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Liste
1
p. 36-55
Diverses Theses curieuses soûtenuës à Stragbourg qui apprendront plusieurs faits historiques aussi sçavans que curieux. [titre d'après la table]
Début :
Avant que de quitter l'Allemagne, je dois vous parler de [...]
Mots clefs :
Thèses, Strasbourg, Université, Soutenance de thèse, Ecole de Médecine
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texteReconnaissance textuelle : Diverses Theses curieuses soûtenuës à Stragbourg qui apprendront plusieurs faits historiques aussi sçavans que curieux. [titre d'après la table]
Avant que de quitter l'Allemagne , je dois vous parlerde
plufieurs Thefes qui ont elté
GALANT 37
foutenues à Strasbourg en divers temps. Vous en verrez les
fujets en les lifant , & vous y
apprendrez beaucoup de chofes qui regardent voſtre fexe ,
& plufieurs autres qui regardant la Medecine , peuvent
eftre utiles à tout le monde.
Mr Abraham Stadet foûtint il y a quelque temps une
Thefe dans l'Univerfité de
Strasbourg fur un fujet affez
fingulier , puifque c'eſt fur le
droit que peuvent avoir les
femmes de fucceder aux Fiefs :
De jure fucced endi mulierum in
feodis. Il fit d'abord voir qu'au-›
38 MERCURE
trefois il leur eftoit deffendu
d'y prétendre , parce que c'étoit le partage des mâles , qui
feuls font capables du fervice
militaire , en récompenfe duquel on donnoit ces terres . Mr
Stadet fe declara dans la difpure publique de l'opinion de
ceux qui excluënt la femme
fans retour , de la fucceffion
des Fiefs. Il s'agiffoit dans une
difficulté que propofa un Ecclefiaftique nommé Auxi , de
fçavoir fi une femme qui par
l'exiſtence d'un mâle a perdu
legitimement le droit de fuccéder à unFiefdoit en eftre pri-
GALANT 39
vée pour toûjours. Mr Stadẹt
fonda fon fentiment fur cé
paffage du Livre des Fiefs : Relicto mafculo ulteriusfœminæ non
admittuntur : & il foutine quê
le mot alteriùs emporte une exclufion perpetuelle quelque
changement qui puiffe arriver
dans la fuite. La feconde queftion & qui fut long- temps &
vivement agitée , fur tout parMr Mordat , fut de fçavoir fi
les femmes fuccedent & peuvent fucceder aux Fiefs qu'on
appelle Féminins , quelque favorable que foit aux femmes
la dénomination de ces fortes
40 MERCURE
de Fiefs , plufieurs Docteurs
penfent qu'aprés la mort de
ceile qui a eu originairement
un droit acquis par l'infcodation , le Fief retombe dans le
droit commun, &ne peut plus
appartenir qu'aux mâles. Mr
Stader ne fut pas de ce ſentiment , & il declara que la deftination primitive du titre d'infeodation decide de la qualité
des perfonnes qui font appelées
dans la fuite à la fucceffion du
fief. Ondifputa enfuite fur une
autre queftion fçavoir fi les
femmes doivent fucceder aux
Franc- Fiefs ; on entend par le
GALANT 41
mot de Franc. Fiefs , ceux qui
ne font chargez d'aucuns fervices. Ce Jurifconfulte foû- .
tint qu'il falloit en cela fuivre
la loy generale qui exclut les
femmes des Fiefs , tant qu'il y
a des mâles , à moins qu'elles
n'y foient appellées d'une maniere expreffe par l'inveftiture.
Il y eutune quatrième queſtion
qui fut vivement debattuë ,
une femmeau defaut de mâles,
a efté admife à la fucceffion
d'un Fief, un mâle qui malheureuſement furvient dans le
temps qu'on ne l'attendoit pas,
la prive- t- il de fon droit ? non
Avril 1710.
D
42 MERCURE
répond Mr Stadet , quelques
fois contraire, quelquefois auffi
favorable aux Dames; la femme en ce cas là , dit-il , conferve le droit qui luy a efté legi
timement acquis , parce que la
durée d'une proprieté jufte
dans fon principe , ne doit pas
dépendre du hazard & de l'incertitude des fuites. Decifion
qui fut applaudie par toute
l'affemblée. Un Fief eft acquis
pour un mâle ou pour une
fille feulement; toutes les filles
d'une même famille y ont elles
également part ? le choix , répondit Mr Stadet , appartient
4
GALANT 43
au Seigneur , il a droit de don,
ner l'inveftiture fur les Cenft
ves. Get Auteur diftingue les
heritages purement Cenfiers,
& ceux qui outre, le cons exigent encorela foy &hommage. Les femmes, felon luy, peuvent fucceder aux premiers ,
où il ne s'agit que d'un fimple
payement , mais elles ne peu
vent fucceder aux,feconds, qui
oblige au Service militaire. Les
femmes font elles capables
des Fiefs Ecclefiaftiques & doiron le demander , répondit Mr
Stadet : ici peu courtois , mais
on luy répondit que les TerDij
44 MERCURE
res Ecclefiaftiques fe défendent plus par les prieres & par
les larmes , que par les armes ;
& qu'ainfi ce moyen eft plus
propre aux femmes qu'aux
hommes. Il repliqua qu'il falloit s'en tenir au droit commun, qui n'admet les femmes
aux Fiefs que lorfque la conceffion eft en faveur de ce fexe,
ou que les deux fexes y font
également appellez.
MrPhilippe Frederic de Berckheim ſoutint auffi il y a quel
que temps dans l'Univerfité de
la mefme Ville, des Thefes pu
bliques fur les Affemblées de
GALANT 45
Nobleffe. Les titres de ces Thefes font tournez en Allemagne
d'une autre maniere qu'on ne
les tourne en France. Cet Auteur avoit déja traité de la
Nobleffe en general dans une
• autre Thefe ; & il traita en particulier dans celle- ci des Diettes qui fe tiennent parmi la
Nobleffe Allemande. Il exami
na d'abord fi les Nobles de
l'Empire peuvent s'affembler
fans le confentement de l'Empereur; il conclut pour l'affirmative ; mais il n'étendit pas
cerre liberté aux Affemblées
des Electeurs & des Princes de
1
46 MERCURE
I Empire. Il foutint qu'il n'y a
point de diftinction ny de fuperiorité entre eux , & il cita
à ce fujer ce qu'avoit dit Hen
ry IV. Roy de France : De ma.
brave & genereufe Nobleffe , je
ne diftinguepoint mes Princes pour
eftre notre plus beau titre , for de
Gentilhomme. Mr. Berckheim
parla enfuite de la convocation
des Nobles , les qualitez qu'il
faut avoir pour eftre convoqué , & les raifons qui peuvent
difpenfer de fe rendre au lieu
de la convocation. Qu'il faut
eftre Noble de race pour eftre
convoqué ; qu'il ne fuffit pas
GALANT 47
A
"
sd'eftre ennobly , & qu'il ne
fuffit pas auffi d'acheter & de
poffeder une Terre noble;l'Autour convine cependant qu'il y
Ja certains Ficfs qui ont le privilege d'ennoblir ceux qui les
poffedent , & qu'il n'y a que la
maladie ou d'autres raiſons indifpenfables qui les exemprent
de fe rendre eux- mêmes dans
-les Affemblées convoquées , &
-il dit que le temps & le lieu de
l'Affemblée des Nobles dépendent de l'ufage & des occa
hons , & que les matieres que
Pontraite dans ces Affemblées,
font generalement toutes col-
$14
48 MERCURE
les qui regardent le public, foit
pour la Religion , foit pour la
Police , & foit pour les contributions aux charges de l'Etat. Ces propofitions furent
attaquées par plufieurs perfonnes qui donnerent lieu à
Mr de Berckeim de faire briller fon érudition ; un jeune
Jurifconfulte , prétendit dans
Ja difpute qu'un Noble, chargé de la procuration d'un autre Noble pour la Diette, perd
fa qualité de Noble ; fondant
fon opinion fur la prevention
trop outrée contre la fonction
de Procureur.
Mr
GALANT 49
Mr Jean Martin Aulber a
foutenu dans le même lieu des
Thefes de Medecine fur l'épilepfie vermineufe , ayant pour
prefident Mr Jean - Valentin
Scheidius Docteur & Profeffeur en Medecine , & un des
Medecins de toute l'Allemagne le plus confulté. Mr Aul
ber un des plus doctes Candidats de l'Ecole de Strasbourg,
fit d'abord voir que les vers
font la caufe la plus ordinaire
de l'épilepfic des enfans ; fentiment dont il a pour garants
le celebre Mr Baglivi & l'Auteur du traité de la generation
Avril 1710. E
50 MERCURE
des vers ( Mr Andri. ) Il prouva d'ailleurs ce fentiment par
la femence des inteftins dont
les vers peuvent eftre aisément
picotés par une humeur vermincufe & par les vers. De là
il paffa au détail des fymptomes particuliers à l'épilepfic
vermineuſe , comme la démangeaifon du nez , la toux feche , les dejections de couleur
de cendres , le hocquet , l'haleine aigre, les terreurs fubites
pendant le fommeil , la dou- .
leur de ventre &c. Mr.Aulber
attribua la production des
vers dans les corps des enfans,
A
GALANT SI
à des mouches qui fe pofent ,
tantôt fur la boüillie des enfans , tantôt fur leur bouche,
qu elles laiffent quantité d'œufs
que les enfans avallent , & d'ou
naiffent des vers. Mr Redi , Mr
Raderus & le fçavant Auteur
du Livre de la generation des
Vers dans le corps humain,
ont traité avec étendue le mêmefajer, & Mr Aulber les cita tous avec éloge. Ce qu'il dit
enfuite du prognoftic qu'on
faire dans l'épilepfic verincufe fur écouté avec plaifir Ilremarqua qu'elle eft rarement dangereuse , hors qu'elle
peut
E ij
52 MERCURF
ne foit inveterée. Les moyens
qu'il indiqua pour la guerir fu
rent autant de preuves de l'érudition du Soutenant , & du
progrés qu'il a fait en Mede
cine.
Mr Gabriel Daniel Bartenf
tein a foutenu dans l'Ecole de
Medecine de Strasbourg des
Thefes publiques , dans lefquelles il y avoit cent pofitions
fur toutes fortes de ſujets qui
peuvent regarderla Medecine.
Mr. Jean Sigifmond Henninger Docteur & Profeffeur en
Medecine dans la même Univerfité , & fous lequel Mr Bar-
GALANT 53
tenftein a fait fon Cours , prefidoit à cet Acte. Mr Bartenftein commença d'abord par
découvrir l'origine de la Medecine ; il parla enfuite de l'ame
& du corps , de la nature des
temperamens, & il parcourut
enfuite toute la Phifiologie. De
là il paffa à la Pathologie , &
expliqua les caufes des fiévres,
& en difant quelque chofe de
la pratique , il donna des preuyes éclatantes du progrés qu'il a
fait dans fes études , parce que
Mr Bartenftein dit dans la cinquante-fixième pofition fur les
fiévres malignes en particulier
E iij
54 MERCURE
il fit voir que les émulfions
&les acides font fouvent plus
les cordiaux & les
с
efficaces que
alexiteres. Dans la 57 il avan
ce que l'abus des remedes volatils peut fouvent changer les
petites veroles en fiévre pourpreufe & maligne. Il fe declara
en quelque maniere dans la 66*
contre la racine de l'Hipecacuana , &il prétend que quoiqu'elle foit fpecifique dans les dyffenteries , il eft pourtant quelquefois dangereux de s'en fervir à caufe des ravages & du
defordre que fa vertu émetique peut caufer. Mrd'Obrecht
* GALANT 55
le fils , fils du celebre Preteur de
Strafbourg de ce nom , argumenta avec force contre cette derniere pofition. Mr l'Evêque de Strasbourg atlilta à ces
Thefes avec un grand concours de Nobleſſe.
plufieurs Thefes qui ont elté
GALANT 37
foutenues à Strasbourg en divers temps. Vous en verrez les
fujets en les lifant , & vous y
apprendrez beaucoup de chofes qui regardent voſtre fexe ,
& plufieurs autres qui regardant la Medecine , peuvent
eftre utiles à tout le monde.
Mr Abraham Stadet foûtint il y a quelque temps une
Thefe dans l'Univerfité de
Strasbourg fur un fujet affez
fingulier , puifque c'eſt fur le
droit que peuvent avoir les
femmes de fucceder aux Fiefs :
De jure fucced endi mulierum in
feodis. Il fit d'abord voir qu'au-›
38 MERCURE
trefois il leur eftoit deffendu
d'y prétendre , parce que c'étoit le partage des mâles , qui
feuls font capables du fervice
militaire , en récompenfe duquel on donnoit ces terres . Mr
Stadet fe declara dans la difpure publique de l'opinion de
ceux qui excluënt la femme
fans retour , de la fucceffion
des Fiefs. Il s'agiffoit dans une
difficulté que propofa un Ecclefiaftique nommé Auxi , de
fçavoir fi une femme qui par
l'exiſtence d'un mâle a perdu
legitimement le droit de fuccéder à unFiefdoit en eftre pri-
GALANT 39
vée pour toûjours. Mr Stadẹt
fonda fon fentiment fur cé
paffage du Livre des Fiefs : Relicto mafculo ulteriusfœminæ non
admittuntur : & il foutine quê
le mot alteriùs emporte une exclufion perpetuelle quelque
changement qui puiffe arriver
dans la fuite. La feconde queftion & qui fut long- temps &
vivement agitée , fur tout parMr Mordat , fut de fçavoir fi
les femmes fuccedent & peuvent fucceder aux Fiefs qu'on
appelle Féminins , quelque favorable que foit aux femmes
la dénomination de ces fortes
40 MERCURE
de Fiefs , plufieurs Docteurs
penfent qu'aprés la mort de
ceile qui a eu originairement
un droit acquis par l'infcodation , le Fief retombe dans le
droit commun, &ne peut plus
appartenir qu'aux mâles. Mr
Stader ne fut pas de ce ſentiment , & il declara que la deftination primitive du titre d'infeodation decide de la qualité
des perfonnes qui font appelées
dans la fuite à la fucceffion du
fief. Ondifputa enfuite fur une
autre queftion fçavoir fi les
femmes doivent fucceder aux
Franc- Fiefs ; on entend par le
GALANT 41
mot de Franc. Fiefs , ceux qui
ne font chargez d'aucuns fervices. Ce Jurifconfulte foû- .
tint qu'il falloit en cela fuivre
la loy generale qui exclut les
femmes des Fiefs , tant qu'il y
a des mâles , à moins qu'elles
n'y foient appellées d'une maniere expreffe par l'inveftiture.
Il y eutune quatrième queſtion
qui fut vivement debattuë ,
une femmeau defaut de mâles,
a efté admife à la fucceffion
d'un Fief, un mâle qui malheureuſement furvient dans le
temps qu'on ne l'attendoit pas,
la prive- t- il de fon droit ? non
Avril 1710.
D
42 MERCURE
répond Mr Stadet , quelques
fois contraire, quelquefois auffi
favorable aux Dames; la femme en ce cas là , dit-il , conferve le droit qui luy a efté legi
timement acquis , parce que la
durée d'une proprieté jufte
dans fon principe , ne doit pas
dépendre du hazard & de l'incertitude des fuites. Decifion
qui fut applaudie par toute
l'affemblée. Un Fief eft acquis
pour un mâle ou pour une
fille feulement; toutes les filles
d'une même famille y ont elles
également part ? le choix , répondit Mr Stadet , appartient
4
GALANT 43
au Seigneur , il a droit de don,
ner l'inveftiture fur les Cenft
ves. Get Auteur diftingue les
heritages purement Cenfiers,
& ceux qui outre, le cons exigent encorela foy &hommage. Les femmes, felon luy, peuvent fucceder aux premiers ,
où il ne s'agit que d'un fimple
payement , mais elles ne peu
vent fucceder aux,feconds, qui
oblige au Service militaire. Les
femmes font elles capables
des Fiefs Ecclefiaftiques & doiron le demander , répondit Mr
Stadet : ici peu courtois , mais
on luy répondit que les TerDij
44 MERCURE
res Ecclefiaftiques fe défendent plus par les prieres & par
les larmes , que par les armes ;
& qu'ainfi ce moyen eft plus
propre aux femmes qu'aux
hommes. Il repliqua qu'il falloit s'en tenir au droit commun, qui n'admet les femmes
aux Fiefs que lorfque la conceffion eft en faveur de ce fexe,
ou que les deux fexes y font
également appellez.
MrPhilippe Frederic de Berckheim ſoutint auffi il y a quel
que temps dans l'Univerfité de
la mefme Ville, des Thefes pu
bliques fur les Affemblées de
GALANT 45
Nobleffe. Les titres de ces Thefes font tournez en Allemagne
d'une autre maniere qu'on ne
les tourne en France. Cet Auteur avoit déja traité de la
Nobleffe en general dans une
• autre Thefe ; & il traita en particulier dans celle- ci des Diettes qui fe tiennent parmi la
Nobleffe Allemande. Il exami
na d'abord fi les Nobles de
l'Empire peuvent s'affembler
fans le confentement de l'Empereur; il conclut pour l'affirmative ; mais il n'étendit pas
cerre liberté aux Affemblées
des Electeurs & des Princes de
1
46 MERCURE
I Empire. Il foutint qu'il n'y a
point de diftinction ny de fuperiorité entre eux , & il cita
à ce fujer ce qu'avoit dit Hen
ry IV. Roy de France : De ma.
brave & genereufe Nobleffe , je
ne diftinguepoint mes Princes pour
eftre notre plus beau titre , for de
Gentilhomme. Mr. Berckheim
parla enfuite de la convocation
des Nobles , les qualitez qu'il
faut avoir pour eftre convoqué , & les raifons qui peuvent
difpenfer de fe rendre au lieu
de la convocation. Qu'il faut
eftre Noble de race pour eftre
convoqué ; qu'il ne fuffit pas
GALANT 47
A
"
sd'eftre ennobly , & qu'il ne
fuffit pas auffi d'acheter & de
poffeder une Terre noble;l'Autour convine cependant qu'il y
Ja certains Ficfs qui ont le privilege d'ennoblir ceux qui les
poffedent , & qu'il n'y a que la
maladie ou d'autres raiſons indifpenfables qui les exemprent
de fe rendre eux- mêmes dans
-les Affemblées convoquées , &
-il dit que le temps & le lieu de
l'Affemblée des Nobles dépendent de l'ufage & des occa
hons , & que les matieres que
Pontraite dans ces Affemblées,
font generalement toutes col-
$14
48 MERCURE
les qui regardent le public, foit
pour la Religion , foit pour la
Police , & foit pour les contributions aux charges de l'Etat. Ces propofitions furent
attaquées par plufieurs perfonnes qui donnerent lieu à
Mr de Berckeim de faire briller fon érudition ; un jeune
Jurifconfulte , prétendit dans
Ja difpute qu'un Noble, chargé de la procuration d'un autre Noble pour la Diette, perd
fa qualité de Noble ; fondant
fon opinion fur la prevention
trop outrée contre la fonction
de Procureur.
Mr
GALANT 49
Mr Jean Martin Aulber a
foutenu dans le même lieu des
Thefes de Medecine fur l'épilepfie vermineufe , ayant pour
prefident Mr Jean - Valentin
Scheidius Docteur & Profeffeur en Medecine , & un des
Medecins de toute l'Allemagne le plus confulté. Mr Aul
ber un des plus doctes Candidats de l'Ecole de Strasbourg,
fit d'abord voir que les vers
font la caufe la plus ordinaire
de l'épilepfic des enfans ; fentiment dont il a pour garants
le celebre Mr Baglivi & l'Auteur du traité de la generation
Avril 1710. E
50 MERCURE
des vers ( Mr Andri. ) Il prouva d'ailleurs ce fentiment par
la femence des inteftins dont
les vers peuvent eftre aisément
picotés par une humeur vermincufe & par les vers. De là
il paffa au détail des fymptomes particuliers à l'épilepfic
vermineuſe , comme la démangeaifon du nez , la toux feche , les dejections de couleur
de cendres , le hocquet , l'haleine aigre, les terreurs fubites
pendant le fommeil , la dou- .
leur de ventre &c. Mr.Aulber
attribua la production des
vers dans les corps des enfans,
A
GALANT SI
à des mouches qui fe pofent ,
tantôt fur la boüillie des enfans , tantôt fur leur bouche,
qu elles laiffent quantité d'œufs
que les enfans avallent , & d'ou
naiffent des vers. Mr Redi , Mr
Raderus & le fçavant Auteur
du Livre de la generation des
Vers dans le corps humain,
ont traité avec étendue le mêmefajer, & Mr Aulber les cita tous avec éloge. Ce qu'il dit
enfuite du prognoftic qu'on
faire dans l'épilepfic verincufe fur écouté avec plaifir Ilremarqua qu'elle eft rarement dangereuse , hors qu'elle
peut
E ij
52 MERCURF
ne foit inveterée. Les moyens
qu'il indiqua pour la guerir fu
rent autant de preuves de l'érudition du Soutenant , & du
progrés qu'il a fait en Mede
cine.
Mr Gabriel Daniel Bartenf
tein a foutenu dans l'Ecole de
Medecine de Strasbourg des
Thefes publiques , dans lefquelles il y avoit cent pofitions
fur toutes fortes de ſujets qui
peuvent regarderla Medecine.
Mr. Jean Sigifmond Henninger Docteur & Profeffeur en
Medecine dans la même Univerfité , & fous lequel Mr Bar-
GALANT 53
tenftein a fait fon Cours , prefidoit à cet Acte. Mr Bartenftein commença d'abord par
découvrir l'origine de la Medecine ; il parla enfuite de l'ame
& du corps , de la nature des
temperamens, & il parcourut
enfuite toute la Phifiologie. De
là il paffa à la Pathologie , &
expliqua les caufes des fiévres,
& en difant quelque chofe de
la pratique , il donna des preuyes éclatantes du progrés qu'il a
fait dans fes études , parce que
Mr Bartenftein dit dans la cinquante-fixième pofition fur les
fiévres malignes en particulier
E iij
54 MERCURE
il fit voir que les émulfions
&les acides font fouvent plus
les cordiaux & les
с
efficaces que
alexiteres. Dans la 57 il avan
ce que l'abus des remedes volatils peut fouvent changer les
petites veroles en fiévre pourpreufe & maligne. Il fe declara
en quelque maniere dans la 66*
contre la racine de l'Hipecacuana , &il prétend que quoiqu'elle foit fpecifique dans les dyffenteries , il eft pourtant quelquefois dangereux de s'en fervir à caufe des ravages & du
defordre que fa vertu émetique peut caufer. Mrd'Obrecht
* GALANT 55
le fils , fils du celebre Preteur de
Strafbourg de ce nom , argumenta avec force contre cette derniere pofition. Mr l'Evêque de Strasbourg atlilta à ces
Thefes avec un grand concours de Nobleſſe.
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Résumé : Diverses Theses curieuses soûtenuës à Stragbourg qui apprendront plusieurs faits historiques aussi sçavans que curieux. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs thèses soutenues à l'Université de Strasbourg. Abraham Stadet a exploré le droit des femmes à succéder aux fiefs. Il a souligné que les femmes étaient historiquement exclues en raison de leur incapacité à servir militairement. Stadet a distingué entre les fiefs féminins et les francs-fiefs, concluant que les femmes peuvent succéder aux premiers mais pas aux seconds, qui nécessitent un service militaire. Il a également abordé la succession aux fiefs ecclésiastiques, suggérant que les femmes peuvent y succéder si la concession le permet. Philippe Frédéric de Berckheim a soutenu des thèses sur les assemblées de noblesse. Il a conclu que les nobles de l'Empire peuvent s'assembler sans le consentement de l'Empereur, contrairement aux électeurs et aux princes. Il a également discuté des qualifications nécessaires pour être convoqué et des raisons valables pour ne pas se rendre à une convocation. Jean Martin Aulber a soutenu une thèse sur l'épilepsie vermineuse, affirmant que les vers sont la cause principale de cette maladie chez les enfants. Il a détaillé les symptômes et les moyens de traitement, citant des auteurs célèbres comme Baglivi et Andri. Gabriel Daniel Bartenstein a présenté des thèses sur divers sujets médicaux, couvrant l'origine de la médecine, la physiologie, la pathologie, et les traitements des fièvres. Il a discuté de l'efficacité des émulsions et des acides, ainsi que des dangers de l'abus des remèdes volatils et de la racine de l'Ipecacuana.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 146-164
Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article bien digne de la curiosité publique, [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Cardinal de Noailles, Doyens, Faculté, Recteur, Église, Maison, Université, Docteurs, Société
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texteReconnaissance textuelle : Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Je paffe à un Article bien
digne de la curiofité publique ,
& de l'attention de ceux qui le
liront. Il eft de la nature de
ceux dont on ne parle pas fouvent , parce qu'il ſe paſſe preſque toûjours un grand nom-
GALANT 147
bre d'années d'un de ces Articles à l'autre. Vous y trouverez quantité de faits hiftoriques
tres- curieux , & fept Difcours
differens prononcez dans la
même Affemblée , dans lef
quels vous trouverez un tour
finguliet , & beaucoup de finéffe d'efprit. Enfin ce font de
ces fortes de Difcours qui réveillent l'attention , qui inſtruifent les Lecteurs de beaucoup
de chofes qui regardent le Ceremonial , & dont on parle fi
rarement qu'on doit avoir toû
jours beaucoup d'empreffement pour les lire.
Nij
148 MERCURE
Vous avez fçû que les Docteurs de la Maifon & Societé
de Sorbonne avoient au mois
de Mars nommé d'un confentement unanime Monfieur le
Cardinal de Noailles Archevêque de Paris pour leur Provifeur , à la place de feu Mr
F'Archevêque de Reims . Le
neuvième du mois paffé cette
nomination fut folemnellement confirmée dans la grande Salle des Actes de la même Maifon. Le Recteur de
l'Univerfité , invité quelques
jours auparavant par des Députez de ladite Societé , s'y
*
GALANT 149
rendit fur les quatre heures
aprés midy , accompagné des
trois Doyens des Facultez , des
quatreProcureurs des Nations,
du Syndic , du Greffier de l'Univerfité & de fes autres Offciers. L'Archidiacre &le Chan--
celier de l'Eglife de Paris s'y
trouverent pareillement felon
l'ancien ufage. L'Affemblée fut
des plus nombreuſes. Outre
les Docteurs de la Maifon dont
il ne manqua que les malades
& ceux qui font abfens , un
tres grand nombre de Mrs de
Noftre-Dame & de l'Univerfité fe firent un plaifir d'y avoir
N iij
150 MERCURE
place. Au fond de la Salle , devant un grand Bureau eftoient
rangez onze fieges de front.
Le Recteur de Univerfité
eftoit au milieu , ayant à fa
droite l'Archidiacre, le Chancelier de l'Eglife de Paris , le
Doyen de la Faculté de Medecine , & les Procureurs des Nations de Picardie & d'Allema→
gne. Sur les cinq autres Sieges.
a fa gauche cftoient les Doyens
de Theologie , & des Droits ;
les Procureurs des Nations de
France & de Normandie &
le Syndic de l'Univerfité. Le
Greffer avoit unBureau fepa-
GALANT 151
ré vis - à- vis le Recteur.
37 Mr Vivant l'aîné, Chanoine
de Nôtre Dame & Docteur de
la Maifon de Sorbonne , fit
l'ouverture. Il adreffa la parole au Recteur , fur quoy l'Archidiacre fit fes proteftations
à l'ordinaire , ce qui n'empêcha point l'Orateur de continuër. Il fit un éloge achevé de
Monfieur le Cardinal. La pieté,
la vigilance , la ſcience , la fermeté, & la fuperiorité d'efprit
de cé Prelat furent mifes dans
leur jour , par les traits de la
plus vive éloquence. La netteté de la compofition fut foûteN iiij
152 MERCURE
nuë par une prononciation naturelle & diftincte. Les loüanges de feu Mr de Reims , ne
furent pas oubliées. Enfin les
Auditeurs eurent lieu d'être
pleinement fatisfaits , puifqu'il
leur fut aifé d'entendre , defuivre & de retenir tout le Dif
cours.
Aprés qu'il eut fini , le Recteur propofa le fujet de l'Af
femblée. L'Archidiacre l'interrompit pour réiterer encore
fes proteftations , & le Syndic
de l'Univerfité proteſta reciproquementcontre l'interrup
tion de l'Archidiacre. Tout ce
GALANT 153
fes
Ceremonial eft de l'ancien ufage. Le Difcours du Recteur
fut tel qu'on le devoit attendre d'un homme confommé
dans l'éloquence qu'il a profeffée long- temps avec éclar.
Ses expreffions furent de la
Latinité le plus pure
penfées les plus délicates , l'ordre & le tour qu'il donna à
tout ce qu'il dit parut plein
d'efprit & de jufteffe. Il commença par les louanges de la
Maifon de Sorbonne. Il s'étendit fur l'efprit de fimplicité
& de defintereffement qui
yregne aujourd'huy comme
154 MERCURE
dans les temps de fon Inftitu
tion. Il fit voir que les Docteurs de cette Societé fe confacroient tous felon leurs talens differens , au fervice de
l'Eglife & du Public. Les uns
à compofer des Livres , les au
tres à refoudre les Cas , les autres à diriger les confciences ,
ceux-là à élever une infinité de
pauvres Ecoliers pour lesquels
ils prodiguent tous leurs biens
& tous leurs foins , & tous à
veiller continuellement à la
confervation de l'ancienne &
pure Doctrine. Il dit qu'il eftoit
important dedonner à de fidi-
GALANT 155
gnes Ouvriers un Provifeur
fous la protection duquel ils
continuaffent leurs travaux en
fûreté. Il paffa enfuite à l'éloge
de Mr de Reims dernier Provifeur. Ille reprefenta comme
une des plus vives lumieres de
l'Eglife , le Deffenfeur des Loix
Canoniques, &l'ennemi de la
fourberie & des flatteurs. Il
parla de tous fes beaux Reglemens pour fon Dioceſe , & de
fes fçavantes Ordonnances. Il
dit que ce Prelat avoit efté dans
l'Eglife , ce que fon illuftre pere Mr le Chancelier le Tellier
& Mr de Louvois fon frere ,
156 MERCURE
que
avoient efté dans les premiers
Emplois de l'Etat. Il s'étendit
enfuite fur les louanges de
Monfieur le Cardinal. Il dit
la Sorbonne n'avoit pas eu
longtemps à delibererfur le choix
qu'elle avoit àfe faire d'un nouveau Provifeur. Que l'affabilité
de ce Prelat , fes manieres aimablese bienfaifantes avoient attiré
furluy lesfuffrages de tant d'bommes de Lettres , bien plus fortement que la confideration de fa
haute naiffance &defes éminentes dignitez. Quefon éducation
prife dans le fein de l'Univerfué
avoit eftéfortifiée par la pratique
GALANT 157
affiduë de toutes les vertus convenables àfonétat; & quefes mœurs
irreprochables ,fon zele ardent
éclairé l'avoientélevéfurle Siege
le plus important de l'Eglife de
France. Comme Mrle Recteur
eft du Dioceſe de Chalons, il ne
pût s'empêcher de parler de ce
que la charité de Monfieur le
Cardinal , luy fit faire eſtant Evêque de cette Ville. La maladie fe mit entre les prifonniers
de la Bataille de Fleurus , qui
eftoient en fort grand nombre
à Chalons. Monfieur le Cardinal ne ceffoit de les voir &
de les affifter en perfonne , il
158 MERCURE
en tomba malade fa dangereufement qu'on le crut mort. Ce
fic eft à prefent ancien , mais
Mr le Recteur luy donna un
tour nouveau qui plut extrêmement.
Mt Pirot le Chancelier parla
enfuite avec la facilité qui luy
eft fi connue.Il nommatous les
Provifeurs que la Sorbonne a
cus ; fçavoir quinze Cardinaux,
autant d'Archevêques ou Evêques, &il fit voir que Monfieur
le Cardinal étoit le feul qui cuft
efté en même temps Proviſeur
de Sorbonne, Cardinal, Archevêque, &Archevêque de Paris.
GALANT 159
Les uns eftoient Cardinaux ,
mais ils n'eftoient pas Archevêd'autres eftoient Archevêques ,
mais ils n'eftoient pas Car
dinaux & d'autres n'estoient
qu'Evêques & Cardinaux. Il raporta fort à propos l'exemple
de l'Eglife de Sarragoffe en Efpagne , & cita avec la Doctrine
ordinaire , un Concile tenu à
Troyes. Il s'étendit ſur la naiffance illuftre de Monfieur le
Cardinal , & fic efperer aux
Docteurs de Sorbonne qu'ils
feroient protegez en tout à
caufe du credit que Son Eminence a l'honneur d'avoir au-
160 MERCURE
prés du Roy. Il finit par quelques proteftations contre le
premier falut fait au Recteur,
de méme qu'avoit fait l'Archidiacre.
Les trois Doyens des Facultez & les quatre Procureurs des
Nations en donnant leurs fuf.
frages , ajoûtérent chacun un
éloge de Monfieur le Cardinal.
Celuy de Theologie témoigna
la reconnoiffance de la Faculté ·
envers S, E. à cauſe de la protection dont elle l'honore >
& qu'elle employe les Docteurs
lors qu'elle a beſoin de fecours pour le gouvernement
GALANT 161
A
d'un fi grand Dioceſe. Celuy
des Droits à caufe que Monfieur le Cardinal a bien voulu
eftre Docteur honoraire de fa
Faculté. Celuy de Medecine
promit que la Faculté épuiferoit les fecrets de fon Art, afin
que Son Eminence joüît long .
temps du Titre de Provifeur
de Sorbonne.
le
Le Procureur de la Nation
de France felicita la Sorbonne
fur fon nouveau choix par
concours & les fuffrages unanimes de tous les Docteurs qui
avoient pû fe rendre à l'Affemblée , où s'eftoient trouvez
Avril 1710.
O
162 MERCURE
deux Archevêques & fix Eveques , & par la fatisfaction que
que Son Eminence en avoir
témoignée ; celuy de Picardie
affura la Sorbonne que fon
nouveau Proviſeur luy donneroit fon attention. Que fa vie
laborieuſe & ennemie des plaifirs luy ménagoit du temps
pour fournir à tous fes Emplois ; celuy de Normandie dit
qu'il venoit moins pour don
donner fon fuffrage que pour
applaudir à la fageffe de la Sorbonne.Que cette Societé ne fe
trompoit jamais , &que le Public eftoit d'autant plus con-
GALANT 103
tent de fon choix , qu'il avoit
prévû qu'elle le feroit , & qu'il
aimoit generalementMonfieur
le Cardinal ; celuy d'Allema
gne témoigna la reconnoiffance de fa Nation pour les feCours que Monfieur le Cardinal accorde charitablement à
une partie de ceux qui la compofent. Ces fept diſcours furent les uns plus longs les autres plus courts , mais tous d'u
ne Latinité exquife & d'une
grande fineffe d'efprit. Le
Recteur aprés avoir recueilli
les voix conclut felon la coû
tume , fans qu'il y euft de proOij
164 MERCURE
teftation & d'interruption
digne de la curiofité publique ,
& de l'attention de ceux qui le
liront. Il eft de la nature de
ceux dont on ne parle pas fouvent , parce qu'il ſe paſſe preſque toûjours un grand nom-
GALANT 147
bre d'années d'un de ces Articles à l'autre. Vous y trouverez quantité de faits hiftoriques
tres- curieux , & fept Difcours
differens prononcez dans la
même Affemblée , dans lef
quels vous trouverez un tour
finguliet , & beaucoup de finéffe d'efprit. Enfin ce font de
ces fortes de Difcours qui réveillent l'attention , qui inſtruifent les Lecteurs de beaucoup
de chofes qui regardent le Ceremonial , & dont on parle fi
rarement qu'on doit avoir toû
jours beaucoup d'empreffement pour les lire.
Nij
148 MERCURE
Vous avez fçû que les Docteurs de la Maifon & Societé
de Sorbonne avoient au mois
de Mars nommé d'un confentement unanime Monfieur le
Cardinal de Noailles Archevêque de Paris pour leur Provifeur , à la place de feu Mr
F'Archevêque de Reims . Le
neuvième du mois paffé cette
nomination fut folemnellement confirmée dans la grande Salle des Actes de la même Maifon. Le Recteur de
l'Univerfité , invité quelques
jours auparavant par des Députez de ladite Societé , s'y
*
GALANT 149
rendit fur les quatre heures
aprés midy , accompagné des
trois Doyens des Facultez , des
quatreProcureurs des Nations,
du Syndic , du Greffier de l'Univerfité & de fes autres Offciers. L'Archidiacre &le Chan--
celier de l'Eglife de Paris s'y
trouverent pareillement felon
l'ancien ufage. L'Affemblée fut
des plus nombreuſes. Outre
les Docteurs de la Maifon dont
il ne manqua que les malades
& ceux qui font abfens , un
tres grand nombre de Mrs de
Noftre-Dame & de l'Univerfité fe firent un plaifir d'y avoir
N iij
150 MERCURE
place. Au fond de la Salle , devant un grand Bureau eftoient
rangez onze fieges de front.
Le Recteur de Univerfité
eftoit au milieu , ayant à fa
droite l'Archidiacre, le Chancelier de l'Eglife de Paris , le
Doyen de la Faculté de Medecine , & les Procureurs des Nations de Picardie & d'Allema→
gne. Sur les cinq autres Sieges.
a fa gauche cftoient les Doyens
de Theologie , & des Droits ;
les Procureurs des Nations de
France & de Normandie &
le Syndic de l'Univerfité. Le
Greffer avoit unBureau fepa-
GALANT 151
ré vis - à- vis le Recteur.
37 Mr Vivant l'aîné, Chanoine
de Nôtre Dame & Docteur de
la Maifon de Sorbonne , fit
l'ouverture. Il adreffa la parole au Recteur , fur quoy l'Archidiacre fit fes proteftations
à l'ordinaire , ce qui n'empêcha point l'Orateur de continuër. Il fit un éloge achevé de
Monfieur le Cardinal. La pieté,
la vigilance , la ſcience , la fermeté, & la fuperiorité d'efprit
de cé Prelat furent mifes dans
leur jour , par les traits de la
plus vive éloquence. La netteté de la compofition fut foûteN iiij
152 MERCURE
nuë par une prononciation naturelle & diftincte. Les loüanges de feu Mr de Reims , ne
furent pas oubliées. Enfin les
Auditeurs eurent lieu d'être
pleinement fatisfaits , puifqu'il
leur fut aifé d'entendre , defuivre & de retenir tout le Dif
cours.
Aprés qu'il eut fini , le Recteur propofa le fujet de l'Af
femblée. L'Archidiacre l'interrompit pour réiterer encore
fes proteftations , & le Syndic
de l'Univerfité proteſta reciproquementcontre l'interrup
tion de l'Archidiacre. Tout ce
GALANT 153
fes
Ceremonial eft de l'ancien ufage. Le Difcours du Recteur
fut tel qu'on le devoit attendre d'un homme confommé
dans l'éloquence qu'il a profeffée long- temps avec éclar.
Ses expreffions furent de la
Latinité le plus pure
penfées les plus délicates , l'ordre & le tour qu'il donna à
tout ce qu'il dit parut plein
d'efprit & de jufteffe. Il commença par les louanges de la
Maifon de Sorbonne. Il s'étendit fur l'efprit de fimplicité
& de defintereffement qui
yregne aujourd'huy comme
154 MERCURE
dans les temps de fon Inftitu
tion. Il fit voir que les Docteurs de cette Societé fe confacroient tous felon leurs talens differens , au fervice de
l'Eglife & du Public. Les uns
à compofer des Livres , les au
tres à refoudre les Cas , les autres à diriger les confciences ,
ceux-là à élever une infinité de
pauvres Ecoliers pour lesquels
ils prodiguent tous leurs biens
& tous leurs foins , & tous à
veiller continuellement à la
confervation de l'ancienne &
pure Doctrine. Il dit qu'il eftoit
important dedonner à de fidi-
GALANT 155
gnes Ouvriers un Provifeur
fous la protection duquel ils
continuaffent leurs travaux en
fûreté. Il paffa enfuite à l'éloge
de Mr de Reims dernier Provifeur. Ille reprefenta comme
une des plus vives lumieres de
l'Eglife , le Deffenfeur des Loix
Canoniques, &l'ennemi de la
fourberie & des flatteurs. Il
parla de tous fes beaux Reglemens pour fon Dioceſe , & de
fes fçavantes Ordonnances. Il
dit que ce Prelat avoit efté dans
l'Eglife , ce que fon illuftre pere Mr le Chancelier le Tellier
& Mr de Louvois fon frere ,
156 MERCURE
que
avoient efté dans les premiers
Emplois de l'Etat. Il s'étendit
enfuite fur les louanges de
Monfieur le Cardinal. Il dit
la Sorbonne n'avoit pas eu
longtemps à delibererfur le choix
qu'elle avoit àfe faire d'un nouveau Provifeur. Que l'affabilité
de ce Prelat , fes manieres aimablese bienfaifantes avoient attiré
furluy lesfuffrages de tant d'bommes de Lettres , bien plus fortement que la confideration de fa
haute naiffance &defes éminentes dignitez. Quefon éducation
prife dans le fein de l'Univerfué
avoit eftéfortifiée par la pratique
GALANT 157
affiduë de toutes les vertus convenables àfonétat; & quefes mœurs
irreprochables ,fon zele ardent
éclairé l'avoientélevéfurle Siege
le plus important de l'Eglife de
France. Comme Mrle Recteur
eft du Dioceſe de Chalons, il ne
pût s'empêcher de parler de ce
que la charité de Monfieur le
Cardinal , luy fit faire eſtant Evêque de cette Ville. La maladie fe mit entre les prifonniers
de la Bataille de Fleurus , qui
eftoient en fort grand nombre
à Chalons. Monfieur le Cardinal ne ceffoit de les voir &
de les affifter en perfonne , il
158 MERCURE
en tomba malade fa dangereufement qu'on le crut mort. Ce
fic eft à prefent ancien , mais
Mr le Recteur luy donna un
tour nouveau qui plut extrêmement.
Mt Pirot le Chancelier parla
enfuite avec la facilité qui luy
eft fi connue.Il nommatous les
Provifeurs que la Sorbonne a
cus ; fçavoir quinze Cardinaux,
autant d'Archevêques ou Evêques, &il fit voir que Monfieur
le Cardinal étoit le feul qui cuft
efté en même temps Proviſeur
de Sorbonne, Cardinal, Archevêque, &Archevêque de Paris.
GALANT 159
Les uns eftoient Cardinaux ,
mais ils n'eftoient pas Archevêd'autres eftoient Archevêques ,
mais ils n'eftoient pas Car
dinaux & d'autres n'estoient
qu'Evêques & Cardinaux. Il raporta fort à propos l'exemple
de l'Eglife de Sarragoffe en Efpagne , & cita avec la Doctrine
ordinaire , un Concile tenu à
Troyes. Il s'étendit ſur la naiffance illuftre de Monfieur le
Cardinal , & fic efperer aux
Docteurs de Sorbonne qu'ils
feroient protegez en tout à
caufe du credit que Son Eminence a l'honneur d'avoir au-
160 MERCURE
prés du Roy. Il finit par quelques proteftations contre le
premier falut fait au Recteur,
de méme qu'avoit fait l'Archidiacre.
Les trois Doyens des Facultez & les quatre Procureurs des
Nations en donnant leurs fuf.
frages , ajoûtérent chacun un
éloge de Monfieur le Cardinal.
Celuy de Theologie témoigna
la reconnoiffance de la Faculté ·
envers S, E. à cauſe de la protection dont elle l'honore >
& qu'elle employe les Docteurs
lors qu'elle a beſoin de fecours pour le gouvernement
GALANT 161
A
d'un fi grand Dioceſe. Celuy
des Droits à caufe que Monfieur le Cardinal a bien voulu
eftre Docteur honoraire de fa
Faculté. Celuy de Medecine
promit que la Faculté épuiferoit les fecrets de fon Art, afin
que Son Eminence joüît long .
temps du Titre de Provifeur
de Sorbonne.
le
Le Procureur de la Nation
de France felicita la Sorbonne
fur fon nouveau choix par
concours & les fuffrages unanimes de tous les Docteurs qui
avoient pû fe rendre à l'Affemblée , où s'eftoient trouvez
Avril 1710.
O
162 MERCURE
deux Archevêques & fix Eveques , & par la fatisfaction que
que Son Eminence en avoir
témoignée ; celuy de Picardie
affura la Sorbonne que fon
nouveau Proviſeur luy donneroit fon attention. Que fa vie
laborieuſe & ennemie des plaifirs luy ménagoit du temps
pour fournir à tous fes Emplois ; celuy de Normandie dit
qu'il venoit moins pour don
donner fon fuffrage que pour
applaudir à la fageffe de la Sorbonne.Que cette Societé ne fe
trompoit jamais , &que le Public eftoit d'autant plus con-
GALANT 103
tent de fon choix , qu'il avoit
prévû qu'elle le feroit , & qu'il
aimoit generalementMonfieur
le Cardinal ; celuy d'Allema
gne témoigna la reconnoiffance de fa Nation pour les feCours que Monfieur le Cardinal accorde charitablement à
une partie de ceux qui la compofent. Ces fept diſcours furent les uns plus longs les autres plus courts , mais tous d'u
ne Latinité exquife & d'une
grande fineffe d'efprit. Le
Recteur aprés avoir recueilli
les voix conclut felon la coû
tume , fans qu'il y euft de proOij
164 MERCURE
teftation & d'interruption
Fermer
Résumé : Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Le texte relate la nomination du Cardinal de Noailles au poste de Proviseur de la Maison et Société de Sorbonne. En mars 1710, les Docteurs de la Sorbonne ont unanimement choisi le Cardinal de Noailles pour succéder à l'Archevêque de Reims. Cette nomination a été confirmée solennellement le 9 avril 1710 dans la grande Salle des Actes de la Sorbonne. L'assemblée, présidée par le Recteur de l'Université, a réuni de nombreux Docteurs, ainsi que des représentants de Notre-Dame et de l'Université. L'Archidiacre et le Chancelier de l'Église de Paris étaient présents, conformément à l'ancien usage. Monsieur Vivant l'aîné, Chanoine de Notre-Dame, a ouvert la séance en élogeant le Cardinal de Noailles, mettant en avant sa piété, sa vigilance, sa science et sa supériorité d'esprit. Le Recteur a ensuite pris la parole pour louer la Sorbonne pour son esprit de simplicité et de désintéressement, et pour souligner l'importance de la nomination d'un Proviseur pour protéger les travaux des Docteurs. Le Chancelier Pirot a ensuite parlé, mentionnant les précédents Proviseurs de la Sorbonne et soulignant l'unicité du Cardinal de Noailles, qui cumule les titres de Cardinal, Archevêque et Proviseur. Les Doyens des Facultés et les Procureurs des Nations ont également exprimé leur soutien et leur reconnaissance envers le Cardinal, promettant leur dévouement et leur protection. Les discours, tous prononcés en latin, ont été marqués par une grande finesse d'esprit et une élégance rhétorique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 149-174
LE TOMBEAU DE BOILEAU. SATYRE.
Début :
Quelle sombre tristesse attaque tes esprits ? [...]
Mots clefs :
Boileau, Auteur, Poète, Horace, Université, Barbin, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TOMBEAU DE BOILEAU. SATYRE.
LE TOMBEAU
DE BO 1LEAU,
SATYRE.
Quellesombre tristesse attaque
tes esprits ?
Lechagrinsurtonfront est
gravépar replis,
Qu'as-tufait de ceteint où
lajeunesse brille?
Jetevois plusrêveurqu'un
enfantd famille,
Qui courant vainement,
cherche depuis unmois
Quelque bonneUsurier
qui prête audeniertrois.
Ou qu'un tuteur tremblant
qui voit leverles
lustres
Pour éclairerbien-tostses
fittira illustres.
Quandle Partere en main
tient lesifflettoutprest,
Et luy va sansappel prononcersonArrest.
Ma douleur,cher Ami,
paroît avecjustice,
Cen'est pointen cejourun
effetdecaprice;
Mepompeuxattiraild'un
funesteConfvoy
Vientdesaisirmon coeurde
douleur&d'effroy,
Mesyeux ont vu passer
danslaplaceprochaine
DesMenins de la Mort
une troupe inhumaine;
De Pedans mal peignez,
un bataillon crotté,
Descendoit à paslents à
l'Université.
Leurs longs manteaux de
, :, àterre, A leurs crespesflottans les
mntsfaisoientlagutr*
rt';
Et chacun à la main avott
pïûpowjkitâbeau,
V#Umttj*di*:-?vertpour
orner untombeau,
J'ay vû parmi Içs rangs
malgréI4fouleextre*
me
Dc'"ml!inl Auteur dolent
lafaceseche&blefme.
fyey#Grecs& denxiLa*
tins escortotent le cereueil,
Et le mouchoirenmain
Barbinmenoitle deuil
pour qui crois-tu que nur*
che une telle ~oronnance.?
Ce lugubre appareil, cette
noire affluence?
D'unPoëte deffuntplains
lefunestesort,
l'Université pleure
, (7:
Despreauxestmort.
Ilestmort, c'enestfait,sa
Satyre ~T/~
Enfant infortuné d'une
plume infidelle,
Dont la Ville,&la Cour
ontfaitsipeu decas,
L'avoit déjà conduitaux
-
portes dutrépas.
Quandles cruelsefets d'une
derniere rage
L'ontfaitenfinpartirpour
cederniervoyage,
Ilcroyoit qu'Hipocrene,&
," sonpluspurcristal
Nedevoitquepour luy couleràpleincanal;
Mais apprenant qu'un au*
tre anime par lagloire
Avoit beureusementdans
Il sasourceose boire , frémit,&perce du fini
mortedépit,
Par l'ordred'Apollonilva
semettre 414 lit.
Tu ris: de tous les maux
déchaînezsur la terre
Pour livreraux Auteurs
une cruelle guerre:
Sçàis-tu bienque l'envieest
le plus dangereux?
Ils n'ontpoint d'antidoteÀ
ce poison affreux.
Un Poete aisement aidé
par lanature
Souffrelafaim,lafoif., le
Soleil
,
la fro dure,
Porte,sansmurmurer,dix
ans le même habit>-
N'a que les quatre murs
l'hiverpour tour deht*-
D'unGrand qui le nourrit ilsouffrelessaccades,
Son dosmêmeendurci si
, fait aux bastonnadesJ-'
Mais voit-ilsur lesrangs
quelqu'un se presenter,,
Et cüeillirdes lauriersqu'il
croitjcuL meriter.
Au bon goustà venirsoudainilenappelle,
AusieclepervertisaMuse
faitquerelle*
Achaque coin de ruèïlcrie,
-JO temps! omoeurs!
Lepoison cependant,augmentesesardeurs^
Etles dépits cruels ,les noires
jalousies
,
Fontàlafin l'effetdevingt
apoplexies.
quehérofiss,jourlleCini. ours leCini.
Dontun triste cercueilgardeàpresentlesos
Maissesentant voisin de l'infernalerive,
Et toutprest d'exalerson
amefugitive,
Il demandaparggrarâccee,,,&&
dunefablevoix
D'embrasser se-ç enfant
pourladernierefois.
Deux valetsaussi-tostses
dignesSecretaires I
Apportentprés de luy des
milliersd'exemplaires.
Lelitpar trop chargégemit j
souslespacquets,
Etl'Auteurmoribond dit
cesmotsparhocquets. 0 vous, mes tristes vers,
dignes objets d'envie,
JVJ)IN dont fattenst*hon~
., nveuired'u.n,e lfeéccoonnddér
PMiffitZJ-rzJOUJ:échAJler.m
naufragedesjins, Etbraverajamais £ignorance
,&Letemps,
jfenevous'verrayplus,déjà lamorthideuse
Autour de mon chevetétend
uneaile affreuse;
JMaisjt meurssans regret
dans
1
untemps dépravé;
> .- f-
Oùle mauvaisgoustregne,
&va lefront levé.
*QnlePublicsngrat,tnjidele,
perfide).
T,rouveMA veine usee, dl monstileinsipide
Moy,qui me,crusfadisa
Régnierpréfère.
Que dirontnosNeveux!
Regnardm'etfcomparé,
•Luyqùifendantdixansdu
Couchant
CouchantaL'Aurore
Errachez le Lapon&ramachezle
Maure.
Luy quinesçutjamaisnyle
Grecnyl'Hebreu.
Qui jcuajour&nuit,fîF
grandchcre&bonfeu;
Est- ce ainsi qu'autrefois
dansmavieillesouspente
Allâ,irombi-e- lueur d'une
lampe puante J'appris j pour mes pechez,
l'artdefairedesvers,
Feuilletantlesreplis de cent
Bouquinsdivers? ,
N'est-ce doncqu'enbuvant
que l'on imite Horace?
Par dessentiers defleurs , monte-t-onauParnasse?
Ce Regnardcependantvoit
éclatersestraits.
Quand mes derniers écrits
font en proye aux laquais\
0rage, ôdesespoir, ôvieillesse
ennemie!
Aprés tant de travaux
surlafin de ma vie
Par un nouvel Athlète on
meverra vaincu
Etjevis. Nonje meurs.. fayde)atropvécu,
ji ces mots bégayez, que la ".:
fureurinfvire,
Bbileaufermelesyeux,pen-
-
chela teste,expire.
Le bruit decette mort dans
lepaysLatin
Se répandaussî-lost&vole
chezBarbin.
La
, dans l'enfoncement
d'unearriere^boutique,
Safemmeétaleenvainson
embonpointantique,>
Etfaisant le débit de cent livresmauvais , Amuseun cercle entier des ,oisifs du Palais,
Là le vieux Presidenta
toujoursessceances,
Là le jeune, Avocat vient
prendreseslicences
Et le blond Senateur en
quittant leBarreau,
Vientpeignersaperruque,
&prendreson chapeau;
C'est là que le Chanoine au
sortirduservice,
Vientenaumusse encore a~
cheversonoffice.
Etqu'on voitàmidy maint
Auteur du menu
Surle projet d'un Livre
emprunterun écu.
Dansce Licée étroit cette
mortimprévue
Fut par les assistansdiversement
reçûë.
Acasteensoupira
3
le Li- braireengemt, -Crispe en eut l'oeil humide,
& Perraultensount;•-
Pendant qu'on doute encor
de la triste nouvelle
Arijitarrivéenpleurs, (:l,
suruneescabelle
Au milieu du Perron se
plaçanttristement.
Lut
-
au Cercle ces mots
extraits duTestament
EnThonneur d'Apollon à
jamaisjesouhaite
\Auxyeux de l'Universvi-
-
vre&mourirPoète,
J'en eustoute ma'V«,(9'
t'air,&lemaintien,
JMais desirantmourir en
Poëtechrestien
Je declare au Publicqueje
veux que l'on rende,
[Ce qu'à bon droitsurmoy
Juvenal redemande,
Quandmon Livreseroitré-
--
4-r- duitàdixfeüillets,
Jeveuxreflitusr les larcins
quej'ayfaits.
Si de cesvolshonteuxl'audaceefloitpunie,
Vne rame àla mainj'auroisfini
mavie,
Las d'estre simpleauteur
entésurdu Latin,
Tour imposerauxsots je
tradmfois Longin.
Maisj'avoue en mourant
quejel'ay mis en masque,
., Etque j'entendsleGrec,
aussipeu que le Basque,
Sur tout de noirs remords
mon espritagité,
Faitamandehonorable au
beau Sexe irrité,
jiu milieu des Pedans
nourrytoute mavie
J'ignoraylebeau monde,&
, lagalanterie, i
Et le coeur d'une Irispleine
demille attraits 4
Est
Estune terreaustralleoùje
n'allayjamais.
Jelaiseà mon valet dequoi
lever boutique
Des restes méprisezd'une
- Ode Pindarique,
Qu'on vit à sa naissance
expirerdans Paris:
On le verroitbien-tostrouler
en chevaux gis,
Si le langage obscuremploïé
dans cette Ode
Pouvoit unjourenfin devenirà
la mode.
Item, mais à ce mot chez
l'HorlogeurleRoux,
.La Pendulles'émeut,sonne
-
&frappedixcoups,
Alidoraussi-tost rempli
d'impatience
D'undélaicriminelaccuse
l'ajfifiance,
Faitvoir queletempspres-
,. se , & qu'il faut en
, granddeüil
Dans une heure au plus
tardescorterlecercüeil,
Il dit,&dans l'instanton
vitla Compagnie
Se lever bruspuementpour
la Ceremonie,
L'un court chezson Ami9
l'autre chez, un Frippier
Endosser l'attirail d'un
nouvel heritier,
Perrin d'un vieil bahut
d'oùpenduneserrure,
Tirasonjustaucorpsfaitau
deüil de Voiture,
Dont le coude entr'ouvert
reçut plus d'un échec
Envoulantle vêtir, tant il
se trouvasec.
Pradon, leseul Pradon eut
assez de courage
D'entrerchez, un Drapier
-
&d'un humble langage
., Pour quatre aulnes de drap
estimezvingtecus
Proposer un Billet signé
Germanicus.
Enfin midy sonnant cette
lugubre escorte
S'estsaisie aujourd'huy du
Deffuntsursaporte,
Et promenant ses os de
quartieren quartier
Le conduit au Parnasse en
songitedernier;
C'est-laqu'on va porterses
funebres reliques
Dansla cave marquée aux
Auteurssatiriques.
Là, sur un marbre offert
aux yeux de l'Univers
Encaractere d'or ongrave
ra ces vers.
Cy gist Maître Boileau
qui vécut de médire,
Et qui mourut aussiparun
traitdesatire:
Le coup qu'il assenaluyfut
enfinrendu.
Sipar malheur unjourson
livre estoitperdu,
A le chercher bien loin
Passant ne t'ernbataj^
se.
Tu le retrouveras tout entier
dans Horace.
DE BO 1LEAU,
SATYRE.
Quellesombre tristesse attaque
tes esprits ?
Lechagrinsurtonfront est
gravépar replis,
Qu'as-tufait de ceteint où
lajeunesse brille?
Jetevois plusrêveurqu'un
enfantd famille,
Qui courant vainement,
cherche depuis unmois
Quelque bonneUsurier
qui prête audeniertrois.
Ou qu'un tuteur tremblant
qui voit leverles
lustres
Pour éclairerbien-tostses
fittira illustres.
Quandle Partere en main
tient lesifflettoutprest,
Et luy va sansappel prononcersonArrest.
Ma douleur,cher Ami,
paroît avecjustice,
Cen'est pointen cejourun
effetdecaprice;
Mepompeuxattiraild'un
funesteConfvoy
Vientdesaisirmon coeurde
douleur&d'effroy,
Mesyeux ont vu passer
danslaplaceprochaine
DesMenins de la Mort
une troupe inhumaine;
De Pedans mal peignez,
un bataillon crotté,
Descendoit à paslents à
l'Université.
Leurs longs manteaux de
, :, àterre, A leurs crespesflottans les
mntsfaisoientlagutr*
rt';
Et chacun à la main avott
pïûpowjkitâbeau,
V#Umttj*di*:-?vertpour
orner untombeau,
J'ay vû parmi Içs rangs
malgréI4fouleextre*
me
Dc'"ml!inl Auteur dolent
lafaceseche&blefme.
fyey#Grecs& denxiLa*
tins escortotent le cereueil,
Et le mouchoirenmain
Barbinmenoitle deuil
pour qui crois-tu que nur*
che une telle ~oronnance.?
Ce lugubre appareil, cette
noire affluence?
D'unPoëte deffuntplains
lefunestesort,
l'Université pleure
, (7:
Despreauxestmort.
Ilestmort, c'enestfait,sa
Satyre ~T/~
Enfant infortuné d'une
plume infidelle,
Dont la Ville,&la Cour
ontfaitsipeu decas,
L'avoit déjà conduitaux
-
portes dutrépas.
Quandles cruelsefets d'une
derniere rage
L'ontfaitenfinpartirpour
cederniervoyage,
Ilcroyoit qu'Hipocrene,&
," sonpluspurcristal
Nedevoitquepour luy couleràpleincanal;
Mais apprenant qu'un au*
tre anime par lagloire
Avoit beureusementdans
Il sasourceose boire , frémit,&perce du fini
mortedépit,
Par l'ordred'Apollonilva
semettre 414 lit.
Tu ris: de tous les maux
déchaînezsur la terre
Pour livreraux Auteurs
une cruelle guerre:
Sçàis-tu bienque l'envieest
le plus dangereux?
Ils n'ontpoint d'antidoteÀ
ce poison affreux.
Un Poete aisement aidé
par lanature
Souffrelafaim,lafoif., le
Soleil
,
la fro dure,
Porte,sansmurmurer,dix
ans le même habit>-
N'a que les quatre murs
l'hiverpour tour deht*-
D'unGrand qui le nourrit ilsouffrelessaccades,
Son dosmêmeendurci si
, fait aux bastonnadesJ-'
Mais voit-ilsur lesrangs
quelqu'un se presenter,,
Et cüeillirdes lauriersqu'il
croitjcuL meriter.
Au bon goustà venirsoudainilenappelle,
AusieclepervertisaMuse
faitquerelle*
Achaque coin de ruèïlcrie,
-JO temps! omoeurs!
Lepoison cependant,augmentesesardeurs^
Etles dépits cruels ,les noires
jalousies
,
Fontàlafin l'effetdevingt
apoplexies.
quehérofiss,jourlleCini. ours leCini.
Dontun triste cercueilgardeàpresentlesos
Maissesentant voisin de l'infernalerive,
Et toutprest d'exalerson
amefugitive,
Il demandaparggrarâccee,,,&&
dunefablevoix
D'embrasser se-ç enfant
pourladernierefois.
Deux valetsaussi-tostses
dignesSecretaires I
Apportentprés de luy des
milliersd'exemplaires.
Lelitpar trop chargégemit j
souslespacquets,
Etl'Auteurmoribond dit
cesmotsparhocquets. 0 vous, mes tristes vers,
dignes objets d'envie,
JVJ)IN dont fattenst*hon~
., nveuired'u.n,e lfeéccoonnddér
PMiffitZJ-rzJOUJ:échAJler.m
naufragedesjins, Etbraverajamais £ignorance
,&Letemps,
jfenevous'verrayplus,déjà lamorthideuse
Autour de mon chevetétend
uneaile affreuse;
JMaisjt meurssans regret
dans
1
untemps dépravé;
> .- f-
Oùle mauvaisgoustregne,
&va lefront levé.
*QnlePublicsngrat,tnjidele,
perfide).
T,rouveMA veine usee, dl monstileinsipide
Moy,qui me,crusfadisa
Régnierpréfère.
Que dirontnosNeveux!
Regnardm'etfcomparé,
•Luyqùifendantdixansdu
Couchant
CouchantaL'Aurore
Errachez le Lapon&ramachezle
Maure.
Luy quinesçutjamaisnyle
Grecnyl'Hebreu.
Qui jcuajour&nuit,fîF
grandchcre&bonfeu;
Est- ce ainsi qu'autrefois
dansmavieillesouspente
Allâ,irombi-e- lueur d'une
lampe puante J'appris j pour mes pechez,
l'artdefairedesvers,
Feuilletantlesreplis de cent
Bouquinsdivers? ,
N'est-ce doncqu'enbuvant
que l'on imite Horace?
Par dessentiers defleurs , monte-t-onauParnasse?
Ce Regnardcependantvoit
éclatersestraits.
Quand mes derniers écrits
font en proye aux laquais\
0rage, ôdesespoir, ôvieillesse
ennemie!
Aprés tant de travaux
surlafin de ma vie
Par un nouvel Athlète on
meverra vaincu
Etjevis. Nonje meurs.. fayde)atropvécu,
ji ces mots bégayez, que la ".:
fureurinfvire,
Bbileaufermelesyeux,pen-
-
chela teste,expire.
Le bruit decette mort dans
lepaysLatin
Se répandaussî-lost&vole
chezBarbin.
La
, dans l'enfoncement
d'unearriere^boutique,
Safemmeétaleenvainson
embonpointantique,>
Etfaisant le débit de cent livresmauvais , Amuseun cercle entier des ,oisifs du Palais,
Là le vieux Presidenta
toujoursessceances,
Là le jeune, Avocat vient
prendreseslicences
Et le blond Senateur en
quittant leBarreau,
Vientpeignersaperruque,
&prendreson chapeau;
C'est là que le Chanoine au
sortirduservice,
Vientenaumusse encore a~
cheversonoffice.
Etqu'on voitàmidy maint
Auteur du menu
Surle projet d'un Livre
emprunterun écu.
Dansce Licée étroit cette
mortimprévue
Fut par les assistansdiversement
reçûë.
Acasteensoupira
3
le Li- braireengemt, -Crispe en eut l'oeil humide,
& Perraultensount;•-
Pendant qu'on doute encor
de la triste nouvelle
Arijitarrivéenpleurs, (:l,
suruneescabelle
Au milieu du Perron se
plaçanttristement.
Lut
-
au Cercle ces mots
extraits duTestament
EnThonneur d'Apollon à
jamaisjesouhaite
\Auxyeux de l'Universvi-
-
vre&mourirPoète,
J'en eustoute ma'V«,(9'
t'air,&lemaintien,
JMais desirantmourir en
Poëtechrestien
Je declare au Publicqueje
veux que l'on rende,
[Ce qu'à bon droitsurmoy
Juvenal redemande,
Quandmon Livreseroitré-
--
4-r- duitàdixfeüillets,
Jeveuxreflitusr les larcins
quej'ayfaits.
Si de cesvolshonteuxl'audaceefloitpunie,
Vne rame àla mainj'auroisfini
mavie,
Las d'estre simpleauteur
entésurdu Latin,
Tour imposerauxsots je
tradmfois Longin.
Maisj'avoue en mourant
quejel'ay mis en masque,
., Etque j'entendsleGrec,
aussipeu que le Basque,
Sur tout de noirs remords
mon espritagité,
Faitamandehonorable au
beau Sexe irrité,
jiu milieu des Pedans
nourrytoute mavie
J'ignoraylebeau monde,&
, lagalanterie, i
Et le coeur d'une Irispleine
demille attraits 4
Est
Estune terreaustralleoùje
n'allayjamais.
Jelaiseà mon valet dequoi
lever boutique
Des restes méprisezd'une
- Ode Pindarique,
Qu'on vit à sa naissance
expirerdans Paris:
On le verroitbien-tostrouler
en chevaux gis,
Si le langage obscuremploïé
dans cette Ode
Pouvoit unjourenfin devenirà
la mode.
Item, mais à ce mot chez
l'HorlogeurleRoux,
.La Pendulles'émeut,sonne
-
&frappedixcoups,
Alidoraussi-tost rempli
d'impatience
D'undélaicriminelaccuse
l'ajfifiance,
Faitvoir queletempspres-
,. se , & qu'il faut en
, granddeüil
Dans une heure au plus
tardescorterlecercüeil,
Il dit,&dans l'instanton
vitla Compagnie
Se lever bruspuementpour
la Ceremonie,
L'un court chezson Ami9
l'autre chez, un Frippier
Endosser l'attirail d'un
nouvel heritier,
Perrin d'un vieil bahut
d'oùpenduneserrure,
Tirasonjustaucorpsfaitau
deüil de Voiture,
Dont le coude entr'ouvert
reçut plus d'un échec
Envoulantle vêtir, tant il
se trouvasec.
Pradon, leseul Pradon eut
assez de courage
D'entrerchez, un Drapier
-
&d'un humble langage
., Pour quatre aulnes de drap
estimezvingtecus
Proposer un Billet signé
Germanicus.
Enfin midy sonnant cette
lugubre escorte
S'estsaisie aujourd'huy du
Deffuntsursaporte,
Et promenant ses os de
quartieren quartier
Le conduit au Parnasse en
songitedernier;
C'est-laqu'on va porterses
funebres reliques
Dansla cave marquée aux
Auteurssatiriques.
Là, sur un marbre offert
aux yeux de l'Univers
Encaractere d'or ongrave
ra ces vers.
Cy gist Maître Boileau
qui vécut de médire,
Et qui mourut aussiparun
traitdesatire:
Le coup qu'il assenaluyfut
enfinrendu.
Sipar malheur unjourson
livre estoitperdu,
A le chercher bien loin
Passant ne t'ernbataj^
se.
Tu le retrouveras tout entier
dans Horace.
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Résumé : LE TOMBEAU DE BOILEAU. SATYRE.
Le poème 'Le Tombeau de Boileau' évoque la mort du poète Nicolas Boileau. Le narrateur exprime une profonde tristesse et décrit Boileau comme un homme accablé par les soucis et les chagrins. Il compare Boileau à un enfant cherchant un usurier ou à un tuteur anxieux. Le narrateur révèle avoir vu des figures symbolisant la mort, notamment des pédants mal vêtus descendant à l'Université, parmi eux Boileau, accompagné de figures grecques et latines. Le poème détaille la douleur du narrateur, qui attribue la mort de Boileau à une 'funeste Convoy' et à une vision de la mort approchant. Boileau croyait que son inspiration poétique ne tarirait jamais, mais apprenant qu'un autre poète avait réussi, il mourut de dépit. Le texte souligne les difficultés des poètes, confrontés à l'envie, la faim, la soif, et l'ingratitude du public. Le poème se termine par la description des réactions diverses à la mort de Boileau dans le milieu littéraire parisien. Des figures comme Acaste, Crispe, Perrault, et Ariste réagissent différemment à la nouvelle. Boileau, dans son testament, exprime son désir de mourir en poète chrétien et demande pardon pour ses erreurs. Il avoue ignorer le grec et le latin, et exprime des remords envers le beau sexe. Le poème se conclut par la procession funéraire de Boileau, conduit au Parnasse où ses reliques seront inhumées. Une épitaphe gravée en caractères d'or résumera sa vie et sa mort : 'Cy gist Maître Boileau qui vécut de médire, Et qui mourut aussiparun traitdesatire.'
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 711-725
SUITE de l'Article de Pierre Ramus.
Début :
Des que Ramus se vit Professeur Royal, il se sentit [...]
Mots clefs :
Pierre Ramus, Professeur royal, Mathématiques, Réforme , Prononciation latine, Université, Théologie, Guerres civiles, Massacre de la Saint-Barthélemy, Éloquence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de l'Article de Pierre Ramus.
SUITE de l'Article de Pierre Ramus.
Es que Ramus se vit Professeur
DRoyal , il se sentit un nouveau zele
pour perfectionner les Sciences , et il y
travailla avec encore plus d'ardeur qu'il
n'avoit fait jusques- là , malgré la hainede
ses ennemis , qui ne pouvoient le laisser
en repos..
Il eut alors part à une affaire assez singuliere
pour être rapportée ici . Vers l'an-
150. les Professeurs Royaux avoient
commencé à corriger quelques abus qui
s'étoient glissez dans la prononciation de
la Langue Latine ; cetre réforme embrassée
par quelques Ecclesiastiques , déplut
à d'autres , qui deffendirent avec chaleur
l'ancienne prononciation à laquelle ils
étoient accoutumez. La chose alla même
si loin , qu'un Beneficier fut dépouillé de
ses revenus par la Faculté de Théologie ,
pour avoir prononcé Quisquis, Quanquam,
suivant la nouvelle réforme , et non par
Kiskis , Kankam , selon l'ancien usage..
Ce Beneficier s'étant pourvû en Parle
ment , les Professeurs Royaux , et entre
autre
712 MERCURE DE FRANCE .
autres Ramus , craignant qu'il ne succombât
sous le crédit de la Faculté , se crurent
obligés de le secourir ; ils allerent
donc à l'Audience , et représenterent si
vivement à la Cour l'indignité d'un tel
procès , que l'Accusé fut absous , et qu'on
faissa la liberté de prononcer comme on
voudroit.
Ramus avoit été élevé et instruit dès
sa plus tendre jeunesse dans la Religion
Catholique , mais la lecture des Livres
des Protestans l'avoit séduit , et lui avoit
donné du gout pour leur Doctrine. Il
commença à faire connoître ses sentimens
en ôtant les Images de la Chapelle de son
College de Prêle. C'étoit en 1552. que
les Religionnaires commencerent à remuer
, et comme on ne vouloit souffrir
dans l'Université que des personnes d'une
Doctrine saine , il en fut chassé la mê
me année et destitué de sa Charge.
}
*
La crainte qu'il eut de quelque chose
de pis , l'obligea alors à se retirer , et il
alla, sous le bon plaisir du Roi qui le
protegeoit , se cacher à Fontainebleau
où , à la faveur des Livres qu'il y trouva
dans la Bibliotheque Royale , il continua
ses travaux Géometriques et Astronomiques
, qui l'occupoient beaucoup depuis
quelque tems.
*Felibien , Hist. de Paris , t. 2. p. 1084.
Mais
AVRIL.
1731. 713
Mais il ne demeura pas long- tems
tranquille en ce lieu . On découvrit qu'il
y étoit , et cette découverte ne lui permit
pas d'y rester davantage. Il fallut
qu'il s'allât cacher successivement en divers
endroits . Pendant ce tems-là son Col
lege fut pillé , et il perdit la riche Bibliotheque
qu'il y avoit amassée.
Lorsque la Paix eut été conclue l'an
1563. entre le Roi Charles IX . et les
Protestans , il reprit possession de sa Charge
, s'y maintint avec vigueur et s'attacha
principalement à faire fleurir les études
des Mathématiques . Nous trouvons dans
l'Histoire de la Ville de Paris une preuve
éclatante de son zele en cette matiere,
qu'il ne faut pas omettre.
» L'intention du Roi François Premier,
» dit l'Auteur , en fondant le College
» Royal , avoit été que les places de Pro-
» fesseurs ne fussent occupées que par des
» gens capables de les remplir avec hon-
>> neur. Des gens sans mérite avoient en-
» fin trouvé moyen , par amis , et par in-
» trigues d'en occuper quelques- unes , et
>> de ce nombre étoit Dampestre , qui s'é-
» toit chargé d'enseigner les Mathémati-
» ques , dont il sçavoit à peine les pre-
» miers Elemens. Pierre de la Ramée l'en-
>> treprit , et l'accusant d'insuffisance , la
* Felib. +, 2. p. 1106.
n.tra
714 MERCURE DE FRANCE.
» traduisit au Parlement , où l'indigne
>> Professeur fut condamné à subir l'exa-
» men . La Raméé ne fe contenta pas de
» cela , il écrivit au Roi , à la Reine , au
» Cardinal de Chatillon , Conservateur
» de l'Université de Paris , à l'Evêque de
» Valance , et à plusieurs autres Seigneurs
>> du Conseil du Roi , et en obrint une
Ordonnance en datte du 24. Janvier
1566. par laquelle il fut reglé que Dam-
» pestre et tous les autres Professeurs qui
» se presenteroient desormais pour être
admis au College Reyal , seroient examinez
publiquement par tous les autres
» Lecteurs. Dampestre , pour n'avoir pas
» l'affront d'être convaincu d'insuffisance,
» ceda sa place à de certaines conditions
à Charpentier , Docteur en Medecine ,
encore moins versé que lui dans les Ma
» thématiques , mais homme d'intrigue et
artificieux. La Ramée l'attaqua plus
» vivement que l'autre , et se donna tant
» de mouvemens , que le Roi fit expedier
» des Lettres Parentes du 7 ..... de la
» même année , données à Moulins , par
lesquelles après le récit des soins que
s'étoit donné Pierre de la Ramée , Doyen
» des Professeurs Royaux , contre Dampestre
, le Roi veut que quand il vaquera
une place de Professeur Royal ,
on le fasse sçavoir à toutes les Univer-
5
"
» sitez.
AVRIL. 1731. 715
.
sitez les plus fameuses , afin que ceux
» qui se sentiront dans la disposition de
»la disputer au concours , viennent se
>> présenter à l'examen des autres Profes-
» seurs du même College , et disputer la
>> Chaire vacante , laquelle sera donnée
» par le Roi à celui , qui , au rapport du
» Doyen et des Lecteurs , aura fait pa-
» roître plus de capacité dans ce combat
Litteraire. Ces Lettres furent enregis
» trées le 2. Avril suivant , avec l'Eloge
que méritoit la protection que donnoit
» le Roi aux Belles Lettres . Pierre de la
Ramée ne laissa pas plus Charpentier
>> en paix que celui qui l'avoit précedé
» dans la Chaire de Mathématique. Il le
>>fit comparoître à la Cour , où le nou-
» veau Professeur obtint par ses larmes
» et par son éloquence , de ne pas subir
»
"
l'examen . Le Parlement lui prescrivit
» des conditions qu'il n'executa point ,
» dont il s'acquitta de mauvaise foi ; ce
» qui obligea la Ramée de le traduire au
» Conseil , où par les artifices de Char-
» pentier , il se trouva lui - même dans la
» necessité de faire son apologie. Toutes
» ces démarches de la Ramée lui furent
>> funestes dans la suite.
Les Guerres Civiles ayant recommencé
en 1557. Ramus fut de nouveau obligé
de quitter Paris ; il se réfugia auprès du
Prince
716 MERCURE DE FRANCE
Prince de Condé , qui avoit son armée a
S. Denis , et y étoit pendant la bataille
qui se donna en ce lieu.
La Paix qui se fit peu de tems après ,
l'engagea à revenir à Paris , où il fut retabli
dans sa Charge ; mais il forma le
dessein de se retirer en un lieu de sureté,
pour n'être point exposé à de nouveaux
dangers.
Il demanda pour cela au Roi la per-
. mission d'aller visiter les Académies d'Almagne
, et elle lui fut accordée. Il fit ce
voyage en 1568. et reçut par tout de fort
grands honneurs. Il fit pendant quelque
tems des Leçons à Heidelberg. André
Dudith , qui avoit beaucoup de crédit
auprès du Roi de Pologne , l'invita à se
rendre à Cracovie ; Jean Zapol Vaivode
de Transilvanie , lui offrit aussi des appointemens
considerables , avec le Rectorat
de l'Académie de Weissembourg ;
mais il ne jugea pas à propos d'accepter
leurs offres .
Pendant son séjour à Heidelberg , il fuc
assidu aux Sermons que les Réformez
y faisoient en François , et ce fut dans
feur Eglise qu'il communia pour la premiere
fois , après avoir publié sa profession
de foi.
L'attachement qu'il avoit pour sa Pa
trie , l'y ramena pour son malheur en
1571
AVRIL. 1731. 717
1571. car il fut assassiné le 25. Août 1572 .
au massacre de la S. Barthelemi . Il s'étoit
caché dans une cave pendant le tumulte,
mais il en fut tiré par des Assassins que
lui envoya Charpentier , son Competiteur
, et après qu'il eut donné beaucoup
d'argent pour tâcher de se tirer de leurs
mains et reçû quelques blessures , il fut
jetté par la fenêtre dans la cour , et ses
entrailles étant sorties de son corps par
cette chute , les Ecoliers animez par leurs
Maîtres , qui le haïssoient , les répandirent
dans les rues et traînerent ignomigneusement
son corps, en le frappant avec
des verges.
Il avoit fait son Testament , qui est
daté de Paris le premier Août 1568. avant
que de partir pour l'Allemagne . Par ce
Testament il ordonnoit que de sept cens
livres de rente qu'il avoit sur l'Hôtel de
Ville , cinq cens serviroient de gages à
un Professeur qui enseigneroit en trois
ans l'Arithmetique , la Musique , la Géometrie
, l'Optique, l'Astrologie et la Géographie
, dans le College Royal ; au bout
du quel tems on en choisiroit un autre
avec les circonstances qu'il prescrit pour
faire le même cours d'Etudes . Et il nommoit
pour le premier Professeur qui joüiiroit
de ce revenu , Frederic Reisnerus qui
- étoit son ami .
•
Mais
718 MERCURE DE FRANCE.
«
>>
Mais cette Fondation n'eut point d'abord
son effet , comme elle l'eut dans la
suite ; car le Prevôt des Marchands et
les Echevins presenterent le 17. Mars
1573. une Requête au Parlement , où ils
remontrerent que » M. Pierre de la Ra-
» mée par son Testament avoit legué la
» somme de cinq cens livres tournois de
>> rente , qu'il avoit sur ladite Ville , au
» Lecteur de Mathématique , qui seroit
élû par les Supplians , le Premier Presi-
» dent de la Cour et le premier Avocat
» du Roi , qui étoit chose superfluë , vû
» la multitude des Lecteurs en Mathéma-
» tique , stipendiez par le Roi et par les
» Colleges , et qu'il seroit plus expedient
» d'employer ladite rente aux gages d'u-
» ne personne capable , qui seroit élûë par
lesdits dessusdits , et par le Procureur
General du Roi , pour continuer l'His-
» toire de France de Paul Emile , depuis
le commencement de Charles VIII.
»jusqu'au Roi alors regnant . La Cour
oui le Premier President , le second
Avocat du Roi , en l'absence du pre-
» mier , et vûës les Conclusions du Pro-
» cureur General du Roi , par provision
» et jusqu'à ce que le Suppliant avec le
»Premier President et le premier Avocat
» du Roi eussent advisé de choisir un
» Lecteur suffisant pour lire les Mathéma-
>> tiques
))
>>
33
">
,
AVRIL. 1731 .
719
» tiques , s'il est trouvé expedient pour
>> le bien public , ordonna que ladite ren-
>> te et les arrerages d'icelle jusqu'à ce jour,
» seroient bailles à M. Jacques Gohory ,
» Avocat en la Cour , pour continuer en
Langue Latine l'Histoire de France de
» Paul Emile , et à cette fin prendre Pan-
» cartés autentiques , bons Memoires et
instructions , titres et autres papiers né-
» cessaires pour composer au vrai ladite
» Histoire. *.
Je ne sçai comment accorder la Requête
du Prevôt des Marchands et des
Échevins , avec le Testament de Ramus ;
car il n'y est pas dit que ce seront eux
qui nommeront le Professeur pour remplir
la Chaire qu'il fondoit , il en donna ,
au contraire , le choix aux Professeurs
Royaux ; il dit seulement que le Premier
President , le premier Avocat du Roi et
le Prevôt des Marchands , assisteront , ou
du moins seront invitez à assister à l'examen
des Prétendans .
enga- Au reste Gohory s'acquitta des
gemens que lui imposoit la pension qu'on
- lui avoit accordée , et continua en Latin
l'Histoire de Paul Emile ; mais sa continuation
est demeurée manuscrite et n'a
jamais été imprimée.
* Extrait des Registres du Parlement, dans les
Preuves de l'Histoire de Paris , Part. 2. p . 8301
Ramus
720 MERCURE DE FRANCE .
Ramus étoit un hommede belle taille ,
de bonne mine et d'une complexion vigoureuse
et infatigable dans le travail.
Il n'avoit d'autre lit que de la paille , sur
laquelle il coucha toûjours depuis son enfance
jusqu'à sa vieillesse. Il se levoit ordinairement
de grand matin . Comme il
employoit tout le jour à lire , à écrire ,
et à méditer , afin de se conserver l'esprit
plus libre , il ne prenoit le matin
qu'un leger repas ; le soir il mangeoit un
peu davantage , et après souper il se promenoit
pendant deux ou trois heures, ou
s'entretenoit avec ses amis. Son aliment
ordinaire étoit de la viande bouillie , et
il ne commença à boire du vin que dans
un âge un peu avancé , et par ordre des
Medecins. L'aversion qu'il avoit pour le
vin , venoit d'un accident qui lui étoit
arrivé dans sa premiere jeunesse ; car étant
alors entré dans la cave à l'insçû de ses
parens , il but si abondamment , qu'on le
trouva près du tonneau sans connoissance
et comme mort. L'état où il s'étoit mis
fit depuis tant d'impression sur lui , qu'il
fut plus de 20. ans sans vouloir boire de
vin.
Il garda toute sa vie le célibat avec une
pureté qui ne fut pas même soupçonnée
de la moindre tache , et il évitoit comme
un poison les conversations trop libres.
II
HOMA AVRIL.
1731. 721
conserva sa santé , et se guérit de ses
indispositions , non point par l'usage des
remedes , mais par la sobrieté , par l'abs
tinence et par l'exercice , sur tout par
celui du Jeu de Paume , qui étoit son
divertissement ordinaire.
Il étoit parfaitement desinteressé , et si
liberal , qu'il distribuoit une partie de
son bien , à ceux de ses Ecoliers qui en
avoient besoin .
Il avoit un génie fort vaste et un sçavoir
profond ; il avoit embrassé toutes
les sciences, et ne se proposoit pas moins
que de les réformer toutes ; mais c'étoit
une entreprise qui surpassoit ses forces.
L'envie de se distinguer , son penchant
naturel à contredire , et son opiniâtreté ,
l'ont engagé dans des disputes et des embarras
qu'il auroit pû s'épargner. La hardiesse
qu'il eut de soutenir à la fin de
sa Philosophie , que tout ce qu'Aristote
avoit dit étoit faux , étoit une action de
jeune homme , qu'il se fit cependant un
point d'honneur de soutenir dans la suite,
mais qui ne le rendoit gueres moins ridicule
que l'étoient ses Adversaires , en
soutenant que tout ce que Aristote avoit
avancé étoit vrai .
On loue beaucoup son éloquence , dont
Brantome rapporte une preuve singu-
* Mem. des Hommes illustres , T. 2. p. 55.
E liere.
722 MERCURE
DE FRANCE
liere. » M. Ramus , dit-il , étoit un fort
»disert et éloquent Orateur , et peu s'en
» est il vû de semblables ; car il avoit une
» grace inégale à tout autre , qui secou-
>> roit davantage son éloquence , jusqueslui
» là qu'au bout de quelque tems ,
s'étant rendu Hugenot , et étant en la
» compagnie de Messieurs le Prince et
l'Amiral , au voyage de Lorraine , et
»leurs Reitres , qu'ils avoient fait venir ,
»ne voulant passer vers la France qu'ils
»n'eussent de l'argent , après qu'ils en
neurent un peu touché par quelques bour-
»cillemens que les Huguenots eurent faits
entre eux , et que M. Ramus les eut ha-
>>ranguez, ils en furent gagnez et amenez
>>au coeur de la France , pour faire assez
» de maux .
Il falloit qu'on lui connût du talent
pour gagner les esprits , puisqu'on voulut
l'engager par de grandes promesses
à aller en Pologne en 1572. après la mort
du Roi Sigimond Auguste , pour prévenir
par son éloquence les Polonnois en
faveur du Duc d'Anjou , qui fut élû Pannée
suivante ; mais il le refusa , sous prétexte
que l'éloquence ne devoit point être
mercenaire . Il ne prévoyoit pas le malheur
qu'il lui arriva peu de jours après ,
et qu'il auroit évité en faisant ce voyage.
Quoique les Mathématiques
ayent été
son
AVRIL. 1731.
23
son fort , et ayent fait sa principale étu
de , on a fait depuis lui tant de nouveldes
découvertes dans cette Science , qu'on
ne tient pas à présent grand compte de
ce qu'il à laissé sur cette matiere.
Il se mêla aussi de Théologie, et voulut
se rendre en quelque maniere Chef de
Parti , en changeant la discipline qui étoit
en usage dans les Eglises Calvinistes. Il se
proposa d'y introduire le Gouvernement
Démocratique , et prétendit que la puissance
des Chefs , conferée au Peuple par
Jesus- Christ , ne devoit être mise aux
Consistoires , qu'afin qu'ils formassent les
premieres déliberations ou les premiers
jugemens qui seroient ensuite proposez
au Peuple , et qui ne pourroient passer
pour Loi qu'en cas qu'ils fussent confirmez
par les suffrages des Chefs de famille ;
-il disoit que sans cela on introduiroit dans
P'Eglise l'Oligargie et la Tyrannie, Mais
son sentiment ayant été examiné dans un
Synode National , tenu à Nîmes au mois
de May 1572. fut rejetté comme une
chose qui n'étoit propre qu'à causer de la
confusion , et qu'à produire une veritable
Anarchie . Il est à présumer que Ramus
avoit d'autres vûës , et que , s'il eût obtenu
ce qu'il demandoit , il eût été plus
loin , et se fût servi de son éloquence
pour engager l'Assemblée du Peuple à
E ij
faire
7
724 MERCURE DE FRANCE
faire encore d'autres changemens plus
considerables. C'est ce qu'appréhendoit
Théodore de Beze , qui opina fortement
contre lui dans le Synode de Nîmes.
Les disgraces , les traverses et les cha
grins que Ramus eut à soutenir pendant
le cours de sa vie , et qu'il se procura souvent
à lui-même , trouverent en lui un
courage et une constance capable de les
soutenir. Ses ennemis qui n'oublierent
rien pour le chagriner , se servirent quelquefois
pour
cela de ses Ecoliers . La premiere
fois qu'il expliqua sa Logique dans
le College de Cambray en 1552. on le
siffla, on fit des huées , on battit des mains
et des pieds . Mais il ne se déconcerta pas ;
il s'arrêtoit de tems- en-tems , jusqu'à - ce
que le bruit cessât , il acheva ainsi sa Leçon
à plusieurs reprises. Cette fermeté
étonna ceux qui vouloient par là lui faire
de la peine , et rabattit dans la suite leur
audace. On lui fit les mêmes insultes à
Heidelberg , et avec aussi peu de succès
pendant les Leçons qu'il y fit l'an 1568.
Nous nous dispensons d'ajoûter ici le
Catalogue raisonné des Ouvrages de P.
Ramus , divisé dans le Livre du P. Niceron
en 50. Articles , encore n'y sontils
pas tous rapportez . Cette prolixité setoit
ennuyeuse dans notre Journal , il y
a d'ailleurs peu de Gens de Lettres qui
no
>
AVRIL. 1731. 725
ne soient au fait des Ouvrages de cet infatigable
et celebre Ecrivain.
Es que Ramus se vit Professeur
DRoyal , il se sentit un nouveau zele
pour perfectionner les Sciences , et il y
travailla avec encore plus d'ardeur qu'il
n'avoit fait jusques- là , malgré la hainede
ses ennemis , qui ne pouvoient le laisser
en repos..
Il eut alors part à une affaire assez singuliere
pour être rapportée ici . Vers l'an-
150. les Professeurs Royaux avoient
commencé à corriger quelques abus qui
s'étoient glissez dans la prononciation de
la Langue Latine ; cetre réforme embrassée
par quelques Ecclesiastiques , déplut
à d'autres , qui deffendirent avec chaleur
l'ancienne prononciation à laquelle ils
étoient accoutumez. La chose alla même
si loin , qu'un Beneficier fut dépouillé de
ses revenus par la Faculté de Théologie ,
pour avoir prononcé Quisquis, Quanquam,
suivant la nouvelle réforme , et non par
Kiskis , Kankam , selon l'ancien usage..
Ce Beneficier s'étant pourvû en Parle
ment , les Professeurs Royaux , et entre
autre
712 MERCURE DE FRANCE .
autres Ramus , craignant qu'il ne succombât
sous le crédit de la Faculté , se crurent
obligés de le secourir ; ils allerent
donc à l'Audience , et représenterent si
vivement à la Cour l'indignité d'un tel
procès , que l'Accusé fut absous , et qu'on
faissa la liberté de prononcer comme on
voudroit.
Ramus avoit été élevé et instruit dès
sa plus tendre jeunesse dans la Religion
Catholique , mais la lecture des Livres
des Protestans l'avoit séduit , et lui avoit
donné du gout pour leur Doctrine. Il
commença à faire connoître ses sentimens
en ôtant les Images de la Chapelle de son
College de Prêle. C'étoit en 1552. que
les Religionnaires commencerent à remuer
, et comme on ne vouloit souffrir
dans l'Université que des personnes d'une
Doctrine saine , il en fut chassé la mê
me année et destitué de sa Charge.
}
*
La crainte qu'il eut de quelque chose
de pis , l'obligea alors à se retirer , et il
alla, sous le bon plaisir du Roi qui le
protegeoit , se cacher à Fontainebleau
où , à la faveur des Livres qu'il y trouva
dans la Bibliotheque Royale , il continua
ses travaux Géometriques et Astronomiques
, qui l'occupoient beaucoup depuis
quelque tems.
*Felibien , Hist. de Paris , t. 2. p. 1084.
Mais
AVRIL.
1731. 713
Mais il ne demeura pas long- tems
tranquille en ce lieu . On découvrit qu'il
y étoit , et cette découverte ne lui permit
pas d'y rester davantage. Il fallut
qu'il s'allât cacher successivement en divers
endroits . Pendant ce tems-là son Col
lege fut pillé , et il perdit la riche Bibliotheque
qu'il y avoit amassée.
Lorsque la Paix eut été conclue l'an
1563. entre le Roi Charles IX . et les
Protestans , il reprit possession de sa Charge
, s'y maintint avec vigueur et s'attacha
principalement à faire fleurir les études
des Mathématiques . Nous trouvons dans
l'Histoire de la Ville de Paris une preuve
éclatante de son zele en cette matiere,
qu'il ne faut pas omettre.
» L'intention du Roi François Premier,
» dit l'Auteur , en fondant le College
» Royal , avoit été que les places de Pro-
» fesseurs ne fussent occupées que par des
» gens capables de les remplir avec hon-
>> neur. Des gens sans mérite avoient en-
» fin trouvé moyen , par amis , et par in-
» trigues d'en occuper quelques- unes , et
>> de ce nombre étoit Dampestre , qui s'é-
» toit chargé d'enseigner les Mathémati-
» ques , dont il sçavoit à peine les pre-
» miers Elemens. Pierre de la Ramée l'en-
>> treprit , et l'accusant d'insuffisance , la
* Felib. +, 2. p. 1106.
n.tra
714 MERCURE DE FRANCE.
» traduisit au Parlement , où l'indigne
>> Professeur fut condamné à subir l'exa-
» men . La Raméé ne fe contenta pas de
» cela , il écrivit au Roi , à la Reine , au
» Cardinal de Chatillon , Conservateur
» de l'Université de Paris , à l'Evêque de
» Valance , et à plusieurs autres Seigneurs
>> du Conseil du Roi , et en obrint une
Ordonnance en datte du 24. Janvier
1566. par laquelle il fut reglé que Dam-
» pestre et tous les autres Professeurs qui
» se presenteroient desormais pour être
admis au College Reyal , seroient examinez
publiquement par tous les autres
» Lecteurs. Dampestre , pour n'avoir pas
» l'affront d'être convaincu d'insuffisance,
» ceda sa place à de certaines conditions
à Charpentier , Docteur en Medecine ,
encore moins versé que lui dans les Ma
» thématiques , mais homme d'intrigue et
artificieux. La Ramée l'attaqua plus
» vivement que l'autre , et se donna tant
» de mouvemens , que le Roi fit expedier
» des Lettres Parentes du 7 ..... de la
» même année , données à Moulins , par
lesquelles après le récit des soins que
s'étoit donné Pierre de la Ramée , Doyen
» des Professeurs Royaux , contre Dampestre
, le Roi veut que quand il vaquera
une place de Professeur Royal ,
on le fasse sçavoir à toutes les Univer-
5
"
» sitez.
AVRIL. 1731. 715
.
sitez les plus fameuses , afin que ceux
» qui se sentiront dans la disposition de
»la disputer au concours , viennent se
>> présenter à l'examen des autres Profes-
» seurs du même College , et disputer la
>> Chaire vacante , laquelle sera donnée
» par le Roi à celui , qui , au rapport du
» Doyen et des Lecteurs , aura fait pa-
» roître plus de capacité dans ce combat
Litteraire. Ces Lettres furent enregis
» trées le 2. Avril suivant , avec l'Eloge
que méritoit la protection que donnoit
» le Roi aux Belles Lettres . Pierre de la
Ramée ne laissa pas plus Charpentier
>> en paix que celui qui l'avoit précedé
» dans la Chaire de Mathématique. Il le
>>fit comparoître à la Cour , où le nou-
» veau Professeur obtint par ses larmes
» et par son éloquence , de ne pas subir
»
"
l'examen . Le Parlement lui prescrivit
» des conditions qu'il n'executa point ,
» dont il s'acquitta de mauvaise foi ; ce
» qui obligea la Ramée de le traduire au
» Conseil , où par les artifices de Char-
» pentier , il se trouva lui - même dans la
» necessité de faire son apologie. Toutes
» ces démarches de la Ramée lui furent
>> funestes dans la suite.
Les Guerres Civiles ayant recommencé
en 1557. Ramus fut de nouveau obligé
de quitter Paris ; il se réfugia auprès du
Prince
716 MERCURE DE FRANCE
Prince de Condé , qui avoit son armée a
S. Denis , et y étoit pendant la bataille
qui se donna en ce lieu.
La Paix qui se fit peu de tems après ,
l'engagea à revenir à Paris , où il fut retabli
dans sa Charge ; mais il forma le
dessein de se retirer en un lieu de sureté,
pour n'être point exposé à de nouveaux
dangers.
Il demanda pour cela au Roi la per-
. mission d'aller visiter les Académies d'Almagne
, et elle lui fut accordée. Il fit ce
voyage en 1568. et reçut par tout de fort
grands honneurs. Il fit pendant quelque
tems des Leçons à Heidelberg. André
Dudith , qui avoit beaucoup de crédit
auprès du Roi de Pologne , l'invita à se
rendre à Cracovie ; Jean Zapol Vaivode
de Transilvanie , lui offrit aussi des appointemens
considerables , avec le Rectorat
de l'Académie de Weissembourg ;
mais il ne jugea pas à propos d'accepter
leurs offres .
Pendant son séjour à Heidelberg , il fuc
assidu aux Sermons que les Réformez
y faisoient en François , et ce fut dans
feur Eglise qu'il communia pour la premiere
fois , après avoir publié sa profession
de foi.
L'attachement qu'il avoit pour sa Pa
trie , l'y ramena pour son malheur en
1571
AVRIL. 1731. 717
1571. car il fut assassiné le 25. Août 1572 .
au massacre de la S. Barthelemi . Il s'étoit
caché dans une cave pendant le tumulte,
mais il en fut tiré par des Assassins que
lui envoya Charpentier , son Competiteur
, et après qu'il eut donné beaucoup
d'argent pour tâcher de se tirer de leurs
mains et reçû quelques blessures , il fut
jetté par la fenêtre dans la cour , et ses
entrailles étant sorties de son corps par
cette chute , les Ecoliers animez par leurs
Maîtres , qui le haïssoient , les répandirent
dans les rues et traînerent ignomigneusement
son corps, en le frappant avec
des verges.
Il avoit fait son Testament , qui est
daté de Paris le premier Août 1568. avant
que de partir pour l'Allemagne . Par ce
Testament il ordonnoit que de sept cens
livres de rente qu'il avoit sur l'Hôtel de
Ville , cinq cens serviroient de gages à
un Professeur qui enseigneroit en trois
ans l'Arithmetique , la Musique , la Géometrie
, l'Optique, l'Astrologie et la Géographie
, dans le College Royal ; au bout
du quel tems on en choisiroit un autre
avec les circonstances qu'il prescrit pour
faire le même cours d'Etudes . Et il nommoit
pour le premier Professeur qui joüiiroit
de ce revenu , Frederic Reisnerus qui
- étoit son ami .
•
Mais
718 MERCURE DE FRANCE.
«
>>
Mais cette Fondation n'eut point d'abord
son effet , comme elle l'eut dans la
suite ; car le Prevôt des Marchands et
les Echevins presenterent le 17. Mars
1573. une Requête au Parlement , où ils
remontrerent que » M. Pierre de la Ra-
» mée par son Testament avoit legué la
» somme de cinq cens livres tournois de
>> rente , qu'il avoit sur ladite Ville , au
» Lecteur de Mathématique , qui seroit
élû par les Supplians , le Premier Presi-
» dent de la Cour et le premier Avocat
» du Roi , qui étoit chose superfluë , vû
» la multitude des Lecteurs en Mathéma-
» tique , stipendiez par le Roi et par les
» Colleges , et qu'il seroit plus expedient
» d'employer ladite rente aux gages d'u-
» ne personne capable , qui seroit élûë par
lesdits dessusdits , et par le Procureur
General du Roi , pour continuer l'His-
» toire de France de Paul Emile , depuis
le commencement de Charles VIII.
»jusqu'au Roi alors regnant . La Cour
oui le Premier President , le second
Avocat du Roi , en l'absence du pre-
» mier , et vûës les Conclusions du Pro-
» cureur General du Roi , par provision
» et jusqu'à ce que le Suppliant avec le
»Premier President et le premier Avocat
» du Roi eussent advisé de choisir un
» Lecteur suffisant pour lire les Mathéma-
>> tiques
))
>>
33
">
,
AVRIL. 1731 .
719
» tiques , s'il est trouvé expedient pour
>> le bien public , ordonna que ladite ren-
>> te et les arrerages d'icelle jusqu'à ce jour,
» seroient bailles à M. Jacques Gohory ,
» Avocat en la Cour , pour continuer en
Langue Latine l'Histoire de France de
» Paul Emile , et à cette fin prendre Pan-
» cartés autentiques , bons Memoires et
instructions , titres et autres papiers né-
» cessaires pour composer au vrai ladite
» Histoire. *.
Je ne sçai comment accorder la Requête
du Prevôt des Marchands et des
Échevins , avec le Testament de Ramus ;
car il n'y est pas dit que ce seront eux
qui nommeront le Professeur pour remplir
la Chaire qu'il fondoit , il en donna ,
au contraire , le choix aux Professeurs
Royaux ; il dit seulement que le Premier
President , le premier Avocat du Roi et
le Prevôt des Marchands , assisteront , ou
du moins seront invitez à assister à l'examen
des Prétendans .
enga- Au reste Gohory s'acquitta des
gemens que lui imposoit la pension qu'on
- lui avoit accordée , et continua en Latin
l'Histoire de Paul Emile ; mais sa continuation
est demeurée manuscrite et n'a
jamais été imprimée.
* Extrait des Registres du Parlement, dans les
Preuves de l'Histoire de Paris , Part. 2. p . 8301
Ramus
720 MERCURE DE FRANCE .
Ramus étoit un hommede belle taille ,
de bonne mine et d'une complexion vigoureuse
et infatigable dans le travail.
Il n'avoit d'autre lit que de la paille , sur
laquelle il coucha toûjours depuis son enfance
jusqu'à sa vieillesse. Il se levoit ordinairement
de grand matin . Comme il
employoit tout le jour à lire , à écrire ,
et à méditer , afin de se conserver l'esprit
plus libre , il ne prenoit le matin
qu'un leger repas ; le soir il mangeoit un
peu davantage , et après souper il se promenoit
pendant deux ou trois heures, ou
s'entretenoit avec ses amis. Son aliment
ordinaire étoit de la viande bouillie , et
il ne commença à boire du vin que dans
un âge un peu avancé , et par ordre des
Medecins. L'aversion qu'il avoit pour le
vin , venoit d'un accident qui lui étoit
arrivé dans sa premiere jeunesse ; car étant
alors entré dans la cave à l'insçû de ses
parens , il but si abondamment , qu'on le
trouva près du tonneau sans connoissance
et comme mort. L'état où il s'étoit mis
fit depuis tant d'impression sur lui , qu'il
fut plus de 20. ans sans vouloir boire de
vin.
Il garda toute sa vie le célibat avec une
pureté qui ne fut pas même soupçonnée
de la moindre tache , et il évitoit comme
un poison les conversations trop libres.
II
HOMA AVRIL.
1731. 721
conserva sa santé , et se guérit de ses
indispositions , non point par l'usage des
remedes , mais par la sobrieté , par l'abs
tinence et par l'exercice , sur tout par
celui du Jeu de Paume , qui étoit son
divertissement ordinaire.
Il étoit parfaitement desinteressé , et si
liberal , qu'il distribuoit une partie de
son bien , à ceux de ses Ecoliers qui en
avoient besoin .
Il avoit un génie fort vaste et un sçavoir
profond ; il avoit embrassé toutes
les sciences, et ne se proposoit pas moins
que de les réformer toutes ; mais c'étoit
une entreprise qui surpassoit ses forces.
L'envie de se distinguer , son penchant
naturel à contredire , et son opiniâtreté ,
l'ont engagé dans des disputes et des embarras
qu'il auroit pû s'épargner. La hardiesse
qu'il eut de soutenir à la fin de
sa Philosophie , que tout ce qu'Aristote
avoit dit étoit faux , étoit une action de
jeune homme , qu'il se fit cependant un
point d'honneur de soutenir dans la suite,
mais qui ne le rendoit gueres moins ridicule
que l'étoient ses Adversaires , en
soutenant que tout ce que Aristote avoit
avancé étoit vrai .
On loue beaucoup son éloquence , dont
Brantome rapporte une preuve singu-
* Mem. des Hommes illustres , T. 2. p. 55.
E liere.
722 MERCURE
DE FRANCE
liere. » M. Ramus , dit-il , étoit un fort
»disert et éloquent Orateur , et peu s'en
» est il vû de semblables ; car il avoit une
» grace inégale à tout autre , qui secou-
>> roit davantage son éloquence , jusqueslui
» là qu'au bout de quelque tems ,
s'étant rendu Hugenot , et étant en la
» compagnie de Messieurs le Prince et
l'Amiral , au voyage de Lorraine , et
»leurs Reitres , qu'ils avoient fait venir ,
»ne voulant passer vers la France qu'ils
»n'eussent de l'argent , après qu'ils en
neurent un peu touché par quelques bour-
»cillemens que les Huguenots eurent faits
entre eux , et que M. Ramus les eut ha-
>>ranguez, ils en furent gagnez et amenez
>>au coeur de la France , pour faire assez
» de maux .
Il falloit qu'on lui connût du talent
pour gagner les esprits , puisqu'on voulut
l'engager par de grandes promesses
à aller en Pologne en 1572. après la mort
du Roi Sigimond Auguste , pour prévenir
par son éloquence les Polonnois en
faveur du Duc d'Anjou , qui fut élû Pannée
suivante ; mais il le refusa , sous prétexte
que l'éloquence ne devoit point être
mercenaire . Il ne prévoyoit pas le malheur
qu'il lui arriva peu de jours après ,
et qu'il auroit évité en faisant ce voyage.
Quoique les Mathématiques
ayent été
son
AVRIL. 1731.
23
son fort , et ayent fait sa principale étu
de , on a fait depuis lui tant de nouveldes
découvertes dans cette Science , qu'on
ne tient pas à présent grand compte de
ce qu'il à laissé sur cette matiere.
Il se mêla aussi de Théologie, et voulut
se rendre en quelque maniere Chef de
Parti , en changeant la discipline qui étoit
en usage dans les Eglises Calvinistes. Il se
proposa d'y introduire le Gouvernement
Démocratique , et prétendit que la puissance
des Chefs , conferée au Peuple par
Jesus- Christ , ne devoit être mise aux
Consistoires , qu'afin qu'ils formassent les
premieres déliberations ou les premiers
jugemens qui seroient ensuite proposez
au Peuple , et qui ne pourroient passer
pour Loi qu'en cas qu'ils fussent confirmez
par les suffrages des Chefs de famille ;
-il disoit que sans cela on introduiroit dans
P'Eglise l'Oligargie et la Tyrannie, Mais
son sentiment ayant été examiné dans un
Synode National , tenu à Nîmes au mois
de May 1572. fut rejetté comme une
chose qui n'étoit propre qu'à causer de la
confusion , et qu'à produire une veritable
Anarchie . Il est à présumer que Ramus
avoit d'autres vûës , et que , s'il eût obtenu
ce qu'il demandoit , il eût été plus
loin , et se fût servi de son éloquence
pour engager l'Assemblée du Peuple à
E ij
faire
7
724 MERCURE DE FRANCE
faire encore d'autres changemens plus
considerables. C'est ce qu'appréhendoit
Théodore de Beze , qui opina fortement
contre lui dans le Synode de Nîmes.
Les disgraces , les traverses et les cha
grins que Ramus eut à soutenir pendant
le cours de sa vie , et qu'il se procura souvent
à lui-même , trouverent en lui un
courage et une constance capable de les
soutenir. Ses ennemis qui n'oublierent
rien pour le chagriner , se servirent quelquefois
pour
cela de ses Ecoliers . La premiere
fois qu'il expliqua sa Logique dans
le College de Cambray en 1552. on le
siffla, on fit des huées , on battit des mains
et des pieds . Mais il ne se déconcerta pas ;
il s'arrêtoit de tems- en-tems , jusqu'à - ce
que le bruit cessât , il acheva ainsi sa Leçon
à plusieurs reprises. Cette fermeté
étonna ceux qui vouloient par là lui faire
de la peine , et rabattit dans la suite leur
audace. On lui fit les mêmes insultes à
Heidelberg , et avec aussi peu de succès
pendant les Leçons qu'il y fit l'an 1568.
Nous nous dispensons d'ajoûter ici le
Catalogue raisonné des Ouvrages de P.
Ramus , divisé dans le Livre du P. Niceron
en 50. Articles , encore n'y sontils
pas tous rapportez . Cette prolixité setoit
ennuyeuse dans notre Journal , il y
a d'ailleurs peu de Gens de Lettres qui
no
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AVRIL. 1731. 725
ne soient au fait des Ouvrages de cet infatigable
et celebre Ecrivain.
Fermer
Résumé : SUITE de l'Article de Pierre Ramus.
Pierre Ramus, après sa nomination comme professeur royal, intensifia ses efforts pour perfectionner les sciences malgré l'hostilité de ses adversaires. Vers 1550, il participa à une réforme de la prononciation du latin, ce qui lui attira des ennuis avec la Faculté de Théologie. Forcé de se cacher à Fontainebleau, il continua ses travaux en géométrie et en astronomie. En 1552, en raison de ses sympathies protestantes, il fut chassé de l'Université et destitué de sa charge. Ramus revint à Paris en 1563 après la paix entre Charles IX et les protestants, et s'attacha à promouvoir les mathématiques. Il s'opposa à des professeurs incompétents, comme Dampestre et Charpentier, et obtint des réformes pour garantir la qualité de l'enseignement. En 1568, il voyagea en Allemagne et reçut des offres d'emploi, mais refusa de s'exiler. De retour à Paris en 1571, il fut assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy. Dans son testament, il légua une rente pour financer l'enseignement des mathématiques, mais cette fondation fut détournée pour financer une autre initiative. Ramus était connu pour son mode de vie austère, son désintéressement et son vaste savoir. Il critiqua les écrits d'Aristote, ce qui lui valut des oppositions, mais son éloquence et son influence étaient largement reconnues. Il refusa des propositions de missions politiques, estimant que l'éloquence ne devait pas être mercenaire. En théologie, il proposa des réformes dans les Églises calvinistes pour introduire un gouvernement démocratique, mais ses idées furent rejetées lors d'un synode à Nîmes en 1572. Malgré les persécutions et les insultes, Ramus fit preuve de courage et de constance, poursuivant ses leçons et gardant son sang-froid face aux adversités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1388-1389
Dame de Bologne qui prend les Grades de Docteur, [titre d'après la table]
Début :
Voici un Evenement qui fait autant d'honneur à notre [...]
Mots clefs :
Beau sexe, Laure Bassi, Degré de Docteur, Université
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dame de Bologne qui prend les Grades de Docteur, [titre d'après la table]
oici un Evenement qui fait autant
11. Vol. d'hon-
JUIN. 1732. 1389-*
d'honneur à notre siecle , qu'il est flateur
pour le beau Sexe , lequel, par les préjugez de l'éducation , connoît rarement
les forces de son esprit et toute. l'étenduë de ses lumieres. On apprend par les
Lettres d'Italie, que le 10. du mois dernier
une Bourgeoise de la Ville de Boulogne ,
nommée Laure Bassi , v reçût le degré de
Docteur , en présence du Sénat , du Cardinal de Polignac , de deux Evêques , de la
principale Noblesse et du Corps des Doce
teurs de l'Université. Ces Lettres ajoûtent
que cette personne excelle en tous genres
d'érudition , et qu'elle joint à cela un tour
d'esprit extrémement vif et agréable ,
avec une memoire si exacte sur tous les
faits qu'elle a une fois lûs , qu'il n'y a
personne en, Italic qui puisse lui disputer
ce talent. Les Gonfalonniers et les Anciens de Boulogne lui ont donné un repas magnifique , auquel ils avoient invité tout ce qu'il y avoit de plus distingué.
dans la Ville.
Dans le dernier siecle Mesdemoiselles
Cornaro et Patin , donnerent le même.
spectacle , ayant reçû le même Grade dans
PUniversité de Padoüie.
11. Vol. d'hon-
JUIN. 1732. 1389-*
d'honneur à notre siecle , qu'il est flateur
pour le beau Sexe , lequel, par les préjugez de l'éducation , connoît rarement
les forces de son esprit et toute. l'étenduë de ses lumieres. On apprend par les
Lettres d'Italie, que le 10. du mois dernier
une Bourgeoise de la Ville de Boulogne ,
nommée Laure Bassi , v reçût le degré de
Docteur , en présence du Sénat , du Cardinal de Polignac , de deux Evêques , de la
principale Noblesse et du Corps des Doce
teurs de l'Université. Ces Lettres ajoûtent
que cette personne excelle en tous genres
d'érudition , et qu'elle joint à cela un tour
d'esprit extrémement vif et agréable ,
avec une memoire si exacte sur tous les
faits qu'elle a une fois lûs , qu'il n'y a
personne en, Italic qui puisse lui disputer
ce talent. Les Gonfalonniers et les Anciens de Boulogne lui ont donné un repas magnifique , auquel ils avoient invité tout ce qu'il y avoit de plus distingué.
dans la Ville.
Dans le dernier siecle Mesdemoiselles
Cornaro et Patin , donnerent le même.
spectacle , ayant reçû le même Grade dans
PUniversité de Padoüie.
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Résumé : Dame de Bologne qui prend les Grades de Docteur, [titre d'après la table]
En juin 1732, Laure Bassi, une bourgeoise de Bologne, a reçu le titre de Docteur en présence de nombreuses personnalités, dont le Sénat, le Cardinal de Polignac, deux évêques, la principale noblesse et le corps des docteurs de l'Université. Cet événement a mis en lumière les capacités intellectuelles des femmes, souvent sous-estimées. Les lettres d'Italie soulignaient son excellence en érudition, son esprit vif et agréable, ainsi que sa mémoire exceptionnelle. Les autorités de Bologne lui ont offert un repas magnifique en son honneur, auquel étaient invités les personnalités les plus distinguées de la ville. Au siècle précédent, les demoiselles Cornaro et Patin avaient également reçu le même grade à l'Université de Padoue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2439-2440
« Le 10 Octobre, l'Abbé de Rohan Soubize, Pensionnaire au College du Plessis [...] »
Début :
Le 10 Octobre, l'Abbé de Rohan Soubize, Pensionnaire au College du Plessis [...]
Mots clefs :
Collège du Plessis, Université, Faculté, Abbé de Rohan
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texteReconnaissance textuelle : « Le 10 Octobre, l'Abbé de Rohan Soubize, Pensionnaire au College du Plessis [...] »
e 10 Octobre, l'Abbé de Rohan- Soubize , Pensionnaire au College du Ples
sis , où il étudie en Philosophie , supplia aux Mathurins en présence de la Faculté des Arts , ce qui se passa de cette
maniere. Après avoir fait quelques révérences au Recteur ( M. Piat pour la troisième année ) , et à la Faculté , il s'assit
dans un fauteuil , se couvrit , puis demanda à la Faculté une dispense d'écrire
les Cahiers qu'on dicte en Philosophie ; il
fit encore quelques révérences, et se retira. M. Pourchot , Syndic de l'Université ,
prit la parole , et après avoit fait l'éloge
de la Maison de Rohan , en particulier
celui du Cardinal Evêque de Strasbourg,
il requit que non- seulement on accordât avec distinction , et sans aucune forme de déliberation , la dispense demandée l'Abbé de Rohan , mais encore par
: * Terme usité dans l'Université pour signifier
la demande publique d'une dispense , d'une fa
Deur, &c.
Fvj
à
2440 MERCURE DE FRANCE
à son occasion , que les graces demandées par six autres Supplians fussent
accordées de la même maniere.
sis , où il étudie en Philosophie , supplia aux Mathurins en présence de la Faculté des Arts , ce qui se passa de cette
maniere. Après avoir fait quelques révérences au Recteur ( M. Piat pour la troisième année ) , et à la Faculté , il s'assit
dans un fauteuil , se couvrit , puis demanda à la Faculté une dispense d'écrire
les Cahiers qu'on dicte en Philosophie ; il
fit encore quelques révérences, et se retira. M. Pourchot , Syndic de l'Université ,
prit la parole , et après avoit fait l'éloge
de la Maison de Rohan , en particulier
celui du Cardinal Evêque de Strasbourg,
il requit que non- seulement on accordât avec distinction , et sans aucune forme de déliberation , la dispense demandée l'Abbé de Rohan , mais encore par
: * Terme usité dans l'Université pour signifier
la demande publique d'une dispense , d'une fa
Deur, &c.
Fvj
à
2440 MERCURE DE FRANCE
à son occasion , que les graces demandées par six autres Supplians fussent
accordées de la même maniere.
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Résumé : « Le 10 Octobre, l'Abbé de Rohan Soubize, Pensionnaire au College du Plessis [...] »
Le 10 octobre, l'Abbé de Rohan-Soubize, étudiant en philosophie au Collège du Plessis, sollicita une dispense d'écrire les cahiers de philosophie auprès des Mathurins, en présence de la Faculté des Arts. Après avoir salué le Recteur, M. Piat, et la Faculté, il exposa sa demande. M. Pourchot, Syndic de l'Université, prit ensuite la parole. Il loua la Maison de Rohan, notamment le Cardinal Évêque de Strasbourg, et requit que la dispense soit accordée à l'Abbé de Rohan sans délibération. Il demanda également que les grâces sollicitées par six autres suppliants soient accordées de la même manière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2729-2730
« On écrit de Bologne de la fin du mois dernier, que la sçavante Dona Laura [...] »
Début :
On écrit de Bologne de la fin du mois dernier, que la sçavante Dona Laura [...]
Mots clefs :
Italie, Thèses, Savante, Laura Catherine Bussy, Érudition, Université
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texteReconnaissance textuelle : « On écrit de Bologne de la fin du mois dernier, que la sçavante Dona Laura [...] »
On écrit de Bologne de la fin du mois
dernier , que la sçavante Dona Laura Ca--
therine Bussy , dont on a déja parlé plusieurs fois continue à donner de tems
en tems des marques éclatantes de son
sçavoir et de sa profonde érudition. Outre les differentes Theses qu'elle a soutenuës en public avec un applaudissement
general , elle répondit dernierement avec
beaucoup de solidité à diverses questions
qui lui furent faites en présence de trois
Ĉardinaux , six Prélats et plusieurs autres personnes de distinction , par huit
Professeurs en Theologie et en Philosophie de cette Université. On dit que cette Sçavante ira dans peu à Rome , à Florence et à Venise pour s'entretenir avec
les Académiciens de ces Villes.
dernier , que la sçavante Dona Laura Ca--
therine Bussy , dont on a déja parlé plusieurs fois continue à donner de tems
en tems des marques éclatantes de son
sçavoir et de sa profonde érudition. Outre les differentes Theses qu'elle a soutenuës en public avec un applaudissement
general , elle répondit dernierement avec
beaucoup de solidité à diverses questions
qui lui furent faites en présence de trois
Ĉardinaux , six Prélats et plusieurs autres personnes de distinction , par huit
Professeurs en Theologie et en Philosophie de cette Université. On dit que cette Sçavante ira dans peu à Rome , à Florence et à Venise pour s'entretenir avec
les Académiciens de ces Villes.
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Résumé : « On écrit de Bologne de la fin du mois dernier, que la sçavante Dona Laura [...] »
Dona Laura Catherine Bussy, érudite de Bologne, a soutenu plusieurs thèses en public avec succès. Elle a répondu aux questions de huit professeurs en théologie et philosophie devant trois cardinaux et six prélats. Elle prévoit de visiter Rome, Florence et Venise pour rencontrer des académiciens.
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8
p. 2901
ALLEMAGNE.
Début :
Le 8. de ce mois, Fête de la Conception de la Vierge, l'Empereur, accompagné du [...]
Mots clefs :
Fête de la Conception, Université, Mandiants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
E 8. de ce mois , Fête de la Conception de
la Vierge , l'Empereur , accompagné du
Nonce du Pape et des Chevaliers de la Toison
d'Or , se rendit à l'Eglise Métropolitaine , et y
assista au Service Divin , celebré pontificalement
par le Cardinal- Archevêque de Vienne. Pendant
la Messe , le Recteur magnifique de l'Université
er les quatre Doyens des quatre Facultez , prêterent Serment entre les mains de l'Evêque d'Antigonie , Chancelier de cette Université , de défendre et de soûtenir l'Immaculée Conception de
la Sainte Vierge.
Pour prévenir l'entrée des mandians et autres
gens sans aveu dans la Ville deVienne, on a publié
un nouveau Réglement qui défend aux Maîtres
des différens Métiers de recevoir chez eux aucuns Compagnons qui ne soient munis de Cerrificats de leur travail et de leur séjour chez des
Maîtres des autres Villes d'Allemagne.
Le nombre des Sujets de l'Evêque de Saltzbourg
qui se déclarent Protestans , augmente de jour en jour, et il y en a déja plus de 1500. du District
de Berchtolzgaden qui demandent à sortir du
pays et à se retirer dans le Duché de LawemBourg , où ils seront nourris et entretenus pendant 18 mois aux dépens du Roi d'Angleter
E 8. de ce mois , Fête de la Conception de
la Vierge , l'Empereur , accompagné du
Nonce du Pape et des Chevaliers de la Toison
d'Or , se rendit à l'Eglise Métropolitaine , et y
assista au Service Divin , celebré pontificalement
par le Cardinal- Archevêque de Vienne. Pendant
la Messe , le Recteur magnifique de l'Université
er les quatre Doyens des quatre Facultez , prêterent Serment entre les mains de l'Evêque d'Antigonie , Chancelier de cette Université , de défendre et de soûtenir l'Immaculée Conception de
la Sainte Vierge.
Pour prévenir l'entrée des mandians et autres
gens sans aveu dans la Ville deVienne, on a publié
un nouveau Réglement qui défend aux Maîtres
des différens Métiers de recevoir chez eux aucuns Compagnons qui ne soient munis de Cerrificats de leur travail et de leur séjour chez des
Maîtres des autres Villes d'Allemagne.
Le nombre des Sujets de l'Evêque de Saltzbourg
qui se déclarent Protestans , augmente de jour en jour, et il y en a déja plus de 1500. du District
de Berchtolzgaden qui demandent à sortir du
pays et à se retirer dans le Duché de LawemBourg , où ils seront nourris et entretenus pendant 18 mois aux dépens du Roi d'Angleter
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 8 décembre, l'Empereur, accompagné du Nonce du Pape et des Chevaliers de la Toison d'Or, assista à un service divin à l'Église Métropolitaine de Vienne. Le Cardinal-Archevêque de Vienne officia la messe, durant laquelle le Recteur de l'Université et les quatre Doyens des facultés prêtèrent serment à l'évêque d'Antigonie, Chancelier de l'Université, pour défendre l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge. Un nouveau règlement fut publié pour empêcher l'entrée des mandians et autres individus sans aveu à Vienne. Ce règlement interdit aux maîtres des métiers de recevoir des compagnons sans certificats attestant de leur travail et de leur séjour dans d'autres villes d'Allemagne. Par ailleurs, le nombre de sujets protestants de l'évêque de Salzbourg augmenta, dépassant 1 500 personnes dans le district de Berchtolzgaden. Ces individus souhaitaient quitter le pays pour se retirer dans le Duché de Lawembourg, où ils seraient nourris et entretenus pendant 18 mois aux frais du Roi d'Angleterre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 203
DU NORD.
Début :
Pour donner un plus grand lustre à la ville de Moscou, l'Impératrice se propose d'y établir [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Université, Impératrice
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 17 Novembre.
Pour donner un plus grand luftre à la ville de
Mofcou , l'Impératrice fe propofe d'y établir
une Univerfité. On prétend que toutes les per--
fonnes d'une condition au- deffus du commun ,
feront obligées d'y envoyer leurs enfans. Sa Majefté
Impériale a ordonné que le nombre des Ecoles
publiques für augmenté , & que le peuple ne
manquât nulle part des fecours néceffaires pour
fon inftruction.
DE PETERSBOURG , le 17 Novembre.
Pour donner un plus grand luftre à la ville de
Mofcou , l'Impératrice fe propofe d'y établir
une Univerfité. On prétend que toutes les per--
fonnes d'une condition au- deffus du commun ,
feront obligées d'y envoyer leurs enfans. Sa Majefté
Impériale a ordonné que le nombre des Ecoles
publiques für augmenté , & que le peuple ne
manquât nulle part des fecours néceffaires pour
fon inftruction.
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10
p. 28-34
EXTRAIT de la vie du Professeur Saunderson, tiré d'un Journal anglois, qui a pour titre le Magazin du Gentilhomme.
Début :
Le pere de ce grand Mathématicien jouissoit d'un bien médiocre dans la [...]
Mots clefs :
Journal anglais, Nicholas Saunderson, Connaissances, Cambridge, Université, Aveugle, Université de Cambridge, Mathématiques, Mathématicien
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la vie du Professeur Saunderson, tiré d'un Journal anglois, qui a pour titre le Magazin du Gentilhomme.
EXTRAIT de la vie du Profeffeur
Saunderson , tiré d'un Journal anglois
qui a pour titre le Magazin du Gentilhomme.
Ljuffit d'un bien médiocre dans la
E pere de ce grand Mathématicien
province d'York en Angleterre . Il eut
plufieurs enfans. Nicolas Saunderfon fut
l'aîné de tous ; il naquit au mois de
Janvier en 1682. A l'âge d'un an il fut
privé de la vûe par la petite vérole , &
fe trouva dans le cas d'un aveugle de
naiffance . Il ne lui reftoit pas la moindre
idée d'avoir jamais vû la lumiere ; il n'en
avoit aucune perception non plus que des
couleurs . On l'envoya de bonne heure aux
écoles des humanités , où il fit , en écoutant
les autres , un progrès des plus rapides.
Euclide , Archimede & Diophante
étoient les auteurs Grecs qu'il étudioit par
préférence en fe les faifant lire. Il apprit
de fon pere l'arithmétique , & fe trouva
bientôt en état de faire de pénibles calculs.
Il inventa , par la feule force de l'imagination
& de la mémoire , de nouvelles regles
pour réfoudre les problêmes de cette fcience
, faifant toutes les opérations avec auJUIN.
17553 29
tant de promptitude que de jufteffe.
C'eft ainfi que l'efprit actif & pénétrant ,
quand le malheur a fermé quelques- unes
de fes portes , redoublant d'effort & d'attention
, veille aux autres avenues de fes
connoiffances qu'il élargit , pour ainfi dire,
comme pour fe dédommager de fa perte.
Deux Gentilshommes du voisinage amis
de fa famille , enchantés des grands talens
de notre aveugle , fe firent un plaifir de
lui apprendre l'algébre & la géométrie.
Son pere , quelque zélé qu'il fût pour faire
cultiver de fi rares talens , étant chargé
d'une nombreuſe famille , ſe vit hors d'état
d'envoyer fon fils à l'Univerfité d'Oxford
ou de Cambridge : il prit donc le parti de
le mettre dans une petite Académie du
village d'Attercliff. Ayant bientôt épuisé
le fond des connoiffances de cette école ,
où il ne lui reftoit plus rien à apprendre ,
il fe retira dans la maifon paternelle . Ré
duit à fes propres reffources , il y continua
fes études, & à l'aide d'un lecteur qu'il avoit
inftruit lui -même , il y fit de nouveaux
progrès. Au bout de quelque tems , on
réfolut de l'envoyer à Cambridge pour y
profeffer la philofophie. Il y parut fous
un caractere fingulier , puifqu'il eft peutêtre
le feul qui foit entré pour la premiere
fois dans une Univerfité , non pour acque
Biij
30 MERCURE DE FRANCE.
7
rir , mais pour communiquer des connoiffances.
La Société charmée de l'acquifition d'un
fi bon fujet , lui affigna un appartement, lui
permit l'ufage de la bibliothèque , lui donna
un lecteur en conféquence , & l'adinit à tous
les privileges d'un Membre de l'Univerfité,
à l'exception du titre qu'il ne pouvoit prendre
, n'étant pas gradué . Malgré ces avantages
, il lui reftoit encore bien des difficultés
à furmonter : âgé de vingt - cinq ans
fans fortune , aveugle , & deſtiné à enfeigner
la philofophie en concurrence avec
M. Whifton , ce grand Mathématicien
qui occupoit une chaire dans la même
'Univerfité .
›
Toutes ces circonftances qui fembloient
devoir renverfer fon projet , en hâterent
au contraire le fuccès. Il dut fa fortune à
la générofité de M. Whifton , qui fe fit
une gloire de fervir ce nouveau concurrent.
M. Whifton réunifoit à un profond
fçavoir , à toutes les lumieres de l'efprit ,
les qualités du coeur qui rendent les grands
hommes encore plus refpectables , un heureux
naturel , beaucoup d'humanité , une
eftime & une amitié fincere pour ceux en
qui il voyoit le talent & les connoiffances
qui le diftinguoient fi fort lui -même. Loin
JUIN. T 1755.
3-1
de s'opposer aux deffeins de M. Saunderfon ,
comme il étoit de fon intérêt & en fon
pouvoir de le faire , il lui accorda non
feulement une permiffion expreffe de donner
des leçons de phyfique , mais il le feconda
encore de fon crédit dans toutes les
Joccafions.
A l'ouverture de fes leçons , il y vint
une telle affluence d'auditeurs qu'il en
étoit embarraffé lui - même . Il débuta pár
f'optique de Newton , effai auffi hardi que
fingulier dans un homme privé de la vie
prefqu'en naifant ; il falloit voir ce prodige
pour le croire.
Qu'un aveugle traite parfaitement des
fons , de leur nature & de leurs effets , cela
eft dans l'ordre ; mais qu'il raifonne en
philofophe fur les objets d'un fens qu'il
en'a pas , voilà qui tient du miracle . Il eft
cependant de notoriété publique qu'il expliquoit
les principes d'optique avec autant
de précifion que de clarté. A la fuite de ces
leçons , il procédoit régulierement aux
autres ouvrages de Newton, dont il devint
Pami particulier.
Peu de tems après , M. Whifton ayant
été remercié pour avoir refufé de remplir
certaines formalités , aufquelles fes principes
avoués d'arianifme ne lui permettoient
pas de fe foumettre , toutes les voix fe
B iiij
32 MERCURE DE FRANCE.
réunirent en faveur de M. Saunderfon
pour occuper la place de ce grand philofophe.
Comme les ftatuts de l'Univerfité exigoient
dans un Profeffeur en titre le grade
de Maître- ès- Arts , on fit une démarche
fans exemple pour le lui faire déferer. Les
principaux de tous les Colleges , de l'aveu
& au nom du corps entier , préfenterent un
placet au Duc de Somerfet , pour lors
Chancelier. Ce Seigneur accompagné du
Chevalier Newton & d'autres perfonnes
de rang , s'étant rendu auprès de la Reine
Anne , obtint un ordre
pour faire expédier
à notre aveugle le grade requis , & il fut
en conféquence nommé & inſtallé Profeſfeur
de Mathématique au mois de Novembre
1711. Il fit à fa réception un difcours
plein d'efprit & d'élégance , le prononça
avec tant de nobleffe & de grace ,
qu'il eut l'applaudiffement univerfel. Il
finit ce difcours par l'éloge des mathématiques
qu'il mit bien au-deffus de toute
autre méthode de raifonner.
En 1723 il époufa la fille de M. Dickfon
, Miniftre-Curé de Bofworth dans le
Comté de Cambridge . De ce mariage il
eut un garçon & une fille , tous deux aujourd'hui
vivans.
En 1728 le Roi regnant , dans un
voyage fait à Newmarket , ayant honoré
JUIN. 1733 53
l'Univerfité d'une vifite , defira voir le
Profeffeur Saunderfon , qui s'étant rendu
aux ordres du Roi , l'accompagna au Sénat.
Là , par ordre exprès de Sa Majefté , & en
fa préfence , Saunderfon fut créé Docteurès-
Loix par le Chancelier en perfonne.
Il continua pendant onze ans à donner
des lecons qui le comblerent d'honneur &
de biens , & il mourut d'une gangrene au
pied le 11 Avril 1739 dans la 57 ° année
de fon âge.
Il étoit d'un tempéramment fort & vigoureux;
comme il aimoit paffionnément
l'exercice du cheval , il fuivoit une meutte
de chiens courans avec autant d'ardeur
que de péril pour fa perfonne . C'étoit &
à tous égards un homme de bonne compagnie.
Son difcours étoit toujours fi rempli
de traits relatifs aux objets de la vûe ,
qu'il faifoit prefque oublier qu'il fût aveugle.
Avec fes difciples , il étoit familier
& amufant ; mais lorsqu'on manquoit
de prêter à fes leçons l'attention qu'il
falloit , il s'emportoit à l'excès. Comme
les penfionnaires de qualité lui en don-:
noient de fréquens fujets , il dit un
jour tranſporté de colere : s'il me faut aller
en enfer , que pour mes péchés on m'y
condamne à donner des leçons de mathé
matiques aux jeunes Seigneurs penfion-
By
34 MERCURE DE FRANCE.
naires de l'Univerfité de Cambridge !
Il avoit imaginé plufieurs moyens pour
fuppléer au défaut de la vûe , entr'autres
une planche percée de trous . A la diſtance
égale d'un pouce , dans chaque trou étoit
une cheville. La ficelle qu'il faifoit aller à
fon gré autour de ces chevilles , lui traçoit
les figures dont il avoit befoin pour faire
fes démonftrations , & cette opération fe
faifoit en moins de tems & avec plus de
facilité que l'on ne la fait avec la plume
ou le crayon . Une feconde planche &
d'autres chevilles de grandeurs inégales ,
lui fervoient pour les opérations de calcul.
Il avoit l'oreille & le tact de la derniere
fineffe ; les moindres objets de ces deux
fens , imperceptibles à tout autre , étoient
pour lui très-fenfibles . Il diftinguoit la
cinquieme partie d'une note , jouoit de la
flûte admirablement bien ; il ne lui falloit
que frapper du pied fur le plancher , le
bruit lui fervoit de regle sûre pour donner
fur le champ toutes les dimenfions d'une
chambre , de quelque façon qu'elle fût conftruite.
Saunderson , tiré d'un Journal anglois
qui a pour titre le Magazin du Gentilhomme.
Ljuffit d'un bien médiocre dans la
E pere de ce grand Mathématicien
province d'York en Angleterre . Il eut
plufieurs enfans. Nicolas Saunderfon fut
l'aîné de tous ; il naquit au mois de
Janvier en 1682. A l'âge d'un an il fut
privé de la vûe par la petite vérole , &
fe trouva dans le cas d'un aveugle de
naiffance . Il ne lui reftoit pas la moindre
idée d'avoir jamais vû la lumiere ; il n'en
avoit aucune perception non plus que des
couleurs . On l'envoya de bonne heure aux
écoles des humanités , où il fit , en écoutant
les autres , un progrès des plus rapides.
Euclide , Archimede & Diophante
étoient les auteurs Grecs qu'il étudioit par
préférence en fe les faifant lire. Il apprit
de fon pere l'arithmétique , & fe trouva
bientôt en état de faire de pénibles calculs.
Il inventa , par la feule force de l'imagination
& de la mémoire , de nouvelles regles
pour réfoudre les problêmes de cette fcience
, faifant toutes les opérations avec auJUIN.
17553 29
tant de promptitude que de jufteffe.
C'eft ainfi que l'efprit actif & pénétrant ,
quand le malheur a fermé quelques- unes
de fes portes , redoublant d'effort & d'attention
, veille aux autres avenues de fes
connoiffances qu'il élargit , pour ainfi dire,
comme pour fe dédommager de fa perte.
Deux Gentilshommes du voisinage amis
de fa famille , enchantés des grands talens
de notre aveugle , fe firent un plaifir de
lui apprendre l'algébre & la géométrie.
Son pere , quelque zélé qu'il fût pour faire
cultiver de fi rares talens , étant chargé
d'une nombreuſe famille , ſe vit hors d'état
d'envoyer fon fils à l'Univerfité d'Oxford
ou de Cambridge : il prit donc le parti de
le mettre dans une petite Académie du
village d'Attercliff. Ayant bientôt épuisé
le fond des connoiffances de cette école ,
où il ne lui reftoit plus rien à apprendre ,
il fe retira dans la maifon paternelle . Ré
duit à fes propres reffources , il y continua
fes études, & à l'aide d'un lecteur qu'il avoit
inftruit lui -même , il y fit de nouveaux
progrès. Au bout de quelque tems , on
réfolut de l'envoyer à Cambridge pour y
profeffer la philofophie. Il y parut fous
un caractere fingulier , puifqu'il eft peutêtre
le feul qui foit entré pour la premiere
fois dans une Univerfité , non pour acque
Biij
30 MERCURE DE FRANCE.
7
rir , mais pour communiquer des connoiffances.
La Société charmée de l'acquifition d'un
fi bon fujet , lui affigna un appartement, lui
permit l'ufage de la bibliothèque , lui donna
un lecteur en conféquence , & l'adinit à tous
les privileges d'un Membre de l'Univerfité,
à l'exception du titre qu'il ne pouvoit prendre
, n'étant pas gradué . Malgré ces avantages
, il lui reftoit encore bien des difficultés
à furmonter : âgé de vingt - cinq ans
fans fortune , aveugle , & deſtiné à enfeigner
la philofophie en concurrence avec
M. Whifton , ce grand Mathématicien
qui occupoit une chaire dans la même
'Univerfité .
›
Toutes ces circonftances qui fembloient
devoir renverfer fon projet , en hâterent
au contraire le fuccès. Il dut fa fortune à
la générofité de M. Whifton , qui fe fit
une gloire de fervir ce nouveau concurrent.
M. Whifton réunifoit à un profond
fçavoir , à toutes les lumieres de l'efprit ,
les qualités du coeur qui rendent les grands
hommes encore plus refpectables , un heureux
naturel , beaucoup d'humanité , une
eftime & une amitié fincere pour ceux en
qui il voyoit le talent & les connoiffances
qui le diftinguoient fi fort lui -même. Loin
JUIN. T 1755.
3-1
de s'opposer aux deffeins de M. Saunderfon ,
comme il étoit de fon intérêt & en fon
pouvoir de le faire , il lui accorda non
feulement une permiffion expreffe de donner
des leçons de phyfique , mais il le feconda
encore de fon crédit dans toutes les
Joccafions.
A l'ouverture de fes leçons , il y vint
une telle affluence d'auditeurs qu'il en
étoit embarraffé lui - même . Il débuta pár
f'optique de Newton , effai auffi hardi que
fingulier dans un homme privé de la vie
prefqu'en naifant ; il falloit voir ce prodige
pour le croire.
Qu'un aveugle traite parfaitement des
fons , de leur nature & de leurs effets , cela
eft dans l'ordre ; mais qu'il raifonne en
philofophe fur les objets d'un fens qu'il
en'a pas , voilà qui tient du miracle . Il eft
cependant de notoriété publique qu'il expliquoit
les principes d'optique avec autant
de précifion que de clarté. A la fuite de ces
leçons , il procédoit régulierement aux
autres ouvrages de Newton, dont il devint
Pami particulier.
Peu de tems après , M. Whifton ayant
été remercié pour avoir refufé de remplir
certaines formalités , aufquelles fes principes
avoués d'arianifme ne lui permettoient
pas de fe foumettre , toutes les voix fe
B iiij
32 MERCURE DE FRANCE.
réunirent en faveur de M. Saunderfon
pour occuper la place de ce grand philofophe.
Comme les ftatuts de l'Univerfité exigoient
dans un Profeffeur en titre le grade
de Maître- ès- Arts , on fit une démarche
fans exemple pour le lui faire déferer. Les
principaux de tous les Colleges , de l'aveu
& au nom du corps entier , préfenterent un
placet au Duc de Somerfet , pour lors
Chancelier. Ce Seigneur accompagné du
Chevalier Newton & d'autres perfonnes
de rang , s'étant rendu auprès de la Reine
Anne , obtint un ordre
pour faire expédier
à notre aveugle le grade requis , & il fut
en conféquence nommé & inſtallé Profeſfeur
de Mathématique au mois de Novembre
1711. Il fit à fa réception un difcours
plein d'efprit & d'élégance , le prononça
avec tant de nobleffe & de grace ,
qu'il eut l'applaudiffement univerfel. Il
finit ce difcours par l'éloge des mathématiques
qu'il mit bien au-deffus de toute
autre méthode de raifonner.
En 1723 il époufa la fille de M. Dickfon
, Miniftre-Curé de Bofworth dans le
Comté de Cambridge . De ce mariage il
eut un garçon & une fille , tous deux aujourd'hui
vivans.
En 1728 le Roi regnant , dans un
voyage fait à Newmarket , ayant honoré
JUIN. 1733 53
l'Univerfité d'une vifite , defira voir le
Profeffeur Saunderfon , qui s'étant rendu
aux ordres du Roi , l'accompagna au Sénat.
Là , par ordre exprès de Sa Majefté , & en
fa préfence , Saunderfon fut créé Docteurès-
Loix par le Chancelier en perfonne.
Il continua pendant onze ans à donner
des lecons qui le comblerent d'honneur &
de biens , & il mourut d'une gangrene au
pied le 11 Avril 1739 dans la 57 ° année
de fon âge.
Il étoit d'un tempéramment fort & vigoureux;
comme il aimoit paffionnément
l'exercice du cheval , il fuivoit une meutte
de chiens courans avec autant d'ardeur
que de péril pour fa perfonne . C'étoit &
à tous égards un homme de bonne compagnie.
Son difcours étoit toujours fi rempli
de traits relatifs aux objets de la vûe ,
qu'il faifoit prefque oublier qu'il fût aveugle.
Avec fes difciples , il étoit familier
& amufant ; mais lorsqu'on manquoit
de prêter à fes leçons l'attention qu'il
falloit , il s'emportoit à l'excès. Comme
les penfionnaires de qualité lui en don-:
noient de fréquens fujets , il dit un
jour tranſporté de colere : s'il me faut aller
en enfer , que pour mes péchés on m'y
condamne à donner des leçons de mathé
matiques aux jeunes Seigneurs penfion-
By
34 MERCURE DE FRANCE.
naires de l'Univerfité de Cambridge !
Il avoit imaginé plufieurs moyens pour
fuppléer au défaut de la vûe , entr'autres
une planche percée de trous . A la diſtance
égale d'un pouce , dans chaque trou étoit
une cheville. La ficelle qu'il faifoit aller à
fon gré autour de ces chevilles , lui traçoit
les figures dont il avoit befoin pour faire
fes démonftrations , & cette opération fe
faifoit en moins de tems & avec plus de
facilité que l'on ne la fait avec la plume
ou le crayon . Une feconde planche &
d'autres chevilles de grandeurs inégales ,
lui fervoient pour les opérations de calcul.
Il avoit l'oreille & le tact de la derniere
fineffe ; les moindres objets de ces deux
fens , imperceptibles à tout autre , étoient
pour lui très-fenfibles . Il diftinguoit la
cinquieme partie d'une note , jouoit de la
flûte admirablement bien ; il ne lui falloit
que frapper du pied fur le plancher , le
bruit lui fervoit de regle sûre pour donner
fur le champ toutes les dimenfions d'une
chambre , de quelque façon qu'elle fût conftruite.
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Résumé : EXTRAIT de la vie du Professeur Saunderson, tiré d'un Journal anglois, qui a pour titre le Magazin du Gentilhomme.
Nicolas Saunderson, mathématicien aveugle, naquit en janvier 1682 dans la province d'York en Angleterre. À l'âge d'un an, il perdit la vue à cause de la petite vérole, ne connaissant jamais la lumière ou les couleurs. Malgré ce handicap, il fit des progrès rapides en mathématiques, apprenant l'arithmétique de son père et étudiant les œuvres d'Euclide, Archimède et Diophante. Il inventa des méthodes pour résoudre des problèmes mathématiques en utilisant son imagination et sa mémoire. Deux gentilshommes voisins, impressionnés par ses talents, lui enseignèrent l'algèbre et la géométrie. En raison de la situation financière de sa famille, Saunderson fut envoyé dans une petite académie à Attercliff, où il épuisa rapidement les connaissances disponibles. Il retourna ensuite chez ses parents et continua ses études avec l'aide d'un lecteur formé par lui-même. En 1711, il fut envoyé à l'Université de Cambridge pour enseigner la philosophie. Bien qu'il ne puisse obtenir le titre de gradué, il fut accueilli favorablement et reçut divers privilèges. Saunderson dut affronter plusieurs difficultés, notamment la concurrence avec le mathématicien M. Whifton. Ce dernier, admirant ses talents, l'aida à obtenir une permission pour donner des leçons de physique. Ses cours attirèrent une grande affluence et il devint un expert des œuvres de Newton. En 1711, après le départ de M. Whifton, Saunderson fut nommé professeur de mathématiques à Cambridge. Il se maria en 1723 et eut deux enfants. En 1728, il fut créé Docteur ès-Lois en présence du roi. Saunderson continua d'enseigner pendant onze ans avant de mourir d'une gangrène au pied le 11 avril 1739, à l'âge de 57 ans. Il était connu pour son tempérament vigoureux et son amour pour l'exercice. Il inventa des moyens pour suppléer à son handicap, comme des planches percées de trous pour tracer des figures et effectuer des calculs. Son oreille et son tact extrêmement sensibles lui permettaient de distinguer des sons et des dimensions imperceptibles pour d'autres.
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11
p. 206-208
DE PARIS, le 26 Août 1763.
Début :
Le 12, l'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres tint une Séance dans laquelle le sieur [...]
Mots clefs :
Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Duchesse, Pape, Consistoire, Fête de l'Assomption, Procession, Assemblée générale, Université, Prix, Chevaliers, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage, Loterie de l'école royale militaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 26 Août 1763.
DE PARIS , le 26 Août 1763.
Le 12 , l'Académie Royale des Inſcriptions & Belles-
Lettres tint une Séance dans laquelle le fieur
Tercier a été élu Penfionnaire à la place du feu
fieur de Bougainville. Le 26 Juillet , elle a élu
Académicien Affocié le fieur Anquetil.
OCTOBRE . 1763 . 207
La Ducheffe de Chatillon , Veuve du Duc de
Chatillon , Grand Fauconnier de France en ſurvivance
, eft accouchée ſur la fin du mois dernier
d'une fille. Il ne reste plus aucun rejetton mâle
de cette illuftre Maiſon.
Un Courrier extraordinaire de Rome a apporté
la nouvelle que le Pape a tenu le 18 du
mois dernier un Confiftoire , dans laquelle Sa
Sainteté a créé Cardinaux le Prélat Négroni ;
fon Auditeur , & le Préiat Burnaccorfi , Secré
taire de la Congrégation des Evêques & des Ré
guliers.
Le 15 de ce mois , fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , la Proceffion folemnelle qui fe fait
tous les ans à pareil jour , en exécution du Vou
de Louis XIII , fe fit avec les cérémonies ordinaires
, & l'Archevêque de Parissyy officia. Le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville y affifterent.
On tint le 16 , à l'Hôtel de Ville , une affemblée
générale dans laquelle le fieur Pouletier ,
Confeiller de Ville , & le fieur Phelippes de la
Marniere , ancien Bâtonnier de l'Ordre des
Avocats au Parlement , furent élus Echevins..
Le 8 de ce mois , l'Univerfité s'affembla dans
les Ecoles de Sorbonne pour la diftribution de
Les prix. Cette Cérémonie , à laquelle le Parlement
affifta , fut précédée d'un Difcours Latin
que prononça le fieur Nicolas Louvel , Profef
feur d'Humanités au Collège des Graffins. Le
fieur Coflon , Profeffeur de Rhétorique au
Collége de Metz , a remporté le prix d'Eloquence
Latine , fondé pour les Maîtres ès Arts , par le
fieur Jean- Baptifte Coignard , Secrétaire du Roi
& Confervateur des Hypothèques. Le Sujet propolé
pour cette année étoit : combien il importe
208 MERCURE DE FRANCE.
4
aux peuples qu'il y ait dans toutes les Ecoles
publiques une Doctrine uniforme fur la Religion ,
les moeurs & les Lettres. Parmi les jeunes gen's
qui ont été couronnés , on a diftingué le heur
Charles- Francois Dupuy , Elève du Collège d'Har
court , qui a remporté trois premiers prix & deux
feconds de la Claffe de Réthorique.
Her jour de la fête de S. Louis , le Corps
de Ville a accompagné la Proceflion des Carme
du grand Couvent , qui s'eſt rendue , fuivant
l'ufage , à la Chapelle du Palais des Thaileries
, où ces Religieux ont chanté la Melle.
Le 21 de ce mois , les Chevaliers de la Compagnie
Royale de l'Arbalère & de l'Arquebufe
de certe Ville , ont fait chanter dans l'Eglife des
Révérends Peres Minimes de la Place Royale un
Te Deum , à l'occafion de l'inauguration de la
Statue Equeftre du Roi & de la publication de
la Paix. Le même jour , ils fe font rendus en
leur Hôtel , & y ont tiré en préfence de MM .
les Prévôts des Marchands & Echevins , & du
Duc de Luynes , Colonel de la Compagnie , repréfentant
le Roi , le prix que Sa Majefté leur
a accordé. Ce prix a été remporté par le Duc
de Luynes au troifiéme coup que ce jeune 'Seigneur
a tiré pour le Roi.
Le trente- unićine tirage de la Loterie de l'Hôtel-
de- Ville s'eft fait le 26 du mois dernier ,
en la manière accoutumée . Le Lot de cinquante
mille livres eft échu au numéro 76658 , celui
de vingt mille livres au numéro 72923 , & les
deux de dix mille livres aux numéros 61250 &
63785.
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de
l'Ecole Royale Militaire. Les numéros fortis de
la roue de fortune font : 9 , 64 , 22 , SI , 28.
Le prochain tirage fe fera les Septembre.
Le 12 , l'Académie Royale des Inſcriptions & Belles-
Lettres tint une Séance dans laquelle le fieur
Tercier a été élu Penfionnaire à la place du feu
fieur de Bougainville. Le 26 Juillet , elle a élu
Académicien Affocié le fieur Anquetil.
OCTOBRE . 1763 . 207
La Ducheffe de Chatillon , Veuve du Duc de
Chatillon , Grand Fauconnier de France en ſurvivance
, eft accouchée ſur la fin du mois dernier
d'une fille. Il ne reste plus aucun rejetton mâle
de cette illuftre Maiſon.
Un Courrier extraordinaire de Rome a apporté
la nouvelle que le Pape a tenu le 18 du
mois dernier un Confiftoire , dans laquelle Sa
Sainteté a créé Cardinaux le Prélat Négroni ;
fon Auditeur , & le Préiat Burnaccorfi , Secré
taire de la Congrégation des Evêques & des Ré
guliers.
Le 15 de ce mois , fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , la Proceffion folemnelle qui fe fait
tous les ans à pareil jour , en exécution du Vou
de Louis XIII , fe fit avec les cérémonies ordinaires
, & l'Archevêque de Parissyy officia. Le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville y affifterent.
On tint le 16 , à l'Hôtel de Ville , une affemblée
générale dans laquelle le fieur Pouletier ,
Confeiller de Ville , & le fieur Phelippes de la
Marniere , ancien Bâtonnier de l'Ordre des
Avocats au Parlement , furent élus Echevins..
Le 8 de ce mois , l'Univerfité s'affembla dans
les Ecoles de Sorbonne pour la diftribution de
Les prix. Cette Cérémonie , à laquelle le Parlement
affifta , fut précédée d'un Difcours Latin
que prononça le fieur Nicolas Louvel , Profef
feur d'Humanités au Collège des Graffins. Le
fieur Coflon , Profeffeur de Rhétorique au
Collége de Metz , a remporté le prix d'Eloquence
Latine , fondé pour les Maîtres ès Arts , par le
fieur Jean- Baptifte Coignard , Secrétaire du Roi
& Confervateur des Hypothèques. Le Sujet propolé
pour cette année étoit : combien il importe
208 MERCURE DE FRANCE.
4
aux peuples qu'il y ait dans toutes les Ecoles
publiques une Doctrine uniforme fur la Religion ,
les moeurs & les Lettres. Parmi les jeunes gen's
qui ont été couronnés , on a diftingué le heur
Charles- Francois Dupuy , Elève du Collège d'Har
court , qui a remporté trois premiers prix & deux
feconds de la Claffe de Réthorique.
Her jour de la fête de S. Louis , le Corps
de Ville a accompagné la Proceflion des Carme
du grand Couvent , qui s'eſt rendue , fuivant
l'ufage , à la Chapelle du Palais des Thaileries
, où ces Religieux ont chanté la Melle.
Le 21 de ce mois , les Chevaliers de la Compagnie
Royale de l'Arbalère & de l'Arquebufe
de certe Ville , ont fait chanter dans l'Eglife des
Révérends Peres Minimes de la Place Royale un
Te Deum , à l'occafion de l'inauguration de la
Statue Equeftre du Roi & de la publication de
la Paix. Le même jour , ils fe font rendus en
leur Hôtel , & y ont tiré en préfence de MM .
les Prévôts des Marchands & Echevins , & du
Duc de Luynes , Colonel de la Compagnie , repréfentant
le Roi , le prix que Sa Majefté leur
a accordé. Ce prix a été remporté par le Duc
de Luynes au troifiéme coup que ce jeune 'Seigneur
a tiré pour le Roi.
Le trente- unićine tirage de la Loterie de l'Hôtel-
de- Ville s'eft fait le 26 du mois dernier ,
en la manière accoutumée . Le Lot de cinquante
mille livres eft échu au numéro 76658 , celui
de vingt mille livres au numéro 72923 , & les
deux de dix mille livres aux numéros 61250 &
63785.
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de
l'Ecole Royale Militaire. Les numéros fortis de
la roue de fortune font : 9 , 64 , 22 , SI , 28.
Le prochain tirage fe fera les Septembre.
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Résumé : DE PARIS, le 26 Août 1763.
En août 1763, l'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres élit Tercier comme pensionnaire et Anquetil comme académicien associé. La duchesse de Chatillon donne naissance à une fille, marquant la fin des héritiers mâles de sa maison. Le Pape crée cardinaux Négroni et Burnaccorsi. Le 15 octobre, une procession solennelle est organisée à Paris pour l'Assomption de la Sainte Vierge, en présence de diverses institutions. Le 16 octobre, Pouletier et Phelippes de la Marnière sont élus échevins. Le 8 octobre, l'Université se rassemble à la Sorbonne pour la distribution des prix, avec Nicolas Louvel prononçant un discours latin. Coslon remporte le prix d'éloquence latine. Charles-François Dupuy, élève du Collège d'Harcourt, se distingue en obtenant trois premiers prix et deux seconds en rhétorique. Le Corps de Ville accompagne la procession des Carmes le jour de la fête de Saint Louis. Le 21 octobre, les Chevaliers de la Compagnie Royale de l'Arbalète et de l'Arquebuse célèbrent l'inauguration de la statue équestre du Roi et la publication de la paix. Le 26 septembre, la loterie de l'Hôtel-de-Ville attribue des lots de cinquante mille, vingt mille et dix mille livres. Le 30 octobre, la loterie de l'École Royale Militaire se déroule avec les numéros 9, 64, 22, 51 et 28.
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12
p. 230-232
De PARIS, le 30 Décembre 1763.
Début :
Le Comte de Mailly, Chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant Général [...]
Mots clefs :
Comte, Chevalier, Gouverneur, Ordres, Académie, Discours, Lettres patentes, Université, Loterie de l'école royale militaire, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 30 Décembre 1763.
De PARIS, le 30 Décembre 1763 .
LE Comte de Mailly , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant Général de ſes Armées , Gouverneur
des Ville & Château de Dieppe , premier
Ecuyer de Madame la Dauphine , ſe rendit,
le 28 du mois dernier au Couvent des Peres
Cordeliers , revêtu des marques des Ordres de
Sa Majesté & précédé des ſieurs Chendret , Hé,
rault , & Perſeville , Huiſſier deſdits Ordres , aves
leur habit de Cérémonie. Il y préſida , au nom
du Roi , au Chapitre de Saint Michel , & reçut
Chevaliers de cet Ordre , avec les Cérémonies
accoutumées , le ſieur Dunod de Charnage ,
Avocat au Parlement de Besançon , Ancien Vicomte
Mayeur & Lieutenant Général de la même
Ville ; le ſieur Guillot Aubry , de l'Académie
3
FEVRIER. 1764. 231
Royale d'Architecture de la premiere Claffe &
Contrôleur des Bâtimens dépendans des Domaines
de Sa Majeſté ; le ſieur Mercier , ancien
premier Echevin de Paris , & le ſieur Babille ,
Avocat au Parlement , ancien Echevin. Le fieur
Boyer , Chevalier , Secrétaire de l'Ordre , avoit
auparavant adreſſé à l'aſſemblée un Dicours dans
lequel il avoit fait l'éloge des nouveaux Chevaliers ,
&avoit fait mention des motifs qui ont déter
miné Sa Majesté à leur accorder cette grace. Le
Comte de Mailly , & les Chevaliers ſe rendirent
enſuite en proceffion à l'Eglife , & y aſſiſterent
au Service qu'on y célébre tous les ans , lepremier
Lundi de l'Avent , pour les Rois , les Princes&
les Chevaliers décédés.
Le 24 du même mois , l'Académie Françoiſe
s'aſſembla & nomma le ſieur Marmontel pour
remplir la place vacante par la mort du ſieur de
Bougainville.
On a publié ici deux Lettres Patentes du Roi .
Les premieres , datées du 26 Octobre dernier ,
confirment le Collége de Fontenay- le-Comte ,
& l'union qui y a été faite du Prieuré de Rohan-
Rohan ; les ſecondes , du 16 Novembre , portent
tranflation des Ecoles de la Faculté des Droits de
l'Univerſité de Paris ſur la place de la nouvelle
Egliſe de Sainte Genevieve du Mont.
Le 3 dece mois , l'Univerſité tint ſon aſſemblée
al College de LoUIS- LE-GRAND , & annonça
pour l'année prochaine le prix d'Eloquence Latine
fondé par le ſieur Coignard , Secrétaire du
Roi , & Conſervateur des Hypothèques : ce prix
doit avoir pour ſujet: Ubi viget virilis difciplina ,
ibi optima estjuventutis inſtitutio. Le ſieur Camić ,
Profeſſeur au Collége de Lizieux , a été élu , le
16 de ce mois , Recteur de l'Univerſité à la place
du ſieur Fourneau,
232 MERCURE DE FRANCE.
Le 22 , l'Académie Françoiſe tint une ſéance
publique pour la réception du ſieur Marmontel
Le ſieur Bignon répondit , en qualité de Directeur
, au Diſcours du nouvel Académicien.
La ſéance fut terminée par la lecture d'une Epître
en vers du ſieur Marmontel ,fur la force & la
foibleffe de l'Esprit humain .
Le trente - fixiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait , le 24 de ce mois , en
la manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
livres eſt échu au Numéro 64567 celui de vingt
mille livres au Numéro 78669 , & les deux de
dix mille livres aux Numéro 70033 & 74726.
Les , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale Mi
litaire . Les Numéros ſortis de la roue de fortune,
font , 2,39,36,6,900
LE Comte de Mailly , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant Général de ſes Armées , Gouverneur
des Ville & Château de Dieppe , premier
Ecuyer de Madame la Dauphine , ſe rendit,
le 28 du mois dernier au Couvent des Peres
Cordeliers , revêtu des marques des Ordres de
Sa Majesté & précédé des ſieurs Chendret , Hé,
rault , & Perſeville , Huiſſier deſdits Ordres , aves
leur habit de Cérémonie. Il y préſida , au nom
du Roi , au Chapitre de Saint Michel , & reçut
Chevaliers de cet Ordre , avec les Cérémonies
accoutumées , le ſieur Dunod de Charnage ,
Avocat au Parlement de Besançon , Ancien Vicomte
Mayeur & Lieutenant Général de la même
Ville ; le ſieur Guillot Aubry , de l'Académie
3
FEVRIER. 1764. 231
Royale d'Architecture de la premiere Claffe &
Contrôleur des Bâtimens dépendans des Domaines
de Sa Majeſté ; le ſieur Mercier , ancien
premier Echevin de Paris , & le ſieur Babille ,
Avocat au Parlement , ancien Echevin. Le fieur
Boyer , Chevalier , Secrétaire de l'Ordre , avoit
auparavant adreſſé à l'aſſemblée un Dicours dans
lequel il avoit fait l'éloge des nouveaux Chevaliers ,
&avoit fait mention des motifs qui ont déter
miné Sa Majesté à leur accorder cette grace. Le
Comte de Mailly , & les Chevaliers ſe rendirent
enſuite en proceffion à l'Eglife , & y aſſiſterent
au Service qu'on y célébre tous les ans , lepremier
Lundi de l'Avent , pour les Rois , les Princes&
les Chevaliers décédés.
Le 24 du même mois , l'Académie Françoiſe
s'aſſembla & nomma le ſieur Marmontel pour
remplir la place vacante par la mort du ſieur de
Bougainville.
On a publié ici deux Lettres Patentes du Roi .
Les premieres , datées du 26 Octobre dernier ,
confirment le Collége de Fontenay- le-Comte ,
& l'union qui y a été faite du Prieuré de Rohan-
Rohan ; les ſecondes , du 16 Novembre , portent
tranflation des Ecoles de la Faculté des Droits de
l'Univerſité de Paris ſur la place de la nouvelle
Egliſe de Sainte Genevieve du Mont.
Le 3 dece mois , l'Univerſité tint ſon aſſemblée
al College de LoUIS- LE-GRAND , & annonça
pour l'année prochaine le prix d'Eloquence Latine
fondé par le ſieur Coignard , Secrétaire du
Roi , & Conſervateur des Hypothèques : ce prix
doit avoir pour ſujet: Ubi viget virilis difciplina ,
ibi optima estjuventutis inſtitutio. Le ſieur Camić ,
Profeſſeur au Collége de Lizieux , a été élu , le
16 de ce mois , Recteur de l'Univerſité à la place
du ſieur Fourneau,
232 MERCURE DE FRANCE.
Le 22 , l'Académie Françoiſe tint une ſéance
publique pour la réception du ſieur Marmontel
Le ſieur Bignon répondit , en qualité de Directeur
, au Diſcours du nouvel Académicien.
La ſéance fut terminée par la lecture d'une Epître
en vers du ſieur Marmontel ,fur la force & la
foibleffe de l'Esprit humain .
Le trente - fixiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait , le 24 de ce mois , en
la manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
livres eſt échu au Numéro 64567 celui de vingt
mille livres au Numéro 78669 , & les deux de
dix mille livres aux Numéro 70033 & 74726.
Les , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale Mi
litaire . Les Numéros ſortis de la roue de fortune,
font , 2,39,36,6,900
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Résumé : De PARIS, le 30 Décembre 1763.
Le 28 décembre 1763, le Comte de Mailly présida au Couvent des Pères Cordeliers le Chapitre de Saint Michel, où les sieurs Dunod de Charnage, Guillot Aubry, Mercier et Babille furent reçus comme Chevaliers. Le Chevalier Boyer prononça un discours élogieux. Ensuite, ils assistèrent à un service en mémoire des défunts Rois, Princes et Chevaliers. Le 24 décembre, l'Académie Française nomma Jean-François Marmontel pour remplacer François Bougainville. Deux Lettres Patentes du Roi confirmèrent l'union du Collège de Fontenay-le-Comte avec le Prieuré de Rohan-Rohan et transférèrent les écoles de la Faculté des Droits de l'Université de Paris sur la place de la nouvelle Église de Sainte Geneviève du Mont. Le 30 décembre, l'Université annonça un prix d'éloquence latine pour l'année suivante, avec pour sujet 'Ubi viget virilis disciplina, ibi optima est juventutis institutio'. Le sieur Camic fut élu Recteur de l'Université le 16 décembre. Le 22 décembre, l'Académie Française tint une séance publique pour la réception de Marmontel, au cours de laquelle le sieur Bignon répondit au discours du nouvel académicien. La séance se termina par la lecture d'une épître en vers de Marmontel sur la force et la faiblesse de l'esprit humain. Le 24 décembre, la Loterie de l'Hôtel de Ville attribua des lots de 50 000, 20 000 et 10 000 livres, et la Loterie de l'École Royale Militaire tira les numéros 2, 39, 36, 6 et 900.
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13
p. 144
De PARIS, le 10 Août 1764.
Début :
Claude Rousselet, Chanoine Regulier de la Congregation de France, [...]
Mots clefs :
Chanoine, Claude Rousselet, Abbaye royale, Chancelier, Nomination, Université
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 10 Août 1764.
De PARIS , le 10 Août 1764.
Claude Rouffeler , Chanoine Regulier de la
Congrégation de France , Licencié en Droit
Canonique & Civil , & Profeffeur en Théolo
gie dans l'Abbaye Royale de Ste Geneviève ,
nommé par l'Abbé à la place de Chancelier de
Ste Genevieve & de l'Univerfité de Paris , a
été reçu en cette dernière qualité dans une Affemblée
extraordinaire de l'Univerfité tenue aux
Mathurins le 3 de ce mois.
Claude Rouffeler , Chanoine Regulier de la
Congrégation de France , Licencié en Droit
Canonique & Civil , & Profeffeur en Théolo
gie dans l'Abbaye Royale de Ste Geneviève ,
nommé par l'Abbé à la place de Chancelier de
Ste Genevieve & de l'Univerfité de Paris , a
été reçu en cette dernière qualité dans une Affemblée
extraordinaire de l'Univerfité tenue aux
Mathurins le 3 de ce mois.
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14
p. 156-158
De PARIS, le 10 Septembre 1764.
Début :
Le Corps de Ville a tenu, le 16 du mois dernier, [...]
Mots clefs :
Assemblée générale, Conseiller d'État, Prévôt des marchands, Université, Prix, Cérémonie, Procession, Fête de Saint-Louis, Académie française, Académie royale des sciences, Église, Incendie, Ornements, Dégâts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 10 Septembre 1764.
De PARIS , le 10 Septembre 1764.
Le Corps de Ville a tenu ,le 16 [du mois dernier
, une affemblée générale dans laquelle le
fieur Bignon , Confeiller d'Etat Commandeur des
Ordres du Roi & Bibliothécaire de Sa Majesté , a
éré élu Prévôt des Marchands ; les fieur de Martel
& Gauthier de Rougemont , ont été nommés
Echevins .
Le 8 du même mois l'Univerfité s'affembla
dans les Ecoles de Sorbonne pour la diftribution
de fes Prix . Cette cérémonie , à laquelle le
Parlement affifta ,fut précedée d'un Difcours Latin
que prononça le fieur Pierre Jacquin , Profeffeur
d'Eloquence au Collège de la Marche. L'Auteur
de l'ouvrage qui a mérité le Prix d'Eloquence
ne s'étant point fait connoître , ce Prix , fondé
pour les Maîtres - ès- Arts par le fieur Jean- Baptifte
Coignard , Secrétaire du Roi & Confervateur
des Hypothéques , a été remis à l'année prochaine
, le Sujet prononcé étoit : ibi optimam effe
juventutis inftitutionem , ubi viget maximè maſćuta
& virilis difciplina.
Le 25 Fêre de S. Louis , la Proceffion de
NOVEMBRE. 1764. 157
Carmes du Grand- Couvent à laquelle le Corps de
Ville afifta , fe rendit , felon la coutume , à la
Chapelle du Palais des Tuileries, où ces Religieux
chanterent la Meffe.
L'Académie Françoile célébra cette Fête dans
La Chapelle du Louvre où l'Abbé Varé prononça
le Panégyrique de S. Louis . La même Fête fut
célébrée par l'Académie Royale des Infcriptions.
& Belles- Lettres & par celle des Sciences dans l'E .
glfe des Prêtres de l'Oratoire ; l'Abbé Rouſſeau
prononça le Panégyrique du Saint.
Le arême jour l'Académie de S. Luc a fait l'ouverture
de fon Sallon de Peinture & de Sculpture
à l'Hôtel d'Aligre , rue S. Honoré.
L'Académie Royale des Sciences a nommé
les fieurs Hellot , Macques , de Montigny , Leroi
& Tiller pour examiner la nouvelle porcelaine de
la compofition du Comte de Lauraguais . Après
en avoir comparé la pâte avec celle de la porcelaine
du Japon , ces Académiciens ont certifié
n'y avoir apperçu aucune différence.
On a appris que , le 9 du mois dernier , l'Eglife
des Pères Chartreux de Bourbon -lez- Gaillon , à
fept lieues de Rouen , a été entierement confumée
par un incendie. Cet accident a été occafionné par
la négligence d'un Plombier qui travailloit audeffus
du Chapitre attenant à l'Eglife ; il avoit
envoyé chercher du feu dans un réchaux pour
fondre de la foudure : le manoeuvre qui l'appor
toit laiffa tomber le réchaux , & le Plombier ſe
contenta de jetter de l'eau fur les charbons allumés
qu'il apperçut : mais il en reſta vraiſemblablement
quelques - uns qui embraferent la charpente
; car à trois heures après minuit le feu prit
avec tant de violence que l'Eglife , le Chapitre ,
la Cellule du Sacriftain & la Tour où étoit l'hor
158 MERCURE DE FRANCE .
loge furent réduits en cendres en moins d'une
heure de temps : on n'a pu fauver ni les ornemens
d'Eglife , ni le linge , ni l'argenterie qui
étoient renfermés dans ces différens endroits .
Le 4 de ce mois , l'AcadémieRoyale des Infcriptions
& Belles - Lettres nomma le fieur de l'Averdy,
Controlleur- Général des Finances , à la
Place d'Académicien Honoraire vacante par la
mort du Comte d'Argenſon .
Le Corps de Ville a tenu ,le 16 [du mois dernier
, une affemblée générale dans laquelle le
fieur Bignon , Confeiller d'Etat Commandeur des
Ordres du Roi & Bibliothécaire de Sa Majesté , a
éré élu Prévôt des Marchands ; les fieur de Martel
& Gauthier de Rougemont , ont été nommés
Echevins .
Le 8 du même mois l'Univerfité s'affembla
dans les Ecoles de Sorbonne pour la diftribution
de fes Prix . Cette cérémonie , à laquelle le
Parlement affifta ,fut précedée d'un Difcours Latin
que prononça le fieur Pierre Jacquin , Profeffeur
d'Eloquence au Collège de la Marche. L'Auteur
de l'ouvrage qui a mérité le Prix d'Eloquence
ne s'étant point fait connoître , ce Prix , fondé
pour les Maîtres - ès- Arts par le fieur Jean- Baptifte
Coignard , Secrétaire du Roi & Confervateur
des Hypothéques , a été remis à l'année prochaine
, le Sujet prononcé étoit : ibi optimam effe
juventutis inftitutionem , ubi viget maximè maſćuta
& virilis difciplina.
Le 25 Fêre de S. Louis , la Proceffion de
NOVEMBRE. 1764. 157
Carmes du Grand- Couvent à laquelle le Corps de
Ville afifta , fe rendit , felon la coutume , à la
Chapelle du Palais des Tuileries, où ces Religieux
chanterent la Meffe.
L'Académie Françoile célébra cette Fête dans
La Chapelle du Louvre où l'Abbé Varé prononça
le Panégyrique de S. Louis . La même Fête fut
célébrée par l'Académie Royale des Infcriptions.
& Belles- Lettres & par celle des Sciences dans l'E .
glfe des Prêtres de l'Oratoire ; l'Abbé Rouſſeau
prononça le Panégyrique du Saint.
Le arême jour l'Académie de S. Luc a fait l'ouverture
de fon Sallon de Peinture & de Sculpture
à l'Hôtel d'Aligre , rue S. Honoré.
L'Académie Royale des Sciences a nommé
les fieurs Hellot , Macques , de Montigny , Leroi
& Tiller pour examiner la nouvelle porcelaine de
la compofition du Comte de Lauraguais . Après
en avoir comparé la pâte avec celle de la porcelaine
du Japon , ces Académiciens ont certifié
n'y avoir apperçu aucune différence.
On a appris que , le 9 du mois dernier , l'Eglife
des Pères Chartreux de Bourbon -lez- Gaillon , à
fept lieues de Rouen , a été entierement confumée
par un incendie. Cet accident a été occafionné par
la négligence d'un Plombier qui travailloit audeffus
du Chapitre attenant à l'Eglife ; il avoit
envoyé chercher du feu dans un réchaux pour
fondre de la foudure : le manoeuvre qui l'appor
toit laiffa tomber le réchaux , & le Plombier ſe
contenta de jetter de l'eau fur les charbons allumés
qu'il apperçut : mais il en reſta vraiſemblablement
quelques - uns qui embraferent la charpente
; car à trois heures après minuit le feu prit
avec tant de violence que l'Eglife , le Chapitre ,
la Cellule du Sacriftain & la Tour où étoit l'hor
158 MERCURE DE FRANCE .
loge furent réduits en cendres en moins d'une
heure de temps : on n'a pu fauver ni les ornemens
d'Eglife , ni le linge , ni l'argenterie qui
étoient renfermés dans ces différens endroits .
Le 4 de ce mois , l'AcadémieRoyale des Infcriptions
& Belles - Lettres nomma le fieur de l'Averdy,
Controlleur- Général des Finances , à la
Place d'Académicien Honoraire vacante par la
mort du Comte d'Argenſon .
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Résumé : De PARIS, le 10 Septembre 1764.
En août 1764, plusieurs événements marquants ont eu lieu à Paris. Le 16 août, le Corps de Ville a élu le sieur Bignon comme Prévôt des Marchands et les sieurs de Martel et Gauthier de Rougemont comme Échevins. Le 8 août, l'Université a organisé une cérémonie à la Sorbonne pour la distribution des prix, en présence du Parlement et d'un discours latin du sieur Pierre Jacquin. Le prix d'éloquence, fondé par Jean-Baptiste Coignard, n'a pas été attribué cette année-là. Le 25 août, une procession des Carmes du Grand-Couvent s'est rendue à la Chapelle du Palais des Tuileries, et diverses académies ont célébré la fête de Saint Louis avec des panégyriques. L'Académie de Saint Luc a également ouvert son salon de peinture et de sculpture. L'Académie Royale des Sciences a examiné la porcelaine du Comte de Lauraguais, la jugeant comparable à celle du Japon. Le 9 août, un incendie a détruit l'église des Pères Chartreux de Bourbon-lès-Gaillon. Le 4 septembre, l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres a nommé le sieur de l'Averdy Contrôleur Général des Finances, succédant au Comte d'Argenson.
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