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1
p. 86-97
RELATION de l'Affaire de Vive Saint-Eloy.
Début :
Le 24. Septembre Mr le Chevalier de Valence, Capitaine de [...]
Mots clefs :
Ennemis, Infanterie, Dragons, Grenadiers, Chevaux, Cavalerie, Valence, Vive-Saint-Éloi
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de l'Affaire de Vive Saint-Eloy.
RELATION
de l'Affaire de Vive
Saint-Eloy.
Le 24. Septembre Mr le
Chevalier de Valence, CapitainedeGalere,
arriva d'Ipres
& rendit compte au
Roy de ce qui fuir. Mrriatendant
ayant donné avis à
Mrde Ravignan, Maréchal
de Camp, que les ennemis
faisoient remonter un gros
Convoy par la Lys, il partitle
18. à dix heures du soir
avec Mrs d'Houk, & de Jarnac
Brigadiers, Mrs de Valence
, de Noailles, de Nogaret,
de Louvigny
,
d'Angennes
,
& de Montesson
Colonels) 19. Compagnies
de Grenadiers, 1500. Fuseliers,
& leRégiment de
Dragons de S. Chaumont.
Il marcha toute la nuit
dans les Bois, prés de Vive
S. Eloy, passa à la veuë de
Menin, & à la demi portée
du canon de Courtray, à
troislieues de Deins en deça
de Gand, & arriva à deux
heures après midi à Oucghem
sur le bord de la Lys.
Trente Houssards qu'il
avoit envoyez à la découverte,
vinrent avertir que
les Ennemis se mettoient en
bataille à Vive S. Eloy sur
le bord de la riviere,&qu'ils
rangeoient leurs Batteaux
derriere eux; il pressa la
marche de ses Troupes, &
ayant pillé le Village, pendant
que l'Infanterie se
mettoit en bataille,ilalla
reconnoitre les Ennemis.
Mr le Comte d'Arhlone,
qui commandoit l'Escorte
du Convoy, avoit
13oo. hommes d'Infanterie
& 600.Chevaux. Il
avoit appuyé sa gauche à un
Mardis impratiquable joignant
la Lys. Son front qui
croit fort étroit, se trouvoit
couvert d'une prairie coupée
par trois fossez, & une
levée de terre; il avoit posté
sa Cavalerie, à sa droite
qui nestoit point retranchée.
Mr de Ravignanprit lemeilleur
party qui estoit de
se poster de maniere qu'en
allongeant sa gauche
,
il y
postast Mr de ,Jarnac
,
Mr
de Louvigny, Mr deMontesson
avec 6oo.Fuseliers,
à costé d'eux , & le Regiment
de Dragons de Saint-
Chaumont,avec 30. Houssarts
qui faisoient face à la
Cavalerie ennemie. Monsieur
d'Houk Brigadier,Mrsde
Valence & de Nogaret
Colonels avec les Grenadiers
,
Mrs d'Angennes &,;
de Noailles Colonels, avec
le surplus desFuseliersoccupoient
la droite jusquau-
Marais.
- Comme on avoitobservé
que la Cavalerie ennemie
pouvoir pénétrerparunchemin
& tomber sur la gauche
de l'Infanterie, on posta à
l'entrée, de ce chemin60.
Fufeliers. Au signal, qui étoit
de battre aux champs,
les Fufeliers de la droite firent
feu sur les ennemis pour
les occuper. En même temps
tous les grenadiers passerent
les trois fossez sans tirer, &
tombèrent sur les ennemis
la bayonnette au bout du
fusil, se mêlercnt & culbuterent
les premiers rangs,
firent un grand carnage,&
poufferent sivivement les ennemis,
qu'ils n'eurent pas Ictemps
de se jetterdans deux
vieilles Redoutes ruinées.
Nos Dragons cependant
chargèrent sià props & si
brusquement la Cavalerie
ennemie, qu'ils la défirent
en tres peu de temps. Les
Houssards qui estoient à la
teste des Dragons fabrerent
avec tant de fureur,qu'elle
fut renversée. Mr de Jarnac
<
fc replia sur la droite, &
•
prit en flanc l'Infanterie ennemie
qui estoit déja presque
tout à faitrenversée par
<
les Grenadiers.
âe Des 1300.hommes d'Infanterie
, tout fut tué ou
noyé à l'exception de C09+
qui furent conduits à Ipres,
& d'une trentaine deblessez
à mort, qu'onlaissa dans
les Villages. On compta que
des 600. Chevaux la moitié
avoit estétuez ou noyez, le
reste s'estant sauvé du costé
de Deins. Le Comte d'Athlone
qui commandoit l'efcorte
, fut fait prisonnier,
avec un Lieutenant Colonel,
un Major &36. autres Officiers.
On prit beaucoup de
Chevaux des Cavaliers ÔC
tous ceux qui remontoient
les Belandres sur lesquelles
les soldats se chargèrent de
Burin; dix furent choisis
pourmettrele feu aux poudres
avec précaution,ils le
firent, & secoucherentensuite
à terre a près s'estre
bouché les oreilles, ce qui
n'empêcha pas que deux ne
furent estoussez. Le bruit
fut si furieux que le Village
de S. Eloy vive fut renverfé
,
& que la terre fut ébranlée
jusques à Valenciennes,
&S. Quentin ou
les vitres en furent cassées;
laLys fut separée en deuxbras
au travers des Terres,
& les Batteaux furent tous
brifez. Il yavoir treize cent
quatre - vingt milliers de
poudre, de l'Artillerie, &
une grande quantité de boulets,
de bombes chargées,
de carcasses
,
de grenades;
de vinaigre & d'eau de vie.
Après cette expédition
,
qui ne coûtaque50. hommes
tuez ou blessez
,
Mr de
Ravignan, marcha lentement
vers Rouffelar où il
arriva le lendemain à midy;
ses Troupes estant fort satiguées
, a cause qu'elles e''
toient cliarcyées&embarassées
deprisonniers. Il y reçût
avis que les ennemisenvoyoient
plusieursdétachemens
pour le couper. En
effet une heure après 600.
Chevaux ennemis parurent
avec quelque Infanterie, &
attaqueront un poste à la
portéedefusil de Rouffelar.
Mr du Bois, Lieutenant Colonel
de S. Chaumont partit
avec 100. Dragons, fou.
tenus de quelques Grenadiers,
commandez par Mr
de Valence. Les ennemis se
retirèrentavec précipitation
Monsieur
Mr Dubois les poursuivit
leur , tua 15.hommes, prit
un Officier avec 10. Chevaux;
ensuite Mr de Ravignan
marcha par le grand
chemin d'Ipres, où il arriva
le 10 au soit.
de l'Affaire de Vive
Saint-Eloy.
Le 24. Septembre Mr le
Chevalier de Valence, CapitainedeGalere,
arriva d'Ipres
& rendit compte au
Roy de ce qui fuir. Mrriatendant
ayant donné avis à
Mrde Ravignan, Maréchal
de Camp, que les ennemis
faisoient remonter un gros
Convoy par la Lys, il partitle
18. à dix heures du soir
avec Mrs d'Houk, & de Jarnac
Brigadiers, Mrs de Valence
, de Noailles, de Nogaret,
de Louvigny
,
d'Angennes
,
& de Montesson
Colonels) 19. Compagnies
de Grenadiers, 1500. Fuseliers,
& leRégiment de
Dragons de S. Chaumont.
Il marcha toute la nuit
dans les Bois, prés de Vive
S. Eloy, passa à la veuë de
Menin, & à la demi portée
du canon de Courtray, à
troislieues de Deins en deça
de Gand, & arriva à deux
heures après midi à Oucghem
sur le bord de la Lys.
Trente Houssards qu'il
avoit envoyez à la découverte,
vinrent avertir que
les Ennemis se mettoient en
bataille à Vive S. Eloy sur
le bord de la riviere,&qu'ils
rangeoient leurs Batteaux
derriere eux; il pressa la
marche de ses Troupes, &
ayant pillé le Village, pendant
que l'Infanterie se
mettoit en bataille,ilalla
reconnoitre les Ennemis.
Mr le Comte d'Arhlone,
qui commandoit l'Escorte
du Convoy, avoit
13oo. hommes d'Infanterie
& 600.Chevaux. Il
avoit appuyé sa gauche à un
Mardis impratiquable joignant
la Lys. Son front qui
croit fort étroit, se trouvoit
couvert d'une prairie coupée
par trois fossez, & une
levée de terre; il avoit posté
sa Cavalerie, à sa droite
qui nestoit point retranchée.
Mr de Ravignanprit lemeilleur
party qui estoit de
se poster de maniere qu'en
allongeant sa gauche
,
il y
postast Mr de ,Jarnac
,
Mr
de Louvigny, Mr deMontesson
avec 6oo.Fuseliers,
à costé d'eux , & le Regiment
de Dragons de Saint-
Chaumont,avec 30. Houssarts
qui faisoient face à la
Cavalerie ennemie. Monsieur
d'Houk Brigadier,Mrsde
Valence & de Nogaret
Colonels avec les Grenadiers
,
Mrs d'Angennes &,;
de Noailles Colonels, avec
le surplus desFuseliersoccupoient
la droite jusquau-
Marais.
- Comme on avoitobservé
que la Cavalerie ennemie
pouvoir pénétrerparunchemin
& tomber sur la gauche
de l'Infanterie, on posta à
l'entrée, de ce chemin60.
Fufeliers. Au signal, qui étoit
de battre aux champs,
les Fufeliers de la droite firent
feu sur les ennemis pour
les occuper. En même temps
tous les grenadiers passerent
les trois fossez sans tirer, &
tombèrent sur les ennemis
la bayonnette au bout du
fusil, se mêlercnt & culbuterent
les premiers rangs,
firent un grand carnage,&
poufferent sivivement les ennemis,
qu'ils n'eurent pas Ictemps
de se jetterdans deux
vieilles Redoutes ruinées.
Nos Dragons cependant
chargèrent sià props & si
brusquement la Cavalerie
ennemie, qu'ils la défirent
en tres peu de temps. Les
Houssards qui estoient à la
teste des Dragons fabrerent
avec tant de fureur,qu'elle
fut renversée. Mr de Jarnac
<
fc replia sur la droite, &
•
prit en flanc l'Infanterie ennemie
qui estoit déja presque
tout à faitrenversée par
<
les Grenadiers.
âe Des 1300.hommes d'Infanterie
, tout fut tué ou
noyé à l'exception de C09+
qui furent conduits à Ipres,
& d'une trentaine deblessez
à mort, qu'onlaissa dans
les Villages. On compta que
des 600. Chevaux la moitié
avoit estétuez ou noyez, le
reste s'estant sauvé du costé
de Deins. Le Comte d'Athlone
qui commandoit l'efcorte
, fut fait prisonnier,
avec un Lieutenant Colonel,
un Major &36. autres Officiers.
On prit beaucoup de
Chevaux des Cavaliers ÔC
tous ceux qui remontoient
les Belandres sur lesquelles
les soldats se chargèrent de
Burin; dix furent choisis
pourmettrele feu aux poudres
avec précaution,ils le
firent, & secoucherentensuite
à terre a près s'estre
bouché les oreilles, ce qui
n'empêcha pas que deux ne
furent estoussez. Le bruit
fut si furieux que le Village
de S. Eloy vive fut renverfé
,
& que la terre fut ébranlée
jusques à Valenciennes,
&S. Quentin ou
les vitres en furent cassées;
laLys fut separée en deuxbras
au travers des Terres,
& les Batteaux furent tous
brifez. Il yavoir treize cent
quatre - vingt milliers de
poudre, de l'Artillerie, &
une grande quantité de boulets,
de bombes chargées,
de carcasses
,
de grenades;
de vinaigre & d'eau de vie.
Après cette expédition
,
qui ne coûtaque50. hommes
tuez ou blessez
,
Mr de
Ravignan, marcha lentement
vers Rouffelar où il
arriva le lendemain à midy;
ses Troupes estant fort satiguées
, a cause qu'elles e''
toient cliarcyées&embarassées
deprisonniers. Il y reçût
avis que les ennemisenvoyoient
plusieursdétachemens
pour le couper. En
effet une heure après 600.
Chevaux ennemis parurent
avec quelque Infanterie, &
attaqueront un poste à la
portéedefusil de Rouffelar.
Mr du Bois, Lieutenant Colonel
de S. Chaumont partit
avec 100. Dragons, fou.
tenus de quelques Grenadiers,
commandez par Mr
de Valence. Les ennemis se
retirèrentavec précipitation
Monsieur
Mr Dubois les poursuivit
leur , tua 15.hommes, prit
un Officier avec 10. Chevaux;
ensuite Mr de Ravignan
marcha par le grand
chemin d'Ipres, où il arriva
le 10 au soit.
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Résumé : RELATION de l'Affaire de Vive Saint-Eloy.
Le 24 septembre, le Chevalier de Valence, Capitaine de Galère, alerta le roi de la remontée d'un convoi ennemi par la Lys. Le 18 septembre, à dix heures du soir, Monsieur de Ravignan, Maréchal de Camp, partit avec plusieurs officiers et troupes, incluant des grenadiers, fusiliers et dragons. Ils marchèrent toute la nuit et arrivèrent à Oucghem, sur le bord de la Lys. Des hussards signalèrent que les ennemis se préparaient à combattre à Vive Saint-Eloy. Monsieur de Ravignan organisa ses troupes pour attaquer, allongeant sa gauche et postant des fusiliers et des dragons pour contrer la cavalerie ennemie. Les grenadiers chargèrent les ennemis, causant un grand carnage, tandis que les dragons et les hussards défirent la cavalerie ennemie. La bataille fut victorieuse, avec 1300 hommes d'infanterie ennemis tués ou noyés, et de nombreux chevaux capturés ou tués. Le Comte d'Athlone, commandant l'escorte ennemie, fut fait prisonnier. Après la bataille, Monsieur de Ravignan marcha vers Rouffelar, où il reçut des renforts et repoussa une attaque ennemie. Il arriva à Ipres le 10 octobre au soir.
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2
p. 59-65
Nouvelles d'Espagne.
Début :
Le Roy a nommé les Officiers Generaux qui doivent servir [...]
Mots clefs :
Espagne, Grenadiers, Cavalerie, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
Nouvelles d'Espagne.
LeRoy a
nommé les Officiers Généraux qui doivent servir dansses armées
pendant cette Campagne.
On remplit les magasins
de Vinaros
,
de Mequinenia, de Tortose, de Penifcola & de Lerida. Le
Duc de Vendosme doit
partir dans peu pour aller
visiter lesplaces du Royaume de Valence. SaMajesté a
declaré Lieutenant
General de ses armées Dom
Miguel Pons. On mande
de Tarragone que les Anglois vendoient leurs chevaux & leurs équipa ges
,
pour s'embarquer sur les
vaiffiaux qu'ils attendoient. On écrit de Barcelone que la.cliertlé des vi-
vres est fort grande, que
le Comte de Staremberg
avoic esté obligé d'y envoyer son Regiment avec un
autre, que les Miquelers
ny les Soumettants ne font
plus si zelez pour le service de l'Archiduc.LesLettres du Gouverneur de la
Havane dans Tlfle de Cubai &celles des Magistrats
de lamesme Ville
,
marquent que leDuc de LinalésViceroy du Mexique a
envoyé une somme considerable d'argent à sa Majesté)afin qu'elle pust s'en
servir pour la campagne.
On écrit de Catalogne qu'-
un grand corps de Troupes & de Miquelets ennemisvouloients'emparer de
nouveau du pont de Suert,
mais Dom Miguel Pons en
ayant esté informé, les attaqua avec tant de vigueur
qu'il les obligea à se retirer
avec perte de plusieursdes
leurs tuez & faits prisonniers ;ilobligea le Colonel
Nebot qui venoit les secourir, à se retirer en diligence. On mande de la Conça du Tremps, qu'un Lieu-
tenant Colonel du Régiment d'Univés'estant avancé avec quelques Troupes
pour lever les contributions, rencontra un détachement desEnnemis qu'il
fit attaquer si brusquement
qu'il les mit en fuite à la
premiere décharge, en
ayant tue plusieurs & fait
plusieurs prisonniers, parmy lesquels sont quatre
Officiers. Onécrit deCervera que le General Fran-
~Kenberg estoit parti de Santa Colonna avec mille chevaux, quinze cents fantas-
sins,deux mortiers, & quelques pieces de canon dans
le dessein de surprendre
Cervera, mais le Comte
d'Hercelles qui y commande en ayant eu avis,s'estoit
préparé à les bien recevoir.
Les Ennemis arrivèrent le
14. à la pointe du jour
,
il
détachaun Lieutenant des
Grenadiers des Gardes Valonnes avec quarante Cavaliers, pour aller reconnoistre une troupe qui s'estoic avancée; il l'attaqua
avec tant de vigueur qu'il
les obligea à se retirer. Le
Comte
Comte d'Hercelles voyant
qu'ils se retiroient, sortit
avec toute sa cavalerie ôc
la pluspart des Grenadiers,
chargea leur arriere garde,
les mit en fuite
,
laissant
plusieurs morts, nombre
de prisonniers & leur artillerie. On apprend des
deserteurs & des paysans
que les Officiers & les soldats Anglois continuent à
s'embarquer, disant que
c'est pour retourner en Ail:
gleterre
LeRoy a
nommé les Officiers Généraux qui doivent servir dansses armées
pendant cette Campagne.
On remplit les magasins
de Vinaros
,
de Mequinenia, de Tortose, de Penifcola & de Lerida. Le
Duc de Vendosme doit
partir dans peu pour aller
visiter lesplaces du Royaume de Valence. SaMajesté a
declaré Lieutenant
General de ses armées Dom
Miguel Pons. On mande
de Tarragone que les Anglois vendoient leurs chevaux & leurs équipa ges
,
pour s'embarquer sur les
vaiffiaux qu'ils attendoient. On écrit de Barcelone que la.cliertlé des vi-
vres est fort grande, que
le Comte de Staremberg
avoic esté obligé d'y envoyer son Regiment avec un
autre, que les Miquelers
ny les Soumettants ne font
plus si zelez pour le service de l'Archiduc.LesLettres du Gouverneur de la
Havane dans Tlfle de Cubai &celles des Magistrats
de lamesme Ville
,
marquent que leDuc de LinalésViceroy du Mexique a
envoyé une somme considerable d'argent à sa Majesté)afin qu'elle pust s'en
servir pour la campagne.
On écrit de Catalogne qu'-
un grand corps de Troupes & de Miquelets ennemisvouloients'emparer de
nouveau du pont de Suert,
mais Dom Miguel Pons en
ayant esté informé, les attaqua avec tant de vigueur
qu'il les obligea à se retirer
avec perte de plusieursdes
leurs tuez & faits prisonniers ;ilobligea le Colonel
Nebot qui venoit les secourir, à se retirer en diligence. On mande de la Conça du Tremps, qu'un Lieu-
tenant Colonel du Régiment d'Univés'estant avancé avec quelques Troupes
pour lever les contributions, rencontra un détachement desEnnemis qu'il
fit attaquer si brusquement
qu'il les mit en fuite à la
premiere décharge, en
ayant tue plusieurs & fait
plusieurs prisonniers, parmy lesquels sont quatre
Officiers. Onécrit deCervera que le General Fran-
~Kenberg estoit parti de Santa Colonna avec mille chevaux, quinze cents fantas-
sins,deux mortiers, & quelques pieces de canon dans
le dessein de surprendre
Cervera, mais le Comte
d'Hercelles qui y commande en ayant eu avis,s'estoit
préparé à les bien recevoir.
Les Ennemis arrivèrent le
14. à la pointe du jour
,
il
détachaun Lieutenant des
Grenadiers des Gardes Valonnes avec quarante Cavaliers, pour aller reconnoistre une troupe qui s'estoic avancée; il l'attaqua
avec tant de vigueur qu'il
les obligea à se retirer. Le
Comte
Comte d'Hercelles voyant
qu'ils se retiroient, sortit
avec toute sa cavalerie ôc
la pluspart des Grenadiers,
chargea leur arriere garde,
les mit en fuite
,
laissant
plusieurs morts, nombre
de prisonniers & leur artillerie. On apprend des
deserteurs & des paysans
que les Officiers & les soldats Anglois continuent à
s'embarquer, disant que
c'est pour retourner en Ail:
gleterre
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
Le texte décrit divers événements militaires et logistiques en Espagne. LeRoy a nommé les officiers généraux pour la campagne en cours et a rempli les magasins de plusieurs villes, dont Vinaros, Mequinensia, Tortose, Penifcola et Lerida. Le Duc de Vendosme doit visiter les places du Royaume de Valence. Sa Majesté a désigné Dom Miguel Pons lieutenant général de ses armées. À Tarragone, les Anglais vendent leurs chevaux et équipements pour s'embarquer. À Barcelone, la cherté des vivres a conduit le Comte de Staremberg à envoyer des régiments pour maintenir l'ordre. Les Miquelers et les Soumettants montrent moins de zèle pour le service de l'Archiduc. Le Duc de Linares, Vice-roi du Mexique, a envoyé une somme d'argent pour la campagne. En Catalogne, Dom Miguel Pons a repoussé une attaque ennemie sur le pont de Suert. En Concà del Tremps, un lieutenant-colonel a mis en fuite un détachement ennemi. À Cervera, le Comte d'Hercelles a repoussé une attaque du Général Frankenberg, capturant plusieurs prisonniers et de l'artillerie. Des déserteurs et des paysans rapportent que les officiers et soldats anglais continuent de s'embarquer pour retourner en Angleterre.
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3
p. 139-144
NOUVELLES d'Espagne.
Début :
Le Roy a donné par interim le commandement de l'armée [...]
Mots clefs :
Espagne, Armée de Catalogne, Royaume d'Aragon, Saragosse, Gouverneur, Grenadiers, Garnison, Prisonniers, Balaguer, Aragon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Espagne.
NOUVELLES
d'Espagne.
Le Roy a donné par interim le commandement de
l'armée de Catalogne au
Prince Tferclas de Tilly ,
& le commandement de
Sarragoffe & des armes du
Royaume d'Arragon qu'il
exerçoit , a efté donné au
Marquis de Valdecanas
Capitaine General , & la
charge de Lieutenant Colonel du Regiment de Salamanque qui eft en Sicile ,
à Don Miguel Carreno
Mij
140 MERCURE
Capitaine de Grenadiers.
On mande de Sarragoffe
que les Ennemis avoient
tenté pour la troifiéme fois
defurprendreCervera avec
deux mille hommes de
troupes reglées , & deux
mille Micquelers ou Soumettant. Le Gouverneur
en ayant efté informé fit
venir de Balaguerfix cents
Grenadiers , il fit faire un
fi grand feu de mouſqueterie & de canon , que
Ennemis furent contraints
de fe retirer en defordre, &
avec perte ; ils ont abanles
GALANT. 14Ï
donné leurs outils à remuer
la terre , & deux pieces de
canon qu'ils enclouerent
en fe retirant .
Les Lettres de Balaguer
& de Cervera portent qu'-
un Regiment Neapolitain
s'eftant pofté aux environs
de Gironne, le Gouverneur
› en ayant efté informé, fortit avec une partie de fa
garniſon , le défit entiere
ment.
Le Marquis de Valdecanas ayant appris que
quelques Volontaires avoient paffé l'Ebro , & s'a
142 MERCURE
vançoient vers Daroca ,
commanda, pour les couper , plufieurs partis , l'un
defquels conduit par Don
Manuel de faint Martin
Capitaine de Cavalerie, les
rencontra , & les défit ; il
fit plufieurs prifonniers, du
nombre defquels ca efté
leur chef Don Antonio
Biella.
On écrit des frontieres
d'Eftremadure que le Marquis de Bay avoit fait attaquer deux atalayas ou tours
fortifiez , par quelques
compagniesdeGrenadiers,
GALANT. 143
& qu'elles s'eftoient renduës fans faire aucune refiftance , que le Gouverneur de Campo Mayor y
ayant renvoyé de plus fortes garnifons , le Marquis
de Bay fit un détachement
fous les ordres de Don Melchior Cano Marefchal de
Camp qui les obligea à ſe
rendre prifonniers de guerre , & fit rafer les tours.
On mande d'Arragon
que Don Patricio Laules
Marefchal de Camp &
Commandant de Benavar
ri ayant efté informé que
144 MERCURE
14
les Volontaires & les Miquelets s'eftoient affemblez au nombre de huit
cens à deffein de le furprendre , fut à leur rencontre , les furprit , & les obligea de prendre la fuite avec
tant de précipitation que la
plufpart abandonnerent
leurs chevaux , dont on en
prit un grand nombre , il y
en eut plufieurs tuez &faits.
prifonniers.
d'Espagne.
Le Roy a donné par interim le commandement de
l'armée de Catalogne au
Prince Tferclas de Tilly ,
& le commandement de
Sarragoffe & des armes du
Royaume d'Arragon qu'il
exerçoit , a efté donné au
Marquis de Valdecanas
Capitaine General , & la
charge de Lieutenant Colonel du Regiment de Salamanque qui eft en Sicile ,
à Don Miguel Carreno
Mij
140 MERCURE
Capitaine de Grenadiers.
On mande de Sarragoffe
que les Ennemis avoient
tenté pour la troifiéme fois
defurprendreCervera avec
deux mille hommes de
troupes reglées , & deux
mille Micquelers ou Soumettant. Le Gouverneur
en ayant efté informé fit
venir de Balaguerfix cents
Grenadiers , il fit faire un
fi grand feu de mouſqueterie & de canon , que
Ennemis furent contraints
de fe retirer en defordre, &
avec perte ; ils ont abanles
GALANT. 14Ï
donné leurs outils à remuer
la terre , & deux pieces de
canon qu'ils enclouerent
en fe retirant .
Les Lettres de Balaguer
& de Cervera portent qu'-
un Regiment Neapolitain
s'eftant pofté aux environs
de Gironne, le Gouverneur
› en ayant efté informé, fortit avec une partie de fa
garniſon , le défit entiere
ment.
Le Marquis de Valdecanas ayant appris que
quelques Volontaires avoient paffé l'Ebro , & s'a
142 MERCURE
vançoient vers Daroca ,
commanda, pour les couper , plufieurs partis , l'un
defquels conduit par Don
Manuel de faint Martin
Capitaine de Cavalerie, les
rencontra , & les défit ; il
fit plufieurs prifonniers, du
nombre defquels ca efté
leur chef Don Antonio
Biella.
On écrit des frontieres
d'Eftremadure que le Marquis de Bay avoit fait attaquer deux atalayas ou tours
fortifiez , par quelques
compagniesdeGrenadiers,
GALANT. 143
& qu'elles s'eftoient renduës fans faire aucune refiftance , que le Gouverneur de Campo Mayor y
ayant renvoyé de plus fortes garnifons , le Marquis
de Bay fit un détachement
fous les ordres de Don Melchior Cano Marefchal de
Camp qui les obligea à ſe
rendre prifonniers de guerre , & fit rafer les tours.
On mande d'Arragon
que Don Patricio Laules
Marefchal de Camp &
Commandant de Benavar
ri ayant efté informé que
144 MERCURE
14
les Volontaires & les Miquelets s'eftoient affemblez au nombre de huit
cens à deffein de le furprendre , fut à leur rencontre , les furprit , & les obligea de prendre la fuite avec
tant de précipitation que la
plufpart abandonnerent
leurs chevaux , dont on en
prit un grand nombre , il y
en eut plufieurs tuez &faits.
prifonniers.
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Résumé : NOUVELLES d'Espagne.
Le roi a nommé le Prince Tferclas de Tilly commandant par intérim de l'armée de Catalogne. Le Marquis de Valdecanas a été désigné Capitaine Général et commandant de Sarragosse et des armes du Royaume d'Aragon. Don Miguel Carreno a été nommé Lieutenant Colonel du Régiment de Salamanque en Sicile. À Sarragosse, les ennemis ont été repoussés après une attaque contre Cervera, abandonnant des outils et deux pièces de canon. À Balaguer et Cervera, un régiment napolitain a été défait par le gouverneur. Le Marquis de Valdecanas a vaincu des volontaires près de Daroca, capturant leur chef, Don Antonio Biella. En Estrémadure, le Marquis de Bay a pris deux tours fortifiées et contraint les renforts à se rendre. En Aragon, Don Patricio Laules a mis en fuite des volontaires et des miquelets, capturant plusieurs chevaux et faisant des prisonniers.
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4
p. 261-274
A l'Abbaye dr Crepin le 18. Septembre 1712.
Début :
Mr le Comte de Broglio fut chargé de faire un [...]
Mots clefs :
Abbaye de Crepin, Comte de Broglio, Fourrages, Retraite, Troupes, Cavalerie, Village, Grenadiers, Compagnies, Chevaux
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texteReconnaissance textuelle : A l'Abbaye dr Crepin le 18. Septembre 1712.
Al'Abbaye dr Crepin le
18. Septembre 1712.
Mr le Comte de Broglio
fut chargé de faire un fourage hier du cofté de la
Haine; les ennemis en
kayane cfté avertis par leurs
262 MERCURE
efpions & par l'avis qu'on
avoit donné aux Païfans
de fauver leurs Vaches
devant eſtre fouragez ,
pafferent avant hier au foir
la Haine à S. Guilain avec
douze cent Chariots , deux
cent Houzars & cinq cent
Grenadiers qu'ils laifferent
à la tefte de la Chauffée de
S. Guilain , pour favorifer
leur retraite , ils commencerent à paffer cette riviere
à une heure aprés minuit
à peu prés dans le temps que
nous paffions l'Escaut à
Condé , de forte qu'à la
GALANT 263
pointe du jour toutes leurs
Troupes eftoient entre
Outrage & S. Guilain : nous
arivames auffi dans ce
temps là avec mille Grena
diers & neuf cent chevaux
à la tefte du Village de
Ville , qui eft contigu à
celuy de Pommervil ; Mr
le Comte de Broglio mit lá
la Cavalerie en bataille dans
une petite Plaine à la tefte
de ce Village , barrant de
la Riviere au Bois , elle
eftoit foutenue par les
mille Grenadiers qu'il poſta
en mefme temps dans les
4 MERCURE
ayeda Villages. Le fielt
Charfwars qu'il avoir e
woyé đés la voille aveccent
wheraux & cinquante Hea
ers aperçeur les ennemis
und demi heurer de jour
entre Outrage & S. Gui
dain où ils titoient, en alte
envoya dire à Mr de
Broglio qu'il voyoit sun
affez gros corps de Cavalet
Tie fans pouvoir en dire le
nombre. Un moment aprés
les, ennemis marchérent à
Juy, &l'obligerent à fe retis
rer fur une Troupe avancée
que nous avions entre las
Villages
GALANT. 265
Village d'Outrage & de
Ville.
Mr le Comte deBroglio
s'y porca aulli toft pour
connoiftre la force de ces
Troupes qui déboucherene
au galop rempliſſant te
terrain , à melure qu'elles
eftoient formées ,
nos
Houfars efcarmoucherent
pendant ce temps- là avec
ceux des ennemis , mais
leur Troupe groffillant ,
Mronde Broglio» envoya
avertir dans les Villages
de Pommereüil & de Ville
la Cavalerie de monter
Septembre 1712. Z
*** MERCURE
A
à cheval, & fit retirer les
Houfars & la Cavalerie
qui eſtoient en avant fur
le gros de la Cavalerie qui
eftoient en bataille en pre
miere ligne devant les mille
Grenadiers poftez dans les
hayes à la telte du Village de
Ville , en ayant mis crois
Compagnies à la droite
de la Cavalerie, & trois
Compagnies à la gauche
pour la flanquer. 11
D'abord quelles ennemis
curent formé toutes leurs
Troupes fur quatre lignes,
ls marcherent de front fur
GALANT. 267
noftre Cavalerie qui foren
verfavallat premieres charge
par fa droite fur les trois
Compagnies de Grenadiers
du Flánc droit & fe jedterenr
dans le chemin de Pommie
reüil d'où elle fe retiraà une
Troupe de Carabiniers qui
fe reforma dans le chemin
& quity refta . 51 amp fiv
zioLestennemis ayant ainfi
pouffe noftre Cavalerievoufurent tour de fuite paffer
fur noftre Infantérie máis
Male Comte de Broglio
luy fit faire une déchange
àbouttouchant quien jerta
Zij
268 MERCURE
beaucoup par terres&idet
culbuta , ce qui les obligea
à le jetter par leur gauche il
entra une Troupe ou deux
dans le Village de Ville,
n'ayantpûmettred'Infante
tie par cette droite , parce
que le front cftoit trop
grand, Mr de Broglio ayant
vûquecette Cavaleriefejeg
toit fur fa gauche quichoir
noftre droite pour entrer
dans ce Villageymarcha
d'abord à la tefte des Gre
nadiers dans le grandi che
min , & trouva ces deux
Troupes des ennemis entre
GALANT. 169
Pommercial & Ville. Il fit
faire feu fur cux par cinquante Grenadiers asi que
commandoit le fieur de la
Chaize Capitaine des
Grenadiers de Meuſe , ce
quicles culbutas dans le
moment.fls,anot of
anals ofed retirerent fans
perdre de temps & affcz
precipirament, & depuis co
temps là on n'a plus vû
uh ennemi, quoyque nos
Troupes ayent trefté en
bataille dans le Village plus
de trois heures aprés.
97.dls n'ont pris , de foursZiij
478 MERCURE
gours que ce qui eſtoit entre
la riviere de Pommercüil &
le Village de Ville dans les
Prairies , qui eftoient en pe
tit nombre , & gens qui
avoient paffé les efcortos.
r! Mrr de Suryavoir poſté
fix cens hommes le long du
bois depuis le Village de
Ville jufqu'à Berniffar avec
doux cent chevaux dans la
Trouée qui va dans des
Bruyeres de Blaton; & Mr
de Franla avoit place buit
ccds hommes depuis Bernif
far , longeant la Foreft
de Noftre -Dame de bon
GALANT 277
Secours jufqu'à l'Efcaut
pour couvrir les Ponts qui
cftoient fairs au-deſſus de
Condé avec deux cens
chevaux dans la Plaine entre
L'Efcant & les bois de
Noftre Dame dombon
Secours.51
Tous ceux qui ont fouragé de ce coftézlà, qui
affoient les trois quarts &
demy de fourageurs , onc
raporté du fourage H n'y
arcûr que la Referve qui
étoit as a teſte qui eft
venuë fans fourager inn
roll eſt reſté quelques che
Ziiij
*** MERCURS
vaux de Cavaliers rondus
qu'on a trouvés lo long!
des chemins , parce qu'ils!
eftoient en tres mauvais
état, car pour de pris je
fuis certain qu'il n'y en a pas
cinquante.
Si l'on avoit feparé les
Grenadiers commcorc'cft
l'ufage & qu'ils n'euffent
pas efté tous enſemble à la
tefte , toute l'alle gauche
auroit couru grand rifques
C'eftoit Mr d'Atel Licu
tenant General des ennemis
qui commandoit ce déta
chement. Nous avons cú
GALANT 2**
。
environ lept Coub huir
hommes tuez mais pour
les ennemis foit de la dés
charge de nos Grenadiers
fur leur Cavalerie , foit de
ceux que nous avons trouvé
dans le Village , quandnous
y ſommes rentrez, il y en a
au moins une centaine fur
le quarreaustrop. 53 ayout
Il faut dire à la décharge
della Cavalerie de n'avoir
pas mieux fait qu'outre que
les ennemis eftoient quatre
contresun, c'est que felon
la loüable coûtume › des
Officiers les jours de fourage
174 MERCURE
ils ne donnent que les che
vaux éclopez pour les ef
Cortes, & gardent les bons
pour fourager
18. Septembre 1712.
Mr le Comte de Broglio
fut chargé de faire un fourage hier du cofté de la
Haine; les ennemis en
kayane cfté avertis par leurs
262 MERCURE
efpions & par l'avis qu'on
avoit donné aux Païfans
de fauver leurs Vaches
devant eſtre fouragez ,
pafferent avant hier au foir
la Haine à S. Guilain avec
douze cent Chariots , deux
cent Houzars & cinq cent
Grenadiers qu'ils laifferent
à la tefte de la Chauffée de
S. Guilain , pour favorifer
leur retraite , ils commencerent à paffer cette riviere
à une heure aprés minuit
à peu prés dans le temps que
nous paffions l'Escaut à
Condé , de forte qu'à la
GALANT 263
pointe du jour toutes leurs
Troupes eftoient entre
Outrage & S. Guilain : nous
arivames auffi dans ce
temps là avec mille Grena
diers & neuf cent chevaux
à la tefte du Village de
Ville , qui eft contigu à
celuy de Pommervil ; Mr
le Comte de Broglio mit lá
la Cavalerie en bataille dans
une petite Plaine à la tefte
de ce Village , barrant de
la Riviere au Bois , elle
eftoit foutenue par les
mille Grenadiers qu'il poſta
en mefme temps dans les
4 MERCURE
ayeda Villages. Le fielt
Charfwars qu'il avoir e
woyé đés la voille aveccent
wheraux & cinquante Hea
ers aperçeur les ennemis
und demi heurer de jour
entre Outrage & S. Gui
dain où ils titoient, en alte
envoya dire à Mr de
Broglio qu'il voyoit sun
affez gros corps de Cavalet
Tie fans pouvoir en dire le
nombre. Un moment aprés
les, ennemis marchérent à
Juy, &l'obligerent à fe retis
rer fur une Troupe avancée
que nous avions entre las
Villages
GALANT. 265
Village d'Outrage & de
Ville.
Mr le Comte deBroglio
s'y porca aulli toft pour
connoiftre la force de ces
Troupes qui déboucherene
au galop rempliſſant te
terrain , à melure qu'elles
eftoient formées ,
nos
Houfars efcarmoucherent
pendant ce temps- là avec
ceux des ennemis , mais
leur Troupe groffillant ,
Mronde Broglio» envoya
avertir dans les Villages
de Pommereüil & de Ville
la Cavalerie de monter
Septembre 1712. Z
*** MERCURE
A
à cheval, & fit retirer les
Houfars & la Cavalerie
qui eſtoient en avant fur
le gros de la Cavalerie qui
eftoient en bataille en pre
miere ligne devant les mille
Grenadiers poftez dans les
hayes à la telte du Village de
Ville , en ayant mis crois
Compagnies à la droite
de la Cavalerie, & trois
Compagnies à la gauche
pour la flanquer. 11
D'abord quelles ennemis
curent formé toutes leurs
Troupes fur quatre lignes,
ls marcherent de front fur
GALANT. 267
noftre Cavalerie qui foren
verfavallat premieres charge
par fa droite fur les trois
Compagnies de Grenadiers
du Flánc droit & fe jedterenr
dans le chemin de Pommie
reüil d'où elle fe retiraà une
Troupe de Carabiniers qui
fe reforma dans le chemin
& quity refta . 51 amp fiv
zioLestennemis ayant ainfi
pouffe noftre Cavalerievoufurent tour de fuite paffer
fur noftre Infantérie máis
Male Comte de Broglio
luy fit faire une déchange
àbouttouchant quien jerta
Zij
268 MERCURE
beaucoup par terres&idet
culbuta , ce qui les obligea
à le jetter par leur gauche il
entra une Troupe ou deux
dans le Village de Ville,
n'ayantpûmettred'Infante
tie par cette droite , parce
que le front cftoit trop
grand, Mr de Broglio ayant
vûquecette Cavaleriefejeg
toit fur fa gauche quichoir
noftre droite pour entrer
dans ce Villageymarcha
d'abord à la tefte des Gre
nadiers dans le grandi che
min , & trouva ces deux
Troupes des ennemis entre
GALANT. 169
Pommercial & Ville. Il fit
faire feu fur cux par cinquante Grenadiers asi que
commandoit le fieur de la
Chaize Capitaine des
Grenadiers de Meuſe , ce
quicles culbutas dans le
moment.fls,anot of
anals ofed retirerent fans
perdre de temps & affcz
precipirament, & depuis co
temps là on n'a plus vû
uh ennemi, quoyque nos
Troupes ayent trefté en
bataille dans le Village plus
de trois heures aprés.
97.dls n'ont pris , de foursZiij
478 MERCURE
gours que ce qui eſtoit entre
la riviere de Pommercüil &
le Village de Ville dans les
Prairies , qui eftoient en pe
tit nombre , & gens qui
avoient paffé les efcortos.
r! Mrr de Suryavoir poſté
fix cens hommes le long du
bois depuis le Village de
Ville jufqu'à Berniffar avec
doux cent chevaux dans la
Trouée qui va dans des
Bruyeres de Blaton; & Mr
de Franla avoit place buit
ccds hommes depuis Bernif
far , longeant la Foreft
de Noftre -Dame de bon
GALANT 277
Secours jufqu'à l'Efcaut
pour couvrir les Ponts qui
cftoient fairs au-deſſus de
Condé avec deux cens
chevaux dans la Plaine entre
L'Efcant & les bois de
Noftre Dame dombon
Secours.51
Tous ceux qui ont fouragé de ce coftézlà, qui
affoient les trois quarts &
demy de fourageurs , onc
raporté du fourage H n'y
arcûr que la Referve qui
étoit as a teſte qui eft
venuë fans fourager inn
roll eſt reſté quelques che
Ziiij
*** MERCURS
vaux de Cavaliers rondus
qu'on a trouvés lo long!
des chemins , parce qu'ils!
eftoient en tres mauvais
état, car pour de pris je
fuis certain qu'il n'y en a pas
cinquante.
Si l'on avoit feparé les
Grenadiers commcorc'cft
l'ufage & qu'ils n'euffent
pas efté tous enſemble à la
tefte , toute l'alle gauche
auroit couru grand rifques
C'eftoit Mr d'Atel Licu
tenant General des ennemis
qui commandoit ce déta
chement. Nous avons cú
GALANT 2**
。
environ lept Coub huir
hommes tuez mais pour
les ennemis foit de la dés
charge de nos Grenadiers
fur leur Cavalerie , foit de
ceux que nous avons trouvé
dans le Village , quandnous
y ſommes rentrez, il y en a
au moins une centaine fur
le quarreaustrop. 53 ayout
Il faut dire à la décharge
della Cavalerie de n'avoir
pas mieux fait qu'outre que
les ennemis eftoient quatre
contresun, c'est que felon
la loüable coûtume › des
Officiers les jours de fourage
174 MERCURE
ils ne donnent que les che
vaux éclopez pour les ef
Cortes, & gardent les bons
pour fourager
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Résumé : A l'Abbaye dr Crepin le 18. Septembre 1712.
Le 18 septembre 1712, le comte de Broglio reçut l'ordre de mener une opération de fourrage près de la Haine. Informés par leurs espions et les habitants locaux, les ennemis traversèrent la Haine à Saint-Guilain avec 1 200 chariots, 200 hussards et 500 grenadiers. Ils commencèrent à traverser la rivière à une heure après minuit, simultanément à la traversée de l'Escaut par les troupes françaises à Condé. À l'aube, toutes les troupes ennemies étaient positionnées entre Outrage et Saint-Guilain. Les forces françaises, composées de 1 000 grenadiers et 900 cavaliers, arrivèrent à Ville, un village adjacent à Pommervil. Le comte de Broglio déploya la cavalerie en bataille dans une petite plaine, soutenue par les grenadiers postés dans les villages voisins. Les hussards français repérèrent les ennemis et signalèrent leur présence. Les ennemis avancèrent, forçant les hussards à se retirer. Le comte de Broglio organisa la cavalerie en bataille, avec les grenadiers en soutien. Les ennemis, formant leurs troupes en quatre lignes, chargèrent la cavalerie française, qui se retira vers une troupe de carabiniers. Les ennemis tentèrent ensuite de passer sur l'infanterie française mais furent repoussés par une décharge de grenadiers, commandée par le sieur de La Chaize. Les ennemis se retirèrent précipitamment et ne furent plus vus par la suite. Les troupes françaises restèrent en bataille dans le village pendant plus de trois heures. Les ennemis ne prirent que peu de fourrage, principalement entre la rivière de Pommervil et le village de Ville. Les forces françaises, sous les ordres de Mr de Sury et Mr de Franla, étaient positionnées pour couvrir les ponts et les zones de fourrage. Les pertes françaises s'élevèrent à environ 100 hommes tués, tandis que les ennemis subirent des pertes significatives, estimées à une centaine de morts. La cavalerie française fut critiquée pour avoir utilisé des chevaux éclopés pour les escortes, gardant les meilleurs pour le fourrage.
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5
p. 111-120
CREATION d'Officiers de Marine.
Début :
Le 23. Janvier, le Roy fit à Marly un remplacement [...]
Mots clefs :
Chevalier, Lieutenants, Marly, Grenadiers, Capitaines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CREATION d'Officiers de Marine.
CREATION
d'Officiersde Marine.
LE 13. Janvier,le Roy sit
à Marly un remplacement
d'Officiers des Galeres.
Chefd'Escadre.
Le Commandeur - de
Bourfeville.
Commandant des Grenadiers.
Le Sieur de Fontette.
Capitaines.
Les Sieurs de Laubefpin.
De Lubieres.
LeCommandant de Marcellangcs.
Le
Le Chevalier de Marfillac
de la Messeliere.
Le Commandeur de la
Periniere.
< Major.
Le Sieur du Chaftelier.
Capitaines- Lieutenants.
Le Chevalierde Bissy.
Les Marquis d'Efpennes.
DeLefpinay.
Les Chevaliers de Moncolieu.
l
De Levy.
Et de Tranftourette.
Lieutenants.
Les Sieurs Chevalier de
Pontfrach.
De Maroulles.
De Champagne.
Thoron d'Artignofe.
Cassendi Campagne.
De Sabran.
Le Marquis decaftclannè.
Sous-Lieutenants de la Rtale.
Le Sieur de la Gareimfe^
Le Chevalier de Pilles.
Sous-Lieutenants de Galeres.
Les Sieurs de Ginestet.
De Bernages.
De Tournesort
De Langerie.
DeGaillac.
De Caumont.
Le Chevalier de Romieu,
De Gardanne.
De Pontevez Maubouf
quet.
De Saint Ofraaanc.
Chevaliers.
DeCastelanned'Espennes.
De Puydorfile.
, DeMontolieu.
Et de Fontette.
Enseignes de la Reale.
Les Sieurs Bayard.
Chevalier.
f De Pontevez-Tournon.
Enseignes de Galeres,
Les Sieurs de Flotte.
De Soessans.
Chevalier de Ponce-v.e*z. DesTourres.
DeVilleneuve deVaucluse.
D'Espaner.
LeChevalier d'Haraucourt
DeChabannes.
De Manse.
S. Victoret.
DeChaumont.
Le Chevalier de Pigeon.
Dorgnon Terras.
De Savonnieres.
Et le Chevalier de la Fare.
Capitaine de la Compagnie
des Gardes de rEtendart.
Le Chevalier de Courtebonne.
Lieutenant.
Le Commandeur de Froulay.
Enseigne.
*->
Le Sieur-la Balme.
MareschaldesLogis.
Le Sieur Bosco.
Sa Adajefié a fait Chevaliers
de Saint Louis.
Les Sieurs de Com-bant.,
De Chaumonr.
De Cheyladet.
De Cambray.
Ferrant.
Pelicor.
La Combe.
Bevoland.
Chasteauneuf.
D'Heureux.
Marin.
Du Revert Darcuffia;
De BarasChantcrcier.
Le Comte de Beüil.
De Neuvi.
De Razac.
Juliani.
Le Chevalier de Maulevrier..
•j
DeC1aux.] Desidery.
Luguet.
Et de Pontfrach.
NO VVELLEJ
d'Officiersde Marine.
LE 13. Janvier,le Roy sit
à Marly un remplacement
d'Officiers des Galeres.
Chefd'Escadre.
Le Commandeur - de
Bourfeville.
Commandant des Grenadiers.
Le Sieur de Fontette.
Capitaines.
Les Sieurs de Laubefpin.
De Lubieres.
LeCommandant de Marcellangcs.
Le
Le Chevalier de Marfillac
de la Messeliere.
Le Commandeur de la
Periniere.
< Major.
Le Sieur du Chaftelier.
Capitaines- Lieutenants.
Le Chevalierde Bissy.
Les Marquis d'Efpennes.
DeLefpinay.
Les Chevaliers de Moncolieu.
l
De Levy.
Et de Tranftourette.
Lieutenants.
Les Sieurs Chevalier de
Pontfrach.
De Maroulles.
De Champagne.
Thoron d'Artignofe.
Cassendi Campagne.
De Sabran.
Le Marquis decaftclannè.
Sous-Lieutenants de la Rtale.
Le Sieur de la Gareimfe^
Le Chevalier de Pilles.
Sous-Lieutenants de Galeres.
Les Sieurs de Ginestet.
De Bernages.
De Tournesort
De Langerie.
DeGaillac.
De Caumont.
Le Chevalier de Romieu,
De Gardanne.
De Pontevez Maubouf
quet.
De Saint Ofraaanc.
Chevaliers.
DeCastelanned'Espennes.
De Puydorfile.
, DeMontolieu.
Et de Fontette.
Enseignes de la Reale.
Les Sieurs Bayard.
Chevalier.
f De Pontevez-Tournon.
Enseignes de Galeres,
Les Sieurs de Flotte.
De Soessans.
Chevalier de Ponce-v.e*z. DesTourres.
DeVilleneuve deVaucluse.
D'Espaner.
LeChevalier d'Haraucourt
DeChabannes.
De Manse.
S. Victoret.
DeChaumont.
Le Chevalier de Pigeon.
Dorgnon Terras.
De Savonnieres.
Et le Chevalier de la Fare.
Capitaine de la Compagnie
des Gardes de rEtendart.
Le Chevalier de Courtebonne.
Lieutenant.
Le Commandeur de Froulay.
Enseigne.
*->
Le Sieur-la Balme.
MareschaldesLogis.
Le Sieur Bosco.
Sa Adajefié a fait Chevaliers
de Saint Louis.
Les Sieurs de Com-bant.,
De Chaumonr.
De Cheyladet.
De Cambray.
Ferrant.
Pelicor.
La Combe.
Bevoland.
Chasteauneuf.
D'Heureux.
Marin.
Du Revert Darcuffia;
De BarasChantcrcier.
Le Comte de Beüil.
De Neuvi.
De Razac.
Juliani.
Le Chevalier de Maulevrier..
•j
DeC1aux.] Desidery.
Luguet.
Et de Pontfrach.
NO VVELLEJ
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Résumé : CREATION d'Officiers de Marine.
Le 13 janvier à Marly, une décision royale a été prise concernant le remplacement d'officiers de marine. Plusieurs postes ont été attribués, incluant ceux de chef d'escadre, commandant des grenadiers, capitaines, capitaines-lieutenants, lieutenants, sous-lieutenants, et enseignes. Le Commandeur de Bourfeville a été nommé chef d'escadre, le Sieur de Fontette commandant des grenadiers. D'autres officiers nommés sont les Sieurs de Laubespin, de Lubières, et le Chevalier de Marfillac. Le texte mentionne également la nomination de plusieurs chevaliers de Saint-Louis, tels que les Sieurs de Combant, de Chaumont, et le Chevalier de Maulevrier. Des postes spécifiques comme celui de capitaine de la Compagnie des Gardes de l'Étendard et de maréchal des logis ont été attribués au Chevalier de Courtebonne et au Sieur Bosco.
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6
p. 73-77
Nouvelles d'Espagne.
Début :
Les Lettres de Madrid portent qu'un Commissaire Portugais y [...]
Mots clefs :
Madrid, Commissaire portugais, Manufactures, Grenadiers, Escadre anglaise, Troupes allemandes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
Nouvellesd'Espagne.
Les Lettres de Madrid
portent qu'un Commissaire
Portugais y étoit arrivé avec
trente mille écus en lettres
dechange pour payer les
provisions qui ont esté fournies
aux Tronpes Portugai-
Juin 1713. G
ses sur leur route en retournant
par terre de Catalogne
en Portugal.Que Sa Majesté
avoit accordé divers Privileges
à des particuliers qtfi
ont établi à Valdemors, qui
n'est éloigné que de quatre
lieuës de Madrid, des Manufactures
de Draps fins.
On mande de Lerida, que les
Troupes des Royaumes
d'Arragon & de Valence * s'avançcrent verscetteVille;
que le Duc de Popoli qui éft
nommé pour les commander,
devoit partir dans peu
avec Don Joseph Patinno
quiétoit ci-devant Intendant
de l'armée d'Estremadure.
On écrit de Balaguer, que le
Marquis de Cera- Grimaldi
avoit fait entrer dans le Château
d'Ager un ,grand con- voy, escorté par le Colonel
Don Dionisio Martinez de
la Urga, avec sept Compagnies
de Grenadiers & soixante
chevaux: qu'ensuitele
même Colonel avoir chiffe
les Miquelets du Font de
Montfort sur la Noguera
Kilo CGorrçana: qUII l'avoit
fait brûler, & raser le Fore
qui le couvroit. Les dernieres
Lettres de Madrid
portent que le Duc de Popolienétoit
parti le 18.May
pour aller en Catalogue,où
il doit à son arrivée trouver
toutes les Troupes assemblées
au rendez vous marque;
celles de Barcelone
portent que le General Staremberg
étoit fort occupé à
contenir & appaiser les peuples
irritez des desordres que
commettent les Troupes Allemandes,
d'autant plus
qu'elles ne font pas payées
& qu'elles manquent même
de pain; qu'il attendoit le
Vice-Amiral Jennings avec
l'Escadre Angloise qu'il commande,&
les Bastimens de
rranfport, pour faire embarquer
& transporter en
Italie toutes les Troupes Allemandes
qui font en Catalogne;
qu'il tenoit toujours
en arrest le Commandant
des Troupes qui campoienc
aux environs de Tarragone,
& le General Raphaël Neboty
avec quelques autres Officiers
pour leurs concussions.
Les Lettres de Madrid
portent qu'un Commissaire
Portugais y étoit arrivé avec
trente mille écus en lettres
dechange pour payer les
provisions qui ont esté fournies
aux Tronpes Portugai-
Juin 1713. G
ses sur leur route en retournant
par terre de Catalogne
en Portugal.Que Sa Majesté
avoit accordé divers Privileges
à des particuliers qtfi
ont établi à Valdemors, qui
n'est éloigné que de quatre
lieuës de Madrid, des Manufactures
de Draps fins.
On mande de Lerida, que les
Troupes des Royaumes
d'Arragon & de Valence * s'avançcrent verscetteVille;
que le Duc de Popoli qui éft
nommé pour les commander,
devoit partir dans peu
avec Don Joseph Patinno
quiétoit ci-devant Intendant
de l'armée d'Estremadure.
On écrit de Balaguer, que le
Marquis de Cera- Grimaldi
avoit fait entrer dans le Château
d'Ager un ,grand con- voy, escorté par le Colonel
Don Dionisio Martinez de
la Urga, avec sept Compagnies
de Grenadiers & soixante
chevaux: qu'ensuitele
même Colonel avoir chiffe
les Miquelets du Font de
Montfort sur la Noguera
Kilo CGorrçana: qUII l'avoit
fait brûler, & raser le Fore
qui le couvroit. Les dernieres
Lettres de Madrid
portent que le Duc de Popolienétoit
parti le 18.May
pour aller en Catalogue,où
il doit à son arrivée trouver
toutes les Troupes assemblées
au rendez vous marque;
celles de Barcelone
portent que le General Staremberg
étoit fort occupé à
contenir & appaiser les peuples
irritez des desordres que
commettent les Troupes Allemandes,
d'autant plus
qu'elles ne font pas payées
& qu'elles manquent même
de pain; qu'il attendoit le
Vice-Amiral Jennings avec
l'Escadre Angloise qu'il commande,&
les Bastimens de
rranfport, pour faire embarquer
& transporter en
Italie toutes les Troupes Allemandes
qui font en Catalogne;
qu'il tenoit toujours
en arrest le Commandant
des Troupes qui campoienc
aux environs de Tarragone,
& le General Raphaël Neboty
avec quelques autres Officiers
pour leurs concussions.
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
En juin 1713, plusieurs événements marquants se sont produits en Espagne. Un commissaire portugais est arrivé à Madrid avec 30 000 écus pour régler des provisions destinées aux troupes portugaises en Catalogne. Le roi a octroyé des privilèges à des particuliers ayant créé des manufactures de draps fins à Valdemors, près de Madrid. À Lerida, les troupes des royaumes d'Aragon et de Valence, dirigées par le Duc de Popoli et Don Joseph Patinno, ont avancé vers la ville. À Balaguer, le Marquis de Cera-Grimaldi a escorté un grand convoi jusqu'au château d'Ager, accompagné du Colonel Don Dionisio Martinez de la Urga, qui a également chassé les Miquelets du Fort de Montfort et détruit ce dernier. Le Duc de Popoli est parti pour la Catalogne le 18 mai. À Barcelone, le Général Staremberg tentait de maîtriser les troubles causés par les troupes allemandes non payées et manquant de pain. Il attendait l'arrivée du Vice-Amiral Jennings pour transporter ces troupes en Italie et avait arrêté plusieurs officiers pour concussions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 203-215
NOUVELLES de Landau.
Début :
LEs Lettres du camp devant Laudau portent que le 17. [...]
Mots clefs :
Landau, Tranchée, Lunettes, Maréchal de Villars, Assiégés, Grenadiers, Prince Eugène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de Landau.
NOVVELLES
de Landau.
Les Lettres du camp
devant Laudauporrent
que le 17. Juillet l'une des
sappes fut poussée jusqu'au
chemin couvert de la lunette
de la droite, que le'
Mareschal de Bezonsestant
allé à la tranchée,avoit
ordonné de continuer la
sappe,&que si les ennemis
sortoient de la lunette,de
ne leur opposer qu'une
vingtaine de Grenadiers ;
malgrél'ordredonné,quelques
ennemis s'estant avancez
hors de la lunetre furent
chargez par cinq
compagnies du Regimenc
de Navarre, & par trois
piquets du Régiment de
Medoc
,
qui les repousserent,
& se logerent fer
deux angles saillants du
chemin couvert de la lunette
; mais estant exposez
à découvert au feu de
la Place,& des quatre lunettes,
il y eut onze Officiers
& cent cinquante soldats
tuez ou blessez. Que
le Prince Talmont qui
commandoit la Tranchée
ce jour là y recent une contusion
d'un gabion qui fut
renversé surluy.Que la
nuit du18. au 19. l'Arsena
l avoiteste bruslé avec
quinze mille mousquets &:
tous les affuts de rechange
des assiegez. Que le20.
sept batreries de quatre cancns
c hacune, commencerent
à battre en breche
les quatre lunettes
, que
nostre artillerie faisoit un
si grand feu qu'il y avoit
desja des brec hesauxcontregardes,
& avoit démonté
tous les canons des assiegez
,à la reserve de quatre
ou cinq, & qu'aussitost que
les lunettes seroient prises
on battroit la Place avec
soixante & dix pieces de
canon, quarante mortiers
& vingt pierriers. Que les
assiegez faisoient souvent
jouër des mines sans esser.
On écrit de l'armée des
ennemis que le Prince Eugene
avoit passé le Rhin
avec vingt mille hommes,
&qu'il estoit campé près
de Mayence
, ayant sa
droite couverte par le
Rhin, sa gauche par un
ruisseau
,
& devant luy un
double retranchement
jquMavok laissé quaranteJ
mille hommes pour garder
ses lignes. La nuit du 25.
au 24. on s'em para de la
quatrième lunette sur la
droite que les ennemis abandonnerent,
on se logea
devant la gorge à cause
des fourneaux. Lanuitdu
30.au 31. les ennemis firentunesortie
dela redoute
de Hessy
,
ils renverserent
quelques gabions
deux compagnies de Gre-J
nadiers les repousserent.
La nuit du 51. au premier
Aoust leMareschal de Villars
fit attaquer les trois
lunettes qui restoient, avec
neuf compagnies de la
tranchée & treize autres
quiestoient venuës dela
grande afnée.
On commença l'atraque
à la droite pour y attirer
les ennemis ; un moment
après on attaqua les
trois lunettes: on fit jouer
une mine fous la redoute
de Mélac, qui ayant fait
une breche suffisante
,
fut
emportée
emportée la bayonnette au
bout du fusil, les deux autres
furent prises par escalade;
nous y avons perdu
dans ces differentes attaques
deux Capitaines & un
Ingenieur tuez, & quarante
six blessez. Lanuitdu
au 3. les alliegezfirent
joüer deuxfourneaux dans
les gorges des trois lunettes
que nous avions prises
deux jours auparavant, ils
firent des sorties pour car--
cher de les reprendre,ils
entrerent dans une, mais
ils furent coupez, plusieurs
furent faits prisonniers, ôc
les autres repoussez avec
perte, & si vigoureusement
qu'un Sergent & quinze
Grenadiers entrerent
dans le chemin couvert
que les ennemis abandonnoient
croyant qu'on vouloit
l'attaquer
, nous avons
perdu dans cette occasion
deux Capitaines de Grenadiers
du Regiment d'Orleans
,huit autres Officiers
& quatre Ingénieurs
blessez, quarante ou cinquante
soldats tuez, & environ
cent blessez. Lanuit
du 4.au 5. fut em ployée à
faire une parallele detrois
à quatre cens toises sur le
glacis du chemin couvert
du front des attaques, on
y establit des batteries de
canon, de mortiers & de
pierriers. On attacha des
mineurs fous les an gles
saillansdu chemin couvert
depuis la porte de France
jusqu'à la sortie de la riviere;
les assiegez firent jouër
cinq ou six fourneaux qui
leur causerent plus de perte
qu'aux assiegeants. La mesme
nuit on attaqua le pafte
quicouvroit U l"¡;,tJC'
qui barre la riviere &i\m*
plissoit d'eau le fosse de la
contrescarpe qui eil: devant
le reduit; ce pasté fut emporté
,
il estoit deffendu
par cent hommes commandez
par un Capitaine
qui sur pris, toute sa troupe
fut prise, tuée ou noyée.
Tandis qu'on travailloit à
s'y loger les assiegez firent
une sortie pour reprendre
cet ouvrage, mais ils furent
repoussez, nous n'avons
perdu dans cette attaque
que quelques soldats & un
Capitaine de Grenadiers
du Regiment de Villars-
Suisse, le sieur ManyMajor
aesté dangereusement
blessé. Depuis qu'on a coupé
la digue de charpente &
l'écluse qui sont à la gorge
-
du pasté
,
les eaux sont
beaucoup diminuées. On
asseure que les assiegez ont
desja faitjouer plus de quarante
mines. On écrit du
camp de Spire que le 18,
Juillet le Maréchal de Villars
ayant fait un détachement
de cavalerie & de
dragons fut visiter les bords
du Rhin jusqu'au dessous
deMayence,&reconnoistre
les nouveaux ouvrages
dont les ennemis ont augmenté
les fortifications de
la place. Il y arriva le 25.
& reconnut que le Prince
Eugene avoit formé un
camp entre le Mein & le
Rhin, que les troupes
d'Hanoverestoient encore
à cinqou six lieuës de Mayenc,&
que celle de Hesse
& des autresen eftoienc
encore plus esloignées. Le
Marechal de Villars revint
le 30. à son camp; cette j
course causa une grande
allarme. Le Duc deBourbon
fit le 5. la reveuë de la
Cavalerie.
de Landau.
Les Lettres du camp
devant Laudauporrent
que le 17. Juillet l'une des
sappes fut poussée jusqu'au
chemin couvert de la lunette
de la droite, que le'
Mareschal de Bezonsestant
allé à la tranchée,avoit
ordonné de continuer la
sappe,&que si les ennemis
sortoient de la lunette,de
ne leur opposer qu'une
vingtaine de Grenadiers ;
malgrél'ordredonné,quelques
ennemis s'estant avancez
hors de la lunetre furent
chargez par cinq
compagnies du Regimenc
de Navarre, & par trois
piquets du Régiment de
Medoc
,
qui les repousserent,
& se logerent fer
deux angles saillants du
chemin couvert de la lunette
; mais estant exposez
à découvert au feu de
la Place,& des quatre lunettes,
il y eut onze Officiers
& cent cinquante soldats
tuez ou blessez. Que
le Prince Talmont qui
commandoit la Tranchée
ce jour là y recent une contusion
d'un gabion qui fut
renversé surluy.Que la
nuit du18. au 19. l'Arsena
l avoiteste bruslé avec
quinze mille mousquets &:
tous les affuts de rechange
des assiegez. Que le20.
sept batreries de quatre cancns
c hacune, commencerent
à battre en breche
les quatre lunettes
, que
nostre artillerie faisoit un
si grand feu qu'il y avoit
desja des brec hesauxcontregardes,
& avoit démonté
tous les canons des assiegez
,à la reserve de quatre
ou cinq, & qu'aussitost que
les lunettes seroient prises
on battroit la Place avec
soixante & dix pieces de
canon, quarante mortiers
& vingt pierriers. Que les
assiegez faisoient souvent
jouër des mines sans esser.
On écrit de l'armée des
ennemis que le Prince Eugene
avoit passé le Rhin
avec vingt mille hommes,
&qu'il estoit campé près
de Mayence
, ayant sa
droite couverte par le
Rhin, sa gauche par un
ruisseau
,
& devant luy un
double retranchement
jquMavok laissé quaranteJ
mille hommes pour garder
ses lignes. La nuit du 25.
au 24. on s'em para de la
quatrième lunette sur la
droite que les ennemis abandonnerent,
on se logea
devant la gorge à cause
des fourneaux. Lanuitdu
30.au 31. les ennemis firentunesortie
dela redoute
de Hessy
,
ils renverserent
quelques gabions
deux compagnies de Gre-J
nadiers les repousserent.
La nuit du 51. au premier
Aoust leMareschal de Villars
fit attaquer les trois
lunettes qui restoient, avec
neuf compagnies de la
tranchée & treize autres
quiestoient venuës dela
grande afnée.
On commença l'atraque
à la droite pour y attirer
les ennemis ; un moment
après on attaqua les
trois lunettes: on fit jouer
une mine fous la redoute
de Mélac, qui ayant fait
une breche suffisante
,
fut
emportée
emportée la bayonnette au
bout du fusil, les deux autres
furent prises par escalade;
nous y avons perdu
dans ces differentes attaques
deux Capitaines & un
Ingenieur tuez, & quarante
six blessez. Lanuitdu
au 3. les alliegezfirent
joüer deuxfourneaux dans
les gorges des trois lunettes
que nous avions prises
deux jours auparavant, ils
firent des sorties pour car--
cher de les reprendre,ils
entrerent dans une, mais
ils furent coupez, plusieurs
furent faits prisonniers, ôc
les autres repoussez avec
perte, & si vigoureusement
qu'un Sergent & quinze
Grenadiers entrerent
dans le chemin couvert
que les ennemis abandonnoient
croyant qu'on vouloit
l'attaquer
, nous avons
perdu dans cette occasion
deux Capitaines de Grenadiers
du Regiment d'Orleans
,huit autres Officiers
& quatre Ingénieurs
blessez, quarante ou cinquante
soldats tuez, & environ
cent blessez. Lanuit
du 4.au 5. fut em ployée à
faire une parallele detrois
à quatre cens toises sur le
glacis du chemin couvert
du front des attaques, on
y establit des batteries de
canon, de mortiers & de
pierriers. On attacha des
mineurs fous les an gles
saillansdu chemin couvert
depuis la porte de France
jusqu'à la sortie de la riviere;
les assiegez firent jouër
cinq ou six fourneaux qui
leur causerent plus de perte
qu'aux assiegeants. La mesme
nuit on attaqua le pafte
quicouvroit U l"¡;,tJC'
qui barre la riviere &i\m*
plissoit d'eau le fosse de la
contrescarpe qui eil: devant
le reduit; ce pasté fut emporté
,
il estoit deffendu
par cent hommes commandez
par un Capitaine
qui sur pris, toute sa troupe
fut prise, tuée ou noyée.
Tandis qu'on travailloit à
s'y loger les assiegez firent
une sortie pour reprendre
cet ouvrage, mais ils furent
repoussez, nous n'avons
perdu dans cette attaque
que quelques soldats & un
Capitaine de Grenadiers
du Regiment de Villars-
Suisse, le sieur ManyMajor
aesté dangereusement
blessé. Depuis qu'on a coupé
la digue de charpente &
l'écluse qui sont à la gorge
-
du pasté
,
les eaux sont
beaucoup diminuées. On
asseure que les assiegez ont
desja faitjouer plus de quarante
mines. On écrit du
camp de Spire que le 18,
Juillet le Maréchal de Villars
ayant fait un détachement
de cavalerie & de
dragons fut visiter les bords
du Rhin jusqu'au dessous
deMayence,&reconnoistre
les nouveaux ouvrages
dont les ennemis ont augmenté
les fortifications de
la place. Il y arriva le 25.
& reconnut que le Prince
Eugene avoit formé un
camp entre le Mein & le
Rhin, que les troupes
d'Hanoverestoient encore
à cinqou six lieuës de Mayenc,&
que celle de Hesse
& des autresen eftoienc
encore plus esloignées. Le
Marechal de Villars revint
le 30. à son camp; cette j
course causa une grande
allarme. Le Duc deBourbon
fit le 5. la reveuë de la
Cavalerie.
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Résumé : NOUVELLES de Landau.
Le document décrit les opérations militaires autour de Landau en juillet et août. Le 17 juillet, une sape atteignit le chemin couvert de la lunette droite, et malgré les ordres, des compagnies des régiments de Navarre et de Médoc chargèrent les ennemis, subissant des pertes. Le Prince Talmont fut blessé lors de cet affrontement. La nuit du 18 au 19 juillet, l'arsenal ennemi fut incendié, détruisant 15 000 mousquets. Le 20 juillet, sept batteries commencèrent à bombarder les lunettes, démontant presque tous les canons ennemis. Parallèlement, le Prince Eugène traversa le Rhin avec 20 000 hommes et établit son camp près de Mayence. La nuit du 25 au 26 juillet, la quatrième lunette fut capturée. Le 30 au 31 juillet, une sortie ennemie fut repoussée. Le 1er août, le Maréchal de Villars lança une attaque contre les trois lunettes restantes, les prenant par escalade et mine avec des pertes légères. Les alliés tentèrent de reprendre les lunettes mais furent repoussés. Du 4 au 5 août, une parallèle fut construite et des batteries établies. Les assaillants attaquèrent et prirent un pâté défendu par 100 hommes. Le Maréchal de Villars inspecta les fortifications ennemies près de Mayence et revint à son camp le 30 juillet. Le Duc de Bourbon passa en revue la cavalerie le 5 août.
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8
p. 222-224
De Landau ce 13. Aoust 1713.
Début :
La nuit du 12. au 13. on a attaqué le [...]
Mots clefs :
Redent, Grenadiers, Contregarde
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Landau ce 13. Aoust 1713.
De Landauce13.jdouftijii.
La nuit du 12. au 13. on
a attaqué le redent qui est
entre les deux angles rentrans
des deux conrregardes,
sçavoir la verte & celle
qui est reveftuë où l'on
s'est logé le long de la gorge
,& l'on a fait une communication
sur la mesme
ligne avec un crochet en
retour depuis ladite gorge
jusqu'aux pallissades du
tambour le long de la demie
gorge qui regarde la
contregarde du réduit; l'on
a poussé une sappe à la parallele
qui fait le front de
la face gauche de cette
mesme contregarde
)
cela
a esté attaqué par vingt
Grenadiers, & soutenus
duRegiment Dauphin, le
redent n'estoit nullement
endommagé,il estoit frisé
,
pallissadé avec un fossé
& chemin couvert , nous
n'y avons perdu que trois
Grenadiers, soixante travailleurs,
un Capitaine de
Brosse blessé
,
& un Lieutenant
de Saillant. L'on a
jetté un pont sur le fossé
de lacontregarde de la demie
Lune bruslé par les
assiegez, & restabli dans
la nuit;l'on a fait une batterie
de six pieces de canon
pour battre en breche
la contregarde qui fera
à la gauche du redent,
elle doit tirer demain matin
14. de ce mois.
La nuit du 12. au 13. on
a attaqué le redent qui est
entre les deux angles rentrans
des deux conrregardes,
sçavoir la verte & celle
qui est reveftuë où l'on
s'est logé le long de la gorge
,& l'on a fait une communication
sur la mesme
ligne avec un crochet en
retour depuis ladite gorge
jusqu'aux pallissades du
tambour le long de la demie
gorge qui regarde la
contregarde du réduit; l'on
a poussé une sappe à la parallele
qui fait le front de
la face gauche de cette
mesme contregarde
)
cela
a esté attaqué par vingt
Grenadiers, & soutenus
duRegiment Dauphin, le
redent n'estoit nullement
endommagé,il estoit frisé
,
pallissadé avec un fossé
& chemin couvert , nous
n'y avons perdu que trois
Grenadiers, soixante travailleurs,
un Capitaine de
Brosse blessé
,
& un Lieutenant
de Saillant. L'on a
jetté un pont sur le fossé
de lacontregarde de la demie
Lune bruslé par les
assiegez, & restabli dans
la nuit;l'on a fait une batterie
de six pieces de canon
pour battre en breche
la contregarde qui fera
à la gauche du redent,
elle doit tirer demain matin
14. de ce mois.
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Résumé : De Landau ce 13. Aoust 1713.
La nuit du 12 au 13, une attaque a été lancée contre un redent situé entre deux contregardes. Les assaillants se sont positionnés le long de la gorge et ont établi une communication sur la même ligne avec un crochet en retour jusqu'aux palissades du tambour. Une sape a été creusée parallèlement au front de la face gauche de cette contregarde. L'attaque a été menée par vingt grenadiers, soutenus par le Régiment Dauphin. Malgré la présence de palissades, d'un fossé et d'un chemin couvert, le redent n'a subi aucun dommage significatif. Les pertes françaises se sont limitées à trois grenadiers, soixante travailleurs, un capitaine blessé et un lieutenant. Un pont a été jeté sur le fossé de la contregarde de la demi-lune, brûlée par les assiégés et restaurée durant la nuit. Une batterie de six pièces de canon a été construite pour battre en brèche la contregarde située à gauche du redent, prévue pour tirer le matin du 14.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 275-282
Au Camp devant Landau le 20. Aoust 1713.
Début :
Avant hier je montay ma huitiéme tranchée qui fait la [...]
Mots clefs :
Camp, Tranchée, Grenadiers, Contre-gardes, Drapeau blanc, Otages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Au Camp devant Landau le 20. Aoust 1713.
An Camp devant Landau le
2.0. AvuftJ713.
Avanthier je montay ma
huitiéme tranchée qui fait
la cinquante-huitième du
Siège: L'on attaqua les deux
Contre Gardes; sçavoir celle
du Réduit & celle de la
demie-lune;la premiere fut
attaquée par les deux Compagnies
de Grenadiers de
mon Regiment,soûtenuë
d'une de Daguillc & une de
NIce.) qui sortirenr par le
Pasté & passerent le long du
Bâtardeau qui est à l'Angle
de l'ouvrage où l'on avoit
mis de clayes; nos Grenadiers
gagnerent cet Angle
& monterent dans l'ouvrage,
leur ordre estoit de fuir
vre le long de l'épaule jusqu'à
la communication du
chemin couvert qui cft à la
droite de nostre attaque., &
en même temps deux Compagnies
de Grenadiers de
Surbeck passerent la rivicre
au-dessous du Pont qui avoit
esté rompû & monteent
dans le même ouvrage
our nettoyer l'épaule gau..
hc; cela a estéexecuté avec
ne valedr inconcevable &
os Grenadiers se sont renus
maistres de tout jusqua
i premiere place d'armes du
hemin couvert malgré la
a resistance qu'ont fait les
nnemis, à quatre trrverses
lui estoient avant cette placc
l'armes des six Officiers de
Grenadiersde mon Régien
ayeû deux
-.
de tuez ôc
rois de blessez nous avons
raic nostre logement entier;
çavoir, coupé l'ouvrage de
la gorge le long du fosé du
Reduit & deux boyaux parale
lles aux deux Flancs de
l'ouvrage; l'autre Contre-
Garde de la demie-lune, aprés
avoir fait joüé deuxmines
aux deux épaules, ont
esté attaquez par deux Compagnies
de Xaintonges d'une
part & de l'autre par la
troisîéme de Sui beck, &les
deux de Bur bon, ouvrage
a esté emporté comme l'autre,
à la reserve que les- A[--
úegcz ont gardé deux tra
ver sèss dont nous ne no
lommes pas rendus Maiftrifl
Le Comte de Sczane& Mr
de Gonlaque eftoiem les Généraux
de tranchéej Mr de
Cebret, Brigadier, & moy
nous avons esté chargez de
l'attaque de la droite. Mr
Houet, Capitaine aux Gardes
montant comme Brigadier
avec Mr de Lemellc
Colonel à la fuite de Sorbcck,
de celle de l'autre demie-
lune; ils ont perdu un
Capitaine de Grenadiers tué,
&un bkfle5& un Lieutenant
& environ soixante-six Grenadiers
; à nostre attaque un
Capitaine de mon Régiment
& un Lieutenant tuez, ci
Capitaines blessez, qua
Lieutenants ou Sous-Liei
nants & environ quat
vingt Grenadiers dont il
a dix-neufd'une Compagi
& dix-sepe de l'autre. Il)
eu environ cent travaillel
tuez; nous avons pris à h
taque de mon Regiment 6
prisonniers avec un Capit;
n:. Les Affiegezavoientcei
Grenadiers, cent Fufilie
dans cet ouvrage & cer
pour les foûrenir; cette bc
sogne a elle faite de fiiço
que Meilleurs les tvlard
chaux ont esté très-contents,
ils ne lont pas moins cilé
lors qu'ils ont [û qu'à neuf
heures les, Assiegez avoienc
arboré le Drapeau blanc &
demandoient des otages,jy
ay esté envoyé avec unLieutenant
Colonel, un Major;
ils ont d'abord demandez la mc Capitulation que Mr
leMaréschal de Tallard avoir
accordé au Comte de Frize;
elle leur a elle rerufee, nos - Mareschaux les voulant prilanniers
de guerre. Ils demandèrent
ensuite celle que
le Prince Eugene avoir accordec
a Tournay, elle leur a
encore cfté refusée; enfin à
huit heures nous recommençâmes
à tirer,& cette nuit
ils ont fait un feu enragé ;
mlis au moment que je vous
écrit on me vient dire qu'ils
ont arboré le Drapeau sur la
2.0. AvuftJ713.
Avanthier je montay ma
huitiéme tranchée qui fait
la cinquante-huitième du
Siège: L'on attaqua les deux
Contre Gardes; sçavoir celle
du Réduit & celle de la
demie-lune;la premiere fut
attaquée par les deux Compagnies
de Grenadiers de
mon Regiment,soûtenuë
d'une de Daguillc & une de
NIce.) qui sortirenr par le
Pasté & passerent le long du
Bâtardeau qui est à l'Angle
de l'ouvrage où l'on avoit
mis de clayes; nos Grenadiers
gagnerent cet Angle
& monterent dans l'ouvrage,
leur ordre estoit de fuir
vre le long de l'épaule jusqu'à
la communication du
chemin couvert qui cft à la
droite de nostre attaque., &
en même temps deux Compagnies
de Grenadiers de
Surbeck passerent la rivicre
au-dessous du Pont qui avoit
esté rompû & monteent
dans le même ouvrage
our nettoyer l'épaule gau..
hc; cela a estéexecuté avec
ne valedr inconcevable &
os Grenadiers se sont renus
maistres de tout jusqua
i premiere place d'armes du
hemin couvert malgré la
a resistance qu'ont fait les
nnemis, à quatre trrverses
lui estoient avant cette placc
l'armes des six Officiers de
Grenadiersde mon Régien
ayeû deux
-.
de tuez ôc
rois de blessez nous avons
raic nostre logement entier;
çavoir, coupé l'ouvrage de
la gorge le long du fosé du
Reduit & deux boyaux parale
lles aux deux Flancs de
l'ouvrage; l'autre Contre-
Garde de la demie-lune, aprés
avoir fait joüé deuxmines
aux deux épaules, ont
esté attaquez par deux Compagnies
de Xaintonges d'une
part & de l'autre par la
troisîéme de Sui beck, &les
deux de Bur bon, ouvrage
a esté emporté comme l'autre,
à la reserve que les- A[--
úegcz ont gardé deux tra
ver sèss dont nous ne no
lommes pas rendus Maiftrifl
Le Comte de Sczane& Mr
de Gonlaque eftoiem les Généraux
de tranchéej Mr de
Cebret, Brigadier, & moy
nous avons esté chargez de
l'attaque de la droite. Mr
Houet, Capitaine aux Gardes
montant comme Brigadier
avec Mr de Lemellc
Colonel à la fuite de Sorbcck,
de celle de l'autre demie-
lune; ils ont perdu un
Capitaine de Grenadiers tué,
&un bkfle5& un Lieutenant
& environ soixante-six Grenadiers
; à nostre attaque un
Capitaine de mon Régiment
& un Lieutenant tuez, ci
Capitaines blessez, qua
Lieutenants ou Sous-Liei
nants & environ quat
vingt Grenadiers dont il
a dix-neufd'une Compagi
& dix-sepe de l'autre. Il)
eu environ cent travaillel
tuez; nous avons pris à h
taque de mon Regiment 6
prisonniers avec un Capit;
n:. Les Affiegezavoientcei
Grenadiers, cent Fufilie
dans cet ouvrage & cer
pour les foûrenir; cette bc
sogne a elle faite de fiiço
que Meilleurs les tvlard
chaux ont esté très-contents,
ils ne lont pas moins cilé
lors qu'ils ont [û qu'à neuf
heures les, Assiegez avoienc
arboré le Drapeau blanc &
demandoient des otages,jy
ay esté envoyé avec unLieutenant
Colonel, un Major;
ils ont d'abord demandez la mc Capitulation que Mr
leMaréschal de Tallard avoir
accordé au Comte de Frize;
elle leur a elle rerufee, nos - Mareschaux les voulant prilanniers
de guerre. Ils demandèrent
ensuite celle que
le Prince Eugene avoir accordec
a Tournay, elle leur a
encore cfté refusée; enfin à
huit heures nous recommençâmes
à tirer,& cette nuit
ils ont fait un feu enragé ;
mlis au moment que je vous
écrit on me vient dire qu'ils
ont arboré le Drapeau sur la
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Résumé : Au Camp devant Landau le 20. Aoust 1713.
Le 20 octobre 1713, lors du siège de Landau, l'auteur a supervisé la construction de sa 58ème tranchée. Les troupes ont attaqué les deux contre-gardes, celle du réduit et celle de la demi-lune. La première contre-garde a été prise par les grenadiers du régiment de l'auteur, soutenus par des compagnies de Daguille et de Nice. Ils ont sécurisé un angle de l'ouvrage et nettoyé l'épaule gauche. Simultanément, deux compagnies de grenadiers de Surbeck ont traversé la rivière et pris la première place d'armes malgré la résistance ennemie. Les pertes incluent deux officiers de grenadiers tués et trois blessés dans le régiment de l'auteur. Les travaux de sape ont coupé l'ouvrage et creusé des boyaux parallèles. La deuxième contre-garde a été attaquée par des compagnies de Xaintonges, de Suibek et de Burbon, mais les assiégés ont gardé deux traverses. Les généraux de tranchée étaient le Comte de Szeane et Monsieur de Gonlaque, tandis que Monsieur de Cebret et l'auteur dirigeaient l'attaque de la droite. Les pertes ennemies incluent un capitaine de grenadiers tué et environ soixante-six grenadiers. Les assiégés ont arboré le drapeau blanc à neuf heures, demandant des otages, mais leurs demandes de capitulation ont été refusées. À huit heures, les tirs ont repris et les assiégés ont continué à résister.
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10
p. 80-83
Extrait d'une lettre du camp devant Fribourg ce 9. Octobre.
Début :
Les ennemis sortirent avant hier à la pointe du jour [...]
Mots clefs :
Grenadiers, Fribourg, Marquis de Nangis
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une lettre du camp devant Fribourg ce 9. Octobre.
Extrait d'une lettre du camp
devant Fribourg ce 9.
Oflobre.
Les ennemis sortirent
avant hier à la pointe du
jour sur la droite de nôtre
tranchée, M. le Marquis
de Nangis qui y commandoit
les voyant venir fit
retirer tous les travailleurs,
disposa promptement ses
troupes, & fitun sigran
feu qu'ils n'oserent venir
jusquau boyau,& se retirerent.
M. de Nangis fit sortir
en même temps les grenadiers
d'Issenghien & de
Royal Roussillon,commandez
par M. de Chimene
Colonel, & Meilleurs de
Mas & de l'Ile Capitaines,
qui pousserent les ennemis
jusques dans les palissades.
M. de Nangis se louë fort
de ces Meilleurs.
Nos fappes sont de cette
nuit sur les glacis même de
la nuit derniere, & nous
esperons d'attaquer bientôt
une lunette & le chemin
couvert. Les ennemis
firent hier une sortie assez
violente à l'attaque du Château
:
Ils prirent nôtresappe
gauche à revers ayant
de bouche par derriere
leurs redoutes, les trois
Compagnies de Grenadiers
qui étoient à cette tête
n'ont pu resister long-tems
maigré lcui grand urage,
ils ont été obligez de se
retirer jusqu'a la croisée
des deux sappes,les ennemis
nous ont dérange pendant
ce temps-là quelques
Gabions, un moment après
nos Grenadiersont remonté.
& ont obligé les ennemis
de se retirer. M. de
S. Sernin qui s'est appercû
le premier de la sortie des
ennemis fit avertir le Brigadier
de tranchée, & y fit
faire les dispositions. Nous
y avons eu un Capitane
de Grenadiers tué, un blesfé,
& trois ou quatre au-
, tres Officiers tuez ou blessez,
& environ cinquante
soldats.
-
.AC4mp devant Fribourg le 1-
devant Fribourg ce 9.
Oflobre.
Les ennemis sortirent
avant hier à la pointe du
jour sur la droite de nôtre
tranchée, M. le Marquis
de Nangis qui y commandoit
les voyant venir fit
retirer tous les travailleurs,
disposa promptement ses
troupes, & fitun sigran
feu qu'ils n'oserent venir
jusquau boyau,& se retirerent.
M. de Nangis fit sortir
en même temps les grenadiers
d'Issenghien & de
Royal Roussillon,commandez
par M. de Chimene
Colonel, & Meilleurs de
Mas & de l'Ile Capitaines,
qui pousserent les ennemis
jusques dans les palissades.
M. de Nangis se louë fort
de ces Meilleurs.
Nos fappes sont de cette
nuit sur les glacis même de
la nuit derniere, & nous
esperons d'attaquer bientôt
une lunette & le chemin
couvert. Les ennemis
firent hier une sortie assez
violente à l'attaque du Château
:
Ils prirent nôtresappe
gauche à revers ayant
de bouche par derriere
leurs redoutes, les trois
Compagnies de Grenadiers
qui étoient à cette tête
n'ont pu resister long-tems
maigré lcui grand urage,
ils ont été obligez de se
retirer jusqu'a la croisée
des deux sappes,les ennemis
nous ont dérange pendant
ce temps-là quelques
Gabions, un moment après
nos Grenadiersont remonté.
& ont obligé les ennemis
de se retirer. M. de
S. Sernin qui s'est appercû
le premier de la sortie des
ennemis fit avertir le Brigadier
de tranchée, & y fit
faire les dispositions. Nous
y avons eu un Capitane
de Grenadiers tué, un blesfé,
& trois ou quatre au-
, tres Officiers tuez ou blessez,
& environ cinquante
soldats.
-
.AC4mp devant Fribourg le 1-
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Résumé : Extrait d'une lettre du camp devant Fribourg ce 9. Octobre.
Le 9 octobre, les forces ennemies ont lancé une attaque à l'aube sur la droite des tranchées françaises près de Fribourg. Le Marquis de Nangis, commandant sur place, a réagi en retirant les travailleurs et en ordonnant un feu intense pour stopper l'avancée ennemie. Il a également déployé les grenadiers d'Issenghien et de Royal Roussillon, dirigés par le Colonel de Chimene et les Capitaines Meilleurs de Mas et de l'Ile, qui ont repoussé les ennemis jusqu'à leurs palissades. M. de Nangis a particulièrement salué le courage des Capitaines Meilleurs. La nuit précédente, des sapeurs français travaillaient sur les glacis. Une attaque ennemie violente avait eu lieu la veille pour s'emparer du château, prenant à revers la sape gauche française et forçant les grenadiers à se retirer temporairement. Ces derniers ont rapidement contre-attaqué, obligeant les ennemis à se retirer. Les pertes françaises incluent un capitaine de grenadiers tué, un blessé, trois ou quatre autres officiers tués ou blessés, et environ cinquante soldats.
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11
p. 113-124
Au Camp de Fribourg le 15. Octobre. Relation du Maréchal de Villars.
Début :
Monsieur le Maréchal ayant resolu en même tems d'attaquer une [...]
Mots clefs :
Maréchal de Villars, Grenadiers, Lunette, Attaque, Colonel, Canon
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texteReconnaissance textuelle : Au Camp de Fribourg le 15. Octobre. Relation du Maréchal de Villars.
Âu Camp de Fribçurg le 15.
Oflobre.
ReUtion duMaréchal de
; Villars,
Monsieur le Maréchal
ayant resolu en même tems
d'attaquer une lunette &
tout le chemin couvert
du Poligone, où nous allons,
on commanda quarante
Compagnies de Grenadiers
distribuez en divers
end roits, les un p our attaquer
& d'autres pour foti-"
tenir; le hazard fit queles
ennemis, qui avoient preparé
une sortie de douze
cent hommes, commandez
par le General MajorVveitersheim,
un Brigadier &
deux Colonels, commençoient
à sortir du chemin
couvert. Le quart de ces
gens étoient déja sur le
glacis, lorsque nos grenadiers
debouchoient pour
attaquer la lunette & le
chemin couvert; ces gens
qui faisoient une sortie
considerable fc voyan
chargez, furent bien tôt
renversez ; l'on en tua un
très grand nombre, le General
Major fut pris avec
un Colonel, ces douze cent
hommes étant troupes
choisies. La plupart se placerent
dans le chemin couvert
à la droite & à la gauche
de l'attaque, & firent
un très-grand feu.
La lunerte étoit défendue
par deux cens hommes
choisis, & ordre du Gouverneur
de se défendre jusqu'au
dernier homme,avec
promessed'être bien soutenus,
outre cela ilyavoit
cent trente hommes dans
la communication du chemin
couvert à la lunette:
mais ils furent emportez
d'abord par nos grenadiers,
qui se logèrent dans la
communication ; l'on ne
devoit pas s'attendre que
deux cent hommes coupez,
& à qui l'on promettoit
quartier le refusassent;
tous nos: Grenadiers qui
voulurent entrer furent
renversez à coup de hallebarde&
de faulx. Le Marquis
de Vivans Lieutenant
General commandant la
tranchée y mena les bataillons
& les drapeaux de
Poitou,_& deRoyalRoussillon,
les Colonels àla tête,
ils marchèrent à la lunette,
les ennemisfirent grande,
resistance, cequi obligea
Messieurs de Coigny, le
Comte de Broglio,Nangis,
Contades, le Marquis de
Broglio, Çhar".illo"n.,voIon..
taires auprès du Maréchal
de Villars,de marcher à
cette lunette. On fie, avancer
cent cinquante dragons
qui passerent sur le glacis
pour ne pas troubler l'attaque
trés-vive des batail-
Ions, & faisant un dernier
effort la lunette fut emportée
,
& presque tous ceux
qui la défendoient tuez,
ensuite on continua les logemens
sur tous les angles
saillansduPoligoneattaqué,
, le grand feu des ennemis,
les bombes qu'ils nous jettoient
nont pas empêché
que nos logemens ne fc
soient trouvez en fort bon état
à la pointe du jour. Le
Maréchal de Villars voyant
que les troupes étoient fatiguées
, &ne voulant pas
que les ennemis, qui avoient
déja fait plusieurs
sorties, pussent détruire les
têtes de nos logemens,envoya
ordre à la brigade de
Limosin la plus voisine, de
venir à la queuë de la tranchée
; on fit aussi marcher
cinq cens hommes de la
brigade de Picardie,& les
trois bataillons deLorraine,
avec ordre à la brigade de la
Sarre de se tenir prête, tant
pourêtre superieur en troupes,
ne rien craindre /^quc
pour avoir des travailleurs
tout prêts pour remplacer
ceux qui étoienthors dç combat. 3 -
v
Le Maréchal se louë
beaucoup de toutes ses
troupes. Monsieur de Vivans
Lieutenant General de\
tranchée
a fait tout ce qu'on
pouvoir attendre d'un brave
Officier. Monsieur de
Silly Maréchal de Campa
très utillement servi à l'attaque
du centre où commandoit
le Sieur Monerot
Colonel Commandant
d'Alsace. M. d'Ormesson
BBiriigadier commandoit la
Z~D-yadicr coiiii-nandoir gauche,
gauche, Messieurs les Comte
de Roucy & Valory étoient
auprès du Maréchal
de Villars, & avoient trésbien
dirigé les attaques ôc
services d'Ingenieurs, donc
la plûpart ont été tuez ou
blessez. Nous avons perdu
plusieurs Capitaines deGrenadiers
,
desquels on ne
peut trop louer la valeur;
les Grenadiers des Gardes
ont fait des merveilles,tous
leurs Officiers ont ététuez
ou blessez. Monsieur de
Contade Major General,
qui portoit. ôc faisoit Foxe..:
cuter tous les ordres, a été
enversé d'un coup de casion,
& le visagepercé de
plusieurs coups de pierres,
le Comte de Croissy volontaire,
le Duc de Fronsac
& le Marquis de Nangis
ont reçû des coups de
pierre à latranchée. M. le
Maréchal a reçu un coup
de pierre à la hanche;cette
action est des plus glorieuse
pour les troupes du
Roy, & d'un succés bien
avantageux, puifquelle a
empotefUence à une garnison
qui a montré tant de
valeur.
Nous sommes logez sur
les angles saillans du chemin
couvert, le General
Vvéistheim a dit que le
Gouverneur de la place
avoit assuré la garnison que
le Prince Eugéne devoir
les secourir;il est vrai que
le 12. ce Prince s'avanca sur
Hosgraben, qui n'est qu'à
cinq lieuës, & d'où il peut
reconnoître nos postes:mais
il s'en retourna le lendedemain;
il y eut il y a deux
jours une action trés-vive à
l'attaque du Château,les ennemis
firent une sortie considerable
>
&, renverserent
la tête de nôtre tranchée.
Le Chevalier de Pezeux à
la tête
;
desbataillons,de
Lavalreprit nos postes. l'épée
à la main, & tua un
grandnombre desennemis
, Monsieur deLaval
Colonel fut blessé deux
Capitaines de Grenadiers ]
&unde Dragonstuez.On
; n'a Doiht encorede lifte des <
tuez & b!ef!cz..j,
Les Ducs de Guiche ôc
Mortemart étoient volontaires
danscette action,
présdu Maréchal dcVillarsj
Oflobre.
ReUtion duMaréchal de
; Villars,
Monsieur le Maréchal
ayant resolu en même tems
d'attaquer une lunette &
tout le chemin couvert
du Poligone, où nous allons,
on commanda quarante
Compagnies de Grenadiers
distribuez en divers
end roits, les un p our attaquer
& d'autres pour foti-"
tenir; le hazard fit queles
ennemis, qui avoient preparé
une sortie de douze
cent hommes, commandez
par le General MajorVveitersheim,
un Brigadier &
deux Colonels, commençoient
à sortir du chemin
couvert. Le quart de ces
gens étoient déja sur le
glacis, lorsque nos grenadiers
debouchoient pour
attaquer la lunette & le
chemin couvert; ces gens
qui faisoient une sortie
considerable fc voyan
chargez, furent bien tôt
renversez ; l'on en tua un
très grand nombre, le General
Major fut pris avec
un Colonel, ces douze cent
hommes étant troupes
choisies. La plupart se placerent
dans le chemin couvert
à la droite & à la gauche
de l'attaque, & firent
un très-grand feu.
La lunerte étoit défendue
par deux cens hommes
choisis, & ordre du Gouverneur
de se défendre jusqu'au
dernier homme,avec
promessed'être bien soutenus,
outre cela ilyavoit
cent trente hommes dans
la communication du chemin
couvert à la lunette:
mais ils furent emportez
d'abord par nos grenadiers,
qui se logèrent dans la
communication ; l'on ne
devoit pas s'attendre que
deux cent hommes coupez,
& à qui l'on promettoit
quartier le refusassent;
tous nos: Grenadiers qui
voulurent entrer furent
renversez à coup de hallebarde&
de faulx. Le Marquis
de Vivans Lieutenant
General commandant la
tranchée y mena les bataillons
& les drapeaux de
Poitou,_& deRoyalRoussillon,
les Colonels àla tête,
ils marchèrent à la lunette,
les ennemisfirent grande,
resistance, cequi obligea
Messieurs de Coigny, le
Comte de Broglio,Nangis,
Contades, le Marquis de
Broglio, Çhar".illo"n.,voIon..
taires auprès du Maréchal
de Villars,de marcher à
cette lunette. On fie, avancer
cent cinquante dragons
qui passerent sur le glacis
pour ne pas troubler l'attaque
trés-vive des batail-
Ions, & faisant un dernier
effort la lunette fut emportée
,
& presque tous ceux
qui la défendoient tuez,
ensuite on continua les logemens
sur tous les angles
saillansduPoligoneattaqué,
, le grand feu des ennemis,
les bombes qu'ils nous jettoient
nont pas empêché
que nos logemens ne fc
soient trouvez en fort bon état
à la pointe du jour. Le
Maréchal de Villars voyant
que les troupes étoient fatiguées
, &ne voulant pas
que les ennemis, qui avoient
déja fait plusieurs
sorties, pussent détruire les
têtes de nos logemens,envoya
ordre à la brigade de
Limosin la plus voisine, de
venir à la queuë de la tranchée
; on fit aussi marcher
cinq cens hommes de la
brigade de Picardie,& les
trois bataillons deLorraine,
avec ordre à la brigade de la
Sarre de se tenir prête, tant
pourêtre superieur en troupes,
ne rien craindre /^quc
pour avoir des travailleurs
tout prêts pour remplacer
ceux qui étoienthors dç combat. 3 -
v
Le Maréchal se louë
beaucoup de toutes ses
troupes. Monsieur de Vivans
Lieutenant General de\
tranchée
a fait tout ce qu'on
pouvoir attendre d'un brave
Officier. Monsieur de
Silly Maréchal de Campa
très utillement servi à l'attaque
du centre où commandoit
le Sieur Monerot
Colonel Commandant
d'Alsace. M. d'Ormesson
BBiriigadier commandoit la
Z~D-yadicr coiiii-nandoir gauche,
gauche, Messieurs les Comte
de Roucy & Valory étoient
auprès du Maréchal
de Villars, & avoient trésbien
dirigé les attaques ôc
services d'Ingenieurs, donc
la plûpart ont été tuez ou
blessez. Nous avons perdu
plusieurs Capitaines deGrenadiers
,
desquels on ne
peut trop louer la valeur;
les Grenadiers des Gardes
ont fait des merveilles,tous
leurs Officiers ont ététuez
ou blessez. Monsieur de
Contade Major General,
qui portoit. ôc faisoit Foxe..:
cuter tous les ordres, a été
enversé d'un coup de casion,
& le visagepercé de
plusieurs coups de pierres,
le Comte de Croissy volontaire,
le Duc de Fronsac
& le Marquis de Nangis
ont reçû des coups de
pierre à latranchée. M. le
Maréchal a reçu un coup
de pierre à la hanche;cette
action est des plus glorieuse
pour les troupes du
Roy, & d'un succés bien
avantageux, puifquelle a
empotefUence à une garnison
qui a montré tant de
valeur.
Nous sommes logez sur
les angles saillans du chemin
couvert, le General
Vvéistheim a dit que le
Gouverneur de la place
avoit assuré la garnison que
le Prince Eugéne devoir
les secourir;il est vrai que
le 12. ce Prince s'avanca sur
Hosgraben, qui n'est qu'à
cinq lieuës, & d'où il peut
reconnoître nos postes:mais
il s'en retourna le lendedemain;
il y eut il y a deux
jours une action trés-vive à
l'attaque du Château,les ennemis
firent une sortie considerable
>
&, renverserent
la tête de nôtre tranchée.
Le Chevalier de Pezeux à
la tête
;
desbataillons,de
Lavalreprit nos postes. l'épée
à la main, & tua un
grandnombre desennemis
, Monsieur deLaval
Colonel fut blessé deux
Capitaines de Grenadiers ]
&unde Dragonstuez.On
; n'a Doiht encorede lifte des <
tuez & b!ef!cz..j,
Les Ducs de Guiche ôc
Mortemart étoient volontaires
danscette action,
présdu Maréchal dcVillarsj
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Résumé : Au Camp de Fribourg le 15. Octobre. Relation du Maréchal de Villars.
Le 15 octobre, au camp de Fribourg, le maréchal de Villars a ordonné une attaque sur une lunette et le chemin couvert du polygone, impliquant quarante compagnies de grenadiers. Simultanément, les ennemis, dirigés par le général major Weitersheim, ont lancé une sortie de douze cents hommes. Les grenadiers français ont repoussé cette attaque, tuant de nombreux ennemis et capturant le général major et un colonel. La lunette était défendue par deux cents hommes, soutenus par cent trente autres. Malgré une résistance acharnée, les grenadiers français ont pris la lunette après un combat intense. Le marquis de Vivans a mené les bataillons de Poitou et de Royal-Roussillon à l'assaut, tandis que plusieurs officiers, dont les messieurs de Coigny, le comte de Broglie, Nangis, Contades, et le marquis de Broglie, ont dû intervenir face à la forte résistance ennemie. Cent cinquante dragons ont renforcé l'attaque, permettant finalement la prise de la lunette. Les travaux de fortification ont été achevés malgré le feu ennemi. Le maréchal de Villars a salué le courage de ses troupes, notamment le marquis de Vivans et le marquis de Silly. Plusieurs officiers et grenadiers des Gardes ont été tués ou blessés, et le maréchal de Villars a lui-même été blessé à la hanche. Cette action a été jugée glorieuse et avantageuse pour les troupes du roi. Les Français sont maintenant positionnés sur les angles saillants du chemin couvert. Le général Weitersheim a rapporté que le gouverneur de la place avait assuré la garnison du secours du prince Eugène, qui s'était approché mais s'était retiré. Une récente action au château a vu une sortie ennemie repoussée par le chevalier de Pezeux et le colonel de Laval, ce dernier étant blessé. Les ducs de Guiche et de Mortemart étaient également présents en tant que volontaires.
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12
p. 73-84
Nouvelles d'Espagne.
Début :
Les lettres de Madrid portent que le Roy a donné [...]
Mots clefs :
Grenadiers, Archidiacre, Commissaire général, Madrid, Tolède, Grenade, Abbaye, Cavalerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
Nouvelles d'E'/pagne.
Les lettres de Madrid
portent que le Roy a donné
la Charge de Regent de
l'Audiance de Seville à Don
Manuel de Torrés, Auditeur
du même Tribynal;
celle de Commissaire géneral
de la Croizade, que
possedoit Don Francisco
Rodriguez de Mendaros
Queta, Archidiacre de Maddrriidd,
à Don Philippe Antoj~
a Plil
nio deTaboada, President
de l'Audiance de Valladolid
; & celle de Regent du
fuprêmc Conseil de Navarre,
vacante par le decés
de Don Carlos de la Penna,
à Don Pedro Afan de
Ribera: que le Roy a ordonné
que dés le commencement
de l'année on afferme
les revenus des vingt
& une Provinces ou districts,
dans lesquelles ce
Royaume est partagé, a
vin gt & une personnes,chacune
desquelles fera chargée
de recevoir tous les revveennuuss&&
iimmppoosritions des
pays pour lesquels ils feront
destinez. Que les quatre
Presidens du Conseil des
Finances ont ordre de regler
ces Fermes de la maniere
suivante.
L'Evêque de Gironne
fera Directeur de celles de
Cordouë
,
de Jaen, de Seville,
de Grenade, de Murcie
& de Cuenca.
Le Marquis de Campo
Florido de celles de Borgos,
de Galice, de Zamo
ra ,
de Toro, de Salamanque
&: de Valladolid.
Don Sebastian Garcia
Romero de cellesd'Avila,
de Guadalaxara, de Palencia,
de Leon & d'Estramadure.
Don Manuel Antonio de
Azevedo de celles de Tolede
,
de la Manche, de Madrid,
deSegovie&deSoria.
Que Sa Majesté a nommé
à l'Evêché de SiguençaDon
Francisco * Rodriguez de
MendarozQueta, Commissaire
general de laCroizade
&Archidiacre de Madrid.
A l'Archevêché de Sarragosse
Don Manuel de
Araziel Evêque de Leon.
A l'Evêché de Leon Don
Joseph de Ulzurrun & Aslança,
Archidiacre de Daroca.
A l'Evêché de Jaen l'Eveque
de Segorbe.
A l'Evêché de Segorbe
Don Diego Munno Vaquerizo,
Inquisiteur de Valence.
A l'Evêché de Horihuela
Don Joseph de Espeja &
Cisneros
,
Archidiacre de
Malaga.
A l'Evêché de Salamanque
l'Evêque de Tortose.
A l'Evêché de Tortose
Don Juan Miguelez, President
de Grenade.
A l'Evêché des Canaries
Don Lucas Conciero
&Molina.
A l"Evêché de Ciudad-
Rodrigo Don Santos de
San Pedro Inquisiteur.
A l'Evêché d'Urgel Don
Simon de Guinda & Aperregni,
Abbé de saintIsidore
de Leon.
Sa Majesté a aussi donné
l'Abbaye de saint Isidore
de Leon à Don Andrez de
Pitillas, Chanoine de Tolede,
& ce Canonicat à
Don Juan Francisco de
Bierga & Vadillo. r
L'Abbaye de San Pedro
de Besalu à Don Francisco
Pastor, Abbé de l'Abbaye
de laO.
Le Prieuré de Roncevaux
à Don Francisco de
la Torre ôc Herrera, Inquisiteur
de Cordouë &
Chanoine de Palencia, &
ce Canonicat à Don Manuel
Curé de Munnez.
L'Archidiaconé de Madrid
à Don Carlos Borja,
Patriarche des Indes, ôc
l'Archidiaconé de Calatrava
qu'il avoit, à Don Raymond
de Villacis.
L'Archidiaconé de Malaga
à Don Juan de Lazaro
& Aparicio.
On écrit de Catalogne,
qu'il y avoit de la division
& une grande consternation
parmi les habitans de
Barcelone; que le Duc de
Popoli occupoit tous les
postes de la côte, pour empêcher
qu'on n'introduise
des provisions dans cette
ville-là, & que son camp
étoit bien renforcé par les
troupes Espagnoles arrivées
desPays-Bas, Onmande de
Solfone du 12. Decembre,
que Don Joseph Vallejo,
Brigadier d'armée, qui
commande dans cette ville-
là & sur la frontiere voisine,
ayant été informé que
les rebelles de Cardone en
étoient sortis avec deux
compagnies de grenadiers,
un detachement de cent
cinquante hommes d'infanterie
de trou pes reglées,
cent cinquante Miquelets
ou Sommettans, & tous
leurs volontaires à cheval,
pour attaquer une maison
à une lieuë de Solsone, où
il avoir postéle Sieur Min- ,-
nones de Falco avec sa compagnie
de Miquelets fideles,
le mit en campagne
avec toute la cavalerie &
ses dragons, & tous les grenadiers
de sa garnison. Sitôt
que les rebeles l'apperçurent
,
leur cavalerie se
sauva à toute bride, l'infanterie
prit auni la suite; elle
fut neanmoins jointe par
la cavalerie ôc les dragons,
qui firent main basse sur
eux. La perte des ennemis
consiste en la prise de Don
Pedro d'Alba ôc Marques,
Gouverneur de la ville de
Cardonne, & du Major du
regiment de la ville de Barcelone,
qui l'étoit aussi de
la ville & du château de
Cardonne, tous deux blessez
dangereusement '5 un
Capitaine de grenadiers tue
& l'autre blessé & fait prisonnier
; un Lieutenant de
grenadiers tué & l'autre prisonnier,
aussi bien que les
deux Enseignes un Sergent
& plus de trente hommes
prisonniers,&un grand
* nombre tuez. On leur a
pris deux charettes chargées
de poudre, de balles,
de grenades & d'outils. La
compagnie du Sieur Minnonés
de Falco se défendit
durant deux heures avec
une extrême vigueur.
Les lettres de Madrid
portent que le Roy a donné
la Charge de Regent de
l'Audiance de Seville à Don
Manuel de Torrés, Auditeur
du même Tribynal;
celle de Commissaire géneral
de la Croizade, que
possedoit Don Francisco
Rodriguez de Mendaros
Queta, Archidiacre de Maddrriidd,
à Don Philippe Antoj~
a Plil
nio deTaboada, President
de l'Audiance de Valladolid
; & celle de Regent du
fuprêmc Conseil de Navarre,
vacante par le decés
de Don Carlos de la Penna,
à Don Pedro Afan de
Ribera: que le Roy a ordonné
que dés le commencement
de l'année on afferme
les revenus des vingt
& une Provinces ou districts,
dans lesquelles ce
Royaume est partagé, a
vin gt & une personnes,chacune
desquelles fera chargée
de recevoir tous les revveennuuss&&
iimmppoosritions des
pays pour lesquels ils feront
destinez. Que les quatre
Presidens du Conseil des
Finances ont ordre de regler
ces Fermes de la maniere
suivante.
L'Evêque de Gironne
fera Directeur de celles de
Cordouë
,
de Jaen, de Seville,
de Grenade, de Murcie
& de Cuenca.
Le Marquis de Campo
Florido de celles de Borgos,
de Galice, de Zamo
ra ,
de Toro, de Salamanque
&: de Valladolid.
Don Sebastian Garcia
Romero de cellesd'Avila,
de Guadalaxara, de Palencia,
de Leon & d'Estramadure.
Don Manuel Antonio de
Azevedo de celles de Tolede
,
de la Manche, de Madrid,
deSegovie&deSoria.
Que Sa Majesté a nommé
à l'Evêché de SiguençaDon
Francisco * Rodriguez de
MendarozQueta, Commissaire
general de laCroizade
&Archidiacre de Madrid.
A l'Archevêché de Sarragosse
Don Manuel de
Araziel Evêque de Leon.
A l'Evêché de Leon Don
Joseph de Ulzurrun & Aslança,
Archidiacre de Daroca.
A l'Evêché de Jaen l'Eveque
de Segorbe.
A l'Evêché de Segorbe
Don Diego Munno Vaquerizo,
Inquisiteur de Valence.
A l'Evêché de Horihuela
Don Joseph de Espeja &
Cisneros
,
Archidiacre de
Malaga.
A l'Evêché de Salamanque
l'Evêque de Tortose.
A l'Evêché de Tortose
Don Juan Miguelez, President
de Grenade.
A l'Evêché des Canaries
Don Lucas Conciero
&Molina.
A l"Evêché de Ciudad-
Rodrigo Don Santos de
San Pedro Inquisiteur.
A l'Evêché d'Urgel Don
Simon de Guinda & Aperregni,
Abbé de saintIsidore
de Leon.
Sa Majesté a aussi donné
l'Abbaye de saint Isidore
de Leon à Don Andrez de
Pitillas, Chanoine de Tolede,
& ce Canonicat à
Don Juan Francisco de
Bierga & Vadillo. r
L'Abbaye de San Pedro
de Besalu à Don Francisco
Pastor, Abbé de l'Abbaye
de laO.
Le Prieuré de Roncevaux
à Don Francisco de
la Torre ôc Herrera, Inquisiteur
de Cordouë &
Chanoine de Palencia, &
ce Canonicat à Don Manuel
Curé de Munnez.
L'Archidiaconé de Madrid
à Don Carlos Borja,
Patriarche des Indes, ôc
l'Archidiaconé de Calatrava
qu'il avoit, à Don Raymond
de Villacis.
L'Archidiaconé de Malaga
à Don Juan de Lazaro
& Aparicio.
On écrit de Catalogne,
qu'il y avoit de la division
& une grande consternation
parmi les habitans de
Barcelone; que le Duc de
Popoli occupoit tous les
postes de la côte, pour empêcher
qu'on n'introduise
des provisions dans cette
ville-là, & que son camp
étoit bien renforcé par les
troupes Espagnoles arrivées
desPays-Bas, Onmande de
Solfone du 12. Decembre,
que Don Joseph Vallejo,
Brigadier d'armée, qui
commande dans cette ville-
là & sur la frontiere voisine,
ayant été informé que
les rebelles de Cardone en
étoient sortis avec deux
compagnies de grenadiers,
un detachement de cent
cinquante hommes d'infanterie
de trou pes reglées,
cent cinquante Miquelets
ou Sommettans, & tous
leurs volontaires à cheval,
pour attaquer une maison
à une lieuë de Solsone, où
il avoir postéle Sieur Min- ,-
nones de Falco avec sa compagnie
de Miquelets fideles,
le mit en campagne
avec toute la cavalerie &
ses dragons, & tous les grenadiers
de sa garnison. Sitôt
que les rebeles l'apperçurent
,
leur cavalerie se
sauva à toute bride, l'infanterie
prit auni la suite; elle
fut neanmoins jointe par
la cavalerie ôc les dragons,
qui firent main basse sur
eux. La perte des ennemis
consiste en la prise de Don
Pedro d'Alba ôc Marques,
Gouverneur de la ville de
Cardonne, & du Major du
regiment de la ville de Barcelone,
qui l'étoit aussi de
la ville & du château de
Cardonne, tous deux blessez
dangereusement '5 un
Capitaine de grenadiers tue
& l'autre blessé & fait prisonnier
; un Lieutenant de
grenadiers tué & l'autre prisonnier,
aussi bien que les
deux Enseignes un Sergent
& plus de trente hommes
prisonniers,&un grand
* nombre tuez. On leur a
pris deux charettes chargées
de poudre, de balles,
de grenades & d'outils. La
compagnie du Sieur Minnonés
de Falco se défendit
durant deux heures avec
une extrême vigueur.
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
Le document expose diverses nominations et décisions royales en Espagne. Le roi a nommé Don Manuel de Torrés au poste de Regent de l'Audience de Séville, Don Philippe Antoñio de Taboada à celui de Commissaire général de la Croisade, et Don Pedro Afan de Ribera comme Regent du Conseil de Navarre. De plus, le roi a ordonné l'affermage des revenus des vingt-et-une provinces du royaume à partir du début de l'année, avec des directeurs désignés pour chaque district. Parmi les nominations ecclésiastiques, on trouve Don Francisco Rodríguez de Mendaroz Queta à l'évêché de Siguença et Don Manuel de Araziel à l'archevêché de Sarragosse, ainsi que plusieurs autres évêques et abbés. En Catalogne, des tensions et des affrontements opposent les troupes royales aux rebelles. Le Brigadier d'armée Don Joseph Vallejo a mené une opération contre des rebelles près de Solsone, résultant en plusieurs prisonniers et morts parmi les ennemis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 2495-2499
SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
Début :
La nuit du 22. au 23. Octobre, la Tranchée fut relevée par le Marquis de Dreux, Lieutenant [...]
Mots clefs :
Garnison, Siège de Kehl, Fort de Kehl, Duc de Berwick, Régiment de Navarre, Roi, Lieutenant général, Maréchal de camp, Grenadiers, Ouvrage, Brigadier d'infanterie, Gendarmerie, Capitulation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
SUITE de la Relation du Siege et da
la Prise du Fort de Kell , &c.
A nuit du 22. au 23 Octobre , la Tranchée
Lfut relevée par le Marquis de Dreux , Lieutenant
General , par le Marquis de la Fare ,
Maréchal de Camp , et par M. de Buckele , Brigadier
d'Infanterie ; les 250. Travailleurs ,
commandez pour les Ouvrages , furent soutenue
par les trois Bataillons du Régiment de la Marine,
par six Compagnies de Grenadiers du Régiment
de Navarre , d'Alsace et de Rouergue ,
et par des Détachemens de la Gendarmerie et
de la Cavalerie, et des Dragons, pareil à ceux des
jours précedens. Pendant cette nuit la Tranchée
fut poussée à so. toises du chemin couvert de
l'Ouvrage à corne , et on se logea dans une Lunette
de terre, que les Aseiegez n'avoient pas cu
le temps d'achever.
La nuit du 23. au 24. le Marquis de Nangis ,
Lieutenant General , le Comte de Saxe , Maréobal
de Camp , et le Comte de Bayiere , Briga
dier
2496 MERCURE DE FRANCE
dier , monterent la Tranchée avec les deux Ba-)
taillons du Régiment de Richelieu , et celui de
Gensac , six Compagnies de Grenadiers , un Dé.
tachement de la Gendarmerie , de la Cavalerie
et des Dragons , de 550 hommes et 1200 Travailleurs.
On poussa pendant cette nuit une sappe
entre le Rhin et la branche droite de l'Ouvrage à
corne. M. de la Serre , Capitaine des Grenadiers
dans le Régiment de Richelieu, fut tué avec deux
Grenadiers , et il y en eut deux autres de blessez.?
Le 25. M. de Quadt , Lieutenant General , le
Marquis de Clermont , Maréchal de Camp , et
M. de Chenelette , Brigadier d'Infanterie , étant
de Tranchée avec 400. Travailleurs et le même
nombre de Troupes que les jours précedens , les
Assiegez firent une sortie sur la sappe poussée
entre le Rhin et l'Ouvrage à corne , mais les
Grenadiers les obligerent de se retirer et la sapper
fut continuée.
Le Chevalier de Lamberval , Capitaine de Gre- :
nadiers , dans le Régiment de Bourbonnois , fut ?
blessé dans cette occasion , et M. de.Noyelles
Lieutenant des Grenadiers dans le même Régi
ment , fut tué.
Cette nuit la Tranchée fut relevée par le Duc t
de Duras , Lieutenant Géneral , M. de Sioujcat ,
Maréchal de Camp et M. Hosanussy , Brigadier
d'Infanterie , avec trois Bataillons , six Compagaies
de Grenadiers , le Détachement ordinaire
de la Gendarmerie , de la Cavalerie et des Dragons
, et roo, Travailleurs. On a fait pendang
cette nuit un logement dans la Contresparpe du
demi-Bastion de la droite de l'Ouvrage à corne,
et on se dispose à attacher le Mincur à la branche
droite de cet Ouvrage.
Le Marquis de Renel , Colonel du Régiment
de
NOVEMBRE . 1733. 2497 -
Sancerre , et gendre du Maréchal Duc de
Berwick , arriva à Fontainebleau le 31. Octobre
vers les 6. heures du soir, et il apporta au Roy la
nouvelle de la prise du Fort de Kell. Il étoit
parti le 28. a 9. heures du soir , dans le moment
que le General de Phall avoit fait battre la chamade
, et ce n'est que le 2. de ce mois que le Roy
a reçu les articles de la Capitulation accordée à
la Garnison, par le Maréchal Duc de Berwick,
Il a été convenu par cette Capitulation , que
le Fort de Kell et tous les Ouvrages qui en dépendent
, seroient rendus aux Troupes du Roy
le 29. au matin ; que le lendemain 30 la Garnison
sortireit avec armes et bagages , Tambour
battant , Enseignes déployées , deux Pieces de
Canon de bronze , et 12. coups de munition
pour chaque Soldat.
Qu'on donneroit la permission à tous les Offciers
Ecclesiastiques et Séculiers de toute Religion
et Profession , de la Garnison du Fort de
Kell , de se retirer où bon leur sembleroit.
Que les Vivandiers et les Commerçans de la
Garnison , pourroient sortir librement après
avoir vendu leurs meubles et effets , et que ceux
qui voudroient demeurer au Fort de Kell , seroient
traitez comme les Sujets du Roy .
Qu'il seroit permis à la Garnison de laisser
dans la Place les blessez et les malades , avec des
Officiers e tdes Chirurgiens pour en avoir soin.
Que tous les Baillifs et Sujets du Margrave de
Bade , domiciliez dans l'Ouvrage à corne du
Fort de Kell , seroient , ainsi que leurs effets
sous la protection de S. M. que la Garnison
mettroit le temps qu'elle jugeroit à propos pour
se rendre à Erlingheim , pourvû que ce terme
'excedât pas celui de 5. jours ; qu'elle seroit
*
H escortéct
2498 MERCURE DE FRANCE
escortée par les Troupes du Roy jusqu'à Etlingheim
, et qu'on lui donneroit pour aller jusqu'à
Ulm , un Passeport et un Trompette.
Que personne de la Garnison ne seroit inquié
té pour des dettes contractées au Fort de Kell ,
ou à Strasbourg , le General Phull s'en étant
rendu caution personnellement ; que ce General
donneroit les ordres qu'il jugeroit convenables ,
si pendant la marche de la Garnison pour se
rendre à Ulm , il arrivoit quelques desordres sur
la route , qu'il seroit donné des ôtages jusqu'au'
retour des Troupes du Roy qui auront escorté
la Garnison.
Que les Etats des munitions de guerre et de
bouche , seroient remis avec les clefs des Maga
Zins , aux Officiers préposez par le Maréchal Duc
de Berwick.
Qu'on fourniroit les vivres nécessaires pour
la subsistance de la Garnison pendant 3. ou 4.
jours de marche , et qu'il seroit donné un Passeport
à trois Officiers , Ingenieurs Prussiens ,
envoyez depuis 5. mois par l'Empire pour faire
réparer les Fortifications du Fort de Kell , ep
qui n'avoient pas eu
eu le temps de se retirer,
On a appris du Camp de Stolhoffen , que les
Troupes qui composoient la Garnison du Fort
de Kell , en sortirent le 13. du mois dernier , au
nombre de 1200. hommes; elles défilerent le long
de la ligne , l'Armée du Roy étant en bataille .
et conformément à un des articles de la Capitulation
, elles furent escortées jusqu'à Etlinghen
par un Détachement de Cavalerie.
Le même jour le Maréchal Duc de Berwick
fit entrer dans le Fort de Kell , le Régiment de
Gensac et celui de Rouergue , qui y doivent res
ser en garnison , et il nonma pour commander
dans
•
2499%
NOVEMBRE
. 1733
dans la Place M. de la Fitte , Commandant le
troisiéme Bataillon du Régiment de Navarre.
Le 2. de ce mois , le Chevalier de Givry , Ma
réchal de Camp , fut détaché de l'Armée avec
six Bataillons et un Régiment de Dragons ,
pour se rendre à Huningue , et pour y faire rétablir
le Pont de cette Ville. Le lendemain le
Maréchal Duc de Berwick partit avec une partie
de l'Armée du Roy , du Camp de Sundheem,
et il campa à Bichem ; il alla le 4. à Liectenaw
et il arriva le 5. vis-à- vis du Fort- Louis.
Le reste de l'Armée marcha le 4. sous les or¬
dres du Duc de Noailles ; et après avoir campé
le même jour à Bichem , il se rendit le s. à
Stolhoffen , où toute l'Armée est actuellement.
Le centre est à Selingue , la droite au Village de
Stolhoffen , et la gauche à celui d'Hugelsheim.
On travaille à rétablir le Pont de communication
du Fort - Louis à l'Ile du Marquisat et à
l'Ouvrage à corne qui doit le deffendre.
On apprend de Strasbourg , que le Maréchal
Duc de Berwick , fit le 9. de ce mois la Revûë
generale de l'Armée. Le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Prince de Dombes et le Comte d'Eu , s'y trou
verent. Le 12. une partie de l'Armée repassa
le Rhin , le reste suivit le lendemain , et le 13 .
les Troupes commencerent à défiler pour se
rendre dans leurs quartiers . Les Régimens de la
Marine , d'Alsace , de Pont, de Sancerre , Royal
Baviere , et celui de Mortemart , qui composent
ro, Bataillons , sont campez dans l'Isle du Marquisat
, pour y achever les ouvrages qui y ont
été commencez , et les Régimens de Piémont ,
de Lionnois et celui d'Angoumois , sont à Humingue
, pour en faire rétablir le Pont.
la Prise du Fort de Kell , &c.
A nuit du 22. au 23 Octobre , la Tranchée
Lfut relevée par le Marquis de Dreux , Lieutenant
General , par le Marquis de la Fare ,
Maréchal de Camp , et par M. de Buckele , Brigadier
d'Infanterie ; les 250. Travailleurs ,
commandez pour les Ouvrages , furent soutenue
par les trois Bataillons du Régiment de la Marine,
par six Compagnies de Grenadiers du Régiment
de Navarre , d'Alsace et de Rouergue ,
et par des Détachemens de la Gendarmerie et
de la Cavalerie, et des Dragons, pareil à ceux des
jours précedens. Pendant cette nuit la Tranchée
fut poussée à so. toises du chemin couvert de
l'Ouvrage à corne , et on se logea dans une Lunette
de terre, que les Aseiegez n'avoient pas cu
le temps d'achever.
La nuit du 23. au 24. le Marquis de Nangis ,
Lieutenant General , le Comte de Saxe , Maréobal
de Camp , et le Comte de Bayiere , Briga
dier
2496 MERCURE DE FRANCE
dier , monterent la Tranchée avec les deux Ba-)
taillons du Régiment de Richelieu , et celui de
Gensac , six Compagnies de Grenadiers , un Dé.
tachement de la Gendarmerie , de la Cavalerie
et des Dragons , de 550 hommes et 1200 Travailleurs.
On poussa pendant cette nuit une sappe
entre le Rhin et la branche droite de l'Ouvrage à
corne. M. de la Serre , Capitaine des Grenadiers
dans le Régiment de Richelieu, fut tué avec deux
Grenadiers , et il y en eut deux autres de blessez.?
Le 25. M. de Quadt , Lieutenant General , le
Marquis de Clermont , Maréchal de Camp , et
M. de Chenelette , Brigadier d'Infanterie , étant
de Tranchée avec 400. Travailleurs et le même
nombre de Troupes que les jours précedens , les
Assiegez firent une sortie sur la sappe poussée
entre le Rhin et l'Ouvrage à corne , mais les
Grenadiers les obligerent de se retirer et la sapper
fut continuée.
Le Chevalier de Lamberval , Capitaine de Gre- :
nadiers , dans le Régiment de Bourbonnois , fut ?
blessé dans cette occasion , et M. de.Noyelles
Lieutenant des Grenadiers dans le même Régi
ment , fut tué.
Cette nuit la Tranchée fut relevée par le Duc t
de Duras , Lieutenant Géneral , M. de Sioujcat ,
Maréchal de Camp et M. Hosanussy , Brigadier
d'Infanterie , avec trois Bataillons , six Compagaies
de Grenadiers , le Détachement ordinaire
de la Gendarmerie , de la Cavalerie et des Dragons
, et roo, Travailleurs. On a fait pendang
cette nuit un logement dans la Contresparpe du
demi-Bastion de la droite de l'Ouvrage à corne,
et on se dispose à attacher le Mincur à la branche
droite de cet Ouvrage.
Le Marquis de Renel , Colonel du Régiment
de
NOVEMBRE . 1733. 2497 -
Sancerre , et gendre du Maréchal Duc de
Berwick , arriva à Fontainebleau le 31. Octobre
vers les 6. heures du soir, et il apporta au Roy la
nouvelle de la prise du Fort de Kell. Il étoit
parti le 28. a 9. heures du soir , dans le moment
que le General de Phall avoit fait battre la chamade
, et ce n'est que le 2. de ce mois que le Roy
a reçu les articles de la Capitulation accordée à
la Garnison, par le Maréchal Duc de Berwick,
Il a été convenu par cette Capitulation , que
le Fort de Kell et tous les Ouvrages qui en dépendent
, seroient rendus aux Troupes du Roy
le 29. au matin ; que le lendemain 30 la Garnison
sortireit avec armes et bagages , Tambour
battant , Enseignes déployées , deux Pieces de
Canon de bronze , et 12. coups de munition
pour chaque Soldat.
Qu'on donneroit la permission à tous les Offciers
Ecclesiastiques et Séculiers de toute Religion
et Profession , de la Garnison du Fort de
Kell , de se retirer où bon leur sembleroit.
Que les Vivandiers et les Commerçans de la
Garnison , pourroient sortir librement après
avoir vendu leurs meubles et effets , et que ceux
qui voudroient demeurer au Fort de Kell , seroient
traitez comme les Sujets du Roy .
Qu'il seroit permis à la Garnison de laisser
dans la Place les blessez et les malades , avec des
Officiers e tdes Chirurgiens pour en avoir soin.
Que tous les Baillifs et Sujets du Margrave de
Bade , domiciliez dans l'Ouvrage à corne du
Fort de Kell , seroient , ainsi que leurs effets
sous la protection de S. M. que la Garnison
mettroit le temps qu'elle jugeroit à propos pour
se rendre à Erlingheim , pourvû que ce terme
'excedât pas celui de 5. jours ; qu'elle seroit
*
H escortéct
2498 MERCURE DE FRANCE
escortée par les Troupes du Roy jusqu'à Etlingheim
, et qu'on lui donneroit pour aller jusqu'à
Ulm , un Passeport et un Trompette.
Que personne de la Garnison ne seroit inquié
té pour des dettes contractées au Fort de Kell ,
ou à Strasbourg , le General Phull s'en étant
rendu caution personnellement ; que ce General
donneroit les ordres qu'il jugeroit convenables ,
si pendant la marche de la Garnison pour se
rendre à Ulm , il arrivoit quelques desordres sur
la route , qu'il seroit donné des ôtages jusqu'au'
retour des Troupes du Roy qui auront escorté
la Garnison.
Que les Etats des munitions de guerre et de
bouche , seroient remis avec les clefs des Maga
Zins , aux Officiers préposez par le Maréchal Duc
de Berwick.
Qu'on fourniroit les vivres nécessaires pour
la subsistance de la Garnison pendant 3. ou 4.
jours de marche , et qu'il seroit donné un Passeport
à trois Officiers , Ingenieurs Prussiens ,
envoyez depuis 5. mois par l'Empire pour faire
réparer les Fortifications du Fort de Kell , ep
qui n'avoient pas eu
eu le temps de se retirer,
On a appris du Camp de Stolhoffen , que les
Troupes qui composoient la Garnison du Fort
de Kell , en sortirent le 13. du mois dernier , au
nombre de 1200. hommes; elles défilerent le long
de la ligne , l'Armée du Roy étant en bataille .
et conformément à un des articles de la Capitulation
, elles furent escortées jusqu'à Etlinghen
par un Détachement de Cavalerie.
Le même jour le Maréchal Duc de Berwick
fit entrer dans le Fort de Kell , le Régiment de
Gensac et celui de Rouergue , qui y doivent res
ser en garnison , et il nonma pour commander
dans
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2499%
NOVEMBRE
. 1733
dans la Place M. de la Fitte , Commandant le
troisiéme Bataillon du Régiment de Navarre.
Le 2. de ce mois , le Chevalier de Givry , Ma
réchal de Camp , fut détaché de l'Armée avec
six Bataillons et un Régiment de Dragons ,
pour se rendre à Huningue , et pour y faire rétablir
le Pont de cette Ville. Le lendemain le
Maréchal Duc de Berwick partit avec une partie
de l'Armée du Roy , du Camp de Sundheem,
et il campa à Bichem ; il alla le 4. à Liectenaw
et il arriva le 5. vis-à- vis du Fort- Louis.
Le reste de l'Armée marcha le 4. sous les or¬
dres du Duc de Noailles ; et après avoir campé
le même jour à Bichem , il se rendit le s. à
Stolhoffen , où toute l'Armée est actuellement.
Le centre est à Selingue , la droite au Village de
Stolhoffen , et la gauche à celui d'Hugelsheim.
On travaille à rétablir le Pont de communication
du Fort - Louis à l'Ile du Marquisat et à
l'Ouvrage à corne qui doit le deffendre.
On apprend de Strasbourg , que le Maréchal
Duc de Berwick , fit le 9. de ce mois la Revûë
generale de l'Armée. Le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Prince de Dombes et le Comte d'Eu , s'y trou
verent. Le 12. une partie de l'Armée repassa
le Rhin , le reste suivit le lendemain , et le 13 .
les Troupes commencerent à défiler pour se
rendre dans leurs quartiers . Les Régimens de la
Marine , d'Alsace , de Pont, de Sancerre , Royal
Baviere , et celui de Mortemart , qui composent
ro, Bataillons , sont campez dans l'Isle du Marquisat
, pour y achever les ouvrages qui y ont
été commencez , et les Régimens de Piémont ,
de Lionnois et celui d'Angoumois , sont à Humingue
, pour en faire rétablir le Pont.
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Résumé : SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
En octobre 1733, le siège et la prise du Fort de Kell furent marqués par des travaux de tranchée dirigés par plusieurs officiers de haut rang, dont le Marquis de Dreux, le Marquis de la Fare et M. de Buckele, avec le soutien de divers régiments et détachements. Les travaux avancèrent rapidement, avec la construction d'une lunette de terre et une sappe entre le Rhin et l'ouvrage à corne. Plusieurs incidents notables se produisirent, notamment la mort du Capitaine M. de la Serre et du Lieutenant M. de Noyelles, ainsi que des blessures subies par le Chevalier de Lamberval. Le 31 octobre, le Marquis de Renel informa le roi de la prise du Fort de Kell. La capitulation stipulait que la garnison sortirait avec armes et bagages, tambour battant, et que les blessés et malades resteraient sous la protection du roi. La garnison fut escortée jusqu'à Etlingheim, et des passeports furent fournis pour leur voyage jusqu'à Ulm. Les troupes du roi prirent possession du fort, et les régiments de Gensac et de Rouergue y furent stationnés sous le commandement de M. de la Fitte. Par la suite, le Maréchal Duc de Berwick déplaça une partie de l'armée vers Huningue et le Fort-Louis, où des travaux de réparation furent entrepris. Le 9 novembre, le Maréchal Duc de Berwick effectua une revue générale de l'armée à Strasbourg. Le 12 et 13 novembre, les troupes commencèrent à se rendre dans leurs quartiers d'hiver. Les régiments de la Marine, d'Alsace, de Pont, de Sancerre, Royal Bavière et de Mortemart furent stationnés dans l'île du Marquisat pour achever les ouvrages, tandis que les régiments de Piémont, de Lionnois et d'Angoumois furent envoyés à Huningue pour rétablir le pont.
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14
p. 2717-2724
ARMÉE D'ITALIE. Siege et Prise de Pizzigithone.
Début :
Le Roy de Sardaigne étant parti de Pavie à la tête de son Armée, pour s'avancer sur la [...]
Mots clefs :
Roi de Sardaigne, Marquis, Tranchée, Lieutenant général, Adda, Grenadiers, Brigadier, Régiment, Pizzighettone, Compagnies, Armées du roi, Siège de Pizzighettone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARMÉE D'ITALIE. Siege et Prise de Pizzigithone.
ARMEE D'ITALIE.
f
Siege et Prise de Pizzigitbone.
La Rue de son aimée ,pou paavancersur la
E Roy de Sardaigne étant parti de Pavie à
Riviere d'Adda , arriva au Camp de Malleo ,
sous Pizzighitone , le to. Novembre après midi,
et le lendemain il fit investir Gerra d'Adda * par
* C'est un Fort couronné de trois Bastions et de
deux demi Lunes , séparé du corps de la Place de
Pizzighitone , par la Riviere d'Adda.
I. Vola
Hv 24.
2718 MERCURE DE FRANCE
24. Compagnies de Grenadiers et neuf Escadrons
de Cavalerie et de Dragons , commandez par le
Marquis de Maillebois , Lieutenant General.
Le 11. le Maréchal Duc de Villars arriva
les cinq heures du soir au Camp , et il alla rendre
ses respects au Roy de Sardaigne , avec le
quel il eut une longue Conférence Les jours
suivans on s'occupa à préparer tout ce qui étoit
néccessaire pour former le Siege de Gerra- d'Adda
, et à établir par des Ponts sur l'Adda, la communication
avec les Troupes qui étoient de l'autre
côté de cette Riviere, vis- à- vis de Pizzighitone ;
on travailla en même- temps à creuser un Canal
pour l'écoulement des eaux que les Ennemis
avoient retenues dans le dessein de s'en servir
pendant le Siege pour inonder la Tranchée.
La nuit du 17. au 18. le Marquis d'Alsfeld ,
Lieutenant General , le Marquis de Sandricourt ,
Maréchal de Camp , et le Marquis de Louvigny,
Brigadier , firent ouvrir la Tranchée avec 1000.
Travailleurs , soutenus par deux Bataillons du
Régiment des Gardes de Rebinder , par les Régimens
Dauphin , d'Anjou , du Maine , et par celui
de Savoye. Les travaux dont les Ennemis
n'eurent connoissance que deux heures après
qu'ils eurent été commencez , furent fort avancez
cette nuit.
Le 8. à dix heures du matin , le Marquis de
Coigny , Lieutenant General , M. d'Affry , Ma
réchal de Camp , et le Marquis de Boissieux ,
releverent la Tranchée avec le Régiment de Picardie
, celui de la Sarre , et quatre Compagnies
de Grenadiers des Régimens de la Reine , d'Orleans
, de Bourbon , et du Régiment des Fusiliers
de Savoye , et un Détachement de 100. Dragons
des Régimens de la Reine et Dauphin. Les
I. Vol . 800.
77 DECEMBR
E. 1733. 2719
8oo. Travailleurs commandez ce jour-là per
fectionnerent la Tranchée , dont la seconde pa
raltele avoit été avancée la veille jusqu'à jo
toises du chemin couvert. His firent une communication
entre la Tranchée de la droite et celle
de la gauche , et on commença ce jour-là l'établissement
de deux batteries , chacune de 15.
pieces de Canon.
Le soir vers les neuf heures , les Ennemis ten
terent de faire une sortie sur la gauche , mais
ils furent repoussez par les Grenadiers , qui les
obligerent de se retirer avec précipitation dans
le Chemin couvert , et malgré le grand feu de
deur Canon et de leur Mousqueterie , il n'y eut
que deux hommes de tuez et cinq blessez.
Le 19. le Comte de Broglio , Lieutenant General
, le Comte de Chatillon , Maréchal de
Camp et le Comte de Valence , Brigadier , rele
verent la Tranchée avec les Régimens de Cham .
pagne et Royal- Roussillon , deux Compagnies
de Grenadiers du Régiment du Roy , une de ce
lui de Souvré , et une de Riedeman Piedmontois,
Le Prince Charles de Lorraine , Lieutenant
General, le Duc d'Harcourt , Maréchal de Camp
et le Marquis de Lautrec , Brigadier , ont monté
la Tranchée le 20. avec les Régimens d'Auver
gne et de Condé , une Compagnie de Grenadiers
du Régiment des Gardes du Roy de Sardaigne
et trois des Régimens de Louvigny , de S. Simon
et de Medoc .
Le 21 la Tranchée fut relevée par le Marquis
de Ravignan , Lieutenant General , par le
Marquis d'Aix , Officier General dans les Trou
pes du Roy de Sardaigne, et par M. de Cadeville,
Brigadier des Armées du Roy, avec les 4. Batail
lons du Régiment du Roy , deur Compagnies
AI. Vol.
de Hvj
2720 MERCURE DE FRANCE
de Grenadiers du Régiment de Picardie , une
de celui de la Sarre , et une du Régiment de Re
bender.
Le 22 , le Marquis de Savines , Lieutenant General
, le Marquis de Sandricourt , Maréchal de
Camp , et le Marquis de Clermont , Brigadier
des Armées du Roy de Sardaigne , monterent la
Tranchée avec les Régimens Dauphin et de
Bourbon , et 4 Compagnies de Grenadiers des
Régimens de Champagne , du Maine et de
Luxembourg
Les travaux furent vigoureusement poussez
pendant les deux nuits suivantes. On avança la
troisiéme et la quatrième Paralleles à 35 toises
du Chemin couvert, et il n'y cut que s.pt hommes
de tuez ou blessez . Le 23 , le Marquis de
Cadrieux , Lieutenant Général , et le Marquis de
Louvigny monterent la Tranchée avec les Régimens
d'Anjou et de Médoc , et quatre Compagnies
de Grenadiers des Régimens d'Auvergne
, de Souvré , de Condé , et du Régiment de
Savoie.
La nuit du 23 au 2+ , le Roy de Sardaigne fit
attaquer le Chemin couvert de Getra - d'Adda ;
les Ennemis en furent chassez ; nos Troupes y
établirent leur logement malgré le feu des Assiégez
qui fut tres - vif pendant toute l'action ,
dans laquelle il y eut trois Capitaines de Grenadiers
tuez ou blessez , zo hommes de tuez es
11 de blessez .
Le 24 , la Tranchée fut relevée par le Comte
de Beuil , Lieutenant General , et par le Marquis
de Boissieux , Brigadier , avec les Régimens
de Souvré et de Tessé. On travailla ce jour-là à
periectionner les Ouvrages et on acheva la
Communication avec les deux Angies.
'I. Val. M.
DECEMBRE. 1733. 2722
M. de Contade , Lieutenant Général , et le
Marquis de Lautrec , Brigadier , releverent la
Tranchée le 25 avec les Régimens de la Reine e
de Nivernois , on contmua à préparer une Bat
terie sur le Glacis , pour battre en bréche , et à
y conduiré le Canon , et ce fut - ià , en donnant
les ordres pour le faire avancer , que le Chevalier
Dempser , Général de l'Artillerie du Roy de
Sardaigne fut tué près du Pont fait sur l'avant
fossé , lorsqu'on avoit attaqué le Chemin cou
vert.
Le 26, le Marquis d'Entréves , Lieutenant Gé•
néral des Armées da Roy de Sardaigne , et M.de
Cadeville , Brigadier des Armées du Roy , monterent
la Tranchée , qui fut relevée le 27 , par le
Marquis de Maillebois , Lieutenant Géneral , et
par le Marquis de Clermont , Brigadier des Armées
du Roy de Sardaigne. La Batterie de 11
Piéces de Canon , à laquelle on travailloit depuis
quelques jours , fut entierement établie
cette nuit et elle battit en bréche .
On fit pendant la même nuit , l'ouverture de
la Contrescarpe sur la droite , et la desconte du
Fossé se trouva si avancée le lendemain ào
heures du matin , que les Assiégez battirent la
Chamade dans le moment que le Marquis d'Asfeld
et le Marquis de Louvigny relevoient la
Tranchée avec trois Bataillons du Régiment de
Picardie , et deux Compagnies de Grenadiers
des Régimens de Tessé er de Nivernois .
Les Otages ayant été envoyez de part et d'autre
, le Roy de Sardaigne , et le Maréchal de
Villars se rendirent à la Tranchée pour écon
ter les propositions des Assiégez qui demande
rent qu'il leur fut permis de sortir de Gerra
d'Adda avec les honneurs de la Guerre , sans
I.Vd.
qu'il
2722 MERCURE DE FRANCE
qu'il fut libre aux Assiégeans d'attaquer Pizzi.
ghitone par ce côté , mais seulement par l'atta
que commencée de l'autre côté de l'Adda , où
la Tranchée avoit été ouverte le 23.
Leur proposition fut rejettée , et on leur répondit
qu'on ne recevoit aucune proposition sur
Gerra d'Adda , qu'à condition que Pizzighitone
se rendroit en même- temps.
Cette réponse ayant été portée au Gouver
neur , il consentit à rendre Gerra - d'Adda ; et à
l'égard de Pizzighitone , il fut convenu qu'il y
auroit une Tréve de deux jours , pour donner
le temps au Gouverneur d'envoyer à Mantouë
consulter le Prince de Wirtemberg sur ce qu'il
devoit faire.
L'Officier chargé de cette commission et qui
a été accompagné par le Marquis de Boissieux ,
rapporté qu'à son arrivée à Mantoue, le Prin
ce de Wirtemberg et les Officiers Generaux des
Troupes de l'Empereur , avoient tenu un Con
seil de Guerre , dont le résultat avoit été de
mander au Gouverneur de Pizzighitone de se
rendre le 16 Decembre.
Le Roy de Sardaigne et le Maréchal de Vil
Jars , informez de cette réponse , ont offert de
donner huit jours , et c'est à cette condition quela
Capitulation fut signée le 30 Novembre.
Le 2 de ce mois , M. de Contade , Lieutenant
General des Armées du Roy , fut détaché de
l'Armée avec six Bataillons des : Troupes Fran➜
çoises et un des Troupes du Roy de Sardaigne ,
pour aller se rendre maître du Château de Črés
mone , où les Impériaux avoient laissé un Dé--
tachement lorsqu'ils abandonnerent la Ville. La
Garnison de ce Château parut vouloir se deffendre
la nuit, du 3 ou 4 , mais le lendemain elle
capitula et se retira le même jour...
J. Vol. Le
DECEMBRE . 172. 2723
Le Roy de Sardaigne alla à Crémone , où H
coucha le 3 ; il en partit le lendemain pour se
rendre à Cazal- Major , d'où il doit aller à Sabionette
et à Bozolo , pour retourner le 8 aú
Camp devant Pizzighitone , et envoir sortit
la Garnison.
Les Troupes qui sont restées devant cette Pla
ce depuis la signature de la Capitulation , ontcontinué
, suivant ce qui avoit été convenu , à
faire des logemens sur la Contrescarpe ,et à placer
les Batteries , dont l'établissement fut fini le
quatre.
La Tranchée fut montée tous les jours , et relevée
jusqu'à la sortie de la Garnison de la Place.
Le Maréchal Duc de Villars est allé avec le
Roy de Sardaigne à Crémone , d'où il ira visiter
les bords de l'Oglio,
Le Comte de Boissieux , Brigadier , partit le 3 .
de ce mois avec 4 Bataillons et 2 Escadrons
pour s'emparer du Château de Trezzo , de celui
de Lecco , et du Fort de Fuentez.
La Garnison de Pizzighitone en sortit le 9 de
ce mois vers les 9 heures du matin , elle étoit
composée de 2000 hommes , lesquels conformé
ment à la Capitulation , signée le 30 du mois
dernier , se sont retirez à Mantoue avec 4 Canons
2 Mortiers et 4 Chariots couverts . On a
trouvé dans la Place 52 Pieces de Canon, 4 Mortiers
, et une grande quantité de Munitions de
Guerre , et de toute sorte de Provisions. Une
heure avant que la Garnison sortit , k Roy de´
Sardaigne entra dans la Ville . S. Men partit le
lendemain , et elle arriva le 11 à Milan.
و
les Troupes qui étoient devant Pizzighitone
commencerent le 9 à marcher pour s'y rendre.
On y avoit conduit dès le 4 , is Pieces de Ca
I. Volnon
2724 MERCURE DE FRANCE
1
non , et le reste de l'Artillerie y arriva peu après.
Le Marécbal Duc de Villars , après avoir séjourné
que ques jours à Crémone , s'est avancé
vers l'Oglio , et il a visité tous les Postes qui ont
été établis sur cette Riviere , il s'est rendu le 8 à
Sabionette , où il a eu une conférence avec le
Comte de Montemar , Capitaine General des Armées
du Roy d'Espagne , et il a couché le même
jour à Bezzole , d'où il est attendu à Milan .
Le Comte de Boissieux s'est emparé du Château
et de la Ville de Trezzo .
Les avis reçus du Trentin portent que l'Evêque
de Trente avoit fait prendre les Armes à la
Milice du Païs de son obéissance ; que cette Mi
lice étoit commandée par le Comte de wolchenstein
, et qu'elle étoit en marche pour aller joindre
le Corps de Troupes Impériales , que comman
de le General Rost.
f
Siege et Prise de Pizzigitbone.
La Rue de son aimée ,pou paavancersur la
E Roy de Sardaigne étant parti de Pavie à
Riviere d'Adda , arriva au Camp de Malleo ,
sous Pizzighitone , le to. Novembre après midi,
et le lendemain il fit investir Gerra d'Adda * par
* C'est un Fort couronné de trois Bastions et de
deux demi Lunes , séparé du corps de la Place de
Pizzighitone , par la Riviere d'Adda.
I. Vola
Hv 24.
2718 MERCURE DE FRANCE
24. Compagnies de Grenadiers et neuf Escadrons
de Cavalerie et de Dragons , commandez par le
Marquis de Maillebois , Lieutenant General.
Le 11. le Maréchal Duc de Villars arriva
les cinq heures du soir au Camp , et il alla rendre
ses respects au Roy de Sardaigne , avec le
quel il eut une longue Conférence Les jours
suivans on s'occupa à préparer tout ce qui étoit
néccessaire pour former le Siege de Gerra- d'Adda
, et à établir par des Ponts sur l'Adda, la communication
avec les Troupes qui étoient de l'autre
côté de cette Riviere, vis- à- vis de Pizzighitone ;
on travailla en même- temps à creuser un Canal
pour l'écoulement des eaux que les Ennemis
avoient retenues dans le dessein de s'en servir
pendant le Siege pour inonder la Tranchée.
La nuit du 17. au 18. le Marquis d'Alsfeld ,
Lieutenant General , le Marquis de Sandricourt ,
Maréchal de Camp , et le Marquis de Louvigny,
Brigadier , firent ouvrir la Tranchée avec 1000.
Travailleurs , soutenus par deux Bataillons du
Régiment des Gardes de Rebinder , par les Régimens
Dauphin , d'Anjou , du Maine , et par celui
de Savoye. Les travaux dont les Ennemis
n'eurent connoissance que deux heures après
qu'ils eurent été commencez , furent fort avancez
cette nuit.
Le 8. à dix heures du matin , le Marquis de
Coigny , Lieutenant General , M. d'Affry , Ma
réchal de Camp , et le Marquis de Boissieux ,
releverent la Tranchée avec le Régiment de Picardie
, celui de la Sarre , et quatre Compagnies
de Grenadiers des Régimens de la Reine , d'Orleans
, de Bourbon , et du Régiment des Fusiliers
de Savoye , et un Détachement de 100. Dragons
des Régimens de la Reine et Dauphin. Les
I. Vol . 800.
77 DECEMBR
E. 1733. 2719
8oo. Travailleurs commandez ce jour-là per
fectionnerent la Tranchée , dont la seconde pa
raltele avoit été avancée la veille jusqu'à jo
toises du chemin couvert. His firent une communication
entre la Tranchée de la droite et celle
de la gauche , et on commença ce jour-là l'établissement
de deux batteries , chacune de 15.
pieces de Canon.
Le soir vers les neuf heures , les Ennemis ten
terent de faire une sortie sur la gauche , mais
ils furent repoussez par les Grenadiers , qui les
obligerent de se retirer avec précipitation dans
le Chemin couvert , et malgré le grand feu de
deur Canon et de leur Mousqueterie , il n'y eut
que deux hommes de tuez et cinq blessez.
Le 19. le Comte de Broglio , Lieutenant General
, le Comte de Chatillon , Maréchal de
Camp et le Comte de Valence , Brigadier , rele
verent la Tranchée avec les Régimens de Cham .
pagne et Royal- Roussillon , deux Compagnies
de Grenadiers du Régiment du Roy , une de ce
lui de Souvré , et une de Riedeman Piedmontois,
Le Prince Charles de Lorraine , Lieutenant
General, le Duc d'Harcourt , Maréchal de Camp
et le Marquis de Lautrec , Brigadier , ont monté
la Tranchée le 20. avec les Régimens d'Auver
gne et de Condé , une Compagnie de Grenadiers
du Régiment des Gardes du Roy de Sardaigne
et trois des Régimens de Louvigny , de S. Simon
et de Medoc .
Le 21 la Tranchée fut relevée par le Marquis
de Ravignan , Lieutenant General , par le
Marquis d'Aix , Officier General dans les Trou
pes du Roy de Sardaigne, et par M. de Cadeville,
Brigadier des Armées du Roy, avec les 4. Batail
lons du Régiment du Roy , deur Compagnies
AI. Vol.
de Hvj
2720 MERCURE DE FRANCE
de Grenadiers du Régiment de Picardie , une
de celui de la Sarre , et une du Régiment de Re
bender.
Le 22 , le Marquis de Savines , Lieutenant General
, le Marquis de Sandricourt , Maréchal de
Camp , et le Marquis de Clermont , Brigadier
des Armées du Roy de Sardaigne , monterent la
Tranchée avec les Régimens Dauphin et de
Bourbon , et 4 Compagnies de Grenadiers des
Régimens de Champagne , du Maine et de
Luxembourg
Les travaux furent vigoureusement poussez
pendant les deux nuits suivantes. On avança la
troisiéme et la quatrième Paralleles à 35 toises
du Chemin couvert, et il n'y cut que s.pt hommes
de tuez ou blessez . Le 23 , le Marquis de
Cadrieux , Lieutenant Général , et le Marquis de
Louvigny monterent la Tranchée avec les Régimens
d'Anjou et de Médoc , et quatre Compagnies
de Grenadiers des Régimens d'Auvergne
, de Souvré , de Condé , et du Régiment de
Savoie.
La nuit du 23 au 2+ , le Roy de Sardaigne fit
attaquer le Chemin couvert de Getra - d'Adda ;
les Ennemis en furent chassez ; nos Troupes y
établirent leur logement malgré le feu des Assiégez
qui fut tres - vif pendant toute l'action ,
dans laquelle il y eut trois Capitaines de Grenadiers
tuez ou blessez , zo hommes de tuez es
11 de blessez .
Le 24 , la Tranchée fut relevée par le Comte
de Beuil , Lieutenant General , et par le Marquis
de Boissieux , Brigadier , avec les Régimens
de Souvré et de Tessé. On travailla ce jour-là à
periectionner les Ouvrages et on acheva la
Communication avec les deux Angies.
'I. Val. M.
DECEMBRE. 1733. 2722
M. de Contade , Lieutenant Général , et le
Marquis de Lautrec , Brigadier , releverent la
Tranchée le 25 avec les Régimens de la Reine e
de Nivernois , on contmua à préparer une Bat
terie sur le Glacis , pour battre en bréche , et à
y conduiré le Canon , et ce fut - ià , en donnant
les ordres pour le faire avancer , que le Chevalier
Dempser , Général de l'Artillerie du Roy de
Sardaigne fut tué près du Pont fait sur l'avant
fossé , lorsqu'on avoit attaqué le Chemin cou
vert.
Le 26, le Marquis d'Entréves , Lieutenant Gé•
néral des Armées da Roy de Sardaigne , et M.de
Cadeville , Brigadier des Armées du Roy , monterent
la Tranchée , qui fut relevée le 27 , par le
Marquis de Maillebois , Lieutenant Géneral , et
par le Marquis de Clermont , Brigadier des Armées
du Roy de Sardaigne. La Batterie de 11
Piéces de Canon , à laquelle on travailloit depuis
quelques jours , fut entierement établie
cette nuit et elle battit en bréche .
On fit pendant la même nuit , l'ouverture de
la Contrescarpe sur la droite , et la desconte du
Fossé se trouva si avancée le lendemain ào
heures du matin , que les Assiégez battirent la
Chamade dans le moment que le Marquis d'Asfeld
et le Marquis de Louvigny relevoient la
Tranchée avec trois Bataillons du Régiment de
Picardie , et deux Compagnies de Grenadiers
des Régimens de Tessé er de Nivernois .
Les Otages ayant été envoyez de part et d'autre
, le Roy de Sardaigne , et le Maréchal de
Villars se rendirent à la Tranchée pour écon
ter les propositions des Assiégez qui demande
rent qu'il leur fut permis de sortir de Gerra
d'Adda avec les honneurs de la Guerre , sans
I.Vd.
qu'il
2722 MERCURE DE FRANCE
qu'il fut libre aux Assiégeans d'attaquer Pizzi.
ghitone par ce côté , mais seulement par l'atta
que commencée de l'autre côté de l'Adda , où
la Tranchée avoit été ouverte le 23.
Leur proposition fut rejettée , et on leur répondit
qu'on ne recevoit aucune proposition sur
Gerra d'Adda , qu'à condition que Pizzighitone
se rendroit en même- temps.
Cette réponse ayant été portée au Gouver
neur , il consentit à rendre Gerra - d'Adda ; et à
l'égard de Pizzighitone , il fut convenu qu'il y
auroit une Tréve de deux jours , pour donner
le temps au Gouverneur d'envoyer à Mantouë
consulter le Prince de Wirtemberg sur ce qu'il
devoit faire.
L'Officier chargé de cette commission et qui
a été accompagné par le Marquis de Boissieux ,
rapporté qu'à son arrivée à Mantoue, le Prin
ce de Wirtemberg et les Officiers Generaux des
Troupes de l'Empereur , avoient tenu un Con
seil de Guerre , dont le résultat avoit été de
mander au Gouverneur de Pizzighitone de se
rendre le 16 Decembre.
Le Roy de Sardaigne et le Maréchal de Vil
Jars , informez de cette réponse , ont offert de
donner huit jours , et c'est à cette condition quela
Capitulation fut signée le 30 Novembre.
Le 2 de ce mois , M. de Contade , Lieutenant
General des Armées du Roy , fut détaché de
l'Armée avec six Bataillons des : Troupes Fran➜
çoises et un des Troupes du Roy de Sardaigne ,
pour aller se rendre maître du Château de Črés
mone , où les Impériaux avoient laissé un Dé--
tachement lorsqu'ils abandonnerent la Ville. La
Garnison de ce Château parut vouloir se deffendre
la nuit, du 3 ou 4 , mais le lendemain elle
capitula et se retira le même jour...
J. Vol. Le
DECEMBRE . 172. 2723
Le Roy de Sardaigne alla à Crémone , où H
coucha le 3 ; il en partit le lendemain pour se
rendre à Cazal- Major , d'où il doit aller à Sabionette
et à Bozolo , pour retourner le 8 aú
Camp devant Pizzighitone , et envoir sortit
la Garnison.
Les Troupes qui sont restées devant cette Pla
ce depuis la signature de la Capitulation , ontcontinué
, suivant ce qui avoit été convenu , à
faire des logemens sur la Contrescarpe ,et à placer
les Batteries , dont l'établissement fut fini le
quatre.
La Tranchée fut montée tous les jours , et relevée
jusqu'à la sortie de la Garnison de la Place.
Le Maréchal Duc de Villars est allé avec le
Roy de Sardaigne à Crémone , d'où il ira visiter
les bords de l'Oglio,
Le Comte de Boissieux , Brigadier , partit le 3 .
de ce mois avec 4 Bataillons et 2 Escadrons
pour s'emparer du Château de Trezzo , de celui
de Lecco , et du Fort de Fuentez.
La Garnison de Pizzighitone en sortit le 9 de
ce mois vers les 9 heures du matin , elle étoit
composée de 2000 hommes , lesquels conformé
ment à la Capitulation , signée le 30 du mois
dernier , se sont retirez à Mantoue avec 4 Canons
2 Mortiers et 4 Chariots couverts . On a
trouvé dans la Place 52 Pieces de Canon, 4 Mortiers
, et une grande quantité de Munitions de
Guerre , et de toute sorte de Provisions. Une
heure avant que la Garnison sortit , k Roy de´
Sardaigne entra dans la Ville . S. Men partit le
lendemain , et elle arriva le 11 à Milan.
و
les Troupes qui étoient devant Pizzighitone
commencerent le 9 à marcher pour s'y rendre.
On y avoit conduit dès le 4 , is Pieces de Ca
I. Volnon
2724 MERCURE DE FRANCE
1
non , et le reste de l'Artillerie y arriva peu après.
Le Marécbal Duc de Villars , après avoir séjourné
que ques jours à Crémone , s'est avancé
vers l'Oglio , et il a visité tous les Postes qui ont
été établis sur cette Riviere , il s'est rendu le 8 à
Sabionette , où il a eu une conférence avec le
Comte de Montemar , Capitaine General des Armées
du Roy d'Espagne , et il a couché le même
jour à Bezzole , d'où il est attendu à Milan .
Le Comte de Boissieux s'est emparé du Château
et de la Ville de Trezzo .
Les avis reçus du Trentin portent que l'Evêque
de Trente avoit fait prendre les Armes à la
Milice du Païs de son obéissance ; que cette Mi
lice étoit commandée par le Comte de wolchenstein
, et qu'elle étoit en marche pour aller joindre
le Corps de Troupes Impériales , que comman
de le General Rost.
Fermer
Résumé : ARMÉE D'ITALIE. Siege et Prise de Pizzigithone.
Le texte décrit le siège et la prise de Pizzigitbone par l'armée du Roi de Sardaigne, soutenue par les forces françaises commandées par le Maréchal Duc de Villars. Le 10 novembre, le Roi de Sardaigne arriva au camp de Malleo près de Pizzigitbone et investit le fort de Gerra d'Adda, situé de l'autre côté de la rivière d'Adda. Les préparatifs inclurent la construction de ponts sur l'Adda et le creusement d'un canal pour drainer les eaux retenues par les ennemis. Les travaux de siège commencèrent la nuit du 17 au 18 novembre, avec l'ouverture de la tranchée par des travailleurs soutenus par plusieurs régiments. Malgré les tentatives de sortie des ennemis, divers officiers et régiments se relayèrent pour avancer les travaux. Le 23 novembre, le Roi de Sardaigne attaqua et prit le chemin couvert de Gerra d'Adda. Le 26 novembre, une batterie de 11 pièces de canon fut établie et ouvrit le feu sur les défenses ennemies. Le 28 novembre, les assiégés demandèrent à sortir avec les honneurs de la guerre, mais leur proposition fut rejetée à moins que Pizzigitbone ne se rende en même temps. Après consultation, le gouverneur de Pizzigitbone accepta de se rendre le 16 décembre. La capitulation fut signée le 30 novembre, et la garnison de Pizzigitbone sortit le 9 décembre, se retirant à Mantoue avec ses armes et provisions. Après la reddition, les troupes françaises et sardes continuèrent à renforcer les défenses et à établir des batteries. Le Maréchal Duc de Villars inspecta les postes sur l'Oglio et eut une conférence avec le Comte de Montemar. Le Comte de Boissieux s'empara de plusieurs châteaux et forteresses, tandis que des milices dans le Trentin se préparaient à rejoindre les troupes impériales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 2915-2921
ARMÉE D'ITALIE, Et Siége du Château de Milan.
Début :
Le Maréchal de Villars arriva le 14 Decembre à Milan, où les Troupes [...]
Mots clefs :
Marquis, Régiment, Brigadier, Troupes du roi, Grenadiers, Tranchée, Château, Roi de Sardaigne, Siège du château de Milan, Chemin couvert , Maréchal de camp
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARMÉE D'ITALIE, Et Siége du Château de Milan.
ARME'E D'ITALIE,
Et Siége du Château de Milan.
E Maréchal de Villars arriva le 14
Decembre à Milan , où les Troupes
du Roy et celles du Roy de Sardaigne ,
qui étoient parties du Camp devant Pizzighitone
le 9 et le 10 de ce mois , et
qui étoient destinées à faire le Siége du
Château , s'étoient renduës le 13 .
La Tranchée fut ouverte du côté du
Bourg des Hortolani, la nuit du 15 au 16,
sous les ordres du Marquis d'Asfeld
Lieutenant Général , ét du Marquis de
Louvigni , Brigadier par 20co Travailleurs
, soûtenus du Régiment des Gardes
du Roy de Sardaigne , de celui de Tessé
et de trois Compagnies de Grenadiers des
11. Vel. Ré2918
Régimens de Champagne , du Roy et de
Piémont. On établit pendant cette nuit
deux Paralleles , dont la plus avancée
n'étoit à la gauche qu'à 60 toises du Chemin
couvert ; il n'y eut pas un seul homme
de tué ni de blessé .
Le 16 , à dix heures du matin , le Marquis
de Savines , Lieutenant General , et
le Marquis de Mison , Brigadier , releverent
la Tranchée avec trois Bataillons du
Régiment de Picardie , et trois Compagnies
de Grenadiers des Regimens d'Auvergne
, du Roy , et de la Ferté- Imbaut;
les Travailleurs furent employez à élargir
et à perfectionner la Tranchée, dont
les Ouvrages furent assez avancez pen
dant la nuit.
Le 17 , le Marquis le Cadrieux , Lieutenant
Général , et M. de Cadeville , Brigadier
, monterent la Tranchée avec les
trois Bataillons du Régiment de Champagne
, et une Compagnie de Grenadiers
du Régiment de Savoye .
On commença cette nuit à travailler à
l'établissement de plusieurs Batteries de
Canons et de Mortiers , et les Ennemis
qui n'avoient pas beaucoup tiré les deux
nuits précedentes s'étant apperçus de ces
travaux , firent un feu si considérable ,
qu'il y cut plusieurs Soldats tucz ou
blessez.
DECEM BRE. 1733. 2917
Le 18 la Tranch e fut relevée par le
Marquis de Beuil , Lieutenant Gen ral ,
et par M. de Cumiane , Brigadier des
Troupes du Roy de Sardaigne , avec les
Regimens d'Auvergne et de Flandreset
une Compagnie de Grenadiers de celui
d'Orleans.
La nuit du 19 au 20. on s'établit dans
un avant-fossé dont on fit une parallele
au pied du glacis , et on poussa en avant
trois sapes , à la tête desquelles on commença
le zo à faire des puits pour pouvoir
éventer les mines . Les assiégez continuerent
à faire un très grand feu d'Artillerie
et de Mousqueterie mais qui
diminua beaucoup le 24. que nos trois
Batteries de Canon et deux de Mortiers
commencerent à tirer.
Le 25 Décembre le Marquis de Lanion ,
Maréchal de Camp , et le Marquis de
Louvigny Brigadier, monterent la Tranchée
devant le Château avec le Regiment
de la Saarre , le second Bataillon de celui
de la Ferté- Imbaut , et deux Compagnies
de Grenadiers des Regimens de
Champagne et de Souvré. Les sapes furent
poussées jusqu'au Chemin couvert ,
et on continua les travaux necessaires
pour pouvoir éventer les mines qu'on
croyoit trouver sous les fortifications du
Chemin couvert .
2918 MERCURE DE FRANCE
La Tranchée fut relevée le 26. sous les
ordres du Marquis de Fervaques , Maréchal
de Camp , et du Marquis de Mison,
Brigadier , par le Regiment Royal Roussillon
, par celui de Piémont , des Troupes
du Roy de Sardaigne et par deux
Compagnies deGrenadiers des Regimens
d'Auvergne et de Nivernois.
Les Mineurs employez à découvrir les
mines n'ayant trouvé que des galleries
abandonnées , on entra dans le Chemin
couvert , d'où les Ennemis s'étoient retirez
, et on s'y logea par une paraliele sur
toute l'étendue de l'attaque.
›
Le lendemain on travailla à perfection .
ner les logemens , et on commença à rétablir
plusieurs Batteries pour battre les
deux faces de la demi lune celies des
deux Bastions d'Acunha et de Velasio ,
et les deux flancs des mêmes Bastions.
Le Comte de Chatillon Maréchal de
Camp , et le Comte de Boissieux Briga
dier monterent laTranchée ce jour- là avec
les deux Bataillons du Regiment des
Girdes du Roy de Sardaigne , un de celui
de Schulembourg une Compagnie
de Grenadiers du Regiment du Roy ,
et une de celui d'Orleans . Le soir , deux
Batteries de quatre piéces de Canons
chicune commencerent de battre en
11. Vol.
و
>
bréche
DECEMBRE. 1733. 2919
,
bréche les deux faces de la demie- lune .
Le 28 la Tranchée fut relevée par le
premier et le troisième Bataillon du Regiment
de Picardie , et par deux Compagnies
de Grenadiers des Regimens de
Louvigny et de Montferrat sous les ordres
de M. S. Perrier Maréchal de
Camp , et de M. de Cadeville , Brigadier,
et le 29. par le Duc d'Harcourt , Maréchal
de Camp , et de M. de Cumiane
Brigadier des Troupes du Roy de Sardai
gne , avec le second Bataillon du Regiment
de Picardie , le Regiment de Tessé,
uneCompagnie de Grenadiers de celui de
la Ferté - Imbaut , et une du Regiment
de Piémont.
On travailla ce jour- là à faire dans le
Chemin couvert six débouchez pour descendre
dans le Fossé , et ils étoient assez
avancez , lorsque le Maréchal Viscomti
qui avoit été forcé d'abandonner la demi
June , et qui jugea que les breches qui se
formoient aux faces des deux Bastions
seroient bien tôt praticables , fit battre la
chamade vers les trois heures après midi.
On lui demanda de livrer une des Portes
du Château , il la remit le lendemain 30 .
le Marquis de Villars partit le même jour
après midi pour en aller
velle au Roy.
porter la nou-
II. Vol. La
2920 MERCURE DE FRANCE
La Garnison du Château , réduite environ
à 800 hommes en sortira le 2 Janver
, avec les honneurs de la Guerre ,
et se retirera à Mantoüe suivant la capitulation
convenuë le 30 de ce mois.
Le Siége de Novarre ayant été resolu ,
15 Bataillons des Troupes du Roy et
trois de celles du Roy de Sardaigne, sont
partis de Milan pour aller faire le Siége
de cette Place , avec les Troupes qui en
ont formé le blocus depuis le commencement
de la Campagne.
· Le Marquis de Coigni , Lieutenant
General , commandera à ce Siége , et les
Maréchaux de Camp qui y serviront sous
ses ordres , sont M. d'Affry , le Marquis
de Fervaques , et le Duc d'Harcourt.
Le Comte de Broglio , Lieutenant Ceneral
, qui commande les Troupes qui
sont aux environs de Cazal Major, envoya
le 28. Decembre un Détachement d Infanterie
de 3000 hommes, cent Dragons ,
cent Carabiniers , et vingt Hussarts du
Regiment de Ratsкy pour s'emparer de
Guastalle. Le Marquis de Valence qui
commandoit ce Détachement, après avoir
fait passer le Po à ses Troupes à Dozolo
er à Viadana arriva le même jour à
Guastalle , où il fut reçû par le Comte
- de · II. Vol.
,
DECEMBRE . 1733 2921
de Spilinberg , Ministre du Duc de
Guastalle, Le Marquis de Valence avoit
été precedé d'un Officier chargé de complimenter
ce Ministre et de lui faire entendre
qu'en occupant cette Place on
n'avoit d'autre dessein que d'empêchet
les Troupes de l'Empereur de s'en emparer.
Le Comte de Boissieux s'est rendu
Maître du Château de Lecco , et du Fort
de Fuentes , dont la Garnison a été faite
prisonniere de Guerre .
Et Siége du Château de Milan.
E Maréchal de Villars arriva le 14
Decembre à Milan , où les Troupes
du Roy et celles du Roy de Sardaigne ,
qui étoient parties du Camp devant Pizzighitone
le 9 et le 10 de ce mois , et
qui étoient destinées à faire le Siége du
Château , s'étoient renduës le 13 .
La Tranchée fut ouverte du côté du
Bourg des Hortolani, la nuit du 15 au 16,
sous les ordres du Marquis d'Asfeld
Lieutenant Général , ét du Marquis de
Louvigni , Brigadier par 20co Travailleurs
, soûtenus du Régiment des Gardes
du Roy de Sardaigne , de celui de Tessé
et de trois Compagnies de Grenadiers des
11. Vel. Ré2918
Régimens de Champagne , du Roy et de
Piémont. On établit pendant cette nuit
deux Paralleles , dont la plus avancée
n'étoit à la gauche qu'à 60 toises du Chemin
couvert ; il n'y eut pas un seul homme
de tué ni de blessé .
Le 16 , à dix heures du matin , le Marquis
de Savines , Lieutenant General , et
le Marquis de Mison , Brigadier , releverent
la Tranchée avec trois Bataillons du
Régiment de Picardie , et trois Compagnies
de Grenadiers des Regimens d'Auvergne
, du Roy , et de la Ferté- Imbaut;
les Travailleurs furent employez à élargir
et à perfectionner la Tranchée, dont
les Ouvrages furent assez avancez pen
dant la nuit.
Le 17 , le Marquis le Cadrieux , Lieutenant
Général , et M. de Cadeville , Brigadier
, monterent la Tranchée avec les
trois Bataillons du Régiment de Champagne
, et une Compagnie de Grenadiers
du Régiment de Savoye .
On commença cette nuit à travailler à
l'établissement de plusieurs Batteries de
Canons et de Mortiers , et les Ennemis
qui n'avoient pas beaucoup tiré les deux
nuits précedentes s'étant apperçus de ces
travaux , firent un feu si considérable ,
qu'il y cut plusieurs Soldats tucz ou
blessez.
DECEM BRE. 1733. 2917
Le 18 la Tranch e fut relevée par le
Marquis de Beuil , Lieutenant Gen ral ,
et par M. de Cumiane , Brigadier des
Troupes du Roy de Sardaigne , avec les
Regimens d'Auvergne et de Flandreset
une Compagnie de Grenadiers de celui
d'Orleans.
La nuit du 19 au 20. on s'établit dans
un avant-fossé dont on fit une parallele
au pied du glacis , et on poussa en avant
trois sapes , à la tête desquelles on commença
le zo à faire des puits pour pouvoir
éventer les mines . Les assiégez continuerent
à faire un très grand feu d'Artillerie
et de Mousqueterie mais qui
diminua beaucoup le 24. que nos trois
Batteries de Canon et deux de Mortiers
commencerent à tirer.
Le 25 Décembre le Marquis de Lanion ,
Maréchal de Camp , et le Marquis de
Louvigny Brigadier, monterent la Tranchée
devant le Château avec le Regiment
de la Saarre , le second Bataillon de celui
de la Ferté- Imbaut , et deux Compagnies
de Grenadiers des Regimens de
Champagne et de Souvré. Les sapes furent
poussées jusqu'au Chemin couvert ,
et on continua les travaux necessaires
pour pouvoir éventer les mines qu'on
croyoit trouver sous les fortifications du
Chemin couvert .
2918 MERCURE DE FRANCE
La Tranchée fut relevée le 26. sous les
ordres du Marquis de Fervaques , Maréchal
de Camp , et du Marquis de Mison,
Brigadier , par le Regiment Royal Roussillon
, par celui de Piémont , des Troupes
du Roy de Sardaigne et par deux
Compagnies deGrenadiers des Regimens
d'Auvergne et de Nivernois.
Les Mineurs employez à découvrir les
mines n'ayant trouvé que des galleries
abandonnées , on entra dans le Chemin
couvert , d'où les Ennemis s'étoient retirez
, et on s'y logea par une paraliele sur
toute l'étendue de l'attaque.
›
Le lendemain on travailla à perfection .
ner les logemens , et on commença à rétablir
plusieurs Batteries pour battre les
deux faces de la demi lune celies des
deux Bastions d'Acunha et de Velasio ,
et les deux flancs des mêmes Bastions.
Le Comte de Chatillon Maréchal de
Camp , et le Comte de Boissieux Briga
dier monterent laTranchée ce jour- là avec
les deux Bataillons du Regiment des
Girdes du Roy de Sardaigne , un de celui
de Schulembourg une Compagnie
de Grenadiers du Regiment du Roy ,
et une de celui d'Orleans . Le soir , deux
Batteries de quatre piéces de Canons
chicune commencerent de battre en
11. Vol.
و
>
bréche
DECEMBRE. 1733. 2919
,
bréche les deux faces de la demie- lune .
Le 28 la Tranchée fut relevée par le
premier et le troisième Bataillon du Regiment
de Picardie , et par deux Compagnies
de Grenadiers des Regimens de
Louvigny et de Montferrat sous les ordres
de M. S. Perrier Maréchal de
Camp , et de M. de Cadeville , Brigadier,
et le 29. par le Duc d'Harcourt , Maréchal
de Camp , et de M. de Cumiane
Brigadier des Troupes du Roy de Sardai
gne , avec le second Bataillon du Regiment
de Picardie , le Regiment de Tessé,
uneCompagnie de Grenadiers de celui de
la Ferté - Imbaut , et une du Regiment
de Piémont.
On travailla ce jour- là à faire dans le
Chemin couvert six débouchez pour descendre
dans le Fossé , et ils étoient assez
avancez , lorsque le Maréchal Viscomti
qui avoit été forcé d'abandonner la demi
June , et qui jugea que les breches qui se
formoient aux faces des deux Bastions
seroient bien tôt praticables , fit battre la
chamade vers les trois heures après midi.
On lui demanda de livrer une des Portes
du Château , il la remit le lendemain 30 .
le Marquis de Villars partit le même jour
après midi pour en aller
velle au Roy.
porter la nou-
II. Vol. La
2920 MERCURE DE FRANCE
La Garnison du Château , réduite environ
à 800 hommes en sortira le 2 Janver
, avec les honneurs de la Guerre ,
et se retirera à Mantoüe suivant la capitulation
convenuë le 30 de ce mois.
Le Siége de Novarre ayant été resolu ,
15 Bataillons des Troupes du Roy et
trois de celles du Roy de Sardaigne, sont
partis de Milan pour aller faire le Siége
de cette Place , avec les Troupes qui en
ont formé le blocus depuis le commencement
de la Campagne.
· Le Marquis de Coigni , Lieutenant
General , commandera à ce Siége , et les
Maréchaux de Camp qui y serviront sous
ses ordres , sont M. d'Affry , le Marquis
de Fervaques , et le Duc d'Harcourt.
Le Comte de Broglio , Lieutenant Ceneral
, qui commande les Troupes qui
sont aux environs de Cazal Major, envoya
le 28. Decembre un Détachement d Infanterie
de 3000 hommes, cent Dragons ,
cent Carabiniers , et vingt Hussarts du
Regiment de Ratsкy pour s'emparer de
Guastalle. Le Marquis de Valence qui
commandoit ce Détachement, après avoir
fait passer le Po à ses Troupes à Dozolo
er à Viadana arriva le même jour à
Guastalle , où il fut reçû par le Comte
- de · II. Vol.
,
DECEMBRE . 1733 2921
de Spilinberg , Ministre du Duc de
Guastalle, Le Marquis de Valence avoit
été precedé d'un Officier chargé de complimenter
ce Ministre et de lui faire entendre
qu'en occupant cette Place on
n'avoit d'autre dessein que d'empêchet
les Troupes de l'Empereur de s'en emparer.
Le Comte de Boissieux s'est rendu
Maître du Château de Lecco , et du Fort
de Fuentes , dont la Garnison a été faite
prisonniere de Guerre .
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Résumé : ARMÉE D'ITALIE, Et Siége du Château de Milan.
Le maréchal de Villars arriva à Milan le 14 décembre 1733, où les troupes françaises et sardes, parties du camp devant Pizzighitone les 9 et 10 décembre, s'étaient rendues pour faire le siège du château de Milan. La tranchée fut ouverte la nuit du 15 au 16 décembre sous les ordres du marquis d'Asfeld et du marquis de Louvigny, avec le soutien de plusieurs régiments. Deux parallèles furent établies sans perte humaine. Le 16 décembre, la tranchée fut relevée par le marquis de Savines et le marquis de Mison avec des bataillons du régiment de Picardie et des grenadiers. Les travaux avancèrent pendant la nuit. Le 17 décembre, le marquis de Cadrieux et M. de Cadeville prirent la relève avec des bataillons du régiment de Champagne et des grenadiers du régiment de Savoie. Des batteries de canons et de mortiers furent établies, provoquant une riposte ennemie intense. Les jours suivants, les travaux continuèrent avec des relèves régulières par divers officiers et régiments. Le 20 décembre, une parallèle fut établie dans un avant-fossé, et des sapes furent poussées vers le chemin couvert. Les ennemis continuèrent à tirer, mais leur feu diminua le 24 décembre lorsque les batteries françaises commencèrent à tirer. Le 25 décembre, le marquis de Lanion et le marquis de Louvigny prirent la relève avec des régiments de la Saarre et de la Ferté-Imbaut. Les sapes atteignirent le chemin couvert, et les travaux pour éventer les mines continuèrent. Le 26 décembre, la tranchée fut relevée par le marquis de Fervaques et le marquis de Mison avec des régiments du Royal Roussillon et de Piémont. Les mineurs découvrirent des galeries abandonnées, permettant aux troupes françaises de s'installer dans le chemin couvert. Les batteries furent perfectionnées pour battre les fortifications ennemies. Le 28 décembre, la tranchée fut relevée par le duc d'Harcourt et M. de Cumiane avec des bataillons du régiment de Picardie et des grenadiers. Le 30 décembre, après la capitulation, la garnison du château, réduite à environ 800 hommes, sortit avec les honneurs de la guerre et se retira à Mantoue. Le siège de Novarre fut ensuite résolu, avec 15 bataillons français et 3 bataillons sardes partant pour cette mission. Le marquis de Coigni commanda ce siège, assisté par plusieurs maréchaux de camp. Par ailleurs, le comte de Broglio envoya un détachement pour s'emparer de Guastalle, et le comte de Boissieux prit le contrôle du château de Lecco et du fort de Fuentes, capturant leur garnison.
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16
p. 1211-1214
ALLEMAGNE.
Début :
Le Prince de Wirtemberg, qui commande par interim l'Armée que l'Empereur a [...]
Mots clefs :
Troupes, Prince, Empereur, Pálffy, Milices, Prince Louis de Wurtemberg, Armée, Grenadiers, Autriche, Prince Alexandre de Wurtemberg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
>
E Prince Louis de Wirtemberg , qui commande
par interim l'Armée. que l'Empereur a
en Italie , a écrit à S.M. Imperiale, que les Troupes
Allemandes, lorsquelles avoient passé le Po , étoient
disposées dans l'ordrde suivant : la premiere colonne
composée de 26. Bataillons , trois de
Guido - Staremberg , trois de Harrach , deux de
Lirengstein , trois de Firstenbusch trois de
Hildbourghaussen , un de Wallis , deux de Palfi ,
trois de Daun , un d'Oglivi , trois de Maximilien
Staremberg , et deux de Wachtendoncsk ;
de 28. Escadrons , sept de Saxe Gotha , sept de
Mercy , sept de Palfi , et sept de Jorger ;
et de
20. Compagnies de Grenadiers , ayant à la tête
le Baron de Lanthieri , le Prince de Livengstein ,
les Comtes de Diesbach , et de Saint- Amour ,
Lieutenants Generaux.
La seconde colonne de 17. Bataillons , un de
Welsech , deux de Culmbach , trois de Seckendorf
, rois du Grand - Maître de l'Ordre Teutonique
, deux de Ligneville , deux de Wallis , et
trois de Konigseg , de 24. Escadrons , 7. de
Lichteinstein , 6. de Veterani , 6. d'Hamilton , et
5. de Frederic de Wirtemberg , et de 14. Compagnies
de Grenadiers , sous les ordres des Comtes
de Culmbach et de Valperoso.
Dans le Conseil d'Etat que l'Empereur tint à
Vienne le 16. du mois dernier , il fut résolu
d'assembler les Milices du Royaume de Boheme
et des Provinces de Silesie et de Moravie ,
. I. Vol.
et de
faire
1212 MERCURE DE FRANCE
faire marcher à l'Armée la dixième partie des
Habitans de la Basse- Autriche qui sont en état de
porter les armes . Le bruit court qu'on a déliberé ·
dans le même Conseil si l'on obligeroic la Noblesse
de la Haute Autriche de lever et d'entretenir
à ses dépens un Corps de 10000. homines.
On apprend de Ratisbonne , que la Diete a
reglé que
e les Princes et les Cercles ne fourniroien
que les trois cinquièmes des subsides que
S. M. Imp . avoit demandé pour l'entretien des
Troupes de l'Empire , et que la Caisse Militaire
seroit établie à Francfort.
Les Régimens ie Hager , du Prince Alexandre
de Wirtemberg , de Veles , de Carolis , de Seer
et de Palfi , qui s'étoient mis en marche pour se
rendre à l'Armée sur le Rhin ont reçû ordre de
s'arrêter dans les environs de Passaw ; on croit
qu'elles y formeront un Camp ,
et que les Milices
qu'on leve dans la Basse- Autriche iront les
y joindre.
Sur l'avis qu'on a reçû d'une irruption qu'un
corps de Troupes Polonoises , composé d'environ
4000. hommes , a faite en Silesie , où il a
ravage plusieurs terres consi terables , particulierement
celles du Comte de Henkel , S. M. Imp.
a pris la résolution d'envoyer un Détachement
de Cavalerie et d'Infanterie dans cette Province,
et une partie du Régiment de Chauveray est
déja partie pour renforcer quelques postes de la
Frontiere. On assure que le Camp qu'on y doit
former , sera composé du Régiment du Prince
Alexandre de Wittemberg , de ceux de Weles ,
du Comte Louis de Palfi , de Seer , d'Ogilvi , de
Welsech , du Régiment de Grenadiers de Lorraine,
d'une partie de celui de Chauvirey , et de
ICOo homines des Milices de Transilvanie , ces
I. Vol. Troupes
JUIN. 1734. 1213
par
Troupes doivent être commandées le Baron .
de Damnitz , Feld- Maréchal , qui aura sous ses
ordres le Comte de Jorger.
Le Conseil de Guerre a ordonné à quelques
Régimens qui sont en Italie , d'en revenir, et
l'on compte qu'ils seront envoyez sur les Frontieres
de l'Electorat de Baviere , avec le nouveau
Corps des Milices qu'on leve dans le Tirol .
On a fait prendre les Armes aux Habitans de
Vienne qui sont en état de les porter , et on a
nommé des Officiers pour les commander et leur
apprendre les Exercices Militaires.
pas
L'Empereur a fait publier un Edit , portant
que tous les Particuliers qui n'auroht donné
une déclaration de leurs biens avant le temp ;
dans lequel on doit commencer à lever le Dixiéme
sur tous les revenus , seront condamnez à
payer une Taxe proportionnée à leurs facultez.
Le Marquis de Rubi , Conseiller du Conseil
Privé , et que l'Empereur a nommé Feldt Maréchal
de ses Armées , vient d'étre déclaré Viceroi
de Sicile , à la place du Comte de Sastago.
>
E Prince Louis de Wirtemberg , qui commande
par interim l'Armée. que l'Empereur a
en Italie , a écrit à S.M. Imperiale, que les Troupes
Allemandes, lorsquelles avoient passé le Po , étoient
disposées dans l'ordrde suivant : la premiere colonne
composée de 26. Bataillons , trois de
Guido - Staremberg , trois de Harrach , deux de
Lirengstein , trois de Firstenbusch trois de
Hildbourghaussen , un de Wallis , deux de Palfi ,
trois de Daun , un d'Oglivi , trois de Maximilien
Staremberg , et deux de Wachtendoncsk ;
de 28. Escadrons , sept de Saxe Gotha , sept de
Mercy , sept de Palfi , et sept de Jorger ;
et de
20. Compagnies de Grenadiers , ayant à la tête
le Baron de Lanthieri , le Prince de Livengstein ,
les Comtes de Diesbach , et de Saint- Amour ,
Lieutenants Generaux.
La seconde colonne de 17. Bataillons , un de
Welsech , deux de Culmbach , trois de Seckendorf
, rois du Grand - Maître de l'Ordre Teutonique
, deux de Ligneville , deux de Wallis , et
trois de Konigseg , de 24. Escadrons , 7. de
Lichteinstein , 6. de Veterani , 6. d'Hamilton , et
5. de Frederic de Wirtemberg , et de 14. Compagnies
de Grenadiers , sous les ordres des Comtes
de Culmbach et de Valperoso.
Dans le Conseil d'Etat que l'Empereur tint à
Vienne le 16. du mois dernier , il fut résolu
d'assembler les Milices du Royaume de Boheme
et des Provinces de Silesie et de Moravie ,
. I. Vol.
et de
faire
1212 MERCURE DE FRANCE
faire marcher à l'Armée la dixième partie des
Habitans de la Basse- Autriche qui sont en état de
porter les armes . Le bruit court qu'on a déliberé ·
dans le même Conseil si l'on obligeroic la Noblesse
de la Haute Autriche de lever et d'entretenir
à ses dépens un Corps de 10000. homines.
On apprend de Ratisbonne , que la Diete a
reglé que
e les Princes et les Cercles ne fourniroien
que les trois cinquièmes des subsides que
S. M. Imp . avoit demandé pour l'entretien des
Troupes de l'Empire , et que la Caisse Militaire
seroit établie à Francfort.
Les Régimens ie Hager , du Prince Alexandre
de Wirtemberg , de Veles , de Carolis , de Seer
et de Palfi , qui s'étoient mis en marche pour se
rendre à l'Armée sur le Rhin ont reçû ordre de
s'arrêter dans les environs de Passaw ; on croit
qu'elles y formeront un Camp ,
et que les Milices
qu'on leve dans la Basse- Autriche iront les
y joindre.
Sur l'avis qu'on a reçû d'une irruption qu'un
corps de Troupes Polonoises , composé d'environ
4000. hommes , a faite en Silesie , où il a
ravage plusieurs terres consi terables , particulierement
celles du Comte de Henkel , S. M. Imp.
a pris la résolution d'envoyer un Détachement
de Cavalerie et d'Infanterie dans cette Province,
et une partie du Régiment de Chauveray est
déja partie pour renforcer quelques postes de la
Frontiere. On assure que le Camp qu'on y doit
former , sera composé du Régiment du Prince
Alexandre de Wittemberg , de ceux de Weles ,
du Comte Louis de Palfi , de Seer , d'Ogilvi , de
Welsech , du Régiment de Grenadiers de Lorraine,
d'une partie de celui de Chauvirey , et de
ICOo homines des Milices de Transilvanie , ces
I. Vol. Troupes
JUIN. 1734. 1213
par
Troupes doivent être commandées le Baron .
de Damnitz , Feld- Maréchal , qui aura sous ses
ordres le Comte de Jorger.
Le Conseil de Guerre a ordonné à quelques
Régimens qui sont en Italie , d'en revenir, et
l'on compte qu'ils seront envoyez sur les Frontieres
de l'Electorat de Baviere , avec le nouveau
Corps des Milices qu'on leve dans le Tirol .
On a fait prendre les Armes aux Habitans de
Vienne qui sont en état de les porter , et on a
nommé des Officiers pour les commander et leur
apprendre les Exercices Militaires.
pas
L'Empereur a fait publier un Edit , portant
que tous les Particuliers qui n'auroht donné
une déclaration de leurs biens avant le temp ;
dans lequel on doit commencer à lever le Dixiéme
sur tous les revenus , seront condamnez à
payer une Taxe proportionnée à leurs facultez.
Le Marquis de Rubi , Conseiller du Conseil
Privé , et que l'Empereur a nommé Feldt Maréchal
de ses Armées , vient d'étre déclaré Viceroi
de Sicile , à la place du Comte de Sastago.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le Prince Louis de Wurtemberg, commandant par intérim l'armée de l'Empereur en Italie, a rapporté la disposition des troupes allemandes après leur passage du fleuve Po. La première colonne comprenait 26 bataillons, 28 escadrons et 20 compagnies de grenadiers, sous les ordres de plusieurs officiers de haut rang. La seconde colonne était composée de 17 bataillons, 24 escadrons et 14 compagnies de grenadiers, dirigées par les Comtes de Culmbach et de Valperoso. Lors du Conseil d'État tenu à Vienne le 16 du mois précédent, il a été décidé de mobiliser les milices du Royaume de Bohême et des provinces de Silésie et de Moravie, ainsi que la dixième partie des habitants de la Basse-Autriche aptes au service militaire. Des rumeurs indiquaient que la noblesse de Haute-Autriche pourrait être contrainte de lever et entretenir un corps de 10 000 hommes. À Ratisbonne, la Diète a décidé que les princes et les cercles ne fourniraient que les trois cinquièmes des subsides demandés par l'Empereur pour l'entretien des troupes de l'Empire, et que la Caisse Militaire serait établie à Francfort. Plusieurs régiments, initialement en route pour l'armée sur le Rhin, ont reçu l'ordre de s'arrêter près de Passau pour former un camp, auquel se joindraient les milices de Basse-Autriche. En réponse à une incursion de troupes polonaises en Silésie, l'Empereur a envoyé un détachement de cavalerie et d'infanterie, renforcé par une partie du régiment de Chauveray. Un camp devait être formé avec plusieurs régiments et des milices de Transylvanie, sous le commandement du Baron de Damnitz. Le Conseil de Guerre a ordonné le retour de certains régiments d'Italie pour renforcer les frontières de l'Électorat de Bavière, accompagnés de nouvelles milices du Tyrol. Les habitants de Vienne en état de porter les armes ont été armés et des officiers nommés pour les commander. L'Empereur a publié un édit condamnant ceux qui n'avaient pas déclaré leurs biens à payer une taxe proportionnelle à leurs facultés. Le Marquis de Rubi a été nommé Vice-roi de Sicile, remplaçant le Comte de Sastago.
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17
p. 1224-1229
ATTAQUES du Château et du Bourg de Colorno &c.
Début :
Les Ennemis voulant déguiser leur marche vers la Lenza, envoyérent le 25 du mois [...]
Mots clefs :
Ennemis, Attaque du château de Colorno, Colorno, Grenadiers, Détachement, Marquis de Maillebois, Hussards, Régiment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ATTAQUES du Château et du Bourg de Colorno &c.
ATTAQUES du Château et du Bourg
de Colorno & c.
L >
Es Ennemis voulant déguiser leur marche
vers la Lenza envoyérent le 25 du mois
passé un Détachement de 200 Dragons ou Hussarts
vers le Village de Colorno ; ce Détachement
ayant attaqué le Château , une Compagnie
de Grenadiers qui y étoit postée le défendit ,
IVol.
JUIN. 1734. 1225
et donna le tems au Marquis de Maillebois qui
commande le Camp de Sacca , d'arriver à Colorno
avec quatre Compagnies de Grenadiers ; it
mit en déroute le Détachement des Ennemis qui
ont eû dans cette occasion 15 Dragons ou Hussarts
de tuez ou de blessez .
Le lendemain le Marquis de Ligneville , General
Major des Troupes Imperiales , fut détaché
avec 800 Grenadiers et un pareil nombre
de Cuirassiers ou Hussarts, pour s'emparer de ce
poste que le Marquis de Maillebois avoit renforcé
de 400 hommes , et dans lequel il avoit laissé
le Marquis de Fimarcon , Colonel du Regimeut
de Bourbon ; l'avantgarde du Détachement des
Ennemis qui étoit de 100 hommés de Cavalerie
fut attaquée dans sa marche par un parti de 30
Dragons et de 30 Hussarts François , commandé
par M. Daniel , Capitaine de Hussarts . 11
chargea les Ennemis , les battit , fit 20 prisonniers
et il les poursuivit jusqu'à la tête de leur
Camp , mais y ayant trouvé tout le Détachement
il fut obligé de se retirer après avoir perdu
20 Dragons ou Hussarts , et conservé seulement
4 des prisonniers qu'il avoit faits.
Le Détachement des Ennemis s'avança à Colorno
, où il resta pendant plus de deux heures
autour du Village , et du Château sans pouvoir
y pénétrer.
Les Grenadiers qui étoient derriere les murs
des terrasses du Jardin firent deux décharges sur
les Cuirassiers dont il en est resté 12 sur la place,
indépendamment de ceux qui ont été blessez .
Le premier de ce mois , les Ennemis marcherent
avec 4000 hommes d'Infanterie
Cuirassiers ou Hussarts et 6 piéces de canon pour
attaquer ce poste.
I Vol.
2 1200
M.
12.6 MERCURE DE FRANCE
1
M. de Contade , fils du Lieutenant General
Colonel du Regiment de Flandres , qui étoit détaché
dans le Château avec M. Coninghan ,
Lieutenant Colonel du Regiment Dauphin Infanterie
, et 400 hommes , ayant apperçu les
Ennemis à l'extremité des allées qui aboutissent
au Jardin du Château , il en fit avertir le Marquis
de Maillebois , qui commandoit le Camp
de Sacca .
Les Ennemis marcherent au Château dans lequel
M. de Contade se défendit si bien , que
malgré trois décharges de leur artillerie ils fûrent
plus d'une heure sans pouvoir s'en approcher
, et y perdirent beaucoup de monde par le
grand feu qu'ils essuyerent.
Le Marquis de Maillebois qui sur le premier
avis de l'attaque du Château de Colorno , s'étoit
avancé avec io Compagnies de Grenadiers et de
Piquets de son Camp , jugeant que le Pont qui
pouvoit favoriser la retraite de M. de Contade
alloit être forcé , et ne se trouvant pas assez fort
pour engager une affaire , envoya dire à M. de
Contade de le venir joindre , ce qu'il fit avec un
très grand ordre , sans avoir eû un seul homme
de tué ni de blessé.
M. Darsy , Capitaine au Regiment de Picardie
, qui étoit du Détachement , resta avec 30
hommes dans une Tour du Château , il s'y défendit
encore depuis la retraite de M. de Contade
, et il fit sa capitulation .
Les Ennemis suivirent jusqu'à une portée de
mousquet du retranchement de Sacca , le Marquis
de Maillebois , qui n'eût que 10 Grenadiers
blessez , et qui se retira en si bon ordre , que les
Ennemis n'oserent l'attaquer.
Ils ont perdu dans cette occasion 4.0 hommes,
I Vol.
JUI N. 1734. 1227
ét 300 à l'attaque du Château de Colorno . On
dit que le Marquis de Ligneville et le Comte de
Tarno , Generaux Majors , y ont été tucz.
Le 3 , les Troupes du Roy et celles du Roy
de Sardaigne passerent le Po , et vinrent camper
entre Sacca et Colorno .
Le lendemain le Marquis de Maillebois à la
tête de 20 Compagnies de Grenadiers et de 20
Piquets , et ayant sous ses ordres M. d'Affry es
le Marquis de l'Isle , Maréchaux de Camp ,
M. Thomé Brigadier , le Duc de la Tremouille,
Colonel du Regiment de Champagne , et M. de
Souillac , Lieutenant Colonel du Regiment de
Picardie , s'avança à Colorno .
Ces Troupes entrerent par trois differents endroits
dans la partie de ce Bourg qui est en deçà
de la Parma , elles pénétrérent de maison en
maison , elles en chassérent les Ennemis , et elles
s'étendirent par la droite et par la gauche le long
de la chausse sur le bord de la Riviere , afin de
masquer le Pont de Colorno , et d'occuper plus.
sûrement le Pont de pierres qui est sur Lorno..
M. Thomé attaqua ce dernier Pont avec son
Détachement et il renversa les Ennemis , lesquels
en se retirant essayérent tout le feu des Grenadiers
qui étoit au centre avec le Marquis de Maillebois.
,
Ce fut dans ce moment que toute l'Infanterie
des Ennemis , qui s'étoit postée de l'autre côté
de la Riviere , commença son feu qui fut très
vif pendant trois heures tant des maisons et
jardins qui étoient de l'autre côté de la Riviere,
que des petits épaulements qu'ils avoient le long
de la chaussée , mais celui de nos Troupes qui
étoient dans les premiers étages des maisons étant
superieur , les Ennemis prirent le parti de se re-
I Vol Liren
*
1228 MERCURE DE FRANCE
tirer dans le Château et dans le Jardin qui étoit
sur la droite , d'où ils continuérent à tirer jusqu'à
la nuit.
Pendant ce tems - là le Marquis de Maillebois
fit établir deux Ponts sur Lorno à une très petite
distance du Château ; l'Infanterie et la Cavalerie
y passérent et allérent camper vis - à-vis
la Parma en s'étendant jusques vers Sant Andrea
et tirant vers Parme.
Les au matin , les Ennemis au nombre de
2000 hommes se présenterent hors de leurs retranchements
vis - à - vis les deux Ponts qui
étoient sur Lorno , et laissant toujours la Parma
entre deux , mais le feu continuel que l'on fit sur
eux les ayant forcé de se retirer , 10 Compagnies
de Grenadiers , et les Piquets d'Infanterie et de
Cavalerie se disposoient à passer la Parma audessus
de Colorno en remontant , lorsqu'on aprit
que les Ennemis abandonnoient Colorno.
·
Le Marquis de Pezé , Maréchal de Camp
fut détaché aussi - tôt avec M. de Valcourt
commandant une Brigade de Carabiniers
200 Grenadiers et 500 Chevaux pour suivre les
Ennemis dans leur retraite. Il ne put les joindre
et il raporta qu'il avoit vû leur derniere colonne
prendre le chemin de Sorbolo .
Le Roy de Sardaigne et le Marquis de Coigny
entrérent le soir dans Colorno , où les Ennemis
ont eû plus de 700 hommes de tuez .
Nous avons perdu en cette action 50
et il y en a eû 120 de blessez.
Soldats ,
Le Comte de Clermont, Colonel du Regiment
d'Auvergne , qui sans être commandé étoit allé
poster o hommes sur la Parma , y reçut un
coup de mousquet dont il est mort le 6. M. de
Montlaur , Lieutenant d'Artillerie , ayant voulu
I.Vol.
charJUIN.
1229 1734.
> charger une piéce de.. canon en fut brulé , et it
mourut deux heures après.
M. Thomé a été blessé à la jambe. M. de
Squillac au genouil , et le Duc de la Tremoüille
a cû une contusion à la cuisse : il y a eû quatre
Officiers de tuez et 15 de blessez , du nombre
desquels sont trois Officiers d'Artillerie.
On a apris en dernier lieu que les Ennemis
après avoir été forcez d'abandonner le Château
de Colorno , étoient restez en deçà de la Lenza
que le 13 de ce mois le Comte de Mercy avoit
passé cette Riviere avec toute son Infanterie
sur le Pont de Sorbolo , que le lendemain au
soir il avoit remonté la même Riviere , et qu'il
l'avoit repassé à Pontedi Lama pour joindre sa
Cavalerie à San Prospero , entre Parme et la
Lenza. Ces Lettres ajoutent que le Roy de Sardaigne
et le Marquis de Coigny , informez de
cette marche des Ennemis , avoient fait avancer
leurs Troupes , et qu'ils étoient allez camper le
17 , leur droite à un mille de Parme , et la gau
che à Sant Andrea.
de Colorno & c.
L >
Es Ennemis voulant déguiser leur marche
vers la Lenza envoyérent le 25 du mois
passé un Détachement de 200 Dragons ou Hussarts
vers le Village de Colorno ; ce Détachement
ayant attaqué le Château , une Compagnie
de Grenadiers qui y étoit postée le défendit ,
IVol.
JUIN. 1734. 1225
et donna le tems au Marquis de Maillebois qui
commande le Camp de Sacca , d'arriver à Colorno
avec quatre Compagnies de Grenadiers ; it
mit en déroute le Détachement des Ennemis qui
ont eû dans cette occasion 15 Dragons ou Hussarts
de tuez ou de blessez .
Le lendemain le Marquis de Ligneville , General
Major des Troupes Imperiales , fut détaché
avec 800 Grenadiers et un pareil nombre
de Cuirassiers ou Hussarts, pour s'emparer de ce
poste que le Marquis de Maillebois avoit renforcé
de 400 hommes , et dans lequel il avoit laissé
le Marquis de Fimarcon , Colonel du Regimeut
de Bourbon ; l'avantgarde du Détachement des
Ennemis qui étoit de 100 hommés de Cavalerie
fut attaquée dans sa marche par un parti de 30
Dragons et de 30 Hussarts François , commandé
par M. Daniel , Capitaine de Hussarts . 11
chargea les Ennemis , les battit , fit 20 prisonniers
et il les poursuivit jusqu'à la tête de leur
Camp , mais y ayant trouvé tout le Détachement
il fut obligé de se retirer après avoir perdu
20 Dragons ou Hussarts , et conservé seulement
4 des prisonniers qu'il avoit faits.
Le Détachement des Ennemis s'avança à Colorno
, où il resta pendant plus de deux heures
autour du Village , et du Château sans pouvoir
y pénétrer.
Les Grenadiers qui étoient derriere les murs
des terrasses du Jardin firent deux décharges sur
les Cuirassiers dont il en est resté 12 sur la place,
indépendamment de ceux qui ont été blessez .
Le premier de ce mois , les Ennemis marcherent
avec 4000 hommes d'Infanterie
Cuirassiers ou Hussarts et 6 piéces de canon pour
attaquer ce poste.
I Vol.
2 1200
M.
12.6 MERCURE DE FRANCE
1
M. de Contade , fils du Lieutenant General
Colonel du Regiment de Flandres , qui étoit détaché
dans le Château avec M. Coninghan ,
Lieutenant Colonel du Regiment Dauphin Infanterie
, et 400 hommes , ayant apperçu les
Ennemis à l'extremité des allées qui aboutissent
au Jardin du Château , il en fit avertir le Marquis
de Maillebois , qui commandoit le Camp
de Sacca .
Les Ennemis marcherent au Château dans lequel
M. de Contade se défendit si bien , que
malgré trois décharges de leur artillerie ils fûrent
plus d'une heure sans pouvoir s'en approcher
, et y perdirent beaucoup de monde par le
grand feu qu'ils essuyerent.
Le Marquis de Maillebois qui sur le premier
avis de l'attaque du Château de Colorno , s'étoit
avancé avec io Compagnies de Grenadiers et de
Piquets de son Camp , jugeant que le Pont qui
pouvoit favoriser la retraite de M. de Contade
alloit être forcé , et ne se trouvant pas assez fort
pour engager une affaire , envoya dire à M. de
Contade de le venir joindre , ce qu'il fit avec un
très grand ordre , sans avoir eû un seul homme
de tué ni de blessé.
M. Darsy , Capitaine au Regiment de Picardie
, qui étoit du Détachement , resta avec 30
hommes dans une Tour du Château , il s'y défendit
encore depuis la retraite de M. de Contade
, et il fit sa capitulation .
Les Ennemis suivirent jusqu'à une portée de
mousquet du retranchement de Sacca , le Marquis
de Maillebois , qui n'eût que 10 Grenadiers
blessez , et qui se retira en si bon ordre , que les
Ennemis n'oserent l'attaquer.
Ils ont perdu dans cette occasion 4.0 hommes,
I Vol.
JUI N. 1734. 1227
ét 300 à l'attaque du Château de Colorno . On
dit que le Marquis de Ligneville et le Comte de
Tarno , Generaux Majors , y ont été tucz.
Le 3 , les Troupes du Roy et celles du Roy
de Sardaigne passerent le Po , et vinrent camper
entre Sacca et Colorno .
Le lendemain le Marquis de Maillebois à la
tête de 20 Compagnies de Grenadiers et de 20
Piquets , et ayant sous ses ordres M. d'Affry es
le Marquis de l'Isle , Maréchaux de Camp ,
M. Thomé Brigadier , le Duc de la Tremouille,
Colonel du Regiment de Champagne , et M. de
Souillac , Lieutenant Colonel du Regiment de
Picardie , s'avança à Colorno .
Ces Troupes entrerent par trois differents endroits
dans la partie de ce Bourg qui est en deçà
de la Parma , elles pénétrérent de maison en
maison , elles en chassérent les Ennemis , et elles
s'étendirent par la droite et par la gauche le long
de la chausse sur le bord de la Riviere , afin de
masquer le Pont de Colorno , et d'occuper plus.
sûrement le Pont de pierres qui est sur Lorno..
M. Thomé attaqua ce dernier Pont avec son
Détachement et il renversa les Ennemis , lesquels
en se retirant essayérent tout le feu des Grenadiers
qui étoit au centre avec le Marquis de Maillebois.
,
Ce fut dans ce moment que toute l'Infanterie
des Ennemis , qui s'étoit postée de l'autre côté
de la Riviere , commença son feu qui fut très
vif pendant trois heures tant des maisons et
jardins qui étoient de l'autre côté de la Riviere,
que des petits épaulements qu'ils avoient le long
de la chaussée , mais celui de nos Troupes qui
étoient dans les premiers étages des maisons étant
superieur , les Ennemis prirent le parti de se re-
I Vol Liren
*
1228 MERCURE DE FRANCE
tirer dans le Château et dans le Jardin qui étoit
sur la droite , d'où ils continuérent à tirer jusqu'à
la nuit.
Pendant ce tems - là le Marquis de Maillebois
fit établir deux Ponts sur Lorno à une très petite
distance du Château ; l'Infanterie et la Cavalerie
y passérent et allérent camper vis - à-vis
la Parma en s'étendant jusques vers Sant Andrea
et tirant vers Parme.
Les au matin , les Ennemis au nombre de
2000 hommes se présenterent hors de leurs retranchements
vis - à - vis les deux Ponts qui
étoient sur Lorno , et laissant toujours la Parma
entre deux , mais le feu continuel que l'on fit sur
eux les ayant forcé de se retirer , 10 Compagnies
de Grenadiers , et les Piquets d'Infanterie et de
Cavalerie se disposoient à passer la Parma audessus
de Colorno en remontant , lorsqu'on aprit
que les Ennemis abandonnoient Colorno.
·
Le Marquis de Pezé , Maréchal de Camp
fut détaché aussi - tôt avec M. de Valcourt
commandant une Brigade de Carabiniers
200 Grenadiers et 500 Chevaux pour suivre les
Ennemis dans leur retraite. Il ne put les joindre
et il raporta qu'il avoit vû leur derniere colonne
prendre le chemin de Sorbolo .
Le Roy de Sardaigne et le Marquis de Coigny
entrérent le soir dans Colorno , où les Ennemis
ont eû plus de 700 hommes de tuez .
Nous avons perdu en cette action 50
et il y en a eû 120 de blessez.
Soldats ,
Le Comte de Clermont, Colonel du Regiment
d'Auvergne , qui sans être commandé étoit allé
poster o hommes sur la Parma , y reçut un
coup de mousquet dont il est mort le 6. M. de
Montlaur , Lieutenant d'Artillerie , ayant voulu
I.Vol.
charJUIN.
1229 1734.
> charger une piéce de.. canon en fut brulé , et it
mourut deux heures après.
M. Thomé a été blessé à la jambe. M. de
Squillac au genouil , et le Duc de la Tremoüille
a cû une contusion à la cuisse : il y a eû quatre
Officiers de tuez et 15 de blessez , du nombre
desquels sont trois Officiers d'Artillerie.
On a apris en dernier lieu que les Ennemis
après avoir été forcez d'abandonner le Château
de Colorno , étoient restez en deçà de la Lenza
que le 13 de ce mois le Comte de Mercy avoit
passé cette Riviere avec toute son Infanterie
sur le Pont de Sorbolo , que le lendemain au
soir il avoit remonté la même Riviere , et qu'il
l'avoit repassé à Pontedi Lama pour joindre sa
Cavalerie à San Prospero , entre Parme et la
Lenza. Ces Lettres ajoutent que le Roy de Sardaigne
et le Marquis de Coigny , informez de
cette marche des Ennemis , avoient fait avancer
leurs Troupes , et qu'ils étoient allez camper le
17 , leur droite à un mille de Parme , et la gau
che à Sant Andrea.
Fermer
Résumé : ATTAQUES du Château et du Bourg de Colorno &c.
En juin 1734, les forces ennemies tentèrent de progresser vers la Lenza en attaquant le village de Colorno. Le 26 juin, un détachement de 200 dragons ou hussards fut repoussé par les grenadiers du château, permettant au marquis de Maillebois d'arriver avec des renforts et de mettre en déroute les assaillants, qui subirent 15 pertes. Le lendemain, le marquis de Ligneville, à la tête de 1 600 hommes, attaqua le poste renforcé par Maillebois. Une avant-garde ennemie fut battue, mais le détachement ennemi se renforça et repoussa les Français. Le 1er juin, les ennemis attaquèrent le château de Colorno avec 4 000 hommes et six pièces de canon. M. de Contade, avec 400 hommes, résista vaillamment, repoussant les assauts ennemis pendant plus d'une heure. Maillebois, alerté, envoya des renforts et organisa une retraite ordonnée. Les ennemis poursuivirent Maillebois jusqu'au retranchement de Sacca, subissant de lourdes pertes. Le 3 juin, les troupes du roi et du roi de Sardaigne traversèrent le Pô et campèrent entre Sacca et Colorno. Le lendemain, Maillebois, à la tête de 20 compagnies de grenadiers et de piquets, reprit Colorno en chassant les ennemis de maison en maison. Les ennemis se retirèrent dans le château et continuèrent à tirer jusqu'à la nuit. Les Français établirent deux ponts sur la Lorno et campèrent près de la Parma. Le 5 juin, 2 000 ennemis furent repoussés par un feu continu. Les Français se préparèrent à traverser la Parma, apprenant ensuite que les ennemis abandonnaient Colorno. Le marquis de Pezé fut envoyé pour poursuivre les ennemis en retraite. Le roi de Sardaigne et le marquis de Coigny entrèrent à Colorno, où les ennemis perdirent plus de 700 hommes. Les Français subirent 50 morts et 120 blessés, incluant plusieurs officiers. Les ennemis se retirèrent au-delà de la Lenza, et le comte de Mercy tenta de rejoindre sa cavalerie à San Prospero. Les troupes du roi de Sardaigne et du marquis de Coigny avancèrent pour les contrer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 205-217
RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
Début :
Je crois avant que d'entrer dans le détail du Siege du Fort [...]
Mots clefs :
Ile de Minorque, Port Mahon, Fort Saint-Philippe, Siège, Garnison, Grenadiers, Attaque, Description historique, Description géographique, Anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
RELATION HISTORIQUE
De la Prife de l'Iſle de Minorque , & principalement
des Port-Mahon & Fort Saint-
Philippe ; envoyée par un Officier de l'Armée.
Du Fort S. Philippe , le 30 Juin 1756.
JEE crois avant que d'entrer dans le détail du
Siege du Fort Saint- Philippe , devoir donner une
idée fuccincte, géographique & hiftorique de cette
In e.
L'Ile Minorque fituée dans la Méditerrannée ,
placée précisément au quatrieme degré de latitu
de , à foixante- dix lieues de Marfeille , & à quinze
des côtes de l'Afrique , faifoit anciennement partie
des Iles appellées Baléares , du nom d'un
Grec nommé Baléus , qui fut le premier qui en
fit la découverte .
Sa fituation eft oblongue ; elle a dix- huit lieues
de longueur fur- neuf dans fa plus grande largeur.
Son climat eft fort fain , l'air paffablement tempé
ré il y egne cependant des chaleurs infupporta.
bles pendant les mois de Mai , Juin , Juiller
& Août le refte de l'année est un printemps
continuel : rarement y voit - on de la gelée . Son
local n'eft pas montagneux , quoiqu'affez inégal
206 MERCURE DE FRANCE .
Le terrein produit de tout ce qui est néceffaire
à la vie , furtout de très- bon gibier , d'excellent
mufcat : tous les fruits y font délicieux .
L'Ille eft divifée en cinq territoires, dont chacun
porte le nom de la Ville principale ou Chef-lieu.
Le premier eft Ciutadella qui peut avoir aux
environs de 7 à 8 mille Habitans. Anciennement
les Gouverneurs faifoient leur réfidence encerre
Ville , où on compte actuellement juſqu'à 600
maifons. Le fecond territoire eft Ferrorias , qui
a tout au plus douze cens Habitans: Marcadal
eft le troifieme , dont le nombre d'Habitans ne
paffe pas dix-huit cens. Aleyor eft le quatrieme ,
& eft plus confidérable ; auffi peut- il fournir près
de cinq mille Habitans . Mahon eft le cinquieme
& . dernier territoire. La Ville de Mahon eft la
Capitale de toute l'Ifle : c'eft la réfidence du
Gouverneur & des Corps de Juftice : fon beau
Port & le voisinage du Fort Saint- Philippe , la
rendent infiniment plus confidérable : elle peut
compter au nombre de vingt mille Habitans.
Ily a dans l'Ile deux ports capables de recevoir
les plus gros Vaiffeaux le Port Fornelle , & le
Port Mahon ; il y a encore plufieurs Cales où les
Bâtimens Marchands peuvent mouiller.
2
L'entrée du Port Mahon eft défendue à l'Ouest
par le Fort S. Philippe , & à l'Eft par le Fort
Philippet. Je me tais fur le refte de l'ifle , parce
qu'il n'y a rien qui mérite votre attention .
Comme les Habitans de l'Ifle font originaired'Efpagne
, la Religion Catholique s'y eft confervée.
C'étoit le Gouverneur Anglois qui nommoit
aux Bénéfices , fuivant un article du Traité
d'Utrecht.
Les Cartaginois furent anciennement les Maî→
tres des Illes Baléares , dont l'Ile Minorque faifoit.
AOUST. 1756. 207
partie. Après la feconde guerre Punique , les
Romains en devinrent les Poffeffeurs j'ufqu'à
Pinondation des Goths & Vandales , vers l'an
421. Ceux - ci les conferverent jufqu'au huitieme
fiecle , que les Sarrazins en firent la conquête.
Minorque fut foumiſe à ces derniers , jufqu'à l'an
1210 qu'ils perdirent la fameuſe Bataille de Loza ,
où il périt deux cens mille Maures . Les Minorcains
refterent jufqu'en 1287 dans une espece d'indépendance
, en payant feulement un tribut annuel
aux différens Princes d'Efpagne qui les proté
geoient. Les naturels du Pays fe trouvoient dès ce
temps confondus avec un refte de Sarrazins : la
Religion Mahométane y étoit la dominante. Les
Minorcains voulant s'affranchir du tribut qu'ils
payoient à l'Espagne, attirerent dans leur Ifle quantité
de Barbares de l'Afrique , leurs voifins : mais
Alphonfe , Roi d'Arragon , ayant eu vent du complot,
fit une defcente dans l'Ifle, avec une armée qui
mit tout à feu & à fang , contraignit le gros des
Habitans de ferenfermer dans laFortereffe du Mont
Sainte- Agatte , les affiégea , les prit , La plûpart
périrent par les armes : quelques-uns furent envoyés
en Afrique , & d'autres ne fauverent leur vie qu'en
perdant leur liberté , c'est- à- dire , qu'ils devinrentefclaves
des Espagnols , qui s'établirent dans l'Ile
fous la protection des Rois d'Efpagne . Les Princes
d'Efpagne ont confervé une autorité fouveraine
dans l'ifle Minorque , jufqu'en 1708 que les
Anglois formerent le deffein de s'en rendre les
maîtres.
En effet le 14 Décembre , le Général Comte de
Stenhope y débarqua avec trois mille hommes ,
42 pieces de canon & 15 mortiers. Les troupes
qui étoient répandues dans les différens quartiers .
de l'Ile , fe renfermerent dans les Forts Fornelle
208 MERCURE DE FRANCE.
& Saint-Philippe . Les premieres opérations des An
glois furent d'attaquer Fornelle , qu'ils prirent ea
deux jours. Auffi - tôt après cette réduction , ils
dirigerent leurs forces contre le Fort S. Philippe ,
qui ne tint que quinze jours : la Garnifon compofée
de François & d'Elpagnols , fut renvoyée
partie en France , partie en Espagne. Dès ce moment
les Anglois s'établirent dans Minorque , &
la poffeffion leur en a été affurée par le Traité de
Paix conclu à Utrecht , le 13 Juillet 1713. Ils en
ont été les maîtres pendant 48 ans. Ils le feroient
encore , fi leur pyraterie n'eût obligé notre glorieux
Monarque à punir l'infulte que cette Nation
3
ne ceffe de faire depuis deux ans au Pavillon François.
Il vous paroîtra fingulier , Monfieur , que nous
ayons été fi long - teins à nous rendre les maîtres
de cette Place , pendant que des Anglois en
avoient fait la conquête en moins de trois femaines.
Votre furpriſe ceffera quand vous ferez
inftruit des travaux immenfes que cette nation
a fait au Fort S. Philippe , dont la dépenſe ſe
monte à plus de cent millions , c'eſt - à - dire , plus
que toute l'ile ne peut valoir , fi on en excepte
toutefois la grande reffource dont elle étoit pour
le Commerce des Anglois au Levant.
Voici à peu près la defcription du Fort S. Philippe
, & vous conviendrez , avec toute l'Europe
, qu'il n'a pas fallu moins de prudence que de
courage & de fermeté , pour triompher de tous
les obftacles qui fe rencontroient à chaque pas.
Il est conftruit fur une langue de terre qui
avance dans la mer. Quatre baftions , autant de
courtines , environnés d'un large & profond foffé ,
taillés dans le roc vif , font le principal corps
de la Place : les ouvrages extérieurs , qui font ea
A O UST. 1756. 209
très-grand nombre , s'étendent jufqu'aux rivages
des deux côtés de la langue de terre : les mines
y font abondantes & fi bien diftribuées , qu'elles
fe communiquent au moyen de différens fouterreins.
Les fouterreins font immenfes , & fourniffent
des logemens fuffifans pour une garnifon
des plus confidérables , à l'abri des bombes
& du canon , & dont les approches font minées
& contreminées : avant que de parvenir à
pouvoir battre en breche , il faut s'emparer des
forts de Malbourough , de S. Charles , de Strugen
, d'Orgil & de la Reine , qui entourent les
grands ouvrages du Fort , & fe communiquent
aux autres au moyen des chemins couverts taillés
dans le roc ; enfin le Plan qui vient d'en être
levé, & que vous trouverez fans doute à Paris ( 1 ) ,
vous fuffira pour juger par vous - même des
Ouvrages immenfes que les Anglois y ont faits
depuis qu'ils en étoient en poffeffion . Ajoutez
à tous ces ouvrages trois fontaines intariffables ,
& une citerne,contenant de l'eau pour fix mois
à une garnifon de quatre mille hommes , à l'épreuve
de tout accident : ces avantages font
d'une reffource encore au deffus de toutes les
fortifications.
Quoique les Gazettes vous aient pu inftruire
de toutes nos opérations juſqu'au jour de l'atta
que
des Forts , dont nous nous fommes rendus les
maîtres l'épée à la main , vous ne trouverez pas
mauvais que je vous en donne un détail abrégé.
Notre Flotte , aux ordres de M. le Marquis de la
Galiffoniere , partit de Toulon le 8 Avril M. le
Maréchal de Richelieu monta le Foudroyant avec
(1 ) Ilfe trouve chez le fieur Beaurain & chez
Je fieur le Rouge.
210 MERCURE DE FRANCE.
1
M. de la Galiffoniere. Nous arrivâmes â Ciutaš
della le jour de Pâques 18 du mois , après avois
effuyé quelques coups de vent qui retarderent
notre marche , & féparerent quelques vaiffeaux
de l'Efcadre. Le premier foin de M. le Maréchal
fut de faire chanter le Te Deum dans l'Eglife Collégiale
de la Ville , en action de graces de notre
heureux abordage . Les 18 , 19 , & 20 furent employés
au débarquement des troupes & de l'artil
lerie , fans aucune oppofition de la part des Anglois
; ceux- ci s'étant retirés , aux premieres nouvelles
de notre eſcadre , dans le Fort S. Philippe ,
après y avoir fait entrer tout ce qui pouvoit leur
-être néceffaire pour une longue réfiftance , &
avoir commis les hoftilités les plus fâcheufes, tant
fur les habitans que fur les beftiaux qu'ils ne purent
emmener avec eux.
Le 20 notre armée fe mit en marche par deux
chemins pour fe rendre à Mahon . Vingt - quatre
Compagnies de Grenadiers , & la Brigade de
Royal tinrent la gauche fous les ordres de ' MM.
Damefnil & de Monteynard , pendant que le gros
de l'armée marchoit à droite pour former Pinveftiffement
du Fort S. Philippe. Le 22 nous entrames
dans Mahon aux acclamations du Peuple ,
qui commençoit à nous regarder comme fes Libérateurs
.
Il n'eft pas poffible de vous exprimer les peines
& les travaux qu'il a fallu faire pour conduire notre
artillerie de Ciutadella ici , par lá précaution que
les Anglois avoient eue de rendre toutes les avenues
impraticables.
M. le Maréchal de Richelieu fit conftruire les
premieres batteries fur le Mont des Signaux , une
des pieces de canons , une de mortiers pareils en
nombre , qui commencerent à tirer dès le 8 Mai.
A O UST. 1756. 211
Le7, le Fauxbourg de la Ravale ( 1 ) fut occupé par
un détachement de 100 Volontaires , quatre compagnies
de Grenadiers & fix piquets , aux ordres
du Comte de Briqueville , avec 600 Travailleurs
pour y former des épaulemens , & y établir des
batteries.
Le 10 , M. le Marquis de Roquépine fe rendit
avec douze cens hommes , pour occuper les dehors
du Fort Malbourough.
Les 11 & 12 furent employés à conftruire les
batteries de droite , de gauche & du centre du
Fauxbourg de la Ravale la batterie des mortiers
commença à tirer dès la nuit du 12 au 13.
Le 17 ,
12
la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer.
Le 18 , M. Dupinay , qui commandoit la batterie
de la gauche , fut tué , & M. le Prince de
Wirtemberg légérement bleffé.
Le 19 , l'Efcadre Angloife ayant paru à la hauteur
de l'Ile pour attaquer la nôtre qui fermoit
l'embouchure du Port- Mahon , notre Général envoya
à M. le Marquis de la Galiffoniere un renfort
de 13 piquets . Notre Chef d'Efcadre fit toules
opérations néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés .
Le 20 , une bombe des ennemis ayant mis le
feu à une de nos batteries , la Garnifon du Fort
S. Philippe animée par la préfence de l'Eſcadre
Angloife , fit une fortie confidérable : mais nos
(1), Ce Fauxbourg doit avoir un autre_nom :
le mot Arrabal fignifie un Fauxbourg , en Langue
Espagnole , & c'eft fans doute par erreur que nos
Officiers, qui les premiers ont entendu nommer aux
Habitans de l'Ifle Minorque ce Fauxbourg Arrabal
Pont écrit la Ravalle.
212 MERCURE DE FRANCE.
Grenadiers l'obligerent de rentrer avec autant de
précipitation que de perte.
Les 21 & 22 furent employés à réparer nos
batteries , que le feu violent des ennemis avoient
prefque démontées.
Le foir même du 22 , notre armée fit des
réjouiffances à l'occafion de l'avantage que
notre Efcadre avoit remporté fur celle des
Anglois. ( Vous avez fans doute vu la Rélation
de ce Combat Naval , dans lequel on ne fçauroit
trop exalter la bonne manovre de M. le Marquis
de la Galiffoniere , qui obligea l'Amiral Byng de
fe retirer avec beaucoup de dommages ) .
Le feu des Ennemis devint fi fort, que nous fûmes
obligés d'abandonner le Fauxbourg de la Ravale`,
dont toutes les maifons ont été renversées par
l'artillerie du Fort , ce qui obligea M. le Maréchal
de Richelieu à changer le plan général de fon attaque
fur le Fort Philippe.
Il fallut employer plufieurs jours pour le tranfport
de terre , pour élever de nouvelles batteries
dont le feu ne put commencer que le s Jain.
Dès ce moment le feu fuccefif de nos batteries
de temps une grande partie des travaux
extérieurs de la Place.
ruina en peu
On commença dès le 15 à déblayer les maifons
où l'on avoit réfolu d'établir une nouvelle batterie
de 12 pieces de canons en avant du Fauxbourg
de la Ravale , afin de détruire entiérement la Redoute
de la Reine & la lunette de Ken , & de bat.
tre la contre-garde de l'ouvrage à cornes ; ce qui
fit des merveilles .
Nous avons eu depuis ce temps là 84 pieces de
canons de 24 livres de balles , & 22 mortiers dif
tribués dans douze batteries . Elles n'ont point dif
continué de battre depuis le 16 Juin. La plupar
A OUST. 1756. 213
ne fervoient qu'à demonter les batteries ennemies.
Il ne falloit pas moins aux Affiégés que les
250 pieces de canons & les 40 mortiers qu'ils
avoient , pour faire la défenfe qu'on a éprouvée
jufqu'à la fin. Ce grand nombre de pieces leur
donnoit la facilité de remplacer celles que nous
leur démontions tous les jours.
Voici le détail de l'attaque qui mit nos En
nemis à la raiſon , & qui fera naître dans le coeur
des bons Francois , la joie qu'une longue réſiſtan
ce avoit fans doute altéréë.
>
M. le Maréchal ayant jugé qu'il étoit indifpenfable
d'accélérer l'attaque des ouvrages exté
rieurs , & voulant la favorifer en occupant
l'Ennemi dans plufieurs points de fa défenſe , ordonna
pour le 27 une attaque qui fut diviſée en
quatre points principaux .
M. le Marquis de Laval , de tranchée , fut
chargé de l'attaque de la gauche , divifée fur les
Forts de Strugen & d'Orgil , fur la Redoute de
la Reine , & fur celle de Ken : il avoit à fes ordres
16 Compagnies de Grenadiers , & quatre
Bataillons pour foutenir l'attaque .
Il avoit fous lui M. le Marquis de Monti &
M. de Briqueville , Colonel , dont le Régiment
étoit Chef de tranchée : Royal-Comtois étoit le
deuxieme Régiment.
M. de Monti fut deftiné à attaquer Strugen &
Orgil , à la tête des Compagnies de Grenadiers
de Royal-Comtois , Vermandois , Nice & Rochefort
, & de deux piquets foutenus par le premier
Bataillon de Royal - Comtois.
M. de Briqueville devoit fe porter fur Ken &
le chemin couvert , entre cet ouvrage & celui de
la Reine , à la tête de cinq Compagnies de Grenadiers
de Briqueville , Medoc & Cambis , & de
deux piquets.
214 MERCURE DE FRANCE:
M. de Sade , Lieutenant-Colonel de Brique
ville , devoit attaquer la Redoute de la Reine à la
tête de quatre Compagnies de Grenadiers d'Haynaut
, Cambis & Soiffonnois.
Il y avoit à la fuite de chacune de ces trois attaques
, deux Ingénieurs & 150 Travailleurs , un
Officier du Corps Royal & dix Canonniers , une
Brigade de Mineurs , & un détachement de 60
Volontaires portant dix échelles.
L'attaque du centre étoit dirigée ſur la Redoute
de l'Ouest & la Lunette Caroline , & commandée
par M. le Prince de Bauveau. Il y avoit à fes ordres
deux Brigadiers avec lefquels il devoit foutenir
la tranchée en cas de befoin.
La premiere attaque de la droite commandée
par M. le Comte de Lannion , é.oit dirigée fur le
Fort de Malboroug Il avoit à fes ordres la Brigade
de Royal & le Régiment de Bretagne , aina
que M. de Roquépine qui , à la tête de 400 Volontaires
& de roo Grenadiers , devoit débarquer
dans la Cale de S. Etienne , pour delà marcher
au Fort de S. Charles . On devoit avoir pour cet
effet 100 Chaloupes de l'Eſcadre : mais comme
elles ne purent arriver à temps , on y fuppléa par
celles qu'on put raffembler dans la journée.
La feconde attaque de la droite , aux ordres de
M. le Marquis de Monteynar , commandant la
Brigade de Royal - la Marine & Talaru , avoit
pour objet de s'emparer de la Lunette de Sud-
Ouest , de longer la Langue de S. Etienne , qui
eft entre la Place & le Fort Malboroug ; de fe
communiquer avec l'attaque du Fort S. Charles ,
& de couper la communication du Fort Malboroug
avec le Fort de S. Philippe.
En même temps que toutes ces attaques ſe faifoient
, M. de Beaumanoir , Lieutenant- Colonel ,
A O UST. 1756. 215
commandant à la Tour des Signaux , devoit avec
fon détachement partir dans les Chaloupes de la
Cale , qui eft entre le Fort Saint- Philippe & la
Tour des Signaux , pour venir favorifer l'attaque
de M. de Monti , & tâcher de fe gliffer dans le
chemin couvert , entre la demi-lune & le Fort
d'Orgil.
M. de Fortouval , Capitaine d'Haynaut , de
voit avec 100 hommes de détachement débarquer
au pied de la grande batterie des Ennemis , du
côté du Pont.
A.dix heures du foir , toutes nos batteries ayant
ceffé , le fignal de l'attaque fut donné par un
coup de canon & quatre bombes tirées de la Tour
des Signaux.
M. de Monti déboucha fur Strugen & Orgil ,
& fucceffivement MM . de Briqueville & de Sade
fe porterent avec vivacité fur leur point d'attaque
de Ken & de la Reine .
Nos troupes marcherent avec la plus grande
valeur , & après un feu très-vif , très-long & trèsmeurtrier
, elles parvinrent à s'emparer de Strugen
, d'Orgil, & du Fort de la Reine. Les Ennenis
firent jouer quatre fourneaux qui nous ont
coûté environ so hommes .
On travailla fur le champ au logement de
cette partie , qui étoit la principale attaque ,
pendant que les autres faifoient leur diverfion.
L'ardeur des Grenadiers que commandoit M.
de Bricqueville les ayant emportés , ils fe jetterent
fur la Redoute de la Reine , au lieu de fe
porter fur Ken qu'ils devoient attaquer .
M. le Prince de Bauveau ayant fait marcher
les Grenadiers de Vermandois & 100 hommes
de chaque Brigade fur la Redoute Caroline , &
les Grenadiers de Royal-Italien , avec 1oo hom216
MERCURE DE FRANCE.
mes de cette Brigade , à la Redoute de l'Oueſt ;
il s'empara du chemin couvert , & y fit enclouer
douze pieces de canon le logement y étant
impraticable , parce que la Redoute de Ken
n'étoit pas prife , & qu'il ne pouvoit dans la
nuit affurer fa communication , il fe contenta
de faire couper les paliffades , de faire brifer
les affûts , & de foutenir quelque temps cette
attaque qui favorifoit la principale.
Elle fut faite avec la plus grande intelligence
& la plus grande valeur.
Les attaques de MM. de Lannion & de Mon
teynard , dépendant prefque du fuccès du For
s. Charles , ils attendoient le fignal que devoir
faire M. de Roquépine ; mais les Ennemis s'étant
apperçus de beaucoup de mouvemens dans
cette partie , par les manoeuvres que les Chaloupes
avoient été obligées de faire , ſe tinrent
fur leurs gardes , & ne permirent pas à M. de
Roquépine de faire le débarquement qu'il avoit
tenté , & qui ne pouvoit réuffir que par une
furpriſe.
>
Pendant ce temps - là M. de Lannion fit inquiéter
le Fort Malborough . La divifion de tous
ces feux & la combinaifon de toutes ces attaques
, donnerent le temps à celles de la gauche
d'aflurer fon fuccés, de facon qu'à la pointe
du jour nous pumes établir 400 hommes dans
le Fort de la Reine , & 200 dans Strugen &
Orgil.
M. le Maréchal s'étoit placé au centre des attaques
de la gauche , & avoit avec lui MM . de Maillebois
, du Mefnil , & le Prince de Wirtemberg.
Il a donné pendant toute l'action les confeils
néceffaires au fuccès de l'attaque , dans lefquels
on n'a pu s'empêcher d'admirer les difpofitions
A O
UST.
1756.
217
tions de notre Général & les prodiges de notre
Infanterie.
M. de Lannion a eu une légere contufion à
' épaule , & M. le Marquis de S. Tropès , Aide
de Camp de M. de Maillebois , a été
légérement
bleffé au visage .
A cinq heures du matin on a demandé réciproquement
une fufpenfion d'armes pour retirer
les morts , & elle a été accordée. Nous
avons eu environ 25 Officiers de tués ou bleffés ,
& 400 Soldats..
· M. de Huetton , le Lieutenant de Vaiffeau
qui
commandoit les Chaloupes de l'attaque du
Fort S. Charles , a été tué.
On doit le fuccès de
l'attaque , de la gau
che furtout , à la bonne
conduite de M. de
Monti , qui a fuivi avec la plus grande valeur
& la plus grande fermeté les
difpofitions qu'avoit
faites M. de Laval.
On a pris beaucoup de mortiers & de canons
dans les Forts de Strugen , d'Orgil & de la Reine.
On a fait quinze
prifonniers , du nombre deſquels
eft le fecond
Commandant des Ennemis qui fai
foit le détail de la défenſe.
Le 28 , à deux heures après-midi , trois Députés
de la Place
demanderent à parler à notre
Général. Le réſultat de cette
conférence étoit
qui leur fut accordé vingt- quatre heures pour
dreffer les articles de
Capitulation : on leur accorda
jufqu'à huit heures du foir. Il en revint
un à l'heure marquée , qui apporta à M. le Maréchal
un projet d'articles ,
auxquels il fut ré
pondu le lendemain matin.
De la Prife de l'Iſle de Minorque , & principalement
des Port-Mahon & Fort Saint-
Philippe ; envoyée par un Officier de l'Armée.
Du Fort S. Philippe , le 30 Juin 1756.
JEE crois avant que d'entrer dans le détail du
Siege du Fort Saint- Philippe , devoir donner une
idée fuccincte, géographique & hiftorique de cette
In e.
L'Ile Minorque fituée dans la Méditerrannée ,
placée précisément au quatrieme degré de latitu
de , à foixante- dix lieues de Marfeille , & à quinze
des côtes de l'Afrique , faifoit anciennement partie
des Iles appellées Baléares , du nom d'un
Grec nommé Baléus , qui fut le premier qui en
fit la découverte .
Sa fituation eft oblongue ; elle a dix- huit lieues
de longueur fur- neuf dans fa plus grande largeur.
Son climat eft fort fain , l'air paffablement tempé
ré il y egne cependant des chaleurs infupporta.
bles pendant les mois de Mai , Juin , Juiller
& Août le refte de l'année est un printemps
continuel : rarement y voit - on de la gelée . Son
local n'eft pas montagneux , quoiqu'affez inégal
206 MERCURE DE FRANCE .
Le terrein produit de tout ce qui est néceffaire
à la vie , furtout de très- bon gibier , d'excellent
mufcat : tous les fruits y font délicieux .
L'Ille eft divifée en cinq territoires, dont chacun
porte le nom de la Ville principale ou Chef-lieu.
Le premier eft Ciutadella qui peut avoir aux
environs de 7 à 8 mille Habitans. Anciennement
les Gouverneurs faifoient leur réfidence encerre
Ville , où on compte actuellement juſqu'à 600
maifons. Le fecond territoire eft Ferrorias , qui
a tout au plus douze cens Habitans: Marcadal
eft le troifieme , dont le nombre d'Habitans ne
paffe pas dix-huit cens. Aleyor eft le quatrieme ,
& eft plus confidérable ; auffi peut- il fournir près
de cinq mille Habitans . Mahon eft le cinquieme
& . dernier territoire. La Ville de Mahon eft la
Capitale de toute l'Ifle : c'eft la réfidence du
Gouverneur & des Corps de Juftice : fon beau
Port & le voisinage du Fort Saint- Philippe , la
rendent infiniment plus confidérable : elle peut
compter au nombre de vingt mille Habitans.
Ily a dans l'Ile deux ports capables de recevoir
les plus gros Vaiffeaux le Port Fornelle , & le
Port Mahon ; il y a encore plufieurs Cales où les
Bâtimens Marchands peuvent mouiller.
2
L'entrée du Port Mahon eft défendue à l'Ouest
par le Fort S. Philippe , & à l'Eft par le Fort
Philippet. Je me tais fur le refte de l'ifle , parce
qu'il n'y a rien qui mérite votre attention .
Comme les Habitans de l'Ifle font originaired'Efpagne
, la Religion Catholique s'y eft confervée.
C'étoit le Gouverneur Anglois qui nommoit
aux Bénéfices , fuivant un article du Traité
d'Utrecht.
Les Cartaginois furent anciennement les Maî→
tres des Illes Baléares , dont l'Ile Minorque faifoit.
AOUST. 1756. 207
partie. Après la feconde guerre Punique , les
Romains en devinrent les Poffeffeurs j'ufqu'à
Pinondation des Goths & Vandales , vers l'an
421. Ceux - ci les conferverent jufqu'au huitieme
fiecle , que les Sarrazins en firent la conquête.
Minorque fut foumiſe à ces derniers , jufqu'à l'an
1210 qu'ils perdirent la fameuſe Bataille de Loza ,
où il périt deux cens mille Maures . Les Minorcains
refterent jufqu'en 1287 dans une espece d'indépendance
, en payant feulement un tribut annuel
aux différens Princes d'Efpagne qui les proté
geoient. Les naturels du Pays fe trouvoient dès ce
temps confondus avec un refte de Sarrazins : la
Religion Mahométane y étoit la dominante. Les
Minorcains voulant s'affranchir du tribut qu'ils
payoient à l'Espagne, attirerent dans leur Ifle quantité
de Barbares de l'Afrique , leurs voifins : mais
Alphonfe , Roi d'Arragon , ayant eu vent du complot,
fit une defcente dans l'Ifle, avec une armée qui
mit tout à feu & à fang , contraignit le gros des
Habitans de ferenfermer dans laFortereffe du Mont
Sainte- Agatte , les affiégea , les prit , La plûpart
périrent par les armes : quelques-uns furent envoyés
en Afrique , & d'autres ne fauverent leur vie qu'en
perdant leur liberté , c'est- à- dire , qu'ils devinrentefclaves
des Espagnols , qui s'établirent dans l'Ile
fous la protection des Rois d'Efpagne . Les Princes
d'Efpagne ont confervé une autorité fouveraine
dans l'ifle Minorque , jufqu'en 1708 que les
Anglois formerent le deffein de s'en rendre les
maîtres.
En effet le 14 Décembre , le Général Comte de
Stenhope y débarqua avec trois mille hommes ,
42 pieces de canon & 15 mortiers. Les troupes
qui étoient répandues dans les différens quartiers .
de l'Ile , fe renfermerent dans les Forts Fornelle
208 MERCURE DE FRANCE.
& Saint-Philippe . Les premieres opérations des An
glois furent d'attaquer Fornelle , qu'ils prirent ea
deux jours. Auffi - tôt après cette réduction , ils
dirigerent leurs forces contre le Fort S. Philippe ,
qui ne tint que quinze jours : la Garnifon compofée
de François & d'Elpagnols , fut renvoyée
partie en France , partie en Espagne. Dès ce moment
les Anglois s'établirent dans Minorque , &
la poffeffion leur en a été affurée par le Traité de
Paix conclu à Utrecht , le 13 Juillet 1713. Ils en
ont été les maîtres pendant 48 ans. Ils le feroient
encore , fi leur pyraterie n'eût obligé notre glorieux
Monarque à punir l'infulte que cette Nation
3
ne ceffe de faire depuis deux ans au Pavillon François.
Il vous paroîtra fingulier , Monfieur , que nous
ayons été fi long - teins à nous rendre les maîtres
de cette Place , pendant que des Anglois en
avoient fait la conquête en moins de trois femaines.
Votre furpriſe ceffera quand vous ferez
inftruit des travaux immenfes que cette nation
a fait au Fort S. Philippe , dont la dépenſe ſe
monte à plus de cent millions , c'eſt - à - dire , plus
que toute l'ile ne peut valoir , fi on en excepte
toutefois la grande reffource dont elle étoit pour
le Commerce des Anglois au Levant.
Voici à peu près la defcription du Fort S. Philippe
, & vous conviendrez , avec toute l'Europe
, qu'il n'a pas fallu moins de prudence que de
courage & de fermeté , pour triompher de tous
les obftacles qui fe rencontroient à chaque pas.
Il est conftruit fur une langue de terre qui
avance dans la mer. Quatre baftions , autant de
courtines , environnés d'un large & profond foffé ,
taillés dans le roc vif , font le principal corps
de la Place : les ouvrages extérieurs , qui font ea
A O UST. 1756. 209
très-grand nombre , s'étendent jufqu'aux rivages
des deux côtés de la langue de terre : les mines
y font abondantes & fi bien diftribuées , qu'elles
fe communiquent au moyen de différens fouterreins.
Les fouterreins font immenfes , & fourniffent
des logemens fuffifans pour une garnifon
des plus confidérables , à l'abri des bombes
& du canon , & dont les approches font minées
& contreminées : avant que de parvenir à
pouvoir battre en breche , il faut s'emparer des
forts de Malbourough , de S. Charles , de Strugen
, d'Orgil & de la Reine , qui entourent les
grands ouvrages du Fort , & fe communiquent
aux autres au moyen des chemins couverts taillés
dans le roc ; enfin le Plan qui vient d'en être
levé, & que vous trouverez fans doute à Paris ( 1 ) ,
vous fuffira pour juger par vous - même des
Ouvrages immenfes que les Anglois y ont faits
depuis qu'ils en étoient en poffeffion . Ajoutez
à tous ces ouvrages trois fontaines intariffables ,
& une citerne,contenant de l'eau pour fix mois
à une garnifon de quatre mille hommes , à l'épreuve
de tout accident : ces avantages font
d'une reffource encore au deffus de toutes les
fortifications.
Quoique les Gazettes vous aient pu inftruire
de toutes nos opérations juſqu'au jour de l'atta
que
des Forts , dont nous nous fommes rendus les
maîtres l'épée à la main , vous ne trouverez pas
mauvais que je vous en donne un détail abrégé.
Notre Flotte , aux ordres de M. le Marquis de la
Galiffoniere , partit de Toulon le 8 Avril M. le
Maréchal de Richelieu monta le Foudroyant avec
(1 ) Ilfe trouve chez le fieur Beaurain & chez
Je fieur le Rouge.
210 MERCURE DE FRANCE.
1
M. de la Galiffoniere. Nous arrivâmes â Ciutaš
della le jour de Pâques 18 du mois , après avois
effuyé quelques coups de vent qui retarderent
notre marche , & féparerent quelques vaiffeaux
de l'Efcadre. Le premier foin de M. le Maréchal
fut de faire chanter le Te Deum dans l'Eglife Collégiale
de la Ville , en action de graces de notre
heureux abordage . Les 18 , 19 , & 20 furent employés
au débarquement des troupes & de l'artil
lerie , fans aucune oppofition de la part des Anglois
; ceux- ci s'étant retirés , aux premieres nouvelles
de notre eſcadre , dans le Fort S. Philippe ,
après y avoir fait entrer tout ce qui pouvoit leur
-être néceffaire pour une longue réfiftance , &
avoir commis les hoftilités les plus fâcheufes, tant
fur les habitans que fur les beftiaux qu'ils ne purent
emmener avec eux.
Le 20 notre armée fe mit en marche par deux
chemins pour fe rendre à Mahon . Vingt - quatre
Compagnies de Grenadiers , & la Brigade de
Royal tinrent la gauche fous les ordres de ' MM.
Damefnil & de Monteynard , pendant que le gros
de l'armée marchoit à droite pour former Pinveftiffement
du Fort S. Philippe. Le 22 nous entrames
dans Mahon aux acclamations du Peuple ,
qui commençoit à nous regarder comme fes Libérateurs
.
Il n'eft pas poffible de vous exprimer les peines
& les travaux qu'il a fallu faire pour conduire notre
artillerie de Ciutadella ici , par lá précaution que
les Anglois avoient eue de rendre toutes les avenues
impraticables.
M. le Maréchal de Richelieu fit conftruire les
premieres batteries fur le Mont des Signaux , une
des pieces de canons , une de mortiers pareils en
nombre , qui commencerent à tirer dès le 8 Mai.
A O UST. 1756. 211
Le7, le Fauxbourg de la Ravale ( 1 ) fut occupé par
un détachement de 100 Volontaires , quatre compagnies
de Grenadiers & fix piquets , aux ordres
du Comte de Briqueville , avec 600 Travailleurs
pour y former des épaulemens , & y établir des
batteries.
Le 10 , M. le Marquis de Roquépine fe rendit
avec douze cens hommes , pour occuper les dehors
du Fort Malbourough.
Les 11 & 12 furent employés à conftruire les
batteries de droite , de gauche & du centre du
Fauxbourg de la Ravale la batterie des mortiers
commença à tirer dès la nuit du 12 au 13.
Le 17 ,
12
la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer.
Le 18 , M. Dupinay , qui commandoit la batterie
de la gauche , fut tué , & M. le Prince de
Wirtemberg légérement bleffé.
Le 19 , l'Efcadre Angloife ayant paru à la hauteur
de l'Ile pour attaquer la nôtre qui fermoit
l'embouchure du Port- Mahon , notre Général envoya
à M. le Marquis de la Galiffoniere un renfort
de 13 piquets . Notre Chef d'Efcadre fit toules
opérations néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés .
Le 20 , une bombe des ennemis ayant mis le
feu à une de nos batteries , la Garnifon du Fort
S. Philippe animée par la préfence de l'Eſcadre
Angloife , fit une fortie confidérable : mais nos
(1), Ce Fauxbourg doit avoir un autre_nom :
le mot Arrabal fignifie un Fauxbourg , en Langue
Espagnole , & c'eft fans doute par erreur que nos
Officiers, qui les premiers ont entendu nommer aux
Habitans de l'Ifle Minorque ce Fauxbourg Arrabal
Pont écrit la Ravalle.
212 MERCURE DE FRANCE.
Grenadiers l'obligerent de rentrer avec autant de
précipitation que de perte.
Les 21 & 22 furent employés à réparer nos
batteries , que le feu violent des ennemis avoient
prefque démontées.
Le foir même du 22 , notre armée fit des
réjouiffances à l'occafion de l'avantage que
notre Efcadre avoit remporté fur celle des
Anglois. ( Vous avez fans doute vu la Rélation
de ce Combat Naval , dans lequel on ne fçauroit
trop exalter la bonne manovre de M. le Marquis
de la Galiffoniere , qui obligea l'Amiral Byng de
fe retirer avec beaucoup de dommages ) .
Le feu des Ennemis devint fi fort, que nous fûmes
obligés d'abandonner le Fauxbourg de la Ravale`,
dont toutes les maifons ont été renversées par
l'artillerie du Fort , ce qui obligea M. le Maréchal
de Richelieu à changer le plan général de fon attaque
fur le Fort Philippe.
Il fallut employer plufieurs jours pour le tranfport
de terre , pour élever de nouvelles batteries
dont le feu ne put commencer que le s Jain.
Dès ce moment le feu fuccefif de nos batteries
de temps une grande partie des travaux
extérieurs de la Place.
ruina en peu
On commença dès le 15 à déblayer les maifons
où l'on avoit réfolu d'établir une nouvelle batterie
de 12 pieces de canons en avant du Fauxbourg
de la Ravale , afin de détruire entiérement la Redoute
de la Reine & la lunette de Ken , & de bat.
tre la contre-garde de l'ouvrage à cornes ; ce qui
fit des merveilles .
Nous avons eu depuis ce temps là 84 pieces de
canons de 24 livres de balles , & 22 mortiers dif
tribués dans douze batteries . Elles n'ont point dif
continué de battre depuis le 16 Juin. La plupar
A OUST. 1756. 213
ne fervoient qu'à demonter les batteries ennemies.
Il ne falloit pas moins aux Affiégés que les
250 pieces de canons & les 40 mortiers qu'ils
avoient , pour faire la défenfe qu'on a éprouvée
jufqu'à la fin. Ce grand nombre de pieces leur
donnoit la facilité de remplacer celles que nous
leur démontions tous les jours.
Voici le détail de l'attaque qui mit nos En
nemis à la raiſon , & qui fera naître dans le coeur
des bons Francois , la joie qu'une longue réſiſtan
ce avoit fans doute altéréë.
>
M. le Maréchal ayant jugé qu'il étoit indifpenfable
d'accélérer l'attaque des ouvrages exté
rieurs , & voulant la favorifer en occupant
l'Ennemi dans plufieurs points de fa défenſe , ordonna
pour le 27 une attaque qui fut diviſée en
quatre points principaux .
M. le Marquis de Laval , de tranchée , fut
chargé de l'attaque de la gauche , divifée fur les
Forts de Strugen & d'Orgil , fur la Redoute de
la Reine , & fur celle de Ken : il avoit à fes ordres
16 Compagnies de Grenadiers , & quatre
Bataillons pour foutenir l'attaque .
Il avoit fous lui M. le Marquis de Monti &
M. de Briqueville , Colonel , dont le Régiment
étoit Chef de tranchée : Royal-Comtois étoit le
deuxieme Régiment.
M. de Monti fut deftiné à attaquer Strugen &
Orgil , à la tête des Compagnies de Grenadiers
de Royal-Comtois , Vermandois , Nice & Rochefort
, & de deux piquets foutenus par le premier
Bataillon de Royal - Comtois.
M. de Briqueville devoit fe porter fur Ken &
le chemin couvert , entre cet ouvrage & celui de
la Reine , à la tête de cinq Compagnies de Grenadiers
de Briqueville , Medoc & Cambis , & de
deux piquets.
214 MERCURE DE FRANCE:
M. de Sade , Lieutenant-Colonel de Brique
ville , devoit attaquer la Redoute de la Reine à la
tête de quatre Compagnies de Grenadiers d'Haynaut
, Cambis & Soiffonnois.
Il y avoit à la fuite de chacune de ces trois attaques
, deux Ingénieurs & 150 Travailleurs , un
Officier du Corps Royal & dix Canonniers , une
Brigade de Mineurs , & un détachement de 60
Volontaires portant dix échelles.
L'attaque du centre étoit dirigée ſur la Redoute
de l'Ouest & la Lunette Caroline , & commandée
par M. le Prince de Bauveau. Il y avoit à fes ordres
deux Brigadiers avec lefquels il devoit foutenir
la tranchée en cas de befoin.
La premiere attaque de la droite commandée
par M. le Comte de Lannion , é.oit dirigée fur le
Fort de Malboroug Il avoit à fes ordres la Brigade
de Royal & le Régiment de Bretagne , aina
que M. de Roquépine qui , à la tête de 400 Volontaires
& de roo Grenadiers , devoit débarquer
dans la Cale de S. Etienne , pour delà marcher
au Fort de S. Charles . On devoit avoir pour cet
effet 100 Chaloupes de l'Eſcadre : mais comme
elles ne purent arriver à temps , on y fuppléa par
celles qu'on put raffembler dans la journée.
La feconde attaque de la droite , aux ordres de
M. le Marquis de Monteynar , commandant la
Brigade de Royal - la Marine & Talaru , avoit
pour objet de s'emparer de la Lunette de Sud-
Ouest , de longer la Langue de S. Etienne , qui
eft entre la Place & le Fort Malboroug ; de fe
communiquer avec l'attaque du Fort S. Charles ,
& de couper la communication du Fort Malboroug
avec le Fort de S. Philippe.
En même temps que toutes ces attaques ſe faifoient
, M. de Beaumanoir , Lieutenant- Colonel ,
A O UST. 1756. 215
commandant à la Tour des Signaux , devoit avec
fon détachement partir dans les Chaloupes de la
Cale , qui eft entre le Fort Saint- Philippe & la
Tour des Signaux , pour venir favorifer l'attaque
de M. de Monti , & tâcher de fe gliffer dans le
chemin couvert , entre la demi-lune & le Fort
d'Orgil.
M. de Fortouval , Capitaine d'Haynaut , de
voit avec 100 hommes de détachement débarquer
au pied de la grande batterie des Ennemis , du
côté du Pont.
A.dix heures du foir , toutes nos batteries ayant
ceffé , le fignal de l'attaque fut donné par un
coup de canon & quatre bombes tirées de la Tour
des Signaux.
M. de Monti déboucha fur Strugen & Orgil ,
& fucceffivement MM . de Briqueville & de Sade
fe porterent avec vivacité fur leur point d'attaque
de Ken & de la Reine .
Nos troupes marcherent avec la plus grande
valeur , & après un feu très-vif , très-long & trèsmeurtrier
, elles parvinrent à s'emparer de Strugen
, d'Orgil, & du Fort de la Reine. Les Ennenis
firent jouer quatre fourneaux qui nous ont
coûté environ so hommes .
On travailla fur le champ au logement de
cette partie , qui étoit la principale attaque ,
pendant que les autres faifoient leur diverfion.
L'ardeur des Grenadiers que commandoit M.
de Bricqueville les ayant emportés , ils fe jetterent
fur la Redoute de la Reine , au lieu de fe
porter fur Ken qu'ils devoient attaquer .
M. le Prince de Bauveau ayant fait marcher
les Grenadiers de Vermandois & 100 hommes
de chaque Brigade fur la Redoute Caroline , &
les Grenadiers de Royal-Italien , avec 1oo hom216
MERCURE DE FRANCE.
mes de cette Brigade , à la Redoute de l'Oueſt ;
il s'empara du chemin couvert , & y fit enclouer
douze pieces de canon le logement y étant
impraticable , parce que la Redoute de Ken
n'étoit pas prife , & qu'il ne pouvoit dans la
nuit affurer fa communication , il fe contenta
de faire couper les paliffades , de faire brifer
les affûts , & de foutenir quelque temps cette
attaque qui favorifoit la principale.
Elle fut faite avec la plus grande intelligence
& la plus grande valeur.
Les attaques de MM. de Lannion & de Mon
teynard , dépendant prefque du fuccès du For
s. Charles , ils attendoient le fignal que devoir
faire M. de Roquépine ; mais les Ennemis s'étant
apperçus de beaucoup de mouvemens dans
cette partie , par les manoeuvres que les Chaloupes
avoient été obligées de faire , ſe tinrent
fur leurs gardes , & ne permirent pas à M. de
Roquépine de faire le débarquement qu'il avoit
tenté , & qui ne pouvoit réuffir que par une
furpriſe.
>
Pendant ce temps - là M. de Lannion fit inquiéter
le Fort Malborough . La divifion de tous
ces feux & la combinaifon de toutes ces attaques
, donnerent le temps à celles de la gauche
d'aflurer fon fuccés, de facon qu'à la pointe
du jour nous pumes établir 400 hommes dans
le Fort de la Reine , & 200 dans Strugen &
Orgil.
M. le Maréchal s'étoit placé au centre des attaques
de la gauche , & avoit avec lui MM . de Maillebois
, du Mefnil , & le Prince de Wirtemberg.
Il a donné pendant toute l'action les confeils
néceffaires au fuccès de l'attaque , dans lefquels
on n'a pu s'empêcher d'admirer les difpofitions
A O
UST.
1756.
217
tions de notre Général & les prodiges de notre
Infanterie.
M. de Lannion a eu une légere contufion à
' épaule , & M. le Marquis de S. Tropès , Aide
de Camp de M. de Maillebois , a été
légérement
bleffé au visage .
A cinq heures du matin on a demandé réciproquement
une fufpenfion d'armes pour retirer
les morts , & elle a été accordée. Nous
avons eu environ 25 Officiers de tués ou bleffés ,
& 400 Soldats..
· M. de Huetton , le Lieutenant de Vaiffeau
qui
commandoit les Chaloupes de l'attaque du
Fort S. Charles , a été tué.
On doit le fuccès de
l'attaque , de la gau
che furtout , à la bonne
conduite de M. de
Monti , qui a fuivi avec la plus grande valeur
& la plus grande fermeté les
difpofitions qu'avoit
faites M. de Laval.
On a pris beaucoup de mortiers & de canons
dans les Forts de Strugen , d'Orgil & de la Reine.
On a fait quinze
prifonniers , du nombre deſquels
eft le fecond
Commandant des Ennemis qui fai
foit le détail de la défenſe.
Le 28 , à deux heures après-midi , trois Députés
de la Place
demanderent à parler à notre
Général. Le réſultat de cette
conférence étoit
qui leur fut accordé vingt- quatre heures pour
dreffer les articles de
Capitulation : on leur accorda
jufqu'à huit heures du foir. Il en revint
un à l'heure marquée , qui apporta à M. le Maréchal
un projet d'articles ,
auxquels il fut ré
pondu le lendemain matin.
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Résumé : RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
En 1756, les forces françaises, sous le commandement du maréchal de Richelieu et de M. de La Galissonnière, prirent l'île de Minorque, située en Méditerranée et faisant partie des Baléares. Minorque, dotée d'un climat tempéré avec des chaleurs intenses en été, est divisée en cinq territoires, dont Mahon est la capitale et le principal port. L'île a été sous la domination de diverses civilisations, notamment les Carthaginois, les Romains, les Goths, les Vandales, les Sarrazins, et les Espagnols, avant de passer sous contrôle britannique en 1708. Les Britanniques avaient renforcé le Fort Saint-Philippe après l'avoir pris en 1708. En 1756, les Français débarquèrent à Ciutadella et marchèrent vers Mahon. Après plusieurs semaines de siège et de bombardements intensifs, ils prirent le Fort Saint-Philippe le 30 juin 1756. Le texte détaille les opérations militaires, les mouvements des troupes et les batailles navales qui précédèrent cette prise. L'attaque française, planifiée pour le 27 juin, fut divisée en quatre points principaux. Le Marquis de Laval dirigea l'attaque de la gauche, ciblant plusieurs forts et redoutes avec 16 compagnies de grenadiers et quatre bataillons. Le Prince de Bauveau attaqua la Redoute de l'Ouest et la Lunette Caroline. Le Comte de Lannion et le Marquis de Monteynar dirigèrent les attaques de la droite, ciblant respectivement le Fort de Malborough et la Lunette de Sud-Ouest. L'attaque débuta à dix heures du soir après un signal donné par un coup de canon et des bombes. Les troupes prirent plusieurs forts après un combat intense. Les ennemis firent exploser des fourneaux, causant des pertes. Les attaques de la droite dépendaient de la prise du Fort Saint-Charles, mais les ennemis empêchèrent le débarquement de M. de Roquépine. À la pointe du jour, des hommes furent établis dans les forts conquis. Les pertes françaises inclurent environ 25 officiers tués ou blessés et 400 soldats. Le succès de l'attaque fut attribué à la conduite de M. de Monti. Des mortiers, des canons et quinze prisonniers, dont le second commandant ennemi, furent capturés. Le 28 juin, des députés de la place demandèrent un délai de vingt-quatre heures pour négocier la capitulation, accordé jusqu'à huit heures du soir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 208-219
ALLEMAGNE.
Début :
Leurs Majestés Impériales ont envoyé au Feld-Maréchal Comte de Browne leurs [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-Maréchal de Browne, Saxons, Roi de Prusse, Prague, Grenadiers, Camp de Budin, Général Haddick, Prisonniers, Occupation militaire, Déplacement des troupes, Attaques, Soldats croates, Prince Piccolomini, Comtes, Comté de Glatz, Litoměřice, Major Manstein, Dresde, Régiments, Ordonnance, Infanterie, Leipzig, Magistrats, Conseillers, Contribution financière, Bautzen, États du cercle, Berlin, Patente, Biens, Francfort, Décret de l'Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE...
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En novembre 1756 et janvier 1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Allemagne et l'Europe centrale. À Vienne, les empereurs offrent des portraits enrichis de diamants au Feld-Maréchal Comte de Browne, qui doit être nommé Chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or. Le Comte d'Estrées, ministre plénipotentiaire du roi de France, est reçu en audience par les empereurs. Près de trois cents Saxons désertent l'armée prussienne pour rejoindre les troupes autrichiennes. En Bohême, des régiments italiens sont mis en garnison à Prague, et des déserteurs prussiens continuent d'arriver. Les troupes autrichiennes se réorganisent sous la direction du Feld-Maréchal Comte de Browne, qui établit son quartier général à Prague et nomme des commandants pour les postes de part et d'autre de l'Elbe. Des échanges de prisonniers doivent avoir lieu à Carlsbad. À Budin, les troupes prussiennes abandonnent la ville d'Aussig, permettant aux Autrichiens de prendre plusieurs positions. Le Prince Piccolomini mène des opérations contre les Prussiens, qui se retirent vers Glatz et Warthe. À Dresde, des régiments saxons refusent de prêter serment au roi de Prusse, et des déserteurs saxons sont arrêtés et menacés de sanctions. Le roi de Prusse ordonne le recrutement de neuf mille six cent soixante-quinze hommes pour renforcer les régiments saxons. Des ordonnances sont publiées pour punir les déserteurs et les magistrats complaisants. En décembre 1756 et janvier 1757, des mesures administratives et militaires sont prises en Saxe et en Prusse. Les personnes contribuant à la désertion ou ne dénonçant pas un fugitif subissent la même peine que le déserteur. Sur demande du Roi de Prusse, le Major Général Rezow achète la levée des milices saxonnes. Le conseiller privé Heinecke et le Major Hibler sont arrêtés pour avoir encouragé des soldats à déserter. Le Roi de Prusse accepte de réduire la contribution demandée à Leipzig à la demande des magistrats et des négociants. Il visite Leipzig et les environs, inspectant les troupes et recommandant aux habitants de ne pas collaborer avec les Autrichiens. Les habitants de Leipzig doivent loger les soldats prussiens et fournir des lits pour un hôpital militaire. À Baulzen, le Prince de Prusse ordonne aux États du Cercle de fournir nourriture et logement aux troupes. Le Roi de Prusse publie une patente rappelant ses sujets au service de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. À Francfort, un décret impérial contre le Roi de Prusse est affiché, interdisant les levées de soldats pour la Prusse. Des incendies détruisent une partie du bourg de Kupferberg et la ville de Wetzlar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 173-188
ALLEMAGNE.
Début :
Le Feld-Maréchal Comte d'Apraxin a commencé d'exiger des contributions du Royaume de Prusse. [...]
Mots clefs :
Dantzig, Vienne, Prague, Dresde, Francfort, Hambourg, Hanovre, Camp d'Insterbourg, Camp du prince Charles de Lorraine, Camp de Valle, Camp de Closter-Seven, Maréchal, Troupes, Ennemis, Marquis, Détachements, Grenadiers, Canons, Prusse, Maréchal de Richelieu, Comte d'Apraxin, Impératrice, Prisonniers, Retraite, Magistrats, Munitions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 33 Acût.
LE Feld- Maréchal Comte d'Apraxin a commencé
d'exiger des contributions du Royaume
de Pruffe. Ayant mandé les Magiftrats de Tylfit ,
il leur a fignifié les ordres pour la livraiſon d'une
certaine quantité de vivres & de fourrages.
La Colonne des troupes Ruffiennes , qui a pris
fa route par la Samogitie , arriva le 28 Septembre
fur la frontiere de la Pruffe Brandebourgeoife.
Le 29 , elle fut jointe par une autre Colonne ,
qui a traversé la Lithuanie. Le même jour ,
Feld-Maréchal Comte d'Apraxin fit occuper la
Ville de Tilfit , dont les Magiftrats furent confirmés
dans leurs emplois , après avoir prêté ferment
à l'Impératrice de Ruffie. Une partie de l'armée
de cette Princeffe a déja paffé la Niémen.
Le Feld- Maréchal de Lehwald a abandonné les
bords de cette riviere , & s'eft replié ſur la Prégel
. Il eft actuellement campé à Welau dans une
pofition avantageufe , fon centre couvert par un
ravin , fa gauche appuyée à Konigsberg , & fa
droite tirant vers Georgebourg , où elle eft flanquée
par des bois & par des marais . Ce Général a
retiré de Marienwerder le Bataillon qui y étoit
en garniſon. Chaque jour , il y a quelque efcar-
Hij
174 MERCURE DE FRANCE.
mouche entre les poftes avancés des deux ar
mées.
On n'eft point informé que la Flotte Ruffienne
ait paru fur les côtes de Poméranie. Cela donne
lieu de préfumer qu'elle eft retournée à Cronstadt
Depuis que l'armée commandée par le Feld-
Maréchal Apraxin eft entrée dans la Pruffe Du
cale , le Confeil de Régence , qui étoit établi
Konigsberg , s'en eft retiré. Il n'y eft refté que
les Magiftrats chargés de la police de la Ville
Les Archives qu'on y tenoit en dépôt , ont été
envoyées à Cuftrin. On fait monter à une fomme
très- confidérable les contributions que les Ruffiens
ont exigées du pays . Ils ont demandé qua
rante mille écus à la ville de Memel , & les habi
tans fe font preffés de payer cette taxe , pour n'è
tre pas exposés aux rigueurs d'une exécution .
DE VIENNE , le premier Août .
Un Officier dépêché par le Prince Charles de
Lorraine , a apporté dix drapeaux pris fur les
Pruffiens à Gabel & à Zittau . Cette derniere Ville
qui eft de la Luface , & fous la domination du
Roi de Pologne Electeur de Saxe , a beaucoup
fouffert des bombes & des boulets rouges. Plu
fieurs édifices publics ont été détruits . Un grand
nombre de maiſons ont été renversées , ou réduites
en cendres. La néceffité de ruiner divers magazins
, que les ennemis avoient dans la place ,
s'eft oppofée aux ménagemens qu'on auroit defiré
d'avoir pour les habitans. Lorfque les troupes de
l'Impératrice Reine fe font emparées de la Ville ,
il n'y reftoit plus qu'environ quatre cens foldats.
Le refte de la garnifon avoit trouvé le moyen
d'en fortir , & de fe retirer au camp du Prince
de Prufle.
OCTOBRE . 1757. 175
Dès le mois d'Avril dernier , le Fifcal de l'Empire
avoit demandé qu'on citât les Magiftrats de
Francfort , pour n'avoir pas fatisfait dans le temps.
preferit aux Avocatoires Impériaux. Le Confeil
Aulique rendit il y a quelques jours un Décret ,
qui ordonne à ces Magiftrats de répondre dans le
terme de deux mois fur l'objet de cette citation .
Le Chevalier Robert Keith , ci- devant Miniftre
plénipotentiaire du Roi de la Grande - Bretagne
auprès de Leurs Majeftés Impériales , vient de
reprendre la route de Londres.
Le Comte de Stainville , nouvel Ambaffadeur
de France auprès de cette Cour , arriva ici le 20
d'Août. Le 24 , il eut fes premieres audiences
particulieres de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine. Leurs Majeftés Impériales font parties
pour Hollitſch , où elles doivent paffer quelques
jours. Elles ont reçu au fujet de deux actions qui
fe font paffées le 13 & le 14 en Siléfie , une Relation
dont voici l'extrait.
Pendant plufieurs jours les Pruffiens n'avoient
fait aucun mouvement. Le 13 , un Caporal , qui
étoit en fauve-garde à Gimansdorff , vint donner
avis qu'ils s'avançoient en force . Auffi - tôt le Colonel
Jahaus doubla toutes fes gardes avancées.
Il fit en même temps plier les tentes & charger le
bagage . On avoit lieu de croire que le deffein des
ennemis étoit de furprendre Landshut , & de nous
contraindre d'abandonner la Siléfie. Ainfi il falloit
prendre une réſolution d'autant plus vigoureuſe ,
qu'on devoit s'attendre à être attaqué par la
droite & par la gauche. Les Pruffiens firent diverfes
feintes , pour engager le Colonel Jahnus à
quitter fa pofition ; mais il fe contenta de faire
manoeuvrer fon avant-garde . Sur les dix heures &
demie du foir , il fit donner l'alarme au camp
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
ennemi par cinquante Volontaires . Ce détache
ment y caufa d'abord tant de défordre , que les
Pruffiens firent feu les uns fur les autres , & qu'il
fe paffa plus d'une demi-heure avant qu'ils puffent
fe reconnoître. On leur enleva trente chevaux ,
& cent déferteurs fe rendirent à notre camp. Le
lendemain à la pointe du jour , on s'apperçut que
les ennemis avoient changé de pofition . Leur Infanterie
s'étoit avancée jufqu'au fauxbourg de
Landshut , & formoit un bataillon quarré . La
nôtre commença à donner par petits pelotons.
Quatre de nos pieces de campagne incommodant
confidérablement les Pruffiens , ils fe replierent
fur leur gauche. Leur premiere attaque fut contre
un bois , où le Capitaine Lakupith étoit avec un
bataillon de Warafdins. Cette attaque fut trèsvive
, & foutenue du feu de feize pieces de canon.
Le fieur Lakupith tint ferme pendant une heure ;
mais il fe vit enfin dans la néceffité de céder au
nombre , & il rejoignit le gros de nos troupes.
Alors l'action devint générale. Les ennemis , vu
la fupériorité de leurs forees , pouvoient déborder
notre droite . Pour remédier à cet inconvénient ,
le Colonel Jahnus avoit couvert de ce côté fon
flanc par plufieurs abattis d'arbres , & y avoit éta
bli deux batteries. Après un combat très- long &
très-opiniâtre , dans lequel notre artillerie chargée
à cartouches fit beaucoup de ravage parmi les
troupes ennemies , les Pruffiens fe retirerent avec
précipitation. Nos troupes les pourſuivirent à
droite au-delà de Reichenau , & à gauche pardelà
Richebanck. Elles fe font emparées de fix
pieces de canon , dont une de quatre livres de
balle , & les autres de trois. On a pris auffi une
grande quantité d'autres armes , plufieurs tambours
, un charriot & deux caiffons de munitions.
OCTOBRE . 1757. 177
Les Pruffiens compofoient un corps d'environ
huit mille hommes , & étoient commandés par le
Général Creutzer . Trois jours après l'action , on
n'avoit pu encore enterrer tous leurs morts. Ils
ont perdu trois milles hommes , en y comprenant
les déferteurs & quatorze cens prifonniers. Parmi
ces derniers , on compte dix-fept Officiers , dont
un eft mort le 16 de fes bleffures . Du côté des
troupes de l'Impératrice Reine , il n'y a eu que
dix-fept hommes tués , quatre- vingt- un bleffès ,
deux faits prifonniers , deux chevaux tués , & deux
autres pris. Da nombre des morts font les fieurs
Ummerhoffer & Liczeni , Capitaines dans les Régimens
de Saint-Georges & de Gradiska. Le Baron
de Jahnus a eu un cheval tué fous lui d'un boulet
de canon. Ce Colonel mande qu'il a fait
occuper
de nouveau les hauteurs de Zeifchenberg auprès
de Freyberg.
DE PRAGUE , le 30 Juillet.
Le 23 de Juillet , le Comte de Nadafty s'avança
de Leitmeritz à Levin . Un détachement de fes
troupes , commandé par le Comte de Draskowitz,
Major général , a fait prifonniers à Schrekenſtein
un Major , un Capitaine , fix autres Officiers , &
deux cens vingt foldats. Mille Pruffiens qui étoient
dans Tetſchen , ont abandonné ce pofte .
L'armée de l'Impératrice Reine marcha le 25
en avant. L'aile gauche a paffé la Neiff , ainfi
qu'avoit fait l'aile droite. Le corps de réſerve eft
refté à Ullersdorff , pour affurer la communication
avec la Boheme. Le Prince Charles de Lorraine
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ont
détaché un nouveau corps de troupes vers la
Siléfie.
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE, le 31 Août .
·
Le Colonel Laudon continue d'inquiéter les
Pruffiens. Ces jours derniers il marcha avec
foixante Huffards à Liefnig , où il y avoit cinquante
hommes. Ils fe retirerent à ſon approche ,
& il les pourfuivit jufqu'à Querbitz . S'y voyant enveloppés
, il fe jetterent dans une maifon , d'où
ils firent un feu très- vif. Les Huffards mirent pied
à terre , attaquerent la maifon , & obligerent le
dêtachement ennemi de fe rendre à difcrétion.
DE FRANCFORT , le 3 Août.
Avant-hier, M. le Prince de Soubize vint en cette
Ville. Il fut falué par le canon des remparts , &
complimenté par une députation des Magiftrats ,
qui lui préfenta le vin d'honneur. Le foir , il re
tourna à Hanau. La Gendarmerie de France , qui
eft de l'armée de ce Général , s'avance vers ces
quatiers, Le corps de Fifcher doit être entré actuellement
dans la Turinge.
Les troupes de l'Empire
continuent
de s'affembler
entre Furth & Farrenbach
. On ne croit pas
qu'elles puiffent être réunis avant le 7 ou le 8 du
mois de Septembre.
On écrit de Minden , que M. le Maréchal- Duc
de Richelieu y a fait entrer un régiment Suiffe ,
pour renforcer la garn fon , & que M. le Marquis
de Berville, Maréchal de Camp, qui y commande,
fait réparer les fortifications de cette Place.
DE HAMBOURG , le 26 Août.
Quatre Vaiffeaux de guerre Anglois , & deur
Frégates de la même Nation , mouillerent hier à
l'embouchure de l'Elbe près d'Oldinbroek. Ces
OCTOBRE . 1757.
179
Bâtimens doivent remonter le fleuve jufqu'à Stade,
afin d'embarquer les effets retirés de Hanovre.
Les lettres de Siléfie marquent que le 15 du mois
d'Août le Colonel Jahnus a remporté un avantage,
confiderable fur un Corps de cinq mille Pruffiens .
Selon les avis reçus de Koniſberg , le Général Sibilski
, commandant les troupes légeres du Roi de
Polongne Electeur de Saxe , eft entré en Pruffe
avec ces troupes par le Palatinat de Trock. On
mande de Petersbourg , que le Chevalier Douglas
, qui a été chargé des affaires de Sa Majeſté
très-Chrétienne auprès de l'Impératrice de Rufke ,
doit reprendre inceffamment la route de Paris.
DE HANOVRE , le 10 Août.
Suivant la répartition des contributions , auxquelles
cet Electorat eft taxé , la Principauté de
Ĉalemberg doit fournir un million quatre-vingt
mille rations de foin , chacune du poids de dixbuit
livres ; trente- trois mille facs de froment ,
une pareille quantité de feigle , & autant d'avoine
, chaque fac pefant deux quintaux . La Principauté
de Grubenhagen fournira cent mille rations
de fourrage , & la Ville de Gottingen donnera
vingt-quatre mille facs , tant de froment & de
feigle que d'avoine . Ces livraifons doivent être
faites en deux termes , fçavoir une moitié avant le
premier du mois de Septembre , l'autre moitié
avant le premier Octobre , fous peine d'exécution
militaire.
Le ,, vers les dix heures du matin , un détachement
de Grénadiers de France vint prendre
poffeffion des portes de cette Capitale. Peu après ,
M.le Duc de Chevreule, nommé pour commander
ici , entra dans la Ville avec les troupes , qui doi-
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
vent en compofer la Garnifon . Celle de l'ancienne
Garnifon ont été défarmées , & on leur a permis de
fe retirer au bon leur fembleroit . MM . le Duc de
Chevreule , & le Marquis de Saint- Pern qui commande
fous lui , ont pris leurs logemens , le premier
à l'Hôtel du Baron de Dieden , Miniftre
d'Etat , le fecond chez le Comte de Kielmanfegg.
Après le dîner, MM . le Duc de Chevreufe & le Mar
quis de Saint- Pern fe promenerent à cheval dans
les rues , pour raffurer les habitans . Ces Lieutenans
- Généraux leur déclarerent que la Bourgeoi-
He devoit être parfaitement tranquille , & que ,
s'il arrivoit à des Soldats de commettre quelques
excès , on en feroit fur le champ une punition
exemplaire.
Brunswic & Wolfenbuttel ont ouvert leurs
portes aux François. Un Détachement des troupes
de cette Nation vient d'occuper auffi Zell . M.
le Maréchal Duc de Richelieu fe diſpoſe à paffer
la Leine , pour s'approcher de l'Electorat de
Brandebourg. On prépare à Hambourg , à Altena
, & dans quelques autres Villes voifines
foixante mille paires de fouliers , & vingt- deux.
mille paires de bottes , pour l'armée de Sa Majefté
Très Chrétienne. M. le Duc de Chevreuse qui
commandoit ici avant l'arrivée du Général , voulant
prévenir tout ce qui pourroit y troubler la
tranquillité publique , a exigé que tous les Bourgeois
dépofaffent leurs armes à l'Hôtel de Ville.
Une indifpofition a obligé M. le Duc d'Orléans
de fe rendre à Aix - la-Chapelle , pour y prendre
les eaux.
L'armée du Duc de Cumberland est toujours
campée à Ferden , Ville Capitale du Duché de ce
nom. Ce Prince fait travailler à applanir les rouses
qui conduifent de-là à Stade , & à en pratiOCTOBRE
. 1757. 181
quer de nouvelles à travers des bois dont le pays
eft entrecoupé.
M. le Maréchal Duc de Richelieu vient de recevoir
un courier de M. le Comte de Beauffobre ,
Maréchal de Camp , commandant le blocus de
Gueldre , avec nouvelle que le Gouverneur de
cette place demandoit à capituler & à fortir , lai
& fa garnifon , avec les honneurs de la guerre.
Notre Général a approuvé cette difpofition , &
en conféquence cette Garnifon doit être renvoyée
à Berlin par la route de Cologne & de Francfort.
DU CAMP D'INSTERBOURG , le 1 z Août.
L'armée de l'impératrice de Ruffie campa le
deuxd'Août près de Scaluponen. Il y eut le même
jour une efcarmouche entre l'avant - garde de cette
armée & un détachement de Huffards Pruffiens.
La perte fut à peu près égale de part & d'autre. Le
4 , le Feld- Maréchal Apraxin s'avança jufqu'à .
Buduponen. Il marcha le 6 à Gumbingen , où il
laiffa repofer les troupes pendant deux jours . La
nuit du 7 au 8 , le Colonel Malachowsky s'étant
avancé avec quelque Cavalerie du Roi de Pruffe ,
pour reconnoître notre camp , cer Officier fut
chargé dans fa retraite. De chaque côté , il y eut
environ trente hommes tués ou bleffés . Le 9 l'armée
ne fit qu'une marche de deux milles . Sur l'avis
que le Général Biaden venoit à nous avec dix-
Efcadrons tant de Dragons que de Huffards , on
envoya contre lui un détachement de Cavalerie
légere. Les deux troupes fe rencontrerent près de
Gerwiskene. A l'approche du détachement Ruffien
, le Général Bladen fe pofta dans le bois de
Piczkemsky . On attaqua les ennemis malgré leur
pofition avantageufe , & on les délogea du bois,
182 MERCURE DE FRANCE.
Ils perdirent cinquante- deux hommes , & nous flmes
vingt-fept prifonniers. Avant- hier , le Feld-
Maréchal Apraxin affit fon camp 3 peu de
diſtance de l'endroit , où cette action s'étoit paffée.
Quelques efpions ayant rapporté qu'un corps
d'Infanterie & de Cavalerie Pruffienne fe formoit
en bataille dans la plaine , on fe mit en marche
vers les dix heures du foir , pour attaquer cette
tête de troupes ennemies. Dès qu'elle fut informée
de notre mouvement , elle fe replia fur le camp
du Feld-Maréchal de Lehwald. Hier , nous continuâmes
de nous porter en avant. Nous fumes
joints par la divifion du Général Fermer , & nous
vînmes camper fous Infterbourg , dont les Magiftrats
ont apporté les clefs au Feld - Maréchal
Apraxin. Ce Général a envoyé des détachemens
dans les Bailliages de Centwallen , de Dittlacken ,
de Naffaven , de Caffouben & de Frackenen. Il a
mis des Garnifons à Schwarpelen , à Trezacken ,
à Cubarthen , à Sodargen , à Plathen , à Dorskabnen
& dans Althoff. On apprend que le Général
Sibilsky avec les troupes légeres du Roi de Pologne
Electeur de Saxe, a pénétré jufqu'à Oletsko .
DU CAMP DU PR. CHARLES DE LORRAINE,
le 17 Août.
Un corps de Bannaliſtes , de Lycaniens & d'Oguliniens
, commandé par le Colonel Laudon ,
ayant paffé l'Elbe , a pénétré en Saxe , & a pris
pofte à Hellendorff. Sur l'avis que le Général
Itzemplitz étoit à Gottluben avec un détachement
des troupes de Pruffe , le Colonel Laudon y marcha
le 8 d'Août. Ayant mis en fuite quelques
Gardes avancés , il attaqua les ennemis , quoique
couverts d'un triple retranchement. Cette atOCTOBRE.
1757. 183
taque fe fit avec tant de vivacité & de fuccès ,
qu'ils furent contraints d'abandonner leurs lignes,
& même la Ville , où ils ont laiffé trois canons de
douze livres de balle & une piece de campagne.
Dans leur retraite , qu'ils firent en un fort grand
défordre , ils furent joints par trois bataillons de
Grenadiers , qui vinrent de Gishubel à leurs fecours.
Alors ils fe rallierent , & le Colonnel Laudon
fe retira. Il a conduit à Hellendorff la piece
de campagne , dont il s'eft emparé. Faute de chevaux
, il n'a pu emmener les trois autres canons.
On a pris les équipages & tous les domestiques du
Général Itzemplitz . La perte des Pruffiens eft eftimée
à cinq cens hommes , en y comprenant les
prifonniers & les déferteurs. Plus de cent de ces
derniers fe rendirent à Hellendorff le jour même
de l'action . Le Colonel Laudon mande au Prince
Charles de Lorraine , que les Officiers , qui fe
font le plus diftingués à l'attaque des retranchemens
, font les fieurs d'Ofchen , Stupiniany
Jegerman , Meffig , Rollag , Millnoufnick ,
Berzinger , Gerlichib & Juftini.
Il arriva le 9 à l'armée du Roi de Pruffe un convoi
de mille charriots chargés de farine & de munitions
de guerre. Le 13 , le Feld-Maréchal Keith
décampa de Tumitz , & fe rendit avec les troupes
au camp que le Prince de Brunſwic - Bevern occupoit
ci-devant près de Baudiffin. Il fe porta le 14
à Hochkirchen. Avant hier , le Roi de Pruffe &
ce Général , ayant réuni leurs deux armées , maxcherent
à Bornstadt . Sa Majeſté Pruffienne s'avança
hier jufqu'aux environs de Hirschfeld . Le
Prince Charles de Lorraine a fait de fon côté un
mouvement , moyennant lequel nous ne fommes
féparés des ennemis que par le village de Witgendorff.
Toute la nuit , on s'eft canonné très - vive.
184 MERCURE DE FRANCE.
ment de part & d'autre. Aujourd'hui , les Pruffiens
ont attaqué le village de Witgendoff à deux
différentes reprifes , mais on les a repouffés.
Ils font tranfporter à Baudiffin une grande quantité
de paliffades. On dit que l'Officier Général ,
qui y commande a ordonné aux habitans ,
en cas d'alarme , non feulement de s'enfermer
dans leurs maifons , mais même de ne point regarder
par les fenêtres , & qu'il a défendu à tous
ceux qui ne font point Gentilshommes , de porter
l'épée.
>
Les avis de Siléfie portent que le Colonel Jahnus
s'eft porté de Hohenfriedberg dans les environs
de Landshut , afin de mettre la garniſon de cette
ville à l'abri des entrepriſes des ennemis . Le Prince
Charle de Lorraine a envoyé à cette Officier
un renfort d'Infanterie & de Cavalerie légere ,
avec quelques pieces d'artillerie de campagne.
Par une convention faite depuis peu entre l'Impératrice
Reine & l'Electeur de Baviere , il a été
ftipulé que tous les foldats , qui ont défesté de
part & d'autre avant le premier d'Août , pour
s'engager au fervice de l'une ou de l'autre Puiffance
, peuvent demeurer dans les corps où ils ont
pris parti ; mais que ceux qui déferteront à
l'avenir , feront punis fuivant la rigueur des loix
militaires.
DU CAMP DE VALLE , le premier Septembre.
Les ennemis gardant toujours leur poſition entre
Rothembourg & Otterberg , M. le Maréchal
Duc de Richelieu s'étoit determiné à les y attaquer.
Le 30 d'Août , il fit partir M. le Marquis
de Monteynard , pour s'approcher de leur
camp , & pour reconnoître le pays. Ce Maréchal
1
OCTOBRE . 1757 .
185
de Camp avoit fous fes ordres vingt Compagnies
de Grenadiers , quatre troupes de Carabiniers ,
deux de Cavalerie , un Détachement des Volontaires
de Flandre & de Haynault , & quatre pie.
ces de canon. Il fe porta fur Everfen à quatre
lieues environ de Werden , & il découvrit le camp
des ennemis encore tendu à un quart de lieue audelà
de Rothembourg. La Brigade d'Alface avoit
marché en même temps à Walle , pour foutenir
le détachement de M. le Marquis de Monteynard,
qui fut joint auffi à Everfen par trois cens Dragons
aux ordres de M. le Marquis de Caraman , que
M. le Marquis de Guerchy , campé à Withoé, avoit
envoyés fur la droite d'Everfen .
M. le Marquis de Monteynard employa la journée
du 30 à reconnoître le pays qui étoit deyant
lui , & à examiner les bords de la Wurm . II
fut inquiété par quelques Huffards & quelques
Chaffeurs fortis de Rothembourg , qui firent le
coup de fufil contre fes poftes avancés . Ayant
paflé la nuit en bataille , il s'avança le lendemain
à la pointe du jour fur le Village de Wderſchled ,
d'où il déboucha & marcha en colonne juſqu'à
une lieue de Rothembourg fur le grand chemin
ayant des marais à droite & à gauche. Alors il
s'apperçut que les ennemis avoient fait décamper
le centre de leurs lignes , & qu'ils n'avoient laiſſé
que des Détachemens dans les Forts de Rothembourg
& d'Otterberg. Comme on avoit lieu de
croire que ces Détachemens n'étoient reftés que
pour favorifer la retraite de leur armée , le Marquis
de Monteynard envoya fur le champ fommer
les deux Commandans. Ils répondirent qu'ils
avoient ordre de fe défendre . M. le Marq . de Monteynard
en informa le Maréchal de Richelieu ,
qui s'étoit déja mis en marche pour le joindre , &
186 MERCURE DE FRANCE.
qui fur cet avis envoya chercher quarante Compagnies
de Grenadiers de l'armée , tous les Gre
nadiers Royaux , les Carabiniers , & douze pieces
de canon d'augmentation.
Afept heures du matin , M. le Maréchal arriva
devant Rothembourg , qu'il alla reconnoître luimême.
On lui tira quelques coups de canon du
Fort , derriere lequel on voyoit une colonne d'Infanterie,
dont on ignoroit la force. M. le Maréchal
fit fes difpofitions , pour entourer le pofte de
droite & de gauche , & pour faire rétablir ſur la
Wurm les ponts que les ennemis avoient rompus.
En même temps , il fit paffer fur une éclufe
douze compagnies de Grenadiers, commandées par
M. le Comte de Wurmfer. Les ennemis , les ayant
apperçues , craignirent d'être coupés , & ils évacuerent
le Fort. Leur appréhenfion étoit d'autant
plus fondée , que M. le Marquis de Caraman avoit
déja paffé par fa droite une partie des marais &
une branche de la Wurm avec les Dragons de fon
Régiment. On vint avertir nos Sentinelles de la
retraite précipitée des ennemis. Mais il ne fut pas
poffible de s'y oppofer , parce qu'il n'y avoit dans
le voisinage aucun gué praticable , & que tous les
ponts fur la Wurm étoient rompus. D'ailleurs on
ne peut arriver à Rothembourg que par une feule
chauffée , & de tous côtés ce pofte eft environné
de marais.
M. le Maréchal de Richelieu fit occuper un des
Fauxbourgs de la Ville par quelques Compagnies
de Grenadiers , en attendant que le pont du Fort
fût rétabli . Les ennemis ont laiffé dans ce Fort
dix-fept pieces de canon de fer enclouées , dont
ils ont brifé les affûts . Quoique ce foit un pofte
très avantageux , qu'il étoit aifé de défendre longtemps,
on n'y a trouvé aucune forte de munitions.
OCTOBRE . 1757. 187
Pendant que le M. Maréchal de Richelieu s'étoit
avancé à Rothembourg, M. le Duc de Broglie avoit
marché avec la réſerve à Baffant , pour déboucher
fur Otterberg. Le Commandant de ce Fort avoit
fait tirer quelques coups de canon à cartouches fur
des Officiers & des Grenadiers , qui étoient allés
le reconnoître. Ayant été fommé de fe rendre , il
fit réponſe qu'il étoit dans l'intention de foutenir.
P'attaque . En conféquence il fit rompre les ponts
qui étoient dans cette partie. Mais M. le Duc de
Broglie ayant fait paffer des Grenadiers au gué , &
ayant fait la même manoeuvre que le Maréchal de
Richelieu avoit fait à Rothembourg , le Commandant
fe retira avec précipitation , laiffant
feize pieces de canon dans le Fort.
Hier , toute l'armée fe rendit de Werden à
Walle , où elle eft campée fur deux lignes . M. le
Marquis de Monteynard s'eft porté environ à trois
lieues en avant de Rothembourg . Les ennemis fe
font d'abord retirés à Gilhum . Leur pofition entre
Otterberg & Rothembourg , qui font des poftes
de la plus grande importance , étoit fi avantageufe,
qu'on eft fort furpris qu'ils l'aient abandonnée
fi précipitamment.
Ils étoient entourés à Gilhum de marais impraticables
, & ils avoient rompu la chauffée qui
étoit le feul chemin par lequel on pût y arriver.
Cependant ils ont levé leur camp avant le jour.
Ils continuent leur retraite fur Stade, & ils ont fait
une marche forcée de fix lieues . La tête de nos
détachemens a pouffé jufqu'à une demi-lieue au
de-là de Gilhum.
188 MERCURE DE FRANCE.
DU CAMP DE CLOSTER- SEVEN ,
les Septembre.
Le 3 du même mois , M. le Maréchal de Richelieu
apprit que les ennemis étoien impés à Emerfem,
& partit d'Otterberg avec tous les Grenadiers
qui étoient à Rothembourg , & avec la Brigade
d'Alface , pour fe porter à Clofter- Seven. Il manda
à M. le Duc de Broglie , de venir l'y joindre avec
fa réſerve , & cependant il pouffa en avant M. le
Marquis de Poyanne avec un détachement de
Carabiniers & de troupes légeres.
Le 4 au matin , fur l'avis que les ennemis
avoient décampé , il fe porta au détachement de
M. le Marquis de Poyanne , & fit attaquer pat
MM les Comtes de Berchiny & de Chabot , &
par deux cens Dragons à pied du Régiment d'Harcourt
, le village de Bevern qui fut emporté. Les
ennemis ayant alors fait avancer un corps confidé .
rable de troupes , le détachement de M. le Marquis
de Poyanne eut ordre de fe replier vers le village
de Selfen. Pendant ce temps , une colonne d'Infanterie
de quinze cens Heffois , commandée par
Je fieur de Saftro , qui pourfuivoit M. le Marquis
de Poyanne avec plufieurs troupes de Cavalerie ,
fut arrêtée par le feu de douze compagnies de
Grenadiers, commandées par le Prince de Chimay
qui avoient été embufquées dans un bois avec
quatre pieces de canon . Les Grenadiers de Chabot
chargerent la tête de cette Infanterie , qui fe retira
fort en défordre , & fut pourfuivie par les Volonsaires
du même corps & par les Huffards.
DE DANTZICK , le 33 Acût.
LE Feld- Maréchal Comte d'Apraxin a commencé
d'exiger des contributions du Royaume
de Pruffe. Ayant mandé les Magiftrats de Tylfit ,
il leur a fignifié les ordres pour la livraiſon d'une
certaine quantité de vivres & de fourrages.
La Colonne des troupes Ruffiennes , qui a pris
fa route par la Samogitie , arriva le 28 Septembre
fur la frontiere de la Pruffe Brandebourgeoife.
Le 29 , elle fut jointe par une autre Colonne ,
qui a traversé la Lithuanie. Le même jour ,
Feld-Maréchal Comte d'Apraxin fit occuper la
Ville de Tilfit , dont les Magiftrats furent confirmés
dans leurs emplois , après avoir prêté ferment
à l'Impératrice de Ruffie. Une partie de l'armée
de cette Princeffe a déja paffé la Niémen.
Le Feld- Maréchal de Lehwald a abandonné les
bords de cette riviere , & s'eft replié ſur la Prégel
. Il eft actuellement campé à Welau dans une
pofition avantageufe , fon centre couvert par un
ravin , fa gauche appuyée à Konigsberg , & fa
droite tirant vers Georgebourg , où elle eft flanquée
par des bois & par des marais . Ce Général a
retiré de Marienwerder le Bataillon qui y étoit
en garniſon. Chaque jour , il y a quelque efcar-
Hij
174 MERCURE DE FRANCE.
mouche entre les poftes avancés des deux ar
mées.
On n'eft point informé que la Flotte Ruffienne
ait paru fur les côtes de Poméranie. Cela donne
lieu de préfumer qu'elle eft retournée à Cronstadt
Depuis que l'armée commandée par le Feld-
Maréchal Apraxin eft entrée dans la Pruffe Du
cale , le Confeil de Régence , qui étoit établi
Konigsberg , s'en eft retiré. Il n'y eft refté que
les Magiftrats chargés de la police de la Ville
Les Archives qu'on y tenoit en dépôt , ont été
envoyées à Cuftrin. On fait monter à une fomme
très- confidérable les contributions que les Ruffiens
ont exigées du pays . Ils ont demandé qua
rante mille écus à la ville de Memel , & les habi
tans fe font preffés de payer cette taxe , pour n'è
tre pas exposés aux rigueurs d'une exécution .
DE VIENNE , le premier Août .
Un Officier dépêché par le Prince Charles de
Lorraine , a apporté dix drapeaux pris fur les
Pruffiens à Gabel & à Zittau . Cette derniere Ville
qui eft de la Luface , & fous la domination du
Roi de Pologne Electeur de Saxe , a beaucoup
fouffert des bombes & des boulets rouges. Plu
fieurs édifices publics ont été détruits . Un grand
nombre de maiſons ont été renversées , ou réduites
en cendres. La néceffité de ruiner divers magazins
, que les ennemis avoient dans la place ,
s'eft oppofée aux ménagemens qu'on auroit defiré
d'avoir pour les habitans. Lorfque les troupes de
l'Impératrice Reine fe font emparées de la Ville ,
il n'y reftoit plus qu'environ quatre cens foldats.
Le refte de la garnifon avoit trouvé le moyen
d'en fortir , & de fe retirer au camp du Prince
de Prufle.
OCTOBRE . 1757. 175
Dès le mois d'Avril dernier , le Fifcal de l'Empire
avoit demandé qu'on citât les Magiftrats de
Francfort , pour n'avoir pas fatisfait dans le temps.
preferit aux Avocatoires Impériaux. Le Confeil
Aulique rendit il y a quelques jours un Décret ,
qui ordonne à ces Magiftrats de répondre dans le
terme de deux mois fur l'objet de cette citation .
Le Chevalier Robert Keith , ci- devant Miniftre
plénipotentiaire du Roi de la Grande - Bretagne
auprès de Leurs Majeftés Impériales , vient de
reprendre la route de Londres.
Le Comte de Stainville , nouvel Ambaffadeur
de France auprès de cette Cour , arriva ici le 20
d'Août. Le 24 , il eut fes premieres audiences
particulieres de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine. Leurs Majeftés Impériales font parties
pour Hollitſch , où elles doivent paffer quelques
jours. Elles ont reçu au fujet de deux actions qui
fe font paffées le 13 & le 14 en Siléfie , une Relation
dont voici l'extrait.
Pendant plufieurs jours les Pruffiens n'avoient
fait aucun mouvement. Le 13 , un Caporal , qui
étoit en fauve-garde à Gimansdorff , vint donner
avis qu'ils s'avançoient en force . Auffi - tôt le Colonel
Jahaus doubla toutes fes gardes avancées.
Il fit en même temps plier les tentes & charger le
bagage . On avoit lieu de croire que le deffein des
ennemis étoit de furprendre Landshut , & de nous
contraindre d'abandonner la Siléfie. Ainfi il falloit
prendre une réſolution d'autant plus vigoureuſe ,
qu'on devoit s'attendre à être attaqué par la
droite & par la gauche. Les Pruffiens firent diverfes
feintes , pour engager le Colonel Jahnus à
quitter fa pofition ; mais il fe contenta de faire
manoeuvrer fon avant-garde . Sur les dix heures &
demie du foir , il fit donner l'alarme au camp
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
ennemi par cinquante Volontaires . Ce détache
ment y caufa d'abord tant de défordre , que les
Pruffiens firent feu les uns fur les autres , & qu'il
fe paffa plus d'une demi-heure avant qu'ils puffent
fe reconnoître. On leur enleva trente chevaux ,
& cent déferteurs fe rendirent à notre camp. Le
lendemain à la pointe du jour , on s'apperçut que
les ennemis avoient changé de pofition . Leur Infanterie
s'étoit avancée jufqu'au fauxbourg de
Landshut , & formoit un bataillon quarré . La
nôtre commença à donner par petits pelotons.
Quatre de nos pieces de campagne incommodant
confidérablement les Pruffiens , ils fe replierent
fur leur gauche. Leur premiere attaque fut contre
un bois , où le Capitaine Lakupith étoit avec un
bataillon de Warafdins. Cette attaque fut trèsvive
, & foutenue du feu de feize pieces de canon.
Le fieur Lakupith tint ferme pendant une heure ;
mais il fe vit enfin dans la néceffité de céder au
nombre , & il rejoignit le gros de nos troupes.
Alors l'action devint générale. Les ennemis , vu
la fupériorité de leurs forees , pouvoient déborder
notre droite . Pour remédier à cet inconvénient ,
le Colonel Jahnus avoit couvert de ce côté fon
flanc par plufieurs abattis d'arbres , & y avoit éta
bli deux batteries. Après un combat très- long &
très-opiniâtre , dans lequel notre artillerie chargée
à cartouches fit beaucoup de ravage parmi les
troupes ennemies , les Pruffiens fe retirerent avec
précipitation. Nos troupes les pourſuivirent à
droite au-delà de Reichenau , & à gauche pardelà
Richebanck. Elles fe font emparées de fix
pieces de canon , dont une de quatre livres de
balle , & les autres de trois. On a pris auffi une
grande quantité d'autres armes , plufieurs tambours
, un charriot & deux caiffons de munitions.
OCTOBRE . 1757. 177
Les Pruffiens compofoient un corps d'environ
huit mille hommes , & étoient commandés par le
Général Creutzer . Trois jours après l'action , on
n'avoit pu encore enterrer tous leurs morts. Ils
ont perdu trois milles hommes , en y comprenant
les déferteurs & quatorze cens prifonniers. Parmi
ces derniers , on compte dix-fept Officiers , dont
un eft mort le 16 de fes bleffures . Du côté des
troupes de l'Impératrice Reine , il n'y a eu que
dix-fept hommes tués , quatre- vingt- un bleffès ,
deux faits prifonniers , deux chevaux tués , & deux
autres pris. Da nombre des morts font les fieurs
Ummerhoffer & Liczeni , Capitaines dans les Régimens
de Saint-Georges & de Gradiska. Le Baron
de Jahnus a eu un cheval tué fous lui d'un boulet
de canon. Ce Colonel mande qu'il a fait
occuper
de nouveau les hauteurs de Zeifchenberg auprès
de Freyberg.
DE PRAGUE , le 30 Juillet.
Le 23 de Juillet , le Comte de Nadafty s'avança
de Leitmeritz à Levin . Un détachement de fes
troupes , commandé par le Comte de Draskowitz,
Major général , a fait prifonniers à Schrekenſtein
un Major , un Capitaine , fix autres Officiers , &
deux cens vingt foldats. Mille Pruffiens qui étoient
dans Tetſchen , ont abandonné ce pofte .
L'armée de l'Impératrice Reine marcha le 25
en avant. L'aile gauche a paffé la Neiff , ainfi
qu'avoit fait l'aile droite. Le corps de réſerve eft
refté à Ullersdorff , pour affurer la communication
avec la Boheme. Le Prince Charles de Lorraine
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ont
détaché un nouveau corps de troupes vers la
Siléfie.
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE, le 31 Août .
·
Le Colonel Laudon continue d'inquiéter les
Pruffiens. Ces jours derniers il marcha avec
foixante Huffards à Liefnig , où il y avoit cinquante
hommes. Ils fe retirerent à ſon approche ,
& il les pourfuivit jufqu'à Querbitz . S'y voyant enveloppés
, il fe jetterent dans une maifon , d'où
ils firent un feu très- vif. Les Huffards mirent pied
à terre , attaquerent la maifon , & obligerent le
dêtachement ennemi de fe rendre à difcrétion.
DE FRANCFORT , le 3 Août.
Avant-hier, M. le Prince de Soubize vint en cette
Ville. Il fut falué par le canon des remparts , &
complimenté par une députation des Magiftrats ,
qui lui préfenta le vin d'honneur. Le foir , il re
tourna à Hanau. La Gendarmerie de France , qui
eft de l'armée de ce Général , s'avance vers ces
quatiers, Le corps de Fifcher doit être entré actuellement
dans la Turinge.
Les troupes de l'Empire
continuent
de s'affembler
entre Furth & Farrenbach
. On ne croit pas
qu'elles puiffent être réunis avant le 7 ou le 8 du
mois de Septembre.
On écrit de Minden , que M. le Maréchal- Duc
de Richelieu y a fait entrer un régiment Suiffe ,
pour renforcer la garn fon , & que M. le Marquis
de Berville, Maréchal de Camp, qui y commande,
fait réparer les fortifications de cette Place.
DE HAMBOURG , le 26 Août.
Quatre Vaiffeaux de guerre Anglois , & deur
Frégates de la même Nation , mouillerent hier à
l'embouchure de l'Elbe près d'Oldinbroek. Ces
OCTOBRE . 1757.
179
Bâtimens doivent remonter le fleuve jufqu'à Stade,
afin d'embarquer les effets retirés de Hanovre.
Les lettres de Siléfie marquent que le 15 du mois
d'Août le Colonel Jahnus a remporté un avantage,
confiderable fur un Corps de cinq mille Pruffiens .
Selon les avis reçus de Koniſberg , le Général Sibilski
, commandant les troupes légeres du Roi de
Polongne Electeur de Saxe , eft entré en Pruffe
avec ces troupes par le Palatinat de Trock. On
mande de Petersbourg , que le Chevalier Douglas
, qui a été chargé des affaires de Sa Majeſté
très-Chrétienne auprès de l'Impératrice de Rufke ,
doit reprendre inceffamment la route de Paris.
DE HANOVRE , le 10 Août.
Suivant la répartition des contributions , auxquelles
cet Electorat eft taxé , la Principauté de
Ĉalemberg doit fournir un million quatre-vingt
mille rations de foin , chacune du poids de dixbuit
livres ; trente- trois mille facs de froment ,
une pareille quantité de feigle , & autant d'avoine
, chaque fac pefant deux quintaux . La Principauté
de Grubenhagen fournira cent mille rations
de fourrage , & la Ville de Gottingen donnera
vingt-quatre mille facs , tant de froment & de
feigle que d'avoine . Ces livraifons doivent être
faites en deux termes , fçavoir une moitié avant le
premier du mois de Septembre , l'autre moitié
avant le premier Octobre , fous peine d'exécution
militaire.
Le ,, vers les dix heures du matin , un détachement
de Grénadiers de France vint prendre
poffeffion des portes de cette Capitale. Peu après ,
M.le Duc de Chevreule, nommé pour commander
ici , entra dans la Ville avec les troupes , qui doi-
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
vent en compofer la Garnifon . Celle de l'ancienne
Garnifon ont été défarmées , & on leur a permis de
fe retirer au bon leur fembleroit . MM . le Duc de
Chevreule , & le Marquis de Saint- Pern qui commande
fous lui , ont pris leurs logemens , le premier
à l'Hôtel du Baron de Dieden , Miniftre
d'Etat , le fecond chez le Comte de Kielmanfegg.
Après le dîner, MM . le Duc de Chevreufe & le Mar
quis de Saint- Pern fe promenerent à cheval dans
les rues , pour raffurer les habitans . Ces Lieutenans
- Généraux leur déclarerent que la Bourgeoi-
He devoit être parfaitement tranquille , & que ,
s'il arrivoit à des Soldats de commettre quelques
excès , on en feroit fur le champ une punition
exemplaire.
Brunswic & Wolfenbuttel ont ouvert leurs
portes aux François. Un Détachement des troupes
de cette Nation vient d'occuper auffi Zell . M.
le Maréchal Duc de Richelieu fe diſpoſe à paffer
la Leine , pour s'approcher de l'Electorat de
Brandebourg. On prépare à Hambourg , à Altena
, & dans quelques autres Villes voifines
foixante mille paires de fouliers , & vingt- deux.
mille paires de bottes , pour l'armée de Sa Majefté
Très Chrétienne. M. le Duc de Chevreuse qui
commandoit ici avant l'arrivée du Général , voulant
prévenir tout ce qui pourroit y troubler la
tranquillité publique , a exigé que tous les Bourgeois
dépofaffent leurs armes à l'Hôtel de Ville.
Une indifpofition a obligé M. le Duc d'Orléans
de fe rendre à Aix - la-Chapelle , pour y prendre
les eaux.
L'armée du Duc de Cumberland est toujours
campée à Ferden , Ville Capitale du Duché de ce
nom. Ce Prince fait travailler à applanir les rouses
qui conduifent de-là à Stade , & à en pratiOCTOBRE
. 1757. 181
quer de nouvelles à travers des bois dont le pays
eft entrecoupé.
M. le Maréchal Duc de Richelieu vient de recevoir
un courier de M. le Comte de Beauffobre ,
Maréchal de Camp , commandant le blocus de
Gueldre , avec nouvelle que le Gouverneur de
cette place demandoit à capituler & à fortir , lai
& fa garnifon , avec les honneurs de la guerre.
Notre Général a approuvé cette difpofition , &
en conféquence cette Garnifon doit être renvoyée
à Berlin par la route de Cologne & de Francfort.
DU CAMP D'INSTERBOURG , le 1 z Août.
L'armée de l'impératrice de Ruffie campa le
deuxd'Août près de Scaluponen. Il y eut le même
jour une efcarmouche entre l'avant - garde de cette
armée & un détachement de Huffards Pruffiens.
La perte fut à peu près égale de part & d'autre. Le
4 , le Feld- Maréchal Apraxin s'avança jufqu'à .
Buduponen. Il marcha le 6 à Gumbingen , où il
laiffa repofer les troupes pendant deux jours . La
nuit du 7 au 8 , le Colonel Malachowsky s'étant
avancé avec quelque Cavalerie du Roi de Pruffe ,
pour reconnoître notre camp , cer Officier fut
chargé dans fa retraite. De chaque côté , il y eut
environ trente hommes tués ou bleffés . Le 9 l'armée
ne fit qu'une marche de deux milles . Sur l'avis
que le Général Biaden venoit à nous avec dix-
Efcadrons tant de Dragons que de Huffards , on
envoya contre lui un détachement de Cavalerie
légere. Les deux troupes fe rencontrerent près de
Gerwiskene. A l'approche du détachement Ruffien
, le Général Bladen fe pofta dans le bois de
Piczkemsky . On attaqua les ennemis malgré leur
pofition avantageufe , & on les délogea du bois,
182 MERCURE DE FRANCE.
Ils perdirent cinquante- deux hommes , & nous flmes
vingt-fept prifonniers. Avant- hier , le Feld-
Maréchal Apraxin affit fon camp 3 peu de
diſtance de l'endroit , où cette action s'étoit paffée.
Quelques efpions ayant rapporté qu'un corps
d'Infanterie & de Cavalerie Pruffienne fe formoit
en bataille dans la plaine , on fe mit en marche
vers les dix heures du foir , pour attaquer cette
tête de troupes ennemies. Dès qu'elle fut informée
de notre mouvement , elle fe replia fur le camp
du Feld-Maréchal de Lehwald. Hier , nous continuâmes
de nous porter en avant. Nous fumes
joints par la divifion du Général Fermer , & nous
vînmes camper fous Infterbourg , dont les Magiftrats
ont apporté les clefs au Feld - Maréchal
Apraxin. Ce Général a envoyé des détachemens
dans les Bailliages de Centwallen , de Dittlacken ,
de Naffaven , de Caffouben & de Frackenen. Il a
mis des Garnifons à Schwarpelen , à Trezacken ,
à Cubarthen , à Sodargen , à Plathen , à Dorskabnen
& dans Althoff. On apprend que le Général
Sibilsky avec les troupes légeres du Roi de Pologne
Electeur de Saxe, a pénétré jufqu'à Oletsko .
DU CAMP DU PR. CHARLES DE LORRAINE,
le 17 Août.
Un corps de Bannaliſtes , de Lycaniens & d'Oguliniens
, commandé par le Colonel Laudon ,
ayant paffé l'Elbe , a pénétré en Saxe , & a pris
pofte à Hellendorff. Sur l'avis que le Général
Itzemplitz étoit à Gottluben avec un détachement
des troupes de Pruffe , le Colonel Laudon y marcha
le 8 d'Août. Ayant mis en fuite quelques
Gardes avancés , il attaqua les ennemis , quoique
couverts d'un triple retranchement. Cette atOCTOBRE.
1757. 183
taque fe fit avec tant de vivacité & de fuccès ,
qu'ils furent contraints d'abandonner leurs lignes,
& même la Ville , où ils ont laiffé trois canons de
douze livres de balle & une piece de campagne.
Dans leur retraite , qu'ils firent en un fort grand
défordre , ils furent joints par trois bataillons de
Grenadiers , qui vinrent de Gishubel à leurs fecours.
Alors ils fe rallierent , & le Colonnel Laudon
fe retira. Il a conduit à Hellendorff la piece
de campagne , dont il s'eft emparé. Faute de chevaux
, il n'a pu emmener les trois autres canons.
On a pris les équipages & tous les domestiques du
Général Itzemplitz . La perte des Pruffiens eft eftimée
à cinq cens hommes , en y comprenant les
prifonniers & les déferteurs. Plus de cent de ces
derniers fe rendirent à Hellendorff le jour même
de l'action . Le Colonel Laudon mande au Prince
Charles de Lorraine , que les Officiers , qui fe
font le plus diftingués à l'attaque des retranchemens
, font les fieurs d'Ofchen , Stupiniany
Jegerman , Meffig , Rollag , Millnoufnick ,
Berzinger , Gerlichib & Juftini.
Il arriva le 9 à l'armée du Roi de Pruffe un convoi
de mille charriots chargés de farine & de munitions
de guerre. Le 13 , le Feld-Maréchal Keith
décampa de Tumitz , & fe rendit avec les troupes
au camp que le Prince de Brunſwic - Bevern occupoit
ci-devant près de Baudiffin. Il fe porta le 14
à Hochkirchen. Avant hier , le Roi de Pruffe &
ce Général , ayant réuni leurs deux armées , maxcherent
à Bornstadt . Sa Majeſté Pruffienne s'avança
hier jufqu'aux environs de Hirschfeld . Le
Prince Charles de Lorraine a fait de fon côté un
mouvement , moyennant lequel nous ne fommes
féparés des ennemis que par le village de Witgendorff.
Toute la nuit , on s'eft canonné très - vive.
184 MERCURE DE FRANCE.
ment de part & d'autre. Aujourd'hui , les Pruffiens
ont attaqué le village de Witgendoff à deux
différentes reprifes , mais on les a repouffés.
Ils font tranfporter à Baudiffin une grande quantité
de paliffades. On dit que l'Officier Général ,
qui y commande a ordonné aux habitans ,
en cas d'alarme , non feulement de s'enfermer
dans leurs maifons , mais même de ne point regarder
par les fenêtres , & qu'il a défendu à tous
ceux qui ne font point Gentilshommes , de porter
l'épée.
>
Les avis de Siléfie portent que le Colonel Jahnus
s'eft porté de Hohenfriedberg dans les environs
de Landshut , afin de mettre la garniſon de cette
ville à l'abri des entrepriſes des ennemis . Le Prince
Charle de Lorraine a envoyé à cette Officier
un renfort d'Infanterie & de Cavalerie légere ,
avec quelques pieces d'artillerie de campagne.
Par une convention faite depuis peu entre l'Impératrice
Reine & l'Electeur de Baviere , il a été
ftipulé que tous les foldats , qui ont défesté de
part & d'autre avant le premier d'Août , pour
s'engager au fervice de l'une ou de l'autre Puiffance
, peuvent demeurer dans les corps où ils ont
pris parti ; mais que ceux qui déferteront à
l'avenir , feront punis fuivant la rigueur des loix
militaires.
DU CAMP DE VALLE , le premier Septembre.
Les ennemis gardant toujours leur poſition entre
Rothembourg & Otterberg , M. le Maréchal
Duc de Richelieu s'étoit determiné à les y attaquer.
Le 30 d'Août , il fit partir M. le Marquis
de Monteynard , pour s'approcher de leur
camp , & pour reconnoître le pays. Ce Maréchal
1
OCTOBRE . 1757 .
185
de Camp avoit fous fes ordres vingt Compagnies
de Grenadiers , quatre troupes de Carabiniers ,
deux de Cavalerie , un Détachement des Volontaires
de Flandre & de Haynault , & quatre pie.
ces de canon. Il fe porta fur Everfen à quatre
lieues environ de Werden , & il découvrit le camp
des ennemis encore tendu à un quart de lieue audelà
de Rothembourg. La Brigade d'Alface avoit
marché en même temps à Walle , pour foutenir
le détachement de M. le Marquis de Monteynard,
qui fut joint auffi à Everfen par trois cens Dragons
aux ordres de M. le Marquis de Caraman , que
M. le Marquis de Guerchy , campé à Withoé, avoit
envoyés fur la droite d'Everfen .
M. le Marquis de Monteynard employa la journée
du 30 à reconnoître le pays qui étoit deyant
lui , & à examiner les bords de la Wurm . II
fut inquiété par quelques Huffards & quelques
Chaffeurs fortis de Rothembourg , qui firent le
coup de fufil contre fes poftes avancés . Ayant
paflé la nuit en bataille , il s'avança le lendemain
à la pointe du jour fur le Village de Wderſchled ,
d'où il déboucha & marcha en colonne juſqu'à
une lieue de Rothembourg fur le grand chemin
ayant des marais à droite & à gauche. Alors il
s'apperçut que les ennemis avoient fait décamper
le centre de leurs lignes , & qu'ils n'avoient laiſſé
que des Détachemens dans les Forts de Rothembourg
& d'Otterberg. Comme on avoit lieu de
croire que ces Détachemens n'étoient reftés que
pour favorifer la retraite de leur armée , le Marquis
de Monteynard envoya fur le champ fommer
les deux Commandans. Ils répondirent qu'ils
avoient ordre de fe défendre . M. le Marq . de Monteynard
en informa le Maréchal de Richelieu ,
qui s'étoit déja mis en marche pour le joindre , &
186 MERCURE DE FRANCE.
qui fur cet avis envoya chercher quarante Compagnies
de Grenadiers de l'armée , tous les Gre
nadiers Royaux , les Carabiniers , & douze pieces
de canon d'augmentation.
Afept heures du matin , M. le Maréchal arriva
devant Rothembourg , qu'il alla reconnoître luimême.
On lui tira quelques coups de canon du
Fort , derriere lequel on voyoit une colonne d'Infanterie,
dont on ignoroit la force. M. le Maréchal
fit fes difpofitions , pour entourer le pofte de
droite & de gauche , & pour faire rétablir ſur la
Wurm les ponts que les ennemis avoient rompus.
En même temps , il fit paffer fur une éclufe
douze compagnies de Grenadiers, commandées par
M. le Comte de Wurmfer. Les ennemis , les ayant
apperçues , craignirent d'être coupés , & ils évacuerent
le Fort. Leur appréhenfion étoit d'autant
plus fondée , que M. le Marquis de Caraman avoit
déja paffé par fa droite une partie des marais &
une branche de la Wurm avec les Dragons de fon
Régiment. On vint avertir nos Sentinelles de la
retraite précipitée des ennemis. Mais il ne fut pas
poffible de s'y oppofer , parce qu'il n'y avoit dans
le voisinage aucun gué praticable , & que tous les
ponts fur la Wurm étoient rompus. D'ailleurs on
ne peut arriver à Rothembourg que par une feule
chauffée , & de tous côtés ce pofte eft environné
de marais.
M. le Maréchal de Richelieu fit occuper un des
Fauxbourgs de la Ville par quelques Compagnies
de Grenadiers , en attendant que le pont du Fort
fût rétabli . Les ennemis ont laiffé dans ce Fort
dix-fept pieces de canon de fer enclouées , dont
ils ont brifé les affûts . Quoique ce foit un pofte
très avantageux , qu'il étoit aifé de défendre longtemps,
on n'y a trouvé aucune forte de munitions.
OCTOBRE . 1757. 187
Pendant que le M. Maréchal de Richelieu s'étoit
avancé à Rothembourg, M. le Duc de Broglie avoit
marché avec la réſerve à Baffant , pour déboucher
fur Otterberg. Le Commandant de ce Fort avoit
fait tirer quelques coups de canon à cartouches fur
des Officiers & des Grenadiers , qui étoient allés
le reconnoître. Ayant été fommé de fe rendre , il
fit réponſe qu'il étoit dans l'intention de foutenir.
P'attaque . En conféquence il fit rompre les ponts
qui étoient dans cette partie. Mais M. le Duc de
Broglie ayant fait paffer des Grenadiers au gué , &
ayant fait la même manoeuvre que le Maréchal de
Richelieu avoit fait à Rothembourg , le Commandant
fe retira avec précipitation , laiffant
feize pieces de canon dans le Fort.
Hier , toute l'armée fe rendit de Werden à
Walle , où elle eft campée fur deux lignes . M. le
Marquis de Monteynard s'eft porté environ à trois
lieues en avant de Rothembourg . Les ennemis fe
font d'abord retirés à Gilhum . Leur pofition entre
Otterberg & Rothembourg , qui font des poftes
de la plus grande importance , étoit fi avantageufe,
qu'on eft fort furpris qu'ils l'aient abandonnée
fi précipitamment.
Ils étoient entourés à Gilhum de marais impraticables
, & ils avoient rompu la chauffée qui
étoit le feul chemin par lequel on pût y arriver.
Cependant ils ont levé leur camp avant le jour.
Ils continuent leur retraite fur Stade, & ils ont fait
une marche forcée de fix lieues . La tête de nos
détachemens a pouffé jufqu'à une demi-lieue au
de-là de Gilhum.
188 MERCURE DE FRANCE.
DU CAMP DE CLOSTER- SEVEN ,
les Septembre.
Le 3 du même mois , M. le Maréchal de Richelieu
apprit que les ennemis étoien impés à Emerfem,
& partit d'Otterberg avec tous les Grenadiers
qui étoient à Rothembourg , & avec la Brigade
d'Alface , pour fe porter à Clofter- Seven. Il manda
à M. le Duc de Broglie , de venir l'y joindre avec
fa réſerve , & cependant il pouffa en avant M. le
Marquis de Poyanne avec un détachement de
Carabiniers & de troupes légeres.
Le 4 au matin , fur l'avis que les ennemis
avoient décampé , il fe porta au détachement de
M. le Marquis de Poyanne , & fit attaquer pat
MM les Comtes de Berchiny & de Chabot , &
par deux cens Dragons à pied du Régiment d'Harcourt
, le village de Bevern qui fut emporté. Les
ennemis ayant alors fait avancer un corps confidé .
rable de troupes , le détachement de M. le Marquis
de Poyanne eut ordre de fe replier vers le village
de Selfen. Pendant ce temps , une colonne d'Infanterie
de quinze cens Heffois , commandée par
Je fieur de Saftro , qui pourfuivoit M. le Marquis
de Poyanne avec plufieurs troupes de Cavalerie ,
fut arrêtée par le feu de douze compagnies de
Grenadiers, commandées par le Prince de Chimay
qui avoient été embufquées dans un bois avec
quatre pieces de canon . Les Grenadiers de Chabot
chargerent la tête de cette Infanterie , qui fe retira
fort en défordre , & fut pourfuivie par les Volonsaires
du même corps & par les Huffards.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En août 1757, le Feld-Maréchal Comte d'Apraxin a commencé à exiger des contributions du Royaume de Prusse, ordonnant aux magistrats de Tilsit de livrer des vivres et des fourrages. Les troupes russes ont traversé la Samogitie et la Lituanie, occupant Tilsit le 29 septembre. Le Feld-Maréchal de Lehwald s'est replié sur la Prégel et a campé à Welau. Des escarmouches quotidiennes ont lieu entre les postes avancés des deux armées. La flotte russe n'a pas été vue sur les côtes de Poméranie, suggérant un retour à Cronstadt. Depuis l'entrée des troupes russes en Prusse-Duché, le Conseil de Régence de Königsberg s'est retiré, laissant seulement les magistrats chargés de la police. Les contributions exigées par les Russes sont très élevées, comme les 40 000 écus demandés à Memel. À Vienne, un officier a apporté des drapeaux pris aux Prussiens à Gabel et Zittau. Zittau, sous domination saxonne, a subi des destructions importantes. Le fisc impérial a cité les magistrats de Francfort pour non-respect des avocatures impériales. Le Chevalier Robert Keith a repris la route de Londres, et le Comte de Stainville est arrivé à Vienne en tant que nouvel ambassadeur de France. En Silésie, les Prussiens ont attaqué les troupes de l'Impératrice Reine, mais ont été repoussés après un combat intense, subissant de lourdes pertes. Le Colonel Jahnus a repris les hauteurs de Zeifchenberg près de Freyberg. À Prague, le Comte de Nadasty a avancé vers Levin, capturant des prisonniers prussiens. L'armée de l'Impératrice Reine a continué sa marche, avec des détachements envoyés vers la Silésie. À Dresde, le Colonel Laudon a continué à harceler les Prussiens, capturant un détachement ennemi. À Francfort, le Prince de Soubize a été salué par les magistrats, et les troupes françaises se déplacent vers la Turinge. À Hambourg, des navires anglais ont mouillé à l'embouchure de l'Elbe pour embarquer des effets de Hanovre. Le Colonel Jahnus a remporté une victoire en Silésie contre les Prussiens. À Hanovre, les contributions exigées incluent des quantités importantes de fourrage et de grains. Les troupes françaises ont pris possession des portes de la capitale, et les ducs de Chevreuse et de Saint-Pern ont rassuré les habitants. Brunswick et Wolfenbuttel ont ouvert leurs portes aux Français, et le Maréchal Duc de Richelieu se prépare à passer la Leine. L'armée du Duc de Cumberland est campée à Ferden, travaillant à améliorer les routes vers Stade. Le Maréchal Duc de Richelieu a reçu des nouvelles de la capitulation de Gueldre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 195-203
ALLEMAGNE.
Début :
L'Armée Impériale continue de suivre de près celle des Prussiens. [...]
Mots clefs :
Königgrätz, Armée impériale, Prusse, Général, Maréchal, Troupes, Bataille, Cavalerie, Grenadiers, Colonels, Ennemis, Bravoure, Défaite des ennemis, Armée du Prince de Soubise, Quartier général, Duc de Broglie, Infanterie, Régiments, Comte, Duc, Baron, Cassel, Munitions, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN Ε.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En 1758, des affrontements militaires ont eu lieu en Bohême entre les armées impériale et prussienne. Le 3 juillet, l'armée impériale, dirigée par le comte de Lascy, a découvert une colonne prussienne près de Zwittau. Le 7 juillet, Lascy a attaqué l'arrière-garde prussienne à Krenau, détruisant plusieurs charriots et capturant du butin. Les Prussiens, après une résistance initiale, se sont retirés à la nuit tombée. L'armée impériale a poursuivi les Prussiens et les a engagés près de Wostzetin le 12 juillet. Malgré une victoire initiale, l'arrivée du roi de Prusse avec des renforts a forcé les impériaux à se replier. Les Prussiens ont perdu plus de mille hommes, tandis que les impériaux ont capturé des canons et des charriots. Parallèlement, le prince de Soubise a détaché Fischer pour prendre le fort de Zighenhein, capturant des prisonniers et des provisions. Le duc de Broglie, sous les ordres de Soubise, a engagé les Prussiens près de Caffel le 23 juillet. Après une bataille intense, les impériaux ont repoussé les Prussiens, capturant des canons et infligeant des pertes significatives. Les impériaux ont perdu environ 1600 hommes, tandis que les Prussiens ont vu leur armée réduite de 8000 à 3000 hommes. Le prince de Soubise est arrivé à Cassel le 25 juillet pour attendre des renforts. En septembre 1758, une confrontation a opposé les forces prussiennes à celles du Maréchal Daun. Les Prussiens ont subi des pertes, dont le colonel de Brankenbourg, et ont dû fuir précipitamment. Les forces opposées ont capturé un canon, cinq charriots de munitions et un sixième qui a explosé. Les pertes autrichiennes se sont limitées à deux soldats tués, quinze blessés et un officier blessé. Le 26 septembre, l'armée prussienne a quitté les environs de Koniggratz. Les troupes légères autrichiennes ont harcelé les Prussiens en retraite. L'armée du Maréchal Daun s'est déplacée et est campée entre Koniggratz et Jaromitz. Les généraux Jahnus et Ziscowitz ont pénétré en Silésie, mis les villes de Friedberg et Patschar à contribution, et capturé un convoi contenant trente-et-un mille florins destiné à Breslau. Le 29 septembre, les ennemis n'ont fait aucun mouvement notable, mais ont envoyé un détachement à Neustadt. Le Maréchal Daun a avancé son armée en trois colonnes pour forcer les Prussiens à évacuer la Bohême. Cependant, les Prussiens avaient déjà quitté les lieux. Le 31 septembre, un mouvement prussien a suggéré une tentative d'entrée en Silésie via Trautnau, mais les dispositions du général Jahnus ont arrêté leur avancée. Le comte de Kalnocki a repoussé une attaque prussienne près de Neustadt, tuant soixante hommes, un capitaine et un lieutenant, et blessant de nombreux autres, tout en ne perdant que vingt-cinq hommes et aucun officier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 198-203
Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Début :
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé par M. le Marquis de Vaudreuil, [...]
Mots clefs :
Marquis de Montcalm, Colonies, Canada, Protection, Troupes, Anglais, Chevalier, Renforts, Lac Saint-Sacrement, Mouvements des troupes, Grenadiers, Lieutenant colonel, Régiments, Détachement, Bataille, Colonnes milliaires, Munitions, Secours, Pertes ennemies, Les sauvages, Officiers
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texteReconnaissance textuelle : Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Détail de l'affaire qui s'eſt paſſsée le 8 Juillet entre
les Troupes du Roi , commandées par M. le Marquis
de Montcalm , & celles d'Angleterre , aux
ordres du Général Abercromby.
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé
par M. le Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
Général du Canada, pour protéger la frontiere de
la Cólonie du côté du Lac Saint- Sacrement , fe
rendit à Carillon le 30 Juin. Il y trouva huit Bataillons
de troupes de terre , une compagnie de
Canonniers , deux à trois cens Ouvriers , & quelques
Sauvages. Il reçut quelques jours après un
renfort de quatre cens hommes des troupes de la
Colonie & des Canadiens , commandés par M. de
Remond , Capitaine. Il apprit à Carillon , que les
Anglois avoient aſſemblé au fonds du Lac Saint-
Sacrement , près des ruines du Fort Georges , une
armée compoſée de vingt mille hommes deMilice
, & de fix mille de troupes réglées , aux ordres
du Major Général Abercromby , & qu'elle devoit
ſe mettre en mouvement pour s'emparer du Fort
Carillon& envahir le Canada. Sur l'avis que M.
leMarquis de Montcalm en donna à M. le Marquisde
Vaudreuil ,& fur ceux que ce Gouverneur
en avoit déja reçus , il changea la deftination de
M. le Chevalier de Levis , qui avoit été détaché
du côté de Corlac ; il lui donna ordre de ſe joindre
à M. le Marquis de Montcalm , & fit les
diſpoſitions néceſſaires pour lui procurer d'autres
renforts.
M. le Marquis de Montcalm prit d'abord le
parti d'occuper le poſte de la Chute , fur le bord
du Lac Saint-Sacrement , pour retarder l'ennemi,
OCTOBRE. 1758.
ة ر و
Il y reſta juſqu'au 6 Juillet que les Anglois parurent
en force fur le Lac. M. le Marquis de Montcalm
repaſſa la riviere de la Chute avec toutes
fes troupes , pour venir camper ſous le Fort Carillon
, où il avoit déja fait tracer des retranchemens
. Il envoya en même temps différens détachemens
, pour harceler l'ennemi dans ſa deſcente.
Un de ces détachemens , commandé par MM. de
Trépezée & de Langis , s'étant égaré par la faure
des guides , tomba dans une colonne de l'armée
ennemie déja toute formée.
De ce détachement , qui étoit d'environ trois
cens hommes , il y eut deux Officiers tués , qua
tre Sauvages , & cent quatre-vingt- quatre foldats
desTroupes & Milices tués , ou priſonniers ; le
reſte joignit le corps de nos Troupes.
:
M. le Marquis de Montcalm n'avoit dans ſon
camp devant Carillon en y arrivant , qu'environ
deux mille huit cens hommes de troupes de France
, & quatre cens cinquante de la Colonie , encore
faut-il diſtraire de ce nombre un des batail
lons de Berry , lequel , à l'exception de ſa compagnie
deGrenadiers , fut occupé à la garde & au
ſervice du Fort .
2 Le 7 Juillet au masin , l'armée fut toute employé
au travail des abbatis , ſous la protection
des compagnies de Grenadiers & des Volontaires
qui la couvroient. Les Officiers , la hache à la
main, donnoient l'exemple , & les drapeaux étoient
plantés ſur l'ouvrage. La gauche occupée par les
bataillons de la Sarre & de Languedoc , étoit appuyée
à un eſcarpement diſtant de quatre- vingt
toiſes de la riviere de la Chute. Le fommet de
l'eſcarpement étoit couronné par un abbatis. Cet
abbatis flanquoit une trouée que gardoient de
front les deux compagnies de Volontaires de
1
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
me ,
Bernard&deDuprat. Derriere cette trouée , on
devoit placer fix pieces de canon. La droite gardée
par la Reine , Bearn &Guyenne, étoit également
appuyée à une hauteur dont la pente n'étoit pas
fi roide que celle de lagauche. Dans la plaine
entre cette hauteur & la riviere de Saint- Frederic
furent portés les Troupes de la Colonie & les
Canadiens , qui s'y retrancherent auſſi avec des
abbatis. Le canon du Fort étoit dirigé ſur cette
partie , ainſi que ſur le lieu où le débarquement
pouvoit ſe faire àla gauche de nos retranchemens.
Le centre ſuivoit les ſinuoſités du terrein , confervant
le ſommet des hauteurs , &toutes les parties
ſe flanquoient réciproquement. Ce centre étoit
formé par les bataillons de Royal Rouffillon &
par le premier bataillon de Berry. Dans tout le
front de la ligne , chaque bataillon avoit derriere
lui une compagnie de Grenadiers & un Piquet en
réſerve.
Ceseſpeces de retranchemens étoient faits de
zroncs d'arbres couchés les uns ſur les autres
ayant en avant des arbres renversés , dont les
branches coupées & pointues faifoient l'effet de
chevaux de frife .
Le 7 au foir , il arriva quatre cens hommes
d'élite des Troupes qui avoient d'abord eu une
deftination particuliere ſous les ordres de M. le
Chevalier de Levis. Leur arrivée répandit une
grande joie dans notte armée , & M. le Chevalier
de Levis arriva bientôt après avec M. de Sennezergues,
Lieutenant Colonel du Régiment de la Sarre.
M. le Marquis de Montcalm chargea le Chevalier
de Levis de la défenſe de la droite, le ſieur de
Bourlamaque de celle de la gauche , & il ſe réſerva
le commandement du centre , pour être plus à
portéede donner ſes ordres partout.
OCTOBRE. 1758. 201
L'armée coucha au bivouac. Le 8. à la pointe
du jour , on battit la générale , pour que toutes les
troupes puſſent connoître leurs poſtes. Après ce
mouvement , une partie fut employée à achever
l'abbatis , & l'autre à conſtruire les batteries .
Vers les dix heures du matin, les troupes legeres
des ennemis parurent de l'autre côté de la riviere
, & firent un grand feu , mais de fi loin , que
l'on continua le travail ſans leur répondre..
A midi & demi leur armée déboucha fur nous.
Nos gardes avancées , ainſi que les volontaires &
les compagnies de grenadiers , ſe replierent en bon
ordre,& rentrerent dans la ligne , ſans perdre un
ſeulhomme. Au moment même du ſignal convenu,
les travailleurs & toutes les troupes furent à leurs
armes& à leurs poſtes. La gauche fut la premiere
attaquée par deux colonnes , dont l'une cherchoit
à tourner le retranchement , & ſe trouva ſous le
feu du Régiment de la Sarre ; l'autre dirigea ſes
efforts ſur un angle ſaillant , entre Languedoc &
Berry. Le centre où étoit Royal Rouffillon , fut
attaqué preſqu'en même temps par une troiſieme
colonne,& une quatrieme porta ſon attaque vers
la droite , entre les Bataillons de Bearn & de la
Reine.
Comme les troupes de la Colonie & les Canadiens
, qui occupoient la plaine du côté de la riviere
de Saint - Frédéric ne furent point attaqués , ils
fortirent de leur retranchement , prirent en flanc
la colonne qui attaquoit notre droite ,& tomberent
deſſus avec la plus grande valeur ; çes troupes
étoient commandées par le ſieur de Remond , Capitaine.
Environ à cinq heures , la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de Royal Rouſillon , s'étoit
rejettée ſur l'angle ſaillant du retranchement , dé
Lv
202 MERCURE DE FRANCE.
fendu par le Bataillon de Guyenne & par la gauche
de celui de Bearn : la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de la Reine & de Bearn , s'y rejetta
auſſi , de forte que le danger devint très-grand
à cette attaque. M. le Chevalier de Levis s'y porta
avec quelques troupes de la droite : M. le Marquis
de Montcalm y accourut auſſi avec quelques
troupes de réſerve. Ils firent éprouver aux ennemis
une réſiſtance qui rallentit d'abord leur ardeur.
Le ſieur de Bourlamaque fut bleſſé à cette
attaque , & les ſieurs de Sennezergues & de Privat
, Lieutenans-Colonels , le ſuppléerent.
Vers les fix heures , les deux colonnes de la droite
abandonnerent leur attaque , vinrent faire encore
une tentative contre les Bataillons de Royal
Rouffillon & de Berry , &enfin tenterent un dernier
effort à la gauche.
Depuis fix heures juſqu'à ſept , l'armée ennemie
s'occupa de fa retraite , favoriſée par le feu de ſes
troupes légeres , qui dura juſqu'à la nuit.
Pendant l'action , le feu prit en pluſieurs endroits
; mais il fut éteint ſur le champ. On reçur
du Fort en munitions & en rafraîchiſſemens , tousles
ſecours néceſſaires .
L'obſcurité de la nuit , l'épuiſement & le petir
nombre de nos troupes , les forces de l'ennemi
qui , malgré ſa défaite , étoient encore bien ſupérieures
aux nôtres , la nature du pays dans lequel
on ne peut s'engager ſans guides , ne permirent
pas à nos troupes de pourſuivre lesAnglois. On
comptoit même qu'ils reviendroient le lendemain à
lacharge , mais ils avoient abandonné les poſtes
de la Chute & du Portage ; & M. le Chevalier de
Levis qui fut envoyé le lendemain pour les reconnoître
, ne trouva que des traces d'une fuite precipitée.
OCTOBRE. 1758 . 203
Ön eſtime la perte des ennemis d'après le rapport
de leurs priſonniers , à quatre mille hommes
tués ou bleſſés , parmi leſquels il y a pluſieurs
Officiers de marque. Le Lord How & le ſieur
Spitall , Major général des Troupes réglées , ont
été tués.
Cinq cens Sauvages qui étoient dans l'armée
Angloiſe , ſont toujours reſtés derriere , &n'ont
pas voulu prendre part à l'action .
Le ſuccès de cette journée eſt dû aux bonnes
diſpoſitions de M. le Marquis de Montcalm , &
à la valeur de nos troupes. MM. le Chevalier de
Levis & de Bourlamaque , ſe ſont diftingués dans
le commandement de la droite & de la gauche ;
le premier a eu pluſieurs coups de fufil dans fon
habit , & le ſecond a été bleſſé dangereuſement.
M. de Bougainville , Aide de Camp de M. le Marquis
de Montcalm & M. de Langis , ont été
bleſſés à ſes côtés. Tous les Officiers en général
méritent les plus grands éloges .
Nous avons perdu douze Officiers & quatrevingt-
douze foldats tués ſur le champ de bataille.
Il y a eu vingt- cinq Officiers , & deux cens quarante-
huit foldats bleſſés .
Le Corſaire le Moiſſonneur , eſt rentré dans le
port de Dunkerque avec une priſe Angloiſe eſtimée
vingt-deux mille livres , & une rançon de
deux cens cinquante guinées. Il va armer de nouveau
pour ſa troiſieme courſe , qui aura lieu à la
finde ce mois .
les Troupes du Roi , commandées par M. le Marquis
de Montcalm , & celles d'Angleterre , aux
ordres du Général Abercromby.
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé
par M. le Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
Général du Canada, pour protéger la frontiere de
la Cólonie du côté du Lac Saint- Sacrement , fe
rendit à Carillon le 30 Juin. Il y trouva huit Bataillons
de troupes de terre , une compagnie de
Canonniers , deux à trois cens Ouvriers , & quelques
Sauvages. Il reçut quelques jours après un
renfort de quatre cens hommes des troupes de la
Colonie & des Canadiens , commandés par M. de
Remond , Capitaine. Il apprit à Carillon , que les
Anglois avoient aſſemblé au fonds du Lac Saint-
Sacrement , près des ruines du Fort Georges , une
armée compoſée de vingt mille hommes deMilice
, & de fix mille de troupes réglées , aux ordres
du Major Général Abercromby , & qu'elle devoit
ſe mettre en mouvement pour s'emparer du Fort
Carillon& envahir le Canada. Sur l'avis que M.
leMarquis de Montcalm en donna à M. le Marquisde
Vaudreuil ,& fur ceux que ce Gouverneur
en avoit déja reçus , il changea la deftination de
M. le Chevalier de Levis , qui avoit été détaché
du côté de Corlac ; il lui donna ordre de ſe joindre
à M. le Marquis de Montcalm , & fit les
diſpoſitions néceſſaires pour lui procurer d'autres
renforts.
M. le Marquis de Montcalm prit d'abord le
parti d'occuper le poſte de la Chute , fur le bord
du Lac Saint-Sacrement , pour retarder l'ennemi,
OCTOBRE. 1758.
ة ر و
Il y reſta juſqu'au 6 Juillet que les Anglois parurent
en force fur le Lac. M. le Marquis de Montcalm
repaſſa la riviere de la Chute avec toutes
fes troupes , pour venir camper ſous le Fort Carillon
, où il avoit déja fait tracer des retranchemens
. Il envoya en même temps différens détachemens
, pour harceler l'ennemi dans ſa deſcente.
Un de ces détachemens , commandé par MM. de
Trépezée & de Langis , s'étant égaré par la faure
des guides , tomba dans une colonne de l'armée
ennemie déja toute formée.
De ce détachement , qui étoit d'environ trois
cens hommes , il y eut deux Officiers tués , qua
tre Sauvages , & cent quatre-vingt- quatre foldats
desTroupes & Milices tués , ou priſonniers ; le
reſte joignit le corps de nos Troupes.
:
M. le Marquis de Montcalm n'avoit dans ſon
camp devant Carillon en y arrivant , qu'environ
deux mille huit cens hommes de troupes de France
, & quatre cens cinquante de la Colonie , encore
faut-il diſtraire de ce nombre un des batail
lons de Berry , lequel , à l'exception de ſa compagnie
deGrenadiers , fut occupé à la garde & au
ſervice du Fort .
2 Le 7 Juillet au masin , l'armée fut toute employé
au travail des abbatis , ſous la protection
des compagnies de Grenadiers & des Volontaires
qui la couvroient. Les Officiers , la hache à la
main, donnoient l'exemple , & les drapeaux étoient
plantés ſur l'ouvrage. La gauche occupée par les
bataillons de la Sarre & de Languedoc , étoit appuyée
à un eſcarpement diſtant de quatre- vingt
toiſes de la riviere de la Chute. Le fommet de
l'eſcarpement étoit couronné par un abbatis. Cet
abbatis flanquoit une trouée que gardoient de
front les deux compagnies de Volontaires de
1
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
me ,
Bernard&deDuprat. Derriere cette trouée , on
devoit placer fix pieces de canon. La droite gardée
par la Reine , Bearn &Guyenne, étoit également
appuyée à une hauteur dont la pente n'étoit pas
fi roide que celle de lagauche. Dans la plaine
entre cette hauteur & la riviere de Saint- Frederic
furent portés les Troupes de la Colonie & les
Canadiens , qui s'y retrancherent auſſi avec des
abbatis. Le canon du Fort étoit dirigé ſur cette
partie , ainſi que ſur le lieu où le débarquement
pouvoit ſe faire àla gauche de nos retranchemens.
Le centre ſuivoit les ſinuoſités du terrein , confervant
le ſommet des hauteurs , &toutes les parties
ſe flanquoient réciproquement. Ce centre étoit
formé par les bataillons de Royal Rouffillon &
par le premier bataillon de Berry. Dans tout le
front de la ligne , chaque bataillon avoit derriere
lui une compagnie de Grenadiers & un Piquet en
réſerve.
Ceseſpeces de retranchemens étoient faits de
zroncs d'arbres couchés les uns ſur les autres
ayant en avant des arbres renversés , dont les
branches coupées & pointues faifoient l'effet de
chevaux de frife .
Le 7 au foir , il arriva quatre cens hommes
d'élite des Troupes qui avoient d'abord eu une
deftination particuliere ſous les ordres de M. le
Chevalier de Levis. Leur arrivée répandit une
grande joie dans notte armée , & M. le Chevalier
de Levis arriva bientôt après avec M. de Sennezergues,
Lieutenant Colonel du Régiment de la Sarre.
M. le Marquis de Montcalm chargea le Chevalier
de Levis de la défenſe de la droite, le ſieur de
Bourlamaque de celle de la gauche , & il ſe réſerva
le commandement du centre , pour être plus à
portéede donner ſes ordres partout.
OCTOBRE. 1758. 201
L'armée coucha au bivouac. Le 8. à la pointe
du jour , on battit la générale , pour que toutes les
troupes puſſent connoître leurs poſtes. Après ce
mouvement , une partie fut employée à achever
l'abbatis , & l'autre à conſtruire les batteries .
Vers les dix heures du matin, les troupes legeres
des ennemis parurent de l'autre côté de la riviere
, & firent un grand feu , mais de fi loin , que
l'on continua le travail ſans leur répondre..
A midi & demi leur armée déboucha fur nous.
Nos gardes avancées , ainſi que les volontaires &
les compagnies de grenadiers , ſe replierent en bon
ordre,& rentrerent dans la ligne , ſans perdre un
ſeulhomme. Au moment même du ſignal convenu,
les travailleurs & toutes les troupes furent à leurs
armes& à leurs poſtes. La gauche fut la premiere
attaquée par deux colonnes , dont l'une cherchoit
à tourner le retranchement , & ſe trouva ſous le
feu du Régiment de la Sarre ; l'autre dirigea ſes
efforts ſur un angle ſaillant , entre Languedoc &
Berry. Le centre où étoit Royal Rouffillon , fut
attaqué preſqu'en même temps par une troiſieme
colonne,& une quatrieme porta ſon attaque vers
la droite , entre les Bataillons de Bearn & de la
Reine.
Comme les troupes de la Colonie & les Canadiens
, qui occupoient la plaine du côté de la riviere
de Saint - Frédéric ne furent point attaqués , ils
fortirent de leur retranchement , prirent en flanc
la colonne qui attaquoit notre droite ,& tomberent
deſſus avec la plus grande valeur ; çes troupes
étoient commandées par le ſieur de Remond , Capitaine.
Environ à cinq heures , la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de Royal Rouſillon , s'étoit
rejettée ſur l'angle ſaillant du retranchement , dé
Lv
202 MERCURE DE FRANCE.
fendu par le Bataillon de Guyenne & par la gauche
de celui de Bearn : la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de la Reine & de Bearn , s'y rejetta
auſſi , de forte que le danger devint très-grand
à cette attaque. M. le Chevalier de Levis s'y porta
avec quelques troupes de la droite : M. le Marquis
de Montcalm y accourut auſſi avec quelques
troupes de réſerve. Ils firent éprouver aux ennemis
une réſiſtance qui rallentit d'abord leur ardeur.
Le ſieur de Bourlamaque fut bleſſé à cette
attaque , & les ſieurs de Sennezergues & de Privat
, Lieutenans-Colonels , le ſuppléerent.
Vers les fix heures , les deux colonnes de la droite
abandonnerent leur attaque , vinrent faire encore
une tentative contre les Bataillons de Royal
Rouffillon & de Berry , &enfin tenterent un dernier
effort à la gauche.
Depuis fix heures juſqu'à ſept , l'armée ennemie
s'occupa de fa retraite , favoriſée par le feu de ſes
troupes légeres , qui dura juſqu'à la nuit.
Pendant l'action , le feu prit en pluſieurs endroits
; mais il fut éteint ſur le champ. On reçur
du Fort en munitions & en rafraîchiſſemens , tousles
ſecours néceſſaires .
L'obſcurité de la nuit , l'épuiſement & le petir
nombre de nos troupes , les forces de l'ennemi
qui , malgré ſa défaite , étoient encore bien ſupérieures
aux nôtres , la nature du pays dans lequel
on ne peut s'engager ſans guides , ne permirent
pas à nos troupes de pourſuivre lesAnglois. On
comptoit même qu'ils reviendroient le lendemain à
lacharge , mais ils avoient abandonné les poſtes
de la Chute & du Portage ; & M. le Chevalier de
Levis qui fut envoyé le lendemain pour les reconnoître
, ne trouva que des traces d'une fuite precipitée.
OCTOBRE. 1758 . 203
Ön eſtime la perte des ennemis d'après le rapport
de leurs priſonniers , à quatre mille hommes
tués ou bleſſés , parmi leſquels il y a pluſieurs
Officiers de marque. Le Lord How & le ſieur
Spitall , Major général des Troupes réglées , ont
été tués.
Cinq cens Sauvages qui étoient dans l'armée
Angloiſe , ſont toujours reſtés derriere , &n'ont
pas voulu prendre part à l'action .
Le ſuccès de cette journée eſt dû aux bonnes
diſpoſitions de M. le Marquis de Montcalm , &
à la valeur de nos troupes. MM. le Chevalier de
Levis & de Bourlamaque , ſe ſont diftingués dans
le commandement de la droite & de la gauche ;
le premier a eu pluſieurs coups de fufil dans fon
habit , & le ſecond a été bleſſé dangereuſement.
M. de Bougainville , Aide de Camp de M. le Marquis
de Montcalm & M. de Langis , ont été
bleſſés à ſes côtés. Tous les Officiers en général
méritent les plus grands éloges .
Nous avons perdu douze Officiers & quatrevingt-
douze foldats tués ſur le champ de bataille.
Il y a eu vingt- cinq Officiers , & deux cens quarante-
huit foldats bleſſés .
Le Corſaire le Moiſſonneur , eſt rentré dans le
port de Dunkerque avec une priſe Angloiſe eſtimée
vingt-deux mille livres , & une rançon de
deux cens cinquante guinées. Il va armer de nouveau
pour ſa troiſieme courſe , qui aura lieu à la
finde ce mois .
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Résumé : Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Le 8 juillet, les troupes françaises dirigées par le Marquis de Montcalm affrontèrent les forces anglaises commandées par le Général Abercromby près du Fort Carillon. Montcalm, envoyé par le Gouverneur Général du Canada, le Marquis de Vaudreuil, avait pour mission de défendre la frontière du Lac Saint-Sacrement. Informé de l'approche d'une armée anglaise de vingt-cinq mille hommes, il prit position à la Chute et fit construire des retranchements autour du Fort Carillon. Le 7 juillet, les troupes françaises renforcèrent leurs défenses. Le 8 juillet, à l'aube, les Anglais lancèrent leur attaque. Les Français, bien positionnés, repoussèrent les assauts ennemis grâce à une défense organisée et à l'utilisation stratégique des abattis et des canons. Les Canadiens et les milices jouèrent un rôle crucial en prenant à revers une colonne ennemie. La bataille dura jusqu'au soir, avec des pertes importantes pour les Anglais, estimées à quatre mille hommes tués ou blessés, incluant plusieurs officiers de haut rang. Les Français perdirent douze officiers et quatre-vingt-douze soldats tués, et vingt-cinq officiers et deux cent quarante-huit soldats blessés. Après la bataille, les Anglais se retirèrent, laissant derrière eux des traces de fuite précipitée. Le succès français fut attribué aux stratégies de Montcalm et au courage des troupes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 197
De Paderborn, le 11 Juillet.
Début :
Il y eut le 5 de ce mois du côté de Halle une escarmouche très-vive entre [...]
Mots clefs :
Escarmouche, Comte de Broglie, Prince Ferdinand , Alliés, Colonel, Régiment, Détachement, Troupes, Cavalerie, Grenadiers, Combat, Renforts, Canon
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texteReconnaissance textuelle : De Paderborn, le 11 Juillet.
De Paderborn , le 11 Juillet.
II y a eu les de ce mois du côté de Halle une
efcarmouche très-vive entre un détacheinent des
troupes Françoifes & un corps nombreux des
Alliés. Le Comte de Broglie qui vouloit recon-
noître avec exactitude la pofition du Prince Fer-
dinand , avoit formé le projet de s'emparer de
Halle qui étoit occupé par deux cens Hanovriens.
Il chargea de cette entreprife le fieur de Com-
meyras , Colonel des Volontaires de Clermont ,
qui y marcha avec fon régiment. Il fe fit pré-
céder par un détachement de fes Volontaires
aux ordres du fieur de Romans. Celui-ci s'avança
près du village de Halle , & n'eut pas plutôt
achevé fa difpofition qu'il apperçut une nom
breuse colonne d'Infanterie qui fe déployoit pour
lui faire face. Il fondit fur elle avec tant d'im-
pétuofité , qu'il la força de rentrer dans le Vil
lage où il l'attaqua ; & elle fut contrainte de
l'abandonner. Le fieur de Commeyras arriva
dans ce moment avec le refte de fa troupe , &
pouffa le corps Hanovrien jufques fous le canon
de Ravenfberg. Ce corps eluya dans fa retraite
le feu de quatre cens Volontaires de la None
qui s'étoient embufqués dans les bois de Ra-
venfberg. Mais ayant reçu un renfort de Grena-
diers & de, Cavalerie détaché du camp du Prince
Ferdinand , il fit reculer ces quatre cens Volon-
taires. Le feur de Commeyras , pour favorifer
leur retraite , dirigea fi à propos le feu de fon
canon fur les Hanovriens , qu'ils prirent la fuite
en défordre. Ce combat , qui a duré depuis huit
heures du matin jufqu'à quatre heures après m dì,
a coûté aux Alliés la perte de plus de qub rẻ
cens hommes. Les François ont perdu beaucoup
moins, & font reftés maîtres de-Halle.
II y a eu les de ce mois du côté de Halle une
efcarmouche très-vive entre un détacheinent des
troupes Françoifes & un corps nombreux des
Alliés. Le Comte de Broglie qui vouloit recon-
noître avec exactitude la pofition du Prince Fer-
dinand , avoit formé le projet de s'emparer de
Halle qui étoit occupé par deux cens Hanovriens.
Il chargea de cette entreprife le fieur de Com-
meyras , Colonel des Volontaires de Clermont ,
qui y marcha avec fon régiment. Il fe fit pré-
céder par un détachement de fes Volontaires
aux ordres du fieur de Romans. Celui-ci s'avança
près du village de Halle , & n'eut pas plutôt
achevé fa difpofition qu'il apperçut une nom
breuse colonne d'Infanterie qui fe déployoit pour
lui faire face. Il fondit fur elle avec tant d'im-
pétuofité , qu'il la força de rentrer dans le Vil
lage où il l'attaqua ; & elle fut contrainte de
l'abandonner. Le fieur de Commeyras arriva
dans ce moment avec le refte de fa troupe , &
pouffa le corps Hanovrien jufques fous le canon
de Ravenfberg. Ce corps eluya dans fa retraite
le feu de quatre cens Volontaires de la None
qui s'étoient embufqués dans les bois de Ra-
venfberg. Mais ayant reçu un renfort de Grena-
diers & de, Cavalerie détaché du camp du Prince
Ferdinand , il fit reculer ces quatre cens Volon-
taires. Le feur de Commeyras , pour favorifer
leur retraite , dirigea fi à propos le feu de fon
canon fur les Hanovriens , qu'ils prirent la fuite
en défordre. Ce combat , qui a duré depuis huit
heures du matin jufqu'à quatre heures après m dì,
a coûté aux Alliés la perte de plus de qub rẻ
cens hommes. Les François ont perdu beaucoup
moins, & font reftés maîtres de-Halle.
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Résumé : De Paderborn, le 11 Juillet.
Le 11 juillet, une escarmouche intense a opposé les troupes françaises à un corps nombreux des Alliés près de Halle. Le Comte de Broglie, désirant connaître la position du Prince Ferdinand, avait ordonné la prise de Halle, alors occupée par deux cents Hanovriens. Cette mission fut confiée au Colonel de Commeyras, à la tête des Volontaires de Clermont. Précédé par un détachement de Volontaires sous les ordres de Romans, de Commeyras affronta une colonne d'infanterie ennemie près du village de Halle. Après avoir repoussé les Hanovriens jusqu'au canon de Ravenfberg, les Français furent à leur tour repoussés par des renforts ennemis, incluant des Grenadiers et de la Cavalerie. De Commeyras intervint avec son artillerie, permettant la retraite des Volontaires. Le combat, qui dura de huit heures du matin à quatre heures de l'après-midi, causa la perte de plus de quatre cents hommes aux Alliés, tandis que les Français perdirent beaucoup moins d'hommes et restèrent maîtres de Halle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 199-204
DE LONDRES, le 20 Octobre.
Début :
La Cour a reçu plusieurs lettres du Canada, dont le contenu vient d'être [...]
Mots clefs :
Canada, Troupes, Général, Bataillons, Ennemis, Camp, Indiens d'Amérique, Français, Débarquement, Siège de Québec, Attaques, Blessés et morts, Grenadiers, Avantages, Commandant, Vaisseaux, Amiral, Forts, Capitaine, Courrier
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Octobre.
De
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Octobre.
En 1759, des événements militaires significatifs se sont déroulés au Canada. Le 2 juin, les troupes du Général Wolfe ont débarqué sur l'île d'Orléans. Le Brigadier Monckton a été chargé de déloger des troupes ennemies à la pointe de Lévi, tandis que le Colonel Carleton établissait une position à l'ouest de l'île. Les Britanniques ont construit des batteries à la pointe de Lévi, repoussant une attaque ennemie de 160 hommes. Cependant, une compagnie britannique a été détruite par des Indiens. Le 31 juillet, Wolfe a tenté une attaque sur les lignes françaises mais a subi de lourdes pertes. Quelques jours plus tard, un détachement britannique a brûlé un magasin ennemi à Chambaud. Wolfe et l'Amiral Saunders ont décidé d'attaquer Québec en remontant la rivière et en débarquant les troupes à trois milles de la ville. Le 11 septembre, les troupes ont débarqué près du Cap Diamant et ont engagé le combat le lendemain. Les généraux Wolfe et Montcalm ont été tués. Les Britanniques ont pris le contrôle du champ de bataille, capturant des prisonniers et des canons. Le commandant français a demandé à capituler le 17 septembre. Les Britanniques ont accordé à la garnison les honneurs de la guerre et ont embarqué les prisonniers pour la France. Par ailleurs, l'Amiral Saunders a reçu des informations sur l'abandon des forts français sur l'Ohio. En Europe, des mesures ont été prises pour contrer les mouvements de l'escadre française du Capitaine Thurot. Divers amiraux britanniques surveillaient les côtes pour empêcher les sorties de vaisseaux français. Un traité de subside entre l'Angleterre et la Prusse a été renouvelé, et un courier a été envoyé à Petersbourg sans que le contenu des dépêches soit divulgué.
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25
p. 201-202
DE FRANCFORT, le 8 Décembre.
Début :
Le Prince héréditaire de Brunswick ayant été détaché de l'armée [...]
Mots clefs :
Prince Héréditaire de Brunswick, Prince Ferdinand , Duc, Postes militaires, Grenadiers, Régiments, Infanterie, Cavalerie, Déplacement des troupes, Attaque, Ennemis, Expédition, Retraite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 8 Décembre.
De FRANCFORT , le 8 Décembre.
Le Prince héréditaire de Brunfwick ayant été
détaché de l'armée du Prince Ferdinand avec un
nombre confidérable de troupes , s'eft porté par
des marches forcées vers Fulde , où le Duc de
Wirtemberg étoit depuis quelques jours avec fes
troupes , que le Roi a prifes à fa folde , & dont
une partie s'étoit avancée dans la Heffe . Les
Poftes avancés du Duc de Wirtemberg ayant été
forcés de fe replier , le Prince héréditaire s'avança
rapidement vers Fulde , & parut le premier
de ce mois à neuf heures du matin près de
cette Ville .
Le Duc de Wirtemberg avoit déja raffemblé
la plus grande partie de fes Grenadiers & quelques
piéces de canon avec un de fes Régimens de
Cuiralliers fur la rive gauche de la Fulde , difpu
tant le terrein aux Ennemis , afin d'avoir le temps;
de faire arriver le refte de fes troupes.
Pendant ce temps-là , le Prince héréditaire
I w
202 MERCURE, DE FRANCE.
avançoit en force vers Fulde , faiſant filer par
fa droite une colonne d'Infanterie & de Cava-
Jerie pour attaquer les ponts & couper la retraite
du Duc de Wirtemberg. Le pont de la
Ville fur attaqué avec beaucoup de vigueur. Les
Grenadiers de Wirtemberg s'y défendirent avec
toute la valeur poffible ; mais le canon des Ennemis
qui les plongeoit , les maltraita extrêmement.
Ils fe retirerent en fe défendant pied - àpied
dans la Ville. Le fecond pont fut également
force ; le canon des Ennemis ayant tou-
Jours la fupériorité , & les Grenadiers de Wirten
berg continuant de montrer la même valeur.,
La Ville fut difputée ; mais les Ennemis la foumirent.
Ce Prince fe trouvoit alors léparé d'une
grande partie de fon corps d'armée , qui n'avoit
pu arriver à cauſe de l'éloignement de fa pofition
. Il fut obligé d'ordonner la retraite , qui ſe
fit fous les yeux des Ennemis avec tout l'ordre
poffible jufqu'au-delà du pont de l'Enherode , fur
un des ruilleaux que forme la riviere de Fulde.
Après cette expédition le Prince héréditaire
s'eft replié ; & dès le 2 de ce mois, les Huffards
du Duc de Wirtemberg étoient rentrés dans
Fulde.
Le Prince héréditaire de Brunfwick ayant été
détaché de l'armée du Prince Ferdinand avec un
nombre confidérable de troupes , s'eft porté par
des marches forcées vers Fulde , où le Duc de
Wirtemberg étoit depuis quelques jours avec fes
troupes , que le Roi a prifes à fa folde , & dont
une partie s'étoit avancée dans la Heffe . Les
Poftes avancés du Duc de Wirtemberg ayant été
forcés de fe replier , le Prince héréditaire s'avança
rapidement vers Fulde , & parut le premier
de ce mois à neuf heures du matin près de
cette Ville .
Le Duc de Wirtemberg avoit déja raffemblé
la plus grande partie de fes Grenadiers & quelques
piéces de canon avec un de fes Régimens de
Cuiralliers fur la rive gauche de la Fulde , difpu
tant le terrein aux Ennemis , afin d'avoir le temps;
de faire arriver le refte de fes troupes.
Pendant ce temps-là , le Prince héréditaire
I w
202 MERCURE, DE FRANCE.
avançoit en force vers Fulde , faiſant filer par
fa droite une colonne d'Infanterie & de Cava-
Jerie pour attaquer les ponts & couper la retraite
du Duc de Wirtemberg. Le pont de la
Ville fur attaqué avec beaucoup de vigueur. Les
Grenadiers de Wirtemberg s'y défendirent avec
toute la valeur poffible ; mais le canon des Ennemis
qui les plongeoit , les maltraita extrêmement.
Ils fe retirerent en fe défendant pied - àpied
dans la Ville. Le fecond pont fut également
force ; le canon des Ennemis ayant tou-
Jours la fupériorité , & les Grenadiers de Wirten
berg continuant de montrer la même valeur.,
La Ville fut difputée ; mais les Ennemis la foumirent.
Ce Prince fe trouvoit alors léparé d'une
grande partie de fon corps d'armée , qui n'avoit
pu arriver à cauſe de l'éloignement de fa pofition
. Il fut obligé d'ordonner la retraite , qui ſe
fit fous les yeux des Ennemis avec tout l'ordre
poffible jufqu'au-delà du pont de l'Enherode , fur
un des ruilleaux que forme la riviere de Fulde.
Après cette expédition le Prince héréditaire
s'eft replié ; & dès le 2 de ce mois, les Huffards
du Duc de Wirtemberg étoient rentrés dans
Fulde.
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Résumé : DE FRANCFORT, le 8 Décembre.
Le 8 décembre, le Prince héréditaire de Brunswick, accompagné de troupes, a quitté l'armée du Prince Ferdinand pour se diriger vers Fulde. Le Duc de Wurtemberg, présent à Fulde avec ses forces, avait déjà avancé une partie de ses troupes en Hesse. Le Prince héréditaire a atteint Fulde le 1er décembre. Le Duc de Wurtemberg avait positionné ses grenadiers et quelques canons sur la rive gauche de la Fulde pour défendre la ville. Le Prince héréditaire a envoyé une colonne d'infanterie et de cavalerie pour attaquer les ponts et couper la retraite du Duc de Wurtemberg. Malgré une défense vaillante, les grenadiers de Wurtemberg ont dû se retirer dans la ville face à la supériorité de l'artillerie ennemie. La ville de Fulde a été disputée et finalement soumise par les forces ennemies. Le Duc de Wurtemberg, séparé d'une grande partie de son armée, a ordonné une retraite ordonnée jusqu'au-delà du pont de l'Enherode. Après cette expédition, le Prince héréditaire s'est replié, et dès le 2 décembre, les hussards du Duc de Wurtemberg étaient rentrés à Fulde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 190-194
De l'Armée de l'Empire, le 21 Août.
Début :
Le Feld-Maréchal Prince de Deux-Ponts, ayant résolu d'obliger les Prussiens [...]
Mots clefs :
Armée, Feld-maréchal, Prince de Deux-Ponts, Général, Mouvements des troupes, Prussiens, Corps, Ennemis, Camps militaires, Colonel, Ordre, Attaques, Résistance, Positions, Détachement, Cavalerie, Artillerie, Infanterie, Grenadiers, Prince Henri, Marche, Forces armées, Perte de l'ennemi, Champ de bataille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée de l'Empire, le 21 Août.
De l'Armée de l'Empire , le 21 Août.
Le Feld-Maréchal Prince de Deux -Ponts , ayant
réfolu d'obligerles Pruffiens à quitter les environs
de Drefde , fit avancer , dès le de ce mois , le
Prince de Stolberg avec la réferve à Keffeldorff.
Le Général de Weczey fe porta avec les troupes
Jégéres à Wilfdruff , d'où il étendit les poftes jufqu'à
Weiffdrop & Lamperfdorff. En même temps
le Général de Klééfeld marcha de Freyberg à Auguftulberg
, & il fit occuper par des détachemens
Roffwein & Seligenstadt . Ces difpofitions obligerent
les Pruffiens à fe retirer de la Ville de Noffen .
Il ne fe fit le 10 & le 11 aucun mouvement confidérable
, les poftes que nous avions du côté de
Seligenstadt furent attaqués par un Corps de Huffards
& de Dragons Pruffiens ; mais il fut repous
fé & fuivi jufqu'à Windifchbora ; l'on fit dans cetteoccafion
plufieurs prifonniers. Le pofte de Roffwein
fut attaqué le 11 par des forces fupérieures ,
& nos troupes furent obligées de fe replier. Mais
les Pruffiens , après avoir exigé des contributions
de cette petite ville , l'abandonnerent la nuit fuivante
; & nous y rentrâmes auffitôt . On eut avis
le même jour , que les ennemis raffembloient
au- deffous de leur Camp un grand nombre de
bateaux ; ce qui détermina le Prince de Deux-
Ponts à renforcer par un Corps de Grenadiers
& de Huffards le Colonel de Zetwitz , qui étoit
chargé de garder , avec les Bannaliſtes , la rive
OCTOBRE. 1760 191
droite de l'Elbe . On apprit que le fieur de Graven ,
Colonel dans le Régiment de Baroniai , avoit
marché de Gera à Naumbourg , & qu'à ſon approche
, le Colonel de Salemon s'étoit replie
fur Léipfick , & le Capitaine Kowars ſur Merſe
bourg.
L'Armée eut ordre , le 12 au foir , de fe tenir
prête à marcher. Les Grenadiers & les Carabiniers
, avec l'artillerie de réſerve , fe mirent en
mouvement , à l'entrée de la nuit , fous les ordres
du Lieutenant Général Comte de Guafco.
L'Armée décampa de Plawen , le 13 à la pointe
du jour , & marcha vers Meiffen . Elle établit fon
camp près de Reiodorff, fa droite appuyée à
Conitabel , & fa gauche à Sora . Le corps du
Général de Guafco prit pofte entre Seligenstadt
& Burckerswalde . Le Prince de Deux-Ponts fit
en même temps attaquer les poftes avancés des
ennemis par la réſerve du Général Prince de
Stolberg. Cette attaque eut tout le fuccès qu'on
pouvoit defirer. On délogea les Pruffiens des hauteurs
de Polentz & de Sihenrichen , & on les
pouffa jufqu'aux Fauxbourgs de Meiffen.Le Géné
ral Klééfeld chaffa auffi les ennemis des retran--
chemens qu'ils occupoient du côté d'Auguſtuſberg
, & il les repouffa jufqu'à Katzenhaufen :
pendant qu'on exécutoit ces attaques à la gauche
de l'Elbe , le Colonel de Zetwitz fe pofta fur la
droite à Alten- Clofter au - deffous du camp des
Ennemis , & il brûla les bateaux qu'ils y avoient
raffemblés . Il s'en trouva plufieurs qui venoient
d'arriver de Torgau , & qui étoient chargés de
vivres & de munitions de guerre. On continua ,
le 14 , de pouffer les Pruffiens de pofte en pofte ,
ils furent délogés des hauteurs de Katzenhaufen,
ainfi que des Villages de Miltitz , de Sopen & de
Gregitz , & ils le retirerent dans leur camp re
91 MERCURE DE FRANCE
tranché entre Lotayn & Meyffen, L'Armée occur
pa le pofte de Katzenhaufen , & le quartier général
fut établi à Haynitz. La Ville de Meiffen
fut évacuée , & nous en prîmes poffeffion . On y
trouva un magazin confidérable & beaucoup d'armes
. Un des fauxbourgs avoit été brûlé la veille ,
par ordre du Commandant Pruffien .
L'armée ne fit aucun mouvement le rs & le 16;
le Maréchal Prince de Deux - Ponts alla reconnoître
le Camp Pruffien , & il en trouva la poſition extrêmement
avantageufe. La difficulté de le forcer
lui fit prendre la réfolution d'en déloger l'ennemi
, en lui coupant fes communications ; dans ce
deffein il pouffa le corps de réſerve en avant juſqu'à
Giezenhayn fur le chemin de Lomatfch. Ce
mouvement détermina le Général Hulsen à quitter
fa pofition. L'Armée Pruffienne détendit fon
camp à dix heures du foir . Elle marcha toure
la nuit par Nieder-Miltitz , & par Welfch , &
elle alla camper entre Riefa & Brauffnitz. Auffitôt
qu'on eut avis de fa retraite , les troupes légéres
& quelques détachemens de Cavalerie furent
envoyés à fa pourſuite. On amena plufieurs
prifonniers avec quelques chevaux . Le Colonel
Zetwitz continua , le même jour , de marcher
le long de la rive droite de l'Elbe ; il fe porta de
de Wienbiehla à Zahdel , où il brûla encore fix
bateaux qui venoient de Torgau chargés de vivres
& de fourages pour l'Armée Pruffienne. Il y eur ,
près de Waldheim , une vive efcarmouche entre un
gros détachement Pruffien fous les ordres du Cofonel
de Kleift & un corps de nos Chaffeurs com .
mandé par le Colonel Otto ; ce dernier fut obligé
de fe replier fur Sloha . Il ne fut point pourfuivi
par les Pruffiens.
On fe remit en marche le 17 à midi , & l'on
occupa les hauteurs de Lomatfch. Le Corps des
Grenadiers
OCTOBRE . 1760. 193
Grenadiers fut porté en avant , & le Colonel de
Zetwitz fe pofta a Zeidlitz , d'où il poulla des Détachemens
jufqu'a Zehrhauzen. La réſerve du
Prince de Stolberg , qui avoit cottoyé les Pruffiens
pendant leur marche , prit poſte à Staucha..
Nous fumes informés , le lendemain au matin,
que l'armée Prullienne avoit profité de l'obfcurité
pour continuer fa retraite fur Strehla , & qu'elle
y campoit dans la même pofition que le Prince.
Henri avoit occupée l'année précédente. Sur cette.
nouvelle , l'Armée reçut ordre de poursuivre fa
marche , & elle vint camper à Riefa , où le quartier
général fut établi . On fit le même jour quel
ques prifonniers aux Pruffiens, & l'on reçut un
grand nombre de déſerteurs.
Le Maréchal Prince de Deux Ponts alla reconnoître
, le 19 au matin , avec le Baron de Haddick
, la pofition des Pruffiens. Il remarqua qu'ils
Occupoient une étendue beaucoup plus confidérable
que leurs forces ne leur permettoient. Cette
circonftance le détermina à les attaquer dès le
lendemain.
On le mit en marche , à minuit , du Camp de
Riela fur quatre colonnes ; & l'on fut , avant le
jour , à la portée de l'ennemi. La principale attaque
fut dirigée contre le Corps qui occupoit les
retranchemens de la montagne de Dirrenberg,
& le foin en fut confié au Prince de Stolberg. Ce
Général, à la tête de la réſerve ſoutenue par les
Grenadiers & par les Régimens de Palavicini &
de Saxe-Gotha aux ordres du Général Comte de
Guafco , commença l'attaque au point du jour.
Notre artillerie fut fi bien fervie , que les bateries
des ennemis furent démontées en peu de
temps ; & en moins de demi heure , nous fumes
maîtres de ce pofte important. Les ennemis fe
replierent en défordre fur une hauteur qu'ils
I. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
avoient derriere eux . Ils firent pendant quelques
hêúres une vigoureuſe réſiſtance ; mais le Géné
ral de Kleefeld , qui étoit chargé d'une des atta
ques , les prit en flanc avec tant de vivacité , qu'il
les obligea d'abandonner ce fecond poſte. Ils le res
tirèrent dans les retranchemens de Strehla , laillant
fur le champ de bataille un grand nombre de
morts & de bleffés . Il étoit à peine huit heures du
matin, lorſque nos troupes remporterent ce fecond
avantage.
Cependant les ennemis occupoient en Force
leur Camp de Strehla. Pour en rendre l'accès plus
difficile , ils mirent le feu à deux villages qu'ils
avoient en avant. Mais lorfqu'ils virent qu'on fe
difpofoit à les attaquer , ils fe retirèrent du côté de
Torgau , à travers les bois & les défilés. Le Maréchal
Prince de Deux- Ponts détacha fur le champ
pour les pourfuivre fes troupes légères , foutenues
par quelques régimens de Cavalerie & de Dragons,
fous les ordres du Lieutenant Général Comte
de Lanthieri. La perte des ennemis n'eſt pas
encore conftatée ; mais on eftime qu'elle monte
à plus de deux mille hommes , & qu'elle eft au
moins double de la nôtre.
Le Feld-Maréchal Prince de Deux -Ponts , ayant
réfolu d'obligerles Pruffiens à quitter les environs
de Drefde , fit avancer , dès le de ce mois , le
Prince de Stolberg avec la réferve à Keffeldorff.
Le Général de Weczey fe porta avec les troupes
Jégéres à Wilfdruff , d'où il étendit les poftes jufqu'à
Weiffdrop & Lamperfdorff. En même temps
le Général de Klééfeld marcha de Freyberg à Auguftulberg
, & il fit occuper par des détachemens
Roffwein & Seligenstadt . Ces difpofitions obligerent
les Pruffiens à fe retirer de la Ville de Noffen .
Il ne fe fit le 10 & le 11 aucun mouvement confidérable
, les poftes que nous avions du côté de
Seligenstadt furent attaqués par un Corps de Huffards
& de Dragons Pruffiens ; mais il fut repous
fé & fuivi jufqu'à Windifchbora ; l'on fit dans cetteoccafion
plufieurs prifonniers. Le pofte de Roffwein
fut attaqué le 11 par des forces fupérieures ,
& nos troupes furent obligées de fe replier. Mais
les Pruffiens , après avoir exigé des contributions
de cette petite ville , l'abandonnerent la nuit fuivante
; & nous y rentrâmes auffitôt . On eut avis
le même jour , que les ennemis raffembloient
au- deffous de leur Camp un grand nombre de
bateaux ; ce qui détermina le Prince de Deux-
Ponts à renforcer par un Corps de Grenadiers
& de Huffards le Colonel de Zetwitz , qui étoit
chargé de garder , avec les Bannaliſtes , la rive
OCTOBRE. 1760 191
droite de l'Elbe . On apprit que le fieur de Graven ,
Colonel dans le Régiment de Baroniai , avoit
marché de Gera à Naumbourg , & qu'à ſon approche
, le Colonel de Salemon s'étoit replie
fur Léipfick , & le Capitaine Kowars ſur Merſe
bourg.
L'Armée eut ordre , le 12 au foir , de fe tenir
prête à marcher. Les Grenadiers & les Carabiniers
, avec l'artillerie de réſerve , fe mirent en
mouvement , à l'entrée de la nuit , fous les ordres
du Lieutenant Général Comte de Guafco.
L'Armée décampa de Plawen , le 13 à la pointe
du jour , & marcha vers Meiffen . Elle établit fon
camp près de Reiodorff, fa droite appuyée à
Conitabel , & fa gauche à Sora . Le corps du
Général de Guafco prit pofte entre Seligenstadt
& Burckerswalde . Le Prince de Deux-Ponts fit
en même temps attaquer les poftes avancés des
ennemis par la réſerve du Général Prince de
Stolberg. Cette attaque eut tout le fuccès qu'on
pouvoit defirer. On délogea les Pruffiens des hauteurs
de Polentz & de Sihenrichen , & on les
pouffa jufqu'aux Fauxbourgs de Meiffen.Le Géné
ral Klééfeld chaffa auffi les ennemis des retran--
chemens qu'ils occupoient du côté d'Auguſtuſberg
, & il les repouffa jufqu'à Katzenhaufen :
pendant qu'on exécutoit ces attaques à la gauche
de l'Elbe , le Colonel de Zetwitz fe pofta fur la
droite à Alten- Clofter au - deffous du camp des
Ennemis , & il brûla les bateaux qu'ils y avoient
raffemblés . Il s'en trouva plufieurs qui venoient
d'arriver de Torgau , & qui étoient chargés de
vivres & de munitions de guerre. On continua ,
le 14 , de pouffer les Pruffiens de pofte en pofte ,
ils furent délogés des hauteurs de Katzenhaufen,
ainfi que des Villages de Miltitz , de Sopen & de
Gregitz , & ils le retirerent dans leur camp re
91 MERCURE DE FRANCE
tranché entre Lotayn & Meyffen, L'Armée occur
pa le pofte de Katzenhaufen , & le quartier général
fut établi à Haynitz. La Ville de Meiffen
fut évacuée , & nous en prîmes poffeffion . On y
trouva un magazin confidérable & beaucoup d'armes
. Un des fauxbourgs avoit été brûlé la veille ,
par ordre du Commandant Pruffien .
L'armée ne fit aucun mouvement le rs & le 16;
le Maréchal Prince de Deux - Ponts alla reconnoître
le Camp Pruffien , & il en trouva la poſition extrêmement
avantageufe. La difficulté de le forcer
lui fit prendre la réfolution d'en déloger l'ennemi
, en lui coupant fes communications ; dans ce
deffein il pouffa le corps de réſerve en avant juſqu'à
Giezenhayn fur le chemin de Lomatfch. Ce
mouvement détermina le Général Hulsen à quitter
fa pofition. L'Armée Pruffienne détendit fon
camp à dix heures du foir . Elle marcha toure
la nuit par Nieder-Miltitz , & par Welfch , &
elle alla camper entre Riefa & Brauffnitz. Auffitôt
qu'on eut avis de fa retraite , les troupes légéres
& quelques détachemens de Cavalerie furent
envoyés à fa pourſuite. On amena plufieurs
prifonniers avec quelques chevaux . Le Colonel
Zetwitz continua , le même jour , de marcher
le long de la rive droite de l'Elbe ; il fe porta de
de Wienbiehla à Zahdel , où il brûla encore fix
bateaux qui venoient de Torgau chargés de vivres
& de fourages pour l'Armée Pruffienne. Il y eur ,
près de Waldheim , une vive efcarmouche entre un
gros détachement Pruffien fous les ordres du Cofonel
de Kleift & un corps de nos Chaffeurs com .
mandé par le Colonel Otto ; ce dernier fut obligé
de fe replier fur Sloha . Il ne fut point pourfuivi
par les Pruffiens.
On fe remit en marche le 17 à midi , & l'on
occupa les hauteurs de Lomatfch. Le Corps des
Grenadiers
OCTOBRE . 1760. 193
Grenadiers fut porté en avant , & le Colonel de
Zetwitz fe pofta a Zeidlitz , d'où il poulla des Détachemens
jufqu'a Zehrhauzen. La réſerve du
Prince de Stolberg , qui avoit cottoyé les Pruffiens
pendant leur marche , prit poſte à Staucha..
Nous fumes informés , le lendemain au matin,
que l'armée Prullienne avoit profité de l'obfcurité
pour continuer fa retraite fur Strehla , & qu'elle
y campoit dans la même pofition que le Prince.
Henri avoit occupée l'année précédente. Sur cette.
nouvelle , l'Armée reçut ordre de poursuivre fa
marche , & elle vint camper à Riefa , où le quartier
général fut établi . On fit le même jour quel
ques prifonniers aux Pruffiens, & l'on reçut un
grand nombre de déſerteurs.
Le Maréchal Prince de Deux Ponts alla reconnoître
, le 19 au matin , avec le Baron de Haddick
, la pofition des Pruffiens. Il remarqua qu'ils
Occupoient une étendue beaucoup plus confidérable
que leurs forces ne leur permettoient. Cette
circonftance le détermina à les attaquer dès le
lendemain.
On le mit en marche , à minuit , du Camp de
Riela fur quatre colonnes ; & l'on fut , avant le
jour , à la portée de l'ennemi. La principale attaque
fut dirigée contre le Corps qui occupoit les
retranchemens de la montagne de Dirrenberg,
& le foin en fut confié au Prince de Stolberg. Ce
Général, à la tête de la réſerve ſoutenue par les
Grenadiers & par les Régimens de Palavicini &
de Saxe-Gotha aux ordres du Général Comte de
Guafco , commença l'attaque au point du jour.
Notre artillerie fut fi bien fervie , que les bateries
des ennemis furent démontées en peu de
temps ; & en moins de demi heure , nous fumes
maîtres de ce pofte important. Les ennemis fe
replierent en défordre fur une hauteur qu'ils
I. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
avoient derriere eux . Ils firent pendant quelques
hêúres une vigoureuſe réſiſtance ; mais le Géné
ral de Kleefeld , qui étoit chargé d'une des atta
ques , les prit en flanc avec tant de vivacité , qu'il
les obligea d'abandonner ce fecond poſte. Ils le res
tirèrent dans les retranchemens de Strehla , laillant
fur le champ de bataille un grand nombre de
morts & de bleffés . Il étoit à peine huit heures du
matin, lorſque nos troupes remporterent ce fecond
avantage.
Cependant les ennemis occupoient en Force
leur Camp de Strehla. Pour en rendre l'accès plus
difficile , ils mirent le feu à deux villages qu'ils
avoient en avant. Mais lorfqu'ils virent qu'on fe
difpofoit à les attaquer , ils fe retirèrent du côté de
Torgau , à travers les bois & les défilés. Le Maréchal
Prince de Deux- Ponts détacha fur le champ
pour les pourfuivre fes troupes légères , foutenues
par quelques régimens de Cavalerie & de Dragons,
fous les ordres du Lieutenant Général Comte
de Lanthieri. La perte des ennemis n'eſt pas
encore conftatée ; mais on eftime qu'elle monte
à plus de deux mille hommes , & qu'elle eft au
moins double de la nôtre.
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Résumé : De l'Armée de l'Empire, le 21 Août.
Le 21 août, le Feld-Maréchal Prince de Deux-Ponts initia une offensive contre les Prussiens autour de Dresde. Il déploya le Prince de Stolberg avec la réserve à Keffeldorff et le Général de Weczey avec les troupes légères à Wilfdruff, étendant les postes jusqu'à Weiffdrop et Lamperfdorff. Le Général de Klééfeld, ayant marché de Freyberg à Auguftulberg, occupa Rosswein et Seligenstadt, forçant les Prussiens à se retirer de Nossen. Les 10 et 11 août, les Prussiens tentèrent d'attaquer les postes à Seligenstadt et Rosswein, mais furent repoussés. Le 12 août, l'armée reçut l'ordre de se préparer à marcher. Le 13 août, elle quitta Plawen pour Meissen et établit son camp près de Reiodorff. Les attaques contre les Prussiens furent couronnées de succès, les repoussant jusqu'aux faubourgs de Meissen. Le 14 août, les Prussiens furent délogés de plusieurs positions et se retirèrent dans leur camp retranché entre Lomatz et Meissen. Le 16 août, le Maréchal Prince de Deux-Ponts décida de couper les communications ennemies, forçant les Prussiens à se retirer. Le 17 août, l'armée occupa les hauteurs de Lomatz. Le 18 août, elle poursuivit les Prussiens en retraite jusqu'à Strehla. Le 19 août, le Maréchal reconnut la position ennemie et décida de les attaquer le lendemain. À minuit, l'armée se mit en marche et attaqua les Prussiens, les repoussant de plusieurs positions. Les Prussiens se retirèrent vers Torgau, laissant de lourdes pertes sur le champ de bataille.
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27
p. 193-201
De PARIS, le 18 Février 1763.
Début :
L'Académie Royale des Sciences ayant présenté au Roi les Sieurs [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Roi, Traité de paix, Duc, Ambassadeur, Statue, Loterie, Constitution, Cavalerie, Régiment, Compagnies, Comte, Colonel, Lieutenant, Soldats, Soldes, État-major, Ordonnance, Gardes, Grenadiers, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 18 Février 1763.
De PARIS , le 18 Février 1763.¨
L'Académie Royale des Sciences ayant préfenté
au Roi les Sieurs Bailli & J eaurat pour la
place d'Adjoint Aftronome , vacante par la mort
de l'Abbé de la Caille , S. M. les a nommés un
II. Vol, obim Indus »
194 MERCURE DE FRANCE.
:1
& l'autre , à la charge que la premiere place qui
vaquera dans cette Claffe ne fera point remplie.
Le Traité définitif de Paix a été figné le 10
de ce mois chez le fieur Duc de Bedfort , Ambaffadear
Extraordinaire & Plénipotentiaire du
Roi de la Grande- Bretagne , entre les Ambaffadeurs
& Plénipotentiaires qui ont figné les Préliminaires
à Fontainebleau te 3 Novembre de l'année
derniere. Le fieur de Mello , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de Portugal près du Roi , &
fon Ambaffadeur pour les conférences de la Paix ,
a figné en même temps l'acte d'acceffion de Sa
Majefté très fidele au Traité définitif.
Le 29 du mois dernier , le fieur Gor , Commiffaire
Général des fontes de l'Artillerie , a coulé
en bronze à l'Arfenal la Statue pédestre du Roi ,
qui doit être érigée dans la Place Royale de
Rheims. Cette fonte a eu le même fuccès que
celle qui a été faite le 20 Novembre dernier des
deux Figures de dix pieds de proportion qui doivent
accompagner le Piédeftal . La figure du Roi
a onze pieds & demi de proportion , ce Monu
ment , que la Ville de Rheims confacre à la
gloire de S.M. eft de la compofition du Sr Pigalle.
Le Vingt- cinquiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel-de-Ville s'eft fait le 25 du mois dernier ,
en la manière accoptumée. Le lot de cinquante
mille liv. eft échu au numero 53043 ; celui de
vingt mille liv. eft échu au numero 5 26 38 ; & les
deux de dix mille 1. aux numero 53005 & 58779 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune , font , 19 , 30 , 3 , 42 , 18. Le prochain
tirage le fera le Mars.
Le Roi ayant pris la réfolution de donner à
tout fon Brat Militaire une conftitution nouvelle ,
uniforme & conftante , vient de rendre une OrAVRIL
1763.
donnance , pour la Cavalerie , conçue fur le même
195
plan que celles qui a déja été publiée concernant
'Infanterie. Par cette nouvelle Ordonnance , darée
du 21 Décembre 1762 , Sa Majesté conferve
fur pied ,
indépendamment du Régiment des Carabiniers
de
Monfeigneur le Comte de Provence ,
les trente Régimens de Cavalerie fuivans ; le Colonel
- Général , le Meftre de- Camp- Général , le
Commiffaire-Général , Royal , du Roi , Royal-
Etranger , les Cuiratliers du Roi , Royal -Cravates ,
Royal- Rouillon , Royal-Piémont , Royal- Almand
, Royal- Pologne , Royal- Lorraine , Royal-
Picardie , Royal-
Champagne , Royal-Navarre ,
Royal
Normandie, la Reine, Dauphin,
Bourgogne ,
Berry , Artois , Orléans , Chartres , Condé, Bourbon
, Clermont , Conti , Penthiévre & Noailles,
Chacun de ces trente
Régimens fera composé en
tout temps de huit
Compagnies qui formeront quatre
efcadrons . On créera une place de Sous- Lieutenant
dans chaque
Compagnie , & le titre de
Cornette fera fupprimé , à la réserve de celui qui
eft attaché à la
compagnie du Colonel - Général
de la Cavalerie. La place de Maréchal - des - Logis
relle qu'elle eft
aujourd'hui , fera
fupprimée , &
il fera crée dans chaque
compagnie quatre places
de
Maréchal- des- Logis pour y remplir les
mêmes
fonctions que les Sergens dans l'Infanterie.
Chaque
compagnie de Cavalerie fera commandée
en tout temps par un
Capitaine y
Lieutenant & un- Sous-
Lieutenant , &
compofée
de quatre
Maréchaux -des- Logis , un Fourrier ,
huit
Brigadiers , huit
Carabiniers , trente- deux
Cavaliers & un
Trompette , tous montés . Ille-
Ta créé dans chacun des trente
Régimens de Cavalerie
deux charges de Sous -Aide Major & une
place de Tréforier ; il fera
pareillement établi
un
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
un Quartier- Maître dans chaque Régiment & un
Porte- Etendard par chaque Elcadron . Les difpofitions
qui regardent le choix , les rangs & les fon
Aions des Officiers , la police & la difcipline , l'adminiftration
de la caifle , le terme des engagemens
& des congés , &c , font les mêmes que
celles qui ont été établies pour l'Infanterie . Sa
Majeſté a auffi réglé une paye de paix & une
paye de guerre pour les troupes de fa Cavalerie
de la manière fuivante.
Compagnies. A chaque Capitaine , 2000 livres
par an en paix , & 3600 livres en guerre. Au
Capitaine Lieutenant des Compagnies Meſtrede
- Camp des Régimens du Meftre- de- Camp
Général & du Commiflaire- Général. A chaque
Lieutenant & au Sous- Lieutenant de la Compagnie
du Colonel- Général , 900 livres en paix &
1200 livres en guerre. A chacun des Cornettes
& Sous- Lieutenant des Compagnies du Colonel-
Général de Meftre- de- Camp- Général & du Commiffaire-
Général , 675 livres en paix & 900 livres
en guerre. A chaque Sous- Lieutenant , 600 livres
en paix & 800 livres en guerre. A chaque
Maréchal des Logis , 234 livres en paix & 270
livres en guerre. Au Fourrier , 216 livres en paix
>
252 livres en guerre. A chaque Brigadier
144 livres en paix & 180 livres en guerre. A
chaque Carabinier , 135 livres en paix & 171 livres
en guerre. A chaque Cavalier , Timbalier
ou Trompette , 126 livres en paix & 162 livres
en guerre.
Etat-Major. Au Meftre- de-Camp , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine ,
2500 livres en paix & 3000 livres , en guerre.
A Chacun des Meftres-de- Camp- Commandans
des Régimens de Meftre- de-Camp- Général ,
AVRIL. 1763. 197
1
Commiffaire- Général & du Régiment Royal-
Allemand , 2500 livres en paix & 3000 livres
en guerre . Au Lieutenant- Colonel , indépendamment
de les appointemens de Capitaine , 1600 li
vres en paix & 1800 livres en guerre. Au Major
, 3000 livres en paix & 4500 livres en guerre.
A chaque Aide-Major , avec commiffion de Capitaine
, 1800 livres en paix & 3000 livres en
guerre. A chaque Aide- Major , fans commiffion
de Capitaine , 1500 livres en paix & 2000
livres en guerre. A chaque Sous - Aide - Major
1000 livres en paix & 1200 livres en guerre.
Au Quartier- Maître , 600 livres en paix & 800
livres en guerre. A chaque Porte- Etendard ,
480 livres en paix & 540 livres en guerre . Au-
Tréforier , 2000 livres en paix ,
& 3000 livres
en guerre . A l'Aumônier , 720 livres en temps
de guerre ſeulement. Au Chirurgien , 720 livres
en temps de guerre feulement .
Sa Majefte veut que la paye de guerre ne
foit donnée qu'à ceux defdits Régimens qui ferviront
en campagne , à commencer du jour de
leur arrivée à l'armée , juſqu'à celui de leur départ
de l'armée pour rentrer dans le Royaume ;
& que ceux qui demeureront en garniſon dans
le Royaume pendant la guerre ne touchent que
la paye réglée pour le temps de paix. Sa Majefté
établit les moyens de parvenir à la nouvelle
compofition & à la réforme preſcrites.
Cette Ordonnance eft terminée par un état de
l'uniforme réglé par le Roi pour l'habillement
& équipement des Régimens de fa Cavalerie.
Il paroît auffi trois autres Ordonnances du Roi.
Par la premiere , en date du 12 Décembre
1762 , & portant réduction dans les trente Compagnies
du Régiment des Gardes Françoiſes , Sa
ཙྩ
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Majefté ordonne que ces trente Compagnies 3
qui font actuellement compofées de cent quarante
hommes , feront réduites au nombre de
cent vingt- fix , y compris fix Sergens , trois
Caporaux , neufAnfpeffades , quatre Tambours ,
& cent quatre Fusiliers .
Par la feconde & la troifiéme , du 21 du
même mois , Sa Majesté réforme la Compagnie
des Volontaires de Cambefort & le Régiment
de Cavalerie Allemande deNaffau-Wfingen.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 21 .
Décembre 1762 concernant les Régimens d'Infanterie
Irlandoife . Suivant cette Ordonnance , Sa
Majeſté conferve fur pied les Régimens de Bulkeley
, Clare , Dillon , Rothe & de Berwick ; le Régiment
Royal- Ecoffois & ceux d'Ogilvy & de Lally
feront fupprimés & incorporés dans les cinq qui
feront confervés , & dont chacun formera un bataillon
divifé en une Compagnie de Grenadiers
& huit de Fufiliers ; chacune des compagnies de
Grenadiers fera commandée en tout temps , ainfi
que chaque compagnie de Fufiliers , par un Capitaine
, un Lieutenant & un Sous - Lieutenant.
Celles des Grenadiers feront compofées chacune
de deux Sergens , d'un Fourrier, quatre Caporaux,
quatre Appointés , quarante Grenadiers , & d'un
Tambour ; celles des Fufiliers , en temps de paix ,
de quatre Sergens , d'un Fourrier , de huit Caporaux
, huit Appointés , quarante Fufiliers & de
deux Tambours : il fera créé dans chaque Régiment
un Sous-Aide- Major , un Tréſorier ,
Quartier-Maître, deur Porte -Drapeaux , un Tambour-
Major. Il continuera d'être entretenu un
Colonel en fecond dans le Régiment de Dillon .
Les difpofitions qui ont été établies pour l'Infanterie
& la Cavalerie Françoiſes feront exactement
fuivies relativement au choix , aux rangs & aux
un
AVRIL. 1763 . 199
fonctions des Officiers , à la police & à la difcipline
, ainfi qu'à l'adminiftration de la caiffe ,
&c. La paye de paix & la paye de guerre feront
réglées de la manière fuivante , & avec les mêmes
claufes que celles portées dans les précédentes
Ordonnances de Sa Majesté.
Compagnies de Grenadiers . A chaque Capitaine
, 2000 en paix , & 3000 livres ¿en guerre ;
au Lieutenant 900 livres en paix , & 1200 livres
en guerres au Sous-Lieutenant 500 livres
en paix , & 900 livres en guerre ; à chaque Sergent
, 222 livres en paix , & 228 livres en guerre ;
au Fourrier , 180 livres en paix , & 186 livres
en guerre à chaque Caporal , 156 livres en
paix , & 162 livres en guerre ; à chaque appointé ,
138 livres en paix , & 144 livres en guerre ; à
chaque Grenadier & au Tambour , 120 livres en
paix & 126 livres en guerre.
>
Compagnies de Fufilters . Au Capitaine , 1800
livres en paix , & 2400 livres en guerre au
Lieutenant 600 livres en paix , & 1000 en
guerres au Sous - Lieutenant 540 livres en
paix , & 800 livres en guerre à chaque Sergent
204 livres en paix , & 210 livres en guerre ,
au Fourrier , 162 livres en paix , & 168 en
guerre à chaque Caporal , 138 livres en paix .
& 144 livres en guerres à chaque Appointé
120 livres en paix 126 livres en guerres à cha-,
que Fufilier ou Tambour , 102 livres en paix
& 108 livres en guerre.
Etat-Major. Au Colonel , y compris les appointemens
de Capitaine , 12000 livres en tout
temps ; au Lieutenant colonel , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine 1700.
livres en paix , & 3000 livres en guerre ; au
Major , 2880 livres en paix , & 4000 livres en
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>
guerres à chaque Aide- Major , avec la commiffion
de Capitaine , 1800 livres en paix , &.
2400 livres en guerre ; à chaque Aide- Major ,
fans commiffion de Capitaine , 1200 livres en
paix , & 1860 livres én guerre ; à chaque Sous-
Aide- Major , 600 livres en paix , & 1200 livres
en guerres à chaque Porte- Drapeau , 450 livres
en paix , & 600 livres en guerre ; au Quartier-
Maître , 540 livres en paix & 800 livres en
guerres au Tréforier , 1200 livres en paix , &
2000 livres en guerre ; au Tambour- Major
252 livres en tout temps ; à l'Aumônier , soo
livres en paix , & 720 livres en guerre ; Au Chirurgien
, co livres en paix , & 720 livres en
guerre ; au Colonel en fecond du Régiment de
Dillon , 2400 liv . en paix , & 2880 liv . en guerre.
A
>
Les Officiers excédans le nombre préfcrit feront
reformés. Les Colonels qui feront dans ce cas
conferveront leurs appointemens en y comprenant
la gratification qui étoit attachée à leurs
charges. Les autres Officiers réformés & qui
feront étrangers , ou originaires Anglois , Ecoffois
& Irlandois , jouiront ; fçavoir , les Lieutenants-
Colonels , de 1800 livres de penſions
les Capitaines de Grenadiers de 1200 livres ; les
Capitaines de Fufiliers qui auront vingt ans de fervice
, & le Major , de 1050 livres ; les autres
Capitaines de Fufiliers , de 800 livres ; les Lieutenans
de 400 liv . & les Lieutenans en fecond
ou Enfeignes de 300 livres. Les Capitaines
ou Capitaines en fecond , qui feront François ,
jouiront en penfions fur le Tréfor Royal , s'ils
ont vingt ans de fervice , de 300 livres feulement.
Quant aux Lieutenans , Lieutenans en.
fecond ou Enfeignes qui feront François , its
fe retireront chez eux pour y attendre les em-
›
AVRIL. 1763.
201
plois auxquels Sa Majefté les deftine. Cette Ordonnance
eft terminée par un état de l'unifórme
réglé par Sa Majefté pour l'habillement
& équipement de ces cinq Régimens.
L'Académie Royale des Sciences ayant préfenté
au Roi les Sieurs Bailli & J eaurat pour la
place d'Adjoint Aftronome , vacante par la mort
de l'Abbé de la Caille , S. M. les a nommés un
II. Vol, obim Indus »
194 MERCURE DE FRANCE.
:1
& l'autre , à la charge que la premiere place qui
vaquera dans cette Claffe ne fera point remplie.
Le Traité définitif de Paix a été figné le 10
de ce mois chez le fieur Duc de Bedfort , Ambaffadear
Extraordinaire & Plénipotentiaire du
Roi de la Grande- Bretagne , entre les Ambaffadeurs
& Plénipotentiaires qui ont figné les Préliminaires
à Fontainebleau te 3 Novembre de l'année
derniere. Le fieur de Mello , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de Portugal près du Roi , &
fon Ambaffadeur pour les conférences de la Paix ,
a figné en même temps l'acte d'acceffion de Sa
Majefté très fidele au Traité définitif.
Le 29 du mois dernier , le fieur Gor , Commiffaire
Général des fontes de l'Artillerie , a coulé
en bronze à l'Arfenal la Statue pédestre du Roi ,
qui doit être érigée dans la Place Royale de
Rheims. Cette fonte a eu le même fuccès que
celle qui a été faite le 20 Novembre dernier des
deux Figures de dix pieds de proportion qui doivent
accompagner le Piédeftal . La figure du Roi
a onze pieds & demi de proportion , ce Monu
ment , que la Ville de Rheims confacre à la
gloire de S.M. eft de la compofition du Sr Pigalle.
Le Vingt- cinquiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel-de-Ville s'eft fait le 25 du mois dernier ,
en la manière accoptumée. Le lot de cinquante
mille liv. eft échu au numero 53043 ; celui de
vingt mille liv. eft échu au numero 5 26 38 ; & les
deux de dix mille 1. aux numero 53005 & 58779 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune , font , 19 , 30 , 3 , 42 , 18. Le prochain
tirage le fera le Mars.
Le Roi ayant pris la réfolution de donner à
tout fon Brat Militaire une conftitution nouvelle ,
uniforme & conftante , vient de rendre une OrAVRIL
1763.
donnance , pour la Cavalerie , conçue fur le même
195
plan que celles qui a déja été publiée concernant
'Infanterie. Par cette nouvelle Ordonnance , darée
du 21 Décembre 1762 , Sa Majesté conferve
fur pied ,
indépendamment du Régiment des Carabiniers
de
Monfeigneur le Comte de Provence ,
les trente Régimens de Cavalerie fuivans ; le Colonel
- Général , le Meftre de- Camp- Général , le
Commiffaire-Général , Royal , du Roi , Royal-
Etranger , les Cuiratliers du Roi , Royal -Cravates ,
Royal- Rouillon , Royal-Piémont , Royal- Almand
, Royal- Pologne , Royal- Lorraine , Royal-
Picardie , Royal-
Champagne , Royal-Navarre ,
Royal
Normandie, la Reine, Dauphin,
Bourgogne ,
Berry , Artois , Orléans , Chartres , Condé, Bourbon
, Clermont , Conti , Penthiévre & Noailles,
Chacun de ces trente
Régimens fera composé en
tout temps de huit
Compagnies qui formeront quatre
efcadrons . On créera une place de Sous- Lieutenant
dans chaque
Compagnie , & le titre de
Cornette fera fupprimé , à la réserve de celui qui
eft attaché à la
compagnie du Colonel - Général
de la Cavalerie. La place de Maréchal - des - Logis
relle qu'elle eft
aujourd'hui , fera
fupprimée , &
il fera crée dans chaque
compagnie quatre places
de
Maréchal- des- Logis pour y remplir les
mêmes
fonctions que les Sergens dans l'Infanterie.
Chaque
compagnie de Cavalerie fera commandée
en tout temps par un
Capitaine y
Lieutenant & un- Sous-
Lieutenant , &
compofée
de quatre
Maréchaux -des- Logis , un Fourrier ,
huit
Brigadiers , huit
Carabiniers , trente- deux
Cavaliers & un
Trompette , tous montés . Ille-
Ta créé dans chacun des trente
Régimens de Cavalerie
deux charges de Sous -Aide Major & une
place de Tréforier ; il fera
pareillement établi
un
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
un Quartier- Maître dans chaque Régiment & un
Porte- Etendard par chaque Elcadron . Les difpofitions
qui regardent le choix , les rangs & les fon
Aions des Officiers , la police & la difcipline , l'adminiftration
de la caifle , le terme des engagemens
& des congés , &c , font les mêmes que
celles qui ont été établies pour l'Infanterie . Sa
Majeſté a auffi réglé une paye de paix & une
paye de guerre pour les troupes de fa Cavalerie
de la manière fuivante.
Compagnies. A chaque Capitaine , 2000 livres
par an en paix , & 3600 livres en guerre. Au
Capitaine Lieutenant des Compagnies Meſtrede
- Camp des Régimens du Meftre- de- Camp
Général & du Commiflaire- Général. A chaque
Lieutenant & au Sous- Lieutenant de la Compagnie
du Colonel- Général , 900 livres en paix &
1200 livres en guerre. A chacun des Cornettes
& Sous- Lieutenant des Compagnies du Colonel-
Général de Meftre- de- Camp- Général & du Commiffaire-
Général , 675 livres en paix & 900 livres
en guerre. A chaque Sous- Lieutenant , 600 livres
en paix & 800 livres en guerre. A chaque
Maréchal des Logis , 234 livres en paix & 270
livres en guerre. Au Fourrier , 216 livres en paix
>
252 livres en guerre. A chaque Brigadier
144 livres en paix & 180 livres en guerre. A
chaque Carabinier , 135 livres en paix & 171 livres
en guerre. A chaque Cavalier , Timbalier
ou Trompette , 126 livres en paix & 162 livres
en guerre.
Etat-Major. Au Meftre- de-Camp , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine ,
2500 livres en paix & 3000 livres , en guerre.
A Chacun des Meftres-de- Camp- Commandans
des Régimens de Meftre- de-Camp- Général ,
AVRIL. 1763. 197
1
Commiffaire- Général & du Régiment Royal-
Allemand , 2500 livres en paix & 3000 livres
en guerre . Au Lieutenant- Colonel , indépendamment
de les appointemens de Capitaine , 1600 li
vres en paix & 1800 livres en guerre. Au Major
, 3000 livres en paix & 4500 livres en guerre.
A chaque Aide-Major , avec commiffion de Capitaine
, 1800 livres en paix & 3000 livres en
guerre. A chaque Aide- Major , fans commiffion
de Capitaine , 1500 livres en paix & 2000
livres en guerre. A chaque Sous - Aide - Major
1000 livres en paix & 1200 livres en guerre.
Au Quartier- Maître , 600 livres en paix & 800
livres en guerre. A chaque Porte- Etendard ,
480 livres en paix & 540 livres en guerre . Au-
Tréforier , 2000 livres en paix ,
& 3000 livres
en guerre . A l'Aumônier , 720 livres en temps
de guerre ſeulement. Au Chirurgien , 720 livres
en temps de guerre feulement .
Sa Majefte veut que la paye de guerre ne
foit donnée qu'à ceux defdits Régimens qui ferviront
en campagne , à commencer du jour de
leur arrivée à l'armée , juſqu'à celui de leur départ
de l'armée pour rentrer dans le Royaume ;
& que ceux qui demeureront en garniſon dans
le Royaume pendant la guerre ne touchent que
la paye réglée pour le temps de paix. Sa Majefté
établit les moyens de parvenir à la nouvelle
compofition & à la réforme preſcrites.
Cette Ordonnance eft terminée par un état de
l'uniforme réglé par le Roi pour l'habillement
& équipement des Régimens de fa Cavalerie.
Il paroît auffi trois autres Ordonnances du Roi.
Par la premiere , en date du 12 Décembre
1762 , & portant réduction dans les trente Compagnies
du Régiment des Gardes Françoiſes , Sa
ཙྩ
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Majefté ordonne que ces trente Compagnies 3
qui font actuellement compofées de cent quarante
hommes , feront réduites au nombre de
cent vingt- fix , y compris fix Sergens , trois
Caporaux , neufAnfpeffades , quatre Tambours ,
& cent quatre Fusiliers .
Par la feconde & la troifiéme , du 21 du
même mois , Sa Majesté réforme la Compagnie
des Volontaires de Cambefort & le Régiment
de Cavalerie Allemande deNaffau-Wfingen.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 21 .
Décembre 1762 concernant les Régimens d'Infanterie
Irlandoife . Suivant cette Ordonnance , Sa
Majeſté conferve fur pied les Régimens de Bulkeley
, Clare , Dillon , Rothe & de Berwick ; le Régiment
Royal- Ecoffois & ceux d'Ogilvy & de Lally
feront fupprimés & incorporés dans les cinq qui
feront confervés , & dont chacun formera un bataillon
divifé en une Compagnie de Grenadiers
& huit de Fufiliers ; chacune des compagnies de
Grenadiers fera commandée en tout temps , ainfi
que chaque compagnie de Fufiliers , par un Capitaine
, un Lieutenant & un Sous - Lieutenant.
Celles des Grenadiers feront compofées chacune
de deux Sergens , d'un Fourrier, quatre Caporaux,
quatre Appointés , quarante Grenadiers , & d'un
Tambour ; celles des Fufiliers , en temps de paix ,
de quatre Sergens , d'un Fourrier , de huit Caporaux
, huit Appointés , quarante Fufiliers & de
deux Tambours : il fera créé dans chaque Régiment
un Sous-Aide- Major , un Tréſorier ,
Quartier-Maître, deur Porte -Drapeaux , un Tambour-
Major. Il continuera d'être entretenu un
Colonel en fecond dans le Régiment de Dillon .
Les difpofitions qui ont été établies pour l'Infanterie
& la Cavalerie Françoiſes feront exactement
fuivies relativement au choix , aux rangs & aux
un
AVRIL. 1763 . 199
fonctions des Officiers , à la police & à la difcipline
, ainfi qu'à l'adminiftration de la caiffe ,
&c. La paye de paix & la paye de guerre feront
réglées de la manière fuivante , & avec les mêmes
claufes que celles portées dans les précédentes
Ordonnances de Sa Majesté.
Compagnies de Grenadiers . A chaque Capitaine
, 2000 en paix , & 3000 livres ¿en guerre ;
au Lieutenant 900 livres en paix , & 1200 livres
en guerres au Sous-Lieutenant 500 livres
en paix , & 900 livres en guerre ; à chaque Sergent
, 222 livres en paix , & 228 livres en guerre ;
au Fourrier , 180 livres en paix , & 186 livres
en guerre à chaque Caporal , 156 livres en
paix , & 162 livres en guerre ; à chaque appointé ,
138 livres en paix , & 144 livres en guerre ; à
chaque Grenadier & au Tambour , 120 livres en
paix & 126 livres en guerre.
>
Compagnies de Fufilters . Au Capitaine , 1800
livres en paix , & 2400 livres en guerre au
Lieutenant 600 livres en paix , & 1000 en
guerres au Sous - Lieutenant 540 livres en
paix , & 800 livres en guerre à chaque Sergent
204 livres en paix , & 210 livres en guerre ,
au Fourrier , 162 livres en paix , & 168 en
guerre à chaque Caporal , 138 livres en paix .
& 144 livres en guerres à chaque Appointé
120 livres en paix 126 livres en guerres à cha-,
que Fufilier ou Tambour , 102 livres en paix
& 108 livres en guerre.
Etat-Major. Au Colonel , y compris les appointemens
de Capitaine , 12000 livres en tout
temps ; au Lieutenant colonel , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine 1700.
livres en paix , & 3000 livres en guerre ; au
Major , 2880 livres en paix , & 4000 livres en
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>
guerres à chaque Aide- Major , avec la commiffion
de Capitaine , 1800 livres en paix , &.
2400 livres en guerre ; à chaque Aide- Major ,
fans commiffion de Capitaine , 1200 livres en
paix , & 1860 livres én guerre ; à chaque Sous-
Aide- Major , 600 livres en paix , & 1200 livres
en guerres à chaque Porte- Drapeau , 450 livres
en paix , & 600 livres en guerre ; au Quartier-
Maître , 540 livres en paix & 800 livres en
guerres au Tréforier , 1200 livres en paix , &
2000 livres en guerre ; au Tambour- Major
252 livres en tout temps ; à l'Aumônier , soo
livres en paix , & 720 livres en guerre ; Au Chirurgien
, co livres en paix , & 720 livres en
guerre ; au Colonel en fecond du Régiment de
Dillon , 2400 liv . en paix , & 2880 liv . en guerre.
A
>
Les Officiers excédans le nombre préfcrit feront
reformés. Les Colonels qui feront dans ce cas
conferveront leurs appointemens en y comprenant
la gratification qui étoit attachée à leurs
charges. Les autres Officiers réformés & qui
feront étrangers , ou originaires Anglois , Ecoffois
& Irlandois , jouiront ; fçavoir , les Lieutenants-
Colonels , de 1800 livres de penſions
les Capitaines de Grenadiers de 1200 livres ; les
Capitaines de Fufiliers qui auront vingt ans de fervice
, & le Major , de 1050 livres ; les autres
Capitaines de Fufiliers , de 800 livres ; les Lieutenans
de 400 liv . & les Lieutenans en fecond
ou Enfeignes de 300 livres. Les Capitaines
ou Capitaines en fecond , qui feront François ,
jouiront en penfions fur le Tréfor Royal , s'ils
ont vingt ans de fervice , de 300 livres feulement.
Quant aux Lieutenans , Lieutenans en.
fecond ou Enfeignes qui feront François , its
fe retireront chez eux pour y attendre les em-
›
AVRIL. 1763.
201
plois auxquels Sa Majefté les deftine. Cette Ordonnance
eft terminée par un état de l'unifórme
réglé par Sa Majefté pour l'habillement
& équipement de ces cinq Régimens.
Fermer
Résumé : De PARIS, le 18 Février 1763.
En février 1763, l'Académie Royale des Sciences a proposé les sieurs Bailli et Jeaurat pour le poste d'Adjoint Astronome, vacant après le décès de l'Abbé de la Caille. Le roi les a nommés à condition que la première place vacante dans cette classe ne soit pas remplie. Le 10 février, le traité définitif de paix a été signé chez le duc de Bedford, ambassadeur de Grande-Bretagne, par les ambassadeurs ayant signé les préliminaires à Fontainebleau le 3 novembre précédent. Le sieur de Mello, ministre plénipotentiaire du roi de Portugal, a également signé l'acte d'accession au traité définitif. Le 29 janvier, le sieur Gor, commissaire général des fontes de l'Artillerie, a coulé en bronze à l'Arsenal la statue pédestre du roi destinée à la Place Royale de Reims. Cette statue, de onze pieds et demi, est de la composition de M. Pigalle. La fonte des deux figures de dix pieds pour le piédestal, réalisée le 20 novembre précédent, a également réussi. Le 25 janvier, le vingt-cinquième tirage de la loterie de l'Hôtel-de-Ville a eu lieu. Les lots gagnants étaient : 50 000 livres pour le numéro 53043, 20 000 livres pour le numéro 52638, et 10 000 livres pour les numéros 53005 et 58779. Le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire a également eu lieu, avec les numéros sortis : 19, 30, 3, 42, 18. Le prochain tirage est prévu pour mars. Le roi a décidé de réformer son bras militaire. Une ordonnance pour la cavalerie, datée du 21 décembre 1762, a été publiée. Elle conserve les trente régiments de cavalerie existants et supprime la place de maréchal-des-logis, remplacée par quatre maréchaux-des-logis par compagnie. Les soldes de paix et de guerre ont été réglées pour chaque grade. Trois autres ordonnances royales ont été publiées : une pour réduire les compagnies du régiment des Gardes Françaises à 126 hommes, et deux pour réformer la compagnie des Volontaires de Cambefort et le régiment de cavalerie allemande de Nassau-Weissen. Une ordonnance concernant les régiments d'infanterie irlandaise a également été publiée. Elle conserve les régiments de Bulkeley, Clare, Dillon, Rothe et de Berwick, et supprime les régiments Royal-Écossais, Ogilvy et de Lally, qui sont incorporés dans les cinq régiments conservés. Les soldes de paix et de guerre ont été réglées pour chaque grade. Les officiers excédentaires seront réformés et recevront des pensions selon leur grade et leur ancienneté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 206-211
DE PARIS, le 18 Mars 1763.
Début :
Le Comte de Monteynard, Enseigne de la seconde Compagnie des Mousquetaires, ayant [...]
Mots clefs :
Comte, Compagnie des Mousquetaires, Statue du roi, Place, Piédestal, Ordonnances du roi, Compagnies, Réduction, Grenadiers, Officiers réformés, Régiment, Infanterie, Dragons, Colonel, Général, Soldes, Paix, Guerre, Soldats, Pensions militaires, Congé, Archevêque, Duc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 18 Mars 1763.
DE PARIS. , le 18 Mars 1763.
Le Comte de Monteynard , Enſeigne de la
feconde Compagnie des Moufquetaires , ayant
obtenu du Roi la permifion de fe démettre de
cet emploi , Sa Majesté a diſpoſé de la cornette
vacante en faveur du Marquis du Hallay , Capitaine
au Régiment Royal- Etranger , Cavalerie.
Le 17 du mois dernier , fur les huit heures
du matin , le Statue du Roi , que Sa Majesté
a permis à la Ville de Paris de lui ériger , &
qui a été fondue fur le modéle du feu Sieur
Bouchardon , a commencé d'être conduite de
l'Attelier vers la place où elle doit être poſée ;
on avoit eu la précaution de la renfermer dans
une cage de charpente roulante ; par le moyen
< de Vindas & de mains d'hommes , on lui a fait
parcourir , dans l'espace de trois jours , le chemin
qu'elle avoit à tenir depuis la fortie de
l'Attelier , hors de la barrière du Fauxbourg
du Roule , jufqu'à la Place de Louis XV , en
lui faifant fuivre toute la rue dudit Fauxbourgi
& le 23 elle a été établie fur fon piedeſtal , aux
acclamations d'un grand concours de peuple.
Le fervice s'eft fait en préfence du Duc de Chevreuſe
, Gouverneur de Paris , du Prévôt des
Marchands & du Bureau de la Ville , avec tout
le fuccès que l'on pouvoit attendre des ſoins & de
l'intelligence des différentes perfonnes qui y
cétoient proposées , & en particulier du fieur
3
16
·M A 1. 1763. 207
2
'Herbette , Maître Charpentier à S. Denis , Entrepreneur
des Ponts & Chauffées & des Bâtimens
du Roi , Auteur des machines. En paffant devant
la porte de la maiſon où eft décédé le fieur Bouchardon
, on a fait une décharge de Canons &
de Boetes , pour honorer la mémoire d'un Ar
tifte fi excellent , qui par cet ouvrage immortel ,
s'eft afferé une gloire que la Nation partage
avec lui.
Il paroît quatre Ordonnances du Roi.
Par la première , en date du 21 Décembre dernier
,"Sa Majesté réduit à trente Compagnies les
quarante qui compofent actuellement le Régiment
des Carabiniers de Monfeigneur le Comte
de Provence. Les difpofitions qui concernent la
nouvelle compofition & la difcipline de ces Corps
font conformes à celles qui ont été établies par
P'Ordonnance de la Cavalerie.
Dans la feconde, du 20 Janvier 1763 , S. M.
réforme le Corps des Grenadiers- Royaux revenus
de la Martinique.
La troifiéme du 31 - da même mois , concerne
le traitement des Officiers réformés des Régimens
de Foix , de Boulonnois , de Quercy & d'Angoumois
, qui étoit de fervice à S. Domingue.
Par la quatrième , du même jour , S. M. réforme
les fx piquets d'Infanterie employés à S.
Domingue.
11 paroît encore quatres autres Ordonnances
du Roi datées du 21 Décembre dernier.
Par la première , concernant le Régiment
Royal- Italien , le Roi fupprime le Régiment d'In-
#fanterie Royal- Corfe dont les neuf Compagnies
feront incorporées dans le Régiment Royal d'Infanterie
Italienne , lequel , au n: oyen de cette inccorporation
, fera compofée de deux Bataillons."
208 MERCURE DE FRANCE.
Par la feconde , concernant les Régimens d'In
fanterie Allemande , Sa Majefté conferve fur pied
ceux d'Altace , d'Anhalt , la Marck , Royal- Bavière
, Royal - Suédois , Naffau , Royal - Deux- Ponts &
celui de Bouillon . Le Régiment d'Alface ne formera
plus que trois Bataillons ; chacun de ceux d'Anhalt
, la Marck , Royal- Bavière , Royal - Suédois ,
Naffau & Royal - Deux-Ponts ne feront compofés
que de deux , & celui de Bouillon d'un feulement
Le Bataillons excédens feront réformés & incorporés
dans ceux que Sa Majefté a jugé à propos
de conferver fur pied . Quant à ce qui concerne
la compofition des Bataillons & Compagnies ,
la création des nouvelles places , le choix & les
fonctions des Officiers , la paye de paix & de guerre
, le traitement des Officiers réformés , &c.
Les difpofitions de ces deux Ordonnances font
conformes à celles qui feront fuivies à l'égard de
l'Infanterie Françoife . Ces deux nouvelles Ordonnances
ont cela de particulier que S. M. accorde
un fol par jour avec une ration de pain aux
femmes des étrangers mariés qui voudront fervir
dans les fufdits Régimens ; mais ce traitement
n'aura lieu que tant qu'elles refteront au quartier
d'affemblée , & que leurs maris feront attachés
aux Régimens.
Par la troifiéme , Sa Majefté conferve fur
pied dix -fept Régimens de Dragons , fçavoir ,
Colonel - Général ; Meftrede Camp - Géné
ral , Royal , du Roi , de la Reine , Dauphin ,
Orléans , Bauffremont , Choifeul , d'Autichamp ,
Chabot , Coigny , Nicolaï , Chapt , Chabril
lant , Languedoc & Schomberg . Chacun de ces
Régimens fera compofé en tout temps de huit
compagnies celui de Schomberg confervera
les huit qui le compoſent ; & les feize de
MA I. 1763 . 208
shacun des autres Régimens feront doublées
pour n'en former également que huit. Chaque
compagnie fera compofée , en temps de paix
de quatre Maréchaux-des- Logis , un Fourrier ,
huit Brigadiers , huit Appointés , vingt-quatra
Dragons & un Tambour , formant quarante- fix
hommes , dont trente feront montés , & feize
refteront à pied. La paye de paix & de guerre.
eft fixée de la maniere fuivante,
COMPAGNIE S A chaque Capitaine ;
1800 livres en paix , & 3600 livres en guerre ;
à chaque Capitaine - Lieutenant des Compagnies ,
Colonel- Général & Meftre- de - Camp- Général , &
à chaque Lieutenant des autres Compagnies
800 livres en paix , & 1000 livres en guerres
au Sous- Lieutenant de la Compagnie du Colonel-
Général des Dragons , 600 livres en paix ,
& 800 livres en guerre ; au Cornette de ladite
Compagnie , 540 livres en paix , & 800 livres
en guerre ; au Sous- Lieutenant des autres Compagnies
, 500 livres en paix , & 800 livres en .
guerre à chaque Maréchal- des- Logis , 216
livres en paix , & 252 livres en guerre ; à chaque
Fourrier , 189 livres en paix , &-225 livres
en guerre ; à chaque Brigadier , 135 livres enpaix
, & 171 livres en guerre ; à chaque Appointé
, 126 livres en paix , & 162 livres en
guerre ; à chaque Dragon ou Tambour , 117
livres en paix , & 153 livres , en guerre. ETATMAJOR.
Au Meftre- de- Camp , y compris fes .
appointemens de Capitaine , 6000 livres en
paix , & 6600 livres en guerre; au Lieutenant-Colonel
, y compris fes appointemens de Capitai
ne , 3600 livres en paix , & 5400 livres en ½
guerre à chacun des Meftre- de- Camp en fe- ..
cond des Régimens du Meftre- de Camp Gé
210 MERCURE DE FRANCE.
néral , d'Orléans & de Schomberg , 2500 livres
en paix , & 3000 livres en guerre ; au Major ,
3000 livres en paix , & 4500 livres en guerre ;
à chaque Aide - Major , avec commiſſion de Capitaine
, 1800 livres en paix , & 3000 livres
en guerre à chaque Aide- Major , fans commillion
de Capitaine , 1500 livres en paix , &
2000 livres en guerre ; à chaque Sous - Aide-
Major , 1000 livres en paix , & 1200 livres en
guerre; au Quartier- Maître , 600 livres en paix ,
& 800 livres en guerre ; à chaque Porte - Guidon
, 480 livres en paix , & 540 livres en guerre
; au Tréforier , 2000 livres en paix , & 3.000
livres en guerre à l'Aumônier & au Chirurgien
, à chacun 720 livres en temps de guerre
feulement.
Les Capitaines réformés jouiront en penfion
fur le Tréfor Royal de soo livres ; les Lieutenans
, qui auront fervi dix ans , de 250 livres
; & les Cornettes , qui auront été Maréchaux-
des- Logis , de 150 livres. Quant aux Offi
ciers incorporés & réformés , à la fuite des Régimens
, ils fe retireront chez eux , & y toucheront
les appointemens qui leur ont été précédemment
accordés ; Sa Majesté ne voulant
plus entretenir d'Officiers incorporés ou réformés
à la fuite des Régimens de Dragons. Cette
* Ordonnance eft terminée par un état de l'uniforme
réglé par le Roi pour les Régimens cidefus.
Par la derniere , Sa Majesté conferve fur pied
les trois Régimens de Houflards de, Berchiny , de
Chamborant & de Royal - Naffau , dont chacun
fera composé de douze compagnies , formant
trois escadrons en temps de paix , & fix en
temps de guerre..Chaque compagnie fera comM
A I. 1763.
2.11
pofée de vingt- neuf hommes , dont dix monstés
, & dix -neuf à pied . Les Tymbales & Eten-.
dards de ces trois Régimens , ainfi que le Prevôt
qui eft dans le Régiment Royal - Nallau ,
feront fupprimés. Sa Majefté regle auffi pour
les Régimens confervés une paye de paix & une
paye de guerre , ainfi que l'uniforme de leur
habillement. L'Ordonnance de la Cavalerie fert
de regle aux deux nouvelles Ordonnances pour
ce qui concerne le choix , le rang & les fonctions
des Officiers , la fuppreffion de certaines
places , la création de nouvelles , l'adminiftration
de la caifle , le terme des engagemens &
la délivrance actuelle des congés , &c.
Le Comte de Taflo , jeune Seigneur Polonois ,
qui étoit en France depuis dix - huit mois , en est
reparti le deux de ce mois, pour retourner en Pologne
, après avoit eu l'honneur de prendre congé
de la Reine , qui luia marqué beaucoup de bonté.
Charles-Antoine de la Roche- Aymon Grand
Aumônier de France , ci-devant Archevêque de
Narbonne , aujourd'hui Archevêque de Rheims ,
& en cette qualité premier Pair Eccléfiaftique du
Royaume ; & le Duc de Sully , Prince d'Enrichemont
, ont été reçus le 14 de ce mois au Parlement,
& y ont pris féance en qualité de Pairs de
France. Le Duc d'Orléans , le Duc de Chartres ,
le Prince de Condé , le Prince de Conti , & le
Comte de la Marche , ont aſſiſté à leur récep-
Ation .
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
Le Comte de Monteynard , Enſeigne de la
feconde Compagnie des Moufquetaires , ayant
obtenu du Roi la permifion de fe démettre de
cet emploi , Sa Majesté a diſpoſé de la cornette
vacante en faveur du Marquis du Hallay , Capitaine
au Régiment Royal- Etranger , Cavalerie.
Le 17 du mois dernier , fur les huit heures
du matin , le Statue du Roi , que Sa Majesté
a permis à la Ville de Paris de lui ériger , &
qui a été fondue fur le modéle du feu Sieur
Bouchardon , a commencé d'être conduite de
l'Attelier vers la place où elle doit être poſée ;
on avoit eu la précaution de la renfermer dans
une cage de charpente roulante ; par le moyen
< de Vindas & de mains d'hommes , on lui a fait
parcourir , dans l'espace de trois jours , le chemin
qu'elle avoit à tenir depuis la fortie de
l'Attelier , hors de la barrière du Fauxbourg
du Roule , jufqu'à la Place de Louis XV , en
lui faifant fuivre toute la rue dudit Fauxbourgi
& le 23 elle a été établie fur fon piedeſtal , aux
acclamations d'un grand concours de peuple.
Le fervice s'eft fait en préfence du Duc de Chevreuſe
, Gouverneur de Paris , du Prévôt des
Marchands & du Bureau de la Ville , avec tout
le fuccès que l'on pouvoit attendre des ſoins & de
l'intelligence des différentes perfonnes qui y
cétoient proposées , & en particulier du fieur
3
16
·M A 1. 1763. 207
2
'Herbette , Maître Charpentier à S. Denis , Entrepreneur
des Ponts & Chauffées & des Bâtimens
du Roi , Auteur des machines. En paffant devant
la porte de la maiſon où eft décédé le fieur Bouchardon
, on a fait une décharge de Canons &
de Boetes , pour honorer la mémoire d'un Ar
tifte fi excellent , qui par cet ouvrage immortel ,
s'eft afferé une gloire que la Nation partage
avec lui.
Il paroît quatre Ordonnances du Roi.
Par la première , en date du 21 Décembre dernier
,"Sa Majesté réduit à trente Compagnies les
quarante qui compofent actuellement le Régiment
des Carabiniers de Monfeigneur le Comte
de Provence. Les difpofitions qui concernent la
nouvelle compofition & la difcipline de ces Corps
font conformes à celles qui ont été établies par
P'Ordonnance de la Cavalerie.
Dans la feconde, du 20 Janvier 1763 , S. M.
réforme le Corps des Grenadiers- Royaux revenus
de la Martinique.
La troifiéme du 31 - da même mois , concerne
le traitement des Officiers réformés des Régimens
de Foix , de Boulonnois , de Quercy & d'Angoumois
, qui étoit de fervice à S. Domingue.
Par la quatrième , du même jour , S. M. réforme
les fx piquets d'Infanterie employés à S.
Domingue.
11 paroît encore quatres autres Ordonnances
du Roi datées du 21 Décembre dernier.
Par la première , concernant le Régiment
Royal- Italien , le Roi fupprime le Régiment d'In-
#fanterie Royal- Corfe dont les neuf Compagnies
feront incorporées dans le Régiment Royal d'Infanterie
Italienne , lequel , au n: oyen de cette inccorporation
, fera compofée de deux Bataillons."
208 MERCURE DE FRANCE.
Par la feconde , concernant les Régimens d'In
fanterie Allemande , Sa Majefté conferve fur pied
ceux d'Altace , d'Anhalt , la Marck , Royal- Bavière
, Royal - Suédois , Naffau , Royal - Deux- Ponts &
celui de Bouillon . Le Régiment d'Alface ne formera
plus que trois Bataillons ; chacun de ceux d'Anhalt
, la Marck , Royal- Bavière , Royal - Suédois ,
Naffau & Royal - Deux-Ponts ne feront compofés
que de deux , & celui de Bouillon d'un feulement
Le Bataillons excédens feront réformés & incorporés
dans ceux que Sa Majefté a jugé à propos
de conferver fur pied . Quant à ce qui concerne
la compofition des Bataillons & Compagnies ,
la création des nouvelles places , le choix & les
fonctions des Officiers , la paye de paix & de guerre
, le traitement des Officiers réformés , &c.
Les difpofitions de ces deux Ordonnances font
conformes à celles qui feront fuivies à l'égard de
l'Infanterie Françoife . Ces deux nouvelles Ordonnances
ont cela de particulier que S. M. accorde
un fol par jour avec une ration de pain aux
femmes des étrangers mariés qui voudront fervir
dans les fufdits Régimens ; mais ce traitement
n'aura lieu que tant qu'elles refteront au quartier
d'affemblée , & que leurs maris feront attachés
aux Régimens.
Par la troifiéme , Sa Majefté conferve fur
pied dix -fept Régimens de Dragons , fçavoir ,
Colonel - Général ; Meftrede Camp - Géné
ral , Royal , du Roi , de la Reine , Dauphin ,
Orléans , Bauffremont , Choifeul , d'Autichamp ,
Chabot , Coigny , Nicolaï , Chapt , Chabril
lant , Languedoc & Schomberg . Chacun de ces
Régimens fera compofé en tout temps de huit
compagnies celui de Schomberg confervera
les huit qui le compoſent ; & les feize de
MA I. 1763 . 208
shacun des autres Régimens feront doublées
pour n'en former également que huit. Chaque
compagnie fera compofée , en temps de paix
de quatre Maréchaux-des- Logis , un Fourrier ,
huit Brigadiers , huit Appointés , vingt-quatra
Dragons & un Tambour , formant quarante- fix
hommes , dont trente feront montés , & feize
refteront à pied. La paye de paix & de guerre.
eft fixée de la maniere fuivante,
COMPAGNIE S A chaque Capitaine ;
1800 livres en paix , & 3600 livres en guerre ;
à chaque Capitaine - Lieutenant des Compagnies ,
Colonel- Général & Meftre- de - Camp- Général , &
à chaque Lieutenant des autres Compagnies
800 livres en paix , & 1000 livres en guerres
au Sous- Lieutenant de la Compagnie du Colonel-
Général des Dragons , 600 livres en paix ,
& 800 livres en guerre ; au Cornette de ladite
Compagnie , 540 livres en paix , & 800 livres
en guerre ; au Sous- Lieutenant des autres Compagnies
, 500 livres en paix , & 800 livres en .
guerre à chaque Maréchal- des- Logis , 216
livres en paix , & 252 livres en guerre ; à chaque
Fourrier , 189 livres en paix , &-225 livres
en guerre ; à chaque Brigadier , 135 livres enpaix
, & 171 livres en guerre ; à chaque Appointé
, 126 livres en paix , & 162 livres en
guerre ; à chaque Dragon ou Tambour , 117
livres en paix , & 153 livres , en guerre. ETATMAJOR.
Au Meftre- de- Camp , y compris fes .
appointemens de Capitaine , 6000 livres en
paix , & 6600 livres en guerre; au Lieutenant-Colonel
, y compris fes appointemens de Capitai
ne , 3600 livres en paix , & 5400 livres en ½
guerre à chacun des Meftre- de- Camp en fe- ..
cond des Régimens du Meftre- de Camp Gé
210 MERCURE DE FRANCE.
néral , d'Orléans & de Schomberg , 2500 livres
en paix , & 3000 livres en guerre ; au Major ,
3000 livres en paix , & 4500 livres en guerre ;
à chaque Aide - Major , avec commiſſion de Capitaine
, 1800 livres en paix , & 3000 livres
en guerre à chaque Aide- Major , fans commillion
de Capitaine , 1500 livres en paix , &
2000 livres en guerre ; à chaque Sous - Aide-
Major , 1000 livres en paix , & 1200 livres en
guerre; au Quartier- Maître , 600 livres en paix ,
& 800 livres en guerre ; à chaque Porte - Guidon
, 480 livres en paix , & 540 livres en guerre
; au Tréforier , 2000 livres en paix , & 3.000
livres en guerre à l'Aumônier & au Chirurgien
, à chacun 720 livres en temps de guerre
feulement.
Les Capitaines réformés jouiront en penfion
fur le Tréfor Royal de soo livres ; les Lieutenans
, qui auront fervi dix ans , de 250 livres
; & les Cornettes , qui auront été Maréchaux-
des- Logis , de 150 livres. Quant aux Offi
ciers incorporés & réformés , à la fuite des Régimens
, ils fe retireront chez eux , & y toucheront
les appointemens qui leur ont été précédemment
accordés ; Sa Majesté ne voulant
plus entretenir d'Officiers incorporés ou réformés
à la fuite des Régimens de Dragons. Cette
* Ordonnance eft terminée par un état de l'uniforme
réglé par le Roi pour les Régimens cidefus.
Par la derniere , Sa Majesté conferve fur pied
les trois Régimens de Houflards de, Berchiny , de
Chamborant & de Royal - Naffau , dont chacun
fera composé de douze compagnies , formant
trois escadrons en temps de paix , & fix en
temps de guerre..Chaque compagnie fera comM
A I. 1763.
2.11
pofée de vingt- neuf hommes , dont dix monstés
, & dix -neuf à pied . Les Tymbales & Eten-.
dards de ces trois Régimens , ainfi que le Prevôt
qui eft dans le Régiment Royal - Nallau ,
feront fupprimés. Sa Majefté regle auffi pour
les Régimens confervés une paye de paix & une
paye de guerre , ainfi que l'uniforme de leur
habillement. L'Ordonnance de la Cavalerie fert
de regle aux deux nouvelles Ordonnances pour
ce qui concerne le choix , le rang & les fonctions
des Officiers , la fuppreffion de certaines
places , la création de nouvelles , l'adminiftration
de la caifle , le terme des engagemens &
la délivrance actuelle des congés , &c.
Le Comte de Taflo , jeune Seigneur Polonois ,
qui étoit en France depuis dix - huit mois , en est
reparti le deux de ce mois, pour retourner en Pologne
, après avoit eu l'honneur de prendre congé
de la Reine , qui luia marqué beaucoup de bonté.
Charles-Antoine de la Roche- Aymon Grand
Aumônier de France , ci-devant Archevêque de
Narbonne , aujourd'hui Archevêque de Rheims ,
& en cette qualité premier Pair Eccléfiaftique du
Royaume ; & le Duc de Sully , Prince d'Enrichemont
, ont été reçus le 14 de ce mois au Parlement,
& y ont pris féance en qualité de Pairs de
France. Le Duc d'Orléans , le Duc de Chartres ,
le Prince de Condé , le Prince de Conti , & le
Comte de la Marche , ont aſſiſté à leur récep-
Ation .
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
Fermer
Résumé : DE PARIS, le 18 Mars 1763.
Le 18 mars 1763, le Comte de Monteynard, Enseigne des Mousquetaires, a obtenu la permission du Roi de démissionner. Le Marquis du Hallay, Capitaine au Régiment Royal-Étranger de Cavalerie, a été nommé pour le remplacer. Le 17 mars, la statue du Roi, fondue d'après le modèle du défunt Bouchardon, a été transportée de l'atelier à la Place de Louis XV. Installée sur son piédestal le 23 mars, elle a été acclamée par une grande foule en présence du Duc de Chevreuse et d'autres dignitaires. Le Maître Charpentier Herbette a supervisé les machines utilisées pour le transport. Quatre ordonnances royales ont été publiées. La première, datée du 21 décembre 1762, réduit le Régiment des Carabiniers de Monseigneur le Comte de Provence à trente compagnies. La deuxième, du 20 janvier 1763, réforme le Corps des Grenadiers-Royaux revenus de la Martinique. La troisième, du 31 janvier, concerne le traitement des officiers réformés des régiments de Foix, de Boulonnois, de Quercy et d'Angoumois, en service à Saint-Domingue. La quatrième réforme les six piquets d'infanterie employés à Saint-Domingue. Quatre autres ordonnances, datées du 21 décembre 1762, ont également été publiées. La première supprime le Régiment d'Infanterie Royal-Corse et incorpore ses compagnies dans le Régiment Royal d'Infanterie Italienne. La deuxième conserve plusieurs régiments d'infanterie allemande et réforme les bataillons excédentaires. La troisième conserve dix-sept régiments de Dragons et réforme leur composition et leur paye. La quatrième conserve trois régiments de Houzards et réforme leur composition et leur paye. Le Comte de Tarslo, un jeune seigneur polonais, a quitté la France le 2 mars pour retourner en Pologne après avoir pris congé de la Reine. Charles-Antoine de la Roche-Aymon, Grand Aumônier de France et Archevêque de Reims, et le Duc de Sully ont été reçus au Parlement le 14 mars et y ont pris séance en qualité de Pairs de France. Le Duc d'Orléans, le Duc de Chartres, le Prince de Condé, le Prince de Conti et le Comte de la Marche ont assisté à leur réception.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 225-229
De PARIS, le 18 Avril 1763.
Début :
Le 14 du mois dernier, l'Académie Françoise a élu l'Abbé de [...]
Mots clefs :
Académie française, Élection, Comte, Assemblée, Cardinal, Cérémonie, Ordonnance du roi, Régiments, Compagnie, Légion royale, Dragons, Grenadiers, Capitaine, Pensions militaires, Soldats, Guerre, Paix, Colonels, Infanterie, Procureur du roi, Académie royale, Bibliothèque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 18 Avril 1763.
De PARIS, le 18 Avril 1763.
Le 14 du mois dernier , l'Académie Françoiſe
a élu l'Abbé de Radonvilliers , Sous- Précepteur
de Mgr le Duc de Berri & de Mgr le Comte de
Provence, pour remplir la place vacante par la
mort du ſieur Carlet de Marivaux. Le 26 , certe
Académie tint une aſſemblée publique dans la-
Kv
226 MERCURE DE FRANCE .
1
quelle il prononcé ſon diſcours de réception,
Le Cardinalde Luynės a répondu au remerciment
de ce nouvel Académicien .
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſolemnelle
qu'on a coutume de faire tous les ans
enmémoire de la réduction de cette Capitale
ſous l'obéillance de Henri IV. Le Corps de Ville
aſſiſta , ſelon l'uſage , à cette cérémonie.
,
:
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du
1 Mars 1763 concernant les troupes légéres ,
par laquelle Sa Majesté conſerve ſur pied quatre
légions de ces troupes , indépendamment
des Régimens des Volontaires de Clermont & de
Soubiſe , & fupprime le Régiment des Volontaires
Etrangers de Wurmſer & la Compagnie de
ChaffeursdePoncet. La Légion Royale ſera la premièredes
quatre que S. M. entretiendra,&elle conſervera
fon nom. La ſeconde ſera compoſée du Régimentdes
Volontaires de Flandres & de celui des
Volontaires du Dauphiné qui ſeront incorporés
enſemble: cette Légion ſera ſous la dénomination
de Légion de Flandre , & commandée par
le Chevalier de Jaucourt. La troiſſéme , ſous la
dénomination de Légion du Haynaut , & commandée
par le ſieur de Grandmaiſon , ſera
compoſéedu Régiment des Volontaires du Haynaut
& de celui des Volontaires d'Auſtraſie qui
feront incorporés enſemble. Le Régiment de Dragons
chaſſeurs de Conflans ſera à l'avenir ſous
la dénomintion de Légion de Conflans , & formera
la quatriéme Légion. Ces Légions ou Régimens
continueront de marcher entr'eux ſuivant
le rang dont ils jouiſſent actuellement.
Chaque Légion ſera compoſée en tout temps de
dix-ſept compagnies , dont une de Grenadiers ,
huisde Fufiliers & huit de Dragons ; & chacun
JUIN. 1763 . 227
des Régimens des Volontaires de Clermont St.
de Soubiſe de neuf Compagnies , dont une de
Grenadiers , quatre de Fuſiliers & quatre de Dragons.
Indépendamment de pluſieurs autres difpoſitions
contenues dans cetteOrdonnance , relativement
à la ſuppreſſion de certaines places &
àla créationde quelques autres , à l'ordre quidoit
être obſervé dans chaque Compagnie , au choix
des Officiers , à la manutention de la caiffe
terme des engagemens , &c. Sa Majesté a réglé
une paye de paix & une paye de guerre de
la manière ſuivante .
,
au
COMPAGNIES DE GRENADIERS. A chaque
Capitaine , 2000 1. par an enpaix , & 3000l. en
guerre, à chaque Lieutenant , 900l . en paix, &
1200 1. en guerre , à chaque Sous- Lieutenant ,
600 l. en paix , & 900 1. en guerre , à chaque
Sergent , 222 1. en paix , & 228 1. en guerre ; à
chaque Fourrier, 180 1. en paix, & 186 1. en guerre
; à chaque Caporal , 156 1. en paix , & 162 1.
en guerre ; à chaque appointé , 1381, en paix , &
144 1. en guerre ; à chaque Grenadier & au Tambour
, 120 1. en paix , & 126 1. en guerre. Сом-
PAGNIES DE FUSILIERS . A chaque Capitaine ,
1500 1. en paix , & 2400 l. en guerre , à chaque
Lieutenant , 600.1. en paix , & 1000 l. en guerre;
à chaque Sous - Lieutenant , 5401. en paix , & 800
1. en guerre ; à chaque Sergent , 204 1. en paix ,
& 210 1. en guerre ; à chaque Fourrier , 162 l. en
paix , & 168 1. en guerre ; à chaque Caporal, 138
1. en paix,& 144 1. en guerres à chaqueAppointé,
120 1. en paix & 126 1. en guerre , à chaque Fufilier
& Tambour, 102 1. en paix , & 108 1. en
guerre. COMPAGNIES DE DRAGONS. A chaque
Capitaine , 1800 1. en paix , & 3600 l . en guerre;.
à chaque Lieutenant , 800 1. en paix , & 10001.
en guerre , à chaque Sous - Lieutenant , soul. en
228 MERCURE DE FRANCE,
paix , & 800 1. en guerre ; à chaque Maréchaldes
Logis, 216 1. en paix , & 252 1. en guerre ; à
-chaque Fourrier , 189 1. en paix,& 225 l. enguerre;
à chaque Brigadier , 135 1. en paix, & 171 1.
en guerre, àchaque Dragon ou Tambour , 117
1. en paix , & 1.53 1. en guerre. ETAT- MAJOR. AU
Colonel de Chaque Légion & au Colonel-Lieutenant
du Réglement des Volontaires de Clermont
, 4500 l . en paix , & 6000 l. en guerre; au
Colonel du Régiment des Volontaires de Soubiſe ,
2400 1. en tout temps , au Colonel en ſeconddudit
Régiment , 2100 1. en paix, & 3600 l. en guerre
; au Colonel-Commandant de chaque Légion
3600 1. en paix, 5400.1. en guerre; à chaque Lieutenant-
Colonel , 35001. en paix, & 5400 l. en
guerre,à chaque Major , 2880 1. en paix , & 4000
I. en guerre, à chaque Aide- Major d'Infanterie ,
avec commiffion de Capitaine , 1500 1. en prix , &
2400 l. en guerresà chaque Aide- Major d'Infanterie,
ſans commiſſion de Capitaine , 900 l . en paix ,
&1800 1. enguerre , à chaque Aide - Major de
-Dragons , avec commiſſion de Capitaine , 18001.
en paix, & 3000l . en guerre , à chaque Aide- Ma
jor de Dragons , ſans commiſſion de Capitaine',
1500 1. en paix , & 2000l. en guerre ; au Sous-Aide-
Major d'Infanterie , qui ſera créé en tempsde
guerre, 1200l.au Sous-Aide Major deDragonsqui
fera créé en tempsde guerre 12001. au Tréſorier ,
en temps deguerre ſeulement , 3000 l . au Quartier
Maître , en tems de guerre ſeulement 800 L.
àl'Aumônier&au Chirurgien en temps de guerre
feulement, sool.
Suivant la même Ordonnance , les Officiers réformés
jouïront annuellement en appointemens,
ſçavoir , les Colonels , de 3600 1. les Colonels-
Commandans , de 2000 l. les Lieutenans-Colo
JUI N. 1763 . 229
nels , de 1200 l . les Majors & les Commandansde
l'Infanterie , de 800 1. les Capitaines des Grenadiers
, de 600 l. ceux de Fuſiliers , de soo 1. les
Capitaines en ſecond , & les Aides - Majors d'Infanterie
, de 4001, les Capitaines des Dragons ,
de soo l . les Capitaines en ſecond , & les Aides-
Majors de Dragons , de 4501. , les Lieutenans--
Colonels réformés ala ſuitedeſdits Corps, de 1200
1. les Capitaines réformés des Dragons , de so०
1. & ceux d'infanterie , de 400 l. Les Lieutenans
qui ont paflé par les grades de Sergent ou de
Maréchal des Logis , de 300 1. Les Sous- Lieutenans
, qui auront paſſé par les mêmes gardes , de
270 1. A l'égard des Lieutenans & Sous-Lieutenans
, qui n'auront point pallé par ces grades ,
mais qui ſe trouveront avoir ſervi au moins dıx
ans , ils jouiront auſſi en appointemens , ſçavoir ,
les Lieutenans , de 200 l.& les Sous- Lieutenans ,
de 150 l . Cette Ordonnance eſt terminée par l'état
de l'uniforme réglé par Sa Majeſté pour l'habillement&
l'équipementde ces troupes.
LE FEU SR MORIAU , Procureur du Roi &de
laVille , ayant légué par teſtament ſa Bibliothéque
à la Ville de Paris , à condition qu'elle ſeroit
publique , le ſieur de Viarmes , Prévôt des
Marchands & les Echevins ont accepté le legs ,
&en conféquence ont nommé pour Bibliothécaire
, le ſieur de Bonamy, de l'Académie Royale
des Inſcriptions & Belles- Lettres , & pour Sous-
Bibliothécaire l'Abbé Ameithon . Ainfi cette Bibliotheque
, qui eſt placée à l'Hôtel de Lamoignon,
rue Pavée au Marais , a été ouverte au
Public pour la première fois le 13 de ce mois
après midi , & elle continuera de l'être tous les
Mercredis & Samedis de l'année juſqu'aux Vacances.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
Le 14 du mois dernier , l'Académie Françoiſe
a élu l'Abbé de Radonvilliers , Sous- Précepteur
de Mgr le Duc de Berri & de Mgr le Comte de
Provence, pour remplir la place vacante par la
mort du ſieur Carlet de Marivaux. Le 26 , certe
Académie tint une aſſemblée publique dans la-
Kv
226 MERCURE DE FRANCE .
1
quelle il prononcé ſon diſcours de réception,
Le Cardinalde Luynės a répondu au remerciment
de ce nouvel Académicien .
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſolemnelle
qu'on a coutume de faire tous les ans
enmémoire de la réduction de cette Capitale
ſous l'obéillance de Henri IV. Le Corps de Ville
aſſiſta , ſelon l'uſage , à cette cérémonie.
,
:
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du
1 Mars 1763 concernant les troupes légéres ,
par laquelle Sa Majesté conſerve ſur pied quatre
légions de ces troupes , indépendamment
des Régimens des Volontaires de Clermont & de
Soubiſe , & fupprime le Régiment des Volontaires
Etrangers de Wurmſer & la Compagnie de
ChaffeursdePoncet. La Légion Royale ſera la premièredes
quatre que S. M. entretiendra,&elle conſervera
fon nom. La ſeconde ſera compoſée du Régimentdes
Volontaires de Flandres & de celui des
Volontaires du Dauphiné qui ſeront incorporés
enſemble: cette Légion ſera ſous la dénomination
de Légion de Flandre , & commandée par
le Chevalier de Jaucourt. La troiſſéme , ſous la
dénomination de Légion du Haynaut , & commandée
par le ſieur de Grandmaiſon , ſera
compoſéedu Régiment des Volontaires du Haynaut
& de celui des Volontaires d'Auſtraſie qui
feront incorporés enſemble. Le Régiment de Dragons
chaſſeurs de Conflans ſera à l'avenir ſous
la dénomintion de Légion de Conflans , & formera
la quatriéme Légion. Ces Légions ou Régimens
continueront de marcher entr'eux ſuivant
le rang dont ils jouiſſent actuellement.
Chaque Légion ſera compoſée en tout temps de
dix-ſept compagnies , dont une de Grenadiers ,
huisde Fufiliers & huit de Dragons ; & chacun
JUIN. 1763 . 227
des Régimens des Volontaires de Clermont St.
de Soubiſe de neuf Compagnies , dont une de
Grenadiers , quatre de Fuſiliers & quatre de Dragons.
Indépendamment de pluſieurs autres difpoſitions
contenues dans cetteOrdonnance , relativement
à la ſuppreſſion de certaines places &
àla créationde quelques autres , à l'ordre quidoit
être obſervé dans chaque Compagnie , au choix
des Officiers , à la manutention de la caiffe
terme des engagemens , &c. Sa Majesté a réglé
une paye de paix & une paye de guerre de
la manière ſuivante .
,
au
COMPAGNIES DE GRENADIERS. A chaque
Capitaine , 2000 1. par an enpaix , & 3000l. en
guerre, à chaque Lieutenant , 900l . en paix, &
1200 1. en guerre , à chaque Sous- Lieutenant ,
600 l. en paix , & 900 1. en guerre , à chaque
Sergent , 222 1. en paix , & 228 1. en guerre ; à
chaque Fourrier, 180 1. en paix, & 186 1. en guerre
; à chaque Caporal , 156 1. en paix , & 162 1.
en guerre ; à chaque appointé , 1381, en paix , &
144 1. en guerre ; à chaque Grenadier & au Tambour
, 120 1. en paix , & 126 1. en guerre. Сом-
PAGNIES DE FUSILIERS . A chaque Capitaine ,
1500 1. en paix , & 2400 l. en guerre , à chaque
Lieutenant , 600.1. en paix , & 1000 l. en guerre;
à chaque Sous - Lieutenant , 5401. en paix , & 800
1. en guerre ; à chaque Sergent , 204 1. en paix ,
& 210 1. en guerre ; à chaque Fourrier , 162 l. en
paix , & 168 1. en guerre ; à chaque Caporal, 138
1. en paix,& 144 1. en guerres à chaqueAppointé,
120 1. en paix & 126 1. en guerre , à chaque Fufilier
& Tambour, 102 1. en paix , & 108 1. en
guerre. COMPAGNIES DE DRAGONS. A chaque
Capitaine , 1800 1. en paix , & 3600 l . en guerre;.
à chaque Lieutenant , 800 1. en paix , & 10001.
en guerre , à chaque Sous - Lieutenant , soul. en
228 MERCURE DE FRANCE,
paix , & 800 1. en guerre ; à chaque Maréchaldes
Logis, 216 1. en paix , & 252 1. en guerre ; à
-chaque Fourrier , 189 1. en paix,& 225 l. enguerre;
à chaque Brigadier , 135 1. en paix, & 171 1.
en guerre, àchaque Dragon ou Tambour , 117
1. en paix , & 1.53 1. en guerre. ETAT- MAJOR. AU
Colonel de Chaque Légion & au Colonel-Lieutenant
du Réglement des Volontaires de Clermont
, 4500 l . en paix , & 6000 l. en guerre; au
Colonel du Régiment des Volontaires de Soubiſe ,
2400 1. en tout temps , au Colonel en ſeconddudit
Régiment , 2100 1. en paix, & 3600 l. en guerre
; au Colonel-Commandant de chaque Légion
3600 1. en paix, 5400.1. en guerre; à chaque Lieutenant-
Colonel , 35001. en paix, & 5400 l. en
guerre,à chaque Major , 2880 1. en paix , & 4000
I. en guerre, à chaque Aide- Major d'Infanterie ,
avec commiffion de Capitaine , 1500 1. en prix , &
2400 l. en guerresà chaque Aide- Major d'Infanterie,
ſans commiſſion de Capitaine , 900 l . en paix ,
&1800 1. enguerre , à chaque Aide - Major de
-Dragons , avec commiſſion de Capitaine , 18001.
en paix, & 3000l . en guerre , à chaque Aide- Ma
jor de Dragons , ſans commiſſion de Capitaine',
1500 1. en paix , & 2000l. en guerre ; au Sous-Aide-
Major d'Infanterie , qui ſera créé en tempsde
guerre, 1200l.au Sous-Aide Major deDragonsqui
fera créé en tempsde guerre 12001. au Tréſorier ,
en temps deguerre ſeulement , 3000 l . au Quartier
Maître , en tems de guerre ſeulement 800 L.
àl'Aumônier&au Chirurgien en temps de guerre
feulement, sool.
Suivant la même Ordonnance , les Officiers réformés
jouïront annuellement en appointemens,
ſçavoir , les Colonels , de 3600 1. les Colonels-
Commandans , de 2000 l. les Lieutenans-Colo
JUI N. 1763 . 229
nels , de 1200 l . les Majors & les Commandansde
l'Infanterie , de 800 1. les Capitaines des Grenadiers
, de 600 l. ceux de Fuſiliers , de soo 1. les
Capitaines en ſecond , & les Aides - Majors d'Infanterie
, de 4001, les Capitaines des Dragons ,
de soo l . les Capitaines en ſecond , & les Aides-
Majors de Dragons , de 4501. , les Lieutenans--
Colonels réformés ala ſuitedeſdits Corps, de 1200
1. les Capitaines réformés des Dragons , de so०
1. & ceux d'infanterie , de 400 l. Les Lieutenans
qui ont paflé par les grades de Sergent ou de
Maréchal des Logis , de 300 1. Les Sous- Lieutenans
, qui auront paſſé par les mêmes gardes , de
270 1. A l'égard des Lieutenans & Sous-Lieutenans
, qui n'auront point pallé par ces grades ,
mais qui ſe trouveront avoir ſervi au moins dıx
ans , ils jouiront auſſi en appointemens , ſçavoir ,
les Lieutenans , de 200 l.& les Sous- Lieutenans ,
de 150 l . Cette Ordonnance eſt terminée par l'état
de l'uniforme réglé par Sa Majeſté pour l'habillement&
l'équipementde ces troupes.
LE FEU SR MORIAU , Procureur du Roi &de
laVille , ayant légué par teſtament ſa Bibliothéque
à la Ville de Paris , à condition qu'elle ſeroit
publique , le ſieur de Viarmes , Prévôt des
Marchands & les Echevins ont accepté le legs ,
&en conféquence ont nommé pour Bibliothécaire
, le ſieur de Bonamy, de l'Académie Royale
des Inſcriptions & Belles- Lettres , & pour Sous-
Bibliothécaire l'Abbé Ameithon . Ainfi cette Bibliotheque
, qui eſt placée à l'Hôtel de Lamoignon,
rue Pavée au Marais , a été ouverte au
Public pour la première fois le 13 de ce mois
après midi , & elle continuera de l'être tous les
Mercredis & Samedis de l'année juſqu'aux Vacances.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
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Résumé : De PARIS, le 18 Avril 1763.
En avril 1763, l'Académie Françoise a élu l'Abbé de Radonvilliers pour succéder à Marivaux. Le 26 avril, l'Abbé a prononcé son discours de réception lors d'une assemblée publique, auquel le Cardinal de Luynes a répondu. Le 22 avril, une procession solennelle a commémoré la réduction de Paris sous l'obéissance de Henri IV, en présence du Corps de Ville. Le 1er mars 1763, une ordonnance royale a réorganisé les troupes légères. Le roi a décidé de maintenir quatre légions de troupes légères, en plus des régiments des Volontaires de Clermont et de Soubise, et de supprimer le régiment des Volontaires Étrangers de Wurmser et la compagnie des Chauffeurs de Poncet. Les légions sont nommées Légion Royale, Légion de Flandre, Légion du Hainaut et Légion de Conflans. Chaque légion est composée de dix-sept compagnies, incluant des grenadiers, fusiliers et dragons. Les régiments des Volontaires de Clermont et de Soubise comptent neuf compagnies chacun. L'ordonnance régit également les soldes de paix et de guerre pour les différents grades des compagnies de grenadiers, fusiliers et dragons, ainsi que pour l'état-major. Les officiers réformés recevront des appointements annuels en fonction de leur grade. L'ordonnance précise aussi l'uniforme des troupes. Par ailleurs, le sieur Moriau, ancien Procureur du Roi et de la Ville, a légué sa bibliothèque à la Ville de Paris à condition qu'elle soit publique. La bibliothèque, placée à l'Hôtel de Lamoignon, a été ouverte au public le 13 avril et le sera tous les mercredis et samedis jusqu'aux vacances. Le sieur de Bonamy et l'Abbé Ameithon ont été nommés bibliothécaire et sous-bibliothécaire respectivement.
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