck
,
L
eutenant général
des
armées
'
de Sa
Majeſté
,
les
Barons de
Wurmier
&
deTunderfeldt
,
le
Marquis de
Salis
de Mayentel
,
&
le
feur
Hirtzal
de
Saint Gratien
.
Le
même
jour
,
Sa
Majefté
nomma
le
Prince de Nallau-
Saarbruck
,
Grand'Croix
,
&
le
Baron de
Wurme
ler
,
Commandeur du même
ordre
.
"
214 MERCURE DE FRANCE.
Le
8
de
ce
mois
,
la
Cour
prendra
le
deuil
pour
un
mois
,
à
l'occafion
de
la
mort du
Roi
d'El-
pagne
.
Du
13
.
Le
Roi a
donné
la
place
de
Conſeiller
d'Etat
d'épée
,
vacante par
la
mort
du
Marquis
du
May
,
au
Marquis
d'Havrincourt
,
Ambaſſadeur de
Sa
Majefté
en Suéde
.
Le 8 de ce mois le Roi tint le Sceau.
Un Gentilhomme du Comte de Luface fut
dépêché par ce Prince pour apporter à Sa Ma-
jefté la nouvelle de la délivrance de Dreſde ,
dont l'armée de l'Empire s'eft emparée.
Le Prince de Deux-Ponts étant arrivé le 30
du mois d'Août devant Drefde , fit fommer fur
le champ le Comte de Schmettau. Ce Com-
mandant répondit qu'il fe défendroit jufqu'à la
derniere extrémité. Ce même jour , la groffe
artillerie qui avoit été embarquée à Leutmeritz
arriva à Pyrna on la fit defcendre jufqu'à une
lieue de Drefde , où elle fut débarquée.
>
Les trois jours fuivans, on fut occupé à conf-
truire les batteries. Ce travail fut pouffé fi vive-
ment , que le 2 de ce mois le Comte de Schmet-
tau le voyant fur le point d'être attaqué , fit
propofer au Comte de Maquire , qui comman-
doit dans la Ville neuve , une fufpenfion d'armes
de vingt- quatre heures , pour régler les articles.
préliminaires de la capitulation. Le Prince de
Deux-Ponts lui fit répondre qu'il pouvoit dreffer
ces articles ; qu'il les examineroit ; & que s'il
attendoit qu'on eût tiré contre lui le premier coup
de canon , il feroit prifonnier de guerre.
Le
3
,
le
Comte
de Macquire
apporta
au
Prince
de Deux
-
Ponts
les
propofitions
du
Commandantde Dreide
:
elles
parurent peu convenables
;
elles
furent renvoyées fur le
champ
;
&
les hoftilités
OCTOBRE
.
1759.
215
recommencerent
.
Les travaux
des
batteries
furent
achevés dans
la
journée
du
4.
On
y
plaça
le
ca-
non
pendant
la nuit
pour
être
en
état
de
tirer
les
à
la
pointe
du
jour
:
mais
une
heure avant
le
jour
le
Comte
de
Schmettau
demanda
à
capi-
tuler
.
On
employa
toute
la
journée
à régler
les
Articles
.
La
capitulation fut
fignée
le foir
;
on
fit
rafer
le
retranchement
qui
couvroit
la tête
du
pont
du
côté
de
la
vieille
Ville
,
&
deux
Compa➡
gnies
de
Grenadiers
en
prirent
poffeffion
.
La
garniſon a
obtenu de
fortir
avec
les
hon-
neurs
de
la
guerre
.
On
a
permis aux
régimens
d'emmener
leurs
canons
&
leur
caiffe
militaire
;
&
on
a exigé
qu'ils
fe
rendroient
à
Magdebourg
.
La
caille
du
Roi de
Pruffe
eft
restée
au
pouvoir
des
Vainqueurs
.
Les
prifonniers
&
les
ôtages qui
avoient
été
emmenés
de
différens
Pays ont
été
mis en
liberté
.
Les , le Général Wunschqui forçoit fa marche
dans le deflein de fecourir la Ville de Dreſde ,
ayant appris que la garnifon venoit de capituler ,
fe retira à l'entrée de la nuit. Il fut pourſuivi par
le Général de Vehla , qui l'atteignit le lende
main. Il l'attaqua conjointement avec les Croates
qui avoient été poftés la veille dans les bois. Il
lui tua fix cens hommes , lui prit dix pièces de
canon , & lui fit environ mille prifonniers.
Du
20
.
Le Roi ayant jugé à propos de faire enregif-
trer plufieurs Edits & Déclarations , a mandé à
fon Parlement de fe rendre aujourd'hui à Ver
failles pour prendre féance au Lit de Juſtice que
Sa Majesté à tenu en la maniere accoutumée. En
conféquence le Parlement eft arrivé ici à onze
heures. A midi le Lit de Juftice s'eft ouvert , & Sa
Majesté a ordonné l'enregistrement 1º de l'Edit
portant fuppreffion des Officiers crées fur les Ports,
216
MERCURE
DE
FRANCE
.
Quais
,
Halles
&
Marchés de
la
Ville
de
Paris
,
depuis
le
Janvier
1727
,
&
la fuppreffion
des
droits
fur le
beurre
,
les
oeufs
&
le
fromage
,
éta-
blis
par
Edit
du
mois
de Septembre
1743. 2
°.
de
l'Edit
portant
création
de
cent
Receveurs
des
rentes
crées fur l'Hôtel
-
de
-
Ville
de
Paris
,
&
autres
effets
publics
.
3
°
.
de
l'Edit
portant
établiſſement
d'une fubvention générale
dans
le
Royaume
,
pour
le
foutien
de
la
guerre
&
pour
l'acquitte-
ment
de
fes
charges
.
4.
d'une
Déclaration
por-
tant
que
la
prorogation
des féances
du
Parlement
ordonnée
par
celle
du
s
du
préfent
mois
,
ceflera
d'avoir
lieu
dès
-
a
-
préfent
.
Il paroît un Edit du Roi du mois d'Août , por-
tant fuppreffion des Offices de Jurés- Vendeurs ,
Prudhommes Contrôleurs , Marqueurs , Lotif-
feurs & Déchargeurs de cuirs , & autres, fous
quelque nom que ce foit , ainfi que des droits à
eux attribués : & établiſſement d'un droit unique
dans tout le Royaume fur les cuirs tanés & ap-
prêtés.
Il paroît auffi deux Arrêts du Confeil , l'un du
25 Août , qui modére les droits fur les fucres
bruts venant de l'étranger ; l'autre dus Sep-
tembre concernant les toiles de coton blanches &
les coiles peintes , teintés & imprimées
VERSAILLES
le
30
Août
.
L
E
Roi
a
donné
l'Abbaye
de Maffay
,
Ordre
de
S.
Benoît
,
Diocèle
de
Bourges
,
à l'Abbé
deJubert
de
Bouville
,
Grand
Vicaire
de
Chartres
.
L'Abbaye de Balle-fontaine , Ordre de Pré-
montré , Diocèſe de Troyes , a l'Abbé de Lomienie
de Brienne , Grand Vicaire de Rouen.
Et la Prevôté de l'Eglife d'Alais , à l'Abbé de
Montolieu , Vicaire Général de ce Diocèfe.
Le 24 , le Roi tint le Sceau.
Le même jour , la Ducheffe de Grammont fur
préfentée aleurs Majeftés & a la Famille Royale,
& prit le tabouret chez la Reine.
Du
6
Septembre
.
Le
26
du
mois
dernier
,
le
Roi
reçut
Cheva-
liers
de
l'Ordre
du
mérite
Militaire le
Prince
de
Nallau
-
Saarbruck
,
L
eutenant général
des
armées
'
de Sa
Majeſté
,
les
Barons de
Wurmier
&
deTunderfeldt
,
le
Marquis de
Salis
de Mayentel
,
&
le
feur
Hirtzal
de
Saint Gratien
.
Le
même
jour
,
Sa
Majefté
nomma
le
Prince de Nallau-
Saarbruck
,
Grand'Croix
,
&
le
Baron de
Wurme
ler
,
Commandeur du même
ordre
.
"
214 MERCURE DE FRANCE.
Le
8
de
ce
mois
,
la
Cour
prendra
le
deuil
pour
un
mois
,
à
l'occafion
de
la
mort du
Roi
d'El-
pagne
.
Du
13
.
Le
Roi a
donné
la
place
de
Conſeiller
d'Etat
d'épée
,
vacante par
la
mort
du
Marquis
du
May
,
au
Marquis
d'Havrincourt
,
Ambaſſadeur de
Sa
Majefté
en Suéde
.
Le 8 de ce mois le Roi tint le Sceau.
Un Gentilhomme du Comte de Luface fut
dépêché par ce Prince pour apporter à Sa Ma-
jefté la nouvelle de la délivrance de Dreſde ,
dont l'armée de l'Empire s'eft emparée.
Le Prince de Deux-Ponts étant arrivé le 30
du mois d'Août devant Drefde , fit fommer fur
le champ le Comte de Schmettau. Ce Com-
mandant répondit qu'il fe défendroit jufqu'à la
derniere extrémité. Ce même jour , la groffe
artillerie qui avoit été embarquée à Leutmeritz
arriva à Pyrna on la fit defcendre jufqu'à une
lieue de Drefde , où elle fut débarquée.
>
Les trois jours fuivans, on fut occupé à conf-
truire les batteries. Ce travail fut pouffé fi vive-
ment , que le 2 de ce mois le Comte de Schmet-
tau le voyant fur le point d'être attaqué , fit
propofer au Comte de Maquire , qui comman-
doit dans la Ville neuve , une fufpenfion d'armes
de vingt- quatre heures , pour régler les articles.
préliminaires de la capitulation. Le Prince de
Deux-Ponts lui fit répondre qu'il pouvoit dreffer
ces articles ; qu'il les examineroit ; & que s'il
attendoit qu'on eût tiré contre lui le premier coup
de canon , il feroit prifonnier de guerre.
Le
3
,
le
Comte
de Macquire
apporta
au
Prince
de Deux
-
Ponts
les
propofitions
du
Commandantde Dreide
:
elles
parurent peu convenables
;
elles
furent renvoyées fur le
champ
;
&
les hoftilités
OCTOBRE
.
1759.
215
recommencerent
.
Les travaux
des
batteries
furent
achevés dans
la
journée
du
4.
On
y
plaça
le
ca-
non
pendant
la nuit
pour
être
en
état
de
tirer
les
à
la
pointe
du
jour
:
mais
une
heure avant
le
jour
le
Comte
de
Schmettau
demanda
à
capi-
tuler
.
On
employa
toute
la
journée
à régler
les
Articles
.
La
capitulation fut
fignée
le foir
;
on
fit
rafer
le
retranchement
qui
couvroit
la tête
du
pont
du
côté
de
la
vieille
Ville
,
&
deux
Compa➡
gnies
de
Grenadiers
en
prirent
poffeffion
.
La
garniſon a
obtenu de
fortir
avec
les
hon-
neurs
de
la
guerre
.
On
a
permis aux
régimens
d'emmener
leurs
canons
&
leur
caiffe
militaire
;
&
on
a exigé
qu'ils
fe
rendroient
à
Magdebourg
.
La
caille
du
Roi de
Pruffe
eft
restée
au
pouvoir
des
Vainqueurs
.
Les
prifonniers
&
les
ôtages qui
avoient
été
emmenés
de
différens
Pays ont
été
mis en
liberté
.
Les , le Général Wunschqui forçoit fa marche
dans le deflein de fecourir la Ville de Dreſde ,
ayant appris que la garnifon venoit de capituler ,
fe retira à l'entrée de la nuit. Il fut pourſuivi par
le Général de Vehla , qui l'atteignit le lende
main. Il l'attaqua conjointement avec les Croates
qui avoient été poftés la veille dans les bois. Il
lui tua fix cens hommes , lui prit dix pièces de
canon , & lui fit environ mille prifonniers.
Du
20
.
Le Roi ayant jugé à propos de faire enregif-
trer plufieurs Edits & Déclarations , a mandé à
fon Parlement de fe rendre aujourd'hui à Ver
failles pour prendre féance au Lit de Juſtice que
Sa Majesté à tenu en la maniere accoutumée. En
conféquence le Parlement eft arrivé ici à onze
heures. A midi le Lit de Juftice s'eft ouvert , & Sa
Majesté a ordonné l'enregistrement 1º de l'Edit
portant fuppreffion des Officiers crées fur les Ports,
216
MERCURE
DE
FRANCE
.
Quais
,
Halles
&
Marchés de
la
Ville
de
Paris
,
depuis
le
Janvier
1727
,
&
la fuppreffion
des
droits
fur le
beurre
,
les
oeufs
&
le
fromage
,
éta-
blis
par
Edit
du
mois
de Septembre
1743. 2
°.
de
l'Edit
portant
création
de
cent
Receveurs
des
rentes
crées fur l'Hôtel
-
de
-
Ville
de
Paris
,
&
autres
effets
publics
.
3
°
.
de
l'Edit
portant
établiſſement
d'une fubvention générale
dans
le
Royaume
,
pour
le
foutien
de
la
guerre
&
pour
l'acquitte-
ment
de
fes
charges
.
4.
d'une
Déclaration
por-
tant
que
la
prorogation
des féances
du
Parlement
ordonnée
par
celle
du
s
du
préfent
mois
,
ceflera
d'avoir
lieu
dès
-
a
-
préfent
.
Il paroît un Edit du Roi du mois d'Août , por-
tant fuppreffion des Offices de Jurés- Vendeurs ,
Prudhommes Contrôleurs , Marqueurs , Lotif-
feurs & Déchargeurs de cuirs , & autres, fous
quelque nom que ce foit , ainfi que des droits à
eux attribués : & établiſſement d'un droit unique
dans tout le Royaume fur les cuirs tanés & ap-
prêtés.
Il paroît auffi deux Arrêts du Confeil , l'un du
25 Août , qui modére les droits fur les fucres
bruts venant de l'étranger ; l'autre dus Sep-
tembre concernant les toiles de coton blanches &
les coiles peintes , teintés & imprimées
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Résumé : DE VERSAILLES le 30 Août.
En août et septembre 1759, plusieurs événements et décisions royales ont marqué la cour. Le 30 août, le roi a attribué diverses abbayes et prévôtés à des abbés et vicaires. Le 24 août, le roi a tenu le sceau et la duchesse de Grammont a été présentée à la famille royale. Le 26 août, le roi a reçu des chevaliers de l'Ordre du mérite militaire et a nommé le prince de Nassau-Saarbruck Grand'Croix et le baron de Wurmer Commandeur du même ordre. Le 8 septembre, la cour a observé un deuil pour la mort du roi d'Espagne. Le 13 septembre, le roi a nommé le marquis d'Havrincourt conseiller d'État d'épée. Sur le front militaire, le 30 août, le prince de Deux-Ponts a assiégé Dresde, qui a capitulé le 5 septembre après des négociations. Les termes de la capitulation ont permis à la garnison de sortir avec les honneurs de la guerre. Le 20 octobre, le roi a tenu un lit de justice pour enregistrer plusieurs édits, notamment la suppression de certains offices et droits, et l'établissement de nouvelles subventions pour soutenir la guerre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 199-201
DE PARIS, le 1 Décembre.
Début :
Le 20 du mois dernier, l'Escadre aux ordres du Maréchal de Conflans [...]
Mots clefs :
Escadre, Maréchal, Amiral Hawke, Bretagne, Vaisseaux, Capitaine, Combat, Artillerie, Maréchal Daun, Ordre, Enrôlement, Garnison, Capitulation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 1 Décembre.
De PARIS , le 1 Décembre.
Le zo du mois dernier , l'Eſcadre aux ordres
du Maréchal de Conflans fut rencontrée à la hauteur
de Belle- Ifle par celle de l'Amiral Hawke ,
renforcée de tous les vaiffeaux que les Anglois
avoient à la côte de Bretagne. La mer étoit fort
grofle , il y a eu des changemens de vent par
grains dans la journée , ce qui n'a permis à aucune
des deux Efcadres de fe mettre en ligne . Cependant
le combat s'engagea vers deux heures aprèsmidi
entre les vaiffeaux de l'arriere garde , qui
étoient le Magnifique , le Héros & le Formidable
, lefquels furent attaqués & environnés
par huit ou dix vaiffeaux Anglois. Peu de tems
après le combat devint général , mais fans ordre
de part & d'autre. Le Formidable commandé par
le fieur de Saint-André du Verger , Chef d'Efcadre
des armées navales , eft le feul vaiffeau qui ait été
pris. On a eu le malheur de perdre le vaiffeau le
Théfée & le Superbe , commandés par les fieurs de
Kerfaint & de Montalais , Capitaines de Vaiffeau.
Ils ont coulé à fond dans le combat , pen
dant lequel un Vaiffeau de l'Eſcadre Angloife
dont on ignore le nom , a auffi coulé à fond. Le
Vailleau le Soleil Royal , que montoit le Maréchal
de Conflans , s'eſt brûlé à la côte du Croific
le 21 , après qu'on a eu fauvé l'équipage . Le
Héros , commandé par le Vicomte de Sanfay ,
qui a eu trente hommes tués , & quatre-vingt-fix
bleffés dans le combat , s'eſt brûlé au même en-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
droit. Le Jufte , commandé par le fieur de Saint-
Allouarn , Capitaine de Vaiffeau , tué dans le combat,
& après lui par le fieur Rofmader de Saint-
Allouarn , fon frere , auffi tué dans le combat , a
péri à l'ance d'Ecoublas à l'entrée de la Loire , &
on a fauvé une partie de l'équipage . Les vaiffeaux
Anglois la Réfolution , de foixante- quatorze canons
, & l'Effex de foixante - dix , ont péri à la
côte du Croilic. Un autre vaiffeau Anglois dont
on ignore lenom a aufli péri à l'entrée de la Loire.
Une partie des vaiffeaux de l'efcadre de Breſt eſt à
la rade de l'lfle d'Aix , & les autres font dans la
rivière de Vilaine.
Le fieur Galibert , dépêché par le Comte de
Montazet, apporta la nouvelle fuivante . Le Maréchal
de Daun attaqua le 20 Novembre un corps
de Pruffiens d'environ vingt-quatre mille hommes
commandés par les Généraux Finck "
Wunsch & Rebentiſch. Le combat s'eft donné
à Maxen à deux lieues de Pyrna & à trois lieues
de Drefde. Il a commencé à midi & n'a fini
qu'a la nuit Les Prufliens ayant été dépoftés des
hauteurs qu'il occupoient & forcés de ſe retirer
dans un fond , ont perdu dans cette occafion
la plus grande partie de leur artillerie & toutes
leurs munitions.
Le Maréchal de Daun avoit fait fes difpofitions,
de maniere que ce Corps d'Arinée étoit entouré
par les troupes Autrichiennes & par celles de
l'Empire. Le lendemain le Général Rebentiſch fur
envoyé au Maréchal de Daun par le Général
Finck , pour capituler. Le Maréchal de Daun exigea
que cette armée mit les arines bas , & fe rendit
prifonniere de guerre ; & il ne donna que
quatre minutes pour fe déterminer . Les Pruffiens
ont été forcés de fubir ces conditions . On les a fait
partir ce même jour pour la Bohême . Il y avoit
JANVIER. 1760 .
201
dans ce corps d'armée fix mille hommes de Cavalerie.
On aifure que le Roi de Pruffe & le Prince
Henri étoient à quatre lieues du champ de bataille
avec trente mille hommes.
On affure auffi qu'il a envoyé ordre dans tous
fes Etats d'enrôler tout ce qu'il y refte d'hommes
depuis l'âge de 14 ans jufqu'à celui de 60 .
Du 8.
La garnifon de Munfter a capitulé le 21 du
mois dernier. Elle a obtenu les honneurs de la
guerre Les ennemis ont donné toutes fortes de
marques de confidérations aux troupes qui la
compofent ainsi qu'au Marquis de Gayon , Maréchal-
de-camp , qui la commande , & au fieur de
Boisclaireau , Lieutenant de Roi & de la Ville,
La garnifon eft arrivée à Wefel le 26 .
Le zo du mois dernier , l'Eſcadre aux ordres
du Maréchal de Conflans fut rencontrée à la hauteur
de Belle- Ifle par celle de l'Amiral Hawke ,
renforcée de tous les vaiffeaux que les Anglois
avoient à la côte de Bretagne. La mer étoit fort
grofle , il y a eu des changemens de vent par
grains dans la journée , ce qui n'a permis à aucune
des deux Efcadres de fe mettre en ligne . Cependant
le combat s'engagea vers deux heures aprèsmidi
entre les vaiffeaux de l'arriere garde , qui
étoient le Magnifique , le Héros & le Formidable
, lefquels furent attaqués & environnés
par huit ou dix vaiffeaux Anglois. Peu de tems
après le combat devint général , mais fans ordre
de part & d'autre. Le Formidable commandé par
le fieur de Saint-André du Verger , Chef d'Efcadre
des armées navales , eft le feul vaiffeau qui ait été
pris. On a eu le malheur de perdre le vaiffeau le
Théfée & le Superbe , commandés par les fieurs de
Kerfaint & de Montalais , Capitaines de Vaiffeau.
Ils ont coulé à fond dans le combat , pen
dant lequel un Vaiffeau de l'Eſcadre Angloife
dont on ignore le nom , a auffi coulé à fond. Le
Vailleau le Soleil Royal , que montoit le Maréchal
de Conflans , s'eſt brûlé à la côte du Croific
le 21 , après qu'on a eu fauvé l'équipage . Le
Héros , commandé par le Vicomte de Sanfay ,
qui a eu trente hommes tués , & quatre-vingt-fix
bleffés dans le combat , s'eſt brûlé au même en-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
droit. Le Jufte , commandé par le fieur de Saint-
Allouarn , Capitaine de Vaiffeau , tué dans le combat,
& après lui par le fieur Rofmader de Saint-
Allouarn , fon frere , auffi tué dans le combat , a
péri à l'ance d'Ecoublas à l'entrée de la Loire , &
on a fauvé une partie de l'équipage . Les vaiffeaux
Anglois la Réfolution , de foixante- quatorze canons
, & l'Effex de foixante - dix , ont péri à la
côte du Croilic. Un autre vaiffeau Anglois dont
on ignore lenom a aufli péri à l'entrée de la Loire.
Une partie des vaiffeaux de l'efcadre de Breſt eſt à
la rade de l'lfle d'Aix , & les autres font dans la
rivière de Vilaine.
Le fieur Galibert , dépêché par le Comte de
Montazet, apporta la nouvelle fuivante . Le Maréchal
de Daun attaqua le 20 Novembre un corps
de Pruffiens d'environ vingt-quatre mille hommes
commandés par les Généraux Finck "
Wunsch & Rebentiſch. Le combat s'eft donné
à Maxen à deux lieues de Pyrna & à trois lieues
de Drefde. Il a commencé à midi & n'a fini
qu'a la nuit Les Prufliens ayant été dépoftés des
hauteurs qu'il occupoient & forcés de ſe retirer
dans un fond , ont perdu dans cette occafion
la plus grande partie de leur artillerie & toutes
leurs munitions.
Le Maréchal de Daun avoit fait fes difpofitions,
de maniere que ce Corps d'Arinée étoit entouré
par les troupes Autrichiennes & par celles de
l'Empire. Le lendemain le Général Rebentiſch fur
envoyé au Maréchal de Daun par le Général
Finck , pour capituler. Le Maréchal de Daun exigea
que cette armée mit les arines bas , & fe rendit
prifonniere de guerre ; & il ne donna que
quatre minutes pour fe déterminer . Les Pruffiens
ont été forcés de fubir ces conditions . On les a fait
partir ce même jour pour la Bohême . Il y avoit
JANVIER. 1760 .
201
dans ce corps d'armée fix mille hommes de Cavalerie.
On aifure que le Roi de Pruffe & le Prince
Henri étoient à quatre lieues du champ de bataille
avec trente mille hommes.
On affure auffi qu'il a envoyé ordre dans tous
fes Etats d'enrôler tout ce qu'il y refte d'hommes
depuis l'âge de 14 ans jufqu'à celui de 60 .
Du 8.
La garnifon de Munfter a capitulé le 21 du
mois dernier. Elle a obtenu les honneurs de la
guerre Les ennemis ont donné toutes fortes de
marques de confidérations aux troupes qui la
compofent ainsi qu'au Marquis de Gayon , Maréchal-
de-camp , qui la commande , & au fieur de
Boisclaireau , Lieutenant de Roi & de la Ville,
La garnifon eft arrivée à Wefel le 26 .
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Résumé : DE PARIS, le 1 Décembre.
Le 1er décembre, une bataille navale a opposé les escadres française et anglaise près de Belle-Île. La mer agitée et les changements de vent ont perturbé les manœuvres. Le vaisseau français Formidable a été capturé, tandis que les Thésée et Superbe ont coulé, ainsi qu'un vaisseau anglais inconnu. Le Soleil Royal, commandé par le Maréchal de Conflans, s'est échoué et a brûlé. Le Héros et le Juste ont également brûlé après de lourdes pertes. Plusieurs vaisseaux anglais ont été perdus. Sur le front terrestre, le Maréchal de Daun a attaqué un corps prussien de 24 000 hommes près de Maxen le 20 novembre. Les Prussiens ont été délogés et ont perdu une grande partie de leur artillerie et munitions. Le lendemain, le Général Rebentisch a négocié la capitulation, et les Prussiens ont été faits prisonniers et envoyés en Bohême. Le Roi de Prusse et le Prince Henri étaient proches avec 30 000 hommes. La garnison de Münster a capitulé le 21 novembre, obtenant les honneurs de la guerre, et est arrivée à Wesel le 26 novembre.
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40
p. 205
DE PRAGUE, le 31 Décembre.
Début :
La garnison de Dresde, renforcée jusqu'à vingt mille hommes, met cette [...]
Mots clefs :
Garnison, Impératrice Reine, Baron, Maréchal Daun, Armée, Quartier général
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PRAGUE, le 31 Décembre.
De PRAGUE , le 31 Décembre 1759.
La garnison de Drefde , renforcée jufqu'à vingt
mille hommes , met cette Ville à couvert de toute
infulte ; & la bonne pofition du Maréchal de
Daun , qui a fon quartier à Pyrna , rend fes habitans
tranquilles fur les entreprifes du Roi de
Pruffe.
L'Impératrice Reine , a nommé le Baron de
Laudon Général Commandant de fes troupes en
Bohême & en Moravie . Sa nouvelle Armée eft
déjà de vingt mille hommes ; & on a pris des
mefures pour qu'avant le milieu du mois , elle
foit forte de trente . Il a tranſporté fon quartier
général de Brillin où il étoit , à Brixen , afin d'être
plus à portée d'obferver les mouvemens du Prince
de Brunswick.
La garnison de Drefde , renforcée jufqu'à vingt
mille hommes , met cette Ville à couvert de toute
infulte ; & la bonne pofition du Maréchal de
Daun , qui a fon quartier à Pyrna , rend fes habitans
tranquilles fur les entreprifes du Roi de
Pruffe.
L'Impératrice Reine , a nommé le Baron de
Laudon Général Commandant de fes troupes en
Bohême & en Moravie . Sa nouvelle Armée eft
déjà de vingt mille hommes ; & on a pris des
mefures pour qu'avant le milieu du mois , elle
foit forte de trente . Il a tranſporté fon quartier
général de Brillin où il étoit , à Brixen , afin d'être
plus à portée d'obferver les mouvemens du Prince
de Brunswick.
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Résumé : DE PRAGUE, le 31 Décembre.
Le 31 décembre 1759, à Prague, une garnison de vingt mille hommes protège Dresde. Le maréchal de Daun assure la sécurité à Pirna. L'Impératrice Reine nomme le baron de Laudon général en Bohême et Moravie. Son armée doit passer de vingt à trente mille hommes d'ici mi-janvier. Laudon déplace son quartier général de Brillin à Brixen pour surveiller le prince de Brunswick.
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41
p. 211-212
De l'Armée, à Giessen, le 8 Janvier.
Début :
L'Armée aux ordres du Maréchal de Broglie, décampa d'ici le 5 du mois dernier. [...]
Mots clefs :
Armée, Duc de Broglie, Baron, Prince Ferdinand , Camp, Reddition, Attaque, Défense, Ennemis, Postes militaires, Troupes, Alliés, Prisonniers de guerre, Retraite, Garnison, Marquis, Quartier d'hiver
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée, à Giessen, le 8 Janvier.
De l'Armée , à Gieffen , le 8 Janvier.
L'Armée aux ordres du Maréchal de Broglie ,
décampa d'ici les du mois dernier . Ce même
jour , le Baron du Blaifel fut fommé de fe rendre
par un Aide-de- Camp du Prince Ferdinand . Sur
fon refus , le Prince prit fes mefures pour l'invef
tiffement de Gieffen . Le 7 , à trois heures après
midi , un ſecond Aide-de- Camp du Prince demanda
à parler au Baron du Blaifel . Il lui propofa
de te rendre , & lui offrit les conditions les
plus honorables. Mais le Baron répondit , qu'il
étoit dans la Place pour la défendre. Ily a trenta
ans , ajouta - t- il que je fers le Roi , & quelque
temps que je fuis guéri de la peur. Quand le Prince .
voudra , nous commencerons.
Le 21 , le Baron du Blaifel reçut ordre du Maréchal
de Broglie de faire attaquer , le lendemain
avant le jour, le poſte de Klein Linnes , pour que
cette diverfion favorifât l'attaque que l'armée , de- .
voit faire à Langgon . Le 22 , à deux heures du
matin , Klein-Linnes fut attaqué très-vivement
& avec avantage. Pendant ce temps- là le Maréchal
de Broglie fit attaquer , avec fuccès , par fes
troupes légères les portes de Langgon & de Sich
Le 25 , le Baron de Blaifel , ayant eu avis que
les ennemis repaffoient la Lohn , envoya un détachement
à Wifek. Les troupes qui gardoient ce
pofte,s'enfuirent avec précipitation ,à fon approche..
On trouva dans le village une grande quantité
d'échelles , de crochets de fer & de cordes , que
le détachement enleva . Pendant la nuit du 27 au
212 MERCURE DE FRANCE.
28 , le Maréchal de Broglie , qui étoit arrivé ici ,
fit donner différentes alertes à l'ennemi ; ce qui
obligea le Prince Ferdinand , de faire fortir toutes
Les troupes de leurs cantonnemens , & de les
ranger en bataille fur les hauteurs de Kleyberg &
de Hezchelheim . Après s'étre ainfi affuré que toutes
les troupes desAlliés étoient dans leur ancienne
pofition , le Maréchal reprit la route de Friedberg.
Les fages difpofitions qu'il a faites , ont rétabli
notre communication avec fon Armée .
On a appris du 10 , que les troupes qui avoient
été placées dans la Ville de Dillenbourg , depuis
que nous nous en étions rendus maîtres , y ont été
attaquées par un corps des Ennemis , de huit à
neuf mille hommes , aux ordres du Baron Vengenheim
; & qu'après une défenſe opiniâtre de
notre part, la garnifon a été obligée de ſe rendre
prifonnière de guerre On a perdu , dans cette
occafion , le fieur Paravicini , Brigadier , Officier
d'un mérite diftingué & généralement regretté .
Suite du Journal de l'Armée .
La retraite du Prince Ferdinand , de l'autre côté
de Marburge , au- delà de la rivière d'Ohin , à
déterminé le Maréchal de Broglie à prendre fes
quartiers d'hyver. Il a établi fon quartier général, à
Francfort. On a laiffé dans Gieffen une garnifon
confidérable : le Baron du Blaifel , Maréchal de
Camp , eft refté dans cette place pour y commander.
Les troupes aux ordres du Marquis de Muy
& du Marquis de Voyer , ont repris la route de
Cologne , pour aller occuper les quartiers d'hyver
qui leur font deſtinés fur le Rhin & la Meuſe ,
où elles feront aux ordres du chevalier de Muy.
Le corps des Saxons & les troupes de Wirtemberg
hyverneront fur le haut Mein.Le Comte de Luface,
prendra fon quartier dans Wurtzbourg.
Depuis que ces quartiers d'hyver ont été pris ,
il ne s'eft rien paffé de remarquable.
L'Armée aux ordres du Maréchal de Broglie ,
décampa d'ici les du mois dernier . Ce même
jour , le Baron du Blaifel fut fommé de fe rendre
par un Aide-de- Camp du Prince Ferdinand . Sur
fon refus , le Prince prit fes mefures pour l'invef
tiffement de Gieffen . Le 7 , à trois heures après
midi , un ſecond Aide-de- Camp du Prince demanda
à parler au Baron du Blaifel . Il lui propofa
de te rendre , & lui offrit les conditions les
plus honorables. Mais le Baron répondit , qu'il
étoit dans la Place pour la défendre. Ily a trenta
ans , ajouta - t- il que je fers le Roi , & quelque
temps que je fuis guéri de la peur. Quand le Prince .
voudra , nous commencerons.
Le 21 , le Baron du Blaifel reçut ordre du Maréchal
de Broglie de faire attaquer , le lendemain
avant le jour, le poſte de Klein Linnes , pour que
cette diverfion favorifât l'attaque que l'armée , de- .
voit faire à Langgon . Le 22 , à deux heures du
matin , Klein-Linnes fut attaqué très-vivement
& avec avantage. Pendant ce temps- là le Maréchal
de Broglie fit attaquer , avec fuccès , par fes
troupes légères les portes de Langgon & de Sich
Le 25 , le Baron de Blaifel , ayant eu avis que
les ennemis repaffoient la Lohn , envoya un détachement
à Wifek. Les troupes qui gardoient ce
pofte,s'enfuirent avec précipitation ,à fon approche..
On trouva dans le village une grande quantité
d'échelles , de crochets de fer & de cordes , que
le détachement enleva . Pendant la nuit du 27 au
212 MERCURE DE FRANCE.
28 , le Maréchal de Broglie , qui étoit arrivé ici ,
fit donner différentes alertes à l'ennemi ; ce qui
obligea le Prince Ferdinand , de faire fortir toutes
Les troupes de leurs cantonnemens , & de les
ranger en bataille fur les hauteurs de Kleyberg &
de Hezchelheim . Après s'étre ainfi affuré que toutes
les troupes desAlliés étoient dans leur ancienne
pofition , le Maréchal reprit la route de Friedberg.
Les fages difpofitions qu'il a faites , ont rétabli
notre communication avec fon Armée .
On a appris du 10 , que les troupes qui avoient
été placées dans la Ville de Dillenbourg , depuis
que nous nous en étions rendus maîtres , y ont été
attaquées par un corps des Ennemis , de huit à
neuf mille hommes , aux ordres du Baron Vengenheim
; & qu'après une défenſe opiniâtre de
notre part, la garnifon a été obligée de ſe rendre
prifonnière de guerre On a perdu , dans cette
occafion , le fieur Paravicini , Brigadier , Officier
d'un mérite diftingué & généralement regretté .
Suite du Journal de l'Armée .
La retraite du Prince Ferdinand , de l'autre côté
de Marburge , au- delà de la rivière d'Ohin , à
déterminé le Maréchal de Broglie à prendre fes
quartiers d'hyver. Il a établi fon quartier général, à
Francfort. On a laiffé dans Gieffen une garnifon
confidérable : le Baron du Blaifel , Maréchal de
Camp , eft refté dans cette place pour y commander.
Les troupes aux ordres du Marquis de Muy
& du Marquis de Voyer , ont repris la route de
Cologne , pour aller occuper les quartiers d'hyver
qui leur font deſtinés fur le Rhin & la Meuſe ,
où elles feront aux ordres du chevalier de Muy.
Le corps des Saxons & les troupes de Wirtemberg
hyverneront fur le haut Mein.Le Comte de Luface,
prendra fon quartier dans Wurtzbourg.
Depuis que ces quartiers d'hyver ont été pris ,
il ne s'eft rien paffé de remarquable.
Fermer
Résumé : De l'Armée, à Giessen, le 8 Janvier.
Du 7 au 28 janvier, plusieurs actions militaires furent menées par les forces du Maréchal de Broglie et du Baron du Blaifel. Le 8 janvier, l'armée du Maréchal de Broglie quitta Gieffen, tandis que le Baron du Blaifel refusa deux sommations de se rendre. Le 22 janvier, le Baron attaqua et prit le poste de Klein Linnes, soutenant ainsi l'assaut sur Langgon, où le Maréchal de Broglie réussit également à prendre les portes de Langgon et de Sich. Le 25 janvier, un détachement du Baron du Blaifel repoussa des troupes ennemies à Wifek. La nuit du 27 au 28 janvier, le Maréchal de Broglie alerta l'ennemi, forçant le Prince Ferdinand à ranger ses troupes en bataille, avant de reprendre la route de Friedberg. Parallèlement, le 10 janvier, les troupes à Dillenbourg furent attaquées par le Baron Vengenheim et se rendirent prisonnières de guerre. La retraite du Prince Ferdinand au-delà de la rivière d'Ohin amena le Maréchal de Broglie à établir ses quartiers d'hiver à Francfort. Des garnisons furent laissées à Gieffen, sur le Rhin et la Meuse, et sur le haut Mein, sans événements remarquables par la suite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 207-213
DE PARIS, le 8 Mars.
Début :
Charlotte-Godefride-Elisbeth de Rohan-Soubise, Princesse de Condé, mourut, [...]
Mots clefs :
Princesse de Condé, Décès, Prince de Soubise, Vertus, Corps embaumé, Cortège funéraire, Carosses, Couvent, Religieux, Prières, Deuil, Assemblée générale du Clergé de France, Archevêque, Audience du roi, Conseiller d'État, Ministre, Cérémonies, Assemblée du Clergé, Don, Société royale de Londres, Élection, Tremblements de terre, Ouragan, Capitaine, Irlande, Garnison, Officiers, Chevaliers, Gardes suisses, Ile de Mann, Combat, Anglais, Pondichéry, Blessés et morts, Compagnie
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texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 8 Mars.
DE PARIS , le 8 Mars.
Charlotte - Godefride - Elifabeth de Rohan - Soubife,
Princeffe de Condé , mourut, a l'Hôtel de
Condé , la nuit du Mardi au Mercredi
dernier ,
dans le vingt- uniéme jour de fa maladie , &
la vingt
- troiliéme année de fon âge. Cette Princeffe
étoit fille de Charles de Rohan , Prince de
Soubife
,
Maréchal deFrance, Pair du Royaume,
Capitaine-
Lieutenant
des Gendarmes de la garde
duRoi ,
Gouverneur
de Flandre & du Hainault;
& d'Anne-Marie Louife de la Tour d'Auvergne,
Princellede Bouillon. Elle avoit été mariée le
Mai
137532
à Louis -Jofeph de Bourbon-Condé
3
208 MERCURE DE FRANCE.
Prince du Sang , Grand- Maître de la Maiſon
du Roi , & Gouverneur de la Proviuce de Bourgogne,
Elle a eu de ce mariage , N. de Bourbon-
Condé , Duc de Bourbon , né le 13 Avril 1756 ;
Marie de Bourbon- Condé, née le 16 Février 1755,
morte le 22 Juin 1759 ; & Mademoiſelle de
Bourbon- Condé , née le ƒ Octobre 1757.
Cette Princeffe réunifloit toutes les vertus Chrétiennes
& Morales : fon caractère doux & affable ,
lui avoient gagné l'affection de toutes les perfonnes
qui avoient l'honneur de l'approcher :
elle eſt univerſellement regrettée . Les pauvres
pleurent amérement , en elle , une mere & une
amie , que leurs voeux n'ont pu leur conferver.
Le corps de cette Princefle , après avoir été
embaumé , a été expofé pendant un jour furune
eſtrade , éclairée par un grand nombre de lumieres
, & tendue de noir. Il fut porté , le
8 de ce mois , au Couvent des Carmelites du
Fauxbourg Saint Jacques , pour y être inhumé. Le
cortége du Convoi étoit compofé de cent pauvres,
couverts de drap blanc , & tenant chacun un
flambeau ; des Officiers , des Suiffes , & des Valets
de chambre de la Princeffe , à cheval ; de cent
cinquante Valets de pied ; de trois caroffes drapés
, à fix chevaux , harnachés & caparallonnés
de noir , qui étoient remplis par les Ecuyers , les
Gentilshommes , & les Femmes de chambre ; &
de trois caroffes à huit chevaux . Dans le premier,
étoit l'Archevêque de Bordeaux , portant le coeur,
le Curé de Saint-Sulpice , le Confeffeur , & les
Aumôniers de la Prince ffe. Dans le fecond , étoit
le
corps de la Princelle . Dans le troifiéme , étoit
Mademoiſelle de Sens , avec la Princeffe de Marfan,
Chanoineffe de Rémiremont ; la Dame d'honneur
de Ma lemoiſelle de Sens , & les Dam's attachées
à la Princeffe défunte. Lorsqu'on fut aur
AVRIL. 1760. 209
Carmelites , le corps fut defcendu du caroffe par
huit Valets de Chambre , & porté fous le portique
intérieur de l'Eglife , où les Religieufes , tenant
chacune un cierge à la main , étoient rangées
à droite & à gauche , avec trente Eccléfiaftiques
, le Supérieur de la Maiſon à leur tête.
L'Archevêque de Bordeaux , en camail & en
rochet , accompagné du Curé de S. Sulpice , en
étole , en préfentant le corps & le coeur de la
Princeffe aux Carmelites , leur fit un Difcours ,
auquel le Supérieur répondit : enfuite les Religieufes
commencèrent l'Office des Morts. Les
Prières finies , les huit Valets de Chambre portèrent
le corps près de la foife ; & l'y ayant
defcendu , le coeur fut pofé fur la croix du cercueil.
Mademoiſelle de Sens , qui menoit le deuil,
étoit en longue mante , dont la queue étoit portée
par fon Ecuyer. La Princeffe de Marfan ; la
Dame d'honneur de Mademoiſelle de Sens , &
les Dames de la Princefle défunte , étoient auffi
en mante.
Le 6 de ce mois , l'ouverture folemnelle de
l'Affemblée générale du Clergé de France , fe fit
dans l'Eglife des Grands-Auguftins , par la Mefle
du Saint- Elprit. L'Archevêque de Narbonne y
officia pontificalement . Le 9 , les Archevêques
de Narbonne , d'Auch & de Bordeaux , & les .
Evêques de Grenoble , d'Auxerre & du Puy , Préfidens
de l'Affemblée , avec les autres Prélats &
les Députés du fecond ordre , qui compofent cette
Affemblée allerent à Verfailles rendre leurs
respects au Roi. Ils s'affemblerent dans l'appartement
qui leur avoit été deſtiné ; & le Comte de
S. Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat , étant
venu les prendre pour les préfenter à Sa Majefté
, ils furent conduits à l'Audience du Roi
avec les honneurs que reçoit le Clergé lorsqu'il
>
115 MERCURE DE FRANCE.
eft en Corps. Les Gardes du Corps étoient en
haye dans leur falle , & les deux battans des
portes étoient ouverts. L'Archevêque de Narbonne
harangua le Roi , après quoi il préfenta
les Députés à Sa Majefté. Ils eurent le même
jour audience de la Reine , de Monfeigneur le
Dauphin, & de Madame la Dauphine , étant préfentés
& conduits avec les mêmes honneurs .
Le 11 , le fieur Feydeau de Brou , Confeiller
d'Etat ordinaire , & au Confeil royal ; le Comte
de Saint Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat s
le fieur Trudaine , Confeiller d'Etat ordinaire , &
au Confeil royal , & Intendant des Finances ; le
fieur d'Ormeffon d'Amboile , Confeiller d'Etat &
Intendant des Finances ; & le fieur Bertin , Confeiller
ordinaire au Confeil royal , & Contrôleur
général des Finances , vinrent , en qualité de
Commiffaires du Roi , à l'Affemblée du Clergé ,
où ils furent reçus avec les cérémonies ufitées en
pareille occafion . Le fieur Feydeau de Brou, porta
la parole.
L'Alfemblée du Clergé ayant accordé unanimement
le don gratuit de feize millions , qui lui
avoit été demandé de la part du Roi ; fur le
compte que l'Archevêque de Narbonne en a rendu
à Sa Majefté , le Roi lui en a témoigné fa fatisfaction
par une Lettre remplie de marques de
bonté & d'affection pour le Clergé.
Le 24 du mois de Janvier , la Société royale
de Londres , élut , d'une commune voix , pour
Aflociés , le fieur de la Caille , de l'Académie des
Sciences , & Profefleur de Mathématiques au
Collège Mazarin ; & le fieur Pereire , Penfionnaire
du Roi , célèbre par fon art d'enfeigner à parler
aux muets de naiffance.
Les Lettres arrivées depuis peu de divers lieux
de la Syrie , confirment la nouvelle des trem
AVRIL. 1760. 211
blemens de terre réitérés qui ont détruit la plûpart
des Villes de cette contrée. Les deux principales
fecouffes fe font fait fentir le 30 Octobre
dernier , à trois heures trois quarts du matin ,
& le 25 Novembre , à fept heures & un quart du
foir. Les autres ont été en fi grand nombre, qu'on
ne put les compter. Tripoli de Syrie , n'eft plus
qu'un monceau de ruines , de même que Saphet ,
Napoulouſe , Damas , plufieurs autres Villes , &
ane multitude de bourgs & de villages.Il s'est fait,
à ce qu'on ajoute , près de Bulbec , dans la terre ,
une fente de plufieurs toifes de largeur , & de
vingt lieues de longueur.
On apprend d'Alquin , fous Vezelay, en Bourgogne
, qu'on y a effuyé , vers le milieu du mois
dernier , un furieux ouragan. Il a déraciné ou
brifé prèfque tous les arbres d'un bois de trentefix
arpens , auffi bien que ceux des campagnes
voifines. Le tremblement de terre du 20 Janvier,
s'y eft auffi fait fentir avec une violence particu
lière ; & il y caufa une très- grande frayeur.
Les nouvelles que l'on a reçues d'Angleterre
& d'Irlande , nous apprennent que le Capitaine
Thurot débarqua le 18 du mois dernier à Karickfergus
en Irlande. Le 21 , on attaqua Karickfergus
, qui fe défendit quelque temps ; mais le
Lieutenant- Colonel Jennings , le voyant prêt à
être forcé , rendit le Château ; & la garnifon fut
prifonnière de guerre. On a eu , à cette attaque ,
17 hommes tues , dont trois Officiers du Régiment
des Gardes Françoifes , les fieurs de l'Epinay
, de Novillard , & le Chevalier de Boillac ;
& environ trente hommes bleffés , du nombre
defquels font , le fieur Villepreaux , Capitaine
des Grenadiers au Régiment de Cambis , qui a
reçu un coup de fufil dans le bras , & le fieur
Flobert , Brigadier , commandant les troupes da
212 MERCURE DE FRANCE.
débarquement , qui a auffi été bleffé d'un coup
de feu à la jambe.
On a été retenu à Karickfergus jufqu'au 27 ,
par les vents contraires ; & la nuit du 27 au 28 ,
on a remis à la voile , avec des ôtages , pour 100
mille livres fterlin de contribution . Le 28 au matin
, on a été rencontré près de l'Ifle de Mann ,
par trois frégates Angloifes , de 36 canons chacune.
Le combat a été très-vif pendant plus d'une
heure ; mais les frégates , délemparées & percées
de coups de canon , fous l'eau , ont été obli
gées d'amener. Le fieur Thurot a été tué , dans le
combat . Les talens peu communs , l'expérience ,
& le courage de cet Officier , méritent les plus
grands regrets de notre part , & lui avoient acquis
l'eftime de nos ennemis même . Le fieur
Dars , Officier au Régiment des Gardes Françoi
fes , a aufli été tué. Le fieur Cavenac , Aidemajor
du même Régiment , a été bleflé à la
rête d'un coup de feu , que l'on croit n'être pas
dangereux. Le fieur Joft , Officier au Régiment
des Gardes Suiffes , a eu un bras emporté. Les
autres Officiers bleſſés font , le fieur de Brie , Capitaine
, le fieur Mafcle , Aide -major , & le fieur
Callale , Lieutenant au Régiment d'Artois. Les
fieurs de Garcin & de Brazide , Capitaines au Régiment
de Bourgogne , & le fieur Ollery , Lieutenant
dans les Volontaires étrangers.
On a appris depuis , par une Lettre , venant de
Ife de Mann , en datte du 2 Mars , que le
combat a commencé à fept heures du matin , &
n'a fini qu'à 9 heures & demie ; que M. Thurot ,
après avoir eu affaire à la premiere frégate Angloife
l'avoit forcée de fe retirer pour fe réparer ;
les deux autres font venues la remplacer , &
l'ont mis entre deux feux ; & que M. Thurot n'a
été tué , qu'après avoir tenté un nouvel abordage
que
AVRIL. 1760. 213
contre la premiere frégate , qui revenoit à lui,
après s'être réparée . On ajoute , que M. Thurot a
été enterré dans l'Iſle de Mann , par les Anglois ,
avec tous les honneurs militaires qu'ils ont cru
devoir à un homme dont la valeur , l'expérience ,
& l'humanité , n'ont point connu de bornes.
Suivant les nouvelles apportées à l'Orient , de la
côte de Coromandel , il s'eft engagé le 10 Septembre
de l'année derniere , un combat très - vif
entre l'efcadre Françoife commandée par le fieur
Daché , & l'efcadre Angloife commandée par l'Amiral
Pocock. On n'a point encore de détail circonftancié
de cette action .
Les mêmes lettres ajoutent , qu'il y a eu le 30
Septembre , un combat entre les troupes Françoiles
& Angloifes , à Vandavachi , près d'Afcate ,
arente lieues de Pondichéri. Les Anglois étoient
20 nombre de dix - fept cens blancs , & de quatre
mille noirs . l'armée Françoiſe étoit de onze cens
blancs , commandée en l'abſence du fieur de Lalli
qui étoit à Pondichéri , par le fieur de Géoghégan
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Lalli.
L'affaire fur très-vive , & dura cinq heures . Les
François refterent enfin maîtres du champ de ba
taille.
Les Anglois ont eu 350 hommes de tués , & un
grand nombre de bleffés. On leur a fait cinq Officiers&
56 foldats prifonniers. On leur a pris quatre
piéces de canon , & deux chariots d'artillerie.
Notre perte n'a été que de 36 hommes tués , & de78 bleffés. Du nombre des premiers
, font , les fieurs Gineftoux
& de Gouyon
, Capitaines
dans le Régiment
de Lorraine
; & les Geurs de Main- ville & Papillaut
, le premier , Commandant
du
Bataillon de l'Inde , & le fecond
, Lieutenant
dans les troupes au fervice de la Compagnie
des
Indes.
Charlotte - Godefride - Elifabeth de Rohan - Soubife,
Princeffe de Condé , mourut, a l'Hôtel de
Condé , la nuit du Mardi au Mercredi
dernier ,
dans le vingt- uniéme jour de fa maladie , &
la vingt
- troiliéme année de fon âge. Cette Princeffe
étoit fille de Charles de Rohan , Prince de
Soubife
,
Maréchal deFrance, Pair du Royaume,
Capitaine-
Lieutenant
des Gendarmes de la garde
duRoi ,
Gouverneur
de Flandre & du Hainault;
& d'Anne-Marie Louife de la Tour d'Auvergne,
Princellede Bouillon. Elle avoit été mariée le
Mai
137532
à Louis -Jofeph de Bourbon-Condé
3
208 MERCURE DE FRANCE.
Prince du Sang , Grand- Maître de la Maiſon
du Roi , & Gouverneur de la Proviuce de Bourgogne,
Elle a eu de ce mariage , N. de Bourbon-
Condé , Duc de Bourbon , né le 13 Avril 1756 ;
Marie de Bourbon- Condé, née le 16 Février 1755,
morte le 22 Juin 1759 ; & Mademoiſelle de
Bourbon- Condé , née le ƒ Octobre 1757.
Cette Princeffe réunifloit toutes les vertus Chrétiennes
& Morales : fon caractère doux & affable ,
lui avoient gagné l'affection de toutes les perfonnes
qui avoient l'honneur de l'approcher :
elle eſt univerſellement regrettée . Les pauvres
pleurent amérement , en elle , une mere & une
amie , que leurs voeux n'ont pu leur conferver.
Le corps de cette Princefle , après avoir été
embaumé , a été expofé pendant un jour furune
eſtrade , éclairée par un grand nombre de lumieres
, & tendue de noir. Il fut porté , le
8 de ce mois , au Couvent des Carmelites du
Fauxbourg Saint Jacques , pour y être inhumé. Le
cortége du Convoi étoit compofé de cent pauvres,
couverts de drap blanc , & tenant chacun un
flambeau ; des Officiers , des Suiffes , & des Valets
de chambre de la Princeffe , à cheval ; de cent
cinquante Valets de pied ; de trois caroffes drapés
, à fix chevaux , harnachés & caparallonnés
de noir , qui étoient remplis par les Ecuyers , les
Gentilshommes , & les Femmes de chambre ; &
de trois caroffes à huit chevaux . Dans le premier,
étoit l'Archevêque de Bordeaux , portant le coeur,
le Curé de Saint-Sulpice , le Confeffeur , & les
Aumôniers de la Prince ffe. Dans le fecond , étoit
le
corps de la Princelle . Dans le troifiéme , étoit
Mademoiſelle de Sens , avec la Princeffe de Marfan,
Chanoineffe de Rémiremont ; la Dame d'honneur
de Ma lemoiſelle de Sens , & les Dam's attachées
à la Princeffe défunte. Lorsqu'on fut aur
AVRIL. 1760. 209
Carmelites , le corps fut defcendu du caroffe par
huit Valets de Chambre , & porté fous le portique
intérieur de l'Eglife , où les Religieufes , tenant
chacune un cierge à la main , étoient rangées
à droite & à gauche , avec trente Eccléfiaftiques
, le Supérieur de la Maiſon à leur tête.
L'Archevêque de Bordeaux , en camail & en
rochet , accompagné du Curé de S. Sulpice , en
étole , en préfentant le corps & le coeur de la
Princeffe aux Carmelites , leur fit un Difcours ,
auquel le Supérieur répondit : enfuite les Religieufes
commencèrent l'Office des Morts. Les
Prières finies , les huit Valets de Chambre portèrent
le corps près de la foife ; & l'y ayant
defcendu , le coeur fut pofé fur la croix du cercueil.
Mademoiſelle de Sens , qui menoit le deuil,
étoit en longue mante , dont la queue étoit portée
par fon Ecuyer. La Princeffe de Marfan ; la
Dame d'honneur de Mademoiſelle de Sens , &
les Dames de la Princefle défunte , étoient auffi
en mante.
Le 6 de ce mois , l'ouverture folemnelle de
l'Affemblée générale du Clergé de France , fe fit
dans l'Eglife des Grands-Auguftins , par la Mefle
du Saint- Elprit. L'Archevêque de Narbonne y
officia pontificalement . Le 9 , les Archevêques
de Narbonne , d'Auch & de Bordeaux , & les .
Evêques de Grenoble , d'Auxerre & du Puy , Préfidens
de l'Affemblée , avec les autres Prélats &
les Députés du fecond ordre , qui compofent cette
Affemblée allerent à Verfailles rendre leurs
respects au Roi. Ils s'affemblerent dans l'appartement
qui leur avoit été deſtiné ; & le Comte de
S. Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat , étant
venu les prendre pour les préfenter à Sa Majefté
, ils furent conduits à l'Audience du Roi
avec les honneurs que reçoit le Clergé lorsqu'il
>
115 MERCURE DE FRANCE.
eft en Corps. Les Gardes du Corps étoient en
haye dans leur falle , & les deux battans des
portes étoient ouverts. L'Archevêque de Narbonne
harangua le Roi , après quoi il préfenta
les Députés à Sa Majefté. Ils eurent le même
jour audience de la Reine , de Monfeigneur le
Dauphin, & de Madame la Dauphine , étant préfentés
& conduits avec les mêmes honneurs .
Le 11 , le fieur Feydeau de Brou , Confeiller
d'Etat ordinaire , & au Confeil royal ; le Comte
de Saint Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat s
le fieur Trudaine , Confeiller d'Etat ordinaire , &
au Confeil royal , & Intendant des Finances ; le
fieur d'Ormeffon d'Amboile , Confeiller d'Etat &
Intendant des Finances ; & le fieur Bertin , Confeiller
ordinaire au Confeil royal , & Contrôleur
général des Finances , vinrent , en qualité de
Commiffaires du Roi , à l'Affemblée du Clergé ,
où ils furent reçus avec les cérémonies ufitées en
pareille occafion . Le fieur Feydeau de Brou, porta
la parole.
L'Alfemblée du Clergé ayant accordé unanimement
le don gratuit de feize millions , qui lui
avoit été demandé de la part du Roi ; fur le
compte que l'Archevêque de Narbonne en a rendu
à Sa Majefté , le Roi lui en a témoigné fa fatisfaction
par une Lettre remplie de marques de
bonté & d'affection pour le Clergé.
Le 24 du mois de Janvier , la Société royale
de Londres , élut , d'une commune voix , pour
Aflociés , le fieur de la Caille , de l'Académie des
Sciences , & Profefleur de Mathématiques au
Collège Mazarin ; & le fieur Pereire , Penfionnaire
du Roi , célèbre par fon art d'enfeigner à parler
aux muets de naiffance.
Les Lettres arrivées depuis peu de divers lieux
de la Syrie , confirment la nouvelle des trem
AVRIL. 1760. 211
blemens de terre réitérés qui ont détruit la plûpart
des Villes de cette contrée. Les deux principales
fecouffes fe font fait fentir le 30 Octobre
dernier , à trois heures trois quarts du matin ,
& le 25 Novembre , à fept heures & un quart du
foir. Les autres ont été en fi grand nombre, qu'on
ne put les compter. Tripoli de Syrie , n'eft plus
qu'un monceau de ruines , de même que Saphet ,
Napoulouſe , Damas , plufieurs autres Villes , &
ane multitude de bourgs & de villages.Il s'est fait,
à ce qu'on ajoute , près de Bulbec , dans la terre ,
une fente de plufieurs toifes de largeur , & de
vingt lieues de longueur.
On apprend d'Alquin , fous Vezelay, en Bourgogne
, qu'on y a effuyé , vers le milieu du mois
dernier , un furieux ouragan. Il a déraciné ou
brifé prèfque tous les arbres d'un bois de trentefix
arpens , auffi bien que ceux des campagnes
voifines. Le tremblement de terre du 20 Janvier,
s'y eft auffi fait fentir avec une violence particu
lière ; & il y caufa une très- grande frayeur.
Les nouvelles que l'on a reçues d'Angleterre
& d'Irlande , nous apprennent que le Capitaine
Thurot débarqua le 18 du mois dernier à Karickfergus
en Irlande. Le 21 , on attaqua Karickfergus
, qui fe défendit quelque temps ; mais le
Lieutenant- Colonel Jennings , le voyant prêt à
être forcé , rendit le Château ; & la garnifon fut
prifonnière de guerre. On a eu , à cette attaque ,
17 hommes tues , dont trois Officiers du Régiment
des Gardes Françoifes , les fieurs de l'Epinay
, de Novillard , & le Chevalier de Boillac ;
& environ trente hommes bleffés , du nombre
defquels font , le fieur Villepreaux , Capitaine
des Grenadiers au Régiment de Cambis , qui a
reçu un coup de fufil dans le bras , & le fieur
Flobert , Brigadier , commandant les troupes da
212 MERCURE DE FRANCE.
débarquement , qui a auffi été bleffé d'un coup
de feu à la jambe.
On a été retenu à Karickfergus jufqu'au 27 ,
par les vents contraires ; & la nuit du 27 au 28 ,
on a remis à la voile , avec des ôtages , pour 100
mille livres fterlin de contribution . Le 28 au matin
, on a été rencontré près de l'Ifle de Mann ,
par trois frégates Angloifes , de 36 canons chacune.
Le combat a été très-vif pendant plus d'une
heure ; mais les frégates , délemparées & percées
de coups de canon , fous l'eau , ont été obli
gées d'amener. Le fieur Thurot a été tué , dans le
combat . Les talens peu communs , l'expérience ,
& le courage de cet Officier , méritent les plus
grands regrets de notre part , & lui avoient acquis
l'eftime de nos ennemis même . Le fieur
Dars , Officier au Régiment des Gardes Françoi
fes , a aufli été tué. Le fieur Cavenac , Aidemajor
du même Régiment , a été bleflé à la
rête d'un coup de feu , que l'on croit n'être pas
dangereux. Le fieur Joft , Officier au Régiment
des Gardes Suiffes , a eu un bras emporté. Les
autres Officiers bleſſés font , le fieur de Brie , Capitaine
, le fieur Mafcle , Aide -major , & le fieur
Callale , Lieutenant au Régiment d'Artois. Les
fieurs de Garcin & de Brazide , Capitaines au Régiment
de Bourgogne , & le fieur Ollery , Lieutenant
dans les Volontaires étrangers.
On a appris depuis , par une Lettre , venant de
Ife de Mann , en datte du 2 Mars , que le
combat a commencé à fept heures du matin , &
n'a fini qu'à 9 heures & demie ; que M. Thurot ,
après avoir eu affaire à la premiere frégate Angloife
l'avoit forcée de fe retirer pour fe réparer ;
les deux autres font venues la remplacer , &
l'ont mis entre deux feux ; & que M. Thurot n'a
été tué , qu'après avoir tenté un nouvel abordage
que
AVRIL. 1760. 213
contre la premiere frégate , qui revenoit à lui,
après s'être réparée . On ajoute , que M. Thurot a
été enterré dans l'Iſle de Mann , par les Anglois ,
avec tous les honneurs militaires qu'ils ont cru
devoir à un homme dont la valeur , l'expérience ,
& l'humanité , n'ont point connu de bornes.
Suivant les nouvelles apportées à l'Orient , de la
côte de Coromandel , il s'eft engagé le 10 Septembre
de l'année derniere , un combat très - vif
entre l'efcadre Françoife commandée par le fieur
Daché , & l'efcadre Angloife commandée par l'Amiral
Pocock. On n'a point encore de détail circonftancié
de cette action .
Les mêmes lettres ajoutent , qu'il y a eu le 30
Septembre , un combat entre les troupes Françoiles
& Angloifes , à Vandavachi , près d'Afcate ,
arente lieues de Pondichéri. Les Anglois étoient
20 nombre de dix - fept cens blancs , & de quatre
mille noirs . l'armée Françoiſe étoit de onze cens
blancs , commandée en l'abſence du fieur de Lalli
qui étoit à Pondichéri , par le fieur de Géoghégan
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Lalli.
L'affaire fur très-vive , & dura cinq heures . Les
François refterent enfin maîtres du champ de ba
taille.
Les Anglois ont eu 350 hommes de tués , & un
grand nombre de bleffés. On leur a fait cinq Officiers&
56 foldats prifonniers. On leur a pris quatre
piéces de canon , & deux chariots d'artillerie.
Notre perte n'a été que de 36 hommes tués , & de78 bleffés. Du nombre des premiers
, font , les fieurs Gineftoux
& de Gouyon
, Capitaines
dans le Régiment
de Lorraine
; & les Geurs de Main- ville & Papillaut
, le premier , Commandant
du
Bataillon de l'Inde , & le fecond
, Lieutenant
dans les troupes au fervice de la Compagnie
des
Indes.
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Résumé : DE PARIS, le 8 Mars.
Le 8 mars, Charlotte-Godefride-Élisabeth de Rohan-Soubise, princesse de Condé, est décédée à l'Hôtel de Condé à Paris à l'âge de vingt-trois ans après vingt-et-un jours de maladie. Elle était la fille de Charles de Rohan, prince de Soubise et maréchal de France, et d'Anne-Marie Louise de la Tour d'Auvergne, princesse de Bouillon. Mariée en mai 1753 à Louis-Joseph de Bourbon-Condé, prince du sang et gouverneur de Bourgogne, elle a eu trois enfants : Louis de Bourbon-Condé, duc de Bourbon, né en 1756 ; Marie de Bourbon-Condé, née en 1755 et décédée en 1759 ; et Mademoiselle de Bourbon-Condé, née en 1757. La princesse était reconnue pour ses vertus chrétiennes et morales, ainsi que pour sa douceur et son affabilité, ce qui lui avait valu l'affection de tous. Les pauvres la pleuraient comme une mère et une amie. Son corps, après avoir été embaumé, a été exposé sur une estrade éclairée et tendue de noir avant d'être inhumé au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques. Le cortège funéraire comprenait cent pauvres, des officiers, des valets de chambre, et trois carrosses drapés de noir. L'archevêque de Bordeaux a prononcé un discours lors de la cérémonie, après quoi les religieuses ont commencé l'office des morts. La princesse de Marfan, Mademoiselle de Sens, et d'autres dames en deuil étaient présentes. Le 6 avril, l'assemblée générale du clergé de France s'est ouverte à l'église des Grands-Augustins. Le 9 avril, les prélats ont rendu visite au roi à Versailles. Le 11 avril, des commissaires du roi ont été reçus à l'assemblée du clergé, qui a accordé un don gratuit de seize millions au roi.
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43
p. 199
DE DRESDE, le 31 Mars.
Début :
Tout annonce ici l'ouverture de la Campagne. Le 20 de ce mois, l'armée Prussienne [...]
Mots clefs :
Campagne militaire, Armée prussienne, Garnison, Roi de Prusse, Maréchal Daun, Offensive, Comte, Magasins, Espions
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texteReconnaissance textuelle : DE DRESDE, le 31 Mars.
De DRESDE , le 31 Mars,
Tout annonce ici l'ouverture de la Campagne.
Le 20 de ce mois , l'armée Pruffienne fortit de fes
cantonnemens , & s'approcha de Friderichstadt .
La garnifon Autrichienne fortit aufſitôt de cette
Ville. Ce mouvement n'a cependant rien produit
d'important. Le Roi de Prulle a établi fon quartier
général à Cloffer- zell , à deux milles de Drefde .
Le Maréchal de Daun n'a point encore fait de
difpofitions offenfives. dl a fon quartier alternativement
à Pyrna & à Sonneftein . Le Comte de
Lafcy lui a remis le plan d'opérations arrêté
par la Cour de Vienne. On a pris un Eſpion
qui avoit deffein de brûler nos magazins.
Tout annonce ici l'ouverture de la Campagne.
Le 20 de ce mois , l'armée Pruffienne fortit de fes
cantonnemens , & s'approcha de Friderichstadt .
La garnifon Autrichienne fortit aufſitôt de cette
Ville. Ce mouvement n'a cependant rien produit
d'important. Le Roi de Prulle a établi fon quartier
général à Cloffer- zell , à deux milles de Drefde .
Le Maréchal de Daun n'a point encore fait de
difpofitions offenfives. dl a fon quartier alternativement
à Pyrna & à Sonneftein . Le Comte de
Lafcy lui a remis le plan d'opérations arrêté
par la Cour de Vienne. On a pris un Eſpion
qui avoit deffein de brûler nos magazins.
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Résumé : DE DRESDE, le 31 Mars.
Le 31 mars, Dresde se prépare pour la campagne militaire. Le 20 mars, l'armée prussienne a avancé vers Friderichstadt, forçant la garnison autrichienne à se retirer. Le roi de Prusse est à Cloffer-zell, près de Dresde. Le maréchal de Daun, commandant autrichien, est entre Pyrna et Sonneftein. Un espion projetant d'incendier des magasins a été capturé.
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44
p. 195
De l'Armée commandée par le Maréchal de Broglie, le 4 Juillet.
Début :
Le 30 du mois dernier, on a appris que le Commandant du château de Marbourg, [...]
Mots clefs :
Commandant, Comte, Maréchal, Camp, Garnison, Prisonnier
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texteReconnaissance textuelle : De l'Armée commandée par le Maréchal de Broglie, le 4 Juillet.
.De l'Armée commandée par le Maréchal de Broglie,
le 4 Juillet.
Le 30 du mois dernier , on a appris que le
Commandant du château de Marbourg , qui avoit
refufé de le rendre aux différentes fonimations
que lui avoit faites le Comte de Chabot , Maréchal
de Camp , s'étoit rendu à la fixiéme bombe,qu'on
avoit jettée fur la Ville & le château ; la garnifon
, confiftant en trois cens quatre-vingt dix - fept
hommes , a été faite prifonniere de guerre.
le 4 Juillet.
Le 30 du mois dernier , on a appris que le
Commandant du château de Marbourg , qui avoit
refufé de le rendre aux différentes fonimations
que lui avoit faites le Comte de Chabot , Maréchal
de Camp , s'étoit rendu à la fixiéme bombe,qu'on
avoit jettée fur la Ville & le château ; la garnifon
, confiftant en trois cens quatre-vingt dix - fept
hommes , a été faite prifonniere de guerre.
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45
p. 202-203
De VIENNE, le 2 Août. Extrait d'une Lettre de Vienne, du 29 Juillet.
Début :
Nous avons appris, le 27 de ce mois, la nouvelle de la prise de [...]
Mots clefs :
Prise d'une ville, Artillerie, Attaque, Compagnies, Bataillons, Garnison, Conquête, Impératrice, Provisions, Munitions, Soldats, Déserteurs, Général Laudon, Armée
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texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 2 Août. Extrait d'une Lettre de Vienne, du 29 Juillet.
De VIENNE , le 2 Août.
Extrait d'une Lettre de Vienne , du 29 Juillet.
Nous avons appris , le 27 de ce mois , la nouvelle
de la prife de Glatz . L'artillerie, confiftant
en quatre-vingt-deux canons & mortiers , diſtribuée
en quatorze batteries , n'avoit commencé à
tirer que le 26 à trois heures du matin . Le général
Laudon , qui étoit arrivé la veille pour juger
par lui- même des travaux & des progrès du fiége
, a fait attaquer à ſept heures du matin , par
deux Compagnies de Grenadiers , foutenues d'un
Bataillon , un ouvrage qui couvroit le chemin
couvert , & qui fut emporté fans réſiſtance . Les
Affiégeans ont pourfuivi les Pruffiens dans le chemin
couvert , & de là ils font entrés pêle-mêle
dans la Ville. Auflitôt la Garnifon s'eft rendue
à difciétion , & l'on s'eft emparé de la Ville &
du Château. Il reftoit encore un petit Fort , détaché
de la Place , qui eft abfolument dominé parle
Château , & qui s'eft rendu dans la journée .
La conquête de cette Place , ne coûte pas deux
cens hommes à l'Impératrice. L'artillerie n'a tiré
que pendant quatre heures , & l'emplacement
des batteries étoit fi bien choifi , & le feu fi bien
dirigé, que dans ce court efpace elle a caufé beaucoup
de dommage.
On a trouvé dans Glatz 22570 quintaux de farine
, 4.83 mefures de froment , 34828 mefures
d'avoine , 21870 quintaux de foin , & une grande
quantité d'autres provifions.
L'artillerie & les munitions de guerre confiftoient
en deux cens trois canons , mortiers ou
obufiers , avec quatre mille boulets , quatre mille
trois cens bombes , fix mille neuf cens grenades,
& dix-fept cens mille cartouches , tant de fufil
que de carabine.
SEPTEMBRE. 1760. 203
Lorfque nos troupes font entrées dans cette Pla
ce , la plupart des foldats qui compofoient la
garnion ont jetté bas les armes , & le font déclarés
déferteurs. Air fi , quoique leur nombre fût ,
au moment de la prife , de près de deux mille
cinq cens , nous n'avons pas fait plus de mille
prifonniers Pruſſiens .
Le Général Laudon a retiré fur le champ quinze
mille hommes des troupes employées au Siége
Pour renforcer fon armée , & dès aujourd'hui il
fe met en marche pour Breſlau.
Extrait d'une Lettre de Vienne , du 29 Juillet.
Nous avons appris , le 27 de ce mois , la nouvelle
de la prife de Glatz . L'artillerie, confiftant
en quatre-vingt-deux canons & mortiers , diſtribuée
en quatorze batteries , n'avoit commencé à
tirer que le 26 à trois heures du matin . Le général
Laudon , qui étoit arrivé la veille pour juger
par lui- même des travaux & des progrès du fiége
, a fait attaquer à ſept heures du matin , par
deux Compagnies de Grenadiers , foutenues d'un
Bataillon , un ouvrage qui couvroit le chemin
couvert , & qui fut emporté fans réſiſtance . Les
Affiégeans ont pourfuivi les Pruffiens dans le chemin
couvert , & de là ils font entrés pêle-mêle
dans la Ville. Auflitôt la Garnifon s'eft rendue
à difciétion , & l'on s'eft emparé de la Ville &
du Château. Il reftoit encore un petit Fort , détaché
de la Place , qui eft abfolument dominé parle
Château , & qui s'eft rendu dans la journée .
La conquête de cette Place , ne coûte pas deux
cens hommes à l'Impératrice. L'artillerie n'a tiré
que pendant quatre heures , & l'emplacement
des batteries étoit fi bien choifi , & le feu fi bien
dirigé, que dans ce court efpace elle a caufé beaucoup
de dommage.
On a trouvé dans Glatz 22570 quintaux de farine
, 4.83 mefures de froment , 34828 mefures
d'avoine , 21870 quintaux de foin , & une grande
quantité d'autres provifions.
L'artillerie & les munitions de guerre confiftoient
en deux cens trois canons , mortiers ou
obufiers , avec quatre mille boulets , quatre mille
trois cens bombes , fix mille neuf cens grenades,
& dix-fept cens mille cartouches , tant de fufil
que de carabine.
SEPTEMBRE. 1760. 203
Lorfque nos troupes font entrées dans cette Pla
ce , la plupart des foldats qui compofoient la
garnion ont jetté bas les armes , & le font déclarés
déferteurs. Air fi , quoique leur nombre fût ,
au moment de la prife , de près de deux mille
cinq cens , nous n'avons pas fait plus de mille
prifonniers Pruſſiens .
Le Général Laudon a retiré fur le champ quinze
mille hommes des troupes employées au Siége
Pour renforcer fon armée , & dès aujourd'hui il
fe met en marche pour Breſlau.
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Résumé : De VIENNE, le 2 Août. Extrait d'une Lettre de Vienne, du 29 Juillet.
Le 27 juillet, la prise de Glatz a été annoncée après une offensive rapide. L'artillerie, composée de quatre-vingt-deux canons et mortiers, a commencé à tirer le 26 juillet à trois heures du matin. Le général Laudon a ordonné une attaque à sept heures par deux compagnies de grenadiers soutenues par un bataillon. Un ouvrage couvrant le chemin couvert a été pris sans résistance, permettant l'entrée dans la ville. La garnison s'est rendue immédiatement, et la ville ainsi que le château ont été capturés. Un petit fort détaché s'est rendu dans la journée. La conquête de Glatz a coûté moins de deux cents hommes à l'Impératrice. L'artillerie a tiré pendant seulement quatre heures, causant des dommages significatifs grâce à un emplacement des batteries bien choisi et un tir précis. À Glatz, on a trouvé d'importantes provisions, dont 22 570 quintaux de farine, 4 83 mesures de froment, 34 828 mesures d'avoine, et 21 870 quintaux de foin. L'artillerie et les munitions comprenaient deux cent trois canons, mortiers ou obusiers, avec quatre mille boulets, quatre mille trois cents bombes, six mille neuf cents grenades, et dix-sept mille cartouches. Lors de l'entrée des troupes, la plupart des soldats de la garnison ont jeté leurs armes et se sont déclarés déserteurs. Sur environ deux mille cinq cents soldats présents, mille prisonniers prussiens ont été faits. Le général Laudon a retiré quinze mille hommes pour renforcer son armée et se dirige vers Breslau.
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46
p. 203-205
Extrait du Journal de l'armée aux ordres du Maréchal de Daun, le 28 Juillet.
Début :
Le Roi de Prusse, après avoir fait plusieurs marches & tentatives inutiles pour rentrer [...]
Mots clefs :
Roi de Prusse, Marche, Maréchal Daun, Canons, Bombes, Garnison, Général, Troupes, Prince, Escadron, Bataillons, Baron, Ennemis, Succès, Attaque, Camps militaires
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texteReconnaissance textuelle : Extrait du Journal de l'armée aux ordres du Maréchal de Daun, le 28 Juillet.
Extrait du Journal de l'armée aux ordres du
Maréchal de Daun , le 28 Juillet.
Le Roi de Pruffe , après avoir fait plufieurs
marches & tentatives inutiles pour rentrer dans
la Siléfe, & ayant toujours eu en tête le Maréchal
Daun , retourna en Saxe , & s'étant préfenté
, le 13 de ce mois , devant Drefde , il tenta de
l'emporter d'emblée. Mais il fut vigoureuſement
repoutlé à plufieurs fois , ce qui lui fit prendre la
rétolation d'en faire le fiége dans les formes . L
17 au foir , quatre batteries de canon commencerent
à tirer avec beaucoup de vivacité. Il fir
aufli jetter une grande quantité de bombes fur la
vieille Ville. Plufieurs quartiers furent bientôt enflammés
; mais le fecours de la Garniſon & des
habitans , empêcha que le ravage ne devînt confi
dérable.
La certitude d'être inceffamment ſecouru par
le Maréchal de Daun , foutint la Garnifon . Le
Genéral Maquire fit le 16 une fortie du côté de
la Ville neuve . Il prit en flanc les troupes qui
bloquoient Drefde de ce côté ; & il les obligea
de plier après une affez grande perte . Le Générai
de Ried les attaqua en même temps , & les
obligea d'abandonner le poste de Weitenhirfch.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE .
;
On apprit que le Maréchal de Daun n'étoit plus
qu'a deux marches de la Ville ; il arriva , en
effet , le 18 après midi , & il établit ſon camp à
Schonfeld. I alia , le 19 de grand matin , reconnoître
la pofition du corps Pruſſien qui aſſiégeoit
la Villeneuve , fous les ordres du Prince de,
Holstein . Sa réfolution fut auflitôt prife , de l'obliger
a paller l'Elbe, En conféquence , le Maréchal
de Daun envoya au Général de Ried un renfort
de plufieurs Basaillons & Escadrons , avec
ordre d'attaquer ce corps . Le Baron de Riederé
cuta cette commiffion avec autant d'intelligence
que de valeur . Il attaqua les Pruffiens de front
& en flanc , pendant qu'un gros corps de Croates
, forti de Drefde , les chargeoit d'un autre
côté. Les ennemis abandonnerent leurs retranchemens
& repafferent l'Elbe fur les ponts qu'ils
avoient à Ubigau & à Kaditz. On leur fit quatre
cens trente-fix prifonniers. Notre perte nefur que
de quatre-vingt- quatre hommes.
Le 20 , quelques Efclavons perent l'Elbe à la
nage ; ils s'emparerent de cinc, ' bateaux chargés
de grains qu'ils amenerent de notre côté. Les
Pruffiens en brûlerent eux- mêmes le lendemain.
quatre autres qu'on n'avoit pu leur enlever. Le
Roi de Pruffe fit brûler les Fauxbourgs de Wihdruff
& de Pyrna. Le 2 , il commença à faire
battre en brêche le cinquiéme bastion . Le Maréchal
Daun fit entrer dans la Ville feize Bataillons
de troupes fraîches; & il changea la poſition de
fon arniée . La droite fut placée le long de l'Elbe ,
depuis le jardin de Neumann jufqu'a Radebéal.
Le Prince de Loweſtein occupa , avec la réterve,
le pofte de Bordorf , & le Baron de Ried eut
ordre de pouler des partis du côté de Meilen
jufqu'à Torgau.
On fit , la nuit du 21 , au 22 , la fortiequia
!
SEPTEMBRE. 1760. 205
décidé la levée du fiége de Drefde. Neuf Ba
taillons , dix Compagnies de Genadiers , & cinq
Efcadrons le portereat vers le Fauxbourg de
Pyrna , fous les ordres du Lieutenant Général
Angers. En même tems , cinq Bataillons , autánt
de Compagnies de Grenadiers , & trois Elcadrons
pénét érent dans le Fa xbourg de Wilsdruff. Le
fuccès fut égal & complet des deux côtés . Toutes
les batteries de l'ennemi farent ruinées ; fes
canons furent encloués & les affurs brifés . On ne
put emmener cette artillerie , à caufe des décombres
qui embaraffoient les chemins . Notre perte
eft d'environ cinq cens hommes , tant tués que
bleffés . Celle des Pruffiens , eft incomparablement
plus confidérables. Nous leur avons fait
trois cens trente- fix prifonniers.
Le fuccès de cette attaque obligea le Roi de
Pruffe à fe mettre lui- même fur la défenfive. Il
reira , le 13 , de la ligne qui faifoit face à l'armée
de l'Empire , toute la cavalerie & plufieurs
Régimens d'infant " ie , pour en renforcer celle
qui étoit devant Dde. Le Maréchal de Daun
fit entrer le même jour , dans cette Ville , un détachement
de huit cens hommes pour foulager
la Garnifon , & pour l'aider à éteindre entierement
le feu. Quatre cens Pionniers y furent auffi
envoyés pour réparer es fortifications.
Il ne fe palla rien de remarquable le 25. Les
Pruffens travaillerent à élever des retranchemens
fur les flancs de leur camp. On fit de la Ville
un feu continuel fur eux , & ils ne tirerent pas
un feul coup de canon .
Le Maréchal de Daun alla à Dreſde le 26 ; il
fit le tour des remparts , avec le Comte de Maquire
, à qui il témoigna fa fatisfaction . On ache
va , le même jour , de ruiner dans les Fauxbourgs
de Wils ruff & de Pyrna tout ce qui ref
toit des travaux des ennemis.
Maréchal de Daun , le 28 Juillet.
Le Roi de Pruffe , après avoir fait plufieurs
marches & tentatives inutiles pour rentrer dans
la Siléfe, & ayant toujours eu en tête le Maréchal
Daun , retourna en Saxe , & s'étant préfenté
, le 13 de ce mois , devant Drefde , il tenta de
l'emporter d'emblée. Mais il fut vigoureuſement
repoutlé à plufieurs fois , ce qui lui fit prendre la
rétolation d'en faire le fiége dans les formes . L
17 au foir , quatre batteries de canon commencerent
à tirer avec beaucoup de vivacité. Il fir
aufli jetter une grande quantité de bombes fur la
vieille Ville. Plufieurs quartiers furent bientôt enflammés
; mais le fecours de la Garniſon & des
habitans , empêcha que le ravage ne devînt confi
dérable.
La certitude d'être inceffamment ſecouru par
le Maréchal de Daun , foutint la Garnifon . Le
Genéral Maquire fit le 16 une fortie du côté de
la Ville neuve . Il prit en flanc les troupes qui
bloquoient Drefde de ce côté ; & il les obligea
de plier après une affez grande perte . Le Générai
de Ried les attaqua en même temps , & les
obligea d'abandonner le poste de Weitenhirfch.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE .
;
On apprit que le Maréchal de Daun n'étoit plus
qu'a deux marches de la Ville ; il arriva , en
effet , le 18 après midi , & il établit ſon camp à
Schonfeld. I alia , le 19 de grand matin , reconnoître
la pofition du corps Pruſſien qui aſſiégeoit
la Villeneuve , fous les ordres du Prince de,
Holstein . Sa réfolution fut auflitôt prife , de l'obliger
a paller l'Elbe, En conféquence , le Maréchal
de Daun envoya au Général de Ried un renfort
de plufieurs Basaillons & Escadrons , avec
ordre d'attaquer ce corps . Le Baron de Riederé
cuta cette commiffion avec autant d'intelligence
que de valeur . Il attaqua les Pruffiens de front
& en flanc , pendant qu'un gros corps de Croates
, forti de Drefde , les chargeoit d'un autre
côté. Les ennemis abandonnerent leurs retranchemens
& repafferent l'Elbe fur les ponts qu'ils
avoient à Ubigau & à Kaditz. On leur fit quatre
cens trente-fix prifonniers. Notre perte nefur que
de quatre-vingt- quatre hommes.
Le 20 , quelques Efclavons perent l'Elbe à la
nage ; ils s'emparerent de cinc, ' bateaux chargés
de grains qu'ils amenerent de notre côté. Les
Pruffiens en brûlerent eux- mêmes le lendemain.
quatre autres qu'on n'avoit pu leur enlever. Le
Roi de Pruffe fit brûler les Fauxbourgs de Wihdruff
& de Pyrna. Le 2 , il commença à faire
battre en brêche le cinquiéme bastion . Le Maréchal
Daun fit entrer dans la Ville feize Bataillons
de troupes fraîches; & il changea la poſition de
fon arniée . La droite fut placée le long de l'Elbe ,
depuis le jardin de Neumann jufqu'a Radebéal.
Le Prince de Loweſtein occupa , avec la réterve,
le pofte de Bordorf , & le Baron de Ried eut
ordre de pouler des partis du côté de Meilen
jufqu'à Torgau.
On fit , la nuit du 21 , au 22 , la fortiequia
!
SEPTEMBRE. 1760. 205
décidé la levée du fiége de Drefde. Neuf Ba
taillons , dix Compagnies de Genadiers , & cinq
Efcadrons le portereat vers le Fauxbourg de
Pyrna , fous les ordres du Lieutenant Général
Angers. En même tems , cinq Bataillons , autánt
de Compagnies de Grenadiers , & trois Elcadrons
pénét érent dans le Fa xbourg de Wilsdruff. Le
fuccès fut égal & complet des deux côtés . Toutes
les batteries de l'ennemi farent ruinées ; fes
canons furent encloués & les affurs brifés . On ne
put emmener cette artillerie , à caufe des décombres
qui embaraffoient les chemins . Notre perte
eft d'environ cinq cens hommes , tant tués que
bleffés . Celle des Pruffiens , eft incomparablement
plus confidérables. Nous leur avons fait
trois cens trente- fix prifonniers.
Le fuccès de cette attaque obligea le Roi de
Pruffe à fe mettre lui- même fur la défenfive. Il
reira , le 13 , de la ligne qui faifoit face à l'armée
de l'Empire , toute la cavalerie & plufieurs
Régimens d'infant " ie , pour en renforcer celle
qui étoit devant Dde. Le Maréchal de Daun
fit entrer le même jour , dans cette Ville , un détachement
de huit cens hommes pour foulager
la Garnifon , & pour l'aider à éteindre entierement
le feu. Quatre cens Pionniers y furent auffi
envoyés pour réparer es fortifications.
Il ne fe palla rien de remarquable le 25. Les
Pruffens travaillerent à élever des retranchemens
fur les flancs de leur camp. On fit de la Ville
un feu continuel fur eux , & ils ne tirerent pas
un feul coup de canon .
Le Maréchal de Daun alla à Dreſde le 26 ; il
fit le tour des remparts , avec le Comte de Maquire
, à qui il témoigna fa fatisfaction . On ache
va , le même jour , de ruiner dans les Fauxbourgs
de Wils ruff & de Pyrna tout ce qui ref
toit des travaux des ennemis.
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Résumé : Extrait du Journal de l'armée aux ordres du Maréchal de Daun, le 28 Juillet.
Le 28 juillet, le Journal de l'armée aux ordres du Maréchal de Daun rapporte que le Roi de Prusse, après plusieurs tentatives infructueuses pour pénétrer en Silésie, se dirigea vers la Saxe et tenta de prendre Dresde le 13 juillet. Repoussé, il décida de mettre la ville en siège. Le 17 juillet, les batteries prussiennes bombardèrent Dresde, causant des incendies rapidement maîtrisés par la garnison et les habitants. La garnison, certaine d'être secourue par le Maréchal de Daun, résista efficacement. Le 16 juillet, le Général Maguire effectua une sortie et repoussa les troupes prussiennes, tandis que le Général de Ried les força à abandonner le poste de Weitenhirsch. Le Maréchal de Daun arriva près de Dresde le 18 juillet et attaqua les forces prussiennes le 19, les forçant à retraverser l'Elbe. Les Prussiens subirent de lourdes pertes et laissèrent 436 prisonniers. Le 20 juillet, des escadrons prussiens brûlèrent des bateaux de ravitaillement. Le Roi de Prusse incendia les faubourgs de Wilsdruff et de Pyrna et commença à bombarder les fortifications de Dresde. Le Maréchal de Daun renforça la ville avec des troupes fraîches et modifia la position de son armée. La nuit du 21 au 22 juillet, une sortie décisive permit de lever le siège de Dresde. Les forces françaises détruisirent les batteries ennemies et firent 336 prisonniers. Le Roi de Prusse dut se mettre en défense et renforça ses troupes devant Dresde. Le Maréchal de Daun visita Dresde le 26 juillet, exprimant sa satisfaction, et les travaux de destruction des fortifications ennemies furent achevés.
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47
p. 193-197
De PARIS, le 25 Octobre.
Début :
Sa Majesté, par son Edit portant établissement de l'Ecole Royale [...]
Mots clefs :
Édit, École royale militaire, Admission, Enfants, Comte, Majestés impériales, Célébration, Mariage, Général, Prisonniers, Magasins, Prince de Deux-Ponts, Place, Attaque, Garnison, Marquis, Prince héréditaire, Blessés et morts, Combat, Infanterie, Troupes, Ennemis, Officiers, Pertes, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 25 Octobre.
De PARIS , le 25 Octobre
€ Sa Majellé , par fon Edit portant établiſſement
de l'Ecole Royale Militaire , avoit ordonné que ,
dans l'admiffion des Enfans qui feroient préſentés
pour entrer dans cette Ecole , on donnât la préférence
à ceux dont les Peres feroient encore actuéllement
au Service , fe réſervant néanmoins de
s'expliquer dans la fuite fur les cas où l'on pour
roit s'écarter de cette régle , ainfi que fur quelques
autres difpofitions du même Edit . Elle vient d'ordonner
par une nouvelle Déclaration , que les Enfans
des Peres que leurs bleffures , ou des infirmi
tés & des accidens naturels auront mis hors d'état
de lui continuer leurs fervices , foient reçus concurremment
avec ceux dont les Peres font encore
dans les Armées. Sa Majesté entend auffi que les
Enfans des Peres qui ont obtenu la permiffion de
fe retirer , après trente années de fervice , jouiffent
du même privilége.
Le Comte de Colloredo , Chambellan de l'Em--
pereur & de l'Impératrice , Reine de Hongrie &
de Bohême , que Leurs Majeftés Impériales ont
envoyé pour annoncer au Roi la célébration du
Mariage de l'Infante Ifabelle avec l'Archi fuc Jofeph
, arriva en cette Ville le 18 de ce mois ; il
alla le lendemain à Fontainebleau , & il s'ac
quitta de fa commiflion auprès du Roi. Il fut
préfenté à Sa Majesté par le Comte de Starhem-
I
194 MERCURE DE FRANCE.
berg , Amballadeur de Leurs Majeftés Impéria
les. Le Comte de Colloredo fut préfenté le mê-.
me jour à Monfeigneur le Dauphin , à Madame
la Dauphine, & à Madame Adélaïde, à Meſdames
Victoire , Sophie & Louife. Il fe rendit le 20 à
Verfailles , où il fut préfenté à la Reine , à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , Monſeigneur le
Duc de Berry, Monfeigneur le Comte de Provence
, Monfeigneur le Comte d'Artois , & à
Madame.
Nous apprenons encore que le Général Comte
de Lafcy eft entré , le 9 de ce mois , dans Berlin ,
en même temps que les Ruffes. La Garniſon de
cette Ville , compofée de trois mille hommes , a
été faite prifonniere de guerre. Les Commandans
des troupes Autrichiennes & Ruffes ont fait
obferver la plus grande difcipline . Il n'eſt entré
dans Berlin & dans Poftdam que quelques bataillons
de Grenadiers néceffaires pour garder
ces deux Places . Les Officiers des deux Nations
n'y font entrés qu'avec des permiffions par écrit
de leurs Généraux , de forte qu'il ne s'y eft pas
commis le moindre défordre , & les boutiques
des Marchands n'ont pas été fermées. Mais on a
ruiné les Fabriques de toute efpéce qui ont rapport
à la guerre. On a abandonné aux Soldats
tous les magafins remplis d'effets deſtinés à l'entretien
& à l'habillement des troupes Pruffiennes.
On a trouvé dans Berlin & dans Potſdam une
grande quantité d'armes dont on a détruit les
Manufactures , ainfi que les Fonderies d'artille
rie.
Les Ruffes ont exigé quinze cens mille écus de
contributions.
Le Prince de Deux- Ponts ayant appris que le
Roi de Pruffe avoit détaché feize mille hommes
de fon armée pour fecourir Wittemberg , prit la
NOVEMBRE. 1760. 195
réfolution de brufquer le fiége qu'il faifoit de cette
Place , en l'attaquant en même temps de plufieurs
côtés ; ce qui fut exécuté le 13. Le Commandant
de Wittemberg , qui n'avoit porté fon attention
que fur la partie la plus foible de la Place , fe
trouvant preflé de toutes parts , prit le parti de
faire battre la chamade , & de capituler le 14 au
matin ; il s'est rendu prifonnier de guerre avec
fa Garniſon , aux mêmes conditions qui avoient
été accordées à la ville de Torgau . Cette Garnifon
étoit de trois Bataillons & de quatre cens
Soldats convalefcens. On a trouvé dans la Ville
trente piéces de canon , dont douze de vingt- quatre
livres , huit mortiers , & une grande quantité
de munitions. Toutes les fortifications ont été
rafées.
On a reçu le 20 de ce mois un Courier dépêché
le 16 au foir par le Marquis de Caftries ,
Lieutenant Général , pour apporter la nouvelle
d'un Combat qui s'eſt donné le même jour près
de Rhinberg , entre les troupes du Roi , qui étoient
à les ordres , & celles qui étoient commandées
par le Prince Héréditaire de Brunfwik. L'action
a commencé une heure avant le jour , & après
un feu très- long & très- vif , le Prince Héréditaire
a été forcé de ſe retirer avec une perte trèsconfidérable
, laiffant en notre pouvoir le plus
grand nombre de fes Bleffés .
On a appris par un autre Courier dépêché le
18 , que le Prince Héréditaire de Brunfwik arepaffé
le Rhin fur les deux Ponts qu'il avoit établis
au-deffous de Wefel , & qu'il a entierement levé
le fiége de cette Place . On affure qu'il avoit pris
le chemin de Halleren fur la Lippe. Son arrieregarde
a été attaquée vivement en deçà du Rhin ,
& elle a été forcée de paffer ce fleuve en déſor-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE
1
dre , après avoir perdu beaucoup de monde , &
fans avoir pû replier fes ponts , dont nous fommes
reflés maîtres . Dès le is , le Marquis de Caftries
avoit fait attaquer le pofte de Rhinberg ,
qu'on avoit emporté l'épée la main . Il avoit
fait entrer en même temps dans Wefel , le fieur
de Boisclaireau , Brigadier , avec fix cens hommes
d'élite. Le 18 , il y a fait entrer huit Batail-
Ions.
Le corps aux ordres du Prince Héréditaire de
vant Wefel étoit d'environ vingt- cinq mille hommes
; mais il paroît n'avoir eu au Combat que
quinze mille hommes d'Infanterie , & trois à
quatre mille chevaux . La difficulté du terein n'à
permis au Marquis de Caftries de faire combattre
que les quatre brigades d'Infanterie, de Normanmandie
, d'Auvergne , de la Tour- Dupin & d'Alface.
Ces troupes ont combattu avec la plus grande
valeur & avec la plus grande fermeré , ainfi que
la troupe
du fieur Fifcher , qui a foutenu les premiers
éfforts des ennemis à l'Abbaye de Clofter-
Camp. On n'a pas encore de détail de tout ce qui
s'eft paffé pendant l'action , ni l'état des Officiers
qui ont été tués ou bleffés ; on fçait feulement
que le Marquis de Segur , Lieutenant Général , a
été bleffé légèrement & qu'il a été fait priſonnier.
Les Marquis de Perufe & de la Tour-Dupin & le
Baron de Vangen , Brigadiers , ont auffi été bleffés
, & ce dernier a étéfait prifonnier. La Gendarmerie
, qui étoit à l'action , n'a perdu d'Officiers'
que le fieur de Greneville qui a été tué. Le Marquis
de Caftries fait les plus grands éloges des
Troupes & des Officiers Généraux & particuliers
qui ont combattu.
Nous donnerons ci- après la perte que nous avons
faire à cette journée.
NOVEMBRE. 1760. 197
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Mili
taire s'eft fait , en la maniere accoutuinée , dans
'Hôtel-de- Ville de Paris , le de ce mois. Les
Numeros qui font fortis de la roue de fortune font
57, 32 , 26 , 84 , 38. Le prochain tirage fe fera
le 6 du mois de Novembre.
€ Sa Majellé , par fon Edit portant établiſſement
de l'Ecole Royale Militaire , avoit ordonné que ,
dans l'admiffion des Enfans qui feroient préſentés
pour entrer dans cette Ecole , on donnât la préférence
à ceux dont les Peres feroient encore actuéllement
au Service , fe réſervant néanmoins de
s'expliquer dans la fuite fur les cas où l'on pour
roit s'écarter de cette régle , ainfi que fur quelques
autres difpofitions du même Edit . Elle vient d'ordonner
par une nouvelle Déclaration , que les Enfans
des Peres que leurs bleffures , ou des infirmi
tés & des accidens naturels auront mis hors d'état
de lui continuer leurs fervices , foient reçus concurremment
avec ceux dont les Peres font encore
dans les Armées. Sa Majesté entend auffi que les
Enfans des Peres qui ont obtenu la permiffion de
fe retirer , après trente années de fervice , jouiffent
du même privilége.
Le Comte de Colloredo , Chambellan de l'Em--
pereur & de l'Impératrice , Reine de Hongrie &
de Bohême , que Leurs Majeftés Impériales ont
envoyé pour annoncer au Roi la célébration du
Mariage de l'Infante Ifabelle avec l'Archi fuc Jofeph
, arriva en cette Ville le 18 de ce mois ; il
alla le lendemain à Fontainebleau , & il s'ac
quitta de fa commiflion auprès du Roi. Il fut
préfenté à Sa Majesté par le Comte de Starhem-
I
194 MERCURE DE FRANCE.
berg , Amballadeur de Leurs Majeftés Impéria
les. Le Comte de Colloredo fut préfenté le mê-.
me jour à Monfeigneur le Dauphin , à Madame
la Dauphine, & à Madame Adélaïde, à Meſdames
Victoire , Sophie & Louife. Il fe rendit le 20 à
Verfailles , où il fut préfenté à la Reine , à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , Monſeigneur le
Duc de Berry, Monfeigneur le Comte de Provence
, Monfeigneur le Comte d'Artois , & à
Madame.
Nous apprenons encore que le Général Comte
de Lafcy eft entré , le 9 de ce mois , dans Berlin ,
en même temps que les Ruffes. La Garniſon de
cette Ville , compofée de trois mille hommes , a
été faite prifonniere de guerre. Les Commandans
des troupes Autrichiennes & Ruffes ont fait
obferver la plus grande difcipline . Il n'eſt entré
dans Berlin & dans Poftdam que quelques bataillons
de Grenadiers néceffaires pour garder
ces deux Places . Les Officiers des deux Nations
n'y font entrés qu'avec des permiffions par écrit
de leurs Généraux , de forte qu'il ne s'y eft pas
commis le moindre défordre , & les boutiques
des Marchands n'ont pas été fermées. Mais on a
ruiné les Fabriques de toute efpéce qui ont rapport
à la guerre. On a abandonné aux Soldats
tous les magafins remplis d'effets deſtinés à l'entretien
& à l'habillement des troupes Pruffiennes.
On a trouvé dans Berlin & dans Potſdam une
grande quantité d'armes dont on a détruit les
Manufactures , ainfi que les Fonderies d'artille
rie.
Les Ruffes ont exigé quinze cens mille écus de
contributions.
Le Prince de Deux- Ponts ayant appris que le
Roi de Pruffe avoit détaché feize mille hommes
de fon armée pour fecourir Wittemberg , prit la
NOVEMBRE. 1760. 195
réfolution de brufquer le fiége qu'il faifoit de cette
Place , en l'attaquant en même temps de plufieurs
côtés ; ce qui fut exécuté le 13. Le Commandant
de Wittemberg , qui n'avoit porté fon attention
que fur la partie la plus foible de la Place , fe
trouvant preflé de toutes parts , prit le parti de
faire battre la chamade , & de capituler le 14 au
matin ; il s'est rendu prifonnier de guerre avec
fa Garniſon , aux mêmes conditions qui avoient
été accordées à la ville de Torgau . Cette Garnifon
étoit de trois Bataillons & de quatre cens
Soldats convalefcens. On a trouvé dans la Ville
trente piéces de canon , dont douze de vingt- quatre
livres , huit mortiers , & une grande quantité
de munitions. Toutes les fortifications ont été
rafées.
On a reçu le 20 de ce mois un Courier dépêché
le 16 au foir par le Marquis de Caftries ,
Lieutenant Général , pour apporter la nouvelle
d'un Combat qui s'eſt donné le même jour près
de Rhinberg , entre les troupes du Roi , qui étoient
à les ordres , & celles qui étoient commandées
par le Prince Héréditaire de Brunfwik. L'action
a commencé une heure avant le jour , & après
un feu très- long & très- vif , le Prince Héréditaire
a été forcé de ſe retirer avec une perte trèsconfidérable
, laiffant en notre pouvoir le plus
grand nombre de fes Bleffés .
On a appris par un autre Courier dépêché le
18 , que le Prince Héréditaire de Brunfwik arepaffé
le Rhin fur les deux Ponts qu'il avoit établis
au-deffous de Wefel , & qu'il a entierement levé
le fiége de cette Place . On affure qu'il avoit pris
le chemin de Halleren fur la Lippe. Son arrieregarde
a été attaquée vivement en deçà du Rhin ,
& elle a été forcée de paffer ce fleuve en déſor-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE
1
dre , après avoir perdu beaucoup de monde , &
fans avoir pû replier fes ponts , dont nous fommes
reflés maîtres . Dès le is , le Marquis de Caftries
avoit fait attaquer le pofte de Rhinberg ,
qu'on avoit emporté l'épée la main . Il avoit
fait entrer en même temps dans Wefel , le fieur
de Boisclaireau , Brigadier , avec fix cens hommes
d'élite. Le 18 , il y a fait entrer huit Batail-
Ions.
Le corps aux ordres du Prince Héréditaire de
vant Wefel étoit d'environ vingt- cinq mille hommes
; mais il paroît n'avoir eu au Combat que
quinze mille hommes d'Infanterie , & trois à
quatre mille chevaux . La difficulté du terein n'à
permis au Marquis de Caftries de faire combattre
que les quatre brigades d'Infanterie, de Normanmandie
, d'Auvergne , de la Tour- Dupin & d'Alface.
Ces troupes ont combattu avec la plus grande
valeur & avec la plus grande fermeré , ainfi que
la troupe
du fieur Fifcher , qui a foutenu les premiers
éfforts des ennemis à l'Abbaye de Clofter-
Camp. On n'a pas encore de détail de tout ce qui
s'eft paffé pendant l'action , ni l'état des Officiers
qui ont été tués ou bleffés ; on fçait feulement
que le Marquis de Segur , Lieutenant Général , a
été bleffé légèrement & qu'il a été fait priſonnier.
Les Marquis de Perufe & de la Tour-Dupin & le
Baron de Vangen , Brigadiers , ont auffi été bleffés
, & ce dernier a étéfait prifonnier. La Gendarmerie
, qui étoit à l'action , n'a perdu d'Officiers'
que le fieur de Greneville qui a été tué. Le Marquis
de Caftries fait les plus grands éloges des
Troupes & des Officiers Généraux & particuliers
qui ont combattu.
Nous donnerons ci- après la perte que nous avons
faire à cette journée.
NOVEMBRE. 1760. 197
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Mili
taire s'eft fait , en la maniere accoutuinée , dans
'Hôtel-de- Ville de Paris , le de ce mois. Les
Numeros qui font fortis de la roue de fortune font
57, 32 , 26 , 84 , 38. Le prochain tirage fe fera
le 6 du mois de Novembre.
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Résumé : De PARIS, le 25 Octobre.
En octobre 1760, plusieurs événements militaires et administratifs ont marqué la scène politique et militaire. Le roi a décrété que les enfants des pères blessés, malades ou ayant obtenu la permission de se retirer après trente années de service soient admis à l'École Royale Militaire, aux mêmes conditions que ceux dont les pères sont encore en service. Le comte de Colloredo, représentant de l'empereur et de l'impératrice, est arrivé à Paris pour annoncer le mariage de l'infante Isabelle avec l'archiduc Joseph. Il a été reçu par le roi et plusieurs membres de la famille royale. Sur le front militaire, le général comte de Laffy, accompagné des Russes, a pris Berlin et fait prisonnier la garnison de la ville. Les troupes autrichiennes et russes ont montré une discipline exemplaire. Par ailleurs, le prince de Deux-Ponts a conquis Wittemberg après un assaut. Le marquis de Castries a remporté une victoire près de Rhinberg contre le prince héréditaire de Brunswick, forçant ce dernier à lever le siège de Wesel. À Paris, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire a eu lieu, révélant les numéros gagnants : 57, 32, 26, 84 et 38. Ces événements illustrent une période intense d'activités diplomatiques et militaires, marquée par des décisions royales, des alliances matrimoniales et des succès militaires significatifs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 190-191
De RATISBONNE, le 10 Juin 1763.
Début :
Suivant les nouvelles de Wetzlar, le 8 de ce mois, à deux heures du matin, [...]
Mots clefs :
Corps de troupes, Arrivée imprévue, Alarme, Régiments, Infanterie, Bataillons, Landgrave, Députés, Conclusion de paix, Garnison, Officiers, Magistrats, Chambre, Séance
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texteReconnaissance textuelle : De RATISBONNE, le 10 Juin 1763.
De RATISBONNE , le 10 Juin 1763.
Suivant les nouvelles de Wetzlar , lé 8 de
ce mois , à deux heures du matin , il y eut dans
cette Ville une allarme générale caufée par l'ar
rivée imprévue d'un corps de troupes au fervice
de Heffe- Darmstadt. Ce corps , compofé del
deux Régimens d'Infanterie de troupes réglées .
de quatre Bataillóns de Milice & de cinq cens
hommes , tant Cavaliers que Dragon's & Huf
fards , aprés avoir enfoncé les potres de la Ville ,
JUILLET. 1763. 191
& s'être affurés de fes principales avenues , entra
de force dans les mailons des Bourgue-Maître ,
Sénateurs & Bourgeois , & fe faifit de feize Magiftrats
qui furent obligés de répondre devant
les Députés commis à cet effet par le Land
grave. Cet événement a répandu ici la plus
grande confternation . Toute la Ville eft remplie
de troupes qui ont amené avec elles trente
pieces de canons chargés à cartouches , Il y a
dans plufieurs maifons foixante - dix à quatrevingt
hommes , & à l'exception de la pofte ,
perfonne n'ofe fortir de la Ville . On attribue les
motifs de cette éxécution à l'événement fuivant.
Après la conclufion de la Paix , les troupes
alliées , au nombre de fix cens hommes , ayant
dirigé leur marche par cette Ville , attaquérent ,
avec le fecours de la Garnifon & de quelques
Bourgeois , les troupes de Heffe - Darmstadt ,
qui furent repouffées & dont l'Officier Com
mandant fut maltraité par le Bourge- Maître &
par quelques Sénateurs . Le Landgrave demanda
fatisfaction de cette injure au Magiftrat
mais n'ayant pu l'obtenir , ce refus le détermina
à en venir à des voies de fait . Il y a eu
à ce fujet , ce matin entre huit & neuf heures.
une féance extraordinaire des Affelleurs de la
Chambre ; mais on n'en fçait point encore le
réfultat.
Suivant les nouvelles de Wetzlar , lé 8 de
ce mois , à deux heures du matin , il y eut dans
cette Ville une allarme générale caufée par l'ar
rivée imprévue d'un corps de troupes au fervice
de Heffe- Darmstadt. Ce corps , compofé del
deux Régimens d'Infanterie de troupes réglées .
de quatre Bataillóns de Milice & de cinq cens
hommes , tant Cavaliers que Dragon's & Huf
fards , aprés avoir enfoncé les potres de la Ville ,
JUILLET. 1763. 191
& s'être affurés de fes principales avenues , entra
de force dans les mailons des Bourgue-Maître ,
Sénateurs & Bourgeois , & fe faifit de feize Magiftrats
qui furent obligés de répondre devant
les Députés commis à cet effet par le Land
grave. Cet événement a répandu ici la plus
grande confternation . Toute la Ville eft remplie
de troupes qui ont amené avec elles trente
pieces de canons chargés à cartouches , Il y a
dans plufieurs maifons foixante - dix à quatrevingt
hommes , & à l'exception de la pofte ,
perfonne n'ofe fortir de la Ville . On attribue les
motifs de cette éxécution à l'événement fuivant.
Après la conclufion de la Paix , les troupes
alliées , au nombre de fix cens hommes , ayant
dirigé leur marche par cette Ville , attaquérent ,
avec le fecours de la Garnifon & de quelques
Bourgeois , les troupes de Heffe - Darmstadt ,
qui furent repouffées & dont l'Officier Com
mandant fut maltraité par le Bourge- Maître &
par quelques Sénateurs . Le Landgrave demanda
fatisfaction de cette injure au Magiftrat
mais n'ayant pu l'obtenir , ce refus le détermina
à en venir à des voies de fait . Il y a eu
à ce fujet , ce matin entre huit & neuf heures.
une féance extraordinaire des Affelleurs de la
Chambre ; mais on n'en fçait point encore le
réfultat.
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Résumé : De RATISBONNE, le 10 Juin 1763.
Le 10 juin 1763, à Ratisbonne, une alarme générale a été déclenchée à deux heures du matin par l'arrivée inattendue de troupes au service du landgrave de Hesse-Darmstadt. Composées de deux régiments d'infanterie, quatre bataillons de milice et environ cinq cents cavaliers, dragons et hussards, ces troupes ont forcé les portes de la ville et pris le contrôle des principales avenues. Elles ont investi les maisons des bourgmestres, sénateurs et bourgeois, contraignant plusieurs magistrats à répondre devant des députés nommés par le landgrave. La ville est maintenant remplie de troupes armées de trente pièces de canon, et les habitants sont confinés chez eux, sauf pour les postes de garde. Cet événement est attribué à une altercation précédente où des troupes alliées, soutenues par la garnison et quelques bourgeois, ont attaqué les troupes de Hesse-Darmstadt après la conclusion de la paix. Le landgrave a demandé réparation pour l'affront subi mais, n'ayant pas obtenu satisfaction, a décidé d'agir par la force. Une séance extraordinaire des assemblées de la Chambre a eu lieu ce matin, mais son résultat n'est pas encore connu.
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49
p. 187-188
De LONDRES, le 8 Juillet 1763.
Début :
On écrit de Minorque que le 31 Mai dernier, le Colonel Lambart est arrivé [...]
Mots clefs :
Minorque, Colonel, Gibraltar, Régiments, Fort Saint-Philippe, Prise de possession, Fortifications, Garnison, Vaisseaux de guerre, Officier
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texteReconnaissance textuelle : De LONDRES, le 8 Juillet 1763.
De LONDRES, le 8 Juillet 1763-
On écrit de Minorque que le 31 Mai dernier ,
le Colonel Lambart eft arrivé de Gibraltar en
cette Ifle , avec trois Régimens Anglois , qui ont
débarqué fous fes ordres , & ont pris poffeffion
du Fort- Saint- Philippe & du reste de l'ifle , don't
les Fortifications fe font trouvées en bon état,
188 MERCURE DE FRANCE.
La Garniſon françoife s'eft embarquée le 4 do
mois dernier fur trois Vaiffeaux de Guerre qui
ont dû mettre inceffamment à la voile . Ce jourlà
il ne reftoit à Minorque d'autres François
qu'un Officier d'Artillerie , chargé de remettre
les Magafins & les Provifions , & quelques foldats
malades pour le traitement defquels on a
laiffé les perſonnes & les médicamens néceſſaires .
On écrit de Minorque que le 31 Mai dernier ,
le Colonel Lambart eft arrivé de Gibraltar en
cette Ifle , avec trois Régimens Anglois , qui ont
débarqué fous fes ordres , & ont pris poffeffion
du Fort- Saint- Philippe & du reste de l'ifle , don't
les Fortifications fe font trouvées en bon état,
188 MERCURE DE FRANCE.
La Garniſon françoife s'eft embarquée le 4 do
mois dernier fur trois Vaiffeaux de Guerre qui
ont dû mettre inceffamment à la voile . Ce jourlà
il ne reftoit à Minorque d'autres François
qu'un Officier d'Artillerie , chargé de remettre
les Magafins & les Provifions , & quelques foldats
malades pour le traitement defquels on a
laiffé les perſonnes & les médicamens néceſſaires .
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Résumé : De LONDRES, le 8 Juillet 1763.
Le 8 juillet 1763, des nouvelles de Minorque rapportent que le 31 mai, le Colonel Lambart est arrivé de Gibraltar avec trois régiments anglais. Ces troupes ont pris possession du Fort Saint-Philippe et de l'île, dont les fortifications étaient en bon état. La garnison française a quitté l'île le 4 mai. Quelques Français sont restés, dont un officier d'artillerie et des soldats malades.
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50
p. 191
De GENES, le 4 Juin 1764.
Début :
On mande de Bonifaccio que les Rebelles, secondés par un Officier Corse [...]
Mots clefs :
Bonifacio, Rebelles, Officier, Attaque, Pertes, Forts, Dommages, Garnison, Paoli, Marquis
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texteReconnaissance textuelle : De GENES, le 4 Juin 1764.
De GENES , le 4 Juin 1764.
On mande de Bonifaccio que les Rebelles , ſecondés
par un Officier Corſe au ſervice de la République
, avoient tenté de ſurprendre cette Place
; mais cette entrepriſe a échoué , & les Rebelles
ont été repouffés avec perte dans l'attaque
qu'ils ont faite ſur le Poſte de S. Julien.
Du 23 .
On apprend par la voie de Livourne que les
Rebelles , qui ont attaqué les Forts de S. Florent
& de l'Algaïola , continuent de les canonner le
premier fans y cauler cependant un dommage
conſidérable . Comme la garniſon eſt de cinq cens
hommes , nombre ſuffiſant pour défendre une ſi
petite Place , on ne doute pas que Paoli ne ſoit
obligé d'en lever le Siége.
LeMarquis & la Marquiſe de Chauvelin , après
avoir ſéjourné ici treize jours , en fort partis ce
matin pour ſe rendre à Parme.
On mande de Bonifaccio que les Rebelles , ſecondés
par un Officier Corſe au ſervice de la République
, avoient tenté de ſurprendre cette Place
; mais cette entrepriſe a échoué , & les Rebelles
ont été repouffés avec perte dans l'attaque
qu'ils ont faite ſur le Poſte de S. Julien.
Du 23 .
On apprend par la voie de Livourne que les
Rebelles , qui ont attaqué les Forts de S. Florent
& de l'Algaïola , continuent de les canonner le
premier fans y cauler cependant un dommage
conſidérable . Comme la garniſon eſt de cinq cens
hommes , nombre ſuffiſant pour défendre une ſi
petite Place , on ne doute pas que Paoli ne ſoit
obligé d'en lever le Siége.
LeMarquis & la Marquiſe de Chauvelin , après
avoir ſéjourné ici treize jours , en fort partis ce
matin pour ſe rendre à Parme.
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Résumé : De GENES, le 4 Juin 1764.
Le 4 juin 1764, des rebelles soutenus par un officier corse ont tenté de prendre Bonifaccio, mais ont été repoussés. Le 23 juin, ils ont attaqué les forts de Saint-Florent et de l'Algaïola sans succès. La garnison de cinq cents hommes est jugée suffisante. Le marquis et la marquise de Chauvelin ont quitté Gênes pour Parme.
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