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1
p. 144-146
Ce qui s'est passé touchant la Chaire Gréque de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
Début :
La Place de Docteur Aggregé en la Faculté des Droits [...]
Mots clefs :
Université de Caen, Docteur, Charge, Avocat, Faculté de droit, Professeurs, Approbation, Confrères, Nomination
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé touchant la Chaire Gréque de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
La Place de Docteur Aggregé
en la Faculté des Droits de l'Univerfité
de Caën , vacante par le
deceds de Monfieur Pyron , qui
eftoit auffi Porfeffeur d'Eloquen
ce au Collège du Bois , & qui
poffedoit la Chaire Grecque ,
dont je vous ay parlé dans ma
Lettre de Décembre , a efté rem-
{
plie
GALANT.
145
plie par Monfieur Cotelle, Avocat
au Préfidial de la même Ville.
Trois Perfonnés s'étoient prefentées
pour prendre le degré
de Docteur , afin d'eſtre en pouvoir
de difputer cette Place , Sa
Majefté fouhaitant que celuy
qu'on nommeroit cût la qualité
de Docteur , & aprés que chas
cun d'eux cut fait & fouftenu
des Théfes dans les Ecoles publiques
des Droits , tant du Droit
Civil , que du Droit Canonique ,
fur les Matiéres les plus difficiles
à refoudre , la Faculté , qui eft
compofée de quatre Docteurs
& Profeffeurs en Droit Civil &
Canon , d'un Docteur & Profeffeur
de Droit François , & de
hoit Docteurs aggregez , s'affembla
fur la fin de l'année derniére,
pour en choisir un qui fuft capable
de faire les fonctions de cet-
Ianvier 1685. G
146 MERCURE
te Charge , & fuivant la Déclaration
de fa Majefté , ils nommérent
Monfieur Cotelle , fameux
par plufieurs doctes Plajdoyers
, qui luy ont attiré l'approbation
de tous ceux qui l'ont entendu
parler , pour Succeffeur
de Monfieur Pyron . Aprés le
Serment fait de s'aquitter de la
Charge d'Aggregé , conformément
aux Edits du Roy , & aux
Statuts & Reglemens de la Faculté
, il fut mis en poffeffion de cette
Place, pour en joüir aux honneurs
profits émolumens &
prérogatives , dont jouiffent les
autres Docteurs Aggregez fes
Confreres.
en la Faculté des Droits de l'Univerfité
de Caën , vacante par le
deceds de Monfieur Pyron , qui
eftoit auffi Porfeffeur d'Eloquen
ce au Collège du Bois , & qui
poffedoit la Chaire Grecque ,
dont je vous ay parlé dans ma
Lettre de Décembre , a efté rem-
{
plie
GALANT.
145
plie par Monfieur Cotelle, Avocat
au Préfidial de la même Ville.
Trois Perfonnés s'étoient prefentées
pour prendre le degré
de Docteur , afin d'eſtre en pouvoir
de difputer cette Place , Sa
Majefté fouhaitant que celuy
qu'on nommeroit cût la qualité
de Docteur , & aprés que chas
cun d'eux cut fait & fouftenu
des Théfes dans les Ecoles publiques
des Droits , tant du Droit
Civil , que du Droit Canonique ,
fur les Matiéres les plus difficiles
à refoudre , la Faculté , qui eft
compofée de quatre Docteurs
& Profeffeurs en Droit Civil &
Canon , d'un Docteur & Profeffeur
de Droit François , & de
hoit Docteurs aggregez , s'affembla
fur la fin de l'année derniére,
pour en choisir un qui fuft capable
de faire les fonctions de cet-
Ianvier 1685. G
146 MERCURE
te Charge , & fuivant la Déclaration
de fa Majefté , ils nommérent
Monfieur Cotelle , fameux
par plufieurs doctes Plajdoyers
, qui luy ont attiré l'approbation
de tous ceux qui l'ont entendu
parler , pour Succeffeur
de Monfieur Pyron . Aprés le
Serment fait de s'aquitter de la
Charge d'Aggregé , conformément
aux Edits du Roy , & aux
Statuts & Reglemens de la Faculté
, il fut mis en poffeffion de cette
Place, pour en joüir aux honneurs
profits émolumens &
prérogatives , dont jouiffent les
autres Docteurs Aggregez fes
Confreres.
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Résumé : Ce qui s'est passé touchant la Chaire Gréque de l'Université de Caen, [titre d'après la table]
La place de Docteur Agrégé à la Faculté des Droits de l'Université de Caen, laissée vacante par le décès de Monsieur Pyron, Professeur d'Éloquence et titulaire de la Chaire Grecque, a été attribuée à Monsieur Cotelle, Avocat au Présidial de Caen. Trois candidats avaient postulé pour obtenir le degré de Docteur afin de briguer cette place. Sa Majesté avait exprimé le souhait que le candidat nommé soit Docteur. Après la soutenance de thèses publiques sur des matières de Droit Civil et Canonique, la Faculté, composée de quatre Docteurs et Professeurs en Droit Civil et Canon, d'un Docteur et Professeur en Droit Français, et de huit Docteurs Agrégés, s'est réunie fin 1684 pour choisir un candidat. Conformément à la Déclaration de Sa Majesté, ils ont nommé Monsieur Cotelle, reconnu pour ses plaidoyers doctes, comme successeur de Monsieur Pyron. Après avoir prêté serment, Monsieur Cotelle a pris possession de la place, bénéficiant ainsi des honneurs, profits, émoluments et prérogatives des autres Docteurs Agrégés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 312-336
Article tres-curieux qui regarde ce qui s'est passé à la Seance publique de la Societé Royale de Montpellier, qui s'est faite pendant la tenuë des Etats de Languedoc. [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article que vous n'attendiez pas sans doute [...]
Mots clefs :
Société royale des sciences de Montpellier, Assemblée des États de Languedoc, Sciences, Mr. de Basville, Gouttes puantes, Confrères, Académiciens, Aiguille, Aimant, Pôles, Satellites, Discours
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texteReconnaissance textuelle : Article tres-curieux qui regarde ce qui s'est passé à la Seance publique de la Societé Royale de Montpellier, qui s'est faite pendant la tenuë des Etats de Languedoc. [titre d'après la table]
e paffe à un Article que
vous n'attendiez pas fans doute
ce mois-cy ; mais fçachant
voftre curiofité fur ce qui regarde la Societé Royale des
Sciences de Montpellier , j'ay
fi bien pris mes mefures que
je vous en envoye un Article
digne
GALANT 313
digne de voftre curiofité &
de celle de tout le Public. Cette Societé a tenu fa Seance publique pendant l'Affemblée
des Etats de Languedoc , qui
l'ont honorée de leur prefence.
Mr de Bafville Confeiller d'Etat &Intendant de Languedoc
y prefida comme Academicien
Honoraire; & il en fit l'ouverture par un Difcours qui reçûr de grands aplaudiffemens.
Il parla des Sciences en general
& de l'utilité que les hommes
recevoient à s'y attacher ; il
s'apliqua fur tout à prouver
le bien que fit l'étude de la
Fanvier 1710.
Dd
314 MERCURE
Philofophie. Dans les premiers
fiecles du Paganifme , dit-il ,
cette étude faifoit les délices des
grands hommes de ces temps éloignez e même dans la naiffance
du Chriftianifme l'estime fut fi
prodigieufe pour Platon qu'on
regardoit alors comme l'Oracle de
la Philofophie , qu'on le mettoit
prefque enparallele avec les Prophetes,& qu'on pritfe:Ouvrages
pour des Commentaires de l'E
criture , puifqu'on conçut longtemps la nature du Verbe, comme
il l'avoit conçue. Il remarqua
enfuite que rien ne pouvoit .
tant contribuer au progrés
GALANT 315
des Sciences que les Affemblées des gens de Lettres ; il
parcourut tous les ficcles où
l'on en avoit vû ; & il dit qu'il
y avoit du temps des Empereurs
Romains diverfes Chapelles de
Minerve à Rome qui fervoient à
fortes d'Affemblées , & où
les Orateurs recitoient leurspieces,
& c'eſt ce que le Scholiafte d'Horace nomme Athenæa , felon la
coûtume defon temps , auquel ce
mot fignifioit un Auditoire.
L'Empereur Adrien dans le
deuxième fiecle fit bâtir un Auditoire qu'on nomma auſſi. Athenæum , & il continua d'avoir
Ddij
316 MERCURE
foin des Ecoles publiques à l'imi
·tation & Augufte le fecond des
Cefars qui avoit fait bâtir l'Ecole d'Octavie jointe à unportique ainsi que le R. P. Ardouin
Jefuite nous l'aprend dans fes
Stavantes notes fur Pline
avantluy le celebre GerardJean
Voffius , dansfon Lirure de l'Imitation. En parlant enfuite des.
travaux de la Societé Royale,
il dit qu'elle ne prononce point de
decifions , & qu'elle ne forme
point de fyfteme ; mais qu'elle
propofe des experiences & des
obfervations, laiffant aupublic le
foin de les rectifier , & la liberté
GALANT 317
de les contre-dire pour aller plus
loin dans le Pays des découvertes.
Rien en effect, ajouta- t - il n'eſt
pluspropre à contribuerau progrés
des Sciences , que des experiences
repetées réiterées. Par là on
avance par degrez ; l'on marche
àpas lents , il eft vray ; mais
auffi ils fontplus furs
Mr de Bafville après avoir
fait un détail des travaux de la
Societé Royale pendant l'année derniere , & de ceux auf
quels elle s'attacheroit dans le
cours de celle cy , finit par
l'Eloge du Roy à qui cette
Compagnie doit fon établiſſeDd iij
318 MERCURE
ment & le nom qu'elle s'eft
déja faite parmi tous les Sçavans de l'Europe. Ce Monarque , dit-il , parmi les foins &
lesfatigues d'une guerre onereuſe
& dans laquelle la plus grande
partie de l'Europe eft conjurée contre luy, n'a pas perdu pour cela
le defir qu'il a eu depuis les premieres années de fonregne defaire
fleurirles Sciences dans fes États.
On a sú fe former fous ce regne
glorieux , àjamais memorable
un grand nombre d'Academies
oùſe forment tous les jours lés
jeunes nourriffons des Mules
quis'y exercent pour immortali-
GALANT 319
fer le nom François. Ce grand
Monarque ne fe contente pas ,
ajouta t -il , d'accorder des Privileges , & des établiſſemens confiderables aux Compagnies dont
la culture des Sciences fait tout
L'objet, il les anime encore au travail par fes bienfaits & parſa
Royale liberalité. Le titre de Sçavant en eft un legitime auprés de
ce grandPrince , pour avoir part
àfesgraces & àfes faveurs. On
fe contentoit dans les fiecles precedens d'admirer ces grands genies
pour qui la nature ſembloit s'eſtre
épuisée , mais comme fi on eut
craint qu'une honnefte abondance
320 MERCURE
eut fait perdre la moitié de leur
merite , on les laiffoit dans une
honteuse indigence ; des paroles
des paroles flattenfes eftoient tout
le prixde leurs travaux ; on n'alloitpasplus loin, on auroit crû
en leur faifant du bien les expofer à la tentation de ne plus rien
faire de tomber dans un repos
oifife plein de molleffe . Mais
aujourd'buy graces au grand
Prince qui gouverne la France,les
chofes font bien changées. La récompenfe fuit toujours à prefent
le travail , elle eft accordée fi
à propos & avec tant de prudence
que bien loin de former une ten-
GALANT 321
tation délicate pour celuy qui l'ob
tient , elle ne luyfert que d'aiguil
lon pour avancer dans le progrés
des Sciences. Piquez d'une noble
émulation par les bienfaits du
Prince , ceux qui en font l'objet
ne s'appliquent qu'à les meriter
encore davantage.
Mr Bon le fils , premier
Prefident, en furvivance de Mr
fon pere, de la Cour des Aydes
de Montpellier , parla enfuite;
& aprés avoir loué en peu de
mots Mrde Bafville , qui venoit de parler fi fçavamment
de l'utilité des Sciences , il entretint l'auguſte Aſſemblée qui
322 MERCURE
l'entendoit , d'une découverte
qu'il avoit faite , & dont il
rapporta plufieurs experiences.
Ce fut fur les araignées qu'il
parla long- temps. Ces petits
animaux , dit cet habile Magiſtrat , & ſçavant Academicien , filent une foye qui eft propre aux mefmes usages que celle
des vers , vulgairement appellez
vers à foye ; & il prouva fenfiblement que la føye des araignées eft beaucoup plus abondante celle des vers , pufqu'outre que ceux- cy , dit-il , ne
font que so. œufs , qu'on appelle
vulgairement cocons , les arail
que
GALANT 323
gnées en font 400. Il est vray
qu'à l'égard des araignées , la
moitié franche de leurs œufs fe
perd à caufe de leur petiteffe , &
qu'elles n'achevent leurfoye qu'en
2. ans ; mais enfin quand on reduiroit , à cause de la diminution
causée par la perte ou inutilité de
ces œufs , les 400. à la moitié,
il en refteroit toujours 200.
qu'à cause de la longueur du
temps que les araignées mettent à
filer leurføye , on reduiſe encore
ces 200. œufs à 100. pour faire
quelque comparaison avec ceux
des vers , il fuivra toûjours toutes chofes égaless il en concludque
324 MERCURE
par
les versfaifant so. œufs les araignées 100. celles - cy produisent le
double des vers. Que d'ailleurs
l'avantage que la foye des araignées a pardeffus celle des vers ,
eft qu'elle eft plus fine ,
confequent incomparablement plus
belle. On en a filé par ordre de
Mr le Duc de Noailles pour
faire une paire de bas de foye ,
qui ont efté faits en Languedoc,
&que ce Ducaprefentez à Madame la Ducheffe de Bourgogne.
Cette Princeffe, ainfi que toute la
Cour,les ont trouvez d'une grande beauté &on a avoué qu'on
ne pouvoit rien ajoûter à la fr
GALANT 325
neffe de cet Ouvrage. D'ailleurs
il faut remarquer qu'il n'eft icy
queftion quedes araignées des jardins de celles qui travaillent
en pleine campagne , & les plus
groffes font les meilleures. Mais
la foye n'est pas la feule richeffe
qu'on tire de ces petits animaux,
& MrBon n'apas borné là fes
recherches. On a fait une Analyfe
exacte de ces petits animaux , &
on en a voulu découurir toutes les
proprietez , & ce n'a pas eftéfans
une grande ſurpriſe mêlée de
beaucoup de joye qu'on a éprouvéaprès une Analyfe faite avec
tous les foins imaginables qu'on
土
326 MERCURE
peut tirer des araignées une cau
qui a des vertus admirables , &
dont on peutfaire des gouttes qui
pafferont mefme en bonté celles
d'Angleterre, qui font fi vantées,
dont onfait unfi grand nombre d'ufages. Ce feront des
gouttes aromatiques , reprit ce
fçavant Magiftrat , qui feront
admirables pour la gravelle &
pour les retentions d'urine
faifant vuider le fable. Elles
feront auffi admirables pour fortifier les poulmons foibles ; & ce
feront d'excellentes eaux pulmonaires on pretend , & ce
n'eft pas fans l'avoir éprouvé,
. ,
en
GALANT 327
qu'elles feront auffi bonnes pour
tapoplexie que l'eau des Carmes
fi vantéejufqu'icy. On a décou
vert à l'égard de deux Paralytiques & d'un Epileptique , qu'elLes font tres-propres à ces maladies dangereufes , & contre lef
quelles il y afi peu de remedes.
Tous ceux qui font fujets aux
coliques & aux maux qui les
caufent,ferontfoulagez en ufant
de ces gouttes , avecquelqué methode un certain regime que
la Societe Royale preferira dans
une petite Differtation qu'un habile Medecin de fon Corps fera
fur ce fujet. A l'égard des per-
328 MERCURE
fonnes qui jouiffent d'une fanté
parfaite , elles en peuvent auffi
ufer; elles purifient le fang, &
Le font circuler ; elles fortifient
l'eftomach , elles facilitent la
digeftion. Ceux qui font fujets
à la migraine en peuvent user,
& ils peuvent compter d'eftre
foulagezfur le champ, en obfervant cependant le regime qui fera
marqué dans la Differtation qui
paroiftra au premier jour. Enfin
pour marquer les effets merveilleux de ces gouttes , il n'y a qu'à
dire qu'elles operent & avec autant de fuccés & avec autant de
promptitude que les gouttes d'An-
GALANT 329
gleterre,qu'on nomme les Gouttes
puantes, dont on nefefert cependant que dans les maux defefperez. Mr Bon a donné à ces
gouttes le nom de Gouttes de
Montpellier, & diverfes experiences qu'on a faites de leurs
vertus & de leurs qualitez, leur
ont déja attiré ce nom. Mr
Bon finit fon Difcours en applaudiffant tous les Academiciens fes Confreres , d'avoir
fait une fi belle découverte
dans la naiffance de leur Societé; & il dit qu'un fecret fifalutaire luy faifoit bien augurer
des travaux de tant de fçavans
Janvier 1710. E e
330 MERCURE
hommes qui compofent cette ilLuftre Compagnie. Ce difcours
fut generalement applaudi.
Le P. Vanier Jefuite , habile Poëte, & qui fait imprimer à Lyon un Dictionnaire
Poëtique , a fait une Eglogue
adreffée à Mr Bon , dont je
viens de parler ; dans laquelle
il le felicite fur la belle découverte qu'il vient de faire.
Cette Eglogue eft Latine , ce
qui m'empefche de vous l'envoyer. Elle eft parfaitement
belle.
La declinaifon de l'Aiguille
aimantée fit la matiere d'un
GALANT 331
Difcours qui fuivit celuy de
Mr Bon; & qui fut prononcé
par Mr Clopinel. Cette Declinaiſon eſt un Phenomene des
plus étonnans & dont la connoiffance est en même temps
tres neceffaire pour la Navigation , puifque fi elle varie felon les lieux & felon les temps ,
les Pilotes peuvent fe tromper confiderablement dans le
coursd'une Navigation &dans
la route, qu'ils font tenir aux
Vaiffeaux. On n'embraffa pas
tout-à-fait dans ce Difcours le
Systême de Mr Defcartes , qui
prétend qu'il fort des Poles de
Ecij
33²´MERCURE
la terre une matiere fubtile ime
palpable & inviſible qui circulant autour d'elle fur le plan
des Meridiens y rentre par les
Pole oppofé à celuy d'où elle
eft fortie. La matiere canelée
trouvant dans la ficuation
des pores de l'Aiman un paf
fage pour le traverler , fait
que l'Aiman a deux Poles auffi bien que la Terre ; ainfi
cette matiere rentrant par un
Pole attire le fer. Mais elle
peut changer fon cours felon
la difpofition des parties à travers lefquelles elle s'ouvre un
paffage , & elle en peut eſtre
GALANI 333
détournée felon la figure & la
difpofition de l'Aiguille qui ent
eft touchée. D'ailleurs on a re
marqué que les Obfervations
qu'on peut faire de la variation de l'Aiguille dans les Vaifſeaux font fujettes à beaucoup
d'erreurs à cauſe du fer qui y
eft en grande quantité. Ce Dif
cours fut trouvé plein de recherches & d'érudition.
Le Difcours fuivant & qui
termina l'Aſſemblée , regarda
les Satellites de Saturne , & fut
prononcé par Mr Aftruc. Les
Anciens , dit-il , ne comptoient
que fept Planettes dans noſtre
334 MERCURE
a
Tourbillon , & nous en avons
neuf, quatre Satellites de Fupiter
& cingde Saturne. Galileé à dé
couvert ceux deJupiter, MrCaſ
fini quatre & Mr Huiguens at
taché aufeu Roy Guillaume , un.
Ce dernier foupçonnoit qu'ily
avoit unfixiéme entre la quatriéme e la cinquième , parce que
diftance entre ces Satellites eft trop
grande à proportion des autres.
C'est par les Satellites de Jupiter
que les Aftronomes ont eu le bonheur de trouver les Longitudes
par leurs emerfions & leurs immerfions. L'ufage qu'on tirera de
ceux de Saturne ne fera pas moins
la
1
GALANT 335
confiderable , parce quefiJupiter
n'eſt pas fur l'horiſon pendant la
nuit Saturne y pourra eftre , & en
ce cas les Satellites fuperieurs feront trouver les Longitudes , les
deux premiers eftant fi proches de
la Planette qu'ilsfont prefque im
perceptibles. D'ailleurs leurs revolutions fontficourtes &leurs ċerclesſipreſſez qu'à noftre égard , il
eft rare qu'ilsfortent des rayons de
Saturne étant de plus dans unéloignement du Soleil double de ceux
de Jupiter. Ce Difcours renfermoit plufieurs autres Remarques d'Aftronomie qui plurent
fort à l'illuftre Affemblée. Mi
336 MERCURE
de Bafville refuma à la fin de
chaque Difcours tout ce qui
avoit eſté dit de plus curieux &
de plus intereffant , & il fit admirer en cette occafion la netteté de fon efprit
vous n'attendiez pas fans doute
ce mois-cy ; mais fçachant
voftre curiofité fur ce qui regarde la Societé Royale des
Sciences de Montpellier , j'ay
fi bien pris mes mefures que
je vous en envoye un Article
digne
GALANT 313
digne de voftre curiofité &
de celle de tout le Public. Cette Societé a tenu fa Seance publique pendant l'Affemblée
des Etats de Languedoc , qui
l'ont honorée de leur prefence.
Mr de Bafville Confeiller d'Etat &Intendant de Languedoc
y prefida comme Academicien
Honoraire; & il en fit l'ouverture par un Difcours qui reçûr de grands aplaudiffemens.
Il parla des Sciences en general
& de l'utilité que les hommes
recevoient à s'y attacher ; il
s'apliqua fur tout à prouver
le bien que fit l'étude de la
Fanvier 1710.
Dd
314 MERCURE
Philofophie. Dans les premiers
fiecles du Paganifme , dit-il ,
cette étude faifoit les délices des
grands hommes de ces temps éloignez e même dans la naiffance
du Chriftianifme l'estime fut fi
prodigieufe pour Platon qu'on
regardoit alors comme l'Oracle de
la Philofophie , qu'on le mettoit
prefque enparallele avec les Prophetes,& qu'on pritfe:Ouvrages
pour des Commentaires de l'E
criture , puifqu'on conçut longtemps la nature du Verbe, comme
il l'avoit conçue. Il remarqua
enfuite que rien ne pouvoit .
tant contribuer au progrés
GALANT 315
des Sciences que les Affemblées des gens de Lettres ; il
parcourut tous les ficcles où
l'on en avoit vû ; & il dit qu'il
y avoit du temps des Empereurs
Romains diverfes Chapelles de
Minerve à Rome qui fervoient à
fortes d'Affemblées , & où
les Orateurs recitoient leurspieces,
& c'eſt ce que le Scholiafte d'Horace nomme Athenæa , felon la
coûtume defon temps , auquel ce
mot fignifioit un Auditoire.
L'Empereur Adrien dans le
deuxième fiecle fit bâtir un Auditoire qu'on nomma auſſi. Athenæum , & il continua d'avoir
Ddij
316 MERCURE
foin des Ecoles publiques à l'imi
·tation & Augufte le fecond des
Cefars qui avoit fait bâtir l'Ecole d'Octavie jointe à unportique ainsi que le R. P. Ardouin
Jefuite nous l'aprend dans fes
Stavantes notes fur Pline
avantluy le celebre GerardJean
Voffius , dansfon Lirure de l'Imitation. En parlant enfuite des.
travaux de la Societé Royale,
il dit qu'elle ne prononce point de
decifions , & qu'elle ne forme
point de fyfteme ; mais qu'elle
propofe des experiences & des
obfervations, laiffant aupublic le
foin de les rectifier , & la liberté
GALANT 317
de les contre-dire pour aller plus
loin dans le Pays des découvertes.
Rien en effect, ajouta- t - il n'eſt
pluspropre à contribuerau progrés
des Sciences , que des experiences
repetées réiterées. Par là on
avance par degrez ; l'on marche
àpas lents , il eft vray ; mais
auffi ils fontplus furs
Mr de Bafville après avoir
fait un détail des travaux de la
Societé Royale pendant l'année derniere , & de ceux auf
quels elle s'attacheroit dans le
cours de celle cy , finit par
l'Eloge du Roy à qui cette
Compagnie doit fon établiſſeDd iij
318 MERCURE
ment & le nom qu'elle s'eft
déja faite parmi tous les Sçavans de l'Europe. Ce Monarque , dit-il , parmi les foins &
lesfatigues d'une guerre onereuſe
& dans laquelle la plus grande
partie de l'Europe eft conjurée contre luy, n'a pas perdu pour cela
le defir qu'il a eu depuis les premieres années de fonregne defaire
fleurirles Sciences dans fes États.
On a sú fe former fous ce regne
glorieux , àjamais memorable
un grand nombre d'Academies
oùſe forment tous les jours lés
jeunes nourriffons des Mules
quis'y exercent pour immortali-
GALANT 319
fer le nom François. Ce grand
Monarque ne fe contente pas ,
ajouta t -il , d'accorder des Privileges , & des établiſſemens confiderables aux Compagnies dont
la culture des Sciences fait tout
L'objet, il les anime encore au travail par fes bienfaits & parſa
Royale liberalité. Le titre de Sçavant en eft un legitime auprés de
ce grandPrince , pour avoir part
àfesgraces & àfes faveurs. On
fe contentoit dans les fiecles precedens d'admirer ces grands genies
pour qui la nature ſembloit s'eſtre
épuisée , mais comme fi on eut
craint qu'une honnefte abondance
320 MERCURE
eut fait perdre la moitié de leur
merite , on les laiffoit dans une
honteuse indigence ; des paroles
des paroles flattenfes eftoient tout
le prixde leurs travaux ; on n'alloitpasplus loin, on auroit crû
en leur faifant du bien les expofer à la tentation de ne plus rien
faire de tomber dans un repos
oifife plein de molleffe . Mais
aujourd'buy graces au grand
Prince qui gouverne la France,les
chofes font bien changées. La récompenfe fuit toujours à prefent
le travail , elle eft accordée fi
à propos & avec tant de prudence
que bien loin de former une ten-
GALANT 321
tation délicate pour celuy qui l'ob
tient , elle ne luyfert que d'aiguil
lon pour avancer dans le progrés
des Sciences. Piquez d'une noble
émulation par les bienfaits du
Prince , ceux qui en font l'objet
ne s'appliquent qu'à les meriter
encore davantage.
Mr Bon le fils , premier
Prefident, en furvivance de Mr
fon pere, de la Cour des Aydes
de Montpellier , parla enfuite;
& aprés avoir loué en peu de
mots Mrde Bafville , qui venoit de parler fi fçavamment
de l'utilité des Sciences , il entretint l'auguſte Aſſemblée qui
322 MERCURE
l'entendoit , d'une découverte
qu'il avoit faite , & dont il
rapporta plufieurs experiences.
Ce fut fur les araignées qu'il
parla long- temps. Ces petits
animaux , dit cet habile Magiſtrat , & ſçavant Academicien , filent une foye qui eft propre aux mefmes usages que celle
des vers , vulgairement appellez
vers à foye ; & il prouva fenfiblement que la føye des araignées eft beaucoup plus abondante celle des vers , pufqu'outre que ceux- cy , dit-il , ne
font que so. œufs , qu'on appelle
vulgairement cocons , les arail
que
GALANT 323
gnées en font 400. Il est vray
qu'à l'égard des araignées , la
moitié franche de leurs œufs fe
perd à caufe de leur petiteffe , &
qu'elles n'achevent leurfoye qu'en
2. ans ; mais enfin quand on reduiroit , à cause de la diminution
causée par la perte ou inutilité de
ces œufs , les 400. à la moitié,
il en refteroit toujours 200.
qu'à cause de la longueur du
temps que les araignées mettent à
filer leurføye , on reduiſe encore
ces 200. œufs à 100. pour faire
quelque comparaison avec ceux
des vers , il fuivra toûjours toutes chofes égaless il en concludque
324 MERCURE
par
les versfaifant so. œufs les araignées 100. celles - cy produisent le
double des vers. Que d'ailleurs
l'avantage que la foye des araignées a pardeffus celle des vers ,
eft qu'elle eft plus fine ,
confequent incomparablement plus
belle. On en a filé par ordre de
Mr le Duc de Noailles pour
faire une paire de bas de foye ,
qui ont efté faits en Languedoc,
&que ce Ducaprefentez à Madame la Ducheffe de Bourgogne.
Cette Princeffe, ainfi que toute la
Cour,les ont trouvez d'une grande beauté &on a avoué qu'on
ne pouvoit rien ajoûter à la fr
GALANT 325
neffe de cet Ouvrage. D'ailleurs
il faut remarquer qu'il n'eft icy
queftion quedes araignées des jardins de celles qui travaillent
en pleine campagne , & les plus
groffes font les meilleures. Mais
la foye n'est pas la feule richeffe
qu'on tire de ces petits animaux,
& MrBon n'apas borné là fes
recherches. On a fait une Analyfe
exacte de ces petits animaux , &
on en a voulu découurir toutes les
proprietez , & ce n'a pas eftéfans
une grande ſurpriſe mêlée de
beaucoup de joye qu'on a éprouvéaprès une Analyfe faite avec
tous les foins imaginables qu'on
土
326 MERCURE
peut tirer des araignées une cau
qui a des vertus admirables , &
dont on peutfaire des gouttes qui
pafferont mefme en bonté celles
d'Angleterre, qui font fi vantées,
dont onfait unfi grand nombre d'ufages. Ce feront des
gouttes aromatiques , reprit ce
fçavant Magiftrat , qui feront
admirables pour la gravelle &
pour les retentions d'urine
faifant vuider le fable. Elles
feront auffi admirables pour fortifier les poulmons foibles ; & ce
feront d'excellentes eaux pulmonaires on pretend , & ce
n'eft pas fans l'avoir éprouvé,
. ,
en
GALANT 327
qu'elles feront auffi bonnes pour
tapoplexie que l'eau des Carmes
fi vantéejufqu'icy. On a décou
vert à l'égard de deux Paralytiques & d'un Epileptique , qu'elLes font tres-propres à ces maladies dangereufes , & contre lef
quelles il y afi peu de remedes.
Tous ceux qui font fujets aux
coliques & aux maux qui les
caufent,ferontfoulagez en ufant
de ces gouttes , avecquelqué methode un certain regime que
la Societe Royale preferira dans
une petite Differtation qu'un habile Medecin de fon Corps fera
fur ce fujet. A l'égard des per-
328 MERCURE
fonnes qui jouiffent d'une fanté
parfaite , elles en peuvent auffi
ufer; elles purifient le fang, &
Le font circuler ; elles fortifient
l'eftomach , elles facilitent la
digeftion. Ceux qui font fujets
à la migraine en peuvent user,
& ils peuvent compter d'eftre
foulagezfur le champ, en obfervant cependant le regime qui fera
marqué dans la Differtation qui
paroiftra au premier jour. Enfin
pour marquer les effets merveilleux de ces gouttes , il n'y a qu'à
dire qu'elles operent & avec autant de fuccés & avec autant de
promptitude que les gouttes d'An-
GALANT 329
gleterre,qu'on nomme les Gouttes
puantes, dont on nefefert cependant que dans les maux defefperez. Mr Bon a donné à ces
gouttes le nom de Gouttes de
Montpellier, & diverfes experiences qu'on a faites de leurs
vertus & de leurs qualitez, leur
ont déja attiré ce nom. Mr
Bon finit fon Difcours en applaudiffant tous les Academiciens fes Confreres , d'avoir
fait une fi belle découverte
dans la naiffance de leur Societé; & il dit qu'un fecret fifalutaire luy faifoit bien augurer
des travaux de tant de fçavans
Janvier 1710. E e
330 MERCURE
hommes qui compofent cette ilLuftre Compagnie. Ce difcours
fut generalement applaudi.
Le P. Vanier Jefuite , habile Poëte, & qui fait imprimer à Lyon un Dictionnaire
Poëtique , a fait une Eglogue
adreffée à Mr Bon , dont je
viens de parler ; dans laquelle
il le felicite fur la belle découverte qu'il vient de faire.
Cette Eglogue eft Latine , ce
qui m'empefche de vous l'envoyer. Elle eft parfaitement
belle.
La declinaifon de l'Aiguille
aimantée fit la matiere d'un
GALANT 331
Difcours qui fuivit celuy de
Mr Bon; & qui fut prononcé
par Mr Clopinel. Cette Declinaiſon eſt un Phenomene des
plus étonnans & dont la connoiffance est en même temps
tres neceffaire pour la Navigation , puifque fi elle varie felon les lieux & felon les temps ,
les Pilotes peuvent fe tromper confiderablement dans le
coursd'une Navigation &dans
la route, qu'ils font tenir aux
Vaiffeaux. On n'embraffa pas
tout-à-fait dans ce Difcours le
Systême de Mr Defcartes , qui
prétend qu'il fort des Poles de
Ecij
33²´MERCURE
la terre une matiere fubtile ime
palpable & inviſible qui circulant autour d'elle fur le plan
des Meridiens y rentre par les
Pole oppofé à celuy d'où elle
eft fortie. La matiere canelée
trouvant dans la ficuation
des pores de l'Aiman un paf
fage pour le traverler , fait
que l'Aiman a deux Poles auffi bien que la Terre ; ainfi
cette matiere rentrant par un
Pole attire le fer. Mais elle
peut changer fon cours felon
la difpofition des parties à travers lefquelles elle s'ouvre un
paffage , & elle en peut eſtre
GALANI 333
détournée felon la figure & la
difpofition de l'Aiguille qui ent
eft touchée. D'ailleurs on a re
marqué que les Obfervations
qu'on peut faire de la variation de l'Aiguille dans les Vaifſeaux font fujettes à beaucoup
d'erreurs à cauſe du fer qui y
eft en grande quantité. Ce Dif
cours fut trouvé plein de recherches & d'érudition.
Le Difcours fuivant & qui
termina l'Aſſemblée , regarda
les Satellites de Saturne , & fut
prononcé par Mr Aftruc. Les
Anciens , dit-il , ne comptoient
que fept Planettes dans noſtre
334 MERCURE
a
Tourbillon , & nous en avons
neuf, quatre Satellites de Fupiter
& cingde Saturne. Galileé à dé
couvert ceux deJupiter, MrCaſ
fini quatre & Mr Huiguens at
taché aufeu Roy Guillaume , un.
Ce dernier foupçonnoit qu'ily
avoit unfixiéme entre la quatriéme e la cinquième , parce que
diftance entre ces Satellites eft trop
grande à proportion des autres.
C'est par les Satellites de Jupiter
que les Aftronomes ont eu le bonheur de trouver les Longitudes
par leurs emerfions & leurs immerfions. L'ufage qu'on tirera de
ceux de Saturne ne fera pas moins
la
1
GALANT 335
confiderable , parce quefiJupiter
n'eſt pas fur l'horiſon pendant la
nuit Saturne y pourra eftre , & en
ce cas les Satellites fuperieurs feront trouver les Longitudes , les
deux premiers eftant fi proches de
la Planette qu'ilsfont prefque im
perceptibles. D'ailleurs leurs revolutions fontficourtes &leurs ċerclesſipreſſez qu'à noftre égard , il
eft rare qu'ilsfortent des rayons de
Saturne étant de plus dans unéloignement du Soleil double de ceux
de Jupiter. Ce Difcours renfermoit plufieurs autres Remarques d'Aftronomie qui plurent
fort à l'illuftre Affemblée. Mi
336 MERCURE
de Bafville refuma à la fin de
chaque Difcours tout ce qui
avoit eſté dit de plus curieux &
de plus intereffant , & il fit admirer en cette occafion la netteté de fon efprit
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Résumé : Article tres-curieux qui regarde ce qui s'est passé à la Seance publique de la Societé Royale de Montpellier, qui s'est faite pendant la tenuë des Etats de Languedoc. [titre d'après la table]
Lors d'une séance publique de la Société Royale des Sciences de Montpellier, tenue pendant l'Assemblée des États de Languedoc, Monsieur de Basville, Conseiller d'État et Intendant de Languedoc, présida la séance en tant qu'Académicien Honoraire. Il prononça un discours sur l'utilité des sciences, soulignant l'importance des assemblées de gens de lettres pour le progrès scientifique. Il cita des exemples historiques comme les chapelles de Minerve à Rome et l'Athénée construit par l'empereur Adrien. Monsieur de Basville évoqua également les travaux de la Société Royale, qui se concentrent sur des expériences et des observations, laissant au public le soin de les rectifier. Il loua le roi pour son soutien aux sciences et aux académies, ainsi que pour les privilèges accordés aux savants. Monsieur Bon, fils du premier président de la Cour des Aides de Montpellier, présenta ensuite ses découvertes sur les araignées. Il démontra que la soie des araignées est plus abondante et fine que celle des vers à soie, et rapporta des expériences menées sur ordre du duc de Noailles. Il mentionna également une huile extraite des araignées, utilisée pour fabriquer des gouttes médicinales efficaces contre diverses maladies. Le Père Vanier, jésuite et poète, composa une églogue en latin pour féliciter Monsieur Bon. La séance se poursuivit avec des discours de Monsieur Clopinel sur la déclinaison de l'aiguille aimantée et de Monsieur Astruc sur les satellites de Saturne. Ces discours apportèrent des connaissances essentielles pour la navigation et l'astronomie. À la fin de chaque discours, une personne nommée Bafville résumait les points les plus intéressants et marquants abordés, mettant en évidence la clarté et la vivacité de son esprit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2549-2556
DISCOURS de M. de Ponsan, Trésorier de France à Toulouse, prononcé dans l'Académie des Jeux Floraux peu de temps après sa reception.
Début :
MESSIEURS, Vos nouveaux Confreres seroient fondez à demander que vous [...]
Mots clefs :
Amour, Sujet, Amitié, Ouvrage, Matière, Lettre, Réflexions, Goût, Esprits, Confrères, Académie des jeux floraux
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS de M. de Ponsan, Trésorier de France à Toulouse, prononcé dans l'Académie des Jeux Floraux peu de temps après sa reception.
DISCOURS de M. de Ponsan , Trésorier,
de France à Toulouse , prononcé, dans »
l'Académie des Jeux Floraux peu de
temps après sa reception...
MESSIE ESSIEURS,
EURS
,
Vos nouveaux Confreres seroient fondez
à demander que vous eussiez pour
eux la condescendance de les dispensers
de remplir leur tour dans vos conferen
I. Vel A.Y COS S
2550 MERCURE DE FRANCE
ces ; avant qu'ils fussent obligez de parler
devant vous , il seroit juste qu'ils eus
sent joui quelque temps de l'avantage de
vous entendre ; le respect que j'ai pour
vos usages , m'engage à m'y conformer ,
ils me seront toujours plus chers. que mes.
interêts ; je connois tout le danger de ce
que j'ose entreprendre ; mais je m'y expose
d'autant plus volontiers , que je croi
qu'il n'y a pas moins de modestie à subir
votre fine et judicieuse critique , qu'à
n'oser la soutenir ; une attention cons
tante à ne rien mettre sous vos yeux ,
pourroit bien être soupçonnée de quelque
présomption ; rien ne seroit en
moi plus déplacé qu'une pareille pru--
dence; je n'ai pas àà craindre de craindre de compromettre
une réputation acquise ; ce sentiment
trop précautionné a quelquefois
séduit de grands hommes ; ils n'ont pas
sans doute fait attention qu'il est trespréjudiciable
aux interêts du public ; il
lui enleve les avantages que pourroient
lui procurer des Esprits, d'ailleurs excellens
; on a lieu d'être surpris qu'oubliant
ce qu'ils doivent à la société , ils veuil--
lent se condamner au silence , et priver
leurs bons Ouvrages de la lumiere , à
cause que malheureusement pour nous ,
ils se sont fait une idée de perfection à
Vol.
laeDECEMBRE
. 1733. 4551
laquelle ils ne croient jamais pouvoir atteindre
; il seroit à souhaiter que quelque
Génie du premier Ordre , écrivit sur
cette matiere , il tâcheroit de guérir l'esprit
de cette orgueilleuse modestie , et
désabuseroit d'une ambition qui devient
infructueuse , parce qu'elle est démesurée.
Pous vous , Messieurs , vous ne vous
laissez pas surprendre à ces piéges de l'amour
propre ; votre goût pour les Belles
Lettres maintient avec ardeur les travaux
Litteraires de cette ancienne Académie ;
vous remplissez tour à tour nos séances
par des Ouvrages pleins d'agrément , et
en même temps tres utiles , ce qui me
met en droit de dire avec Horace , que
tout ce qui vient de vous est marqué au.
coin de la perfection :
Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.
Depuis que j'ai l'honneur d'être témoin
de vos occupations Académiques ( 1 ).
un de vos plus zélez confreres a fait voir
dans un ingénieux Dialogue que l'imagi
nation et la raison se nuisent réciproquement.
Nous devons moderer les fougues
de l'une , fuir les contraintes de l'autre , eten
exciter les lenteurs ; celle - ci nous gê--
(11) M. le Chevalier Daliés,.
I: Vol . A vj
2552 MERCURE DE FRANCE
ne ; celle-là nous égare ; elles peuvent
pourtant se prêter de mutuels secours :-
pour tourner leurs défauts à notre avantage
, il ne faut que mettre en pratique .
les excellens préceptes qui sont semez
dans le Dialogue dont je parle.
Nous avons ensuite écouté avec beau-..
coup de plaisir , la lecture ( 1 ) d'un ou
vrage mêlé de recherches utiles et curieuses
, qui explique le chimérique projet
de cet avanturier , qui prétendoic
avoir un secret pour changer le Fer en
Cuivre , et qui abusa dans cette Ville , il
y a quelques années , de la crédulité de
ceux qui mirent en lui une confiance intéressée
; rien n'égale les illusions de la
Chimie , lorsque sa folle ambition la
porte à s'occuper de la transmutation
des Métaux ; on peut bien dire que l'imagination
égare alors la raison;le grand
oeuvre ne peut faire perdre le temps
qu'aux petits Esprits ; les vaines recherches
qu'on en fait se réduisent à acque
rir à grands frais l'indigence ..
L'Auteur ( 2 ) des Réfléxions sur le
goût nous a donné par cet Ouvrage une
( ) Cet Ouvrage est de M. le Marquis d'Aus-
Bone.
( 2 ) Les Réfléxions sont de M. Rabaudy Vis
ruier de Toulouse
Jakdla..
nou
DECEMBRE. 1733 25535
;
nouvelle preuve de sa délicatesse; il nous .
a fourni en même - temps des Préceptes.
et des Exemples ; ce sujet étoit digne de.
son choix le public ne sçauroit trop ,
marquer sa reconnoissance aux personnes
qui veulent bien tâcher d'établir quelque
chose de certain sur une matiere aussi
importante, et qui ne devient que trop
arbitraire.
Des obstacles , sans doute considéra-,
bles , nous ont privez de la satisfaction.
d'entendre deux autres de nos Confreres; ..
leurs excuses ne sçauroient être aussi lé-..
gitimes que mes regrets ; ils ne peuventqu'être
grands , dès qu'ils sont proportionnez
à ce que je crois avoir perdu ; ils .
seroient extrêmes, si je ne me flattois que ,
cette perte n'est pas irréparable.
L'impossibilité où je me trouve , Messieurs
, de vous procurer dans cette Séan-.
ce autant de plaisir que j'en ai goûté dans
les précédentes , mortifie ma reconnois-,
sance , qui certainement ne seroit pas en
reste , s'il ne falloit beaucoup d'esprit ene
cette occasion pour m'acquitter envers
vous ; je ne négligerai rien pour tâcher
du moins de vous faire connoître ma.
bonne volonté , le hazard m'a fourni le.
sujet sur lequel je vais vous parler.
Je reçûs il y a quelques jours une. Let-
•
JVola
2554 MERCURE DE FRANCE
tre d'une Dame , et comme elle me demandoit
une réponse fort longue , je lui
addressai , après avoir répondu à sa ettre
, un petit Ouvrage pour l'amuser
dans sa Campagne. Je prens la liberté de
vous le présenter pour remplir mon tour
dans cette Séance.
La Dame à laquelle s'addresse ma Lettre
est de ces Personnes dont la beauté
fait le moindre mérite ; elle a le précieux
secret de plaire à tout le monde , et d'obtenir
toutes les préférences ,avec ces avantages
vous n'aurez pas de peine à croire
qu'elle ait inspiré beaucoup de passions ;
mais , ce qui est plus glorieux , elle a sçû
s'attacher plusieurs amis; faites- moi l'honneur
, Messieurs , de croire sur ma parole
, quelque incroïable que cela soit , que
cette Dame , malgré le nombre et le mérite
de ses Amans , a toujours méprisé
l'Amour , et a fait grand cas de l'amitié 3 .
vous voïez par là que son discernement
exquis , l'a mise au dessus des préjugez.
les plus établis , et des usages les mieux
observez ; elle a de l'esprit infiniment, ses
pensées sont ingénicuses , solides et enjouées,
ses expressions sont fortes et pleines
de sens , elle aime , mais sans mali--
gnité , tout ce qui attaque les moeurs corrompues
du siécle ; elle peint vivement
I. Vol. less
DECEMBR E. 1733 . 2555
es travers et les ridicules ; son heureux
génie est fertile en traits que l'amour propre
qualifie d'outrez , et qu'on pourroit
souvent regarder comme adoucis , si l'on
connoissoit toute la malice des hommes.
Les Personnes qui n'aiment pas les
propos
galans ne trouveront rien dans ma
Lettre , sur ce sujet, qui puisse n'être pas
de leur goût , quoiqu'elle soit addressée
à une Dame ; toute ma galanterie se réduit
à lui dire galament , si cela se peut ,
que je n'ai jamais eu d'amour pour elle ;
mon dessein est de lui parler en general
de l'amitié , de faire les éloges de cette
vertu , de démasquer l'amour , et d'établir
la superiorité que l'amitié a sur lui ;
ce sujet fait naître des réfléxions dont je
tâche de tirer parti , pour mêler , s'il .
m'est possible , quelque utilité avec des
badinages.
Quis vetat.
Ridendo dicere verum 2
De pareils sujets ne sont pas déplacez
dans nos Conferences. Messieurs de l'Académie
Françoise s'occupoient dans les
premiers temps à faire de petits Discours
sur telle matiére qu'il leur plaisoit ; ces
Ouvrages n'ont pas été imprimez , mais
Pillustre Historien de cette celebre Com-
La Vol.. pagnie
2556 MERCURE DE FRANCE
pagnie nous apprend que M. Porcheres
Laugier parla sur les différences et les
conformitez qui sont entre l'amour et
l'amitié. M.Chapelain fit un Discours contre
l'amour. M. Desmarais fit une Dissertation
sur l'amour des Esprits , et M. de
Boissat en fit une autre sur l'amour des
corps . J'ai cru que je pouvois après ces
modelles , traiter icy un sujet qui a beaucoup
de rapport avec ceux là .
Comme ma Lettre n'est pas une fiction
, et que je l'ai véritablement écrite
pour répondre à celle que j'avois reçûë ,
il n'est pas possible qu'il n'y ait des choses
personnelles ; je n'ai pû les supprimer
sans déranger le tissu de ce petit Ouvrage
; je ne sçai , Messieus , si je n'abuserai ·
pas , en vous les lisant , de l'entiere liberté
que vous donnez sur le choix des
sujets ; j'use de cette liberté en commençant
par vous lire , avant que d'entrer en
matière sur le sujet annoncé, ma réponse
à la Lettre de cette Dame.
de France à Toulouse , prononcé, dans »
l'Académie des Jeux Floraux peu de
temps après sa reception...
MESSIE ESSIEURS,
EURS
,
Vos nouveaux Confreres seroient fondez
à demander que vous eussiez pour
eux la condescendance de les dispensers
de remplir leur tour dans vos conferen
I. Vel A.Y COS S
2550 MERCURE DE FRANCE
ces ; avant qu'ils fussent obligez de parler
devant vous , il seroit juste qu'ils eus
sent joui quelque temps de l'avantage de
vous entendre ; le respect que j'ai pour
vos usages , m'engage à m'y conformer ,
ils me seront toujours plus chers. que mes.
interêts ; je connois tout le danger de ce
que j'ose entreprendre ; mais je m'y expose
d'autant plus volontiers , que je croi
qu'il n'y a pas moins de modestie à subir
votre fine et judicieuse critique , qu'à
n'oser la soutenir ; une attention cons
tante à ne rien mettre sous vos yeux ,
pourroit bien être soupçonnée de quelque
présomption ; rien ne seroit en
moi plus déplacé qu'une pareille pru--
dence; je n'ai pas àà craindre de craindre de compromettre
une réputation acquise ; ce sentiment
trop précautionné a quelquefois
séduit de grands hommes ; ils n'ont pas
sans doute fait attention qu'il est trespréjudiciable
aux interêts du public ; il
lui enleve les avantages que pourroient
lui procurer des Esprits, d'ailleurs excellens
; on a lieu d'être surpris qu'oubliant
ce qu'ils doivent à la société , ils veuil--
lent se condamner au silence , et priver
leurs bons Ouvrages de la lumiere , à
cause que malheureusement pour nous ,
ils se sont fait une idée de perfection à
Vol.
laeDECEMBRE
. 1733. 4551
laquelle ils ne croient jamais pouvoir atteindre
; il seroit à souhaiter que quelque
Génie du premier Ordre , écrivit sur
cette matiere , il tâcheroit de guérir l'esprit
de cette orgueilleuse modestie , et
désabuseroit d'une ambition qui devient
infructueuse , parce qu'elle est démesurée.
Pous vous , Messieurs , vous ne vous
laissez pas surprendre à ces piéges de l'amour
propre ; votre goût pour les Belles
Lettres maintient avec ardeur les travaux
Litteraires de cette ancienne Académie ;
vous remplissez tour à tour nos séances
par des Ouvrages pleins d'agrément , et
en même temps tres utiles , ce qui me
met en droit de dire avec Horace , que
tout ce qui vient de vous est marqué au.
coin de la perfection :
Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.
Depuis que j'ai l'honneur d'être témoin
de vos occupations Académiques ( 1 ).
un de vos plus zélez confreres a fait voir
dans un ingénieux Dialogue que l'imagi
nation et la raison se nuisent réciproquement.
Nous devons moderer les fougues
de l'une , fuir les contraintes de l'autre , eten
exciter les lenteurs ; celle - ci nous gê--
(11) M. le Chevalier Daliés,.
I: Vol . A vj
2552 MERCURE DE FRANCE
ne ; celle-là nous égare ; elles peuvent
pourtant se prêter de mutuels secours :-
pour tourner leurs défauts à notre avantage
, il ne faut que mettre en pratique .
les excellens préceptes qui sont semez
dans le Dialogue dont je parle.
Nous avons ensuite écouté avec beau-..
coup de plaisir , la lecture ( 1 ) d'un ou
vrage mêlé de recherches utiles et curieuses
, qui explique le chimérique projet
de cet avanturier , qui prétendoic
avoir un secret pour changer le Fer en
Cuivre , et qui abusa dans cette Ville , il
y a quelques années , de la crédulité de
ceux qui mirent en lui une confiance intéressée
; rien n'égale les illusions de la
Chimie , lorsque sa folle ambition la
porte à s'occuper de la transmutation
des Métaux ; on peut bien dire que l'imagination
égare alors la raison;le grand
oeuvre ne peut faire perdre le temps
qu'aux petits Esprits ; les vaines recherches
qu'on en fait se réduisent à acque
rir à grands frais l'indigence ..
L'Auteur ( 2 ) des Réfléxions sur le
goût nous a donné par cet Ouvrage une
( ) Cet Ouvrage est de M. le Marquis d'Aus-
Bone.
( 2 ) Les Réfléxions sont de M. Rabaudy Vis
ruier de Toulouse
Jakdla..
nou
DECEMBRE. 1733 25535
;
nouvelle preuve de sa délicatesse; il nous .
a fourni en même - temps des Préceptes.
et des Exemples ; ce sujet étoit digne de.
son choix le public ne sçauroit trop ,
marquer sa reconnoissance aux personnes
qui veulent bien tâcher d'établir quelque
chose de certain sur une matiere aussi
importante, et qui ne devient que trop
arbitraire.
Des obstacles , sans doute considéra-,
bles , nous ont privez de la satisfaction.
d'entendre deux autres de nos Confreres; ..
leurs excuses ne sçauroient être aussi lé-..
gitimes que mes regrets ; ils ne peuventqu'être
grands , dès qu'ils sont proportionnez
à ce que je crois avoir perdu ; ils .
seroient extrêmes, si je ne me flattois que ,
cette perte n'est pas irréparable.
L'impossibilité où je me trouve , Messieurs
, de vous procurer dans cette Séan-.
ce autant de plaisir que j'en ai goûté dans
les précédentes , mortifie ma reconnois-,
sance , qui certainement ne seroit pas en
reste , s'il ne falloit beaucoup d'esprit ene
cette occasion pour m'acquitter envers
vous ; je ne négligerai rien pour tâcher
du moins de vous faire connoître ma.
bonne volonté , le hazard m'a fourni le.
sujet sur lequel je vais vous parler.
Je reçûs il y a quelques jours une. Let-
•
JVola
2554 MERCURE DE FRANCE
tre d'une Dame , et comme elle me demandoit
une réponse fort longue , je lui
addressai , après avoir répondu à sa ettre
, un petit Ouvrage pour l'amuser
dans sa Campagne. Je prens la liberté de
vous le présenter pour remplir mon tour
dans cette Séance.
La Dame à laquelle s'addresse ma Lettre
est de ces Personnes dont la beauté
fait le moindre mérite ; elle a le précieux
secret de plaire à tout le monde , et d'obtenir
toutes les préférences ,avec ces avantages
vous n'aurez pas de peine à croire
qu'elle ait inspiré beaucoup de passions ;
mais , ce qui est plus glorieux , elle a sçû
s'attacher plusieurs amis; faites- moi l'honneur
, Messieurs , de croire sur ma parole
, quelque incroïable que cela soit , que
cette Dame , malgré le nombre et le mérite
de ses Amans , a toujours méprisé
l'Amour , et a fait grand cas de l'amitié 3 .
vous voïez par là que son discernement
exquis , l'a mise au dessus des préjugez.
les plus établis , et des usages les mieux
observez ; elle a de l'esprit infiniment, ses
pensées sont ingénicuses , solides et enjouées,
ses expressions sont fortes et pleines
de sens , elle aime , mais sans mali--
gnité , tout ce qui attaque les moeurs corrompues
du siécle ; elle peint vivement
I. Vol. less
DECEMBR E. 1733 . 2555
es travers et les ridicules ; son heureux
génie est fertile en traits que l'amour propre
qualifie d'outrez , et qu'on pourroit
souvent regarder comme adoucis , si l'on
connoissoit toute la malice des hommes.
Les Personnes qui n'aiment pas les
propos
galans ne trouveront rien dans ma
Lettre , sur ce sujet, qui puisse n'être pas
de leur goût , quoiqu'elle soit addressée
à une Dame ; toute ma galanterie se réduit
à lui dire galament , si cela se peut ,
que je n'ai jamais eu d'amour pour elle ;
mon dessein est de lui parler en general
de l'amitié , de faire les éloges de cette
vertu , de démasquer l'amour , et d'établir
la superiorité que l'amitié a sur lui ;
ce sujet fait naître des réfléxions dont je
tâche de tirer parti , pour mêler , s'il .
m'est possible , quelque utilité avec des
badinages.
Quis vetat.
Ridendo dicere verum 2
De pareils sujets ne sont pas déplacez
dans nos Conferences. Messieurs de l'Académie
Françoise s'occupoient dans les
premiers temps à faire de petits Discours
sur telle matiére qu'il leur plaisoit ; ces
Ouvrages n'ont pas été imprimez , mais
Pillustre Historien de cette celebre Com-
La Vol.. pagnie
2556 MERCURE DE FRANCE
pagnie nous apprend que M. Porcheres
Laugier parla sur les différences et les
conformitez qui sont entre l'amour et
l'amitié. M.Chapelain fit un Discours contre
l'amour. M. Desmarais fit une Dissertation
sur l'amour des Esprits , et M. de
Boissat en fit une autre sur l'amour des
corps . J'ai cru que je pouvois après ces
modelles , traiter icy un sujet qui a beaucoup
de rapport avec ceux là .
Comme ma Lettre n'est pas une fiction
, et que je l'ai véritablement écrite
pour répondre à celle que j'avois reçûë ,
il n'est pas possible qu'il n'y ait des choses
personnelles ; je n'ai pû les supprimer
sans déranger le tissu de ce petit Ouvrage
; je ne sçai , Messieus , si je n'abuserai ·
pas , en vous les lisant , de l'entiere liberté
que vous donnez sur le choix des
sujets ; j'use de cette liberté en commençant
par vous lire , avant que d'entrer en
matière sur le sujet annoncé, ma réponse
à la Lettre de cette Dame.
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Résumé : DISCOURS de M. de Ponsan, Trésorier de France à Toulouse, prononcé dans l'Académie des Jeux Floraux peu de temps après sa reception.
M. de Ponsan, Trésorier de France à Toulouse, a prononcé un discours à l'Académie des Jeux Floraux peu après sa réception. Il commence par exprimer son respect pour les usages de l'Académie et sa volonté de s'y conformer. Ponsan reconnaît le danger de s'exprimer devant une assemblée critique mais affirme que subir cette critique est une forme de modestie. Il critique ceux qui, par excès de prudence, se privent de contribuer au public par peur de ne pas atteindre la perfection. Ponsan loue l'Académie pour son goût des Belles Lettres et ses travaux littéraires, citant Horace pour souligner la perfection des œuvres académiques. Il mentionne un dialogue sur l'imagination et la raison, ainsi qu'un ouvrage sur un projet chimérique de transformer le fer en cuivre, illustrant comment l'imagination peut égarer la raison. Le discours se poursuit avec la présentation d'un ouvrage sur le goût, suivi de regrets pour l'absence de deux confrères. Ponsan exprime ensuite sa difficulté à égaler les plaisirs des séances précédentes et présente une lettre adressée à une dame, qui est le sujet de son intervention. Cette dame, connue pour sa beauté et son esprit, a toujours privilégié l'amitié à l'amour. La lettre vise à discuter de l'amitié, à démasquer l'amour et à établir la supériorité de l'amitié. Ponsan justifie son choix de sujet en citant des exemples de l'Académie Française, qui traitait de thèmes similaires. Il conclut en lisant sa réponse à la lettre de la dame, malgré la présence de détails personnels qu'il n'a pas pu supprimer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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