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1
p. 184-216
Tout ce qui s'et passé en Catalogne depuis l'ouverture de la Campagne, avec les Noms des Morts & des Blessez, & de ceux qui se sont signalez dans la derniere Défaite des Ennemis. [titre d'après la table]
Début :
Les Espagnols avoient formé le dessein d'une grande diversion de [...]
Mots clefs :
Ennemis, Espagnols, Pays, Catalogne, Valence, Duc de Navailles, Bataillons, Canon, Régiment, Marche, Hauteur, Royaume, Combat, Troupes, Cavalerie, Morts, Bagages, Blessés, Capitaines, Tués
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'et passé en Catalogne depuis l'ouverture de la Campagne, avec les Noms des Morts & des Blessez, & de ceux qui se sont signalez dans la derniere Défaite des Ennemis. [titre d'après la table]
Les Eſpagnols avoient formé le deffein d'une grande diver- ſion de ce coſté-là ,&cela par politique. CePaïs eſt plus pres d'eux , & les avantages qu'ils ſe tenoient affurez d'y rem- porter, devoient faire une plus forte impreffion fur l'eſprit des Peuples. Ils firent des levées
GALANT. 129
&د
dans toutes leurs Provinces ,
auſquelles ils donnent le nom de Royaumes , & choiſirent le Comte de Monterey pour Viceroy de Catalogne pourGeneral de cette Armée.
Il eſt adroit , vigilant, &d'une exactitude merveilleuſe àfaire
bien ſervir ſon Prince. Ces
grandes levées eſtant faites , &
la plupart des Nobles ayant joint l'Armée , partie comme Volontaires , partie comme Officiers , la Cour d'Eſpagne en eſpera tout , & fe fortifia encor plus dans le deſſein de de faire quelque entrepriſe conſidérable fur les François en Catalogne , pour faire oublier au Peuple de Madrid les Conquestes du Roy en Flan- dre. Ainfi le Comte de Monterey reçeut ordre de partir en
130 LE MERCURE pofte de Sarragofſe où il eſtoit,
d'aller à Barcelone , d'y arrê- ter fix Vaiſſeaux chargez de Troupes pour la Sicile , &de les faire ſervir en Catalogne.
Douze cens Fantaſſins levez
dans le Royaume de Grenade ,
arriverent en mefme temps à
Barcelone.Le Mestre de Camp
de Valence luy mena deux mille Hommes un peu apres;
&d'autres levées faites dans le
meſme Royaume &dansl'Andaloufie , les joignirent pref- que auffitoft . Le Comte de Monterey eſtant arrivé dans l'Armée qu'ildevoit comman- der , Monfieur le Marefchal
Duc de Navailles &luy s'en- voyerent faire de grandes ci- vilitez , & fe firent dire qu'ils ſe verroient. Ce Comte voufut paroiſtre le plus civil. Il fit
GALANT. 131
- avancer ſes Troupes , & mar- cha du coſté de Saint Pierre
Peſcador , où Monfieurde Navailles eſtoit poſté. Ce Duc eſtant bien aiſe de ſuy épar- gner la moitié du chemin , en- voya huit cens Chevaux pour reconnoiſtre les Ennemis , &
ces huit cens Chevaux enleverent leur grande Garde.
Deux jours apres , le Comte deMontereyvoulant paſſer un Défilé à la veuë de noſtre Armée , Monfieur de Navailles
le fit charger , &le contraignit deſe retirer en deſordre apres
une Efcarmouche de trois
2
heures , où les Eſpagnols per- dirent beaucoup de monde.
Quelque temps aprés , Mon- fieur le Duc de Navailles
ayant eu avis que le Comte de Monterey avoit comman
132 LE MERCVRE
de huit cens Miquelets avec un Détachement de Cavalerie , pour nous ofter la com- munication avec le Lampour- dan , il envoya quelques trou- pes ſous Mº de la Rablie- re , Marefchal de Camp , qui les défit. On tua les deux
Commandans, & on prit deux autres Officiers. Voilà toute la
Campagne en peu de mots juſqu'au jour delagrandeDé- faite des Ennemis dont vous
avez entendu parler , & que je vay vous apprendre , avec des particularitez que vous n'avez aſſurément point veuës enſemble. Vous treblez peut- eftre déja que je ne vous aille faire une longue Relation, que
je ne vous accable d'une infi nité de termes de Guerre , &
que je ne vous nomme tous
GALANT. 133 les Villages par où l'on a paſſé,
&tous les poſtes qu'on a oc- cupez. Rafſurez-vous , Madame , je ne vous parleray de la Guerrequed'une maniere qui n'aura rien d'ennuyeux pour vous , & qui fera tres- intelli- gible aux Dames à qui vous faites partde mes Lettres.C'eſt pour elles particulierement que j'écris , & je ne feray ce Recit que comme vousle fe- ON
riez vous-mefme. S'il n'a pas le tour aifé & naturel que vous luy donneriez , il aura du moins le charme de la brié
veté. Fiez - vous en moy , je vous prie , & hazardez - vous fur ma parole à lire ce que je vous envoye. Nous étionsen- trez en Catalogne malgré les grandes forces que les Enne- mis y avoient ; nous avions
134 LE MERCVRE
د
fait chez eux tous les dégaſts imaginables , confommé leurs Fourages , enlevé leurs Bef- tiaux & donné en meſme
temps aux Noftres le moyen de faire paiſiblement leur ré- colte dans le Rouffillon ; mais
nous n'avions pû entrer dans le Païs Ennemy , que par des paſſages étroits qui font entre les Montagnes , & queles Ef- pagnols pouvoient aiſement occuper pour nous empeſcher le retour. En effet ils s'étoient
déja ſaiſis de quelques-uns en intention de nous attaquer.
Nos Troupes leur cedoient en nombre. Il eſtoit queſtion de fortir des Montsoù nous nous
eftions engagez, & ce fut dans cette difficulté qu'éclata la prudence & la conduite de
Monfieurle Ducde Navailles.
Il
GALANT. 135 Il envoya ſes ordres à M le Chevalier d'Aubeterre , Gouverneur de Collioure,&Lieu
tenant Generaldes Arméesdu
Roy, de ſe rendre maître d'un Paſſage appellé le Col de Ba- gnols, qu'il ſçavoit qu'on avoit deſſein de luy fermer. M le Chevalier d'Aubeterre partie environ àminuit , avec undé
tachement de ſa Garniſon &
- des Milices du Païs. Il trouva
queles Ennemis avoient occu- -pé des Hauteurs &des Ro- chers eſcarpez. Il les en chaf- ſa avec une vigueur incroya- ble, &fit fuïrdeux Bataillons
qui venoient à leur ſecours.
Le chemin eſtantouvert,MonſieurdeNavailles commença à
faire marcher dés ce jour-là.
Les Ennemis vinrent camper àla portée de noſtre Canon;
D
S
S
Tome VI. M
1
136 LE MERCURE il y eut quelques eſcarmou- ches, &on les recommença le lendemain. Les Eſpagnols en Bataille voulurent gagner une Montagne fort haute, mais on les en empefcha. Cétobſtacle rompit leurs meſures , & nous occupâmes une Hauteur qui nous ofta tout lieu de rien
craindre d'eux. On demeura
trois jours en preſence,&pen- dant tout ce temps on ne fit que des eſcarmouches. On chargea trois EſcadronsEnne-- mis qui avoient paſſé une Ri- viere, &qui estoient foûtenus de ſept Regimens d'Infante- rie. L'avantage nous demeura,
avec perte pour les Eſpagnols de plus de ſept cens Hommes,
qui furent ou tuez ,
prifonniers , ou mis hors de
ou faits
combat. Nôtre General n'ayat
GALANT. 137
ان
S
و
plus rien à faire dans le Païs ,
fongea à s'en retirer , & fit marcher les premiers Bagages.
Cette marche fut dérobée à la
connoiſſance des Ennemis
auffi-bien que celle de toute l'Armée qui commença à dé- filer àminuit.Lors que le Com- te de Monterey en fut averty,
cette nouvelle le mit au deſefpoir , & il marcha avec tant de précipitation , qu'il joignit noſtre Arrieregarde. Monfieur de Navailles avec une adreffe
& une prudence admirable ,
trouva moyen de faire avan- cer encor noftre Armée ce
qui fit perdre haleine aux En- nemis qui nous pourſuivoient.
Les Eſpagnols ayans plus de
,
Troupes eftant compoſées de
S Troupes que nous ,
& ces
1
toute la Nobleſſe de leurs
Mij
138 LE MERCURE Royaumes, ſe répondoient tel- lementde la Victoire,que dans l'impatience de combattre, ils vinrentenfin àboutd'attacher
l'eſcarmouche , ce qu'ils firent avec une impétuoſité qui ſe peut àpeine concevoir. Ils oc- cuperent des Hauteurs; mais les Noſtres aprés les en avoir chaſſez en gagnerent d'autres,
& conferverent fi bien cét
avantage pendattoute la jour- née, qu'ils donnerentlieu aux Bagages d'avancer beaucoup,
&de ſe mettre en ſeureté. M
de Navailles ne craignant plus rien , & ayant fait voir au Comte de Monterey qu'il en fçavoit plus que luy , mit ſon Armée en bataille dans le lieu
qu'il jugea le plus avantageux,
&fit pofter fon Canonde for- te qu'il fut tres-bien fervy , &
GALANT. 139
1
1
incommoda fort les Ennemis.
Noftre General voulut encor
gagnerune Hauteur, &ce qui paroift incroyable , nos Trou- pes qui devoient eſtre fati- guées de tant de mouvemens,
ypaſſerent avec diligence &
fans aucune confufion , parun effet des ordres que Monfieur ☐ de Navailles donnoit avecune application & une prefence d'eſpritqui n'avoient rien d'égal que fon courage. Il animoit tous les Officiers à bien faire ;
& les Soldats encouragez par fon exemple &parſes paroles,
réſolurentde périr plûtoſt que d'abandoner ce dernierPofte.
Les Ennemis vinrent aufſi- toft
ànous en tres-bon ordre , &
le Combat s'engagea. On tira pendant trois heuresde la ſeu le longueur de deux Piques ,
Miij
140 LE MERCURE Bataillons contre Bataillons , la
Cavalerie de part & d'autre eſtant derriere l'Infanterie..
Nos Troupes ne firent aucun méchant mouvement , & on ne les pût obliger à reculer d'un ſeul pas. La Cavalerie quenous avionsſur l'aifle gau- che fit des merveilles : Elle
monta fur une Hauteur pref- que inacceffible , & en chaffa lesEnnemis. Celle de ladroite alla pluſieurs fois à la char- ge , & en tua grand nom.
bre. L'Occafion dura cinq heures & demie , &fe termina avec beaucoup de gloire pour le Roy. Les Eſpagnolsy
ont perdu plus de deux mille Hommes. On leur a entierement défait les Regimensd'Ar--
ragon, de Medina Sidonia , &
deMonteleone. TouslesOffi-
GALANT.: 141 ciers de ces trois Regimens ont eſté tuez , bleffez , ou faits
prifonniers. On a fort mal trai- té ceux de Grenade & de la
Cofte , & il y a eu un tres- grand nombre de prifonniers,
entre leſquels ſont plufieurs Perſonnes de qualité , dont quelques-uns, comme le Com- te de la Fuente, le Vicomte de S.George,& le Colonel Heffe,
✓ font morts de leurs bleſſures..
Cette Action eſt d'autant plus
glorieuſe, qu'on a batu les Ennemisdans leur Païs, quoyque plus forts, qu'ony eft demeuré maître du Champ de Bataille,
qu'on leur a pris des Dra peaux ,&tout cela en ſe reti rant ; ce qui eſt une circon - ſtance remarquable : car les
Retraites font ordinairement
- dangereuses , & on y est rar
142 LE MERCURE
rement attaqué qu'on ne ſoit batu. Les Eſpagnols n'ont rien entrepris depuis ce temps-là ,
& voilà à quoy ont abouty tous ces grands Armemens, &
toutes ces Levées, qui avoient épuiſé leurs RoyaumesdeGre- nade &d'Andaloufie. Jevous
ay tenu parole , Madame. Ce Récit n'eſt embaraſſe d'aucuns'
Noms de Paſſages,&je ne l'ay pas meſme voulu charger de ceux de nos Officiers qui ſe font fait remarquer , afin de vous en laiſſer plus aiſement fuivre le fil . Cela ne me doit
pas empeſcher de leur rendre preſentement juſtice; & pour faire honneur aux Etrangers ,
je vous diray d'abord que les Suiffes & les Allemands ne
donnerent quartier à perſon- ne , fur ce qu'un Trompette
GALANT. 143 des Ennemis vint declarer -qu'ils n'en feroient point aux Etrangers. Si les François euf- ſent ſuivy cet exemple , il ne ſeroit guere demeuré d'Eſpa- gnols.
Les Regimens de Sault, de Furſtemberg , de Navailles ,
d'Erlac , de Gaſſion , de la Rabliere , de Lanſon , de Lebret ,
&de Villeneuve , ſe ſont dif
tinguez , aufli bien que les Dragons., que rien n'a efte ca- pable d'ébranler. Jamais onn'a fi genéralement bien faitdans aucun Combat. Onn'a pas re- marqué un feul Soldat qui ait reculé,&on ne ſçait qui loüer,
particulierement des Officiers,
parce qu'ils meritent tous d'égales loüanges.
*
Monfieur le Mareſchal Duc
de Navailles diviſa ſes Trou-
144 LE MERCURE
pes enpluſieurs Corps,&quoy qu'il fuſt par tout, il ne laiſſa pas de ſe mettre à la teſte d'un de
ces Corps qu'il avoit fi judi- cieuſement diviſez. Mr de la
Rabliere Mareſchal de Camp,
eſtoit à la teſte d'un autre , &
monta fur une Hauteur où il
batit les Ennemis. Mrde Gafſion Lieutenant General , pаreillementàla teſte d'un Corps,
occupa une autre Hauteur ; &
Mr Chevreau Brigadier deCa- valerie , ſe ſignala à la teſte du quatrième Corps. Mr du Sauf- fay donna beaucoup de mar- *ques de cœur & de conduite
en cette occaſion; il commandoit la Cavalerie. M² le Marquis d'Apremont Mareſchalde Camp, y fit des merveilles. II eſtoit par tout. Ce fut luy qui foûtint les premiers efforts des
GALANT. 145
Ennemis , & qui commença à
leur faire connoiſtre qu'ils s'é- toient trompez quand ils s'é- toient voulu répondre ſi fortement de la Victoire. La con- duite des Bagages fut donnée à Mr d'Urban Brigadier d'In- fanterie. Il les mit en ſeûreté,
&revint en ſuite prendre part à la gloire de cette fameuſe journée. M' le Marquis de Villeneuve , Colonel de Cavalerie , après avoir foûtenu les efforts des Ennemis , les chargea vigoureuſement. M le Che- valier de Ganges fit des choſes
ſurprenantes , & forma des Eſcadrons , malgré tout le feu des Ennemis. Mr le Marquis
de Navailles ſervit de Briga- dier en la place de M de S. André , qui avoit eſté envoyé
depuis deux jours à Bellegarde.
146 LE MERCURE 1
Ce Marquis agit avec autant de prudence que de courage.
Il mena les Bataillons à la
Charge , & fe montradigne du Sang dont il fort. M. des
Fontaines Lieutenant d'Artillerie , fit tout ce qu'on pou- voit attendre de luy. Son Ca- non fut bien ſervy, & fi à pro- pos , que les Ennemis en fou- frirent beaucoup. Toutes les Relations parlent fi avanta- geufement de Meſſieurs de la
Rabliere & deGaffion , qu'on ne leur peut donner trop de loüanges, non--plus qu'àMon- fieur le Chevalier d'Aubeterre , qui ayant apporté une vi- gilance incroyable à ſe faifir du Col de Bagnols avant le Combat, montra une vigueur extraordinaire à chaffer les
Ennemis qui avoient occupé les
GALANT. 147
les Hauteurs des environs de
ce Paſſage, quoy qu'ils fuſſent beaucoup mieux poftez & en plus grand nombre. Monfieur de Raiſon , Capitaine au Regi- ment de Sault ,& un petit Corps de Suiffes , executerent
tres-bien ſes ordres, Monfieur
le Camus deBeaulicu , Intendant General de tout le Païs,
donna les ſiens fort à propos.
Il avoit receu une Lettre en
chifre de Monfieur le Duc de
Navailles pour faire marcher toute la Milice du Païs avec
M' le Chevalier d'Aubeterre,
& pour tenir preſtes les Munir)
tions de guerre & de bouche,
& il prit ſoin de tout avecune diligence & une ponctualité qui nepeuvent etre allezoſti mées. Il chargea Monfieur He ron, Commiſſaire ordinaire des
Tome VI. N
148 LE MERCVRE Guerres , & des Convois tant
par terre que par Mer, de l'e- xecution'de beaucoup de cho- ſes dont il s'acquita tres-fide- lement. Il ne me reſte plus qu'à vous dire les noms des Morts&des Bleſſez , tant d'actions vigoureuſes n'ayant pû fe faire ſans qu'il nous en ait couſté quelque choſe.
Capitaines tuez.
M.Choueraſqui, м. le Chevalier du Cros, M.Duran.
Capitaines bleſſez.
Mrs Praflon , Davénes, Bardonanche, Maurniay, De Tu- bas , Revellas , Tronc , Romp,
Geſſeret,Bandron,Quantagril,
Guaſque, Saint Géniez , La- barte, Sainte-Coulombe, Lan- glade, Barriere, Brouffan,Cha- tonville Vulaine M. le Marquis deVilleneu
GALANT. 149
ve Colonel de Cavalerie , &
M.de Conflans Major du Re- gimentde laRabliere, ont auffi efté bleſſez .
a
Je ne vous parle point des Eſpagnols morts oubleſſez. Ce font noms qui vous font en tierement inconnus , &d'ailleurs le nombre eneſt ſi grand,
qu'ils ne pourroient que vous ennuyer. Le ComtedeMonterey envoyé demander le Corps du Comtede la Fuente par un Trompete , & dire à
Monfieur de Navailles qu'il avoit eſté plus heureux que luy. Ce Trompete le pria en meſme temps de ſa part d'a- voir ſoin de la Nobleſſe d'ef
pagne qu'il avoit entre ſes mains.
GALANT. 129
&د
dans toutes leurs Provinces ,
auſquelles ils donnent le nom de Royaumes , & choiſirent le Comte de Monterey pour Viceroy de Catalogne pourGeneral de cette Armée.
Il eſt adroit , vigilant, &d'une exactitude merveilleuſe àfaire
bien ſervir ſon Prince. Ces
grandes levées eſtant faites , &
la plupart des Nobles ayant joint l'Armée , partie comme Volontaires , partie comme Officiers , la Cour d'Eſpagne en eſpera tout , & fe fortifia encor plus dans le deſſein de de faire quelque entrepriſe conſidérable fur les François en Catalogne , pour faire oublier au Peuple de Madrid les Conquestes du Roy en Flan- dre. Ainfi le Comte de Monterey reçeut ordre de partir en
130 LE MERCURE pofte de Sarragofſe où il eſtoit,
d'aller à Barcelone , d'y arrê- ter fix Vaiſſeaux chargez de Troupes pour la Sicile , &de les faire ſervir en Catalogne.
Douze cens Fantaſſins levez
dans le Royaume de Grenade ,
arriverent en mefme temps à
Barcelone.Le Mestre de Camp
de Valence luy mena deux mille Hommes un peu apres;
&d'autres levées faites dans le
meſme Royaume &dansl'Andaloufie , les joignirent pref- que auffitoft . Le Comte de Monterey eſtant arrivé dans l'Armée qu'ildevoit comman- der , Monfieur le Marefchal
Duc de Navailles &luy s'en- voyerent faire de grandes ci- vilitez , & fe firent dire qu'ils ſe verroient. Ce Comte voufut paroiſtre le plus civil. Il fit
GALANT. 131
- avancer ſes Troupes , & mar- cha du coſté de Saint Pierre
Peſcador , où Monfieurde Navailles eſtoit poſté. Ce Duc eſtant bien aiſe de ſuy épar- gner la moitié du chemin , en- voya huit cens Chevaux pour reconnoiſtre les Ennemis , &
ces huit cens Chevaux enleverent leur grande Garde.
Deux jours apres , le Comte deMontereyvoulant paſſer un Défilé à la veuë de noſtre Armée , Monfieur de Navailles
le fit charger , &le contraignit deſe retirer en deſordre apres
une Efcarmouche de trois
2
heures , où les Eſpagnols per- dirent beaucoup de monde.
Quelque temps aprés , Mon- fieur le Duc de Navailles
ayant eu avis que le Comte de Monterey avoit comman
132 LE MERCVRE
de huit cens Miquelets avec un Détachement de Cavalerie , pour nous ofter la com- munication avec le Lampour- dan , il envoya quelques trou- pes ſous Mº de la Rablie- re , Marefchal de Camp , qui les défit. On tua les deux
Commandans, & on prit deux autres Officiers. Voilà toute la
Campagne en peu de mots juſqu'au jour delagrandeDé- faite des Ennemis dont vous
avez entendu parler , & que je vay vous apprendre , avec des particularitez que vous n'avez aſſurément point veuës enſemble. Vous treblez peut- eftre déja que je ne vous aille faire une longue Relation, que
je ne vous accable d'une infi nité de termes de Guerre , &
que je ne vous nomme tous
GALANT. 133 les Villages par où l'on a paſſé,
&tous les poſtes qu'on a oc- cupez. Rafſurez-vous , Madame , je ne vous parleray de la Guerrequed'une maniere qui n'aura rien d'ennuyeux pour vous , & qui fera tres- intelli- gible aux Dames à qui vous faites partde mes Lettres.C'eſt pour elles particulierement que j'écris , & je ne feray ce Recit que comme vousle fe- ON
riez vous-mefme. S'il n'a pas le tour aifé & naturel que vous luy donneriez , il aura du moins le charme de la brié
veté. Fiez - vous en moy , je vous prie , & hazardez - vous fur ma parole à lire ce que je vous envoye. Nous étionsen- trez en Catalogne malgré les grandes forces que les Enne- mis y avoient ; nous avions
134 LE MERCVRE
د
fait chez eux tous les dégaſts imaginables , confommé leurs Fourages , enlevé leurs Bef- tiaux & donné en meſme
temps aux Noftres le moyen de faire paiſiblement leur ré- colte dans le Rouffillon ; mais
nous n'avions pû entrer dans le Païs Ennemy , que par des paſſages étroits qui font entre les Montagnes , & queles Ef- pagnols pouvoient aiſement occuper pour nous empeſcher le retour. En effet ils s'étoient
déja ſaiſis de quelques-uns en intention de nous attaquer.
Nos Troupes leur cedoient en nombre. Il eſtoit queſtion de fortir des Montsoù nous nous
eftions engagez, & ce fut dans cette difficulté qu'éclata la prudence & la conduite de
Monfieurle Ducde Navailles.
Il
GALANT. 135 Il envoya ſes ordres à M le Chevalier d'Aubeterre , Gouverneur de Collioure,&Lieu
tenant Generaldes Arméesdu
Roy, de ſe rendre maître d'un Paſſage appellé le Col de Ba- gnols, qu'il ſçavoit qu'on avoit deſſein de luy fermer. M le Chevalier d'Aubeterre partie environ àminuit , avec undé
tachement de ſa Garniſon &
- des Milices du Païs. Il trouva
queles Ennemis avoient occu- -pé des Hauteurs &des Ro- chers eſcarpez. Il les en chaf- ſa avec une vigueur incroya- ble, &fit fuïrdeux Bataillons
qui venoient à leur ſecours.
Le chemin eſtantouvert,MonſieurdeNavailles commença à
faire marcher dés ce jour-là.
Les Ennemis vinrent camper àla portée de noſtre Canon;
D
S
S
Tome VI. M
1
136 LE MERCURE il y eut quelques eſcarmou- ches, &on les recommença le lendemain. Les Eſpagnols en Bataille voulurent gagner une Montagne fort haute, mais on les en empefcha. Cétobſtacle rompit leurs meſures , & nous occupâmes une Hauteur qui nous ofta tout lieu de rien
craindre d'eux. On demeura
trois jours en preſence,&pen- dant tout ce temps on ne fit que des eſcarmouches. On chargea trois EſcadronsEnne-- mis qui avoient paſſé une Ri- viere, &qui estoient foûtenus de ſept Regimens d'Infante- rie. L'avantage nous demeura,
avec perte pour les Eſpagnols de plus de ſept cens Hommes,
qui furent ou tuez ,
prifonniers , ou mis hors de
ou faits
combat. Nôtre General n'ayat
GALANT. 137
ان
S
و
plus rien à faire dans le Païs ,
fongea à s'en retirer , & fit marcher les premiers Bagages.
Cette marche fut dérobée à la
connoiſſance des Ennemis
auffi-bien que celle de toute l'Armée qui commença à dé- filer àminuit.Lors que le Com- te de Monterey en fut averty,
cette nouvelle le mit au deſefpoir , & il marcha avec tant de précipitation , qu'il joignit noſtre Arrieregarde. Monfieur de Navailles avec une adreffe
& une prudence admirable ,
trouva moyen de faire avan- cer encor noftre Armée ce
qui fit perdre haleine aux En- nemis qui nous pourſuivoient.
Les Eſpagnols ayans plus de
,
Troupes eftant compoſées de
S Troupes que nous ,
& ces
1
toute la Nobleſſe de leurs
Mij
138 LE MERCURE Royaumes, ſe répondoient tel- lementde la Victoire,que dans l'impatience de combattre, ils vinrentenfin àboutd'attacher
l'eſcarmouche , ce qu'ils firent avec une impétuoſité qui ſe peut àpeine concevoir. Ils oc- cuperent des Hauteurs; mais les Noſtres aprés les en avoir chaſſez en gagnerent d'autres,
& conferverent fi bien cét
avantage pendattoute la jour- née, qu'ils donnerentlieu aux Bagages d'avancer beaucoup,
&de ſe mettre en ſeureté. M
de Navailles ne craignant plus rien , & ayant fait voir au Comte de Monterey qu'il en fçavoit plus que luy , mit ſon Armée en bataille dans le lieu
qu'il jugea le plus avantageux,
&fit pofter fon Canonde for- te qu'il fut tres-bien fervy , &
GALANT. 139
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incommoda fort les Ennemis.
Noftre General voulut encor
gagnerune Hauteur, &ce qui paroift incroyable , nos Trou- pes qui devoient eſtre fati- guées de tant de mouvemens,
ypaſſerent avec diligence &
fans aucune confufion , parun effet des ordres que Monfieur ☐ de Navailles donnoit avecune application & une prefence d'eſpritqui n'avoient rien d'égal que fon courage. Il animoit tous les Officiers à bien faire ;
& les Soldats encouragez par fon exemple &parſes paroles,
réſolurentde périr plûtoſt que d'abandoner ce dernierPofte.
Les Ennemis vinrent aufſi- toft
ànous en tres-bon ordre , &
le Combat s'engagea. On tira pendant trois heuresde la ſeu le longueur de deux Piques ,
Miij
140 LE MERCURE Bataillons contre Bataillons , la
Cavalerie de part & d'autre eſtant derriere l'Infanterie..
Nos Troupes ne firent aucun méchant mouvement , & on ne les pût obliger à reculer d'un ſeul pas. La Cavalerie quenous avionsſur l'aifle gau- che fit des merveilles : Elle
monta fur une Hauteur pref- que inacceffible , & en chaffa lesEnnemis. Celle de ladroite alla pluſieurs fois à la char- ge , & en tua grand nom.
bre. L'Occafion dura cinq heures & demie , &fe termina avec beaucoup de gloire pour le Roy. Les Eſpagnolsy
ont perdu plus de deux mille Hommes. On leur a entierement défait les Regimensd'Ar--
ragon, de Medina Sidonia , &
deMonteleone. TouslesOffi-
GALANT.: 141 ciers de ces trois Regimens ont eſté tuez , bleffez , ou faits
prifonniers. On a fort mal trai- té ceux de Grenade & de la
Cofte , & il y a eu un tres- grand nombre de prifonniers,
entre leſquels ſont plufieurs Perſonnes de qualité , dont quelques-uns, comme le Com- te de la Fuente, le Vicomte de S.George,& le Colonel Heffe,
✓ font morts de leurs bleſſures..
Cette Action eſt d'autant plus
glorieuſe, qu'on a batu les Ennemisdans leur Païs, quoyque plus forts, qu'ony eft demeuré maître du Champ de Bataille,
qu'on leur a pris des Dra peaux ,&tout cela en ſe reti rant ; ce qui eſt une circon - ſtance remarquable : car les
Retraites font ordinairement
- dangereuses , & on y est rar
142 LE MERCURE
rement attaqué qu'on ne ſoit batu. Les Eſpagnols n'ont rien entrepris depuis ce temps-là ,
& voilà à quoy ont abouty tous ces grands Armemens, &
toutes ces Levées, qui avoient épuiſé leurs RoyaumesdeGre- nade &d'Andaloufie. Jevous
ay tenu parole , Madame. Ce Récit n'eſt embaraſſe d'aucuns'
Noms de Paſſages,&je ne l'ay pas meſme voulu charger de ceux de nos Officiers qui ſe font fait remarquer , afin de vous en laiſſer plus aiſement fuivre le fil . Cela ne me doit
pas empeſcher de leur rendre preſentement juſtice; & pour faire honneur aux Etrangers ,
je vous diray d'abord que les Suiffes & les Allemands ne
donnerent quartier à perſon- ne , fur ce qu'un Trompette
GALANT. 143 des Ennemis vint declarer -qu'ils n'en feroient point aux Etrangers. Si les François euf- ſent ſuivy cet exemple , il ne ſeroit guere demeuré d'Eſpa- gnols.
Les Regimens de Sault, de Furſtemberg , de Navailles ,
d'Erlac , de Gaſſion , de la Rabliere , de Lanſon , de Lebret ,
&de Villeneuve , ſe ſont dif
tinguez , aufli bien que les Dragons., que rien n'a efte ca- pable d'ébranler. Jamais onn'a fi genéralement bien faitdans aucun Combat. Onn'a pas re- marqué un feul Soldat qui ait reculé,&on ne ſçait qui loüer,
particulierement des Officiers,
parce qu'ils meritent tous d'égales loüanges.
*
Monfieur le Mareſchal Duc
de Navailles diviſa ſes Trou-
144 LE MERCURE
pes enpluſieurs Corps,&quoy qu'il fuſt par tout, il ne laiſſa pas de ſe mettre à la teſte d'un de
ces Corps qu'il avoit fi judi- cieuſement diviſez. Mr de la
Rabliere Mareſchal de Camp,
eſtoit à la teſte d'un autre , &
monta fur une Hauteur où il
batit les Ennemis. Mrde Gafſion Lieutenant General , pаreillementàla teſte d'un Corps,
occupa une autre Hauteur ; &
Mr Chevreau Brigadier deCa- valerie , ſe ſignala à la teſte du quatrième Corps. Mr du Sauf- fay donna beaucoup de mar- *ques de cœur & de conduite
en cette occaſion; il commandoit la Cavalerie. M² le Marquis d'Apremont Mareſchalde Camp, y fit des merveilles. II eſtoit par tout. Ce fut luy qui foûtint les premiers efforts des
GALANT. 145
Ennemis , & qui commença à
leur faire connoiſtre qu'ils s'é- toient trompez quand ils s'é- toient voulu répondre ſi fortement de la Victoire. La con- duite des Bagages fut donnée à Mr d'Urban Brigadier d'In- fanterie. Il les mit en ſeûreté,
&revint en ſuite prendre part à la gloire de cette fameuſe journée. M' le Marquis de Villeneuve , Colonel de Cavalerie , après avoir foûtenu les efforts des Ennemis , les chargea vigoureuſement. M le Che- valier de Ganges fit des choſes
ſurprenantes , & forma des Eſcadrons , malgré tout le feu des Ennemis. Mr le Marquis
de Navailles ſervit de Briga- dier en la place de M de S. André , qui avoit eſté envoyé
depuis deux jours à Bellegarde.
146 LE MERCURE 1
Ce Marquis agit avec autant de prudence que de courage.
Il mena les Bataillons à la
Charge , & fe montradigne du Sang dont il fort. M. des
Fontaines Lieutenant d'Artillerie , fit tout ce qu'on pou- voit attendre de luy. Son Ca- non fut bien ſervy, & fi à pro- pos , que les Ennemis en fou- frirent beaucoup. Toutes les Relations parlent fi avanta- geufement de Meſſieurs de la
Rabliere & deGaffion , qu'on ne leur peut donner trop de loüanges, non--plus qu'àMon- fieur le Chevalier d'Aubeterre , qui ayant apporté une vi- gilance incroyable à ſe faifir du Col de Bagnols avant le Combat, montra une vigueur extraordinaire à chaffer les
Ennemis qui avoient occupé les
GALANT. 147
les Hauteurs des environs de
ce Paſſage, quoy qu'ils fuſſent beaucoup mieux poftez & en plus grand nombre. Monfieur de Raiſon , Capitaine au Regi- ment de Sault ,& un petit Corps de Suiffes , executerent
tres-bien ſes ordres, Monfieur
le Camus deBeaulicu , Intendant General de tout le Païs,
donna les ſiens fort à propos.
Il avoit receu une Lettre en
chifre de Monfieur le Duc de
Navailles pour faire marcher toute la Milice du Païs avec
M' le Chevalier d'Aubeterre,
& pour tenir preſtes les Munir)
tions de guerre & de bouche,
& il prit ſoin de tout avecune diligence & une ponctualité qui nepeuvent etre allezoſti mées. Il chargea Monfieur He ron, Commiſſaire ordinaire des
Tome VI. N
148 LE MERCVRE Guerres , & des Convois tant
par terre que par Mer, de l'e- xecution'de beaucoup de cho- ſes dont il s'acquita tres-fide- lement. Il ne me reſte plus qu'à vous dire les noms des Morts&des Bleſſez , tant d'actions vigoureuſes n'ayant pû fe faire ſans qu'il nous en ait couſté quelque choſe.
Capitaines tuez.
M.Choueraſqui, м. le Chevalier du Cros, M.Duran.
Capitaines bleſſez.
Mrs Praflon , Davénes, Bardonanche, Maurniay, De Tu- bas , Revellas , Tronc , Romp,
Geſſeret,Bandron,Quantagril,
Guaſque, Saint Géniez , La- barte, Sainte-Coulombe, Lan- glade, Barriere, Brouffan,Cha- tonville Vulaine M. le Marquis deVilleneu
GALANT. 149
ve Colonel de Cavalerie , &
M.de Conflans Major du Re- gimentde laRabliere, ont auffi efté bleſſez .
a
Je ne vous parle point des Eſpagnols morts oubleſſez. Ce font noms qui vous font en tierement inconnus , &d'ailleurs le nombre eneſt ſi grand,
qu'ils ne pourroient que vous ennuyer. Le ComtedeMonterey envoyé demander le Corps du Comtede la Fuente par un Trompete , & dire à
Monfieur de Navailles qu'il avoit eſté plus heureux que luy. Ce Trompete le pria en meſme temps de ſa part d'a- voir ſoin de la Nobleſſe d'ef
pagne qu'il avoit entre ſes mains.
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Résumé : Tout ce qui s'et passé en Catalogne depuis l'ouverture de la Campagne, avec les Noms des Morts & des Blessez, & de ceux qui se sont signalez dans la derniere Défaite des Ennemis. [titre d'après la table]
Les Espagnols préparèrent une diversion en Catalogne pour compenser les conquêtes françaises en Flandre. Ils levèrent des troupes dans diverses provinces et nommèrent le Comte de Monterey vice-roi de Catalogne et général de l'armée. Les préparatifs incluaient l'arrivée de vaisseaux chargés de troupes à Barcelone et des renforts de régions comme Grenade et Valence. Le Comte de Monterey reçut l'ordre de se rendre à Barcelone et de préparer des troupes pour la Sicile. Il marcha vers Saint-Pierre-Pescador où le Duc de Navailles était posté. Après une escarmouche, les Espagnols furent contraints de se retirer en désordre. Plus tard, le Duc de Navailles envoya des troupes pour défaire un détachement espagnol près du Lampourdan. Les Français, malgré les forces espagnoles, réussirent à faire des dégâts en Catalogne et à sécuriser les récoltes dans le Roussillon. Cependant, ils étaient limités par des passages étroits entre les montagnes. Le Duc de Navailles envoya le Chevalier d'Aubeterre sécuriser le Col de Bagnols, permettant ainsi aux troupes françaises de progresser. Lors de plusieurs escarmouches, les Espagnols, bien que plus nombreux, furent repoussés. Le Duc de Navailles réussit à retirer ses troupes en sécurité malgré la poursuite des Espagnols. La bataille finale dura cinq heures et demie, se terminant par une victoire française. Les Espagnols perdirent plus de deux mille hommes et plusieurs régiments furent détruits. Les régiments français, notamment ceux de Sault, Furstemberg, et Navailles, se distinguèrent par leur bravoure. Le Duc de Navailles et plusieurs autres officiers reçurent des éloges pour leur conduite et leur courage. Après cette défaite, les Espagnols n'entreprirent plus aucune action militaire significative. Le texte mentionne également les capitaines tués et blessés lors des actions militaires, ainsi que la demande du Comte de Monterey pour le corps du Comte de la Fuente, soulignant la supériorité militaire du Duc de Navailles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 209-251
Ce qui s'est passé en Allemagne depuis la Iournée de Kokberg, la Prise de Fribourg, la Défaite d'une Arriere garde des Ennemis, & la Prise de Valkrik. [titre d'après la table]
Début :
Apres la glorieuse Journée de Cokeberg, les Ennemis demeurerent si [...]
Mots clefs :
Ennemis, Fribourg, Journée de Cokeberg, Maréchal de Créquy, Quartiers d'Hiver, Troupes, Place, Montagne, Tranchée, Armée, Siège, Disposition, Français, Bataillons, Prise, Campagne, Ordres, Conduite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé en Allemagne depuis la Iournée de Kokberg, la Prise de Fribourg, la Défaite d'une Arriere garde des Ennemis, & la Prise de Valkrik. [titre d'après la table]
Apres la glorieuſe Journée deCokeberg , les Ennemis de- meurerent fi conſternez , qu'ils ſe laifferent battre par diuers
Fvj
132 LE MERCVRE
Partis. Monfieur de Créquy fit donner ordre au Gouverneur
de la Petite - Pierre d'en envoyer par derriere l'Armée en- nemiequi en fut incommodée.
Il fit auſſi brûler les Fourages de tous les lieuxd'oùilsen pou- voient tirer,&les inquieta tel- lement , qu'apres les avoir ba- tus engros , on peutdire ( fi ce n'eſt point abuſer du terme)
qu'il les batit encore en détail.
Depuis ce temps - là , ils ne fçeurent plus ny ce quils fai- ſoient , ny ce qu'ils vouloient faire. Ils manquent de Foura- ges , en vont chercher à huit lieuës,& cesGensquidevoient tout prendre , craignent qu'on ne leur prenne Sarbrük. Ils s'é- loignent peu à peu de noſtre Armée. M' Jacquier tombe ma- lade , tout le monde fait des
GALANT. 133
r
vœuxpour luy ; mais les ordres font fi bien donnez , que les Noftres ne manquant de rien,
ne recoivent aucun préjudice de fa maladie. Monfieur de
Créquy prend le Fourage de quatre Villages des environs de Strasbourg. On luydéputepour luy enfaire des plaintes. Il ré- pond à ceux qui en font char- gez , qu'il faut qu'il ſe ferve de ce qui eſt à portée , qu'ils l'ont bien voulu, &qu'ilempefchera le,deſordre. Il envoye en effet.
ſes Gardes pour l'empefcher.. Les ennemis n'ontque du Bled
de Turquie &de la Paille;&
apres avoir efté chez eux ſe rafraichir &prendre du mon- de,des munitions &de l'argent,
ils viennent ſe ruiner de nouveau. Ils apprennent qu'on a
blâme à Vienne l'imprudence
:
3
134 LE MERCVRE qu'ils ont euë d'engager urr Combat à la Journée de Cокеberg contre la Maiſon du Roy,
celle de l'Empereur ( dont en cette Occafion les Cuiraffiers
faiſoient partie ) n'eſtant pasca- pable de luy refifter. Pendant qu'ils fongent à aller prendre leurs Quartiers d'Hyver , on réſout d'affieger Fribourg. On cache ce deſſein. Les meſures
font priſes àla Cour & à l'Ar- mée. Rien ne ſe découvre du
Secret , rien n'en échape. Les Ennemis croyent qu'on va a
Sarbruk,&on fait tout ce qu'il faut pour les entretenir dans cette penſée. Ils y envoyentdes Troupes. Onenfait avancerde Flandre pour les mieux trom- per. Admirez cette conduite.
Tout agit , tout marche , &
rien ne paroiſt. Avantqued'en-
GALANT. 135
Π
コ
trer dans les particularitez du Siege , il eſt aſſez à propos de vous faire connoiſtre l'impor- tance de la Place. Elle estoit autrefois la Capitale du Canton Catholique appellé le Canton deFribourg. Sa fituation eft en partie fur une Montagne , &
en partie fur le panchant de cette Montagne. La Riviere de Sana l'environne preſque en- tiere,&luy fertd'un large Foffé,
qui fait la ſeparation d'un grand Fauxbourg. Ce Fauxbourg a fes
Portes & ſes Murailles , & fe
joint à la Ville par trois grands Pontsquidonnent communica- tion de l'un à l'autre. C'eſt du
coſtéde la Riviere où Fribourg eſt au Midy ſur le panchant de la Montagne. La Montagne eſt de l'autre coſté avec des Rochers eſcarpez en façon de
136 LE MERCVRE
haute Muraille au bordde cette
meſme Riviere , en forte qu'il n'y a pointàcraindre qu'on les puiſſe eſcalader. La Ville eft
Ipatieuſe.C'eſtun Eveſché , &
la plus conſidérable des trois
Univerfitez des Terresde l'Empereur. On l'a fortifiée d'une
maniere qui f'auroit renduë im- prénable à d'autres qu'à des
François. Elle a deux foſſez où
ily a des retenuës d'eau , deux Murailles avec des Tours , &
une grande Redoute de pierre plus élevée que la Citadelle,
qui eſt de quatre Baſtions ſur la hauteur. Cette Place a eſté
jugée d'une telle conféquence,
que l'ordre eſtoit donné de le
ver le Siege de Philifbourg ,
plutoft que de la laiffer perdre ſi on l'euſt attaquéependant ce Siege. Je ne vous feray point
GALAN T. 137
e
|
un long Détail de ceux à qui
elle a appartenu,je vous diray ſeulement qu'elle est preſente- ment à l'Empereur,& qu'on ne peutl'entendre nommerſans ſe ſouvenir des grands & prodi- gieux Exploits qu'a faits autre- foisMonfieur le Prince en Allemagne , lors qu'il n'eſtoit en- cor que Duc d'Enguien. La priſe de cette place eſtoit d'au- tantplus importante pour nous,
qu'eſtant dans le Pays de l'Em- pereur , il ne sçauroit avancer ſur les Terres qui nous appar- tiennent , qu'on en faſſe auffi- toſt demeſme fur celles quiſont,
à luy. Joignez à cela que Fri- bourg eſtant fort grand , ony
peut mettre ſept ou huit mille hommes enGarniſon , dontune partie ſera toûjours preſte à la defendre , tandis que l'autre
138 LE MERCVRE s'étendra dans le Païs. Depe- tites Places pareilles à Phi- lifbourg ne font pas ſi avanta- geuſes. Ce ne ſont que des For- tereſſes qui ne pouvant conte- mir un fi grand nombre de Troupes , ne peuvent faire de ſi grandes executions. D'ailleurs Fribourg affure Briſac que les Ennemis menacent depuis &
long-temps, &àl'avenir ils par- leront peut-eftre moins del'af- freger , que de reprendre ce qu'ils ont perdu. Cette Place ne nous met pas ſeulement en pouvoir de faire contribuer la Suabe ; mais elle nous donne
moyen d'entrer dans les Païs Hereditaires , & ofte à l'Empe- reurune partie confiderable de fes Revenus , eſtant certain que la pluſpart des Penfions qu'il donnoit à ſes Officiers eſtoient
GALANT. 139
|-
|-
afſignées ſur ce qu'il retiroit de Fribourg. Le Pays eft fort rem- ply de Nobleffe , & n'a gue- res de Païſans qui ne foient ri- ches. La Place n'eſt commandée par aucune Ville , & elfe commande à toutes celles des
environs. Sa priſe rompt les meſures des Ennemis , leur fait
quiter leurs Quartiers d'Hyver,
&les oblige àen chercher d'au- tres. Adjoûtez à ces avanta- ges , celuy de nous eſtre ren- dus maiſtres d'une Place où
font tous les Magaſins donton
auroit eu beſoin pour le Siege de Briſac. Cependant fi les dif- ficultez augmentent la gloire,
onpeut dire qu'il n'y a rien qui égale celle des François. Ils ne s'attachent jamais à des Entre- priſes faciles, &les Places qu'ils ont attaqué cette année ont
140 LE MERCVRE toûjours paſſe pour impréna- bles. Fribourg l'euſt efté ſans doute pour d'autres Ennemis
que pour eux ; & quoy qu'elle ne ſoit pas auſſi forte que Va- lenciénes, Cambray,& S.Omer,
mille difficultez en devoient
rendre la Priſe impoffible. C'eſt une Ville environnée de Dé- filez qui devoient empefcherde l'affieger, ſi les Impériaux n'euf- ſent pas manquéde prévoyan- ce; & toute Place dont on peut empeſcher le Siege, peut paffer pour imprenable. Sa ſcituation furle panchantde la Montagne,
pouvoit donner lieu de la mieux défendre. Elle avoit des Munitions deguerre &de bouche,
& un Commandant qui a toû- jours paſſé pour avoir de la conduite & du cœur. L'Hyver avoit commencé de puis long2
GALANT. 141 temps en ce Païs-là ; il y avoit plus de trois ſemaines qu'il ef- toit couvert de nége , & cepen- dant on réſout d'inveſtir Fribourg. On ne peut dire qu'on aitprévenules Ennemis , pour ſe mettre en campagne avant la Saiſon ; qu'ils n'avoient point de Troupes fur pied , &qu'on eſtoit éloigné d'eux. Le con- traire eft connude tout le monde , les Armées eſtoient pro- ches l'une de l'autre , & la leur
eſtoit forte quand on a formé ce deſſein. Mais dequoy ne vient-on point à bout , quand ce qu'on entreprend eſt bien digeré, & qu'on execute avec beaucoup devaleur &de conduite des Ordres envoyez avec de prudentes reflections ? M
le Mareſchal de Créquy apres avoir donné aux Ennemis la
142 LE MERCVRE jalouſie dont je vous ay deja parlé,fait courir le bruit dans ſon Camp , qu'il attend pour le quiter , que le Prince Charles aitdécampé. Cependant il part une heure apres , & fe rend à
Briſac avec unediligence incro- yable.Il avoit donné ordre qu'on fiſt un Pont de Bâteaux fur le
Rhin. Il fut achevé en douze
heures par les ordresde M. de Viſſac. Cet illuſtre General ayant veu que toutes les choſes qu'il avoit euſoin de faire pré- parereſtoienten état , ordonna
unDéchementde quinze mai- ſtres par Compagnie , & м. de Lançon LieutenantGeneraleut ordre de demeurer avec le reſte
de la Cavalerie dansdesQuar- tiersdepuis Scheleſtat juſques à
Briſac. Admirez la conduite de
Monfieur de Créquy. Il s'éloi-
GALANT. 143 gne des Ennemis ſans en éloi- gner ſes Troupes. Elles couvrent encorBrifac & Scheleſtat , & il
oſte aux Ennemis le moyen de faire aucune Entrepriſe pen- dant qu'il aſſiegera Fribourg ,
en casqu'ils ne veulent pas ten- ter de le ſecourir. Apres tant d'ordres auſſi judicieuſement que ſecretement donnez , M. le Baron de monclar part à dix heures du ſoir avec uneBrigade de Cavalerie , les Dragons de du Fay ,& cinq Bataillons que commandoit M. d'Aubijoux,
afin d'inveſtir Fribourg. Le reſte de l'Armée défila à la
pointe du jourſur deux Ponts ;
&d'abord queles autres Trou- pesordonnées pour cette Expe- dition eurent paffé , M. deCré- quyſe mità lateſte de la maiſon duRoy. Jevousaydéja marqué
:
144 LE MERCVRE
qu'il y avoitdes Défilez pour ar- river à Fribourg.M. le marefchal de Créquy fit couper beaucoup deBois qui les embaraſſerentde telle forte , que les Ennemis n'auroient pû les paſſer fans beaucoup de peine , & fans grande perte. Le voila devant Fribourg. Si ceux de la Place furent étonnez de voir qu'on les affiegeoit , les Affiegeans ne le furentpasmoins , de connoiſtre ledeſſeinqu'on avoitpris , le ſe- cret ayant eſté ſi bien gardé,
qu'ils n'avoient ſçeu juſques-là enquel lieu onles menoit.Quad cette Nouvelle fut publiée àla Cour , leGeneral major Harang (qui comme vous ſçavez avoit eſtéprisdans la Journée de Cox- berg) dit qu'il eſtoit impoſſible que le Siege fut veritable , à
moins que l'Armée de l'Empereur
GALANT. 145 reur ſon Maiſtre n'euſt eſté entierement défaite. Et quand il apprit qu'on ne s'eſtoit point ba- tu,il admira la merveilleuſe conduite duRoy, laprudence de ſes Miniſtres & l'ardeur infatigable de ſes Generaux. Toutes les
Troupes n'eſtant pas encor arri- vées,m. le mareſchal de Créquy viſita la Place , les Poſtes & les Paſſagesdes environs,avant que defaire la diſpoſition des Quar- tiers. Les Ennemis brûlerent un
deleurs Fauxbourgs ,&tirerent pluſieurs volées de Canon ſur lesTroupes les plus avancées.M.
d'Aubijoux ſe logea avec les cinq Bataillons dans le Faux- bourgbrûlédu coſté de la gorge de la montagne , où l'on reſolut defaire l'Attaque. Il pouſſa mef- meunLogement avec cinquan- teHommes , à quelques pas du Tome IX. G
146 LE MERCVRE Foffé. Les Ennemis firent un
affez grand feu. Il n'y eut que vingt Soldats tuez &bleffez, un Capitaine'd'Orleans tué , &un de Feuquieres bleſſé. Le lende- main le reſtedes Troupes eſtant arrivé , M. le marefchal diſpoſa les Quartiers dans l'ordre fui- vant,afin que les Troupes ne fouffriffent point.
DISPOSITION DES .
Quartiers de'lArmée devant
Fribourg le 10. Novembre.
M. deChoifeuil,
Monfieur de la reüillée,
M. de Hautefeüille ,
Eſtoient à Vendeling , avec les Brigades Dela Maiſon du Roy ,
- DeBulonde
Et dela Ferté
GALANT. 147 M. le marquisdeGenlis,
M. deRenty.
M. le Comte deRoye,
Et M. de Boquemar ,
Eſtoient à Lehen,avec les Brigades DeBeaupré,
DeVivans,
De Boiſdavid ,
Et de Vendofme.
M. le Baron de Monclar,
EtMile Marquisde Lambert,
Eſtoient à Betzenhuls , avec les
Brigades DeMoreüil ,
DeDugas,
• Et deJoſſau
८
M. le Comtede Maulevrier
Colbert,
EtM. le Comtede Broglio,
Gij
148 LE MERCVRE Eſtoient à Zering , avec les
Brigades
De S. Loup ,
De Bertillac ,
Et les Dragonsde Liſtenay Et de Teffé.
M. le Comtede Schomberg
eſtoit à Herdem
Brigades DeNovion ,
Etde Nefle.
T
avec les
La Brigade de M. d'Aubijoux eſtoit à Viter , Fauxbourg brûlé.
Les Dragons du Roy & de duFay , eſtoient à Neter ; Et la Brigade de la Valete , à Gun- terſtal & à Delhuts..
Apres cette diſpoſition , il
GALANT. 149
د
changea l'ordre qui avoit eſté donné pour l'ouverture de la Tranchée & voulut qu'on
l'ouvriſt de l'autre coſté de la
Ville , laiffant la Montagne à
gauche. Il fit conſerver le pre- mier Logement pour ſervir de fauffe Attaque. Le meſme jour M. le Comte de Schomberg emporta l'Epée à la main , deux Redoutes avancées fur la hauteur du Chaſteau. Il eſtoit à la
teſtede trois cens Hommes,foutenusdes Brigadesde Norman- die&de Nefle..
La Tranchée fut ouverte à
l'entréede la nuit. Les Officiers
Generaux estoient M'le Comte
de Maulevrier- Colbert , & M"
de laFeüillée &deBoiſdavid.M.
le Marquis de Harcour-Bévron commandoit deuxBataillons de
Picardie.Deux autres de ChamGiij
150 LE MERCVRE pagne prenoient les ordres d'un des principaux Officiers de ce Corps. Comme les François ſont intrepides & accoûtumez à
vaincre ,& qu'on vouloitvenir promptement à bout de cette Entrepriſe ,on ne ſuivit point la pratique ordinaire,qui eſt d'ou- vrir la Tranchée fort loin de la
Place.Elle futcommencée affez
prés ,&ontira une grande Li- gne paralelle à la portée duPi- ſtolet. Les Bateries qu'on avoit dreffées la nuit , tirerent à la pointe du jour. Elles ruinerent des Flancs & des Embraſures
par où les Ennemis pouvoient tirer. La Garde de la Cavalerie
eſtoit commandée par M. de Neuchelles LieutenantdesGardes du Corps. On perdit quel- ques Officiers fubalternes. M. Je ComtedeBuffay undesLieu-
GALANT.
151I
.
tenansGeneraux de l'Artillerie,
&M. deCulan Colonel de Picardie, furenttuez.
LesBataillonsde Normandie ,
Feuquieres , la Marine, &Vau- becour, releverent la Tranchée
la nuit du onze au douze. M.le
Marquis de Choiſeüil , M's les Comte de Broglio & d'Aubi- joux, eſtoient de jour. On pré- para toutes choſes pour ladef- cente du Foffe , & on ſe contenta de ſe loger ſur le bord,
parce qu'on le trouva large &
difficile à combler. On mit encor quelques Pieces enbaterie par les ſoins de M. le marquis de la Freſeliere. Elles furent
tres--bien ſervies, &Monfieur le
Mareſchal de Créquy paſſa la nuit àſon ordinaire , c'eſt àdire
dans la Tranchée. Comme le
clair de Lune eſtoitgrand, nous Gj
152 LE MERCVRE perdîmes quelques Gens cette nuit-là . M. de la Tillaye Lieute- nant Colonel du Regiment de
Normandie , Officier d'un merite fingulier , fut tue. M. d'Af- fonville Aydede CampdeM.de Créquy ,& M. de Roquefeüille Enſeigne de ſes Gardes, furent bleſſez. On fit une Bréche de
quarantepas par le haut , apres laquelle on ſomma le Gouver- neur , qui fier d'avoir appris fon Meſtier parmy les Troupes de France , répondit qu'un Hom.
me comme luy ne ſe rendoit pas au premier Affaut.
La Tranchée fut relevée la
nuitdu douzeau treize , par M. le Comte de Roye , M. de Boquemar , & м. le Chevalier de Novion , avec les Bataillons
d'Auvergne , de Bretagne , &
de Dampierre. On travailla à
GALANT 153
une nouvelte Sape &àune au- tre Baterie qui voyoit la Bréche àrevers ,&on élargit les Travaux.
د
Le treize au foir , les Officiers Generaux qui releverent la Tranchée , furent M" les maгquis deGenlis , de Renty , &de la Ferté avec les Bataillons
d'Orleans , de la Couronne , &
de la Freſeliere. Onavança fort par les Sapes , & l'on travailla à
une mine. Monfieurle Mareſchal
deCréquy alla luy-meſme re- connoiſtre la Breche , & refolut de tenter unLogementdef- fus , ayant reconnuque les En- nemis netravailloientpointder- riere. Des Gens détachez avec
des Travailleurs , deſcendirent
dans le foffé avecdes Echelles,
&monterent àla Brêche àqua- tre heures. Elle ne futdefenduë
G V
154 LE MERCVRE que parun grand feuque firent
les Affiegez des Maiſons qu'ils avoient percées. On la paffa malgré cet obſtacle. Ceux qui fe rencontrerent dans les Ruës
furent tuez. Onapprocha de la
Porte de la ſeconde Envelope..
Les Bataillons d'Orleans &dela
Freſeliere eurent ordre de M. de
Créquy d'entrer par la Bréche:
pour ſoûtenir les Gens déta- chez. M. le marquis de la Ferté &M. de Tracy ſe ſaiſirent des Poſtes avancez avec beaucoup d'intrépidité , & y mirent des Soldats. м. lе mаrquis de la Fer- té fut bleſſé en cette occafion..
M. le marquis de la Freſeliere le
fut auſſi le meſme jour , en don- nant ſes ordres avec ſon activité
ordinaire,pour faire avacer une Piece deCanon contre laPorte
qui ſe trouva bouchéede fumier..
Y
GALAN T. 135 La Tranchée fut relevée par les Regimens de Vendoſme ,la Ferté, Condé , & la Fére. Les
Officiers Generaux estoient M.
le Comte de Maulevrier , M.le
Marquis de Bouflairs , & M. le
Duc de Vendofme. M. de Cré-
-quy voulut preffer l'Attaque de laVille;&pour cet effet , pen- dant que le Canon batoit en
Brêche , il ordonna au Regi- mentde la Ferté qui avoit late-- ſte de ladroite,de faire un Logement fur le borddu Foffe , &
mefme la defcente; &à celuy deVendoſme , de faire la mer
mechoſeſurlagauche. Comme le terrain eftoit tout pavé , on ne pût aisémentremuer la ter re,&il falut porter avec ſoy-de-- quoy ſe loger. Il ne ſuffit pasd'e- ftre François pour oſer tenter unepareille Entrepriſe , il faut
Gvj
296 LE MERCVRE eſtre neſous le Regnede Loüis XIV. dont l'exemple n'inſpire que des prodiges. M. de Laubanie Major du Regiment de la Ferté,y futbleſſé d'unautre cofté . M. le Comte de Schomberg:
s'empara d'un Ouvragede terre
qui couvrait la Redoute depier- re dont le Chaſteau eft commandé,&un peu apres il ſe ren dit maiſtre de cette Redoute par le moyendedeux Pieces de Ca- non que les Anglois avoient guindées , dont ils furent bien récompenfez par M. le maref- chal de Créquy. Le premier coup de Canonemporta la teſte deceluy qui commandoit dans cette Redoute , dont la priſe avança fort celle de la Ville. On tenta deux Logemens pourfot- tenir celuy qu'on avoit fait au- pres du reveſtiſſement du Foffé,
GALANT. 157 Noftre General nevoulut pas les faire achever, parce qu'il fa loit alleràdécouvert, &effuyer le feu du Canon chargé àcar touches. C'eſtoit en plein jour ,
&cependant l'ardeurdesTrou- pes eſtoit fi grande, qu'on eut toutes les peines du monde à les
faire retirer. Le Bataillon de
Vendoſme firmerveille en cette
occafion. M. Limbaut, qui erreſt Lieutenant Colonel, yfut blef- fé. Il eſt impoſſible de faire voir plusd'intrépidité &plus de con- duite qu'en fit paroiſtre M. le Ducde Vendoſme ; le péril ne l'étonnoit point,il eſtoitpartout,
il animoit les Soldats , & l'on
peut direque ſon exemplefervit beaucoup. m.de Créquy fit tout diſpoſer pourl'Affaut.resEnne- mis l'appréhendérent , & bati- rent la Chamade, Ils envoyerent
158 LE MERCVRE un Oftage , & reçeurent en fa place M. de Courvaillon Lieute- nantColonel deCondé. LaNégotiation dura quelque temps.
On permit auxOfficiers d'aller voir laBréche. Le Gouverneur
demanda deux Pieces de Canon, on luy en accorda une , &
la ſeconde fut donnée en confidération duMarquis de Baden.
LesArticles ordinaires ayateſté dreſſez , les Ennemis livrerent
une Portede la Ville , &une du
Chaſteau.. Il n'eſtoit pas neuf heures du matin: La Garnifon
qui estoit encorde quatre cens Chevaux , & de dix-fept cens Hommesde pied , fortit àmidy,
&fut conduite àReinsfeldt. M. d'Oſſonville partit auſſitoſt par l'ordre de M. le Mareſchalde
Créquy, pour aller rendrecom-- pteauRoydu prompt ſuccésde
6
GALANT. 159 cetteſurprenante Entrepriſe.
Cette nouvelle Conqueſte vafourniraux beaux Eſpritsune ample matiere d'écrire.. Voicy ce qui me vientd'eſtre envoyé.
Lifez , Madame. Ces Vers ſont
dignes de celuy qui les a faits.
Vous avez déja veu de belles choſesde luy, & vous en con- viendrez , quand ilmefera per- misdevous le nommer..
SUR LA PRISE
DE FRIBOVRG
Ndit que tous les Rois font les
vives Images
De l'Estre indépendant qui reçoit nos hommages,
Etqu'un écoulement de la Divinité Eaitfur lefront des Rois briller saMa jesté..
rbo LE MERCVRE
Maissi jamais un Roy dans sa toute puissance Apûtflater ſon cœur de cette reſſem- blance,
C'est le Roy des François , ce premier des Mortels
Qui de nos vieux.Héros renverſe les
Antels,
Qui tientfousfes Lauriers leursPat mes étouffée ,
Decesfaux Demy Dieux détruit tous les trophées,
Etprépare une Histoire à la Posteri té
Qui nepeut espérer que l'incrédulité.. Lorsque LOVISparoiſtdans une paix.
profonde,
Son ame eft occupée à gouverner le Monde, ৮
Etlesſoinsaffidus de ſon plus doux re--
pos Guident les mouvemens de cent mille
Héros.
Ceuxqui vont ſousſon Nomde Victorreen Victoire ,
>
Brillansdeses rayons , &convertsdefar gloire,
GALANT. 161
Sonttoujours agiſſansfur la Terre &les Mers ..
Etcraignent le reposplus que tous les dangers.
Créquy , c'estoit affezd'avoir dans ta
Campagne Arrêtéles efforsdecesRoisd'allemagne,
Et d'avoirfait connoistre , à tant de Souverains ,
Celuy quevent leCielpourMaistre des Humains.
Chaque instant , chaque pas valoitune Conqueste;
Maisdetant de Lauriers tu veuxchargertaTeste ,
Que le Sortde laGuerre avec tous fes bazars
N'aitplus pourtoy de foudre ,&te gale aux Césars.
LeSiegede Fribourg , cette haute Entrepriſe Apeineestoit connu , quand on a ſçen
Sapriſe;
:১
Et ceux qui chez le Prince avoient quelques accés,
S'informent du deſſein ,ont appris le Succés.
162 LE MERCVRE
Vy,gloire des François , vy Héros magnanime ,
Seurde tout nostre amour ,de toutenoStre estime ;
Mais en vivantpour nous, connois ce
que tu vaux ,
Etmenagetes jours parmy tant detravaux ;
Nenous force jamais à regretter un Homme
Que Fabrice enviroit , s'il renaiſſoir dansRome
Et laiſſe profiterles Peuplesfans effroy Dessoins d'un grand Sujet ſousles Loix d'unGrandRoy
CeMadrigald'une Perſonne dequalité ſur le meſme fujer ,
merite bienque vous le voyiez.
Ovelques datsd'Allemagne braves que foient ,
lesSolEtceux quifont nourrisſous les armes d'Espagne ,
On nevoitqu'enEsté leurs plus vail lansGuerriers..
:
GALANT. 163 Danslabelle Saiſon tout lemonde mois- Sonne;
Loüisſeul en Hyver , au Printemps,
dans l'Automne ,
Surl' Empire,en tous lieux ,fçait cüeillir desLauriers.
C'eſt aſſurément quelque choſe de ſurprenant , que d'a- voir ajoûté Fribourg dans le commencementde l'Hyver, aux Conqueſtes qui avoient eſté fai- tes avant le Printemps. Si-toſt qu'il fut pris , M le Mareſchal deCréquy y fit tracer de nou- velles Fortifications. M. leMarquis de Lambert Mareſchal de
Camp y doit commander , &
M. de S.Juſt ſous luy. Il eſtoit Lieutenant de Roydans Philif- bourg. Il ade la conduite , &
fçait faire valoir les avantages quedonnent les Placesde cette importance.. M. de Créquy ne
164 LE MERCVRE
F
demeura pas longtemps dans celle- cy.La Victoire l'appellant ailleurs , ily mena la Maiſon du
Roy. M.le Marquis de Genlis ,
& M le Comte de Broglio eſtantdejour , ſe mirent à la te- ſte de l'Armée. M. le Marquis deVillars qui commandoit trois censHommes avancez, rencontra plufieurs Regimés deCava- lerie, if en batit l'Arrieregarde,
qu'il poursuivit longtemps avec la meſme vigueur &la meſme conduite qu'il adéja fait paroi ſtre plufieurs fois pendant cette Campagne , quoy qu'il foit dans une grande jeuneffe. Il fit plus de ſoixante Priſonniers , entre
leſquels eſtoient deux Capitai- nes , &ily eurenviron quaran te Dragons tuez. Nous euffions pouffé nos avantages plus loin-,
fanousn'eufſſions pointeſtédans
GALANT. 165 unegorge de Montagne où les Troupes avoient beaucoup de peine àpaſſer. Les Ennemis en eurent plus de temps pour fuir.
On prit en ſuite la Ville &le Chaſteau de Vvalkvik , qui ſe rendirent apres avoir eſté ſom- mez. Ony trouva unegrande quantité de toute forte de Pro- viſions. Cette Place eſt à deux
lieuës de Fribourg dans uneVal- léequi conduit en Suabe.
Je ne puis quiter l'Armée d'Allemagne , ſans vous dire que les demeflez du Prince Charles &de Monfieur le Duc
de Vendoſme dont je vous ay parlé , ne regardent que les in- tereſts du Roy & de l'Empe- reur. Ils conſervent une par- faite eſtime &une fort grande honneſteté l'un pour l'autre.
Monfieur de Vendoſme, com
166 LE MERCVRE
me un des plus proches &des plus illuftres Parens de la Ducheſſe de Lorraine , luy a toû- jours rendu ſes devoirs , & l'a viſitée ſouvent à Strasbourg. Si ces Princes s'y rencontroient ,
ils feroient comme nos Braves,
de l'une&de l'autre Armée qui apres s'eſtre régalez malgré la diverſitédu Party , ſe batent au fortir des Lieux où l'on obſerve
la Neutralité comme s'ils ne
s'eſtoient point connus auparavant. ر
Fvj
132 LE MERCVRE
Partis. Monfieur de Créquy fit donner ordre au Gouverneur
de la Petite - Pierre d'en envoyer par derriere l'Armée en- nemiequi en fut incommodée.
Il fit auſſi brûler les Fourages de tous les lieuxd'oùilsen pou- voient tirer,&les inquieta tel- lement , qu'apres les avoir ba- tus engros , on peutdire ( fi ce n'eſt point abuſer du terme)
qu'il les batit encore en détail.
Depuis ce temps - là , ils ne fçeurent plus ny ce quils fai- ſoient , ny ce qu'ils vouloient faire. Ils manquent de Foura- ges , en vont chercher à huit lieuës,& cesGensquidevoient tout prendre , craignent qu'on ne leur prenne Sarbrük. Ils s'é- loignent peu à peu de noſtre Armée. M' Jacquier tombe ma- lade , tout le monde fait des
GALANT. 133
r
vœuxpour luy ; mais les ordres font fi bien donnez , que les Noftres ne manquant de rien,
ne recoivent aucun préjudice de fa maladie. Monfieur de
Créquy prend le Fourage de quatre Villages des environs de Strasbourg. On luydéputepour luy enfaire des plaintes. Il ré- pond à ceux qui en font char- gez , qu'il faut qu'il ſe ferve de ce qui eſt à portée , qu'ils l'ont bien voulu, &qu'ilempefchera le,deſordre. Il envoye en effet.
ſes Gardes pour l'empefcher.. Les ennemis n'ontque du Bled
de Turquie &de la Paille;&
apres avoir efté chez eux ſe rafraichir &prendre du mon- de,des munitions &de l'argent,
ils viennent ſe ruiner de nouveau. Ils apprennent qu'on a
blâme à Vienne l'imprudence
:
3
134 LE MERCVRE qu'ils ont euë d'engager urr Combat à la Journée de Cокеberg contre la Maiſon du Roy,
celle de l'Empereur ( dont en cette Occafion les Cuiraffiers
faiſoient partie ) n'eſtant pasca- pable de luy refifter. Pendant qu'ils fongent à aller prendre leurs Quartiers d'Hyver , on réſout d'affieger Fribourg. On cache ce deſſein. Les meſures
font priſes àla Cour & à l'Ar- mée. Rien ne ſe découvre du
Secret , rien n'en échape. Les Ennemis croyent qu'on va a
Sarbruk,&on fait tout ce qu'il faut pour les entretenir dans cette penſée. Ils y envoyentdes Troupes. Onenfait avancerde Flandre pour les mieux trom- per. Admirez cette conduite.
Tout agit , tout marche , &
rien ne paroiſt. Avantqued'en-
GALANT. 135
Π
コ
trer dans les particularitez du Siege , il eſt aſſez à propos de vous faire connoiſtre l'impor- tance de la Place. Elle estoit autrefois la Capitale du Canton Catholique appellé le Canton deFribourg. Sa fituation eft en partie fur une Montagne , &
en partie fur le panchant de cette Montagne. La Riviere de Sana l'environne preſque en- tiere,&luy fertd'un large Foffé,
qui fait la ſeparation d'un grand Fauxbourg. Ce Fauxbourg a fes
Portes & ſes Murailles , & fe
joint à la Ville par trois grands Pontsquidonnent communica- tion de l'un à l'autre. C'eſt du
coſtéde la Riviere où Fribourg eſt au Midy ſur le panchant de la Montagne. La Montagne eſt de l'autre coſté avec des Rochers eſcarpez en façon de
136 LE MERCVRE
haute Muraille au bordde cette
meſme Riviere , en forte qu'il n'y a pointàcraindre qu'on les puiſſe eſcalader. La Ville eft
Ipatieuſe.C'eſtun Eveſché , &
la plus conſidérable des trois
Univerfitez des Terresde l'Empereur. On l'a fortifiée d'une
maniere qui f'auroit renduë im- prénable à d'autres qu'à des
François. Elle a deux foſſez où
ily a des retenuës d'eau , deux Murailles avec des Tours , &
une grande Redoute de pierre plus élevée que la Citadelle,
qui eſt de quatre Baſtions ſur la hauteur. Cette Place a eſté
jugée d'une telle conféquence,
que l'ordre eſtoit donné de le
ver le Siege de Philifbourg ,
plutoft que de la laiffer perdre ſi on l'euſt attaquéependant ce Siege. Je ne vous feray point
GALAN T. 137
e
|
un long Détail de ceux à qui
elle a appartenu,je vous diray ſeulement qu'elle est preſente- ment à l'Empereur,& qu'on ne peutl'entendre nommerſans ſe ſouvenir des grands & prodi- gieux Exploits qu'a faits autre- foisMonfieur le Prince en Allemagne , lors qu'il n'eſtoit en- cor que Duc d'Enguien. La priſe de cette place eſtoit d'au- tantplus importante pour nous,
qu'eſtant dans le Pays de l'Em- pereur , il ne sçauroit avancer ſur les Terres qui nous appar- tiennent , qu'on en faſſe auffi- toſt demeſme fur celles quiſont,
à luy. Joignez à cela que Fri- bourg eſtant fort grand , ony
peut mettre ſept ou huit mille hommes enGarniſon , dontune partie ſera toûjours preſte à la defendre , tandis que l'autre
138 LE MERCVRE s'étendra dans le Païs. Depe- tites Places pareilles à Phi- lifbourg ne font pas ſi avanta- geuſes. Ce ne ſont que des For- tereſſes qui ne pouvant conte- mir un fi grand nombre de Troupes , ne peuvent faire de ſi grandes executions. D'ailleurs Fribourg affure Briſac que les Ennemis menacent depuis &
long-temps, &àl'avenir ils par- leront peut-eftre moins del'af- freger , que de reprendre ce qu'ils ont perdu. Cette Place ne nous met pas ſeulement en pouvoir de faire contribuer la Suabe ; mais elle nous donne
moyen d'entrer dans les Païs Hereditaires , & ofte à l'Empe- reurune partie confiderable de fes Revenus , eſtant certain que la pluſpart des Penfions qu'il donnoit à ſes Officiers eſtoient
GALANT. 139
|-
|-
afſignées ſur ce qu'il retiroit de Fribourg. Le Pays eft fort rem- ply de Nobleffe , & n'a gue- res de Païſans qui ne foient ri- ches. La Place n'eſt commandée par aucune Ville , & elfe commande à toutes celles des
environs. Sa priſe rompt les meſures des Ennemis , leur fait
quiter leurs Quartiers d'Hyver,
&les oblige àen chercher d'au- tres. Adjoûtez à ces avanta- ges , celuy de nous eſtre ren- dus maiſtres d'une Place où
font tous les Magaſins donton
auroit eu beſoin pour le Siege de Briſac. Cependant fi les dif- ficultez augmentent la gloire,
onpeut dire qu'il n'y a rien qui égale celle des François. Ils ne s'attachent jamais à des Entre- priſes faciles, &les Places qu'ils ont attaqué cette année ont
140 LE MERCVRE toûjours paſſe pour impréna- bles. Fribourg l'euſt efté ſans doute pour d'autres Ennemis
que pour eux ; & quoy qu'elle ne ſoit pas auſſi forte que Va- lenciénes, Cambray,& S.Omer,
mille difficultez en devoient
rendre la Priſe impoffible. C'eſt une Ville environnée de Dé- filez qui devoient empefcherde l'affieger, ſi les Impériaux n'euf- ſent pas manquéde prévoyan- ce; & toute Place dont on peut empeſcher le Siege, peut paffer pour imprenable. Sa ſcituation furle panchantde la Montagne,
pouvoit donner lieu de la mieux défendre. Elle avoit des Munitions deguerre &de bouche,
& un Commandant qui a toû- jours paſſé pour avoir de la conduite & du cœur. L'Hyver avoit commencé de puis long2
GALANT. 141 temps en ce Païs-là ; il y avoit plus de trois ſemaines qu'il ef- toit couvert de nége , & cepen- dant on réſout d'inveſtir Fribourg. On ne peut dire qu'on aitprévenules Ennemis , pour ſe mettre en campagne avant la Saiſon ; qu'ils n'avoient point de Troupes fur pied , &qu'on eſtoit éloigné d'eux. Le con- traire eft connude tout le monde , les Armées eſtoient pro- ches l'une de l'autre , & la leur
eſtoit forte quand on a formé ce deſſein. Mais dequoy ne vient-on point à bout , quand ce qu'on entreprend eſt bien digeré, & qu'on execute avec beaucoup devaleur &de conduite des Ordres envoyez avec de prudentes reflections ? M
le Mareſchal de Créquy apres avoir donné aux Ennemis la
142 LE MERCVRE jalouſie dont je vous ay deja parlé,fait courir le bruit dans ſon Camp , qu'il attend pour le quiter , que le Prince Charles aitdécampé. Cependant il part une heure apres , & fe rend à
Briſac avec unediligence incro- yable.Il avoit donné ordre qu'on fiſt un Pont de Bâteaux fur le
Rhin. Il fut achevé en douze
heures par les ordresde M. de Viſſac. Cet illuſtre General ayant veu que toutes les choſes qu'il avoit euſoin de faire pré- parereſtoienten état , ordonna
unDéchementde quinze mai- ſtres par Compagnie , & м. de Lançon LieutenantGeneraleut ordre de demeurer avec le reſte
de la Cavalerie dansdesQuar- tiersdepuis Scheleſtat juſques à
Briſac. Admirez la conduite de
Monfieur de Créquy. Il s'éloi-
GALANT. 143 gne des Ennemis ſans en éloi- gner ſes Troupes. Elles couvrent encorBrifac & Scheleſtat , & il
oſte aux Ennemis le moyen de faire aucune Entrepriſe pen- dant qu'il aſſiegera Fribourg ,
en casqu'ils ne veulent pas ten- ter de le ſecourir. Apres tant d'ordres auſſi judicieuſement que ſecretement donnez , M. le Baron de monclar part à dix heures du ſoir avec uneBrigade de Cavalerie , les Dragons de du Fay ,& cinq Bataillons que commandoit M. d'Aubijoux,
afin d'inveſtir Fribourg. Le reſte de l'Armée défila à la
pointe du jourſur deux Ponts ;
&d'abord queles autres Trou- pesordonnées pour cette Expe- dition eurent paffé , M. deCré- quyſe mità lateſte de la maiſon duRoy. Jevousaydéja marqué
:
144 LE MERCVRE
qu'il y avoitdes Défilez pour ar- river à Fribourg.M. le marefchal de Créquy fit couper beaucoup deBois qui les embaraſſerentde telle forte , que les Ennemis n'auroient pû les paſſer fans beaucoup de peine , & fans grande perte. Le voila devant Fribourg. Si ceux de la Place furent étonnez de voir qu'on les affiegeoit , les Affiegeans ne le furentpasmoins , de connoiſtre ledeſſeinqu'on avoitpris , le ſe- cret ayant eſté ſi bien gardé,
qu'ils n'avoient ſçeu juſques-là enquel lieu onles menoit.Quad cette Nouvelle fut publiée àla Cour , leGeneral major Harang (qui comme vous ſçavez avoit eſtéprisdans la Journée de Cox- berg) dit qu'il eſtoit impoſſible que le Siege fut veritable , à
moins que l'Armée de l'Empereur
GALANT. 145 reur ſon Maiſtre n'euſt eſté entierement défaite. Et quand il apprit qu'on ne s'eſtoit point ba- tu,il admira la merveilleuſe conduite duRoy, laprudence de ſes Miniſtres & l'ardeur infatigable de ſes Generaux. Toutes les
Troupes n'eſtant pas encor arri- vées,m. le mareſchal de Créquy viſita la Place , les Poſtes & les Paſſagesdes environs,avant que defaire la diſpoſition des Quar- tiers. Les Ennemis brûlerent un
deleurs Fauxbourgs ,&tirerent pluſieurs volées de Canon ſur lesTroupes les plus avancées.M.
d'Aubijoux ſe logea avec les cinq Bataillons dans le Faux- bourgbrûlédu coſté de la gorge de la montagne , où l'on reſolut defaire l'Attaque. Il pouſſa mef- meunLogement avec cinquan- teHommes , à quelques pas du Tome IX. G
146 LE MERCVRE Foffé. Les Ennemis firent un
affez grand feu. Il n'y eut que vingt Soldats tuez &bleffez, un Capitaine'd'Orleans tué , &un de Feuquieres bleſſé. Le lende- main le reſtedes Troupes eſtant arrivé , M. le marefchal diſpoſa les Quartiers dans l'ordre fui- vant,afin que les Troupes ne fouffriffent point.
DISPOSITION DES .
Quartiers de'lArmée devant
Fribourg le 10. Novembre.
M. deChoifeuil,
Monfieur de la reüillée,
M. de Hautefeüille ,
Eſtoient à Vendeling , avec les Brigades Dela Maiſon du Roy ,
- DeBulonde
Et dela Ferté
GALANT. 147 M. le marquisdeGenlis,
M. deRenty.
M. le Comte deRoye,
Et M. de Boquemar ,
Eſtoient à Lehen,avec les Brigades DeBeaupré,
DeVivans,
De Boiſdavid ,
Et de Vendofme.
M. le Baron de Monclar,
EtMile Marquisde Lambert,
Eſtoient à Betzenhuls , avec les
Brigades DeMoreüil ,
DeDugas,
• Et deJoſſau
८
M. le Comtede Maulevrier
Colbert,
EtM. le Comtede Broglio,
Gij
148 LE MERCVRE Eſtoient à Zering , avec les
Brigades
De S. Loup ,
De Bertillac ,
Et les Dragonsde Liſtenay Et de Teffé.
M. le Comtede Schomberg
eſtoit à Herdem
Brigades DeNovion ,
Etde Nefle.
T
avec les
La Brigade de M. d'Aubijoux eſtoit à Viter , Fauxbourg brûlé.
Les Dragons du Roy & de duFay , eſtoient à Neter ; Et la Brigade de la Valete , à Gun- terſtal & à Delhuts..
Apres cette diſpoſition , il
GALANT. 149
د
changea l'ordre qui avoit eſté donné pour l'ouverture de la Tranchée & voulut qu'on
l'ouvriſt de l'autre coſté de la
Ville , laiffant la Montagne à
gauche. Il fit conſerver le pre- mier Logement pour ſervir de fauffe Attaque. Le meſme jour M. le Comte de Schomberg emporta l'Epée à la main , deux Redoutes avancées fur la hauteur du Chaſteau. Il eſtoit à la
teſtede trois cens Hommes,foutenusdes Brigadesde Norman- die&de Nefle..
La Tranchée fut ouverte à
l'entréede la nuit. Les Officiers
Generaux estoient M'le Comte
de Maulevrier- Colbert , & M"
de laFeüillée &deBoiſdavid.M.
le Marquis de Harcour-Bévron commandoit deuxBataillons de
Picardie.Deux autres de ChamGiij
150 LE MERCVRE pagne prenoient les ordres d'un des principaux Officiers de ce Corps. Comme les François ſont intrepides & accoûtumez à
vaincre ,& qu'on vouloitvenir promptement à bout de cette Entrepriſe ,on ne ſuivit point la pratique ordinaire,qui eſt d'ou- vrir la Tranchée fort loin de la
Place.Elle futcommencée affez
prés ,&ontira une grande Li- gne paralelle à la portée duPi- ſtolet. Les Bateries qu'on avoit dreffées la nuit , tirerent à la pointe du jour. Elles ruinerent des Flancs & des Embraſures
par où les Ennemis pouvoient tirer. La Garde de la Cavalerie
eſtoit commandée par M. de Neuchelles LieutenantdesGardes du Corps. On perdit quel- ques Officiers fubalternes. M. Je ComtedeBuffay undesLieu-
GALANT.
151I
.
tenansGeneraux de l'Artillerie,
&M. deCulan Colonel de Picardie, furenttuez.
LesBataillonsde Normandie ,
Feuquieres , la Marine, &Vau- becour, releverent la Tranchée
la nuit du onze au douze. M.le
Marquis de Choiſeüil , M's les Comte de Broglio & d'Aubi- joux, eſtoient de jour. On pré- para toutes choſes pour ladef- cente du Foffe , & on ſe contenta de ſe loger ſur le bord,
parce qu'on le trouva large &
difficile à combler. On mit encor quelques Pieces enbaterie par les ſoins de M. le marquis de la Freſeliere. Elles furent
tres--bien ſervies, &Monfieur le
Mareſchal de Créquy paſſa la nuit àſon ordinaire , c'eſt àdire
dans la Tranchée. Comme le
clair de Lune eſtoitgrand, nous Gj
152 LE MERCVRE perdîmes quelques Gens cette nuit-là . M. de la Tillaye Lieute- nant Colonel du Regiment de
Normandie , Officier d'un merite fingulier , fut tue. M. d'Af- fonville Aydede CampdeM.de Créquy ,& M. de Roquefeüille Enſeigne de ſes Gardes, furent bleſſez. On fit une Bréche de
quarantepas par le haut , apres laquelle on ſomma le Gouver- neur , qui fier d'avoir appris fon Meſtier parmy les Troupes de France , répondit qu'un Hom.
me comme luy ne ſe rendoit pas au premier Affaut.
La Tranchée fut relevée la
nuitdu douzeau treize , par M. le Comte de Roye , M. de Boquemar , & м. le Chevalier de Novion , avec les Bataillons
d'Auvergne , de Bretagne , &
de Dampierre. On travailla à
GALANT 153
une nouvelte Sape &àune au- tre Baterie qui voyoit la Bréche àrevers ,&on élargit les Travaux.
د
Le treize au foir , les Officiers Generaux qui releverent la Tranchée , furent M" les maгquis deGenlis , de Renty , &de la Ferté avec les Bataillons
d'Orleans , de la Couronne , &
de la Freſeliere. Onavança fort par les Sapes , & l'on travailla à
une mine. Monfieurle Mareſchal
deCréquy alla luy-meſme re- connoiſtre la Breche , & refolut de tenter unLogementdef- fus , ayant reconnuque les En- nemis netravailloientpointder- riere. Des Gens détachez avec
des Travailleurs , deſcendirent
dans le foffé avecdes Echelles,
&monterent àla Brêche àqua- tre heures. Elle ne futdefenduë
G V
154 LE MERCVRE que parun grand feuque firent
les Affiegez des Maiſons qu'ils avoient percées. On la paffa malgré cet obſtacle. Ceux qui fe rencontrerent dans les Ruës
furent tuez. Onapprocha de la
Porte de la ſeconde Envelope..
Les Bataillons d'Orleans &dela
Freſeliere eurent ordre de M. de
Créquy d'entrer par la Bréche:
pour ſoûtenir les Gens déta- chez. M. le marquis de la Ferté &M. de Tracy ſe ſaiſirent des Poſtes avancez avec beaucoup d'intrépidité , & y mirent des Soldats. м. lе mаrquis de la Fer- té fut bleſſé en cette occafion..
M. le marquis de la Freſeliere le
fut auſſi le meſme jour , en don- nant ſes ordres avec ſon activité
ordinaire,pour faire avacer une Piece deCanon contre laPorte
qui ſe trouva bouchéede fumier..
Y
GALAN T. 135 La Tranchée fut relevée par les Regimens de Vendoſme ,la Ferté, Condé , & la Fére. Les
Officiers Generaux estoient M.
le Comte de Maulevrier , M.le
Marquis de Bouflairs , & M. le
Duc de Vendofme. M. de Cré-
-quy voulut preffer l'Attaque de laVille;&pour cet effet , pen- dant que le Canon batoit en
Brêche , il ordonna au Regi- mentde la Ferté qui avoit late-- ſte de ladroite,de faire un Logement fur le borddu Foffe , &
mefme la defcente; &à celuy deVendoſme , de faire la mer
mechoſeſurlagauche. Comme le terrain eftoit tout pavé , on ne pût aisémentremuer la ter re,&il falut porter avec ſoy-de-- quoy ſe loger. Il ne ſuffit pasd'e- ftre François pour oſer tenter unepareille Entrepriſe , il faut
Gvj
296 LE MERCVRE eſtre neſous le Regnede Loüis XIV. dont l'exemple n'inſpire que des prodiges. M. de Laubanie Major du Regiment de la Ferté,y futbleſſé d'unautre cofté . M. le Comte de Schomberg:
s'empara d'un Ouvragede terre
qui couvrait la Redoute depier- re dont le Chaſteau eft commandé,&un peu apres il ſe ren dit maiſtre de cette Redoute par le moyendedeux Pieces de Ca- non que les Anglois avoient guindées , dont ils furent bien récompenfez par M. le maref- chal de Créquy. Le premier coup de Canonemporta la teſte deceluy qui commandoit dans cette Redoute , dont la priſe avança fort celle de la Ville. On tenta deux Logemens pourfot- tenir celuy qu'on avoit fait au- pres du reveſtiſſement du Foffé,
GALANT. 157 Noftre General nevoulut pas les faire achever, parce qu'il fa loit alleràdécouvert, &effuyer le feu du Canon chargé àcar touches. C'eſtoit en plein jour ,
&cependant l'ardeurdesTrou- pes eſtoit fi grande, qu'on eut toutes les peines du monde à les
faire retirer. Le Bataillon de
Vendoſme firmerveille en cette
occafion. M. Limbaut, qui erreſt Lieutenant Colonel, yfut blef- fé. Il eſt impoſſible de faire voir plusd'intrépidité &plus de con- duite qu'en fit paroiſtre M. le Ducde Vendoſme ; le péril ne l'étonnoit point,il eſtoitpartout,
il animoit les Soldats , & l'on
peut direque ſon exemplefervit beaucoup. m.de Créquy fit tout diſpoſer pourl'Affaut.resEnne- mis l'appréhendérent , & bati- rent la Chamade, Ils envoyerent
158 LE MERCVRE un Oftage , & reçeurent en fa place M. de Courvaillon Lieute- nantColonel deCondé. LaNégotiation dura quelque temps.
On permit auxOfficiers d'aller voir laBréche. Le Gouverneur
demanda deux Pieces de Canon, on luy en accorda une , &
la ſeconde fut donnée en confidération duMarquis de Baden.
LesArticles ordinaires ayateſté dreſſez , les Ennemis livrerent
une Portede la Ville , &une du
Chaſteau.. Il n'eſtoit pas neuf heures du matin: La Garnifon
qui estoit encorde quatre cens Chevaux , & de dix-fept cens Hommesde pied , fortit àmidy,
&fut conduite àReinsfeldt. M. d'Oſſonville partit auſſitoſt par l'ordre de M. le Mareſchalde
Créquy, pour aller rendrecom-- pteauRoydu prompt ſuccésde
6
GALANT. 159 cetteſurprenante Entrepriſe.
Cette nouvelle Conqueſte vafourniraux beaux Eſpritsune ample matiere d'écrire.. Voicy ce qui me vientd'eſtre envoyé.
Lifez , Madame. Ces Vers ſont
dignes de celuy qui les a faits.
Vous avez déja veu de belles choſesde luy, & vous en con- viendrez , quand ilmefera per- misdevous le nommer..
SUR LA PRISE
DE FRIBOVRG
Ndit que tous les Rois font les
vives Images
De l'Estre indépendant qui reçoit nos hommages,
Etqu'un écoulement de la Divinité Eaitfur lefront des Rois briller saMa jesté..
rbo LE MERCVRE
Maissi jamais un Roy dans sa toute puissance Apûtflater ſon cœur de cette reſſem- blance,
C'est le Roy des François , ce premier des Mortels
Qui de nos vieux.Héros renverſe les
Antels,
Qui tientfousfes Lauriers leursPat mes étouffée ,
Decesfaux Demy Dieux détruit tous les trophées,
Etprépare une Histoire à la Posteri té
Qui nepeut espérer que l'incrédulité.. Lorsque LOVISparoiſtdans une paix.
profonde,
Son ame eft occupée à gouverner le Monde, ৮
Etlesſoinsaffidus de ſon plus doux re--
pos Guident les mouvemens de cent mille
Héros.
Ceuxqui vont ſousſon Nomde Victorreen Victoire ,
>
Brillansdeses rayons , &convertsdefar gloire,
GALANT. 161
Sonttoujours agiſſansfur la Terre &les Mers ..
Etcraignent le reposplus que tous les dangers.
Créquy , c'estoit affezd'avoir dans ta
Campagne Arrêtéles efforsdecesRoisd'allemagne,
Et d'avoirfait connoistre , à tant de Souverains ,
Celuy quevent leCielpourMaistre des Humains.
Chaque instant , chaque pas valoitune Conqueste;
Maisdetant de Lauriers tu veuxchargertaTeste ,
Que le Sortde laGuerre avec tous fes bazars
N'aitplus pourtoy de foudre ,&te gale aux Césars.
LeSiegede Fribourg , cette haute Entrepriſe Apeineestoit connu , quand on a ſçen
Sapriſe;
:১
Et ceux qui chez le Prince avoient quelques accés,
S'informent du deſſein ,ont appris le Succés.
162 LE MERCVRE
Vy,gloire des François , vy Héros magnanime ,
Seurde tout nostre amour ,de toutenoStre estime ;
Mais en vivantpour nous, connois ce
que tu vaux ,
Etmenagetes jours parmy tant detravaux ;
Nenous force jamais à regretter un Homme
Que Fabrice enviroit , s'il renaiſſoir dansRome
Et laiſſe profiterles Peuplesfans effroy Dessoins d'un grand Sujet ſousles Loix d'unGrandRoy
CeMadrigald'une Perſonne dequalité ſur le meſme fujer ,
merite bienque vous le voyiez.
Ovelques datsd'Allemagne braves que foient ,
lesSolEtceux quifont nourrisſous les armes d'Espagne ,
On nevoitqu'enEsté leurs plus vail lansGuerriers..
:
GALANT. 163 Danslabelle Saiſon tout lemonde mois- Sonne;
Loüisſeul en Hyver , au Printemps,
dans l'Automne ,
Surl' Empire,en tous lieux ,fçait cüeillir desLauriers.
C'eſt aſſurément quelque choſe de ſurprenant , que d'a- voir ajoûté Fribourg dans le commencementde l'Hyver, aux Conqueſtes qui avoient eſté fai- tes avant le Printemps. Si-toſt qu'il fut pris , M le Mareſchal deCréquy y fit tracer de nou- velles Fortifications. M. leMarquis de Lambert Mareſchal de
Camp y doit commander , &
M. de S.Juſt ſous luy. Il eſtoit Lieutenant de Roydans Philif- bourg. Il ade la conduite , &
fçait faire valoir les avantages quedonnent les Placesde cette importance.. M. de Créquy ne
164 LE MERCVRE
F
demeura pas longtemps dans celle- cy.La Victoire l'appellant ailleurs , ily mena la Maiſon du
Roy. M.le Marquis de Genlis ,
& M le Comte de Broglio eſtantdejour , ſe mirent à la te- ſte de l'Armée. M. le Marquis deVillars qui commandoit trois censHommes avancez, rencontra plufieurs Regimés deCava- lerie, if en batit l'Arrieregarde,
qu'il poursuivit longtemps avec la meſme vigueur &la meſme conduite qu'il adéja fait paroi ſtre plufieurs fois pendant cette Campagne , quoy qu'il foit dans une grande jeuneffe. Il fit plus de ſoixante Priſonniers , entre
leſquels eſtoient deux Capitai- nes , &ily eurenviron quaran te Dragons tuez. Nous euffions pouffé nos avantages plus loin-,
fanousn'eufſſions pointeſtédans
GALANT. 165 unegorge de Montagne où les Troupes avoient beaucoup de peine àpaſſer. Les Ennemis en eurent plus de temps pour fuir.
On prit en ſuite la Ville &le Chaſteau de Vvalkvik , qui ſe rendirent apres avoir eſté ſom- mez. Ony trouva unegrande quantité de toute forte de Pro- viſions. Cette Place eſt à deux
lieuës de Fribourg dans uneVal- léequi conduit en Suabe.
Je ne puis quiter l'Armée d'Allemagne , ſans vous dire que les demeflez du Prince Charles &de Monfieur le Duc
de Vendoſme dont je vous ay parlé , ne regardent que les in- tereſts du Roy & de l'Empe- reur. Ils conſervent une par- faite eſtime &une fort grande honneſteté l'un pour l'autre.
Monfieur de Vendoſme, com
166 LE MERCVRE
me un des plus proches &des plus illuftres Parens de la Ducheſſe de Lorraine , luy a toû- jours rendu ſes devoirs , & l'a viſitée ſouvent à Strasbourg. Si ces Princes s'y rencontroient ,
ils feroient comme nos Braves,
de l'une&de l'autre Armée qui apres s'eſtre régalez malgré la diverſitédu Party , ſe batent au fortir des Lieux où l'on obſerve
la Neutralité comme s'ils ne
s'eſtoient point connus auparavant. ر
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Résumé : Ce qui s'est passé en Allemagne depuis la Iournée de Kokberg, la Prise de Fribourg, la Défaite d'une Arriere garde des Ennemis, & la Prise de Valkrik. [titre d'après la table]
Après la victoire de la Journée de Cokeburg, les ennemis furent désorganisés et harcelés par divers partis. Monsieur de Créquy ordonna au gouverneur de la Petite-Pierre d'envoyer des troupes derrière l'armée ennemie, perturbant ainsi leurs mouvements. Il fit également brûler les fourrages des lieux d'où les ennemis pouvaient se ravitailler, les forçant à chercher des ressources à huit lieues de distance. Les ennemis craignaient la prise de Sarbrük et s'éloignèrent progressivement de l'armée française. Malgré la maladie de Monsieur Jacquier, les ordres furent bien exécutés, assurant que les troupes françaises ne manquèrent de rien. Monsieur de Créquy prit le fourrage de quatre villages près de Strasbourg, justifiant cette action par la nécessité de se servir de ce qui était à portée. Les ennemis, après s'être ravitaillés, furent de nouveau en difficulté. Ils apprirent que leur imprudence à engager un combat à Cokeburg avait été blâmée à Vienne. Pendant qu'ils songeaient à prendre leurs quartiers d'hiver, il fut décidé d'assiéger Fribourg, une place importante située en partie sur une montagne et entourée par la rivière de Sana. Fribourg était la capitale du canton catholique de Fribourg, un évêché et l'une des universités les plus considérables des terres de l'Empereur. Sa prise était cruciale pour empêcher l'Empereur d'avancer sur les terres françaises et pour assurer la défense de Brisac. Les Français, connus pour leurs entreprises difficiles, résolurent d'investir Fribourg malgré les défenses et les munitions de la place. Monsieur de Créquy, après avoir perturbé les ennemis, partit pour Brisac avec diligence, ordonnant la préparation d'un pont de bateaux sur le Rhin. Il investit Fribourg avec une brigade de cavalerie et des dragons, malgré les défiles qui entravaient l'accès. Les ennemis, surpris, brûlèrent un de leurs faubourgs et tirèrent plusieurs volées de canon. Monsieur de Créquy disposa les quartiers des troupes pour éviter les souffrances et ouvrit la tranchée malgré les difficultés. Les Français, intrepides et accoutumés à vaincre, commencèrent la tranchée près de la place pour agir promptement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 21-30
NOUVELLES. Lettre de Lerida du 16. Aoust.
Début :
Je ne doute pas, Monsieur, que vous n'ayez vû quelque [...]
Mots clefs :
Ennemis, Armées du roi, Lérida, Bataillons, Comte de Merode, Escadrons, Cavalerie
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES. Lettre de Lerida du 16. Aoust.
NOUVELLES,
Lettre de Lerida du i6<
Aoust. Je
ne doute pas, Monsieur,
que vous n'ayez vû quelque
Relation da combat donnele20
de ce mois entre tArmEe du
Roy & celle de l'Archiduc;
mais je doute que vous en aje^
vû de plus veritable&mieux
circonflanciée que celle que je
me donne l'honneur de ruous
envoyer.
Le 19 l'armée du Rrry
étant campéeprés de Saragoj]e}
& celle des ennemis en dcçade
la Chartreuse,Monsieur le
'Marquis de Baj alla les reconnoître
pendant que Sa Majestéfit
avancer toute l'Armée
qui ptfja la nuit en bataille,
"ltinji que celle des ennnemis.
Lecombatcommença le lendemainmatin
par une canonade
qui dura depuis six heures jusaprèsdemidy
que les troupes
vinrent aux mains.
Les ennemis ayantrenforcé
leur aîle gauche de la plus
grandepartie de leur Cavalerie,
voulurent d'abord prendre en
flanc la droite de l'Arméedu
PKoy
,
qui rfioit commandéepar
MessieursdeAmezaga c-
Mahoni. Mais les Gardes du
Corps &les Dragons leschargerent
avec tant de vigueur.•'
qu'ils en firentungrandcarnage&
pousserent le restejusqu'à
l'Ebre,ouils'ennoyaungrand
nomWfi,
Le reste de la Cavalerie de
la droite aprés avoirachevéde
défaire la premiere ligne des
Ennemis, fut arrestée&mise
en desordre par leur seconde
ligne
,
sans que Monsieur le
Marquis de Bay, qui (yporta
promptement, pust la rallier
à cause qu'elle fut mal soustenuë
par l'Infanterie dont la
pluspart des Soldatsestoient
nouvellement leve%.
:
Ce General envoya en mê..
me temps ordre à Don joseph
de Armendariz&à Don Pedro
Ronquillo qui commandoient
la gauche de la premiere
Ligne de le venirjoindre avec
toute leur Cavalerie,àla reserve
ve de huit Escadrons ; çya
Monsieur le Comte de Merode
&à MonsieurleMarquis
de Lançarotte,qui commandoient
lasecondeLigne,deprendre
les Postes de Messieurs de
Armandariz&Ronquillo.
Dés qu'ils furentarrivez ils
chargerent si vigoureusement
les Ennemisqu'ils les firent
plier; mais le desordrede nostre
seconde Ligne de la droite
estoitsigrand qu'ils ne purent
faire une seconde charge.
Monsieur le Comte de Merode
& Monsieur le Marquis
deLançarottes'avancerent antcc
la seconde Ligne de la gauche
qu'ils commandoient; mais
s'estans aperçusque les Ennemisavoient
détaché de leur
droite trois Bataillons pour
prendreenflancles Gardes IUilonnes
qui estoient à la tesse de
la premiere Ligne de la gauche,
Monsieur le Marquis deLancarotte
marcha à eux avec deux
Escadrons
, & les défit entierement.
Il alla ensuiterejoindre le
reste de la Cavalerie & trois
Bataillons
, & marcha avec
Monsieur le Comte de Merode
pour charger unesecondefois,
mais les Ennemis ayant détaché
dix Escadrons &plusieurs
Bataillonspour les enveloper,
ils furent obligez de se retirer
en couvrant deux Bataillons
des Gardes Walonnes quise
posterent sur les hauteurs de la
Guerba.
La Brigade de Rupelmonde
oerrefta les Ennemis, & ne fit
saretraitequ'a lafin delaBataille
,
apréslaquelleellese retira
sans estre poursuivie, non
plus que le reste de l'Armée,
dont la plus grande partie se
rassemblaàTudela aute Mon-
Jieur le Marquis de Bay4 &
unepartieà Daroca avec Monsieur
le Duc de Pratameno.
Les Ennemisfont demeurez
maistres du ChampdeBataille,
mais cette Victoire leur a coûté
cher; leur Infanterieayant
d'abordestéfort mal-traitéepar
le canon; leuraîlegauche ayant
estédeffaite, '& à laquelle on
apris cinq Etendarts, çj$r ensuite
plusieurs autres Bataillons
ausquels on a enlevéquatre
Drapeaux.
On n'a encore pu sçavoir le
nombre des morts de l'Armée
du R..oy.,parce qu'ilrevienticus
lesjours desgens qu'on awit
cru tt4fZ oufaitsPrisonniers,
On ria perdu d'Officiers de consideration
que Monsieur le Duc
d'Havré, quifut tuéd'un coup
de canonavant que l'aéîionfut
tout àfaitengagée.
Les Habitans de Saragojfc
ont donné des marques de leur
zelc au Roy en fournissant à
son Armée du pain, du vin
j&ode lauviandre pesnda.nt trois, Nostre Garnison a enlevé aux
Ennemis un Convoy de cinquante
Chariots de vivres &
de munitions; &quarantemil
écus en especes qui estoient destinez
pour payer leurs Troupes.
Jesuis, &c.
Lettre de Lerida du i6<
Aoust. Je
ne doute pas, Monsieur,
que vous n'ayez vû quelque
Relation da combat donnele20
de ce mois entre tArmEe du
Roy & celle de l'Archiduc;
mais je doute que vous en aje^
vû de plus veritable&mieux
circonflanciée que celle que je
me donne l'honneur de ruous
envoyer.
Le 19 l'armée du Rrry
étant campéeprés de Saragoj]e}
& celle des ennemis en dcçade
la Chartreuse,Monsieur le
'Marquis de Baj alla les reconnoître
pendant que Sa Majestéfit
avancer toute l'Armée
qui ptfja la nuit en bataille,
"ltinji que celle des ennnemis.
Lecombatcommença le lendemainmatin
par une canonade
qui dura depuis six heures jusaprèsdemidy
que les troupes
vinrent aux mains.
Les ennemis ayantrenforcé
leur aîle gauche de la plus
grandepartie de leur Cavalerie,
voulurent d'abord prendre en
flanc la droite de l'Arméedu
PKoy
,
qui rfioit commandéepar
MessieursdeAmezaga c-
Mahoni. Mais les Gardes du
Corps &les Dragons leschargerent
avec tant de vigueur.•'
qu'ils en firentungrandcarnage&
pousserent le restejusqu'à
l'Ebre,ouils'ennoyaungrand
nomWfi,
Le reste de la Cavalerie de
la droite aprés avoirachevéde
défaire la premiere ligne des
Ennemis, fut arrestée&mise
en desordre par leur seconde
ligne
,
sans que Monsieur le
Marquis de Bay, qui (yporta
promptement, pust la rallier
à cause qu'elle fut mal soustenuë
par l'Infanterie dont la
pluspart des Soldatsestoient
nouvellement leve%.
:
Ce General envoya en mê..
me temps ordre à Don joseph
de Armendariz&à Don Pedro
Ronquillo qui commandoient
la gauche de la premiere
Ligne de le venirjoindre avec
toute leur Cavalerie,àla reserve
ve de huit Escadrons ; çya
Monsieur le Comte de Merode
&à MonsieurleMarquis
de Lançarotte,qui commandoient
lasecondeLigne,deprendre
les Postes de Messieurs de
Armandariz&Ronquillo.
Dés qu'ils furentarrivez ils
chargerent si vigoureusement
les Ennemisqu'ils les firent
plier; mais le desordrede nostre
seconde Ligne de la droite
estoitsigrand qu'ils ne purent
faire une seconde charge.
Monsieur le Comte de Merode
& Monsieur le Marquis
deLançarottes'avancerent antcc
la seconde Ligne de la gauche
qu'ils commandoient; mais
s'estans aperçusque les Ennemisavoient
détaché de leur
droite trois Bataillons pour
prendreenflancles Gardes IUilonnes
qui estoient à la tesse de
la premiere Ligne de la gauche,
Monsieur le Marquis deLancarotte
marcha à eux avec deux
Escadrons
, & les défit entierement.
Il alla ensuiterejoindre le
reste de la Cavalerie & trois
Bataillons
, & marcha avec
Monsieur le Comte de Merode
pour charger unesecondefois,
mais les Ennemis ayant détaché
dix Escadrons &plusieurs
Bataillonspour les enveloper,
ils furent obligez de se retirer
en couvrant deux Bataillons
des Gardes Walonnes quise
posterent sur les hauteurs de la
Guerba.
La Brigade de Rupelmonde
oerrefta les Ennemis, & ne fit
saretraitequ'a lafin delaBataille
,
apréslaquelleellese retira
sans estre poursuivie, non
plus que le reste de l'Armée,
dont la plus grande partie se
rassemblaàTudela aute Mon-
Jieur le Marquis de Bay4 &
unepartieà Daroca avec Monsieur
le Duc de Pratameno.
Les Ennemisfont demeurez
maistres du ChampdeBataille,
mais cette Victoire leur a coûté
cher; leur Infanterieayant
d'abordestéfort mal-traitéepar
le canon; leuraîlegauche ayant
estédeffaite, '& à laquelle on
apris cinq Etendarts, çj$r ensuite
plusieurs autres Bataillons
ausquels on a enlevéquatre
Drapeaux.
On n'a encore pu sçavoir le
nombre des morts de l'Armée
du R..oy.,parce qu'ilrevienticus
lesjours desgens qu'on awit
cru tt4fZ oufaitsPrisonniers,
On ria perdu d'Officiers de consideration
que Monsieur le Duc
d'Havré, quifut tuéd'un coup
de canonavant que l'aéîionfut
tout àfaitengagée.
Les Habitans de Saragojfc
ont donné des marques de leur
zelc au Roy en fournissant à
son Armée du pain, du vin
j&ode lauviandre pesnda.nt trois, Nostre Garnison a enlevé aux
Ennemis un Convoy de cinquante
Chariots de vivres &
de munitions; &quarantemil
écus en especes qui estoient destinez
pour payer leurs Troupes.
Jesuis, &c.
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Résumé : NOUVELLES. Lettre de Lerida du 16. Aoust.
Le 19 août, l'armée du Roi, stationnée près de Saragosse, affronta celle de l'Archiduc, positionnée près de la Chartreuse. Le combat débuta le 20 août par une intense canonade suivie d'engagements directs. Les ennemis renforcèrent leur aile gauche avec une grande partie de leur cavalerie pour attaquer le flanc droit de l'armée du Roi, commandé par les messieurs d'Amezaga et Mahoni. Les Gardes du Corps et les Dragons repoussèrent vigoureusement cette attaque, infligeant de lourdes pertes et repoussant les survivants jusqu'à l'Èbre. La cavalerie de la droite, après avoir défait la première ligne ennemie, fut désorganisée par la seconde ligne adverse. Le Marquis de Bay tenta de rallier la cavalerie, mais sans le soutien suffisant de l'infanterie, composée de soldats nouvellement recrutés. Il ordonna alors à Don Joseph de Armendariz et Don Pedro Ronquillo de se replier avec leur cavalerie. Le Comte de Merode et le Marquis de Lançarotte prirent leurs postes. La cavalerie ennemie, bien que repoussée, profita du désordre pour éviter une seconde charge. Le Marquis de Lançarotte défit trois bataillons ennemis visant les Gardes Wallonnes, mais face à une contre-attaque ennemie avec dix escadrons et plusieurs bataillons, les forces du Roi se retirèrent en couvrant les Gardes Wallonnes. La Brigade de Rupelmonde harcela les ennemis jusqu'à la fin de la bataille. Les forces ennemies restèrent maîtresses du champ de bataille, mais leur victoire fut coûteuse, avec une infanterie sévèrement touchée par le canon et plusieurs drapeaux capturés. L'armée du Roi perdit le Duc d'Havré, tué par un coup de canon. Les habitants de Saragosse soutinrent l'armée du Roi en fournissant des vivres, tandis que la garnison captura un convoi ennemi de cinquante chariots de vivres et munitions, ainsi que quarante mille écus en espèces.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 189-192
LISTE DES TROUPES envoyées en Roussillon.
Début :
Je vous donne cette Liste en attendant l'Article des [...]
Mots clefs :
Troupes, Roussillon, Bataillons, Escadrons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LISTE DES TROUPES envoyées en Roussillon.
LISTE
DES TROUPES
envoyées en Roussillon,
Je vous donne cette
Lifte en attendant
l'Articledes nouvellesd'Espagne
dont j'attends
des Relations.
MrDillon, Lieutenant
General de Dauphiné.
CAVALERIE.
ESCADRONS. ADanujpohuin..5Paràbelle. 3 Pucange. 2, Flèche. 2Germinon. zValgran, zz
DRAGON S.
La Lande.., Chasselas. 3 3
FSomomeiri.x.••. 3>
Total des Escadrons.
28.
INFANTERIE.
BATAILLONS.
Normandie..«.$
La Couronne.I Auvergne. ;2,
LFaMlanardcrhee..&2.
Oleron. Vermandois.1r
Soiflonnois., 1
Tierache. Baujollois.. zForez. zEDgarmigans.i. i2, L
Vivarez: , Perigord.tl Lubautfe., Villeneuve.. r j Yalouzq.., Chanlpigni.. r
1 Léon. Seye.*rj Total des Bataillons.
36.
DES TROUPES
envoyées en Roussillon,
Je vous donne cette
Lifte en attendant
l'Articledes nouvellesd'Espagne
dont j'attends
des Relations.
MrDillon, Lieutenant
General de Dauphiné.
CAVALERIE.
ESCADRONS. ADanujpohuin..5Paràbelle. 3 Pucange. 2, Flèche. 2Germinon. zValgran, zz
DRAGON S.
La Lande.., Chasselas. 3 3
FSomomeiri.x.••. 3>
Total des Escadrons.
28.
INFANTERIE.
BATAILLONS.
Normandie..«.$
La Couronne.I Auvergne. ;2,
LFaMlanardcrhee..&2.
Oleron. Vermandois.1r
Soiflonnois., 1
Tierache. Baujollois.. zForez. zEDgarmigans.i. i2, L
Vivarez: , Perigord.tl Lubautfe., Villeneuve.. r j Yalouzq.., Chanlpigni.. r
1 Léon. Seye.*rj Total des Bataillons.
36.
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Résumé : LISTE DES TROUPES envoyées en Roussillon.
Mr. Dillon, Lieutenant Général de Dauphiné, a dressé une liste des troupes envoyées en Roussillon. Elle comprend 28 escadrons de cavalerie répartis dans divers lieux et 36 bataillons d'infanterie, incluant des unités comme Normandie et Auvergne. La liste est fournie en attendant des nouvelles d'Espagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 288-295
Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Catalogne.
Début :
Mr le Duc de Noailles, General. PREMIERE LIGNE. LIEUTENANT GENERAUX. [...]
Mots clefs :
Dragons, Duc de Noailles, Escadrons, Cavalerie, Lieutenants généraux, Brigadiers, Infanterie, Bataillons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Catalogne.
Ordre de Bataille de l'Armée
du Roy en Catalogne.
Mr le Duc de Noailles ,
General.
PREMIERE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX
Messieurs ; deGuerchy.
DeKercado.
De Siennes.
MARESCHAUX DECAMP.
Messieurs
De Belleporr.
Le Comte d'E(taire,
De Tournant.
D'Arpajou. 0'
Le Duc de Duras. ,,' BRIGADIERS.
Meffteurs
D'Ozeville.
De Sandricourt.
De Damas.
DeValouze.
DeCourten.
De Balincourt.
DePlanque.
De Parabere
De Vateville.
Dragons.
Dauphin. 3. Escadrons. Lailguedoc.3
AnjCaovaluerie.. PCarraobueyre..33 2
Infanterie.
Normandie. 3. Bataillons. Btaujollois. Artois. zLabour. zReding.. 1 t Noailles. 11
CLaCoouurtreonnn.e. 2, Vermandois. 3Valouze. zDV'Eivlgarirgenzy..1t1 Damas.2. Auvergne. - z
Cavalerie.
Berry. 3. Escadrons. Germinon. Valgrand. zz
Dragons.
Saumery. 3 Faix 3,
SECONDE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX.
Àdefjieurs
De Muret.
De Brancas.
MARESCHAUX DE CAMP.
Adcjjicurs
De Chastillon.
De Puynormand.
De Caylus.
BRIGADIERS.
Afejjieurs
De Bozelly.
De Bonas.
DeNisas.
De Barville.
DeSiougeat.
DeFleche.
De Bouville.
Dragons.
Bouville. 3. Escadrons, Chazel. 5
Cavalerie,
Fleche.
, 3 Vaudemont,, ;
Putange.
) , & Infanterie.
FLlandrée. o2.nBata.ill1ons. Oleron.
, , Perigord. , 1
La Force. , FSooiflroennzo.is.;z1
La Marche..„z Anogoumois.. 1 Champigny.. Noé. iThierache. 1
Cavalerie.
LaFeronnaye.L Efcadrons.
Noailles Duc.. z
Noailles Marquis.. z
Dragons.
La Lande. Bozelly. 3z
Total des Escadrons. 50.
Total des Bataillons. 45.
1 Artillerie.
Royal Artillerie. 1. Bataill.
Bombardiers. 1
Deux Compagnies deFerrand
Code. 100. hommes.
Une Compagnie de Mineurs
de Delorme, 60.
hommes.
On attend la fuite des
Nouvelles d'Espagne.
Onespere qu'elle viendra
ailes tost pour vous
la donner à la fin du Vo-
- lume où l'on mettra tous
les Mois des Nouvelles
recentes.
du Roy en Catalogne.
Mr le Duc de Noailles ,
General.
PREMIERE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX
Messieurs ; deGuerchy.
DeKercado.
De Siennes.
MARESCHAUX DECAMP.
Messieurs
De Belleporr.
Le Comte d'E(taire,
De Tournant.
D'Arpajou. 0'
Le Duc de Duras. ,,' BRIGADIERS.
Meffteurs
D'Ozeville.
De Sandricourt.
De Damas.
DeValouze.
DeCourten.
De Balincourt.
DePlanque.
De Parabere
De Vateville.
Dragons.
Dauphin. 3. Escadrons. Lailguedoc.3
AnjCaovaluerie.. PCarraobueyre..33 2
Infanterie.
Normandie. 3. Bataillons. Btaujollois. Artois. zLabour. zReding.. 1 t Noailles. 11
CLaCoouurtreonnn.e. 2, Vermandois. 3Valouze. zDV'Eivlgarirgenzy..1t1 Damas.2. Auvergne. - z
Cavalerie.
Berry. 3. Escadrons. Germinon. Valgrand. zz
Dragons.
Saumery. 3 Faix 3,
SECONDE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX.
Àdefjieurs
De Muret.
De Brancas.
MARESCHAUX DE CAMP.
Adcjjicurs
De Chastillon.
De Puynormand.
De Caylus.
BRIGADIERS.
Afejjieurs
De Bozelly.
De Bonas.
DeNisas.
De Barville.
DeSiougeat.
DeFleche.
De Bouville.
Dragons.
Bouville. 3. Escadrons, Chazel. 5
Cavalerie,
Fleche.
, 3 Vaudemont,, ;
Putange.
) , & Infanterie.
FLlandrée. o2.nBata.ill1ons. Oleron.
, , Perigord. , 1
La Force. , FSooiflroennzo.is.;z1
La Marche..„z Anogoumois.. 1 Champigny.. Noé. iThierache. 1
Cavalerie.
LaFeronnaye.L Efcadrons.
Noailles Duc.. z
Noailles Marquis.. z
Dragons.
La Lande. Bozelly. 3z
Total des Escadrons. 50.
Total des Bataillons. 45.
1 Artillerie.
Royal Artillerie. 1. Bataill.
Bombardiers. 1
Deux Compagnies deFerrand
Code. 100. hommes.
Une Compagnie de Mineurs
de Delorme, 60.
hommes.
On attend la fuite des
Nouvelles d'Espagne.
Onespere qu'elle viendra
ailes tost pour vous
la donner à la fin du Vo-
- lume où l'on mettra tous
les Mois des Nouvelles
recentes.
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Résumé : Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Catalogne.
Le document décrit l'Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Catalogne, sous le commandement du Duc de Noailles. L'armée est structurée en deux lignes, chacune dirigée par des lieutenants-généraux, des maréchaux de camp et des brigadiers. La première ligne inclut les lieutenants-généraux de Guerchy, de Kercado et de Siennes, ainsi que les régiments de dragons et de cavalerie Dauphin, Languedoc et Anjou-Cavalerie. L'infanterie comprend les régiments Normandie, Beaujolais, Artois et Noailles. La seconde ligne est dirigée par les lieutenants-généraux de Muret et de Brancas, avec les régiments de dragons et de cavalerie Bouville et Fleche. L'infanterie de cette ligne comprend les régiments Flandre, Oleron, Perigord et La Force. L'armée compte 50 escadrons et 45 bataillons. L'artillerie est représentée par le Royal Artillerie, les bombardiers et les compagnies de Ferrand et de Delorme. Le document mentionne également l'attente de nouvelles d'Espagne, espérant les publier prochainement.
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6
p. 1-48
Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Flandres.
Début :
GENERAUX. Mr le Mareschal, Duc de Villars. Mr le Mareschal [...]
Mots clefs :
Brigadiers, Roi, Duc, Cavalerie, Lieutenant, Ligne, Infanterie, Bataille, Dragons, Armée, Généraux, Ordre de bataille, Escadrons, Bataillons, Flandres, Officiers généraux, Réserve, Alliés, Allemagne, Détachement, Corps, Total
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texteReconnaissance textuelle : Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Flandres.
Ordre de BatailledeILArmée:
duRoy en Flandres.
GENERAUX.
Mr le Mareschal
,
Duc de
Villars.
Mr le Mareschal de Mon-
-
tesquiou.
Lieutenans Généraux de la
premiere ligne.
Mrs Gassion, Prince de
Rohan, Mezieres, la Valliere
,
Destain, Albergothy,
Croisy, Duc de Guiche
, Maulevrier
,
Hautefpre.
Maréchaux de Camp.
Mrs de Silly
,
le Vidame
,
Chasteau
-
Morand,
Choiseul, Rooth
,
Duc de
Mortemart, Nangis, Ravignan.
Brigadiers.
MrsBerville,Suzy, Castel-
Moron,laTremoille,
Krakemberg
,
Courtage
Choiseul, Saumery, Montbazon
,
Gassion,Dargelos,
Daubigné
,
Colandre,
Obrien
,
S. Simon, Bernholes,
Desrouville,Beaupuys,
Perissan,Seignelay,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS,
Colonelle Générale 3 crc.
Beautremont 3
G
CAVALERIE.
MaiConduRoy 13
13
Gendarmerie 8
8
Royal Picdmont 3
SrAgnan 2..
la Tremoille i
7
Royal Allemand 3 Rottembourg 2.
Dfûivpc i
7 Dauphin,
Prince Marfillae,.
2.
Montcil
, 1
7
Choiseul, 1
Courcillon, 2. Dalzeau, z
( 6-
Chcrizy, z*
Royal Roussillon, 3
Commilfairc Générale 3
z
8
62. efc.
IN FANTERIE.
Picardie)
3 bat.
Bourbon, :, i
Nice, 16
Navarre, 3
Bourgogne, 2.
Monroux, 1
6
Bourbonnois, z
Languedoc) 1
Aunis, 2,
-. 6
Royal, 3
Royal Comtois, 2,
Daunay, 1
6
Les Vaisséaux, 3
La Marck, 1
Royal Italien, 1 6Lee,1 Obricn, 1
Dorington, 1
Galmoy, 1
OdondelJ 1
5
Gardes Françoises, 4
Gardes Suisses, 2.
*
Alfacc,a 4
Vczin, 2.
6
La Reine, 3
Haynault) z
Vaugc, I
6
Le Roy, 4
Foix, 1
6
pont, Dreux, Brendle, Lée,
Geoffreville.
Maréchaux de Camp.
Mrs Beauveau, Comte
de Nille
,
Lessars
,
Isenghien,
Mouchy, Miromesnil,
la Mark
,
Chevalier de
Roye.
Brigadiers.
mrs S. Poange, Gaydon,
Daulcane
,
Sandru ky
, Rios
,
Capy, Montal, S.
Morel, Depinay, la Chaux,
May, Grenets, Mercy
,
Sury
,
Lionne, de Lisle,
Remirecourt
,
Gondrin
Beringhen, Meleun,Saa. ,
SECONDE LIGNE.
CAVALERIE.
Colonelle Generale, 3 efc.
S.Poanges, 2.
Ligondez, 2
7 Chartres, 3
Maifontiers, 2-
Clermont, 1
7
Daultannc9
Villiers, z
Grandmonc
2. Aubeterrc"
2.
8
Brabant, 1 S.Phal, 2
Caycux, 1
6
Efclainvilliers,
Rios,zz, S. BHmonrJ
6
Montauban., z
Capy, z :
Cravattes, 3
7
41cfc.
INFANTERIE.
Poitou) z bar.
Lorraine, t
Miromelnil
, 2,
6
Tourraine, z
Charollais) A
Bugey, 2.
6
Limofia,
LaChauxI2.
Boufflcrs,
2.
1 yiliiers Suiflc
, 3
May, 3
6
Brcnqle, 3
SLJrbeçk) 3
6
Gardes de Bavière, 4
4
HefTy, 3
Phiffcr, 3
6
RoyalRoussillon, 2. Lionne,.2.
Laonnois,2.
ÀC
La Fere, 1
Tourncfis., 1
Beauce, 1
6
Tourville, 2.
Barrois, z*
Agenois, i
6
Greder Allemand 2.
Solrc, i
Gondrin, t
6
G3 bac.
CAVALERIE
a Reine) 3 efc.
Seringhen 3
iftaniol
, 1
S
AUTRE RESERVE.
**
Lieutenant General.
Mr de Broglie. Brigadiers,
Mrs Tarneau, Combout,
Pasteur.
CAVALLERIE.
Le Roy, 3efc.
La Tour, z
Beauveau, z
Tarneau, z
9
Combous, z
DuBcflcy, i
Biron, x
6
Houssards de Nerville, I
Pasteur, Dragons, 2.
3
- 18efc.
CAMP SEPARE'.
Lieutenans Generaux.
Mrs Sailly
,
Conflans
Reichberg, duRoZwl,S.,
Fremont.
Maréchaux de Camp.
Mrs S. Morrany
,
Santigny
,Prince Charles.
Brigadiers.
Mrs Nugent, Gassé, Danumis,
Jouy, Girault, S.
Micault,Locatelly, Cloys,
Prince de Bergets, Midefars
,
Flavacourt.
CAVALLERIE.
Royal Etranger, 3 etc.
Villeroy, 3
Nugent fi
,\ S
Dauphin Etranger, y
Vauldray
, '1 2.
Mitignon, 2.
,L , Ir
Bourgogne, 3 Gesvres,t , Viilcquicr, i
7
Orléans, 3
Villeprcux, 1
,
S
Dumalnc, 5
Frczin, z
S Condé, 3
Bourbon, 3
6
Arcobau, 3
Loccelly, 2.
S
Carabiniers, 10
10
Gardes d'Espagne 1,
Gardes de Bavierc z
4
DRAGONS.
Royal, z
Flavacourc, z
5
Gzcfc.
RESERVE.
Brigadiers
Mrs Livry, Se brcr.
INFANTERIE.
Bcüil i bac.
MIrabeau, 1
Nivcrnois, x
1
6
Perche, i
Cambrcfis 1
Spaar, i
6
il
AUTRE CORPS.
Lieutenans Generaux.
Mrs laFiezclicre, Bouzols,
Davaray.
Maréchaux de Camp.
Mrs Costa.Mîmur.
Brigadiers.
MrsThourotte, Montjoye,
Livry.
CAVALLERIE.
Tbourotte, 2.
efc;
Pardeilhan, x Raigecourt, i
6
Cossa)Bav. 3
Posh,Bav. 2.
S
Prince Lambesc,
3
Livry, 2.
Mettre de Camp Gencrale.,
3
8
41efc.
Royal Artillerie, 2. bar.
Bombardiers,
1
3
HoussardsdeRasky 3 etc.
camperont au Quartier
General.
Total des Escadrons,1jl.
TOfl des Bataillons,161.
On a fait depuis plusieurs
détachemens pour l'Allemia9nc.--
Ordrede Bataille de tArmée
des Alliez en Flandres,
commandée par le Duc de
Marlborough.
GENERAUX.
Le Duc deMarlborough,
le Comte de Tilly, le Prince
hereditaire de Hesse, Dopsf,
Prince d'Orange,Bulleau,
Lumelly.
Lieutenans Generaux.
Hompesch , P. H.Hembery
,
P. G. de Hesse
,
Esbach,
Heyden, Murray,
Palland, Holstein
-
Beck
, Rantzau, Withers,Norsh,
Orknay
,
Scoulembourg
, Cadogan, Mans, Temple,
Rosse, Word.
Autres Officiers Généraux.
Kellun, Bothmar Peutz,
S. Laurent, Prifoofe
,
Euvars,
Sibourg, Subin,Vegelin
,
Ranch
,
Ivoy, Hamilton
,
Exk, Pritzelvaitz,
Wittemberg
,
Strakembourg,
Chanclos,Salxemkeylbourg
, Brelembach ,
Hagn, Duvel, Sillion, Russel,
Morisson
,
Hamilton ,
Du Breüil, Stutter,Rublereu
,
Berchoffer, Douglas,
Leinkesfeld,Vorst, Loohaux
,Glinsha
,
Lalech , Sairs,Maesbag.
ESCADRONS.
Royal Ecossois, 3 d.
Royal Irlandois) 3
Lauly, 3
Cadogan, 1
Harwich
) 2
Palmes,
2.
Woord, I
Betmard
, 4
Elle, 3
Wight, t
S.Laurent, 2.
Frecha pcllc, 1
Grosk
, 2.
Pcurz) 1
Sculembourg, 2.
L':"ib, 2.92 Hagn, 4d.
BJlow, 4
BATAILLONS.
Gardes Britanniques, 2.
Royal, 1
Subin, 1
Newton, i
Hasford
, 1
Royal, 1
Privrofc, 1
Erram, 1
Duvcl
, 1
Selvin, 1 Prcftion,i Suron
, 1
Ingolsby, 1
Vecbb, l
SPibnoukrga, abh,I1 Ecclc,I Noorth
, 1 Hamilton,i Wym, 1
Orrcry) i
Gauvin, i
Greck. 1 Milevillc,i Dixprcmbouck, 1
Belling, i
Du Brciiil
, i
Rantzau, i
OrangeJ i
Fagel, i
Holfteinbeck, 1
May, 1
Wigers, 1
Prince Maximilicn, I
Marquel, 1 Lircdal,l Croonsprios, t
Croonsfront,i Chambricr, 1
Wondebourg, 1
CDouoglals)lioc,i1 Muray, 1
Gardes Hollandoifes, 3;
ESCADRONS.
Vandcrnach^ 6-
Tl-J 2,
Oyeu, 1- viiiingosf, 1
Grouvtfiin, 2.
Wirtcmberg
) z
Cralingc, 2.
Chanclosy x
Lalech
, 2.
Er bach
, 2.
Prince bereditaire) 2.
Gardes bleues, 2.
Gardes du Corps, 1
Carabiniers, 4
Srnittcrm, 4
Gardes, j
Generaux de la secondeLigne.
Albemarle. Fagel. Prince
d'Anhalt. ZD
Lieutenans Generaux.
Oyeu,Vittentorf, Lalech,
Athlone, Dohna,Colliers,
Landerfrankenfleiiinatimer.
Autres Officiers Generaux.
Doisting, Hackemborn,
DuPortail, De Veyne Trossel, Berg, Croon,,
GaLJvin, Hasuvoudent
,
Vixou se,Westimiler,Koppel
, Grovenstein, Du Portail
,
Comre Moornay ,
Shemesan,Bechleren,Wauters,
Vandersbeck
,
Wichfurst
, Rador
,
Recdert
Cofcritz, Chambricr, , May,
Smettingh
,
Cronstroon
Wallesf, Benthen, Hum-,
neilicn
,
Bechleren, Wictemhorf.
ESCADRONS.
Leib, 4d.
Etlbreigc, 4
Souvelzi, 4
Anspach, 4
Dorsflinguc, 4
Panevilz, 3
Lcib, 3 9*
Croonrprins, 3
Prince Philippe, 3
Heyden 1
Portai, 3
Cac, 1
Bataillons.
Gardes, 1 :
Leib, zJjt
Croonfprins, 3
Albregl, 2.
Lollern, x
Erpprins, 1 Alsdhna, 1 ;
Varenne, i
Jouy Dhona) i
Hcydcn, 1
Anhn & Zclbz, i
DTenrheol,ler,t1 Gromhonn> t
Cofcritz, i Scamaifter,I
Lerkoors, • 1
Buldeuvin, i
Deticur, 1
Telkelembcrg, 1
Rantzau, 1
Albcrmarle, 1
Scrccshcn, 1
Elft, 1
NSig.clMin, arais, i i Chareause, 1
Inncns, i
Pariot, 1
Maurice, 1
Bugwillz, 1
- Mjçcrail
, r
Dobrobiky, 1 Hauler 1
Bernard, 1
Groy
, 1
Pallannc, 34
Heyden,
,. 2.
llangercberg
, - 2,:
ESCADRONS.
Walleff, i
Hoflcmhomb
, 2.
Saxcmhcylberg
) z
ECK, 1
Humnclben, 1
Guichel, 1
Sgrabemvoir
, z
Voorlt, i
Rechtcren, z
Briftzeelw, 1
Athlonc, 2
Prince dOranse t Gardes du Co0rps,i Dopff, 4
Ordre de Bataille de ïArmie
des Alliez en Flandre, commandée
par le Prince Eugene.
GENERAUX.
Le Prince Eugene
Le Duc de Wirtemberg
,
Le Comte de Velen.
Lieutenans Generaux.
Averoche, Gor dorf
Schwcuzel,Wilcke, Mer-,
y.
GenerauxMajors.
Cheuse, Wessenfelz
Milhan, boisset, , Prince de
Heirc Philipidal
,
Sachen
) d'Albert, Sechembach
, Bonneval
,
Statzfelt, Souchon,
Prince Lobkowirz,
ESCADRONS.
CFolodnitzz,Ho,u[6[ardsd, j Palafi, 6d
Wefterlo, 3
Mercy, 6
LVccylcbn,,33Vd
BATAILLONS.
Holftcin, t
Baadcn, z
Grenadiers, i
Taftring, 1
Dalbcrt, t
Fechembag
, 1
WandcrbCCK, 1
CaGel, 1
Erf Prince Woffcn) 1 Bren Wolffen
, 1
Gardes de Heffc
) 1
Eftcrdc, t
SErçf PhrinwceederHizdlce,l.,111
Romeleny, 1
Sugnen, * T i
Bonnard, [
Preccrnis,
4
Boitfcc.,L11
VanftoKer, 1
Gardes Danoises,i
ESCADRONS.
Leib, Saxon. 4 yt.
Rcmcchcc, 4
Lcib, f1 Alfy-
Weilfenfeiczt , Erf.Prince Hcflc, 4
Chcux, Danois. 2.
Kneyl, 2.
LClb, 2, yt.
Wirtemberg, s
General de lasecondeLigne.
Le Comte de Felz.
Lieutenans Generaux.
Lagnace
,
Caunstz, Vander
bCIK, Schellarr.
Generaux Majors.
Schemetteau,Heynflein,
Sechendorf, La Roche Sterrifelz, , Vtien.
ESCADRONS.
Spleny) HoulTards,J
S. Amour,6d.
Dandignercs, i d.
Wirtembcrg) 4dé
FalKcftcin,6d.
Halzfclr) 3
Shcllart) 3
BATAILLONS.
Grenadiers Pafloc, 1
Sulzbach
, 1
Saxemrneymcing, 1
Iffelbach, 1
Grenad. Wirieïnberg, t
Harinans, 1
SternfeltzJ 2.
Schwartz, t
Etrcrfelz, 1
Caves, 1
Radtnge, 1 Dcucheft, 1
Prince George de He(îe,t
Koomugmac, i
Wcifll-nfelz, 1
WaKerbart, 1
Schendorf, 1
Getz) 1
Furrtemberg, t
Charprins, I
Gardes Saxe, 2.
ESCADRONS.
MilKan,
Spicgçl,1 4z Boinebourg, z
Avcrchcs, 4
Brochcdorf, +
Schemettcau,
Wlrtemberg, 1
Grabo, 1
Rantzau, 2,
Total des deux Armées,
Bataillons, 148
EfèadronsJ2,56
Les Alliez ont aussi fait
des détachemens pour rAl.
lemagne.
duRoy en Flandres.
GENERAUX.
Mr le Mareschal
,
Duc de
Villars.
Mr le Mareschal de Mon-
-
tesquiou.
Lieutenans Généraux de la
premiere ligne.
Mrs Gassion, Prince de
Rohan, Mezieres, la Valliere
,
Destain, Albergothy,
Croisy, Duc de Guiche
, Maulevrier
,
Hautefpre.
Maréchaux de Camp.
Mrs de Silly
,
le Vidame
,
Chasteau
-
Morand,
Choiseul, Rooth
,
Duc de
Mortemart, Nangis, Ravignan.
Brigadiers.
MrsBerville,Suzy, Castel-
Moron,laTremoille,
Krakemberg
,
Courtage
Choiseul, Saumery, Montbazon
,
Gassion,Dargelos,
Daubigné
,
Colandre,
Obrien
,
S. Simon, Bernholes,
Desrouville,Beaupuys,
Perissan,Seignelay,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS,
Colonelle Générale 3 crc.
Beautremont 3
G
CAVALERIE.
MaiConduRoy 13
13
Gendarmerie 8
8
Royal Picdmont 3
SrAgnan 2..
la Tremoille i
7
Royal Allemand 3 Rottembourg 2.
Dfûivpc i
7 Dauphin,
Prince Marfillae,.
2.
Montcil
, 1
7
Choiseul, 1
Courcillon, 2. Dalzeau, z
( 6-
Chcrizy, z*
Royal Roussillon, 3
Commilfairc Générale 3
z
8
62. efc.
IN FANTERIE.
Picardie)
3 bat.
Bourbon, :, i
Nice, 16
Navarre, 3
Bourgogne, 2.
Monroux, 1
6
Bourbonnois, z
Languedoc) 1
Aunis, 2,
-. 6
Royal, 3
Royal Comtois, 2,
Daunay, 1
6
Les Vaisséaux, 3
La Marck, 1
Royal Italien, 1 6Lee,1 Obricn, 1
Dorington, 1
Galmoy, 1
OdondelJ 1
5
Gardes Françoises, 4
Gardes Suisses, 2.
*
Alfacc,a 4
Vczin, 2.
6
La Reine, 3
Haynault) z
Vaugc, I
6
Le Roy, 4
Foix, 1
6
pont, Dreux, Brendle, Lée,
Geoffreville.
Maréchaux de Camp.
Mrs Beauveau, Comte
de Nille
,
Lessars
,
Isenghien,
Mouchy, Miromesnil,
la Mark
,
Chevalier de
Roye.
Brigadiers.
mrs S. Poange, Gaydon,
Daulcane
,
Sandru ky
, Rios
,
Capy, Montal, S.
Morel, Depinay, la Chaux,
May, Grenets, Mercy
,
Sury
,
Lionne, de Lisle,
Remirecourt
,
Gondrin
Beringhen, Meleun,Saa. ,
SECONDE LIGNE.
CAVALERIE.
Colonelle Generale, 3 efc.
S.Poanges, 2.
Ligondez, 2
7 Chartres, 3
Maifontiers, 2-
Clermont, 1
7
Daultannc9
Villiers, z
Grandmonc
2. Aubeterrc"
2.
8
Brabant, 1 S.Phal, 2
Caycux, 1
6
Efclainvilliers,
Rios,zz, S. BHmonrJ
6
Montauban., z
Capy, z :
Cravattes, 3
7
41cfc.
INFANTERIE.
Poitou) z bar.
Lorraine, t
Miromelnil
, 2,
6
Tourraine, z
Charollais) A
Bugey, 2.
6
Limofia,
LaChauxI2.
Boufflcrs,
2.
1 yiliiers Suiflc
, 3
May, 3
6
Brcnqle, 3
SLJrbeçk) 3
6
Gardes de Bavière, 4
4
HefTy, 3
Phiffcr, 3
6
RoyalRoussillon, 2. Lionne,.2.
Laonnois,2.
ÀC
La Fere, 1
Tourncfis., 1
Beauce, 1
6
Tourville, 2.
Barrois, z*
Agenois, i
6
Greder Allemand 2.
Solrc, i
Gondrin, t
6
G3 bac.
CAVALERIE
a Reine) 3 efc.
Seringhen 3
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AUTRE RESERVE.
**
Lieutenant General.
Mr de Broglie. Brigadiers,
Mrs Tarneau, Combout,
Pasteur.
CAVALLERIE.
Le Roy, 3efc.
La Tour, z
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9
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Biron, x
6
Houssards de Nerville, I
Pasteur, Dragons, 2.
3
- 18efc.
CAMP SEPARE'.
Lieutenans Generaux.
Mrs Sailly
,
Conflans
Reichberg, duRoZwl,S.,
Fremont.
Maréchaux de Camp.
Mrs S. Morrany
,
Santigny
,Prince Charles.
Brigadiers.
Mrs Nugent, Gassé, Danumis,
Jouy, Girault, S.
Micault,Locatelly, Cloys,
Prince de Bergets, Midefars
,
Flavacourt.
CAVALLERIE.
Royal Etranger, 3 etc.
Villeroy, 3
Nugent fi
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Dauphin Etranger, y
Vauldray
, '1 2.
Mitignon, 2.
,L , Ir
Bourgogne, 3 Gesvres,t , Viilcquicr, i
7
Orléans, 3
Villeprcux, 1
,
S
Dumalnc, 5
Frczin, z
S Condé, 3
Bourbon, 3
6
Arcobau, 3
Loccelly, 2.
S
Carabiniers, 10
10
Gardes d'Espagne 1,
Gardes de Bavierc z
4
DRAGONS.
Royal, z
Flavacourc, z
5
Gzcfc.
RESERVE.
Brigadiers
Mrs Livry, Se brcr.
INFANTERIE.
Bcüil i bac.
MIrabeau, 1
Nivcrnois, x
1
6
Perche, i
Cambrcfis 1
Spaar, i
6
il
AUTRE CORPS.
Lieutenans Generaux.
Mrs laFiezclicre, Bouzols,
Davaray.
Maréchaux de Camp.
Mrs Costa.Mîmur.
Brigadiers.
MrsThourotte, Montjoye,
Livry.
CAVALLERIE.
Tbourotte, 2.
efc;
Pardeilhan, x Raigecourt, i
6
Cossa)Bav. 3
Posh,Bav. 2.
S
Prince Lambesc,
3
Livry, 2.
Mettre de Camp Gencrale.,
3
8
41efc.
Royal Artillerie, 2. bar.
Bombardiers,
1
3
HoussardsdeRasky 3 etc.
camperont au Quartier
General.
Total des Escadrons,1jl.
TOfl des Bataillons,161.
On a fait depuis plusieurs
détachemens pour l'Allemia9nc.--
Ordrede Bataille de tArmée
des Alliez en Flandres,
commandée par le Duc de
Marlborough.
GENERAUX.
Le Duc deMarlborough,
le Comte de Tilly, le Prince
hereditaire de Hesse, Dopsf,
Prince d'Orange,Bulleau,
Lumelly.
Lieutenans Generaux.
Hompesch , P. H.Hembery
,
P. G. de Hesse
,
Esbach,
Heyden, Murray,
Palland, Holstein
-
Beck
, Rantzau, Withers,Norsh,
Orknay
,
Scoulembourg
, Cadogan, Mans, Temple,
Rosse, Word.
Autres Officiers Généraux.
Kellun, Bothmar Peutz,
S. Laurent, Prifoofe
,
Euvars,
Sibourg, Subin,Vegelin
,
Ranch
,
Ivoy, Hamilton
,
Exk, Pritzelvaitz,
Wittemberg
,
Strakembourg,
Chanclos,Salxemkeylbourg
, Brelembach ,
Hagn, Duvel, Sillion, Russel,
Morisson
,
Hamilton ,
Du Breüil, Stutter,Rublereu
,
Berchoffer, Douglas,
Leinkesfeld,Vorst, Loohaux
,Glinsha
,
Lalech , Sairs,Maesbag.
ESCADRONS.
Royal Ecossois, 3 d.
Royal Irlandois) 3
Lauly, 3
Cadogan, 1
Harwich
) 2
Palmes,
2.
Woord, I
Betmard
, 4
Elle, 3
Wight, t
S.Laurent, 2.
Frecha pcllc, 1
Grosk
, 2.
Pcurz) 1
Sculembourg, 2.
L':"ib, 2.92 Hagn, 4d.
BJlow, 4
BATAILLONS.
Gardes Britanniques, 2.
Royal, 1
Subin, 1
Newton, i
Hasford
, 1
Royal, 1
Privrofc, 1
Erram, 1
Duvcl
, 1
Selvin, 1 Prcftion,i Suron
, 1
Ingolsby, 1
Vecbb, l
SPibnoukrga, abh,I1 Ecclc,I Noorth
, 1 Hamilton,i Wym, 1
Orrcry) i
Gauvin, i
Greck. 1 Milevillc,i Dixprcmbouck, 1
Belling, i
Du Brciiil
, i
Rantzau, i
OrangeJ i
Fagel, i
Holfteinbeck, 1
May, 1
Wigers, 1
Prince Maximilicn, I
Marquel, 1 Lircdal,l Croonsprios, t
Croonsfront,i Chambricr, 1
Wondebourg, 1
CDouoglals)lioc,i1 Muray, 1
Gardes Hollandoifes, 3;
ESCADRONS.
Vandcrnach^ 6-
Tl-J 2,
Oyeu, 1- viiiingosf, 1
Grouvtfiin, 2.
Wirtcmberg
) z
Cralingc, 2.
Chanclosy x
Lalech
, 2.
Er bach
, 2.
Prince bereditaire) 2.
Gardes bleues, 2.
Gardes du Corps, 1
Carabiniers, 4
Srnittcrm, 4
Gardes, j
Generaux de la secondeLigne.
Albemarle. Fagel. Prince
d'Anhalt. ZD
Lieutenans Generaux.
Oyeu,Vittentorf, Lalech,
Athlone, Dohna,Colliers,
Landerfrankenfleiiinatimer.
Autres Officiers Generaux.
Doisting, Hackemborn,
DuPortail, De Veyne Trossel, Berg, Croon,,
GaLJvin, Hasuvoudent
,
Vixou se,Westimiler,Koppel
, Grovenstein, Du Portail
,
Comre Moornay ,
Shemesan,Bechleren,Wauters,
Vandersbeck
,
Wichfurst
, Rador
,
Recdert
Cofcritz, Chambricr, , May,
Smettingh
,
Cronstroon
Wallesf, Benthen, Hum-,
neilicn
,
Bechleren, Wictemhorf.
ESCADRONS.
Leib, 4d.
Etlbreigc, 4
Souvelzi, 4
Anspach, 4
Dorsflinguc, 4
Panevilz, 3
Lcib, 3 9*
Croonrprins, 3
Prince Philippe, 3
Heyden 1
Portai, 3
Cac, 1
Bataillons.
Gardes, 1 :
Leib, zJjt
Croonfprins, 3
Albregl, 2.
Lollern, x
Erpprins, 1 Alsdhna, 1 ;
Varenne, i
Jouy Dhona) i
Hcydcn, 1
Anhn & Zclbz, i
DTenrheol,ler,t1 Gromhonn> t
Cofcritz, i Scamaifter,I
Lerkoors, • 1
Buldeuvin, i
Deticur, 1
Telkelembcrg, 1
Rantzau, 1
Albcrmarle, 1
Scrccshcn, 1
Elft, 1
NSig.clMin, arais, i i Chareause, 1
Inncns, i
Pariot, 1
Maurice, 1
Bugwillz, 1
- Mjçcrail
, r
Dobrobiky, 1 Hauler 1
Bernard, 1
Groy
, 1
Pallannc, 34
Heyden,
,. 2.
llangercberg
, - 2,:
ESCADRONS.
Walleff, i
Hoflcmhomb
, 2.
Saxcmhcylberg
) z
ECK, 1
Humnclben, 1
Guichel, 1
Sgrabemvoir
, z
Voorlt, i
Rechtcren, z
Briftzeelw, 1
Athlonc, 2
Prince dOranse t Gardes du Co0rps,i Dopff, 4
Ordre de Bataille de ïArmie
des Alliez en Flandre, commandée
par le Prince Eugene.
GENERAUX.
Le Prince Eugene
Le Duc de Wirtemberg
,
Le Comte de Velen.
Lieutenans Generaux.
Averoche, Gor dorf
Schwcuzel,Wilcke, Mer-,
y.
GenerauxMajors.
Cheuse, Wessenfelz
Milhan, boisset, , Prince de
Heirc Philipidal
,
Sachen
) d'Albert, Sechembach
, Bonneval
,
Statzfelt, Souchon,
Prince Lobkowirz,
ESCADRONS.
CFolodnitzz,Ho,u[6[ardsd, j Palafi, 6d
Wefterlo, 3
Mercy, 6
LVccylcbn,,33Vd
BATAILLONS.
Holftcin, t
Baadcn, z
Grenadiers, i
Taftring, 1
Dalbcrt, t
Fechembag
, 1
WandcrbCCK, 1
CaGel, 1
Erf Prince Woffcn) 1 Bren Wolffen
, 1
Gardes de Heffc
) 1
Eftcrdc, t
SErçf PhrinwceederHizdlce,l.,111
Romeleny, 1
Sugnen, * T i
Bonnard, [
Preccrnis,
4
Boitfcc.,L11
VanftoKer, 1
Gardes Danoises,i
ESCADRONS.
Leib, Saxon. 4 yt.
Rcmcchcc, 4
Lcib, f1 Alfy-
Weilfenfeiczt , Erf.Prince Hcflc, 4
Chcux, Danois. 2.
Kneyl, 2.
LClb, 2, yt.
Wirtemberg, s
General de lasecondeLigne.
Le Comte de Felz.
Lieutenans Generaux.
Lagnace
,
Caunstz, Vander
bCIK, Schellarr.
Generaux Majors.
Schemetteau,Heynflein,
Sechendorf, La Roche Sterrifelz, , Vtien.
ESCADRONS.
Spleny) HoulTards,J
S. Amour,6d.
Dandignercs, i d.
Wirtembcrg) 4dé
FalKcftcin,6d.
Halzfclr) 3
Shcllart) 3
BATAILLONS.
Grenadiers Pafloc, 1
Sulzbach
, 1
Saxemrneymcing, 1
Iffelbach, 1
Grenad. Wirieïnberg, t
Harinans, 1
SternfeltzJ 2.
Schwartz, t
Etrcrfelz, 1
Caves, 1
Radtnge, 1 Dcucheft, 1
Prince George de He(îe,t
Koomugmac, i
Wcifll-nfelz, 1
WaKerbart, 1
Schendorf, 1
Getz) 1
Furrtemberg, t
Charprins, I
Gardes Saxe, 2.
ESCADRONS.
MilKan,
Spicgçl,1 4z Boinebourg, z
Avcrchcs, 4
Brochcdorf, +
Schemettcau,
Wlrtemberg, 1
Grabo, 1
Rantzau, 2,
Total des deux Armées,
Bataillons, 148
EfèadronsJ2,56
Les Alliez ont aussi fait
des détachemens pour rAl.
lemagne.
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Résumé : Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Flandres.
Le document expose les ordres de bataille des armées en Flandres, en détaillant les forces françaises et alliées. L'armée française est dirigée par le Maréchal Duc de Villars et le Maréchal de Montesquiou. Les lieutenants généraux de la première ligne incluent Gassion et le Prince de Rohan, parmi d'autres. Les maréchaux de camp et brigadiers sont également répertoriés. Les troupes de cavalerie et d'infanterie sont spécifiées, avec des régiments tels que les Dragons, la Gendarmerie, et divers régiments de cavalerie et d'infanterie comme Picardie, Bourbon, et les Gardes Françaises. L'armée française compte 111 escadrons et 161 bataillons. L'ordre de bataille de l'armée alliée, sous le commandement du Duc de Marlborough, inclut des généraux comme le Comte de Tilly et le Prince héritier de Hesse. Les lieutenants généraux et autres officiers généraux sont également mentionnés. Les escadrons et bataillons alliés sont listés, avec des régiments comme les Gardes Britanniques, les Royal Écossais, et les Royal Irlandois. Les Alliés ont également effectué des détachements pour l'Allemagne. L'ordre de bataille de l'armée alliée commandée par le Prince Eugène comprend des généraux comme le Duc de Wurtemberg et le Comte de Velen. Les lieutenants généraux et généraux majors sont également listés. Les escadrons et bataillons incluent des régiments comme les Holstein, les Baden, et les Grenadiers. Au total, les deux armées comptent 148 bataillons et 256 escadrons. Les Alliés ont également effectué des détachements pour l'Allemagne.
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7
p. 68-73
« D'autres Lettres portent que le General Staremberg s'estoit [...] »
Début :
D'autres Lettres portent que le General Staremberg s'estoit [...]
Mots clefs :
Troupes, Vaisseau, Portugal, Barcelone, Bataillons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « D'autres Lettres portent que le General Staremberg s'estoit [...] »
Dautres Lettres portent
que le General Srarcmberg
s'cfioit effectivement mis en
campagne,qu'il avoir partagé
ses troupes en trois
corps dont les deux plus
confiderablcs avoient esté
portez entre Igualada &
Montblanc pour coupcr le
chemin de Barcelonne
,
&
couvrir la Plaine de Tarragone
; que ion Quartier
gênerai estoit à SantaColoma
;que l'autre corps, con.
Manc en trois mille homà.
mes avoit esté envoyé à
Oftalric pour observer un
Camp volant de troupes
Françoises qui estoit du
coilé de Gironne, & que ce
General attendoit un renfort
de neuf bataillons Arcglois
qui devoient venir dé
Portugal.
Qael'Arméed'Espagne
qui estoit composée de cinquante
quatre Bataillons Br.
de (oixante & dix sept Efcadrons
estoit tres belle Se
abondamment pourvûe de
toutes les chofesnecefiaires$>
que celle des ennemis, mailquoit
de vivres,& même
d'eau-,&quel'Archiduc ne
s'efioit poinc encore embarqué
j mais qu'il devoir
partir incessamment avec
une Fiotc de trente deux
.Vaisseaux qui s'ettoient assemblez
à Barcelonne.
Les Lettres de Cadix du
11. Aoust difenc que le 8.
il y estoit arrivé quatre Bastimens
Portugais de la
Flote du Brcfil pris par plusieurs
Armateurs François,
qui après les avoir amarincz)
avoient continué de poursuivre
le reste de la Flote;
que cette nouvelle avoit
fort déconcerté les Negotians
de Lisbonne d'où l'on
avoir fait partir pluficurs
Navires pour aller chercher
des bleds en Affrique;
mais quiy estoient revenus
sur l'avis qu'ils avoient eu
que quelques Vaisseaux de
guerre François croisoient
sur leur route, ce qui avoit
encore fait augmenter le
prix des grains qui eftoic
déja fort haut. Ces mêmes
Lettres confirment la grande
desertion des troupes de
la Garniion de Gibraltarfaute
de payement &qu'outre
les deux cens hommes qui
en estoient fortis fous prétexte
dallerenparty &qui
estoient venus se rendrc
avec leurs Officiers, il en
arrivoit fouvenc d'autres.
:.
Celles de Madriddu24,
du même mois portent
qu'on aeu des avjs dEftremadure
qui confirmentque
les troupes Angloises qui
font en Portugal marchoient
à Llfbonne ou elles
.devoients'embarquer pour
j>aflfe£ en Catalogne,&que
les,
lesPortugais en paroissoient
fort mécontens.
que le General Srarcmberg
s'cfioit effectivement mis en
campagne,qu'il avoir partagé
ses troupes en trois
corps dont les deux plus
confiderablcs avoient esté
portez entre Igualada &
Montblanc pour coupcr le
chemin de Barcelonne
,
&
couvrir la Plaine de Tarragone
; que ion Quartier
gênerai estoit à SantaColoma
;que l'autre corps, con.
Manc en trois mille homà.
mes avoit esté envoyé à
Oftalric pour observer un
Camp volant de troupes
Françoises qui estoit du
coilé de Gironne, & que ce
General attendoit un renfort
de neuf bataillons Arcglois
qui devoient venir dé
Portugal.
Qael'Arméed'Espagne
qui estoit composée de cinquante
quatre Bataillons Br.
de (oixante & dix sept Efcadrons
estoit tres belle Se
abondamment pourvûe de
toutes les chofesnecefiaires$>
que celle des ennemis, mailquoit
de vivres,& même
d'eau-,&quel'Archiduc ne
s'efioit poinc encore embarqué
j mais qu'il devoir
partir incessamment avec
une Fiotc de trente deux
.Vaisseaux qui s'ettoient assemblez
à Barcelonne.
Les Lettres de Cadix du
11. Aoust difenc que le 8.
il y estoit arrivé quatre Bastimens
Portugais de la
Flote du Brcfil pris par plusieurs
Armateurs François,
qui après les avoir amarincz)
avoient continué de poursuivre
le reste de la Flote;
que cette nouvelle avoit
fort déconcerté les Negotians
de Lisbonne d'où l'on
avoir fait partir pluficurs
Navires pour aller chercher
des bleds en Affrique;
mais quiy estoient revenus
sur l'avis qu'ils avoient eu
que quelques Vaisseaux de
guerre François croisoient
sur leur route, ce qui avoit
encore fait augmenter le
prix des grains qui eftoic
déja fort haut. Ces mêmes
Lettres confirment la grande
desertion des troupes de
la Garniion de Gibraltarfaute
de payement &qu'outre
les deux cens hommes qui
en estoient fortis fous prétexte
dallerenparty &qui
estoient venus se rendrc
avec leurs Officiers, il en
arrivoit fouvenc d'autres.
:.
Celles de Madriddu24,
du même mois portent
qu'on aeu des avjs dEftremadure
qui confirmentque
les troupes Angloises qui
font en Portugal marchoient
à Llfbonne ou elles
.devoients'embarquer pour
j>aflfe£ en Catalogne,&que
les,
lesPortugais en paroissoient
fort mécontens.
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Résumé : « D'autres Lettres portent que le General Staremberg s'estoit [...] »
Le texte décrit les mouvements militaires et logistiques des troupes et des flottes. Le général Starhemberg a déployé ses troupes en trois corps. Deux corps sont positionnés entre Igualada et Montblanc pour bloquer l'accès à Barcelone et protéger la plaine de Tarragone, tandis que le quartier général est à Santa Coloma. Un troisième corps de trois mille hommes est envoyé à Hostalric pour surveiller des troupes françaises près de Gérone. Starhemberg attend des renforts de neuf bataillons anglais venant du Portugal. L'armée espagnole, composée de cinquante-quatre bataillons et soixante-dix-sept escadrons, est bien équipée et approvisionnée, contrairement aux ennemis qui manquent de vivres et d'eau. L'archiduc doit partir avec une flotte de trente-deux vaisseaux rassemblée à Barcelone. Des lettres de Cadix rapportent la capture de quatre bâtiments portugais par des armateurs français, perturbant les négociants de Lisbonne. Les prix des grains ont augmenté en raison de la présence de vaisseaux de guerre français. Les mêmes lettres confirment une grande désertion parmi les troupes de Gibraltar en raison du non-paiement des soldes. Des lettres de Madrid indiquent que les troupes anglaises au Portugal se dirigent vers Lisbonne pour s'embarquer vers la Catalogne, suscitant le mécontentement des Portugais.
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8
p. 66-68
Nouvelles de Flandres.
Début :
Nous avons quatre-vingt mille hommes en Flandres, le Comte [...]
Mots clefs :
Flandre, Bataillons, Ennemis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Flandres.
Nouvelles de Flandres.
Nous avons quatre-vingt
mille hommes en Flandres,
le Comte de Broglioa desja commencé à estendre
soixante dix Bataillons depuis Biache à Arleux, Sailly
,
Marquion jusqu'à rE.
cluse
,
ensorte qu'il a
sa
droite à Cambray
,
& sa
gauche à Arras.
Les Ennemis sontassemblez de leur costé en grand
corpssur la Deüille,ils menacent d'assieger nos Places
,
sur tout Cambray &
Arras: nous sommes disposez de manière à leur
faire quelque embarras
pour y
reiilïir
,
puisqu'il
faut qu'ils partent la Censée & l'Escarpe devant
nous, nostre armée d'ailleurs se grossissant tous les
jours.
La Reine de la Grande
Bretagne a
fait reformer
trois Régiments qu'elle
avoit en Portugal, ainsi il
n'y reste plus grande chose.
Il est venu prés de cinq
millions de laflotte du
Guay-Troüin que l'on tra-
vaille actuellement à la
monnoye. Mr de Lomont
a
ordre de faire décharger
tous les vaisseaux qui sont
dans le port de Dunkerque. Mr Ducasse est parti
de la Corogne pour aller
trouver le Roy d'Espagne
Nous avons quatre-vingt
mille hommes en Flandres,
le Comte de Broglioa desja commencé à estendre
soixante dix Bataillons depuis Biache à Arleux, Sailly
,
Marquion jusqu'à rE.
cluse
,
ensorte qu'il a
sa
droite à Cambray
,
& sa
gauche à Arras.
Les Ennemis sontassemblez de leur costé en grand
corpssur la Deüille,ils menacent d'assieger nos Places
,
sur tout Cambray &
Arras: nous sommes disposez de manière à leur
faire quelque embarras
pour y
reiilïir
,
puisqu'il
faut qu'ils partent la Censée & l'Escarpe devant
nous, nostre armée d'ailleurs se grossissant tous les
jours.
La Reine de la Grande
Bretagne a
fait reformer
trois Régiments qu'elle
avoit en Portugal, ainsi il
n'y reste plus grande chose.
Il est venu prés de cinq
millions de laflotte du
Guay-Troüin que l'on tra-
vaille actuellement à la
monnoye. Mr de Lomont
a
ordre de faire décharger
tous les vaisseaux qui sont
dans le port de Dunkerque. Mr Ducasse est parti
de la Corogne pour aller
trouver le Roy d'Espagne
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Résumé : Nouvelles de Flandres.
Le texte décrit des opérations militaires et logistiques en Flandres. L'armée française, forte de quatre-vingt mille hommes sous le commandement du Comte de Broglio, est déployée de Biache à Récluse, avec la droite à Cambray et la gauche à Arras. Soixante-dix bataillons sont positionnés pour défendre ces places fortes contre les ennemis massés sur la Deüille, qui menacent d'assiéger Cambray et Arras. Les forces françaises sont prêtes à repousser ces menaces. Par ailleurs, la Reine de Grande-Bretagne a reformé trois régiments précédemment stationnés au Portugal, réduisant ainsi sa présence militaire dans ce pays. La flotte du Guay-Troüin a rapporté près de cinq millions, actuellement en cours de monnayage. Mr de Lomont a reçu l'ordre de décharger les vaisseaux à Dunkerque, et Mr Ducasse est parti de La Corogne pour rencontrer le Roi d'Espagne.
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9
p. 93-95
Lettre de l'Isle du 11. Juin 1712.
Début :
Il est trés-certain que l'Evêque de Bristol a signifié [...]
Mots clefs :
Lisle, Siège, Bataillons, Canoniers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de l'Isle du 11. Juin 1712.
Listure de l'Ile du 11. fuim
Ileft trés- certain que
l'Evêque de Briſtol a ſigni,
fiéaux Ambaffadeurs alliez,
quela Reine fouhaitoit fai,
re la paix avec le Roy , &
que Meffieurs les Hautes
Puiffances pouvoiententre
tenir à leurs propres frais les
94 MERCURE
troupes qui étoient à leurs
communes foldes. L'on at
tend aujourd'hui Meffieurs
Hop & Vveleres pour ac
commoder cette affaire.
Les Etats Generaux ont
convoqué une affemblée ,
où fe trouveront deux deputez de chaque de leurs
Provinces , pour voir le parti qu'ils avoient à prendre
dans cette occurrence de
temps.
*
omp
Le fiege du Quefnoy fe
fera par provifion : ce fera
Mule Baron de Fagel qui
lecommençera, c'eft le me
GALANT 95
e
me qui a pris Bouchain. Si
cette petite place ne fe défend point bien , ce ne fera
point faute de troupes ; il
y a dix bataillons , un regi-
: mentde dragons , une compagnie de canoniers , une
demineurs, & unefranche.
On ne fçait point comment
cette place peut contenir
tant de monde. M. le Prince Eugene doit aller faire
un tour à la Haye.
Ileft trés- certain que
l'Evêque de Briſtol a ſigni,
fiéaux Ambaffadeurs alliez,
quela Reine fouhaitoit fai,
re la paix avec le Roy , &
que Meffieurs les Hautes
Puiffances pouvoiententre
tenir à leurs propres frais les
94 MERCURE
troupes qui étoient à leurs
communes foldes. L'on at
tend aujourd'hui Meffieurs
Hop & Vveleres pour ac
commoder cette affaire.
Les Etats Generaux ont
convoqué une affemblée ,
où fe trouveront deux deputez de chaque de leurs
Provinces , pour voir le parti qu'ils avoient à prendre
dans cette occurrence de
temps.
*
omp
Le fiege du Quefnoy fe
fera par provifion : ce fera
Mule Baron de Fagel qui
lecommençera, c'eft le me
GALANT 95
e
me qui a pris Bouchain. Si
cette petite place ne fe défend point bien , ce ne fera
point faute de troupes ; il
y a dix bataillons , un regi-
: mentde dragons , une compagnie de canoniers , une
demineurs, & unefranche.
On ne fçait point comment
cette place peut contenir
tant de monde. M. le Prince Eugene doit aller faire
un tour à la Haye.
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Résumé : Lettre de l'Isle du 11. Juin 1712.
Le texte décrit plusieurs événements politiques et militaires. L'évêque de Bristol a informé les ambassadeurs alliés que la reine souhaite négocier la paix avec le roi et que les Hautes Puissances peuvent financer les troupes sur leurs territoires communs. Les États Généraux ont convoqué une assemblée avec deux députés par province pour discuter de la situation actuelle. Le baron de Fagel dirigera le siège du Quesnoy, une place forte bien défendue avec dix bataillons, un régiment de dragons, une compagnie de canonniers, des démineurs et une franche. Le prince Eugène doit se rendre à La Haye.
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10
p. 213-216
Nouvelles de Flandres.
Début :
L'armée des alliez ayant passé la Selle, & mis [...]
Mots clefs :
Tranchées, Bataillons, Flandres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Flandres.
Nouvelles de Flandres.
L'armée des alliez ayant
paflé la Selle , & mis cette
riviere devant elle , on détacha vingt bataillons &
vingt efcadrons pour invef.
tir le Queſnoy. On a appris qu'ils avoient augmenté le nombre des bataillons
jufqu'à trente. La groffe
7214 MERCURE
99 artillerie avoit été amenée
de Marchienne fur la Scarpe à Denain fur l'Escaut. Ils
devoient ouvrir la tranchée
dans peu. On aflure qu'elle
ne l'étoit pas encore le 12.
a
Parmi les troupes qui forment ce fiege , il n'y en a
point d'Angloifes, ni de celles qui font à la folde de la
Reine de la grande Bretagne. Les lettres du 21. affurent que la tranchée n'étoit pas encore ouverte le
18. que le 13. la garniſon fir
une fortie du côté de la porte de Valenciennes , avec
GALANT. 215
cent dragons & mille fantaffins , qu'ils avoient ruïné
un épaulement des ennemis, défait deux cens hommes qui le gardoient : &
aprés une vigoureuſe reſiſftance contre les piquets ,
qui s'avancerent pour les
fecourir, ils s'étoient retirez
en bon ordre, n'ayant perdu
que 30. hommes , en ayant
tué plus de deux cent aux
ennemis.
" On mande de Tournay ,
que les Etats Generaux ne
font pas fatisfaits des nou.
velles qu'ils ont reçûës d'An-
216 MERCURE
'
gleterre , ils efperoient que
le Parlement defapprouveroit les declarations faites
par le Duc d'Ormond &par
l'Evêque de Briſtol. Ils ont
appris que les refolutions
des deux Chambres étoient
conformes aux intentions
de la Reine , fur- tout celles
des Communes , qui ont
declaré qu'elles affifteroientSa Majeftépour faire
une paix fûre &honorable ,
contre tous ceux du dedans & du dehors qui voudroient s'y oppofer.
L'armée des alliez ayant
paflé la Selle , & mis cette
riviere devant elle , on détacha vingt bataillons &
vingt efcadrons pour invef.
tir le Queſnoy. On a appris qu'ils avoient augmenté le nombre des bataillons
jufqu'à trente. La groffe
7214 MERCURE
99 artillerie avoit été amenée
de Marchienne fur la Scarpe à Denain fur l'Escaut. Ils
devoient ouvrir la tranchée
dans peu. On aflure qu'elle
ne l'étoit pas encore le 12.
a
Parmi les troupes qui forment ce fiege , il n'y en a
point d'Angloifes, ni de celles qui font à la folde de la
Reine de la grande Bretagne. Les lettres du 21. affurent que la tranchée n'étoit pas encore ouverte le
18. que le 13. la garniſon fir
une fortie du côté de la porte de Valenciennes , avec
GALANT. 215
cent dragons & mille fantaffins , qu'ils avoient ruïné
un épaulement des ennemis, défait deux cens hommes qui le gardoient : &
aprés une vigoureuſe reſiſftance contre les piquets ,
qui s'avancerent pour les
fecourir, ils s'étoient retirez
en bon ordre, n'ayant perdu
que 30. hommes , en ayant
tué plus de deux cent aux
ennemis.
" On mande de Tournay ,
que les Etats Generaux ne
font pas fatisfaits des nou.
velles qu'ils ont reçûës d'An-
216 MERCURE
'
gleterre , ils efperoient que
le Parlement defapprouveroit les declarations faites
par le Duc d'Ormond &par
l'Evêque de Briſtol. Ils ont
appris que les refolutions
des deux Chambres étoient
conformes aux intentions
de la Reine , fur- tout celles
des Communes , qui ont
declaré qu'elles affifteroientSa Majeftépour faire
une paix fûre &honorable ,
contre tous ceux du dedans & du dehors qui voudroient s'y oppofer.
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Résumé : Nouvelles de Flandres.
En Flandres, l'armée des alliés a investi Le Quesnoy après avoir traversé la Selle, avec un total de trente bataillons et vingt escadrons. L'artillerie a été déplacée de Marchienne-sur-Scarpe à Denain-sur-Escaut en vue de l'ouverture d'une tranchée, bien que celle-ci ne soit pas encore ouverte au 12. Les troupes impliquées dans ce siège ne comprennent pas de soldats anglais ou alliés à la reine de Grande-Bretagne. Le 13, la garnison de Le Quesnoy a lancé une sortie près de la porte de Valenciennes avec cent dragons et mille fantassins. Ils ont détruit un épaulement ennemi, défait deux cents hommes et se sont retirés en bon ordre après une résistance vigoureuse, subissant seulement trente pertes tout en tuant plus de deux cents ennemis. À Tournai, les États Généraux expriment leur insatisfaction face aux nouvelles venues d'Angleterre, espérant que le Parlement désapprouverait les déclarations du Duc d'Ormond et de l'Évêque de Bristol. Ils ont appris que les résolutions des deux Chambres étaient conformes aux intentions de la Reine, notamment celles des Communes, qui ont déclaré soutenir la Reine pour une paix sûre et honorable contre toute opposition intérieure ou extérieure.
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11
p. 221-233
A Fontainebleau le 26. Juillet.
Début :
Le 23. Juillet l'armée du Roy étant campée, la [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Ennemis, Maréchal de Villars, Sambre, Comtes, Bataillons, De Broglio, L'Escaut
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texteReconnaissance textuelle : A Fontainebleau le 26. Juillet.
A Fontainebleau le 26,
Fuillet.
Le 23. Juillet l'armée du
Roy étant campée , la droite à Maringhemfur la Sambre, & la gauche au Cateau
Cambrefis, M. le Maréchal
deVillars fit jetter plufieurs
ponts fur la Sambre , & declara qu'il vouloit attaquer
T iij
222 MERCURE
les quartiers des ennemis
devant Landrecy , de l'autre côté de la Sambre. Ef
fectivement l'armée ſe mit
en marche par la droite à
l'entrée de la nuit , & M.le
Comte de Coigny paſſa lá
Sambreavecfa referve dans
le même tems . Monfieur de
Villars, dont le deffeinétoit
d'attaquer le camp retran
chéque les ennemis avoient
à Denain de l'autre côté de
L'Efcaut , fit marcher par fa
gauche M. le Comte de
ranBroglio avec fa referve de
cavalerie , & M. de Vieux-
GALANT. 223
pont avectrente bataillons,
qui paffa la Selle , c'eſt à
dire qu'il fe pofta entre la
Selle & l'Efcaut , parce que
l'armée étoit campée audelà de Landrecy. M. d'Albergotty vint avec vingt
bataillons &
quarante efcadrons de la gauche. Peu
de temps aprés le reſte de
l'armée fit demi tour à gauche , & tout marcha fur
une ligne vers l'Eſcaut , où
elle arriva avec le canon le
24. à huit heures du matin.
Les pontons furent faits en
trois quarts- d'heure. M. de
A
Tiiij
224 MERCURE
Broglio fe trouvant natu
rellement à la tête de tout ,
s'avança le premier avec fa
referve , & fut fuivi par les
Brigades de Navarre ,
Champagne , le Maine
Royal, Lionnois, Tourville,
les Vaiffeaux , & Brande
lais , commandées par M.
d'Albergotty , Vieuxpont ,
Dreux & Brandelais , Lieutenans generaux ; & pour
Maréchaux de Camp Meffieurs de Nangis , le Prince
d'Iffanguien, le Duc deMortemart & Mouchi. Il étoit
une heure aprés midi lorf-
GALANT. 225
que M. de Broglio avec fa
referve de cavalerie força
la ligne des ennemis qui alloit de Denain à Marchienne, paffant par Efcordain :
il paffa les retranchemens à
cheval , & défit la cavalerie
qui les défendoit. L'infanterie ennemie , au nombre
de feize ou dix-huit bataillons , avec du canon , étoit
dans des
fort élevez , que les ennemis avoient eu le temps de
perfectionner , qui envelopoient le village de Denain
& celui de Prouvy , où ils
retranchemens
226 MERCURE
avoient leurs ponts fur l'E
caut , pour communiquer
-avec l'armée du Prince Eugene , qui étoit derriere
I'Efcaillon , foûtenant par
fa gauche le camp devant
il
Landrecy & le camp de
Denain par fa droite. Aprés
que M. de Broglio cut forcé les retranchemens ,
tomba fur un convoy de
cinq cent chariots chargez
de pain pour l'armée ennemie, efcorté par cinq ou fix
-cent hommes , qu'il défit ,
& fe rendit maître du con
voy entier.
-GALANT. 227
ན་
Pendant ce temps- là l'infanterie de l'armée du Roy
paffa la ligne que l'on venoit de forcer , &fe mit en
bataille , la droite à cette
même ligne , &la gaucheà
l'autre ligne des ennemis
qui prenoit de l'Eſcaut à S.
Amant , pour attaquer le
retranchement de Denain
où étoit l'infanterie. Ceretranchementfutforcé,malgré une trés- grande refiftance & un grand feu de la
part des ennemis , les troupes duRoy s'y étant portées
avec toute la valeur poſſible.
228 MERCURE
Meffieurs d'Albergotty
& de Nangis marcherent
au pont de Prouvy , pour
couper la retraite des ennemis , & les empêcher d'être
foûtenus par l'armée du
Prince Eugene , dont on
voyoit les colonnes de l'autre côté de l'Efcaut. Ils fe
rendirent maîtres de ce
pont , que les ennemis reprirent enfuite ; & c'eſt là
où s'eft donné le plus grand
combat , qui a duré juſqu'à
fix heures du foir , ce pont
ayant été pris & repris par
trois fois , les troupes du
A
GALANT. 229
Roy en étant enfin demeurées en poffeffion. Et l'on
peut compter que toutes
les troupes des ennemis qui
compofoient ce camp , au
nombre de feize à dix-huit
bataillons , & un corps de
a
cavalerie , dont on ne fçait
pas encore le nombre , rien
ne s'eft fauvé , & que tout
f le reste a été pris ou tué.
7
M. le Prince de Tingry
étant enfuite forti de Valenciennes avec fa garnifon, &étant venu à la Sence
de Hurtebize , il a forcé un
camp des ennemis dans un
230 MERCURE
village , fans que l'on fçache encore le détail. Mef.
freurs de Villars & Montef
quiou étoient tous deux à
l'action ; & outre les Officiers generaux ci - deffus
nommez, M. le Comte de
faint Maurice , Lieutenant
general des troupes de Cologne , M. du Rofel, le Prince Charles , M. de la Valliere, & M. de Silli y étoient
auffi. not caldr
Les principaux Officiers
que nous avons faits prifonniers , font Milord d'Albemarle , le Prince d'An--
GALANT. 231
halt & Bline , Lieutenans
generaux , le Prince d'Holftein & M. de Saulme, Maréchal de Camp , Homel,
Colonel du Grand -Maître
de l'Ordre Teutonique ; le
Major des troupes Impe
riales , & plufieurs autres
Colonels &Officiers. Nous
y avons perdu M. de Tour
ville tué,M. de Meuſe bleffé
à mort, M. de Chevalier de
Teffé , Colonel de Chame
pagne, bleffé , le Marquis
de Jonfac le poignet caffé.
On a trouvé dans le camp
des ennemis une grande
232 MERCURE
quantité de proviſions de
guerre, parce que c'étoit là
leur dépôt.
Au départ de M. de Nangis , qui a apporté la nouvelle de cette action au
Roy' , M. de Broglio avoit
marchépour attaquer Marchiennes , où les ennemis
ont deux ou trois cent batteaux chargez de toutes fortes de munitions de guerre.
& de bouche. Il n'y a pas
lieu de douter qu'il ne s'en
foit emparé, les ennemis ne
pouvant le fecourir. and
Monfieur le Prince Eu
gene
GALANT. 233
gene étoit dans le campde
Denain à neuf heures du
matin ; & aprés avoir fait
les difpofitions pour foûtenir l'attaque , il alla à ſon
armée , pour la faire avancer au fecours du camp.
Fuillet.
Le 23. Juillet l'armée du
Roy étant campée , la droite à Maringhemfur la Sambre, & la gauche au Cateau
Cambrefis, M. le Maréchal
deVillars fit jetter plufieurs
ponts fur la Sambre , & declara qu'il vouloit attaquer
T iij
222 MERCURE
les quartiers des ennemis
devant Landrecy , de l'autre côté de la Sambre. Ef
fectivement l'armée ſe mit
en marche par la droite à
l'entrée de la nuit , & M.le
Comte de Coigny paſſa lá
Sambreavecfa referve dans
le même tems . Monfieur de
Villars, dont le deffeinétoit
d'attaquer le camp retran
chéque les ennemis avoient
à Denain de l'autre côté de
L'Efcaut , fit marcher par fa
gauche M. le Comte de
ranBroglio avec fa referve de
cavalerie , & M. de Vieux-
GALANT. 223
pont avectrente bataillons,
qui paffa la Selle , c'eſt à
dire qu'il fe pofta entre la
Selle & l'Efcaut , parce que
l'armée étoit campée audelà de Landrecy. M. d'Albergotty vint avec vingt
bataillons &
quarante efcadrons de la gauche. Peu
de temps aprés le reſte de
l'armée fit demi tour à gauche , & tout marcha fur
une ligne vers l'Eſcaut , où
elle arriva avec le canon le
24. à huit heures du matin.
Les pontons furent faits en
trois quarts- d'heure. M. de
A
Tiiij
224 MERCURE
Broglio fe trouvant natu
rellement à la tête de tout ,
s'avança le premier avec fa
referve , & fut fuivi par les
Brigades de Navarre ,
Champagne , le Maine
Royal, Lionnois, Tourville,
les Vaiffeaux , & Brande
lais , commandées par M.
d'Albergotty , Vieuxpont ,
Dreux & Brandelais , Lieutenans generaux ; & pour
Maréchaux de Camp Meffieurs de Nangis , le Prince
d'Iffanguien, le Duc deMortemart & Mouchi. Il étoit
une heure aprés midi lorf-
GALANT. 225
que M. de Broglio avec fa
referve de cavalerie força
la ligne des ennemis qui alloit de Denain à Marchienne, paffant par Efcordain :
il paffa les retranchemens à
cheval , & défit la cavalerie
qui les défendoit. L'infanterie ennemie , au nombre
de feize ou dix-huit bataillons , avec du canon , étoit
dans des
fort élevez , que les ennemis avoient eu le temps de
perfectionner , qui envelopoient le village de Denain
& celui de Prouvy , où ils
retranchemens
226 MERCURE
avoient leurs ponts fur l'E
caut , pour communiquer
-avec l'armée du Prince Eugene , qui étoit derriere
I'Efcaillon , foûtenant par
fa gauche le camp devant
il
Landrecy & le camp de
Denain par fa droite. Aprés
que M. de Broglio cut forcé les retranchemens ,
tomba fur un convoy de
cinq cent chariots chargez
de pain pour l'armée ennemie, efcorté par cinq ou fix
-cent hommes , qu'il défit ,
& fe rendit maître du con
voy entier.
-GALANT. 227
ན་
Pendant ce temps- là l'infanterie de l'armée du Roy
paffa la ligne que l'on venoit de forcer , &fe mit en
bataille , la droite à cette
même ligne , &la gaucheà
l'autre ligne des ennemis
qui prenoit de l'Eſcaut à S.
Amant , pour attaquer le
retranchement de Denain
où étoit l'infanterie. Ceretranchementfutforcé,malgré une trés- grande refiftance & un grand feu de la
part des ennemis , les troupes duRoy s'y étant portées
avec toute la valeur poſſible.
228 MERCURE
Meffieurs d'Albergotty
& de Nangis marcherent
au pont de Prouvy , pour
couper la retraite des ennemis , & les empêcher d'être
foûtenus par l'armée du
Prince Eugene , dont on
voyoit les colonnes de l'autre côté de l'Efcaut. Ils fe
rendirent maîtres de ce
pont , que les ennemis reprirent enfuite ; & c'eſt là
où s'eft donné le plus grand
combat , qui a duré juſqu'à
fix heures du foir , ce pont
ayant été pris & repris par
trois fois , les troupes du
A
GALANT. 229
Roy en étant enfin demeurées en poffeffion. Et l'on
peut compter que toutes
les troupes des ennemis qui
compofoient ce camp , au
nombre de feize à dix-huit
bataillons , & un corps de
a
cavalerie , dont on ne fçait
pas encore le nombre , rien
ne s'eft fauvé , & que tout
f le reste a été pris ou tué.
7
M. le Prince de Tingry
étant enfuite forti de Valenciennes avec fa garnifon, &étant venu à la Sence
de Hurtebize , il a forcé un
camp des ennemis dans un
230 MERCURE
village , fans que l'on fçache encore le détail. Mef.
freurs de Villars & Montef
quiou étoient tous deux à
l'action ; & outre les Officiers generaux ci - deffus
nommez, M. le Comte de
faint Maurice , Lieutenant
general des troupes de Cologne , M. du Rofel, le Prince Charles , M. de la Valliere, & M. de Silli y étoient
auffi. not caldr
Les principaux Officiers
que nous avons faits prifonniers , font Milord d'Albemarle , le Prince d'An--
GALANT. 231
halt & Bline , Lieutenans
generaux , le Prince d'Holftein & M. de Saulme, Maréchal de Camp , Homel,
Colonel du Grand -Maître
de l'Ordre Teutonique ; le
Major des troupes Impe
riales , & plufieurs autres
Colonels &Officiers. Nous
y avons perdu M. de Tour
ville tué,M. de Meuſe bleffé
à mort, M. de Chevalier de
Teffé , Colonel de Chame
pagne, bleffé , le Marquis
de Jonfac le poignet caffé.
On a trouvé dans le camp
des ennemis une grande
232 MERCURE
quantité de proviſions de
guerre, parce que c'étoit là
leur dépôt.
Au départ de M. de Nangis , qui a apporté la nouvelle de cette action au
Roy' , M. de Broglio avoit
marchépour attaquer Marchiennes , où les ennemis
ont deux ou trois cent batteaux chargez de toutes fortes de munitions de guerre.
& de bouche. Il n'y a pas
lieu de douter qu'il ne s'en
foit emparé, les ennemis ne
pouvant le fecourir. and
Monfieur le Prince Eu
gene
GALANT. 233
gene étoit dans le campde
Denain à neuf heures du
matin ; & aprés avoir fait
les difpofitions pour foûtenir l'attaque , il alla à ſon
armée , pour la faire avancer au fecours du camp.
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Résumé : A Fontainebleau le 26. Juillet.
Le 23 juillet, l'armée du roi, dirigée par le maréchal de Villars, était positionnée avec sa droite à Maringhem-sur-la-Sambre et sa gauche au Cateau-Cambrésis. Villars ordonna la construction de plusieurs ponts sur la Sambre et annonça son intention d'attaquer les quartiers ennemis devant Landrecy. L'armée se mit en marche à la tombée de la nuit, et le comte de Coigny traversa la Sambre avec sa réserve. L'objectif était d'attaquer le camp retranché des ennemis à Denain, de l'autre côté de l'Escaut. Le comte de Broglio, à la tête de la réserve de cavalerie, et Vieuxpont avec vingt bataillons, passèrent la Selle et se positionnèrent entre la Selle et l'Escaut. Le 24 juillet à huit heures du matin, l'armée atteignit l'Escaut et les pontons furent construits en trois quarts d'heure. Broglio força la ligne ennemie allant de Denain à Marchiennes, passant par Escordain, et défit la cavalerie ennemie. Il captura un convoi de cinq cents chariots chargés de pain destiné à l'armée ennemie. Pendant ce temps, l'infanterie royale traversa la ligne forcée et se mit en bataille, attaquant le retranchement de Denain malgré une forte résistance. Les troupes royales prirent le pont de Prouvy après un combat acharné jusqu'à six heures du soir. Parmi les officiers ennemis capturés figurent Milord d'Albemarle, le prince d'Anhalt et Bline, ainsi que plusieurs autres colonels et officiers. Les pertes françaises incluent M. de Tourville tué et M. de Meuse blessé mortellement. Le prince de Tingry força également un camp ennemi près de Valenciennes. Broglio marcha ensuite vers Marchiennes pour s'emparer des munitions ennemies. Le prince Eugène, présent à Denain, tenta de secourir le camp mais sans succès.
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12
p. 121-123
Etat des troupes de l'armée qui doivent avoir la tête de la tranché de la ville de Doüay & du fort de Scarpe.
Début :
Fort de Scarpe. Le 15. 2. bataillons de Picardie. Le [...]
Mots clefs :
Douai, Fort de Scarpe, Bataillons, État des troupes
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texteReconnaissance textuelle : Etat des troupes de l'armée qui doivent avoir la tête de la tranché de la ville de Doüay & du fort de Scarpe.
But des troupes de l'armée
qui doivent avoir la tête
de la tranché de la ville de
Doiiay & dufort de Scarpt.
Fort deScarpe.
Le 15. 2..
bataillons dePicardie.
Le 16. 3. bataillons de Pi.
cardie..
Le 17. 1. dePiemont.
Le 18.1. de Piemont.
Le
1 9. 3. de Piémont
Le 10,1. du Roy.
Le11. 1. du Roy.
Le 21. 3.duRoy.
Le 2. 3. 4. du Roy.
Le 14. le Maine.
Le 15.le Maine.
1 Le 16. Meuse, *
Les Gardes Françoises &
Suiffes.
Le 16. Gardes de Cologne,
Le 17. Navarre.
,
Le 18. Champagne..
Le 19.Bourbonnois.
Le10.Broïïes.
Le21.Royal.
Le 11. Poitou.
.;
*
Le 13.Lionnois.
- Le 14. Touraine.
Le 15. Gondrin.
>
Le 26. la Reine.
qui doivent avoir la tête
de la tranché de la ville de
Doiiay & dufort de Scarpt.
Fort deScarpe.
Le 15. 2..
bataillons dePicardie.
Le 16. 3. bataillons de Pi.
cardie..
Le 17. 1. dePiemont.
Le 18.1. de Piemont.
Le
1 9. 3. de Piémont
Le 10,1. du Roy.
Le11. 1. du Roy.
Le 21. 3.duRoy.
Le 2. 3. 4. du Roy.
Le 14. le Maine.
Le 15.le Maine.
1 Le 16. Meuse, *
Les Gardes Françoises &
Suiffes.
Le 16. Gardes de Cologne,
Le 17. Navarre.
,
Le 18. Champagne..
Le 19.Bourbonnois.
Le10.Broïïes.
Le21.Royal.
Le 11. Poitou.
.;
*
Le 13.Lionnois.
- Le 14. Touraine.
Le 15. Gondrin.
>
Le 26. la Reine.
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Résumé : Etat des troupes de l'armée qui doivent avoir la tête de la tranché de la ville de Doüay & du fort de Scarpe.
Du 14 au 26, l'armée française déploie diverses troupes pour atteindre la tête de la tranchée de Douai et le fort de Scarpe. Les bataillons de Picardie, du Piémont, du Roi, du Maine, de la Meuse, les Gardes Françaises, les Suisses, les Gardes de Cologne, de Navarre, de Champagne, de Bourbonnais, de Bretagne, du Royal, de Poitou, de Lionnois, de Touraine, de Gondrin et de la Reine sont mobilisés à plusieurs reprises.
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13
p. 219-225
LETTRE DE L'ARMÉE au Camp de Spire le 5. de Juin 1713. au C. de L, par etc.
Début :
L'armée du Roy vient d'executer un projet bien difficile, & [...]
Mots clefs :
Armée, Maréchal, Manœuvre , Escadrons, Bataillons, Stratégie, Ennemis, Cavalerie
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE L'ARMÉE au Camp de Spire le 5. de Juin 1713. au C. de L, par etc.
LETTRE DE L'ARMEE
auCampdeSpirele j.de
Juin 1713. auC.deL.
par &c.
L'armée du Roy vient
d'executer un projet bien
difficile, & dont l'utilité
fera grande; il ne pouvoit
reunir que par une extréme
diligence & un profond
secret; & pour y par-
, venir Monsieur le Mareschal
de Villars ayant refpandu
dans tout le pays
qui est entre Haguenav
& Lauterbourg les troupes
qu'il a trouvées en Alsace,
a donné ses ordres de maniere
que dans la mesme
nuit l'armée s'est affem.
blée,formée en marchant,
& tel bataillon a fait seize
lieuës en vingt heures.Cette
diligence prodigieuse a
tellement surpris les Ennemis
, que la teste de l'armée
composée de vingtdeux
Escadrons & cent
cinquante six Bataillons &
mille grenadierscommandez
par Mr le Comte de
Broglio, Mr de Montpou
Mareschal de Camp , &
Mr deChassenet Brigadiers
, & arrivez sur la digue
de Philisbourg à onze
heures du soir, cela a occupé
toutes les troupes de
l'Empereur estant campées
fous Philisbourg, où
le Prince Eugene est arrivé
le vingt-quatre du mois
passé.. Mr le Mareschal
partit de Strasbourg le trois
à neuf heures du matin
vint , en posteauFort-Loüis.
Il avoit fait trouver Mr le
Chevalier d'Asfelds avec
un corps de Cavalerie
d'Infanterie , & du canon à
la teste de l'Isle de Selingue.
Mr le Marcfchal
se promena jusqu'à l'entrée
de la nuit sur le chemin
de Rastas, & on noubliarien
de tout ce qui
pouvoit persuader aux Ennemis
que l'on vouloit
marcher à leurs lignes
d'Estinguen.-
Dès le mesme soir Mr
le Marcfchal s'en alla en
poste à Lauterbourg, se
mit à la teste des troupes
avec les Comtes du Bourg,
de saint Fremont,Albergoti
, Vivans, Coigny ,
Montperoux
,
& le Marquis
de Broglio, de Guerchoir
Mareschaux de
Camp
*
& l'on marcha
tousjours sans faire d'autre
alte qu'une de trois heures.
Les soldats soustenants
avec un courage surprenantune
fatigue aussi violence,
Mr le Mareschal les
confolanc en marchant.
leur disant que l'on ne pouvoit
reüssir que par de telles
peines. L'on ne peut
assez louer leurs rcfponfes
& leur bonne volonté; il
ca vray qu'ils se sont un
peu desalterez ce matin le
pays estans plein de vin,
ils l'ont bien merité, ilseroit
difficile de leur en faire
distribuer par ordre, & un
petit desordre de quelques
heures est pardonnable
dans de certaines occasions.
Voilal'armée du
Roy dans le milieu du
Palatinat & des Electorats
de Treves & de Mayence
en estat de faire le siege de
Landau,&dans une abondance
de fourrage
,
qui
fourniroit à quatre cens
Escadrons pendant. toute
la Campagne si on veut
les envoyer dans ce pays,
l'armée des Ennemis estant
assemblée dès le vingt quatre
,
& ils avoient près de
cent Escadrons plus que
nous. Mr le Mareschal
ayant préferé la diligence
au nombre de trou pes, &
n'ayant que soixante Escadrons.
Il n'est arrivé des
troupes de l'armée de la
Moselle que celles que Mr
de Vivans a amenées.
auCampdeSpirele j.de
Juin 1713. auC.deL.
par &c.
L'armée du Roy vient
d'executer un projet bien
difficile, & dont l'utilité
fera grande; il ne pouvoit
reunir que par une extréme
diligence & un profond
secret; & pour y par-
, venir Monsieur le Mareschal
de Villars ayant refpandu
dans tout le pays
qui est entre Haguenav
& Lauterbourg les troupes
qu'il a trouvées en Alsace,
a donné ses ordres de maniere
que dans la mesme
nuit l'armée s'est affem.
blée,formée en marchant,
& tel bataillon a fait seize
lieuës en vingt heures.Cette
diligence prodigieuse a
tellement surpris les Ennemis
, que la teste de l'armée
composée de vingtdeux
Escadrons & cent
cinquante six Bataillons &
mille grenadierscommandez
par Mr le Comte de
Broglio, Mr de Montpou
Mareschal de Camp , &
Mr deChassenet Brigadiers
, & arrivez sur la digue
de Philisbourg à onze
heures du soir, cela a occupé
toutes les troupes de
l'Empereur estant campées
fous Philisbourg, où
le Prince Eugene est arrivé
le vingt-quatre du mois
passé.. Mr le Mareschal
partit de Strasbourg le trois
à neuf heures du matin
vint , en posteauFort-Loüis.
Il avoit fait trouver Mr le
Chevalier d'Asfelds avec
un corps de Cavalerie
d'Infanterie , & du canon à
la teste de l'Isle de Selingue.
Mr le Marcfchal
se promena jusqu'à l'entrée
de la nuit sur le chemin
de Rastas, & on noubliarien
de tout ce qui
pouvoit persuader aux Ennemis
que l'on vouloit
marcher à leurs lignes
d'Estinguen.-
Dès le mesme soir Mr
le Marcfchal s'en alla en
poste à Lauterbourg, se
mit à la teste des troupes
avec les Comtes du Bourg,
de saint Fremont,Albergoti
, Vivans, Coigny ,
Montperoux
,
& le Marquis
de Broglio, de Guerchoir
Mareschaux de
Camp
*
& l'on marcha
tousjours sans faire d'autre
alte qu'une de trois heures.
Les soldats soustenants
avec un courage surprenantune
fatigue aussi violence,
Mr le Mareschal les
confolanc en marchant.
leur disant que l'on ne pouvoit
reüssir que par de telles
peines. L'on ne peut
assez louer leurs rcfponfes
& leur bonne volonté; il
ca vray qu'ils se sont un
peu desalterez ce matin le
pays estans plein de vin,
ils l'ont bien merité, ilseroit
difficile de leur en faire
distribuer par ordre, & un
petit desordre de quelques
heures est pardonnable
dans de certaines occasions.
Voilal'armée du
Roy dans le milieu du
Palatinat & des Electorats
de Treves & de Mayence
en estat de faire le siege de
Landau,&dans une abondance
de fourrage
,
qui
fourniroit à quatre cens
Escadrons pendant. toute
la Campagne si on veut
les envoyer dans ce pays,
l'armée des Ennemis estant
assemblée dès le vingt quatre
,
& ils avoient près de
cent Escadrons plus que
nous. Mr le Mareschal
ayant préferé la diligence
au nombre de trou pes, &
n'ayant que soixante Escadrons.
Il n'est arrivé des
troupes de l'armée de la
Moselle que celles que Mr
de Vivans a amenées.
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Résumé : LETTRE DE L'ARMÉE au Camp de Spire le 5. de Juin 1713. au C. de L, par etc.
Le 1er juin 1713, l'armée du Roi, dirigée par le Maréchal de Villars, a mené une opération militaire réussie. Les troupes ont été secrètement déployées entre Haguenau et Lauterbourg, parcourant seize lieues en vingt heures pour surprendre les ennemis à Philisbourg. Cette manœuvre a pris au dépourvu les troupes de l'Empereur, commandées par le Prince Eugène. Le Maréchal de Villars a ensuite rejoint le Chevalier d'Asfeld à Fort-Louis avec des forces de cavalerie, d'infanterie et d'artillerie. Il a inspecté les troupes, feignant une marche vers les lignes ennemies d'Estinguen, avant de se rendre à Lauterbourg pour prendre la tête des troupes. L'armée a continué sa marche sans pauses significatives, les soldats supportant la fatigue avec courage. Encouragés par le Maréchal, ils ont pu se désaltérer grâce à l'abondance de vin dans la région. L'armée se trouve désormais au cœur du Palatinat et des Électorats de Trèves et de Mayence, prête à assiéger Landau. Elle dispose de fourrage suffisant pour quatre cents escadrons pendant toute la campagne, malgré la supériorité numérique des ennemis. Seules les troupes de Monsieur de Vivans de l'armée de la Moselle ont participé à cette opération.
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14
p. 280-284
INFANTERIE devant Landau.
Début :
BATAILLONS. Navarre 3 La Marinne 3 Poitou 2 Tallart 2 [...]
Mots clefs :
Infanterie, Bataillons, Cavalerie, Escadrons, Dragons, Tranchée, Bombardiers, Artillerie, Landau
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texteReconnaissance textuelle : INFANTERIE devant Landau.
INFANTERIE
devant Landau.
BATAILLONS.
Navarre 3
La Marinnc 3
Poitou z
Tallart z
Dauphin 3
Saillans 1 LaChenelay 2.
Orleans z
Vermandois JL
Rouergue 2.
Sourche
- z
Medoc z :
Provence z
1 Toulouse
1
Touloule FPlanedrresigordI2z. Xaintonge. 2.
Beaujolois
2r Perry i
Auxerrois z. Royal Bavière i
Dillon i
Lagcrvefaisx Bout bon z
A1face +
Villars 3 Brendelc 3 Royal Artillerie
2r Bombardiers i
Total. 60
CAVALERIE.
ESCADRONS.
Royal 3
Cuirassiers 3
Dauphin J
Chartres 3
Dutrone 3
Villeroy 3
Hudicourt z
Bonzol L
Aubusson J,
Rennepont *
Saint Germain J,
Marcillac ,,-.tt x
Saint Pouanges
Biffon. 1
Roye 2.
Fontaine 2,
Total 39 DRAGONS.
MeftredeCamp 3
Dauphin
p
3
Foix-3
Le Chevalier de Belleifle
Total12.3
Par le Courier arrivé le
20. de ce mois la Tranchée
doit s'ouvrir le
2. 4.
La nouvelle Edition des
Essais ôc Recherches de
Mathématique & dePhysique
de Mr Parent, contenant
deux anciens volumes
fort augmentez, & un
troisiéme tout nouveau, se
vend actuellement chez JNully,ruësaint Jacques,
& C. Jombert, attenant les
grands Augustins ,
six liv.
reliée en veau.
devant Landau.
BATAILLONS.
Navarre 3
La Marinnc 3
Poitou z
Tallart z
Dauphin 3
Saillans 1 LaChenelay 2.
Orleans z
Vermandois JL
Rouergue 2.
Sourche
- z
Medoc z :
Provence z
1 Toulouse
1
Touloule FPlanedrresigordI2z. Xaintonge. 2.
Beaujolois
2r Perry i
Auxerrois z. Royal Bavière i
Dillon i
Lagcrvefaisx Bout bon z
A1face +
Villars 3 Brendelc 3 Royal Artillerie
2r Bombardiers i
Total. 60
CAVALERIE.
ESCADRONS.
Royal 3
Cuirassiers 3
Dauphin J
Chartres 3
Dutrone 3
Villeroy 3
Hudicourt z
Bonzol L
Aubusson J,
Rennepont *
Saint Germain J,
Marcillac ,,-.tt x
Saint Pouanges
Biffon. 1
Roye 2.
Fontaine 2,
Total 39 DRAGONS.
MeftredeCamp 3
Dauphin
p
3
Foix-3
Le Chevalier de Belleifle
Total12.3
Par le Courier arrivé le
20. de ce mois la Tranchée
doit s'ouvrir le
2. 4.
La nouvelle Edition des
Essais ôc Recherches de
Mathématique & dePhysique
de Mr Parent, contenant
deux anciens volumes
fort augmentez, & un
troisiéme tout nouveau, se
vend actuellement chez JNully,ruësaint Jacques,
& C. Jombert, attenant les
grands Augustins ,
six liv.
reliée en veau.
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Résumé : INFANTERIE devant Landau.
Le document décrit les unités militaires françaises engagées dans une opération près de Landau. L'infanterie est composée de 60 bataillons, incluant des unités telles que Navarre, La Marine et Poitou. La cavalerie compte 39 escadrons, avec des régiments comme Royal, Cuirassiers et Dauphin. Les dragons comprennent des régiments tels que MeftredeCamp, Dauphin et Foix, totalisant 12,3 unités. La tranchée doit s'ouvrir le 2 avril, selon un courrier reçu le 20 du mois en cours. Par ailleurs, la nouvelle édition des 'Essais et Recherches de Mathématique & de Physique' de Mr Parent est disponible chez J. Nully et C. Jombert, au prix de six livres reliée en veau.
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15
p. 123-124
Estat des troupes qui sont dans Landau.
Début :
BATAILLONS. Palatin. Nassau, 1. Chomberne, Mayence, 1. [...]
Mots clefs :
Bataillons, Troupes, Landau, Escadrons, Compagnie, Cavalerie
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texteReconnaissance textuelle : Estat des troupes qui sont dans Landau.
Bfiat des troupes qui sont
, dans Landau.
BATAILLONS.
v Palatin.
Nassau, I.
Chomberne, 1.
Mayence.
Goler, 2.
Franconie.
Darmstat, 2.
Anhalt, 2. DtfHf/f.
Anspach, I.
Imperiaux.
Gombertein, I.
Dornay, I.
DeBens, 1.
Total 12. bataillons.
Et3. escadrons d'Hussars,
& une compagnie franche
de cavalerie.
, dans Landau.
BATAILLONS.
v Palatin.
Nassau, I.
Chomberne, 1.
Mayence.
Goler, 2.
Franconie.
Darmstat, 2.
Anhalt, 2. DtfHf/f.
Anspach, I.
Imperiaux.
Gombertein, I.
Dornay, I.
DeBens, 1.
Total 12. bataillons.
Et3. escadrons d'Hussars,
& une compagnie franche
de cavalerie.
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16
p. 264-268
Extrait d'une Lettre de Gironne le 7. Juillet 1713.
Début :
L'évacuation se fait tres serieusement de la part du General [...]
Mots clefs :
Staremberg, Bataillons, Naples, Évêque de Barcelone, Révolte, Assemblée générale, Députés, Munitions
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Gironne le 7. Juillet 1713.
Extrait d'une Lettre dt
Gironne le 7. Jmilet 171 3. V. L'évacuation se fait tresserieusement
de la part du
General Staremberg; il a
déja
déja fait embarquer seize
bataillons qui font le Regimens
de Staremberg,Traun,
Bagnes, Rcventelaw
,
les
Grisons & un autre, lesquels
ont fait voile du costé de
Naples; l'Evesque de Barceloneest
parti en même tems;
ce que je vous écrívis il y a
quelque tems au sujet de la
mort dusieur Puig, fils de
l'un des Chefs de la revolte
est confirmé; il fût tué à
Bergue où il commandoit.
Le nommé Ragus, autre
Chef des revoltes à quitté sa
résidence ordinaire.
Lesdeliberations dcTAfsemblée
generale qui s'y
tient n'ont encore rien produir;
on avoit dit d'abord
que les habitans de la Ville
&. de la Plaine de Vich
avoienc refusé d'y envoyer
des Deputez; cependant ils
y en ont huit; mais cette
Viilc> celle de Manrez, &
plusieurs autres ont limité le
pouvoir de leurs
-
Deputez
à ne faire qu'écouter ce qui
se passera dans l'Assemblée
pour leuren rendre compte
&. ne prendre aucune delibe- 1
ration sans avoir rc^u répon-
>'Iii
se; cependant nous aprochons
du 1 5. de ce mois, jour
auquel Barcelone doic estre
remise au Roy d'Espagne.
Du reste ils ont fait jurer un
tres grand secret à tous ceux
qui ontesté admis dans cette
Assemblée. Ilsont empêche
le General Staremberg de
tirer de Montjouy aucunc
munition & y ont mis
garnison Bougeoise. Ils
ont aussi fait entrer dans la
Ville quelques Troupes de la
Deputation, cela n'empêcha
pas qu'il ny eut beaucoup
de gens qui conseillerent de
prendre le parti le plus sage.
Gironne le 7. Jmilet 171 3. V. L'évacuation se fait tresserieusement
de la part du
General Staremberg; il a
déja
déja fait embarquer seize
bataillons qui font le Regimens
de Staremberg,Traun,
Bagnes, Rcventelaw
,
les
Grisons & un autre, lesquels
ont fait voile du costé de
Naples; l'Evesque de Barceloneest
parti en même tems;
ce que je vous écrívis il y a
quelque tems au sujet de la
mort dusieur Puig, fils de
l'un des Chefs de la revolte
est confirmé; il fût tué à
Bergue où il commandoit.
Le nommé Ragus, autre
Chef des revoltes à quitté sa
résidence ordinaire.
Lesdeliberations dcTAfsemblée
generale qui s'y
tient n'ont encore rien produir;
on avoit dit d'abord
que les habitans de la Ville
&. de la Plaine de Vich
avoienc refusé d'y envoyer
des Deputez; cependant ils
y en ont huit; mais cette
Viilc> celle de Manrez, &
plusieurs autres ont limité le
pouvoir de leurs
-
Deputez
à ne faire qu'écouter ce qui
se passera dans l'Assemblée
pour leuren rendre compte
&. ne prendre aucune delibe- 1
ration sans avoir rc^u répon-
>'Iii
se; cependant nous aprochons
du 1 5. de ce mois, jour
auquel Barcelone doic estre
remise au Roy d'Espagne.
Du reste ils ont fait jurer un
tres grand secret à tous ceux
qui ontesté admis dans cette
Assemblée. Ilsont empêche
le General Staremberg de
tirer de Montjouy aucunc
munition & y ont mis
garnison Bougeoise. Ils
ont aussi fait entrer dans la
Ville quelques Troupes de la
Deputation, cela n'empêcha
pas qu'il ny eut beaucoup
de gens qui conseillerent de
prendre le parti le plus sage.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Gironne le 7. Juillet 1713.
Le 7 juillet 1713, à Girone, l'évacuation des troupes se déroule sous la direction du général Staremberg. Seize bataillons, incluant les régiments de Staremberg, Traun, Bagnes, Reventlow, les Grisons et un autre, ont embarqué pour Naples. L'évêque de Barcelone est également parti. La mort de Puig, fils d'un chef de la révolte, est confirmée ; il a été tué à Bergue. Un autre chef des révoltes, Ragus, a quitté sa résidence habituelle. Les délibérations de l'assemblée générale à Barcelone n'ont pas encore abouti. Initialement, les habitants de Barcelone et de la plaine de Vich avaient refusé d'envoyer des députés, mais ils en ont finalement envoyé huit. Ces députés, ainsi que ceux de Manrez et d'autres villes, ont limité leur pouvoir à écouter et rendre compte sans prendre de décisions sans réponse préalable. Barcelone doit être remise au roi d'Espagne le 15 juillet. Un grand secret entoure l'assemblée, et les habitants ont empêché Staremberg de retirer des munitions de Montjouy, y plaçant une garnison bourgeoise et faisant entrer des troupes de la députation dans la ville. Malgré cela, de nombreux conseils prônent la sagesse.
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17
p. 141-142
Au Camp de Kell le 18. Septembre.
Début :
L'armée a sejourné un jour, pour donner ordre & le temps à [...]
Mots clefs :
Armée, Escadrons, Bataillons, Fribourg, Maréchal de Villars
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texteReconnaissance textuelle : Au Camp de Kell le 18. Septembre.
jiu Camp de Kell le 18.Septembre.
L'armée a sejourné un
jour,pour donner ordre &
le temps à toutes les troupes
d y arriver. Le Comte
duBourg partit hier de ce
camp, pour aller s'approcher
de Fribourg avec un
corps de 3 6. bataillons &
de 50. escadrons.
Le Maréchal de Villars
a marché ce matin, & a
pris la même route avec le
reste de l'armée, à la reserve
de 25.bataillons & de
90 escadrons,restez fous les
ordres du Marquis d'Alegre,
qui doit marcher demain
pour aller camper à
la gorge d'Offembourg
,
à
quatre lieues d'ici. On n'a
point encore de nouvelle
que le Prince Eugene ait
fait de mouvement: mais
on ne doute point que nôtre
armée ne lui en fasse
faire.
L'armée a sejourné un
jour,pour donner ordre &
le temps à toutes les troupes
d y arriver. Le Comte
duBourg partit hier de ce
camp, pour aller s'approcher
de Fribourg avec un
corps de 3 6. bataillons &
de 50. escadrons.
Le Maréchal de Villars
a marché ce matin, & a
pris la même route avec le
reste de l'armée, à la reserve
de 25.bataillons & de
90 escadrons,restez fous les
ordres du Marquis d'Alegre,
qui doit marcher demain
pour aller camper à
la gorge d'Offembourg
,
à
quatre lieues d'ici. On n'a
point encore de nouvelle
que le Prince Eugene ait
fait de mouvement: mais
on ne doute point que nôtre
armée ne lui en fasse
faire.
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Résumé : Au Camp de Kell le 18. Septembre.
Le 18 septembre, l'armée française s'est rassemblée au camp de Kell. Le Comte du Bourg a quitté le camp avec 36 bataillons et 50 escadrons vers Fribourg. Le Maréchal de Villars a suivi avec le reste des troupes, sauf 25 bataillons et 90 escadrons sous le Marquis d'Alegre, qui doit camper à la gorge d'Offembourg. Le Prince Eugène n'a pas encore réagi.
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18
p. 269-273
Extrait d'une Lettre de Fontainebleau le 25. Septembre.
Début :
Le Comte de Boissieu neveu de M. le Maréchal de [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Maréchal de Villars, Fribourg, Bataillons
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Fontainebleau le 25. Septembre.
Extraitd'une Lettre de Fontainebleaule
2.Septembre.
LeComte de Boissieu
neveu de M. le Maréchal
de Villars apporta la nouvelle
suivante au Roy.
Le 10. le Maréchal de
Villars fit attaquer le Camp
par 40.Bataillons partrois
endroits différents. M. le
Comte du Bourg commandoit
la droite, M. d'Estrades
la gauche,& M. d'As..
selle centre, ( les Lignes
avoient quatre lieuës de
longueur. Il n'y a eu aucune
resistance à la droite,
& nos gens entrerent, sans
tirer un coup.
Au centre l'on y en fit.
Il y a eu un Colonel des
Ennemis fait prisonnier,
& environ 200. tuez ou
prisonniers;nous n'y avons
perdus que 50. Grenadiers
tuez ou blessez, deuxSubalternes
blessez. A la gauche
iLjry a pas eu de resistaneer
on compte en tout 4.
à 500. des ennemis tuez ou
prisonniers, & nous n'avons
presque rien perdu.
M. de Vaubonnes'étoit
retiré quelques jours avant
& n'avoit laissé dans ce
Camp retranché que 4. Bataillons
& 1500. hommes
detachez. Il s'estietté un de
ces Bataillons dans Fribourg
, le reste a pris la
fuite dans la Vallée de S.
Pierre, où le Maréchal a
envoyé trois mille chevaux
pour poursuivre le débris
du General Vaubonne.Le
Courier a rapporté qu'en
partant on alloit commencer
l'inve stiture de Fribourg
, & que l'on attend
doit de Brifac beaucoup
d'outils à remuer la terre.
Jamais nos Troupes n'ont
tant montré de vigueur
& ne cherchent qu'à pe*
netrer dans le pays.
L'attaque des Lignes cc.
toit commandée par le
Comte du Bourg, quiavoit
avec luy Meilleursd'Asses,
6c d'Estrades, Lieutenans
Generaux; pourMaréchaux
de Camp Messieurs de Silly,
de Guerchois, de Mortemar.
Le Comte de Coigny,&
le Chevalier de PeJ.-
feux ont aussi marchéavec
les Dragons.
2.Septembre.
LeComte de Boissieu
neveu de M. le Maréchal
de Villars apporta la nouvelle
suivante au Roy.
Le 10. le Maréchal de
Villars fit attaquer le Camp
par 40.Bataillons partrois
endroits différents. M. le
Comte du Bourg commandoit
la droite, M. d'Estrades
la gauche,& M. d'As..
selle centre, ( les Lignes
avoient quatre lieuës de
longueur. Il n'y a eu aucune
resistance à la droite,
& nos gens entrerent, sans
tirer un coup.
Au centre l'on y en fit.
Il y a eu un Colonel des
Ennemis fait prisonnier,
& environ 200. tuez ou
prisonniers;nous n'y avons
perdus que 50. Grenadiers
tuez ou blessez, deuxSubalternes
blessez. A la gauche
iLjry a pas eu de resistaneer
on compte en tout 4.
à 500. des ennemis tuez ou
prisonniers, & nous n'avons
presque rien perdu.
M. de Vaubonnes'étoit
retiré quelques jours avant
& n'avoit laissé dans ce
Camp retranché que 4. Bataillons
& 1500. hommes
detachez. Il s'estietté un de
ces Bataillons dans Fribourg
, le reste a pris la
fuite dans la Vallée de S.
Pierre, où le Maréchal a
envoyé trois mille chevaux
pour poursuivre le débris
du General Vaubonne.Le
Courier a rapporté qu'en
partant on alloit commencer
l'inve stiture de Fribourg
, & que l'on attend
doit de Brifac beaucoup
d'outils à remuer la terre.
Jamais nos Troupes n'ont
tant montré de vigueur
& ne cherchent qu'à pe*
netrer dans le pays.
L'attaque des Lignes cc.
toit commandée par le
Comte du Bourg, quiavoit
avec luy Meilleursd'Asses,
6c d'Estrades, Lieutenans
Generaux; pourMaréchaux
de Camp Messieurs de Silly,
de Guerchois, de Mortemar.
Le Comte de Coigny,&
le Chevalier de PeJ.-
feux ont aussi marchéavec
les Dragons.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Fontainebleau le 25. Septembre.
Le 2 septembre, le Comte de Boissieu informa le Roi de l'attaque menée par le Maréchal de Villars le 10 septembre contre le camp ennemi. Cette offensive impliquait 40 bataillons répartis en trois points. Le Comte du Bourg commandait la droite, M. d'Estrades la gauche, et M. d'Assas le centre. À droite, les troupes françaises entrèrent sans résistance. Au centre, elles rencontrèrent une résistance, capturant un colonel ennemi et environ 200 soldats, au prix de 50 grenadiers français tués ou blessés et deux subalternes blessés. À gauche, il n'y eut pas de résistance, avec 400 à 500 ennemis tués ou prisonniers et peu de pertes françaises. Le Général Vaubonne s'était retiré quelques jours auparavant, laissant 4 bataillons et 1500 hommes. Un bataillon se réfugia à Fribourg, tandis que le reste s'enfuit dans la vallée de Saint-Pierre, où le Maréchal envoya 3000 cavaliers pour les poursuivre. Les troupes françaises, dirigées par le Comte du Bourg, les Meilleurs d'Assas et d'Estrades, ainsi que plusieurs Maréchaux de camp, montrèrent une grande vigueur et cherchaient à pénétrer dans le pays.
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19
p. 1693-1704
CEREMONIE faite à Metz , au sujet des nouvelles Cazernes, et de la Place de Coislin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 25. Juin 1731.
Début :
Le 6. Juin les Magistrats à cette Ville invitez par M. l'Evêque, à se rendre [...]
Mots clefs :
Metz, Cérémonie, Casernes, Architecture symétrisée, Bataillons, Officiers, Symphonie, Capitaines, Procureur-Syndic de la Ville
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite à Metz , au sujet des nouvelles Cazernes, et de la Place de Coislin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 25. Juin 1731.
CEREMONIE faite à Metz , an
sujet des nouvelles Cazernes , et de la
Place de Coiflin . Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville , le 25. Juin 1731 .
L
E 6. Juin les Magistrats à cette Ville
invitez par M. l'Evêque , à se rendre
aux nouvelles Cazernes , que ce Prélat
a fait construire,et dont il vouloit faire
don à la Ville , s'y transporterent pour
en reconnoître l'état , et accepter cette
donation au nom de la Ville. Ce somptueux
Edifice élevé dans la Place du
Champ-à- Seille , consiste en deux grands
Corps de Cazernes et en un pareil nombre
de Pavillons couverts d'Ardoises , ornez
d'Architecture simétrisée , et propres à y
loger commodément trois Bataillons complets
avec tous leurs Officiers.
Là,en presence de M.de Creil, Intendant
de la Province et d'un grand nombre
d'Officiers et de personnes de consideration
, ce Prélat fit entre les mains des Magistrats
la donation de cet Edifice , et
augmenta le mérite de Présent par les
termes gracieux dont il les accompagna.
On dressa du tout un Procès verbal autentique
,
24 MERCURE DE FRANCE
16
tentique , signé des Parties interressées et
déposé dans les Archives de la Ville pour
éterniser la memoire de la liberalité de ce
Prélat. Les Officiers de Ville . persuadez
qu'il étoit de leur devoir et de leur reconnoissance
d'en informer la Cour , envoyerent
aux Ministres des copies du Procès
verbal , et eurent la satisfaction de
trouver dans la Réponse dont Son Eminence
les à honorez , des Eloges conformes
à leurs idées , et qui donnent un`nouveau
lustre et à la dignité du bienfait ,
et à la magnificence du Bienfaicteur ,
Le Projet de la Dédicace de la Place que
forment les quatre Corps de l'Edifice
ayant été proposé à M. l'Evêque , et les
Magistrats ayant obtenu de lui la permission
de le suivre et de l'executer , ils en
désignerent la Ceremonie au 20. du même
mois de Juin ; ce jour- là elle fut annoncée
au Peuple dès six heures du ma
tin par le son de la grosse Cloche , qui
fut réïteré à midy. A trois heures et demie
du soir M. le Comte de Bellille .
Commandant pour le Roi dans la Province
, ayant ordonné à la Compagnie
des Archers des Bandes et à celles des Gardes
et des Suisses du Gouvernement , de
se rendre à l'Hôtel de Ville , pour grossir
et honorer le Cortege ; l'on se mit en
marche dans l'ordre suivant :
JUILLE T. 1731 . 1695
Tous les Tambours de la Ville , au nombre
de 24. précedez du Tambour Major,
commencerent la marche; ils étoient suivis
de la Compagnie des Archers des Bandes
avec leurs Armes et leurs Hoquetons ,
ayant leurs Officiers à leur tête. Les Suisses
du Gouvernement , la Hallebarde sur
l'épaule , marchoient ensuite : les Trompettes
et les Timbales de la Garnison ,
précedoient la Compagnie des Gardes du
Gouvernement.
Les Messagers , deux à deux , avec leurs'
Casaques aux Livrées de la Ville , les suivoient
immédiatement. Après eux les 16.
Bannerots en Habits et Manteaux noirs et
l'épée au côté. Ensuite les Sergens de Ville
avec leurs Casaques de Livrée et l'épéc
au côté.
La Symphonie marchoit après , composée
de plusieurs Violons , Hautbois et
autres Instrumens,
A quelque distance marchoit le Héraut
d'Armes , superbement vétu à la Romaine
, tenant en main la Verge Magistrale,
monté sur un cheval richement harnaché,
et précedé par deux Estafiers. Le Secretaire
de la Ville seul en Toque de Velours
et en Robbe de ceremonie , précedoit
Mrsles Maîtres Echevins, aussi en Toques
de Velours avec les Cordons d'or
couverts
1696 MERCURE DE FRANCE
couverts de leurs Manteaux de Parade
accompagnez du Major et Ayde -Major
de la Milice Bourgeoise , ayant de part et
d'autre les six Hallebardiers de la Ville ,
en Casaque , la Pertuisanne sur l'épaule .
Après eux marchoient les Echevins, deux
à deux , aussi en habit de ceremonie ; ils
étoient suivis immédiatement
par M. le
Procureur -Syndic de la Ville , seul en
Robbe my-partie , le Chaperon bordé
d'Hermine sur l'épaule et leBonnet quarré.
Tous les Capitaines marchoient ensuite
et derriere eux deux Sergens et deux
Messagers de Ville fermoient la Marche.
Les Sergens Bourgeois avec leurs Hallebarde
formoient des hayes pour empêcher
le desordre et la confusion .
On se rendit dans cet ordre au Palais
Episcopal , et M " d'Augny et d'Aubustin
de Bionville , Maîtres Echevins à la tête
des Magistrats , ayant trouvé M. de Metz
dans sa grand'Salle , où il étoit accompagné
d'une Cour très - nombreuse , M. de
Bionville lui adressa la parole en ces
termes :
MONSEIGNEUR ,
Après vous avoir rendu nos très - humbles
actions de graces du Présent magnifique dont
la
JUILLET. 1731. 1.697
la Ville vient encore d'être redevable à
votre zèle et à votre liberalité, nous allons au
pied des Autels joindre nos voeux à ceux
de tous nos Habitans , et les coeurs les plus
penetrez de la plus vive reconnoissance
prier le Seigneur de verser sur les jours de
son premier Ministre , les benedictions les
plus précieuses sfasse le Ciel, MONSEIGNEUR,
et pour notre avantage et pour sa gloire , que
ces mêmes jours soient une suite de prospe
ritez et durent autant que nos desirs. C'est
le bienfait le plus flateur et le plus signalé
que nos prieres puissent obtenir de sa bonté
et de sa misericorde.
M. l'Evêque ayant répondu à ce Discours
dans les termes les plus obligeans ,
les Magistrats , precedez de leur Cortége
se rendirent à la Cathédrale , dont les
Chanoines qui y occupoient leurs Places
ordinaires , avoient agréé que le Service
se fit dans le Choeur et au grand Autel ,
M. de Pagny , Grand - Chantre , entonna
le Te Deum , qui fut chanté par une excellente
Musique , et suivi d'un Motet
dont voici les paroles tirées de l'Ecriture
Sainte . Elles expriment parfaitement le
bien et l'avantage que ce nouvel Etablis
sement procure au Peuple de Metz.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
D Dedit.
1698 MERCURE DE FRANCE
Dedit requiem populo suo .
Pauper et inops laudabunt nomen ejus :
Quoniam magnificè fecit.
Pupillus et vidua exultabunt in domibus
suis Quoniam, &c.
Juvenes et Virgines senes cum junioribus lau»
dabunt nomen Domini. Quoniam , &c.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
• La Musique de ce Motet , composée i
par M. Maillard , Maître de Musique de
la Cathédrale , fut très bien exécutée.
+
Après le Te Deum , les Officiers de Ville
se mirent en marche ; ils traverserent la
Place d'Armes, au son de la grosse Cloche
et de toutes celles des Paroisses de la
Ville et au bruit des Fanfares ; ils passerent
ensuite par la Place S. Louis , où ils
trouverent un Détachement de Cavalerie
de la Garnison à cheval , l'épée haute
d'où ils se rendirent enfin à la principale
Entrée des Cazernes , dont les Pilastres à
la face exterieure , servoient de soutien à
un Portique élevé en Arc de Triomphe ,
orné au Frontispice des Armes du Roi ,
de celles du Maréchal d'Alégre , Gouver
de celles de la Ville , placées de
l'un et de l'autre côté , et de celles de
M l'Evêque de Metz , peintes en grand ,
au dessous d'un Cartouche pratiqué dans
neur ,
le
JUILLET. 1731. 1699
le centre de la Décoration , et dans lequel
on lisoit cette Inscription .
ILLUSTRISSIMO
ECCLESIE PRINCIPI
HEN,CAR . DUCAMBOUT, DUCI DE COISLIN,
PRESULI MUNIFICENTISSIMO ,
IMMORTALES AGIT GRATIAS
SENATUS POPULUSQUE
METENSI S.
Les Pilastres étoient ornez de Guirlan
des de fleurs et de verdure , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels étoient
des Emblêmes avec leurs Devises , qui exprimoient
d'une maniere sensible que
M. l'Evêque n'accumule ses revenus que
pour les distribuer en faveur des Pauvres
et des Aurels , que la vûë du Ciel est le
premier mobile de toutes ses actions , et
que ses charitez sont d'autant plus méritoires
,qu'il tâche de les rendre secretes.
La premiere Emblême répré entoit un
Soleil attirant des vapeurs , avec cette
Devise :
Colligit ut spargat.
La seconde , une Mouche à miel sur des
feurs , avec ces mots:
Quod sugit , serviet aris.
880168
Dij La
1700 MERCURE DE FRANCE
La troisiéme , un Tournesol qui suit
toûjours le mouvement du Soleil , avec
cette Devise :
Colestes sequitur motus.
La quatrième , réprésentoit un Ver à
Soye , avec cette Inscription :
Operitur dum operatur.
La face interieure de cette Entrée et
de cet Arc de Triomphe , étoit pareillement
ornée , quoique dans un ordre
different , des mêmes Armes et des mêmes
Décorations. Dans le Cartouche du Frontispice
étoient écrits ces deux Vers d'Ovide
, qui s'appliquoient naturellement à
la reconnoissance de la Ville , et à la Place
dont elle celebroit la Dédicace.
Semper inoblità repetam tua munera mente ,
Et mea me tellus audiet esse tuum.
Les Pilastres de cette Face interieure
étoient aussi décorez de Guirlandes et de
Festons de feuillages et de fleurs , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels
étoient copiez ces Passages tirez de l'Ecriture
Sainte.
Desiderium Pauperum exaudivit Dominus.
Ps. 9.
Dispersit dedit Pauperibus . Ps. 111 .
Jucundus
JUILLET. 1731 . 1701
す
Jucundus homo qui miseretur. Ibid .
Non est inventus similis illi. Ecclesiast.
Les Balustres des deux côtez de l'Arc
de Triomphe , étoient encore chargez de
Caisses d'Orangers , garnies de Festons
et de Guirlandes , de même que les autres
Pieces de la Décoration .
La Comtesse de Bellifle voulut bien
être présente à cette Ceremonie. Elle
fut placée avec les Dames qui l'accompagnoient
, dans l'une des Chambres les
plus apparentes des Cazernes , dont les
fenêtres étoient ornées de Tapis.Toutes les
autres Chambres des quatre Faces qui regardent
la Place, et qui sont en très- grand
nombre , furent entierement occupées par
les Dames de la Ville , ce qui faisoit un beau
coup d'oeil , et formoit le Spectacle le plus
brillant et le plus magnifique qui ait encore
paru dans la Province.
Les Troupes étant sous les Armes et
en haye , aux quatre Faces de la Place ,
le Comte de Bellifle , Commandant
dans la Province , et le Comte de Baviere
, Commandant des Camps , s'y étant
rendus , de même que M. de Creil , Intendant
, et tous les Officiers de la Garnison
, et des deux Camps , et une infinité
de personnes de consideration , Ms de
Diij Ville ,
1702 MERCURE DE FRANCE
Ville , précedez de leur Cortege , en fi
rent le tour ; et étant parvenus au centre
de la Place , le bruit des Tambours , des
Timbales et des Trompettes cessant , ils:
ordonnerent au Herault d'Armes de publier
à haute voix l'Ordonnance de la
Ville , dont voici la teneur :
DE PAR LE ROY
Et Messieurs les Maître-Echevin , Conseillers-
Echevins et Magistrats de la
Ville et Cité de Metz.
La construction des Cazernes et des Pavillons
, que le zele , la pieté et la munifi-
Bence de Monseigneur Du CAMBOUT, DUC
DE COISLIN , EVESQUE DE METZ ,
ont fait éleverpar augmentation dans la Place
du Camp- à- Seille , pour le soulagement des
Peuples , la tranquillité desFamilles etla gloire
de la Religion , en devant être un Monument
éternel; et la Ville qui dans ce somptueux
Edifice, outre l'avantage et l'utilité publique,
trouve encore son plus bel ornement , ne pouvantdonner
des marques plus éclatantes de sa
reconnoissance, qu'en faisant passer à la posterité
la plus reculée , le souvenir de cegrand
Evenement ; il a été arrêté que la Place
formée actuellement par la construction des
Cazernes dans celle du Camp - à- Seille
portera
JUILLET. 1731. 1703
1
portera dorénavant le nom de Place DB
COISLIN ; que dans les Actes , tant publics
que particuliers , elle sera désignée sous
cette denomination; que les quatre Faces desdites
Cazernes formant un pareil nombre de
ruës differentes, celle qui conduit du Cartean
aux Celestins , sera pareillement nommée
rue de SAINT HENRY; celle qui conduit
de l'Hôpital S. Nicolas à la Haute- Seille ,
rue DU CAMBOUT ; celle qui conduit
de la Haute- Seille au Cheval Rouge , ruë
de S. CHARLES ; et celle qui conduit du
Cheval Rouge au Carteau , rue DE COISLINS
lesquels noms seront gravez en Lettres d'or
sur des Marbres incrustez dans chacune des
Faces desdites Ruës; et afin que personne n'en
prétende cause d'ignorance , sera la présente
Ordonnance solemnellement publiée dans ladite
Place , et affichée aux Carrefours et autres
lieux ordinaires et accoutumez . Fait à
PHôtel de Ville de Metz le 8. Juin 1731.
Aussi-tôt après la Publication , on entendit
un grand bruit de Tambours
Trompettes , Timbales , de Canons et de
cris de VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
I Les Comtes de Bellifle et de Baviere
assisterent à la Céremonie , accompagnez
de 7 à 800. Officiers , tant de la Garnison
que des deux Camps. Diiij Tous
1704 MERCURE DE FRANCE
Tous les Marchands et Corps de Mé
tiers tinrent leurs Boutiques fermées , de
leur plein gré toute la journée ; et le soir
il y eut de grandes Illuminations et des
Feux sur les Places et dans les ruës , où l'on
entendit de tous côtez les mêmes cris de
VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
sujet des nouvelles Cazernes , et de la
Place de Coiflin . Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville , le 25. Juin 1731 .
L
E 6. Juin les Magistrats à cette Ville
invitez par M. l'Evêque , à se rendre
aux nouvelles Cazernes , que ce Prélat
a fait construire,et dont il vouloit faire
don à la Ville , s'y transporterent pour
en reconnoître l'état , et accepter cette
donation au nom de la Ville. Ce somptueux
Edifice élevé dans la Place du
Champ-à- Seille , consiste en deux grands
Corps de Cazernes et en un pareil nombre
de Pavillons couverts d'Ardoises , ornez
d'Architecture simétrisée , et propres à y
loger commodément trois Bataillons complets
avec tous leurs Officiers.
Là,en presence de M.de Creil, Intendant
de la Province et d'un grand nombre
d'Officiers et de personnes de consideration
, ce Prélat fit entre les mains des Magistrats
la donation de cet Edifice , et
augmenta le mérite de Présent par les
termes gracieux dont il les accompagna.
On dressa du tout un Procès verbal autentique
,
24 MERCURE DE FRANCE
16
tentique , signé des Parties interressées et
déposé dans les Archives de la Ville pour
éterniser la memoire de la liberalité de ce
Prélat. Les Officiers de Ville . persuadez
qu'il étoit de leur devoir et de leur reconnoissance
d'en informer la Cour , envoyerent
aux Ministres des copies du Procès
verbal , et eurent la satisfaction de
trouver dans la Réponse dont Son Eminence
les à honorez , des Eloges conformes
à leurs idées , et qui donnent un`nouveau
lustre et à la dignité du bienfait ,
et à la magnificence du Bienfaicteur ,
Le Projet de la Dédicace de la Place que
forment les quatre Corps de l'Edifice
ayant été proposé à M. l'Evêque , et les
Magistrats ayant obtenu de lui la permission
de le suivre et de l'executer , ils en
désignerent la Ceremonie au 20. du même
mois de Juin ; ce jour- là elle fut annoncée
au Peuple dès six heures du ma
tin par le son de la grosse Cloche , qui
fut réïteré à midy. A trois heures et demie
du soir M. le Comte de Bellille .
Commandant pour le Roi dans la Province
, ayant ordonné à la Compagnie
des Archers des Bandes et à celles des Gardes
et des Suisses du Gouvernement , de
se rendre à l'Hôtel de Ville , pour grossir
et honorer le Cortege ; l'on se mit en
marche dans l'ordre suivant :
JUILLE T. 1731 . 1695
Tous les Tambours de la Ville , au nombre
de 24. précedez du Tambour Major,
commencerent la marche; ils étoient suivis
de la Compagnie des Archers des Bandes
avec leurs Armes et leurs Hoquetons ,
ayant leurs Officiers à leur tête. Les Suisses
du Gouvernement , la Hallebarde sur
l'épaule , marchoient ensuite : les Trompettes
et les Timbales de la Garnison ,
précedoient la Compagnie des Gardes du
Gouvernement.
Les Messagers , deux à deux , avec leurs'
Casaques aux Livrées de la Ville , les suivoient
immédiatement. Après eux les 16.
Bannerots en Habits et Manteaux noirs et
l'épée au côté. Ensuite les Sergens de Ville
avec leurs Casaques de Livrée et l'épéc
au côté.
La Symphonie marchoit après , composée
de plusieurs Violons , Hautbois et
autres Instrumens,
A quelque distance marchoit le Héraut
d'Armes , superbement vétu à la Romaine
, tenant en main la Verge Magistrale,
monté sur un cheval richement harnaché,
et précedé par deux Estafiers. Le Secretaire
de la Ville seul en Toque de Velours
et en Robbe de ceremonie , précedoit
Mrsles Maîtres Echevins, aussi en Toques
de Velours avec les Cordons d'or
couverts
1696 MERCURE DE FRANCE
couverts de leurs Manteaux de Parade
accompagnez du Major et Ayde -Major
de la Milice Bourgeoise , ayant de part et
d'autre les six Hallebardiers de la Ville ,
en Casaque , la Pertuisanne sur l'épaule .
Après eux marchoient les Echevins, deux
à deux , aussi en habit de ceremonie ; ils
étoient suivis immédiatement
par M. le
Procureur -Syndic de la Ville , seul en
Robbe my-partie , le Chaperon bordé
d'Hermine sur l'épaule et leBonnet quarré.
Tous les Capitaines marchoient ensuite
et derriere eux deux Sergens et deux
Messagers de Ville fermoient la Marche.
Les Sergens Bourgeois avec leurs Hallebarde
formoient des hayes pour empêcher
le desordre et la confusion .
On se rendit dans cet ordre au Palais
Episcopal , et M " d'Augny et d'Aubustin
de Bionville , Maîtres Echevins à la tête
des Magistrats , ayant trouvé M. de Metz
dans sa grand'Salle , où il étoit accompagné
d'une Cour très - nombreuse , M. de
Bionville lui adressa la parole en ces
termes :
MONSEIGNEUR ,
Après vous avoir rendu nos très - humbles
actions de graces du Présent magnifique dont
la
JUILLET. 1731. 1.697
la Ville vient encore d'être redevable à
votre zèle et à votre liberalité, nous allons au
pied des Autels joindre nos voeux à ceux
de tous nos Habitans , et les coeurs les plus
penetrez de la plus vive reconnoissance
prier le Seigneur de verser sur les jours de
son premier Ministre , les benedictions les
plus précieuses sfasse le Ciel, MONSEIGNEUR,
et pour notre avantage et pour sa gloire , que
ces mêmes jours soient une suite de prospe
ritez et durent autant que nos desirs. C'est
le bienfait le plus flateur et le plus signalé
que nos prieres puissent obtenir de sa bonté
et de sa misericorde.
M. l'Evêque ayant répondu à ce Discours
dans les termes les plus obligeans ,
les Magistrats , precedez de leur Cortége
se rendirent à la Cathédrale , dont les
Chanoines qui y occupoient leurs Places
ordinaires , avoient agréé que le Service
se fit dans le Choeur et au grand Autel ,
M. de Pagny , Grand - Chantre , entonna
le Te Deum , qui fut chanté par une excellente
Musique , et suivi d'un Motet
dont voici les paroles tirées de l'Ecriture
Sainte . Elles expriment parfaitement le
bien et l'avantage que ce nouvel Etablis
sement procure au Peuple de Metz.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
D Dedit.
1698 MERCURE DE FRANCE
Dedit requiem populo suo .
Pauper et inops laudabunt nomen ejus :
Quoniam magnificè fecit.
Pupillus et vidua exultabunt in domibus
suis Quoniam, &c.
Juvenes et Virgines senes cum junioribus lau»
dabunt nomen Domini. Quoniam , &c.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
• La Musique de ce Motet , composée i
par M. Maillard , Maître de Musique de
la Cathédrale , fut très bien exécutée.
+
Après le Te Deum , les Officiers de Ville
se mirent en marche ; ils traverserent la
Place d'Armes, au son de la grosse Cloche
et de toutes celles des Paroisses de la
Ville et au bruit des Fanfares ; ils passerent
ensuite par la Place S. Louis , où ils
trouverent un Détachement de Cavalerie
de la Garnison à cheval , l'épée haute
d'où ils se rendirent enfin à la principale
Entrée des Cazernes , dont les Pilastres à
la face exterieure , servoient de soutien à
un Portique élevé en Arc de Triomphe ,
orné au Frontispice des Armes du Roi ,
de celles du Maréchal d'Alégre , Gouver
de celles de la Ville , placées de
l'un et de l'autre côté , et de celles de
M l'Evêque de Metz , peintes en grand ,
au dessous d'un Cartouche pratiqué dans
neur ,
le
JUILLET. 1731. 1699
le centre de la Décoration , et dans lequel
on lisoit cette Inscription .
ILLUSTRISSIMO
ECCLESIE PRINCIPI
HEN,CAR . DUCAMBOUT, DUCI DE COISLIN,
PRESULI MUNIFICENTISSIMO ,
IMMORTALES AGIT GRATIAS
SENATUS POPULUSQUE
METENSI S.
Les Pilastres étoient ornez de Guirlan
des de fleurs et de verdure , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels étoient
des Emblêmes avec leurs Devises , qui exprimoient
d'une maniere sensible que
M. l'Evêque n'accumule ses revenus que
pour les distribuer en faveur des Pauvres
et des Aurels , que la vûë du Ciel est le
premier mobile de toutes ses actions , et
que ses charitez sont d'autant plus méritoires
,qu'il tâche de les rendre secretes.
La premiere Emblême répré entoit un
Soleil attirant des vapeurs , avec cette
Devise :
Colligit ut spargat.
La seconde , une Mouche à miel sur des
feurs , avec ces mots:
Quod sugit , serviet aris.
880168
Dij La
1700 MERCURE DE FRANCE
La troisiéme , un Tournesol qui suit
toûjours le mouvement du Soleil , avec
cette Devise :
Colestes sequitur motus.
La quatrième , réprésentoit un Ver à
Soye , avec cette Inscription :
Operitur dum operatur.
La face interieure de cette Entrée et
de cet Arc de Triomphe , étoit pareillement
ornée , quoique dans un ordre
different , des mêmes Armes et des mêmes
Décorations. Dans le Cartouche du Frontispice
étoient écrits ces deux Vers d'Ovide
, qui s'appliquoient naturellement à
la reconnoissance de la Ville , et à la Place
dont elle celebroit la Dédicace.
Semper inoblità repetam tua munera mente ,
Et mea me tellus audiet esse tuum.
Les Pilastres de cette Face interieure
étoient aussi décorez de Guirlandes et de
Festons de feuillages et de fleurs , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels
étoient copiez ces Passages tirez de l'Ecriture
Sainte.
Desiderium Pauperum exaudivit Dominus.
Ps. 9.
Dispersit dedit Pauperibus . Ps. 111 .
Jucundus
JUILLET. 1731 . 1701
す
Jucundus homo qui miseretur. Ibid .
Non est inventus similis illi. Ecclesiast.
Les Balustres des deux côtez de l'Arc
de Triomphe , étoient encore chargez de
Caisses d'Orangers , garnies de Festons
et de Guirlandes , de même que les autres
Pieces de la Décoration .
La Comtesse de Bellifle voulut bien
être présente à cette Ceremonie. Elle
fut placée avec les Dames qui l'accompagnoient
, dans l'une des Chambres les
plus apparentes des Cazernes , dont les
fenêtres étoient ornées de Tapis.Toutes les
autres Chambres des quatre Faces qui regardent
la Place, et qui sont en très- grand
nombre , furent entierement occupées par
les Dames de la Ville , ce qui faisoit un beau
coup d'oeil , et formoit le Spectacle le plus
brillant et le plus magnifique qui ait encore
paru dans la Province.
Les Troupes étant sous les Armes et
en haye , aux quatre Faces de la Place ,
le Comte de Bellifle , Commandant
dans la Province , et le Comte de Baviere
, Commandant des Camps , s'y étant
rendus , de même que M. de Creil , Intendant
, et tous les Officiers de la Garnison
, et des deux Camps , et une infinité
de personnes de consideration , Ms de
Diij Ville ,
1702 MERCURE DE FRANCE
Ville , précedez de leur Cortege , en fi
rent le tour ; et étant parvenus au centre
de la Place , le bruit des Tambours , des
Timbales et des Trompettes cessant , ils:
ordonnerent au Herault d'Armes de publier
à haute voix l'Ordonnance de la
Ville , dont voici la teneur :
DE PAR LE ROY
Et Messieurs les Maître-Echevin , Conseillers-
Echevins et Magistrats de la
Ville et Cité de Metz.
La construction des Cazernes et des Pavillons
, que le zele , la pieté et la munifi-
Bence de Monseigneur Du CAMBOUT, DUC
DE COISLIN , EVESQUE DE METZ ,
ont fait éleverpar augmentation dans la Place
du Camp- à- Seille , pour le soulagement des
Peuples , la tranquillité desFamilles etla gloire
de la Religion , en devant être un Monument
éternel; et la Ville qui dans ce somptueux
Edifice, outre l'avantage et l'utilité publique,
trouve encore son plus bel ornement , ne pouvantdonner
des marques plus éclatantes de sa
reconnoissance, qu'en faisant passer à la posterité
la plus reculée , le souvenir de cegrand
Evenement ; il a été arrêté que la Place
formée actuellement par la construction des
Cazernes dans celle du Camp - à- Seille
portera
JUILLET. 1731. 1703
1
portera dorénavant le nom de Place DB
COISLIN ; que dans les Actes , tant publics
que particuliers , elle sera désignée sous
cette denomination; que les quatre Faces desdites
Cazernes formant un pareil nombre de
ruës differentes, celle qui conduit du Cartean
aux Celestins , sera pareillement nommée
rue de SAINT HENRY; celle qui conduit
de l'Hôpital S. Nicolas à la Haute- Seille ,
rue DU CAMBOUT ; celle qui conduit
de la Haute- Seille au Cheval Rouge , ruë
de S. CHARLES ; et celle qui conduit du
Cheval Rouge au Carteau , rue DE COISLINS
lesquels noms seront gravez en Lettres d'or
sur des Marbres incrustez dans chacune des
Faces desdites Ruës; et afin que personne n'en
prétende cause d'ignorance , sera la présente
Ordonnance solemnellement publiée dans ladite
Place , et affichée aux Carrefours et autres
lieux ordinaires et accoutumez . Fait à
PHôtel de Ville de Metz le 8. Juin 1731.
Aussi-tôt après la Publication , on entendit
un grand bruit de Tambours
Trompettes , Timbales , de Canons et de
cris de VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
I Les Comtes de Bellifle et de Baviere
assisterent à la Céremonie , accompagnez
de 7 à 800. Officiers , tant de la Garnison
que des deux Camps. Diiij Tous
1704 MERCURE DE FRANCE
Tous les Marchands et Corps de Mé
tiers tinrent leurs Boutiques fermées , de
leur plein gré toute la journée ; et le soir
il y eut de grandes Illuminations et des
Feux sur les Places et dans les ruës , où l'on
entendit de tous côtez les mêmes cris de
VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
Fermer
Résumé : CEREMONIE faite à Metz , au sujet des nouvelles Cazernes, et de la Place de Coislin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 25. Juin 1731.
Le 6 juin 1731, les magistrats de Metz, invités par l'évêque, se rendirent aux nouvelles casernes construites par ce dernier pour en prendre possession au nom de la ville. Cet édifice, situé sur la place du Champ-à-Seille, comprend deux grands corps de casernes et quatre pavillons, pouvant loger trois bataillons complets avec leurs officiers. En présence de l'intendant de la province et de nombreuses personnalités, l'évêque fit don de cet édifice à la ville, augmentant ce geste par des paroles gracieuses. Un procès-verbal authentique fut dressé et déposé dans les archives de la ville. Les magistrats informèrent la cour de ce don et reçurent des éloges conformes à leurs attentes. La cérémonie de dédicace de la place, nommée place de Coislin, eut lieu le 20 juin. Elle débuta par l'annonce au peuple par le son de la grosse cloche, suivie d'un cortège ordonné incluant tambours, archers, Suisses, gardes, messagers, bannerots, sergents, et musiciens. Le cortège se rendit au palais épiscopal où les magistrats adressèrent des remerciements à l'évêque, qui répondit de manière obligeante. Ensuite, ils se dirigèrent à la cathédrale pour un Te Deum et un motet composés par le maître de musique de la cathédrale. La principale entrée des casernes était ornée d'un arc de triomphe avec les armes du roi, du maréchal d'Alègre, de la ville, et de l'évêque. Des emblèmes et devises soulignaient la générosité et la charité de l'évêque. La comtesse de Bellifle et de nombreuses dames assistèrent à la cérémonie depuis les fenêtres des casernes. Les troupes sous les armes et les personnalités présentes firent le tour de la place. L'ordonnance de la ville fut publiée, nommant la place place de Coislin et les rues adjacentes en l'honneur de l'évêque et de saints. La journée se termina par des illuminations et des feux de joie, accompagnés de cris de vive le roi et vive Monseigneur le duc de Coislin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 2016-2018
ADDITION aux Nouvelles Etrangeres.
Début :
On a appris par Moscou que l'armée du Roy de Perse étoit presentement de 120000. [...]
Mots clefs :
Moscou, Armée du roi de Perse, Artillerie, Bataillons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION aux Nouvelles Etrangeres.
ADDITION
aux Nouvelles Etrangeres.
Neapps toit presentement de 120000.
Na appris par Moscou que l'armée du Roy
hommes , que ce Prince avoit coupé les vivres
aux Turcs , et que ces derniers étoient tellement
resserrés dans un défilé de Montagnes du côté
d'Erivan , qu'on ne doutoit point qu'ils ne fussent
taillés en pieces s'ils étoient attaqués dans
ce Poste, d'où il leur étoit difficile de sortir pour
secourir la Ville avec laquelle ils n'avoient plus
de communication .
Les Lettres d'Allemagne portent que le r
de ce mois , le Roy de Suede , accompagné du
Prince Maximilien de Hesse- Cassel , son frere
fit son entrée dans Cassel au bruit d'une Salve
generale de l'Artillerie et aux acclamations du
Peuple. Toutes les rues sur son passage étoient
ornées d'Arcs de Triomphe , et bordées par une
double Haye des Soldats de la Garnison. S M.
fut reçue au Palais par la Princesse épouse du
Prince Maximilien , par les Princes ses enfans ,
par les Princesses ses enfans , par les Ministres
du Landgraviat et par les Colleges de Regence et
de Justice , et elle y fut complimentée par le
Chancelier : ensuite le Roy soupa en Public
aprés quoy il alla en chaise se promener dans les
xues de la Ville pour en voir les illuminations.
On écrit de Seville que les Regimens de Cas
tille, de Lombardie , de Naples et de Bourgogne,
qui
AOUST. 1731 2017
qui sont de deux Bataillons chacun , ont été
choisis par le Roy pour passer en Italie , avec
un Regiment Suisse de deux Bataillons le Regi
ment de Batavia , Dragons , deux autres Bataillons
tirés de differens Regimens , et trois Es
cadrons.
Le PrinceMaure qui étoit venu à Seville pour
demander du secours au Roy d'Espagne contre
le Roy de Maroc , eut le 29. de Juillet sa seconde
Audience du Roy , et le premier de ce
mois il partit pour retourner en Afrique..
Le 26. Juillet , jour auquel on celebre à Naples
la fête de sainte Anne , on fit dans l'Eglise
de notre Dame de la Pieté la diftribution ordinaire
des dots de so. ccus chacun à onze filles
portant le nom de cette Sainte..
Le même jour , on exposa dans la Chapelle
du Palais du Prince de Montemileto , le pied de
Sainte Anne qu'on y conserve ; et qu'on dit
avoir été apporté de la Grece par les Ancêtres de
ce Seigneur.
Le 1. Aoust , ily eut à Rome une Congrega
tion extraordinaire de l'Immunité composée de
dix Cardinaux et de neuf Prelats , au sujet des
Déserteurs qui se retirent dans les Eglises Privi
legiées , d'où l'Empereur prétend les faire tirer.
Aprés de grandes contestations sur cette affaire
il fut arrêté que les Déserteurs réfugiés dans les
Aglises , seroient rendus , mais à condition qu'ils
ne seroient point punis de mort.
Le Roy de Sardaigne Victor Amedée , a écrit
au Cardinal Grimaldi pour l'engager à travail
lea
2018 MERCURE DE FRANCE
ler à l'accommodement des differends du S. Siege
avec la Cour de Turin. Ce Cardinal a eu à co
sujet deux Audiences particulieres du Pape , qui
dans un Consistoire tenu le 6. de ce mois , communica
aux Cardinaux tout ce qui s'est fait depuis
six mois par rapport aux differens du S.
Siege avec la Cour de Turin : de 36. Cardinaux
qui assistèrent à ce Consistoire 31. furent d'avis
de confirmer toutes les concessions obtenues par
la Maison de Savoye sous le Pontificat du Pape
Nicolas V. et les cinq autres prierent S. S. de
les dispenser d'opiner.
On a fait au commencement de ce mois d
Genes , des Prieres publiques pour obtenir la
benediction du Ciel sur les Troupes que la République
envoye contre les Rebelles de l'Isle de
Corse. On a déja embarqué la plus grande partie
de ces Troupes , et en attendant que le vent soit
devenu favorable pour les faire partir , le Prince
Doria traite tous les jours magnifiquement les
Officiers Allemands arrivés pour commander les
Troupes auxiliaires de l'Empereur. Trois des Galeres
de la République sont revenuës de l'Isle de
Corse pour escorter les Batimens de transport ,
et faciliter la descente de cesTroupes dans l'Isle,
d'ou on apprend que les Rebelles qui avoient
ouvert la tranchée devant la Ville de la Bastia ,
avoient été repoussés avec perte dans les trois
assauts qu'ils ont donnés pour s'emparer d'un
Forr qui est prés de cette Ville. On assure qu'on
publiera incessamment une Proclamation pour
mettre à prix la tête des Rebelles de l'Isle de
Corse ausquels la République n'accordera point
de Cartel.
aux Nouvelles Etrangeres.
Neapps toit presentement de 120000.
Na appris par Moscou que l'armée du Roy
hommes , que ce Prince avoit coupé les vivres
aux Turcs , et que ces derniers étoient tellement
resserrés dans un défilé de Montagnes du côté
d'Erivan , qu'on ne doutoit point qu'ils ne fussent
taillés en pieces s'ils étoient attaqués dans
ce Poste, d'où il leur étoit difficile de sortir pour
secourir la Ville avec laquelle ils n'avoient plus
de communication .
Les Lettres d'Allemagne portent que le r
de ce mois , le Roy de Suede , accompagné du
Prince Maximilien de Hesse- Cassel , son frere
fit son entrée dans Cassel au bruit d'une Salve
generale de l'Artillerie et aux acclamations du
Peuple. Toutes les rues sur son passage étoient
ornées d'Arcs de Triomphe , et bordées par une
double Haye des Soldats de la Garnison. S M.
fut reçue au Palais par la Princesse épouse du
Prince Maximilien , par les Princes ses enfans ,
par les Princesses ses enfans , par les Ministres
du Landgraviat et par les Colleges de Regence et
de Justice , et elle y fut complimentée par le
Chancelier : ensuite le Roy soupa en Public
aprés quoy il alla en chaise se promener dans les
xues de la Ville pour en voir les illuminations.
On écrit de Seville que les Regimens de Cas
tille, de Lombardie , de Naples et de Bourgogne,
qui
AOUST. 1731 2017
qui sont de deux Bataillons chacun , ont été
choisis par le Roy pour passer en Italie , avec
un Regiment Suisse de deux Bataillons le Regi
ment de Batavia , Dragons , deux autres Bataillons
tirés de differens Regimens , et trois Es
cadrons.
Le PrinceMaure qui étoit venu à Seville pour
demander du secours au Roy d'Espagne contre
le Roy de Maroc , eut le 29. de Juillet sa seconde
Audience du Roy , et le premier de ce
mois il partit pour retourner en Afrique..
Le 26. Juillet , jour auquel on celebre à Naples
la fête de sainte Anne , on fit dans l'Eglise
de notre Dame de la Pieté la diftribution ordinaire
des dots de so. ccus chacun à onze filles
portant le nom de cette Sainte..
Le même jour , on exposa dans la Chapelle
du Palais du Prince de Montemileto , le pied de
Sainte Anne qu'on y conserve ; et qu'on dit
avoir été apporté de la Grece par les Ancêtres de
ce Seigneur.
Le 1. Aoust , ily eut à Rome une Congrega
tion extraordinaire de l'Immunité composée de
dix Cardinaux et de neuf Prelats , au sujet des
Déserteurs qui se retirent dans les Eglises Privi
legiées , d'où l'Empereur prétend les faire tirer.
Aprés de grandes contestations sur cette affaire
il fut arrêté que les Déserteurs réfugiés dans les
Aglises , seroient rendus , mais à condition qu'ils
ne seroient point punis de mort.
Le Roy de Sardaigne Victor Amedée , a écrit
au Cardinal Grimaldi pour l'engager à travail
lea
2018 MERCURE DE FRANCE
ler à l'accommodement des differends du S. Siege
avec la Cour de Turin. Ce Cardinal a eu à co
sujet deux Audiences particulieres du Pape , qui
dans un Consistoire tenu le 6. de ce mois , communica
aux Cardinaux tout ce qui s'est fait depuis
six mois par rapport aux differens du S.
Siege avec la Cour de Turin : de 36. Cardinaux
qui assistèrent à ce Consistoire 31. furent d'avis
de confirmer toutes les concessions obtenues par
la Maison de Savoye sous le Pontificat du Pape
Nicolas V. et les cinq autres prierent S. S. de
les dispenser d'opiner.
On a fait au commencement de ce mois d
Genes , des Prieres publiques pour obtenir la
benediction du Ciel sur les Troupes que la République
envoye contre les Rebelles de l'Isle de
Corse. On a déja embarqué la plus grande partie
de ces Troupes , et en attendant que le vent soit
devenu favorable pour les faire partir , le Prince
Doria traite tous les jours magnifiquement les
Officiers Allemands arrivés pour commander les
Troupes auxiliaires de l'Empereur. Trois des Galeres
de la République sont revenuës de l'Isle de
Corse pour escorter les Batimens de transport ,
et faciliter la descente de cesTroupes dans l'Isle,
d'ou on apprend que les Rebelles qui avoient
ouvert la tranchée devant la Ville de la Bastia ,
avoient été repoussés avec perte dans les trois
assauts qu'ils ont donnés pour s'emparer d'un
Forr qui est prés de cette Ville. On assure qu'on
publiera incessamment une Proclamation pour
mettre à prix la tête des Rebelles de l'Isle de
Corse ausquels la République n'accordera point
de Cartel.
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Résumé : ADDITION aux Nouvelles Etrangeres.
En août 1731, plusieurs événements politiques et militaires marquants se sont produits en Europe. En Russie, l'armée du roi a réussi à couper les vivres aux Turcs, les piégeant dans un défilé près d'Erivan, ce qui a mis ces derniers dans une situation critique. En Allemagne, le roi de Suède a fait une entrée triomphale à Cassel, accompagné du prince Maximilien de Hesse-Cassel, avec des arcs de triomphe et des illuminations. En Espagne, plusieurs régiments ont été sélectionnés pour partir en Italie, et le prince Maure a obtenu une audience pour solliciter de l'aide contre le roi du Maroc. À Naples, la fête de sainte Anne a été célébrée par la distribution de dots. À Rome, une congrégation extraordinaire a décidé que les déserteurs réfugiés dans les églises privilégiées seraient rendus, mais sans être condamnés à mort. Le roi de Sardaigne a également tenté de médiatiser les différends entre le Saint-Siège et la Cour de Turin. Enfin, à Gênes, des prières publiques ont été organisées pour bénir les troupes envoyées contre les rebelles de l'île de Corse, où les assauts des rebelles ont été repoussés.
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21
p. 3047-3050
REGLEMENT fait et publié à Livourne , au sujet des Troupes débarquées , &c.
Début :
Les Troupes Espagnoles qu'on introduira dans les Places de la Toscane, seront payées et entretenues [...]
Mots clefs :
Toscane, Bataillons, Dragons, Garnisons, Lisbonne, Londres
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texteReconnaissance textuelle : REGLEMENT fait et publié à Livourne , au sujet des Troupes débarquées , &c.
REGLEMENT fait et publié à
Livourne , au sujet des Troupes
débarquées , &c.
Es Troupes Espagnoles qu'on introduira dans
les Places de la Toscane , seront payées et entretenues
aux dépens de S. M. Cat. sans que le
Trésor du Grand- Duc , ni le Pays , soient tenus ,
d'y subvenir en aucune maniere.
Deux Bataillons de ces Troupes entreront
dans Pise avec 300. Dragons ; deux autres Bataillons
seront introduits dans Porto - Ferrayo ,..
et on mettra dans Livourne 60. à 70. Dragons ,
avec autant d'Infanterie , que les Magazins de la
Porte Murée, des Cantines et de l'Huile pourront
en contenir, jusqu'à ce que le Comte de Charni et :
le Gouverneur,soient convenus des quartiers pour
les autres Troupes , qui , en attendant ,
peront aux environs de cette Ville , sans que le
Comte de Charni puisse prétendre , sous quelque
prétexte que ce soit , de les distribuer dans d'autres
endroits des Etats du Grand - Duc.
cam-
Le Comte de Charni aura dans Livourne le
Commandement suprême du Militaire ; et les
Troupes Espagnoles , conjointement avec celles
de S. A. R. y feront le Service , selon l'alternative
des Officiers des Corps des unes et des autres
, selon leur rang , les deux tiers des Troupes
de la Garnison seront Espagnoles , et le reste
Toscanes. Le Comte de Charni sera chargé de
distribuer lesdites Troupes dans les Postes qu'il
jugera convenabies , mais il ne pourra se mêler
des affaires du Gouvernement Civil , @ conomique
, Politique et Marchand , non - plus que du:
Département de la Santé , ce qui dépendra uni- .
1.1. Vol.
quement:
3048 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur de Livourne , auquel le
Comte de Charni sera tenu de donner des Trot
pes au cas qu'il en ait besoin , avec des Officiers .
qui seront obligez d'aller prendre les ordres du.
Gouverneur.
Les Galeres du Grand - Duc demeureront en
tout et partout sous le commandement immédiat
de S.A.R.de même que le Corps de Troupes Toscanes
, faisant partie de la Garnison de Livourne
, que S. A. R. pourra réduire à sa volonté
sans pouvoir néanmoins l'augmenter au- delà
du tiers.
Le Salut sera rendu selon le stile ordinaire de
la Place , et si on veut y faire quelque changement
, le Comte de Charni et le Gouverneur devront
être d'accord ; ce dernier continuera d'avoir
sa . Garde composée de Soldats et Officiers Toscans.
On conviendra sur le mêine pied par rapport
à l'autorité des Officiers Espagnols à Porto - Ferrayo
, et à celle du Gouverneur de cette Place ,
sur les Troupes respectives de la Garnison . On
tiendra un Inventaire juste de toute l'Artillerie et
autres Agrets , appartenans au Grand- Duc. , et les .
Commandans Espagnols en auront un double.
S. A. R. pourra toujours tirer des Provisions et
des Munitions de guerre de Livourne et de Porto-
Ferrayo , mais seulement de ce qui sera reconnu
lui appartenir , et qui sera mis sous les clefs à la
disposition des Ministres de S. A. R. Si les Espagnols
venoient à manquer de Provisions et d'aųtres
choses semblables , ils pourront en tirer des
Magazins du Grand - Duc , à un prix raisonnable
, & c. Signé , Frere Sauveur Ascanio , Emmanuel
Comte de Charni ; le Marquis de Mari ,.
Charles Renuccini , Charles Wager , François
Colman.
DECEMBRE . 1731. 3049
On mande de Lisbonne , que les Vaisseaux de
la Flote de Rio de Janeiro , avoient apporté
pour le compte du Roy de Portugal 148. Arobes
, 37. Marcs , 38. onces , 17. grains d'or ca
lingots ; un Million 118697. Cruzades d'or monnoyé
; 102000. Crusades d'or , confisquées sur
quelques Particuliers qui vouloient les faire entrer
en contrebande , et une boëte de Diamans
de la nouvelle Mine.
Il y avoit sur les mêmes Vaisseaux pour le
compte des Particuliers , 24. millions , 117697 .
Cruzades , et 220. Arobes d'or ; 40000. Cuirs
de Buenos- Aires , et 4000. Caisses de Sucre . Ces
Lettres ajoûtent qu'aucune Flote du Brezil n'avoit
jamais apporté une si grande quantité d'or .
On écrit de Londres , que le 18 Decembre le
Duc de Lorraine se rendit au Palais de S James
où il prit congé du Roy , de la Reine et des Prin .
ces et Princesses de la Famille Royale. Vers les
deux heures après midi il partit pour Greenwich,
dans le Carosse du Comte de Kinski , Envoyé
Extraordinaire de l'Empereur , accompagné de
ce Ministre , du Duc de Rishmond et du Lord
Baltimore. Après avoir dîné chez le Duc de
Rishmond , il s'embarqua pour la Hollande à
bord du Yacht le Fubbs .
Ce Prince yit sur le Théatre du Marché au
Foin le 14. de ce mois , le combat des Srs Figg et
Sporks , deux fameux Gladiateurs , le Duc de
Lorraine fit donner une gratification considerable
aux Acteurs de ce terrible Spectacle.
On écrit d'Hollande , que le Duc de Lorraine
Y. étoit arrivé, et qu'il étoit parti pour Nimegue ,
d'où il doit se rendre dans diverses Cours de
P'Empire.
11. Vol. I
• 3050 MERCURE DE FRANCE
Il a été résolu dans le commun Conseil de la i
Ville de Bristol , d'ériger dans cette Ville une
Statue Equestre au feu Roy Guillaume III . Cette
Statue qui sera de Bronze , sera posée sur un C
Piedestal de Marbre au milieu de la Place , dite.
de la Reine.
Depuis le 28. Décembre 1730. jusqu'au 2 5. Décembre
1731. on a baptisé dans Londres et dans
Westminster 9177 garçons et 8658. filles , ce
qui fait en tout. 1783 5. enfans.
Il est mort pendant le même temps 12608 .
hommes ou garçons , et 12654. femmes ou filles,
ce qui comparé avec l'Etat des Morts de l'année
derniere , qui furent en plus grand nombre , fait
une difference de 14079.
Livourne , au sujet des Troupes
débarquées , &c.
Es Troupes Espagnoles qu'on introduira dans
les Places de la Toscane , seront payées et entretenues
aux dépens de S. M. Cat. sans que le
Trésor du Grand- Duc , ni le Pays , soient tenus ,
d'y subvenir en aucune maniere.
Deux Bataillons de ces Troupes entreront
dans Pise avec 300. Dragons ; deux autres Bataillons
seront introduits dans Porto - Ferrayo ,..
et on mettra dans Livourne 60. à 70. Dragons ,
avec autant d'Infanterie , que les Magazins de la
Porte Murée, des Cantines et de l'Huile pourront
en contenir, jusqu'à ce que le Comte de Charni et :
le Gouverneur,soient convenus des quartiers pour
les autres Troupes , qui , en attendant ,
peront aux environs de cette Ville , sans que le
Comte de Charni puisse prétendre , sous quelque
prétexte que ce soit , de les distribuer dans d'autres
endroits des Etats du Grand - Duc.
cam-
Le Comte de Charni aura dans Livourne le
Commandement suprême du Militaire ; et les
Troupes Espagnoles , conjointement avec celles
de S. A. R. y feront le Service , selon l'alternative
des Officiers des Corps des unes et des autres
, selon leur rang , les deux tiers des Troupes
de la Garnison seront Espagnoles , et le reste
Toscanes. Le Comte de Charni sera chargé de
distribuer lesdites Troupes dans les Postes qu'il
jugera convenabies , mais il ne pourra se mêler
des affaires du Gouvernement Civil , @ conomique
, Politique et Marchand , non - plus que du:
Département de la Santé , ce qui dépendra uni- .
1.1. Vol.
quement:
3048 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur de Livourne , auquel le
Comte de Charni sera tenu de donner des Trot
pes au cas qu'il en ait besoin , avec des Officiers .
qui seront obligez d'aller prendre les ordres du.
Gouverneur.
Les Galeres du Grand - Duc demeureront en
tout et partout sous le commandement immédiat
de S.A.R.de même que le Corps de Troupes Toscanes
, faisant partie de la Garnison de Livourne
, que S. A. R. pourra réduire à sa volonté
sans pouvoir néanmoins l'augmenter au- delà
du tiers.
Le Salut sera rendu selon le stile ordinaire de
la Place , et si on veut y faire quelque changement
, le Comte de Charni et le Gouverneur devront
être d'accord ; ce dernier continuera d'avoir
sa . Garde composée de Soldats et Officiers Toscans.
On conviendra sur le mêine pied par rapport
à l'autorité des Officiers Espagnols à Porto - Ferrayo
, et à celle du Gouverneur de cette Place ,
sur les Troupes respectives de la Garnison . On
tiendra un Inventaire juste de toute l'Artillerie et
autres Agrets , appartenans au Grand- Duc. , et les .
Commandans Espagnols en auront un double.
S. A. R. pourra toujours tirer des Provisions et
des Munitions de guerre de Livourne et de Porto-
Ferrayo , mais seulement de ce qui sera reconnu
lui appartenir , et qui sera mis sous les clefs à la
disposition des Ministres de S. A. R. Si les Espagnols
venoient à manquer de Provisions et d'aųtres
choses semblables , ils pourront en tirer des
Magazins du Grand - Duc , à un prix raisonnable
, & c. Signé , Frere Sauveur Ascanio , Emmanuel
Comte de Charni ; le Marquis de Mari ,.
Charles Renuccini , Charles Wager , François
Colman.
DECEMBRE . 1731. 3049
On mande de Lisbonne , que les Vaisseaux de
la Flote de Rio de Janeiro , avoient apporté
pour le compte du Roy de Portugal 148. Arobes
, 37. Marcs , 38. onces , 17. grains d'or ca
lingots ; un Million 118697. Cruzades d'or monnoyé
; 102000. Crusades d'or , confisquées sur
quelques Particuliers qui vouloient les faire entrer
en contrebande , et une boëte de Diamans
de la nouvelle Mine.
Il y avoit sur les mêmes Vaisseaux pour le
compte des Particuliers , 24. millions , 117697 .
Cruzades , et 220. Arobes d'or ; 40000. Cuirs
de Buenos- Aires , et 4000. Caisses de Sucre . Ces
Lettres ajoûtent qu'aucune Flote du Brezil n'avoit
jamais apporté une si grande quantité d'or .
On écrit de Londres , que le 18 Decembre le
Duc de Lorraine se rendit au Palais de S James
où il prit congé du Roy , de la Reine et des Prin .
ces et Princesses de la Famille Royale. Vers les
deux heures après midi il partit pour Greenwich,
dans le Carosse du Comte de Kinski , Envoyé
Extraordinaire de l'Empereur , accompagné de
ce Ministre , du Duc de Rishmond et du Lord
Baltimore. Après avoir dîné chez le Duc de
Rishmond , il s'embarqua pour la Hollande à
bord du Yacht le Fubbs .
Ce Prince yit sur le Théatre du Marché au
Foin le 14. de ce mois , le combat des Srs Figg et
Sporks , deux fameux Gladiateurs , le Duc de
Lorraine fit donner une gratification considerable
aux Acteurs de ce terrible Spectacle.
On écrit d'Hollande , que le Duc de Lorraine
Y. étoit arrivé, et qu'il étoit parti pour Nimegue ,
d'où il doit se rendre dans diverses Cours de
P'Empire.
11. Vol. I
• 3050 MERCURE DE FRANCE
Il a été résolu dans le commun Conseil de la i
Ville de Bristol , d'ériger dans cette Ville une
Statue Equestre au feu Roy Guillaume III . Cette
Statue qui sera de Bronze , sera posée sur un C
Piedestal de Marbre au milieu de la Place , dite.
de la Reine.
Depuis le 28. Décembre 1730. jusqu'au 2 5. Décembre
1731. on a baptisé dans Londres et dans
Westminster 9177 garçons et 8658. filles , ce
qui fait en tout. 1783 5. enfans.
Il est mort pendant le même temps 12608 .
hommes ou garçons , et 12654. femmes ou filles,
ce qui comparé avec l'Etat des Morts de l'année
derniere , qui furent en plus grand nombre , fait
une difference de 14079.
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Résumé : REGLEMENT fait et publié à Livourne , au sujet des Troupes débarquées , &c.
Le document est un règlement publié à Livourne en décembre 1731, concernant l'introduction de troupes espagnoles dans les places de la Toscane. Les troupes espagnoles seront payées et entretenues aux frais du roi d'Espagne, sans que le trésor du Grand-Duc ou le pays soient tenus de subvenir à leurs besoins. Deux bataillons de troupes espagnoles, accompagnés de 300 dragons, entreront à Pise. Deux autres bataillons seront stationnés à Porto-Ferrajo, et 60 à 70 dragons avec autant d'infanterie seront à Livourne, jusqu'à ce que des quartiers soient convenus pour les autres troupes. Le Comte de Charni aura le commandement suprême du militaire à Livourne, où les troupes espagnoles et toscanes feront le service alternativement. Le Comte de Charni ne pourra se mêler des affaires civiles, économiques, politiques ou marchandes, ni du département de la santé, qui relèvent du gouverneur de Livourne. Les galères du Grand-Duc resteront sous le commandement du prince de la maison royale, qui pourra réduire mais non augmenter les troupes toscanes au-delà du tiers. Le salut sera rendu selon le style ordinaire de la place, et les officiers espagnols et le gouverneur de Porto-Ferrajo conviendront de leur autorité respective. En cas de besoin, les provisions et munitions de guerre pourront être tirées des magasins du Grand-Duc à un prix raisonnable. Le document est signé par Frère Sauveur Ascanio, Emmanuel Comte de Charni, le Marquis de Mari, Charles Renuccini, Charles Wager et François Colman.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 1850-1856
POLOGNE.
Début :
Le 31 Juillet, le Roi fit donner l'ordre de décamper à l'armée qui occupe le Camp de Villanova [...]
Mots clefs :
Camp de Villanova, Pologne, Klingenberg, Infanterie, Palatin de Mazovie, Canon, Camp, Bataillons, Ligne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E 31 Juillet, le Roi fit donner l'ordre de décam
à
nova , près de Warsovie. On batit la Generale
et les Uhlans Tartares, la nouvelle Grande- Garde
et les Quartiers-Maîtres et Fourriers des Régimens respectifs , se rendirent sur le chemin du
nouveau Camp , et attendirent près de l'Hôpital
de Czerniakow , le Quartier - Maître General.
L'Armée ayant plié ses Tentes , se rangea en
bataille à la tête du Camp ' , et se mit ensuite en
marche sur cinq Colonnes ; 2 de Cavalerie et 3
d'Infanterie. La Colonne de la droite , comman- dée
A OUST 1732. 1851
dée par le Major General Klingenberg , étoit
composée de 8 Escadrons de Gotha et de Nassau , celle de la gauche , commandée par le Major General Mir ,
de 4 Escadrons du Régiment
de Mir, et de 4 Escadrons , détachez de differens '
Regimens de la Couronne.
La Colonne d'Infanterie de la droite , commandée par le Pr. Czartoriski , Palatin de Russie, consistoit en un Bataillon de Grenadiers , er
en deux des Gardes de la Couronne ; celle de la
gauche , commandée par le Major General Campenhausen , étoit composée d'un Bataillon de
Grenadiers,da 3e des Gardes de la Couronne, et
des Gardes de Lithuanie et celle du Centre
commandée par le Major General Flemming ,
du Bataillon de Flemming , et de ceux de Denhof et de Frise..
;
Les Colonnes de la droite défilerent par la
gauche , et celles de la gauche par la droite. Les
Bagages de chaque Colonne marchoient à la
queue , selon l'ordre des Corps qui la formoient,.
et la vieille grande Garde faisoit l'Arriere- Garde de tout.
"
Le Palatin de Mazovie , Regimentaire , marchoit à la tête de la Colonne du Centre , il étoit
suivi du Lieutenant General Comte de Denhof,
et on portoit devant lui le Bonzouk , ( c'est une
marque d'honneur , faite en forme de queue de Cheval attachée au bout d'une espece de Pique.) Il a été placé dans le nouveau Camp , entre
·les Drapeaux du centre ; mais comme le Roy en
´a aussi un devant son Pavillon , on le portera:
devant S.M. lorsqu'elle ira au Camp ; et alors on
baissera le Bonzoux du Regimentaire. Les trois
Colonnes d'Infanterie furent obligées de se rejoindre à quelque distance du vieux Camp pour
passer une Digue; mais après l'avoir passée ,.
Havj elless
1852 MERCURE DE FRANCE
!
elles se remirent dans leur premier ordre de Bataille , et s'arrêterent au lieu marqué, pour attendre les signaux.
le
Le Roy ayant fait donner le premier signal ,
par un coup de Canon , tiré de son Pavillon ,
Quartier- Maître - General alla reconnoître le
Camp, passa la nouvelle grande- Garde ; et ayant
distribué le terrain aux Quartiers-Maîtres des
Regimens , les Fouriers tracerent le Camp.
Pendant ce temps- là les Uhlans firent plusieurs
courses à la tête du Camp, imitant des Détachemens ennemis qui se rencontrent. Au second signal , les Colonnes se mirent en mouvement,
L'Artillerie composée de 38. Canons , et de 4
Mortiers , marcha à la queue de la Colonne du
centre , et elle étoit fermée par une Compagnie
franche de Dragons , qui lui est attachée.
L'Armée étant arrivée au terrain tracé , se mit
en Bataille à la tête du nouveau Camp , dans le
même ordre où elle avoit été rangée avant de
partir de l'autre , et au 3e signal elle entra dans le Camp; les Equipages y entrerent aussi par la
queue. L'Artillerie forma son Parc derriere le Bataillon du Centre. Dès que l'Armée fut entrée, la Cour passa à l'autre face du Pavillon, et vit faire l'Exercice aux grands Mousquetaires ,
et immédiatement après on vit toutes les Tentes
tendues , &c.
Le 2 Aoust on fit la Revûë generale de l'Armée après ; sitôt eut battu la Generale , l'Assemblée et le Bouteselle , chaque Corps se rangea à
la tête de son Camp; et après que l'ordre de marcher eut été donné , toute l'Armée s'avança vers
la Place d'armes , à 150 pas , devant le front du
Camp. Chaque Bataillon avoit 2 Pieces de Campagne avec un Chariot de Munitions, qui étoient
rangez
A O UST. 1732. 1853
噶
rangez en ordre de Bataille , dans les intervales
de l'Infanterie.
Les 38 Pieces de grosse Artillerie "sortirent en
même-temps de leur Parc , avec leurs Canoniers
et Fuzeliers , et se rangerent en 2 Colonnes, cent
pas derriere le Bataillon du centre de l'Armée ;
leurs Timbales étoient posées à leur droite , sur
un Char , traîné par 4 Chevaux de front , la
Compagnie de Dragons attachée à l'Artillerie ,
étant rangée à la gauche.
Les grands Mousquetaires étoient venus de
leur Camp du quartier du Roy, joindre la droite
de l'armée , et les 2 Compagnies des Comtes de Rutouski et Prominitz se rangerent à la droite ;
et à la gauche des Tentes destinées pour la Cour.
Quand tout fut en ordre , le Regimentaire le
fit sçavoir au Roy , qui précédé de son Bon- ZOUK se rendit à la droite de l'Armée; elle y fut
reçue par le Régimentaire , qui ayant pris la droite du Roy , pour lui laisser la vûë de la Ligne , le conduisit le long du front de la queue de l'Armée , pour passer devant l'Artillerie.
Quand S. M. tourna à la queue de la Ligne, le
dernier rang de la Cavalerie et les 2 derniers de
I'Infanterie firent face. Le Roy ayant regagné la
droite de l'Armée , le Régimentaire conduisit S.
M. aux Tentes qui lui étoient préparées , et re- tourna à l'Armée ordonner les feux de salut.
Ils commencerent par les Pieces de Campagne,
qui tirerent dans les intervalles où elles étoient rangées , l'une après l'autre , de la droite à la
gauche, ensuite la grosse Artillerie de la gauche
à la droite , et enfin le feu coulant de toute l'Armée de la droite à la gauche. Tout ce feu se répeta deux autres fois ; la premiere , de la gauche à la droite ; et la seconde de la droite à la
gauche,
;
Ensuite
1854 MERCURE DE FRANCE
Ensuire au signal donné avec le Canon , toute
la Ligne fit la conversion à droite , par Brigades.
et demi division , excepté la Compagnie des.
grands Mousquetaires , qui marcha en avant , et
qui par une conversion à gauche se trouva sur la
Ligne , où l'Armée devoit passer devant le Roy.
Le Régimentaire , précédé de son Bonzouk, marcha à la tête de toute l'Armée; le General Comte
de Denhofà la tête de l'Infanterie , et les Majors
Generaux à la tête de leurs Brigades. Les deux
Pieces de Campagne , et le Chariot de Munitions
marchoient à la tête de chaque Bataillon; la grosse Artillerie suivit la Ligne , et toute la marche
fut fermée par la Compagnie de Dragons , atta-
´chée à l'Artillerie. L'Armée s'étant remise en
marche sur son premier Terrain , rentra dans le
Camp.. Le 3 , le Roy celebra la Fête de l'Ordre de
l'Aigle blanc , les Chevaliers qui se trouverent à
portée , eurent l'honneur de dîner avec S. M. quifit ce jour-là 4 nouveaux Chevaliers.
Le 4 , P'Infanterie fit l'Exercice sur la Place
d'Arines ; les Grenadiers détachez» de l'Armée , -
qui composoient deux Bataillons , se joignirent.
leurs Corps , et formerent deux Pelotons sur
chaque aîle de leurs Bataillons. Le General ayant
averti par un signal de 2 coups de Canon que l'Infanterie étoit en Bataille , le Roy par un autre coup de Canon , lui donna le signal de se
mettre en marche , ce qu'elle fit sur 3 Colonnes dans l'ordre suivant.
Les 2 Bataillons des Gardes de la Couronne
et celui de Flemming , formoient la Colonne de
la droite. Le 3e Bataillon des Gardes de la Couronne, celui de Denhof, et les Gardes de Lithua
nie formoient la Colonne de la gauche , et le
Bataillon de Frise , renforcé de la Compagnie
détachée
AOUST. 1732. 1855
.
détachée du Régiment de Campenhausen, for→
moit celle du centre.
3
Les Colonnes s'avancerent en même · temps.
par demi division vers le Pavillon , et la Colon ne du centre s'étant arrêtée à une distance marquée , celles de la droite et de la gauche continuerent leur marche ; et étant arrivées à 40 pas
de la Batterie du Pavillon , la tête de celle de la
droite fit la conversion à droite et celle de la gauche la fit à gauche , pour former des Flancs.
Le premier Bataillon des Gardes de la Couronne formoit le flanc de la droite , et celui des
Gardes de Lithuanie celui de la gauche. La Colonne du centre , dont la tête étoit en ligne avec
la queue des 2 autres Colonnes, forma en même..
temps une Phalange.
Par un second signal , les demi Divisions for❤
merent à droite et à gauche des Bataillons , et la
Colonne du Centre rompit en même- temps sa.
Phalange, en faisant joindre aux deux demi-Divisions de la tête celles qui formoient les flancs de
la Phalange.
Par un troisiéme signal , la queue des Colonnes de la droitê et de la gauche , vint se joindre aux Aîles du Bataillon du centre.
Après ce mouvement , les Bataillons étant en
parade , presenterent les Armes , et les Officiers
saluerent de pied ferme , après quoi on donna
Pavertissement pour le maniement des Armes quis se fit au son du Tambour, et fut suivi de 3 feux..
Le fut le feu coulant de la droite à la gauche ;
ensuite le feu de Chaîne par demi Bataillon , et
enfin une décharge generale de toute l'Infante- rie.
I
Par un quatriéme signal , tous les Bataillons.
défilerent à droite et à gauche par demi - Division , et celui du centre se partagea en deux
pour
1856 MERCURE DE FRANCE
pour suivre la queue des trois Bataillons de la
droite , et des trois de la gauche, qui se mirent en
marche sur 2 Colonnes , pour passer devant le
Roy. La droite et la gauche des flancs formant
les têtes des Colonnes qui s'avancerent en mêmetemps , étant vis à-vis le Pavillon , les Officiers
saluerent , et par une autre conversion , à droite
et à gauche , les Colonnes retournerent par la
centre , et se remirent en marche sur une seule
Ligne.
Par un cinquiéme signal , l'Infanterie sur une Ligne fit feu par demi Division sur la Place , et
en avançant , et par un sixiéme signal , elle fit
demi tour à droite pour se retirer au Camp , et
continua à faire feu pendant la retraite.
E 31 Juillet, le Roi fit donner l'ordre de décam
à
nova , près de Warsovie. On batit la Generale
et les Uhlans Tartares, la nouvelle Grande- Garde
et les Quartiers-Maîtres et Fourriers des Régimens respectifs , se rendirent sur le chemin du
nouveau Camp , et attendirent près de l'Hôpital
de Czerniakow , le Quartier - Maître General.
L'Armée ayant plié ses Tentes , se rangea en
bataille à la tête du Camp ' , et se mit ensuite en
marche sur cinq Colonnes ; 2 de Cavalerie et 3
d'Infanterie. La Colonne de la droite , comman- dée
A OUST 1732. 1851
dée par le Major General Klingenberg , étoit
composée de 8 Escadrons de Gotha et de Nassau , celle de la gauche , commandée par le Major General Mir ,
de 4 Escadrons du Régiment
de Mir, et de 4 Escadrons , détachez de differens '
Regimens de la Couronne.
La Colonne d'Infanterie de la droite , commandée par le Pr. Czartoriski , Palatin de Russie, consistoit en un Bataillon de Grenadiers , er
en deux des Gardes de la Couronne ; celle de la
gauche , commandée par le Major General Campenhausen , étoit composée d'un Bataillon de
Grenadiers,da 3e des Gardes de la Couronne, et
des Gardes de Lithuanie et celle du Centre
commandée par le Major General Flemming ,
du Bataillon de Flemming , et de ceux de Denhof et de Frise..
;
Les Colonnes de la droite défilerent par la
gauche , et celles de la gauche par la droite. Les
Bagages de chaque Colonne marchoient à la
queue , selon l'ordre des Corps qui la formoient,.
et la vieille grande Garde faisoit l'Arriere- Garde de tout.
"
Le Palatin de Mazovie , Regimentaire , marchoit à la tête de la Colonne du Centre , il étoit
suivi du Lieutenant General Comte de Denhof,
et on portoit devant lui le Bonzouk , ( c'est une
marque d'honneur , faite en forme de queue de Cheval attachée au bout d'une espece de Pique.) Il a été placé dans le nouveau Camp , entre
·les Drapeaux du centre ; mais comme le Roy en
´a aussi un devant son Pavillon , on le portera:
devant S.M. lorsqu'elle ira au Camp ; et alors on
baissera le Bonzoux du Regimentaire. Les trois
Colonnes d'Infanterie furent obligées de se rejoindre à quelque distance du vieux Camp pour
passer une Digue; mais après l'avoir passée ,.
Havj elless
1852 MERCURE DE FRANCE
!
elles se remirent dans leur premier ordre de Bataille , et s'arrêterent au lieu marqué, pour attendre les signaux.
le
Le Roy ayant fait donner le premier signal ,
par un coup de Canon , tiré de son Pavillon ,
Quartier- Maître - General alla reconnoître le
Camp, passa la nouvelle grande- Garde ; et ayant
distribué le terrain aux Quartiers-Maîtres des
Regimens , les Fouriers tracerent le Camp.
Pendant ce temps- là les Uhlans firent plusieurs
courses à la tête du Camp, imitant des Détachemens ennemis qui se rencontrent. Au second signal , les Colonnes se mirent en mouvement,
L'Artillerie composée de 38. Canons , et de 4
Mortiers , marcha à la queue de la Colonne du
centre , et elle étoit fermée par une Compagnie
franche de Dragons , qui lui est attachée.
L'Armée étant arrivée au terrain tracé , se mit
en Bataille à la tête du nouveau Camp , dans le
même ordre où elle avoit été rangée avant de
partir de l'autre , et au 3e signal elle entra dans le Camp; les Equipages y entrerent aussi par la
queue. L'Artillerie forma son Parc derriere le Bataillon du Centre. Dès que l'Armée fut entrée, la Cour passa à l'autre face du Pavillon, et vit faire l'Exercice aux grands Mousquetaires ,
et immédiatement après on vit toutes les Tentes
tendues , &c.
Le 2 Aoust on fit la Revûë generale de l'Armée après ; sitôt eut battu la Generale , l'Assemblée et le Bouteselle , chaque Corps se rangea à
la tête de son Camp; et après que l'ordre de marcher eut été donné , toute l'Armée s'avança vers
la Place d'armes , à 150 pas , devant le front du
Camp. Chaque Bataillon avoit 2 Pieces de Campagne avec un Chariot de Munitions, qui étoient
rangez
A O UST. 1732. 1853
噶
rangez en ordre de Bataille , dans les intervales
de l'Infanterie.
Les 38 Pieces de grosse Artillerie "sortirent en
même-temps de leur Parc , avec leurs Canoniers
et Fuzeliers , et se rangerent en 2 Colonnes, cent
pas derriere le Bataillon du centre de l'Armée ;
leurs Timbales étoient posées à leur droite , sur
un Char , traîné par 4 Chevaux de front , la
Compagnie de Dragons attachée à l'Artillerie ,
étant rangée à la gauche.
Les grands Mousquetaires étoient venus de
leur Camp du quartier du Roy, joindre la droite
de l'armée , et les 2 Compagnies des Comtes de Rutouski et Prominitz se rangerent à la droite ;
et à la gauche des Tentes destinées pour la Cour.
Quand tout fut en ordre , le Regimentaire le
fit sçavoir au Roy , qui précédé de son Bon- ZOUK se rendit à la droite de l'Armée; elle y fut
reçue par le Régimentaire , qui ayant pris la droite du Roy , pour lui laisser la vûë de la Ligne , le conduisit le long du front de la queue de l'Armée , pour passer devant l'Artillerie.
Quand S. M. tourna à la queue de la Ligne, le
dernier rang de la Cavalerie et les 2 derniers de
I'Infanterie firent face. Le Roy ayant regagné la
droite de l'Armée , le Régimentaire conduisit S.
M. aux Tentes qui lui étoient préparées , et re- tourna à l'Armée ordonner les feux de salut.
Ils commencerent par les Pieces de Campagne,
qui tirerent dans les intervalles où elles étoient rangées , l'une après l'autre , de la droite à la
gauche, ensuite la grosse Artillerie de la gauche
à la droite , et enfin le feu coulant de toute l'Armée de la droite à la gauche. Tout ce feu se répeta deux autres fois ; la premiere , de la gauche à la droite ; et la seconde de la droite à la
gauche,
;
Ensuite
1854 MERCURE DE FRANCE
Ensuire au signal donné avec le Canon , toute
la Ligne fit la conversion à droite , par Brigades.
et demi division , excepté la Compagnie des.
grands Mousquetaires , qui marcha en avant , et
qui par une conversion à gauche se trouva sur la
Ligne , où l'Armée devoit passer devant le Roy.
Le Régimentaire , précédé de son Bonzouk, marcha à la tête de toute l'Armée; le General Comte
de Denhofà la tête de l'Infanterie , et les Majors
Generaux à la tête de leurs Brigades. Les deux
Pieces de Campagne , et le Chariot de Munitions
marchoient à la tête de chaque Bataillon; la grosse Artillerie suivit la Ligne , et toute la marche
fut fermée par la Compagnie de Dragons , atta-
´chée à l'Artillerie. L'Armée s'étant remise en
marche sur son premier Terrain , rentra dans le
Camp.. Le 3 , le Roy celebra la Fête de l'Ordre de
l'Aigle blanc , les Chevaliers qui se trouverent à
portée , eurent l'honneur de dîner avec S. M. quifit ce jour-là 4 nouveaux Chevaliers.
Le 4 , P'Infanterie fit l'Exercice sur la Place
d'Arines ; les Grenadiers détachez» de l'Armée , -
qui composoient deux Bataillons , se joignirent.
leurs Corps , et formerent deux Pelotons sur
chaque aîle de leurs Bataillons. Le General ayant
averti par un signal de 2 coups de Canon que l'Infanterie étoit en Bataille , le Roy par un autre coup de Canon , lui donna le signal de se
mettre en marche , ce qu'elle fit sur 3 Colonnes dans l'ordre suivant.
Les 2 Bataillons des Gardes de la Couronne
et celui de Flemming , formoient la Colonne de
la droite. Le 3e Bataillon des Gardes de la Couronne, celui de Denhof, et les Gardes de Lithua
nie formoient la Colonne de la gauche , et le
Bataillon de Frise , renforcé de la Compagnie
détachée
AOUST. 1732. 1855
.
détachée du Régiment de Campenhausen, for→
moit celle du centre.
3
Les Colonnes s'avancerent en même · temps.
par demi division vers le Pavillon , et la Colon ne du centre s'étant arrêtée à une distance marquée , celles de la droite et de la gauche continuerent leur marche ; et étant arrivées à 40 pas
de la Batterie du Pavillon , la tête de celle de la
droite fit la conversion à droite et celle de la gauche la fit à gauche , pour former des Flancs.
Le premier Bataillon des Gardes de la Couronne formoit le flanc de la droite , et celui des
Gardes de Lithuanie celui de la gauche. La Colonne du centre , dont la tête étoit en ligne avec
la queue des 2 autres Colonnes, forma en même..
temps une Phalange.
Par un second signal , les demi Divisions for❤
merent à droite et à gauche des Bataillons , et la
Colonne du Centre rompit en même- temps sa.
Phalange, en faisant joindre aux deux demi-Divisions de la tête celles qui formoient les flancs de
la Phalange.
Par un troisiéme signal , la queue des Colonnes de la droitê et de la gauche , vint se joindre aux Aîles du Bataillon du centre.
Après ce mouvement , les Bataillons étant en
parade , presenterent les Armes , et les Officiers
saluerent de pied ferme , après quoi on donna
Pavertissement pour le maniement des Armes quis se fit au son du Tambour, et fut suivi de 3 feux..
Le fut le feu coulant de la droite à la gauche ;
ensuite le feu de Chaîne par demi Bataillon , et
enfin une décharge generale de toute l'Infante- rie.
I
Par un quatriéme signal , tous les Bataillons.
défilerent à droite et à gauche par demi - Division , et celui du centre se partagea en deux
pour
1856 MERCURE DE FRANCE
pour suivre la queue des trois Bataillons de la
droite , et des trois de la gauche, qui se mirent en
marche sur 2 Colonnes , pour passer devant le
Roy. La droite et la gauche des flancs formant
les têtes des Colonnes qui s'avancerent en mêmetemps , étant vis à-vis le Pavillon , les Officiers
saluerent , et par une autre conversion , à droite
et à gauche , les Colonnes retournerent par la
centre , et se remirent en marche sur une seule
Ligne.
Par un cinquiéme signal , l'Infanterie sur une Ligne fit feu par demi Division sur la Place , et
en avançant , et par un sixiéme signal , elle fit
demi tour à droite pour se retirer au Camp , et
continua à faire feu pendant la retraite.
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Résumé : POLOGNE.
Le 31 juillet, le roi ordonna à l'armée de quitter Nova, près de Varsovie. Les troupes se disposèrent en cinq colonnes : deux de cavalerie et trois d'infanterie. La colonne de droite, dirigée par le Major General Klingenberg, comprenait 8 escadrons de Gotha et de Nassau. La colonne de gauche, sous le commandement du Major General Mir, incluait 4 escadrons du Régiment de Mir et 4 escadrons de divers régiments de la Couronne. Les colonnes d'infanterie étaient commandées par le Prince Czartoriski, le Major General Campenhausen et le Major General Flemming. Les colonnes de droite avancèrent par la gauche et celles de gauche par la droite. Les bagages suivaient à l'arrière de chaque colonne, et la vieille grande garde formait l'arrière-garde. Le Palatin de Mazovie, régimentaire, menait la colonne du centre, suivi du Lieutenant General Comte de Denhof portant le Bonzouk, une marque d'honneur. Après avoir traversé une digue, les colonnes se remirent en ordre de bataille et attendirent les signaux. Le roi donna le premier signal par un coup de canon, et le Quartier-Maître Général reconnut le camp. L'artillerie, composée de 38 canons et 4 mortiers, suivit la colonne du centre, fermée par une compagnie de dragons. L'armée se mit en bataille à la tête du nouveau camp et y entra au troisième signal. Le 2 août, une revue générale de l'armée fut organisée. Les troupes se rangèrent à la tête de leur camp et avancèrent vers la place d'armes. Les pièces de campagne et l'artillerie se disposèrent en ordre de bataille. Le roi, précédé de son Bonzouk, passa en revue l'armée et regagna sa tente. Des feux de salut furent tirés par les pièces de campagne et l'artillerie, suivis d'un feu coulant de toute l'armée. L'armée effectua ensuite une conversion à droite et passa devant le roi. Le 3 août, le roi célébra la fête de l'Ordre de l'Aigle blanc. Le 4 août, l'infanterie fit l'exercice sur la place d'armes, effectuant divers mouvements et tirs en présence du roi.
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23
p. 2727-2728
ESCADRE D'ESPAGNE.
Début :
L'Escadre composée de 12. Vaisseaux de guerre, partit de Barcelone le 29. de Novembre [...]
Mots clefs :
Escadre, Bâtiments, Transport, Bataillons
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texteReconnaissance textuelle : ESCADRE D'ESPAGNE.
ESCADRE D'ESPAGNE.
'Escadre composée de 12. Vaisseaux de guer
re , partit de Barcelone le 29. de Novembre
dernier avec 28. Bâtimens de transport , ayant
été obligée par le vient contraire , de relâcher à
Toulon ; elle mouilla à la Rade le 3. de ce mois
après midi , et elle en partit le 6. pour se rendre
au Golphe de la Specia , où elle joindra 5. Vais
seaux de guerre Espagnols et plusieurs Bâtimens
de transport qui y sont arrivez avec 9. Bataillons .
L'Escadre qui a mouillé à la Rade de Toulon
est commandée par le Comte de Clavijo Les
Troupes qu'on y a embarquées à Barcelone ,
sont , quatre Bataillons des Gardes Espagnoles ,
quatre des Gardes Wallonnes , un du Régiment
Royal Artillerie , et trois autres Bataillons , er
elles sont commandées par le Marquis de Grazia
I. Vol. Real ,
2728 MERCURE DE FRANCE
Real, Lieutenant General des Armées de S. M. C.
et Major des Gardes Wallonnes , par le Marquis
de Lamina , Lieutenant General, et par huit Maréchaux
de Camp.Les 28 Bâtimens de transport
sont chargez de l'Artillerie et d'une grande
quantité de Munitions de guerre.
'Escadre composée de 12. Vaisseaux de guer
re , partit de Barcelone le 29. de Novembre
dernier avec 28. Bâtimens de transport , ayant
été obligée par le vient contraire , de relâcher à
Toulon ; elle mouilla à la Rade le 3. de ce mois
après midi , et elle en partit le 6. pour se rendre
au Golphe de la Specia , où elle joindra 5. Vais
seaux de guerre Espagnols et plusieurs Bâtimens
de transport qui y sont arrivez avec 9. Bataillons .
L'Escadre qui a mouillé à la Rade de Toulon
est commandée par le Comte de Clavijo Les
Troupes qu'on y a embarquées à Barcelone ,
sont , quatre Bataillons des Gardes Espagnoles ,
quatre des Gardes Wallonnes , un du Régiment
Royal Artillerie , et trois autres Bataillons , er
elles sont commandées par le Marquis de Grazia
I. Vol. Real ,
2728 MERCURE DE FRANCE
Real, Lieutenant General des Armées de S. M. C.
et Major des Gardes Wallonnes , par le Marquis
de Lamina , Lieutenant General, et par huit Maréchaux
de Camp.Les 28 Bâtimens de transport
sont chargez de l'Artillerie et d'une grande
quantité de Munitions de guerre.
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Résumé : ESCADRE D'ESPAGNE.
L'escadre d'Espagne, composée de 12 vaisseaux de guerre et 28 bâtiments de transport, a quitté Barcelone le 29 novembre pour le golfe de La Spezia. En raison du vent contraire, elle a dû s'arrêter à Toulon le 3 décembre et en est repartie le 6. À La Spezia, elle doit rejoindre 5 vaisseaux de guerre espagnols, plusieurs bâtiments de transport et 9 bataillons. L'escadre est commandée par le Comte de Clavijo. Les troupes embarquées à Barcelone incluent quatre bataillons des Gardes Espagnoles, quatre des Gardes Wallonnes, un du Régiment Royal d'Artillerie, et trois autres bataillons. Ces troupes sont sous les ordres du Marquis de Grazia, Lieutenant Général des Armées de Sa Majesté Catholique et Major des Gardes Wallonnes, du Marquis de Lamina, Lieutenant Général, et de huit Maréchaux de Camp. Les bâtiments de transport emportent de l'artillerie et une grande quantité de munitions de guerre.
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24
p. 6[0]5
ESPAGNE.
Début :
Le Roy a ordonné dès le milieu du mois dernier que tous les Regimens de Cavalerie [...]
Mots clefs :
Dragons, Escadrons, Bataillons, Provinces, Milices
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
E Roy a ordonné dès le milieu du mois
L dernier que tous les Regimens de Cavalerie
et de Dragons , qui ne sont composez que de
trois Escadrons , seront augmentez d'un quatriéme
, et que les Compagnies d'Infanterie le
seront de dix hommes. S. M. a ordonné en même
temps la levêe de douze Bataillons , et de
seize Escadrons de Dragons. Outre cette augmentation
de Troupes , on doit lever dans les
Provinces 34. Bataillons de Milices et six Excadrons
pour garder les Côtes . Ces Milices seront
habillées et payées par les Provinces qui se
chargent de les entretenir , sans qu'il en coûte
rien à Sa Majesté.
E Roy a ordonné dès le milieu du mois
L dernier que tous les Regimens de Cavalerie
et de Dragons , qui ne sont composez que de
trois Escadrons , seront augmentez d'un quatriéme
, et que les Compagnies d'Infanterie le
seront de dix hommes. S. M. a ordonné en même
temps la levêe de douze Bataillons , et de
seize Escadrons de Dragons. Outre cette augmentation
de Troupes , on doit lever dans les
Provinces 34. Bataillons de Milices et six Excadrons
pour garder les Côtes . Ces Milices seront
habillées et payées par les Provinces qui se
chargent de les entretenir , sans qu'il en coûte
rien à Sa Majesté.
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Résumé : ESPAGNE.
En Espagne, le roi a augmenté les régiments de cavalerie et de dragons à quatre escadrons et ajouté dix hommes par compagnie d'infanterie. Il a également levé douze bataillons et seize escadrons de dragons. Trente-quatre bataillons de milices et six escadrons ont été levés pour la garde des côtes, financés par les provinces.
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25
p. 992-993
ARMÉE D'ALLEMAGNE.
Début :
Le Maréchal Duc de Berwick, qui avoit quitté avec une partie de l'Armée le Camp [...]
Mots clefs :
Maréchal de Berwick, Armée d'Allemagne, Bataillons, Troupes, Lieutenant, Lignes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARMÉE D'ALLEMAGNE.
AR ME'E D'ALLEMAGNE.
E Maréchal Duc de Berwick , qui avoit
Lquitté avec une partie de l'armée le Carne
de Spire pour se raprocher du Fort - Louis , y
ayant été joint par le corps de troupes qui étoit
sous les ordres du Duc de Noailles , il fit passer
le Rhin à son Armée au Fort-Louis et au Fort
de Kehl.
Le 4 de ce mois vers les 6 heures du matin ,
le Duc de Noailles qui avoit été détaché avec ri
Bataillons , deux Regiments de Dragons , et 100
Carabiniers de la Maison du Roy , attaqua les
Lignes d'Ettlingen , par la Montagne , et il força
les Ennemis dans leurs retranchements .
L'après midy le Prince de Tingry , que lè
Maréchal de Berwick avoit fait avancer à une
portée de mousquet des Lignes vis - à- vis d'Ettlingen
, s'empara d'un Fort qui les couvroit dans
cette partie, et il y entra avec 10Bataillons composez
de la Brigade des Gardes et de celle de la
Marine , et il fut suivi des cinq Bataillons de l'a
Brigade de Gondrin et des sept Escadrons qui
avoient marché sous les ordres de M. de la Billarderie
, Lieutenant General .
Le même jour , le Marquis d'Asfeldt avec-les
30 Bataillons qu'il commande passa le Rhin à
l'Isle de Neckerau ..
Les le Maréchal de Berwick marcha avec 6
Bataillons ,.et 42 Escadrons à Mulberg , où toute
son Armée s'est rassemblée .
Le Prince Eugene , qui étoit arrivé au Camp
près de Philisbourg le 27 du mois dernier, s'étoit
avancé à Mulberg , et il y étoit encore le 4 de
ce mois , mais aussi- tôt qu'il eut été informé
que les Lignes d'Ettl ingen avoiene été forcées et
que
MAY.
1734 993
que le Marquis d'Asfeldt qui étoit dans l'Isle de
Neckerau se dispósoit à passer le petit bras qui
sépare cette Isle de la Plaine de Manheim , il
prit le parti de faire marcher une partie de son
Armée vers Phortsheim , et l'autre à Hailbron,
Le 7 , le Maréchal de Berwick fut camper
Graben.
Il y a eû à l'attaque des Lignes d'Ettlingen ;
environ 60 Soldats tuez ou blessez ; M. de
Chenelette Brigadier et Lieutenant Colonel du
Regiment de Piémont y a été blessé ; et M. Du
bois , Lieutenant Colonel du Regiment de Boulonois
, très dangereusement.
1
Le Maréchal de Berwick , après avoir laissé
un Corps de Troupes à Graben et à Roussen ,
pour la sureté du Pont et pour conserver la communication
avec l'Alsace , alla camper le 10 , la
droite à Obstatt , et la gauche à Bruchsall.
Le Marquis d'Asfeldt , y arriva le lendemain
avec les Troupes qu'il commandoit. Il est venu
joindre l'Armée du Maréchal de Berwick par le
Spirback et par le Pont de Roussen et il a
brulé en passant un magazin de fourages que les
Ennemis avoient auprès de Philisbourg .
>
Le 12 , M. de Quadt , Lieutenant General a
été détaché avec 6 Bataillons et 12 Escadrons
pour aller soumettre le Wirtemberg à la contribution.
Le Prince Eugene , qui avoit décampé d'Obsratt
le 7. pour prendre la route de Sintzen, étoit
le II à Hailbron ; mais il en est parti le lendemain
, et il a marché vers Rottembourg.
Le Comte de Belleisle ; qui étoit resté près de
Traërbach depuis la prise du Château , a dû marcher
le 16 avec les Troupes qui sont sous ses
ordres , pour se rendre à Landau , d'où il ira
joindre le Maréchal de Berwick.
E Maréchal Duc de Berwick , qui avoit
Lquitté avec une partie de l'armée le Carne
de Spire pour se raprocher du Fort - Louis , y
ayant été joint par le corps de troupes qui étoit
sous les ordres du Duc de Noailles , il fit passer
le Rhin à son Armée au Fort-Louis et au Fort
de Kehl.
Le 4 de ce mois vers les 6 heures du matin ,
le Duc de Noailles qui avoit été détaché avec ri
Bataillons , deux Regiments de Dragons , et 100
Carabiniers de la Maison du Roy , attaqua les
Lignes d'Ettlingen , par la Montagne , et il força
les Ennemis dans leurs retranchements .
L'après midy le Prince de Tingry , que lè
Maréchal de Berwick avoit fait avancer à une
portée de mousquet des Lignes vis - à- vis d'Ettlingen
, s'empara d'un Fort qui les couvroit dans
cette partie, et il y entra avec 10Bataillons composez
de la Brigade des Gardes et de celle de la
Marine , et il fut suivi des cinq Bataillons de l'a
Brigade de Gondrin et des sept Escadrons qui
avoient marché sous les ordres de M. de la Billarderie
, Lieutenant General .
Le même jour , le Marquis d'Asfeldt avec-les
30 Bataillons qu'il commande passa le Rhin à
l'Isle de Neckerau ..
Les le Maréchal de Berwick marcha avec 6
Bataillons ,.et 42 Escadrons à Mulberg , où toute
son Armée s'est rassemblée .
Le Prince Eugene , qui étoit arrivé au Camp
près de Philisbourg le 27 du mois dernier, s'étoit
avancé à Mulberg , et il y étoit encore le 4 de
ce mois , mais aussi- tôt qu'il eut été informé
que les Lignes d'Ettl ingen avoiene été forcées et
que
MAY.
1734 993
que le Marquis d'Asfeldt qui étoit dans l'Isle de
Neckerau se dispósoit à passer le petit bras qui
sépare cette Isle de la Plaine de Manheim , il
prit le parti de faire marcher une partie de son
Armée vers Phortsheim , et l'autre à Hailbron,
Le 7 , le Maréchal de Berwick fut camper
Graben.
Il y a eû à l'attaque des Lignes d'Ettlingen ;
environ 60 Soldats tuez ou blessez ; M. de
Chenelette Brigadier et Lieutenant Colonel du
Regiment de Piémont y a été blessé ; et M. Du
bois , Lieutenant Colonel du Regiment de Boulonois
, très dangereusement.
1
Le Maréchal de Berwick , après avoir laissé
un Corps de Troupes à Graben et à Roussen ,
pour la sureté du Pont et pour conserver la communication
avec l'Alsace , alla camper le 10 , la
droite à Obstatt , et la gauche à Bruchsall.
Le Marquis d'Asfeldt , y arriva le lendemain
avec les Troupes qu'il commandoit. Il est venu
joindre l'Armée du Maréchal de Berwick par le
Spirback et par le Pont de Roussen et il a
brulé en passant un magazin de fourages que les
Ennemis avoient auprès de Philisbourg .
>
Le 12 , M. de Quadt , Lieutenant General a
été détaché avec 6 Bataillons et 12 Escadrons
pour aller soumettre le Wirtemberg à la contribution.
Le Prince Eugene , qui avoit décampé d'Obsratt
le 7. pour prendre la route de Sintzen, étoit
le II à Hailbron ; mais il en est parti le lendemain
, et il a marché vers Rottembourg.
Le Comte de Belleisle ; qui étoit resté près de
Traërbach depuis la prise du Château , a dû marcher
le 16 avec les Troupes qui sont sous ses
ordres , pour se rendre à Landau , d'où il ira
joindre le Maréchal de Berwick.
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Résumé : ARMÉE D'ALLEMAGNE.
En mai 1734, le Maréchal Duc de Berwick rejoignit le Duc de Noailles près des forts de Louis et de Kehl. Le 4 mai, le Duc de Noailles attaqua et força les lignes d'Ettlingen. Le Prince de Tingry captura un fort couvrant ces lignes. Le Marquis d'Asfeldt traversa le Rhin avec 30 bataillons. Le Maréchal de Berwick rassembla son armée à Mulberg, où le Prince Eugène était présent. Informé des mouvements ennemis, le Prince Eugène déplaça une partie de son armée vers Phortsheim et l'autre vers Hailbron. Le 7 mai, le Maréchal de Berwick campa à Graben, subissant des pertes. Le 10 mai, il campa à Obstatt et Bruchsall après avoir sécurisé le pont vers l'Alsace. Le Marquis d'Asfeldt rejoignit l'armée de Berwick après avoir détruit un magasin de fourrages ennemi. Le 12 mai, M. de Quadt fut envoyé soumettre le Wurtemberg à la contribution. Le Prince Eugène se déplaça vers Rottembourg, tandis que le Comte de Belleisle marcha vers Landau pour rejoindre le Maréchal de Berwick.
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26
p. 1230-1236
SIEGE DE PHILISBOURG.
Début :
Le Marquis d'Asfeldt qui fut détaché le 23 du mois dernier du Camp de Bruchsall, avec [...]
Mots clefs :
Marquis d'Asfeld, Siège de Philisbourg, Tranchée, Lieutenant, Marquis, Bataillons, Nuit, Philisbourg, Redoute, Travailleurs, Maréchal de Berwick, Chemin couvert , Angle saillant, Ennemis, Brigadier, Ouvrage à corne
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texteReconnaissance textuelle : SIEGE DE PHILISBOURG.
SIEGE
72 1
DE PHILISBOURG.
Luvis
E Marquis d'Asfelde qui fur détaché le 23 du
mois dernier du Camp de Bruchsalt , aveci
32 Bataillons et 2 Regiments de Dragons , a in
vesti Philisbourg , et il a établi deux Ponts sur
le Rhin , l'un à Gnaudenheim, et l'autre à Oberhauzen
. Il fait travailler aux Lignes de circonvallation
et à tout ce qui doit préceder le Siége.
Le 224 au soir , le Chevalier de Marcieux
s'empara d'une redoute qui n'est qu'à cinq cens
toises de la Place ; dont les Lignes étant d'une
très grande étenduë n'ont pû être finies aussi
tôt qu'on l'avoit compté.
}
Le 27 May , on commença à débarquer et à
conduire au Camp l'artillerie et les munitions
de Guerre qui étoient arrivées de Strasbourg au
Pont du Haut- Rhin et on continua les jours ?
suivans les préparatifs nécessaires pour le
Siége.
Le
JUIN. 1724. 1221
Le 2 de ce mois , le Maréchal de Berwick
quitta le Camp de Kislock , il marcha avec
toute son Armée pour se rendre devant Philis
bonrg , et il fit entrer la plus grande partie de
P'Infanterie dans les Lignes où il y a 14 Brigades,
faisant 52 Bataillons.
Le Maréchal de Berwick a un corps de réser
ye de 29 Bataillons , et de 19 Escadrons.
L
Une partie de la Cavalerie est campée à la
droite , depuis le Haut Rhin jusqu'au ruisseau
de Saltz , et à la gauche , depuis le Bas - Rhin
jusqu'au même ruisseau .
Le reste de la Cavalerie a été partagé en deux
Corps ; le premier est sur le Spireback , sous
les ordres du Duc de Noailles , et le second
Graben , sous les ordres de M. de Quadr.
Le 3. de ce mois au soir , le Maréchal de Ber
wick fit ouvrir la tranchée devant la Place par
les quatre Bataillons du Regiment des Gardes
Françoises , sous les ordres du Marquis d'As
feldt , Lieutenant General , et du Marquis de
Gassion , Maréchal de Camp ; on y a employé
2400 travailleurs , et on n'a pas perdu un seul
homme , parce que les assiégez ne s'étant pas
apperçus de l'ouverture de la tranchée n'ont point
tiré , le 4 au matin on a perfectionné les tra
vaux , et élargi la tranchée.
Le Comte de Belleisle qui avoit été chargé de
l'attaque du Foit du Pont de Philisbourg , y fie.
ouvrir la tranchée le premier de ce mois , et les Troupes
du Roy , qui s'étoient
logées le 3 au
matin sur l'angle
saillant
du chemin
couvert
de
ce Fort , ayant reconnu
que les Ennemis
l'avoient abandonné
, y entrerent
; il n'y a cû que 4
Soldats
de tuez et 8 de blessez
à l'attaque
de ce poste qui sera très utile pour prendre
des revers
sur la Place.
1232 MERCURE DE FRANCE
->
Le 3 Juin , le Maréchal de Berwick étant
allé vers les 8 heures du soir avec le Comte
de Clermont , le Prince de Conty , le Prince
de Dombes et le Comte d'Eu , reconnoître
l'endroit dans lequel on devoit former la premiere
attaque de Philisbourg , la tranchée y fut
ouverte le soir par le Marquis d'Asfeldt , et le
Marquis de Gassion avec les Bataillons des
Gardes Françoises et 2400 travailleurs .
Le 4 , la tranchée fut relevée par le Duc de
Noailles , Lieutenant General , et le Comte de
Laval Montmorency , Maréchal de Camp , avec
Je Regiment de Piémont , et ceux d'Ouroy et de
Haynaut , et 900 travailleurs .
On continua la parallele qui avoit été commencée
la veille , on ouvrit quelques boyaux
de communication avec la seconde parallele , et
on travailla à établir deux batteries de 5 pieces
de canon chacune sur le front de la grande
attaque vis- à - vis du Marais de Staremberg.
Le Prince de Tingry , Lieutenant General
et le Comte d'Aubigné . Maréchal de Camp ,
montérent la tranchée les avec les trois Bataillons
du Regiment de Navarre, les deux premiers
du Regiment d'Alsace , et 6 Compagnies de Grenadiers.
Pendant la nuit on perfectionna les paralleles
sur toute la longueur de la creste du rideau qui
fait face au corps de la Place , et on finit les
boyaux de communication entre les paralleles ,
lesquelles s'étendent par la droite jusqu'à la redoute
des Capucins , et par la ganche jusqu'au
Moulin brulé.
Le 6 , la tranchée fut relevée par le Marquis
de Guerchy , Lieutenant General , et par le Marquis
de Balincourt , Maréchal de Camp avec
,
I Vol. trois
JUIN 1233
UI N.. 1734.
trois Bataillons du Regiment de Normandie ,le
troisiéme de celui d'Alsace , le Regiment de
Xaintonge , et 300 travailleurs .
On forma pendant la même nuit une nou
velle attaque avec 1200 travailleurs , soutenus
par trois Bataillons du Regiment de la Marine,
et on ouvrit une paralleie dont la droite fut
portée jusqu'au Rhin , et la gauche à la chaussée
des Capucins , et on poussa les tranchées en face
de l'avant fossé de l'ouvrage à corne ; on fit près
de 1500 toises d'ouvrage sans que les Ennemis
ayent fait un feu capable d'interrompre ces trayaux
.
Les deux batteries qui avoient été établies sur
le front de la grande attaque , et deux autres de
10 piéces de canon et de six mortiers qui avoient
été mises dans le Fort du Pont de Philisbourg ,
ont commencé à tirer le 7 au matin .
>
Le même jour , le Marquis de Dreux , Lieu
tenant General , et le Duc de Bethune , Maréchal
de Camp montérent la tranchée avec les
3 Bataillons du Regiment Royal des Vaisseaux,
2 Bataillons de celui de Bourbonnois , et les
Regiments de Languedoc et d'Angoumois,
Les Ennemis au nombre de 100 , étant sortis
d'une redoute qui étoit sur l'avant fossé , furent
repoussez par deux Compagnies de Grenadiers.
du Regiment de Bourbonnois qui s'emparérent
de la redoute ; on leur a fait 10 prisonniers , du
nombre desquels est un Lieutenant , ils ont eût
6 Soldats de tuez , et le reste s'est sauvé par le
Marais , ou plusieurs ont péri . Nous avons perdu
dans cette action un Officier du Regiment
de Balkley , et 2 Grenadiers du Regiment de
Bourbonnois.
Le Prince d'Isenghien , Lieutenant General ,
LVol. le
1234 MERCURE DE FRANCE
}
le Marquis de Clermont , Maréchal de Camp ,
et M. Darros , Brigadier , montérent la tranchée
le 10 de ce mois avec les Regiments de
Pons , du Perche , de Mortemar , de Soissonnois
, de Lenck er de Santerre.
›
On continua pendant la nuit à la droite de
Pattaque du Bas- Rhin , les travaux commencez
la veille pour faire écouler les eaux du Marais
qui couvre l'ouvrage à corne , et ils furent perfectionnez
avec tant de succès , qu'il ne resta
dans le Marais qu'un demi pied d'eau sur un
espace de quatre à cinq pieds. On acheva dans
la même nuit la parallele qui s'étend le long
du Marais.
Le 11 la Tranchée fut relevée par le Duc de
Duras , Lieutenant General , le Chevalier de Rocozel
, Marechal de Camp , le Comte de Berenger
, Brigadier , avec le Regiment Royal , ceux
d'Artois , de Nice , de Beauce et de Conti , et 8 .
Compagnies de Grenadiers. Le Prince de Conti
monta la Tranchée à la tête de son Regiment.
On fit avancer une Compagnie de Grenadiers du
Regiment de Richelieu , pour reconnoître une
redoute qui est sur le bord du Rhin , d'où les Ennemis
firent un grand feu. M. de Gasque , Capitaine
de cette Compagnie , fu blessé , ainsi
que sept Grenadiers , et il y en eut deux de tués.
vers les sept heures du matin , le Ma-
Le 12.
rechal
de Bervick
> accompagné
de Milord
Edouard
son Fils , de Mi ord Clare , et de plusieurs
Officiers
, alla visiter
les travaux
de la
Tranchée
, il voulut
juger par lui -même de l'état
d'une Sap qui avoit été com nencée
dans la nuit,
et s'étant
trop exposé
, malgré
les representations
que son intrepidité
l'empêcha
d'écouter
, il fut
tué d'un coup de Canon
; le Duc de Duras
qui
I. Vol. étoit
JU.IN. 1734. 1235
étoit à côté du Marechal de Berwick , fut blessé
en même tems par un piquet d'un gabion que le
boulet avoit peicé.
>
Le même jour 12 le Prince de Robec , Lieutenant
General , le Comte de Montboissier, Marechal
de Camp et le Marquis a'Harbouville
Brigadier , releverent la Tranchée avec les Regimens
de Lyonnois , de Routigue , de la Marex,
de Vivarois et d'Agenois , et six Compagnies de
Grenadiers. Malgié le feu des Ennemis qui fut
très- considerable jusqu'à neuf heures du soir
on avança beaucoup les travaux de l'attaque du
Bas Rhin . M. de Vivier , Capitaine des Grenadiers
dans le Regiment de Lyonnois , le Lieutenant
de la méme Compagnie , et six Soldats ,
furent tués pendant la nuit . M. du Vivier , Ingenieur
y fut bl‹ ssé .
3
Le Prince de Carignan , Lieutenant General ,
Je Baron d'Eltz , Marechal de Camp, et le Comte
de Roucy, Brigadier , monterent la Tranchée le
13. avec les Regimens de Gondrin , de Bourgo
gne , de Toulouze , de Ponthieu et de Berwick ,
et le même nombre de Grenadiers que le jour
precedent. On y poussa les travaux jusqu'à six
toises de l'angle saillant de l'avant chemin couvert
de l'Ouvrage à Corne , et il n'y cut que
deux homn.es de tués et deux de blessés .
Le 14, le Marquis de Leuville , Lieutenant General
, M. de Terlaye , Marechal de Camp , le
Chevalier de S. Valier , Brigadier , monterent
la Tranchée avec les Regimens de Touraine
Royal la Marine , de Guyenne , de la Valiere , de
Bulkeley , le premier Bataillon de Royal Bavicte
, et huit Compagnies de Grenadiers .
On travailla à embrasser l'angle saillant de l'avant
chemin couvert , et à former une nouvellë
A. Vol.
paral1236
MERCURE DE FRANCE
parallele depuis cette sape jusqu'à celle qui debouche
au - delà de l'ancienne flaque d'eau par la
chaussée du redant gazonné. t
Le 15. la Tranchée ayant été relevée par le
Comte de Belleifle , Lieutenant General , le Comte
de Polastron , Marechal de Camp , et M. de
Princé, Brigadier, avec les Regimens de Noailles,
de Vermandois , de torraine , de Montmorency,
des Landes , et le second Bataillon du Regiment
de Baviere , et six Compagnies de Grenadiers ,
on s'est logé à la gauche de Pattaque du Bas
Rhin , sur la creste du chemin couvert de l'angle
saillant de l'Ouvrage à Corne , et à la droite
de la même attaque , on a fait un logement sur
l'avant chemin couvert , et on a achevé une parallele
qui établit la communication entre ces
deux logemens. Il y a eu pendant eette nuit 45.
Grenadiers tués ou blessés ; M. de Breval , Ingenieur
, deux autres Ingenieurs , et M. de Langle
, Capitaine dans le Regiment de Xaintonge,
ont été blessés .
Le Marquis de Flavacourt , Lieutenant Gene
ral M. d'Herouville , Marechal de Camp , et
M. de la Ravoye , Brigadier , monterent le 16.
la Trancheé .
Les Regimens de Limozin , de Boulonoîs , et
de Hainaut furent commandés pour l'attaque de
Bas Rhin , et les Regimens de Saxe et de Routh
le furent pour la premiere attaque en face du
Marais de Staremberg ; M. du Bourg , Capitai
ne de Grenadiers dans le Regiment de Linozin,
fut tué d'un coup de Canon .
Le Corps de Troupes composé de 29.Bataillons
et de 21. Escadrons , que le Marechal de Berwick
n'avoit point fait entrer dans les Lignes ,
ests toujours campé à Rhinausen.
72 1
DE PHILISBOURG.
Luvis
E Marquis d'Asfelde qui fur détaché le 23 du
mois dernier du Camp de Bruchsalt , aveci
32 Bataillons et 2 Regiments de Dragons , a in
vesti Philisbourg , et il a établi deux Ponts sur
le Rhin , l'un à Gnaudenheim, et l'autre à Oberhauzen
. Il fait travailler aux Lignes de circonvallation
et à tout ce qui doit préceder le Siége.
Le 224 au soir , le Chevalier de Marcieux
s'empara d'une redoute qui n'est qu'à cinq cens
toises de la Place ; dont les Lignes étant d'une
très grande étenduë n'ont pû être finies aussi
tôt qu'on l'avoit compté.
}
Le 27 May , on commença à débarquer et à
conduire au Camp l'artillerie et les munitions
de Guerre qui étoient arrivées de Strasbourg au
Pont du Haut- Rhin et on continua les jours ?
suivans les préparatifs nécessaires pour le
Siége.
Le
JUIN. 1724. 1221
Le 2 de ce mois , le Maréchal de Berwick
quitta le Camp de Kislock , il marcha avec
toute son Armée pour se rendre devant Philis
bonrg , et il fit entrer la plus grande partie de
P'Infanterie dans les Lignes où il y a 14 Brigades,
faisant 52 Bataillons.
Le Maréchal de Berwick a un corps de réser
ye de 29 Bataillons , et de 19 Escadrons.
L
Une partie de la Cavalerie est campée à la
droite , depuis le Haut Rhin jusqu'au ruisseau
de Saltz , et à la gauche , depuis le Bas - Rhin
jusqu'au même ruisseau .
Le reste de la Cavalerie a été partagé en deux
Corps ; le premier est sur le Spireback , sous
les ordres du Duc de Noailles , et le second
Graben , sous les ordres de M. de Quadr.
Le 3. de ce mois au soir , le Maréchal de Ber
wick fit ouvrir la tranchée devant la Place par
les quatre Bataillons du Regiment des Gardes
Françoises , sous les ordres du Marquis d'As
feldt , Lieutenant General , et du Marquis de
Gassion , Maréchal de Camp ; on y a employé
2400 travailleurs , et on n'a pas perdu un seul
homme , parce que les assiégez ne s'étant pas
apperçus de l'ouverture de la tranchée n'ont point
tiré , le 4 au matin on a perfectionné les tra
vaux , et élargi la tranchée.
Le Comte de Belleisle qui avoit été chargé de
l'attaque du Foit du Pont de Philisbourg , y fie.
ouvrir la tranchée le premier de ce mois , et les Troupes
du Roy , qui s'étoient
logées le 3 au
matin sur l'angle
saillant
du chemin
couvert
de
ce Fort , ayant reconnu
que les Ennemis
l'avoient abandonné
, y entrerent
; il n'y a cû que 4
Soldats
de tuez et 8 de blessez
à l'attaque
de ce poste qui sera très utile pour prendre
des revers
sur la Place.
1232 MERCURE DE FRANCE
->
Le 3 Juin , le Maréchal de Berwick étant
allé vers les 8 heures du soir avec le Comte
de Clermont , le Prince de Conty , le Prince
de Dombes et le Comte d'Eu , reconnoître
l'endroit dans lequel on devoit former la premiere
attaque de Philisbourg , la tranchée y fut
ouverte le soir par le Marquis d'Asfeldt , et le
Marquis de Gassion avec les Bataillons des
Gardes Françoises et 2400 travailleurs .
Le 4 , la tranchée fut relevée par le Duc de
Noailles , Lieutenant General , et le Comte de
Laval Montmorency , Maréchal de Camp , avec
Je Regiment de Piémont , et ceux d'Ouroy et de
Haynaut , et 900 travailleurs .
On continua la parallele qui avoit été commencée
la veille , on ouvrit quelques boyaux
de communication avec la seconde parallele , et
on travailla à établir deux batteries de 5 pieces
de canon chacune sur le front de la grande
attaque vis- à - vis du Marais de Staremberg.
Le Prince de Tingry , Lieutenant General
et le Comte d'Aubigné . Maréchal de Camp ,
montérent la tranchée les avec les trois Bataillons
du Regiment de Navarre, les deux premiers
du Regiment d'Alsace , et 6 Compagnies de Grenadiers.
Pendant la nuit on perfectionna les paralleles
sur toute la longueur de la creste du rideau qui
fait face au corps de la Place , et on finit les
boyaux de communication entre les paralleles ,
lesquelles s'étendent par la droite jusqu'à la redoute
des Capucins , et par la ganche jusqu'au
Moulin brulé.
Le 6 , la tranchée fut relevée par le Marquis
de Guerchy , Lieutenant General , et par le Marquis
de Balincourt , Maréchal de Camp avec
,
I Vol. trois
JUIN 1233
UI N.. 1734.
trois Bataillons du Regiment de Normandie ,le
troisiéme de celui d'Alsace , le Regiment de
Xaintonge , et 300 travailleurs .
On forma pendant la même nuit une nou
velle attaque avec 1200 travailleurs , soutenus
par trois Bataillons du Regiment de la Marine,
et on ouvrit une paralleie dont la droite fut
portée jusqu'au Rhin , et la gauche à la chaussée
des Capucins , et on poussa les tranchées en face
de l'avant fossé de l'ouvrage à corne ; on fit près
de 1500 toises d'ouvrage sans que les Ennemis
ayent fait un feu capable d'interrompre ces trayaux
.
Les deux batteries qui avoient été établies sur
le front de la grande attaque , et deux autres de
10 piéces de canon et de six mortiers qui avoient
été mises dans le Fort du Pont de Philisbourg ,
ont commencé à tirer le 7 au matin .
>
Le même jour , le Marquis de Dreux , Lieu
tenant General , et le Duc de Bethune , Maréchal
de Camp montérent la tranchée avec les
3 Bataillons du Regiment Royal des Vaisseaux,
2 Bataillons de celui de Bourbonnois , et les
Regiments de Languedoc et d'Angoumois,
Les Ennemis au nombre de 100 , étant sortis
d'une redoute qui étoit sur l'avant fossé , furent
repoussez par deux Compagnies de Grenadiers.
du Regiment de Bourbonnois qui s'emparérent
de la redoute ; on leur a fait 10 prisonniers , du
nombre desquels est un Lieutenant , ils ont eût
6 Soldats de tuez , et le reste s'est sauvé par le
Marais , ou plusieurs ont péri . Nous avons perdu
dans cette action un Officier du Regiment
de Balkley , et 2 Grenadiers du Regiment de
Bourbonnois.
Le Prince d'Isenghien , Lieutenant General ,
LVol. le
1234 MERCURE DE FRANCE
}
le Marquis de Clermont , Maréchal de Camp ,
et M. Darros , Brigadier , montérent la tranchée
le 10 de ce mois avec les Regiments de
Pons , du Perche , de Mortemar , de Soissonnois
, de Lenck er de Santerre.
›
On continua pendant la nuit à la droite de
Pattaque du Bas- Rhin , les travaux commencez
la veille pour faire écouler les eaux du Marais
qui couvre l'ouvrage à corne , et ils furent perfectionnez
avec tant de succès , qu'il ne resta
dans le Marais qu'un demi pied d'eau sur un
espace de quatre à cinq pieds. On acheva dans
la même nuit la parallele qui s'étend le long
du Marais.
Le 11 la Tranchée fut relevée par le Duc de
Duras , Lieutenant General , le Chevalier de Rocozel
, Marechal de Camp , le Comte de Berenger
, Brigadier , avec le Regiment Royal , ceux
d'Artois , de Nice , de Beauce et de Conti , et 8 .
Compagnies de Grenadiers. Le Prince de Conti
monta la Tranchée à la tête de son Regiment.
On fit avancer une Compagnie de Grenadiers du
Regiment de Richelieu , pour reconnoître une
redoute qui est sur le bord du Rhin , d'où les Ennemis
firent un grand feu. M. de Gasque , Capitaine
de cette Compagnie , fu blessé , ainsi
que sept Grenadiers , et il y en eut deux de tués.
vers les sept heures du matin , le Ma-
Le 12.
rechal
de Bervick
> accompagné
de Milord
Edouard
son Fils , de Mi ord Clare , et de plusieurs
Officiers
, alla visiter
les travaux
de la
Tranchée
, il voulut
juger par lui -même de l'état
d'une Sap qui avoit été com nencée
dans la nuit,
et s'étant
trop exposé
, malgré
les representations
que son intrepidité
l'empêcha
d'écouter
, il fut
tué d'un coup de Canon
; le Duc de Duras
qui
I. Vol. étoit
JU.IN. 1734. 1235
étoit à côté du Marechal de Berwick , fut blessé
en même tems par un piquet d'un gabion que le
boulet avoit peicé.
>
Le même jour 12 le Prince de Robec , Lieutenant
General , le Comte de Montboissier, Marechal
de Camp et le Marquis a'Harbouville
Brigadier , releverent la Tranchée avec les Regimens
de Lyonnois , de Routigue , de la Marex,
de Vivarois et d'Agenois , et six Compagnies de
Grenadiers. Malgié le feu des Ennemis qui fut
très- considerable jusqu'à neuf heures du soir
on avança beaucoup les travaux de l'attaque du
Bas Rhin . M. de Vivier , Capitaine des Grenadiers
dans le Regiment de Lyonnois , le Lieutenant
de la méme Compagnie , et six Soldats ,
furent tués pendant la nuit . M. du Vivier , Ingenieur
y fut bl‹ ssé .
3
Le Prince de Carignan , Lieutenant General ,
Je Baron d'Eltz , Marechal de Camp, et le Comte
de Roucy, Brigadier , monterent la Tranchée le
13. avec les Regimens de Gondrin , de Bourgo
gne , de Toulouze , de Ponthieu et de Berwick ,
et le même nombre de Grenadiers que le jour
precedent. On y poussa les travaux jusqu'à six
toises de l'angle saillant de l'avant chemin couvert
de l'Ouvrage à Corne , et il n'y cut que
deux homn.es de tués et deux de blessés .
Le 14, le Marquis de Leuville , Lieutenant General
, M. de Terlaye , Marechal de Camp , le
Chevalier de S. Valier , Brigadier , monterent
la Tranchée avec les Regimens de Touraine
Royal la Marine , de Guyenne , de la Valiere , de
Bulkeley , le premier Bataillon de Royal Bavicte
, et huit Compagnies de Grenadiers .
On travailla à embrasser l'angle saillant de l'avant
chemin couvert , et à former une nouvellë
A. Vol.
paral1236
MERCURE DE FRANCE
parallele depuis cette sape jusqu'à celle qui debouche
au - delà de l'ancienne flaque d'eau par la
chaussée du redant gazonné. t
Le 15. la Tranchée ayant été relevée par le
Comte de Belleifle , Lieutenant General , le Comte
de Polastron , Marechal de Camp , et M. de
Princé, Brigadier, avec les Regimens de Noailles,
de Vermandois , de torraine , de Montmorency,
des Landes , et le second Bataillon du Regiment
de Baviere , et six Compagnies de Grenadiers ,
on s'est logé à la gauche de Pattaque du Bas
Rhin , sur la creste du chemin couvert de l'angle
saillant de l'Ouvrage à Corne , et à la droite
de la même attaque , on a fait un logement sur
l'avant chemin couvert , et on a achevé une parallele
qui établit la communication entre ces
deux logemens. Il y a eu pendant eette nuit 45.
Grenadiers tués ou blessés ; M. de Breval , Ingenieur
, deux autres Ingenieurs , et M. de Langle
, Capitaine dans le Regiment de Xaintonge,
ont été blessés .
Le Marquis de Flavacourt , Lieutenant Gene
ral M. d'Herouville , Marechal de Camp , et
M. de la Ravoye , Brigadier , monterent le 16.
la Trancheé .
Les Regimens de Limozin , de Boulonoîs , et
de Hainaut furent commandés pour l'attaque de
Bas Rhin , et les Regimens de Saxe et de Routh
le furent pour la premiere attaque en face du
Marais de Staremberg ; M. du Bourg , Capitai
ne de Grenadiers dans le Regiment de Linozin,
fut tué d'un coup de Canon .
Le Corps de Troupes composé de 29.Bataillons
et de 21. Escadrons , que le Marechal de Berwick
n'avoit point fait entrer dans les Lignes ,
ests toujours campé à Rhinausen.
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Résumé : SIEGE DE PHILISBOURG.
Le texte relate le siège de Philisbourg en 1724. Le 23 du mois précédent, le Marquis d'Asfeldt, à la tête de 32 bataillons et 2 régiments de dragons, a encerclé Philisbourg et établi deux ponts sur le Rhin. Le 22 mai, le Chevalier de Marcieux a capturé une redoute proche de la ville. Le 27 mai, l'artillerie et les munitions, arrivées de Strasbourg, ont été débarquées et préparées pour le siège. Le 2 juin, le Maréchal de Berwick a rejoint les forces assiégeantes avec une armée composée de 52 bataillons et 19 escadrons de cavalerie. Le 3 juin, les Gardes Françaises, sous les ordres du Marquis d'Asfeldt et du Marquis de Gassion, ont ouvert une tranchée devant la place. Le 4 juin, les travaux ont été perfectionnés et élargis. Le Comte de Belleisle a attaqué et pris le fort du Pont de Philisbourg avec peu de pertes. Du 3 au 16 juin, diverses unités ont relevé la tranchée, perfectionné les parallèles et établi des batteries. Le 7 juin, les batteries ont commencé à tirer. Le 12 juin, le Maréchal de Berwick a été tué par un coup de canon. Malgré cette perte et les attaques ennemies, les travaux ont continué, permettant des avancées significatives sur les positions ennemies.
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27
p. 186-191
CAMP DE VALENCE.
Début :
Le Camp formé près de cette Ville, étoit composé des Régimens [...]
Mots clefs :
Marquis de Voyer, Infanterie, Artillerie, Bataille, Marquis de Monteynard, Dragons, Régiments, Ennemis, Bataillons, Valence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CAMP DE VALENCE.
CAMP DE VALENCE.
Le Camp formé près de cette Ville , étoit compolé
des Régimens d'infanterie de Navarre ,
de Bretagne , de Bigorre , de Nice de Vaubecourt
& de la Roche- Aymon , & des Régimens
de Dragons , Dauphin & de Languedoc.
M. le Marquis de Voyer ; Maréchal des Camps &
armées du Roi , & Infpecteur général de la Cavalerie
, commandoit ce camp. Il avoit fous fes
ordres le Marquis de Monteynard , auſſi Maréchal
de Camp les Comtes de la Queuille & de
la Roche -Aymon , Brigadiers d'Infanterie ; & M.
Severac de Juffes , Brigadier de Dragons. Le
Chevalier de Soupire rempliffoit les fonctions
de Maréchal Général des Logis.
Le 22 Août , le Marquis de Voyer fit la revue
générale des troupes , qui étoient fous les ordres.
Tous les Corps étant en bataille fans alignemens
tracés , qui étoient défendus pendant la
durée du Camp , les Brigades d'Infanterie fo
JANVIER . 1756. 187
porterent fur le centre . Au fignal d'un coup de
canon , la Ligne d'Infanterie fe trouva rompue ,
à droite , par tiers de rang , & à gauche , jufqu'à
la droite du Camp. Chaque divifion fit enfuite
un quart de converfion à gauche , marcha quarante
pas en avant , fit un fecond quart de converfion
à gauche , & marcha jufqu'à la droite du
Camp , d'où par des quarts de converfion à droite ,
chaque Corps fe trouva fur le front de fon terrein
, & y rentra par un demi-tour à droite . Les
Régimens de Dragons Dauphin & de Languedoc,
qui s'étoient rompus par Compagnies , l'un à
la droite , l'autre à la gauche , rentrerent auffi
dans le Camp , peu après l'Infanterie. Le Marquis
de Voyer vifita enfuite tous les poftes avancés
. Avant -hier , les troupes firent en fa préfence
, d'abord par Régiment , & enfuite par
Brigade , tous les feux preferits par l'Ordonnance
du 6 Mai de cette année. Les deux Brigades de
la gauche ſe ferrerent fur celle de Navarre. Elles
marcherent en bataille , au pas ordinaire & au
pas redoublé , environ deux cens toifes en avant
des fleches qui couvrent le Camp. Les Bataillons ,
qui dans la marche avoient trouvé des obſtacles ,
comme Caffines, Haies , Redents , s'étoient placés,
par le pas de côté, derriere les Bataillons qui avoient
trouvé le chemin libre . Ils les avoient fuivis jufqu'au
de-là de l'obſtacle. Alors , par le pas de côté ,
ils s'étoient replacés vis-à- vis des intervalles , &
par le pas redoublé ils avoient repris leur rang
dans la Ligne. Vis -à- vis des obftacles , quelquesuns
des Bataillons fe formerent en colonne derriere
les Bataillons , dont le chemin n'étoit point
embarraflé , & quand l'obftacle étoit paffé , ils
rentroient dans la ligne à pas redoublé . Sur
les onze heures , le Marquis de Voyer fit rompre.
188 MERCURE DE FRANCE.
la ligne par un quart de converfion à gauche par
Bataillon. La colonne marcha , jufqu'à ce que
chaque Bataillon fe trouvât vis - vis de fon Camp
où il rentra . L'objet de cette manoeuvre fut d'exercer
les troupes à faire les pas perfcrits par l'Ordonnance
, & de leur apprendre à s'en fervir
felon les différentes occafions & les différens terreins
.
Le 3 Septembre , le Marquis de Voyer fuppofa
que des troupes ennemies , qui couvroient
la ville de Valence , s'en étoient écartées pour
inquietter l'armée, Il fe propofa de leur dérober
une marche , & de fe pofter entr'elles & la
Ville , dans le deffein de les éloigner , ou de les
combattre . Selon cette idée , fix Bataillons &
la moitié des Dragons , deftinés à repréſenter
P'armée ennemie , partirent à cinq heures du
matin fous les ordres du Marquis de Monteynard
, & fe porterent fur deux colonnes vers l'a
Ville , entre les hauteurs de l'Auragne & la droite
du Camp. Une heure après , le Marquis de Voyer
fe mit en marche avec fept Bataillons , le refte
des Dragons & l'artillerie , & il s'avança auffi
fur deux colonnes vers la Ville par la cenfe de
Faventine . L'artillerie étoit à la colonne de la
droite , qui étoit compofée de deux Bataillons ,
& précédée des Dragons & de quelques Piquets.
Le reste de l'Infanterie formoit la colonne de la
gauche. Le Marquis de Monteynard , informé
de la marche du Marquis de Voyer , fe mit en
bataille dans les Prez le long d'une naville profonde
& pleine d'eau , & dont la digue couvroit
le Soldat par un parapet. La droite des ennemis appuyoit
à un chemin étroit , qui formoit un retranchement
, & leur gauche à la cenfe de la Palla. Ils
jetterent leurs troupes legeres avec quelque Infan
JANVIER. 1756. 189
terie dans des navilles à fec , & derriere des haies,
& ils placerent leur Cavalerie dans une petite , plaine
, à côté de la Cenfe. Le Marquis de Voyer ,
ayant reconnu cette difpofition , forma la fienne
en conféquence. L'armée devoit arriver par un
plateau , qui déroboit fes manoeuvres aux enne
mis . Il eût été défavantageux de les attaquer par
leur front de bataille , parce que les troupes fe
feroient trouvées obligées de fe former fous le
feu d'une Infanterie , qui auroit tiré à couvert.
Ainfi le Marquis de Voyer fe détermina , à diriger
La principale attaque fur le flanc gauche. Profitant
de la fupériorité de fon artillerie , il fit faire
feu. 11 dépofta les piquets & les troupes légeres , &
jl fit attaquer le gros de l'armée ennemie par les
Grenadiers , par les Dragons à pied , & par quatre
Bataillons. Les troupes , qui étoient à la gauche
& au centre fur le plateau , étoient luffifantes
pour contenir la droite & le centre des
ennemis , & pour les empêcher de fe dégarnir ,
& de le porter en force fur la gauche . Par - lá
on les mit hors d'état de foutenir la cenfe , qui
fit beaucoup de réfiftance , mais qu'à la fin on
emporta. Les ennemis , voyant le Marquis de
Voyer dans leur flanc , abandonnerent le terrein
fur lequel ils vouloient combattre. Leur Infanterie
fit demi- tour à droite, marcha en bataille,
& fe porta lentement vers une naville Parallele ;
& leur droite fe trouva appuyée au même chemin
, qui l'appuyoit dans leur premiere pofition .
Le Marquis de Monteynard couvrit cette ma
noeuvre par des Grenadiers & des Piquets de
fon centre & de fa gauche , qui firent ferme
fur la naville abandonnée , & if fe retira à petits
pas vers la cenfe de Thibert , qu'il occupa. Les
Grenadiers & les Piquets de la droite s'avançe
190 MERCURE DE FRANCE.
tent fur le chemin , & inquiéterent affez la gauche
du Marquis de Voyer , pour la contenir . Ils
fe replierent enfuite le long du chemin fur la
droite de leur armée. Dans l'intervalle , la Cavalerie
, l'artillerie & les troupes legeres du Marquis
de Voyer , avancerent pour attaquer la
Ĉavalerie des ennemis , & pour l'éloigner de la
cenfe , d'où il vouloit les dépofter. La nature du
terrein obligea la colonne de fon artillerie & de
la Cavalerie , de fe féparer de l'Infanterie . Alors
les ennemis firent gliffer entre les colonnes leurs
troupes legeres , leurs Dragons à pied & quelques
Grenadiers , qui firent feu fur le flanc de la Cavalerie
du Marquis de Voyer. Elle fut en mêmetemps
chargée par la Cavalerie du Marquis de
Monteynard, & obligée de fe replier. Les enennemis
tomberent fur l'efcorte de l'artillerie ,
& s'emparerent même de quelques pieces de canon
; mais le Marquis de Voyer y ayant promptement
porté des Grenadiers , des Dragons , des
Piquets & deux Bataillons , reprit fon artillerie
, & força les ennemis de fe remettre dans
leur premiere pofition. Il fit pour lors canonner
la cenfe , qu'on prit à revers. Les Ravins ,
dont elle est entourée , furent attaqués par les
troupes , que le Marquis de Voyer avoit portées
à fa droige ; & le Marquis de Monteynard fe retira
en bon ordre derriere une troifiéme naville ,
la Cavalerie en échiquier , par la tête d'un Ravin
garni de troupes legeres , qui tinrent aflez
longtemps pour favorifer fa retraite , & qui fe
replierent enfuite fur le corps de l'armée. Dans
cette troifiéme pofition , les ennemis fe retirerent
fur deux colonnes, & le Marquis de Voyer ,
dont l'objet étoit rempli , ne les inquiéta plus
que par de foibles détachemens . Nous nous borJANVIER.
1756. 191
hons àce Camp faute d'efpace ; d'ailleurs celui
de Richemont a été fuffisamment décrit par l'extrait
du Journal de M. Vallier , que nous avons
donné dans le premier Mercure de Decembre.
Le Camp formé près de cette Ville , étoit compolé
des Régimens d'infanterie de Navarre ,
de Bretagne , de Bigorre , de Nice de Vaubecourt
& de la Roche- Aymon , & des Régimens
de Dragons , Dauphin & de Languedoc.
M. le Marquis de Voyer ; Maréchal des Camps &
armées du Roi , & Infpecteur général de la Cavalerie
, commandoit ce camp. Il avoit fous fes
ordres le Marquis de Monteynard , auſſi Maréchal
de Camp les Comtes de la Queuille & de
la Roche -Aymon , Brigadiers d'Infanterie ; & M.
Severac de Juffes , Brigadier de Dragons. Le
Chevalier de Soupire rempliffoit les fonctions
de Maréchal Général des Logis.
Le 22 Août , le Marquis de Voyer fit la revue
générale des troupes , qui étoient fous les ordres.
Tous les Corps étant en bataille fans alignemens
tracés , qui étoient défendus pendant la
durée du Camp , les Brigades d'Infanterie fo
JANVIER . 1756. 187
porterent fur le centre . Au fignal d'un coup de
canon , la Ligne d'Infanterie fe trouva rompue ,
à droite , par tiers de rang , & à gauche , jufqu'à
la droite du Camp. Chaque divifion fit enfuite
un quart de converfion à gauche , marcha quarante
pas en avant , fit un fecond quart de converfion
à gauche , & marcha jufqu'à la droite du
Camp , d'où par des quarts de converfion à droite ,
chaque Corps fe trouva fur le front de fon terrein
, & y rentra par un demi-tour à droite . Les
Régimens de Dragons Dauphin & de Languedoc,
qui s'étoient rompus par Compagnies , l'un à
la droite , l'autre à la gauche , rentrerent auffi
dans le Camp , peu après l'Infanterie. Le Marquis
de Voyer vifita enfuite tous les poftes avancés
. Avant -hier , les troupes firent en fa préfence
, d'abord par Régiment , & enfuite par
Brigade , tous les feux preferits par l'Ordonnance
du 6 Mai de cette année. Les deux Brigades de
la gauche ſe ferrerent fur celle de Navarre. Elles
marcherent en bataille , au pas ordinaire & au
pas redoublé , environ deux cens toifes en avant
des fleches qui couvrent le Camp. Les Bataillons ,
qui dans la marche avoient trouvé des obſtacles ,
comme Caffines, Haies , Redents , s'étoient placés,
par le pas de côté, derriere les Bataillons qui avoient
trouvé le chemin libre . Ils les avoient fuivis jufqu'au
de-là de l'obſtacle. Alors , par le pas de côté ,
ils s'étoient replacés vis-à- vis des intervalles , &
par le pas redoublé ils avoient repris leur rang
dans la Ligne. Vis -à- vis des obftacles , quelquesuns
des Bataillons fe formerent en colonne derriere
les Bataillons , dont le chemin n'étoit point
embarraflé , & quand l'obftacle étoit paffé , ils
rentroient dans la ligne à pas redoublé . Sur
les onze heures , le Marquis de Voyer fit rompre.
188 MERCURE DE FRANCE.
la ligne par un quart de converfion à gauche par
Bataillon. La colonne marcha , jufqu'à ce que
chaque Bataillon fe trouvât vis - vis de fon Camp
où il rentra . L'objet de cette manoeuvre fut d'exercer
les troupes à faire les pas perfcrits par l'Ordonnance
, & de leur apprendre à s'en fervir
felon les différentes occafions & les différens terreins
.
Le 3 Septembre , le Marquis de Voyer fuppofa
que des troupes ennemies , qui couvroient
la ville de Valence , s'en étoient écartées pour
inquietter l'armée, Il fe propofa de leur dérober
une marche , & de fe pofter entr'elles & la
Ville , dans le deffein de les éloigner , ou de les
combattre . Selon cette idée , fix Bataillons &
la moitié des Dragons , deftinés à repréſenter
P'armée ennemie , partirent à cinq heures du
matin fous les ordres du Marquis de Monteynard
, & fe porterent fur deux colonnes vers l'a
Ville , entre les hauteurs de l'Auragne & la droite
du Camp. Une heure après , le Marquis de Voyer
fe mit en marche avec fept Bataillons , le refte
des Dragons & l'artillerie , & il s'avança auffi
fur deux colonnes vers la Ville par la cenfe de
Faventine . L'artillerie étoit à la colonne de la
droite , qui étoit compofée de deux Bataillons ,
& précédée des Dragons & de quelques Piquets.
Le reste de l'Infanterie formoit la colonne de la
gauche. Le Marquis de Monteynard , informé
de la marche du Marquis de Voyer , fe mit en
bataille dans les Prez le long d'une naville profonde
& pleine d'eau , & dont la digue couvroit
le Soldat par un parapet. La droite des ennemis appuyoit
à un chemin étroit , qui formoit un retranchement
, & leur gauche à la cenfe de la Palla. Ils
jetterent leurs troupes legeres avec quelque Infan
JANVIER. 1756. 189
terie dans des navilles à fec , & derriere des haies,
& ils placerent leur Cavalerie dans une petite , plaine
, à côté de la Cenfe. Le Marquis de Voyer ,
ayant reconnu cette difpofition , forma la fienne
en conféquence. L'armée devoit arriver par un
plateau , qui déroboit fes manoeuvres aux enne
mis . Il eût été défavantageux de les attaquer par
leur front de bataille , parce que les troupes fe
feroient trouvées obligées de fe former fous le
feu d'une Infanterie , qui auroit tiré à couvert.
Ainfi le Marquis de Voyer fe détermina , à diriger
La principale attaque fur le flanc gauche. Profitant
de la fupériorité de fon artillerie , il fit faire
feu. 11 dépofta les piquets & les troupes légeres , &
jl fit attaquer le gros de l'armée ennemie par les
Grenadiers , par les Dragons à pied , & par quatre
Bataillons. Les troupes , qui étoient à la gauche
& au centre fur le plateau , étoient luffifantes
pour contenir la droite & le centre des
ennemis , & pour les empêcher de fe dégarnir ,
& de le porter en force fur la gauche . Par - lá
on les mit hors d'état de foutenir la cenfe , qui
fit beaucoup de réfiftance , mais qu'à la fin on
emporta. Les ennemis , voyant le Marquis de
Voyer dans leur flanc , abandonnerent le terrein
fur lequel ils vouloient combattre. Leur Infanterie
fit demi- tour à droite, marcha en bataille,
& fe porta lentement vers une naville Parallele ;
& leur droite fe trouva appuyée au même chemin
, qui l'appuyoit dans leur premiere pofition .
Le Marquis de Monteynard couvrit cette ma
noeuvre par des Grenadiers & des Piquets de
fon centre & de fa gauche , qui firent ferme
fur la naville abandonnée , & if fe retira à petits
pas vers la cenfe de Thibert , qu'il occupa. Les
Grenadiers & les Piquets de la droite s'avançe
190 MERCURE DE FRANCE.
tent fur le chemin , & inquiéterent affez la gauche
du Marquis de Voyer , pour la contenir . Ils
fe replierent enfuite le long du chemin fur la
droite de leur armée. Dans l'intervalle , la Cavalerie
, l'artillerie & les troupes legeres du Marquis
de Voyer , avancerent pour attaquer la
Ĉavalerie des ennemis , & pour l'éloigner de la
cenfe , d'où il vouloit les dépofter. La nature du
terrein obligea la colonne de fon artillerie & de
la Cavalerie , de fe féparer de l'Infanterie . Alors
les ennemis firent gliffer entre les colonnes leurs
troupes legeres , leurs Dragons à pied & quelques
Grenadiers , qui firent feu fur le flanc de la Cavalerie
du Marquis de Voyer. Elle fut en mêmetemps
chargée par la Cavalerie du Marquis de
Monteynard, & obligée de fe replier. Les enennemis
tomberent fur l'efcorte de l'artillerie ,
& s'emparerent même de quelques pieces de canon
; mais le Marquis de Voyer y ayant promptement
porté des Grenadiers , des Dragons , des
Piquets & deux Bataillons , reprit fon artillerie
, & força les ennemis de fe remettre dans
leur premiere pofition. Il fit pour lors canonner
la cenfe , qu'on prit à revers. Les Ravins ,
dont elle est entourée , furent attaqués par les
troupes , que le Marquis de Voyer avoit portées
à fa droige ; & le Marquis de Monteynard fe retira
en bon ordre derriere une troifiéme naville ,
la Cavalerie en échiquier , par la tête d'un Ravin
garni de troupes legeres , qui tinrent aflez
longtemps pour favorifer fa retraite , & qui fe
replierent enfuite fur le corps de l'armée. Dans
cette troifiéme pofition , les ennemis fe retirerent
fur deux colonnes, & le Marquis de Voyer ,
dont l'objet étoit rempli , ne les inquiéta plus
que par de foibles détachemens . Nous nous borJANVIER.
1756. 191
hons àce Camp faute d'efpace ; d'ailleurs celui
de Richemont a été fuffisamment décrit par l'extrait
du Journal de M. Vallier , que nous avons
donné dans le premier Mercure de Decembre.
Fermer
Résumé : CAMP DE VALENCE.
Le camp de Valence, établi près de la ville, regroupait plusieurs régiments d'infanterie et de dragons. Le Marquis de Voyer, Maréchal des Camps et armées du Roi, en assurait le commandement. Ses subordonnés incluaient le Marquis de Monteynard, les Comtes de la Queuille et de la Roche-Aymon, ainsi que M. Severac de Juffes, Brigadier de Dragons. Le Chevalier de Soupire occupait la fonction de Maréchal Général des Logis. Le 22 août, le Marquis de Voyer organisa une revue générale des troupes. Les régiments d'infanterie et de dragons exécutèrent diverses manœuvres, telles que des marches en avant et des quarts de conversion. Les soldats pratiquèrent également des tirs conformément à l'ordonnance du 6 mai 1756. Le 3 septembre, le Marquis de Voyer simula une attaque ennemie pour entraîner ses troupes. Six bataillons et la moitié des dragons, sous les ordres du Marquis de Monteynard, se dirigèrent vers la ville de Valence. Simultanément, le Marquis de Voyer avança avec sept bataillons, le reste des dragons et l'artillerie. Les manœuvres incluaient des attaques sur les flancs ennemis et l'utilisation de l'artillerie pour déloger les troupes légères adverses. Après une résistance initiale, les ennemis se retirèrent en bon ordre derrière une troisième rivière. Le Marquis de Voyer, ayant atteint son objectif, ne les poursuivit pas davantage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 222-233
« Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...] »
Début :
Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...]
Mots clefs :
Roi, Bataillons, Protection des frontières, Sa Majesté britannique, Différends, Colonies américaines, Apaisement, Naissance du Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...] »
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint -Efprit , tous en Manteau de
deuil , s'étant affemblés le a de Janvier , vers les
dix heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa
Majefté fortit de fon appartement pour aller à la
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs Maffes , étoit en
Manteau violet ,le Collier de l'Ordre par- deffus ,
ainfi que celui de l'Ordre de la Toifon d'Or. Sa
FEVRI E R. 1756. 223
Majefté étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, du Duc d'Orléans , du Prince de Condé ,
du Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc
de Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Elle affifta à la Meffe de
Requiem , que l'Archevêque de Narbonne , Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint - Esprit , célébra
pour le repos des ames des Chevaliers morts pendant
le cours de l'année derniere. Enfuite Sa Ma
jefté fut reconduite à fon appartement , ains
qu'Elle étoit venue à la Chapelle.
Le 3 , les Députés des Etats de Bretagne eurent
audience du Roi . Ils furent préfentés à Sa Majesté
par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de la
Province , & par M. le Comte de Saint Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits par M.
le Marquis de Dreux , Grand Maître des Cérémonies.
La Députation étoit compofée pour le Cler.
gé , de M. l'Evêque de Nantes qui porta la parole ;
de M. le Comte de Polignac pour la Nobleffe , &
de M. Marion , Député du Commerce de Saint-
Malo , pour le Tiers- Etat.
Le 4, Madame la Marquife de Broglie fur
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
M. de Machault , Garde des Sceaux de France ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , préſenta le même jour au Roi M. le
Chevalier de Tourville , Officier des Vaiffeaux de
Sa Majesté.
Les Officiers Généraux qui feront employés
fur les côtes de l'Océan , depuis Dunkerque jufqu'à
la frontiere d'Efpagne , fous les ordres de M.
le Maréchal Duc de Belle-Ifle , font :
LIEUTENANS-GENERAUX , Meffieurs , le Mar
quis de Clermont Gallerande , fur les côtes de
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Saintonge , Païs d'Aunis & Poitou . Le Comte
d'Eftrées & le Duc d'Harcourt , côtes de Normandie
& du Gouvernement du Havre . Le Prince de
Soubize , côtes de Flandre. Le Duc de Chaulnes ,
côtes de Picardie & Calaifis. M. de Crémille , le
Marquis d'Hérouville , côtes de Guyenne , de
Bayonne & du Païs de Labour. Le Comte de Saint
Germain , côtes de Flandre.
t.
MARECHAUX DE CAMP . MM . le Duc d'Aiguillon
, côtes de Bretagne . Du Barail , côtes de
Flandre. Le Marquis de Dreux , côtes de Saintonge
, Païs d'Aunis & Poitou, Le Marquis de Puyfegur
, côtes de Normandie & du Gouvernement
du Havre. Le Marquis de Voyer , M. Lally , dans
le Boulonnois. Le Marquis de Narbonne , côtes
de Guyenne , de Bayonne & du Pais de Labour.
Le Marquis de Curfay , côtes de Bretagne. Le
Comte de Raymond , côtes de Normandie & du
Gouvernement du Havre .
T
Le Maréchal Duc de Richelieu , à qui le Roi a
donné le commandement général des côtes de la
Méditerranée depuis la frontiere d'Eſpagne jufqu'au
Var , aura fous fes ordres trois Lieutenans-
Généraux, & deux Maréchaux de Camp .
LIEUTENANS- GENERAUX employés fous les ordres
de ce Maréchal. Le Duc de Mirepoix , fur les côtes
de Languedoc. Le Comte de Graville , côtes
de Rouffillon . Le Marquis de Maillebois , côtes
de Provence.
MARECHAUX DE CAMP qui ferviront fous les
mêmes ordres. Le Comte de Moncan , côtes de
Languedoc. Le Comte de Lannion , côtes de Provence
.
On a annoncé l'année derniere , que l'Académie
de Pau avoit propofé pour le Sujet du Prix
qu'elle doit diftribuer en 1756 , L'utilité des déFEVRIER.
1756. 225
44
couvertesfaites dans les Sciences fous le Regne de
Louis XV. Une des Pieces de Poélies qui ont été
envoyées à cette Académie , a été adreffée par la
Pofte à l'Abbé de Sorberio , ci - devant Secrétaire
de la Compagnie , & on lit au bas cette Sentence ,
Eft aliquidfub Sole novum. L'Auteur n'a pas joine
à fon Poëme le billet cacheté qui devoit contenir
fon nom , & fur lequel devoit être répetée la
Sentence ci- deſſus mentionnée. Il eft averti qu'il
ne peut entrer en concours s'il ne répare cette
omiffion , en envoyant une autre copie de fon
ouvrage , accompagnée d'un Billet dans lequel i
obferve les deux formalités dont on vient de parler.
On a appris que le 21 du mois dernier il y avoit
eu un nouveau tremblement de terre à Lisbonne.
Plufieurs des maifons qui n'avoient été qu'ébranlées
, ont été détruites . Leur chûte a fait périt
encore plus de trois cens perfonnes. Nouvelle
incertaine .
Sur la démiſſion volontaire'de M. le Duc de
Bethune en faveur de M. le Duc de Charoft fon
petit- fils , le Roi a accordé à ce dernier la Lieurtenance
- Générale de Picardie & du Boulonnois ,
ainfi que le Gouvernement des Ville & Citadelle
de Calais.
On apprend de Luneville , que le Roi ayant
nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis M. de Baye , Brigadier
de Cavalerie , Commandant les deux Compagnies
des Cadets Gentilshommes du Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , Sa Majefté Polonoife
a fait l'honneur à cet Officier , de le revêtir lui-
-même du grand Cordon rouge.
La nuit du 26 au 27 de Décembre , on fentit
à Rocroy deux legeres fecouffes de tremblement
de terre , la premiere à onze heures cin-
K v
226 MERCURE DE FRANCE.
quante-fix minutes , la feconde à minuit douze
minutes . Elles s'annoncerent par un bruit fourd
de peu de durée , & le Ciel , au rapport des fentinelles
qui étoient pour lors en faction , parut tour
en feu.
M. Rouillé , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant
le Département des Affaires Etrangeres , écrivit
le 21 du même mois à Monfieur Fox , Secrétaire
d'Etat du Roi d'Angleterre , la Lettre fuivante.
·
Monfieur , c'est par ordre du Roi mon Maître ,
que j'ai l'honneur d'envoyer à votre Excellence le
Mémoire que je joins ici , &c.
« Il n'a pas tenu au Roi que les différends concernant
l'Amérique n'ayent été terminés par les
» voies de la conciliation , & Sa Majesté eft en
» état de le démontrer à l'Univers entier par des
preuves authentiques.
Le Roi , toujours animé du défir le plus fin-
» cere de maintenir le repos public & la plus parfaite
intelligence avec Sa Majefté Britannique
» a fuivi avec la bonne foi & la confiance la plus
entiere la négociation relative à cet objet.
» Les affurances que le Roi de la Grande Bre-
» tagne & fes Miniftres renouvelloient fans ceffe
» de vive voix & par écrit , étoient fi formelles
» & fi préciſes fur les difpofitions pacifiques de Sa
Majefté Britannique , que le Roi fe feroit re-
» proché le moindre doute fur la droiture des in-
» tentions de la Cour de Londres .
» Il n'eft guere poflible de concevoir com-
» ment ces affurances pouvoient fe concilier avec
ples ordres offenfifs , donnés en Novembre 1754
au Général Braddock , & au mois d'Avril 1755à
» P'Amiral Bofſcawen.
» L'attaque au mois de Juillet dernier , & la
prife de deux vaiffeaux du Roi en pleine mer &
7 FEVRIER. 1756. 227
D fans déclaration de guerre , étoient une infulte
publique au pavillon de Sa Majefté ; & elle auroit
témoigné fur le champ tout le jufte reffen-
» tinient que lui infpiroit une entrepriſe fi irrégu
liere & fi violente , fi elle avoit pu croire que
» P'Amiral Boscawen n'eût agi que par les ordres.
» de la Cour.
» Le même motif avoit d'abord fufpendu le
» jugement du Roi fur les pirateries que les vaiffeaux
de guerre Anglois exercent depuis plu
» fieurs mois contre la navigation & le commervce
des fujets de Sa Majefté , au mépris du droit
des gens , de la foi des traités , des ufages établis
parmi les nations policées , & des égards
» qu'elles fe doivent réciproquement.
Le Roi avoit lieu d'attendre des fentimens
de Sa Majefté Britannique , qu'à fon retour à
» Londres elle défavoueroit la conduite de fon
Amirauté & de fes Officiers de mer , & qu'elle
» donneroit à Sa Majefté une fatisfaction'
tionnée à l'injure & au dommage,
propor
» Mais le Roi voyant que le Roi d'Angleterre
» bien loin de punir les brigandages de la Marine
» Angloife , les encourage au contraire , en demandant
à fes Sujets de nouveaux fecours con
» tre la France , Sa Majesté manqueroit à ce qu'el
» le doit à fa propre gloire , à la dignité de ſa
» Couronne , & à la défenfe de fes peoples , fi
elle différoit plus long - tems d'exiger du Roi
» de la Grande Bretagne une réparation éclatante:
» de l'outrage fait au pavillon François , & des
dommages caufes aux Sujets du Roi,
Sa Majefté croit donc devoir s'adreffer direc
tement à Sa Majefté Britannique , & lui deman
der la rehitution prompte & entiere de tous les
» vaiffeaux Francois , tant de guerre que mar-
3Y
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
chands, qui, contre toutes les loix & contre tou
tes les bienséances , ont été pris par la Marine
» Angloife , & de tous les Officiers , Soldats , Ma-
» telots , Artillerie , Munitions , Marchandifes , &
genéralement de tout ce qui appartenoit à ces
>> vaiffeaux .
»
» Le Roi aimera toujours mieux devoir à l'équité
du Roi d'Angleterre qu'à tout autre moyen
»la fatisfaction que Sa Majeſté a droit de recla-
» mer & toutes les Puiffances verront fans dou
» te dans la démarche qu'elle s'eft déterminée à
» faire une nouvelle preuve bien ſenſible de cet
» amour conftant pour la paix , qui dirige fes
» confeils & fes réfolutions.
» Si Sa Majefté Britannique ordonne la refti-
» tution des vailleaux dont il s'agit , le Roi fera
» difpofé à entier en négociation fur les autres
fatisfactions qui lui font légitimement dues , &
» continuera de fe prêter , comme il a fait précé-
» demment à un accommodement équitable &
» folide fur les difcuffions qui concernent l'Amé
>> rique.
» Mais fi , contre toute efpérance , le Roi d'Angleterre
fe refufe à la réquifition que le Roi luí
» fait , Sa Majefté regardera će deni de jufticé
» comme la déclaration de guerre la plus authen-
» tique , & comme un deffein forme par la Cour
» de Londres , de troubler le repos de l'Europe .
M. Fox á fait à M. Rouillé la réponſe qui fuit
& qui eft datée de Whitehall , le 13 Janvier.
Monfieur , j'ai reçu le 3 de ce mois la lettre
dont votre Excellence m'a honoré , en date du zí
du mois paffé , avec le Mémoire dont elle étoit accompagnée
. Je n'ai pas tardé à les mettre devant
le Roi mon Maître, c'eft par fes ordres que j'ai
P'honneur d'informer votre Excellence que Sa Ma
FEVRIER. 1756. 229
jefté continue de fouhaiter la confervation de la
tranquillité publique ; mais quoique le Roi fe prê
tera volontiers à un accommodement équitable &
folide , Sa Majesté ne fçauroit accorder la deman
de qu'on fait de la reftitution prompte entiere
de tous les vaiffeaux François , & de tout ce qui y
appartenoit , comme une condition préliminaire à
toute négociation ; le Roi n'ayant rien fait dans
toutes fes démarches , que ce que les hoftilités com
mencées pas la France en tems de pleine paix ( dont
on a les preuves les plus authentiques ) , & ce que
Sa Majesté doit à fon honneur , à la défense des
droits & poffeffions de fa Couronne , & à la fureté
defes Royaumes, ont rendu jufte indifpenfable.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 18 M. le Duc de Charoft prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance- Générale
de Picardie & du Boulonnais , & pour le
Gouvernement
des Ville & Citadelle de Calais .
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
vinrent le 19 de Janvier à Paris , pour rendre
à Dieu leurs folemnelles actions de graces , à
l'occafion de la naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence. Ce Prince & cette Princeffe arriverent
fur les trois heures & demie après- midi à
PEglife Métropolitaine , & furent reçus à la porte
de l'Eglife par l'Abbé de Saint- xupery , Doyen
du Chapitre , à la tête des Chanoines . Ayant été
conduits dans le Choeur , ils affifterent au Te
Deum , auquel le Doyen officia . En fortant , ils
firent leur priere à la Chapelle de la Vierge . De
1'Eglife Métropolitaine , Monfeigneur le Dau
phin & Madame Pa Dauphine fe rendirent à celle
de Sainte Geneviévé . L'Abbé , à la tête de fa Communauté
, les reçut à la porte de l'Eglife . Lorfque
ce Prince & cette Princeffe furent entrés dans le
230 MERCURE DE FRANCE.
Choeur , on célebra le Salut. La Châffe de Sainte
Géneviéve étoit découverte. Monfeigneur le Dauphin
& Madame la Dauphine , en arrivant à l'Eglife
Métropolitaine & à celle de Sainte Géneviéve
, ont trouvé une Compagnie des Gardes Françoifes
& une des Gardes Suiffes fous les armes . Le
foir , ce Prince & cette Princeffe retournerent à
Verfailles. Le peuple eft accouru partout en foule
fur leur paffage , & a témoigné par fes acclamations
la joie que lui caufoit leur préfence.
Sa Majesté voulant qu'il foit pourvu au remplacement
des Soldats , qui manquent dans les
Bataillons de Milice , & en même- tems à la levée
de l'augmentation qu'Elle a réfolu de faire dans
ces Bataillons , a ordonné ce qui fuit . ARTICLE I.
Les Bataillons de Milice , qui font actuellement
compofés de cinq cens hommes en dix Compa
gnies , feront portés à cinq cens quatre-vingt-dix
hommes chacun , formant le même nombre de
dix Compagnies , dont une de Grenadiers de cinquante
hommes , une de Grenadiers Poftiches de
foixante , & huit de Fufiliers de pareil nombre ;
les neuf Compagnies , tant de Grenadiers Poftiches
que de Fusiliers , devant être augmentées
chacune de dix hommes. ART. II. Entend Sa Majefté
, que , conformément aux ordres qu'Elle
donnés pour fufpendre la délivrance des congés
d'ancienneté aux Cavaliers , Dragons & Soldats
de fes troupes , il ne foit également délivré aucun
congé d'ancienneté aux Soldats de fes Bataillons
de Milice pendant la préfente année ; fe réſervant
de régler ceux qui devront être expédiés dans la
fuite. ART. III. Veut Sa Majefté , qu'il foit incel
famment procédé par le fieur Berryer , Lieutenant-
Général de Police de la Ville de Paris , &
par les Intendans des Provinces & Généralités di
FEVRIER. 1756. 271
A
Royaume , ou leurs Subdélégués , à la levée tant
des remplacemens qu'il y a à faire pour completer
le fonds actuel des Bataillons de Milice de
leurs Départemens , que des quatre -vingt- dix
hommes d'augmentation par Bataillon , enforte
qu'ils puiffent être affemblés auffi- tôt que Sa Majesté
le preferira .
L'honneur qu'a la Provence , de voir porter fon
nom au troifiéme petit - Fils de France , faifoit à la
Ville d'Aix une loi de célébrer la naiffance de ce
Prince , par des réjouiffances éclatantes. La Fêtefut
annoncée le 12 de Décembre par plufieurs
troupes de Trompettes , de Tambours & de Tambourins
qui parcoururent la Ville . Le 14 , on
chanta le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine.
Un Bucher fut allumé dans la Place des Prêcheurs.
Devant l'Hôtel du Gouvernement , dont la façade
étoit illuminée avec autant de goût que de magnificence
, s'élevoit un Arc de Triomphe , fous lequel
le Duc de Villars fir diftribuer des viandes au
peuple pendant quatre heures confécutives . Toute
la nuit , il coula des quatre angles du Buffet quatre
Fontaines de vin. Une Cavalcade d'environ deux
cens Citoyens , divifés en quatre Compagnies
différemment habillées , fe promena dans les principales
rues. Trois de ces Compagnies , l'une de
Mafques de divers caracteres , l'autre de Cavaliers
Turcs , la troifiéme vêtue d'un riche uniforme
militaire , précédoient un Char orné de dorures
& d'emblêmes , & rempli de Symphonistes. Au
fond de ce Char , on voyoit deux perfonnes ,
dont l'une repréſentoit la Provence tenant dans fes
bras un Enfant , & l'autre le Roi René , qui regardoit
cet enfant avec complaifance . La quatriéme
Compagnie , habillée à la Chinoife ,fuivait
le Char. Chaque Compagnieavoit fes laftrumens,
232 MERCURE DE FRANCE.
*
fes Etendards & fes Officiers ; & la bride du cheval
de chaque Cavalier étoit tenue par un Valet
mafqué , lequel portoit un flambeau. Quinze Bergeres
& autant de Bergers fe rendirent chez M. le
Duc de Villars en chantant l'événement qui
caufoit l'allégreffe publique , & en exprimant la
leur d'une maniere d'autant plus tonchante
qu'elle étoit plus naïve . Il y eut au Gouvernement
un fouper fomptueux , & l'on y fervit huit tables,
compofant enfemble deux cens cinquante couverts.
M. le Duc de Villars donna le lendemain dans
la Salle de l'Hôtel de Ville un Bal , pendant lequel
on diftribua des rafraîchiffemens de toute
efpece Le 21 , ce Seigneur a la tête des Confuls
& du Corps de Ville , affifta à la Meffe , que la
Ville fit chanter dans l'Eghte des Dominicains . A
Pentrée de la nuit , on tira dans la Place de l'Hô .
tul de Ville , un feu d'artifice qui dura trois quarts
d'heure. La face de cet Hôtel étoit illuminée en
lampions & en pots à feu. Toutes les perfonnes
de diftinction y fouperent. Cette Fête , dans laquelle
la Nobleffe & le peuple ont fait éclater à
l'envi leur zele & leur joie , fera mémorable particuliérement
pour les pauvres . La Ville en a habillé
& diverſement fecouru un très- grand nombre,
& M. le Duc de Villars a répandu fes largeſſes
fur tous ceux qui le font préfentés.
Pendant le cours de l'année derniere , il eft
mort à Paris vingt mille vingt- une perſonnes :
il s'y eft fait dix-neuf mille quatre cens douze
baptêmes , & quatre mille cinq cens un mariages;
& il y a eu quatre mille deux cens foixantetreize
Enfans Trouvés.
Le 22 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quatorze cens livres : les Billets de la
premiere Loterie Royale , à huit cens vingt-cinq;
FEVRIER. 1756. 233
& ceux de la troifiéme Loterie , à fix cens dix- huit.
Ceux de la Seconde n'avoient point de prix fixe.
l'Ordre du Saint -Efprit , tous en Manteau de
deuil , s'étant affemblés le a de Janvier , vers les
dix heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa
Majefté fortit de fon appartement pour aller à la
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs Maffes , étoit en
Manteau violet ,le Collier de l'Ordre par- deffus ,
ainfi que celui de l'Ordre de la Toifon d'Or. Sa
FEVRI E R. 1756. 223
Majefté étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, du Duc d'Orléans , du Prince de Condé ,
du Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc
de Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Elle affifta à la Meffe de
Requiem , que l'Archevêque de Narbonne , Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint - Esprit , célébra
pour le repos des ames des Chevaliers morts pendant
le cours de l'année derniere. Enfuite Sa Ma
jefté fut reconduite à fon appartement , ains
qu'Elle étoit venue à la Chapelle.
Le 3 , les Députés des Etats de Bretagne eurent
audience du Roi . Ils furent préfentés à Sa Majesté
par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de la
Province , & par M. le Comte de Saint Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits par M.
le Marquis de Dreux , Grand Maître des Cérémonies.
La Députation étoit compofée pour le Cler.
gé , de M. l'Evêque de Nantes qui porta la parole ;
de M. le Comte de Polignac pour la Nobleffe , &
de M. Marion , Député du Commerce de Saint-
Malo , pour le Tiers- Etat.
Le 4, Madame la Marquife de Broglie fur
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
M. de Machault , Garde des Sceaux de France ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , préſenta le même jour au Roi M. le
Chevalier de Tourville , Officier des Vaiffeaux de
Sa Majesté.
Les Officiers Généraux qui feront employés
fur les côtes de l'Océan , depuis Dunkerque jufqu'à
la frontiere d'Efpagne , fous les ordres de M.
le Maréchal Duc de Belle-Ifle , font :
LIEUTENANS-GENERAUX , Meffieurs , le Mar
quis de Clermont Gallerande , fur les côtes de
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Saintonge , Païs d'Aunis & Poitou . Le Comte
d'Eftrées & le Duc d'Harcourt , côtes de Normandie
& du Gouvernement du Havre . Le Prince de
Soubize , côtes de Flandre. Le Duc de Chaulnes ,
côtes de Picardie & Calaifis. M. de Crémille , le
Marquis d'Hérouville , côtes de Guyenne , de
Bayonne & du Païs de Labour. Le Comte de Saint
Germain , côtes de Flandre.
t.
MARECHAUX DE CAMP . MM . le Duc d'Aiguillon
, côtes de Bretagne . Du Barail , côtes de
Flandre. Le Marquis de Dreux , côtes de Saintonge
, Païs d'Aunis & Poitou, Le Marquis de Puyfegur
, côtes de Normandie & du Gouvernement
du Havre. Le Marquis de Voyer , M. Lally , dans
le Boulonnois. Le Marquis de Narbonne , côtes
de Guyenne , de Bayonne & du Pais de Labour.
Le Marquis de Curfay , côtes de Bretagne. Le
Comte de Raymond , côtes de Normandie & du
Gouvernement du Havre .
T
Le Maréchal Duc de Richelieu , à qui le Roi a
donné le commandement général des côtes de la
Méditerranée depuis la frontiere d'Eſpagne jufqu'au
Var , aura fous fes ordres trois Lieutenans-
Généraux, & deux Maréchaux de Camp .
LIEUTENANS- GENERAUX employés fous les ordres
de ce Maréchal. Le Duc de Mirepoix , fur les côtes
de Languedoc. Le Comte de Graville , côtes
de Rouffillon . Le Marquis de Maillebois , côtes
de Provence.
MARECHAUX DE CAMP qui ferviront fous les
mêmes ordres. Le Comte de Moncan , côtes de
Languedoc. Le Comte de Lannion , côtes de Provence
.
On a annoncé l'année derniere , que l'Académie
de Pau avoit propofé pour le Sujet du Prix
qu'elle doit diftribuer en 1756 , L'utilité des déFEVRIER.
1756. 225
44
couvertesfaites dans les Sciences fous le Regne de
Louis XV. Une des Pieces de Poélies qui ont été
envoyées à cette Académie , a été adreffée par la
Pofte à l'Abbé de Sorberio , ci - devant Secrétaire
de la Compagnie , & on lit au bas cette Sentence ,
Eft aliquidfub Sole novum. L'Auteur n'a pas joine
à fon Poëme le billet cacheté qui devoit contenir
fon nom , & fur lequel devoit être répetée la
Sentence ci- deſſus mentionnée. Il eft averti qu'il
ne peut entrer en concours s'il ne répare cette
omiffion , en envoyant une autre copie de fon
ouvrage , accompagnée d'un Billet dans lequel i
obferve les deux formalités dont on vient de parler.
On a appris que le 21 du mois dernier il y avoit
eu un nouveau tremblement de terre à Lisbonne.
Plufieurs des maifons qui n'avoient été qu'ébranlées
, ont été détruites . Leur chûte a fait périt
encore plus de trois cens perfonnes. Nouvelle
incertaine .
Sur la démiſſion volontaire'de M. le Duc de
Bethune en faveur de M. le Duc de Charoft fon
petit- fils , le Roi a accordé à ce dernier la Lieurtenance
- Générale de Picardie & du Boulonnois ,
ainfi que le Gouvernement des Ville & Citadelle
de Calais.
On apprend de Luneville , que le Roi ayant
nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis M. de Baye , Brigadier
de Cavalerie , Commandant les deux Compagnies
des Cadets Gentilshommes du Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , Sa Majefté Polonoife
a fait l'honneur à cet Officier , de le revêtir lui-
-même du grand Cordon rouge.
La nuit du 26 au 27 de Décembre , on fentit
à Rocroy deux legeres fecouffes de tremblement
de terre , la premiere à onze heures cin-
K v
226 MERCURE DE FRANCE.
quante-fix minutes , la feconde à minuit douze
minutes . Elles s'annoncerent par un bruit fourd
de peu de durée , & le Ciel , au rapport des fentinelles
qui étoient pour lors en faction , parut tour
en feu.
M. Rouillé , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant
le Département des Affaires Etrangeres , écrivit
le 21 du même mois à Monfieur Fox , Secrétaire
d'Etat du Roi d'Angleterre , la Lettre fuivante.
·
Monfieur , c'est par ordre du Roi mon Maître ,
que j'ai l'honneur d'envoyer à votre Excellence le
Mémoire que je joins ici , &c.
« Il n'a pas tenu au Roi que les différends concernant
l'Amérique n'ayent été terminés par les
» voies de la conciliation , & Sa Majesté eft en
» état de le démontrer à l'Univers entier par des
preuves authentiques.
Le Roi , toujours animé du défir le plus fin-
» cere de maintenir le repos public & la plus parfaite
intelligence avec Sa Majefté Britannique
» a fuivi avec la bonne foi & la confiance la plus
entiere la négociation relative à cet objet.
» Les affurances que le Roi de la Grande Bre-
» tagne & fes Miniftres renouvelloient fans ceffe
» de vive voix & par écrit , étoient fi formelles
» & fi préciſes fur les difpofitions pacifiques de Sa
Majefté Britannique , que le Roi fe feroit re-
» proché le moindre doute fur la droiture des in-
» tentions de la Cour de Londres .
» Il n'eft guere poflible de concevoir com-
» ment ces affurances pouvoient fe concilier avec
ples ordres offenfifs , donnés en Novembre 1754
au Général Braddock , & au mois d'Avril 1755à
» P'Amiral Bofſcawen.
» L'attaque au mois de Juillet dernier , & la
prife de deux vaiffeaux du Roi en pleine mer &
7 FEVRIER. 1756. 227
D fans déclaration de guerre , étoient une infulte
publique au pavillon de Sa Majefté ; & elle auroit
témoigné fur le champ tout le jufte reffen-
» tinient que lui infpiroit une entrepriſe fi irrégu
liere & fi violente , fi elle avoit pu croire que
» P'Amiral Boscawen n'eût agi que par les ordres.
» de la Cour.
» Le même motif avoit d'abord fufpendu le
» jugement du Roi fur les pirateries que les vaiffeaux
de guerre Anglois exercent depuis plu
» fieurs mois contre la navigation & le commervce
des fujets de Sa Majefté , au mépris du droit
des gens , de la foi des traités , des ufages établis
parmi les nations policées , & des égards
» qu'elles fe doivent réciproquement.
Le Roi avoit lieu d'attendre des fentimens
de Sa Majefté Britannique , qu'à fon retour à
» Londres elle défavoueroit la conduite de fon
Amirauté & de fes Officiers de mer , & qu'elle
» donneroit à Sa Majefté une fatisfaction'
tionnée à l'injure & au dommage,
propor
» Mais le Roi voyant que le Roi d'Angleterre
» bien loin de punir les brigandages de la Marine
» Angloife , les encourage au contraire , en demandant
à fes Sujets de nouveaux fecours con
» tre la France , Sa Majesté manqueroit à ce qu'el
» le doit à fa propre gloire , à la dignité de ſa
» Couronne , & à la défenfe de fes peoples , fi
elle différoit plus long - tems d'exiger du Roi
» de la Grande Bretagne une réparation éclatante:
» de l'outrage fait au pavillon François , & des
dommages caufes aux Sujets du Roi,
Sa Majefté croit donc devoir s'adreffer direc
tement à Sa Majefté Britannique , & lui deman
der la rehitution prompte & entiere de tous les
» vaiffeaux Francois , tant de guerre que mar-
3Y
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
chands, qui, contre toutes les loix & contre tou
tes les bienséances , ont été pris par la Marine
» Angloife , & de tous les Officiers , Soldats , Ma-
» telots , Artillerie , Munitions , Marchandifes , &
genéralement de tout ce qui appartenoit à ces
>> vaiffeaux .
»
» Le Roi aimera toujours mieux devoir à l'équité
du Roi d'Angleterre qu'à tout autre moyen
»la fatisfaction que Sa Majeſté a droit de recla-
» mer & toutes les Puiffances verront fans dou
» te dans la démarche qu'elle s'eft déterminée à
» faire une nouvelle preuve bien ſenſible de cet
» amour conftant pour la paix , qui dirige fes
» confeils & fes réfolutions.
» Si Sa Majefté Britannique ordonne la refti-
» tution des vailleaux dont il s'agit , le Roi fera
» difpofé à entier en négociation fur les autres
fatisfactions qui lui font légitimement dues , &
» continuera de fe prêter , comme il a fait précé-
» demment à un accommodement équitable &
» folide fur les difcuffions qui concernent l'Amé
>> rique.
» Mais fi , contre toute efpérance , le Roi d'Angleterre
fe refufe à la réquifition que le Roi luí
» fait , Sa Majefté regardera će deni de jufticé
» comme la déclaration de guerre la plus authen-
» tique , & comme un deffein forme par la Cour
» de Londres , de troubler le repos de l'Europe .
M. Fox á fait à M. Rouillé la réponſe qui fuit
& qui eft datée de Whitehall , le 13 Janvier.
Monfieur , j'ai reçu le 3 de ce mois la lettre
dont votre Excellence m'a honoré , en date du zí
du mois paffé , avec le Mémoire dont elle étoit accompagnée
. Je n'ai pas tardé à les mettre devant
le Roi mon Maître, c'eft par fes ordres que j'ai
P'honneur d'informer votre Excellence que Sa Ma
FEVRIER. 1756. 229
jefté continue de fouhaiter la confervation de la
tranquillité publique ; mais quoique le Roi fe prê
tera volontiers à un accommodement équitable &
folide , Sa Majesté ne fçauroit accorder la deman
de qu'on fait de la reftitution prompte entiere
de tous les vaiffeaux François , & de tout ce qui y
appartenoit , comme une condition préliminaire à
toute négociation ; le Roi n'ayant rien fait dans
toutes fes démarches , que ce que les hoftilités com
mencées pas la France en tems de pleine paix ( dont
on a les preuves les plus authentiques ) , & ce que
Sa Majesté doit à fon honneur , à la défense des
droits & poffeffions de fa Couronne , & à la fureté
defes Royaumes, ont rendu jufte indifpenfable.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 18 M. le Duc de Charoft prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance- Générale
de Picardie & du Boulonnais , & pour le
Gouvernement
des Ville & Citadelle de Calais .
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
vinrent le 19 de Janvier à Paris , pour rendre
à Dieu leurs folemnelles actions de graces , à
l'occafion de la naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence. Ce Prince & cette Princeffe arriverent
fur les trois heures & demie après- midi à
PEglife Métropolitaine , & furent reçus à la porte
de l'Eglife par l'Abbé de Saint- xupery , Doyen
du Chapitre , à la tête des Chanoines . Ayant été
conduits dans le Choeur , ils affifterent au Te
Deum , auquel le Doyen officia . En fortant , ils
firent leur priere à la Chapelle de la Vierge . De
1'Eglife Métropolitaine , Monfeigneur le Dau
phin & Madame Pa Dauphine fe rendirent à celle
de Sainte Geneviévé . L'Abbé , à la tête de fa Communauté
, les reçut à la porte de l'Eglife . Lorfque
ce Prince & cette Princeffe furent entrés dans le
230 MERCURE DE FRANCE.
Choeur , on célebra le Salut. La Châffe de Sainte
Géneviéve étoit découverte. Monfeigneur le Dauphin
& Madame la Dauphine , en arrivant à l'Eglife
Métropolitaine & à celle de Sainte Géneviéve
, ont trouvé une Compagnie des Gardes Françoifes
& une des Gardes Suiffes fous les armes . Le
foir , ce Prince & cette Princeffe retournerent à
Verfailles. Le peuple eft accouru partout en foule
fur leur paffage , & a témoigné par fes acclamations
la joie que lui caufoit leur préfence.
Sa Majesté voulant qu'il foit pourvu au remplacement
des Soldats , qui manquent dans les
Bataillons de Milice , & en même- tems à la levée
de l'augmentation qu'Elle a réfolu de faire dans
ces Bataillons , a ordonné ce qui fuit . ARTICLE I.
Les Bataillons de Milice , qui font actuellement
compofés de cinq cens hommes en dix Compa
gnies , feront portés à cinq cens quatre-vingt-dix
hommes chacun , formant le même nombre de
dix Compagnies , dont une de Grenadiers de cinquante
hommes , une de Grenadiers Poftiches de
foixante , & huit de Fufiliers de pareil nombre ;
les neuf Compagnies , tant de Grenadiers Poftiches
que de Fusiliers , devant être augmentées
chacune de dix hommes. ART. II. Entend Sa Majefté
, que , conformément aux ordres qu'Elle
donnés pour fufpendre la délivrance des congés
d'ancienneté aux Cavaliers , Dragons & Soldats
de fes troupes , il ne foit également délivré aucun
congé d'ancienneté aux Soldats de fes Bataillons
de Milice pendant la préfente année ; fe réſervant
de régler ceux qui devront être expédiés dans la
fuite. ART. III. Veut Sa Majefté , qu'il foit incel
famment procédé par le fieur Berryer , Lieutenant-
Général de Police de la Ville de Paris , &
par les Intendans des Provinces & Généralités di
FEVRIER. 1756. 271
A
Royaume , ou leurs Subdélégués , à la levée tant
des remplacemens qu'il y a à faire pour completer
le fonds actuel des Bataillons de Milice de
leurs Départemens , que des quatre -vingt- dix
hommes d'augmentation par Bataillon , enforte
qu'ils puiffent être affemblés auffi- tôt que Sa Majesté
le preferira .
L'honneur qu'a la Provence , de voir porter fon
nom au troifiéme petit - Fils de France , faifoit à la
Ville d'Aix une loi de célébrer la naiffance de ce
Prince , par des réjouiffances éclatantes. La Fêtefut
annoncée le 12 de Décembre par plufieurs
troupes de Trompettes , de Tambours & de Tambourins
qui parcoururent la Ville . Le 14 , on
chanta le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine.
Un Bucher fut allumé dans la Place des Prêcheurs.
Devant l'Hôtel du Gouvernement , dont la façade
étoit illuminée avec autant de goût que de magnificence
, s'élevoit un Arc de Triomphe , fous lequel
le Duc de Villars fir diftribuer des viandes au
peuple pendant quatre heures confécutives . Toute
la nuit , il coula des quatre angles du Buffet quatre
Fontaines de vin. Une Cavalcade d'environ deux
cens Citoyens , divifés en quatre Compagnies
différemment habillées , fe promena dans les principales
rues. Trois de ces Compagnies , l'une de
Mafques de divers caracteres , l'autre de Cavaliers
Turcs , la troifiéme vêtue d'un riche uniforme
militaire , précédoient un Char orné de dorures
& d'emblêmes , & rempli de Symphonistes. Au
fond de ce Char , on voyoit deux perfonnes ,
dont l'une repréſentoit la Provence tenant dans fes
bras un Enfant , & l'autre le Roi René , qui regardoit
cet enfant avec complaifance . La quatriéme
Compagnie , habillée à la Chinoife ,fuivait
le Char. Chaque Compagnieavoit fes laftrumens,
232 MERCURE DE FRANCE.
*
fes Etendards & fes Officiers ; & la bride du cheval
de chaque Cavalier étoit tenue par un Valet
mafqué , lequel portoit un flambeau. Quinze Bergeres
& autant de Bergers fe rendirent chez M. le
Duc de Villars en chantant l'événement qui
caufoit l'allégreffe publique , & en exprimant la
leur d'une maniere d'autant plus tonchante
qu'elle étoit plus naïve . Il y eut au Gouvernement
un fouper fomptueux , & l'on y fervit huit tables,
compofant enfemble deux cens cinquante couverts.
M. le Duc de Villars donna le lendemain dans
la Salle de l'Hôtel de Ville un Bal , pendant lequel
on diftribua des rafraîchiffemens de toute
efpece Le 21 , ce Seigneur a la tête des Confuls
& du Corps de Ville , affifta à la Meffe , que la
Ville fit chanter dans l'Eghte des Dominicains . A
Pentrée de la nuit , on tira dans la Place de l'Hô .
tul de Ville , un feu d'artifice qui dura trois quarts
d'heure. La face de cet Hôtel étoit illuminée en
lampions & en pots à feu. Toutes les perfonnes
de diftinction y fouperent. Cette Fête , dans laquelle
la Nobleffe & le peuple ont fait éclater à
l'envi leur zele & leur joie , fera mémorable particuliérement
pour les pauvres . La Ville en a habillé
& diverſement fecouru un très- grand nombre,
& M. le Duc de Villars a répandu fes largeſſes
fur tous ceux qui le font préfentés.
Pendant le cours de l'année derniere , il eft
mort à Paris vingt mille vingt- une perſonnes :
il s'y eft fait dix-neuf mille quatre cens douze
baptêmes , & quatre mille cinq cens un mariages;
& il y a eu quatre mille deux cens foixantetreize
Enfans Trouvés.
Le 22 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quatorze cens livres : les Billets de la
premiere Loterie Royale , à huit cens vingt-cinq;
FEVRIER. 1756. 233
& ceux de la troifiéme Loterie , à fix cens dix- huit.
Ceux de la Seconde n'avoient point de prix fixe.
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Résumé : « Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...] »
En janvier 1756, les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit se réunirent pour une messe de requiem en mémoire des membres décédés. Le roi, accompagné du Dauphin et divers princes, était vêtu d'un manteau violet et des colliers des ordres du Saint-Esprit et de la Toison d'Or. Le 3 janvier, les députés des États de Bretagne furent reçus par le roi, présentés par le duc de Penthièvre et le comte de Saint Florentin. Le 4 janvier, la marquise de Broglie fut présentée à la famille royale, et le chevalier de Tourville fut introduit au roi par Machault, Garde des Sceaux. Plusieurs officiers généraux furent nommés pour surveiller les côtes de l'Océan et de la Méditerranée sous les ordres du maréchal duc de Belle-Isle et du maréchal duc de Richelieu. L'Académie de Pau proposa un sujet pour le prix de poésie de 1756. Un nouveau tremblement de terre à Lisbonne causa davantage de victimes. Le duc de Charost reçut la lieutenance générale de Picardie et du Boulonnais et prêta serment pour sa nouvelle fonction. Le roi de Pologne honora un officier français, et des secousses sismiques furent ressenties à Rocroy. Le ministre Rouillé écrivit au secrétaire d'État britannique Fox concernant les différends en Amérique et les attaques navales. Fox répondit que le roi d'Angleterre ne pouvait accorder la restitution des vaisseaux français comme condition préliminaire à toute négociation. Le Dauphin et la Dauphine se rendirent à Paris pour des actions de grâce à l'occasion de la naissance du comte de Provence. Le roi ordonna l'augmentation du nombre de soldats dans les bataillons de milice. Le document mentionne également la composition des compagnies militaires, incluant une de Grenadiers de cinquante hommes, une de Grenadiers Postiches de soixante, et huit de Fusiliers de cinquante hommes. Les neuf compagnies de Grenadiers Postiches et de Fusiliers doivent être augmentées chacune de dix hommes. Les congés d'ancienneté pour les soldats des Bataillons de Milice sont suspendus pour l'année en cours. Des festivités furent organisées à Aix pour célébrer la naissance du troisième petit-fils de France. Ces réjouissances inclurent des annonces par des troupes de trompettes et tambours, un Te Deum chanté dans l'église métropolitaine, un bûcher allumé sur la Place des Prêcheurs, et un Arc de Triomphe devant l'Hôtel du Gouvernement. Des distributions de nourriture et de vin furent faites, et une cavalcade de citoyens parcourut les principales rues. La fête comprenait également des masques, des cavaliers turcs, et des uniformes militaires, ainsi qu'un char orné de dorures et d'emblèmes. Enfin, le texte fournit des statistiques sur les naissances, mariages, et décès à Paris au cours de l'année précédente, ainsi que les prix des actions de la Compagnie des Indes et des billets de loterie.
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29
p. 222-224
PAYS-BAS.
Début :
On mande d'Elseneur, que divers Maîtres de Navires arrivés dans le Sund, [...]
Mots clefs :
Amsterdam, Bruxelles, Armateurs anglais, Mauvais traitements, Capitaine Hendriks, Corneille Bandt, Bataillons, Ordre de marche, Gouverneur de Bruxelles
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PATS- BAS.
D'AMSTERDAM , le 16 Septembre.
On mande d'Elfeneur , que divers Maîtres de
Navires arrivés dans le Sund , fe plaignent ex rêmement
des mauvais traitemens qu'ils ont efluyés
de la part des Armateurs Anglois . Les mêmes
nouvelles ajoutent que plufieurs de ces Corfaires
arborent pavillon d'Alger pour caufer plus de
frayeur. Un d'eux a rançonné le Patron Frédéric
Carstens pour la fomme de vingt- deux livres fterlings.
Le Capitaine Hendriks , montant le Navire
le Rotterdamfe Welvaren , a déclaré que
deux facs d'argent qu'il avoit à bord , lui avoient
OCTOBRE . 1756. 223
été enlevés avec fa montre & les hardes par
an Pirate de cette Nation . A la hauteur de
Tervere , le Navire du Capitaine Pierre Sybrand
a été canonné par un Vaiffeau de la
même Nation , & a eu les agrêts conſidérablement
endommagés. Une lettre du Patron Corneille
Bandt porte ce qui fuit . « Le 2 du courant ,
» nous remîmes à la voile de Quillebeuf. Un cal-
» me nous arrêta le 5 , & nous fûmes abordés
> par la Chaloupe d'un Armateur Anglois , dans
» laquelle il y avoit huit hommes. Ils examinerent
nos papiers. Enfuite ils enfoncerent nos
» Ecoutilles ; ils en jetterent les panneaux fur le
» tillac , & ils ouvrirent plufieurs ballots , en les
>> coupant. Parmi nos marchandiſes étoit une
» caiffe de cifeaux , dont ils prirent la moitié , en
» difant , Voilà qui eft fort bon , pour couper les
» oreilles aux Hollandois. Ils battirent trois de nos
» Matelots. Je m'attendois à avoir mon tour ,
» mais j'en fus quitte pour les menaces. Après
» avoir mis tout notre Bâtiment au pillage , &
» m'avoit ôté même les boucles d'argent que j'a-
>> vois à mes fouliers , ils me dirent qu'ils me rendroient
tout , fi je voulois leur donner onze
>> guinées & demie . Comme je les affurai que je
» n'avois pas cette fomme , ils me fouillerent moi
& mon Pilote , & ne nous laifferent que deux
» pieces de deux fols . Non contens de ce qu'ils
avoient pris , ils s'approprierent encore un baril
» d'eau-de- vie , & ils fe retirerent , en nous fou-
» haitant un bon voyage » .
DE BRUXELLES , le 25 Septembre.
Deax Bataillons de chacun des Régimens , qui
font en garnifon dans les Places des Païs -Bas , ont
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
ordre de fe tenir prêts à marcher. Le 18 de ce
mois , le Général Luchefi fe rendit à Mariemont ,
& il y prêta ferment entre les mains du Prince
Charles de Lorraine , en qualité de Gouverneur
de Bruxelles. Ce Général étant revenu ici le lendemain
au matin , reçut les complimens des Magiftrats.
Il dina chez le Comte de Gobenzel , & il
partit enfuite pour la Boheme , où il doit commander
la Cavalerie de l'armée de l'Impératrice
Reine. Le Duc d'Aremberg fe difpofe à y aller
joindre le Régiment dont il eft Colonel.
D'AMSTERDAM , le 16 Septembre.
On mande d'Elfeneur , que divers Maîtres de
Navires arrivés dans le Sund , fe plaignent ex rêmement
des mauvais traitemens qu'ils ont efluyés
de la part des Armateurs Anglois . Les mêmes
nouvelles ajoutent que plufieurs de ces Corfaires
arborent pavillon d'Alger pour caufer plus de
frayeur. Un d'eux a rançonné le Patron Frédéric
Carstens pour la fomme de vingt- deux livres fterlings.
Le Capitaine Hendriks , montant le Navire
le Rotterdamfe Welvaren , a déclaré que
deux facs d'argent qu'il avoit à bord , lui avoient
OCTOBRE . 1756. 223
été enlevés avec fa montre & les hardes par
an Pirate de cette Nation . A la hauteur de
Tervere , le Navire du Capitaine Pierre Sybrand
a été canonné par un Vaiffeau de la
même Nation , & a eu les agrêts conſidérablement
endommagés. Une lettre du Patron Corneille
Bandt porte ce qui fuit . « Le 2 du courant ,
» nous remîmes à la voile de Quillebeuf. Un cal-
» me nous arrêta le 5 , & nous fûmes abordés
> par la Chaloupe d'un Armateur Anglois , dans
» laquelle il y avoit huit hommes. Ils examinerent
nos papiers. Enfuite ils enfoncerent nos
» Ecoutilles ; ils en jetterent les panneaux fur le
» tillac , & ils ouvrirent plufieurs ballots , en les
>> coupant. Parmi nos marchandiſes étoit une
» caiffe de cifeaux , dont ils prirent la moitié , en
» difant , Voilà qui eft fort bon , pour couper les
» oreilles aux Hollandois. Ils battirent trois de nos
» Matelots. Je m'attendois à avoir mon tour ,
» mais j'en fus quitte pour les menaces. Après
» avoir mis tout notre Bâtiment au pillage , &
» m'avoit ôté même les boucles d'argent que j'a-
>> vois à mes fouliers , ils me dirent qu'ils me rendroient
tout , fi je voulois leur donner onze
>> guinées & demie . Comme je les affurai que je
» n'avois pas cette fomme , ils me fouillerent moi
& mon Pilote , & ne nous laifferent que deux
» pieces de deux fols . Non contens de ce qu'ils
avoient pris , ils s'approprierent encore un baril
» d'eau-de- vie , & ils fe retirerent , en nous fou-
» haitant un bon voyage » .
DE BRUXELLES , le 25 Septembre.
Deax Bataillons de chacun des Régimens , qui
font en garnifon dans les Places des Païs -Bas , ont
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
ordre de fe tenir prêts à marcher. Le 18 de ce
mois , le Général Luchefi fe rendit à Mariemont ,
& il y prêta ferment entre les mains du Prince
Charles de Lorraine , en qualité de Gouverneur
de Bruxelles. Ce Général étant revenu ici le lendemain
au matin , reçut les complimens des Magiftrats.
Il dina chez le Comte de Gobenzel , & il
partit enfuite pour la Boheme , où il doit commander
la Cavalerie de l'armée de l'Impératrice
Reine. Le Duc d'Aremberg fe difpofe à y aller
joindre le Régiment dont il eft Colonel.
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Résumé : PAYS-BAS.
En septembre 1756, plusieurs incidents maritimes sont rapportés. À Amsterdam, des maîtres de navires se plaignent des mauvais traitements infligés par des armateurs anglais dans le Sund. Des corsaires anglais utilisent le pavillon algérien pour semer la peur. Un pirate anglais a rançonné Frédéric Carstens pour vingt-deux livres sterling et dérobé des biens au capitaine Hendriks. Le navire du capitaine Pierre Sybrand a été canonné près de Tervere. Corneille Bandt décrit une attaque anglaise près de Quillebeuf, où des marchandises ont été pillées et des matelots battus. Les agresseurs ont exigé onze guinées et demie pour rendre les biens volés. Sur le front terrestre, à Bruxelles, deux bataillons sont prêts à marcher. Le général Luchefi a prêté serment au prince Charles de Lorraine à Mariemont et a rejoint l'armée en Bohême. Le duc d'Aremberg se prépare à rejoindre son régiment.
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30
p. 221-235
RELATION de ce qui s'est passé cette année en Canada, avec le journal historique du siege des Forts de Chouëguen ou Oswego, commencé le 11 Août 1756, & fini le 14 par la prise de ces Forts.
Début :
Les nouveaux préparatifs que les Anglois ont faits pour envahir nos possessions [...]
Mots clefs :
Amérique, Anglais, Canada, Français, Montréal, Marquis de Montcalm, Défense des frontières, Les sauvages, Marquis de Vaudreuil, Forts, Lac Ontario, Gouverneurs, Troupes, Mouvements des troupes, Bataillons, Régiments, Officiers, Rivières, Morts
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé cette année en Canada, avec le journal historique du siege des Forts de Chouëguen ou Oswego, commencé le 11 Août 1756, & fini le 14 par la prise de ces Forts.
RELATION de ce qui s'eft paffé cette
année en Canada , avec le journal hiſtorique
du fiege des Forts de Choueguen ou
Ofwego, commencé le 11 Août 1756, co
fini le 14 par la prise de ces Forts.
LE
Es nouveaux préparatifs que les Anglois ont
faits pour envahir nos poffeffions en Amérique ,
malgré le mauvais fuccès de leurs entreprifes de
P'année derniere , ont été auffi publics en Europe
que dans le nouveau monde. On s'y étoit attendu
& dans les premiers jours d'Avril dernier , le Roi
fit partir , pour le Canada , un renfort de troupes
commandé par le Marquis de Montcalm ,
Maréchal de Camp.
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
En attendant l'arrivée de ce fecours , & dès la
fin de la campagne derniere , le Marquis de Vaudreuil
, Gouverneur & Lieutenant Général de la
Nouvelle France , avoit pris de juftes meſures
pour la défenſe de nos frontieres. Ses arrangemens
avoient eu même pour objet de faire harceler
les Anglois dans leurs propres Colonies. Il a
tenu des détachemens en campagne durant tout
l'hyver. Les Sauvages ont tué beaucoup de monde ,
on a enlevé une quantité confiderable de beftiaux :
ily a eu un grand nombre de maifons & de magafins
brulés ; les campagnes ont été abandonnées
dans plufieurs endroits des frontieres des Colonies
Angloifes. Ces mouvemens divers ont efficacement
fervi , non feulement à augmenter le mécontentement
qu'avoit caufé parmi elles l'injuftice
des projets de leurs Gouverneurs , mais encore à
faire naître des embarras & des difficultés qui ont
empêché l'exécution de ces projets dans le printemps.
Le Marquis de Vaudreuil ne s'en eft pas tenu
là . Tandis que nos Partis fe fuccedoient fans
relâche fur les frontieres des Anglois , expofées à
leurs courſes , & défoloient furtout la Pensilvanie
, la Virginie & le Mariland , un Corps de nos
troupes , qu'il avoit placé fur la riviere S. Jean ,
y recueilloit les reftes épars des Acadiens chalés
de leurs habitations par les Anglois , & dont une
partie erroit alors dans les bois. La défenſe du
Fort du Quêne & de l'Ohio , ou de la belle Riviere
, étoit confiée à un corps de Canadiens & de
Sauvages commandés par le Sieur Dumas. Un
autre detachement d'environ 500 hommes , obfervoit
l'ennemi du côté du Fort Lydius . Le bataillon
du Régiment de la Reine & celui du Régiment
de Languedoc , campoient devant le Fort
2
N
༡༩.R
te
P
¿
C
DECEMBRE. 1756 . 223
de Carrillon , vers le Lac du Saint- Sacrement. Le
bataillon de Bearn étoit deſtiné pour le Fort de
Niagara , & celui de Guyenne pour le Fort Frontenac
, afin de défendre ces deux poftes importans
dont les ennemis paroiffoient méditer. l'attaque
pendant le cours de la campagne prête à s'ouvrir.
Dès le commencement de l'hyver , le Marquis
de Vaudreuil avoit été informé que , pour l'exécution
de ce projet , les Anglois faifoient raffembler
des troupes avec des provifions confidérables
dans les Forts de Choueguen près du Lac
Ontario ; & c'eft en conféquence de cet avis
qu'au mois de Mars dernier le fieur de Léry attaqua
par fes ordres un Fort où étoit le principal
entrepôt de ces approvifionnemens . Ce Fort
fut enlevé d'affaut & détruit avec tous les bâtimens
qui en dependoient ; & toutes les munitions
qui s'y trouvoient en grande quantité ,
furent enlevées , brûlées , ou jettées dans la Riviere.
Dans la vue de profiter de ce premier
fuccès , le Gouverneur- Général fit un autre détachement
de 700 hommes , Canadiens & Sauvages
, fous les ordres du fieur de Villiers , Capitaine
de la Colonie , pour refferrer les ennemis
de ce côté-là , obferver leurs mouvemens , &
intercepter les tranfports qu'ils pourroient faire
fur la riviere de Choueguen.
Ainfi tout étoit difpofé par le Marquis de Vaudreuil
pour une défenfive vigoureuſe dans les différentes
parties du Canada , fur les lacs Champlain
& du St. Sacrement , vers la Belle - Riviere , &
furtout du côté du lac Ontario , où la défenſe
de nos Forts & même l'attaque des poftes Anglois
avoient été fon objet principal dans la diftribution
des forces de la Colonie.
Tout le monde fçait que l'établiffement des
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Anglois fur le lac Ontario eft une invafion qu'ils
ont faite en pleine paix. Il n'étoit queftion d'abord
de leur part que d'une fimple Maiſon de
commerce. C'eft fous ce feul point de vue qu'ils
en firent la propofition en 1728 , aux Sauvages
Iroquois , qui ne les auroient pas vus tranquillement
fe fortifier tout d'un coup dans le voifinage
de leurs Habitations . On fentit cependant
dès - lors en Canada quel étoit leur véritable objet
dans cet Etabliffèment , qui devoit les mettre
à portée non feulement d'envahir le commerce
des Lacs que les François n'avoient jamais
partagé avec aucune Nation Européenne , mais
encore de couper , par le centre même de la
Colonie de Canada , la communication des poftes
qui en dépendent. Les Gouverneurs François
fe contenterent cependant de réclamer contre
cette ufurpation. Le Roi en fit porter dans
le temps des plaintes à la Cour Britanique , où
elles ont été conſtamment renouvellées dans toutes
les occafions . Mais les Anglois , fans ſe mettre
en peine de la juftice de ces plaintes , &
abufant toujours de l'efprit de paix qui a réglé
dans tous les temps la conduite de la France ,
ie font fortifiés peu à peu à Choueguen , de
maniere qu'ils y avoient établi trois Forts ,
fçavoir :
1º. Le Fort Ontario placé à la droite de la
Riviere , au milieu d'un plateau fort élevé. Il
confiftoit en un quatré de trente toifes de côté ,
dont les faces brifées par le milieu étoient flanquées
par un rédan placé à l'endroit de la brifure.
Il étoit fait de pieux de dix - huit pouces
de diametre applanis fur deux faces , parfaitement
bien joints l'un à l'autre , & fortans de terre de
de huit à neuf pieds . Le follé qui entouroit le
1
1
1
1
DECEMBRE . 1756. 225
Fort avoit dix-huit pieds de largeur fur huit de
profondeur. Les terres qu'on en avoit tirées
avoient été rejettées en glacis fur la contrefcarpe
& en talud fort roide fur la berme. On
avoit pratiqué des creneaux & des embrafures
dans les pieux à fleur de terre rejettée fur la
berme , & un échafaudage de charpente régnoit
tout autour , afin de tirer pardeffus . Il y avoit
huit canons & quatre mortiers à doubles grenades,
2 °. Le vieux Fort de Choueguen , fitué fur
la rive gauche de la Riviere , confiftant en une
Maifon à machicoulis & crénelée au rez de chauf
fée & au premier étage , dont les murs avoient
trois pieds d'épaiffeur & étoient entourés
à trois toiles de diftance d'une autre muraille
de quatre pieds d'épaiffeur fur dix de hauteur
, crénelée & flanquée par deux groffes tours
quarrées. Il y avoit de plus un retranchement
qui entouroit , du côté de la campagne , le
Fort où les Ennemis avoient placés dix- huit
pieces de canon & quinze mortiers & obufiers .
3°. Le Fort Georges , fitué à 300 toifes endelà
de celui de Choueguen fur une hauteur qui
le dominoit. Il étoit de pieux & aſſez mal retranché
en terre fur deux faces .
C'eft principalement au moyen des avantages
que cet Etabliffement donnoit aux Anglois ,
qu'ils s'étoient flattés d'envahir le Canada . Leur
deffein étoit d'abord , ainfi qu'on l'a dit , de
s'emparer du Fort de Niagara & de celui de Frontenac
. Maîtres de ces deux poftes , ils auroient coupé
abfolument la communication , non feulement
des Pays d'en haut , mais encore de la Louifiane
: ils auroient fait tomber une des principales
branches du commerce de Canada ; &
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
en enlevant à cette Colonie une partie de fes
Sauvages alliés , ils fe feroient trouvés à portée
de l'attaquer de toutes parts dans tous les Etabliflemens.
Telles étoient les vues , du moins apparentes
, des Anglois , & les difpofitions faites de notre
part , lorfque les troupes Françoiſes commandées
par le Marquis de Montcalm arriverent au
mois de Mai.
Dès que le Marquis de Vaudreuil eut reça
ce renfort , il envoya fur le lac du St. Sacrement
le bataillon de Royal Rouffillon qui en
faifoit partie. Le Bataillon de la Sarre fut envoyé
à Frontenac avec les deux Ingénieurs François
nouvellement débarqués , aux ordres du fieur
de Bourlamaque Colonel d'Infanterie , pour former
devant cette Place un Camp retranché. Le
Chevalier de Levis , Brigadier , fut deftiné à commander
fur le lac du St. Sacrement ; & le Marquis
de Montcalm devoit fe porter aux lieux
que les ennemis paroîtroient menacer le plus.
Vers le mois de Juin , il parut clairement
par le rapport des Sauvages envoyés à la découverte
, par les dépofitions de plufieurs prifonniers
, & par les préparatifs immenfes faits à
Albany & au Fort Lydius , que les Anglois
avoient des projets d'offenfive du côté de la
Pointe ou du lac du St. Sacrement. Ces nouvelles
confirmerent les Commandans François dans
le deffein d'une diverfion fur le lac Ontario ,
qui devenoit néceffaite pour attirer de ce côtélà
une partie des forces ennemies. Le Marquis
de Montcalm propofa de s'en charger , & même
de tenter , s'il étoit poffible , une entreprife
fur les Etabliffemens Anglois : entrepriſe
deja projettée depuis quelque temps par le Gou
་
་
DECEMBRE. 1756. 227
verneur- Général , qui n'avoit jamais perdu de
vue le fiege des Forts de Choueguen , dont il
connoiffoit toute l'importance. Ce Siege fut réfolu
par le Marquis de Vaudreuil , au cas que
l'état de la Place , & la lenteur des ennemis
permiffent de le former dans cette campagne ,
dont la faifon commençoit à s'avancer. Mais
une pareille expédition exigeoit de grands préparatifs
; les diftances étoient confidérables ; &
les tranfports ne pouvoient s'exécuter qu'avec
des peines & des longueurs infinies , à travers un
pays qui n'a d'autres chemins que des rivieres
remplies de fauts & de rapides , & des lacs où
la violence des vagues rend quelquefois la navigation
prefqu'impoffible . On ne pouvoit donc
fe flatter de réufhir dans ce projet qu'autant qu'il
ne feroit pas pénétré par les ennemis ; & qu'on
ne leur donneroit pas le temps de faire paffer
à Choueguen les nouveaux fecours qu'ils deftineroient
eux-mêmes pour l'attaque des deux
Forts François,
En conféquence le Marquis de Vaudreuil priv
toutes les mesures qui pouvoient accélérer nos
difpofitions & en cacher l'objet . Le fieur Bigot
Intendant du Canada vint à Montreal , & fe char--
gea d'amaffer des munitions de guerre & debouche
, d'en diligenter les convois & de les entretenir
fans interruption. Le fieur Rigaud de
Vaudreuil , Gouverneur des trois Rivieres , fut envoyé
avec un renfort de Canadiens & de Sauvages
, pour prendre le commandement du Camp
du fieur de Villiers . En même temps le fieur de
Bourlamaque reçut ordre de commencer à Frontenac
les préparatifs qu'on jugea néceffaires. Le
fieur de Combles Ingénieur , fut chargé d'aller
avec un détachement reconnoître Choi eguen. E
K. vj
228 MERCURE DE FRANCE.
tandis que tout fe difpofoit ainfi pour cette attaque
, dans la vue de donner le change aux
ennemis , le Marquis de Montcalm partit le 27
de Juin pour le Fort de Carrillon avec le Chevalier
de Levis. Les pofitions à prendre au fujet
de la défenfive dans cette partie , les fortifications
alors commencées à Carrillon , & les
mouvemens des Anglois à Albany , paroiffoient
en effet des raifons fuffifantes pour autorifer la
préfence du Marquis de Montcalm fur le lac
du St. Sacrement , comme dans le pofte où devoient
fe paffer les opérations les plus intéres-
Santes. Ce Général n'y étant resté que le temps
néceffaire pour préparer l'effentiel , & s'attirer
l'attention des Anglois , remit la défenſe de cette
Frontiere au Chevalier de Levis , en lui laiffant
un Corps de trois mille hommes , & reprit le
quinze de Juillet la route de Montreal , où il arriva
le dix -neuf du même mois. Il y reçut fes
dernieres inftructions pour l'entrepriſe contre
les Forts de Choueguen , à laquelle le Marquis
de Vaudreuil fe trouvoit engagé de plus en plus
par la nouvelle toute récente d'un fuccès qui
fembloit en faciliter l'exécution . C'eft celle de
l'échec que les ennemis avoient reçu dans les
premiers jours de Juillet fur le lac Ontario , où
le fieur de Villiers venoit de détruire un convoi
d'environ deux cens bâtimens , & de tuer
u de prendre prifonniers plus de cinq cens
hommes.
Le Marquis de Montcalm repartit de Montreal
le 21 de Juillet , & arriva le ving neuf
à Frontenac , où il trouva tout raffemblé , à
l'exception du détachement commandé par le fieur
Rigaud de Vaudreuil. Ce Corps s'étoit deja
porté fur la Riviere de Choueguen à la Baie
a
t
I
DECEMBRE. 1756. 229
de Niaouré , où le Marquis de Vaudreuil avoit
marqué le rendez -vous général des troupes deftinées
pour l'expédition .
Ces troupes formoient un Corps de trois
mille hommes , y compris le détachement du
fieur de Rigaud , qui devoit fervir d'avant- garde.
Elles étoient compofées des Bataillons de la Sarre
, Guyenne , & Bearn , ne faifant enfemble
que treize cens hommes , & d'environ dix- fept
cens foldats de la Colonie , Miliciens & Sauvages .
Le Marquis de Montcalm n'a pas perdu de
temps pour le mettre en état de partir du Fort
Frontenac. Aprés avoir fait dans cette Place les
préparatifs inféparables d'une opération nouvelle
en ce Pays , & qui préfentoit des difficultés
inconnues en Europe ; après avoir en même
temps pourvu aux difpofitions néceffaires
pour affurer la retraite , en cas que des forces
fupérieures la rendiffent inévitable , il a donné
ordre à deux barques armées fur le Lac Ontario
, l'une de douze , & l'autre de feize canons ,
de fe mettre en croifiere dans les parages de
Chouëguen. Il a établi une chaîne de découvreurs
, Canadiens & Sauvages , fur le chemin
de cette Place à la Ville d'Albanie , pour y intercepter
les Couriers ; & dès le 4 Août il s'eft
embarqué à Frontenac avec la premiere divifion
de fes Troupes , compofée du Bataillon de
la Sarre & de celui de Guyenne , avec 4 pieces
de canon , & eft arrivé le 6 à la Baie de
Niaouré , où la feconde divifion compofée du
Bataillon de Béarn , de Miliciens , & des Bateaux
chargés de l'Artillerie & des vivres , s'eft rendue
le huit.
Le même jour , le Marquis de Montcalm fit
partir l'avant-garde , commandée par le Sieur de
230 MERCURE DE FRANCE.
Rigaud , pour s'avancer à trois lieues de Chouëguen
dans une Anfe nommée l'Anfe- aux -Cabannes.
La premiere divifion y étant arrivée le 10 à
deux heures du matin , Pavant - garde fe porta
quatre heures après par terre & au travers des
bois , à une autre Anfe fituée à une demi- lieue
de Choueguen , pour y favorifer le débarquement
de l'artillerie & des troupes. La premiere divifion
fe rendit à minuit dans cette même Anfe. Le
Marquis de Montcalm parvint à faire établir
auffi -tôt une batterie fur le Lac Ontario , & les
troupes pafferent la nuit au bivouac à la tête des
bateaux.
Le 11 , à la pointe du jour , les Canadiens &
les Sauvages s'avancerent à un quart de lieue do
Fort Ontario , fitué , comme on l'a dit , fur la rive
droite de la Riviere de Chouëguen , & en formoient
l'inveftiffement. Le Sieur de Combles ,
Ingénieur , qui avoit été envoyé à trois heures du
matin pour déterminer cet inveſtiſſement & le
front de l'attaque , fut tué , en revenant de fa découverte
, par un de nos Sauvages qui l'avoit efcorté
, & qui dans l'obcurité le prit malheureuſement
pour un Anglois . Le Sieur Defandrouins ,
autre Ingénieur , qui par-là reftoit ſeul , traça â
travers des bois , en partie marécageux , un chemin
reconnu la veille , pour y conduire de l'Artillerie
; & ce chemin commencé le rr au matin ,
fut pouffé avec tant de vivacité, qu'il fe trouva perfectionné
le lendemain. On avoit en même temps
établi le Camp, la droite appuyée au Lac Ontario
, couverte par la batterie établie la veille , &
qui mettoit les Bateaux hors d'infulte ; & la gauche
à un marais impraticable.
La marche des François , que la précaution de
que de nuit, & d'entrer pour faire halte dans
n'aller
DECEMBRE . 1756. 13 .
les rivieres qui les couvroient , avoit jufqu'alors
dérobée aux Ennemis , leur fut annoncée le même
jour par les Sauvages , qui allerent fufiller juf
qu'au pied du Fort . Trois barques armées fortirent
à midi de la Riviere de Choueguen , vinrent
croifer devant le Camp, firent quelques décharges
de leur Artillerie ; mais le feu de notre batterie
les força de s'éloigner
Le 12 , à la pointe du jour, le Bataillon de Béarn
arriva avec les Bateaux de l'Artillerie & des vivres.
La décharge de ces Bateaux fut faite fur le champ,
en préfence des Barques Angloifes qui croifoient
devant le Camp : la batterie de la greve fut augmentée
le parc de l'Artillerie , & le dépôt des
vivres furent établis ; & le Sieur Pouchot , Capitaine
au Régiment de Béarn , reçut ordre de
faire fonction d'Ingénieur pendant le fiege. La
difpofition fut faite pour l'ouverture de la tranchée
le foir même le Marquis de Montcalm en
donna la direction au Sieur de Bourlamaque
Colonel d'Infanterie , & commanda fix piquets
de travailleurs de cinquante hommes chacun
pour cette nuit , avec deux compagnies de Grenadiers
& trois piquets pour les foutenir .
Avec toute la diligence poffible , on ne put
commencer qu'à minuit le travail de cette tranchée
, qui étoit plutôt une parallele d'environ ico
toifes de front , ouverte à 90 toifes du foffé du
Fort , dans un terrein embarraffé d'abattis & de
troncs d'arbres.Cette parallele achevée à cinq heures
du matin , fut perfectionnée par les travailleurs
du jour , qui y firent les chemins de communication
, & commencerent l'établiſſement des batteries
. Le feu des ennemis qui depuis la pointe du
jour avoit été très-vif , ceffa vers les fix heures
dufoir; & l'on s'apperçut que la Garniſon avoid
232 MERCURE DE FRANCE.
évacué le Fort Ontario , & paflé de l'autre côté
de la riviere dans celui de Choueguen. Elle abandonna
, en fe retirant , 8 pieces de canon & 4
mortiers.
Le Fort ayant auffitôt été occupé par les Grenadiers
de tranchée , des travailleurs furent commandés
pour continuer la communication de la
parallele au bord de la Riviere , où , dès l'entrée
de la nuit , on commença une grande batterie
placée de façon à pouvoir, non feulement battre
le Fort Choueguen & le chemin de ce Fort au Fort
Georges , mais encore prendre à revers le retranchement
qui entouroit le premier de ces Forts.
Vingt pieces de canon furent chariées à bras
d'hommes pendant la nuit ; & ce travail employa
toutes les troupes , à l'exception des piquets &
Gardes du camp.
Le 14 , à la pointe du jour , le Marquis de Montcalm
ordonna au Sieur de Rigaud de paffer à gué
de l'autre côté de la Riviere avec les Canadiens &
les Sauvages , de fe porter dans les bois , & d'inquiéter
la communication au Fort Georges où les
Ennemis paroiffoient faire de grandes difpofitions.
Le Sieur de Rigaud exécuta cet ordre fur le champ.
Quoiqu'il y ait beaucoup d'eau dans cette Riviere,
& que le courant en foit très- rapide , il s'y jetta ,
la traverfa avec les Canadiens & les Sauvages , les
uns à la nage , d'autres dans l'eau jufqu'à la ceinture
ou jufqu'au cou , & fe rendit à fa deftination
, fans que le feu de l'Ennemi fût capable d'arrêter
un feul Canadien , ni Sauvage.
A neuf heures , les Affiégeans eurent neuf pieces
de canon en état de tirer ; & quoique jufqu'alors
le feu des Affiégés eût été fupérieur , ils arborerent
à dix heures le Drapeau blanc . Le Sieur de
Rigaud renvoya au Marquis de Montcalm deux
DECEMBRE . 1756. 23.3
Officiers que le Commandant du Fort lui avoit
adreffés pour demander à capituler. Le Marquis
de Montcalm envoya le Sr de Bougainville , l'un
de fes Aides de Camp , pour fervir d'ôtage , &
propofer les articles de la capitulation , qui furent
que la Garnifon fe rendroit prifonniere de guerre,
& que les troupes Françoifes prendroient fur le
champ poffeffion des Forts . On a déja dit qu'elles
avoient occupé la veille celui d'Ontario . Čes articles
ayant été acceptés par le Commandant Anglois
, le Sieur de la Pauze , Aide-Major au Régiment
de Guyenne , faifant fonction de Major Général
, fut chargé par le Marquis de Montcalm de
les aller rédiger ; & le Sieur de Bourlamaque
nommé Commandant des Forts Georges & Chouëguen
, en prit poffeffion avec deux compagnies de
Grenadiers & les piquets de la tranchée. Il fut
chargé de la démolition de tous les Forts , & du
déblaiement de l'Artillerie , & des munitions de
guerre & de bouche qui s'y trouverent .
La célérité de nos ouvrages dans un terrein que
les Ennemis avoient jugé impraticable , l'établiſ
fement de nos batteries fait fi rapidement , l'idée
que ces travaux ont donnée du nombre des troupes
Françoifes , la mort du Colonel Mercer , Commandant
de Chouëguen , tué à huit heures du marin
, & plus que tout encore , la manoeuvre hardie
du Sieur de Rigaud , & li crainte des Canadiens
& des Sauvages qui faifoient déja feu fur le
Fort , ont fans doute déterminé les Aſſiégés à ne
pas faire une plus longue défenfe .
Ils ont perdu cent cinquante-deux hommes , y
compris quelques Soldats tués par les Sauvages en
voulant fe fauver dans les bois . Le nombre des prifonniers
a été de plus de feize cens , dont quatrevingts
Officiers. On a pris auffi ſept Bâtimens de
234 MERCURE DE FRANCE.
guerre , dont un de dix- huit canons , un de quatorze
, un de dix , un de huit , & les trois autres
armés de pierriers , outre deux cens bâtimens de
tranfport ; & les Officiers & Equipages de ces bâtimens
ont été compris dans la capitulation de la
Garnifon , qui étoit compofée de deux Régimens
de troupes réglées , de Shirley & de Pepperel , &
du Régiment de Milice de Shuyler. L'Artillerie
qu'on a prife , confifte en cent cinquante-cinq pieces
de canon , quatorze mortiers , cinq obuliers
& quarante-fept pierriers , qu'on a enlevés avec
une grande quantité de boulets , bombes , balles
& poudre , & un amas confidérable de vivres.
Le Marquis de Montcalm n'a perdu que trois
hommes , fçavoir un Canadien , un Soldat & un
Canonnier , outre la perte du Sieur de Combles ,
& il n'y a eu dans les différens corps de troupes ,
qui étoient fous fes ordres , qu'environ vingt
bleffés , qui tous le font fort légèrement. Le Sieur
de Bourlamaque & les Sieurs de Palmarol , Capitaine
de Grenadiers , & Duparquet , Capitaine au
Régiment de la Sarre , font de ce nombre.
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Le 21 du même mois d'Août , toutes les démolitions
étant achevées , le tranfport des prifonniers
, de l'artillerie & des vivres fait , le Marquis
de Montcalm fe rembarqua avec les troupes , &
fe rendit fur trois divifions à la Baie de Niaouré ,
d'où les différens Corps fe font portés aux deftinations
refpectives que leur avoit indiquées le Marquis
de Vaudreuil , qui a fait dépofer dans les
Eglifes de Québec &des trois Rivieres , avec les ]
cérémonies ordinaires , les quatre Drapeaux des
Régimens de troupes réglées de Shirley & Pepperel
, & celui du Régiment de Milices de Shuyler.
Le fuccès de cette expédition a répandu une
joie générale dans la Colonie , où l'on en connoît
C DECEMBRE. 1756. 235
plus qu'ailleurs tous les avantages . Elle fe trouve
par la délivrée des juftes inquiétudes que lui donnoit
l'établiffement de Choueguen. Elle voit la
communication avec le pays d'enhaut & avec
toutes les Nations Sauvages fes alliées , à l'abri
des troubles auxquels elle étoit expofee . Elle ne
craint plus d'être attaquée de ce côté - là , du
moins avec la fupériorité que donnoit aux Anglois
l'établiſſement qu'on vient de leur enlever ,
& qui les mettoit en état de dominer fur les Lacs ,
où ils avoient déja formé une Marine. Elle eft en
état déformais de réunir fes forces pour la défenſe
de fes frontieres , & elle a la fatisfaction de devoir
cet heureux changement dans fa fituation , aux
fecours puiffans que le Roi a eu la bonté de lui
envoyer.
Elle a fait éclater les fentimens les plus touchans
de refpect & de reconnoiffance pour ces
nouvelles marques de la protection de Sa Majefté ,
& elle feconde avec tout le zele qu'on peut attendre
du peuple le plus fidele & le plus attaché à fon
Prince , les foins infatigables que fe donnent
pour fa défenfe le Marquis de Vaudreuil , ainfi
que le Marquis de Montcalm , & les autres Officiers
qui en font chargés fous les ordres de ce
Gouverneur.
année en Canada , avec le journal hiſtorique
du fiege des Forts de Choueguen ou
Ofwego, commencé le 11 Août 1756, co
fini le 14 par la prise de ces Forts.
LE
Es nouveaux préparatifs que les Anglois ont
faits pour envahir nos poffeffions en Amérique ,
malgré le mauvais fuccès de leurs entreprifes de
P'année derniere , ont été auffi publics en Europe
que dans le nouveau monde. On s'y étoit attendu
& dans les premiers jours d'Avril dernier , le Roi
fit partir , pour le Canada , un renfort de troupes
commandé par le Marquis de Montcalm ,
Maréchal de Camp.
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
En attendant l'arrivée de ce fecours , & dès la
fin de la campagne derniere , le Marquis de Vaudreuil
, Gouverneur & Lieutenant Général de la
Nouvelle France , avoit pris de juftes meſures
pour la défenſe de nos frontieres. Ses arrangemens
avoient eu même pour objet de faire harceler
les Anglois dans leurs propres Colonies. Il a
tenu des détachemens en campagne durant tout
l'hyver. Les Sauvages ont tué beaucoup de monde ,
on a enlevé une quantité confiderable de beftiaux :
ily a eu un grand nombre de maifons & de magafins
brulés ; les campagnes ont été abandonnées
dans plufieurs endroits des frontieres des Colonies
Angloifes. Ces mouvemens divers ont efficacement
fervi , non feulement à augmenter le mécontentement
qu'avoit caufé parmi elles l'injuftice
des projets de leurs Gouverneurs , mais encore à
faire naître des embarras & des difficultés qui ont
empêché l'exécution de ces projets dans le printemps.
Le Marquis de Vaudreuil ne s'en eft pas tenu
là . Tandis que nos Partis fe fuccedoient fans
relâche fur les frontieres des Anglois , expofées à
leurs courſes , & défoloient furtout la Pensilvanie
, la Virginie & le Mariland , un Corps de nos
troupes , qu'il avoit placé fur la riviere S. Jean ,
y recueilloit les reftes épars des Acadiens chalés
de leurs habitations par les Anglois , & dont une
partie erroit alors dans les bois. La défenſe du
Fort du Quêne & de l'Ohio , ou de la belle Riviere
, étoit confiée à un corps de Canadiens & de
Sauvages commandés par le Sieur Dumas. Un
autre detachement d'environ 500 hommes , obfervoit
l'ennemi du côté du Fort Lydius . Le bataillon
du Régiment de la Reine & celui du Régiment
de Languedoc , campoient devant le Fort
2
N
༡༩.R
te
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DECEMBRE. 1756 . 223
de Carrillon , vers le Lac du Saint- Sacrement. Le
bataillon de Bearn étoit deſtiné pour le Fort de
Niagara , & celui de Guyenne pour le Fort Frontenac
, afin de défendre ces deux poftes importans
dont les ennemis paroiffoient méditer. l'attaque
pendant le cours de la campagne prête à s'ouvrir.
Dès le commencement de l'hyver , le Marquis
de Vaudreuil avoit été informé que , pour l'exécution
de ce projet , les Anglois faifoient raffembler
des troupes avec des provifions confidérables
dans les Forts de Choueguen près du Lac
Ontario ; & c'eft en conféquence de cet avis
qu'au mois de Mars dernier le fieur de Léry attaqua
par fes ordres un Fort où étoit le principal
entrepôt de ces approvifionnemens . Ce Fort
fut enlevé d'affaut & détruit avec tous les bâtimens
qui en dependoient ; & toutes les munitions
qui s'y trouvoient en grande quantité ,
furent enlevées , brûlées , ou jettées dans la Riviere.
Dans la vue de profiter de ce premier
fuccès , le Gouverneur- Général fit un autre détachement
de 700 hommes , Canadiens & Sauvages
, fous les ordres du fieur de Villiers , Capitaine
de la Colonie , pour refferrer les ennemis
de ce côté-là , obferver leurs mouvemens , &
intercepter les tranfports qu'ils pourroient faire
fur la riviere de Choueguen.
Ainfi tout étoit difpofé par le Marquis de Vaudreuil
pour une défenfive vigoureuſe dans les différentes
parties du Canada , fur les lacs Champlain
& du St. Sacrement , vers la Belle - Riviere , &
furtout du côté du lac Ontario , où la défenſe
de nos Forts & même l'attaque des poftes Anglois
avoient été fon objet principal dans la diftribution
des forces de la Colonie.
Tout le monde fçait que l'établiffement des
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Anglois fur le lac Ontario eft une invafion qu'ils
ont faite en pleine paix. Il n'étoit queftion d'abord
de leur part que d'une fimple Maiſon de
commerce. C'eft fous ce feul point de vue qu'ils
en firent la propofition en 1728 , aux Sauvages
Iroquois , qui ne les auroient pas vus tranquillement
fe fortifier tout d'un coup dans le voifinage
de leurs Habitations . On fentit cependant
dès - lors en Canada quel étoit leur véritable objet
dans cet Etabliffèment , qui devoit les mettre
à portée non feulement d'envahir le commerce
des Lacs que les François n'avoient jamais
partagé avec aucune Nation Européenne , mais
encore de couper , par le centre même de la
Colonie de Canada , la communication des poftes
qui en dépendent. Les Gouverneurs François
fe contenterent cependant de réclamer contre
cette ufurpation. Le Roi en fit porter dans
le temps des plaintes à la Cour Britanique , où
elles ont été conſtamment renouvellées dans toutes
les occafions . Mais les Anglois , fans ſe mettre
en peine de la juftice de ces plaintes , &
abufant toujours de l'efprit de paix qui a réglé
dans tous les temps la conduite de la France ,
ie font fortifiés peu à peu à Choueguen , de
maniere qu'ils y avoient établi trois Forts ,
fçavoir :
1º. Le Fort Ontario placé à la droite de la
Riviere , au milieu d'un plateau fort élevé. Il
confiftoit en un quatré de trente toifes de côté ,
dont les faces brifées par le milieu étoient flanquées
par un rédan placé à l'endroit de la brifure.
Il étoit fait de pieux de dix - huit pouces
de diametre applanis fur deux faces , parfaitement
bien joints l'un à l'autre , & fortans de terre de
de huit à neuf pieds . Le follé qui entouroit le
1
1
1
1
DECEMBRE . 1756. 225
Fort avoit dix-huit pieds de largeur fur huit de
profondeur. Les terres qu'on en avoit tirées
avoient été rejettées en glacis fur la contrefcarpe
& en talud fort roide fur la berme. On
avoit pratiqué des creneaux & des embrafures
dans les pieux à fleur de terre rejettée fur la
berme , & un échafaudage de charpente régnoit
tout autour , afin de tirer pardeffus . Il y avoit
huit canons & quatre mortiers à doubles grenades,
2 °. Le vieux Fort de Choueguen , fitué fur
la rive gauche de la Riviere , confiftant en une
Maifon à machicoulis & crénelée au rez de chauf
fée & au premier étage , dont les murs avoient
trois pieds d'épaiffeur & étoient entourés
à trois toiles de diftance d'une autre muraille
de quatre pieds d'épaiffeur fur dix de hauteur
, crénelée & flanquée par deux groffes tours
quarrées. Il y avoit de plus un retranchement
qui entouroit , du côté de la campagne , le
Fort où les Ennemis avoient placés dix- huit
pieces de canon & quinze mortiers & obufiers .
3°. Le Fort Georges , fitué à 300 toifes endelà
de celui de Choueguen fur une hauteur qui
le dominoit. Il étoit de pieux & aſſez mal retranché
en terre fur deux faces .
C'eft principalement au moyen des avantages
que cet Etabliffement donnoit aux Anglois ,
qu'ils s'étoient flattés d'envahir le Canada . Leur
deffein étoit d'abord , ainfi qu'on l'a dit , de
s'emparer du Fort de Niagara & de celui de Frontenac
. Maîtres de ces deux poftes , ils auroient coupé
abfolument la communication , non feulement
des Pays d'en haut , mais encore de la Louifiane
: ils auroient fait tomber une des principales
branches du commerce de Canada ; &
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
en enlevant à cette Colonie une partie de fes
Sauvages alliés , ils fe feroient trouvés à portée
de l'attaquer de toutes parts dans tous les Etabliflemens.
Telles étoient les vues , du moins apparentes
, des Anglois , & les difpofitions faites de notre
part , lorfque les troupes Françoiſes commandées
par le Marquis de Montcalm arriverent au
mois de Mai.
Dès que le Marquis de Vaudreuil eut reça
ce renfort , il envoya fur le lac du St. Sacrement
le bataillon de Royal Rouffillon qui en
faifoit partie. Le Bataillon de la Sarre fut envoyé
à Frontenac avec les deux Ingénieurs François
nouvellement débarqués , aux ordres du fieur
de Bourlamaque Colonel d'Infanterie , pour former
devant cette Place un Camp retranché. Le
Chevalier de Levis , Brigadier , fut deftiné à commander
fur le lac du St. Sacrement ; & le Marquis
de Montcalm devoit fe porter aux lieux
que les ennemis paroîtroient menacer le plus.
Vers le mois de Juin , il parut clairement
par le rapport des Sauvages envoyés à la découverte
, par les dépofitions de plufieurs prifonniers
, & par les préparatifs immenfes faits à
Albany & au Fort Lydius , que les Anglois
avoient des projets d'offenfive du côté de la
Pointe ou du lac du St. Sacrement. Ces nouvelles
confirmerent les Commandans François dans
le deffein d'une diverfion fur le lac Ontario ,
qui devenoit néceffaite pour attirer de ce côtélà
une partie des forces ennemies. Le Marquis
de Montcalm propofa de s'en charger , & même
de tenter , s'il étoit poffible , une entreprife
fur les Etabliffemens Anglois : entrepriſe
deja projettée depuis quelque temps par le Gou
་
་
DECEMBRE. 1756. 227
verneur- Général , qui n'avoit jamais perdu de
vue le fiege des Forts de Choueguen , dont il
connoiffoit toute l'importance. Ce Siege fut réfolu
par le Marquis de Vaudreuil , au cas que
l'état de la Place , & la lenteur des ennemis
permiffent de le former dans cette campagne ,
dont la faifon commençoit à s'avancer. Mais
une pareille expédition exigeoit de grands préparatifs
; les diftances étoient confidérables ; &
les tranfports ne pouvoient s'exécuter qu'avec
des peines & des longueurs infinies , à travers un
pays qui n'a d'autres chemins que des rivieres
remplies de fauts & de rapides , & des lacs où
la violence des vagues rend quelquefois la navigation
prefqu'impoffible . On ne pouvoit donc
fe flatter de réufhir dans ce projet qu'autant qu'il
ne feroit pas pénétré par les ennemis ; & qu'on
ne leur donneroit pas le temps de faire paffer
à Choueguen les nouveaux fecours qu'ils deftineroient
eux-mêmes pour l'attaque des deux
Forts François,
En conféquence le Marquis de Vaudreuil priv
toutes les mesures qui pouvoient accélérer nos
difpofitions & en cacher l'objet . Le fieur Bigot
Intendant du Canada vint à Montreal , & fe char--
gea d'amaffer des munitions de guerre & debouche
, d'en diligenter les convois & de les entretenir
fans interruption. Le fieur Rigaud de
Vaudreuil , Gouverneur des trois Rivieres , fut envoyé
avec un renfort de Canadiens & de Sauvages
, pour prendre le commandement du Camp
du fieur de Villiers . En même temps le fieur de
Bourlamaque reçut ordre de commencer à Frontenac
les préparatifs qu'on jugea néceffaires. Le
fieur de Combles Ingénieur , fut chargé d'aller
avec un détachement reconnoître Choi eguen. E
K. vj
228 MERCURE DE FRANCE.
tandis que tout fe difpofoit ainfi pour cette attaque
, dans la vue de donner le change aux
ennemis , le Marquis de Montcalm partit le 27
de Juin pour le Fort de Carrillon avec le Chevalier
de Levis. Les pofitions à prendre au fujet
de la défenfive dans cette partie , les fortifications
alors commencées à Carrillon , & les
mouvemens des Anglois à Albany , paroiffoient
en effet des raifons fuffifantes pour autorifer la
préfence du Marquis de Montcalm fur le lac
du St. Sacrement , comme dans le pofte où devoient
fe paffer les opérations les plus intéres-
Santes. Ce Général n'y étant resté que le temps
néceffaire pour préparer l'effentiel , & s'attirer
l'attention des Anglois , remit la défenſe de cette
Frontiere au Chevalier de Levis , en lui laiffant
un Corps de trois mille hommes , & reprit le
quinze de Juillet la route de Montreal , où il arriva
le dix -neuf du même mois. Il y reçut fes
dernieres inftructions pour l'entrepriſe contre
les Forts de Choueguen , à laquelle le Marquis
de Vaudreuil fe trouvoit engagé de plus en plus
par la nouvelle toute récente d'un fuccès qui
fembloit en faciliter l'exécution . C'eft celle de
l'échec que les ennemis avoient reçu dans les
premiers jours de Juillet fur le lac Ontario , où
le fieur de Villiers venoit de détruire un convoi
d'environ deux cens bâtimens , & de tuer
u de prendre prifonniers plus de cinq cens
hommes.
Le Marquis de Montcalm repartit de Montreal
le 21 de Juillet , & arriva le ving neuf
à Frontenac , où il trouva tout raffemblé , à
l'exception du détachement commandé par le fieur
Rigaud de Vaudreuil. Ce Corps s'étoit deja
porté fur la Riviere de Choueguen à la Baie
a
t
I
DECEMBRE. 1756. 229
de Niaouré , où le Marquis de Vaudreuil avoit
marqué le rendez -vous général des troupes deftinées
pour l'expédition .
Ces troupes formoient un Corps de trois
mille hommes , y compris le détachement du
fieur de Rigaud , qui devoit fervir d'avant- garde.
Elles étoient compofées des Bataillons de la Sarre
, Guyenne , & Bearn , ne faifant enfemble
que treize cens hommes , & d'environ dix- fept
cens foldats de la Colonie , Miliciens & Sauvages .
Le Marquis de Montcalm n'a pas perdu de
temps pour le mettre en état de partir du Fort
Frontenac. Aprés avoir fait dans cette Place les
préparatifs inféparables d'une opération nouvelle
en ce Pays , & qui préfentoit des difficultés
inconnues en Europe ; après avoir en même
temps pourvu aux difpofitions néceffaires
pour affurer la retraite , en cas que des forces
fupérieures la rendiffent inévitable , il a donné
ordre à deux barques armées fur le Lac Ontario
, l'une de douze , & l'autre de feize canons ,
de fe mettre en croifiere dans les parages de
Chouëguen. Il a établi une chaîne de découvreurs
, Canadiens & Sauvages , fur le chemin
de cette Place à la Ville d'Albanie , pour y intercepter
les Couriers ; & dès le 4 Août il s'eft
embarqué à Frontenac avec la premiere divifion
de fes Troupes , compofée du Bataillon de
la Sarre & de celui de Guyenne , avec 4 pieces
de canon , & eft arrivé le 6 à la Baie de
Niaouré , où la feconde divifion compofée du
Bataillon de Béarn , de Miliciens , & des Bateaux
chargés de l'Artillerie & des vivres , s'eft rendue
le huit.
Le même jour , le Marquis de Montcalm fit
partir l'avant-garde , commandée par le Sieur de
230 MERCURE DE FRANCE.
Rigaud , pour s'avancer à trois lieues de Chouëguen
dans une Anfe nommée l'Anfe- aux -Cabannes.
La premiere divifion y étant arrivée le 10 à
deux heures du matin , Pavant - garde fe porta
quatre heures après par terre & au travers des
bois , à une autre Anfe fituée à une demi- lieue
de Choueguen , pour y favorifer le débarquement
de l'artillerie & des troupes. La premiere divifion
fe rendit à minuit dans cette même Anfe. Le
Marquis de Montcalm parvint à faire établir
auffi -tôt une batterie fur le Lac Ontario , & les
troupes pafferent la nuit au bivouac à la tête des
bateaux.
Le 11 , à la pointe du jour , les Canadiens &
les Sauvages s'avancerent à un quart de lieue do
Fort Ontario , fitué , comme on l'a dit , fur la rive
droite de la Riviere de Chouëguen , & en formoient
l'inveftiffement. Le Sieur de Combles ,
Ingénieur , qui avoit été envoyé à trois heures du
matin pour déterminer cet inveſtiſſement & le
front de l'attaque , fut tué , en revenant de fa découverte
, par un de nos Sauvages qui l'avoit efcorté
, & qui dans l'obcurité le prit malheureuſement
pour un Anglois . Le Sieur Defandrouins ,
autre Ingénieur , qui par-là reftoit ſeul , traça â
travers des bois , en partie marécageux , un chemin
reconnu la veille , pour y conduire de l'Artillerie
; & ce chemin commencé le rr au matin ,
fut pouffé avec tant de vivacité, qu'il fe trouva perfectionné
le lendemain. On avoit en même temps
établi le Camp, la droite appuyée au Lac Ontario
, couverte par la batterie établie la veille , &
qui mettoit les Bateaux hors d'infulte ; & la gauche
à un marais impraticable.
La marche des François , que la précaution de
que de nuit, & d'entrer pour faire halte dans
n'aller
DECEMBRE . 1756. 13 .
les rivieres qui les couvroient , avoit jufqu'alors
dérobée aux Ennemis , leur fut annoncée le même
jour par les Sauvages , qui allerent fufiller juf
qu'au pied du Fort . Trois barques armées fortirent
à midi de la Riviere de Choueguen , vinrent
croifer devant le Camp, firent quelques décharges
de leur Artillerie ; mais le feu de notre batterie
les força de s'éloigner
Le 12 , à la pointe du jour, le Bataillon de Béarn
arriva avec les Bateaux de l'Artillerie & des vivres.
La décharge de ces Bateaux fut faite fur le champ,
en préfence des Barques Angloifes qui croifoient
devant le Camp : la batterie de la greve fut augmentée
le parc de l'Artillerie , & le dépôt des
vivres furent établis ; & le Sieur Pouchot , Capitaine
au Régiment de Béarn , reçut ordre de
faire fonction d'Ingénieur pendant le fiege. La
difpofition fut faite pour l'ouverture de la tranchée
le foir même le Marquis de Montcalm en
donna la direction au Sieur de Bourlamaque
Colonel d'Infanterie , & commanda fix piquets
de travailleurs de cinquante hommes chacun
pour cette nuit , avec deux compagnies de Grenadiers
& trois piquets pour les foutenir .
Avec toute la diligence poffible , on ne put
commencer qu'à minuit le travail de cette tranchée
, qui étoit plutôt une parallele d'environ ico
toifes de front , ouverte à 90 toifes du foffé du
Fort , dans un terrein embarraffé d'abattis & de
troncs d'arbres.Cette parallele achevée à cinq heures
du matin , fut perfectionnée par les travailleurs
du jour , qui y firent les chemins de communication
, & commencerent l'établiſſement des batteries
. Le feu des ennemis qui depuis la pointe du
jour avoit été très-vif , ceffa vers les fix heures
dufoir; & l'on s'apperçut que la Garniſon avoid
232 MERCURE DE FRANCE.
évacué le Fort Ontario , & paflé de l'autre côté
de la riviere dans celui de Choueguen. Elle abandonna
, en fe retirant , 8 pieces de canon & 4
mortiers.
Le Fort ayant auffitôt été occupé par les Grenadiers
de tranchée , des travailleurs furent commandés
pour continuer la communication de la
parallele au bord de la Riviere , où , dès l'entrée
de la nuit , on commença une grande batterie
placée de façon à pouvoir, non feulement battre
le Fort Choueguen & le chemin de ce Fort au Fort
Georges , mais encore prendre à revers le retranchement
qui entouroit le premier de ces Forts.
Vingt pieces de canon furent chariées à bras
d'hommes pendant la nuit ; & ce travail employa
toutes les troupes , à l'exception des piquets &
Gardes du camp.
Le 14 , à la pointe du jour , le Marquis de Montcalm
ordonna au Sieur de Rigaud de paffer à gué
de l'autre côté de la Riviere avec les Canadiens &
les Sauvages , de fe porter dans les bois , & d'inquiéter
la communication au Fort Georges où les
Ennemis paroiffoient faire de grandes difpofitions.
Le Sieur de Rigaud exécuta cet ordre fur le champ.
Quoiqu'il y ait beaucoup d'eau dans cette Riviere,
& que le courant en foit très- rapide , il s'y jetta ,
la traverfa avec les Canadiens & les Sauvages , les
uns à la nage , d'autres dans l'eau jufqu'à la ceinture
ou jufqu'au cou , & fe rendit à fa deftination
, fans que le feu de l'Ennemi fût capable d'arrêter
un feul Canadien , ni Sauvage.
A neuf heures , les Affiégeans eurent neuf pieces
de canon en état de tirer ; & quoique jufqu'alors
le feu des Affiégés eût été fupérieur , ils arborerent
à dix heures le Drapeau blanc . Le Sieur de
Rigaud renvoya au Marquis de Montcalm deux
DECEMBRE . 1756. 23.3
Officiers que le Commandant du Fort lui avoit
adreffés pour demander à capituler. Le Marquis
de Montcalm envoya le Sr de Bougainville , l'un
de fes Aides de Camp , pour fervir d'ôtage , &
propofer les articles de la capitulation , qui furent
que la Garnifon fe rendroit prifonniere de guerre,
& que les troupes Françoifes prendroient fur le
champ poffeffion des Forts . On a déja dit qu'elles
avoient occupé la veille celui d'Ontario . Čes articles
ayant été acceptés par le Commandant Anglois
, le Sieur de la Pauze , Aide-Major au Régiment
de Guyenne , faifant fonction de Major Général
, fut chargé par le Marquis de Montcalm de
les aller rédiger ; & le Sieur de Bourlamaque
nommé Commandant des Forts Georges & Chouëguen
, en prit poffeffion avec deux compagnies de
Grenadiers & les piquets de la tranchée. Il fut
chargé de la démolition de tous les Forts , & du
déblaiement de l'Artillerie , & des munitions de
guerre & de bouche qui s'y trouverent .
La célérité de nos ouvrages dans un terrein que
les Ennemis avoient jugé impraticable , l'établiſ
fement de nos batteries fait fi rapidement , l'idée
que ces travaux ont donnée du nombre des troupes
Françoifes , la mort du Colonel Mercer , Commandant
de Chouëguen , tué à huit heures du marin
, & plus que tout encore , la manoeuvre hardie
du Sieur de Rigaud , & li crainte des Canadiens
& des Sauvages qui faifoient déja feu fur le
Fort , ont fans doute déterminé les Aſſiégés à ne
pas faire une plus longue défenfe .
Ils ont perdu cent cinquante-deux hommes , y
compris quelques Soldats tués par les Sauvages en
voulant fe fauver dans les bois . Le nombre des prifonniers
a été de plus de feize cens , dont quatrevingts
Officiers. On a pris auffi ſept Bâtimens de
234 MERCURE DE FRANCE.
guerre , dont un de dix- huit canons , un de quatorze
, un de dix , un de huit , & les trois autres
armés de pierriers , outre deux cens bâtimens de
tranfport ; & les Officiers & Equipages de ces bâtimens
ont été compris dans la capitulation de la
Garnifon , qui étoit compofée de deux Régimens
de troupes réglées , de Shirley & de Pepperel , &
du Régiment de Milice de Shuyler. L'Artillerie
qu'on a prife , confifte en cent cinquante-cinq pieces
de canon , quatorze mortiers , cinq obuliers
& quarante-fept pierriers , qu'on a enlevés avec
une grande quantité de boulets , bombes , balles
& poudre , & un amas confidérable de vivres.
Le Marquis de Montcalm n'a perdu que trois
hommes , fçavoir un Canadien , un Soldat & un
Canonnier , outre la perte du Sieur de Combles ,
& il n'y a eu dans les différens corps de troupes ,
qui étoient fous fes ordres , qu'environ vingt
bleffés , qui tous le font fort légèrement. Le Sieur
de Bourlamaque & les Sieurs de Palmarol , Capitaine
de Grenadiers , & Duparquet , Capitaine au
Régiment de la Sarre , font de ce nombre.
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Le 21 du même mois d'Août , toutes les démolitions
étant achevées , le tranfport des prifonniers
, de l'artillerie & des vivres fait , le Marquis
de Montcalm fe rembarqua avec les troupes , &
fe rendit fur trois divifions à la Baie de Niaouré ,
d'où les différens Corps fe font portés aux deftinations
refpectives que leur avoit indiquées le Marquis
de Vaudreuil , qui a fait dépofer dans les
Eglifes de Québec &des trois Rivieres , avec les ]
cérémonies ordinaires , les quatre Drapeaux des
Régimens de troupes réglées de Shirley & Pepperel
, & celui du Régiment de Milices de Shuyler.
Le fuccès de cette expédition a répandu une
joie générale dans la Colonie , où l'on en connoît
C DECEMBRE. 1756. 235
plus qu'ailleurs tous les avantages . Elle fe trouve
par la délivrée des juftes inquiétudes que lui donnoit
l'établiffement de Choueguen. Elle voit la
communication avec le pays d'enhaut & avec
toutes les Nations Sauvages fes alliées , à l'abri
des troubles auxquels elle étoit expofee . Elle ne
craint plus d'être attaquée de ce côté - là , du
moins avec la fupériorité que donnoit aux Anglois
l'établiſſement qu'on vient de leur enlever ,
& qui les mettoit en état de dominer fur les Lacs ,
où ils avoient déja formé une Marine. Elle eft en
état déformais de réunir fes forces pour la défenſe
de fes frontieres , & elle a la fatisfaction de devoir
cet heureux changement dans fa fituation , aux
fecours puiffans que le Roi a eu la bonté de lui
envoyer.
Elle a fait éclater les fentimens les plus touchans
de refpect & de reconnoiffance pour ces
nouvelles marques de la protection de Sa Majefté ,
& elle feconde avec tout le zele qu'on peut attendre
du peuple le plus fidele & le plus attaché à fon
Prince , les foins infatigables que fe donnent
pour fa défenfe le Marquis de Vaudreuil , ainfi
que le Marquis de Montcalm , & les autres Officiers
qui en font chargés fous les ordres de ce
Gouverneur.
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Résumé : RELATION de ce qui s'est passé cette année en Canada, avec le journal historique du siege des Forts de Chouëguen ou Oswego, commencé le 11 Août 1756, & fini le 14 par la prise de ces Forts.
En 1756, les Britanniques préparaient une invasion des possessions françaises en Amérique. En réponse, le roi de France envoya des renforts commandés par le Marquis de Montcalm. Le Marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, avait déjà pris des mesures pour défendre les frontières et harceler les colonies britanniques. Des détachements français opérèrent durant l'hiver, perturbant les projets britanniques par des attaques sur les colons, le bétail et les maisons. Vaudreuil organisa la défense des forts et la protection des Acadiens déplacés. Il plaça des troupes stratégiquement, notamment sur la rivière Saint-Jean pour défendre le Fort du Quêne et l'Ohio, et observa les mouvements ennemis près du Fort Lydius. Les bataillons de la Reine et de Languedoc campaient près du Fort Carrillon, tandis que ceux de Bearn et de Guyenne étaient destinés aux forts Niagara et Frontenac. En mars, le Sieur de Léry attaqua et détruisit un fort britannique près du lac Ontario, capturant des munitions. Le Gouverneur général envoya ensuite 700 hommes sous les ordres du Sieur de Villiers pour observer les mouvements ennemis et intercepter leurs transports. Les Britanniques avaient établi trois forts à Choueguen (Oswego) sur le lac Ontario, violant les accords de paix et cherchant à contrôler le commerce des lacs et couper les communications françaises. À l'arrivée des troupes françaises commandées par Montcalm en mai, les préparatifs français étaient déjà en place. Le bataillon de Royal Roussillon fut envoyé sur le lac Saint-Sacrement, et celui de la Sarre à Frontenac. Le Chevalier de Lévis commanda sur le lac Saint-Sacrement, tandis que Montcalm se dirigea vers les zones menacées. En juin, des rapports indiquèrent que les Britanniques préparaient une offensive près du lac Saint-Sacrement. Les Français décidèrent de lancer une diversion sur le lac Ontario pour attirer les forces ennemies. Montcalm proposa de s'en charger et de tenter une attaque sur les établissements britanniques, notamment les forts de Choueguen. Le siège des forts de Choueguen fut résolu, mais les préparatifs nécessitaient du temps et de la discrétion. Le Sieur Bigot organisa les munitions et les convois. Le Sieur Rigaud de Vaudreuil prit le commandement du camp du Sieur de Villiers, et le Sieur de Bourlamaque commença les préparatifs à Frontenac. Le Sieur de Combles, ingénieur, fut envoyé en reconnaissance à Choueguen. Le 4 août, Montcalm s'embarqua à Frontenac avec la première division de ses troupes, composée des bataillons de la Sarre et de Guyenne, ainsi que quatre pièces de canon. Le 11 août, les Canadiens et les Sauvages investirent Fort Ontario. Le 12 août, le bataillon de Béarn arriva avec l'artillerie et les vivres. Une tranchée fut ouverte malgré les obstacles, et la garnison évacua Fort Ontario, abandonnant huit pièces de canon et quatre mortiers. Le 14 août, les assiégés arborèrent le drapeau blanc et acceptèrent la capitulation. La garnison ennemie perdit 152 hommes et plus de 620 prisonniers furent faits, incluant 80 officiers. Sept bâtiments de guerre et 200 bâtiments de transport furent capturés. Montcalm perdit trois hommes et environ vingt blessés légers. Le 21 août, après avoir achevé les démolitions et transporté les prisonniers, l'artillerie et les vivres, Montcalm se rembarqua avec les troupes. Cette expédition fut perçue comme un succès majeur, délivrant la colonie des inquiétudes causées par l'établissement de Choueguen et permettant de réunir les forces pour la défense des frontières.
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31
p. 219-220
ITALIE.
Début :
Il y eut ici le 22 du mois dernier, à trois heures & demie [...]
Mots clefs :
Naples, Tremblement de terre, Dégâts, Places maritimes, La Bastie, Expédition, Antibes, Bataillons, Maréchal, Marquis, Convois, Rebelles corses
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 16 Novembre.
Il y eut ici le 22 du mois dernier , à trois heures
& demie de l'après - midi , une violente fecoufle
de tremblement de terre , qui dura près de quatre
minutes. Plufieurs maifons ont été endommagées ,
& un grand nombre de cheminées ont été abattues.
Les voûtes de quelques Eglifes ont confidérablement
fouffert.
Le 20 on effuya aufli un tremblement de terre
des plus violens dans une partie de la Sicile . Les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
mêmes fecouffes fe font fait fentir dans la Morée ,
ainfi que dans les Golfes de Lépante & de Corinthe ,
& elles ont caufé en plufieurs endroits des dommages
confidérables . Il eft forti de la mer quelqués
nouvelles Ifles. Le Roi a donné ordre de mettre
toutes les Places maritimes en état d'être reſpectées
par les forces navales des Puiſſances étrangeres .
DE LA BASTIE , le 14 Novembre.
La premiere divifion du convoi , qui a fait
voile d'Antibes pour tranfporter un corps de troupes
Françoiles dans cette Ifle , arriva le premier de
ce mois à Calvi , fous l'escorte de la Frégate la
Gracieuſe. Les Bâtimens de cette diviſion avoient
à bord les deux Bataillons du Régiment de Montmorin
, le fecond Bataillon du Régiment de Flandre,
& le premier du Régiment Suiffe de Boccard.
Le Marquis de Caftries , Maréchal de Camp ,
& Commandant en chef des troupes Françoifes
débarqua le lendemain au matin. Le même jour
les Grenadiers releverent les principaux poftes ,
qu'occupoient les Gênois . Les quatre Bataillons
furent diftribués le 3 dans la Place & dans le fauxbourg.
Les , le Marquis de Caftries conduifit
deux compagnies de Suiffes à l'Algaiola & à l'Ile
Roffa. On ne rencontra aucun obftacle de la part
des Corfes rebelles. La feconde divifion du convoi ,
efcortée par la Frégate la Topafe , fit le 3 fon
débarquement à San -Fiorenzo . La navigation de
la troifieme divifion , qu'efcortoit la Frégate la
Junon , a été traversée les vents contraires .
Cette divifion n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio.
Le Comte de Balbi , Brigadier d'Infanterie au
fervice de Sa Majefté Très-Chrétienne , commande
à San- Fiorenzo , & le Marquis de Ségur à
Ajaccio.
DE NAPLES , le 16 Novembre.
Il y eut ici le 22 du mois dernier , à trois heures
& demie de l'après - midi , une violente fecoufle
de tremblement de terre , qui dura près de quatre
minutes. Plufieurs maifons ont été endommagées ,
& un grand nombre de cheminées ont été abattues.
Les voûtes de quelques Eglifes ont confidérablement
fouffert.
Le 20 on effuya aufli un tremblement de terre
des plus violens dans une partie de la Sicile . Les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
mêmes fecouffes fe font fait fentir dans la Morée ,
ainfi que dans les Golfes de Lépante & de Corinthe ,
& elles ont caufé en plufieurs endroits des dommages
confidérables . Il eft forti de la mer quelqués
nouvelles Ifles. Le Roi a donné ordre de mettre
toutes les Places maritimes en état d'être reſpectées
par les forces navales des Puiſſances étrangeres .
DE LA BASTIE , le 14 Novembre.
La premiere divifion du convoi , qui a fait
voile d'Antibes pour tranfporter un corps de troupes
Françoiles dans cette Ifle , arriva le premier de
ce mois à Calvi , fous l'escorte de la Frégate la
Gracieuſe. Les Bâtimens de cette diviſion avoient
à bord les deux Bataillons du Régiment de Montmorin
, le fecond Bataillon du Régiment de Flandre,
& le premier du Régiment Suiffe de Boccard.
Le Marquis de Caftries , Maréchal de Camp ,
& Commandant en chef des troupes Françoifes
débarqua le lendemain au matin. Le même jour
les Grenadiers releverent les principaux poftes ,
qu'occupoient les Gênois . Les quatre Bataillons
furent diftribués le 3 dans la Place & dans le fauxbourg.
Les , le Marquis de Caftries conduifit
deux compagnies de Suiffes à l'Algaiola & à l'Ile
Roffa. On ne rencontra aucun obftacle de la part
des Corfes rebelles. La feconde divifion du convoi ,
efcortée par la Frégate la Topafe , fit le 3 fon
débarquement à San -Fiorenzo . La navigation de
la troifieme divifion , qu'efcortoit la Frégate la
Junon , a été traversée les vents contraires .
Cette divifion n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio.
Le Comte de Balbi , Brigadier d'Infanterie au
fervice de Sa Majefté Très-Chrétienne , commande
à San- Fiorenzo , & le Marquis de Ségur à
Ajaccio.
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Résumé : ITALIE.
Le 22 octobre, Naples a subi un tremblement de terre de quatre minutes endommageant des maisons et des églises. Le 20 octobre, un séisme en Sicile a causé des dommages et fait émerger de nouvelles îles. Le roi a ordonné de renforcer les places maritimes. À La Bastie, le 14 novembre, la première division d'un convoi français est arrivée à Calvi le 1er novembre, escortée par la frégate La Gracieuse. Elle transportait des bataillons des régiments de Montmorin, de Flandre et du Régiment Suisse de Boccard. Le Marquis de Castries, commandant en chef, a débarqué le lendemain et a déployé les troupes. La seconde division a débarqué à San-Fiorenzo le 3 novembre, escortée par La Topaze. La troisième division, escortée par La Junon, est arrivée à Ajaccio le 6 novembre en raison de vents contraires. Le Comte de Balbi commande à San-Fiorenzo et le Marquis de Ségur à Ajaccio.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 221-224
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On prépare à Wolwich dix mille bombes, dont le public ignore la destination. [...]
Mots clefs :
Londres, Bombes, Maladies, Amérique, Bataillons, Commerce du blé, Discours du roi, Parlement, Colonies, Chambre des communes, La Haye, Ordonnance, Vaisseaux, Secousses
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En décembre 1756, plusieurs événements marquants se sont produits en Grande-Bretagne et en Europe. À Londres, la préparation de dix mille bombes, dont la destination reste inconnue, est en cours. Dans les provinces de Kent et de Hampshire, les habitants refusent d'accueillir les troupes de Hanovre et de Hesse. En Nouvelle-York, des dépêches signalent des maladies parmi les troupes du Lord Loudon, qui a envoyé des détachements pour contrer les attaques des Amérindiens. Les vaisseaux de guerre Kennington et Sutherland, accompagnés de quatorze bâtiments de transport, ont quitté Cork pour l'Amérique du Nord avec des régiments embarqués. Quatre bataillons de troupes hanovriennes sont rentrés en Allemagne, et d'autres divisions suivront. Plusieurs frégates patrouilleront dans la Manche. L'amiral Byng et l'ancien gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, Shirley, doivent subir des interrogatoires. Un grand conseil à Whitehall a délibéré sur la hausse du prix du blé, menant à une proclamation interdisant l'exportation des grains. Des émeutes ont éclaté en raison de la rareté du blé, calmées par la vente forcée des réserves. Le roi a nommé le général Blakeney chevalier de l'Ordre du Bain et pair d'Irlande. Le Parlement a été ouvert le 2 décembre, et le roi a prononcé un discours sur la défense des possessions américaines, la sécurité des royaumes, et la création d'une milice nationale. Il a également mentionné l'alliance dangereuse des puissances étrangères et les menaces pour le Corps Germanique. Le roi a ordonné le retour des troupes électorales en Allemagne, se reposant sur l'affection de son peuple. Il a recommandé au Parlement de soutenir la guerre avec vigueur et de prendre des mesures contre la cherté des grains. À La Haye, une ordonnance des États Généraux régule l'entrée des vaisseaux étrangers dans les ports. Un tremblement de terre a été ressenti à Cologne et dans les environs.
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33
p. 206-208
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Montréal, le 6 Novembre.
Début :
Pendant que M. le Marquis de Montcalm faisoit, avec trois bataillons & 1500 hommes [...]
Mots clefs :
Montréal, Marquis de Montcalm, Siège de Chouagen, Chevalier de Leris, Bataillons, Camp de Carillon, Frontières, Les sauvages, Anglais, Français, Amérique
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Montréal, le 6 Novembre.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Montréal
, le 6 Novembre .
PENDANT ENDANT que M. le Marquis de Montcalm faifoit
, avec trois bataillons & 1500 hommes de la
Colonie , le fiege de Chouagen , M. le Chevalier
de Leris , avec un corps de 3000 hommes , défendoit
la frontiere du Lac S. Sacrement. Une partie
de fes troupes étoit employée à y conſtruire le
Fort de Carillon , & l'autre occupoit en avant différens
poftes capables d'arrêter l'ennemi , s'il eût
voulu tenter l'exécution de projets annoncés dès la
campagne derniere . ; -
Le 6 Septembre , M. le Marquis de Montcalm
vint prendre le commandement du camp de Carillon
, & y amena deux des bataillons qui avoient
fait le fiege de Chouagen. Toutes les vues des ennemis
, depuis la perte de cette Place furtout ,
étoient dirigées vers cette frontiere . Ils y avoient
porté toutes leurs forces , & des préparatifs confidérables
fembloient annoncer qu'ils vouloient
nous venir attaquer avec un corps de 10 à 12000
hommes. Quoique nous n'en euffions pas plus de
4000 , nous étions prêts à les bien recevoir , &
leurs mouvemens ne nous ont jamais fait interrompre
les travaux de Carillon objet important
pour nous.
Tout s'eft enfin borné de part & d'autre à la
petite guerre. Nous y avons perdu 30 hommes environ,
prifonniers ou chevelures levées , & nos
MAR S. 1757. 207
A
Partis en ont pris ou tué près de 300. Un détachement
dans lequel j'avois été envoyé avec les
Sauvages , pour reconnoître le Fort Georges fitué
au fond du Lac S. Sacrement , a contraint les ennemis
d'abandonner des Illes qu'ils occupoient
dans ce Lac , & ayant rencontré un parti de 58
hommes à deux lieues du Fort , en a tué ou pris
57.
Les glaces ne permettent plus de tenir la campagne.
Norre arriere- garde , conduite par M. le
Chevalier de Leris , fe repliera du 10 au 15 : le
Fort de Carillon fera pour - lors en état de recevoir
& loger fa garnifon. Il eſt en vérité temps d'entrer
en quartier. J'ai fait dans mon particulier près de
soo lieues depuis mon arrivée en Canada.
Du côté de la belle riviere nous avons eu tout
l'avantage. Nos Sauvages ont fait abandonner les
habitations femées dans les vallées qui féparent les
chaînes des Apalaches , & forcé les Virginiens à ſe
retirer fur les bords de la mer . Les Anglois avoient
Jevées 1000 hommes équipés & matachés en
Sauvages , pour faire des courfes de ce côté. Cette
levée qui leur a coûté beaucoup , a aboutie à un
détachement qui eft venu mettre le feu à un Village
de Loups , & dont une partie a péri de mifere
dans les bois ; les autres ont été chaudement pourfuivis
par nos Sauvages , qui , je crois , leur ôteront
l'envie de les contrefaire .
Le corps que nous avions dans l'Acadie , s'eſt
foutenu toute la campagne , & a même pris aux
Anglois une grande quantité de beftiaux . Le Pere
Germain a raffemblé fur la Riviere & dans l'Ifle
S. Jean, environ 1500 Acadiens, que Penthoufiafme
du Miffionnaire anime . Des vaiffeaux de guerre
Anglois ont deux fois tenté une defcente à la
Baie de Gafpé : ils ont été repouffés avec perte
208 MERCURE DE FRANCE.
& nous sommes toujours maîtres de ce pofte im
portant. Les Sauvages des Pays d'en haut , excités .
par la prife de Chouagen , ont accepté la Hache
contre le Frere Coflar , & viendront nous joindre
će printemps. On dit même qu'il fe fait des mouvemens
en notre faveur dans le Confeil des cinq
Nations.
Telle a été la campagne en Amérique . Quoiqué
partout très- inférieurs en nombre aux ennemis ,
nous leur avons fermé les Pays d'en haut , en les
chaffant du Lac Ontario ; nous les avons empêché
d'exécuter leurs projets fur la frontiere du Lac S.
Sacrement , qu'ils menacent depuis trois ans , &
nous leur avons tué ou pris près de 4500 hommes
fans en perdre 100.
, le 6 Novembre .
PENDANT ENDANT que M. le Marquis de Montcalm faifoit
, avec trois bataillons & 1500 hommes de la
Colonie , le fiege de Chouagen , M. le Chevalier
de Leris , avec un corps de 3000 hommes , défendoit
la frontiere du Lac S. Sacrement. Une partie
de fes troupes étoit employée à y conſtruire le
Fort de Carillon , & l'autre occupoit en avant différens
poftes capables d'arrêter l'ennemi , s'il eût
voulu tenter l'exécution de projets annoncés dès la
campagne derniere . ; -
Le 6 Septembre , M. le Marquis de Montcalm
vint prendre le commandement du camp de Carillon
, & y amena deux des bataillons qui avoient
fait le fiege de Chouagen. Toutes les vues des ennemis
, depuis la perte de cette Place furtout ,
étoient dirigées vers cette frontiere . Ils y avoient
porté toutes leurs forces , & des préparatifs confidérables
fembloient annoncer qu'ils vouloient
nous venir attaquer avec un corps de 10 à 12000
hommes. Quoique nous n'en euffions pas plus de
4000 , nous étions prêts à les bien recevoir , &
leurs mouvemens ne nous ont jamais fait interrompre
les travaux de Carillon objet important
pour nous.
Tout s'eft enfin borné de part & d'autre à la
petite guerre. Nous y avons perdu 30 hommes environ,
prifonniers ou chevelures levées , & nos
MAR S. 1757. 207
A
Partis en ont pris ou tué près de 300. Un détachement
dans lequel j'avois été envoyé avec les
Sauvages , pour reconnoître le Fort Georges fitué
au fond du Lac S. Sacrement , a contraint les ennemis
d'abandonner des Illes qu'ils occupoient
dans ce Lac , & ayant rencontré un parti de 58
hommes à deux lieues du Fort , en a tué ou pris
57.
Les glaces ne permettent plus de tenir la campagne.
Norre arriere- garde , conduite par M. le
Chevalier de Leris , fe repliera du 10 au 15 : le
Fort de Carillon fera pour - lors en état de recevoir
& loger fa garnifon. Il eſt en vérité temps d'entrer
en quartier. J'ai fait dans mon particulier près de
soo lieues depuis mon arrivée en Canada.
Du côté de la belle riviere nous avons eu tout
l'avantage. Nos Sauvages ont fait abandonner les
habitations femées dans les vallées qui féparent les
chaînes des Apalaches , & forcé les Virginiens à ſe
retirer fur les bords de la mer . Les Anglois avoient
Jevées 1000 hommes équipés & matachés en
Sauvages , pour faire des courfes de ce côté. Cette
levée qui leur a coûté beaucoup , a aboutie à un
détachement qui eft venu mettre le feu à un Village
de Loups , & dont une partie a péri de mifere
dans les bois ; les autres ont été chaudement pourfuivis
par nos Sauvages , qui , je crois , leur ôteront
l'envie de les contrefaire .
Le corps que nous avions dans l'Acadie , s'eſt
foutenu toute la campagne , & a même pris aux
Anglois une grande quantité de beftiaux . Le Pere
Germain a raffemblé fur la Riviere & dans l'Ifle
S. Jean, environ 1500 Acadiens, que Penthoufiafme
du Miffionnaire anime . Des vaiffeaux de guerre
Anglois ont deux fois tenté une defcente à la
Baie de Gafpé : ils ont été repouffés avec perte
208 MERCURE DE FRANCE.
& nous sommes toujours maîtres de ce pofte im
portant. Les Sauvages des Pays d'en haut , excités .
par la prife de Chouagen , ont accepté la Hache
contre le Frere Coflar , & viendront nous joindre
će printemps. On dit même qu'il fe fait des mouvemens
en notre faveur dans le Confeil des cinq
Nations.
Telle a été la campagne en Amérique . Quoiqué
partout très- inférieurs en nombre aux ennemis ,
nous leur avons fermé les Pays d'en haut , en les
chaffant du Lac Ontario ; nous les avons empêché
d'exécuter leurs projets fur la frontiere du Lac S.
Sacrement , qu'ils menacent depuis trois ans , &
nous leur avons tué ou pris près de 4500 hommes
fans en perdre 100.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Montréal, le 6 Novembre.
En novembre 1757, le Marquis de Montcalm assiégeait Chouagen avec trois bataillons et 1500 hommes, tandis que le Chevalier de Leris défendait la frontière du Lac Saint-Sacrement avec 3000 hommes. Une partie de ces troupes construisait le Fort de Carillon, l'autre occupait des postes avancés. Le 6 septembre, Montcalm prit le commandement du camp de Carillon, renforcé par deux bataillons. Les ennemis, après avoir perdu Chouagen, concentraient leurs forces sur cette frontière, avec des préparatifs indiquant une attaque imminente par 10 000 à 12 000 hommes. Malgré leur infériorité numérique, les Français étaient prêts à défendre Carillon. Les affrontements se limitèrent à des escarmouches, avec environ 30 hommes français tués et près de 300 ennemis capturés ou tués. Un détachement français força les ennemis à abandonner des îles sur le Lac Saint-Sacrement et captura ou tua 57 hommes près du Fort Georges. Avec l'arrivée de l'hiver, les troupes se replièrent. Les Français et leurs alliés autochtones repoussèrent les Virginiens à la Belle Rivière et résistèrent aux attaques anglaises en Acadie. Les vaisseaux de guerre anglais tentèrent deux descentes à la Baie de Gaspé, mais furent repoussés. Les autochtones des Pays d'en haut se préparaient à rejoindre les Français au printemps. La campagne se conclut par une défense réussie des territoires français malgré leur infériorité numérique.
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34
p. 187-200
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 15 Février, jour anniversaire de la naissance du Roi, on chanta le [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Anniversaire du roi, Honneurs, Régiments, Bataillons, Gendarmerie, Évêque, Mandement, Te Deum, Duc, Bal, Règlement, Maréchal, Sceaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises, Compagnies
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Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 15 Février , jour anniverfaire de la naiffance
du Roi , on chanta le Te Deum dans l'Eglife Notre-
Dame , Paroiffe du Château . M. le Comte de
Noailles , Gouverneur de Verfailles , y affitta ,
étant accompagné des Officiers du Bailliage,
Après la cérémonie , il alluma le feu , qui avoit
été préparé vis- à- vis de l'Eglife. Les Invalides ,
chargés de la garde de cette Ville , firent une triple
falve de moufqueterie. Il y eut expofition du
Saint-Sacrement Salut & Te Deum , dans les
autres Eglifes , ainfi que dans celle de Notre-
Dame. Le foir on fit des feux dans les rues , &
toutes les maifons furent illuminées.
>
Le Roi a accordé les honneurs de Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis ,
à M. de Crémille , Commandeur de cet Ordre ,
Lieutenant- Général des Armées de Sa Majesté ,
Gouverneur d'Aire , & Infpecteur Général de
l'Infanterie , de la Cavalerie & des Dragons.
Le Roi a ordonné que chacun des Bataillons de
fon Infanterie , tant Françoife qu'Etrangere , fûr
pourvu d'une piece de canon à la Suédoife. Il fera
employé dans chaque Bataillon , pour la manoeu
vre de ces pieces de campagne , un Sergent &
feize Soldats , qui auront une haute paie,
Sa Majesté a réfolu de porter à douze cens quarante
hommes le Corps de fa Gendarmerie , aulieu
de huit cens huit , à quoi il eft actuellement.
188 MERCURE DE FRANCE.
Pour cet effet , les feize Compagnies qui compofent
ce Corps , feront mifes , de quarante- huit
Gendarmes ou Chevaux - Legers , dont elles font
formées , à foixante- quinze non compris les
deux Trompettes de chacune defdites Compagnies
, & indépendamment des huit Timbaliers
attachés aux huit Eſcadrons du Corps. Des vingtfept
hommes ordonnées d'augmentation par compagnie
, il y en aura quatorze à la premiere Brigade
, & treize à la feconde.
M. le Comte de Saint - Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , a été élu par l'Académie Royale
des Belles-Lettres , pour remplir la place d'Académicien
Honoraire , qui vaquoit par la mort de
M. le Marquis d'Argenfon.
Sa Majeſté a nommé Confeiller d'Etat M. Bertier
de Sauvigny , Intendant de la Généralité de
Paris.
Les Evêques de Bretagne , affemblés à Rennes
pour les Etats de la Province , ont donné le 11 de
ce , mois un Mandement , par lequel ils inftituent
à perpétuité une Fête à l'honneur des Saints Anges
Gardiens , pour remercier Dieu d'avoir ſauvé
le Roi de l'horrible attentat commis contre fa
Perfonne. Cette Fête fera célébrée tous les ans le
5 Janvier , mais cependant fans être chomée.
M. l'Evêque de Caftres a fait éclater fon zele, en
faifant chanter un Te Deum en mufique dans fa
Cathédrale & en donnant à toutes les perfonnes
de marque , qui fe trouvoient dans la Ville , un
fplendide repas , pendant lequel vingt- quatre
Muficiens exécuterent un très- beau Concert. Au
fortir de table , ce Prélat diftribua deux cens médailles
, & fit tirer une Loterie , dont chaque
billet portoit un lot . En même temps , par ordre
des Officiers Municipaux de la Ville , plufieurs
AVRIL. 1757 . 189
fontaines de vin coulerent , & l'on diſtribua au
peuple un boeuf & plufieurs moutons.
Le 20 Février , M. le Duc de Mirepoix , Commandant
en chef dans le Languedoc , célébra à
Montpellier , par une fête des plus éclatantes , la
convalefcence du Roi . On chanta dans l'Eglife Cathédrale
un Te Deum en mufique, auquel l'Evêque
de cette Ville officia. M. le Duc de Mirepoix y
affifta , accompagné de toute la Nobleffe , & des
Officiers de la Garnifon. La Cour des Comptes ,
Aides & Finances , s'y rendit en robes de cérémonie
, & elle donna l'exemple à tous les autres
Corps , de concourir à la folemnité d'un acte de
piété , dans lequel tout étoit fi intéreflant. Après
le Te Deum , il y eut une triple falve de l'artille
rie de la Ville & de la Citadelle , ainfi que de la
moufqueterie de la Garniſon , qui étoit en bataille
fur le rempart, Dès que la nuit fut venue , on tira
un très-beau feu d'artifice dans la Place de l'Hôtel
de Ville , dont les avenues depuis l'Hôtel du
Gouvernement étoient ornées d'Arcs de Triomphe
éclairés par une prodigieufe quantité de pots
afeu. Toutes les façades de l'Hôtel du Gouverment
étoient illuminées, depuis le rez -de- chauffée
jufqu'au toit , par des lampions qui en deffinoient
l'architecture , & qui dans les divers maffifs formoient
alternativement le Chiffre & les Armes de
Sa Majefté. M. le Duc de Mirepoix fit fervir un
fouper fplendide. La principale table qui étoit de
cinquante couverts , & en fer à cheval , ne fut
remplie que par les Dames les plus qualifiées. Il y
eut plufieurs autres tables , & outre cela on avoit
dreffé dans diverfes Salles des Buffets , où l'on
trouvoit abondamment en mets chauds & froids
tout ce qu'on pouvoit defirer. Un Bal qui dura
jufqu'au jour , termina cette brillante fête , à lag
190 MERCURE DE FRANCE.
quelle tous les habitans de cette Ville s'emprefferent
d'ajouter un nouvel éclat , en illuminant entiérement
les façades de leurs maifons , la plupart
en flambeaux de cire blanche. Des fontaines de
vin coulerent dans différens quartiers pour le
peuple qui , par fes danfes & par les acclamations
réitérées , témoigna la vivacité de fon amour pour
fon Souverain M. le Duc de Mirepoix devoit
partir hier pour retourner à la Cour ; mais il a
différé fon voyage , afin d'affifter au Te Deum
que la Cour des Comptes , Aides & Finances , doit
faire chanter demain avec beaucoup de pompe
dans la Chapelle du Palais .
Le Roi ayant jugé à propos de retenir les Sceaux,
& de faire fceller en fa préſence , Sa Majeſté donna
le 26 Février un Réglement , par lequel Elle a
déclaré fes intentions fur ce qu'Elle vouloit être
obfervé en cette occafion. Par ce Réglement ,
Elle a fait choix de MM. Feydeau -de Brou
Dagueffeau , de Bernage , Dagueffeau - de Frefne,
Trudaine & Poulletier , Confeillers d'Etat ordinaires
, pour avoir féance & voix délibérativedans
ce Confeil , avec fix Maîtres des Requêtes ,
que Sa Majefté choifira au commencement de
chaque quartier , & avec le Confeiller du Grand
Confeil, grand Rapporteur, qui fe trouvera de fervice.
Le 4 Mars , le Roi tint le Sceau dans la piece qui
précede la Chambre de Sa Majesté , & qui avoit
été préparée à cet effet. En conféquence de ce que
Sa Majesté a réglé , les fix Confeillers d'Eta: ordinaires
, ci - deffus nommés y affifterent , étant
affis des deux côtés du Bureau fur des tabourets ;
fçavoir , à droite , MM. Feydeau- de Brou , de
Bernage & Trudaine ; à gauche , MM . Dagueffeau
, Dagueffeau- de Frefne & Poulletier. MM.
Gagnat de Longay , Bignon , Mérault-de VilleAVRIL
1757. 191
fit
ron , Pouyvet de la Bliniere , de Gourgues &
Turgot , Maîtres des Requêtes choifis par le Roi
pour rapporter au Sceau pendant ce trimestre , &
M. de Baraffy , Grand Rapporteur de Service
étoient debout autour du fauteuil de Sa Majeſté .
Les Huiffiers de la Chancellerie ont tenu les portes.
M. le Maréchal - Duc de Richelieu , premier
Gentilhomme de la Chambre du Roi , & M. le
Duc d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps ,
étoient derriere le fauteuil de Sa Majesté. M. Sauvage
, Grand Audiencier de France en quartier
qui étoit debout à droite après M. Trudaine ,
la préfentation des lettres dont il étoit chargé.
Les Maîtres des Requêtes & le Grand Rapporteur,
firent le rapport de celles qui les concernent.
M. Chupin , Garde des Rôles , & M. Brillon-
Duperon , Confervateur des Hypotheques , préfenterent
; le premier , les provifions pour charges
& offices , le fecond les lettres de ratification de
rentes fur les revenus du Roi. Puis les Secretaires du
Roi firent lecture des lettres de grace , lefquelles furent
délibérées par les Confeillers d'Etat & Maîtres
des Requêtes préfens au Sceau , & réfolues par le
Roi. Après les rapports faits , le Roi indiqua le
premier Sceau à la quinzaine. Les Sceaux ayant
été remis dans leur boete , M. de Champcenetz ,
premier Valet de Chambre du Roi , qui les avoit
apportés , les reprit fur le Bureau pour les remporter.
Sa Majefté fe leva , & fut reconduit à la
porte de fa chambre par les Confeillers d'Etat
Maîtres des Requêtes & Grands Officiers de la
Chancellerie . Ce Sceau eft le premier que le Roi
ait tenu depuis fon avénement à la Couronne.
Louis XIV en tint onze en 1672 , après la mort
du Chancelier Seguier.
Le 28 Février , M. Seguier , Avocat, Général
192 MERCURE DE FRANCE.
au Parlement de Paris , fut élu , pour remplir la
place vacante dans l'Académie Françoiſe par la
mort de M. de Fontenelle .
+ Le Roi a nommé Maréchaux de France MM . le
Marquis de Senecterre , le Marquis de la Tour- '
Maubourg , le Comte de Lautrec , le Duc de
Biron , le Duc de Luxembourg, le Comte d'Eſtrées,
le Lord Clare Comte de Thomond , & le Duc de
Mirepoix.
Le 10 Mars , pendant la Meffe du Roi , M. le
Prince Conftantin de Rohan , Premier Aumônier
de Sa Majefté , a prêté ferment , comme Evêque
de Strasbourg , entre les mains du Roi.
"
Le 6 Mars , l'Académie royale des Belles - Lettres
, conduite par M. le Comte de Saint - Florentin
, préſenta au Roi trois volumes de fes Mémoires.
M. de Guignes & M. d'Anville de cette Académie
, préfenterent en même temps à Sa Majeſté
, l'un, trois volumes de l'Hiftoire des Huns &
autres Nations Tartares ; l'autre , une nouvelle
Carte des côtes de la Grece & de l'Archipel , avec
un Mémoire relatif à cette Carte mis fouspreffe
à l'Imprimerie royale , & dans lequel l'Auteur
rend compte des moyens qui ont principalement
contribué à la compofition de l'Ouvrage .
>
Sa Majesté a accordé le Régiment d'Infanterie
royal Comtois , vacant par la promotion de M.
le Marquis de Roquépine au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Puységur , Colonel
du Régiment de Forez ; le Régiment de Forez , à
M. le Marquis de Chaumont- Bernage , Colonel
dans les Grenadiers de France ; le Régiment de
Trainel , vacant par la promotion de M. le Marquis
de Trainel au grade de Maréchal de Camp ,
à M. le Comte de Brancas , Colonel dans les Grenadiers
de France ; le Régiment de Cavalerie
vacant
AVRIL. 1757. 193
vacant par la promotion de M. le Comte d'Egmont
au grade de Maréchal de Camp , à M. le Duc
de Charoft ; & les deux places de Colonels que
M. le Marquis de Chaumont-Bernage & M. le
Comte de Brancas rempliffoient dans les Grenadiers
de France , à M. Rouillé-de Roiffy & à M.'
le Comte de la Luzerne.
La Compagnie , qui vaquoit dans le Régiment
des Gardes Suiffes par la mort de M. de Caftella ,
a été donnée à M. de Caftella fon frere , Capitaine
au Régiment de Planta . MM. de Caſtella ont été
fept freres au ſervice de Sa Majefté , & trois y font
morts.
Le 6 du même mois , en action de graces de la
conſervation du Roi, on a chanté dans l'Eglife Mé,
tropolitaine , conformément au Mandement donné
par l'Archevêque de Paris , une Meffe folemnelle
, & enfuite le Te Deum, en mufique. M. l'Ab
bé de Saint-Exupery , Doyen , a officié. Le lendemain
, le Chapitre a fait remettre des aumônes
pour les pauvres aux Curés des huit Paroiffes de la
Cité , & de celles de ces Eglifes fujetes.
M. le Prince Conftantin-de Rohan , Evêque de
Strasbourg , fut facré le même jour dans la Chapelle
du Séminaire de Saint Sulpice , par M. le
Cardinal de la Rochefoucaud , affifté des Evêques
de Digne & de Saint - Omer.
Le 14, M. l'Evêque d'Autun fut reçu dans l'A
cadémie Françoiſe à la place de M. le Cardinal de
Soubife , & il prononça fon Difcours de remer
ciement , auquel M. Dupré-de S. Maur répondit
au nom de l'Académie. Après cette réponſe ,
M. d'Alembert lut des Réflexions fur l'ufage & fur
l'abus de la Philofophie dans les matieres de goût.
Nous donnerons un extrait des deux Diſcours
'dans le fecond Volume,
I.Vol, I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Don de Dieu , de Calais , y a
fait conduire le Brigantin Anglais les Trois Freres
, de Sunderland , chargé de charbon de terre ,
dont il s'eft emparé.
Un Navire Anglois , de 220 tonneaux , armé
de fix petits canons , ayant pour cargaison 1400
barrils de goudron , 4 barrils de thérébentine , des
merrains & quelques cuirs , a été pris par le Corfaire
le Saint - Louis , de Dunkerque , qui l'a conduit
à Boulogne.
Il eft arrivé dans le même Port un Bateau de
so tonneaux , chargé de fel , dont le Corfaire
le Marquis -de Vilequier s'eft rendu maître .
Le Capitaine Lamy , qui commande le Procu
veur , autre Corfaire de Boulogne , s'eft emparé
des Navires l'Espérance , de Yarmouth ; le Change
& la Chriftine , de Dyfant en Ecoffe ; & il les
a rançonnés pour $ 60 livres fterlings.
Les Navires Anglois le Comte d'Holderneſs ,
de
120 tonneaux , chargé de vin & de quelques autres
marchandifes ; la Bonne Intention , dont le
chargement confifte en orange & citrons ; & un
Bateau de 30 tonneaux , chargé de cidre & de
quelques paquets de poiffon fec , ont été conduits
au Havre par les Corſaires la Favorite &
l'Entreprenante , de ce Port.
Le Navire la France , d'Irlande , de 70 tonneaux
, chargé d'huile d'olive , d'oranges & de
citrons , a été pris par le Corfaire le Machault
de Granville , qui l'a conduit à Morlaix . Le même
Corfaire s'eft rendu maître d'un autre Navire,
Anglois de 100 tonneaux , chargé d'indigo , de
café , de bois pour teinture , & de drogues pour
la Médecine , qui eft arrivé à Roscoff,
Il a été conduit à Saint-Malo deux Bâtimens
Anglois , l'un chargé de citrons & d'oranges ,
AVRIL. 1757. 195
J
pris par le Corfaire la Sauterelle , de Breft ; &
Pautre chargé de fel , pris par les Corfaires la
Vengeance & la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire le Bart , de Calais , Capitaine
François Potier, s'eft emparé de deux petits Brigantins
Anglois , qu'il a rançonnés pour la fomme
de quatorze mille livres.
>
Le Corfaire le Machault , de Granville , ya'
envoyé le Navire la Providence , de Darmouth
de 100 tonneaux , venant de la Jamaïque avec
une cargaison qui confifte en 160 barrils de brai
250 barriques de ris , 14 boucauts de cafcarille
so planches & 8000 livres de bois des Indes.
>
Le Navire Anglois la Marie , de la Nouvelle
Yorck , de 150 tonneaux , chargé de café , d'indigo
, de dents d'élephant , de bois de Campeche,
&c. pris par le Corfaire le Scot , de Saint-Ma
lo , s'eft échoué le 23 du mois dernier à la côte de
Barfleur. On a fauvé fa cargaiſon.
Le même Corſaire a enlevé aux Anglois le Bateau
la Marguerite , de Cherbourg , chargé de
glaces brutes : ce Bateau s'étoit auffi échoué ,
mais il a été relevé & conduit à Barfleur.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire
la Vengeance, de Saint-Malo , s'eſt rendu maître
d'un Navire Anglois dont la cargaison , qui eft
eftimée deux cens mille livres , confifte en ballots
de foyeries, caiffes de drogues , & autres marchandifes
propres pour la traite des Negres.
On mande de Breft , que le Corfaire la Comteffe
de Bentheim, de Saint-Malo , a relâché dans ce pre
mier Port , où il a conduit le Navire Anglois
Affomption , allant de la Jamaïque à Londres
chargé de fucre & de café.
Le Navire l'Afrique , de Plymouth , chargé
dessobarriques de fardines , & de 130 barrils d'é
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
tain , a été pris par le Corfaire l'Intrépide , de
Bayonne , où il a été conduit.
Les lettres écrites de Bayonne , marquent que
le Corfaire l'Aurore , de ce port , Capitaine le
fieur Lavernis , a pris & y a conduit les Navires
Anglois la Rebecca , de Hul , de 200 tonneaux
armé de fix canons, chargé de 1400 barrils de goudron
; l'Entreprise , deLondres , de 160 tonneaux,
chargé de tabac en feuilles , & le Planter , de
Montfarrat , de 200 tonneaux , ayant pour
chargement
340 boucauts de fucre.
Le même Corfaire a fait conduire à Saint-Jeande-
Luz un autre Bâtiment Anglois , dont la cargaifon
eft compofée de 600 quintaux de morue
verte & féche.
Le Capitaine Jean Vergez , commandant le
Diligent , autre Corfaire de Bayonne , y a fait
conduire le Navire Anglois l'Edouard & Susanne,
de 160 tonneaux , chargé de fucre.
Le Capitaine Potier , commandant le Corfaire
l'Amiral Bart , de Calais , étant fur fa croifiere
près des côtes d'Angleterre découvrit un Brigantin
Anglois de cent cinquante tonneaux . A la vue du
Corfaire , ce Brigantin fe réfugia ſous le canon
des trois Forts de Haftings. Quoique le Capitaine
Potier n'eût que quatre canons , il attaqua le Bâtiment
ennemi , & il alloit l'aborder , lorſque l'équipage
Anglois prit le parti d'échouer . Sur ces
entrefaites parut un autre Navire que le Corfaire
enleva , & qu'il amena à Calais . Ce dernier Bâtiment
, qui fe nomme le Waterborn , eft de Boſton
dans la Nouvelle Angleterre. Il venoit de la Jamaïque
, & alloit à Londres. Sa charge eft eftimée
deux cens mille livres. C'eft la quatorzieme
prife qui ait été conduite à Calais depuis trois
mois , &la feptieme depuis le 18 jufqu'au 30 du
mois dernier.
AVRIL. 1757.
197
Ön mande de Marfeille , que le Corfaire le Colibry
, de 12 canons , & de 120 hommes d'équipage
, commandé par le Capitaine Georges-René
de Pleville-le Pelley , s'eft emparé des Navires Anglois
la Reine de Naples , allant de Gallipoly å
Londres , avec un chargement d'huile & de foie ;
le Guillaume , allant de Falmouth à Civita-Vecchia
, chargé d'étaim & de harengs , & la Marie
allant d'Yarmouth à Naples , & dont la charge
confiftoit en harengs & en plomb.
Selon des lettres de Toulon , un Grec établi depuis
quelques années en Provence s'embarqua der.
niérement fur une Tartane , dont l'équipage con
fiftoit feulement en trois François & trois Gênois.
Ce Bâtiment ayant été enlevé par un Corſaire Anglois
, monté de douze hommes ; le Capitaine du
Vaiffeau ennemi fit paffer le Grec & les trois Gênois
fur fon bord ; & y ayant laiffé trois Anglois ,
il monta fur la Tartane avec le refte de fon équipage.
Le Grec faifit une occafion favorable , qui
fe préfenta. Il tua lui feul les trois Anglois , à qui
leur Commandant avoit confié la garde du Corfaire.
Ayant abordé enſuite la Tartanne , il la reprit
avec le fecours des trois François & des trois Gênois.
Il a conduit à Toulon le Bâtiment , dont il
s'eft emparé.
On mande de Calais , que le Corfaire le Bart ;
de ce Port ' , commandé par le Capitaine Potier ,
y a conduit le Navire Anglois le Winterborn , de
130 tonneaux , chargé de fucre & d'autres marchandifes.
200
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
s'eft rendu maître d'un Navire Anglois , de
tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec une
cargaifon compofée de fucre , de tafia & de bois
d'Acajou.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Gros Thomas , du même Port , a
conduit à Calais le Navire l'Elifabeth & Catherine,
de 70 tonneaux , chargé de beurre & de
cuirs.
Le Tapageur & le Procureur , autres Corfaires
de Boulogne , fe font emparés , le premier de
deux Bâteaux Anglois , chargés l'un de bled ,
Pautre de charbon de terre , & le fecond du Navire
la Comteffe de Murray , de 90 tonneaux , chargé
de faumon falé .
Les Corfaires le Comte de Saint- Germain , de
Dunkerque , & le Don de Dieu , de Calais , ont
fait conduire à Boulogne un Bâteau de 70 tonneaux
, chargé d'oranges & de citrons , & le Brigantin
le Thomas David , de 120 tonneaux ,
chargé de grains.
Il eft arrivé à Fécamp un Navire Anglois de 220
tonneaux , armé de 8 canons , & de 37 hommes
d'équipage. Sa cargaiſon confifte en 1123 barrils
de poudre de guerre , en armes à feu de toutes
efpeces , en foyeries , clincailleries , & c. Ce Navire
a été pris par le Capitaine Canon , commandant
le Corfaire le Prince de Soubise , de Dunkerque.
Une prife Angloiſe faite par le Corſaire le Machault
, de Grandville , a échoué à la côte de
Langrune en Baffe Normandie ; mais on a fauvé
la cargaifon , compofée de 300 cuirs , de 2000
barrils de beurre , & de 1960 morues féches.
Le Corfaire le Comte de Clermont , de Saint-
Malo , commandé par le Capitaine Colin-de la
Brifelaine , s'eft emparé le troifieme jour de fa
croifiere , d'un Navire Anglois , de 240 tonneaux
, venant de la Jamaïque , & dont la charge
eft eftimée deux cens mille livres . Cette prife
que le Capitaine Brifelaine a conduite lui- même à
AVRIL. 1757. 199
k
Saint-Malo , avoit été faite d'abord par un Cor
faire de Bayonne , & lui avoit été enlevée par un
Armateur Anglois , fur qui le Corfaire le Comte
de Clermont l'a repriſe.
> Le Scott , autre Corfaire de Saint - Malo Capitaine
Pattard, s'eft auffi rendu maître du Navire
Anglois le Hardi , de 180 tonneaux , chargé de
fucre , de café , de coton & d'autres marchandifes
qu'il avoit prifes à la Nouvelle York .
On apprend par des lettres écrites de Bayonne,
que les Corfaires la Levrette & le Dauphin , de
ce Port , fe font emparés des Navires Anglois la
Suverne & le Louis , de Londres , de 250 tonneaux
chacun , & l'Owaftel , de Holt . Ces Bâtimens
font chargés , le premier de tabac & de fer ,
le fecond de fucre , de café & de tafia , & le troifieme
de tabac & de merrains.
de 70
Les Navires Anglois le Robert , de la Virginie ,
de 130 tonneaux , chargé de tabac , de fucre & de
pelleteries , & l'Endeavour , de Briſtol ,
tonneaux , dont la cargaifon eft composée d'hui
le , de poiffon & de morue verte , ont été pris
par les Corfaires l'Aimable Dauphin , de Ciboure
& l'Espérance , de Louisbourg , qui les ont
fait conduire à Bayonne.
>
Les Corfaires le Toulousain , le Faucon , le Té
lémaque & le Saint-Antoine , dit le Colibri , de
Marſeille , y ont conduit les Navires Anglois
l'Aigle , de Yarmouth , de 160 tonneaux , armé
de 2 canons , chargé de plomb & de harengs ; la
Vierge , de Bristol , de 130 tonneaux , chargé
de faumon & de morue ; le Harril , de Liverpool
, de 120 tonneaux , armé de 6 petits canons ,
chargé d'eau-de- vie & d'huile ; la Diane , de
Lynn , de 150 tonneaux , chargé de fromage , de
plomb & de harangs , & la Marie , qui a auffi
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
un chargement de harengs & de plomb.
On mande de Marfeille , que M. Pigache ;
Lieutenant de Vaiffeau , commandant le Vaiffeau
du Roi l'Hippopotame , armé en courfe , s'eft rendu
maître , à la hauteur de l'Ile Fromentiere
du Corfaire Anglois le Conftantin , de 18 canons ,
& de 130 hommes d'équipage.
>
Le Capitaine Macquet , qui commande le Corle
Don de Dieu , de Calais , a fait conduire à faire
Dunkerque le Navire Anglois les Trois Freres , de
110 tonneaux , chargé de charbon de terre , dont
il s'eft emparé.
Un Brigantin de 100 tonneaux , chargé d'eaude-
vie , de vin du Rhin , & de plufieurs autres
marchandiſes , a été pris par le Corfaire l'Epervier
, de Calais , & y a été conduit .
Le 17 Mars , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quinze cens dix livres : les Billets
de la premiere Loterie Royal , à neuf cens quarante,
Ceux de la feconde & de la troisieme Loterie
n'avoient point de prix fixe.
LE 15 Février , jour anniverfaire de la naiffance
du Roi , on chanta le Te Deum dans l'Eglife Notre-
Dame , Paroiffe du Château . M. le Comte de
Noailles , Gouverneur de Verfailles , y affitta ,
étant accompagné des Officiers du Bailliage,
Après la cérémonie , il alluma le feu , qui avoit
été préparé vis- à- vis de l'Eglife. Les Invalides ,
chargés de la garde de cette Ville , firent une triple
falve de moufqueterie. Il y eut expofition du
Saint-Sacrement Salut & Te Deum , dans les
autres Eglifes , ainfi que dans celle de Notre-
Dame. Le foir on fit des feux dans les rues , &
toutes les maifons furent illuminées.
>
Le Roi a accordé les honneurs de Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis ,
à M. de Crémille , Commandeur de cet Ordre ,
Lieutenant- Général des Armées de Sa Majesté ,
Gouverneur d'Aire , & Infpecteur Général de
l'Infanterie , de la Cavalerie & des Dragons.
Le Roi a ordonné que chacun des Bataillons de
fon Infanterie , tant Françoife qu'Etrangere , fûr
pourvu d'une piece de canon à la Suédoife. Il fera
employé dans chaque Bataillon , pour la manoeu
vre de ces pieces de campagne , un Sergent &
feize Soldats , qui auront une haute paie,
Sa Majesté a réfolu de porter à douze cens quarante
hommes le Corps de fa Gendarmerie , aulieu
de huit cens huit , à quoi il eft actuellement.
188 MERCURE DE FRANCE.
Pour cet effet , les feize Compagnies qui compofent
ce Corps , feront mifes , de quarante- huit
Gendarmes ou Chevaux - Legers , dont elles font
formées , à foixante- quinze non compris les
deux Trompettes de chacune defdites Compagnies
, & indépendamment des huit Timbaliers
attachés aux huit Eſcadrons du Corps. Des vingtfept
hommes ordonnées d'augmentation par compagnie
, il y en aura quatorze à la premiere Brigade
, & treize à la feconde.
M. le Comte de Saint - Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , a été élu par l'Académie Royale
des Belles-Lettres , pour remplir la place d'Académicien
Honoraire , qui vaquoit par la mort de
M. le Marquis d'Argenfon.
Sa Majeſté a nommé Confeiller d'Etat M. Bertier
de Sauvigny , Intendant de la Généralité de
Paris.
Les Evêques de Bretagne , affemblés à Rennes
pour les Etats de la Province , ont donné le 11 de
ce , mois un Mandement , par lequel ils inftituent
à perpétuité une Fête à l'honneur des Saints Anges
Gardiens , pour remercier Dieu d'avoir ſauvé
le Roi de l'horrible attentat commis contre fa
Perfonne. Cette Fête fera célébrée tous les ans le
5 Janvier , mais cependant fans être chomée.
M. l'Evêque de Caftres a fait éclater fon zele, en
faifant chanter un Te Deum en mufique dans fa
Cathédrale & en donnant à toutes les perfonnes
de marque , qui fe trouvoient dans la Ville , un
fplendide repas , pendant lequel vingt- quatre
Muficiens exécuterent un très- beau Concert. Au
fortir de table , ce Prélat diftribua deux cens médailles
, & fit tirer une Loterie , dont chaque
billet portoit un lot . En même temps , par ordre
des Officiers Municipaux de la Ville , plufieurs
AVRIL. 1757 . 189
fontaines de vin coulerent , & l'on diſtribua au
peuple un boeuf & plufieurs moutons.
Le 20 Février , M. le Duc de Mirepoix , Commandant
en chef dans le Languedoc , célébra à
Montpellier , par une fête des plus éclatantes , la
convalefcence du Roi . On chanta dans l'Eglife Cathédrale
un Te Deum en mufique, auquel l'Evêque
de cette Ville officia. M. le Duc de Mirepoix y
affifta , accompagné de toute la Nobleffe , & des
Officiers de la Garnifon. La Cour des Comptes ,
Aides & Finances , s'y rendit en robes de cérémonie
, & elle donna l'exemple à tous les autres
Corps , de concourir à la folemnité d'un acte de
piété , dans lequel tout étoit fi intéreflant. Après
le Te Deum , il y eut une triple falve de l'artille
rie de la Ville & de la Citadelle , ainfi que de la
moufqueterie de la Garniſon , qui étoit en bataille
fur le rempart, Dès que la nuit fut venue , on tira
un très-beau feu d'artifice dans la Place de l'Hôtel
de Ville , dont les avenues depuis l'Hôtel du
Gouvernement étoient ornées d'Arcs de Triomphe
éclairés par une prodigieufe quantité de pots
afeu. Toutes les façades de l'Hôtel du Gouverment
étoient illuminées, depuis le rez -de- chauffée
jufqu'au toit , par des lampions qui en deffinoient
l'architecture , & qui dans les divers maffifs formoient
alternativement le Chiffre & les Armes de
Sa Majefté. M. le Duc de Mirepoix fit fervir un
fouper fplendide. La principale table qui étoit de
cinquante couverts , & en fer à cheval , ne fut
remplie que par les Dames les plus qualifiées. Il y
eut plufieurs autres tables , & outre cela on avoit
dreffé dans diverfes Salles des Buffets , où l'on
trouvoit abondamment en mets chauds & froids
tout ce qu'on pouvoit defirer. Un Bal qui dura
jufqu'au jour , termina cette brillante fête , à lag
190 MERCURE DE FRANCE.
quelle tous les habitans de cette Ville s'emprefferent
d'ajouter un nouvel éclat , en illuminant entiérement
les façades de leurs maifons , la plupart
en flambeaux de cire blanche. Des fontaines de
vin coulerent dans différens quartiers pour le
peuple qui , par fes danfes & par les acclamations
réitérées , témoigna la vivacité de fon amour pour
fon Souverain M. le Duc de Mirepoix devoit
partir hier pour retourner à la Cour ; mais il a
différé fon voyage , afin d'affifter au Te Deum
que la Cour des Comptes , Aides & Finances , doit
faire chanter demain avec beaucoup de pompe
dans la Chapelle du Palais .
Le Roi ayant jugé à propos de retenir les Sceaux,
& de faire fceller en fa préſence , Sa Majeſté donna
le 26 Février un Réglement , par lequel Elle a
déclaré fes intentions fur ce qu'Elle vouloit être
obfervé en cette occafion. Par ce Réglement ,
Elle a fait choix de MM. Feydeau -de Brou
Dagueffeau , de Bernage , Dagueffeau - de Frefne,
Trudaine & Poulletier , Confeillers d'Etat ordinaires
, pour avoir féance & voix délibérativedans
ce Confeil , avec fix Maîtres des Requêtes ,
que Sa Majefté choifira au commencement de
chaque quartier , & avec le Confeiller du Grand
Confeil, grand Rapporteur, qui fe trouvera de fervice.
Le 4 Mars , le Roi tint le Sceau dans la piece qui
précede la Chambre de Sa Majesté , & qui avoit
été préparée à cet effet. En conféquence de ce que
Sa Majesté a réglé , les fix Confeillers d'Eta: ordinaires
, ci - deffus nommés y affifterent , étant
affis des deux côtés du Bureau fur des tabourets ;
fçavoir , à droite , MM. Feydeau- de Brou , de
Bernage & Trudaine ; à gauche , MM . Dagueffeau
, Dagueffeau- de Frefne & Poulletier. MM.
Gagnat de Longay , Bignon , Mérault-de VilleAVRIL
1757. 191
fit
ron , Pouyvet de la Bliniere , de Gourgues &
Turgot , Maîtres des Requêtes choifis par le Roi
pour rapporter au Sceau pendant ce trimestre , &
M. de Baraffy , Grand Rapporteur de Service
étoient debout autour du fauteuil de Sa Majeſté .
Les Huiffiers de la Chancellerie ont tenu les portes.
M. le Maréchal - Duc de Richelieu , premier
Gentilhomme de la Chambre du Roi , & M. le
Duc d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps ,
étoient derriere le fauteuil de Sa Majesté. M. Sauvage
, Grand Audiencier de France en quartier
qui étoit debout à droite après M. Trudaine ,
la préfentation des lettres dont il étoit chargé.
Les Maîtres des Requêtes & le Grand Rapporteur,
firent le rapport de celles qui les concernent.
M. Chupin , Garde des Rôles , & M. Brillon-
Duperon , Confervateur des Hypotheques , préfenterent
; le premier , les provifions pour charges
& offices , le fecond les lettres de ratification de
rentes fur les revenus du Roi. Puis les Secretaires du
Roi firent lecture des lettres de grace , lefquelles furent
délibérées par les Confeillers d'Etat & Maîtres
des Requêtes préfens au Sceau , & réfolues par le
Roi. Après les rapports faits , le Roi indiqua le
premier Sceau à la quinzaine. Les Sceaux ayant
été remis dans leur boete , M. de Champcenetz ,
premier Valet de Chambre du Roi , qui les avoit
apportés , les reprit fur le Bureau pour les remporter.
Sa Majefté fe leva , & fut reconduit à la
porte de fa chambre par les Confeillers d'Etat
Maîtres des Requêtes & Grands Officiers de la
Chancellerie . Ce Sceau eft le premier que le Roi
ait tenu depuis fon avénement à la Couronne.
Louis XIV en tint onze en 1672 , après la mort
du Chancelier Seguier.
Le 28 Février , M. Seguier , Avocat, Général
192 MERCURE DE FRANCE.
au Parlement de Paris , fut élu , pour remplir la
place vacante dans l'Académie Françoiſe par la
mort de M. de Fontenelle .
+ Le Roi a nommé Maréchaux de France MM . le
Marquis de Senecterre , le Marquis de la Tour- '
Maubourg , le Comte de Lautrec , le Duc de
Biron , le Duc de Luxembourg, le Comte d'Eſtrées,
le Lord Clare Comte de Thomond , & le Duc de
Mirepoix.
Le 10 Mars , pendant la Meffe du Roi , M. le
Prince Conftantin de Rohan , Premier Aumônier
de Sa Majefté , a prêté ferment , comme Evêque
de Strasbourg , entre les mains du Roi.
"
Le 6 Mars , l'Académie royale des Belles - Lettres
, conduite par M. le Comte de Saint - Florentin
, préſenta au Roi trois volumes de fes Mémoires.
M. de Guignes & M. d'Anville de cette Académie
, préfenterent en même temps à Sa Majeſté
, l'un, trois volumes de l'Hiftoire des Huns &
autres Nations Tartares ; l'autre , une nouvelle
Carte des côtes de la Grece & de l'Archipel , avec
un Mémoire relatif à cette Carte mis fouspreffe
à l'Imprimerie royale , & dans lequel l'Auteur
rend compte des moyens qui ont principalement
contribué à la compofition de l'Ouvrage .
>
Sa Majesté a accordé le Régiment d'Infanterie
royal Comtois , vacant par la promotion de M.
le Marquis de Roquépine au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Puységur , Colonel
du Régiment de Forez ; le Régiment de Forez , à
M. le Marquis de Chaumont- Bernage , Colonel
dans les Grenadiers de France ; le Régiment de
Trainel , vacant par la promotion de M. le Marquis
de Trainel au grade de Maréchal de Camp ,
à M. le Comte de Brancas , Colonel dans les Grenadiers
de France ; le Régiment de Cavalerie
vacant
AVRIL. 1757. 193
vacant par la promotion de M. le Comte d'Egmont
au grade de Maréchal de Camp , à M. le Duc
de Charoft ; & les deux places de Colonels que
M. le Marquis de Chaumont-Bernage & M. le
Comte de Brancas rempliffoient dans les Grenadiers
de France , à M. Rouillé-de Roiffy & à M.'
le Comte de la Luzerne.
La Compagnie , qui vaquoit dans le Régiment
des Gardes Suiffes par la mort de M. de Caftella ,
a été donnée à M. de Caftella fon frere , Capitaine
au Régiment de Planta . MM. de Caſtella ont été
fept freres au ſervice de Sa Majefté , & trois y font
morts.
Le 6 du même mois , en action de graces de la
conſervation du Roi, on a chanté dans l'Eglife Mé,
tropolitaine , conformément au Mandement donné
par l'Archevêque de Paris , une Meffe folemnelle
, & enfuite le Te Deum, en mufique. M. l'Ab
bé de Saint-Exupery , Doyen , a officié. Le lendemain
, le Chapitre a fait remettre des aumônes
pour les pauvres aux Curés des huit Paroiffes de la
Cité , & de celles de ces Eglifes fujetes.
M. le Prince Conftantin-de Rohan , Evêque de
Strasbourg , fut facré le même jour dans la Chapelle
du Séminaire de Saint Sulpice , par M. le
Cardinal de la Rochefoucaud , affifté des Evêques
de Digne & de Saint - Omer.
Le 14, M. l'Evêque d'Autun fut reçu dans l'A
cadémie Françoiſe à la place de M. le Cardinal de
Soubife , & il prononça fon Difcours de remer
ciement , auquel M. Dupré-de S. Maur répondit
au nom de l'Académie. Après cette réponſe ,
M. d'Alembert lut des Réflexions fur l'ufage & fur
l'abus de la Philofophie dans les matieres de goût.
Nous donnerons un extrait des deux Diſcours
'dans le fecond Volume,
I.Vol, I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Don de Dieu , de Calais , y a
fait conduire le Brigantin Anglais les Trois Freres
, de Sunderland , chargé de charbon de terre ,
dont il s'eft emparé.
Un Navire Anglois , de 220 tonneaux , armé
de fix petits canons , ayant pour cargaison 1400
barrils de goudron , 4 barrils de thérébentine , des
merrains & quelques cuirs , a été pris par le Corfaire
le Saint - Louis , de Dunkerque , qui l'a conduit
à Boulogne.
Il eft arrivé dans le même Port un Bateau de
so tonneaux , chargé de fel , dont le Corfaire
le Marquis -de Vilequier s'eft rendu maître .
Le Capitaine Lamy , qui commande le Procu
veur , autre Corfaire de Boulogne , s'eft emparé
des Navires l'Espérance , de Yarmouth ; le Change
& la Chriftine , de Dyfant en Ecoffe ; & il les
a rançonnés pour $ 60 livres fterlings.
Les Navires Anglois le Comte d'Holderneſs ,
de
120 tonneaux , chargé de vin & de quelques autres
marchandifes ; la Bonne Intention , dont le
chargement confifte en orange & citrons ; & un
Bateau de 30 tonneaux , chargé de cidre & de
quelques paquets de poiffon fec , ont été conduits
au Havre par les Corſaires la Favorite &
l'Entreprenante , de ce Port.
Le Navire la France , d'Irlande , de 70 tonneaux
, chargé d'huile d'olive , d'oranges & de
citrons , a été pris par le Corfaire le Machault
de Granville , qui l'a conduit à Morlaix . Le même
Corfaire s'eft rendu maître d'un autre Navire,
Anglois de 100 tonneaux , chargé d'indigo , de
café , de bois pour teinture , & de drogues pour
la Médecine , qui eft arrivé à Roscoff,
Il a été conduit à Saint-Malo deux Bâtimens
Anglois , l'un chargé de citrons & d'oranges ,
AVRIL. 1757. 195
J
pris par le Corfaire la Sauterelle , de Breft ; &
Pautre chargé de fel , pris par les Corfaires la
Vengeance & la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire le Bart , de Calais , Capitaine
François Potier, s'eft emparé de deux petits Brigantins
Anglois , qu'il a rançonnés pour la fomme
de quatorze mille livres.
>
Le Corfaire le Machault , de Granville , ya'
envoyé le Navire la Providence , de Darmouth
de 100 tonneaux , venant de la Jamaïque avec
une cargaison qui confifte en 160 barrils de brai
250 barriques de ris , 14 boucauts de cafcarille
so planches & 8000 livres de bois des Indes.
>
Le Navire Anglois la Marie , de la Nouvelle
Yorck , de 150 tonneaux , chargé de café , d'indigo
, de dents d'élephant , de bois de Campeche,
&c. pris par le Corfaire le Scot , de Saint-Ma
lo , s'eft échoué le 23 du mois dernier à la côte de
Barfleur. On a fauvé fa cargaiſon.
Le même Corſaire a enlevé aux Anglois le Bateau
la Marguerite , de Cherbourg , chargé de
glaces brutes : ce Bateau s'étoit auffi échoué ,
mais il a été relevé & conduit à Barfleur.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire
la Vengeance, de Saint-Malo , s'eſt rendu maître
d'un Navire Anglois dont la cargaison , qui eft
eftimée deux cens mille livres , confifte en ballots
de foyeries, caiffes de drogues , & autres marchandifes
propres pour la traite des Negres.
On mande de Breft , que le Corfaire la Comteffe
de Bentheim, de Saint-Malo , a relâché dans ce pre
mier Port , où il a conduit le Navire Anglois
Affomption , allant de la Jamaïque à Londres
chargé de fucre & de café.
Le Navire l'Afrique , de Plymouth , chargé
dessobarriques de fardines , & de 130 barrils d'é
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
tain , a été pris par le Corfaire l'Intrépide , de
Bayonne , où il a été conduit.
Les lettres écrites de Bayonne , marquent que
le Corfaire l'Aurore , de ce port , Capitaine le
fieur Lavernis , a pris & y a conduit les Navires
Anglois la Rebecca , de Hul , de 200 tonneaux
armé de fix canons, chargé de 1400 barrils de goudron
; l'Entreprise , deLondres , de 160 tonneaux,
chargé de tabac en feuilles , & le Planter , de
Montfarrat , de 200 tonneaux , ayant pour
chargement
340 boucauts de fucre.
Le même Corfaire a fait conduire à Saint-Jeande-
Luz un autre Bâtiment Anglois , dont la cargaifon
eft compofée de 600 quintaux de morue
verte & féche.
Le Capitaine Jean Vergez , commandant le
Diligent , autre Corfaire de Bayonne , y a fait
conduire le Navire Anglois l'Edouard & Susanne,
de 160 tonneaux , chargé de fucre.
Le Capitaine Potier , commandant le Corfaire
l'Amiral Bart , de Calais , étant fur fa croifiere
près des côtes d'Angleterre découvrit un Brigantin
Anglois de cent cinquante tonneaux . A la vue du
Corfaire , ce Brigantin fe réfugia ſous le canon
des trois Forts de Haftings. Quoique le Capitaine
Potier n'eût que quatre canons , il attaqua le Bâtiment
ennemi , & il alloit l'aborder , lorſque l'équipage
Anglois prit le parti d'échouer . Sur ces
entrefaites parut un autre Navire que le Corfaire
enleva , & qu'il amena à Calais . Ce dernier Bâtiment
, qui fe nomme le Waterborn , eft de Boſton
dans la Nouvelle Angleterre. Il venoit de la Jamaïque
, & alloit à Londres. Sa charge eft eftimée
deux cens mille livres. C'eft la quatorzieme
prife qui ait été conduite à Calais depuis trois
mois , &la feptieme depuis le 18 jufqu'au 30 du
mois dernier.
AVRIL. 1757.
197
Ön mande de Marfeille , que le Corfaire le Colibry
, de 12 canons , & de 120 hommes d'équipage
, commandé par le Capitaine Georges-René
de Pleville-le Pelley , s'eft emparé des Navires Anglois
la Reine de Naples , allant de Gallipoly å
Londres , avec un chargement d'huile & de foie ;
le Guillaume , allant de Falmouth à Civita-Vecchia
, chargé d'étaim & de harengs , & la Marie
allant d'Yarmouth à Naples , & dont la charge
confiftoit en harengs & en plomb.
Selon des lettres de Toulon , un Grec établi depuis
quelques années en Provence s'embarqua der.
niérement fur une Tartane , dont l'équipage con
fiftoit feulement en trois François & trois Gênois.
Ce Bâtiment ayant été enlevé par un Corſaire Anglois
, monté de douze hommes ; le Capitaine du
Vaiffeau ennemi fit paffer le Grec & les trois Gênois
fur fon bord ; & y ayant laiffé trois Anglois ,
il monta fur la Tartane avec le refte de fon équipage.
Le Grec faifit une occafion favorable , qui
fe préfenta. Il tua lui feul les trois Anglois , à qui
leur Commandant avoit confié la garde du Corfaire.
Ayant abordé enſuite la Tartanne , il la reprit
avec le fecours des trois François & des trois Gênois.
Il a conduit à Toulon le Bâtiment , dont il
s'eft emparé.
On mande de Calais , que le Corfaire le Bart ;
de ce Port ' , commandé par le Capitaine Potier ,
y a conduit le Navire Anglois le Winterborn , de
130 tonneaux , chargé de fucre & d'autres marchandifes.
200
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
s'eft rendu maître d'un Navire Anglois , de
tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec une
cargaifon compofée de fucre , de tafia & de bois
d'Acajou.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Gros Thomas , du même Port , a
conduit à Calais le Navire l'Elifabeth & Catherine,
de 70 tonneaux , chargé de beurre & de
cuirs.
Le Tapageur & le Procureur , autres Corfaires
de Boulogne , fe font emparés , le premier de
deux Bâteaux Anglois , chargés l'un de bled ,
Pautre de charbon de terre , & le fecond du Navire
la Comteffe de Murray , de 90 tonneaux , chargé
de faumon falé .
Les Corfaires le Comte de Saint- Germain , de
Dunkerque , & le Don de Dieu , de Calais , ont
fait conduire à Boulogne un Bâteau de 70 tonneaux
, chargé d'oranges & de citrons , & le Brigantin
le Thomas David , de 120 tonneaux ,
chargé de grains.
Il eft arrivé à Fécamp un Navire Anglois de 220
tonneaux , armé de 8 canons , & de 37 hommes
d'équipage. Sa cargaiſon confifte en 1123 barrils
de poudre de guerre , en armes à feu de toutes
efpeces , en foyeries , clincailleries , & c. Ce Navire
a été pris par le Capitaine Canon , commandant
le Corfaire le Prince de Soubise , de Dunkerque.
Une prife Angloiſe faite par le Corſaire le Machault
, de Grandville , a échoué à la côte de
Langrune en Baffe Normandie ; mais on a fauvé
la cargaifon , compofée de 300 cuirs , de 2000
barrils de beurre , & de 1960 morues féches.
Le Corfaire le Comte de Clermont , de Saint-
Malo , commandé par le Capitaine Colin-de la
Brifelaine , s'eft emparé le troifieme jour de fa
croifiere , d'un Navire Anglois , de 240 tonneaux
, venant de la Jamaïque , & dont la charge
eft eftimée deux cens mille livres . Cette prife
que le Capitaine Brifelaine a conduite lui- même à
AVRIL. 1757. 199
k
Saint-Malo , avoit été faite d'abord par un Cor
faire de Bayonne , & lui avoit été enlevée par un
Armateur Anglois , fur qui le Corfaire le Comte
de Clermont l'a repriſe.
> Le Scott , autre Corfaire de Saint - Malo Capitaine
Pattard, s'eft auffi rendu maître du Navire
Anglois le Hardi , de 180 tonneaux , chargé de
fucre , de café , de coton & d'autres marchandifes
qu'il avoit prifes à la Nouvelle York .
On apprend par des lettres écrites de Bayonne,
que les Corfaires la Levrette & le Dauphin , de
ce Port , fe font emparés des Navires Anglois la
Suverne & le Louis , de Londres , de 250 tonneaux
chacun , & l'Owaftel , de Holt . Ces Bâtimens
font chargés , le premier de tabac & de fer ,
le fecond de fucre , de café & de tafia , & le troifieme
de tabac & de merrains.
de 70
Les Navires Anglois le Robert , de la Virginie ,
de 130 tonneaux , chargé de tabac , de fucre & de
pelleteries , & l'Endeavour , de Briſtol ,
tonneaux , dont la cargaifon eft composée d'hui
le , de poiffon & de morue verte , ont été pris
par les Corfaires l'Aimable Dauphin , de Ciboure
& l'Espérance , de Louisbourg , qui les ont
fait conduire à Bayonne.
>
Les Corfaires le Toulousain , le Faucon , le Té
lémaque & le Saint-Antoine , dit le Colibri , de
Marſeille , y ont conduit les Navires Anglois
l'Aigle , de Yarmouth , de 160 tonneaux , armé
de 2 canons , chargé de plomb & de harengs ; la
Vierge , de Bristol , de 130 tonneaux , chargé
de faumon & de morue ; le Harril , de Liverpool
, de 120 tonneaux , armé de 6 petits canons ,
chargé d'eau-de- vie & d'huile ; la Diane , de
Lynn , de 150 tonneaux , chargé de fromage , de
plomb & de harangs , & la Marie , qui a auffi
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
un chargement de harengs & de plomb.
On mande de Marfeille , que M. Pigache ;
Lieutenant de Vaiffeau , commandant le Vaiffeau
du Roi l'Hippopotame , armé en courfe , s'eft rendu
maître , à la hauteur de l'Ile Fromentiere
du Corfaire Anglois le Conftantin , de 18 canons ,
& de 130 hommes d'équipage.
>
Le Capitaine Macquet , qui commande le Corle
Don de Dieu , de Calais , a fait conduire à faire
Dunkerque le Navire Anglois les Trois Freres , de
110 tonneaux , chargé de charbon de terre , dont
il s'eft emparé.
Un Brigantin de 100 tonneaux , chargé d'eaude-
vie , de vin du Rhin , & de plufieurs autres
marchandiſes , a été pris par le Corfaire l'Epervier
, de Calais , & y a été conduit .
Le 17 Mars , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quinze cens dix livres : les Billets
de la premiere Loterie Royal , à neuf cens quarante,
Ceux de la feconde & de la troisieme Loterie
n'avoient point de prix fixe.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 15 février, à l'occasion de l'anniversaire du Roi, un Te Deum fut chanté à Notre-Dame et dans d'autres églises de Paris. Le Comte de Noailles, Gouverneur de Versailles, y assista avec les officiers du bailliage. Des feux et des salves de mousqueterie furent tirés par les Invalides, et les maisons furent illuminées. Le Roi accorda les honneurs de Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis à M. de Crémille et ordonna l'équipement de chaque bataillon d'infanterie avec une pièce de canon suédoise. Le corps de la gendarmerie fut augmenté à 1240 hommes. M. le Comte de Saint-Florentin fut élu académicien honoraire à l'Académie Royale des Belles-Lettres, et M. Bertier de Sauvigny fut nommé Conseiller d'État et Intendant de la Généralité de Paris. Les évêques de Bretagne instituèrent une fête perpétuelle en l'honneur des Saints Anges Gardiens pour remercier Dieu d'avoir sauvé le Roi d'un attentat. Le Duc de Mirepoix célébra la convalescence du Roi à Montpellier par une fête incluant un Te Deum, des salves d'artillerie, un feu d'artifice et un bal. Le Roi régla les modalités de la tenue des Sceaux, nommant six Conseillers d'État et six Maîtres des Requêtes. Plusieurs Maréchaux de France furent nommés, dont le Duc de Mirepoix. L'Académie Royale des Belles-Lettres présenta au Roi des volumes de ses Mémoires et des ouvrages sur l'histoire des Huns et une carte des côtes de la Grèce. Divers régiments d'infanterie et de cavalerie furent accordés à plusieurs officiers promus. Des actions de grâce pour la conservation du Roi furent organisées, incluant une messe solennelle et le Te Deum à l'église métropolitaine. Le Prince Constantin de Rohan fut sacré évêque de Strasbourg. Plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français. En avril 1757, plusieurs actions de corsaires français furent rapportées. À Roscoff, un navire de médecine arriva. Deux bâtiments anglais furent conduits à Saint-Malo, l'un chargé de citrons et d'oranges, l'autre de sel. Divers corsaires capturèrent des navires anglais chargés de marchandises variées, telles que du café, du sucre, du riz, du bois, et des produits pour la traite des nègres. À Marseille, plusieurs corsaires conduisirent des navires anglais chargés de plomb, de harengs, de saumon, de morue, d'eau-de-vie, d'huile et de fromage. Le 14 mars, M. l'Évêque d'Autun fut reçu à l'Académie Française, prononçant un discours de remerciement. Des réflexions sur l'usage et l'abus de la philosophie furent lues par M. d'Alembert.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 203-207
ALLEMAGNE.
Début :
Le 9 de ce mois, le Général Lossewicz, à la tête d'un corps [...]
Mots clefs :
Corps de troupes, Bataillons, Prusse, Mouvement, Fortifications, Attaques, Prague, Dresde, Frontières, Roi de Prusse, Régiment de dragons, Prince, Saxe, Ratisbonne, Diète de l'Empire, Guerre, Traité de Westphalie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE, le 19 Mars.
Le 9 de ce mois , le Général Loffewicz , à la
tête d'un corps de troupes Pruffiennes , compoſe
de quatorze Bataillons , & de trois Régimens de
Cavalerie , s'avança fur deux colonnes vers Graf
fenftein & vers Grottau , tandis que le Prince de
Bevern, fe porta fur Friedland :avec fix mille
hommes des mêmes troupes. A la nouvelle du
mouvement des ennemis , les détachement de
Croates , qui étoit dans le dernier de ces trois
poftes , fe hâta de fe replier à Reichenberg. Les
Pruffiens fe font emparés de Graffenftein & de
Grottau , mais ils n'ont pu s'y maintenir.: Le
Prince de Bevern a demeuré pendant trois jours
à Friedland , & s'eft enfuite retiré , après avoir
fait démolir les fortifications du château. Le 12 ,
avant d'abandonner ce pofte , il envoya le Co
lonel Putkammer avec un bataillon de grenadiers
, cent dragons & trois cens huffards , pour
reconnoître le terrein entre ce pofte & celui de
Reichenberg. Ce détachement rencontra quatre
cens hommes des troupes Autrichiennes , dont
une partie étoit en bataille devant le village de
Bufch- Ullerdorf , & une autre partie étoit embufquée
derriere des haies . Le fieur Putkammer
les attaqua , & les pouffa à travers le village.
Ils ont eu cinquante hommes tués. On leur a
fait dix prifonniers , & on leur a enlevé trentetrois
chevaux.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 6 Avril.
<
Un particulier , qui venoit de Boheme , ayant
été arrêté par les Pruffiens , on trouva fur lui
deux lettres adreffées , l'une à la Comteffe d'Ogilvy
, Dame d'Honneur de la Reine ; l'autre au
Baron de Keffel , Chambellan de cette Princeffe.
En conféquence , le Roi de Pruffe leur fit fignifier
les arrêts. Le lendemain , la Reine envoya
demander à ce Prince leur élargiffement , & il
l'accorda. Il fit prier en même temps la Reine ,
d'empêcher qu'à l'avenir aucune perfonne de fa
Cour n'entretînt des correfpondances avec les
Autrichiens.
+
Sa Majesté Pruffienne , frappée de la beauté
d'un tableau , qui eft dans la Galerie du Palais ,'
avoit ordonné qu'on en tirât une copie. Dès
que la Reine en fut informée , Elle fit préfenter
ce tableau à ce Monarque , qui s'eft excufé de
Faccepter , mais qui a témoigné être fort fenfible
à une telle marque d'attention .
En attendant que toutes les troupes foient en
campagne , les Pruffiens fortifient divers poftes
fur la frontiere. Ils ne négligent rien non plus
pour mettre cette ville à l'abri de toute ſurpriſe ,
& ils ont établi, une batterie devant le chemin
de Dippolfwalde , une près du moulin à poudre
, une du côté de l'Elbe , une dans les environs
de la Tuilerie , une dans le grand cimetiere
, une vis-à- vis le chemin de Pirna , une à
l'extrêmité des jardins de Maffinisky , & une fur
la hauteur de Sintzendorff Outre ces précautions ,
ils ont pratiqué des mines en plufieurs endroits .
Ces jours derniers , le Roi de Pruffe écrivit au
Lieutenant-Général Pirfch, Commandant de KoMA
I. 1757: 205
nigstein , la lettre fuivante. « Ayant appris de
» plufieurs endroits que les Autrichiens pen-
» foient à furprendre votre fortereffe , je n'ai
» point voulu différer de vous rappeller le con-
>> tenu de votre capitulation , & ce à quoi votre
» honneur & votre parole vous engagent. Ko-
» nigſtein étant une fortereffe qui ne peut crainqu'un
coup de main , j'ai dû d'autant plus
» vous donner avis du deffein des ennemis , que
s'ils entreprenoient de l'exécuter , je ne pour-
» rois m'empêcher de vous croire d'intelligence
D
» avec eux. >>>
Indépendamment d'un efcadron du Régiment
de dragons de Rutowski qui , fe trouvant dans
la haute Luface , près des frontieres de Boheme ,
a profité de la circonftance pour paffer du côté
des Autrichiens , le Régiment ci - devant du Prince
Frederic- Augufte de Saxe , & maintenant
Loën , a auffi déferté. Au lieu d'aller à Berlin ,
où on lui avoit affigné de nouveaux quartiers ,
il a pris la route de Pologne. On affure qu'il y
a été fuivi par un bataillon du Régiment de
Jeune Bevern , ci- devant du Prince Xavier. La
défertion de ces corps a déterminé Sa Majesté
Pruffienne à incorporer les Gardes du Corps
Saxons dans fes Gardes , ainfi que les cavaliers
& les dragons de la même nation dans les Régimens
de cavalerie & de dragons des troupes
Pruffiennes . A l'égard de l'infanterie , ce Prince"
ne laiffe que dix Saxons par compagnie. Les
autres font diftribués dans les Régimens Pruffiens
, dont on prend un pareil nombre de foldats
, pour remplacer les Saxons dans les corps ,
où ceux-ci fervoient. En même temps , on vient
de publier une Ordonnance , en vertu de laquelle
les biens ou effets des défertears des anciens
206 MERCURE DE FRANCE.
Régimens Saxons feront confifqués , & leurs pas
rens , tenus de bonifier l'uniforme & les armes.
Sa Majefté Pruffienne exige encore de cet Electorat
deux mille cinq cens hommes de nouvel,
les recrues , pour augmenter de vingt hommes
chaque compagnie de ces Régimens . Le Major
Général Rezow en a remis l'ordre par écrit ,
avec la répartition , aux Députés des Etats actuel
lement aflemblés en cette Capitale.
Ce même Major Général , le 31 du mois der
nier , fit fignifier à la Comteffe de Brulh , époufe
du Premier Miniftre , laquelle depuis cinq mois
logeoit au Palais , qu'elle eût à retourner àfon
Hôtel. Quelques momens après qu'elle y fut
arrivée , il s'y tranfporta pour lui annoncer les
arrêts de la part du Roi de Pruffe, Elle y eft gardée
par un Officier , un fergent , un caporal ,
& fix foldats. On croit qu'elle fera obligée de fe
retirer en Pologne , & qu'un détachement l'accompagnera
jufques fur la frontiere.
DE RATISBONNE , le 2 : Avril.
Il a été dicté le 30 Mars, à la Diere de l'Empire,
une Déclaration que les Miniftres de France & de
Suede avoient remife plufieurs jours auparavant aq
nom des Rois leurs Maîtres, en qualité de garans
de la paix de Weftphalie , Comme cette Déclara
tion , quoique remife féparément , eft la même ,
on n'inférera ici que la copie de celle qui a été faite
au nom de S. M.T. C. « Le Roi mon Maître n'a pu
» voir fans un extrême déplaifir, qu'il fe foit élevé
» en Allemagne une guerre , qui tient dans l'oppreffion
, la plus cruelle & la plus inouie , de
» puiffans Etats de l'Empire , en expofe d'autres
» au danger de fubir le même fort , & menace
MAI 1757. 207
» d'un renverſement total les Loix & Conftitu-
» tions Germaniques , les Traités de Weftphalie,
» & le Syſtême de l'Empire . Pour remédier aux
» maux préfens , & prévenir ceux qui pourroient
>> arriver dans la fuite , divers Etats des plus con-
» fidérables de l'Empire ont requis la France &
» la Suede d'exercer la Garantie qu'Elles ont
» donnée des Traités de Weftphalie ; & comme
» ces deux Puiffances fe font trouvé animées .
» du même zele pour la défenſe des Etats de
>> l'Empire , le maintien du Systême Germanique,
» & notamment pour la confervation des droits
» des trois Religions établies en Allemagne
» Elles ont réfolu , d'un commun accord , de
» prendre les mefures les plus promptes & les
plus efficaces , pour fatisfaire à leurs obliga-
» tions fur des objets auffi importans . En conféquence
le Roi déclare , conjointement avec
» le Roi de Suede , à tout l'Empire , que Leurs
» Majeſtés feront , comme Garantes des Traités
>> de Weftphalie , tous les efforts qui font en
>> leur pouvoir , pour contribuer , felon le voeu
» de l'Empire , à arrêter le cours des maux qui
» défolent l'Allemagne , en procurer la répara-
» tion , & maintenir nommément les droits des
» trois Religions établies dans l'Empire ; enfin
» pour affurer la liberté Germanique, fur les
» fondemens des Traités de Weftphalie , contre
» toutes les atteintes que quelque Puiffance que
>> ce foit aura entrepris , ou entreprendra d'y
» porter. Sa Majefté efpere , ainfi que Sa Majef
» té Suédoife , que l'Empire reconnoîtra toute la
» fincérité & l'étendue de leur zele pour le falut
» de l'Allemagne , & Elles ne doutent pas que les
Electeurs , Princes & Etats , ne fecondent de
» tout leur pouvoir une réfolution aufſi légitime,
» auffi falutaire & auffi généreuſe. ».
DE PRAGUE, le 19 Mars.
Le 9 de ce mois , le Général Loffewicz , à la
tête d'un corps de troupes Pruffiennes , compoſe
de quatorze Bataillons , & de trois Régimens de
Cavalerie , s'avança fur deux colonnes vers Graf
fenftein & vers Grottau , tandis que le Prince de
Bevern, fe porta fur Friedland :avec fix mille
hommes des mêmes troupes. A la nouvelle du
mouvement des ennemis , les détachement de
Croates , qui étoit dans le dernier de ces trois
poftes , fe hâta de fe replier à Reichenberg. Les
Pruffiens fe font emparés de Graffenftein & de
Grottau , mais ils n'ont pu s'y maintenir.: Le
Prince de Bevern a demeuré pendant trois jours
à Friedland , & s'eft enfuite retiré , après avoir
fait démolir les fortifications du château. Le 12 ,
avant d'abandonner ce pofte , il envoya le Co
lonel Putkammer avec un bataillon de grenadiers
, cent dragons & trois cens huffards , pour
reconnoître le terrein entre ce pofte & celui de
Reichenberg. Ce détachement rencontra quatre
cens hommes des troupes Autrichiennes , dont
une partie étoit en bataille devant le village de
Bufch- Ullerdorf , & une autre partie étoit embufquée
derriere des haies . Le fieur Putkammer
les attaqua , & les pouffa à travers le village.
Ils ont eu cinquante hommes tués. On leur a
fait dix prifonniers , & on leur a enlevé trentetrois
chevaux.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 6 Avril.
<
Un particulier , qui venoit de Boheme , ayant
été arrêté par les Pruffiens , on trouva fur lui
deux lettres adreffées , l'une à la Comteffe d'Ogilvy
, Dame d'Honneur de la Reine ; l'autre au
Baron de Keffel , Chambellan de cette Princeffe.
En conféquence , le Roi de Pruffe leur fit fignifier
les arrêts. Le lendemain , la Reine envoya
demander à ce Prince leur élargiffement , & il
l'accorda. Il fit prier en même temps la Reine ,
d'empêcher qu'à l'avenir aucune perfonne de fa
Cour n'entretînt des correfpondances avec les
Autrichiens.
+
Sa Majesté Pruffienne , frappée de la beauté
d'un tableau , qui eft dans la Galerie du Palais ,'
avoit ordonné qu'on en tirât une copie. Dès
que la Reine en fut informée , Elle fit préfenter
ce tableau à ce Monarque , qui s'eft excufé de
Faccepter , mais qui a témoigné être fort fenfible
à une telle marque d'attention .
En attendant que toutes les troupes foient en
campagne , les Pruffiens fortifient divers poftes
fur la frontiere. Ils ne négligent rien non plus
pour mettre cette ville à l'abri de toute ſurpriſe ,
& ils ont établi, une batterie devant le chemin
de Dippolfwalde , une près du moulin à poudre
, une du côté de l'Elbe , une dans les environs
de la Tuilerie , une dans le grand cimetiere
, une vis-à- vis le chemin de Pirna , une à
l'extrêmité des jardins de Maffinisky , & une fur
la hauteur de Sintzendorff Outre ces précautions ,
ils ont pratiqué des mines en plufieurs endroits .
Ces jours derniers , le Roi de Pruffe écrivit au
Lieutenant-Général Pirfch, Commandant de KoMA
I. 1757: 205
nigstein , la lettre fuivante. « Ayant appris de
» plufieurs endroits que les Autrichiens pen-
» foient à furprendre votre fortereffe , je n'ai
» point voulu différer de vous rappeller le con-
>> tenu de votre capitulation , & ce à quoi votre
» honneur & votre parole vous engagent. Ko-
» nigſtein étant une fortereffe qui ne peut crainqu'un
coup de main , j'ai dû d'autant plus
» vous donner avis du deffein des ennemis , que
s'ils entreprenoient de l'exécuter , je ne pour-
» rois m'empêcher de vous croire d'intelligence
D
» avec eux. >>>
Indépendamment d'un efcadron du Régiment
de dragons de Rutowski qui , fe trouvant dans
la haute Luface , près des frontieres de Boheme ,
a profité de la circonftance pour paffer du côté
des Autrichiens , le Régiment ci - devant du Prince
Frederic- Augufte de Saxe , & maintenant
Loën , a auffi déferté. Au lieu d'aller à Berlin ,
où on lui avoit affigné de nouveaux quartiers ,
il a pris la route de Pologne. On affure qu'il y
a été fuivi par un bataillon du Régiment de
Jeune Bevern , ci- devant du Prince Xavier. La
défertion de ces corps a déterminé Sa Majesté
Pruffienne à incorporer les Gardes du Corps
Saxons dans fes Gardes , ainfi que les cavaliers
& les dragons de la même nation dans les Régimens
de cavalerie & de dragons des troupes
Pruffiennes . A l'égard de l'infanterie , ce Prince"
ne laiffe que dix Saxons par compagnie. Les
autres font diftribués dans les Régimens Pruffiens
, dont on prend un pareil nombre de foldats
, pour remplacer les Saxons dans les corps ,
où ceux-ci fervoient. En même temps , on vient
de publier une Ordonnance , en vertu de laquelle
les biens ou effets des défertears des anciens
206 MERCURE DE FRANCE.
Régimens Saxons feront confifqués , & leurs pas
rens , tenus de bonifier l'uniforme & les armes.
Sa Majefté Pruffienne exige encore de cet Electorat
deux mille cinq cens hommes de nouvel,
les recrues , pour augmenter de vingt hommes
chaque compagnie de ces Régimens . Le Major
Général Rezow en a remis l'ordre par écrit ,
avec la répartition , aux Députés des Etats actuel
lement aflemblés en cette Capitale.
Ce même Major Général , le 31 du mois der
nier , fit fignifier à la Comteffe de Brulh , époufe
du Premier Miniftre , laquelle depuis cinq mois
logeoit au Palais , qu'elle eût à retourner àfon
Hôtel. Quelques momens après qu'elle y fut
arrivée , il s'y tranfporta pour lui annoncer les
arrêts de la part du Roi de Pruffe, Elle y eft gardée
par un Officier , un fergent , un caporal ,
& fix foldats. On croit qu'elle fera obligée de fe
retirer en Pologne , & qu'un détachement l'accompagnera
jufques fur la frontiere.
DE RATISBONNE , le 2 : Avril.
Il a été dicté le 30 Mars, à la Diere de l'Empire,
une Déclaration que les Miniftres de France & de
Suede avoient remife plufieurs jours auparavant aq
nom des Rois leurs Maîtres, en qualité de garans
de la paix de Weftphalie , Comme cette Déclara
tion , quoique remife féparément , eft la même ,
on n'inférera ici que la copie de celle qui a été faite
au nom de S. M.T. C. « Le Roi mon Maître n'a pu
» voir fans un extrême déplaifir, qu'il fe foit élevé
» en Allemagne une guerre , qui tient dans l'oppreffion
, la plus cruelle & la plus inouie , de
» puiffans Etats de l'Empire , en expofe d'autres
» au danger de fubir le même fort , & menace
MAI 1757. 207
» d'un renverſement total les Loix & Conftitu-
» tions Germaniques , les Traités de Weftphalie,
» & le Syſtême de l'Empire . Pour remédier aux
» maux préfens , & prévenir ceux qui pourroient
>> arriver dans la fuite , divers Etats des plus con-
» fidérables de l'Empire ont requis la France &
» la Suede d'exercer la Garantie qu'Elles ont
» donnée des Traités de Weftphalie ; & comme
» ces deux Puiffances fe font trouvé animées .
» du même zele pour la défenſe des Etats de
>> l'Empire , le maintien du Systême Germanique,
» & notamment pour la confervation des droits
» des trois Religions établies en Allemagne
» Elles ont réfolu , d'un commun accord , de
» prendre les mefures les plus promptes & les
plus efficaces , pour fatisfaire à leurs obliga-
» tions fur des objets auffi importans . En conféquence
le Roi déclare , conjointement avec
» le Roi de Suede , à tout l'Empire , que Leurs
» Majeſtés feront , comme Garantes des Traités
>> de Weftphalie , tous les efforts qui font en
>> leur pouvoir , pour contribuer , felon le voeu
» de l'Empire , à arrêter le cours des maux qui
» défolent l'Allemagne , en procurer la répara-
» tion , & maintenir nommément les droits des
» trois Religions établies dans l'Empire ; enfin
» pour affurer la liberté Germanique, fur les
» fondemens des Traités de Weftphalie , contre
» toutes les atteintes que quelque Puiffance que
>> ce foit aura entrepris , ou entreprendra d'y
» porter. Sa Majefté efpere , ainfi que Sa Majef
» té Suédoife , que l'Empire reconnoîtra toute la
» fincérité & l'étendue de leur zele pour le falut
» de l'Allemagne , & Elles ne doutent pas que les
Electeurs , Princes & Etats , ne fecondent de
» tout leur pouvoir une réfolution aufſi légitime,
» auffi falutaire & auffi généreuſe. ».
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1757, les troupes prussiennes, sous les ordres du général Loffewicz et du prince de Bevern, lancèrent des offensives en Bohême. Loffewicz, à la tête de quatorze bataillons et trois régiments de cavalerie, captura Graffenstein et Grottau, mais ne put y maintenir sa position. Bevern, avec six mille hommes, occupa Friedland pendant trois jours avant de se retirer après avoir détruit les fortifications du château. Le 12 mars, le colonel Putkammer affronta des troupes autrichiennes près de Busch-Ullerdorf, les repoussant et capturant des prisonniers ainsi que des chevaux. À Dresde, un particulier arrêté par les Prussiens portait des lettres destinées à la comtesse d'Ogilvy et au baron de Keffel, ce qui entraîna leur arrestation. La reine demanda et obtint leur libération, et le roi de Prusse lui demanda de cesser toute correspondance avec les Autrichiens. Par ailleurs, le roi de Prusse, impressionné par un tableau de la galerie du palais, en demanda une copie, mais la reine lui offrit l'original. Les Prussiens renforcèrent les postes frontaliers et établirent des batteries autour de Dresde pour se protéger des surprises. Le roi de Prusse avertit le lieutenant-général Pirsch de la menace autrichienne sur la forteresse de Konigstein. Des désertions de régiments saxons, dont celui du prince Frédéric-Auguste de Saxe, furent signalées. En réponse, le roi de Prusse incorpora les Gardes du Corps saxons dans ses propres troupes et confisqua les biens des déserteurs. Il exigea également deux mille cinq cents nouvelles recrues de l'Électorat de Saxe. À Ratisbonne, une déclaration des ministres de France et de Suède, en qualité de garants de la paix de Westphalie, fut lue le 30 mars. Cette déclaration exprimait le déplaisir des rois face à la guerre en Allemagne et leur engagement à défendre les États de l'Empire et les droits des trois religions établies en Allemagne.
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36
p. 190-193
ALLEMAGNE.
Début :
L'armée de Boheme que commandera le Prince Charles de Lorraine, [...]
Mots clefs :
Vienne, Prince Charles de Lorraine, Armées, Bataillons, Prague, Impératrice-Reine, Indemnités, Dresde, Pillages, Berlin, Escadrons, Attaques, Wesel, Régiments
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 10 Avril.
L'armée de Boheme que commandera le Prince
Charles de Lorraine , fera compofée de cinquantetrois
mille hommes d'Infanterie & de vingt mille.
de Cavalerie . Celle de Moravie , fous les ordres
du Feld-Maréchal Comte Léopold de Daun , fera
de foixante-dix mille hommes. Indépendamment
de ces deux armées , il y aura un camp volant
d'environ dix-neuf mille hommes , qui fera commandé
par le Comte de Nadafty. Ainfi l'on
compte cent foixante - deux mille fix cens hommes
de troupes de l'Impératrice Reine , deftinés à
agir contre le Roi de Pruffe. Ces troupes feront
jointes par dix-huit Efcadrons Saxons , qu'on at
tend de Pologne.
DE PRAGUE , les 5 Avril.
L'Impératrice Reine a fait annoncer par le
Feld-Maréchal Comte de Browne , qu'Elle in
JUIN. 1757. 191
demniferoit les habitans de ce Royaume , des
dommages qui pourroient leur être cauſés par
les troupes Pruffiennes.
DE DRESDE , le 18 Avril.
Un détachement de Huffards Pruffiens pénétra
le 13 en Boheme jufqu'à Wildftein . En fe reti◄
rant , il a pillé un château du Baron de Peuff. Il
y a eu une efcarmouche affez vive entre ce détachement
& quelques Compagnies de troupes irrégulieres
de l'armée commandée par le Feld-
Maréchal de Browne.
DE BERLIN , le 27 Avril.
Suivant une Relation publiée ici de l'action
qui s'eft paffée le 21 de ce mois en Boheme près
de Reichenberg , le Prince de Brunſwic- Bevern
dès le 20 s'étoit emparé de Graffenſtein , de
Krottau , de Kratzen & de Machendorf. Le 21 ,
il marcha par Habendorff à Reichenberg , où il y
avoit vingt-huit mille Autrichiens commandés par
le Feld- Maréchal Comte de Konigseg. Auffitôt
que les Pruffiens eurent formé leur ordre de bataille
, ils firent plufieurs décharges d'artillerie fur
la Cavalerie ennemie. Elle étoit composée d'environ
trente efcadrons , & rangée fur trois lignes.
Ses deux aîles étoient appuyées par l'Infanterie
qui à la droite étoit retranchée dans un village
& à la gauche occupoit un bois où elle avoit fait
plufieurs abattis . Le Prince de Beverne, à la tête de
quinze efcadrons de Dragons, chargea la cavalerie.
En même-temps il fit attaquer le bois par les
Grenadiers de Kahlden & de Mollendorff, & par le
Régiment du Prince de Pruffe . Plufieurs redoutes
couvroient Reichenberg , & le Prince de Bevern
192 MERCURE DE FRANCE.
ordonna auffi de les attaquer. Le Lieutenant général
Leftwitz s'en rendit maître. L'attaque du bois
n'eut pas un moindre fuccès , & les Pruffiens ,
après avoir été repouffés jufqu'à trois fois , franchirent
les retranchemens. Alors la Cavalerie ennemie
, qui jufques- là n'avoit pu être ébranlée
par les différens chocs que lui avoit livrès
le Prince de Bevern , céda infenfiblement le
terrein. Autant qu'on a pu le fçavoir , les Autrichiens
ont eu mille hommes tués ou bleffés . L'action
a commencé à fix heures & demie du matin , &
elle a duré environ cinq heures. On prétend que les
troupes du Roi n'ont perdu que fept Officiers &
cent deux Soldats , Le Général Normann , le fieur
de Letow , Colonel- Commandant du Régiment
de Darmstadt , les Majors des Régimens de Platen
, d'Amftel , de Normann , de Bevern & de
Wirtemberg ; fept Capitaines , Lieutenans ou En-
Leignes , & cent cinquante Soldats ont été bleſſés.j
DE VESEL , le 9 Mai.
Le Maréchal d'Eftrées arriva le 27 du mois
dernier en cette Ville . Il y apprit que les Pruffiens
ayant abandonné Lipſtatt & Rittberg , le
Comte de Saint - Germain avoit occupé le 26 la
premiere de ces deux Villes avec les quatre Ba-
Tillons du Régiment de Belfunce. Sur l'avis que
les Pruffiens , foutenus de quelques Régimens
Hanovriens , ont formé un camp à Bielefeld , le
Maréchal d'Eftrées a fait des difpofitions pour
renforcer les troupes déja établies fur la Lippe .
Un Détachement de cinquante hommes du Corps
de Chaffeurs de Fifcher ayant été attaqué par
cent vingt Cuiraffiers Hanovriens , près de Warendorp
, entre Munſter & Lipftatt , en a tué
quinze & fait trente prifonniers. Après les avoir
pourfui vi
་
JUIN. 1757. 193
pourfuivi jufqu'à un pofte d'Infanterie des enne-.
Inis , il eft revenu fans aucune perte. Il a eu feulement
deux Officiers de bleffés.
DE VIENNE , le 10 Avril.
L'armée de Boheme que commandera le Prince
Charles de Lorraine , fera compofée de cinquantetrois
mille hommes d'Infanterie & de vingt mille.
de Cavalerie . Celle de Moravie , fous les ordres
du Feld-Maréchal Comte Léopold de Daun , fera
de foixante-dix mille hommes. Indépendamment
de ces deux armées , il y aura un camp volant
d'environ dix-neuf mille hommes , qui fera commandé
par le Comte de Nadafty. Ainfi l'on
compte cent foixante - deux mille fix cens hommes
de troupes de l'Impératrice Reine , deftinés à
agir contre le Roi de Pruffe. Ces troupes feront
jointes par dix-huit Efcadrons Saxons , qu'on at
tend de Pologne.
DE PRAGUE , les 5 Avril.
L'Impératrice Reine a fait annoncer par le
Feld-Maréchal Comte de Browne , qu'Elle in
JUIN. 1757. 191
demniferoit les habitans de ce Royaume , des
dommages qui pourroient leur être cauſés par
les troupes Pruffiennes.
DE DRESDE , le 18 Avril.
Un détachement de Huffards Pruffiens pénétra
le 13 en Boheme jufqu'à Wildftein . En fe reti◄
rant , il a pillé un château du Baron de Peuff. Il
y a eu une efcarmouche affez vive entre ce détachement
& quelques Compagnies de troupes irrégulieres
de l'armée commandée par le Feld-
Maréchal de Browne.
DE BERLIN , le 27 Avril.
Suivant une Relation publiée ici de l'action
qui s'eft paffée le 21 de ce mois en Boheme près
de Reichenberg , le Prince de Brunſwic- Bevern
dès le 20 s'étoit emparé de Graffenſtein , de
Krottau , de Kratzen & de Machendorf. Le 21 ,
il marcha par Habendorff à Reichenberg , où il y
avoit vingt-huit mille Autrichiens commandés par
le Feld- Maréchal Comte de Konigseg. Auffitôt
que les Pruffiens eurent formé leur ordre de bataille
, ils firent plufieurs décharges d'artillerie fur
la Cavalerie ennemie. Elle étoit composée d'environ
trente efcadrons , & rangée fur trois lignes.
Ses deux aîles étoient appuyées par l'Infanterie
qui à la droite étoit retranchée dans un village
& à la gauche occupoit un bois où elle avoit fait
plufieurs abattis . Le Prince de Beverne, à la tête de
quinze efcadrons de Dragons, chargea la cavalerie.
En même-temps il fit attaquer le bois par les
Grenadiers de Kahlden & de Mollendorff, & par le
Régiment du Prince de Pruffe . Plufieurs redoutes
couvroient Reichenberg , & le Prince de Bevern
192 MERCURE DE FRANCE.
ordonna auffi de les attaquer. Le Lieutenant général
Leftwitz s'en rendit maître. L'attaque du bois
n'eut pas un moindre fuccès , & les Pruffiens ,
après avoir été repouffés jufqu'à trois fois , franchirent
les retranchemens. Alors la Cavalerie ennemie
, qui jufques- là n'avoit pu être ébranlée
par les différens chocs que lui avoit livrès
le Prince de Bevern , céda infenfiblement le
terrein. Autant qu'on a pu le fçavoir , les Autrichiens
ont eu mille hommes tués ou bleffés . L'action
a commencé à fix heures & demie du matin , &
elle a duré environ cinq heures. On prétend que les
troupes du Roi n'ont perdu que fept Officiers &
cent deux Soldats , Le Général Normann , le fieur
de Letow , Colonel- Commandant du Régiment
de Darmstadt , les Majors des Régimens de Platen
, d'Amftel , de Normann , de Bevern & de
Wirtemberg ; fept Capitaines , Lieutenans ou En-
Leignes , & cent cinquante Soldats ont été bleſſés.j
DE VESEL , le 9 Mai.
Le Maréchal d'Eftrées arriva le 27 du mois
dernier en cette Ville . Il y apprit que les Pruffiens
ayant abandonné Lipſtatt & Rittberg , le
Comte de Saint - Germain avoit occupé le 26 la
premiere de ces deux Villes avec les quatre Ba-
Tillons du Régiment de Belfunce. Sur l'avis que
les Pruffiens , foutenus de quelques Régimens
Hanovriens , ont formé un camp à Bielefeld , le
Maréchal d'Eftrées a fait des difpofitions pour
renforcer les troupes déja établies fur la Lippe .
Un Détachement de cinquante hommes du Corps
de Chaffeurs de Fifcher ayant été attaqué par
cent vingt Cuiraffiers Hanovriens , près de Warendorp
, entre Munſter & Lipftatt , en a tué
quinze & fait trente prifonniers. Après les avoir
pourfui vi
་
JUIN. 1757. 193
pourfuivi jufqu'à un pofte d'Infanterie des enne-.
Inis , il eft revenu fans aucune perte. Il a eu feulement
deux Officiers de bleffés.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1757, les forces de l'Impératrice Reine d'Allemagne se préparent à affronter le Roi de Prusse. L'armée de Bohême, dirigée par le Prince Charles de Lorraine, compte 53 000 hommes d'infanterie et 20 000 de cavalerie. L'armée de Moravie, sous les ordres du Feld-Maréchal Comte Léopold de Daun, totalise 60 000 hommes. Un camp volant de 19 000 hommes, commandé par le Comte de Nadasty, complète ces troupes, totalisant 162 600 hommes. Ces forces doivent être renforcées par 18 escadrons saxons en provenance de Pologne. L'Impératrice Reine, par l'intermédiaire du Feld-Maréchal Comte de Browne, annonce qu'elle indemnisera les habitants du Royaume pour les dommages causés par les troupes prussiennes. En Bohême, un détachement de hussards prussiens a pillé un château du Baron de Peuff et a été impliqué dans une escarmouche avec des troupes irrégulières autrichiennes. Le 21 avril, près de Reichenberg, le Prince de Brunswick-Bevern mène une offensive contre 28 000 Autrichiens commandés par le Feld-Maréchal Comte de Königsegg. Les Prussiens réussissent à repousser les Autrichiens après plusieurs heures de combat, infligeant des pertes significatives à l'ennemi. Les Prussiens perdent sept officiers et 102 soldats, tandis que les Autrichiens subissent environ 1 000 pertes. Le Maréchal d'Estrées arrive à Vesel le 27 avril et renforce les troupes sur la Lippe après que les Prussiens aient abandonné Lipstatt et Rittberg. Un détachement français repousse une attaque de cuirassiers hanovriens près de Warendorp, tuant 15 ennemis et en capturant 30.
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37
p. 197-220
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 5 Juin, Leurs Majestés & la Famille Royale signerent le contrat de mariage [...]
Mots clefs :
Contrats de mariage, Maison de Sorbonne, Portrait, Pape, Roi de France, Famille royale, Compagnie des Mousquetaires, Déserteurs, Électeur palatin, Convention, Articles, Soldats, Officiers, Nouvelle frégate, Armée, Commandement, Ducs, Marquis, Comtes, Madame la Dauphine, Canada, Ennemis, Colonies, Approvisionnement, Bataillons, Forts, Mouvements des troupes, Combats, Français et Anglais, Marquis de Vaudreuil, Expéditions, Maréchal, Victoire, Hamelin, Capitulation, Corsaires , Marchandises, Voyages, Capitaines, Navires
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin 1757, plusieurs contrats de mariage furent signés par la Famille Royale, notamment ceux du Marquis de Caumont, du Comte de Lorda et du Marquis de Marbeuf. Le 6 juin, la Sorbonne reçut une députation du Nonce du Pape, offrant un portrait du Pape et toutes les éditions de ses ouvrages. Le 14 juin, le Roi passa en revue les Mousquetaires de sa Garde. Le 26 avril, une convention fut signée entre le Roi et l'Électeur Palatin concernant la restitution des déserteurs. Le Roi ordonna également une amnistie pour les déserteurs ayant rejoint d'autres troupes avant le 20 avril. À Marseille, une frégate de 54 canons fut construite. Le 16 et 19 juillet, le Roi tint le Sceau à Compiègne, et le Maréchal Duc de Richelieu prit congé pour commander une armée. Madame la Dauphine apprit la victoire d'Hastembecke et envoya des lettres de compliments au Roi, qui décerna des épées pour bravoure. En Amérique du Nord, des opérations militaires furent menées contre les ennemis au Fort Georges sur le Lac Saint-Sacrement. Une troupe dirigée par M. de Rigaud attaqua le fort, détruisant des bateaux et des provisions ennemis. Les troupes françaises et alliées autochtones montrèrent discipline et efficacité. Une expédition ennemie contre un convoi français fut repoussée. En Allemagne, le Maréchal d'Estrées remporta une victoire. Des lettres détaillèrent les mouvements et les pertes des armées. En septembre 1757, des corsaires français capturèrent plusieurs navires anglais. Parmi les prises notables, le Prince de Condé captura un brigantin anglais à Calais, et la Diligente prit le Duc de Marlborough à la Hougue. La Comtesse de Bentheim reprit un navire chargé d'huile et ramena deux navires anglais à Saint-Malo. D'autres corsaires capturèrent des navires chargés de diverses marchandises, telles que du sucre, du coton, du riz, du café, et des pelleteries. Les prises furent conduites dans différents ports français, certaines étant rançonnées.
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38
p. 205-209
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 17 Septembre, M. le Baron de Lichtenstein, Ministre Plénipotentiaire du Duc de [...]
Mots clefs :
Roi, Capitaine, Frégate, Corsaires , Troupes, Bataillons, Audience, Duc de Gesvres, Maréchal de Richelieu, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c .
E 17 Septembre , M. le Baron de Lichtenftein ,
Miniftre Plénipotentiaire du Duc de Saxe- Gotha ,
eut une audience particuliere du Roi , dans
laquelle it a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de
Créance . Il a été conduit à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin
, de Madame Infante , de Madame & de
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , par le
même Introducteur .
Le Roi a difpofé de la charge de Premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort
de M. le Duc de Gefvres , en faveur de M. le Duc
de Duras , & du Gouvernement de Paris , qui
vaquoit par la même mort , en faveur de M. le
Duc de Chevreuse.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Gouvernement de la Province de Piñe de
France , dont M. le Duc de Gefvres étoit pourvu
, paffe à M. le Comte de Trêmes qui , depuis
la mort de M. le Duc fon frere , a pris le titre de
Duc de Trêmes.
La place de Dame du Palais de la Reine , va~
cante par la mort de la Princeffe de Montauban,
a été donnée à Madame la Marquife d'Efcars.
M. le Duc de Duras arriva ici le 16 , & remit
au Roi une Convention , qui a été conclue le 10
entre le Maréchal Duc de Richelieu , Général des
armées de Sa Majefté en Allemagne , & le Duc
de Cumberland , Général de l'armée du Roi d'Angleterre
Electeur d'Hanovre. Cette convention
porte en fubftance : Que les hoftilités cefferont
de part & d'autre . Que les troupes auxiliaires ,
fçavoir , celles de Heffe , de Brunfwick , de Saxe-
Gotha , & même celles du Comte de la Lippe-
Buckemberg , feront renvoyées , & le rendront ,
avec des paffe ports de M. le Maréchal de Richelieu
, dans leurs pays refpectifs , où elles feront
placées & difperfées fuivant ce qui fera ultérieurement
réglé. Que le Duc de Cumberland paſſera
l'Elbe avec la partie de fon armée , qu'il ne pour
ra pas placer dans la Ville de Stade ou aux environs.
Que les troupes , qui formeront la Garnifon
de Stade , ou feront placées aux environs ,
& qui confifteront en 10 Bataillons & 18 Efcadrons
, ne pourront faire aucun acte d'hoftilité ,
ni être recrutées fous aucun prétexte , ou augmentées
dans aucun cas. Que ces troupes ne
pourront point fortir des limites qui leur feront
affignées , & qui feront marquées avec des poreaux.
Que les troupes Françoifes demeureront
dans le refte des Duchés de Bremen & de Verden,
jufques à une conciliation définitive des deux
OCTOBRE. 1757- 20
Souverains. Que le Maréchal de Richelieu accordera
les paffeports & les fûretés néceffaires
aux troupes Hanoveriennes , qui fe retireront au
delà de l'Elbe , & qui confiftent en 15 Bataillons
, 6 Efcadrons , & tout le Corps des Chaf
feurs. Il a été ftipulé auffi , que le Roi de Danemarck
, fous la garantie de qui cette Conventions
a été faite , s'obligera d'en affurer l'exécution:
pleine & entiere.
On a reçu avis que la flotte Angloife , qui a fait
voile de Portſmouth le 8 de Septembre , s'étoit
préfentée fucceffivement devant les Illes d'Oleron
& de Ré , & que le 23 elle avoit fait une
defcente dans l'Ifle Daix. Quoiqu'on ne croye
point avoir rien à craindre pour les côtes , vu les
meſures qui ont été priſes pour leur défenſe ; le
Roi , pour plus grande fûreté , a jugé à propos de
faire partir pour la Rochelle quatre bataillons des
Gardes Françoifes , deux Bataillons des Gardes
Suiffes , & un détachement de la Cavalerie de fa
Maiſon. Sa Majesté a envoyé ordre auffi à quelques-
uns des Régimens , dont les quartiers font
le plus à portée du pays d'Aunis , de fe rendre
dans cette Province.
M. de Maupeou , premier Préfident du Parle
ment ayant demandé la permiffion de fe demettre
de fa place , le Roi en a difpofé en faveur de M.
le Préfident Molé. Sa Majefté a gratifié M. de
Maupeou d'une penfion de quarante mille livres .
Le Roi a accordé à l'Abbé Salabery , Confeiller
de la Grand-Chambre , l'expectative d'une des
trois places de Confeillers d'Etat d'Eglife.
Le 6 Octobre, M. le Comte de Sartiranne , Am--
baffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , à laquelle il fut conduit par
M. de la Live, Introducteur des Ambaffadeurs..
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour , le Roi a tenu le Sceau pour la
quatorzieme & la quinzieme fois.
Le 2 , M. le Préſident Molé prêta ferment entre
les mains du Roi pour la place de premier Préfident
du Parlement..
L'Archevêque de Paris arriva de Conflans enfon
palais archiepifcopal le premier d'octobre au foir.
Ce Prélat fe rendit le 2 à Verfailles , où il eut
l'honneur de préfenter fes refpects au Roi , à la
Reine , & à la Famille Royale.
Le Capitaine Berrade , commandant le Corfaire
la Marquise de Salba , a pris le navire Anglois le
Prince d'Orange , allant de Rhode- Iſland à Lon
dres avec un chargement de bois de Campeche . Il
s'eft auffi rendu maitre d'un Senaw , qui portoit de
Dublin à Antigoa fept cens & quelques barrils de
boeuf d'Irlande.
Le Corfaire l'Etigny s'eft emparé du Senaw le
Mélange , dont la charge confiftoit principalement
en grains & en falaifons , & du Senaw la
Méditerranée , chargé de fel.
Deux navires Anglois ont été enlevés par le
corfaire la Favorite , que commande le Capitaine
Sopite. Il y avoit fur l'un de ces bâtimens deux
mille trois cens quintaux de morue. L'autre en
portoit quatorze cens quintaux. Ce dernier a été
conduit dans un port d'Espagne.
De trois prifes qu'a faites le Corfaire l'Amiral ,
aucune n'a eu le bonheur d'arriver à bon port.
Le fieur la Fuente , commandant ci- devant la
frégate la Bohémienne , écrit de Falmouth , qu'il a
été obligé de fe rendre au corfaire la Défiance , de
Londres.
Le fieur de l'Ile - Beauchefne , Capitaine de vailfeau
, commandant la frégate du Roi le Zéphyr
s'eft rendu maître de deux corfaires Anglois , qui
!
OCTOBRE . 1757. 209
tous deux font armés de 10 canons , 8 pierriers ,
& ont l'un 72 hommes d'équipage , l'autre 48 .
Selon les avis reçus de Dunkerque , la frégate
la Comteffe de la Serre , de ce port , commandée
par le Capitaine Robert , & montée de 18 canons
de 8 livres de balle , s'empara le 20 fept. de 3 navires
Anglois à la hauteur d'Edimbourg . Deux de
ces bâtimens étoient partis de Kiga , chargés de
lin , de chanvre , de planches & de poutres . Le
troifieme venoit de Petersbourg avec un chargement
de fer & de chanvre. On eſtime que ces trois
prifes montent à cent cinquante mille livres . La
frégate la Comteffe de la Serre étoit partie le 16 de
Dunkerque. Le lendemain elle eut à l'entrée de la
Tamife , un combat avec une frégate Angloiſe de
24 canons de huit livres de balle . Le Capitaine
Robert auroit enlevé la frégate ennemie , fi la vue
de plufieurs navires de force , qui venoient la fecourir
, ne l'eût obligé de fe retirer.
Le Capitaine de Cock , qui commande le corfaite
le Comte de Maurepas , de Dunkerque , s'eft
emparé des navires Anglois le Bon Marchand &
la Concorde , & d'un brigantin , dont étoit maître
Jofeph Forceſter, & il les a rançonnés pour 26640
livres. Il a fait une autre prife chargée de fucre ,
de café , de cuirs fecs & de bois de Campeche ,
qui a coulé bas en arrivant à Dunkerque , mais
on en a ſauvé la cargaiſon .
E 17 Septembre , M. le Baron de Lichtenftein ,
Miniftre Plénipotentiaire du Duc de Saxe- Gotha ,
eut une audience particuliere du Roi , dans
laquelle it a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de
Créance . Il a été conduit à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin
, de Madame Infante , de Madame & de
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , par le
même Introducteur .
Le Roi a difpofé de la charge de Premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort
de M. le Duc de Gefvres , en faveur de M. le Duc
de Duras , & du Gouvernement de Paris , qui
vaquoit par la même mort , en faveur de M. le
Duc de Chevreuse.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Gouvernement de la Province de Piñe de
France , dont M. le Duc de Gefvres étoit pourvu
, paffe à M. le Comte de Trêmes qui , depuis
la mort de M. le Duc fon frere , a pris le titre de
Duc de Trêmes.
La place de Dame du Palais de la Reine , va~
cante par la mort de la Princeffe de Montauban,
a été donnée à Madame la Marquife d'Efcars.
M. le Duc de Duras arriva ici le 16 , & remit
au Roi une Convention , qui a été conclue le 10
entre le Maréchal Duc de Richelieu , Général des
armées de Sa Majefté en Allemagne , & le Duc
de Cumberland , Général de l'armée du Roi d'Angleterre
Electeur d'Hanovre. Cette convention
porte en fubftance : Que les hoftilités cefferont
de part & d'autre . Que les troupes auxiliaires ,
fçavoir , celles de Heffe , de Brunfwick , de Saxe-
Gotha , & même celles du Comte de la Lippe-
Buckemberg , feront renvoyées , & le rendront ,
avec des paffe ports de M. le Maréchal de Richelieu
, dans leurs pays refpectifs , où elles feront
placées & difperfées fuivant ce qui fera ultérieurement
réglé. Que le Duc de Cumberland paſſera
l'Elbe avec la partie de fon armée , qu'il ne pour
ra pas placer dans la Ville de Stade ou aux environs.
Que les troupes , qui formeront la Garnifon
de Stade , ou feront placées aux environs ,
& qui confifteront en 10 Bataillons & 18 Efcadrons
, ne pourront faire aucun acte d'hoftilité ,
ni être recrutées fous aucun prétexte , ou augmentées
dans aucun cas. Que ces troupes ne
pourront point fortir des limites qui leur feront
affignées , & qui feront marquées avec des poreaux.
Que les troupes Françoifes demeureront
dans le refte des Duchés de Bremen & de Verden,
jufques à une conciliation définitive des deux
OCTOBRE. 1757- 20
Souverains. Que le Maréchal de Richelieu accordera
les paffeports & les fûretés néceffaires
aux troupes Hanoveriennes , qui fe retireront au
delà de l'Elbe , & qui confiftent en 15 Bataillons
, 6 Efcadrons , & tout le Corps des Chaf
feurs. Il a été ftipulé auffi , que le Roi de Danemarck
, fous la garantie de qui cette Conventions
a été faite , s'obligera d'en affurer l'exécution:
pleine & entiere.
On a reçu avis que la flotte Angloife , qui a fait
voile de Portſmouth le 8 de Septembre , s'étoit
préfentée fucceffivement devant les Illes d'Oleron
& de Ré , & que le 23 elle avoit fait une
defcente dans l'Ifle Daix. Quoiqu'on ne croye
point avoir rien à craindre pour les côtes , vu les
meſures qui ont été priſes pour leur défenſe ; le
Roi , pour plus grande fûreté , a jugé à propos de
faire partir pour la Rochelle quatre bataillons des
Gardes Françoifes , deux Bataillons des Gardes
Suiffes , & un détachement de la Cavalerie de fa
Maiſon. Sa Majesté a envoyé ordre auffi à quelques-
uns des Régimens , dont les quartiers font
le plus à portée du pays d'Aunis , de fe rendre
dans cette Province.
M. de Maupeou , premier Préfident du Parle
ment ayant demandé la permiffion de fe demettre
de fa place , le Roi en a difpofé en faveur de M.
le Préfident Molé. Sa Majefté a gratifié M. de
Maupeou d'une penfion de quarante mille livres .
Le Roi a accordé à l'Abbé Salabery , Confeiller
de la Grand-Chambre , l'expectative d'une des
trois places de Confeillers d'Etat d'Eglife.
Le 6 Octobre, M. le Comte de Sartiranne , Am--
baffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , à laquelle il fut conduit par
M. de la Live, Introducteur des Ambaffadeurs..
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour , le Roi a tenu le Sceau pour la
quatorzieme & la quinzieme fois.
Le 2 , M. le Préſident Molé prêta ferment entre
les mains du Roi pour la place de premier Préfident
du Parlement..
L'Archevêque de Paris arriva de Conflans enfon
palais archiepifcopal le premier d'octobre au foir.
Ce Prélat fe rendit le 2 à Verfailles , où il eut
l'honneur de préfenter fes refpects au Roi , à la
Reine , & à la Famille Royale.
Le Capitaine Berrade , commandant le Corfaire
la Marquise de Salba , a pris le navire Anglois le
Prince d'Orange , allant de Rhode- Iſland à Lon
dres avec un chargement de bois de Campeche . Il
s'eft auffi rendu maitre d'un Senaw , qui portoit de
Dublin à Antigoa fept cens & quelques barrils de
boeuf d'Irlande.
Le Corfaire l'Etigny s'eft emparé du Senaw le
Mélange , dont la charge confiftoit principalement
en grains & en falaifons , & du Senaw la
Méditerranée , chargé de fel.
Deux navires Anglois ont été enlevés par le
corfaire la Favorite , que commande le Capitaine
Sopite. Il y avoit fur l'un de ces bâtimens deux
mille trois cens quintaux de morue. L'autre en
portoit quatorze cens quintaux. Ce dernier a été
conduit dans un port d'Espagne.
De trois prifes qu'a faites le Corfaire l'Amiral ,
aucune n'a eu le bonheur d'arriver à bon port.
Le fieur la Fuente , commandant ci- devant la
frégate la Bohémienne , écrit de Falmouth , qu'il a
été obligé de fe rendre au corfaire la Défiance , de
Londres.
Le fieur de l'Ile - Beauchefne , Capitaine de vailfeau
, commandant la frégate du Roi le Zéphyr
s'eft rendu maître de deux corfaires Anglois , qui
!
OCTOBRE . 1757. 209
tous deux font armés de 10 canons , 8 pierriers ,
& ont l'un 72 hommes d'équipage , l'autre 48 .
Selon les avis reçus de Dunkerque , la frégate
la Comteffe de la Serre , de ce port , commandée
par le Capitaine Robert , & montée de 18 canons
de 8 livres de balle , s'empara le 20 fept. de 3 navires
Anglois à la hauteur d'Edimbourg . Deux de
ces bâtimens étoient partis de Kiga , chargés de
lin , de chanvre , de planches & de poutres . Le
troifieme venoit de Petersbourg avec un chargement
de fer & de chanvre. On eſtime que ces trois
prifes montent à cent cinquante mille livres . La
frégate la Comteffe de la Serre étoit partie le 16 de
Dunkerque. Le lendemain elle eut à l'entrée de la
Tamife , un combat avec une frégate Angloiſe de
24 canons de huit livres de balle . Le Capitaine
Robert auroit enlevé la frégate ennemie , fi la vue
de plufieurs navires de force , qui venoient la fecourir
, ne l'eût obligé de fe retirer.
Le Capitaine de Cock , qui commande le corfaite
le Comte de Maurepas , de Dunkerque , s'eft
emparé des navires Anglois le Bon Marchand &
la Concorde , & d'un brigantin , dont étoit maître
Jofeph Forceſter, & il les a rançonnés pour 26640
livres. Il a fait une autre prife chargée de fucre ,
de café , de cuirs fecs & de bois de Campeche ,
qui a coulé bas en arrivant à Dunkerque , mais
on en a ſauvé la cargaiſon .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 17 septembre, le Baron de Lichtenstein, ministre plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha, a été reçu en audience privée par le Roi, qui a accepté ses lettres de créance. Le Roi a procédé à plusieurs nominations : le Duc de Duras a été nommé Premier Gentilhomme de la Chambre, le Duc de Chevreuse Gouverneur de Paris, et le Comte de Trêmes, devenu Duc de Trêmes, Gouverneur de la Province de Pîne de France. La Marquise d'Escars a été désignée Dame du Palais de la Reine. Le Duc de Duras a présenté au Roi une convention signée le 10 septembre entre le Maréchal Duc de Richelieu et le Duc de Cumberland, prévoyant la cessation des hostilités et le retrait des troupes auxiliaires. Les troupes françaises resteront dans les Duchés de Bremen et de Verden jusqu'à une conciliation définitive. La flotte anglaise a été repérée devant les îles d'Oléron et de Ré, et a effectué une descente dans l'île Daix. En réponse, le Roi a renforcé les défenses des côtes en envoyant des troupes à La Rochelle et dans la province d'Aunis. M. de Maupeou a démissionné de son poste de Premier Président du Parlement, remplacé par M. le Président Molé, qui a prêté serment le 2 octobre. Le Roi a accordé une pension à M. de Maupeou et une place de Conseiller d'État d'Église à l'Abbé Salabery. Le 6 octobre, l'ambassadeur du Roi de Sardaigne, le Comte de Sartiranne, a été reçu en audience privée. Le Roi a tenu le Sceau pour la quatorzième et la quinzième fois. L'Archevêque de Paris est arrivé à Versailles le 2 octobre. Des corsaires français ont réalisé plusieurs prises maritimes, notamment des navires anglais chargés de bois de Campeche, de grains, de morue et de sel. La frégate la Comtesse de la Serre a capturé trois navires anglais près d'Édimbourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 181-189
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Début :
L'armée du Roi, combinée avec celle de l'Empire, ayant reçu [...]
Mots clefs :
Bataille, France, Empire, Prusse, Bataillons, Ennemis, Généraux, Marquis, Camps, Mouvements des troupes, Cavalerie, Régiments, Artillerie, Colonels, Chevaliers, Capitaines, Lieutenants, Officiers, Liste des prisonniers, Liste des blessés
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texteReconnaissance textuelle : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
Fermer
Résumé : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Du 23 octobre au 5 novembre, l'armée combinée de l'Empire et de la France, renforcée par des troupes du Duc de Broglie, affronta l'armée prussienne. Après plusieurs manœuvres, les deux armées se retrouvèrent près de Weissenfels. Le 3 novembre, les Prussiens traversèrent la Saale, et les préparatifs pour la bataille commencèrent. Le 5 novembre, la bataille éclata. Les Prussiens repoussèrent la cavalerie combinée et gagnèrent le flanc droit, forçant les bataillons à se replier. L'armée combinée se retira à Freybourg, puis traversa l'Unstrutt sans être poursuivie. Le 6 novembre, l'armée de l'Empire se retira vers Arnstadt, tandis que l'armée française se rapprocha des quartiers du Maréchal Duc de Richelieu. La bataille entraîna des pertes significatives, avec une liste publiée des officiers tués, blessés, prisonniers ou manquants. Les régiments affectés incluaient ceux de Piedmont, Royal-Roussillon, Castellas, Planta, Reding, Salis, Touraine, Saint-Germain, Mailly, Poitou, Saint-Chamont, Rohan, Beauvoisis, Brissac, Provence, Diesbach, La Marck, et plusieurs régiments de cavalerie. Certains officiers initialement portés disparus furent ensuite confirmés comme prisonniers. Par ailleurs, plusieurs nominations et promotions furent annoncées au sein de l'armée française. Le Régiment Royal-Barrois, vacant après le décès du Comte de Baffompierre, fut attribué au Marquis de Baffompierre. Trois places de Colonels dans le Régiment des Grenadiers de France furent attribuées au Comte de la Fayette, au Comte de Danois et au Comte de Broglie. Deux guidons vacants dans la Gendarmerie furent attribués au Comte de Noé et au Marquis de Crenolles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 193-197
ALLEMAGNE.
Début :
Ce qu'on sçait ici de certain des marches & des mouvements des Prussiens [...]
Mots clefs :
Prague, Mouvements des troupes, Prusse, Attaques, Ennemis, Postes militaires, Feld-maréchal, Colonel, Officiers, Hanau, Évacuation, Artillerie, Düsseldorf, Duc de Broglie, Bataillons, Troupes, Bautzen, Troupes autrichiennes, Wesel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE , le 3 Avril.
Ce qu'on fçait ici de certain des marches & des
E
mouvemens des Pruffiens en Siléfie , fe réduit au
détail fuivant. Le Roi arriva le 17 Mars de Breſlau
à Landshut ; il alla le 19 à Criffau , & le lendemain
il y transféra fon Quartier Général . Ses
Troupes font partagées en trois Corps . L'un d'environ
vingt -cinq mille hommes eft campé entre
Frauftad & Glogau , près des frontieres de Pologne
, pour obferver les mouvemens de l'armée ,
Ruffienne. Il y a dans la Haute Siléfie un autre
Corps deftiné à agir du côté de la Moravie. Le
troiſieme Corps eft dans la Luface , pour affurer
la communication entre la Saxe & la Siléfie . Ce
dernier fait partie de l'armée que le Roi commande
en perfonne , & qui eft forte , à ce qu'on prétend
, de plus de cinquante mille hommes.
ce ,
Les premiers pas des Pruffiens ont été dirigés
vers le Comté de Glatz. Ils s'y font portés en forpour
faire abandonner ce canton au Général
Janhus , & s'étendre eux- mêmes de ce côté- là ;
ce qui leur a réuffi . Leur grande fupériorité a obligé
le Général Janhus de fe replier , fuivant les
ordres qu'il en avoit , fur Mittelwalde , & delà
fur Senftenberg ; mais ce n'a pas été fans coup
I
194 MERCURE DE FRANCE.
férir. L'ennemi dans cette retraite , a¨efſuyé un
feu continuel , qui lui a fait perdre bien du monde.
Les Pruffiens depuis ont fait occuper Grulick
par cinq mille hommes d'Infanterie & quelques
chevaux. De là ils ont fait des excurſions jufqu'à
Wigftatl , & ont pillé le canton . Cependant , foit
qu'ils ayent eu avis des difpofitions qui fe faifoient
pour les recevoir vigoureufement , s'ils étoient
avancés vers nos frontieres , foit qu'ils ayent voulu
prévenir le débordement des eaux qui leur eût
coupé la retraite , s'ils avoient été attaqués , ils
n'ont pas gardé longtemps ce pofte. Dès le 25 ;
ils revinrent à Mittelwalde , ils marcherent enfuite
fur Schonfeld , pafferent Habetſchwerd , &
prirent de nouveau pofte à Ullerfdorff. Le Corps
entiers des Prufhiens , dont on croit que le véri
table objet étoit d'enlever le magafin que nous
avons à Leutomyffel , étoit , au rapport de leurs
Déferteurs , de quinze à feize mille hommes. Il
étoit commandé par le Général de la Mothe-Fon
quet , le Prince François de Brunſwick & le Gée
néral Putkammer.
L'ennemi continue de fe renforcer du côté de
Landshut. Il fe retranche auffi à Liébeau & à
Schoenberg.
Les poftes que les Pruffiens ont du côté de
Braunau vers les frontieres de la Siléfie , ont déja
tenté plufieurs fois de furprendre nos poftes avancés
; mais ils ont toujours été repouflés avec
perte,
L'armée du Feld- Maréchal Comte de Daun
s'eft miſe en marche le 24 , & s'avance du côté
de Braunau.
Les Pruffiens ayant échoué dans la tentative
qu'ils ont faite pour pénétrer dans ce Royaume
par Grulick , en ont fait depuis une nouvelle du
M. A I. 1758. 195
tôté de Reinerts. Le Prince François de Brunfwick,
avec un Corps de quatre mille hommes ,
s'eft porté le 28 Mars fur ce dernier pofte , &
après s'être formé fur les hauteurs dont la Place
eft environnée , il a fait attaquer par deux côtés
différens un Détachement de nos Troupes légeres
qui en formoit la Garnifon . L'Officier qui le commandoit
, étant obligé de céder à la fupériorité
de l'ennemi , fit fa retraite en fi bon ordre , qu'on
ne put jamais entamer fa Troupe , quoique les
Pruffiens l'attaquaffent à la fois par quatre côtés.
Une autre Compagnie de nos Troupes légeres
vint à fon fecours , & le Colonel de Zettwitz ,
qui commande dans ces quartiers -là , s'avança ,
pour la foutenir , avec quatre Compagnies des
mêmes Troupes. Le fen de part & d'autre fut trèsvif
; mais enfin les ennemis furent obligés de fe
replier avec perte , & de fe retirer par Ruckers.
Hs font prefque tous les jours de pareilles tentatives
, pour furprendre de petits poftes fur la frontiere
, & il s'y fait de continuelles eſcarmouches.
DE HANAU , le 2 Avril.
>
L'évacuation de Hanau , que toutes les difpefitions
des François avoient annoncée , ne paroît
rien moins que prochaine. Le Comte de Lorges
qui y commande , a reçu depuis peu ordre d'y
refter avec la Garniſon , & de s'y fortifier. On a
repris en conféquence , dès le jour de Pâques , les
travaux avec plus d'activité que jamais . Toutes les
Troupes , l'artillerie & les munitions , qui depuis
le 26 Mars marchoient vers le Rhin , reviennent
fur leurs pas ; la Garniſon eſt même augmentée
de deux Bataillons , & l'on garnit de canon les
remparts.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
DE DUSSELDORP , les Avril.
Les Troupes aux ordres du Duc de Broglie vont
paffer fucceffivement le Rhin , &, feront bientôt
toutes raffemblées dans ces quartiers- ci . Elles font
partagées en deux colonnes , dont chacune mar
che en trois Divifions . La premiere Divifion de la
Colonne de la droite , eft compofée des quatre
Bataillons du Régiment du Roi , & des dix Efcadrons
des Carabiniers ; la feconde , de l'artillerie
, des deux Bataillons de Dauphin , & de la
Brigade Impériale de trois Bataillons ; la troifieme
, des deux Bataillons de Touraine , de deux
Efcadrons de Montcalm , & des Grenadiers de
cette Colonne. Les trois Divifions de la Colonne
de la gauche , confiftent 1 ° , en deux Bataillons
de Provence , un de Foix , un de Tournaifis , un
de la Marck , deux de Rochefort , & deux de Planta.
2°. Deux de Caftellas , deux de Diefback , deux
Efcadrons de Royal Allemand , deux de Naffau ,
& deux de Poly. 3 °. Deux Bataillons de Vaubecourt
, un de Royal Lorraine , avec les Grenadiers
de cette Colonne , & fix Eſcadrons des Huf.
fards Impériaux de Czeczeni.
•
Une partie de ces Troupes étoit fortie de Soeft
le 28 du mois de Mars à midi , & elles étoient à
peine à quatre cents pas de la Ville , lorfque des
Huffards Pruffiens Noirs & Jaunes , fe montrerent
avec quelques Chaffeurs. Les Huffards de Czeczeni
les chargerent , & les repoufferent le fabre à
la main jufques fous les remparts de Soeft . Il y a
eu dans ce choc de part & d'autre environ quarante
hommes tués ou bleffés , & à peu près au
tant de chevaux. Le Marquis de Loftanges , Colonel
des Cuiraffiers , qui voulut être de la partie ,
a eu fon cheyal tué fous lui.
MA I. 1758. 197
DE BAUTZEN , dans la Haute Luface ,
le 27 Mars.
Il eft arrivé dans ces cantons un Corps de Trou
pes Autrichiennes aux ordres du Général de Sincere.
Ce Général vient d'établir des poftes de
communication avec la Boheme , & avec l'armée
du Comte de Daun . Par la pofition qu'il a prife ,
il est en même temps à portée de troubler de ce
côté- là les communications entre l'armée Pruffienne
& la Saxe. Un Détachement de Huffards ,
qui fut envoyé il y a quelques jours à la décou
-verte , s'eft avancé jufqu'à Cotbus , eft entré dans
cette Ville , a enlevé la Caiffe que le Roi de Pruffe
y faifoit garder , & s'eft retiré fans obſtacle avec ·
fon butin.
DE WESEL , le 12 Avril .
Les Troupes qui font cantonnées felon l'ordre
de bataille , peuvent fe raffembler en deux fois
vingt- quatre heures , & elles s'occupent avec fuc
cès de leurs réparations. Plufieurs Régimens font
déja complets , avec le fecours des Miliciens qui
y ont été incorporés . Chaque Officier Général eft
avec la Divifion dont le commandement lui eft
deftiné pour la campagne prochaine , & veille par
ce moyen au rétabliffement de la difcipline . Ainfi
il y a lieu d'efpérer que dans peu de temps , notre
armée fe trouvera en auffi bon état qu'elle étoit ,
il y a un an , avant que de paffer le Rhin.
DE PRAGUE , le 3 Avril.
Ce qu'on fçait ici de certain des marches & des
E
mouvemens des Pruffiens en Siléfie , fe réduit au
détail fuivant. Le Roi arriva le 17 Mars de Breſlau
à Landshut ; il alla le 19 à Criffau , & le lendemain
il y transféra fon Quartier Général . Ses
Troupes font partagées en trois Corps . L'un d'environ
vingt -cinq mille hommes eft campé entre
Frauftad & Glogau , près des frontieres de Pologne
, pour obferver les mouvemens de l'armée ,
Ruffienne. Il y a dans la Haute Siléfie un autre
Corps deftiné à agir du côté de la Moravie. Le
troiſieme Corps eft dans la Luface , pour affurer
la communication entre la Saxe & la Siléfie . Ce
dernier fait partie de l'armée que le Roi commande
en perfonne , & qui eft forte , à ce qu'on prétend
, de plus de cinquante mille hommes.
ce ,
Les premiers pas des Pruffiens ont été dirigés
vers le Comté de Glatz. Ils s'y font portés en forpour
faire abandonner ce canton au Général
Janhus , & s'étendre eux- mêmes de ce côté- là ;
ce qui leur a réuffi . Leur grande fupériorité a obligé
le Général Janhus de fe replier , fuivant les
ordres qu'il en avoit , fur Mittelwalde , & delà
fur Senftenberg ; mais ce n'a pas été fans coup
I
194 MERCURE DE FRANCE.
férir. L'ennemi dans cette retraite , a¨efſuyé un
feu continuel , qui lui a fait perdre bien du monde.
Les Pruffiens depuis ont fait occuper Grulick
par cinq mille hommes d'Infanterie & quelques
chevaux. De là ils ont fait des excurſions jufqu'à
Wigftatl , & ont pillé le canton . Cependant , foit
qu'ils ayent eu avis des difpofitions qui fe faifoient
pour les recevoir vigoureufement , s'ils étoient
avancés vers nos frontieres , foit qu'ils ayent voulu
prévenir le débordement des eaux qui leur eût
coupé la retraite , s'ils avoient été attaqués , ils
n'ont pas gardé longtemps ce pofte. Dès le 25 ;
ils revinrent à Mittelwalde , ils marcherent enfuite
fur Schonfeld , pafferent Habetſchwerd , &
prirent de nouveau pofte à Ullerfdorff. Le Corps
entiers des Prufhiens , dont on croit que le véri
table objet étoit d'enlever le magafin que nous
avons à Leutomyffel , étoit , au rapport de leurs
Déferteurs , de quinze à feize mille hommes. Il
étoit commandé par le Général de la Mothe-Fon
quet , le Prince François de Brunſwick & le Gée
néral Putkammer.
L'ennemi continue de fe renforcer du côté de
Landshut. Il fe retranche auffi à Liébeau & à
Schoenberg.
Les poftes que les Pruffiens ont du côté de
Braunau vers les frontieres de la Siléfie , ont déja
tenté plufieurs fois de furprendre nos poftes avancés
; mais ils ont toujours été repouflés avec
perte,
L'armée du Feld- Maréchal Comte de Daun
s'eft miſe en marche le 24 , & s'avance du côté
de Braunau.
Les Pruffiens ayant échoué dans la tentative
qu'ils ont faite pour pénétrer dans ce Royaume
par Grulick , en ont fait depuis une nouvelle du
M. A I. 1758. 195
tôté de Reinerts. Le Prince François de Brunfwick,
avec un Corps de quatre mille hommes ,
s'eft porté le 28 Mars fur ce dernier pofte , &
après s'être formé fur les hauteurs dont la Place
eft environnée , il a fait attaquer par deux côtés
différens un Détachement de nos Troupes légeres
qui en formoit la Garnifon . L'Officier qui le commandoit
, étant obligé de céder à la fupériorité
de l'ennemi , fit fa retraite en fi bon ordre , qu'on
ne put jamais entamer fa Troupe , quoique les
Pruffiens l'attaquaffent à la fois par quatre côtés.
Une autre Compagnie de nos Troupes légeres
vint à fon fecours , & le Colonel de Zettwitz ,
qui commande dans ces quartiers -là , s'avança ,
pour la foutenir , avec quatre Compagnies des
mêmes Troupes. Le fen de part & d'autre fut trèsvif
; mais enfin les ennemis furent obligés de fe
replier avec perte , & de fe retirer par Ruckers.
Hs font prefque tous les jours de pareilles tentatives
, pour furprendre de petits poftes fur la frontiere
, & il s'y fait de continuelles eſcarmouches.
DE HANAU , le 2 Avril.
>
L'évacuation de Hanau , que toutes les difpefitions
des François avoient annoncée , ne paroît
rien moins que prochaine. Le Comte de Lorges
qui y commande , a reçu depuis peu ordre d'y
refter avec la Garniſon , & de s'y fortifier. On a
repris en conféquence , dès le jour de Pâques , les
travaux avec plus d'activité que jamais . Toutes les
Troupes , l'artillerie & les munitions , qui depuis
le 26 Mars marchoient vers le Rhin , reviennent
fur leurs pas ; la Garniſon eſt même augmentée
de deux Bataillons , & l'on garnit de canon les
remparts.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
DE DUSSELDORP , les Avril.
Les Troupes aux ordres du Duc de Broglie vont
paffer fucceffivement le Rhin , &, feront bientôt
toutes raffemblées dans ces quartiers- ci . Elles font
partagées en deux colonnes , dont chacune mar
che en trois Divifions . La premiere Divifion de la
Colonne de la droite , eft compofée des quatre
Bataillons du Régiment du Roi , & des dix Efcadrons
des Carabiniers ; la feconde , de l'artillerie
, des deux Bataillons de Dauphin , & de la
Brigade Impériale de trois Bataillons ; la troifieme
, des deux Bataillons de Touraine , de deux
Efcadrons de Montcalm , & des Grenadiers de
cette Colonne. Les trois Divifions de la Colonne
de la gauche , confiftent 1 ° , en deux Bataillons
de Provence , un de Foix , un de Tournaifis , un
de la Marck , deux de Rochefort , & deux de Planta.
2°. Deux de Caftellas , deux de Diefback , deux
Efcadrons de Royal Allemand , deux de Naffau ,
& deux de Poly. 3 °. Deux Bataillons de Vaubecourt
, un de Royal Lorraine , avec les Grenadiers
de cette Colonne , & fix Eſcadrons des Huf.
fards Impériaux de Czeczeni.
•
Une partie de ces Troupes étoit fortie de Soeft
le 28 du mois de Mars à midi , & elles étoient à
peine à quatre cents pas de la Ville , lorfque des
Huffards Pruffiens Noirs & Jaunes , fe montrerent
avec quelques Chaffeurs. Les Huffards de Czeczeni
les chargerent , & les repoufferent le fabre à
la main jufques fous les remparts de Soeft . Il y a
eu dans ce choc de part & d'autre environ quarante
hommes tués ou bleffés , & à peu près au
tant de chevaux. Le Marquis de Loftanges , Colonel
des Cuiraffiers , qui voulut être de la partie ,
a eu fon cheyal tué fous lui.
MA I. 1758. 197
DE BAUTZEN , dans la Haute Luface ,
le 27 Mars.
Il eft arrivé dans ces cantons un Corps de Trou
pes Autrichiennes aux ordres du Général de Sincere.
Ce Général vient d'établir des poftes de
communication avec la Boheme , & avec l'armée
du Comte de Daun . Par la pofition qu'il a prife ,
il est en même temps à portée de troubler de ce
côté- là les communications entre l'armée Pruffienne
& la Saxe. Un Détachement de Huffards ,
qui fut envoyé il y a quelques jours à la décou
-verte , s'eft avancé jufqu'à Cotbus , eft entré dans
cette Ville , a enlevé la Caiffe que le Roi de Pruffe
y faifoit garder , & s'eft retiré fans obſtacle avec ·
fon butin.
DE WESEL , le 12 Avril .
Les Troupes qui font cantonnées felon l'ordre
de bataille , peuvent fe raffembler en deux fois
vingt- quatre heures , & elles s'occupent avec fuc
cès de leurs réparations. Plufieurs Régimens font
déja complets , avec le fecours des Miliciens qui
y ont été incorporés . Chaque Officier Général eft
avec la Divifion dont le commandement lui eft
deftiné pour la campagne prochaine , & veille par
ce moyen au rétabliffement de la difcipline . Ainfi
il y a lieu d'efpérer que dans peu de temps , notre
armée fe trouvera en auffi bon état qu'elle étoit ,
il y a un an , avant que de paffer le Rhin.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1758, les mouvements des troupes prussiennes en Silésie sont minutieusement rapportés. Le roi de Prusse a déplacé son quartier général à Criffau après être arrivé de Breslau. Les troupes prussiennes sont organisées en trois corps : un près des frontières de Pologne, un autre en Haute Silésie pour agir vers la Moravie, et le troisième en Lusace pour sécuriser les communications entre la Saxe et la Silésie. Ce dernier corps fait partie de l'armée personnelle du roi, forte de plus de cinquante mille hommes. Les Prussiens ont d'abord avancé vers le Comté de Glatz, forçant le général Janhus à se replier après des combats intenses. Ils ont ensuite occupé Grulick et effectué des raids jusqu'à Wigstatt, avant de se retirer vers Mittelwalde et Ullersdorff. Leur objectif semblait être de capturer un magasin à Leutomyßel. Les Prussiens renforcent leurs positions à Landshut, Liebau et Schoenberg, tentant régulièrement de surprendre les postes avancés français, mais sont souvent repoussés. L'armée du feld-maréchal Comte de Daun se dirige vers Braunau. Par ailleurs, les Prussiens ont tenté de pénétrer en royaume par Reinerts, mais ont été repoussés par les troupes légères françaises. Des escarmouches continues ont lieu le long de la frontière. À Hanau, l'évacuation annoncée des troupes françaises n'a pas eu lieu. Le comte de Lorges a reçu l'ordre de rester et de fortifier la ville. Les travaux de renforcement des remparts ont repris avec vigueur. Les troupes du duc de Broglie passent le Rhin et se rassemblent près de Düsseldorf. Elles sont divisées en deux colonnes, chacune en trois divisions, prêtes pour la campagne prochaine. Une escarmouche a eu lieu près de Soest entre les hussards français et prussiens, résultant en des pertes des deux côtés. En Haute Lusace, un corps de troupes autrichiennes sous le général Sincere a établi des postes de communication avec la Bohême et l'armée du comte de Daun, perturbant ainsi les communications prussiennes. Un détachement de hussards autrichiens a également capturé une caisse royale à Cottbus. Les troupes cantonnées à Wesel se préparent activement pour la campagne prochaine, avec des régiments complets et une discipline rétablie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 206-212
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Frégate du Roi la Comete, partie de l'Isle Royale le 10 Juin, [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Bataillons, Amérique, Flotte anglaise, Combats, Capitaines, Ordonnance du roi, Officier, Courage, Récompense, Camp de Froviller, Marquis, Ennemis, Mouvements des troupes, Duc de Broglie, Prince de Soubise, Attaques, Corsaires , Equipage, Artillerie
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
La Frégate du Roi la Comete , partie de l'iſſe
Royale le 10 Juin , eſt arrivée au Port Louis le 27
du même mois. Elle a apporté les nouvelles ſuivantes.
Depuis les dernieres , qui ont annoncé l'en.
trée des deux Diviſions du Marquis Deſgouttes &
du ſieur Beauffier , il eſt arrivé dans cette Ile plufieurs
Vaiſſeaux du Roi & Bâtimens Marchands
ſçavoir , trois Navires de Saint- Malo , le 14 Mai ;
la Frégate l'Echo , le 27 ; le Vaiſſeau le Bizarre &
la Frégate l'Aréthuſe , le 30. Tous ces Bâtimens
étoient chargés de munitions & de vivres pour la
Colonie.
Les quatre Vaiſſeaux de la Diviſion du ſieurDuchaffault
, qui y tranſportoient le Bataillon de
Cambis, font arrivés en même-temps au Port Dauphin
avec le Vaiſſeau de la Compagnie des Indes
le Brillant. Le Bataillon deCambis s'eſt rendu dans
Louiſbourg.
Le premier Juin la Flotte Angloiſe s'étant montréedans
la Baye de Gabarus , au nombre de cent
treize Voiles , on a renforcé les poſtes de la côte.
Le 8 , à quatre heures du matin , les Anglois ont
commencé leur attaque du côté de la Cormorandiere
avec un grand nombre de bateaux plats chargés
de Troupes ,& des Frégates pour les foutenir.
Ilsyont eſſuyé un feu ſi vif , qu'ils ont perdu mille
àdouze cens hommes ; mais dans le temps qu'on
étoit occupé à empêcher leur deſcente , une par
AOUST. 1758 . 207
tiede leurs Berges s'eſt réfugiée au pied des rochers
eſcarpés ſur la droite de la Cormorandiere ,,
dans un endroit qui avoit paru inacceffible. Les
Anglois ayant trouvé moyen de grimper ſur le
fommet , n'ont été apperçus que lorſqu'ils ſe ſont
trouvés en force. Nos Troupes , après avoir réſiſté
autant qu'elles ont pu , ſe ſont retirées dans la Place
, où l'on ſe prépare à une vigoureuſe défenſe ,
yayant en abondance des munitions de guerre &
des provifions de bouche, Nous avons perdu dans
l'attaque du 8 , les ſieurs Delanglade , Capitaine
des Grenadiers du Bataillon de Bourgogne ; Romainville
, Soulieutenant de lamême Compagnie ; -
Beleſta , Capitaine des Grenadiers du Bataillon
d'Artois , & Savary , Soulieutenant de la même
Compagnie ; un Lieutenant des Volontaires Etrangers
; trois Officiers bleſſés , & environ cent cinquante
Soldats de tous les Corps tués , bleſlés , ou
faitspriſonniers.
Les Vaiſſeaux de guerre ſont toujours maîtres
du Port , que les ennemis n'ont point tenté de
forcer.
Le fieur de Boishebert , Officier de Canada ,
étoit attendu à l'Iſle Royale avec un détachement
des Troupes de Quebec , de Canadiens & de Sauvages.
Le Vaiſſeau du Roi le Formidable. , commandé
par le Comte de Blenac , Chef d'Eſcadre des Armées
Navales, eſt rentré à Breſt.
On a appris par un courier extraordinaire dépêché
le 6 de ce mois par l'Evêque Duc de Laon ,
Ambaſſadeur Extraordinaire du Roi auprès du Saint
Siege , que le même jour le Cardinal Rezzonico.
avoit été elu Pape, & avoit pris le nom de Clément
XIII. On a auſſi reçu la nouvelle que le nouveaus
Pape avoit choiſi pour Secrétaire d'Etat le Cardi
20S MERCURE DE FRANCE.
nal Archinto , qui exerçoit le même emploi ſous
le précédent Pontificat .
Il paroît une Ordonnance du Roi rendue le 10
de ce mois , par laquelle il eſt permis aux Soldats
qui ont déſerté avant le premier Février 1757 , de
s'engager indiſtinctement dans toutes les Troupes
de Sa Majesté , pour jouir de l'Amniſtie qu'il lui a
plu d'accorder par ſon Ordonnance du 20 Avril
de l'année derniere.
Dans le combat du 23 Juin dernier , M. de
Bullioud, âgé de dix-huit ans, Cornette de la Compagnie
de Saint-André dans la Brigade de Bovet ,
du Régiment des Carabiniers , après avoir forcé la
ligne d'Infanterie des ennemis , portant toujours
fon étendard , rallia quelques Carabiniers & des
Maréchaux des Logis , attaqua une batterie que
les ennemis préparoient , coupa les traits des chevaux
, tua pluſieurs Canonniers , & voyant de
l'impoſſibilité à regagner l'Armée du Roi , prit
le parti d'aller en avant par derriere les lignes de
Parmée ennemie , où il fit prifonnier un Colonel
Hanovrien. Il traverſa les marais de la Niers , gagna
Gladbec , petite Ville à quatre lieues de Crévelt
,& ſe trouvant obligé d'y paſſer la nuit , il en
fit fermer & garder les portes , & en partit le lendemain
à la pointe du jour. Après avoir fait un
grand tour , il arriva au camp de Neuff à deux
heures après-midi , & ſe préſenta au ſieur de Bovet
avec un Maréchal des Logis & vingt- cinq Carabiniers
, dont huit bleſſes & avec l'Etendard qu'il
a rapporté à ſa brigade.
Le Roi , en conſidération de l'intelligence , de
la valeur & de la bonne conduite de cejeune Officier
, lui a donné la Croix de Saint Louis & un
Brevet de Capitaine Réformé , à la fuite des Carab
iniers.
1
AOUST . 1758 . 209
M. le Comte de Clermont s'étant démis le huit.
Juillet , du commandement de l'armée , le Roi l'a
donné à M. le Marquis de Contades.
Duſſeldorp a capitulé par ordre exprès de l'Electeur
Palatin , & les Hanovriens y font entrés
le neuf.
Les Lettres du camp de Froviller , en date du
20 de Juillet , marquent que le Prince Ferdinand
deBrunswick eſt toujours campé près de Neuff ,
&que notre armée n'a point changé de poſition.
M. le Marquis de Contades fait conftruire un ſecond
pont près de Cologne. Il étoit campé à
Mungerdorff dans la plaine de Cologne , lorſqu'il
apprit par les Détachemens qu'il avoit ſur la riviere
d'Erff, que le Prince Ferdinand avoit fait un
mouvement pour ſe porter en avant , & qu'il avoit
établi ſon Quartier général à Greveenbrock : il prit
la réſolution de faire marcher l'armée le 1 3 Juiller,
& vint camper à Gleſſeen. Il y fut informé que le
Prince Ferdinand avoit fait paſſer la riviere d'Erff
à ſon armée , ſur pluſieurs ponts , à Greveenbrock
même & au- deſſus , ce qui fit prendre à M. le Marquis
de Contades le parti de marcher le 14 dès la
pointedu jour ſur les hauteurs de Bedbourg , pour
prévenir le Prince Ferdinand. Son avant-garde y
trouvacelle des ennemis qu'elle repouſla ; le reſte
de l'armée qui ſuivoit de près ſur ſept colonnes ,
ſe mit en bataille preſqu'en préſence de celle du
Prince Ferdinand. M. le Marquis de Contades fit
toutes les diſpoſitions néceſſaires pour attaquer
l'ennemi ; mais ce Prince n'oſant pas s'expoſer au
riſque d'une action générale , avoit repaſſé l'Erff
vers les onze heures du ſoir ſur pluſieurs ponts ,
qu'il a fait rompre après ſon paſſage avec tant de
précipitation , qu'il a abandonné une piece de canon
de 18 liv. de balles, L'ennemi s'eſt replié du
210 MERCURE DE FRANCE.
côté de Neuff , ayant la riviere d'Erff devant lui.
M. leMarquisdeContades ſediſpoſe de le ſuivre ,
à la grande fatisfaction de toute l'armée qui brûle
du deſir de combattre. On a reçu avis par l'extrait
d'une lettre de l'armée du Prince de Soubiſe , de
Groos-Lenden , « que ce Prince'a raſſemb é toute
> ſon armée à Freidberg le 12 & le 14 Juillet. Elle a
>> marché en cantonnant , tant à cauſe du mauvais
>> temps que pour la facilité des ſubſiſtances ,jul-
>> qu'au 16 qu'elle eſt venue camper ici. M. le Duc
>> de Broglie commandoit l'avant-garde , & avoit
>> fait marcher en avant un gros Détachement de
> Royal-Naffau & des Troupes de Fiſcher . Nous
>> y avons appris que les ennemis , qui avoient pa-
>> ru vouloir défendre la Fortereſſe de Marburg ,
>> ont cependant pris le parti de l'abandonner au
>> moment que la troupe de Fiſcher ſe diſpoſoit à
>>> l'eſcalader . On a trouvé dans le Château uue'
>> grande quantité de fourrages & d'autres muni-
>> tions,& beaucoup d'artillerie. L'armée n'arrive-
>>ra à Marburg que dans deux jours , d'où elle ſe
> mettra promptement en marche pour Caffel.
>>On ne sçauroit exprimer la bonne volonté &
>> l'ardeur des Troupes » .
M. le Ducde Broglie occupa le 16 JuilletMarpurg
avec l'avant-garde qu'il commande. Cette
Ville eſt une des plus conſidérables de la Heſſe ;
elle est fortifiée , elle a un Château , un-beau Palais
où le Landgrave fait ſouvent ſa réſidence,une
Univerſité , un Hôtel de Ville magnifique & une
belle Place :elle eſt ſituée ſur la Lohn dans un
pays fort agréable. M. le Prince de Soubiſe , informé
de l'état &de la poſition des ennemis , prit
la réſolution de joindre le 18 à Marburg le Corps
de M. le Duc de Broglie. Les ennemis avoient un
camp de cinq à fix mille hommes à Birgel , & ils
AOUST. 1758. 21 F
occupoient le pofte de Kirchayn ſur la riviere de
Lohn. M. le Prince de Soubife fit ſes diſpoſitions
pour les en déloger. Il fit avancer dix Bataillons
&quatre Eſcadrons aux ordres de M. le Marquis
du Meſnil , Lieutenant-Général , près d'Hombourg
, Châ eau ſitué ſur la même riviere; il dé
tacha M. le Marquis de Crillon , LieutenantG- énéral
, à la tête de ſeize Bataillons & de quatre
Eſcadrons , dans les environs d'Allendorff, Ville
remarquable par ſes Salines ſur la Werre , & M.
le Marquis Deffalles , Maréchal de Camp , près
d'Ebſdorff, avec quatre Bataillons & quatre Eſcadrons.
Le 19 , ces trois Corps ont féjourné dans
ces différens Poftes , & le 20 toute Parmée s'eſt
raſſemblée au poſte de Kirchayn , que les ennemis
avoient abandonné à notre approche , pour ſe retirer
à Guifelberg ſur le grand chemin de Caffel.
Oncompte que l'avant-garde de cette armée fera
rendue le 23 à Caffel. L'allarme eſt grande dans
le Pays; mais on eſpere que la tranquillité s'y rétablira
, par l'exacte diſcipline que M. le Prince
de Soubiſe fait obſerver à ſes Troupes.
Un Corſaire Anglois de 30 canons , ayant
pourſuivi la Pinque l'Expédition , qui venoit de
Smyrne , juſques ſous le canon de Gallipoli ,.
qui a fait fait feu fur ce Corfaire , il s'en eſt emparé
& l'a conduite à Tunis ; mais la Régence
la fait relâcher , & elle eſt de retour à Marseille .
Le Corſaire Arnoux , de cette Ville , a conduit
à Livourne , la Pinque du Capitaine Brilland
de Martigues , qu'il a repriſe ſur les Anglois.
La cargaison de ce Navire , qui étoit
parti de Seyde pour revenir ici , eſt eſtimée
deux cents mille livres.
La Frégate du Roi le Zéphir , commandée
par M. le Chevalier de Ternay , Lieutenant de
212 MERCURE DE FRANCE.
Vaiſſeau , laquelle étoit à la ſuite de l'Eſcadre
commandée par M. Duchaffault ,, qui a relâché
au Port Dauphin ,& qui a porté à Iſle Royale
le Bataillon de Cambis , eſt arrivée à Breſt le 3
Juin. Elle a rapporté que cette Eſcadre compoſé
de quatre Vaiſſeaux y compris le Brillant ,
de la Compagnie des Indes , & de pluſieurs
Navires de tranſport , étoit partie pour Quebec
, & qu'elle étoit à l'entrée du fleuve Saint-
Laurent , lorſque cette Frégate s'en est détachée
pour revenir en France.
,
com- M. Cornic , Lieutenant de Frégate
mandant la Félicité , s'eſt emparé le 3 Juin ,
fur les Glenants , des deux Corſaires de Jerſey
le Prince de Pruſſe , de 80 hommes d'équipage
, & le Cors , de 60 hommes , armés de 10
canons chacun .
La Barque le Saint Joseph , de Tréguier , chargée
de fer , d'eau de vie & de ſavon , a été repriſe
& conduite à l'Ile de Bas , par le Corſaire la
Menette , de l'Orient.
La Frégate du Roi la Comete , partie de l'iſſe
Royale le 10 Juin , eſt arrivée au Port Louis le 27
du même mois. Elle a apporté les nouvelles ſuivantes.
Depuis les dernieres , qui ont annoncé l'en.
trée des deux Diviſions du Marquis Deſgouttes &
du ſieur Beauffier , il eſt arrivé dans cette Ile plufieurs
Vaiſſeaux du Roi & Bâtimens Marchands
ſçavoir , trois Navires de Saint- Malo , le 14 Mai ;
la Frégate l'Echo , le 27 ; le Vaiſſeau le Bizarre &
la Frégate l'Aréthuſe , le 30. Tous ces Bâtimens
étoient chargés de munitions & de vivres pour la
Colonie.
Les quatre Vaiſſeaux de la Diviſion du ſieurDuchaffault
, qui y tranſportoient le Bataillon de
Cambis, font arrivés en même-temps au Port Dauphin
avec le Vaiſſeau de la Compagnie des Indes
le Brillant. Le Bataillon deCambis s'eſt rendu dans
Louiſbourg.
Le premier Juin la Flotte Angloiſe s'étant montréedans
la Baye de Gabarus , au nombre de cent
treize Voiles , on a renforcé les poſtes de la côte.
Le 8 , à quatre heures du matin , les Anglois ont
commencé leur attaque du côté de la Cormorandiere
avec un grand nombre de bateaux plats chargés
de Troupes ,& des Frégates pour les foutenir.
Ilsyont eſſuyé un feu ſi vif , qu'ils ont perdu mille
àdouze cens hommes ; mais dans le temps qu'on
étoit occupé à empêcher leur deſcente , une par
AOUST. 1758 . 207
tiede leurs Berges s'eſt réfugiée au pied des rochers
eſcarpés ſur la droite de la Cormorandiere ,,
dans un endroit qui avoit paru inacceffible. Les
Anglois ayant trouvé moyen de grimper ſur le
fommet , n'ont été apperçus que lorſqu'ils ſe ſont
trouvés en force. Nos Troupes , après avoir réſiſté
autant qu'elles ont pu , ſe ſont retirées dans la Place
, où l'on ſe prépare à une vigoureuſe défenſe ,
yayant en abondance des munitions de guerre &
des provifions de bouche, Nous avons perdu dans
l'attaque du 8 , les ſieurs Delanglade , Capitaine
des Grenadiers du Bataillon de Bourgogne ; Romainville
, Soulieutenant de lamême Compagnie ; -
Beleſta , Capitaine des Grenadiers du Bataillon
d'Artois , & Savary , Soulieutenant de la même
Compagnie ; un Lieutenant des Volontaires Etrangers
; trois Officiers bleſſés , & environ cent cinquante
Soldats de tous les Corps tués , bleſlés , ou
faitspriſonniers.
Les Vaiſſeaux de guerre ſont toujours maîtres
du Port , que les ennemis n'ont point tenté de
forcer.
Le fieur de Boishebert , Officier de Canada ,
étoit attendu à l'Iſle Royale avec un détachement
des Troupes de Quebec , de Canadiens & de Sauvages.
Le Vaiſſeau du Roi le Formidable. , commandé
par le Comte de Blenac , Chef d'Eſcadre des Armées
Navales, eſt rentré à Breſt.
On a appris par un courier extraordinaire dépêché
le 6 de ce mois par l'Evêque Duc de Laon ,
Ambaſſadeur Extraordinaire du Roi auprès du Saint
Siege , que le même jour le Cardinal Rezzonico.
avoit été elu Pape, & avoit pris le nom de Clément
XIII. On a auſſi reçu la nouvelle que le nouveaus
Pape avoit choiſi pour Secrétaire d'Etat le Cardi
20S MERCURE DE FRANCE.
nal Archinto , qui exerçoit le même emploi ſous
le précédent Pontificat .
Il paroît une Ordonnance du Roi rendue le 10
de ce mois , par laquelle il eſt permis aux Soldats
qui ont déſerté avant le premier Février 1757 , de
s'engager indiſtinctement dans toutes les Troupes
de Sa Majesté , pour jouir de l'Amniſtie qu'il lui a
plu d'accorder par ſon Ordonnance du 20 Avril
de l'année derniere.
Dans le combat du 23 Juin dernier , M. de
Bullioud, âgé de dix-huit ans, Cornette de la Compagnie
de Saint-André dans la Brigade de Bovet ,
du Régiment des Carabiniers , après avoir forcé la
ligne d'Infanterie des ennemis , portant toujours
fon étendard , rallia quelques Carabiniers & des
Maréchaux des Logis , attaqua une batterie que
les ennemis préparoient , coupa les traits des chevaux
, tua pluſieurs Canonniers , & voyant de
l'impoſſibilité à regagner l'Armée du Roi , prit
le parti d'aller en avant par derriere les lignes de
Parmée ennemie , où il fit prifonnier un Colonel
Hanovrien. Il traverſa les marais de la Niers , gagna
Gladbec , petite Ville à quatre lieues de Crévelt
,& ſe trouvant obligé d'y paſſer la nuit , il en
fit fermer & garder les portes , & en partit le lendemain
à la pointe du jour. Après avoir fait un
grand tour , il arriva au camp de Neuff à deux
heures après-midi , & ſe préſenta au ſieur de Bovet
avec un Maréchal des Logis & vingt- cinq Carabiniers
, dont huit bleſſes & avec l'Etendard qu'il
a rapporté à ſa brigade.
Le Roi , en conſidération de l'intelligence , de
la valeur & de la bonne conduite de cejeune Officier
, lui a donné la Croix de Saint Louis & un
Brevet de Capitaine Réformé , à la fuite des Carab
iniers.
1
AOUST . 1758 . 209
M. le Comte de Clermont s'étant démis le huit.
Juillet , du commandement de l'armée , le Roi l'a
donné à M. le Marquis de Contades.
Duſſeldorp a capitulé par ordre exprès de l'Electeur
Palatin , & les Hanovriens y font entrés
le neuf.
Les Lettres du camp de Froviller , en date du
20 de Juillet , marquent que le Prince Ferdinand
deBrunswick eſt toujours campé près de Neuff ,
&que notre armée n'a point changé de poſition.
M. le Marquis de Contades fait conftruire un ſecond
pont près de Cologne. Il étoit campé à
Mungerdorff dans la plaine de Cologne , lorſqu'il
apprit par les Détachemens qu'il avoit ſur la riviere
d'Erff, que le Prince Ferdinand avoit fait un
mouvement pour ſe porter en avant , & qu'il avoit
établi ſon Quartier général à Greveenbrock : il prit
la réſolution de faire marcher l'armée le 1 3 Juiller,
& vint camper à Gleſſeen. Il y fut informé que le
Prince Ferdinand avoit fait paſſer la riviere d'Erff
à ſon armée , ſur pluſieurs ponts , à Greveenbrock
même & au- deſſus , ce qui fit prendre à M. le Marquis
de Contades le parti de marcher le 14 dès la
pointedu jour ſur les hauteurs de Bedbourg , pour
prévenir le Prince Ferdinand. Son avant-garde y
trouvacelle des ennemis qu'elle repouſla ; le reſte
de l'armée qui ſuivoit de près ſur ſept colonnes ,
ſe mit en bataille preſqu'en préſence de celle du
Prince Ferdinand. M. le Marquis de Contades fit
toutes les diſpoſitions néceſſaires pour attaquer
l'ennemi ; mais ce Prince n'oſant pas s'expoſer au
riſque d'une action générale , avoit repaſſé l'Erff
vers les onze heures du ſoir ſur pluſieurs ponts ,
qu'il a fait rompre après ſon paſſage avec tant de
précipitation , qu'il a abandonné une piece de canon
de 18 liv. de balles, L'ennemi s'eſt replié du
210 MERCURE DE FRANCE.
côté de Neuff , ayant la riviere d'Erff devant lui.
M. leMarquisdeContades ſediſpoſe de le ſuivre ,
à la grande fatisfaction de toute l'armée qui brûle
du deſir de combattre. On a reçu avis par l'extrait
d'une lettre de l'armée du Prince de Soubiſe , de
Groos-Lenden , « que ce Prince'a raſſemb é toute
> ſon armée à Freidberg le 12 & le 14 Juillet. Elle a
>> marché en cantonnant , tant à cauſe du mauvais
>> temps que pour la facilité des ſubſiſtances ,jul-
>> qu'au 16 qu'elle eſt venue camper ici. M. le Duc
>> de Broglie commandoit l'avant-garde , & avoit
>> fait marcher en avant un gros Détachement de
> Royal-Naffau & des Troupes de Fiſcher . Nous
>> y avons appris que les ennemis , qui avoient pa-
>> ru vouloir défendre la Fortereſſe de Marburg ,
>> ont cependant pris le parti de l'abandonner au
>> moment que la troupe de Fiſcher ſe diſpoſoit à
>>> l'eſcalader . On a trouvé dans le Château uue'
>> grande quantité de fourrages & d'autres muni-
>> tions,& beaucoup d'artillerie. L'armée n'arrive-
>>ra à Marburg que dans deux jours , d'où elle ſe
> mettra promptement en marche pour Caffel.
>>On ne sçauroit exprimer la bonne volonté &
>> l'ardeur des Troupes » .
M. le Ducde Broglie occupa le 16 JuilletMarpurg
avec l'avant-garde qu'il commande. Cette
Ville eſt une des plus conſidérables de la Heſſe ;
elle est fortifiée , elle a un Château , un-beau Palais
où le Landgrave fait ſouvent ſa réſidence,une
Univerſité , un Hôtel de Ville magnifique & une
belle Place :elle eſt ſituée ſur la Lohn dans un
pays fort agréable. M. le Prince de Soubiſe , informé
de l'état &de la poſition des ennemis , prit
la réſolution de joindre le 18 à Marburg le Corps
de M. le Duc de Broglie. Les ennemis avoient un
camp de cinq à fix mille hommes à Birgel , & ils
AOUST. 1758. 21 F
occupoient le pofte de Kirchayn ſur la riviere de
Lohn. M. le Prince de Soubife fit ſes diſpoſitions
pour les en déloger. Il fit avancer dix Bataillons
&quatre Eſcadrons aux ordres de M. le Marquis
du Meſnil , Lieutenant-Général , près d'Hombourg
, Châ eau ſitué ſur la même riviere; il dé
tacha M. le Marquis de Crillon , LieutenantG- énéral
, à la tête de ſeize Bataillons & de quatre
Eſcadrons , dans les environs d'Allendorff, Ville
remarquable par ſes Salines ſur la Werre , & M.
le Marquis Deffalles , Maréchal de Camp , près
d'Ebſdorff, avec quatre Bataillons & quatre Eſcadrons.
Le 19 , ces trois Corps ont féjourné dans
ces différens Poftes , & le 20 toute Parmée s'eſt
raſſemblée au poſte de Kirchayn , que les ennemis
avoient abandonné à notre approche , pour ſe retirer
à Guifelberg ſur le grand chemin de Caffel.
Oncompte que l'avant-garde de cette armée fera
rendue le 23 à Caffel. L'allarme eſt grande dans
le Pays; mais on eſpere que la tranquillité s'y rétablira
, par l'exacte diſcipline que M. le Prince
de Soubiſe fait obſerver à ſes Troupes.
Un Corſaire Anglois de 30 canons , ayant
pourſuivi la Pinque l'Expédition , qui venoit de
Smyrne , juſques ſous le canon de Gallipoli ,.
qui a fait fait feu fur ce Corfaire , il s'en eſt emparé
& l'a conduite à Tunis ; mais la Régence
la fait relâcher , & elle eſt de retour à Marseille .
Le Corſaire Arnoux , de cette Ville , a conduit
à Livourne , la Pinque du Capitaine Brilland
de Martigues , qu'il a repriſe ſur les Anglois.
La cargaison de ce Navire , qui étoit
parti de Seyde pour revenir ici , eſt eſtimée
deux cents mille livres.
La Frégate du Roi le Zéphir , commandée
par M. le Chevalier de Ternay , Lieutenant de
212 MERCURE DE FRANCE.
Vaiſſeau , laquelle étoit à la ſuite de l'Eſcadre
commandée par M. Duchaffault ,, qui a relâché
au Port Dauphin ,& qui a porté à Iſle Royale
le Bataillon de Cambis , eſt arrivée à Breſt le 3
Juin. Elle a rapporté que cette Eſcadre compoſé
de quatre Vaiſſeaux y compris le Brillant ,
de la Compagnie des Indes , & de pluſieurs
Navires de tranſport , étoit partie pour Quebec
, & qu'elle étoit à l'entrée du fleuve Saint-
Laurent , lorſque cette Frégate s'en est détachée
pour revenir en France.
,
com- M. Cornic , Lieutenant de Frégate
mandant la Félicité , s'eſt emparé le 3 Juin ,
fur les Glenants , des deux Corſaires de Jerſey
le Prince de Pruſſe , de 80 hommes d'équipage
, & le Cors , de 60 hommes , armés de 10
canons chacun .
La Barque le Saint Joseph , de Tréguier , chargée
de fer , d'eau de vie & de ſavon , a été repriſe
& conduite à l'Ile de Bas , par le Corſaire la
Menette , de l'Orient.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs événements militaires et navals marquants ont eu lieu. La frégate royale 'La Comète' est arrivée à Port-Louis le 27 juin après avoir quitté l'Isle Royale le 10 juin, apportant des nouvelles de l'arrivée de divers vaisseaux et bâtiments marchands à l'île, chargés de munitions et de vivres pour la colonie. Parmi ces navires figuraient trois vaisseaux de Saint-Malo : les frégates 'L'Écho' et 'L'Aréthuse', et le vaisseau 'Le Bizarre'. La division du sieur Duchaffault, transportant le Bataillon de Cambis, est arrivée au Port Dauphin avec le vaisseau 'Le Brillant' de la Compagnie des Indes, et le bataillon s'est ensuite rendu à Louisbourg. Le 1er juin, une flotte anglaise de 113 voiles a été repérée dans la baie de Gabarus, ce qui a conduit au renforcement des postes côtiers. Le 8 juin, les Anglais ont attaqué du côté de la Cormorandière, subissant de lourdes pertes mais réussissant à prendre position sur des rochers escarpés. Les troupes françaises se sont retirées dans la place forte, préparant une défense vigoureuse. Les pertes françaises incluaient plusieurs officiers et environ cent cinquante soldats tués, blessés ou prisonniers. Les vaisseaux de guerre français contrôlaient toujours le port. Le sieur de Boishebert, officier du Canada, était attendu à l'Isle Royale avec des troupes de Québec, des Canadiens et des autochtones. Le vaisseau 'Le Formidable', commandé par le Comte de Blenac, est rentré à Brest. Sur le plan diplomatique, le Cardinal Rezzonico a été élu Pape, prenant le nom de Clément XIII, et le Cardinal Archinto a été nommé Secrétaire d'État. Une ordonnance royale permettait aux déserteurs de s'engager à nouveau dans les troupes du roi. Plusieurs actions militaires ont été détaillées, notamment le combat du 23 juin où M. de Bullioud, âgé de dix-huit ans, a montré un grand courage en ralliant des troupes et capturant un colonel hanovrien. Pour cet exploit, il a reçu la Croix de Saint Louis et un brevet de capitaine réformé. Des changements de commandement ont été notés, comme la démission du Comte de Clermont et la nomination du Marquis de Contades à la tête de l'armée. Des mouvements de troupes et des batailles ont été décrits, notamment autour de Düsseldorf, de Neuff et de Marburg, où les armées françaises et ennemies se sont affrontées ou préparées à le faire. Enfin, des actions navales ont été rapportées, comme la capture de corsaires anglais et la libération de navires français par des corsaires français. La frégate 'Le Zéphir' a rapporté que l'escadre commandée par M. Duchaffault se dirigeait vers Québec.
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42
p. 194-195
Du Quartier Général de l'Armée Impériale, le 8. Novembre 1758.
Début :
Le 28. du mois dernier, le Comte de Wied, Lieutenant Général, fut détaché avec [...]
Mots clefs :
Comte de Wied, Bataillons, Régiments de cavalerie, Armée prussienne, Général Laudon, Infanterie, Maréchal Daun, Ennemis, Mouvements des troupes
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texteReconnaissance textuelle : Du Quartier Général de l'Armée Impériale, le 8. Novembre 1758.
Du Quartier Général de l'Armée Impériale , le 8.
Novembre 1758.
Le 28. du mois dernier , le Comte de Wied ,
Lieutenant Général , fut détaché avec neuf Bataillons
, dix Compagnies de Grenadiers, & quatre
Régiments de Cavalerie ; & il eut ordre de fe
porter vers Neifs en Siléfie. Les Pruffiens campés
à Gorlitz , reftérent ce jour-là dans l'inaction . Le
Général Laudon s'étoit établi à Libſtein , pour
obferver ce qui fe paffoit fur leurs flancs & fur
leurs derrieres.
La nuit fuivante , toute l'Armée Pruſſienne leva
fon Camp à petit bruit , laillant derriere elle
une forte arriere- garde , qui la fuivit dès que
le jour parut. Le Général Laudon , inftruit de
cette manoeuvre , attaqua , fans héliter cette
JANVIER. 1759. 195
arriere - garde , & la fit pourfuivre fans relâche
par fes Croates. Le fieur de Vella , qui avoit eu
ordre de fe tenir prêt à la combattre , la prit
en flanc avec une Compagnie de Grenadiers &
1000 hommes d'Infanterie. On fit fur elle un
feu continuel d'Artillerie & de Moufqueterie ; &
cette marche lui a couté plus de 300 hommes
tués ou blefiés .
L'objet du Maréchal Daun étoit de perfuader
aux Pruffiens , que toute notre Armée devoit les
fuivre pied à pied . Afin de les faire mieux donner
dans le piége , ce Général donna ordre le 30.
qu'on détendît une partie du Camp, que la droite
fe rapprochât de la gauche , & que la Réferve
le tînt prête à paffer la Neifs. L'Armée du Roi
de Pruffe campa ce jour-là près de Lauban ; le
lendemain notre Réferve pafla la Neifs , après
avoir fait occuper Gorlitz , par le corps des Chaffeurs
& des Pionniers.
Le premier de ce mois , les Ennemis refterent
à Lauban , fans faire de mouvement . Ils fe contefterent
de faire tranſporter au - delà de la Queifs
leurs gros bagages & leur Artillerie de réferve ,
fous l'escorte d'un corps de huit mille hommes.
Le 4. l'Armée décampa avant le jour , & fe
mit en marche fur deux colonnes pour revenir
à Bautzen .
Le s. nous paffames la Sprée , près de Bautzen
, & nous nous portames avec diligence fur
Harte , où l'Armée campa. Nous fumes avertis
ce même jour , que le Roi de Pruffe , après avoir
conduit fon Armée à Schweidnitz , avoit fait un
mouvement en avant , avec un Détachement de
Cavalerie.
Le 6. nous marchâmes par Helmsdorff fur
Diesersbach , & nous fçumes qu'on ignoroit à
Drefde nos mouvements.
Novembre 1758.
Le 28. du mois dernier , le Comte de Wied ,
Lieutenant Général , fut détaché avec neuf Bataillons
, dix Compagnies de Grenadiers, & quatre
Régiments de Cavalerie ; & il eut ordre de fe
porter vers Neifs en Siléfie. Les Pruffiens campés
à Gorlitz , reftérent ce jour-là dans l'inaction . Le
Général Laudon s'étoit établi à Libſtein , pour
obferver ce qui fe paffoit fur leurs flancs & fur
leurs derrieres.
La nuit fuivante , toute l'Armée Pruſſienne leva
fon Camp à petit bruit , laillant derriere elle
une forte arriere- garde , qui la fuivit dès que
le jour parut. Le Général Laudon , inftruit de
cette manoeuvre , attaqua , fans héliter cette
JANVIER. 1759. 195
arriere - garde , & la fit pourfuivre fans relâche
par fes Croates. Le fieur de Vella , qui avoit eu
ordre de fe tenir prêt à la combattre , la prit
en flanc avec une Compagnie de Grenadiers &
1000 hommes d'Infanterie. On fit fur elle un
feu continuel d'Artillerie & de Moufqueterie ; &
cette marche lui a couté plus de 300 hommes
tués ou blefiés .
L'objet du Maréchal Daun étoit de perfuader
aux Pruffiens , que toute notre Armée devoit les
fuivre pied à pied . Afin de les faire mieux donner
dans le piége , ce Général donna ordre le 30.
qu'on détendît une partie du Camp, que la droite
fe rapprochât de la gauche , & que la Réferve
le tînt prête à paffer la Neifs. L'Armée du Roi
de Pruffe campa ce jour-là près de Lauban ; le
lendemain notre Réferve pafla la Neifs , après
avoir fait occuper Gorlitz , par le corps des Chaffeurs
& des Pionniers.
Le premier de ce mois , les Ennemis refterent
à Lauban , fans faire de mouvement . Ils fe contefterent
de faire tranſporter au - delà de la Queifs
leurs gros bagages & leur Artillerie de réferve ,
fous l'escorte d'un corps de huit mille hommes.
Le 4. l'Armée décampa avant le jour , & fe
mit en marche fur deux colonnes pour revenir
à Bautzen .
Le s. nous paffames la Sprée , près de Bautzen
, & nous nous portames avec diligence fur
Harte , où l'Armée campa. Nous fumes avertis
ce même jour , que le Roi de Pruffe , après avoir
conduit fon Armée à Schweidnitz , avoit fait un
mouvement en avant , avec un Détachement de
Cavalerie.
Le 6. nous marchâmes par Helmsdorff fur
Diesersbach , & nous fçumes qu'on ignoroit à
Drefde nos mouvements.
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Résumé : Du Quartier Général de l'Armée Impériale, le 8. Novembre 1758.
Le 28 octobre 1758, le Comte de Wied, Lieutenant Général, fut envoyé vers Neifs en Silésie avec des troupes. Les Prussiens, campés à Gorlitz, restèrent inactifs. Le Général Laudon surveilla les mouvements ennemis et attaqua l'arrière-garde prussienne, causant plus de 300 pertes. Le Maréchal Daun chercha à convaincre les Prussiens que toute l'armée les suivait. Le 30 octobre, il ordonna des mouvements stratégiques. L'armée prussienne se déplaça vers Lauban, puis vers Bautzen en deux colonnes le 4 novembre. Les forces alliées passèrent la Sprée près de Bautzen et se dirigèrent vers Harte. Elles apprirent que le Roi de Prusse avait avancé avec un détachement de cavalerie. Le 6 novembre, elles marchèrent vers Diesersbach, ignorant les mouvements ennemis à Dresde.
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43
p. 199-200
Du Camp de l'Armée Autrichienne sous Neifs, le 30. Octobre.
Début :
Nous commençâmes le 22. à construire une redoute avec une batterie de [...]
Mots clefs :
Canons, Artillerie, Citadelle, Ennemis, Opérations militaires, Bataillons, Général, Comte
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texteReconnaissance textuelle : Du Camp de l'Armée Autrichienne sous Neifs, le 30. Octobre.
Du Camp de l'Armée Autrichienne fous Neifs ,
30. Octobre. le
Nous commençâmes le 22. à conſtruire une
redoute avec une batterie de 8 canons & de 4
Fiv
200 MERCURE DE FRANCE.
mortiers , vers le faubourg de Merengaſſen , auquel
les Affiégés ont mis le feu. Cet cuvrage fut
achevé le 26. & le même jour , le feu de notre
Artillerie ruina une écluſe qui retenoit les eaux
autour de la Place . L'ouverture de la tranchée
ſe fit le 28. à 200 toifes du fond de l'attaque ,
qui eft dirigée contre la Citadelle . Cette opération
fut conduite avec tant d'habileté que l'Ennemi
ne s'en appercut qu'à 7. heures du matin
le 29. nous effuyâmes fur notre droite , un grand
feu de canons , de mortiers & de pierriers. On
perfectionna les travaux de la Tranchée , & on
éleva une feconde batterie de 36 canons & de
20 mortiers.
Le Comte de Drafcowitz Lieutenant Général ,
& le fieur de Beckman , Major Général , étoient
à l'ouverture de la tranchée avec trois Bataillons
& fix Compagnies de Grenadiers , pour foutenir
les Travailleurs . Un Bataillon de Croates étoit
en avant de la trace de la paralléle , pour en
dérober la vue aux Affiégés. Deux redoutes fervent
d'épaulement à cette premiere paralléle. La
feconde ſera à quarante toifes du chemin couvert
, & nous n'en aurons que deux , pour abré-
⚫ger le travail .
Les huit Bataillons que nous envoye le Général
Daun , arriveront demain , ainfi que le
dernier Convoi d'Artillerie. Nous aurons alors
quatre - vingt canons & quarante mortiers en
batterie.
Le Comte de Harſch eft préſent à tout : il
anime l'ardeur du Soldat par fon activité ; & le
Marquis de Ville contribue beaucoup à accélérer
nos opérations , par la connoiffance parfaite
qu'il a du Pays.
30. Octobre. le
Nous commençâmes le 22. à conſtruire une
redoute avec une batterie de 8 canons & de 4
Fiv
200 MERCURE DE FRANCE.
mortiers , vers le faubourg de Merengaſſen , auquel
les Affiégés ont mis le feu. Cet cuvrage fut
achevé le 26. & le même jour , le feu de notre
Artillerie ruina une écluſe qui retenoit les eaux
autour de la Place . L'ouverture de la tranchée
ſe fit le 28. à 200 toifes du fond de l'attaque ,
qui eft dirigée contre la Citadelle . Cette opération
fut conduite avec tant d'habileté que l'Ennemi
ne s'en appercut qu'à 7. heures du matin
le 29. nous effuyâmes fur notre droite , un grand
feu de canons , de mortiers & de pierriers. On
perfectionna les travaux de la Tranchée , & on
éleva une feconde batterie de 36 canons & de
20 mortiers.
Le Comte de Drafcowitz Lieutenant Général ,
& le fieur de Beckman , Major Général , étoient
à l'ouverture de la tranchée avec trois Bataillons
& fix Compagnies de Grenadiers , pour foutenir
les Travailleurs . Un Bataillon de Croates étoit
en avant de la trace de la paralléle , pour en
dérober la vue aux Affiégés. Deux redoutes fervent
d'épaulement à cette premiere paralléle. La
feconde ſera à quarante toifes du chemin couvert
, & nous n'en aurons que deux , pour abré-
⚫ger le travail .
Les huit Bataillons que nous envoye le Général
Daun , arriveront demain , ainfi que le
dernier Convoi d'Artillerie. Nous aurons alors
quatre - vingt canons & quarante mortiers en
batterie.
Le Comte de Harſch eft préſent à tout : il
anime l'ardeur du Soldat par fon activité ; & le
Marquis de Ville contribue beaucoup à accélérer
nos opérations , par la connoiffance parfaite
qu'il a du Pays.
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Résumé : Du Camp de l'Armée Autrichienne sous Neifs, le 30. Octobre.
Le document relate les opérations militaires autrichiennes près de Neifs, débutées le 22 octobre. Les troupes autrichiennes ont construit une redoute équipée de huit canons et quatre mortiers près du faubourg de Merengassen, incendié par les assiégés. La redoute, achevée le 26 octobre, permit à l'artillerie autrichienne de détruire une écluse et de libérer les eaux autour de la place. Le 28 octobre, les Autrichiens ont ouvert une tranchée à 200 toises de la citadelle, surprenant l'ennemi qui ne s'en aperçut que le 29 octobre. Les travaux de la tranchée furent perfectionnés et une seconde batterie de 36 canons et 20 mortiers fut élevée. Le Comte de Drafcowitz et le sieur de Beckman supervisèrent l'ouverture de la tranchée avec trois bataillons et six compagnies de grenadiers pour protéger les travailleurs. Un bataillon de Croates masqua la vue des assiégés sur la parallèle. Deux redoutes servaient d'épaulement à la première parallèle, et une seconde parallèle était prévue à quarante toises du chemin couvert. Le Général Daun envoya huit bataillons et un convoi d'artillerie, portant le total à quatre-vingt canons et quarante mortiers. Le Comte de Harsch et le Marquis de Ville contribuèrent activement à accélérer les opérations.
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44
p. 209-212
De Paris, le 23 Décembre.
Début :
Les quatre Bataillons des Gardes-Françoises, qui ont fait la Campagne en Flandres, [...]
Mots clefs :
Bataillons, Arrêt du Conseil d'État, Finances, Fonds, Marchandises, Ordonnance, Construction, Déclaration, Loterie, Édits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Paris, le 23 Décembre.
De Paris , le 23 Décembre.
Les quatre Bataillons, des Gardes - Françoiſes ,
qui ont fait la Campagne en Flandres , font arriyés
fucceffivement les 17 , 19 , 21 & 23 de ce
mois ; & les deux Bataillons des Gardes- Suilles ,
les 19 & 21 .
en
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat du Roi ,
date du 21 du mois dernier , qui ordonne que les ›
Propriétaires des Offices compris dans l'Etat annéxé
à l'Edit du mois d'Août dernier , portant
création d'un million effectif d'augmentation de
Gages , qui fatisferont aux deux tiers de cette
augmentation de finances , dans le courant de
ce mois , & à l'autre tiers avant le premier Février
prochain , feront déchargés de deux fols
pour livre , ordonnés par le même Edit , & ,
qu'ils jouiront de leurs nouveaux Gages , à compter
du premier du mois d'Octobre dernier. Autre
Arrêt du Confeil du 18 Novembre 1758 , qui
nomme des Commiffaires pour procéder à la liquidation
de la finance , & au remboursement
des Offices de la Capitainerie de Livry.
Autre du 21 , qui ordonne que les Fonds deftinés
pour l'illumination & le nettoyement de la
Ville de Paris , feront augmentés de cinquante
mille livres.
210 MERCURE DE FRANCE.
Autre du 26 , en interprétation de la Déclaration
du 7 Juillet 1756 , portant prorogation pour 2 1
années , des Droits établis par Edit de Décembre
1743.
Autre du 30 , qui renvoye aux Requêtes de
l'Hôtel , le Jugement des Affaires pendantes & indécifes
dans le Tribunal de la Capitainerie de
Lyvry , & tout ce qui peut concerner le fait des
Chaffes, jufqu'au remboursement des Lieutenances
de ladite Capitainerie.
Autre du 10. Décembre , portant que le produit
de l'Octroi municipal d'un fol par pain de
fel , Rozière , ou d'extraordinaire en Franche-
Comté , continuera d'être employé par préférence
an remboursement des Propriétaires d'Offices
Municipaux.
Autre du même jour , portant établiſſement
des droits à percevoir pendant fix années , qui
commenceront au premier Janvier 1759. fur les
Marchandifes & denrées entrant & fe fabriquant
dans la Ville , Fauxbourgs & Banlieue de Paris
, pour l'acquittement du Don gratuit ordonné
par Edit du mois d'Août 1758. & réunion deſdits
droits au Domaine de ladite Ville.
Autre du 12. pour la prife de poffeffion de
la Ferme des Droits rétablis , prorogés pour
douze années par Déclaration du 7. Juillet 1755.
à commencer du premier Janvier 1759. fous le
nom de Louis Parmentier.
Autre du 12. qui caffe deux Ordonnances rendues
par le Lieutenant Général de la Prévôté de
l'Hôtel , les 2. Novembre & f. Décembre 1758..
la premiere fur le réquifitoire du Procureur du
Roi , & la derniere fur la demande de la nommée
Mouton. Décharge le Fermier du droit fur
les fuifs , fes Commis , le fieur Petit , Procureur
& l'Huiffier Sarrot , de l'amende contre eux pro
JANVIER. 1759. 2 I'Y'
noncée : Et ordonne que toutes les difcuffions
relatives à la perception du droit du fol pour
livre fur les fuifs , feront portées devant Monfeur
Bertin .
> >
Il paroît une Ordonnance du Bureau des Finances
de la Généralité de Paris du 12. Décembre
, portant tres - expreffes inhibitions & délenfes
à tous Bateliers , Mariniers , Voituriers par
Eau & à tous autres de dépofer a l'avenir
aucune Pierre de Taille fur la Chaullée du Cours ,
à moins de fix pieds de diſtance du bord'exterieur
de ladite Chauffée , à peine de cent liv . d'amende
: & pareilles défenſes à tous Ouvriers travaillant
à la décharge des Batteaux qui voiturent lesdites:
Pierres , d'arracher aucuns Pavés ou Bordures
de ladite Chauffée , pour y enfoncer des pieux
& attacher les moulinets de leurs Vindas & Cabeftans
qui ne pourront pareillement être atta--
chés à une moindre diftance que de fix picds
defdites Bordures ; fous la même peine de cent
liv. d'amende , & même d'emprisonnement de
leur perfonne en cas de récidive .
Arrêt du Confeil du 17. qui ordonne l'exécution
de la Déclaration du 7. Juillet 1756. du
Tarify annexé , & des Arrêts du Confeil des
26. Novembre & 12. Décembre 1758. rendus
en conféquence : Evoque toutes les demandes &
conteftations nées & à naître fur la perception
& recouvrement des droits rétablis ; les renvoye
pardevant les fieurs Lieutenants Général de Police
& Prévôt des Marchands , chacun pour les
Parties qui les concernent, fauf l'appel au Confeil.
Autre du 24. qui ordonne que les Tirages de:
la Loterie de l'Ecole Royale Militaire , feront faits,
dorénavant en la grande Salle de l'Hôtel-de- .
Ville de Paris.
Autre du 26. qui commet Jean Faydi , pour
212 MERCURE DE FRANCE.
faire la Régie & recouvrement des fommes qui
doivent provenir de l'exécution de l'Edit du mois
d'Août dernier , portant établiſſement des Donsgratuits.
Les quatre Bataillons, des Gardes - Françoiſes ,
qui ont fait la Campagne en Flandres , font arriyés
fucceffivement les 17 , 19 , 21 & 23 de ce
mois ; & les deux Bataillons des Gardes- Suilles ,
les 19 & 21 .
en
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat du Roi ,
date du 21 du mois dernier , qui ordonne que les ›
Propriétaires des Offices compris dans l'Etat annéxé
à l'Edit du mois d'Août dernier , portant
création d'un million effectif d'augmentation de
Gages , qui fatisferont aux deux tiers de cette
augmentation de finances , dans le courant de
ce mois , & à l'autre tiers avant le premier Février
prochain , feront déchargés de deux fols
pour livre , ordonnés par le même Edit , & ,
qu'ils jouiront de leurs nouveaux Gages , à compter
du premier du mois d'Octobre dernier. Autre
Arrêt du Confeil du 18 Novembre 1758 , qui
nomme des Commiffaires pour procéder à la liquidation
de la finance , & au remboursement
des Offices de la Capitainerie de Livry.
Autre du 21 , qui ordonne que les Fonds deftinés
pour l'illumination & le nettoyement de la
Ville de Paris , feront augmentés de cinquante
mille livres.
210 MERCURE DE FRANCE.
Autre du 26 , en interprétation de la Déclaration
du 7 Juillet 1756 , portant prorogation pour 2 1
années , des Droits établis par Edit de Décembre
1743.
Autre du 30 , qui renvoye aux Requêtes de
l'Hôtel , le Jugement des Affaires pendantes & indécifes
dans le Tribunal de la Capitainerie de
Lyvry , & tout ce qui peut concerner le fait des
Chaffes, jufqu'au remboursement des Lieutenances
de ladite Capitainerie.
Autre du 10. Décembre , portant que le produit
de l'Octroi municipal d'un fol par pain de
fel , Rozière , ou d'extraordinaire en Franche-
Comté , continuera d'être employé par préférence
an remboursement des Propriétaires d'Offices
Municipaux.
Autre du même jour , portant établiſſement
des droits à percevoir pendant fix années , qui
commenceront au premier Janvier 1759. fur les
Marchandifes & denrées entrant & fe fabriquant
dans la Ville , Fauxbourgs & Banlieue de Paris
, pour l'acquittement du Don gratuit ordonné
par Edit du mois d'Août 1758. & réunion deſdits
droits au Domaine de ladite Ville.
Autre du 12. pour la prife de poffeffion de
la Ferme des Droits rétablis , prorogés pour
douze années par Déclaration du 7. Juillet 1755.
à commencer du premier Janvier 1759. fous le
nom de Louis Parmentier.
Autre du 12. qui caffe deux Ordonnances rendues
par le Lieutenant Général de la Prévôté de
l'Hôtel , les 2. Novembre & f. Décembre 1758..
la premiere fur le réquifitoire du Procureur du
Roi , & la derniere fur la demande de la nommée
Mouton. Décharge le Fermier du droit fur
les fuifs , fes Commis , le fieur Petit , Procureur
& l'Huiffier Sarrot , de l'amende contre eux pro
JANVIER. 1759. 2 I'Y'
noncée : Et ordonne que toutes les difcuffions
relatives à la perception du droit du fol pour
livre fur les fuifs , feront portées devant Monfeur
Bertin .
> >
Il paroît une Ordonnance du Bureau des Finances
de la Généralité de Paris du 12. Décembre
, portant tres - expreffes inhibitions & délenfes
à tous Bateliers , Mariniers , Voituriers par
Eau & à tous autres de dépofer a l'avenir
aucune Pierre de Taille fur la Chaullée du Cours ,
à moins de fix pieds de diſtance du bord'exterieur
de ladite Chauffée , à peine de cent liv . d'amende
: & pareilles défenſes à tous Ouvriers travaillant
à la décharge des Batteaux qui voiturent lesdites:
Pierres , d'arracher aucuns Pavés ou Bordures
de ladite Chauffée , pour y enfoncer des pieux
& attacher les moulinets de leurs Vindas & Cabeftans
qui ne pourront pareillement être atta--
chés à une moindre diftance que de fix picds
defdites Bordures ; fous la même peine de cent
liv. d'amende , & même d'emprisonnement de
leur perfonne en cas de récidive .
Arrêt du Confeil du 17. qui ordonne l'exécution
de la Déclaration du 7. Juillet 1756. du
Tarify annexé , & des Arrêts du Confeil des
26. Novembre & 12. Décembre 1758. rendus
en conféquence : Evoque toutes les demandes &
conteftations nées & à naître fur la perception
& recouvrement des droits rétablis ; les renvoye
pardevant les fieurs Lieutenants Général de Police
& Prévôt des Marchands , chacun pour les
Parties qui les concernent, fauf l'appel au Confeil.
Autre du 24. qui ordonne que les Tirages de:
la Loterie de l'Ecole Royale Militaire , feront faits,
dorénavant en la grande Salle de l'Hôtel-de- .
Ville de Paris.
Autre du 26. qui commet Jean Faydi , pour
212 MERCURE DE FRANCE.
faire la Régie & recouvrement des fommes qui
doivent provenir de l'exécution de l'Edit du mois
d'Août dernier , portant établiſſement des Donsgratuits.
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Résumé : De Paris, le 23 Décembre.
Le document du 23 décembre décrit le retour des bataillons des Gardes-Françoises et des Gardes-Suisses de la campagne en Flandres. Plusieurs arrêts du Conseil d'État du Roi y sont mentionnés. Un arrêt du 21 novembre précédent ordonne le paiement des augmentations de gages pour les propriétaires d'offices, avec des échéances spécifiques. D'autres arrêts concernent la liquidation des finances et le remboursement des offices de la Capitainerie de Livry. Des décisions sont prises pour l'augmentation des fonds destinés à l'illumination et au nettoyement de Paris, ainsi que pour la prorogation des droits établis par un édit de 1743. Des mesures sont également adoptées pour le remboursement des propriétaires d'offices municipaux et l'établissement de nouveaux droits sur les marchandises à Paris. Une ordonnance du Bureau des Finances interdit le dépôt de pierres de taille à moins de six pieds de la chaussée du Cours, sous peine d'amende. Enfin, des arrêts ordonnent l'exécution de diverses déclarations et tarifs, et la désignation de commissaires pour différentes tâches administratives.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 203-205
De Londres, le 2 Janvier.
Début :
Les dernieres nouvelles venues de Hollande ont donné de l'inquiétude à notre [...]
Mots clefs :
Commissaires, Hollande, Traité, Comte, Lettres, Vaisseaux anglais, Violences, Cuba, Armée prussienne, Enrôlement, Amiral, Colonies américaines, Bataillons, Général Forbes, Jamaïque, Combat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Londres, le 2 Janvier.
De Londres , le i Janvier.
Les dernieres nouvelles venues de Hollan le
ont donné de l'inquiétude à notre miniftere ; &
on s'eft déterminé enfin à prendre des mesures
efficaces pour terminer les conteftations qui fe
font élévées entre les deux Nations . On affure
que les fieurs Hay & Hunter , Commiffaires de
l'Amirauté , doivent fe rendre inceſſamment à la
Haye. Ils font chargés , dit - on , de travailler
avec les Commiffaires de leurs Hautes Puiffances
à un arrangement dont le Traité de Commerce
de 1674 fera la bafe , & qui mettra déſormais
les Sujets de la République à l'abri des entrepriſes
qui font la matiére de leurs plaintes .
Le 25 du même mois , la Cour reçut un Courier
dépêché par le Comte de Briſtol , Envoyé-
Extraordinaire du Roi à la Cour de Madrid.
Tout ce qu'on fçait du contenu des Lettres que
ce Courier a apportées, c'eft que Le Miniſtere Efpagnol
a témoigné beaucoup de mécontentement
de la conduite de plufieurs vaiffeaux Anglois, qui
ont commis des hoftilités & des violences contre
les Habitans de l'Ifle de Cuba . Le Comte de Briftol
a repréſenté que le Gouvernement Anglois ,
loin d'approuver ces pirateries , étoit réfolu d'en
punir exemplairement les Auteurs , fi on pouvoir
les découvrir.
On affure qu'à la fin du mois de Février toutes
les armées Pruffiennes auront reçu les recrues
qui doivent les compléter , & qu'alors le Roi de
Pruffe aura deux cens mille hommes effectifs . Ce
Monarque a donné à plufieurs Armateurs Anglois
des commiffions , qui les autorisent à faire
des courfes contre fes ennemis. Les bâtimens feront
commandés par des Officiers Anglois , & les
équipages feront pris à Hambourg , à Bréme &
à Embden,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE
On compte recevoir bientôt des nouvelles - de
l'Eſcadre de l'Amiral Hughes ; & on defire beau--
coup d'apprendre le fuccès de l'expédition qu'il a
été chargé de tenter contre les Colonies Frangoiles
de la Martinique & de la Guadeloupe..
Notre Miniſtere ne croit pas que cette entreprife
puiffe manquer , parce que le plan a été
combiné avec bien de l'attention , & que les arrangemens
ont été pris avec beaucoup de pru
dence.
Trois bataillons des Gardes à pied , & divers
Régimens qui ont leurs quartiers en Angleterre
& en Irlande , ont reçu ordre de ſe tenir prêts à
s'embarquer pour les premiers jours du mois de
Mars. La flotte qui doit agir fur les côtes de
France , fera compofée de vingt vaiffeaux de ligne
, de plufieurs frégates , brulots , galiotes à
bombes , & d'un grand nombre de bâtimens de
transport..
Les dernieres Lettres de l'Amérique Septenarionale
nous ont appris que le Général Forbes
avoit été obligé de renoncer à la conquête du
Fort du Quefne , par une multitude d'accidens
imprévus, qui ont retardé la marche des troupes -
à fes ordres , & qui ont donné le temps aux :
Ennemis de fe mettre en défenſe .
On écrit de la Jamaïque que le 3 de Novem
bre dernier le vaiffeau de guerre Anglois le Buckingham
rencontra à la hauteur de l'Ile de
Montferrat une flotte de quinze vaiſſeaux Marchands
qui faifoient route de Saint Euſtache vers
la Martinique, & qui étoient eſcortés par le vaiffeau
de guerre François le Florissant & deux
frégates. Le Buckingham attaqua cette eſcorte, &
le combat dura deux heures fans aucun avanta➡-
de part ni d'autre. Ce vaiffeau fut obligé de
retirer après avoir eu dix hommes tues &
FEVRIER. 1759. 205
•
quarante bleffés. Pendant le combat les vailfeaux
Marchands firent force de voiles pour s'é
loigner , & ils font arrivés à leur deſtination.
Les dernieres nouvelles venues de Hollan le
ont donné de l'inquiétude à notre miniftere ; &
on s'eft déterminé enfin à prendre des mesures
efficaces pour terminer les conteftations qui fe
font élévées entre les deux Nations . On affure
que les fieurs Hay & Hunter , Commiffaires de
l'Amirauté , doivent fe rendre inceſſamment à la
Haye. Ils font chargés , dit - on , de travailler
avec les Commiffaires de leurs Hautes Puiffances
à un arrangement dont le Traité de Commerce
de 1674 fera la bafe , & qui mettra déſormais
les Sujets de la République à l'abri des entrepriſes
qui font la matiére de leurs plaintes .
Le 25 du même mois , la Cour reçut un Courier
dépêché par le Comte de Briſtol , Envoyé-
Extraordinaire du Roi à la Cour de Madrid.
Tout ce qu'on fçait du contenu des Lettres que
ce Courier a apportées, c'eft que Le Miniſtere Efpagnol
a témoigné beaucoup de mécontentement
de la conduite de plufieurs vaiffeaux Anglois, qui
ont commis des hoftilités & des violences contre
les Habitans de l'Ifle de Cuba . Le Comte de Briftol
a repréſenté que le Gouvernement Anglois ,
loin d'approuver ces pirateries , étoit réfolu d'en
punir exemplairement les Auteurs , fi on pouvoir
les découvrir.
On affure qu'à la fin du mois de Février toutes
les armées Pruffiennes auront reçu les recrues
qui doivent les compléter , & qu'alors le Roi de
Pruffe aura deux cens mille hommes effectifs . Ce
Monarque a donné à plufieurs Armateurs Anglois
des commiffions , qui les autorisent à faire
des courfes contre fes ennemis. Les bâtimens feront
commandés par des Officiers Anglois , & les
équipages feront pris à Hambourg , à Bréme &
à Embden,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE
On compte recevoir bientôt des nouvelles - de
l'Eſcadre de l'Amiral Hughes ; & on defire beau--
coup d'apprendre le fuccès de l'expédition qu'il a
été chargé de tenter contre les Colonies Frangoiles
de la Martinique & de la Guadeloupe..
Notre Miniſtere ne croit pas que cette entreprife
puiffe manquer , parce que le plan a été
combiné avec bien de l'attention , & que les arrangemens
ont été pris avec beaucoup de pru
dence.
Trois bataillons des Gardes à pied , & divers
Régimens qui ont leurs quartiers en Angleterre
& en Irlande , ont reçu ordre de ſe tenir prêts à
s'embarquer pour les premiers jours du mois de
Mars. La flotte qui doit agir fur les côtes de
France , fera compofée de vingt vaiffeaux de ligne
, de plufieurs frégates , brulots , galiotes à
bombes , & d'un grand nombre de bâtimens de
transport..
Les dernieres Lettres de l'Amérique Septenarionale
nous ont appris que le Général Forbes
avoit été obligé de renoncer à la conquête du
Fort du Quefne , par une multitude d'accidens
imprévus, qui ont retardé la marche des troupes -
à fes ordres , & qui ont donné le temps aux :
Ennemis de fe mettre en défenſe .
On écrit de la Jamaïque que le 3 de Novem
bre dernier le vaiffeau de guerre Anglois le Buckingham
rencontra à la hauteur de l'Ile de
Montferrat une flotte de quinze vaiſſeaux Marchands
qui faifoient route de Saint Euſtache vers
la Martinique, & qui étoient eſcortés par le vaiffeau
de guerre François le Florissant & deux
frégates. Le Buckingham attaqua cette eſcorte, &
le combat dura deux heures fans aucun avanta➡-
de part ni d'autre. Ce vaiffeau fut obligé de
retirer après avoir eu dix hommes tues &
FEVRIER. 1759. 205
•
quarante bleffés. Pendant le combat les vailfeaux
Marchands firent force de voiles pour s'é
loigner , & ils font arrivés à leur deſtination.
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Résumé : De Londres, le 2 Janvier.
En janvier, le ministère britannique a pris des mesures pour résoudre les conflits avec les Pays-Bas et l'Espagne. Des commissaires ont été envoyés à La Haye pour négocier sur la base du traité de commerce de 1674. Le comte de Bristol a signalé le mécontentement espagnol concernant des hostilités en Cuba, et le gouvernement britannique a promis de punir les responsables. À la fin février, les armées prussiennes devaient atteindre deux cents mille hommes, et le roi de Prusse a autorisé des armateurs anglais à recruter des équipages pour des courses contre ses ennemis. Le ministère britannique attendait des nouvelles de l'amiral Hughes concernant les colonies françaises de Martinique et Guadeloupe. Trois bataillons des Gardes à pied et divers régiments étaient prêts à s'embarquer début mars, avec une flotte composée de vingt vaisseaux de ligne et autres bâtiments pour agir sur les côtes françaises. En Amérique septentrionale, le général Forbes a renoncé à la conquête du Fort Duquesne. À la Jamaïque, le Buckingham a combattu une flotte française sans avantage pour aucune des parties.
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46
p. 205
De Paris, le 10 Mars.
Début :
Le 2 de ce mois, le Roi fit dans la plaine des Sablons, la revue [...]
Mots clefs :
Gardes suisses, Lieutenant général, Armée du roi, Bataillons, Compagnies, Artillerie, Canons, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Paris, le 10 Mars.
De Paris , le 10 Mars.
Le 2 de ce mois , le Roi fit dans la plaine des
Sablons , la revue du Régiment des Gardes-Françoifes
, & de celui des Gardes- Suiffes.
Le 28 Avril de l'année dernière , le fieur de
Lally , Lieutenant - Général des armées du Roi ,
débarqua à Pontichéry avec deux Bataillons de
fon Régiment , vers les deux heures après midi.
Le même jour à cinq heures , il détacha le
Comte d'Estaing avec deux Bataillons du Régiment
de Lorraine & trois cens hommes des Troupes
de l'Inde , pour aller inveftir Goudelour , &
partit dans la nuit avec un détachement du Corps
Royal de l'Artillerie , deux piéces de campagne ,
deux groffes piéces , & les deux Compagnies de
Grenadiers de fon Régiment , pour aller joindre
le Comte d'Estaing devant cette Ville , qui capitula
le quatrième jour.
Il fit tout de fuite inveftir le fort Saint-David;
& trois jour après fit emporter l'épée à la main
les trois forts qui en défendoient les approches. Les
difficultés du terrein ayant fufpendu l'arrivée
de l'Artillerie , il ne put faire ouvrir la tranchée
que le 20 Mai. Le fort Saint- David capitula le 2.
Juin , & la garnifon de fept ,cens vingt Anglois
& dix- fept cens Soldats noirs , a été faite priſonnière
de guerre.
Il envoya le même jour un détachement à onze
lieues du fort Saint- David à Divicottey , que la
garnifon Angloife avoit évacué.
Il s'eft trouvé cent quatre - vingt canons ou
mortiers , dans le fort Saint- David , & quatrevingt
piéces de canon dans Divicottey.
Le Marquis de Montmorency-Laval , Colonel
d'Infanterie , a été envoyé par le fieur de Lally ,
pour porter au Roi les détails de la prife des
forts.
Le 2 de ce mois , le Roi fit dans la plaine des
Sablons , la revue du Régiment des Gardes-Françoifes
, & de celui des Gardes- Suiffes.
Le 28 Avril de l'année dernière , le fieur de
Lally , Lieutenant - Général des armées du Roi ,
débarqua à Pontichéry avec deux Bataillons de
fon Régiment , vers les deux heures après midi.
Le même jour à cinq heures , il détacha le
Comte d'Estaing avec deux Bataillons du Régiment
de Lorraine & trois cens hommes des Troupes
de l'Inde , pour aller inveftir Goudelour , &
partit dans la nuit avec un détachement du Corps
Royal de l'Artillerie , deux piéces de campagne ,
deux groffes piéces , & les deux Compagnies de
Grenadiers de fon Régiment , pour aller joindre
le Comte d'Estaing devant cette Ville , qui capitula
le quatrième jour.
Il fit tout de fuite inveftir le fort Saint-David;
& trois jour après fit emporter l'épée à la main
les trois forts qui en défendoient les approches. Les
difficultés du terrein ayant fufpendu l'arrivée
de l'Artillerie , il ne put faire ouvrir la tranchée
que le 20 Mai. Le fort Saint- David capitula le 2.
Juin , & la garnifon de fept ,cens vingt Anglois
& dix- fept cens Soldats noirs , a été faite priſonnière
de guerre.
Il envoya le même jour un détachement à onze
lieues du fort Saint- David à Divicottey , que la
garnifon Angloife avoit évacué.
Il s'eft trouvé cent quatre - vingt canons ou
mortiers , dans le fort Saint- David , & quatrevingt
piéces de canon dans Divicottey.
Le Marquis de Montmorency-Laval , Colonel
d'Infanterie , a été envoyé par le fieur de Lally ,
pour porter au Roi les détails de la prife des
forts.
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Résumé : De Paris, le 10 Mars.
Le 2 mars, le Roi passa en revue les régiments des Gardes-Françoises et des Gardes-Suisses à la plaine des Sablons. En avril de l'année précédente, le lieutenant-général Thomas Arthur de Lally, baron de Tollendal, débarqua à Pondichéry avec deux bataillons de son régiment. Le même jour, il envoya le comte d'Estaing avec des troupes pour investir Goudelour, que d'Estaing prit le quatrième jour. Lally investit ensuite le fort Saint-David et prit trois forts environnants en trois jours. En raison des difficultés du terrain, l'artillerie n'arriva que le 20 mai. Le fort Saint-David capitula le 2 juin, rendant prisonniers 720 Anglais et 170 soldats noirs. Lally envoya également un détachement à Divicottey, où il trouva 180 canons ou mortiers et 80 pièces d'artillerie. Le marquis de Montmorency-Laval fut chargé d'informer le Roi de ces détails.
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47
p. 204
DE BRESLAU, le 6 Mars.
Début :
Un corps de troupes composé de 6 Bataillons & de 15 Escadrons, est entré en Pologne [...]
Mots clefs :
Bataillons, Escadrons, Troupes, Pologne, Prince, Officiers, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE BRESLAU, le 6 Mars.
DE BRESLAU, le 6 Mars.
UN corps de troupes compoſt de 6 Bataillons
& de 15 Efcadrons , eft entré en Pologne fur deux
Colonnes . Ils ont arrêté à Veiffen le Prince Sulkowski
, qui a été conduit à Glogau . On a défarmé
les Grenadiers & fes Dragons au nombre
d'environ 300 & on les a forcé d'entrer au fervice
du Roi de Pruffe,, à l'exception des Officiers auxquels
on a laiffé la liberté.
UN corps de troupes compoſt de 6 Bataillons
& de 15 Efcadrons , eft entré en Pologne fur deux
Colonnes . Ils ont arrêté à Veiffen le Prince Sulkowski
, qui a été conduit à Glogau . On a défarmé
les Grenadiers & fes Dragons au nombre
d'environ 300 & on les a forcé d'entrer au fervice
du Roi de Pruffe,, à l'exception des Officiers auxquels
on a laiffé la liberté.
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48
p. 209-210
De Paris, le 31 Mars.
Début :
Quatre Batillons des Gardes-Françoises sont partis d'ici les 20, [...]
Mots clefs :
Bataillons, Gardes suisses, Colonel, Détachement, Provisions, La Rochelle, Négociants, Ordonnance, Corps des saxons, Officiers, Menaces
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Paris, le 31 Mars.
De Paris , le 31 Mars.
Quatre Batillons des Gardes - Françoiſes font
partis d'ici les 20 , 22 , 24 & 26 de ce mois , pour
S. Omer ; & deux Bataillons des Gardes- Suiffes fe
font mis en marche les 28 & 30 pour se rendre à
Aire. Le fieur de Dalke , Colonel , qui a été envoyé
210 MERCURE DE FRANCE.
avec un Détachement vers Pofen , a mandé que
l'ennemi entra à Pofen le 28 Février. Son princi
pal objet étoit de s'emparer des provifions qu'on
y avoit raffemblées , & qui étoient bien moins confidérables
qu'ils ne l'avoient cru . Ils s'en faifirent ,
& firent jetter dans l'eau une partie des bleds , &
difpersèrent le reſte.
Du 7 Avril.
Sa Majesté étant informée des ſervices qu'ont
rendus les Négocians de la Ville de la Rochelle ,
& du zéle qu'ils ont montré pour la défenſe des
Côtes , & voulant leur en montrer fa fatisfaction ,
Elle a ordonné qu'il fera formé entre les Négocians
de la Ville de la Rochelle , un Corps de deux
cens Volontaires , fous le titre de Volontaires
d'Aunis , dont Sa Majeſté a donné le Commandement
au fieur de Selines , Lieutenant- Colonel
d'Infanterie,
Le Roi a rendu une autre Ordonnance concernant
le Corps des Saxons , au Service de Sa Majefté
, où Elle déclare que , fi le Roi de Pruffe
entreprenoit d'exécuter les menaces qu'il a faites
aux Généraux & Officiers des Troupes Saxonnes
qui font à fon Service en qualité d'auxiliaires
& dont la conduite eft pleinement juſtifiée , il
expoferoit fes Troupes à un traitement réciproque
, dont Elle efpére que ce Prince les garantira
, par la juftice qu'il rendra auxdits Généraux
& Officiers.
Quatre Batillons des Gardes - Françoiſes font
partis d'ici les 20 , 22 , 24 & 26 de ce mois , pour
S. Omer ; & deux Bataillons des Gardes- Suiffes fe
font mis en marche les 28 & 30 pour se rendre à
Aire. Le fieur de Dalke , Colonel , qui a été envoyé
210 MERCURE DE FRANCE.
avec un Détachement vers Pofen , a mandé que
l'ennemi entra à Pofen le 28 Février. Son princi
pal objet étoit de s'emparer des provifions qu'on
y avoit raffemblées , & qui étoient bien moins confidérables
qu'ils ne l'avoient cru . Ils s'en faifirent ,
& firent jetter dans l'eau une partie des bleds , &
difpersèrent le reſte.
Du 7 Avril.
Sa Majesté étant informée des ſervices qu'ont
rendus les Négocians de la Ville de la Rochelle ,
& du zéle qu'ils ont montré pour la défenſe des
Côtes , & voulant leur en montrer fa fatisfaction ,
Elle a ordonné qu'il fera formé entre les Négocians
de la Ville de la Rochelle , un Corps de deux
cens Volontaires , fous le titre de Volontaires
d'Aunis , dont Sa Majeſté a donné le Commandement
au fieur de Selines , Lieutenant- Colonel
d'Infanterie,
Le Roi a rendu une autre Ordonnance concernant
le Corps des Saxons , au Service de Sa Majefté
, où Elle déclare que , fi le Roi de Pruffe
entreprenoit d'exécuter les menaces qu'il a faites
aux Généraux & Officiers des Troupes Saxonnes
qui font à fon Service en qualité d'auxiliaires
& dont la conduite eft pleinement juſtifiée , il
expoferoit fes Troupes à un traitement réciproque
, dont Elle efpére que ce Prince les garantira
, par la juftice qu'il rendra auxdits Généraux
& Officiers.
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Résumé : De Paris, le 31 Mars.
Au printemps 1748, plusieurs mouvements militaires ont eu lieu en France. Du 20 au 26 mars, quatre bataillons des Gardes-Françaises se sont déplacés de Paris vers Saint-Omer, tandis que deux bataillons des Gardes-Suisses ont rejoint Aire les 28 et 30 mars. Le colonel Dalke a signalé que l'ennemi avait pris Posen le 28 février pour s'emparer des provisions, mais celles-ci étaient moins abondantes que prévu. Les ennemis ont détruit une partie des blés et dispersé le reste. Le 7 avril, le roi a reconnu les services des négociants de La Rochelle pour la défense des côtes et a créé un corps de deux cents volontaires, les 'Volontaires d'Aunis', sous le commandement du lieutenant-colonel de Selines. De plus, le roi a émis une ordonnance stipulant que toute action hostile du roi de Prusse envers les généraux et officiers saxons serait réciproquement sanctionnée.
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49
p. 198-200
DE VERSAILLES, le 12 Avril.
Début :
Le Roi a chargé de l'Inspection générale des Bataillons de Milice, [...]
Mots clefs :
Bataillons, Armée, Inspection, Grade, Nominations, Compagnie, Prince, Camp, Lieutenant, Comtesse, Abbaye, Ordre, Diocèse, Abbé, Religieuse
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texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES, le 12 Avril.
De VERSAILLEs, le 12 Avril.
Les tira sº •
-
M A I. 1759. 1 99
•
Bataillons de Milice, actuellement employés dans
l'Armée du Bas - Rhin, le ſieur Merlet, ancien
Lieutenant-Colonel d'Infanterie, & commandant
les Milices de la Ville de Paris Le ſieur de la
Caze , Premier-Préſident du Parlement de Pau,
a prété ſerment entre les mains de Sa Majeſté.
Le premier de ce mois, le Roi a élevé au Grade
de Sousbrigadier dans les Gardes de ſon Corps,
dans la Compagnie que commande M. le Prince
de Beauvau, M. Deſoûſlamontier , au lieu & pla
ce de M. de Bachaſſon.
-
Nota. On a omis dans la Liſte des Maréchaux
de Camp de la derniere promotion , le Marquis
de Gantès, qui eſt employé en cette qualité dans
le Dauphiné.
-Du 19.
: Le Roi a nommé Inſpecteur général des Ré
gimens d'Infanterie Irlandoiſe & Ecoſſoiſe, le
Comte de Rothe, Lieutenant Général de ſes Ar
mées, & Colonei du Régiment d'Infanterie Irlan
doiſe de ſon nom.
La Comteſſe de Chabannes Curton , Fille de
M. Daniel de Talleyrand-Perigord, Marquis de
Talleyrand, a été nommée par Sa Majeſté, Dame
de Compagnie de Madame.
Le Roi a donné l'Abbaye de Noirlac, Ordre
de Cîteaux, Diocèſe de Bourges, à l'Abbé de Lu
·berſac, vicaire Général du Diocèſe de Toulouſe.
L'Abbaye de S. Pierre de Beaulieu, Ordre de
S. Benoît, Diocèſe de Limoges , à l'Abbé de Ga
briac , Vicaire Général du Diocèſe de Sens ; celle
de Previlly , Ordre de S. Benoît , Diocèſe de
Tours, à l'Abbé Thomas, Grand Aumônier &
Chanoine de la Cathédrale de Metz.
Le Prieuré de la Trinité de Fougeres, Ordre
de S. Benoît, Diocèſe de Rennes #º de
ly
2 eo ME RCU R E DE P RA N CE.
\
Goyon , Aumônier de Madame, Vicaire Général
du Diocèſe de Leon.
L'Abbaye de Faremoutiers, Ordre de S. Be
n°ît, Diocèſe de Meaux , à la Dame le Nor
mand , Abbeſſe de Gercy.
Et l'Abbaye de Gercy , Ordre de S. Benoît,
Dioceſe de l'aris , à la Dame de Braque , Reli
gieuſe du Monaſtère de S. Nicolas de Compiégne.
Les tira sº •
-
M A I. 1759. 1 99
•
Bataillons de Milice, actuellement employés dans
l'Armée du Bas - Rhin, le ſieur Merlet, ancien
Lieutenant-Colonel d'Infanterie, & commandant
les Milices de la Ville de Paris Le ſieur de la
Caze , Premier-Préſident du Parlement de Pau,
a prété ſerment entre les mains de Sa Majeſté.
Le premier de ce mois, le Roi a élevé au Grade
de Sousbrigadier dans les Gardes de ſon Corps,
dans la Compagnie que commande M. le Prince
de Beauvau, M. Deſoûſlamontier , au lieu & pla
ce de M. de Bachaſſon.
-
Nota. On a omis dans la Liſte des Maréchaux
de Camp de la derniere promotion , le Marquis
de Gantès, qui eſt employé en cette qualité dans
le Dauphiné.
-Du 19.
: Le Roi a nommé Inſpecteur général des Ré
gimens d'Infanterie Irlandoiſe & Ecoſſoiſe, le
Comte de Rothe, Lieutenant Général de ſes Ar
mées, & Colonei du Régiment d'Infanterie Irlan
doiſe de ſon nom.
La Comteſſe de Chabannes Curton , Fille de
M. Daniel de Talleyrand-Perigord, Marquis de
Talleyrand, a été nommée par Sa Majeſté, Dame
de Compagnie de Madame.
Le Roi a donné l'Abbaye de Noirlac, Ordre
de Cîteaux, Diocèſe de Bourges, à l'Abbé de Lu
·berſac, vicaire Général du Diocèſe de Toulouſe.
L'Abbaye de S. Pierre de Beaulieu, Ordre de
S. Benoît, Diocèſe de Limoges , à l'Abbé de Ga
briac , Vicaire Général du Diocèſe de Sens ; celle
de Previlly , Ordre de S. Benoît , Diocèſe de
Tours, à l'Abbé Thomas, Grand Aumônier &
Chanoine de la Cathédrale de Metz.
Le Prieuré de la Trinité de Fougeres, Ordre
de S. Benoît, Diocèſe de Rennes #º de
ly
2 eo ME RCU R E DE P RA N CE.
\
Goyon , Aumônier de Madame, Vicaire Général
du Diocèſe de Leon.
L'Abbaye de Faremoutiers, Ordre de S. Be
n°ît, Diocèſe de Meaux , à la Dame le Nor
mand , Abbeſſe de Gercy.
Et l'Abbaye de Gercy , Ordre de S. Benoît,
Dioceſe de l'aris , à la Dame de Braque , Reli
gieuſe du Monaſtère de S. Nicolas de Compiégne.
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Résumé : DE VERSAILLES, le 12 Avril.
Le document du 12 avril 1759 mentionne plusieurs nominations et promotions au sein de l'armée et de la cour royale. Le sieur Merlet, ancien Lieutenant-Colonel d'Infanterie, et le sieur de la Caze, Premier-Président du Parlement de Pau, ont prêté serment au roi. M. Desoûslamontier a été promu Sousbrigadier dans les Gardes du Corps, succédant à M. de Bachasson. Une omission a été relevée dans la liste des Maréchaux de Camp, incluant le Marquis de Gantès, employé dans le Dauphiné. Le 19 avril, le Comte de Rothe a été nommé Inspecteur général des Régiments d'Infanterie Irlandoise et Écossaise. La Comtesse de Chabannes Curton, fille de M. Daniel de Talleyrand-Perigord, a été nommée Dame de Compagnie de Madame. Diverses abbayes et prieurés ont été attribués, notamment l'Abbaye de Noirlac à l'Abbé de Lubersac, l'Abbaye de Saint-Pierre de Beaulieu à l'Abbé de Gabriac, et l'Abbaye de Faremoutiers à la Dame le Normand.
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50
p. 212-213
DE PARIS, le 5 Mai.
Début :
La Compagnie des Intéressés au Canal de Provence, est obligée d'avertir tous les [...]
Mots clefs :
Actions, Canal de Provence, Arrêts, Ordonnance du roi, Corps royal d'artillerie, Service, Bataillons, Provence, Milice, Maréchal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 5 Mai.
De PARIS , le Mai.
La Compagnie des Intéreffés au Canal de Proeft
obligée d'avertir tous les Porteurs d'acvence
,
越
1
213
JUIN. 1759.
tions établies fur l'entreprise de ce Canal , que conformément
aux Arrêts rendus le 23 Janvier & le
Avril de cette année , dans la Chambre des
Eaux & Forêts du Parlement d'Aix , ils doivent
avant le 9 du prochain mois deJuin , dépofer leurs
actions à Paris chez le fieur Therese , Notaire, rue
du Roule , & à Aix chez le fieur Pontier ; toutes
les actions qui ne feront pas déposées avant ce
terme , feront réduites à la moitié de leur valeur.
Du 12.
On vient de publier une Ordonnance du Roi ,
en date du 2 du mois dernier , portant Réglement
pour le fervice du Corps Royal de l'Artillerie. Cette
Ordonnance eft divifée en trois parties. La premiere
traite du ſervice en général , la feconde régle
le fervice dans les places , & la troiſiéme a
pour objet le fervice en campagne. 3
On écrit de Marfeille que les fix Bataillons.des
troupes du Roi , qui étoient en Corfe , doivent arriver
inceffamment en Provence . Ce renfort, joint
aux autres troupes qui font dans cette Province ,
formera un corps de dix-huit Bataillons. Il y a de
plus , quatre mille Gardes- Côtes , & une Milice
Bourgeoife de cinq mille hommes , que la Ville
'de Marfeille vient de lever. Le Maréchal de Thomond
a fait mettre en bon état toutes les batteries
qui font fur les côtes de la Méditerrannée. Il a
en Languedoc vingt - cinq Bataillons , & il a fait
un choix parmi les Milices du pays , d'un corps de
cinq mille hommes , qui fe porteront avec promp
titude par- tout où la néceſſité l'exigèra .
La Compagnie des Intéreffés au Canal de Proeft
obligée d'avertir tous les Porteurs d'acvence
,
越
1
213
JUIN. 1759.
tions établies fur l'entreprise de ce Canal , que conformément
aux Arrêts rendus le 23 Janvier & le
Avril de cette année , dans la Chambre des
Eaux & Forêts du Parlement d'Aix , ils doivent
avant le 9 du prochain mois deJuin , dépofer leurs
actions à Paris chez le fieur Therese , Notaire, rue
du Roule , & à Aix chez le fieur Pontier ; toutes
les actions qui ne feront pas déposées avant ce
terme , feront réduites à la moitié de leur valeur.
Du 12.
On vient de publier une Ordonnance du Roi ,
en date du 2 du mois dernier , portant Réglement
pour le fervice du Corps Royal de l'Artillerie. Cette
Ordonnance eft divifée en trois parties. La premiere
traite du ſervice en général , la feconde régle
le fervice dans les places , & la troiſiéme a
pour objet le fervice en campagne. 3
On écrit de Marfeille que les fix Bataillons.des
troupes du Roi , qui étoient en Corfe , doivent arriver
inceffamment en Provence . Ce renfort, joint
aux autres troupes qui font dans cette Province ,
formera un corps de dix-huit Bataillons. Il y a de
plus , quatre mille Gardes- Côtes , & une Milice
Bourgeoife de cinq mille hommes , que la Ville
'de Marfeille vient de lever. Le Maréchal de Thomond
a fait mettre en bon état toutes les batteries
qui font fur les côtes de la Méditerrannée. Il a
en Languedoc vingt - cinq Bataillons , & il a fait
un choix parmi les Milices du pays , d'un corps de
cinq mille hommes , qui fe porteront avec promp
titude par- tout où la néceſſité l'exigèra .
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Résumé : DE PARIS, le 5 Mai.
L'avis de la Compagnie des Intérêffés au Canal de Proeft, daté du 21 juin 1759, informe les porteurs d'actions qu'ils doivent déposer leurs titres avant le 9 juin suivant chez le notaire Therese à Paris ou Pontier à Aix, conformément aux arrêts du Parlement d'Aix de janvier et avril 1759. Les actions non déposées seront réduites de moitié. Par ailleurs, une ordonnance royale du 2 mai 1759 régit le service du Corps Royal de l'Artillerie, divisé en trois parties : le service en général, le service dans les places et le service en campagne. Des nouvelles de Marseille rapportent l'arrivée de six bataillons du roi en Provence, portant le total des troupes à dix-huit bataillons. De plus, quatre mille Gardes-Côtes et une milice bourgeoise de cinq mille hommes ont été levés. Le maréchal de Thomond a préparé des batteries sur les côtes méditerranéennes et rassemblé vingt-cinq bataillons en Languedoc, ainsi qu'une milice de cinq mille hommes prête à intervenir.
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