Résultats : 106 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 281-292
SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
Début :
Mille remercîmens, Madame, de ceux que vous me faites [...]
Mots clefs :
Académie française, Dauphin, Empire, Éducation, Pièces galantes, Prix, Leçons, France, Héros, Successeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
Mille remercîmens , Madame, de ceuxque vous me fai- tes de la part de vos Amies pour le Marqués de Monfieur de Fontenelle que je vous en- voyay la derniere fois. Je ſuis bien aiſe que vous luy ayez fait rendre juſtice dans voſtre Province , & fatisferay avec joye à l'ordre que vous me donnez de ramaſſer tout ce
queje pourray trouverdePie- ces Galantes de ſa façon. Ne croyez pas cependant qu'il ne ſoit propre qu'au Stile badin.
Quoyqu'il convienne mieux à
fon âgeque le ſérieux , voyez,
4
198 LE MERCURE
jevous prie, comme il ſe tire d'affaires quand il a de grandes matieres à traiter. Ses Amis
luy ayant conſeillé de travail- lerſur celle que Meſſieurs de l'Academie Françoiſe avoient choiſie pour le Prix qui s'y donne touslesdeux ans, il leur
envoya les Vers qui fuivent.
SUR L'EDUCATION
deMonſeigneur le DAUPHIN, &
✔le ſoin que prend le ROY de dreffer luy-meſme les Memoires
de fon Regne , pour ſervir d'in- ſtruction à ce Prince.
:
CRANCE , de ton pouvoir . F temple l'étenduë
conVoy de tes Ennemis l'Union confondue;
Ils n'ont fait après tout par leurs
vains attentats
Que
GALANT. 199 Que te donner le droit de dompter
leurs Etats.
Floriſſante au dedans , au dehors redoutée,
Enfin au plus haut point ta grandew estmontée.
Maisce rare bonheur , France , dont tujoüis;
Niroit pas au delà du Regne de
Loüis;
Ton Empire chargée des Donsde la
Victoire ,
Succomberoit un jour ſous l'amas de
fagloire,
Si Loüis dont les soins embraſſent l'avenir , [Soûtenir.
Ne te formoit un Roy qui ſçeuſt la Il faut tout un Héros pour le rang qu'il poſſede ,
Amoins qu'on ne l'imite en vain on
luyfuccede.
Que le Sceptre est pénible apres qu'il l'aporté!
Partant d'Etatsfoûmissonpoids s'est augmenté;
イ
Etpar unsi grand Royces Provinces conquiſes,
Tome VI. S
200 LE MERCURE
Dans les mains d'un grand Roy veu- lent estreremiſes.
Peut-estre estoit-ce affez pour remplir cedeſtin,
Quele Sangde Loüis nousdonnât
UN DAUPHIN.
Sorty d'une origine &fi noble &fi
pure,
Que de vertus en lay promettoit la Nature ,
Etqui nese fûtpas repoféſurſafoy?
Mais commeelle auroit pû nefaire en luy qu'unRoy,
Loüis fait un Héros si digne de l'Empire,
Que nous l'élirions tous s'il fe devoie
élire.
Peuples , le croirez-vous ? de cette mesmemain Dont le Foudre vangeur ne part jamaisen vain ,
Sous qui l'audace tremble , & l'or.
gueil s'humilie ,
Iltrace pource Fils l'Histoire de ſa
vie,
Ce long enchaînement bautsFaits,
ce tiffu de
GALANT. 201
Qu'aucuns momens oyſifs n'interrom
pentjamais ;
Ne nousfigurons point qu'il la borne àdécrire
Vn Empire nouveauqui groſſit nostre
Empire ,
Nos Drapeauxarborezfur ces fuper- bes Forts
D'où Cambray défioit nos plus vail lans efforts,
Etd'Espagnolsdéfaits ces Campagnes
couvertes,
Et la riche Sicile adjoûtée à leurs
pertes, [laiſfer Exploits trop publiez, &dont il veur L'exemple à tous les Roiss'ils l'ofent embraffer.
Maisles profondsſecrets desa baute Sagesse,
Ce n'est qu'àſon DAUPHIN que ce Hérosteslaiffe:
Tousces vaftes deffeins qu'execute un
instant,
Etdontil nenousvient que le bruit éclatant,
Lesyeux seulsde fon Fils découvrens teurnaiſſance.
Sij
202 LE MERCVRE
Il les voit lentement meurir dans le
filence,
Et recevoir toûjours d'inſenſiblesprogrés,
'Tant que tout à l'envy réponde dis Succés,
Etque de tous coſtez la Fortunefoû- mise Se trouve hors d'état de trahir l'entrepriſe.
Tremblez, fiers Espagnols; Belges,
reconnoissez Dequoyparces Leçons vous estes me-.
nacez.
Quand Loüis affrontant vos feux
vos machines ,
Devos murs abbatus entaſſe lesruïnes,
Querien nese dérobe àson juste conroux ,
Peut- estre n'est-il pas plus à craindre
pourvous ,
Que quand avec les Soins de l'amour paternelle ,
Ils'attache àformer fon Fils furfon
modele.
Dans ce Present qu'il fait àſes i en plescharmez2
GALANT. 203 Combien d'autres Preſensse trouvent
renfermez!
Ilnousdonne en luyfeuldes Victoires certaines,
Ilnous donne l'Ibere accablé de nos
chaînes.
Combien, heureuxFraçois,devez-vous
àLoüis 7
Pour toutes les vertus dont il orne co
Fils!
Maiss'il falloit encor, qu'à cesvertus
guerrieres ,
LesMuses, tes beaux Artspretaffent
leurslumieres,
Combienluy devez-vous pourlegrand
Montaufier,
Qu'à ce noble travail ildaigne af- focier!
Il est cent ¢ Rois dont peut-eftre l'Histoire,
Dans lafoule desRoiscacheroit lame
moire,
Si de leurs Succeſſeurs l'indigne lacheté, [pas merité;
Ne leur donnoit l'éclat qu'ils n'ont
Princés de qui les Noms avec gloire furvivent,
Sij
204 LE MERCURE
Parce qu'on les compare avec ceux qui lesſuivent.
Quelquefois mesme un Roy qui ne se répond pas Qued'affez longs regrets honorentfon trépas ,
Par un tourpolitiqueen ſecretſeménage D'un indigne Heritier le honteux .
anantage. [defau's;
Tibere deût l'Empire à ses beurenxx
Anguste eust pû d'ailleurs craindre pen de Rivaux;
1
<
Maisenfin aux Romainssa vertufut plus chere Quand elle eutleſecours desvicesde
Tibere :
Tudédaignes , Loüis , ces Maximes d'Etat,
Tu veux qu'un Succeffeur augmente ton éclat
Mais loin qu'à ses dépens ton grand Nomſe ſoutienne ,
Tu veux queparsagloire il augmente la tienne.. Animé de ton Sang, formé par tes Leçons
GALANT. 20
DeDisciple &de Fils reüniſſant les Noms ,
Quelleshautes vertuspeut- ilfaire pa- rolltre ,
Qu'il n'herite d'un Pere,ou n'apprenned'un Maistre?
Les Peuples conteront aurang de tes
bien-faits Lebonheurdontfamain comblera leurs Souhaits ;
Etpar fon bras vainqueur nos Ennemis en fuite ,
N'imputeront qu'à toy beur Puiſſance
détruite.
Déjatous nos François Spectateurs de
tes Soins ,
Dans ces voix d'allegreffe àl'envy se
font joins.
Noftre jeune DAUPHINdes beauxde
firs s'enflame,
1
Loüis par ses Leçons luy transmet
-fagrande ame Il attend qu'il le ſuive un jour d'un
pas égal,
Et dans son propre Filsſepromet un Rinal.
MBLANTR
queje pourray trouverdePie- ces Galantes de ſa façon. Ne croyez pas cependant qu'il ne ſoit propre qu'au Stile badin.
Quoyqu'il convienne mieux à
fon âgeque le ſérieux , voyez,
4
198 LE MERCURE
jevous prie, comme il ſe tire d'affaires quand il a de grandes matieres à traiter. Ses Amis
luy ayant conſeillé de travail- lerſur celle que Meſſieurs de l'Academie Françoiſe avoient choiſie pour le Prix qui s'y donne touslesdeux ans, il leur
envoya les Vers qui fuivent.
SUR L'EDUCATION
deMonſeigneur le DAUPHIN, &
✔le ſoin que prend le ROY de dreffer luy-meſme les Memoires
de fon Regne , pour ſervir d'in- ſtruction à ce Prince.
:
CRANCE , de ton pouvoir . F temple l'étenduë
conVoy de tes Ennemis l'Union confondue;
Ils n'ont fait après tout par leurs
vains attentats
Que
GALANT. 199 Que te donner le droit de dompter
leurs Etats.
Floriſſante au dedans , au dehors redoutée,
Enfin au plus haut point ta grandew estmontée.
Maisce rare bonheur , France , dont tujoüis;
Niroit pas au delà du Regne de
Loüis;
Ton Empire chargée des Donsde la
Victoire ,
Succomberoit un jour ſous l'amas de
fagloire,
Si Loüis dont les soins embraſſent l'avenir , [Soûtenir.
Ne te formoit un Roy qui ſçeuſt la Il faut tout un Héros pour le rang qu'il poſſede ,
Amoins qu'on ne l'imite en vain on
luyfuccede.
Que le Sceptre est pénible apres qu'il l'aporté!
Partant d'Etatsfoûmissonpoids s'est augmenté;
イ
Etpar unsi grand Royces Provinces conquiſes,
Tome VI. S
200 LE MERCURE
Dans les mains d'un grand Roy veu- lent estreremiſes.
Peut-estre estoit-ce affez pour remplir cedeſtin,
Quele Sangde Loüis nousdonnât
UN DAUPHIN.
Sorty d'une origine &fi noble &fi
pure,
Que de vertus en lay promettoit la Nature ,
Etqui nese fûtpas repoféſurſafoy?
Mais commeelle auroit pû nefaire en luy qu'unRoy,
Loüis fait un Héros si digne de l'Empire,
Que nous l'élirions tous s'il fe devoie
élire.
Peuples , le croirez-vous ? de cette mesmemain Dont le Foudre vangeur ne part jamaisen vain ,
Sous qui l'audace tremble , & l'or.
gueil s'humilie ,
Iltrace pource Fils l'Histoire de ſa
vie,
Ce long enchaînement bautsFaits,
ce tiffu de
GALANT. 201
Qu'aucuns momens oyſifs n'interrom
pentjamais ;
Ne nousfigurons point qu'il la borne àdécrire
Vn Empire nouveauqui groſſit nostre
Empire ,
Nos Drapeauxarborezfur ces fuper- bes Forts
D'où Cambray défioit nos plus vail lans efforts,
Etd'Espagnolsdéfaits ces Campagnes
couvertes,
Et la riche Sicile adjoûtée à leurs
pertes, [laiſfer Exploits trop publiez, &dont il veur L'exemple à tous les Roiss'ils l'ofent embraffer.
Maisles profondsſecrets desa baute Sagesse,
Ce n'est qu'àſon DAUPHIN que ce Hérosteslaiffe:
Tousces vaftes deffeins qu'execute un
instant,
Etdontil nenousvient que le bruit éclatant,
Lesyeux seulsde fon Fils découvrens teurnaiſſance.
Sij
202 LE MERCVRE
Il les voit lentement meurir dans le
filence,
Et recevoir toûjours d'inſenſiblesprogrés,
'Tant que tout à l'envy réponde dis Succés,
Etque de tous coſtez la Fortunefoû- mise Se trouve hors d'état de trahir l'entrepriſe.
Tremblez, fiers Espagnols; Belges,
reconnoissez Dequoyparces Leçons vous estes me-.
nacez.
Quand Loüis affrontant vos feux
vos machines ,
Devos murs abbatus entaſſe lesruïnes,
Querien nese dérobe àson juste conroux ,
Peut- estre n'est-il pas plus à craindre
pourvous ,
Que quand avec les Soins de l'amour paternelle ,
Ils'attache àformer fon Fils furfon
modele.
Dans ce Present qu'il fait àſes i en plescharmez2
GALANT. 203 Combien d'autres Preſensse trouvent
renfermez!
Ilnousdonne en luyfeuldes Victoires certaines,
Ilnous donne l'Ibere accablé de nos
chaînes.
Combien, heureuxFraçois,devez-vous
àLoüis 7
Pour toutes les vertus dont il orne co
Fils!
Maiss'il falloit encor, qu'à cesvertus
guerrieres ,
LesMuses, tes beaux Artspretaffent
leurslumieres,
Combienluy devez-vous pourlegrand
Montaufier,
Qu'à ce noble travail ildaigne af- focier!
Il est cent ¢ Rois dont peut-eftre l'Histoire,
Dans lafoule desRoiscacheroit lame
moire,
Si de leurs Succeſſeurs l'indigne lacheté, [pas merité;
Ne leur donnoit l'éclat qu'ils n'ont
Princés de qui les Noms avec gloire furvivent,
Sij
204 LE MERCURE
Parce qu'on les compare avec ceux qui lesſuivent.
Quelquefois mesme un Roy qui ne se répond pas Qued'affez longs regrets honorentfon trépas ,
Par un tourpolitiqueen ſecretſeménage D'un indigne Heritier le honteux .
anantage. [defau's;
Tibere deût l'Empire à ses beurenxx
Anguste eust pû d'ailleurs craindre pen de Rivaux;
1
<
Maisenfin aux Romainssa vertufut plus chere Quand elle eutleſecours desvicesde
Tibere :
Tudédaignes , Loüis , ces Maximes d'Etat,
Tu veux qu'un Succeffeur augmente ton éclat
Mais loin qu'à ses dépens ton grand Nomſe ſoutienne ,
Tu veux queparsagloire il augmente la tienne.. Animé de ton Sang, formé par tes Leçons
GALANT. 20
DeDisciple &de Fils reüniſſant les Noms ,
Quelleshautes vertuspeut- ilfaire pa- rolltre ,
Qu'il n'herite d'un Pere,ou n'apprenned'un Maistre?
Les Peuples conteront aurang de tes
bien-faits Lebonheurdontfamain comblera leurs Souhaits ;
Etpar fon bras vainqueur nos Ennemis en fuite ,
N'imputeront qu'à toy beur Puiſſance
détruite.
Déjatous nos François Spectateurs de
tes Soins ,
Dans ces voix d'allegreffe àl'envy se
font joins.
Noftre jeune DAUPHINdes beauxde
firs s'enflame,
1
Loüis par ses Leçons luy transmet
-fagrande ame Il attend qu'il le ſuive un jour d'un
pas égal,
Et dans son propre Filsſepromet un Rinal.
MBLANTR
Fermer
Résumé : SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
L'auteur d'une lettre et d'un poème exprime sa satisfaction que la dame à qui il écrit ait rendu hommage au marquis de Fontenelle dans sa province. Il accepte de rassembler des pièces galantes de Fontenelle, soulignant que ce dernier est capable de traiter des sujets sérieux malgré son style badin. Le poème, intitulé 'Sur l'éducation de Monseigneur le Dauphin', célèbre les vertus et les réalisations du roi Louis XIV et de son fils, le Dauphin. Il met en avant les succès militaires de la France sous Louis XIV, notamment la prise de Cambrai et de la Sicile. Le poème souligne également les soins que le roi prend pour éduquer le Dauphin, lui transmettant ses connaissances et ses victoires. Cette éducation vise à former le Dauphin selon le modèle de son père, afin qu'il puisse continuer et augmenter la gloire de la France. Le texte insiste sur l'importance de cette éducation, espérant que le Dauphin suivra les pas de son père et continuera à apporter bonheur et victoire à la France. Le poème se conclut par cet espoir, soulignant la transmission des valeurs et des succès militaires de Louis XIV à son fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
s. p.
A MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTAUSIER, PAIR DE FRANCE, &c. Gouverneur de Monseigneur le DAUPHIN.
Début :
MONSEIGNEUR, Quoy que le Mercure Galant semble estre devenu le [...]
Mots clefs :
Livre, Article, Dauphin, Éducation, Sentiments politiques, Art de régner, Armes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTAUSIER, PAIR DE FRANCE, &c. Gouverneur de Monseigneur le DAUPHIN.
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE
MONTAVSIER,
PAIR DE FRANCE, &c.
Gouverneur de Monfeigneur LE DAUPHIN.
ME ONSEIGNEUR ,
Quoyque le Mercure Galantſemble eſtre devenule Livre de tout le monde,
celuy que je prens la liberté de vous offrir eft tellement à vous , que j'ay crû que vous ne defaprouveriez pas que je luyfiſſe porter votre Illustre Nom. Ce qu'il contient deplus relevé regarde l'E- ducationde MonseigneurleDAUPHIN
2
aij
EPISTRE.
C'est l'Article le plus étendu , parce qu'il est impoſſible de renfermer en peu de paroles le prétieux Sujet de tant de veilles & de tant de foins ; Etquel au..
tre que Vous , MONSEIGNEUR, a
autant de part que vous en avezàcette merveilleuse Education qui nous fait admirer dans ce jeune Prince toutes les
qualitez qui le pouvoient rendre digne d'étre Fils de LOUIS LE GRAND ?
C'est Vous qui luy inspirez les Vertus
qui font particulieres aux Perſonnes de SonRing. C'est Vousqui lefaites entrer dans les Sentimens Politiques qui dơi vent eftre la principale Einde des Son- verains ; Et le Roy luydonnant lesve- ritables Regles dugrandArt de regner,
parles Memoiresqu'il prendſoin de luy dreffer de sa vie, C'eſt Vous qui luy ren- dezces secoursſenſibles , &luy appre- nez à meriter parluy-méme les avan- tagesqui luy fontdeſtinez parsa Naif Sance. L'honneurque vous avez reçen
par le choix que cet incomparable Mo- narque afait de Vous pour vous confier ce qu'apres Luy la France a de plus cher &deplus Auguste aestéfait par
EPISTRE.
d'autres Rois en differens Siecles aux
plus confiderables de l'Etat ; mais ces Rois qui les ont choiſts n'estoient point LOUIS XIV. &comme ils n'avoient
pas cette vive source de lumieres dont il
est éclairé dans tout-ce qu'ilfait, ils ont pû donner à lafaveur, ce que l'expe rience nousfait vairque vous vous estes
attirépar leplusfolide merite. Cette
gloire,MONSEIGNEUR,eftfi écla
tante &fiparticuliere pour Kous , que quoy que toute votre viefoit une ma- tiere inépuisable d'Eloges; Dire que le
Royvous a fait Gouverneur de Mon.
Seigneurle DAUPHIN, &que lesbautes Idéesque vous luy avezfaitprendre decequ'il est né,l'ontrendu ce que nons
Levoyons,c'est dire plus que les Panegyriques les plus achevez,nepourroient faire concevoir des plus Grands Hommes. C'est auffi àcettefeule lanange que je m'arreste ,&quelque liberté que je prenne devouspreſentercette Partiedu Mercure,je me trouve en méme temps contraint d'avoüer que le Mercure, ne doit point estre pour Vous. Il est lenpar tout,&on l'estime parce qu'en faisant
a iij
EPISTRE.
connoîtreles merveilles que produittous lesjours la France ,ilya pen de Pais Etrangers oùil ne donneſujet de l'ad- mirer ; Mais , MONSEIGNEUR,
quand ildira que vous estes d'une des plusnobles &plus anciennes Maiſons du Royaume , que vous avez l'Esprit auſſi grand que la naiſſance,que vôtre Courage les égale l'un &l'autre, &que malgré l'attachement que vous avez toûjours en pour lesBelles Lettres, vous n'avezlaiſſé échaper aucune occaſionde vousfignalerparles Armes ,que dira- t-il quinefoit connudanstous les lieux oùsabonnefortune luy afait trouver de V'accés ? L'Italie ne vous a-t- elle pas veu aux Siegesde Roſignan &de Cafal donnerdés vôtrejeuneâgedes marques
decette Valeur dont la Lorraine a de
puis esté témoin, &que l'Alsacen'apu s'empécher en suite d'admirer, quand
vous trouvantfous lefeu DucdeVuei- mar àl'attaque de la Ville&Forteresse de Brisac,vous yfiſtes tout cequ'onpeut attendre d'un Homme à qui les grandes Occafions inspirent la plus impatiente urdeur defediftinguer ? Io neparleny
EPISTRE.
C
des autres Sieges, ny d'une infinitéde Rencontresqui ont toutes fervyàfaire éclater vôtre Courage. Ielaiſſe laBa- tailledeCerné,dans laquelle vous prites devôtremain trois Etendars de CavaLerie. Avec quelle gloire n'avez- vous pas chalcombatu deCampendeAllemagne l' Arméeque ,feulcomman Maré-EELDE
doit feu Monfieur le Mareſchal Lyc Guebriant ? La Haute & Baffle Al /893 *
dont le Royvous avoit confié le Com mandement, n'oublieront jamais l'intre- pidité avec laquelle vous avez tenute fie aux Ennemis,dont enfin vous nepû- teséviterd'étrefait Prisonnier deguer re,apres vous étre exposépar tout oùle plus preſſant péril vous appelloit. Voilà de grandes Actions , MONSEIGNEUR! Nos Histoires qui en fe rontpleinesvous répondent de l'Immor- valitéque vous avezsi bien meritée ,
mesfoibles expreſſions ne pouvant rien pour vêtre gloire, je ne découvre plus dans ceque je me hazarde à vous offrir,
qu'un ambitieux motifd'amour propre,
qui mefait souhaiter que tout le monde fçache la gracequevous me faites de
EPISTR E.
m'honorer de vôtre protection , &d'a gréerqueje me diſe avec le zele le plus respectueux ,
MONSEIGNEUR,
Voltre tres-humble & tres- obeif
fantServiteur,D
LE DUC
DE
MONTAVSIER,
PAIR DE FRANCE, &c.
Gouverneur de Monfeigneur LE DAUPHIN.
ME ONSEIGNEUR ,
Quoyque le Mercure Galantſemble eſtre devenule Livre de tout le monde,
celuy que je prens la liberté de vous offrir eft tellement à vous , que j'ay crû que vous ne defaprouveriez pas que je luyfiſſe porter votre Illustre Nom. Ce qu'il contient deplus relevé regarde l'E- ducationde MonseigneurleDAUPHIN
2
aij
EPISTRE.
C'est l'Article le plus étendu , parce qu'il est impoſſible de renfermer en peu de paroles le prétieux Sujet de tant de veilles & de tant de foins ; Etquel au..
tre que Vous , MONSEIGNEUR, a
autant de part que vous en avezàcette merveilleuse Education qui nous fait admirer dans ce jeune Prince toutes les
qualitez qui le pouvoient rendre digne d'étre Fils de LOUIS LE GRAND ?
C'est Vous qui luy inspirez les Vertus
qui font particulieres aux Perſonnes de SonRing. C'est Vousqui lefaites entrer dans les Sentimens Politiques qui dơi vent eftre la principale Einde des Son- verains ; Et le Roy luydonnant lesve- ritables Regles dugrandArt de regner,
parles Memoiresqu'il prendſoin de luy dreffer de sa vie, C'eſt Vous qui luy ren- dezces secoursſenſibles , &luy appre- nez à meriter parluy-méme les avan- tagesqui luy fontdeſtinez parsa Naif Sance. L'honneurque vous avez reçen
par le choix que cet incomparable Mo- narque afait de Vous pour vous confier ce qu'apres Luy la France a de plus cher &deplus Auguste aestéfait par
EPISTRE.
d'autres Rois en differens Siecles aux
plus confiderables de l'Etat ; mais ces Rois qui les ont choiſts n'estoient point LOUIS XIV. &comme ils n'avoient
pas cette vive source de lumieres dont il
est éclairé dans tout-ce qu'ilfait, ils ont pû donner à lafaveur, ce que l'expe rience nousfait vairque vous vous estes
attirépar leplusfolide merite. Cette
gloire,MONSEIGNEUR,eftfi écla
tante &fiparticuliere pour Kous , que quoy que toute votre viefoit une ma- tiere inépuisable d'Eloges; Dire que le
Royvous a fait Gouverneur de Mon.
Seigneurle DAUPHIN, &que lesbautes Idéesque vous luy avezfaitprendre decequ'il est né,l'ontrendu ce que nons
Levoyons,c'est dire plus que les Panegyriques les plus achevez,nepourroient faire concevoir des plus Grands Hommes. C'est auffi àcettefeule lanange que je m'arreste ,&quelque liberté que je prenne devouspreſentercette Partiedu Mercure,je me trouve en méme temps contraint d'avoüer que le Mercure, ne doit point estre pour Vous. Il est lenpar tout,&on l'estime parce qu'en faisant
a iij
EPISTRE.
connoîtreles merveilles que produittous lesjours la France ,ilya pen de Pais Etrangers oùil ne donneſujet de l'ad- mirer ; Mais , MONSEIGNEUR,
quand ildira que vous estes d'une des plusnobles &plus anciennes Maiſons du Royaume , que vous avez l'Esprit auſſi grand que la naiſſance,que vôtre Courage les égale l'un &l'autre, &que malgré l'attachement que vous avez toûjours en pour lesBelles Lettres, vous n'avezlaiſſé échaper aucune occaſionde vousfignalerparles Armes ,que dira- t-il quinefoit connudanstous les lieux oùsabonnefortune luy afait trouver de V'accés ? L'Italie ne vous a-t- elle pas veu aux Siegesde Roſignan &de Cafal donnerdés vôtrejeuneâgedes marques
decette Valeur dont la Lorraine a de
puis esté témoin, &que l'Alsacen'apu s'empécher en suite d'admirer, quand
vous trouvantfous lefeu DucdeVuei- mar àl'attaque de la Ville&Forteresse de Brisac,vous yfiſtes tout cequ'onpeut attendre d'un Homme à qui les grandes Occafions inspirent la plus impatiente urdeur defediftinguer ? Io neparleny
EPISTRE.
C
des autres Sieges, ny d'une infinitéde Rencontresqui ont toutes fervyàfaire éclater vôtre Courage. Ielaiſſe laBa- tailledeCerné,dans laquelle vous prites devôtremain trois Etendars de CavaLerie. Avec quelle gloire n'avez- vous pas chalcombatu deCampendeAllemagne l' Arméeque ,feulcomman Maré-EELDE
doit feu Monfieur le Mareſchal Lyc Guebriant ? La Haute & Baffle Al /893 *
dont le Royvous avoit confié le Com mandement, n'oublieront jamais l'intre- pidité avec laquelle vous avez tenute fie aux Ennemis,dont enfin vous nepû- teséviterd'étrefait Prisonnier deguer re,apres vous étre exposépar tout oùle plus preſſant péril vous appelloit. Voilà de grandes Actions , MONSEIGNEUR! Nos Histoires qui en fe rontpleinesvous répondent de l'Immor- valitéque vous avezsi bien meritée ,
mesfoibles expreſſions ne pouvant rien pour vêtre gloire, je ne découvre plus dans ceque je me hazarde à vous offrir,
qu'un ambitieux motifd'amour propre,
qui mefait souhaiter que tout le monde fçache la gracequevous me faites de
EPISTR E.
m'honorer de vôtre protection , &d'a gréerqueje me diſe avec le zele le plus respectueux ,
MONSEIGNEUR,
Voltre tres-humble & tres- obeif
fantServiteur,D
Fermer
Résumé : A MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTAUSIER, PAIR DE FRANCE, &c. Gouverneur de Monseigneur le DAUPHIN.
L'épître est adressée à Monseigneur le Duc de Montausier, Gouverneur du Dauphin. L'auteur souligne que le Mercure Galant, bien que public, est dédié au Duc en raison de son rôle crucial dans l'éducation du Dauphin. Le Duc est loué pour ses qualités et ses mérites, notamment pour inspirer au Dauphin les vertus nécessaires à sa future royauté. Il transmet également les règles de gouvernement à travers les mémoires du roi Louis XIV. Le Duc est également reconnu pour son courage et ses exploits militaires. Il a participé aux sièges de Rosignan, Casal, et Brisac, ainsi qu'à la bataille de Cérisols, où il a capturé trois étendards de cavalerie. Son commandement en Alsace est également mentionné. Malgré sa capture lors d'une bataille, son courage et son dévouement sont soulignés. L'épître se conclut par l'expression de la gratitude de l'auteur pour la protection et l'honneur que lui accorde le Duc.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 212-228
Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
Les Articles précedens vous ayant appris la mort & vous [...]
Mots clefs :
Académie française, Article, Prix, Médailles d'or, Excellents ouvrages, Grand homme, Abbé Tallement, Directeur, Compagnie, Lectures, Château de S. Germain, Monsieur de S. Aignan, Dauphin, Esprit, Graver
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Les Articles précedens vous ayant appris la mort , & vous ayant fait connoiſtre le merite dedeux Perſonnes auffi Illuſtres
par leur grande vertu que par Léclat de leur naiſſance,je vais dans un ſeul Article vous par- ler d'une partie de ce que la France a de plus conſidérable du coſté de l'Eſprit, &vous en tretenir de ce qu'elle a de plus
134 LE MERCVRE relevé du coſté de la Naiſſan
ce,&des merveilleuſes qualitez qui rendent les Grands Hom- mes recommandables. Vous ju- gez bien , Madame , que c'eſt de Article de l'Académie Françoiſe dont je vous vais entrete- nir pour m'acquiter de ma pa- role.
J'avois eu ſoin de prendre une Copie de la Piece deVers qu'elle a jugée digne du Prix,
mais je ne vous l'envoyeray point,puis que vous memandez que vous l'avez veüe. Je vous entretiendrayſeulementde l'In- ftitution de ces Prix(carje vous aydéja fait ſçavoir qu'il y en a
deux ) & des cerémonies qui s'obſervēt le jour qu'on les don- ne. Ils fontchacunde la valeur
de trente Piſtoles ,&confiftent
en deuxMedailles d'or,dont l'u
GALANT. 135 ne repreſente un Saint Loüis,&
: l'autre le Portrait du Roy. Lex Prix de Proſe a eſté fondé par
- feu Mr de Balzac qui estoit de cet Illuſtre Corps. Lesexcellens Ouvrages qu'il nous a laiſſez ſe liſenttous les jours avecadmira- tion , &c'eſt avec beaucoupde justice qu'on l'a fait paffer pour le plus EloquentHommede fon temps. Comme l'argent qu'il a
laiſſe pour cela, ne produitpas chaque annéeun intereſt affez fort pour remplir la valeur du Prix, on ne le donne que tous les deuxans ; &à l'imitation de ce Grand Homme , unAcadé- micien d'autant plus genéreux qu'il neveutpoint ſe faire con- noiſtre , a fourny juſqu'icy la mefme fomme pour le Prix des Vers.. Meffieurs de l'Académic
enchoiſiſſent le Sujet,auffi-bien
136 LE MERCVRE que de la Profe. Ils en avertif fent le Publicunan auparavant par quelques Affiches ; & ceux qui travaillentſur ces matieres,
font obligez d'envoyer leurs Piecesdans le dernier jourd'A-- vril, ſans ſe nommer, afin que n'en connoiſſant point lesAu- teurs , cesMeffieurs les puiſſent examiner ſans aucune préoccu- pation qui les faſſe plutoſt pan- cher vers fun que vers l'autre.. Les Prixſe donnent publique+
ment; & comme ils ont choify le Jourde S. Loüis pour en faire la diſtribution , le Roy a com mencé cette année d'en augmenter la folemnité pour eux,
endonnantſes ordres pour leur faire chanter la Meſſe en Mufi-.
que, &prononcer le Panegyri- quede ceGrand Saint..Ainſi la Meffe fut celebrée ce Jour-là
T
GALANT. 137
- pour leur Compagnie par M
l'Abbé du Pont Chapelain du Louvre.M' Oudotqui a faittant d'agreables chofes , y fit admi- rer fonGénie pour la Muſique.
Tout cequi s'y chanta eftoit de luy. M' L'Abbéde S. Martin fit lePanégyrique du Saint,&mar- qua d'une maniere fort ingé nieuſe tout ceque le Roy faifoit pour élever un Corps auffi Il- luſtre que celuy devant lequel il parloit. Il euſt eſté diffici- le de luy choiſirdes Auditeurs qui ſe connuſſent mieux aux belles Choſes; &puis qu'il les satisfit tous,on ne peut douter qu'il ne fuſtdignedes applaudif- ſemens qu'il reçeut. L'apreſdî- née on tint Affemblée publi- que , où se trouverent quantité d'Eveſques &deGensde la pré- miere Qualité. M' l'Abbé Tal
#38 LE MERCVR lemant le jeune , comme Dire- teur de la Compagnie, expli- qua d'abord en peudemots la maniere dont on s'eſtoit fervy pour juger des Pieces qui a- voientmerité le Prix, &les don na à lire àM l'Abbe Regnier. Il commença par celle de Profe,
&perſonne ne s'eſtant preſen- té pour en déclarer l'Autheur,
il leut en ſuite celle de Vers. El
le ſe trouvadigne de l'approba- tionquevous luy avez donnée;
&apres que la lecture en eur eſté faite ,Ml'AbbéTallemant fit connoiſtrequ'on venoitd'ap- prendre qu'elle estoit deM² de La Monnoye Correcteur des Comptes àDijon. Je croy ,Ma- dame , que les Prix n'ont encor eſté donnez que trois fois , &
e'eſt le trofiéme qu'il a déja remporté pourlesVers.. Il feroit
GALANT. 139
1
àſouhaiter pour ceux qui ont entré enconcurrence avec luy,
que Meſſieurs de l'Académie Luydonnaffent la premierePla- ee vacante. Comme la qualité de Juge ne laiſſeroit plus rece-- voir ſes Ouvrages , les autres auroient plus de courage àtravailler. Cesdeux Pieces ayant eſté leuës, Mª Cordemoy qui eft de leur Corps , & Lecteur de
Monseigneur le Dauphin leutdeux autres deProfe 2
CNTHEOUT
fur des
d'un SujetsPreſident diferens.&Elles d'un Avecat
de Soiſſons qu'on ne ma pû nommer , & avoient eſté en voyées par l'Académiede cette meſme Ville , qui doit ce tribut àcelledeParis par une des Loix de ſon Etabliſſement. Ilyen a une autre qui l'oblige àne pren- dre pour fon Protecteur qu'un
1780
140 LE MERCVRE
보
des Quarante qui compoſent l'Academie Françoiſe , &c'eſt ce qui luy a fait choifir Mon- ſieur le Cardinal d'Eſtrées qui en eſt. Ces Lectures furent fuivies d'un panegyrique du Roy que fit Me l'Abbé Tallemant,
en décrivant toute la Campa- gne. Il parla avec une liberté qui faiſoit voir qu'il eſtoit mai- ſtre de ſes penſées , &qu'il ne cherchoit point ce qu'il diſoit Il s'exprima par des termes fi choiſis , & tout ce qu'ildit fur prononcé avec tant de grace,
qu'il auroir pu faire valoir des choſes médiocres ; mais outre qu'on n'en peut dire ſur unefi éclatante matiere , jamais iln'y eut Difcours ſi éloquent. Les grandes Actions duRoy furent peintesavecles plus vives cou leurs. Tout estoit également
GALANT. 141
11
1
1
fort, rien d'ennuyeux , rien de languiſſant. La joye eſtoit mar- quée ſur le viſage de ſes Audi- teurs ; &il eut cellede ſe voir obligé plus d'une fois de s'in terrompre luy meſme pour laif- fer finir les applaudiſſemens qu'il recevoit. Enfin , Madame,
fi le Royne ſe rendoit tous les jours loiable par uue infinité d'endroits nouveaux qui fur- prennent autant qu'ils donnent fujet de l'admirer , je ne croy pas que perſonne oſaſt entre- prendre de le loüer apres M
IAbbéTallemant. Aufſi, quand il eut finy , il eut beau deman- der, comme on fait ordinairement, ſi quelqu'un des Acadé- miciens n'avoit rien àlire , chacun ſe leva , &dit tout haut,
qu'apres ce qu'on venoit d'en- tendre ,onnepourroit plus rien
142 LE MERCVRE trouver de beau ,&qu'il en falloit demeurer là. J'ay bien de la joye ,Mada- me, devoir par vos Remarques ſurl'Ouvrage de M'dela Mon- noye , que vous eſtes tombée dans mes ſentimens. Tous les
endroits que vous loüez m'a- voientextrémementplû, &j'ay trouvé comme vous ſa Poëfic
toute riante. Il eſt vray que la matiere en eſtoitbienfavorable,
&que l'Education deMonſei- gneur le Dauphin qu'on avoit choifie cette année pour Sujer de laPiece de Vers, offroit de grandes idées àl'Eſprit. Que ce jeunePrince ena ! &qu'il eſtoit difficile que la Nature aidée du fecours des plus habiles Maiſtres que laFranceluyaitpûdonner,
nefiſtpas enluyundeſesChef- d'œuvres les plus accomplis !
GALANT. 143 Ce n'eſt point aſſez de dire qu'il n'ignore rien , on peut adjoûter fans flaterie qu'il excelle dans tout ce qu'il ſçait. Il a une ſi par- faite connoiſſance des Fables,
que dés ſes premieres années il ne voyoit point de Tapifferie qui en repreſentaft quelqu'une,
qu'il ne l'expliquaſt auſſi -toſt. Il ſçait tres-bien les Matemati- ques, il deffigne & grave admi- rablement , & on fut furpris un jour qu'eſtant entré chez M Sylveftre , en paſſant par les Galleries du Louvre , il prit un Burin , & grava fur le champ un Païfage qui me- ritoit toutes les loüanges qu'il reçeut. Il a gravé le Chaſtean deS. Germain , dont ayantdon- né une Eſtampe à Monfieur de S.Aignan, ce Duc à qui la vi- vacité d'Eſprit n'a jamais man
144 LE MERCVRE que,fit cet Inpromptu pour luy rendre graces d'un fi agreable Préfent.
par leur grande vertu que par Léclat de leur naiſſance,je vais dans un ſeul Article vous par- ler d'une partie de ce que la France a de plus conſidérable du coſté de l'Eſprit, &vous en tretenir de ce qu'elle a de plus
134 LE MERCVRE relevé du coſté de la Naiſſan
ce,&des merveilleuſes qualitez qui rendent les Grands Hom- mes recommandables. Vous ju- gez bien , Madame , que c'eſt de Article de l'Académie Françoiſe dont je vous vais entrete- nir pour m'acquiter de ma pa- role.
J'avois eu ſoin de prendre une Copie de la Piece deVers qu'elle a jugée digne du Prix,
mais je ne vous l'envoyeray point,puis que vous memandez que vous l'avez veüe. Je vous entretiendrayſeulementde l'In- ftitution de ces Prix(carje vous aydéja fait ſçavoir qu'il y en a
deux ) & des cerémonies qui s'obſervēt le jour qu'on les don- ne. Ils fontchacunde la valeur
de trente Piſtoles ,&confiftent
en deuxMedailles d'or,dont l'u
GALANT. 135 ne repreſente un Saint Loüis,&
: l'autre le Portrait du Roy. Lex Prix de Proſe a eſté fondé par
- feu Mr de Balzac qui estoit de cet Illuſtre Corps. Lesexcellens Ouvrages qu'il nous a laiſſez ſe liſenttous les jours avecadmira- tion , &c'eſt avec beaucoupde justice qu'on l'a fait paffer pour le plus EloquentHommede fon temps. Comme l'argent qu'il a
laiſſe pour cela, ne produitpas chaque annéeun intereſt affez fort pour remplir la valeur du Prix, on ne le donne que tous les deuxans ; &à l'imitation de ce Grand Homme , unAcadé- micien d'autant plus genéreux qu'il neveutpoint ſe faire con- noiſtre , a fourny juſqu'icy la mefme fomme pour le Prix des Vers.. Meffieurs de l'Académic
enchoiſiſſent le Sujet,auffi-bien
136 LE MERCVRE que de la Profe. Ils en avertif fent le Publicunan auparavant par quelques Affiches ; & ceux qui travaillentſur ces matieres,
font obligez d'envoyer leurs Piecesdans le dernier jourd'A-- vril, ſans ſe nommer, afin que n'en connoiſſant point lesAu- teurs , cesMeffieurs les puiſſent examiner ſans aucune préoccu- pation qui les faſſe plutoſt pan- cher vers fun que vers l'autre.. Les Prixſe donnent publique+
ment; & comme ils ont choify le Jourde S. Loüis pour en faire la diſtribution , le Roy a com mencé cette année d'en augmenter la folemnité pour eux,
endonnantſes ordres pour leur faire chanter la Meſſe en Mufi-.
que, &prononcer le Panegyri- quede ceGrand Saint..Ainſi la Meffe fut celebrée ce Jour-là
T
GALANT. 137
- pour leur Compagnie par M
l'Abbé du Pont Chapelain du Louvre.M' Oudotqui a faittant d'agreables chofes , y fit admi- rer fonGénie pour la Muſique.
Tout cequi s'y chanta eftoit de luy. M' L'Abbéde S. Martin fit lePanégyrique du Saint,&mar- qua d'une maniere fort ingé nieuſe tout ceque le Roy faifoit pour élever un Corps auffi Il- luſtre que celuy devant lequel il parloit. Il euſt eſté diffici- le de luy choiſirdes Auditeurs qui ſe connuſſent mieux aux belles Choſes; &puis qu'il les satisfit tous,on ne peut douter qu'il ne fuſtdignedes applaudif- ſemens qu'il reçeut. L'apreſdî- née on tint Affemblée publi- que , où se trouverent quantité d'Eveſques &deGensde la pré- miere Qualité. M' l'Abbé Tal
#38 LE MERCVR lemant le jeune , comme Dire- teur de la Compagnie, expli- qua d'abord en peudemots la maniere dont on s'eſtoit fervy pour juger des Pieces qui a- voientmerité le Prix, &les don na à lire àM l'Abbe Regnier. Il commença par celle de Profe,
&perſonne ne s'eſtant preſen- té pour en déclarer l'Autheur,
il leut en ſuite celle de Vers. El
le ſe trouvadigne de l'approba- tionquevous luy avez donnée;
&apres que la lecture en eur eſté faite ,Ml'AbbéTallemant fit connoiſtrequ'on venoitd'ap- prendre qu'elle estoit deM² de La Monnoye Correcteur des Comptes àDijon. Je croy ,Ma- dame , que les Prix n'ont encor eſté donnez que trois fois , &
e'eſt le trofiéme qu'il a déja remporté pourlesVers.. Il feroit
GALANT. 139
1
àſouhaiter pour ceux qui ont entré enconcurrence avec luy,
que Meſſieurs de l'Académie Luydonnaffent la premierePla- ee vacante. Comme la qualité de Juge ne laiſſeroit plus rece-- voir ſes Ouvrages , les autres auroient plus de courage àtravailler. Cesdeux Pieces ayant eſté leuës, Mª Cordemoy qui eft de leur Corps , & Lecteur de
Monseigneur le Dauphin leutdeux autres deProfe 2
CNTHEOUT
fur des
d'un SujetsPreſident diferens.&Elles d'un Avecat
de Soiſſons qu'on ne ma pû nommer , & avoient eſté en voyées par l'Académiede cette meſme Ville , qui doit ce tribut àcelledeParis par une des Loix de ſon Etabliſſement. Ilyen a une autre qui l'oblige àne pren- dre pour fon Protecteur qu'un
1780
140 LE MERCVRE
보
des Quarante qui compoſent l'Academie Françoiſe , &c'eſt ce qui luy a fait choifir Mon- ſieur le Cardinal d'Eſtrées qui en eſt. Ces Lectures furent fuivies d'un panegyrique du Roy que fit Me l'Abbé Tallemant,
en décrivant toute la Campa- gne. Il parla avec une liberté qui faiſoit voir qu'il eſtoit mai- ſtre de ſes penſées , &qu'il ne cherchoit point ce qu'il diſoit Il s'exprima par des termes fi choiſis , & tout ce qu'ildit fur prononcé avec tant de grace,
qu'il auroir pu faire valoir des choſes médiocres ; mais outre qu'on n'en peut dire ſur unefi éclatante matiere , jamais iln'y eut Difcours ſi éloquent. Les grandes Actions duRoy furent peintesavecles plus vives cou leurs. Tout estoit également
GALANT. 141
11
1
1
fort, rien d'ennuyeux , rien de languiſſant. La joye eſtoit mar- quée ſur le viſage de ſes Audi- teurs ; &il eut cellede ſe voir obligé plus d'une fois de s'in terrompre luy meſme pour laif- fer finir les applaudiſſemens qu'il recevoit. Enfin , Madame,
fi le Royne ſe rendoit tous les jours loiable par uue infinité d'endroits nouveaux qui fur- prennent autant qu'ils donnent fujet de l'admirer , je ne croy pas que perſonne oſaſt entre- prendre de le loüer apres M
IAbbéTallemant. Aufſi, quand il eut finy , il eut beau deman- der, comme on fait ordinairement, ſi quelqu'un des Acadé- miciens n'avoit rien àlire , chacun ſe leva , &dit tout haut,
qu'apres ce qu'on venoit d'en- tendre ,onnepourroit plus rien
142 LE MERCVRE trouver de beau ,&qu'il en falloit demeurer là. J'ay bien de la joye ,Mada- me, devoir par vos Remarques ſurl'Ouvrage de M'dela Mon- noye , que vous eſtes tombée dans mes ſentimens. Tous les
endroits que vous loüez m'a- voientextrémementplû, &j'ay trouvé comme vous ſa Poëfic
toute riante. Il eſt vray que la matiere en eſtoitbienfavorable,
&que l'Education deMonſei- gneur le Dauphin qu'on avoit choifie cette année pour Sujer de laPiece de Vers, offroit de grandes idées àl'Eſprit. Que ce jeunePrince ena ! &qu'il eſtoit difficile que la Nature aidée du fecours des plus habiles Maiſtres que laFranceluyaitpûdonner,
nefiſtpas enluyundeſesChef- d'œuvres les plus accomplis !
GALANT. 143 Ce n'eſt point aſſez de dire qu'il n'ignore rien , on peut adjoûter fans flaterie qu'il excelle dans tout ce qu'il ſçait. Il a une ſi par- faite connoiſſance des Fables,
que dés ſes premieres années il ne voyoit point de Tapifferie qui en repreſentaft quelqu'une,
qu'il ne l'expliquaſt auſſi -toſt. Il ſçait tres-bien les Matemati- ques, il deffigne & grave admi- rablement , & on fut furpris un jour qu'eſtant entré chez M Sylveftre , en paſſant par les Galleries du Louvre , il prit un Burin , & grava fur le champ un Païfage qui me- ritoit toutes les loüanges qu'il reçeut. Il a gravé le Chaſtean deS. Germain , dont ayantdon- né une Eſtampe à Monfieur de S.Aignan, ce Duc à qui la vi- vacité d'Eſprit n'a jamais man
144 LE MERCVRE que,fit cet Inpromptu pour luy rendre graces d'un fi agreable Préfent.
Fermer
Résumé : Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Le texte décrit la remise des prix de l'Académie Française, qui récompense des œuvres littéraires en prose et en vers. Les prix se composent de deux médailles d'or et de trente pistoles, et sont remis lors d'une cérémonie solennelle le jour de la Saint-Louis. Le prix de prose, fondé par le défunt Monsieur de Balzac, est attribué tous les deux ans en raison des intérêts insuffisants générés par le fonds. Un académicien anonyme complète la somme nécessaire pour le prix de poésie. Les sujets des concours sont choisis par les académiciens et annoncés au public. Les œuvres doivent être soumises anonymement avant le dernier jour d'avril. La cérémonie de remise des prix inclut une messe en musique et un panégyrique du roi. En 1680, la messe a été célébrée par l'abbé du Pont, et la musique a été composée par Monsieur Oudot. L'abbé de Saint-Martin a prononcé le panégyrique, suivi d'une assemblée publique où les prix ont été annoncés. Les prix ont été décernés trois fois jusqu'alors. Monsieur de La Monnoye a remporté le prix de poésie pour la troisième fois consécutive. D'autres œuvres en prose ont été lues, dont celles de Monsieur Cordemoy et d'un avocat de Soissons. L'Académie de Soissons envoie des œuvres à l'Académie Française en vertu de ses lois d'établissement. L'abbé Tallemant a également prononcé un panégyrique du roi, décrivant ses actions militaires avec éloquence et liberté. Le texte se termine par des éloges sur l'éducation et les talents du Dauphin, soulignant ses compétences en fables, mathématiques, dessin et gravure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 231-245
« Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...] »
Début :
Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...]
Mots clefs :
Prince, Dauphin, Esprit, Naissance, Monsieur de Montausier, Evêque de Condom, Précepteur, Ouvrages, Monsieur Blondel, Enseigner
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...] »
Ce Quatrain eſt de M de Tierceville-Mahaut,àqui Monfieurle DucdeMontaufier,qui a pour luy beaucoup d'eſtime & de bienveillance , avoit faitvoir ce petit Ouvrage de Mon- ſeigneur le Dauphin. C'eſt un Gentilhomme que ſon merite rend affez connu. Quand une infinité de Sonnets , de Madrigaux , &d'autres Pieces galan- tes qu'on a veuës de luy , n'au- roient pas fait connoiſtre qu'il a
autantdefeu que de delicateſſe
dans l'Eſprit , il ne faudroit que l'entendre pour en eſtre perſua- dé. Sa converſation eſt fort agreable , & on eft afſuré de ne s'ennuyer jamais avec luy. Le ſoin que daigne prendre le Roy
GALANT. 147 I
de dreſſer des Memoires de ſa
main pour I inſtruction de Mon-- ſeigneur le Dauphin , eſt une ſenſible marquede l'amourqu'il a pour ſes Peuples , à qui par cette bonté qui luy eſt ſi natu- relle poureux , il voudroit laif- fer, s'il ſe pouvoit , un Succef- ſeur qui allaſt encor au delà de ſes grandes qualitez. Sa Maje- THEOUD
ontTIA
ſté qui a toûjours eu de particulieres conſidératiós pour toutes les Perfonnes qui l'honneur d'eſtre de fon Sang fait élever avec luy Meſſieurs les Princes de Conty & de la Roche-fur-Yon. Quelque hau- te que ſoit leur Naiſſance , on peut dire qu'elle n'eſt pas le plus grand de leurs avantages. Leur Eſprit ſembleeſtre encor au def- ſus,&ils ſe montrentpar làdi- gnes Fils de feu Monfieur le
Gij
148 LE MERCVRE Prince de Conty leur Pere , qui en avoit infiniment; & dignes Neveux de Son Alteſſe Sereniffime Monfieur le Prince , dont
les grandes lumieres nefont pas moins l'admiration de tout le
monde, que fon extraordinaire
valeur. On a veu encoraupres deMonſeigneurle Dauphindes Enfans d'honneurd'une grande qualité, mais qui n'eſtoientpas moins conſidérables par les ta- lens qui les accompagnoient.
Ainſi ce jeune Prince n'ayant jamais veu que de l'Eſprit dans tout ce qui l'a environné,eftant fort éclairé de luy-meſime &
ayant pour Gouverneur Mon- fieur le Ducde Montaufier , &
MonfieurBoffuet ancien Evefque de Condom pour Prece- pteur , on n'a point à douter qu'iln'atteigne cedegréde per-
:
GALANT. 149
1
fection que Sa Majesté luy fou- haite. Vous avez entendu par- ler ſi avantageuſement de l'un &de l'autre , que je ne puis preſque vous en riendire quine vous foit déjatres-connu. Mon- fieurdeMoutaufierpoffede tou- tes les qualitez d'un grand Homme. Ila une rectitude d'amequi le rend auffi peu com- plaiſantpourceux qui font mal,
qu'il ſe montre zele Protecteur
de laVertu. Ilprendtoûjours le party de la Juſtice avec une ar- deur incroyable, &ne loüe que ce qui merite veritablement d'eſtre loué, mais ſes loüanges ne ſont point des paroles , ce fontdes chofes de fait dont tou
telaCourretentit. Vousſçavez qu'il eſt de laMaiſonde Sainte- Maure,dont l'ancienneté jufti- fie aſſez la grandeur. Dés l'an Güj
150 LE MERCVRE
mil dix il paroiſt que Gofſelin de Sainte- Maure eſtoit un des
plusgrands Seigneurs duRoyau- me; & en 1334. on a veu un Guillaume de Sainte- Maure
Chancelier de France. Leur Poſterité qui s'eſt divisée en plu- fieurs Branches , & qui ayant toûjours pris de tres-grandes Alliances, enadonné aux plus Illuftres Maiſons , s'eſt conti- nuée par vingtdegrés de décen te directe de mafle en mafle,
juſqu'à Monfieur de Montau- fier , à qui le Marquiſat qui por- te cenom, érigé enDuché , ap- partient enpropre. Il fut tranf mis il y a pres de quatre cens ans à laMaiſonde Sainte-Maure par une des Filles d'un Duc d'Angoulefme. Je ne vous par- leray nyde fon courage , ny de ſa valeur. La France en a eſté
)
GALANT témoin , auffi-bien que l'Italie,
la Lorraine , l'Alface, & l'Alle- magne. Dans les derniers Mou- vemens fomentez par les Enne- mis de la Couronne , non ſeulement ilmaintint dans l'obeïffance du Roy les Provinces de Xaintonge & d'Angoulmois dontil eſtoit Gouverneur ; mais
apres avoir rejetté avecune fi- delité inviolable les Propoſitions -avantageuſes qui luy furentfai- -tes pour l'obliger d'entrer dans -lepartydes Rebelles , il chaffa -lesEnnemis des Places de Xaintes, de Taillebourg , & de Tal- lemont, dont ils s'eſtoient em- parez; & les ayant pourſuivis,
quoy que fort inégal en nom- bre , ilchargea &défit une par- tie de leur Armée à Montanić
enPérigord, fans qu'une bleffu- re qu'il reçeut aubras, &dont Giv
152 LE MERCVRE il eſt demeuré eſtropić , luy fie rienrelâcher de la vigueur avee laquelle il ſe ſignala dans une fi glorieuſe occafion. LeGouvernement de Normandie ayant vaqué par lamort defenMon- fieurde Longueville,Sa Majesté l'en gratifia , tant en conſidera- tiondeſesſervices, quede ceux qu'Hector de Sainte Maure fon
Frere aifné avoit rendus àl'E
tat, non ſeulement en défendantRofignan dansleMontferrat contre le Marquis de Spino- Ja, mais en pluſieurs autres oc- cafions, &fur tout dans la Valteline , où il fut tué enforçant les Bains deBorino , & menant
l'Avantgarde de l'Armée que commandoit feu Monfieur le
Duc de Rohan.
.2
Monfieur l'Eveſque deCon- dom qui a fuccedé à feu M le
GALANT. 153
1
1
1
Preſident de Perigny dans la Charge de Precepteur deMon- ſeigneur le Dauphin , a prêché longtemps avec un ſuccés qui P'a rendu dignede la réputation qu'il s'eſt acquiſe. Il mene une vie fort exemplaire , &n'ayant pas moins de pieté que de do- trine , il ne peut inſpirer à ce jeune Prince que des ſentimens conformes au deſſein pour le- quel le Roy luy a fait l'honneur de le choiſir. Il a beaucoup de douceur , des manieres aiſees &
infinuantes , qui jointes aux fa- vorables diſpoſitions qu'il a
trouvées dans l'Eſprit de cet AuguſteDiſciple , y font paſſer adroitement , & fans qu'il ait lieu de s'en rebuter , toutes les connoiſſances qui peuvent étre de fon employ. Il eſt de l'Aca- demieFrançoiſe ,auffi bien que Gv
154 LE MERCVRE Mr Huet Sous-Précepteur de
ce Prince. C'eſt un Homme
d'une fort grande érudition , à
qui nous devons pluſieurs Ma- nufcrits des Ouvrages d'Ori- gene , qui n'avoient jamais eſté publiez. Vous vous plaindriez,
Madame , ſi je finiſſois l'Article de l'Education de monſeigneur le Dauphin, ſans vous parlerde M. Milet qui en eſt le SousGouverneur. Les Négociations dans leſquelles il a eſté em- ployé par m' le Cardinal de Richelieu & par м le Cardinal Mazarin, tant dedans que de- hors le Royaume, font une mar- que incontestable de fon merite. Il eſt mareſchal desCamps &Arméesdu Roy, &a eſté en- voyé par Sa majeſté en Allema- gne & en Pologue , où il a tres- utilement ſervy.
GALANT. 155
C M' Blondel qui enſeigne les Mathématiques à Monſeigneur leDauphin , eſt auſſi mareſchal deCamp. Onl'a employéquel- que temps aux Indes. Il a eſté Capitaine de Galere & de Vaif- feau , & Envoyé extraordinaire à Conſtantinople , en Suéde, &
aupres de l'Electeur de Brande- bourg. Il a beaucoupde litte- rature , &a fait pluſieurs Livres qui n'en laiſſent point douter.
Il en a mis au jour quelques au tres de Fortifications &de маthématiques , fort eſtimez des François & des Etrangers. Il a
travaillé en particulier aupres du Roy,qui le confidere. C'eſt luy qui a fait le nouveau Plan de Paris , & qui a donné les Deffeins des nouvelles Portes,
&du nouveauRamparten for medeCours.
Gvj
156 LE MERCVRE
Je ne vous diray rien deM
Sylvestre , qui a montré àdeffi- gner à Monſeigneur le Dau- phin, & qui eſt un tres habile Homme dans fon Art,auffi-bien
quetous les autres Maiſtres qui ont de l'employ aupres de ce jeune Prince.
autantdefeu que de delicateſſe
dans l'Eſprit , il ne faudroit que l'entendre pour en eſtre perſua- dé. Sa converſation eſt fort agreable , & on eft afſuré de ne s'ennuyer jamais avec luy. Le ſoin que daigne prendre le Roy
GALANT. 147 I
de dreſſer des Memoires de ſa
main pour I inſtruction de Mon-- ſeigneur le Dauphin , eſt une ſenſible marquede l'amourqu'il a pour ſes Peuples , à qui par cette bonté qui luy eſt ſi natu- relle poureux , il voudroit laif- fer, s'il ſe pouvoit , un Succef- ſeur qui allaſt encor au delà de ſes grandes qualitez. Sa Maje- THEOUD
ontTIA
ſté qui a toûjours eu de particulieres conſidératiós pour toutes les Perfonnes qui l'honneur d'eſtre de fon Sang fait élever avec luy Meſſieurs les Princes de Conty & de la Roche-fur-Yon. Quelque hau- te que ſoit leur Naiſſance , on peut dire qu'elle n'eſt pas le plus grand de leurs avantages. Leur Eſprit ſembleeſtre encor au def- ſus,&ils ſe montrentpar làdi- gnes Fils de feu Monfieur le
Gij
148 LE MERCVRE Prince de Conty leur Pere , qui en avoit infiniment; & dignes Neveux de Son Alteſſe Sereniffime Monfieur le Prince , dont
les grandes lumieres nefont pas moins l'admiration de tout le
monde, que fon extraordinaire
valeur. On a veu encoraupres deMonſeigneurle Dauphindes Enfans d'honneurd'une grande qualité, mais qui n'eſtoientpas moins conſidérables par les ta- lens qui les accompagnoient.
Ainſi ce jeune Prince n'ayant jamais veu que de l'Eſprit dans tout ce qui l'a environné,eftant fort éclairé de luy-meſime &
ayant pour Gouverneur Mon- fieur le Ducde Montaufier , &
MonfieurBoffuet ancien Evefque de Condom pour Prece- pteur , on n'a point à douter qu'iln'atteigne cedegréde per-
:
GALANT. 149
1
fection que Sa Majesté luy fou- haite. Vous avez entendu par- ler ſi avantageuſement de l'un &de l'autre , que je ne puis preſque vous en riendire quine vous foit déjatres-connu. Mon- fieurdeMoutaufierpoffede tou- tes les qualitez d'un grand Homme. Ila une rectitude d'amequi le rend auffi peu com- plaiſantpourceux qui font mal,
qu'il ſe montre zele Protecteur
de laVertu. Ilprendtoûjours le party de la Juſtice avec une ar- deur incroyable, &ne loüe que ce qui merite veritablement d'eſtre loué, mais ſes loüanges ne ſont point des paroles , ce fontdes chofes de fait dont tou
telaCourretentit. Vousſçavez qu'il eſt de laMaiſonde Sainte- Maure,dont l'ancienneté jufti- fie aſſez la grandeur. Dés l'an Güj
150 LE MERCVRE
mil dix il paroiſt que Gofſelin de Sainte- Maure eſtoit un des
plusgrands Seigneurs duRoyau- me; & en 1334. on a veu un Guillaume de Sainte- Maure
Chancelier de France. Leur Poſterité qui s'eſt divisée en plu- fieurs Branches , & qui ayant toûjours pris de tres-grandes Alliances, enadonné aux plus Illuftres Maiſons , s'eſt conti- nuée par vingtdegrés de décen te directe de mafle en mafle,
juſqu'à Monfieur de Montau- fier , à qui le Marquiſat qui por- te cenom, érigé enDuché , ap- partient enpropre. Il fut tranf mis il y a pres de quatre cens ans à laMaiſonde Sainte-Maure par une des Filles d'un Duc d'Angoulefme. Je ne vous par- leray nyde fon courage , ny de ſa valeur. La France en a eſté
)
GALANT témoin , auffi-bien que l'Italie,
la Lorraine , l'Alface, & l'Alle- magne. Dans les derniers Mou- vemens fomentez par les Enne- mis de la Couronne , non ſeulement ilmaintint dans l'obeïffance du Roy les Provinces de Xaintonge & d'Angoulmois dontil eſtoit Gouverneur ; mais
apres avoir rejetté avecune fi- delité inviolable les Propoſitions -avantageuſes qui luy furentfai- -tes pour l'obliger d'entrer dans -lepartydes Rebelles , il chaffa -lesEnnemis des Places de Xaintes, de Taillebourg , & de Tal- lemont, dont ils s'eſtoient em- parez; & les ayant pourſuivis,
quoy que fort inégal en nom- bre , ilchargea &défit une par- tie de leur Armée à Montanić
enPérigord, fans qu'une bleffu- re qu'il reçeut aubras, &dont Giv
152 LE MERCVRE il eſt demeuré eſtropić , luy fie rienrelâcher de la vigueur avee laquelle il ſe ſignala dans une fi glorieuſe occafion. LeGouvernement de Normandie ayant vaqué par lamort defenMon- fieurde Longueville,Sa Majesté l'en gratifia , tant en conſidera- tiondeſesſervices, quede ceux qu'Hector de Sainte Maure fon
Frere aifné avoit rendus àl'E
tat, non ſeulement en défendantRofignan dansleMontferrat contre le Marquis de Spino- Ja, mais en pluſieurs autres oc- cafions, &fur tout dans la Valteline , où il fut tué enforçant les Bains deBorino , & menant
l'Avantgarde de l'Armée que commandoit feu Monfieur le
Duc de Rohan.
.2
Monfieur l'Eveſque deCon- dom qui a fuccedé à feu M le
GALANT. 153
1
1
1
Preſident de Perigny dans la Charge de Precepteur deMon- ſeigneur le Dauphin , a prêché longtemps avec un ſuccés qui P'a rendu dignede la réputation qu'il s'eſt acquiſe. Il mene une vie fort exemplaire , &n'ayant pas moins de pieté que de do- trine , il ne peut inſpirer à ce jeune Prince que des ſentimens conformes au deſſein pour le- quel le Roy luy a fait l'honneur de le choiſir. Il a beaucoup de douceur , des manieres aiſees &
infinuantes , qui jointes aux fa- vorables diſpoſitions qu'il a
trouvées dans l'Eſprit de cet AuguſteDiſciple , y font paſſer adroitement , & fans qu'il ait lieu de s'en rebuter , toutes les connoiſſances qui peuvent étre de fon employ. Il eſt de l'Aca- demieFrançoiſe ,auffi bien que Gv
154 LE MERCVRE Mr Huet Sous-Précepteur de
ce Prince. C'eſt un Homme
d'une fort grande érudition , à
qui nous devons pluſieurs Ma- nufcrits des Ouvrages d'Ori- gene , qui n'avoient jamais eſté publiez. Vous vous plaindriez,
Madame , ſi je finiſſois l'Article de l'Education de monſeigneur le Dauphin, ſans vous parlerde M. Milet qui en eſt le SousGouverneur. Les Négociations dans leſquelles il a eſté em- ployé par m' le Cardinal de Richelieu & par м le Cardinal Mazarin, tant dedans que de- hors le Royaume, font une mar- que incontestable de fon merite. Il eſt mareſchal desCamps &Arméesdu Roy, &a eſté en- voyé par Sa majeſté en Allema- gne & en Pologue , où il a tres- utilement ſervy.
GALANT. 155
C M' Blondel qui enſeigne les Mathématiques à Monſeigneur leDauphin , eſt auſſi mareſchal deCamp. Onl'a employéquel- que temps aux Indes. Il a eſté Capitaine de Galere & de Vaif- feau , & Envoyé extraordinaire à Conſtantinople , en Suéde, &
aupres de l'Electeur de Brande- bourg. Il a beaucoupde litte- rature , &a fait pluſieurs Livres qui n'en laiſſent point douter.
Il en a mis au jour quelques au tres de Fortifications &de маthématiques , fort eſtimez des François & des Etrangers. Il a
travaillé en particulier aupres du Roy,qui le confidere. C'eſt luy qui a fait le nouveau Plan de Paris , & qui a donné les Deffeins des nouvelles Portes,
&du nouveauRamparten for medeCours.
Gvj
156 LE MERCVRE
Je ne vous diray rien deM
Sylvestre , qui a montré àdeffi- gner à Monſeigneur le Dau- phin, & qui eſt un tres habile Homme dans fon Art,auffi-bien
quetous les autres Maiſtres qui ont de l'employ aupres de ce jeune Prince.
Fermer
Résumé : « Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...] »
Le texte présente un quatrain de M. de Tierceville-Mahaut dédié au duc de Montaufier, qui a montré un ouvrage du dauphin. Le duc est décrit comme un gentilhomme de mérite, connu pour ses sonnets, madrigaux et autres pièces galantes. Sa conversation est agréable et il ne s'ennuie jamais en sa compagnie. Le roi, par son amour pour ses peuples, rédige des mémoires pour l'instruction du dauphin, souhaitant lui léguer un successeur exceptionnel. Le dauphin est entouré de personnes d'esprit, notamment les princes de Conty et de La Roche-sur-Yon, dignes fils et neveux de leurs pères respectifs. Le duc de Montaufier, gouverneur du dauphin, est loué pour sa rectitude et son zèle pour la vertu. Il appartient à la maison de Sainte-Maure, illustre par son ancienneté et ses alliances prestigieuses. Le duc a montré son courage et sa valeur en France, en Italie, en Lorraine, en Alsace et en Allemagne, notamment en défendant les provinces de Saintonge et d'Angoulême. Le gouvernement de Normandie lui a été confié en reconnaissance de ses services et de ceux de son frère Hector. L'évêque de Condom, précepteur du dauphin, est reconnu pour sa piété et sa doctrine. Il est aidé par M. Huet, sous-précepteur et membre de l'Académie française. M. Milet, sous-gouverneur, est un diplomate expérimenté. M. Blondel, enseignant les mathématiques, est un érudit et un ingénieur réputé, ayant travaillé sur le nouveau plan de Paris. Enfin, M. Sylvestre, maître en dessin, est également mentionné pour son habileté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 153-159
Madame va voir prendre un Fort attaqué & defendu par Messieurs les Academistes de l'Academie de Bernardy. [titre d'après la table]
Début :
Il n'y avoit autrefois que le temps qui pust faire [...]
Mots clefs :
Académies, Armée, M. de Bernardi, Madame, Académistes, Attaque du fort, Place, Défendre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Madame va voir prendre un Fort attaqué & defendu par Messieurs les Academistes de l'Academie de Bernardy. [titre d'après la table]
Il n'y avoit autrefois que le temps qui puſt faire de
GALANT. 99 veritables Guerriers, les premie- res occaſions ne ſervoient en
quelque façon que d'eſſay à l'a- dreſſe &àla valeur , & il eſtoit
rare qu'on montraſt tout d'un coup ce qu'on eſtoit. On pré- vient aujourd'huy les années; &
la manieredontles Gentilshommes ſont élevez dans les Académies , a quelque choſe de ſi martial , qu'on peut dire qu'ils y
font leurs premieres Campa- gnes. Du moins ils en ſortent tellement aguerris , que dés qu'ils paroiffent à l'Armée, tous jeunes qu'ils font, on diroit qu'ils n'ont fait toute leur vie autre
choſe que de combatre. Il eſt vray que l'exactitude avec la- quelle M.de Bernardy leurdon- ne ſes ſoins , contribuë beaucoup aux avantages qu'ils en re- çoivent. Onne luy en peutdon Eij
100 LE MERCVRE
ner trop de loüanges. Il ne ſe contente pas de leur enſeigner leurs Exercices; il leurfait pren- dre dans tout ce qu'ils font un air noble,qui perfuade aiſément de leur naiſſance, & c'eſt ce qui luy attire non ſeulement tout ce qu'il y a de grand &d'illuſtre en France , mais auſſi quantité de jeunes Seigneurs qui luy font envoyez des Royaumes étran- gers. La maniere d'attaquer &
de défendre les Places, eſt une
Leçonqu'il n'oublie point à leur donner. C'eſt pour cela qu'il fit bâtiril y a quelques années un Fort au boutdu Palais de Luxembourg. LesAcademiſtes s'y vontexercer tous les Samedis; &
le bruit de leur adreſſe qui a
ſouvent pour témoin ungrand nombre de Perſonnes de quali- té, s'eſt tellement répandu, que
GALANT. ΙΟΙ
Madame n'a pas dédaigné de les honorer de ſa preſence. Elle avoit choiſy un jour extraordi- naire pour leur venir voir faire l'attaquedu Fort. Ils s'y prépa- rerent avec joye. Monfieur le Duc de Valentinois , Fils de Monfieur le Prince de Monaco,
l'attaqua avec beaucoup de vi gueur; & la maniere dont il fut ſecondé,eut un je-ne-ſçay quel air de bravoure qui plut fi fort à Son Alteſſe Royale, qu'elle en congratula Monfieur de Bernardy, &luy ditobligeamment,
qu'elle viendroit admirerplus d'u ne fois les jeunes Guerriers qu'il avoitfaits. Elle estoit ſuivie d'une partie de ſa Cour ; & leur bonne mine jointe àl'air relevé qui accompagna tout ce qu'ils firent , leur ayant acquis des Maiſtreſſes , donna lieu à quel
E iij
102 LE MERCVRE
ques Avantures galantes dont je vous entretiendray le Mois prochain. Je tâcheray de me trouver moy - meſme à l'at- taque de leur Fort , afin de vous en mander quelque cho- ſe de plus particulier , & je vous feray ſçavoir en meſme temps les Noms de ces Braves Fortunez, qui ſçaventde ſibon- ne heure conquérir des Places
& gagner des Cœurs.
GALANT. 99 veritables Guerriers, les premie- res occaſions ne ſervoient en
quelque façon que d'eſſay à l'a- dreſſe &àla valeur , & il eſtoit
rare qu'on montraſt tout d'un coup ce qu'on eſtoit. On pré- vient aujourd'huy les années; &
la manieredontles Gentilshommes ſont élevez dans les Académies , a quelque choſe de ſi martial , qu'on peut dire qu'ils y
font leurs premieres Campa- gnes. Du moins ils en ſortent tellement aguerris , que dés qu'ils paroiffent à l'Armée, tous jeunes qu'ils font, on diroit qu'ils n'ont fait toute leur vie autre
choſe que de combatre. Il eſt vray que l'exactitude avec la- quelle M.de Bernardy leurdon- ne ſes ſoins , contribuë beaucoup aux avantages qu'ils en re- çoivent. Onne luy en peutdon Eij
100 LE MERCVRE
ner trop de loüanges. Il ne ſe contente pas de leur enſeigner leurs Exercices; il leurfait pren- dre dans tout ce qu'ils font un air noble,qui perfuade aiſément de leur naiſſance, & c'eſt ce qui luy attire non ſeulement tout ce qu'il y a de grand &d'illuſtre en France , mais auſſi quantité de jeunes Seigneurs qui luy font envoyez des Royaumes étran- gers. La maniere d'attaquer &
de défendre les Places, eſt une
Leçonqu'il n'oublie point à leur donner. C'eſt pour cela qu'il fit bâtiril y a quelques années un Fort au boutdu Palais de Luxembourg. LesAcademiſtes s'y vontexercer tous les Samedis; &
le bruit de leur adreſſe qui a
ſouvent pour témoin ungrand nombre de Perſonnes de quali- té, s'eſt tellement répandu, que
GALANT. ΙΟΙ
Madame n'a pas dédaigné de les honorer de ſa preſence. Elle avoit choiſy un jour extraordi- naire pour leur venir voir faire l'attaquedu Fort. Ils s'y prépa- rerent avec joye. Monfieur le Duc de Valentinois , Fils de Monfieur le Prince de Monaco,
l'attaqua avec beaucoup de vi gueur; & la maniere dont il fut ſecondé,eut un je-ne-ſçay quel air de bravoure qui plut fi fort à Son Alteſſe Royale, qu'elle en congratula Monfieur de Bernardy, &luy ditobligeamment,
qu'elle viendroit admirerplus d'u ne fois les jeunes Guerriers qu'il avoitfaits. Elle estoit ſuivie d'une partie de ſa Cour ; & leur bonne mine jointe àl'air relevé qui accompagna tout ce qu'ils firent , leur ayant acquis des Maiſtreſſes , donna lieu à quel
E iij
102 LE MERCVRE
ques Avantures galantes dont je vous entretiendray le Mois prochain. Je tâcheray de me trouver moy - meſme à l'at- taque de leur Fort , afin de vous en mander quelque cho- ſe de plus particulier , & je vous feray ſçavoir en meſme temps les Noms de ces Braves Fortunez, qui ſçaventde ſibon- ne heure conquérir des Places
& gagner des Cœurs.
Fermer
Résumé : Madame va voir prendre un Fort attaqué & defendu par Messieurs les Academistes de l'Academie de Bernardy. [titre d'après la table]
Le texte relate l'évolution de la formation des guerriers en France. Autrefois, les premiers combats servaient de tests pour évaluer l'adresse et la valeur des combattants. Aujourd'hui, les jeunes gentilshommes sont formés dans des académies, où ils acquièrent une expérience martiale telle qu'ils semblent vétérans dès leur arrivée à l'armée. Cette formation est supervisée par M. de Bernardy, dont les soins et l'exactitude contribuent aux succès des élèves. Il leur enseigne les exercices militaires ainsi qu'une noblesse d'attitude révélant leur naissance. Cette réputation attire des jeunes seigneurs de France et de royaumes étrangers. L'académie inclut des leçons sur l'attaque et la défense des places fortes. Un fort a été construit au bout du Palais du Luxembourg pour les exercices des académistes, qui se déroulent chaque samedi. Leur adresse a été remarquée par Madame, qui a assisté à une attaque du fort. Le Duc de Valentinois, fils du Prince de Monaco, a mené l'attaque avec vigueur, impressionnant Madame. Elle a félicité M. de Bernardy et exprimé son désir de revenir admirer les jeunes guerriers. La bonne mine et l'air relevé des académistes leur ont valu des maîtresses et des aventures galantes. L'auteur prévoit de se rendre à l'attaque du fort pour en rapporter des détails et les noms des braves fortunés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 174-179
Monseigneur le Dauphin monte pour la premiere fois des Chevaux d'Ecole, & apprend à faire des Armes. [titre d'après la table]
Début :
La délicatesse qui paroist en celle de Monseigneur le Dauphin [...]
Mots clefs :
Dauphin, Cheval, Exercices, Armes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Dauphin monte pour la premiere fois des Chevaux d'Ecole, & apprend à faire des Armes. [titre d'après la table]
La délicateſſe qui paroît en celle de Monſeigneur le Dau- phin , ſemble en quelque façon incompatible avec les Exercices
violens. Cependant il a com- mencé à faire voir depuis quelques jours , qu'il a toute la force neceſſaire pour les ſuporter , en montant des Chevaux d'Ecole.
Il ne ſecontenta pas du premier qu'il monta , nommé Favory,
qui eſt unCheval fort adroit, &
qui a beaucoup de ſcience & de
vigueur , il en monta encor un autre avec l'applaudiſſement de
For LE MERCVRE
toute la Courqui fut ſurpriſe de voir que dés la premiere fois il fuſt ſi bien à cheval. Monfieur
le Comte de Brionne reçeu en furvivance de la Charge de GrandEcuyer , luy preſenta la Gaule. Le Roy en fut tres-faris- fait. II demeura preſent àtoutle Manege , & ordonna qu'on fift une Loge pourla Reyne. Ainfi lesDames auront la fatisfaction
à l'avenir d'admirer l'adreſſe de
ce jeune Prince , & la bonne grace qu'il a dans tout ce qu'il fait. M de Bournonville &du
Pleffis , Ecuyers de la grande Ecurie, auront l'honneurde luy enſeigner tour àtour cetExerci- ce. Lepremier eft malade, &je ne ſeay s'il aura affez deſanté pour luy venir donner ſes Le- çonspendantſa quinzaine.C'eſt un Gentilhomme d'un merite
GALANT. III
=
1
e
1
eut
e particulier. Il montre , à la grande Ecurie , & le choix duRoy en fait l'Eloge. M.duPleſſis dont le nomeft fi connu,&qui avoit rendu fon Académie ſi celebre
en faiſant les meilleurs Ecoliers
de France , a eu l'avantage de mettre Monſeigneur le Dau- phin àcheval. M. de la Touche,
choiſy par le Roy pour luyen- ſeigner à faire des Armes ,
celuyde les luy mettre àla main lemeſime jour. Il eſt le premier qui ait réduit cet Arten Science ,& il ne faut point douter
que ce qu'il enſeignera à cejeu- ne Prince , ne le rende bientoft
auſſi parfait dans ce qui la regar- de , qu'il l'eſt dans tout ce qu'il a
déja appris par les foinsdeMon- fieur le Duc de Montaufier.Cela paroiſt par les marques qu'il donne tous les jours d'eſprit ,de
112 LE MERCVRE
jugement &de memoire. Deux Exercices de vigueur commen- cezdans le meſme temps , &qui vonteſtre continuez de la mefme forte , font voir non ſeulement la force & l'adreſſe naturelle de Monſeigneur le Dau- phin , mais l'ardeur qu'il a pour tout ce qui luy peutſervir àmar- cher fur les glorieuſes traces qu'il brûle d'impatience de ſui- vre. Monfieur le Prince deConty qui a eſté élevé avec luy , a
commencé auſſi à monter àcheval le meſmejour. Il a de grands exemples domeſtiques , & aur- cune Qualité ne luy manque pour répondre dignement à ce qu'il eſt né. Ainfi on en peut attendre un jour des prodiges pour la Guerre.
violens. Cependant il a com- mencé à faire voir depuis quelques jours , qu'il a toute la force neceſſaire pour les ſuporter , en montant des Chevaux d'Ecole.
Il ne ſecontenta pas du premier qu'il monta , nommé Favory,
qui eſt unCheval fort adroit, &
qui a beaucoup de ſcience & de
vigueur , il en monta encor un autre avec l'applaudiſſement de
For LE MERCVRE
toute la Courqui fut ſurpriſe de voir que dés la premiere fois il fuſt ſi bien à cheval. Monfieur
le Comte de Brionne reçeu en furvivance de la Charge de GrandEcuyer , luy preſenta la Gaule. Le Roy en fut tres-faris- fait. II demeura preſent àtoutle Manege , & ordonna qu'on fift une Loge pourla Reyne. Ainfi lesDames auront la fatisfaction
à l'avenir d'admirer l'adreſſe de
ce jeune Prince , & la bonne grace qu'il a dans tout ce qu'il fait. M de Bournonville &du
Pleffis , Ecuyers de la grande Ecurie, auront l'honneurde luy enſeigner tour àtour cetExerci- ce. Lepremier eft malade, &je ne ſeay s'il aura affez deſanté pour luy venir donner ſes Le- çonspendantſa quinzaine.C'eſt un Gentilhomme d'un merite
GALANT. III
=
1
e
1
eut
e particulier. Il montre , à la grande Ecurie , & le choix duRoy en fait l'Eloge. M.duPleſſis dont le nomeft fi connu,&qui avoit rendu fon Académie ſi celebre
en faiſant les meilleurs Ecoliers
de France , a eu l'avantage de mettre Monſeigneur le Dau- phin àcheval. M. de la Touche,
choiſy par le Roy pour luyen- ſeigner à faire des Armes ,
celuyde les luy mettre àla main lemeſime jour. Il eſt le premier qui ait réduit cet Arten Science ,& il ne faut point douter
que ce qu'il enſeignera à cejeu- ne Prince , ne le rende bientoft
auſſi parfait dans ce qui la regar- de , qu'il l'eſt dans tout ce qu'il a
déja appris par les foinsdeMon- fieur le Duc de Montaufier.Cela paroiſt par les marques qu'il donne tous les jours d'eſprit ,de
112 LE MERCVRE
jugement &de memoire. Deux Exercices de vigueur commen- cezdans le meſme temps , &qui vonteſtre continuez de la mefme forte , font voir non ſeulement la force & l'adreſſe naturelle de Monſeigneur le Dau- phin , mais l'ardeur qu'il a pour tout ce qui luy peutſervir àmar- cher fur les glorieuſes traces qu'il brûle d'impatience de ſui- vre. Monfieur le Prince deConty qui a eſté élevé avec luy , a
commencé auſſi à monter àcheval le meſmejour. Il a de grands exemples domeſtiques , & aur- cune Qualité ne luy manque pour répondre dignement à ce qu'il eſt né. Ainfi on en peut attendre un jour des prodiges pour la Guerre.
Fermer
Résumé : Monseigneur le Dauphin monte pour la premiere fois des Chevaux d'Ecole, & apprend à faire des Armes. [titre d'après la table]
Le texte décrit les premiers pas du Dauphin dans les exercices équestres. Malgré une apparence fragile, il a montré sa force et son adresse en montant des chevaux d'école. Il a débuté avec Favory, un cheval habile et vigoureux, puis a monté un autre cheval, impressionnant la cour par sa maîtrise rapide. Le Comte de Brionne, Grand Écuyer, lui a remis la gaule, et le roi a ordonné la construction d'une loge pour la reine afin qu'elle puisse observer les progrès du Dauphin. Les écuyers Bournonville et du Plessis sont chargés de son instruction. Bournonville, bien que malade, est reconnu pour son mérite, tandis que du Plessis, célèbre pour son académie, a initié le Dauphin à l'équitation. Le même jour, La Touche, expert en armes, a commencé à enseigner au Dauphin. Les progrès du Dauphin révèlent son esprit, son jugement et sa mémoire. Le Prince de Conti, élevé avec le Dauphin, a également commencé à monter à cheval le même jour, montrant des aptitudes prometteuses pour la guerre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 72-73
Monsieur le Maréchal d'Estrades est nommé Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres. [titre d'après la table]
Début :
La place de Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres, [...]
Mots clefs :
Gouverneur, Duc de Chartres, Duc de Navailles, Ambassade , Prudence, Maréchal d'Estrades
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monsieur le Maréchal d'Estrades est nommé Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres. [titre d'après la table]
La place de Gouverneur de
Monfieur le Duc de Chartres
eftant demeurée vacante par la
mort de Monfieur le Maréchal
Duc
GALANT.
73
Duc de Navailles , Monfieur le
Maréchal d'Eftrades a efté nommé
pour la remplir . C'eſt un
pofte dont il est tres digne , puis
qu'il joint l'efprit , la prudence
& le fçavoir , à la valeur. Vous
fçavez qu'il a commandé des Armées
, défendu des Villes &
qu'il s'eft toûjours acquité avec
beaucoup d'habilité & de gloire
des Ambaffades dont Sa Majesté
l'a honoré.
Monfieur le Duc de Chartres
eftant demeurée vacante par la
mort de Monfieur le Maréchal
Duc
GALANT.
73
Duc de Navailles , Monfieur le
Maréchal d'Eftrades a efté nommé
pour la remplir . C'eſt un
pofte dont il est tres digne , puis
qu'il joint l'efprit , la prudence
& le fçavoir , à la valeur. Vous
fçavez qu'il a commandé des Armées
, défendu des Villes &
qu'il s'eft toûjours acquité avec
beaucoup d'habilité & de gloire
des Ambaffades dont Sa Majesté
l'a honoré.
Fermer
Résumé : Monsieur le Maréchal d'Estrades est nommé Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres. [titre d'après la table]
Le Maréchal d'Estrades, également Duc de Navailles, est nommé Gouverneur après la mort du Maréchal Duc Galant. Reconnu pour son esprit, sa prudence, son savoir et sa valeur, il a commandé des armées, défendu des villes et excellé dans des missions diplomatiques pour le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 144-146
Ce qui s'est passé touchant la Chaire Gréque de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
Début :
La Place de Docteur Aggregé en la Faculté des Droits [...]
Mots clefs :
Université de Caen, Docteur, Charge, Avocat, Faculté de droit, Professeurs, Approbation, Confrères, Nomination
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé touchant la Chaire Gréque de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
La Place de Docteur Aggregé
en la Faculté des Droits de l'Univerfité
de Caën , vacante par le
deceds de Monfieur Pyron , qui
eftoit auffi Porfeffeur d'Eloquen
ce au Collège du Bois , & qui
poffedoit la Chaire Grecque ,
dont je vous ay parlé dans ma
Lettre de Décembre , a efté rem-
{
plie
GALANT.
145
plie par Monfieur Cotelle, Avocat
au Préfidial de la même Ville.
Trois Perfonnés s'étoient prefentées
pour prendre le degré
de Docteur , afin d'eſtre en pouvoir
de difputer cette Place , Sa
Majefté fouhaitant que celuy
qu'on nommeroit cût la qualité
de Docteur , & aprés que chas
cun d'eux cut fait & fouftenu
des Théfes dans les Ecoles publiques
des Droits , tant du Droit
Civil , que du Droit Canonique ,
fur les Matiéres les plus difficiles
à refoudre , la Faculté , qui eft
compofée de quatre Docteurs
& Profeffeurs en Droit Civil &
Canon , d'un Docteur & Profeffeur
de Droit François , & de
hoit Docteurs aggregez , s'affembla
fur la fin de l'année derniére,
pour en choisir un qui fuft capable
de faire les fonctions de cet-
Ianvier 1685. G
146 MERCURE
te Charge , & fuivant la Déclaration
de fa Majefté , ils nommérent
Monfieur Cotelle , fameux
par plufieurs doctes Plajdoyers
, qui luy ont attiré l'approbation
de tous ceux qui l'ont entendu
parler , pour Succeffeur
de Monfieur Pyron . Aprés le
Serment fait de s'aquitter de la
Charge d'Aggregé , conformément
aux Edits du Roy , & aux
Statuts & Reglemens de la Faculté
, il fut mis en poffeffion de cette
Place, pour en joüir aux honneurs
profits émolumens &
prérogatives , dont jouiffent les
autres Docteurs Aggregez fes
Confreres.
en la Faculté des Droits de l'Univerfité
de Caën , vacante par le
deceds de Monfieur Pyron , qui
eftoit auffi Porfeffeur d'Eloquen
ce au Collège du Bois , & qui
poffedoit la Chaire Grecque ,
dont je vous ay parlé dans ma
Lettre de Décembre , a efté rem-
{
plie
GALANT.
145
plie par Monfieur Cotelle, Avocat
au Préfidial de la même Ville.
Trois Perfonnés s'étoient prefentées
pour prendre le degré
de Docteur , afin d'eſtre en pouvoir
de difputer cette Place , Sa
Majefté fouhaitant que celuy
qu'on nommeroit cût la qualité
de Docteur , & aprés que chas
cun d'eux cut fait & fouftenu
des Théfes dans les Ecoles publiques
des Droits , tant du Droit
Civil , que du Droit Canonique ,
fur les Matiéres les plus difficiles
à refoudre , la Faculté , qui eft
compofée de quatre Docteurs
& Profeffeurs en Droit Civil &
Canon , d'un Docteur & Profeffeur
de Droit François , & de
hoit Docteurs aggregez , s'affembla
fur la fin de l'année derniére,
pour en choisir un qui fuft capable
de faire les fonctions de cet-
Ianvier 1685. G
146 MERCURE
te Charge , & fuivant la Déclaration
de fa Majefté , ils nommérent
Monfieur Cotelle , fameux
par plufieurs doctes Plajdoyers
, qui luy ont attiré l'approbation
de tous ceux qui l'ont entendu
parler , pour Succeffeur
de Monfieur Pyron . Aprés le
Serment fait de s'aquitter de la
Charge d'Aggregé , conformément
aux Edits du Roy , & aux
Statuts & Reglemens de la Faculté
, il fut mis en poffeffion de cette
Place, pour en joüir aux honneurs
profits émolumens &
prérogatives , dont jouiffent les
autres Docteurs Aggregez fes
Confreres.
Fermer
Résumé : Ce qui s'est passé touchant la Chaire Gréque de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
La place de Docteur Agrégé à la Faculté des Droits de l'Université de Caen, laissée vacante par le décès de Monsieur Pyron, Professeur d'Éloquence et titulaire de la Chaire Grecque, a été attribuée à Monsieur Cotelle, Avocat au Présidial de Caen. Trois candidats avaient postulé pour obtenir le degré de Docteur afin de briguer cette place. Sa Majesté avait exprimé le souhait que le candidat nommé soit Docteur. Après la soutenance de thèses publiques sur des matières de Droit Civil et Canonique, la Faculté, composée de quatre Docteurs et Professeurs en Droit Civil et Canon, d'un Docteur et Professeur en Droit Français, et de huit Docteurs Agrégés, s'est réunie fin 1684 pour choisir un candidat. Conformément à la Déclaration de Sa Majesté, ils ont nommé Monsieur Cotelle, reconnu pour ses plaidoyers doctes, comme successeur de Monsieur Pyron. Après avoir prêté serment, Monsieur Cotelle a pris possession de la place, bénéficiant ainsi des honneurs, profits, émoluments et prérogatives des autres Docteurs Agrégés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 161-162
Prise de possession de la Charge de Professeur aux Langues Grecques de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
Début :
Je croy vous avoir déja mandé que la Chaire de Professeur [...]
Mots clefs :
Professeur, Langues grecques, Université de Caen, Charge, Nomination
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prise de possession de la Charge de Professeur aux Langues Grecques de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
Je croy vous avoir déja
mandé que la Chaire de Pro
feffeur aux Langues Grec..
de l'Univerfité de
quest ,
Caen , a efté remplie par M
Mars 1685, Q
162 MERCURE
de Laire , Profeffeur dans les
Humanitez au College du
Bois , choify par Sa Majeſté ,
apres les Difputes publiques
faites entre plufieurs Concurrens
. Depuis ce temps - là il a
pris poffeffion , & fait ſon entrée
par une Harangue Latine
à la louange du Roy , & de la
Langue Grecque , en preſence
de M ' Malloüin , Recteur
de l'Univerſité , & Principal
du College du Bois , des Docteurs
de la meſme Univerfité
, & des Perfonnes les plus
confiderables de la Ville.
mandé que la Chaire de Pro
feffeur aux Langues Grec..
de l'Univerfité de
quest ,
Caen , a efté remplie par M
Mars 1685, Q
162 MERCURE
de Laire , Profeffeur dans les
Humanitez au College du
Bois , choify par Sa Majeſté ,
apres les Difputes publiques
faites entre plufieurs Concurrens
. Depuis ce temps - là il a
pris poffeffion , & fait ſon entrée
par une Harangue Latine
à la louange du Roy , & de la
Langue Grecque , en preſence
de M ' Malloüin , Recteur
de l'Univerſité , & Principal
du College du Bois , des Docteurs
de la meſme Univerfité
, & des Perfonnes les plus
confiderables de la Ville.
Fermer
Résumé : Prise de possession de la Charge de Professeur aux Langues Grecques de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
En mars 1685, M. Mercure de Laire a été nommé professeur de Langues Grecques à l'Université de Caen. Après des disputes publiques, il a été choisi par Sa Majesté. Il a pris possession de sa chaire lors d'une harangue en latin, en présence de M. Mallouin, recteur de l'Université, et des notables de la ville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 187-189
L'Ambassadeur joue au jeu appellé du Monde, il gagne le Maître, & l'Inventeur de ce Jeu, & ce qu'il en dit. [titre d'après la table]
Début :
Le jour suivant ils allerent chez Mr Jaugeon, voir un [...]
Mots clefs :
Jacques Jaugeon, Jeu du monde, Ambassadeur, Terre, Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Ambassadeur joue au jeu appellé du Monde, il gagne le Maître, & l'Inventeur de ce Jeu, & ce qu'il en dit. [titre d'après la table]
Le jour ſuivant ils allerent
chez M Jaugeon , voir un
Jeu appelé leu du Monde, qui
eſt de la longueur d'un Billard
, & fur lequel on voit
une Carte de la Terre. L'Ambaſſadeur
en fit luy-meſme
la deſcription , & montra
toutes les Parties de l'Europe,
& le chemin qu'on pou
ij
188 IV. P. du Voy
voit prendre pour aller par
terre de Paris àSiam . Il examina
la grandeur de la France
, & le peu d'eſtenduë du
Pays de ceux qui ont voulu
s'ériger en Arbitres des Rois .
Il dit que ce Ieu estoit fort ingenieux,
&que c'estoit le moyen
d'apprendre la Geographie en
trés-peu de temps. Il joüa une
Partie avec M Jaugeon , &
ce dernier la perdit , quoyqu'il
fuſt le maiſtre & l'Inventeur
du Jeu. L'Ambaſſadeur
dit enſuite, que s'il avoit
àfon retour les vents auffifa
vorables qu'il avoit conduit a
des Amb. de Siam, 189
droitement fon petit Vaisseau, il
arriveroit en peu de temps à
Siam . Il fit encore le tour du
Jeu , qu'il décrivit de nouveau
; & remercia enſuite
M Jaugeon , qui luy fit
voir pluſieurs Deſſeins de fon
Invention .
chez M Jaugeon , voir un
Jeu appelé leu du Monde, qui
eſt de la longueur d'un Billard
, & fur lequel on voit
une Carte de la Terre. L'Ambaſſadeur
en fit luy-meſme
la deſcription , & montra
toutes les Parties de l'Europe,
& le chemin qu'on pou
ij
188 IV. P. du Voy
voit prendre pour aller par
terre de Paris àSiam . Il examina
la grandeur de la France
, & le peu d'eſtenduë du
Pays de ceux qui ont voulu
s'ériger en Arbitres des Rois .
Il dit que ce Ieu estoit fort ingenieux,
&que c'estoit le moyen
d'apprendre la Geographie en
trés-peu de temps. Il joüa une
Partie avec M Jaugeon , &
ce dernier la perdit , quoyqu'il
fuſt le maiſtre & l'Inventeur
du Jeu. L'Ambaſſadeur
dit enſuite, que s'il avoit
àfon retour les vents auffifa
vorables qu'il avoit conduit a
des Amb. de Siam, 189
droitement fon petit Vaisseau, il
arriveroit en peu de temps à
Siam . Il fit encore le tour du
Jeu , qu'il décrivit de nouveau
; & remercia enſuite
M Jaugeon , qui luy fit
voir pluſieurs Deſſeins de fon
Invention .
Fermer
Résumé : L'Ambassadeur joue au jeu appellé du Monde, il gagne le Maître, & l'Inventeur de ce Jeu, & ce qu'il en dit. [titre d'après la table]
Le lendemain, l'ambassadeur et son groupe visitèrent M. Jaugeon pour observer le 'Jeu du Monde', une table représentant une carte de la Terre de la longueur d'un billard. L'ambassadeur décrivit le jeu et montra les différentes parties de l'Europe ainsi que le chemin terrestre de Paris à Siam. Il examina la taille de la France et la petite étendue du pays des arbitres des rois. Il trouva le jeu ingénieux et utile pour apprendre la géographie rapidement. L'ambassadeur joua une partie avec M. Jaugeon, qui perdit malgré son rôle d'inventeur. L'ambassadeur exprima ensuite son souhait de bénéficier des vents favorables qui l'avaient conduit à Siam et fit à nouveau le tour du jeu. Il remercia M. Jaugeon pour lui avoir montré plusieurs de ses inventions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 227-231
Ils sont haranguez en 24 Langues au College de Louis le Grand ; noms de ceux qui les ont haranguez, & des 24 Langues. [titre d'après la table]
Début :
Ils avoient esté quelques jours au paravant au College de [...]
Mots clefs :
Haranguer, Langues, Collège de Louis le Grand, Marquis, Chevalier, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils sont haranguez en 24 Langues au College de Louis le Grand ; noms de ceux qui les ont haranguez, & des 24 Langues. [titre d'après la table]
Ils avoient eſté quelques
jours au paravant au College
de Loüis le Grand , où ils furent
receus par tour ce qu'il
y avoit dans ce College d'enfans
de la premiere qualité de
ce Royaume,&desPaïs étrangers
, qui les complimente
rent en 24. Langues differentes
. Voicy les noms de cette
jeune Nobleffe, & les Langues
dont elle s'eſt ſervie pour ces
divers compliments.
Monfieur le Comte de Sophia
en Polonois.
228 IV.P.duVoyage
M le Chevalier de Boüil
Ion en Arabe.
Le Seigneur Foſcarini en
Italien.
M le Comte de Luna en
Espagnol.
M l'Abbé de Coet-logon
en Latin.
M le Chevalier de ColbertCroiſſy
en Stamois.
M. de Bontemps en Montaneft
de Canada.
Mr le Prince de Montmorency
en Flamand.
Me le Marquis deBordage
en Egyptien.
M l'Abbé Colbert de
2
des Amb. de Siam. 219
Maulevrier en Chinois.
M le Comte de Bouillon
en Grec vulgaire.
M de Gluë en Hollandois.
Lord Hovvar en Anglois.
M le Marquis de S. Vallier
en Algonquin.
M. Galion en Portugais.
Γ
M Ceberet en Galibi.
M le Chevalier de Roye
en Danois.
Mele Prince Emanuel de
Lorraine en Hebreu.
M le Chevalier de Ville
roy en François.
M le Marquis de la Force
enAlbanois.
230 IV. P. duVoyage
Me le Marquis de Cau
mont en Allemand.
Me l'Abbé de Villeroy en
Siriaque.
Male Marquis de Boeſſe
en Bas-Breton .
M de Caſtelnau en Turca
Ils répondirent à tous ces
Compliments d'une maniere
fort fpirituelle , & fort obligeante
, & tout- à-fait avanrageuſe
à la Nation de ceux
qui les haranguoient. On les
conduifit dans une Galerie
qui donne fur la Court pour
leur faire voir les Ecoliers du
College qu'on fit fortir de
desAmb. de Siam. 238
toutes les Claſſes. Ils furent
furpris d'en voir le nombre
monter à plus de trois mille
qui rempliſſoient toute la
court ,& ils prirent beaucoup
de plaifir aux applaudiffements
qu'ils leur donnerent
felon leur coûtume en ces
fortes d'occaſions , qui eſt de
louhaitter tous enſemble , &
àpleine voix une longue vie,
à tous ceux qui leur font donner
quelque congé extraordinaire
, où dont ils l'efperent.
jours au paravant au College
de Loüis le Grand , où ils furent
receus par tour ce qu'il
y avoit dans ce College d'enfans
de la premiere qualité de
ce Royaume,&desPaïs étrangers
, qui les complimente
rent en 24. Langues differentes
. Voicy les noms de cette
jeune Nobleffe, & les Langues
dont elle s'eſt ſervie pour ces
divers compliments.
Monfieur le Comte de Sophia
en Polonois.
228 IV.P.duVoyage
M le Chevalier de Boüil
Ion en Arabe.
Le Seigneur Foſcarini en
Italien.
M le Comte de Luna en
Espagnol.
M l'Abbé de Coet-logon
en Latin.
M le Chevalier de ColbertCroiſſy
en Stamois.
M. de Bontemps en Montaneft
de Canada.
Mr le Prince de Montmorency
en Flamand.
Me le Marquis deBordage
en Egyptien.
M l'Abbé Colbert de
2
des Amb. de Siam. 219
Maulevrier en Chinois.
M le Comte de Bouillon
en Grec vulgaire.
M de Gluë en Hollandois.
Lord Hovvar en Anglois.
M le Marquis de S. Vallier
en Algonquin.
M. Galion en Portugais.
Γ
M Ceberet en Galibi.
M le Chevalier de Roye
en Danois.
Mele Prince Emanuel de
Lorraine en Hebreu.
M le Chevalier de Ville
roy en François.
M le Marquis de la Force
enAlbanois.
230 IV. P. duVoyage
Me le Marquis de Cau
mont en Allemand.
Me l'Abbé de Villeroy en
Siriaque.
Male Marquis de Boeſſe
en Bas-Breton .
M de Caſtelnau en Turca
Ils répondirent à tous ces
Compliments d'une maniere
fort fpirituelle , & fort obligeante
, & tout- à-fait avanrageuſe
à la Nation de ceux
qui les haranguoient. On les
conduifit dans une Galerie
qui donne fur la Court pour
leur faire voir les Ecoliers du
College qu'on fit fortir de
desAmb. de Siam. 238
toutes les Claſſes. Ils furent
furpris d'en voir le nombre
monter à plus de trois mille
qui rempliſſoient toute la
court ,& ils prirent beaucoup
de plaifir aux applaudiffements
qu'ils leur donnerent
felon leur coûtume en ces
fortes d'occaſions , qui eſt de
louhaitter tous enſemble , &
àpleine voix une longue vie,
à tous ceux qui leur font donner
quelque congé extraordinaire
, où dont ils l'efperent.
Fermer
Résumé : Ils sont haranguez en 24 Langues au College de Louis le Grand ; noms de ceux qui les ont haranguez, & des 24 Langues. [titre d'après la table]
Un groupe de jeunes nobles visita le Collège de Louis le Grand. Quelques jours auparavant, ils avaient été accueillis par les élèves du collège, issus des plus hautes familles du royaume et de pays étrangers. Ces élèves les complimentèrent dans 24 langues différentes. Parmi les nobles, le Comte de Sophia reçut des compliments en polonais, le Chevalier de Bouillon en arabe, le Seigneur Foscarini en italien, et ainsi de suite pour chaque noble dans une langue spécifique. Les visiteurs répondirent de manière spirituelle et obligeante. Ils furent ensuite conduits dans une galerie pour voir les écoliers du collège, au nombre de plus de trois mille, répartis dans toutes les classes. Les visiteurs furent surpris par ce nombre et prirent plaisir aux applaudissements des écoliers, qui leur souhaitèrent une longue vie selon leur coutume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 108-119
ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
Début :
Depuis que les Prix ont esté donnez, on a sceu que / Toy, par qui les Mortels rendent leurs noms celebres, [...]
Mots clefs :
Éducation, Terreur, Prix de poésie, Roi, Noblesse, Héros, Écoles, Fils, Filles, Portrait, Louis, Bienfaits, Trône, Protecteur des arts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
donnez, on a
sceu que
les deux Discours qui ont
Concouru sur cette mesme
matiere, estoient, l'un de Mcj l'AbbéRaguenet,& l'autre
de MrdeClervillç. Ils mentent tent l'un &c l'autreJde grandes louanges, ayant écrit
d'une maniérétres-noble, &
faitleportrait delaPatience
Chrestienne avec des traits
vifs qui la font aimer. Le
sujetsque Mrs de l'Academie
avoient donné pour le Prix
de Poësie,estoit l'éducation
de laNoblesse dans lesEcoles des Gentilshommes, &
dans la Maison de S. Cir,
Vous seriez contente de la
,.
--, - -,
-'
mianiere dont Mademoisel
le des Houlieres l'a traité»
quand mesme l'estime que
vous avez pour son nom &
l'interest que vous devez
prendre à tout ce qui fait ]
honneur à vostre Sexe, ne ]
vous engageroient pasà IirCJf
c.et Ouvrage avec plaisir.
ODE
Sur le foin que le Roy prend 4^ l'éducation da la Noblesse. T Oy, par qui les"Mortelsretî*
dent leurs noms célébrés,
Toy, quej'invoque icy pour la pre*
miere fois,
De mon ejprit confus dissipe les ter
nebres,
Etfoutiens ma timide voix,
teprojet queje faiscftbardy ,jâ
l'avoue
,
Il auroit effrayé le Pdfieur de Man.
touë
Etj'en connois tout le danger.
Mais9 Apollon, par toy si je fuk
inspirée
)
MesVerspourront desifens égaler
laduréei
Hasse-toy
,
viens m'snconwer*
»i,tf¿ dujour, tu me dois lesecours
que j'implore3
C'eficeHérossigrand,sicraint dans
irnivers,
te Protecteur des Arts, LOVIS que
l'on adose
,
[Fers.
Jî>ueje veux chanter dans mes
pepuis que chaque jour lufirs du
fein de l'onde,
1y n'as rien veu d'égal dans l'un
& l'autre monde,
Nysidigne dufoindesDieux.
,C'ejl peu pour enparler qu'un lan.
gageordinaire,
,
Etpour le bien louer, ce n-efipojnt
IlJlèZftire
Dés que l'on pourra faire mieux,
#
Ilsçait que triompher des erreurs &
desvices,
Répandre la terreur du Gange aux
flots glacez,
Elever en tous lieux de pompeux
Edifices,
Tour ungrandRoyn'efipas assiz.
Jî>uilfaut pourbien remplir cesi.
1
cre caraftere,
ght'au dessein d'arracherfin Peuple
-
a
la misere,
Cedent tous les autres projets,
Et que,quelque fierté que le Trône
demande,
bllfaut à tous momens quesa bonté
1 le rende
t
Le PeredetousifesSujets.
(1 peine a-t-il calme les troubles de
la Terre,
i
J^ue cefage Héros consulte avec la
Paix,
Les moyens deffacer les horreurs de
la Guerre
Par de mémorables bienfaits.
Il dérobe les cœursdesa jeune Nobkjji
Aux funefiesappas d'une indigne
molejfi
>
Compagne d'un trop long repos.
"France,quelsfoins pour toy prend'
ton au^ufieMaifire !
Ils s'en vont pourjamaisdans to& s
finfairenaifire
Vn nombre injiny de Heros.
Il établitpour eux des EcolesJille
vantes ( les mœurs\ ( Ou l'on régléa la sots le couUge &Î
D'où l'en les fait entrer dans
cesn
Mutes brillantes
G)ui menent aux plus grands
honncttrs.
On leur enseigne l'art de forcer des
murailles,
De bien asseoir un Camp3 de gagner
des batailles,
Etdedéfendre des remparts.
Dignes de commander au sortir de
l'enfance
,
-
ils verront Iii Victoireattachée à U
Erancê
Nefkivre que. fis Etendars?
Tel cet Eflre infinydonï LuFIS *cfil'Image,
Par lesifcrets ?effortsd'un pouvoir
,
atie,
Des dufferënspérils ou la mifire Desgage en-
»
1
SceutdcVvnrfion'Peuple
élu.
Long-tempsdans un Defiertfous de
fidelles Guides
il conduisitsespas vers les Vertus
solides,
Sources des grdndes allions,
Mtquand ileut acquis deparfaites
lumieresy
Il luyfîtfubjuguerdesNations entieres,
Terreur des autres Nations
Hais cyejt peu pour LOVIS d'élever
dansses Places
Les Fils de tantdevieux &sidelies
Guerriers,
.!<!!,i dans les champs de Mars
J
en
rnarchantsurses traces,
Ontfait des moiffins de lauriers,
four
feurs
Filles il montre autant de *
prévoyance
VMSmarne l'afilefiacrej]u'ildonne à l'in*
Contre tout ce qui la détruit;
Htpar les foins pieux d'une illufire
perflnne,
£)ue le Sort oHtrAgea, que la Vertu
couronne,
Vnsi beau dejjeinfut conduit.
Dans unsuperbe enclos ou lAflgeffi
habite,
Ou l'on fuit des rertus le sentier
épineux
,
D'un âge plein d'erreursmonfoiblc
Sexe évite
Les égarements dangereux.
D'enfans infortunez cent Familles
chargées,
Du foin de Uspourvoirse trouvent
fiulagées,
Jpjtelsecourscontreunfortingrat?
Pdr luy ce Héros paye en couronnant
leurspeines-
Lepingdont leurs AJeux ont épuisé
leurs veines
Tour la défense de l'Etat.
.dinfi dans les jardins l'on voit de
jeunes Plantes,
JZfu'on ne peut conserver que par
desfoins divers)
Vivre cf;. croiflre à l'abry des ardeurs
violentes
,
Etde la rigueurdes Hyvers.
far une habile main sans ceJlè cultivées
,
Et d'une eau vive dépure au besoin
abreuvées
,
Ellesflettriflènt dans leur temps:
Tandis qu'a la inercy des fatfons
orageuses
•
, Les autres au milieu des. campagxçs
pierrcùfes
Se flêtriffint dés leurPrintemps.
Mais quel brillant éclairvient de frâperma veuë!
.f<!!.i m'appelle? qu'entensje? &
qtt'efi-cequeje v»y?
Mon cœur efi transportéd'une joye
inconnue
,
,Zteets font ces presages pour
moy ?
Ne m'annoncent-ils point que je
verray la cheute
Des celebresRivaux avec qui je disi
pute
L'honneur de la lice où je cours?
.f<!je de gloire & quel prix! Ji le
Ciel me l'envoyé
>
Le Portrait de LOVIS à mes regards
en proye
Les occupera tousles jours.
sceu que
les deux Discours qui ont
Concouru sur cette mesme
matiere, estoient, l'un de Mcj l'AbbéRaguenet,& l'autre
de MrdeClervillç. Ils mentent tent l'un &c l'autreJde grandes louanges, ayant écrit
d'une maniérétres-noble, &
faitleportrait delaPatience
Chrestienne avec des traits
vifs qui la font aimer. Le
sujetsque Mrs de l'Academie
avoient donné pour le Prix
de Poësie,estoit l'éducation
de laNoblesse dans lesEcoles des Gentilshommes, &
dans la Maison de S. Cir,
Vous seriez contente de la
,.
--, - -,
-'
mianiere dont Mademoisel
le des Houlieres l'a traité»
quand mesme l'estime que
vous avez pour son nom &
l'interest que vous devez
prendre à tout ce qui fait ]
honneur à vostre Sexe, ne ]
vous engageroient pasà IirCJf
c.et Ouvrage avec plaisir.
ODE
Sur le foin que le Roy prend 4^ l'éducation da la Noblesse. T Oy, par qui les"Mortelsretî*
dent leurs noms célébrés,
Toy, quej'invoque icy pour la pre*
miere fois,
De mon ejprit confus dissipe les ter
nebres,
Etfoutiens ma timide voix,
teprojet queje faiscftbardy ,jâ
l'avoue
,
Il auroit effrayé le Pdfieur de Man.
touë
Etj'en connois tout le danger.
Mais9 Apollon, par toy si je fuk
inspirée
)
MesVerspourront desifens égaler
laduréei
Hasse-toy
,
viens m'snconwer*
»i,tf¿ dujour, tu me dois lesecours
que j'implore3
C'eficeHérossigrand,sicraint dans
irnivers,
te Protecteur des Arts, LOVIS que
l'on adose
,
[Fers.
Jî>ueje veux chanter dans mes
pepuis que chaque jour lufirs du
fein de l'onde,
1y n'as rien veu d'égal dans l'un
& l'autre monde,
Nysidigne dufoindesDieux.
,C'ejl peu pour enparler qu'un lan.
gageordinaire,
,
Etpour le bien louer, ce n-efipojnt
IlJlèZftire
Dés que l'on pourra faire mieux,
#
Ilsçait que triompher des erreurs &
desvices,
Répandre la terreur du Gange aux
flots glacez,
Elever en tous lieux de pompeux
Edifices,
Tour ungrandRoyn'efipas assiz.
Jî>uilfaut pourbien remplir cesi.
1
cre caraftere,
ght'au dessein d'arracherfin Peuple
-
a
la misere,
Cedent tous les autres projets,
Et que,quelque fierté que le Trône
demande,
bllfaut à tous momens quesa bonté
1 le rende
t
Le PeredetousifesSujets.
(1 peine a-t-il calme les troubles de
la Terre,
i
J^ue cefage Héros consulte avec la
Paix,
Les moyens deffacer les horreurs de
la Guerre
Par de mémorables bienfaits.
Il dérobe les cœursdesa jeune Nobkjji
Aux funefiesappas d'une indigne
molejfi
>
Compagne d'un trop long repos.
"France,quelsfoins pour toy prend'
ton au^ufieMaifire !
Ils s'en vont pourjamaisdans to& s
finfairenaifire
Vn nombre injiny de Heros.
Il établitpour eux des EcolesJille
vantes ( les mœurs\ ( Ou l'on régléa la sots le couUge &Î
D'où l'en les fait entrer dans
cesn
Mutes brillantes
G)ui menent aux plus grands
honncttrs.
On leur enseigne l'art de forcer des
murailles,
De bien asseoir un Camp3 de gagner
des batailles,
Etdedéfendre des remparts.
Dignes de commander au sortir de
l'enfance
,
-
ils verront Iii Victoireattachée à U
Erancê
Nefkivre que. fis Etendars?
Tel cet Eflre infinydonï LuFIS *cfil'Image,
Par lesifcrets ?effortsd'un pouvoir
,
atie,
Des dufferënspérils ou la mifire Desgage en-
»
1
SceutdcVvnrfion'Peuple
élu.
Long-tempsdans un Defiertfous de
fidelles Guides
il conduisitsespas vers les Vertus
solides,
Sources des grdndes allions,
Mtquand ileut acquis deparfaites
lumieresy
Il luyfîtfubjuguerdesNations entieres,
Terreur des autres Nations
Hais cyejt peu pour LOVIS d'élever
dansses Places
Les Fils de tantdevieux &sidelies
Guerriers,
.!<!!,i dans les champs de Mars
J
en
rnarchantsurses traces,
Ontfait des moiffins de lauriers,
four
feurs
Filles il montre autant de *
prévoyance
VMSmarne l'afilefiacrej]u'ildonne à l'in*
Contre tout ce qui la détruit;
Htpar les foins pieux d'une illufire
perflnne,
£)ue le Sort oHtrAgea, que la Vertu
couronne,
Vnsi beau dejjeinfut conduit.
Dans unsuperbe enclos ou lAflgeffi
habite,
Ou l'on fuit des rertus le sentier
épineux
,
D'un âge plein d'erreursmonfoiblc
Sexe évite
Les égarements dangereux.
D'enfans infortunez cent Familles
chargées,
Du foin de Uspourvoirse trouvent
fiulagées,
Jpjtelsecourscontreunfortingrat?
Pdr luy ce Héros paye en couronnant
leurspeines-
Lepingdont leurs AJeux ont épuisé
leurs veines
Tour la défense de l'Etat.
.dinfi dans les jardins l'on voit de
jeunes Plantes,
JZfu'on ne peut conserver que par
desfoins divers)
Vivre cf;. croiflre à l'abry des ardeurs
violentes
,
Etde la rigueurdes Hyvers.
far une habile main sans ceJlè cultivées
,
Et d'une eau vive dépure au besoin
abreuvées
,
Ellesflettriflènt dans leur temps:
Tandis qu'a la inercy des fatfons
orageuses
•
, Les autres au milieu des. campagxçs
pierrcùfes
Se flêtriffint dés leurPrintemps.
Mais quel brillant éclairvient de frâperma veuë!
.f<!!.i m'appelle? qu'entensje? &
qtt'efi-cequeje v»y?
Mon cœur efi transportéd'une joye
inconnue
,
,Zteets font ces presages pour
moy ?
Ne m'annoncent-ils point que je
verray la cheute
Des celebresRivaux avec qui je disi
pute
L'honneur de la lice où je cours?
.f<!je de gloire & quel prix! Ji le
Ciel me l'envoyé
>
Le Portrait de LOVIS à mes regards
en proye
Les occupera tousles jours.
Fermer
Résumé : ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
Le texte présente deux discours sur la même matière, l'un de l'Abbé Raguenet et l'autre de Monsieur de Clervillç, tous deux loués pour leur style noble et leur description vivante de la patience chrétienne. Le sujet donné par les membres de l'Académie pour le prix de poésie était l'éducation de la noblesse, tant dans les écoles des gentilshommes que dans la Maison de Saint-Cyr. Une œuvre de Mademoiselle des Houlières sur ce sujet est également mentionnée, appréciée pour sa qualité intrinsèque indépendamment de la réputation de son auteur. Une ode suit, dédiée à l'éducation de la noblesse. L'auteur invoque Apollon pour dissiper ses doutes et inspirer sa voix. Il loue le roi Louis, protecteur des arts, et chante les bienfaits de son règne. Le roi est décrit comme un héros qui arrache son peuple à la misère, consulte avec la paix pour effacer les horreurs de la guerre, et établit des écoles illustres pour former la jeunesse noble. Ces écoles enseignent l'art de la guerre et préparent les jeunes nobles à commander et à défendre la France. Le roi est également loué pour sa prévoyance envers les filles, les protégeant des dangers et les conduisant vers la vertu. Le texte compare l'éducation des jeunes plantes dans un enclos protégé à celle des jeunes nobles formés par le roi. Enfin, l'auteur exprime sa joie à la vue du portrait du roi, qui occupera tous ses regards.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 67-68
QUESTIONS.
Début :
Personne n'a répondu aux questions du mois precedent ; cela [...]
Mots clefs :
Questions, Réponses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTIONS.
QUESTIONS.
Personne n'a répondu
aux questions du mois:
precedent; cela est si
honteux pour le Mercure
, que pour éviter pareille
honte au mois prochain,
j'ai mis dans celuici
les questionsavec les
réponses toutes faites. Je
prie les curieux de questions
de me les envoyer
comme ceux-ci ontfait,
avec les réponses au bas S
car je n'ai plus le temps
de répondre moy-même,
quand les réponses me
manquent, & je crains
quellesnememanquent
souvent.
Personne n'a répondu
aux questions du mois:
precedent; cela est si
honteux pour le Mercure
, que pour éviter pareille
honte au mois prochain,
j'ai mis dans celuici
les questionsavec les
réponses toutes faites. Je
prie les curieux de questions
de me les envoyer
comme ceux-ci ontfait,
avec les réponses au bas S
car je n'ai plus le temps
de répondre moy-même,
quand les réponses me
manquent, & je crains
quellesnememanquent
souvent.
Fermer
14
p. 9-30
HUITIEME Lètre sur la bibliotèque des enfans, etc.
Début :
Monsieur, La plupart des lecteurs ne cherchant qu'à s'amuser [...]
Mots clefs :
Éducation, Enfants, Bureau typographique, Lecture, Écriture, Orthographe, Grammaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HUITIEME Lètre sur la bibliotèque des enfans, etc.
HUITIEME Lètre sur la bibliotèque
des enfans , etc.
MONSIEUR ,
La plupart des lecteurs ne cherchant
qu'à s'amuser , parcourent un Mercure
sans beaucoup d'atention , au hazard de
ne pas entendre ce qu'ils lisent . Le mal
ne seroit pas grand s'ils s'en tenoìent-là ;
mais ils veulent ensuite parler , raisoner
et mème juger de ce qu'ils avouent
n'avoir
* MERCURE DE FRANCE.
n'avoir pas bien compris : leur défaut,
d'aplication leur fait souvent acuser d'obscurité
et de négligence l'auteur le plus
clair et le plus laborieus ; car la critique
verbale bien ou mal fondée , sera
toujours plus aisée à pratiquer , que la
composition de quelque ouvrage ; il est
dificile de parer le coup. cependant en
faveur des persones bien intentionées qui
n'ont pas le tems de lire tout , et des
persones indulgentes qui voudront bien
me pardoner des repetitions necessaires
sur l'importante matiere de la premiere
éducation des enfans , je vaì récapituler
ici le plus succintement qu'il me sera
possible , ce qui dans les précedentes lètres
a été dit , pour faire voir 1 ° . que
les enfans de deus à trois ans sont capables
des prémières operations litéraìres ; 2 ° .
que les métodes vulgaires ne sont ni sufisantes
, ni proportionées à l'age et à la
foiblesse de la prémière enfance ; 3 ° . que
la métode du bureau tipografique a les
conditions convenables et proportionées
à tout age d'enfant ou d'home mis aus
premiers élémens des lètres .
L'ordre métodique et géométrique n'est
par malheur guere utile que pour le petit
nombre de lecteurs capables de saisir , de
retenir la suite , la liaison et l'enchainement
des idées ; de voir et d'envisager
en
JANVIER. 1731. IF
en mème- tems les principes et les consequences
; mais le comun des lecteurs
à l'exemple des enfans , conte et détache,
pour ainsi- dire , les mots et les idées
sans faire atention aus principes , aus raports
et aus conséquences qu'on en peut
tirer. Les répetitions serviront donc ici
quelquefois à éclaircir les choses , et mème
à rendre souvent plus atentif un lecteur
distrait. que je dise , par exemple ,
à un lecteur vulgaire qu'il y a quatre
triangles dans un quaré divisé par ses deust
diagonales , il m'entendra d'abord ; si je
dis qu'il y en a sis , il comencera à ne
plus voir ; et si j'ajoute qu'il y en a huit ,
il n'en vera peut ètre pas plus clair : mais
si je continue à répeter qu'il y a huit
triangles dans ce quaré , le lecteur obligé
par cète répetition de revenir sur ses pas ,
et d'y penser avec plus de soin , parviendra
enfin sans éfort de génie , à la petite
découverte des huit triangles de ce quaré,
savoir , des quatre grans come des quatre
petits : j'espere que sans beaucoup de sagacité
, on fera à peu près la mème chose
sur le détail des avantages de la métode
du bureau tipografique.
Ceus qui dans l'éducation ne content
presque pour rien la diference de deus
ou trois ans entre des enfans comencés -
plutot ou plus tard , voudront bien me
permètre
12 MERCURE DE FRANCE.
permètre ici une comparaison : je suposo
donc deus enfans comencés l'un de bone
heure par la métode du bureau tipografique
, et l'autre plus tard par la métode
vulgaire , et je dis que , si le premier maitre
a bien semé et bien recueilli la
premiere
anée , il poura semer et recueillir
encore plus la segonde anée , et encore
plus la troisième anée. or , par quel moyen
le segond maitre semant plus tard et recueillant
peut-ètre moins , poura-t'il jamais
ratraper la progression des avantages
réels du bureau tipografique ? Dirat'on
que
la terre négligée , inculte et en
friche , sera ensuite plus fertile ? il faudra
examiner si cète fécondité sera en
bon ou en mauvais grain ; car il y a bien
des chams dont on ne peut jamais extirper
totalement les mauvaises herbes.
Autre comparaison ; un courier , fut- il
des plus robustes , qui part plus tard , qui
prend la plus longue route et qui va plus
lentement , poura- t'il jamais ateindre un
autre courier parti plutot , qui a pris le
chemin le plus court et qui va plus vite ?
il s'agit donc de savoir si la métode du
bureau tipografique a tant d'avantages sur
la métode vulgaire , et c'est ce que je
vai démontrer au lecteur atentif et nulement
prévenu,
1.L'experience m'aïant fait voir depuis
lontems
JANVIER. 1731. 13
,
lontems l'imperfection des métodes vulgaires
qui faute de pouvoir faire
mieus , regardent come perdu le tems .
de la premiere enfance , j'ai cherché
les moyens d'employer utilement les premieres
anées de l'enfant , et j'ai trouvé
qu'on pouvoit sans danger pour le corps,
lui montrer la figure des lètres , et ranger
ces lètres devant lui sur la table du
bureau , mème avant qu'il sut articuler
la moindre silabe , il voudra bientot ,
come les singes , faire la mème chose par
un mouvement organique et machinal ,
sur tout si l'on a la précaution de le presenter
souvent devant le bureau tipografique
, et de lui doner à manger et à
jouer sur cète mème table faite exprès pour
lui , et c'est là un des premiers avantages
du bureau tipografique sur la métode vulgaire
, qui afecte de mépriser cetè diligence
, et se flate de pouvoir ensuite également
enseigner tout , quoique plus tard
et avec plus de tems ou plus de vie.
Dès que l'enfant articulera des sons et
qu'il fera bien l'Eco , on poura lui apren
dre come à un peroquet la veritable
dénomination des lètres , et cète dénomination
metra peu à peu les enfans en état
de lire à trois et à quatre ans , bien mieus
que ne lisent ordinairement les enfans
de sis à sèt ans , par la métode vulg ire.
B LC
14 MERCURE DE FRANCE.
Le premier aïant d'abord été mis dans
l'agréable , la bone et la nouvele route ,
-va toujours gaìment son chemin ; au lieu
que les autres mis dans la triste , l'anciene
et souvent la mauvaise voie , ont
peine à revenir sur leurs pas , et ne sacrifient
pas volontiers leurs amusemens
agréables , quoique frivoles , aus ocupations
literaires qu'ils trouvent pénibles
dans un age plus avancé. Les peres et les
meres sont toujours contens des petits.
enfans qu'ils gâtent , mais ils trouvent
mauvais ensuite qu'un gouverneur ou un
précepteur n'ait pas le talent d'en faire
un prodige : il y a bien du préjugé et de
l'aveuglement sur cet article.
3. Selon la métode du bureau tipografique
un enfant , avant que de savoir lire,
poura imprimer toutes sortes de langues
mortes ou vivantes , il ne faut avoir pour
cela que des ïeus et des mains , car il est
bien plus aisé d'imprimer , par exemple ,
du latin et du françois , qu'il n'est aisé
de les lire. La grande ignorance de la
plupart des compositeurs d'une imprimerie
ne le prouve que trop ; d'ailleurs il
est clair qu'un sourd voyant , pouroit
ètre imprimeur , mème chès M. Ballard
pour la musique.
4. Un enfant de trois à quatre ans
qui conoit par les feus la figure des
lètres,
JANVIER. 1730. IS
>
lètres , et ensuite par l'oreille , le son des
caracteres simples ou combinés , saura
bientot écrire ou imprimer les sons qu'on
lui donera sur des cartes , et ceus qu'on
lui dictera il poura s'ocuper pour lors
avec autant de plaisir que les autres enfans
ont ordinairement de dégout par
les métodes vulgaires . Le premier nouri
dans les lètres , en fait ses amusemens
pendant que les autres , au contraire n'y
trouvent que des crois et des épines . si
les persones zelées et charitables , qui
dirigent les écoles des pauvres , conoissolent
donc le mérite et l'utilité de la métode
tipografique , elles en introduiroìent
bientot l'usage dans les paroisses et dans
les Monasteres , en fesant bâtir ou construire
des amfiteatres où les petits enfans
aprendro ent pour lors presque seuls et
d'eus mèmes , en voyant travailler les
que les grans. J'oserai donc dire
parens
et les maitres bien intentionés , aprouveront
et pratiqueront l'usage du bureau,
dès qu'ils en auront vu les avantages réels,
pratiques , et superieurs à ceus des métodes
vulgaires.
5. Selon cète métode , l'enfant aprendra
facilement et par des principes surs
non captieus ni équivoques , l'ortografe
des sons ou de l'oreille ; ce que la plupart
des maitres ignorent toute leur vie .
Bij L'enj
16 MERCURE DE FRANCE.
L'enfant aprendra par pratique et par téorie
l'ortografe courante et d'usage , anciene
et nouvelle, d'une maniere à bien lire
dans toute sorte de livres , et à se rendre
ensuite capable de faire un bon chois
d'ortografe françoise.
6. L'enfant saura lire dans le manuscrit
en mème- tems que dans les livres ,
et cela par la pratique journalière d'avoir
imprimé des tèmes interlinéaires sur la
table du bureau , non - seulement avec
des caractères romains , mais encore avec
des caracteres italiques et manuscrits.
7. Le petit enfant poura savoir bien
lire le françois , le latin et le grec avant
l'age auquel , selon la métode vulgaire , la
plupart des enfans ne sont pas encore mis
à l'A BC ; avantage inexprimable , qui influe
, non- seulement dans toute la suite
des études , mais dans toute la vie.
8.Les A BC ordinaires , faus ,équivoques
et captieus,induisent les enfans en êreur et
les exposent souvent à des chatimens injustes;
desorte que, sans diminuer en rien le
mérite et la juste réputation des bons
maitres , on peut dire que la métode vulgaire
dans toute l'Europe n'a pas les raports
necessaires entre les lètres et les
sons , ou entre les signes et les sons des
choses signifiées ; au lieu que la métode
du bureau tipografique n'étant fondée que
sur
JANVIER. 1731. 17
sur la verité et sur la justesse de ces mè
mes raports remarqués il y a plus d'un
siecle, par de très - habiles maitres , cète
métode , dis je , atache agréablement au
jeu tipografique le mème enfant qui venoit
de pleurer à la seule vue de la persone
qui lui montroit les lètres selon la
métode des écoles.on ne doit pas craindre,
au reste , que l'enfant ignore dans la suite
la fausse et vulgaire dénomination des
lètres ; il ne l'aprendra que trop tot , en
vironé de persones souvent oficieuses à
contre-tems , quand il s'agit de bien nomer
les lètres.
9. La lecture est d'abord mise à profit
sur la table du bureau : on y aprend à
conoìtre et à sentir les parties du discours
indéclinables , déclinables et conjugables
de la langue françoise et de la langue la
tine , laquelle conoissance dispose les enfans
à employer plutot leur loisir et
d'une maniere plus aisée , plus utile ,
plus sure et plus agréable. Bien des
maitres indépendament de l'usage du
bureau tipografique , ont abandoné la
métode vulgaire des rudimens téoriques,
pour suivre celle du rudiment pratique
dont j'ai doné l'essaì aprouvé des meilleurs
métodistes , filosofes non prévenust
10. Fesant imprimer à l'enfant les deus
langues en glose interlinéaire et mot à
B iij mot
18 MERCURE DE FRANCE.
mot , on dispose et prépare plu - tot son
imagination aus grandes operations literaires
et grammaticales que la métode
vulgaire n'entreprend pas ordinairement
d'enseigner à des enfans de deus à trois.
et à quatre ans.
11. L'enfant aprend par pratique les
terminaisons des noms et des verbes , et
enfin à décliner et à conjuguer ; il aprend
les genres , les déclinaisons , les prêterits
et les supins , les concordances , et partie
de la sintaxe , par les principales règles
donées sur des cartes en glose interlinealre
, et par les exemples pratiques donés
aussi sur des cartes , et expliqués peu à
peu et de vive vois , à mesure qu'il les
imprime sur sa table.
12. On écrit ce qu'on veut dans les
tèmes donés sur des cartes : chaque jour
fournit son sujet , et l'on met à profit
le chois des programes , des afiches , des
placars , des tèses , des avis , des anonces,
des enseignes , et enfin de tous les écritaus
publics ; la table du bureau devient un livre
ouvert à tous les spectateurs ; livre
cheri de l'enfant qui en est le composi
teur , et livre qui n'est jamais nuisible à
sa posture come le sont ordinairement
les petits livres élementaires .
13. Par le moyen du dictionaire du bu--
reau tipografique , l'enfant fera provision
de
JANVIER. 1731 . 19
de plusieurs miliers de mots latins et françois
avant l'age de cinq à sis ans ; avan
tage qui doit nécessairement influer sur
toute la suite des études , et qu'on n'aquiert
que
fort tard par la routine vulgaire.
14. L'enfant aprendra , non -seulement
Portografe de l'oreille et des ïeus par ra
port aus lètres , mais encore l'accentuation
, la ponctuation , les petites abrevia
rions françoises , latines et greques , et
la quantité latine , par la pratique jour
nalière du bureau , où il trouvera les signes
, les voyèles longues et brèves
come caracteres utiles et necessaires pour
Fimpression de la glose interlinéaire ; ce
que la métode vulgaire ne peut faire pratiquer
à l'enfant que lorsqu'il sait écrire,
c'est-à-dire fort tard.
15. L'enfant qui imprimera du latin
avec de beaus caracteres manuscrits , disposera
et préparera son imagination pour
mieus faire imiter ensuite à sa main , les
traits , les figures et les lètres , dont la
parfaite image sera vivement , distinc
tement et profondément gravée dans son
cerveau.
16. Par l'impression des tèmes donés à
l'enfant , il poura aprendre de bone heu
re les élémens de tout ce qu'on pourolt
lui montrer par le moyen de l'écriture ;
B iiij
c'est18
MERCURE DE FRANCE.
mot , on dispose et prépare plu-tot son
imagination aus grandes operations literaires
et grammaticales que la métode
vulgaire n'entreprend pas ordinairement
d'enseigner à des enfans de deus à trois.
et à quatre ans.
11. L'enfant aprend par pratique les
terminaisons des noms et des verbes , et
enfin à décliner et à conjuguer ; il aprend
les genres , les déclinaisons , les prêterits
et les supins , les concordances , et partie
de la sintaxe , par les principales règles
donées sur des cartes en glose interlinéal
re , et par les exemples pratiques donés
aussi sur des cartes , et expliqués peu
peu et de vive vois , à mesure qu'il les
imprime sur sa table.
à
12. On écrit ce qu'on veut dans les
tèmes donés sur des cartes : chaque jour
fournit son sujet , et l'on met à profit
le chois des programes , des afiches , des
placars , des tèses , des avis , des anonces,
des enseignes, et enfin de tous les écritaus
publics ; la table du bureau devient un livre
ouvert à tous les spectateurs ; livre
cheri de l'enfant qui en est le compositeur
, et livre qui n'est jamais nuisible à
sa posture come le sont ordinairement
les petits livres élementaires .
13. Par le moyen du dictionaire du bureau
tipografique , l'enfant fera provision
de
JANVIER. 1731 . 19
de plusieurs miliers de mots latins et françois
avant l'age de cinq à sis ans ; avan➡
tage qui doit nécessairement influer sur
toute la suite des études , et qu'on n'a→
quiert que fort tard par la routine vulgaire.
14. L'enfant aprendra , non-seulement
Portografe de l'oreille et des feus par raport
aus lètres , mais encore l'accentuation
, la ponctuation , les petites abreviations
françoises , latines et greques , et
la quantité latine , par la pratique jour
nalière du bureau , où il trouvera les signes
, les voyèles longues et brèves
come caracteres utiles et necessaires pour
Fimpression de la glose interlinéaire ; ce
que la métode vulgaire ne peut faire pratiquer
à l'enfant que lorsqu'il sait écrire,
c'est-à-dire fort tard.
15. L'enfant qui imprimera du latin
avec de beaus caracteres manuscrits , disposera
et préparera son imagination pour
mieus faire imiter ensuite à sa main , les
traits , les figures et les lètres , dont la
parfaite image sera vivement , distinc
tement et profondément gravée dans son
cerveau.
16. Par l'impression des tèmes donés à
l'enfant , il poura aprendre de bone heu
re les élémens de tout ce qu'on pourolt
lui montrer par le moyen de l'écriture ;
Biiij c'est20
MERCURE DE FRANCE
c'est-à- dire , qu'on poura lui enseigner
tous les principes sensibles , et lui doner
par là les premieres notions des arts et
des siences. Il a été déja démontré que
les enfans de deus à trois ans sont capables
de ces premières notions , par le
moyens des idées et des mèmes opérations
dont il se servent pour aprendre
leur langue ; verité à laquelle les seuls
préjugés empêchent de faire toute l'atention
necessaire. L'experience et l'aveu
des maîtres qui en faveur du corps négligent
, éloignent , diferent et retardent
les premiers soins literaires , au préjudice
de l'esprit prouvent l'insufisance des
métodes vulgaires dans l'éducation diligente
et hâtée des enfans. or la métode
du Bureau tipografique alant toujours ,
pour ainsi dire , de niveau avec l'enfant ,
done les moyens surs et infaillibles de le
suivre pas à pas ,
et de comancer sans
danger , à lui former plutot l'esprit et le
coeur. on peut donc , sans temerité
avancer cète proposition , que les enfans
étant capables d'aprendre , plutot que la
métode vulgaire n'est propre à les enseigner
, on doit aprouver et préferer cele
du Bureau tipogràfique ; ce que je vai tacher
de confirmer encore par le détail
des choses sensibles , que l'on peut montrer
à un petit enfant , avant qu'il soit en
état
JANVIER. 1731 . 21
état d'y ètre conduit par les métodes
ordinaires.
17. Quoique l'erreur , le mensonge ,
l'imposture , la charlatanerie , la chicane
et l'injustice , abusent des mots et dés
expressions de la langue françoise , il
ne s'ensuit pas que dans un ouvrage la
verité , la justice , et la bone foi doivent
s'abstenir de ces mèmes mots et
de ces mèmes expressions ; le zèle pour
le bien public ne perd jamais ses droits ;
c'est pourquoi je demande un peu d'indulgence
, ou de tolerance de la part des
maitres trop prévenus , et qui mal à
propos s'identifiant , pour ainsi dire ,
avec les métodes vulgaires qu'ils pratiquent
, ont le courage de mètre sur leur
conte , ce que je n'ai jamais pretendų
dire que contre les métodes sur l'abus.
desqueles , il y a toujours eu liberté d'écrire
, malgré le respect et le préjugé en
faveur du DESPAUTERE du .......
De tout ce que j'aí , dit jusqu'ici on peut
conclure qu'il sera aisé d'enseigner à l'enfant
le latin , des mèmes mots qu'il aprendra
d'abord en françois , et pour cet éfet
on essayera de suivre peu à peu l'ordre et:
la métode qu'indiquera la langue mater
nele ou d'usage .
etc.
18. On donera à l'enfant , et sur des
cartes , les noms des persones et des ob
By Jets
22 MERCURE DE FRANCE
jets qu'il voit et qu'il conoìt ; cela servira
à le familiariser avec les raports des signes
et des choses signifiées.
19. Les figures de la Bible fournissent
la liste des noms propres des patriarches ,
des juges, des Rois , des pontifes , des grans
homes, etc. ces listes ou suites historiques,
généalogiques , cronologiques et géografiques,
devienent la base de l'histoire universéle
pour un enfant de 3 à 4 ans.
20. La Fable , les Métamorfoses d'ovide
, les Dieus , les Déesses , les demi - Dieus
les Heros du Paganisme fournissent aussi
dequoi varier agréablement l'exercice
tipografique .
21. L'histoire profane fournit également
des époques , des listes , des suites
qui amusent et instruisent l'enfant de 3
à 4 ans. Toutes les cartes étant numé
rotées , pouront ètre lues , et rangées selon
l'ordre cronologique sur la table du
Bureau.
22. On poura doner ainsi les souve-.
rains et les capitales de tous les Etats du
monde , et les capitales des provinces ou
des Gouvernemens de France ; et à l'ocasion
des mots , des choses ou des racines
historiques , on poura amuser et instruire
l'enfant , en essayant peu à peu de lui
doner de tems en tems des idées sensibles
sur le bien et le mal , sur le vice et
la:
JANVIER. 1731 . 23
fa vertu , sur le juste et l'injuste , et sur
Fe vrat et le faus.
23. On peut doner des cartes de bla
son , faire imprimer sur la table du Bureau
les termes héraldiques , et en montrer
tous les objets sensibles quand l'ocasion
s'en presentera.
24. On pratiquera facilement les premières
règles de l'aritmétique et de l'algèbre
sur la table du Bureau , aiant sur
des cartes les chifres et les signes nécessaires
pour ces petites opérations , et
pouvant d'ailleurs employer utilement
des jetons , des marques , et des dés ;
pour rendre les nombres plus sensibles.
25. On peut également doner la conoissance
des premiers élémens de géométrie
sur les lignes , les surfaces et les solides
des corps réguliers , avec lesquels
un enfant se familiarise , et se rend peu
à peu capable de toutes les parties sen
sibles des matématiques , sans en excepter
les sections coniques donées aussi en
relief.
26. La Musique mème trouvera son
avantage sur la table du Bureau. on pou .
ra montrer à l'enfant la game et le dia
pason , sur la tringle ou la règle de bois
mobile qui a servi à l'enfant pour le jeu
de la première classe. on y poura done
mètre les clés , les notes et les signes , que
B.vj L'en
24 MERCURE DE FRANCE
l'enfant aura également sur des cartes ;
qu'il poura ranger vis-à - vis de ces mèmes
signes marqués sur la tringle ou re
gle de bois , il se metra par là en état de
lire et de conoître le clavier d'une épinete
ou d'un clavecin , qui pouront lui
doner ensuite le son et le ton des figures
ou des notes conues, et colées sur les touches
d'un clavier.
,
27. Chaque art peut également ètre
rendu sensible à un petit enfant , si l'on
veut bien prendre la peine de lui démontrer
l'usage des choses , et de lui faire
imprimer le nom des outils , des objets
et des pièces des machines qu'on lui présentera
; c'est ainsi que l'anatomiste , le
botaniste et le machiniste, pouront amuser
et instruire de bone heure leurs petits
enfans ; l'ainé deviendra ensuite le maitre
de ses frères .. Des os , des plantes , des
Machines , des outils , des instrumens
des Balances , des poids , des mesures, des
Jétons , des Dés , des monoies , des médailes
, etc. Tout cela fournit l'abondance.,
la variété , le plaisir du chois, et done par
consequent les moyens de mètre bien à
profit les premieres anées de l'enfance ,.
par toute sorte de métodes , mais non
pas si - tot ni si-bien que par la métode
du Bureau tipografique.
28. On peut faire aprendre l'A , B , C.
Grec
JAVIER. 1731. 25
crec , Ebreu , Arabe , etc. avec l'A , B , C ,
François; faire imprimer du françois avec
les caracteres grecs , et avec les lètres
ébraïques , de droit à gauche , et montrer
ensuite la casse des imprimeurs, avec des
caracteres renversés , lus à rebours ; avantage
considérable pour les enfans des im
primeurs et des graveurs,ausquels on pou
ra doner un casseau , dont les cartes seront
distribuées come les lètres d'un casseau
d'imprimerie , et pour lors en peu de
mois on poura leur enseigner à imprimer
sur le Bureau les racines latines , gre--
ques , ébraïques , caldaïques , et arabes ;
de mème qu'aus enfans destinés à l'église
ou à l'étude des langues saintes et
orientales.
29. On poura faire imprimer en fran
çois , des rimes ou des vers de peu de
silabes , pour sonder , essayer et former
l'oreille de l'enfant dans la lecture soutenue
et dans la déclamation . on poura
jouer au jeu des rimes après avoir fait
déviner les sons et les lètres des mots ..
on peut doner de petites anagrames , et
mème des vers latins , examètres et pen-.
tamètres , pour faire aprendre à conoìtre
, à sentir et à ranger les piés de cète
structure de vers , dont on trouvera tous
les mots sur autant de cartes diférentes
dans la derniere logète du se rang sous.
cele de la
syntaxe
-
26 MERCURE DE FRANCE.
Exemple :
Tot tibi sunt dotes , Virgo , quot sïdërå.
coelo.
omnia sunt hominum , tenůī pēndentia filo
Et subito casu , que valuere ruunt.
30. On metra donc d'abord un en--
fant en état . d'imprimer des mots ,
des lignes , des frases en glose interli
naire , en latin et en françois ; 2° . d'imprimer
et de faire lui - mème la construc
tion du texte de rhèdre chifré ou numeroté.
3 ° . de faire de petites versions.
4. d'imprimer aussi de petites compositions
; et ces quatre exercices fourni
ront au maitre Focasion de doner à l'enfant
plus d'idées et de conoissances literaires
et grammaticales , qu'aucun rudiment
vulgaire n'en poura jamais doner sitôt
et en si peu de tems .
31. Les enfans du Bureau tipografique
seront plutot en état d'exercer leur mé
moire et d'aprendre quelque chose par
coeur , non seulement par Foreille , étant
siflés come des oiseaus , mais encore par
les ïeus , dès qu'ils sauront lire seuls.
32. Un enfant sera plutot en état de
travailler seul avec un domestique ou
avec d'autres persones , pendant que le
maître sera absent , ou ocupé à quelque
autre chose et l'enfant , plutot que de
A
Bester
JANVIER. 1731. 27
et à
rester oisif, vera toujours avec plaisir un
domestique employé à imprimer les cartes
de la garniture du bureau , ou à tailler
rogner des cartes sur un modele de
fer -blanc proportioné aus logetes des petits
bureaus portatifs de 4 piés de long
dont les cartes apelées Etrenes mignones
auront is lignes de largeur , et 2 pouces.
de hauteur , ainsi qu'on l'a déja pratiqué.
33. Non seulement les enfans qui parlent
, mais encore les sours et les muets
pouront aprendre presque tout , excepté
les sons , par les combinaisons pratiques
des signes sensibles , extérieurs , soumis à
la vue, et en passant , pour ainsi dire , des
ïeus du corps à ceus de l'esprit..
34. Les abécédaires de tout age seront
moins honteus sur la table d'un bureau ,.
que sur la crois de pardieu , leur intelligence
et leur empressement les feront lire.
passablement dans un mois ou deus..
35. L'enfant du Bureau conservera_sa
main en aprenant à écrire , et poura sans
préjudicier à l'étude des langues , n'écrire
jamais au comencement que sous
les ieus et sous la main d'un bon maître.
Je parleraí ailleurs d'une métode tres - utile
pour aprendre à écrire en assés peu de
tems.
36. L'enfant conoìtra plu-tot l'usage
des livres , des dictionaires , et des tables
des :
28 MERCURE DE FRANCE.
des matières , qu'on lui aprendra à parcourir
et à feuilleter tout seul ; il aquêra
aussi plu-tôt le gout de la lecture , de
l'étude , du travail , des livres , et des savans
; et il sera enfin plutot et beaucoup
plus sensible à la gloire et à l'émulation
literaire , que ne le sont ordinai
rement les enfans conduits et dirigés par
la métode vulgaire et tardive.
qua-
37. L'enfant aura plu - tôt l'adresse des
doits et des mains ; adresse qui manque
souvent à la plupart des enfans de
lité , peu exercés à l'action de la maîn ;
l'enfant aura plutot le gout , le coup
d'euil , l'esprit d'ordre et l'esprit rangé
si rares parmi les homes , et plus rares encore
parmi les jeunes gens.
38. L'enfant du Bureau est mis en état
d'aler plutot et plus fort au colege, et parconsequent
d'entrer plutot à l'académic
pour y faire tous ses exercices , avantage
considerable pour la jeunesse destinée et
apelée au noble et glorieus métier des
armes.
39. Beaucoup de savans par principe
de santé , travaillent debout , à l'exemple
des imprimeurs et de plusieurs autres nobles
artisans ; or l'action , l'exercice et le
mouvement du jeu tipografique , entre
tenant aussi le corps en santé , done en
mème- tems à l'esprit la meilleure culture
possi
JANVIER. 1730. 2
possible de l'aveu des medecins et de
'ESCULAPE de notre siècle . on ne prétend
pas dire par là que l'exercice du Bureau
rende immortel ou invulnerable ; cette
remarque est pour les bones gens qui ne
jugent des choses que par l'évenement, et
qui regardent souvent come un éfet necessaire
, ce qui n'est qu'un pur accident
40. La métode du Bureau tipografique
donera lieu aus bons maitres d'ètre encore
plus atachés et plus atentifs à leur de
voir , et plus utiles à leurs éleves ; ils auront
plus souvent ocasion de precher
d'exemple ; article essentiel dont se dispensent
volontiers bien des maîtres négligens
et indiferens sur l'éducation d'un
enfant , ou trop ocupés du seul esprit
mercenaire, ces derniers ne manqueront
pas de faire leurs éforts contre la métode
du Bureau , qui les remet,pour ainsi dire,
à l'A , B, C , et qui demande de leur part,
au moins au comancement , plus d'assiduité
et de soins que n'en paroit exiger
la routine vulgaire.
41. Persuadé de la verité , de l'utilité et
de la diligence de cete métode , j'ose assurer
et prédire que toutes choses dail
leurs égales , les viles qui les premieres
feront usage du Bureau tipografique , seront
dans la suite , à proportion des écoles
et des écoliers , les premieres à produi
re
30 MERCURE DE FRANCE.
>
re le plus grand nombre d'enfans et
d'homes celebres dans les arts et dans les
siences.
Si on ne goute point la métode du Bureau
tipografique , je m'en étone , et si on la
goute , je m'en étone de même.
des enfans , etc.
MONSIEUR ,
La plupart des lecteurs ne cherchant
qu'à s'amuser , parcourent un Mercure
sans beaucoup d'atention , au hazard de
ne pas entendre ce qu'ils lisent . Le mal
ne seroit pas grand s'ils s'en tenoìent-là ;
mais ils veulent ensuite parler , raisoner
et mème juger de ce qu'ils avouent
n'avoir
* MERCURE DE FRANCE.
n'avoir pas bien compris : leur défaut,
d'aplication leur fait souvent acuser d'obscurité
et de négligence l'auteur le plus
clair et le plus laborieus ; car la critique
verbale bien ou mal fondée , sera
toujours plus aisée à pratiquer , que la
composition de quelque ouvrage ; il est
dificile de parer le coup. cependant en
faveur des persones bien intentionées qui
n'ont pas le tems de lire tout , et des
persones indulgentes qui voudront bien
me pardoner des repetitions necessaires
sur l'importante matiere de la premiere
éducation des enfans , je vaì récapituler
ici le plus succintement qu'il me sera
possible , ce qui dans les précedentes lètres
a été dit , pour faire voir 1 ° . que
les enfans de deus à trois ans sont capables
des prémières operations litéraìres ; 2 ° .
que les métodes vulgaires ne sont ni sufisantes
, ni proportionées à l'age et à la
foiblesse de la prémière enfance ; 3 ° . que
la métode du bureau tipografique a les
conditions convenables et proportionées
à tout age d'enfant ou d'home mis aus
premiers élémens des lètres .
L'ordre métodique et géométrique n'est
par malheur guere utile que pour le petit
nombre de lecteurs capables de saisir , de
retenir la suite , la liaison et l'enchainement
des idées ; de voir et d'envisager
en
JANVIER. 1731. IF
en mème- tems les principes et les consequences
; mais le comun des lecteurs
à l'exemple des enfans , conte et détache,
pour ainsi- dire , les mots et les idées
sans faire atention aus principes , aus raports
et aus conséquences qu'on en peut
tirer. Les répetitions serviront donc ici
quelquefois à éclaircir les choses , et mème
à rendre souvent plus atentif un lecteur
distrait. que je dise , par exemple ,
à un lecteur vulgaire qu'il y a quatre
triangles dans un quaré divisé par ses deust
diagonales , il m'entendra d'abord ; si je
dis qu'il y en a sis , il comencera à ne
plus voir ; et si j'ajoute qu'il y en a huit ,
il n'en vera peut ètre pas plus clair : mais
si je continue à répeter qu'il y a huit
triangles dans ce quaré , le lecteur obligé
par cète répetition de revenir sur ses pas ,
et d'y penser avec plus de soin , parviendra
enfin sans éfort de génie , à la petite
découverte des huit triangles de ce quaré,
savoir , des quatre grans come des quatre
petits : j'espere que sans beaucoup de sagacité
, on fera à peu près la mème chose
sur le détail des avantages de la métode
du bureau tipografique.
Ceus qui dans l'éducation ne content
presque pour rien la diference de deus
ou trois ans entre des enfans comencés -
plutot ou plus tard , voudront bien me
permètre
12 MERCURE DE FRANCE.
permètre ici une comparaison : je suposo
donc deus enfans comencés l'un de bone
heure par la métode du bureau tipografique
, et l'autre plus tard par la métode
vulgaire , et je dis que , si le premier maitre
a bien semé et bien recueilli la
premiere
anée , il poura semer et recueillir
encore plus la segonde anée , et encore
plus la troisième anée. or , par quel moyen
le segond maitre semant plus tard et recueillant
peut-ètre moins , poura-t'il jamais
ratraper la progression des avantages
réels du bureau tipografique ? Dirat'on
que
la terre négligée , inculte et en
friche , sera ensuite plus fertile ? il faudra
examiner si cète fécondité sera en
bon ou en mauvais grain ; car il y a bien
des chams dont on ne peut jamais extirper
totalement les mauvaises herbes.
Autre comparaison ; un courier , fut- il
des plus robustes , qui part plus tard , qui
prend la plus longue route et qui va plus
lentement , poura- t'il jamais ateindre un
autre courier parti plutot , qui a pris le
chemin le plus court et qui va plus vite ?
il s'agit donc de savoir si la métode du
bureau tipografique a tant d'avantages sur
la métode vulgaire , et c'est ce que je
vai démontrer au lecteur atentif et nulement
prévenu,
1.L'experience m'aïant fait voir depuis
lontems
JANVIER. 1731. 13
,
lontems l'imperfection des métodes vulgaires
qui faute de pouvoir faire
mieus , regardent come perdu le tems .
de la premiere enfance , j'ai cherché
les moyens d'employer utilement les premieres
anées de l'enfant , et j'ai trouvé
qu'on pouvoit sans danger pour le corps,
lui montrer la figure des lètres , et ranger
ces lètres devant lui sur la table du
bureau , mème avant qu'il sut articuler
la moindre silabe , il voudra bientot ,
come les singes , faire la mème chose par
un mouvement organique et machinal ,
sur tout si l'on a la précaution de le presenter
souvent devant le bureau tipografique
, et de lui doner à manger et à
jouer sur cète mème table faite exprès pour
lui , et c'est là un des premiers avantages
du bureau tipografique sur la métode vulgaire
, qui afecte de mépriser cetè diligence
, et se flate de pouvoir ensuite également
enseigner tout , quoique plus tard
et avec plus de tems ou plus de vie.
Dès que l'enfant articulera des sons et
qu'il fera bien l'Eco , on poura lui apren
dre come à un peroquet la veritable
dénomination des lètres , et cète dénomination
metra peu à peu les enfans en état
de lire à trois et à quatre ans , bien mieus
que ne lisent ordinairement les enfans
de sis à sèt ans , par la métode vulg ire.
B LC
14 MERCURE DE FRANCE.
Le premier aïant d'abord été mis dans
l'agréable , la bone et la nouvele route ,
-va toujours gaìment son chemin ; au lieu
que les autres mis dans la triste , l'anciene
et souvent la mauvaise voie , ont
peine à revenir sur leurs pas , et ne sacrifient
pas volontiers leurs amusemens
agréables , quoique frivoles , aus ocupations
literaires qu'ils trouvent pénibles
dans un age plus avancé. Les peres et les
meres sont toujours contens des petits.
enfans qu'ils gâtent , mais ils trouvent
mauvais ensuite qu'un gouverneur ou un
précepteur n'ait pas le talent d'en faire
un prodige : il y a bien du préjugé et de
l'aveuglement sur cet article.
3. Selon la métode du bureau tipografique
un enfant , avant que de savoir lire,
poura imprimer toutes sortes de langues
mortes ou vivantes , il ne faut avoir pour
cela que des ïeus et des mains , car il est
bien plus aisé d'imprimer , par exemple ,
du latin et du françois , qu'il n'est aisé
de les lire. La grande ignorance de la
plupart des compositeurs d'une imprimerie
ne le prouve que trop ; d'ailleurs il
est clair qu'un sourd voyant , pouroit
ètre imprimeur , mème chès M. Ballard
pour la musique.
4. Un enfant de trois à quatre ans
qui conoit par les feus la figure des
lètres,
JANVIER. 1730. IS
>
lètres , et ensuite par l'oreille , le son des
caracteres simples ou combinés , saura
bientot écrire ou imprimer les sons qu'on
lui donera sur des cartes , et ceus qu'on
lui dictera il poura s'ocuper pour lors
avec autant de plaisir que les autres enfans
ont ordinairement de dégout par
les métodes vulgaires . Le premier nouri
dans les lètres , en fait ses amusemens
pendant que les autres , au contraire n'y
trouvent que des crois et des épines . si
les persones zelées et charitables , qui
dirigent les écoles des pauvres , conoissolent
donc le mérite et l'utilité de la métode
tipografique , elles en introduiroìent
bientot l'usage dans les paroisses et dans
les Monasteres , en fesant bâtir ou construire
des amfiteatres où les petits enfans
aprendro ent pour lors presque seuls et
d'eus mèmes , en voyant travailler les
que les grans. J'oserai donc dire
parens
et les maitres bien intentionés , aprouveront
et pratiqueront l'usage du bureau,
dès qu'ils en auront vu les avantages réels,
pratiques , et superieurs à ceus des métodes
vulgaires.
5. Selon cète métode , l'enfant aprendra
facilement et par des principes surs
non captieus ni équivoques , l'ortografe
des sons ou de l'oreille ; ce que la plupart
des maitres ignorent toute leur vie .
Bij L'enj
16 MERCURE DE FRANCE.
L'enfant aprendra par pratique et par téorie
l'ortografe courante et d'usage , anciene
et nouvelle, d'une maniere à bien lire
dans toute sorte de livres , et à se rendre
ensuite capable de faire un bon chois
d'ortografe françoise.
6. L'enfant saura lire dans le manuscrit
en mème- tems que dans les livres ,
et cela par la pratique journalière d'avoir
imprimé des tèmes interlinéaires sur la
table du bureau , non - seulement avec
des caractères romains , mais encore avec
des caracteres italiques et manuscrits.
7. Le petit enfant poura savoir bien
lire le françois , le latin et le grec avant
l'age auquel , selon la métode vulgaire , la
plupart des enfans ne sont pas encore mis
à l'A BC ; avantage inexprimable , qui influe
, non- seulement dans toute la suite
des études , mais dans toute la vie.
8.Les A BC ordinaires , faus ,équivoques
et captieus,induisent les enfans en êreur et
les exposent souvent à des chatimens injustes;
desorte que, sans diminuer en rien le
mérite et la juste réputation des bons
maitres , on peut dire que la métode vulgaire
dans toute l'Europe n'a pas les raports
necessaires entre les lètres et les
sons , ou entre les signes et les sons des
choses signifiées ; au lieu que la métode
du bureau tipografique n'étant fondée que
sur
JANVIER. 1731. 17
sur la verité et sur la justesse de ces mè
mes raports remarqués il y a plus d'un
siecle, par de très - habiles maitres , cète
métode , dis je , atache agréablement au
jeu tipografique le mème enfant qui venoit
de pleurer à la seule vue de la persone
qui lui montroit les lètres selon la
métode des écoles.on ne doit pas craindre,
au reste , que l'enfant ignore dans la suite
la fausse et vulgaire dénomination des
lètres ; il ne l'aprendra que trop tot , en
vironé de persones souvent oficieuses à
contre-tems , quand il s'agit de bien nomer
les lètres.
9. La lecture est d'abord mise à profit
sur la table du bureau : on y aprend à
conoìtre et à sentir les parties du discours
indéclinables , déclinables et conjugables
de la langue françoise et de la langue la
tine , laquelle conoissance dispose les enfans
à employer plutot leur loisir et
d'une maniere plus aisée , plus utile ,
plus sure et plus agréable. Bien des
maitres indépendament de l'usage du
bureau tipografique , ont abandoné la
métode vulgaire des rudimens téoriques,
pour suivre celle du rudiment pratique
dont j'ai doné l'essaì aprouvé des meilleurs
métodistes , filosofes non prévenust
10. Fesant imprimer à l'enfant les deus
langues en glose interlinéaire et mot à
B iij mot
18 MERCURE DE FRANCE.
mot , on dispose et prépare plu - tot son
imagination aus grandes operations literaires
et grammaticales que la métode
vulgaire n'entreprend pas ordinairement
d'enseigner à des enfans de deus à trois.
et à quatre ans.
11. L'enfant aprend par pratique les
terminaisons des noms et des verbes , et
enfin à décliner et à conjuguer ; il aprend
les genres , les déclinaisons , les prêterits
et les supins , les concordances , et partie
de la sintaxe , par les principales règles
donées sur des cartes en glose interlinealre
, et par les exemples pratiques donés
aussi sur des cartes , et expliqués peu à
peu et de vive vois , à mesure qu'il les
imprime sur sa table.
12. On écrit ce qu'on veut dans les
tèmes donés sur des cartes : chaque jour
fournit son sujet , et l'on met à profit
le chois des programes , des afiches , des
placars , des tèses , des avis , des anonces,
des enseignes , et enfin de tous les écritaus
publics ; la table du bureau devient un livre
ouvert à tous les spectateurs ; livre
cheri de l'enfant qui en est le composi
teur , et livre qui n'est jamais nuisible à
sa posture come le sont ordinairement
les petits livres élementaires .
13. Par le moyen du dictionaire du bu--
reau tipografique , l'enfant fera provision
de
JANVIER. 1731 . 19
de plusieurs miliers de mots latins et françois
avant l'age de cinq à sis ans ; avan
tage qui doit nécessairement influer sur
toute la suite des études , et qu'on n'aquiert
que
fort tard par la routine vulgaire.
14. L'enfant aprendra , non -seulement
Portografe de l'oreille et des ïeus par ra
port aus lètres , mais encore l'accentuation
, la ponctuation , les petites abrevia
rions françoises , latines et greques , et
la quantité latine , par la pratique jour
nalière du bureau , où il trouvera les signes
, les voyèles longues et brèves
come caracteres utiles et necessaires pour
Fimpression de la glose interlinéaire ; ce
que la métode vulgaire ne peut faire pratiquer
à l'enfant que lorsqu'il sait écrire,
c'est-à-dire fort tard.
15. L'enfant qui imprimera du latin
avec de beaus caracteres manuscrits , disposera
et préparera son imagination pour
mieus faire imiter ensuite à sa main , les
traits , les figures et les lètres , dont la
parfaite image sera vivement , distinc
tement et profondément gravée dans son
cerveau.
16. Par l'impression des tèmes donés à
l'enfant , il poura aprendre de bone heu
re les élémens de tout ce qu'on pourolt
lui montrer par le moyen de l'écriture ;
B iiij
c'est18
MERCURE DE FRANCE.
mot , on dispose et prépare plu-tot son
imagination aus grandes operations literaires
et grammaticales que la métode
vulgaire n'entreprend pas ordinairement
d'enseigner à des enfans de deus à trois.
et à quatre ans.
11. L'enfant aprend par pratique les
terminaisons des noms et des verbes , et
enfin à décliner et à conjuguer ; il aprend
les genres , les déclinaisons , les prêterits
et les supins , les concordances , et partie
de la sintaxe , par les principales règles
donées sur des cartes en glose interlinéal
re , et par les exemples pratiques donés
aussi sur des cartes , et expliqués peu
peu et de vive vois , à mesure qu'il les
imprime sur sa table.
à
12. On écrit ce qu'on veut dans les
tèmes donés sur des cartes : chaque jour
fournit son sujet , et l'on met à profit
le chois des programes , des afiches , des
placars , des tèses , des avis , des anonces,
des enseignes, et enfin de tous les écritaus
publics ; la table du bureau devient un livre
ouvert à tous les spectateurs ; livre
cheri de l'enfant qui en est le compositeur
, et livre qui n'est jamais nuisible à
sa posture come le sont ordinairement
les petits livres élementaires .
13. Par le moyen du dictionaire du bureau
tipografique , l'enfant fera provision
de
JANVIER. 1731 . 19
de plusieurs miliers de mots latins et françois
avant l'age de cinq à sis ans ; avan➡
tage qui doit nécessairement influer sur
toute la suite des études , et qu'on n'a→
quiert que fort tard par la routine vulgaire.
14. L'enfant aprendra , non-seulement
Portografe de l'oreille et des feus par raport
aus lètres , mais encore l'accentuation
, la ponctuation , les petites abreviations
françoises , latines et greques , et
la quantité latine , par la pratique jour
nalière du bureau , où il trouvera les signes
, les voyèles longues et brèves
come caracteres utiles et necessaires pour
Fimpression de la glose interlinéaire ; ce
que la métode vulgaire ne peut faire pratiquer
à l'enfant que lorsqu'il sait écrire,
c'est-à-dire fort tard.
15. L'enfant qui imprimera du latin
avec de beaus caracteres manuscrits , disposera
et préparera son imagination pour
mieus faire imiter ensuite à sa main , les
traits , les figures et les lètres , dont la
parfaite image sera vivement , distinc
tement et profondément gravée dans son
cerveau.
16. Par l'impression des tèmes donés à
l'enfant , il poura aprendre de bone heu
re les élémens de tout ce qu'on pourolt
lui montrer par le moyen de l'écriture ;
Biiij c'est20
MERCURE DE FRANCE
c'est-à- dire , qu'on poura lui enseigner
tous les principes sensibles , et lui doner
par là les premieres notions des arts et
des siences. Il a été déja démontré que
les enfans de deus à trois ans sont capables
de ces premières notions , par le
moyens des idées et des mèmes opérations
dont il se servent pour aprendre
leur langue ; verité à laquelle les seuls
préjugés empêchent de faire toute l'atention
necessaire. L'experience et l'aveu
des maîtres qui en faveur du corps négligent
, éloignent , diferent et retardent
les premiers soins literaires , au préjudice
de l'esprit prouvent l'insufisance des
métodes vulgaires dans l'éducation diligente
et hâtée des enfans. or la métode
du Bureau tipografique alant toujours ,
pour ainsi dire , de niveau avec l'enfant ,
done les moyens surs et infaillibles de le
suivre pas à pas ,
et de comancer sans
danger , à lui former plutot l'esprit et le
coeur. on peut donc , sans temerité
avancer cète proposition , que les enfans
étant capables d'aprendre , plutot que la
métode vulgaire n'est propre à les enseigner
, on doit aprouver et préferer cele
du Bureau tipogràfique ; ce que je vai tacher
de confirmer encore par le détail
des choses sensibles , que l'on peut montrer
à un petit enfant , avant qu'il soit en
état
JANVIER. 1731 . 21
état d'y ètre conduit par les métodes
ordinaires.
17. Quoique l'erreur , le mensonge ,
l'imposture , la charlatanerie , la chicane
et l'injustice , abusent des mots et dés
expressions de la langue françoise , il
ne s'ensuit pas que dans un ouvrage la
verité , la justice , et la bone foi doivent
s'abstenir de ces mèmes mots et
de ces mèmes expressions ; le zèle pour
le bien public ne perd jamais ses droits ;
c'est pourquoi je demande un peu d'indulgence
, ou de tolerance de la part des
maitres trop prévenus , et qui mal à
propos s'identifiant , pour ainsi dire ,
avec les métodes vulgaires qu'ils pratiquent
, ont le courage de mètre sur leur
conte , ce que je n'ai jamais pretendų
dire que contre les métodes sur l'abus.
desqueles , il y a toujours eu liberté d'écrire
, malgré le respect et le préjugé en
faveur du DESPAUTERE du .......
De tout ce que j'aí , dit jusqu'ici on peut
conclure qu'il sera aisé d'enseigner à l'enfant
le latin , des mèmes mots qu'il aprendra
d'abord en françois , et pour cet éfet
on essayera de suivre peu à peu l'ordre et:
la métode qu'indiquera la langue mater
nele ou d'usage .
etc.
18. On donera à l'enfant , et sur des
cartes , les noms des persones et des ob
By Jets
22 MERCURE DE FRANCE
jets qu'il voit et qu'il conoìt ; cela servira
à le familiariser avec les raports des signes
et des choses signifiées.
19. Les figures de la Bible fournissent
la liste des noms propres des patriarches ,
des juges, des Rois , des pontifes , des grans
homes, etc. ces listes ou suites historiques,
généalogiques , cronologiques et géografiques,
devienent la base de l'histoire universéle
pour un enfant de 3 à 4 ans.
20. La Fable , les Métamorfoses d'ovide
, les Dieus , les Déesses , les demi - Dieus
les Heros du Paganisme fournissent aussi
dequoi varier agréablement l'exercice
tipografique .
21. L'histoire profane fournit également
des époques , des listes , des suites
qui amusent et instruisent l'enfant de 3
à 4 ans. Toutes les cartes étant numé
rotées , pouront ètre lues , et rangées selon
l'ordre cronologique sur la table du
Bureau.
22. On poura doner ainsi les souve-.
rains et les capitales de tous les Etats du
monde , et les capitales des provinces ou
des Gouvernemens de France ; et à l'ocasion
des mots , des choses ou des racines
historiques , on poura amuser et instruire
l'enfant , en essayant peu à peu de lui
doner de tems en tems des idées sensibles
sur le bien et le mal , sur le vice et
la:
JANVIER. 1731 . 23
fa vertu , sur le juste et l'injuste , et sur
Fe vrat et le faus.
23. On peut doner des cartes de bla
son , faire imprimer sur la table du Bureau
les termes héraldiques , et en montrer
tous les objets sensibles quand l'ocasion
s'en presentera.
24. On pratiquera facilement les premières
règles de l'aritmétique et de l'algèbre
sur la table du Bureau , aiant sur
des cartes les chifres et les signes nécessaires
pour ces petites opérations , et
pouvant d'ailleurs employer utilement
des jetons , des marques , et des dés ;
pour rendre les nombres plus sensibles.
25. On peut également doner la conoissance
des premiers élémens de géométrie
sur les lignes , les surfaces et les solides
des corps réguliers , avec lesquels
un enfant se familiarise , et se rend peu
à peu capable de toutes les parties sen
sibles des matématiques , sans en excepter
les sections coniques donées aussi en
relief.
26. La Musique mème trouvera son
avantage sur la table du Bureau. on pou .
ra montrer à l'enfant la game et le dia
pason , sur la tringle ou la règle de bois
mobile qui a servi à l'enfant pour le jeu
de la première classe. on y poura done
mètre les clés , les notes et les signes , que
B.vj L'en
24 MERCURE DE FRANCE
l'enfant aura également sur des cartes ;
qu'il poura ranger vis-à - vis de ces mèmes
signes marqués sur la tringle ou re
gle de bois , il se metra par là en état de
lire et de conoître le clavier d'une épinete
ou d'un clavecin , qui pouront lui
doner ensuite le son et le ton des figures
ou des notes conues, et colées sur les touches
d'un clavier.
,
27. Chaque art peut également ètre
rendu sensible à un petit enfant , si l'on
veut bien prendre la peine de lui démontrer
l'usage des choses , et de lui faire
imprimer le nom des outils , des objets
et des pièces des machines qu'on lui présentera
; c'est ainsi que l'anatomiste , le
botaniste et le machiniste, pouront amuser
et instruire de bone heure leurs petits
enfans ; l'ainé deviendra ensuite le maitre
de ses frères .. Des os , des plantes , des
Machines , des outils , des instrumens
des Balances , des poids , des mesures, des
Jétons , des Dés , des monoies , des médailes
, etc. Tout cela fournit l'abondance.,
la variété , le plaisir du chois, et done par
consequent les moyens de mètre bien à
profit les premieres anées de l'enfance ,.
par toute sorte de métodes , mais non
pas si - tot ni si-bien que par la métode
du Bureau tipografique.
28. On peut faire aprendre l'A , B , C.
Grec
JAVIER. 1731. 25
crec , Ebreu , Arabe , etc. avec l'A , B , C ,
François; faire imprimer du françois avec
les caracteres grecs , et avec les lètres
ébraïques , de droit à gauche , et montrer
ensuite la casse des imprimeurs, avec des
caracteres renversés , lus à rebours ; avantage
considérable pour les enfans des im
primeurs et des graveurs,ausquels on pou
ra doner un casseau , dont les cartes seront
distribuées come les lètres d'un casseau
d'imprimerie , et pour lors en peu de
mois on poura leur enseigner à imprimer
sur le Bureau les racines latines , gre--
ques , ébraïques , caldaïques , et arabes ;
de mème qu'aus enfans destinés à l'église
ou à l'étude des langues saintes et
orientales.
29. On poura faire imprimer en fran
çois , des rimes ou des vers de peu de
silabes , pour sonder , essayer et former
l'oreille de l'enfant dans la lecture soutenue
et dans la déclamation . on poura
jouer au jeu des rimes après avoir fait
déviner les sons et les lètres des mots ..
on peut doner de petites anagrames , et
mème des vers latins , examètres et pen-.
tamètres , pour faire aprendre à conoìtre
, à sentir et à ranger les piés de cète
structure de vers , dont on trouvera tous
les mots sur autant de cartes diférentes
dans la derniere logète du se rang sous.
cele de la
syntaxe
-
26 MERCURE DE FRANCE.
Exemple :
Tot tibi sunt dotes , Virgo , quot sïdërå.
coelo.
omnia sunt hominum , tenůī pēndentia filo
Et subito casu , que valuere ruunt.
30. On metra donc d'abord un en--
fant en état . d'imprimer des mots ,
des lignes , des frases en glose interli
naire , en latin et en françois ; 2° . d'imprimer
et de faire lui - mème la construc
tion du texte de rhèdre chifré ou numeroté.
3 ° . de faire de petites versions.
4. d'imprimer aussi de petites compositions
; et ces quatre exercices fourni
ront au maitre Focasion de doner à l'enfant
plus d'idées et de conoissances literaires
et grammaticales , qu'aucun rudiment
vulgaire n'en poura jamais doner sitôt
et en si peu de tems .
31. Les enfans du Bureau tipografique
seront plutot en état d'exercer leur mé
moire et d'aprendre quelque chose par
coeur , non seulement par Foreille , étant
siflés come des oiseaus , mais encore par
les ïeus , dès qu'ils sauront lire seuls.
32. Un enfant sera plutot en état de
travailler seul avec un domestique ou
avec d'autres persones , pendant que le
maître sera absent , ou ocupé à quelque
autre chose et l'enfant , plutot que de
A
Bester
JANVIER. 1731. 27
et à
rester oisif, vera toujours avec plaisir un
domestique employé à imprimer les cartes
de la garniture du bureau , ou à tailler
rogner des cartes sur un modele de
fer -blanc proportioné aus logetes des petits
bureaus portatifs de 4 piés de long
dont les cartes apelées Etrenes mignones
auront is lignes de largeur , et 2 pouces.
de hauteur , ainsi qu'on l'a déja pratiqué.
33. Non seulement les enfans qui parlent
, mais encore les sours et les muets
pouront aprendre presque tout , excepté
les sons , par les combinaisons pratiques
des signes sensibles , extérieurs , soumis à
la vue, et en passant , pour ainsi dire , des
ïeus du corps à ceus de l'esprit..
34. Les abécédaires de tout age seront
moins honteus sur la table d'un bureau ,.
que sur la crois de pardieu , leur intelligence
et leur empressement les feront lire.
passablement dans un mois ou deus..
35. L'enfant du Bureau conservera_sa
main en aprenant à écrire , et poura sans
préjudicier à l'étude des langues , n'écrire
jamais au comencement que sous
les ieus et sous la main d'un bon maître.
Je parleraí ailleurs d'une métode tres - utile
pour aprendre à écrire en assés peu de
tems.
36. L'enfant conoìtra plu-tot l'usage
des livres , des dictionaires , et des tables
des :
28 MERCURE DE FRANCE.
des matières , qu'on lui aprendra à parcourir
et à feuilleter tout seul ; il aquêra
aussi plu-tôt le gout de la lecture , de
l'étude , du travail , des livres , et des savans
; et il sera enfin plutot et beaucoup
plus sensible à la gloire et à l'émulation
literaire , que ne le sont ordinai
rement les enfans conduits et dirigés par
la métode vulgaire et tardive.
qua-
37. L'enfant aura plu - tôt l'adresse des
doits et des mains ; adresse qui manque
souvent à la plupart des enfans de
lité , peu exercés à l'action de la maîn ;
l'enfant aura plutot le gout , le coup
d'euil , l'esprit d'ordre et l'esprit rangé
si rares parmi les homes , et plus rares encore
parmi les jeunes gens.
38. L'enfant du Bureau est mis en état
d'aler plutot et plus fort au colege, et parconsequent
d'entrer plutot à l'académic
pour y faire tous ses exercices , avantage
considerable pour la jeunesse destinée et
apelée au noble et glorieus métier des
armes.
39. Beaucoup de savans par principe
de santé , travaillent debout , à l'exemple
des imprimeurs et de plusieurs autres nobles
artisans ; or l'action , l'exercice et le
mouvement du jeu tipografique , entre
tenant aussi le corps en santé , done en
mème- tems à l'esprit la meilleure culture
possi
JANVIER. 1730. 2
possible de l'aveu des medecins et de
'ESCULAPE de notre siècle . on ne prétend
pas dire par là que l'exercice du Bureau
rende immortel ou invulnerable ; cette
remarque est pour les bones gens qui ne
jugent des choses que par l'évenement, et
qui regardent souvent come un éfet necessaire
, ce qui n'est qu'un pur accident
40. La métode du Bureau tipografique
donera lieu aus bons maitres d'ètre encore
plus atachés et plus atentifs à leur de
voir , et plus utiles à leurs éleves ; ils auront
plus souvent ocasion de precher
d'exemple ; article essentiel dont se dispensent
volontiers bien des maîtres négligens
et indiferens sur l'éducation d'un
enfant , ou trop ocupés du seul esprit
mercenaire, ces derniers ne manqueront
pas de faire leurs éforts contre la métode
du Bureau , qui les remet,pour ainsi dire,
à l'A , B, C , et qui demande de leur part,
au moins au comancement , plus d'assiduité
et de soins que n'en paroit exiger
la routine vulgaire.
41. Persuadé de la verité , de l'utilité et
de la diligence de cete métode , j'ose assurer
et prédire que toutes choses dail
leurs égales , les viles qui les premieres
feront usage du Bureau tipografique , seront
dans la suite , à proportion des écoles
et des écoliers , les premieres à produi
re
30 MERCURE DE FRANCE.
>
re le plus grand nombre d'enfans et
d'homes celebres dans les arts et dans les
siences.
Si on ne goute point la métode du Bureau
tipografique , je m'en étone , et si on la
goute , je m'en étone de même.
Fermer
Résumé : HUITIEME Lètre sur la bibliotèque des enfans, etc.
Le texte aborde les défis liés à la lecture et à la compréhension des lecteurs du Mercure de France, qui souvent ne prêtent pas suffisamment attention aux textes, ce qui les rend incapables de les analyser ou d'en parler de manière éclairée. Cette inattention conduit à des critiques injustes envers les auteurs, car il est plus facile de critiquer que de créer. L'auteur récapitule les points essentiels de ses lettres précédentes sur l'éducation des enfants. Il souligne que les enfants de deux à trois ans sont capables des premières opérations littéraires et que les méthodes vulgaires sont inadaptées à leur âge. Il recommande la méthode du bureau typographique, qui est proportionnée à tous les âges et permet une meilleure éducation. Le texte compare les avantages de commencer l'éducation tôt avec la méthode du bureau typographique par rapport à une initiation tardive avec des méthodes vulgaires. Il utilise des analogies, comme celle du coureur, pour illustrer que commencer tôt et par la bonne méthode permet de progresser plus rapidement et efficacement. L'auteur décrit les étapes de la méthode du bureau typographique : montrer les lettres aux enfants dès leur jeune âge, leur apprendre à les nommer comme un perroquet, et les faire imprimer différentes langues. Cette méthode rend l'apprentissage agréable et évite les difficultés rencontrées avec les méthodes traditionnelles. Le texte détaille également les avantages spécifiques de la méthode du bureau typographique, tels que l'apprentissage précoce de la lecture et de l'écriture, la maîtrise de l'orthographe, la capacité de lire manuscrits et imprimés, et l'acquisition de vocabulaire latin et français. Cette méthode prépare les enfants aux opérations littéraires et grammaticales de manière plus efficace que les méthodes vulgaires. Les enfants, dès l'âge de deux à quatre ans, apprennent les terminaisons des noms et des verbes, les genres, les déclinaisons, les préterits, les supins, les concordances et la syntaxe par des cartes et des exemples pratiques. Ils écrivent sur des cartes des sujets variés, comme des programmes, des affiches ou des annonces, transformant la table du bureau en un livre ouvert. Grâce à un dictionnaire typographique, ils acquièrent plusieurs milliers de mots latins et français avant l'âge de cinq ou six ans. La méthode enseigne également la ponctuation, les abréviations et la quantité latine par la pratique quotidienne. Les enfants impriment du latin avec des caractères manuscrits, préparant ainsi leur imagination pour imiter ensuite des traits et des lettres. Ils apprennent les éléments de divers arts et sciences par l'écriture, démontrant que les enfants de deux à trois ans sont capables de ces premières notions. Le texte critique les méthodes vulgaires, jugées insuffisantes et tardives, et vante les avantages de la méthode du bureau typographique, qui suit l'enfant pas à pas et forme son esprit et son cœur dès le plus jeune âge. Les enfants apprennent également les noms des personnes et des objets, les figures de la Bible, les fables, les métamorphoses d'Ovide, et l'histoire profane. Ils pratiquent les règles de l'arithmétique, de l'algèbre, de la géométrie et même de la musique sur la table du bureau. La méthode permet aussi d'enseigner plusieurs langues, comme le grec, l'hébreu et l'arabe, et de former l'oreille des enfants à la lecture et à la déclamation. Les enfants du bureau typographique sont capables de travailler seuls et d'apprendre par cœur, développant ainsi leur mémoire et leur adresse manuelle. Ils acquièrent également le goût de la lecture et de l'étude, et sont plus sensibles à la gloire et à l'émulation littéraire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 35-48
LETTRE d'un Grammairien de Provence, sur le Bureau Tipographique.
Début :
Est-il licite de vous demander, Monsieur, pourquoi et comment [...]
Mots clefs :
Charlatans, Bureau typographique, Méthode vulgaire, Grammaire, Apprentissage, Scepticisme, Mémoire, Rigueur, Langues
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Grammairien de Provence, sur le Bureau Tipographique.
LETTRE d'un Grammairien de Provence
, fur le Bureau Tipographique.
E
St-il licite de vous demander , Monsieur
>
pourquoi et comment tant de
charlatans de la République des Lettres
sont écoutés à la Cour et à la Ville ? Votre
Mercure parle toujours de quelqu'un
de ces Messieurs ; divertissent- ils donc le
Public à ses dépens ? Jadis des fols et des
bouffons augmentoient le nombre des
domes
36 MERCURE DE FRANCE.
domestiques des grands Seigneurs , ensuite
par un meilleur goût , on préfera
les Menétriers , les Troubadours , les Baladins
et les Saltinbanques ; ne seroit- ce
point aujourd'hui le tour des Charlatans ?
il semble qu'ils soient devenus à la mode,
( car en France , comme vous sçavez ) la
mode est l'ame et le mobile presque de
tout , et on dit que Paris seul pourroit
fournir plus de troupes de Charlatans
que tout le Royaume ensemble.
·
Je ne vous parle point ici , Monsieur ,
des prétendus inventeurs de la Pierre.
Philosophale , de la Quadrature du Cercle
, du mouvement perpetuel , des longitudes
etc. je n'y prens aucun interêt ;
mais je vous avouë que je ne puis comprendre
comment des gens de Lettres
donnent dans de pareils travers , et comment
ils peuvent être non -seulement tolerés
et protegés, mais encore quelquefois
récompensés.
On dit que tous les jours vous êtes regalés
d'Affiches nouvelles qui annoncent
au Public des Phénomenes litteraires ;
par l'une on promer de mettre une femme
, une nourisse , un Suisse même , en
état de montrer à un François la Langue
Latine en peu de tems , par le secret ou
le moyen de quelques Monosillabes techniques
et de quelques signe sou herissons
hyeroglifiques.
Un
JANVIER. 1731. 37
Un autre Auteur donne les Sciences
dévoilées et le moyen d'apprendre le Latin
et les Sciences sans le secours d'aucun
Maître ; il donne l'art d'enseigner
le Latin aux petits enfans en les divertissant
, et sans qu'ils s'en apperçoivent :
ce même Auteur dit qu'il ne faut pas
plus de six mois pour apprendre le Latin
et faire son droit , six mois pour être en
état d'entrer dans un Seminaire
mois pour le Latin qui regarde la Medecine.
Je m'imagine qu'avec de tels secrets
on ne manque pas de faire rouler carosse
& c .
trois
Ce qui me revolte le plus en lisant votre
Mercure , c'est d'y trouver un de ces
Charlatans qui affecte de décrier les méthodes
des autres pour donner plus de
crédit à la sienne , et l'élever sur le débris
des autres. Il parle toujours d'un
rudiment pratique de bois , par le moyen
duquel il promet de mieux montrer que
les autres la silabisation , l'orthographe
et les rudimens de la Langue Latine . On
dit que ce Bureau pour un enfant de
deux à trois ans a plus d'une toise de
long , et si ce Bureau si nécessaire pour
l'instruction d'un enfant , croit à mesure
que l'écolier avance en âge , il lui
faudra cinq ou six toises avant que
l'enfant
en quitte l'usage ; à ce
compte là
C le
38 MERCURE DE FRANCE
les jeux de paume vont devenir prodigieusement
chers , car où placer ces machines
de bois à moins qu'on n'ait de
grandes Sales , ou des Galeries telles que
celles des Princes et des grands Seigneurs
une voye plus abregée , à mon avis , ce
seroit d'habiter une Bibliotheque. En atrendant
que je sçache bien la construction
de cette machine , je vous suplie de ne pas
me refuser les éclaircissemens que je vous
demande ; car il appert visiblement que
tet Auteur ignore lui-même ce qu'il veur
montrer aux autres .
Quelle plaisante route n'est- ce point
de faire pratiquer une fausse orthographe
qu'il appelle l'orthographe de l'oreille,
pour parvenir enfin à la veritable or
thographe des yeux ou de l'usage ? A quoi
bon ce détour ? Est-ce là cette simplicité
dont il se pique tant ? La méthode vulgaire
n'est- elle pas plus simple d'aller
droit à la veritable orthographe , sans
chercher les détours qu'indique ce rudiment
de bois car enfin c'est abuser de
la tolerance et de la liberté dont on jouit
dans la République des Lettres , que de
donner ainsi au Public une méthode bizarre
et embarassante sur le nom des lettres
, sur la sillabisation , sur l'ortographe
et sur le rudiment de la Langue Latine
, pendant que nous avons d'excellentes
JANVIER. 1731. 39
lentes méthodes sur chacune de ces parties.
Pourquoi les abandonne - t'on , et
pourquoi leur préferer le - sistême de la
chienne lettrée de la Foire , puisque selon
l'exposé de l'Auteur , un enfant travaille
à ce nouveau Bureau de la même
maniere que la chienne en question ; l'enfant
, à ce qu'on dit , prend dans son Bureau
les lettres dont il a besoin pour composer
un mot tout comme la chienne les
prend sur le pavé ou sur le plancher , et
les donne à son Maître,suivant l'ordre de
l'orthographe
, ainsi que l'enfant
les range
l'une après l'autre sur la table de son
Bureau ; et si l'un et l'autre fait est bien
constant , n'y auroit- il point quelque mistere
que nous ne sçaurions penetrer , et
qui n'est entendu que par ces nouveaux
maîtres et par leurs éleves ? Je me défie
extrêmement
de ces merveilles .
Quoiqu'à la rigueur , je ne doute nullement
qu'on ne puisse dresser un enfant
à ces sortes de jeux comme on dresse un
chien ou tout autre animal. Il me reste
toujours un scrupule dont je sens bien
que je ne guerirai que par ma propre experience
, ou par le témoignage de personnes
sensées , et sans prévention ; je
serois curieux , par exemple , de sçavoir
si un enfant dressé par cette nouvelle.
façon pourroit lire dans un Livre impricij
mé
MERCURE DE FRANCE
mé à Paris , et qu'il n'auroit jamais vû ?
ces faits une fois posés , je passe à ce
prétendu rudiment pratique , et je voudrois
sçavoir si ce rudiment de bois , futil
d'ébene , ou de quelqu'autre bois plus
précieux , apprendra à l'enfant les principes
de la Langue Latine suivis , observés
, et scrupuleusement pratiqués depuis
tant de siecles ? nos maîtres qui n'avoient
point ces moyens prestigieux , ne sontils
pas parvenus à un dégré de sçavoir
auquel nous avons bien de la peine à atteindre
, et finalement auquel tous ces
beaux esprits à rechercher ne parviendront
jamais ? Quoi ! nous aurons passé
bien des années à nous tourmenter pour
apprendre des choses que nous sentons
ne sçavoir pas encore bien dans un âge
avancé , et des enfans de quatre ou cinq
des Gouvernantes , des domestiques
apprendront en jouant ce qui nous a
couté tant de peines , tant de pleurs et
et de fatigues ? nous faudra- t'il remettre
à la Croix de pardieu , sous peine d'être
repris par des enfans ?
ans ,
Que je crains , Monsieur , qu'à force
de vouloir rendre les Sciences aisées , on
ne les rende trop communes , et qu'on
ne méprise les Sçavans par la facilité que
l'on aura à tout âge et en toute condition
de se mettre de niveau avec eux.
En
JANVIER. 1731. 41
En verité , Monsieur , on a bien peu d'é
gard pour des personnes qui ont vieilli
sur les livres , et qui se livrent avec tant
de zele à l'instruction de la jeunesse. On
se livre trop aisément à de nouveaux
venus qui nous ravissent nos droits par
des jeux et par des prestiges , car je ne
sçaurois nommer autrement ces inventions
phantastiques.
Despautere , Hannibal Quadret , le
P. Pomey et tant d'autres auront donc
travaillé inutilement pour la Jeunesse
si l'on suit d'autres routes que celles qu'ils
nous ont marquées. L'experience journaliere
nous apprend que la voye de la récitation
et d'apprendre par coeur est la
plus sure pour exercer la mémoire des
enfans ; nous voyons avec satisfaction que
des enfans sçavent à peine lire qu'ils
nous recitent sans faute leur Mufa , leur
Penelope , la femme d'Ulisse , leur Templum
, Pater, Fructus , Cornu , Dies , et
tous les Paradigmes des Rudimens , nous
voyons qu'ils retiennent avec un succès
égal toutes les concordances , les difficultes
sur la particule On , sur le Que relatif
ou particule , les quatre Questions de
lieu , celles de tems , les régimes des Verbes
Celo , rogo , doceo , moneo , posco , flagito
, ceux de refert et interest , des Verbes ,
piget , pudet , penitet , enfin tout ce qu'il,
Ciij y
42 MERCURE DE FRANCE
ya de plus épineux dans la Grammaire
et dans la Syntaxe , et après cela on viendra
nous débiter des préceptes qui sont
de vrais paradoxes , pour ne rien dire
de plus , ceux qui les débitent seront
crus , seront suivis , tandis que l'on rira
de nos raisonnemens et que nos Ecoles
seront desertes : Que deviendra le fruit
de nos veilles et de nos travaux ? Permettez
-moi , Monsieur , de m'écrier ici avec
un Ancien : 0 tempora ! ô mores !
Avant que de finir ma Lettre
, agréez
,
Monsieur
, que je vous demande
un éclaircissement
sur le titre ridicule
que cet Au-
`teur
avoit
dabord
donné
à sa nouvelle
méthode
, l'A , B , C de Candiac
; ce titre
porte
bien
avec
lui un caractere
de
vision
; car ou ce Candiac
est un nom
propre
de Ville
, ou de personne
, quelque
ce puisse
être des deux
, je dis qu'il
est absurde
de vouloir
ériger
ses visions
en dogmes
litteraires
, au préjudice
de
la doctrine
reçuë
depuis
tant de tems
par
lés plus habiles
Maîtres
; et si cette
voye
a lieu il sera donc
permis
à chacun
de
donner
ses idées
au Public
comme
des
régles
infaillibles
. Je n'aurai
donc
qu'à
donner
må maniere
de montrer
à lire et
le Latin
sous le nom de l'A , B , C , ou
du rudiment
de Ventabrén
, un autre
donnera
la Grammaire
d'Auron
, et quelqu'autre
1
JANVIER. 1731. 43
qu'autre aussi la Sintaxe de Vitrole ; tour
le monde doit sentir les inconveniens d'un
tel abus et le ridicule de pareilles maximes.
Cette reflexion m'en fait naître une
autre que je ne dois pas obmettre , vous
jugerez de sa valeur . Toute personne qui
n'est point née à Paris ou à Blois a mauvaise
grace de vouloir donner des regles
d'orthographe françoise , et qui ne possede
pas le Grec et le Latin ne peut écrire
correctement et suivant l'étimologie des
mots françois qui dérivent de ces deux
Langues. Laissons donc à nos Professeurs
des Universités du Royaume , et sur tout
à ceux de notre Capitale , le soin de nous
donner des regles pour la prononciation
et pour l'orthographe françoise ; nourris
depuis leur enfance dans les Langues oríginales
, ils sçavent mieux que tout au
tre la vraye source du françois , ils en
sçavent mieux la prononciation , ils ont
vieilli dans l'étude du Grec et du Latin .
Plus j'y pense , plus je suis frappé de
la singularité du titre de ce nouveau sistême
, l'A , B , C de Candiac , la Biblio
theque des enfans ; un livre ne sçauroit
être une Bibliotheque , car une Bibliotheque
est une grande chambre , ou appartement
où l'on met des livres de touté
de tout genre ; or un Livre sur
C iiij
espece ,
l'a
4 MERCURE DE FRANCE
l'a , b , c , pour des enfans ne sçauroit
composer une Bibliotheque. Ce titre me
fait ressouvenir d'une Epigramme du fameux
Owen , le Martial Anglois , contre.
un certain Rider , Auteur d'un Lexicon
qu'il avoit donné au Public sous le titre
de Bibliotheque ; ne pourroit on pas en
faire une application à ce nouveau sistême
? La voici :
Quid sibi ridendi vult Bibliotheca , Rideri
Unus enim non est Bibliotheca liber ;
Verborum cum theca fit hac , non theca Librorum
,
Lexicon hoc dici , Dictio theca potest.
Un Livre seul est- il une Bibliotheque
Ma foi , Rider , cette pensée est Grecque ;
Tu ne me comprens pas ; voici donc mes raisons;
Ton Livre tout au plus est de mots un repaire ;.
Une aire au plus de Dictions ;
Nommons-le donc Dictionnaire .
Ce Bureau à niches de bois peut encore
moins passer pour une Bibliotheque
puisqu'on n'y doit mettre que des verbes
, des noms substantifs , des adjectifs ,
des indéclinables ; et ces niches continssent-
elles tous les substantifs imaginables ,
ne donneront jamais à un enfant la connoissance
de la nature du substantif , de
l'adjectif, du verbe &c.
Ca
JANVIER. 1731 45
Ce Bureau , ce Colombier , puisque
Colombier y a , ne rendra jamais un enfant
imperturbable sur les déclinaisons ,
les conjugaisons et les genres , sur les concordances
, car si , par exemple , je viens à
lui demander de quel genre est pileus
sçaura t'il me le dire ? et s'il le dit , sera:
t'il en état de répondre au da regulam ?
ce sera là pour lui un langage inconnu
son Bureau ne pouvant lui fournir cette:
maxime si courte , si usitée dans nos Ecoles
, et qui est le fruit des veilles du co…
riphée des Grammairiens.
Omne viro soli quod convenit esto virile .
Mais sans entrer dans ce détail qui
mettroit en déroute ces nouveaux Maîtres
, et leur Bureau en éclats , je me
borne à un raisonnement que peu de
personnes sont en état de faire , parceque
peu de gens prennent un aussi grand
interêt à ces sortes de matieres.
Tout ce qu'un enfant instruit par cette
méthode acquerra de connoissance de la
Langue Latine , de la Grammaire et de
la Syntaxe, ne sera qu'une mémoire locale:
artificielle et méchanique du substantif ,
de l'adjectif et de toutes les parties d'o
raison ; mais il n'aura jamais ce qu'on
appelle la mémoire spirituelle et métaphisique
de ce que ces mots signifient..
Cv Car
46 MERCURE DE FRANCE
Car enfin , lors qu'on lui aura ôté son
Bureau , ses logettes , et qu'on lui demandera
ce que c'est qu'un substantif , un
adjectif , un Verbe &c. il sera entierement
dérouté , et manquant de l'outil
ou de l'instrument qui lui donnoit ce
dont il avoit besoin , il ne sçaura que
devenir. Mais quelle difference à l'égard
d'un enfant instruit par l'ingénieuse méthode
du Rudiment ? avec son Quadret ,
et sans son Quadret , avec son Despautere
, ou sans son Despautere , il répondra
positivement , et ad rem , sur tout ce
qu'on pourra lui demander , parce qu'il
sçaura que ces définitions sont dans ces
Livres , qu'on les lui a expliquées , qu'il
les a apprises par coeur , et vous les recitera
même sans faute , sa mémoire qu'on
a cultivée avec tant de soin ne sçauroit
lui manquer dans une pareille occasion.
C'est , au reste , se tromper lourdement
et donner dans une erreur manifeste , de
croire qu'il faille cultiver autre chose que
la mémoire dans les enfans ; c'est là tout
leur fonds , leur ame , leur esprit n'est
point encore assez formé pour pouvoir
faire toutes les opérations qui conduisent
à l'intelligence . Donnez leur donc beaucoup
de mots beaucoup de termes à
apprendre par coeur , faites les leur recizer
souvent , et vous en ferez des prodi-
>
ga
JANVIER. 1731. 47
ges . On perdra son tems et sa peine quand
on voudra leur donner l'intelligence des
définitions , leur en faire comprendre le
sens ; le tems de les entendre viendra
toujours assez tôt , ne vint-il qu'à l'âge
de quinze ou vingt ans , et c'est justement
alors que leur esprit formé commence
à sentir la valeur des termes qu'ils
ont appris avant ce tems là , et que leur
mémoire conserve comme en depôt ; car
ce n'est que la mémoire qui nous rend
sçavans , et nous fait paroître tels . Autant
que je puis m'en ressouvenir un Ancien
Fa dit avant moi nous ne sommes sçavans
qu'autant que nous avons de la mémoire.
Que ces Tipographistes me font de compassion
, et que je plains les personnes
qui ont à essuyer leurs visions ! Tenonsnous-
en à nos anciennes maximes ; sui
vons les traces qu'on nous a frayées , et
marchons par la voye qu'ils nous ont
indiquée , dussions nous ne jamais arteindre
au but où nous tendons. Et quoique
puisse dire' Seneque , les hommes font
toujours bien de suivre la foule : errer
avec de grands Maîtres , c'est suivre la
bonne tou
, et j'ose le dire , c'e
jours ou presque toujours errer , que
suivre de nouvelles routes . En attendant
C vj
de
l'hort
48 MERCURE DE FRANCE
l'honneur de votre Réponse , j'ai celui
d'être &c.
A Ventabrén , ce 2. Octobre 1730 .
, fur le Bureau Tipographique.
E
St-il licite de vous demander , Monsieur
>
pourquoi et comment tant de
charlatans de la République des Lettres
sont écoutés à la Cour et à la Ville ? Votre
Mercure parle toujours de quelqu'un
de ces Messieurs ; divertissent- ils donc le
Public à ses dépens ? Jadis des fols et des
bouffons augmentoient le nombre des
domes
36 MERCURE DE FRANCE.
domestiques des grands Seigneurs , ensuite
par un meilleur goût , on préfera
les Menétriers , les Troubadours , les Baladins
et les Saltinbanques ; ne seroit- ce
point aujourd'hui le tour des Charlatans ?
il semble qu'ils soient devenus à la mode,
( car en France , comme vous sçavez ) la
mode est l'ame et le mobile presque de
tout , et on dit que Paris seul pourroit
fournir plus de troupes de Charlatans
que tout le Royaume ensemble.
·
Je ne vous parle point ici , Monsieur ,
des prétendus inventeurs de la Pierre.
Philosophale , de la Quadrature du Cercle
, du mouvement perpetuel , des longitudes
etc. je n'y prens aucun interêt ;
mais je vous avouë que je ne puis comprendre
comment des gens de Lettres
donnent dans de pareils travers , et comment
ils peuvent être non -seulement tolerés
et protegés, mais encore quelquefois
récompensés.
On dit que tous les jours vous êtes regalés
d'Affiches nouvelles qui annoncent
au Public des Phénomenes litteraires ;
par l'une on promer de mettre une femme
, une nourisse , un Suisse même , en
état de montrer à un François la Langue
Latine en peu de tems , par le secret ou
le moyen de quelques Monosillabes techniques
et de quelques signe sou herissons
hyeroglifiques.
Un
JANVIER. 1731. 37
Un autre Auteur donne les Sciences
dévoilées et le moyen d'apprendre le Latin
et les Sciences sans le secours d'aucun
Maître ; il donne l'art d'enseigner
le Latin aux petits enfans en les divertissant
, et sans qu'ils s'en apperçoivent :
ce même Auteur dit qu'il ne faut pas
plus de six mois pour apprendre le Latin
et faire son droit , six mois pour être en
état d'entrer dans un Seminaire
mois pour le Latin qui regarde la Medecine.
Je m'imagine qu'avec de tels secrets
on ne manque pas de faire rouler carosse
& c .
trois
Ce qui me revolte le plus en lisant votre
Mercure , c'est d'y trouver un de ces
Charlatans qui affecte de décrier les méthodes
des autres pour donner plus de
crédit à la sienne , et l'élever sur le débris
des autres. Il parle toujours d'un
rudiment pratique de bois , par le moyen
duquel il promet de mieux montrer que
les autres la silabisation , l'orthographe
et les rudimens de la Langue Latine . On
dit que ce Bureau pour un enfant de
deux à trois ans a plus d'une toise de
long , et si ce Bureau si nécessaire pour
l'instruction d'un enfant , croit à mesure
que l'écolier avance en âge , il lui
faudra cinq ou six toises avant que
l'enfant
en quitte l'usage ; à ce
compte là
C le
38 MERCURE DE FRANCE
les jeux de paume vont devenir prodigieusement
chers , car où placer ces machines
de bois à moins qu'on n'ait de
grandes Sales , ou des Galeries telles que
celles des Princes et des grands Seigneurs
une voye plus abregée , à mon avis , ce
seroit d'habiter une Bibliotheque. En atrendant
que je sçache bien la construction
de cette machine , je vous suplie de ne pas
me refuser les éclaircissemens que je vous
demande ; car il appert visiblement que
tet Auteur ignore lui-même ce qu'il veur
montrer aux autres .
Quelle plaisante route n'est- ce point
de faire pratiquer une fausse orthographe
qu'il appelle l'orthographe de l'oreille,
pour parvenir enfin à la veritable or
thographe des yeux ou de l'usage ? A quoi
bon ce détour ? Est-ce là cette simplicité
dont il se pique tant ? La méthode vulgaire
n'est- elle pas plus simple d'aller
droit à la veritable orthographe , sans
chercher les détours qu'indique ce rudiment
de bois car enfin c'est abuser de
la tolerance et de la liberté dont on jouit
dans la République des Lettres , que de
donner ainsi au Public une méthode bizarre
et embarassante sur le nom des lettres
, sur la sillabisation , sur l'ortographe
et sur le rudiment de la Langue Latine
, pendant que nous avons d'excellentes
JANVIER. 1731. 39
lentes méthodes sur chacune de ces parties.
Pourquoi les abandonne - t'on , et
pourquoi leur préferer le - sistême de la
chienne lettrée de la Foire , puisque selon
l'exposé de l'Auteur , un enfant travaille
à ce nouveau Bureau de la même
maniere que la chienne en question ; l'enfant
, à ce qu'on dit , prend dans son Bureau
les lettres dont il a besoin pour composer
un mot tout comme la chienne les
prend sur le pavé ou sur le plancher , et
les donne à son Maître,suivant l'ordre de
l'orthographe
, ainsi que l'enfant
les range
l'une après l'autre sur la table de son
Bureau ; et si l'un et l'autre fait est bien
constant , n'y auroit- il point quelque mistere
que nous ne sçaurions penetrer , et
qui n'est entendu que par ces nouveaux
maîtres et par leurs éleves ? Je me défie
extrêmement
de ces merveilles .
Quoiqu'à la rigueur , je ne doute nullement
qu'on ne puisse dresser un enfant
à ces sortes de jeux comme on dresse un
chien ou tout autre animal. Il me reste
toujours un scrupule dont je sens bien
que je ne guerirai que par ma propre experience
, ou par le témoignage de personnes
sensées , et sans prévention ; je
serois curieux , par exemple , de sçavoir
si un enfant dressé par cette nouvelle.
façon pourroit lire dans un Livre impricij
mé
MERCURE DE FRANCE
mé à Paris , et qu'il n'auroit jamais vû ?
ces faits une fois posés , je passe à ce
prétendu rudiment pratique , et je voudrois
sçavoir si ce rudiment de bois , futil
d'ébene , ou de quelqu'autre bois plus
précieux , apprendra à l'enfant les principes
de la Langue Latine suivis , observés
, et scrupuleusement pratiqués depuis
tant de siecles ? nos maîtres qui n'avoient
point ces moyens prestigieux , ne sontils
pas parvenus à un dégré de sçavoir
auquel nous avons bien de la peine à atteindre
, et finalement auquel tous ces
beaux esprits à rechercher ne parviendront
jamais ? Quoi ! nous aurons passé
bien des années à nous tourmenter pour
apprendre des choses que nous sentons
ne sçavoir pas encore bien dans un âge
avancé , et des enfans de quatre ou cinq
des Gouvernantes , des domestiques
apprendront en jouant ce qui nous a
couté tant de peines , tant de pleurs et
et de fatigues ? nous faudra- t'il remettre
à la Croix de pardieu , sous peine d'être
repris par des enfans ?
ans ,
Que je crains , Monsieur , qu'à force
de vouloir rendre les Sciences aisées , on
ne les rende trop communes , et qu'on
ne méprise les Sçavans par la facilité que
l'on aura à tout âge et en toute condition
de se mettre de niveau avec eux.
En
JANVIER. 1731. 41
En verité , Monsieur , on a bien peu d'é
gard pour des personnes qui ont vieilli
sur les livres , et qui se livrent avec tant
de zele à l'instruction de la jeunesse. On
se livre trop aisément à de nouveaux
venus qui nous ravissent nos droits par
des jeux et par des prestiges , car je ne
sçaurois nommer autrement ces inventions
phantastiques.
Despautere , Hannibal Quadret , le
P. Pomey et tant d'autres auront donc
travaillé inutilement pour la Jeunesse
si l'on suit d'autres routes que celles qu'ils
nous ont marquées. L'experience journaliere
nous apprend que la voye de la récitation
et d'apprendre par coeur est la
plus sure pour exercer la mémoire des
enfans ; nous voyons avec satisfaction que
des enfans sçavent à peine lire qu'ils
nous recitent sans faute leur Mufa , leur
Penelope , la femme d'Ulisse , leur Templum
, Pater, Fructus , Cornu , Dies , et
tous les Paradigmes des Rudimens , nous
voyons qu'ils retiennent avec un succès
égal toutes les concordances , les difficultes
sur la particule On , sur le Que relatif
ou particule , les quatre Questions de
lieu , celles de tems , les régimes des Verbes
Celo , rogo , doceo , moneo , posco , flagito
, ceux de refert et interest , des Verbes ,
piget , pudet , penitet , enfin tout ce qu'il,
Ciij y
42 MERCURE DE FRANCE
ya de plus épineux dans la Grammaire
et dans la Syntaxe , et après cela on viendra
nous débiter des préceptes qui sont
de vrais paradoxes , pour ne rien dire
de plus , ceux qui les débitent seront
crus , seront suivis , tandis que l'on rira
de nos raisonnemens et que nos Ecoles
seront desertes : Que deviendra le fruit
de nos veilles et de nos travaux ? Permettez
-moi , Monsieur , de m'écrier ici avec
un Ancien : 0 tempora ! ô mores !
Avant que de finir ma Lettre
, agréez
,
Monsieur
, que je vous demande
un éclaircissement
sur le titre ridicule
que cet Au-
`teur
avoit
dabord
donné
à sa nouvelle
méthode
, l'A , B , C de Candiac
; ce titre
porte
bien
avec
lui un caractere
de
vision
; car ou ce Candiac
est un nom
propre
de Ville
, ou de personne
, quelque
ce puisse
être des deux
, je dis qu'il
est absurde
de vouloir
ériger
ses visions
en dogmes
litteraires
, au préjudice
de
la doctrine
reçuë
depuis
tant de tems
par
lés plus habiles
Maîtres
; et si cette
voye
a lieu il sera donc
permis
à chacun
de
donner
ses idées
au Public
comme
des
régles
infaillibles
. Je n'aurai
donc
qu'à
donner
må maniere
de montrer
à lire et
le Latin
sous le nom de l'A , B , C , ou
du rudiment
de Ventabrén
, un autre
donnera
la Grammaire
d'Auron
, et quelqu'autre
1
JANVIER. 1731. 43
qu'autre aussi la Sintaxe de Vitrole ; tour
le monde doit sentir les inconveniens d'un
tel abus et le ridicule de pareilles maximes.
Cette reflexion m'en fait naître une
autre que je ne dois pas obmettre , vous
jugerez de sa valeur . Toute personne qui
n'est point née à Paris ou à Blois a mauvaise
grace de vouloir donner des regles
d'orthographe françoise , et qui ne possede
pas le Grec et le Latin ne peut écrire
correctement et suivant l'étimologie des
mots françois qui dérivent de ces deux
Langues. Laissons donc à nos Professeurs
des Universités du Royaume , et sur tout
à ceux de notre Capitale , le soin de nous
donner des regles pour la prononciation
et pour l'orthographe françoise ; nourris
depuis leur enfance dans les Langues oríginales
, ils sçavent mieux que tout au
tre la vraye source du françois , ils en
sçavent mieux la prononciation , ils ont
vieilli dans l'étude du Grec et du Latin .
Plus j'y pense , plus je suis frappé de
la singularité du titre de ce nouveau sistême
, l'A , B , C de Candiac , la Biblio
theque des enfans ; un livre ne sçauroit
être une Bibliotheque , car une Bibliotheque
est une grande chambre , ou appartement
où l'on met des livres de touté
de tout genre ; or un Livre sur
C iiij
espece ,
l'a
4 MERCURE DE FRANCE
l'a , b , c , pour des enfans ne sçauroit
composer une Bibliotheque. Ce titre me
fait ressouvenir d'une Epigramme du fameux
Owen , le Martial Anglois , contre.
un certain Rider , Auteur d'un Lexicon
qu'il avoit donné au Public sous le titre
de Bibliotheque ; ne pourroit on pas en
faire une application à ce nouveau sistême
? La voici :
Quid sibi ridendi vult Bibliotheca , Rideri
Unus enim non est Bibliotheca liber ;
Verborum cum theca fit hac , non theca Librorum
,
Lexicon hoc dici , Dictio theca potest.
Un Livre seul est- il une Bibliotheque
Ma foi , Rider , cette pensée est Grecque ;
Tu ne me comprens pas ; voici donc mes raisons;
Ton Livre tout au plus est de mots un repaire ;.
Une aire au plus de Dictions ;
Nommons-le donc Dictionnaire .
Ce Bureau à niches de bois peut encore
moins passer pour une Bibliotheque
puisqu'on n'y doit mettre que des verbes
, des noms substantifs , des adjectifs ,
des indéclinables ; et ces niches continssent-
elles tous les substantifs imaginables ,
ne donneront jamais à un enfant la connoissance
de la nature du substantif , de
l'adjectif, du verbe &c.
Ca
JANVIER. 1731 45
Ce Bureau , ce Colombier , puisque
Colombier y a , ne rendra jamais un enfant
imperturbable sur les déclinaisons ,
les conjugaisons et les genres , sur les concordances
, car si , par exemple , je viens à
lui demander de quel genre est pileus
sçaura t'il me le dire ? et s'il le dit , sera:
t'il en état de répondre au da regulam ?
ce sera là pour lui un langage inconnu
son Bureau ne pouvant lui fournir cette:
maxime si courte , si usitée dans nos Ecoles
, et qui est le fruit des veilles du co…
riphée des Grammairiens.
Omne viro soli quod convenit esto virile .
Mais sans entrer dans ce détail qui
mettroit en déroute ces nouveaux Maîtres
, et leur Bureau en éclats , je me
borne à un raisonnement que peu de
personnes sont en état de faire , parceque
peu de gens prennent un aussi grand
interêt à ces sortes de matieres.
Tout ce qu'un enfant instruit par cette
méthode acquerra de connoissance de la
Langue Latine , de la Grammaire et de
la Syntaxe, ne sera qu'une mémoire locale:
artificielle et méchanique du substantif ,
de l'adjectif et de toutes les parties d'o
raison ; mais il n'aura jamais ce qu'on
appelle la mémoire spirituelle et métaphisique
de ce que ces mots signifient..
Cv Car
46 MERCURE DE FRANCE
Car enfin , lors qu'on lui aura ôté son
Bureau , ses logettes , et qu'on lui demandera
ce que c'est qu'un substantif , un
adjectif , un Verbe &c. il sera entierement
dérouté , et manquant de l'outil
ou de l'instrument qui lui donnoit ce
dont il avoit besoin , il ne sçaura que
devenir. Mais quelle difference à l'égard
d'un enfant instruit par l'ingénieuse méthode
du Rudiment ? avec son Quadret ,
et sans son Quadret , avec son Despautere
, ou sans son Despautere , il répondra
positivement , et ad rem , sur tout ce
qu'on pourra lui demander , parce qu'il
sçaura que ces définitions sont dans ces
Livres , qu'on les lui a expliquées , qu'il
les a apprises par coeur , et vous les recitera
même sans faute , sa mémoire qu'on
a cultivée avec tant de soin ne sçauroit
lui manquer dans une pareille occasion.
C'est , au reste , se tromper lourdement
et donner dans une erreur manifeste , de
croire qu'il faille cultiver autre chose que
la mémoire dans les enfans ; c'est là tout
leur fonds , leur ame , leur esprit n'est
point encore assez formé pour pouvoir
faire toutes les opérations qui conduisent
à l'intelligence . Donnez leur donc beaucoup
de mots beaucoup de termes à
apprendre par coeur , faites les leur recizer
souvent , et vous en ferez des prodi-
>
ga
JANVIER. 1731. 47
ges . On perdra son tems et sa peine quand
on voudra leur donner l'intelligence des
définitions , leur en faire comprendre le
sens ; le tems de les entendre viendra
toujours assez tôt , ne vint-il qu'à l'âge
de quinze ou vingt ans , et c'est justement
alors que leur esprit formé commence
à sentir la valeur des termes qu'ils
ont appris avant ce tems là , et que leur
mémoire conserve comme en depôt ; car
ce n'est que la mémoire qui nous rend
sçavans , et nous fait paroître tels . Autant
que je puis m'en ressouvenir un Ancien
Fa dit avant moi nous ne sommes sçavans
qu'autant que nous avons de la mémoire.
Que ces Tipographistes me font de compassion
, et que je plains les personnes
qui ont à essuyer leurs visions ! Tenonsnous-
en à nos anciennes maximes ; sui
vons les traces qu'on nous a frayées , et
marchons par la voye qu'ils nous ont
indiquée , dussions nous ne jamais arteindre
au but où nous tendons. Et quoique
puisse dire' Seneque , les hommes font
toujours bien de suivre la foule : errer
avec de grands Maîtres , c'est suivre la
bonne tou
, et j'ose le dire , c'e
jours ou presque toujours errer , que
suivre de nouvelles routes . En attendant
C vj
de
l'hort
48 MERCURE DE FRANCE
l'honneur de votre Réponse , j'ai celui
d'être &c.
A Ventabrén , ce 2. Octobre 1730 .
Fermer
Résumé : LETTRE d'un Grammairien de Provence, sur le Bureau Tipographique.
Un grammairien de Provence critique la prolifération de charlatans dans la République des Lettres, notant qu'ils sont écoutés à la Cour et en ville. Il compare ces individus aux fous et bouffons d'antan, soulignant que la mode en France favorise leur ascension. Le grammairien exprime son incompréhension face à la tolérance et au soutien accordés à ces charlatans, qui promettent des méthodes révolutionnaires pour apprendre le latin et d'autres sciences. Il mentionne des affiches annonçant des méthodes rapides pour apprendre le latin, telles que l'utilisation de monosyllabes techniques et de signes hiéroglyphiques. Un auteur prétend enseigner le latin et les sciences sans maître, en divertissant les enfants. Un autre charlatan utilise un rudiment pratique de bois pour enseigner la syllabisation et l'orthographe, mais le grammairien trouve cette méthode absurde et inutile. Le grammairien déplore que ces méthodes soient préférées aux méthodes traditionnelles éprouvées. Il craint que la facilité d'accès aux connaissances ne dévalue les savants et leurs efforts. Il critique également le titre ridicule donné à une nouvelle méthode, 'l'A, B, C de Candiac', et compare cette méthode à un dictionnaire plutôt qu'à une bibliothèque. Le grammairien conclut que les connaissances acquises par ces méthodes ne seront que mécaniques et locales, sans véritable compréhension des concepts. Le texte oppose ensuite un enfant non instruit à un enfant formé par la méthode du 'Rudiment', utilisant des ouvrages comme le 'Quadret' et le 'Despautere'. L'enfant instruit peut répondre précisément aux questions grâce à sa mémoire bien cultivée, où il a appris par cœur les définitions expliquées dans ces livres. L'auteur affirme que se concentrer uniquement sur la mémoire est essentiel chez les enfants, car leur esprit n'est pas encore suffisamment développé pour comprendre les définitions. Il recommande d'apprendre beaucoup de mots et de termes par cœur et de les réciter souvent pour en faire des prodiges. Selon lui, essayer de donner aux enfants une compréhension des définitions est une perte de temps, car ils comprendront leur sens plus tard, vers quinze ou vingt ans. L'auteur exprime également sa compassion pour les imprimeurs qui propagent des idées nouvelles et préfère suivre les anciennes maximes et les traces des maîtres. Il conclut en soulignant que suivre la foule et les méthodes éprouvées est préférable à explorer de nouvelles voies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 234-240
AVIS.
Début :
Pour la comodité du public, on a divisé le bureau tipographique en quatre classes qui pourront [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Classes, Lettres, Exemplaire, Ordre abécédaire, Leçons, Méthodes vulgaires, Bibliothèque des enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
AVIS.
la comodité du public , on a divisé le
bureau tipografique en quatre classes qui pouront
ètre vendues et achetées séparément , et les
unes après les autres à mesure que l'enfant croitra
en age et en conoissance.
La premiere classe contient 1 °. une table sans
pié , avec ses rebors dans les deus extremités , er
la tringle ou la regle du derriere sur laquelle on a
imprimé les grandes et les petites lètres dans l'ordre
abécédique , ainsi qu'il a été dit en parlant du
premier bureau tipografique pour un enfant de
deus à trois ans. 2 °. Deus jeus de cartes élémentaires
, c'est- à-dire au dos desquelles on a mis
les grandes et les petites lètres que l'enfant aprend
a. ranger vis-à-vis cèles de la regle sur la table
de ce premier bureau. 3 °. Deus petits cartons élémentaires
contenant huit leçons abécédiques , et
le vrai nom ou la vraiè dénomination des lètres
dans
FEVRIER . 235 1731.
dans un ordre nouveau métodique et facile.
4. Là feuille élémentaire des mèmes combinai
sons et en placard pour le segond exemplaire.
5. Une planche gravée pour le plan des quatre
classes , et du dictionaire du bureau tipografique.
6. une brochure de neuf feuilles sur la
bibliotèque des enfans , etc. et pour l'instruction
préliminaire touchant la métode du bureau tipografique.
7. une cassète de gros cartón , renforcée
de parchemin à tous les angles exterieurs ,
bordés de papier de couleur , et couverte des huir
leçons de la feuille élémentaire. cette cassète sert
à tenir le petit atirail literaire qui doit servir d'a
musement instructif à un enfant de deus à trois:
ans ou au - dessus de cer age. Le tout ne coutera
que
la some de dis livres.
La segonde classe consiste , 1 ° . en une table
sans pié , un peu plus large que celle de la premiere
classe. 2 °. En un casseau de deus rans de cas--
setins. 3 °. En leurs étiquetes tipografiques au bas
de chaque logète pour indiquer l'espece des .
cartes que l'on doit tenir dans ces mèmes logètes.
4. En une garniture de cartes imprimées
pour l'atirail des soissantes logètes , et le tout pour
le pris de vint livres . on rabatra quatre francs à
ceus qui rendront la table de la premiere classe
desorte que la segonde ne leur reviendra qu'à scise:
livres.
La troisieme classe comprend , 1. une table
sans pié. 2 ° . un casseau de quatre rans de logè..
tés ou de cent-vint cassetins. 3. Leurs étiquetes.
tipografiques au bas de chaque celule pour indiquer
les cartes qu'on y doit tenir. 4° . La garniture
des cartes imprimées pour les 120. cassetins:
contenant les grandes et les petites lètres de la
segonde classe , plus les sons simples et compo
sés , les chifres , et tous les signes nécessaires pour
imprimer du latin er du françois sur la table du
B vj
bureau
236 MERCURE DE FRANCE
bureau ; le tout pour la some de
quarante livres , et
l'on rabatra vint francs à ceus qui rendront le bu
reau de la deusième classe , ainsi celui de la
troisième ne leur reviendra qu'à vint livres.
D
La quatrième classe comprend , r . une table
brisée et ferrée , sans pié . 2 ° . Un casseau de sis
rans de cassetins , c'est-à- dire , les quatre rans de.
la troisiéme classe , et les deus rans du rudiment.
pratique. 3º . Les etiquètes de 180. celules. 4
L'assortiment necessaire pour garnir les quatre
rans de l'imprimerie, et les deus rans du rudiment:
pratique de la langue françoise et de la langue latine,
ainsi qu'on l'a détaillé dans la sètiéme lètre
de la bibliotèque des enfans , et cela pour le pris
de quatre-vint dis livres , sur lesquèles on rabatra.
quarante livres aus persones qui rendront le bu
reau de la troisième classe , de sorte que celui de
la quatrième ne leur reviendra qu'à so. livres.
Ceus qui voudront le bureau complet avec un
pié pour la table brisée , ferrée et fermant à clé
doneront une pistole de plus , c'est -à- dire en tout
cent francs ou soissante livres en rendant le bureau.
de la troisième classe ou de quarante livres.
NM le grammairien de Ventabrèn en Provence
, trouvera pour son instruction dans le
Mercure du mois prochain, la critique d'un Professeur
anonime de l'Université de Paris, ennemi
déclaré de la metode du bureau tipografique , et:
fameus champion des métodes vulgaires : en atendant
la réponse à ces deus critiques , le grammairien
est, prié de lire les sis dernieres lètres
sur la bibliotèqu des enfans inserées dans les
Mercures depuis le mois d'octobre dernier jusqu'au
present mois de fevrier. On se flate que
cète ètre radoucira un peu les, adversaires du
bureau tipografique, du moins ceus qui sans prévention
n'agiront que de bone foi et dans la
soule vue du bien public, sur lequel influra ton
jours lapremiere éducation des enfans.
FEVRIER.
173.1. 237
§. 13. A BC FRANÇOIS- LATIN..
Carac- Noms vul. Nomséfectifs ,
teres . gaires et valeur réele.
Figures. souvert veritable
Signes. faus , équi- dénomination
Letres. voques ou
captieus.
Exemplest
A.. a..
B.. b.
a.
be.
ce. C. c.
D. d. de.
E. e.
هن
a.
be.
de.
ce-ka- qu.
c muet.
é fermé.
è ouvert.
Aaron.
bombe.
cecrops.
ode:
juste.
bonté.
procès.
F. f.
effe..
fe. vif.
G.
g. ge. ge-ga-gu.
H. h. ache. he.
gigot.
héros.
I. i. i. i. if.
J. j. j. consone. je -ja .
K. k. Ka, ka-qu.
L. 1. elle. le.
jauge.
quiconque
seul.
M m. emme . me. ame,
N. n. enne. ne. mine.
O. o.
P. P
Q.
q.
R. r.
pe.
qu .
erre
0. 0.
coq..
pe.
qu-ka.
Gap.
quand.
re.
S. f. esse. se- ze.
rire.
Suson.
T. t. t. te- ci.. intention.
U. u. u. u. busc.
V. v. V. consone. ve. vive .
X. X. icse. kse-gze. axe. exil.
Y.
Y. y. grec.
i-ïe.
ny. payen
Z. z. zede . ze -ce.. zést . Usez...
EL & Cle &-et etc. et lui.
Letra
238 MERCURE DE FRANCE
Letres. Noms
vulgaires.
a. a.
e.
Noms Exem
éfectifs.
a . Bala.
e muet. vie.
§.14. TRENTE -DEUS SONS DELA LANGUE FRANÇOISE .
18. sons avec les consones françoises ,
J
1.vfo4ry.aenlçeosises
-V
amouillés 4liquides .12. sons ,6.forts ,6.forbles .s.voyeles naz .9.ordinaires .
i..
éfermé. clarté.
è ouvert
. accès.
Isaïe.
mot. Οι
u. u. une./
eu.se ,
ou. O ,
ü. cu . feu.
ü.. ou. cou.
ajenneja,titre.a.
é, enne;e , titre.é.
i, ennesi, titre.ĩ.
o,enne;o,titre.o.
u,enne;u,titre.ú.
tát.
bié
igrat.
pot.
"
ludi..
d .
come dans l'ABC'françoislatin..
BASEÒN BOX NATÉ
ch. ce , ache. che. chiche
come dans l'AB C. françoislatin.
三晶
ill. i , elle, elle. lhe paille
gn. ( g , enne .. gne, vigne
FEVRIER. 1731. 2397
S. 15. ABC PRONONCE'.
Initial Médial. Final
i.
1..
n.
P
ASJIJE BCAA62
abé,. téatre. Goá.
b. benir. Abel. Raab
cerise. recevoir. croc.
d..
dépit.
élant.
femele.
perdreaus jod
javelot. poste
rafle.. vif.
géất , gai. regard. Agag..
heron.
idée..
j. jujube.
k. kiriele .
Chathuant. ah !
élire . ni.
rejouir.
alkali . talk.
levreau: Alexis. bal.
m.. Mnemosine. Homere. Sem.
Nevers. anerie. Himen.
ognoi. adorer. Cacao.
pelican. adopter. Cap.
q: queue. aquerir. coq.
r. renard.
perdris. mer.
S. saucisse. Samson. as.
t. teton. rectitude. brut.
u. Uranic. chathuant. cocu.
V. Venus. revenir. verve..
X. Xénophon. Alexandre. styx .
y..
Z.
yeus. moyen. Henry.
Zenon. azile. dez à joue
eu. heureus.. demeure. jeu.
1
ou. ouaille.
jalousie.
hibou.
ch . cheval. acheter. hache.
gn. gniole. magnifique. regne.
ill. ailleurs. paille.
oi. oie. envoyé. \ loi.
ui. huile. reduire. lui.
ã. ange, enfance, an.
240 MERCURE DE FRANCE
ĕ. chrétienté. mien.
i. ingrat.
distincte.. vin.
ö. onde.
répondre.
thon .
Hun. lundi. brun.
&t. Ctesias. arctique. aspect.
ft. stile. histoire.
protest.
6. 16 . A B C MUET.
Initial Medial. Final
2. Août. Saone.
b. debte.
plomb.
Jacques .
banc.
d.
advis. nord.
Europe.
nuement. vie.
£. juifve . cléf
Magdelaine. loing.
habit. Jehan.
i.
gaigner..
j.
k. } nul exemple.
1. tiltre. baril.
m.
n.
commode, Montcalm
donner.
Θα oeconome.. choeur.
P. ptisane. baptême. camp.
coqdinde. cocq .
arriver. monsieur.
asne.
paradis.
chathuant .
vuide.
r.
S..
t.
u..
v, &c. nul exemple.
,
& , ét.
Voilà ce que j'avois à dire touchant l'essai de
Portografe passagère , et sur la métode du bureau
tipografique. Il faut apresent se mètre en garde
et songer à parer les coups que l'ignorance , la
prévention et peut -ètrel'envie ou la mauvaise for
méditent de porter contre la nouveauté , la simplicité
et l'utilité decète métode. J'ai l'honeur.etc.
la comodité du public , on a divisé le
bureau tipografique en quatre classes qui pouront
ètre vendues et achetées séparément , et les
unes après les autres à mesure que l'enfant croitra
en age et en conoissance.
La premiere classe contient 1 °. une table sans
pié , avec ses rebors dans les deus extremités , er
la tringle ou la regle du derriere sur laquelle on a
imprimé les grandes et les petites lètres dans l'ordre
abécédique , ainsi qu'il a été dit en parlant du
premier bureau tipografique pour un enfant de
deus à trois ans. 2 °. Deus jeus de cartes élémentaires
, c'est- à-dire au dos desquelles on a mis
les grandes et les petites lètres que l'enfant aprend
a. ranger vis-à-vis cèles de la regle sur la table
de ce premier bureau. 3 °. Deus petits cartons élémentaires
contenant huit leçons abécédiques , et
le vrai nom ou la vraiè dénomination des lètres
dans
FEVRIER . 235 1731.
dans un ordre nouveau métodique et facile.
4. Là feuille élémentaire des mèmes combinai
sons et en placard pour le segond exemplaire.
5. Une planche gravée pour le plan des quatre
classes , et du dictionaire du bureau tipografique.
6. une brochure de neuf feuilles sur la
bibliotèque des enfans , etc. et pour l'instruction
préliminaire touchant la métode du bureau tipografique.
7. une cassète de gros cartón , renforcée
de parchemin à tous les angles exterieurs ,
bordés de papier de couleur , et couverte des huir
leçons de la feuille élémentaire. cette cassète sert
à tenir le petit atirail literaire qui doit servir d'a
musement instructif à un enfant de deus à trois:
ans ou au - dessus de cer age. Le tout ne coutera
que
la some de dis livres.
La segonde classe consiste , 1 ° . en une table
sans pié , un peu plus large que celle de la premiere
classe. 2 °. En un casseau de deus rans de cas--
setins. 3 °. En leurs étiquetes tipografiques au bas
de chaque logète pour indiquer l'espece des .
cartes que l'on doit tenir dans ces mèmes logètes.
4. En une garniture de cartes imprimées
pour l'atirail des soissantes logètes , et le tout pour
le pris de vint livres . on rabatra quatre francs à
ceus qui rendront la table de la premiere classe
desorte que la segonde ne leur reviendra qu'à scise:
livres.
La troisieme classe comprend , 1. une table
sans pié. 2 ° . un casseau de quatre rans de logè..
tés ou de cent-vint cassetins. 3. Leurs étiquetes.
tipografiques au bas de chaque celule pour indiquer
les cartes qu'on y doit tenir. 4° . La garniture
des cartes imprimées pour les 120. cassetins:
contenant les grandes et les petites lètres de la
segonde classe , plus les sons simples et compo
sés , les chifres , et tous les signes nécessaires pour
imprimer du latin er du françois sur la table du
B vj
bureau
236 MERCURE DE FRANCE
bureau ; le tout pour la some de
quarante livres , et
l'on rabatra vint francs à ceus qui rendront le bu
reau de la deusième classe , ainsi celui de la
troisième ne leur reviendra qu'à vint livres.
D
La quatrième classe comprend , r . une table
brisée et ferrée , sans pié . 2 ° . Un casseau de sis
rans de cassetins , c'est-à- dire , les quatre rans de.
la troisiéme classe , et les deus rans du rudiment.
pratique. 3º . Les etiquètes de 180. celules. 4
L'assortiment necessaire pour garnir les quatre
rans de l'imprimerie, et les deus rans du rudiment:
pratique de la langue françoise et de la langue latine,
ainsi qu'on l'a détaillé dans la sètiéme lètre
de la bibliotèque des enfans , et cela pour le pris
de quatre-vint dis livres , sur lesquèles on rabatra.
quarante livres aus persones qui rendront le bu
reau de la troisième classe , de sorte que celui de
la quatrième ne leur reviendra qu'à so. livres.
Ceus qui voudront le bureau complet avec un
pié pour la table brisée , ferrée et fermant à clé
doneront une pistole de plus , c'est -à- dire en tout
cent francs ou soissante livres en rendant le bureau.
de la troisième classe ou de quarante livres.
NM le grammairien de Ventabrèn en Provence
, trouvera pour son instruction dans le
Mercure du mois prochain, la critique d'un Professeur
anonime de l'Université de Paris, ennemi
déclaré de la metode du bureau tipografique , et:
fameus champion des métodes vulgaires : en atendant
la réponse à ces deus critiques , le grammairien
est, prié de lire les sis dernieres lètres
sur la bibliotèqu des enfans inserées dans les
Mercures depuis le mois d'octobre dernier jusqu'au
present mois de fevrier. On se flate que
cète ètre radoucira un peu les, adversaires du
bureau tipografique, du moins ceus qui sans prévention
n'agiront que de bone foi et dans la
soule vue du bien public, sur lequel influra ton
jours lapremiere éducation des enfans.
FEVRIER.
173.1. 237
§. 13. A BC FRANÇOIS- LATIN..
Carac- Noms vul. Nomséfectifs ,
teres . gaires et valeur réele.
Figures. souvert veritable
Signes. faus , équi- dénomination
Letres. voques ou
captieus.
Exemplest
A.. a..
B.. b.
a.
be.
ce. C. c.
D. d. de.
E. e.
هن
a.
be.
de.
ce-ka- qu.
c muet.
é fermé.
è ouvert.
Aaron.
bombe.
cecrops.
ode:
juste.
bonté.
procès.
F. f.
effe..
fe. vif.
G.
g. ge. ge-ga-gu.
H. h. ache. he.
gigot.
héros.
I. i. i. i. if.
J. j. j. consone. je -ja .
K. k. Ka, ka-qu.
L. 1. elle. le.
jauge.
quiconque
seul.
M m. emme . me. ame,
N. n. enne. ne. mine.
O. o.
P. P
Q.
q.
R. r.
pe.
qu .
erre
0. 0.
coq..
pe.
qu-ka.
Gap.
quand.
re.
S. f. esse. se- ze.
rire.
Suson.
T. t. t. te- ci.. intention.
U. u. u. u. busc.
V. v. V. consone. ve. vive .
X. X. icse. kse-gze. axe. exil.
Y.
Y. y. grec.
i-ïe.
ny. payen
Z. z. zede . ze -ce.. zést . Usez...
EL & Cle &-et etc. et lui.
Letra
238 MERCURE DE FRANCE
Letres. Noms
vulgaires.
a. a.
e.
Noms Exem
éfectifs.
a . Bala.
e muet. vie.
§.14. TRENTE -DEUS SONS DELA LANGUE FRANÇOISE .
18. sons avec les consones françoises ,
J
1.vfo4ry.aenlçeosises
-V
amouillés 4liquides .12. sons ,6.forts ,6.forbles .s.voyeles naz .9.ordinaires .
i..
éfermé. clarté.
è ouvert
. accès.
Isaïe.
mot. Οι
u. u. une./
eu.se ,
ou. O ,
ü. cu . feu.
ü.. ou. cou.
ajenneja,titre.a.
é, enne;e , titre.é.
i, ennesi, titre.ĩ.
o,enne;o,titre.o.
u,enne;u,titre.ú.
tát.
bié
igrat.
pot.
"
ludi..
d .
come dans l'ABC'françoislatin..
BASEÒN BOX NATÉ
ch. ce , ache. che. chiche
come dans l'AB C. françoislatin.
三晶
ill. i , elle, elle. lhe paille
gn. ( g , enne .. gne, vigne
FEVRIER. 1731. 2397
S. 15. ABC PRONONCE'.
Initial Médial. Final
i.
1..
n.
P
ASJIJE BCAA62
abé,. téatre. Goá.
b. benir. Abel. Raab
cerise. recevoir. croc.
d..
dépit.
élant.
femele.
perdreaus jod
javelot. poste
rafle.. vif.
géất , gai. regard. Agag..
heron.
idée..
j. jujube.
k. kiriele .
Chathuant. ah !
élire . ni.
rejouir.
alkali . talk.
levreau: Alexis. bal.
m.. Mnemosine. Homere. Sem.
Nevers. anerie. Himen.
ognoi. adorer. Cacao.
pelican. adopter. Cap.
q: queue. aquerir. coq.
r. renard.
perdris. mer.
S. saucisse. Samson. as.
t. teton. rectitude. brut.
u. Uranic. chathuant. cocu.
V. Venus. revenir. verve..
X. Xénophon. Alexandre. styx .
y..
Z.
yeus. moyen. Henry.
Zenon. azile. dez à joue
eu. heureus.. demeure. jeu.
1
ou. ouaille.
jalousie.
hibou.
ch . cheval. acheter. hache.
gn. gniole. magnifique. regne.
ill. ailleurs. paille.
oi. oie. envoyé. \ loi.
ui. huile. reduire. lui.
ã. ange, enfance, an.
240 MERCURE DE FRANCE
ĕ. chrétienté. mien.
i. ingrat.
distincte.. vin.
ö. onde.
répondre.
thon .
Hun. lundi. brun.
&t. Ctesias. arctique. aspect.
ft. stile. histoire.
protest.
6. 16 . A B C MUET.
Initial Medial. Final
2. Août. Saone.
b. debte.
plomb.
Jacques .
banc.
d.
advis. nord.
Europe.
nuement. vie.
£. juifve . cléf
Magdelaine. loing.
habit. Jehan.
i.
gaigner..
j.
k. } nul exemple.
1. tiltre. baril.
m.
n.
commode, Montcalm
donner.
Θα oeconome.. choeur.
P. ptisane. baptême. camp.
coqdinde. cocq .
arriver. monsieur.
asne.
paradis.
chathuant .
vuide.
r.
S..
t.
u..
v, &c. nul exemple.
,
& , ét.
Voilà ce que j'avois à dire touchant l'essai de
Portografe passagère , et sur la métode du bureau
tipografique. Il faut apresent se mètre en garde
et songer à parer les coups que l'ignorance , la
prévention et peut -ètrel'envie ou la mauvaise for
méditent de porter contre la nouveauté , la simplicité
et l'utilité decète métode. J'ai l'honeur.etc.
Fermer
Résumé : AVIS.
Le texte décrit une division du bureau typographique en quatre classes, destinées à être vendues et achetées séparément en fonction de l'âge de l'enfant. Chaque classe contient des éléments spécifiques pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. La première classe, pour les enfants de deux à trois ans, inclut une table sans pied avec des lettres imprimées, des jeux de cartes élémentaires, des cartons contenant des leçons abécédiques, une feuille élémentaire, une planche gravée, une brochure sur la bibliothèque des enfants, et une cassette pour ranger le matériel. Le coût total est de dix livres. La deuxième classe comprend une table plus large, un casseau de deux rangs de cassetins, des étiquettes typographiques, et une garniture de cartes imprimées. Le prix est de vingt livres, avec une réduction de quatre francs pour ceux qui rendent la table de la première classe. La troisième classe inclut une table, un casseau de quatre rangs de cassetins, des étiquettes typographiques, et des cartes imprimées pour les cassetins. Le coût est de quarante livres, avec une réduction de vingt francs pour ceux qui rendent le bureau de la deuxième classe. La quatrième classe, la plus complète, comprend une table brisée et ferrée, un casseau de six rangs de cassetins, des étiquettes pour 180 cellules, et un assortiment nécessaire pour l'imprimerie et le rudiment pratique des langues française et latine. Le prix est de quatre-vingt-dix livres, avec une réduction de quarante livres pour ceux qui rendent le bureau de la troisième classe. Le texte mentionne également une critique d'un professeur anonyme de l'Université de Paris, adversaire de la méthode du bureau typographique. Il invite le grammairien de Ventabrèn à lire les lettres sur la bibliothèque des enfants pour se préparer à cette critique. Enfin, le texte liste les lettres de l'alphabet français et latin avec leurs noms vulgaires et effectifs, ainsi que des exemples de mots et des sons de la langue française.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 246-261
LETTRE d'un Professeur de l'Université de Paris à un Principal de College de Province, sur l'ABC DE CANDIAC, OU LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, OU LES PREMIERS ELEMENS DES LETTRES, &c.
Début :
Vous voulez donc, Monsieur, que je vous dise mon sentiment sur cette nouvelle Méthode [...]
Mots clefs :
Bibliothèque des enfants, Université de Paris, Bureau typographique, Charlatans, Système abécédaire, Alphabet, Algèbre, Syntaxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Professeur de l'Université de Paris à un Principal de College de Province, sur l'ABC DE CANDIAC, OU LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, OU LES PREMIERS ELEMENS DES LETTRES, &c.
LETTRE d'un Professeur de l'Univer
sité de Paris à un Principal de College
de Province , sur l'ABC DE CANDIAC,
OU LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS , ou
LES PREMIERS ELEMENS DES LETTRES, & C
Vous voulez donc , Monsieur, que jevous dise mon sentiment sur cette nouvelle Méthode
dont vous avez appris qu'on fait beaucoup
de bruit à Paris depuis environ six mois , que
quelques Principaux ont laissé introduire dans
deux ou trois celebres Colleges de l'Université
et sur laq le Mercure de France a fait imprimer
cinq Lettres dont la premiere est
du mois de Mai , et la cinquiéme du mois d'Octobre
de la presente année 1730.
J'avois cependant résolu de garder un silence
constant à l'égard de l'Anonime , Auteur de ce
nouveau sistême Abécedique , comme je l'ai gardé
à l'égard de tant d'autres Charlatans de la
menuë litterature , qui ont jugé plus à propos
de faire connoître leur nom au Public , en le
faisant imprimer au Frontispice de leurs Livres.
Mais les prieres réïterées que vous me faites , le
désir que j'ai d'empêcher , autant qu'il sera en
moi , plusieurs Enfans de famille , particulierement
ceux qui sont confiés à vos soins , d'être la
dupe de ce nouvel avanturier , l'occasion favorable
FEVRIER . 1731. 247
Table de venger l'insulte qu'il fait à tous les habiles
et honnêtes gens qui suivent une autre maniere
d'enseigner que la sienne , en les accusant
d'ignorance , d'injustice et de vanité ; tout cela
m'engage à parler malgré l'inclination que j'avois
à me taire.
Je vais donc faire trois choses. 1° J'expliquerai
la structure de son Bureau Tipographique , suivant
une Carte imprimée qui m'est tombée entre
les mains , sans quoi vous ne pouvez rien comprendre
non plus que bien d'autres à ce qui en
est dit dans le Mercure que vous avez lû. 2° Je
ferai voir qu'il est impossible d'enseigner et d'apprendre
bien aucune Langue et aucune Science
par le moyen de ce Bureau . 3 ° Qu'un bon Alphabet
est une Méthode au moins aussi facile
aussi courte , aussi avantageuse et bien plus
›
commode pour bien montrer à lire à un Enfant.
.
Figurez -vous donc d'abord , Monsieur , un
ouvrage de menuiserie en forme de Colombier
qu'on attache à un mur à la hauteur d'un Enfant
de 4. à 5. ans. Ce Colombier de bois est
coupé ou partagé en 210. petits ous , sept en
hauteur , et trente en longueur. in nteur de
cette belle piece de menuiserie les appelle tantôt
cassetins et cassetes , tantôt cellules et logetes . Un
de mes amis qui a lû les cinq Lettres sans en
comprendre ni la beauté ni l'utilité , soutient
qu'on devroit plutôt les appeller Boulins , puisque
toute la boisure se nomme Colombier.
Mais quelque nom qu'on veuille donner à ces
trous , il faut sçavoir qu'ils sont à peu près quarrés
selon les trois dimensions , et de telle grandeur
qu'un Enfant y peut faire entrer aisément
sa main. On met dans ces trous des cartes , sur
lesquelles sont écrites differentes choses, La premiere
rangée de 30. trous est posée sur la table
du
248 MERCURE DE FRANCE.
du Bureau , qui est au-dessous , et de la même
longueur ; elle est appellée par l'Auteur Premier
Bureau Abécedique , c'est - à -dire Alphabetique.
Les 26. premiers trous contiennent sur des
cartes les 24. lettres de l'Alphabet , tant petites
que majuscules , et l'j et l'v consonnes ; les 4 .
derniers sont pour l'E æ , l'E ∞ , &t , ff , ft
ch , ph , rh , th : on ne voit pas la raison pourquoi
on appelle premier ce Bureau Abécedique ,
puisqu'il n'y en a point de second qui porte ce
nom.
Quoiqu'il en soit , les deux rangées de trente
logettes ou boulins chacune , qui sont immédiatement
au dessus de la premiere , portent le nom
de Bureau Latin , qu'on auroit pû aussi bien ,
et même encore mieux , nommer Bureau Franfois
, puisque les 2. premieres logettes ne renferment
que les lettres de l'Alphabet , grandes et
petites , Romaines et Italiques , qui sont communes
au François aussi bien qu'au Latin , et que
les 4. suivantes sont pour les e ouverts et fermés
, qui sont propres seulement à la Langue
Françoise. Les 4. dernieres cellules sont destinées
à l'Histoire Sainte et Prophane , à la Géographie
et à la Fable. Vous connoissez donc déja
bien en détail le contenu des 90. premiers cassetins
compris dans les trois premieres rangées.
Montons présentement aux 120. qui nous restent
, et qui sont et dominent les uns sur les au
tres.
La quatrième et cinquiéme rangée porte le beau
titre de Bureau François - Latin , cependant on
ne trouve dans les 60. cellules qui le composent
rien qui soit particulier au Latin , si ce n'est la
Io et la 11. intitulées Tèmes à faire , Tèmes
faits. Voici les étiquetes des 58. autres : 1. à , à ,
2 bb , bb , la 3 , 4 , 7 , 12 , 16 contiennent c ,
>
FEVRIER. 1731. 249
mm ,
d , g , 1 , p doublés comme le b'en Romain et en
Italique. La 5 , 6 , 9 , 17 , 18 , 20 , 21 , 23 , 24
contiennent aussi en Romain et en Italique he ,
ph , hi , qu , rh , th , hu , xc , hy ; la 8. est intitulée
Magasin ; je ne sçais pas pourquoi. La 13
m ; la 14 ñ , nn ; la 15 eau , au ; la 19 ç ;
fç , ff , la 2 2 W , w
, W, vv ; la 25 Livrèt , au
dessus duquel mot il y a écrit 10 10 , et au dessous
15 15 ; cette cassete est aparemment un
reservoir de chifres . ) La 26 &c , & c ; la 27 ai ,
aient , oient ; la 28 æ
et ; la 29 S *
; la 30 contient trois signes
de l'Algebre , qui signifient le moins , le plus ,
l'égalité ; ils ont été mis là , sans doute , afin de
pouvoir faire accroire au Public que par le moyen
de ce Bureau on apprend les principes de l'Algebre
, comme tout le reste . Voilà la rangée inférieure
du prétendu Bureau François-Latin ;
voici la superieure.
J;
> oe , et ,
>
,
,
On trouve dans les I 2
? 3 4 , 6 , 8 et g
cellules les marques ou signes de ponctuation , ;
: .? ! ' apostrophe : les 5 , 7 , 10 , 12 , 13 , 14
et 15 renferment eu , gn , ch , ill , ui , oi , où en
Romain et en Italique. La 11 a les parentheses
( et les crochets [ ] . La 16 20 ã‚ẽ‚í‚õ ,
en Romain et en Italique ; la 21 30 les dix premiers
chiffres , soit Romains , soit Arabiques.
Les deux rangées superieures du Bureau Tipographique
qui sont chacune de 30. cellules comme
les autres portent,pour titreRudiment pratique de
la Langue Latine. C'est là ce qu'on regarde particulierement
comme un Chef- d'oeuvre d'invention
, qui est bien au- dessus de toutes les Méthodes
dont on s'est servi jusqu'à présent pour
enseigner le Latin. Voici néanmoins tout ce que
c'est dans les six premieres logettes de ces deux
dernieres rangées : on voit les cinq Déclinaisons
C latines
250 MERCURE DE FRANCE ,
>
>
as,
Latines a æ &c . les Pronoms latins et françois
ego , je , tu , tu , vous ; ille , il , elle , l'article
hic , ce , cette , ( on auroit du dire le Pronom
demonstratif; ) le Pronom relatif qui , qui , lequel
; les terminaisons , Pronoms , piam , re , les
termin . Noms orum , ibus . Les cinq logettes suivantes
, soit d'enhaut , soit d'enbas contiennent
le Présent , l'Imparfait , le Parfait , le Plusqueparfait
et le Futur , tant de l'Indicatif que du
Subjonctif des Verbes sum , amo , et aparemment
des trois autres Conjugaisons . Voilà déja 22 .
logettes bien marquées. Les deux suivantes sont
pour l'Impératif et l'Infinitif, esto , ama , esse .
amare. Les 25 et 26. pour les Gérondifs et Supins,
amando , amatu , et les Participes ans , ens,
Les 27 et 28 pour les terminaisons actives, o >
α amus , et les passives, or , aris , atur , amur.
Les 29 38. sont pour les Verbes Actifs , Passifs ,
Neutres , Irreguliers , Déponens , Communs
Substantifs , Vocatifs , Reciproques , Irreguliers
( qui sont ici marqués pour la seconde fois )
Defectueux , Impersonels. Les 39 et 40. sont
pour les terminaisons françoises des Verbes , er
des Noms et Pronoms. Les 41 et 42 pour les
Verbes Auxiliaires François. Les 43 et 44. pour
les Noms Substantifs et Articles françois. Les
45 et 46. pour les Adjectifs , Positifs , Comparatifs
et Superlatifs . Les 47 et 48. pour les Pronoms
demonstratifs et Possessifs . Les 49 et 50. pour
les Verbes François et Particules Françoises. Les
51 et 52. pour les Indéclinables in , úbi , vel ,
et autres aparemment. Les 53 et 54. pour les
genres hic homo. Les 55 et 56. pour les Déclinaisons
homo inis. Les 57 et 58. pour les
Conjugaisons amo , avi Atum are. Enfin les
59 et 60. po la Syntaxe , ego amo Deum.
Je ne dou point que cette énumeration des
>
>
logettes
FEVRIER. 17310
251
logettes et de ce qui y est contenu , ne vous ait
fort ennuyé ; je vous en demande pardon ; mais
j'en avois besoin pour prouver la deuxième proposition
que j'avois avancée. Je dis donc en second
lieu que par cette machine de bois en Colombier
, et par tous les Boulins et toutes les lo
gettes dont elle est composée , aucune Langue
ni aucune Science ne peut être bien enseignée
et bien apprise , quoiqu'en disent ses inventeurs
ou ses approbateurs.
Faut-il se mettre en frais pour le prouver , et
n'est-il pas évident à quiconque a du bon sens
que ni la Philosophie , ni la Rhétorique , ni la
Poëtique , ni les Auteurs Grecs et Latins , même
les plus faciles , qu'on fait expliquer dans les
plus basses Classes des Colleges , n'entreront ja
mais dans la tête d'un enfant à l'aide de cette
pure méchanique. Que dis- je ? il est même impossible
d'apprendre à écrire par ce moyen ; aussi
nos bonnes gens paroissent - ils avoir entierement
renoncé d'eux -mêmes à toutes ces connoissances
, puisqu'ils n'y ont pas même consacré une
seule petite logette.
>
Mais du moins diront- ils on apprendra
P'Histoire Sainte et Prophane , la Géographie er
la Fable ; car elles ont chacune leur cellule , qui
sont les quatre dernieres du Bureau Latin.
A cela je réponds qu'on les apprendra à peu
près comme l'Arithmétique et l'Algebre , ausquelles
sont destinées les 25 et 30. logettes de
la deuxième rangée du Bureau François- Latin ;
c'est-à-dire , que quelques Noms propres d'Empereurs
et de Rois , de grands Royaumes et de
grandes Villes , tirés des cellules où on les met-
, pourront entrer et rester dans la mémoire
de l'enfant , s'il en a , et si on a coin de lui rebatre
plusieurs fois la même che Or c'est un
tra
C avanta
252 MERCURE DE FRANCE
avantage qu'on trouvera pour le moins aussi grand
dans quelque Méthode que ce soit , si tout est égal,
soit de la part de l'enfant , soit de celle du Maître
, à moins qu'on ne veuille croire , comme le
croyent, sans doute, ces Messieurs , que les principes
des Arts et des Sciences ont une vertu particuliere
pour s'insinuer dans l'idée et dans la
mémoire d'un enfant , parcequ'ils sont écrits sur
des cartes , et qu'ils ont eu l'attouchement de sa
petite main , et du bois des cellules étroites qui
les tiennent comme en prison.
Mais qui peut douter , diront encore nos gens
enthousiasmés de leur Rudiment Pratique de la
Langue Latine , composé de 60. logettes et d'autant
de cartes pour le moins , qui peut douter
qu'avec un tel secours on n'enseigne et on n'apprenne
bien mieux les déclinaisons des Noms et
des Pronoms , les Conjugaisons de toutes sortes
de Verbes , les Genres , les Préterits , les Supins
et la Syntaxe Latine, qu'on ne les enseigneroit et
ne les apprendroit avec le secours du Rudiment
et des Maîtres ordinaires .
Qui en peut douter ? moi certainement , tant
je suis incrédule. Pour faire voir combien mon
doute est raisonnable , je ne veux que comparer
un endroit de la cinquiéme Lettre de l'Auteur
avec un autre du celebre M. le Fevre , sur la
maniere de faire des interrogations aux enfans.
כ כ
ラン
Lorsqu'on voudra interroger l'écolier sur les
Déclinaisons et sur les Conjugaisons ( dit ´notre
Abécediste dans le Mercure d'Octobre page
» 2123. ) il ne faut pas suivre la Méthode peu
judicicuse de ces Maîtres qui demandent troptôt
, par exemple : Comment fait Musa à
l'accusatif plurier ? Quel est le genitif plurier
de Dominus ? Quelle est la troisiéme personne
» du Futur Indicatif du Verbe amo ? Cominent
dit -on en Latin ils auroient aimé ? &c.
50
FEVRIER. 1731. 253
Voilà les propres paroles du Docteur Tipografique
dont nous avons pris la liberté de changer
l'ortographe , quoique sa troisième partie
du Volume du Maître contienne dit-il , en
trente et tant de pages une Réponse aux raisonnemens
ou aux préjugés de M. l'Abbé Regnier ,
dans son Traité de l'ortografe , et quelques reflexions
sur l'ortographe des Dictionaires de
Richelet , de Furetiere , de Trévoux , de l'Académie
Françoise et de l'Académie d'Espagne.
Ecoutons presentement M. le Fevre. » Comme
de toutes les parties mobiles de l'Oraison ,
n'y en a point de plus difficile que les Verbes
, ( dit-il dans sa Méthode pour commencer
les Humanités , à Paris 1701. page 12. ) il
5
il
faut s'y arrêter aussi beaucoup plus que
» sur les noms , jusqu'à ce que l'enfant puisse
répondre sur le champ , et sans varier , à ces
» petites Questions , par exemple : où est audiet?
et que veut-il dire en françois ? où est audivisset
? Audire ne se trouve - t'il point en plus
d'un ou de deux endroits où est amatum iri?
» &c. Quand une fois l'enfant est bien assuré
là- dessus , il est en beau chemin , si le Maître
» a les qualités qu'il doit avoir.
Ne voit-on pas une manifeste contradiction
entre ces deux manieres d'enseigner les premiers
principes ? Ainsi nous voici dans un défilé d'où
nous ne pouvons sortir qu'en disant que l'une
de ces deux Méthodes est bien plus judicieuse que
l'autre.
Le Buraliste ne manquera pas de soutenir har→
diment que c'est la sienne , et il citera en sa faveur
l'exemple de M. de la Valette , petit-fils de
M. Chirac , qu'il appelle un enfant celebre du
Bureau tipographique , ( page 19. de la seconde
des quatre premieres Lettres qu'il a fait impri-
Cij mer
54 MERCURE DE FRANCE
mer séparément ) ; il citera encore le petit Gos
sard , fils d'un Marchand Tapissier , le fils de
M. Durand , le petit Espagnol Hernandez del
Valle , le petit Guillot , un Savoyard de zo . ans
qui a appris à lire le latin à cet âge , par le moyen
de cette Méthode , ibid. page 20. et 21. Quel
miracle ! Il n'oubliera pas M. Chompré , Maître
de Pension dans la rue des Carmes , qui se sert
du Bureau tipographique pour les enfans ( page
22 ) , ni M. & Mad . Hervé , qui étant , dit-il ,
témoins du progrés surprenant de l'exercice du
Bureau typographique , en ont fait faire un de
quatre rangées de logettes pour Mlle leur fille
page 28 , ni enfin le Cardinal Lugo , qui dés
l'âge de trois ans sçavoit lire les imprimez et les
manuscrits ; ni le Tasse , qui à l'âge de trois ans
commença à étudier la Grammaire , qui fut envoyé
au College des Jesuites dès l'âge de quatre
ans , et fit sous ces habiles Maîtres de si grands.
progrès , qu'à sept ans il sçavoit parfaitement le
Latin et très-passablement le Grec ; ni le petit
Jean- Philippe Baratier de Schwalbach , qui commença
d'apprendre les Lettres avant l'âge de deux
ans , page II . 12. et 20.
Mais sans vouloir examiner tout ce qu'on dit de
tous ces enfans celebres , ni rien rabattre de leur
science prématurée , ne puis-je pas dire avec verité
que tous ces exemples ne font rien en faveur
du Bureau typographique , puisque certainement
ni le petit Lugo , ni le Taffe , ni Baratier , qui
sont les trois plus rares exemples cités , ne sont
point du tout redevables de leurs miraculeux progrès
aux cellules de bois dont la rare invention
est posterieure a
Quant aux autres , outre qu'on ne nous dit
point que le petit Durand et le petit Hernandez
me soient servis du Bureau , et qu'on nous fait
entendre
FEVRIER.
1731. 255
Entendre au contraire qu'ils ont suivi une autre
Méthode ; n'est-il pas évident que leur érudition ,
quelle qu'elle soit , vient plutôt de leur heureux
naturel et de l'habileté de leurs Maîtres , que de la
nouvelle machine Alphabetique.
11 n'en eft pas de même de la Méthode de M. le
Févre , qui étant toute fondée sur la raison et
l'experience , a dû produire et a produit des miracles
, sur tout dans la personne de Mad. Dacier,
sa fille , et d'un fils , qui ayant commencé a apprendre
le Latin et le Grec â dix ans seulement
suivant la pratique de M. le Fevre , qui me paroît
bien fondée , et sçachant alors seulement bien lire
et bien écrire, » lorsqu'il mourut vers la fin de
sa 14 année , avoit lû et expliqué deux fois l'I-
» liade d'un bout à l'autre , et rendoit raison des
parties aussi prestement qu'auroit pû faire un
assez bon Maîrre , sans balancer et sans hesiter
jamais. Il sçavoit aussi l'Eneide de Virgile de
même , Terence , Phedre , les Métamorphoses
» d'Ovide, Saluste, la premiere Comedie de Plau-
» te , la premiere et la seconde d'Aristophane ,
avec les trois premiers Livres de Tite- Live ,
outre les autres petits Auteurs qu'il faut sça-
» voir pour entendre ceux -ci , Eutrope , Aurelius
Victor , Justin , les Fables d'Esope , et les cinq
» Livres Historiques du Nouveau Testament. Ù
avoit encore appris à fond de son pere , qui étoit
aussi son Précepteur , la Grammaire Latine et la
Grecque, et il avoit entamé même l'Hébraïque à
T'âge de 13. ans. Enfin il n'ignoroit ni la Géogra
phie , ni la Chronologie , ni l'Histoire.
Voilà des faits certains et exposez au grand
jour ; voilà des témoins illustres et non suspects
de la bonté de la Méthode de M. le Fevre , qui a
été presque entierement suivie et même perfectionnée
en quelques points dans les meilleurs Col-
Ciiij leges
256 MERCURE DE FRANCE
ges de l'Université. Nos Méchanistes avec leur
Bureau typographique , pousseront- ils un enfant
aussi loin et en si peu de temps, et l'instruiront -ils
d'une maniere aussi solide des premiers principes
de la Langue Grecque , de la Latine , et de la
Françoise ? S'ils sont assez présomptueux , pour
ne pas dire assez fous , pour le promettre, se trous
verat- il quelqu'un qui soit assez sot et assez duppe
pour le croire ? Peut-être que oui , puisque selon
le Poëte Satirique , mais véridique ,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.
Quoiqu'il en soit , nous pouvons conclure présentement
que les Méthodes ordinaires , sur tout
si elles sont semblables à celles de M. le Févre 2
sont bien au-dessus du Rudiment pratique de la
Langue Latine , qui est le troisiéme ou quatrième
Bureau de 60. Logettes , qui fait partie du Bureau
zypographique et general . Je pourois apporter encore
plusieurs raisons invincibles de cette même
verité ; mais je les omets pour abreger et passer
ma troisiéme proposition , d'autant plus que si
je la prouve , comme je l'espere j'aurai prouvé
encore une fois celle -ci . En effet si le Bureau typographique
n'apprend pas mieux à lire qu'un
bon Alphabet , à combien plus forte raison apprendra-
t-il encore moins bien qu'une bonne Mé
thode , les principes des Langues et des Sciences ?
Je dis donc en troisiéme lieu , quand nos Bibliothecaires
typographistes devroient se fâcher ,
que tout cet attirail de cartes écrites sur le dos ,
et de cassettes d'Imprimerie , n'est pas aussi bon
pour apprendre à lire , qu'un Alphabet en bon
ordre et bien digeré. On a vu dans la description
détaillée que nous avons faite du Bureau , qu'on
a sacrifié près de 100. cellules aux Lettres grandes
et petites , Romaines et Italiques , aux consonmes
doubles bb , ce , & c . et à la ponctuation . Un
bon
FEVRIER. 1731 . 257
ba ,
,
bon Alphabet dans les trois ou quatre premieres
pages, contient non - seulement les lettres simples,
mais encore presque toutes les syllabes qu'on peut
former par l'assemblage d'une voyelle et d'une ou
plufieurs consones, comme ,
be bi, bo , bu,
&c. bla, ble, bli, blo, blu , &c . ab , eb, ib, ob , ub ,
&c. ar , er , ir , or , ur , &c. stra , stre , stri ,
stro , stru, &c. L'Enfant les voit d'un coup d'oeil,
et s'accoutume à les prononcer presque lui seul.
par routine , avec le moindre secours du plus petit
Maître d'Ecole.
Or tout cela demande bien du temps dans le
nouveau Systême. Il faut que l'Enfant aille prendre
dans les logettes differentes les lettres qui
composent ces syllabes ; il faut un Maître bien
assidu et bien patient , tel qu'on en trouve peu ,
pour être toujours là present , et empêcher que
Enfant ne se trompe , ou le corriger quand il
s'est trompé.
Un seul Maître d'un médiocre sçavoir et d'une
médiocre exactitude , peut montrer à lire tout
à la fois à une cinquantaine d'Enfans , les obliger
à avoir tous ensemble les fixez sur le
yeux
même endroit , et les faire reprendre les uns par
les autres , ce qui les pique d'honneur et d'émulation
; et quand la leçon est achevée , chacun peut
emporter fon Livre avec foi à la maison , à l'Eglise
, à la promenade , et repasser ce qu'on lui a
fait lire. Le Bureau , au contraire , est très -embarassant
, on ne peut le faire fervir à trois ou
quatre tout à la fois ; il n'est pas portatif , et
P'Enfant , quand il le voudroit , ne pourroit pas
le mettre dans sa poche , il est d'une toute autre
mesure.
Un Alphabet s'achette 4 ou 5. sols ; un Bureau
est d'un bien plus haut prix , sur tout si on le fait
faire d'Ebene, comme l'Auteur semble le conseil-
Cv ley
258 MERCURE DE FRANCE
9A
ler aux Curieux et aux riches , vers la fin de sa
seconde Lettre , page 29. Un Alphabet ordinaire
contient 30 ou 40. pages , il est très -court et
très -clair. L'A B C de Candiac , dont on a obtenu
le privilege , mais qui n'est pas encore imprimé
est divisé en deux volumes qui contiennent 250.
leçons pour trois A B C Latins et trois François,.
et plus de cinq ou six cens pages , suivant le calcul
détaillé fait par l'Auteur , premiere Lettre
page 2 , 3 , 4 et 5. et seconde Let. page 23.et 24 ) .
Ce qu'on a mis dans le Mercure , pour donner
une idée et un précis de cet Ouvrage , est assez
obscur et confus , et à peu près du même gout
que l'Art de transposer toute sorte de Musique
donné au Public par le même Auteur en 1711.
dont deux celebres Musiciens qui l'ont depuis peu
examiné , à ma priere , avec attention , ont jugé
qu'il n'est pas clair , et que la plus grande utilité
qu'on en puisse tirer ,est de l'ignorer Parfaitement.
9%
Enfin un Alphabet ou on trouve des pages.
toutes entieres de syllabes et d'exemples de lectures
qui y sont proposez , peut servir aux Enfans
à bien employer ces premieres années de la vie ,
qui sont si précieuses , et donner matiere d'exercice
à leur mémoire , qui est alors la plus saine et
la plus parfaite de leurs facultez et presque la seule
dont ils puissent faire usage. Par lå on observe ce
beau précepte de Quintilien , ( L. 1. C. 1. ) Non
perdamus primum statim tempus atque eò
minus quod initia litterarum solâ memoriâ
constant; qua non modo jam est in parvis , sed
tum etiam tenacissima est . » Ne souffrons .
point qu'un Enfant perde ses premieres années,
et souffrons-le d'autant moins , que pour ces
commencemens de lettres il ne faut que de la
» mémoire , et que non-seulement les Enfans
en ont , mais qu'ils l'ont même très bonne et
très- fidele.
FEVRIER. 1731. 259
L'Auteur,qui cite quelquefois Quintilien quand
il croit qu'il lui est favorable , ne paroît pas faire
grand cas de ce précepte , puisqu'il ne parle jamais
d'exercer la mémoire des Enfans , et qu'il
paroît même peu approuver cette pratique , Lettre
5. page 2133. Ce qui est de certain , c'est
que son Systême et son Bureau typographique
n'y est point du tout favorable .
En voilà assez pour faire voir que ma troisiéme
proposition n'est pas moins veritable que la seconde,
et que l'Imprimerie en Colombier ne vaut
pas un A B C. bien composé et bien imprimé.
Avant que de finir cette Lettre , je fais une re
marque sur ce que l'Auteur dit , ( L. 2. p. 22. )
» que l'exercice du Bureau tipographique , bien
loin d'exposer les Enfans à être malades et à
rester nains et noüez , faute d'action , les entre
tient au contraire dans une bonne santé, dissipe
» peu à peu l'humeur noueuse qui les empêche de
> croître et leur allonge le corps , les bras et les
»jambes , dans la necessité où ils sont de prendre
» et de remettre les cartes aux plus hauts casse-
» tins du Bureau Typographique.
92
95
ود
Si cet avantage est aussi réel qu'on voudroit
nous le faire croire , pourquoi les Enfans gouvernez
par les Inventeurs de ce Bureau sont -ils
morts entre leurs mains ? Pourquoi le petit Candiac
, qui est si souvent cité dans ces Lettres comme
un prodige , et qui aimoit tant l'exercice du
Bureau Abecedique , n'a-t - il pas vécu au delà de
sa 8 ou 10 année? Au reste cette mort, qui d'une
part a été très-desavantageuse à l'Auteur de l'A
BC de Candiac , en lui enlevant un cher Disci →
ple ; lui a été d'une autre part assez avantageuse,,
puisqu'il peut nous alleguer sans cesse en faveur
de sa Méthode , un témoin que nous ne pouvons
ressusciter. D'ailleurs si on fait tant valoir le Bur
Cvj
ream
26 MERCURE DE FRANCE
reau , parce qu'il donne de l'exercice et de la santé
aux enfans , combien ne doit- on pas estimer
par cet endroit la coutume de les faire aller à pié
matin et soir aux petites Ecoles et aux Colleges ?
Je finis cette Lettre , qui vous paroîtra peutêtre
trop longue , par une reflexion de l'Auteur ,
qui m'a frappé , et qui ne peut manquer d'être
très-utile à un Lecteur judicieux et qui sçait faire
son profit de tout ce qu'il lit. On doit , dit - il ,
» ( L. 2. P. 27. ) regarder comme suspectes les
Méthodes mysterieuses et hierogliphiques , qui
annoncent & promettent des miracles , ou des.
choses au-delà de l'esprit humain : une bonne
Méthode exige la franchise et la generosité
» qu'inspire l'amour du bien public... L'incrédu
→ lité du Public n'est pas sans fondement, on voit
» tant de Charlatans , de visionnaires et d'impos-
» teurs , de toute classe , qu'il y auroit de la foiblesse
, de l'imprudence et même de la folie à
» les croire sur leur parole.
30
à
Quintilien ( L. 1. C. 1. ) après avoir recommandé
aux peres et aux meres de choisir pour
leurs enfans les meilleures Nourrices pour les allaiter
, et les meilleurs enfans de leur âge pour
leur tenir compagnie , ajoûte sur le choix des
Maîtres un précepte qui a beaucoup de rapport
ce qu'on vient de lire . A l'égard des Précepteurs
» qu'on donne aux Eafans , ce que j'ai , dit- il , à
recommander le plus , c'est qu'ils soient veritablement
habiles , ou qu'ils sçachent du moins
qu'ils ne le sont pas car je ne vois rien de
pire au monde , que ces gens , qui parce qu'ils
ont quelque legere teinture de Lettres , s'imaginent
être fort sçavans , et se donnent pour
tels . C'est en vain que vous voudrez les redresser;
ils croyent en sçavoir plus que tous les
Maîtres , et fiers de leur autorité comme ils
sont
FEVRIER . 2.61
173 .
"
5)
» sont ordinairement, ils enseignent leurs sottises
jusqu'à se mettre en fureur contre qui ose les
» contredire , souvent même leur ignorance ne
» nuit pas moins aux moeurs. De padagogis hoc
amplius ( dictum sit, ) ut aut sint eruditi planè,
quam primam esse curam velim aut se non
esse eruditos , sciant. Nihil enim pejus est irs
qui paulum aliquid ultra primas litteras pregressi
, falsam sibi scientia persuasionem induerunt.
Nam et credere pracipiendi peritis
indignantur , er jure quodam potestatis , que
ferè hoc hominum genus intumescit , imperiosi
atque interim savientes , stultitiam suam perdocent.
On voit par là , comme dit un de nos plus excellens
Poëtes , que le monde n'a jamais , manqué
de Charlatans , et que cette Science de tout tems
fut en Professeurs très - fertiles . Je suis , Monsieur
, &c..
sité de Paris à un Principal de College
de Province , sur l'ABC DE CANDIAC,
OU LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS , ou
LES PREMIERS ELEMENS DES LETTRES, & C
Vous voulez donc , Monsieur, que jevous dise mon sentiment sur cette nouvelle Méthode
dont vous avez appris qu'on fait beaucoup
de bruit à Paris depuis environ six mois , que
quelques Principaux ont laissé introduire dans
deux ou trois celebres Colleges de l'Université
et sur laq le Mercure de France a fait imprimer
cinq Lettres dont la premiere est
du mois de Mai , et la cinquiéme du mois d'Octobre
de la presente année 1730.
J'avois cependant résolu de garder un silence
constant à l'égard de l'Anonime , Auteur de ce
nouveau sistême Abécedique , comme je l'ai gardé
à l'égard de tant d'autres Charlatans de la
menuë litterature , qui ont jugé plus à propos
de faire connoître leur nom au Public , en le
faisant imprimer au Frontispice de leurs Livres.
Mais les prieres réïterées que vous me faites , le
désir que j'ai d'empêcher , autant qu'il sera en
moi , plusieurs Enfans de famille , particulierement
ceux qui sont confiés à vos soins , d'être la
dupe de ce nouvel avanturier , l'occasion favorable
FEVRIER . 1731. 247
Table de venger l'insulte qu'il fait à tous les habiles
et honnêtes gens qui suivent une autre maniere
d'enseigner que la sienne , en les accusant
d'ignorance , d'injustice et de vanité ; tout cela
m'engage à parler malgré l'inclination que j'avois
à me taire.
Je vais donc faire trois choses. 1° J'expliquerai
la structure de son Bureau Tipographique , suivant
une Carte imprimée qui m'est tombée entre
les mains , sans quoi vous ne pouvez rien comprendre
non plus que bien d'autres à ce qui en
est dit dans le Mercure que vous avez lû. 2° Je
ferai voir qu'il est impossible d'enseigner et d'apprendre
bien aucune Langue et aucune Science
par le moyen de ce Bureau . 3 ° Qu'un bon Alphabet
est une Méthode au moins aussi facile
aussi courte , aussi avantageuse et bien plus
›
commode pour bien montrer à lire à un Enfant.
.
Figurez -vous donc d'abord , Monsieur , un
ouvrage de menuiserie en forme de Colombier
qu'on attache à un mur à la hauteur d'un Enfant
de 4. à 5. ans. Ce Colombier de bois est
coupé ou partagé en 210. petits ous , sept en
hauteur , et trente en longueur. in nteur de
cette belle piece de menuiserie les appelle tantôt
cassetins et cassetes , tantôt cellules et logetes . Un
de mes amis qui a lû les cinq Lettres sans en
comprendre ni la beauté ni l'utilité , soutient
qu'on devroit plutôt les appeller Boulins , puisque
toute la boisure se nomme Colombier.
Mais quelque nom qu'on veuille donner à ces
trous , il faut sçavoir qu'ils sont à peu près quarrés
selon les trois dimensions , et de telle grandeur
qu'un Enfant y peut faire entrer aisément
sa main. On met dans ces trous des cartes , sur
lesquelles sont écrites differentes choses, La premiere
rangée de 30. trous est posée sur la table
du
248 MERCURE DE FRANCE.
du Bureau , qui est au-dessous , et de la même
longueur ; elle est appellée par l'Auteur Premier
Bureau Abécedique , c'est - à -dire Alphabetique.
Les 26. premiers trous contiennent sur des
cartes les 24. lettres de l'Alphabet , tant petites
que majuscules , et l'j et l'v consonnes ; les 4 .
derniers sont pour l'E æ , l'E ∞ , &t , ff , ft
ch , ph , rh , th : on ne voit pas la raison pourquoi
on appelle premier ce Bureau Abécedique ,
puisqu'il n'y en a point de second qui porte ce
nom.
Quoiqu'il en soit , les deux rangées de trente
logettes ou boulins chacune , qui sont immédiatement
au dessus de la premiere , portent le nom
de Bureau Latin , qu'on auroit pû aussi bien ,
et même encore mieux , nommer Bureau Franfois
, puisque les 2. premieres logettes ne renferment
que les lettres de l'Alphabet , grandes et
petites , Romaines et Italiques , qui sont communes
au François aussi bien qu'au Latin , et que
les 4. suivantes sont pour les e ouverts et fermés
, qui sont propres seulement à la Langue
Françoise. Les 4. dernieres cellules sont destinées
à l'Histoire Sainte et Prophane , à la Géographie
et à la Fable. Vous connoissez donc déja
bien en détail le contenu des 90. premiers cassetins
compris dans les trois premieres rangées.
Montons présentement aux 120. qui nous restent
, et qui sont et dominent les uns sur les au
tres.
La quatrième et cinquiéme rangée porte le beau
titre de Bureau François - Latin , cependant on
ne trouve dans les 60. cellules qui le composent
rien qui soit particulier au Latin , si ce n'est la
Io et la 11. intitulées Tèmes à faire , Tèmes
faits. Voici les étiquetes des 58. autres : 1. à , à ,
2 bb , bb , la 3 , 4 , 7 , 12 , 16 contiennent c ,
>
FEVRIER. 1731. 249
mm ,
d , g , 1 , p doublés comme le b'en Romain et en
Italique. La 5 , 6 , 9 , 17 , 18 , 20 , 21 , 23 , 24
contiennent aussi en Romain et en Italique he ,
ph , hi , qu , rh , th , hu , xc , hy ; la 8. est intitulée
Magasin ; je ne sçais pas pourquoi. La 13
m ; la 14 ñ , nn ; la 15 eau , au ; la 19 ç ;
fç , ff , la 2 2 W , w
, W, vv ; la 25 Livrèt , au
dessus duquel mot il y a écrit 10 10 , et au dessous
15 15 ; cette cassete est aparemment un
reservoir de chifres . ) La 26 &c , & c ; la 27 ai ,
aient , oient ; la 28 æ
et ; la 29 S *
; la 30 contient trois signes
de l'Algebre , qui signifient le moins , le plus ,
l'égalité ; ils ont été mis là , sans doute , afin de
pouvoir faire accroire au Public que par le moyen
de ce Bureau on apprend les principes de l'Algebre
, comme tout le reste . Voilà la rangée inférieure
du prétendu Bureau François-Latin ;
voici la superieure.
J;
> oe , et ,
>
,
,
On trouve dans les I 2
? 3 4 , 6 , 8 et g
cellules les marques ou signes de ponctuation , ;
: .? ! ' apostrophe : les 5 , 7 , 10 , 12 , 13 , 14
et 15 renferment eu , gn , ch , ill , ui , oi , où en
Romain et en Italique. La 11 a les parentheses
( et les crochets [ ] . La 16 20 ã‚ẽ‚í‚õ ,
en Romain et en Italique ; la 21 30 les dix premiers
chiffres , soit Romains , soit Arabiques.
Les deux rangées superieures du Bureau Tipographique
qui sont chacune de 30. cellules comme
les autres portent,pour titreRudiment pratique de
la Langue Latine. C'est là ce qu'on regarde particulierement
comme un Chef- d'oeuvre d'invention
, qui est bien au- dessus de toutes les Méthodes
dont on s'est servi jusqu'à présent pour
enseigner le Latin. Voici néanmoins tout ce que
c'est dans les six premieres logettes de ces deux
dernieres rangées : on voit les cinq Déclinaisons
C latines
250 MERCURE DE FRANCE ,
>
>
as,
Latines a æ &c . les Pronoms latins et françois
ego , je , tu , tu , vous ; ille , il , elle , l'article
hic , ce , cette , ( on auroit du dire le Pronom
demonstratif; ) le Pronom relatif qui , qui , lequel
; les terminaisons , Pronoms , piam , re , les
termin . Noms orum , ibus . Les cinq logettes suivantes
, soit d'enhaut , soit d'enbas contiennent
le Présent , l'Imparfait , le Parfait , le Plusqueparfait
et le Futur , tant de l'Indicatif que du
Subjonctif des Verbes sum , amo , et aparemment
des trois autres Conjugaisons . Voilà déja 22 .
logettes bien marquées. Les deux suivantes sont
pour l'Impératif et l'Infinitif, esto , ama , esse .
amare. Les 25 et 26. pour les Gérondifs et Supins,
amando , amatu , et les Participes ans , ens,
Les 27 et 28 pour les terminaisons actives, o >
α amus , et les passives, or , aris , atur , amur.
Les 29 38. sont pour les Verbes Actifs , Passifs ,
Neutres , Irreguliers , Déponens , Communs
Substantifs , Vocatifs , Reciproques , Irreguliers
( qui sont ici marqués pour la seconde fois )
Defectueux , Impersonels. Les 39 et 40. sont
pour les terminaisons françoises des Verbes , er
des Noms et Pronoms. Les 41 et 42 pour les
Verbes Auxiliaires François. Les 43 et 44. pour
les Noms Substantifs et Articles françois. Les
45 et 46. pour les Adjectifs , Positifs , Comparatifs
et Superlatifs . Les 47 et 48. pour les Pronoms
demonstratifs et Possessifs . Les 49 et 50. pour
les Verbes François et Particules Françoises. Les
51 et 52. pour les Indéclinables in , úbi , vel ,
et autres aparemment. Les 53 et 54. pour les
genres hic homo. Les 55 et 56. pour les Déclinaisons
homo inis. Les 57 et 58. pour les
Conjugaisons amo , avi Atum are. Enfin les
59 et 60. po la Syntaxe , ego amo Deum.
Je ne dou point que cette énumeration des
>
>
logettes
FEVRIER. 17310
251
logettes et de ce qui y est contenu , ne vous ait
fort ennuyé ; je vous en demande pardon ; mais
j'en avois besoin pour prouver la deuxième proposition
que j'avois avancée. Je dis donc en second
lieu que par cette machine de bois en Colombier
, et par tous les Boulins et toutes les lo
gettes dont elle est composée , aucune Langue
ni aucune Science ne peut être bien enseignée
et bien apprise , quoiqu'en disent ses inventeurs
ou ses approbateurs.
Faut-il se mettre en frais pour le prouver , et
n'est-il pas évident à quiconque a du bon sens
que ni la Philosophie , ni la Rhétorique , ni la
Poëtique , ni les Auteurs Grecs et Latins , même
les plus faciles , qu'on fait expliquer dans les
plus basses Classes des Colleges , n'entreront ja
mais dans la tête d'un enfant à l'aide de cette
pure méchanique. Que dis- je ? il est même impossible
d'apprendre à écrire par ce moyen ; aussi
nos bonnes gens paroissent - ils avoir entierement
renoncé d'eux -mêmes à toutes ces connoissances
, puisqu'ils n'y ont pas même consacré une
seule petite logette.
>
Mais du moins diront- ils on apprendra
P'Histoire Sainte et Prophane , la Géographie er
la Fable ; car elles ont chacune leur cellule , qui
sont les quatre dernieres du Bureau Latin.
A cela je réponds qu'on les apprendra à peu
près comme l'Arithmétique et l'Algebre , ausquelles
sont destinées les 25 et 30. logettes de
la deuxième rangée du Bureau François- Latin ;
c'est-à-dire , que quelques Noms propres d'Empereurs
et de Rois , de grands Royaumes et de
grandes Villes , tirés des cellules où on les met-
, pourront entrer et rester dans la mémoire
de l'enfant , s'il en a , et si on a coin de lui rebatre
plusieurs fois la même che Or c'est un
tra
C avanta
252 MERCURE DE FRANCE
avantage qu'on trouvera pour le moins aussi grand
dans quelque Méthode que ce soit , si tout est égal,
soit de la part de l'enfant , soit de celle du Maître
, à moins qu'on ne veuille croire , comme le
croyent, sans doute, ces Messieurs , que les principes
des Arts et des Sciences ont une vertu particuliere
pour s'insinuer dans l'idée et dans la
mémoire d'un enfant , parcequ'ils sont écrits sur
des cartes , et qu'ils ont eu l'attouchement de sa
petite main , et du bois des cellules étroites qui
les tiennent comme en prison.
Mais qui peut douter , diront encore nos gens
enthousiasmés de leur Rudiment Pratique de la
Langue Latine , composé de 60. logettes et d'autant
de cartes pour le moins , qui peut douter
qu'avec un tel secours on n'enseigne et on n'apprenne
bien mieux les déclinaisons des Noms et
des Pronoms , les Conjugaisons de toutes sortes
de Verbes , les Genres , les Préterits , les Supins
et la Syntaxe Latine, qu'on ne les enseigneroit et
ne les apprendroit avec le secours du Rudiment
et des Maîtres ordinaires .
Qui en peut douter ? moi certainement , tant
je suis incrédule. Pour faire voir combien mon
doute est raisonnable , je ne veux que comparer
un endroit de la cinquiéme Lettre de l'Auteur
avec un autre du celebre M. le Fevre , sur la
maniere de faire des interrogations aux enfans.
כ כ
ラン
Lorsqu'on voudra interroger l'écolier sur les
Déclinaisons et sur les Conjugaisons ( dit ´notre
Abécediste dans le Mercure d'Octobre page
» 2123. ) il ne faut pas suivre la Méthode peu
judicicuse de ces Maîtres qui demandent troptôt
, par exemple : Comment fait Musa à
l'accusatif plurier ? Quel est le genitif plurier
de Dominus ? Quelle est la troisiéme personne
» du Futur Indicatif du Verbe amo ? Cominent
dit -on en Latin ils auroient aimé ? &c.
50
FEVRIER. 1731. 253
Voilà les propres paroles du Docteur Tipografique
dont nous avons pris la liberté de changer
l'ortographe , quoique sa troisième partie
du Volume du Maître contienne dit-il , en
trente et tant de pages une Réponse aux raisonnemens
ou aux préjugés de M. l'Abbé Regnier ,
dans son Traité de l'ortografe , et quelques reflexions
sur l'ortographe des Dictionaires de
Richelet , de Furetiere , de Trévoux , de l'Académie
Françoise et de l'Académie d'Espagne.
Ecoutons presentement M. le Fevre. » Comme
de toutes les parties mobiles de l'Oraison ,
n'y en a point de plus difficile que les Verbes
, ( dit-il dans sa Méthode pour commencer
les Humanités , à Paris 1701. page 12. ) il
5
il
faut s'y arrêter aussi beaucoup plus que
» sur les noms , jusqu'à ce que l'enfant puisse
répondre sur le champ , et sans varier , à ces
» petites Questions , par exemple : où est audiet?
et que veut-il dire en françois ? où est audivisset
? Audire ne se trouve - t'il point en plus
d'un ou de deux endroits où est amatum iri?
» &c. Quand une fois l'enfant est bien assuré
là- dessus , il est en beau chemin , si le Maître
» a les qualités qu'il doit avoir.
Ne voit-on pas une manifeste contradiction
entre ces deux manieres d'enseigner les premiers
principes ? Ainsi nous voici dans un défilé d'où
nous ne pouvons sortir qu'en disant que l'une
de ces deux Méthodes est bien plus judicieuse que
l'autre.
Le Buraliste ne manquera pas de soutenir har→
diment que c'est la sienne , et il citera en sa faveur
l'exemple de M. de la Valette , petit-fils de
M. Chirac , qu'il appelle un enfant celebre du
Bureau tipographique , ( page 19. de la seconde
des quatre premieres Lettres qu'il a fait impri-
Cij mer
54 MERCURE DE FRANCE
mer séparément ) ; il citera encore le petit Gos
sard , fils d'un Marchand Tapissier , le fils de
M. Durand , le petit Espagnol Hernandez del
Valle , le petit Guillot , un Savoyard de zo . ans
qui a appris à lire le latin à cet âge , par le moyen
de cette Méthode , ibid. page 20. et 21. Quel
miracle ! Il n'oubliera pas M. Chompré , Maître
de Pension dans la rue des Carmes , qui se sert
du Bureau tipographique pour les enfans ( page
22 ) , ni M. & Mad . Hervé , qui étant , dit-il ,
témoins du progrés surprenant de l'exercice du
Bureau typographique , en ont fait faire un de
quatre rangées de logettes pour Mlle leur fille
page 28 , ni enfin le Cardinal Lugo , qui dés
l'âge de trois ans sçavoit lire les imprimez et les
manuscrits ; ni le Tasse , qui à l'âge de trois ans
commença à étudier la Grammaire , qui fut envoyé
au College des Jesuites dès l'âge de quatre
ans , et fit sous ces habiles Maîtres de si grands.
progrès , qu'à sept ans il sçavoit parfaitement le
Latin et très-passablement le Grec ; ni le petit
Jean- Philippe Baratier de Schwalbach , qui commença
d'apprendre les Lettres avant l'âge de deux
ans , page II . 12. et 20.
Mais sans vouloir examiner tout ce qu'on dit de
tous ces enfans celebres , ni rien rabattre de leur
science prématurée , ne puis-je pas dire avec verité
que tous ces exemples ne font rien en faveur
du Bureau typographique , puisque certainement
ni le petit Lugo , ni le Taffe , ni Baratier , qui
sont les trois plus rares exemples cités , ne sont
point du tout redevables de leurs miraculeux progrès
aux cellules de bois dont la rare invention
est posterieure a
Quant aux autres , outre qu'on ne nous dit
point que le petit Durand et le petit Hernandez
me soient servis du Bureau , et qu'on nous fait
entendre
FEVRIER.
1731. 255
Entendre au contraire qu'ils ont suivi une autre
Méthode ; n'est-il pas évident que leur érudition ,
quelle qu'elle soit , vient plutôt de leur heureux
naturel et de l'habileté de leurs Maîtres , que de la
nouvelle machine Alphabetique.
11 n'en eft pas de même de la Méthode de M. le
Févre , qui étant toute fondée sur la raison et
l'experience , a dû produire et a produit des miracles
, sur tout dans la personne de Mad. Dacier,
sa fille , et d'un fils , qui ayant commencé a apprendre
le Latin et le Grec â dix ans seulement
suivant la pratique de M. le Fevre , qui me paroît
bien fondée , et sçachant alors seulement bien lire
et bien écrire, » lorsqu'il mourut vers la fin de
sa 14 année , avoit lû et expliqué deux fois l'I-
» liade d'un bout à l'autre , et rendoit raison des
parties aussi prestement qu'auroit pû faire un
assez bon Maîrre , sans balancer et sans hesiter
jamais. Il sçavoit aussi l'Eneide de Virgile de
même , Terence , Phedre , les Métamorphoses
» d'Ovide, Saluste, la premiere Comedie de Plau-
» te , la premiere et la seconde d'Aristophane ,
avec les trois premiers Livres de Tite- Live ,
outre les autres petits Auteurs qu'il faut sça-
» voir pour entendre ceux -ci , Eutrope , Aurelius
Victor , Justin , les Fables d'Esope , et les cinq
» Livres Historiques du Nouveau Testament. Ù
avoit encore appris à fond de son pere , qui étoit
aussi son Précepteur , la Grammaire Latine et la
Grecque, et il avoit entamé même l'Hébraïque à
T'âge de 13. ans. Enfin il n'ignoroit ni la Géogra
phie , ni la Chronologie , ni l'Histoire.
Voilà des faits certains et exposez au grand
jour ; voilà des témoins illustres et non suspects
de la bonté de la Méthode de M. le Fevre , qui a
été presque entierement suivie et même perfectionnée
en quelques points dans les meilleurs Col-
Ciiij leges
256 MERCURE DE FRANCE
ges de l'Université. Nos Méchanistes avec leur
Bureau typographique , pousseront- ils un enfant
aussi loin et en si peu de temps, et l'instruiront -ils
d'une maniere aussi solide des premiers principes
de la Langue Grecque , de la Latine , et de la
Françoise ? S'ils sont assez présomptueux , pour
ne pas dire assez fous , pour le promettre, se trous
verat- il quelqu'un qui soit assez sot et assez duppe
pour le croire ? Peut-être que oui , puisque selon
le Poëte Satirique , mais véridique ,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.
Quoiqu'il en soit , nous pouvons conclure présentement
que les Méthodes ordinaires , sur tout
si elles sont semblables à celles de M. le Févre 2
sont bien au-dessus du Rudiment pratique de la
Langue Latine , qui est le troisiéme ou quatrième
Bureau de 60. Logettes , qui fait partie du Bureau
zypographique et general . Je pourois apporter encore
plusieurs raisons invincibles de cette même
verité ; mais je les omets pour abreger et passer
ma troisiéme proposition , d'autant plus que si
je la prouve , comme je l'espere j'aurai prouvé
encore une fois celle -ci . En effet si le Bureau typographique
n'apprend pas mieux à lire qu'un
bon Alphabet , à combien plus forte raison apprendra-
t-il encore moins bien qu'une bonne Mé
thode , les principes des Langues et des Sciences ?
Je dis donc en troisiéme lieu , quand nos Bibliothecaires
typographistes devroient se fâcher ,
que tout cet attirail de cartes écrites sur le dos ,
et de cassettes d'Imprimerie , n'est pas aussi bon
pour apprendre à lire , qu'un Alphabet en bon
ordre et bien digeré. On a vu dans la description
détaillée que nous avons faite du Bureau , qu'on
a sacrifié près de 100. cellules aux Lettres grandes
et petites , Romaines et Italiques , aux consonmes
doubles bb , ce , & c . et à la ponctuation . Un
bon
FEVRIER. 1731 . 257
ba ,
,
bon Alphabet dans les trois ou quatre premieres
pages, contient non - seulement les lettres simples,
mais encore presque toutes les syllabes qu'on peut
former par l'assemblage d'une voyelle et d'une ou
plufieurs consones, comme ,
be bi, bo , bu,
&c. bla, ble, bli, blo, blu , &c . ab , eb, ib, ob , ub ,
&c. ar , er , ir , or , ur , &c. stra , stre , stri ,
stro , stru, &c. L'Enfant les voit d'un coup d'oeil,
et s'accoutume à les prononcer presque lui seul.
par routine , avec le moindre secours du plus petit
Maître d'Ecole.
Or tout cela demande bien du temps dans le
nouveau Systême. Il faut que l'Enfant aille prendre
dans les logettes differentes les lettres qui
composent ces syllabes ; il faut un Maître bien
assidu et bien patient , tel qu'on en trouve peu ,
pour être toujours là present , et empêcher que
Enfant ne se trompe , ou le corriger quand il
s'est trompé.
Un seul Maître d'un médiocre sçavoir et d'une
médiocre exactitude , peut montrer à lire tout
à la fois à une cinquantaine d'Enfans , les obliger
à avoir tous ensemble les fixez sur le
yeux
même endroit , et les faire reprendre les uns par
les autres , ce qui les pique d'honneur et d'émulation
; et quand la leçon est achevée , chacun peut
emporter fon Livre avec foi à la maison , à l'Eglise
, à la promenade , et repasser ce qu'on lui a
fait lire. Le Bureau , au contraire , est très -embarassant
, on ne peut le faire fervir à trois ou
quatre tout à la fois ; il n'est pas portatif , et
P'Enfant , quand il le voudroit , ne pourroit pas
le mettre dans sa poche , il est d'une toute autre
mesure.
Un Alphabet s'achette 4 ou 5. sols ; un Bureau
est d'un bien plus haut prix , sur tout si on le fait
faire d'Ebene, comme l'Auteur semble le conseil-
Cv ley
258 MERCURE DE FRANCE
9A
ler aux Curieux et aux riches , vers la fin de sa
seconde Lettre , page 29. Un Alphabet ordinaire
contient 30 ou 40. pages , il est très -court et
très -clair. L'A B C de Candiac , dont on a obtenu
le privilege , mais qui n'est pas encore imprimé
est divisé en deux volumes qui contiennent 250.
leçons pour trois A B C Latins et trois François,.
et plus de cinq ou six cens pages , suivant le calcul
détaillé fait par l'Auteur , premiere Lettre
page 2 , 3 , 4 et 5. et seconde Let. page 23.et 24 ) .
Ce qu'on a mis dans le Mercure , pour donner
une idée et un précis de cet Ouvrage , est assez
obscur et confus , et à peu près du même gout
que l'Art de transposer toute sorte de Musique
donné au Public par le même Auteur en 1711.
dont deux celebres Musiciens qui l'ont depuis peu
examiné , à ma priere , avec attention , ont jugé
qu'il n'est pas clair , et que la plus grande utilité
qu'on en puisse tirer ,est de l'ignorer Parfaitement.
9%
Enfin un Alphabet ou on trouve des pages.
toutes entieres de syllabes et d'exemples de lectures
qui y sont proposez , peut servir aux Enfans
à bien employer ces premieres années de la vie ,
qui sont si précieuses , et donner matiere d'exercice
à leur mémoire , qui est alors la plus saine et
la plus parfaite de leurs facultez et presque la seule
dont ils puissent faire usage. Par lå on observe ce
beau précepte de Quintilien , ( L. 1. C. 1. ) Non
perdamus primum statim tempus atque eò
minus quod initia litterarum solâ memoriâ
constant; qua non modo jam est in parvis , sed
tum etiam tenacissima est . » Ne souffrons .
point qu'un Enfant perde ses premieres années,
et souffrons-le d'autant moins , que pour ces
commencemens de lettres il ne faut que de la
» mémoire , et que non-seulement les Enfans
en ont , mais qu'ils l'ont même très bonne et
très- fidele.
FEVRIER. 1731. 259
L'Auteur,qui cite quelquefois Quintilien quand
il croit qu'il lui est favorable , ne paroît pas faire
grand cas de ce précepte , puisqu'il ne parle jamais
d'exercer la mémoire des Enfans , et qu'il
paroît même peu approuver cette pratique , Lettre
5. page 2133. Ce qui est de certain , c'est
que son Systême et son Bureau typographique
n'y est point du tout favorable .
En voilà assez pour faire voir que ma troisiéme
proposition n'est pas moins veritable que la seconde,
et que l'Imprimerie en Colombier ne vaut
pas un A B C. bien composé et bien imprimé.
Avant que de finir cette Lettre , je fais une re
marque sur ce que l'Auteur dit , ( L. 2. p. 22. )
» que l'exercice du Bureau tipographique , bien
loin d'exposer les Enfans à être malades et à
rester nains et noüez , faute d'action , les entre
tient au contraire dans une bonne santé, dissipe
» peu à peu l'humeur noueuse qui les empêche de
> croître et leur allonge le corps , les bras et les
»jambes , dans la necessité où ils sont de prendre
» et de remettre les cartes aux plus hauts casse-
» tins du Bureau Typographique.
92
95
ود
Si cet avantage est aussi réel qu'on voudroit
nous le faire croire , pourquoi les Enfans gouvernez
par les Inventeurs de ce Bureau sont -ils
morts entre leurs mains ? Pourquoi le petit Candiac
, qui est si souvent cité dans ces Lettres comme
un prodige , et qui aimoit tant l'exercice du
Bureau Abecedique , n'a-t - il pas vécu au delà de
sa 8 ou 10 année? Au reste cette mort, qui d'une
part a été très-desavantageuse à l'Auteur de l'A
BC de Candiac , en lui enlevant un cher Disci →
ple ; lui a été d'une autre part assez avantageuse,,
puisqu'il peut nous alleguer sans cesse en faveur
de sa Méthode , un témoin que nous ne pouvons
ressusciter. D'ailleurs si on fait tant valoir le Bur
Cvj
ream
26 MERCURE DE FRANCE
reau , parce qu'il donne de l'exercice et de la santé
aux enfans , combien ne doit- on pas estimer
par cet endroit la coutume de les faire aller à pié
matin et soir aux petites Ecoles et aux Colleges ?
Je finis cette Lettre , qui vous paroîtra peutêtre
trop longue , par une reflexion de l'Auteur ,
qui m'a frappé , et qui ne peut manquer d'être
très-utile à un Lecteur judicieux et qui sçait faire
son profit de tout ce qu'il lit. On doit , dit - il ,
» ( L. 2. P. 27. ) regarder comme suspectes les
Méthodes mysterieuses et hierogliphiques , qui
annoncent & promettent des miracles , ou des.
choses au-delà de l'esprit humain : une bonne
Méthode exige la franchise et la generosité
» qu'inspire l'amour du bien public... L'incrédu
→ lité du Public n'est pas sans fondement, on voit
» tant de Charlatans , de visionnaires et d'impos-
» teurs , de toute classe , qu'il y auroit de la foiblesse
, de l'imprudence et même de la folie à
» les croire sur leur parole.
30
à
Quintilien ( L. 1. C. 1. ) après avoir recommandé
aux peres et aux meres de choisir pour
leurs enfans les meilleures Nourrices pour les allaiter
, et les meilleurs enfans de leur âge pour
leur tenir compagnie , ajoûte sur le choix des
Maîtres un précepte qui a beaucoup de rapport
ce qu'on vient de lire . A l'égard des Précepteurs
» qu'on donne aux Eafans , ce que j'ai , dit- il , à
recommander le plus , c'est qu'ils soient veritablement
habiles , ou qu'ils sçachent du moins
qu'ils ne le sont pas car je ne vois rien de
pire au monde , que ces gens , qui parce qu'ils
ont quelque legere teinture de Lettres , s'imaginent
être fort sçavans , et se donnent pour
tels . C'est en vain que vous voudrez les redresser;
ils croyent en sçavoir plus que tous les
Maîtres , et fiers de leur autorité comme ils
sont
FEVRIER . 2.61
173 .
"
5)
» sont ordinairement, ils enseignent leurs sottises
jusqu'à se mettre en fureur contre qui ose les
» contredire , souvent même leur ignorance ne
» nuit pas moins aux moeurs. De padagogis hoc
amplius ( dictum sit, ) ut aut sint eruditi planè,
quam primam esse curam velim aut se non
esse eruditos , sciant. Nihil enim pejus est irs
qui paulum aliquid ultra primas litteras pregressi
, falsam sibi scientia persuasionem induerunt.
Nam et credere pracipiendi peritis
indignantur , er jure quodam potestatis , que
ferè hoc hominum genus intumescit , imperiosi
atque interim savientes , stultitiam suam perdocent.
On voit par là , comme dit un de nos plus excellens
Poëtes , que le monde n'a jamais , manqué
de Charlatans , et que cette Science de tout tems
fut en Professeurs très - fertiles . Je suis , Monsieur
, &c..
Fermer
Résumé : LETTRE d'un Professeur de l'Université de Paris à un Principal de College de Province, sur l'ABC DE CANDIAC, OU LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, OU LES PREMIERS ELEMENS DES LETTRES, &c.
Un professeur de l'Université de Paris adresse une lettre à un principal de collège de province pour discuter de la méthode d'enseignement appelée l'ABC de Candiac, qui a suscité des débats à Paris et a été adoptée dans certains collèges renommés. Cette méthode utilise un dispositif nommé Bureau Tipographique, composé de 210 compartiments contenant des cartes avec des lettres, des mots et des symboles. Le dispositif est organisé en plusieurs rangées dédiées à l'alphabet, au français, au latin, et à d'autres matières comme l'histoire et la géographie. Le professeur critique cette méthode, estimant qu'il est impossible d'enseigner correctement une langue ou une science par un moyen mécanique. Il remet en question l'idée que cette méthode faciliterait l'apprentissage des déclinaisons latines et des conjugaisons, comparant les recommandations de l'auteur de l'ABC de Candiac à celles de M. le Fevre, un éminent pédagogue. Le professeur conclut que les méthodes traditionnelles, avec un bon alphabet et des maîtres compétents, sont plus efficaces pour enseigner aux enfants. Le texte compare ensuite le Bureau typographique à la méthode de M. le Fevre. Le buraliste, promoteur du Bureau typographique, cite des exemples d'enfants célèbres ayant appris à lire grâce à cette méthode, mais le texte conteste la validité de ces exemples. Il souligne que des figures historiques comme le Cardinal Lugo et le Tasse n'ont pas utilisé le Bureau typographique. Le texte met en avant la méthode de M. le Fevre, basée sur la raison et l'expérience, et cite l'exemple de sa fille, Madame Dacier, et de son fils, qui ont fait des progrès remarquables en latin et en grec avec cette méthode. Le texte critique le Bureau typographique, le jugeant moins efficace qu'un bon alphabet bien structuré. Il souligne que le Bureau est encombrant, non portatif et coûteux, tandis qu'un alphabet est économique et pratique. Il conclut que les méthodes ordinaires, comme celle de M. le Fevre, sont supérieures au Bureau typographique pour enseigner la lecture et les principes des langues et des sciences. Enfin, le texte aborde les défauts des pédagogues et l'impact négatif de leur ignorance sur les mœurs. Il souligne que ces enseignants propagent souvent des sottises et se mettent en colère face à la contradiction. Leur manque de savoir peut nuire aux valeurs morales. Le texte insiste sur l'importance que les pédagogues soient soit très érudits, soit conscients de leur manque de connaissances. Il critique ceux qui, ayant acquis une fausse idée de leur savoir, se croient supérieurs et refusent d'apprendre des experts. Ces individus, gonflés d'un sentiment de pouvoir, se montrent arrogants et enseignent leur propre sottise. Le texte conclut en citant un poète qui affirme que le monde a toujours été rempli de charlatans et que cette 'science' a toujours trouvé des professeurs en abondance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 296-299
« REGLES CHRÉTIENNES pour faire saintement toutes ses actions, dressées en [...] »
Début :
REGLES CHRÉTIENNES pour faire saintement toutes ses actions, dressées en [...]
Mots clefs :
Règles, Cantiques, Instruction, Prière, Observations, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « REGLES CHRÉTIENNES pour faire saintement toutes ses actions, dressées en [...] »
REGLES CHRETIENNES pour faire
saintement toutes ses actions , dressées
en faveur des Enfans qui se font instruire
dans les Ecoles Chrétiennes . Outrès
- utile à toutes sortes de pervrage
sonnes qui veulent vivre dans la vraye
pieté
FEVRIER. 1731 297
pieté en Jesus-Christ , divisé en deux
Parties. Derniere Edition. Qua in juventute
tuâ non congregasti , quomodo in senectute
tuâ invenies ? Eccl. 25. 27. Com- 25.27.
ment trouverez- vous dans votre vieillesse
les vertus que vous n'aurez point acquises
dans votre jeunesse ? A Paris , chez
Gabr. Charles Berton , proche S. Nicolas
du Chardonnet , 1731.
CANTIQUES SPIRITUELS , sut
plusieurs points importans de la Religion
et de la Morale Chrétienne , pour les
Catéchismes et les Missions. Sur les plus
beaux Airs anciens et nouveaux.Vol.in 8.
A Paris , chez le même , 1731 .
INSTRUCTION Chrétienne pour les
personnes qui aspirent au Mariage , ou
qui y sont déja engagées. Avec un Traité
de l'Education Chrétienne des enfans
tirée de S. Jean Chrysostôme. In 12.
Nouvelle Edition , revûë et augmentée.
Idem.
PRIERE qui se chante aux Eglises
de S. Paul et de l'Oratoire , et à plusieurs
Paroisses , depuis le Samedi de devant
le premier Dimanche de l'Avent , jusqu'à
la veille de Noël inclusivement , avec
les Antiennes appellées O de Noël. Chez
le même Libraire.
E Nou298
MERCURE DE FRANCE
NOUVELLE METHODE pour réfùter
l'établissement des Eglises Prétendues
Réformées et de leur Religion , et pour
deffendre la stabilité de l'Eglise et de la
"Religion Catholique , Apostolique , et
Romaine dans sa possession perpetuelle .
Par M. Chardon de Lugny , Prêtre , Député
du Roi et du Clergé de France pour
les Controverses . Quay des Augustins ,
chez les freres Osmont , 1730. in 12 .
MEMOIRE Sur l'Article 497. de la
Coûtume de Bretagne , au sujet de la'
Subornation des filles mineures. A Paris ,
ruë de la Huchette , chez la Veuve Knapen,
1730. Brochure in folio .
OBSERVATIONS CURIEUSES Sur
toutes les parties de la Physique , extraites
et recueillies des meilleurs Auteurs .
Rue S. Jacques , chez Cl. Fombert , 1730 .
in 12. de cinq cens quatre-vingt six pages.
Tome troisiéme.
GRAMMAIRE HEBRAIQUE sans
points. Par M. Masclef, Chanoine d'Amiens.
Seconde Edition , dans laquelle
l'Auteur a ajoûté trois autres Grammaires,
suivant le même Méthode , sçavoir , · la
Chaldaïque , la Syriaque et la Samaritaine .
Chez
FEVRIER. 1731. 299
Chez la veuve Paulus Dumesnil , rue Fromentel
, prés la Puits Certain , 1731. in
12. 2. vol . en Latin.
LES PRINCIPES DE LA NATURE
ou de la Generation des choses , par
M. Colonne . Chez André Cailleau , Pont
S. Michel , 1730. in 12.
INSTRUCTION D'UN PERE A SON FILS ,
sur la maniere de se conduire dans le
monde , dédiée à la Reine . Par M. Dupuy,
cy-devant Secretaire au Traité de la Paix
de Riswick. Chez J. Etienne , ruë S. Jacques
, 1730. in 12 .
HISTOIRE de Mademoiselle de
la Charce , de la Maison de la Tour du
Pin , en Dauphiné , ou Memoires de ce
qui s'est passé sous le Regne de Louis XIV.
Quay des Augustins , chez P. Gandouin,
1731. in 12.
saintement toutes ses actions , dressées
en faveur des Enfans qui se font instruire
dans les Ecoles Chrétiennes . Outrès
- utile à toutes sortes de pervrage
sonnes qui veulent vivre dans la vraye
pieté
FEVRIER. 1731 297
pieté en Jesus-Christ , divisé en deux
Parties. Derniere Edition. Qua in juventute
tuâ non congregasti , quomodo in senectute
tuâ invenies ? Eccl. 25. 27. Com- 25.27.
ment trouverez- vous dans votre vieillesse
les vertus que vous n'aurez point acquises
dans votre jeunesse ? A Paris , chez
Gabr. Charles Berton , proche S. Nicolas
du Chardonnet , 1731.
CANTIQUES SPIRITUELS , sut
plusieurs points importans de la Religion
et de la Morale Chrétienne , pour les
Catéchismes et les Missions. Sur les plus
beaux Airs anciens et nouveaux.Vol.in 8.
A Paris , chez le même , 1731 .
INSTRUCTION Chrétienne pour les
personnes qui aspirent au Mariage , ou
qui y sont déja engagées. Avec un Traité
de l'Education Chrétienne des enfans
tirée de S. Jean Chrysostôme. In 12.
Nouvelle Edition , revûë et augmentée.
Idem.
PRIERE qui se chante aux Eglises
de S. Paul et de l'Oratoire , et à plusieurs
Paroisses , depuis le Samedi de devant
le premier Dimanche de l'Avent , jusqu'à
la veille de Noël inclusivement , avec
les Antiennes appellées O de Noël. Chez
le même Libraire.
E Nou298
MERCURE DE FRANCE
NOUVELLE METHODE pour réfùter
l'établissement des Eglises Prétendues
Réformées et de leur Religion , et pour
deffendre la stabilité de l'Eglise et de la
"Religion Catholique , Apostolique , et
Romaine dans sa possession perpetuelle .
Par M. Chardon de Lugny , Prêtre , Député
du Roi et du Clergé de France pour
les Controverses . Quay des Augustins ,
chez les freres Osmont , 1730. in 12 .
MEMOIRE Sur l'Article 497. de la
Coûtume de Bretagne , au sujet de la'
Subornation des filles mineures. A Paris ,
ruë de la Huchette , chez la Veuve Knapen,
1730. Brochure in folio .
OBSERVATIONS CURIEUSES Sur
toutes les parties de la Physique , extraites
et recueillies des meilleurs Auteurs .
Rue S. Jacques , chez Cl. Fombert , 1730 .
in 12. de cinq cens quatre-vingt six pages.
Tome troisiéme.
GRAMMAIRE HEBRAIQUE sans
points. Par M. Masclef, Chanoine d'Amiens.
Seconde Edition , dans laquelle
l'Auteur a ajoûté trois autres Grammaires,
suivant le même Méthode , sçavoir , · la
Chaldaïque , la Syriaque et la Samaritaine .
Chez
FEVRIER. 1731. 299
Chez la veuve Paulus Dumesnil , rue Fromentel
, prés la Puits Certain , 1731. in
12. 2. vol . en Latin.
LES PRINCIPES DE LA NATURE
ou de la Generation des choses , par
M. Colonne . Chez André Cailleau , Pont
S. Michel , 1730. in 12.
INSTRUCTION D'UN PERE A SON FILS ,
sur la maniere de se conduire dans le
monde , dédiée à la Reine . Par M. Dupuy,
cy-devant Secretaire au Traité de la Paix
de Riswick. Chez J. Etienne , ruë S. Jacques
, 1730. in 12 .
HISTOIRE de Mademoiselle de
la Charce , de la Maison de la Tour du
Pin , en Dauphiné , ou Memoires de ce
qui s'est passé sous le Regne de Louis XIV.
Quay des Augustins , chez P. Gandouin,
1731. in 12.
Fermer
Résumé : « REGLES CHRÉTIENNES pour faire saintement toutes ses actions, dressées en [...] »
Le document énumère des publications et textes imprimés en 1730 et 1731. Parmi les ouvrages religieux figurent les 'Règles chrétiennes' pour enfants et adultes, les 'Cantiques spirituels' pour les catéchismes et missions, et une 'Instruction chrétienne' pour les couples mariés ou futurs mariés. Il mentionne aussi des prières chantées pendant l'Avent. En dehors des publications religieuses, le texte inclut des ouvrages variés tels qu'une 'Nouvelle méthode' pour réfuter les Églises réformées, un 'Mémoire' sur un article de la coutume de Bretagne, des 'Observations curieuses' sur la physique, une 'Grammaire hébraïque' avec des grammaires supplémentaires, les 'Principes de la nature' sur la génération des choses, une 'Instruction d'un père à son fils' sur la conduite dans le monde, et l''Histoire de Mademoiselle de la Charce' relatant des événements sous le règne de Louis XIV. Ces publications proviennent de divers libraires et éditeurs à Paris et dans d'autres régions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 327-328
Stances sur le même sujet, [titre d'après la table]
Début :
Quelle injuste Maxime interdit aux Parens [...]
Mots clefs :
Maxime, Parents, Liberté, Vertus, Modestie , Bienséance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Stances sur le même sujet, [titre d'après la table]
STANCES.
Quelle injuste Maxime interdit aux Parens
La douce liberté de pouvoir reconnoître ,
Les vertus dont le Ciel a comblé leurs Enfans,
Ils sont Peres et n'osent d'être,
Après l'heureux succès que vient d'avoir ton fils,
Malgré ta modestie et ton génie austere ,
Jouis de ton bonheur , connois en tout le prix ;
Tu peux t'applaudir d'être Pere.
Ose l'être sans honte , et ris des vaines loix ,
Quigênent pour tonfils l'heureuse complaisances
Quand il est éclatant , le mérite a des droits >
Au-dessus de la bienséance.
Afranchis-toi d'unjoug qui n'est pas fait pour
toi.
Pere , goute une joye et si rare et si pure ;
Fiiij
Et
328 MERCURE DE FRANCE.
Et si l'usage altier veut t'imposer sa loi ,
1 Passe à celle de la Nature.
C'est ainsi qu'autrefois un illusre Romainy
Dédaignant cet indigne usage ,
De Scipion sonfils , publia le courage ,
Et le couronna de sa main.
Montre au tien tout l'excès de tajuste tendressei
Arrose en l'ambrassant seslauriers de tes pleurs.
Qy and ton fils nous fait voir des succès sifla-ˆ
teurs ,
Tu peux montrer une foiblesse« »
Ce sont des pleurs bien doux que ceux que tu
répands ;
Et per ce que ton fils vient de nous faire en→
tendre ,
Heureux BERNA GE , je comprends ,
Que tu n'auras jamais d'autres pleurs à xépandre.
Mais pour mieux assurer l'effet de ton amour,
Par l'exemple et les soins que tu lui dois encore,
Gouverne un Peuple qui t'honore ;
~Jusqu'à ce que ton is le gouverne à son tour;
Il n'est encor qu'à son Aurore';
Mais c'est l'Aurore d'un beau jour.
Quelle injuste Maxime interdit aux Parens
La douce liberté de pouvoir reconnoître ,
Les vertus dont le Ciel a comblé leurs Enfans,
Ils sont Peres et n'osent d'être,
Après l'heureux succès que vient d'avoir ton fils,
Malgré ta modestie et ton génie austere ,
Jouis de ton bonheur , connois en tout le prix ;
Tu peux t'applaudir d'être Pere.
Ose l'être sans honte , et ris des vaines loix ,
Quigênent pour tonfils l'heureuse complaisances
Quand il est éclatant , le mérite a des droits >
Au-dessus de la bienséance.
Afranchis-toi d'unjoug qui n'est pas fait pour
toi.
Pere , goute une joye et si rare et si pure ;
Fiiij
Et
328 MERCURE DE FRANCE.
Et si l'usage altier veut t'imposer sa loi ,
1 Passe à celle de la Nature.
C'est ainsi qu'autrefois un illusre Romainy
Dédaignant cet indigne usage ,
De Scipion sonfils , publia le courage ,
Et le couronna de sa main.
Montre au tien tout l'excès de tajuste tendressei
Arrose en l'ambrassant seslauriers de tes pleurs.
Qy and ton fils nous fait voir des succès sifla-ˆ
teurs ,
Tu peux montrer une foiblesse« »
Ce sont des pleurs bien doux que ceux que tu
répands ;
Et per ce que ton fils vient de nous faire en→
tendre ,
Heureux BERNA GE , je comprends ,
Que tu n'auras jamais d'autres pleurs à xépandre.
Mais pour mieux assurer l'effet de ton amour,
Par l'exemple et les soins que tu lui dois encore,
Gouverne un Peuple qui t'honore ;
~Jusqu'à ce que ton is le gouverne à son tour;
Il n'est encor qu'à son Aurore';
Mais c'est l'Aurore d'un beau jour.
Fermer
Résumé : Stances sur le même sujet, [titre d'après la table]
Le texte est une série de stances célébrant les mérites d'un fils et encourageant son père à reconnaître publiquement ses succès. L'auteur critique une 'injuste Maxime' qui interdit aux parents de reconnaître les vertus de leurs enfants. Il exhorte le père à se réjouir du succès de son fils et à oser l'admirer sans honte, malgré les lois sociales qui pourraient l'en empêcher. Le père est invité à se libérer des contraintes sociales et à suivre l'exemple de la nature et de l'histoire, comme un illustre Romain qui avait publiquement honoré son fils Scipion. Le père est encouragé à montrer sa tendresse et à pleurer de joie en embrassant son fils victorieux. L'auteur exprime son bonheur pour Bernard, le père, en comprenant que ses larmes de joie seront les seules qu'il versera. Enfin, il conseille au père de gouverner son peuple avec soin jusqu'à ce que son fils soit prêt à prendre sa relève, car celui-ci est encore au début de sa carrière mais prometteur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 422-426
REPONSE à la Lttre d'un Grammairien de Province sur le Bureau Tipographique, insérée dans le Mercure de Janvier 1731. page 35., écrite de Rennes le 23. Fevrier 1731.
Début :
Entre tant de differens sujets qui font la matiere de votre Mercure, Monsieur [...]
Mots clefs :
Grammairien , Bureau typographique, Invention , Enfants, Éducation, Expérience, Prévention
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE à la Lttre d'un Grammairien de Province sur le Bureau Tipographique, insérée dans le Mercure de Janvier 1731. page 35., écrite de Rennes le 23. Fevrier 1731.
REPONSE à la Ettre d'un Grammairien
de Province,sur le Bureau Tipographique,
inserée dans le Mercure de Janvier 1731
page 35. écrite de Rennes le 23. Fevrier
1731.
›
O.
Ntre tant de differens sujets qui font
ENla matiere de votre Mercure , Monsieur
, et qui en rendent la lecture utile
et amusante , il en paroît un depuis quel
que tems dont la nouveauté a , ce semble ,
dû mériter Pattention des Lecteurs qui
aiment le bien public. L'Auteur de cette
ingenieuse invention sentant , comme
on n'en doute pas , l'avantage de son
Bureau
MARS. 1731. 423
Bureau , pouvoit dans l'exposition de son
Systême , ne point tant s'embarasser de
la prévention des hommes , qui seule
peut en surprendre le progrès, et ne point
heurter de front , comme il a fait , la
Métho devulgaire; il n'auroit pas rencon
tré les obstacles ausquels il doit s'atten
dre de la part de ceux qui se sont identi
fiez , comme il dit fort bien dans sa derniere
Lettre avec les anciennes opinions
, lesquelles ont prévalu dans bien
des Provinces jusqu'à present , faute de
mieux.
,
Mettant à part toutes les objections raisonnées
que l'esprit de contradiction , si
naturel à l'homme , et l'amour propre ,
font faire du premier abord , il faut courir
aux experiences. Ce sont- là , si je ne
me trompe , les armes qu'il faut employer
dans ces sortes de combats ; l'Auteur en
presente , reste à sçavoir si elles sont bonnes
, c'est son affaire , et vous en pouvez
mieux juger que nous autres Habitans de
la Province.
Tous les Charlatans , qui jusqu'ici
ont annoncé des nouveautez dans ce genre
, sont tombez d'eux-mêmes ; personne:
n'a pris à tâche de les contrarier , parce
que les absurditez étoient trop manifestes
, et aucun ne produisoit la moindre
experience , l'Auteur du Bureau Ty--
A vj pografique
424 MERCURE DE FRANCE
pographique , dont nous attendons le
dénouement , trouve des gens qui lui disent
, non avant qu'il ait achevé de parler
, ces petits traits de la prévention font
rire le Lecteur ; mais quand on veut les
amplifier par des raisonnemens qui n'ont
ni commencement ni fin , le Lecteur renvoye
le Critique à l'A B C.
Le Grammairien en question devroit
attendre que l'Auteur du Bureau eût tour
dit , qu'il eût donné l'A B C et le Rudiment
Pratique dont il parle , et c'est ce
qu'on doit desirer pour être en état de
juger ; malgré la petite experience que je
fais actuellement , qui est entierement favorable
à l'Auteur , je n'ai point encore
pris de parti ; mais si le reste répond à
ce commencement, on ne peut qu'en bien
augurer ; et je serai avec plaisir au nombre
de ceux qu'il cite pour lui fournir
des armes ; tout homme d'honneur doit
rendre témoignage à la verité , lorsqu'il
est en état de le faire.
Ayant un enfant qui a cû 32. mois le 1 §.
Novembre dernier , et qui ne prononçoit
que le dernier son des mots , je lui fis en
carton un rang de logetes, faute d'ouvriers,
qui pussent faire un Bureau sur l'exposé
que fait l'Auteur dans vos Mercures , je
mis l'étiquette de chaque Lettre , grandes
et petites , au- dessus de chaque Logette
MARS. 1731 42
gette , je les garnis de cartes sur lesquelles
je colai des caracteres que j'avois coupez
d'un côté et d'autre , je me mis à
jouer avec l'enfant , quand il sçût les
voyeles , ce qui se fit du soir au lendemain,
je fus très - surpris de le voir en
quinze jours sûr de toutes ses lettres ; ce
succès me détermina à lui faire un Bureau
tel quel , et maintenant j'en suis aux
sons de la langue dont il n'est pas moins
sûr , et je l'occupe à imprimer des mots
dont il se tire passablement , et qu'il ne
sçauroit cependant encore prononcer. On
ne peut refuser après cela aux judicieuses
refléxions que fait l'Auteur sur la ridicule
prévention où l'on est d'amuser les
enfans à des niaiseries qui ne leur laissent
rien dans la memoire ; celui - ci court
à son Bureau , c'est sa chapelle , et il ne
me paroît pas plus difficile de lui donner
des objets utiles que des Polichinels dont
il ne fera jamais aucun usage. Je ne dis
pas que cette invention puisse être pratiquée
dans un College , je n'en sçais encore
rien ,l'Auteur n'insiste pas là -dessus ;
mais il m'importe peu qu'on l'y reçoive
ou qu'on ne l'y reçoive pas, pourvû que j'y
trouve mon compte et que
l'enfant se
trouve sans y penser débarassé de toutes
les épines qui accompagnent les premiers
principes.
Cette
426 MERCURE DE FRANCE.
Cette ingenieuse Machine qui ne sçauroit
être que l'effet de longues médita
tions , me fait remercier l'Auteur publiquement
et le conjurer de ne se point rebuter
, malgré les vaines déclamations qui
commencent à paroître contre lui , et qui
retombent sur les petits génies remplis
d'eux-mêmes , dont tout le plaisir est de
vouloir faire adopter leur ignorance com
me une science certaine et infaillible . Le
Grammairien , soy - disant, qui s'éleve dans
votre Mercure , devroit avant que d'écrire
, apprendre à penser , et s'il croit avoir
raison , nous démontrer avec politesse
que nous donnons dans l'erreur. Tout
Ecrivain dont le style est grossier , m'est
suspect,et je n'en attends aucune instruc
tion.
Je suis persuadé que l'Auteur trouvera
dans le sein de l'Université de Paris où
sont les Maîtres du bon gout , qui ne
sont occupez qu'à donner une bonne éducation
à la jeunesse , toute la satisfaction
qu'il peut esperer , comme elle a été la
premiere à quitter l'ancienne routine et
à marcher par des chemins plus faciles
pour les jeunes gens , tant qu'elle trouvera
des hommes qui la seconderont et
qui ne dédaigneront pas de s'abaisser pour
faciliter les premiers élemens des Lettres,
elles les favorisera toujours. J'ai l'honneur
d'être , &c.
de Province,sur le Bureau Tipographique,
inserée dans le Mercure de Janvier 1731
page 35. écrite de Rennes le 23. Fevrier
1731.
›
O.
Ntre tant de differens sujets qui font
ENla matiere de votre Mercure , Monsieur
, et qui en rendent la lecture utile
et amusante , il en paroît un depuis quel
que tems dont la nouveauté a , ce semble ,
dû mériter Pattention des Lecteurs qui
aiment le bien public. L'Auteur de cette
ingenieuse invention sentant , comme
on n'en doute pas , l'avantage de son
Bureau
MARS. 1731. 423
Bureau , pouvoit dans l'exposition de son
Systême , ne point tant s'embarasser de
la prévention des hommes , qui seule
peut en surprendre le progrès, et ne point
heurter de front , comme il a fait , la
Métho devulgaire; il n'auroit pas rencon
tré les obstacles ausquels il doit s'atten
dre de la part de ceux qui se sont identi
fiez , comme il dit fort bien dans sa derniere
Lettre avec les anciennes opinions
, lesquelles ont prévalu dans bien
des Provinces jusqu'à present , faute de
mieux.
,
Mettant à part toutes les objections raisonnées
que l'esprit de contradiction , si
naturel à l'homme , et l'amour propre ,
font faire du premier abord , il faut courir
aux experiences. Ce sont- là , si je ne
me trompe , les armes qu'il faut employer
dans ces sortes de combats ; l'Auteur en
presente , reste à sçavoir si elles sont bonnes
, c'est son affaire , et vous en pouvez
mieux juger que nous autres Habitans de
la Province.
Tous les Charlatans , qui jusqu'ici
ont annoncé des nouveautez dans ce genre
, sont tombez d'eux-mêmes ; personne:
n'a pris à tâche de les contrarier , parce
que les absurditez étoient trop manifestes
, et aucun ne produisoit la moindre
experience , l'Auteur du Bureau Ty--
A vj pografique
424 MERCURE DE FRANCE
pographique , dont nous attendons le
dénouement , trouve des gens qui lui disent
, non avant qu'il ait achevé de parler
, ces petits traits de la prévention font
rire le Lecteur ; mais quand on veut les
amplifier par des raisonnemens qui n'ont
ni commencement ni fin , le Lecteur renvoye
le Critique à l'A B C.
Le Grammairien en question devroit
attendre que l'Auteur du Bureau eût tour
dit , qu'il eût donné l'A B C et le Rudiment
Pratique dont il parle , et c'est ce
qu'on doit desirer pour être en état de
juger ; malgré la petite experience que je
fais actuellement , qui est entierement favorable
à l'Auteur , je n'ai point encore
pris de parti ; mais si le reste répond à
ce commencement, on ne peut qu'en bien
augurer ; et je serai avec plaisir au nombre
de ceux qu'il cite pour lui fournir
des armes ; tout homme d'honneur doit
rendre témoignage à la verité , lorsqu'il
est en état de le faire.
Ayant un enfant qui a cû 32. mois le 1 §.
Novembre dernier , et qui ne prononçoit
que le dernier son des mots , je lui fis en
carton un rang de logetes, faute d'ouvriers,
qui pussent faire un Bureau sur l'exposé
que fait l'Auteur dans vos Mercures , je
mis l'étiquette de chaque Lettre , grandes
et petites , au- dessus de chaque Logette
MARS. 1731 42
gette , je les garnis de cartes sur lesquelles
je colai des caracteres que j'avois coupez
d'un côté et d'autre , je me mis à
jouer avec l'enfant , quand il sçût les
voyeles , ce qui se fit du soir au lendemain,
je fus très - surpris de le voir en
quinze jours sûr de toutes ses lettres ; ce
succès me détermina à lui faire un Bureau
tel quel , et maintenant j'en suis aux
sons de la langue dont il n'est pas moins
sûr , et je l'occupe à imprimer des mots
dont il se tire passablement , et qu'il ne
sçauroit cependant encore prononcer. On
ne peut refuser après cela aux judicieuses
refléxions que fait l'Auteur sur la ridicule
prévention où l'on est d'amuser les
enfans à des niaiseries qui ne leur laissent
rien dans la memoire ; celui - ci court
à son Bureau , c'est sa chapelle , et il ne
me paroît pas plus difficile de lui donner
des objets utiles que des Polichinels dont
il ne fera jamais aucun usage. Je ne dis
pas que cette invention puisse être pratiquée
dans un College , je n'en sçais encore
rien ,l'Auteur n'insiste pas là -dessus ;
mais il m'importe peu qu'on l'y reçoive
ou qu'on ne l'y reçoive pas, pourvû que j'y
trouve mon compte et que
l'enfant se
trouve sans y penser débarassé de toutes
les épines qui accompagnent les premiers
principes.
Cette
426 MERCURE DE FRANCE.
Cette ingenieuse Machine qui ne sçauroit
être que l'effet de longues médita
tions , me fait remercier l'Auteur publiquement
et le conjurer de ne se point rebuter
, malgré les vaines déclamations qui
commencent à paroître contre lui , et qui
retombent sur les petits génies remplis
d'eux-mêmes , dont tout le plaisir est de
vouloir faire adopter leur ignorance com
me une science certaine et infaillible . Le
Grammairien , soy - disant, qui s'éleve dans
votre Mercure , devroit avant que d'écrire
, apprendre à penser , et s'il croit avoir
raison , nous démontrer avec politesse
que nous donnons dans l'erreur. Tout
Ecrivain dont le style est grossier , m'est
suspect,et je n'en attends aucune instruc
tion.
Je suis persuadé que l'Auteur trouvera
dans le sein de l'Université de Paris où
sont les Maîtres du bon gout , qui ne
sont occupez qu'à donner une bonne éducation
à la jeunesse , toute la satisfaction
qu'il peut esperer , comme elle a été la
premiere à quitter l'ancienne routine et
à marcher par des chemins plus faciles
pour les jeunes gens , tant qu'elle trouvera
des hommes qui la seconderont et
qui ne dédaigneront pas de s'abaisser pour
faciliter les premiers élemens des Lettres,
elles les favorisera toujours. J'ai l'honneur
d'être , &c.
Fermer
Résumé : REPONSE à la Lttre d'un Grammairien de Province sur le Bureau Tipographique, insérée dans le Mercure de Janvier 1731. page 35., écrite de Rennes le 23. Fevrier 1731.
Le texte est une réponse à une lettre publiée dans le Mercure de janvier 1731, où l'auteur discute du Bureau Typographique, une invention récente visant à améliorer l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. L'auteur critique l'inventeur pour avoir suscité des préventions inutiles en heurtant les méthodes traditionnelles. Il souligne l'importance des expériences pratiques pour évaluer la validité de cette invention, contrairement aux charlatans précédents qui n'ont pas produit d'expériences convaincantes. L'auteur partage son expérience personnelle avec son enfant, qui a rapidement appris les lettres grâce à une méthode inspirée du Bureau Typographique. Il met en avant l'efficacité de cette méthode et la supériorité des réflexions de l'inventeur par rapport aux méthodes traditionnelles. Il encourage l'inventeur à persévérer malgré les critiques et à chercher le soutien de l'Université de Paris, reconnue pour son engagement envers une éducation de qualité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 458-465
LETTRE d'un Philosophe de Provence à M** touchant la Lettre du prétendu Grammairien Provençal, sur le Bureau Tipographique.
Début :
Vous avez raison, Monsieur, la Lettre dont vous me parlez ne doit [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Grammairien , Provence, Invention , Critique, Méthode, Éducation, Instruction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Philosophe de Provence à M** touchant la Lettre du prétendu Grammairien Provençal, sur le Bureau Tipographique.
LETTRE d'un Philosophe de Provence
à M ** touchant la Lettre du prétendu
Grammairien Provençal , sur le Bureau
Tipographique.
Vous
'Ous avez raison , Monsieur , la Lettre
dont vous me parlez ne doit
point vous empêcher de continuer à faire
usage
MARS. 1731. 459
usage du Bureau pour M. votre fils ; je
ne reconnois point dans cette Lettre l'esprit
naturel des Provenceaux , quoique
L'Auteur se qualifie Grammairien de
Provence , il ne me paroît ni Provençal ,
ni Grammairien , ni Philosophe.
Est-il licite , dit-il d'abord , de vous
demander pourquoi et comment tant de Char
latans de la République des Lettres sont
écoutez à la Cour et à la Ville. Si l'Auteur
avoit quelque usage de laCour et de la bonne
Compagnie de la Ville ,il ne feroit point
cette demande. A la Cour et à la Ville)
on fait quelquefois l'aumône aux Charlatans
, mais on ne les écoute point , ils
n'y sont ni protegez , et encore moins récompensez.
Je ne parle point , dit-il , des prétendus
Inventeurs de la Pierre Philosophale , de
Ja Quadrature du Cercle , &c . Et pourquoi
ne parle- t'il point de ces gens - là ? Sontils
moins nuisibles au Public ? Non , sans
doute , mais c'est que ces sortes de Charlatans
ne blessent point les interêts de
l'Auteur. Je n'y prens , dit-il , aucun in
terêt. Ce qui me révolte , c'est de trouver dans
votre Mercure un de ces Charlatans qui parle
toujours d'un Rudiment pratiqué de bois ..
de la sillabisation , de l'Ortographe , &c.
En verité , s'écrie -t'il , on se livre trop
aisément à de nouveaux venus qui nous ra→
vissent
450 MERCURE DE FRANCE
e
vissent nos droits par des jeux et par des
prestiges .... On viendra nous débiter des
préceptes qui sont de vrais Paradoxes , pour
ne rien dire de plus , ceux qui les débitent
seront crus , seroni suivis , tandis que l'on
rira de nos raisonnemens et que nos Ecoles
seront désertes. Que deviendra le fruit de nos
veilles et de nos travaux ? O tempora ! ô
mores !
Vous voyez , M. que l'Auteur de la
Lettre est apparemment Maître d'Ecole ,
en ce cas il fera bien d'apprendre le nouvel
Alphabet avant que de se mêler de
le montrer. Quoi ! dit- il , nous aurons passé
bien des années à nous tourmenter pour ap
prendre des choses que nous sentons ne sçavoir
pas encore bien dans un âge avancé ,
et des enfans de quatre ou cinq ans apprendront
en jouant ce qui nous a coûté tant de
peines , tant de pleurs et de fatigues ! Nous
faudra til remettre à la Croix de Pardieu
sous peine d'étre repris par des enfans ? Et
pourquoi non ? Il faut aimer à apprendre
à tout âge. Ciceron nous parle de Vieillards
qui apprenoient ce qu'ils avoient
négligé d'apprendre quand ils étoient
jeunes.
>
Mais après tout , quel que puisse être
l'Auteur de la Lettre , et quel que soit
le motif qui l'a fait écrire , il n'est pas
excusable de traiter de Charlatan le Philosophe
MARS. 1731
461
losophe estimable , qui a donné l'invention
du Bureau Tipographique ; car
qu'est-ce qu'un Charlatan ? C'est un homme
, qui par interêt , promet plus qu'il
ne peut tenir , et qui s'embarasse peu de
tromper le Public.
Or prémierement l'Auteur du Bureau
n'agit par aucune vûë d'interêt , il vit
content d'un revenu modique , suffisant
pour lui , et n'est à charge à personne.
Les Ouvriers qui font les Bureaux , ne
sont point en societé avec lui.En un mot ,
il ne lui en revient rien , que bien de la
peine , et si quelqu'autre vient à trouver
quelque Méthode plus facile et plus utile
pour apprendre à lire , il ne se plaindra
point qu'on lui ravit le fruit de ses
travaux et de ses veilles .
En second lieu , il ne peut être soupçonné
de vouloir tromper le Public , au
contraire , il tient ce qu'il promet. Les
enfans se plaisent à travailler sur le Bureau
Tipographique , et s'y instruisent ;
les preuves en sont aisées à trouver , et elles
se multiplient tous les jours. En verité
un tel homme ne peut être traité de
Charlatan que par une basse jalousie ou
par un préjugé bien aveugle. S'il у a des
Charlatans , il faut les mépriser ; mais il
y de l'injustice a confondre sous ce nom
les personnes qui n'ont rien de commun
C
avec
46 MERCURE DE FRANCE -
avec eux. Mais voyons quelles sont les
raisons que l'Auteur de la Lettre allegue
contre la pratique du Bureau.
D'abord il dit qu'il ne sçait pas bien la
construction de cette Machine . Pourquoi
donc se mêle-t'il d'en parler ?
On dit , ajoûte- t'il , que ce Bureau
pour un enfant de deux à trois ans , aplus
d'une toise de long , et que si ce Bureau
croît à mesure que l'Ecolier avance en
âge , il lui faudra cinq ou six toises . Les
Jeux de Paume vont devenir prodigieusement
chers. Quelle fade plaisanterie !
Veut-on que l'enfant porte ce Bureau
pour se plaindre qu'il est ou trop long,
ou trop large , ou trop pesant ; il a les
dimensions nécessaires pour l'instruction
et pour l'usage de l'enfant.
Objection , page 39 .
L'enfant , à ce qu'on dit , prend danst
son Bureau les Lettres dont il a besoin'
pour composer un mot ... et les range
P'une après l'autre sur la table de son Bureau
; si le fait est bien constant , n'y auroit-
il point quelque mistere que nous ne
sgaurions pénetrer , et qui n'est entendu
que par ces nouveaux Maîtres & par
fcurs Eleves ? Je me défie extrémement
de merveilles.
Réponse.
MARS. 1731. 463
Réponse.
Si dès le premier moment que
l'enfant
travaille sur le Bureau , il faisoit l'operation
dont on parle ici , l'Auteur de la
Lettre auroit un motif légitime d'entrer
en méfiance ; mais qu'après qu'un enfant
est exercé à connoître les Lettres , il aille
les prendre chacune dans leurs casseaux,
cela n'est pas plus étonnant , que de voir
qu'il aille prendre du pain quand on lui
dit d'en aller chercher. Avant que de faire
de pareilles objections , l'Auteur , s'il
est à Paris , comme on le dit , devoit aller
voir travailler un enfant en l'absence
de son Maître.
Objection.
Il me reste toûjours un scrupule dont
je sens bien que je ne guérirai que par ma
propre experience , je serois curieux , par
exemple , ( quel style ! ) de sçavoir si un
enfant dressé par cette nouvelle façon ,
pouroit lire dans un Livre imprimé à
Paris , et qu'il n'auroit jamais vû.
Réponse.
L'Auteur de la Lettre peut se guére trèsaisément
de ce scrapule ; qu'il e neure
point d'une maladie dont il y a dea tant
de Medecins. En attendant qu'il veuille
Cij bien
45 MERCURE DE FRANCE .
bien recourir à sa propre experience , je
puis certifier un fait dons je suis témoin ,
qu'en 1725. j'allai à S. Denis avec un enfant
de cinq à six ans , qui avoit appris
à lire le Latin , l'Hébreu , le Grec er le
François , par le Bureau Tipographique.
Nous étions au moins dix personnes de
compagnie. En nous promenant dans le
Cloître , je priai un Religieux que nous
rencontrâmes , de nous mener à la Bibliotheque
. Nous n'avons point encore
de Bibliotheque , dit-il , mais nous avons
des Livres dans nos Chambres. Voudriezvous
bien , lui dis - je , montrer une Bible
Hébraïque à cet enfant qui voudroit y
lire quelque Passage. Le Pere voyant un
enfant en robe , crut que je voulois rire .
Je lui parlai très - sérieusement , et il nous.
mena dans sa Chambre , quyrit une Bible
en Hébreu , et l'enfant lût courament.
Je demandai un Livre Grec , le Pere nous
présenta un Plutarque ; l'enfant lut le
Grec avec la même facilité, On lui présenta
des Manuscrits , il lisoit avec plus
ou moins de facilité , selon que le Grec
étoit écrit plus ou moins lisiblement. Ce
Religieux appela plusieurs de ses Confreres
, qui furent témoins du fait. Le Religieux
dont je parle , s'appelloit , si je ne
me trompe , Dom François Valeran , Il
seroit aisé de donner bien d'autres preu-
1
ves
MARS. 1731. 46 $
ves favorables au Systême du Bureau Ty
pographique ; mais j'ai honte de suivre
sérieusement la Lettre de ce Grammai
rien , qui vous a indigné. J'ai l'honneur
d'être , &c .
à M ** touchant la Lettre du prétendu
Grammairien Provençal , sur le Bureau
Tipographique.
Vous
'Ous avez raison , Monsieur , la Lettre
dont vous me parlez ne doit
point vous empêcher de continuer à faire
usage
MARS. 1731. 459
usage du Bureau pour M. votre fils ; je
ne reconnois point dans cette Lettre l'esprit
naturel des Provenceaux , quoique
L'Auteur se qualifie Grammairien de
Provence , il ne me paroît ni Provençal ,
ni Grammairien , ni Philosophe.
Est-il licite , dit-il d'abord , de vous
demander pourquoi et comment tant de Char
latans de la République des Lettres sont
écoutez à la Cour et à la Ville. Si l'Auteur
avoit quelque usage de laCour et de la bonne
Compagnie de la Ville ,il ne feroit point
cette demande. A la Cour et à la Ville)
on fait quelquefois l'aumône aux Charlatans
, mais on ne les écoute point , ils
n'y sont ni protegez , et encore moins récompensez.
Je ne parle point , dit-il , des prétendus
Inventeurs de la Pierre Philosophale , de
Ja Quadrature du Cercle , &c . Et pourquoi
ne parle- t'il point de ces gens - là ? Sontils
moins nuisibles au Public ? Non , sans
doute , mais c'est que ces sortes de Charlatans
ne blessent point les interêts de
l'Auteur. Je n'y prens , dit-il , aucun in
terêt. Ce qui me révolte , c'est de trouver dans
votre Mercure un de ces Charlatans qui parle
toujours d'un Rudiment pratiqué de bois ..
de la sillabisation , de l'Ortographe , &c.
En verité , s'écrie -t'il , on se livre trop
aisément à de nouveaux venus qui nous ra→
vissent
450 MERCURE DE FRANCE
e
vissent nos droits par des jeux et par des
prestiges .... On viendra nous débiter des
préceptes qui sont de vrais Paradoxes , pour
ne rien dire de plus , ceux qui les débitent
seront crus , seroni suivis , tandis que l'on
rira de nos raisonnemens et que nos Ecoles
seront désertes. Que deviendra le fruit de nos
veilles et de nos travaux ? O tempora ! ô
mores !
Vous voyez , M. que l'Auteur de la
Lettre est apparemment Maître d'Ecole ,
en ce cas il fera bien d'apprendre le nouvel
Alphabet avant que de se mêler de
le montrer. Quoi ! dit- il , nous aurons passé
bien des années à nous tourmenter pour ap
prendre des choses que nous sentons ne sçavoir
pas encore bien dans un âge avancé ,
et des enfans de quatre ou cinq ans apprendront
en jouant ce qui nous a coûté tant de
peines , tant de pleurs et de fatigues ! Nous
faudra til remettre à la Croix de Pardieu
sous peine d'étre repris par des enfans ? Et
pourquoi non ? Il faut aimer à apprendre
à tout âge. Ciceron nous parle de Vieillards
qui apprenoient ce qu'ils avoient
négligé d'apprendre quand ils étoient
jeunes.
>
Mais après tout , quel que puisse être
l'Auteur de la Lettre , et quel que soit
le motif qui l'a fait écrire , il n'est pas
excusable de traiter de Charlatan le Philosophe
MARS. 1731
461
losophe estimable , qui a donné l'invention
du Bureau Tipographique ; car
qu'est-ce qu'un Charlatan ? C'est un homme
, qui par interêt , promet plus qu'il
ne peut tenir , et qui s'embarasse peu de
tromper le Public.
Or prémierement l'Auteur du Bureau
n'agit par aucune vûë d'interêt , il vit
content d'un revenu modique , suffisant
pour lui , et n'est à charge à personne.
Les Ouvriers qui font les Bureaux , ne
sont point en societé avec lui.En un mot ,
il ne lui en revient rien , que bien de la
peine , et si quelqu'autre vient à trouver
quelque Méthode plus facile et plus utile
pour apprendre à lire , il ne se plaindra
point qu'on lui ravit le fruit de ses
travaux et de ses veilles .
En second lieu , il ne peut être soupçonné
de vouloir tromper le Public , au
contraire , il tient ce qu'il promet. Les
enfans se plaisent à travailler sur le Bureau
Tipographique , et s'y instruisent ;
les preuves en sont aisées à trouver , et elles
se multiplient tous les jours. En verité
un tel homme ne peut être traité de
Charlatan que par une basse jalousie ou
par un préjugé bien aveugle. S'il у a des
Charlatans , il faut les mépriser ; mais il
y de l'injustice a confondre sous ce nom
les personnes qui n'ont rien de commun
C
avec
46 MERCURE DE FRANCE -
avec eux. Mais voyons quelles sont les
raisons que l'Auteur de la Lettre allegue
contre la pratique du Bureau.
D'abord il dit qu'il ne sçait pas bien la
construction de cette Machine . Pourquoi
donc se mêle-t'il d'en parler ?
On dit , ajoûte- t'il , que ce Bureau
pour un enfant de deux à trois ans , aplus
d'une toise de long , et que si ce Bureau
croît à mesure que l'Ecolier avance en
âge , il lui faudra cinq ou six toises . Les
Jeux de Paume vont devenir prodigieusement
chers. Quelle fade plaisanterie !
Veut-on que l'enfant porte ce Bureau
pour se plaindre qu'il est ou trop long,
ou trop large , ou trop pesant ; il a les
dimensions nécessaires pour l'instruction
et pour l'usage de l'enfant.
Objection , page 39 .
L'enfant , à ce qu'on dit , prend danst
son Bureau les Lettres dont il a besoin'
pour composer un mot ... et les range
P'une après l'autre sur la table de son Bureau
; si le fait est bien constant , n'y auroit-
il point quelque mistere que nous ne
sgaurions pénetrer , et qui n'est entendu
que par ces nouveaux Maîtres & par
fcurs Eleves ? Je me défie extrémement
de merveilles.
Réponse.
MARS. 1731. 463
Réponse.
Si dès le premier moment que
l'enfant
travaille sur le Bureau , il faisoit l'operation
dont on parle ici , l'Auteur de la
Lettre auroit un motif légitime d'entrer
en méfiance ; mais qu'après qu'un enfant
est exercé à connoître les Lettres , il aille
les prendre chacune dans leurs casseaux,
cela n'est pas plus étonnant , que de voir
qu'il aille prendre du pain quand on lui
dit d'en aller chercher. Avant que de faire
de pareilles objections , l'Auteur , s'il
est à Paris , comme on le dit , devoit aller
voir travailler un enfant en l'absence
de son Maître.
Objection.
Il me reste toûjours un scrupule dont
je sens bien que je ne guérirai que par ma
propre experience , je serois curieux , par
exemple , ( quel style ! ) de sçavoir si un
enfant dressé par cette nouvelle façon ,
pouroit lire dans un Livre imprimé à
Paris , et qu'il n'auroit jamais vû.
Réponse.
L'Auteur de la Lettre peut se guére trèsaisément
de ce scrapule ; qu'il e neure
point d'une maladie dont il y a dea tant
de Medecins. En attendant qu'il veuille
Cij bien
45 MERCURE DE FRANCE .
bien recourir à sa propre experience , je
puis certifier un fait dons je suis témoin ,
qu'en 1725. j'allai à S. Denis avec un enfant
de cinq à six ans , qui avoit appris
à lire le Latin , l'Hébreu , le Grec er le
François , par le Bureau Tipographique.
Nous étions au moins dix personnes de
compagnie. En nous promenant dans le
Cloître , je priai un Religieux que nous
rencontrâmes , de nous mener à la Bibliotheque
. Nous n'avons point encore
de Bibliotheque , dit-il , mais nous avons
des Livres dans nos Chambres. Voudriezvous
bien , lui dis - je , montrer une Bible
Hébraïque à cet enfant qui voudroit y
lire quelque Passage. Le Pere voyant un
enfant en robe , crut que je voulois rire .
Je lui parlai très - sérieusement , et il nous.
mena dans sa Chambre , quyrit une Bible
en Hébreu , et l'enfant lût courament.
Je demandai un Livre Grec , le Pere nous
présenta un Plutarque ; l'enfant lut le
Grec avec la même facilité, On lui présenta
des Manuscrits , il lisoit avec plus
ou moins de facilité , selon que le Grec
étoit écrit plus ou moins lisiblement. Ce
Religieux appela plusieurs de ses Confreres
, qui furent témoins du fait. Le Religieux
dont je parle , s'appelloit , si je ne
me trompe , Dom François Valeran , Il
seroit aisé de donner bien d'autres preu-
1
ves
MARS. 1731. 46 $
ves favorables au Systême du Bureau Ty
pographique ; mais j'ai honte de suivre
sérieusement la Lettre de ce Grammai
rien , qui vous a indigné. J'ai l'honneur
d'être , &c .
Fermer
Résumé : LETTRE d'un Philosophe de Provence à M** touchant la Lettre du prétendu Grammairien Provençal, sur le Bureau Tipographique.
En mars 1731, un philosophe de Provence répond à une critique adressée à un grammairien provençal concernant le Bureau Tipographique. L'auteur de la lettre conteste la légitimité de la critique, affirmant que le grammairien n'est ni provençal, ni grammairien, ni philosophe. Il suggère que la critique provient probablement d'un maître d'école jaloux de l'invention du Bureau Tipographique, un outil pédagogique innovant pour l'apprentissage de la lecture. L'auteur défend l'inventeur du Bureau Tipographique, affirmant que celui-ci n'agit pas par intérêt personnel et que son invention est bénéfique pour l'éducation des enfants. Il réfute les accusations de charlatanisme, soulignant que l'inventeur ne trompe pas le public et que les enfants s'instruisent effectivement avec cet outil. La lettre critique également les objections du grammairien, notamment sur la taille du Bureau et les méthodes d'apprentissage. L'auteur fournit des preuves concrètes de l'efficacité du Bureau Tipographique, mentionnant un exemple où un enfant a lu des textes en latin, hébreu, grec et français avec facilité. Il conclut en exprimant son mépris pour les critiques infondées et en affirmant la validité de l'invention.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 553-556
Bibliotheque Grammaticale, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE GRAMMATICALE, qui contient les Livres nécessaires pour enseigner à [...]
Mots clefs :
Bibliothèque grammaticale, Enseigner, Écoliers, Éducation de la jeunesse, Arts libéraux, Langues, Église gallicane, République des Lettres, Dissertations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Grammaticale, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE GRAMMATICALE,
qui contient les Livres nécessaires pour
enseigner à lire le Latin et le François aux
petits enfans , et pour leur enseigner le
Latin quand ils aprennent à lire. Par M.
de Vallange . Au Palais , et Quai des Augustins
, chez Mesnier et Antoine Gandonin
1731. brochure de 24. pages.
354 MERCURE DE FRANCE
Toujours abondant en flateuses promesşes
, l'Auteur plein de zele et de tendres
sentimens pour les Ecoliers en fait ici de
nouvelles , et commence ce petit Ouvrage
par la description de la Bibliotheque
Grammaticale , avec son usage propre aux
Académiciennes , chargées de l'éducation de
la Jeunesse. Ne vous pressez pas , dit- il
à ces Dames , de le faire lire dans le Catechisme
, ce Livre doit être respecté ; il ne
ke faut mettre entre les mains des enfans que
quand on voit qu'ils sont capables d'en faire
an bon usage. La lecture des livres de pieté
ne doit pas être mêlée avec les ferules et le
fouet. La haine que l'on a des corrections
passe bientôt aux sujets qui sont la cause de
Ces corrections.
.M. de Vallange trouve qu'il est à propos
de séparer les petits garçons des petites filles
dès la plus tendre Feunesse , comme il convient
de séparer les enfans des Magistrats
et dela Noblesse d'avec les enfans des Bourgeois
; les enfans de familledoivent être sepa→
rés des enfans du petit peuple. Je vous donnerai
¸dit-il, incessamment les moyens de leur enseigner
toutes les Sciences et beaucoup d'Arts
Liberaux et Mécaniques ... Par le moyen
de mes Méthodes que vous pourrez mettre en
pratique , ces enfans au sortir de vos mains
pourront être en état de se passer de maîtres
pour apprendre toutes les Sciences , toutes les
Langues
MARS . 1731. 353
Langues et tous les Arts ; ils seront même en
état de gagner leur vie.
,
Pour enseigner aux personnes qui ont le
jugement formé , je vous donnerai des méthodes
, dit- il aux Maîtres d'école qui
vous mettront en état de leur enfeigner l'Or
thographe , le Latin , l'Arithmetique , la
Géometrie et toutes les Parties des Mathé
matiques , et même le deffein , quand même
vous ne le fçauriez pas.
HISTOIRE DE L'EGLISE GALLICANE
, dédiée à Messeigneurs du Clergé
Par le Pere Jacques Longueval , de la Compagnie
de Jesus. A Paris , rue de la Har
pe , chez P. Simon , 1730. 4. Vol. in 4.
LE THEATRE DES GRECS. Par le
Pere Brumoy , de la Compagnie de Jesus.
Quay des Augustins et Rue S. Facques ,
chez Rollin pere et fils , et chez J. B. Coi
gnard fils , 1730. 3. Vol. in 4.
Ce laborieux Ouvrage , aussi curieux
qu'utile à la République des Lettres , est
extrêmement goûté. Nous tâcherons d'en
donner un Extrait.
HISTOIRE DE L'EGLISE DE MEAUX,
avec des Notes ou Dissertations et les Piéees
justificatives ; on y a joint un Recueil
complet des Statuts Synodaux de la même
Eglise ,
356 MERCURE DE FRANCE
Église , divers Catalogues des Evêques ,
Généraux d'Ordre , Abbés et Abbesses du
Diocèse , et un Poüillé exact . Par Dom
Touffaint Dupleffis , Bénédictin de la Congrégation
de S. Maur , Auteur de l'Histoire
de Couci. A Paris , chez Giffart , ruë
S. Jacques , et Gandoüin , Quay de Conti,
#731. 2. Vol. in 4.
qui contient les Livres nécessaires pour
enseigner à lire le Latin et le François aux
petits enfans , et pour leur enseigner le
Latin quand ils aprennent à lire. Par M.
de Vallange . Au Palais , et Quai des Augustins
, chez Mesnier et Antoine Gandonin
1731. brochure de 24. pages.
354 MERCURE DE FRANCE
Toujours abondant en flateuses promesşes
, l'Auteur plein de zele et de tendres
sentimens pour les Ecoliers en fait ici de
nouvelles , et commence ce petit Ouvrage
par la description de la Bibliotheque
Grammaticale , avec son usage propre aux
Académiciennes , chargées de l'éducation de
la Jeunesse. Ne vous pressez pas , dit- il
à ces Dames , de le faire lire dans le Catechisme
, ce Livre doit être respecté ; il ne
ke faut mettre entre les mains des enfans que
quand on voit qu'ils sont capables d'en faire
an bon usage. La lecture des livres de pieté
ne doit pas être mêlée avec les ferules et le
fouet. La haine que l'on a des corrections
passe bientôt aux sujets qui sont la cause de
Ces corrections.
.M. de Vallange trouve qu'il est à propos
de séparer les petits garçons des petites filles
dès la plus tendre Feunesse , comme il convient
de séparer les enfans des Magistrats
et dela Noblesse d'avec les enfans des Bourgeois
; les enfans de familledoivent être sepa→
rés des enfans du petit peuple. Je vous donnerai
¸dit-il, incessamment les moyens de leur enseigner
toutes les Sciences et beaucoup d'Arts
Liberaux et Mécaniques ... Par le moyen
de mes Méthodes que vous pourrez mettre en
pratique , ces enfans au sortir de vos mains
pourront être en état de se passer de maîtres
pour apprendre toutes les Sciences , toutes les
Langues
MARS . 1731. 353
Langues et tous les Arts ; ils seront même en
état de gagner leur vie.
,
Pour enseigner aux personnes qui ont le
jugement formé , je vous donnerai des méthodes
, dit- il aux Maîtres d'école qui
vous mettront en état de leur enfeigner l'Or
thographe , le Latin , l'Arithmetique , la
Géometrie et toutes les Parties des Mathé
matiques , et même le deffein , quand même
vous ne le fçauriez pas.
HISTOIRE DE L'EGLISE GALLICANE
, dédiée à Messeigneurs du Clergé
Par le Pere Jacques Longueval , de la Compagnie
de Jesus. A Paris , rue de la Har
pe , chez P. Simon , 1730. 4. Vol. in 4.
LE THEATRE DES GRECS. Par le
Pere Brumoy , de la Compagnie de Jesus.
Quay des Augustins et Rue S. Facques ,
chez Rollin pere et fils , et chez J. B. Coi
gnard fils , 1730. 3. Vol. in 4.
Ce laborieux Ouvrage , aussi curieux
qu'utile à la République des Lettres , est
extrêmement goûté. Nous tâcherons d'en
donner un Extrait.
HISTOIRE DE L'EGLISE DE MEAUX,
avec des Notes ou Dissertations et les Piéees
justificatives ; on y a joint un Recueil
complet des Statuts Synodaux de la même
Eglise ,
356 MERCURE DE FRANCE
Église , divers Catalogues des Evêques ,
Généraux d'Ordre , Abbés et Abbesses du
Diocèse , et un Poüillé exact . Par Dom
Touffaint Dupleffis , Bénédictin de la Congrégation
de S. Maur , Auteur de l'Histoire
de Couci. A Paris , chez Giffart , ruë
S. Jacques , et Gandoüin , Quay de Conti,
#731. 2. Vol. in 4.
Fermer
Résumé : Bibliotheque Grammaticale, &c. [titre d'après la table]
En 1730 et 1731, plusieurs ouvrages et articles ont été publiés. La 'Bibliothèque Grammaticale' de M. de Vallange, parue en 1731, vise à enseigner le latin et le français aux enfants. L'auteur conseille de ne pas associer la lecture des livres de piété aux corrections corporelles et recommande de séparer les enfants selon leur sexe et leur statut social. Il propose également des méthodes pour enseigner diverses sciences et arts, favorisant l'autonomie des enfants dans leur apprentissage. Le 'Mercure de France' mentionne d'autres œuvres, telles que 'Histoire de l'Église Gallicane' de Jacques Longueval, 'Le Théâtre des Grecs' de Brumoy, et 'Histoire de l'Église de Meaux' de Dom Touffaint Dupleffis. Ces publications sont qualifiées de curieuses et utiles pour la République des Lettres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 692-701
RÉPONSE d'un partisan de la nouvèle ortografe, et du bureau tipografique à la lètre d'un gramaìrien de Provance, datée de Véntabrén le 2. d'octobre 1730. et insérée dans le Mercure du mois de Janvier 1731.
Début :
Bièn des jans sansés, Monsieur, ont cru que votre critique étoìt une fixion [...]
Mots clefs :
Nouvelle orthographe, Bureau typographique, Critique, Méthode, Réponse, Expérience, Innovation, Système
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE d'un partisan de la nouvèle ortografe, et du bureau tipografique à la lètre d'un gramaìrien de Provance, datée de Véntabrén le 2. d'octobre 1730. et insérée dans le Mercure du mois de Janvier 1731.
REPONSE d'un partisan de la nouvèle
ortografe , et du bureau tipografique
à la letre d'un gramairien de Provance
, datée de Ventabrén le 2. d'octobre
1730. et insérée dans le Mercure du
mois de Janvier 1731 .
' èn des jins sansés , Monsieur , ont
Betcru que votre critique étoit une fixion
de l'auteur des lètres sur la bibliotèque
des anfans ; d'autres ont dit qu'elle
étoit sortie d'un fameus colège , et sans
aucun fondemant l'ont atribuée à un très
habile professeur , dont la vraie critique
n'a
AVRIL. 1731. 693
n'a paru que dans le mois de fevrier.
De quelque androit qu'elle viène , d'autres
l'aïant trouvée pitoyable , ont dit
que ce seroit lui faire trop d'honeur que
d'y répondre sérieusement : d'autres , et
c'est le vulgaire , ont cru que par cette
critique le bureau aloit ètre ranversé de
fond en conble. La réponse n'est donc
nécessaire que pour ceus qui donent toujours
l'avantage au dernier qui parle ; mais
meritent- ils cette atancion ? oui , il faut
écouter tout le monde , bien loin de rebuter
quelcun ; le nonbre des persones
prévenues contre les nouvèles métodes , et
des adversaires du bureau tipografique ,
n'est ancore que trop grand , il faut avoir
de la condesçandance mème pour les esprits
les plus foibles , c'est donc en leur
faveur que je done cette petite réponse
assés inutile pour les vrais lecteurs qui
lisent avec reflexion .
Les homes divisés presque sur tout ,
ne le sont pas moins sur la nature deş
critiques et sur celle des ouvrages critiqués
. Les uns croient que les meilleurs
t livres gagnent par les critiques , ils n'en
exceptent pas le Cid , et les autres pensent
qu'une critique augmante toujours
en quelque manière la prévansion de la
splupart des lecteurs , mème sur la Pucelle
, etc. il pouroit y avoir du vrai dans
ces
394 MERCURE DE FRANCE
ces deus jugemans , les combinaisons du
fisic et du moral ou des circonstances an
décident ordinairemant.
Quoiqu'il an soit , on étoit déja surpris
qu'il n'ût paru aucun adversaire contre
la métode du bureau tipografique , anoncée
et expliquée dans tous les Mercures de
France , depuis le segond volume de juîn
dernier car le préjujé pour mètre tout
à profit , tire d'abor avantage du silance
gardé sur la nouveauté de quelque métode
, et conclut de ce silance , qu'elle ne
merite pas d'être critiquée : et si au contraire
il paroit des critiques , les esprits
prévenus ne saisissent et n'adoptent gue
res de ces critiques , que les raisons specieuses
qui paroissent favorables à leur
prévansion ; aveuglés sur la suite des plus
forts raisonemans , ils s'acoutument à une
espece de voile au travers duquel ne peuvent
passer les rayons les plus lumineus .
Si l'on avoit done gardé un profond
silance sur la métode du bureau tipografique
, beaucoup de persones l'auroint
peut- être mise au rang des métodes avanturées
, dont la seule lecture a dégouté et
mal prévenu le public , c'est donc un
avantage pour le sistème tipografique de
trouver des adversaires , qui contre leur
insinuation , randent le bureau plus conu
et plus recherché , après la lecture des
critiques et des réponses.
AVRIL. 1731.
69.5
Pour revenir à votre lètre , j'aurai l'honeur
de vous dire , Monsieur , que la cour
et la vile en donant favorablement audiance
aus diferans invanteurs an fait
d'art et de sciance , prouvent le bon gour
du siecle et celui du ministre. Les plus
grans personages du royaume , santent la
foiblesse de l'esprit humain , ils voient
tous les jours les besoins où nous somes
de cantité de choses pour la comodité
du public , devez -vous donc ètre surpris
d'aprendre qu'ils écoutent tout ce qu'on
leur propose; qu'ils donent toujours du
courage , souvant des éloges et mème
quelquefois des récompanses aus homes
ingenieus et invantifs , cette généreuse
conduite de la part des grans et de la
cour , inspire de nobles sentimens d'émulation
et nous raproche peu à peu de
la perfection des arts. il n'y a rien là qui
ne fasse honeur aus protecteurs et aus persones
protegées. Les plaintes contre les
abus et l'imperfection des métodes vulgaires
sont des mieus fondées , le mal est
reconu du public qui en fait l'experiance,
cela vous regarde , Monsieur, et м vos confreres
, il s'agit de trouver du remede au
mal conu , et c'est la principale fin que
s'est proposée l'auteur du sistème tipogra
fique.
rs
Je n'antre point dans le détail des afi
ches
696 MERCURE DE FRANCE
ches qui promètent des miracles literaires
, et dont vous paroissés scandalisé ,
mais j'aurois du moins souhaité que vous
ussiés atandu d'ètre mieus instruit sur la
métode du bureau tipografique , que vous
ussiés un peu plus médité votre matiere,
ou un peu plus déferé au témoignage de
l'experiance , car c'est la meilleure des afiches.
Bien loin de vous contanter de simples
exclamacions et de lieus comuns qui
ne prouvent rien , vous auriés du ataquer
le fond du sistème tipografique , mais
coment ataquer ce qu'on ne comprant
pas ? tâchez donc de comprandre , je me
Alate que la lecture des neuf lètres sur la
bibliotèque des enfans vous donera tous
les éclaircissemans que vous demandés ; il
vous est licite et permis , au reste , d'ètre
dificile et peu crédule sur les ouvrages des
nouvèles métodes , mais vous me permetrés
, s'il vous plait , de vous dire que
vous ne devriés pas paroître si extasié des
vieilles métodes dont le decri est de notorieté
publique dans votre province et
peut ètre à Véntabrén mème .
Un critique , M. a beau vouloir faire
le plaisant , il n'est pas toujours sur d'avoir
les rieurs de son côté . voici ce qu'une
persone d'esprit, après avoir lu votre critique
, écrivit à l'auteur des lètres sur la
bibliotèque des enfans.
Je
AVRIL: 1731. 697
Je vous fais mon conpliment , monsieur , sur
la bèle satire que j'ai lue contre vous dans le mercure
de France du mois de janvier ; je ne saí si avec
votre bon esprit vous feriés mieus santir le faus
et le ridicule de ces critiques et de leurs métodes
que le fait cette lètre , quel domage si on l'avoit
suprimée ! il est pourtant vrai que c'est le conble
de l'extravagance.
Je vois avec regret que vous n'avés
pas bien conpris ce que l'auteur a dit sur
l'ortografe des sons ou de l'oreille , vous
avés cela de comun avec le plus grand
nonbre des maîtres de paris mème , come
vous , ils se scandalisent , ils s'anportent,
ils donent des sènes dignes du métier ,
plutôt que de rougir utilemant , et de
songer à s'instruire , du moins en secret ,
de ce qu'ils ignorent , la chose leur seroit
aisée , puisque des enfans en peu de
mois devienent docteurs sur l'article
des sons de la langue et de l'ortografe
de l'oreille qui doit préceder la pratique
de l'ortografe des ïeus et de
l'usage. ces maitres prévenus et obstinés
autant que vous pouriez l'ètre , bien loin
de dire au Seigneur , Domine ut videam ,
apèlent lumiere leurs propres tenèbres et
ne font que batre la campagne sans comprandre
, sans saisir , sans retenir et sans
Suivre le point essenciel du burau tipografique.
vous serés peut- être convaincu
de cette verité quand vous aurés lu les
derniers мercures. D Je
*
698 MERCURE DE FRANCE
Je ne saí quelle idée vous avés du mot
charlatan , mais je doute que vous vou-
Jussiés califier ainsi un home qui au lieu
d'aler chés lui ou dans votre voisinage
jouir de toutes les comodités de la vie
et de la douceur du climat , soufre patiament
le rude séjour de paris dans la
seule esperanse de faire gouter au public
l'ouvrage qu'il souhaite de lui ofrir ; un
home qui emploie ses épargnes à faire
copier , graver , imprimer bien des choses
qu'il distribue ansuite gratis aus rìches
come aus pauvres , aus enemis come
aus amis du burau tipografique , ainsi
qu'il l'a déja pratiqué à l'égard de la brochure
donée en 1711. sur la transposition
de la musique instrumentale ; un home
qui bien loin de demander ou d'accepter
le privilege exclusif pour la vante
des buraus et de leurs garnitures , ofre
de mettre tout le monde au fait de cet
ouvrage et de cette métode ; enfin un
home qui jusqu'ici n'a pas touché un sou
pour les buraus et qui au contraire les a
pretés à ceus qui an ont voulu faire l'experiance.
si vous disiés qu'un tel auteur
est frapé et entousiasme de son ouvrage
et de la chimere du bien public , votre
reflexion aus feus de bien des jans auroit
pour lors plus de fondemant ; mais c'est
une injustice de confondre sous le nomde
charAVRI
L.. 1731.
699
charlatan , ccus qui agissent de bone foi
et par gout pour le bien public.
Vous n'ètes pas plus heureus , M. dans
le comentaire sur la celebre Charmante
de la foire , que sur l'ortografe des sons
que vous ignorés come le plus grand nonbre
de м M. vos confreres. il apert donc
visiblement que vous ne vous ètes jamais
élevé au- dessus de la métode vulgaire et
que vous devriés la respecter cette métode
, mème dans la fameuse chiène , car
je doute qu'une bète dressée par un maitre
ordinaire , pût jamais operer selon le
sistème des sons aussi aisément que selon
le sistème des lètres ; mais remarqués ,
s'il vous plaît , que la métode d'inprimer
lètre à lètre et de ranger , par example ,
sèt cartes pour le mot ouaille , est propremant
la métode vulgaire , la métode
de la chiène lètrée , ou la vôtre qui est
la segonde et moindre des quatre classes
du burau tipografique ; c'est pourquoi
l'auteur conseille de la passer vite come
presque inutile et peu instructive , au lieu
qu'inprimant son à son , et selon la troisième
classe du burau , un enfant de trois
à quatre ans ne metra que trois cartes
pour les trois sons du mot ou- a- ille , lequel
exercice done d'abord la lecture ,
puisque nomer les trois sons ou - a- ille , oų
lire le mot ouaille , c'est la mème chose ,
D ij apa-
380106
700 MERCURE DE FRANCE
aparamant vous ne comprandrés pas ceci ,
et la posterité canine ne poura jamais antreprandre
de l'imiter, que quand ce sistèmedes
sons sera devenu vulgaire.
Je ne vous suis point , M..dans toutes
vos reflexions , elles ont été faites à paris
come à Véntabrén , il y a ici du préjugé,
de la prévention , ect. mais il y a aussi
du gout pour la verité , pour la justice
et pour le bien public , après tout je me
flate que la suite des Mercures et la critique
du savant professeur anonime de
l'université de Paris , vous auront réconcilié
avec le burau tipografique , suposé
que vous soyés bien intancioné et que
vous aimiés la verité , sur tout quand vous
aprandrés par le témoignage mème de
cet habile professeur , que des principaus
de mérite et des plus respectables de l'université
ont laissé introduire l'usage du
burau dans leurs colèges , si malgré cette
de fait et d'autorité , preuve assés
forte pour les maitres qui se piquent bien
plus de latinité et d'autorité que de justesse
de raisonement , si malgré votre
droiture et ce témoignage de la bouche
d'un critique home d'esprit et de merite,
vous regimbés contre l'aiguillon , s'il
vous reste quelque doute et que vous en
fassiés part au public , je tacheraí d'y répondre
de mon mieus , dans la vue de
preuve
conAVRIL.
1731. 701
concourir à la perfection du sistème tipografique
et de vous persuader combien
je suis , etc.
D'un Cabinet tipografique ce 26.Mars 1731
ortografe , et du bureau tipografique
à la letre d'un gramairien de Provance
, datée de Ventabrén le 2. d'octobre
1730. et insérée dans le Mercure du
mois de Janvier 1731 .
' èn des jins sansés , Monsieur , ont
Betcru que votre critique étoit une fixion
de l'auteur des lètres sur la bibliotèque
des anfans ; d'autres ont dit qu'elle
étoit sortie d'un fameus colège , et sans
aucun fondemant l'ont atribuée à un très
habile professeur , dont la vraie critique
n'a
AVRIL. 1731. 693
n'a paru que dans le mois de fevrier.
De quelque androit qu'elle viène , d'autres
l'aïant trouvée pitoyable , ont dit
que ce seroit lui faire trop d'honeur que
d'y répondre sérieusement : d'autres , et
c'est le vulgaire , ont cru que par cette
critique le bureau aloit ètre ranversé de
fond en conble. La réponse n'est donc
nécessaire que pour ceus qui donent toujours
l'avantage au dernier qui parle ; mais
meritent- ils cette atancion ? oui , il faut
écouter tout le monde , bien loin de rebuter
quelcun ; le nonbre des persones
prévenues contre les nouvèles métodes , et
des adversaires du bureau tipografique ,
n'est ancore que trop grand , il faut avoir
de la condesçandance mème pour les esprits
les plus foibles , c'est donc en leur
faveur que je done cette petite réponse
assés inutile pour les vrais lecteurs qui
lisent avec reflexion .
Les homes divisés presque sur tout ,
ne le sont pas moins sur la nature deş
critiques et sur celle des ouvrages critiqués
. Les uns croient que les meilleurs
t livres gagnent par les critiques , ils n'en
exceptent pas le Cid , et les autres pensent
qu'une critique augmante toujours
en quelque manière la prévansion de la
splupart des lecteurs , mème sur la Pucelle
, etc. il pouroit y avoir du vrai dans
ces
394 MERCURE DE FRANCE
ces deus jugemans , les combinaisons du
fisic et du moral ou des circonstances an
décident ordinairemant.
Quoiqu'il an soit , on étoit déja surpris
qu'il n'ût paru aucun adversaire contre
la métode du bureau tipografique , anoncée
et expliquée dans tous les Mercures de
France , depuis le segond volume de juîn
dernier car le préjujé pour mètre tout
à profit , tire d'abor avantage du silance
gardé sur la nouveauté de quelque métode
, et conclut de ce silance , qu'elle ne
merite pas d'être critiquée : et si au contraire
il paroit des critiques , les esprits
prévenus ne saisissent et n'adoptent gue
res de ces critiques , que les raisons specieuses
qui paroissent favorables à leur
prévansion ; aveuglés sur la suite des plus
forts raisonemans , ils s'acoutument à une
espece de voile au travers duquel ne peuvent
passer les rayons les plus lumineus .
Si l'on avoit done gardé un profond
silance sur la métode du bureau tipografique
, beaucoup de persones l'auroint
peut- être mise au rang des métodes avanturées
, dont la seule lecture a dégouté et
mal prévenu le public , c'est donc un
avantage pour le sistème tipografique de
trouver des adversaires , qui contre leur
insinuation , randent le bureau plus conu
et plus recherché , après la lecture des
critiques et des réponses.
AVRIL. 1731.
69.5
Pour revenir à votre lètre , j'aurai l'honeur
de vous dire , Monsieur , que la cour
et la vile en donant favorablement audiance
aus diferans invanteurs an fait
d'art et de sciance , prouvent le bon gour
du siecle et celui du ministre. Les plus
grans personages du royaume , santent la
foiblesse de l'esprit humain , ils voient
tous les jours les besoins où nous somes
de cantité de choses pour la comodité
du public , devez -vous donc ètre surpris
d'aprendre qu'ils écoutent tout ce qu'on
leur propose; qu'ils donent toujours du
courage , souvant des éloges et mème
quelquefois des récompanses aus homes
ingenieus et invantifs , cette généreuse
conduite de la part des grans et de la
cour , inspire de nobles sentimens d'émulation
et nous raproche peu à peu de
la perfection des arts. il n'y a rien là qui
ne fasse honeur aus protecteurs et aus persones
protegées. Les plaintes contre les
abus et l'imperfection des métodes vulgaires
sont des mieus fondées , le mal est
reconu du public qui en fait l'experiance,
cela vous regarde , Monsieur, et м vos confreres
, il s'agit de trouver du remede au
mal conu , et c'est la principale fin que
s'est proposée l'auteur du sistème tipogra
fique.
rs
Je n'antre point dans le détail des afi
ches
696 MERCURE DE FRANCE
ches qui promètent des miracles literaires
, et dont vous paroissés scandalisé ,
mais j'aurois du moins souhaité que vous
ussiés atandu d'ètre mieus instruit sur la
métode du bureau tipografique , que vous
ussiés un peu plus médité votre matiere,
ou un peu plus déferé au témoignage de
l'experiance , car c'est la meilleure des afiches.
Bien loin de vous contanter de simples
exclamacions et de lieus comuns qui
ne prouvent rien , vous auriés du ataquer
le fond du sistème tipografique , mais
coment ataquer ce qu'on ne comprant
pas ? tâchez donc de comprandre , je me
Alate que la lecture des neuf lètres sur la
bibliotèque des enfans vous donera tous
les éclaircissemans que vous demandés ; il
vous est licite et permis , au reste , d'ètre
dificile et peu crédule sur les ouvrages des
nouvèles métodes , mais vous me permetrés
, s'il vous plait , de vous dire que
vous ne devriés pas paroître si extasié des
vieilles métodes dont le decri est de notorieté
publique dans votre province et
peut ètre à Véntabrén mème .
Un critique , M. a beau vouloir faire
le plaisant , il n'est pas toujours sur d'avoir
les rieurs de son côté . voici ce qu'une
persone d'esprit, après avoir lu votre critique
, écrivit à l'auteur des lètres sur la
bibliotèque des enfans.
Je
AVRIL: 1731. 697
Je vous fais mon conpliment , monsieur , sur
la bèle satire que j'ai lue contre vous dans le mercure
de France du mois de janvier ; je ne saí si avec
votre bon esprit vous feriés mieus santir le faus
et le ridicule de ces critiques et de leurs métodes
que le fait cette lètre , quel domage si on l'avoit
suprimée ! il est pourtant vrai que c'est le conble
de l'extravagance.
Je vois avec regret que vous n'avés
pas bien conpris ce que l'auteur a dit sur
l'ortografe des sons ou de l'oreille , vous
avés cela de comun avec le plus grand
nonbre des maîtres de paris mème , come
vous , ils se scandalisent , ils s'anportent,
ils donent des sènes dignes du métier ,
plutôt que de rougir utilemant , et de
songer à s'instruire , du moins en secret ,
de ce qu'ils ignorent , la chose leur seroit
aisée , puisque des enfans en peu de
mois devienent docteurs sur l'article
des sons de la langue et de l'ortografe
de l'oreille qui doit préceder la pratique
de l'ortografe des ïeus et de
l'usage. ces maitres prévenus et obstinés
autant que vous pouriez l'ètre , bien loin
de dire au Seigneur , Domine ut videam ,
apèlent lumiere leurs propres tenèbres et
ne font que batre la campagne sans comprandre
, sans saisir , sans retenir et sans
Suivre le point essenciel du burau tipografique.
vous serés peut- être convaincu
de cette verité quand vous aurés lu les
derniers мercures. D Je
*
698 MERCURE DE FRANCE
Je ne saí quelle idée vous avés du mot
charlatan , mais je doute que vous vou-
Jussiés califier ainsi un home qui au lieu
d'aler chés lui ou dans votre voisinage
jouir de toutes les comodités de la vie
et de la douceur du climat , soufre patiament
le rude séjour de paris dans la
seule esperanse de faire gouter au public
l'ouvrage qu'il souhaite de lui ofrir ; un
home qui emploie ses épargnes à faire
copier , graver , imprimer bien des choses
qu'il distribue ansuite gratis aus rìches
come aus pauvres , aus enemis come
aus amis du burau tipografique , ainsi
qu'il l'a déja pratiqué à l'égard de la brochure
donée en 1711. sur la transposition
de la musique instrumentale ; un home
qui bien loin de demander ou d'accepter
le privilege exclusif pour la vante
des buraus et de leurs garnitures , ofre
de mettre tout le monde au fait de cet
ouvrage et de cette métode ; enfin un
home qui jusqu'ici n'a pas touché un sou
pour les buraus et qui au contraire les a
pretés à ceus qui an ont voulu faire l'experiance.
si vous disiés qu'un tel auteur
est frapé et entousiasme de son ouvrage
et de la chimere du bien public , votre
reflexion aus feus de bien des jans auroit
pour lors plus de fondemant ; mais c'est
une injustice de confondre sous le nomde
charAVRI
L.. 1731.
699
charlatan , ccus qui agissent de bone foi
et par gout pour le bien public.
Vous n'ètes pas plus heureus , M. dans
le comentaire sur la celebre Charmante
de la foire , que sur l'ortografe des sons
que vous ignorés come le plus grand nonbre
de м M. vos confreres. il apert donc
visiblement que vous ne vous ètes jamais
élevé au- dessus de la métode vulgaire et
que vous devriés la respecter cette métode
, mème dans la fameuse chiène , car
je doute qu'une bète dressée par un maitre
ordinaire , pût jamais operer selon le
sistème des sons aussi aisément que selon
le sistème des lètres ; mais remarqués ,
s'il vous plaît , que la métode d'inprimer
lètre à lètre et de ranger , par example ,
sèt cartes pour le mot ouaille , est propremant
la métode vulgaire , la métode
de la chiène lètrée , ou la vôtre qui est
la segonde et moindre des quatre classes
du burau tipografique ; c'est pourquoi
l'auteur conseille de la passer vite come
presque inutile et peu instructive , au lieu
qu'inprimant son à son , et selon la troisième
classe du burau , un enfant de trois
à quatre ans ne metra que trois cartes
pour les trois sons du mot ou- a- ille , lequel
exercice done d'abord la lecture ,
puisque nomer les trois sons ou - a- ille , oų
lire le mot ouaille , c'est la mème chose ,
D ij apa-
380106
700 MERCURE DE FRANCE
aparamant vous ne comprandrés pas ceci ,
et la posterité canine ne poura jamais antreprandre
de l'imiter, que quand ce sistèmedes
sons sera devenu vulgaire.
Je ne vous suis point , M..dans toutes
vos reflexions , elles ont été faites à paris
come à Véntabrén , il y a ici du préjugé,
de la prévention , ect. mais il y a aussi
du gout pour la verité , pour la justice
et pour le bien public , après tout je me
flate que la suite des Mercures et la critique
du savant professeur anonime de
l'université de Paris , vous auront réconcilié
avec le burau tipografique , suposé
que vous soyés bien intancioné et que
vous aimiés la verité , sur tout quand vous
aprandrés par le témoignage mème de
cet habile professeur , que des principaus
de mérite et des plus respectables de l'université
ont laissé introduire l'usage du
burau dans leurs colèges , si malgré cette
de fait et d'autorité , preuve assés
forte pour les maitres qui se piquent bien
plus de latinité et d'autorité que de justesse
de raisonement , si malgré votre
droiture et ce témoignage de la bouche
d'un critique home d'esprit et de merite,
vous regimbés contre l'aiguillon , s'il
vous reste quelque doute et que vous en
fassiés part au public , je tacheraí d'y répondre
de mon mieus , dans la vue de
preuve
conAVRIL.
1731. 701
concourir à la perfection du sistème tipografique
et de vous persuader combien
je suis , etc.
D'un Cabinet tipografique ce 26.Mars 1731
Fermer
Résumé : RÉPONSE d'un partisan de la nouvèle ortografe, et du bureau tipografique à la lètre d'un gramaìrien de Provance, datée de Véntabrén le 2. d'octobre 1730. et insérée dans le Mercure du mois de Janvier 1731.
Le texte est une réponse à une lettre critique adressée à un partisan de la nouvelle orthographe et du bureau typographique. La lettre critique, datée d'octobre 1730, a suscité diverses réactions, certaines attribuant la critique à des sources spécifiques, d'autres la jugeant pitoyable ou exagérée. L'auteur de la réponse décide d'y répondre pour apaiser les esprits prévenus contre les nouvelles méthodes et pour clarifier les malentendus. Les opinions sur les critiques et les ouvrages critiqués sont divisées. Certains pensent que les critiques améliorent les livres, tandis que d'autres estiment qu'elles augmentent les préventions des lecteurs. L'auteur note que le silence sur la méthode typographique pourrait la faire passer pour aventureuse, mais que les critiques, même négatives, augmentent sa notoriété. La réponse souligne également le soutien de la cour et des grands personnages du royaume aux innovations, soulignant la nécessité de trouver des remèdes aux imperfections des méthodes vulgaires. L'auteur regrette que le critique n'ait pas mieux compris la méthode typographique et l'invite à lire les lettres sur la bibliothèque des enfants pour s'éclairer. Le texte mentionne une personne d'esprit qui, après avoir lu la critique, écrit à l'auteur des lettres sur la bibliothèque des enfants pour souligner l'extravagance de la critique. Cette personne critique les maîtres de Paris qui, comme le critique, ne comprennent pas l'orthographe des sons et préfèrent se scandaliser plutôt que de s'instruire. L'auteur de la réponse défend le bureau typographique en soulignant les efforts et les sacrifices de son promoteur, qui distribue gratuitement ses ouvrages et offre de partager sa méthode sans demander de privilège exclusif. Il critique également le manque de compréhension du critique sur des sujets comme l'orthographe des sons et la méthode vulgaire d'impression lettre à lettre. Enfin, l'auteur exprime l'espoir que la suite des Mercures et la critique d'un professeur anonyme de l'Université de Paris réconcilieront le critique avec le bureau typographique, surtout si ce dernier est bien intentionné et aime la vérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 1307-1308
Méthode pour commencer les Humanitez Grecques et Latines, [titre d'après la table]
Début :
La nuit du 24. au 25. Mars 200. Janissaires allerent enfoncer la maison du Janissaire [...]
Mots clefs :
Humanités grecques et latines, Collèges, Université de Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Méthode pour commencer les Humanitez Grecques et Latines, [titre d'après la table]
DES BEAUX ARTS , &c. 3
M *
ETHODE pour commencer les
Humanitez Grecques et Latines
contenant des avis très judicieux et fort
utiles aux Regens , Précepteurs et au
tres personnes employées à former les
Enfans aux Belles - Lettres . Par M. le Fe
vre de Saumur. Avec des Notes et des
Lettres sur la maniere de les enseigner
dans les Colleges , par M. Gaullyer , Pro
fesseur en l'Université de Paris , au Col
lege du Plessis - Sorbonne. A Paris , che
la Veuve J. Bapt. Brocas , rue S. Jacques ,
et Claude Simon , rue Haute-feüille, 1731
in 12. de 136. pages , prix 15. sols.
Dans un Avertissement de deux pages,
on apprend que c'est ici une nouvelle
I. Vol E v Edition
1308 MERCURE DE FRANCE
Edition du Livre de M. le Févre . M, Gaul
lyer y a ajoûté quelques Notes , tant pour
l'éclaircissement de quelques endroits
que pour justifier la pratique des Colle
ges , dont M. le Févre parle assez libre
ment et assez peu favorablement. M. G..
espere de faire voir clairement que dans
les meilleurs la méthode d'enseigner les
Humanitez est aussi bonne que celle de
M. le F. et même , ajoûte-t'il , elle y a été
rendue plus parfaite en plusieurs points..
M *
ETHODE pour commencer les
Humanitez Grecques et Latines
contenant des avis très judicieux et fort
utiles aux Regens , Précepteurs et au
tres personnes employées à former les
Enfans aux Belles - Lettres . Par M. le Fe
vre de Saumur. Avec des Notes et des
Lettres sur la maniere de les enseigner
dans les Colleges , par M. Gaullyer , Pro
fesseur en l'Université de Paris , au Col
lege du Plessis - Sorbonne. A Paris , che
la Veuve J. Bapt. Brocas , rue S. Jacques ,
et Claude Simon , rue Haute-feüille, 1731
in 12. de 136. pages , prix 15. sols.
Dans un Avertissement de deux pages,
on apprend que c'est ici une nouvelle
I. Vol E v Edition
1308 MERCURE DE FRANCE
Edition du Livre de M. le Févre . M, Gaul
lyer y a ajoûté quelques Notes , tant pour
l'éclaircissement de quelques endroits
que pour justifier la pratique des Colle
ges , dont M. le Févre parle assez libre
ment et assez peu favorablement. M. G..
espere de faire voir clairement que dans
les meilleurs la méthode d'enseigner les
Humanitez est aussi bonne que celle de
M. le F. et même , ajoûte-t'il , elle y a été
rendue plus parfaite en plusieurs points..
Fermer
Résumé : Méthode pour commencer les Humanitez Grecques et Latines, [titre d'après la table]
Le document décrit une méthode pour enseigner les humanités grecques et latines, destinée aux régents, précepteurs et autres éducateurs. Rédigé par M. le Fèvre de Saumur, l'ouvrage inclut des notes et des lettres de M. Gaullyer, professeur à l'Université de Paris au Collège du Plessis-Sorbonne. Publié à Paris en 1731 par la Veuve J. Bapt. Brocas et Claude Simon, le livre compte 136 pages et est vendu 15 sols. L'avertissement initial mentionne qu'il s'agit d'une nouvelle édition du livre de M. le Fèvre. M. Gaullyer a ajouté des notes pour éclaircir certains passages et justifier les pratiques des collèges, que M. le Fèvre critique de manière défavorable. M. Gaullyer vise à démontrer que la méthode d'enseignement des humanités dans les meilleurs collèges est aussi bonne, voire plus parfaite que celle proposée par M. le Fèvre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 1498-1514
RÉFLEXIONS sur la Methode de M. le Fevre de Saumur, et sur les Notes de M. Gaullyer, Professeur de Quatriéme au College du Plessis-Sorbonne.
Début :
MR. Gaullyer se plaint de ce que ceux qu'il appelle les Charlatans de la [...]
Mots clefs :
Méthode, Professeur, Collège, Littérature, Charlatans, Déclinaisons, Grammaire, Composition, Explication, Philosophie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉFLEXIONS sur la Methode de M. le Fevre de Saumur, et sur les Notes de M. Gaullyer, Professeur de Quatriéme au College du Plessis-Sorbonne.
REFLEXIONS sur la Methode de
M. le Fevre de Saumur , et sur les Notes
de M. Gaullyer, Professeur de Quatriéme
au College du Plessis - Sorbonne.
M
R. Gaullyer se plaint de ce que ceux
qu'il appelle les Charlatans de la
menue Litterature ne font aucune ré
ponse aux déclamations qu'il vient de
faire contre eux sans aucune distinction .
Il attribuë ce silence à la même cause qui
a fait taire le sage M. Rollin : mais les
prétendus Charlatans ne présument pas
assés d'eux- mêmes pour se mettre de ni
veau avec M. Rollin : ainsi pour faire
connoître à M. Gaullyer le profond res
pect qu'ils ont pour lui , ils feront ici
quelques réflexions sur ses Notes .
7
Iº. Ils sont surpris que pour justifier
II. Vol. la
JUIN. 1731 1499
la pratique vulgaire , M. Gaullyer ait
fait imprimer la Methode de M. le Févre
qui condamne cette pratique ; mais après
tout quand nous sommes appelés à faire
imprimer , et que le public ne se prête
pas à notre vocation , que pouvons-nous
faire de mieux pour la remplir , que de
faire imprimer les Livres des autres ?
II° La Methode de M. le Fevre con
siste ,
1. A ne parlerde Grec ni de Latin aux
Enfans qu'ils n'ayent atteint au moins la
dixième année. ( pag. 4. )
2. Avant ce temps là , faire apprendre
à lire et à écrire sans se mettre fort en peine
de la beauté du caractère , ( pag. 4. ) il suf
fit qu'il lise bien son écriture. ( pag. 6. )
3. Quand l'Enfant a atteint l'âge de
dix ans , il est tems de commencer ,
pour moý , dit M. le Fevre , ( page 6. ).
je n'eusse appris Musa qu'à douze ans ,
mais je m'imaginai qu'avec le secours d'un
Précepteur, comme moi, il pourroit bien com
mencer deux ans devant.
quoyque
IC
4. Faire apprendre les déclinaisons &c.
et cela en grand papier , plié in 4 ° . et relié
proprement. ( pag. 9. )
5. Quand la Grammaire latine est ache
vée , qu'il est question de venir à la pratique
de cette Grammaire ; je me gardai bien , die
I I. Vol.
M.
1500 MERCURE DE FRANCE
que
M. le Fevre , ( pag. 20. ) de suivre la ma
niere l'on suit ordinairement , qui est de
commencer par la composition , c'est-à-dire ,
par les Thèmes, il n'y a rien , selon mon sens ,
qui nuise si fort à un enfant. M. le Fevre
s'étend beaucoup pour faire voir le peu
de raison qu'il y a dans cette pratique
des Thèmes , et soutient qu'il faut com
mencer par l'explication , c'est-à dire , par
une version de vive voix, qui soit nette , sim
ple , et sans aucune circonlocution . M. le
Fevre fait donc expliquer , et expliquer
jusqu'à extinction de chaleur naturelle.
Ce sont là les points principaux , telle
est , pour ainsi - dire , la charpente de la
Méthode de M. le Fevre : les réflexions
détaillées , dont chacun de ces points est
accompagné , ne changent rien au fond
de la Méthode.
Il ne seroit pas difficile de faire voir
que les Méthodes des prétendus Charla
tans de la menuë Litterature sont plus
conformes à celle de M. le Fevre , que
ne l'est celle de M. Gaullyer .
M. le Fevre dit avec raison , ( pag. 2 )
que sa Méthode ne s'accommode nullememt
avec la pratique des Colleges. Ceux qui di
ront cela , ajoute t'il , diront vray.
M. Gaullyer fait une Note pour
répondre à cet article ; mais sa réponse
II. Vol. RC
JUIN. 1731. I sor
ne satisfait pas ceux qui sçavent réduire les
difficultés à leur veritable point.
M. Gaullyer prétend 1 ° . que du tems
de M. le Fevre , c'est-à - dire , depuis l'an
1651 jusqu'en l'an 1672. les Colleges
étoient mal montés , c'est-à-dire , comme
il l'explique , remplis de Régens peu ha
biles. 2 ° . que les Auteurs Grecs et Latins
sont bien mieux distribués aujourd'huy
dans les six Classes d'humanité des Colle
ges , qu'ils ne l'étoient du tems de M. le
Fevre . Voilà en quoy consiste la répon
se de M. Gaullycr à cet article de M. le
Fevre. Un des Agresseurs des nouvelles
Méthodes , prétend que les Ecoliers du
siécle passé étoient au moins aussi habiles
que ceux d'aujourd'hui , et qu'à mesure
qu'on a vû des Méthodes nouvelles , on
a vû le nombre des Sçavans décroître ,
réflexions, ajoute - t'il ,du célébre M. Huet :
mais accordons à M. Gaullyer , puisque
tel est son bon plaisir, que les Regens d'au
jourd'huy sont plus habiles qu'ils ne
l'étoient du tems de M. le Fevre ; en effet
M. Gaullyer n'étoit pas de ce tems- là ,
il n'en sera pas plus avancé ; car la ques
tion se réduit à sçavoir si la Méthode que
l'on suit aujourd'hui , n'est pas au fond
* Mémoires de Trevoux ,May 1723.
}
II Vol.
la
1502 MERCURE DE FRANCÉ
la même que celle que l'on suivoit du
tems de M. le Fevre : faire expliquer Ho
race avant Virgile , ou Virgile avant Ho
race ; Ciceron avant Homére , ou Homé
re avant Ciceron , ce n'est pas en cela que
consiste la difference qu'il y avoit entre
la Méthode de M. le Fevre et celle des
Colleges de son tems : la principale diffe
rence étoit la Méthode commune
que
menoit au Latin par la composition des
Thèmes , et que M. le Fevre y menoit par
l'explication. Or cette différence éssen
tiéle subsiste encore aujourd'hui , donc
quand M. Gaullyer sera monté en Philo
sophie , on pourra luy faire ce raison
nement:
On ne peut pas dire, selon M. Gaullyer,
que la Méthode de M. le Fevre ne sait pas
bonne , elle est fondée sur la raison et l'expe
rience. Or ce qui distingue principalement
cette Méthode de celle des Colleges du
siécle passé et de ceux d'aujourd'hui , c'est
de mener à l'intelligence du Latin par la
voye de l'explication, plutôt que par celle
de la composition : donc la Méthode des
Colleges d'aujourd'hui , aussi bien que
celle des Colleges du siécle passé, n'est pas
la bonne en ce point essentiel , et est con
traire à celle de M. le Fevre , quoique
les Colleges soient mieux montés que ceux
de son tems .
En
JUIN. 1731. 1503
En un mot, on soutient que la Méthode
des Colleges d'aujourd'hui est la mème,
quant au fond , que celle des Colleges de
1672. Or M. le Fevre qui connoissoit sans
doute l'étendue et l'esprit de saMéthode ,
déclare d'abord que sa Méthode ne s'ac
commode nullement avec la pratique des
Colleges : donc il faut convenir que M.
Gaullyer n'a compris ni l'esprit ni l'éten- :
duë de la Methode de M. le Fevre. Car
enfin s'il l'a comprise , dans quelle vuë
osera- t'on le soupçonner de l'avoir fait
imprimer à ses dépens ?
A l'égard du tems qu'on doit commen
cer à étudier le Latin , M. le Fevre , com
me nous l'avons déja remarqué , ne veut
l'on commence avant
pas que
que l'enfant
ait atteint l'âge de dix ans. M. Gaullyer
remarque sçavament ( pag. 76. ) que comme
on dressé de bonne heure les jeunes Veaux
et les petits poulains pour l'exercice de la
Campagne , de même dès que les Enfans
peuvent parler , on doit leur enseigner à
lire ensuite à écrire , et même plusieurs
choses qui sont à leur portée , par exemple
ce qu'il y a de plusfacile dans la Géographie
la Chronologie , et l'Histoire . Ce sentiment ,
dit-il , ( pag. 77. ) n'est pas contraire pour
le fonds à celui de M. le Fevre ; car tout
se que prétend M. le Fevre , c'est qu'on ne
.
II.Vol.
commerce
1504 MERCURE DE FRANCE
›
commence qu'à dix ou douze ans , c'est-à
dire , qu'on ne leur fasse pas apprendre plû
tôt les principes du Latin et du Grec ; ainsy
en commençant la sixième à dix ans , les
Enfans seront en Rétorique , dit- il , à quin
Ze à seize et à dix-sept ans. Ils y seront
encore assés-tôt , ajoute - t'il , peut- être mê
me trop- tôt à l'âge de dix-sept à dix- huit
ans. ainsi à dix- neuf ou vingt ans un jeu
ne homme aura fait sa Philosophie. Les
Parens impatiens de donner à leurs enfans
des emplois militaires , ou des charges
de robe , ne doivent - ils pas sçavoir gré à
M. Gaullyer d'adopter en ce point la
pensée de M. le Fevre ? car si l'on y veut
faire attention , c'est encore trop- tôt que
dix ou douze ans pour commencer une
étude que la Methode vulgaire a renduë
si penible et si embarassée. Quel effort de
mémoire et quelle justesse ne faut-il point
dans l'application de tant de régles si peu
claires , si peu fondées dans la nature , et
sujettes à tant d'exceptions ! les préten
dus charlatans , quoyqu'en dise M. Gaul
lyer , ont ici un grand avantage , du moins
ceux à qui le seul M. Gaullyer donne
le nom de Charlatans , la Methode du
Bureau Typographique, par exemple, met
les enfans en état de profiter des années
dont la Methode vulgaire fait un si mau
C
II. Vol.
vais
JUIN. 1731 1505
vais usage , parceque la Methode de ce
Bureau est fondée sur des principes pro
portionés à l'enfance . M. Gaullyer peut
s'en convaincre dans son propre College
s'il est capable d'être convaincu. Le petit
Rémilly,Pensionnaire au College du Ples
sis , et qui n'est âgé que de six ans , y étu
die selon cette Methode , M. Gaullyer
exigera- t'il qu'il y travaille encore au
moins quatre ans avant que d'aller en si
xiéme ?
Cet empressement des Charlatans , dit
M. Gaullyer ,est nuisible à la santé des en
fans , sur quoy je me contenteray d'ob
server que toute Methode qui instruit
les enfans agréablement , sans les forcer ,
sans les passionner , allant toujours du
connu à l'inconnu , c'est- à-dire , liant les
impressions nouvelles à celles qui sont
déja gravées dans le Cerveau , n'est nul
lement contraire à la santé des enfans :
mais il faut du rélâche , du sommeil , et
éviter sur tout de les forcer, et de les pas
sionner. Je suis persuadé que le grand
travail M. le Fevre a fait faire à son
fils ., peut avoir contribué à la perte de
cet enfant précieux , quoiqu'il soit diffi
cile en ces occasions qu'on ne prenne
pour cause ce qui n'est pas cause .
que
Ce n'est pas le sçavoir qui tue un en
\
II. Vol. fant
506 MERCURE DE FRANCE
fant , c'est l'éffort , c'est de ne point gar
der de proportion entre sa capacité et
ce qu'on veut lui faire apprendre ; les
enfans élevés dans les grandes Villes ap
prennent par l'usage de la vie une infiz
nité de choses sans qu'ils s'en portent
plus mal que les enfans de la Campagne
qui ignorent toutes ces choses : combien
de mots n'apprennent-ils point de leur
langue naturelle ? combien d'objets , com
bien de personnes ne connoissent- ils pas ?
c'est donc de la maniere d'apprendre que
vient tout le bien ou tout le mal. Sur ces
príncipes, il seroit aisé de faire voir que la
Methode vulgaire est bien plus contraire
à la santé des enfans , que celles contre
lesquelles M. Gaullyer fait des déclama
tions si pathétiques . On pourroit aussi
faire voir que quelque Methode que l'on
suive il y a des differences à observer ,
qu'ainst n'en déplaise à M. Gaullyer ,
M. le Feyre a grande raison de dire que
sa maniere d'enseigner n'est pas ce qu'il faut
pour des personnes qui ont peu de bien , mais
tous ces points demanderoient un détail
dans lequel je n'ai pas le temps d'entrer
maintenant.
On ne veut point approfondir d'où
vient le zele de M. Gaullyer contre cer
taines personnes à qui assurément le pu
II. Vol.
blic
JUIN. 1731.
1507
ܐܫܟܗ
Llic ne donne point les noms dont il plaît
à M. Gaullyer de les qualifier. Il traite
leurs idées de folles et d'extravagantes ,
quoiqu'elles soient assurément bien plus
conformes au sistême de M. le Fevre :
il les appelle des Charlatans et des Avan
turiers de la menuë Litterature ; on pourroit
fort bien , dit-il , ( pag. 78. ) lesforcer à
se taire et les chasser des grandes Villes :
et pourquoy ne pas les chasser aussi des
petites les livres de M. Gaullyer ne se
débitent- ils point dans celles - ci ? leurs
ridicules imaginations , poursuit-il , de
vraient au moins les faire bannir des Colleges,
ou plutôt on ne devroit on ne devroit pas leury laisser
mettre le pied. Ce n'est-là ni la pensée ,
pour ainsi dire , ni le langage de la raison .
Qui ne riroit , dit M. Gaullyer , ( p. 83. )
de voir ces bonnes gens nous proposer sérieu
sement , celui - là son Imprimerie en colom
bier avecses logetes ou boulins. M. Gaullyer
peut en rire tout à son aise , et c'est mê
me ce qu'il fera de mieux ; mais il en ri
ra tout seul. La Cour , la Ville , et mê
me les Colleges en pensent plus serieu
sement. Mais rions un moment avec M.
Gaullyer. L'autre , poursuit- il , nous pro
pose serieusement ses gloses interlinéaires ;
comme si c'étoit quelque chose de bien rare ,
et qui fut utile à d'autres qu'à des enfans.
4
II. Vol. Le
1508 MERCURE DE FRANCE.
Le dessein de celui - ci n'a pas été de tra 3
vailler des Vicillards. M. Gaullyer
pour
a d'autant plus de tort de confondre ce
dernier avec les autres dont il parle ,
que celui -ci n'a jamais rien dit contre les
Colleges , qu'il a même l'honneur d'avoir
fait les dernieres années de ses études dans
l'Université de Paris , et d'y avoir pris
des degrés ; il vient de donner au Public
un ouvrage qui a été réçû avec une Apro
bation singuliere dans les Colleges mê
me , il n'y a rien dans cet ouvrage ni dans
tout le reste de sa Methode , qui ne puis
se parfaitement s'accorder avec la prati
que des Colleges , et cet ouvrage n'a pas
été regardé comme une production d'une
menuë Litterature .
Cet autre , continuë M. Gaullyer , nous
propose ses propres Livres. Quel est celui
ci ? seroit- ce M. Gaullyer lui- même ? En
effet au versò du titre de la Methode de
M. le Fevre , M. Gaullyer a pris soin de
faire imprimer le Catalogue de ses pro
pres Livres. LIVRES DE M. GAULLYER.
Régles pour la Langue Latine , Rudiment
Methode , Régles d'élégance , Régles de
Traduction , Régles de Versification , Gram
maire Françoise , Feuille de François . &c
Ceux qui voudront avoir un nombre de ces
Livres sont priés de s'addresser à la V. Bro
د
II. Vol.
GAS
JUIN. 1731. 1509
sas. On leurfera les remises convenables & c.
Dans toutes cès Notes , M. Gaullyer ne
propose que ses propres Livres. Quel
nom donnerons - nous à ce langage ? Il ne
manque plus que de crier , tout le monde
l'a vũ , tout le monde l'a voulu voir. Quoy
qu'il en soit j'avouerai ingenûment , conti
nue M. Gaullyer , qu'il m'est venu souvent
à leur sujet une pensée que je crois vraye ,
pourvû qu'on ne la prenne pas à la rigueurs
c'est qu'ils sont , dit-il , ( pag. 84. ) ou
HERETIQUES on Fous : héretiques , s'ils ne
croyent pas le peché originel ; fous , si en le
croyant ils s'imaginent qu'on puisse guerir fá
cilement une des playes , les plus grandes qu'il
aitfaites à la nature humaine ; et cette playe
c'est l'ignorance.
J'ai lu dans les vies des Peres du dé
sert , qu'un pieux Solitaire fut un jour
extrémement maltraité de paroles par
quelques personnes : vous êtes un fou
lui disoit- on , un médisant , un calom
niateur , un emporté , un fanatique
un charlatan , peut- être lui dit-on aussi
vous n'êtes qu'un homme de la menuë Litte
rature : à tout cela le pieux Solitaire ne ré
pondit rien ; il imita le silence sage de
M. Rollin : mais ces personnes ayant dit
au Solitaire qu'il étoit hérétique , il prit
la parole , et se justifia , parce que
II. Vol. are E
1510 MERCURE DE FRANCE
ore confessio fit ad salutem. Nous déclarons
donc que nous reconnoissons le peché
originel et ses effets dans tous les hom
mes , en notre personne , et même en
celle de M. Gaullyer ; nous croyons aussi
que M. Gaullyer est très bon catholique ,
et qu'il est soumis comme nous à toutes
les décisions de l'Eglise ; mais si au lieu .
de lui retorquer cette premiere partie de
son dilemme , on lui reprochoit et on
lui prouvoit la seconde par ses discours
et par ses livres , imiteroit- il la conduite
du Saint Solitaire ?
M. Gaullyer se plaint , ( pag. 84. ) que
nous trouvons quelques dupes , par LA
REGLÉ qu'un sot trouve toujours un plus
sot qui l'admire. Que M. Gaullyer est ad
mirable !
Voici , entre tant d'autres , une Note où
brille une très- grosse Litterature , M. le
Fevre parlant de Longin , l'appelle Cassius
Longinus. M. Gaullyer à la page 100. fait
cette remarque modeste : je ne connoispoint,
dit- il , le Rhéteur Cassius Longinus, mais le
célebre Denis Longin. Il est vray que M.
Boileau et les Notes du Traité du subli
me , ont supprimé le nom de Cassius ,
mais Suidas , M. Baillet , Jugem. des Sça
vans , Tom. 2. 1. part . in 12. 1685. et
les autres Bibliothequaires nomment Lon
11. Vol.
gin
JUIN 1731. ISII
gin Dionysius Cassius Longinus. Si M. le
Fevre avoit dit Tullius Ciceron , M. Gaul
lyer nous auroit peut-être fait une sça
vante note, pour nous dire : je ne connois
point Tullius Ciceron , mais je connois
bien Marcus Ciceron.
M. Gaullyer remarque ( pag. 83. ) que
le seul moyen d'apprendre les belles Lettres ,
c'est la lecture qu'on fait assidûment pen
dant plusieurs années des Auteurs, et qu'ain
si les Charlatans qui suivent , dit - il ,
d'autres routes n'ont pas grand commerce
avec la raison et l'experience : mais où
sont les Charlatans qui ont prétendu
qu'il ne faloit point lire les Auteurs ? les
Charlatans dont parle M. Gaullyer , ne
different que dans les préliminaires et
dans la Methode , ils sont d'accord avec
M. le Fevre , ils disent avec ce grand hom
me , qu'il ne faut point perdrele tems à
faire des Thèmes , surtout dans les pre
miers commencemens , qu'il faut voir les
Originaux avant que de faire des copies :
un homme qui délibere là-dessus , dit M. le
Fevre , ( pag. 21. ) n'a pas grand com
merce avec la saine raison. Ainsi expli
quons les Auteurs , facilitons d'abord
cette explication , disent nos Charla
tans ; s'ils ne parlent pas comme M. Gaul
lyer encore un coup , ils parlent comme
II. Vol. E ij MA
1512 MERCURE DE FRANCE
M. le Fevre ; mais il suffit à M. Gaullyer
de dire beaucoup de mal des autres , et
beaucoup de bien de lui-même : justice ,
équité , discernement , raison , justesse ;
il n'a pas été en ces Classes-là.
M. le Fevre dit ( pag . 8. et 9. ) qu'il
donna à son fils le gros Alphabet de Robert
Estienne , et veut qu'on se serve de grand
papier plié in 4º . l'Auteur du Bureau
Typographique conseille aussi les grands
livres pour l'usage des enfans , parceque
ses livres se tiennent ouverts , ils laissent
les enfans plus libres, et facilitent la lectu
re : mais M. Gaullyer nous renvoye à
ses petits livres chez la V. Brocas , c'est
dit-il ,
que
l'on trouvera les ouvrages
que nous avons fait imprimer pour l'usage des
Classes. Ces ouvrages sont imprimés en
lettres fort menuës , pour ne pas dire en
menuë Litterature ; il seroit inutile d'en par
ler ici plus au long , le Public sçait assés
l'usage qu'on en fait.
Entre un grand nombre d'observation:
que je pourrois faire sur les Notes d
M. Gaullyer, je me réduis à ces deux der
nieres.
là
,
1. M. Gaullyer n'imite pas les Pane
gyristes qui élevent au dessus des autres
Saints ceux dont il font l'éloge , pour lui
il blâme M. le Fevre ; mais en quelles
11. Vol.
occasions ?
JUIN. 1731 . 1513
Occasions ? c'est uniquement quand M. le
Fevre est contraire aux usages et aux
livres de notre critique ; on voit par tout
que M. Gaullyer ne cherche qu'à faire
valoir ses propres ouvrages . Si j'avois à
instruire un enfant , dit- il , ( pag . 109. )
je lui mettrois entre les mains six on sept pe
tites feuilles que j'ai fait imprimer , lafeuille
de Grammairefrançoise , celle du Rudiment ,
celle des Préterits et Supins &c. de la feuille
du françois je passerois à la feuille du La
tin , je distilerois mes paroles goutte à goutte
dans ses oreilles et dans son esprit , qui
est d'une étroite embouchure , ( c'est de l'es
prit de l'enfant et non du sien dont il par
le ) j'imiterois les bonnes nourrices qui four
rent dans la bouche des petits enfans des
morceaux très-menus. Ce stile ne reveillé
t'il
pas l'idée d'une grande Litterature ?
2. M. Gaullyer employe presque une
page en citations , pour nous apprendre
où nous pourrons aller chercher ce que
c'est que Pedant et Pedanterie . Il fait fort
bien de ne pas le définir , il n'y a rien
de si difficile que la connoissance
de
soy- même.
Voilà quelques-unes des réfléxions que
nous n'avons faites que pour donner à
M. Gaullyer la satisfaction qu'il a de
mandée , nous sçavons d'ailleurs qu'il
II. Vol.
E iij persistera
114 MERCURE DE FRANCE
.
persistera dans le même sentiment . Nous
le soutenons, dit- il dans sa belle Preface de
ses Régles innombrables , page XVIII
nous le soutenons , nous l'avons déja soutenu
et nous le soutiendrons encore. Que M.
Gaullyer sçait bien conjuguer ! voilà le
présent , le passé , le futur. Pour nous
gens à menue Litterature , entierement vui
des de science et de bon sens , & c. nous
tâcherons de profiter des lumieres des
autres quand on voudra bien nous
en faire part ; mais si M. Gaullyer n'a
que des déclamations à faire contre
nous , nous lui déclarons que nous ne
voulions , nous ne voulons , ni ne vou
drons pas perdre le tems à lui répondre.
Si quis est qui delictum in se inclementiùs
Existimavit esse , sic existimet ,
Responsum, non dictum esse , quia lasit prior .
Ter. Eun. Prol .
M. le Fevre de Saumur , et sur les Notes
de M. Gaullyer, Professeur de Quatriéme
au College du Plessis - Sorbonne.
M
R. Gaullyer se plaint de ce que ceux
qu'il appelle les Charlatans de la
menue Litterature ne font aucune ré
ponse aux déclamations qu'il vient de
faire contre eux sans aucune distinction .
Il attribuë ce silence à la même cause qui
a fait taire le sage M. Rollin : mais les
prétendus Charlatans ne présument pas
assés d'eux- mêmes pour se mettre de ni
veau avec M. Rollin : ainsi pour faire
connoître à M. Gaullyer le profond res
pect qu'ils ont pour lui , ils feront ici
quelques réflexions sur ses Notes .
7
Iº. Ils sont surpris que pour justifier
II. Vol. la
JUIN. 1731 1499
la pratique vulgaire , M. Gaullyer ait
fait imprimer la Methode de M. le Févre
qui condamne cette pratique ; mais après
tout quand nous sommes appelés à faire
imprimer , et que le public ne se prête
pas à notre vocation , que pouvons-nous
faire de mieux pour la remplir , que de
faire imprimer les Livres des autres ?
II° La Methode de M. le Fevre con
siste ,
1. A ne parlerde Grec ni de Latin aux
Enfans qu'ils n'ayent atteint au moins la
dixième année. ( pag. 4. )
2. Avant ce temps là , faire apprendre
à lire et à écrire sans se mettre fort en peine
de la beauté du caractère , ( pag. 4. ) il suf
fit qu'il lise bien son écriture. ( pag. 6. )
3. Quand l'Enfant a atteint l'âge de
dix ans , il est tems de commencer ,
pour moý , dit M. le Fevre , ( page 6. ).
je n'eusse appris Musa qu'à douze ans ,
mais je m'imaginai qu'avec le secours d'un
Précepteur, comme moi, il pourroit bien com
mencer deux ans devant.
quoyque
IC
4. Faire apprendre les déclinaisons &c.
et cela en grand papier , plié in 4 ° . et relié
proprement. ( pag. 9. )
5. Quand la Grammaire latine est ache
vée , qu'il est question de venir à la pratique
de cette Grammaire ; je me gardai bien , die
I I. Vol.
M.
1500 MERCURE DE FRANCE
que
M. le Fevre , ( pag. 20. ) de suivre la ma
niere l'on suit ordinairement , qui est de
commencer par la composition , c'est-à-dire ,
par les Thèmes, il n'y a rien , selon mon sens ,
qui nuise si fort à un enfant. M. le Fevre
s'étend beaucoup pour faire voir le peu
de raison qu'il y a dans cette pratique
des Thèmes , et soutient qu'il faut com
mencer par l'explication , c'est-à dire , par
une version de vive voix, qui soit nette , sim
ple , et sans aucune circonlocution . M. le
Fevre fait donc expliquer , et expliquer
jusqu'à extinction de chaleur naturelle.
Ce sont là les points principaux , telle
est , pour ainsi - dire , la charpente de la
Méthode de M. le Fevre : les réflexions
détaillées , dont chacun de ces points est
accompagné , ne changent rien au fond
de la Méthode.
Il ne seroit pas difficile de faire voir
que les Méthodes des prétendus Charla
tans de la menuë Litterature sont plus
conformes à celle de M. le Fevre , que
ne l'est celle de M. Gaullyer .
M. le Fevre dit avec raison , ( pag. 2 )
que sa Méthode ne s'accommode nullememt
avec la pratique des Colleges. Ceux qui di
ront cela , ajoute t'il , diront vray.
M. Gaullyer fait une Note pour
répondre à cet article ; mais sa réponse
II. Vol. RC
JUIN. 1731. I sor
ne satisfait pas ceux qui sçavent réduire les
difficultés à leur veritable point.
M. Gaullyer prétend 1 ° . que du tems
de M. le Fevre , c'est-à - dire , depuis l'an
1651 jusqu'en l'an 1672. les Colleges
étoient mal montés , c'est-à-dire , comme
il l'explique , remplis de Régens peu ha
biles. 2 ° . que les Auteurs Grecs et Latins
sont bien mieux distribués aujourd'huy
dans les six Classes d'humanité des Colle
ges , qu'ils ne l'étoient du tems de M. le
Fevre . Voilà en quoy consiste la répon
se de M. Gaullycr à cet article de M. le
Fevre. Un des Agresseurs des nouvelles
Méthodes , prétend que les Ecoliers du
siécle passé étoient au moins aussi habiles
que ceux d'aujourd'hui , et qu'à mesure
qu'on a vû des Méthodes nouvelles , on
a vû le nombre des Sçavans décroître ,
réflexions, ajoute - t'il ,du célébre M. Huet :
mais accordons à M. Gaullyer , puisque
tel est son bon plaisir, que les Regens d'au
jourd'huy sont plus habiles qu'ils ne
l'étoient du tems de M. le Fevre ; en effet
M. Gaullyer n'étoit pas de ce tems- là ,
il n'en sera pas plus avancé ; car la ques
tion se réduit à sçavoir si la Méthode que
l'on suit aujourd'hui , n'est pas au fond
* Mémoires de Trevoux ,May 1723.
}
II Vol.
la
1502 MERCURE DE FRANCÉ
la même que celle que l'on suivoit du
tems de M. le Fevre : faire expliquer Ho
race avant Virgile , ou Virgile avant Ho
race ; Ciceron avant Homére , ou Homé
re avant Ciceron , ce n'est pas en cela que
consiste la difference qu'il y avoit entre
la Méthode de M. le Fevre et celle des
Colleges de son tems : la principale diffe
rence étoit la Méthode commune
que
menoit au Latin par la composition des
Thèmes , et que M. le Fevre y menoit par
l'explication. Or cette différence éssen
tiéle subsiste encore aujourd'hui , donc
quand M. Gaullyer sera monté en Philo
sophie , on pourra luy faire ce raison
nement:
On ne peut pas dire, selon M. Gaullyer,
que la Méthode de M. le Fevre ne sait pas
bonne , elle est fondée sur la raison et l'expe
rience. Or ce qui distingue principalement
cette Méthode de celle des Colleges du
siécle passé et de ceux d'aujourd'hui , c'est
de mener à l'intelligence du Latin par la
voye de l'explication, plutôt que par celle
de la composition : donc la Méthode des
Colleges d'aujourd'hui , aussi bien que
celle des Colleges du siécle passé, n'est pas
la bonne en ce point essentiel , et est con
traire à celle de M. le Fevre , quoique
les Colleges soient mieux montés que ceux
de son tems .
En
JUIN. 1731. 1503
En un mot, on soutient que la Méthode
des Colleges d'aujourd'hui est la mème,
quant au fond , que celle des Colleges de
1672. Or M. le Fevre qui connoissoit sans
doute l'étendue et l'esprit de saMéthode ,
déclare d'abord que sa Méthode ne s'ac
commode nullement avec la pratique des
Colleges : donc il faut convenir que M.
Gaullyer n'a compris ni l'esprit ni l'éten- :
duë de la Methode de M. le Fevre. Car
enfin s'il l'a comprise , dans quelle vuë
osera- t'on le soupçonner de l'avoir fait
imprimer à ses dépens ?
A l'égard du tems qu'on doit commen
cer à étudier le Latin , M. le Fevre , com
me nous l'avons déja remarqué , ne veut
l'on commence avant
pas que
que l'enfant
ait atteint l'âge de dix ans. M. Gaullyer
remarque sçavament ( pag. 76. ) que comme
on dressé de bonne heure les jeunes Veaux
et les petits poulains pour l'exercice de la
Campagne , de même dès que les Enfans
peuvent parler , on doit leur enseigner à
lire ensuite à écrire , et même plusieurs
choses qui sont à leur portée , par exemple
ce qu'il y a de plusfacile dans la Géographie
la Chronologie , et l'Histoire . Ce sentiment ,
dit-il , ( pag. 77. ) n'est pas contraire pour
le fonds à celui de M. le Fevre ; car tout
se que prétend M. le Fevre , c'est qu'on ne
.
II.Vol.
commerce
1504 MERCURE DE FRANCE
›
commence qu'à dix ou douze ans , c'est-à
dire , qu'on ne leur fasse pas apprendre plû
tôt les principes du Latin et du Grec ; ainsy
en commençant la sixième à dix ans , les
Enfans seront en Rétorique , dit- il , à quin
Ze à seize et à dix-sept ans. Ils y seront
encore assés-tôt , ajoute - t'il , peut- être mê
me trop- tôt à l'âge de dix-sept à dix- huit
ans. ainsi à dix- neuf ou vingt ans un jeu
ne homme aura fait sa Philosophie. Les
Parens impatiens de donner à leurs enfans
des emplois militaires , ou des charges
de robe , ne doivent - ils pas sçavoir gré à
M. Gaullyer d'adopter en ce point la
pensée de M. le Fevre ? car si l'on y veut
faire attention , c'est encore trop- tôt que
dix ou douze ans pour commencer une
étude que la Methode vulgaire a renduë
si penible et si embarassée. Quel effort de
mémoire et quelle justesse ne faut-il point
dans l'application de tant de régles si peu
claires , si peu fondées dans la nature , et
sujettes à tant d'exceptions ! les préten
dus charlatans , quoyqu'en dise M. Gaul
lyer , ont ici un grand avantage , du moins
ceux à qui le seul M. Gaullyer donne
le nom de Charlatans , la Methode du
Bureau Typographique, par exemple, met
les enfans en état de profiter des années
dont la Methode vulgaire fait un si mau
C
II. Vol.
vais
JUIN. 1731 1505
vais usage , parceque la Methode de ce
Bureau est fondée sur des principes pro
portionés à l'enfance . M. Gaullyer peut
s'en convaincre dans son propre College
s'il est capable d'être convaincu. Le petit
Rémilly,Pensionnaire au College du Ples
sis , et qui n'est âgé que de six ans , y étu
die selon cette Methode , M. Gaullyer
exigera- t'il qu'il y travaille encore au
moins quatre ans avant que d'aller en si
xiéme ?
Cet empressement des Charlatans , dit
M. Gaullyer ,est nuisible à la santé des en
fans , sur quoy je me contenteray d'ob
server que toute Methode qui instruit
les enfans agréablement , sans les forcer ,
sans les passionner , allant toujours du
connu à l'inconnu , c'est- à-dire , liant les
impressions nouvelles à celles qui sont
déja gravées dans le Cerveau , n'est nul
lement contraire à la santé des enfans :
mais il faut du rélâche , du sommeil , et
éviter sur tout de les forcer, et de les pas
sionner. Je suis persuadé que le grand
travail M. le Fevre a fait faire à son
fils ., peut avoir contribué à la perte de
cet enfant précieux , quoiqu'il soit diffi
cile en ces occasions qu'on ne prenne
pour cause ce qui n'est pas cause .
que
Ce n'est pas le sçavoir qui tue un en
\
II. Vol. fant
506 MERCURE DE FRANCE
fant , c'est l'éffort , c'est de ne point gar
der de proportion entre sa capacité et
ce qu'on veut lui faire apprendre ; les
enfans élevés dans les grandes Villes ap
prennent par l'usage de la vie une infiz
nité de choses sans qu'ils s'en portent
plus mal que les enfans de la Campagne
qui ignorent toutes ces choses : combien
de mots n'apprennent-ils point de leur
langue naturelle ? combien d'objets , com
bien de personnes ne connoissent- ils pas ?
c'est donc de la maniere d'apprendre que
vient tout le bien ou tout le mal. Sur ces
príncipes, il seroit aisé de faire voir que la
Methode vulgaire est bien plus contraire
à la santé des enfans , que celles contre
lesquelles M. Gaullyer fait des déclama
tions si pathétiques . On pourroit aussi
faire voir que quelque Methode que l'on
suive il y a des differences à observer ,
qu'ainst n'en déplaise à M. Gaullyer ,
M. le Feyre a grande raison de dire que
sa maniere d'enseigner n'est pas ce qu'il faut
pour des personnes qui ont peu de bien , mais
tous ces points demanderoient un détail
dans lequel je n'ai pas le temps d'entrer
maintenant.
On ne veut point approfondir d'où
vient le zele de M. Gaullyer contre cer
taines personnes à qui assurément le pu
II. Vol.
blic
JUIN. 1731.
1507
ܐܫܟܗ
Llic ne donne point les noms dont il plaît
à M. Gaullyer de les qualifier. Il traite
leurs idées de folles et d'extravagantes ,
quoiqu'elles soient assurément bien plus
conformes au sistême de M. le Fevre :
il les appelle des Charlatans et des Avan
turiers de la menuë Litterature ; on pourroit
fort bien , dit-il , ( pag. 78. ) lesforcer à
se taire et les chasser des grandes Villes :
et pourquoy ne pas les chasser aussi des
petites les livres de M. Gaullyer ne se
débitent- ils point dans celles - ci ? leurs
ridicules imaginations , poursuit-il , de
vraient au moins les faire bannir des Colleges,
ou plutôt on ne devroit on ne devroit pas leury laisser
mettre le pied. Ce n'est-là ni la pensée ,
pour ainsi dire , ni le langage de la raison .
Qui ne riroit , dit M. Gaullyer , ( p. 83. )
de voir ces bonnes gens nous proposer sérieu
sement , celui - là son Imprimerie en colom
bier avecses logetes ou boulins. M. Gaullyer
peut en rire tout à son aise , et c'est mê
me ce qu'il fera de mieux ; mais il en ri
ra tout seul. La Cour , la Ville , et mê
me les Colleges en pensent plus serieu
sement. Mais rions un moment avec M.
Gaullyer. L'autre , poursuit- il , nous pro
pose serieusement ses gloses interlinéaires ;
comme si c'étoit quelque chose de bien rare ,
et qui fut utile à d'autres qu'à des enfans.
4
II. Vol. Le
1508 MERCURE DE FRANCE.
Le dessein de celui - ci n'a pas été de tra 3
vailler des Vicillards. M. Gaullyer
pour
a d'autant plus de tort de confondre ce
dernier avec les autres dont il parle ,
que celui -ci n'a jamais rien dit contre les
Colleges , qu'il a même l'honneur d'avoir
fait les dernieres années de ses études dans
l'Université de Paris , et d'y avoir pris
des degrés ; il vient de donner au Public
un ouvrage qui a été réçû avec une Apro
bation singuliere dans les Colleges mê
me , il n'y a rien dans cet ouvrage ni dans
tout le reste de sa Methode , qui ne puis
se parfaitement s'accorder avec la prati
que des Colleges , et cet ouvrage n'a pas
été regardé comme une production d'une
menuë Litterature .
Cet autre , continuë M. Gaullyer , nous
propose ses propres Livres. Quel est celui
ci ? seroit- ce M. Gaullyer lui- même ? En
effet au versò du titre de la Methode de
M. le Fevre , M. Gaullyer a pris soin de
faire imprimer le Catalogue de ses pro
pres Livres. LIVRES DE M. GAULLYER.
Régles pour la Langue Latine , Rudiment
Methode , Régles d'élégance , Régles de
Traduction , Régles de Versification , Gram
maire Françoise , Feuille de François . &c
Ceux qui voudront avoir un nombre de ces
Livres sont priés de s'addresser à la V. Bro
د
II. Vol.
GAS
JUIN. 1731. 1509
sas. On leurfera les remises convenables & c.
Dans toutes cès Notes , M. Gaullyer ne
propose que ses propres Livres. Quel
nom donnerons - nous à ce langage ? Il ne
manque plus que de crier , tout le monde
l'a vũ , tout le monde l'a voulu voir. Quoy
qu'il en soit j'avouerai ingenûment , conti
nue M. Gaullyer , qu'il m'est venu souvent
à leur sujet une pensée que je crois vraye ,
pourvû qu'on ne la prenne pas à la rigueurs
c'est qu'ils sont , dit-il , ( pag. 84. ) ou
HERETIQUES on Fous : héretiques , s'ils ne
croyent pas le peché originel ; fous , si en le
croyant ils s'imaginent qu'on puisse guerir fá
cilement une des playes , les plus grandes qu'il
aitfaites à la nature humaine ; et cette playe
c'est l'ignorance.
J'ai lu dans les vies des Peres du dé
sert , qu'un pieux Solitaire fut un jour
extrémement maltraité de paroles par
quelques personnes : vous êtes un fou
lui disoit- on , un médisant , un calom
niateur , un emporté , un fanatique
un charlatan , peut- être lui dit-on aussi
vous n'êtes qu'un homme de la menuë Litte
rature : à tout cela le pieux Solitaire ne ré
pondit rien ; il imita le silence sage de
M. Rollin : mais ces personnes ayant dit
au Solitaire qu'il étoit hérétique , il prit
la parole , et se justifia , parce que
II. Vol. are E
1510 MERCURE DE FRANCE
ore confessio fit ad salutem. Nous déclarons
donc que nous reconnoissons le peché
originel et ses effets dans tous les hom
mes , en notre personne , et même en
celle de M. Gaullyer ; nous croyons aussi
que M. Gaullyer est très bon catholique ,
et qu'il est soumis comme nous à toutes
les décisions de l'Eglise ; mais si au lieu .
de lui retorquer cette premiere partie de
son dilemme , on lui reprochoit et on
lui prouvoit la seconde par ses discours
et par ses livres , imiteroit- il la conduite
du Saint Solitaire ?
M. Gaullyer se plaint , ( pag. 84. ) que
nous trouvons quelques dupes , par LA
REGLÉ qu'un sot trouve toujours un plus
sot qui l'admire. Que M. Gaullyer est ad
mirable !
Voici , entre tant d'autres , une Note où
brille une très- grosse Litterature , M. le
Fevre parlant de Longin , l'appelle Cassius
Longinus. M. Gaullyer à la page 100. fait
cette remarque modeste : je ne connoispoint,
dit- il , le Rhéteur Cassius Longinus, mais le
célebre Denis Longin. Il est vray que M.
Boileau et les Notes du Traité du subli
me , ont supprimé le nom de Cassius ,
mais Suidas , M. Baillet , Jugem. des Sça
vans , Tom. 2. 1. part . in 12. 1685. et
les autres Bibliothequaires nomment Lon
11. Vol.
gin
JUIN 1731. ISII
gin Dionysius Cassius Longinus. Si M. le
Fevre avoit dit Tullius Ciceron , M. Gaul
lyer nous auroit peut-être fait une sça
vante note, pour nous dire : je ne connois
point Tullius Ciceron , mais je connois
bien Marcus Ciceron.
M. Gaullyer remarque ( pag. 83. ) que
le seul moyen d'apprendre les belles Lettres ,
c'est la lecture qu'on fait assidûment pen
dant plusieurs années des Auteurs, et qu'ain
si les Charlatans qui suivent , dit - il ,
d'autres routes n'ont pas grand commerce
avec la raison et l'experience : mais où
sont les Charlatans qui ont prétendu
qu'il ne faloit point lire les Auteurs ? les
Charlatans dont parle M. Gaullyer , ne
different que dans les préliminaires et
dans la Methode , ils sont d'accord avec
M. le Fevre , ils disent avec ce grand hom
me , qu'il ne faut point perdrele tems à
faire des Thèmes , surtout dans les pre
miers commencemens , qu'il faut voir les
Originaux avant que de faire des copies :
un homme qui délibere là-dessus , dit M. le
Fevre , ( pag. 21. ) n'a pas grand com
merce avec la saine raison. Ainsi expli
quons les Auteurs , facilitons d'abord
cette explication , disent nos Charla
tans ; s'ils ne parlent pas comme M. Gaul
lyer encore un coup , ils parlent comme
II. Vol. E ij MA
1512 MERCURE DE FRANCE
M. le Fevre ; mais il suffit à M. Gaullyer
de dire beaucoup de mal des autres , et
beaucoup de bien de lui-même : justice ,
équité , discernement , raison , justesse ;
il n'a pas été en ces Classes-là.
M. le Fevre dit ( pag . 8. et 9. ) qu'il
donna à son fils le gros Alphabet de Robert
Estienne , et veut qu'on se serve de grand
papier plié in 4º . l'Auteur du Bureau
Typographique conseille aussi les grands
livres pour l'usage des enfans , parceque
ses livres se tiennent ouverts , ils laissent
les enfans plus libres, et facilitent la lectu
re : mais M. Gaullyer nous renvoye à
ses petits livres chez la V. Brocas , c'est
dit-il ,
que
l'on trouvera les ouvrages
que nous avons fait imprimer pour l'usage des
Classes. Ces ouvrages sont imprimés en
lettres fort menuës , pour ne pas dire en
menuë Litterature ; il seroit inutile d'en par
ler ici plus au long , le Public sçait assés
l'usage qu'on en fait.
Entre un grand nombre d'observation:
que je pourrois faire sur les Notes d
M. Gaullyer, je me réduis à ces deux der
nieres.
là
,
1. M. Gaullyer n'imite pas les Pane
gyristes qui élevent au dessus des autres
Saints ceux dont il font l'éloge , pour lui
il blâme M. le Fevre ; mais en quelles
11. Vol.
occasions ?
JUIN. 1731 . 1513
Occasions ? c'est uniquement quand M. le
Fevre est contraire aux usages et aux
livres de notre critique ; on voit par tout
que M. Gaullyer ne cherche qu'à faire
valoir ses propres ouvrages . Si j'avois à
instruire un enfant , dit- il , ( pag . 109. )
je lui mettrois entre les mains six on sept pe
tites feuilles que j'ai fait imprimer , lafeuille
de Grammairefrançoise , celle du Rudiment ,
celle des Préterits et Supins &c. de la feuille
du françois je passerois à la feuille du La
tin , je distilerois mes paroles goutte à goutte
dans ses oreilles et dans son esprit , qui
est d'une étroite embouchure , ( c'est de l'es
prit de l'enfant et non du sien dont il par
le ) j'imiterois les bonnes nourrices qui four
rent dans la bouche des petits enfans des
morceaux très-menus. Ce stile ne reveillé
t'il
pas l'idée d'une grande Litterature ?
2. M. Gaullyer employe presque une
page en citations , pour nous apprendre
où nous pourrons aller chercher ce que
c'est que Pedant et Pedanterie . Il fait fort
bien de ne pas le définir , il n'y a rien
de si difficile que la connoissance
de
soy- même.
Voilà quelques-unes des réfléxions que
nous n'avons faites que pour donner à
M. Gaullyer la satisfaction qu'il a de
mandée , nous sçavons d'ailleurs qu'il
II. Vol.
E iij persistera
114 MERCURE DE FRANCE
.
persistera dans le même sentiment . Nous
le soutenons, dit- il dans sa belle Preface de
ses Régles innombrables , page XVIII
nous le soutenons , nous l'avons déja soutenu
et nous le soutiendrons encore. Que M.
Gaullyer sçait bien conjuguer ! voilà le
présent , le passé , le futur. Pour nous
gens à menue Litterature , entierement vui
des de science et de bon sens , & c. nous
tâcherons de profiter des lumieres des
autres quand on voudra bien nous
en faire part ; mais si M. Gaullyer n'a
que des déclamations à faire contre
nous , nous lui déclarons que nous ne
voulions , nous ne voulons , ni ne vou
drons pas perdre le tems à lui répondre.
Si quis est qui delictum in se inclementiùs
Existimavit esse , sic existimet ,
Responsum, non dictum esse , quia lasit prior .
Ter. Eun. Prol .
Fermer
Résumé : RÉFLEXIONS sur la Methode de M. le Fevre de Saumur, et sur les Notes de M. Gaullyer, Professeur de Quatriéme au College du Plessis-Sorbonne.
Le texte présente une critique de la méthode pédagogique de M. le Fèvre de Saumur et des notes de M. Gaullyer, professeur au Collège du Plessis - Sorbonne. M. Gaullyer accuse des 'charlatans de la menue Littérature' de ne pas répondre à ses critiques. Les auteurs anonymes du texte, se présentant comme ces 'charlatans', expriment leur surprise que M. Gaullyer ait imprimé la méthode de M. le Fèvre, qui condamne la pratique vulgaire. Ils détaillent la méthode de M. le Fèvre, qui consiste à ne pas enseigner le grec et le latin aux enfants avant l'âge de dix ans, à apprendre à lire et à écrire sans se soucier de la beauté du caractère, et à commencer l'apprentissage des déclinaisons en grand papier. M. le Fèvre recommande également de commencer par l'explication des textes plutôt que par la composition de thèmes. Les auteurs soutiennent que la méthode des 'charlatans' est plus conforme à celle de M. le Fèvre que celle de M. Gaullyer. Les auteurs critiquent la réponse de M. Gaullyer, qui affirme que les collèges sont mieux montés aujourd'hui et que les auteurs grecs et latins sont mieux distribués. Ils argumentent que la principale différence entre la méthode de M. le Fèvre et celle des collèges réside dans l'approche pédagogique, et non dans l'ordre des auteurs étudiés. Ils concluent que la méthode des collèges actuels est fondamentalement la même que celle de 1672, et que M. Gaullyer n'a pas compris l'esprit de la méthode de M. le Fèvre. Ils soulignent également que la méthode vulgaire est plus nuisible à la santé des enfants que les méthodes alternatives. Le texte mentionne également les ouvrages de M. Gaullyer sur la langue latine et française, tels que 'Règles pour la Langue Latine', 'Rudiment', 'Méthode', 'Règles d'élégance', 'Règles de Traduction', 'Règles de Versification', et 'Grammaire Françoise'. Il critique M. Gaullyer pour ne proposer que ses propres livres et pour son langage excessif. Gaullyer affirme que ses critiques sont soit hérétiques, soit fous, selon qu'ils croient ou non au péché originel et à la difficulté de guérir l'ignorance. Il cite un exemple d'un solitaire pieux qui reste silencieux face aux insultes mais se justifie lorsqu'on l'accuse d'hérésie. Gaullyer se plaint également de trouver des dupes parmi ses admirateurs. Le texte mentionne une erreur de Gaullyer concernant l'identité de Longin et critique son approche pédagogique, qui privilégie ses propres ouvrages. Gaullyer est décrit comme quelqu'un qui parle beaucoup de mal des autres et de bien de lui-même, sans justice ni équité. Le texte conclut en soulignant que Gaullyer ne cherche qu'à valoriser ses propres ouvrages et en refusant de perdre du temps à répondre à ses déclamations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 1763-1764
EXTRAIT d'un Lettre addressée à l'Auteur du Bureau Tipographique par un Principal de College de Province, le 12. Juillet 1731.
Début :
J'ai reçû, au reste, par M. le Chevalier de Bauffremont les Lettres que vous [...]
Mots clefs :
Enfants, Méthode, Observations grammaticales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Lettre addressée à l'Auteur du Bureau Tipographique par un Principal de College de Province, le 12. Juillet 1731.
EXTRAIT d'un Lettre addressée à l'Auteur
du Bureau Tipographique par un
Principal de College de Province , le 12.
Juillet 173 .
J
' Ai reçû , au reste , par M. le Chevalier
de Bauffremont les Lettres que vous
lui aviez remises pour moi. J'ai lû particuliérement
la sixième qui regarde le Rudiment
pratique ; et cette Lecture n'a fait
que me confirmer dans l'idée que j'en
avois déja , qui est qu'on ne pouvoit ima
giner une voye plus simple et plus proportionnée
aux Enfans pour leur appren
dre les Elemens de toutes sortes de Langues.
Je dis plus ; je soutiens que le fond
de votre Méthode qui ne consiste qu'à
commencer par les Operations les plus
simples et les plus débarassées de toutes ces
Observations Grammaticales qui ne font
que brouiller les Enfans ; je soutiens , dis- .
je , que cette Méthode toute seule dégagée
de tout l'attirail du Bureau Tipographique,
est la seule qui convienne aux Enfans.
et j'en fais moi- même ici l'expérience pour
un Neveu de six ans que j'ai auprès de
moi. Je suis même persuadé que les Maîtres
n'en emploiroient pas d'autre , s'ils
comprenoient bien eux-mêmes le Métier
qu'ils
1764 MERCURE DE FRANCE
qu'ils font , et les véritables principes sur
lesquels il est fondé. Mais la plupart n'agissent
que par routine , et se mettent peu
en peine des progrès de l'Enfant , pourvu
que leur honoraire coure toûjours . Je m'imagine
que si votre Méthode prend une
fois bien le dessus , on reviendra de tous
ces vieux préjugez qui n'ont servi jusqu'apresent
qu'à retarder les progrès des Enfans,
en tenant captive l'heureuse facilité
de quelques- uns , et en étouffant le peu
de disposision des autres. Je suis , &c .
du Bureau Tipographique par un
Principal de College de Province , le 12.
Juillet 173 .
J
' Ai reçû , au reste , par M. le Chevalier
de Bauffremont les Lettres que vous
lui aviez remises pour moi. J'ai lû particuliérement
la sixième qui regarde le Rudiment
pratique ; et cette Lecture n'a fait
que me confirmer dans l'idée que j'en
avois déja , qui est qu'on ne pouvoit ima
giner une voye plus simple et plus proportionnée
aux Enfans pour leur appren
dre les Elemens de toutes sortes de Langues.
Je dis plus ; je soutiens que le fond
de votre Méthode qui ne consiste qu'à
commencer par les Operations les plus
simples et les plus débarassées de toutes ces
Observations Grammaticales qui ne font
que brouiller les Enfans ; je soutiens , dis- .
je , que cette Méthode toute seule dégagée
de tout l'attirail du Bureau Tipographique,
est la seule qui convienne aux Enfans.
et j'en fais moi- même ici l'expérience pour
un Neveu de six ans que j'ai auprès de
moi. Je suis même persuadé que les Maîtres
n'en emploiroient pas d'autre , s'ils
comprenoient bien eux-mêmes le Métier
qu'ils
1764 MERCURE DE FRANCE
qu'ils font , et les véritables principes sur
lesquels il est fondé. Mais la plupart n'agissent
que par routine , et se mettent peu
en peine des progrès de l'Enfant , pourvu
que leur honoraire coure toûjours . Je m'imagine
que si votre Méthode prend une
fois bien le dessus , on reviendra de tous
ces vieux préjugez qui n'ont servi jusqu'apresent
qu'à retarder les progrès des Enfans,
en tenant captive l'heureuse facilité
de quelques- uns , et en étouffant le peu
de disposision des autres. Je suis , &c .
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'un Lettre addressée à l'Auteur du Bureau Tipographique par un Principal de College de Province, le 12. Juillet 1731.
Le 12 juillet 173, un principal de collège de province écrit à un auteur pour discuter de la méthode d'enseignement des langues décrite dans la sixième lettre du 'Rudiment pratique', reçue via le Chevalier de Bauffremont. Le principal approuve cette méthode, qu'il juge la plus simple et adaptée pour les enfants. Elle commence par des opérations simples et évite les observations grammaticales complexes. Il applique cette méthode avec succès à son neveu de six ans. Le principal critique les maîtres qui agissent par routine et ne se soucient pas des progrès des enfants, tant qu'ils sont payés. Il espère que la méthode de l'auteur, si elle est bien comprise et adoptée, permettra de surmonter les préjugés anciens et d'améliorer les progrès des enfants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 2199-2203
Lettre d'un Partisan du systême typographique, à un de ses amis.
Début :
Vous voulez donc sçavoir, mon cher Monsieur, la suite des disputes, au sujet du Bureau [...]
Mots clefs :
Système typographique, Maîtres mercenaires, Critique anonyme, Collège
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre d'un Partisan du systême typographique, à un de ses amis.
Lettre d'un Partisan du systême typogra
phique , à un de ses amis.
V sicur , la suite des disputes , au sujet du Bu-
Ous voulez donc sçavoir , mon cher Mon-
›
reau Typographique la voici ; l'Auteur de cette
methode , bien loin de se rebuter des vaines déclamations
des petits genies remplis d'eux-mêmes
, suit le conseil que de grands hommes lui
ont donné , qui est de ne pas se mettre beaucoup
en peine des critiqueurs de College , dont tout le
plaisir seroit de vouloir faire adopter leur ignorance
comme une science certaine et infaillible.
Cet Aureur va toûjours son train, en prouvant et
établissant de plus en plus , par le raisonnement
et par l'expérience le systême du Bureau , il néglige
ce que la prévention et la mauvaise foi des
Maîtres mercenaires pourroient dire contre la
verité et l'utilité de ce systême . La plupart de ces
Maîtres regardent les anciennes methodes comme
incorporées avec leur être : L'indifference pour le
bien public er pour la bonne éducation , les rendent
insensibles aux avantages des nouvelles mé
thodes . Au contraire les Partisans du Bureau
méprisent la ridicule prévention où l'on est d'a-
Giiij. muser
2200 MERCURE DE FRANCE
muser les enfans à des niaiseries qui ne leur laissent
rien de bon dans la mémoire , et les parens
sensés goûtent volontiers une méthode qui débarasse
leurs enfans de toutes les épines qui accompagnent
les premiers principes.
Vous sçaurez d'abord que la critique anonime
inserée dans le Mercure du mois de Fevrier dernier
, fût encore plus mal reçûë du Public , que
celle du mois de Janvier. M. Gaullyer , regent
de quatrième au College du Plessis , se flâta d'être
plus heureux en donnant avec des notes de
sa façon une nouvelle édition de la methode de
M. Lefevre , voici ce qu'en dit le Nouveliste du
Parnasse , lettre 28. page 285.
>
L'infatigable M. Gaullyer , Professeur au
College du Plessis a publié une méthode pour
l'étude des Humanités . C'est un Grammairien
fecond , qui suivant toutes les apparences , regalera
encore ses écoliers d'un bon nombre de
Volumes. Je ne sçai si cette multiplication est
nécessaire ; il me semble que le grand nombre
de regles accable plus l'esprit qu'il ne le soulage.
>
La réponse inserée dans le second volume du
Mercure de Juin a fait voir à ce Regent qu'il
n'avoit pas tous les rieurs de son côté. La Cour
et la Ville ont fort goûté cette réponse de l'Auteur
des Tropes , et l'on doute avec raison que
M. Gaullyer y puisse répondre comme il faut.
dit- on ,
M.
Gaullyer voyant donc le peu de succês de
ses critiques et de ses brochures , a eu ,
recours au Regent de seconde du même College
pour tâcher de tourner en ridicule le systême du
Bureau et les Personnes
de la Cour et de la Ville
qui en aprouveroient
l'usage. On exigea là-dessus
un secret inviolable
de la part des Acteurs de
cetto
SEPTEMBRE . 1731. 220L
›
cette nouvelle Piece et le secret synderetique
fut si grand , que la plupart des Spectateurs s'en
retournerent sans sçavoir le sujet de cette farce ,
annoncée le Mercredy 22. Août , pour le lendemain
Jeudy 23. après la Tragedie de Joseph de
M. l'Abbé Genest . Une personne au fait des
Spectacles , et de l'ordre qu'on y doit observer ,
ayant été témoin des traits injurieux et personnels
dont cette Piece étoit remplie , et de l'accident
vrayement tragique qui arriva pendant la
premiere , par la chûte d'un échafaut , sous lequel
il y eût des bras et des jambes cassées , ne
pût s'empêcher de dire publiquement qu'il seroit
de l'ordre de la Police d'empêcher de tels abus ,
de prévenir de pareils accidens dans les répresentations
de College , d'en faire auparavant examiner
ler Pieces et visiter les échafauts comme
il se pratique dans les autres Theatres.
2
Pour revenir à cette petite Piece , dont le sujet
devoit, disoit- on, s'anoncer de lui- même , Momus:
ouvre la Scene , en se tenant les côtez de rire du
projet ridicule de certains avanturiers de la me--
nuë literature , qui s'érigeant en réformateursdu
Parnasse , voudroient renvoyer les Muses à
l'école ; et remettre Apollon lui- même à l'Abécé..
Jupiter , personnage entierement inutile , et qui .
ne sert au plus qu'à multiplier les rôles de la
Piece pour le compte du Regent qui en est l'Auteur
, vient demander à Momus quel est ce bruit:
de Scies et de Marteaux qu'on entend sur le Par
nasse ? Momus lui répond que c'est une Manu--
facture de Bureaux Typographiques qu'on veut .
Y établir , et dont un visionnaire , nommé M.
Buriver , vient demander à Apollon le Privilege
Apollon survient , et entendant parler de Buriver ,.
demande à Momus , quelle espece d'homme est .
Gy CC
2202 MERCURE DE FRANCE
ce Buriver ? Momus lui dit que c'est un fou sérieux
, qui croit avoir une Mission pour changer
le nom des Lettres de l'Alphabet , et qui a telleà
coeur de mettre à profit les premieres années
de l'enfance , qu'il veut absolument ( au dire
de l'Auteur ) qu'on apprenne à lire aux Enfans,
dès le maillot , pour réparer le temps qu'ils ont
perdu dans le ventre de leur Mere.
ment
2
Apollon ayant donné ordre de l'introduire
on voit entrer M. Buriver , suivi de deux autres.
réformateurs ausquels on ne comprend rien , et :
qui n'étant-là , que pour faire nombre , ne servent
, comme on l'a dit de Jupiter , qu'à multiplier
les personnages de la Piece. L'Auteur fait
ensuite exposer à M. Buvier le projet et la pratique
de sa réforme de la maniere du monde la
plus plate et la plus insipide aux yeux des Spec-.
tateurs , mais d'une maniere très - ingenieuse aux
yeux des Regens , qui trouvent que cette Piece
petille d'esprit. L'on en peut juger par l'exemple:
suivant Pour empêcher les Enfans de ronger
leurs Livres , Buriver , dit - on , a imaginé de
leur donner des Rudimens de bois , et d'en mettre
les Leçons sur des cartes détachées › pour les.
empêcher d'épuiser leur salive , et d'user leur
pouce à en tourner les feuillets..
Voilà les gentillesses que l'Auteur met dans la
bouche de M. Buriver , et il n'a eû garde de faire
un mauvais usage de son esprit , en lui faisant
dire › pour prouver les effets merveilleux de sa
méthode , que c'étoit par son moyen , que la
chienne de la Foire S. Germain avoit appris à
lire , tant il a eu soin d'éviter les basses plaisanseries
, quoique plus naturelles et plus propres à
son sujet.
Enfin , un Menuisier nommé Thibaud , an-
допсе
SEPTEMBRE . 1731. 2203
nonce pour
"'
dénoüment les Muses viennent
que
de:
de mettre en pieces tous ses Bureaux , de briser
ses outils et de lui rompre ses Regles sur le
corps , et il finit la piece en se proposant
retourner à sa boutique , et en conseillant à M..
Buriver de le suivre et de devenir son garçon
c'est ainsi que des gens de College s'éforcent de
tourner en ridicule la métode du Bureau , pendant
que les personnes les plus sages de la Ville
et de la Cour font gloire d'en reconnoître l'uti
lité , et que cette métode a l'avantage d'être em
ployée à l'instruction des ENFANS DE FRANCE
Voici , Monsieur , un Certificat qui vous fera
voir le Jugement de la societé des Arts " uns peus
different de celui des Regens du College du
Plessis..
phique , à un de ses amis.
V sicur , la suite des disputes , au sujet du Bu-
Ous voulez donc sçavoir , mon cher Mon-
›
reau Typographique la voici ; l'Auteur de cette
methode , bien loin de se rebuter des vaines déclamations
des petits genies remplis d'eux-mêmes
, suit le conseil que de grands hommes lui
ont donné , qui est de ne pas se mettre beaucoup
en peine des critiqueurs de College , dont tout le
plaisir seroit de vouloir faire adopter leur ignorance
comme une science certaine et infaillible.
Cet Aureur va toûjours son train, en prouvant et
établissant de plus en plus , par le raisonnement
et par l'expérience le systême du Bureau , il néglige
ce que la prévention et la mauvaise foi des
Maîtres mercenaires pourroient dire contre la
verité et l'utilité de ce systême . La plupart de ces
Maîtres regardent les anciennes methodes comme
incorporées avec leur être : L'indifference pour le
bien public er pour la bonne éducation , les rendent
insensibles aux avantages des nouvelles mé
thodes . Au contraire les Partisans du Bureau
méprisent la ridicule prévention où l'on est d'a-
Giiij. muser
2200 MERCURE DE FRANCE
muser les enfans à des niaiseries qui ne leur laissent
rien de bon dans la mémoire , et les parens
sensés goûtent volontiers une méthode qui débarasse
leurs enfans de toutes les épines qui accompagnent
les premiers principes.
Vous sçaurez d'abord que la critique anonime
inserée dans le Mercure du mois de Fevrier dernier
, fût encore plus mal reçûë du Public , que
celle du mois de Janvier. M. Gaullyer , regent
de quatrième au College du Plessis , se flâta d'être
plus heureux en donnant avec des notes de
sa façon une nouvelle édition de la methode de
M. Lefevre , voici ce qu'en dit le Nouveliste du
Parnasse , lettre 28. page 285.
>
L'infatigable M. Gaullyer , Professeur au
College du Plessis a publié une méthode pour
l'étude des Humanités . C'est un Grammairien
fecond , qui suivant toutes les apparences , regalera
encore ses écoliers d'un bon nombre de
Volumes. Je ne sçai si cette multiplication est
nécessaire ; il me semble que le grand nombre
de regles accable plus l'esprit qu'il ne le soulage.
>
La réponse inserée dans le second volume du
Mercure de Juin a fait voir à ce Regent qu'il
n'avoit pas tous les rieurs de son côté. La Cour
et la Ville ont fort goûté cette réponse de l'Auteur
des Tropes , et l'on doute avec raison que
M. Gaullyer y puisse répondre comme il faut.
dit- on ,
M.
Gaullyer voyant donc le peu de succês de
ses critiques et de ses brochures , a eu ,
recours au Regent de seconde du même College
pour tâcher de tourner en ridicule le systême du
Bureau et les Personnes
de la Cour et de la Ville
qui en aprouveroient
l'usage. On exigea là-dessus
un secret inviolable
de la part des Acteurs de
cetto
SEPTEMBRE . 1731. 220L
›
cette nouvelle Piece et le secret synderetique
fut si grand , que la plupart des Spectateurs s'en
retournerent sans sçavoir le sujet de cette farce ,
annoncée le Mercredy 22. Août , pour le lendemain
Jeudy 23. après la Tragedie de Joseph de
M. l'Abbé Genest . Une personne au fait des
Spectacles , et de l'ordre qu'on y doit observer ,
ayant été témoin des traits injurieux et personnels
dont cette Piece étoit remplie , et de l'accident
vrayement tragique qui arriva pendant la
premiere , par la chûte d'un échafaut , sous lequel
il y eût des bras et des jambes cassées , ne
pût s'empêcher de dire publiquement qu'il seroit
de l'ordre de la Police d'empêcher de tels abus ,
de prévenir de pareils accidens dans les répresentations
de College , d'en faire auparavant examiner
ler Pieces et visiter les échafauts comme
il se pratique dans les autres Theatres.
2
Pour revenir à cette petite Piece , dont le sujet
devoit, disoit- on, s'anoncer de lui- même , Momus:
ouvre la Scene , en se tenant les côtez de rire du
projet ridicule de certains avanturiers de la me--
nuë literature , qui s'érigeant en réformateursdu
Parnasse , voudroient renvoyer les Muses à
l'école ; et remettre Apollon lui- même à l'Abécé..
Jupiter , personnage entierement inutile , et qui .
ne sert au plus qu'à multiplier les rôles de la
Piece pour le compte du Regent qui en est l'Auteur
, vient demander à Momus quel est ce bruit:
de Scies et de Marteaux qu'on entend sur le Par
nasse ? Momus lui répond que c'est une Manu--
facture de Bureaux Typographiques qu'on veut .
Y établir , et dont un visionnaire , nommé M.
Buriver , vient demander à Apollon le Privilege
Apollon survient , et entendant parler de Buriver ,.
demande à Momus , quelle espece d'homme est .
Gy CC
2202 MERCURE DE FRANCE
ce Buriver ? Momus lui dit que c'est un fou sérieux
, qui croit avoir une Mission pour changer
le nom des Lettres de l'Alphabet , et qui a telleà
coeur de mettre à profit les premieres années
de l'enfance , qu'il veut absolument ( au dire
de l'Auteur ) qu'on apprenne à lire aux Enfans,
dès le maillot , pour réparer le temps qu'ils ont
perdu dans le ventre de leur Mere.
ment
2
Apollon ayant donné ordre de l'introduire
on voit entrer M. Buriver , suivi de deux autres.
réformateurs ausquels on ne comprend rien , et :
qui n'étant-là , que pour faire nombre , ne servent
, comme on l'a dit de Jupiter , qu'à multiplier
les personnages de la Piece. L'Auteur fait
ensuite exposer à M. Buvier le projet et la pratique
de sa réforme de la maniere du monde la
plus plate et la plus insipide aux yeux des Spec-.
tateurs , mais d'une maniere très - ingenieuse aux
yeux des Regens , qui trouvent que cette Piece
petille d'esprit. L'on en peut juger par l'exemple:
suivant Pour empêcher les Enfans de ronger
leurs Livres , Buriver , dit - on , a imaginé de
leur donner des Rudimens de bois , et d'en mettre
les Leçons sur des cartes détachées › pour les.
empêcher d'épuiser leur salive , et d'user leur
pouce à en tourner les feuillets..
Voilà les gentillesses que l'Auteur met dans la
bouche de M. Buriver , et il n'a eû garde de faire
un mauvais usage de son esprit , en lui faisant
dire › pour prouver les effets merveilleux de sa
méthode , que c'étoit par son moyen , que la
chienne de la Foire S. Germain avoit appris à
lire , tant il a eu soin d'éviter les basses plaisanseries
, quoique plus naturelles et plus propres à
son sujet.
Enfin , un Menuisier nommé Thibaud , an-
допсе
SEPTEMBRE . 1731. 2203
nonce pour
"'
dénoüment les Muses viennent
que
de:
de mettre en pieces tous ses Bureaux , de briser
ses outils et de lui rompre ses Regles sur le
corps , et il finit la piece en se proposant
retourner à sa boutique , et en conseillant à M..
Buriver de le suivre et de devenir son garçon
c'est ainsi que des gens de College s'éforcent de
tourner en ridicule la métode du Bureau , pendant
que les personnes les plus sages de la Ville
et de la Cour font gloire d'en reconnoître l'uti
lité , et que cette métode a l'avantage d'être em
ployée à l'instruction des ENFANS DE FRANCE
Voici , Monsieur , un Certificat qui vous fera
voir le Jugement de la societé des Arts " uns peus
different de celui des Regens du College du
Plessis..
Fermer
Résumé : Lettre d'un Partisan du systême typographique, à un de ses amis.
La lettre d'un partisan du système typographique à un ami met en lumière les controverses entourant cette méthode d'enseignement. L'auteur de la méthode, malgré les critiques des 'petits génies' et des maîtres mercenaires attachés aux anciennes méthodes, continue de promouvoir son système. Il est soutenu par des grands hommes et des parents sensibles aux avantages de cette nouvelle approche. Les critiques anonymes, comme celle publiée dans le Mercure de février, ont été mal reçues par le public. M. Gaullyer, un régent du Collège du Plessis, a tenté de discréditer la méthode en publiant une édition annotée de la méthode de M. Lefevre. Cependant, sa critique a été réfutée dans le Mercure de juin. Gaullyer a ensuite essayé de ridiculiser le système typographique à travers une pièce de théâtre, mais cette tentative a été un échec, marquée par un accident tragique. La pièce, jouée au Collège du Plessis, a été critiquée pour ses traits injurieux et personnels. Malgré ces attaques, les personnes sages de la Ville et de la Cour reconnaissent l'utilité de la méthode typographique, qui est utilisée pour l'instruction des enfants en France. Un certificat de la société des Arts confirme ce jugement positif.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 2203-2204
EXTRAIT du Registre des déliberations de la societé des Arts, du Dimanche dix-septiéme Decembre 1730.
Début :
Ce jour, Messieurs Medallon, Romieu, Degua et Romond, Commissaires nommés, [...]
Mots clefs :
Société des arts, Extrait, Secrétaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Registre des déliberations de la societé des Arts, du Dimanche dix-septiéme Decembre 1730.
EXTRAIT du Registre des déliberations
de la societé des Arts , du Dimanche
dix- septiéme Decembre 1730.
CEjour ,Messieurs Medallon
Romiew
Degua et Romond , Commissaires nommés,
par déliberation. de la Societé du 27. Août dern
mier , pourl'examen d'une nouvelle Machine
servant à apprendre aux enfans plus facile
ment et plus promptement à connoître les let
tres , à les assembler , à lire , à ortographier
tant en Latin qu'en François , et même less
premiers Principes de la Langue Latine , présentée
à la Societé par le Sieur Damas , seuss
le nom de Bureau Typographique , ont fait leur ·
rapport à la Compagnie , conçu en ces termes :
Nous Commissaires nommés par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé:
G› vjs
1
2204 MERCURE DE FRANCE
par le Sieur Dumas ; Certifions que cette now
velle invention nous a paru mériter à plusieurs
titres une enviere préference sur toutes les mé
todes employées jusqu'à present pour l'instruc
tion des enfans , en ce qu'elle fournit un moyen
infaillible d'employer utilement les premieres
années de la plus tendre enfance , en mettant
en oeuvre la mesure d'intelligence , qui accom◄
pagne cet âge , en épargnant les préceptes , em
ne parlant qu'aux sens et à l'imagination qui
sont le seul partage de l'enfance , en profitant
même des imperfections de cet âge pour le progrès
des connoissances , puisqu'on n'y employe
que la voye du plaisir , et d'une pratique aisée
et toute mécanique , laquelle est néanmoins
fondée sur la Teorie la plus éxacte et la mieux
suivie ; Enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travail , et ce qui mérite
encore plus d'attention en leur épargnant le
dégout , qui , les éloignant de l'étude , décide
souvent de leur sort pour le reste de leur vie.
Nous croyons que tous ceux qui sentent l'importance
de l'employ, des premieres années de
l'enfance , regarderont avec estime une invention
dont l'utilité s'étend sur tous les âges
que l'Auteur récüeillera par le succès et l'ap-.
probation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
> et
Je soussigné , Secretaire de la Societé des
Arts ; certifie que l'Extrait cy - dessus a été tiré
du Registre des déliberations de la Societé , et
qu'il est en tout conforme à son Original. Donné
à Paris , ce 14. Septembre 173 1..
HYNAULT
de la societé des Arts , du Dimanche
dix- septiéme Decembre 1730.
CEjour ,Messieurs Medallon
Romiew
Degua et Romond , Commissaires nommés,
par déliberation. de la Societé du 27. Août dern
mier , pourl'examen d'une nouvelle Machine
servant à apprendre aux enfans plus facile
ment et plus promptement à connoître les let
tres , à les assembler , à lire , à ortographier
tant en Latin qu'en François , et même less
premiers Principes de la Langue Latine , présentée
à la Societé par le Sieur Damas , seuss
le nom de Bureau Typographique , ont fait leur ·
rapport à la Compagnie , conçu en ces termes :
Nous Commissaires nommés par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé:
G› vjs
1
2204 MERCURE DE FRANCE
par le Sieur Dumas ; Certifions que cette now
velle invention nous a paru mériter à plusieurs
titres une enviere préference sur toutes les mé
todes employées jusqu'à present pour l'instruc
tion des enfans , en ce qu'elle fournit un moyen
infaillible d'employer utilement les premieres
années de la plus tendre enfance , en mettant
en oeuvre la mesure d'intelligence , qui accom◄
pagne cet âge , en épargnant les préceptes , em
ne parlant qu'aux sens et à l'imagination qui
sont le seul partage de l'enfance , en profitant
même des imperfections de cet âge pour le progrès
des connoissances , puisqu'on n'y employe
que la voye du plaisir , et d'une pratique aisée
et toute mécanique , laquelle est néanmoins
fondée sur la Teorie la plus éxacte et la mieux
suivie ; Enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travail , et ce qui mérite
encore plus d'attention en leur épargnant le
dégout , qui , les éloignant de l'étude , décide
souvent de leur sort pour le reste de leur vie.
Nous croyons que tous ceux qui sentent l'importance
de l'employ, des premieres années de
l'enfance , regarderont avec estime une invention
dont l'utilité s'étend sur tous les âges
que l'Auteur récüeillera par le succès et l'ap-.
probation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
> et
Je soussigné , Secretaire de la Societé des
Arts ; certifie que l'Extrait cy - dessus a été tiré
du Registre des déliberations de la Societé , et
qu'il est en tout conforme à son Original. Donné
à Paris , ce 14. Septembre 173 1..
HYNAULT
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Registre des déliberations de la societé des Arts, du Dimanche dix-septiéme Decembre 1730.
Le 17 décembre 1730, les commissaires Medallon, Romiew, Degua et Romond, désignés par la Société des Arts, ont soumis un rapport sur le Bureau Typographique, une invention du Sieur Damas. Cette machine est conçue pour enseigner aux enfants les lettres, la lecture, l'orthographe en latin et en français, ainsi que les bases de la langue latine. Les commissaires ont souligné plusieurs avantages de cette invention par rapport aux méthodes traditionnelles. Elle utilise les premières années de l'enfance de manière productive en stimulant les sens et l'imagination. Elle évite les préceptes théoriques en favorisant le plaisir et la pratique mécanique, tout en étant basée sur une théorie précise. De plus, elle inculque aux enfants l'habitude de l'ordre et du travail, évitant ainsi le dégoût de l'étude. Les commissaires ont estimé que cette invention serait appréciée par ceux qui reconnaissent l'importance des premières années de l'enfance et qu'elle serait utile à tous les âges. Le rapport a été certifié conforme par le secrétaire de la Société des Arts le 14 septembre 1731.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 2205-2206
« Les Parens curieux en fait d'éducation, qui voudront connoître par eux-mêmes le mérite [...] »
Début :
Les Parens curieux en fait d'éducation, qui voudront connoître par eux-mêmes le mérite [...]
Mots clefs :
Enfants typographes, École vulgaire, Bibliothèque des enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Parens curieux en fait d'éducation, qui voudront connoître par eux-mêmes le mérite [...] »
Les Parens curieux en fait d'éducation , qui
voudront connoître par eux - mêmes le mérite
et l'utilité du Bureau Typographique , pourront
prendre la peine d'aller voir les Enfans Typographes
, instruits et exercéz selon cette nouvelle
métode. On trouvera chez un Marchand de Soye;
au bras d'or , dans la rue S. Denis vis- à- vis
Sainte Catherine , une aimable petite fille ,
dessous de trois ans qui , en peu de mois a appris
avec le Bureau ce que bien des enfans ignorent
après des années d'école vulgaire. On trouvera
chez Madame Beaulieu , à l'égoût Montmartre
vis - à - vis le petit Hôtel de Charot , un digne
Enfant , dont le seul exemple est capable de fermer
la bouche à tous les critiques. On pourroitindiquer
un grand nombre d'autres Enfans Typogriphes
, si on ne craignoit de fatiguer les
Parens ou les Maîtres. Dom Ventura de Liria ,
qui a un Bureau au College d'Harcourt , a fais
en peu de tems . l'heureuse expérience de cette
métode , de même que le petit Remilli , qui ,
ayant aussi un Bureau au College du Plessis
eu un des prix de mémoire distribués le jour de
la Tragedie , et qui est en état d'aller en classe
selon le goût et la volonté de ses Parens .
Les Personnes bien intentionnées qui aiment
le bien public , sçachant que Monseigneur le
DAUPHIN et MES DAMES DE FRANCE ,
apprennent à lire par la métode du Bureau Typographique
, et que l'Auteur par commission ,
en a déja envoyé dans les Provinces , ces persondis
je s'embarrasseront peu des
critiques
qu'ont produit jusqu'ici l'ignorance , la préven
tion , et peut-être l'Envie ou la mauvaise foi.
nes ,
·
>
,
a
2
Ceux qui souhaitteront avoir quelqu'unes des
quatre Classes du Bureau Typographique "
en
trous
2206 MERCURE DE FRANCE
twouveront de toutes garnies dans la maison ate---
nant la porte du College de Lisieux , ruë Saint
Etienne des Grès ; l'Avis , le Prix et l'instruction
sur ces quatre Classes se trouvent à la fin de la
neuviéme lettre sur la Bibliotheque des Enfans .
inserée dans le Mercure du mois de Fevrier dernier
, p. 209. ou 234. En attendant la suite de la…
Relation Typographique , J'ay l'honneur d'être
&c..A. Paris ce 15. Septembre 173 I.
RIOMBA L.
voudront connoître par eux - mêmes le mérite
et l'utilité du Bureau Typographique , pourront
prendre la peine d'aller voir les Enfans Typographes
, instruits et exercéz selon cette nouvelle
métode. On trouvera chez un Marchand de Soye;
au bras d'or , dans la rue S. Denis vis- à- vis
Sainte Catherine , une aimable petite fille ,
dessous de trois ans qui , en peu de mois a appris
avec le Bureau ce que bien des enfans ignorent
après des années d'école vulgaire. On trouvera
chez Madame Beaulieu , à l'égoût Montmartre
vis - à - vis le petit Hôtel de Charot , un digne
Enfant , dont le seul exemple est capable de fermer
la bouche à tous les critiques. On pourroitindiquer
un grand nombre d'autres Enfans Typogriphes
, si on ne craignoit de fatiguer les
Parens ou les Maîtres. Dom Ventura de Liria ,
qui a un Bureau au College d'Harcourt , a fais
en peu de tems . l'heureuse expérience de cette
métode , de même que le petit Remilli , qui ,
ayant aussi un Bureau au College du Plessis
eu un des prix de mémoire distribués le jour de
la Tragedie , et qui est en état d'aller en classe
selon le goût et la volonté de ses Parens .
Les Personnes bien intentionnées qui aiment
le bien public , sçachant que Monseigneur le
DAUPHIN et MES DAMES DE FRANCE ,
apprennent à lire par la métode du Bureau Typographique
, et que l'Auteur par commission ,
en a déja envoyé dans les Provinces , ces persondis
je s'embarrasseront peu des
critiques
qu'ont produit jusqu'ici l'ignorance , la préven
tion , et peut-être l'Envie ou la mauvaise foi.
nes ,
·
>
,
a
2
Ceux qui souhaitteront avoir quelqu'unes des
quatre Classes du Bureau Typographique "
en
trous
2206 MERCURE DE FRANCE
twouveront de toutes garnies dans la maison ate---
nant la porte du College de Lisieux , ruë Saint
Etienne des Grès ; l'Avis , le Prix et l'instruction
sur ces quatre Classes se trouvent à la fin de la
neuviéme lettre sur la Bibliotheque des Enfans .
inserée dans le Mercure du mois de Fevrier dernier
, p. 209. ou 234. En attendant la suite de la…
Relation Typographique , J'ay l'honneur d'être
&c..A. Paris ce 15. Septembre 173 I.
RIOMBA L.
Fermer
Résumé : « Les Parens curieux en fait d'éducation, qui voudront connoître par eux-mêmes le mérite [...] »
Le Bureau Typographique est une nouvelle méthode d'éducation qui attire l'attention des parents. Pour en évaluer l'efficacité, ils peuvent observer des enfants ayant appris à lire rapidement grâce à cette méthode. Par exemple, une petite fille de moins de trois ans a appris à lire rapidement, contrairement à d'autres enfants ayant suivi l'enseignement traditionnel. Un autre enfant, chez Madame Beaulieu, illustre également les avantages de cette méthode. Dom Ventura de Liria et le petit Remilli, utilisant le Bureau Typographique dans leurs collèges respectifs, ont constaté son efficacité. Le petit Remilli a même reçu un prix de mémoire. Le Dauphin et les Dames de France apprennent également à lire par cette méthode, et des bureaux ont été envoyés dans les provinces. Les personnes intéressées par le bien public sont encouragées à ne pas se laisser décourager par les critiques. Les quatre classes du Bureau Typographique sont disponibles dans la maison attenante à la porte du Collège de Lisieux, rue Saint-Étienne des Grès. Des informations supplémentaires sont disponibles dans la neuvième lettre sur la Bibliothèque des Enfants, publiée dans le Mercure de France de février.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 2206-2207
MEMOIRE sur l'Etude des Langues vivantes.
Début :
Dieu ayant châtié l'insolence de nos Peres, par la confusion des Langues à l'entreprise [...]
Mots clefs :
Science, Latin, Grec, Arts, Grammaire anglaise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE sur l'Etude des Langues vivantes.
MEMOIRE sur l'Etude des Langues;
vivantes.
D
Leu ayant: châtié l'insolence de nos Peres 2"
par la confusion des Langues à l'entreprise :
de Babel ; il n'y a pas de meilleur moyen pour
adoucir l'effet de cette punition , que d'apprendre
plusieurs Langues ; et l'on doit regarder
cette science comme la clef de la Sagesse des
differentes Nations.
La plus grande partie de notre jeunesse est .
occupée à apprendre le Latin et le Grec ; sur
quoi il faut observer , qu'on se fait par - là , à la
verité un bon fond , mais presque tous les
Auteurs Grecs ee Latins étant traduits en François
, il seroit sans doute , plus utile de s'ap
pliquer à l'étude des Langues de nos . Voisins.
>
L'on ne peut donc excuser l'ignorance de nos
Sçavans là-dessus ; car ne pas approfondir la
science des étrangers , est une présomption de
soi -même , et un mépris des autres qui n'est pas
pardonnable. Sur- tout si ceux que l'on méprise ,.
sont gens d'érudition ; c'est même une arrogance
insupportable de soutenir que les moindress
SEPTEMBRE 1731. 2207
Peuples ne puissent avoir quelque chose digne
de notre attention ..
Ainsi , à mon avis , aucun homme ne devroit
passer pour Sçavant parmi nous , s'il ignore
la Langue de ses voisins : et parmi ceux - cy , les..
Anglois semblent meriter notre premiere attention.
En effet , ce Peuple par une sagacité particuliere
, et par une application infatigable , travaille
beaucoup à l'avancement des Arts et des
Sciences et y fait tous les jours de grands
Progrès.
"
:
C'est sur quoi je trouve que c'est un malheur
que nous n'ayons pas une bonne Grammaire.
Angloise il y a presentement à Paris , Eaubourg
S. Jacques , près les Feuillantines , chez Monsieur
Wallon , un Gentilhomme Anglois , qui a
entrepris de faire une Grammaire Angloise , laquelle
donnera de grandes facilitez ; mais le peu
d'inclination qu'il reconnoît dans norre nation
pour l'étude aux Langues Etrangeres , le décourage
presque entierement d'éxecuter son Projet ;;
le zele pour notre Patrie également renommée
du côté des Sciences , des Arts et des Armes
devroit faire cesser cette plainte : car comme nos
voisins étudient assidument notre Langue si.
nous n'étudions pas la leur , ils seront bien- tôt
plus sçavans que nous ; et ceux que nous semblons
mépriser , auront lieu de nous mépriser à
leur tour.
vivantes.
D
Leu ayant: châtié l'insolence de nos Peres 2"
par la confusion des Langues à l'entreprise :
de Babel ; il n'y a pas de meilleur moyen pour
adoucir l'effet de cette punition , que d'apprendre
plusieurs Langues ; et l'on doit regarder
cette science comme la clef de la Sagesse des
differentes Nations.
La plus grande partie de notre jeunesse est .
occupée à apprendre le Latin et le Grec ; sur
quoi il faut observer , qu'on se fait par - là , à la
verité un bon fond , mais presque tous les
Auteurs Grecs ee Latins étant traduits en François
, il seroit sans doute , plus utile de s'ap
pliquer à l'étude des Langues de nos . Voisins.
>
L'on ne peut donc excuser l'ignorance de nos
Sçavans là-dessus ; car ne pas approfondir la
science des étrangers , est une présomption de
soi -même , et un mépris des autres qui n'est pas
pardonnable. Sur- tout si ceux que l'on méprise ,.
sont gens d'érudition ; c'est même une arrogance
insupportable de soutenir que les moindress
SEPTEMBRE 1731. 2207
Peuples ne puissent avoir quelque chose digne
de notre attention ..
Ainsi , à mon avis , aucun homme ne devroit
passer pour Sçavant parmi nous , s'il ignore
la Langue de ses voisins : et parmi ceux - cy , les..
Anglois semblent meriter notre premiere attention.
En effet , ce Peuple par une sagacité particuliere
, et par une application infatigable , travaille
beaucoup à l'avancement des Arts et des
Sciences et y fait tous les jours de grands
Progrès.
"
:
C'est sur quoi je trouve que c'est un malheur
que nous n'ayons pas une bonne Grammaire.
Angloise il y a presentement à Paris , Eaubourg
S. Jacques , près les Feuillantines , chez Monsieur
Wallon , un Gentilhomme Anglois , qui a
entrepris de faire une Grammaire Angloise , laquelle
donnera de grandes facilitez ; mais le peu
d'inclination qu'il reconnoît dans norre nation
pour l'étude aux Langues Etrangeres , le décourage
presque entierement d'éxecuter son Projet ;;
le zele pour notre Patrie également renommée
du côté des Sciences , des Arts et des Armes
devroit faire cesser cette plainte : car comme nos
voisins étudient assidument notre Langue si.
nous n'étudions pas la leur , ils seront bien- tôt
plus sçavans que nous ; et ceux que nous semblons
mépriser , auront lieu de nous mépriser à
leur tour.
Fermer
Résumé : MEMOIRE sur l'Etude des Langues vivantes.
Le texte 'MÉMOIRE sur l'Étude des Langues vivantes' met en avant l'importance d'apprendre plusieurs langues pour pallier la confusion des langues à Babel. L'auteur estime que la maîtrise des langues étrangères est cruciale pour accéder à la sagesse des différentes nations. Il critique l'accent mis sur le latin et le grec, arguant que la plupart des auteurs grecs et latins sont déjà traduits en français. Il recommande de se concentrer sur les langues des voisins, notamment l'anglais, en raison des avancées de ce peuple dans les arts et les sciences. L'auteur déplore l'ignorance des savants français concernant les langues étrangères, qualifiant cette attitude de présomptueuse et arrogante. Il propose que toute personne se prétendant savante en France devrait connaître la langue de ses voisins. Il souligne également l'absence d'une bonne grammaire anglaise à Paris et encourage son développement. Enfin, il met en garde contre le risque que les voisins, en étudiant le français, deviennent plus savants que les Français s'ils ne s'intéressent pas à leurs langues.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 2405-2406
RÉPONSE à la Lettre d'une Dame, qui depuis peu fait usage du Bureau Tipographique.
Début :
Je n'ai jamais douté, Madame, que l'experience ne confirmât ce que j'avois déja eu [...]
Mots clefs :
Ignorance, Prévention, Présomptueux, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à la Lettre d'une Dame, qui depuis peu fait usage du Bureau Tipographique.
LETTRE de l'Auteur Typographe à M.
Riombal , au sujet de sa Lettre inserée
dans le Mercure du mois de Septembre
dernier.
J
'Ai appris , Monsieur , qu'on se plaignoit
de ce que vous aviez employé dans vôtre
Lettre ces termes subsantifs d'ignorance , de prévention
, d'envie et de mauvaise foi , contre
des Critiques habiles , qui supposent avoir droit
d'employer contre leurs adversaires de la Cour
et de la Ville , les termes adjectifs de présomptueux
, de fou , de sot , de dupe , de charlatan
et d'avanturier. On dit que vous avez mal -fait
de suivre leur exemple en cela. Le Public scandalisé
du fait , jugera la dispute : Si le bureau
a eu le malheur de n'être pas du goût de quelques
Regens du Plessis , il ne s'ensuit pas qu'ils
soient bien au fait du Sistême Typographique ;
ces Messieurs sçavent bien qu'on peut être habile
sur une chose et être dans l'ignorance sur
l'autre.
>
Quoiqu'ils sçachent bien le Latin et le Grec
qu'ils sont obligez d'enseigner , ils peuvent ignorer
le sistême dont ils croyent n'avoir pas besoin
2406 MERCURE DE FRANCE
soin ; et ce n'est que sur cet Article que doivent
tomber les expressions qui vous ont échappé à
Poccasion des leurs. Nous aurions tort d'ailleurs
de nous plaindre d'un College célebre , dont le
digne Principal a bien voulu permettre l'usage du
Bureau, sans sçavoir que dans la suite on s'en serviroit
pour MONSEIGNEUR LE DAUPHINCT
pour MESDAMES DE FRANCE ; Vous n'ignorez pas
non plus que les deux Sous - Principaux de ce
fameux College ont reconnu l'utilité de ce sistême
il y auroit donc de l'injustice , et même
de l'ingratitude à confondre sous le terme de
College , les Critiques et les Approbateurs du
Bureau Typographique , J'ai l'honneur d'être
&c.
Riombal , au sujet de sa Lettre inserée
dans le Mercure du mois de Septembre
dernier.
J
'Ai appris , Monsieur , qu'on se plaignoit
de ce que vous aviez employé dans vôtre
Lettre ces termes subsantifs d'ignorance , de prévention
, d'envie et de mauvaise foi , contre
des Critiques habiles , qui supposent avoir droit
d'employer contre leurs adversaires de la Cour
et de la Ville , les termes adjectifs de présomptueux
, de fou , de sot , de dupe , de charlatan
et d'avanturier. On dit que vous avez mal -fait
de suivre leur exemple en cela. Le Public scandalisé
du fait , jugera la dispute : Si le bureau
a eu le malheur de n'être pas du goût de quelques
Regens du Plessis , il ne s'ensuit pas qu'ils
soient bien au fait du Sistême Typographique ;
ces Messieurs sçavent bien qu'on peut être habile
sur une chose et être dans l'ignorance sur
l'autre.
>
Quoiqu'ils sçachent bien le Latin et le Grec
qu'ils sont obligez d'enseigner , ils peuvent ignorer
le sistême dont ils croyent n'avoir pas besoin
2406 MERCURE DE FRANCE
soin ; et ce n'est que sur cet Article que doivent
tomber les expressions qui vous ont échappé à
Poccasion des leurs. Nous aurions tort d'ailleurs
de nous plaindre d'un College célebre , dont le
digne Principal a bien voulu permettre l'usage du
Bureau, sans sçavoir que dans la suite on s'en serviroit
pour MONSEIGNEUR LE DAUPHINCT
pour MESDAMES DE FRANCE ; Vous n'ignorez pas
non plus que les deux Sous - Principaux de ce
fameux College ont reconnu l'utilité de ce sistême
il y auroit donc de l'injustice , et même
de l'ingratitude à confondre sous le terme de
College , les Critiques et les Approbateurs du
Bureau Typographique , J'ai l'honneur d'être
&c.
Fermer
Résumé : RÉPONSE à la Lettre d'une Dame, qui depuis peu fait usage du Bureau Tipographique.
L'auteur typographe écrit à M. Riombal pour répondre à une lettre publiée dans le Mercure de septembre précédent. L'auteur note que M. Riombal a utilisé des termes tels qu'ignorance, prévention, envie et mauvaise foi contre des critiques, tandis que ces critiques employaient des adjectifs péjoratifs comme présomptueux, fou, sot, dupe, charlatan et aventurier. L'auteur souligne que le public jugera cette dispute. Il précise que le fait que le bureau typographique n'ait pas plu à certains régents du Plessis ne signifie pas qu'ils maîtrisent le système typographique. Ces régents, bien qu'experts en latin et en grec, peuvent ignorer ce système qu'ils jugent inutile. L'auteur défend l'usage du bureau typographique, approuvé par le principal d'un collège célèbre et reconnu utile par deux sous-principaux. Il conclut en soulignant l'injustice de confondre les critiques et les approbateurs du système typographique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 2584-2594
DIXIEME LETTRE sur la Méthode du Bureau Tipographique.
Début :
On a remarqué, Monsieur, que les enfans de deux à trois ans, afamez d'idées et d'images [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Images, Enfants, Méthode vulgaire, Étude des Lettres, Jeux, Exercices, Leçons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DIXIEME LETTRE sur la Méthode du Bureau Tipographique.
DIXIEME LETTRE sur la
Méthode du Bureau Tipographique...
ON
Na remarqué , Monsieur , que les enfans
de deux à trois ans , afamez d'idées et d'images
, s'amusoient plus volontiers au Bureau
sans le comprendre , que des enfans de quatre à
six ans , déjà remplis de trop d'idées inutiles et
nuisibles aux prémiers élemens des Lettres. L'enfant
qui commence de bonne heure les jeux ou
les exercices du Bureau Tipographique , apprend
à lire avec plaisir , ou avec moins de peine que
par la Méthode vulgaire;il ne se souvient pas dans
la suite d'avoir commencé l'étude des lettres , il
est exemt du triste souvenir qui a dégouté et qui
dégoute ordinairement les autres enfans trop
avancez en âge , et conduits par la méthode vulgaire.
C'est une erreur et une suite du préjugé ,
que
NOVEMBRE 1731. 2585
que de croire toujours pénible pour un enfant
ce qu'on Ini montre méthodiquement ; la peine
et les épines sont pour le bon Maître méthodique
, qui ne prépare que des jeux et des roses
pour ses enfans. Dans la Méthode vulgaire,, bien
des Maîtres prendroient volontiers les roses pour
eux , et laisseroient les épines aux enfans qu'ils
ne recherchent que comme une Marchandise lucrative
. Il faut cependant convenir qu'il y a de
très- bons Maîtres qui partagent les épines avec
leurs enfans , et qui tâchent de leur en épargner
une bonne partie. Voici , Monsieur , la suite que
je vous ai promise , des diverses opérations tipographiques.
JEUX , EXERCICES , Operations
et Leçons , qu'on pourra pratiquer avec
des enfans de 2. à 6. et à 7. ans , mis
aux classes du Bureau Tipographique.
Pour l'exercice de la premiere et de la seconde
Classe du Bureau en Latin .
JEF
Eu du Singe ou de pure imitation , pour ran
ger les cartes ou les lettres sur la table de la
premiere classe du Bureau Tipographique.
de l'Echo ou de pure articulation pour la dé-
* monstration et la vraye dénomination des lettres .
de l'homme ou d'operation téorique et pratique
, dont voici les especes.
Jeu des cinq voyeles capitales et de 25. cartes ,
sçavoir 5. pour chaque voyelle , A , E , I , O , U.
N°. 1.
des consonnes capitales , B , D , P , ajoutées
au jeu des cinq voyelles, et dont la dénomination
E v vulgaire
2586, MERCURE DE FRANCE
vulgaire , Be, De , Pe , est bonne comme dans les
mots , Job , Gad ; Gap , &c . Nº. 2 .
des premieres capitales qui n'ayant qu'un
son , qu'une valeur , n'ont aussi qu'une dénomi
nation simple et monosillabe , comme F , V , M , N,
qu'il faut appeller Fe , Ve , Me , Ne , exemple ,
dans les mots vif, Joseph , venir , Sem , bimen ,
none , & c. N°. 3 .
des autres capitales à simple valeur , comme
H, K, Q, qu'on peut appeller He , Ka , Qu ,
exemple, dans les mots Heros, Kam, Quï &c . Nº.4
-des deux liquides, L,R, et du J, qu'on doit appeller
Le, Re , Jeja , ou Ja , comme dans les mots
Sol , Mer , Jujube , jamais , &c. No. 5.
des quatre capitales qui ayant double valeur
ou double son , ont aussi une dénomination composée
ou polisillabe , comme C , G , S , Z , qu'on
doit nommer Ceke, Ge - ga, Se- ze, Ze- ce, exemple,
dans les mots Cecrops, gigot, Suson, Uscz, Zelez,
&c. N° . 6.
des trois autres consonnes capitales à dénomination
polisillabe , comme T , X , Y , qu'on
doit nommer Te-ci , Kze- gze , I - ïe , exemple ,
dans les mots tentation , Alexis , axe , exil ,
exemple , mystere , payen , païen , &c. Nº. 7.
Jeu de réduction à moins de cartes, où l'on donne
une seule carte pour toutes les lettres de chaque
jeu, c'est-à- dire sept cartes pour les sept jeux
specifiez cy- dessus , une carte pour chaque jeu :
ane seule carte pour le jeu des cinq voyeles , &c.
Cartes No. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7 .
des cinq voyelles capitales à côté des cinq
petites voyelles en forme de croix , ou tout de
suite , comme Aa , Ee , li , Oo , Uu , sur une
seule carte. N. 1 .
des autres capitales que l'on mettra avec les
petites
1
NOVEMBRE .. 1731. 2587
petites consonnes , chaque jeu sur une carte ,
comme 3b , Dd , Pp , sur une autre carte Nº . 2
Ff, Vv , Mm , Nn , sur une autre carte , No. 3.
Hh , Kk , Qq , Sur une autre carte , Nº. Ll,
Rr, Jj , sur une autre carte , No. 5. Cc , Gg , Ss ,
Zz, sur une autre carte , N° . 6. Tt , Xx , Yy ,
sur une autre carte , Ѻ. 7.
4..
Jeu des grandes ressemblantes, comme AV, CG,
EF , BP , TL , BR , OQ , sur une autre carte ,
No. 8.
des quatre petites ressemblantes b , d , p , q.
mises à côté de leurs capitales , coinme Bb , Dd
Pp, Qq , sur une autre carte , Nº. 9%
des quatre petites ressemblantes differamment
combinées sans capitales , comme b , d , p , q ; d ,
q, p, b , &c. sur une autre carte ,
N°. 10% (
des autres lettres ressemblantes , I , ff , fJ ,
hy , ec , irt , qu , sur une autre carte , Nº. II .
des ch , ph , rh , th , en petites et en grandes
lettres , ensemble ou séparement , comme CH ch,
PH ph , & c. sur une autre carte , No. 12.
- des lettres doubles ou redoublées , &t , ft , &,
æ, æ , &c. Nº. 13 .
des cinq voyelles nasales ou à titre , a , e, i,
☎ , ũ , N°. 14.
des cinq même voyelles nasales , á , e , i , o ,
-ũ, à côté des voyelles an , en , in , on, un, comme
an en in on un › N°. 15.
>
de la dénomination des consones imprimées
sur la table du Bureau d'après la copie Be, Ce-ke,
De , Fe , Ge-gu , He , Ja , Ka , Le , Me , Ne , Pe-
Qu , Re, Se-ze , Te-ci , Ve , Kse- gze , Yi- ie , Zeee
, & c. Nº . 16.
Six jeux des combinaisons élementaires , sça
voir des combinaisons Ab , cb, ib , ob , ub , &c.
Mo
2588 MERCURE DE FRANCE
N°.P. 1 , Aba , ebe , ibi , obo , ubu , &c. Nº. 2. Ba ,
be , bi, bo , bu , &c . N. ° . 3. Bab , beb , bib ,
"bob, bub , &c. No. 4. Bla , ble , bli , blo ,
blu >
&c. No. 5. Bia , bre , bri , bro , bru , &c N°. 6.
Exercice à imprimer lettre à lettre sur la table
de la seconde classe , les sillabes des mots latins
donnez pour copie à l'enfant , exemple , Do - minus
, Do mi- no- rum , Nº . 1. N°. 2. &c.
des monosillabes latins à lire et à imprimer ,
exemple , Abs , bis , clam , &c. Nº. 1. Nº. 2. & c.
des noms propres et des mots connus et aisez
à imprimer lettre à lettre Ex . Pe-trus Lu- do- vicus
, &c. Paris , Samuel , Monomotapa , Abel ,
Phanix , &c. Nº. 1. 2. & c.
Exercice Tipographique sur la copie du discours
donné à imprimer. Ex. Pater noster qui es in
calis , &c; Nº. 1. N°. 2 , &c.
Pourl'exercice des quatre classes du Bureau,
soit en latin , soit en François .
>
Exercice des sons François simples , ou des quatorze
voyelles a , e , i , o , u‚ã‚é‚í‚õ , ú, eu ,
è , é , ou : comme dans les mots la , le , ni , со
nu , an , bien , ingrat , onde , lundi , Dieu , proz
cès , bonté , cou & c . No. 1 .
,
des sons composez oudes consonnes latines et
françoises qui sonnent comme dans les mots robe,
face , croc, grade , Caiphe , étoffe , juge, gigue,
heros, seule, ame , aune , coupe , quicõque, rare,
saisă , Fraçois , tête , tetatio , vive , Xerxès
axe , exil , fixe , taxe , chevreau , agneau ,
ouaille , loi , lui , ludi , &c. Nº. 2.
des diftongues à l'oeil seulement ou par rap-
Iport aux signes , comme au , eu , ou , &c. dans
es mots haubois , feu , sou , &c. N° . 3.
des diftongues à l'oreille et aux yeux , ou par
rapport
NOVEMBRE. 1731. 2589
rapport aux sons , comme ui , oi , & c. dans les
mots nuit , toit ; &c. Nº . 4,
des combinaisons élementaires foibles et fortes
, comme dans les sillabes ba , pa ; da , ta ; cla,
gla ; fra , vra , &c. et dans les mots bas , pas ;
don , ton ; gris , cris ; zele , sele ; vin , fini
Gige , chiche , &c . Nº . f.
Exercice des combinaisons avec les lettres liqui
des , sons mouillez , &c. comme dans les sillabes ,
Lé , lè , leu , lou , lau.
:
Ré , rè , reu , roù , rau.
Gné, gnè , gneu , gnou , gnau.
Lhé , lhè , Iheu , Thou , Ihau , et dans les
mots , plat , croc , oignon , paille , chignon ,
païen , &c. Nº. 6.
sur les combinaisons difficiles et plus compo
sées , comme dans les mots Stix , Sphinx , constant
, arctique , Amsterdam , &c. N °. 7.
des monosillabes françois masculins . Exemple,
as , bec , cri , dol , &c. N° . 8 .
des monosillabes feminins ou des mots ,
qui
outre leur sillabe, ont encore de plus l'é muet ou
la rime feminine, comme vie, lue, roue, & c.N ° . 9 .
des noms propres et des mots sensibles conaus
et aisez à imprimer son à son , comme Louis,
Charles , Agnès , soupe , mouchoir , paille , &c.
N°. 10.
Exercice tipographique sur la copie donnée à
imprimer. Exemple , Mon Dieu , je vous aime
bien , & c. N°. 11 .
à deviner la premiere voyelle d'un mot prononcé
, comme la premiere voyelle des mots
table , café , diner , doner , curé , venir , &c.
N°. 12.
à deviner la consonne initiale d'un mot prononcé
comme la premiere consonne des mots
bal , Dieu , pome , &c . N. 13.
1490 MERCURE DE FRANCE
·
à deviner toutes les lettres d'un mot latin
prononcé , comme celle des mots , Dominus, omnipotens
, &c. Nº. 14.
à deviner les sons d'un mot françois prononcé
, comme les sons du mot ouaille , & c N° . 15
à deviner les mots qui donnent les sons proposez
, initiaux , médiaux , ou finaux . Exemple
le son on étant donné , on trouve les mots oži ,
pour , trou , & c . N'. 16.
-à dicter à l'enfant Tipographe , c'est - à- dire
qui imprime la dictée sur la table de son Bureau
selon l'ortographe passagere d'enfant , ou l'ortographe
des sons et de l'oreille , en attendant de
pouvoir imprimer selon l'ortographe permanente
d'homme , ou celle des Lettres , des yeux et de
Fusage. Exemple , chapo , pèn , rèzon , au lieu de
chapeau , pain , raison , &c. Nº. 17.
-à trouver des rimes . Exemple , des rimes en
able , table , miserable, pardonnable, &c. No. 18%-
-à imprimer de petits Vers françois. Exemple.
Sarrasin ,
Mon voisin , &c . Nɔ. 19.
des têmes scientifiques et manuscrits pour la
lecture.
Na. On appelle témes scientifiques, les cartes
au dos desquelles on écrit une ou plusieurs li
gnes de françois avec toute l'exactitude possible
sur les accens , sur les sons de la langue et sur la
veritable ortographe , ensorte que l'enfant puisse
pratiquer les principes de lecture qu'on lui a
donnez et qu'il ne soit jamais induit en erreur,
NOVEMBRE 1731 . 2598
d'un tême seientifique.
EXEMPLE
La troisième classe imprime lettreà lettre, et
La seconde classe du Bureau imprime lettreà lettre
La premiere classe du Bureau montre les lettres.
sonà son.
La quatrième classe imprime lettre lettre, son
à sonet motà mot.
No.20.
Pour l'étude des deux Langues.
Leçon de la glose interlinaire une Langue
sous l'autre , mot à mot. Exemple :
{{
Seigneur , sauvez le Roi.
Domine , salvum fac Regem.
Leçon en glose , une Langue sous l'autre,
et non mot à mot comme dans
Il n'en ira pas ainsi
2 Nonentre pasains
Exercice de la version.
de la composition.
à imprimer sur la même ligne , une Langne
après
2592 MERCURE DE FRANCE
après l'autre pour la version et pour la composi
tion. Ex. celui qui , Ille qui , &c. ou Ille qui' ,
celui qui , &c.
Leçon du Phedre construit numeroté, exemple :
I 2 3 4 6 7 &
Lupus et agnus compulsi siti venerant ad eundem_
rivum , & c.
à imprimer des Vers latins avec la quantité ,
les pieds , &c. Exemple :
Tot tibi sunt do tes vir go quot sïděra coelo .
omniă sunt homi num teuŭ i pën dentiă filō.
Et subi tō cā sū , quæ vălu ērẽ rù ūnt.
des Vers tournez sur la table du Bureau
après avoir donné à l'enfant tous les mots sur
autant de cartes , comme les mots des Vers précedens
.
des Anagrammes sur la table du Bureau.
Exemple : sac, cas , beau , aube , Abel , bale , &c.
Du Vocabulaire ou du Dictionnaire de l'enfant.
Pour l'agréable et utile varieté.
Operation des lettres grecques à côté des lettres
latines.
des lettres hebraïques à côté des lettres françoises.
de la casse françoise de droit à gauche.
à imprimer sans voyelles et à lire avec les
seules consonnes , comme Srpns , au lieu de Serpens
en latin , et emndmnt , au lieu de comandement
en françois.
A imprimer le latin et le françois en caracteres
grecs ou hebreux , en attendant de pouvoir imprimer
ces deux dernieres.Langues.
de la casse grecque , hebraïque , &c.
Leçons numeriques , algebriques , &c.
Pour
NOVEMBRE. 1731. 2593
Pour ranger et relire à haute voix des suites
numerotées sur des cartes.
Leçon pour ranger les suites des têmes sientifiques
, ou des copies que l'enfant a déja imprimées.
à ranger en glose interlinaire les têmes que
l'enfant a déja imprimez sur la table de son Burcau .
Leçon des indéclinables que l'enfant a lûs et imprimez.
des déclinables et des cinq déclinaisons que
P'enfant aura sur des cartes differentes , comme
les cinq paradigmes de Luna , Lupus , Soror ,
fructus , facies.
des cinq pronoms , Ego , tu , ille , hic, qui.
des terminaisons des déclinaisons des noms.
Exemple : a , a , a , am , &c.
pour lire et ranger les cartes numerotées du
verbe substantif sum ( je suis ) &c.
de la conjugaison active , &c.
des terminaisons actives , & c.
de la conjugaison passive , &c .
des terminaisons passives , &c.
des tems et des modes , &c.
de l'Echo grammatical pour décliner et
conjuguer tous les mots donnez et proposez sur
les paradigmes
du Breviaire grammatical et journalier pour
mettre un enfant en état de répondre et de pratiquer.
de la Sintaxe téorique et pratique,
de l'interrogation et des exemples .
de la récitation et de la memoire.
des racines des Langues et des étimologies.
du recueil des fautes et des corrections
grammaticales sur le françois et le latin.
des regles et des exceptions grammaticales.
de
2594 MERCURE DE FRANCE
de la garniture du Bureau et des étiquetes
tipographiques.
Leçon pour ranger les faits de l'Histoire Sainte.
les faits de l'Histoire Profane,
les suites géographiques
.
les suites chronologigues.
les suites heraldiques.
les cartes sur la Mitologie.
le Calendrier.
la Table de Pitagore.
les Signes tipographiques.
les miscellanées et le Supplement.
Voilà , Monsieur , de quoi exercer les Maîtres
et les enfans , en attendant la suite des Lettres
promises sur les articles de la Version , de la
composition , de la memoire , de l'écriture , des
Méthodes, &c. J'ai toujours l'honneur d'être,&c.
Méthode du Bureau Tipographique...
ON
Na remarqué , Monsieur , que les enfans
de deux à trois ans , afamez d'idées et d'images
, s'amusoient plus volontiers au Bureau
sans le comprendre , que des enfans de quatre à
six ans , déjà remplis de trop d'idées inutiles et
nuisibles aux prémiers élemens des Lettres. L'enfant
qui commence de bonne heure les jeux ou
les exercices du Bureau Tipographique , apprend
à lire avec plaisir , ou avec moins de peine que
par la Méthode vulgaire;il ne se souvient pas dans
la suite d'avoir commencé l'étude des lettres , il
est exemt du triste souvenir qui a dégouté et qui
dégoute ordinairement les autres enfans trop
avancez en âge , et conduits par la méthode vulgaire.
C'est une erreur et une suite du préjugé ,
que
NOVEMBRE 1731. 2585
que de croire toujours pénible pour un enfant
ce qu'on Ini montre méthodiquement ; la peine
et les épines sont pour le bon Maître méthodique
, qui ne prépare que des jeux et des roses
pour ses enfans. Dans la Méthode vulgaire,, bien
des Maîtres prendroient volontiers les roses pour
eux , et laisseroient les épines aux enfans qu'ils
ne recherchent que comme une Marchandise lucrative
. Il faut cependant convenir qu'il y a de
très- bons Maîtres qui partagent les épines avec
leurs enfans , et qui tâchent de leur en épargner
une bonne partie. Voici , Monsieur , la suite que
je vous ai promise , des diverses opérations tipographiques.
JEUX , EXERCICES , Operations
et Leçons , qu'on pourra pratiquer avec
des enfans de 2. à 6. et à 7. ans , mis
aux classes du Bureau Tipographique.
Pour l'exercice de la premiere et de la seconde
Classe du Bureau en Latin .
JEF
Eu du Singe ou de pure imitation , pour ran
ger les cartes ou les lettres sur la table de la
premiere classe du Bureau Tipographique.
de l'Echo ou de pure articulation pour la dé-
* monstration et la vraye dénomination des lettres .
de l'homme ou d'operation téorique et pratique
, dont voici les especes.
Jeu des cinq voyeles capitales et de 25. cartes ,
sçavoir 5. pour chaque voyelle , A , E , I , O , U.
N°. 1.
des consonnes capitales , B , D , P , ajoutées
au jeu des cinq voyelles, et dont la dénomination
E v vulgaire
2586, MERCURE DE FRANCE
vulgaire , Be, De , Pe , est bonne comme dans les
mots , Job , Gad ; Gap , &c . Nº. 2 .
des premieres capitales qui n'ayant qu'un
son , qu'une valeur , n'ont aussi qu'une dénomi
nation simple et monosillabe , comme F , V , M , N,
qu'il faut appeller Fe , Ve , Me , Ne , exemple ,
dans les mots vif, Joseph , venir , Sem , bimen ,
none , & c. N°. 3 .
des autres capitales à simple valeur , comme
H, K, Q, qu'on peut appeller He , Ka , Qu ,
exemple, dans les mots Heros, Kam, Quï &c . Nº.4
-des deux liquides, L,R, et du J, qu'on doit appeller
Le, Re , Jeja , ou Ja , comme dans les mots
Sol , Mer , Jujube , jamais , &c. No. 5.
des quatre capitales qui ayant double valeur
ou double son , ont aussi une dénomination composée
ou polisillabe , comme C , G , S , Z , qu'on
doit nommer Ceke, Ge - ga, Se- ze, Ze- ce, exemple,
dans les mots Cecrops, gigot, Suson, Uscz, Zelez,
&c. N° . 6.
des trois autres consonnes capitales à dénomination
polisillabe , comme T , X , Y , qu'on
doit nommer Te-ci , Kze- gze , I - ïe , exemple ,
dans les mots tentation , Alexis , axe , exil ,
exemple , mystere , payen , païen , &c. Nº. 7.
Jeu de réduction à moins de cartes, où l'on donne
une seule carte pour toutes les lettres de chaque
jeu, c'est-à- dire sept cartes pour les sept jeux
specifiez cy- dessus , une carte pour chaque jeu :
ane seule carte pour le jeu des cinq voyeles , &c.
Cartes No. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7 .
des cinq voyelles capitales à côté des cinq
petites voyelles en forme de croix , ou tout de
suite , comme Aa , Ee , li , Oo , Uu , sur une
seule carte. N. 1 .
des autres capitales que l'on mettra avec les
petites
1
NOVEMBRE .. 1731. 2587
petites consonnes , chaque jeu sur une carte ,
comme 3b , Dd , Pp , sur une autre carte Nº . 2
Ff, Vv , Mm , Nn , sur une autre carte , No. 3.
Hh , Kk , Qq , Sur une autre carte , Nº. Ll,
Rr, Jj , sur une autre carte , No. 5. Cc , Gg , Ss ,
Zz, sur une autre carte , N° . 6. Tt , Xx , Yy ,
sur une autre carte , Ѻ. 7.
4..
Jeu des grandes ressemblantes, comme AV, CG,
EF , BP , TL , BR , OQ , sur une autre carte ,
No. 8.
des quatre petites ressemblantes b , d , p , q.
mises à côté de leurs capitales , coinme Bb , Dd
Pp, Qq , sur une autre carte , Nº. 9%
des quatre petites ressemblantes differamment
combinées sans capitales , comme b , d , p , q ; d ,
q, p, b , &c. sur une autre carte ,
N°. 10% (
des autres lettres ressemblantes , I , ff , fJ ,
hy , ec , irt , qu , sur une autre carte , Nº. II .
des ch , ph , rh , th , en petites et en grandes
lettres , ensemble ou séparement , comme CH ch,
PH ph , & c. sur une autre carte , No. 12.
- des lettres doubles ou redoublées , &t , ft , &,
æ, æ , &c. Nº. 13 .
des cinq voyelles nasales ou à titre , a , e, i,
☎ , ũ , N°. 14.
des cinq même voyelles nasales , á , e , i , o ,
-ũ, à côté des voyelles an , en , in , on, un, comme
an en in on un › N°. 15.
>
de la dénomination des consones imprimées
sur la table du Bureau d'après la copie Be, Ce-ke,
De , Fe , Ge-gu , He , Ja , Ka , Le , Me , Ne , Pe-
Qu , Re, Se-ze , Te-ci , Ve , Kse- gze , Yi- ie , Zeee
, & c. Nº . 16.
Six jeux des combinaisons élementaires , sça
voir des combinaisons Ab , cb, ib , ob , ub , &c.
Mo
2588 MERCURE DE FRANCE
N°.P. 1 , Aba , ebe , ibi , obo , ubu , &c. Nº. 2. Ba ,
be , bi, bo , bu , &c . N. ° . 3. Bab , beb , bib ,
"bob, bub , &c. No. 4. Bla , ble , bli , blo ,
blu >
&c. No. 5. Bia , bre , bri , bro , bru , &c N°. 6.
Exercice à imprimer lettre à lettre sur la table
de la seconde classe , les sillabes des mots latins
donnez pour copie à l'enfant , exemple , Do - minus
, Do mi- no- rum , Nº . 1. N°. 2. &c.
des monosillabes latins à lire et à imprimer ,
exemple , Abs , bis , clam , &c. Nº. 1. Nº. 2. & c.
des noms propres et des mots connus et aisez
à imprimer lettre à lettre Ex . Pe-trus Lu- do- vicus
, &c. Paris , Samuel , Monomotapa , Abel ,
Phanix , &c. Nº. 1. 2. & c.
Exercice Tipographique sur la copie du discours
donné à imprimer. Ex. Pater noster qui es in
calis , &c; Nº. 1. N°. 2 , &c.
Pourl'exercice des quatre classes du Bureau,
soit en latin , soit en François .
>
Exercice des sons François simples , ou des quatorze
voyelles a , e , i , o , u‚ã‚é‚í‚õ , ú, eu ,
è , é , ou : comme dans les mots la , le , ni , со
nu , an , bien , ingrat , onde , lundi , Dieu , proz
cès , bonté , cou & c . No. 1 .
,
des sons composez oudes consonnes latines et
françoises qui sonnent comme dans les mots robe,
face , croc, grade , Caiphe , étoffe , juge, gigue,
heros, seule, ame , aune , coupe , quicõque, rare,
saisă , Fraçois , tête , tetatio , vive , Xerxès
axe , exil , fixe , taxe , chevreau , agneau ,
ouaille , loi , lui , ludi , &c. Nº. 2.
des diftongues à l'oeil seulement ou par rap-
Iport aux signes , comme au , eu , ou , &c. dans
es mots haubois , feu , sou , &c. N° . 3.
des diftongues à l'oreille et aux yeux , ou par
rapport
NOVEMBRE. 1731. 2589
rapport aux sons , comme ui , oi , & c. dans les
mots nuit , toit ; &c. Nº . 4,
des combinaisons élementaires foibles et fortes
, comme dans les sillabes ba , pa ; da , ta ; cla,
gla ; fra , vra , &c. et dans les mots bas , pas ;
don , ton ; gris , cris ; zele , sele ; vin , fini
Gige , chiche , &c . Nº . f.
Exercice des combinaisons avec les lettres liqui
des , sons mouillez , &c. comme dans les sillabes ,
Lé , lè , leu , lou , lau.
:
Ré , rè , reu , roù , rau.
Gné, gnè , gneu , gnou , gnau.
Lhé , lhè , Iheu , Thou , Ihau , et dans les
mots , plat , croc , oignon , paille , chignon ,
païen , &c. Nº. 6.
sur les combinaisons difficiles et plus compo
sées , comme dans les mots Stix , Sphinx , constant
, arctique , Amsterdam , &c. N °. 7.
des monosillabes françois masculins . Exemple,
as , bec , cri , dol , &c. N° . 8 .
des monosillabes feminins ou des mots ,
qui
outre leur sillabe, ont encore de plus l'é muet ou
la rime feminine, comme vie, lue, roue, & c.N ° . 9 .
des noms propres et des mots sensibles conaus
et aisez à imprimer son à son , comme Louis,
Charles , Agnès , soupe , mouchoir , paille , &c.
N°. 10.
Exercice tipographique sur la copie donnée à
imprimer. Exemple , Mon Dieu , je vous aime
bien , & c. N°. 11 .
à deviner la premiere voyelle d'un mot prononcé
, comme la premiere voyelle des mots
table , café , diner , doner , curé , venir , &c.
N°. 12.
à deviner la consonne initiale d'un mot prononcé
comme la premiere consonne des mots
bal , Dieu , pome , &c . N. 13.
1490 MERCURE DE FRANCE
·
à deviner toutes les lettres d'un mot latin
prononcé , comme celle des mots , Dominus, omnipotens
, &c. Nº. 14.
à deviner les sons d'un mot françois prononcé
, comme les sons du mot ouaille , & c N° . 15
à deviner les mots qui donnent les sons proposez
, initiaux , médiaux , ou finaux . Exemple
le son on étant donné , on trouve les mots oži ,
pour , trou , & c . N'. 16.
-à dicter à l'enfant Tipographe , c'est - à- dire
qui imprime la dictée sur la table de son Bureau
selon l'ortographe passagere d'enfant , ou l'ortographe
des sons et de l'oreille , en attendant de
pouvoir imprimer selon l'ortographe permanente
d'homme , ou celle des Lettres , des yeux et de
Fusage. Exemple , chapo , pèn , rèzon , au lieu de
chapeau , pain , raison , &c. Nº. 17.
-à trouver des rimes . Exemple , des rimes en
able , table , miserable, pardonnable, &c. No. 18%-
-à imprimer de petits Vers françois. Exemple.
Sarrasin ,
Mon voisin , &c . Nɔ. 19.
des têmes scientifiques et manuscrits pour la
lecture.
Na. On appelle témes scientifiques, les cartes
au dos desquelles on écrit une ou plusieurs li
gnes de françois avec toute l'exactitude possible
sur les accens , sur les sons de la langue et sur la
veritable ortographe , ensorte que l'enfant puisse
pratiquer les principes de lecture qu'on lui a
donnez et qu'il ne soit jamais induit en erreur,
NOVEMBRE 1731 . 2598
d'un tême seientifique.
EXEMPLE
La troisième classe imprime lettreà lettre, et
La seconde classe du Bureau imprime lettreà lettre
La premiere classe du Bureau montre les lettres.
sonà son.
La quatrième classe imprime lettre lettre, son
à sonet motà mot.
No.20.
Pour l'étude des deux Langues.
Leçon de la glose interlinaire une Langue
sous l'autre , mot à mot. Exemple :
{{
Seigneur , sauvez le Roi.
Domine , salvum fac Regem.
Leçon en glose , une Langue sous l'autre,
et non mot à mot comme dans
Il n'en ira pas ainsi
2 Nonentre pasains
Exercice de la version.
de la composition.
à imprimer sur la même ligne , une Langne
après
2592 MERCURE DE FRANCE
après l'autre pour la version et pour la composi
tion. Ex. celui qui , Ille qui , &c. ou Ille qui' ,
celui qui , &c.
Leçon du Phedre construit numeroté, exemple :
I 2 3 4 6 7 &
Lupus et agnus compulsi siti venerant ad eundem_
rivum , & c.
à imprimer des Vers latins avec la quantité ,
les pieds , &c. Exemple :
Tot tibi sunt do tes vir go quot sïděra coelo .
omniă sunt homi num teuŭ i pën dentiă filō.
Et subi tō cā sū , quæ vălu ērẽ rù ūnt.
des Vers tournez sur la table du Bureau
après avoir donné à l'enfant tous les mots sur
autant de cartes , comme les mots des Vers précedens
.
des Anagrammes sur la table du Bureau.
Exemple : sac, cas , beau , aube , Abel , bale , &c.
Du Vocabulaire ou du Dictionnaire de l'enfant.
Pour l'agréable et utile varieté.
Operation des lettres grecques à côté des lettres
latines.
des lettres hebraïques à côté des lettres françoises.
de la casse françoise de droit à gauche.
à imprimer sans voyelles et à lire avec les
seules consonnes , comme Srpns , au lieu de Serpens
en latin , et emndmnt , au lieu de comandement
en françois.
A imprimer le latin et le françois en caracteres
grecs ou hebreux , en attendant de pouvoir imprimer
ces deux dernieres.Langues.
de la casse grecque , hebraïque , &c.
Leçons numeriques , algebriques , &c.
Pour
NOVEMBRE. 1731. 2593
Pour ranger et relire à haute voix des suites
numerotées sur des cartes.
Leçon pour ranger les suites des têmes sientifiques
, ou des copies que l'enfant a déja imprimées.
à ranger en glose interlinaire les têmes que
l'enfant a déja imprimez sur la table de son Burcau .
Leçon des indéclinables que l'enfant a lûs et imprimez.
des déclinables et des cinq déclinaisons que
P'enfant aura sur des cartes differentes , comme
les cinq paradigmes de Luna , Lupus , Soror ,
fructus , facies.
des cinq pronoms , Ego , tu , ille , hic, qui.
des terminaisons des déclinaisons des noms.
Exemple : a , a , a , am , &c.
pour lire et ranger les cartes numerotées du
verbe substantif sum ( je suis ) &c.
de la conjugaison active , &c.
des terminaisons actives , & c.
de la conjugaison passive , &c .
des terminaisons passives , &c.
des tems et des modes , &c.
de l'Echo grammatical pour décliner et
conjuguer tous les mots donnez et proposez sur
les paradigmes
du Breviaire grammatical et journalier pour
mettre un enfant en état de répondre et de pratiquer.
de la Sintaxe téorique et pratique,
de l'interrogation et des exemples .
de la récitation et de la memoire.
des racines des Langues et des étimologies.
du recueil des fautes et des corrections
grammaticales sur le françois et le latin.
des regles et des exceptions grammaticales.
de
2594 MERCURE DE FRANCE
de la garniture du Bureau et des étiquetes
tipographiques.
Leçon pour ranger les faits de l'Histoire Sainte.
les faits de l'Histoire Profane,
les suites géographiques
.
les suites chronologigues.
les suites heraldiques.
les cartes sur la Mitologie.
le Calendrier.
la Table de Pitagore.
les Signes tipographiques.
les miscellanées et le Supplement.
Voilà , Monsieur , de quoi exercer les Maîtres
et les enfans , en attendant la suite des Lettres
promises sur les articles de la Version , de la
composition , de la memoire , de l'écriture , des
Méthodes, &c. J'ai toujours l'honneur d'être,&c.
Fermer
Résumé : DIXIEME LETTRE sur la Méthode du Bureau Tipographique.
Le texte décrit une méthode d'enseignement de la lecture et de l'écriture destinée aux enfants âgés de 2 à 7 ans, au sein d'un Bureau Tipographique. Les enfants de 2 à 3 ans apprennent à lire avec plus de plaisir et de facilité que ceux de 4 à 6 ans, car ils sont moins encombrés d'idées inutiles. La méthode vise à rendre l'apprentissage des lettres agréable et à éviter les souvenirs pénibles souvent associés à l'apprentissage traditionnel. Contrairement à certaines méthodes où les maîtres privilégient leur confort, cette approche prépare des jeux et des activités ludiques pour les élèves. Le texte détaille divers jeux et exercices, tels que le rangement des cartes ou des lettres, la dénomination des lettres, et des jeux spécifiques pour les voyelles et les consonnes. Il mentionne également des exercices de réduction de cartes, de ressemblances entre lettres, et des jeux de combinaison de lettres. Pour les classes de latin et de français, des exercices variés sont proposés, allant des sons simples aux combinaisons plus complexes, en passant par des jeux de devinettes et de dictée. Le texte inclut aussi des leçons de glose interlinéaire, de version, et de composition, ainsi que des exercices sur les anagrammes et les déclinaisons latines. Des opérations sur les lettres grecques et hébraïques, ainsi que des leçons numériques et algébriques, sont également mentionnées. Enfin, le texte évoque des exercices de mémorisation, de récitation, et de correction grammaticale. Le document présente également une liste de sujets et d'outils pédagogiques destinés à l'enseignement de divers domaines. Il inclut des leçons pour organiser les événements de l'Histoire Sainte et de l'Histoire Profane, ainsi que des études sur les suites géographiques, chronologiques et héraldiques. Le texte mentionne également des cartes sur la Mythologie, un calendrier, la table de Pythagore et divers signes typographiques. De plus, il fait référence à des miscellanées et à un supplément. Ces ressources sont destinées à exercer à la fois les maîtres et les élèves en attendant la publication de lettres supplémentaires sur des sujets tels que la version, la composition, la mémoire, l'écriture et les méthodes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 2749-2762
ONZIÈME LETTRE, sur la Bibliotheque des enfants.
Début :
Vous avez lû, Monsieur, dans la septiéme Lettre de la Bibliotheque des enfans [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Table générale des caractères, Planche gravée, Lettres, Démonstration géométrique, Abc, Institution littéraire, Logettes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ONZIÈME LETTRE, sur la Bibliotheque des enfants.
ONZIE'ME LETTRE
Bibliotheque des enfans , &c.
Vou
sur la
Ous avez lû , Monsieur,dans la septiéme
Lettre de la Biblioteque des enfans
une Table générale des caracteres , des
I. Vol. C.v sons
750 MERCURE DE FRANCE
sons simples , des sons composez , et des
combinaisons necessaires pour la garniture
des quatre premiers rangs du Bureau
tipografique. Vous avez même pû voir
une Planche gravée exprés pour donner
quelque idée du Bureau ; mais vous n'avez
pas la Table précise et détaillée des
180 étiquetes , des six rangs de logetes et
de la garniture complete de chaque fogete
séparément. Je vous envoye donc
cette Table , afin que dans la Province
vous puissiez facilement garnir vousmême
les classes du Bureau , à mesure
que vous les voudrez donner à vos chers.
enfans.
Pour la parfaite intelligence de cette
Table il sufit de savoir , Io. que le Bureau
complet est composé de six étages
ou de six rangs, chacun de trente cassetins
ou logetes- 2 ° .Que pour imprimer le françois
on emploie en noir les lettres romaines
, et que pour le latin on fait usage
des lettres italiques ou manuscrites , en
rouge. 3 ° . Que l'on imprime séparément
sur autant de cartes non-seulement les
lettres du grand et du petit Abécé , les
sons au , eau , eu , oient , ph, &c. mais
encore les indéclinables en , hem , ut , si,
quia, sine, & c. les déclinables luna , lupus,
c. les terminaisons an , â , arum,
J.Fol.
Λ
&c.
les
1
DECEMBRE 1731. 2731
les conjugables et leurs terminaisons , ex.
amo , amabam , bam , bas , bat , & c. et
cela afin que l'enfant exercé au Bureau
puisse facilement trouver dans leurs veritables
logetes étiquetées et indiquées
les deux Tables ci - dessous , les lettres
les sons , les signes et chaque partie d'oraison
, donnée sur la copie du thême , à
composer sur la table du Bureau.
par
Les personnes qui verront ces Tables
et qui examineront de près et avec attention
de quoi est composée la garniture
complete d'un Bureau tipografique, trouveront
qu'elle va de douze , à quinze et
à vingt mille lettres , imprimées ou manuscrites
, en noir ou en rouge , sur neuf
à dix mille cartes. Ouvrage tres pénible
et connu du seul artisan , Ceux , qui comme
vous , Monsieur , feront monter leurs
enfans peu à peu , d'une classe à l'autre ,
auront bien le loisir de garnir jou de faire
garnir les classes du Bureau , à proportion
de l'âge et des progrès de l'Enfant.
Vous faites prudemment,Monsieur , de
pratiquer la nouvelle déromination des
lettres. Ceux qui en fesant usage du Bureau
pour montrer à lire aux enfans , ont
cependant conservé l'ancienne dénomi
nation des lettres , quoique fausse , équivoque
ou captieuse , retardent beaucoup
1. Vol.
Cvjxles
2752 MERCURE DE FRANCE
les progrès des enfans ; et pour lors on
auroit tort de mettre sur la métode du
Bureau , la cause de ce retardement ; il
sera toujours considerable , parce que la
dénomination vulgaire tend continuellement
des piéges aux enfans , et que la
vraie dénomination des lettres , forme au
contraire en bien moins de temps , de fi
deles échos pour la prononciation des
lettres , des silabes et des mots en l'une
et en l'autre langue , cela étant susceptible
de démonstration géométrique ; ne
doit- on pas être surpris de trouver tant
de gens de merite et de beaucoup d'esprit,
esclaves du préjugé vulgaire , plutôt
que d'agir consequemment même sur
l'Abc.
On a remarqué que les enfans qui ont
la commodité de pouvoir laisser leur Bureau
toujourt ouvert , du moins les jours
d'exercice, profitoient beaucoup plus que
les enfans qui ne voyoient leur Bureau
qu'en présence du Maître , et seulement
pendant la leçon. Comme vous avez l'art
de mettre tout à profit , j'aurai soin de
vous faire part des nouvelles Tipogra
fiques les plus interessantes , pour la premiere
institution literaire.
I.Vols
TABLE
DECEMBRE
1731. 2753
TABLE des 180. Etiquetes , des six
rangs du Bureau Tipographique.
PREMIER rang de 30. logettes
I a 11 k 21
2 b 12 l
22 V
3 с 13 m 23 X
4. d 14 n
24 Y
S IS O 25 2
6 f 16
P
26 &
7 g
17 9 27 è
8 h 18 r 28 é
9 i
19 fsc
29 géogr.
10 J
20 t 30 fable.
SECOND rang de 30. logettes.
I A II K
2 B 21 U
12 L
3
C 22 V
13
M 4
D
23
X
14 N 24 Y
SE
15
O 25.23
6 F
16 P
26 ET
7
G
17 a 27 E
8 H 18 R
1
9 I
28 E
19 S
10 J
29 hift . f.
20 T
30 hift. p.
TROL
2754 MERCURE DE FRANCE
TROISIEME rang de 30. logettes.
I ha I themes
21 hu
2 bb
12 If
22 W
3 & 13 mm 23 caledr
. 4 dd
14 n n
24 hy
Ss he rf cau 25 livret
6 ph 16 PP
26 & c.
7 gu
17 qu
27 oient
8
magaz
18 rh 28 æoe
9 hi 19 ft
29 §5 *
10 tèmes 20 th
30 +=
QUATRIEME
rang de 30 lugettes.
5
II [ ] ( ) 21 ΟΙ
29
3 :
12 ill
22 2
13 ui 23 3
4
•
1+
oi
24 4
Seu 15 ou
25 5
6 ? 16 á an 26 6
7 gn 17 é en 27 7
8 ! 18 í in 28 8
9 l'apoft. 19 o on 29 9
10 ch 20 u un 30 10
CINQUIEME rang de 30. logettes
I a &
2 us i
3 or ,
oris
4 us ûs
I. Vol.
S es , ei
6 obus
9 parfait
10 pq parf.
II futur
12 îfinit
7 present
8 iparfait
13
༣
2755
DECEMBRE. 1731.
Is amor
16 v.dep:
17 v. com . 23 copat .
13 partici. 19 v. Iperf.
14 aris, atur 20 t. n. fr.
21 avoir
22 art. fr.
25 part. fr.
26 quia
27 bic vir
28 viri
29 xi, Elu
18 v. recip. 24 pr. poff. 30 tu es
i Je , 11 futur
\ SIXIÈME rang de
, ego
2 tu , tu
30. logeltes.
21 eftre
3 il , ille
12 íperat.
13 ger. fup.
22 n. fubft.
23 n. adject.
4 ce , bic
14 as , as
5 qui, qui 15 amo
24 pro.dem.
25 V, friç.
6 -là , met 16 v. neut. 26 ideclin .
7 presēt 17 v. iregul. 27 geres
8 Iparfait 18 v. fubft.
28 declin.
9 parfait 19 v. defect.
29 cojug.
10 pq parf 20 v . fráç.
30 sintaxe
•
TABLE de la garniture des 10 logettes
des six rangs du Bureau tipographique.
PREMIER rang
de
・30. logettes.
I vingt- cinq a "a 8 vingt
h b
2 vingt
b b 9 vingt- cinq i
i
3 vingt с C 10 vingt
4 vingt d d 11 dix k
s vingt-cinq e e 12 vingt
6 vingt
ff
7 vinge
g g
13 vingt
14 vingt
m m
n 22
1 Vol.
15
2756 MERCURE DE FRANCE
15 vingt- cinq o0 0 22 vingt
V ย
16 vingt
17 vingt
PP 23 - vingt
X
9 9 24 vingt Y y
I r Z Z
18 vingt
19 quinze
quinze
cinq
20 vingt
25 vingt
ff 26 dix
S
C
t t
21 vingt- cinqu u
& &
27 vingt - cinq è
28 vingt-cinq é
29 Paris
30 Pan
Parifit
Pan
SECOND rang de 30. logettes
I quinze A A 18 dix
1
R R
2 dix
B B
19 dix S S
3 dix
сс zo dix
T. T 4. dix
D D
21 quinze U v
S quinze E E 22 dix V V
6 dix F F 23 dix
X X
7 dix G G 24
dix
Y r
8. dix H H 25 dix Z Z
9 quinze I
I 26 trois ET ET
10 dix
J J fix Et Et
11 cinq K K fix et et
12 dix L L
13 dix
M M
27 quinze É
14 dix
N N
15 quinze O O
28 quinze É
29 Adam Adam
16 dix
17 dix
P P 30 Darius Darins
Q &
1. Vol
TROI
DECEMBRE. 1731. 2757.
TROISIEME rang de 30. logettes.
I six ha as af
six â à 2 æ
item en latin.
2 dix bb bb
3 dix CC сс
cinq ct &
dd dd
six he.es.ef.ê.ë
item en latin.
4 dix
✔ dix ff.6.ph.2 f.
2. M.
item en latin.
7dix gg. six gu.
item en latin.
8 Magasin
9 six hi. is. if. î. i.
autantpourle lat
10 Themes à faire.
11 themes faits.
12 dix ll. dix ll.
13 dix mm dix mm
cinq m . cinq m
14 dix nn . dix nn.
cinq n. cinq .
15 dix au 6 eau an
six ho . 6. of.
six bo . 6. of.
605.6 .Ô.60560
16 dix pp . dix pp.
17 six
qu .
six
gia
qua
six
qu .
deux Qu. z Qu
18 dix rr. dix rr.
cinq rh. cinq rh
19 10 ff5ft 10 $ſt
2 fç. 2 fc. 2 fa
20 dix tt. dix tt.
cinq th. cinq th
24 six hu. uf. us. â.
six ü. "
autant en italiq.
22 cinq W. 5 w.
autant en italiq.
23 calend. so cartes
du Calendrier.
24 six hy. six by.
deux ys. deux s
25 Livr. et nombr.
26 six &c. 6 & Ca
27 6 oi . oient. oiết
3 ai. aient. aiét.
3 ais. ais. aî.
3 cî. eif. el.
3 ay.cy. oif. of
28 10 x oe . 10 & oe .
SÆOE. Æ.
29 599 *... § 5*...
item 30 10+
2758 MERCURE DE FRANCE
QUATRIEME rang de 30. logettes :
1 dix , dix
2 dix ; dix ;
3 dix : dix :
4 dix . dix ..
5 six eu . heu .
trois eû. eü.
deux cu . euf.
dix ?. dix ?.
7
dix
gn . dix gn.
8 dix . dix !.
9 vingt apoft .
10 dix ch. dix ch.
11 six [ ]. ( )
autant en rouge.
deux oî
If six ou . où. trois
ouf. ous. oû.
hou. oü .
16 six a . an. 6 a. an
un aon. aën .
17 six é. en . 6 ẽ. en
18 six i. in . 6 7. in.
3. ain. aí. ein . cī
19 6 6. on . 6 . an *
I aon. I. ahon.
20 six ũ . un . 6 й m
un eun.
21 dix o . 1.
12 six ill. ille. lle. 22 dix 2
six il. deux lh.
23
dix 3
dix ill. dix
24 4
3 six ui.trois hui.
25
dix
S
trois uin. 2 uí 26 dix
4 item en rouge. 27 dix 7
six oi. oif. ois. 28 dix 8
deux hoi.
Troisoy.
29 dix 9
oin. of
30 dix 10
I. Vol.
RU
DECEMBRE . 1731. 2759
RUDIMENT PRATIQUE
de la Langue Latine.
CINQUIEME rang de 30 logettes.
CINQUIEME rang
six am. â. arum, as. is.
deux a. ab , deux a . un. Luna.
2 six um. orum. if, os, un Lupus.
3 six is. em. es . um. ibus:
trois ium. ora. tia. ius. ia. un Soror
4 six us. ûs. ui. um. uum. ibus.
trois ubus . ib . ub⁹. un fructus.
's six ei. em. es . ebus. erum.
deux eb . un facies.
am. arum, as. abus, ebus. ibus.
trois obus. ubus. um. orum. is.
os. erum.
7 amen. doceam . legum. audiam.
trois
es. et. emus. etis. ent.
as, at, amus. atis . ant.
amarem. docerem. legerem. audirem.
trois rem . res. ret. rem . retis . rent.
amaverim. docuerim.
legerim. audiverim.
trois rim, ris . rit, rim®, ritis. rint.
10 amaviffem. docuiffem.legiffem audiviffem
sem. fses. fset. fsemus.
fsetis. fsent.
trois
trois.
Ra
2760 MERCURE DE FRANCE
11 amavero , docuero . legero. audivero.
trois ero. eris. erit. erim . eritis , erint.
12 amare. docere. legere. audire. ,
iffe. aturum. atum . ire.
trois effe. Elurum . iturum.
Elum. itum. amari. &c.
13 Participes . amans, &c.
terminaisons . ans. &'c.
14 or. aris. are …atur.
amur. amini. antur , &c.
15 amor. doceor. legor. audior.
16 verbes déponens, horor. polliceor, &c.
17 verbes communs , dignor , & c.
18 verbes réciproques.
19 verbes impersonnels oportet , &c.
20 terminaisons . noms françois , able, & c.
21 verbes auxiliaires , avoir , & c.
22 article françois , le . la , &c .
23 comparatifs superlatifs. terminaisons .
24 pronoms possessifs . meus , &c.
25 participes françois . aïant.
26 indéclinables latins. quia , &c.
27 genres. exemple , hic vir , &c.
28 déclinaisons. exemple , viri. utis , &6.
29 conjugaisons. exemple , xi, ctum, &c.
30 sintaxe. exemple , tu es. & c.
SIXIEME rang de 30. logettes.
1 Je. J'. je. j' . Ego. ego , &c.
1. Vol.
་
?
DECEMBRE. 1731. 2761
2 tu. toi, te. tu. tui. tibi. & c.
3 il . elle. foi. fe . s' . ille, illa, fui , & c.
4 ce. cet. cette hic. hac ,
& c .
5 que . quel . quelle . qui. quod , & c.
6 ci-là. même. met. libet , & c.
7 amo. doceo. lego . audio.
as . at. amus. aris , ant
trois es. et. emus . etis. ent.
is . it. imus . itis. unt.
amabam. docebam. legebam , & e,
trois bam. bas. bat. bamus , & c.
9 amavi. docui. legi , &c.
ΤΟ
trois sti. it. istis . erunt , ere , &e,
amaveram. docueram , &c,
trois eram. eras. erat , &c.
11 amabo. docebo.legam , &c.
trois bo. bis. bit. bimus , &c.
es. et. emus , &c.
י
& c.
12 imperatifs et terminaisons.
i3 gerondifs , supins , terminaisons,
14 o. as. at. amus. atis ,
15 amo. doceo . lego.'audio .
16 verbes neutres. venio , &c.
17 verbes irreguliers . malo.
18 sum. es. est. sumus , &c.
19 verbes defectifs . inquio , &e.
20 terminaisons , verbes françois .
21 Je suis. tu es. il est. & c .
22 noms substantifs. Deus. coelum , &
23 noms adjectifs. bonus , &c.
Le Vol
24
4762 MERCURE DE FRANCE
44 pronoms démonstratifs, celui- là , &c.
as verbes françois. J'aime , & c.
26 indéclinables françois. pourquoi , &c.
27 gentes . regles en themes .
28 déclinaisons. regles en themes.
29 conjugaisons . regles en themes .
30 sintaxe. regles en themes.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Bibliotheque des enfans , &c.
Vou
sur la
Ous avez lû , Monsieur,dans la septiéme
Lettre de la Biblioteque des enfans
une Table générale des caracteres , des
I. Vol. C.v sons
750 MERCURE DE FRANCE
sons simples , des sons composez , et des
combinaisons necessaires pour la garniture
des quatre premiers rangs du Bureau
tipografique. Vous avez même pû voir
une Planche gravée exprés pour donner
quelque idée du Bureau ; mais vous n'avez
pas la Table précise et détaillée des
180 étiquetes , des six rangs de logetes et
de la garniture complete de chaque fogete
séparément. Je vous envoye donc
cette Table , afin que dans la Province
vous puissiez facilement garnir vousmême
les classes du Bureau , à mesure
que vous les voudrez donner à vos chers.
enfans.
Pour la parfaite intelligence de cette
Table il sufit de savoir , Io. que le Bureau
complet est composé de six étages
ou de six rangs, chacun de trente cassetins
ou logetes- 2 ° .Que pour imprimer le françois
on emploie en noir les lettres romaines
, et que pour le latin on fait usage
des lettres italiques ou manuscrites , en
rouge. 3 ° . Que l'on imprime séparément
sur autant de cartes non-seulement les
lettres du grand et du petit Abécé , les
sons au , eau , eu , oient , ph, &c. mais
encore les indéclinables en , hem , ut , si,
quia, sine, & c. les déclinables luna , lupus,
c. les terminaisons an , â , arum,
J.Fol.
Λ
&c.
les
1
DECEMBRE 1731. 2731
les conjugables et leurs terminaisons , ex.
amo , amabam , bam , bas , bat , & c. et
cela afin que l'enfant exercé au Bureau
puisse facilement trouver dans leurs veritables
logetes étiquetées et indiquées
les deux Tables ci - dessous , les lettres
les sons , les signes et chaque partie d'oraison
, donnée sur la copie du thême , à
composer sur la table du Bureau.
par
Les personnes qui verront ces Tables
et qui examineront de près et avec attention
de quoi est composée la garniture
complete d'un Bureau tipografique, trouveront
qu'elle va de douze , à quinze et
à vingt mille lettres , imprimées ou manuscrites
, en noir ou en rouge , sur neuf
à dix mille cartes. Ouvrage tres pénible
et connu du seul artisan , Ceux , qui comme
vous , Monsieur , feront monter leurs
enfans peu à peu , d'une classe à l'autre ,
auront bien le loisir de garnir jou de faire
garnir les classes du Bureau , à proportion
de l'âge et des progrès de l'Enfant.
Vous faites prudemment,Monsieur , de
pratiquer la nouvelle déromination des
lettres. Ceux qui en fesant usage du Bureau
pour montrer à lire aux enfans , ont
cependant conservé l'ancienne dénomi
nation des lettres , quoique fausse , équivoque
ou captieuse , retardent beaucoup
1. Vol.
Cvjxles
2752 MERCURE DE FRANCE
les progrès des enfans ; et pour lors on
auroit tort de mettre sur la métode du
Bureau , la cause de ce retardement ; il
sera toujours considerable , parce que la
dénomination vulgaire tend continuellement
des piéges aux enfans , et que la
vraie dénomination des lettres , forme au
contraire en bien moins de temps , de fi
deles échos pour la prononciation des
lettres , des silabes et des mots en l'une
et en l'autre langue , cela étant susceptible
de démonstration géométrique ; ne
doit- on pas être surpris de trouver tant
de gens de merite et de beaucoup d'esprit,
esclaves du préjugé vulgaire , plutôt
que d'agir consequemment même sur
l'Abc.
On a remarqué que les enfans qui ont
la commodité de pouvoir laisser leur Bureau
toujourt ouvert , du moins les jours
d'exercice, profitoient beaucoup plus que
les enfans qui ne voyoient leur Bureau
qu'en présence du Maître , et seulement
pendant la leçon. Comme vous avez l'art
de mettre tout à profit , j'aurai soin de
vous faire part des nouvelles Tipogra
fiques les plus interessantes , pour la premiere
institution literaire.
I.Vols
TABLE
DECEMBRE
1731. 2753
TABLE des 180. Etiquetes , des six
rangs du Bureau Tipographique.
PREMIER rang de 30. logettes
I a 11 k 21
2 b 12 l
22 V
3 с 13 m 23 X
4. d 14 n
24 Y
S IS O 25 2
6 f 16
P
26 &
7 g
17 9 27 è
8 h 18 r 28 é
9 i
19 fsc
29 géogr.
10 J
20 t 30 fable.
SECOND rang de 30. logettes.
I A II K
2 B 21 U
12 L
3
C 22 V
13
M 4
D
23
X
14 N 24 Y
SE
15
O 25.23
6 F
16 P
26 ET
7
G
17 a 27 E
8 H 18 R
1
9 I
28 E
19 S
10 J
29 hift . f.
20 T
30 hift. p.
TROL
2754 MERCURE DE FRANCE
TROISIEME rang de 30. logettes.
I ha I themes
21 hu
2 bb
12 If
22 W
3 & 13 mm 23 caledr
. 4 dd
14 n n
24 hy
Ss he rf cau 25 livret
6 ph 16 PP
26 & c.
7 gu
17 qu
27 oient
8
magaz
18 rh 28 æoe
9 hi 19 ft
29 §5 *
10 tèmes 20 th
30 +=
QUATRIEME
rang de 30 lugettes.
5
II [ ] ( ) 21 ΟΙ
29
3 :
12 ill
22 2
13 ui 23 3
4
•
1+
oi
24 4
Seu 15 ou
25 5
6 ? 16 á an 26 6
7 gn 17 é en 27 7
8 ! 18 í in 28 8
9 l'apoft. 19 o on 29 9
10 ch 20 u un 30 10
CINQUIEME rang de 30. logettes
I a &
2 us i
3 or ,
oris
4 us ûs
I. Vol.
S es , ei
6 obus
9 parfait
10 pq parf.
II futur
12 îfinit
7 present
8 iparfait
13
༣
2755
DECEMBRE. 1731.
Is amor
16 v.dep:
17 v. com . 23 copat .
13 partici. 19 v. Iperf.
14 aris, atur 20 t. n. fr.
21 avoir
22 art. fr.
25 part. fr.
26 quia
27 bic vir
28 viri
29 xi, Elu
18 v. recip. 24 pr. poff. 30 tu es
i Je , 11 futur
\ SIXIÈME rang de
, ego
2 tu , tu
30. logeltes.
21 eftre
3 il , ille
12 íperat.
13 ger. fup.
22 n. fubft.
23 n. adject.
4 ce , bic
14 as , as
5 qui, qui 15 amo
24 pro.dem.
25 V, friç.
6 -là , met 16 v. neut. 26 ideclin .
7 presēt 17 v. iregul. 27 geres
8 Iparfait 18 v. fubft.
28 declin.
9 parfait 19 v. defect.
29 cojug.
10 pq parf 20 v . fráç.
30 sintaxe
•
TABLE de la garniture des 10 logettes
des six rangs du Bureau tipographique.
PREMIER rang
de
・30. logettes.
I vingt- cinq a "a 8 vingt
h b
2 vingt
b b 9 vingt- cinq i
i
3 vingt с C 10 vingt
4 vingt d d 11 dix k
s vingt-cinq e e 12 vingt
6 vingt
ff
7 vinge
g g
13 vingt
14 vingt
m m
n 22
1 Vol.
15
2756 MERCURE DE FRANCE
15 vingt- cinq o0 0 22 vingt
V ย
16 vingt
17 vingt
PP 23 - vingt
X
9 9 24 vingt Y y
I r Z Z
18 vingt
19 quinze
quinze
cinq
20 vingt
25 vingt
ff 26 dix
S
C
t t
21 vingt- cinqu u
& &
27 vingt - cinq è
28 vingt-cinq é
29 Paris
30 Pan
Parifit
Pan
SECOND rang de 30. logettes
I quinze A A 18 dix
1
R R
2 dix
B B
19 dix S S
3 dix
сс zo dix
T. T 4. dix
D D
21 quinze U v
S quinze E E 22 dix V V
6 dix F F 23 dix
X X
7 dix G G 24
dix
Y r
8. dix H H 25 dix Z Z
9 quinze I
I 26 trois ET ET
10 dix
J J fix Et Et
11 cinq K K fix et et
12 dix L L
13 dix
M M
27 quinze É
14 dix
N N
15 quinze O O
28 quinze É
29 Adam Adam
16 dix
17 dix
P P 30 Darius Darins
Q &
1. Vol
TROI
DECEMBRE. 1731. 2757.
TROISIEME rang de 30. logettes.
I six ha as af
six â à 2 æ
item en latin.
2 dix bb bb
3 dix CC сс
cinq ct &
dd dd
six he.es.ef.ê.ë
item en latin.
4 dix
✔ dix ff.6.ph.2 f.
2. M.
item en latin.
7dix gg. six gu.
item en latin.
8 Magasin
9 six hi. is. if. î. i.
autantpourle lat
10 Themes à faire.
11 themes faits.
12 dix ll. dix ll.
13 dix mm dix mm
cinq m . cinq m
14 dix nn . dix nn.
cinq n. cinq .
15 dix au 6 eau an
six ho . 6. of.
six bo . 6. of.
605.6 .Ô.60560
16 dix pp . dix pp.
17 six
qu .
six
gia
qua
six
qu .
deux Qu. z Qu
18 dix rr. dix rr.
cinq rh. cinq rh
19 10 ff5ft 10 $ſt
2 fç. 2 fc. 2 fa
20 dix tt. dix tt.
cinq th. cinq th
24 six hu. uf. us. â.
six ü. "
autant en italiq.
22 cinq W. 5 w.
autant en italiq.
23 calend. so cartes
du Calendrier.
24 six hy. six by.
deux ys. deux s
25 Livr. et nombr.
26 six &c. 6 & Ca
27 6 oi . oient. oiết
3 ai. aient. aiét.
3 ais. ais. aî.
3 cî. eif. el.
3 ay.cy. oif. of
28 10 x oe . 10 & oe .
SÆOE. Æ.
29 599 *... § 5*...
item 30 10+
2758 MERCURE DE FRANCE
QUATRIEME rang de 30. logettes :
1 dix , dix
2 dix ; dix ;
3 dix : dix :
4 dix . dix ..
5 six eu . heu .
trois eû. eü.
deux cu . euf.
dix ?. dix ?.
7
dix
gn . dix gn.
8 dix . dix !.
9 vingt apoft .
10 dix ch. dix ch.
11 six [ ]. ( )
autant en rouge.
deux oî
If six ou . où. trois
ouf. ous. oû.
hou. oü .
16 six a . an. 6 a. an
un aon. aën .
17 six é. en . 6 ẽ. en
18 six i. in . 6 7. in.
3. ain. aí. ein . cī
19 6 6. on . 6 . an *
I aon. I. ahon.
20 six ũ . un . 6 й m
un eun.
21 dix o . 1.
12 six ill. ille. lle. 22 dix 2
six il. deux lh.
23
dix 3
dix ill. dix
24 4
3 six ui.trois hui.
25
dix
S
trois uin. 2 uí 26 dix
4 item en rouge. 27 dix 7
six oi. oif. ois. 28 dix 8
deux hoi.
Troisoy.
29 dix 9
oin. of
30 dix 10
I. Vol.
RU
DECEMBRE . 1731. 2759
RUDIMENT PRATIQUE
de la Langue Latine.
CINQUIEME rang de 30 logettes.
CINQUIEME rang
six am. â. arum, as. is.
deux a. ab , deux a . un. Luna.
2 six um. orum. if, os, un Lupus.
3 six is. em. es . um. ibus:
trois ium. ora. tia. ius. ia. un Soror
4 six us. ûs. ui. um. uum. ibus.
trois ubus . ib . ub⁹. un fructus.
's six ei. em. es . ebus. erum.
deux eb . un facies.
am. arum, as. abus, ebus. ibus.
trois obus. ubus. um. orum. is.
os. erum.
7 amen. doceam . legum. audiam.
trois
es. et. emus. etis. ent.
as, at, amus. atis . ant.
amarem. docerem. legerem. audirem.
trois rem . res. ret. rem . retis . rent.
amaverim. docuerim.
legerim. audiverim.
trois rim, ris . rit, rim®, ritis. rint.
10 amaviffem. docuiffem.legiffem audiviffem
sem. fses. fset. fsemus.
fsetis. fsent.
trois
trois.
Ra
2760 MERCURE DE FRANCE
11 amavero , docuero . legero. audivero.
trois ero. eris. erit. erim . eritis , erint.
12 amare. docere. legere. audire. ,
iffe. aturum. atum . ire.
trois effe. Elurum . iturum.
Elum. itum. amari. &c.
13 Participes . amans, &c.
terminaisons . ans. &'c.
14 or. aris. are …atur.
amur. amini. antur , &c.
15 amor. doceor. legor. audior.
16 verbes déponens, horor. polliceor, &c.
17 verbes communs , dignor , & c.
18 verbes réciproques.
19 verbes impersonnels oportet , &c.
20 terminaisons . noms françois , able, & c.
21 verbes auxiliaires , avoir , & c.
22 article françois , le . la , &c .
23 comparatifs superlatifs. terminaisons .
24 pronoms possessifs . meus , &c.
25 participes françois . aïant.
26 indéclinables latins. quia , &c.
27 genres. exemple , hic vir , &c.
28 déclinaisons. exemple , viri. utis , &6.
29 conjugaisons. exemple , xi, ctum, &c.
30 sintaxe. exemple , tu es. & c.
SIXIEME rang de 30. logettes.
1 Je. J'. je. j' . Ego. ego , &c.
1. Vol.
་
?
DECEMBRE. 1731. 2761
2 tu. toi, te. tu. tui. tibi. & c.
3 il . elle. foi. fe . s' . ille, illa, fui , & c.
4 ce. cet. cette hic. hac ,
& c .
5 que . quel . quelle . qui. quod , & c.
6 ci-là. même. met. libet , & c.
7 amo. doceo. lego . audio.
as . at. amus. aris , ant
trois es. et. emus . etis. ent.
is . it. imus . itis. unt.
amabam. docebam. legebam , & e,
trois bam. bas. bat. bamus , & c.
9 amavi. docui. legi , &c.
ΤΟ
trois sti. it. istis . erunt , ere , &e,
amaveram. docueram , &c,
trois eram. eras. erat , &c.
11 amabo. docebo.legam , &c.
trois bo. bis. bit. bimus , &c.
es. et. emus , &c.
י
& c.
12 imperatifs et terminaisons.
i3 gerondifs , supins , terminaisons,
14 o. as. at. amus. atis ,
15 amo. doceo . lego.'audio .
16 verbes neutres. venio , &c.
17 verbes irreguliers . malo.
18 sum. es. est. sumus , &c.
19 verbes defectifs . inquio , &e.
20 terminaisons , verbes françois .
21 Je suis. tu es. il est. & c .
22 noms substantifs. Deus. coelum , &
23 noms adjectifs. bonus , &c.
Le Vol
24
4762 MERCURE DE FRANCE
44 pronoms démonstratifs, celui- là , &c.
as verbes françois. J'aime , & c.
26 indéclinables françois. pourquoi , &c.
27 gentes . regles en themes .
28 déclinaisons. regles en themes.
29 conjugaisons . regles en themes .
30 sintaxe. regles en themes.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Fermer
Résumé : ONZIÈME LETTRE, sur la Bibliotheque des enfants.
La dix-septième lettre de la 'Bibliothèque des enfants' complète les informations fournies dans la septième lettre concernant la configuration d'un bureau typographique. Elle présente une table détaillée des 180 étiquettes, des six rangs de logettes et de la garniture complète de chaque logette. Le bureau typographique est structuré en six étages ou rangs, chacun contenant trente cassetins ou logettes. Pour l'impression en français, les lettres romaines en noir sont utilisées, tandis que pour le latin, les lettres italiques ou manuscrites en rouge sont employées. La lettre recommande d'imprimer séparément sur des cartes divers éléments linguistiques tels que les lettres de l'alphabet, les sons composés, les indéclinables, les déclinables, les conjugables et leurs terminaisons. Cette organisation permet aux enfants de trouver facilement les éléments nécessaires pour composer des textes sur le bureau typographique. La garniture complète d'un bureau typographique peut varier de douze à vingt mille lettres, imprimées ou manuscrites, réparties sur neuf à dix mille cartes. L'auteur insiste sur l'importance de la nouvelle dénomination des lettres pour éviter les pièges linguistiques et accélérer les progrès des enfants. Il observe que les enfants ayant un accès constant à leur bureau typographique progressent plus rapidement que ceux qui ne l'utilisent qu'en présence du maître. La lettre se conclut par une table détaillée des étiquettes et de la garniture des logettes, organisée par rang.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 2821-2822
Nouveaux Principes de l'art d'écrire. [titre d'après la table]
Début :
LES NOUVEAUX PRINCIPES DE L'ART D'ECRIRE, ou la vraye Méthode d'y exceller [...]
Mots clefs :
Art d'écrire, Plume, Posture du corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Principes de l'art d'écrire. [titre d'après la table]
LES NOUVEAUX PRINCIPES DE L'ART
D'ECRIRE , ou la vraye Méthode d'y exceller
, divisée en deux parties. La premiere
,, par Demandes et par Réponses ',
et la seconde en six Tables . Dédiée à
M. le Premier Président du Parlement ,
par le seur Royellet , Expert Ecrivain Juré,
demeurant à Paris , ruë de la Verrerie.
A Paris , rue S. Severin , chez Alex. Mesnier
, 1731 petit infolio de 36. pages
pour la premiere Partie , et 18. pour la
seconde , sans compter l'Epitre Dédicatoire
, l'Avis au Lecteur , la Dissertation
sur l'Ecriture et un très- grand nombre
de Planches.
و
Cet Ouvrage est divisé en deux Parties ,
la premiere contient dix-Chapitres , dans
lesquels on explique la maniere de tailler"
IsVol.·
Fy la
2822 MERCURE DE FRANCE
·la plume , la posture du corps , des bras,
et les moyens de former les Mineures et
les Majeures , &c. La seconde Partie est
formée par six Tables de differens caracteres
, &c. Elles paroissent fort méthodiques
ec fort instructives , ainsi que les
principes établis pour apprendre à écrire
correctement de soi -même ; ouvrage utile
aux Commençans et à ceux qui aspirent
à la plus grande perfection de cet Art.
Les Planches sont fort bien gravées et le
Livre fort bien imprimé. Il coute 7. livres
10. sols pour la Province.
D'ECRIRE , ou la vraye Méthode d'y exceller
, divisée en deux parties. La premiere
,, par Demandes et par Réponses ',
et la seconde en six Tables . Dédiée à
M. le Premier Président du Parlement ,
par le seur Royellet , Expert Ecrivain Juré,
demeurant à Paris , ruë de la Verrerie.
A Paris , rue S. Severin , chez Alex. Mesnier
, 1731 petit infolio de 36. pages
pour la premiere Partie , et 18. pour la
seconde , sans compter l'Epitre Dédicatoire
, l'Avis au Lecteur , la Dissertation
sur l'Ecriture et un très- grand nombre
de Planches.
و
Cet Ouvrage est divisé en deux Parties ,
la premiere contient dix-Chapitres , dans
lesquels on explique la maniere de tailler"
IsVol.·
Fy la
2822 MERCURE DE FRANCE
·la plume , la posture du corps , des bras,
et les moyens de former les Mineures et
les Majeures , &c. La seconde Partie est
formée par six Tables de differens caracteres
, &c. Elles paroissent fort méthodiques
ec fort instructives , ainsi que les
principes établis pour apprendre à écrire
correctement de soi -même ; ouvrage utile
aux Commençans et à ceux qui aspirent
à la plus grande perfection de cet Art.
Les Planches sont fort bien gravées et le
Livre fort bien imprimé. Il coute 7. livres
10. sols pour la Province.
Fermer
Résumé : Nouveaux Principes de l'art d'écrire. [titre d'après la table]
Le texte présente 'Les Nouveaux Principes de l'Art d'Ecrire, ou la vraye Méthode d'y exceller', publié en 1731 à Paris par Alexandre Mesnier. L'auteur, le sieur Royellet, expert écrivain juré, dédie cet ouvrage à M. le Premier Président du Parlement. Le livre est structuré en deux parties. La première, composée de dix chapitres, détaille la manière de tailler la plume, la posture du corps et des bras, ainsi que les techniques pour former les minuscules et les majuscules. La seconde partie comprend six tables de différents caractères, offrant des principes méthodiques et instructifs pour apprendre à écrire correctement. L'ouvrage inclut également une épître dédicatoire, un avis au lecteur, une dissertation sur l'écriture et de nombreuses planches gravées. Imprimé avec soin, le livre coûte 7 livres 10 sols en province. Il est particulièrement destiné aux débutants et à ceux qui visent la perfection dans l'art de l'écriture.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 2848-2851
SUITE des Nouvelles du Bureau Typographique.
Début :
On écrit de Londres que le Bureau Typographique y a excité la curiosité des François [...]
Mots clefs :
Chirurgien, Inflammations, Actrice, Bureau typographique, Tropes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Nouvelles du Bureau Typographique.
SUITE des Nouvelles du Bureau Typographique.
N écrit de Londres que le Bureau Typographique
y a excité la curiosité des François
et des Anglois. On demande sur la construction
et l'usage de ce Bureau , les éclaircissemens nécessaires
, et tout ce qui a paru pour et contre
cette nouvelle maniere de montrer aux Enfans
les premiers élemens des Lettres.
Bien des Personnes à Paris trouvent la Machine
du Bureau trop longue pour être placée
dans un appartement ; mais on a déja fait voir
le peude place qu'elle occupe derriere trois Fauteuils
, sans déranger la Chambre de ceux qui
préferent l'arangement des Meubles à l'éducation
de leurs Enfans : d'ailleurs , en faisant faire de
plus petites cartes que celles dont on se sert ordinairement
, il sera facile d'avoir des Bureaux
plus courts et moins larges.
Trois Enfans du Bureau Typographique sont
heureusement guéris , deux de la petite Verole ,
et l'autre d'une maladie encore plus dangereuse :
si le Seigneur en avoit pris quelqu'un , les critiques
n'auroient pas manqué d'en mettre la mort
sur le compte de la nouvelle methode , ne résonmant
pas plus juste en cela que si l'on attribuoit
Jeur guérison au précedent Exercice Typographique
.
Pierre Wite , rue S. Jacques , à l'Ange Gardien
, vend une Brochure in 12. de 108. pages
intitulée , Réponse de M. Perquis , Maître de
Philosophie , d'Humanités et de Typographie
à la Lettre d'un Professeur anonime , de l'Uni
versité de Paris , inserée dans le Mercure d
4. Vol. Fevrie
DECEMBRE 1731. 2849
dit
Fevrier 1731. Ce Professeur anonime est ,
on , le nouvel Editeur de la Methode de M. Le
Fevre , Methode bien differente de celles des Colleges.
L'Auteur des Tropes , dans le 2d Vol. du
Mercure du mois de Juin , a justifié contre ce Professeur
anonime , l'Article des nouvelles Metho
des. La réponse de M. Perquis , quoique de vieille
datte , pourra cependant servir de réponse et de
réplique aux adversaires du Bureau , qui préferent
toujours les anciennes méthodes aux nouvelles.
L'on verra par cette Brochure , que le
Maître de Bureau Typographique ne soûtient
pas mal sa qualité de Maître de Philosophie ,
par la force et la justesse des raisonnemens dont
sa vive réponse est remplie ; cela paroît d'autant
plus surprenant dans un Humaniste , qu'il
y en a peu de sensibles à l'esprit philosophique ,
ou à l'art de raisonner.
Les curieux qui voudront faire faire des Bureaux
à leur Menuisier , et prendre eux -mêmes
la peine de les garnir , trouveront des Abécés
sur cuivre , ou des lettres à jour chez le Sr. Le
Comte , rue Jacob , à la porte de la Charité ,
et chez le Sr. Cadoret , aux Charniers des Sts.
Innocents , du côté de la rue au Fer , à l'Enseigne
du Bureau Typographique.
Les Personnes qui souhaitteront faire usage
des Classes du Bureau , en trouveront de toutes
garnies dans la maison atenant la porte du College
de Lisieux , du côté de S. Etienne des Grès.
On y trouvera aussi des grands et des petits
Abécés , imprimés sur des cartes , avec la feüille
élementaire en Placard pour la démonstration ,
la dénomination des Lettres la premiere silabisation
, &c.
>
Quoique les matieres de Chirurgie ne soient
I. Vol pas
2850 MERCURE DE FRANCE
pas entierement du ressort du Mercure › nous
pune
nous dispenserons pas , ( attendu l'utilité
blique , d'annoncer un Livre imprimé chez
Charles Osmont , rue S. Jacques , intitulé , Observations
de Chirurgie , par Henry Ledran
Chirurgien Juré à Paris , de la Societé des Arts
Ce qui nous engage à en parler , c'est qu'on
nous a montré un livre du même Auteur , intitulé
, Parallele des differentes manieres de parà
ler , qui se vend chez le même Imprimeur , et
que Mr. Duglas , fameux Docteur en Medecine
à Londres a traduit en Anglois sans y faire
aucun changement. Il a fait honneur à notre
Chirurgie , et le Public ne sera pas fâché d'apprendre
que les Etrangers ne dédaignent pas
d'adopter nos manieres de penser , et d'operer
dans un Art aussi nécessaire à la vie , qui a fait
tant de progrès chez nous , et qui se perfectionne
tous les jours,
Il paroît depuis peu une Estampe qui a un
très-grand débit , et qui mérite bien l'approbation
qu'elle a des Curieux. C'est une très - heureuse
production du Pinceau et duBurin deMrs.Charles
Coypel et N. Drevet , dont la réputation est
assez connuë par des morceaux de plus grande
conséquence ; mais on peut dire , qu'en son
genre , celui- cy doit passer pour leur chef- d'oeu
vre. C'est le Portrait de Mlle Le Couvreur
Actrice du Theatre François , celebre par ses talens
pour la déclamation , morte , generalement
regrettée, au mois de Mars 1730. On en trouvera
un Article assez étendu dans le Mercure de ce
mois-là. Elle est representée en Cornelie , tenant
P'Urne qui renferme les cendres de Pompée.
Cette Estampe se vend chez Mr. Francoeur
1. Vol. дыё
?
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
2
4
DECEMBRE 1731. 28 Fr
rue neuve des petits Champs , vis - à-vis la Com
pagnie des Indes , et chez Mr. Drevet , aux Galleries
du Louvre.
L'Utilité publique nous engage de publier l'Avis
qui suit :
Par Brevet de M. le premier Medecin du Roy
le Sr. Decourbiere fait distribuer une Poudre
composée de Simples , pour la guérison radicalle
des Hemorroïdes . Elle appaise les Enflammations,
gonflemens et douleurs en cinq ou six prises
Elle est facile à prendre , et ne cause aucune révolution
; elle se conserve , et on peut l'envoyer
par tout. Il faut s'adresser à Paris , au Sieur La
Coste , Chirurgien , rue du petit Lion , Fauxbourg
S. Germain , chez Madame Frontier . Ceux
qui auront besoin de ce Remede sont priez
d'envoyer des gens
fideles ; il est le seul qui le
distribuë , et il donne les prises cachetées , avec
la maniere de les prendre.
N écrit de Londres que le Bureau Typographique
y a excité la curiosité des François
et des Anglois. On demande sur la construction
et l'usage de ce Bureau , les éclaircissemens nécessaires
, et tout ce qui a paru pour et contre
cette nouvelle maniere de montrer aux Enfans
les premiers élemens des Lettres.
Bien des Personnes à Paris trouvent la Machine
du Bureau trop longue pour être placée
dans un appartement ; mais on a déja fait voir
le peude place qu'elle occupe derriere trois Fauteuils
, sans déranger la Chambre de ceux qui
préferent l'arangement des Meubles à l'éducation
de leurs Enfans : d'ailleurs , en faisant faire de
plus petites cartes que celles dont on se sert ordinairement
, il sera facile d'avoir des Bureaux
plus courts et moins larges.
Trois Enfans du Bureau Typographique sont
heureusement guéris , deux de la petite Verole ,
et l'autre d'une maladie encore plus dangereuse :
si le Seigneur en avoit pris quelqu'un , les critiques
n'auroient pas manqué d'en mettre la mort
sur le compte de la nouvelle methode , ne résonmant
pas plus juste en cela que si l'on attribuoit
Jeur guérison au précedent Exercice Typographique
.
Pierre Wite , rue S. Jacques , à l'Ange Gardien
, vend une Brochure in 12. de 108. pages
intitulée , Réponse de M. Perquis , Maître de
Philosophie , d'Humanités et de Typographie
à la Lettre d'un Professeur anonime , de l'Uni
versité de Paris , inserée dans le Mercure d
4. Vol. Fevrie
DECEMBRE 1731. 2849
dit
Fevrier 1731. Ce Professeur anonime est ,
on , le nouvel Editeur de la Methode de M. Le
Fevre , Methode bien differente de celles des Colleges.
L'Auteur des Tropes , dans le 2d Vol. du
Mercure du mois de Juin , a justifié contre ce Professeur
anonime , l'Article des nouvelles Metho
des. La réponse de M. Perquis , quoique de vieille
datte , pourra cependant servir de réponse et de
réplique aux adversaires du Bureau , qui préferent
toujours les anciennes méthodes aux nouvelles.
L'on verra par cette Brochure , que le
Maître de Bureau Typographique ne soûtient
pas mal sa qualité de Maître de Philosophie ,
par la force et la justesse des raisonnemens dont
sa vive réponse est remplie ; cela paroît d'autant
plus surprenant dans un Humaniste , qu'il
y en a peu de sensibles à l'esprit philosophique ,
ou à l'art de raisonner.
Les curieux qui voudront faire faire des Bureaux
à leur Menuisier , et prendre eux -mêmes
la peine de les garnir , trouveront des Abécés
sur cuivre , ou des lettres à jour chez le Sr. Le
Comte , rue Jacob , à la porte de la Charité ,
et chez le Sr. Cadoret , aux Charniers des Sts.
Innocents , du côté de la rue au Fer , à l'Enseigne
du Bureau Typographique.
Les Personnes qui souhaitteront faire usage
des Classes du Bureau , en trouveront de toutes
garnies dans la maison atenant la porte du College
de Lisieux , du côté de S. Etienne des Grès.
On y trouvera aussi des grands et des petits
Abécés , imprimés sur des cartes , avec la feüille
élementaire en Placard pour la démonstration ,
la dénomination des Lettres la premiere silabisation
, &c.
>
Quoique les matieres de Chirurgie ne soient
I. Vol pas
2850 MERCURE DE FRANCE
pas entierement du ressort du Mercure › nous
pune
nous dispenserons pas , ( attendu l'utilité
blique , d'annoncer un Livre imprimé chez
Charles Osmont , rue S. Jacques , intitulé , Observations
de Chirurgie , par Henry Ledran
Chirurgien Juré à Paris , de la Societé des Arts
Ce qui nous engage à en parler , c'est qu'on
nous a montré un livre du même Auteur , intitulé
, Parallele des differentes manieres de parà
ler , qui se vend chez le même Imprimeur , et
que Mr. Duglas , fameux Docteur en Medecine
à Londres a traduit en Anglois sans y faire
aucun changement. Il a fait honneur à notre
Chirurgie , et le Public ne sera pas fâché d'apprendre
que les Etrangers ne dédaignent pas
d'adopter nos manieres de penser , et d'operer
dans un Art aussi nécessaire à la vie , qui a fait
tant de progrès chez nous , et qui se perfectionne
tous les jours,
Il paroît depuis peu une Estampe qui a un
très-grand débit , et qui mérite bien l'approbation
qu'elle a des Curieux. C'est une très - heureuse
production du Pinceau et duBurin deMrs.Charles
Coypel et N. Drevet , dont la réputation est
assez connuë par des morceaux de plus grande
conséquence ; mais on peut dire , qu'en son
genre , celui- cy doit passer pour leur chef- d'oeu
vre. C'est le Portrait de Mlle Le Couvreur
Actrice du Theatre François , celebre par ses talens
pour la déclamation , morte , generalement
regrettée, au mois de Mars 1730. On en trouvera
un Article assez étendu dans le Mercure de ce
mois-là. Elle est representée en Cornelie , tenant
P'Urne qui renferme les cendres de Pompée.
Cette Estampe se vend chez Mr. Francoeur
1. Vol. дыё
?
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
2
4
DECEMBRE 1731. 28 Fr
rue neuve des petits Champs , vis - à-vis la Com
pagnie des Indes , et chez Mr. Drevet , aux Galleries
du Louvre.
L'Utilité publique nous engage de publier l'Avis
qui suit :
Par Brevet de M. le premier Medecin du Roy
le Sr. Decourbiere fait distribuer une Poudre
composée de Simples , pour la guérison radicalle
des Hemorroïdes . Elle appaise les Enflammations,
gonflemens et douleurs en cinq ou six prises
Elle est facile à prendre , et ne cause aucune révolution
; elle se conserve , et on peut l'envoyer
par tout. Il faut s'adresser à Paris , au Sieur La
Coste , Chirurgien , rue du petit Lion , Fauxbourg
S. Germain , chez Madame Frontier . Ceux
qui auront besoin de ce Remede sont priez
d'envoyer des gens
fideles ; il est le seul qui le
distribuë , et il donne les prises cachetées , avec
la maniere de les prendre.
Fermer
Résumé : SUITE des Nouvelles du Bureau Typographique.
Le texte décrit l'intérêt suscité par le Bureau Typographique à Londres, tant par les Français que par les Anglais, qui cherchent des informations sur sa construction et son usage pour l'éducation des enfants. À Paris, certains jugent la machine trop volumineuse pour les appartements, mais des solutions comme réduire la taille des cartes ou adapter l'aménagement sont envisagées. Le texte souligne également la guérison de trois enfants ayant utilisé le Bureau Typographique, réfutant ainsi toute critique sur une éventuelle mort liée à son utilisation. Pierre Wite vend une brochure intitulée 'Réponse de M. Perquis' contre un professeur anonyme de l'Université de Paris, qui critique la méthode de M. Lefèvre. Cette brochure défend les nouvelles méthodes pédagogiques contre les anciennes. Les intéressés peuvent se procurer des abécédaires et des lettres chez Le Comte et Cadoret, ou des classes complètes près du Collège de Lisieux. Le texte mentionne également divers sujets, tels qu'un livre de chirurgie de Henry Ledran, traduit en anglais par Mr. Duglas, et une estampe de Mme Le Couvreur réalisée par Charles Coypel et N. Drevet. Enfin, il est fait référence à une poudre pour soigner les hémorroïdes distribuée par le Sr. Decourbiere, disponible chez le Sr. La Coste et Madame Frontier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 107-112
Cours des Sciences, &c. [titre d'après la table]
Début :
LE COUR DES SCIENCES par le Pere Buffier, se distribue [...]
Mots clefs :
Sciences, Cours, Traité, Principes, Discours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cours des Sciences, &c. [titre d'après la table]
LE COUR DES SCIENCES par le Pere
Buffier , se distribue présentement au public , nous en avons indiqué le dessein selon le plan de l'Auteur avant l'impression
Depuis que l'ouvrage paroît , le titre de
CoursdesSciences sur des Principes nouveaux
simples , se justifie très bien . Chacun
des Traités des Sciences n'est , pour ainsi
dire , que
le développement
d'une
propo
sition
qui
se fait
sentir
d'elle
même
, et qui
sert
de
principe
: par
exemple
, le
principe
general
de
la Grammaire
, est
qu'il
faut
parler
selon
l'usage
établi
dans
la Nation
de
chaque
pays
; et que
dans
les
langues
de
toutes
les
nations
il se
trouve
quelque
chose
qui
leur
est
commun
, sçavoir
. 1 ,
Un
sujet
dont
on
énonce
quelque
chose
( ce
qui
s'appelle
nom
. ) 2 ° . Ce
qu'on
énonce
de
ce sujet
, ( ce qui
s'appelle
Verbe
)
3 °. La
maniere
ou
les
particularitez
du
su
fet
et
de
ce
qu'on
en
énonce
; ce
que
le
Pere
Buffier
appelle
modificatif
. Mais
ces
trois
chefs
se
diversifient
dans
chaque
Langue
en
tant
de
façons
par
la bizarerie
de
l'usage
, que
c'est
ce
qui
fait
la difficulté
d'apprendre
les
Langues
. D'ailleurs
comme
une
Langue
se fait
entendre
à l'oreille
et
qu'un
livre
ne
se fait
entendre
qu'aux
yeux
, la Grammaire
imprimée
d'une
Lan
gue
est
toujours
un
peu
épineuse
à apFij
prendre
08 MERCURE DE FRANCE
prendre, mais en recompense , en l'appre
nant comme on la donne ici , elle est la
semence des auttes Sciences en faisant conzoître et discerner la valeur des mots qui
sont les images de nos pensées.
LePrincipe dansle traité del'Eloquence,
est encore plus simple ; sçavoir , qu'elle
consiste , non , dans les regles , mais dans
le talent d'inspirer aux autres les sentimens que nous prétendons ; de sorte que
pour y réussir , il faut bien moins d'étu
de que du talent naturel et de l'usage acquis par l'exercice et par les exemples.
La simplicité des principes dans les
Sciences de l'entendement est encore
plus sensible et plus importante. Dans la
Metaphisique on reduit la premiere source de nos connoissances et des premieres
veritez au sens.commun répandu, non pas
dans la plupart des hommes , mais dans le
plus grand nombre des hommes , réunis
dans une même opinion.
Ce principe appliqué , à ce qui est veritablementbeau , fait découvrir une chose singuliere ; c'est quebien qu'il se trouve
beaucoup plus de personnes laides que de
belles, cependant il n'est point de conforation de visage plus commune que celle
qui fait la beauté. Sur une centaine de
acz me , par exemple , il n'y en aura que
vingt
JANVIER. 1732. 1 !
و
vingt de bien faits ; mais qui seront sur le
ême modele au lieu que des quatro
vingt autres malfaits , il s'en trouvera à
peine quatre our cinq sur le mêmemodele
de difformité : Cette pensée de l'Auteur
dans un point de Metaphisique pourroit
amuser ceuxqui sont le moins capables de
Metaphisique etde reflexions abstraites.
Le principe de la Logique en ce cours des
Sciences semble congedier toutes les regles
fatigantes qu'on enseigne depuis si longtéms dans les Ecoles ; la Logique ayant
pour but essentiel , de tirer une conséquence juste d'une connoissance anterieure, ( appellée principe par rapport à la conséquence , le Pere Buffier donne pour uni
que regle,qu'on ait bien presente à l'espri
cette connoissance anterieure ou principe. Si j'ai , dit-il , bien présente à l'esprit
Ta connoissance ou l'idée du noir , il sera
impossible d'en conclure que c'est du blanc
ou du rouge ; un homme vous avertit de
ne le pas toucherparce que vous le casseriez..
Vous croyez que cet homme raisonne en
fou , et il raisonne très-juste , et la consé
quence deson principe est très - legitime :c'est qu'il se croit de verre ; posé
ee principe qui , ( à la verité est fou) la
conséquence est raisonnable que vous pour
riez le. casser. Certainement les Sciences
E iij ex
110 MERCURE DE FRANCE
exposées sous ce jour peuvent servir à la
curiosité de l'esprit , quand elles ne serviroient pas à sa justesse erà sa solidité.
Le principe du traité de la Societé Civile est aussi facile et encore plus interessant,
le voici : Je veux être heureux ; mais vi◄
vant avec des hommes qui veulent être heureux chacun de leur côté , je dois cherchermon
bonheur sans nuire en rien à celui des autres;
voilà le fondement de toute la vertu moralé et humaine. Telle est la simplicité et
la nouveauté des principes. que l'Auteur
donne aux Sciences , il les traite sous un
jour qui n'ôte rien à la clarté et à la sensibilité des principes.
Ontrouve ici des notes critiques sur des .
Ouvrages renommez d'Ecrivains anciens
et modernes qui ont traité les mêmes
Sciences. L'Auteur y ajoute des éclaircissemens aux difficultez proposées contre
certains endroits de ses ouvrages , telles
que nous en avons inseré il y a quelques.
années dans notre Mercure.
Un Discours particulier touchant l'étude et la methode des Sciences contient encore des reflexions utiles et nouvelles ; on
y montre l'abus de vouloir donner unemethode generale pour acquerir les Sciences : il ne se trouvera qu'à peine deux esprits dit le Pere Buffier , qui ayent acquis
JANVIER. 1737. TFU
quis la mêine sorte de Science par la mê
me methode , chacunse fait et se doit faire
la sienne selon le caractere particulier de
son genie , de son goût , de son état et de
ses besoins. On indique en ce discours divers exercices qui peuvent abreger ou faciliter l'étude des Sciences. On recommande
de s'attacher d'abord dans l'étude des Langues à interpreter beaucoup plus qu'à composer. Dans l'exercice de la Rhetorique et
de l'éloquence, à faire l'analise de Discours
excellens , et de tâcher au bout d'un tems.
à le remplir soi - même pour le comparer
avec son modele: dans l'exercice de la Poësie, de ne s'y point arrêter quand on ne s'y
trouve pas un talent singulier ; dans la Mc--
thaphysique et la Logique de choisir un
maître qui forme sesEleves à n'admetre que
ce qu'ils conçoivent nettement et indépen
damment des mots et des expressions, &c.
Le volume finit par plusieurs petits Trai
tez ou Dissertations sur differents dujets ,
pour examiner 1 °. En quoi consiste la nature du goût : 2 si nous sommes en état
de bien juger des défauts d'Homere : 3º ..
si quelques gens d'esprit ont eu raison de
décrier le vers de Lucain , victrix causa,,
&c. Les Dieux sont pourCésar , mais Caton suit Pompée, &c. 4° . Si les regles et les
beautés de la Musique sont arbitraires ou E iiij. ex-
·
AE MERCURE DE FRANCE
réelles à cette occasion l'Autheur insere
un petit Traité de Musique intelligible à
ceux même qui n'en auroient jamais rien
appris. On expose encore une question
qu'on n'auroit peut- être pas attendue dans
un cours des Sciences, mais elle sert à montrer ici combien elles contribuent à éclaircir des choses dont on entend parler trèscommunément sans les entendre , et qui
deviennent très claires par la maniere de
les exposer , avec le secours des Sciences.
Cette question est celle où l'on demande
quel est le mobile quifait hausser ou baisserce
qui s'appelle le change parmi les commerçans
de l'Europe , dont les Gazettes parlent continuellement.
Buffier , se distribue présentement au public , nous en avons indiqué le dessein selon le plan de l'Auteur avant l'impression
Depuis que l'ouvrage paroît , le titre de
CoursdesSciences sur des Principes nouveaux
simples , se justifie très bien . Chacun
des Traités des Sciences n'est , pour ainsi
dire , que
le développement
d'une
propo
sition
qui
se fait
sentir
d'elle
même
, et qui
sert
de
principe
: par
exemple
, le
principe
general
de
la Grammaire
, est
qu'il
faut
parler
selon
l'usage
établi
dans
la Nation
de
chaque
pays
; et que
dans
les
langues
de
toutes
les
nations
il se
trouve
quelque
chose
qui
leur
est
commun
, sçavoir
. 1 ,
Un
sujet
dont
on
énonce
quelque
chose
( ce
qui
s'appelle
nom
. ) 2 ° . Ce
qu'on
énonce
de
ce sujet
, ( ce qui
s'appelle
Verbe
)
3 °. La
maniere
ou
les
particularitez
du
su
fet
et
de
ce
qu'on
en
énonce
; ce
que
le
Pere
Buffier
appelle
modificatif
. Mais
ces
trois
chefs
se
diversifient
dans
chaque
Langue
en
tant
de
façons
par
la bizarerie
de
l'usage
, que
c'est
ce
qui
fait
la difficulté
d'apprendre
les
Langues
. D'ailleurs
comme
une
Langue
se fait
entendre
à l'oreille
et
qu'un
livre
ne
se fait
entendre
qu'aux
yeux
, la Grammaire
imprimée
d'une
Lan
gue
est
toujours
un
peu
épineuse
à apFij
prendre
08 MERCURE DE FRANCE
prendre, mais en recompense , en l'appre
nant comme on la donne ici , elle est la
semence des auttes Sciences en faisant conzoître et discerner la valeur des mots qui
sont les images de nos pensées.
LePrincipe dansle traité del'Eloquence,
est encore plus simple ; sçavoir , qu'elle
consiste , non , dans les regles , mais dans
le talent d'inspirer aux autres les sentimens que nous prétendons ; de sorte que
pour y réussir , il faut bien moins d'étu
de que du talent naturel et de l'usage acquis par l'exercice et par les exemples.
La simplicité des principes dans les
Sciences de l'entendement est encore
plus sensible et plus importante. Dans la
Metaphisique on reduit la premiere source de nos connoissances et des premieres
veritez au sens.commun répandu, non pas
dans la plupart des hommes , mais dans le
plus grand nombre des hommes , réunis
dans une même opinion.
Ce principe appliqué , à ce qui est veritablementbeau , fait découvrir une chose singuliere ; c'est quebien qu'il se trouve
beaucoup plus de personnes laides que de
belles, cependant il n'est point de conforation de visage plus commune que celle
qui fait la beauté. Sur une centaine de
acz me , par exemple , il n'y en aura que
vingt
JANVIER. 1732. 1 !
و
vingt de bien faits ; mais qui seront sur le
ême modele au lieu que des quatro
vingt autres malfaits , il s'en trouvera à
peine quatre our cinq sur le mêmemodele
de difformité : Cette pensée de l'Auteur
dans un point de Metaphisique pourroit
amuser ceuxqui sont le moins capables de
Metaphisique etde reflexions abstraites.
Le principe de la Logique en ce cours des
Sciences semble congedier toutes les regles
fatigantes qu'on enseigne depuis si longtéms dans les Ecoles ; la Logique ayant
pour but essentiel , de tirer une conséquence juste d'une connoissance anterieure, ( appellée principe par rapport à la conséquence , le Pere Buffier donne pour uni
que regle,qu'on ait bien presente à l'espri
cette connoissance anterieure ou principe. Si j'ai , dit-il , bien présente à l'esprit
Ta connoissance ou l'idée du noir , il sera
impossible d'en conclure que c'est du blanc
ou du rouge ; un homme vous avertit de
ne le pas toucherparce que vous le casseriez..
Vous croyez que cet homme raisonne en
fou , et il raisonne très-juste , et la consé
quence deson principe est très - legitime :c'est qu'il se croit de verre ; posé
ee principe qui , ( à la verité est fou) la
conséquence est raisonnable que vous pour
riez le. casser. Certainement les Sciences
E iij ex
110 MERCURE DE FRANCE
exposées sous ce jour peuvent servir à la
curiosité de l'esprit , quand elles ne serviroient pas à sa justesse erà sa solidité.
Le principe du traité de la Societé Civile est aussi facile et encore plus interessant,
le voici : Je veux être heureux ; mais vi◄
vant avec des hommes qui veulent être heureux chacun de leur côté , je dois cherchermon
bonheur sans nuire en rien à celui des autres;
voilà le fondement de toute la vertu moralé et humaine. Telle est la simplicité et
la nouveauté des principes. que l'Auteur
donne aux Sciences , il les traite sous un
jour qui n'ôte rien à la clarté et à la sensibilité des principes.
Ontrouve ici des notes critiques sur des .
Ouvrages renommez d'Ecrivains anciens
et modernes qui ont traité les mêmes
Sciences. L'Auteur y ajoute des éclaircissemens aux difficultez proposées contre
certains endroits de ses ouvrages , telles
que nous en avons inseré il y a quelques.
années dans notre Mercure.
Un Discours particulier touchant l'étude et la methode des Sciences contient encore des reflexions utiles et nouvelles ; on
y montre l'abus de vouloir donner unemethode generale pour acquerir les Sciences : il ne se trouvera qu'à peine deux esprits dit le Pere Buffier , qui ayent acquis
JANVIER. 1737. TFU
quis la mêine sorte de Science par la mê
me methode , chacunse fait et se doit faire
la sienne selon le caractere particulier de
son genie , de son goût , de son état et de
ses besoins. On indique en ce discours divers exercices qui peuvent abreger ou faciliter l'étude des Sciences. On recommande
de s'attacher d'abord dans l'étude des Langues à interpreter beaucoup plus qu'à composer. Dans l'exercice de la Rhetorique et
de l'éloquence, à faire l'analise de Discours
excellens , et de tâcher au bout d'un tems.
à le remplir soi - même pour le comparer
avec son modele: dans l'exercice de la Poësie, de ne s'y point arrêter quand on ne s'y
trouve pas un talent singulier ; dans la Mc--
thaphysique et la Logique de choisir un
maître qui forme sesEleves à n'admetre que
ce qu'ils conçoivent nettement et indépen
damment des mots et des expressions, &c.
Le volume finit par plusieurs petits Trai
tez ou Dissertations sur differents dujets ,
pour examiner 1 °. En quoi consiste la nature du goût : 2 si nous sommes en état
de bien juger des défauts d'Homere : 3º ..
si quelques gens d'esprit ont eu raison de
décrier le vers de Lucain , victrix causa,,
&c. Les Dieux sont pourCésar , mais Caton suit Pompée, &c. 4° . Si les regles et les
beautés de la Musique sont arbitraires ou E iiij. ex-
·
AE MERCURE DE FRANCE
réelles à cette occasion l'Autheur insere
un petit Traité de Musique intelligible à
ceux même qui n'en auroient jamais rien
appris. On expose encore une question
qu'on n'auroit peut- être pas attendue dans
un cours des Sciences, mais elle sert à montrer ici combien elles contribuent à éclaircir des choses dont on entend parler trèscommunément sans les entendre , et qui
deviennent très claires par la maniere de
les exposer , avec le secours des Sciences.
Cette question est celle où l'on demande
quel est le mobile quifait hausser ou baisserce
qui s'appelle le change parmi les commerçans
de l'Europe , dont les Gazettes parlent continuellement.
Fermer
Résumé : Cours des Sciences, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente le 'Cours des Sciences' du Père Buffier, un ouvrage caractérisé par la simplicité et la clarté de ses principes. Chaque traité de science est structuré autour d'une proposition fondamentale. En grammaire, le principe général est de parler selon l'usage établi dans chaque nation, tout en reconnaissant des éléments communs à toutes les langues, tels que le nom, le verbe et le modificatif. La grammaire imprimée, bien que difficile à apprendre, est essentielle pour comprendre les autres sciences en discernant la valeur des mots. En éloquence, le principe est que cette discipline repose davantage sur le talent naturel et l'usage acquis par l'exercice que sur les règles. En métaphysique, les connaissances et les vérités premières sont réduites au sens commun répandu parmi le plus grand nombre des hommes. La logique est simplifiée en se concentrant sur la clarté des connaissances antérieures. Le traité sur la société civile repose sur le principe de chercher son bonheur sans nuire à celui des autres, fondement de la vertu morale et humaine. L'ouvrage inclut également des notes critiques sur des ouvrages renommés et des éclaircissements sur les difficultés proposées. Un discours particulier sur l'étude et la méthode des sciences met en garde contre l'abus de vouloir imposer une méthode générale, chaque individu devant adapter son approche selon son génie et ses besoins. Le volume se termine par des dissertations sur divers sujets, tels que la nature du goût, les défauts d'Homère, les vers de Lucain, les règles de la musique, et le mobile du change parmi les commerçants européens. Ces sujets montrent comment les sciences peuvent éclaircir des questions couramment discutées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 544-548
DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres.
Début :
I. QUESTION. On suppose pour un moment l'ignorance des [...]
Mots clefs :
Questions, Lettres, Caractères, Système du bureau typographique, Méthode
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres.
DEUX QUESTIONS sur la
dénomination des Lettres.
I. QUESTION.
On suppose pour un moment l'ignorance des Lettres , et que leur Inventeur paroissant pour la
premiere fois , donne les mots cy-dessous , pour.
exprimer les sons d'usage, qui signifient des chosesconnues. Il s'agit ensuite de donner des noms
MARS. 17328 $45 à ces nouveaux caracteres. Les noms vulgairess
d'aujourd'hui étant proposez , seroient- ils préfé--
rables aux noms que donne le Systême du Bu
Leau Tipographique ?
II. QUESTION..
On demande lequel se feroit le mieux entendre à
une personne qui ne sçait pas lire , de celui qui, -
pour demander les choses signifiées par les mots
cy-dessous , n'en prononceroit que les Lettres,
selon la Méthode vulgaire ; ou de celui qui n'en
prononceroit que les sons , selon la Méthode da
Bureau Typographique.
EXEMPLES de la Méthode.
Vulgaire. Typographique.
Mots.. Lettres nommées. Noms des Lettres, -
Réputa erre e pe u te ate is tion. o enne
Ailleurs. ai elle elle e u erre
esse.
Héris- ache e erre i esse esse
son. O enne
Café .. ce a effe e
Becasse. be e ce a esse esse e
Quicon- qu u i ce o enne qu
que це
Saucisse esse a u ce i esse
esse e
'Action acte io enne
ka fé
Re pe u te a ci
A lhe eu re ce
he re i ce
be ka ce
ki ke ō ke
se o ce i cen
a csi õ
Bœuf be o e u effe be eu fe
Phiole pe ache i o elle e fe io le
-Vi£... # consone i effe ye i fe
Joseph
545 MERCURE
DE FRANCE
Vulgaire. Typographiqus.
Mots. Lettres nommées. Noms des Lettres
Dâuphin .
Joseph i consone o esse e pe ache
de a u pe ache i
enne
Favori effe au consone o
je o ze è fe
de o fe i
soient erre i esse o ie
Vive
enne te
ú consone i u consone e
fe a ve o re i ze è
ve i ve
Phase pe ache a esse e fe a ze
Ligaé elle ige u e
Gant ge a enne te
Gigue ge i ge u e
Gigot ge i ge ot Agde a gende e
Juge i consone u ge
Gagége a ge e
Jaugé 1 consone a u
ge e
leighé
ghe at
ge i ghe
ge i ghe ot
a ghe de
je u je
ghe a gé
je o gé Lezé elle e zede e le zé
Volé u consone o elle e ve o lé
Louve
ne e le ou ve
elle a ne i me a leme è ze o
elle ou u consoAnimal a enne i emme a
Maison emme a i esse a
enne
Hyper ache i grec pe e
mnestre erre emme enne
e esse terre e
Mnemo emme enne e emsine me o esse i enne e
He i pe re mene fte re
me ne me o zeine
Stockolm
MARS. 17328 547
Vulgaire. Typographie.
Mots. Lettres nommées.
Stockolm.
esse te o ce ka o elle emme
Noms des Lettras.
fteo ke keole me • Mou- emme o u te o
ton enne
None enne o enné e
Ninive enne i enne i u
consone e
Agneau a ge enne e a u
Cha- ce ache a pe e
peau a u
me ou te õ
ne o ne e
ne i ne i've
a gne o
che a pe
Veau u consone e a u ve o
Pain pe a i enne pe î
Vin u consone i enne ve i
Viande u consone i a enne de e
ve iã de
Chou ce ache o u che ou
Volail- u consone a elle a i
le. elle elle e ye ole a lhe
Taxe te a isque e
te a kse
Exil e icse i elle e gze i le
Suson esse u esse o enne se u ze õ
Deux de e u isque de eu ce
Styx
Taxé te a icse e
Perplex pe e erre pe elle e
isque
esse ti grec isque Vœux u cans.o e u icse
Vivre ucons.i u cons.erre e ve i ve re
Zizanie zede i zede a enne ie
Chuche- ce ache u ce ache e
ICE re e erre
ze i ze a ne ie
che u che te re
te a csé
pere pe le ksce
fte i кse ve eu ce
Milhau
548 MERCURE DE FRANCE
Vulgaire.
Mots. Lettres nommées.
Typographique.
Noms des Lettres
Milhau emme i elle ache a ume il he o
Vigneu cons. i ge enne e ve igne.
Proven- pe erre o u consone
çal e enne ce a elle
Langue- elle a enne ge u e de
pe erre o ve a ce
a le
dochien e ce ache ie enne le a ghe de o che Bour- be o u erre ge u ités
gui- i ge enne o enne
gnon Castil- ce a esse te i elle elle
lan. a enne
be ou re ghigne
õ
ka fte i lhe a
Si quelqu'un dit qu'on a choisi exprès les mots
les plus propres, pour faire voir la supériorité de
la Méthode Typographique , sur la Méthode
vulgaire ; on lui répondra, en convenant du fait,
et en défiant tous les Maîtres , sans exception , de
pouvoit trouver un seul mot, en aucune languei vivante ou morte , dans lequel la dénomination.
et la Méthode vulgaire , ayent aucun avantage
sur la Méthode du Bureau. Si le fait est tel
comment se peut - il trouver un seul critique
contre la Pratique de la dénomination des sons
et des Lettres ?
C'est l'effet de la prevention qui met souvent
audessus de la raison de très-grans génies , et
à plus forte raison , de petits esprits incapables de
saisir , de suivre et de retenir les princip
dénomination des Lettres.
I. QUESTION.
On suppose pour un moment l'ignorance des Lettres , et que leur Inventeur paroissant pour la
premiere fois , donne les mots cy-dessous , pour.
exprimer les sons d'usage, qui signifient des chosesconnues. Il s'agit ensuite de donner des noms
MARS. 17328 $45 à ces nouveaux caracteres. Les noms vulgairess
d'aujourd'hui étant proposez , seroient- ils préfé--
rables aux noms que donne le Systême du Bu
Leau Tipographique ?
II. QUESTION..
On demande lequel se feroit le mieux entendre à
une personne qui ne sçait pas lire , de celui qui, -
pour demander les choses signifiées par les mots
cy-dessous , n'en prononceroit que les Lettres,
selon la Méthode vulgaire ; ou de celui qui n'en
prononceroit que les sons , selon la Méthode da
Bureau Typographique.
EXEMPLES de la Méthode.
Vulgaire. Typographique.
Mots.. Lettres nommées. Noms des Lettres, -
Réputa erre e pe u te ate is tion. o enne
Ailleurs. ai elle elle e u erre
esse.
Héris- ache e erre i esse esse
son. O enne
Café .. ce a effe e
Becasse. be e ce a esse esse e
Quicon- qu u i ce o enne qu
que це
Saucisse esse a u ce i esse
esse e
'Action acte io enne
ka fé
Re pe u te a ci
A lhe eu re ce
he re i ce
be ka ce
ki ke ō ke
se o ce i cen
a csi õ
Bœuf be o e u effe be eu fe
Phiole pe ache i o elle e fe io le
-Vi£... # consone i effe ye i fe
Joseph
545 MERCURE
DE FRANCE
Vulgaire. Typographiqus.
Mots. Lettres nommées. Noms des Lettres
Dâuphin .
Joseph i consone o esse e pe ache
de a u pe ache i
enne
Favori effe au consone o
je o ze è fe
de o fe i
soient erre i esse o ie
Vive
enne te
ú consone i u consone e
fe a ve o re i ze è
ve i ve
Phase pe ache a esse e fe a ze
Ligaé elle ige u e
Gant ge a enne te
Gigue ge i ge u e
Gigot ge i ge ot Agde a gende e
Juge i consone u ge
Gagége a ge e
Jaugé 1 consone a u
ge e
leighé
ghe at
ge i ghe
ge i ghe ot
a ghe de
je u je
ghe a gé
je o gé Lezé elle e zede e le zé
Volé u consone o elle e ve o lé
Louve
ne e le ou ve
elle a ne i me a leme è ze o
elle ou u consoAnimal a enne i emme a
Maison emme a i esse a
enne
Hyper ache i grec pe e
mnestre erre emme enne
e esse terre e
Mnemo emme enne e emsine me o esse i enne e
He i pe re mene fte re
me ne me o zeine
Stockolm
MARS. 17328 547
Vulgaire. Typographie.
Mots. Lettres nommées.
Stockolm.
esse te o ce ka o elle emme
Noms des Lettras.
fteo ke keole me • Mou- emme o u te o
ton enne
None enne o enné e
Ninive enne i enne i u
consone e
Agneau a ge enne e a u
Cha- ce ache a pe e
peau a u
me ou te õ
ne o ne e
ne i ne i've
a gne o
che a pe
Veau u consone e a u ve o
Pain pe a i enne pe î
Vin u consone i enne ve i
Viande u consone i a enne de e
ve iã de
Chou ce ache o u che ou
Volail- u consone a elle a i
le. elle elle e ye ole a lhe
Taxe te a isque e
te a kse
Exil e icse i elle e gze i le
Suson esse u esse o enne se u ze õ
Deux de e u isque de eu ce
Styx
Taxé te a icse e
Perplex pe e erre pe elle e
isque
esse ti grec isque Vœux u cans.o e u icse
Vivre ucons.i u cons.erre e ve i ve re
Zizanie zede i zede a enne ie
Chuche- ce ache u ce ache e
ICE re e erre
ze i ze a ne ie
che u che te re
te a csé
pere pe le ksce
fte i кse ve eu ce
Milhau
548 MERCURE DE FRANCE
Vulgaire.
Mots. Lettres nommées.
Typographique.
Noms des Lettres
Milhau emme i elle ache a ume il he o
Vigneu cons. i ge enne e ve igne.
Proven- pe erre o u consone
çal e enne ce a elle
Langue- elle a enne ge u e de
pe erre o ve a ce
a le
dochien e ce ache ie enne le a ghe de o che Bour- be o u erre ge u ités
gui- i ge enne o enne
gnon Castil- ce a esse te i elle elle
lan. a enne
be ou re ghigne
õ
ka fte i lhe a
Si quelqu'un dit qu'on a choisi exprès les mots
les plus propres, pour faire voir la supériorité de
la Méthode Typographique , sur la Méthode
vulgaire ; on lui répondra, en convenant du fait,
et en défiant tous les Maîtres , sans exception , de
pouvoit trouver un seul mot, en aucune languei vivante ou morte , dans lequel la dénomination.
et la Méthode vulgaire , ayent aucun avantage
sur la Méthode du Bureau. Si le fait est tel
comment se peut - il trouver un seul critique
contre la Pratique de la dénomination des sons
et des Lettres ?
C'est l'effet de la prevention qui met souvent
audessus de la raison de très-grans génies , et
à plus forte raison , de petits esprits incapables de
saisir , de suivre et de retenir les princip
Fermer
Résumé : DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres.
Le texte 'DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres' aborde deux interrogations principales concernant la dénomination et la prononciation des lettres. La première question examine la préférence entre les noms vulgaires actuels des lettres et ceux proposés par le Système du Bureau Typographique, en supposant une ignorance initiale des lettres. Le texte compare les noms des lettres selon la méthode vulgaire et la méthode typographique à travers divers exemples de mots. La deuxième question explore quelle méthode serait la plus compréhensible pour une personne ne sachant pas lire : prononcer les lettres selon la méthode vulgaire ou les sons selon la méthode typographique. Le texte fournit des exemples comparatifs de mots prononcés selon les deux méthodes. Le texte conclut en défiant les critiques de trouver un mot où la méthode vulgaire serait supérieure à la méthode typographique, affirmant que la prévention et les préjugés peuvent souvent obscurcir la raison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 726-733
DOUZIEME LETTRE sur la Bibliotheque des Enfans et sur les dimensions du Bureau Typographique.
Début :
Vous voulez, Monsieur, juger du Systême Typographique par l'experience [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Méthode, Bibliothèque des enfants, Système de morale, Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DOUZIEME LETTRE sur la Bibliotheque des Enfans et sur les dimensions du Bureau Typographique.
OUZIEME LETTRE sur la
Bibliotheque des Enfans et sur les dimensions du Bureau Typographique.
VOU
Ous voulez , Monsieur , juger du Systême
Typographique par l'experience et par la
pratique, ou enfin par des exemples et des autoritez modernes. Cela paroît raisonnable jusqu'à un
certain point , je n'ignore pas que les preuves
sensibles ne frappent davantage , mais je sçai
aussi que ces prétendues preuves sensibles sont
souvent plus sujettes à l'erreur que les preuves de
raisonnement. J'avoue que lorsqu'il s'agit d'un
effet prompt et physique , l'experience est le
moyen le plus sur pour en décider ; supposons ,
par exemple, une dispute sur deux sortes de Poudre à Canon, où il s'agit de sçavoir laquelle a
plus de force et porte plus loin ; tous les raisonnemens sur la composition de cette Poudre , ne
feront jamais sur un bon esprit la même impression que l'experience réïterée, et après laquelle ces
raisonnemens serviront à confirmer , ou pour
mieux dire , à expliquer cette même experience.
Il en est de même de la circulation du sang etde
bien d'autres choses.
AVRIL. 17321 727
Mais quand il s'agit de Méthode et d'institution litteraire ou d'une experience soumise à une
infinité de combinaisons physiques et morales ,
il faut pour lors que la raison soit de la partie
et qu'elle serve par provision à discerner la bonté
et la superiorité de cette Méthode sur les autres ;
je croi que c'est ici le cas du Bureau Tipographique , malgré le raisonnement de ceux qui disent qu'il faut juger de la bonté de cette Méthode
par le grand nombre des Sçavans qu'elle produi c'est- à- dire , selon eux , attendre 20. 30. ou
So.ans avant que de se déterminer. Raisonner ainsi
n'est- ce pas raisonner à peu près comme si l'on
eut dit autrefois ? 1 °. Qu'il falloit juger de la
bonté et de l'excellence de la nouvelle Medecine
par le plus grand nombre de Vieillards de l'un et
del'autre Sexe, auquel cas laMedecine des Patriarches auroit été préferable à toutes les autres.
ra ,
2º. Qu'il falloit juger de la bonté des Loix de
chaque Païs , et de la probité de chaque Nation ,
par le plus petit nombre de procès et par le
moindre casuel des Executeurs de la haute Justice.
3°. Qu'il falloit juger de la politique et de la
science Militaire d'un siecle , par le nombre des
Héros , des grands Souverains et des Peuples heureux qu'ils gouvernoient.
4°. Qu'il falloit juger des avantages de l'Im
primerie , par le plus grand nonbre des Sçavans
et des Livres modernes préferables à ceux des- anciens:
5. Juger des avantages de la Boussole , de la
nouvelle Navigation et de la découverte du nouveau Monde , par le plus grand bonheur et le
meilleur être des Nations qui jouissent des fruits de cette découverte.
6. Juger de la bonté de l'Horlogerie et même B-v des
728 MERCURE DE FRANCE
des Prédicateurs ,, par le meilleur emploi du tems.
. De la préference et superiorité morale des Nations et de leur commerce , par le plus grand
nombre des honnêtes gens,par le plus grand nomnombre des riches , et le plus petit nombre des miserables.
8". Juger de la bonté des Systêmes de morale ,
de politique et même de Religion , par le plus
grand nombre des gens de bien, des gens de probité et de pieté , &c.
Vous voyez par là , Monsieur , qu' est plus --
aisé de juger des effets de pure Mécanique , que
de juger des effets combinez à l'infini dans le Physique et dans le Moral. Que d'incertitudes dans
l'enquête et dans le témoignage des hommes !
sur la complexion et le temperament des enfans !
sur les dispositions de leur esprit sur la Méthode qu'ils ont suivie ! sur les moyens , la capacité ,
les talens , et les soins des parens , des Maîtres et
même des domestiques ! sur l'usage et les Coûtumes de chaque Pays, et enfin sur tous les accidens
de la vie !
Descartes , Pascal , Baile , Newton , Leibnits ,
&c. ont été de grands hommes , s'ensuit- il que
leurs Abécé et leurs Rudimens fussent les meilleurs De quel Rudiment , de quelle Méthode se
servoient a utrefois les Hébreux , les Grecs et les
Latins , et de quelle Méthode se servent aujourd'hui les E spagnols et les Portugais , les Anglois
et les Hollandois ; en faut- il juger par le plus
grand nombre de leurs Sçavans ? Il n'est donc
pas toujours aisé de prouver la bonté d'un Systême ou d'une Méthode, par le plus grand nombre
des habiles gens qu'elle a produits , et si on peut
le dir e à p resent de la Méthode de Décartes , elle
me lai ssoit pas de porter par elle- même la preuve morale
AVRIL 1732. 729
•
2
morale et géométrique de son excellence et de sa
superiorité sur les autres Méthodes. On juge fa、
cilement de la bonté et de l'abondance des récoltes par la qualité , la quantité et le prix des denrées. Il n'en est pas tout- à -fait de même des Méthodes des Sçavans , ni de leurs Ouvrages. Concluons qu'il en est d'une Méthode comme d'un
outil ; un bon Ecrivain écrira mieux avec une
mauvaise plume , qu'an mauvais Ecrivain avec la
meilleure plume du monde. On n'apporte pas assez de soin sur le choix des Maîtres , voilà un
inconvenient. Les Maîtres ne cherchent pas assez
les rapports et les proportions entre la doctrine
et les enfans , voilà un autre inconvenient. Il n'est
donc pas absolument vrai qu'on puisse toûjours
juger de l'outil ou de la Méthode par l'Ouvrage et par l'Eleve.
Pour vous donner cependant , comme vous le
souhaitez , Monsieur , des témoignages rendus en faveur de la Méthode du Bureau , je puis vous
assurer que de toutes les personnes qui ont vu
cette Machine , il n'y en a point qui n'ait avoüé
de bonne foi que cette maniere de montrer les
premiers élemens des Lettres étoit ingénieuse et
plus à la portée des petits enfans que les Méthodes vulgaires ; en passant sous silence le détail des
témoignages de quelques Particuliers, je pourrois vous nomnier ici un des plus intelligens Magistrats et des plus zelez pour le bien de la République des Lettres , qui cut la curiosité de voir par
lui même l'exercice et les operations du Bureau
Typographique. M. Gallyot , accompagna ce Magistrat au College du Plessis , où M. Rollin et
M. l'Abbé de S. Pierre , avoient déja pris la peine
de se rendre. Tous ces Messieurs parlerent favorablement de cette Méthode et je me flatte qu'en -Evj -favcut
730 MERCURE DE FRANCE
faveur de notre cause ils voudront bien me par
donner la liberté que je viens de prendre de les
nommer. Le R. P. Buffier , le Régent de Quatrié
me du College de Louis le Grand , le P. Bouche
ron , Prêtre de l'Oratoire , M. Thomé , Conseiller au Parlement de Grenoble et d'autres Messieurs , se trouverent une autre fois ensemble au
Bureau du College du Plessis et rendirent également témoignage à la verité ; je pourrois vous
citer le Principal et les deux Sous- Principaux du
même College, qui , exempts de prévention , pen
sent favorablement de la Méthode Typographique. Je pourrois vous nommer le Proviseur et le
Principal du College d'Harcourt où le jeune Seigneur Dom Ventura de Liria , a déja fait et
'heureuse experience du Bureau Typographi
que. Je pourrois vous parler de M. Chom
pré , Maître de Pension , et depuis peu Maître
de petite Ecole , qui fait usage actuellement
des classes du Bureau Typographique , dans le
rue des Carmes ou saint Jean de Beauvais.;
exemple qui va être suivi par plusieurs. Maîtres d'Ecoles.
Je pourrois vous rapporter l'exemple d'une petite fille de trois ans , vis- à- vis sainte Catherine ,
rue S.Denis,qui imprime joliment à son Bureau,la
copie qu'on lui donne sur des cartes. Il y a plusieurs autres enfans qui s'amusent utilement au
Bureau Typographique ; cela devroit fermer la.
bouche aux Critiques , retenir leur plume et leur
apprendre enfin à en faire un meilleur usage pour le Public..
Je pourrois vous rapporter le Certificat de la Societé des Arts , inseré dans le Mercure du mois
de Septembre dernier , et vous dire qu'à la Cour même, Qn. fair usage du Bureau pour Monseigneur
AVRIL. 1732. 732
gneur le Dauphin et pour Mesdames de France.
Mais il faut vous dire le fort et le foible , un
Grammairien de Ventabren , donna dans le Mercure du mois de Janvier dernier , une Critique
contre le Bureau , et il en parut une autre dans le
mois de Février suivant , dont le Public fut en◄
core plus mécontent ; enfin M. Gaullier , Régent
de Quatriéme au Plessis , dans les Notes sur la
Méthode de M.le Févre, et M.le Beau, Regent de
Seconde au même College , dans sa petite Piece
comique du mois d'Août dernier , ont pris le
parti de se déclarer hautement contre le Systême
et contre l'Auteur du Bureau Typographique.
C'est à vous , Monsieur , à present d'aprécier ,
d'estimer et d'évaluer chaque témoignage ; si
vous voulez compter les voix avant que de péser
les raisons ; vous avez trois Maîtres qui se sont déclarez contre le Bureau et contre ses Partisans
de la Cour et de la Ville. De ces trois Maîtres
le premier étant, dit- on, imaginé et fait à plaisir ,
il n'en reste que deux ; de ces deux il ne faut pas
compter M. le Beau , qui par licence poëtique
plutôt qu'à mauvais dessein , a préferé le Bureau
pour le sujet de sa petite Piece ; on le lui auroit
même prêté avec plaisir, pour rendre plus sensible aux Spectateurs, la Critique qu'il en vouloit
faire ;on auroit pû fournir bien des pensées comiques sur cette matiere , et on en auroit ri comme
les autres , sans approuver neanmoins l'affectation des personalitez indécentes contre les morts
et les vivans ; conduite qui fait toujours tort au
jugement et au cœur , quelque honneur qu'elle
puisse faire d'ailleurs à l'esprit du Poëte.
2.
De ces trois Maîtres , il ne nous reste donc à
craindre contre le Bureau , que les Critiques de
M.Gaullier , ce laborieux et infatigable Profes- seur
732 MERCURE DE FRANCE
seur , dont les Notes sur la Méthode de M. le
Fevre , p. 104. parlant de la lecture de Terence,
et croyant avoir pour lui l'autorité de M. le Fevre , du P. Jouvency , des Statuts de l'Université,
de M. M. et R. P. des P. de l'Eglise , enfin du
Monde entier, pense- t'il , bors le seul M. Rollin ,
a voulu peut-être à son tour et dans cette occasion , se singulariser contre le jugement du Public , de la Cour , de la Ville , des Colleges , des
Maîtres d'Ecole , de la Societé des Arts , de l'experience , il a peut- être voulu qu'on pût aussi dire delui ce que l'Ecriture dit d'Ismaël. Gen. 16.
12. qu'il leva la main contre tous , Manus ejus
contra omnes ; et ajoûter que tous leveront aussi la
main contre lui , Et manus omnium contra eum ;
article et paroles que M. Gaullier rapporte dans
sa Lettre inserée dans le Mercure du mois d'Octobre dernier , contre quelques lignes du Nouvelliste du Parnasse , dont il ne paroît pas qu'il
eût tant à se plaindre par un long et ennuyeux Commentaire. Bien des Auteurs à Paris , se sont
déclarez contre les Critiques de ce Professeur.
L'Auteur des Tropes attend sa réponse , 1 ° . sur
la difference des Colleges bien ou mal montez,
2. Sur la veritable diference de la Méthode de
Mile Fevre et de la Méthodedes Colleges. 3 ° . Sur
la contradiction de ceux qui, selon leur Méthode,
exigent l'âge de dix ou douze ans pour l'étude
des Rudimens et qui néanmoins les accablent d'une infinité de Regles Grammaticales avant cet âge
là. 4°. Sur les Charlatans de la menuë Litterature,
qui donnent le Catalogue fastueux de leurs petites
compilations. . Sur l'imparfaite division et
l'injuste accusation d'heresie ou de folie. 6° . Sur
les Longins connus et inconnus. 7° . Sur les Livres de compilation , imprimez exprès en lettres fort
"
AVRIL. 1732. 733
fort menuës , pour faciliter la grosse et grande
Litterature. 8. Sur la veritable définition des
mots Pedant et Pedenterie. 9 ° Et enfin , sur la
difference d'un vain Déclamateur, et d'un vrai et
utile Critique.
UnAuteur de Rennes en Bretagne s'est déclaré
contre ce Regent de quatriéme. M. Perquis autre
Breton , a donné une Réponse à la Lettre d'un
Profeffeur anonyme que M. Gaullier avoue être
de lui , petite consolation que l'honneur de tant
d'adversaires , tant qu'un fameux et ancien Recteur de l'Université de Paris , ne daignera pas en
augmenter le nombre , et que méprisant les vaines déclamations de ses critiques, il continuera ses
dignes et pénibles travaux pour enrichir la République des Lettres de la suite du cours historique que le public attend toujours avec impatience , et
qu'il reçoit et lit avec empressement.
1
Je vous envoie , Mr. les nouvelles dimensions
du Bureau , afin que vous puissiez en faire faire selon la mesure des Cartes et des Lettres dont
vous voudrez vous servir. Vous avez dans le Mercure de Novembre la suite des Jeux , des opérations , des exercices et des leçons du Sistême Ty- pografique ; et dans le premier Volume du mois s
de Decembre dernier, la maniere d'étiqueter et degarnir un Bureau complet.
Bibliotheque des Enfans et sur les dimensions du Bureau Typographique.
VOU
Ous voulez , Monsieur , juger du Systême
Typographique par l'experience et par la
pratique, ou enfin par des exemples et des autoritez modernes. Cela paroît raisonnable jusqu'à un
certain point , je n'ignore pas que les preuves
sensibles ne frappent davantage , mais je sçai
aussi que ces prétendues preuves sensibles sont
souvent plus sujettes à l'erreur que les preuves de
raisonnement. J'avoue que lorsqu'il s'agit d'un
effet prompt et physique , l'experience est le
moyen le plus sur pour en décider ; supposons ,
par exemple, une dispute sur deux sortes de Poudre à Canon, où il s'agit de sçavoir laquelle a
plus de force et porte plus loin ; tous les raisonnemens sur la composition de cette Poudre , ne
feront jamais sur un bon esprit la même impression que l'experience réïterée, et après laquelle ces
raisonnemens serviront à confirmer , ou pour
mieux dire , à expliquer cette même experience.
Il en est de même de la circulation du sang etde
bien d'autres choses.
AVRIL. 17321 727
Mais quand il s'agit de Méthode et d'institution litteraire ou d'une experience soumise à une
infinité de combinaisons physiques et morales ,
il faut pour lors que la raison soit de la partie
et qu'elle serve par provision à discerner la bonté
et la superiorité de cette Méthode sur les autres ;
je croi que c'est ici le cas du Bureau Tipographique , malgré le raisonnement de ceux qui disent qu'il faut juger de la bonté de cette Méthode
par le grand nombre des Sçavans qu'elle produi c'est- à- dire , selon eux , attendre 20. 30. ou
So.ans avant que de se déterminer. Raisonner ainsi
n'est- ce pas raisonner à peu près comme si l'on
eut dit autrefois ? 1 °. Qu'il falloit juger de la
bonté et de l'excellence de la nouvelle Medecine
par le plus grand nombre de Vieillards de l'un et
del'autre Sexe, auquel cas laMedecine des Patriarches auroit été préferable à toutes les autres.
ra ,
2º. Qu'il falloit juger de la bonté des Loix de
chaque Païs , et de la probité de chaque Nation ,
par le plus petit nombre de procès et par le
moindre casuel des Executeurs de la haute Justice.
3°. Qu'il falloit juger de la politique et de la
science Militaire d'un siecle , par le nombre des
Héros , des grands Souverains et des Peuples heureux qu'ils gouvernoient.
4°. Qu'il falloit juger des avantages de l'Im
primerie , par le plus grand nonbre des Sçavans
et des Livres modernes préferables à ceux des- anciens:
5. Juger des avantages de la Boussole , de la
nouvelle Navigation et de la découverte du nouveau Monde , par le plus grand bonheur et le
meilleur être des Nations qui jouissent des fruits de cette découverte.
6. Juger de la bonté de l'Horlogerie et même B-v des
728 MERCURE DE FRANCE
des Prédicateurs ,, par le meilleur emploi du tems.
. De la préference et superiorité morale des Nations et de leur commerce , par le plus grand
nombre des honnêtes gens,par le plus grand nomnombre des riches , et le plus petit nombre des miserables.
8". Juger de la bonté des Systêmes de morale ,
de politique et même de Religion , par le plus
grand nombre des gens de bien, des gens de probité et de pieté , &c.
Vous voyez par là , Monsieur , qu' est plus --
aisé de juger des effets de pure Mécanique , que
de juger des effets combinez à l'infini dans le Physique et dans le Moral. Que d'incertitudes dans
l'enquête et dans le témoignage des hommes !
sur la complexion et le temperament des enfans !
sur les dispositions de leur esprit sur la Méthode qu'ils ont suivie ! sur les moyens , la capacité ,
les talens , et les soins des parens , des Maîtres et
même des domestiques ! sur l'usage et les Coûtumes de chaque Pays, et enfin sur tous les accidens
de la vie !
Descartes , Pascal , Baile , Newton , Leibnits ,
&c. ont été de grands hommes , s'ensuit- il que
leurs Abécé et leurs Rudimens fussent les meilleurs De quel Rudiment , de quelle Méthode se
servoient a utrefois les Hébreux , les Grecs et les
Latins , et de quelle Méthode se servent aujourd'hui les E spagnols et les Portugais , les Anglois
et les Hollandois ; en faut- il juger par le plus
grand nombre de leurs Sçavans ? Il n'est donc
pas toujours aisé de prouver la bonté d'un Systême ou d'une Méthode, par le plus grand nombre
des habiles gens qu'elle a produits , et si on peut
le dir e à p resent de la Méthode de Décartes , elle
me lai ssoit pas de porter par elle- même la preuve morale
AVRIL 1732. 729
•
2
morale et géométrique de son excellence et de sa
superiorité sur les autres Méthodes. On juge fa、
cilement de la bonté et de l'abondance des récoltes par la qualité , la quantité et le prix des denrées. Il n'en est pas tout- à -fait de même des Méthodes des Sçavans , ni de leurs Ouvrages. Concluons qu'il en est d'une Méthode comme d'un
outil ; un bon Ecrivain écrira mieux avec une
mauvaise plume , qu'an mauvais Ecrivain avec la
meilleure plume du monde. On n'apporte pas assez de soin sur le choix des Maîtres , voilà un
inconvenient. Les Maîtres ne cherchent pas assez
les rapports et les proportions entre la doctrine
et les enfans , voilà un autre inconvenient. Il n'est
donc pas absolument vrai qu'on puisse toûjours
juger de l'outil ou de la Méthode par l'Ouvrage et par l'Eleve.
Pour vous donner cependant , comme vous le
souhaitez , Monsieur , des témoignages rendus en faveur de la Méthode du Bureau , je puis vous
assurer que de toutes les personnes qui ont vu
cette Machine , il n'y en a point qui n'ait avoüé
de bonne foi que cette maniere de montrer les
premiers élemens des Lettres étoit ingénieuse et
plus à la portée des petits enfans que les Méthodes vulgaires ; en passant sous silence le détail des
témoignages de quelques Particuliers, je pourrois vous nomnier ici un des plus intelligens Magistrats et des plus zelez pour le bien de la République des Lettres , qui cut la curiosité de voir par
lui même l'exercice et les operations du Bureau
Typographique. M. Gallyot , accompagna ce Magistrat au College du Plessis , où M. Rollin et
M. l'Abbé de S. Pierre , avoient déja pris la peine
de se rendre. Tous ces Messieurs parlerent favorablement de cette Méthode et je me flatte qu'en -Evj -favcut
730 MERCURE DE FRANCE
faveur de notre cause ils voudront bien me par
donner la liberté que je viens de prendre de les
nommer. Le R. P. Buffier , le Régent de Quatrié
me du College de Louis le Grand , le P. Bouche
ron , Prêtre de l'Oratoire , M. Thomé , Conseiller au Parlement de Grenoble et d'autres Messieurs , se trouverent une autre fois ensemble au
Bureau du College du Plessis et rendirent également témoignage à la verité ; je pourrois vous
citer le Principal et les deux Sous- Principaux du
même College, qui , exempts de prévention , pen
sent favorablement de la Méthode Typographique. Je pourrois vous nommer le Proviseur et le
Principal du College d'Harcourt où le jeune Seigneur Dom Ventura de Liria , a déja fait et
'heureuse experience du Bureau Typographi
que. Je pourrois vous parler de M. Chom
pré , Maître de Pension , et depuis peu Maître
de petite Ecole , qui fait usage actuellement
des classes du Bureau Typographique , dans le
rue des Carmes ou saint Jean de Beauvais.;
exemple qui va être suivi par plusieurs. Maîtres d'Ecoles.
Je pourrois vous rapporter l'exemple d'une petite fille de trois ans , vis- à- vis sainte Catherine ,
rue S.Denis,qui imprime joliment à son Bureau,la
copie qu'on lui donne sur des cartes. Il y a plusieurs autres enfans qui s'amusent utilement au
Bureau Typographique ; cela devroit fermer la.
bouche aux Critiques , retenir leur plume et leur
apprendre enfin à en faire un meilleur usage pour le Public..
Je pourrois vous rapporter le Certificat de la Societé des Arts , inseré dans le Mercure du mois
de Septembre dernier , et vous dire qu'à la Cour même, Qn. fair usage du Bureau pour Monseigneur
AVRIL. 1732. 732
gneur le Dauphin et pour Mesdames de France.
Mais il faut vous dire le fort et le foible , un
Grammairien de Ventabren , donna dans le Mercure du mois de Janvier dernier , une Critique
contre le Bureau , et il en parut une autre dans le
mois de Février suivant , dont le Public fut en◄
core plus mécontent ; enfin M. Gaullier , Régent
de Quatriéme au Plessis , dans les Notes sur la
Méthode de M.le Févre, et M.le Beau, Regent de
Seconde au même College , dans sa petite Piece
comique du mois d'Août dernier , ont pris le
parti de se déclarer hautement contre le Systême
et contre l'Auteur du Bureau Typographique.
C'est à vous , Monsieur , à present d'aprécier ,
d'estimer et d'évaluer chaque témoignage ; si
vous voulez compter les voix avant que de péser
les raisons ; vous avez trois Maîtres qui se sont déclarez contre le Bureau et contre ses Partisans
de la Cour et de la Ville. De ces trois Maîtres
le premier étant, dit- on, imaginé et fait à plaisir ,
il n'en reste que deux ; de ces deux il ne faut pas
compter M. le Beau , qui par licence poëtique
plutôt qu'à mauvais dessein , a préferé le Bureau
pour le sujet de sa petite Piece ; on le lui auroit
même prêté avec plaisir, pour rendre plus sensible aux Spectateurs, la Critique qu'il en vouloit
faire ;on auroit pû fournir bien des pensées comiques sur cette matiere , et on en auroit ri comme
les autres , sans approuver neanmoins l'affectation des personalitez indécentes contre les morts
et les vivans ; conduite qui fait toujours tort au
jugement et au cœur , quelque honneur qu'elle
puisse faire d'ailleurs à l'esprit du Poëte.
2.
De ces trois Maîtres , il ne nous reste donc à
craindre contre le Bureau , que les Critiques de
M.Gaullier , ce laborieux et infatigable Profes- seur
732 MERCURE DE FRANCE
seur , dont les Notes sur la Méthode de M. le
Fevre , p. 104. parlant de la lecture de Terence,
et croyant avoir pour lui l'autorité de M. le Fevre , du P. Jouvency , des Statuts de l'Université,
de M. M. et R. P. des P. de l'Eglise , enfin du
Monde entier, pense- t'il , bors le seul M. Rollin ,
a voulu peut-être à son tour et dans cette occasion , se singulariser contre le jugement du Public , de la Cour , de la Ville , des Colleges , des
Maîtres d'Ecole , de la Societé des Arts , de l'experience , il a peut- être voulu qu'on pût aussi dire delui ce que l'Ecriture dit d'Ismaël. Gen. 16.
12. qu'il leva la main contre tous , Manus ejus
contra omnes ; et ajoûter que tous leveront aussi la
main contre lui , Et manus omnium contra eum ;
article et paroles que M. Gaullier rapporte dans
sa Lettre inserée dans le Mercure du mois d'Octobre dernier , contre quelques lignes du Nouvelliste du Parnasse , dont il ne paroît pas qu'il
eût tant à se plaindre par un long et ennuyeux Commentaire. Bien des Auteurs à Paris , se sont
déclarez contre les Critiques de ce Professeur.
L'Auteur des Tropes attend sa réponse , 1 ° . sur
la difference des Colleges bien ou mal montez,
2. Sur la veritable diference de la Méthode de
Mile Fevre et de la Méthodedes Colleges. 3 ° . Sur
la contradiction de ceux qui, selon leur Méthode,
exigent l'âge de dix ou douze ans pour l'étude
des Rudimens et qui néanmoins les accablent d'une infinité de Regles Grammaticales avant cet âge
là. 4°. Sur les Charlatans de la menuë Litterature,
qui donnent le Catalogue fastueux de leurs petites
compilations. . Sur l'imparfaite division et
l'injuste accusation d'heresie ou de folie. 6° . Sur
les Longins connus et inconnus. 7° . Sur les Livres de compilation , imprimez exprès en lettres fort
"
AVRIL. 1732. 733
fort menuës , pour faciliter la grosse et grande
Litterature. 8. Sur la veritable définition des
mots Pedant et Pedenterie. 9 ° Et enfin , sur la
difference d'un vain Déclamateur, et d'un vrai et
utile Critique.
UnAuteur de Rennes en Bretagne s'est déclaré
contre ce Regent de quatriéme. M. Perquis autre
Breton , a donné une Réponse à la Lettre d'un
Profeffeur anonyme que M. Gaullier avoue être
de lui , petite consolation que l'honneur de tant
d'adversaires , tant qu'un fameux et ancien Recteur de l'Université de Paris , ne daignera pas en
augmenter le nombre , et que méprisant les vaines déclamations de ses critiques, il continuera ses
dignes et pénibles travaux pour enrichir la République des Lettres de la suite du cours historique que le public attend toujours avec impatience , et
qu'il reçoit et lit avec empressement.
1
Je vous envoie , Mr. les nouvelles dimensions
du Bureau , afin que vous puissiez en faire faire selon la mesure des Cartes et des Lettres dont
vous voudrez vous servir. Vous avez dans le Mercure de Novembre la suite des Jeux , des opérations , des exercices et des leçons du Sistême Ty- pografique ; et dans le premier Volume du mois s
de Decembre dernier, la maniere d'étiqueter et degarnir un Bureau complet.
Fermer
Résumé : DOUZIEME LETTRE sur la Bibliotheque des Enfans et sur les dimensions du Bureau Typographique.
La lettre aborde la méthode typographique employée dans la Bibliothèque des Enfants et les dimensions du Bureau Typographique. L'auteur examine la validité de juger une méthode par l'expérience ou par le raisonnement. Il estime que, bien que l'expérience soit essentielle pour des questions mécaniques, elle est moins fiable pour évaluer des méthodes littéraires ou éducatives en raison de la complexité des facteurs impliqués. L'auteur critique l'idée de juger la méthode typographique par le nombre de savants qu'elle produit, comparant cela à des jugements absurdes dans d'autres domaines comme la médecine, les lois ou la politique. Il affirme que la qualité d'une méthode ne peut pas toujours être prouvée par le nombre de personnes qu'elle forme. La lettre mentionne plusieurs témoignages favorables à la méthode typographique, provenant de magistrats, de professeurs et de membres de la cour. Cependant, elle reconnaît également des critiques, notamment celles de certains professeurs et d'un grammairien. L'auteur conclut en soulignant la difficulté de juger une méthode uniquement par ses résultats et en invitant à une évaluation plus nuancée des témoignages et des raisons. Il fournit également des informations sur les dimensions du Bureau Typographique et les ressources disponibles pour en savoir plus sur le système typographique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 841-856
METHODE pour apprendre la Musique en peu de temps. Par L. P. C. J.
Début :
Notre siecle est fécond en nouvelles Méthodes pour toutes choses [...]
Mots clefs :
Musique, Harmonie, Méthode d'enseignement, Mémoire, Apprendre, Théorie, Zarlin, Maîtres, Écoliers, Art, Do, Ut, Diatonique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : METHODE pour apprendre la Musique en peu de temps. Par L. P. C. J.
METHODE pour apprendre la Musique
enpeu de temps. Par L. P. C. J.
Otre siecle est fécond en nouvelles
NMéthodes pour toutes choses . Rien
n'est mieux. Tôt ou tard on trouvera les
vrayes, avec cegout d'en essayer de toutes.
La Musique est donc aussi l'objet de plusieurs Méthodes nouvelles. Elle en vaut la
peine; et les Musiciens méritent bien qu'on
entre dans leur esprit et dans leurs vûës ,
et qu'on les seconde à faire mieux de jour
en jour.
La Musique n'a qu'un deffaut. Elle est
trop difficile à apprendre. Je ne parle
que du Chant : c'est peu de chose ; mais
ce peu de chose est absolument necessaire
pour aller plus loin, pour se former le goût,
pour se rendre l'oreille intelligente , pour
sentir l'harmonie , pour accompagner
pour composer.
Peu de gens vont jusques- là ; mais tout
A iiij le
842 MERCURE DE FRANCE
le monde voudroit y aller ; ceux au moins
qui apprennent la Musique. A quoi tientil donc qu'ils n'y arrivent ? Il tient à ce
peu de chose dont je parlois tout à l'heure,
lequel , tout peu qu'il est , vous arrête assez pour vous ôter le temps , le goût , ou le courage de passer au-delà.
Lire la Musique à livre ouvert , la lire
à mesure qu'on lit des paroles qui y répondent , c'est ce que j'appelle en verité
pru et très-peu de chose. C'est pourtant
l'affaire de cinq , de six , de dix , de dou.
P
ze , de quinze bonnes années pour les
trois quarts de ceux qui l'entreprennent.
Combien même y en a-t'il qui arrivent
à ce point ? il n'y a , dit- on , que les Enfans de Choeur , c'est-à-dire ceux qui
ayant commencé à l'âge de quatre ou
cinq ans , n'ont fait que cela jusqu'à 12.
15. 20. ans.
J'ai essayé de bien des sciences , et de
celles qui passent pour les plus difficiles ,
Géometrie , Algebre , Analyse , Physique,
&c. Mais je puis dire qu'il n'y a pas de
proportion entre le temps et le travail
qu'il faut pour apprendre ces sciences
fondes , je dis pour les apprendre même
toutes assez à fond , et le long temps et
le travail pénible et assidu qu'il faut pour
se rendre médiocrement possesseur d'upro-
MAY. 1732. 843
ne chose aussi médiocre que l'est la routine de la Musique et du simple Chint.
C'est , dit-on , cette routine qui fait
toute la difficulté ; je le sçais et c'est même
ce que je veux dire. On appelle la Rou
tine , l'habitude , une seconde Nature. Et
c'est par là qu'on l'estime. Mais c'est par
·là que j'en démontre le vice essentiel.
Il n'y a qu'une vraye et bonne nature ;
et je ne connois de seconde nature qu'une
contre- nature , ou une nature estropiće ,
entravée , étouffée, anéantie ; qu'on dresse
un Chien , un Cheval, qu'on siffle une Linoteou un Serin; qu'on mene un Aveugle
par la main , un Sourd par des signes ; mais
dans les Arts et dans les Sciences , je ne
voudrois pas qu'en faitd'Arts méchaniques
mêmes, on apprît rien aux enfans, parune
Méthode qui, sous prétexte de perfectionner l'humanité, commence par la dégrader.
La Musique n'est pas le seul Art , la
seule science où l'on donne trop à l'exercice et à la routine, aux dépens de l'intelligence et de la raison. Jusques à quand
traitera-t'on les enfans en machines , et
les hommes en enfans ? Jusques à quand
regardera- t'on la memoire comme la clef
des Sciences les plus abstraites et les plus
raisonnables ?
La memoire n'est la clefque de la scienA v ce
844 MERCURE DE FRANCE
ce des Perroquets ; bien définie elle même , elle n'est la science que des mots.
Encore même Horace m'apprend que l'invention , au moins celle des mots, est toute
du ressort du jugement. Verbaque provisam rem non invita sequentur. Parler de
mémoire , c'est reciter une leçon d'Ecolier. Parler après avoir pensé , c'est parler
en homme , c'est parler.
Je vais à mon but. La Musique n'est
difficile que parce qu'on l'apprend par
routine , par exercice , par habitude , par
memoire. Qu'on tourne un peu la chose
en théorie , en science , en principe , elle
va devenir tout ce qu'il y a au monde de
plus facile.
Je dis la pratique en va devenir facile.
Lorsque l'esprit est bien élairé , et qu'il
voitdistinctement de quoi il s'agit, la nature se développe , les facultez se manifestent , les talens se déploïent , la langue se délie , l'oreille devient sensible ,
les yeux clairvoyans, un air d'intelligence
se répand jusques dans les mains , dans
les doigts , dans les organes les plus méchaniques , les plus exterieurs.
Nous naissons avec un goût , une disposition , une semence de Musique qui
ne demande qu'à se developper. C'est ce
développement de la Nature qui devroit
être
M A Y. 1732. 845
être le but unique d'un Maître qui entreprend de la perfectionner. On ne perfectionne la Nature qu'en travaillant sur
le Plan même qu'elle a d'abord ébauché.
Nous autres François , sur tout , nous
entendons chanter, et bien tôt nous chantons aussi. Nous croyons donc qu'il n'y
a qu'à chanter , et que c'est- là la premiere
esquisse de la Nature. Mais ce chant pourroit bien n'être qu'une affaire d'habitude
et l'effet d'une seconde Nature.
Ceux qui sont un peu Philosophes , sçavent bien que le premier coup d'œil des
choses , est toujours imposteur ; que les
Phénomenes sensibles ont toujours des
raisons secrettes , des principes profonds ,
et qu'en un mot tout ce qui se présente
le premier dans l'ordre et dans la succession des effets , est le plus souvent le dernier dans l'ordre des generations et des
'causes.
Or ce n'est pas moi , c'est Zarlin , homme consommé dans la pratique et dans
la théorie de la Musique , qui cite Platon , pour nous dire que la mélodie , le
chant procede de l'harmonie. Et M. Rameau, qui ne le cede en rien à Zarlin,
et qui par un nombre de belles Décou-
-vertes nous a mis en état d'aller plus loin,
nous cite cet Auteur Italien pour nous
A vj repeter
846 MERCURE DE FRANCE
repeter que l'harmonie est le principe de
la mélodie. Il fait plus , il en donne des
preuves et dit tout ce qu'il faut pour l'établir solidement.
Ces grands Maîtres en parlent par rapport au grand de la Musique , à la composition , à l'accompagnement. Mais en
vain nous appellent-ils dans ce Sanctuaire,
si d'autres nous amusent au Vestibule , à
la porte, et nous ôtent l'envie , le gout, et
le temps de penetrer jusques dans cet interieur.
Ce sont ces grands Maîtres dont je
parlois à l'entrée de ce Discours , et que
je ne dédaignerai pas de seconder à perfectionner leur Art, du moins en m'efforçant d'en agrandir , d'en applanir les
avenues ; et c'est d'eux- mêmes que j'emprunterai les secours, les facilitez qui pourront m'aider , qui pourront aider au Public à allerjusqu'à eux.Un bon principe s'é- tend à tout , et celui de Platon atteint du
plus grand au plus petit, et depuis la com➡
position de l'harmonie jusqu'à la plus sim- ple execution machinale du Chant et de
la Gamme , qui est l'alphabet de la Musique.
Quoi ! dira t'on , faudra-t'il donc apprendre l'harmonie pour posseder la méIndie , et devenir Compositeur de plu- Sienn
MAY. 1732 847
sieurs Chants avant que de penser en
articuler un seul ? Quand je le dirois , je ne
croirois désesperer personne , puisque je
suis bien persuadé qu'on auroit encore
beaucoup meilleur marché de la routine
du Chant, qu'on ne prendroit ainsi qu'à
la suite d'une harmonie prise dans toute
son étendue et dans toute sa perfection.
Mais il n'en faut pas tant , et le principe seul de l'harmonie bien developpé ,
doit suffire pour cette routine de Chant
et de Mélodie ; il doit suffire et il suffit ,
bien entendu que rien ne suffit à sa place,
et que rien ne peut et ne doit le remplacer. Venons au fait.
Dans la Méthode ordinaire on chante
ou on croit chanter diatoniquement , de
proche en proche , par degrez conjoints ,
c'est- à-dire , comme on l'entend de Utà
Ré, de Ré à Mi, et tout de suite à Fa, Sol,
La, Si, Ut, Et moi, je dis que ce Systême
est faux , que cette Méthode n'a rien de
naturel , que ce chemin est scabreux , penible et long à l'infini , et que dès le
premier pas un Ecolier qu'on mene par
là , est un Ecolier manqué.
Personne ne doute , je crois , de la lon
gueur de ce chemin et de cette Méthode
Diatonique , puisque c'est l'experience de
tous les jours. Or cela seul fait assez voir
L
848 MERCURE DE FRANCE
le peu de naturel , le faux même de cette
maniere d'apprendre la Musique , n'étant pas naturel que si peu de chose coûte
tant à acquerir.
监
Suivons un Maître qui montre la Musiqué , mais sur tout rendons - nous attentif à l'Ecolier qui apprend , ou plutôt ,
pour ne révolter personne , concevons
tout ceci sous l'idée de l'Art personifié qui
à entrepris de perfectionner la nature.
L'Art décide donc que de Ut à Ré il
n'y a qu'un degré , de Ut à Mi , deux ,
de Uta Sol, cinq , et de Ut à Ut , huit
et là dessus il entonne Ut , Ré , et il exige que la Nature le repete à sa suite.
La Nature s'en mocque , son premier
degré est de Vt à Ut , le second de Ut
à Sol , le troisième , de Sol à Ut , seconde
réplique du premier , delà elle passe à
Mi, enfin ce n'est pourtant que la neuviéme marche qu'elle saisit le Ré. Jugez
d'abord de la bonté d'une Méthode dans
laquelle au lieu de multiplier les marches pour adoucir la montée , on vous
oblige du premier pas , d'enjamber le
neuvième dégré.
Je ne dis rien sans preuve , ni même
sans démonstration ; car chacun a sa Gamme, chacun son Echelle , chacun son Alphabet. Celui de l'Art est , روUt, Ré , Mì¸Fa,
MAY. .1732. 849
Fa, Sol, La , Si , Ut. Celui de la Nature est Vt, Vt , Sol , Ut, Mi , Sol , Ut,
Ré, &c. Je ne dirai rien que tous les Musiciens ne sçachent avant moi et mieux
que moi.
C'est d'eux que j'ai appris que lorsqu'on
a une corde qui sonne Ut , si on la coupe
en deux parties égales , chaque moitié
sonnera encore Vt ; si on la divise en
trois , chaque tiers sonnera Sol ; en 4 Ut,
en 5 Mi, en 6 Sol , en 8 Ut , en 9. en- fin Ré.
30
C'est un Axiome reçû des Musiciens
autant que des Physiciens et des Géométres , que les sons sont aux sons , comme
les cordes sont aux cordes , et par consequent comme les nombres sont aux
nombres.
,
Non- seulement les sons , mais là difficulté de les articuler , de les entonner ,
doit suivre le progrès des nombres. Car
non-seulement une corde mais tout
agent , tout organe sonore doit se subdiviser en 2. en 3. &c. parties pour exprimer Ut, Ut , Sol , Ut, &c. et en 9.
pour Ré.
Or il est plus naturel et plus facile ,
sans doute , de diviser en 2 qu'en 3 , en 3
qu'en 4, &c. Car pour la division en 2 , il
n'y a qu'un point à diviser; pour 3 ,
il en
faut
850 MERCURE DE FRANCE
faut 2 ; pour 4 , il en faut 3 ; et pour 9 ,
il en faut 8.
Qu'on ne dise pas que les nombres sont
quelque chose d'abstrait , qui n'influë
point dans la pratique , dans le physique
de la chose. Car je répons que tout ce
monde physique est fait avec nombre,poids
et mesure. Orla mesure et le poids sont
quelque chose de réel ; le nombre l'est
donc aussi.
Ignore- t- on d'ailleurs que le nombre
convient spécialement à l'harmonie , et
décide de tout ce qu'elle a de réel ? Enfin
la division des corps sonores, celle de l'air
même et de l'oreille , par des vibrations
ou des ondulations dont le nombre ne
peut - être que déterminé , est une chose
réelle et physique, qui ne permet pas qu'on
traite ici les nombres, ni les raisonnemens
qu'on en tire , de choses abstraites , ni de
spéculations purement géométriques ou
métaphysiques.
La Trompette n'est pas un être de rai→
son. Or lorsque dans une Trompette on
on a sonné l'Ut au plus bas, et qu'on veut
monter par dégrez , le premier dégré d'élevation donne l'octave prétenduë Vr; le
second dégré donne la quinte ou plutôt la
douzième Sol , et tout de suite , Ut , Ut ,
Sol, Ut, Mi, &c. n'arrivant et ne pouvant
MAY. 1732. 851
vant arriver au prétendu Diatonique Ré ,
qu'au neuviéme son.
Les premiers observateurs de ce Phénoméne , Mersenne , Kischer , Dechales, &c.
appelloient cela les Sautsde la Trompette,
prévenus que Ut , Ré, étoit l'échelle vraiment Diatonique. Elle l'est dans l'ordre
des effets , des Phénoménes, des apparencess
mais c'est le progrès Ut , Ut , Sol , &c.
qui l'est dans l'ordre des causes , des réa- litez de la nature.
Défions- nous , si l'on veut , de tout ce
qui est artificiel; la Trompette est un ouvrage de l'art , quoiqu'un des premiers ;
et par- là des moins suspects d'artifice et d'altération. Ne sortons pas du sujet que
nous avions d'abord proposé.
L'art , c'est-à-dire , le maître entonne
Ut, Ré; la nature , c'est-à-dire, l'enfant
le commençant, repete Ut, Ré; c'est-à- dire,
en répete les mots , car il sçait articuler
mais il n'en répete pas les sons, parce qu'il
ne sçait pas chanter , au moins sur le ton
de l'art , car il le sçait selon celui de
la nature, et en répetant Ut , Ré , il entonne Ut , Ut.
C'est un fait que la plupart des commençans , sur tout ceux que les Maîtres
disent qui ont l'oreille dure et la voix
fausse , et qui selon moi , n'ont souvent
que
852 MERCURE DE FRANCE
que trop de sensibilité et de justesse d'organes , commencent toujours par monter
à l'octave , comme la Trompette, vont de
là à la quinte , à la quarte , à la tierce, &c.
et n'arrivent au Diatonique Ut , Ré , qu'à➡
près tous ces intervalles consécutifs , et
encore même par grande déférence pour
un Maître qui l'exige du ton le plus impérieux.
Qu'un Ecolier est à plaindre , lorsque
l'art qui le dirige n'est pas sur le ton de
la nature l'art dit Ut, Ré 3 et la nature
Ut, Vt; quelle dissonance , quelle syncope , quelle convulsion pour une oreille tendre et délicate qui souffriroit à peine
dans un progrès d'harmonie une dissonance pareille , qui seroit préparée et
sauvée dans toutes les regles , et à qui
pour premier prélude , la Musique s'annonce par tout ce qu'elle a de plus dur ,
et cela fiérement et sans aucune sorte de
préparation.
Encore si cette dureté étoit sauvée,mais
l'art est impliable , et il exige son Ut,
Ré , jusqu'au dernier instant. La nature
peut se plier à force de crier Ut , Ré ; de
dire qu'on monte trop haut , de se fâcher,
de gronder, d'arracher des soupirs et des
pleurs; un pauvre enfant qui ne sçait pas
trop à qui s'en rapporter,se hazarde à monter
MA Y. 1732. 85$
ter encore plus haut , et après avoir longtems rédit , Ut , Ut , il se rapproche et
attrape Ut , Sol; mais il ne tient rien , il
revient à Ut, à Sol; mais le temps, etl'art
l'invitant toujours à descendre , il grimpe
à Mi, se balance à Sol , à Ut , à Mi , et
un beau jour , il va s'acrocher à Ré , qui
lui échape aussi- tôt , et auquel de 2 , de
3 , de 4ans , peut- être il ne pourra se fi
xer imperturbablement.
Car enfin c'est le vieux proverbe , que
de quelque fourche qu'on se serve pour
chasser la nature , elle revient toujours ,
et toujours sans fin et sans cesse , sans tréve ni quartier. Elle est toujours montée à
dire ut , après ut , comme la Trompete ;
sol après le second ut ; et à moins qu'on ne
lui alt appris en apprenant d'elle-même à
ré , sur le ton où elle est montée
pour le dire ; l'art à beau crier , il ne peut
qu'effleurer les oreilles , ou tout au plus
les déchirer , et en exiger un service forcé
qu'aucune longueur de temps ne rendra
dire ut,
naturel.
La nature est un Maître intérieur ; elle
parle tout bas, si l'on veut, mais elle est en
possession , et un enfant connoit sa voix ,
bien mieux encore que celle de sa nourde sa mere même. Les Musiciens
eux-mêmes conviennent qu'en entendant
rice ou
cer
854 MERCURE DE FRANCE
1
certains sons , l'oreille en sousentend tou
jours d'autres. Or je crois avoir prouvé ,
sans réplique , dans les Memoires de Trevoux , année 1722. Octobre , pag 1732. en
-dévelopant le systême de M. Rameau,que
cette sousentente étoit une entente réelle des
sons harmoniques ut , ut , sol , &c. dans l'ordre des nombres naturels 1 , 2 , 3 , 4.
&c.
Enfin , car il faut garder quelque chose
pour le lendemain , j'aboutis icy à conclure que pour déveloper la nature , ce qui
doit être l'unique but de tous les arts , il
faut la suivre au but qu'elle - même nous
indique icy d'une maniere qui n'a rien
d'équivoque.
Gardons la Méthode Diatonique pour
les Perroquets et pour les Serins, lesquels
pourroient peut être encore être mieux siflez, car la nature n'a qu'un systême. Mais
pour les hommes et même pour les enfans , il n'est pas question d'une aveugle
routine qui prend trop de temps , et plus
que si peu de chose n'en mérite , et qui
même n'apprend rien comme il faut.
La nature a fait icy tous les frais de ce
qu'il y a de méchanique dans la chose, les
cordes sont tendues dans l'oreille , les
tuyaux diapasones dans le gosier , la Tablature, les touches, tout l'instrument est
à
MAY. 17327 855
à son point, La nature n'a laissé à l'art ,
c'est-à- dire , à l'esprit , que la partie de
l'esprit , c'est-à- dire , l'intelligence des
sons , le rapport des tons , l'explication ,
en un mot, du systême general ut , ut ,
sol , ut , mi , sol , ut , re , mi , sol , si , ut ,
&c. qui contient tous les systêmes, diatonique , chromatique , &c. en commençant régulierement par l'harmonique qui
est la source féconde de tous les autres.
Voilà la méthode qui consiste à commencer par l'harmonique , qui est le fondement de tout, et qu'on doit bien posseder de la voix , de l'oreille , et sur tout de
l'esprit , avant que de passer au diatonique , lequel ne doit même venir que dépendamment et par voye de génération à
la suite de l'harmonique : le chromatique
venant aussi à son tour , suivi de l'enharmonique , et de tout ce que la Musique
a de plus profond.
Car pour le dire encore , une pareille
méthode mene tout de suite à la compo
sition et à
l'accompagnement , et y mene
avec une rapidité extrême; rien n'étant
plus rapide que les progrès d'une bonne
nature qu'on a laissée , comme dormir
dans une lenteur apparente , qu'elle semble affecter aux premiers , instans de sa
naissance ou de son développement.
Pour
856 MERCURE DE FRANCE
Pour ce qui est de la maniere d'exécuter ce Plan general, on va la voir dans un
petit ouvrage , où je la donne par leçons
consécutives à la portée des Maîtres et
des Ecoliers.
enpeu de temps. Par L. P. C. J.
Otre siecle est fécond en nouvelles
NMéthodes pour toutes choses . Rien
n'est mieux. Tôt ou tard on trouvera les
vrayes, avec cegout d'en essayer de toutes.
La Musique est donc aussi l'objet de plusieurs Méthodes nouvelles. Elle en vaut la
peine; et les Musiciens méritent bien qu'on
entre dans leur esprit et dans leurs vûës ,
et qu'on les seconde à faire mieux de jour
en jour.
La Musique n'a qu'un deffaut. Elle est
trop difficile à apprendre. Je ne parle
que du Chant : c'est peu de chose ; mais
ce peu de chose est absolument necessaire
pour aller plus loin, pour se former le goût,
pour se rendre l'oreille intelligente , pour
sentir l'harmonie , pour accompagner
pour composer.
Peu de gens vont jusques- là ; mais tout
A iiij le
842 MERCURE DE FRANCE
le monde voudroit y aller ; ceux au moins
qui apprennent la Musique. A quoi tientil donc qu'ils n'y arrivent ? Il tient à ce
peu de chose dont je parlois tout à l'heure,
lequel , tout peu qu'il est , vous arrête assez pour vous ôter le temps , le goût , ou le courage de passer au-delà.
Lire la Musique à livre ouvert , la lire
à mesure qu'on lit des paroles qui y répondent , c'est ce que j'appelle en verité
pru et très-peu de chose. C'est pourtant
l'affaire de cinq , de six , de dix , de dou.
P
ze , de quinze bonnes années pour les
trois quarts de ceux qui l'entreprennent.
Combien même y en a-t'il qui arrivent
à ce point ? il n'y a , dit- on , que les Enfans de Choeur , c'est-à-dire ceux qui
ayant commencé à l'âge de quatre ou
cinq ans , n'ont fait que cela jusqu'à 12.
15. 20. ans.
J'ai essayé de bien des sciences , et de
celles qui passent pour les plus difficiles ,
Géometrie , Algebre , Analyse , Physique,
&c. Mais je puis dire qu'il n'y a pas de
proportion entre le temps et le travail
qu'il faut pour apprendre ces sciences
fondes , je dis pour les apprendre même
toutes assez à fond , et le long temps et
le travail pénible et assidu qu'il faut pour
se rendre médiocrement possesseur d'upro-
MAY. 1732. 843
ne chose aussi médiocre que l'est la routine de la Musique et du simple Chint.
C'est , dit-on , cette routine qui fait
toute la difficulté ; je le sçais et c'est même
ce que je veux dire. On appelle la Rou
tine , l'habitude , une seconde Nature. Et
c'est par là qu'on l'estime. Mais c'est par
·là que j'en démontre le vice essentiel.
Il n'y a qu'une vraye et bonne nature ;
et je ne connois de seconde nature qu'une
contre- nature , ou une nature estropiće ,
entravée , étouffée, anéantie ; qu'on dresse
un Chien , un Cheval, qu'on siffle une Linoteou un Serin; qu'on mene un Aveugle
par la main , un Sourd par des signes ; mais
dans les Arts et dans les Sciences , je ne
voudrois pas qu'en faitd'Arts méchaniques
mêmes, on apprît rien aux enfans, parune
Méthode qui, sous prétexte de perfectionner l'humanité, commence par la dégrader.
La Musique n'est pas le seul Art , la
seule science où l'on donne trop à l'exercice et à la routine, aux dépens de l'intelligence et de la raison. Jusques à quand
traitera-t'on les enfans en machines , et
les hommes en enfans ? Jusques à quand
regardera- t'on la memoire comme la clef
des Sciences les plus abstraites et les plus
raisonnables ?
La memoire n'est la clefque de la scienA v ce
844 MERCURE DE FRANCE
ce des Perroquets ; bien définie elle même , elle n'est la science que des mots.
Encore même Horace m'apprend que l'invention , au moins celle des mots, est toute
du ressort du jugement. Verbaque provisam rem non invita sequentur. Parler de
mémoire , c'est reciter une leçon d'Ecolier. Parler après avoir pensé , c'est parler
en homme , c'est parler.
Je vais à mon but. La Musique n'est
difficile que parce qu'on l'apprend par
routine , par exercice , par habitude , par
memoire. Qu'on tourne un peu la chose
en théorie , en science , en principe , elle
va devenir tout ce qu'il y a au monde de
plus facile.
Je dis la pratique en va devenir facile.
Lorsque l'esprit est bien élairé , et qu'il
voitdistinctement de quoi il s'agit, la nature se développe , les facultez se manifestent , les talens se déploïent , la langue se délie , l'oreille devient sensible ,
les yeux clairvoyans, un air d'intelligence
se répand jusques dans les mains , dans
les doigts , dans les organes les plus méchaniques , les plus exterieurs.
Nous naissons avec un goût , une disposition , une semence de Musique qui
ne demande qu'à se developper. C'est ce
développement de la Nature qui devroit
être
M A Y. 1732. 845
être le but unique d'un Maître qui entreprend de la perfectionner. On ne perfectionne la Nature qu'en travaillant sur
le Plan même qu'elle a d'abord ébauché.
Nous autres François , sur tout , nous
entendons chanter, et bien tôt nous chantons aussi. Nous croyons donc qu'il n'y
a qu'à chanter , et que c'est- là la premiere
esquisse de la Nature. Mais ce chant pourroit bien n'être qu'une affaire d'habitude
et l'effet d'une seconde Nature.
Ceux qui sont un peu Philosophes , sçavent bien que le premier coup d'œil des
choses , est toujours imposteur ; que les
Phénomenes sensibles ont toujours des
raisons secrettes , des principes profonds ,
et qu'en un mot tout ce qui se présente
le premier dans l'ordre et dans la succession des effets , est le plus souvent le dernier dans l'ordre des generations et des
'causes.
Or ce n'est pas moi , c'est Zarlin , homme consommé dans la pratique et dans
la théorie de la Musique , qui cite Platon , pour nous dire que la mélodie , le
chant procede de l'harmonie. Et M. Rameau, qui ne le cede en rien à Zarlin,
et qui par un nombre de belles Décou-
-vertes nous a mis en état d'aller plus loin,
nous cite cet Auteur Italien pour nous
A vj repeter
846 MERCURE DE FRANCE
repeter que l'harmonie est le principe de
la mélodie. Il fait plus , il en donne des
preuves et dit tout ce qu'il faut pour l'établir solidement.
Ces grands Maîtres en parlent par rapport au grand de la Musique , à la composition , à l'accompagnement. Mais en
vain nous appellent-ils dans ce Sanctuaire,
si d'autres nous amusent au Vestibule , à
la porte, et nous ôtent l'envie , le gout, et
le temps de penetrer jusques dans cet interieur.
Ce sont ces grands Maîtres dont je
parlois à l'entrée de ce Discours , et que
je ne dédaignerai pas de seconder à perfectionner leur Art, du moins en m'efforçant d'en agrandir , d'en applanir les
avenues ; et c'est d'eux- mêmes que j'emprunterai les secours, les facilitez qui pourront m'aider , qui pourront aider au Public à allerjusqu'à eux.Un bon principe s'é- tend à tout , et celui de Platon atteint du
plus grand au plus petit, et depuis la com➡
position de l'harmonie jusqu'à la plus sim- ple execution machinale du Chant et de
la Gamme , qui est l'alphabet de la Musique.
Quoi ! dira t'on , faudra-t'il donc apprendre l'harmonie pour posseder la méIndie , et devenir Compositeur de plu- Sienn
MAY. 1732 847
sieurs Chants avant que de penser en
articuler un seul ? Quand je le dirois , je ne
croirois désesperer personne , puisque je
suis bien persuadé qu'on auroit encore
beaucoup meilleur marché de la routine
du Chant, qu'on ne prendroit ainsi qu'à
la suite d'une harmonie prise dans toute
son étendue et dans toute sa perfection.
Mais il n'en faut pas tant , et le principe seul de l'harmonie bien developpé ,
doit suffire pour cette routine de Chant
et de Mélodie ; il doit suffire et il suffit ,
bien entendu que rien ne suffit à sa place,
et que rien ne peut et ne doit le remplacer. Venons au fait.
Dans la Méthode ordinaire on chante
ou on croit chanter diatoniquement , de
proche en proche , par degrez conjoints ,
c'est- à-dire , comme on l'entend de Utà
Ré, de Ré à Mi, et tout de suite à Fa, Sol,
La, Si, Ut, Et moi, je dis que ce Systême
est faux , que cette Méthode n'a rien de
naturel , que ce chemin est scabreux , penible et long à l'infini , et que dès le
premier pas un Ecolier qu'on mene par
là , est un Ecolier manqué.
Personne ne doute , je crois , de la lon
gueur de ce chemin et de cette Méthode
Diatonique , puisque c'est l'experience de
tous les jours. Or cela seul fait assez voir
L
848 MERCURE DE FRANCE
le peu de naturel , le faux même de cette
maniere d'apprendre la Musique , n'étant pas naturel que si peu de chose coûte
tant à acquerir.
监
Suivons un Maître qui montre la Musiqué , mais sur tout rendons - nous attentif à l'Ecolier qui apprend , ou plutôt ,
pour ne révolter personne , concevons
tout ceci sous l'idée de l'Art personifié qui
à entrepris de perfectionner la nature.
L'Art décide donc que de Ut à Ré il
n'y a qu'un degré , de Ut à Mi , deux ,
de Uta Sol, cinq , et de Ut à Ut , huit
et là dessus il entonne Ut , Ré , et il exige que la Nature le repete à sa suite.
La Nature s'en mocque , son premier
degré est de Vt à Ut , le second de Ut
à Sol , le troisième , de Sol à Ut , seconde
réplique du premier , delà elle passe à
Mi, enfin ce n'est pourtant que la neuviéme marche qu'elle saisit le Ré. Jugez
d'abord de la bonté d'une Méthode dans
laquelle au lieu de multiplier les marches pour adoucir la montée , on vous
oblige du premier pas , d'enjamber le
neuvième dégré.
Je ne dis rien sans preuve , ni même
sans démonstration ; car chacun a sa Gamme, chacun son Echelle , chacun son Alphabet. Celui de l'Art est , روUt, Ré , Mì¸Fa,
MAY. .1732. 849
Fa, Sol, La , Si , Ut. Celui de la Nature est Vt, Vt , Sol , Ut, Mi , Sol , Ut,
Ré, &c. Je ne dirai rien que tous les Musiciens ne sçachent avant moi et mieux
que moi.
C'est d'eux que j'ai appris que lorsqu'on
a une corde qui sonne Ut , si on la coupe
en deux parties égales , chaque moitié
sonnera encore Vt ; si on la divise en
trois , chaque tiers sonnera Sol ; en 4 Ut,
en 5 Mi, en 6 Sol , en 8 Ut , en 9. en- fin Ré.
30
C'est un Axiome reçû des Musiciens
autant que des Physiciens et des Géométres , que les sons sont aux sons , comme
les cordes sont aux cordes , et par consequent comme les nombres sont aux
nombres.
,
Non- seulement les sons , mais là difficulté de les articuler , de les entonner ,
doit suivre le progrès des nombres. Car
non-seulement une corde mais tout
agent , tout organe sonore doit se subdiviser en 2. en 3. &c. parties pour exprimer Ut, Ut , Sol , Ut, &c. et en 9.
pour Ré.
Or il est plus naturel et plus facile ,
sans doute , de diviser en 2 qu'en 3 , en 3
qu'en 4, &c. Car pour la division en 2 , il
n'y a qu'un point à diviser; pour 3 ,
il en
faut
850 MERCURE DE FRANCE
faut 2 ; pour 4 , il en faut 3 ; et pour 9 ,
il en faut 8.
Qu'on ne dise pas que les nombres sont
quelque chose d'abstrait , qui n'influë
point dans la pratique , dans le physique
de la chose. Car je répons que tout ce
monde physique est fait avec nombre,poids
et mesure. Orla mesure et le poids sont
quelque chose de réel ; le nombre l'est
donc aussi.
Ignore- t- on d'ailleurs que le nombre
convient spécialement à l'harmonie , et
décide de tout ce qu'elle a de réel ? Enfin
la division des corps sonores, celle de l'air
même et de l'oreille , par des vibrations
ou des ondulations dont le nombre ne
peut - être que déterminé , est une chose
réelle et physique, qui ne permet pas qu'on
traite ici les nombres, ni les raisonnemens
qu'on en tire , de choses abstraites , ni de
spéculations purement géométriques ou
métaphysiques.
La Trompette n'est pas un être de rai→
son. Or lorsque dans une Trompette on
on a sonné l'Ut au plus bas, et qu'on veut
monter par dégrez , le premier dégré d'élevation donne l'octave prétenduë Vr; le
second dégré donne la quinte ou plutôt la
douzième Sol , et tout de suite , Ut , Ut ,
Sol, Ut, Mi, &c. n'arrivant et ne pouvant
MAY. 1732. 851
vant arriver au prétendu Diatonique Ré ,
qu'au neuviéme son.
Les premiers observateurs de ce Phénoméne , Mersenne , Kischer , Dechales, &c.
appelloient cela les Sautsde la Trompette,
prévenus que Ut , Ré, étoit l'échelle vraiment Diatonique. Elle l'est dans l'ordre
des effets , des Phénoménes, des apparencess
mais c'est le progrès Ut , Ut , Sol , &c.
qui l'est dans l'ordre des causes , des réa- litez de la nature.
Défions- nous , si l'on veut , de tout ce
qui est artificiel; la Trompette est un ouvrage de l'art , quoiqu'un des premiers ;
et par- là des moins suspects d'artifice et d'altération. Ne sortons pas du sujet que
nous avions d'abord proposé.
L'art , c'est-à-dire , le maître entonne
Ut, Ré; la nature , c'est-à-dire, l'enfant
le commençant, repete Ut, Ré; c'est-à- dire,
en répete les mots , car il sçait articuler
mais il n'en répete pas les sons, parce qu'il
ne sçait pas chanter , au moins sur le ton
de l'art , car il le sçait selon celui de
la nature, et en répetant Ut , Ré , il entonne Ut , Ut.
C'est un fait que la plupart des commençans , sur tout ceux que les Maîtres
disent qui ont l'oreille dure et la voix
fausse , et qui selon moi , n'ont souvent
que
852 MERCURE DE FRANCE
que trop de sensibilité et de justesse d'organes , commencent toujours par monter
à l'octave , comme la Trompette, vont de
là à la quinte , à la quarte , à la tierce, &c.
et n'arrivent au Diatonique Ut , Ré , qu'à➡
près tous ces intervalles consécutifs , et
encore même par grande déférence pour
un Maître qui l'exige du ton le plus impérieux.
Qu'un Ecolier est à plaindre , lorsque
l'art qui le dirige n'est pas sur le ton de
la nature l'art dit Ut, Ré 3 et la nature
Ut, Vt; quelle dissonance , quelle syncope , quelle convulsion pour une oreille tendre et délicate qui souffriroit à peine
dans un progrès d'harmonie une dissonance pareille , qui seroit préparée et
sauvée dans toutes les regles , et à qui
pour premier prélude , la Musique s'annonce par tout ce qu'elle a de plus dur ,
et cela fiérement et sans aucune sorte de
préparation.
Encore si cette dureté étoit sauvée,mais
l'art est impliable , et il exige son Ut,
Ré , jusqu'au dernier instant. La nature
peut se plier à force de crier Ut , Ré ; de
dire qu'on monte trop haut , de se fâcher,
de gronder, d'arracher des soupirs et des
pleurs; un pauvre enfant qui ne sçait pas
trop à qui s'en rapporter,se hazarde à monter
MA Y. 1732. 85$
ter encore plus haut , et après avoir longtems rédit , Ut , Ut , il se rapproche et
attrape Ut , Sol; mais il ne tient rien , il
revient à Ut, à Sol; mais le temps, etl'art
l'invitant toujours à descendre , il grimpe
à Mi, se balance à Sol , à Ut , à Mi , et
un beau jour , il va s'acrocher à Ré , qui
lui échape aussi- tôt , et auquel de 2 , de
3 , de 4ans , peut- être il ne pourra se fi
xer imperturbablement.
Car enfin c'est le vieux proverbe , que
de quelque fourche qu'on se serve pour
chasser la nature , elle revient toujours ,
et toujours sans fin et sans cesse , sans tréve ni quartier. Elle est toujours montée à
dire ut , après ut , comme la Trompete ;
sol après le second ut ; et à moins qu'on ne
lui alt appris en apprenant d'elle-même à
ré , sur le ton où elle est montée
pour le dire ; l'art à beau crier , il ne peut
qu'effleurer les oreilles , ou tout au plus
les déchirer , et en exiger un service forcé
qu'aucune longueur de temps ne rendra
dire ut,
naturel.
La nature est un Maître intérieur ; elle
parle tout bas, si l'on veut, mais elle est en
possession , et un enfant connoit sa voix ,
bien mieux encore que celle de sa nourde sa mere même. Les Musiciens
eux-mêmes conviennent qu'en entendant
rice ou
cer
854 MERCURE DE FRANCE
1
certains sons , l'oreille en sousentend tou
jours d'autres. Or je crois avoir prouvé ,
sans réplique , dans les Memoires de Trevoux , année 1722. Octobre , pag 1732. en
-dévelopant le systême de M. Rameau,que
cette sousentente étoit une entente réelle des
sons harmoniques ut , ut , sol , &c. dans l'ordre des nombres naturels 1 , 2 , 3 , 4.
&c.
Enfin , car il faut garder quelque chose
pour le lendemain , j'aboutis icy à conclure que pour déveloper la nature , ce qui
doit être l'unique but de tous les arts , il
faut la suivre au but qu'elle - même nous
indique icy d'une maniere qui n'a rien
d'équivoque.
Gardons la Méthode Diatonique pour
les Perroquets et pour les Serins, lesquels
pourroient peut être encore être mieux siflez, car la nature n'a qu'un systême. Mais
pour les hommes et même pour les enfans , il n'est pas question d'une aveugle
routine qui prend trop de temps , et plus
que si peu de chose n'en mérite , et qui
même n'apprend rien comme il faut.
La nature a fait icy tous les frais de ce
qu'il y a de méchanique dans la chose, les
cordes sont tendues dans l'oreille , les
tuyaux diapasones dans le gosier , la Tablature, les touches, tout l'instrument est
à
MAY. 17327 855
à son point, La nature n'a laissé à l'art ,
c'est-à- dire , à l'esprit , que la partie de
l'esprit , c'est-à- dire , l'intelligence des
sons , le rapport des tons , l'explication ,
en un mot, du systême general ut , ut ,
sol , ut , mi , sol , ut , re , mi , sol , si , ut ,
&c. qui contient tous les systêmes, diatonique , chromatique , &c. en commençant régulierement par l'harmonique qui
est la source féconde de tous les autres.
Voilà la méthode qui consiste à commencer par l'harmonique , qui est le fondement de tout, et qu'on doit bien posseder de la voix , de l'oreille , et sur tout de
l'esprit , avant que de passer au diatonique , lequel ne doit même venir que dépendamment et par voye de génération à
la suite de l'harmonique : le chromatique
venant aussi à son tour , suivi de l'enharmonique , et de tout ce que la Musique
a de plus profond.
Car pour le dire encore , une pareille
méthode mene tout de suite à la compo
sition et à
l'accompagnement , et y mene
avec une rapidité extrême; rien n'étant
plus rapide que les progrès d'une bonne
nature qu'on a laissée , comme dormir
dans une lenteur apparente , qu'elle semble affecter aux premiers , instans de sa
naissance ou de son développement.
Pour
856 MERCURE DE FRANCE
Pour ce qui est de la maniere d'exécuter ce Plan general, on va la voir dans un
petit ouvrage , où je la donne par leçons
consécutives à la portée des Maîtres et
des Ecoliers.
Fermer
Résumé : METHODE pour apprendre la Musique en peu de temps. Par L. P. C. J.
Le texte 'METHODE pour apprendre la Musique' aborde les défis liés à l'apprentissage de la musique, en particulier du chant. L'auteur observe que la musique est souvent considérée comme trop difficile à maîtriser, en raison de la routine et des exercices excessifs qui étouffent l'intelligence et la raison. Il critique les méthodes traditionnelles qui privilégient la mémoire et l'habitude au détriment de la compréhension théorique. L'auteur propose d'enseigner la musique comme une science et une théorie, plutôt que par la simple répétition. Il soutient que la nature humaine possède une disposition innée pour la musique, qui ne demande qu'à se développer. Il cite des maîtres tels que Zarlino et Rameau pour appuyer l'idée que la mélodie et le chant découlent de l'harmonie. Le texte critique la méthode diatonique courante, qui consiste à chanter de proche en proche par degrés conjoints (Ut à Ré, Ré à Mi, etc.), la jugeant peu naturelle et pénible. L'auteur suggère une approche basée sur les divisions naturelles des sons, en utilisant les nombres et les proportions pour faciliter l'apprentissage. Par ailleurs, le texte traite des difficultés rencontrées par un écolier lorsqu'il apprend la musique selon une méthode qui ne respecte pas les lois naturelles de l'harmonie. L'auteur critique l'enseignement traditionnel qui impose des notes (Ut, Ré) qui ne correspondent pas à la nature (Ut, Vt), causant ainsi des dissonances et des souffrances pour l'élève. La nature, décrite comme un maître intérieur, guide l'enfant de manière plus naturelle et harmonieuse. Les musiciens reconnaissent que l'oreille perçoit des sons harmoniques de manière intuitive. L'auteur conclut en affirmant que comprendre les principes de l'harmonie peut rendre l'apprentissage du chant plus facile et plus naturel. Il propose une méthode basée sur l'harmonique, qui est la source de tous les autres systèmes musicaux (diatonique, chromatique, etc.). Cette méthode permet de progresser rapidement vers la composition et l'accompagnement, en respectant les lois naturelles de la musique. L'auteur prévoit de détailler cette méthode dans un ouvrage destiné aux maîtres et aux écoliers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
p. 857-871
TREISIÈME Lettre, sur la Biblioteque des Enfans.
Début :
Vous demandez, MONSIEUR, si pour exercer la mémoire d'un petit [...]
Mots clefs :
Bibliothèque des enfants, Méthode, Mémoire, Apprendre, Livre, Collèges, Écoles, Opérations de l'esprit, Théorie, Pratique, Latin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TREISIÈME Lettre, sur la Biblioteque des Enfans.
TREISIEME Lettre , sur la Biblioteque
des Enfans.
§. 1. Sur l'Exercice de la Mémoire.
V
Ous demandez ,
MONSIEUR , si
pour exercer la mémoire d'un petit
Enfant, il est mieux de lui faire apprendre bien des choses par cœur , ou de se
contenter de simples lectures et de quelques opérations de l'esprit proportionées
à son âge et à sa capacité ; vous supposez
que la mémoire d'un enfant est peut être
quelquefois assez exercée par l'attention
continuelle qu'il donne à écouter , à imiter et à retenir les sons et les mots de la
langue maternelle. Je crois que pour bien
répondre à votre question , il faut sçavoir en premier lieu , si l'enfant doit ensuite aller au College , ou faire ses études
dans une maison particuliere;et en second
lieu , sçavoir à quoi les parens destinent
leur
858 MERCURE DE FRANCE
leur enfant ; car quoique les premiers élémens des Lettres soient également necessaires pour la bonne et la noble éducation dans la plupart des professions, il faut
cependant convenir que le Prêtre , le Soldat , l'Avocat , le Medecin , le Financier ,
le Marchand , l'Artisan , &c. pouroient
être conduits de bonne heure , par des
routes un peu differentes , et quand il y
auroit des Colléges , ou des Ecoles exprès
pour chacune de ces professions , il n'en
seroit peut être pas plus mal.
à
Lorqu'on sçait à quel Etat un enfant est
destiné, on fait choix des Livres qui conviennent le mieux à cet état ; on inspire. de bonne heure et peu peu à l'enfant
les nobles sentimens de la profession qu'il
doit embrasser un jour;on le tourne toutà-fait du côté de son devoir ; on lui parle incessamment du point d'honneur de sa
profession ; on lui donne des exemples
sensibles de ceux , qui, par leur mérite et
leurs vertus , s'y sont rendus illustres ; et
enfin des exemples de ceux , qui , par
leurs vices et par leurs défauts , ont été
méprisez pendant leur vie et après leur
mort. Par là on imprime peu à peu , profondement et souvent pour toujours , l'amour de la vertu et les sentimens exigez
dans chaque état. Par là on donne de
l'hor
MA Y. 859 .
1732.
Phorreur pour le crime , et l'on prépare
un enfant à l'ordre habituel d'une vie réglée. Je veux dire , par exemple , qu'on
éleve en poltron, selon le monde, un enfant destiné à l'Eglise , pendant qu'on l'éleve aussi encourageux martyr,selon J.C.
s'il falloit répandre son sang et souffrir la
mort pour la foy , &c. Quoique chaque
Chrétien soit dans la même obligation ,
le Prêtre doit l'exemple au laïque.
Un homme d'épée est toujours censé
homme de guerre , homme d'honneur et
de cœur ; on lui doit une éducation plus
noble , plus cavaliere, plus aisée, plus polie , mais en visant à la perfection de son
état, elle n'est pas moins soumise aux devoirs de la Religion .
Connoître le vrai et le faux , le juste
et l'injuste , ou le bien et le mal , les devoirs du sujet et ceux du Prince ; avoiť
quelque idée de tout , sçavoir en cas de
besoin , ce qu'un Gentilhomme a dû apprendre pour la gloire du Prince, et pour
le bien de l'état , être au courant des nouvelles litteraires , historiques et politiques , après avoir parcouru les siècles de
Fantiquité; sçavoir , enfin la Théorie et la
Pratique de ce qui a rapport à sa profession; Voilà le but qu'on ne devroit jamais
perdre de vûë. Du temps des Hébreux
B des
860 MERCURE DE FRANCE
des Grecs et des Romains, le même homme pouvoit servir de Soldat pendant la
guerre, et de Juge pendant la paix ; aujourd'hui à peine veut - on se rendre bien
capable de l'une de ces deux professions ,
mais venons à la question.
Quand il sera temps d'exercer la mémoire d'un Enfant , on ne doit pas le
charger beaucoup par jour , il lui faut
donner peu de leçons , mais il est bon de
continuer sans interruption et d'ajouter
les leçons les unes aux autres , pour faire
réciter la semaine et le mois , afin de connoître et de cultiver la mémoire à proportion de l'âge et des forces de l'enfant;
l'essentiel est de bien choisir les sujets et
de tenir l'enfant en haleine , autrement
c'est du temps perdu , parce que la moindre maladie , la moindre absence , et le
moindre relâchement , obligent toujours
à recommencer; c'est pourquoi la plupart
des enfans ne sçavent ensuite presquerien;
avec eux onne peut compter que sur l'habitude contractée par la continuelle réïtération des actes , selon la méthode du
Bureau tipographique.
و
Je ne crois pas,au reste,qu'il faille char:
ger la mémoire d'un Enfant de plusieurs
longues Prieres , ni d'aucun grand Catechisme; on doit se contenter du petit Catéchisme
MAY. 1732. 861
techisme du diocèse ; il est aisé de l'alonger par les explications que l'on aura soin
d'en faire à l'enfant , à propos et dans les
Occasions favorables. On peut faire lire de
grands Catéchismes et des Catéchismes
historiques , par demandes et par réponses , sans obliger de les apprendre par
cœur et mot à mot ; il suffit de les faire
bien comprendre et d'en faire retenir le
sens et les choses plutôt que les termes ;
on voit bien des enfans de huit , de dix
à douze ans , oublier les centaines de pages apprises inutilement par cœur ; on
doit instruire l'esprit en cultivant la mémoire et ne pas s'en tenir à la méthode
de ceux qui ne sçavent que faire réciter
la leçon donnée à un enfant ; c'est une erreur de s'imaginer qu'un enfant n'est capable que de mémoire; il est bon de l'exercer à retenir un fait , une Fable , un Conte , après en avoir fait la lecture , mais
on doit tâcher de le lui faire rendre su
le champ,sans l'asservir aux mêmes termės.
Des critiques du Bureau et zélez partisans des Méthodes vulgaires , ayant fait
de leur mieux pour prouver à une Dame
que les Méthodes et les Réfléxions étoient
nuisibles à la santé des petits enfans; certè
bonne mere , trop crédule , a ôté le CatéBij chisme
862 MERCURE DE FRANCE
chisme au sien , et en a différé l'usage
pour une autre fois , s'imaginant qu'il est
plus difficile , et parconséquant plus dangereux de faire passer le catéchisme abstrait à l'esprit par l'oreille , que d'y faire
passer l'A , B, C, matériel et sensible
par les yeux. Cette mere me rappelle celle
dont on blâmoit, avec raison , la criminelle indulgence qu'elle avoit pour les excès vicieux de son fils , et qui répondit ,
en parlant de son enfant, qu'il soit ce qu'il
voudra , pourvu qu'il vive. Le Lecteur.
voit facilement l'erreur et la fausseté de
ces sortes de maximes , mais il ne voit pas
toujours également à qui en est la plus
grande faute. Il est vrai que les Méthodes
et les Catéchismes demandent beaucoup
de réfléxions de la part des bons Maîtres,
mais il n'est pas également vrai que ces
bons Maîtres exigent d'abord d'un petit
enfant aucune application ni aucune réfléxion pénible dans l'exercice litteraire ,
ni dans l'articulation , ou la récitation de
ses Prieres et de son Catéchisme. On ne
songe pour lors qu'à semer, et l'on attend
peu à peu et à proportion de l'âge, le dévelopement , la suite et la liaison des
idées , on attend ainsi l'action de réflé
chir , avec l'intelligence des mots et des
choses , ajoutez à cela que l'objection ,
tirée
MAY. 1732: 867
tirée du côté de la santé du corps est nulle , quand il s'agit de l'instruction chré
tienne , nécessaire à tous les enfans sains
ou malades , de quelque état et de quelque condition qu'ils puissent être.
La lecture des Livres historiques de la
Bible , celle des Métamorphoses d'Ovide
et des Fables d'Esope, exerceront agréablement un enfant , les images parlent
aux yeux , et les discours aux oreilles ; il
faut donc faire bien remarquer les exemples sensibles des vices et des vertus , et
apprendre à l'enfant à juger sainement de
chaque chose; ilen est capable à tout âge;
l'opération du jugement est l'exercice essentiel qui influe le plus dans toute la vie,
et c'est ordinairement celui qu'on exige
le moins dans un simple Précepteur ; en
quoi les parens ne font pas mieux , ils
devroient être plus éclairez et plus déli- cats sur cet article. Il est donc inutile de
faire apprendre par cœur mille choses méprisées dans un âge avancé , mais on peut
cultiver la mémoire en apprenant des
choses que l'on peut utilement réciter
toute la vie , comme des Sentences , des
Maximes de la Bible , de l'Imitation de
J. C. et de plusieurs autres bons Livres ,
saints ou prophanes , consultant toujours
les forces et le gout de l'enfant.
Biij Quand
894 MERCURE DE FRANCE
Quand l'enfant verra et expliquera les
Auteurs Latins , doit- on l'asservir chaque jour à en apprendre des leçons par
cœur, en Prose et en Vers ? Il semble que
dans les Colléges où l'on est obligé de
faire travailler, pour ainsi dire , à la toise , cette Méthode soit absolument nécessaire ; d'ailleurs, en cultivant la mémoire
on peut former peu à peu le gout des enfans sur celui des Auteurs qu'ils voient..
Dans les Etudes particulieres et domeștiques , il est encore bon de faire apprendre les plus beaux endroits des Auteurs ,
mais on doit en faire un bon choix et ne
pas s'asservir au courant du Livre , ainsi
qu'on le pratique dans la plupart des Ecofes. On doit viser à bien employer letems
et à remplir de bonnes idées la tête de
L'Ecolier , qui n'apprend guére.que des
mots , selon l'usage vulgaire.
Que fait ordinairement un enfant aprèsIo ou 12 ans de College , on dit qu'il y
apprend seulement la maniere d'étudier ,
il est vrai qu'il pourroit et qu'il devroit.
même y avoir appris cette maniere , mais ,
le grand nombre en sort comme des Galeres et pour renoncer aux Etudes. Est- ce
là le fruit d'une bonne Méthode ? J'ai
qui dire à un jeune Seigneur , sur la fin
de sa Rhétorique, qu'il auroit mieux aimé.
Cou
MAY 173.2. 865
coucher sur le sable d'un Manége , que
dans le meilleur lit de son Collége. Il en
parloit comme du lieu le plus haïssable ,
et ne pouvoit pas comprendre comment
ses parensavoient eu le courage de le laisser croupir si long- temps dans le même
endroit, pour y apprendre si peu de chose ; au lieu de lui avoir donné plutôt une
éducation Militaire et digne de sa naissance.
Jecr oi qu'un Enfant pourroit bien exercer sa mémoire , sans apprendre par cœur
des pages de Latin et de François, en Prose
ou en Vers; je ne voudrois exiger régu
lierement cet exercice que quand il commence de sentir et de gouter les morceaux choisis qu'on voudroit lui faire ap
prendre , c'est-à- dire , pour le plutôt en
cinquième et en quatriéme ; je ne veux
pas dire par-làqu'il ne doive rien appren
dre avant ce temps-là ; mais je ne vou
drois exercer sa mémoire que sur des
choses agréables et qui ne lui inspirassent
jamais la haine ou le dégout qu'ils font ordinairement paroître pour les Maîtres et
pour les Livres. Je m'en rapporte volon
tiers à l'expérience des meilleurs Maîtres,
qui , bien loin de gêner les enfans dans
leurs premiers exercices, ne leur montrent
que des objets atrayans et instructifs, proBiiij. por-
86% MERCURE DE FRANCE
portionnez à leur gout et à leur âge.
N'est- ce pas abuser de l'enfant que de
l'obliger d'apprendre par cœur et à coups
de verges de grandes leçons qu'il ne comprend point , et que bien souvent le Maî
tre ne pourroit expliquer lui-même,comme la doctrine de plusieurs Rudimens en
Latin et en François , sur les Parties du
Discours , sur les Concordances et sur les
termes bizarres et inintelligibles de Gérondif et de Supin , &c. Il est bon de faire apprendre ces termes d'usage avec les
conjugaisons des Verbes , mais il est inutile de raisonner beaucoup avec lui sur
des mots qu'on n'entend pas bien en sortant de Philosophie. On doit avoir beaucoup de discrétion pour la foiblesse des
enfans , et ne pas imiter la simplicité de
cette bonne mere , qui prenant soin ellemême de la premiere éducation de son
fils , lui fit apprendre par cœur l'Avis au
Lecteur , et ensuite le Privilege du Roy,
imprimez à la tête du Livre.
Je ne sçais , au reste , lequel on doit le
plus admirer, de la simplicité de cette bonne mere,ou de la Méthode de ce même Rudiment , dont l'Editeur , entre le Privilege
et la premiere Déclinaison , donne par demandes et par réponses , l'explication et
la définition des noms, des cas et de l'ar
ticle
MA Y. 1732. 867
ticle hic , hac, hoc , qu'il met sans François, afin de le marier ensuite avec Musa
( la Muse ) &c. et Penelope ( la femme
d'Ulisse ) &c. et qu'il donne avec ce Titre
judicieux : Méthode pour bien apprendre
aux enfans à décliner les Noms ; car d'ordinaire ils les déclinent sans sçavoir l'origine
de ce Verbe, Décliner, et apprennent le Latin plutôt par routine , qu'àfond. Ce Rudiment fait par un P.. D. L..C. D. J. et
qui est peut-être un des plus gros et des
plus complets en Latin et en François , a
été bien imprimé à Grenoble , chezJean
François Champ en 1717.
J'ai rapporté ce fait et cet exemple
pour faire voir que l'ordre Théorique
des Livres n'est pas toujours le meilleus
à suivre , en conduisant et en dirigeant les enfans ; car le plus habile homme du monde ne fera jamais comprendre
à un enfant ce que c'est que Décliner et
Conjuguer, à moins qu'il ne pratique les
Déclinaisons et les Conjugaisons, et qu'il
ne rende sensibles les exemples à mesure
Penfant déclinera et conjuguera ,
comme on le fait pratiquer sur la Table.:
du Bureau Typographyque , et en suivant l'essai du Rudiment pratique de la
Langue Latine. Un enfant n'est- il pas bien
avancé lorsqu'il sçait que décliner, vient
que 9.
B.Y
dia
868 MERCURE DE FRANCE
du mot declinare. Avec cette sçavante etprofonde définition , un enfant appren- i
dra-t-il le Latin àfond , plutôt que par routi- ·
ne? Et quand il l'apprendroit par routine,
comme sa propre Langue , en seroit- ce
plus mal ?
L'Enfant destiné au Collége , doit être
montré autrement que celui qui doit faire -
ses études dans la maison paternelle. Le
premier apprendra son Rudiment par
cœur , il sera exercé pour répondre à certaines questions d'usage scolastique , et
pour composer en Latin quelques petites
Frases ; en unmot , il doit remplir sa mé...
moire , d'une maniere à pouvoir subir
l'examen préliminaire qui donne l'entrée
des Classes. L'enfant qui reste chez lui
peut mieux employer son temps ; il s'agit
moins de le faire paroître et dele faire ré-..
pondre en Perroquet , que de le rendre .
réellement fort sur ses petits exercices.Je
croi cette distinction absolument necessaire , parce qu'il pourroit arriver qu'un
enfant de 7 à 9 ans , tres capable dans sa
maison , scachant bien lire le Latin , fe.
François et le Grec , sçachant l'Histoire
et la Fable ; sçachant un peu expliquer
Phédre , ou quelque autre Auteur , seroit
néanmoins condamné dans un College à
passer au Marmoutier , ou à la Classe des
enfans
MA Y. 1732. 869
enfans qui apprennent à lire ; et cela ,
pour n'avoir pû mettre en Latin une petite Frase et n'avoir pû répondre à l'Examinateur qui lui auroit demandé , par
exemple, (audire ) ne se trouve- t- il point en
plus d'un ou de deux endroits?Surquoi il est
bon d'observer deux choses ; la premiere,
que l'abus de communiquer les demanet les argumens , regarde les Philosophes et les Théologiens , plutôt que les
petits enfans ; la seconde , que bien des
Regens , pour décrier les Méthodes particulieres et relever leur Méthode vulgaire , refuseront à un enfant assez avancé,
le témoignage qu'ils accorderont à d'autres enfans moins habiles, quant au fond ,
mais mieux au fait de l'articulation sco---
lastique , c'est pourquoi il faut opter entre ces deux Méthodes.
Mais l'éducation publique doit- elle
être préférée à l'instruction domestique.
et particuliere ? On peut lire là - dessus
Quintilien et M. l'Abbé de S. Pierre ; en
attendant , voici la réponse du sçavant et
zélé Professeur M. R. ancien Recteur de
l'Université, dans l'article second, du gouvernement des Colleges , pag. 418. Delamaniere d'enseigner et d'étudier les Belles Lettres , par rapport à l'esprit et au cœur, tom.
4. Pendant tout le temps que j'ai été
Bvj "
chargé
870 MERCURE DE FRANCE
» chargé de l'éducation de la jeunesse ,
>> parfaitement instruit des dangers qui se
>> rencontrent et dans les Maisons parti-.
culieres, et dans les Colléges , je n'ai jamais osé prendre sur moi de donner con-
» seil sur cette matiere , et je me suis con
».tenté de m'appliquer avec le plus de
» soin qu'il m'a été possible , à l'instruc-
» tion des jeunes gens , que la divine Pro-
» vidence m'addressoit. Je crois devoir
» encore garder la même neutralité et lais-
»ser à la prudence des parens à décider
» une question , qui soufre certainement
» de grandes difficultez de part et d'autre.
La neutralité de M. Rollin . semble décider la question.
On lit dans le livre du R. P. Jean Croiset , de la Compagnie de Jesus , que La
jeunesse , comme plus susceptible de venin
ne sedeffend jamais de la contagion, et qu'une
assemblée de jeunes gens, tant soit- pen négli
gez, est une pernicieuse Ecoles etyfit -on,
s'il est possible , quelque progrès dans les
Lettres, on y fera toujours une terrible perte
pour les mœurs. Reglement pour M M. les
Pensionnaires des Peres Jesuites du Col
le de Lyon , 2. édition , p. 47. p. 65
C'est donc aux parens à bien examiner
devant Dieu quel parti ils doivent prendre, à . balancer équitablement les avans
rages et les inconveniens qui se rencontrent de part et d'autre , à faire un bon
choix de Colleges ou de Maîtres. Si les
Colleges paroissent tant soit peu négligez , la contagion et la peste étant plus
probables dans les Ecoles publiques que
dans la maison paternelle , il sera encore
aisé de décider la question , mais si les
Colleges sont tels qu'ils devroient être
ou selon le Projet de M. l'Abbé de Saine
Pierre , ils sont peut-être pour lors préferables pour le plus grand nombre des enfans destinez à l'Eglise ou à la Robe.
des Enfans.
§. 1. Sur l'Exercice de la Mémoire.
V
Ous demandez ,
MONSIEUR , si
pour exercer la mémoire d'un petit
Enfant, il est mieux de lui faire apprendre bien des choses par cœur , ou de se
contenter de simples lectures et de quelques opérations de l'esprit proportionées
à son âge et à sa capacité ; vous supposez
que la mémoire d'un enfant est peut être
quelquefois assez exercée par l'attention
continuelle qu'il donne à écouter , à imiter et à retenir les sons et les mots de la
langue maternelle. Je crois que pour bien
répondre à votre question , il faut sçavoir en premier lieu , si l'enfant doit ensuite aller au College , ou faire ses études
dans une maison particuliere;et en second
lieu , sçavoir à quoi les parens destinent
leur
858 MERCURE DE FRANCE
leur enfant ; car quoique les premiers élémens des Lettres soient également necessaires pour la bonne et la noble éducation dans la plupart des professions, il faut
cependant convenir que le Prêtre , le Soldat , l'Avocat , le Medecin , le Financier ,
le Marchand , l'Artisan , &c. pouroient
être conduits de bonne heure , par des
routes un peu differentes , et quand il y
auroit des Colléges , ou des Ecoles exprès
pour chacune de ces professions , il n'en
seroit peut être pas plus mal.
à
Lorqu'on sçait à quel Etat un enfant est
destiné, on fait choix des Livres qui conviennent le mieux à cet état ; on inspire. de bonne heure et peu peu à l'enfant
les nobles sentimens de la profession qu'il
doit embrasser un jour;on le tourne toutà-fait du côté de son devoir ; on lui parle incessamment du point d'honneur de sa
profession ; on lui donne des exemples
sensibles de ceux , qui, par leur mérite et
leurs vertus , s'y sont rendus illustres ; et
enfin des exemples de ceux , qui , par
leurs vices et par leurs défauts , ont été
méprisez pendant leur vie et après leur
mort. Par là on imprime peu à peu , profondement et souvent pour toujours , l'amour de la vertu et les sentimens exigez
dans chaque état. Par là on donne de
l'hor
MA Y. 859 .
1732.
Phorreur pour le crime , et l'on prépare
un enfant à l'ordre habituel d'une vie réglée. Je veux dire , par exemple , qu'on
éleve en poltron, selon le monde, un enfant destiné à l'Eglise , pendant qu'on l'éleve aussi encourageux martyr,selon J.C.
s'il falloit répandre son sang et souffrir la
mort pour la foy , &c. Quoique chaque
Chrétien soit dans la même obligation ,
le Prêtre doit l'exemple au laïque.
Un homme d'épée est toujours censé
homme de guerre , homme d'honneur et
de cœur ; on lui doit une éducation plus
noble , plus cavaliere, plus aisée, plus polie , mais en visant à la perfection de son
état, elle n'est pas moins soumise aux devoirs de la Religion .
Connoître le vrai et le faux , le juste
et l'injuste , ou le bien et le mal , les devoirs du sujet et ceux du Prince ; avoiť
quelque idée de tout , sçavoir en cas de
besoin , ce qu'un Gentilhomme a dû apprendre pour la gloire du Prince, et pour
le bien de l'état , être au courant des nouvelles litteraires , historiques et politiques , après avoir parcouru les siècles de
Fantiquité; sçavoir , enfin la Théorie et la
Pratique de ce qui a rapport à sa profession; Voilà le but qu'on ne devroit jamais
perdre de vûë. Du temps des Hébreux
B des
860 MERCURE DE FRANCE
des Grecs et des Romains, le même homme pouvoit servir de Soldat pendant la
guerre, et de Juge pendant la paix ; aujourd'hui à peine veut - on se rendre bien
capable de l'une de ces deux professions ,
mais venons à la question.
Quand il sera temps d'exercer la mémoire d'un Enfant , on ne doit pas le
charger beaucoup par jour , il lui faut
donner peu de leçons , mais il est bon de
continuer sans interruption et d'ajouter
les leçons les unes aux autres , pour faire
réciter la semaine et le mois , afin de connoître et de cultiver la mémoire à proportion de l'âge et des forces de l'enfant;
l'essentiel est de bien choisir les sujets et
de tenir l'enfant en haleine , autrement
c'est du temps perdu , parce que la moindre maladie , la moindre absence , et le
moindre relâchement , obligent toujours
à recommencer; c'est pourquoi la plupart
des enfans ne sçavent ensuite presquerien;
avec eux onne peut compter que sur l'habitude contractée par la continuelle réïtération des actes , selon la méthode du
Bureau tipographique.
و
Je ne crois pas,au reste,qu'il faille char:
ger la mémoire d'un Enfant de plusieurs
longues Prieres , ni d'aucun grand Catechisme; on doit se contenter du petit Catéchisme
MAY. 1732. 861
techisme du diocèse ; il est aisé de l'alonger par les explications que l'on aura soin
d'en faire à l'enfant , à propos et dans les
Occasions favorables. On peut faire lire de
grands Catéchismes et des Catéchismes
historiques , par demandes et par réponses , sans obliger de les apprendre par
cœur et mot à mot ; il suffit de les faire
bien comprendre et d'en faire retenir le
sens et les choses plutôt que les termes ;
on voit bien des enfans de huit , de dix
à douze ans , oublier les centaines de pages apprises inutilement par cœur ; on
doit instruire l'esprit en cultivant la mémoire et ne pas s'en tenir à la méthode
de ceux qui ne sçavent que faire réciter
la leçon donnée à un enfant ; c'est une erreur de s'imaginer qu'un enfant n'est capable que de mémoire; il est bon de l'exercer à retenir un fait , une Fable , un Conte , après en avoir fait la lecture , mais
on doit tâcher de le lui faire rendre su
le champ,sans l'asservir aux mêmes termės.
Des critiques du Bureau et zélez partisans des Méthodes vulgaires , ayant fait
de leur mieux pour prouver à une Dame
que les Méthodes et les Réfléxions étoient
nuisibles à la santé des petits enfans; certè
bonne mere , trop crédule , a ôté le CatéBij chisme
862 MERCURE DE FRANCE
chisme au sien , et en a différé l'usage
pour une autre fois , s'imaginant qu'il est
plus difficile , et parconséquant plus dangereux de faire passer le catéchisme abstrait à l'esprit par l'oreille , que d'y faire
passer l'A , B, C, matériel et sensible
par les yeux. Cette mere me rappelle celle
dont on blâmoit, avec raison , la criminelle indulgence qu'elle avoit pour les excès vicieux de son fils , et qui répondit ,
en parlant de son enfant, qu'il soit ce qu'il
voudra , pourvu qu'il vive. Le Lecteur.
voit facilement l'erreur et la fausseté de
ces sortes de maximes , mais il ne voit pas
toujours également à qui en est la plus
grande faute. Il est vrai que les Méthodes
et les Catéchismes demandent beaucoup
de réfléxions de la part des bons Maîtres,
mais il n'est pas également vrai que ces
bons Maîtres exigent d'abord d'un petit
enfant aucune application ni aucune réfléxion pénible dans l'exercice litteraire ,
ni dans l'articulation , ou la récitation de
ses Prieres et de son Catéchisme. On ne
songe pour lors qu'à semer, et l'on attend
peu à peu et à proportion de l'âge, le dévelopement , la suite et la liaison des
idées , on attend ainsi l'action de réflé
chir , avec l'intelligence des mots et des
choses , ajoutez à cela que l'objection ,
tirée
MAY. 1732: 867
tirée du côté de la santé du corps est nulle , quand il s'agit de l'instruction chré
tienne , nécessaire à tous les enfans sains
ou malades , de quelque état et de quelque condition qu'ils puissent être.
La lecture des Livres historiques de la
Bible , celle des Métamorphoses d'Ovide
et des Fables d'Esope, exerceront agréablement un enfant , les images parlent
aux yeux , et les discours aux oreilles ; il
faut donc faire bien remarquer les exemples sensibles des vices et des vertus , et
apprendre à l'enfant à juger sainement de
chaque chose; ilen est capable à tout âge;
l'opération du jugement est l'exercice essentiel qui influe le plus dans toute la vie,
et c'est ordinairement celui qu'on exige
le moins dans un simple Précepteur ; en
quoi les parens ne font pas mieux , ils
devroient être plus éclairez et plus déli- cats sur cet article. Il est donc inutile de
faire apprendre par cœur mille choses méprisées dans un âge avancé , mais on peut
cultiver la mémoire en apprenant des
choses que l'on peut utilement réciter
toute la vie , comme des Sentences , des
Maximes de la Bible , de l'Imitation de
J. C. et de plusieurs autres bons Livres ,
saints ou prophanes , consultant toujours
les forces et le gout de l'enfant.
Biij Quand
894 MERCURE DE FRANCE
Quand l'enfant verra et expliquera les
Auteurs Latins , doit- on l'asservir chaque jour à en apprendre des leçons par
cœur, en Prose et en Vers ? Il semble que
dans les Colléges où l'on est obligé de
faire travailler, pour ainsi dire , à la toise , cette Méthode soit absolument nécessaire ; d'ailleurs, en cultivant la mémoire
on peut former peu à peu le gout des enfans sur celui des Auteurs qu'ils voient..
Dans les Etudes particulieres et domeștiques , il est encore bon de faire apprendre les plus beaux endroits des Auteurs ,
mais on doit en faire un bon choix et ne
pas s'asservir au courant du Livre , ainsi
qu'on le pratique dans la plupart des Ecofes. On doit viser à bien employer letems
et à remplir de bonnes idées la tête de
L'Ecolier , qui n'apprend guére.que des
mots , selon l'usage vulgaire.
Que fait ordinairement un enfant aprèsIo ou 12 ans de College , on dit qu'il y
apprend seulement la maniere d'étudier ,
il est vrai qu'il pourroit et qu'il devroit.
même y avoir appris cette maniere , mais ,
le grand nombre en sort comme des Galeres et pour renoncer aux Etudes. Est- ce
là le fruit d'une bonne Méthode ? J'ai
qui dire à un jeune Seigneur , sur la fin
de sa Rhétorique, qu'il auroit mieux aimé.
Cou
MAY 173.2. 865
coucher sur le sable d'un Manége , que
dans le meilleur lit de son Collége. Il en
parloit comme du lieu le plus haïssable ,
et ne pouvoit pas comprendre comment
ses parensavoient eu le courage de le laisser croupir si long- temps dans le même
endroit, pour y apprendre si peu de chose ; au lieu de lui avoir donné plutôt une
éducation Militaire et digne de sa naissance.
Jecr oi qu'un Enfant pourroit bien exercer sa mémoire , sans apprendre par cœur
des pages de Latin et de François, en Prose
ou en Vers; je ne voudrois exiger régu
lierement cet exercice que quand il commence de sentir et de gouter les morceaux choisis qu'on voudroit lui faire ap
prendre , c'est-à- dire , pour le plutôt en
cinquième et en quatriéme ; je ne veux
pas dire par-làqu'il ne doive rien appren
dre avant ce temps-là ; mais je ne vou
drois exercer sa mémoire que sur des
choses agréables et qui ne lui inspirassent
jamais la haine ou le dégout qu'ils font ordinairement paroître pour les Maîtres et
pour les Livres. Je m'en rapporte volon
tiers à l'expérience des meilleurs Maîtres,
qui , bien loin de gêner les enfans dans
leurs premiers exercices, ne leur montrent
que des objets atrayans et instructifs, proBiiij. por-
86% MERCURE DE FRANCE
portionnez à leur gout et à leur âge.
N'est- ce pas abuser de l'enfant que de
l'obliger d'apprendre par cœur et à coups
de verges de grandes leçons qu'il ne comprend point , et que bien souvent le Maî
tre ne pourroit expliquer lui-même,comme la doctrine de plusieurs Rudimens en
Latin et en François , sur les Parties du
Discours , sur les Concordances et sur les
termes bizarres et inintelligibles de Gérondif et de Supin , &c. Il est bon de faire apprendre ces termes d'usage avec les
conjugaisons des Verbes , mais il est inutile de raisonner beaucoup avec lui sur
des mots qu'on n'entend pas bien en sortant de Philosophie. On doit avoir beaucoup de discrétion pour la foiblesse des
enfans , et ne pas imiter la simplicité de
cette bonne mere , qui prenant soin ellemême de la premiere éducation de son
fils , lui fit apprendre par cœur l'Avis au
Lecteur , et ensuite le Privilege du Roy,
imprimez à la tête du Livre.
Je ne sçais , au reste , lequel on doit le
plus admirer, de la simplicité de cette bonne mere,ou de la Méthode de ce même Rudiment , dont l'Editeur , entre le Privilege
et la premiere Déclinaison , donne par demandes et par réponses , l'explication et
la définition des noms, des cas et de l'ar
ticle
MA Y. 1732. 867
ticle hic , hac, hoc , qu'il met sans François, afin de le marier ensuite avec Musa
( la Muse ) &c. et Penelope ( la femme
d'Ulisse ) &c. et qu'il donne avec ce Titre
judicieux : Méthode pour bien apprendre
aux enfans à décliner les Noms ; car d'ordinaire ils les déclinent sans sçavoir l'origine
de ce Verbe, Décliner, et apprennent le Latin plutôt par routine , qu'àfond. Ce Rudiment fait par un P.. D. L..C. D. J. et
qui est peut-être un des plus gros et des
plus complets en Latin et en François , a
été bien imprimé à Grenoble , chezJean
François Champ en 1717.
J'ai rapporté ce fait et cet exemple
pour faire voir que l'ordre Théorique
des Livres n'est pas toujours le meilleus
à suivre , en conduisant et en dirigeant les enfans ; car le plus habile homme du monde ne fera jamais comprendre
à un enfant ce que c'est que Décliner et
Conjuguer, à moins qu'il ne pratique les
Déclinaisons et les Conjugaisons, et qu'il
ne rende sensibles les exemples à mesure
Penfant déclinera et conjuguera ,
comme on le fait pratiquer sur la Table.:
du Bureau Typographyque , et en suivant l'essai du Rudiment pratique de la
Langue Latine. Un enfant n'est- il pas bien
avancé lorsqu'il sçait que décliner, vient
que 9.
B.Y
dia
868 MERCURE DE FRANCE
du mot declinare. Avec cette sçavante etprofonde définition , un enfant appren- i
dra-t-il le Latin àfond , plutôt que par routi- ·
ne? Et quand il l'apprendroit par routine,
comme sa propre Langue , en seroit- ce
plus mal ?
L'Enfant destiné au Collége , doit être
montré autrement que celui qui doit faire -
ses études dans la maison paternelle. Le
premier apprendra son Rudiment par
cœur , il sera exercé pour répondre à certaines questions d'usage scolastique , et
pour composer en Latin quelques petites
Frases ; en unmot , il doit remplir sa mé...
moire , d'une maniere à pouvoir subir
l'examen préliminaire qui donne l'entrée
des Classes. L'enfant qui reste chez lui
peut mieux employer son temps ; il s'agit
moins de le faire paroître et dele faire ré-..
pondre en Perroquet , que de le rendre .
réellement fort sur ses petits exercices.Je
croi cette distinction absolument necessaire , parce qu'il pourroit arriver qu'un
enfant de 7 à 9 ans , tres capable dans sa
maison , scachant bien lire le Latin , fe.
François et le Grec , sçachant l'Histoire
et la Fable ; sçachant un peu expliquer
Phédre , ou quelque autre Auteur , seroit
néanmoins condamné dans un College à
passer au Marmoutier , ou à la Classe des
enfans
MA Y. 1732. 869
enfans qui apprennent à lire ; et cela ,
pour n'avoir pû mettre en Latin une petite Frase et n'avoir pû répondre à l'Examinateur qui lui auroit demandé , par
exemple, (audire ) ne se trouve- t- il point en
plus d'un ou de deux endroits?Surquoi il est
bon d'observer deux choses ; la premiere,
que l'abus de communiquer les demanet les argumens , regarde les Philosophes et les Théologiens , plutôt que les
petits enfans ; la seconde , que bien des
Regens , pour décrier les Méthodes particulieres et relever leur Méthode vulgaire , refuseront à un enfant assez avancé,
le témoignage qu'ils accorderont à d'autres enfans moins habiles, quant au fond ,
mais mieux au fait de l'articulation sco---
lastique , c'est pourquoi il faut opter entre ces deux Méthodes.
Mais l'éducation publique doit- elle
être préférée à l'instruction domestique.
et particuliere ? On peut lire là - dessus
Quintilien et M. l'Abbé de S. Pierre ; en
attendant , voici la réponse du sçavant et
zélé Professeur M. R. ancien Recteur de
l'Université, dans l'article second, du gouvernement des Colleges , pag. 418. Delamaniere d'enseigner et d'étudier les Belles Lettres , par rapport à l'esprit et au cœur, tom.
4. Pendant tout le temps que j'ai été
Bvj "
chargé
870 MERCURE DE FRANCE
» chargé de l'éducation de la jeunesse ,
>> parfaitement instruit des dangers qui se
>> rencontrent et dans les Maisons parti-.
culieres, et dans les Colléges , je n'ai jamais osé prendre sur moi de donner con-
» seil sur cette matiere , et je me suis con
».tenté de m'appliquer avec le plus de
» soin qu'il m'a été possible , à l'instruc-
» tion des jeunes gens , que la divine Pro-
» vidence m'addressoit. Je crois devoir
» encore garder la même neutralité et lais-
»ser à la prudence des parens à décider
» une question , qui soufre certainement
» de grandes difficultez de part et d'autre.
La neutralité de M. Rollin . semble décider la question.
On lit dans le livre du R. P. Jean Croiset , de la Compagnie de Jesus , que La
jeunesse , comme plus susceptible de venin
ne sedeffend jamais de la contagion, et qu'une
assemblée de jeunes gens, tant soit- pen négli
gez, est une pernicieuse Ecoles etyfit -on,
s'il est possible , quelque progrès dans les
Lettres, on y fera toujours une terrible perte
pour les mœurs. Reglement pour M M. les
Pensionnaires des Peres Jesuites du Col
le de Lyon , 2. édition , p. 47. p. 65
C'est donc aux parens à bien examiner
devant Dieu quel parti ils doivent prendre, à . balancer équitablement les avans
rages et les inconveniens qui se rencontrent de part et d'autre , à faire un bon
choix de Colleges ou de Maîtres. Si les
Colleges paroissent tant soit peu négligez , la contagion et la peste étant plus
probables dans les Ecoles publiques que
dans la maison paternelle , il sera encore
aisé de décider la question , mais si les
Colleges sont tels qu'ils devroient être
ou selon le Projet de M. l'Abbé de Saine
Pierre , ils sont peut-être pour lors préferables pour le plus grand nombre des enfans destinez à l'Eglise ou à la Robe.
Fermer
Résumé : TREISIÈME Lettre, sur la Biblioteque des Enfans.
Le texte aborde les méthodes d'éducation des enfants, en mettant l'accent sur l'apprentissage de la mémoire et l'importance de la destination professionnelle de l'enfant. L'auteur souligne que les livres et les valeurs à inculquer doivent être choisis en fonction de la future profession de l'enfant, qu'il soit destiné à devenir prêtre, soldat, avocat, etc. Il recommande de ne pas surcharger l'enfant mais de maintenir une continuité dans les leçons pour cultiver sa mémoire. L'auteur critique l'apprentissage par cœur de longs textes inutiles et prône l'enseignement du sens plutôt que des termes exacts. Il encourage la lecture de livres historiques et de fables pour exercer le jugement de l'enfant. Le texte distingue également deux approches éducatives : celle des collèges et celle de l'instruction domestique. Dans les collèges, les enfants doivent mémoriser des rudiments, répondre à des questions scolastiques et composer en latin pour passer les examens préliminaires. À la maison, l'enfant peut se concentrer sur une compréhension réelle des matières, comme la lecture du latin, du français et du grec, ainsi que l'histoire et la fable. L'auteur met en garde contre les risques de l'éducation publique, notamment la contagion morale parmi les jeunes, comme le mentionne Jean Croiset de la Compagnie de Jésus. Il critique les méthodes rigides des collèges et les pratiques inutiles comme l'apprentissage par cœur de termes latins incompris. Le texte cite également des experts comme Quintilien et l'Abbé de Saint-Pierre pour discuter des avantages et des inconvénients des deux types d'éducation. Le Professeur M. Rollin, ancien recteur de l'Université, reste neutre sur la question, laissant aux parents le soin de décider en fonction des circonstances spécifiques. L'auteur conclut en soulignant l'importance pour les parents de bien examiner les avantages et les inconvénients des collèges et des maîtres privés pour faire un choix éclairé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 871-875
§. Sur le Rudiment du Bureau Tipographique.
Début :
Bien des personnes de mérite, Monsieur, ayant-vû l'exercice [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Rudiment, Vulgaire , Méthodes, Abécé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : §. Sur le Rudiment du Bureau Tipographique.
§. Sur le Rudiment du Bureau Tipographique.
Bien des personnes de mérite , Monsieur , ayant vû l'exèrcice du Bureau Tipographique , ont dabord avoué que pour
les premiers élémens des Lettres , pour la
lecture et pour l'ortographe des lettres
et des sons , il n'avoit paru jusqu'icy rien
de plus amusant , rien de plus instructif
ni de plus parfait ; mais quelques- unes de
ces mêmes personnes ayant d'abord donné toute leur attention aux trois premieres classes du Bureau , ont cru devoir
suspendre leur jugement sur les avantages du Rudiment Pratique de la quatriéme classe du même Bureau. On se flateneanmoins qu'avec un peu plus d'attention 7
872: MERCURE DE FRANCE
par
tion > ces personnes trouveront facilement la superiorité du Rudiment Pratique sur tous les autres Rudimens. On
verra qu'il y a même rapport , même
principe et même difference entre la maniere d'enseigner le Rudiment vulgaire
et celle de montrer l'usage du Rudiment
Pratique , qu'il y a entre la maniere de
montrer à lire la Méthode vulgaire ,
ou de montrer à lire par la Méthode et
F'exercice du Bureau Tipographique. On
conviendra facilement de cette verité , si
l'on veut lire avec attention la huitiéme
Lettre inserée dans le Mercure du mois
de Janvier 1731. sur les avantages du
Systême Tipographique , et si l'on veut
parcourir la Brochure qui se vend chez :
Pierre Witte , rue S. Jacques à l'Ange
Gardien , intitulée , Réponse de M. Perquis , &c. et si l'on veut observer que les
soixante cellules du Rudiment Pratique
sont l'abécé de la Langue Latine , comme les soixante Logettes de la seconde
classe du Bureau , sont l'abécé de la lec
ture et de la Tipographie ; même ordre
même disposition , même mécanique
même operation , même coup d'œil , et
enfin même avantage. La Méthode du
Bureau peut mettre , sur la Version et
sur la composition interlinaire , un enfant
MAY.' 17327 873
fant de quatre à six ans , le même jour
qu'on le met à l'abécé , puisqu'il n'est
pas absolument necessaire de sçavoir lire.
pour être en êtat d'imprimer la copie
donnée sur une carte. Exemple.
{
Dominus Dominorum.
Le Seigneur des Seigneurs.
Le Seigneur des Seigneurs.
Dominus Dominorum.
Or , par là Méthode vulgaire , quel
parti peut-on tirer d'un enfant qui ne
sçait pas lire ? Il y a plus , on attend ensuite qu'il sçache un peu écrire , pour lui
faire pratiquer sur le papier les Rudimens
dont on lui a rempli ou embroüillé la
tête , au lieu que l'enfant du Bureau
sans être pressé de se gâter la main pour
Pécriture , pratique réellement sur la ta
ble de son Bureau , les regles des Rudi
mens, des Concordances et de la Sintaxe.
Il est lui-même l'Artisan d'un Ouvrage
très-instructif , ce que la Méthode vul
gaire jusqu'à ce jour n'a jamais pu mon
trer si-tôt ni si bien , ni d'une maniere
si amusante ou moins rebutante.
On n'est pas surpris , au reste , d'entendre déclamer contre le Rudiment Pratique, certains Regens , prévenus et plus
interessez ou plus sensibles à la vente de
leurs petits Ouvrages de Grammaire 20
9
qu'à
874 MERCURE DE FRANCE
qu'à l'avancement du bien public dans la
premiere institution de l'enfance. On
croit même faire grace aux mauvaises critiques en les taxant d'ignorance ou de
prévention , plutôt que de mauvaise foi ;
le Public en jugera. Enfin ceux qui se
picquent de justesse dans le raisonnement
n'ont qu'à supposer d'un côté un enfant
de trois ou quatre ans mis à l'abécé et au
Rudiment vulgaire , et de l'autre côté ,
supposer un enfant , qui avec son Maître
imprime , range et pratique sur la table,
de son Bureau , les parties d'Oraison dont
on lui montre d'abord les Logettes et l'usage, et l'on sera pour lors forcé d'avouer.
que la Méthode du Bureau doit l'empor
ter sur la Méthode vulgaire , puisque l'enfant du Bureau , avec tous les avantages
des Méthodes vulgaires , a de plus les
avantages du Systême Tipographique.
Nota.Les Poëtes et les Orateurs ayant été
invitez à chanter et à celebrer l'heureuse
Naissance de Monseigneur le Dauphin
it semble qu'il ne seroit pas mal à present
d'inviter les Grammairiens , les Philosophes et les Méthodistes , à donner leurs
idées , leur Systême , et à travailler , de
concert ou à l'envi , aux matériaux necessaires pour faciliter et perfectionner
Pinstitution,l'instruction,l'éducation et la
-6
fór
MA Y. 1732. 875
formation du jeune Héros , heritier présomptif de la Couronne de France. J'ai l'honneur d'être , &c.
A Paris, ces. Decembre 1731.
Bien des personnes de mérite , Monsieur , ayant vû l'exèrcice du Bureau Tipographique , ont dabord avoué que pour
les premiers élémens des Lettres , pour la
lecture et pour l'ortographe des lettres
et des sons , il n'avoit paru jusqu'icy rien
de plus amusant , rien de plus instructif
ni de plus parfait ; mais quelques- unes de
ces mêmes personnes ayant d'abord donné toute leur attention aux trois premieres classes du Bureau , ont cru devoir
suspendre leur jugement sur les avantages du Rudiment Pratique de la quatriéme classe du même Bureau. On se flateneanmoins qu'avec un peu plus d'attention 7
872: MERCURE DE FRANCE
par
tion > ces personnes trouveront facilement la superiorité du Rudiment Pratique sur tous les autres Rudimens. On
verra qu'il y a même rapport , même
principe et même difference entre la maniere d'enseigner le Rudiment vulgaire
et celle de montrer l'usage du Rudiment
Pratique , qu'il y a entre la maniere de
montrer à lire la Méthode vulgaire ,
ou de montrer à lire par la Méthode et
F'exercice du Bureau Tipographique. On
conviendra facilement de cette verité , si
l'on veut lire avec attention la huitiéme
Lettre inserée dans le Mercure du mois
de Janvier 1731. sur les avantages du
Systême Tipographique , et si l'on veut
parcourir la Brochure qui se vend chez :
Pierre Witte , rue S. Jacques à l'Ange
Gardien , intitulée , Réponse de M. Perquis , &c. et si l'on veut observer que les
soixante cellules du Rudiment Pratique
sont l'abécé de la Langue Latine , comme les soixante Logettes de la seconde
classe du Bureau , sont l'abécé de la lec
ture et de la Tipographie ; même ordre
même disposition , même mécanique
même operation , même coup d'œil , et
enfin même avantage. La Méthode du
Bureau peut mettre , sur la Version et
sur la composition interlinaire , un enfant
MAY.' 17327 873
fant de quatre à six ans , le même jour
qu'on le met à l'abécé , puisqu'il n'est
pas absolument necessaire de sçavoir lire.
pour être en êtat d'imprimer la copie
donnée sur une carte. Exemple.
{
Dominus Dominorum.
Le Seigneur des Seigneurs.
Le Seigneur des Seigneurs.
Dominus Dominorum.
Or , par là Méthode vulgaire , quel
parti peut-on tirer d'un enfant qui ne
sçait pas lire ? Il y a plus , on attend ensuite qu'il sçache un peu écrire , pour lui
faire pratiquer sur le papier les Rudimens
dont on lui a rempli ou embroüillé la
tête , au lieu que l'enfant du Bureau
sans être pressé de se gâter la main pour
Pécriture , pratique réellement sur la ta
ble de son Bureau , les regles des Rudi
mens, des Concordances et de la Sintaxe.
Il est lui-même l'Artisan d'un Ouvrage
très-instructif , ce que la Méthode vul
gaire jusqu'à ce jour n'a jamais pu mon
trer si-tôt ni si bien , ni d'une maniere
si amusante ou moins rebutante.
On n'est pas surpris , au reste , d'entendre déclamer contre le Rudiment Pratique, certains Regens , prévenus et plus
interessez ou plus sensibles à la vente de
leurs petits Ouvrages de Grammaire 20
9
qu'à
874 MERCURE DE FRANCE
qu'à l'avancement du bien public dans la
premiere institution de l'enfance. On
croit même faire grace aux mauvaises critiques en les taxant d'ignorance ou de
prévention , plutôt que de mauvaise foi ;
le Public en jugera. Enfin ceux qui se
picquent de justesse dans le raisonnement
n'ont qu'à supposer d'un côté un enfant
de trois ou quatre ans mis à l'abécé et au
Rudiment vulgaire , et de l'autre côté ,
supposer un enfant , qui avec son Maître
imprime , range et pratique sur la table,
de son Bureau , les parties d'Oraison dont
on lui montre d'abord les Logettes et l'usage, et l'on sera pour lors forcé d'avouer.
que la Méthode du Bureau doit l'empor
ter sur la Méthode vulgaire , puisque l'enfant du Bureau , avec tous les avantages
des Méthodes vulgaires , a de plus les
avantages du Systême Tipographique.
Nota.Les Poëtes et les Orateurs ayant été
invitez à chanter et à celebrer l'heureuse
Naissance de Monseigneur le Dauphin
it semble qu'il ne seroit pas mal à present
d'inviter les Grammairiens , les Philosophes et les Méthodistes , à donner leurs
idées , leur Systême , et à travailler , de
concert ou à l'envi , aux matériaux necessaires pour faciliter et perfectionner
Pinstitution,l'instruction,l'éducation et la
-6
fór
MA Y. 1732. 875
formation du jeune Héros , heritier présomptif de la Couronne de France. J'ai l'honneur d'être , &c.
A Paris, ces. Decembre 1731.
Fermer
Résumé : §. Sur le Rudiment du Bureau Tipographique.
Le texte met en lumière les mérites du Bureau Tipographique, un système éducatif innovant pour l'enseignement des lettres, de la lecture et de l'orthographe. De nombreuses personnes de mérite ont reconnu la supériorité de ce système pour les premières classes, bien qu'elles aient exprimé des réserves concernant la quatrième classe, qui utilise le Rudiment Pratique. Le texte affirme que, avec une attention accrue, ces personnes constateront la supériorité du Rudiment Pratique sur les autres méthodes. Il souligne les différences entre la méthode vulgaire et celle du Bureau Tipographique. Cette dernière permet à un enfant de quatre à six ans de pratiquer l'impression et la composition interlinaire dès qu'il apprend l'abécédaire, sans nécessiter la connaissance préalable de la lecture. Contrairement à la méthode vulgaire, qui attend que l'enfant sache écrire pour pratiquer les rudiments, le Bureau Tipographique permet à l'enfant de pratiquer directement sur une table les règles des rudiments, des concordances et de la syntaxe. Le texte mentionne également des critiques provenant de certains régents, motivés par des intérêts personnels plutôt que par le bien public. Enfin, il invite les grammairiens, philosophes et méthodistes à contribuer à l'amélioration de l'instruction et de l'éducation, notamment pour le jeune Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 1092-1108
TROISIÈME Lettre d'un Professeur de l'Université de Paris, à un Principal de Province, sur le Bureau Typographique.
Début :
Nous voicy donc enfin arrivez, Monsieur, au plus bel endroit [...]
Mots clefs :
Professeur d'Université, Bureau typographique, Société des arts, Collège du Plessis, Académies, Machine typographique, Méthodes, Alphabet, Syllabes, Ecoles d'Europe, Enfants typographes, Précepteurs typographistes, Docteur Abécédiste, Buraliste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME Lettre d'un Professeur de l'Université de Paris, à un Principal de Province, sur le Bureau Typographique.
ROISIEME Lettre d'un Professeur
del'Université de Paris , un Principal
de Province , sur le Bureau Typogra
phique.
Ni
Ous voicy donc enfin árrivez, Monsieur , au plus bel endroit de la Lettre , qui paroît au Buraliste , bien audessus des Vers de M. le Beau , et de la
Prose de M. Gaullyer , et qui nous pároît , à nous valoir au moins toutes les
Lettres écrites par le nouvel Abécédiste ,
I. Vol,
pour
JUI N. 1732 1093
pour faire valoir son ABC. Typogra
phique. C'est là qu'il met tout le fort
de sa Cause ; c'est un sujet de joye et de
triomphe pour lui ; c'est un Certificat
des plus autentiques et un Jugement sans
appel ; c'est par-là enfin , qu'en idées au
moins , il abbat et terrasse tous ses ennemis , sur tout les Régens du College du
Plessis.
Voici , Monsieur , ( dit-il d'un air victorieux
et triomphant ) un Certificat qui vous fera voir
un Jugement de la Societé des Arts , un peu dif- ferent de celui des Régens du College du Plessis.
EXTRAIT du Registre des Déliberations
de la Societé des Arts , du Dimanche
17. Décembre 1730.
Ce jour , Messieurs Medallon , Romieu , Degua , et Remond, Commissaires nommez par déliberation de la Societé du 27. Août dernier ,
pour l'examen d'une nouvelle Machine servant
à apprendre aux enfans plus facilement et plus promptement à connoître les Lettres , à les assem◄
bler , à ortographier , tant en Latin qu'en François, et même les premiers principes de la Langue
Latine , présentée à la Societé par le sieur Dumas,
sous le nom du Bureau Typographique , ont fait
leur rapport à la Compagnie , conçu en ces
termes :
Рома
Nous Commissaires nommez par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé
le sieur Dumas , certifions que cette nouvelle invention nous a parû mériter à plusieurs titres une entiere préference sur toutes les Méthodes employées I. Vol. jusqu'
T094 MERCURE DE FRANCE
jusqu'à présent pour l'instraction des enfans , en te
qu'ilfournit un moyen infaillible d'employer utilement les premieres années de la plus tendre enfance,
en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui
accompagne cet age , en épargnant les préceptes , en
ne parlant qu'au sens et à l'imagination , qui sont
le seul partage de l'enfance , en profitant même des
imperfections de cet age pour le progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir, et d'une prat que aisée et mécanique , laquelle
est néanmoinsfondée sur la théorie la plus exacte et la mieux suivie , enfin en donnant aux enfans une
habitude d'ordre et de travail , et ce qui mérite encore plus d'attention , en leur épargnant le dégots
qui les éloignant de l'étude , décide souvent de leur
sort pour le reste de leur vie. Nous croyons que tous
teux qui sentent l'importance de l'emploi des premieres années de l'enfance , regarderont avec estime
une invention dont l'utilité s'étend sur tous les âges,
et que l'Auteur recueillira par le succès et l'Approbation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
Je soussigné Secretaire de la Societé des Arts ,
certifie que l'Extrait cy-dessus a été tiré du Registre des Déliberations de la Societé , et qu'il
est en tout conforme à son original. Donné à
Paris ce 14. Septembre 1731. HYNAULT.
Que ferai-je présentement ? de quel
côté me tournerai- je ? à qui aurai- je recours ? à l'Académie Françoise ? elle ne
voudra pas porter son jugement après la
Societé des Arts ; et comme il s'agit de
Latin , elle me renverra à l'Université
comme elle y a déja renvoyé le grand
I. Vol. Inven
JUIN. 1732. 1095
Inventeur de la Regle monosyllabique
ad, et de la Leçon d'une demie heure.
Al'Académie des Sciences ? mais oseroitelle juger d'un Systême mécanique moins
favorablement que ceux qui font, dit- on,
des mécaniques , presque toute leur occupation ? M'adresserai- je à l'Université?
il est vrai qu'elle est depuis plusieurs siecles la mere des Arts et des Sciences ,
qu'elle a le droit de prononcer sur ces
matieres, et qu'elle l'a souvent exercé avec
grand contentement , et avec l'applaudissement de la République des Lettres.
Ainsi comme elle s'est déja déclarée plus
d'une fois pour l'ancienne Méthode , je
n'aurois pas de peine à en obtenir une
décision contraire à celle de ces Mrs de
la Societé des Arts.
par des '
Mais de quelle utilité seroit pour moi
cette décision ? Le Buraliste n'en appel
leroit-il pas , comme étant faite
Juges suspects de partialité , et n'opposeroit-il pas à toutes les Universitez du Monde , l'autorité de la Societé des Arts , et
ne secroiroit- il pas bre de ce grand nom à couvert à l'omde réJe n'ai donc , je
crois , d'autre parti à prendre que
pondre au Certificat de ces M , et d'affoiblir un peu le coup mortel que le Machiniste a prétendu porter par là à tous
1. Vol. C les
1096 MERCURE DE FRANCE
les Régens , et particulierement à ceux
du College du Plessis. C'est à quoi pourront peut- être servir les Refléxions suivantes.
Je remarque donc d'abord que l'humilité de l'Auteur du Bureau, qui a bien voulu présenter et soumettre sa nouvelle Machine à l'examen de la nouvelle Societé,
la politesse et l'humanité des Examina
teurs , l'affection particuliere qu'ils ont
pour tout ce qui est mécanique , et.pour
tous les nouveaux Machinistes , tour
cela a peut-être contribué à leur faire
porter du Bureau Typographique un Jugement si favorable , autant . et même
plus, que la vûë claire et distincte de la
bonté et de l'utilité de cette Méthode de
bois.
En second lieu ces Mes n'ont point prononcé sur la préference que la Machine
doit avoir sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present pour enseigner
aux enfans le Grec, l'Hebreu , l'Arabe
&c. 'Histoire , la Fable , la Chronolo
gie , la Géographie , les Généalogies , le
Blason , les Médailles , les Arts et les
Sciences, et par conséquent les Mécaniques , qui font leurs occupations particulieres , et à quoi le Buraliste prétend que
son Bureau est necessaire ( Lettre 4. page
1. Vol.
62.)
JUIN. 1732. 1097
2. ) ils se sont restraints à dire qu'il sert
à apprendre à connoître les Lettres , à les
assembler , à ortographier , tant en Latin
qu'en François , et même les premiers
principes de la Langue Latine , ajoûtentils, ce semble, avec quelque peine et sans
aller plus loin.
Troisièmement, l'Eloge que les quatre
Examinateurs font de la Machine Typo
graphique , et l'entiere préference qu'ils
lui donnent sur toutes les Méthodes qui
ont existé jusqu'à ce jour , nous paroît
convenir bien mieux à l'ingénieuse et à
l'admirable invention des Lettres et de
leurs combinaisons pour former les syllabes , qui se trouvent dans le moindre
petit Alphabet. C'est ce que Lucain et
son Traducteur Brebeuf ont exalté just
qu'au Ciel par ces Vers si beaux et si magnifiques :
Phænices primi, fama si creditur , ausi
Mansúram rudibus vocem signarefiguris.
Lucain 22.
C'est de lui que nous vient cet Art ingenieur
De peindre la parole et de parter aux yeux';
Et par les traits divers de figures tracées ,
Donner de la parole et du corps aux pensées.
Ainsi le Buraliste ne doit pas si fərt
I. Vol. Cijs'en
1098 MERCURE DE FRANCE
s'en orgueillir de ce qu'on a dit en faveur
de son Bureau , puisque les Lettres et les
Syllabes et par consequent l'Alphabet
qui les contient et qu'il méprise tant ,
nous paroît mériter à plusieurs titres
une entiere préference.
*
Ex
Examinons présentement plus en détail
le Certificat , et pesons en toutes les paroles. Nous certifions , dit-on , que cette
nouvelle invention nous a parû mériter à
plusieurs titres une entiere preference sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present
pour l'instruction des enfans , même pour les
premiers principes de la Langue Latine;
par consequent sur la Méthode de Quintilien , de Despautere , de Sanctius et de
Vossius , de M M. de Port Royal , de
M. Rollin et de M. le Fevre , &c. MTs les
Commissaites nommez par déliberation
de la Societé , du Dimanche 27. Août
1730. ont fait leur rapport aussi le Dimanche 17. Septembre de la même année. Du premier terme au second , il n'y
a que 112. jours ou 16. Semaines , c'està-dire,pas quatre mois entiers. Qui pour
ra donc être assez simple pour croire
qu'un espace si court ait suffi pour lire les
anciennes Méthodes, et les comparer avec
la nouvelle , ou que sans les lire , on ait
pû en juger sainement et lui donner rai1. Vol son-
JUIN. 1732. 1099
sonnablement une entiere préference sus
elles ?!
Un Alphabet ne fournit- il pas aussi aux
enfans un moyen infaillible d'employer utibement les premieres années de la plus tendré
enfance , en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui accompagne cet âge ? N'épargne-t- il pas les préceptes en ne parlant qu'aux
sens ( aux yeux qui sont le sens le plus
vif ) et à l'imagination , tandis que le Maître parle aux oreilles , qui sont , non le
seul, ( car il y a la memoire ) mais un des
meilleurs partages de l'enfance ? Par le
moyen de l'Alphabet ne profite- t'on pas
même des imperfections de cet age pour le
progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir , sur tout si
Alphabet est de bon pain d'épice ou de
quelqu'autre pâte sucrée , comme le veut
M. de Vallange et d'une pratique aisée et
toute mécanique , c'est- à- dire d'une digestion facile , toute physique et très- utile
pour la santé , pourvû qu'on n'en prenne
pas avec excès : laquelle est neanmoins fondée sur la théorie la plus exacte et la mieux
suivie , sçavoir ,sur les combinaisons meryeilleuses des Lettres et des Syllabes ; enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travails d'ordre , tel qu'il est
suivi generalement dans tous les Diction
I. Vol. C iij naires
1100 MERCURE DE FRANCE
naires , et qu'il est le plus naturel pour les
enfans ; de travail , par rapport à
àlala pro
nonciation de certaines syllabes rudes et
retives sur laquelle Quintilien veut qu'on
les exerce beaucoup ; et , pour me servir
toûjours des expressions de M M. Medallon , Degua , Romieu et Remond , ce qui
mérite encore plus d'attention , en leur épar
gnant le dégoût , qui les éloignant de l'étude,
décide souvent de leur sort pour le reste de
leur vie.
Je croi donc que tous ceux qui sentent
L'importance de l'emploi des premieres années
de l'enfance , regarderont avec estime une invention dont l'utilité , durant une longue
suite de siecles , depuis Cadmus , premier
Inventeur des Lettres de l'Alphabet , jusqu'à nous, s'est étendue , et plus que problablement depuis nous jusqu'à la fin du
monde , malgré l'invention de la Machi
ne Typographique , s'étendra sur tous les
hommes,de quelque âge, de quelque sexe,
de quelque qualité et condition qu'ils
soient , et que l'Auteur ( c'est Cadmas
et non l'Auteur du Bureau ) recueillira ,
comme il l'a toûjours recueilli , par le
succès et l'approbation generale du Public ,
la seule récompense qu'il ait attendu de son travail.
N'est-il pas clair que le Certificat
de
I. Vol. Mrs
JÚ IN. 1732. 1101
Mles quatre Commissaires , ainsi tourné,
et expliqué, est bien plus conforme à la
verité et plus honorable pour eux et
pour la Societé des Arts , dont ils sont
Membres? Mais de quelle utilité peut-il
être pour le Buraliste , puis qu'il met l'invention des Lettres et de l'Alphabet qu'il
méprise tant , bien au-dessus du Bureau
Typographique , qu'il estime seul et qu'il
prefere hautement et en toutes occasions
aux Méthodes vulgaires reçûës jusqu'ici
dans toutes les Ecoles d'Europe.
Au reste on ne voit pas trop la raison
pourquoi ce Certificat donné le 17. Décembre 1730. n'a été délivré par M. Hynault , Secretaire de la Societé des Arts ,
que le 19.Septembre 173 1. ne seroit- ce pas
quel'Auteurdu Bureau n'a pas crû enavoir
besoin pour se deffendre contre ses Adversaires qui ont écrit en Prose contre lui ,
et qu'au contraire ill'a crû necessaire pour
résister à son nouvel antagoniste , qui par,
sa petite Comédie de 800. Vers environ
lui a donné un si terrible assaut et livré
un si cruel combat , qu'il n'y a pas d'apparence qu'il s'en releve jamais. Revenons
presentement au Buraliste , nous n'aurons
pas grande peine à l'expedier , présentément que nous nous sommes tirés d'un si
mauvais pas.
و
1. Vol. Ciiij Les
roz MERCURE DE FRANCE
Les parens , dit-il , curieux en fait d'éducation , qui voudront connoître par euxmêmes le mérite et l'utilité du Bureau Typographique , pourront prendre la peine d'aller
voir les Enfans Typographes , instruits et
exercez selon cette nouvelle Méthode.
Ils verront quelque chose d'infiniment
moins curieux que ce qu'on voyoit à la
Foire les années précedentes. A la Foire
on voyoit une Chienne qui avoit été tellement dressée, et qui étoit dans ses operations si bien dirigée par son Maître ,
qu'elle jouoit aux cartes et gagnoit des
parties de triomphe , assembloit des Lettres et composoit des mots bien mieux
ortographiez qu'ils ne le sont très- souvent,
suivant les principes du Buraliste , faisoit
enfin plusieurs autres choses sembla- .
bles , toutes plus merveilleuses les unes
que les autres ; et tout cela sans qu'il parût que son Maître l'aîdât en la moindre
chose. Les Enfans Typographes , au contraire , qui sont évidemment conduits
et dirigez par leurs Precepteurs Typographistes , suivent très-souvent une ortographe qui est très- mauvaise, et écrivent,
par exemple , Filipe , au lieu de Philippe ;
faute que la Chienne de la Foire n'auroit
jamais faite.
Ontrouvera, continuë le Buraliste , chez
I. Vol nn
JUIN. 17328 1103.
.
un Marchand de Soye , au Bras d'or, dins
la rue S Denis , vis- à- vis sainte Catherine ,
une aimable perite fille au- dessous de trois
ans, qui en peu de mois a appris avec le
Bureau , ce que bien des enfans ignorent
après des années d'Ecoles vulgaires. On
trouvera chez M. Procope , vis- à- vis de
la Comédie Françoise , un digne Enfant ,
dont le seul exemple est capable de fermer
la bouche à tous les Critiques. On pourroit
indiquer un grand nombre d'autres Enfans
Typographes , si on ne craignoit de fatiguer les Parens et les Maîtres.
Tous les Enfans de l'un et l'autre sexe,
qui apprennent à lire avec leBureau, sont
tous, au dire du Buraliste, de dignes et d'aimables enfans. Mais sans vouloir rien ici
rabattre de leurs esprits et de leur mérite
ne puis je pas dire des Enfins les plus ordinaires , ce qu'il dit ici de ses Enfans Typo
graphes , qu'on peut, non pas prendre la
peine de les aller voir , mais sans aucune
peine, les voir soit dans les maisons parti
culieres , soit dans les Ecoles publiques , es
remarquer que plusieurs d'entre ceux qui
ont des dispositions heureuses , apprennent à l'âge de trois ans en peu de mois
ce que bien d'autres , que la Nature a
traitez moins favorablement , ignorent
après plusieurs années d'étude opiniâtre,
3
1. Vol. Cy Cette
rio MERCURE DE FRANCE
₹
Cette seule remarque , fondée sur l'expe
rience de tous les lieux et de tous les
temps , est capable de fermer la bouche
à tous les nouveaux Méthodistes , qui
tombent très souvent dans le sophisme , que les Philosophes appellent non
causa , qui consiste à prendre pour la
cause d'un effet , ce qui ne l'est pas veritablement.
·
Don Ventura de Liria , dit-on , qui a
un Bureau au College d'Harcourt , a fait en peu de temps l'heureuse experience
de cette Méthode , de même que le petit
Remilli , qui ayant aussi un Bureau au
College du Plessis , a eu un des Prix de
mémoire, distribuez le jour de la Tragé
die ,
،et qui va en Classe , selon le goût
et la volonté de ses Parens.
Don Ventura de Liria , âgé de 7. ans
environ , et fils d'un très- illustre et trèsaimable Seigneur , que le College du Plessis a eu le bonheur de posseder autrefois , et qui n'a pas eu lieu de se repentig
d'y avoir été instruit selon la Méthode
ordinaire. Je ne sçai pourquoi , pour lui
enseigner l'A B C et les premiers princi
pes du Latin , on a suivi une autre route
que pour M. son père.
Quant au petit Remilli , il est bien vrai
qu'il a eu un Prix de memoire , mais il
1. Vol. est
U IN. 1732. 1105
est aussi très - vrai que c'est à sa memoire et à son industrie qu'il doit ce
Prix , et non au Bureau , auquel jusqu'à
present le Buraliste même n'avoit pas accordé l'avantage de donner de là mẹmoire aux enfans. Cet aimable Enfant va
en septiéme depuis plusieurs mois , selon le goût et la volonté de Mrs ses Pere
et Mere.
:
Les personnes bien intentionnées , continuë le Docteur Abécédisre , qui aiment··
le bien public, sçachant que Monseigneur
Le Dauphin et Mesdames de France , apprennent à lire par la Méthode du Bureau
Typographique , et que l'Auteur , par commission , en a déja envoyé dans les Provinces , ces personnes , dis-je , s'embarraseront
peu des Critiques qu'ont produites jusqu'ici ,
l'ignorance, la prévention et peut- être l'envie ou la mauvaise foi.
Vous voyez , Monsieur , que la source
des injures n'est point taric. Vous sçavez que nous y avons répondu ; si cela
ne suffit pas , voici une réponse de la
façon du Buraliste. Celui qui s'éleve contre
nous , dit-il dans le Mercure de Mars ,
page 426. ou 427. devroit avant que d'écrire , apprendre à penser, et s'il croit avoirraison , nous démontrer avec politesse que·
nous donnons dans Berreur : tout Ecrivain . ,
I. Vol. Cvj donts
1106 MERCURE DE FRANCE
dont le style est grossier , m'est suspect er je
n'en attends aucune instruction.
Tout ceci est bien plus vrai lorsque ,
comme lui , on attaque seul le genre hamain. Quant à l'exemple de Monseigneur
le Dauphin et de Mesdames de France ,
qu'ils nous allegue pour la seconde fois
en sa faveur , outre ce que nous y avons
déja répondu , que prouvera- t'il autre
chose , sinon qu'on peut apprendre à
lire par cette nouvelle Méthode , puisqu'on l'a bien appris jusqu'à present par Pancienne Méthode. Mais s'ensuit- il delà qu'ils pourront apprendre le Latin ,
le Grec , l'Hebreu , l'Arabe , &c tous les
Arts et toutes les Sciences , comme l'Auteur le prétend ( Lettre 4. page 62. ) si
cela est, qui m'empêchera de dire , avec
bien plus de raison , qu'on a appris jusqu'à present les Arts et les Sciences par
le moyen de l'Alphabet , et que c'est l'Alphaber qui a formé les Rois , les Guerriers , les Politiques , les Théologiens,
les Jurisconsultes , les Philosophes , les
Orateurs , les Historiens , les Poëtes , & c.
les plus illustres qui ayent paru dans le
Monde depuis l'invention des Caracteres
qui servent à peindre la parole et à par- ler aux yeux ?
Si donc , comme je le souhaite de tout
1. Kol. mon
JUIN. 17323 1107
prit.
mon cœur et comme je l'espere , il arrive
un jour que Monseigneur le Dauphin eɛ
Mesdames de France , surpassent tous les
autres , autant par la grandeur de leur esprit et de leur science , que par celle de
leur Naissance , le Buraliste en donneras,
s'il veut , la gloire à lui et à son Bureau;
pour moi j'attr bûrai plutôt un si heureux
succès à leur excellent naturel, et aux
sçavantes instructions des personnes estimables et respectables à qui le Roy a
confié le soin de leur éducation ; et je
pense qu'en cela je ne serois pas le seul
de mon sentiment.
Ceux , dit enfin le Buraliste , qui souhaiteront avoir quelqu'une des quatre Classes
du Bureau Typographique, en trouveront de
toutes garnies dans la maison attenant la
porte du College de Lisieux , ruë S. Etienne
d'Egrès; l'avis , le prix , et l'instruction sur
les quatre Classes , se trouveront à la fin de
la neuvième Lettre sur la Bibliotheque des
Enfans , inserée dans le Mercure du mois de
Février dernier , page 209. on 234. en atterdant la suite de la Relation Typographi
que , j'ay l'honneur d'être , & c. A Paris.
15 " Septembre 1731. RIOMBAL
Le prix de chacune de ces quatre Clas
ses du Bureau est marqué à la fin de la
Lettre , et fixé depuis une pistole jus1 Kolo qu'à
1108 MERCURE DE FRANCE
1
qu'à dix. Ainsi , vous voyez , Monsieur ,
que l'Auteur ne donne pas ses coquilles
et qu'on pourroit fort bien dire de lui
avec quelque proportion , ce que Ciceron
disoit du Maître de Marc- Antoine : Invideo Magistro tuo , qui te tantâ mercede
nihil sapere docuit. Vous me demanderez
peut- être , comment cela s'accorde avec
ce qui est dit dans la Lettre de Mars
qu'il n'agit par aucune vûë d'interêt et qu'il
ne lui revient rien de ses Bureaux , que bien
de la peine , et dans celle d'Avril , qu'il a
distribué bien des choses gratis , aux riches
comme aux pauvres, &c. et que jusques-là
il n'a pas touché un solpour les Bureaux , et
qu'au contraire il les a prêtez à ceux qui en
ont voulu faire l'experience ? Je n'en sçai
rien , à moins qu'on ne dise que per
sonne ne s'étoit encore présenté pour les
achepter;car je n'oserois vous le faire soupçonner de contradiction et de mensonge.
Quoiqu'il en soit , M³, vous pourrez dorénavant avoir des Bureaux , pour de l'argent,bien entendu. Il se fera aussi un plai---
sir de vous indiquer des Maîtres Typogra
phiques , à qui vous donnerez une bonne
nourriture et des appointemens tres-ho
nêtes. Je suis , Monsieur ; &c.
del'Université de Paris , un Principal
de Province , sur le Bureau Typogra
phique.
Ni
Ous voicy donc enfin árrivez, Monsieur , au plus bel endroit de la Lettre , qui paroît au Buraliste , bien audessus des Vers de M. le Beau , et de la
Prose de M. Gaullyer , et qui nous pároît , à nous valoir au moins toutes les
Lettres écrites par le nouvel Abécédiste ,
I. Vol,
pour
JUI N. 1732 1093
pour faire valoir son ABC. Typogra
phique. C'est là qu'il met tout le fort
de sa Cause ; c'est un sujet de joye et de
triomphe pour lui ; c'est un Certificat
des plus autentiques et un Jugement sans
appel ; c'est par-là enfin , qu'en idées au
moins , il abbat et terrasse tous ses ennemis , sur tout les Régens du College du
Plessis.
Voici , Monsieur , ( dit-il d'un air victorieux
et triomphant ) un Certificat qui vous fera voir
un Jugement de la Societé des Arts , un peu dif- ferent de celui des Régens du College du Plessis.
EXTRAIT du Registre des Déliberations
de la Societé des Arts , du Dimanche
17. Décembre 1730.
Ce jour , Messieurs Medallon , Romieu , Degua , et Remond, Commissaires nommez par déliberation de la Societé du 27. Août dernier ,
pour l'examen d'une nouvelle Machine servant
à apprendre aux enfans plus facilement et plus promptement à connoître les Lettres , à les assem◄
bler , à ortographier , tant en Latin qu'en François, et même les premiers principes de la Langue
Latine , présentée à la Societé par le sieur Dumas,
sous le nom du Bureau Typographique , ont fait
leur rapport à la Compagnie , conçu en ces
termes :
Рома
Nous Commissaires nommez par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé
le sieur Dumas , certifions que cette nouvelle invention nous a parû mériter à plusieurs titres une entiere préference sur toutes les Méthodes employées I. Vol. jusqu'
T094 MERCURE DE FRANCE
jusqu'à présent pour l'instraction des enfans , en te
qu'ilfournit un moyen infaillible d'employer utilement les premieres années de la plus tendre enfance,
en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui
accompagne cet age , en épargnant les préceptes , en
ne parlant qu'au sens et à l'imagination , qui sont
le seul partage de l'enfance , en profitant même des
imperfections de cet age pour le progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir, et d'une prat que aisée et mécanique , laquelle
est néanmoinsfondée sur la théorie la plus exacte et la mieux suivie , enfin en donnant aux enfans une
habitude d'ordre et de travail , et ce qui mérite encore plus d'attention , en leur épargnant le dégots
qui les éloignant de l'étude , décide souvent de leur
sort pour le reste de leur vie. Nous croyons que tous
teux qui sentent l'importance de l'emploi des premieres années de l'enfance , regarderont avec estime
une invention dont l'utilité s'étend sur tous les âges,
et que l'Auteur recueillira par le succès et l'Approbation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
Je soussigné Secretaire de la Societé des Arts ,
certifie que l'Extrait cy-dessus a été tiré du Registre des Déliberations de la Societé , et qu'il
est en tout conforme à son original. Donné à
Paris ce 14. Septembre 1731. HYNAULT.
Que ferai-je présentement ? de quel
côté me tournerai- je ? à qui aurai- je recours ? à l'Académie Françoise ? elle ne
voudra pas porter son jugement après la
Societé des Arts ; et comme il s'agit de
Latin , elle me renverra à l'Université
comme elle y a déja renvoyé le grand
I. Vol. Inven
JUIN. 1732. 1095
Inventeur de la Regle monosyllabique
ad, et de la Leçon d'une demie heure.
Al'Académie des Sciences ? mais oseroitelle juger d'un Systême mécanique moins
favorablement que ceux qui font, dit- on,
des mécaniques , presque toute leur occupation ? M'adresserai- je à l'Université?
il est vrai qu'elle est depuis plusieurs siecles la mere des Arts et des Sciences ,
qu'elle a le droit de prononcer sur ces
matieres, et qu'elle l'a souvent exercé avec
grand contentement , et avec l'applaudissement de la République des Lettres.
Ainsi comme elle s'est déja déclarée plus
d'une fois pour l'ancienne Méthode , je
n'aurois pas de peine à en obtenir une
décision contraire à celle de ces Mrs de
la Societé des Arts.
par des '
Mais de quelle utilité seroit pour moi
cette décision ? Le Buraliste n'en appel
leroit-il pas , comme étant faite
Juges suspects de partialité , et n'opposeroit-il pas à toutes les Universitez du Monde , l'autorité de la Societé des Arts , et
ne secroiroit- il pas bre de ce grand nom à couvert à l'omde réJe n'ai donc , je
crois , d'autre parti à prendre que
pondre au Certificat de ces M , et d'affoiblir un peu le coup mortel que le Machiniste a prétendu porter par là à tous
1. Vol. C les
1096 MERCURE DE FRANCE
les Régens , et particulierement à ceux
du College du Plessis. C'est à quoi pourront peut- être servir les Refléxions suivantes.
Je remarque donc d'abord que l'humilité de l'Auteur du Bureau, qui a bien voulu présenter et soumettre sa nouvelle Machine à l'examen de la nouvelle Societé,
la politesse et l'humanité des Examina
teurs , l'affection particuliere qu'ils ont
pour tout ce qui est mécanique , et.pour
tous les nouveaux Machinistes , tour
cela a peut-être contribué à leur faire
porter du Bureau Typographique un Jugement si favorable , autant . et même
plus, que la vûë claire et distincte de la
bonté et de l'utilité de cette Méthode de
bois.
En second lieu ces Mes n'ont point prononcé sur la préference que la Machine
doit avoir sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present pour enseigner
aux enfans le Grec, l'Hebreu , l'Arabe
&c. 'Histoire , la Fable , la Chronolo
gie , la Géographie , les Généalogies , le
Blason , les Médailles , les Arts et les
Sciences, et par conséquent les Mécaniques , qui font leurs occupations particulieres , et à quoi le Buraliste prétend que
son Bureau est necessaire ( Lettre 4. page
1. Vol.
62.)
JUIN. 1732. 1097
2. ) ils se sont restraints à dire qu'il sert
à apprendre à connoître les Lettres , à les
assembler , à ortographier , tant en Latin
qu'en François , et même les premiers
principes de la Langue Latine , ajoûtentils, ce semble, avec quelque peine et sans
aller plus loin.
Troisièmement, l'Eloge que les quatre
Examinateurs font de la Machine Typo
graphique , et l'entiere préference qu'ils
lui donnent sur toutes les Méthodes qui
ont existé jusqu'à ce jour , nous paroît
convenir bien mieux à l'ingénieuse et à
l'admirable invention des Lettres et de
leurs combinaisons pour former les syllabes , qui se trouvent dans le moindre
petit Alphabet. C'est ce que Lucain et
son Traducteur Brebeuf ont exalté just
qu'au Ciel par ces Vers si beaux et si magnifiques :
Phænices primi, fama si creditur , ausi
Mansúram rudibus vocem signarefiguris.
Lucain 22.
C'est de lui que nous vient cet Art ingenieur
De peindre la parole et de parter aux yeux';
Et par les traits divers de figures tracées ,
Donner de la parole et du corps aux pensées.
Ainsi le Buraliste ne doit pas si fərt
I. Vol. Cijs'en
1098 MERCURE DE FRANCE
s'en orgueillir de ce qu'on a dit en faveur
de son Bureau , puisque les Lettres et les
Syllabes et par consequent l'Alphabet
qui les contient et qu'il méprise tant ,
nous paroît mériter à plusieurs titres
une entiere préference.
*
Ex
Examinons présentement plus en détail
le Certificat , et pesons en toutes les paroles. Nous certifions , dit-on , que cette
nouvelle invention nous a parû mériter à
plusieurs titres une entiere preference sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present
pour l'instruction des enfans , même pour les
premiers principes de la Langue Latine;
par consequent sur la Méthode de Quintilien , de Despautere , de Sanctius et de
Vossius , de M M. de Port Royal , de
M. Rollin et de M. le Fevre , &c. MTs les
Commissaites nommez par déliberation
de la Societé , du Dimanche 27. Août
1730. ont fait leur rapport aussi le Dimanche 17. Septembre de la même année. Du premier terme au second , il n'y
a que 112. jours ou 16. Semaines , c'està-dire,pas quatre mois entiers. Qui pour
ra donc être assez simple pour croire
qu'un espace si court ait suffi pour lire les
anciennes Méthodes, et les comparer avec
la nouvelle , ou que sans les lire , on ait
pû en juger sainement et lui donner rai1. Vol son-
JUIN. 1732. 1099
sonnablement une entiere préference sus
elles ?!
Un Alphabet ne fournit- il pas aussi aux
enfans un moyen infaillible d'employer utibement les premieres années de la plus tendré
enfance , en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui accompagne cet âge ? N'épargne-t- il pas les préceptes en ne parlant qu'aux
sens ( aux yeux qui sont le sens le plus
vif ) et à l'imagination , tandis que le Maître parle aux oreilles , qui sont , non le
seul, ( car il y a la memoire ) mais un des
meilleurs partages de l'enfance ? Par le
moyen de l'Alphabet ne profite- t'on pas
même des imperfections de cet age pour le
progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir , sur tout si
Alphabet est de bon pain d'épice ou de
quelqu'autre pâte sucrée , comme le veut
M. de Vallange et d'une pratique aisée et
toute mécanique , c'est- à- dire d'une digestion facile , toute physique et très- utile
pour la santé , pourvû qu'on n'en prenne
pas avec excès : laquelle est neanmoins fondée sur la théorie la plus exacte et la mieux
suivie , sçavoir ,sur les combinaisons meryeilleuses des Lettres et des Syllabes ; enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travails d'ordre , tel qu'il est
suivi generalement dans tous les Diction
I. Vol. C iij naires
1100 MERCURE DE FRANCE
naires , et qu'il est le plus naturel pour les
enfans ; de travail , par rapport à
àlala pro
nonciation de certaines syllabes rudes et
retives sur laquelle Quintilien veut qu'on
les exerce beaucoup ; et , pour me servir
toûjours des expressions de M M. Medallon , Degua , Romieu et Remond , ce qui
mérite encore plus d'attention , en leur épar
gnant le dégoût , qui les éloignant de l'étude,
décide souvent de leur sort pour le reste de
leur vie.
Je croi donc que tous ceux qui sentent
L'importance de l'emploi des premieres années
de l'enfance , regarderont avec estime une invention dont l'utilité , durant une longue
suite de siecles , depuis Cadmus , premier
Inventeur des Lettres de l'Alphabet , jusqu'à nous, s'est étendue , et plus que problablement depuis nous jusqu'à la fin du
monde , malgré l'invention de la Machi
ne Typographique , s'étendra sur tous les
hommes,de quelque âge, de quelque sexe,
de quelque qualité et condition qu'ils
soient , et que l'Auteur ( c'est Cadmas
et non l'Auteur du Bureau ) recueillira ,
comme il l'a toûjours recueilli , par le
succès et l'approbation generale du Public ,
la seule récompense qu'il ait attendu de son travail.
N'est-il pas clair que le Certificat
de
I. Vol. Mrs
JÚ IN. 1732. 1101
Mles quatre Commissaires , ainsi tourné,
et expliqué, est bien plus conforme à la
verité et plus honorable pour eux et
pour la Societé des Arts , dont ils sont
Membres? Mais de quelle utilité peut-il
être pour le Buraliste , puis qu'il met l'invention des Lettres et de l'Alphabet qu'il
méprise tant , bien au-dessus du Bureau
Typographique , qu'il estime seul et qu'il
prefere hautement et en toutes occasions
aux Méthodes vulgaires reçûës jusqu'ici
dans toutes les Ecoles d'Europe.
Au reste on ne voit pas trop la raison
pourquoi ce Certificat donné le 17. Décembre 1730. n'a été délivré par M. Hynault , Secretaire de la Societé des Arts ,
que le 19.Septembre 173 1. ne seroit- ce pas
quel'Auteurdu Bureau n'a pas crû enavoir
besoin pour se deffendre contre ses Adversaires qui ont écrit en Prose contre lui ,
et qu'au contraire ill'a crû necessaire pour
résister à son nouvel antagoniste , qui par,
sa petite Comédie de 800. Vers environ
lui a donné un si terrible assaut et livré
un si cruel combat , qu'il n'y a pas d'apparence qu'il s'en releve jamais. Revenons
presentement au Buraliste , nous n'aurons
pas grande peine à l'expedier , présentément que nous nous sommes tirés d'un si
mauvais pas.
و
1. Vol. Ciiij Les
roz MERCURE DE FRANCE
Les parens , dit-il , curieux en fait d'éducation , qui voudront connoître par euxmêmes le mérite et l'utilité du Bureau Typographique , pourront prendre la peine d'aller
voir les Enfans Typographes , instruits et
exercez selon cette nouvelle Méthode.
Ils verront quelque chose d'infiniment
moins curieux que ce qu'on voyoit à la
Foire les années précedentes. A la Foire
on voyoit une Chienne qui avoit été tellement dressée, et qui étoit dans ses operations si bien dirigée par son Maître ,
qu'elle jouoit aux cartes et gagnoit des
parties de triomphe , assembloit des Lettres et composoit des mots bien mieux
ortographiez qu'ils ne le sont très- souvent,
suivant les principes du Buraliste , faisoit
enfin plusieurs autres choses sembla- .
bles , toutes plus merveilleuses les unes
que les autres ; et tout cela sans qu'il parût que son Maître l'aîdât en la moindre
chose. Les Enfans Typographes , au contraire , qui sont évidemment conduits
et dirigez par leurs Precepteurs Typographistes , suivent très-souvent une ortographe qui est très- mauvaise, et écrivent,
par exemple , Filipe , au lieu de Philippe ;
faute que la Chienne de la Foire n'auroit
jamais faite.
Ontrouvera, continuë le Buraliste , chez
I. Vol nn
JUIN. 17328 1103.
.
un Marchand de Soye , au Bras d'or, dins
la rue S Denis , vis- à- vis sainte Catherine ,
une aimable perite fille au- dessous de trois
ans, qui en peu de mois a appris avec le
Bureau , ce que bien des enfans ignorent
après des années d'Ecoles vulgaires. On
trouvera chez M. Procope , vis- à- vis de
la Comédie Françoise , un digne Enfant ,
dont le seul exemple est capable de fermer
la bouche à tous les Critiques. On pourroit
indiquer un grand nombre d'autres Enfans
Typographes , si on ne craignoit de fatiguer les Parens et les Maîtres.
Tous les Enfans de l'un et l'autre sexe,
qui apprennent à lire avec leBureau, sont
tous, au dire du Buraliste, de dignes et d'aimables enfans. Mais sans vouloir rien ici
rabattre de leurs esprits et de leur mérite
ne puis je pas dire des Enfins les plus ordinaires , ce qu'il dit ici de ses Enfans Typo
graphes , qu'on peut, non pas prendre la
peine de les aller voir , mais sans aucune
peine, les voir soit dans les maisons parti
culieres , soit dans les Ecoles publiques , es
remarquer que plusieurs d'entre ceux qui
ont des dispositions heureuses , apprennent à l'âge de trois ans en peu de mois
ce que bien d'autres , que la Nature a
traitez moins favorablement , ignorent
après plusieurs années d'étude opiniâtre,
3
1. Vol. Cy Cette
rio MERCURE DE FRANCE
₹
Cette seule remarque , fondée sur l'expe
rience de tous les lieux et de tous les
temps , est capable de fermer la bouche
à tous les nouveaux Méthodistes , qui
tombent très souvent dans le sophisme , que les Philosophes appellent non
causa , qui consiste à prendre pour la
cause d'un effet , ce qui ne l'est pas veritablement.
·
Don Ventura de Liria , dit-on , qui a
un Bureau au College d'Harcourt , a fait en peu de temps l'heureuse experience
de cette Méthode , de même que le petit
Remilli , qui ayant aussi un Bureau au
College du Plessis , a eu un des Prix de
mémoire, distribuez le jour de la Tragé
die ,
،et qui va en Classe , selon le goût
et la volonté de ses Parens.
Don Ventura de Liria , âgé de 7. ans
environ , et fils d'un très- illustre et trèsaimable Seigneur , que le College du Plessis a eu le bonheur de posseder autrefois , et qui n'a pas eu lieu de se repentig
d'y avoir été instruit selon la Méthode
ordinaire. Je ne sçai pourquoi , pour lui
enseigner l'A B C et les premiers princi
pes du Latin , on a suivi une autre route
que pour M. son père.
Quant au petit Remilli , il est bien vrai
qu'il a eu un Prix de memoire , mais il
1. Vol. est
U IN. 1732. 1105
est aussi très - vrai que c'est à sa memoire et à son industrie qu'il doit ce
Prix , et non au Bureau , auquel jusqu'à
present le Buraliste même n'avoit pas accordé l'avantage de donner de là mẹmoire aux enfans. Cet aimable Enfant va
en septiéme depuis plusieurs mois , selon le goût et la volonté de Mrs ses Pere
et Mere.
:
Les personnes bien intentionnées , continuë le Docteur Abécédisre , qui aiment··
le bien public, sçachant que Monseigneur
Le Dauphin et Mesdames de France , apprennent à lire par la Méthode du Bureau
Typographique , et que l'Auteur , par commission , en a déja envoyé dans les Provinces , ces personnes , dis-je , s'embarraseront
peu des Critiques qu'ont produites jusqu'ici ,
l'ignorance, la prévention et peut- être l'envie ou la mauvaise foi.
Vous voyez , Monsieur , que la source
des injures n'est point taric. Vous sçavez que nous y avons répondu ; si cela
ne suffit pas , voici une réponse de la
façon du Buraliste. Celui qui s'éleve contre
nous , dit-il dans le Mercure de Mars ,
page 426. ou 427. devroit avant que d'écrire , apprendre à penser, et s'il croit avoirraison , nous démontrer avec politesse que·
nous donnons dans Berreur : tout Ecrivain . ,
I. Vol. Cvj donts
1106 MERCURE DE FRANCE
dont le style est grossier , m'est suspect er je
n'en attends aucune instruction.
Tout ceci est bien plus vrai lorsque ,
comme lui , on attaque seul le genre hamain. Quant à l'exemple de Monseigneur
le Dauphin et de Mesdames de France ,
qu'ils nous allegue pour la seconde fois
en sa faveur , outre ce que nous y avons
déja répondu , que prouvera- t'il autre
chose , sinon qu'on peut apprendre à
lire par cette nouvelle Méthode , puisqu'on l'a bien appris jusqu'à present par Pancienne Méthode. Mais s'ensuit- il delà qu'ils pourront apprendre le Latin ,
le Grec , l'Hebreu , l'Arabe , &c tous les
Arts et toutes les Sciences , comme l'Auteur le prétend ( Lettre 4. page 62. ) si
cela est, qui m'empêchera de dire , avec
bien plus de raison , qu'on a appris jusqu'à present les Arts et les Sciences par
le moyen de l'Alphabet , et que c'est l'Alphaber qui a formé les Rois , les Guerriers , les Politiques , les Théologiens,
les Jurisconsultes , les Philosophes , les
Orateurs , les Historiens , les Poëtes , & c.
les plus illustres qui ayent paru dans le
Monde depuis l'invention des Caracteres
qui servent à peindre la parole et à par- ler aux yeux ?
Si donc , comme je le souhaite de tout
1. Kol. mon
JUIN. 17323 1107
prit.
mon cœur et comme je l'espere , il arrive
un jour que Monseigneur le Dauphin eɛ
Mesdames de France , surpassent tous les
autres , autant par la grandeur de leur esprit et de leur science , que par celle de
leur Naissance , le Buraliste en donneras,
s'il veut , la gloire à lui et à son Bureau;
pour moi j'attr bûrai plutôt un si heureux
succès à leur excellent naturel, et aux
sçavantes instructions des personnes estimables et respectables à qui le Roy a
confié le soin de leur éducation ; et je
pense qu'en cela je ne serois pas le seul
de mon sentiment.
Ceux , dit enfin le Buraliste , qui souhaiteront avoir quelqu'une des quatre Classes
du Bureau Typographique, en trouveront de
toutes garnies dans la maison attenant la
porte du College de Lisieux , ruë S. Etienne
d'Egrès; l'avis , le prix , et l'instruction sur
les quatre Classes , se trouveront à la fin de
la neuvième Lettre sur la Bibliotheque des
Enfans , inserée dans le Mercure du mois de
Février dernier , page 209. on 234. en atterdant la suite de la Relation Typographi
que , j'ay l'honneur d'être , & c. A Paris.
15 " Septembre 1731. RIOMBAL
Le prix de chacune de ces quatre Clas
ses du Bureau est marqué à la fin de la
Lettre , et fixé depuis une pistole jus1 Kolo qu'à
1108 MERCURE DE FRANCE
1
qu'à dix. Ainsi , vous voyez , Monsieur ,
que l'Auteur ne donne pas ses coquilles
et qu'on pourroit fort bien dire de lui
avec quelque proportion , ce que Ciceron
disoit du Maître de Marc- Antoine : Invideo Magistro tuo , qui te tantâ mercede
nihil sapere docuit. Vous me demanderez
peut- être , comment cela s'accorde avec
ce qui est dit dans la Lettre de Mars
qu'il n'agit par aucune vûë d'interêt et qu'il
ne lui revient rien de ses Bureaux , que bien
de la peine , et dans celle d'Avril , qu'il a
distribué bien des choses gratis , aux riches
comme aux pauvres, &c. et que jusques-là
il n'a pas touché un solpour les Bureaux , et
qu'au contraire il les a prêtez à ceux qui en
ont voulu faire l'experience ? Je n'en sçai
rien , à moins qu'on ne dise que per
sonne ne s'étoit encore présenté pour les
achepter;car je n'oserois vous le faire soupçonner de contradiction et de mensonge.
Quoiqu'il en soit , M³, vous pourrez dorénavant avoir des Bureaux , pour de l'argent,bien entendu. Il se fera aussi un plai---
sir de vous indiquer des Maîtres Typogra
phiques , à qui vous donnerez une bonne
nourriture et des appointemens tres-ho
nêtes. Je suis , Monsieur ; &c.
Fermer
Résumé : TROISIÈME Lettre d'un Professeur de l'Université de Paris, à un Principal de Province, sur le Bureau Typographique.
Une lettre d'un professeur de l'Université de Paris et d'un principal de province discute du Bureau Typographique, une invention de M. Dumas. Un certificat de la Société des Arts, daté du 17 décembre 1730, loue cette invention pour son efficacité à enseigner aux enfants les lettres, l'orthographe et les principes de base du latin. Les commissaires de la Société des Arts, Messieurs Medallon, Romieu, Degua et Remond, affirment que cette méthode mérite une entière préférence sur les méthodes traditionnelles en raison de son approche ludique et mécanique, adaptée à l'intelligence des jeunes enfants. Le professeur et le principal expriment des doutes sur la rapidité avec laquelle la Société des Arts a évalué et approuvé l'invention, soulignant que seulement 112 jours séparaient la délibération initiale de la Société et le rapport final. Ils remettent également en question la portée du certificat, notant qu'il ne couvre pas l'enseignement du grec, de l'hébreu, de l'arabe, ni d'autres matières. Ils comparent l'invention des lettres et des syllabes, présentes dans tout alphabet, à l'invention du Bureau Typographique, estimant que les premières méritent une préférence. Le texte discute également de l'efficacité de la méthode d'apprentissage de la lecture à travers des bureaux typographiques. Les 'Enfants Typographes,' dirigés par leurs précepteurs, commettent souvent des erreurs orthographiques. Cependant, plusieurs exemples d'enfants ayant appris rapidement grâce à cette méthode sont mentionnés, comme une fille de moins de trois ans chez un marchand de soie et un garçon chez M. Procope. Le buraliste critique les 'nouveaux Méthodistes' qui tombent dans le sophisme de prendre pour cause d'un effet ce qui ne l'est pas. Il cite des exemples comme Don Ventura de Liria et le petit Remilli, qui ont réussi grâce à cette méthode. Le texte mentionne que des personnalités comme Monseigneur le Dauphin et Mesdames de France utilisent cette méthode, bien que le buraliste attribue leurs succès à leur naturel et à leurs instructeurs plutôt qu'au bureau typographique. Enfin, des informations sur l'achat des bureaux typographiques et des maîtres typographiques sont fournies, avec des prix allant d'une pistole à dix pistoles. Le buraliste affirme que l'auteur ne distribue pas ses bureaux gratuitement, contrairement à ce qui a été mentionné précédemment.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 1183-1186
LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, ou les premiers Elemens des Lettres, contenant le systeme du Bureau Typographique, à l'usage de Monseigneur le Dauphin et de Messeigneurs les Enfans de France. A Paris, chez Pierre Simon, ruë de la Harpe, et chez P. Witte, ruë S. Jacques, 1732.
Début :
Il y a deux ans que l'on parle du [...]
Mots clefs :
Bibliothèque des enfants, Système du bureau typographique, A, B, C Latin, A, B, C Français, Orthographe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, ou les premiers Elemens des Lettres, contenant le systeme du Bureau Typographique, à l'usage de Monseigneur le Dauphin et de Messeigneurs les Enfans de France. A Paris, chez Pierre Simon, ruë de la Harpe, et chez P. Witte, ruë S. Jacques, 1732.
LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS , on les
premiers Elemens des Lettres , contenant la
systeme du Bureau Typographique , à l'usage de Monseigneur le Dauphin et de Mes
seigneurs les Enfans de France. A Paris
chez Pierre Simon , rue de la Harpe , es
shez P. Witte , ruë S. Jacques , 1732.
Il y a deux ans que l'on parle du BiBu
reau Typographique dans les Mercures
de France. On a donné quatorze Lettres
sur ce sujet , ou sur l'importante matiere
qui regarde la premiere éducation des
Enfans. L'abregé de ces Lettres donnera
le volume qui roule précisement sur le
sistême du Bureau Typographique ; mais
voici un Livre dont tous les Parens , tous
les Maîtres et tous les Enfans pourront
se servir utilement , soit qu'ils ayent des
1. Vala Bureaux
1184 MERCURE DE FRANCE
par
Bureaux , soit qu'ils n'en ayent point.
C'est un nouvel A, B, C, Latin ,
le moyen duquel on apprendra par principes plus facilement et en moins de tems
les premiers élemens des Lettres ignorez
ordinairement par le plus grand nombre
de ceux qui se mêlent de les montrer.
Ce Livre que l'Auteur a eu l'honneur
de dédier et de présenter à MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN , Contient en 24. pages , l'Epitre Dédicatoire, un Avertissement Préliminaire sur l'Ortographe passagere d'Enfans et des sons ou de l'oreille , en attendant l'Ortographe permanente d'hom- me , des yeux ou de l'usage ; la Préface
en deux feuilles de gros Romain , l'Extrait du Registre des Déliberations de la
Societé des Arts , qui a fait examiner le
Bureau Typographique ; ce Livre contient encore la Table des Leçons de trois
A, B, C, Latins , celle des noms de dixhuit sortes de Caracteres employez pour
varier utilement l'impression de ce volume , et enfin un Avis aux Parens et
aux Maîtres dans lequel l'Auteur dit qu'il
donnera de la même maniere in 4° . et in
16. les A, B, C , François pour la suite
de la Bibliotheque des Enfans.
Le premier A, B, C , Latin contient
en 38. pages 21. Leçons pour le Maître
=
L. Vol. et
JUIN. 1731. 1185
"
et alternativement autant pour l'Enfant ,
il ne s'agit dans cet A, B, C, que de
la seule connoissance et de la seule dénomination des Lettres ou des sons , avec
laquelle dénomination l'Enfant lira bientôt des sillabes et des mots , même sans
épeler , comme dans les Leçons 12. 13.
14. 15. 16. 17. 18. et 19.
Le second A, B , C , Latin contient en
20. pages 15. Leçons pour le Maître , et
autant pour l'Enfant ; il s'agit dans cet
A, B, C , de Lettres du Sillabaire , ou
du Recueil des sillabes élementaires , sur
lesquelles il faut tâcher de rendre imperturbable Enfant auquel on veut montrer à lire.
Le troisiéme A, B , C , Latin contient
en 38. pages , 14. Leçons pour le Maître
et autant pour l'Enfant ; il s'agit dans
cet A , B, C , des Lettres de l'épellation de la sillabe et de la Lettre ordinaire et extraordinaire.
On peut dire que cet Ouvrage estsingu
lier et peut-être unique dans ce goût- là ,
c'est pourquoi le Lecteur y est prié d'avoir quelque indulgence pour l'Auteur ,
qui avoue son ignorance ou sa négligence
à l'égard de l'expression , de la précision
et de la ponctuation. On doit s'attacher
aux choses , plutôt qu'aux mots ; heureux
1. Vol. qui-
1186 MERCURE DE FRANCE
qui possede également bien l'art de penser et l'art de s'exprimer dans les grandes et dans les petites choses. La matiere
Abécédique paroît en general si mince et
et si méprisée , qu'on trouvera peut- être
difficile , obscure ou abstraite , la maniere
dont l'Auteur a essayé de la traiter. Mais
il faut esperer que dans la suite on rendra le sujet plus clair, et qu'enfin on le
perfectionnera , sur tout si M M. de l'Académie Françoise daignent un jour revoir l'Ouvrage en faveur des Enfans
de notre Empire et de tous les enfans de
l'Europe.
Les Critiques du Bureau Typographi
que , au reste , en attaquant ce nouvel
A, B, C, pourront continuer de faire
connoître leur goût et leur discernement
en fait d'institution morale et litteraire.
Le Public continuera aussi d'admirer la
prévention et la simplicité des Latinistes.
scandalisez mal- à- propos de la moindre
nouveauté élementaire et du moindre solecisme; mais peu accoûtumez à l'Analise
des pensées , à l'exactitude et à la justesse
d'un raisonnement suivi et philosophique; justesse cependant à laquelle de- vroient tendre nos lectures et nos études,
tout autre motif ne paroît tolerable
dans un homme payé pour parler, plutôt que
que pour penser.
premiers Elemens des Lettres , contenant la
systeme du Bureau Typographique , à l'usage de Monseigneur le Dauphin et de Mes
seigneurs les Enfans de France. A Paris
chez Pierre Simon , rue de la Harpe , es
shez P. Witte , ruë S. Jacques , 1732.
Il y a deux ans que l'on parle du BiBu
reau Typographique dans les Mercures
de France. On a donné quatorze Lettres
sur ce sujet , ou sur l'importante matiere
qui regarde la premiere éducation des
Enfans. L'abregé de ces Lettres donnera
le volume qui roule précisement sur le
sistême du Bureau Typographique ; mais
voici un Livre dont tous les Parens , tous
les Maîtres et tous les Enfans pourront
se servir utilement , soit qu'ils ayent des
1. Vala Bureaux
1184 MERCURE DE FRANCE
par
Bureaux , soit qu'ils n'en ayent point.
C'est un nouvel A, B, C, Latin ,
le moyen duquel on apprendra par principes plus facilement et en moins de tems
les premiers élemens des Lettres ignorez
ordinairement par le plus grand nombre
de ceux qui se mêlent de les montrer.
Ce Livre que l'Auteur a eu l'honneur
de dédier et de présenter à MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN , Contient en 24. pages , l'Epitre Dédicatoire, un Avertissement Préliminaire sur l'Ortographe passagere d'Enfans et des sons ou de l'oreille , en attendant l'Ortographe permanente d'hom- me , des yeux ou de l'usage ; la Préface
en deux feuilles de gros Romain , l'Extrait du Registre des Déliberations de la
Societé des Arts , qui a fait examiner le
Bureau Typographique ; ce Livre contient encore la Table des Leçons de trois
A, B, C, Latins , celle des noms de dixhuit sortes de Caracteres employez pour
varier utilement l'impression de ce volume , et enfin un Avis aux Parens et
aux Maîtres dans lequel l'Auteur dit qu'il
donnera de la même maniere in 4° . et in
16. les A, B, C , François pour la suite
de la Bibliotheque des Enfans.
Le premier A, B, C , Latin contient
en 38. pages 21. Leçons pour le Maître
=
L. Vol. et
JUIN. 1731. 1185
"
et alternativement autant pour l'Enfant ,
il ne s'agit dans cet A, B, C, que de
la seule connoissance et de la seule dénomination des Lettres ou des sons , avec
laquelle dénomination l'Enfant lira bientôt des sillabes et des mots , même sans
épeler , comme dans les Leçons 12. 13.
14. 15. 16. 17. 18. et 19.
Le second A, B , C , Latin contient en
20. pages 15. Leçons pour le Maître , et
autant pour l'Enfant ; il s'agit dans cet
A, B, C , de Lettres du Sillabaire , ou
du Recueil des sillabes élementaires , sur
lesquelles il faut tâcher de rendre imperturbable Enfant auquel on veut montrer à lire.
Le troisiéme A, B , C , Latin contient
en 38. pages , 14. Leçons pour le Maître
et autant pour l'Enfant ; il s'agit dans
cet A , B, C , des Lettres de l'épellation de la sillabe et de la Lettre ordinaire et extraordinaire.
On peut dire que cet Ouvrage estsingu
lier et peut-être unique dans ce goût- là ,
c'est pourquoi le Lecteur y est prié d'avoir quelque indulgence pour l'Auteur ,
qui avoue son ignorance ou sa négligence
à l'égard de l'expression , de la précision
et de la ponctuation. On doit s'attacher
aux choses , plutôt qu'aux mots ; heureux
1. Vol. qui-
1186 MERCURE DE FRANCE
qui possede également bien l'art de penser et l'art de s'exprimer dans les grandes et dans les petites choses. La matiere
Abécédique paroît en general si mince et
et si méprisée , qu'on trouvera peut- être
difficile , obscure ou abstraite , la maniere
dont l'Auteur a essayé de la traiter. Mais
il faut esperer que dans la suite on rendra le sujet plus clair, et qu'enfin on le
perfectionnera , sur tout si M M. de l'Académie Françoise daignent un jour revoir l'Ouvrage en faveur des Enfans
de notre Empire et de tous les enfans de
l'Europe.
Les Critiques du Bureau Typographi
que , au reste , en attaquant ce nouvel
A, B, C, pourront continuer de faire
connoître leur goût et leur discernement
en fait d'institution morale et litteraire.
Le Public continuera aussi d'admirer la
prévention et la simplicité des Latinistes.
scandalisez mal- à- propos de la moindre
nouveauté élementaire et du moindre solecisme; mais peu accoûtumez à l'Analise
des pensées , à l'exactitude et à la justesse
d'un raisonnement suivi et philosophique; justesse cependant à laquelle de- vroient tendre nos lectures et nos études,
tout autre motif ne paroît tolerable
dans un homme payé pour parler, plutôt que
que pour penser.
Fermer
Résumé : LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, ou les premiers Elemens des Lettres, contenant le systeme du Bureau Typographique, à l'usage de Monseigneur le Dauphin et de Messeigneurs les Enfans de France. A Paris, chez Pierre Simon, ruë de la Harpe, et chez P. Witte, ruë S. Jacques, 1732.
Le texte présente 'LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS', un ouvrage éducatif publié en 1732 à Paris. Destiné à l'éducation des enfants, il est dédié à Monseigneur le Dauphin et aux Enfants de France. L'ouvrage propose un système d'enseignement des lettres via le Bureau Typographique et a été mentionné dans les Mercures de France à travers quatorze lettres sur l'éducation des enfants. Il est conçu pour être utile à tous les parents, maîtres et enfants, indépendamment de la possession de Bureaux Typographiques. L'ouvrage est structuré en plusieurs sections : une épître dédicatoire, un avertissement préliminaire sur l'orthographe, une préface, un extrait du registre des délibérations de la Société des Arts, une table des leçons, une liste des caractères typographiques, et un avis aux parents et maîtres. Il inclut trois sections intitulées A, B, C Latins, chacune contenant des leçons pour les maîtres et les enfants. Le premier A, B, C se concentre sur la connaissance et la dénomination des lettres, permettant aux enfants de lire des syllabes et des mots sans épeler. Le second A, B, C traite des syllabes élémentaires, et le troisième des techniques d'épellation. L'auteur reconnaît l'unicité de l'ouvrage et demande indulgence pour les imperfections de style. Il espère que l'Académie Française pourrait un jour examiner et améliorer l'ouvrage pour le bénéfice des enfants en Europe. Le texte mentionne également les critiques potentielles et la simplicité des latinistes face aux nouvelles méthodes éducatives.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
44
p. 1294-1306
QUATORZIÈME LETTRE sur le Systeme du Bureau Typographique et sur le choix d'un Précepteur, pour la premiere éducation d'un Enfant.
Début :
VOICI, Monsieur, une objection que l'on ne m'auroit [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Bibliothèque des enfants, Éducation, Précepteur, Système, Méthode, A, Bé, Cé Typographique, Maîtres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUATORZIÈME LETTRE sur le Systeme du Bureau Typographique et sur le choix d'un Précepteur, pour la premiere éducation d'un Enfant.
QUATORZIEME LETTRE
sur le Systeme du Bureau Typographique
et sur le choix d'un Précepteur, pour la
premiere éducation d'un Enfant.
Oici , Monsieur , une objection que l'on ne
m'auroit peut- être pas faite , si l'on avoit
pris la peine de lire attentivement les dernieres
Lettres sur le Systême du Bureau Typographi
que , et si l'on avoit un peu parcouru la Brochure qui se vend chez Pierre Witte , ruë S. Jacques,
à l'Ange Gardien , intitulée : Réponse de M. Perquis , Maitre de Philosophie , d'Humanitez et de
Typographie, à la Lettre d'un Professeur anonime
de l'Université de Paris , inserée dans le Mercure
du mois de Février 1731.
Si ce Sisteme , m'a- t'on dit , étoit aussi utile que vous le publiez depuis près de deux ans , lès
Parens et les Maîtres se feroient un plaisir et mê- me un devoir de le suivre pour la premiere institution des enfans de trois à sept et à huit ans ,
cependant les Maîtres sont effrayez à la vûë de cette Machine , et l'on dit que du grand nombre de personnes qui ont lû vos Lettres , qui ont en--
tendu parler de ce Sisteme , ou qui ont vu des Bureaux et même l'exercice de cette Méthode , il
y en a peu qui ayent mis leurs enfans aux Clas- IT. Vol
JUIN. 1732. 1295
ses du Bureau Typographique , il faut donc conclure , a-t'on poursuivi , que ce nouveau Sistême
n'est point aussi utile que vous le prétendez , ni
au-dessus de la Méthode vulgaire.
Voilà , Monsieur , ce que nos Critiques appellent une Démonstration , car ce mot est devenu aujourd'hui si commun , qu'on l'employe
hardiment pour les matieres les plus probléma- tiques ; vous trouvez des Ecrivains de parti ,
acharnez les uns contre les autres qui se flattent
d'avoir procedé à la maniere des Géometres dans
toutes leurs disputes , et l'on peut dire qu'en supposant la verité de leurs principes contestez, bien
des Auteurs , comme Spinosa , ont effectivement suivi la Méthode des Géometres. Venons au fait.-
pour
être
être
Pour répondre à cette prétendue Démonstration , je dis , 1 °. que les Maîtres vulgaires s'opposeront toujours à toutes les Méthodes qui feront:
connoître au Public leur ignorance ou leur pré--
vention , et que leur opposition aveugle et témeraire augmentera toujours le mépris dû à leurs
vaines déclamations. 2°. Qu'un sistème peut
fort utile et meilleur qu'un autre , sans obtenir
néanmoins la préference , parce qu'il ne suffit pas
qu'une chose soit bonne en elle- même recherchée , il faut encore que l'on soit persuadé
de cette bonté , et ce deffaut de persuasion qui
vient d'une infinité de causes , ne diminuë en rien
la bonté réelle de cette même chose. Un exemple
sensible rendra ce raisonnement plus clair. Que
diroit-on à un Chinois qui feroit cette difficulté ,
si une telle Loi , une telle Coutume , et une telle.
Religion , étoient les meilleures du monde , les
Souverains et les Peuples de la Terre se feroient
un plaisir et même un devoir de les pratiquer dèsqu'on leur en parleroit , cependant ils ne le font
II. Vol pase;
1296 MERCURE DE FRANCE
pas ; donc cette Loi , cette Coûtume et cette Religion , ne sont point les meilleures du monde. Le
Lecteur sensé et judicieux , n'a pas besoin qu'on
lui fasse voir la fausseté et le sophisme dans un
pareil raisonnement.
3. Je dis qu'aucun Journal n'a encore parlé
du Bureau Typographique , parce que les Lettres.
insérées dans les Mercures , n'ont encore été ni
affichées , ni mises en vente chez des Libraires.
Je dis que peu de gens lisent les Journaux, la plûpart même des Lecteurs passent les matieres ou
Ies Pieces qu'ils n'entendent point, et qu'ils trouvent toûjours trop longues , de même que celles
où ils ne prennent aucune part. Ceux qui ont lu les Lettres sur le sistème du Bureau , ou qui em
ont entendu parler , ne sont pas tous dans le cas
d'avoir de petits enfans , et quand ce peu de Lecteurs auroit excité la curiosité des autres , ce premier empressement est bien - tôt ralenti par le torrent des embarras du siecle , ou par le flux et
reflux de mille affaires domestiques, Tel Pere
avoit voulu d'abord donner un Bureau à ses enfans , qui ensuite en a été détourné par la mere.
trop œconome ou trop allarmée en fait d'éducation ; tels parens ont proposé l'experience du Bureau, qui en ont été détournez par les Précep
teurs ; c'est ainsi que beaucoup de gens, d'ailleurs
pleins de mérite et bien intentionnez , se laissent
quelquefois mener en aveugles.
4°. Je dis que de tous ceux qui ont vu le Bu
reau , il n'y a personne qui , du moins exterieument et en apparence , n'en ait reconnu l'utilités.
je ne dois pas même en excepter notre Critique.
M. G. quelque mal qu'il ait crû avoir interêt d'en
dire ailleurs. Le Bureau peut se vanter d'avoir à la Cour , à la Ville et dans les Provinces , un grand
II.. Vol. nombre.
JUIN 1732. 1297
nombre d'illustres Partisans dont le témoignage
autentique fera toujours mépriser les mauvaises critiques , malgré le mérite de leurs Auteurs, -
5. Je dis que quand il n'y auroit encore qu'u ne trentaine d'enfans de l'un ou de l'autre sexe
exercez par le sistème du Bureau , ce seroit toûjours beaucoup qu'en si peu de temps , malgré le préjugé vulgaire , malgré les affiches et les vaines.
promesses de plusieurs Charlatans en menuë Litterature , qui dégoutent et indisposent le Public
malgré les Critiques anonimes et celle de M. G.
malgré les calomnies et les faux rapports des
Maîtres et des Précepteurs prévenus ou passion
nez contre le sistème Typographique , ce seroit,
dis-je , toûjours beaucoup d'avoir autant d'enfans connus , exercez et montrez selon cette nouvelle
maniere d'enseigner les premiers élemens des
Lettres..
6º.Je dis que le préjugé , l'ignorance , la paresse,
L'indifference , l'interêt , l'envie et la mauvaisefoi ,
peuvent arrêter pour quelque temps les progrès du
Bureau Typographique ; et afin que mes Critiques
ne blâment point l'emploi de pareils termes , je.
leur déclare que par le mot préjugé , j'entens le ju- les Maîtres por- gement vague et indéterminé que tent par tradition et sans examen en faveur de la
Méthode vulgaire contre toutes les nouvelles
Méthodes ; les trois quarts des Maîtres , pour le
moins , sont dans ce préjugé et presque tous les
parens. Par le mot ignorance , j'entens la privation des connoissances grammaticales necessaires
pour l'intelligence de la doctrine typographique
ou des sons de la Langue Françoise et de la vraye dénomination des Lettres , pour la prompte et fa
cile sillabisation ; nos Critiques et bien d'autres
sont dans cette ignorance. Par le mot paresse ,
II.. Vel j'entens
1298 MERCURE DE FRANCE
j'entens l'aversion et l'éloignement qu'un Maître
fait souvent paroître quand il s'agit de travailler
avec un enfant; cela regarde le plus grand nombre des Précepteurs. Par indifference , j'entens le
caractere de certains Maîtres mercenaires , plus -
occupez , de pane lucrando , que de puero instiuendo. Par interêt , j'entens le motif de certains
Auteurs qui craignent mal à propos que le systême du Bureau ne nuise à la vente de leurs perites Brochures. Par envie, j'entens les sentimens
jaloux de ceux qui ne voudroient jouir que de
leur propre gloire , et même aux dépens de ce lle
des autres. Par mauvaisefoy, j'entens le caractere et le sentiment de ceux qui persuadez de la
bonté et de l'utilité du systême , cachent ce sentiment et agissent contre la vérité connue, poussez par diverses passions, qu'ils n'oseroient avoüer
devant les hommes, et qu'ils ont la malice d'entretenir devant Dieu. Tous ces injustes motifs de
critique , peuvent se rencontrer dans la même
personne ; on pourroit même les désigner , à lamauvais foy près , dont Dieu seul est le juge.
7°. Je dis que l'ortographe passagere dont on
a fait l'essai et dont on a rendu compte dans la
neuvième Lettre sur le sistême du Bureau , je dis
que cette ortographe passagere d'épfant et des
sons ou de l'oreille , peut avoir éloigné bien des
gens , du systême Typographique , ce que n'auroit peut- être pas fait l'ortographe permanente
d'homme , des yeux et de l'usage. Quoiqu'on cut
facilement prévu que cela pourroit arriver ainsi ,
on a été cependant obligé de suivre son Plan
pour mettre le Lecteur bien intentionné , au fait
des sons de la Langue , et en état de mieux juger
du systême ; et cela au hazard de déplaire aux
Lecteurs prévenus qu'on pourroit un peu comII. Vol. parer
JUIN. 1299 1732.
parer à celui qui aima mieux perdre la valeur d'une Lettre de Change , que d'en faire usage ,
malgré l'ortographe singuliere de cette Lettre ,
ou au malade qui refusa tout soulagement , faute
de parfaite guérison.
9
8. J'ajouterai que la saison de l'hyver , propre à faire Recruë de Soldats, ne l'est guere pour
celle des enfans du Bureau. Le froid en fait differer l'exercice , le Printems en paroît la premiere
saison ; outre cela les objets frivoles qu'on donne ordinairement pour étrennes aux petits enfans
dans le commencement de l'année , les occupent
si fort , qu'il seroit pour lors assez inutile de leur
donner un Bureau. Les parens , les amis , les domestiques, tous à l'envi , présentent à l'enfant
bien des niaiseries, plus nuisibles que profitables.
Une Classe de Bureau pour étrennes amuseroit et
instruiroit l'enfant ; mais les parens en general
aiment mieux se prêter au torrent du préjugé
vulgaire,et ausystême ou au jeu des Marionettes,
dont ils font souvent eux-mêmes leur amusement.
9. Oserois- je dire que le prix d'un Bureau
arrête bien des gens riches , dans l'esprit desquels l'argent tient souvent la place de fils aîné
et quelquefois celle de fils unique , même à la
vue d'une nombreuse famille. Dix Pistoles pour
la suite des quatre Classes du Bureau peuvent pa-- roître une somme non seulement à de riches
Bourgeois , mais encore à certaines personnes qui
ne dépensent guere moins de cent francs par jour
pour leur table et pour leur écurie. C'est aux
parens à s'examiner là- dessus devant Dieu et devant les hommes.
,
10°. Il faut convenir que la disette des Maîtres qui veuillent s'asservir au systême du Buseau , en arrétera toûjours les progrès ; mais
II. Vol.
c'est
1300 MERCURE DE FRANCE
c'est faute d'entendre leur véritable interêt qu'ils
refusent d'apprendre et de pratiquer cette métho
de. Elle les feroit rechercher et préferer aux
Maîtres vulgaires ; enfin elle assureroit aux Maîtres externes un nombre de meilleures Maisons
et donneroit aux Précepteurs le choix des meilleurs Elèves. Je dois ajouter icy qu'un mois de
Leçons tipographiques , mettra facilement une
Gouvernante , un Domestique en état de montrer les premieres Classes du Bureau , en atten- dant que l'on donne à l'enfant un Précepteur, ou
bien un Maître -externe.
Q
11 Pour derniere réponse, je donnerai à mon
tour un argument qu'on pourra opposer à celui
de nos critiques. Le voici : Si les Professeurs , les
Régens , les Préfets , ni les Maîtres ne peuvent
pas détruire les preuves qui font voir les avan
tages du Bureau typographique sur la Méthode
vulgaire ; il faut conclure en faveur du Bureau.
Or est-il que ces MM) n'ont pu jusqu'icy prouver l'infériorité du Bureau , ni la supériorité de
la Méthode vulgaire ; donc en faveur de la verité , et pour le bien de la cause des enfans , on
peut, par provision et hardiment predire que les Maîtres ne viendront jamais à bout de prouver l'excellence de leur Méthode vulgaire, contre
celle du Bureau. On doit donc aussi conclure en
faveur du Bureau , contre les mauvaises critiques, C'est au Public à décider , en attendant le
jugement des Commissaires que l'Université de
Paris, et les Académies pourroient nommer dans
la suite , pour l'examen de ce systême.
Je conclus, après toutes ces réfléxions, que les
parens bien intentionnez et curieux de trouver un
bon Précepteur pour leurs petits enfans , ne sauroient mieux faire que de l'éprouver , par le
1. Vel. moyen
JUIN. 1732. 1301
moïen du Bureau tipographyque ; ce sera la
vraie Pierre de touche , en fait de Pédagogie , er l'on peut assurer , sans témérité, que tout Maître
qui refusera aux parens de suivre la Méthode du
Bureau , pour un enfant de trois à sept et à huit
ans , donnera contre lui des préjugez suffisans
pour le refuser lui- même ; et l'on voit par là
que l'épreuve du Maître par celle du Bureau, sera
toujours d'une grande utilité et d'un grand secours pour les parens capables ou incapables de
faire par eux-mêmes choix d'un bon Maître,
>
Les Précepteurs qui refuseront de suivre le systême du Bureau , aux parens qui le leur propos seront , seront obligez de dire pourquoi ? Or ces
Précepteurs , ou ils connoissent le Bureau , ou ils
ne le connoissent pas ; s'ils ne le connoissent
point , et que sans examen ils refusent d'en
faire usage , ils se rendront suspects de préjugé ,
ou d'ignorance , ou de paresse , ou d'indifference; qualitez suffisantes pour refuser ces Précepteurs , dans la plupart desquels on trouvera ordinairement un esprit vain , superficiel , aigre,
indocile , impatient ; un esprit mercenaire , qui
fuit la peine , qui craint le travail , et sur tout
qui redoute l'examen.
Si les Précepteurs au contraire , en refusant absolument de suivre la Méthode du Bureau tipographyque , disent que c'est par connoissance
de cause ; il est juste de les entendre et de répondie à leurs difficultez; ce sera là un des plus surs moyens pour juger de leur maniere de penser , de
parler , et de raisonner. Qualitez rares mais essentielles pour la bonne et la noble éducation.
Cette opposition , d'ailleurs soutenuë de bonne
foy et avec quelque apparence de fondement, ne
peut que faire honneur à l'adversaire , qui se dé11. Vol. clarera
302 MERCURE DE FRANCE
4
clarera contre le systême du Bureau , sans - renoncer à un plus grand examen de cette Methode , ni au dessein de la suivre ; supposé qu'elle se
trouvât la meilleure, L'Auteur , au reste offre
d'intervenir avec plaisir , dans le differend , lorsque les parens témoigneront le désirer , pour le bien de leurs enfans et de la cause publique.
›
Mais si le Maîrre, simple latiniste, plein de luimême, se trouve un esprit faux , incapable de
justesse dans le raisonnement , un esprit sans méthode , enfin un esprit qui ne voye que par les
yeux du préjugé vulgaire , et qui sans vouloir raisonner, soûtienne obstinément que le systême
du Bureau est frivole ; il sera aisé de s'appercevoir qu'un tel caractere n'est pas le meilleur que
l'on puisse désirer pour élever un enfant , et c'est
un grand avantage que de pouvoir s'en assurer
dès le premier jour , sans s'exposer si souvent
à essayer de nouveaux Précepteurs ; car ce frequent changement de Maître , est ordinairement
un obstacle à l'avancement de l'enfant , et le Bureau préviendra quelquefois cetinconvenient.
Les parens qui aiment à se déterminer par rai.
son plutôt que par coutume, remarqueront bientôt dans le monde que les partisans du Bureau
sont ordinairementou personnes d'ordre ou gens
d'esprit Philosophique , aimant le bien public ;
et qu'au contraire ceux qui se déclarent contre le
Bureau ne sont que de simples latinistes , tres- indifferens sur le bien et le mieux , et la plupart incapables d'analiser les idées et de suivre.
avec honneur , le moindre raisonnement. Or si
la chose est , comme j'ose le dire, et comme chacun peut s'en convaincre lui-même , avec les critiques qu'il trouvera dans son chemin ; n'est-ce
pas un grand avantage pour les dignes parens es
D
JUIN. 1732.
1303
pour le public d'avoir un moyen si simple et si
propre à développer l'intérieur des Maîtres les plus dissimulez , qui se présenteront pour la pre- miere institution de l'enfance.
Je ne prétens pas , au reste , conclure qu'un
Maître qui offre de se soumettre au systême du
Bureau devienne par-là et sur le champ un bon
Précepteur ; mais je veux seulement dire qu'entre deux hommes de Lettres , à peu près d'égale réputation , en fait de Pédagogie, on doit toujours préferer l'esprit doux , docile , bien intentionné,
méthodique, qui se prétera volontiers et sans répugnance à l'exercice du Bureau, et qui en hom- me d'honneur et de bien , par ses discours et par
sa complaisance litteraire,prouvera qu'il ne craint
pas le travail , et qu'il est capable d'affection et d'attachement pour l'enfant dont on veut bien
d'abord lui confier la premiere éducation,
5
On pourra aussi trouver des Maîtres d'ailleurs
tres-capables , qui pleins d'eux- mêmes et de la Méthode vulgaire , diront qu'il est possible que
le Bureau soit bon et utile , mais que leur répu- tation étant faite , ils n'ont pas besoin d'entrer
dans le détail de ce systême, et qu'ils s'en tiennent à leur maniere d'enseigner , sans vouloir
être remis à l'A , Bé, Cé Tipographyque. Or ne
peut-on pas encore dire , sans témérité , que ces Maîtres , quelque habiles qu'ils soient dans le
Grec et dans le Latin ; que ces Maîtres , dis-je ,
en craignant la peine et le travail , donnent parlà contr'eux, des préjugez suffisans pour leur refuser la préférence sur les autres Maîtres ? Car
c'est déja un grand préjugé contre un Précep- teur que de vouloir d'abord canoniser son indifference, sa paresse , et son peu de goût litteraire ,
en refusant de lire une Méthode qui fait quelque
11. Vol. bruit
1304 MERCURE DE FRANCE
bruit dans le monde , et qui , selon l'expression
d'un grand homme, annonce une révolution dans l'éducation des enfans.
Enfin il y a des Maîtres bien intentionnez , qui
feroient volontiers usage du Bureau s'ils en comprenoient le systême , mais ils s'en font d'abord une épouvantail et tâchent adroitement de
détourner les parens qui en voudroient faire l'expérience.
Je n'ai rien à dire contre la prudence de ces
Maîtres , si ce n'est qu'ils apprendroient facilement le systême , dès que sans prévention , et à
l'exemple des autres , ils en voudroient faire l'essai ; les enfans donneront aux Maîtres le temps
necessaire pour cette étude ; comme les Ecoliers
de certains Colleges , donnent aux Regens des
Basses classes, le temps de se rendre capables des
plus hautes. Le Maître apprendra le sistème Ty ,
pographique en le mostrant à l'enfant , après
avoir un peu raisonné et conferé avec quelque
Maître de Typographie , et après avoir vú travailler quelque Enfant sur la Table de son Bureau. Ce sera toujours un grand préjugé contre
un Précepteur s'il trouve pénible et difficile un
petit exercice d'enfant. Un Maître qui craint ce
petit travail , fait voir sans y prendre garde, qu'il
est occupé à chercher du pain , plutôt qu'à le
gagner.
On trouvera au surplus facilement de bons
Maîtres quand les parens connoîtront le prix de l'éducation , qu'ils ne regarderont pas un Precep
teur comme un simple domestique , indigne de manger à leur table , à propos de quoi il n'est
pas mal de rapporter ici ce que le Maréchal
de Villeroy dit autrefois à l'occasion d'un Prési- dent à Mortier, dont le fils ne mangeoit pomt
II. Vol. avec
JUIN 1732. 1305
avec son Précepteur : Je ne voudrois point , dit le
Maréchal , donner à mon fils un homme que je ne
croirois pas digne de manger à matable. Il est visible qu'un Maître , Précepteur , ou Gouverneur
qui ne mangera pas avec son Eleve , ei sera
bientôt méprisé. Enfin les parens trouveront un
bon Précepteur quand ils seront dans le dessein
de le dédommager du sacrifice qu'il aura fait de
sa liberté , de son tems , et de la meilleure partie de ses années.
D'où vient qu'on est si libéral à l'égard d'un
Cuisinier, envers un Maître de Musique et d'Ins- trument, à l'égard d'un Maître à Danser , même
avec un dresseur de Chiens , et qu'on leur donne
volontiers pour un seul mois la somme qu'on
marchande quelquefois pour six mois de simple
pédagogic
Doit- on être surpris après cela si les bons Précepteurs sont rares, et si l'on voit manquer tant
d'éducations. Je l'ai dit bien des fois , c'est souvent la faute des parens , des domestiques et des
Maîtres , plutôt que celle des enfans. Et c'est sur
cette matiere qu'on pourroit donner bien des gemissemens. Trop de gens pensent sur cet article commeM. G. Ce Regent suppose que le moindre
secours du plus petit Maître d'Ecole d'un Maître
d'unmédiocre sçavoir et d'une médiocre exaatitude;
que ce moindre secours suffit pour montrer
lire aux petits enfans.
כי Voici ce qu'on lit là- dessus , dans la Réponse,
du M. Perquis à un critique anonime. Jem'é3 tonne, M. que citant quelquefoisQuintilien quand
→ vous croyez qu'il vous estfavorable , vous n'ayez
» pas remarqué qu'il condamne ceux qui ne pren- nent d'abord que de petits Maîtres pour don-
"ner,disent-ils, les principes des sciences , au lieu
II.Vel C » de
1396 MERCURE DE FRANCE
3
9
??
de choisir les plus habiles , et d'imiter Philippe,
qui ne voulut pas permettre qu'un autre qu'Aristote montrat à lire à Alexandre , parce qu'il
étoit persuadé que la perfection dépendoit deces
» commencemens.Ne faut- il pas parler et raison-
» ner avec un petit enfant ? Or, pour me servir
de l'expression de M. le Févre , si le Maitre est
≫ unâne , que voulez-vous qu'un âne fasse , sinon
» un âne comme lui.S.Jérôme a fair la même remarque ,il pensoit autrement que vous , et le
moindre Lecteur s'appercevra que Philippe ,
Quintilien et S. Jérôme se seroient accommo
dez du Bureau Typographique , plutôt que de
so, voire A, Bé , Cé Vulgaire , et de votre Maitre
d'un médiocre sçavoir et d'une médiocre exactitude , ou enfin du moindre secours du plus petit- Maître d'Ecole.
"
33
Je repeterai encore ici que si on ne goute point
la Méthode du Bureau Typographique , je m'en
étonne , et que si on la goute , je m'en étonne de
même.
sur le Systeme du Bureau Typographique
et sur le choix d'un Précepteur, pour la
premiere éducation d'un Enfant.
Oici , Monsieur , une objection que l'on ne
m'auroit peut- être pas faite , si l'on avoit
pris la peine de lire attentivement les dernieres
Lettres sur le Systême du Bureau Typographi
que , et si l'on avoit un peu parcouru la Brochure qui se vend chez Pierre Witte , ruë S. Jacques,
à l'Ange Gardien , intitulée : Réponse de M. Perquis , Maitre de Philosophie , d'Humanitez et de
Typographie, à la Lettre d'un Professeur anonime
de l'Université de Paris , inserée dans le Mercure
du mois de Février 1731.
Si ce Sisteme , m'a- t'on dit , étoit aussi utile que vous le publiez depuis près de deux ans , lès
Parens et les Maîtres se feroient un plaisir et mê- me un devoir de le suivre pour la premiere institution des enfans de trois à sept et à huit ans ,
cependant les Maîtres sont effrayez à la vûë de cette Machine , et l'on dit que du grand nombre de personnes qui ont lû vos Lettres , qui ont en--
tendu parler de ce Sisteme , ou qui ont vu des Bureaux et même l'exercice de cette Méthode , il
y en a peu qui ayent mis leurs enfans aux Clas- IT. Vol
JUIN. 1732. 1295
ses du Bureau Typographique , il faut donc conclure , a-t'on poursuivi , que ce nouveau Sistême
n'est point aussi utile que vous le prétendez , ni
au-dessus de la Méthode vulgaire.
Voilà , Monsieur , ce que nos Critiques appellent une Démonstration , car ce mot est devenu aujourd'hui si commun , qu'on l'employe
hardiment pour les matieres les plus probléma- tiques ; vous trouvez des Ecrivains de parti ,
acharnez les uns contre les autres qui se flattent
d'avoir procedé à la maniere des Géometres dans
toutes leurs disputes , et l'on peut dire qu'en supposant la verité de leurs principes contestez, bien
des Auteurs , comme Spinosa , ont effectivement suivi la Méthode des Géometres. Venons au fait.-
pour
être
être
Pour répondre à cette prétendue Démonstration , je dis , 1 °. que les Maîtres vulgaires s'opposeront toujours à toutes les Méthodes qui feront:
connoître au Public leur ignorance ou leur pré--
vention , et que leur opposition aveugle et témeraire augmentera toujours le mépris dû à leurs
vaines déclamations. 2°. Qu'un sistème peut
fort utile et meilleur qu'un autre , sans obtenir
néanmoins la préference , parce qu'il ne suffit pas
qu'une chose soit bonne en elle- même recherchée , il faut encore que l'on soit persuadé
de cette bonté , et ce deffaut de persuasion qui
vient d'une infinité de causes , ne diminuë en rien
la bonté réelle de cette même chose. Un exemple
sensible rendra ce raisonnement plus clair. Que
diroit-on à un Chinois qui feroit cette difficulté ,
si une telle Loi , une telle Coutume , et une telle.
Religion , étoient les meilleures du monde , les
Souverains et les Peuples de la Terre se feroient
un plaisir et même un devoir de les pratiquer dèsqu'on leur en parleroit , cependant ils ne le font
II. Vol pase;
1296 MERCURE DE FRANCE
pas ; donc cette Loi , cette Coûtume et cette Religion , ne sont point les meilleures du monde. Le
Lecteur sensé et judicieux , n'a pas besoin qu'on
lui fasse voir la fausseté et le sophisme dans un
pareil raisonnement.
3. Je dis qu'aucun Journal n'a encore parlé
du Bureau Typographique , parce que les Lettres.
insérées dans les Mercures , n'ont encore été ni
affichées , ni mises en vente chez des Libraires.
Je dis que peu de gens lisent les Journaux, la plûpart même des Lecteurs passent les matieres ou
Ies Pieces qu'ils n'entendent point, et qu'ils trouvent toûjours trop longues , de même que celles
où ils ne prennent aucune part. Ceux qui ont lu les Lettres sur le sistème du Bureau , ou qui em
ont entendu parler , ne sont pas tous dans le cas
d'avoir de petits enfans , et quand ce peu de Lecteurs auroit excité la curiosité des autres , ce premier empressement est bien - tôt ralenti par le torrent des embarras du siecle , ou par le flux et
reflux de mille affaires domestiques, Tel Pere
avoit voulu d'abord donner un Bureau à ses enfans , qui ensuite en a été détourné par la mere.
trop œconome ou trop allarmée en fait d'éducation ; tels parens ont proposé l'experience du Bureau, qui en ont été détournez par les Précep
teurs ; c'est ainsi que beaucoup de gens, d'ailleurs
pleins de mérite et bien intentionnez , se laissent
quelquefois mener en aveugles.
4°. Je dis que de tous ceux qui ont vu le Bu
reau , il n'y a personne qui , du moins exterieument et en apparence , n'en ait reconnu l'utilités.
je ne dois pas même en excepter notre Critique.
M. G. quelque mal qu'il ait crû avoir interêt d'en
dire ailleurs. Le Bureau peut se vanter d'avoir à la Cour , à la Ville et dans les Provinces , un grand
II.. Vol. nombre.
JUIN 1732. 1297
nombre d'illustres Partisans dont le témoignage
autentique fera toujours mépriser les mauvaises critiques , malgré le mérite de leurs Auteurs, -
5. Je dis que quand il n'y auroit encore qu'u ne trentaine d'enfans de l'un ou de l'autre sexe
exercez par le sistème du Bureau , ce seroit toûjours beaucoup qu'en si peu de temps , malgré le préjugé vulgaire , malgré les affiches et les vaines.
promesses de plusieurs Charlatans en menuë Litterature , qui dégoutent et indisposent le Public
malgré les Critiques anonimes et celle de M. G.
malgré les calomnies et les faux rapports des
Maîtres et des Précepteurs prévenus ou passion
nez contre le sistème Typographique , ce seroit,
dis-je , toûjours beaucoup d'avoir autant d'enfans connus , exercez et montrez selon cette nouvelle
maniere d'enseigner les premiers élemens des
Lettres..
6º.Je dis que le préjugé , l'ignorance , la paresse,
L'indifference , l'interêt , l'envie et la mauvaisefoi ,
peuvent arrêter pour quelque temps les progrès du
Bureau Typographique ; et afin que mes Critiques
ne blâment point l'emploi de pareils termes , je.
leur déclare que par le mot préjugé , j'entens le ju- les Maîtres por- gement vague et indéterminé que tent par tradition et sans examen en faveur de la
Méthode vulgaire contre toutes les nouvelles
Méthodes ; les trois quarts des Maîtres , pour le
moins , sont dans ce préjugé et presque tous les
parens. Par le mot ignorance , j'entens la privation des connoissances grammaticales necessaires
pour l'intelligence de la doctrine typographique
ou des sons de la Langue Françoise et de la vraye dénomination des Lettres , pour la prompte et fa
cile sillabisation ; nos Critiques et bien d'autres
sont dans cette ignorance. Par le mot paresse ,
II.. Vel j'entens
1298 MERCURE DE FRANCE
j'entens l'aversion et l'éloignement qu'un Maître
fait souvent paroître quand il s'agit de travailler
avec un enfant; cela regarde le plus grand nombre des Précepteurs. Par indifference , j'entens le
caractere de certains Maîtres mercenaires , plus -
occupez , de pane lucrando , que de puero instiuendo. Par interêt , j'entens le motif de certains
Auteurs qui craignent mal à propos que le systême du Bureau ne nuise à la vente de leurs perites Brochures. Par envie, j'entens les sentimens
jaloux de ceux qui ne voudroient jouir que de
leur propre gloire , et même aux dépens de ce lle
des autres. Par mauvaisefoy, j'entens le caractere et le sentiment de ceux qui persuadez de la
bonté et de l'utilité du systême , cachent ce sentiment et agissent contre la vérité connue, poussez par diverses passions, qu'ils n'oseroient avoüer
devant les hommes, et qu'ils ont la malice d'entretenir devant Dieu. Tous ces injustes motifs de
critique , peuvent se rencontrer dans la même
personne ; on pourroit même les désigner , à lamauvais foy près , dont Dieu seul est le juge.
7°. Je dis que l'ortographe passagere dont on
a fait l'essai et dont on a rendu compte dans la
neuvième Lettre sur le sistême du Bureau , je dis
que cette ortographe passagere d'épfant et des
sons ou de l'oreille , peut avoir éloigné bien des
gens , du systême Typographique , ce que n'auroit peut- être pas fait l'ortographe permanente
d'homme , des yeux et de l'usage. Quoiqu'on cut
facilement prévu que cela pourroit arriver ainsi ,
on a été cependant obligé de suivre son Plan
pour mettre le Lecteur bien intentionné , au fait
des sons de la Langue , et en état de mieux juger
du systême ; et cela au hazard de déplaire aux
Lecteurs prévenus qu'on pourroit un peu comII. Vol. parer
JUIN. 1299 1732.
parer à celui qui aima mieux perdre la valeur d'une Lettre de Change , que d'en faire usage ,
malgré l'ortographe singuliere de cette Lettre ,
ou au malade qui refusa tout soulagement , faute
de parfaite guérison.
9
8. J'ajouterai que la saison de l'hyver , propre à faire Recruë de Soldats, ne l'est guere pour
celle des enfans du Bureau. Le froid en fait differer l'exercice , le Printems en paroît la premiere
saison ; outre cela les objets frivoles qu'on donne ordinairement pour étrennes aux petits enfans
dans le commencement de l'année , les occupent
si fort , qu'il seroit pour lors assez inutile de leur
donner un Bureau. Les parens , les amis , les domestiques, tous à l'envi , présentent à l'enfant
bien des niaiseries, plus nuisibles que profitables.
Une Classe de Bureau pour étrennes amuseroit et
instruiroit l'enfant ; mais les parens en general
aiment mieux se prêter au torrent du préjugé
vulgaire,et ausystême ou au jeu des Marionettes,
dont ils font souvent eux-mêmes leur amusement.
9. Oserois- je dire que le prix d'un Bureau
arrête bien des gens riches , dans l'esprit desquels l'argent tient souvent la place de fils aîné
et quelquefois celle de fils unique , même à la
vue d'une nombreuse famille. Dix Pistoles pour
la suite des quatre Classes du Bureau peuvent pa-- roître une somme non seulement à de riches
Bourgeois , mais encore à certaines personnes qui
ne dépensent guere moins de cent francs par jour
pour leur table et pour leur écurie. C'est aux
parens à s'examiner là- dessus devant Dieu et devant les hommes.
,
10°. Il faut convenir que la disette des Maîtres qui veuillent s'asservir au systême du Buseau , en arrétera toûjours les progrès ; mais
II. Vol.
c'est
1300 MERCURE DE FRANCE
c'est faute d'entendre leur véritable interêt qu'ils
refusent d'apprendre et de pratiquer cette métho
de. Elle les feroit rechercher et préferer aux
Maîtres vulgaires ; enfin elle assureroit aux Maîtres externes un nombre de meilleures Maisons
et donneroit aux Précepteurs le choix des meilleurs Elèves. Je dois ajouter icy qu'un mois de
Leçons tipographiques , mettra facilement une
Gouvernante , un Domestique en état de montrer les premieres Classes du Bureau , en atten- dant que l'on donne à l'enfant un Précepteur, ou
bien un Maître -externe.
Q
11 Pour derniere réponse, je donnerai à mon
tour un argument qu'on pourra opposer à celui
de nos critiques. Le voici : Si les Professeurs , les
Régens , les Préfets , ni les Maîtres ne peuvent
pas détruire les preuves qui font voir les avan
tages du Bureau typographique sur la Méthode
vulgaire ; il faut conclure en faveur du Bureau.
Or est-il que ces MM) n'ont pu jusqu'icy prouver l'infériorité du Bureau , ni la supériorité de
la Méthode vulgaire ; donc en faveur de la verité , et pour le bien de la cause des enfans , on
peut, par provision et hardiment predire que les Maîtres ne viendront jamais à bout de prouver l'excellence de leur Méthode vulgaire, contre
celle du Bureau. On doit donc aussi conclure en
faveur du Bureau , contre les mauvaises critiques, C'est au Public à décider , en attendant le
jugement des Commissaires que l'Université de
Paris, et les Académies pourroient nommer dans
la suite , pour l'examen de ce systême.
Je conclus, après toutes ces réfléxions, que les
parens bien intentionnez et curieux de trouver un
bon Précepteur pour leurs petits enfans , ne sauroient mieux faire que de l'éprouver , par le
1. Vel. moyen
JUIN. 1732. 1301
moïen du Bureau tipographyque ; ce sera la
vraie Pierre de touche , en fait de Pédagogie , er l'on peut assurer , sans témérité, que tout Maître
qui refusera aux parens de suivre la Méthode du
Bureau , pour un enfant de trois à sept et à huit
ans , donnera contre lui des préjugez suffisans
pour le refuser lui- même ; et l'on voit par là
que l'épreuve du Maître par celle du Bureau, sera
toujours d'une grande utilité et d'un grand secours pour les parens capables ou incapables de
faire par eux-mêmes choix d'un bon Maître,
>
Les Précepteurs qui refuseront de suivre le systême du Bureau , aux parens qui le leur propos seront , seront obligez de dire pourquoi ? Or ces
Précepteurs , ou ils connoissent le Bureau , ou ils
ne le connoissent pas ; s'ils ne le connoissent
point , et que sans examen ils refusent d'en
faire usage , ils se rendront suspects de préjugé ,
ou d'ignorance , ou de paresse , ou d'indifference; qualitez suffisantes pour refuser ces Précepteurs , dans la plupart desquels on trouvera ordinairement un esprit vain , superficiel , aigre,
indocile , impatient ; un esprit mercenaire , qui
fuit la peine , qui craint le travail , et sur tout
qui redoute l'examen.
Si les Précepteurs au contraire , en refusant absolument de suivre la Méthode du Bureau tipographyque , disent que c'est par connoissance
de cause ; il est juste de les entendre et de répondie à leurs difficultez; ce sera là un des plus surs moyens pour juger de leur maniere de penser , de
parler , et de raisonner. Qualitez rares mais essentielles pour la bonne et la noble éducation.
Cette opposition , d'ailleurs soutenuë de bonne
foy et avec quelque apparence de fondement, ne
peut que faire honneur à l'adversaire , qui se dé11. Vol. clarera
302 MERCURE DE FRANCE
4
clarera contre le systême du Bureau , sans - renoncer à un plus grand examen de cette Methode , ni au dessein de la suivre ; supposé qu'elle se
trouvât la meilleure, L'Auteur , au reste offre
d'intervenir avec plaisir , dans le differend , lorsque les parens témoigneront le désirer , pour le bien de leurs enfans et de la cause publique.
›
Mais si le Maîrre, simple latiniste, plein de luimême, se trouve un esprit faux , incapable de
justesse dans le raisonnement , un esprit sans méthode , enfin un esprit qui ne voye que par les
yeux du préjugé vulgaire , et qui sans vouloir raisonner, soûtienne obstinément que le systême
du Bureau est frivole ; il sera aisé de s'appercevoir qu'un tel caractere n'est pas le meilleur que
l'on puisse désirer pour élever un enfant , et c'est
un grand avantage que de pouvoir s'en assurer
dès le premier jour , sans s'exposer si souvent
à essayer de nouveaux Précepteurs ; car ce frequent changement de Maître , est ordinairement
un obstacle à l'avancement de l'enfant , et le Bureau préviendra quelquefois cetinconvenient.
Les parens qui aiment à se déterminer par rai.
son plutôt que par coutume, remarqueront bientôt dans le monde que les partisans du Bureau
sont ordinairementou personnes d'ordre ou gens
d'esprit Philosophique , aimant le bien public ;
et qu'au contraire ceux qui se déclarent contre le
Bureau ne sont que de simples latinistes , tres- indifferens sur le bien et le mieux , et la plupart incapables d'analiser les idées et de suivre.
avec honneur , le moindre raisonnement. Or si
la chose est , comme j'ose le dire, et comme chacun peut s'en convaincre lui-même , avec les critiques qu'il trouvera dans son chemin ; n'est-ce
pas un grand avantage pour les dignes parens es
D
JUIN. 1732.
1303
pour le public d'avoir un moyen si simple et si
propre à développer l'intérieur des Maîtres les plus dissimulez , qui se présenteront pour la pre- miere institution de l'enfance.
Je ne prétens pas , au reste , conclure qu'un
Maître qui offre de se soumettre au systême du
Bureau devienne par-là et sur le champ un bon
Précepteur ; mais je veux seulement dire qu'entre deux hommes de Lettres , à peu près d'égale réputation , en fait de Pédagogie, on doit toujours préferer l'esprit doux , docile , bien intentionné,
méthodique, qui se prétera volontiers et sans répugnance à l'exercice du Bureau, et qui en hom- me d'honneur et de bien , par ses discours et par
sa complaisance litteraire,prouvera qu'il ne craint
pas le travail , et qu'il est capable d'affection et d'attachement pour l'enfant dont on veut bien
d'abord lui confier la premiere éducation,
5
On pourra aussi trouver des Maîtres d'ailleurs
tres-capables , qui pleins d'eux- mêmes et de la Méthode vulgaire , diront qu'il est possible que
le Bureau soit bon et utile , mais que leur répu- tation étant faite , ils n'ont pas besoin d'entrer
dans le détail de ce systême, et qu'ils s'en tiennent à leur maniere d'enseigner , sans vouloir
être remis à l'A , Bé, Cé Tipographyque. Or ne
peut-on pas encore dire , sans témérité , que ces Maîtres , quelque habiles qu'ils soient dans le
Grec et dans le Latin ; que ces Maîtres , dis-je ,
en craignant la peine et le travail , donnent parlà contr'eux, des préjugez suffisans pour leur refuser la préférence sur les autres Maîtres ? Car
c'est déja un grand préjugé contre un Précep- teur que de vouloir d'abord canoniser son indifference, sa paresse , et son peu de goût litteraire ,
en refusant de lire une Méthode qui fait quelque
11. Vol. bruit
1304 MERCURE DE FRANCE
bruit dans le monde , et qui , selon l'expression
d'un grand homme, annonce une révolution dans l'éducation des enfans.
Enfin il y a des Maîtres bien intentionnez , qui
feroient volontiers usage du Bureau s'ils en comprenoient le systême , mais ils s'en font d'abord une épouvantail et tâchent adroitement de
détourner les parens qui en voudroient faire l'expérience.
Je n'ai rien à dire contre la prudence de ces
Maîtres , si ce n'est qu'ils apprendroient facilement le systême , dès que sans prévention , et à
l'exemple des autres , ils en voudroient faire l'essai ; les enfans donneront aux Maîtres le temps
necessaire pour cette étude ; comme les Ecoliers
de certains Colleges , donnent aux Regens des
Basses classes, le temps de se rendre capables des
plus hautes. Le Maître apprendra le sistème Ty ,
pographique en le mostrant à l'enfant , après
avoir un peu raisonné et conferé avec quelque
Maître de Typographie , et après avoir vú travailler quelque Enfant sur la Table de son Bureau. Ce sera toujours un grand préjugé contre
un Précepteur s'il trouve pénible et difficile un
petit exercice d'enfant. Un Maître qui craint ce
petit travail , fait voir sans y prendre garde, qu'il
est occupé à chercher du pain , plutôt qu'à le
gagner.
On trouvera au surplus facilement de bons
Maîtres quand les parens connoîtront le prix de l'éducation , qu'ils ne regarderont pas un Precep
teur comme un simple domestique , indigne de manger à leur table , à propos de quoi il n'est
pas mal de rapporter ici ce que le Maréchal
de Villeroy dit autrefois à l'occasion d'un Prési- dent à Mortier, dont le fils ne mangeoit pomt
II. Vol. avec
JUIN 1732. 1305
avec son Précepteur : Je ne voudrois point , dit le
Maréchal , donner à mon fils un homme que je ne
croirois pas digne de manger à matable. Il est visible qu'un Maître , Précepteur , ou Gouverneur
qui ne mangera pas avec son Eleve , ei sera
bientôt méprisé. Enfin les parens trouveront un
bon Précepteur quand ils seront dans le dessein
de le dédommager du sacrifice qu'il aura fait de
sa liberté , de son tems , et de la meilleure partie de ses années.
D'où vient qu'on est si libéral à l'égard d'un
Cuisinier, envers un Maître de Musique et d'Ins- trument, à l'égard d'un Maître à Danser , même
avec un dresseur de Chiens , et qu'on leur donne
volontiers pour un seul mois la somme qu'on
marchande quelquefois pour six mois de simple
pédagogic
Doit- on être surpris après cela si les bons Précepteurs sont rares, et si l'on voit manquer tant
d'éducations. Je l'ai dit bien des fois , c'est souvent la faute des parens , des domestiques et des
Maîtres , plutôt que celle des enfans. Et c'est sur
cette matiere qu'on pourroit donner bien des gemissemens. Trop de gens pensent sur cet article commeM. G. Ce Regent suppose que le moindre
secours du plus petit Maître d'Ecole d'un Maître
d'unmédiocre sçavoir et d'une médiocre exaatitude;
que ce moindre secours suffit pour montrer
lire aux petits enfans.
כי Voici ce qu'on lit là- dessus , dans la Réponse,
du M. Perquis à un critique anonime. Jem'é3 tonne, M. que citant quelquefoisQuintilien quand
→ vous croyez qu'il vous estfavorable , vous n'ayez
» pas remarqué qu'il condamne ceux qui ne pren- nent d'abord que de petits Maîtres pour don-
"ner,disent-ils, les principes des sciences , au lieu
II.Vel C » de
1396 MERCURE DE FRANCE
3
9
??
de choisir les plus habiles , et d'imiter Philippe,
qui ne voulut pas permettre qu'un autre qu'Aristote montrat à lire à Alexandre , parce qu'il
étoit persuadé que la perfection dépendoit deces
» commencemens.Ne faut- il pas parler et raison-
» ner avec un petit enfant ? Or, pour me servir
de l'expression de M. le Févre , si le Maitre est
≫ unâne , que voulez-vous qu'un âne fasse , sinon
» un âne comme lui.S.Jérôme a fair la même remarque ,il pensoit autrement que vous , et le
moindre Lecteur s'appercevra que Philippe ,
Quintilien et S. Jérôme se seroient accommo
dez du Bureau Typographique , plutôt que de
so, voire A, Bé , Cé Vulgaire , et de votre Maitre
d'un médiocre sçavoir et d'une médiocre exactitude , ou enfin du moindre secours du plus petit- Maître d'Ecole.
"
33
Je repeterai encore ici que si on ne goute point
la Méthode du Bureau Typographique , je m'en
étonne , et que si on la goute , je m'en étonne de
même.
Fermer
Résumé : QUATORZIÈME LETTRE sur le Systeme du Bureau Typographique et sur le choix d'un Précepteur, pour la premiere éducation d'un Enfant.
La quatorzième lettre aborde le système du Bureau Typographique et le choix d'un précepteur pour l'éducation des jeunes enfants. L'auteur répond à une objection selon laquelle, si ce système était aussi utile que prétendu, plus de parents et de maîtres l'adopteraient. Il explique que les maîtres s'opposent souvent aux nouvelles méthodes par ignorance ou prévention. La bonté d'un système ne dépend pas seulement de sa qualité intrinsèque, mais aussi de la persuasion des gens quant à cette bonté. L'auteur mentionne que peu de journaux ont parlé du Bureau Typographique, car les lettres insérées dans les Mercures n'ont pas été largement diffusées. De plus, beaucoup de lecteurs ne lisent pas les journaux ou passent les sujets qu'ils ne comprennent pas. Ceux qui ont vu le Bureau en ont reconnu l'utilité, y compris les critiques. Cependant, des facteurs comme le préjugé, l'ignorance, la paresse, l'indifférence, l'intérêt, l'envie et la mauvaise foi peuvent freiner les progrès du système. L'auteur ajoute que l'orthographe passagère utilisée dans les lettres pourrait avoir éloigné certains lecteurs. Il note également que la saison hivernale n'est pas propice à l'enseignement avec le Bureau Typographique, et que le prix de ce dernier peut dissuader certains parents. La disette de maîtres formés à ce système en freine également l'adoption. Le texte distingue deux types de précepteurs : ceux qui refusent la méthode par connaissance de cause et ceux qui la rejettent par orgueil ou paresse. Les premiers méritent d'être entendus et peuvent contribuer à un débat constructif. Les seconds sont décrits comme des latinistes simples, incapables de raisonnement juste et méthodique, et leur caractère est jugé inapproprié pour l'éducation des enfants. Les parents sont encouragés à observer les partisans du Bureau, souvent des personnes d'ordre ou des philosophes, et à éviter ceux qui s'y opposent par indifférence ou incapacité. Il est souligné l'importance de choisir des précepteurs dociles, méthodiques et bien intentionnés, capables de s'adapter à la méthode du Bureau. Les maîtres réticents à adopter la méthode sont invités à l'étudier pour le bien des enfants. Le texte critique la sous-estimation des précepteurs par les parents, comparée à la générosité accordée à d'autres professionnels comme les cuisiniers ou les maîtres de danse. Enfin, il rappelle l'importance de choisir des précepteurs compétents dès le début de l'éducation, citant des autorités comme Quintilien, Philippe et Jérôme, qui prônaient l'excellence dès les premiers apprentissages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
45
p. 2209-2210
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris, Capucin, Conseiller des Missions de Grece, et Préfet du College des Enfans de Langues, sur diverses Traductions.
Début :
Nous avons vû ici, Monsieur, avec plaisir et reconnoissance l'annonce [...]
Mots clefs :
Collège des enfants de langues, Traductions, Langues orientales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris, Capucin, Conseiller des Missions de Grece, et Préfet du College des Enfans de Langues, sur diverses Traductions.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris ;
Capucin , Conseiller des Missions de
Grece , et Préfet du College des Enfans
de Langues , sur diverses Traductions.
N
pl
vâ Ous avons vu ici , Monsieur , avec
plaisir et reconnoissance l'anonce
faite dans l'un des Mercures de l'année
1731. de la Traduction Françoise de deux
Ouvrages Orientaux ; fruits de l'applica
tion des jeunes gens de notre Nation, qui
étudient les Langues dans le College dont
nous avons la direction. Depuis ce temslà , la même Jeunesse a donné plusieurs
autres Traductions d'Ouvrages estimez
lesquelles ont été envoyées en France à
Monseigneur le Comte de Maurepas , et
dont nous vous prions de vouloir bien.
publier la liste ci-jointe. Il est bon que le
Public n'ignore pas ce que nous faisons
dans ce pays éloigné sous la puissante protection du Roi , et pour le bien du servi
ce de S. M. l'institution de ce College
n'ayant point d'autre but que celui- là.
J'ai envoyé en même tems que ces
Traductions tous les Mémoires que j'ai
crû nécessaires pour l'éclaircissement du
Projet de mon Dictionnaire en sept Langues
420 MERCURE DE FRANCE
gues , dont M. l'Ambassadeur a bien vouJu depuis proposer l'impression. Sice Pro
jet réussit , comme je commence de l'esperer , son éxécution procurera un grand
avantage à tous ceux qui s'appliquent à
l'étude des Langues Orientales. L'Allemagne a la gloire d'en avoir donné un
qui commence par le Turc , mais on a
toujours souhaité depuis qu'on en produisit un autre qui commençât par le
François. Celui que j'ai anoncé et dont
vous avez publié l'essai dans votre Jour
nal , imprimé dans la nouvelle Imprimerie de cette Ville , aura tous les avantages qu'on peut souhaiter , et sera utile à
notre Nation et à la Litterature en gé néral.
Capucin , Conseiller des Missions de
Grece , et Préfet du College des Enfans
de Langues , sur diverses Traductions.
N
pl
vâ Ous avons vu ici , Monsieur , avec
plaisir et reconnoissance l'anonce
faite dans l'un des Mercures de l'année
1731. de la Traduction Françoise de deux
Ouvrages Orientaux ; fruits de l'applica
tion des jeunes gens de notre Nation, qui
étudient les Langues dans le College dont
nous avons la direction. Depuis ce temslà , la même Jeunesse a donné plusieurs
autres Traductions d'Ouvrages estimez
lesquelles ont été envoyées en France à
Monseigneur le Comte de Maurepas , et
dont nous vous prions de vouloir bien.
publier la liste ci-jointe. Il est bon que le
Public n'ignore pas ce que nous faisons
dans ce pays éloigné sous la puissante protection du Roi , et pour le bien du servi
ce de S. M. l'institution de ce College
n'ayant point d'autre but que celui- là.
J'ai envoyé en même tems que ces
Traductions tous les Mémoires que j'ai
crû nécessaires pour l'éclaircissement du
Projet de mon Dictionnaire en sept Langues
420 MERCURE DE FRANCE
gues , dont M. l'Ambassadeur a bien vouJu depuis proposer l'impression. Sice Pro
jet réussit , comme je commence de l'esperer , son éxécution procurera un grand
avantage à tous ceux qui s'appliquent à
l'étude des Langues Orientales. L'Allemagne a la gloire d'en avoir donné un
qui commence par le Turc , mais on a
toujours souhaité depuis qu'on en produisit un autre qui commençât par le
François. Celui que j'ai anoncé et dont
vous avez publié l'essai dans votre Jour
nal , imprimé dans la nouvelle Imprimerie de cette Ville , aura tous les avantages qu'on peut souhaiter , et sera utile à
notre Nation et à la Litterature en gé néral.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris, Capucin, Conseiller des Missions de Grece, et Préfet du College des Enfans de Langues, sur diverses Traductions.
Le Père Romain de Paris, capucin et conseiller des Missions de Grèce, écrit depuis Constantinople pour signaler la traduction française de deux ouvrages orientaux réalisée par des étudiants du Collège des Enfants de Langues. Depuis 1731, ces étudiants ont traduit plusieurs ouvrages estimés, envoyés en France à Monseigneur le Comte de Maurepas. Le Père Romain souhaite informer le public des activités du Collège, qui vise à servir le roi et à promouvoir l'étude des langues orientales. Il a également envoyé des mémoires détaillant son projet de dictionnaire en sept langues, soutenu par l'ambassadeur. Ce dictionnaire, commençant par le français, offrira des avantages pour l'étude des langues orientales, contrairement à celui existant en Allemagne qui commence par le turc. Un essai du projet a déjà été publié, et celui-ci sera bénéfique pour la nation et la littérature en général.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
46
p. 2210-2213
TRADUCTIONS faites dans le College des Enfans, ou Jeunes de Langues de France, par les soins et sous la direction du R. P. -Romain de Paris, jusqu'au mois de Décembre 1731.
Début :
Le Pendattar, ou Instructions et Conseils à un Prince pour bien se gouverner [...]
Mots clefs :
Traductions, Collège des enfants, Jeunes de langues, Ouvrages, Langue turque, Grammaire Turque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRADUCTIONS faites dans le College des Enfans, ou Jeunes de Langues de France, par les soins et sous la direction du R. P. -Romain de Paris, jusqu'au mois de Décembre 1731.
TRADUCTIONS faites dans le College
des Enfans , ou Jeunes de Langues de
France , par les soins et sous la direction
du R. P. Romain de Paris , jusqu'au mois
de Décembre 1731.
L
E Pendattar , ou Instructions et Conseils à un Prince pour se bien gou
verner dans l'administration de ses Etats,
avec des Remarques et des Notes curieuses pour une plus facile intelligence de
cette Traduction , faite par le sieur Șiel1
ve ,
OCTOBRE. 1732. 2211
ve , à présent Interprete du Roi à Alep.
Instruction d'un Pere à ses enfans , traduite par le sieur de Latine , Interprete
au Caire.
Histoire du dernier Siége de Vienne ,
par Kara Mustafa , Gr. Vizir , traduit par
le même.
Avanture extraordinaire , arrivée à Scutary , à un certain Yaya Tcheleby, Corroyeur de Constantinople , traduite
te sieur Legrand.
par
Histoire du Siége de Canize en Hongrie,
par les Allemands , traduite par le sieur
de Fiennes , Pensionnaire au College des
Jeunes de Langues , et fils de M. de Fiennes , Interprete du Roi à la Cour.
Histoire d'Achraseb , Roi de Scythie ',
traduite par M. Imbault.
Conte Turc, intitulé Temim Davi , traduit par le sieur Galland.
Conquêtes des Turcs dans la Mer blanche , depuis l'établissement de leur Monarchie jusqu'à Khaireddin Pacha
Barberousse , Ouvrage traduit
*Roques.
ou
par le sieur
le
Histoire extraordinaire de Selim de
Vasite , Ville de Chaldée , traduite par
sieur Berault.
Histoire des dernieres Révolutions de
Perse , imprimées en Turc à Constantinople,
211 MERCURE DE FRANCE
ple , traduite par le sieur Choquet.
Tous ces Ouvrages sont écrits en Langue Turque , et les Traducteurs sont actuellement , ou ont été du College des
Enfans François , ou Jeunes de Langues,
établi à Constantinople aux dépens et
sous la protection du Roi.
*
L'occasion et la confirmité du sujet nous
engageroient de dire ici quelque chose
de la Grammaire Turque , &c. imprimée à
Constantinople , vol. in 4. 1730. de 194.
pages , dont nous avons reçû presqu'en
même- tems un Exemplaire ; si Mrs les
Auteurs du Journal des Sçavans n'avoient déja rendu de cet Ouvrage un
compte très- éxact dans le mois de Mai
dernier , l'article est curieux , et mérite
d'être lû. Nous nous contenterons de
nommer l'Auteur principal de cette Grammaire ; sçavoir , le R. P. Olderman , Jésuite Allemand, lequel a eu pour Adjoint
Ibrahim Effendi, Hongrois , Directeur de
la nouvelle Imprimerie. Nous nous sommes apperçus dans la sixième partie de
cette Grammaire , contenant un Recueil
des Noms et des Verbes , &c. de la sterilité de la Langue Turque , et des emprunts qu'elle a faits dans les Langues des
Peuples voisins ; mais cette sterilité a
quelquefois donné lieu à des expressions
heu
OCTOBRE. 1732. 221
heureuses , et qui supposent , contre la
croyance ordinaire , que les Turcs n'ignorent pas l'Histoire fabuleuse des Grecs
et des Romains : faute , par exemple , de
terme pour exprimer le Laurier, ils l'ap
pellent Daphne Aghadgi , &c,
des Enfans , ou Jeunes de Langues de
France , par les soins et sous la direction
du R. P. Romain de Paris , jusqu'au mois
de Décembre 1731.
L
E Pendattar , ou Instructions et Conseils à un Prince pour se bien gou
verner dans l'administration de ses Etats,
avec des Remarques et des Notes curieuses pour une plus facile intelligence de
cette Traduction , faite par le sieur Șiel1
ve ,
OCTOBRE. 1732. 2211
ve , à présent Interprete du Roi à Alep.
Instruction d'un Pere à ses enfans , traduite par le sieur de Latine , Interprete
au Caire.
Histoire du dernier Siége de Vienne ,
par Kara Mustafa , Gr. Vizir , traduit par
le même.
Avanture extraordinaire , arrivée à Scutary , à un certain Yaya Tcheleby, Corroyeur de Constantinople , traduite
te sieur Legrand.
par
Histoire du Siége de Canize en Hongrie,
par les Allemands , traduite par le sieur
de Fiennes , Pensionnaire au College des
Jeunes de Langues , et fils de M. de Fiennes , Interprete du Roi à la Cour.
Histoire d'Achraseb , Roi de Scythie ',
traduite par M. Imbault.
Conte Turc, intitulé Temim Davi , traduit par le sieur Galland.
Conquêtes des Turcs dans la Mer blanche , depuis l'établissement de leur Monarchie jusqu'à Khaireddin Pacha
Barberousse , Ouvrage traduit
*Roques.
ou
par le sieur
le
Histoire extraordinaire de Selim de
Vasite , Ville de Chaldée , traduite par
sieur Berault.
Histoire des dernieres Révolutions de
Perse , imprimées en Turc à Constantinople,
211 MERCURE DE FRANCE
ple , traduite par le sieur Choquet.
Tous ces Ouvrages sont écrits en Langue Turque , et les Traducteurs sont actuellement , ou ont été du College des
Enfans François , ou Jeunes de Langues,
établi à Constantinople aux dépens et
sous la protection du Roi.
*
L'occasion et la confirmité du sujet nous
engageroient de dire ici quelque chose
de la Grammaire Turque , &c. imprimée à
Constantinople , vol. in 4. 1730. de 194.
pages , dont nous avons reçû presqu'en
même- tems un Exemplaire ; si Mrs les
Auteurs du Journal des Sçavans n'avoient déja rendu de cet Ouvrage un
compte très- éxact dans le mois de Mai
dernier , l'article est curieux , et mérite
d'être lû. Nous nous contenterons de
nommer l'Auteur principal de cette Grammaire ; sçavoir , le R. P. Olderman , Jésuite Allemand, lequel a eu pour Adjoint
Ibrahim Effendi, Hongrois , Directeur de
la nouvelle Imprimerie. Nous nous sommes apperçus dans la sixième partie de
cette Grammaire , contenant un Recueil
des Noms et des Verbes , &c. de la sterilité de la Langue Turque , et des emprunts qu'elle a faits dans les Langues des
Peuples voisins ; mais cette sterilité a
quelquefois donné lieu à des expressions
heu
OCTOBRE. 1732. 221
heureuses , et qui supposent , contre la
croyance ordinaire , que les Turcs n'ignorent pas l'Histoire fabuleuse des Grecs
et des Romains : faute , par exemple , de
terme pour exprimer le Laurier, ils l'ap
pellent Daphne Aghadgi , &c,
Fermer
Résumé : TRADUCTIONS faites dans le College des Enfans, ou Jeunes de Langues de France, par les soins et sous la direction du R. P. -Romain de Paris, jusqu'au mois de Décembre 1731.
Le Collège des Enfants ou Jeunes de Langues de France, dirigé par le Père Romain de Paris, a réalisé plusieurs traductions d'ouvrages en langue turque jusqu'en décembre 1731. Parmi ces traductions figurent 'Le Pendattar', 'Instruction d'un Père à ses enfants', 'Histoire du dernier Siège de Vienne', ainsi que divers récits historiques et contes. Les traducteurs étaient des interprètes du Roi ou des pensionnaires du Collège, établis à Constantinople sous la protection du Roi. Le texte mentionne également une Grammaire Turque imprimée à Constantinople en 1730, dont l'auteur principal est le Père Olderman, jésuite allemand, assisté par Ibrahim Effendi, Hongrois. Cette grammaire a été commentée dans le Journal des Sçavans. Le texte note la stérilité de la langue turque et ses emprunts aux langues voisines, tout en soulignant certaines expressions qui montrent une connaissance des histoires fabuleuses grecques et romaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
47
p. 743
« LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, ou les premiers Elemens des Lettres, contenant [...] »
Début :
LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, ou les premiers Elemens des Lettres, contenant [...]
Mots clefs :
Enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS, ou les premiers Elemens des Lettres, contenant [...] »
LA BIBLIOTHEQUE DES ENFANS , ou les
premiers Elemens des Lettres , contenant
le Systême du Bureau Typographique , à
l'usage de Monseigneur le Dauphin , et
de Messeigneurs les Enfans de France . A
Paris , rue de la Harpe , chez P. Simon , ruë
1732. in 4. de 110 pag.
premiers Elemens des Lettres , contenant
le Systême du Bureau Typographique , à
l'usage de Monseigneur le Dauphin , et
de Messeigneurs les Enfans de France . A
Paris , rue de la Harpe , chez P. Simon , ruë
1732. in 4. de 110 pag.
Fermer
48
p. 1093-1097
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris, Capucin, Conseiller des Missions de Grece, et Préfet du College des Enfans de Langues, sur diverses Traductions d'Ouvrages choisis, &c.
Début :
Je continue, Monsieur, de vous faire part des fruits de l'application des [...]
Mots clefs :
Empire, Selim Khan, Effendi, Collège, Traductions, Règne, Sultan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris, Capucin, Conseiller des Missions de Grece, et Préfet du College des Enfans de Langues, sur diverses Traductions d'Ouvrages choisis, &c.
EXTRA IT d'une Lettre écrite de Constantinople
par le R. P. Romain de Paris,
Capucin , Conseiller des Missions de
Grece , et Préfet du College des Enfans
de Langues sur diverses Traductions
d'Ouvrages choisis , &c.
J
,
E continue , Monsieur , de vous faire
part des fruits de l'application des
jeunes Gens de notre Nation , qui étudient
les Langues Orientales par l'ordre ,
et pour le service du Roi , dans le College
dont nous avons la direction . Je
vous envoye avec cette Lettre l'Etat des
Traductions , qui ont été faites dans ce
College par mes soins , pendant le cours
de l'année 1732. conforme à celui que
nous envoyons à la Cour. Vous seriez
charmé , Monsieur , de voir avec quelle
ardeur et quelle assiduité cette Jeunesse
travaille pour se rendre digne de remplir
avec honneur les Emplois ausquels elle
1. Vol. cij est.
1094 MERCURE DE FRANC
est destinée , et pour mériter la prote
tion et les graces de Sa Majesté. J'espe
que vous serez content du choix des S
jets sur lesquels j'ai éxercé nos Tradi
teurs , et que vous conviendrez en n
me tems que c'est un profit pour la Lit
rature en general d'enrichir notre L
gue , de tout ce qui est le plus esti
dans celle des Turcs , et des autres Ori
taux .
La conformité du Sujet m'engag
vous dire ici un mot du Chaïdy , espe
de Dictionnaire Turc et Persan que
fait traduire d'une maniere , et avec
tel ordre , qu'il facilitera extrêmem
P'intelligence de ces deux Langues
levant toutes les difficultez et l'embai
où se trouvoient ceux qui s'appliquer
cette Etude , ce qui mettra en très- ]
de tems et sans peine un homme en
d'entendre les Auteurs les plus difficil
de sorte , Monsieur , que les Traducti
qui avant que ce Chaidy fut tradui
mis dans l'ordre qu'il est aujourd'h
étoient d'un travail qui rebutoit les
patiens , se font aujourd'hui avec be
coup moins de peine , et plus fidelem
On ne sçauroit trop faire connoître 1
portance de cet Ouvrage. Je revie
nos Traductions .
1. Vol,
JUIN. 1733. 1095
ETAT des Traductions faites dans le
Gollege des Enfans , ou Jeunes de Langues
de France , par les soins , et sous la direc
tion du R. P. Romain de Paris , durant le
cours de l'année 1732 .
L'Ambassade de Durri - Effendi , Doc
teur de la Loi Mahometane , en Perse ,
sous le Régne de Sultan - Achmet , par le
sieur le Grand.
Relation du nouveau Monde imprimée
à Constantinople , composée en Turc
par Ibrahim Effendi , Directeur de la nouvelle
Imprimerie , traduite par le sieur
de Fiennes , Pensionnaire au College des
Jeunes de Langues , et fils de M. de
Fiennes , Interpréte du Roi à la Cour .
Relation de différentes Expéditions des
Turcs dans le Royaume de Candie , imprimée
à Constantinople , par le même
İbrahim Effendi , traduite par le sieur
Galland.
Histoire de Rustem , fils de Zal , Roy
des Parthes , et de Isfendiar , fils de
Kuschtasel , Roi de Scythie , par le sieur
Rocques.
Histoire du Régne de Kuschtasel , Roi
de Scythie , par le sieur R. Imbault...
Histoire de Sultan Selim Khan , Pre-
* C'est le neuviéme Sultan de la Dynassie des
L. Vol. C iij Ot1096
MERCURE DE FRANCE
mier du nom , fils de Sultan Bajazeth-
Khan , second du nom , jusqu'à son Avenement
à l'Empire , par le sieur Choquet.
Histoire de Sultan Selim - Khan , second
du nom , fils du grand Solyman , par le
sieur Berault.
Les Racines de la Sagesse , ou les Régles
pour bien gouverner un Etat , traduites
de l'Arabe en Turc, par un Effendi
, et du Turc en François , par le sieur
Choquet.
2
et
Recueil de plusieurs Faits mémorables
arrivez sous l'Empire de Sultan Solyman-
Khan , second du nom , sa mort
*
les différentes fondations qu'il a faites.
en plusieurs Lieux de sa Domination , par
le sieur Galland .
Histoire de Diameseb , fils du Prophete
Daniel , par le sieur de Fiennes.
Histoire de l'Origine des Empereurs
Ottomans , par le sieur Rocques.
Ottomans , lesquels ont accoutumé d'ajoûter à
leur nom le titre de Khan , originairement Turc ,
et abregé Khacan , qui signifie Roi , Prince Souverain
, &c.
* C'est le même que le Grand Soliman , que
quelques Historiens marquent 1. du nom, en omettant
Soliman , fils de Bajazeth I. qu'ils prétendent
n'avoir pas régné , ¿c.
I. Vol.
Les
JUIN. 1733- 1097
5
LES CANONS de l'Empire Ottoman
ou Réglement general pour le Gouver
nement , tant en guerre qu'en paix , avec
les Canons des Dignitez , Charges et
Emplois de l'Etat , enrichis de Notes
curieuses pour l'intelligence des Canons
particuliers , qui regardent les Charges
er les Dignitez , &c. par le sieur le
Grand .
Histoire du Régné de Sultan Amurath
Khan , troisiéme du nom , fils de Sultan
Selim - Khan second , par le sieur Guintrand
.
Abregé de ce qui s'est passé de plus mé--
morable sous l'Empire de Sultan Mahomet-
Khan , second du nom , fils de Sul--
tan Amurath- Khan second , par le sieur
Brüe .
Histoire de Sultan Bajazeth second , par
le sieur Roboly.
par le R. P. Romain de Paris,
Capucin , Conseiller des Missions de
Grece , et Préfet du College des Enfans
de Langues sur diverses Traductions
d'Ouvrages choisis , &c.
J
,
E continue , Monsieur , de vous faire
part des fruits de l'application des
jeunes Gens de notre Nation , qui étudient
les Langues Orientales par l'ordre ,
et pour le service du Roi , dans le College
dont nous avons la direction . Je
vous envoye avec cette Lettre l'Etat des
Traductions , qui ont été faites dans ce
College par mes soins , pendant le cours
de l'année 1732. conforme à celui que
nous envoyons à la Cour. Vous seriez
charmé , Monsieur , de voir avec quelle
ardeur et quelle assiduité cette Jeunesse
travaille pour se rendre digne de remplir
avec honneur les Emplois ausquels elle
1. Vol. cij est.
1094 MERCURE DE FRANC
est destinée , et pour mériter la prote
tion et les graces de Sa Majesté. J'espe
que vous serez content du choix des S
jets sur lesquels j'ai éxercé nos Tradi
teurs , et que vous conviendrez en n
me tems que c'est un profit pour la Lit
rature en general d'enrichir notre L
gue , de tout ce qui est le plus esti
dans celle des Turcs , et des autres Ori
taux .
La conformité du Sujet m'engag
vous dire ici un mot du Chaïdy , espe
de Dictionnaire Turc et Persan que
fait traduire d'une maniere , et avec
tel ordre , qu'il facilitera extrêmem
P'intelligence de ces deux Langues
levant toutes les difficultez et l'embai
où se trouvoient ceux qui s'appliquer
cette Etude , ce qui mettra en très- ]
de tems et sans peine un homme en
d'entendre les Auteurs les plus difficil
de sorte , Monsieur , que les Traducti
qui avant que ce Chaidy fut tradui
mis dans l'ordre qu'il est aujourd'h
étoient d'un travail qui rebutoit les
patiens , se font aujourd'hui avec be
coup moins de peine , et plus fidelem
On ne sçauroit trop faire connoître 1
portance de cet Ouvrage. Je revie
nos Traductions .
1. Vol,
JUIN. 1733. 1095
ETAT des Traductions faites dans le
Gollege des Enfans , ou Jeunes de Langues
de France , par les soins , et sous la direc
tion du R. P. Romain de Paris , durant le
cours de l'année 1732 .
L'Ambassade de Durri - Effendi , Doc
teur de la Loi Mahometane , en Perse ,
sous le Régne de Sultan - Achmet , par le
sieur le Grand.
Relation du nouveau Monde imprimée
à Constantinople , composée en Turc
par Ibrahim Effendi , Directeur de la nouvelle
Imprimerie , traduite par le sieur
de Fiennes , Pensionnaire au College des
Jeunes de Langues , et fils de M. de
Fiennes , Interpréte du Roi à la Cour .
Relation de différentes Expéditions des
Turcs dans le Royaume de Candie , imprimée
à Constantinople , par le même
İbrahim Effendi , traduite par le sieur
Galland.
Histoire de Rustem , fils de Zal , Roy
des Parthes , et de Isfendiar , fils de
Kuschtasel , Roi de Scythie , par le sieur
Rocques.
Histoire du Régne de Kuschtasel , Roi
de Scythie , par le sieur R. Imbault...
Histoire de Sultan Selim Khan , Pre-
* C'est le neuviéme Sultan de la Dynassie des
L. Vol. C iij Ot1096
MERCURE DE FRANCE
mier du nom , fils de Sultan Bajazeth-
Khan , second du nom , jusqu'à son Avenement
à l'Empire , par le sieur Choquet.
Histoire de Sultan Selim - Khan , second
du nom , fils du grand Solyman , par le
sieur Berault.
Les Racines de la Sagesse , ou les Régles
pour bien gouverner un Etat , traduites
de l'Arabe en Turc, par un Effendi
, et du Turc en François , par le sieur
Choquet.
2
et
Recueil de plusieurs Faits mémorables
arrivez sous l'Empire de Sultan Solyman-
Khan , second du nom , sa mort
*
les différentes fondations qu'il a faites.
en plusieurs Lieux de sa Domination , par
le sieur Galland .
Histoire de Diameseb , fils du Prophete
Daniel , par le sieur de Fiennes.
Histoire de l'Origine des Empereurs
Ottomans , par le sieur Rocques.
Ottomans , lesquels ont accoutumé d'ajoûter à
leur nom le titre de Khan , originairement Turc ,
et abregé Khacan , qui signifie Roi , Prince Souverain
, &c.
* C'est le même que le Grand Soliman , que
quelques Historiens marquent 1. du nom, en omettant
Soliman , fils de Bajazeth I. qu'ils prétendent
n'avoir pas régné , ¿c.
I. Vol.
Les
JUIN. 1733- 1097
5
LES CANONS de l'Empire Ottoman
ou Réglement general pour le Gouver
nement , tant en guerre qu'en paix , avec
les Canons des Dignitez , Charges et
Emplois de l'Etat , enrichis de Notes
curieuses pour l'intelligence des Canons
particuliers , qui regardent les Charges
er les Dignitez , &c. par le sieur le
Grand .
Histoire du Régné de Sultan Amurath
Khan , troisiéme du nom , fils de Sultan
Selim - Khan second , par le sieur Guintrand
.
Abregé de ce qui s'est passé de plus mé--
morable sous l'Empire de Sultan Mahomet-
Khan , second du nom , fils de Sul--
tan Amurath- Khan second , par le sieur
Brüe .
Histoire de Sultan Bajazeth second , par
le sieur Roboly.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople par le R. P. Romain de Paris, Capucin, Conseiller des Missions de Grece, et Préfet du College des Enfans de Langues, sur diverses Traductions d'Ouvrages choisis, &c.
Le document est une lettre rédigée par le R. P. Romain de Paris, un capucin et conseiller des Missions de Grèce, préfet du Collège des Enfants de Langues. Cette lettre date de l'année 1732 et informe des traductions réalisées par les jeunes étudiants du Collège des Enfants de Langues de France. Ces traductions sont destinées au service du Roi et visent à enrichir la littérature française en intégrant des œuvres turques et orientales. Le Père Romain met en avant l'ardeur et l'assiduité des étudiants, qui travaillent pour mériter la protection et les grâces du Roi. Il souligne également l'importance d'un dictionnaire turc et persan, le Chaïdy, qui facilite l'étude de ces langues et rend les traductions plus accessibles et fidèles. La lettre énumère plusieurs traductions effectuées, incluant des œuvres historiques et politiques. Parmi celles-ci, on trouve des relations d'ambassades, des récits d'expéditions militaires, des histoires de souverains ottomans, et des réglements de l'Empire ottoman. Les traducteurs mentionnés incluent le sieur de Fiennes, le sieur Galland, le sieur Rocques, et le sieur Choquet, entre autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 1229-1231
« Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...] »
Début :
Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...]
Mots clefs :
Dauphin, Collège d'Harcourt, Prince, Écoliers, Congé, Dîner, Collège Louis le Grand
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...] »
Le Lundy 15 Juin , jour de grande Fête
dans l'Université , à cause du Lendi, dont
on peut voir l'origine dans son Histoire
et ailleurs , auquel tous les Ecoliers ont
un Congé extraordinaire , et vont ordinairement
se promener aux environs de
Paris , un nombre d'élite des plus jeunes
de ceux du College d'Harcourt , choisirent
le Château de Meudon , pour avoir
l'honneur de voir Monseigneur le Dau
phin , et de faire leur Cour. Ce Prince
les reçut avec beaucoup de graces et de
bonté; et leur ayant donné sa main à
baiser , leur fit plusieurs questions sur
leurs noms , leurs études , leurs divertis
1. Vol. semcas
1130 MERCURE DE FRANCE
semens, &c. il les écouta avec une attention
et un discernement au dessus de son
âge. Il voulut sur tout être informé du
sujet de leur voyage , de la Fête qui y
donnoit lieu , et qui dispensoit les Ecoliers
de travailler ce jour - là , ajoûtant
agréablement , qu'il chomeroit aussi cette
Fête et qu'il ne travailleroit pas non
plus dans la journée. Le Prince attentif à
tout , trouva qu'un de ces Mrs ne portoit
pas bien son Epée , et qu'il falloit l'élever
davantage à son côté ; ce qui donna occasion
à l'Ecolier de répondre que s'il ne
portoit pas bien l'Epée , il sçauroit bien
s'en servir un jour pour le service du
Roy. Tout cela se passa dans la Promenade
que fit M. le Dauphin dans le Parc
un peu après son lever. La promenade
finie , le Prince ordonna que les mêmes
Ecoliers d'Harcourt se trouvassent à son
diner , ce qui fut exécuté , et cela donna
lieu à de nouvelles marques de bonté et
à d'autres questions ingénieuses.
Après le dîner , les Ecoliers , tant du
College d'Harcourt que de quelques autres
Colleges qui s'y trouverent , propo-.
serent , sous le bon plaisir de MONSEIGNEUR
, une Partie de Ballon , qui fut
parfaitement bien jouée , et qui divertit
beaucoup le Prince. Pour marque de son
1. Vol. conJUIN.
1733
1231
contentement de tout ce qui s'étoit passé
, il leur accorda quatre jours de congé
; surquoi il y eut des Billets expédiez ,
signez de Madame la Duchesse de Ventadour
; et dans cette expédition le Marquis
Doria , Ecolier , Pensionnaire d'Harcourt
, fut particulierement distingué.
Douze Ecoliers choisis , du College de
LOUIS LE GRAND , vinrent aussi , après le
dîner , faire leur cour à M. le Dauphin ,
qui les reçut avec les mêmes bontez.
M. Gérard , Ecolier de cinquième , porta
la parole et fit , avec grace , un petit
Discours , qui fut écouté avec plaisir. Le
Prince leur donna aussi sa main à baiser, et
voulut qu'ils participassent à la mêmẹ
faveur des jours de congé.
dans l'Université , à cause du Lendi, dont
on peut voir l'origine dans son Histoire
et ailleurs , auquel tous les Ecoliers ont
un Congé extraordinaire , et vont ordinairement
se promener aux environs de
Paris , un nombre d'élite des plus jeunes
de ceux du College d'Harcourt , choisirent
le Château de Meudon , pour avoir
l'honneur de voir Monseigneur le Dau
phin , et de faire leur Cour. Ce Prince
les reçut avec beaucoup de graces et de
bonté; et leur ayant donné sa main à
baiser , leur fit plusieurs questions sur
leurs noms , leurs études , leurs divertis
1. Vol. semcas
1130 MERCURE DE FRANCE
semens, &c. il les écouta avec une attention
et un discernement au dessus de son
âge. Il voulut sur tout être informé du
sujet de leur voyage , de la Fête qui y
donnoit lieu , et qui dispensoit les Ecoliers
de travailler ce jour - là , ajoûtant
agréablement , qu'il chomeroit aussi cette
Fête et qu'il ne travailleroit pas non
plus dans la journée. Le Prince attentif à
tout , trouva qu'un de ces Mrs ne portoit
pas bien son Epée , et qu'il falloit l'élever
davantage à son côté ; ce qui donna occasion
à l'Ecolier de répondre que s'il ne
portoit pas bien l'Epée , il sçauroit bien
s'en servir un jour pour le service du
Roy. Tout cela se passa dans la Promenade
que fit M. le Dauphin dans le Parc
un peu après son lever. La promenade
finie , le Prince ordonna que les mêmes
Ecoliers d'Harcourt se trouvassent à son
diner , ce qui fut exécuté , et cela donna
lieu à de nouvelles marques de bonté et
à d'autres questions ingénieuses.
Après le dîner , les Ecoliers , tant du
College d'Harcourt que de quelques autres
Colleges qui s'y trouverent , propo-.
serent , sous le bon plaisir de MONSEIGNEUR
, une Partie de Ballon , qui fut
parfaitement bien jouée , et qui divertit
beaucoup le Prince. Pour marque de son
1. Vol. conJUIN.
1733
1231
contentement de tout ce qui s'étoit passé
, il leur accorda quatre jours de congé
; surquoi il y eut des Billets expédiez ,
signez de Madame la Duchesse de Ventadour
; et dans cette expédition le Marquis
Doria , Ecolier , Pensionnaire d'Harcourt
, fut particulierement distingué.
Douze Ecoliers choisis , du College de
LOUIS LE GRAND , vinrent aussi , après le
dîner , faire leur cour à M. le Dauphin ,
qui les reçut avec les mêmes bontez.
M. Gérard , Ecolier de cinquième , porta
la parole et fit , avec grace , un petit
Discours , qui fut écouté avec plaisir. Le
Prince leur donna aussi sa main à baiser, et
voulut qu'ils participassent à la mêmẹ
faveur des jours de congé.
Fermer
Résumé : « Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...] »
Le lundi 15 juin, à l'occasion du Lendi, les écoliers bénéficiaient d'un congé extraordinaire. Un groupe d'élèves du Collège d'Harcourt se rendit au Château de Meudon pour voir le Dauphin. Le prince les accueillit avec grâce et bonté, s'intéressant à leurs noms, études et divertissements. Il nota qu'un écolier ne portait pas bien son épée et écouta une réponse engageante sur le service du roi. Après une promenade dans le parc, le Dauphin invita les écoliers à dîner et continua de leur montrer de la bonté. Une partie de ballon divertit beaucoup le prince, qui leur accorda quatre jours de congé, notifiés par des billets signés par Madame la Duchesse de Ventadour. Le Marquis Doria fut particulièrement distingué. Douze écoliers du Collège Louis-le-Grand vinrent également rendre visite au Dauphin, qui les reçut avec la même bonté. M. Gérard prononça un discours gracieux, et le prince leur accorda également des jours de congé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
50
p. 1842-1843
Nouveaux Ecrans instructifs, [titre d'après la table]
Début :
On a fait une nouvelle Edition des Ecrans instructifs, où l'on a changé et ajoûté ce qu'on [...]
Mots clefs :
Histoire, Événements, Écrans instructifs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Ecrans instructifs, [titre d'après la table]
On a fait une nouvelle Edition des Ecran
instructifs , où l'on a changé et ajoûté ce qu'o
a crû pouvoir les rendre plus parfaits ; on en
même imprimé quelques nouveaux.
Ce sont pour la plupart des Fables qui n'ot
point la secheresse des autres Tables Chronol
giques , et qui n'ont point non - plus la trop gra
de étendue d'une Histoire ; ensorte que
coup d'oeil , on peut voir tout un Sujet , et tut
ce que ce Sujet a de plus remarquable et de lus
interessant. A
Les petits Livres ont plus fait de sçavan que
les gros , or s'il y a un Livre d'une forme ommode
, c'est un Ecran ; ce Livre est toujour ouvert;
on est obligé de s'en servir souvent e lorsqu'on
est desocuppé , ce qui fait mettre , profit
un temps que l'on perdroit sans cela . Comme
on a souvent ce Livre à la main , on le lit souvent,
et en le lisant souvent, on retient sans peine
ce qu'il contient , c'est une occasion de s'entretenir
de choses qu'on a devant les yeux ; tous
moyens propres à acquerir de nouvelles connoissances
et à s'affermir dans les anciennes . Ainsi
les jeunes gens et les personnes mêmes instruites
y peuvent trouver leur avantage.
Il y en a un qui contient des Evenemens remarquable.
2. sur l'Ancien Testament .
2. sur le Nouveau.
f . sur l'Histoire Romaine.
AOUST . 1843 1733.
2. sur l'Histoire de France.
1. sur le Calvinisme.
1. sur la Ligue.
2. sur les principaux Offices de France.
2. sur les Diocèses de France.
3. sur l'origine de plusieurs choses..
2. de Vers choisis.
I. de Sentences et bons- Mots .
7. qui contiennent des Evenemens remarqua
bles , arrivez pendant le Regne de Louis XIV.
La Veuve Rondet , qui a le Privilege pour l'impression
de ces Ecrans , en a cedé le débit à Guerard
, Marchand de Papier , demeurant ruë du
petit Pont Notre- Dame , près le petit Châtelet à
Paris. Les Marchands de Paris ou de Province
qui en voudront , n'auront qu'à s'adresser à lui .
instructifs , où l'on a changé et ajoûté ce qu'o
a crû pouvoir les rendre plus parfaits ; on en
même imprimé quelques nouveaux.
Ce sont pour la plupart des Fables qui n'ot
point la secheresse des autres Tables Chronol
giques , et qui n'ont point non - plus la trop gra
de étendue d'une Histoire ; ensorte que
coup d'oeil , on peut voir tout un Sujet , et tut
ce que ce Sujet a de plus remarquable et de lus
interessant. A
Les petits Livres ont plus fait de sçavan que
les gros , or s'il y a un Livre d'une forme ommode
, c'est un Ecran ; ce Livre est toujour ouvert;
on est obligé de s'en servir souvent e lorsqu'on
est desocuppé , ce qui fait mettre , profit
un temps que l'on perdroit sans cela . Comme
on a souvent ce Livre à la main , on le lit souvent,
et en le lisant souvent, on retient sans peine
ce qu'il contient , c'est une occasion de s'entretenir
de choses qu'on a devant les yeux ; tous
moyens propres à acquerir de nouvelles connoissances
et à s'affermir dans les anciennes . Ainsi
les jeunes gens et les personnes mêmes instruites
y peuvent trouver leur avantage.
Il y en a un qui contient des Evenemens remarquable.
2. sur l'Ancien Testament .
2. sur le Nouveau.
f . sur l'Histoire Romaine.
AOUST . 1843 1733.
2. sur l'Histoire de France.
1. sur le Calvinisme.
1. sur la Ligue.
2. sur les principaux Offices de France.
2. sur les Diocèses de France.
3. sur l'origine de plusieurs choses..
2. de Vers choisis.
I. de Sentences et bons- Mots .
7. qui contiennent des Evenemens remarqua
bles , arrivez pendant le Regne de Louis XIV.
La Veuve Rondet , qui a le Privilege pour l'impression
de ces Ecrans , en a cedé le débit à Guerard
, Marchand de Papier , demeurant ruë du
petit Pont Notre- Dame , près le petit Châtelet à
Paris. Les Marchands de Paris ou de Province
qui en voudront , n'auront qu'à s'adresser à lui .
Fermer
Résumé : Nouveaux Ecrans instructifs, [titre d'après la table]
Une nouvelle édition des 'Ecran instructifs' a été publiée, améliorée et augmentée pour en accroître la perfection. Cette édition inclut des écrans accessibles et concis, évitant la sécheresse des tables chronologiques et l'étendue excessive des histoires. Ils permettent de visualiser rapidement un sujet et ses aspects les plus remarquables et intéressants. Les écrans, toujours ouverts et fréquemment utilisés, offrent une occasion d'acquérir et de renforcer des connaissances, bénéficiant ainsi aux jeunes et aux personnes déjà instruites. Ils couvrent divers sujets, tels que des événements de l'Ancien Testament, du Nouveau Testament, de l'histoire romaine, de l'histoire de France, du calvinisme, de la Ligue, des principaux offices de France, des diocèses de France, et de l'origine de plusieurs choses. Ils incluent également des vers choisis, des sentences et bons mots, ainsi que des événements remarquables survenus pendant le règne de Louis XIV. La veuve Rondet, détentrice du privilège d'impression, a cédé leur distribution à Guerard, marchand de papier résidant rue du petit Pont Notre-Dame, près du petit Châtelet à Paris. Les marchands intéressés peuvent s'adresser à lui pour se procurer ces écrans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer