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1
p. 117-127
Description de l'Ora[n]gerie, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain ils furent conduits à l'Orangerie, où Mr [...]
Mots clefs :
Orangerie, Colonnes, Rampes, Parterre, Galeries, Galerie, Toises, Murs, Arcades, Trumeaux
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texteReconnaissance textuelle : Description de l'Ora[n]gerie, [titre d'après la table]
Le lendemain ils furent
conduits à l'Orangerie , où
Mile Fevre les accompagna ,
ainſi qu'il avoit fait le jour
precedent , ce qu'il fit encore
les jours ſuivans. Cette Orangerie
qui vient d'eſtre achevée
, & qui eſt du deſſeinde
Mr Manſard , eſt un morceau
fi grand & fi hardy , &
a déja fait tant de bruit dans
le monde , que vous auriez
ſujet de vous plaindre de
moy , fi je ne vous en envoyois
pas une deſcription
4
106 Suite du Voyage
1
fort exacte. Elle eft expoſe
àmain gauche du Midy. La
maſſe en ſoûtient les terres ,
deſquelles un grand Parterre
eft formé. Ce Parterre regarde
la face laterale du Château
& celle de la grande
aifle . Cet Edifice conſiſte
en une grande Galerie dans
le fond de 80. toiſes de longueur
, & en deux autres en
retour , chacune de 60. toifes
ou environ. La largeur de
ces Galeries au nud du mur ,
eft de 38. pieds , ayant ſept
toiſes ſous clef , & les doflerets
d'un pied de faillie por
tant des Arcs doubleaux, qui
parta
des Amb. de Siam.
107
partagent la voûte en autant
d'eſpaces qu'il y a de croifées.
Les Galeries laterales
- ſont communiquées à celles
du fond par deux Tours rondes
ou portions circulaires
qui ont leurs faillies en dehors
, & dont la largeur en
dedans eft pareille à celle
des Galeries. Du coſté & fous
la grande Aifle , le maſſif angulaire
en dedans eſt orné
-de deux grandes Niches , &
de l'autre bout à la place de
ces Niches font deux Arcades
par leſquelles avec des
perrons on monte dans un
Salon ou Veſtibule rond qui
K
108 Suite du Voyage
eſt la principale entrée du
Pare dans l'Orangerie. Outre
ces Niches il y en a une dans
le milieu de la Galerie du
fond , & vis à vis la grande
Porte où eſt la Statuë en pied
du Roy. Elle eſt de marbre
blanc , & a eſté donnée à Sa
Majefté par Me le Duc de la
Feüillade . Il l'avoit fait faire
pour mettre à la Place des
Victoires , au lieu de celle
qu'on y voit preſentement.
Čes grandes Niches font capables
d'eſtre remplies par des
Coloffes ou groupes , com
me pouvoient eſtre celles
des Bains de Titus & de
des Amb. de Siam. 109
Caracalla , où eſtoient les
Statuës d'Hercule & de Flore.
La Galerie du fond eſt éclai
rée par 13. feneftres ceintrées
& priſes par enfoncement
dans des Arcades. Chaque
Tour ronde qui attache les
Galeries en aifles au Corps,
eſt percée de trois croiſées ,
dont celle du milieu fert de
porte de toute la grandeur
de l'Arcade. Le dedans n'eſt
orné d'aucune Sculpture ny
Architecture , ainſi que ce
genre de Baſtiment le demande
, & l'artifice des voûtes
en fait la plus grande
beauté. La Décoration du
Kij
Suite du Voyage
<
dehors n'eſt autre que des
Boſſages de la hauteur d'un
Module, ou demy Diamettre
des Colomnes. Elles font
Toſcanes , de quatre pieds &
demy de diamettre , ayant
dehauteur ſept fois leur grofſeur
; il n'y en a qu'à trois avant-
Corps , celuy du fond
de huit Colomnes accouplées
, & les deux autres de
quatre Colomnes chacun.
Il y a auffi deux Colomnes à
la Porte Royale du Salon ou
Veſtibule qui ſont du meſme
ordre, mais de moindre diamettre.
Ces Colomnes portent
leur entablement regu
des Amb. de Siam. im
lier. Les avant Corps des
coftez arreſtent la partie de
niveau de la terraffe qui porte
ſur les voûtes , en forte
que par deux grandes rampes
de dix toiſes chacune de large
, on defcend dans le bas
de l'Orangerie . Ces rampes
font interrompuës par deux
Palliers , & fous ces Rampes
font des Arcades rampantes
pour donner du jour ſous la
voûte des meſmes rampes.
Tout ce grand Theatre renferme
un Parterre de Compartiment
de gazon , au milieu
duquel eſt un Baffin
rond. Le devant de ce Parterre
eſt fermé par une Balu-
Kiij
112 Suite du Voyage...
ſtrade portée ſur un mur en
talus qui fait un des coſtez
d'un petit foffé en Canal remply
d'eau , dont la contrefcarpe
eſt beaucoup plus bafſe
que ce mur ; de forte que
paſſant par le grand chemin,
ce Baſtiment repreſente un
tres-bel endroit. Les entrées
principales qui font de la largeur
des rampes , font ornées
de deux grands trumeaux ou
pieds droits , décorez chacun
de deux Colomnes Tofcanes
accouplées & ifolées ,
couronnées ainſi que les
trumeaux de leur entablement
regulier , & le 'nud des
des Amb. de Siam .
113
trumeaux eſt couvert de
Boſſages , comme ceux des
faces de l'Orangerie. Au deffus
de chaque pied droit &
des Colomnes font portées
fur un focle des Groupes
de figures . Entre ces pieds
droits de chaque coſté , ainſi
que depuis le derriere des
meſmes pieds droits jufqu'au
pied des rampes , des
grilles de fer renferment l'efpace
qui eſt entre les rampes
& les principales Portes ,
de forte que l'on peut monter
au Parterre d'en haut
fans entrer dans l'Orangerie
Ces grilles font entretenuës
114
T
Suite du Voyage
droits de pierre qui portent
des Vaſes remplis de fruits
& de fleurs. Les portes font
couronnées de riches amortiflemens
de fer à deux paremens
avec les Armes du Roy.
Tous les ornemens de la Serrurerie
doivent eſtre dorez.
conduits à l'Orangerie , où
Mile Fevre les accompagna ,
ainſi qu'il avoit fait le jour
precedent , ce qu'il fit encore
les jours ſuivans. Cette Orangerie
qui vient d'eſtre achevée
, & qui eſt du deſſeinde
Mr Manſard , eſt un morceau
fi grand & fi hardy , &
a déja fait tant de bruit dans
le monde , que vous auriez
ſujet de vous plaindre de
moy , fi je ne vous en envoyois
pas une deſcription
4
106 Suite du Voyage
1
fort exacte. Elle eft expoſe
àmain gauche du Midy. La
maſſe en ſoûtient les terres ,
deſquelles un grand Parterre
eft formé. Ce Parterre regarde
la face laterale du Château
& celle de la grande
aifle . Cet Edifice conſiſte
en une grande Galerie dans
le fond de 80. toiſes de longueur
, & en deux autres en
retour , chacune de 60. toifes
ou environ. La largeur de
ces Galeries au nud du mur ,
eft de 38. pieds , ayant ſept
toiſes ſous clef , & les doflerets
d'un pied de faillie por
tant des Arcs doubleaux, qui
parta
des Amb. de Siam.
107
partagent la voûte en autant
d'eſpaces qu'il y a de croifées.
Les Galeries laterales
- ſont communiquées à celles
du fond par deux Tours rondes
ou portions circulaires
qui ont leurs faillies en dehors
, & dont la largeur en
dedans eft pareille à celle
des Galeries. Du coſté & fous
la grande Aifle , le maſſif angulaire
en dedans eſt orné
-de deux grandes Niches , &
de l'autre bout à la place de
ces Niches font deux Arcades
par leſquelles avec des
perrons on monte dans un
Salon ou Veſtibule rond qui
K
108 Suite du Voyage
eſt la principale entrée du
Pare dans l'Orangerie. Outre
ces Niches il y en a une dans
le milieu de la Galerie du
fond , & vis à vis la grande
Porte où eſt la Statuë en pied
du Roy. Elle eſt de marbre
blanc , & a eſté donnée à Sa
Majefté par Me le Duc de la
Feüillade . Il l'avoit fait faire
pour mettre à la Place des
Victoires , au lieu de celle
qu'on y voit preſentement.
Čes grandes Niches font capables
d'eſtre remplies par des
Coloffes ou groupes , com
me pouvoient eſtre celles
des Bains de Titus & de
des Amb. de Siam. 109
Caracalla , où eſtoient les
Statuës d'Hercule & de Flore.
La Galerie du fond eſt éclai
rée par 13. feneftres ceintrées
& priſes par enfoncement
dans des Arcades. Chaque
Tour ronde qui attache les
Galeries en aifles au Corps,
eſt percée de trois croiſées ,
dont celle du milieu fert de
porte de toute la grandeur
de l'Arcade. Le dedans n'eſt
orné d'aucune Sculpture ny
Architecture , ainſi que ce
genre de Baſtiment le demande
, & l'artifice des voûtes
en fait la plus grande
beauté. La Décoration du
Kij
Suite du Voyage
<
dehors n'eſt autre que des
Boſſages de la hauteur d'un
Module, ou demy Diamettre
des Colomnes. Elles font
Toſcanes , de quatre pieds &
demy de diamettre , ayant
dehauteur ſept fois leur grofſeur
; il n'y en a qu'à trois avant-
Corps , celuy du fond
de huit Colomnes accouplées
, & les deux autres de
quatre Colomnes chacun.
Il y a auffi deux Colomnes à
la Porte Royale du Salon ou
Veſtibule qui ſont du meſme
ordre, mais de moindre diamettre.
Ces Colomnes portent
leur entablement regu
des Amb. de Siam. im
lier. Les avant Corps des
coftez arreſtent la partie de
niveau de la terraffe qui porte
ſur les voûtes , en forte
que par deux grandes rampes
de dix toiſes chacune de large
, on defcend dans le bas
de l'Orangerie . Ces rampes
font interrompuës par deux
Palliers , & fous ces Rampes
font des Arcades rampantes
pour donner du jour ſous la
voûte des meſmes rampes.
Tout ce grand Theatre renferme
un Parterre de Compartiment
de gazon , au milieu
duquel eſt un Baffin
rond. Le devant de ce Parterre
eſt fermé par une Balu-
Kiij
112 Suite du Voyage...
ſtrade portée ſur un mur en
talus qui fait un des coſtez
d'un petit foffé en Canal remply
d'eau , dont la contrefcarpe
eſt beaucoup plus bafſe
que ce mur ; de forte que
paſſant par le grand chemin,
ce Baſtiment repreſente un
tres-bel endroit. Les entrées
principales qui font de la largeur
des rampes , font ornées
de deux grands trumeaux ou
pieds droits , décorez chacun
de deux Colomnes Tofcanes
accouplées & ifolées ,
couronnées ainſi que les
trumeaux de leur entablement
regulier , & le 'nud des
des Amb. de Siam .
113
trumeaux eſt couvert de
Boſſages , comme ceux des
faces de l'Orangerie. Au deffus
de chaque pied droit &
des Colomnes font portées
fur un focle des Groupes
de figures . Entre ces pieds
droits de chaque coſté , ainſi
que depuis le derriere des
meſmes pieds droits jufqu'au
pied des rampes , des
grilles de fer renferment l'efpace
qui eſt entre les rampes
& les principales Portes ,
de forte que l'on peut monter
au Parterre d'en haut
fans entrer dans l'Orangerie
Ces grilles font entretenuës
114
T
Suite du Voyage
droits de pierre qui portent
des Vaſes remplis de fruits
& de fleurs. Les portes font
couronnées de riches amortiflemens
de fer à deux paremens
avec les Armes du Roy.
Tous les ornemens de la Serrurerie
doivent eſtre dorez.
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Résumé : Description de l'Ora[n]gerie, [titre d'après la table]
L'Orangerie, un bâtiment récemment achevé conçu par Monsieur Mansard, a suscité un grand intérêt dans le monde. Située à main gauche du Midi, elle soutient les terres formant un grand parterre. L'Orangerie se compose d'une grande galerie de 80 toises de longueur et de deux autres galeries en retour, chacune mesurant environ 60 toises. La largeur des galeries est de 38 pieds, avec une hauteur sous clef de 7 toises. Les galeries latérales sont reliées à la galerie du fond par deux tours rondes. Du côté de la grande aile, des niches et des arcades mènent à un salon ou vestibule rond, qui sert d'entrée principale au parc dans l'Orangerie. La galerie du fond est éclairée par 13 fenêtres cintrées et comporte une statue en pied du roi, offerte par le Duc de la Feuillade. Les niches peuvent être remplies de colonnes ou de groupes sculptés. L'intérieur n'est pas orné de sculptures ou d'architecture, mais l'artifice des voûtes en constitue la principale beauté. L'extérieur est décoré de bossages et de colonnes toscanes. Le bâtiment comprend également des rampes et des arcades rampantes pour permettre l'éclairage sous les voûtes. Le parterre est fermé par une balustrade et un mur en talus, avec des entrées principales ornées de colonnes et de groupes de figures. Des grilles de fer permettent d'accéder au parterre sans entrer dans l'Orangerie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 127-128
Parterre de l'Orangerie, [titre d'après la table]
Début :
La disposition du Parterre est de six grands carrez de [...]
Mots clefs :
Orangerie, Parterre, Gazon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Parterre de l'Orangerie, [titre d'après la table]
La diſpoſition du Parterre
eft de fix grands carrez de
compartiment de Gazon , fe
parez par du ſable de la mefme
hauteur que les allées.
Au milieu des quatre Carreaux
les plus proches de la
Galerie du fond , eſt un Baffin
rond bordé de gazon , &
dans l'allée de traverſe qui
fepare
des Amb. de Siam.
115
ſepare les deux autres panneaux
des quatre , eſt élevé
un grand Groupe de marbre
blanc fur, un Piedestal.
eft de fix grands carrez de
compartiment de Gazon , fe
parez par du ſable de la mefme
hauteur que les allées.
Au milieu des quatre Carreaux
les plus proches de la
Galerie du fond , eſt un Baffin
rond bordé de gazon , &
dans l'allée de traverſe qui
fepare
des Amb. de Siam.
115
ſepare les deux autres panneaux
des quatre , eſt élevé
un grand Groupe de marbre
blanc fur, un Piedestal.
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3
p. 143-145
Parterre qui est au dessus de l'Orangerie & ses Figures de bronze, [titre d'après la table]
Début :
Ils vinrent le jour suivant au petit Parc, & virent tout [...]
Mots clefs :
Petit parc, Figures de bronze, Figures de marbre, Bronze, Statues, Grandeur, Beau, Parterre, Orangerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Parterre qui est au dessus de l'Orangerie & ses Figures de bronze, [titre d'après la table]
Ils vinrent le jour ſuivant
an petit Barc , & virent tout
ce que le coſté gauche de ce
Parc , qui n'a le nom de pe
tit qu'à cauſe de la grandeur
extraordinaire du grand
expofe & renferme de beautez.
Ils coramencerent par
le Parterre qui eft au deſſus
de la voûte de l'Orangerie ,
& furent ſurpris de voir pluſieurs
Statuës de bronze , du
nombre deſquelles font la
130 Suite du Voyage
le
Diane d'Ephefe , & le Bachus ,
dont les Marbres ſont dans
la grande Galerie de Verſailles
, peinte par Mr le Brun.
Ils virent auſſi l'Apollon ,
& pluſieurs autres Statuës
nouvellement fondues en
bronze à l'Arcenal , par
Sieur Keiler. Mr de Louvois
qui ne cherche qu'à embellir
les Baſtimens du Roy , & à
faire paroiſtre la grandeur de
Sa Majesté , s'eft imagine
de faire fondre en bronze
tout ce que l'Antique a de
plus beau en Marbre , & fon
deſſein a parfaitement réüfli ,
ces Figures eftant venues
d'une
des Amb. de Siam.
131
- d'une netteté ſurprenante.
Ainſi la France & les Arts
devront beaucoup à ce Miniftre
, & par ce moyen nous
acheverons bien - toſt d'y
voir tout ce que l'ancienne
Grece & l'Italie ont eu de
plus beau.
an petit Barc , & virent tout
ce que le coſté gauche de ce
Parc , qui n'a le nom de pe
tit qu'à cauſe de la grandeur
extraordinaire du grand
expofe & renferme de beautez.
Ils coramencerent par
le Parterre qui eft au deſſus
de la voûte de l'Orangerie ,
& furent ſurpris de voir pluſieurs
Statuës de bronze , du
nombre deſquelles font la
130 Suite du Voyage
le
Diane d'Ephefe , & le Bachus ,
dont les Marbres ſont dans
la grande Galerie de Verſailles
, peinte par Mr le Brun.
Ils virent auſſi l'Apollon ,
& pluſieurs autres Statuës
nouvellement fondues en
bronze à l'Arcenal , par
Sieur Keiler. Mr de Louvois
qui ne cherche qu'à embellir
les Baſtimens du Roy , & à
faire paroiſtre la grandeur de
Sa Majesté , s'eft imagine
de faire fondre en bronze
tout ce que l'Antique a de
plus beau en Marbre , & fon
deſſein a parfaitement réüfli ,
ces Figures eftant venues
d'une
des Amb. de Siam.
131
- d'une netteté ſurprenante.
Ainſi la France & les Arts
devront beaucoup à ce Miniftre
, & par ce moyen nous
acheverons bien - toſt d'y
voir tout ce que l'ancienne
Grece & l'Italie ont eu de
plus beau.
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Résumé : Parterre qui est au dessus de l'Orangerie & ses Figures de bronze, [titre d'après la table]
Le texte relate une visite dans un parc, probablement celui de Versailles, où les visiteurs ont admiré diverses statues. Ils ont commencé par le parterre au-dessus de la voûte de l'Orangerie, où se trouvent plusieurs statues de bronze, telles que la Diane d'Éphèse et le Bacchus. Les originaux en marbre de ces œuvres sont exposés dans la grande Galerie de Versailles, décorée par Monsieur Le Brun. Les visiteurs ont également observé l'Apollon et d'autres statues récemment fondues en bronze à l'Arsenal par le Sieur Keiler. Monsieur de Louvois a initié ce projet pour embellir les bâtiments du roi et montrer la grandeur de Sa Majesté. Les figures provenaient d'une ambassade de Siam et étaient d'une grande netteté. Cette initiative permettra à la France et aux arts de bénéficier grandement, en exposant bientôt les plus belles œuvres de l'ancienne Grèce et de l'Italie.
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4
p. 205-208
Parterre du Nort, & ses figures de Marbre. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs allerent ensuite au Parterre du Nord, qui est [...]
Mots clefs :
Parterre du nord, Figures, Ambassadeurs, Parterre, Allée, Eau, Tritons, Admirer, Fer à cheval, Étienne Le Hongre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Parterre du Nort, & ses figures de Marbre. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs allerent
enfuite au Parterre du Nord,
qui eſt au bout de l'Allée
d'eau , où ils trouverent encore
deux Baffins qui font un
peu au - delà de celuy de lå
Pyramide. On y voit des Tritons
& des Sirenes qui ſoûtiennent
de riches Couronnes
, & il en fort beaucoup
de jets d'eau. Ils admirerent
encore dans ce lieu , deux
Vaſes d'environ cinq pieds
de haut , avec leurs couvercles
, autour deſquels il y a
des Bas- reliefs qui reprefentent
des Nymphes , des Tritons
, des Enfans & des Tefdes
Amb. de Siam.
199
or
tes de Belier , dont les cornes
fervent d'anſe. Ces.Va-
Ak ſes ont eſté faits par Mr Girardon.
Les Ambaſſadeurs viatt
rent enſuite les Figures de
marbre , qui font le long des
I paliſſades du Parterre du
Nord , & celles qui font en
remontant juſques à l'endroit
co) appelé le Fer àcheval , quireet
garde l'Allée Royale, qui fait
des faces au Château. Entre ces
pad Figures font les 4. Saifons, les
4. Parties du monde , les 4
Ages, les quatre Poëmes, les 4
ele Parties du four & de la Nuit,
In & les 4. Elemens. Toutes ces
1 Figures ont eſté faites fur les
Rij
200 Suite du Voyage
deſſeins de Mr le Brun. Ils
admirerent la Figure de l'Air,
faite par Mele Hongre , qui
eſt du nombre de ces 24. &
qui eſt beaucoup eſtimée
pour la delicateſſe du travail,
&pour la correction du deffein.
enfuite au Parterre du Nord,
qui eſt au bout de l'Allée
d'eau , où ils trouverent encore
deux Baffins qui font un
peu au - delà de celuy de lå
Pyramide. On y voit des Tritons
& des Sirenes qui ſoûtiennent
de riches Couronnes
, & il en fort beaucoup
de jets d'eau. Ils admirerent
encore dans ce lieu , deux
Vaſes d'environ cinq pieds
de haut , avec leurs couvercles
, autour deſquels il y a
des Bas- reliefs qui reprefentent
des Nymphes , des Tritons
, des Enfans & des Tefdes
Amb. de Siam.
199
or
tes de Belier , dont les cornes
fervent d'anſe. Ces.Va-
Ak ſes ont eſté faits par Mr Girardon.
Les Ambaſſadeurs viatt
rent enſuite les Figures de
marbre , qui font le long des
I paliſſades du Parterre du
Nord , & celles qui font en
remontant juſques à l'endroit
co) appelé le Fer àcheval , quireet
garde l'Allée Royale, qui fait
des faces au Château. Entre ces
pad Figures font les 4. Saifons, les
4. Parties du monde , les 4
Ages, les quatre Poëmes, les 4
ele Parties du four & de la Nuit,
In & les 4. Elemens. Toutes ces
1 Figures ont eſté faites fur les
Rij
200 Suite du Voyage
deſſeins de Mr le Brun. Ils
admirerent la Figure de l'Air,
faite par Mele Hongre , qui
eſt du nombre de ces 24. &
qui eſt beaucoup eſtimée
pour la delicateſſe du travail,
&pour la correction du deffein.
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Résumé : Parterre du Nort, & ses figures de Marbre. [titre d'après la table]
Les Ambassadeurs visitèrent le Parterre du Nord, situé au bout de l'Allée d'eau, où ils découvrirent deux bassins appelés Baffins, au-delà du bassin de la Pyramide. Ces bassins étaient ornés de Tritons et de Sirènes soutenant des couronnes riches, avec de nombreux jets d'eau. Ils admirèrent également deux vases hauts de cinq pieds, réalisés par Monsieur Girardon, avec des couvercles et des bas-reliefs représentant des Nymphes, des Tritons, des Enfants et des Têtes de Bélier. Ensuite, ils observèrent les figures de marbre alignées le long des palissades du Parterre du Nord et jusqu'au Fer à cheval, qui garde l'Allée Royale face au Château. Parmi ces figures se trouvaient les quatre Saisons, les quatre Parties du monde, les quatre Âges, les quatre Poèmes, les quatre Parties du jour et de la nuit, et les quatre Éléments, toutes conçues d'après les dessins de Monsieur Le Brun. Ils apprécièrent particulièrement la Figure de l'Air, réalisée par Mele Hongre, pour la délicatesse de son travail et la correction de son dessin.
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5
p. 205-215
LE BOUQUET provincial à Mde de R. le jour de sa feste, aprés qu'on eut cueilli le soir précedent toutes les fleurs qu'elle avoit dans son jardin.
Début :
Ne vous envoyer point de fleurs le jour de vostre [...]
Mots clefs :
Fleurs, Beauté, Bouquet, Parnasse, Amour, Parterre, Zéphyrs, Orange, Grenade, Oeillets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE BOUQUET provincial à Mde de R. le jour de sa feste, aprés qu'on eut cueilli le soir précedent toutes les fleurs qu'elle avoit dans son jardin.
LEBOV<2JVET
provincial àMdß de
R. le jour de sa fejle,
apresqu'on eut cueilli
le soir précedent toutes
les fleurs qu'elle avoit
dansson jardin.
Ne vous envoyerpoint
defleurs le jour de vof-
*re feste
,
Sc vous écrire
pourexcusequ'on a pillé
toutes celles qui estoient
hier dans vos parterres,
& qu'il n'y avoitque ceL
les qui naissent sous vos
pas qui fussent dignes dq;
vous estre présentées,&
de vous dire encore que
les plus brillantes perdent
leur lustreauprésde
celles de vostre teint;
qu'à vostre approche les
plus blanches semblent
devenir pasles
, & les
plus vermeilles rougirde
honte, &C que deux So
leils feroient bientost
mourir ce qu'un seul fait
naistre.
Sur ce ton pedamment
badin
Ce seroit vous donner de
tres mauvaise grace
Pour les fleurs de vojlre
jardin,
Les plus communes du
Parnasse.
Vaminetendre, aujJìbien
quel'amour
Vous en doit d'autres en
- ce jour,
Plus brillantes, if plus
nouvelles.
Ce tribut appartient au
nom que vous portez
Ets'ilsepaye àdernoins
belles ,
Jevous laisse à penser si
vous le meritez,
Vous le modele des beautez>
m
Ne vous offrir des
fleursqu'en petite quantité,
8c vous donner pour
excuse de cette épargne,
que si je n'avois pas
esté si paresseux.
Vous en auriez eu davantage
;
Et
Et quechez, moj des le
matin,
LesAbeillesontmis le
:
Parterre au plláe;·
Et len. vont avec leur butin.
Adais pardonnons-leurce
ravage ';;'.
Elles l'ontfait a bonnefin
Les Zephirs mes amis,
qmy'onetpdiet*que cette Efioit pour celebrer danr.s
un galand festin
Le Coir, du jourde votiv,e
Je vous connois, Mde,
vous seriez d'humeurà
ne croire ni les Zephirs
ni leur Truchement, 6C ron courreroit risque de
ne passer aupres de vous
que pour un conteur de
nouvelles faites à plaisir.
L'inconvenient m'a paru
fascheux
,
6C pour l'éviter
j'ay fait amaiffer des
fleurs
, & vous en envoyetroisCorbeilles
toutes
pleines.
Celadon de ma part ,
vous les vapresenter
Et j'ose , me flater
Qu'elles vous feront
agreables.
Elles parfument I'air
d'une charmanteodeur\
L'innocence I*amour ,.j brillent dansleur I
couleur, }
Jl n'en ejl point de plus
aimables
} Les roses f5 les Ijs nofit
point tant de beaute^.
Cesontpour Us Auttls
des ornemens payables.
Mais voicy ce quit [aut1
pour les Divinitez.
Fleurs d'Orange&de
Grenade,Jasmin de
France& d'Espagne, 6C
oeillets de toutes les fortes.
Je n'ay pas voulu les
mettre en bouquets,
ç'auroit esté entreprendre
mal à propos sur cet
esprit de discernement
& d'invention dont vous
estespleine jusqu'au bout
des doigts, & quirend
tous vos ouvrages si
i1
beaux, qu'on n'en voit
point de mieuxtravailles
que ceux qui sortent de
vos mains.
C'estdonc à vostreadresse
A faire ruaioir leur richesse
,
A menager leur rang, leur eclat, leur douceur,
Et puis à les placer sur
vostreaimable coeur.
C'est-là que tvousallz,
finirvos deflmees,
Fleurs trois foisfortunées,
Etc'est.là qu'unAmant
mettroit tout son bonheur
.Ajinirsesannées..
Pourmoy Madame, bien que je ne sois qu'au
nombre de vos amis
sans mentir , en cette rencontre
,
si je l'ose dire
Jesuis du sentiment de
vos ^4doratears
Je voudrois bien avoir les
destin de mesJleurs.
Toutiroitàmesatisfaire,
Volume regarderieXjccm*
me unjoly présent J'aurois le bonheur, i,
vous plaire
,
57 je mourrois en vous
plaisant,
Est-il rien de plus doux,
f5 de plus innocent.
provincial àMdß de
R. le jour de sa fejle,
apresqu'on eut cueilli
le soir précedent toutes
les fleurs qu'elle avoit
dansson jardin.
Ne vous envoyerpoint
defleurs le jour de vof-
*re feste
,
Sc vous écrire
pourexcusequ'on a pillé
toutes celles qui estoient
hier dans vos parterres,
& qu'il n'y avoitque ceL
les qui naissent sous vos
pas qui fussent dignes dq;
vous estre présentées,&
de vous dire encore que
les plus brillantes perdent
leur lustreauprésde
celles de vostre teint;
qu'à vostre approche les
plus blanches semblent
devenir pasles
, & les
plus vermeilles rougirde
honte, &C que deux So
leils feroient bientost
mourir ce qu'un seul fait
naistre.
Sur ce ton pedamment
badin
Ce seroit vous donner de
tres mauvaise grace
Pour les fleurs de vojlre
jardin,
Les plus communes du
Parnasse.
Vaminetendre, aujJìbien
quel'amour
Vous en doit d'autres en
- ce jour,
Plus brillantes, if plus
nouvelles.
Ce tribut appartient au
nom que vous portez
Ets'ilsepaye àdernoins
belles ,
Jevous laisse à penser si
vous le meritez,
Vous le modele des beautez>
m
Ne vous offrir des
fleursqu'en petite quantité,
8c vous donner pour
excuse de cette épargne,
que si je n'avois pas
esté si paresseux.
Vous en auriez eu davantage
;
Et
Et quechez, moj des le
matin,
LesAbeillesontmis le
:
Parterre au plláe;·
Et len. vont avec leur butin.
Adais pardonnons-leurce
ravage ';;'.
Elles l'ontfait a bonnefin
Les Zephirs mes amis,
qmy'onetpdiet*que cette Efioit pour celebrer danr.s
un galand festin
Le Coir, du jourde votiv,e
Je vous connois, Mde,
vous seriez d'humeurà
ne croire ni les Zephirs
ni leur Truchement, 6C ron courreroit risque de
ne passer aupres de vous
que pour un conteur de
nouvelles faites à plaisir.
L'inconvenient m'a paru
fascheux
,
6C pour l'éviter
j'ay fait amaiffer des
fleurs
, & vous en envoyetroisCorbeilles
toutes
pleines.
Celadon de ma part ,
vous les vapresenter
Et j'ose , me flater
Qu'elles vous feront
agreables.
Elles parfument I'air
d'une charmanteodeur\
L'innocence I*amour ,.j brillent dansleur I
couleur, }
Jl n'en ejl point de plus
aimables
} Les roses f5 les Ijs nofit
point tant de beaute^.
Cesontpour Us Auttls
des ornemens payables.
Mais voicy ce quit [aut1
pour les Divinitez.
Fleurs d'Orange&de
Grenade,Jasmin de
France& d'Espagne, 6C
oeillets de toutes les fortes.
Je n'ay pas voulu les
mettre en bouquets,
ç'auroit esté entreprendre
mal à propos sur cet
esprit de discernement
& d'invention dont vous
estespleine jusqu'au bout
des doigts, & quirend
tous vos ouvrages si
i1
beaux, qu'on n'en voit
point de mieuxtravailles
que ceux qui sortent de
vos mains.
C'estdonc à vostreadresse
A faire ruaioir leur richesse
,
A menager leur rang, leur eclat, leur douceur,
Et puis à les placer sur
vostreaimable coeur.
C'est-là que tvousallz,
finirvos deflmees,
Fleurs trois foisfortunées,
Etc'est.là qu'unAmant
mettroit tout son bonheur
.Ajinirsesannées..
Pourmoy Madame, bien que je ne sois qu'au
nombre de vos amis
sans mentir , en cette rencontre
,
si je l'ose dire
Jesuis du sentiment de
vos ^4doratears
Je voudrois bien avoir les
destin de mesJleurs.
Toutiroitàmesatisfaire,
Volume regarderieXjccm*
me unjoly présent J'aurois le bonheur, i,
vous plaire
,
57 je mourrois en vous
plaisant,
Est-il rien de plus doux,
f5 de plus innocent.
Fermer
Résumé : LE BOUQUET provincial à Mde de R. le jour de sa feste, aprés qu'on eut cueilli le soir précedent toutes les fleurs qu'elle avoit dans son jardin.
L'auteur d'une lettre exprime son souhait d'offrir des fleurs à Madame, justifiant la petite quantité par sa paresse. Il mentionne que les abeilles ont déjà récolté les fleurs du matin et que les vents doux célèbrent la fête de Madame. Pour éviter tout doute, il envoie trois corbeilles de fleurs, présentées par Celadon. Ces fleurs, parfumées et symbolisant l'innocence et l'amour, incluent des roses, des lis, des fleurs d'orange, de grenade, du jasmin et des œillets. L'auteur laisse à Madame le soin de les arranger, confiant en son discernement. Il espère que les fleurs trouveront leur place sur son cœur, où un amant mettrait tout son bonheur. L'auteur souhaite partager le destin de ses fleurs pour avoir le bonheur de plaire à Madame et de mourir en la plaisant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 355-371
Le Glorieux, Comédie. Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens François ont donné avec grand succès, 22 Représentations [...]
Mots clefs :
Glorieux, Représentations, Comédie, Parterre, Scènes, Auteur, Lisimon, Pasquin, Mariage, Portrait
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Glorieux, Comédie. Extrait, [titre d'après la table]
Les Comédiens François ont donné
avecgrand succès , 22 Représentations du
Glorieux , Comédie en cinq Actes , en
Vers , de M. Destouches , depuis le 18 du
mois dernier , jusqu'à la fin de celui ci.
Jamais le Parterre n'a paru plus équitable; les beautez dont cette Comédie est
remplie , forcerent l'envie au silence ,
ou plutôt aux applaudissemens. Les deffauts que la critique la plus sévere a
cru y remarquer, sont balancez par de si
grands coups de Maître , qu'ils n'y sont
que comme des ombres au Tableau ; on
en jugera par cet Extrait.
Dans les premieres Scenes , l'Auteur
ne s'attache qu'à nous instruire de ce qui
est nécessaire pour l'intelligence. Lapremiere est entre une Suivante et un Valet.
Celle là sous le nom de Lisette , appartient à Isabelle , fille d'un riche Bourgeois,
et
356 MERCURE DE FRANCE.
et celui- ci , sous le nom de Pasquin , sert
le Comte de Tufiere , sur qui roule le caractere dominant de la Piece ; c'est- à-dire,
du Glorieux . Le panchant que Lisette a remarqué dans le cœur de sa Maîtresse, ou
plutôt son amie , en faveur du Comte de
Tufiere , l'authorise à sçavoir , s'il est digne de son amour et de son Hymen. Pasquin ne lui en fait pas un portrait trop
avantageux et ne dissimule point son vice
prédominant , qui est la vaine gloire.
L'Auteur a pris soin de couper cette
exposition , par une action qui met dans
un nouveau jour , ce que Pasquin ne fait
que réciter. Un Domestique du Glorieux,
appellé Lafleur , vient demander son
congé à Pasquin , comme Factoton de son
Maître ; cette demande est fondée sur
la deffense qu'on lui fait de parler, dans
laquelle il trouve un mépris , dont il ne
sçauroit s'accommoder ; il ajoûte qu'il aimeroit mieux une parole qu'une pistole
de la part d'un Maître. Cette Scene est
suivie d'une autre qui caracterise la prétendue soubrette. Lisimon , Pere de sa
Maîtresse , l'aime ; il lui fait des propo
sitions avantageuses , qui ne servent qu'à
faire connoître la vertu de celle qui les
rejette. Comme Lisimon la presse un peu
trop vivement , son Fils vient arrêter ses
trans
FEVRIER. 1732. 357
transports amoureux , sous un prétexte
de tendresse filiale , comme s'il prenoit
son amour pour une fiévre qui vient de
lui enflammer le sang ; le Pere amoureux
se retire tres mécontent de son Fils. A
peine est-il sorti , que ce Fils , Rival de
son Pere , parle d'amour à la fausse soubrette , elle lui déclare d'un ton ferme
qu'elle ne veut donner son cœur que par- devant Notaire.
>
Un vieillard , qui s'appelle Lycandre,
vient interrompre cette conversation ; le
jeune Amant se retire ; cette derniere Scene reveille l'attention des Spectateurs ; le
vieillard qui vient d'atriyer et que Lisette
connoît et honore , après avoir sondé son
cœur , lui déclare qu'elle est sortie d'un
Sang à pouvoir prétendre et même faire
honneur à la famille de Lisimon , par son
alliance ; il lui promet de lui en apprendre davantage incessamment; il s'informe
du caractere du Comte de Tufiere , et apprend avec un regret mortel , qu'il s'est
entierement livré à la vaine gloire.
Au second Acte , Lisette n'ose croire
ce que Lycandre vient de lui reveler , et
prend pour un beau songe l'illustre origine dont on l'a fait sortir ; elle ne peut
cependant en faire un mystere à son cher
Amant. C'est Valere,fils de Lisimon.ValeIC
358 MERCURE DE FRANCE
re est beaucoup plus crédule que sa Maî
tresse ; elle lui ordonne le secret , mais il
a beau le lui promettre,à peine apperçoitil sa sœur Isabelle , qu'il court à elle pour
le lui apprendre. Lisette lui impose silence ; il n'obéit qu'avec peine , et dità sa
sœur de ne traiter désormais Lisette qu'avec respect.
Isabelle ne sçait que comprendre du
respect que son Frere exige d'elle pour
une Suivante, cela lui fait soupçonner que
son Frere veut l'épouser en secret ; Lisette
ne lui revele rien , Isabelle lui avoue qu'elle
ne haït pas le Comte de Tufiere , malgré
le deffaut de vaine gloire qui devroit le
rendre indigne de lui plaire.
Philinte , amoureux d'Isabelle , vient
lui parler de son amour , mais il est si timide qu'il n'ose exprimer ses sentimens ;
Isabelle et Lisette le raillent tour à tour ,
elles le quittent enfin ; il fait connoître
son caractere de timidité qu'il ne sçauroit
vaincre. Un Laquais le prenant pour le
Comte de Tufiere lui apporte une Lettre
qu'il renvoye à son addresse ; Pasquin ,
Valet du Comte de Tufiete , et singe de
sa vaine gloire , reçoit cette Lettre avec
hauteur.
#
Le Comtede Tufiereparoît pour la premiere fois sur la Scene avec un grand
Cor-
FEVRIER 17320 359
Cortege; Pasquin lui parle de la Lettre
qu'on vient de remettre entre ses mains.
Son Maître lui dit qu'elle vient sans doute du petit Duc , ou de la Princesse, &c.
mais Pasquin lui ayant fait entendre que
c'est un Laquais assez mal vétu qui l'a apportée ; il ordonne , avec dédain , qu'on
Ja lise et qu'on lui en rende compre. Nous
omettons plusieurs particularitez , parce
qu'elles tiennent plutôt au caractere qu'à J'action Théatrale. Le Glorieux se fait lire
enfin la Lettre dont Pasquin lui a parlé ;
elle est pleine d'invectives contre son ridicule orgueil ; il n'en peut reconnoître let
caractere ; celui qui l'a écrite , lui déclare
qu'il aemprunté unemain étrangere, Cette
Lettre produira son effet dans le quatriéme Acte.
Lisimon vient , et par sa franchise et sa
familiarité bourgeoise il découvre la fierté
de son gendre futur ; il rabat de temps
en temps ses airs évaporez , et le force à
s'aller mettre à table en l'embrassant amicalement et en l'entraînant malgré lui.
Le Glorieux ouvre la Scene du troisiéme Acte avec Pasquin , à qui il dit , que
son beaupere futur est enchanté de lui
et qu'il le conduira insensiblement jusqu'au respect qu'il lui doit ; il ajoute que
son mariage avec Isabelle est arrêté.
Isa-
366 MERCURE DE FRANCE
Isabelle vient , suivie de Lisette ; elle
fait entendre au Glorieux , que quoique
son pere ait conclu le mariage , elle veut
connoître un peu mieux l'Epoux qui lui
est destiné ; Lisette veut appuyer ce que
Sa Maîtresse vient de dire ; le Glorieux ne
daigne pas lui répondre et la regarde même avec mépris ; il demande ironiquement à Isabelle , si elle ne s'explique jámais que par interprete.
Valere vient s'informer du mariage
qu'il vient d'apprendre ; le Glorieux lui
répond avec un orgueil qui l'oblige à lui
dire que l'Hymen projetté , n'est pas encore tout-à- fait arrêté , attendu que sa
Mere, bien loin d'y consentir , destine sa
Fille à Philinte ; au nom d'un tel Rival ,
le Glorieux redouble de fierté et de mépris; il prie Valere de dire à cet indigne
concurrent que s'il met le pied chez Isabelle , ils pourroient se voir de près. Valere lui promet de s'acquitter de la commission qu'il lui donne , et se retire.
Isabelle outrée de la hauteur avec laquelle le Comte de Tufiere vient de parler à son Frere, lui fait de vifs reproches
sur ce deffaut dominant ; elle charge Lisette d'achever la leçon , et le quitte.
Lisette remplit dignement la place que
sa Maîtresse lui laisse ; le Comte en est si
étonné
FEVRIER. 1732, 36r
étonné , qu'il n'a pas la force de repliquer un mot. Lisette le quitte,
Philinte , à qui Valere vient d'appren
dre le parfait mépris que le Glorieux a
fait éclater à son sujet , vient respectueu,
sement lui en demander raison ; cette
Scene est des plus originales. Le Glorieux
accepte le défi , ou plutôt la priere que
son humble Riyal lui fait de lui faire
l'honneur de se couper la gorge avec lui.
Ils mettent tous deux l'épée à la main.Lisimon accourt au bruit des Epées. Philinte lui dit que le respect le désarme et remet
son épée dans le fourreau, Lisimon reçoit
tres-mal sa politesse , et lui deffend de revenir chez lui, Philinte se retire après
avoir dit au Glorieux qu'il espere qu'il lu‡
fera l'honneur de lui rendre sa visite , et
qu'il tâchera de le bien recevoir.
Le Comte de Tufiere dit de nouvelles
impertinences à son futur Beaupere et le
quitte.
Lisimon choqué de tant d'orgueil, est
tenté de rompre le matiage ; mais la réfléxion qu'il fait , sur l'avantage que sa
femme tireroit de cette rupture , le confirme dans sa premiere résolution.
Le 4 Acte est sans contredit le plus interessant , le plus varié de la Piece , et qui
en a le plus assuré le succès. Il commence
par
362 MERCURE DE FRANCE par une Scene's
sur laquelle
nous ne nous
arrêterons
pas. La seconde
, ne contient
qu'un sage reproche
que Lisette
fait à Va
lere d'avoir
causé une querelle
entre le
Comte
et Philinte
. Valere voyant
approcher le même vieillard
, qui a interrompu sa premiere
conversation
avec sa chere
Lisette
, se retire , non sans marquer
du
dépit.
Lycandre surpris de retrouver Lisette
en tête à tête avec Valere , lui demande
si elle n'a pas quelque engagement de
cœur avec lui. Lisette rougit à cette demande. Elle avouë enfin non- seulement
que Valere l'aime , mais qu'elle le préfereroit à tout autre Amant si leurs conditions étoient égales. Lycandre lui confirmela promesse qu'il lui a déja faite de
lui apprendre son sort. Il commence par
lui apprendre ce qui a causé le malheur
de son pere; il en prend la source dans
l'orgueil de sa mere , qui par un affront
insigne qu'elle fit à une Dame, obligea les
deux maris à se battre ; il ajoute que son
Pere ayant tué son adversaire en brave
homme , fut calomnieusement accusé de
l'avoir assassiné, ce qui l'obligea à chercher un azyle en Angleterre , il ajoûte
que son pere touche à la fin de ses mal-'
heurs et que son innocence ya triom-
,
ther
}
FEVRIER 1732. 363
pher ; elle demande avec atendrissement,
où est ce cher et malheureux pere ; la reconnoissance est filée avec un art infini ;
Lycandre se découvre enfin pour son Pere;
la fausse Lisette se jette à ses pieds. Il luf
apprend que le Comte de Tufiere est son
Frere,et lui témoigne l'extrême regret qu'il
a d'apprendre qu'il n'a pas moins d'orgueil
que sa mère ; il se promet de le corriger et ordonne à sa Fille de rentrer et sur
tout de garder le silence sur le secret
qu'il vient de lui confier.
Lycandre demande à Pasquin s'il ne
pourroit point parler au Comte de Tufiere. Pasquin le voyant, en si mauvais
équipage , lui dit d'un air méprisant, qu'il
est en affaire et qu'il ne sçauroit le voir.-
Lycandre prend un ton de voix à faire.
rentrer Pasquin en lui même ; il convient
qu'il n'est qu'un sot et que l'exemple d'un
Maître orgueilleux l'a gâté. Lycandre lui
sçait bon gré de ce retour ; il lui dit d'aller dire à son Maître que celui qui le demande est le même qui lui a écrit tantôt
une Lettre. Pasquin lui répond , que le
porteur en a déja été payé , et qu'il ne lui
conseille pas de se montrer à ses yeux ,
après lui avoir écrit des véritez si dures à
digerer: Ne crains rien , lui répond le
Vieillard , tu le verras tres-pacifique er tres-
364 MERCURE DE FRANCE
tres modeste devant moi. Pasquin va
chercher son Maître, en disant qu'il s'en
lave les mains.
Lycandre en attendant son fils forme
quelques esperances d'amandement ; elles.
sont fondées sur le changement qu'il
vienr de remarquer dans son valet.
Le Glorieux vient enflammé de colere,
mais reconnoissant son pere en celui qu'il
vient chercher comme ennemi, il demeu
re interdit , au grand étonnement de Pasquin qui le trouve comme pétrifié ; il fait
sortir Pasquin , quoique Lycandre veuille
qu'il demeure , pour être témoin d'une
Scene si nouvelle à ses yeux.
Le Pere fait de sanglans reproches à son
Fils , qui s'excuse assez mal ; il lui deman
de , d'où vient qu'il fait sortir son Valet.
Voulez-vous , lui répond son Fils , que je
vous expose à quelque mépris. Non , ce
n'est point là ce que vous appréhendez ,
lui dit son pere ;
Vous craignez bien plutôt d'exposer ma misere,
>
Le Glorieux , voyant que son Pere exige de lui , s'il veut obtenir son pardon
qu'il vienne à l'instant le presenter dans
l'état où il est à Lisimon et à sa Fille , se
jette à ses pieds pour l'en détourner ; c'est
dans cette situation que son Pere lui dit
les
FEVRIER. 17320 365
les deux beaux Vers , que tout le monde
sçait par cœur , que nous rapporterons
plus bas.
Lisimon survient : il dit au Glorieux
que sa femme consent enfin à l'accepter
pour gendre ; que c'est à lui à faire quelques démarches et à lui rendre ses devoirs ; ce mot de devoir étonne le Glorieux ; son Pere lui fait une sage remontrance sur sa fierté hors de saison. Lisimon-surpris,lui demande qui est ce vieillard qui lui paroît si verd , il lui repond
tout bas , que c'est son Intendant : Lisimon demande au prétendu Intendant à
quoi peuvent monter les revenus duComte , &c. Le vieillard se retire , en disant
tout bas à son Fils, qu'il ne sçauroit mentir ; il dit pourtant à Lisimon qu'il n'a
qu'à conclure le mariage , et que bien- tôt iis seront tous contens.
Lisimon choqué de quelques nouveaux
airs de hauteur que le Glorieux prend en
core avec lui , le quitte en colere, en lui
disant de garder sa grandeur. Le Glorieux se détermine à faire tout ce qu'on
exige de lui , en disant , que sa mauvaise
fortune le réduit à fléchir devant l'Idole.
Valere se reproche devant Lisette , au
ve Acte , l'infidelité qu'elle l'a contraint
de faire à son ami Philinte , en parlant à
H sa
366 MERCURE DE FRANCE,
sa mere, en faveur du Comte de Tufiere,
Isabelle paroît encore incertaine sur le
consentement qu'on lui demande pour
'Hymen arrêté. Lisimon vient annoncer
que sa femme , devenue enfin plus traitable , a promis de signer le Contrat , il se
met en colere contre sa fille qui paroît
encore balancer.
Le Notaire vient , on dresse le Contrat , les noms et qualitez que le Comte de Tufiere se donne , achevent de remplir son caractere.
Lycandre , ou le Marquis de Tufiere ,
arrivé augrand regret de son Fils qui vouloit achever l'Hymen sans lui ; sa presence le rend confus , son pere s'en offense ;
et pour achever de le confondre , il le
menace de sa malediction , s'il ne tombe
à ses genoux; son Fils se jette à ses pieds,
il implore sa clemence, et abjure pour jamais son orgueil . Son Pere le voyant corrigé , lui apprend que le Roy vient de le
remettre dans la jouissance de tous ses
biens, après avoir connu son innocence et
puni l'imposture de ses accusateurs, La
Picce finit par un double Hymen ; Lisette
devient constante ; elle est reconnuë pour
Demoiselle. Le Comte de Tufiere proteste
Isabelle qu'il fera desormais toute sa
gloire de l'aimer et de meriter son cœur
ep sa main.
Mais
FEVRIER. 1732. 367
Mais pourmettre le Lecteur plus en état
de juger du mérite et de la Versification
de cette Piece , donnons quelques mor
ceaux qui en fassent connoître les divers
caracteres et l'é égance du stile dont elle
est écrite. Voici le Portrait que Pasquin
fait de son Maître , dans la 4 Scene du
premier Acte.
Sa politique
Est d'être toujours grave avec un domestique;
S'il lui disoit un mot , il croiroit s'abbaisser ,
Et qu'un Valet lui parle , il se fera chasser.
Enfin pour ébaucher en deux mots sa peinture ;
C'est l'homme le plus vain qu'ait produit la na- ture ,
Pour ses inférieurs , plein d'un mépris cho-
< quant ,
Avec ses égaux même , il prend l'air important
Si fier de ses ayeux , si fier de sa noblesse ,
Qu'il croit être icy-bas le seul de son espece.
Persuadé d'ailleurs de son habileté ,
Et décidant sur tout avec autorité ;
Se croyant en tout genre , un mérite suprême ,
Dédaignant tout le monde , et s'admirant lui- même;
En un mot , des mortels le plus impérieux ,
Et le plus suffisant et le plus glorieux.
Hij Zr
368 MERCURE DE FRANCE
LYSETT E.
Ab! que nous allons rire.
PASQUIN
LYSETTE.
Et de quoi donc
Son fasté ,
Ja fierté , ses hauteurs font un parfait contraste
Avec les qualitez de son humble rival ,
Qui n'oseroit parler de peur de parler mal ;
Qui par timidité , rougit comme une fille
Et qui, quoique fort riche et de noblefamille ,
Toujours rampant , craintif, et toujours con- certé ,
Prodigue les excès de sa civilité ,
Pour les moindres Valets , rempli de déférences
Et ne parlant jamais que par ses révérences.
Lycandre ferme le premier Acte, en di
sant à Lisette.
Jusqu'au revoir. Songez qu'une naissance illustre ,
Des sentimens du cœur reçoit son plus beau lus tre.
Pour les faire éclater , il est de sûrs moyens;
Et si le sort cruel vous a ravi vos biens ,
D'un plus rare trésor , enviant le partage ,
Soyez riche en vertus , c'est- là votre appad
page,
FEVRIER. 1732. 369
A la quatrième Scene du troisiéme Acte , Isabelle fait adroitement le portrait
du Comte à lui même , et n'oublie rien.
en même-temps pour lui persuader que la
modestie est toujours la marque du vrai
mérite.
LE COMT E.
De grace , à quel propos cette distinction ?
ISABELLE.
Je vous laisse le soin de l'application ,
Et de la modestie embrassant la défence ,
Je soutiens que par elle on voit la différence
Du mérite apparent , au mérite parfait ;
L'un veut toujours briller , l'autre brille en effet ,
Sans jamais y prétendre , et sans même le croire ;
L'un est superbe et vain , l'autre n'a point de
gloire ;
Le faux aime le bruit , le vrai craint d'éclater
L'un aspire aux egards , l'autre à les mériter ,
Je dirai plus. Les gens nez d'un sang respectable
Doivent se distinguer par un esprit affable ,
Liant , doux , complaisant , au lieu que la fierté ,
Est l'ordinaire effet d'un éclat emprunté.
La hauteur est par tout odieuse , importune ,
Avec la politesse , un homme de fortune.
Est mille fois plus grand , qu'un Grand toujours
gourmé,
Hiij D'un
370 MERCURE DE FRANCE
D'un limon précieux , se présumant formě.
Traitant avec dédain , et même avec rudesse
Tout ce qui lui paroît d'une moins noble espece
Croyant que l'on est tout , quand on est de son sang ,
Et croyant qu'on n'est rien , au dessous de son
rang.
Dans la Scene suivante , Lysette dit au
Comte :
Le discours d'Isabelle étoit votre portrait ,
Et son discernement vous a peint trait pour
trait.
Dût la gloire en souffrir , je ne sçaurois me taire.
Je ne vous dirai point , changez de caractére ,
Car ou n'en changé point , je ne le sçais que
trop.
Chassez le naturel , il revient au galop ;
Mais du moins , je vous dis , &c.
Lycandre parlant de Listmon , au quatriéme Acte , Scene 7.
On me l'a peint tout autre , et j'ai peine à vous croire ,
Tout ce discours ne tend qu'à cacher votre
gloire ;
Mais pour moi qui ne suis ni superbe , ni vain
Je prétends me montrer , et j'irai mon chemin .
Le
FEVRIER. 1732 378
Le Comte , l'empêchant de sortir.
Differez quelques jours ; la faveur n'est pas
grande ,
Je me jette à vos pieds , et je vous la demande.
.
LTCANDRE.
J'entends , la Vanité me déclare à genoux
Qu'un Pere infortuné n'est pas digne de vous.
Oui, oui , j'ai tout perdu par l'orgueil de ra
mere ,
Et tu n'as hérité de son caractere. que
Le Comte finit la Piece par ces six Vers.
Non, je n'aspire plus qu'à triompher de moy,
Du respect , de l'amour , je veux suivre la Loy.
Ils m'ont ouvert les yeux ; qu'ils m'aident à in vaincre ,
Il faut se faire aimer , on vient de m'en convaincre :
Et je sens que la gloire et la présomption
N'attirent que la haine et l'indignation
avecgrand succès , 22 Représentations du
Glorieux , Comédie en cinq Actes , en
Vers , de M. Destouches , depuis le 18 du
mois dernier , jusqu'à la fin de celui ci.
Jamais le Parterre n'a paru plus équitable; les beautez dont cette Comédie est
remplie , forcerent l'envie au silence ,
ou plutôt aux applaudissemens. Les deffauts que la critique la plus sévere a
cru y remarquer, sont balancez par de si
grands coups de Maître , qu'ils n'y sont
que comme des ombres au Tableau ; on
en jugera par cet Extrait.
Dans les premieres Scenes , l'Auteur
ne s'attache qu'à nous instruire de ce qui
est nécessaire pour l'intelligence. Lapremiere est entre une Suivante et un Valet.
Celle là sous le nom de Lisette , appartient à Isabelle , fille d'un riche Bourgeois,
et
356 MERCURE DE FRANCE.
et celui- ci , sous le nom de Pasquin , sert
le Comte de Tufiere , sur qui roule le caractere dominant de la Piece ; c'est- à-dire,
du Glorieux . Le panchant que Lisette a remarqué dans le cœur de sa Maîtresse, ou
plutôt son amie , en faveur du Comte de
Tufiere , l'authorise à sçavoir , s'il est digne de son amour et de son Hymen. Pasquin ne lui en fait pas un portrait trop
avantageux et ne dissimule point son vice
prédominant , qui est la vaine gloire.
L'Auteur a pris soin de couper cette
exposition , par une action qui met dans
un nouveau jour , ce que Pasquin ne fait
que réciter. Un Domestique du Glorieux,
appellé Lafleur , vient demander son
congé à Pasquin , comme Factoton de son
Maître ; cette demande est fondée sur
la deffense qu'on lui fait de parler, dans
laquelle il trouve un mépris , dont il ne
sçauroit s'accommoder ; il ajoûte qu'il aimeroit mieux une parole qu'une pistole
de la part d'un Maître. Cette Scene est
suivie d'une autre qui caracterise la prétendue soubrette. Lisimon , Pere de sa
Maîtresse , l'aime ; il lui fait des propo
sitions avantageuses , qui ne servent qu'à
faire connoître la vertu de celle qui les
rejette. Comme Lisimon la presse un peu
trop vivement , son Fils vient arrêter ses
trans
FEVRIER. 1732. 357
transports amoureux , sous un prétexte
de tendresse filiale , comme s'il prenoit
son amour pour une fiévre qui vient de
lui enflammer le sang ; le Pere amoureux
se retire tres mécontent de son Fils. A
peine est-il sorti , que ce Fils , Rival de
son Pere , parle d'amour à la fausse soubrette , elle lui déclare d'un ton ferme
qu'elle ne veut donner son cœur que par- devant Notaire.
>
Un vieillard , qui s'appelle Lycandre,
vient interrompre cette conversation ; le
jeune Amant se retire ; cette derniere Scene reveille l'attention des Spectateurs ; le
vieillard qui vient d'atriyer et que Lisette
connoît et honore , après avoir sondé son
cœur , lui déclare qu'elle est sortie d'un
Sang à pouvoir prétendre et même faire
honneur à la famille de Lisimon , par son
alliance ; il lui promet de lui en apprendre davantage incessamment; il s'informe
du caractere du Comte de Tufiere , et apprend avec un regret mortel , qu'il s'est
entierement livré à la vaine gloire.
Au second Acte , Lisette n'ose croire
ce que Lycandre vient de lui reveler , et
prend pour un beau songe l'illustre origine dont on l'a fait sortir ; elle ne peut
cependant en faire un mystere à son cher
Amant. C'est Valere,fils de Lisimon.ValeIC
358 MERCURE DE FRANCE
re est beaucoup plus crédule que sa Maî
tresse ; elle lui ordonne le secret , mais il
a beau le lui promettre,à peine apperçoitil sa sœur Isabelle , qu'il court à elle pour
le lui apprendre. Lisette lui impose silence ; il n'obéit qu'avec peine , et dità sa
sœur de ne traiter désormais Lisette qu'avec respect.
Isabelle ne sçait que comprendre du
respect que son Frere exige d'elle pour
une Suivante, cela lui fait soupçonner que
son Frere veut l'épouser en secret ; Lisette
ne lui revele rien , Isabelle lui avoue qu'elle
ne haït pas le Comte de Tufiere , malgré
le deffaut de vaine gloire qui devroit le
rendre indigne de lui plaire.
Philinte , amoureux d'Isabelle , vient
lui parler de son amour , mais il est si timide qu'il n'ose exprimer ses sentimens ;
Isabelle et Lisette le raillent tour à tour ,
elles le quittent enfin ; il fait connoître
son caractere de timidité qu'il ne sçauroit
vaincre. Un Laquais le prenant pour le
Comte de Tufiere lui apporte une Lettre
qu'il renvoye à son addresse ; Pasquin ,
Valet du Comte de Tufiete , et singe de
sa vaine gloire , reçoit cette Lettre avec
hauteur.
#
Le Comtede Tufiereparoît pour la premiere fois sur la Scene avec un grand
Cor-
FEVRIER 17320 359
Cortege; Pasquin lui parle de la Lettre
qu'on vient de remettre entre ses mains.
Son Maître lui dit qu'elle vient sans doute du petit Duc , ou de la Princesse, &c.
mais Pasquin lui ayant fait entendre que
c'est un Laquais assez mal vétu qui l'a apportée ; il ordonne , avec dédain , qu'on
Ja lise et qu'on lui en rende compre. Nous
omettons plusieurs particularitez , parce
qu'elles tiennent plutôt au caractere qu'à J'action Théatrale. Le Glorieux se fait lire
enfin la Lettre dont Pasquin lui a parlé ;
elle est pleine d'invectives contre son ridicule orgueil ; il n'en peut reconnoître let
caractere ; celui qui l'a écrite , lui déclare
qu'il aemprunté unemain étrangere, Cette
Lettre produira son effet dans le quatriéme Acte.
Lisimon vient , et par sa franchise et sa
familiarité bourgeoise il découvre la fierté
de son gendre futur ; il rabat de temps
en temps ses airs évaporez , et le force à
s'aller mettre à table en l'embrassant amicalement et en l'entraînant malgré lui.
Le Glorieux ouvre la Scene du troisiéme Acte avec Pasquin , à qui il dit , que
son beaupere futur est enchanté de lui
et qu'il le conduira insensiblement jusqu'au respect qu'il lui doit ; il ajoute que
son mariage avec Isabelle est arrêté.
Isa-
366 MERCURE DE FRANCE
Isabelle vient , suivie de Lisette ; elle
fait entendre au Glorieux , que quoique
son pere ait conclu le mariage , elle veut
connoître un peu mieux l'Epoux qui lui
est destiné ; Lisette veut appuyer ce que
Sa Maîtresse vient de dire ; le Glorieux ne
daigne pas lui répondre et la regarde même avec mépris ; il demande ironiquement à Isabelle , si elle ne s'explique jámais que par interprete.
Valere vient s'informer du mariage
qu'il vient d'apprendre ; le Glorieux lui
répond avec un orgueil qui l'oblige à lui
dire que l'Hymen projetté , n'est pas encore tout-à- fait arrêté , attendu que sa
Mere, bien loin d'y consentir , destine sa
Fille à Philinte ; au nom d'un tel Rival ,
le Glorieux redouble de fierté et de mépris; il prie Valere de dire à cet indigne
concurrent que s'il met le pied chez Isabelle , ils pourroient se voir de près. Valere lui promet de s'acquitter de la commission qu'il lui donne , et se retire.
Isabelle outrée de la hauteur avec laquelle le Comte de Tufiere vient de parler à son Frere, lui fait de vifs reproches
sur ce deffaut dominant ; elle charge Lisette d'achever la leçon , et le quitte.
Lisette remplit dignement la place que
sa Maîtresse lui laisse ; le Comte en est si
étonné
FEVRIER. 1732, 36r
étonné , qu'il n'a pas la force de repliquer un mot. Lisette le quitte,
Philinte , à qui Valere vient d'appren
dre le parfait mépris que le Glorieux a
fait éclater à son sujet , vient respectueu,
sement lui en demander raison ; cette
Scene est des plus originales. Le Glorieux
accepte le défi , ou plutôt la priere que
son humble Riyal lui fait de lui faire
l'honneur de se couper la gorge avec lui.
Ils mettent tous deux l'épée à la main.Lisimon accourt au bruit des Epées. Philinte lui dit que le respect le désarme et remet
son épée dans le fourreau, Lisimon reçoit
tres-mal sa politesse , et lui deffend de revenir chez lui, Philinte se retire après
avoir dit au Glorieux qu'il espere qu'il lu‡
fera l'honneur de lui rendre sa visite , et
qu'il tâchera de le bien recevoir.
Le Comte de Tufiere dit de nouvelles
impertinences à son futur Beaupere et le
quitte.
Lisimon choqué de tant d'orgueil, est
tenté de rompre le matiage ; mais la réfléxion qu'il fait , sur l'avantage que sa
femme tireroit de cette rupture , le confirme dans sa premiere résolution.
Le 4 Acte est sans contredit le plus interessant , le plus varié de la Piece , et qui
en a le plus assuré le succès. Il commence
par
362 MERCURE DE FRANCE par une Scene's
sur laquelle
nous ne nous
arrêterons
pas. La seconde
, ne contient
qu'un sage reproche
que Lisette
fait à Va
lere d'avoir
causé une querelle
entre le
Comte
et Philinte
. Valere voyant
approcher le même vieillard
, qui a interrompu sa premiere
conversation
avec sa chere
Lisette
, se retire , non sans marquer
du
dépit.
Lycandre surpris de retrouver Lisette
en tête à tête avec Valere , lui demande
si elle n'a pas quelque engagement de
cœur avec lui. Lisette rougit à cette demande. Elle avouë enfin non- seulement
que Valere l'aime , mais qu'elle le préfereroit à tout autre Amant si leurs conditions étoient égales. Lycandre lui confirmela promesse qu'il lui a déja faite de
lui apprendre son sort. Il commence par
lui apprendre ce qui a causé le malheur
de son pere; il en prend la source dans
l'orgueil de sa mere , qui par un affront
insigne qu'elle fit à une Dame, obligea les
deux maris à se battre ; il ajoute que son
Pere ayant tué son adversaire en brave
homme , fut calomnieusement accusé de
l'avoir assassiné, ce qui l'obligea à chercher un azyle en Angleterre , il ajoûte
que son pere touche à la fin de ses mal-'
heurs et que son innocence ya triom-
,
ther
}
FEVRIER 1732. 363
pher ; elle demande avec atendrissement,
où est ce cher et malheureux pere ; la reconnoissance est filée avec un art infini ;
Lycandre se découvre enfin pour son Pere;
la fausse Lisette se jette à ses pieds. Il luf
apprend que le Comte de Tufiere est son
Frere,et lui témoigne l'extrême regret qu'il
a d'apprendre qu'il n'a pas moins d'orgueil
que sa mère ; il se promet de le corriger et ordonne à sa Fille de rentrer et sur
tout de garder le silence sur le secret
qu'il vient de lui confier.
Lycandre demande à Pasquin s'il ne
pourroit point parler au Comte de Tufiere. Pasquin le voyant, en si mauvais
équipage , lui dit d'un air méprisant, qu'il
est en affaire et qu'il ne sçauroit le voir.-
Lycandre prend un ton de voix à faire.
rentrer Pasquin en lui même ; il convient
qu'il n'est qu'un sot et que l'exemple d'un
Maître orgueilleux l'a gâté. Lycandre lui
sçait bon gré de ce retour ; il lui dit d'aller dire à son Maître que celui qui le demande est le même qui lui a écrit tantôt
une Lettre. Pasquin lui répond , que le
porteur en a déja été payé , et qu'il ne lui
conseille pas de se montrer à ses yeux ,
après lui avoir écrit des véritez si dures à
digerer: Ne crains rien , lui répond le
Vieillard , tu le verras tres-pacifique er tres-
364 MERCURE DE FRANCE
tres modeste devant moi. Pasquin va
chercher son Maître, en disant qu'il s'en
lave les mains.
Lycandre en attendant son fils forme
quelques esperances d'amandement ; elles.
sont fondées sur le changement qu'il
vienr de remarquer dans son valet.
Le Glorieux vient enflammé de colere,
mais reconnoissant son pere en celui qu'il
vient chercher comme ennemi, il demeu
re interdit , au grand étonnement de Pasquin qui le trouve comme pétrifié ; il fait
sortir Pasquin , quoique Lycandre veuille
qu'il demeure , pour être témoin d'une
Scene si nouvelle à ses yeux.
Le Pere fait de sanglans reproches à son
Fils , qui s'excuse assez mal ; il lui deman
de , d'où vient qu'il fait sortir son Valet.
Voulez-vous , lui répond son Fils , que je
vous expose à quelque mépris. Non , ce
n'est point là ce que vous appréhendez ,
lui dit son pere ;
Vous craignez bien plutôt d'exposer ma misere,
>
Le Glorieux , voyant que son Pere exige de lui , s'il veut obtenir son pardon
qu'il vienne à l'instant le presenter dans
l'état où il est à Lisimon et à sa Fille , se
jette à ses pieds pour l'en détourner ; c'est
dans cette situation que son Pere lui dit
les
FEVRIER. 17320 365
les deux beaux Vers , que tout le monde
sçait par cœur , que nous rapporterons
plus bas.
Lisimon survient : il dit au Glorieux
que sa femme consent enfin à l'accepter
pour gendre ; que c'est à lui à faire quelques démarches et à lui rendre ses devoirs ; ce mot de devoir étonne le Glorieux ; son Pere lui fait une sage remontrance sur sa fierté hors de saison. Lisimon-surpris,lui demande qui est ce vieillard qui lui paroît si verd , il lui repond
tout bas , que c'est son Intendant : Lisimon demande au prétendu Intendant à
quoi peuvent monter les revenus duComte , &c. Le vieillard se retire , en disant
tout bas à son Fils, qu'il ne sçauroit mentir ; il dit pourtant à Lisimon qu'il n'a
qu'à conclure le mariage , et que bien- tôt iis seront tous contens.
Lisimon choqué de quelques nouveaux
airs de hauteur que le Glorieux prend en
core avec lui , le quitte en colere, en lui
disant de garder sa grandeur. Le Glorieux se détermine à faire tout ce qu'on
exige de lui , en disant , que sa mauvaise
fortune le réduit à fléchir devant l'Idole.
Valere se reproche devant Lisette , au
ve Acte , l'infidelité qu'elle l'a contraint
de faire à son ami Philinte , en parlant à
H sa
366 MERCURE DE FRANCE,
sa mere, en faveur du Comte de Tufiere,
Isabelle paroît encore incertaine sur le
consentement qu'on lui demande pour
'Hymen arrêté. Lisimon vient annoncer
que sa femme , devenue enfin plus traitable , a promis de signer le Contrat , il se
met en colere contre sa fille qui paroît
encore balancer.
Le Notaire vient , on dresse le Contrat , les noms et qualitez que le Comte de Tufiere se donne , achevent de remplir son caractere.
Lycandre , ou le Marquis de Tufiere ,
arrivé augrand regret de son Fils qui vouloit achever l'Hymen sans lui ; sa presence le rend confus , son pere s'en offense ;
et pour achever de le confondre , il le
menace de sa malediction , s'il ne tombe
à ses genoux; son Fils se jette à ses pieds,
il implore sa clemence, et abjure pour jamais son orgueil . Son Pere le voyant corrigé , lui apprend que le Roy vient de le
remettre dans la jouissance de tous ses
biens, après avoir connu son innocence et
puni l'imposture de ses accusateurs, La
Picce finit par un double Hymen ; Lisette
devient constante ; elle est reconnuë pour
Demoiselle. Le Comte de Tufiere proteste
Isabelle qu'il fera desormais toute sa
gloire de l'aimer et de meriter son cœur
ep sa main.
Mais
FEVRIER. 1732. 367
Mais pourmettre le Lecteur plus en état
de juger du mérite et de la Versification
de cette Piece , donnons quelques mor
ceaux qui en fassent connoître les divers
caracteres et l'é égance du stile dont elle
est écrite. Voici le Portrait que Pasquin
fait de son Maître , dans la 4 Scene du
premier Acte.
Sa politique
Est d'être toujours grave avec un domestique;
S'il lui disoit un mot , il croiroit s'abbaisser ,
Et qu'un Valet lui parle , il se fera chasser.
Enfin pour ébaucher en deux mots sa peinture ;
C'est l'homme le plus vain qu'ait produit la na- ture ,
Pour ses inférieurs , plein d'un mépris cho-
< quant ,
Avec ses égaux même , il prend l'air important
Si fier de ses ayeux , si fier de sa noblesse ,
Qu'il croit être icy-bas le seul de son espece.
Persuadé d'ailleurs de son habileté ,
Et décidant sur tout avec autorité ;
Se croyant en tout genre , un mérite suprême ,
Dédaignant tout le monde , et s'admirant lui- même;
En un mot , des mortels le plus impérieux ,
Et le plus suffisant et le plus glorieux.
Hij Zr
368 MERCURE DE FRANCE
LYSETT E.
Ab! que nous allons rire.
PASQUIN
LYSETTE.
Et de quoi donc
Son fasté ,
Ja fierté , ses hauteurs font un parfait contraste
Avec les qualitez de son humble rival ,
Qui n'oseroit parler de peur de parler mal ;
Qui par timidité , rougit comme une fille
Et qui, quoique fort riche et de noblefamille ,
Toujours rampant , craintif, et toujours con- certé ,
Prodigue les excès de sa civilité ,
Pour les moindres Valets , rempli de déférences
Et ne parlant jamais que par ses révérences.
Lycandre ferme le premier Acte, en di
sant à Lisette.
Jusqu'au revoir. Songez qu'une naissance illustre ,
Des sentimens du cœur reçoit son plus beau lus tre.
Pour les faire éclater , il est de sûrs moyens;
Et si le sort cruel vous a ravi vos biens ,
D'un plus rare trésor , enviant le partage ,
Soyez riche en vertus , c'est- là votre appad
page,
FEVRIER. 1732. 369
A la quatrième Scene du troisiéme Acte , Isabelle fait adroitement le portrait
du Comte à lui même , et n'oublie rien.
en même-temps pour lui persuader que la
modestie est toujours la marque du vrai
mérite.
LE COMT E.
De grace , à quel propos cette distinction ?
ISABELLE.
Je vous laisse le soin de l'application ,
Et de la modestie embrassant la défence ,
Je soutiens que par elle on voit la différence
Du mérite apparent , au mérite parfait ;
L'un veut toujours briller , l'autre brille en effet ,
Sans jamais y prétendre , et sans même le croire ;
L'un est superbe et vain , l'autre n'a point de
gloire ;
Le faux aime le bruit , le vrai craint d'éclater
L'un aspire aux egards , l'autre à les mériter ,
Je dirai plus. Les gens nez d'un sang respectable
Doivent se distinguer par un esprit affable ,
Liant , doux , complaisant , au lieu que la fierté ,
Est l'ordinaire effet d'un éclat emprunté.
La hauteur est par tout odieuse , importune ,
Avec la politesse , un homme de fortune.
Est mille fois plus grand , qu'un Grand toujours
gourmé,
Hiij D'un
370 MERCURE DE FRANCE
D'un limon précieux , se présumant formě.
Traitant avec dédain , et même avec rudesse
Tout ce qui lui paroît d'une moins noble espece
Croyant que l'on est tout , quand on est de son sang ,
Et croyant qu'on n'est rien , au dessous de son
rang.
Dans la Scene suivante , Lysette dit au
Comte :
Le discours d'Isabelle étoit votre portrait ,
Et son discernement vous a peint trait pour
trait.
Dût la gloire en souffrir , je ne sçaurois me taire.
Je ne vous dirai point , changez de caractére ,
Car ou n'en changé point , je ne le sçais que
trop.
Chassez le naturel , il revient au galop ;
Mais du moins , je vous dis , &c.
Lycandre parlant de Listmon , au quatriéme Acte , Scene 7.
On me l'a peint tout autre , et j'ai peine à vous croire ,
Tout ce discours ne tend qu'à cacher votre
gloire ;
Mais pour moi qui ne suis ni superbe , ni vain
Je prétends me montrer , et j'irai mon chemin .
Le
FEVRIER. 1732 378
Le Comte , l'empêchant de sortir.
Differez quelques jours ; la faveur n'est pas
grande ,
Je me jette à vos pieds , et je vous la demande.
.
LTCANDRE.
J'entends , la Vanité me déclare à genoux
Qu'un Pere infortuné n'est pas digne de vous.
Oui, oui , j'ai tout perdu par l'orgueil de ra
mere ,
Et tu n'as hérité de son caractere. que
Le Comte finit la Piece par ces six Vers.
Non, je n'aspire plus qu'à triompher de moy,
Du respect , de l'amour , je veux suivre la Loy.
Ils m'ont ouvert les yeux ; qu'ils m'aident à in vaincre ,
Il faut se faire aimer , on vient de m'en convaincre :
Et je sens que la gloire et la présomption
N'attirent que la haine et l'indignation
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Résumé : Le Glorieux, Comédie. Extrait, [titre d'après la table]
La pièce 'Le Glorieux', une comédie en cinq actes en vers de M. Destouches, a été représentée avec succès par les Comédiens Français du 18 du mois précédent jusqu'à la fin de celui-ci. Malgré quelques défauts mineurs, la pièce a été bien accueillie par le public grâce à des moments de grande qualité. L'intrigue commence avec une conversation entre Lisette, la suivante d'Isabelle, et Pasquin, le valet du Comte de Tufière. Lisette souhaite savoir si le Comte est digne de l'amour d'Isabelle. Pasquin décrit le Comte comme un homme dominé par la vaine gloire. Cette scène est interrompue par Lafleur, un domestique du Comte, qui demande son congé à Pasquin en raison du mépris qu'il ressent. Lisimon, le père d'Isabelle, tente de séduire Lisette, mais est interrompu par son fils Valère, qui révèle son propre amour pour Lisette. Lycandre, un vieillard, interrompt cette conversation et révèle à Lisette qu'elle est de noble origine. Il exprime son regret face à l'orgueil du Comte de Tufière. Au deuxième acte, Lisette partage cette révélation avec Valère, qui en informe Isabelle. Philinte, amoureux d'Isabelle, lui déclare timidement son amour. Le Comte de Tufière apparaît enfin, entouré de son cortège, et reçoit une lettre pleine d'invectives contre son orgueil. Lisimon, par sa franchise, contrarie la fierté du Comte. Le troisième acte montre le Comte discutant de son mariage avec Isabelle, qui souhaite mieux le connaître. Valère et Philinte se disputent à cause du Comte, et Lisimon est tenté de rompre le mariage. Le quatrième acte est le plus intéressant et varié. Lycandre révèle à Lisette qu'elle est sa fille et que son père, exilé en Angleterre, est innocent d'un crime. Le Comte, confronté par son père, reconnaît ses erreurs et accepte de changer. Lisimon, choqué par l'orgueil du Comte, finit par accepter le mariage après une remontrance de Lycandre. La pièce se termine par la rédemption du Comte, qui accepte de se soumettre aux exigences de sa future famille pour obtenir leur pardon. Le Comte de Tufière promet à Isabelle de l'aimer et de mériter son cœur. Deux mariages sont célébrés : celui d'Isabelle et du Comte, et celui de Lysette avec Valère, reconnue comme demoiselle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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