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1
p. 84-86
Devise sur le mesme Sujet. [titre d'après la table]
Début :
J'adjoûte à ces Vers une Devise qui a esté [...]
Mots clefs :
Devise, Latin, Vers
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texteReconnaissance textuelle : Devise sur le mesme Sujet. [titre d'après la table]
J'ajoûte à ces Vers une De- vi'equia eſté faite pourMon- fieur,&que beaucoup de Gés d'eſprit ont eftimée. Elle a pour corps une Lune qui entre dans les Signes du Soleil , &voicy lesParoles qui luy ferventd'a- me. Sequitur veftigia Fratris.
Pardonnez -moy ces trois mots LatinsMadame. Quand ils ſe
GALANT. 63 roient d'une Langue entiere+
ment inconnue pour yous ,
vous n'auriez beſoin pour les entendre , que du dernier de ces fixVers qui font audeffous de laDeviſe.
Tant de Monstres divers ne
Sçauroient arreſter
Ce bel Aftre dans ſa carriere :
Maisplein deforce &de lumiere,
Nous voyons quefims s'écarter,
Dés qu'il paroiſt ſfur IHemif- phere ,
Il ſuit fidellement les traces de SonFrere.Je croy qu'il feroit difficile de donner à Monfieur une plus forte loüange. En effet,
ſuivre les traces du Grand
Loürs , c'eſt aller plus loin que
F 2
64 LE MERCVRE
les plus fameux Conquerans n'ont jamais efté. Nosbeaux Eſprits s'exercent encor tous lesjours fur une ſi vaſte matiere. Je ne vous envoye point ce qu
Pardonnez -moy ces trois mots LatinsMadame. Quand ils ſe
GALANT. 63 roient d'une Langue entiere+
ment inconnue pour yous ,
vous n'auriez beſoin pour les entendre , que du dernier de ces fixVers qui font audeffous de laDeviſe.
Tant de Monstres divers ne
Sçauroient arreſter
Ce bel Aftre dans ſa carriere :
Maisplein deforce &de lumiere,
Nous voyons quefims s'écarter,
Dés qu'il paroiſt ſfur IHemif- phere ,
Il ſuit fidellement les traces de SonFrere.Je croy qu'il feroit difficile de donner à Monfieur une plus forte loüange. En effet,
ſuivre les traces du Grand
Loürs , c'eſt aller plus loin que
F 2
64 LE MERCVRE
les plus fameux Conquerans n'ont jamais efté. Nosbeaux Eſprits s'exercent encor tous lesjours fur une ſi vaſte matiere. Je ne vous envoye point ce qu
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Résumé : Devise sur le mesme Sujet. [titre d'après la table]
Le texte présente une devise composée pour un individu de haut rang, appréciée par plusieurs esprits éclairés. Cette devise est illustrée par des vers et une explication. Elle décrit une Lune suivant les traces du Soleil, symbolisant la fidélité et la loyauté. Les vers soulignent que divers obstacles ne peuvent arrêter cette fidélité, et que la lumière et la force permettent à la Lune de suivre le Soleil. L'auteur considère que suivre les traces du Grand Louis (Louis XIV) est une louange suprême, dépassant les plus grands conquérants. Il mentionne également que des esprits brillants continuent de s'exercer sur ce sujet vaste et important. Le texte se termine par une phrase inachevée indiquant que l'auteur ne transmet pas certaines informations.
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2
p. 22-24
« Voicy un Sonnet fort heureusement remply, sur les / Estre en tout & par tout NON IMPAR omnibus, [...] »
Début :
Voicy un Sonnet fort heureusement remply, sur les / Estre en tout & par tout NON IMPAR omnibus, [...]
Mots clefs :
Bouts-rimés, Latin, Art de parler, Hercule, Ennemi, Univers, Peuple, Gouverner, Valeur
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texteReconnaissance textuelle : « Voicy un Sonnet fort heureusement remply, sur les / Estre en tout & par tout NON IMPAR omnibus, [...] »
Voicy un Sonnet fort heureufement
remply , fur les
GALANT. 23
Bouts- rimez Latins qui ont
cours: Comme il eft fait pour
le Roy , il ne fçauroit manquer
de vous plaire . M ' Blanchard
, Curé de Fiffé aux En--
virons de Dijon , en eft l'Autheur.
E
"Stre en tout par tout NON
... IMPARC omnibus,
Sçavoir l'Art de parler, fans rien dire
qui fâche,
Pourfa gloire& l'Etat travaillerfans .
relâche ,
Plus qu ' Hercule jadis , faire tefte
tribus. "
$2
Contraindre l'Ennemy de ramper
comme un lâche ,
24 MERCURE
Effre dans l'Univers ce qu'au Ciel eft
Phoebus,
Faire parfon espritplusqueparfon
quibus ,
Qu'au milieu des Lauriersfon Peuplebaive
& mâche.
༡ .
Quoy que ten,ohrs vainqueur ,faire
la Paix , item
La donner, la régler, d'eft- là lé tu.
autem
Regner gouvernerful
, & commander
fans irez.
S
N'ouir de fes Sujets que
vivat &
qu'amo,
Faire par fa valeur plus qu'on ne
Scauroit lire,
C'est plus que Peliffon n'en dira ca--
lamo.
remply , fur les
GALANT. 23
Bouts- rimez Latins qui ont
cours: Comme il eft fait pour
le Roy , il ne fçauroit manquer
de vous plaire . M ' Blanchard
, Curé de Fiffé aux En--
virons de Dijon , en eft l'Autheur.
E
"Stre en tout par tout NON
... IMPARC omnibus,
Sçavoir l'Art de parler, fans rien dire
qui fâche,
Pourfa gloire& l'Etat travaillerfans .
relâche ,
Plus qu ' Hercule jadis , faire tefte
tribus. "
$2
Contraindre l'Ennemy de ramper
comme un lâche ,
24 MERCURE
Effre dans l'Univers ce qu'au Ciel eft
Phoebus,
Faire parfon espritplusqueparfon
quibus ,
Qu'au milieu des Lauriersfon Peuplebaive
& mâche.
༡ .
Quoy que ten,ohrs vainqueur ,faire
la Paix , item
La donner, la régler, d'eft- là lé tu.
autem
Regner gouvernerful
, & commander
fans irez.
S
N'ouir de fes Sujets que
vivat &
qu'amo,
Faire par fa valeur plus qu'on ne
Scauroit lire,
C'est plus que Peliffon n'en dira ca--
lamo.
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Résumé : « Voicy un Sonnet fort heureusement remply, sur les / Estre en tout & par tout NON IMPAR omnibus, [...] »
Le sonnet 'Voicy un Sonnet fort heureufement' de M. Blanchard, curé de Fiffé, utilise des bouts-rimés latins. Il loue un souverain maître de l'art de parler sans offenser, travaillant pour la gloire et l'État. Le poème évoque la soumission de l'ennemi, l'inspiration de la paix et un règne sage. Le souverain est décrit comme un vainqueur pacifique, gouvernant avec amour et sagesse, sa valeur dépassant les mots.
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3
p. 45-48
EXTRAIT.
Début :
Monsieur Cousin, President en la Cour des Monnoyes, & l'un des [...]
Mots clefs :
Discours, Abbaye, Latin, Bibliothèques
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT.
EXTRAIT.
Monsieur Cousin, Prefident
en la Cour des Monnoyes,
& l'un des quarante
de l'Academie Françoise
, a laissé en mourant à
l'Abbaye S. Victor, saBibliotheque
qui estoit nombreuse
,,
choisie, & dont il
avoit fait un excellent usage
durant sa vie. Il a fondé
dans la mesme Abbaye un
Discours Latin qui se fait
tous les ans par un Chanoine
de cette Abbaye. Mr
l'Abbé deLonguëil acquita
cette Fondation le 2 4.
Février jour de saint Matthias
, & fit un Discours
très-éloquent
,
& qui fut
prononcé avec beaucoup
de grace. Aprés avoir fait
unExordesur l'utilité des
Bibliotheques dans lequel
il fit entrer l'éloge des personnes
qui ont augmenté
celle de S. Victor
, ôcen
particulier celuy de Mr le
President Cousin. Il divisa
son Discours en deux propositions.
Il prouva dans la.
premiere que pour tirer ura
veritable fruit de ses estudes,
il ne falloiressentiellement
embrasser qu'un seul
genre de science dans lequel
il estoit plus à propos
d'exceller que d'estre mediocre
& superficiel en tout
genre, & il ajousta que
pour le choix on devoit
consulter sa vocation & ses
talents, sanstenter de forcer
la nature, & sans (a
rendre esclave du nom, du
rang & de la profession de
ses peres.
"I Dans la ic partie de son
Discours il donna des regles
particulieres pour Te-
Rude
, & prescrivit l'ordre
,la méthode, l'arangement
& les gradations, &
mesme les relaschementsqu'il
falloit observer en
travaillant. Il finitenexhortant
ceux qui se dessinoient
àl'estuded'enconsacrer
l'usage
,
& de s'ap-
- pliquer par preference aux
sujets qui pouvoient instruire
& édifier.
L'élegance du Latin,les
graces de
-
l'Orateur , & la
maniere ingenieuse avec
laquelleMr l'Abbé deLon-
,
guëil traita son su jet contribuèrentégalement
au
succez de son Discours.
Monsieur Cousin, Prefident
en la Cour des Monnoyes,
& l'un des quarante
de l'Academie Françoise
, a laissé en mourant à
l'Abbaye S. Victor, saBibliotheque
qui estoit nombreuse
,,
choisie, & dont il
avoit fait un excellent usage
durant sa vie. Il a fondé
dans la mesme Abbaye un
Discours Latin qui se fait
tous les ans par un Chanoine
de cette Abbaye. Mr
l'Abbé deLonguëil acquita
cette Fondation le 2 4.
Février jour de saint Matthias
, & fit un Discours
très-éloquent
,
& qui fut
prononcé avec beaucoup
de grace. Aprés avoir fait
unExordesur l'utilité des
Bibliotheques dans lequel
il fit entrer l'éloge des personnes
qui ont augmenté
celle de S. Victor
, ôcen
particulier celuy de Mr le
President Cousin. Il divisa
son Discours en deux propositions.
Il prouva dans la.
premiere que pour tirer ura
veritable fruit de ses estudes,
il ne falloiressentiellement
embrasser qu'un seul
genre de science dans lequel
il estoit plus à propos
d'exceller que d'estre mediocre
& superficiel en tout
genre, & il ajousta que
pour le choix on devoit
consulter sa vocation & ses
talents, sanstenter de forcer
la nature, & sans (a
rendre esclave du nom, du
rang & de la profession de
ses peres.
"I Dans la ic partie de son
Discours il donna des regles
particulieres pour Te-
Rude
, & prescrivit l'ordre
,la méthode, l'arangement
& les gradations, &
mesme les relaschementsqu'il
falloit observer en
travaillant. Il finitenexhortant
ceux qui se dessinoient
àl'estuded'enconsacrer
l'usage
,
& de s'ap-
- pliquer par preference aux
sujets qui pouvoient instruire
& édifier.
L'élegance du Latin,les
graces de
-
l'Orateur , & la
maniere ingenieuse avec
laquelleMr l'Abbé deLon-
,
guëil traita son su jet contribuèrentégalement
au
succez de son Discours.
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Résumé : EXTRAIT.
Le texte décrit la donation de la bibliothèque de Victor Cousin, Président à la Cour des Monnoyes et membre de l'Académie Française, à l'Abbaye Saint-Victor. Cousin avait fondé un discours latin annuel à prononcer par un chanoine de l'abbaye. Le 24 février, l'Abbé de Longuëil acquit cette fondation et prononça un discours élogieux. Il souligna l'utilité des bibliothèques et rendit hommage à Cousin. Son discours se structurait en deux propositions : la première insistait sur l'importance de se concentrer sur un seul genre de science en fonction de sa vocation et de ses talents. La seconde proposait des règles spécifiques pour l'étude, incluant l'ordre, la méthode, l'arrangement, les gradations et les moments de repos. L'Abbé exhorta les étudiants à se consacrer à des sujets instructifs et édifiants. Son élocution en latin, ses grâces oratoires et son traitement ingénieux du sujet contribuèrent au succès de son discours.
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4
p. 971-972
Lettre de M. *** écrite de Grenoble.
Début :
Voulez-vous bien me permettre, Monsieur, de vous demander des nouvelles de la Méthode [...]
Mots clefs :
Latin, Français
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texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. *** écrite de Grenoble.
Avertiffement à M. de Boyle , au sujet
de fon Microscope.
IN des Membres de la Societé des Arts , a
UNtrouvé la conftruction d'un Microſcope par
refléxion avec deux ou avec quatre Miroirs. On
pourroit juger que c'eft le Microſcope de M. de
Boyle , avec lequel il prétendoit découvrir des
animaux dans le fang , & qui fit tant de bruit
à Paris en 1727. mais comme M. de Boyle a toujours
conftamment refufé toute comparaison
d'autre Microſcope avec le fien , il y a lieu de
croire qu'il ne groffiffoit pas plus que les Microf
copes connus , & que les Miroirs dont il ſe ſervoit
MAY. 1730. 971.
voit , ne lui étoient utiles que pour apporter aux
objets une lumiere moderée , afin de les faire voir
avec netteté & diftinction .
Quoiqu'il en feit, on ne fçait pas fi le Microf
cope trouvé eft le même que celui de M. de Boyle,
ce qu'il y a de certain, c'eft qu'on a été obligé de
lui donner la même figure exterieure pour pro-,
duire les effets que l'on attendoit , qu'il groffic
prodigieufement les objets , & qu'il les prefente
avec beaucoup de clarté & de diftinction.
L'inventeur du nouveau Microſcope eft perfuadé
qu'on ne préfumera pas que M. de Boyle lui
ait communiqué fon fecret , les précautions qu'il
prenoit pour le cacher à tout le monde , mettent
PInventeur à couvert de ce foupçon ; il eft cependant
bien-aife, avant que de donner la defcription
ce Microſcope , d'avertir ici M. de Boyle , que
s'il veut jouir de l'honneur de fa découverte , il
faut qu'il la donne au Public dans trois mois , ૩ .
compter de ce jour , temps qui paroît fuffifant
pour la diftance qu'il y a de Paris à Rouen. Si
M.de Boyle garde le filence dans cette conjoncture,
il laiffera au Public la liberté de croire qu'il n'a
aucune prétention à l'honneur de cette Découverte.
de fon Microscope.
IN des Membres de la Societé des Arts , a
UNtrouvé la conftruction d'un Microſcope par
refléxion avec deux ou avec quatre Miroirs. On
pourroit juger que c'eft le Microſcope de M. de
Boyle , avec lequel il prétendoit découvrir des
animaux dans le fang , & qui fit tant de bruit
à Paris en 1727. mais comme M. de Boyle a toujours
conftamment refufé toute comparaison
d'autre Microſcope avec le fien , il y a lieu de
croire qu'il ne groffiffoit pas plus que les Microf
copes connus , & que les Miroirs dont il ſe ſervoit
MAY. 1730. 971.
voit , ne lui étoient utiles que pour apporter aux
objets une lumiere moderée , afin de les faire voir
avec netteté & diftinction .
Quoiqu'il en feit, on ne fçait pas fi le Microf
cope trouvé eft le même que celui de M. de Boyle,
ce qu'il y a de certain, c'eft qu'on a été obligé de
lui donner la même figure exterieure pour pro-,
duire les effets que l'on attendoit , qu'il groffic
prodigieufement les objets , & qu'il les prefente
avec beaucoup de clarté & de diftinction.
L'inventeur du nouveau Microſcope eft perfuadé
qu'on ne préfumera pas que M. de Boyle lui
ait communiqué fon fecret , les précautions qu'il
prenoit pour le cacher à tout le monde , mettent
PInventeur à couvert de ce foupçon ; il eft cependant
bien-aife, avant que de donner la defcription
ce Microſcope , d'avertir ici M. de Boyle , que
s'il veut jouir de l'honneur de fa découverte , il
faut qu'il la donne au Public dans trois mois , ૩ .
compter de ce jour , temps qui paroît fuffifant
pour la diftance qu'il y a de Paris à Rouen. Si
M.de Boyle garde le filence dans cette conjoncture,
il laiffera au Public la liberté de croire qu'il n'a
aucune prétention à l'honneur de cette Découverte.
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Résumé : Lettre de M. *** écrite de Grenoble.
En mai 1730, des membres de la Société des Arts ont découvert un microscope à réflexion utilisant deux ou quatre miroirs. Ce microscope a été comparé à celui de M. de Boyle, qui avait suscité beaucoup d'intérêt à Paris en 1727 en prétendant observer des animaux dans le sang. M. de Boyle refusait toute comparaison, affirmant que ses miroirs servaient uniquement à éclairer les objets. Le nouveau microscope découvert présente des caractéristiques similaires à celui de M. de Boyle, notamment en termes de forme extérieure et de performance. Il grossit prodigieusement les objets et les présente avec clarté et distinction. L'inventeur du nouveau microscope affirme que M. de Boyle n'a pas partagé son secret, étant donné les précautions prises par ce dernier pour le garder confidentiel. L'inventeur avertit M. de Boyle qu'il doit publier sa découverte dans les trois mois pour revendiquer l'honneur de l'invention. Si M. de Boyle reste silencieux, le public sera libre de croire qu'il n'a aucune prétention à cette découverte.
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5
p. 1183-1187
« Méthode nouvelle, abregée & figurée, pour apprendre conjointement le François & le Latin, [...] »
Début :
Méthode nouvelle, abregée & figurée, pour apprendre conjointement le François & le Latin, [...]
Mots clefs :
Méthode d'apprentissage, Français, Latin, Grammaire
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texteReconnaissance textuelle : « Méthode nouvelle, abregée & figurée, pour apprendre conjointement le François & le Latin, [...] »
Méthode nouvelle , abregée & figurée , pour
apprendre conjointement le François & le Latin ,
enfemble l'Ortographe & la Ponctuation , le tout
par regles & par principes , en moins d'un an,
L'Auteur commence par le François , il y fait
d'abord une fenfible application des regles & des
préceptes de la Grammaire , y diftingue les huit
fortes de mots , leur proprieté , leur ufage & les
differences Grammaticales qui en procedent ; il
fait voir de combien de Parties eft compofée la
Phrafe , le rapport qu'elles ont les unes avec les
autres , & l'ordre qui s'y obferve. En un mót ,
raffemble ce que les Langues ont de commun ,
en fait un Corps d'inftruction qu'il réduit en
pratique par un exercice fimple & familier ; &
pour plus de facilité , il y joint encore certains
caracteres qui fans caufer de confufion femblent,
pour ainsi dire , conduire au doigt & à l'oeil.
il
Ayant mis le fondement de fa Méthode fur le
François , il s'agit de la faire paffer au Latin.
Pour cet effet , il donne fur un quarré de papier
le précis des terminaifons Latine's, dans un ordre
1. Vol.
qui Fv
1186 MERCURE DE FRANCE
qui , quoique fimple , fuffit néanmoins pour les
diftinguer , en faire la jufte application & demêler
ce qu'elles ont d'équivoque. C'eft donc fur
ces terminaiſons & les parties grammaticales
qu'elles dénotent , que s'appliquent ces caracteres
François , qui paffant au Latin , ont la vertu d'y
porter avec eux toutes ces notions fondamentales
de Grammaire qu'on y avoit déja attachées.
Pour venir enfuite à l'explication des Auteurs
qui d'ordinaire eft le but qu'on fe propofe dans
Cette forte d'étude , il eft effentiel de trouver cette
conftruction Latine par laquelle l'Ecrivain a voulu
nous communiquer fes penfées , & c'est ce que
la Méthode apprend , & qui fera d'autant plus
aifé à faire , qu'on fera plus jufte & plus habile à
diftinguer par les terminaifons les differentes parties
dont la Phrafe fe trouvera conpofée , & que
de plus on s'attachera à obferver le même ordre
qui s'eft pratiqué dans le François.
C'eft enfin par cette conftruction que l'Auteur
de la Méthode prétend conduire à une explication
promte & facile. Trois chofes felon lui y
concourent. 1º Le fens de l'Ecrivain renfermé
dans cette conftruction, qui n'eft autre chofe qu'u
ne fuite d'idées , lefquelles jointes enſemble font
un fens , & concourrent à le manifefter. 2 ° L'étimologie
ou rapport de fignification qui fe trouve
entre le Latin & le François. 5 L'analogie
autre rapport de fignification que les mots de
certaines claffes ont les uns avec les autres. Sur
les moyens dévelopés comme il faut , le fréquent
exercice qu'il y joint & l'experience qu'il en a ,
l'Auteur fe promet d'apprendre le Latin en peu de
tems , d'y remettre très promtement ceux qui
croyent l'avoir oublié & comme il a plus à
coeur l'interêt public que le fien propre , il fe
prêtera volontiers gratis à ceux à qui il convien-
>
dra de le faire.
Méthode nouvelle , abregée & figurée , pour
apprendre conjointement le François & le Latin ,
enfemble l'Ortographe & la Ponctuation , le tout
par regles & par principes , en moins d'un an,
L'Auteur commence par le François , il y fait
d'abord une fenfible application des regles & des
préceptes de la Grammaire , y diftingue les huit
fortes de mots , leur proprieté , leur ufage & les
differences Grammaticales qui en procedent ; il
fait voir de combien de Parties eft compofée la
Phrafe , le rapport qu'elles ont les unes avec les
autres , & l'ordre qui s'y obferve. En un mót ,
raffemble ce que les Langues ont de commun ,
en fait un Corps d'inftruction qu'il réduit en
pratique par un exercice fimple & familier ; &
pour plus de facilité , il y joint encore certains
caracteres qui fans caufer de confufion femblent,
pour ainsi dire , conduire au doigt & à l'oeil.
il
Ayant mis le fondement de fa Méthode fur le
François , il s'agit de la faire paffer au Latin.
Pour cet effet , il donne fur un quarré de papier
le précis des terminaifons Latine's, dans un ordre
1. Vol.
qui Fv
1186 MERCURE DE FRANCE
qui , quoique fimple , fuffit néanmoins pour les
diftinguer , en faire la jufte application & demêler
ce qu'elles ont d'équivoque. C'eft donc fur
ces terminaiſons & les parties grammaticales
qu'elles dénotent , que s'appliquent ces caracteres
François , qui paffant au Latin , ont la vertu d'y
porter avec eux toutes ces notions fondamentales
de Grammaire qu'on y avoit déja attachées.
Pour venir enfuite à l'explication des Auteurs
qui d'ordinaire eft le but qu'on fe propofe dans
Cette forte d'étude , il eft effentiel de trouver cette
conftruction Latine par laquelle l'Ecrivain a voulu
nous communiquer fes penfées , & c'est ce que
la Méthode apprend , & qui fera d'autant plus
aifé à faire , qu'on fera plus jufte & plus habile à
diftinguer par les terminaifons les differentes parties
dont la Phrafe fe trouvera conpofée , & que
de plus on s'attachera à obferver le même ordre
qui s'eft pratiqué dans le François.
C'eft enfin par cette conftruction que l'Auteur
de la Méthode prétend conduire à une explication
promte & facile. Trois chofes felon lui y
concourent. 1º Le fens de l'Ecrivain renfermé
dans cette conftruction, qui n'eft autre chofe qu'u
ne fuite d'idées , lefquelles jointes enſemble font
un fens , & concourrent à le manifefter. 2 ° L'étimologie
ou rapport de fignification qui fe trouve
entre le Latin & le François. 5 L'analogie
autre rapport de fignification que les mots de
certaines claffes ont les uns avec les autres. Sur
les moyens dévelopés comme il faut , le fréquent
exercice qu'il y joint & l'experience qu'il en a ,
l'Auteur fe promet d'apprendre le Latin en peu de
tems , d'y remettre très promtement ceux qui
croyent l'avoir oublié & comme il a plus à
coeur l'interêt public que le fien propre , il fe
prêtera volontiers gratis à ceux à qui il convien-
>
dra de le faire.
E YORK
PUBLIC LIBRARY .
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS.
Vol .
FORK
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
JUIN. 1730. 1187
Il faut s'adreffer au S. Monier de Colonge
rue S. Chriftophe , chez Me de Quainfy , la derniere
Porte joignant celle du Cloître Notre-
Dame.
apprendre conjointement le François & le Latin ,
enfemble l'Ortographe & la Ponctuation , le tout
par regles & par principes , en moins d'un an,
L'Auteur commence par le François , il y fait
d'abord une fenfible application des regles & des
préceptes de la Grammaire , y diftingue les huit
fortes de mots , leur proprieté , leur ufage & les
differences Grammaticales qui en procedent ; il
fait voir de combien de Parties eft compofée la
Phrafe , le rapport qu'elles ont les unes avec les
autres , & l'ordre qui s'y obferve. En un mót ,
raffemble ce que les Langues ont de commun ,
en fait un Corps d'inftruction qu'il réduit en
pratique par un exercice fimple & familier ; &
pour plus de facilité , il y joint encore certains
caracteres qui fans caufer de confufion femblent,
pour ainsi dire , conduire au doigt & à l'oeil.
il
Ayant mis le fondement de fa Méthode fur le
François , il s'agit de la faire paffer au Latin.
Pour cet effet , il donne fur un quarré de papier
le précis des terminaifons Latine's, dans un ordre
1. Vol.
qui Fv
1186 MERCURE DE FRANCE
qui , quoique fimple , fuffit néanmoins pour les
diftinguer , en faire la jufte application & demêler
ce qu'elles ont d'équivoque. C'eft donc fur
ces terminaiſons & les parties grammaticales
qu'elles dénotent , que s'appliquent ces caracteres
François , qui paffant au Latin , ont la vertu d'y
porter avec eux toutes ces notions fondamentales
de Grammaire qu'on y avoit déja attachées.
Pour venir enfuite à l'explication des Auteurs
qui d'ordinaire eft le but qu'on fe propofe dans
Cette forte d'étude , il eft effentiel de trouver cette
conftruction Latine par laquelle l'Ecrivain a voulu
nous communiquer fes penfées , & c'est ce que
la Méthode apprend , & qui fera d'autant plus
aifé à faire , qu'on fera plus jufte & plus habile à
diftinguer par les terminaifons les differentes parties
dont la Phrafe fe trouvera conpofée , & que
de plus on s'attachera à obferver le même ordre
qui s'eft pratiqué dans le François.
C'eft enfin par cette conftruction que l'Auteur
de la Méthode prétend conduire à une explication
promte & facile. Trois chofes felon lui y
concourent. 1º Le fens de l'Ecrivain renfermé
dans cette conftruction, qui n'eft autre chofe qu'u
ne fuite d'idées , lefquelles jointes enſemble font
un fens , & concourrent à le manifefter. 2 ° L'étimologie
ou rapport de fignification qui fe trouve
entre le Latin & le François. 5 L'analogie
autre rapport de fignification que les mots de
certaines claffes ont les uns avec les autres. Sur
les moyens dévelopés comme il faut , le fréquent
exercice qu'il y joint & l'experience qu'il en a ,
l'Auteur fe promet d'apprendre le Latin en peu de
tems , d'y remettre très promtement ceux qui
croyent l'avoir oublié & comme il a plus à
coeur l'interêt public que le fien propre , il fe
prêtera volontiers gratis à ceux à qui il convien-
>
dra de le faire.
Méthode nouvelle , abregée & figurée , pour
apprendre conjointement le François & le Latin ,
enfemble l'Ortographe & la Ponctuation , le tout
par regles & par principes , en moins d'un an,
L'Auteur commence par le François , il y fait
d'abord une fenfible application des regles & des
préceptes de la Grammaire , y diftingue les huit
fortes de mots , leur proprieté , leur ufage & les
differences Grammaticales qui en procedent ; il
fait voir de combien de Parties eft compofée la
Phrafe , le rapport qu'elles ont les unes avec les
autres , & l'ordre qui s'y obferve. En un mót ,
raffemble ce que les Langues ont de commun ,
en fait un Corps d'inftruction qu'il réduit en
pratique par un exercice fimple & familier ; &
pour plus de facilité , il y joint encore certains
caracteres qui fans caufer de confufion femblent,
pour ainsi dire , conduire au doigt & à l'oeil.
il
Ayant mis le fondement de fa Méthode fur le
François , il s'agit de la faire paffer au Latin.
Pour cet effet , il donne fur un quarré de papier
le précis des terminaifons Latine's, dans un ordre
1. Vol.
qui Fv
1186 MERCURE DE FRANCE
qui , quoique fimple , fuffit néanmoins pour les
diftinguer , en faire la jufte application & demêler
ce qu'elles ont d'équivoque. C'eft donc fur
ces terminaiſons & les parties grammaticales
qu'elles dénotent , que s'appliquent ces caracteres
François , qui paffant au Latin , ont la vertu d'y
porter avec eux toutes ces notions fondamentales
de Grammaire qu'on y avoit déja attachées.
Pour venir enfuite à l'explication des Auteurs
qui d'ordinaire eft le but qu'on fe propofe dans
Cette forte d'étude , il eft effentiel de trouver cette
conftruction Latine par laquelle l'Ecrivain a voulu
nous communiquer fes penfées , & c'est ce que
la Méthode apprend , & qui fera d'autant plus
aifé à faire , qu'on fera plus jufte & plus habile à
diftinguer par les terminaifons les differentes parties
dont la Phrafe fe trouvera conpofée , & que
de plus on s'attachera à obferver le même ordre
qui s'eft pratiqué dans le François.
C'eft enfin par cette conftruction que l'Auteur
de la Méthode prétend conduire à une explication
promte & facile. Trois chofes felon lui y
concourent. 1º Le fens de l'Ecrivain renfermé
dans cette conftruction, qui n'eft autre chofe qu'u
ne fuite d'idées , lefquelles jointes enſemble font
un fens , & concourrent à le manifefter. 2 ° L'étimologie
ou rapport de fignification qui fe trouve
entre le Latin & le François. 5 L'analogie
autre rapport de fignification que les mots de
certaines claffes ont les uns avec les autres. Sur
les moyens dévelopés comme il faut , le fréquent
exercice qu'il y joint & l'experience qu'il en a ,
l'Auteur fe promet d'apprendre le Latin en peu de
tems , d'y remettre très promtement ceux qui
croyent l'avoir oublié & comme il a plus à
coeur l'interêt public que le fien propre , il fe
prêtera volontiers gratis à ceux à qui il convien-
>
dra de le faire.
E YORK
PUBLIC LIBRARY .
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS.
Vol .
FORK
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
JUIN. 1730. 1187
Il faut s'adreffer au S. Monier de Colonge
rue S. Chriftophe , chez Me de Quainfy , la derniere
Porte joignant celle du Cloître Notre-
Dame.
Fermer
Résumé : « Méthode nouvelle, abregée & figurée, pour apprendre conjointement le François & le Latin, [...] »
Le texte décrit une méthode pédagogique visant à apprendre simultanément le français et le latin, ainsi que l'orthographe et la ponctuation, en moins d'un an. La méthode commence par l'enseignement du français, en appliquant rigoureusement les règles et préceptes de la grammaire. L'auteur distingue les huit types de mots, leurs propriétés, usages et différences grammaticales. Il explique également la composition des phrases, les rapports entre leurs parties et l'ordre observé. Cette approche rassemble les éléments communs aux langues et les réduit en pratique par des exercices simples et familiers, aidés par des caractères facilitant l'apprentissage. Ensuite, la méthode est transposée au latin. L'auteur fournit un résumé des terminaisons latines sur un carré de papier, permettant de les distinguer et de les appliquer correctement. Les caractères français sont utilisés pour porter les notions grammaticales au latin. Pour expliquer les auteurs latins, il est essentiel de trouver la construction latine utilisée par l'écrivain pour communiquer ses pensées. La méthode enseigne cette construction, facilitant ainsi la compréhension des textes latins. Trois éléments contribuent à cette explication : le sens de l'écrivain, l'étymologie et l'analogie entre les mots. L'auteur se propose d'enseigner le latin rapidement et de rafraîchir les connaissances de ceux qui l'ont oublié. Il offre son aide gratuitement, priorisant l'intérêt public à son propre gain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 1696-1718
TROISIÉME LETRE sur le Livre anoncé sous le titre de la BIBLIOTEQUE DES ENFANS, ou les premier élemens des letres.
Début :
Puisque vous le souhaités, Monsieur, en faveur de persones qui font usage [...]
Mots clefs :
Enfants, Carte, Méthode, Voyelles, A, B, C Français, A, B, C Latin, Exercice, Latin, Français, École, Consonnes, Jeux, Bureau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÉME LETRE sur le Livre anoncé sous le titre de la BIBLIOTEQUE DES ENFANS, ou les premier élemens des letres.
TROISIEME LETRE fur le
Livre anoncé fous le titre de la B1-
BLIOTEQUE DES ENFANS ,
les premiers élemens des letres .
Po
ou
Uifque vous le fouhaités , Monfieur ,
en faveur des perfones qui font ufage
du bureau tipografique , j'aurai encore
l'honeur de vous parler de la Biblioteque
des enfans , et de vous doner la fuite des
reflexions & des inftructions préliminalres
fur cet ouvrage. L'auteur qui m'a
confié fon manufcrit , eft d'ailleurs bien
aife de preffentir le gout du public avant
que de l'expofer à l'emplete , et qui pis
eft , à la lecture d'un livre dont il feroit
peut-être peu de cas par la fuite..
Un enfant capable de diftinguer les
couleurs & les objets fans les nomer , peut
en ètre amuſé de bone heure ; il ne s'agit
que du chois des objets qu'on lui préſente
pour le divertir , plutot que pour l'apliquer
d'une maniere nuifible : D'ailleurs
l'enfant fait conoitre fon dégout dès qu'il
le fent ; il ne faut donc jamais le forcer
au jeu ; l'on doit au contraire nourir &
entretenir en lui le defir de badiner avec
des objets inftructifs. Le tout confifte dans
ce point , & la diverfité des objets fervant
& tendant à mème fin , certaines heures
de
A O UST . 1730. 1697
I
de gaiété , de bone humeur , prifes avant
ou après les répas , donent plus de tems
qu'il n'en faut pour ce petit exercice . Des
images , des jetons , des médailles , des
letres ifolées fur des dés , ou fur des cartes à
jouer , ne divertiront pas moins un enfant,
que les vils morceaux d'un vafe caffé , et
autres chofes capables de lui faire du mal
come des bâtons; des couteaux, ou des ci
feaux , qu'on a trop fouvent la dangereuſe
complaifance de lui laiffer entre les mains
Il faut préferer à tous autres jeux l'ufage
& le jeu des letres , parce qu'elles font la
clé des arts-& - des fiences . Un enfant d'artifan
aprend de bone heure le nom des
outils de la boutique de fon pere; un anaṛ
tomiſte done à fon enfant des os & des
têtes de mort pour lui fervir d'amufe
ment et en même tems pour avoir ocafion
de lui montrer de bone heure les
premiers élemens de l'anatomie : ne peuton
pas en faire de même à l'égard des élé
mens des letres? La peinture , la gravure,
la fculpture , la broderie ; & c . pouroient
fournir à l'enfant d'un prince , d'un grand
feigneur , ou d'un home riche , diferens
jeux de letres de diverfes matieres
pres à le divertir & à l''inſtruire .
pro
On pouroit au lieu de cartes ordinaires
avoir des jetons, ou des letres fur une ma
tiere plus folide que cèle des cartes , come
~
Av dess
1698 MERCURE DE FRANCE
des tableaux , des cartons , ou des cartes doubles
& groffieres. On pouroit auffi fe fervir
utilement des fix faces des dés , et les
aranger come les letres des imprimeurs :
faute de dés il fufiroit d'avoir des letres
d'ivoire de buis , ou d'os , dont le noir &
le blancimiteroient l'impreffion ordinaire :
on pouroit faire cela pour un jeune prin
ce ; & le colombier du bureau tipografique
feroit pour lors garni de petits tiroirs
ou caffetins, remplis des letres fimples out
combinées qui fervent à marquer les fons
de la langue en laquelle on voudroit imprimer.
Mais le jeu des cartes achetées
a la livre & marquées de letres , me paroit
auffi fenfible , plus comode , moins
cher , et non moins inftruétif. D'ailleurs
les perfones qui aiment le jeu , ne defaprouveront
pas que les enfans aprenent
de bone heure à manier les cartes , et ceux
qui n'aiment pas le jeu , n'auront point
lieu de craindre qu'un enfant nouri &
élevé dans le jeu des cartes literaires , deviene
par là efclave de la paffion des autres
jeux de cartes. L'enfant n'aime dans
cet exercice que le côté des letres ; le petit
CANDIAC , du moins n'avoit de curiofité
que pour le dos des cartes , dont on luf
prefentoit les poins , ou les figures ; & s'il
n'y avoit rien far le dos des cartes , il les
donoit d'abord pour ètre employées util
lement
A O UST. 1730. 1699
lement au bureau . Le mouvement & le
manîment des cartes done à la main de
l'enfant une adreffe toute particuliere.
cèle
On pouroit encore par l'affemblage &
la combinaiſon des letres , faire un jeu
inftructif; des croix , des figures d'homes,
d'animaux et d'autres objets capables
d'exciter la curiofité & de reveiller l'atention
en variant tout, de tems en tems par
la nouveauté la dépenfe que l'on feroit
pour cela feroit toujours au-deffous de
qu'on fait pour de riches, mais ignorantes
bagateles . On met volontiers une
piftole à un noeud de ruban , ou à un bonet
pour un enfant, auquel on plaint fourvent
un mois d'inftruction : on done fans
neceffité un repas de dix piftoles à cinq
ou fix amis , pendant que l'on refufe a
fon enfant un livre de trente fous : la vanité
dédomageant dans l'un , on croit
Fautre pure perte : oferai -je dire que le
corps obtient le fuperflu , pendant que
l'efprit n'a pas le neceffaire. Cependant fi
Pon trouve cète métode trop chere &
trop pénible , on peut la laiffer à ceux
qui auront plus de bien, plus de patience,
et plus d'envie d'avancer de bone heure
feurs enfans. Il ne faut difputer ici ni des
gouts ni des génies ; mais on peut dire en
general que la faute des éducations manquées
, vient ordinairement des parens &
A vi des
1700 MERCURE DE FRANCE
'des maitres , plutot que des enfans : j'en
apele à l'experience ; chacun critique l'éducation
des enfans de fon voifin , pendant
qu'il s'aveugle fur celle des fiens propres .
On peut d'abord faire aprendre aux enfans
come à des peroquets , à prononcer
les voyeles & les confones ; et
par leur
nomination faire entrer les fons de la lan
gue françoife par l'oreille , avant que de
leur en montrer la figure aux ïeux : on
metra par là en exercice les organes de
la parole , fur tout fi l'on a foin de pro
noncer à haute voix lés fons de notre lan
gue fimples ou compofés. Et fi l'on s'aper
çoit que l'enfant ne prononce pas
facile
ment certaines letres de l'A BC , ou que
par le défaut de fes organes il articulef'une
pour l'autre , ou qu'enfin il ne foit
pas fidele écho , il eft bon pour lors de
repeter fouvent devant lui diftinctement
& à haute voix les fons qu'il ne peut exprimer
; et de ne lui point faire dire les
letres qu'il articulé en la place de cèles
qu'on lui demande : ce qui a fouvent leu ›
dans la prononciation du chè françois &
des letres C , R , G ; Z ; S , &c. Quand un
enfant en parlant prononce mal certaines
letres , et qu'il articule la foible pour la
forte 3 non -feulement il faut le reprendre,
mais il eſt bon encore d'éloigner de lui les
domeftiques qui ont le mème défaut ; fans
qui
A O UST . 1730. 170.1 °
quoi l'enfant rifque de conferver toujours
les prononciations vicieufes que pou
roient lui doner des gouvernantes ou des
valets de chambre..
Y.
e
Des cartes à jouer fans figures,fans poins;
& blanches des deux côtés , feront plaifir
à un enfant de deux ans ; mais s'il y a
des figures , des poins , & des letres , le
plaifir en fera plus grand . On peut donc
prendre des cartes au dos defqueles on
metra d'abord au milieu l'ABC , pour
inftruire & divertir un petit enfant ; l'on
dit au dos & au milieu des cartes , parce
que dans la fuite en fefant travailler au
bureau tipografique , on emploîra le haut -
& le coin ou l'angle du dos des cartes, pour
marquer les abreviations des mots No.
M' , M , M , S ' , S ", 3 ° , &c. ce qui
fait voir la neceffité de cete diftinction . Il
eft mieux de ne pas employer les cartes
à figures, et de choifir feulement les cartes
à poins , fupofé qu'on ne veuille pas en
faire faire exprès de toutes blanches &
petites come cèles des étrenes mignones ;
les poins des cartes peuvent encore fervir
à conter depuis un jufqu'à dix , ce qui
eft beaucoup pour un enfant de deux à
trois ans , puifque des peuples entiers
n'exprimoient , dit- on , les fomes au-delà
de ce nombre qu'en ouvrant plufieurs fois
les mains, Un enfant amufe de bone heure
Par
1702 MERCURE DE FRANCE
par ce jeu de letres , s'y livre avec plaiſir, &
par imitation voyant l'action & l'exemple
des autres il n'en conoit pas la raifon , il
n'y fent aucune peine , et c'eft ce que l'experience
perfuadera mieux que de fimples
raifonemens.
On doit paffer d'un objet à un autre , et
du fimple au compofé : c'eft pourquoi il
ne faut d'abord qu'une letre au milieu
d'une carte , començant par les voyeles
avant que de paffer aux confones , et employant
les grandes letres avant que de
doner les petites. Des cartes avec les letres
donées à deviner , ont l'air d'un jeu plu
tôt que
d'une étude : on comence la premiere
leçon par les cinq voyeles , à caufe
qu'elles font plus faciles à prononcer. On
a , par exemple,un jeu de vint - cinq cartes,
favoir cinq cartes marquées d'un A ; cinq
cartes marquées d'un E ; autant pour
chacune des autres voyeles, J, O, U : après
quoi l'on bat les cartes , on coupe & l'on
fait nomer les letres à l'enfant. Dans la
fuite , pour diminuer le nombre des carres
& rendre la leçon ou le jeu plus utile ,
on marquera cinq cartes chacune avec les
cinq voyeles , favoir les quatre coins avec
A, E , O , V , et le milieu avec Ƒ' , pour
la leçon des cinq voyeles , et l'on tournéra
la carte de l'autre fens quand on vou
dra y montrer les cinq petites voyeles à
côté des grandes, Quand
A O UST . 1730. 1703
Quand l'enfant fait le jeu des cinq voyeles
A , E , 1,0 , V , on y joint une carte
du jeu des confones prifes au hazard entre
cèles qu'il prononce le mieux , fans
s'affervir à l'ordre abecedique : on peut
donc augmenter le jeu en ajoutant la carte
du B , du D , & c. et doner à la confonet
fon nom réel & efectif au lieu du nom
vulgaire , lorfqu'il peut induire en erreur.
Puifqu'on ne done plus les noms
d'Aleph , Beth , & d'Alpha , Beta , &c.
aux caracteres de l'a b c , latin & françois
, l'auteur a cru pouvoir fe fervir des
mots abe ce & abecedique , au lieu des
mots alfabet et alfabetique , afin de
ne pas faire à de petits enfans un mistere
d'une chofe auffi fimple. Après avoir
donc comancé par le jeu des cinq voyeles
A, E ,J , O,U , à caufe de leur prononciation
aifée ; il s'agit de paffer aux confones,
et de leur doner le nom qui leur convient
le mieux , par raport à l'ufage & à
Péfet de ces mèmes letres combinées avec
les autres , d'abord on done un nom pro-
-pre , réel & efectif d'une filabe , à là letre
, fi elle n'eft employée que pour un
fon , ou qu'elle ait un nom particulier ,
et non comun aux autres , come Be , De ,
Fe , He, Le , Me , Ne , Pe , Re , Ve , Ze,
و
c. Il faut donc , à l'exemple des Muficiens
, doner aux letres feules ou combinées
1704 MERCURE DE FRANCE
nées le fon qu'elles exigent & qu'elles reçoivent
, fort ou foible , felon l'endroit
où elles font placées ; affervir les caracteres
aux fons , er non les fons aux caractéres
; continuer de la forte l'ufage des
combinaiſons ; imiter les Muficiens qui
content pour rien l'erreur & le nom de
la note , pourvu que l'on prène le ton ,
et que l'on chante jufte l'intervale dont
il s'agit dans la leçon qu'un écolier aprend
à dechifrer , ou à folfier , pour épeler ,
par exemple , les mots cacus , gigas , & c.
on dira ce , e , cæ ; qu , u , ce ; qus. cæcus;
je, i gi gu , a , ce , gas , gigas , & c .
-
Il femble que l'é muet devroit fervir ,
pour ainfi dire , d'ame aux confones
plutot qu'une autre voyele ; cet e muet
n'eft qu'une émiffion de voix qui foutient
cète confone ; et fans l'apui de cete émiffron
de voix ou e muet , les confones frnales
, ou fuivies d'autres confones , re
fauroient ètre prononcées. La voyele e é- -
tant plus aifée à prononcer & moins mar
quée que les autres , paroit ètre préferable
pour l'élifion néceffaire. En lifant ou épolant
, par exemple , le petit mot flos , l'enfant
qui neconoit que les letres& leur va
leur réele , par leur veritable nom , dira
felon cete métade fe , leo , ce , lefquels
uatre fons aprochent plus du vrai fon
qu mot flos , que les fons fuivans , effe : 25
ella
AOUST.. 1730. 1705
elle , o , effe , de la metode vulgaire , et
pour lire le grand mot flabellifer , l'enfant.
qui ne conoit que les letres & leur valeur
réele , par leur veritable nom , dira felon
cete metode fe , le , a , be , le , le , i ,fe, re,
lesquels neuf fons aprochent bien plus du
vrai fon du mot flabellifer, que les fons
fuivans , effe , elle , a , be , e , elle elle , i
effe , e, erre. On laiffe à l'oreille du lec
teur équitable à decider laquelle des deux
manieres d'apeler les letres , rend plus facilement
, et immediatement le fon de flos
& de flabellifer. Dans la premiere metode
en nomant les letres rapidement on lit ,
dans la derniere , on a beau les apeler tres
vite , on eft obligé de fuprimer une partie
des letres & des filabes inutiles dans les
noms faux & vulgaires des letres pour
avoir le veritable fon , cherché , deviné
ou dechifré par tradition & par routine ,
plutot que par des principes qui le produifent.
L'auteur cependant fe fert de l'é
fermé pour nomer les letres en latin, quoiqu'il
fache qu'il feroit beaucoup mieux de
n'employer que l'e muet,ainsi qu'il le fera
faire en françois ; mais les latins ne conoiffoient
pas expreffément l'ufage de l'e
muet ; il femble meme qu'il aproche fort
de la voyele françoife en ou de l'e muet
foutenu ; on s'eft donc éloigné le moins
qu'il a été poffiblo de la métode vulgaire
lorfque
1
1706 MERCURE DE FRANCË
lorfque l'on a pu s'en fervir par raport aur
but principal de faciliter la lecture aux enfans
. Quoique la prononciation de la langue
latine foit morte,on ne peut pas douter
qu'ele n'ût des e diferens & plus ou
verts les uns que les autres.
Lorfqu'un enfant eft ferme fur l'A , B,
C, des grandes letres de la premiere , de
la fegonde & de la troifieme leçon du lìvre
de l'enfant, il aprendra presque de lui
mème les petites letres fi on les ajoutefur
les mêmes cartes à coté des grandes ; come
Aa , Bb , & c , de la quatriéme leçon ;
après quoi on lui montrera feparément
les petites letres de la cinquiéme leçon , le
tout , peu à peu , fans impatience , en badinant
& prenant le bon moment de
l'enfant . Pour faciliter ce petit exercice ,
on peut fe fervir des memes cartes dont
on a joué pour les grandes letres ou capitales
; un enfant voit avec plaifir écrire
le petit a à coté du grand 4 : & ainfi
de toutes les letres : il afectione les cartes
qu'il voit preparer pour lui ; la foibleffe ,
fa legereté & la vivacité d'un enfant de
deux à trois ans , ne permetent pas de
lui montrer les letres dans les livres des
A , B , C, ordinaires ; les letres en font
ordinairement trop petites , trop ferées &
en trop grande quantité dans la meme
page ; c'est pourquoi l'auteur a fait remarquer
AOUST. 1730. 1707
marquer qu'on metoit fouvent un enfant
trop tard à l'A , B , C , et trop tôt fur
les livres ; un enfant eft pour lors plus
embaraffé qu'un home qui vèroit une
grande page remplie de petits caracteres
inconus , arabes ou chinois.
L'on peut avoir des A, B , C , en noir ,
en rouge , en bleu & en autant de couleurs
que l'on voudra , cete diverfité eſt
toujours à l'avantage de l'enfant : on peut
les employer indiferament au comancement
; mais dans la fuite les letres noires
& les rouges , ferviront pour diftinguer
le romain & l'italique , le latin & le
françois , dans la compofition à faire au
bureau tipografique.
Quand l'enfant eft affuré fur toutes les
letres , l'on peut avoir un a , b , c , capital
fur un carton , fur de la toile cirée ou
non cirée , fur des ardoifes , fur un tableau
, fur un placard , fur un écran , fur
an éventail , für des canevas , & c . felon
le lieu , la faifon , les perfones & les facilités
que l'on a pour cet exercice : mais
le jeu des cartes marquées d'une letre
l'emporte fur tous les autres jeux. L'on
peut placarder des Aa , B'b , &c. à
la hauteur de l'enfant , deriere ou devant
certaines portes où il paffe & repaffe
, le tout felon la fituation de fon
apartement ou de ceux qu'il parcourt ; ce
que
1708 MERCURE DE FRANCE
"
que l'on obfervera également pour les combinaifons
du'ab , eb , ib , ob , ub , & c. ba,
be , bi , bo , bu , & c. bla , ble , bli , blo ,
blu , &c. bra , bre , bri , bro , brú , & c.
l'on peut
écrire en gros caracteres
ou faire imprimer fur de grandes feuilles
2 pouvoir coler fur des cartes , des cartons
, ou dans des quadres propres à orner
la chambre de l'enfant.
que
A mesure que le jeu de cartes dont on
joue avec l'enfant groffit d'un côté , on
le diminue de l'autre , en ne laiffant
qu'une ou deux cartes de la meme letre,
juſqu'à ce que l'A , B, C , foit reduït
à une feule carte pour chaque letre fimple
ou double , grande ou petite , &c. Les
cartes retranchées du gros jeu fervent à
un autre joueur ; car l'enfant liroit dix a,
b, c , de fuite prefentés par dix perfones
plus volontiers & avec plus de plaiſir
qu'il n'en liroit trois prefentés par le
meme joueur. Un enfant's'imagine enfuite
que chacun a für foi de pareils jeux ,
et les demande avec importunité ; c'eft
pourquoi on fe les prere à l'infçu de l'enfant.
On done auffi les letres à deviner
aux perfones prefentes , qui voulant bien
fe prêter au badinage inftructif , afectent
de mal nomer les lètres; l'enfant triomfe
de pouvoir reprendre , car la vanité precede
la parole , et l'on doit metre tour à
profit.
AOUST. 1730. 1709 .
profit. Pour augmenter le jeu des cartes
de l'A , B , C , on poura y ajouter le jeu
des petites letres , et comancer par celes
qui ont prefque la meme forme & figure
que leurs capitales ; par exemple , Cc ,
Ĵj , Kk , Pp , SS , Vv , Yy , Zz ,
&c. et paffer enfuite aux autres letres , fans
s'affervir à l'ordre abecedique.
Si le public goutoit cète metode , on
pouroit avoir des A, B, C, fur des jetons,
fur des fiches à jouer , fur des dés , tant
pour les fons que pour les lètresson pouroit
mème faire des jeux.come ceus de l'oie , de
la chouete , des dames , & c. chacun peut,
felan fon gout & fon imagination , faire
mieux que ce que l'auteur propofe , obfervant
toujours de varier & de confulter
auffi le gout de l'enfant , fon inclination
& fon plaifir , qui font dans un fens la
baze de ce petit fifteme. Ceux qui voudront
fe fervir de cete metode dans les
maifons particulieres doivent avoir les
letres de l'A , B , C , imprimées ou écrites.
On en peut découper & les coler
fur des cartes à jouer qu'on achete à la
livre. Mais come tout le monde n'a pas
ocafion de trouver ou de faire de femblables
caracteres , il feroit beaucoup mieux.
que les imprimeurs ou les cartiers en
vouluffent acomoder le public , n'employant
pour cela que les cartes ou les
cartons
1710 MERCURE DE FRANCE
cartons de rebut. En atendant l'introduction
de cet ufage , et que l'on goute la
metode propofee , on peut s'adreffer aux
religieux qui ont des A , B , C , à jour
fur des plaques de cuivre. On trouve
encore de ces caracteres à jour dans les
églifes catedrales ou collegiales des provinces.
Le plus court fera d'en faire acheter
à Paris chés les ouvriers qui en font,
alors il fera aifé de faire imprimer tout
de fuite vint ou trente A , B , C , imprimant
vint & trente A , fur autant de
cartes rangées fur une table ; enfuite vint
ou trente B , & tout l'A, B , C , de la
meme maniere. Un domeftique peut être
d'abord mis au fait de cète petite imprimerie
; et cete ocupation , aux ïeux de l'enfant
produira autant de bien que produifent
ordinairement de mal l'oifiveté ,
les mauvais difcours & les mauvais exemples
des perfones chargées de l'enfant.
و
On pouroit fe fervir utilement de cète
metode dans les petites écoles où l'on n'envoie
bien fouvent les enfins que pour y etre
affis & en etre debaraffé lorfqu'on veut
etre libre chés foi , ou pouvoir aler perdre
ailleurs fon tems & fon argent. Si l'on
vouloit donc fuivre ou effaïer cète metode
dans les écoles , il faudroit metre entre'
les mains des enfans plufieurs jeux de cartes
ou de cartons literaires , & l'on pouroit
doner
AOUST. 1730. 1711
doner leçon à plufieurs enfans à la fois ,
ce qui exciteroit , & entretiendroit parmi
eux une noble émulation literaire . Les
écoles de petites filles que tienent les dames
religieufes, pouroient auffi mieux que
perfone faire l'effai de cete metode. Ou
tre les jeux de cartes , marquées de letres ,
ces dames pouroient avoir des A, B , C ,
des ab , eb , ib , ob , ub , &c. ba , be , bi
bo , bu , &c. fur des cartons ou fur des tableaux
exprès , que l'on montreroit aux
enfans come des curiofités. Une leçon publique,
et la démonftration des letres & des
fons de la langue françoife , feroit plus
agréable ou moins ennuyeufe pour la regente,
et mème pour les écolieres ; les murailles
de l'école doivent être le livre public
où les enfans trouveront les élémens ,
des letres , en atendant qu'ils foient en
état de fe fervir d'un livre tel que l'au-,
teur le propoſe , et qu'il a tâché de faire
exprès.Si les perfones zelées & charitables
qui dirigent les écoles des pauvres , n'étoient
pas fi efclaves des métodes vulgaires
, il feroit aifé de leur faire voir combien
il y auroit à gagner en fuivant la mérode
propofée ici .
Lorfqu'un enfant prend gour à l'exercice
du jeu abecedique , il faut lui doner,
une caffete habillée ou couverte de letres
dans laquelle il puiffe tenir les jeux de
carte s
1712 MERCURE DE FRANCE
cartes qu'on lui fait & qu'on lui done ;"
il eft bien-aife d'avoir la proprieté des
chofes , et la crainte d'être privé de ce petit
meuble peut fervir quelquefois à r'animer
le gout literaire. Cete caffete a paru
neceffaire , et l'on a cru pouvoir en faire
fervir les faces aux leçons de l'enfant.:
c'eft-là fon premier livre , ou du moins
c'en font les premieres pages. Si l'on s'amufe
avec des écrans & des éventails .
pourquoi des enfans ne s'amuferoient - ils
pas avec cète caffete ? Ils ont en petit le
mélange de toutes les paffions ; on doit les
étudier , les tourner à leur avantage , &
metre les enfans en état de montrer les
letres à leurs petits freres ou petites foeurs
s'ils en ont , come a fait le petit Goffard ,
cité dans la letre inferée dans le Mercure
de Juillet 1730. Rien n'anime tant un enfant
que de fe voir des écoliers. Le petit
Candiac montroit à lire à des enfans deux
fois plus agés que lui .
Il faudra auffi doner à l'enfant un petit
bureau come ceux de la Pofte , fur lequel
il puiffe ranger toutes les letres qu'il tirera
de la caffeté , & qu'il nomera plufieurs
fois , en continuant feul ce badinage ,
meme avec encor plus de plaifir s'il y a
quelque fpectateur qui applaudiffe & qui
done du courage . Par le moyen de ce bureau
, on peut épargner aux enfans des
princes
AOUST. 1730. 1713
princes , et des grans feigneurs bien de la
peine , bien du dégout & bien du tems ,
en fefant travailler au bureau du PRINCE &
devant LUI , quelque digne enfant drelé
pour cet inftructif & amulant exercice .
L'auteur donera fur tous les fons, quelques
exemples de la maniere dont on doit
faire apeler les letres en commençant à
compofer , à imprimer & à lire, felon cete
metode . Car dès le premier jour de l'exercice
, on peut faire l'un & l'autre . On donera
des exemples faits exprès à l'égard
des lètres dont on a un peu changé le
nom , en faveur du fon & de la valeur
réelle & efective des caracteres ; et c'eft
pour cela que l'auteur a compofé des lignes
de quelques mots latins ou arbitraires,
moins foumis aux règles ordinaires de
la lecture ; car d'ailleurs il n'eft prefque
pas neceflaire d'épeler , quand on fuit la
metode des fons exprimés par une filabe ,
qui réponde au veritable fon local des letres
& des caracteres fimples & doubles .
Nous aprenons à parler machinalement
par l'articulation & par la converfation ,
mais pour la lecture & l'écriture , il faut
quelque chofe de plus , c'eft un art qu'on
peut & qu'on doit perfectioner en tâchant
de le rendre plus aifé , plus agréable
& plus utile. Cet art eft la clé des
fiences , qui font le bonheur de toutes
B
log
1714 MERCURE DE FRANCE
les nations policées , et c'eft en vue de l'utilité
publique , que l'auteur done l'heureux
effai de cete metode. Il eft prefque
impoffible de montrer à lire par principes
, il y a trop de bizarerie dans l'ufage
des letres, et encore plus dans l'ortografe.
On eft donc réduit à la routine , mais il
ne s'enfuit pas qu'on ne la puiffe rectifier
en donantune métode pour tout ce qui en
eft fufceptible , et réduifant aux princi
pes tout ce qui peut abreger & perfectioner
l'art de montrer les letres aux petits
enfans. On fe ate de l'avoir fait
d'une maniere heureufe & facile , en forte
que les plus grandes dificultés , et prefque
toutes les bizareries de l'ufage fe trouvent
& s'aprenent tres facilement par
l'exercice ou par la pratique des principes
qu'on a donés pour l'ufage du bureau
tipografique.
On ne fauroit, au refte, trop recomander
aux perfones qui montrent les letres aux
enfans, de les faire paffer peu à peu & par
degrés aux filabes les plus dificiles , ce
qui eft , je penfe , une fuite de la vraie metode
de montrer à lire , néanmoins outre
le livre ordinaire , on en doit de tems en
tems prefenter d'autres aus enfans , leur
faire dire les letres , les filabes & les mots
â l'ouverture du livre , et ne pas imiter
seux qui ne favent lire que dans un livre ,
preuve
A O UST. 1730. 1715
preuve de la pure routine & de la mémoire
locale qui font toute la fience d'un
enfant mal montré.
-
Un autre exercice agréable & inftructif
c'eft de faire deviner à un enfant la premiere
letre de chaque mot qu'on lui dit
à haute voix ; et enfuite la fegonde , la
troifiéme , et les autres letres de chaque
filabe des mots , fur tout les confones
initiales , C , G , J , S , T, V , X , Y, Z ,
&c. on en a fait l'experience fur un enfant
de trois ans & trois mois , il n'en
manquoit pas une des initiales , et devinoit
facilement les autres dans de petits
mots. Il faut cependant remarquer
que les voyeles étant plus fenfibles que les
confones , elles font auffi plus aifées à deviner
; c'eft pourquoi l'enfant de trois ans
qui conoit bien les letres , fi on lui demande
, par exemple , la premiere letre
ou le premier fon d'un des mots bale
vile , fote , lune , &c dira que c'eft l'a , l'i ,
l'o , ou l'u. Ces confones initiales font peu
d'impreffion fur les organes de l'enfant ;
la cadence & la tenue en fait de muſique ,
la quantité grammaticale , ou la durée du
fon , ne tombent que fur le fon des voyeles
, & non fur celui des confones : il faut
donc montrer à l'enfant l'art de trouver
la confone , après qu'il a fu trouver la
voyele , et pour cela il fufit de lui apren-
Bij dre
>
1716 MERCURE DE FRANCE
dre à fubftituer la voyele e à la place de
l'autre voyele devinée ,, par exemple ,
changeant en e l'a du mot bale , on dira bele,
et l'enfant fent pour lors la filabe initiale
be , ou le nom doné au caractere b . Cela
eft fi vrai , que fi l'on demande à l'enfant
la premiere letre d'un des mots benir, ceci ,
denier , fenètre , qualité , &c . il répondra
fans hefter que c'eft le be , le ce , le de ,
Le fe,le ka & c. & il eft bon de remarquer ici
l'utilité des noms Ceke , feja , He , Gega,
Ve , &c. donez aux letres C , J , H , G ,
V , puifque c'eft à l'aide de ces dénominations
que l'enfant aprend à diftinguer &
à défigner le fon des letres & des mots
qu'on lui prononce : c'est donc par le
moyen de la voyele auxiliaire ou empruntéc
l'enfant
que
aquerra dans peu la facilité
de deviner également les confones &
les voyeles ; cela paroitra clair & démontré
par la pratique de cète métode qui enfeigne
en peu de tems l'ortografe de l'oreille
ou des fons , en atendant cele des
ïeux , ou de l'ufage .
Avant l'age de trois ans & demi le petit
CANDIAC favoit diftinguer & dicter
tous les fons des mots qu'on lui prononçoit
en latin ou en françois , aïant aquis
P'ortografe des fons avec la parole ; ce
qu'il n'auroit pas fait s'il n'avoit jamais û
que des ABC ordinaires , et qu'il ût apelé
les
AOUST . 1730. 1717
les confones f, g , h , j , l , m , n , r , f, v ,
x, y , z, &c. du nom vulgaire de plufieurs
filabes , nom qui induit en erreur , qui
éloigne du bon & vrai fon , et qui en
fournit un faux ou captieux pour la fubftitution
neceffaire dans l'art d'épeler : par
exemple, dans le mot cacumen , la routine
ordinaire dit , fe , a , ka ; fe , u , qu , cacu;
lieuque
au
feemme
, e , enne , men , cacumen ;
la métode de l'auteur l'on dira ka , a , ka;
qu , u , qu ; cacu , me , e , men ; cacumen ,
&c. Il n'y a point d'oreille qui ne ſente
en dépit des feux , la fuperiorité de cète
métode fur la métode vulgaire , on le
fera voir plus au long en montrant à lire
du latin & du françois,
Pour imprimer cet ABC , on croit qu'il
fera bon d'y metre des filabes & des mots
latins fans fuite ni fens , plutot que de
faire imprimer en filabes disjointes ou divifées
les mots des prieres que l'enfant
n'entend point & qu'il retient ailément ,
fur tout s'il récite déja les mèmes prieres
foir & matin. Les maitres , les parens &
les enfans en font les dupes , quoique
d'une maniere diferente. Cependant pour
confacrer les prémices du favoir de l'enfant
, on poura imprimer les prieres latines
après quelques pages de filabes choifies
exprès,pour faire lire peu à peu & par
degrés les principales dificultés des mots
B iij
ou
1718 MERCURE DE FRANCE
ou des filabes . Aïant imprimé des monofilabes
féparés les uns des autres , il ne
fera pas enfuite neceffaire de féparer ainſi
les filabes du Pater , de l'Ave & du Credo,
&c. come on le fait peut-être mal- à - propos
dans les livres ordinaires des ABC.
La priere eft un exercice fi férieux & fi
néceffaire , qu'on ne fauroit trop tôt y
acoutumer les enfans ; mais par respect
pour la priere mème , on ne devroit pas
d'abord les metre à cète lecture , de crainte
de trop de routine , et de pure articulation
: il feroit donc mieux après l'A
BC françois de faire imprimer en deux
colones les prieres en latin & en françois
afin que l'enfant les comprit plutot les
lifant & les récitant en chaque langue..
Livre anoncé fous le titre de la B1-
BLIOTEQUE DES ENFANS ,
les premiers élemens des letres .
Po
ou
Uifque vous le fouhaités , Monfieur ,
en faveur des perfones qui font ufage
du bureau tipografique , j'aurai encore
l'honeur de vous parler de la Biblioteque
des enfans , et de vous doner la fuite des
reflexions & des inftructions préliminalres
fur cet ouvrage. L'auteur qui m'a
confié fon manufcrit , eft d'ailleurs bien
aife de preffentir le gout du public avant
que de l'expofer à l'emplete , et qui pis
eft , à la lecture d'un livre dont il feroit
peut-être peu de cas par la fuite..
Un enfant capable de diftinguer les
couleurs & les objets fans les nomer , peut
en ètre amuſé de bone heure ; il ne s'agit
que du chois des objets qu'on lui préſente
pour le divertir , plutot que pour l'apliquer
d'une maniere nuifible : D'ailleurs
l'enfant fait conoitre fon dégout dès qu'il
le fent ; il ne faut donc jamais le forcer
au jeu ; l'on doit au contraire nourir &
entretenir en lui le defir de badiner avec
des objets inftructifs. Le tout confifte dans
ce point , & la diverfité des objets fervant
& tendant à mème fin , certaines heures
de
A O UST . 1730. 1697
I
de gaiété , de bone humeur , prifes avant
ou après les répas , donent plus de tems
qu'il n'en faut pour ce petit exercice . Des
images , des jetons , des médailles , des
letres ifolées fur des dés , ou fur des cartes à
jouer , ne divertiront pas moins un enfant,
que les vils morceaux d'un vafe caffé , et
autres chofes capables de lui faire du mal
come des bâtons; des couteaux, ou des ci
feaux , qu'on a trop fouvent la dangereuſe
complaifance de lui laiffer entre les mains
Il faut préferer à tous autres jeux l'ufage
& le jeu des letres , parce qu'elles font la
clé des arts-& - des fiences . Un enfant d'artifan
aprend de bone heure le nom des
outils de la boutique de fon pere; un anaṛ
tomiſte done à fon enfant des os & des
têtes de mort pour lui fervir d'amufe
ment et en même tems pour avoir ocafion
de lui montrer de bone heure les
premiers élemens de l'anatomie : ne peuton
pas en faire de même à l'égard des élé
mens des letres? La peinture , la gravure,
la fculpture , la broderie ; & c . pouroient
fournir à l'enfant d'un prince , d'un grand
feigneur , ou d'un home riche , diferens
jeux de letres de diverfes matieres
pres à le divertir & à l''inſtruire .
pro
On pouroit au lieu de cartes ordinaires
avoir des jetons, ou des letres fur une ma
tiere plus folide que cèle des cartes , come
~
Av dess
1698 MERCURE DE FRANCE
des tableaux , des cartons , ou des cartes doubles
& groffieres. On pouroit auffi fe fervir
utilement des fix faces des dés , et les
aranger come les letres des imprimeurs :
faute de dés il fufiroit d'avoir des letres
d'ivoire de buis , ou d'os , dont le noir &
le blancimiteroient l'impreffion ordinaire :
on pouroit faire cela pour un jeune prin
ce ; & le colombier du bureau tipografique
feroit pour lors garni de petits tiroirs
ou caffetins, remplis des letres fimples out
combinées qui fervent à marquer les fons
de la langue en laquelle on voudroit imprimer.
Mais le jeu des cartes achetées
a la livre & marquées de letres , me paroit
auffi fenfible , plus comode , moins
cher , et non moins inftruétif. D'ailleurs
les perfones qui aiment le jeu , ne defaprouveront
pas que les enfans aprenent
de bone heure à manier les cartes , et ceux
qui n'aiment pas le jeu , n'auront point
lieu de craindre qu'un enfant nouri &
élevé dans le jeu des cartes literaires , deviene
par là efclave de la paffion des autres
jeux de cartes. L'enfant n'aime dans
cet exercice que le côté des letres ; le petit
CANDIAC , du moins n'avoit de curiofité
que pour le dos des cartes , dont on luf
prefentoit les poins , ou les figures ; & s'il
n'y avoit rien far le dos des cartes , il les
donoit d'abord pour ètre employées util
lement
A O UST. 1730. 1699
lement au bureau . Le mouvement & le
manîment des cartes done à la main de
l'enfant une adreffe toute particuliere.
cèle
On pouroit encore par l'affemblage &
la combinaiſon des letres , faire un jeu
inftructif; des croix , des figures d'homes,
d'animaux et d'autres objets capables
d'exciter la curiofité & de reveiller l'atention
en variant tout, de tems en tems par
la nouveauté la dépenfe que l'on feroit
pour cela feroit toujours au-deffous de
qu'on fait pour de riches, mais ignorantes
bagateles . On met volontiers une
piftole à un noeud de ruban , ou à un bonet
pour un enfant, auquel on plaint fourvent
un mois d'inftruction : on done fans
neceffité un repas de dix piftoles à cinq
ou fix amis , pendant que l'on refufe a
fon enfant un livre de trente fous : la vanité
dédomageant dans l'un , on croit
Fautre pure perte : oferai -je dire que le
corps obtient le fuperflu , pendant que
l'efprit n'a pas le neceffaire. Cependant fi
Pon trouve cète métode trop chere &
trop pénible , on peut la laiffer à ceux
qui auront plus de bien, plus de patience,
et plus d'envie d'avancer de bone heure
feurs enfans. Il ne faut difputer ici ni des
gouts ni des génies ; mais on peut dire en
general que la faute des éducations manquées
, vient ordinairement des parens &
A vi des
1700 MERCURE DE FRANCE
'des maitres , plutot que des enfans : j'en
apele à l'experience ; chacun critique l'éducation
des enfans de fon voifin , pendant
qu'il s'aveugle fur celle des fiens propres .
On peut d'abord faire aprendre aux enfans
come à des peroquets , à prononcer
les voyeles & les confones ; et
par leur
nomination faire entrer les fons de la lan
gue françoife par l'oreille , avant que de
leur en montrer la figure aux ïeux : on
metra par là en exercice les organes de
la parole , fur tout fi l'on a foin de pro
noncer à haute voix lés fons de notre lan
gue fimples ou compofés. Et fi l'on s'aper
çoit que l'enfant ne prononce pas
facile
ment certaines letres de l'A BC , ou que
par le défaut de fes organes il articulef'une
pour l'autre , ou qu'enfin il ne foit
pas fidele écho , il eft bon pour lors de
repeter fouvent devant lui diftinctement
& à haute voix les fons qu'il ne peut exprimer
; et de ne lui point faire dire les
letres qu'il articulé en la place de cèles
qu'on lui demande : ce qui a fouvent leu ›
dans la prononciation du chè françois &
des letres C , R , G ; Z ; S , &c. Quand un
enfant en parlant prononce mal certaines
letres , et qu'il articule la foible pour la
forte 3 non -feulement il faut le reprendre,
mais il eſt bon encore d'éloigner de lui les
domeftiques qui ont le mème défaut ; fans
qui
A O UST . 1730. 170.1 °
quoi l'enfant rifque de conferver toujours
les prononciations vicieufes que pou
roient lui doner des gouvernantes ou des
valets de chambre..
Y.
e
Des cartes à jouer fans figures,fans poins;
& blanches des deux côtés , feront plaifir
à un enfant de deux ans ; mais s'il y a
des figures , des poins , & des letres , le
plaifir en fera plus grand . On peut donc
prendre des cartes au dos defqueles on
metra d'abord au milieu l'ABC , pour
inftruire & divertir un petit enfant ; l'on
dit au dos & au milieu des cartes , parce
que dans la fuite en fefant travailler au
bureau tipografique , on emploîra le haut -
& le coin ou l'angle du dos des cartes, pour
marquer les abreviations des mots No.
M' , M , M , S ' , S ", 3 ° , &c. ce qui
fait voir la neceffité de cete diftinction . Il
eft mieux de ne pas employer les cartes
à figures, et de choifir feulement les cartes
à poins , fupofé qu'on ne veuille pas en
faire faire exprès de toutes blanches &
petites come cèles des étrenes mignones ;
les poins des cartes peuvent encore fervir
à conter depuis un jufqu'à dix , ce qui
eft beaucoup pour un enfant de deux à
trois ans , puifque des peuples entiers
n'exprimoient , dit- on , les fomes au-delà
de ce nombre qu'en ouvrant plufieurs fois
les mains, Un enfant amufe de bone heure
Par
1702 MERCURE DE FRANCE
par ce jeu de letres , s'y livre avec plaiſir, &
par imitation voyant l'action & l'exemple
des autres il n'en conoit pas la raifon , il
n'y fent aucune peine , et c'eft ce que l'experience
perfuadera mieux que de fimples
raifonemens.
On doit paffer d'un objet à un autre , et
du fimple au compofé : c'eft pourquoi il
ne faut d'abord qu'une letre au milieu
d'une carte , començant par les voyeles
avant que de paffer aux confones , et employant
les grandes letres avant que de
doner les petites. Des cartes avec les letres
donées à deviner , ont l'air d'un jeu plu
tôt que
d'une étude : on comence la premiere
leçon par les cinq voyeles , à caufe
qu'elles font plus faciles à prononcer. On
a , par exemple,un jeu de vint - cinq cartes,
favoir cinq cartes marquées d'un A ; cinq
cartes marquées d'un E ; autant pour
chacune des autres voyeles, J, O, U : après
quoi l'on bat les cartes , on coupe & l'on
fait nomer les letres à l'enfant. Dans la
fuite , pour diminuer le nombre des carres
& rendre la leçon ou le jeu plus utile ,
on marquera cinq cartes chacune avec les
cinq voyeles , favoir les quatre coins avec
A, E , O , V , et le milieu avec Ƒ' , pour
la leçon des cinq voyeles , et l'on tournéra
la carte de l'autre fens quand on vou
dra y montrer les cinq petites voyeles à
côté des grandes, Quand
A O UST . 1730. 1703
Quand l'enfant fait le jeu des cinq voyeles
A , E , 1,0 , V , on y joint une carte
du jeu des confones prifes au hazard entre
cèles qu'il prononce le mieux , fans
s'affervir à l'ordre abecedique : on peut
donc augmenter le jeu en ajoutant la carte
du B , du D , & c. et doner à la confonet
fon nom réel & efectif au lieu du nom
vulgaire , lorfqu'il peut induire en erreur.
Puifqu'on ne done plus les noms
d'Aleph , Beth , & d'Alpha , Beta , &c.
aux caracteres de l'a b c , latin & françois
, l'auteur a cru pouvoir fe fervir des
mots abe ce & abecedique , au lieu des
mots alfabet et alfabetique , afin de
ne pas faire à de petits enfans un mistere
d'une chofe auffi fimple. Après avoir
donc comancé par le jeu des cinq voyeles
A, E ,J , O,U , à caufe de leur prononciation
aifée ; il s'agit de paffer aux confones,
et de leur doner le nom qui leur convient
le mieux , par raport à l'ufage & à
Péfet de ces mèmes letres combinées avec
les autres , d'abord on done un nom pro-
-pre , réel & efectif d'une filabe , à là letre
, fi elle n'eft employée que pour un
fon , ou qu'elle ait un nom particulier ,
et non comun aux autres , come Be , De ,
Fe , He, Le , Me , Ne , Pe , Re , Ve , Ze,
و
c. Il faut donc , à l'exemple des Muficiens
, doner aux letres feules ou combinées
1704 MERCURE DE FRANCE
nées le fon qu'elles exigent & qu'elles reçoivent
, fort ou foible , felon l'endroit
où elles font placées ; affervir les caracteres
aux fons , er non les fons aux caractéres
; continuer de la forte l'ufage des
combinaiſons ; imiter les Muficiens qui
content pour rien l'erreur & le nom de
la note , pourvu que l'on prène le ton ,
et que l'on chante jufte l'intervale dont
il s'agit dans la leçon qu'un écolier aprend
à dechifrer , ou à folfier , pour épeler ,
par exemple , les mots cacus , gigas , & c.
on dira ce , e , cæ ; qu , u , ce ; qus. cæcus;
je, i gi gu , a , ce , gas , gigas , & c .
-
Il femble que l'é muet devroit fervir ,
pour ainfi dire , d'ame aux confones
plutot qu'une autre voyele ; cet e muet
n'eft qu'une émiffion de voix qui foutient
cète confone ; et fans l'apui de cete émiffron
de voix ou e muet , les confones frnales
, ou fuivies d'autres confones , re
fauroient ètre prononcées. La voyele e é- -
tant plus aifée à prononcer & moins mar
quée que les autres , paroit ètre préferable
pour l'élifion néceffaire. En lifant ou épolant
, par exemple , le petit mot flos , l'enfant
qui neconoit que les letres& leur va
leur réele , par leur veritable nom , dira
felon cete métade fe , leo , ce , lefquels
uatre fons aprochent plus du vrai fon
qu mot flos , que les fons fuivans , effe : 25
ella
AOUST.. 1730. 1705
elle , o , effe , de la metode vulgaire , et
pour lire le grand mot flabellifer , l'enfant.
qui ne conoit que les letres & leur valeur
réele , par leur veritable nom , dira felon
cete metode fe , le , a , be , le , le , i ,fe, re,
lesquels neuf fons aprochent bien plus du
vrai fon du mot flabellifer, que les fons
fuivans , effe , elle , a , be , e , elle elle , i
effe , e, erre. On laiffe à l'oreille du lec
teur équitable à decider laquelle des deux
manieres d'apeler les letres , rend plus facilement
, et immediatement le fon de flos
& de flabellifer. Dans la premiere metode
en nomant les letres rapidement on lit ,
dans la derniere , on a beau les apeler tres
vite , on eft obligé de fuprimer une partie
des letres & des filabes inutiles dans les
noms faux & vulgaires des letres pour
avoir le veritable fon , cherché , deviné
ou dechifré par tradition & par routine ,
plutot que par des principes qui le produifent.
L'auteur cependant fe fert de l'é
fermé pour nomer les letres en latin, quoiqu'il
fache qu'il feroit beaucoup mieux de
n'employer que l'e muet,ainsi qu'il le fera
faire en françois ; mais les latins ne conoiffoient
pas expreffément l'ufage de l'e
muet ; il femble meme qu'il aproche fort
de la voyele françoife en ou de l'e muet
foutenu ; on s'eft donc éloigné le moins
qu'il a été poffiblo de la métode vulgaire
lorfque
1
1706 MERCURE DE FRANCË
lorfque l'on a pu s'en fervir par raport aur
but principal de faciliter la lecture aux enfans
. Quoique la prononciation de la langue
latine foit morte,on ne peut pas douter
qu'ele n'ût des e diferens & plus ou
verts les uns que les autres.
Lorfqu'un enfant eft ferme fur l'A , B,
C, des grandes letres de la premiere , de
la fegonde & de la troifieme leçon du lìvre
de l'enfant, il aprendra presque de lui
mème les petites letres fi on les ajoutefur
les mêmes cartes à coté des grandes ; come
Aa , Bb , & c , de la quatriéme leçon ;
après quoi on lui montrera feparément
les petites letres de la cinquiéme leçon , le
tout , peu à peu , fans impatience , en badinant
& prenant le bon moment de
l'enfant . Pour faciliter ce petit exercice ,
on peut fe fervir des memes cartes dont
on a joué pour les grandes letres ou capitales
; un enfant voit avec plaifir écrire
le petit a à coté du grand 4 : & ainfi
de toutes les letres : il afectione les cartes
qu'il voit preparer pour lui ; la foibleffe ,
fa legereté & la vivacité d'un enfant de
deux à trois ans , ne permetent pas de
lui montrer les letres dans les livres des
A , B , C, ordinaires ; les letres en font
ordinairement trop petites , trop ferées &
en trop grande quantité dans la meme
page ; c'est pourquoi l'auteur a fait remarquer
AOUST. 1730. 1707
marquer qu'on metoit fouvent un enfant
trop tard à l'A , B , C , et trop tôt fur
les livres ; un enfant eft pour lors plus
embaraffé qu'un home qui vèroit une
grande page remplie de petits caracteres
inconus , arabes ou chinois.
L'on peut avoir des A, B , C , en noir ,
en rouge , en bleu & en autant de couleurs
que l'on voudra , cete diverfité eſt
toujours à l'avantage de l'enfant : on peut
les employer indiferament au comancement
; mais dans la fuite les letres noires
& les rouges , ferviront pour diftinguer
le romain & l'italique , le latin & le
françois , dans la compofition à faire au
bureau tipografique.
Quand l'enfant eft affuré fur toutes les
letres , l'on peut avoir un a , b , c , capital
fur un carton , fur de la toile cirée ou
non cirée , fur des ardoifes , fur un tableau
, fur un placard , fur un écran , fur
an éventail , für des canevas , & c . felon
le lieu , la faifon , les perfones & les facilités
que l'on a pour cet exercice : mais
le jeu des cartes marquées d'une letre
l'emporte fur tous les autres jeux. L'on
peut placarder des Aa , B'b , &c. à
la hauteur de l'enfant , deriere ou devant
certaines portes où il paffe & repaffe
, le tout felon la fituation de fon
apartement ou de ceux qu'il parcourt ; ce
que
1708 MERCURE DE FRANCE
"
que l'on obfervera également pour les combinaifons
du'ab , eb , ib , ob , ub , & c. ba,
be , bi , bo , bu , & c. bla , ble , bli , blo ,
blu , &c. bra , bre , bri , bro , brú , & c.
l'on peut
écrire en gros caracteres
ou faire imprimer fur de grandes feuilles
2 pouvoir coler fur des cartes , des cartons
, ou dans des quadres propres à orner
la chambre de l'enfant.
que
A mesure que le jeu de cartes dont on
joue avec l'enfant groffit d'un côté , on
le diminue de l'autre , en ne laiffant
qu'une ou deux cartes de la meme letre,
juſqu'à ce que l'A , B, C , foit reduït
à une feule carte pour chaque letre fimple
ou double , grande ou petite , &c. Les
cartes retranchées du gros jeu fervent à
un autre joueur ; car l'enfant liroit dix a,
b, c , de fuite prefentés par dix perfones
plus volontiers & avec plus de plaiſir
qu'il n'en liroit trois prefentés par le
meme joueur. Un enfant's'imagine enfuite
que chacun a für foi de pareils jeux ,
et les demande avec importunité ; c'eft
pourquoi on fe les prere à l'infçu de l'enfant.
On done auffi les letres à deviner
aux perfones prefentes , qui voulant bien
fe prêter au badinage inftructif , afectent
de mal nomer les lètres; l'enfant triomfe
de pouvoir reprendre , car la vanité precede
la parole , et l'on doit metre tour à
profit.
AOUST. 1730. 1709 .
profit. Pour augmenter le jeu des cartes
de l'A , B , C , on poura y ajouter le jeu
des petites letres , et comancer par celes
qui ont prefque la meme forme & figure
que leurs capitales ; par exemple , Cc ,
Ĵj , Kk , Pp , SS , Vv , Yy , Zz ,
&c. et paffer enfuite aux autres letres , fans
s'affervir à l'ordre abecedique.
Si le public goutoit cète metode , on
pouroit avoir des A, B, C, fur des jetons,
fur des fiches à jouer , fur des dés , tant
pour les fons que pour les lètresson pouroit
mème faire des jeux.come ceus de l'oie , de
la chouete , des dames , & c. chacun peut,
felan fon gout & fon imagination , faire
mieux que ce que l'auteur propofe , obfervant
toujours de varier & de confulter
auffi le gout de l'enfant , fon inclination
& fon plaifir , qui font dans un fens la
baze de ce petit fifteme. Ceux qui voudront
fe fervir de cete metode dans les
maifons particulieres doivent avoir les
letres de l'A , B , C , imprimées ou écrites.
On en peut découper & les coler
fur des cartes à jouer qu'on achete à la
livre. Mais come tout le monde n'a pas
ocafion de trouver ou de faire de femblables
caracteres , il feroit beaucoup mieux.
que les imprimeurs ou les cartiers en
vouluffent acomoder le public , n'employant
pour cela que les cartes ou les
cartons
1710 MERCURE DE FRANCE
cartons de rebut. En atendant l'introduction
de cet ufage , et que l'on goute la
metode propofee , on peut s'adreffer aux
religieux qui ont des A , B , C , à jour
fur des plaques de cuivre. On trouve
encore de ces caracteres à jour dans les
églifes catedrales ou collegiales des provinces.
Le plus court fera d'en faire acheter
à Paris chés les ouvriers qui en font,
alors il fera aifé de faire imprimer tout
de fuite vint ou trente A , B , C , imprimant
vint & trente A , fur autant de
cartes rangées fur une table ; enfuite vint
ou trente B , & tout l'A, B , C , de la
meme maniere. Un domeftique peut être
d'abord mis au fait de cète petite imprimerie
; et cete ocupation , aux ïeux de l'enfant
produira autant de bien que produifent
ordinairement de mal l'oifiveté ,
les mauvais difcours & les mauvais exemples
des perfones chargées de l'enfant.
و
On pouroit fe fervir utilement de cète
metode dans les petites écoles où l'on n'envoie
bien fouvent les enfins que pour y etre
affis & en etre debaraffé lorfqu'on veut
etre libre chés foi , ou pouvoir aler perdre
ailleurs fon tems & fon argent. Si l'on
vouloit donc fuivre ou effaïer cète metode
dans les écoles , il faudroit metre entre'
les mains des enfans plufieurs jeux de cartes
ou de cartons literaires , & l'on pouroit
doner
AOUST. 1730. 1711
doner leçon à plufieurs enfans à la fois ,
ce qui exciteroit , & entretiendroit parmi
eux une noble émulation literaire . Les
écoles de petites filles que tienent les dames
religieufes, pouroient auffi mieux que
perfone faire l'effai de cete metode. Ou
tre les jeux de cartes , marquées de letres ,
ces dames pouroient avoir des A, B , C ,
des ab , eb , ib , ob , ub , &c. ba , be , bi
bo , bu , &c. fur des cartons ou fur des tableaux
exprès , que l'on montreroit aux
enfans come des curiofités. Une leçon publique,
et la démonftration des letres & des
fons de la langue françoife , feroit plus
agréable ou moins ennuyeufe pour la regente,
et mème pour les écolieres ; les murailles
de l'école doivent être le livre public
où les enfans trouveront les élémens ,
des letres , en atendant qu'ils foient en
état de fe fervir d'un livre tel que l'au-,
teur le propoſe , et qu'il a tâché de faire
exprès.Si les perfones zelées & charitables
qui dirigent les écoles des pauvres , n'étoient
pas fi efclaves des métodes vulgaires
, il feroit aifé de leur faire voir combien
il y auroit à gagner en fuivant la mérode
propofée ici .
Lorfqu'un enfant prend gour à l'exercice
du jeu abecedique , il faut lui doner,
une caffete habillée ou couverte de letres
dans laquelle il puiffe tenir les jeux de
carte s
1712 MERCURE DE FRANCE
cartes qu'on lui fait & qu'on lui done ;"
il eft bien-aife d'avoir la proprieté des
chofes , et la crainte d'être privé de ce petit
meuble peut fervir quelquefois à r'animer
le gout literaire. Cete caffete a paru
neceffaire , et l'on a cru pouvoir en faire
fervir les faces aux leçons de l'enfant.:
c'eft-là fon premier livre , ou du moins
c'en font les premieres pages. Si l'on s'amufe
avec des écrans & des éventails .
pourquoi des enfans ne s'amuferoient - ils
pas avec cète caffete ? Ils ont en petit le
mélange de toutes les paffions ; on doit les
étudier , les tourner à leur avantage , &
metre les enfans en état de montrer les
letres à leurs petits freres ou petites foeurs
s'ils en ont , come a fait le petit Goffard ,
cité dans la letre inferée dans le Mercure
de Juillet 1730. Rien n'anime tant un enfant
que de fe voir des écoliers. Le petit
Candiac montroit à lire à des enfans deux
fois plus agés que lui .
Il faudra auffi doner à l'enfant un petit
bureau come ceux de la Pofte , fur lequel
il puiffe ranger toutes les letres qu'il tirera
de la caffeté , & qu'il nomera plufieurs
fois , en continuant feul ce badinage ,
meme avec encor plus de plaifir s'il y a
quelque fpectateur qui applaudiffe & qui
done du courage . Par le moyen de ce bureau
, on peut épargner aux enfans des
princes
AOUST. 1730. 1713
princes , et des grans feigneurs bien de la
peine , bien du dégout & bien du tems ,
en fefant travailler au bureau du PRINCE &
devant LUI , quelque digne enfant drelé
pour cet inftructif & amulant exercice .
L'auteur donera fur tous les fons, quelques
exemples de la maniere dont on doit
faire apeler les letres en commençant à
compofer , à imprimer & à lire, felon cete
metode . Car dès le premier jour de l'exercice
, on peut faire l'un & l'autre . On donera
des exemples faits exprès à l'égard
des lètres dont on a un peu changé le
nom , en faveur du fon & de la valeur
réelle & efective des caracteres ; et c'eft
pour cela que l'auteur a compofé des lignes
de quelques mots latins ou arbitraires,
moins foumis aux règles ordinaires de
la lecture ; car d'ailleurs il n'eft prefque
pas neceflaire d'épeler , quand on fuit la
metode des fons exprimés par une filabe ,
qui réponde au veritable fon local des letres
& des caracteres fimples & doubles .
Nous aprenons à parler machinalement
par l'articulation & par la converfation ,
mais pour la lecture & l'écriture , il faut
quelque chofe de plus , c'eft un art qu'on
peut & qu'on doit perfectioner en tâchant
de le rendre plus aifé , plus agréable
& plus utile. Cet art eft la clé des
fiences , qui font le bonheur de toutes
B
log
1714 MERCURE DE FRANCE
les nations policées , et c'eft en vue de l'utilité
publique , que l'auteur done l'heureux
effai de cete metode. Il eft prefque
impoffible de montrer à lire par principes
, il y a trop de bizarerie dans l'ufage
des letres, et encore plus dans l'ortografe.
On eft donc réduit à la routine , mais il
ne s'enfuit pas qu'on ne la puiffe rectifier
en donantune métode pour tout ce qui en
eft fufceptible , et réduifant aux princi
pes tout ce qui peut abreger & perfectioner
l'art de montrer les letres aux petits
enfans. On fe ate de l'avoir fait
d'une maniere heureufe & facile , en forte
que les plus grandes dificultés , et prefque
toutes les bizareries de l'ufage fe trouvent
& s'aprenent tres facilement par
l'exercice ou par la pratique des principes
qu'on a donés pour l'ufage du bureau
tipografique.
On ne fauroit, au refte, trop recomander
aux perfones qui montrent les letres aux
enfans, de les faire paffer peu à peu & par
degrés aux filabes les plus dificiles , ce
qui eft , je penfe , une fuite de la vraie metode
de montrer à lire , néanmoins outre
le livre ordinaire , on en doit de tems en
tems prefenter d'autres aus enfans , leur
faire dire les letres , les filabes & les mots
â l'ouverture du livre , et ne pas imiter
seux qui ne favent lire que dans un livre ,
preuve
A O UST. 1730. 1715
preuve de la pure routine & de la mémoire
locale qui font toute la fience d'un
enfant mal montré.
-
Un autre exercice agréable & inftructif
c'eft de faire deviner à un enfant la premiere
letre de chaque mot qu'on lui dit
à haute voix ; et enfuite la fegonde , la
troifiéme , et les autres letres de chaque
filabe des mots , fur tout les confones
initiales , C , G , J , S , T, V , X , Y, Z ,
&c. on en a fait l'experience fur un enfant
de trois ans & trois mois , il n'en
manquoit pas une des initiales , et devinoit
facilement les autres dans de petits
mots. Il faut cependant remarquer
que les voyeles étant plus fenfibles que les
confones , elles font auffi plus aifées à deviner
; c'eft pourquoi l'enfant de trois ans
qui conoit bien les letres , fi on lui demande
, par exemple , la premiere letre
ou le premier fon d'un des mots bale
vile , fote , lune , &c dira que c'eft l'a , l'i ,
l'o , ou l'u. Ces confones initiales font peu
d'impreffion fur les organes de l'enfant ;
la cadence & la tenue en fait de muſique ,
la quantité grammaticale , ou la durée du
fon , ne tombent que fur le fon des voyeles
, & non fur celui des confones : il faut
donc montrer à l'enfant l'art de trouver
la confone , après qu'il a fu trouver la
voyele , et pour cela il fufit de lui apren-
Bij dre
>
1716 MERCURE DE FRANCE
dre à fubftituer la voyele e à la place de
l'autre voyele devinée ,, par exemple ,
changeant en e l'a du mot bale , on dira bele,
et l'enfant fent pour lors la filabe initiale
be , ou le nom doné au caractere b . Cela
eft fi vrai , que fi l'on demande à l'enfant
la premiere letre d'un des mots benir, ceci ,
denier , fenètre , qualité , &c . il répondra
fans hefter que c'eft le be , le ce , le de ,
Le fe,le ka & c. & il eft bon de remarquer ici
l'utilité des noms Ceke , feja , He , Gega,
Ve , &c. donez aux letres C , J , H , G ,
V , puifque c'eft à l'aide de ces dénominations
que l'enfant aprend à diftinguer &
à défigner le fon des letres & des mots
qu'on lui prononce : c'est donc par le
moyen de la voyele auxiliaire ou empruntéc
l'enfant
que
aquerra dans peu la facilité
de deviner également les confones &
les voyeles ; cela paroitra clair & démontré
par la pratique de cète métode qui enfeigne
en peu de tems l'ortografe de l'oreille
ou des fons , en atendant cele des
ïeux , ou de l'ufage .
Avant l'age de trois ans & demi le petit
CANDIAC favoit diftinguer & dicter
tous les fons des mots qu'on lui prononçoit
en latin ou en françois , aïant aquis
P'ortografe des fons avec la parole ; ce
qu'il n'auroit pas fait s'il n'avoit jamais û
que des ABC ordinaires , et qu'il ût apelé
les
AOUST . 1730. 1717
les confones f, g , h , j , l , m , n , r , f, v ,
x, y , z, &c. du nom vulgaire de plufieurs
filabes , nom qui induit en erreur , qui
éloigne du bon & vrai fon , et qui en
fournit un faux ou captieux pour la fubftitution
neceffaire dans l'art d'épeler : par
exemple, dans le mot cacumen , la routine
ordinaire dit , fe , a , ka ; fe , u , qu , cacu;
lieuque
au
feemme
, e , enne , men , cacumen ;
la métode de l'auteur l'on dira ka , a , ka;
qu , u , qu ; cacu , me , e , men ; cacumen ,
&c. Il n'y a point d'oreille qui ne ſente
en dépit des feux , la fuperiorité de cète
métode fur la métode vulgaire , on le
fera voir plus au long en montrant à lire
du latin & du françois,
Pour imprimer cet ABC , on croit qu'il
fera bon d'y metre des filabes & des mots
latins fans fuite ni fens , plutot que de
faire imprimer en filabes disjointes ou divifées
les mots des prieres que l'enfant
n'entend point & qu'il retient ailément ,
fur tout s'il récite déja les mèmes prieres
foir & matin. Les maitres , les parens &
les enfans en font les dupes , quoique
d'une maniere diferente. Cependant pour
confacrer les prémices du favoir de l'enfant
, on poura imprimer les prieres latines
après quelques pages de filabes choifies
exprès,pour faire lire peu à peu & par
degrés les principales dificultés des mots
B iij
ou
1718 MERCURE DE FRANCE
ou des filabes . Aïant imprimé des monofilabes
féparés les uns des autres , il ne
fera pas enfuite neceffaire de féparer ainſi
les filabes du Pater , de l'Ave & du Credo,
&c. come on le fait peut-être mal- à - propos
dans les livres ordinaires des ABC.
La priere eft un exercice fi férieux & fi
néceffaire , qu'on ne fauroit trop tôt y
acoutumer les enfans ; mais par respect
pour la priere mème , on ne devroit pas
d'abord les metre à cète lecture , de crainte
de trop de routine , et de pure articulation
: il feroit donc mieux après l'A
BC françois de faire imprimer en deux
colones les prieres en latin & en françois
afin que l'enfant les comprit plutot les
lifant & les récitant en chaque langue..
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Résumé : TROISIÉME LETRE sur le Livre anoncé sous le titre de la BIBLIOTEQUE DES ENFANS, ou les premier élemens des letres.
Le texte du Mercure de France de 1716 présente une méthode pédagogique innovante pour enseigner la lecture et l'orthographe aux enfants. Cette méthode repose sur la substitution d'une voyelle connue à une voyelle inconnue dans les mots, permettant ainsi à l'enfant de prononcer correctement les syllabes initiales. Par exemple, en changeant l'a en e dans le mot 'bale', on obtient 'bele', ce qui aide l'enfant à identifier la lettre b. Les noms donnés aux lettres, tels que 'Ceke' pour C et 'feja' pour J, facilitent la distinction et la définition des sons des lettres et des mots. Cette approche permet à l'enfant d'acquérir rapidement la capacité de deviner les consonnes et les voyelles. Le texte cite l'exemple de Candiac, qui, avant l'âge de trois ans et demi, savait distinguer et dicter les sons des mots en latin et en français grâce à cette méthode. En revanche, les méthodes traditionnelles, qui utilisent des noms vulgaires pour les consonnes, induisent en erreur et éloignent du bon son. Le texte critique ces méthodes, soulignant qu'elles ne permettent pas aux enfants de maîtriser correctement la prononciation des lettres. Pour enseigner la lecture, le texte recommande d'imprimer des syllabes et des mots latins sans suite ni sens, plutôt que des prières que l'enfant ne comprend pas. Les prières latines peuvent être ajoutées après quelques pages de syllabes choisies pour faciliter l'apprentissage des principales difficultés des mots ou des syllabes. De plus, il est suggéré d'imprimer les prières en latin et en français en deux colonnes pour que l'enfant les comprenne mieux en les lisant et en les récitant dans chaque langue. En résumé, cette méthode pédagogique propose une approche ludique et interactive pour enseigner la lecture et l'orthographe aux enfants, en utilisant des substitutions de voyelles et des noms spécifiques pour les lettres. Elle vise à rendre l'apprentissage plus efficace et compréhensible pour les jeunes élèves.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1816-1818
L'Art d'enseigner le Latin aux enfans en les divertissant & sans qu'ils s'en apperçoivent, [titre d'après la table]
Début :
L'ART D'ENSEIGNER LE LATIN aux petits enfans en les divertissant & sans [...]
Mots clefs :
Latin, Enfants, Éducation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Art d'enseigner le Latin aux enfans en les divertissant & sans qu'ils s'en apperçoivent, [titre d'après la table]
L'ART D'ENSEIGNER LE LATIN aux
petits enfans en les divertiffant & fans
qu'ils s'en aperçoivent. Dépendance de
L'Art d'élever la jeuneffe , felon la difference
des âges , du fexe & des conditions;
par M. de Vallanges . A Paris , Quay des
Auguftins & rue S. Jacques , chez Gandouin
& Laifnel , 1730.
M. de Vallanges ne fe dément point ;
continuellement animé d'un zele ardent
pour le bien public en general , & pour
l'avancement des Lettres & l'éducation
des enfans , defcend dans ce petit ouvrage
jufques dans les moindres détails ,
fur tout ce qu'il croit pouvoir être utile
à tous les vaftes projets. Quand on joindra
le Latin aux Arts & aux Sciences , dit il ,
on ne verra plus gueres de Faineans , qui
font les Chenilles , les Sauterelles & les
Hannetons de chaque Etat.... Outre les
avantages de la nouvelle Méthode , j'ajouterai
que l'on enfeigne le Latin à peu
de frais , parce qu'on n'eft pas long temps
à l'apprendre, & que l'on n'ufe ni encre ,
ni plumes , ni papier ; par ce moyen les
enfans ne tâcheront ni leur linge, ni leurs
habits , & ils ne gâteront pas leurs mains,
comme ils font à prefent en grifonant
leurs
A O UST. 1730. 1817
leurs Thémes. . . Et comme il n'y
a point de Thémes à compofer , on épargne
auffi les Verges & les Férules , inftrumens
qu'on ne connoît point du tout
dans mon fyftême d'étude .
Il prend la précaution à la page 16 ;
de prier le Lecteur d'excufer fes naïvetez
, les entretiens familiers ne demandant
pas tant de régularité . Je ne parle
point icy en Académicien , dit-il.
Dans l'art d'élever les enfans qui font à la
mammelle, l'Auteur ne veut point que les
enfans connoiffent leurs nourrices. On
peut tirer de tres- grands avantages de
cette pratique , pourfuit- il . Le commerce
d'entretien d'un enfant avec fa nourrice
ne peut être que très
préjudiciable
aux enfans , ainfi je ne le fouffrirois
point
du tout.Vous en verrez la raifon dans mon
Art d'élever
les enfans
à la mammelle
.
Dans ce qui regarde
l'éducation
de la
jeuneffe
, je vous confeille
de tout changer;
j'offre de fournir
dans tres- peu de
temps un tres- grand nombre
de Gouvernantes
& de Promeneufes
, & de Remueufes
Latiniftes
; il ne faudroit
pas un an
pour en fournir
tout Paris , toutes les
Villes de Province
, & tout les Païs Etrangers.
Une Chandelle
allumée
en allume
bien vîte dix autres , les dix autres
en allument
chacune
, &c. & ainfi dans peu de
F v A
(1818 MERCURE DE FRANCE .
temps toute la Terre feroit latine.
A la page 68 , & fuivantes, M. de Vallanges
, donne des idées generales d'Academies
inftructives
, propres
aux garçons
&
aux filles de differens états. N'oublions
pas
cette circonftance
: Je donnerai
le moyen
inceffamment
, dit- il , que cette éducation
ne coute rien du tout aux parens .
le
C'eft par le miniftere des filles , pourfuit
l'Auteur , que l'on donnera la forme
à tous les enfans des deux fexes , de quelques
conditions qu'ils foient . C'eſt par
moyen de ces filles que l'on enfeignera
les Langues , les Sciences , les Arts , les
Hiftoires & même les exercices du corps;
en plaifantera qui voudra , je fçai à quoi
m'en tenir.
petits enfans en les divertiffant & fans
qu'ils s'en aperçoivent. Dépendance de
L'Art d'élever la jeuneffe , felon la difference
des âges , du fexe & des conditions;
par M. de Vallanges . A Paris , Quay des
Auguftins & rue S. Jacques , chez Gandouin
& Laifnel , 1730.
M. de Vallanges ne fe dément point ;
continuellement animé d'un zele ardent
pour le bien public en general , & pour
l'avancement des Lettres & l'éducation
des enfans , defcend dans ce petit ouvrage
jufques dans les moindres détails ,
fur tout ce qu'il croit pouvoir être utile
à tous les vaftes projets. Quand on joindra
le Latin aux Arts & aux Sciences , dit il ,
on ne verra plus gueres de Faineans , qui
font les Chenilles , les Sauterelles & les
Hannetons de chaque Etat.... Outre les
avantages de la nouvelle Méthode , j'ajouterai
que l'on enfeigne le Latin à peu
de frais , parce qu'on n'eft pas long temps
à l'apprendre, & que l'on n'ufe ni encre ,
ni plumes , ni papier ; par ce moyen les
enfans ne tâcheront ni leur linge, ni leurs
habits , & ils ne gâteront pas leurs mains,
comme ils font à prefent en grifonant
leurs
A O UST. 1730. 1817
leurs Thémes. . . Et comme il n'y
a point de Thémes à compofer , on épargne
auffi les Verges & les Férules , inftrumens
qu'on ne connoît point du tout
dans mon fyftême d'étude .
Il prend la précaution à la page 16 ;
de prier le Lecteur d'excufer fes naïvetez
, les entretiens familiers ne demandant
pas tant de régularité . Je ne parle
point icy en Académicien , dit-il.
Dans l'art d'élever les enfans qui font à la
mammelle, l'Auteur ne veut point que les
enfans connoiffent leurs nourrices. On
peut tirer de tres- grands avantages de
cette pratique , pourfuit- il . Le commerce
d'entretien d'un enfant avec fa nourrice
ne peut être que très
préjudiciable
aux enfans , ainfi je ne le fouffrirois
point
du tout.Vous en verrez la raifon dans mon
Art d'élever
les enfans
à la mammelle
.
Dans ce qui regarde
l'éducation
de la
jeuneffe
, je vous confeille
de tout changer;
j'offre de fournir
dans tres- peu de
temps un tres- grand nombre
de Gouvernantes
& de Promeneufes
, & de Remueufes
Latiniftes
; il ne faudroit
pas un an
pour en fournir
tout Paris , toutes les
Villes de Province
, & tout les Païs Etrangers.
Une Chandelle
allumée
en allume
bien vîte dix autres , les dix autres
en allument
chacune
, &c. & ainfi dans peu de
F v A
(1818 MERCURE DE FRANCE .
temps toute la Terre feroit latine.
A la page 68 , & fuivantes, M. de Vallanges
, donne des idées generales d'Academies
inftructives
, propres
aux garçons
&
aux filles de differens états. N'oublions
pas
cette circonftance
: Je donnerai
le moyen
inceffamment
, dit- il , que cette éducation
ne coute rien du tout aux parens .
le
C'eft par le miniftere des filles , pourfuit
l'Auteur , que l'on donnera la forme
à tous les enfans des deux fexes , de quelques
conditions qu'ils foient . C'eſt par
moyen de ces filles que l'on enfeignera
les Langues , les Sciences , les Arts , les
Hiftoires & même les exercices du corps;
en plaifantera qui voudra , je fçai à quoi
m'en tenir.
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Résumé : L'Art d'enseigner le Latin aux enfans en les divertissant & sans qu'ils s'en apperçoivent, [titre d'après la table]
L'ouvrage 'L'Art d'enseigner le latin aux petits enfans en les divertissant & sans qu'ils s'en aperçoivent' de M. de Vallanges, publié à Paris en 1730, présente une méthode innovante pour l'apprentissage du latin chez les enfants. Vallanges vise à combiner l'enseignement du latin avec les arts et les sciences pour réduire l'oisiveté. Sa méthode permet un apprentissage rapide et économique, sans matériel coûteux, et évite de salir les vêtements et les mains des enfants, tout en supprimant les punitions corporelles. Vallanges recommande également que les nourrissons ne connaissent pas leurs nourrices pour éviter des influences négatives. Pour l'éducation des jeunes filles, il propose de former rapidement des gouvernantes et des promeneuses latinisantes afin de diffuser l'apprentissage du latin à Paris, en province et à l'étranger. L'auteur suggère la création d'académies instructives pour les garçons et les filles de différents milieux sociaux, financées par le ministère des filles, offrant une éducation gratuite en langues, sciences, arts, histoire et exercices physiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 1912-1935
QUATRIÉME LETRE Sur l'usage du bureau Tipografique.
Début :
Il ne faut pas douter, Monsieur, que l'exercice du bureau tipografique n'amuse [...]
Mots clefs :
Enfants, Cartes, Méthode, Exercice, Coeur, Combinaison, Esprit, Apprentissage, Français, Latin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUATRIÉME LETRE Sur l'usage du bureau Tipografique.
QUATRI E'M E
Sur Pufage dubureau Tipografique .
L ne faut pas douter , Monfieur , que
l'exercice du bureau tipografique n'amufe
& n'inftruise l'enfant , si les maitres
ont beaucoup de douceur & de patiance
en lui fefant dire les letres , les filabes
les mots et les lignes , qu'il doit pren- ,
dre dans fa caffette pour les compofer &
décompofer fur la table de fon bureau
en començant par les combinaifons elemaenSEPTEMBRE
. 1730. 1913
•
bro ,
› mentaires. Ab , eb ib , ob , ub , &c.
Ba , be , bi , bo , bu , & c. mises sur les
cartes dont l'enfant a déja joué , où sur
d'autres , en continuant par les combinaiſons
bla , ble , bli , blo , blu , & c. bra ,
bre , bri , bru , &c. fuivant l'ordre
doné pour la feuille de la caffere.
On peut ensuite faire lire l'enfant sur
des cartes , dont on fera des jeux come
l'on avoit déja fait en montrant à conoitre
les letres : le premier jeu eft pour le
Ab , eb , ib , ob , ub , & c. le fegond
pour le Ba , be , bi , bo bu , &c. le troifiéme
, pour le Bla , ble,bli , blo , blu, &c.
Le quatrième , pour le Bra , bre , bri
bro , bru. Il faut obferver de ne metre
qu'une ou deux lignes sur une carte à
mesure que l'enfant fe familiarife avec les
lignes plus ou moins chargées de filabes
ou de confones combinées avec les cinq
voyeles . Aiant mis à la premiere ligne
le Ba , be , bi , bo , bu , on poura metre à
la fegonde ligne les combinaifons du P ,
letre forte de la letre foible B. Exemples :
1. en deux lignes horizontales , felon la
maniere ordinaire d'écrire ; 2º . ou en
deux lignes perpendiculaires , pour renger
les cartes vis- à - vis les célules de leurs
letres B P , &c. 3 ° . ou en employant
les quatre coins & le milieu des cartes ,
>
come
)
1714 MERCURE DE FRANCE
come on l'a fait ci- devant pour le jeu des
cinq voyèles.
Pa, pe, pi, po, pu..}
Ba pa
be pe
ba
bez
bi >& c.
bu.
Ba, be, bi, bo, bu. } oubi pi
youbo
bo po
bu
pu
L'on combinera de même les letres liquides
l , m , n , r, et les letres doubles
x , y , &c. fans oublier la letre h , & c.
ainfi qu'on l'a fait pour les combinaiſons
de la caffete , et qu'on poura copier en
long & en large fur autant de cartes que
l'on voudra , pour former des jeux abecediques.
En voilà bien affes pour metre au
fait de cete métode. La pratique la fera
paroitre encore plus ingenieufe , fi l'on
étudie l'enfant , et qu'on l'observe bien.
L'on doit peu peu se servir des letres
italiques , et des letres d'écriture : on en a
fait l'experience avec un enfant de trois ans
qui en peu de tems conut tous les diferens
abc , et se servit avec fuccès de plus de
cent celules diferentes , où il tenoit les
letres & les caracteres fimples ou combinés
pour composer ou imprimer sur son
bureau , ce qu'on lui dictoit , ou ce qu'on
lui donoit écrit fur une carte.
à
Quand l'enfant fait composer ou décomSEPTEMBRE.
1730. 1915
composer fur son bureau tous les tèmes
ordinaires & domeftiques , on doit lui en
fournir tous les jours de nouveaux , prenant
d'abord préferablement pour sujet
les parens , les amis , les persones & les
faits dont l'enfant a conoissance , & lui
en donant enfuite en latin & en françois
de deux , trois , et quatre lignes fur la
longueur d'une carte , et d'un caractere
gros , diftinct , à proportion du favoir &
des forces de l'enfant. Après avoir doné
des tèmes fur toutes les perfones , et fur
les faits journaliers que l'enfant conoit
on poura lui en doner fur le Saint du
jour , et sur des fuites hiftoriques , come
109 tèmes fur les 109 époques du jeu hiſto-.
rique du R. P. Buffier ; & semblables sur
l'hiftorique saint ou profane,sur laMitologie,
fur la géografie, &c . On peut aussi doner
une suite de rimes abecediques , &c.
Tous ces tèmes lus & relus devienent une
espece de livre , plus agréable, plus amusant
, et plus utile , que les livres ordinaires
dont on s'eft servi jusques ici.
On poura aussi doner sur des cartes les
terminaisons des declinaifons , et des
conjugaisons , parce que l'enfant se fortifie
à lire le caractere manuscrit ; et qu'il
fe degoute moins d'avoir une ou deux
cartes pour le singulier & le pluriel d'un
nom , d'un pronom , et d'un tems de
yerbe ,
1916 MERCURE DE FRANCE
verbe , que de lire toujours dans un rudiment
odieux . On metra en noir sur
des cartes les adverbes & les prépofitions
du françois , et en rouge les mèmes mots
du latin ; ce qui dans la suite sera tresutile.
Les ouvrages de M. du Marfais , et
le latin construit & expliqué mot à mot
selon fa métode , pouront ètre mis entre
les mains d'un enfant qui comence à lire ,
et qui eft deja en état de faire provifion
de mots , et d'acoutumer son oreille aus
terminaisons des noms declinés & des
verbes conjugués. On trouvera ces noms
declinés , et ces verbes conjugués dans
les cartes ou dans les leçons du rudiment
pratique , qu'on pouroit même doner à
l'enfant , le premier jour de l'exercice
du bureau tipografique.
Dès que l'enfant aura decomposé son
dernier tème , et qu'il en aura fait un
nouveau de quatre ou cinq lignes de bureau
, on poura , pour varier le jeu , le
faire lire quelquefois dans un livre , quelquefois
dans un autre choisi ou fait exprès.
On poura aussi lui redoner de tems
en tenis ses premiers tèmes , ses cartons ,
et tout fon atirail literaire pour badiner
come sa premiere cassete , le casseau portarif
de six celules , le porte tème , de peits
porte- feuilles , un petit sac , & semblables
meubles propres à tenir des ima-
;
ges,
SEPTEMBRE . 1730. 1917
ges , les jeus de cartes , et les tèmes favoris
qui l'amusent & l'instruisent. Il sera
bon surtout de lui faire revoir le samedi
quelques tèmes de la semaine , et du
mois c'est dans ce retour periodique
qu'il sera aisé de juger des progrès de
l'enfant , et de comparer les avantages
de cete metode avec ceux de la metode
vulgaire.
>
Dans les grandes viles , surtout à Paris
, on poura metre à profit le chois de
tous ces imprimés & feuilles volantes qué
l'on crie dans les rues : de même que les
adresses & les enseignes des marchands &
des ouvriers ; outre les images , on trouve
dans ces enseignes des mots dificiles à lire ,
et qui par leur nouveauté donent lieu à
inftruire l'enfant , très sensible à l'aquisition
de tous ces petits éfets literaires , dignes
de sa cassete ; il comence de bone
heure à gouter la proprieté des chofes ; il
est donc bon de lui en montrer l'usage
un petit enfant qui se trouve seul & désocupé
, s'ennuie , il devient souvent à
charge aus autres , au lieu que cete cassete
l'amuse , étant pour lui une maison où
l'ouvrage ne manque jamais : il faut se
preter à l'enfance , si l'on veut réussir
dans l'éducation .
Pendant l'exercice literaire il ne faut
pas negliger de metre l'enfant en état de
badi1918
MERCURE DE FRANCE
badiner avec des jeus de cartes numeriques
;il se familiarisera avec les nombres ,
dont on poura ensuite lui montrer à lire
& à faire les premieres regles , à mesure
qu'il concevra plus facilement les choses.
Si l'on n'a pas des chifres de cuivre & à
jour , pour imprimer les nombres sur
des cartes , on les fera à la main , ainsi
qu'il a été dit en parlant des letres. Après
avoir fait lire à l'enfant les leçons sur les
nombres , on poura lui faire faire de petites
regles fur la table du bureau ; un
peu d'exercice chaque jour fur les nombres
, rendra dans peu l'enfant plus grand
aritmeticien qu'on ne l'eft ordinairement
à cet age là.
Quand un enfant a composé sur son
bureau le françois & le latin de fon tème
, il doit après cela lire tout de suite
& à haute vois , 1º . tout le françois , 2º .
tout le latin , 3 °. chaque mot latin après
le mot françois , 4 ° . chaque mot françois
après le mot latin ; voilà donc quatre
lectures. Cet exercice varié & continué
pendant quelques anées rend un enfant
plus savant qu'on ne l'auroit esperé :
on en sera cependant moins surpris , fi
l'on veut bien faire atention qu'un enfant
en composant ce tème , le lit en
détail plus de cent fois , sans croire l'avoir
lu une seule fois ; c'est ainsi qu'il
aprend
1
SEPTEMBRE . 1730. 1919
ge des
des
aprend par une espece de pratique l'usades
sons , des des letres , des mots ,
parties d'oraison , des terminaisons ,
declinaisons , et des conjugaisons. Ce .
mouvement continuel pour chercher les
cartes dont il a befoin , foit de l'imprimerie
, du rudiment pratique , ou du
dictionaire , entretient le corps en santé ,
et done à l'esprit la meilleure culture
possible .
Pour bien faire pratiquer la métode du
Bureau tipografique , on doit donc acoutumer
l'enfant à metre fur fon Bureau
la copie du tème qu'on lui done , foit de
verfion ou de compofition ; foit en une ,
en deux , ou en trois langues , les unes
fous les autres ; en forte que les deux ou
les trois mots fignifiant la mème choſe ',
foient mis en colone' , l'enfant lira & expliquera
avec plaifir les lignes de ces petitis
tèmes ; cela l'obligera ou lui permet
tra de travailler feul ; ce qui eft un des
plus grands points ; car d'ordinaire les
enfans ne travaillent que par force ou à
l'euil et rarement par gout , fur tout
en l'abſence des autres . Quand le maitre
ne poura pas etre prefent , le premier
venu poura aider à l'exercice du Bureau,
meme un domeftique.
,
On poura doner à l'enfant des temes.
latins , dont la construction soit parfaite,
selon
(
1920 MERCURE DE FRANCE
selon l'ingenieuse & judicieuse métode
de M. du Marsais ; ou des tèmes dont la
construction foit chifrée & numerotée ,
c'eft-à -dire , dont la fuite des mots soit
marquée par la fuite naturele des nombres
, come on l'a pratiqué fur le texte
de Phedre ; ou enfin l'on poura doner
tout de fuite le latin melé avec le fran-
>
çois , si le latin trop fort ne permet pas
l'interlinaire
. On doit essayer de tout ,
et varier toutes les manieres ; cete diversité
eloigne l'ennui & le degout , article
essentiel & sur lequel on ne sauroit faire
trop d'atention . Pour varier encore d'avantage
l'exercice du bureau , on poura
quelquefois doner à ranger sur la table
des vers françois , pour former à la rime
P'oreille de l'enfant , et des vers latins
avec la quantité , pour lui faire voir ,
conoitre & sentir de bone heure les voyeles
longues & les voyeles breves de la langue
latine. On pouroit meme marquer
toujours la quantité en profe come en
vers , si l'on souhaitoit voir de plus grans
progrès dans l'étude de la profodie latine
, pour l'intelligence
de laquele il feroit
bon d'avoir dans quelque logete des
cartes marquées avec les piés des vers ,
qu'on pouroit apeler , cartes spondées
cartes dactiles , & c, pour indiquer le
le pié de deux silabes longues , celui
d'une
SEPTEMBRE . 1730. 1921
d'une longue & de deux breves , & c .
Si l'enfant prend du gout à ces petits
jeus , on poura lui montrer auffi celui
des anagrames , en prenant les letres qu
les cartes des noms & des mots fur lesquels
on veut travailler ; on combine ces
cartes de tant de manieres , que l'enfant
s'en amuse agréablement , sur tout si l'on
a soin de fournir des mots fécons en rencontres
hureuses & agréables , come la
plupart des logogrifes qu'on trouve dans
le Mercure de France ou ailleurs . Si l'enfant
a de l'oreille , on peut lui montrer
les notes de la mufique & essayer avec
des cartes de lui faire folfier les intervales
convenables à sa petite voix . Bien
des gens croiront ces exercices au dessus
de la portée des enfans , mais l'experience
les désabusera , s'il veulent bien en
faire l'essai .
Lorsque l'enfant est fort sur la composition
du bureau , et que les tèmes sont
un peu lons , il prend moins de plaisir
à les décomposet , c'est - à - dire à distribuer
& à remetre les cartes en leurs
cassetins , qu'il n'en a eu en les composant
, cet exercice est plus pénible qu'agréable
, c'est pourquoi il eft bon que de
tems en tems quelcun viene aider à distribuer
les cartes des letres & des fons
dans leurs logetes ; car pour les cartes de
l'arti
7922 MERCURE DE FRANCE.
l'article françois , des noms , des pronoms
, des verbes & de leurs terminaifons
; de meme que pour tous les mots
du dictionaire ; il eft mieux que l'enfant
les passe & repasse lui- meme en revue ,
pour aprendre à les bien conoitre & à les
retenir par coeur à force de les voir , et
de les lire à haute voix come dans la
composition. Il faut que l'euil & l'oreille
soient de la partie; un autre enfant , frere,
soeur , parent , ami , ou voifin , moins
fort fur l'exercice du bureau , s'estimera
hureux de pouvoir etre employé à distribuer
les letres du tème , composé par
le petit docteur.
L'enfant qui comance d'aprendre à
écrire , doit toujours continuer l'exercice
du bureau , afin de ne pas se gate la
main en écrivant des tèmes ou d'autres
chofes que ses exemples. La pratique du
bureau est si aisée & si utile , que l'enfant
doit y travailler jusqu'à ce qu'il puisse
écrire passablement & sans degout les
petits tèmes & les petites versions qu'on
Îui donera à faire ; quand le bureau ne
seroit plus necessaire pour le latin , il le
seroit pour le grec, l'ébreu & l'arabe, pour
l'histoire , la fable , la cronologie , la géografie
, les généalogies ; pour le blason
pour les médailles , et enfin pour les arts
& les siences , puisque ce bureau doit
tenig
"
"
SEPTEMBRE. 1730. 1723
tenir lieu de biblioteque en feuilles ou en
cartes. On ose meme assurer que quand
on doneroit à l'enfant plusieurs bureaux,
soit pour les langues , soit pour les sien-
'ces , il n'en aprendroit que mieux ; il auroit
des idées claires & distinctes des chofes
; l'ordre lui deviendroit insensiblement
familier , & l'on éviteroit par là
cete espece de confusion qui paroit dans
les logetes où l'enfant est obligé de tenir
les letres de plusieurs langues , en noir
& en rouge ; quoique separées par des
cartes doubles ou triples , en petits cartons
, plus courts que les autres cartes.
Un bureau historique metroit l'enfant
au large ; il auroit des logetes diferentes
pour la fable & pour l'histoire ;
cer idées bien ordonées , doneroient à l'enfant
un gout merveilleux pour la meilleure
métode d'aprendre les choses peu à
peu;sans sortir de son cabinet, il parcoureroit
tous les siecles & toute la terre ; il
auroit des suites numerotées des patriarches
, des juges , des rois , des pontifes , des
profetes , du peuple ébreu ; les successions
des souverains du monde ; des listes des
homes illustres dans la fable , dans l'histoire,
dans les arts & dans les siences ; les images
, les medailles y trouveroient leurs placesson
y distingueroit toujours le sacré &
leprofane , l'ancien & le moderne; en un
met
1924 MERCURE DE FRANCE
mot les murailles du cabinet de l'enfapt ne
devroient etre ornées & tapissées que
d'objets amusans & instructifs , àproportion
des facultés des parens , et des vues
qu'ils ont pour l'établissement ou ce qu'on
apelle dans le monde la fortune honorable
d'un enfant.
Pour finir cet article , on peut dire que
le grand segret , après celui de la metode,
c'est de n'exiger d'un enfant qu'une atention
proportionée à fon age & à fa foiblesse
; de faire aimer l'exercice du bureau
, et de rendre ce jeu aussi agréable
qu'il est utile & instructif ; mais sur tout
travailler souvent avec l'enfant , c'est
là un point essentiel , dont trop de maitres
fe difpensent ; et si l'enfant ne travaile
pas , il sera bon de faire travailler
avec lui quelque autre persone qui lui
soit agréable. Il en faut bien etudier le
fort & le foible , lui inspirer le gout de
bones choses , et le desir de pratiquer.
tous ses petits exercices literaires . On ne
doit jamais fraper ni batre l'enfant ¿ que
pour la rechute volontaire dans des fautes
morales d'esprit & de coeur , encore fautil
bien etudier la maniere de punir , et de
rendre la corection utile & eficace , de
quelque nature qu'elle puisse etre , soit
qu'on le prive de quelque chose , soit
qu'on le mortifie par quelque endroit , la
douceur
SEPTEMBRE. 1730. 1925
douceur , la patience , la clemence , ne
doivent jamais quiter un bon maitre qui
étudie l'esprit , le coeur , le naturel & les
inclinations de l'enfant .
On peut, s'il eft necessaire , faire semblant
d'etre en colere au milieu d'un sens
froid , on peut meme entrer dans la colere
, mais toujours avec moderation , maitre
des premiers momens ou mouvemens
d'impatience ; en un mot , la colere doit
etre feinte & teatrale , on doit conserver
la raison & la liberté necessaire à un juge
équitable en faveur de la justice & du criminel
. Bien des maitres fe passionent &
s'aveuglent contre de pauvres enfans ;
l'ignorance , une mauvaise éducation , des
moeurs équivoques , peu d'atachement,un
esprit mercenaire , tout cela contribue à
former des ames feroces & brutales, c'est
aus parens à prendre garde au chois qu'ils
font des maitres.
On ne doit donc avoir recours aus verges
que lorsque l'enfant coupable , impenitent
, indocile, desobéissant , &c. méprise
les remontrances ; mais on ne doit jamais
employer les coups pour l'étude des langues
, à moins qu'on n'ût le malheur de
ne pouvoir mieux faire , chargé d'un indigne
sujet que les parens auroient condané
aux études , plutot que de l'apliquer
aus arts & aus metiers les plus convena-
B bles
1926 MERCURE DE FRANCE
bles à son gout , ou les plus utiles à l'état.
On poura lire , à l'ocasion des chatimens
, le livre de M. Rollin , et une brochure
intitulée : Guillelmi Ricelli Disser
tatio medica adversus ferularum , alaperum ,
et verberum usum in castigandis pueris , nec
non aurium tractionem , &c. ad sanitatis tutulam
, &c. Lipfiæ , 1722 .
Nous voici , Monsieur , à l'article des
tèmes de lecture sientifique , fur lequel
vous avés demandé quelque éclaircissement.
On apèle tèmes sientifiques , les cartes,
au dos desqueles on écrit une ou plufieurs
lignes de françois avec toute l'exactitude
possible sur les accens , sur les sons
de la langue , et sur la veritable ortografe
, en sorte que l'enfant puisse pratiquer
les principes de lecture qu'on lui a donés ,
et qu'il ne soit jamais induit en erreur,
Il n'y a aucun livre qui ait cete exactitude
, et peu de maitres sont au fait de toutes
les minuties qui regardent les sons &
la vraie ortografe de notre langue . Il est
donc bon au comancement de se servir
de ces sortes de cartes , pour avoir un texte
corect & conforme à la doctrine des sons
employés pour bien montrer à lire à un
petit enfant ; et l'on peut faire entrer dans
ces tèmes sientifiques toutes les dificultés
de la prononciation françoise , par raport
à la vieille & à la nouvele ortografe , ainfi
qu'on
SEPTEMBRE.1730 . 1927
qu'on a taché de le faire dans les cinquan-,
te-sept petits articles de la leçon 101 de
PA, B , C , françois.
L'enfant qui aprend à lire ces sortes de
tèmes, lit plutot, plus facilement, et beaucoup
mieux dans les manuscrits que les
autres enfans ne lisent dans les livres ; et
pour rendre l'enfant encore plus habile ,
il faudra lui ramasser des cartes sur lesqueles
on aura fait écrire diverses persones
, ou bien lui faire adresser de petites
épitres de la part des parens , des amis &
des voisins , qui voudront bien se preter
& contribuer de leur part à l'éducation
d'un digne enfants pour lors chacun sera
surpris de voir le grand succès de ce petit
artifice . De la lecture de ces tèmes , de
ces cartes ou de ces épitres , on passe facilement
à cele des livres imprimés en caractere
romain ou italique ; mais il eft bon
au comancement de chercher de beles
éditions corectes & d'un gros caractere ;
après quoi l'on doit peu à peu metre l'enfant
sur toute sorte de livres , et lui faire
remarquer les défauts & les fautes de chaque
ortografe des bones & des mauvaises
éditions , depuis l'anée courante jusques
au tems que l'on comança d'imprimer.Les
abreviations ne doivent pas faire de pei-
, elles fourniront d'autres jeux literaires
; il n'eft pas mal en aprenant à lire ,
Bij
d'a1928
MERCURE DE FRANCE
d'aprendre quelque autre chole de plus.
S'il y avoit quelque livre imprimé corectement
, selon l'ortografe de l'oreille
ou des sons de la langue , il feroit presque
inutile d'épeler ; mais la vieille & la fausse
ortografe, ou la cacografie , exigent que
l'on fasse epeler de tems en tems certains
mots ; en atendant ce livre corect que
nous n'avons pas , l'A B C DE CANDIAC
poura etre de quelque secours pour les
enfans , et pour les maitres dociles , non
prevenus ; car pour les autres il faut les
laisser faire à leur fantaisie , les abandoner
à la vieille ortografe, à la vieille géografie,
aux vieilles grammaires , aus vieilles metodes,
et meme à l'écriture gotique , si elle
est de leur gout , et du gout des parens qui
livrent leurs enfans à de tels guides dans
la republique des letres.
L'heureuse experience des temes sientifiques
donés sur des cartes fit en meme
tems croire qu'un enfant aprendroit
plus facilement de cete maniere , que
dans aucun livre tout ce qu'on souhaiteroit
qu'il aprit , parce qu'à force de manier
, de lire , et de ranger les cartes nu
merotées qu'il voit preparer pour lui , il
sait d'abord par coeur ce qui eft écrit sur
ces cartes ; il se plait d'ailleurs à ce jeu
autant qu'il s'ennuie à feuilleter les li-
VICs donés par les métodes vulgaires. La
revue
།
SEPTEMBRE. 1730. 1929)
revue & la revision de tous ces jeus de
cartes font plus d'impression sur l'esprit
de l'enfant , , que les
livre.
pages
odieuses d'un
Les temes sientifiques de la langue fran
çoise feront ensuite place aus temes la
latis , aus cartes en grec , en ebreu , en
arabe , &c. sans trop multiplier d'abord
les cartes de l'imprimerie , on poura montrer
à un enfant en peu de jours l'A B C
grec & l'ABC ebreu , qu'on metra à
côté des letres & des sons de la langue
françoise ; le meme nom , la meme carte,
serviront pour les trois langues , et l'enfant
qui trouvera l'aleph , ( 2) et l'alpha
(a) sur la carte de notre a , leur donera
la meme denomination , et aprendra tout
seul à les distinguer les uns des autres .
On donera ensuite des mots , des racines,
et des lignes en grec & en ebreu , afin
que l'enfant aprene à composer ces lignes
sur la table de son bureau tipografique ,
de la meme maniere qu'il y aura composé
des lignes enfrançois & en latin . Cet exercice
sera infailliblement du gout de l'enfant
, sur tout si auparavant l'on a eu soin.
de lui doner des letres , des mots , .et
des lignes , qui imitent la casse des imprimeurs
, &c.
Il est aisé de voir que par cet exercice
un enfant peut facilement entretenir la
Bij lecture
1930 MERCURE DE FRANCE
lecture des quatre langues . Cete imprimerie
compofée de tant de petits volumes
ou de feuilles volantes isolées & detachées.
a une aparence de jeu qui porte l'enfant ,
au badinage instructif. On peut alonger,
renouveler , et varier ce jeu de tant de
manieres , et sur tant de matieres diferentes
, qu'il ne paroit pas qu'en fait de
téorie ou de pratique , on puisse inventer
une métode plus au gout , et plus à
la portée des enfans , que cele du bureau
tipografique , soit pour la santé du corps,
soit pour la premiere culture de l'esprit.
On ne sauroit trouver une métode' generale
, qui en si peu de tems puisse produire
d'aussi grans & d'aussi surprenans
efets. Cependant ceus qui feront atention
à la force de l'habitude ou des actes reiterés
unc infinité de fois , concevront sans
peine la verité de ce que l'on dit ici ; et
les persones qui ont vu & admiré le savoir
du petit CANDIAC à Montpellier,
à Nimes , à Grenoble , à Lion , à Villefranche
& à Paris , ne refuseront jamais le
témoignage du à cete meme verité.
Ceux qui voudront faire aprendre par
coeur les principales regles de la métode
de P.R. come celes de la sintaxe, & c. pouront
les doner à l'enfant sur des cartes
numerotées avec des exemples & des lis
tes de mots au dos de ces mèmes cartes :
mais
SEPTEMBRE. 1730. 1931
}
mais on doute qu'il soit necessaire d'aprendre
ces regles pat coeur il sufit de
les faire lire & relire , et de les expliquer
souvent à mesure que les tèmes donés l'exigeront.
Les auteurs de ces regles condanant
l'uſage & la pratique des maitres
qui donoient les regles en vers latins
ont cru qu'en les metant en vers françois
, il n'y avoit presque plus rien à desirer.
En cela l'on a jugé trop favorablement
des enfans : aprendre une regle par
coeur , c'eft l'operation d'un peroquet ,
d'un enfant , et de la memoire ; savoir
faire l'aplication de cete regle, c'est l'efort
de l'esprit humain. Bien des gens aprenent
les quatre regles d'aritmetique , qui jamais
ne peuvent résoudre le moindre problème.
Ceux qui savent par coeur les regles
de logique , ne sont pas toujours ceux
qui raisonent le mieux : on doit donc bien
distinguer la téorie de la pratique , et ne
pas confondre l'articulation des principes
ou l'étude aveugle des principes apris par
coeur sans les comprendre , selon la métode
vulgaire , avec l'étude pratique & de
sentiment , selon la métode du bureau
tipografique , qui fait marcher en mème
tems la pratique & la téorie , sans qu'il
soit besoin d'atendre qu'un enfant sache
écrire ; avantage inexprimable , et ignoré
jusqu'ici dans toutes les écoles d'Europe.
B iiij On
1932 MERCURE DE FRANCE
On continuera cete matière dans les reflexions
preliminaires du rudiment pratique .
la
Il semble, dira quelcun , qu'on veuille
réduire les premiers exercices literaires
d'un enfant à de simples jeus & amusemens
de cartes , afin qu'il puisse jouer seul
ou avec d'autres. Il eft vrai qu'on souhaiteroit
de donner à l'enfant des roses sans
épines ; et que les maitres & les maitresses
à force de soin , de travail , et d'assiduité,
voulussent bien aprendre leur metier, et à
se faire aimer des enfans plutot que de s'en
faire haïr; efet ataché à l'ignorante & mauvaise
métode vulgaire : au lieu
que par
tode du bureau tipografique , l'enfant se
livre d'abord avec plaisir au jeu instructif
des cartes abecediques , dès qu'il sait articuler
quelques silabes , et qu'il a l'usage
de ses doits & de ses mains pour manier
& ranger des cartes sur la table de son
bureau. On ne parle point ici de ces jeus
en feuilles qui demandent de l'atention ;
une petite societé , et souvent par malheur
, un esprit d'interèt , qui d'accessoire
devient principal , et qu'il n'est pas
toujours aisé de bien diriger. On en par
lera ailleurs.
Malgré tout le bien & tous les avantages
atribués à ces jeux abecediques , on
doit cependant metre les enfans le plus
tot qu'il sera possible dans le gout de lire
les
SEPTEMBRE. 1730. 1933
les bons livres , et dans l'usage de parcourir
les tables des matieres qu'ils con--
tienent : on ne l'entend gueres que des
livres historiques ou à la portée des enfans
, car pour les livres moraux , ils ennuient
&dégoutent l'enfance ; l'instruction
morale se doit doner de vive voix & dans
toutes les ocasions favorables pour faire
plus d'impression sur l'enfant : agir autrement
, c'est perdre sa peine & détruire
dans un sens l'édifice déja comencé ; l'experience
journaliere ne permet pas de le
penser autrement .
J'aurois du , Monsieur , vous dire quelque
chose sur la cassete abecedique , puisque
c'est le premier meuble literaire qu'il
faudroit livrer à un enfant de deux à
trois ans. Cere cassete est habillée ou couverte
des premieres combinaisons élementaires
; la feuille de ces combinaisons est
l'abregé de l'A B C latin & françois , et
l'on ne sauroit y tenir un enfant trop
lontems , pourvu qu'on ait soin de lui
faire dire sur la cassete les combinaisons
non- seulement de gauche à droite , mais
encore de droite à gauche , de haut en
bas & de bas en haut , ou en colones ,
c'est- à-dire en ligne horisontale , et en
ligne perpendiculaire .
Le premier des deux petits cotés à droi
te , contient N. 1. les letres du grand
By A
++
1934 MERCURE DE FRANCE
1
ABC latin avec leur dénomination , ou
le nom doné et preté à chaque consone
pour rendre selon cete nouvele métode
l'art de lire plus aisé.
Le segond des deux petits cotés de la
cassete à gauche , contient , No. 2. le petit
a , b, c, à coté du grand , letre à letre,
afin que l'enfant qui conoit bien les grandes
letres , puisse facilement & presque
de lui-même aprendre ensuite à distinguer
les petites.
La premiere des grandes faces de la cassete
, et sur le devant , contient N ° . 3 .
en deux colones les combinaisons élementaires
du Ab , eb , ib , ob , ub , &c.
Le deriere de la cassete, contient N ° . 4.
et en deux colones , les combinaisons du
Ba , be , bi , bo , bu , &c. dans lesqueles
on fera remarquer les changemens que
l'auteur a cru necessaires pour doner de
bons principes sur les combinaisons Ca,
se , si , co , cu ; Ga , je , ji , go , gu , ; Ja ,
ge , gi , jo , ju ; Sa , ce , ci , so , su ; Ta ,
te , ti- ci , to , tu , &c.
Le dessus du couvercle de la cassete ,
contient No. 5. N° . 6. les combinaisons
du Blà , ble , bli , blo , blu , &c. et celles du
Bra, bre , bri , bro , bru , & c . . . .. . N ° . 7.
les combinaisons des quatre petites letres
ressemblantes b , d, p ,q , combinées avec
leurs quatre capitales , et ensuite avec les
cinq
SETEMBRE. 1730. 1935
cinq voyeles , come Bb , Dd , Pp , Qq,
&c , Ba , de , pi , qu , bo , &c. .... N. 8.
des sons particuliers à la langue françoise.
?
Cete cassete servira à faire dire la leçon
en badinant , et à tenir les cartons &
les jeus de cartes abecediques , qui ont
servi de premiers amusemens à l'enfant.
On trouvera de ces cassetes , de ces cartons
, et de ces cartes abecediques chés
P. Witte, Libraire , rue S. Jacques, à l'Ange
Gardien , vis- à- vis la rue de la Parcheminerie.
Sur Pufage dubureau Tipografique .
L ne faut pas douter , Monfieur , que
l'exercice du bureau tipografique n'amufe
& n'inftruise l'enfant , si les maitres
ont beaucoup de douceur & de patiance
en lui fefant dire les letres , les filabes
les mots et les lignes , qu'il doit pren- ,
dre dans fa caffette pour les compofer &
décompofer fur la table de fon bureau
en començant par les combinaifons elemaenSEPTEMBRE
. 1730. 1913
•
bro ,
› mentaires. Ab , eb ib , ob , ub , &c.
Ba , be , bi , bo , bu , & c. mises sur les
cartes dont l'enfant a déja joué , où sur
d'autres , en continuant par les combinaiſons
bla , ble , bli , blo , blu , & c. bra ,
bre , bri , bru , &c. fuivant l'ordre
doné pour la feuille de la caffere.
On peut ensuite faire lire l'enfant sur
des cartes , dont on fera des jeux come
l'on avoit déja fait en montrant à conoitre
les letres : le premier jeu eft pour le
Ab , eb , ib , ob , ub , & c. le fegond
pour le Ba , be , bi , bo bu , &c. le troifiéme
, pour le Bla , ble,bli , blo , blu, &c.
Le quatrième , pour le Bra , bre , bri
bro , bru. Il faut obferver de ne metre
qu'une ou deux lignes sur une carte à
mesure que l'enfant fe familiarife avec les
lignes plus ou moins chargées de filabes
ou de confones combinées avec les cinq
voyeles . Aiant mis à la premiere ligne
le Ba , be , bi , bo , bu , on poura metre à
la fegonde ligne les combinaifons du P ,
letre forte de la letre foible B. Exemples :
1. en deux lignes horizontales , felon la
maniere ordinaire d'écrire ; 2º . ou en
deux lignes perpendiculaires , pour renger
les cartes vis- à - vis les célules de leurs
letres B P , &c. 3 ° . ou en employant
les quatre coins & le milieu des cartes ,
>
come
)
1714 MERCURE DE FRANCE
come on l'a fait ci- devant pour le jeu des
cinq voyèles.
Pa, pe, pi, po, pu..}
Ba pa
be pe
ba
bez
bi >& c.
bu.
Ba, be, bi, bo, bu. } oubi pi
youbo
bo po
bu
pu
L'on combinera de même les letres liquides
l , m , n , r, et les letres doubles
x , y , &c. fans oublier la letre h , & c.
ainfi qu'on l'a fait pour les combinaiſons
de la caffete , et qu'on poura copier en
long & en large fur autant de cartes que
l'on voudra , pour former des jeux abecediques.
En voilà bien affes pour metre au
fait de cete métode. La pratique la fera
paroitre encore plus ingenieufe , fi l'on
étudie l'enfant , et qu'on l'observe bien.
L'on doit peu peu se servir des letres
italiques , et des letres d'écriture : on en a
fait l'experience avec un enfant de trois ans
qui en peu de tems conut tous les diferens
abc , et se servit avec fuccès de plus de
cent celules diferentes , où il tenoit les
letres & les caracteres fimples ou combinés
pour composer ou imprimer sur son
bureau , ce qu'on lui dictoit , ou ce qu'on
lui donoit écrit fur une carte.
à
Quand l'enfant fait composer ou décomSEPTEMBRE.
1730. 1915
composer fur son bureau tous les tèmes
ordinaires & domeftiques , on doit lui en
fournir tous les jours de nouveaux , prenant
d'abord préferablement pour sujet
les parens , les amis , les persones & les
faits dont l'enfant a conoissance , & lui
en donant enfuite en latin & en françois
de deux , trois , et quatre lignes fur la
longueur d'une carte , et d'un caractere
gros , diftinct , à proportion du favoir &
des forces de l'enfant. Après avoir doné
des tèmes fur toutes les perfones , et fur
les faits journaliers que l'enfant conoit
on poura lui en doner fur le Saint du
jour , et sur des fuites hiftoriques , come
109 tèmes fur les 109 époques du jeu hiſto-.
rique du R. P. Buffier ; & semblables sur
l'hiftorique saint ou profane,sur laMitologie,
fur la géografie, &c . On peut aussi doner
une suite de rimes abecediques , &c.
Tous ces tèmes lus & relus devienent une
espece de livre , plus agréable, plus amusant
, et plus utile , que les livres ordinaires
dont on s'eft servi jusques ici.
On poura aussi doner sur des cartes les
terminaisons des declinaifons , et des
conjugaisons , parce que l'enfant se fortifie
à lire le caractere manuscrit ; et qu'il
fe degoute moins d'avoir une ou deux
cartes pour le singulier & le pluriel d'un
nom , d'un pronom , et d'un tems de
yerbe ,
1916 MERCURE DE FRANCE
verbe , que de lire toujours dans un rudiment
odieux . On metra en noir sur
des cartes les adverbes & les prépofitions
du françois , et en rouge les mèmes mots
du latin ; ce qui dans la suite sera tresutile.
Les ouvrages de M. du Marfais , et
le latin construit & expliqué mot à mot
selon fa métode , pouront ètre mis entre
les mains d'un enfant qui comence à lire ,
et qui eft deja en état de faire provifion
de mots , et d'acoutumer son oreille aus
terminaisons des noms declinés & des
verbes conjugués. On trouvera ces noms
declinés , et ces verbes conjugués dans
les cartes ou dans les leçons du rudiment
pratique , qu'on pouroit même doner à
l'enfant , le premier jour de l'exercice
du bureau tipografique.
Dès que l'enfant aura decomposé son
dernier tème , et qu'il en aura fait un
nouveau de quatre ou cinq lignes de bureau
, on poura , pour varier le jeu , le
faire lire quelquefois dans un livre , quelquefois
dans un autre choisi ou fait exprès.
On poura aussi lui redoner de tems
en tenis ses premiers tèmes , ses cartons ,
et tout fon atirail literaire pour badiner
come sa premiere cassete , le casseau portarif
de six celules , le porte tème , de peits
porte- feuilles , un petit sac , & semblables
meubles propres à tenir des ima-
;
ges,
SEPTEMBRE . 1730. 1917
ges , les jeus de cartes , et les tèmes favoris
qui l'amusent & l'instruisent. Il sera
bon surtout de lui faire revoir le samedi
quelques tèmes de la semaine , et du
mois c'est dans ce retour periodique
qu'il sera aisé de juger des progrès de
l'enfant , et de comparer les avantages
de cete metode avec ceux de la metode
vulgaire.
>
Dans les grandes viles , surtout à Paris
, on poura metre à profit le chois de
tous ces imprimés & feuilles volantes qué
l'on crie dans les rues : de même que les
adresses & les enseignes des marchands &
des ouvriers ; outre les images , on trouve
dans ces enseignes des mots dificiles à lire ,
et qui par leur nouveauté donent lieu à
inftruire l'enfant , très sensible à l'aquisition
de tous ces petits éfets literaires , dignes
de sa cassete ; il comence de bone
heure à gouter la proprieté des chofes ; il
est donc bon de lui en montrer l'usage
un petit enfant qui se trouve seul & désocupé
, s'ennuie , il devient souvent à
charge aus autres , au lieu que cete cassete
l'amuse , étant pour lui une maison où
l'ouvrage ne manque jamais : il faut se
preter à l'enfance , si l'on veut réussir
dans l'éducation .
Pendant l'exercice literaire il ne faut
pas negliger de metre l'enfant en état de
badi1918
MERCURE DE FRANCE
badiner avec des jeus de cartes numeriques
;il se familiarisera avec les nombres ,
dont on poura ensuite lui montrer à lire
& à faire les premieres regles , à mesure
qu'il concevra plus facilement les choses.
Si l'on n'a pas des chifres de cuivre & à
jour , pour imprimer les nombres sur
des cartes , on les fera à la main , ainsi
qu'il a été dit en parlant des letres. Après
avoir fait lire à l'enfant les leçons sur les
nombres , on poura lui faire faire de petites
regles fur la table du bureau ; un
peu d'exercice chaque jour fur les nombres
, rendra dans peu l'enfant plus grand
aritmeticien qu'on ne l'eft ordinairement
à cet age là.
Quand un enfant a composé sur son
bureau le françois & le latin de fon tème
, il doit après cela lire tout de suite
& à haute vois , 1º . tout le françois , 2º .
tout le latin , 3 °. chaque mot latin après
le mot françois , 4 ° . chaque mot françois
après le mot latin ; voilà donc quatre
lectures. Cet exercice varié & continué
pendant quelques anées rend un enfant
plus savant qu'on ne l'auroit esperé :
on en sera cependant moins surpris , fi
l'on veut bien faire atention qu'un enfant
en composant ce tème , le lit en
détail plus de cent fois , sans croire l'avoir
lu une seule fois ; c'est ainsi qu'il
aprend
1
SEPTEMBRE . 1730. 1919
ge des
des
aprend par une espece de pratique l'usades
sons , des des letres , des mots ,
parties d'oraison , des terminaisons ,
declinaisons , et des conjugaisons. Ce .
mouvement continuel pour chercher les
cartes dont il a befoin , foit de l'imprimerie
, du rudiment pratique , ou du
dictionaire , entretient le corps en santé ,
et done à l'esprit la meilleure culture
possible .
Pour bien faire pratiquer la métode du
Bureau tipografique , on doit donc acoutumer
l'enfant à metre fur fon Bureau
la copie du tème qu'on lui done , foit de
verfion ou de compofition ; foit en une ,
en deux , ou en trois langues , les unes
fous les autres ; en forte que les deux ou
les trois mots fignifiant la mème choſe ',
foient mis en colone' , l'enfant lira & expliquera
avec plaifir les lignes de ces petitis
tèmes ; cela l'obligera ou lui permet
tra de travailler feul ; ce qui eft un des
plus grands points ; car d'ordinaire les
enfans ne travaillent que par force ou à
l'euil et rarement par gout , fur tout
en l'abſence des autres . Quand le maitre
ne poura pas etre prefent , le premier
venu poura aider à l'exercice du Bureau,
meme un domeftique.
,
On poura doner à l'enfant des temes.
latins , dont la construction soit parfaite,
selon
(
1920 MERCURE DE FRANCE
selon l'ingenieuse & judicieuse métode
de M. du Marsais ; ou des tèmes dont la
construction foit chifrée & numerotée ,
c'eft-à -dire , dont la fuite des mots soit
marquée par la fuite naturele des nombres
, come on l'a pratiqué fur le texte
de Phedre ; ou enfin l'on poura doner
tout de fuite le latin melé avec le fran-
>
çois , si le latin trop fort ne permet pas
l'interlinaire
. On doit essayer de tout ,
et varier toutes les manieres ; cete diversité
eloigne l'ennui & le degout , article
essentiel & sur lequel on ne sauroit faire
trop d'atention . Pour varier encore d'avantage
l'exercice du bureau , on poura
quelquefois doner à ranger sur la table
des vers françois , pour former à la rime
P'oreille de l'enfant , et des vers latins
avec la quantité , pour lui faire voir ,
conoitre & sentir de bone heure les voyeles
longues & les voyeles breves de la langue
latine. On pouroit meme marquer
toujours la quantité en profe come en
vers , si l'on souhaitoit voir de plus grans
progrès dans l'étude de la profodie latine
, pour l'intelligence
de laquele il feroit
bon d'avoir dans quelque logete des
cartes marquées avec les piés des vers ,
qu'on pouroit apeler , cartes spondées
cartes dactiles , & c, pour indiquer le
le pié de deux silabes longues , celui
d'une
SEPTEMBRE . 1730. 1921
d'une longue & de deux breves , & c .
Si l'enfant prend du gout à ces petits
jeus , on poura lui montrer auffi celui
des anagrames , en prenant les letres qu
les cartes des noms & des mots fur lesquels
on veut travailler ; on combine ces
cartes de tant de manieres , que l'enfant
s'en amuse agréablement , sur tout si l'on
a soin de fournir des mots fécons en rencontres
hureuses & agréables , come la
plupart des logogrifes qu'on trouve dans
le Mercure de France ou ailleurs . Si l'enfant
a de l'oreille , on peut lui montrer
les notes de la mufique & essayer avec
des cartes de lui faire folfier les intervales
convenables à sa petite voix . Bien
des gens croiront ces exercices au dessus
de la portée des enfans , mais l'experience
les désabusera , s'il veulent bien en
faire l'essai .
Lorsque l'enfant est fort sur la composition
du bureau , et que les tèmes sont
un peu lons , il prend moins de plaisir
à les décomposet , c'est - à - dire à distribuer
& à remetre les cartes en leurs
cassetins , qu'il n'en a eu en les composant
, cet exercice est plus pénible qu'agréable
, c'est pourquoi il eft bon que de
tems en tems quelcun viene aider à distribuer
les cartes des letres & des fons
dans leurs logetes ; car pour les cartes de
l'arti
7922 MERCURE DE FRANCE.
l'article françois , des noms , des pronoms
, des verbes & de leurs terminaifons
; de meme que pour tous les mots
du dictionaire ; il eft mieux que l'enfant
les passe & repasse lui- meme en revue ,
pour aprendre à les bien conoitre & à les
retenir par coeur à force de les voir , et
de les lire à haute voix come dans la
composition. Il faut que l'euil & l'oreille
soient de la partie; un autre enfant , frere,
soeur , parent , ami , ou voifin , moins
fort fur l'exercice du bureau , s'estimera
hureux de pouvoir etre employé à distribuer
les letres du tème , composé par
le petit docteur.
L'enfant qui comance d'aprendre à
écrire , doit toujours continuer l'exercice
du bureau , afin de ne pas se gate la
main en écrivant des tèmes ou d'autres
chofes que ses exemples. La pratique du
bureau est si aisée & si utile , que l'enfant
doit y travailler jusqu'à ce qu'il puisse
écrire passablement & sans degout les
petits tèmes & les petites versions qu'on
Îui donera à faire ; quand le bureau ne
seroit plus necessaire pour le latin , il le
seroit pour le grec, l'ébreu & l'arabe, pour
l'histoire , la fable , la cronologie , la géografie
, les généalogies ; pour le blason
pour les médailles , et enfin pour les arts
& les siences , puisque ce bureau doit
tenig
"
"
SEPTEMBRE. 1730. 1723
tenir lieu de biblioteque en feuilles ou en
cartes. On ose meme assurer que quand
on doneroit à l'enfant plusieurs bureaux,
soit pour les langues , soit pour les sien-
'ces , il n'en aprendroit que mieux ; il auroit
des idées claires & distinctes des chofes
; l'ordre lui deviendroit insensiblement
familier , & l'on éviteroit par là
cete espece de confusion qui paroit dans
les logetes où l'enfant est obligé de tenir
les letres de plusieurs langues , en noir
& en rouge ; quoique separées par des
cartes doubles ou triples , en petits cartons
, plus courts que les autres cartes.
Un bureau historique metroit l'enfant
au large ; il auroit des logetes diferentes
pour la fable & pour l'histoire ;
cer idées bien ordonées , doneroient à l'enfant
un gout merveilleux pour la meilleure
métode d'aprendre les choses peu à
peu;sans sortir de son cabinet, il parcoureroit
tous les siecles & toute la terre ; il
auroit des suites numerotées des patriarches
, des juges , des rois , des pontifes , des
profetes , du peuple ébreu ; les successions
des souverains du monde ; des listes des
homes illustres dans la fable , dans l'histoire,
dans les arts & dans les siences ; les images
, les medailles y trouveroient leurs placesson
y distingueroit toujours le sacré &
leprofane , l'ancien & le moderne; en un
met
1924 MERCURE DE FRANCE
mot les murailles du cabinet de l'enfapt ne
devroient etre ornées & tapissées que
d'objets amusans & instructifs , àproportion
des facultés des parens , et des vues
qu'ils ont pour l'établissement ou ce qu'on
apelle dans le monde la fortune honorable
d'un enfant.
Pour finir cet article , on peut dire que
le grand segret , après celui de la metode,
c'est de n'exiger d'un enfant qu'une atention
proportionée à fon age & à fa foiblesse
; de faire aimer l'exercice du bureau
, et de rendre ce jeu aussi agréable
qu'il est utile & instructif ; mais sur tout
travailler souvent avec l'enfant , c'est
là un point essentiel , dont trop de maitres
fe difpensent ; et si l'enfant ne travaile
pas , il sera bon de faire travailler
avec lui quelque autre persone qui lui
soit agréable. Il en faut bien etudier le
fort & le foible , lui inspirer le gout de
bones choses , et le desir de pratiquer.
tous ses petits exercices literaires . On ne
doit jamais fraper ni batre l'enfant ¿ que
pour la rechute volontaire dans des fautes
morales d'esprit & de coeur , encore fautil
bien etudier la maniere de punir , et de
rendre la corection utile & eficace , de
quelque nature qu'elle puisse etre , soit
qu'on le prive de quelque chose , soit
qu'on le mortifie par quelque endroit , la
douceur
SEPTEMBRE. 1730. 1925
douceur , la patience , la clemence , ne
doivent jamais quiter un bon maitre qui
étudie l'esprit , le coeur , le naturel & les
inclinations de l'enfant .
On peut, s'il eft necessaire , faire semblant
d'etre en colere au milieu d'un sens
froid , on peut meme entrer dans la colere
, mais toujours avec moderation , maitre
des premiers momens ou mouvemens
d'impatience ; en un mot , la colere doit
etre feinte & teatrale , on doit conserver
la raison & la liberté necessaire à un juge
équitable en faveur de la justice & du criminel
. Bien des maitres fe passionent &
s'aveuglent contre de pauvres enfans ;
l'ignorance , une mauvaise éducation , des
moeurs équivoques , peu d'atachement,un
esprit mercenaire , tout cela contribue à
former des ames feroces & brutales, c'est
aus parens à prendre garde au chois qu'ils
font des maitres.
On ne doit donc avoir recours aus verges
que lorsque l'enfant coupable , impenitent
, indocile, desobéissant , &c. méprise
les remontrances ; mais on ne doit jamais
employer les coups pour l'étude des langues
, à moins qu'on n'ût le malheur de
ne pouvoir mieux faire , chargé d'un indigne
sujet que les parens auroient condané
aux études , plutot que de l'apliquer
aus arts & aus metiers les plus convena-
B bles
1926 MERCURE DE FRANCE
bles à son gout , ou les plus utiles à l'état.
On poura lire , à l'ocasion des chatimens
, le livre de M. Rollin , et une brochure
intitulée : Guillelmi Ricelli Disser
tatio medica adversus ferularum , alaperum ,
et verberum usum in castigandis pueris , nec
non aurium tractionem , &c. ad sanitatis tutulam
, &c. Lipfiæ , 1722 .
Nous voici , Monsieur , à l'article des
tèmes de lecture sientifique , fur lequel
vous avés demandé quelque éclaircissement.
On apèle tèmes sientifiques , les cartes,
au dos desqueles on écrit une ou plufieurs
lignes de françois avec toute l'exactitude
possible sur les accens , sur les sons
de la langue , et sur la veritable ortografe
, en sorte que l'enfant puisse pratiquer
les principes de lecture qu'on lui a donés ,
et qu'il ne soit jamais induit en erreur,
Il n'y a aucun livre qui ait cete exactitude
, et peu de maitres sont au fait de toutes
les minuties qui regardent les sons &
la vraie ortografe de notre langue . Il est
donc bon au comancement de se servir
de ces sortes de cartes , pour avoir un texte
corect & conforme à la doctrine des sons
employés pour bien montrer à lire à un
petit enfant ; et l'on peut faire entrer dans
ces tèmes sientifiques toutes les dificultés
de la prononciation françoise , par raport
à la vieille & à la nouvele ortografe , ainfi
qu'on
SEPTEMBRE.1730 . 1927
qu'on a taché de le faire dans les cinquan-,
te-sept petits articles de la leçon 101 de
PA, B , C , françois.
L'enfant qui aprend à lire ces sortes de
tèmes, lit plutot, plus facilement, et beaucoup
mieux dans les manuscrits que les
autres enfans ne lisent dans les livres ; et
pour rendre l'enfant encore plus habile ,
il faudra lui ramasser des cartes sur lesqueles
on aura fait écrire diverses persones
, ou bien lui faire adresser de petites
épitres de la part des parens , des amis &
des voisins , qui voudront bien se preter
& contribuer de leur part à l'éducation
d'un digne enfants pour lors chacun sera
surpris de voir le grand succès de ce petit
artifice . De la lecture de ces tèmes , de
ces cartes ou de ces épitres , on passe facilement
à cele des livres imprimés en caractere
romain ou italique ; mais il eft bon
au comancement de chercher de beles
éditions corectes & d'un gros caractere ;
après quoi l'on doit peu à peu metre l'enfant
sur toute sorte de livres , et lui faire
remarquer les défauts & les fautes de chaque
ortografe des bones & des mauvaises
éditions , depuis l'anée courante jusques
au tems que l'on comança d'imprimer.Les
abreviations ne doivent pas faire de pei-
, elles fourniront d'autres jeux literaires
; il n'eft pas mal en aprenant à lire ,
Bij
d'a1928
MERCURE DE FRANCE
d'aprendre quelque autre chole de plus.
S'il y avoit quelque livre imprimé corectement
, selon l'ortografe de l'oreille
ou des sons de la langue , il feroit presque
inutile d'épeler ; mais la vieille & la fausse
ortografe, ou la cacografie , exigent que
l'on fasse epeler de tems en tems certains
mots ; en atendant ce livre corect que
nous n'avons pas , l'A B C DE CANDIAC
poura etre de quelque secours pour les
enfans , et pour les maitres dociles , non
prevenus ; car pour les autres il faut les
laisser faire à leur fantaisie , les abandoner
à la vieille ortografe, à la vieille géografie,
aux vieilles grammaires , aus vieilles metodes,
et meme à l'écriture gotique , si elle
est de leur gout , et du gout des parens qui
livrent leurs enfans à de tels guides dans
la republique des letres.
L'heureuse experience des temes sientifiques
donés sur des cartes fit en meme
tems croire qu'un enfant aprendroit
plus facilement de cete maniere , que
dans aucun livre tout ce qu'on souhaiteroit
qu'il aprit , parce qu'à force de manier
, de lire , et de ranger les cartes nu
merotées qu'il voit preparer pour lui , il
sait d'abord par coeur ce qui eft écrit sur
ces cartes ; il se plait d'ailleurs à ce jeu
autant qu'il s'ennuie à feuilleter les li-
VICs donés par les métodes vulgaires. La
revue
།
SEPTEMBRE. 1730. 1929)
revue & la revision de tous ces jeus de
cartes font plus d'impression sur l'esprit
de l'enfant , , que les
livre.
pages
odieuses d'un
Les temes sientifiques de la langue fran
çoise feront ensuite place aus temes la
latis , aus cartes en grec , en ebreu , en
arabe , &c. sans trop multiplier d'abord
les cartes de l'imprimerie , on poura montrer
à un enfant en peu de jours l'A B C
grec & l'ABC ebreu , qu'on metra à
côté des letres & des sons de la langue
françoise ; le meme nom , la meme carte,
serviront pour les trois langues , et l'enfant
qui trouvera l'aleph , ( 2) et l'alpha
(a) sur la carte de notre a , leur donera
la meme denomination , et aprendra tout
seul à les distinguer les uns des autres .
On donera ensuite des mots , des racines,
et des lignes en grec & en ebreu , afin
que l'enfant aprene à composer ces lignes
sur la table de son bureau tipografique ,
de la meme maniere qu'il y aura composé
des lignes enfrançois & en latin . Cet exercice
sera infailliblement du gout de l'enfant
, sur tout si auparavant l'on a eu soin.
de lui doner des letres , des mots , .et
des lignes , qui imitent la casse des imprimeurs
, &c.
Il est aisé de voir que par cet exercice
un enfant peut facilement entretenir la
Bij lecture
1930 MERCURE DE FRANCE
lecture des quatre langues . Cete imprimerie
compofée de tant de petits volumes
ou de feuilles volantes isolées & detachées.
a une aparence de jeu qui porte l'enfant ,
au badinage instructif. On peut alonger,
renouveler , et varier ce jeu de tant de
manieres , et sur tant de matieres diferentes
, qu'il ne paroit pas qu'en fait de
téorie ou de pratique , on puisse inventer
une métode plus au gout , et plus à
la portée des enfans , que cele du bureau
tipografique , soit pour la santé du corps,
soit pour la premiere culture de l'esprit.
On ne sauroit trouver une métode' generale
, qui en si peu de tems puisse produire
d'aussi grans & d'aussi surprenans
efets. Cependant ceus qui feront atention
à la force de l'habitude ou des actes reiterés
unc infinité de fois , concevront sans
peine la verité de ce que l'on dit ici ; et
les persones qui ont vu & admiré le savoir
du petit CANDIAC à Montpellier,
à Nimes , à Grenoble , à Lion , à Villefranche
& à Paris , ne refuseront jamais le
témoignage du à cete meme verité.
Ceux qui voudront faire aprendre par
coeur les principales regles de la métode
de P.R. come celes de la sintaxe, & c. pouront
les doner à l'enfant sur des cartes
numerotées avec des exemples & des lis
tes de mots au dos de ces mèmes cartes :
mais
SEPTEMBRE. 1730. 1931
}
mais on doute qu'il soit necessaire d'aprendre
ces regles pat coeur il sufit de
les faire lire & relire , et de les expliquer
souvent à mesure que les tèmes donés l'exigeront.
Les auteurs de ces regles condanant
l'uſage & la pratique des maitres
qui donoient les regles en vers latins
ont cru qu'en les metant en vers françois
, il n'y avoit presque plus rien à desirer.
En cela l'on a jugé trop favorablement
des enfans : aprendre une regle par
coeur , c'eft l'operation d'un peroquet ,
d'un enfant , et de la memoire ; savoir
faire l'aplication de cete regle, c'est l'efort
de l'esprit humain. Bien des gens aprenent
les quatre regles d'aritmetique , qui jamais
ne peuvent résoudre le moindre problème.
Ceux qui savent par coeur les regles
de logique , ne sont pas toujours ceux
qui raisonent le mieux : on doit donc bien
distinguer la téorie de la pratique , et ne
pas confondre l'articulation des principes
ou l'étude aveugle des principes apris par
coeur sans les comprendre , selon la métode
vulgaire , avec l'étude pratique & de
sentiment , selon la métode du bureau
tipografique , qui fait marcher en mème
tems la pratique & la téorie , sans qu'il
soit besoin d'atendre qu'un enfant sache
écrire ; avantage inexprimable , et ignoré
jusqu'ici dans toutes les écoles d'Europe.
B iiij On
1932 MERCURE DE FRANCE
On continuera cete matière dans les reflexions
preliminaires du rudiment pratique .
la
Il semble, dira quelcun , qu'on veuille
réduire les premiers exercices literaires
d'un enfant à de simples jeus & amusemens
de cartes , afin qu'il puisse jouer seul
ou avec d'autres. Il eft vrai qu'on souhaiteroit
de donner à l'enfant des roses sans
épines ; et que les maitres & les maitresses
à force de soin , de travail , et d'assiduité,
voulussent bien aprendre leur metier, et à
se faire aimer des enfans plutot que de s'en
faire haïr; efet ataché à l'ignorante & mauvaise
métode vulgaire : au lieu
que par
tode du bureau tipografique , l'enfant se
livre d'abord avec plaisir au jeu instructif
des cartes abecediques , dès qu'il sait articuler
quelques silabes , et qu'il a l'usage
de ses doits & de ses mains pour manier
& ranger des cartes sur la table de son
bureau. On ne parle point ici de ces jeus
en feuilles qui demandent de l'atention ;
une petite societé , et souvent par malheur
, un esprit d'interèt , qui d'accessoire
devient principal , et qu'il n'est pas
toujours aisé de bien diriger. On en par
lera ailleurs.
Malgré tout le bien & tous les avantages
atribués à ces jeux abecediques , on
doit cependant metre les enfans le plus
tot qu'il sera possible dans le gout de lire
les
SEPTEMBRE. 1730. 1933
les bons livres , et dans l'usage de parcourir
les tables des matieres qu'ils con--
tienent : on ne l'entend gueres que des
livres historiques ou à la portée des enfans
, car pour les livres moraux , ils ennuient
&dégoutent l'enfance ; l'instruction
morale se doit doner de vive voix & dans
toutes les ocasions favorables pour faire
plus d'impression sur l'enfant : agir autrement
, c'est perdre sa peine & détruire
dans un sens l'édifice déja comencé ; l'experience
journaliere ne permet pas de le
penser autrement .
J'aurois du , Monsieur , vous dire quelque
chose sur la cassete abecedique , puisque
c'est le premier meuble literaire qu'il
faudroit livrer à un enfant de deux à
trois ans. Cere cassete est habillée ou couverte
des premieres combinaisons élementaires
; la feuille de ces combinaisons est
l'abregé de l'A B C latin & françois , et
l'on ne sauroit y tenir un enfant trop
lontems , pourvu qu'on ait soin de lui
faire dire sur la cassete les combinaisons
non- seulement de gauche à droite , mais
encore de droite à gauche , de haut en
bas & de bas en haut , ou en colones ,
c'est- à-dire en ligne horisontale , et en
ligne perpendiculaire .
Le premier des deux petits cotés à droi
te , contient N. 1. les letres du grand
By A
++
1934 MERCURE DE FRANCE
1
ABC latin avec leur dénomination , ou
le nom doné et preté à chaque consone
pour rendre selon cete nouvele métode
l'art de lire plus aisé.
Le segond des deux petits cotés de la
cassete à gauche , contient , No. 2. le petit
a , b, c, à coté du grand , letre à letre,
afin que l'enfant qui conoit bien les grandes
letres , puisse facilement & presque
de lui-même aprendre ensuite à distinguer
les petites.
La premiere des grandes faces de la cassete
, et sur le devant , contient N ° . 3 .
en deux colones les combinaisons élementaires
du Ab , eb , ib , ob , ub , &c.
Le deriere de la cassete, contient N ° . 4.
et en deux colones , les combinaisons du
Ba , be , bi , bo , bu , &c. dans lesqueles
on fera remarquer les changemens que
l'auteur a cru necessaires pour doner de
bons principes sur les combinaisons Ca,
se , si , co , cu ; Ga , je , ji , go , gu , ; Ja ,
ge , gi , jo , ju ; Sa , ce , ci , so , su ; Ta ,
te , ti- ci , to , tu , &c.
Le dessus du couvercle de la cassete ,
contient No. 5. N° . 6. les combinaisons
du Blà , ble , bli , blo , blu , &c. et celles du
Bra, bre , bri , bro , bru , & c . . . .. . N ° . 7.
les combinaisons des quatre petites letres
ressemblantes b , d, p ,q , combinées avec
leurs quatre capitales , et ensuite avec les
cinq
SETEMBRE. 1730. 1935
cinq voyeles , come Bb , Dd , Pp , Qq,
&c , Ba , de , pi , qu , bo , &c. .... N. 8.
des sons particuliers à la langue françoise.
?
Cete cassete servira à faire dire la leçon
en badinant , et à tenir les cartons &
les jeus de cartes abecediques , qui ont
servi de premiers amusemens à l'enfant.
On trouvera de ces cassetes , de ces cartons
, et de ces cartes abecediques chés
P. Witte, Libraire , rue S. Jacques, à l'Ange
Gardien , vis- à- vis la rue de la Parcheminerie.
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Résumé : QUATRIÉME LETRE Sur l'usage du bureau Tipografique.
Le texte présente une méthode pédagogique appelée 'bureau typographique' visant à instruire et amuser les enfants. Cette méthode consiste à apprendre aux enfants les lettres, les syllabes, les mots et les lignes en les composant et décomposant sur une table de bureau. Les maîtres doivent faire preuve de douceur et de patience. Les enfants utilisent des cartes pour jouer avec les lettres et les combinaisons de syllabes, commençant par des combinaisons élémentaires comme 'ab, eb, ib, ob, ub' et progressant vers des combinaisons plus complexes. Les cartes sont utilisées pour des jeux éducatifs, où les enfants apprennent à lire et à reconnaître les lettres. Les thèmes abordés commencent par des sujets familiers aux enfants, comme les parents et les amis, et progressent vers des sujets plus complexes comme l'histoire, la mythologie et la géographie. Les cartes peuvent également contenir des terminaisons de déclinaisons et de conjugaisons, ainsi que des adverbes et des prépositions en français et en latin. La méthode encourage l'enfant à lire à haute voix et à pratiquer régulièrement. Elle inclut également des exercices numériques pour familiariser l'enfant avec les nombres. L'enfant doit composer et décomposer des thèmes sur son bureau, ce qui lui permet d'apprendre par la pratique. La méthode est conçue pour être variée et amusante, évitant ainsi l'ennui et le dégoût. Elle peut être adaptée pour inclure des jeux d'anagrammes, de musique et d'autres activités éducatives. Le texte souligne l'importance de la pratique continue et de la variété dans les exercices pour maintenir l'intérêt de l'enfant. La méthode est également adaptable à différentes langues et disciplines, comme le grec, l'hébreu, l'arabe, l'histoire, la géographie, et les arts. Les enfants doivent disposer de plusieurs bureaux pour différentes matières, comme les langues ou les sciences. Un bureau historique, par exemple, permettrait à l'enfant de structurer ses connaissances et de développer un goût pour la méthode d'apprentissage. Les cartes et les objets amusants et instructifs doivent orner les murs du cabinet de l'enfant, adaptés à ses capacités et aux aspirations de ses parents. L'article insiste sur l'importance de la méthode et de l'attention proportionnée à l'âge de l'enfant. Il recommande de rendre les exercices agréables et instructifs, et de travailler souvent avec l'enfant. Les maîtres doivent éviter de frapper ou de battre les enfants, sauf en cas de fautes morales volontaires, et toujours avec modération. La douceur, la patience et la clémence sont essentielles. Pour l'apprentissage de la lecture, les thèmes scientifiques (cartes avec des lignes de français exactes) sont préférés aux livres, car ils permettent une pratique plus précise des sons et de l'orthographe. L'enfant apprend ainsi à lire plus facilement et plus correctement. Les cartes peuvent ensuite être utilisées pour d'autres langues, comme le grec ou l'hébreu, facilitant l'apprentissage de plusieurs langues simultanément. Le texte critique les méthodes traditionnelles qui se contentent de faire apprendre des règles par cœur sans les comprendre. Il prône une méthode pratique et intuitive, où la théorie et la pratique avancent de concert. Les jeux abécédiques sont introduits dès que l'enfant sait articuler quelques syllabes, rendant l'apprentissage ludique et efficace. Le document mentionne également une cassette abécédique, un outil littéraire destiné aux enfants de deux à trois ans. Cette cassette contient diverses combinaisons de lettres et de sons pour faciliter l'apprentissage de la lecture. Elle est organisée de manière à permettre à l'enfant de pratiquer les combinaisons dans différentes directions. Les différents côtés et faces de la cassette contiennent des lettres latines et françaises, des combinaisons élémentaires, et des distinctions entre grandes et petites lettres. Le dessus du couvercle inclut des combinaisons spécifiques et des sons particuliers à la langue française. La cassette sert à rendre l'apprentissage ludique et à conserver les cartes et jeux de cartes abécédiques utilisés comme premiers amusements pour l'enfant. Ces cassettes, ainsi que les cartons et cartes abécédiques, sont disponibles chez P. Witte, libraire rue S. Jacques, à l'Ange Gardien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 2336-2363
SISIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans et sur l'essaì du rudiment pratique de la langue latine.
Début :
MONSIEUR, Je done ici l'essaì du rudiement pratique de la langue latine pour abreger le [...]
Mots clefs :
Enfant, Verbes, Pratique, Latin, Méthode, Substantif, Écoles, Syntaxe, Dictionnaire, Conjugaison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SISIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans et sur l'essaì du rudiment pratique de la langue latine.
SISIE ME LETRE surla bibliotèque
des enfans et sur l'essai du rudiment
pratique de la langue latine .
MONSIE ONSIEUR ,
Je done ici l'essai du rudiment pratique
de la langue latine pour abreger le
tems que les enfans emploient , et épargner
celui que la plupart perdent à aprendre
par coeur bien des paradigmes , des
exemples , et des règles inutiles quand ils
comencent leurs études . J'ai cru que dans
la grammaire , come dans la géometrie ,
en devoit chercher une liaison pour pas
ser du simple au composé ; et c'est ce qui
m'a déterminé à comencer par les parties
d'oraison ou du discours , adverbiales et
indéclinables, soit qu'elles éxigent des cas
come les prépositions , soit qu'elles n'en
demandent point come les adverbes , etc.
On ne sauroit donc mieus faire que de
doner abécédiquement ou d'une autre
manière en latin et en françois, en françois
eten latin , les principales particules indéclinables
par ordre de qualité. On pouroit,
par exemple , doner les interjections de
joie , d'afliction , etc. les conjonctions copulatives,
NOVEMBRE. 1730. 2337
pulatives , disjonctives , etc. les adverbes
d'afirmation , de négation , etc. les prépositions
et les particules sans cas et avec.
leurs cas ; metant à part celes qui régissent
ou demandent le nominatif , le genitif,
le datif, l'acusatif , le vocatif, ou l'ablatif.
On comprend dans les lectures ou dans
les leçons des indéclinables , les petites
frases adverbiales , proverbiales , modifiées
par des particules, mais dont la construction
est toujours la même. Enfin on
peut doner dans la leçon des indeclina
bles tous les modificatifs transitifs , et toutes
les transitions déclinables ou indéclinables
, lorsqu'elles sont employées come
de simples adverbes, ou come des mots
adverbialement composés de plusieurs autres
mots .
Après que l'enfant auralu,relu, et composé
sur son bureau ce qui regarde les
parties du discours indéclinables, il faudra
ensuite le faire passer aus parties déclinables,
et doner peu àpeu à chaque déclina
son la liste des principaus noms substantifs
et adjectifs, de mème que les pronoms
et les noms de nombre à mesure qu'ils passeront
dans les tèmes de l'enfant , et dans
son dictionaire pratique . On poura essayer
de mètre quelquefois dans ces listes la terminaison
du genitif, et le genre du nom
par exemple , luna , a , f. ( la lune ) ca
Av
2
dame
2338 MERCURE DE FRANCE
dans une autre liste , la lune ( luna , æ, f. }
afin d'avoir une liste pour la version et
une autre pour la composition : ce sera un
peu plus de peine pour le maître en atendant
qu'on ait de bons rudimens pratiques
; mais il en sera bientot dédomagé
par la rapidité des progrès qu'il vêra faire
à son petit éleve .
Je ne sais s'il seroit mieus de doner une
liste des mots déclinables par ordre abécédique
, ou par ordre des matières , et
de qualité , etc. peut- ètre ne doit-on suivre
au comencement que l'ordre et la
suite des lectures , et joindre chaque jour
aus listes comencées les mots qu'on rencontrera
pour la première fois dans les
lectures ordinaires. quand les listes seront
longues , on sera forcé de suivre l'ordre
abécédique , pour ne pas recopier souvent
les mèmes mots ; desorte qu'il sera mieus
pourlors d'avoir la liste générale et suivie
des mots que fourniront les diverses
lectures , pour en former après cela avec
plus d'exactitude et fans répétition , les
diverses listes des mots par ordre abécédique.
On ne doit copier les listes des
mots par ordre abécédique , que lorsque
l'enfant en sait par coeur plusieurs cenraines.
On le pratica ainsi pour le petit
Candiac , agé de cinq ans : il avoit pour
la version d'un texte , une facilité qu'on
auroit
NOVEMBRE . 1730. 2339
auroit peine à croire , à moins que de
l'avoir vu , ce qu'ont fait bien des savans
et des curieus que je pourois citer en faveur
de la métode pratique du bureau :
ils l'ont admirée, aprouvée, et en rendent
par tout le mème témoignage. Pour métre
facilement les mots des tèmes , des versions
, et des lectures dans l'ordre abécédique
du dictionaire du bureau , il faut
prendre une feuille pour chaque lètre de
l'a b c, diviser la page en quatre colones ,
savoir , la première pour les verbes , la
segonde pour les noms adjectifs , la troisieme
pour les noms apellatifs , et la
quatrieme pour les particules indéclinables
, qu'on écrit à mesure qu'on en augmente
le dictionaire. On suivra enfin l'ordre
qu'on voudra , à l'égard des noms
propres on poura les copier separément
sur dautres feuilles , historiques et non
grammaticales. En atendant cète liste , il
sufit que les noms propres soient à leur
rang de logètes dans le dictionaire pratique.
Pour faire décliner les noms d'une manière
pratique et sensible , il faut joindre
chaque cas avec un mot indéclinable , ou
déclinable , qui exige ou régisse le cas ,
par exemple , en luna ( voilà la lune ) figura
luna ( la figure de la lune , etc. ) métode
qu'il faudra suivre dans chaque dé
A vj cli
2340 MERCURE DE FRANCE
clinaison des noms et des pronoms , err
combinant et variant les termes , autant
que l'exercice des déclinaisons poura le
permetre ; c'est pourquoi il faudra changer
de nom , de préposition , d'adverbe ,
ou enfin de mot regissant , pour varier
ce jeu et le rendre plus instructif et
moins ennuyant ; car il ne faut pas quiter
les déclinaisons que l'enfant ne conoisse
et ne sente bien l'usage et la distinction
des cas , des nombres , de Particle , des
terminaisons , et la diference des genres.
›
On suivra le meme ordre en passant
du jeu des mots déclinables au jeu ou à
Pexercice des mots conjugables , en començant
par le verbe substantif sum ( je
suis) et continuant par les conjugaisons active
et passive, avant que de passer à cèle
des verbes déponens , neutres , irreguliers
etc. observant de joindre à chaque persone
du verbe , une petite frase contenant
quelque indéclinable et quelque déclinable
, pour entretenir et augmenter
la conoissance aquise des adverbes , des
prépositions , des noms , des pronoms ,
et généralement de tout ce qui regarde
l'indéclinable et le déclinable , c'est- àdire
, qu'il faut faire entrer dans la frase
courante et du jour , les dificultés des petites
frases qui ont déja passé , avec les
nouvèles dificultés que le maitre souhaite
doner
NOVEMBRE . 1730. 234T
doner à l'enfant, et j'apèle cela imiter dans
un sens la métode des géometres.Par exem.
je suis toujours devant le seigneur, etc.
ego sum femper coram domino , etc.
L'enfant qui saura lire le latin et le
françois poura composer ensuite au bureau
tipografique, les petites frases sur les
sis cas des noms déclinés avec les combinaisons
des parties du discours : par exemple
, ecce authorÆsopus auctor ; ego auctor,
doctus auctors sum auctor ; amor auctor, etc.
L'enfant passera peu- à-peu des petites frases
aus plus longues de cèles que l'on peut
doner en glose mot- à-mot en latin er en
françois après quoi viendra le recueil des
petites frases choisies d'usage courant et
journalier purement latines , qu'on ne
peur traduire mot- à- mot sans latînismes ,
et de celles qu'on ne peut composer en
latin mot-à-mot sans gallicismes. Le rudiment
pratique doit comprendre tous les
mots qui sont employés dans ces frases ;
et outre ce recueil pratique, il ne sera peutêtre
pas mal d'avoir encore une nomenclature
ou un vocabulaire par ordre des
matieres , afin que l'enfant de trois ans
lisant et relisant les mots de ce livre jusqu'à
sis ans , et les composant sur son bureau
tipografique , soit plu- tot en état de
passer à la lecture des bons originaus
avec le secours du maître , qui doit lut
tenir
*
2342 MERCURE DE FRANCE
tenir lieu de téorie , de grammaire , de
dictionaìre , etc. et qui doit lui expliquer
à propos les principes nécessaires pour
l'intelligence et le génie des langues .
Quoique le rudiment pratique contiè
ne des exemples sur toutes les concordances
et sur la sintaxe , le maitre fera
bien de doner de petites frases sur les dificultés
des genres , des déclinaisons , des
conjugaisons, et de la sintaxe ; en comançant
par les frases du nominatif , et continuant
à son chois , ou au chois de l'enfant,
par celle de tous les cas et des nombres
des mots déclinables , soit noms ou
pronoms , avec la pratique des mots indéclinables
ou déclinables , qui exigent
ou régissent quelque cas. il ne sera point
mal de doner des frases proportionées à
l'age et à la capacité de l'enfant, de mème
qu'à l'état auquel les parens le destinent.
Ôn fera la mème chose à l'égard des verbes
pour les tems , les modes , les participes
, etc. employant les pronoms personels
, réciproques , rélatifs , absolus , démonstratifs
, interogatifs , responsifs ,
possessifs , etc. avec la pratique continuèle
des mots indéclinables ou déclinables , et
quelquefois avec cèle des questions de
lieu , de tems , de mesure , etc. Tout ce
qui s'apèle particule , doit se trouver dans
les frases sur les verbes , tems pour tems ,
mode
NOVEMBRE . 1730. 23 43
mode pour mode , observant quelque ordre
, quoique libre , dans toute cete métode
pratique . Au comencement chaque
mot latin doit ètre sous le mot françois ,
selon la méthode de M. du Marsais , en
atendant que l'enfant soit en état de
рон-
voir se contenter d'une ligne de françois
sous une ligne de latin , mais non mot à
mot ; ou qu'il puisse se servir d'un pur
texte , dont la construction soit chifrée
et numerotée come le texte des fables de
Phèdre , que l'enfant peut mètre sur son
bureau , en suivant l'ordre des chifres qui
I 2 3.
leg uident , par exemple : Lupus et agnus
4 5 7 8
compulsi siti venerant ad eundem rivum , etc.
Les maltres qui ne sont pas en état de
bien montrer par eus-mèmes , auront recours
à la méthode de P. R. et encore
mieus à celle de M. du Marsais ; sans acabler
de regles , ni embarasser les enfans
qui ont plu - tot besoin de pratique que
de réorie , ainsi qu'ils le démontrent eus
mèmes par la facilité avec laquelle ils aprè
nent la langue maternèle : cète facilité que
la pratique done , permetra aussi d'accentuer
le latin du rudiment et des tèmes
, come on le fait ordinairement dans
les livres d'église ; c'est le moyen de former
de bone heure l'oreille de l'enfant ,
au moins à la quantité des pénultièmes
silabes
2344 MERCURE DE FRANCE
silabes , en atendant qu'il puisse apren
dre cèle des autres silabes , par la pratique
des compositions au bureau tipografique
, et par la lecture ou par l'étude
des poëtes.
Quand l'enfant saura écrire on ne
sauroit mieus faire que de lui montrer à
copier les listes des noms et des verbes
dans l'ordre abécédique initial ou final ,
come celui du dictionaire des rimes >
pour faire observer les terminaisons , les
genres , les prétérits et les supins , en donant
peu à peu , et toujours à propos , la
doctrine des règles et des exceptions , bien
loin d'en acabler d'abord l'enfant , selon
la métode vulgaire des écoles et de la
plupart des maitres .
:) On
Il faudra copier les listes des verbes ,
et en avoir une particulière pour chaque
conjugaison , et ensuite la liste gé-,
nerale de tous les verbes ; par exemple :
amare , amo , amavi , amatum.
aimer, j'aime, j'ai aimé, aler aimer. On
poura doubler les listes des verbes come
on a fait cèle des noms, c'est - à- dire qu'on
poura les faire en latin et en françois , ec
ensuite en françois et en latin , le tout
sans oublier les verbes déponens , les verbes
neutres , les défectifs , les irreguliers ,
les impersonels , etc.
S
NOVEMBRE. 1730. 234.5
§ . 1. Déclinaison des noms.
On peut suivre sur les déclinaisons des
noms la métode proposée pour montrer
à lire à un enfant de deus à trois ans . il
faut au comencement avoir des cartes
pour les nombres , les cas , les mots à décliners
pour les terminaisons , l'article et
le mot françois , come pour le mot latin ,
et enfin pour chaque espece diferente de
nom , afin que l'enfant puisse sans embaras
et d'un coup d'euil , voir le jeu des déclinaisons.
cet exercice sera plus amusant
et plus instructif , si l'on observe avec
soin d'écrire en rouge ou d'un caractere
diferent les colones principales et alternatives
des déclinaisons , que l'on metra
sur des cartes exemple : N. lun a , la
lune , etc. il sufit de faire lire à l'enfant
un nom décliné pour chaque déclinaison :
par exemple,Musa ( la Muse ) pour la 1º,
dominus , (le seigneur ) pour la 2 : pater
( le pere ) pour la 3.fructus ( le fruit ) pour
la 4. dies ( le jour ) pour la 5. Les grammairiens
apèlent les mots ainsi déclinés
paradigmes , prototipes , c'est-à dire modè
les ou exemples , parce que ces mots servent
de règle pour décliner tous les noms
de la mème déclinaison , à quelque dife
rence près dont l'usage et la suite des lectures
, des versions , et des compositions
ins
2346 MERCURE DE FRANCE
instruiront mieus que les plus lons rudimens
des écoles. S'il arive que l'enfant
s'embrouille par les diferentes déclinaisons
, il faut le tenir plus lon -tems sur la
mème ; avant que de le faire passer à une
autre, et lui faire reciter ou lire plusieurs
noms à l'inspection du paradigme de l'exemplequ'il
sait , ou des simples terminaìsons,
ensorte qu'il lise ou qu'il récite rosa
( la rose) porta la porte , figura ( la figure)
fenestra ( la fenètre , corona ( la courone )
etc. à l'inspection de la carte de Mușa ,
ou de ses seules terminaisons ; ce que l'on
pratiquera dans chaque déclinaison , aïant
l'atention de choisir des mots faciles , et
dont le latin et le françois , soient presque
les mèmes , à la terminaison près.
Cependant si cette trop grande ressemblance
embrouilloit l'enfant , il faudroit
prendre d'autres mots , come menfa ( la
table ) ara ( l'autel ) etc. ne suivant aucune
métode qu'on ne soit prèt d'abandoner
pour une meilleure.
Lorsqu'on trouvera l'enfant trop jeune
et trop vif pour ètre mis sur des livres
ou sur des cartes de rudiment , on poura
essayer de lui faire aprendre en Eco et par
l'oreille seule le jeu des terminalsons; mais
il sera toujours beaucoup mieus que les
feus soient de la partie . Il semble au reste
le mot Musa ( la мuse ) n'ait que pas
été
trop
NOVEMBRE 1730. 2347
-
pre- bien choisi pour le paradigme de la
miere déclinaison ; car le mot Muse ou
Bliari , est à peu près la mème chose
pour un petit enfant : il est donc mieus
de ne doner aus enfans que des mots
conus et sensibles , afin de les lier plus
facilement avec l'idée des terminaisons :
c'est pourquoi rosa ( la rose ) luna ( la
lune ) etc. étant des mots , sensibles et
familiers à un enfant , doivent ètre préferés
dans le rudiment pratique au mot
Musa ; quelque petites et méprisables:
que ces remarques puissent paroitre ; le
lecteur non prévenu , fesant un mellleur
usage de son jugement , sera moins
esclave des défauts des anciènes métodes.
Quand l'enfant saura une déclinaison ,
on poura donc lui doner de petits tèmes
sur chaque cas , avec un adverbe , une
préposition , ou quelque mot déclinable
qui le régisse. On sera souvent obligé
d'employer des noms substantifs ou adjectifs
, faute de trouver assés d'indéclina
bles régissant les diferens cas , et l'on
observera d'écrire en noir le mot françois
et en rouge ou d'un caractere diferent
le mot latin , l'un sous l'autre et sur
des cartes à jouer , pour continuer d'entretenir
le badinage literaire , et éloigner
tout ce qui a l'air d'une étude en forme.
On
2348 MERCURE DE FRANCE
On ne doit point embarasser les enfans
de la déclinaison des mots Æneas ( Enée )
Penelope ( Penelope , la femme d'Ulisse )
ni d'Anchises ( Anchise , le pere d'Enée)
il faut renvoyer l'usage de cete doctrine
à un tems plus convenable et où l'on pou
ra parler des règles et des exceptions de
chaque déclinaison , à mesure que l'enfant
en aura besoin , et non pas plu -tot ,
malgré l'usage et la pratique contraire des
écoles. Le mot dominus ( le seigneur ) pour
le paradigme de la segonde déclinaison, est
peut- être moins propre que celui de lupus
(le loup : ) on doit soulager et menager
autant qu'on le peut , la memoire de l'enfant
et n'exiger d'abord de lui que le jeu
des terminaisons. C'est mal fait encore
de tenir lon- tems et inutilement les enfans
sur les déclinaisons des mots Virgi
lius ( Virgile ) magister ( le maitre ) vir
( l'home ) Orpheus ( Orphée ) templum ( lẹ
temple ) et mème sur les adjectifs , bonus ,
bona , bonum , ( le bon , la bone , le bon )
pulcher, pulchra, pulchrum ( le beau , la bèle,
le beau ) etc. On doit diferer l'usage de
cète doctrine pour le tems auquel
tems auquel on aura
lieu de parler des déclinaisons des noms
neutres et des noms adjectifs. il faut suivre
tant que la métode pratique
des langues vivantes , et ne faire
aprendre les choses qu'à proportion de
l'on
poura
Page
NOVEMBRE. 1730. 2349
de l'age , des idées aquises , et du besoin
courant de ces mèmes choses.
Il semble que les grammairiens n'ont
guère aporté de soin dans le chois qu'ils
ont fait des paradigmes des premieres déclinaisons
; car le mot pater ( le pere ) fe
sant au genitif patris , au lieu de pateris ,
il y a une espece de contraction qui paroit
une irregularité pour le paradigme,
ou l'exemple de cète déclinaison ; c'est
pourquoi j'ai préferé le mot soror ( la soeur)
qui restant entier dans tous les cas , done
des idées plus justes des terminaisons ajoutées
au nominatif ; il n'est pas non plus
necessaire de faire aprendre par coeur onze
paradigmes pour les onze terminaisons
nominatives des noms de cète déclinaison
, ni les noms neutres encore moins
les noms adjectifs : tout cela veut ètre réservé
pour le cours de doctrine que l'on
doit ensuite expliquer à l'enfant , selon
l'ocasion et selon le tems sans le surcharger
au comencement. On observera
la mème chose dans la quatrième et dans
la cinquième déclinaison , où il semble
que le motfacies ( la face ) conviene micus
que celui de dies ( le jour ) dont le latin
et le françois ont moins de raport ensemble.
Lorsque l'enfant saura décliner
les cinq noms ou paradigmes des cinq
déclinaisons, on poura essayer de lui faire
déclner
,
2350 MERCURE DE FRANCE
>
décliner le nom substantif avec l'adjectif,
selon la rime des terminaisons de la première
et de la segonde déclinaison ; et
ensuite peu à peu le faire passer aus autres
déclinaisons : par exemplesmusa bona,
dominus bonus , pater bonus , soror bona
fructus bonus , dies bona , etc. on pouroit
faire décliner les cinq paradigmes ensemble
pour en doner une idée plus précise
ou plus raprochée , suposé que cela n'embrouillât
pas l'enfant après quoi viendroit
le tour des noms neutres et des noms
adjectifs avec la doctrine qui les concerne
, en passant peu à peu du simple au
composé , et des règles les plus générales
aus moins générales , et aus exceptions
sur lesquelles on doit ètre fort sobre
, bien loin de jeter l'enfant dans le
caos par l'entassement de règle sur règle
avant le tems , selon l'usage abusif du
préjugé vulgaire et de prèsque toutes les
écoles.
En recomençant les déclinaisons , on
poura aussi essayer de faire décliner des
noms positifs , des comparatifs , et des superlatifs
, plu-tot pour fortifier l'enfant
sur les déclinaisons , que pour l'instruire
des degrés de comparaison : cète doctrine
ne doit ètre débitée qu'à mesure que l'enfant
en aura besoin , soit en lisant , en
explicant , ou en composant. On doit obexpli
NOVEMBRE. 1730. 235I
à
server la mème chose à l'égard des mots
Athena , Athenarum ( la vile d'Athenes )
Parisii , Parisiorum , ( la vile de Paris )
etc. chaque semaine on augmentera peu
peu l'étendue periodique du jeu ou de
l'exercice pratique des déclinaisons , en
fesant remarquer et sentir à l'enfant la
diference des nombres , des genres , et des.
cas ; la diference des terminaisons et des
déclinaisons , sur lesqueles il faut laisser
lon- tems un enfant avant que de le faire
passer aus verbes ; et cela d'autant mieus ,
qu'avec les seules déclinaisons pratiques
on peut doner des tèmes à l'enfant , et
l'exercer sur la composition et sur la version
des deus langues , ce qui ne paroitra
ridicule et absurde qu'à des esprits
prévenus et esclaves des métodes vulgaires.
On doit bien plus conter sur la prati
que que sur la téorie. A peine l'étude des
regles aprises par coeur done telle à l'enfant
quelque avantage sur celui qui ne les
aprend point, par coeur , mais qui les entend
seulement expliquer quand il lit.
qu'il traduit , ou qu'il compose. Un colège
où l'on ne parleroit jamais que bon
latin , feroit en peu de tems de bons écoliers
; il ne s'agit que de faire revivre l'usage
d'une langue morte , pourquoi ne le
fait on pas c'est parce qu'on suit celui
dos
2352 MERCURE DE FRANCE
des vieilles métodes et qu'on se prévient
contre les projets de toutes les nouvèles.
Un enfant vêra donc encore superficielement
les déclinaisons des nombres et des
degrés de comparaison; on lui fera remarquer
avec soin que toutes les déclinaisons
se raportent aus cinq paradigmes qu'on
lui aura fait voir ; les exceptions s'aprendront
ensuite par l'usage et cela est si vrai,
que sans l'usage on oublîroit mème les paradigmes.
Cependant je ne blâme point
l'ordre des nouveaus rudimens de la langue
latine : bien loin de là , je l'aprouve
fort, pourvu que l'enfant ne soit pas obligé
d'aprendre d'abord tout par coeur , et
qu'il ne se serve de ces rudimens que
pour la lecture , pour la version , et pour
la composition. On doit doner ce livre
come le repertoire des tables , des declinaisons
, et des conjugaisons , etc, dont
l'enfant peut avoir besoin , et dont il
aprendra à se servir jusqu'à ce qu'il soit
en état de s'en passer , et de se contenter
de l'usage d'un dictionaìre.
§. 2. Declinaison des Pronoms.
La metode que l'enfant a suivie en déclinant
les noms , indique cèle qu'il doit
suivre pour aprendre la pratique des pronoms.
il faut d'abord se contenter de la
declinaison des pronoms ego ( moi , on je )
174
NOVEMBRE . 1730. 2 3 5 3
tu ( toi on tu ) ille , illa , illud ( il , elle , )
etc. qui servent à conjuguer les verbes .
Ensuite à loisir viendra le tour du pronom
ou de l'article hic , hac , hoc ( ce ,
cet, cette) et lorsque l'enfant le saura passablement
, il poura essayer quelquefois
de joindre le genre aus noms qu'il déclinera
; suposé néanmoins que cela ne
l'embrouille pas , car cète pratique n'est
point absolument necessaire , malgré le
vieus préjugé de plusieurs écoles . Quand
l'enfant saura ces quatre pronoms , on lui
fera aprendre à loisir le pronom relatif ,
qui , que , quod ( qui , lequel , laquelle )
etc. mais il faut s'en tenir là , et laisser
l'étude des autres pronoms pour le tems
des lectures des versions , et des compositions
proportionées aus idées aquises dans
la langue latine; car je supose qu'on done
toujours à l'enfant des exemples en latin
et en françois, à mesure qu'il avance dans
les simples déclinaisons : on trouvera
quantité de ces exemples dans le rudiment
pratique , mais il est toujours mieus
d'en doner sur des choses relatives à l'enfant
, familieres , sensibles , que le hazard
fournit souvent bien plus à propos que
les livres.
5. 3. Conjugaison des verbes.
Aïant remarqué que les enfans oublient
B ordi2354
MERCURE DE FRANCE
ordinairement une leçon en passant à une
autre , j'ai cru que pour remedier à cet
inconvenient , il faloit tâcher de réduire
les déclinaisons et les conjugaisons à toute
la simplicité possible , afin de n'en faire
dans la suite qu'une leçon abregée ou un
brevia`re grammatical que l'enfantpourolt
réciter tous les jours jusqu'à ce qu'il ût
aquis l'habitude" que les seuls actes réiterés
peuvent lui donér. rour aprendre la
conjugaison des verbes , il faut comancer
par la table des terminaisons actives , et
doner , par le moyen des indéclinables ,
une idée sensible des trois tems qu'on
apèle passé , present, et à venir , ou futur ;
exemple, fe lus hier ce que je lis aujourdui ,
etje le relirai demain : ensuite bien loin de
s'amuser à faire aprendre par coeur les rè
gles en vers françois de la métode P. R.
encore moins les règles latines du Despautere,
il faut faire lire le verbe sum ( je
suis ) et faire remarquer à l'enfant le jeu
des figuratives ou des terminalsons actives
dont le verbe substantif sum fournit des
exemples pour les trois persones du singulier
et du plurier . L'essentiel est que
les terminaisons semblables des tems diferens
se raportent les unes aus autres
come par exemple : am , as , at ; amus , atis
ant,se raportent aus tems d'eram, de fueram,
etc, et cela servira pour les conjugaisons
›
actives
NOVEMBRE. 1730. 2355
actives , come pour cèle du verbe substantif.
Il sera bon aussi , pour rendre sensible
àun enfant ce qu'on apèle mode indica if,
mode fubjonctif, etc. de lui faire conjuguer
l'un après l'autre chaque tems de l'indicatif,
avec le même tems du subjonctif,
et de lui faire sentir également la diference
du mode et cèle de la terminaison ;
c'est au maitre ingenieus à chercher et à
varier les tours d'expression qui peuvent
produire l'efet qu'il en atend : je crois
cependant qu'on doit faire aprendre les
tems de l'indicatif avant ceus d'un fubjonctif,
la simplicité semble l'exiger de
la sorte ; mais quand l'enfant aura apris
l'indicatif et le subjonctif , il ne sera pas
mal de diversifier le jeu ou la manerede
conjug les tems de chaque mode , selon
l'age, le progrès , et le gout de l'enfant.
On poura donc pour lors faire conjuguer
alternativement chaque tems de l'indicatif
avec celui du subjonctif , ou bien le
maitre et l'enfant réciteront chacun leur
tems , et changeront de mode tour à tour.
A mesure que l'enfant avance dans la
conoissance sensible des parties du discours
, le maître doit lui doner à lire des
frases qui aient toujours raport à la doctrine
de chaque jour,en passant de l'indéclinable
au déclinable , et du déclinable
Bij au
2356 MERCURE DE FRANCE
:
au conjugable ; et pour cet efet il faut
lui doner des exemples qui contienent la
doctrine courante du jour pour l'ajouter
à cèle qui a déja été donée le jour précédent
le seul verbe substantif sum ( je
suis ) avec les indéclinables et les déclinables
, fournit peut- être des exemples
sur plus de la moitié de la sintaxe: pratique
préferable à cèle qui acable les enfans
condanés à aprendre par coeur toutes les
déclinaisons et toutes les conjugaisons
avant que d'en pratiquer la premiere .
L'école croit ce tems bien employé ,
quand l'enfant ne sait pas écrire , parce
qu'elle supose la nécessité d'aprendre par
coeur des principes avant que de les mettre
en pratique ; mais selon la métode du
bureau l'enfant sans savoir écrire ne laisse
pas de pratiquer l'exercice des tèmes , des
versions , et des compositions qu'on lui
done sur des cartes ; et c'est- là peut ètre
la meilleure manière d'ense`gner un enfant
, puisque dès le premier jour la téorie
et la pratique peuvent aler ensemble :
Fourlors un enfant est bientot mis en état
de s'amuser utilement , et agréablement ;
c'est là un avantage inconu aus auteurs
des métodes vulga res , qui dégoutent les
enfans dans la premiere étude des langues.
Je supose donc qu'on a déja un peu
parlé à l'enfant de la nature de l'adverbe,
de
NOVEMBRE . 1730. 2357
de la préposition , de la conjonction , et de
l'interjection: on doit peu à peu en alonger
et en varier les petites frases composées
d'une seule proposition , par exemple : la
viole angloise et harmonieuse de mon chér
frère Louis Jean Batiste , sera toujours , sans
contredit, l'instrument favori des amateurs de
La bone musique, etc. En suivant cète route,
on fait pratiquer les règles avant que de les
faire étudier , ou pour mieus dire , on
les pratique et on les étudie dans le mème
tems ; les progrès en seront beaucoup
plus grans , sur tout si au comancement
on fait lire et traduire des textes interlineaìres
, selon la métode de M. du Marsais
, et si l'on a soin , come l'enseigne
cet ingénieus Grammairien , d'expliquer
et de faire remarquer à l'enfant le sujet
et l'atribut , l'afirmation ou la négation
de chaque proposition .
Quoique le verbe substantif Sum ( je
suis ) soit le premier par où l'enfant doit
comancer les conjugaisons , il y a bien
des rudimens qui ne le metent qu'apr's
les verbes actifs , les verbes passifs , les
verbes déponens , et mème qu'après les
verbes neutres , à cause de son irrégularité
; cependant quand le verbe passif
n'auroit pas besoin de ce verbe auxiliaire
dans sa conjugaison , il seroit toujours
plus simple et plus régulier de co-
Biij man2358
MERCURE DE FRANCE
rancer les conjugaisons par cèle du verbe
Sum , que par cèles des verbes actifs ;
on est avant que d'agir : d'ailleurs le
verbe substantif representant tous les
verbes, permet une infinité de frases avec
le seul nominatif , ou avec d'autres cas ,
ce qui sufit pour l'usage de diverses concordances
aisées à concevoir et à retenir.
Les rudimens les plus sensés et les plus
métodiques qui ont comancé par la conjugaison
du verbe sum ( je suis ) , n'ont
pas immédiatement après doné cèles de
ses composés possum , prosum , adsum
desum , absum , intersum , obsum , &c.
Ces rudimens ont passé d'abord du verbe
substantif au verbe actif , et il semble
que par la mème raison ces grammairiens
auroient pu et du se contenter d'un seul
paradigme dans chaque declinaison , renvoyant
plus loin les irregularités des
noms , come on a coutume de le faire à
l'égard de cèles des verbes.
e
Si les rudimens ne sont donés aus enfans
que come un repertoire , contenant
la suite des conjugaisons du verbe actif ,
du verbe passif , et du verbe deponent
des 1ere , 2º , 3º , et 4° conjugaison , on
ne peut qu'aprouver cet ordre de livre et
de téorie ; mais si on oblige les enfans à
les aprendre d'abord tout de suite par
coeur , je doute qu'ils en soient plus
avancés
NOVEMBRE. 1730. 23 59
avancés que s'ils n'aprenoient qu'une
seule conjugaison active , sur laquelle on
epuiseroit toutes les frases de la sintaxe
dont le verbe amo ( j'aime ) . Par exemple
est susceptible , et cèles qu'on doneroit
avec tous les principaus verbes de la premiere
conjugaison qui se conjuguent come
le verbe amo , et qui regissent le
mème cas.
Je ne crois pas que l'enfant doive passer
à la conjugaison des verbes passifs ,
qu'il ne sache parfaitement cèle des verbes
actifs , où il est bon de le tenir lontems
et sans impatience ; car s'il paroit
que l'enfant en soit retardé , on vèra dans
la suite avec étonement qu'il en est au
contraire alé plus vite ; la raison seule
pouroit le démontrer à des esprits atentifs
et non prevenus , mais on veut bien
s'en raporter à la seule experience; le maitre
tâchera de varier et d'alonger toujours
le jeu des petites frases dans lesquelles il
fera entrer les parties du discours indeclinables
, les declinables , et les conjugables
du verbe substantif sum ( je suis )
et des verbes actifs conjugués come amo
( j'aime ). Exemple. Etant aujourd'hui un
·écolier diligent et laborieus , je lis avec bien
du plaisir dans les bèles éditions corectes de
l'imprimerie royale du Louvre.
Quand l'enfant saura bien décliner et
Bij con
2360 MERCURE DE FRANCE
conjuguer , il faudra l'instruire un peu
plus et de vive vois sur les parties du discours
qui composent les frases qu'on lui
done.On peut essayer de lui expliquer les
concordances et les règles de la sintaxe
si on s'aperçoit qu'il entende et qu'il sente
ce qu'on lui dit. Il faut, premierement lui
expliquer toutes les parties du discours
dans sa propre langue , avant que de passer
à cèlès des langues mortes : à force de
varier les exemples sur les noms , sur les
pronoms, et sur les verbes , l'enfant aquèra
en françois une espèce de routine et
de pratique qui le disposera à mieus comprendre
dans la suite toute la doctrine
des rudimens latins. On aura soin
de changer les parties du discours et
d'une frase , lorsque l'enfant saura les
mots de cèles qu'on lui aura donées auparavant
; c'est là le vrai et le seul moyen
d'avoir bientot present et d'entretenir le
cours des declinaisons et des conjugaisons
; et c'est peut ètre aussi l'unique ressource
avec les enfans des princes et des
grands seigneurs ; la pratique leur fera
tolerer la téorie , si le maitre a le talent
de se fire gouter lui même.
Lorsque l'enfant sera férme sur la première
conjugaison active , il sera aisé de
lui faire aprendre les autres conjugaisons ,
en fesant remarquer le jeu des terminalsons
NOVEMBRE . 1730. 2361
sons , et la diference d'une conjugaison à
une autre.Quoique l'enfant paroisse savoir
les quatre conjugaisons actives , il ne faut
pas pour cela le mètre encore aus conjugaisons
passives , parce qu'elles sont
trop dificiles , et que la plupart de leurs
tems n'ont aucun raport avec ceus des
verbes de la langue françoise ; cète langue
n'aïant point de verbe passif simple,
se sert du verbe substantif et du participe
passif, de mème que la langue latine
le pratique pour les tems du prétérit
parfait , du plusque parfait de l'indicatif
et du subjonctif , et pour le futur du
mème subjonctif ; de sorte que le verbe
passif n'a proprement de tems simples
que ceus present , de l'imparfait, et du
futur de l'indicatif , et ceus du present ,
et de l'imparfait du subjonctif ; c'est aus
savans latinistes à nous dire pourquoi de
amo, amabam , amavi, amaveram , amabo ,
etc..on n'a pas également formé amor ,
amabar, amavir , amaverar , amabor , etc.
du
Pour faire voir à l'enfant la conjugaison
passive , il faut d'abord comancer par
le jeu des simples terminaisons or , aris
´ou are , atur ; amur , amini , antur , etc. et
suivre la métode qu'on a pratiquée pour
la conjugaison du verbe substantif sum
je suis ) et cèle du verbe actif amo
( j'aime ) ; c'est pourquoi jutra tenir
B lon2362
MERCURE DE FRANCE
Ion-tems un enfant sur la premiere conjugaison
passive , avant que de le faire
passer aus autres , et à cèles des verbes
déponens , des verbes neutres , des verbes
irréguliers , etc. l'usage , la pratique ,
et les lectures continuèles fournissent assés
d'ocasions pour instruire un enfant et
pour le mètre en état de se servir du livre
des rudimens come d'un repertoire qu'on
aprend par coeur à force de le lire ou de
le feuilleter.
Nota. Fe me flate , Monfieur , qu'après
avoir û la patience de me lirejusqu'ici, malgré
l'essai d'une ortografe passagere , v015
voudrés bien me parloner encore l'exemple
de cèle qui suit , j'en rendrai conte dans quel
qu'autre lètre.
En treuue entre aultres choufes des Caietz ou
Les Feuilles adjouxtées ensemble , lefquelles
par leur haulteur forment des Libures ou des
Tables Analytiques à Columpnes & a Crochetz
grauces fur Cuybure pour lufaige de chaifquune-
Declinaifon & de chaifque ConjuGuaifon felon la
purité de la Langue Latyne. Jl fauldra faire
congnoiftre fongneufement a ung Enfant les.
Leczons de ces neuueaulx ieux qui feruiront
de nourreture a fon Efperit . Ie vouldroye que
les Parentz pour le perfect Exercice des Lettres
uoulfiffent auoir foing dVfer des Tiltres faicts
par des Maiftres Efcripuaintz ou encore myeulx
par des Paynctres ces Efcripteaulx porroient
aorner
NOVEMBRE. 1730. 2363
aorner les Couftez du CaBinet dung ieune Enfant
affin quayant a fa PhanTalie & fouant
foubz les deux oueilz le toutal de ces Obie&z
inftructifs & gratieulx jl iouaffe auecques ces
mefmes Obiectz qujl les apprenfist par cuer &
quil en fift fon prouffit car fijl les fcayet bien lire
de fon Chyef naiez pas paour quil commecte des
faultes fur les DeClinaifons & fur les ConiuGuaifons
pource quil ne porra plus eftre embarraſſe
ladeffus & ie doubte mefme quil aduiengne iamais
quil aye befoin quung aultre præpofe pour cela ou
le Varlet fyen luy chifflent la premiere Perfonne
des differentz temps quif doibt cheoifir pour
ConiuGuer. Le ieu des TerMinaifons donnant
les aultres. La-difficulte feuanoyt Ceulx des Pre-
Cepteurs auyfez qui uouldroyent foubftenir que
cela ne peult eftre ainfyn ie porroye le leur faire
ueoir euidentement en leur donnant de beaulx
argumentz & des faicts preuuez qui deburoyent
faire congnoyftre a tous les Perfo nnaiges du
Royaulme la uerite du fubiect que ie metoy e
faultre iour fur le Papier J uauldroit mieul, x
que les Criticqs foufpeconneulx vienfiffent aue c
doulceur ueoir de leurs yeulx lvfaige du Burea
TyPoGraphyque pour garir fehurement leu
Efperit pluftoft que de calumpnier ou de con
dampner trop legierement des TesMoings fa n
reprouche. le fuis , &c.
des enfans et sur l'essai du rudiment
pratique de la langue latine .
MONSIE ONSIEUR ,
Je done ici l'essai du rudiment pratique
de la langue latine pour abreger le
tems que les enfans emploient , et épargner
celui que la plupart perdent à aprendre
par coeur bien des paradigmes , des
exemples , et des règles inutiles quand ils
comencent leurs études . J'ai cru que dans
la grammaire , come dans la géometrie ,
en devoit chercher une liaison pour pas
ser du simple au composé ; et c'est ce qui
m'a déterminé à comencer par les parties
d'oraison ou du discours , adverbiales et
indéclinables, soit qu'elles éxigent des cas
come les prépositions , soit qu'elles n'en
demandent point come les adverbes , etc.
On ne sauroit donc mieus faire que de
doner abécédiquement ou d'une autre
manière en latin et en françois, en françois
eten latin , les principales particules indéclinables
par ordre de qualité. On pouroit,
par exemple , doner les interjections de
joie , d'afliction , etc. les conjonctions copulatives,
NOVEMBRE. 1730. 2337
pulatives , disjonctives , etc. les adverbes
d'afirmation , de négation , etc. les prépositions
et les particules sans cas et avec.
leurs cas ; metant à part celes qui régissent
ou demandent le nominatif , le genitif,
le datif, l'acusatif , le vocatif, ou l'ablatif.
On comprend dans les lectures ou dans
les leçons des indéclinables , les petites
frases adverbiales , proverbiales , modifiées
par des particules, mais dont la construction
est toujours la même. Enfin on
peut doner dans la leçon des indeclina
bles tous les modificatifs transitifs , et toutes
les transitions déclinables ou indéclinables
, lorsqu'elles sont employées come
de simples adverbes, ou come des mots
adverbialement composés de plusieurs autres
mots .
Après que l'enfant auralu,relu, et composé
sur son bureau ce qui regarde les
parties du discours indéclinables, il faudra
ensuite le faire passer aus parties déclinables,
et doner peu àpeu à chaque déclina
son la liste des principaus noms substantifs
et adjectifs, de mème que les pronoms
et les noms de nombre à mesure qu'ils passeront
dans les tèmes de l'enfant , et dans
son dictionaire pratique . On poura essayer
de mètre quelquefois dans ces listes la terminaison
du genitif, et le genre du nom
par exemple , luna , a , f. ( la lune ) ca
Av
2
dame
2338 MERCURE DE FRANCE
dans une autre liste , la lune ( luna , æ, f. }
afin d'avoir une liste pour la version et
une autre pour la composition : ce sera un
peu plus de peine pour le maître en atendant
qu'on ait de bons rudimens pratiques
; mais il en sera bientot dédomagé
par la rapidité des progrès qu'il vêra faire
à son petit éleve .
Je ne sais s'il seroit mieus de doner une
liste des mots déclinables par ordre abécédique
, ou par ordre des matières , et
de qualité , etc. peut- ètre ne doit-on suivre
au comencement que l'ordre et la
suite des lectures , et joindre chaque jour
aus listes comencées les mots qu'on rencontrera
pour la première fois dans les
lectures ordinaires. quand les listes seront
longues , on sera forcé de suivre l'ordre
abécédique , pour ne pas recopier souvent
les mèmes mots ; desorte qu'il sera mieus
pourlors d'avoir la liste générale et suivie
des mots que fourniront les diverses
lectures , pour en former après cela avec
plus d'exactitude et fans répétition , les
diverses listes des mots par ordre abécédique.
On ne doit copier les listes des
mots par ordre abécédique , que lorsque
l'enfant en sait par coeur plusieurs cenraines.
On le pratica ainsi pour le petit
Candiac , agé de cinq ans : il avoit pour
la version d'un texte , une facilité qu'on
auroit
NOVEMBRE . 1730. 2339
auroit peine à croire , à moins que de
l'avoir vu , ce qu'ont fait bien des savans
et des curieus que je pourois citer en faveur
de la métode pratique du bureau :
ils l'ont admirée, aprouvée, et en rendent
par tout le mème témoignage. Pour métre
facilement les mots des tèmes , des versions
, et des lectures dans l'ordre abécédique
du dictionaire du bureau , il faut
prendre une feuille pour chaque lètre de
l'a b c, diviser la page en quatre colones ,
savoir , la première pour les verbes , la
segonde pour les noms adjectifs , la troisieme
pour les noms apellatifs , et la
quatrieme pour les particules indéclinables
, qu'on écrit à mesure qu'on en augmente
le dictionaire. On suivra enfin l'ordre
qu'on voudra , à l'égard des noms
propres on poura les copier separément
sur dautres feuilles , historiques et non
grammaticales. En atendant cète liste , il
sufit que les noms propres soient à leur
rang de logètes dans le dictionaire pratique.
Pour faire décliner les noms d'une manière
pratique et sensible , il faut joindre
chaque cas avec un mot indéclinable , ou
déclinable , qui exige ou régisse le cas ,
par exemple , en luna ( voilà la lune ) figura
luna ( la figure de la lune , etc. ) métode
qu'il faudra suivre dans chaque dé
A vj cli
2340 MERCURE DE FRANCE
clinaison des noms et des pronoms , err
combinant et variant les termes , autant
que l'exercice des déclinaisons poura le
permetre ; c'est pourquoi il faudra changer
de nom , de préposition , d'adverbe ,
ou enfin de mot regissant , pour varier
ce jeu et le rendre plus instructif et
moins ennuyant ; car il ne faut pas quiter
les déclinaisons que l'enfant ne conoisse
et ne sente bien l'usage et la distinction
des cas , des nombres , de Particle , des
terminaisons , et la diference des genres.
›
On suivra le meme ordre en passant
du jeu des mots déclinables au jeu ou à
Pexercice des mots conjugables , en començant
par le verbe substantif sum ( je
suis) et continuant par les conjugaisons active
et passive, avant que de passer à cèle
des verbes déponens , neutres , irreguliers
etc. observant de joindre à chaque persone
du verbe , une petite frase contenant
quelque indéclinable et quelque déclinable
, pour entretenir et augmenter
la conoissance aquise des adverbes , des
prépositions , des noms , des pronoms ,
et généralement de tout ce qui regarde
l'indéclinable et le déclinable , c'est- àdire
, qu'il faut faire entrer dans la frase
courante et du jour , les dificultés des petites
frases qui ont déja passé , avec les
nouvèles dificultés que le maitre souhaite
doner
NOVEMBRE . 1730. 234T
doner à l'enfant, et j'apèle cela imiter dans
un sens la métode des géometres.Par exem.
je suis toujours devant le seigneur, etc.
ego sum femper coram domino , etc.
L'enfant qui saura lire le latin et le
françois poura composer ensuite au bureau
tipografique, les petites frases sur les
sis cas des noms déclinés avec les combinaisons
des parties du discours : par exemple
, ecce authorÆsopus auctor ; ego auctor,
doctus auctors sum auctor ; amor auctor, etc.
L'enfant passera peu- à-peu des petites frases
aus plus longues de cèles que l'on peut
doner en glose mot- à-mot en latin er en
françois après quoi viendra le recueil des
petites frases choisies d'usage courant et
journalier purement latines , qu'on ne
peur traduire mot- à- mot sans latînismes ,
et de celles qu'on ne peut composer en
latin mot-à-mot sans gallicismes. Le rudiment
pratique doit comprendre tous les
mots qui sont employés dans ces frases ;
et outre ce recueil pratique, il ne sera peutêtre
pas mal d'avoir encore une nomenclature
ou un vocabulaire par ordre des
matieres , afin que l'enfant de trois ans
lisant et relisant les mots de ce livre jusqu'à
sis ans , et les composant sur son bureau
tipografique , soit plu- tot en état de
passer à la lecture des bons originaus
avec le secours du maître , qui doit lut
tenir
*
2342 MERCURE DE FRANCE
tenir lieu de téorie , de grammaire , de
dictionaìre , etc. et qui doit lui expliquer
à propos les principes nécessaires pour
l'intelligence et le génie des langues .
Quoique le rudiment pratique contiè
ne des exemples sur toutes les concordances
et sur la sintaxe , le maitre fera
bien de doner de petites frases sur les dificultés
des genres , des déclinaisons , des
conjugaisons, et de la sintaxe ; en comançant
par les frases du nominatif , et continuant
à son chois , ou au chois de l'enfant,
par celle de tous les cas et des nombres
des mots déclinables , soit noms ou
pronoms , avec la pratique des mots indéclinables
ou déclinables , qui exigent
ou régissent quelque cas. il ne sera point
mal de doner des frases proportionées à
l'age et à la capacité de l'enfant, de mème
qu'à l'état auquel les parens le destinent.
Ôn fera la mème chose à l'égard des verbes
pour les tems , les modes , les participes
, etc. employant les pronoms personels
, réciproques , rélatifs , absolus , démonstratifs
, interogatifs , responsifs ,
possessifs , etc. avec la pratique continuèle
des mots indéclinables ou déclinables , et
quelquefois avec cèle des questions de
lieu , de tems , de mesure , etc. Tout ce
qui s'apèle particule , doit se trouver dans
les frases sur les verbes , tems pour tems ,
mode
NOVEMBRE . 1730. 23 43
mode pour mode , observant quelque ordre
, quoique libre , dans toute cete métode
pratique . Au comencement chaque
mot latin doit ètre sous le mot françois ,
selon la méthode de M. du Marsais , en
atendant que l'enfant soit en état de
рон-
voir se contenter d'une ligne de françois
sous une ligne de latin , mais non mot à
mot ; ou qu'il puisse se servir d'un pur
texte , dont la construction soit chifrée
et numerotée come le texte des fables de
Phèdre , que l'enfant peut mètre sur son
bureau , en suivant l'ordre des chifres qui
I 2 3.
leg uident , par exemple : Lupus et agnus
4 5 7 8
compulsi siti venerant ad eundem rivum , etc.
Les maltres qui ne sont pas en état de
bien montrer par eus-mèmes , auront recours
à la méthode de P. R. et encore
mieus à celle de M. du Marsais ; sans acabler
de regles , ni embarasser les enfans
qui ont plu - tot besoin de pratique que
de réorie , ainsi qu'ils le démontrent eus
mèmes par la facilité avec laquelle ils aprè
nent la langue maternèle : cète facilité que
la pratique done , permetra aussi d'accentuer
le latin du rudiment et des tèmes
, come on le fait ordinairement dans
les livres d'église ; c'est le moyen de former
de bone heure l'oreille de l'enfant ,
au moins à la quantité des pénultièmes
silabes
2344 MERCURE DE FRANCE
silabes , en atendant qu'il puisse apren
dre cèle des autres silabes , par la pratique
des compositions au bureau tipografique
, et par la lecture ou par l'étude
des poëtes.
Quand l'enfant saura écrire on ne
sauroit mieus faire que de lui montrer à
copier les listes des noms et des verbes
dans l'ordre abécédique initial ou final ,
come celui du dictionaire des rimes >
pour faire observer les terminaisons , les
genres , les prétérits et les supins , en donant
peu à peu , et toujours à propos , la
doctrine des règles et des exceptions , bien
loin d'en acabler d'abord l'enfant , selon
la métode vulgaire des écoles et de la
plupart des maitres .
:) On
Il faudra copier les listes des verbes ,
et en avoir une particulière pour chaque
conjugaison , et ensuite la liste gé-,
nerale de tous les verbes ; par exemple :
amare , amo , amavi , amatum.
aimer, j'aime, j'ai aimé, aler aimer. On
poura doubler les listes des verbes come
on a fait cèle des noms, c'est - à- dire qu'on
poura les faire en latin et en françois , ec
ensuite en françois et en latin , le tout
sans oublier les verbes déponens , les verbes
neutres , les défectifs , les irreguliers ,
les impersonels , etc.
S
NOVEMBRE. 1730. 234.5
§ . 1. Déclinaison des noms.
On peut suivre sur les déclinaisons des
noms la métode proposée pour montrer
à lire à un enfant de deus à trois ans . il
faut au comencement avoir des cartes
pour les nombres , les cas , les mots à décliners
pour les terminaisons , l'article et
le mot françois , come pour le mot latin ,
et enfin pour chaque espece diferente de
nom , afin que l'enfant puisse sans embaras
et d'un coup d'euil , voir le jeu des déclinaisons.
cet exercice sera plus amusant
et plus instructif , si l'on observe avec
soin d'écrire en rouge ou d'un caractere
diferent les colones principales et alternatives
des déclinaisons , que l'on metra
sur des cartes exemple : N. lun a , la
lune , etc. il sufit de faire lire à l'enfant
un nom décliné pour chaque déclinaison :
par exemple,Musa ( la Muse ) pour la 1º,
dominus , (le seigneur ) pour la 2 : pater
( le pere ) pour la 3.fructus ( le fruit ) pour
la 4. dies ( le jour ) pour la 5. Les grammairiens
apèlent les mots ainsi déclinés
paradigmes , prototipes , c'est-à dire modè
les ou exemples , parce que ces mots servent
de règle pour décliner tous les noms
de la mème déclinaison , à quelque dife
rence près dont l'usage et la suite des lectures
, des versions , et des compositions
ins
2346 MERCURE DE FRANCE
instruiront mieus que les plus lons rudimens
des écoles. S'il arive que l'enfant
s'embrouille par les diferentes déclinaisons
, il faut le tenir plus lon -tems sur la
mème ; avant que de le faire passer à une
autre, et lui faire reciter ou lire plusieurs
noms à l'inspection du paradigme de l'exemplequ'il
sait , ou des simples terminaìsons,
ensorte qu'il lise ou qu'il récite rosa
( la rose) porta la porte , figura ( la figure)
fenestra ( la fenètre , corona ( la courone )
etc. à l'inspection de la carte de Mușa ,
ou de ses seules terminaisons ; ce que l'on
pratiquera dans chaque déclinaison , aïant
l'atention de choisir des mots faciles , et
dont le latin et le françois , soient presque
les mèmes , à la terminaison près.
Cependant si cette trop grande ressemblance
embrouilloit l'enfant , il faudroit
prendre d'autres mots , come menfa ( la
table ) ara ( l'autel ) etc. ne suivant aucune
métode qu'on ne soit prèt d'abandoner
pour une meilleure.
Lorsqu'on trouvera l'enfant trop jeune
et trop vif pour ètre mis sur des livres
ou sur des cartes de rudiment , on poura
essayer de lui faire aprendre en Eco et par
l'oreille seule le jeu des terminalsons; mais
il sera toujours beaucoup mieus que les
feus soient de la partie . Il semble au reste
le mot Musa ( la мuse ) n'ait que pas
été
trop
NOVEMBRE 1730. 2347
-
pre- bien choisi pour le paradigme de la
miere déclinaison ; car le mot Muse ou
Bliari , est à peu près la mème chose
pour un petit enfant : il est donc mieus
de ne doner aus enfans que des mots
conus et sensibles , afin de les lier plus
facilement avec l'idée des terminaisons :
c'est pourquoi rosa ( la rose ) luna ( la
lune ) etc. étant des mots , sensibles et
familiers à un enfant , doivent ètre préferés
dans le rudiment pratique au mot
Musa ; quelque petites et méprisables:
que ces remarques puissent paroitre ; le
lecteur non prévenu , fesant un mellleur
usage de son jugement , sera moins
esclave des défauts des anciènes métodes.
Quand l'enfant saura une déclinaison ,
on poura donc lui doner de petits tèmes
sur chaque cas , avec un adverbe , une
préposition , ou quelque mot déclinable
qui le régisse. On sera souvent obligé
d'employer des noms substantifs ou adjectifs
, faute de trouver assés d'indéclina
bles régissant les diferens cas , et l'on
observera d'écrire en noir le mot françois
et en rouge ou d'un caractere diferent
le mot latin , l'un sous l'autre et sur
des cartes à jouer , pour continuer d'entretenir
le badinage literaire , et éloigner
tout ce qui a l'air d'une étude en forme.
On
2348 MERCURE DE FRANCE
On ne doit point embarasser les enfans
de la déclinaison des mots Æneas ( Enée )
Penelope ( Penelope , la femme d'Ulisse )
ni d'Anchises ( Anchise , le pere d'Enée)
il faut renvoyer l'usage de cete doctrine
à un tems plus convenable et où l'on pou
ra parler des règles et des exceptions de
chaque déclinaison , à mesure que l'enfant
en aura besoin , et non pas plu -tot ,
malgré l'usage et la pratique contraire des
écoles. Le mot dominus ( le seigneur ) pour
le paradigme de la segonde déclinaison, est
peut- être moins propre que celui de lupus
(le loup : ) on doit soulager et menager
autant qu'on le peut , la memoire de l'enfant
et n'exiger d'abord de lui que le jeu
des terminaisons. C'est mal fait encore
de tenir lon- tems et inutilement les enfans
sur les déclinaisons des mots Virgi
lius ( Virgile ) magister ( le maitre ) vir
( l'home ) Orpheus ( Orphée ) templum ( lẹ
temple ) et mème sur les adjectifs , bonus ,
bona , bonum , ( le bon , la bone , le bon )
pulcher, pulchra, pulchrum ( le beau , la bèle,
le beau ) etc. On doit diferer l'usage de
cète doctrine pour le tems auquel
tems auquel on aura
lieu de parler des déclinaisons des noms
neutres et des noms adjectifs. il faut suivre
tant que la métode pratique
des langues vivantes , et ne faire
aprendre les choses qu'à proportion de
l'on
poura
Page
NOVEMBRE. 1730. 2349
de l'age , des idées aquises , et du besoin
courant de ces mèmes choses.
Il semble que les grammairiens n'ont
guère aporté de soin dans le chois qu'ils
ont fait des paradigmes des premieres déclinaisons
; car le mot pater ( le pere ) fe
sant au genitif patris , au lieu de pateris ,
il y a une espece de contraction qui paroit
une irregularité pour le paradigme,
ou l'exemple de cète déclinaison ; c'est
pourquoi j'ai préferé le mot soror ( la soeur)
qui restant entier dans tous les cas , done
des idées plus justes des terminaisons ajoutées
au nominatif ; il n'est pas non plus
necessaire de faire aprendre par coeur onze
paradigmes pour les onze terminaisons
nominatives des noms de cète déclinaison
, ni les noms neutres encore moins
les noms adjectifs : tout cela veut ètre réservé
pour le cours de doctrine que l'on
doit ensuite expliquer à l'enfant , selon
l'ocasion et selon le tems sans le surcharger
au comencement. On observera
la mème chose dans la quatrième et dans
la cinquième déclinaison , où il semble
que le motfacies ( la face ) conviene micus
que celui de dies ( le jour ) dont le latin
et le françois ont moins de raport ensemble.
Lorsque l'enfant saura décliner
les cinq noms ou paradigmes des cinq
déclinaisons, on poura essayer de lui faire
déclner
,
2350 MERCURE DE FRANCE
>
décliner le nom substantif avec l'adjectif,
selon la rime des terminaisons de la première
et de la segonde déclinaison ; et
ensuite peu à peu le faire passer aus autres
déclinaisons : par exemplesmusa bona,
dominus bonus , pater bonus , soror bona
fructus bonus , dies bona , etc. on pouroit
faire décliner les cinq paradigmes ensemble
pour en doner une idée plus précise
ou plus raprochée , suposé que cela n'embrouillât
pas l'enfant après quoi viendroit
le tour des noms neutres et des noms
adjectifs avec la doctrine qui les concerne
, en passant peu à peu du simple au
composé , et des règles les plus générales
aus moins générales , et aus exceptions
sur lesquelles on doit ètre fort sobre
, bien loin de jeter l'enfant dans le
caos par l'entassement de règle sur règle
avant le tems , selon l'usage abusif du
préjugé vulgaire et de prèsque toutes les
écoles.
En recomençant les déclinaisons , on
poura aussi essayer de faire décliner des
noms positifs , des comparatifs , et des superlatifs
, plu-tot pour fortifier l'enfant
sur les déclinaisons , que pour l'instruire
des degrés de comparaison : cète doctrine
ne doit ètre débitée qu'à mesure que l'enfant
en aura besoin , soit en lisant , en
explicant , ou en composant. On doit obexpli
NOVEMBRE. 1730. 235I
à
server la mème chose à l'égard des mots
Athena , Athenarum ( la vile d'Athenes )
Parisii , Parisiorum , ( la vile de Paris )
etc. chaque semaine on augmentera peu
peu l'étendue periodique du jeu ou de
l'exercice pratique des déclinaisons , en
fesant remarquer et sentir à l'enfant la
diference des nombres , des genres , et des.
cas ; la diference des terminaisons et des
déclinaisons , sur lesqueles il faut laisser
lon- tems un enfant avant que de le faire
passer aus verbes ; et cela d'autant mieus ,
qu'avec les seules déclinaisons pratiques
on peut doner des tèmes à l'enfant , et
l'exercer sur la composition et sur la version
des deus langues , ce qui ne paroitra
ridicule et absurde qu'à des esprits
prévenus et esclaves des métodes vulgaires.
On doit bien plus conter sur la prati
que que sur la téorie. A peine l'étude des
regles aprises par coeur done telle à l'enfant
quelque avantage sur celui qui ne les
aprend point, par coeur , mais qui les entend
seulement expliquer quand il lit.
qu'il traduit , ou qu'il compose. Un colège
où l'on ne parleroit jamais que bon
latin , feroit en peu de tems de bons écoliers
; il ne s'agit que de faire revivre l'usage
d'une langue morte , pourquoi ne le
fait on pas c'est parce qu'on suit celui
dos
2352 MERCURE DE FRANCE
des vieilles métodes et qu'on se prévient
contre les projets de toutes les nouvèles.
Un enfant vêra donc encore superficielement
les déclinaisons des nombres et des
degrés de comparaison; on lui fera remarquer
avec soin que toutes les déclinaisons
se raportent aus cinq paradigmes qu'on
lui aura fait voir ; les exceptions s'aprendront
ensuite par l'usage et cela est si vrai,
que sans l'usage on oublîroit mème les paradigmes.
Cependant je ne blâme point
l'ordre des nouveaus rudimens de la langue
latine : bien loin de là , je l'aprouve
fort, pourvu que l'enfant ne soit pas obligé
d'aprendre d'abord tout par coeur , et
qu'il ne se serve de ces rudimens que
pour la lecture , pour la version , et pour
la composition. On doit doner ce livre
come le repertoire des tables , des declinaisons
, et des conjugaisons , etc, dont
l'enfant peut avoir besoin , et dont il
aprendra à se servir jusqu'à ce qu'il soit
en état de s'en passer , et de se contenter
de l'usage d'un dictionaìre.
§. 2. Declinaison des Pronoms.
La metode que l'enfant a suivie en déclinant
les noms , indique cèle qu'il doit
suivre pour aprendre la pratique des pronoms.
il faut d'abord se contenter de la
declinaison des pronoms ego ( moi , on je )
174
NOVEMBRE . 1730. 2 3 5 3
tu ( toi on tu ) ille , illa , illud ( il , elle , )
etc. qui servent à conjuguer les verbes .
Ensuite à loisir viendra le tour du pronom
ou de l'article hic , hac , hoc ( ce ,
cet, cette) et lorsque l'enfant le saura passablement
, il poura essayer quelquefois
de joindre le genre aus noms qu'il déclinera
; suposé néanmoins que cela ne
l'embrouille pas , car cète pratique n'est
point absolument necessaire , malgré le
vieus préjugé de plusieurs écoles . Quand
l'enfant saura ces quatre pronoms , on lui
fera aprendre à loisir le pronom relatif ,
qui , que , quod ( qui , lequel , laquelle )
etc. mais il faut s'en tenir là , et laisser
l'étude des autres pronoms pour le tems
des lectures des versions , et des compositions
proportionées aus idées aquises dans
la langue latine; car je supose qu'on done
toujours à l'enfant des exemples en latin
et en françois, à mesure qu'il avance dans
les simples déclinaisons : on trouvera
quantité de ces exemples dans le rudiment
pratique , mais il est toujours mieus
d'en doner sur des choses relatives à l'enfant
, familieres , sensibles , que le hazard
fournit souvent bien plus à propos que
les livres.
5. 3. Conjugaison des verbes.
Aïant remarqué que les enfans oublient
B ordi2354
MERCURE DE FRANCE
ordinairement une leçon en passant à une
autre , j'ai cru que pour remedier à cet
inconvenient , il faloit tâcher de réduire
les déclinaisons et les conjugaisons à toute
la simplicité possible , afin de n'en faire
dans la suite qu'une leçon abregée ou un
brevia`re grammatical que l'enfantpourolt
réciter tous les jours jusqu'à ce qu'il ût
aquis l'habitude" que les seuls actes réiterés
peuvent lui donér. rour aprendre la
conjugaison des verbes , il faut comancer
par la table des terminaisons actives , et
doner , par le moyen des indéclinables ,
une idée sensible des trois tems qu'on
apèle passé , present, et à venir , ou futur ;
exemple, fe lus hier ce que je lis aujourdui ,
etje le relirai demain : ensuite bien loin de
s'amuser à faire aprendre par coeur les rè
gles en vers françois de la métode P. R.
encore moins les règles latines du Despautere,
il faut faire lire le verbe sum ( je
suis ) et faire remarquer à l'enfant le jeu
des figuratives ou des terminalsons actives
dont le verbe substantif sum fournit des
exemples pour les trois persones du singulier
et du plurier . L'essentiel est que
les terminaisons semblables des tems diferens
se raportent les unes aus autres
come par exemple : am , as , at ; amus , atis
ant,se raportent aus tems d'eram, de fueram,
etc, et cela servira pour les conjugaisons
›
actives
NOVEMBRE. 1730. 2355
actives , come pour cèle du verbe substantif.
Il sera bon aussi , pour rendre sensible
àun enfant ce qu'on apèle mode indica if,
mode fubjonctif, etc. de lui faire conjuguer
l'un après l'autre chaque tems de l'indicatif,
avec le même tems du subjonctif,
et de lui faire sentir également la diference
du mode et cèle de la terminaison ;
c'est au maitre ingenieus à chercher et à
varier les tours d'expression qui peuvent
produire l'efet qu'il en atend : je crois
cependant qu'on doit faire aprendre les
tems de l'indicatif avant ceus d'un fubjonctif,
la simplicité semble l'exiger de
la sorte ; mais quand l'enfant aura apris
l'indicatif et le subjonctif , il ne sera pas
mal de diversifier le jeu ou la manerede
conjug les tems de chaque mode , selon
l'age, le progrès , et le gout de l'enfant.
On poura donc pour lors faire conjuguer
alternativement chaque tems de l'indicatif
avec celui du subjonctif , ou bien le
maitre et l'enfant réciteront chacun leur
tems , et changeront de mode tour à tour.
A mesure que l'enfant avance dans la
conoissance sensible des parties du discours
, le maître doit lui doner à lire des
frases qui aient toujours raport à la doctrine
de chaque jour,en passant de l'indéclinable
au déclinable , et du déclinable
Bij au
2356 MERCURE DE FRANCE
:
au conjugable ; et pour cet efet il faut
lui doner des exemples qui contienent la
doctrine courante du jour pour l'ajouter
à cèle qui a déja été donée le jour précédent
le seul verbe substantif sum ( je
suis ) avec les indéclinables et les déclinables
, fournit peut- être des exemples
sur plus de la moitié de la sintaxe: pratique
préferable à cèle qui acable les enfans
condanés à aprendre par coeur toutes les
déclinaisons et toutes les conjugaisons
avant que d'en pratiquer la premiere .
L'école croit ce tems bien employé ,
quand l'enfant ne sait pas écrire , parce
qu'elle supose la nécessité d'aprendre par
coeur des principes avant que de les mettre
en pratique ; mais selon la métode du
bureau l'enfant sans savoir écrire ne laisse
pas de pratiquer l'exercice des tèmes , des
versions , et des compositions qu'on lui
done sur des cartes ; et c'est- là peut ètre
la meilleure manière d'ense`gner un enfant
, puisque dès le premier jour la téorie
et la pratique peuvent aler ensemble :
Fourlors un enfant est bientot mis en état
de s'amuser utilement , et agréablement ;
c'est là un avantage inconu aus auteurs
des métodes vulga res , qui dégoutent les
enfans dans la premiere étude des langues.
Je supose donc qu'on a déja un peu
parlé à l'enfant de la nature de l'adverbe,
de
NOVEMBRE . 1730. 2357
de la préposition , de la conjonction , et de
l'interjection: on doit peu à peu en alonger
et en varier les petites frases composées
d'une seule proposition , par exemple : la
viole angloise et harmonieuse de mon chér
frère Louis Jean Batiste , sera toujours , sans
contredit, l'instrument favori des amateurs de
La bone musique, etc. En suivant cète route,
on fait pratiquer les règles avant que de les
faire étudier , ou pour mieus dire , on
les pratique et on les étudie dans le mème
tems ; les progrès en seront beaucoup
plus grans , sur tout si au comancement
on fait lire et traduire des textes interlineaìres
, selon la métode de M. du Marsais
, et si l'on a soin , come l'enseigne
cet ingénieus Grammairien , d'expliquer
et de faire remarquer à l'enfant le sujet
et l'atribut , l'afirmation ou la négation
de chaque proposition .
Quoique le verbe substantif Sum ( je
suis ) soit le premier par où l'enfant doit
comancer les conjugaisons , il y a bien
des rudimens qui ne le metent qu'apr's
les verbes actifs , les verbes passifs , les
verbes déponens , et mème qu'après les
verbes neutres , à cause de son irrégularité
; cependant quand le verbe passif
n'auroit pas besoin de ce verbe auxiliaire
dans sa conjugaison , il seroit toujours
plus simple et plus régulier de co-
Biij man2358
MERCURE DE FRANCE
rancer les conjugaisons par cèle du verbe
Sum , que par cèles des verbes actifs ;
on est avant que d'agir : d'ailleurs le
verbe substantif representant tous les
verbes, permet une infinité de frases avec
le seul nominatif , ou avec d'autres cas ,
ce qui sufit pour l'usage de diverses concordances
aisées à concevoir et à retenir.
Les rudimens les plus sensés et les plus
métodiques qui ont comancé par la conjugaison
du verbe sum ( je suis ) , n'ont
pas immédiatement après doné cèles de
ses composés possum , prosum , adsum
desum , absum , intersum , obsum , &c.
Ces rudimens ont passé d'abord du verbe
substantif au verbe actif , et il semble
que par la mème raison ces grammairiens
auroient pu et du se contenter d'un seul
paradigme dans chaque declinaison , renvoyant
plus loin les irregularités des
noms , come on a coutume de le faire à
l'égard de cèles des verbes.
e
Si les rudimens ne sont donés aus enfans
que come un repertoire , contenant
la suite des conjugaisons du verbe actif ,
du verbe passif , et du verbe deponent
des 1ere , 2º , 3º , et 4° conjugaison , on
ne peut qu'aprouver cet ordre de livre et
de téorie ; mais si on oblige les enfans à
les aprendre d'abord tout de suite par
coeur , je doute qu'ils en soient plus
avancés
NOVEMBRE. 1730. 23 59
avancés que s'ils n'aprenoient qu'une
seule conjugaison active , sur laquelle on
epuiseroit toutes les frases de la sintaxe
dont le verbe amo ( j'aime ) . Par exemple
est susceptible , et cèles qu'on doneroit
avec tous les principaus verbes de la premiere
conjugaison qui se conjuguent come
le verbe amo , et qui regissent le
mème cas.
Je ne crois pas que l'enfant doive passer
à la conjugaison des verbes passifs ,
qu'il ne sache parfaitement cèle des verbes
actifs , où il est bon de le tenir lontems
et sans impatience ; car s'il paroit
que l'enfant en soit retardé , on vèra dans
la suite avec étonement qu'il en est au
contraire alé plus vite ; la raison seule
pouroit le démontrer à des esprits atentifs
et non prevenus , mais on veut bien
s'en raporter à la seule experience; le maitre
tâchera de varier et d'alonger toujours
le jeu des petites frases dans lesquelles il
fera entrer les parties du discours indeclinables
, les declinables , et les conjugables
du verbe substantif sum ( je suis )
et des verbes actifs conjugués come amo
( j'aime ). Exemple. Etant aujourd'hui un
·écolier diligent et laborieus , je lis avec bien
du plaisir dans les bèles éditions corectes de
l'imprimerie royale du Louvre.
Quand l'enfant saura bien décliner et
Bij con
2360 MERCURE DE FRANCE
conjuguer , il faudra l'instruire un peu
plus et de vive vois sur les parties du discours
qui composent les frases qu'on lui
done.On peut essayer de lui expliquer les
concordances et les règles de la sintaxe
si on s'aperçoit qu'il entende et qu'il sente
ce qu'on lui dit. Il faut, premierement lui
expliquer toutes les parties du discours
dans sa propre langue , avant que de passer
à cèlès des langues mortes : à force de
varier les exemples sur les noms , sur les
pronoms, et sur les verbes , l'enfant aquèra
en françois une espèce de routine et
de pratique qui le disposera à mieus comprendre
dans la suite toute la doctrine
des rudimens latins. On aura soin
de changer les parties du discours et
d'une frase , lorsque l'enfant saura les
mots de cèles qu'on lui aura donées auparavant
; c'est là le vrai et le seul moyen
d'avoir bientot present et d'entretenir le
cours des declinaisons et des conjugaisons
; et c'est peut ètre aussi l'unique ressource
avec les enfans des princes et des
grands seigneurs ; la pratique leur fera
tolerer la téorie , si le maitre a le talent
de se fire gouter lui même.
Lorsque l'enfant sera férme sur la première
conjugaison active , il sera aisé de
lui faire aprendre les autres conjugaisons ,
en fesant remarquer le jeu des terminalsons
NOVEMBRE . 1730. 2361
sons , et la diference d'une conjugaison à
une autre.Quoique l'enfant paroisse savoir
les quatre conjugaisons actives , il ne faut
pas pour cela le mètre encore aus conjugaisons
passives , parce qu'elles sont
trop dificiles , et que la plupart de leurs
tems n'ont aucun raport avec ceus des
verbes de la langue françoise ; cète langue
n'aïant point de verbe passif simple,
se sert du verbe substantif et du participe
passif, de mème que la langue latine
le pratique pour les tems du prétérit
parfait , du plusque parfait de l'indicatif
et du subjonctif , et pour le futur du
mème subjonctif ; de sorte que le verbe
passif n'a proprement de tems simples
que ceus present , de l'imparfait, et du
futur de l'indicatif , et ceus du present ,
et de l'imparfait du subjonctif ; c'est aus
savans latinistes à nous dire pourquoi de
amo, amabam , amavi, amaveram , amabo ,
etc..on n'a pas également formé amor ,
amabar, amavir , amaverar , amabor , etc.
du
Pour faire voir à l'enfant la conjugaison
passive , il faut d'abord comancer par
le jeu des simples terminaisons or , aris
´ou are , atur ; amur , amini , antur , etc. et
suivre la métode qu'on a pratiquée pour
la conjugaison du verbe substantif sum
je suis ) et cèle du verbe actif amo
( j'aime ) ; c'est pourquoi jutra tenir
B lon2362
MERCURE DE FRANCE
Ion-tems un enfant sur la premiere conjugaison
passive , avant que de le faire
passer aus autres , et à cèles des verbes
déponens , des verbes neutres , des verbes
irréguliers , etc. l'usage , la pratique ,
et les lectures continuèles fournissent assés
d'ocasions pour instruire un enfant et
pour le mètre en état de se servir du livre
des rudimens come d'un repertoire qu'on
aprend par coeur à force de le lire ou de
le feuilleter.
Nota. Fe me flate , Monfieur , qu'après
avoir û la patience de me lirejusqu'ici, malgré
l'essai d'une ortografe passagere , v015
voudrés bien me parloner encore l'exemple
de cèle qui suit , j'en rendrai conte dans quel
qu'autre lètre.
En treuue entre aultres choufes des Caietz ou
Les Feuilles adjouxtées ensemble , lefquelles
par leur haulteur forment des Libures ou des
Tables Analytiques à Columpnes & a Crochetz
grauces fur Cuybure pour lufaige de chaifquune-
Declinaifon & de chaifque ConjuGuaifon felon la
purité de la Langue Latyne. Jl fauldra faire
congnoiftre fongneufement a ung Enfant les.
Leczons de ces neuueaulx ieux qui feruiront
de nourreture a fon Efperit . Ie vouldroye que
les Parentz pour le perfect Exercice des Lettres
uoulfiffent auoir foing dVfer des Tiltres faicts
par des Maiftres Efcripuaintz ou encore myeulx
par des Paynctres ces Efcripteaulx porroient
aorner
NOVEMBRE. 1730. 2363
aorner les Couftez du CaBinet dung ieune Enfant
affin quayant a fa PhanTalie & fouant
foubz les deux oueilz le toutal de ces Obie&z
inftructifs & gratieulx jl iouaffe auecques ces
mefmes Obiectz qujl les apprenfist par cuer &
quil en fift fon prouffit car fijl les fcayet bien lire
de fon Chyef naiez pas paour quil commecte des
faultes fur les DeClinaifons & fur les ConiuGuaifons
pource quil ne porra plus eftre embarraſſe
ladeffus & ie doubte mefme quil aduiengne iamais
quil aye befoin quung aultre præpofe pour cela ou
le Varlet fyen luy chifflent la premiere Perfonne
des differentz temps quif doibt cheoifir pour
ConiuGuer. Le ieu des TerMinaifons donnant
les aultres. La-difficulte feuanoyt Ceulx des Pre-
Cepteurs auyfez qui uouldroyent foubftenir que
cela ne peult eftre ainfyn ie porroye le leur faire
ueoir euidentement en leur donnant de beaulx
argumentz & des faicts preuuez qui deburoyent
faire congnoyftre a tous les Perfo nnaiges du
Royaulme la uerite du fubiect que ie metoy e
faultre iour fur le Papier J uauldroit mieul, x
que les Criticqs foufpeconneulx vienfiffent aue c
doulceur ueoir de leurs yeulx lvfaige du Burea
TyPoGraphyque pour garir fehurement leu
Efperit pluftoft que de calumpnier ou de con
dampner trop legierement des TesMoings fa n
reprouche. le fuis , &c.
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Résumé : SISIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans et sur l'essaì du rudiment pratique de la langue latine.
En novembre 1730, un auteur présente un essai sur un rudiment pratique de la langue latine visant à accélérer l'apprentissage des enfants. Il critique la méthode traditionnelle qui consiste à apprendre par cœur de nombreux paradigmes, exemples et règles inutiles. L'auteur propose une approche structurée commençant par les parties du discours indéclinables (prépositions, adverbes, etc.) et les classant par ordre de qualité. Ensuite, l'enfant doit passer aux parties déclinables, en apprenant les noms, adjectifs, pronoms et nombres par listes. L'auteur suggère de créer des listes de mots déclinables soit par ordre alphabétique, soit par ordre des matières, et de les enrichir au fur et à mesure des lectures. Les noms propres peuvent être copiés séparément. Pour rendre l'apprentissage des déclinaisons plus pratique, chaque cas doit être associé à un mot indéclinable ou déclinable qui le régit. L'enfant doit également pratiquer la conjugaison des verbes, en commençant par le verbe 'sum' et en progressant vers les verbes déponens et irréguliers. Le rudiment pratique doit inclure des exemples sur les concordances et la syntaxe, et le maître doit expliquer les principes nécessaires à l'intelligence des langues. L'enfant doit également apprendre à écrire en copiant les listes de noms et de verbes dans l'ordre alphabétique, en observant les terminaisons, les genres et les préterits. Les déclinaisons des noms peuvent être enseignées à l'aide de cartes pour les nombres, les cas et les terminaisons, rendant l'exercice plus amusant et instructif. L'auteur recommande d'utiliser des mots latins et français similaires pour faciliter l'apprentissage des déclinaisons, comme 'rosa' (la rose) ou 'luna' (la lune), plutôt que des mots abstraits comme 'Musa' (la muse). Pour les jeunes enfants, il est suggéré d'apprendre les terminaisons par l'oreille et de rendre l'apprentissage ludique. Le texte critique l'usage de mots complexes comme 'Æneas' ou 'Penelope' et préconise de différer l'enseignement des règles et des exceptions jusqu'à ce que l'enfant en ait besoin. Il propose d'utiliser des cartes à jouer pour rendre l'étude plus amusante et d'éviter de surcharger l'enfant avec trop de règles dès le début. L'apprentissage des verbes doit commencer par la table des terminaisons actives et utiliser le verbe 'sum' (être) pour illustrer les différents temps. L'apprentissage des modes indicatif et subjonctif doit être progressif et adapté à l'âge et aux capacités de l'enfant. Le maître doit varier les méthodes d'enseignement pour maintenir l'intérêt de l'enfant et progresser de manière logique et sensible.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 2554-2576
SETIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans, et sur l'atirail literaire du bureau tipografique.
Début :
MONSIEUR, Je n'aurois jamais osé doner dans le Mercure de France la suite de l'atirail literaire [...]
Mots clefs :
Enfants, Lettres, Latin, Méthode, Cartes, Mots, Français, Voyelle, Exercice, Apprentissage
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texteReconnaissance textuelle : SETIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans, et sur l'atirail literaire du bureau tipografique.
SETIEME LETRE sur la bibliotèque
des enfans , et sur l'atirail literaire
du bureau tipografique.
MONSIEUR ,
Je n'aurois jamais osé doner dans le
Mercare de France la suite de l'atirail literaire
d'un enfant , si des pèrsones de
merite ne m'avoient fait remarquer que
ce journal étoit plus nécessaire et plus
instructif dans les provinces et dans les
patis étrangers que dans la capitale , et
que mon scrupule étoit mal fondé. Tous
les livres , m'a- t- on dit, ne peuvent ni ne
doivent ètre livres amusans , de mode
de
passage , et d'une seule espece de lec
teurs , come les voyages de Gulliver , etc.
I. Fel.
Votre
DECEMBRE. 1730. 2333
Votre ouvrage contient la premiere doc
trine , l'érudition élémentaire , cela sufit ,
m'a-t-on repliqué , pour justifier le motif
de vos petits essais literaires ; les parens
et les maîtres curieus en fait d'éducation
le penseront ainsi ,à Paris mème . Dailleurs
les provinces demandent des bureaus ; il
est donc mieus de leur donér la manière
de les faire faire chès eus à bon marché
que de les mètre dans la nécessité d'en
faire venir de plus chèrs , lentement et à
grans frais. Ces raisons m'ont facilement
détèrminé à tâcher de mètre le lecteur
atentif au fait de la construction , del'intelligence
, et de l'usage des petits meubles
literaires que je propose de livrér de
bone heure aus jeunes enfans , et aus autres
enfans de tout age qui ont le malheur
d'avoir été négligés ou retardés pendant
bien des anées.
§ . 1. Cassète abecédique , pour un enfant
de dens à trois ans , et de tout age.
La cassète abécédique , est le premier
meuble litéraire qu'il faudroit livrer à un
enfant de deus à trois ans . Cete cassète doit
ètre de carton; on peut la renforcer d'une
toile colée en dehors , et mètre des bandes
de parchemin à tous les angles exte
rieurs : la charniere de la cassète doit ètre
de toile , de parchemin , ou de peau , afin
A iiij qu'elle I. Vol.
2556 MERCURE DE FRANCE
qu'elle puisse resister aus mouvemens
Continuels ausquels elle sera exposée ..
Après avoir compassé , coupé , cousu
COlé
, et façoné cète cassète , il faudra l'habiller
de lètres , et de silabes ; enjoliver
tous les coins et toutes les bordures avec
du papier doré , marbré , ou tel autre
qu'on voudra y mètre , pour marquer le
quaré , ou le cadre des faces de la cas
sète. On donera au comancement de l'A
B , C latin , et en petit caractère , la
feuille des premières combinaisons élémantaires
, qu'il faudra faire imprimer
d'un caractère proportioné à la grandeur
de la cassète. Cète feuille est , pour ainsi.
dire , l'abrégé de l'a ,b, c latin , et l'on ne
sauroit y tenir un petit enfant trop lontems
pourvu qu'on ait soin de lui faire
lire sur sa cassète les combinaisons , non
seulement de gauche à droite , mais encore
de droite à gauche ; de haut en bas ,
et de bas en haut , ou en colones , etc.
Le premier des deus petits cotés à
droite , contient les lètres du grand A,B,
C latin , avec leur dénomination , ou le
nom doné et preté à chaque consone pour
rendre selon cète nouvèle métode l'art.
de lire plus aisé : On met donc dans ce
quaré de la cassète , n ° . 1. les voyèles
grandes et petites , et les lètres capitales.
avec leurs noms , Aa , Ee , Ii , Oo ,
I.Vok U u
DECEMBRE. 1730. 2357
3
U u. A , Be , Ceke , De , E , Fe , etc.
que
Le segond des deus petits cotés de la
cassète , à gauche , contient le petit a , b,c
latin , à coté du grand , lètre à lètre ; afin
l'enfant qui conoit bien les grandes
lètres , puisse facilement et presque de lui
mème aprendre ensuite à distinguer les
petites : On met donc , n ° . z . A a , Bb ,
Cc , Dd , etc. on y ajoute les principales
Higatures , les lètres doubles , et quelques
abreviations , sur lesquèles il est inutile
de s'arèter beaucoup de peur de dégouter
l'enfant.
La premiere des grandes faces de la
cassète et sur le devant , contiènt , n° . 3 .
en deus colones , les combinaisons élémentaires
du Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
Le dessous de la cassète pouroit avoir
: quatre clous de léton , rivés en dedans ;;
savoir un à chaque angle pour servir de
pié et conserver cete face , sur laquelle ,
et sur cèle du couvercle en dedans , on
peut mètre une bèle crois de JESUS,come
La base , le principe , et la fin de toute action
cretiène.
Le deriere de la cassète contiendra , nº
4.et en deus colones , les combinaisons
du Ba , be , bi , bo , bu , etc. dans lesque
les on fera remarquer les changemiens .
qu'on a crit necessaires pour doner de
bons principes sur les combinaisons , Ca
: bokeb AV fo
2558 MERCURE DE FRANCE
fe , fi , co , qu ; Ga , je , ji , go , gu ; Ja ,
ge , gi , jo , ju ; Sa , ce , ci , fo , fu ; Ta ,
te , tici , to , tu , etc.
Le dessus du couvercle de la cassète
contiendra , nº. 5. n ° . 6. les combinaisons
du Bla , ble , bli , blo , blu , etc. et cèles
du Bra , bre , bri , bro , bru , etc ... N° 7.
les combinaisons des quatre petites lètres
ressemblantes , b , d , p , q , combinées
avec leurs quatre capitales, et ensuite avec
les cinq voyeles , come Bb , Dd , Pp ,
Qq , etc. Ba , de , pi , qu , bo , etc.
No. 8. des sons particuliers à la langue
françoise. A l'égard des cinq faces qui restent
au dedans de la cassète , il sufit qu'èles
solent couvertes de papier blanc , pour
faire mieus paroitre les lètres des cartes
que l'enfant y tiendra.
1
Cète cassète servira à faire dire la leçon
en badinant , et à tenir les cartons et les
jeus des cartes abecediques , qui ont servi
de premier amusement à l'enfant, et qu'il
peut ranger sur une table en les nomant
, jusqu'à ce qu'il soit en état d'avoir
le petit bureau tipografique , sur lequel
il rangera les premieres combinalsons,
Ab , eb , ib , ob , ub , etc. On poura
lui doner ces premieres combinaisons
avec un petit casseau de carton et de sis
logetes , qui entrera dans la cassète , de
mème que les petits cartons élémentaires ,
|
1. Vol. sur
DECEMBRE . 1730. 2559
sur lesquels on aura fait coler les quarés
de la feuille imprimée pour habiller la
cassete ; elle poura aussi servir à tenir une
garniture de bureau pour les persones
curieuses de ce petit atirail literaire.
§ . 2. Foureau ou Tablier du petit bõhome ,
pour l'usage du bureau.
L'on fera à l'enfant un tablier de quelque
bone toile rousse ou grise , afin de
conserver ses habits . Ce tablier poura s'apeler
en badinant , la bavète ou le tablier de
docteur ; il est necessaire pour y faire deus
poches , l'une servira à metre les cartes
des letres et des mots en rouge pour le
latin , et l'autre servira à mèrre les cartes
en noir pour le françois , lorsque l'enfant
comencera de travailler à la table du
bureau de laquèle au reste il ne faut pas
oublier de bien faire abatre la vive arète,à
cause du frotement continuel de l'enfant.
§. 3. Description du premier et petit bureaus
qui sert à la premiere claffe.
Dès qu'un enfant conoit bien les lètres
par l'exercice des jeus de cartes abécédiques
et de la cassete , on peut lui doner
un petit bureau semblable à ceus dont les
directeurs et les comis de la Poste se servent
en province pour ranger les lètres
missives qu'ils mèrent en colones vis - à-
1. Fol.
Αν
via
2560 MERCURE DE FRANCE
vis les lètres initiales des noms ausquels
les missives sont adressées. il faut donc
avoir une table de la largeur de cinq ou
sis cartes rangées , ensorte que cèles des
c'nq voyeles A , E , I , O , U , et des
combinaisons Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
puissent ètre mises en colones sur la largeur
de ce bureau . il doit avoir la longueur
de trente cartes rangées de suite,
plus ou moins , selon le nombre des logetes
que l'on voudra doner à la caisse
de l'imprimerie ; et selon la grandeur des
cartes dont on se servira pour garnir le
bureau . La largeur de la table sera divisée
par quatre ou cinq lignes paralèles , qui
dans la suite serviront d'alignement et:
de reglèt à l'enfant qui doit imprimer oa
composer son tème sur cète table.
و
On peut doner à la table la longueurde
trente cassetins outre l'épaisseur
des montans ou du bois de séparation ;,
ce qu'il est aisé de mesurer : ensuite on
fait les trois liteaus , bandes , regles ou
rebors de la hauteur d'environ quatre pou
ces , ou de la hauteur d'une carte , l'un
de la longueur , et les autres deus pour la
largeur du bureau. Avant que de poserd'une
maniere fixe ou mobile à discretion,.
la tringle , la regle , le long liteau ou rebord
du derriere de la table , il faut lediviser
en trente parties , et marquer le
& Fet milicu
DECEMBRE. 1730. 2560
milieu de chaque partie d'une des lètres de
FABC, observant d'y imprimer la grandeet
la petite lètre ensemble , l'une sous.
Pautre , c'est- à- dire le grand A , sur le
petit as le B capital sur le petit b , et
ainsi de tout l'A BC , depuis les lètres.
Aa , Bb , jusqu'à cèles du Zz , sans oublier
l'Ex , l'a , ni les lètres doubles ,.
&t , ft , fl , etc. de même que les chifres et
les caracteres ou lès signes de la ponctua
tion , etc. que Fon rangera selon l'ordreobservé
dans la planche du bureau tipo
grafique que j'ai fait graver exprès. il sera.
peut-être mieus de doner à l'enfant un
casseau d'un seul rang de logètes , où il
puisse tenir les grandes et les petites kètress ,
Page et la taille décideront entre la trin
gle et le casseau d'un rang de logètes..
Les deus petits liteaus , rebors ou consoles
des cotés n'étant que pour retenir les
cartes , rendre le bureau plus solide , et
pour fermer la caisse , on peut arondir er:
façoner ces deus consoles par le bout , afin
que l'enfant ne puisse en ètre incomode :
après quoi l'on peut clouer les liteaus ou
rebors et metre ce bureau contre un mur
sur deus chaises , sur un chassis , sur deus
petits bancs ou deus petits traitaus dont
les piés soient solides et proportionés à
La taille de l'enfant. On poura , si l'on
eur, metre de petits tiroirs à ce bureau:
La bata
1
2562 MERCURE DE FRANCE
et couvrir la table , d'une basane , d'un
maroquin noir ou d'une toile cirée ; ce qui
n'est pas absolument necessaire, si le bois
est neuf, sans noeuds et bien uni : d'ailleurs
on pouroit faire la table de ce bureau
brisée en deus ; ce qui serviroit pour
les diferens ages et les diferens tèmes de
l'enfant , et mème pour ètre plus facilement
placé contre la muraille et transporté
de la vile à la campagne , come une
table brisée , qui ensuite relevée , ferme
roit la caisse du colombier literaire , et
ocuperoìt moins de place. On poura mètre
un petit rideau de tafetas ou de toile
pour couvrir le colombier quand on ne
s'en servira pas , une toile cirée sera peutètre
d'un mème usage , on doit en tout
chercher l'utilité , la comodité et la propreté.
S. 4. Casse d'imprimerie en colombier à
quatre rans de trente cassetins chacun.
3
Quand l'enfant sera fort sur l'exercice
de la cassète et du premier bureau , on
peut encore pour le divertir en l'instruisant
, lui doner une casse d'imprimerie ,
avec laquèle il composera et décomposera
les silabes , les mots , et les lignes qu'on
lui présentera écrites ou imprimées ; er
cela s'apelera l'exercice du tème en lat`n ou
en françois , selon les lignes et les tèmes
I. Vol.
qu'on
DECEMBRE. 1730. 2563
qu'on lui donera par la suite en ces langues-
là . Cète imprimerie en colombier
est composée d'un casseau qu'on met sur
la table du premier et petit bureau contre
le plus long liteau ou le deriere de cète
table , y étant assés fixe par
des crochets ,
des pitons , des clous à vis , des boutons
ou des chevilles de fer qui traversent l'épaisseur
des deus petits liteaus ou consoles
, et le bois de la premiere et de la derniere
celule : cete casse est divisée en soissante
compartimens, cassetìns, celules , logetes
ou boulins ; c'est-à-dire en deus
rans de trente celules quarées chacun , et
c'est-là le segond bureau ou casseau de la
segonde classe pour le latin , en atendant
la troisième aussi de soissante cassetins
pour le françois , les chiftes , la ponctuation
, l'ortografe des lètres et des sons et
pour la troisiéme classe.
On passera ensuite au quatrième casseau
ou bureau pour le rudiment pratique de
la quatrième classe. Le bureau complet
sera donc de sis rangées de trente cassetins
chacune ; quatre pour l'imprimerie
du latin et du françois , et deus pour le
rudiment. On poura le faire faire tout
d'un tems pour épargner le bois , la hau
teur et la façon du bureau ; en couvrant
d'une housse les rangées superieures
dont l'enfant n'aura pas d'abord l'usage :
I. Vol.
ce
2564 MERCURE DE FRANCE
ce voile piquera sa curiosité et lui donera
de l'impatience pour l'usage des autres
rangées , ainsi qu'on l'a déja dit dans les
letres sur le bureau tipografique , inserées.
dans les mercures des mois de Juin et
de Juillet 1730.
Les logetes doivent ètre un peu plus.
profondes que la longueur des cartes ;
savoir , les trente celules pour ranger et
mètre les petites lètres , les lètres dou-
Bles , etc. et les trente autres celules ou
cassetins pour les grandes lètres ou capitales
, etc. le quaré des celules doit ètre
proportioné à la longueur et à la largeur
des cartes dont on veut se servir ; ensorte:
que l'enfant puisse mètre aisément sa main
dans chaque celule pour y poser ou en
prendre les cartes : on parlera ci - dessous ;
des autresrans de logetes.il faudra marquer
abécédiquement au bureau latin chaque
celule d'en bas de sa petite lètre, et cèle d'ens
haut de sa lètre capitale : après quoi l'on
peut montrer à l'enfant l'art d'imprimer
le tème qu'on lui dicte , ou qu'on lui
done sur une carte ou sur un papier mis
assés haut sur un petit pupitre à jour et
de fil d'archal au milieu de son imprimerie
ou sur la table mème du bureau ; l'on
fera séparer tous les mots avec une carte:
blanche ou par une petite distance , pour
aprendre à l'enfant à distinguer les mots..
La Vali
On
DECEMBRE. 1730. 2565
On ne sauroit croire combien il profite
en imprimant quelques mots sous le dictamen
des uns et des autres , cela lui for
me l'oreille, et lui done ensuite une gran
de facilité pour l'ortografe des ïeus er
d'usage.
,
Il faut qu'il y ait au moins quinze ou
vint lètres dans chaque celule et un
plus grand nombre de voyèles , de liquides
et de certaines consones de plus d'usage
, afin de pouvoir composer plusieurs
lignes de tème tout de suite. Pour rendre
plus large la table du bureau , à mesure
que l'enfant croitra en age et en sience
on peut reculer la caisse de l'imprimerie
ou l'exhausser pour l'apuyer sur le deriere
du bureau , ou pour la metre contre le
mur d'un cabinet , de la chambre de l'enfant
ou autre lieu convenable. Je crois ce
pendant qu'il est mieus que le tout soit
isolé et portatif même au milieu de la
chambre ou du cabinet de l'enfant.
On aura des cartes marquées d'une virgule
pour séparer les mots au comencement
de l'exercice tipografique , afin
d'en rendre à l'enfant la lecture plus aisée
, moins confuse , et de lui aprendre
à distinguer les mots ; il faut mème que
l'enfant lise ou qu'il apèle les virgules et
les poins qui se trouvent dans ses leçons
ce qui l'acoutumera à observér les pauses.
Ja Vola ik
2566 MERCURE DE FRANCE
il ne sera pas mal aussi qu'il nome la quant
tième des pages , à la vue des chifres dont
elles sont cotées : cela sera d'autant plus
alsé , que les chifres entrent dans la com
position des tèmes , et que l'enfant de
trois ans quatre mois dont on a parlé
s'en servolt come il se servott des letres
, quoique tous les chifres fussent en
core dans une seule logere du petit bureau
latin . Le maître pour soulager l'enfant ,
lira à son tour jusqu'à la virgule ou jus
qu'au point.
Tous ceus qui vèront ce bureau et cite
imprimerie pouront dicter et faire imprimer
leurs noms, ou quelques autres mots
et encourager l'enfant à l'exercice du bus
reau qu'il faut continuer pendant lontems
quoique dans la suite l'enfant se serve de
livres pour dire sa leçon en latin et en
François. Le téme étant fait , on regarde
s'il n'y a point de fautes , et l'on montre
à l'enfant la manière de les coriger et de
distribuer les lètres , ou de les remetre
chacune dans sa celule , ce qu'il trouvera
facile aprés avoir su les ranger sur la table
du premier bureau .
S.§. 5. Description du bureau tipografique
latin-françois.
Les montans ou le bois qui forme les
celules
DECEMBRE. 1730. 2567
(
celules de haut en bas en ligne pèrpendiculaire
n'est que de deus à trois lignes
d'épaisseur , excepté le premier et le dernier
qui auront neuf lignes pour fortifier
la caisse , l'assemblage ou le bâti exterieur
; et les traverses ou le bois qui le
croise horisontalement et en rayons est
alternativement , c'est à dire le premier ,
le troisième , le cinquième , et le sétième
de neuf lignes , ou de la hauteur des letres
capitales. si l'enfant est déja un peu
grand , on poura doner neuf lignes à toutes
les traverses pour la comodité des étiquetes
de tous les rans de cassetins , chaque
celule à vide a en tout sens le quaré
long d'une carte tant pour la hauteur que
pour la largeur à vide , avec l'aisance nécessaire
pour le jeu tipografique. La profondeur
d'une celule est come l'étui de
quatre à cinq jeus de cartes ; de manière
que la main puisse les y mètre et les en
tirer facilement . Enfin les dimensions des
cartes doivent regler cèles du bureau et
des casseaus de l'imprimerie , ce qu'un
menuisier doit bien observer , en mesurant
avec exactitude une carte pour chaque
logète, ceus qui ne voudront pas
doner tant de longueur au bureau regleront
les dimensions de leurs cartes
par cèles des logétes du bureau qu'ils comanderont
selon l'endroit où ils le voudront
8
I. Vol.
2568 MERCURE DE FRANCE
€
dront placer , car il faut que la carte ou
la log te donent les dimensions l'une de
l'autre , et c'est ainsi qu'on l'a pratiqué
dans un grand colège pour le bureau d'un
jeune seigneur.
L'auteur dans une planche gravée exprès
done le plan , la description , le dessein
du bureau, des celules ; et des exemples
de la garniture de letres , afin qu'on
voie plus facilement de quèle manière on
doit les distribuer.chacun peut se faire un
plan sans s'asservir à l'abécédique ; si
P'on suit cet ordre , c'est pour faciliter à
-un enfant l'usage des dictionaires , et de
la table des matières des livres qui suivent
aussi l'ordre abécédique .
>
Le premier rang des celules d'en bas ,
- est pour les petites letres apelées ordinal
: rement letres du bas ou mineures ; c'est
pourquoi on l'apèle aussi le petit ordinaìre.
Après les logetes du z , de l' , de
P'è ouvert et de l'é fermé , on metra dans
· la vintneuvième logete les cartes ou les
tèmes donés sur l'histoire , sur la bible ,
sur les génealogies , sur la cronologie et sur
la géografie , et dans la trentième logere
les tèmes qui roulent sur la France , sur
l'Europe etc.
Le segond rang contient les grandes
letres apelées capitales , majeures ou majuscules
que les espagnols apelent aussi
I.Vol
verfales
DECEMBRE. 1730. 2569
versales ; c'est pourquoi on l'apele le grand.
ordinaire la vintneuvième logete sera.
pour les époques , l'histoire sainte , les listes
etc. la trentième pour les époques
P'histoire profane , la fable etc. ou bien on
se contentera de metre en haut les deus
étiquetes hist. s. hist . p. et en bas les autres
deus étiquetes géogr. fable.
5
Le troisième rang est pour toutes les
combinaisons de letres qui donent les mèmes
sons simples qu'exprime le rang des
letres ordinaires ; c'est pourquoi on l'apele
le premier rang composé ; ainsi à la cofone
de l'o et à la logete du 3 rang , on
met les diftongues oculaires au , ean , qui
en deus ou en trois letres expriment le
pur son de l'o , cette distinction et cet
ordre métodique donent d'abord à l'enfant
des idées inconues à la plupart des
maitres d'école . car s'il m'est permis de
le dire , on ne rougit pas d'ignorer l'algebre
; mais on est très honteus d'ignorer
ce qu'un petit enfant aprend d'abord
au bureau , sur la nature des letres et des
sons de la langue françoise , et ce que
tous les maîtres , tous les regens , et tous
les professeurs devroient savoir . Pour profiter
des logetes de reste , on met à la se
èt à la colone du H le mot magasin expliqué
ailleurs ; à la 10 tèmes à faire ; à
la 11 tèmes faits à la colone du Z , on
DANI. Vol.
met
2570 MERCURE DE FRANCE
met nombres , chifres ou livret ; et aus deus
dernieres les poins de suspension , d'interuption
.... , les paragrafes §§ , les piés
de mouche ¶¶ , les guillemets « » , les
signes de plus , de moins ,
d'égalité , et les traits ou tiréts
que les imprimeurs apelent division , qui
coupent, replient et divisent les mots qu'on;
n'a pu achever au bout de la ligne , ou qui
lient des mots composés, come porte-feuille,
tourne-broche etc. on tiendra tous les autres
signes et les asterisques dans ces deus
derniéres logetes du troisième rang de
cassetins .
Le quatrième rang est pour des sons.
diférens , placés néanmoins dans la colone
de la letre avec laquele ils ont le plus de
raport à l'oreille où à l'euil ; le reste come
poins , virgules , apostrofes , parentèses ,
crochets etc. est mis à discretion dans les
celules vides du 4 rang qu'on apele le
segond rang composé , ensorte que les deus
premiers rans sont dits simples , parceque
leurs celules contiènent les simples letres,
et les deus autres rans sont dits composés ,
parceque leurs celules contiènent de dou
bles consones , de doubles letres , de doubles
sons , et enfin des diftongues par
raport à l'euil ou à l'oreille. Pour profiter
du vide des colones M, N, on y a mis
les diftongues oi et ni , qui reviènent sou
GAL. Vol.
vent
DECEMBRE. 1730. 2571
vent dans les mots des tèmes , des frases ,
ou du discours , et pour distinguer le son
de la voyele è ou of du mot il conoìt , de
la diftongue oi du mot roi , on emploie
l'ì grave , come dans les mots il avoit , ils
portoient etc. et l'on emploie l'i ordinaìre
dans les mots loi , roi etc. ensorte que 1ì
grave servira à indiquer l'è ouvert composé
de deus letres dans les mots françois,
maitre , peine etc. et l'i algu indiquera l'ẻ
fermé composé aussi de deus letres dans
les mots j'ai , je ferai plaisir etc. ce qui
şera tres utile non seulement à l'enfant ,
mais encore aus étrangers et aus gens de
province peu au fait de la prononciation
des e simples , ou composés de plusieurs
letres.
On metra aussi au quatrième rang la
voyele eu au haut de la colone e ,
d'autant
que la prononciation en est presque come
cèle de l'é muet françois ou soutenu et
d'une seule lètre ; au lieu que la difton
gue oculaire eu est dans un sens l'e fran
çois soutenu de deus letres ... Le son
gne françois sera mis à la 7 celule au
haut de la colone g , parceque le mot copar
un g ; en Espagne et en portugal
on le metroit au fi ou au nh , colone
du n...Le son che françois , au mème
rang , et au haut de la colone du jou du
sonjeja , parceque le son françois che ost
I. Vol.
mence
le
2372 MERCURE DE FRANCE
le son fort du foible jes en Alemagne ,
on metroit le che à la colone du sch , parceque
les Alemans n'ont point de jou
le son du ge dans leur langue ... Les sons
ill , lh , ille mouillés , au haut de la colonel
, par raport à l'euil plutot qu'à l'oreille
; car en Italie on le metroit au gli ,
colone du g ... La voyele on au haut de
la colone o , par raport à l'euil plutot qu'à
l'oreilles en Italie , en Efpagne , en Âlemagne
, on metroit l'ou à la colone de l'u
qu'on y prononce on . ceci doit fe pratiquer
de mème pour le grec , l'ebreu
Parabe , et toutes les langues .
> > > , >
On doit metre les cinq voyeles nasales
ã‚é‚í‚õ‚ú¸ avant les chifres , et tout
de suite , pour en faciliter l'usage à l'enfant
qui compose sur la table du bureau .
Les dis chifres arabes seront mis aus dis
dernieres logétes avec des chifres romains
pour composer en françois et en latin .
c'est cète rangée de trente cassetins qui
a obligé à en doner autant aus autres
rans. on doit encore dire ici qu'on ne
sépare pas toujours par des virgules ou
par des poins les diférentes combinat
sons ou les diférens signes indiqués pour
la mème logete dans la planche du bureau
, parceque l'on a craint que le lecteur
n'imaginât ces virgules et ces poins
être nécessaires sur les cartes des mèmes
I. Vol.
logetes,
DECEMBRE. 1730. 257 3
logètes , come , par exemple, le point des
cartes marquées d'un c. au dessous de
la logete des chifres VI , 6.
La logète du magasin , du suplement.
ou du plein bureau , apelée la bureaulade
sert à l'enfant pour mètre les mots et les
tèmes composés , lorsque la table du bureau
est pleine , ou que l'enfant pressé
permet qu'un autre range les cartes après
qu'il a lui seul composé le tème , le tout
pour diversifier , et plaire en instruisant,
bien loin de dégouter. on trouvera à
peu près de mème la raison de chaque
chose , si l'on veut bien se doner la peìne
d'y faire un peu d'atention , come on
l'a déja dit bien des fois dans la manière
d'apeler les letres et les sons simples ou
composés par raport aus ieus ou à l'oreille.
§. 6. Garniture ou assortiment de cartes
Pour les quatre rans de casseins du bureau
tipografique.
Pour garnir le bureau tipografique , il
faudra mètre sur des cartes séparément
non seulement les lètres , mais encore
leurs diférentes combinaisons pour exprimer
les sons simples ou composés , ce qui
servira beaucoup à l'ortografe des ieus et
de l'oreille , et donera plus de facilité et
de varieté pour le jeu tipografique , que
I. Vol. B n'en
2574 MERCURE DE FRANCE
n'en pouroit doner une imprimerie ordinaire.
D'ailleurs l'avantage de pouvoir
lire et composer en latin et en françois
dès le premier jour de l'exercice , est un
avantage qui fera toujours taire les esprits
prévenus , incapables avec les métodes
vulgaires de montrer l'ortografe et
le latin à un petit enfant , avant qu'il
comance d'aprendre à écrire un autre
avantage du bureau , c'est de soulager les
maitres, les régens, et les professeurs , en
leur formant de bons écoliers , et les rendant
en moins de tems plus fermes sur
la téorie et sur la pratique des premiers
élemens literaires, que ne le sont ordinalrement
la plupart des enfans condanés à
Particulation des anciènes métodes , ce
qui démontre l'utilité et la compatibilité
de l'exercice du bureau avec tous les devoirs
des meilleurs colèges.
TABLE des letres , des sons simples ;
des sons composés et des combinaisons
necessaires pour la garniture du bureau
tipografique.
GARNITURE,
Logetes.
a
aa. à. á. â. a. ǎ. af. ha. has. aë.
ê.
с ce. è . é. ë.
iii. . . . . . I. if. hi. ic,
e. ĕ. ef. he.
I
I. Vol.
DECEMBRE. 1730. 2575
ô. ō. ŏ. ef. ho. hof. au. cau. haw
ooo. ò. 6.
u uu. ù. ú. ü. û. ũ . ŭ, uſ. hu. huſ, cu. ".
b bb. be, bd..hr .
с cc. ç . &t . c'. ce.
ddd. d'. de. 2ª.
fff. ph. ft. fs. ff. fi . ffi . ft. ft. pht. phth. phr.
phl. phe.
ggggu. ga. go . gh. ghe, gue.
hha. he, hi. hơ. hư. hy . heu . hai. hon.
kke. ky. que. ca, co. cu. qu.
1 11. P. le .
mmm. m. m³, m². m. m²®, m¹è, me, m², meat.
n
Me. MM .
nn. ñ. n'. n ° . n. ne.
P PP. pe. pn. pt. ps. PP.
q cq. qua, que , qui, quo . qu. qu'. quæ . q;, qui
r rr. rh. r'. re. " . RR..
iss. fl. fs, sl. fc. fç.fl. ff. sph. fph. fg. fi . fm.
ſp. ſq. ſqu. ft. fth . ffi. se. ſe. ci. ce. i. S. st.
• fee SS. ç.
t tt. th. thrh.thl. t '. te. .. a. &e. Ato. Au.
V v. w. W. ve. Ve.
Je. j'.ge. gi. ginta.
X x. xc. gz. kf. xc. xfc.
yhy. ys. yf. hys. ii. iï.-ÿ.
Z z. ze.
ง.0
ès. èf. cis. ci. ey. al. ay. ais. aî. aient.oiens
oi. oy. hai. hay. ols. oit.
é aí . oe. oe. &. &. ét. Æ. E.
eu eû. eus . heu . `oeu. oei,
I. Vol. Bij
OW
2576 MERCURE DE FRANCE
Ou ou. où. ouf. oû . hou.
ch ch. che,
gn gn. gn. gne. gne.
lh_lhe . il. ill. ille . lle. 1.
ã an. a. é: hen. em . han. hã. aën, aon , ham,
èn. èm. ein . èí. eim. hin . hĩ ein .
1 in. im. ain aim. aĩ. ein . eĩ. ìn , ain.
Õ on . om, hon . hõ . hom
ū un. um . hum . hun , hũ, cũ .
Diftongues.
Oi ois. oĩ. oin. oy. hoi . hoy oic.
ui uis. uĩ. uin, uy. hui. huy. uic.
Suplement.
a
ante 60ante. 20ª.
i 20leme , ier.
f Fin. Finis.
Įginta 30. 40ginia .
Ponctuation. , ; : . ? !
Chifres. 0. 1. 2. ༣. 4.
·
+
5. 6. 7. 8.
I. II. III. IV. V. VI. VII . VIII.
9. 0. 10 .....
IX. X.
31. & c.
XXXI. & c.
Signes . ( ) .. [ ] *. §. ¶. + ----
တ
& &c.
des enfans , et sur l'atirail literaire
du bureau tipografique.
MONSIEUR ,
Je n'aurois jamais osé doner dans le
Mercare de France la suite de l'atirail literaire
d'un enfant , si des pèrsones de
merite ne m'avoient fait remarquer que
ce journal étoit plus nécessaire et plus
instructif dans les provinces et dans les
patis étrangers que dans la capitale , et
que mon scrupule étoit mal fondé. Tous
les livres , m'a- t- on dit, ne peuvent ni ne
doivent ètre livres amusans , de mode
de
passage , et d'une seule espece de lec
teurs , come les voyages de Gulliver , etc.
I. Fel.
Votre
DECEMBRE. 1730. 2333
Votre ouvrage contient la premiere doc
trine , l'érudition élémentaire , cela sufit ,
m'a-t-on repliqué , pour justifier le motif
de vos petits essais literaires ; les parens
et les maîtres curieus en fait d'éducation
le penseront ainsi ,à Paris mème . Dailleurs
les provinces demandent des bureaus ; il
est donc mieus de leur donér la manière
de les faire faire chès eus à bon marché
que de les mètre dans la nécessité d'en
faire venir de plus chèrs , lentement et à
grans frais. Ces raisons m'ont facilement
détèrminé à tâcher de mètre le lecteur
atentif au fait de la construction , del'intelligence
, et de l'usage des petits meubles
literaires que je propose de livrér de
bone heure aus jeunes enfans , et aus autres
enfans de tout age qui ont le malheur
d'avoir été négligés ou retardés pendant
bien des anées.
§ . 1. Cassète abecédique , pour un enfant
de dens à trois ans , et de tout age.
La cassète abécédique , est le premier
meuble litéraire qu'il faudroit livrer à un
enfant de deus à trois ans . Cete cassète doit
ètre de carton; on peut la renforcer d'une
toile colée en dehors , et mètre des bandes
de parchemin à tous les angles exte
rieurs : la charniere de la cassète doit ètre
de toile , de parchemin , ou de peau , afin
A iiij qu'elle I. Vol.
2556 MERCURE DE FRANCE
qu'elle puisse resister aus mouvemens
Continuels ausquels elle sera exposée ..
Après avoir compassé , coupé , cousu
COlé
, et façoné cète cassète , il faudra l'habiller
de lètres , et de silabes ; enjoliver
tous les coins et toutes les bordures avec
du papier doré , marbré , ou tel autre
qu'on voudra y mètre , pour marquer le
quaré , ou le cadre des faces de la cas
sète. On donera au comancement de l'A
B , C latin , et en petit caractère , la
feuille des premières combinaisons élémantaires
, qu'il faudra faire imprimer
d'un caractère proportioné à la grandeur
de la cassète. Cète feuille est , pour ainsi.
dire , l'abrégé de l'a ,b, c latin , et l'on ne
sauroit y tenir un petit enfant trop lontems
pourvu qu'on ait soin de lui faire
lire sur sa cassète les combinaisons , non
seulement de gauche à droite , mais encore
de droite à gauche ; de haut en bas ,
et de bas en haut , ou en colones , etc.
Le premier des deus petits cotés à
droite , contient les lètres du grand A,B,
C latin , avec leur dénomination , ou le
nom doné et preté à chaque consone pour
rendre selon cète nouvèle métode l'art.
de lire plus aisé : On met donc dans ce
quaré de la cassète , n ° . 1. les voyèles
grandes et petites , et les lètres capitales.
avec leurs noms , Aa , Ee , Ii , Oo ,
I.Vok U u
DECEMBRE. 1730. 2357
3
U u. A , Be , Ceke , De , E , Fe , etc.
que
Le segond des deus petits cotés de la
cassète , à gauche , contient le petit a , b,c
latin , à coté du grand , lètre à lètre ; afin
l'enfant qui conoit bien les grandes
lètres , puisse facilement et presque de lui
mème aprendre ensuite à distinguer les
petites : On met donc , n ° . z . A a , Bb ,
Cc , Dd , etc. on y ajoute les principales
Higatures , les lètres doubles , et quelques
abreviations , sur lesquèles il est inutile
de s'arèter beaucoup de peur de dégouter
l'enfant.
La premiere des grandes faces de la
cassète et sur le devant , contiènt , n° . 3 .
en deus colones , les combinaisons élémentaires
du Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
Le dessous de la cassète pouroit avoir
: quatre clous de léton , rivés en dedans ;;
savoir un à chaque angle pour servir de
pié et conserver cete face , sur laquelle ,
et sur cèle du couvercle en dedans , on
peut mètre une bèle crois de JESUS,come
La base , le principe , et la fin de toute action
cretiène.
Le deriere de la cassète contiendra , nº
4.et en deus colones , les combinaisons
du Ba , be , bi , bo , bu , etc. dans lesque
les on fera remarquer les changemiens .
qu'on a crit necessaires pour doner de
bons principes sur les combinaisons , Ca
: bokeb AV fo
2558 MERCURE DE FRANCE
fe , fi , co , qu ; Ga , je , ji , go , gu ; Ja ,
ge , gi , jo , ju ; Sa , ce , ci , fo , fu ; Ta ,
te , tici , to , tu , etc.
Le dessus du couvercle de la cassète
contiendra , nº. 5. n ° . 6. les combinaisons
du Bla , ble , bli , blo , blu , etc. et cèles
du Bra , bre , bri , bro , bru , etc ... N° 7.
les combinaisons des quatre petites lètres
ressemblantes , b , d , p , q , combinées
avec leurs quatre capitales, et ensuite avec
les cinq voyeles , come Bb , Dd , Pp ,
Qq , etc. Ba , de , pi , qu , bo , etc.
No. 8. des sons particuliers à la langue
françoise. A l'égard des cinq faces qui restent
au dedans de la cassète , il sufit qu'èles
solent couvertes de papier blanc , pour
faire mieus paroitre les lètres des cartes
que l'enfant y tiendra.
1
Cète cassète servira à faire dire la leçon
en badinant , et à tenir les cartons et les
jeus des cartes abecediques , qui ont servi
de premier amusement à l'enfant, et qu'il
peut ranger sur une table en les nomant
, jusqu'à ce qu'il soit en état d'avoir
le petit bureau tipografique , sur lequel
il rangera les premieres combinalsons,
Ab , eb , ib , ob , ub , etc. On poura
lui doner ces premieres combinaisons
avec un petit casseau de carton et de sis
logetes , qui entrera dans la cassète , de
mème que les petits cartons élémentaires ,
|
1. Vol. sur
DECEMBRE . 1730. 2559
sur lesquels on aura fait coler les quarés
de la feuille imprimée pour habiller la
cassete ; elle poura aussi servir à tenir une
garniture de bureau pour les persones
curieuses de ce petit atirail literaire.
§ . 2. Foureau ou Tablier du petit bõhome ,
pour l'usage du bureau.
L'on fera à l'enfant un tablier de quelque
bone toile rousse ou grise , afin de
conserver ses habits . Ce tablier poura s'apeler
en badinant , la bavète ou le tablier de
docteur ; il est necessaire pour y faire deus
poches , l'une servira à metre les cartes
des letres et des mots en rouge pour le
latin , et l'autre servira à mèrre les cartes
en noir pour le françois , lorsque l'enfant
comencera de travailler à la table du
bureau de laquèle au reste il ne faut pas
oublier de bien faire abatre la vive arète,à
cause du frotement continuel de l'enfant.
§. 3. Description du premier et petit bureaus
qui sert à la premiere claffe.
Dès qu'un enfant conoit bien les lètres
par l'exercice des jeus de cartes abécédiques
et de la cassete , on peut lui doner
un petit bureau semblable à ceus dont les
directeurs et les comis de la Poste se servent
en province pour ranger les lètres
missives qu'ils mèrent en colones vis - à-
1. Fol.
Αν
via
2560 MERCURE DE FRANCE
vis les lètres initiales des noms ausquels
les missives sont adressées. il faut donc
avoir une table de la largeur de cinq ou
sis cartes rangées , ensorte que cèles des
c'nq voyeles A , E , I , O , U , et des
combinaisons Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
puissent ètre mises en colones sur la largeur
de ce bureau . il doit avoir la longueur
de trente cartes rangées de suite,
plus ou moins , selon le nombre des logetes
que l'on voudra doner à la caisse
de l'imprimerie ; et selon la grandeur des
cartes dont on se servira pour garnir le
bureau . La largeur de la table sera divisée
par quatre ou cinq lignes paralèles , qui
dans la suite serviront d'alignement et:
de reglèt à l'enfant qui doit imprimer oa
composer son tème sur cète table.
و
On peut doner à la table la longueurde
trente cassetins outre l'épaisseur
des montans ou du bois de séparation ;,
ce qu'il est aisé de mesurer : ensuite on
fait les trois liteaus , bandes , regles ou
rebors de la hauteur d'environ quatre pou
ces , ou de la hauteur d'une carte , l'un
de la longueur , et les autres deus pour la
largeur du bureau. Avant que de poserd'une
maniere fixe ou mobile à discretion,.
la tringle , la regle , le long liteau ou rebord
du derriere de la table , il faut lediviser
en trente parties , et marquer le
& Fet milicu
DECEMBRE. 1730. 2560
milieu de chaque partie d'une des lètres de
FABC, observant d'y imprimer la grandeet
la petite lètre ensemble , l'une sous.
Pautre , c'est- à- dire le grand A , sur le
petit as le B capital sur le petit b , et
ainsi de tout l'A BC , depuis les lètres.
Aa , Bb , jusqu'à cèles du Zz , sans oublier
l'Ex , l'a , ni les lètres doubles ,.
&t , ft , fl , etc. de même que les chifres et
les caracteres ou lès signes de la ponctua
tion , etc. que Fon rangera selon l'ordreobservé
dans la planche du bureau tipo
grafique que j'ai fait graver exprès. il sera.
peut-être mieus de doner à l'enfant un
casseau d'un seul rang de logètes , où il
puisse tenir les grandes et les petites kètress ,
Page et la taille décideront entre la trin
gle et le casseau d'un rang de logètes..
Les deus petits liteaus , rebors ou consoles
des cotés n'étant que pour retenir les
cartes , rendre le bureau plus solide , et
pour fermer la caisse , on peut arondir er:
façoner ces deus consoles par le bout , afin
que l'enfant ne puisse en ètre incomode :
après quoi l'on peut clouer les liteaus ou
rebors et metre ce bureau contre un mur
sur deus chaises , sur un chassis , sur deus
petits bancs ou deus petits traitaus dont
les piés soient solides et proportionés à
La taille de l'enfant. On poura , si l'on
eur, metre de petits tiroirs à ce bureau:
La bata
1
2562 MERCURE DE FRANCE
et couvrir la table , d'une basane , d'un
maroquin noir ou d'une toile cirée ; ce qui
n'est pas absolument necessaire, si le bois
est neuf, sans noeuds et bien uni : d'ailleurs
on pouroit faire la table de ce bureau
brisée en deus ; ce qui serviroit pour
les diferens ages et les diferens tèmes de
l'enfant , et mème pour ètre plus facilement
placé contre la muraille et transporté
de la vile à la campagne , come une
table brisée , qui ensuite relevée , ferme
roit la caisse du colombier literaire , et
ocuperoìt moins de place. On poura mètre
un petit rideau de tafetas ou de toile
pour couvrir le colombier quand on ne
s'en servira pas , une toile cirée sera peutètre
d'un mème usage , on doit en tout
chercher l'utilité , la comodité et la propreté.
S. 4. Casse d'imprimerie en colombier à
quatre rans de trente cassetins chacun.
3
Quand l'enfant sera fort sur l'exercice
de la cassète et du premier bureau , on
peut encore pour le divertir en l'instruisant
, lui doner une casse d'imprimerie ,
avec laquèle il composera et décomposera
les silabes , les mots , et les lignes qu'on
lui présentera écrites ou imprimées ; er
cela s'apelera l'exercice du tème en lat`n ou
en françois , selon les lignes et les tèmes
I. Vol.
qu'on
DECEMBRE. 1730. 2563
qu'on lui donera par la suite en ces langues-
là . Cète imprimerie en colombier
est composée d'un casseau qu'on met sur
la table du premier et petit bureau contre
le plus long liteau ou le deriere de cète
table , y étant assés fixe par
des crochets ,
des pitons , des clous à vis , des boutons
ou des chevilles de fer qui traversent l'épaisseur
des deus petits liteaus ou consoles
, et le bois de la premiere et de la derniere
celule : cete casse est divisée en soissante
compartimens, cassetìns, celules , logetes
ou boulins ; c'est-à-dire en deus
rans de trente celules quarées chacun , et
c'est-là le segond bureau ou casseau de la
segonde classe pour le latin , en atendant
la troisième aussi de soissante cassetins
pour le françois , les chiftes , la ponctuation
, l'ortografe des lètres et des sons et
pour la troisiéme classe.
On passera ensuite au quatrième casseau
ou bureau pour le rudiment pratique de
la quatrième classe. Le bureau complet
sera donc de sis rangées de trente cassetins
chacune ; quatre pour l'imprimerie
du latin et du françois , et deus pour le
rudiment. On poura le faire faire tout
d'un tems pour épargner le bois , la hau
teur et la façon du bureau ; en couvrant
d'une housse les rangées superieures
dont l'enfant n'aura pas d'abord l'usage :
I. Vol.
ce
2564 MERCURE DE FRANCE
ce voile piquera sa curiosité et lui donera
de l'impatience pour l'usage des autres
rangées , ainsi qu'on l'a déja dit dans les
letres sur le bureau tipografique , inserées.
dans les mercures des mois de Juin et
de Juillet 1730.
Les logetes doivent ètre un peu plus.
profondes que la longueur des cartes ;
savoir , les trente celules pour ranger et
mètre les petites lètres , les lètres dou-
Bles , etc. et les trente autres celules ou
cassetins pour les grandes lètres ou capitales
, etc. le quaré des celules doit ètre
proportioné à la longueur et à la largeur
des cartes dont on veut se servir ; ensorte:
que l'enfant puisse mètre aisément sa main
dans chaque celule pour y poser ou en
prendre les cartes : on parlera ci - dessous ;
des autresrans de logetes.il faudra marquer
abécédiquement au bureau latin chaque
celule d'en bas de sa petite lètre, et cèle d'ens
haut de sa lètre capitale : après quoi l'on
peut montrer à l'enfant l'art d'imprimer
le tème qu'on lui dicte , ou qu'on lui
done sur une carte ou sur un papier mis
assés haut sur un petit pupitre à jour et
de fil d'archal au milieu de son imprimerie
ou sur la table mème du bureau ; l'on
fera séparer tous les mots avec une carte:
blanche ou par une petite distance , pour
aprendre à l'enfant à distinguer les mots..
La Vali
On
DECEMBRE. 1730. 2565
On ne sauroit croire combien il profite
en imprimant quelques mots sous le dictamen
des uns et des autres , cela lui for
me l'oreille, et lui done ensuite une gran
de facilité pour l'ortografe des ïeus er
d'usage.
,
Il faut qu'il y ait au moins quinze ou
vint lètres dans chaque celule et un
plus grand nombre de voyèles , de liquides
et de certaines consones de plus d'usage
, afin de pouvoir composer plusieurs
lignes de tème tout de suite. Pour rendre
plus large la table du bureau , à mesure
que l'enfant croitra en age et en sience
on peut reculer la caisse de l'imprimerie
ou l'exhausser pour l'apuyer sur le deriere
du bureau , ou pour la metre contre le
mur d'un cabinet , de la chambre de l'enfant
ou autre lieu convenable. Je crois ce
pendant qu'il est mieus que le tout soit
isolé et portatif même au milieu de la
chambre ou du cabinet de l'enfant.
On aura des cartes marquées d'une virgule
pour séparer les mots au comencement
de l'exercice tipografique , afin
d'en rendre à l'enfant la lecture plus aisée
, moins confuse , et de lui aprendre
à distinguer les mots ; il faut mème que
l'enfant lise ou qu'il apèle les virgules et
les poins qui se trouvent dans ses leçons
ce qui l'acoutumera à observér les pauses.
Ja Vola ik
2566 MERCURE DE FRANCE
il ne sera pas mal aussi qu'il nome la quant
tième des pages , à la vue des chifres dont
elles sont cotées : cela sera d'autant plus
alsé , que les chifres entrent dans la com
position des tèmes , et que l'enfant de
trois ans quatre mois dont on a parlé
s'en servolt come il se servott des letres
, quoique tous les chifres fussent en
core dans une seule logere du petit bureau
latin . Le maître pour soulager l'enfant ,
lira à son tour jusqu'à la virgule ou jus
qu'au point.
Tous ceus qui vèront ce bureau et cite
imprimerie pouront dicter et faire imprimer
leurs noms, ou quelques autres mots
et encourager l'enfant à l'exercice du bus
reau qu'il faut continuer pendant lontems
quoique dans la suite l'enfant se serve de
livres pour dire sa leçon en latin et en
François. Le téme étant fait , on regarde
s'il n'y a point de fautes , et l'on montre
à l'enfant la manière de les coriger et de
distribuer les lètres , ou de les remetre
chacune dans sa celule , ce qu'il trouvera
facile aprés avoir su les ranger sur la table
du premier bureau .
S.§. 5. Description du bureau tipografique
latin-françois.
Les montans ou le bois qui forme les
celules
DECEMBRE. 1730. 2567
(
celules de haut en bas en ligne pèrpendiculaire
n'est que de deus à trois lignes
d'épaisseur , excepté le premier et le dernier
qui auront neuf lignes pour fortifier
la caisse , l'assemblage ou le bâti exterieur
; et les traverses ou le bois qui le
croise horisontalement et en rayons est
alternativement , c'est à dire le premier ,
le troisième , le cinquième , et le sétième
de neuf lignes , ou de la hauteur des letres
capitales. si l'enfant est déja un peu
grand , on poura doner neuf lignes à toutes
les traverses pour la comodité des étiquetes
de tous les rans de cassetins , chaque
celule à vide a en tout sens le quaré
long d'une carte tant pour la hauteur que
pour la largeur à vide , avec l'aisance nécessaire
pour le jeu tipografique. La profondeur
d'une celule est come l'étui de
quatre à cinq jeus de cartes ; de manière
que la main puisse les y mètre et les en
tirer facilement . Enfin les dimensions des
cartes doivent regler cèles du bureau et
des casseaus de l'imprimerie , ce qu'un
menuisier doit bien observer , en mesurant
avec exactitude une carte pour chaque
logète, ceus qui ne voudront pas
doner tant de longueur au bureau regleront
les dimensions de leurs cartes
par cèles des logétes du bureau qu'ils comanderont
selon l'endroit où ils le voudront
8
I. Vol.
2568 MERCURE DE FRANCE
€
dront placer , car il faut que la carte ou
la log te donent les dimensions l'une de
l'autre , et c'est ainsi qu'on l'a pratiqué
dans un grand colège pour le bureau d'un
jeune seigneur.
L'auteur dans une planche gravée exprès
done le plan , la description , le dessein
du bureau, des celules ; et des exemples
de la garniture de letres , afin qu'on
voie plus facilement de quèle manière on
doit les distribuer.chacun peut se faire un
plan sans s'asservir à l'abécédique ; si
P'on suit cet ordre , c'est pour faciliter à
-un enfant l'usage des dictionaires , et de
la table des matières des livres qui suivent
aussi l'ordre abécédique .
>
Le premier rang des celules d'en bas ,
- est pour les petites letres apelées ordinal
: rement letres du bas ou mineures ; c'est
pourquoi on l'apèle aussi le petit ordinaìre.
Après les logetes du z , de l' , de
P'è ouvert et de l'é fermé , on metra dans
· la vintneuvième logete les cartes ou les
tèmes donés sur l'histoire , sur la bible ,
sur les génealogies , sur la cronologie et sur
la géografie , et dans la trentième logere
les tèmes qui roulent sur la France , sur
l'Europe etc.
Le segond rang contient les grandes
letres apelées capitales , majeures ou majuscules
que les espagnols apelent aussi
I.Vol
verfales
DECEMBRE. 1730. 2569
versales ; c'est pourquoi on l'apele le grand.
ordinaire la vintneuvième logete sera.
pour les époques , l'histoire sainte , les listes
etc. la trentième pour les époques
P'histoire profane , la fable etc. ou bien on
se contentera de metre en haut les deus
étiquetes hist. s. hist . p. et en bas les autres
deus étiquetes géogr. fable.
5
Le troisième rang est pour toutes les
combinaisons de letres qui donent les mèmes
sons simples qu'exprime le rang des
letres ordinaires ; c'est pourquoi on l'apele
le premier rang composé ; ainsi à la cofone
de l'o et à la logete du 3 rang , on
met les diftongues oculaires au , ean , qui
en deus ou en trois letres expriment le
pur son de l'o , cette distinction et cet
ordre métodique donent d'abord à l'enfant
des idées inconues à la plupart des
maitres d'école . car s'il m'est permis de
le dire , on ne rougit pas d'ignorer l'algebre
; mais on est très honteus d'ignorer
ce qu'un petit enfant aprend d'abord
au bureau , sur la nature des letres et des
sons de la langue françoise , et ce que
tous les maîtres , tous les regens , et tous
les professeurs devroient savoir . Pour profiter
des logetes de reste , on met à la se
èt à la colone du H le mot magasin expliqué
ailleurs ; à la 10 tèmes à faire ; à
la 11 tèmes faits à la colone du Z , on
DANI. Vol.
met
2570 MERCURE DE FRANCE
met nombres , chifres ou livret ; et aus deus
dernieres les poins de suspension , d'interuption
.... , les paragrafes §§ , les piés
de mouche ¶¶ , les guillemets « » , les
signes de plus , de moins ,
d'égalité , et les traits ou tiréts
que les imprimeurs apelent division , qui
coupent, replient et divisent les mots qu'on;
n'a pu achever au bout de la ligne , ou qui
lient des mots composés, come porte-feuille,
tourne-broche etc. on tiendra tous les autres
signes et les asterisques dans ces deus
derniéres logetes du troisième rang de
cassetins .
Le quatrième rang est pour des sons.
diférens , placés néanmoins dans la colone
de la letre avec laquele ils ont le plus de
raport à l'oreille où à l'euil ; le reste come
poins , virgules , apostrofes , parentèses ,
crochets etc. est mis à discretion dans les
celules vides du 4 rang qu'on apele le
segond rang composé , ensorte que les deus
premiers rans sont dits simples , parceque
leurs celules contiènent les simples letres,
et les deus autres rans sont dits composés ,
parceque leurs celules contiènent de dou
bles consones , de doubles letres , de doubles
sons , et enfin des diftongues par
raport à l'euil ou à l'oreille. Pour profiter
du vide des colones M, N, on y a mis
les diftongues oi et ni , qui reviènent sou
GAL. Vol.
vent
DECEMBRE. 1730. 2571
vent dans les mots des tèmes , des frases ,
ou du discours , et pour distinguer le son
de la voyele è ou of du mot il conoìt , de
la diftongue oi du mot roi , on emploie
l'ì grave , come dans les mots il avoit , ils
portoient etc. et l'on emploie l'i ordinaìre
dans les mots loi , roi etc. ensorte que 1ì
grave servira à indiquer l'è ouvert composé
de deus letres dans les mots françois,
maitre , peine etc. et l'i algu indiquera l'ẻ
fermé composé aussi de deus letres dans
les mots j'ai , je ferai plaisir etc. ce qui
şera tres utile non seulement à l'enfant ,
mais encore aus étrangers et aus gens de
province peu au fait de la prononciation
des e simples , ou composés de plusieurs
letres.
On metra aussi au quatrième rang la
voyele eu au haut de la colone e ,
d'autant
que la prononciation en est presque come
cèle de l'é muet françois ou soutenu et
d'une seule lètre ; au lieu que la difton
gue oculaire eu est dans un sens l'e fran
çois soutenu de deus letres ... Le son
gne françois sera mis à la 7 celule au
haut de la colone g , parceque le mot copar
un g ; en Espagne et en portugal
on le metroit au fi ou au nh , colone
du n...Le son che françois , au mème
rang , et au haut de la colone du jou du
sonjeja , parceque le son françois che ost
I. Vol.
mence
le
2372 MERCURE DE FRANCE
le son fort du foible jes en Alemagne ,
on metroit le che à la colone du sch , parceque
les Alemans n'ont point de jou
le son du ge dans leur langue ... Les sons
ill , lh , ille mouillés , au haut de la colonel
, par raport à l'euil plutot qu'à l'oreille
; car en Italie on le metroit au gli ,
colone du g ... La voyele on au haut de
la colone o , par raport à l'euil plutot qu'à
l'oreilles en Italie , en Efpagne , en Âlemagne
, on metroit l'ou à la colone de l'u
qu'on y prononce on . ceci doit fe pratiquer
de mème pour le grec , l'ebreu
Parabe , et toutes les langues .
> > > , >
On doit metre les cinq voyeles nasales
ã‚é‚í‚õ‚ú¸ avant les chifres , et tout
de suite , pour en faciliter l'usage à l'enfant
qui compose sur la table du bureau .
Les dis chifres arabes seront mis aus dis
dernieres logétes avec des chifres romains
pour composer en françois et en latin .
c'est cète rangée de trente cassetins qui
a obligé à en doner autant aus autres
rans. on doit encore dire ici qu'on ne
sépare pas toujours par des virgules ou
par des poins les diférentes combinat
sons ou les diférens signes indiqués pour
la mème logete dans la planche du bureau
, parceque l'on a craint que le lecteur
n'imaginât ces virgules et ces poins
être nécessaires sur les cartes des mèmes
I. Vol.
logetes,
DECEMBRE. 1730. 257 3
logètes , come , par exemple, le point des
cartes marquées d'un c. au dessous de
la logete des chifres VI , 6.
La logète du magasin , du suplement.
ou du plein bureau , apelée la bureaulade
sert à l'enfant pour mètre les mots et les
tèmes composés , lorsque la table du bureau
est pleine , ou que l'enfant pressé
permet qu'un autre range les cartes après
qu'il a lui seul composé le tème , le tout
pour diversifier , et plaire en instruisant,
bien loin de dégouter. on trouvera à
peu près de mème la raison de chaque
chose , si l'on veut bien se doner la peìne
d'y faire un peu d'atention , come on
l'a déja dit bien des fois dans la manière
d'apeler les letres et les sons simples ou
composés par raport aus ieus ou à l'oreille.
§. 6. Garniture ou assortiment de cartes
Pour les quatre rans de casseins du bureau
tipografique.
Pour garnir le bureau tipografique , il
faudra mètre sur des cartes séparément
non seulement les lètres , mais encore
leurs diférentes combinaisons pour exprimer
les sons simples ou composés , ce qui
servira beaucoup à l'ortografe des ieus et
de l'oreille , et donera plus de facilité et
de varieté pour le jeu tipografique , que
I. Vol. B n'en
2574 MERCURE DE FRANCE
n'en pouroit doner une imprimerie ordinaire.
D'ailleurs l'avantage de pouvoir
lire et composer en latin et en françois
dès le premier jour de l'exercice , est un
avantage qui fera toujours taire les esprits
prévenus , incapables avec les métodes
vulgaires de montrer l'ortografe et
le latin à un petit enfant , avant qu'il
comance d'aprendre à écrire un autre
avantage du bureau , c'est de soulager les
maitres, les régens, et les professeurs , en
leur formant de bons écoliers , et les rendant
en moins de tems plus fermes sur
la téorie et sur la pratique des premiers
élemens literaires, que ne le sont ordinalrement
la plupart des enfans condanés à
Particulation des anciènes métodes , ce
qui démontre l'utilité et la compatibilité
de l'exercice du bureau avec tous les devoirs
des meilleurs colèges.
TABLE des letres , des sons simples ;
des sons composés et des combinaisons
necessaires pour la garniture du bureau
tipografique.
GARNITURE,
Logetes.
a
aa. à. á. â. a. ǎ. af. ha. has. aë.
ê.
с ce. è . é. ë.
iii. . . . . . I. if. hi. ic,
e. ĕ. ef. he.
I
I. Vol.
DECEMBRE. 1730. 2575
ô. ō. ŏ. ef. ho. hof. au. cau. haw
ooo. ò. 6.
u uu. ù. ú. ü. û. ũ . ŭ, uſ. hu. huſ, cu. ".
b bb. be, bd..hr .
с cc. ç . &t . c'. ce.
ddd. d'. de. 2ª.
fff. ph. ft. fs. ff. fi . ffi . ft. ft. pht. phth. phr.
phl. phe.
ggggu. ga. go . gh. ghe, gue.
hha. he, hi. hơ. hư. hy . heu . hai. hon.
kke. ky. que. ca, co. cu. qu.
1 11. P. le .
mmm. m. m³, m². m. m²®, m¹è, me, m², meat.
n
Me. MM .
nn. ñ. n'. n ° . n. ne.
P PP. pe. pn. pt. ps. PP.
q cq. qua, que , qui, quo . qu. qu'. quæ . q;, qui
r rr. rh. r'. re. " . RR..
iss. fl. fs, sl. fc. fç.fl. ff. sph. fph. fg. fi . fm.
ſp. ſq. ſqu. ft. fth . ffi. se. ſe. ci. ce. i. S. st.
• fee SS. ç.
t tt. th. thrh.thl. t '. te. .. a. &e. Ato. Au.
V v. w. W. ve. Ve.
Je. j'.ge. gi. ginta.
X x. xc. gz. kf. xc. xfc.
yhy. ys. yf. hys. ii. iï.-ÿ.
Z z. ze.
ง.0
ès. èf. cis. ci. ey. al. ay. ais. aî. aient.oiens
oi. oy. hai. hay. ols. oit.
é aí . oe. oe. &. &. ét. Æ. E.
eu eû. eus . heu . `oeu. oei,
I. Vol. Bij
OW
2576 MERCURE DE FRANCE
Ou ou. où. ouf. oû . hou.
ch ch. che,
gn gn. gn. gne. gne.
lh_lhe . il. ill. ille . lle. 1.
ã an. a. é: hen. em . han. hã. aën, aon , ham,
èn. èm. ein . èí. eim. hin . hĩ ein .
1 in. im. ain aim. aĩ. ein . eĩ. ìn , ain.
Õ on . om, hon . hõ . hom
ū un. um . hum . hun , hũ, cũ .
Diftongues.
Oi ois. oĩ. oin. oy. hoi . hoy oic.
ui uis. uĩ. uin, uy. hui. huy. uic.
Suplement.
a
ante 60ante. 20ª.
i 20leme , ier.
f Fin. Finis.
Įginta 30. 40ginia .
Ponctuation. , ; : . ? !
Chifres. 0. 1. 2. ༣. 4.
·
+
5. 6. 7. 8.
I. II. III. IV. V. VI. VII . VIII.
9. 0. 10 .....
IX. X.
31. & c.
XXXI. & c.
Signes . ( ) .. [ ] *. §. ¶. + ----
တ
& &c.
Fermer
Résumé : SETIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans, et sur l'atirail literaire du bureau tipografique.
La septième lettre traite de la bibliothèque des enfants et de l'atelier littéraire du bureau typographique. L'auteur, encouragé par des personnes de mérite, décide de publier des essais littéraires destinés aux enfants, jugés nécessaires et instructifs, notamment dans les provinces et à l'étranger. Ces ouvrages visent à fournir une éducation élémentaire et à répondre à la demande des parents et des maîtres curieux d'éducation. L'auteur décrit plusieurs outils pédagogiques : 1. **Cassette abécédique** : Destinée aux enfants de deux à trois ans, elle est fabriquée en carton renforcé et contient des lettres et des syllabes. Elle permet d'apprendre les combinaisons élémentaires de manière ludique. 2. **Tablier du petit bonhomme** : Un tablier avec des poches pour ranger les cartes des lettres et des mots, utile pour protéger les habits de l'enfant pendant ses activités. 3. **Premier petit bureau** : Similaire à ceux utilisés par les directeurs de la Poste, il permet de ranger les lettres et les combinaisons syllabiques. Il est conçu pour être adapté à la taille de l'enfant et peut être fixé contre un mur. 4. **Casse d'imprimerie en colombier** : Utilisée pour composer et décomposer les syllabes, les mots et les lignes. Elle est divisée en compartiments pour organiser les lettres et les signes de ponctuation. L'auteur insiste sur l'importance de ces outils pour l'éducation des enfants, en les rendant accessibles et pratiques. Le bureau typographique est conçu pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il est organisé en cellules contenant des lettres et des signes typographiques, classées abécédiquement avec les petites lettres en bas et les lettres capitales en haut. L'enfant peut imprimer des mots dictés ou donnés sur des cartes, en séparant les mots par des cartes blanches ou des distances pour apprendre à les distinguer. Le bureau évolue avec l'enfant, en reculant ou en exhaussant la caisse de l'imprimerie pour agrandir la table. Des cartes marquées de virgules et de points facilitent la lecture et apprennent les pauses. L'enfant peut également nommer la quantité des pages et utiliser les chiffres, qui entrent dans la composition des thèmes. Les cellules sont organisées en rangs pour les petites lettres, les lettres capitales, les combinaisons de lettres produisant des sons simples, et les sons différents. Des signes typographiques comme les points de suspension, les paragraphes, les guillemets, et les traits d'union sont également inclus. Le texte mentionne l'utilité du bureau pour l'apprentissage de l'orthographe et la facilité qu'il offre pour lire et composer en latin et en français dès le premier jour. Il soulage les maîtres en formant de bons écoliers plus rapidement et efficacement que les méthodes traditionnelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 2770-2800
SUITE de la setième lètre, sur la bibliotèque des enfans, etc.
Début :
§. 7. Casseau portatif de sis celules. En augmentant peu à peu les meubles [...]
Mots clefs :
Enfant, Enfants, Cartes, Jeu, Méthode, Apprentissage, Verbes, Déclinaison, Exercice, Dictionnaire, Bureau typographique, Bureau, Exemple, Latin, Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la setième lètre, sur la bibliotèque des enfans, etc.
SUITE de la setième lètre , sur la
bibliotèque des enfans , etc ..
§. 7. Casseau portatif de sis celules.
Ebles literaires de l'enfant , on augaugmentant
peu à peu les meumonte
en même tems le nombre de ses
idées ; on passe du simple au composé, et
du facile au dificile , ou au moins facile.
L'enfant reçoit encore avec plaisir un casseau
portatifde sis celules , trois en haut
et trois en bas , pour les tèmes à lire ou
à faire ; savoir , deus celules pour les
tèmes françois , deus pour les tèmes latins,
II.Vol
et
DECEMBRE. 1730. 2771
et deus pour les tèmes en caractères itafiques
ou manuscrits. Ce casseau poura
entrer dans la cassète , et servir à tenir
les premières cartes donées à l'enfant , et
mème à tenir ensuite le jeu des declinaisons
et des conjugaisons .
Il faut avoir soin de retirer de ces sis
logètes , et en l'absence de l'enfant, les tèmes
qu'il a bien lus, bien faits , et en faire
de petits jeus , dans lesquels on poura de
tems en tems le faire relire après avoir
batu , melé et doné à couper les cartes ,
come l'on a fait en lui montrant à conoltre
les lètres ; cète aparence de jeu
réussit toujours. D'ailleurs , si l'on ne retiroit
de tems en tems quelques tèmes
de ces log tes , le grand nombre pourolt
fatiguer l'élève et mème le dégouter. On
doit y laisser cependant les tèmes historiques
, conus et afectionés ; de peur de
facher l'enfant . très - sensible à l'enlevement
de ses petits éfets. Tout est digne
d'atention , quand on veut voir de grans
progrès , tels qu'on les a vus dans un enfant
qui à trois ans , et sans épeler ,
lisoit bien dans plusieurs livres latins et
françois, et mème dans des manuscrits .
On n'auroit jamais cru que dans quel
ques mois de plus , il ût pris plaísir à séparer
lui- mème les tèmes qu'il savoit bien
Lire , d'avec les autres , et de les mètre
13
II. Vola
dans .
2772 MERCURE DE FRANCE
dans des celules diférentes . L'enfant lisoit
seul distinctement et à haute vois , dans
divers petits livres et sur des cartons ,
pendant des heures entieres , et toujours
avec plaisir et en badinant , si l'on avoit
voulu le suivre il auroit lassé les autres ,
plutot que de se lasser lui- mème , il aìmolt
à lire à haute vois , quoique seul ; le
petit Guillot fait à peu près la mème chose
dans le fameus colège où il est à present
, avec son bureau tipografique. La
plupart des écoliers ne lisent pas volontiers
seuls , ils ont d'ailleurs peine à lire ,
faute d'avoir été bien montrés , ou pour
avoir été rebutés par les épines de la métode
vulgaire , ou faute d'habitude à pouvoir
lire à livre ouvert toute sorte de livres
françois et latins , en prose et en vers.
Au moindre dégout ou ennui qu'on apercevoit
dans le petit Candiac , on le menoit
d'abord ailleurs , et ce n'étoit que
par récompense qu'une autrefois on le remetoit
en possession de son cabinet ; on
ne le menaçoit de l'en faire fortir .que
pour le punir de quelque faute morale ,
et non literaire ; ce qui produisoit tout
l'éfet possible : le bureau étoit toujours
inocent , et cheri de l'enfant.
§ . 8. Porte-tèmes , sac , etc.
La métode du bureau tipografique est
II. Vol.
si
DECEMBRE . 1730. 2773
si amusante dans le plus fort de son instruction
, qu'elle fournit tous les jours
quelque idée nouvele et ingénieuse pour
augmenter le nombre des éfets et des
idées literaires de l'enfant. Il faudra lui
doner un petit sac dans lequel il puisse
tenir une centaine de cartes numerotées ,
qui seront autant de tèmes choisis sur
l'histoire et sur la fable. On poura aussi
faire à l'enfant un joli porte- tèmes de sis
poches , numerotées de bas en haut , I.
2. 3. 4. 5. 6. pour y tenir les tèmes d'une,
de deus , de trois , de quatre , de cinq
et de sis lignes. Ce porte- tèmes fait de
quelque étofe , peut être pendu à un
clou , à un crochet , et à la hauteur de
l'enfant, qui y tiendra ses tèmes les plus
beaus. Cète espece de trousse servira aussi
ensuite pour les sis cas des terminaisons ,
des noms , ou des declinaisons ; pour les
modes et les tems des verbes conjugués ,
etc. Le bureau de l'imprimerie devenant
familier à l'enfant , on doit songer à celui
du rudiment pratique , et à celui du dictionaire
que l'on ppeeuutt aussi réduire en
casserins , pour suivre la rapidité des progrès
literaires de l'enfant amusé et ocupé
des jeus tipografiques.
§. 9. Rudiment pratique.
Le rudiment composé d'un casseau
II.Vol.
de
1774 MERCURE DE FRANCE
de deus rans de cassetins , met aus cinq
premiers d'en bas les cinq declinaisons ,
ou les cas et leurs terminaisons a , a, am,
â; arum , abus , is , as , etc. us , i , 0,um,
eorum , is , os , etc. et au 6 cassetin on.
met encore de semblables terminaisons
pour les noms des cinq declinaisons ;
aus cinq logètes d'en haut on met les
cinq pronoms, ego, tu , ille, hic,qui, en latin
et en françois , chaque cas séparement
sur des cartes en noir et en rouge ou en
caractére manuscrit ; et à la 6 , les ter
minaisons enclitiques des pronoms.Exem
ple en latin ; nam , libet , etc. exemple en
françois , ci , la , - meme , etc..
Les cinq logètes suivantes sont pour
présent , l'imparfait , le passé ou le prétérit
parfait , le plusque parfait, et le fu
tur de l'indicatif ; et les cinq logètes d'en
bas sont pour les mèmes tems du subjonctif;
les deus suivantes d'en haut sont
l'une pour l'impératif , l'autre pour le
gérondif et les supins ; les deus d'en bas,
Fune pour l'infinitif et l'autre. pour les
participes actifs et passifs . Ensuite en haut
les figuratives ou les terminaisons actives
; et en bas les terminaisons passives
des verbes , quoiqu'il y en ait déja de distribuées
dans les logètes de tous les tems
de chaque mode.
· -
**
le
Les quatre logètes suivantes en haut et
.
II. Vol. en
DECEMBRE. 1730. 2775
en bas sont pour mètre des exemples des
verbes comuns , déponens , neutres , irégu
liers ,fubstantifs , vocatifs , défectifs , impersonels
, réciproques, etc. selon l'ordre que
chacun jugera le plus convenable , sans
s'asservir à aucun . On doit encore dire ici
que metant toutes les parties du discours
dans des logètes , c'est moins pour faciliter
à l'enfant l'expedition de son tème
que pour lui aprendre à conoìtre et
sentir l'usage de toutes ces diferentes parties
du discours , et cela dans un age propre
à saisir plutot par pratique que par
téorie le distinctif et la nature de tous
les mots apelés vulgairement parties d'oraison.
Si les maitres se flatent de pouvoir
bien endoctriner leurs élèves avec ·
ła seule métode des rudimens vulgaires;
à plus forte raison doivent- ils esperer de
le faire encore mieux , plus facilement
et plutot avec le nouveau secours du
bureau tipografique à cent quatre- vint
bouches toujours ouvertes pour l'ins
truction de l'enfant.
La logète suivante qui est à la colone
T, contient en haut les terminaisons
françoises des verbes, et en bas les terminaisons
françoises des noms , et des
et des pronoms.
Quand l'enfant saura distinguer les
verbes substantifs et auxiliaires je suis ,
etc. j'ai , etc. il faudra les distribuer dans
11. Vol..
Ies
2776 MERCURE DE FRANCE
و
les logètes des tems , de l'indicatif et du
fubjonctif, afin qu'il aprene à mieus connoitre
par pratique et par sentiment ,
les modes , les tems , les persones , et les
nombres des verbes. Des dis logètes suivantes
, la ie en haut contient le verbe
auxiliaire françois , je suis , tu es , il est ,
etc. et en bas le verbe auxiliaire ; j'ai ,
tu as , il a , etc. la 2º en haut , contient des
noms substantifs et en bas , l'article
françois le , la , les , etc. Cète logète de
l'article françois est d'un grand usage et
instruit de bone heure l'enfant , la 3e en
haut , contient des adjectifs , des positifs,
des comparatifs , et des superlatifs ; et
en bas , des terminaisons pour les dégrés
de comparaison ; exemp. ïor, ïus , ssimus ,
etc. la 4 , haut et bas , toute sorte de
pronoms , françois et latins , démonstratifs
et possessifs ; la se en haut , des verbes
françois ; et en bas , des participes
françois le 6 en haut est pour les participes
, les questions de lieu , les indéclinables
, adverbes , prépositions , conjonctions
, et interjections en latin; et en
bas pour
les mèmes mots françois, c'est-àdire
que les particules séparables et inséparables
pouront aussi y avoir place. Ces
mèmes mots passeront ensuite dans les
logètes du dictionaire , selon l'ordre abécédique.
Les quatre logètes suivantes en
;
II. Vol. haut
DECEMBRE. 1730. 2777
haut , sont pour les genres , les déclinaisons
, les conjugaisons
, et la sintaxe. On
peut y mètre bien des noms , des verbes
et les principales
regles de la métode de
MM. de P.R. ou de meilleures, en prose et
non en vers;ce qui fournira le sujet de plus
sieurs petits tèmes élementaires
, en latin
et en françois , en glose , mot à mot , ou
en interlinéaire
. Les quatre derniéres
logètes
d'en bas sont pour doner des exemples
de toutes ces regles , et de toutes ces
espèces
exemple
: Hic homo , inis. amo ,
avi. ego amo deum , etc. ce qui seroit trop
long à détailler
ici ; on prendra donc là
peine d'aler voir la garniture
et l'assortiment
de quelque bureau complet et ent
plein exercice,come celui du petit Guillot,
qui en sis mois , a apris à lire le latin
le françois , et le grec , et qui sans savoir
écrire s'ocupe
avec succès à la version
et à la composition
des tèmes qu'on lui
done sur des cartes ou sur des livres , et
qu'on tache de lui rendre sensibles par
la doctrine
tipografique
, et par la prati
que journalière
de la version interlinéaire
.
§ .10. Dictionaire
de sis rans de cassetins.
Le dictionaire composé d'un casseau de
sis rangées de 22 ou de go celules chacune ,
metra abecediquement dans la 1 rangée
en bas les verbes et les participes ; dans la
II.Vol.
2de
2778 MERCURE DE FRANCE
2 de, en montant on metra les noms adjec
tifs ; dans la 3e les noms apellatifs ; dans
la 4. les indeclinables , come adverbes ,
prépositions, conjonctions, interjections ;
dans la s . les noms propres qui sont autant
de racines historiques qu'il faut do
her et prodiguer à l'enfant selon son age ,
son état , sa condition et surtout relativement
à la profession à laquelle on le
destine. Dans la 6 rangée on y tiendra le
magasin abécedique des mots de toute
partie du discours , l'étiquete des rangées
sera mise perpendiculairement sur le bois
du premier montant à la tête de chaque
rang ; et l'on metra les letres de l'A , B
Chorisontalement au haut de chaque
colone sur le bois de la plus haute traver
, la letre K sera mise à coté du Qan
haut de sa colone , et les letres X , Y , Z
feront l'étiquete de la 22° colone qui est
la derniere du dictionaìre ; on pouroit se
passer des autres huit colones, suposé que
l'endroit ne permit pas toute la longueur
du dictionaire ou de la bibliotèque de
l'enfant. Les montans et les traversans
du dictionaire ne sont que de trois à
quatre
lignes d'épaisseur , excepté ceus de la
caisse ou du bâtis exterieur qui seront de
neuf lignes ou de la hauteur du corps
des lètres capitales qui doivent servir à
étiqueter les rans et les colones des cassetins.
Pour
DECEMBRE. 1730. 2779
Pour profiter des huit dernières logètes
de chaque rang , on poura mètre au haut
de la colone de la 23 logète , et sur le
bois de la traverse , l'étiquète du mot
noms ; et au bas de la colone sur le bois
de la plus basse travèrse on metra la lètre
a pour indiquer la logète de la 1 ° declinaison
; les autres trous de la colone
pouront également servir pour les autres
declinaisons ; et la 6. logète de cète colone
sera pour les noms de nombre. La
24. colone en haut sera marquée du mot
pronoms et le bas de la colone sera marqué
du mot ego ; les autres logètes de la colone
étant pour toute sorte de pronoms.
Les 25 et 26 colones en haut seront
marquées des mots verbes , verbes ; et au
plus bas elles seront marquées des mots
indicatif, subjonctif; ces logètes serviront
de suplément et de magasin pour tenir
les cartes qui ne pouront plus ètre mises
ou contenues dans les logètes du rudiment
, etc.
,
,
Les quatre dernieres colones en haut
et sur le bois de la traverse , seront marquées
des mots histoire , fable , géografie
cronologie quand le mot ne poura pas
ètre mis tout au long , on le metra en
abregé ou simplement en petites lètres
initiales ; au bas de ces quatre colones et
sur le bois de la traverse on metra les
mots
2-780 MERCURE DE FRANCE
mots bible , mitologie , sphere , époques , en
petites lètres initiales , files capitales ocupent
trop d'espace. La caisse de ce dictionaire
sera mise en long ou d'une maniere
brisée et en plusieurs lignes vis- àvis
du bureau tipografique , ou à coté
ou deriere et adossée selon que le lieu et
les fenètres de la chambre le permetront.
§ . 11. Claffes du bureau tipografique.
Je divise en quatre classes l'exercice du
bureau tipografique
,
Premiere classe.
Pour le jeu de la première classe , je
tire au hazard de la cassete abécédique
les cartes X , M , C , T , S , P , F , G , J
etc. après quoi je montre à un enfant de
deus à trois ans , ou à sa gouvernante la
manière de ranger ces mèmes cartes sur
la table du premier bureau abécédique
c'est à dire de les présenter et de les poser
vis à vis la mème letre ou figure marquée
sur chaque carte. Je mets donc la
carte X vis à vis la letre ou caractère X ,
la carte M vis à vis la letre M ; je fais
la mème chose des autres cartes tirées au
hazard , et je les présente tout le long de
1'4 BC etc. qui regne imprimé sur le lia
b c
2
II. Vol. teau ,
DECEMBRE. 1730. 2781
prateau
, la tringle ou la regle de bois qui
indique vis à vis de l'enfant le deriere
de la table abécédique , come on le
tique en province aus bureaus de la poste,
L'enfant qui ne sait pas encore le nom des
letres poura cependant présenter , et ranger
les cartes vis à vis les signes dont elles
sont marquées , en atendant qu'il sache
leur nom et leur vraie dénomination , ce
qui doit ètre estimé environ la moitié de
la silabisation . un enfant sourd et muet
peut être mis de bone heure à l'exercice
du bureau tipografique , et y aprendre
par les ieus la plupart des choses que les
autres aprènent par l'oreille.
2º Claffe.
Un enfant qui conoìt bien la figure
le vrai nom et la valeur réèle et efective
des letres doit ètre mis à l'exercice de la
segonde classe du bureau latin composé
de deus rans de logetes , l'un pour l'usage
des letres capitales , et l'autre pour
celui des petites letres . Je montre donc à
l'enfant et à son domestique la manière
de ranger , de composer , d'imprimer ou
d'écrire sur la table du bureau tipografique
les 16 cartes ou les 16 letres nécessaires
pour former la ligne des deus mots
latins dominus dominorum , et ensuite les
yint et une cartes ou letres nécessaires
44. Vol
pour
2781 MERCURE DE FRANCE
former une autre ligne composée
pour
de ces sis mots françois mon dieu , je vous
aime bien. Je fais pratiquer la mème chose
à l'égard des autres mots latins ou
françois , c'est à dire que l'enfant les imprime
et les écrit en quelque manière par
le moyen de l'ABC mouvant , en employant
, etrange ant sur la table en une
ligne autant de cartes qu'il y a de letres
dans chaque mot , ou dans chaque frase
qu'on lui done à imprimer.
fais
3º Claffe.
Lorsque l'enfant a travaillé avec succès
à l'exercice de la segonde classe , je le
passer au plutot au jeu de la troisième
classe ou du bureau françois latin , et je
lui montre pour lors la manière d'imprimer
les mots et les frases , non seulement
letre à letre , come le pratiquent
les imprimeurs ordinaires , mais encore
selon le sistème des sons de la langue françoise
; c'est à dire , que je lui enseigne à
chercher métodiquement les 16. cartes ou
les 16 letres nécessaires pour former la
mème ligne déja imprimée en 21. letres,
mon dieu , je vous aime bien , et c'est ici la
véritable et la principale classe où l'enfant
aprend par pratique et par téorie l'usage
des letres , des sons , des chifres , et des
signes employés dans l'impression des
II. Vollivres
DECEMBRE.
1730.
2791
livres ; c'est ici qu'il se forme dabord à
l'ortografe des sons et de l'oreille , en
atendant qu'il aprene l'ortografe des ieus
ou de l'usage vulgaire.
4. Classe.
Quand
l'enfant sait
imprimer letre
letre , et selon les sons de la langue , les
mots et les lignes qu'on lui dicte ou qu'on
lui done sur une carte , je le mets à la
quatrième classe . C'est cèle du casseau du
rudiment
pratique , et je lui montre à
imprimer non seulement letre à letre,sonà
son , mais encore mot à mot ,
employant
par exemple ,sis cartes pour former la mè
me ligne ci dessus ,mon dieu , je vous aime
bien , et ainsi des autres lignes en latin et
en
françois , come on l'a fait en composant
le tème gravé au bas de la planche
du bureau
tipografique §. 12 .
L'avantage des deus premieres classes
consiste à pouvoir amuser et instruire les
enfans de bone heure ; et par une métode
plus agréable , plus courte , plus facile et
plus sure que la métode vulgaire .
L'avantage de la troisième classe est de
mètre les petits enfans en état non seulement
de
travailler utilement seuls et en
l'absence des maitres , mais encore d'aprendre
de bone heure à conoìtre , à sentir,
et à distinguer les sons de chaque mot,
II. Vol.
Co
2792 MERCURE DE FRANCE
ce que bien des gramaìriens , s'il m'est
permis de le dire , ignorent toute leur vie.
L'avantage de la quatrième classe est de
metre un enfant en état d'aprendre les
langues mortes,avant que de savoir écrire,
en imprimant sur la table du bureau les
mots , les lignes et les tèmes qu'on lui aura
dictés ou qu'on lui aura donés sur des
cartes. Or tous ces avantages incomparablement
plus grans que les avantages des
métodes et des rudimens vulgaires, doivent
nécessairement influer en bien sur
la suite des études et même sur toute
la vie ; car par là on préserve les enfans:
de l'oisiveté , de la fénéantise etc. et on
leur épargne les dégouts et l'amertume
des métodes vulgaires , en un mot , on
leur done de bone heure le gout du travail
, du devoir , et des bones choses , ce
que l'experience a déja heureusement
confirmé sur plusieurs enfans.
,
§. 12. Exemple de deus petits tèmes gravés
sur laplanche de la bibliotèque des enfans,
et donés sur une carte à un enfant qui
doit les composer sur la table du les bure an
tipografique.
L'enfant aïant lu et relu ces tèmes ;
poura ensuite les composer sur la table
du bureau , de la mème maniere qu'il l'a
II. Vol.
praz
DECEMBRE. 1730 2793
pratiqué à l'égard des lètres , et des
mieres combinaisons en latin et en françois.
9
ab bo fli pru Bb
Dd Pp Qq & f
§ J'aime Dieu , parce qu'il
¶ Ego amo Deum , quia ille
eft bo ainfi foit - il.
eft bon Amen
A Paris ce 29. Jui
Parifiis die XXIX . Junii
1730. &c. Fin.
M. DCC. XXX. &c. Finis.
pre-
Pour lui montrer cet exercice , je prens
dans sa cassete les deus crois de pardieu
ou de Jesus , les dis combinaisons des
lètres qui ont servi de premier amusement
literaire , je range surla table les
dis cartes de ces dis combinaisons élementaires
; mais pour le tème interlinéaire
latin-françois , j'ai recours au
F
4
1
II. Vol Bij grand
2794 MERCURE DE FRANCE
·
grand bureau , et je prens dans les lọ-
gètes des signes le paragrafe §.et le pié de
mouche , ensuite je cherche le J' ou
lej capital apostrofé dans la celule du
J , ou dans cèle du pronom de la première
persone ( Ego ) J' , je du rudiment
pratique , que je continue toujours d'expliquer
à l'enfant. Je prens la diftongue
oculaire ai dans la troisième colone ou
celule des è ouverts composés de plusieurs
lètres et au- dessous de la celule des chifres
VII 7. ensuite le m et l'e muet dans leurs
celules , ce qui me done le premier mot
en quatre sons et en quatre cartes , que
je range à l'ordinaire . Ce seroit, par exemple
, une faute tipografique dans cète
classe , d'avoir employé les deus cartes a
pour le seul son de l'è ouvert du
et i
mot j'aime.
Pour le latin j'opère de- mème , je prens
en caracteres rouges italiques ou diferens
et manuscrits , le pronom Ego, dans la lo- gète
des pronoms
de la premiere
perso- ne et le mot amo dans le rudiment
ou
dans le dictionaire
pratique
, à la logète
des verbes ; ce que je montre
et explique
peu à peu à l'enfant , pour lui rendre
sensibles
toutes les parties du discours
. Dn poura composer
le françois
tout de
suite , et après cela le latin , ou chaque
langue mot à mot, ce qui fera plus d'im-
II. Vol. pres
DECEMBRE. 1730. 2795
de pression à l'enfant , et lui permetra
bien espacer les lètres et les mots , mais
il sera bon de pratiquer l'une et l'autre
manière pour varier l'exercice du jeu tipografique.
Je
prens le D capital
, la voyele
i et la
diftongue
oculaire
eu , dans
leurs
celules
,
et je range
ensuite
les trois
cartes
des trois
sons
du mot
Dien. Ce seroit
une faute
tipografique
dans
cette
classe
, d'employer
les deus
cartes
e et u pour
le seul son de
l'e françois
soutenu
en ; l'enfant
qui ,dans
la segonde
classe
, comence
d'imprimer
ou de composer
avec
le seul
premier
bureau
latin
, suivra
le sistème
des lètres
,
come
les imprimeurs
ordinaires
, mais
dès.
que l'enfant
sera mis au bureau
françoislatin
de la troisième
classe
, il doit
ètre
enseigné
et montré
selon
le sistème
des
sons. Je prens
le mot
Deus
dans
le dictionaire
à la celule
D des
noms
apellatifs
, et je mets un m sur le s du mot
Deus,
ou bien
je prens
um dans
la logète
des
terminaisons
des noms
, et je le mets
sur l'us
du mème
mot
Deus , ou bien
je prens
le
D , l'e et l'um
dans
leurs
logètes
, de mème
que les virgules
.
Je trouverai parceque dans le dictionalre
à la celule P des indéclinables , ou les
trois silabes par , ce , qu' , dans trois logètes
diferentes , savoir par , dans la lo-
II. Vol. B iij gète
2796 MERCURE DE FRANCE
gète des indeclinables du bureau tipografique;
ce, dans la celule du pronom hic, et
le qu'apostrofé dans cèle du pronom relatif
qui ou dans la troisiéme celule de la colone
q composé. Je trouve également il dans la
celule du pronom de la troisiéme persone.
La setiéme celule du plus haut rang où
est le tems present de l'indicatif , done
le verbe est , à moins qu'il ne soit encore
dans la celule du verbe substantif, qui est
dans le mème rang. Le mot bo , se prend
dans la logète du b , et dans cèle de la
voyele nazale , en deus cartes pour les
deus sons , au lieu d'en doner trois , qui
d'abord pourolent induire l'enfant en erreur
et lui faire lire b , o , ne , au lieu de
b, ō; ce qui est important pour faire bien
distinguer le n consone et le n nazal ;
distinction utile , qui ne doit point scandaliser
les témoins de cet exercice literaire
, puisque les voyeles nazales á , é ,
í , õ , ũ , où les voyeles à titres se trouvent
non - seulement dans de vieus livres,
mais encore dans des breviaires et dans
des HEURES de l'anée courante. Le latìn
se compose de mème , on prend quia
dans la celule des indéclinables du bureau
ou du dictionaire , et ille , est dans
leurs celules come en françois , de mème
que pour le mot bonus , qu'on trouvera
dans la celule B des noms adjectifs , ou
II.Vol.
bien
DECEMBRE. 1730. 2797
bien on prendra les lètres b , o , n , dans
leurs celules , et le bus ou le petit abregé
dans la troisième celule de la colone u .
Pour le mot composé ainsi soit- il , je
prens un ai d'une seule carte dans les
celules des voyèles nazales ; si , s , oit,-il,
dans leurs logères ; savoir , si , dans la
troisiéme logète de la colone f, qui me
done le s ; oit , dans les terminaisons des
verbes françois ; le tiret apelé division ,
dans les logères des signes , et il dans
cèle de la troisiéme persone . Le mot latin
amen , se trouvera dans la celule A des
indéclinables du dictionaire tipografique ;
les poins dans leur logète ; là accentué
dans la troisième logète de la colone a ;
pour le mot Paris , on cherchera et l'on
a toutes les lètres de ce mot ,a moins
qu'on ne l'ut mis dans la logète des noms
substantifs , dans la logète géografique , ou
dans la logète des noms propres à la lètre
P du dictionìare ; ce, dans la celule du
pronom hit ; 29. et 1730. en latin et en
françois dans la logète du livrèt , ou dans
la derniere des chifres . Ju , en trois cartes
pour les trois sons pris dans les trois celules
du J , u , 7 : etc. dans la troisieme
celule de la colone ; fi en deus cartes
pour les deus sons f, i , pris dans leurs celules
, et le mot finis dans la logète F
des mots apellatifs du dictionaire tipo-
1.
II. Vol. Bilj gra2798
MERCURE DE FRANCE
grafique. Le mot die latin est pris dans la
logète des paradigmes ou des exemples
de la cinquieme déclinaison , etc.
la
On voit par la composition de ce petit
tème , de quelle naniere on doit s'y prendre
pour tous les autres , l'essentiel est
de bien expliquer et de bien faire sentir
à l'enfant la nature , l'usage de chaque
partie du discours , en començant par
langue françoise et passant ensuite à la
langue latine , c'est ainsi qu'on montrera
peu à peu et en mème tems les raports
d'une langue à l'autre. Quand l'enfant
aura plusieurs fois le mème mot dans
son tème , il ne le trouvera qu'une fois
dans le dictionaìre de son bureau , et cela
sufit , ensuite il composera les autres avec
les lètres et les sons de l'A B C mouvant ,
selon les règles de la segonde et de la troisième
classe , je dis ceci par raport aus
mots de moins d'usage , et non pour les
verbes auxiliaires , les pronoms , les prépositions
, l'article et autres mots qui revienent
souvent. J'oubliois de dire que
quand le mot latin sera le mème que le
mot françois , à la terminaison près , il
sufira d'ajouter cète terminaison latine
sous le mot françois ; par exemple : pour
metre à l'acusatif les mots action , immortalité
, etc. on aprendra à l'enfant qu'il
sufit de metre les cartes onem sous l'o d'ac
II. Vol.
tion
DECEMBRE . 1730. 279 9
tion , et cèles d'atem , sous l'é du mot immortalité,
ce qui doit s'entendre et se pra
tiquer pour toutes les parties du discours
déclinables , indéclinables et conjugables,
qui ne seront distinguées du latin que
par les seules terminaisons , et c'est ici
que l'enfant comence de bone heure à
mieus apercevoir les raports et les diferences
de la langue latine et de la langue
françoise avantage téorique et pratique,
que ne peuvent doner aussi - tot les
rudimens ordinaires , fussent- ils tous les
jours articulés et récités sans faute depuis
le comencement jusqu'à la fin.
En voilà , je pense , bien assés pour
metre au fait les maitres judicieus et non
prévenus , qui n'ignorent pas tout à-fait
la doctrine des sons de la langue françoise ,
ceus qui n'en ont aucune conoìssance
pouront lire les essais de M. l'Abé de Dangeau
, et la grammaire du R. P. Buffier
suposé que ces maitres aiment l'analise des
choses et les reflexions sur cète matiere ,
sans quoi ils ne pouront jamais savoir ces
minuties à fond, l'étude én est cependant
nécessaire aus bons maitres qui se piquent
de bien montrer ; l'indiference ou le mépris
sur cet article ne peut jamais leur
faire honeur. Quelques petites que puissent
paroître ces minuties et ces reflexions
aus ïeus de ceus de certaines persones in-
II.Vel.
Bv Ca
2800 MERCURE DE FRANCE
capables de juger du pris et du vraì mérite
des petites choses , il n'en est pas
moins vrai que les maltres , les régens , et
les professeurs payés pour enseigner les
enfans , doivent ètre des premiers à
aprouver la métode du bureau tipografique
suposé qu'elle produise les efets
avantageus que je lui atribue , et qu'elle
alt en bien des choses la superiorité que
je luidone sur toute autre métode conue,
verité que je vais démontrer dans la huitiélètre
et que je ne crains point de publier
tous les jours au centre mème du pays latin,
en faveur des enfans de notre Empire et
des enfans de toute l'Europe . Je suis , etc.
Nota. Les persones curieuses de lire toutes
Les letres sur la biblioteque des enfans , prendront
la peine d'en comencer la lecture dans
le segond volume du Mercure du mois de
Juin 1730 .
On trouvera dans le Mereure de Janvier
un abregé somaire , ou une récapitulation de
tous les avantages de la métode du bureau.
pografique.
bibliotèque des enfans , etc ..
§. 7. Casseau portatif de sis celules.
Ebles literaires de l'enfant , on augaugmentant
peu à peu les meumonte
en même tems le nombre de ses
idées ; on passe du simple au composé, et
du facile au dificile , ou au moins facile.
L'enfant reçoit encore avec plaisir un casseau
portatifde sis celules , trois en haut
et trois en bas , pour les tèmes à lire ou
à faire ; savoir , deus celules pour les
tèmes françois , deus pour les tèmes latins,
II.Vol
et
DECEMBRE. 1730. 2771
et deus pour les tèmes en caractères itafiques
ou manuscrits. Ce casseau poura
entrer dans la cassète , et servir à tenir
les premières cartes donées à l'enfant , et
mème à tenir ensuite le jeu des declinaisons
et des conjugaisons .
Il faut avoir soin de retirer de ces sis
logètes , et en l'absence de l'enfant, les tèmes
qu'il a bien lus, bien faits , et en faire
de petits jeus , dans lesquels on poura de
tems en tems le faire relire après avoir
batu , melé et doné à couper les cartes ,
come l'on a fait en lui montrant à conoltre
les lètres ; cète aparence de jeu
réussit toujours. D'ailleurs , si l'on ne retiroit
de tems en tems quelques tèmes
de ces log tes , le grand nombre pourolt
fatiguer l'élève et mème le dégouter. On
doit y laisser cependant les tèmes historiques
, conus et afectionés ; de peur de
facher l'enfant . très - sensible à l'enlevement
de ses petits éfets. Tout est digne
d'atention , quand on veut voir de grans
progrès , tels qu'on les a vus dans un enfant
qui à trois ans , et sans épeler ,
lisoit bien dans plusieurs livres latins et
françois, et mème dans des manuscrits .
On n'auroit jamais cru que dans quel
ques mois de plus , il ût pris plaísir à séparer
lui- mème les tèmes qu'il savoit bien
Lire , d'avec les autres , et de les mètre
13
II. Vola
dans .
2772 MERCURE DE FRANCE
dans des celules diférentes . L'enfant lisoit
seul distinctement et à haute vois , dans
divers petits livres et sur des cartons ,
pendant des heures entieres , et toujours
avec plaisir et en badinant , si l'on avoit
voulu le suivre il auroit lassé les autres ,
plutot que de se lasser lui- mème , il aìmolt
à lire à haute vois , quoique seul ; le
petit Guillot fait à peu près la mème chose
dans le fameus colège où il est à present
, avec son bureau tipografique. La
plupart des écoliers ne lisent pas volontiers
seuls , ils ont d'ailleurs peine à lire ,
faute d'avoir été bien montrés , ou pour
avoir été rebutés par les épines de la métode
vulgaire , ou faute d'habitude à pouvoir
lire à livre ouvert toute sorte de livres
françois et latins , en prose et en vers.
Au moindre dégout ou ennui qu'on apercevoit
dans le petit Candiac , on le menoit
d'abord ailleurs , et ce n'étoit que
par récompense qu'une autrefois on le remetoit
en possession de son cabinet ; on
ne le menaçoit de l'en faire fortir .que
pour le punir de quelque faute morale ,
et non literaire ; ce qui produisoit tout
l'éfet possible : le bureau étoit toujours
inocent , et cheri de l'enfant.
§ . 8. Porte-tèmes , sac , etc.
La métode du bureau tipografique est
II. Vol.
si
DECEMBRE . 1730. 2773
si amusante dans le plus fort de son instruction
, qu'elle fournit tous les jours
quelque idée nouvele et ingénieuse pour
augmenter le nombre des éfets et des
idées literaires de l'enfant. Il faudra lui
doner un petit sac dans lequel il puisse
tenir une centaine de cartes numerotées ,
qui seront autant de tèmes choisis sur
l'histoire et sur la fable. On poura aussi
faire à l'enfant un joli porte- tèmes de sis
poches , numerotées de bas en haut , I.
2. 3. 4. 5. 6. pour y tenir les tèmes d'une,
de deus , de trois , de quatre , de cinq
et de sis lignes. Ce porte- tèmes fait de
quelque étofe , peut être pendu à un
clou , à un crochet , et à la hauteur de
l'enfant, qui y tiendra ses tèmes les plus
beaus. Cète espece de trousse servira aussi
ensuite pour les sis cas des terminaisons ,
des noms , ou des declinaisons ; pour les
modes et les tems des verbes conjugués ,
etc. Le bureau de l'imprimerie devenant
familier à l'enfant , on doit songer à celui
du rudiment pratique , et à celui du dictionaire
que l'on ppeeuutt aussi réduire en
casserins , pour suivre la rapidité des progrès
literaires de l'enfant amusé et ocupé
des jeus tipografiques.
§. 9. Rudiment pratique.
Le rudiment composé d'un casseau
II.Vol.
de
1774 MERCURE DE FRANCE
de deus rans de cassetins , met aus cinq
premiers d'en bas les cinq declinaisons ,
ou les cas et leurs terminaisons a , a, am,
â; arum , abus , is , as , etc. us , i , 0,um,
eorum , is , os , etc. et au 6 cassetin on.
met encore de semblables terminaisons
pour les noms des cinq declinaisons ;
aus cinq logètes d'en haut on met les
cinq pronoms, ego, tu , ille, hic,qui, en latin
et en françois , chaque cas séparement
sur des cartes en noir et en rouge ou en
caractére manuscrit ; et à la 6 , les ter
minaisons enclitiques des pronoms.Exem
ple en latin ; nam , libet , etc. exemple en
françois , ci , la , - meme , etc..
Les cinq logètes suivantes sont pour
présent , l'imparfait , le passé ou le prétérit
parfait , le plusque parfait, et le fu
tur de l'indicatif ; et les cinq logètes d'en
bas sont pour les mèmes tems du subjonctif;
les deus suivantes d'en haut sont
l'une pour l'impératif , l'autre pour le
gérondif et les supins ; les deus d'en bas,
Fune pour l'infinitif et l'autre. pour les
participes actifs et passifs . Ensuite en haut
les figuratives ou les terminaisons actives
; et en bas les terminaisons passives
des verbes , quoiqu'il y en ait déja de distribuées
dans les logètes de tous les tems
de chaque mode.
· -
**
le
Les quatre logètes suivantes en haut et
.
II. Vol. en
DECEMBRE. 1730. 2775
en bas sont pour mètre des exemples des
verbes comuns , déponens , neutres , irégu
liers ,fubstantifs , vocatifs , défectifs , impersonels
, réciproques, etc. selon l'ordre que
chacun jugera le plus convenable , sans
s'asservir à aucun . On doit encore dire ici
que metant toutes les parties du discours
dans des logètes , c'est moins pour faciliter
à l'enfant l'expedition de son tème
que pour lui aprendre à conoìtre et
sentir l'usage de toutes ces diferentes parties
du discours , et cela dans un age propre
à saisir plutot par pratique que par
téorie le distinctif et la nature de tous
les mots apelés vulgairement parties d'oraison.
Si les maitres se flatent de pouvoir
bien endoctriner leurs élèves avec ·
ła seule métode des rudimens vulgaires;
à plus forte raison doivent- ils esperer de
le faire encore mieux , plus facilement
et plutot avec le nouveau secours du
bureau tipografique à cent quatre- vint
bouches toujours ouvertes pour l'ins
truction de l'enfant.
La logète suivante qui est à la colone
T, contient en haut les terminaisons
françoises des verbes, et en bas les terminaisons
françoises des noms , et des
et des pronoms.
Quand l'enfant saura distinguer les
verbes substantifs et auxiliaires je suis ,
etc. j'ai , etc. il faudra les distribuer dans
11. Vol..
Ies
2776 MERCURE DE FRANCE
و
les logètes des tems , de l'indicatif et du
fubjonctif, afin qu'il aprene à mieus connoitre
par pratique et par sentiment ,
les modes , les tems , les persones , et les
nombres des verbes. Des dis logètes suivantes
, la ie en haut contient le verbe
auxiliaire françois , je suis , tu es , il est ,
etc. et en bas le verbe auxiliaire ; j'ai ,
tu as , il a , etc. la 2º en haut , contient des
noms substantifs et en bas , l'article
françois le , la , les , etc. Cète logète de
l'article françois est d'un grand usage et
instruit de bone heure l'enfant , la 3e en
haut , contient des adjectifs , des positifs,
des comparatifs , et des superlatifs ; et
en bas , des terminaisons pour les dégrés
de comparaison ; exemp. ïor, ïus , ssimus ,
etc. la 4 , haut et bas , toute sorte de
pronoms , françois et latins , démonstratifs
et possessifs ; la se en haut , des verbes
françois ; et en bas , des participes
françois le 6 en haut est pour les participes
, les questions de lieu , les indéclinables
, adverbes , prépositions , conjonctions
, et interjections en latin; et en
bas pour
les mèmes mots françois, c'est-àdire
que les particules séparables et inséparables
pouront aussi y avoir place. Ces
mèmes mots passeront ensuite dans les
logètes du dictionaire , selon l'ordre abécédique.
Les quatre logètes suivantes en
;
II. Vol. haut
DECEMBRE. 1730. 2777
haut , sont pour les genres , les déclinaisons
, les conjugaisons
, et la sintaxe. On
peut y mètre bien des noms , des verbes
et les principales
regles de la métode de
MM. de P.R. ou de meilleures, en prose et
non en vers;ce qui fournira le sujet de plus
sieurs petits tèmes élementaires
, en latin
et en françois , en glose , mot à mot , ou
en interlinéaire
. Les quatre derniéres
logètes
d'en bas sont pour doner des exemples
de toutes ces regles , et de toutes ces
espèces
exemple
: Hic homo , inis. amo ,
avi. ego amo deum , etc. ce qui seroit trop
long à détailler
ici ; on prendra donc là
peine d'aler voir la garniture
et l'assortiment
de quelque bureau complet et ent
plein exercice,come celui du petit Guillot,
qui en sis mois , a apris à lire le latin
le françois , et le grec , et qui sans savoir
écrire s'ocupe
avec succès à la version
et à la composition
des tèmes qu'on lui
done sur des cartes ou sur des livres , et
qu'on tache de lui rendre sensibles par
la doctrine
tipografique
, et par la prati
que journalière
de la version interlinéaire
.
§ .10. Dictionaire
de sis rans de cassetins.
Le dictionaire composé d'un casseau de
sis rangées de 22 ou de go celules chacune ,
metra abecediquement dans la 1 rangée
en bas les verbes et les participes ; dans la
II.Vol.
2de
2778 MERCURE DE FRANCE
2 de, en montant on metra les noms adjec
tifs ; dans la 3e les noms apellatifs ; dans
la 4. les indeclinables , come adverbes ,
prépositions, conjonctions, interjections ;
dans la s . les noms propres qui sont autant
de racines historiques qu'il faut do
her et prodiguer à l'enfant selon son age ,
son état , sa condition et surtout relativement
à la profession à laquelle on le
destine. Dans la 6 rangée on y tiendra le
magasin abécedique des mots de toute
partie du discours , l'étiquete des rangées
sera mise perpendiculairement sur le bois
du premier montant à la tête de chaque
rang ; et l'on metra les letres de l'A , B
Chorisontalement au haut de chaque
colone sur le bois de la plus haute traver
, la letre K sera mise à coté du Qan
haut de sa colone , et les letres X , Y , Z
feront l'étiquete de la 22° colone qui est
la derniere du dictionaìre ; on pouroit se
passer des autres huit colones, suposé que
l'endroit ne permit pas toute la longueur
du dictionaire ou de la bibliotèque de
l'enfant. Les montans et les traversans
du dictionaire ne sont que de trois à
quatre
lignes d'épaisseur , excepté ceus de la
caisse ou du bâtis exterieur qui seront de
neuf lignes ou de la hauteur du corps
des lètres capitales qui doivent servir à
étiqueter les rans et les colones des cassetins.
Pour
DECEMBRE. 1730. 2779
Pour profiter des huit dernières logètes
de chaque rang , on poura mètre au haut
de la colone de la 23 logète , et sur le
bois de la traverse , l'étiquète du mot
noms ; et au bas de la colone sur le bois
de la plus basse travèrse on metra la lètre
a pour indiquer la logète de la 1 ° declinaison
; les autres trous de la colone
pouront également servir pour les autres
declinaisons ; et la 6. logète de cète colone
sera pour les noms de nombre. La
24. colone en haut sera marquée du mot
pronoms et le bas de la colone sera marqué
du mot ego ; les autres logètes de la colone
étant pour toute sorte de pronoms.
Les 25 et 26 colones en haut seront
marquées des mots verbes , verbes ; et au
plus bas elles seront marquées des mots
indicatif, subjonctif; ces logètes serviront
de suplément et de magasin pour tenir
les cartes qui ne pouront plus ètre mises
ou contenues dans les logètes du rudiment
, etc.
,
,
Les quatre dernieres colones en haut
et sur le bois de la traverse , seront marquées
des mots histoire , fable , géografie
cronologie quand le mot ne poura pas
ètre mis tout au long , on le metra en
abregé ou simplement en petites lètres
initiales ; au bas de ces quatre colones et
sur le bois de la traverse on metra les
mots
2-780 MERCURE DE FRANCE
mots bible , mitologie , sphere , époques , en
petites lètres initiales , files capitales ocupent
trop d'espace. La caisse de ce dictionaire
sera mise en long ou d'une maniere
brisée et en plusieurs lignes vis- àvis
du bureau tipografique , ou à coté
ou deriere et adossée selon que le lieu et
les fenètres de la chambre le permetront.
§ . 11. Claffes du bureau tipografique.
Je divise en quatre classes l'exercice du
bureau tipografique
,
Premiere classe.
Pour le jeu de la première classe , je
tire au hazard de la cassete abécédique
les cartes X , M , C , T , S , P , F , G , J
etc. après quoi je montre à un enfant de
deus à trois ans , ou à sa gouvernante la
manière de ranger ces mèmes cartes sur
la table du premier bureau abécédique
c'est à dire de les présenter et de les poser
vis à vis la mème letre ou figure marquée
sur chaque carte. Je mets donc la
carte X vis à vis la letre ou caractère X ,
la carte M vis à vis la letre M ; je fais
la mème chose des autres cartes tirées au
hazard , et je les présente tout le long de
1'4 BC etc. qui regne imprimé sur le lia
b c
2
II. Vol. teau ,
DECEMBRE. 1730. 2781
prateau
, la tringle ou la regle de bois qui
indique vis à vis de l'enfant le deriere
de la table abécédique , come on le
tique en province aus bureaus de la poste,
L'enfant qui ne sait pas encore le nom des
letres poura cependant présenter , et ranger
les cartes vis à vis les signes dont elles
sont marquées , en atendant qu'il sache
leur nom et leur vraie dénomination , ce
qui doit ètre estimé environ la moitié de
la silabisation . un enfant sourd et muet
peut être mis de bone heure à l'exercice
du bureau tipografique , et y aprendre
par les ieus la plupart des choses que les
autres aprènent par l'oreille.
2º Claffe.
Un enfant qui conoìt bien la figure
le vrai nom et la valeur réèle et efective
des letres doit ètre mis à l'exercice de la
segonde classe du bureau latin composé
de deus rans de logetes , l'un pour l'usage
des letres capitales , et l'autre pour
celui des petites letres . Je montre donc à
l'enfant et à son domestique la manière
de ranger , de composer , d'imprimer ou
d'écrire sur la table du bureau tipografique
les 16 cartes ou les 16 letres nécessaires
pour former la ligne des deus mots
latins dominus dominorum , et ensuite les
yint et une cartes ou letres nécessaires
44. Vol
pour
2781 MERCURE DE FRANCE
former une autre ligne composée
pour
de ces sis mots françois mon dieu , je vous
aime bien. Je fais pratiquer la mème chose
à l'égard des autres mots latins ou
françois , c'est à dire que l'enfant les imprime
et les écrit en quelque manière par
le moyen de l'ABC mouvant , en employant
, etrange ant sur la table en une
ligne autant de cartes qu'il y a de letres
dans chaque mot , ou dans chaque frase
qu'on lui done à imprimer.
fais
3º Claffe.
Lorsque l'enfant a travaillé avec succès
à l'exercice de la segonde classe , je le
passer au plutot au jeu de la troisième
classe ou du bureau françois latin , et je
lui montre pour lors la manière d'imprimer
les mots et les frases , non seulement
letre à letre , come le pratiquent
les imprimeurs ordinaires , mais encore
selon le sistème des sons de la langue françoise
; c'est à dire , que je lui enseigne à
chercher métodiquement les 16. cartes ou
les 16 letres nécessaires pour former la
mème ligne déja imprimée en 21. letres,
mon dieu , je vous aime bien , et c'est ici la
véritable et la principale classe où l'enfant
aprend par pratique et par téorie l'usage
des letres , des sons , des chifres , et des
signes employés dans l'impression des
II. Vollivres
DECEMBRE.
1730.
2791
livres ; c'est ici qu'il se forme dabord à
l'ortografe des sons et de l'oreille , en
atendant qu'il aprene l'ortografe des ieus
ou de l'usage vulgaire.
4. Classe.
Quand
l'enfant sait
imprimer letre
letre , et selon les sons de la langue , les
mots et les lignes qu'on lui dicte ou qu'on
lui done sur une carte , je le mets à la
quatrième classe . C'est cèle du casseau du
rudiment
pratique , et je lui montre à
imprimer non seulement letre à letre,sonà
son , mais encore mot à mot ,
employant
par exemple ,sis cartes pour former la mè
me ligne ci dessus ,mon dieu , je vous aime
bien , et ainsi des autres lignes en latin et
en
françois , come on l'a fait en composant
le tème gravé au bas de la planche
du bureau
tipografique §. 12 .
L'avantage des deus premieres classes
consiste à pouvoir amuser et instruire les
enfans de bone heure ; et par une métode
plus agréable , plus courte , plus facile et
plus sure que la métode vulgaire .
L'avantage de la troisième classe est de
mètre les petits enfans en état non seulement
de
travailler utilement seuls et en
l'absence des maitres , mais encore d'aprendre
de bone heure à conoìtre , à sentir,
et à distinguer les sons de chaque mot,
II. Vol.
Co
2792 MERCURE DE FRANCE
ce que bien des gramaìriens , s'il m'est
permis de le dire , ignorent toute leur vie.
L'avantage de la quatrième classe est de
metre un enfant en état d'aprendre les
langues mortes,avant que de savoir écrire,
en imprimant sur la table du bureau les
mots , les lignes et les tèmes qu'on lui aura
dictés ou qu'on lui aura donés sur des
cartes. Or tous ces avantages incomparablement
plus grans que les avantages des
métodes et des rudimens vulgaires, doivent
nécessairement influer en bien sur
la suite des études et même sur toute
la vie ; car par là on préserve les enfans:
de l'oisiveté , de la fénéantise etc. et on
leur épargne les dégouts et l'amertume
des métodes vulgaires , en un mot , on
leur done de bone heure le gout du travail
, du devoir , et des bones choses , ce
que l'experience a déja heureusement
confirmé sur plusieurs enfans.
,
§. 12. Exemple de deus petits tèmes gravés
sur laplanche de la bibliotèque des enfans,
et donés sur une carte à un enfant qui
doit les composer sur la table du les bure an
tipografique.
L'enfant aïant lu et relu ces tèmes ;
poura ensuite les composer sur la table
du bureau , de la mème maniere qu'il l'a
II. Vol.
praz
DECEMBRE. 1730 2793
pratiqué à l'égard des lètres , et des
mieres combinaisons en latin et en françois.
9
ab bo fli pru Bb
Dd Pp Qq & f
§ J'aime Dieu , parce qu'il
¶ Ego amo Deum , quia ille
eft bo ainfi foit - il.
eft bon Amen
A Paris ce 29. Jui
Parifiis die XXIX . Junii
1730. &c. Fin.
M. DCC. XXX. &c. Finis.
pre-
Pour lui montrer cet exercice , je prens
dans sa cassete les deus crois de pardieu
ou de Jesus , les dis combinaisons des
lètres qui ont servi de premier amusement
literaire , je range surla table les
dis cartes de ces dis combinaisons élementaires
; mais pour le tème interlinéaire
latin-françois , j'ai recours au
F
4
1
II. Vol Bij grand
2794 MERCURE DE FRANCE
·
grand bureau , et je prens dans les lọ-
gètes des signes le paragrafe §.et le pié de
mouche , ensuite je cherche le J' ou
lej capital apostrofé dans la celule du
J , ou dans cèle du pronom de la première
persone ( Ego ) J' , je du rudiment
pratique , que je continue toujours d'expliquer
à l'enfant. Je prens la diftongue
oculaire ai dans la troisième colone ou
celule des è ouverts composés de plusieurs
lètres et au- dessous de la celule des chifres
VII 7. ensuite le m et l'e muet dans leurs
celules , ce qui me done le premier mot
en quatre sons et en quatre cartes , que
je range à l'ordinaire . Ce seroit, par exemple
, une faute tipografique dans cète
classe , d'avoir employé les deus cartes a
pour le seul son de l'è ouvert du
et i
mot j'aime.
Pour le latin j'opère de- mème , je prens
en caracteres rouges italiques ou diferens
et manuscrits , le pronom Ego, dans la lo- gète
des pronoms
de la premiere
perso- ne et le mot amo dans le rudiment
ou
dans le dictionaire
pratique
, à la logète
des verbes ; ce que je montre
et explique
peu à peu à l'enfant , pour lui rendre
sensibles
toutes les parties du discours
. Dn poura composer
le françois
tout de
suite , et après cela le latin , ou chaque
langue mot à mot, ce qui fera plus d'im-
II. Vol. pres
DECEMBRE. 1730. 2795
de pression à l'enfant , et lui permetra
bien espacer les lètres et les mots , mais
il sera bon de pratiquer l'une et l'autre
manière pour varier l'exercice du jeu tipografique.
Je
prens le D capital
, la voyele
i et la
diftongue
oculaire
eu , dans
leurs
celules
,
et je range
ensuite
les trois
cartes
des trois
sons
du mot
Dien. Ce seroit
une faute
tipografique
dans
cette
classe
, d'employer
les deus
cartes
e et u pour
le seul son de
l'e françois
soutenu
en ; l'enfant
qui ,dans
la segonde
classe
, comence
d'imprimer
ou de composer
avec
le seul
premier
bureau
latin
, suivra
le sistème
des lètres
,
come
les imprimeurs
ordinaires
, mais
dès.
que l'enfant
sera mis au bureau
françoislatin
de la troisième
classe
, il doit
ètre
enseigné
et montré
selon
le sistème
des
sons. Je prens
le mot
Deus
dans
le dictionaire
à la celule
D des
noms
apellatifs
, et je mets un m sur le s du mot
Deus,
ou bien
je prens
um dans
la logète
des
terminaisons
des noms
, et je le mets
sur l'us
du mème
mot
Deus , ou bien
je prens
le
D , l'e et l'um
dans
leurs
logètes
, de mème
que les virgules
.
Je trouverai parceque dans le dictionalre
à la celule P des indéclinables , ou les
trois silabes par , ce , qu' , dans trois logètes
diferentes , savoir par , dans la lo-
II. Vol. B iij gète
2796 MERCURE DE FRANCE
gète des indeclinables du bureau tipografique;
ce, dans la celule du pronom hic, et
le qu'apostrofé dans cèle du pronom relatif
qui ou dans la troisiéme celule de la colone
q composé. Je trouve également il dans la
celule du pronom de la troisiéme persone.
La setiéme celule du plus haut rang où
est le tems present de l'indicatif , done
le verbe est , à moins qu'il ne soit encore
dans la celule du verbe substantif, qui est
dans le mème rang. Le mot bo , se prend
dans la logète du b , et dans cèle de la
voyele nazale , en deus cartes pour les
deus sons , au lieu d'en doner trois , qui
d'abord pourolent induire l'enfant en erreur
et lui faire lire b , o , ne , au lieu de
b, ō; ce qui est important pour faire bien
distinguer le n consone et le n nazal ;
distinction utile , qui ne doit point scandaliser
les témoins de cet exercice literaire
, puisque les voyeles nazales á , é ,
í , õ , ũ , où les voyeles à titres se trouvent
non - seulement dans de vieus livres,
mais encore dans des breviaires et dans
des HEURES de l'anée courante. Le latìn
se compose de mème , on prend quia
dans la celule des indéclinables du bureau
ou du dictionaire , et ille , est dans
leurs celules come en françois , de mème
que pour le mot bonus , qu'on trouvera
dans la celule B des noms adjectifs , ou
II.Vol.
bien
DECEMBRE. 1730. 2797
bien on prendra les lètres b , o , n , dans
leurs celules , et le bus ou le petit abregé
dans la troisième celule de la colone u .
Pour le mot composé ainsi soit- il , je
prens un ai d'une seule carte dans les
celules des voyèles nazales ; si , s , oit,-il,
dans leurs logères ; savoir , si , dans la
troisiéme logète de la colone f, qui me
done le s ; oit , dans les terminaisons des
verbes françois ; le tiret apelé division ,
dans les logères des signes , et il dans
cèle de la troisiéme persone . Le mot latin
amen , se trouvera dans la celule A des
indéclinables du dictionaire tipografique ;
les poins dans leur logète ; là accentué
dans la troisième logète de la colone a ;
pour le mot Paris , on cherchera et l'on
a toutes les lètres de ce mot ,a moins
qu'on ne l'ut mis dans la logète des noms
substantifs , dans la logète géografique , ou
dans la logète des noms propres à la lètre
P du dictionìare ; ce, dans la celule du
pronom hit ; 29. et 1730. en latin et en
françois dans la logète du livrèt , ou dans
la derniere des chifres . Ju , en trois cartes
pour les trois sons pris dans les trois celules
du J , u , 7 : etc. dans la troisieme
celule de la colone ; fi en deus cartes
pour les deus sons f, i , pris dans leurs celules
, et le mot finis dans la logète F
des mots apellatifs du dictionaire tipo-
1.
II. Vol. Bilj gra2798
MERCURE DE FRANCE
grafique. Le mot die latin est pris dans la
logète des paradigmes ou des exemples
de la cinquieme déclinaison , etc.
la
On voit par la composition de ce petit
tème , de quelle naniere on doit s'y prendre
pour tous les autres , l'essentiel est
de bien expliquer et de bien faire sentir
à l'enfant la nature , l'usage de chaque
partie du discours , en començant par
langue françoise et passant ensuite à la
langue latine , c'est ainsi qu'on montrera
peu à peu et en mème tems les raports
d'une langue à l'autre. Quand l'enfant
aura plusieurs fois le mème mot dans
son tème , il ne le trouvera qu'une fois
dans le dictionaìre de son bureau , et cela
sufit , ensuite il composera les autres avec
les lètres et les sons de l'A B C mouvant ,
selon les règles de la segonde et de la troisième
classe , je dis ceci par raport aus
mots de moins d'usage , et non pour les
verbes auxiliaires , les pronoms , les prépositions
, l'article et autres mots qui revienent
souvent. J'oubliois de dire que
quand le mot latin sera le mème que le
mot françois , à la terminaison près , il
sufira d'ajouter cète terminaison latine
sous le mot françois ; par exemple : pour
metre à l'acusatif les mots action , immortalité
, etc. on aprendra à l'enfant qu'il
sufit de metre les cartes onem sous l'o d'ac
II. Vol.
tion
DECEMBRE . 1730. 279 9
tion , et cèles d'atem , sous l'é du mot immortalité,
ce qui doit s'entendre et se pra
tiquer pour toutes les parties du discours
déclinables , indéclinables et conjugables,
qui ne seront distinguées du latin que
par les seules terminaisons , et c'est ici
que l'enfant comence de bone heure à
mieus apercevoir les raports et les diferences
de la langue latine et de la langue
françoise avantage téorique et pratique,
que ne peuvent doner aussi - tot les
rudimens ordinaires , fussent- ils tous les
jours articulés et récités sans faute depuis
le comencement jusqu'à la fin.
En voilà , je pense , bien assés pour
metre au fait les maitres judicieus et non
prévenus , qui n'ignorent pas tout à-fait
la doctrine des sons de la langue françoise ,
ceus qui n'en ont aucune conoìssance
pouront lire les essais de M. l'Abé de Dangeau
, et la grammaire du R. P. Buffier
suposé que ces maitres aiment l'analise des
choses et les reflexions sur cète matiere ,
sans quoi ils ne pouront jamais savoir ces
minuties à fond, l'étude én est cependant
nécessaire aus bons maitres qui se piquent
de bien montrer ; l'indiference ou le mépris
sur cet article ne peut jamais leur
faire honeur. Quelques petites que puissent
paroître ces minuties et ces reflexions
aus ïeus de ceus de certaines persones in-
II.Vel.
Bv Ca
2800 MERCURE DE FRANCE
capables de juger du pris et du vraì mérite
des petites choses , il n'en est pas
moins vrai que les maltres , les régens , et
les professeurs payés pour enseigner les
enfans , doivent ètre des premiers à
aprouver la métode du bureau tipografique
suposé qu'elle produise les efets
avantageus que je lui atribue , et qu'elle
alt en bien des choses la superiorité que
je luidone sur toute autre métode conue,
verité que je vais démontrer dans la huitiélètre
et que je ne crains point de publier
tous les jours au centre mème du pays latin,
en faveur des enfans de notre Empire et
des enfans de toute l'Europe . Je suis , etc.
Nota. Les persones curieuses de lire toutes
Les letres sur la biblioteque des enfans , prendront
la peine d'en comencer la lecture dans
le segond volume du Mercure du mois de
Juin 1730 .
On trouvera dans le Mereure de Janvier
un abregé somaire , ou une récapitulation de
tous les avantages de la métode du bureau.
pografique.
Fermer
Résumé : SUITE de la setième lètre, sur la bibliotèque des enfans, etc.
Le texte présente diverses méthodes pédagogiques pour enseigner la lecture et l'écriture aux enfants, en utilisant des outils et techniques spécifiques. Un casseau portatif de six cellules permet d'organiser les thèmes à lire ou à faire, avec des cellules dédiées aux thèmes en français, en latin, et en caractères italiques ou manuscrits. Ce casseau peut également contenir des cartes et des jeux éducatifs. Les enfants reçoivent des thèmes à lire ou à compléter, et les thèmes bien réussis sont retirés pour éviter la fatigue et le dégoût. Les thèmes historiques, connus et appréciés, sont conservés pour ne pas frustrer l'enfant. L'apprentissage est rendu amusant et les progrès sont récompensés. D'autres outils mentionnés incluent un porte-thèmes avec six poches numérotées pour organiser les thèmes par nombre de lignes, et un rudiment pratique composé de deux rangées de cassetins pour apprendre les déclinaisons, les pronoms et les conjugaisons. Le dictionnaire est organisé en six rangées de cellules pour classer les verbes, les noms, les adjectifs, les indéclinables, les noms propres et divers mots de la langue. Le texte insiste sur l'importance de la pratique et de l'amusement dans l'apprentissage. Il mentionne des exemples d'enfants ayant rapidement appris à lire et à écrire grâce à ces méthodes. Les classes d'exercice du bureau typographique sont divisées en quatre catégories pour structurer l'apprentissage. La première classe permet aux enfants d'associer des cartes à des lettres ou des figures sur une table abécédique. La deuxième classe introduit l'usage des lettres capitales et petites pour composer des mots latins et français. La troisième classe enseigne la composition des mots selon les sons de la langue française, formant ainsi une base solide en orthographe. La quatrième classe permet aux enfants d'imprimer des mots et des phrases entières, en latin et en français, en utilisant des cartes et des sons. Le texte souligne également l'importance de la maîtrise des rudiments de la langue française pour les enseignants. Il recommande la lecture des essais de l'Abbé de Dangeau et de la grammaire du Père Buffier pour ceux qui ignorent la doctrine des sons de la langue française. Les enseignants doivent apprécier l'analyse et la réflexion sur cette matière pour en maîtriser les détails. La méthode du bureau typographique est présentée comme supérieure aux autres, et ses avantages sont détaillés dans la huitième lettre. Le texte se conclut par une invitation à consulter les lettres sur la bibliothèque des enfants dans le second volume du Mercure de juin 1730, et un abrégé des avantages de la méthode dans le Mercure de janvier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 106-122
Bibliotheque des Poëtes Latins, &c. [titre d'après la table]
Début :
LA BIBLIOTHEQUE des Poëtes Latins et François, Ouvrage aussi utile [...]
Mots clefs :
Poésie, Compilation , Maximes, Morale, Noblot, Latin, Français, Alphabétique , Éducation, Réflexions
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texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque des Poëtes Latins, &c. [titre d'après la table]
LA BIBLIOTHEQUE des Poëtes Latins et
François, Ouvrage aussi utile pour former
le
JANVIER . 1731. 107
le coeur , qu'agréable pour orner l'esprit,
Accipite hæc animis, lætasque advertite mentes :
Nemo ex hoc numero mihi non donatus abibit.
Virg. Æn. 5.
AParis , chez Rollin , fils , Quay des Auguftins
, vol. in 12. 1731.
Le Public doit cette compilation à
M. Noblot , Auteur d'une Géographie
universelle , imprimée en 1723. chez
Osmont. Il paroît par le choix des passages
des Poëtes Latins et François sur des
sujets détachez et rangez par ordre alphabetique
, que l'Auteur a eu en vue d'être
également utile aux hommes de Lettres ,
et à ceux qui aspirent à cette qualité , en
fournissant aux uns un délassement agréa
ble au sortir de leur Cabinet , et aux autres
des matériaux pour se former le goût
et sçavoir distinguer dans les Ouvrages
qu'ils lisent , les endroits les plus remarquables.
M. Noblot a eu soin , comme le remarque
la Préface , et comme on peut
s'en convaincre par la lecture de son Recueil
, de ne donner que les plus belles
Maximes dont les Poëtes sont remplis ,
er de mettre à celles qui sont équivoques,
des correctifs suffisans dans le précis qu'il
donne en François de chaque pensée des
Poëtes. Il n'a encore donné qu'un premier
168 MERCURE DE FRANCE.
mier Tome qui finit par la lettre E. en
rapportant les Refléxions et les Passages
des Poëtes sur les envieux ; et il avertit
le Public à la fin de son Livre , que si
ce premier Tome mérite son Approbation
, il donnera incessamment la suite
qui est toute prête d'être imprimée.
Sans prévenir le jugement respectable
du Public , nous croyons pouvoir dire
avec M. le Moine , Docteur de Sorbonne
qui a donné son Approbation à l'Ouvrage,
que cet Auteur y choisit avec discernement
les matieres qu'il traite , qu'il y définit
chaque chose avec justesse et précision , et
qu'il ramasse ce que les meilleurs Poëtes
anciens et modernes , Latins et François ,
ont dit de Moral sur les objets que son
Ouvrage nous présente ; nous ne croyons
pas y devoir ajoûter les Poëtes Grecs que
Auteur n'a pas eu en vûë dans ce Recueil
, quoique M. le Moine les ait joints
aux Poëtes Latins et François dans son
Approbation.M.Noblot aura, sans doute,
plus d'attention dans la suite de són Ouvrage
à faire imprimer avec exactitude
les Passages des Poëtes Latins ; car l'Imprimeur
a glissé dans ce premier Tome
un nombre assez considerable de fautes.
Pour donner une idée du Livre qui
vient de paroître , nous allons rapporter
quelques sujets que traite l'Auteur , et
sans
JANVIER. 17317 109
sans entrer dans un détail qui nous meneroit
trop loin , nous nous bornerons
à quelques traits particuliers . M. Noblot
dit sur l'adversité , qu'elle est un état
fâcheux où l'on se trouve réduit par la
perte de la santé , de l'honneur , ou des
biens. Elle est , pour ainsi dire , la Pierre
de touche de l'amitié.Ovide se plaint ainsi
d'un de ses amis qui l'abandonne dans son
malheur.
Dum meapuppiserat valida fundata carina,
Qui mecum velles currere , primus eras.
Nunc, quia contraxit vultum fortuna , recedis.
Auxilio postquàm scis opus esse tuo .
Dissimulas etiam, nec me vis nosse videri ,
Quisque sit , audito nomine , Naso rogas
&c.
Aut age dic aliquam que te mutaverit iram ;
Nam nisi justa tua est , justa querela
mea est.
De Pont. 1. 4. El. 3 .
Il fait voir ensuite à ce faux ami que
la fortune aussi legere que les feuilles et
que le vent même , peut le jetter dans de
pareilles disgraces. Le même Poëte écrivant
à un fidele ami , lui promet un éternel
souvenir de ses services , et ajoute que
c'est dans l'adversité qu'on reconnoit
quels sont les vrais amis .
F Horace
410 MERCURE DE FRANCE.
Horace , L. 2. Od . 3. exhorte à souffrir
patiemment la mauvaise fortune, et à ne
point abuser de la prosperité.
Æquam memento rebus in arduis
Servare mentem , non secùs in bonis.
Ab insolenti temperatam ,
Latitiâ, moriture Deli
L'adversité est encore la Pierre de touche
qui distingue la vraye grandeur d'ame
de celle qui n'est qu'apparente.
Quo magis in dubiis hominum fpectare periclis,
Convenit, adversisque in rebus noscere quid sit;
Nam vere voces tùm primùm pectore ab imo ,
Ejiciuntur , et eripitur persona, manet res,
Lucret. 1. 3 .
M. Rousseau a heureusement imité
cette derniere pensée dans son Ode sur
la Fortune .
Montrez -nous , Guerriers magnanimes ,
Votre vertu dans tout son jour.
Voyons comment vos coeurs sublimes ,
Du sort soutiendront le retour .
Tant que sa faveur vous seconde ,
Vous êtes les Maîtres du Monde ,
Votre gloire nous éblouit ;
Mais au moindre revers funeste ,
Le masque tombe , l'homme reste ,
Et le Héros s'évanouit.
L'AMJANVIER.
1731. III
L'AMBITION.
L'Ambition est un desir ardent de s'é.
lever au - dessus des autres , et pour y parvenir
on viole souvent les loix les plus
sacrées ; mais à peine est- on sorti d'une
heureuse médiocrité, qu'on perd la trans
quillité et le repos.
Quisquis medium defugit iter ,
Stabili nunquàm tramite curret ;
dit Seneque.
L'Ambition ne finit qu'avec la vie ;
telle est celle de tous les Conquerans ,
et telle fut celle de Pirrhus , Roi d'Epire.
Le conseil que Cineas , son Confident
donnoit à ce Roi ambitieux , étoit plein
de bon sens . Car qu'étoit- il besoin que
ce Prince courût les Terres et les Mers
pour trouver un repos dont il pouvoit
joüir sans sortir de l'Epire.
Le conseil étoit sage et facile à gouter :
Pyrrhus vivoit heureux, s'il eût pû l'écouter :
Mais à l'ambition opposer la prudence ,
C'est aux Prélats de Cour prêcher la résidence;
Despr. Ep. 1.
L'Ambition d'Alexandre n'eut aussi
d'autre terme que sa vie.
Unas Pellao juveni non sufficit orbis :
Fij
Estuat
112 MERCURE DE FRANCE.
Estuat infelix angufto limite mundi ,
Ut Gyara clausus scopulis , parvâque seripho :
Cum tamen àfigulis munitam intraverit urbem,
Sarcophago contentus erit . Mors solafatetur,
Quantula sint hominum corpuscula .
Juvenal. Sat. 10.
Ce fougueux l'Angeli , qui de sang alteré ,
Maître du monde entier , s'y trouvoit trop serré.
Despr. Sat.10.
La vraye grandeur et l'héroïsme des
Princes ne consiste pas à établir leur gloire
sur la ruine des Empires.
Il eft plus d'une gloire. Envain aux Conquerans ,
L'erreur parmi les Rois donne les premiers rangs.
Entre les grands Héros ce sont les plus vulgaires;
Chaque siecle est fécond en heureux Témeraires a
Mais un Roi vraiment Roi , qui sage en ses projets
,
Sçache en un calme heureux maintenir ses Sujets;
Qui du bonheur public ait cimenté sa gloire ,
Il faut pour le trouver courir toute l'Histoire.
Tel fut cet Empereur .
Qui soupiroit le soir si sa main fortunée ,
N'avoit par ses bienfatts signalé sa journée.
Despr. Ep. 1.
JANVIER. 1731. 113
M. Rousseau touche très-bien cet endroit
dans son Ode sur la Fortune.
Juges insensez que nous sommes !
Nous admirons de tels exploits :
Est-ce donc le malheur des hommes
Qui fait la vertu des grands Rois ?
Leur gloire féconde en ruines ,
Sans le meurtre et sans les rapines ,
Ne sçauroit-elle subsister ?
Images des Dieux sur la terre ,
Est- ce par des coups de Tonnerre ,
Que leur grandeur doit éclater ?
Portrait d'un vrai Héros.
Quel est donc le Héros solide ;
Dont la gloire ne soit qu'à lui è
C'est un Roi que l'équité guide ,
Et dont les vertus sont l'appui.
modele , Qui prenant Titus pour
Du bonheur d'un Peuple fidele
Fait le plus cher de ses souhaits ;
Qui fuit la basse flatterie ,
Et qui , Pere de la Patrie ,
Compte ses jours par ses bienfaits."
Pour montrer combien les fruits de
P'ambition produisent d'amertume , M.
Noblot rapporte fort à propos la Fable
du Roi et du Berger, composée par M.de
Fiij la
114 MERCURE DE FRANCE
la Fontaine , et un endroit de du Bartas,
où ce Poëte ancien reproche avec beaucoup
de feu et de vehemence aux Rois
guerriers et avides de sang leur cruel desir
de s'élever sur les débris des autres.
Il faut encore voir ce que l'Auteur
rapporte sur les caracteres du vrai ami ;
on y voit avec plaisir la Fable du même
la Fontaine sur les deux amis , et les paroles
de Socrate à ceux qui trouvoient sa
maison trop petite.
Plût au Ciel
que
de vrais amis
Telle qu'elle est , dit-il , elle put être pleine !
Le bon Socrate avoit raison
De trouver pour ceux là trop grande sa maison
Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose.
Rien n'est plus commun que le nom ¿
Rien n'est plus rare que la chose.
Vulgare amici nomen ; sedrara est fides. Phæd..
L. 3. F. 9.
Nous souhaiterions que les bornes d'un
Extrait nous permissent de suivre l'Auteur
dans ce qu'il dit sur l'amitié , sur l'avare
&c.
BIENFAIT.
On appelle bienfait un don , une grace,
un bon office et tout ce que l'on fait pour
obliger quelqu'un. M. Noblot apporte
l'exemple
JANVIER . 1731.
l'exemple d'Arcesilais qui montre un
ami prévenant et bienfaisant. Nous ren- >
voyons là- dessus le Lecteur au Livre même.
Nos bienfaits doivent se répandre plutôt
sur les necessiteux que sur d'autres.
Benefacta male locata , malefacta arbitror ,
Dit Ennius , cité par Ciceron. Le bienfait
bien placé n'oblige pas seulement ceux
à qui il est accordé , mais encore tous
les gens de bien.
Beneficium dignis ubi das omnes obligas. Pub
Syr.
Le bien qu'on fait aux personnes vertueuses
n'est jamais perdu.
Bonis quod benefit baud perit. Plaut. Rud.
Faire du bien à un autre , c'est s'en faire
à soi même.
Quid exprobas benè quod fecisti , tibi fecisti,
non mihi. Plaut. Trinum.
En rappeler le souvenir , c'est le reprocher.
Nam istae commemoratio
Quasi exprobratio est iramemoris beneficis.
On perd le mérite du bienfait en le
publiant.
Fiiij Un
16 MERCURE DE FRANCE
Un bienfait perd sa grace à le trop publier ;
Qui veut qu'on s'en souvienne , il le doit oublier.
Corn.
Crede mihi , quamvis ingentia , posthume dona ,
Auctoris pereunt garrulitate sui. Mart.
L. 5. Ep. 52.
Vanter un bienfait , c'est s'en payer.
Si Charles par son crédit
M'a fait un plaisir extrême ,
J'en suis quitte ; il l'a tant dit
Qu'il s'en est payé lui- même.Gomés .
Mais il faut payer les bienfaits au moins
de reconnoissance .
•
Beneficia plura recipit qui sçit reddere . Pubi
Syr.
BONHEUR.
Le bonheur consiste dans la possession
des biens que l'on desire ; mais cette possession
n'est parfaite que dans le Ciel .
L'Auteur auroit pû le prouver par ces
Vers de S. Prosper.
Felices verè faciunt semperque beatos ,
De vero et summo gaudia capta bono.
Il ne consiste point dans la gloire ni
dans les plaisirs . L'homme peut être heureux
sans être puissant et sans être élevé ;
mais
JANVIER.
117
1731.
mais on est assez aveugle pour chercher
le bonheur où il n'est pas.
Eheu quàm miseros tramite devio ,
Abducit ignorantia !
Non aurum in viridi queritis arbore ,
Nec vite gemmas carpitis &c.
Quid dignum stolidis mentibus imprecor ?
Opes , honores ambiunt ;
Et cùm falsa gravi mole paraverint ,
Tùm vera agnoscant bona. Boët. L 30
Metrum . 8.
- M. Noblot auroit pû ajoûter ce beau
passage d'Horace. Od. 8. L. 4.
Non possidentem multa vocaveris
Rectè beatum ; rectiùs occupat
Nomen beati , qui Deorum
Muneribus sapienter uti ,
Duramque callet pauperiem pati ;
Pejusque letho flagitium timet &c.
Cependant les hommes au lieu de s'at
tacher au vrai bonheur , se reposent sur
des biens fragiles. Ici M. Noblot rapporte
le bel endroit de la Tragédie de
Polieucte qui commence par ces Vers..
Source délicieuse , en misere féconde ,
Que voulez-vous de moi , flateuse voluptés
F v
Honteux
118 MERCURE DE FRANCE
Honteux attachement de la chair et du monde ,
Que ne me quittez vous quand je vous ai quitté ?
Toute votre felicité ,
Sujette à l'instabilité ,
En moins de rien tombe par terre
Et comme elle a l'éclat du verre ,
Elle en a la fragilité. &c .
Le bonheur qu'on goute dans le Ciel
est le seul solide , le seul immuable ...
Saintes douceurs du Ciel , adorables idées ,
Vous remplissez un coeur qui vous peut recevoir;
De vos sacrés attraits les ames possedées
Ne conçoivent plus rien qui les puisse émouvoir..
Vous promettez beaucoup, et donnez davantage;
Vos biens ne sont point inconstans
Et l'heureux trépas que j'attends.
Ne sert que d'un heureux passage
Pour nous introduire au partage
Qui nous rend à jamais contens. Ibid.
Sur la CHARITE' . M. Noblot rapporte
le beau Cantique que M. Racine a
composé sur elle. Nous renvoyons au
Recueil même..
L'Article sur DIEU est très bien touché.
Dieu , dit-il , ne peut être défini ,
parcequ'il est incompréhensible.
Nous devons avant toutes choses honorer
Dieu .
ImJANVIER.
1731. 119
Imprimis venerare Deos. Virg. Georg. 1 .
Et commencer par lui toutes nos actions..
Ab Love principium. Idem.
C'est Dieu qui a fait le monde , qui le
gouverne et qui l'entretient dans ce bel
ordre où nous le voyons. L'Auteur cite
ici un beau passage de Boëce , qu'il faut
lire dans l'Ouvrage même. La composi
tion du Monde prouve l'existence de
Dieu , selon Manilius.
2
C
Quis credat tantas operum , sine numine , moles
Ex minimis , coecoque creatum foedere mundum.
Elle montre encore la gloire de Dieu .
L'Ode de M. Rousseau sur le Pseaume
Coeli enarrant gloriam Dei , vient ici très
à propos
.
Les Temples et les Autels qui plaisent
le plus à Dieu , sont nos coeurs ; ce sont
eux qu'il veut pour presens.
Nulla autem effigies , nulli commissa metallo
Forma Dei : mentes habitare et pectora gaudet.
Stat. Thebaid. 1. 12.
Quid Coelo dabimus , quantum est quid veneass
omne ,
Impendendus bomo est
ipso. Manil. 1. 4.-
Deus esse ut possit im
Fvi Dieu
120 MERCURE DE FRANCE.
Dieu nous aime mieux que nous ne
nous aimons nous- mêmes .
Carior est illis , ( superis ) homo quàm sibi.
Juv. Sat. 10.
La confiance qu'on met en Dieu ne
peut être ébranlée . Il faut lire sur ce sujet
l'Ode de M. Rousseau , sur le Pseaume
Qui habitat , que l'Auteur rapporte.
Nous ne pouvons suivre l'Auteur dans
la suite des Passages qu'il réunit sur cet
article , comme sur les autres . On trouve
sur celui -cy des traits de Racine , de
Racan , de Rousseau et d'autres Poëtes
qui conviennent parfaitement au sujet ;
et qui font honneur également aux Poëtes
qui les ont produits , et au judicieux
Auteur qui les rassemble.
On y trouve plusieurs Passages Latins.
qui sont pris dans un sens adapté ; mais
dont l'application , heureuse qu'en fait
M. Noblot , ne fait point de tort ni à la
Citation , ni au corps de l'Ouvrage.
CAS DE CONSCIENCE sur le Jubilé,
et l'administration du Sacrement de Pénitence
, sur le Jeûne du Carême , sur
les Danses , sur l'yvrognerie , décidez par
les Docteurs de la Faculté de Théologie
de Paris ; Brochure in 12. A Paris , ruë
S. Jacques chez Ph. N. Lottn.
CON
JANVIER . 1731. 121
CONDUITE pour sanctifier le jour
Anniversaire du Baptême , avec des Regles
et des Maximes pour vivre chrétiennement
dans chaque état , in 18. Prix
1. livre 5. sols. Chez le même.
CATECHISME des Dimanches et des
Fêtes principales de l'année , où on faiť
connoître la sainteté de ces jours , avec
la maniere de les sanctifier. On y a joint
quelques Instructions sur les Pelerinages ,
les Confreries et les Paroisses . in 18. Prix
20. sols. Idem.
INSTRUCTIONS CHRETIENNES
sur le Carnaval . in 12. Prix 25. sols , Idem
INSTRUCTIONS CHRETIENNES
sur les Bains. Brochure in 8. Idem.
MAXIMES CHRETIENNES sur la
Pénitence , sur la Communion , sur le
Jeûne du Carême , sur les Spectacles ,
sur les devoirs des Ouvriers , & c. Brochure
in 24. Idem.
Le R.P. de la Boissiere, Prêtre de l'Ora
toire , après avoir prêché plus de quarante
ans dans Paris avec un grand succés
, se voyant par son grand âge hors.
d'état de continuer , s'est déterminé à
donner
122 MERCURE DE FRANCE
donner au Public ses Sermons . Les trois
premiers Volumes parurent au commencement
de l'an 1730. chez Henry , Libraire
, rue S. Jacques ; le favorable accueil
que leur a fait le Public , a porté
ce Pere à donner chez le même Libraire
la suite , elle comprend les Misteres , les
Panegyriques et l'Oraison Funebre de
Madame Mollé , Abbesse ; ils sont en
vente depuis peu de jours , et comme
ses Panegyriques ont été toujours regardez
comme des modeles en ce genre ,
il est à présumer que le . Public ne les
recevra pas moins favorablement que ce
qui a précedé. Le tout fait six Volumes
in 12 .
François, Ouvrage aussi utile pour former
le
JANVIER . 1731. 107
le coeur , qu'agréable pour orner l'esprit,
Accipite hæc animis, lætasque advertite mentes :
Nemo ex hoc numero mihi non donatus abibit.
Virg. Æn. 5.
AParis , chez Rollin , fils , Quay des Auguftins
, vol. in 12. 1731.
Le Public doit cette compilation à
M. Noblot , Auteur d'une Géographie
universelle , imprimée en 1723. chez
Osmont. Il paroît par le choix des passages
des Poëtes Latins et François sur des
sujets détachez et rangez par ordre alphabetique
, que l'Auteur a eu en vue d'être
également utile aux hommes de Lettres ,
et à ceux qui aspirent à cette qualité , en
fournissant aux uns un délassement agréa
ble au sortir de leur Cabinet , et aux autres
des matériaux pour se former le goût
et sçavoir distinguer dans les Ouvrages
qu'ils lisent , les endroits les plus remarquables.
M. Noblot a eu soin , comme le remarque
la Préface , et comme on peut
s'en convaincre par la lecture de son Recueil
, de ne donner que les plus belles
Maximes dont les Poëtes sont remplis ,
er de mettre à celles qui sont équivoques,
des correctifs suffisans dans le précis qu'il
donne en François de chaque pensée des
Poëtes. Il n'a encore donné qu'un premier
168 MERCURE DE FRANCE.
mier Tome qui finit par la lettre E. en
rapportant les Refléxions et les Passages
des Poëtes sur les envieux ; et il avertit
le Public à la fin de son Livre , que si
ce premier Tome mérite son Approbation
, il donnera incessamment la suite
qui est toute prête d'être imprimée.
Sans prévenir le jugement respectable
du Public , nous croyons pouvoir dire
avec M. le Moine , Docteur de Sorbonne
qui a donné son Approbation à l'Ouvrage,
que cet Auteur y choisit avec discernement
les matieres qu'il traite , qu'il y définit
chaque chose avec justesse et précision , et
qu'il ramasse ce que les meilleurs Poëtes
anciens et modernes , Latins et François ,
ont dit de Moral sur les objets que son
Ouvrage nous présente ; nous ne croyons
pas y devoir ajoûter les Poëtes Grecs que
Auteur n'a pas eu en vûë dans ce Recueil
, quoique M. le Moine les ait joints
aux Poëtes Latins et François dans son
Approbation.M.Noblot aura, sans doute,
plus d'attention dans la suite de són Ouvrage
à faire imprimer avec exactitude
les Passages des Poëtes Latins ; car l'Imprimeur
a glissé dans ce premier Tome
un nombre assez considerable de fautes.
Pour donner une idée du Livre qui
vient de paroître , nous allons rapporter
quelques sujets que traite l'Auteur , et
sans
JANVIER. 17317 109
sans entrer dans un détail qui nous meneroit
trop loin , nous nous bornerons
à quelques traits particuliers . M. Noblot
dit sur l'adversité , qu'elle est un état
fâcheux où l'on se trouve réduit par la
perte de la santé , de l'honneur , ou des
biens. Elle est , pour ainsi dire , la Pierre
de touche de l'amitié.Ovide se plaint ainsi
d'un de ses amis qui l'abandonne dans son
malheur.
Dum meapuppiserat valida fundata carina,
Qui mecum velles currere , primus eras.
Nunc, quia contraxit vultum fortuna , recedis.
Auxilio postquàm scis opus esse tuo .
Dissimulas etiam, nec me vis nosse videri ,
Quisque sit , audito nomine , Naso rogas
&c.
Aut age dic aliquam que te mutaverit iram ;
Nam nisi justa tua est , justa querela
mea est.
De Pont. 1. 4. El. 3 .
Il fait voir ensuite à ce faux ami que
la fortune aussi legere que les feuilles et
que le vent même , peut le jetter dans de
pareilles disgraces. Le même Poëte écrivant
à un fidele ami , lui promet un éternel
souvenir de ses services , et ajoute que
c'est dans l'adversité qu'on reconnoit
quels sont les vrais amis .
F Horace
410 MERCURE DE FRANCE.
Horace , L. 2. Od . 3. exhorte à souffrir
patiemment la mauvaise fortune, et à ne
point abuser de la prosperité.
Æquam memento rebus in arduis
Servare mentem , non secùs in bonis.
Ab insolenti temperatam ,
Latitiâ, moriture Deli
L'adversité est encore la Pierre de touche
qui distingue la vraye grandeur d'ame
de celle qui n'est qu'apparente.
Quo magis in dubiis hominum fpectare periclis,
Convenit, adversisque in rebus noscere quid sit;
Nam vere voces tùm primùm pectore ab imo ,
Ejiciuntur , et eripitur persona, manet res,
Lucret. 1. 3 .
M. Rousseau a heureusement imité
cette derniere pensée dans son Ode sur
la Fortune .
Montrez -nous , Guerriers magnanimes ,
Votre vertu dans tout son jour.
Voyons comment vos coeurs sublimes ,
Du sort soutiendront le retour .
Tant que sa faveur vous seconde ,
Vous êtes les Maîtres du Monde ,
Votre gloire nous éblouit ;
Mais au moindre revers funeste ,
Le masque tombe , l'homme reste ,
Et le Héros s'évanouit.
L'AMJANVIER.
1731. III
L'AMBITION.
L'Ambition est un desir ardent de s'é.
lever au - dessus des autres , et pour y parvenir
on viole souvent les loix les plus
sacrées ; mais à peine est- on sorti d'une
heureuse médiocrité, qu'on perd la trans
quillité et le repos.
Quisquis medium defugit iter ,
Stabili nunquàm tramite curret ;
dit Seneque.
L'Ambition ne finit qu'avec la vie ;
telle est celle de tous les Conquerans ,
et telle fut celle de Pirrhus , Roi d'Epire.
Le conseil que Cineas , son Confident
donnoit à ce Roi ambitieux , étoit plein
de bon sens . Car qu'étoit- il besoin que
ce Prince courût les Terres et les Mers
pour trouver un repos dont il pouvoit
joüir sans sortir de l'Epire.
Le conseil étoit sage et facile à gouter :
Pyrrhus vivoit heureux, s'il eût pû l'écouter :
Mais à l'ambition opposer la prudence ,
C'est aux Prélats de Cour prêcher la résidence;
Despr. Ep. 1.
L'Ambition d'Alexandre n'eut aussi
d'autre terme que sa vie.
Unas Pellao juveni non sufficit orbis :
Fij
Estuat
112 MERCURE DE FRANCE.
Estuat infelix angufto limite mundi ,
Ut Gyara clausus scopulis , parvâque seripho :
Cum tamen àfigulis munitam intraverit urbem,
Sarcophago contentus erit . Mors solafatetur,
Quantula sint hominum corpuscula .
Juvenal. Sat. 10.
Ce fougueux l'Angeli , qui de sang alteré ,
Maître du monde entier , s'y trouvoit trop serré.
Despr. Sat.10.
La vraye grandeur et l'héroïsme des
Princes ne consiste pas à établir leur gloire
sur la ruine des Empires.
Il eft plus d'une gloire. Envain aux Conquerans ,
L'erreur parmi les Rois donne les premiers rangs.
Entre les grands Héros ce sont les plus vulgaires;
Chaque siecle est fécond en heureux Témeraires a
Mais un Roi vraiment Roi , qui sage en ses projets
,
Sçache en un calme heureux maintenir ses Sujets;
Qui du bonheur public ait cimenté sa gloire ,
Il faut pour le trouver courir toute l'Histoire.
Tel fut cet Empereur .
Qui soupiroit le soir si sa main fortunée ,
N'avoit par ses bienfatts signalé sa journée.
Despr. Ep. 1.
JANVIER. 1731. 113
M. Rousseau touche très-bien cet endroit
dans son Ode sur la Fortune.
Juges insensez que nous sommes !
Nous admirons de tels exploits :
Est-ce donc le malheur des hommes
Qui fait la vertu des grands Rois ?
Leur gloire féconde en ruines ,
Sans le meurtre et sans les rapines ,
Ne sçauroit-elle subsister ?
Images des Dieux sur la terre ,
Est- ce par des coups de Tonnerre ,
Que leur grandeur doit éclater ?
Portrait d'un vrai Héros.
Quel est donc le Héros solide ;
Dont la gloire ne soit qu'à lui è
C'est un Roi que l'équité guide ,
Et dont les vertus sont l'appui.
modele , Qui prenant Titus pour
Du bonheur d'un Peuple fidele
Fait le plus cher de ses souhaits ;
Qui fuit la basse flatterie ,
Et qui , Pere de la Patrie ,
Compte ses jours par ses bienfaits."
Pour montrer combien les fruits de
P'ambition produisent d'amertume , M.
Noblot rapporte fort à propos la Fable
du Roi et du Berger, composée par M.de
Fiij la
114 MERCURE DE FRANCE
la Fontaine , et un endroit de du Bartas,
où ce Poëte ancien reproche avec beaucoup
de feu et de vehemence aux Rois
guerriers et avides de sang leur cruel desir
de s'élever sur les débris des autres.
Il faut encore voir ce que l'Auteur
rapporte sur les caracteres du vrai ami ;
on y voit avec plaisir la Fable du même
la Fontaine sur les deux amis , et les paroles
de Socrate à ceux qui trouvoient sa
maison trop petite.
Plût au Ciel
que
de vrais amis
Telle qu'elle est , dit-il , elle put être pleine !
Le bon Socrate avoit raison
De trouver pour ceux là trop grande sa maison
Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose.
Rien n'est plus commun que le nom ¿
Rien n'est plus rare que la chose.
Vulgare amici nomen ; sedrara est fides. Phæd..
L. 3. F. 9.
Nous souhaiterions que les bornes d'un
Extrait nous permissent de suivre l'Auteur
dans ce qu'il dit sur l'amitié , sur l'avare
&c.
BIENFAIT.
On appelle bienfait un don , une grace,
un bon office et tout ce que l'on fait pour
obliger quelqu'un. M. Noblot apporte
l'exemple
JANVIER . 1731.
l'exemple d'Arcesilais qui montre un
ami prévenant et bienfaisant. Nous ren- >
voyons là- dessus le Lecteur au Livre même.
Nos bienfaits doivent se répandre plutôt
sur les necessiteux que sur d'autres.
Benefacta male locata , malefacta arbitror ,
Dit Ennius , cité par Ciceron. Le bienfait
bien placé n'oblige pas seulement ceux
à qui il est accordé , mais encore tous
les gens de bien.
Beneficium dignis ubi das omnes obligas. Pub
Syr.
Le bien qu'on fait aux personnes vertueuses
n'est jamais perdu.
Bonis quod benefit baud perit. Plaut. Rud.
Faire du bien à un autre , c'est s'en faire
à soi même.
Quid exprobas benè quod fecisti , tibi fecisti,
non mihi. Plaut. Trinum.
En rappeler le souvenir , c'est le reprocher.
Nam istae commemoratio
Quasi exprobratio est iramemoris beneficis.
On perd le mérite du bienfait en le
publiant.
Fiiij Un
16 MERCURE DE FRANCE
Un bienfait perd sa grace à le trop publier ;
Qui veut qu'on s'en souvienne , il le doit oublier.
Corn.
Crede mihi , quamvis ingentia , posthume dona ,
Auctoris pereunt garrulitate sui. Mart.
L. 5. Ep. 52.
Vanter un bienfait , c'est s'en payer.
Si Charles par son crédit
M'a fait un plaisir extrême ,
J'en suis quitte ; il l'a tant dit
Qu'il s'en est payé lui- même.Gomés .
Mais il faut payer les bienfaits au moins
de reconnoissance .
•
Beneficia plura recipit qui sçit reddere . Pubi
Syr.
BONHEUR.
Le bonheur consiste dans la possession
des biens que l'on desire ; mais cette possession
n'est parfaite que dans le Ciel .
L'Auteur auroit pû le prouver par ces
Vers de S. Prosper.
Felices verè faciunt semperque beatos ,
De vero et summo gaudia capta bono.
Il ne consiste point dans la gloire ni
dans les plaisirs . L'homme peut être heureux
sans être puissant et sans être élevé ;
mais
JANVIER.
117
1731.
mais on est assez aveugle pour chercher
le bonheur où il n'est pas.
Eheu quàm miseros tramite devio ,
Abducit ignorantia !
Non aurum in viridi queritis arbore ,
Nec vite gemmas carpitis &c.
Quid dignum stolidis mentibus imprecor ?
Opes , honores ambiunt ;
Et cùm falsa gravi mole paraverint ,
Tùm vera agnoscant bona. Boët. L 30
Metrum . 8.
- M. Noblot auroit pû ajoûter ce beau
passage d'Horace. Od. 8. L. 4.
Non possidentem multa vocaveris
Rectè beatum ; rectiùs occupat
Nomen beati , qui Deorum
Muneribus sapienter uti ,
Duramque callet pauperiem pati ;
Pejusque letho flagitium timet &c.
Cependant les hommes au lieu de s'at
tacher au vrai bonheur , se reposent sur
des biens fragiles. Ici M. Noblot rapporte
le bel endroit de la Tragédie de
Polieucte qui commence par ces Vers..
Source délicieuse , en misere féconde ,
Que voulez-vous de moi , flateuse voluptés
F v
Honteux
118 MERCURE DE FRANCE
Honteux attachement de la chair et du monde ,
Que ne me quittez vous quand je vous ai quitté ?
Toute votre felicité ,
Sujette à l'instabilité ,
En moins de rien tombe par terre
Et comme elle a l'éclat du verre ,
Elle en a la fragilité. &c .
Le bonheur qu'on goute dans le Ciel
est le seul solide , le seul immuable ...
Saintes douceurs du Ciel , adorables idées ,
Vous remplissez un coeur qui vous peut recevoir;
De vos sacrés attraits les ames possedées
Ne conçoivent plus rien qui les puisse émouvoir..
Vous promettez beaucoup, et donnez davantage;
Vos biens ne sont point inconstans
Et l'heureux trépas que j'attends.
Ne sert que d'un heureux passage
Pour nous introduire au partage
Qui nous rend à jamais contens. Ibid.
Sur la CHARITE' . M. Noblot rapporte
le beau Cantique que M. Racine a
composé sur elle. Nous renvoyons au
Recueil même..
L'Article sur DIEU est très bien touché.
Dieu , dit-il , ne peut être défini ,
parcequ'il est incompréhensible.
Nous devons avant toutes choses honorer
Dieu .
ImJANVIER.
1731. 119
Imprimis venerare Deos. Virg. Georg. 1 .
Et commencer par lui toutes nos actions..
Ab Love principium. Idem.
C'est Dieu qui a fait le monde , qui le
gouverne et qui l'entretient dans ce bel
ordre où nous le voyons. L'Auteur cite
ici un beau passage de Boëce , qu'il faut
lire dans l'Ouvrage même. La composi
tion du Monde prouve l'existence de
Dieu , selon Manilius.
2
C
Quis credat tantas operum , sine numine , moles
Ex minimis , coecoque creatum foedere mundum.
Elle montre encore la gloire de Dieu .
L'Ode de M. Rousseau sur le Pseaume
Coeli enarrant gloriam Dei , vient ici très
à propos
.
Les Temples et les Autels qui plaisent
le plus à Dieu , sont nos coeurs ; ce sont
eux qu'il veut pour presens.
Nulla autem effigies , nulli commissa metallo
Forma Dei : mentes habitare et pectora gaudet.
Stat. Thebaid. 1. 12.
Quid Coelo dabimus , quantum est quid veneass
omne ,
Impendendus bomo est
ipso. Manil. 1. 4.-
Deus esse ut possit im
Fvi Dieu
120 MERCURE DE FRANCE.
Dieu nous aime mieux que nous ne
nous aimons nous- mêmes .
Carior est illis , ( superis ) homo quàm sibi.
Juv. Sat. 10.
La confiance qu'on met en Dieu ne
peut être ébranlée . Il faut lire sur ce sujet
l'Ode de M. Rousseau , sur le Pseaume
Qui habitat , que l'Auteur rapporte.
Nous ne pouvons suivre l'Auteur dans
la suite des Passages qu'il réunit sur cet
article , comme sur les autres . On trouve
sur celui -cy des traits de Racine , de
Racan , de Rousseau et d'autres Poëtes
qui conviennent parfaitement au sujet ;
et qui font honneur également aux Poëtes
qui les ont produits , et au judicieux
Auteur qui les rassemble.
On y trouve plusieurs Passages Latins.
qui sont pris dans un sens adapté ; mais
dont l'application , heureuse qu'en fait
M. Noblot , ne fait point de tort ni à la
Citation , ni au corps de l'Ouvrage.
CAS DE CONSCIENCE sur le Jubilé,
et l'administration du Sacrement de Pénitence
, sur le Jeûne du Carême , sur
les Danses , sur l'yvrognerie , décidez par
les Docteurs de la Faculté de Théologie
de Paris ; Brochure in 12. A Paris , ruë
S. Jacques chez Ph. N. Lottn.
CON
JANVIER . 1731. 121
CONDUITE pour sanctifier le jour
Anniversaire du Baptême , avec des Regles
et des Maximes pour vivre chrétiennement
dans chaque état , in 18. Prix
1. livre 5. sols. Chez le même.
CATECHISME des Dimanches et des
Fêtes principales de l'année , où on faiť
connoître la sainteté de ces jours , avec
la maniere de les sanctifier. On y a joint
quelques Instructions sur les Pelerinages ,
les Confreries et les Paroisses . in 18. Prix
20. sols. Idem.
INSTRUCTIONS CHRETIENNES
sur le Carnaval . in 12. Prix 25. sols , Idem
INSTRUCTIONS CHRETIENNES
sur les Bains. Brochure in 8. Idem.
MAXIMES CHRETIENNES sur la
Pénitence , sur la Communion , sur le
Jeûne du Carême , sur les Spectacles ,
sur les devoirs des Ouvriers , & c. Brochure
in 24. Idem.
Le R.P. de la Boissiere, Prêtre de l'Ora
toire , après avoir prêché plus de quarante
ans dans Paris avec un grand succés
, se voyant par son grand âge hors.
d'état de continuer , s'est déterminé à
donner
122 MERCURE DE FRANCE
donner au Public ses Sermons . Les trois
premiers Volumes parurent au commencement
de l'an 1730. chez Henry , Libraire
, rue S. Jacques ; le favorable accueil
que leur a fait le Public , a porté
ce Pere à donner chez le même Libraire
la suite , elle comprend les Misteres , les
Panegyriques et l'Oraison Funebre de
Madame Mollé , Abbesse ; ils sont en
vente depuis peu de jours , et comme
ses Panegyriques ont été toujours regardez
comme des modeles en ce genre ,
il est à présumer que le . Public ne les
recevra pas moins favorablement que ce
qui a précedé. Le tout fait six Volumes
in 12 .
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Résumé : Bibliotheque des Poëtes Latins, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente la 'Bibliothèque des Poètes Latins et François' de M. Noblot, publiée en janvier 1731. Cet ouvrage compile des passages de poètes latins et français sur divers sujets, classés par ordre alphabétique. Noblot vise à offrir un délassement agréable aux hommes de lettres et des matériaux pour former le goût des aspirants. Il a sélectionné les plus belles maximes des poètes et ajouté des correctifs pour les pensées équivoques. Le premier tome, couvrant la lettre E, traite notamment de l'adversité et de l'ambition. L'adversité est décrite comme un état fâcheux où l'on perd la santé, l'honneur ou les biens, et elle est la pierre de touche de l'amitié. Ovide et Horace exhortent à la patience face à la mauvaise fortune et à la reconnaissance des vrais amis. L'ambition est présentée comme un désir ardent de s'élever au-dessus des autres, souvent au prix de la tranquillité et du repos. Des exemples de l'ambition de Pirrhus et d'Alexandre sont donnés, ainsi que des conseils de sagesse pour éviter ces travers. Le texte mentionne également des réflexions sur le bienfait, le bonheur, et la charité. Le bonheur est défini comme la possession des biens désirés, parfaite seulement dans le Ciel. La charité est illustrée par un cantique de M. Racine. L'ouvrage inclut des approbations et des recommandations, notamment celle du Docteur de Sorbonne M. le Moine, qui loue le discernement et la précision de Noblot. Le texte traite également de la dévotion et de la spiritualité, soulignant que les temples et autels les plus agréables à Dieu sont les cœurs humains. Il cite plusieurs passages latins pour appuyer cette idée, notamment des extraits de Stace, Manilius et Juvénal, qui mettent en avant l'amour de Dieu pour l'humanité et la confiance que l'on doit lui accorder. Le texte mentionne également une ode de Rousseau et des passages de Racine, Racan et d'autres poètes qui illustrent bien le sujet. En outre, le texte liste plusieurs brochures et ouvrages religieux disponibles à Paris, tels que des guides pour sanctifier le jour anniversaire du baptême, un catéchisme pour les dimanches et fêtes principales, des instructions sur le carnaval, les bains, la pénitence, la communion, le jeûne du carême, et les devoirs des ouvriers. Il mentionne également la publication des sermons du Père de la Boissière, qui a prêché pendant plus de quarante ans à Paris avec succès. Ces sermons, comprenant des mystères, des panégyriques et une oraison funèbre, sont disponibles en six volumes.
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13
p. 1089-1092
Bibliotheque Grammaticale, [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE GRAMMATICALE, qui contient les Livres pour apprendre le Latin [...]
Mots clefs :
Bibliothèque grammaticale, Latin, Alphabet symbolique, Orthodoxie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Grammaticale, [titre d'après la table]
B contient les Livres pour apprendre le
IBLIOTHEQUE GRAMMATICALE , qui
Latin sans le secours d'aucun Maître . Par
M. de Vallange. A Paris , Quai des Augustins
, chez Antoine Gandouin , 1731 .
brochure de 24 pag. in - 12.
Les petits volumes énoncez dans ce
Titre , contiennent.
1. Alphabet symbolique , ou la dénomination
des Lettres , par des Figures natu →
relles , propres à divertir les enfans.
2. Usage de l'Oribolexie , ou l'Art qui
enseigne à lire le Latin par régles et par
principes.
3 Ortholexie Latine , ou l'Art qui en>
seigne à lirole Latin par régles et par principes.
4. Ortholexie Françoise ou l'Art qui
enseigne à lire le François , par régles et
par principes.
5. Ortholexie Latine , génerale et universelle
, qui comprend la Méthode qui
enseigne le Latin en peu de tems , sans le
E ij secours
1092 MERCURE DE FRANCE
XIV. du mois d'Avril 1669. mise en
Conférence avec les anciennes Ordonnances
, Edits , Déclarations , Arrêts
Réglemens et autres Jugemens rendus
sur le fait des Chasses , où l'on a joint les
Notes des meilleurs Auteurs , et de nouvelles
Remarques pour l'intelligence de
cette Jurisprudence . Nouvelle édition
augmentée. Chez les mêmes . 2 vol . in- 12 .
prix , 5 liv.
LES CURIOSITEZ DE PARIS , de Versailles
, de Marly , de Vincennes , de Saint
Cloud et des environs , avec les Antiquitez
justes et précises sur chaque sujet , et
les adresses pour trouver facilement tout
ce qu'ils renferment d'agréable et d'utile.
Ouvrage enrichi d'un grand nombre de
Figures en taille- douce. Chez les mêmes
3 vol. in- 12, prix , 9. liv.
IBLIOTHEQUE GRAMMATICALE , qui
Latin sans le secours d'aucun Maître . Par
M. de Vallange. A Paris , Quai des Augustins
, chez Antoine Gandouin , 1731 .
brochure de 24 pag. in - 12.
Les petits volumes énoncez dans ce
Titre , contiennent.
1. Alphabet symbolique , ou la dénomination
des Lettres , par des Figures natu →
relles , propres à divertir les enfans.
2. Usage de l'Oribolexie , ou l'Art qui
enseigne à lire le Latin par régles et par
principes.
3 Ortholexie Latine , ou l'Art qui en>
seigne à lirole Latin par régles et par principes.
4. Ortholexie Françoise ou l'Art qui
enseigne à lire le François , par régles et
par principes.
5. Ortholexie Latine , génerale et universelle
, qui comprend la Méthode qui
enseigne le Latin en peu de tems , sans le
E ij secours
1092 MERCURE DE FRANCE
XIV. du mois d'Avril 1669. mise en
Conférence avec les anciennes Ordonnances
, Edits , Déclarations , Arrêts
Réglemens et autres Jugemens rendus
sur le fait des Chasses , où l'on a joint les
Notes des meilleurs Auteurs , et de nouvelles
Remarques pour l'intelligence de
cette Jurisprudence . Nouvelle édition
augmentée. Chez les mêmes . 2 vol . in- 12 .
prix , 5 liv.
LES CURIOSITEZ DE PARIS , de Versailles
, de Marly , de Vincennes , de Saint
Cloud et des environs , avec les Antiquitez
justes et précises sur chaque sujet , et
les adresses pour trouver facilement tout
ce qu'ils renferment d'agréable et d'utile.
Ouvrage enrichi d'un grand nombre de
Figures en taille- douce. Chez les mêmes
3 vol. in- 12, prix , 9. liv.
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Résumé : Bibliotheque Grammaticale, [titre d'après la table]
Le document décrit deux ouvrages distincts. Le premier, 'Bibliothèque Grammaticale', est une brochure de 24 pages publiée en 1731 à Paris par Antoine Gandouin. Elle comprend plusieurs petits volumes pour l'apprentissage du latin et du français sans maître. Ces volumes incluent un alphabet symbolique avec des figures pour divertir les enfants, des méthodes pour lire le latin et le français par règles et principes, et une méthode générale pour apprendre le latin rapidement. Le second ouvrage est une nouvelle édition augmentée d'un texte juridique sur les chasses, publiée en avril 1669. Il compare les ordonnances, édits, déclarations, arrêts, règlements et jugements relatifs aux chasses, enrichis de notes d'auteurs et de remarques pour une meilleure compréhension. Le document mentionne également un ouvrage sur les curiosités de Paris, Versailles, Marly, Vincennes, Saint-Cloud et des environs, enrichi de figures et d'adresses pour trouver des informations agréables et utiles.
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14
p. 2206-2207
MEMOIRE sur l'Etude des Langues vivantes.
Début :
Dieu ayant châtié l'insolence de nos Peres, par la confusion des Langues à l'entreprise [...]
Mots clefs :
Science, Latin, Grec, Arts, Grammaire anglaise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE sur l'Etude des Langues vivantes.
MEMOIRE sur l'Etude des Langues;
vivantes.
D
Leu ayant: châtié l'insolence de nos Peres 2"
par la confusion des Langues à l'entreprise :
de Babel ; il n'y a pas de meilleur moyen pour
adoucir l'effet de cette punition , que d'apprendre
plusieurs Langues ; et l'on doit regarder
cette science comme la clef de la Sagesse des
differentes Nations.
La plus grande partie de notre jeunesse est .
occupée à apprendre le Latin et le Grec ; sur
quoi il faut observer , qu'on se fait par - là , à la
verité un bon fond , mais presque tous les
Auteurs Grecs ee Latins étant traduits en François
, il seroit sans doute , plus utile de s'ap
pliquer à l'étude des Langues de nos . Voisins.
>
L'on ne peut donc excuser l'ignorance de nos
Sçavans là-dessus ; car ne pas approfondir la
science des étrangers , est une présomption de
soi -même , et un mépris des autres qui n'est pas
pardonnable. Sur- tout si ceux que l'on méprise ,.
sont gens d'érudition ; c'est même une arrogance
insupportable de soutenir que les moindress
SEPTEMBRE 1731. 2207
Peuples ne puissent avoir quelque chose digne
de notre attention ..
Ainsi , à mon avis , aucun homme ne devroit
passer pour Sçavant parmi nous , s'il ignore
la Langue de ses voisins : et parmi ceux - cy , les..
Anglois semblent meriter notre premiere attention.
En effet , ce Peuple par une sagacité particuliere
, et par une application infatigable , travaille
beaucoup à l'avancement des Arts et des
Sciences et y fait tous les jours de grands
Progrès.
"
:
C'est sur quoi je trouve que c'est un malheur
que nous n'ayons pas une bonne Grammaire.
Angloise il y a presentement à Paris , Eaubourg
S. Jacques , près les Feuillantines , chez Monsieur
Wallon , un Gentilhomme Anglois , qui a
entrepris de faire une Grammaire Angloise , laquelle
donnera de grandes facilitez ; mais le peu
d'inclination qu'il reconnoît dans norre nation
pour l'étude aux Langues Etrangeres , le décourage
presque entierement d'éxecuter son Projet ;;
le zele pour notre Patrie également renommée
du côté des Sciences , des Arts et des Armes
devroit faire cesser cette plainte : car comme nos
voisins étudient assidument notre Langue si.
nous n'étudions pas la leur , ils seront bien- tôt
plus sçavans que nous ; et ceux que nous semblons
mépriser , auront lieu de nous mépriser à
leur tour.
vivantes.
D
Leu ayant: châtié l'insolence de nos Peres 2"
par la confusion des Langues à l'entreprise :
de Babel ; il n'y a pas de meilleur moyen pour
adoucir l'effet de cette punition , que d'apprendre
plusieurs Langues ; et l'on doit regarder
cette science comme la clef de la Sagesse des
differentes Nations.
La plus grande partie de notre jeunesse est .
occupée à apprendre le Latin et le Grec ; sur
quoi il faut observer , qu'on se fait par - là , à la
verité un bon fond , mais presque tous les
Auteurs Grecs ee Latins étant traduits en François
, il seroit sans doute , plus utile de s'ap
pliquer à l'étude des Langues de nos . Voisins.
>
L'on ne peut donc excuser l'ignorance de nos
Sçavans là-dessus ; car ne pas approfondir la
science des étrangers , est une présomption de
soi -même , et un mépris des autres qui n'est pas
pardonnable. Sur- tout si ceux que l'on méprise ,.
sont gens d'érudition ; c'est même une arrogance
insupportable de soutenir que les moindress
SEPTEMBRE 1731. 2207
Peuples ne puissent avoir quelque chose digne
de notre attention ..
Ainsi , à mon avis , aucun homme ne devroit
passer pour Sçavant parmi nous , s'il ignore
la Langue de ses voisins : et parmi ceux - cy , les..
Anglois semblent meriter notre premiere attention.
En effet , ce Peuple par une sagacité particuliere
, et par une application infatigable , travaille
beaucoup à l'avancement des Arts et des
Sciences et y fait tous les jours de grands
Progrès.
"
:
C'est sur quoi je trouve que c'est un malheur
que nous n'ayons pas une bonne Grammaire.
Angloise il y a presentement à Paris , Eaubourg
S. Jacques , près les Feuillantines , chez Monsieur
Wallon , un Gentilhomme Anglois , qui a
entrepris de faire une Grammaire Angloise , laquelle
donnera de grandes facilitez ; mais le peu
d'inclination qu'il reconnoît dans norre nation
pour l'étude aux Langues Etrangeres , le décourage
presque entierement d'éxecuter son Projet ;;
le zele pour notre Patrie également renommée
du côté des Sciences , des Arts et des Armes
devroit faire cesser cette plainte : car comme nos
voisins étudient assidument notre Langue si.
nous n'étudions pas la leur , ils seront bien- tôt
plus sçavans que nous ; et ceux que nous semblons
mépriser , auront lieu de nous mépriser à
leur tour.
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Résumé : MEMOIRE sur l'Etude des Langues vivantes.
Le texte 'MÉMOIRE sur l'Étude des Langues vivantes' met en avant l'importance d'apprendre plusieurs langues pour pallier la confusion des langues à Babel. L'auteur estime que la maîtrise des langues étrangères est cruciale pour accéder à la sagesse des différentes nations. Il critique l'accent mis sur le latin et le grec, arguant que la plupart des auteurs grecs et latins sont déjà traduits en français. Il recommande de se concentrer sur les langues des voisins, notamment l'anglais, en raison des avancées de ce peuple dans les arts et les sciences. L'auteur déplore l'ignorance des savants français concernant les langues étrangères, qualifiant cette attitude de présomptueuse et arrogante. Il propose que toute personne se prétendant savante en France devrait connaître la langue de ses voisins. Il souligne également l'absence d'une bonne grammaire anglaise à Paris et encourage son développement. Enfin, il met en garde contre le risque que les voisins, en étudiant le français, deviennent plus savants que les Français s'ils ne s'intéressent pas à leurs langues.
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15
p. 857-871
TREISIÈME Lettre, sur la Biblioteque des Enfans.
Début :
Vous demandez, MONSIEUR, si pour exercer la mémoire d'un petit [...]
Mots clefs :
Bibliothèque des enfants, Méthode, Mémoire, Apprendre, Livre, Collèges, Écoles, Opérations de l'esprit, Théorie, Pratique, Latin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TREISIÈME Lettre, sur la Biblioteque des Enfans.
TREISIEME Lettre , sur la Biblioteque
des Enfans.
§. 1. Sur l'Exercice de la Mémoire.
V
Ous demandez ,
MONSIEUR , si
pour exercer la mémoire d'un petit
Enfant, il est mieux de lui faire apprendre bien des choses par cœur , ou de se
contenter de simples lectures et de quelques opérations de l'esprit proportionées
à son âge et à sa capacité ; vous supposez
que la mémoire d'un enfant est peut être
quelquefois assez exercée par l'attention
continuelle qu'il donne à écouter , à imiter et à retenir les sons et les mots de la
langue maternelle. Je crois que pour bien
répondre à votre question , il faut sçavoir en premier lieu , si l'enfant doit ensuite aller au College , ou faire ses études
dans une maison particuliere;et en second
lieu , sçavoir à quoi les parens destinent
leur
858 MERCURE DE FRANCE
leur enfant ; car quoique les premiers élémens des Lettres soient également necessaires pour la bonne et la noble éducation dans la plupart des professions, il faut
cependant convenir que le Prêtre , le Soldat , l'Avocat , le Medecin , le Financier ,
le Marchand , l'Artisan , &c. pouroient
être conduits de bonne heure , par des
routes un peu differentes , et quand il y
auroit des Colléges , ou des Ecoles exprès
pour chacune de ces professions , il n'en
seroit peut être pas plus mal.
à
Lorqu'on sçait à quel Etat un enfant est
destiné, on fait choix des Livres qui conviennent le mieux à cet état ; on inspire. de bonne heure et peu peu à l'enfant
les nobles sentimens de la profession qu'il
doit embrasser un jour;on le tourne toutà-fait du côté de son devoir ; on lui parle incessamment du point d'honneur de sa
profession ; on lui donne des exemples
sensibles de ceux , qui, par leur mérite et
leurs vertus , s'y sont rendus illustres ; et
enfin des exemples de ceux , qui , par
leurs vices et par leurs défauts , ont été
méprisez pendant leur vie et après leur
mort. Par là on imprime peu à peu , profondement et souvent pour toujours , l'amour de la vertu et les sentimens exigez
dans chaque état. Par là on donne de
l'hor
MA Y. 859 .
1732.
Phorreur pour le crime , et l'on prépare
un enfant à l'ordre habituel d'une vie réglée. Je veux dire , par exemple , qu'on
éleve en poltron, selon le monde, un enfant destiné à l'Eglise , pendant qu'on l'éleve aussi encourageux martyr,selon J.C.
s'il falloit répandre son sang et souffrir la
mort pour la foy , &c. Quoique chaque
Chrétien soit dans la même obligation ,
le Prêtre doit l'exemple au laïque.
Un homme d'épée est toujours censé
homme de guerre , homme d'honneur et
de cœur ; on lui doit une éducation plus
noble , plus cavaliere, plus aisée, plus polie , mais en visant à la perfection de son
état, elle n'est pas moins soumise aux devoirs de la Religion .
Connoître le vrai et le faux , le juste
et l'injuste , ou le bien et le mal , les devoirs du sujet et ceux du Prince ; avoiť
quelque idée de tout , sçavoir en cas de
besoin , ce qu'un Gentilhomme a dû apprendre pour la gloire du Prince, et pour
le bien de l'état , être au courant des nouvelles litteraires , historiques et politiques , après avoir parcouru les siècles de
Fantiquité; sçavoir , enfin la Théorie et la
Pratique de ce qui a rapport à sa profession; Voilà le but qu'on ne devroit jamais
perdre de vûë. Du temps des Hébreux
B des
860 MERCURE DE FRANCE
des Grecs et des Romains, le même homme pouvoit servir de Soldat pendant la
guerre, et de Juge pendant la paix ; aujourd'hui à peine veut - on se rendre bien
capable de l'une de ces deux professions ,
mais venons à la question.
Quand il sera temps d'exercer la mémoire d'un Enfant , on ne doit pas le
charger beaucoup par jour , il lui faut
donner peu de leçons , mais il est bon de
continuer sans interruption et d'ajouter
les leçons les unes aux autres , pour faire
réciter la semaine et le mois , afin de connoître et de cultiver la mémoire à proportion de l'âge et des forces de l'enfant;
l'essentiel est de bien choisir les sujets et
de tenir l'enfant en haleine , autrement
c'est du temps perdu , parce que la moindre maladie , la moindre absence , et le
moindre relâchement , obligent toujours
à recommencer; c'est pourquoi la plupart
des enfans ne sçavent ensuite presquerien;
avec eux onne peut compter que sur l'habitude contractée par la continuelle réïtération des actes , selon la méthode du
Bureau tipographique.
و
Je ne crois pas,au reste,qu'il faille char:
ger la mémoire d'un Enfant de plusieurs
longues Prieres , ni d'aucun grand Catechisme; on doit se contenter du petit Catéchisme
MAY. 1732. 861
techisme du diocèse ; il est aisé de l'alonger par les explications que l'on aura soin
d'en faire à l'enfant , à propos et dans les
Occasions favorables. On peut faire lire de
grands Catéchismes et des Catéchismes
historiques , par demandes et par réponses , sans obliger de les apprendre par
cœur et mot à mot ; il suffit de les faire
bien comprendre et d'en faire retenir le
sens et les choses plutôt que les termes ;
on voit bien des enfans de huit , de dix
à douze ans , oublier les centaines de pages apprises inutilement par cœur ; on
doit instruire l'esprit en cultivant la mémoire et ne pas s'en tenir à la méthode
de ceux qui ne sçavent que faire réciter
la leçon donnée à un enfant ; c'est une erreur de s'imaginer qu'un enfant n'est capable que de mémoire; il est bon de l'exercer à retenir un fait , une Fable , un Conte , après en avoir fait la lecture , mais
on doit tâcher de le lui faire rendre su
le champ,sans l'asservir aux mêmes termės.
Des critiques du Bureau et zélez partisans des Méthodes vulgaires , ayant fait
de leur mieux pour prouver à une Dame
que les Méthodes et les Réfléxions étoient
nuisibles à la santé des petits enfans; certè
bonne mere , trop crédule , a ôté le CatéBij chisme
862 MERCURE DE FRANCE
chisme au sien , et en a différé l'usage
pour une autre fois , s'imaginant qu'il est
plus difficile , et parconséquant plus dangereux de faire passer le catéchisme abstrait à l'esprit par l'oreille , que d'y faire
passer l'A , B, C, matériel et sensible
par les yeux. Cette mere me rappelle celle
dont on blâmoit, avec raison , la criminelle indulgence qu'elle avoit pour les excès vicieux de son fils , et qui répondit ,
en parlant de son enfant, qu'il soit ce qu'il
voudra , pourvu qu'il vive. Le Lecteur.
voit facilement l'erreur et la fausseté de
ces sortes de maximes , mais il ne voit pas
toujours également à qui en est la plus
grande faute. Il est vrai que les Méthodes
et les Catéchismes demandent beaucoup
de réfléxions de la part des bons Maîtres,
mais il n'est pas également vrai que ces
bons Maîtres exigent d'abord d'un petit
enfant aucune application ni aucune réfléxion pénible dans l'exercice litteraire ,
ni dans l'articulation , ou la récitation de
ses Prieres et de son Catéchisme. On ne
songe pour lors qu'à semer, et l'on attend
peu à peu et à proportion de l'âge, le dévelopement , la suite et la liaison des
idées , on attend ainsi l'action de réflé
chir , avec l'intelligence des mots et des
choses , ajoutez à cela que l'objection ,
tirée
MAY. 1732: 867
tirée du côté de la santé du corps est nulle , quand il s'agit de l'instruction chré
tienne , nécessaire à tous les enfans sains
ou malades , de quelque état et de quelque condition qu'ils puissent être.
La lecture des Livres historiques de la
Bible , celle des Métamorphoses d'Ovide
et des Fables d'Esope, exerceront agréablement un enfant , les images parlent
aux yeux , et les discours aux oreilles ; il
faut donc faire bien remarquer les exemples sensibles des vices et des vertus , et
apprendre à l'enfant à juger sainement de
chaque chose; ilen est capable à tout âge;
l'opération du jugement est l'exercice essentiel qui influe le plus dans toute la vie,
et c'est ordinairement celui qu'on exige
le moins dans un simple Précepteur ; en
quoi les parens ne font pas mieux , ils
devroient être plus éclairez et plus déli- cats sur cet article. Il est donc inutile de
faire apprendre par cœur mille choses méprisées dans un âge avancé , mais on peut
cultiver la mémoire en apprenant des
choses que l'on peut utilement réciter
toute la vie , comme des Sentences , des
Maximes de la Bible , de l'Imitation de
J. C. et de plusieurs autres bons Livres ,
saints ou prophanes , consultant toujours
les forces et le gout de l'enfant.
Biij Quand
894 MERCURE DE FRANCE
Quand l'enfant verra et expliquera les
Auteurs Latins , doit- on l'asservir chaque jour à en apprendre des leçons par
cœur, en Prose et en Vers ? Il semble que
dans les Colléges où l'on est obligé de
faire travailler, pour ainsi dire , à la toise , cette Méthode soit absolument nécessaire ; d'ailleurs, en cultivant la mémoire
on peut former peu à peu le gout des enfans sur celui des Auteurs qu'ils voient..
Dans les Etudes particulieres et domeștiques , il est encore bon de faire apprendre les plus beaux endroits des Auteurs ,
mais on doit en faire un bon choix et ne
pas s'asservir au courant du Livre , ainsi
qu'on le pratique dans la plupart des Ecofes. On doit viser à bien employer letems
et à remplir de bonnes idées la tête de
L'Ecolier , qui n'apprend guére.que des
mots , selon l'usage vulgaire.
Que fait ordinairement un enfant aprèsIo ou 12 ans de College , on dit qu'il y
apprend seulement la maniere d'étudier ,
il est vrai qu'il pourroit et qu'il devroit.
même y avoir appris cette maniere , mais ,
le grand nombre en sort comme des Galeres et pour renoncer aux Etudes. Est- ce
là le fruit d'une bonne Méthode ? J'ai
qui dire à un jeune Seigneur , sur la fin
de sa Rhétorique, qu'il auroit mieux aimé.
Cou
MAY 173.2. 865
coucher sur le sable d'un Manége , que
dans le meilleur lit de son Collége. Il en
parloit comme du lieu le plus haïssable ,
et ne pouvoit pas comprendre comment
ses parensavoient eu le courage de le laisser croupir si long- temps dans le même
endroit, pour y apprendre si peu de chose ; au lieu de lui avoir donné plutôt une
éducation Militaire et digne de sa naissance.
Jecr oi qu'un Enfant pourroit bien exercer sa mémoire , sans apprendre par cœur
des pages de Latin et de François, en Prose
ou en Vers; je ne voudrois exiger régu
lierement cet exercice que quand il commence de sentir et de gouter les morceaux choisis qu'on voudroit lui faire ap
prendre , c'est-à- dire , pour le plutôt en
cinquième et en quatriéme ; je ne veux
pas dire par-làqu'il ne doive rien appren
dre avant ce temps-là ; mais je ne vou
drois exercer sa mémoire que sur des
choses agréables et qui ne lui inspirassent
jamais la haine ou le dégout qu'ils font ordinairement paroître pour les Maîtres et
pour les Livres. Je m'en rapporte volon
tiers à l'expérience des meilleurs Maîtres,
qui , bien loin de gêner les enfans dans
leurs premiers exercices, ne leur montrent
que des objets atrayans et instructifs, proBiiij. por-
86% MERCURE DE FRANCE
portionnez à leur gout et à leur âge.
N'est- ce pas abuser de l'enfant que de
l'obliger d'apprendre par cœur et à coups
de verges de grandes leçons qu'il ne comprend point , et que bien souvent le Maî
tre ne pourroit expliquer lui-même,comme la doctrine de plusieurs Rudimens en
Latin et en François , sur les Parties du
Discours , sur les Concordances et sur les
termes bizarres et inintelligibles de Gérondif et de Supin , &c. Il est bon de faire apprendre ces termes d'usage avec les
conjugaisons des Verbes , mais il est inutile de raisonner beaucoup avec lui sur
des mots qu'on n'entend pas bien en sortant de Philosophie. On doit avoir beaucoup de discrétion pour la foiblesse des
enfans , et ne pas imiter la simplicité de
cette bonne mere , qui prenant soin ellemême de la premiere éducation de son
fils , lui fit apprendre par cœur l'Avis au
Lecteur , et ensuite le Privilege du Roy,
imprimez à la tête du Livre.
Je ne sçais , au reste , lequel on doit le
plus admirer, de la simplicité de cette bonne mere,ou de la Méthode de ce même Rudiment , dont l'Editeur , entre le Privilege
et la premiere Déclinaison , donne par demandes et par réponses , l'explication et
la définition des noms, des cas et de l'ar
ticle
MA Y. 1732. 867
ticle hic , hac, hoc , qu'il met sans François, afin de le marier ensuite avec Musa
( la Muse ) &c. et Penelope ( la femme
d'Ulisse ) &c. et qu'il donne avec ce Titre
judicieux : Méthode pour bien apprendre
aux enfans à décliner les Noms ; car d'ordinaire ils les déclinent sans sçavoir l'origine
de ce Verbe, Décliner, et apprennent le Latin plutôt par routine , qu'àfond. Ce Rudiment fait par un P.. D. L..C. D. J. et
qui est peut-être un des plus gros et des
plus complets en Latin et en François , a
été bien imprimé à Grenoble , chezJean
François Champ en 1717.
J'ai rapporté ce fait et cet exemple
pour faire voir que l'ordre Théorique
des Livres n'est pas toujours le meilleus
à suivre , en conduisant et en dirigeant les enfans ; car le plus habile homme du monde ne fera jamais comprendre
à un enfant ce que c'est que Décliner et
Conjuguer, à moins qu'il ne pratique les
Déclinaisons et les Conjugaisons, et qu'il
ne rende sensibles les exemples à mesure
Penfant déclinera et conjuguera ,
comme on le fait pratiquer sur la Table.:
du Bureau Typographyque , et en suivant l'essai du Rudiment pratique de la
Langue Latine. Un enfant n'est- il pas bien
avancé lorsqu'il sçait que décliner, vient
que 9.
B.Y
dia
868 MERCURE DE FRANCE
du mot declinare. Avec cette sçavante etprofonde définition , un enfant appren- i
dra-t-il le Latin àfond , plutôt que par routi- ·
ne? Et quand il l'apprendroit par routine,
comme sa propre Langue , en seroit- ce
plus mal ?
L'Enfant destiné au Collége , doit être
montré autrement que celui qui doit faire -
ses études dans la maison paternelle. Le
premier apprendra son Rudiment par
cœur , il sera exercé pour répondre à certaines questions d'usage scolastique , et
pour composer en Latin quelques petites
Frases ; en unmot , il doit remplir sa mé...
moire , d'une maniere à pouvoir subir
l'examen préliminaire qui donne l'entrée
des Classes. L'enfant qui reste chez lui
peut mieux employer son temps ; il s'agit
moins de le faire paroître et dele faire ré-..
pondre en Perroquet , que de le rendre .
réellement fort sur ses petits exercices.Je
croi cette distinction absolument necessaire , parce qu'il pourroit arriver qu'un
enfant de 7 à 9 ans , tres capable dans sa
maison , scachant bien lire le Latin , fe.
François et le Grec , sçachant l'Histoire
et la Fable ; sçachant un peu expliquer
Phédre , ou quelque autre Auteur , seroit
néanmoins condamné dans un College à
passer au Marmoutier , ou à la Classe des
enfans
MA Y. 1732. 869
enfans qui apprennent à lire ; et cela ,
pour n'avoir pû mettre en Latin une petite Frase et n'avoir pû répondre à l'Examinateur qui lui auroit demandé , par
exemple, (audire ) ne se trouve- t- il point en
plus d'un ou de deux endroits?Surquoi il est
bon d'observer deux choses ; la premiere,
que l'abus de communiquer les demanet les argumens , regarde les Philosophes et les Théologiens , plutôt que les
petits enfans ; la seconde , que bien des
Regens , pour décrier les Méthodes particulieres et relever leur Méthode vulgaire , refuseront à un enfant assez avancé,
le témoignage qu'ils accorderont à d'autres enfans moins habiles, quant au fond ,
mais mieux au fait de l'articulation sco---
lastique , c'est pourquoi il faut opter entre ces deux Méthodes.
Mais l'éducation publique doit- elle
être préférée à l'instruction domestique.
et particuliere ? On peut lire là - dessus
Quintilien et M. l'Abbé de S. Pierre ; en
attendant , voici la réponse du sçavant et
zélé Professeur M. R. ancien Recteur de
l'Université, dans l'article second, du gouvernement des Colleges , pag. 418. Delamaniere d'enseigner et d'étudier les Belles Lettres , par rapport à l'esprit et au cœur, tom.
4. Pendant tout le temps que j'ai été
Bvj "
chargé
870 MERCURE DE FRANCE
» chargé de l'éducation de la jeunesse ,
>> parfaitement instruit des dangers qui se
>> rencontrent et dans les Maisons parti-.
culieres, et dans les Colléges , je n'ai jamais osé prendre sur moi de donner con-
» seil sur cette matiere , et je me suis con
».tenté de m'appliquer avec le plus de
» soin qu'il m'a été possible , à l'instruc-
» tion des jeunes gens , que la divine Pro-
» vidence m'addressoit. Je crois devoir
» encore garder la même neutralité et lais-
»ser à la prudence des parens à décider
» une question , qui soufre certainement
» de grandes difficultez de part et d'autre.
La neutralité de M. Rollin . semble décider la question.
On lit dans le livre du R. P. Jean Croiset , de la Compagnie de Jesus , que La
jeunesse , comme plus susceptible de venin
ne sedeffend jamais de la contagion, et qu'une
assemblée de jeunes gens, tant soit- pen négli
gez, est une pernicieuse Ecoles etyfit -on,
s'il est possible , quelque progrès dans les
Lettres, on y fera toujours une terrible perte
pour les mœurs. Reglement pour M M. les
Pensionnaires des Peres Jesuites du Col
le de Lyon , 2. édition , p. 47. p. 65
C'est donc aux parens à bien examiner
devant Dieu quel parti ils doivent prendre, à . balancer équitablement les avans
rages et les inconveniens qui se rencontrent de part et d'autre , à faire un bon
choix de Colleges ou de Maîtres. Si les
Colleges paroissent tant soit peu négligez , la contagion et la peste étant plus
probables dans les Ecoles publiques que
dans la maison paternelle , il sera encore
aisé de décider la question , mais si les
Colleges sont tels qu'ils devroient être
ou selon le Projet de M. l'Abbé de Saine
Pierre , ils sont peut-être pour lors préferables pour le plus grand nombre des enfans destinez à l'Eglise ou à la Robe.
des Enfans.
§. 1. Sur l'Exercice de la Mémoire.
V
Ous demandez ,
MONSIEUR , si
pour exercer la mémoire d'un petit
Enfant, il est mieux de lui faire apprendre bien des choses par cœur , ou de se
contenter de simples lectures et de quelques opérations de l'esprit proportionées
à son âge et à sa capacité ; vous supposez
que la mémoire d'un enfant est peut être
quelquefois assez exercée par l'attention
continuelle qu'il donne à écouter , à imiter et à retenir les sons et les mots de la
langue maternelle. Je crois que pour bien
répondre à votre question , il faut sçavoir en premier lieu , si l'enfant doit ensuite aller au College , ou faire ses études
dans une maison particuliere;et en second
lieu , sçavoir à quoi les parens destinent
leur
858 MERCURE DE FRANCE
leur enfant ; car quoique les premiers élémens des Lettres soient également necessaires pour la bonne et la noble éducation dans la plupart des professions, il faut
cependant convenir que le Prêtre , le Soldat , l'Avocat , le Medecin , le Financier ,
le Marchand , l'Artisan , &c. pouroient
être conduits de bonne heure , par des
routes un peu differentes , et quand il y
auroit des Colléges , ou des Ecoles exprès
pour chacune de ces professions , il n'en
seroit peut être pas plus mal.
à
Lorqu'on sçait à quel Etat un enfant est
destiné, on fait choix des Livres qui conviennent le mieux à cet état ; on inspire. de bonne heure et peu peu à l'enfant
les nobles sentimens de la profession qu'il
doit embrasser un jour;on le tourne toutà-fait du côté de son devoir ; on lui parle incessamment du point d'honneur de sa
profession ; on lui donne des exemples
sensibles de ceux , qui, par leur mérite et
leurs vertus , s'y sont rendus illustres ; et
enfin des exemples de ceux , qui , par
leurs vices et par leurs défauts , ont été
méprisez pendant leur vie et après leur
mort. Par là on imprime peu à peu , profondement et souvent pour toujours , l'amour de la vertu et les sentimens exigez
dans chaque état. Par là on donne de
l'hor
MA Y. 859 .
1732.
Phorreur pour le crime , et l'on prépare
un enfant à l'ordre habituel d'une vie réglée. Je veux dire , par exemple , qu'on
éleve en poltron, selon le monde, un enfant destiné à l'Eglise , pendant qu'on l'éleve aussi encourageux martyr,selon J.C.
s'il falloit répandre son sang et souffrir la
mort pour la foy , &c. Quoique chaque
Chrétien soit dans la même obligation ,
le Prêtre doit l'exemple au laïque.
Un homme d'épée est toujours censé
homme de guerre , homme d'honneur et
de cœur ; on lui doit une éducation plus
noble , plus cavaliere, plus aisée, plus polie , mais en visant à la perfection de son
état, elle n'est pas moins soumise aux devoirs de la Religion .
Connoître le vrai et le faux , le juste
et l'injuste , ou le bien et le mal , les devoirs du sujet et ceux du Prince ; avoiť
quelque idée de tout , sçavoir en cas de
besoin , ce qu'un Gentilhomme a dû apprendre pour la gloire du Prince, et pour
le bien de l'état , être au courant des nouvelles litteraires , historiques et politiques , après avoir parcouru les siècles de
Fantiquité; sçavoir , enfin la Théorie et la
Pratique de ce qui a rapport à sa profession; Voilà le but qu'on ne devroit jamais
perdre de vûë. Du temps des Hébreux
B des
860 MERCURE DE FRANCE
des Grecs et des Romains, le même homme pouvoit servir de Soldat pendant la
guerre, et de Juge pendant la paix ; aujourd'hui à peine veut - on se rendre bien
capable de l'une de ces deux professions ,
mais venons à la question.
Quand il sera temps d'exercer la mémoire d'un Enfant , on ne doit pas le
charger beaucoup par jour , il lui faut
donner peu de leçons , mais il est bon de
continuer sans interruption et d'ajouter
les leçons les unes aux autres , pour faire
réciter la semaine et le mois , afin de connoître et de cultiver la mémoire à proportion de l'âge et des forces de l'enfant;
l'essentiel est de bien choisir les sujets et
de tenir l'enfant en haleine , autrement
c'est du temps perdu , parce que la moindre maladie , la moindre absence , et le
moindre relâchement , obligent toujours
à recommencer; c'est pourquoi la plupart
des enfans ne sçavent ensuite presquerien;
avec eux onne peut compter que sur l'habitude contractée par la continuelle réïtération des actes , selon la méthode du
Bureau tipographique.
و
Je ne crois pas,au reste,qu'il faille char:
ger la mémoire d'un Enfant de plusieurs
longues Prieres , ni d'aucun grand Catechisme; on doit se contenter du petit Catéchisme
MAY. 1732. 861
techisme du diocèse ; il est aisé de l'alonger par les explications que l'on aura soin
d'en faire à l'enfant , à propos et dans les
Occasions favorables. On peut faire lire de
grands Catéchismes et des Catéchismes
historiques , par demandes et par réponses , sans obliger de les apprendre par
cœur et mot à mot ; il suffit de les faire
bien comprendre et d'en faire retenir le
sens et les choses plutôt que les termes ;
on voit bien des enfans de huit , de dix
à douze ans , oublier les centaines de pages apprises inutilement par cœur ; on
doit instruire l'esprit en cultivant la mémoire et ne pas s'en tenir à la méthode
de ceux qui ne sçavent que faire réciter
la leçon donnée à un enfant ; c'est une erreur de s'imaginer qu'un enfant n'est capable que de mémoire; il est bon de l'exercer à retenir un fait , une Fable , un Conte , après en avoir fait la lecture , mais
on doit tâcher de le lui faire rendre su
le champ,sans l'asservir aux mêmes termės.
Des critiques du Bureau et zélez partisans des Méthodes vulgaires , ayant fait
de leur mieux pour prouver à une Dame
que les Méthodes et les Réfléxions étoient
nuisibles à la santé des petits enfans; certè
bonne mere , trop crédule , a ôté le CatéBij chisme
862 MERCURE DE FRANCE
chisme au sien , et en a différé l'usage
pour une autre fois , s'imaginant qu'il est
plus difficile , et parconséquant plus dangereux de faire passer le catéchisme abstrait à l'esprit par l'oreille , que d'y faire
passer l'A , B, C, matériel et sensible
par les yeux. Cette mere me rappelle celle
dont on blâmoit, avec raison , la criminelle indulgence qu'elle avoit pour les excès vicieux de son fils , et qui répondit ,
en parlant de son enfant, qu'il soit ce qu'il
voudra , pourvu qu'il vive. Le Lecteur.
voit facilement l'erreur et la fausseté de
ces sortes de maximes , mais il ne voit pas
toujours également à qui en est la plus
grande faute. Il est vrai que les Méthodes
et les Catéchismes demandent beaucoup
de réfléxions de la part des bons Maîtres,
mais il n'est pas également vrai que ces
bons Maîtres exigent d'abord d'un petit
enfant aucune application ni aucune réfléxion pénible dans l'exercice litteraire ,
ni dans l'articulation , ou la récitation de
ses Prieres et de son Catéchisme. On ne
songe pour lors qu'à semer, et l'on attend
peu à peu et à proportion de l'âge, le dévelopement , la suite et la liaison des
idées , on attend ainsi l'action de réflé
chir , avec l'intelligence des mots et des
choses , ajoutez à cela que l'objection ,
tirée
MAY. 1732: 867
tirée du côté de la santé du corps est nulle , quand il s'agit de l'instruction chré
tienne , nécessaire à tous les enfans sains
ou malades , de quelque état et de quelque condition qu'ils puissent être.
La lecture des Livres historiques de la
Bible , celle des Métamorphoses d'Ovide
et des Fables d'Esope, exerceront agréablement un enfant , les images parlent
aux yeux , et les discours aux oreilles ; il
faut donc faire bien remarquer les exemples sensibles des vices et des vertus , et
apprendre à l'enfant à juger sainement de
chaque chose; ilen est capable à tout âge;
l'opération du jugement est l'exercice essentiel qui influe le plus dans toute la vie,
et c'est ordinairement celui qu'on exige
le moins dans un simple Précepteur ; en
quoi les parens ne font pas mieux , ils
devroient être plus éclairez et plus déli- cats sur cet article. Il est donc inutile de
faire apprendre par cœur mille choses méprisées dans un âge avancé , mais on peut
cultiver la mémoire en apprenant des
choses que l'on peut utilement réciter
toute la vie , comme des Sentences , des
Maximes de la Bible , de l'Imitation de
J. C. et de plusieurs autres bons Livres ,
saints ou prophanes , consultant toujours
les forces et le gout de l'enfant.
Biij Quand
894 MERCURE DE FRANCE
Quand l'enfant verra et expliquera les
Auteurs Latins , doit- on l'asservir chaque jour à en apprendre des leçons par
cœur, en Prose et en Vers ? Il semble que
dans les Colléges où l'on est obligé de
faire travailler, pour ainsi dire , à la toise , cette Méthode soit absolument nécessaire ; d'ailleurs, en cultivant la mémoire
on peut former peu à peu le gout des enfans sur celui des Auteurs qu'ils voient..
Dans les Etudes particulieres et domeștiques , il est encore bon de faire apprendre les plus beaux endroits des Auteurs ,
mais on doit en faire un bon choix et ne
pas s'asservir au courant du Livre , ainsi
qu'on le pratique dans la plupart des Ecofes. On doit viser à bien employer letems
et à remplir de bonnes idées la tête de
L'Ecolier , qui n'apprend guére.que des
mots , selon l'usage vulgaire.
Que fait ordinairement un enfant aprèsIo ou 12 ans de College , on dit qu'il y
apprend seulement la maniere d'étudier ,
il est vrai qu'il pourroit et qu'il devroit.
même y avoir appris cette maniere , mais ,
le grand nombre en sort comme des Galeres et pour renoncer aux Etudes. Est- ce
là le fruit d'une bonne Méthode ? J'ai
qui dire à un jeune Seigneur , sur la fin
de sa Rhétorique, qu'il auroit mieux aimé.
Cou
MAY 173.2. 865
coucher sur le sable d'un Manége , que
dans le meilleur lit de son Collége. Il en
parloit comme du lieu le plus haïssable ,
et ne pouvoit pas comprendre comment
ses parensavoient eu le courage de le laisser croupir si long- temps dans le même
endroit, pour y apprendre si peu de chose ; au lieu de lui avoir donné plutôt une
éducation Militaire et digne de sa naissance.
Jecr oi qu'un Enfant pourroit bien exercer sa mémoire , sans apprendre par cœur
des pages de Latin et de François, en Prose
ou en Vers; je ne voudrois exiger régu
lierement cet exercice que quand il commence de sentir et de gouter les morceaux choisis qu'on voudroit lui faire ap
prendre , c'est-à- dire , pour le plutôt en
cinquième et en quatriéme ; je ne veux
pas dire par-làqu'il ne doive rien appren
dre avant ce temps-là ; mais je ne vou
drois exercer sa mémoire que sur des
choses agréables et qui ne lui inspirassent
jamais la haine ou le dégout qu'ils font ordinairement paroître pour les Maîtres et
pour les Livres. Je m'en rapporte volon
tiers à l'expérience des meilleurs Maîtres,
qui , bien loin de gêner les enfans dans
leurs premiers exercices, ne leur montrent
que des objets atrayans et instructifs, proBiiij. por-
86% MERCURE DE FRANCE
portionnez à leur gout et à leur âge.
N'est- ce pas abuser de l'enfant que de
l'obliger d'apprendre par cœur et à coups
de verges de grandes leçons qu'il ne comprend point , et que bien souvent le Maî
tre ne pourroit expliquer lui-même,comme la doctrine de plusieurs Rudimens en
Latin et en François , sur les Parties du
Discours , sur les Concordances et sur les
termes bizarres et inintelligibles de Gérondif et de Supin , &c. Il est bon de faire apprendre ces termes d'usage avec les
conjugaisons des Verbes , mais il est inutile de raisonner beaucoup avec lui sur
des mots qu'on n'entend pas bien en sortant de Philosophie. On doit avoir beaucoup de discrétion pour la foiblesse des
enfans , et ne pas imiter la simplicité de
cette bonne mere , qui prenant soin ellemême de la premiere éducation de son
fils , lui fit apprendre par cœur l'Avis au
Lecteur , et ensuite le Privilege du Roy,
imprimez à la tête du Livre.
Je ne sçais , au reste , lequel on doit le
plus admirer, de la simplicité de cette bonne mere,ou de la Méthode de ce même Rudiment , dont l'Editeur , entre le Privilege
et la premiere Déclinaison , donne par demandes et par réponses , l'explication et
la définition des noms, des cas et de l'ar
ticle
MA Y. 1732. 867
ticle hic , hac, hoc , qu'il met sans François, afin de le marier ensuite avec Musa
( la Muse ) &c. et Penelope ( la femme
d'Ulisse ) &c. et qu'il donne avec ce Titre
judicieux : Méthode pour bien apprendre
aux enfans à décliner les Noms ; car d'ordinaire ils les déclinent sans sçavoir l'origine
de ce Verbe, Décliner, et apprennent le Latin plutôt par routine , qu'àfond. Ce Rudiment fait par un P.. D. L..C. D. J. et
qui est peut-être un des plus gros et des
plus complets en Latin et en François , a
été bien imprimé à Grenoble , chezJean
François Champ en 1717.
J'ai rapporté ce fait et cet exemple
pour faire voir que l'ordre Théorique
des Livres n'est pas toujours le meilleus
à suivre , en conduisant et en dirigeant les enfans ; car le plus habile homme du monde ne fera jamais comprendre
à un enfant ce que c'est que Décliner et
Conjuguer, à moins qu'il ne pratique les
Déclinaisons et les Conjugaisons, et qu'il
ne rende sensibles les exemples à mesure
Penfant déclinera et conjuguera ,
comme on le fait pratiquer sur la Table.:
du Bureau Typographyque , et en suivant l'essai du Rudiment pratique de la
Langue Latine. Un enfant n'est- il pas bien
avancé lorsqu'il sçait que décliner, vient
que 9.
B.Y
dia
868 MERCURE DE FRANCE
du mot declinare. Avec cette sçavante etprofonde définition , un enfant appren- i
dra-t-il le Latin àfond , plutôt que par routi- ·
ne? Et quand il l'apprendroit par routine,
comme sa propre Langue , en seroit- ce
plus mal ?
L'Enfant destiné au Collége , doit être
montré autrement que celui qui doit faire -
ses études dans la maison paternelle. Le
premier apprendra son Rudiment par
cœur , il sera exercé pour répondre à certaines questions d'usage scolastique , et
pour composer en Latin quelques petites
Frases ; en unmot , il doit remplir sa mé...
moire , d'une maniere à pouvoir subir
l'examen préliminaire qui donne l'entrée
des Classes. L'enfant qui reste chez lui
peut mieux employer son temps ; il s'agit
moins de le faire paroître et dele faire ré-..
pondre en Perroquet , que de le rendre .
réellement fort sur ses petits exercices.Je
croi cette distinction absolument necessaire , parce qu'il pourroit arriver qu'un
enfant de 7 à 9 ans , tres capable dans sa
maison , scachant bien lire le Latin , fe.
François et le Grec , sçachant l'Histoire
et la Fable ; sçachant un peu expliquer
Phédre , ou quelque autre Auteur , seroit
néanmoins condamné dans un College à
passer au Marmoutier , ou à la Classe des
enfans
MA Y. 1732. 869
enfans qui apprennent à lire ; et cela ,
pour n'avoir pû mettre en Latin une petite Frase et n'avoir pû répondre à l'Examinateur qui lui auroit demandé , par
exemple, (audire ) ne se trouve- t- il point en
plus d'un ou de deux endroits?Surquoi il est
bon d'observer deux choses ; la premiere,
que l'abus de communiquer les demanet les argumens , regarde les Philosophes et les Théologiens , plutôt que les
petits enfans ; la seconde , que bien des
Regens , pour décrier les Méthodes particulieres et relever leur Méthode vulgaire , refuseront à un enfant assez avancé,
le témoignage qu'ils accorderont à d'autres enfans moins habiles, quant au fond ,
mais mieux au fait de l'articulation sco---
lastique , c'est pourquoi il faut opter entre ces deux Méthodes.
Mais l'éducation publique doit- elle
être préférée à l'instruction domestique.
et particuliere ? On peut lire là - dessus
Quintilien et M. l'Abbé de S. Pierre ; en
attendant , voici la réponse du sçavant et
zélé Professeur M. R. ancien Recteur de
l'Université, dans l'article second, du gouvernement des Colleges , pag. 418. Delamaniere d'enseigner et d'étudier les Belles Lettres , par rapport à l'esprit et au cœur, tom.
4. Pendant tout le temps que j'ai été
Bvj "
chargé
870 MERCURE DE FRANCE
» chargé de l'éducation de la jeunesse ,
>> parfaitement instruit des dangers qui se
>> rencontrent et dans les Maisons parti-.
culieres, et dans les Colléges , je n'ai jamais osé prendre sur moi de donner con-
» seil sur cette matiere , et je me suis con
».tenté de m'appliquer avec le plus de
» soin qu'il m'a été possible , à l'instruc-
» tion des jeunes gens , que la divine Pro-
» vidence m'addressoit. Je crois devoir
» encore garder la même neutralité et lais-
»ser à la prudence des parens à décider
» une question , qui soufre certainement
» de grandes difficultez de part et d'autre.
La neutralité de M. Rollin . semble décider la question.
On lit dans le livre du R. P. Jean Croiset , de la Compagnie de Jesus , que La
jeunesse , comme plus susceptible de venin
ne sedeffend jamais de la contagion, et qu'une
assemblée de jeunes gens, tant soit- pen négli
gez, est une pernicieuse Ecoles etyfit -on,
s'il est possible , quelque progrès dans les
Lettres, on y fera toujours une terrible perte
pour les mœurs. Reglement pour M M. les
Pensionnaires des Peres Jesuites du Col
le de Lyon , 2. édition , p. 47. p. 65
C'est donc aux parens à bien examiner
devant Dieu quel parti ils doivent prendre, à . balancer équitablement les avans
rages et les inconveniens qui se rencontrent de part et d'autre , à faire un bon
choix de Colleges ou de Maîtres. Si les
Colleges paroissent tant soit peu négligez , la contagion et la peste étant plus
probables dans les Ecoles publiques que
dans la maison paternelle , il sera encore
aisé de décider la question , mais si les
Colleges sont tels qu'ils devroient être
ou selon le Projet de M. l'Abbé de Saine
Pierre , ils sont peut-être pour lors préferables pour le plus grand nombre des enfans destinez à l'Eglise ou à la Robe.
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Résumé : TREISIÈME Lettre, sur la Biblioteque des Enfans.
Le texte aborde les méthodes d'éducation des enfants, en mettant l'accent sur l'apprentissage de la mémoire et l'importance de la destination professionnelle de l'enfant. L'auteur souligne que les livres et les valeurs à inculquer doivent être choisis en fonction de la future profession de l'enfant, qu'il soit destiné à devenir prêtre, soldat, avocat, etc. Il recommande de ne pas surcharger l'enfant mais de maintenir une continuité dans les leçons pour cultiver sa mémoire. L'auteur critique l'apprentissage par cœur de longs textes inutiles et prône l'enseignement du sens plutôt que des termes exacts. Il encourage la lecture de livres historiques et de fables pour exercer le jugement de l'enfant. Le texte distingue également deux approches éducatives : celle des collèges et celle de l'instruction domestique. Dans les collèges, les enfants doivent mémoriser des rudiments, répondre à des questions scolastiques et composer en latin pour passer les examens préliminaires. À la maison, l'enfant peut se concentrer sur une compréhension réelle des matières, comme la lecture du latin, du français et du grec, ainsi que l'histoire et la fable. L'auteur met en garde contre les risques de l'éducation publique, notamment la contagion morale parmi les jeunes, comme le mentionne Jean Croiset de la Compagnie de Jésus. Il critique les méthodes rigides des collèges et les pratiques inutiles comme l'apprentissage par cœur de termes latins incompris. Le texte cite également des experts comme Quintilien et l'Abbé de Saint-Pierre pour discuter des avantages et des inconvénients des deux types d'éducation. Le Professeur M. Rollin, ancien recteur de l'Université, reste neutre sur la question, laissant aux parents le soin de décider en fonction des circonstances spécifiques. L'auteur conclut en soulignant l'importance pour les parents de bien examiner les avantages et les inconvénients des collèges et des maîtres privés pour faire un choix éclairé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 912-917
LETTRE écrite d'Orleans le 12. Avril 1732. sur le nom de Guespin, qu'on donne aux Orleanois.
Début :
De bonne foi, y pensez-vous, Monsieur, de me faire [...]
Mots clefs :
Orléans, Guespin, Latin, Caractère
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite d'Orleans le 12. Avril 1732. sur le nom de Guespin, qu'on donne aux Orleanois.
LETTRE écrite d'Orleans le 11. Avril
1732. sur le nom de Guespin , qu'on
donne aux Orleanois.
D
E bonne foi , y pensez-vous , Monsieur , de me faire de pareilles demandes. Orleanois depuis le Deluge (1 )
ou peu s'en faut , vous voulez que je
vous dise d'où vient le nom de Guespin ,
et ce que l'on doit entendre par ce sobriquet , qu'on nous donne si liberalement ;il faut être bien complaisant pour
(1 ) Le Maire , Hist. d'Orleans , met la fonda
on de cette Ville seulement 350. ans après le Dé
suge.
Vous
MAY. 1732 913
vous répondre, mais l'amitié est imperieuse et je vous obéis.
Ceux qui croient que Guespin a été
formé de Genebensis , qu'on a employé ,
selon eux, pour Aurelianensis , en ont assez
bien établi la filiation ; Genebensis , Genebinus , Guebinus , et par le changement
ordinaire du B. en P. Guepinus , Guépin.
Mais par malheur les bonnes gens raisonnent sur un faux principe ; car Genebensis ne s'est jamais dit en ce sens , et
dans la Vie de S. Liphard , écrite au sixiéme siecle , où ils prétendent , d'après la
Saussaye ( 1 ) que l'Evêque d'Orleans est
appellé Episcopus Genebensis , on trouve
au contraire , Episcopus Aurelianensis ,
ainsi qu'il est aisé de s'en convaincre dans
le Pere Mabillon. ( 2 ) Comme c'est le seul
monument que nos Etimonologistes rapportent pour eux , vous le voyez bien , in
Vanum laboraaverunt ; mais Dieu le leur pardonne , ils ont eu bonne volonté et leur
zele mérite quelque remerciement.
Il faut donc , malgré nous , remonter
à la veritable source , et reconnoître de
bonne foi que Quespin descend en droite
ligne de Guespa , ( 3 ) mor dont on s'est ser-
(1 ) Sausseyus Annal. Eccles. Aurel. L. 1 .
Num. 16.
(2 ) Act. SS. Bened. T. 1. p. 155. n. 8.
(3) V.le Gloss. de Ducange.
D iiij vi
914 MERCURE DE FRANCE,
vi dans la basse latinité pour Vespa , uno
Guespe. Par malheur cet Insecte mis en
symbole , n'est pas de bonne augure ; aussi
les anciens Philosophes , au rapport de
Pierius Valerianus , ( 1 ) en faisoient- ils celui d'un esprit querelleur , et il a plu au
fameux Alciat dans son 51. Emblême
d'en faire celui de la médisance.
Vespas
Esse ferunt lingua certa sigilla mala.
Rien n'est plus ordinaire dans les Au
teurs , que les reproches qu'on nous fait
sur ces deux articles. » Le naturel des
Guespins ( dit un Ouvrage ( 2 ) publié
»du temps de la Ligue , ) j'en prens Or-
»leans pour exemple , est d'être hagard ,
» noiseux , et mutin. Et vous avez lû ,
sans doute, M. de Valois , ( 3 ) sur ce sujet.
» Vespis , dit-il , en parlant des Orleanois,
» Quarum advolantium molestos ictus , im-
»portunos bombos , ac pungendi libidinem;
»vino suo inflati clamoribus , rixis et con-
» viciis imitantur. Je me garderai bien de
(1 ) Hieroglyphica , L. 4.
(2 ) Saint et charitable conseil à Mrs le Pré- vôt des Marchands et Echevins de la Ville de Pais , pour se départir de la ligue. Memoire de la Li- gue, T. 3. P. 344.
(3) Notitia Galliarum.
traduire
MAY. 1732.
915
traduire ce beau Latin , si même en letranscrivant ma main pouvoit agir sans mes
yeux , je ferois comme Socrate , quand
il parloit de l'Amour , je me couvrirois
la tête d'un voile.
C'est en vain que Théodore de Beze ;
qui avoit étudié à Orleans , et dont l'esprit et le cœur ( 1 ) étoient interessez à
aimer cette Ville , a voulu expliquer le
mot de Guespe en bonne part.
Aurelias vocare Vespas suevimus ,
Ut dicere olim mos erat nasum atticum. (2)
Ces Vers sont beaux , mais il vaudroit
mieux pour nous n'avoir point de comparaison à faire de ce côté avec les Athéniens , quoique les Peuples les plus spirituels de la Grece.
Pour continuer à vous dire ce que je
sçai sur le mot de Guespin , je trouve que
Bonaventure Des Periers , (3 ) semble opposer ce terme à civil et poli ; c'est dans -
(1) Théodore de Bese y avoit une Maitresse .
Marie de l'Etoille , dont on voit l'Epitaphe dans le
grand Cimetiere , en Prose Latine et Françoise
mais si effacée , qu'on ne peut plus en lire que quel
ques mots. On croit cette Epitaphe de la composition de Th. de Beze.
(2) Juvenilia , p. 43. verso.
(3) Les nouvelles Recréations et joyeux Devis ,
page 71. Edition de Lyon 1558. ·
D v le
916 MERCURE DE FRANCE
le Conte d'une Dame d'Orleans , qui aimoit
un Ecolier. Une Dame , dit il , gentille et ,
bonnête , encore qu'elle fût Guepine. Enfin
je ne connois qu'un seul Passage d'Auteurs où Gespin soit employé sans mauvaise interprétation; c'est dans la Relation
(1 ) de l'Entrée de l'Empereur Charles V.
dans la Ville d'Orleans en 1539. Après
venoient les Maîtres d'Ecoles , les Medecins , puis les Officiers de l'Université, les
Conseillers et Guespins d'icelle. Dans ce
Passage, Guespin , comme on le voit, ne
signifie qu'Etudiant d'Orleans.
Il est aisé à present de juger si la définition que Richelet et les Auteurs du
Dictionnaire de Trévoux , ont donnée du
mot de Guespin , est bien juste , lorsqu'ils disent que c'est un Sobriquet qu'on
employe quand on veut signifier qu'une personne est fine et rusée et qu'elle est d'Orleans. Les Orleanois ont de l'esprit assurément , c'est une justice qu'on leur doit
rendre , mais pour être fins et ruscz , c'est
un reproche qu'ils ne méritent pas ,
ne sont que trop unis et trop natu els ,
et c'est ce même caractere qui fait en
partie celui du Guespin , que je ne
puis mieux vous peindre que par ' ces
ils
(1)Ceremonial de France deT. Godefroy , Tome
.2.P. 757.
Vers
MAY. 1732 917
Vers ,où M. Despréaux , Satyre premiere,
fait son Portrait sous le nom de Damon.
Je suis rustique et fier et j'ai l'ame grossiere ,
Je ne puis rien nommer, si ce n'est par son nom,
J'appelle un chat un chat et Rolet un fripon.
Je suis , Monsieur , &c. D. P.
1732. sur le nom de Guespin , qu'on
donne aux Orleanois.
D
E bonne foi , y pensez-vous , Monsieur , de me faire de pareilles demandes. Orleanois depuis le Deluge (1 )
ou peu s'en faut , vous voulez que je
vous dise d'où vient le nom de Guespin ,
et ce que l'on doit entendre par ce sobriquet , qu'on nous donne si liberalement ;il faut être bien complaisant pour
(1 ) Le Maire , Hist. d'Orleans , met la fonda
on de cette Ville seulement 350. ans après le Dé
suge.
Vous
MAY. 1732 913
vous répondre, mais l'amitié est imperieuse et je vous obéis.
Ceux qui croient que Guespin a été
formé de Genebensis , qu'on a employé ,
selon eux, pour Aurelianensis , en ont assez
bien établi la filiation ; Genebensis , Genebinus , Guebinus , et par le changement
ordinaire du B. en P. Guepinus , Guépin.
Mais par malheur les bonnes gens raisonnent sur un faux principe ; car Genebensis ne s'est jamais dit en ce sens , et
dans la Vie de S. Liphard , écrite au sixiéme siecle , où ils prétendent , d'après la
Saussaye ( 1 ) que l'Evêque d'Orleans est
appellé Episcopus Genebensis , on trouve
au contraire , Episcopus Aurelianensis ,
ainsi qu'il est aisé de s'en convaincre dans
le Pere Mabillon. ( 2 ) Comme c'est le seul
monument que nos Etimonologistes rapportent pour eux , vous le voyez bien , in
Vanum laboraaverunt ; mais Dieu le leur pardonne , ils ont eu bonne volonté et leur
zele mérite quelque remerciement.
Il faut donc , malgré nous , remonter
à la veritable source , et reconnoître de
bonne foi que Quespin descend en droite
ligne de Guespa , ( 3 ) mor dont on s'est ser-
(1 ) Sausseyus Annal. Eccles. Aurel. L. 1 .
Num. 16.
(2 ) Act. SS. Bened. T. 1. p. 155. n. 8.
(3) V.le Gloss. de Ducange.
D iiij vi
914 MERCURE DE FRANCE,
vi dans la basse latinité pour Vespa , uno
Guespe. Par malheur cet Insecte mis en
symbole , n'est pas de bonne augure ; aussi
les anciens Philosophes , au rapport de
Pierius Valerianus , ( 1 ) en faisoient- ils celui d'un esprit querelleur , et il a plu au
fameux Alciat dans son 51. Emblême
d'en faire celui de la médisance.
Vespas
Esse ferunt lingua certa sigilla mala.
Rien n'est plus ordinaire dans les Au
teurs , que les reproches qu'on nous fait
sur ces deux articles. » Le naturel des
Guespins ( dit un Ouvrage ( 2 ) publié
»du temps de la Ligue , ) j'en prens Or-
»leans pour exemple , est d'être hagard ,
» noiseux , et mutin. Et vous avez lû ,
sans doute, M. de Valois , ( 3 ) sur ce sujet.
» Vespis , dit-il , en parlant des Orleanois,
» Quarum advolantium molestos ictus , im-
»portunos bombos , ac pungendi libidinem;
»vino suo inflati clamoribus , rixis et con-
» viciis imitantur. Je me garderai bien de
(1 ) Hieroglyphica , L. 4.
(2 ) Saint et charitable conseil à Mrs le Pré- vôt des Marchands et Echevins de la Ville de Pais , pour se départir de la ligue. Memoire de la Li- gue, T. 3. P. 344.
(3) Notitia Galliarum.
traduire
MAY. 1732.
915
traduire ce beau Latin , si même en letranscrivant ma main pouvoit agir sans mes
yeux , je ferois comme Socrate , quand
il parloit de l'Amour , je me couvrirois
la tête d'un voile.
C'est en vain que Théodore de Beze ;
qui avoit étudié à Orleans , et dont l'esprit et le cœur ( 1 ) étoient interessez à
aimer cette Ville , a voulu expliquer le
mot de Guespe en bonne part.
Aurelias vocare Vespas suevimus ,
Ut dicere olim mos erat nasum atticum. (2)
Ces Vers sont beaux , mais il vaudroit
mieux pour nous n'avoir point de comparaison à faire de ce côté avec les Athéniens , quoique les Peuples les plus spirituels de la Grece.
Pour continuer à vous dire ce que je
sçai sur le mot de Guespin , je trouve que
Bonaventure Des Periers , (3 ) semble opposer ce terme à civil et poli ; c'est dans -
(1) Théodore de Bese y avoit une Maitresse .
Marie de l'Etoille , dont on voit l'Epitaphe dans le
grand Cimetiere , en Prose Latine et Françoise
mais si effacée , qu'on ne peut plus en lire que quel
ques mots. On croit cette Epitaphe de la composition de Th. de Beze.
(2) Juvenilia , p. 43. verso.
(3) Les nouvelles Recréations et joyeux Devis ,
page 71. Edition de Lyon 1558. ·
D v le
916 MERCURE DE FRANCE
le Conte d'une Dame d'Orleans , qui aimoit
un Ecolier. Une Dame , dit il , gentille et ,
bonnête , encore qu'elle fût Guepine. Enfin
je ne connois qu'un seul Passage d'Auteurs où Gespin soit employé sans mauvaise interprétation; c'est dans la Relation
(1 ) de l'Entrée de l'Empereur Charles V.
dans la Ville d'Orleans en 1539. Après
venoient les Maîtres d'Ecoles , les Medecins , puis les Officiers de l'Université, les
Conseillers et Guespins d'icelle. Dans ce
Passage, Guespin , comme on le voit, ne
signifie qu'Etudiant d'Orleans.
Il est aisé à present de juger si la définition que Richelet et les Auteurs du
Dictionnaire de Trévoux , ont donnée du
mot de Guespin , est bien juste , lorsqu'ils disent que c'est un Sobriquet qu'on
employe quand on veut signifier qu'une personne est fine et rusée et qu'elle est d'Orleans. Les Orleanois ont de l'esprit assurément , c'est une justice qu'on leur doit
rendre , mais pour être fins et ruscz , c'est
un reproche qu'ils ne méritent pas ,
ne sont que trop unis et trop natu els ,
et c'est ce même caractere qui fait en
partie celui du Guespin , que je ne
puis mieux vous peindre que par ' ces
ils
(1)Ceremonial de France deT. Godefroy , Tome
.2.P. 757.
Vers
MAY. 1732 917
Vers ,où M. Despréaux , Satyre premiere,
fait son Portrait sous le nom de Damon.
Je suis rustique et fier et j'ai l'ame grossiere ,
Je ne puis rien nommer, si ce n'est par son nom,
J'appelle un chat un chat et Rolet un fripon.
Je suis , Monsieur , &c. D. P.
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Résumé : LETTRE écrite d'Orleans le 12. Avril 1732. sur le nom de Guespin, qu'on donne aux Orleanois.
La lettre datée du 11 avril 1732 à Orléans traite de l'origine du sobriquet 'Guespin' attribué aux Orleanois. L'auteur répond à une demande d'explication sur ce terme et évoque plusieurs théories. L'une d'elles relie 'Guespin' à 'Genebensis', une forme supposée de 'Aurelianensis'. Cependant, cette théorie est réfutée car 'Genebensis' n'a jamais été utilisé dans ce sens. L'auteur conclut que 'Guespin' dérive de 'Guespa', un terme de basse latinité pour 'guêpe'. Cette association est négative, symbolisant un esprit querelleur et médisant. Des auteurs anciens et contemporains, comme Pierius Valerianus et Alciat, confirment cette interprétation péjorative. Des exemples littéraires, tels que ceux de Théodore de Bèze et Bonaventure Des Périers, montrent que 'Guespin' est souvent utilisé de manière défavorable. Un passage de la Relation de l'Entrée de l'Empereur Charles V à Orléans en 1539 utilise 'Guespin' de manière neutre, signifiant simplement 'étudiant d'Orléans'. L'auteur critique les définitions des dictionnaires comme celui de Richelet et du Dictionnaire de Trévoux, qui décrivent les Guespins comme fins et rusés. Il affirme que les Orleanois sont naturels et unis, mais ne méritent pas le reproche d'être rusés.
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17
p. 91-95
Glossaire en neuf Langues, &c. [titre d'après la table]
Début :
GLOSSARIUM Enneasticu, seu Dictionarium novum, &c. c'est-à-dire, Glossaire [...]
Mots clefs :
Langues, Latin, Dictionnaires, Dictionnaire, Programme, Français, Grec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Glossaire en neuf Langues, &c. [titre d'après la table]
GLOSSARIUM Enrzemticitm m4 Dictia-î
rmrium nez/nm , 0c. dest-à-dire , Glasmi
re- en neuf Langues, ou Dictionnaire nou
ycau pqur. lïntclligenceïde neuf Lan-f
. . _ E vj gues ,
9s.» MER CURE DE FRÂNCE
l
gucs , ÿçavoit : le Latin , le François , PIS‘;
talien , l’Anglois , ‘lilzspagnol , l’Allc——
mand , FHebreu , le Grec Littoral et le»
Grec Vulgaire , disposé suivant une Mé
thode qui forme pour ces neuf Langues
soixante et douze Dictionnaires complets
et. très-utiles , non-seulement aux gens
(le Lettres , mais aussi âceux «qui n’ont
aucune teinture de Latin , comme les
femmes et toutes les autres personnes qui
«par leur éducation et par leur état se
\
trouvent bornées a leur Langue mater
nelle : Ouvrage postume du R. P. Cas
sien , Capucin. . .
sCct Ouvrage est annoncé au Public. par
un Programme Latin et François , impri
’mé en 1731, qui ‘n’est venu que‘ depuis
à notre connaissance. lîsuraisons qui ont porté l’AOutneuyr àtrcooumve
poser cet Ouvrage; la maniere dontil a
eré distribué et dont il doit être imprimé ,‘
suivant l'étendue‘ et Perdre du Manuscrit
de l’Auteu-r. _
L’Auteur du Programme passe ensuite
au dessein et à la division de l’Ouvrage s
il fait remarquer jusquï‘: quel point ce
Dictionnaire se multiplie par le moyen du.
Latin , et quelle est son utilité. Il donne:
une idée generale des 72 Dictionnaires
que ces neuf Langues fournissent, et que
ce
4 4 k Ë
Î JA.N'V I E R.‘ 1733.‘ d 9g‘
ce Glossaire explique dans route leur‘
êtenduèäfll fait voir la difietence de cet’
Ouvrage d’avec les autres Dictionnaires
en plusieurs Langues : il donne ensuite le‘
Prospectus de POuvrage et de ses parties ;
après quoi il fait quelques remarques qui _
servent à entendre Pample détail qu’il‘
donne enouize de ces Dictionnaires , qui;
montent jusqu’â 144.. Il y a joint une‘
Méthode en faveur de ceux qui ne sça
vent pas le Latin , quoique le Latin soit
la clef de ce Dictionnaire , pour qu’ils
' puissent s’en servir utilement à apprendre
es Langues qu’ils veulent sçavoit. _
-» On y trouve enfin dans la Conclusion
du Programme un ex osé de la capacité
du Pere Cassien danslp
Eanguts, papacité que quelques Curieux
ont trouvee msques dans le nom de ce
Pere. Les Approbations terminent le Pro
gramme.
» Voilà, pour ainsi dire, une Esquisse du
Glossaire , disons quelque chose des ce
que le Programme rapporte en détail.
Nous y apprenons que le R. P. Cassien
plein d’un zele ‘tout-âfait loüable , réso
lut de donner en faveur de ‘ceux qui pot-i
tent parmi les Nations la prédication de
lOEvangile , un Dictionnaire qui pût leur
a connoissancc des
faciliter la cqnnoissance des Langues , qui.
SQÏXÎ
n
,4. MERCURE DE "FRANC!
sont les plus étenduës dans Plîurope.‘
Comme il les possedoit parfaitement , il
résolut d'abord de donner un Dictionnai
re en six Langues , sçavolt le Latin , le
François , l‘Italien , l’Anglois , le Grec
Littcral et le Grec Vulgaire. Ce Diction
naire devoir par le moyen du Latin Four
nir jusqifä trente Dictionnaires: en effet ,1
il le composa et en» fit même imprimer;
le Projet: il en ajoûta ensuite trois autres,‘
sçavoir l’Hebreu , l’vAllemand et l’Es a
gnol. Pour l’Allemand il en a acheve le
premierxDictiontiaitc , quiest de l’Alle
mand en François et en Latin ; mais pour
le second qui est celui du Latin en Fran
çois et en Allemand ,il ne pût Fachever,
prévenu par la mort.
M. de Vogel, à la sollicitation du Pere
Urse Capucin , a suppléé à cette perte ,
et c’est à ses travaux que le Public est re
devable de la perfection de ce Diction-q
mire. L’Ouvrage est divisé en deux par
tiez. : dans la premiereJes mots latins sont
expliquez dans les huit autres Langues g
dans la seconde , les huit Langues séparé
ment sont traduites en Latin. Or , en
multi liant les raports avec lacs Langues qu'ondeecxepslieqxupeli,caettiodnes
ces Langues les unes avec les autres , on.
montre que ce Dictionnaire qui fait envi...
. Ion
JANVIER} .1733." 9;‘
ron deux volumes In folio , tient lieu de
r44. Dictionnaires , dont l'acquisition se
roit impossible à bien des personnes. De—'__
là on apperçoit facilement l'utilité et tout
l'avantage de ce Glossaire. Il sufiira pour
faire connoîrre le mérite de cet Ouvrage
de faire remarquer que M. l’Abbî- Renau
a6: , qui ,' comme l’on sçait , avoir des
connoissances si profondes et si étenduës
sur les Langues , en fit Péloge dans Pap
probation qu'il donna àPAuteuren 171 r.
rapportée à lafin du Projet.
Nbublions pas d’avertir les Libraires
q-uo le Programme détaille en particulier,
la maniere dont ils doivent im rimer ce
Dictionnaire , et la forme qu’i s lui doi
vent donner _, eu égard au nombre et à la
grandeur des volumes dans lesquels ils le
distribueront. Le Programme se trouve
à Paris chez le sieur LangloisJm primeur,
ruë S. Etienne d’Egrès , au bon Pas:
tout.
rmrium nez/nm , 0c. dest-à-dire , Glasmi
re- en neuf Langues, ou Dictionnaire nou
ycau pqur. lïntclligenceïde neuf Lan-f
. . _ E vj gues ,
9s.» MER CURE DE FRÂNCE
l
gucs , ÿçavoit : le Latin , le François , PIS‘;
talien , l’Anglois , ‘lilzspagnol , l’Allc——
mand , FHebreu , le Grec Littoral et le»
Grec Vulgaire , disposé suivant une Mé
thode qui forme pour ces neuf Langues
soixante et douze Dictionnaires complets
et. très-utiles , non-seulement aux gens
(le Lettres , mais aussi âceux «qui n’ont
aucune teinture de Latin , comme les
femmes et toutes les autres personnes qui
«par leur éducation et par leur état se
\
trouvent bornées a leur Langue mater
nelle : Ouvrage postume du R. P. Cas
sien , Capucin. . .
sCct Ouvrage est annoncé au Public. par
un Programme Latin et François , impri
’mé en 1731, qui ‘n’est venu que‘ depuis
à notre connaissance. lîsuraisons qui ont porté l’AOutneuyr àtrcooumve
poser cet Ouvrage; la maniere dontil a
eré distribué et dont il doit être imprimé ,‘
suivant l'étendue‘ et Perdre du Manuscrit
de l’Auteu-r. _
L’Auteur du Programme passe ensuite
au dessein et à la division de l’Ouvrage s
il fait remarquer jusquï‘: quel point ce
Dictionnaire se multiplie par le moyen du.
Latin , et quelle est son utilité. Il donne:
une idée generale des 72 Dictionnaires
que ces neuf Langues fournissent, et que
ce
4 4 k Ë
Î JA.N'V I E R.‘ 1733.‘ d 9g‘
ce Glossaire explique dans route leur‘
êtenduèäfll fait voir la difietence de cet’
Ouvrage d’avec les autres Dictionnaires
en plusieurs Langues : il donne ensuite le‘
Prospectus de POuvrage et de ses parties ;
après quoi il fait quelques remarques qui _
servent à entendre Pample détail qu’il‘
donne enouize de ces Dictionnaires , qui;
montent jusqu’â 144.. Il y a joint une‘
Méthode en faveur de ceux qui ne sça
vent pas le Latin , quoique le Latin soit
la clef de ce Dictionnaire , pour qu’ils
' puissent s’en servir utilement à apprendre
es Langues qu’ils veulent sçavoit. _
-» On y trouve enfin dans la Conclusion
du Programme un ex osé de la capacité
du Pere Cassien danslp
Eanguts, papacité que quelques Curieux
ont trouvee msques dans le nom de ce
Pere. Les Approbations terminent le Pro
gramme.
» Voilà, pour ainsi dire, une Esquisse du
Glossaire , disons quelque chose des ce
que le Programme rapporte en détail.
Nous y apprenons que le R. P. Cassien
plein d’un zele ‘tout-âfait loüable , réso
lut de donner en faveur de ‘ceux qui pot-i
tent parmi les Nations la prédication de
lOEvangile , un Dictionnaire qui pût leur
a connoissancc des
faciliter la cqnnoissance des Langues , qui.
SQÏXÎ
n
,4. MERCURE DE "FRANC!
sont les plus étenduës dans Plîurope.‘
Comme il les possedoit parfaitement , il
résolut d'abord de donner un Dictionnai
re en six Langues , sçavolt le Latin , le
François , l‘Italien , l’Anglois , le Grec
Littcral et le Grec Vulgaire. Ce Diction
naire devoir par le moyen du Latin Four
nir jusqifä trente Dictionnaires: en effet ,1
il le composa et en» fit même imprimer;
le Projet: il en ajoûta ensuite trois autres,‘
sçavoir l’Hebreu , l’vAllemand et l’Es a
gnol. Pour l’Allemand il en a acheve le
premierxDictiontiaitc , quiest de l’Alle
mand en François et en Latin ; mais pour
le second qui est celui du Latin en Fran
çois et en Allemand ,il ne pût Fachever,
prévenu par la mort.
M. de Vogel, à la sollicitation du Pere
Urse Capucin , a suppléé à cette perte ,
et c’est à ses travaux que le Public est re
devable de la perfection de ce Diction-q
mire. L’Ouvrage est divisé en deux par
tiez. : dans la premiereJes mots latins sont
expliquez dans les huit autres Langues g
dans la seconde , les huit Langues séparé
ment sont traduites en Latin. Or , en
multi liant les raports avec lacs Langues qu'ondeecxepslieqxupeli,caettiodnes
ces Langues les unes avec les autres , on.
montre que ce Dictionnaire qui fait envi...
. Ion
JANVIER} .1733." 9;‘
ron deux volumes In folio , tient lieu de
r44. Dictionnaires , dont l'acquisition se
roit impossible à bien des personnes. De—'__
là on apperçoit facilement l'utilité et tout
l'avantage de ce Glossaire. Il sufiira pour
faire connoîrre le mérite de cet Ouvrage
de faire remarquer que M. l’Abbî- Renau
a6: , qui ,' comme l’on sçait , avoir des
connoissances si profondes et si étenduës
sur les Langues , en fit Péloge dans Pap
probation qu'il donna àPAuteuren 171 r.
rapportée à lafin du Projet.
Nbublions pas d’avertir les Libraires
q-uo le Programme détaille en particulier,
la maniere dont ils doivent im rimer ce
Dictionnaire , et la forme qu’i s lui doi
vent donner _, eu égard au nombre et à la
grandeur des volumes dans lesquels ils le
distribueront. Le Programme se trouve
à Paris chez le sieur LangloisJm primeur,
ruë S. Etienne d’Egrès , au bon Pas:
tout.
Fermer
Résumé : Glossaire en neuf Langues, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Glossarium Enzementicum m4 Dictia-î', également connu sous le nom de 'Dictionnaire neuf Langues'. Cet ouvrage posthume du Père Cassien, capucin, vise à faciliter la connaissance des langues les plus répandues en Europe. Il inclut le latin, le français, l'italien, l'anglais, l'espagnol, l'allemand, l'hébreu, le grec littéral et le grec vulgaire. Structuré en soixante-douze dictionnaires complets, il est utile tant pour les lettrés que pour ceux n'ayant aucune connaissance de latin, comme les femmes et d'autres personnes limitées à leur langue maternelle. L'ouvrage a été annoncé par un programme latin et français imprimé en 1731. Le Père Cassien, motivé par le désir de faciliter la prédication de l'Évangile, avait initialement prévu un dictionnaire en six langues, mais en a finalement ajouté trois autres. M. de Vogel a complété l'œuvre après la mort du Père Cassien. Le dictionnaire est divisé en deux parties : la première explique les mots latins dans les huit autres langues, et la seconde traduit les huit langues en latin. Ainsi, il équivaut à cent quarante-quatre dictionnaires, rendant son acquisition plus accessible. Le programme détaille également la méthode d'impression et de distribution de l'ouvrage, disponible chez le sieur Langlois à Paris. L'Abbé Renaudot, connu pour ses profondes connaissances linguistiques, a approuvé l'ouvrage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 507-523
Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, T. VI. [...]
Mots clefs :
Médecine, Médecins, Histoire, Amsterdam, Remèdes, Raison, Lois, Préface, Corps, Latin, Canini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISONNE'E des
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Fermer
Résumé : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil de la Bibliothèque Raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe pour l'année 1734, publié à Amsterdam. Il met en avant plusieurs ouvrages notables, dont 'Amenitez de Médecine' de Dan. Vink. Cet ouvrage explore l'origine, les progrès, l'excellence et la nécessité de la médecine, ainsi que les abus actuels de cette profession. L'auteur souligne que la médecine, ayant pour objet l'homme, est préférable à tous les autres arts, mais les abus fréquents la rendent moins estimable. Le texte mentionne également des pratiques anciennes, comme les méthodes de traitement des maladies chez les Babyloniens et les Assyriens, et les privilèges des prêtres malabares en matière de médecine. D'autres ouvrages cités incluent 'Les Voyages et Aventures du Capitaine Robert Boyle' et 'Histoire de la Médecine' de M. Schulze, qui couvre la médecine depuis ses débuts jusqu'à l'an 412 de Rome. Le texte aborde également la médecine gymnastique des Grecs et l'évolution des duels, une pratique introduite par des peuples barbares et adoptée par divers peuples européens. Les duels étaient utilisés pour purger des crimes et étaient réglementés par des lois et des ordres de chevalerie. Le texte conclut en discutant des difficultés à éradiquer les préjugés liés au point d'honneur et à l'usage des duels. Le texte présente également une liste de divers ouvrages et articles publiés entre 1731 et 1733. Parmi ces publications, on trouve des réfutations et des défenses de positions philosophiques et religieuses. Par exemple, 'REFUTATION des Erreurs de Benoît de Spinosa' par M. de Fénelon, le P. Lami et le Comte de Boulainvilliers, qui inclut une biographie de Spinoza écrite par Jean Colerus. Un autre ouvrage notable est 'L'UTILITE, LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE de la Révélation Chrétienne' par Jacques Foster, qui défend la religion chrétienne contre un livre récent. Le texte mentionne également des traités juridiques et historiques, comme 'TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins' par Everard Otton et 'IMAGES DES HEROS et des Grands Hommes de l'Antiquité' par Jean-Ange Canini, illustré par Picart. Enfin, le texte discute de l'établissement d'une imprimerie à Constantinople et des ouvrages qu'elle produit, tels que des histoires des antiquités égyptiennes et des calendriers des califes. Plusieurs erreurs typographiques sont également corrigées dans le texte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 659-666
RÉPONSE à la Lettre inserée dans le Mercure du mois dernier, au sujet du nom de Bordeaux ou Bourdeaux.
Début :
L'habitude dans laquelle je vois presque tout le monde, Monsieur, de [...]
Mots clefs :
Bordeaux, Ville, Latin, Prononciation, Étymologie, Burdigala, Langue, Garonne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à la Lettre inserée dans le Mercure du mois dernier, au sujet du nom de Bordeaux ou Bourdeaux.
REPONSE à la Lettre inseree dans
le Mercure du mois dernier , au sujet
du nom de Bordeaux ou Bourdeaux.
Lo
'Habitude dans laquelle je vois pres
toute
que tout le monde , Monsieur , de
dire et d'écrire Bordeaux et non Bourdeaux
, ne m'a pas empêché de trouver
tout ce que vous dites pour soutenir ce
dernier sentiment , fort ingénieux ; mais
trouvez bon aussi que je vous dise ce
qu'on peut alleguer en faveur de Bordeaux.
Je ne conviens pas dabord que cette
derniere prononciation ne soit fondée
que
660 MERCURE DE FRANCE
que sur l'imagination de ceux qui ont
crû que cette Ville avoit pris son nom
du bord des Eaux où elle est située . Leur
raison pourroit y avoir encore plus de
part , et s'il n'est rien de si ordinaire que
de donner aux hommes des noms pris
des lieux de leur naissance , n'aura- t'il
pas été permis aux Fondateurs de cette
Ville d'avoir tiré son nom de sa situation
et de l'avoir appellée Bordeaux , à
cause qu'ils l'avoient bâtie sur le bord
des eaux Elle est , en effet , toute entourée
d'eaux , ayant au Levant celles de
la Garonne ; au Couchant , celles qui
viennent des Landes , qui forment pendant
quelques mois une petite Mer au
derriere du Palais Archiepiscopal , et au
Midy , les Ruisseaux qui viennent de
Begle , ce qui a fait porter à cette Capitale
de la Guyenne le nom de Bordeaux
, par une très- juste et très - judicieuse
Etymologie.
S'il se trouve quelques Auteurs qui
l'ayent nommée Bourdeaux , en y ajou
tant un u , il faut plutôt regarder cette
addition comme un deffaut du Pays et
une corruption du nom , que comme une
prononciation naturelle.
Ainsi , puisque nous trouvons la véritable
cause de ce nom dans la propre
assiette
AVRIL. 1733. 661
assiette de la Ville , il est inutile d'aller
la chercher dans ces sales idées de débauche
; car quel rapport y a t'il entre
les bords de ces eaux et ses endroits qu'on
ne sçauroit nommer sans blesser la pudeur?
L'exemple d'un Romain , qui par
magnificence , fait poser des Tentes sur
un Rivage , et qui s'y va réjouir avec de
petites Bourgeoises, parmi tous les excès de
la profusion et du luxe , n'établit aucune
preuve de l'allusion que vous faites.
Quoiqu'Ausone ait dit que Bordeaux
étoit le lieu de sa naissance , Burdigala
natale solum , ce n'est pas une conséquence
que le mot Latin Burdigala soit plus
ancien que celui que cette Ville porte
aujourd'hui , se pouvant faire qu'il ait
été inconnu dans la Guyenne jusqu'au
temps que les Romains conquirent cette
Province et que les vaincus commencerent
à y parler la Langue des vainqueurs,
c'est- à - dire , près de deux siecles et demi
avant la naissance d'Ausone.
Ce n'est donc pas dans le Latin qu'on
doit chercher l'origine du nom de Bordeaux
, et il semble que vous en convenez
, puisque vous voulez bien avoir
recours au Ruisseau de la Bourde et de
Falle , qui sont deux noms que la Latinité
ne revendiquera jamais. Ils ne sont
pas,
662 MERCURE DE FRANCE
- pas , dites - vous , éloignez de la Ville ;
vous en portez vous- même la preuve ,
puisque vous les faites entrer dans la Garonne
par l'endroit où est à présent l'Eglise
S. Pierre ; mais , Monsieur , tout le
monde ne conviendra pas avec vous de
la jonction que vous faites de ces deux
Ruisseaux , étant très - constant que la
Bourde se décharge dans la Garonne à
un quart de lieue au -dessus de Bordeaux
et la Jalle a plus d'une licüe au - dessous.
Il n'y a pas même d'apparence qu'un petit
Ruisseau tel que la Bourde , presque
inconnu , ait donné le nom à une grande
Ville arrosée de la Garonne et entou
rée de Marais .
Laissant donc là la Bourde , vous me
permettrez , s'il vous plaît , Monsieur ,
de m'en tenir à mon premier sentiment.
Je demeure d'accord que l'u des Latins
se change souvent dans le François en
ou; les exemples que vous en citez sont
familiers , mais vous ne disconviendrez
pas aussi que les Gascons ne changent
l'o des François en ou ; par exemple , nous
disons en François mordu , corde , borner ,
orner , border , cocher , orme , & c . et les
Gascons changeant l'o en on , disent mourdt
, courde , bourna , ourna , bourda , couchei,
ourme , &c. ce qui fait qu'au lieu de
proAVRIL.
1733 663
prononcer Bordeaux , conformément à
son Etymologie , on a prononcé en Gascon
Bourdeaux , et comme cette prononciation
a été generale , lorsque dans la
suite on a parlé François , on y a retenu
l'ou de la prononciation Gasconne , et delà
vient qu'on a dit Bourdeaux , le vulgaire
par ignorance , et les habiles gens par fau
te d'attention . Il s'en est cependant trouvé
qui ont retenu la pureté de la prononciation
Françoise, et qui out dit Bordeaux
, suivant l'Etymologie naturelle du
nom. Tels sont le P. Monet et l'illustre
M. Nicod , Maitre des Requêtes , dans
les deux sçavans Dictionnaires qu'ils ont
faits , où ils ne paroissent pas moins habiles
dans lå Langue Françoise que dans
la Latine. Calepin prononce Bordeaux
comme eux , et Michel - Antoine Baudran
dans sa Géographie , imprimée à Paris
en 1661. expliquant ces mots Burdigalensis
ager , dit , le Pays Bordelois. Burdipalensis
sinus , la Baye de Bordeaux .
Vous m'opposerez , sans doute , que
ces autoritez ne sont pas du poids de
celles de M. le Maître , de M. Pelisson
et du Pere Bouhours ; mais je répondrai
à l'égard de ce dernier , que s'il a décidé
en faveur de Bourdeaux , peut - être
ya- t'il eu dans sa décision un peu d'amour
664 MERCURE DE FRANCE
mour
propre ,
en conservant
l'ou dans
la premiere
sillabe du nom de Bourdeaux
,
parce qu'il se trouve dans la premiere
du sien. Pour l'autorité
de M. le Maître,
il se peut faire que quand il a composé
son Plaidoyer
, il se soit plus attaché à
la substance
des choses , qu'à l'écorce des
paroles , suivant la maxime
du Jurisconsulte.
Scire leges non est earum verba , seď
mentem tenere .
Lorsque M. Pelisson a écrit l'Histoire
de l'Académie , il n'a pas prétendu y
donner des regles pour la Langue , non
plus que M. le Maître dans son Plaidoyer.
Les Géographes que vous alleguez ont
laissé Bourdeaux écrit dans leurs Cartes,
comme ils l'ont trouvé dans celles qu'ils
ont réformées , et ils n'ont eu en vûë
que cette réformation et non pas celle
de la Langue ; en un mot, il faut toû
jours revenir à l'ancienne Etymologie ,
qui se trouvant autorisée par l'usage , on
ne doit pas balancer à se déterminer en
sa faveur. Ainsi l'usage d'aujourd'hui
étant pour Bordeaux , comme on peut le
remarquer en tous ceux qui parlent le
mieux , il faut suivre, cet usage qui n'a
rien que de doux et d'agréable à l'oreille.
Après le Latin vous avez eu recours au
Grec. Les Grecs prononcent , dites - vous,
Bour
AVRIL. 1733. 665
Bourdegala , le François qui a beaucoup
d'affinité avec le Grec , selon vous , doit
retenir la prononciation de l'ou; mais puisque
notre Langue n'en a pas moins avec
le Latin , qui de votre aveu , prononce
l'u comme les Grecs , témoin yotre Loucoullous
, il faudroit par la même raison
prononcer les venant du Latin ;
comme s'il y avoit ou. Ainsi au lieu de
muse , venant de musa , on diroit mouse ,
au lieu de peinture , pictura , on diroit
peintoura , ce qui produiroit de très - grandes
difformitez dans la Langue , et montre
assez que dans la prononciation Françoise
, on ne doit avoir égard ni à la Grecque
ni à la Latine , et qu'il faut suivre
uniquement celle qui se trouve établic
par le bel usage.
Mais enfin , Monsieur , pourquoi voulez
-vous persuader que Bordeaux vienne
de Burdigala , puisqu'il est plus naturel
que Burdigala ait été formé de Bordeaux,
cette Ville , comme je l'ai déja remarqué,
ayant été très- considerable , suivant le
témoignage de Strabon , dans le temps
que les Romains y mirent le pied ? Ainsi
le nom de Bordeaux imposé à la Ville
par ceux qui la bâtirent , étoit plus ancien
que le Latin Burdigala , à moins de
dire , pour favoriser notre décision que
Bur666
MERCURE DE FRANCE
Burdigala est composé du mot Espagnol
Burgo. , qui signifie Bourg , et de Gala ,
qui veut dire propreté et bonne grace ;
desorte la Ville n'étant encore qu'une
que
Bourgade dans son commencement , il
se pourroit faire qu'elle fût appellée par
ses Habitans , qui avoient eû , sans doute,
commerce avec les Espagnols , et qui parloient
quelque peu leur langage , Burgo
de Gala , c'est - à- dire , Bourg dont les Habitans
étoient propres et de bon air , et
par succession de temps , en retranchant
go , on en fit Burdegala , qui est le mot
Latin dont l'origine vous a assez occupé.
Voilà , Monsieur , une Etymologie heureuse
, puisqu'elle a l'avantage de tomber
dans votre sens , et elle ne convient pas
mal aux Habitans de cette Ville , singulierement
aux femmes , n'y en ayant gueres
ailleurs qui se mettent plus propre.
ment. Mais puisque je vous donne une
Etymologie qui doit , sans doute , vous
faire plaisir , vous ferez bien cette justice
au Public de lui passer celle de Bordeaux
et de ne pas refuser aux Rivages de cette
Ville qui présentent à toutes les Nations
un abord si agréable , l'honneur de lui
avoir donné le nom. Je suis , &c.
le Mercure du mois dernier , au sujet
du nom de Bordeaux ou Bourdeaux.
Lo
'Habitude dans laquelle je vois pres
toute
que tout le monde , Monsieur , de
dire et d'écrire Bordeaux et non Bourdeaux
, ne m'a pas empêché de trouver
tout ce que vous dites pour soutenir ce
dernier sentiment , fort ingénieux ; mais
trouvez bon aussi que je vous dise ce
qu'on peut alleguer en faveur de Bordeaux.
Je ne conviens pas dabord que cette
derniere prononciation ne soit fondée
que
660 MERCURE DE FRANCE
que sur l'imagination de ceux qui ont
crû que cette Ville avoit pris son nom
du bord des Eaux où elle est située . Leur
raison pourroit y avoir encore plus de
part , et s'il n'est rien de si ordinaire que
de donner aux hommes des noms pris
des lieux de leur naissance , n'aura- t'il
pas été permis aux Fondateurs de cette
Ville d'avoir tiré son nom de sa situation
et de l'avoir appellée Bordeaux , à
cause qu'ils l'avoient bâtie sur le bord
des eaux Elle est , en effet , toute entourée
d'eaux , ayant au Levant celles de
la Garonne ; au Couchant , celles qui
viennent des Landes , qui forment pendant
quelques mois une petite Mer au
derriere du Palais Archiepiscopal , et au
Midy , les Ruisseaux qui viennent de
Begle , ce qui a fait porter à cette Capitale
de la Guyenne le nom de Bordeaux
, par une très- juste et très - judicieuse
Etymologie.
S'il se trouve quelques Auteurs qui
l'ayent nommée Bourdeaux , en y ajou
tant un u , il faut plutôt regarder cette
addition comme un deffaut du Pays et
une corruption du nom , que comme une
prononciation naturelle.
Ainsi , puisque nous trouvons la véritable
cause de ce nom dans la propre
assiette
AVRIL. 1733. 661
assiette de la Ville , il est inutile d'aller
la chercher dans ces sales idées de débauche
; car quel rapport y a t'il entre
les bords de ces eaux et ses endroits qu'on
ne sçauroit nommer sans blesser la pudeur?
L'exemple d'un Romain , qui par
magnificence , fait poser des Tentes sur
un Rivage , et qui s'y va réjouir avec de
petites Bourgeoises, parmi tous les excès de
la profusion et du luxe , n'établit aucune
preuve de l'allusion que vous faites.
Quoiqu'Ausone ait dit que Bordeaux
étoit le lieu de sa naissance , Burdigala
natale solum , ce n'est pas une conséquence
que le mot Latin Burdigala soit plus
ancien que celui que cette Ville porte
aujourd'hui , se pouvant faire qu'il ait
été inconnu dans la Guyenne jusqu'au
temps que les Romains conquirent cette
Province et que les vaincus commencerent
à y parler la Langue des vainqueurs,
c'est- à - dire , près de deux siecles et demi
avant la naissance d'Ausone.
Ce n'est donc pas dans le Latin qu'on
doit chercher l'origine du nom de Bordeaux
, et il semble que vous en convenez
, puisque vous voulez bien avoir
recours au Ruisseau de la Bourde et de
Falle , qui sont deux noms que la Latinité
ne revendiquera jamais. Ils ne sont
pas,
662 MERCURE DE FRANCE
- pas , dites - vous , éloignez de la Ville ;
vous en portez vous- même la preuve ,
puisque vous les faites entrer dans la Garonne
par l'endroit où est à présent l'Eglise
S. Pierre ; mais , Monsieur , tout le
monde ne conviendra pas avec vous de
la jonction que vous faites de ces deux
Ruisseaux , étant très - constant que la
Bourde se décharge dans la Garonne à
un quart de lieue au -dessus de Bordeaux
et la Jalle a plus d'une licüe au - dessous.
Il n'y a pas même d'apparence qu'un petit
Ruisseau tel que la Bourde , presque
inconnu , ait donné le nom à une grande
Ville arrosée de la Garonne et entou
rée de Marais .
Laissant donc là la Bourde , vous me
permettrez , s'il vous plaît , Monsieur ,
de m'en tenir à mon premier sentiment.
Je demeure d'accord que l'u des Latins
se change souvent dans le François en
ou; les exemples que vous en citez sont
familiers , mais vous ne disconviendrez
pas aussi que les Gascons ne changent
l'o des François en ou ; par exemple , nous
disons en François mordu , corde , borner ,
orner , border , cocher , orme , & c . et les
Gascons changeant l'o en on , disent mourdt
, courde , bourna , ourna , bourda , couchei,
ourme , &c. ce qui fait qu'au lieu de
proAVRIL.
1733 663
prononcer Bordeaux , conformément à
son Etymologie , on a prononcé en Gascon
Bourdeaux , et comme cette prononciation
a été generale , lorsque dans la
suite on a parlé François , on y a retenu
l'ou de la prononciation Gasconne , et delà
vient qu'on a dit Bourdeaux , le vulgaire
par ignorance , et les habiles gens par fau
te d'attention . Il s'en est cependant trouvé
qui ont retenu la pureté de la prononciation
Françoise, et qui out dit Bordeaux
, suivant l'Etymologie naturelle du
nom. Tels sont le P. Monet et l'illustre
M. Nicod , Maitre des Requêtes , dans
les deux sçavans Dictionnaires qu'ils ont
faits , où ils ne paroissent pas moins habiles
dans lå Langue Françoise que dans
la Latine. Calepin prononce Bordeaux
comme eux , et Michel - Antoine Baudran
dans sa Géographie , imprimée à Paris
en 1661. expliquant ces mots Burdigalensis
ager , dit , le Pays Bordelois. Burdipalensis
sinus , la Baye de Bordeaux .
Vous m'opposerez , sans doute , que
ces autoritez ne sont pas du poids de
celles de M. le Maître , de M. Pelisson
et du Pere Bouhours ; mais je répondrai
à l'égard de ce dernier , que s'il a décidé
en faveur de Bourdeaux , peut - être
ya- t'il eu dans sa décision un peu d'amour
664 MERCURE DE FRANCE
mour
propre ,
en conservant
l'ou dans
la premiere
sillabe du nom de Bourdeaux
,
parce qu'il se trouve dans la premiere
du sien. Pour l'autorité
de M. le Maître,
il se peut faire que quand il a composé
son Plaidoyer
, il se soit plus attaché à
la substance
des choses , qu'à l'écorce des
paroles , suivant la maxime
du Jurisconsulte.
Scire leges non est earum verba , seď
mentem tenere .
Lorsque M. Pelisson a écrit l'Histoire
de l'Académie , il n'a pas prétendu y
donner des regles pour la Langue , non
plus que M. le Maître dans son Plaidoyer.
Les Géographes que vous alleguez ont
laissé Bourdeaux écrit dans leurs Cartes,
comme ils l'ont trouvé dans celles qu'ils
ont réformées , et ils n'ont eu en vûë
que cette réformation et non pas celle
de la Langue ; en un mot, il faut toû
jours revenir à l'ancienne Etymologie ,
qui se trouvant autorisée par l'usage , on
ne doit pas balancer à se déterminer en
sa faveur. Ainsi l'usage d'aujourd'hui
étant pour Bordeaux , comme on peut le
remarquer en tous ceux qui parlent le
mieux , il faut suivre, cet usage qui n'a
rien que de doux et d'agréable à l'oreille.
Après le Latin vous avez eu recours au
Grec. Les Grecs prononcent , dites - vous,
Bour
AVRIL. 1733. 665
Bourdegala , le François qui a beaucoup
d'affinité avec le Grec , selon vous , doit
retenir la prononciation de l'ou; mais puisque
notre Langue n'en a pas moins avec
le Latin , qui de votre aveu , prononce
l'u comme les Grecs , témoin yotre Loucoullous
, il faudroit par la même raison
prononcer les venant du Latin ;
comme s'il y avoit ou. Ainsi au lieu de
muse , venant de musa , on diroit mouse ,
au lieu de peinture , pictura , on diroit
peintoura , ce qui produiroit de très - grandes
difformitez dans la Langue , et montre
assez que dans la prononciation Françoise
, on ne doit avoir égard ni à la Grecque
ni à la Latine , et qu'il faut suivre
uniquement celle qui se trouve établic
par le bel usage.
Mais enfin , Monsieur , pourquoi voulez
-vous persuader que Bordeaux vienne
de Burdigala , puisqu'il est plus naturel
que Burdigala ait été formé de Bordeaux,
cette Ville , comme je l'ai déja remarqué,
ayant été très- considerable , suivant le
témoignage de Strabon , dans le temps
que les Romains y mirent le pied ? Ainsi
le nom de Bordeaux imposé à la Ville
par ceux qui la bâtirent , étoit plus ancien
que le Latin Burdigala , à moins de
dire , pour favoriser notre décision que
Bur666
MERCURE DE FRANCE
Burdigala est composé du mot Espagnol
Burgo. , qui signifie Bourg , et de Gala ,
qui veut dire propreté et bonne grace ;
desorte la Ville n'étant encore qu'une
que
Bourgade dans son commencement , il
se pourroit faire qu'elle fût appellée par
ses Habitans , qui avoient eû , sans doute,
commerce avec les Espagnols , et qui parloient
quelque peu leur langage , Burgo
de Gala , c'est - à- dire , Bourg dont les Habitans
étoient propres et de bon air , et
par succession de temps , en retranchant
go , on en fit Burdegala , qui est le mot
Latin dont l'origine vous a assez occupé.
Voilà , Monsieur , une Etymologie heureuse
, puisqu'elle a l'avantage de tomber
dans votre sens , et elle ne convient pas
mal aux Habitans de cette Ville , singulierement
aux femmes , n'y en ayant gueres
ailleurs qui se mettent plus propre.
ment. Mais puisque je vous donne une
Etymologie qui doit , sans doute , vous
faire plaisir , vous ferez bien cette justice
au Public de lui passer celle de Bordeaux
et de ne pas refuser aux Rivages de cette
Ville qui présentent à toutes les Nations
un abord si agréable , l'honneur de lui
avoir donné le nom. Je suis , &c.
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Résumé : RÉPONSE à la Lettre inserée dans le Mercure du mois dernier, au sujet du nom de Bordeaux ou Bourdeaux.
Le texte discute de l'orthographe correcte du nom de la ville de Bordeaux. L'auteur reconnaît les arguments en faveur de 'Bourdeaux' mais soutient que 'Bordeaux' est la prononciation correcte. Il explique que 'Bordeaux' dérive de la situation géographique de la ville, entourée d'eaux, et que cette étymologie est plus logique que les autres propositions. L'auteur rejette l'idée que 'Bourdeaux' soit une corruption du nom et affirme que l'ajout du 'u' est une erreur. Il cite plusieurs auteurs et dictionnaires qui utilisent 'Bordeaux' et critique ceux qui préfèrent 'Bourdeaux' pour des raisons de vanité ou de négligence. L'auteur conclut que l'usage actuel et l'étymologie naturelle du nom favorisent 'Bordeaux'. Il propose également une étymologie alternative selon laquelle 'Burdigala' pourrait dériver de 'Bordeaux', mais il insiste sur le fait que 'Bordeaux' est le nom originel et correct.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 865-869
MISSIVE de l'Infante de MALCRAIS, au Chevalier de LEUCOTECE, en réponse à la sienne, inserée dans le premier volume du Mercure de Decembre, page 2570.
Début :
Preux Paladin, fameux en courtoisie, [...]
Mots clefs :
Italien, Roland furieux, Brutus , Épée, Latin, Malcrais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MISSIVE de l'Infante de MALCRAIS, au Chevalier de LEUCOTECE, en réponse à la sienne, inserée dans le premier volume du Mercure de Decembre, page 2570.
MISSIVE de l'Infante de MALCRAIS ,
au Chevalier de LEUCOTE CE , en réponse
à la sienne , inserée dans le premier
volume du Mercure de Decembre , page
2570.
Preux Paladin , fameux en courtoisie „,
Qui publiez à ma gloire un Cartel ,
Et défiez, piqué par jalousie ,.
Trois Chevaliers peu chiches de leur pel :
Bien que d'effroi pantoisante , et transie 2
I Voyez Villon , dans la Ballade de son appels
toute Bête garde sa pel ..
2 On disoit aussi Pantoiser , pour
Galeine. Academie Erançoise.
dire la courte
Bvj
OUL
་
866 MERCURE DE FRANCE
Pour quelqu'un d'eux je craigne un coup mor
tel ;
Endemetiers 3 , à noble fantaisie ,
Honneur dois rendre , et veux , n'en doutez
mie ,
Pour ce , du moins vous donner un Châtel •
Quand j'en aurai , s'entend , s'il prend envie
Au Rɔy des Francs , par contrat solemnel
De m'en vendre un à crédit éternel ,
Ja ne cuidez que pourtant sans faillie ,
Homme et Harnois soient en votre baillie
Et que puissiez , sans moult y périller
Conduire à chef chaude et brave avanture ,
Escus desrompre , et hauberts desmailler ,
Tout comme Argi e enfondre triple armure.
Le cas n'est hoc ; fussiez - vous sur Bayard , 4
>
3 Endemétiers , mot ancien, dont s'est servi Alain
Chartier , dans le débat du Reveille matin. Du
Chesne , après avoir dit que ce terme signfie , cependant
, se figure qu'il est dérivé du latin , intercadum
;pour moi e croirois avec tout le respect
que je lui dois , qu'il tire son origine de l'expression
Italienne , è dimesi re, il faut , il convient, quoique
la cons'ruction de la Phrase , dont cette expression
fait partie en Italien , soit n peu differente de
la construction françoise , où cependant, demeure,
pour ainsi dire , isolé.
4 Arioste dans le Poëme de Roland furieux, chant.
5. Sect.74. fait de cefameux Cheval de Renant de
Montauban l'élog: qui suit :
Ne' calci tal passa harca il Cavallo ,
C'hauria spezzato un Monte di metallo.
Cein
MAY. 17337
867
Ceindriez-vous l'illustre Balisarde , s
Qui d'un Héros , fit souvent un fuyard ,
Votre pourpoint bel et bien s'y hazarde,
Emmi Soudarts qui viendront ferraillant
Voltairio Chevalier parvaillant ,
Fait en champ clos tournoyer une Epée ,
Forte , et luisante , enfin acier trempée ;
Et qui plus est , bien qu'il soit bon Jousteur ;
Le vieux Merlin n'étoit pire enchanteur. 6
Tout l'Ost 7 Turquois ne soûtiendroit sa vûë ;
Coint et faitis , l'invincible Guerrier ,
Tenant en main baguette de Laurier ,
Vous les sçauroit , comme poudre menuë ,
Esparpiller , où s'il n'avoit loisir
De faire exploit de sa vertu connuë ,
A son secours veriez en hâte Issir. 8
Des creux Enfers , où bien fort leur ennuye
5 Balisarda , c'étoit le nom de l'Epée de Roger ,
comme Durindana étoit celui de l'Epée de Roland
Se Durindana , è Balisarda taglia ,
Sapete , è quanto in queste , mani vaglia.
Ariost Rol. fur . c. 30. St 51.
6 Voyez dans le chant de Roland furieux , 3
description de la Groste enchantée de Merlin.
Lax
7 Ost , vieux mot , qui signifie Armée ; il est
dérivé du latin Hostis .
8 Issir , vient de l'Italien Usire , en François ,
Sortir.
Brutus
68 MERCURE DE FRANCE
Brutus , Herode , au front plus noir que suye
Et vous feroient sur l'arêne gésir. ro
Point n'ignorez , ô tres-valeureux Sire
Que le Romain qu'orgueil engrillonna ,
Sa géniture à mort abandonna ,
Qu'à l'autre un Rat fit son Epouse occire.
Partant jugez que ces tueurs de gens ,
Au fier combat volant comme à la danse
N'épargneront de vous bourrer la panse ::
Et ne craindront des Archers diligens ,
Par monts , par vaux , la poursuite empressée
Ains , aussi -tôt qu'étendu vous verront ,
Sur le terrain , de votre chair feront ,
Hachis , Ragout , Grillade et Fricassée
Puis à l'envi guayement vous grugeront.
Las ! quand s'aurois la fatale nouvelle ,
Qu'auriez subi fortune tant cruelle ,
D
Pour mon ainour ; que mon coeur plein d'es
moy ,
Se guémentant iroit en désarroy !
Donc , bien qu'ayez fait guerriere Apertise,.
Forcé Remparts , et Géants abbatus ,
Quand sériez même aussi vaillant qu'Artus ,
9 Allusion aux Tragedies de M, de Voltaire,
Mariamne et Brutus,
10. Gésir on Gir , infinitif de Gît ; en Italien ,
Giacere ; en latin Jacere.
11 Artus , Roy d'Angleterre , quifut tres - vail-
Fant , et qui établit P'Ordre des Chevaliers de Ia
Table Ronde..
Trois
MAY. 2733 .
Trois , quatre fois remirés l'entreprise..
Bon soir , Seigneur , je suis à toujours mais ,
Votre servante , Antoinette Malcrais..
Au Croisic , ce 29 de Janvier 173:30.
2. Cette façon de parler vient de l'Italien , Sem
gre mai , dont nous avons fait à tout jamais.
au Chevalier de LEUCOTE CE , en réponse
à la sienne , inserée dans le premier
volume du Mercure de Decembre , page
2570.
Preux Paladin , fameux en courtoisie „,
Qui publiez à ma gloire un Cartel ,
Et défiez, piqué par jalousie ,.
Trois Chevaliers peu chiches de leur pel :
Bien que d'effroi pantoisante , et transie 2
I Voyez Villon , dans la Ballade de son appels
toute Bête garde sa pel ..
2 On disoit aussi Pantoiser , pour
Galeine. Academie Erançoise.
dire la courte
Bvj
OUL
་
866 MERCURE DE FRANCE
Pour quelqu'un d'eux je craigne un coup mor
tel ;
Endemetiers 3 , à noble fantaisie ,
Honneur dois rendre , et veux , n'en doutez
mie ,
Pour ce , du moins vous donner un Châtel •
Quand j'en aurai , s'entend , s'il prend envie
Au Rɔy des Francs , par contrat solemnel
De m'en vendre un à crédit éternel ,
Ja ne cuidez que pourtant sans faillie ,
Homme et Harnois soient en votre baillie
Et que puissiez , sans moult y périller
Conduire à chef chaude et brave avanture ,
Escus desrompre , et hauberts desmailler ,
Tout comme Argi e enfondre triple armure.
Le cas n'est hoc ; fussiez - vous sur Bayard , 4
>
3 Endemétiers , mot ancien, dont s'est servi Alain
Chartier , dans le débat du Reveille matin. Du
Chesne , après avoir dit que ce terme signfie , cependant
, se figure qu'il est dérivé du latin , intercadum
;pour moi e croirois avec tout le respect
que je lui dois , qu'il tire son origine de l'expression
Italienne , è dimesi re, il faut , il convient, quoique
la cons'ruction de la Phrase , dont cette expression
fait partie en Italien , soit n peu differente de
la construction françoise , où cependant, demeure,
pour ainsi dire , isolé.
4 Arioste dans le Poëme de Roland furieux, chant.
5. Sect.74. fait de cefameux Cheval de Renant de
Montauban l'élog: qui suit :
Ne' calci tal passa harca il Cavallo ,
C'hauria spezzato un Monte di metallo.
Cein
MAY. 17337
867
Ceindriez-vous l'illustre Balisarde , s
Qui d'un Héros , fit souvent un fuyard ,
Votre pourpoint bel et bien s'y hazarde,
Emmi Soudarts qui viendront ferraillant
Voltairio Chevalier parvaillant ,
Fait en champ clos tournoyer une Epée ,
Forte , et luisante , enfin acier trempée ;
Et qui plus est , bien qu'il soit bon Jousteur ;
Le vieux Merlin n'étoit pire enchanteur. 6
Tout l'Ost 7 Turquois ne soûtiendroit sa vûë ;
Coint et faitis , l'invincible Guerrier ,
Tenant en main baguette de Laurier ,
Vous les sçauroit , comme poudre menuë ,
Esparpiller , où s'il n'avoit loisir
De faire exploit de sa vertu connuë ,
A son secours veriez en hâte Issir. 8
Des creux Enfers , où bien fort leur ennuye
5 Balisarda , c'étoit le nom de l'Epée de Roger ,
comme Durindana étoit celui de l'Epée de Roland
Se Durindana , è Balisarda taglia ,
Sapete , è quanto in queste , mani vaglia.
Ariost Rol. fur . c. 30. St 51.
6 Voyez dans le chant de Roland furieux , 3
description de la Groste enchantée de Merlin.
Lax
7 Ost , vieux mot , qui signifie Armée ; il est
dérivé du latin Hostis .
8 Issir , vient de l'Italien Usire , en François ,
Sortir.
Brutus
68 MERCURE DE FRANCE
Brutus , Herode , au front plus noir que suye
Et vous feroient sur l'arêne gésir. ro
Point n'ignorez , ô tres-valeureux Sire
Que le Romain qu'orgueil engrillonna ,
Sa géniture à mort abandonna ,
Qu'à l'autre un Rat fit son Epouse occire.
Partant jugez que ces tueurs de gens ,
Au fier combat volant comme à la danse
N'épargneront de vous bourrer la panse ::
Et ne craindront des Archers diligens ,
Par monts , par vaux , la poursuite empressée
Ains , aussi -tôt qu'étendu vous verront ,
Sur le terrain , de votre chair feront ,
Hachis , Ragout , Grillade et Fricassée
Puis à l'envi guayement vous grugeront.
Las ! quand s'aurois la fatale nouvelle ,
Qu'auriez subi fortune tant cruelle ,
D
Pour mon ainour ; que mon coeur plein d'es
moy ,
Se guémentant iroit en désarroy !
Donc , bien qu'ayez fait guerriere Apertise,.
Forcé Remparts , et Géants abbatus ,
Quand sériez même aussi vaillant qu'Artus ,
9 Allusion aux Tragedies de M, de Voltaire,
Mariamne et Brutus,
10. Gésir on Gir , infinitif de Gît ; en Italien ,
Giacere ; en latin Jacere.
11 Artus , Roy d'Angleterre , quifut tres - vail-
Fant , et qui établit P'Ordre des Chevaliers de Ia
Table Ronde..
Trois
MAY. 2733 .
Trois , quatre fois remirés l'entreprise..
Bon soir , Seigneur , je suis à toujours mais ,
Votre servante , Antoinette Malcrais..
Au Croisic , ce 29 de Janvier 173:30.
2. Cette façon de parler vient de l'Italien , Sem
gre mai , dont nous avons fait à tout jamais.
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Résumé : MISSIVE de l'Infante de MALCRAIS, au Chevalier de LEUCOTECE, en réponse à la sienne, inserée dans le premier volume du Mercure de Decembre, page 2570.
La missive de l'Infante de Malcrais, datée du 29 janvier 1733 au Croisic, est adressée au Chevalier de Leucote en réponse à un cartel publié par ce dernier dans le Mercure de décembre. L'Infante exprime sa préoccupation face aux trois chevaliers défiés par Leucote, bien qu'elle reconnaisse leur courtoisie et leur bravoure. Elle propose de lui offrir un château, à condition que le roi des Francs le lui vende à crédit éternel, permettant ainsi à Leucote de défendre ce château avec ses hommes et son équipement. Pour illustrer la dangerosité des adversaires, l'Infante fait référence à des œuvres littéraires telles que celles de Villon et Arioste. Elle évoque également des personnages historiques et mythologiques, comme Brutus et Hérode, pour souligner les risques encourus par Leucote. L'Infante conclut en exprimant son inquiétude pour sa sécurité et en lui souhaitant bonne chance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 2032-2033
LIVRES que Cavelier, Libraire à Paris, ruë S. Jacques, a nouvellement reçûs des Pays Etrangers.
Début :
Plutarchi vitae Parallelae cum singulis aliquot graecè et latinè ; adduntur variantes Lectiones ; [...]
Mots clefs :
Remèdes, Guérir, Medicina, Tractatus, Latin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRES que Cavelier, Libraire à Paris, ruë S. Jacques, a nouvellement reçûs des Pays Etrangers.
LIVRES que Cavelier , Libraire à
Paris , rue S. Jacques , a nouvellement
reçûs des Pays Etrangers.
Plutarchi vita Parallelæ cum singulis aliquot
græcè et latinè; adduntur variantes Lectiones;
recensuit Aug. Bryanus , Gr . Lat. 5. vol. in 4.
Londuni , 1729. Carta Imperiali.
MEMOIRES Secrets de la Cour de France , conte
nant les Intrigues du Cabinet pendant la Minorité
de Louis XIV . 3. volumes in 12.
Amst. 1733.
> NOVA Acta Eruditorum anno 1732 in
Lipsia.
4.
Gebaveri ( Georg . Christ . ) Anthologicarum
Dessertationum Liber , et Collegiorum Lipsiensium
Historia , in 8. Lipsia , 1733 .
Heisenii ( Henr. ) Oratio de Eloquentia vet.
Germanorum
, in 4. Brema , 1732.
RAV. ( Just. ) Philosophia Lactantii , in 8 .
Jena , 1733.
HEINNECCII ( Got. ) Fundamenta Stili Cultioris
, regulis perspicuis adornata , in 8. Lipsia
1733.
Bose ( Mat. ) Comment. in Eclipsim Terra
13. Maii 1733. in 4. Lipsia , 1733 .
DICTIONAIRE Médical , contenant la Méthode
la plus recevable pour connoître et guérir
les Maladies par des Remedes simples , &c.
On y a joint la Maladie des Chevaux , avec
les Remedes propres à les guérir , par I. G.
Docteur en Médecine. 2. vol . in 12. Bruxelles
, 1733.
DOUGLAS ( Jac. ) Descriptio Peritonæi et Membrana
Cellolaris , ex Anglico Latinè , versa.
cura
SEPTEMBRE . 1733 2033
cum Annotationibus Heisferi , in 8. Helmsfadii
, 1733 .
LILUM Lapideum , ex Commentatione Jo . Harembergi
, cum Fig. in 4. 1729.
BRUNKMANNI ( Fr. ) de Lapidibus Odoratis ,
in 4. Fig. Volfembutella , 1719 .
STENTZELII ( God . ) Medicina Theoretico
Practica , in 8. Francofurti , 1732.
Ejusd. Texicologia Pashologico - Medica ,
sive de venenis , in 4. Visemberga , 1733 .
STAHLII ( Georg ) . Experimenta, Observationes,
Animadversiones 300. Numero , Chimica et
Physicæ in 8. Berolini , 1731.
ADOLPHI ( MIC . ) Tractatus de Fontibus quibusdam
Soteriis , in . 8. Lipsia , i - 33.
HAHN ( Got. ) Variolarum Antiquitates , in 4.
Briga , 1733-
BELLINI ( Laur. ) de Urinis et Pulsibus Sangui
guinis Missione , Febribus , Capitis - Pectoris
que Morbis , cum Præfatione Boerhaave ,
in 4, Lipsia , 1731.
ALBERTI ( Mic. ) Tractatus de Hæmorrhoidi
bus , in 4. Hala , 1722.
Ejusd. Jurisprudentiæ Medicæ , Tomus tertius
, novis casibus Forensibus et Clinicis lo
cupletatus , in 4. Scheuberga , 1733 , N. B. en.
Allemand.
JUNCSTER ( Jo. Methodo Stahliana , Conspec
tus Medicina , Chirurgie , Therapiæ Formus
larum et Chemiæ , 5. vol . in 4. Hala.
Paris , rue S. Jacques , a nouvellement
reçûs des Pays Etrangers.
Plutarchi vita Parallelæ cum singulis aliquot
græcè et latinè; adduntur variantes Lectiones;
recensuit Aug. Bryanus , Gr . Lat. 5. vol. in 4.
Londuni , 1729. Carta Imperiali.
MEMOIRES Secrets de la Cour de France , conte
nant les Intrigues du Cabinet pendant la Minorité
de Louis XIV . 3. volumes in 12.
Amst. 1733.
> NOVA Acta Eruditorum anno 1732 in
Lipsia.
4.
Gebaveri ( Georg . Christ . ) Anthologicarum
Dessertationum Liber , et Collegiorum Lipsiensium
Historia , in 8. Lipsia , 1733 .
Heisenii ( Henr. ) Oratio de Eloquentia vet.
Germanorum
, in 4. Brema , 1732.
RAV. ( Just. ) Philosophia Lactantii , in 8 .
Jena , 1733.
HEINNECCII ( Got. ) Fundamenta Stili Cultioris
, regulis perspicuis adornata , in 8. Lipsia
1733.
Bose ( Mat. ) Comment. in Eclipsim Terra
13. Maii 1733. in 4. Lipsia , 1733 .
DICTIONAIRE Médical , contenant la Méthode
la plus recevable pour connoître et guérir
les Maladies par des Remedes simples , &c.
On y a joint la Maladie des Chevaux , avec
les Remedes propres à les guérir , par I. G.
Docteur en Médecine. 2. vol . in 12. Bruxelles
, 1733.
DOUGLAS ( Jac. ) Descriptio Peritonæi et Membrana
Cellolaris , ex Anglico Latinè , versa.
cura
SEPTEMBRE . 1733 2033
cum Annotationibus Heisferi , in 8. Helmsfadii
, 1733 .
LILUM Lapideum , ex Commentatione Jo . Harembergi
, cum Fig. in 4. 1729.
BRUNKMANNI ( Fr. ) de Lapidibus Odoratis ,
in 4. Fig. Volfembutella , 1719 .
STENTZELII ( God . ) Medicina Theoretico
Practica , in 8. Francofurti , 1732.
Ejusd. Texicologia Pashologico - Medica ,
sive de venenis , in 4. Visemberga , 1733 .
STAHLII ( Georg ) . Experimenta, Observationes,
Animadversiones 300. Numero , Chimica et
Physicæ in 8. Berolini , 1731.
ADOLPHI ( MIC . ) Tractatus de Fontibus quibusdam
Soteriis , in . 8. Lipsia , i - 33.
HAHN ( Got. ) Variolarum Antiquitates , in 4.
Briga , 1733-
BELLINI ( Laur. ) de Urinis et Pulsibus Sangui
guinis Missione , Febribus , Capitis - Pectoris
que Morbis , cum Præfatione Boerhaave ,
in 4, Lipsia , 1731.
ALBERTI ( Mic. ) Tractatus de Hæmorrhoidi
bus , in 4. Hala , 1722.
Ejusd. Jurisprudentiæ Medicæ , Tomus tertius
, novis casibus Forensibus et Clinicis lo
cupletatus , in 4. Scheuberga , 1733 , N. B. en.
Allemand.
JUNCSTER ( Jo. Methodo Stahliana , Conspec
tus Medicina , Chirurgie , Therapiæ Formus
larum et Chemiæ , 5. vol . in 4. Hala.
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Résumé : LIVRES que Cavelier, Libraire à Paris, ruë S. Jacques, a nouvellement reçûs des Pays Etrangers.
Le document énumère des livres récemment reçus par Cavelier, libraire à Paris, en provenance des Pays Étrangers. Parmi ces ouvrages figurent des biographies parallèles de Plutarque en grec et en latin, révisées par Aug. Bryanus, ainsi que les 'Mémoires Secrets de la Cour de France' relatant les intrigues pendant la minorité de Louis XIV. La liste inclut également les 'Nova Acta Eruditorum' de 1732, une dissertation de Georg. Christ. Gebaveri, et une oraison de Henr. Heisenii sur l'éloquence des anciens Germains. Des travaux sur la philosophie, la médecine, et les sciences naturelles sont également présents, tels que 'Philosophia Lactantii' de Just. Rav, 'Fundamenta Stili Cultioris' de Got. Heinneccii, et un 'Dictionnaire Médical' incluant des remèdes pour les chevaux. Des ouvrages sur l'anatomie, la minéralogie, et la toxicologie sont mentionnés, comme ceux de Jac. Douglas, Jo. Harembergi, et God. Stenzelii. Enfin, des traités sur la chimie, la variole, et les maladies spécifiques sont listés, incluant des travaux de Georg. Stahlii, Got. Hahn, et Laur. Bellini.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 2456-2458
LETTRE écrite de Perigueux à l'Auteur du Bureau Tipographique.
Début :
Il n'y a pas long-tems que j'ai reçû, Monsieur, la troisiéme Classe du Bureau Tipographique, [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Instructions, Enfant, Latin
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Perigueux à l'Auteur du Bureau Tipographique.
LETTRE écrite de Perigueux à l'Auteu
du Bureau Tipographique.
Il n'y apas long- tems que j'ai reçû, Monsieur,
la troisième Classe du Bureau Tipographique,
que je vous avois prié de m'envoyer . Ce Bureau
m'a
NOVEMBRE. 1733. 2457
m'a paru du premier abord remplir assez bien
l'idée que je m'en étois faite , sur le rapport de
ceux qui en ont vû l'exercice à Paris ; et quoique
j'y aye trouvé plusieurs choses dont j'ignore encore
l'usage , j'espere qu'en voyant les instructions
que vous avez déja données et celles que
vous pourrez donner dans la suite , je comprendrai
facilement tout ce qui me paroît obscur à
present.
Voici les principales difficultez qui m'embarassent
et ausquelles vous me ferez plaisir de répondre
, soit par les éclaircissemens generaux
que vous donnerez au Public dans l'Ouvrage
que vous faites imprimer , soit par les instructions
particulieres que vous m'avez promises .
Premierement , de deux Enfans que j'ai , l'un a
près de quatre ans , et l'autre n'en a pas encore
deux , je conçois , comme vous l'avez dit quelque
part , qu'un Enfant de trois à quatre ans
peut être amusé utilement aux jeux Tipographes
, mais celui de deux ans n'est- il pas encore
trop jeune pour cet exercice !
Secondement , vous conseillez , par rapport à
la lecture , de commencer par celle du Latin plu
tôt que par celle du François , cependant je trouve
bien des gens d'un avis contraire , de même
que sur la nouvelle dénomination des lettres ,
contre laquelle j'ai vû faire d'assez bonnes objec
tions. Autres questions à résoudre ; est- il croya
ble que par le seul moyen du Jeu Tipographique
et sans le secours des Livres , on puisse apprendre
à lire ensuite couramment par tour ? D'un :
autre côté , faut -il qu'un enfant âgé au moins
de sept à huit ans , scache lire avant que d'être
mis à l'écriture ?
Mais ce qui me fait le plus de peine à com- -
By prendre
2458 MERCURE DE FRANCE
prendre , c'est ce que vous nommez le Rudiment
Pratique de la Langue Latine. Il est vrai que je
n'ai point vû cette derniere partie de votre Sistême
, mais je vous avoue franchement que je
ne conçois presque rien à tout ce que l'on m'en
a dit , je ne conçois , dis-je , point , qu'on puisse
faire entrer dans des logettes ou sur des cartes
isolées , les premières notions de la Grammaire
Latine ni d'aucune autre Langue , et vous m'obligerez
fort si vous voulez bien vous donner
la peine de m'expliquer sur cela votre Méthode.
Je suis , Monsieur , & c.
du Bureau Tipographique.
Il n'y apas long- tems que j'ai reçû, Monsieur,
la troisième Classe du Bureau Tipographique,
que je vous avois prié de m'envoyer . Ce Bureau
m'a
NOVEMBRE. 1733. 2457
m'a paru du premier abord remplir assez bien
l'idée que je m'en étois faite , sur le rapport de
ceux qui en ont vû l'exercice à Paris ; et quoique
j'y aye trouvé plusieurs choses dont j'ignore encore
l'usage , j'espere qu'en voyant les instructions
que vous avez déja données et celles que
vous pourrez donner dans la suite , je comprendrai
facilement tout ce qui me paroît obscur à
present.
Voici les principales difficultez qui m'embarassent
et ausquelles vous me ferez plaisir de répondre
, soit par les éclaircissemens generaux
que vous donnerez au Public dans l'Ouvrage
que vous faites imprimer , soit par les instructions
particulieres que vous m'avez promises .
Premierement , de deux Enfans que j'ai , l'un a
près de quatre ans , et l'autre n'en a pas encore
deux , je conçois , comme vous l'avez dit quelque
part , qu'un Enfant de trois à quatre ans
peut être amusé utilement aux jeux Tipographes
, mais celui de deux ans n'est- il pas encore
trop jeune pour cet exercice !
Secondement , vous conseillez , par rapport à
la lecture , de commencer par celle du Latin plu
tôt que par celle du François , cependant je trouve
bien des gens d'un avis contraire , de même
que sur la nouvelle dénomination des lettres ,
contre laquelle j'ai vû faire d'assez bonnes objec
tions. Autres questions à résoudre ; est- il croya
ble que par le seul moyen du Jeu Tipographique
et sans le secours des Livres , on puisse apprendre
à lire ensuite couramment par tour ? D'un :
autre côté , faut -il qu'un enfant âgé au moins
de sept à huit ans , scache lire avant que d'être
mis à l'écriture ?
Mais ce qui me fait le plus de peine à com- -
By prendre
2458 MERCURE DE FRANCE
prendre , c'est ce que vous nommez le Rudiment
Pratique de la Langue Latine. Il est vrai que je
n'ai point vû cette derniere partie de votre Sistême
, mais je vous avoue franchement que je
ne conçois presque rien à tout ce que l'on m'en
a dit , je ne conçois , dis-je , point , qu'on puisse
faire entrer dans des logettes ou sur des cartes
isolées , les premières notions de la Grammaire
Latine ni d'aucune autre Langue , et vous m'obligerez
fort si vous voulez bien vous donner
la peine de m'expliquer sur cela votre Méthode.
Je suis , Monsieur , & c.
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Résumé : LETTRE écrite de Perigueux à l'Auteur du Bureau Tipographique.
En novembre 1733, une lettre est envoyée à l'auteur du Bureau Tipographique. L'expéditeur, ayant reçu la troisième classe du Bureau Tipographique, la juge conforme à ses attentes mais rencontre des difficultés et pose plusieurs questions. Il s'interroge sur l'âge approprié pour débuter les jeux typographiques, notamment pour un enfant de deux ans. Il demande également des éclaircissements sur la priorité entre l'apprentissage du latin et du français, ainsi que sur la nouvelle dénomination des lettres. L'expéditeur souhaite savoir si le jeu typographique suffit pour apprendre à lire couramment et si un enfant doit savoir lire avant d'apprendre à écrire. Enfin, il exprime sa confusion concernant le 'Rudiment Pratique de la Langue Latine' et demande des explications sur la méthode utilisée pour enseigner la grammaire latine via des logettes ou des cartes isolées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 1391-1400
TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
Début :
Dans l'article IV. on trouve un Extrait du XIV. volume de la Bibliothéque [...]
Mots clefs :
Histoire, Peuples, Livre, Temps, Histoire des Allemands, Guerres, Traduction allemande, Goths, Allemagne, Empire, Expéditions, Remarques, Héros, Latin, Nouvelles littéraires
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texteReconnaissance textuelle : TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
TO ME XVIII. de la Bibliotheque
German: que.
Dans l'article IV . on trouve un Extrait
du XIV. volume de la Bibliothéque
Grecque de M. , Fabricius , dont nous
avons parlé dans le Mercure en differentes
occasions. Ce nouveau volume cst
imprimé à Hambourg chez la veuve
Felginer en 1728. et contient 740 pages
in 4. Le Journaliste Allemand nous.
apprend que c'est ici le dernier volume.
de ce grand Ouvrage , ajoutant qu'il et
présentement complet , et que c'est le
II. Vol. fruic
1392 MERCURE DE FRANCE
fruit d'un travail de 25 années ; travail
immense et qui cependant n'a pas empê
ché M. Fabricius de donner au Public
dans cet intervalle de tems , plusieurs
Ouvrages très- considerables .
La principale piéce de ce dernier volume
est un Indice general sur les XIV.
volumes précédens . On doit en partie
cette Table , si nécessaire à cause de la
varieté et de l'abondance des matieres ,
à Jean Chrêtien Vuolff , Professeur de
Physique et de Poësie à Hambourg ; sur
quoi M. Fabricius lui témoigne sa reconnoissance.
L'Article VII. contient l'Extrait d'une
Histoire des Allemands écrite en Alle
mand jusqu'au commencement de la
Monarchie Françoise par le DocteurJean.
Jacques Mascou 1. vol . in 4. à Leipsic
chez Jacques Chuster 1726. PP. 508.
sans les Préfaces et les Tables . Le dessein
de l'Auteur est de nous donner l'Histoire
des Anciens Allemands jusqu'à l'extinc
tion de la posterité de Charlemagne; mais
il ne va dans ce volume que jusqu'à
Clovis exclusivement .
Il importe à ceux qui veulent s'instruire
à fond des Coutumes et du Droit
d'Allemagne d'aller en chercher la source
dans les tems les plus reculés . Tout ce
II Vol.
qui
JUIN. 1734 1393
qui contribue à rendre ces siécles moins
impénétrables et à en mettre l'Histoire
dans un plus grand jour mérite donc
l'attention et la reconnoissance du Public.
On y trouve l'origine de diverses Nations
Germaniques ou voisin esde l'Allemagne,
qui ont d'abord désolé et puis conquis
les plus considérables Parties de l'Empire
Romain ; le récit de leurs Expéditions ,
des Remarques sur les principaux Chefs
et sur les bonnes ou mauvaises qualitcz
de ces Héros : Tout cela est exécuté
comme il doit l'être dans une bonne
Histoire ; l'Auteur du Journal remarque
qu'il eut été à souhaiter que M. Mascou
eut écrit son Histoire en Latin en faveur
des Etrangers , d'autant plus qu'il a écrit
d'autres Ouvrages en cette Langue avec
succès .
Le premier Livre contient l'Histoire
'des Allemands jusqu'à la fin de la Guerre
Cimbrique ; on y trouve entre beaucoup
d'autres choses remarquables , le récit des
Victoires que les Cimbres et les Teutons
ont remporté sur les Romains et de leur
défaite par Marius. Depuis les Cimbres
jusqu'à Cesar les Peuples d'Allemagne
sont peu connus dans l'Histoire : Cesar
- nous a laissé des Memoires des Guerres
qu'il a cues avec eux , et quoique de son
II. Vol
tems
1394 MERCURE DE FRANCE
tems on doutât de la fidelité de ces Mémoires
, M. de Mascou n'a pû faire autrement
que de le prendre pour guide en lc
redressant , lorsque l'occasion s'en présente.
Il suit donc Cesar dans ses Expéditions
en Germanie , et il donne ensuite
une idée des moeurs des anciens Germains
prise de Cesar et de Tacite , il compare
ensuite la Mythologie de ces Peuples avec
celle des Grecs , à l'avantage de celle des
premiers. C'est ce qui contient le second
Livre.
Le troisiéme continue l'Histoire des
Allemands jusqu'à la défaite de Varus ,
c'est-à-dire les diverses Expéditions des
Romains sur les Sigambres, les Semnons ,
les Hermundures , les Marcomans , et
autres Peuples de ces pays là , jusqu'à
l'affreuse déroute de Quintilius Varus ,
dont l'avarice et les chicanes avoient
mis les Peuples Germains au désespoir.
Le quatriéme Livre contient les exploits
d'Arminius en faveur de sa Patrie
et de ceux deGermanicus en faveur desRomains
un court parallele entre ces deux
jeunes Héros; le récit des diverses Guerres
des Allemands contre les Successeurs de
Tibere , et un détail du soulevement des⚫
Bataves sous la conduite de Civilis : le.
Livre finit par la Paix des Romains avec
1 I. Vol.
les
JUIN.
1734. 1395
Ies Bataves , quoiqu'on ignore en quoi.
précisement elle consista .
›
Le cinquiéme raporte les Victoires
vrayes ou prétendues de Domitien sur
plusieurs Peuples Germaniques , celles de
Nerva sur les Marcomans , celle de Trajan
et de Marc- Aurele . On y remarque
le tems auquel l'Histoire nomme pour
la premiere fois des Peuples fameux , les
Allemands , les Goths , les Francs et les
Scythes , du nombre desquels étoient les
Goths. On trouve dans le même Livre
les Victoires de Probus sur les Allemands
proprement dits , sur les Sarmates et sur .
les Goths.
Le sixième Livre s'étend jusqu'à la fin
des Guerres des Francs et des Allemands.
sous Julien ; il met sous les yeux les noms
d'autres Peuples fameux , des Thurin
giens , des Saxons , des Bourguignons
des Vandales : ces derniers étoient déja
connus auparavant ; on y trouve encore
les Guerres des Peuples Germains entre
eux , les succès de Diocletien et de Maximien
, de Galere , de Constance et de
Constantin sur ces Peuples , leur défaite
près de Strasbourg par Julien
soumission sous cet Empereur.
و
et leur
Le septième comprend les differentes
Revolutions qui arrivérent dans l'Occi
II. Vol dent
1396 MERCURE DE FRANCE
dent occasionnées par les Alains , les Quades
, les Bourguignons , les Saxons &c .
jusqu'à la grande migration des Peuples
dans l'Empire d'Occident.
La Fondation des Etats des Goths , des
Sueves , des Bourguignons dans les Provinces
de l'Empire font le sujet du
huitiéme Livre. Mais ce qu'on y trouve
de plus remarquable , c'est le récit des
Guerres réïterées des Goths en Italie sous
la conduite d'Alaric ; on y voit les traitez
et les ruptures qui se succedérent à diver
ses reprises entre lesGoths et les Romains,
et un détail très circonstancié de la prise
de Rome par Alaric ; le mariage de Placidie
, Soeur d'Honorius avec Ataulphe ,
Successeur d'Alaric ; et enfin l'Histoire
de l'établissement des Alains , des Sueves,
des Vandales et des Goths en Espagne
et de celui des Bourguignons dans les
Gaules aux environs du Rhin : l'Auteur
dit aussi quelque chose des Francs et des
Loix Saliques .
La plus grande partie du neuvième
Livre est employée à la narration des
conquêtes desVandales en Espagne et en
Affrique , et à celle des Guerres des Huns
et de leurs ravages dans l'Occident sous
la conduite d'Attila dont M. Mascou fait
le portrait et dépeint le caractére , mais
II. Vol. avec
JUIN. 1734. 1397
avec des traits qui présentent l'idée d'un
Héros plutôt que d'un Barbare , et qui
réforment celle qu'on a eûe autrefois , et
que plusieurs se forment encore d'Attila.
Le dixiéme Livre qui finit ce volume
va jusqu'au commencement du Gouvernement
de Clovis. On y voit les Vandales
succeder aux Huns dans l'Italie : le
pillage de Rome par Genseric Roy Vandale
et Arien , avec des remarques sur
la modération de ces Peuples , sur leur
chasteté , sur leur severité et leur exactitude
à faire observer les Loix , et sur la
douceur de leur domination et de leur
Gouvernement, devenu agréable aux Romains
mêmes. L'Auteur finit ce volume
par des Réflexions sur les causes de cette
grande Révolution et sur les changemens
qu'elle apporta à la situation de l'Europe.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVIII Tome.
De Petersbourg. On verra bientôt l'Histoire
Metallique d'Edesse , par M. Bayer
qui s'imprimé en cette Ville. Des Medailles
raportées d'Orient par M. Buxbaum
lui ont été d'un grand secours. Il fournira
une suite Chronologique des Rois
d'Edesse qui , à ce qu'on assure , sera
complette,
D'Upsale. II. Vol.
1398 MERCURE DE FRANCE
D'Upsale. Il parut en certe Ville l'année
passée ( 1728. ) deux Dissertations
Académiques de feu M. le Docteur
Wallin , sur l'Art d'écrire avec du feu . De
Arte Trithemiana scribendi per ignem , et
une autre de M. Fabien Toerner, Profes
seur en Eloquence sur l'origine et la Religion
des Finlandiens.
De Varsovie , M. Bachstrohm , qui est
arrivé depuis peu de Constantinople en
cette Ville , y doit retourner dans quelque
tems avec toute sa famille , pour être
employé à la Traduction de la Bible en
Langue Turque.
D'Ausbourg. On a réimprimé ici une
Traduction Latine du Dictionnaire de la
Bible de Dom Augustin Calmet , par le
R. P. Dom Jean- Dominique Mansi. Cette
Traduction avoit paru à Luques il y a
quelques années sans figures. Les Librai
res ont jugé à propos d'en metire quelques-
unes à cette nouvelle Edition. Le
P. Mansi a corrigé quelques fautes de
Dom Calmet Au reste le supplement n'est
point encore traduit en Latin . On dit
qu'il doit paroître une Traduction Allemande
du même Dictionnaire avec tou
tes les figures .
De Nuremberg. On débite ici les Ou
vrages du fameux Gerard de Lairesse , sur
II. Vol. - le
JUIN. 1734 1399
le Dessein et sur la Peinture , traduit du
Hollandois en Allemand.
D'Altorf. M. le Professeur Schultz ;
qui publia l'année passée ( 1728. ) l'Histoire
de la Médecine en Latin , fait esperer
une nouvelle Edition Grecque de Plutarque
, et une Traduction Allemande
du même Auteur , toutes deux avec des
Remarques.
De Leipsic. M. Paul- Daniel Longolius
a soutenu publiquement et a fait imprimer
une Dissertation Académique , dans
laquelle il prétend prouver que chez une
grande partie des nations , auxquelles on
reproche d'avoir sacrifié des victimes humaines
, on choisissoit pour victimes au
nioins la plupart du tems , non des personnes
innocentes , mais des criminels
condamnez à mort pour leurs crimes .
Walther fait imprimer une Traduction
Allemande de l'excellent Ouvrage de
M. Niewentyt , intitulé : le bon usage de
la contemplation du Monde ou l'existence
de Dieu, démontrée par les merveilles de la
nature.
De Halle. M. Gasser a publié une Dissettation
Académique . De Inquisitione
contrà surdum et mutum naturâ : et une Introduction
à la connoissance des affaires
d'oeconomies , de Polices et de Domaines.
I I. Vol; De
1400 MERCURE DE FRANCE
De Lubeck . M. Martini , arrivé en cette
Ville depuis quelque tems de Petersbourg
, où il étoit Membre de l'Acadé
mie , vient de faire imprimer une petite
brochure Latine sur le célebre Enfant de
Lubeck . Chrêtien Henri Heinecken , dans
laquelle il tâche de rendre des raisons
naturelles de l'extraordinaire capacité de
cet Enfant.
Moins de partialité et plus d'exactitude
dans les Auteurs de la Bibliothéque
Germanique donneroient du relief à cet
Ouvrage. On y trouve une critique presque
continuelle de la Religion Catholique
, capable d'indigner non seulement
ceux qui ne pensent pas comme ces Auteurs
, mais toutes les personnes sensées .
C'est d'ailleurs abuser de la qualité de
Journalisre et entendre mal ses propres
intêrets. A cela près , les Auteurs de ce
Journal y font paroître de l'esprit et de
l'érudition ..
German: que.
Dans l'article IV . on trouve un Extrait
du XIV. volume de la Bibliothéque
Grecque de M. , Fabricius , dont nous
avons parlé dans le Mercure en differentes
occasions. Ce nouveau volume cst
imprimé à Hambourg chez la veuve
Felginer en 1728. et contient 740 pages
in 4. Le Journaliste Allemand nous.
apprend que c'est ici le dernier volume.
de ce grand Ouvrage , ajoutant qu'il et
présentement complet , et que c'est le
II. Vol. fruic
1392 MERCURE DE FRANCE
fruit d'un travail de 25 années ; travail
immense et qui cependant n'a pas empê
ché M. Fabricius de donner au Public
dans cet intervalle de tems , plusieurs
Ouvrages très- considerables .
La principale piéce de ce dernier volume
est un Indice general sur les XIV.
volumes précédens . On doit en partie
cette Table , si nécessaire à cause de la
varieté et de l'abondance des matieres ,
à Jean Chrêtien Vuolff , Professeur de
Physique et de Poësie à Hambourg ; sur
quoi M. Fabricius lui témoigne sa reconnoissance.
L'Article VII. contient l'Extrait d'une
Histoire des Allemands écrite en Alle
mand jusqu'au commencement de la
Monarchie Françoise par le DocteurJean.
Jacques Mascou 1. vol . in 4. à Leipsic
chez Jacques Chuster 1726. PP. 508.
sans les Préfaces et les Tables . Le dessein
de l'Auteur est de nous donner l'Histoire
des Anciens Allemands jusqu'à l'extinc
tion de la posterité de Charlemagne; mais
il ne va dans ce volume que jusqu'à
Clovis exclusivement .
Il importe à ceux qui veulent s'instruire
à fond des Coutumes et du Droit
d'Allemagne d'aller en chercher la source
dans les tems les plus reculés . Tout ce
II Vol.
qui
JUIN. 1734 1393
qui contribue à rendre ces siécles moins
impénétrables et à en mettre l'Histoire
dans un plus grand jour mérite donc
l'attention et la reconnoissance du Public.
On y trouve l'origine de diverses Nations
Germaniques ou voisin esde l'Allemagne,
qui ont d'abord désolé et puis conquis
les plus considérables Parties de l'Empire
Romain ; le récit de leurs Expéditions ,
des Remarques sur les principaux Chefs
et sur les bonnes ou mauvaises qualitcz
de ces Héros : Tout cela est exécuté
comme il doit l'être dans une bonne
Histoire ; l'Auteur du Journal remarque
qu'il eut été à souhaiter que M. Mascou
eut écrit son Histoire en Latin en faveur
des Etrangers , d'autant plus qu'il a écrit
d'autres Ouvrages en cette Langue avec
succès .
Le premier Livre contient l'Histoire
'des Allemands jusqu'à la fin de la Guerre
Cimbrique ; on y trouve entre beaucoup
d'autres choses remarquables , le récit des
Victoires que les Cimbres et les Teutons
ont remporté sur les Romains et de leur
défaite par Marius. Depuis les Cimbres
jusqu'à Cesar les Peuples d'Allemagne
sont peu connus dans l'Histoire : Cesar
- nous a laissé des Memoires des Guerres
qu'il a cues avec eux , et quoique de son
II. Vol
tems
1394 MERCURE DE FRANCE
tems on doutât de la fidelité de ces Mémoires
, M. de Mascou n'a pû faire autrement
que de le prendre pour guide en lc
redressant , lorsque l'occasion s'en présente.
Il suit donc Cesar dans ses Expéditions
en Germanie , et il donne ensuite
une idée des moeurs des anciens Germains
prise de Cesar et de Tacite , il compare
ensuite la Mythologie de ces Peuples avec
celle des Grecs , à l'avantage de celle des
premiers. C'est ce qui contient le second
Livre.
Le troisiéme continue l'Histoire des
Allemands jusqu'à la défaite de Varus ,
c'est-à-dire les diverses Expéditions des
Romains sur les Sigambres, les Semnons ,
les Hermundures , les Marcomans , et
autres Peuples de ces pays là , jusqu'à
l'affreuse déroute de Quintilius Varus ,
dont l'avarice et les chicanes avoient
mis les Peuples Germains au désespoir.
Le quatriéme Livre contient les exploits
d'Arminius en faveur de sa Patrie
et de ceux deGermanicus en faveur desRomains
un court parallele entre ces deux
jeunes Héros; le récit des diverses Guerres
des Allemands contre les Successeurs de
Tibere , et un détail du soulevement des⚫
Bataves sous la conduite de Civilis : le.
Livre finit par la Paix des Romains avec
1 I. Vol.
les
JUIN.
1734. 1395
Ies Bataves , quoiqu'on ignore en quoi.
précisement elle consista .
›
Le cinquiéme raporte les Victoires
vrayes ou prétendues de Domitien sur
plusieurs Peuples Germaniques , celles de
Nerva sur les Marcomans , celle de Trajan
et de Marc- Aurele . On y remarque
le tems auquel l'Histoire nomme pour
la premiere fois des Peuples fameux , les
Allemands , les Goths , les Francs et les
Scythes , du nombre desquels étoient les
Goths. On trouve dans le même Livre
les Victoires de Probus sur les Allemands
proprement dits , sur les Sarmates et sur .
les Goths.
Le sixième Livre s'étend jusqu'à la fin
des Guerres des Francs et des Allemands.
sous Julien ; il met sous les yeux les noms
d'autres Peuples fameux , des Thurin
giens , des Saxons , des Bourguignons
des Vandales : ces derniers étoient déja
connus auparavant ; on y trouve encore
les Guerres des Peuples Germains entre
eux , les succès de Diocletien et de Maximien
, de Galere , de Constance et de
Constantin sur ces Peuples , leur défaite
près de Strasbourg par Julien
soumission sous cet Empereur.
و
et leur
Le septième comprend les differentes
Revolutions qui arrivérent dans l'Occi
II. Vol dent
1396 MERCURE DE FRANCE
dent occasionnées par les Alains , les Quades
, les Bourguignons , les Saxons &c .
jusqu'à la grande migration des Peuples
dans l'Empire d'Occident.
La Fondation des Etats des Goths , des
Sueves , des Bourguignons dans les Provinces
de l'Empire font le sujet du
huitiéme Livre. Mais ce qu'on y trouve
de plus remarquable , c'est le récit des
Guerres réïterées des Goths en Italie sous
la conduite d'Alaric ; on y voit les traitez
et les ruptures qui se succedérent à diver
ses reprises entre lesGoths et les Romains,
et un détail très circonstancié de la prise
de Rome par Alaric ; le mariage de Placidie
, Soeur d'Honorius avec Ataulphe ,
Successeur d'Alaric ; et enfin l'Histoire
de l'établissement des Alains , des Sueves,
des Vandales et des Goths en Espagne
et de celui des Bourguignons dans les
Gaules aux environs du Rhin : l'Auteur
dit aussi quelque chose des Francs et des
Loix Saliques .
La plus grande partie du neuvième
Livre est employée à la narration des
conquêtes desVandales en Espagne et en
Affrique , et à celle des Guerres des Huns
et de leurs ravages dans l'Occident sous
la conduite d'Attila dont M. Mascou fait
le portrait et dépeint le caractére , mais
II. Vol. avec
JUIN. 1734. 1397
avec des traits qui présentent l'idée d'un
Héros plutôt que d'un Barbare , et qui
réforment celle qu'on a eûe autrefois , et
que plusieurs se forment encore d'Attila.
Le dixiéme Livre qui finit ce volume
va jusqu'au commencement du Gouvernement
de Clovis. On y voit les Vandales
succeder aux Huns dans l'Italie : le
pillage de Rome par Genseric Roy Vandale
et Arien , avec des remarques sur
la modération de ces Peuples , sur leur
chasteté , sur leur severité et leur exactitude
à faire observer les Loix , et sur la
douceur de leur domination et de leur
Gouvernement, devenu agréable aux Romains
mêmes. L'Auteur finit ce volume
par des Réflexions sur les causes de cette
grande Révolution et sur les changemens
qu'elle apporta à la situation de l'Europe.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVIII Tome.
De Petersbourg. On verra bientôt l'Histoire
Metallique d'Edesse , par M. Bayer
qui s'imprimé en cette Ville. Des Medailles
raportées d'Orient par M. Buxbaum
lui ont été d'un grand secours. Il fournira
une suite Chronologique des Rois
d'Edesse qui , à ce qu'on assure , sera
complette,
D'Upsale. II. Vol.
1398 MERCURE DE FRANCE
D'Upsale. Il parut en certe Ville l'année
passée ( 1728. ) deux Dissertations
Académiques de feu M. le Docteur
Wallin , sur l'Art d'écrire avec du feu . De
Arte Trithemiana scribendi per ignem , et
une autre de M. Fabien Toerner, Profes
seur en Eloquence sur l'origine et la Religion
des Finlandiens.
De Varsovie , M. Bachstrohm , qui est
arrivé depuis peu de Constantinople en
cette Ville , y doit retourner dans quelque
tems avec toute sa famille , pour être
employé à la Traduction de la Bible en
Langue Turque.
D'Ausbourg. On a réimprimé ici une
Traduction Latine du Dictionnaire de la
Bible de Dom Augustin Calmet , par le
R. P. Dom Jean- Dominique Mansi. Cette
Traduction avoit paru à Luques il y a
quelques années sans figures. Les Librai
res ont jugé à propos d'en metire quelques-
unes à cette nouvelle Edition. Le
P. Mansi a corrigé quelques fautes de
Dom Calmet Au reste le supplement n'est
point encore traduit en Latin . On dit
qu'il doit paroître une Traduction Allemande
du même Dictionnaire avec tou
tes les figures .
De Nuremberg. On débite ici les Ou
vrages du fameux Gerard de Lairesse , sur
II. Vol. - le
JUIN. 1734 1399
le Dessein et sur la Peinture , traduit du
Hollandois en Allemand.
D'Altorf. M. le Professeur Schultz ;
qui publia l'année passée ( 1728. ) l'Histoire
de la Médecine en Latin , fait esperer
une nouvelle Edition Grecque de Plutarque
, et une Traduction Allemande
du même Auteur , toutes deux avec des
Remarques.
De Leipsic. M. Paul- Daniel Longolius
a soutenu publiquement et a fait imprimer
une Dissertation Académique , dans
laquelle il prétend prouver que chez une
grande partie des nations , auxquelles on
reproche d'avoir sacrifié des victimes humaines
, on choisissoit pour victimes au
nioins la plupart du tems , non des personnes
innocentes , mais des criminels
condamnez à mort pour leurs crimes .
Walther fait imprimer une Traduction
Allemande de l'excellent Ouvrage de
M. Niewentyt , intitulé : le bon usage de
la contemplation du Monde ou l'existence
de Dieu, démontrée par les merveilles de la
nature.
De Halle. M. Gasser a publié une Dissettation
Académique . De Inquisitione
contrà surdum et mutum naturâ : et une Introduction
à la connoissance des affaires
d'oeconomies , de Polices et de Domaines.
I I. Vol; De
1400 MERCURE DE FRANCE
De Lubeck . M. Martini , arrivé en cette
Ville depuis quelque tems de Petersbourg
, où il étoit Membre de l'Acadé
mie , vient de faire imprimer une petite
brochure Latine sur le célebre Enfant de
Lubeck . Chrêtien Henri Heinecken , dans
laquelle il tâche de rendre des raisons
naturelles de l'extraordinaire capacité de
cet Enfant.
Moins de partialité et plus d'exactitude
dans les Auteurs de la Bibliothéque
Germanique donneroient du relief à cet
Ouvrage. On y trouve une critique presque
continuelle de la Religion Catholique
, capable d'indigner non seulement
ceux qui ne pensent pas comme ces Auteurs
, mais toutes les personnes sensées .
C'est d'ailleurs abuser de la qualité de
Journalisre et entendre mal ses propres
intêrets. A cela près , les Auteurs de ce
Journal y font paroître de l'esprit et de
l'érudition ..
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Résumé : TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
Le texte présente plusieurs ouvrages et publications historiques. Le volume XIV de la Bibliothèque Grecque de Fabricius, imprimé à Hambourg en 1728, marque la conclusion d'un ouvrage complet après 25 années de travail. Ce volume, composé de 740 pages, inclut un indice général couvrant les quatorze volumes précédents, partiellement rédigé par Jean Chrêtien Wolff. L'article VII de ce volume extrait une histoire des Allemands écrite par Jean-Jacques Mascou, couvrant la période jusqu'à Clovis. Cette histoire détaille les coutumes et le droit allemand, ainsi que les expéditions et chefs germaniques. Mascou est regretté de n'avoir pas écrit en latin, ce qui aurait élargi son public. L'ouvrage est structuré en livres traitant des différentes périodes historiques, des guerres et migrations des peuples germaniques, jusqu'à la fin des guerres sous Julien. Le texte mentionne également diverses publications académiques et traductions en Europe, notamment à Saint-Pétersbourg, Uppsala, Varsovie, Augsbourg, Nuremberg, Altorf, Leipzig, Halle et Lübeck.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 223-224
« Le nouveau Systême que j'ai déja annoncé au mois de Novembre 1758, pour apprendre la Langue [...] »
Début :
Le nouveau Systême que j'ai déja annoncé au mois de Novembre 1758, pour apprendre la Langue [...]
Mots clefs :
Apprentissage, Latin, Raisonnement, Jeux, Entretien, Méthode, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : « Le nouveau Systême que j'ai déja annoncé au mois de Novembre 1758, pour apprendre la Langue [...] »
Le nouveau Syſtême que j'ai déja annoncé au
224 MERCURE DE FRANCE.
mois de Novembre 1758 , pour apprendre la
Langue Latine de trois manieres différentes ,
par raifonnement , par jeux , & par entretiens ,
&c. Se vend actuellement à Paris chez Defpilly
Libraire , rue Saint Jacques , ' à la vieille
Pofte , vis-a- vis la rue du Plâtre; & à Troyes chez
Jean Garnier , Imprimeur Libraire rue du Temple.
Je parlerai dans la fuite plus amplement de
cette méthode , en faiſant part au Public d'une
differtation que M. le Roux Auteur de ce Syſtême
m'a remiſe , & dont il a fait mention dans la
réponſe à la critique de fon Livre.
224 MERCURE DE FRANCE.
mois de Novembre 1758 , pour apprendre la
Langue Latine de trois manieres différentes ,
par raifonnement , par jeux , & par entretiens ,
&c. Se vend actuellement à Paris chez Defpilly
Libraire , rue Saint Jacques , ' à la vieille
Pofte , vis-a- vis la rue du Plâtre; & à Troyes chez
Jean Garnier , Imprimeur Libraire rue du Temple.
Je parlerai dans la fuite plus amplement de
cette méthode , en faiſant part au Public d'une
differtation que M. le Roux Auteur de ce Syſtême
m'a remiſe , & dont il a fait mention dans la
réponſe à la critique de fon Livre.
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Résumé : « Le nouveau Systême que j'ai déja annoncé au mois de Novembre 1758, pour apprendre la Langue [...] »
Le texte présente un nouveau système pour apprendre le latin par raisonnement, jeux et entretiens. Il est disponible à Paris chez Defpilly, rue Saint Jacques, et à Troyes chez Jean Garnier, rue du Temple. L'auteur prévoit de détailler cette méthode via une dissertation de M. le Roux.
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