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Liste
1
p. 17-29
LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Début :
Ayant à vous donner des nouvelles de l'Attaque du Fort, /Sans une maladie qui m'a fait garder le Lit plus de cinq semaines, [...]
Mots clefs :
Place, Marquis, Académie, Comte, Attaque, Assiégeants, Épée, Noblesse, Grenades, Prince de Soubise, Travaux, Monsieur Bernardi, Gentilhommes, Fort
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Ayant à vous donner des nouvelles
de l'Attaque du Fort , qui
a efté faite par les Gentilshommes
de l'Académie de monfienr
Bernardi , je ne puis fatisfaire
mieux vôtre curiofité, qu'en vous
envoyant la Lettre qui fuit.
18 MERCURE
LETTRE
DE ME LE MARQUIS
DE L …….
A M LE COMTE DE ...
LIEVTENANT DE ROY A...
Sav
Ans une maladie qui m'a fait
garder le Lit plus de cinq femaines
, je n'aurois pas tant diferé
àvous rendre comte de ce que vous
m'avez demandé par voftre obligeante
Lettre , touchant l'état de
l'Académie de Monfieur Bernardi,
Neveu de l'illuftre Bernardi que
vous aimiez tant , & à vous faire
le détail de tout ce que j'ay ou an'
Fort que les Gentilshommes de cette
· Académie renouvellent tous les ans
GALANT. ) 19
Pour n'oublier rien de ce que vous
defire fçavoir , j'ay efté plufieurs
fois dans cette Maifon , remarquer
jufques à la moindre chofe , & je
puis vous affurer , Monfieur , que
toute la Nobleffe ne sçauroit affe
reconnoistre l'aplication avec laquelle
les Chefs de l'Académie travaillent
, pour leur donner une éducation
digne de leur naiffance ; &
que Monfieur Bernardi d'à preſent
n'a pas moins hérité des biens defeu
fon Oncle , que de fes beaux talens
dans ce noble Employ . Vous connoiffelle
mérite de Monfieur de Chateauneuf.
C'est le méme qui pendant
vingt-cinq ans a tenu avec
feu Monfieur Bernardi , la plus belle
& la plus, nombreuſe Académie de
l'Europe , avec tant d'ordre , & une
fi belle difcipline , qu'ils ont toujours
eu un applaudiffement univerfel.
Les chofes dans cette Maifon font
20 MERCURE
toujoursfur le mefme pied ; je n'y ay
rien trouvé de changé. L'Equipage
que vousy avez vû , a esté de tout
temps des plus confidérables de
Paris ; mais j'ay efté temoin de l'augmentation
que l'on y a faite depuis
peu de jours d'un grand nombre
de tres- bons chevaux de l'Académie
de Monfieur Coulon , ce qui
rend auiourd'huy cet Equipage plus
beau que iamais , & fans contredit
le meilleur qu'on ait encore vû dans
Aucune Académie . Ainsi , Monfieur,
vous ne devez point balancer à envoyer
Meffieurs vos Enfans profiter
des avantages que l'on a dans celle-
cy, où l'on prend unfoin tout par.
ticulier des moeurs & de la conduite
ieunes Seigneurs. Outre ce bon
ordre pour toutes chofes , la Difci
pline Militaire y eft obfervée par
› faitement dans les Attaques du
Fort dont vous avez entenduparler
do
GALANT.
"
21
& c'est encore un avantage qu'on
ne trouve que dans cette feule Maifon
, Comme vous m'en avez dé
mandé le détail , ie vous diray tout
ce qui s'y eft paffé cette année , n'en
ayant pas perdu un feul iour l'occafion
, afin de vous en pouvoir mieux
informer. l'ay vi toute cette belle
Nobleffe marcher dans les Ruës de
Paris avec un ordre admirable
I'en ay compté plus de foixante &
dix , tous le Moufquetfur l'épaule
parmy lefquels il y en avoit defi
jeunes , qu'àpeine avoient . ils laforce
de le porter. Les deux Commandans
eftoient à la Tefte. Ce font
d'ordinaire les deux Doyens de l'Académie,
Les Tambours & les Hautbois
fuivoient cette belle Troupe.
Quand on fut au Rendez vous ,
l'on commença l'Attaque du Fort
parunefurprife. Le Prince de Muf
feran , Doyen de l'Academie , qui
2.2 MERCURE
eftoit le General de cette petite Armée
, alla reconnoiftre la Place infques
à la Paliffade , & détacha
enfuite le Prince de Soubife & le
Marquis de Sourches , foutenus par
le Comte de Morftein ,, les Marquis
de Bourry , de Lomaria , de Busy,
d'offac , de Sainte Croix , de Galle,
& plufieurs autres , avec ordre de
dreffer des Echelles aux deux côte
de la Porte , pour abatffer le Pont- .
levis , & enfoncer cette Porte avec
un petard. Un autre Détachements
qui avoit à la Tefte le Marquis de
Maridor fuivy du Marquis de
Chabanes , les Comtes de Maldegben
, de Vandeuvre , de Mefgrigny
, de la Roque , de Coffe, Forbeffe,
& autres , defcendit dans le Feffé,
pour efcalader la Place . Le Gros
des Troupes , où étoient les Marquis
de Prélat , & d'Amon , le Comte
de Leoncron , le Baron du Chastel,
GALANT.
23
les Marquis de Moilie , Linard
Gauville , Boyer , Robien , & plufieurs
autres Seigneurs Etrangers
dont ie n'ay puretenir les noms , fuivoit
pour foutenir ces deux Attaques.
Les uns & les autres s'aquitérent
de leur devoir en braves
Gens. Le Pont ayant efté abaiffe,
fans que la Sentinelle s'en fuft apperçuë
, on appliqua le Petard à la
Porte fi à propos , qu'elle fut enfoncée
, mais ceux du Corps de Garde
étant accouru au bruit , eurent affez
de temps pour abatre la Herfe , &
arréterent tout court la vigueur de
ceux qui fe préfentoient l'Epée à
la main pour paffer par la Porte.
A l'autre Attaque , les plus hardis
eftant montez par des Echelles , furent
aperçus , & repouffe . Le Com
mandant de la Place ayant fair
faire divers feux , &ietter de la
paille allumée dans le Foffé pour
24 MERCURE
L'éclairer , donna fi bon ordre à la
defenfe , qu'il obligea les Affaillans
à la retraite ; mais ils ne la firent
que pour infulter la Place avec plus
de vigueur qu'auparavant . Dans
ce deffein on fit trois fauffes Attaques,
& deux veritables. La Place
fut efcaladée par plufieurs endroits,
pendant que le Prince de Soubife,
à la faveur des Grenades qui luy
rendirent l'accés de la Porte libre,
& quifirent retirer ceux qui étoient
derriere la Porte , fit appliquer un
Second Petard àla Helfe , & entra
avec fes Troupes l'Epée à la main
dans la Place. On a obfervé en
toutes ces occafions tout ce qui fe
pratique à l'Attaque d'une Place
emportée dans les formes.
A
On a vú celle- cy en état de défence.
Elle eftoit fraifée & paliffadée.
Ses Dehors étoient de la derniere
propreté, & ily avoit une
Garnifon
GALAN T.
25
Garnifon nombreuſe. D'un autre
cofté , nôtre illuftre Armée n'avoit
rienoubliépour fefortifier dans fon
Camppar des Lignes de Circonvallation
d'une jufteffe achevez. Les
Tentes & les Pavillous dont il étoit
remply , étoient dreffées avec une
fimetrie digne de remarque. On
commençafans brait par l'ouverture
de la Tranchée , apres avoir fait
la Place d' Armes. Tandis que ces
jeunes Héros travailloient à la terre
avec une chaleur incroyable , donnant
des marques de ce qu'ils feauroient
faire un jour , les Ennemis
firent une Sortie fur eux , avec
des Grenadiers , & vinrent combler
& ruiner les Travaux des Affiém
geans ; mais ils furent enfuite vigoureufement
repouffe dans la
Place par un Gros de la Grande
Garde , qui fortit fur eux l'Epée à
la main. On continua depuis à tra
Janvier 1685.
B
26 MERCURE
vailler , nonobftant le feu continuel
qu'onfaifoit de la Place , pour em
pefcher le Travail. le visun Party
de la Campagne , qui vint attaquer
les Lignes , & porter des Fafcines.
pour combler le Foffé. Ony acourut
du Camp avec un Gros , pour les
défendre , mais l'on s'aperçut bientoft
apres , que ce n'eftoit qu'une
fauffe Attaque , pour favorifer un
Convoy qui paffa de l'autre cofté,
fans que ceux du Camp puffent s'opofer
a fon paffage , les Affiégez.
ayant fait une Sortie , pourfoûtenir
ceux qui conduifoient le Convoy.
Vous fçavez que je me fuis trouve
en plufieurs occafions à l'Armée ;
mais je n'ayjamais vû un fi grand
feu , pendant plus de trois heures
que cela dura.
la
La feconde fois , apres que
Garde fat montée , & que chacun
fut pris fes Poftes , l'on commença
GALANT. 27
par avancer les Bateries plus prés
de la Place , afin de ruiner les Paliffades
, & obliger des troupes qui
étoient dans les Dehors , à fe retirer.
Les Affiégez firent une Sortie,
& à la faveur d'une pluye de Grenades
qu'ils jetterent à ceux qui
gardoient des Bateries , ils s'en ren
dirent les maiftres. Ils fe fervirent
de cette Baterie pour ruiner les
Travaux des Affiégeans ; mais elle
fut bien- toft apres regagnée , &
prefque tous ceux qui la gardoient
furent faits Prifonniers , les autres
ayant pris lafuite. Les Affiégezfe
trouvant incommodez d'une Redou
te que les Affiégeans avoient faite,
ils y firent jouer un Fourneau, ayant
fait uneSortie en mefme temps , &
y montérent à l'Affaut , & l'emportérent.
Ils ne la gardèrent pas
long- temps , car les Affiégeans la
regagnérent l'Epée à la main , à la
B 2
28 MERCURE
faveur d'une infinité de Grenades
que l'on y jettoit du Camp , pour en
chaffer ceux qui s'en étoient rendus
maîtres. On rétablit d'abord la
Bréche avec des Fafcines , & l'on
continua à avancer des Travaux,
Ily avoit ce iour - là un nombre infiny
de Gens.
Une autre fois les Affiégeans commencérent
par un Logement qu'ils
firent fur la Contrefcarpe . Ceux de
la Place lefirent fauter bien- toft
apres , par un Fourneau qu'ils firent
iouer. Ce Pofte fut encore regagné,
& le Logement refait ; ce qui obligeales
Affiégez à fe retirer dans la
Demy.lune . Cela donne lieu à la
defcente dans le Foffe . Le Mineur
fut attaché à la Demy- lume. La
Mine fit une Bréche affe confidérable
, & les Affiégeans montérent
à l'Affaut avec une vigueur & une
chaleur digne de ceux que ie vous
GALANT. 29
ay nommez. Apres le Logementfait
fur la Demy line , ceux de la Place
fe rendirent avec une Compofition
honorable. Le Canon a fait grand
bruit depart & d'autre , auffi -bien
que les Bombes , les Carcaffes & les
Grenades. Le Terrainy a efté difpu
tépied àpied , & toûjours avec un
feu continuel.
Toutes ces occafions fe font paffées
en préfence d'un grand nombre de
Perfonnes de qualité ; & les Gens
du Metier ont avoüé qu'on ne pouvoit
rien faire de plus avantageux
pourcette ieune Nobleffe.
de l'Attaque du Fort , qui
a efté faite par les Gentilshommes
de l'Académie de monfienr
Bernardi , je ne puis fatisfaire
mieux vôtre curiofité, qu'en vous
envoyant la Lettre qui fuit.
18 MERCURE
LETTRE
DE ME LE MARQUIS
DE L …….
A M LE COMTE DE ...
LIEVTENANT DE ROY A...
Sav
Ans une maladie qui m'a fait
garder le Lit plus de cinq femaines
, je n'aurois pas tant diferé
àvous rendre comte de ce que vous
m'avez demandé par voftre obligeante
Lettre , touchant l'état de
l'Académie de Monfieur Bernardi,
Neveu de l'illuftre Bernardi que
vous aimiez tant , & à vous faire
le détail de tout ce que j'ay ou an'
Fort que les Gentilshommes de cette
· Académie renouvellent tous les ans
GALANT. ) 19
Pour n'oublier rien de ce que vous
defire fçavoir , j'ay efté plufieurs
fois dans cette Maifon , remarquer
jufques à la moindre chofe , & je
puis vous affurer , Monfieur , que
toute la Nobleffe ne sçauroit affe
reconnoistre l'aplication avec laquelle
les Chefs de l'Académie travaillent
, pour leur donner une éducation
digne de leur naiffance ; &
que Monfieur Bernardi d'à preſent
n'a pas moins hérité des biens defeu
fon Oncle , que de fes beaux talens
dans ce noble Employ . Vous connoiffelle
mérite de Monfieur de Chateauneuf.
C'est le méme qui pendant
vingt-cinq ans a tenu avec
feu Monfieur Bernardi , la plus belle
& la plus, nombreuſe Académie de
l'Europe , avec tant d'ordre , & une
fi belle difcipline , qu'ils ont toujours
eu un applaudiffement univerfel.
Les chofes dans cette Maifon font
20 MERCURE
toujoursfur le mefme pied ; je n'y ay
rien trouvé de changé. L'Equipage
que vousy avez vû , a esté de tout
temps des plus confidérables de
Paris ; mais j'ay efté temoin de l'augmentation
que l'on y a faite depuis
peu de jours d'un grand nombre
de tres- bons chevaux de l'Académie
de Monfieur Coulon , ce qui
rend auiourd'huy cet Equipage plus
beau que iamais , & fans contredit
le meilleur qu'on ait encore vû dans
Aucune Académie . Ainsi , Monfieur,
vous ne devez point balancer à envoyer
Meffieurs vos Enfans profiter
des avantages que l'on a dans celle-
cy, où l'on prend unfoin tout par.
ticulier des moeurs & de la conduite
ieunes Seigneurs. Outre ce bon
ordre pour toutes chofes , la Difci
pline Militaire y eft obfervée par
› faitement dans les Attaques du
Fort dont vous avez entenduparler
do
GALANT.
"
21
& c'est encore un avantage qu'on
ne trouve que dans cette feule Maifon
, Comme vous m'en avez dé
mandé le détail , ie vous diray tout
ce qui s'y eft paffé cette année , n'en
ayant pas perdu un feul iour l'occafion
, afin de vous en pouvoir mieux
informer. l'ay vi toute cette belle
Nobleffe marcher dans les Ruës de
Paris avec un ordre admirable
I'en ay compté plus de foixante &
dix , tous le Moufquetfur l'épaule
parmy lefquels il y en avoit defi
jeunes , qu'àpeine avoient . ils laforce
de le porter. Les deux Commandans
eftoient à la Tefte. Ce font
d'ordinaire les deux Doyens de l'Académie,
Les Tambours & les Hautbois
fuivoient cette belle Troupe.
Quand on fut au Rendez vous ,
l'on commença l'Attaque du Fort
parunefurprife. Le Prince de Muf
feran , Doyen de l'Academie , qui
2.2 MERCURE
eftoit le General de cette petite Armée
, alla reconnoiftre la Place infques
à la Paliffade , & détacha
enfuite le Prince de Soubife & le
Marquis de Sourches , foutenus par
le Comte de Morftein ,, les Marquis
de Bourry , de Lomaria , de Busy,
d'offac , de Sainte Croix , de Galle,
& plufieurs autres , avec ordre de
dreffer des Echelles aux deux côte
de la Porte , pour abatffer le Pont- .
levis , & enfoncer cette Porte avec
un petard. Un autre Détachements
qui avoit à la Tefte le Marquis de
Maridor fuivy du Marquis de
Chabanes , les Comtes de Maldegben
, de Vandeuvre , de Mefgrigny
, de la Roque , de Coffe, Forbeffe,
& autres , defcendit dans le Feffé,
pour efcalader la Place . Le Gros
des Troupes , où étoient les Marquis
de Prélat , & d'Amon , le Comte
de Leoncron , le Baron du Chastel,
GALANT.
23
les Marquis de Moilie , Linard
Gauville , Boyer , Robien , & plufieurs
autres Seigneurs Etrangers
dont ie n'ay puretenir les noms , fuivoit
pour foutenir ces deux Attaques.
Les uns & les autres s'aquitérent
de leur devoir en braves
Gens. Le Pont ayant efté abaiffe,
fans que la Sentinelle s'en fuft apperçuë
, on appliqua le Petard à la
Porte fi à propos , qu'elle fut enfoncée
, mais ceux du Corps de Garde
étant accouru au bruit , eurent affez
de temps pour abatre la Herfe , &
arréterent tout court la vigueur de
ceux qui fe préfentoient l'Epée à
la main pour paffer par la Porte.
A l'autre Attaque , les plus hardis
eftant montez par des Echelles , furent
aperçus , & repouffe . Le Com
mandant de la Place ayant fair
faire divers feux , &ietter de la
paille allumée dans le Foffé pour
24 MERCURE
L'éclairer , donna fi bon ordre à la
defenfe , qu'il obligea les Affaillans
à la retraite ; mais ils ne la firent
que pour infulter la Place avec plus
de vigueur qu'auparavant . Dans
ce deffein on fit trois fauffes Attaques,
& deux veritables. La Place
fut efcaladée par plufieurs endroits,
pendant que le Prince de Soubife,
à la faveur des Grenades qui luy
rendirent l'accés de la Porte libre,
& quifirent retirer ceux qui étoient
derriere la Porte , fit appliquer un
Second Petard àla Helfe , & entra
avec fes Troupes l'Epée à la main
dans la Place. On a obfervé en
toutes ces occafions tout ce qui fe
pratique à l'Attaque d'une Place
emportée dans les formes.
A
On a vú celle- cy en état de défence.
Elle eftoit fraifée & paliffadée.
Ses Dehors étoient de la derniere
propreté, & ily avoit une
Garnifon
GALAN T.
25
Garnifon nombreuſe. D'un autre
cofté , nôtre illuftre Armée n'avoit
rienoubliépour fefortifier dans fon
Camppar des Lignes de Circonvallation
d'une jufteffe achevez. Les
Tentes & les Pavillous dont il étoit
remply , étoient dreffées avec une
fimetrie digne de remarque. On
commençafans brait par l'ouverture
de la Tranchée , apres avoir fait
la Place d' Armes. Tandis que ces
jeunes Héros travailloient à la terre
avec une chaleur incroyable , donnant
des marques de ce qu'ils feauroient
faire un jour , les Ennemis
firent une Sortie fur eux , avec
des Grenadiers , & vinrent combler
& ruiner les Travaux des Affiém
geans ; mais ils furent enfuite vigoureufement
repouffe dans la
Place par un Gros de la Grande
Garde , qui fortit fur eux l'Epée à
la main. On continua depuis à tra
Janvier 1685.
B
26 MERCURE
vailler , nonobftant le feu continuel
qu'onfaifoit de la Place , pour em
pefcher le Travail. le visun Party
de la Campagne , qui vint attaquer
les Lignes , & porter des Fafcines.
pour combler le Foffé. Ony acourut
du Camp avec un Gros , pour les
défendre , mais l'on s'aperçut bientoft
apres , que ce n'eftoit qu'une
fauffe Attaque , pour favorifer un
Convoy qui paffa de l'autre cofté,
fans que ceux du Camp puffent s'opofer
a fon paffage , les Affiégez.
ayant fait une Sortie , pourfoûtenir
ceux qui conduifoient le Convoy.
Vous fçavez que je me fuis trouve
en plufieurs occafions à l'Armée ;
mais je n'ayjamais vû un fi grand
feu , pendant plus de trois heures
que cela dura.
la
La feconde fois , apres que
Garde fat montée , & que chacun
fut pris fes Poftes , l'on commença
GALANT. 27
par avancer les Bateries plus prés
de la Place , afin de ruiner les Paliffades
, & obliger des troupes qui
étoient dans les Dehors , à fe retirer.
Les Affiégez firent une Sortie,
& à la faveur d'une pluye de Grenades
qu'ils jetterent à ceux qui
gardoient des Bateries , ils s'en ren
dirent les maiftres. Ils fe fervirent
de cette Baterie pour ruiner les
Travaux des Affiégeans ; mais elle
fut bien- toft apres regagnée , &
prefque tous ceux qui la gardoient
furent faits Prifonniers , les autres
ayant pris lafuite. Les Affiégezfe
trouvant incommodez d'une Redou
te que les Affiégeans avoient faite,
ils y firent jouer un Fourneau, ayant
fait uneSortie en mefme temps , &
y montérent à l'Affaut , & l'emportérent.
Ils ne la gardèrent pas
long- temps , car les Affiégeans la
regagnérent l'Epée à la main , à la
B 2
28 MERCURE
faveur d'une infinité de Grenades
que l'on y jettoit du Camp , pour en
chaffer ceux qui s'en étoient rendus
maîtres. On rétablit d'abord la
Bréche avec des Fafcines , & l'on
continua à avancer des Travaux,
Ily avoit ce iour - là un nombre infiny
de Gens.
Une autre fois les Affiégeans commencérent
par un Logement qu'ils
firent fur la Contrefcarpe . Ceux de
la Place lefirent fauter bien- toft
apres , par un Fourneau qu'ils firent
iouer. Ce Pofte fut encore regagné,
& le Logement refait ; ce qui obligeales
Affiégez à fe retirer dans la
Demy.lune . Cela donne lieu à la
defcente dans le Foffe . Le Mineur
fut attaché à la Demy- lume. La
Mine fit une Bréche affe confidérable
, & les Affiégeans montérent
à l'Affaut avec une vigueur & une
chaleur digne de ceux que ie vous
GALANT. 29
ay nommez. Apres le Logementfait
fur la Demy line , ceux de la Place
fe rendirent avec une Compofition
honorable. Le Canon a fait grand
bruit depart & d'autre , auffi -bien
que les Bombes , les Carcaffes & les
Grenades. Le Terrainy a efté difpu
tépied àpied , & toûjours avec un
feu continuel.
Toutes ces occafions fe font paffées
en préfence d'un grand nombre de
Perfonnes de qualité ; & les Gens
du Metier ont avoüé qu'on ne pouvoit
rien faire de plus avantageux
pourcette ieune Nobleffe.
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Résumé : LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Le marquis de L... adresse une lettre au comte de..., lieutenant du roi, pour répondre à sa demande concernant l'état de l'Académie de Monsieur Bernardi et les détails de l'attaque annuelle du Fort. Après une maladie de cinq semaines, le marquis décrit l'attaque du Fort, organisée par les gentilshommes de l'Académie. Il souligne l'application et le mérite des chefs de l'Académie, notamment Monsieur de Chateauneuf, qui a collaboré avec feu Monsieur Bernardi pour maintenir l'une des académies les plus prestigieuses d'Europe. Les préparatifs de l'attaque sont minutieusement décrits, ainsi que les participants et les différentes phases de l'assaut. Les jeunes gentilshommes ont démontré discipline et bravoure durant l'événement. De nombreuses personnes de qualité ont observé l'attaque, reconnaissant la valeur éducative et militaire de cet exercice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 157-168
Abjurations, [titre d'après la table]
Début :
Si l'Abjuration de Monsieur Vignes, Ministre de Grenoble, a fait [...]
Mots clefs :
Abjuration, Monsieur Vignes, Seigneur, Noblesse, Dauphiné, Religion prétendue réformée, Roi de Navarre, Maison d'Arbaud, Charges, Église catholique, Archevêque, Duc de Noailles, Honnêteté, Conversation, Pasteur, Erreur, Compliments
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Abjurations, [titre d'après la table]
Si l'Abjuration de Monfieur
Vignes , Miniftre de Grenoble,
a fait grand bruit dans le Dauphiné
, celle de Monfieur d'Ar
baud , Seigneur de Blanfac, originaire
d'Arles , n'en a pas moins
fait dans le Languedoc . Ce Gentilhomme
, qui eft d'une fort ancienne
Nobleffe , demeuroit à
Nifmes , à caufe qui faifoit profeffion
de la Religion Pretenduë
Réformée. Ses Prédeceffeurs qui
faifoient la mefme Profeffion , s'y
êtoient êtablis depuis cent ans.
Son Ayeul , né Catholique, avoit
changé de Religion , par l'engagement
qu'il avoit pris dans le
party du Roy de Navarre, qui fut
depois Roy de France , fous le
nom de Henry IV. Il fut honoré
par ce Monarque , de belles
& importantes Commiffions
, &
le fuivit en plufieurs Exploits.
158
MERCURE
Comme cette Maifon , fort confiderée
dans Arles , auffi bien
qu'en Languedoc , avoit toûjours
eû un zele ardent pour tout ce
qui regardoit le culte de Dieu ,
elle avoit laiffé des marques de
fa pieté dans les Eglifes fur les
Autels . Ainfi fes Armes paroiffoient
encore en beaucoup d'endroits
, jufque fur des Croix de
Marbre expofées en public , &
par des fondations de Chapelles ,
conftrutions de Tombeaux de
Marbre , & autres fondations
dans l'Eglife Cathedrale , & chez
les Dominicains. Ces objets qui
frapérent ce Gentilhomme dans
fajeuneffe , furent en quelque
maniére effacez par le fois,
qu'apportérent fes Parens & les
Miniftres de Nifmes , à le fortifier
dans les erreurs de Calvin . Il
étoit alors feul de fa maiſon , ayam
1
GALANT.
159
perdu un Frere aîné , mort au Service
du Roy en Italie , Capitaine
dans le Regiment de montpefat.
Il aimoit les belles Lettres , &
avoit acquis la plupart des Connoiffances
qui font recherchées
par les Perfonnes d'efprit . Cela
fut caufe que Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles , jetterent
les yeux fur luy , pour l'affocier
dans leur Compagnie . Cet engagement
ne fut pas un petit
motif, pour luy faire reprendre
les premiéres impreffions , qui
Juy avoient donné qulque penchant
pour l'Eglife Catholique ,
qui étoit la Religion de fes anceftres
& celle de quantité de
Parens qu'il avoit , & qu'il a encore
, parmy lefquels il y a des
Commandeurs de Malte , comme
il y a eû parmy fes Prédeceffeurs
plufieurs Evefques, & autres
160 MERCURE
que
Perſonnes reveftuës de Charges
confidérables dans Arles , telle
celle de Premiers Conful.
On compre dans cette Maiſon
jufqu'à quatre Confulats . On
peut joindre à tout cela le commerce
de devoir & d'honnefteté
qu'il avoit avec Monfieur
l'Archevefque d'Arles . Ce fçavant
Prélat , qui a toûjours efté
fi fidelle à fon Prince , & à la Religion
Catholique , ne perdoit
pas les occafions de l'exhorter à
ouvrir les yeux à la verité , & il
le faifoit d'une manière fi Apoftolique,&
fi remplie de douceur,
que Monfieur d'Arbaud a depuis
avoüé que fes follicitations , accompagnées
de fa pieté & de fon
exemple , avoient fort contribué
à le retirer de fes erreurs. Il eftoit
dans ces favorables difpofitions ,
lors qu'il alla à Montpellier auffiGALANT.
161
bien
que les autres Gentilshommes
du Languedoc , rendre fes
devoirs à Monfieur le Duc de
Noailles qui avoit eſté nommé
par le Roy pour commander en
Chef dans cette Province . Ce
Duc à qui l'on apprit la Religion
dont il eftoit , luy fit beaucoup
de careffes , & le pria de penfer
ferieufement au peril où l'avoit
mis le malheur de fa naiffance .
Cette entrevue fe paffa en complimens
; & lors que Monfieur
d'Arbaud prenoit congé de Mr
le Duc de Noailles , Monfieur
l'Evefque de Mirepoix qui eftoit
dans la Chambre avec plufieurs
autres Prélats , trouva moyen
d'engager avec luy une converfation
qui dura trois heures. Monfieur
le Comte du Roure , Monfieur
le Vicomte de Polignac ,
Monfieur le Comte de Luffan , &c
160
MERCURE
autres Perſonnes de qualité , y
affiftérent avec Meffieurs les Evêques.
On n'y agita que des matieres
de Controverfes , mais avec
beaucoup d'honnefteré & de
douceur. Cette converfation fut
fuivie de trois ou quatre autres ,
dans la Maiſon de Monfieur l'Evefque
de Mirepoix . Les raifons
que luy apporta ce Prélat furent
fi fortes, qu'ayant commencé dés
ce temps - là à eftre cenvaincu de
la verité, il le fut entierement par
les Lettres que Monfieur l'Evef
que de Mirepoix luy écrivit enfuite
fur fes doutes , & aufquelles
Monfieur d'Arbaud répondoit ,
foutenant toûjours fa Religion ,
fans pourtant fe déclarer Catholique
, quoy qu'il le fuft en effet ,
n'y ayant plus que le feul refpect
humain qui le retinſt . Il laiſſa páffer
encore deux ans ; & enfin ne
GALANT. 1161
pouvant plus résister à la Grace ,
il fit fçavoir à Monfieur de Mirepoix
, qui s'étoit rendu aux derniers
Etats de Languedoc
, qu'étant
incommodé
, il luy étoit impoffible
d'aller fi tofgle trouver à
Montpellier
; mais qu'avant la fin
des Etats , il auroit l'honneur de
le voir , pour recevoir fa Benediction
, en luy declarant qu'il vouloit
vivre & mourir Catholique.
Il fit part de cette nouvelle à
Monfieur le Cardinal de Bonfy &
à Monfieur l'Intendant
, & dés
qu'il eut un peu de ſanté , il alla
à Arles communiquer
ſon deſſein
à Monfieur l'Archevefque
, & à
Monfieur le Coadjuteur
. De là il
fe rendit à Montpellier
, où il
efperoit trouver Monfieur l'Evef
que de Nifmes , & Monfieur l'Evefque
d'Ufés , qui font fes Pafteurs
, auffi bien Monfieur
que
164
MERCURE
l'Archevefque d'Arles , puis qu'il
eft domicilié à Nifmes , & qu'il a
du Bien dans le Diocefe d'Ufés ;
mais Monfieur de Nifmes ne s'y
étant point rencontré , il n'y eut
que Monfieur d'Ufés qui reçeut
fon abjuration comme fon Pafteur
, en prefence de Monfieur
l'Evefque de Mirepoix , & de
Monfieur de Plantade Confeiller
à la Cour des Aydes , Oncle de
Madame d'Arbaud fa Femme. Le
lendemain de cette action qui fe
fit dans la Chapelle des Penitens
blancs , ce fut une réjouiffance
publique dans Montpellier du côté
des Catholiques , & une mortification
inexprimable pour tous
les Prétendus Réformez. La perte
qu'ils font enluy eft d'autant plus
grande , que connoiffant parfaitement
leur Religion , il connoiſt
préfentement toutes les erreurs
GALANT. 165
qui les devroient obliger à la
quitter. Il avoit paffé par toutes
les Claffes de ceux de fon party,
comme font Confiftoire , Deputations,
Synodes , & autres Affemblées
generales , particulieres &
fecretes qu'ils ont accoûtumé de
faire , quand le Roy le leur permet
, pour l'obfervation de leur
Difcipline . Il a paru dans toutes
avec beaucoup d'efprit & de fçavoir
, & fes grandes qualitez appuyées
du bien & de la naiffance ,
Je faifoient confiderer parmi eux
comme un Chefde leur Religion ,
dans les Villes de Nifmes d'Ufés,
& de Montpellier . Ce qui les afflige
davantage , c'est qu'outre la
crainte qu'ils ont de voir fuivre
fon exemple, il a dix Enfans qu'il
efpere ramener à l'Eglife , y en
ayant déja trois ou quatre , qui par
leur âge font devenus Catholi164
MERCURE
ques , fuivant la Declaration du
Roy. D'ailleurs l'exercice public
de la Religion Pretenduë Refor
mée , eft étably dans fa Terre de
Blanfae , où il fait fon plus ordinaire
fejour ; & comme il y a un
grand nombre de Vaffaux de
cette Religion, il pretend qu'avec
le fecours de Monfieur l'Evêque
d'Ulés,dans le Dioceſe duquel eft
cette Terre , fon exemple ne fera
pas fans fruit pour ces Devoyez .
L'accablement des vifites luy
ayant fait quitter Montpellier , il
alla à Nifmes rendre les refpects à
Monfieur l'Evêque. J'aurois peine
à exprimer les honneurs qu'il y
reçut. Meffieurs du Chapitre auffi
bien que Meffieurs du Prefidial ,
vinrent le complimenter
, ce que
firent auffi Meffieurs les Confuls
en Chaperon , avec le Corps de
Ville. On le reçut de la meſme
GALANT. 165
forte à Arles . Toute la Nobleffe,
Tous les Convens , tous les Religieux,
tous les Ordres, & prefque
tout le Peuple , allerent le vifiter.
Le Chapitre luy fit compliment
en Deputation , pour fe réjouir
avec luy de fon retour à l'Eglife ;
& Meffieurs de l'Academie Roya
le,aprés l'avoir vû chacun en particulier
, allerent en Corps luy
marquer leur joye de l'acquifition
que faifoit leur Compagnie,
d'un Confrere nouvellement converty.
Meffieurs les Confuls luy
firent le mefme honneur, en Chaperon
, & avec le Corps de Ville,
compofé d'une Nobleffe illuftre,
& l'affurérent de la fatisfaction
que le Public recevoit , de le voir
revenir enfin au fein de fa mere,
& reparer le fcandale que fes
Predeceffeurs avoient caufé à la
Ville d'Arles, & à l'Eglife Catho168
MERCURE
lique . La joye que tout le monde
a reçûë de cette Converfion , a
obligé Monfieur Sabatier,Gentilhomme
d'un merite fingulier , &
qui n'eft pas un des moindres ornemens
de l'Academie Royale
d'Arles , de faire éclater la fienne
par cette Epître .
Vignes , Miniftre de Grenoble,
a fait grand bruit dans le Dauphiné
, celle de Monfieur d'Ar
baud , Seigneur de Blanfac, originaire
d'Arles , n'en a pas moins
fait dans le Languedoc . Ce Gentilhomme
, qui eft d'une fort ancienne
Nobleffe , demeuroit à
Nifmes , à caufe qui faifoit profeffion
de la Religion Pretenduë
Réformée. Ses Prédeceffeurs qui
faifoient la mefme Profeffion , s'y
êtoient êtablis depuis cent ans.
Son Ayeul , né Catholique, avoit
changé de Religion , par l'engagement
qu'il avoit pris dans le
party du Roy de Navarre, qui fut
depois Roy de France , fous le
nom de Henry IV. Il fut honoré
par ce Monarque , de belles
& importantes Commiffions
, &
le fuivit en plufieurs Exploits.
158
MERCURE
Comme cette Maifon , fort confiderée
dans Arles , auffi bien
qu'en Languedoc , avoit toûjours
eû un zele ardent pour tout ce
qui regardoit le culte de Dieu ,
elle avoit laiffé des marques de
fa pieté dans les Eglifes fur les
Autels . Ainfi fes Armes paroiffoient
encore en beaucoup d'endroits
, jufque fur des Croix de
Marbre expofées en public , &
par des fondations de Chapelles ,
conftrutions de Tombeaux de
Marbre , & autres fondations
dans l'Eglife Cathedrale , & chez
les Dominicains. Ces objets qui
frapérent ce Gentilhomme dans
fajeuneffe , furent en quelque
maniére effacez par le fois,
qu'apportérent fes Parens & les
Miniftres de Nifmes , à le fortifier
dans les erreurs de Calvin . Il
étoit alors feul de fa maiſon , ayam
1
GALANT.
159
perdu un Frere aîné , mort au Service
du Roy en Italie , Capitaine
dans le Regiment de montpefat.
Il aimoit les belles Lettres , &
avoit acquis la plupart des Connoiffances
qui font recherchées
par les Perfonnes d'efprit . Cela
fut caufe que Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles , jetterent
les yeux fur luy , pour l'affocier
dans leur Compagnie . Cet engagement
ne fut pas un petit
motif, pour luy faire reprendre
les premiéres impreffions , qui
Juy avoient donné qulque penchant
pour l'Eglife Catholique ,
qui étoit la Religion de fes anceftres
& celle de quantité de
Parens qu'il avoit , & qu'il a encore
, parmy lefquels il y a des
Commandeurs de Malte , comme
il y a eû parmy fes Prédeceffeurs
plufieurs Evefques, & autres
160 MERCURE
que
Perſonnes reveftuës de Charges
confidérables dans Arles , telle
celle de Premiers Conful.
On compre dans cette Maiſon
jufqu'à quatre Confulats . On
peut joindre à tout cela le commerce
de devoir & d'honnefteté
qu'il avoit avec Monfieur
l'Archevefque d'Arles . Ce fçavant
Prélat , qui a toûjours efté
fi fidelle à fon Prince , & à la Religion
Catholique , ne perdoit
pas les occafions de l'exhorter à
ouvrir les yeux à la verité , & il
le faifoit d'une manière fi Apoftolique,&
fi remplie de douceur,
que Monfieur d'Arbaud a depuis
avoüé que fes follicitations , accompagnées
de fa pieté & de fon
exemple , avoient fort contribué
à le retirer de fes erreurs. Il eftoit
dans ces favorables difpofitions ,
lors qu'il alla à Montpellier auffiGALANT.
161
bien
que les autres Gentilshommes
du Languedoc , rendre fes
devoirs à Monfieur le Duc de
Noailles qui avoit eſté nommé
par le Roy pour commander en
Chef dans cette Province . Ce
Duc à qui l'on apprit la Religion
dont il eftoit , luy fit beaucoup
de careffes , & le pria de penfer
ferieufement au peril où l'avoit
mis le malheur de fa naiffance .
Cette entrevue fe paffa en complimens
; & lors que Monfieur
d'Arbaud prenoit congé de Mr
le Duc de Noailles , Monfieur
l'Evefque de Mirepoix qui eftoit
dans la Chambre avec plufieurs
autres Prélats , trouva moyen
d'engager avec luy une converfation
qui dura trois heures. Monfieur
le Comte du Roure , Monfieur
le Vicomte de Polignac ,
Monfieur le Comte de Luffan , &c
160
MERCURE
autres Perſonnes de qualité , y
affiftérent avec Meffieurs les Evêques.
On n'y agita que des matieres
de Controverfes , mais avec
beaucoup d'honnefteré & de
douceur. Cette converfation fut
fuivie de trois ou quatre autres ,
dans la Maiſon de Monfieur l'Evefque
de Mirepoix . Les raifons
que luy apporta ce Prélat furent
fi fortes, qu'ayant commencé dés
ce temps - là à eftre cenvaincu de
la verité, il le fut entierement par
les Lettres que Monfieur l'Evef
que de Mirepoix luy écrivit enfuite
fur fes doutes , & aufquelles
Monfieur d'Arbaud répondoit ,
foutenant toûjours fa Religion ,
fans pourtant fe déclarer Catholique
, quoy qu'il le fuft en effet ,
n'y ayant plus que le feul refpect
humain qui le retinſt . Il laiſſa páffer
encore deux ans ; & enfin ne
GALANT. 1161
pouvant plus résister à la Grace ,
il fit fçavoir à Monfieur de Mirepoix
, qui s'étoit rendu aux derniers
Etats de Languedoc
, qu'étant
incommodé
, il luy étoit impoffible
d'aller fi tofgle trouver à
Montpellier
; mais qu'avant la fin
des Etats , il auroit l'honneur de
le voir , pour recevoir fa Benediction
, en luy declarant qu'il vouloit
vivre & mourir Catholique.
Il fit part de cette nouvelle à
Monfieur le Cardinal de Bonfy &
à Monfieur l'Intendant
, & dés
qu'il eut un peu de ſanté , il alla
à Arles communiquer
ſon deſſein
à Monfieur l'Archevefque
, & à
Monfieur le Coadjuteur
. De là il
fe rendit à Montpellier
, où il
efperoit trouver Monfieur l'Evef
que de Nifmes , & Monfieur l'Evefque
d'Ufés , qui font fes Pafteurs
, auffi bien Monfieur
que
164
MERCURE
l'Archevefque d'Arles , puis qu'il
eft domicilié à Nifmes , & qu'il a
du Bien dans le Diocefe d'Ufés ;
mais Monfieur de Nifmes ne s'y
étant point rencontré , il n'y eut
que Monfieur d'Ufés qui reçeut
fon abjuration comme fon Pafteur
, en prefence de Monfieur
l'Evefque de Mirepoix , & de
Monfieur de Plantade Confeiller
à la Cour des Aydes , Oncle de
Madame d'Arbaud fa Femme. Le
lendemain de cette action qui fe
fit dans la Chapelle des Penitens
blancs , ce fut une réjouiffance
publique dans Montpellier du côté
des Catholiques , & une mortification
inexprimable pour tous
les Prétendus Réformez. La perte
qu'ils font enluy eft d'autant plus
grande , que connoiffant parfaitement
leur Religion , il connoiſt
préfentement toutes les erreurs
GALANT. 165
qui les devroient obliger à la
quitter. Il avoit paffé par toutes
les Claffes de ceux de fon party,
comme font Confiftoire , Deputations,
Synodes , & autres Affemblées
generales , particulieres &
fecretes qu'ils ont accoûtumé de
faire , quand le Roy le leur permet
, pour l'obfervation de leur
Difcipline . Il a paru dans toutes
avec beaucoup d'efprit & de fçavoir
, & fes grandes qualitez appuyées
du bien & de la naiffance ,
Je faifoient confiderer parmi eux
comme un Chefde leur Religion ,
dans les Villes de Nifmes d'Ufés,
& de Montpellier . Ce qui les afflige
davantage , c'est qu'outre la
crainte qu'ils ont de voir fuivre
fon exemple, il a dix Enfans qu'il
efpere ramener à l'Eglife , y en
ayant déja trois ou quatre , qui par
leur âge font devenus Catholi164
MERCURE
ques , fuivant la Declaration du
Roy. D'ailleurs l'exercice public
de la Religion Pretenduë Refor
mée , eft étably dans fa Terre de
Blanfae , où il fait fon plus ordinaire
fejour ; & comme il y a un
grand nombre de Vaffaux de
cette Religion, il pretend qu'avec
le fecours de Monfieur l'Evêque
d'Ulés,dans le Dioceſe duquel eft
cette Terre , fon exemple ne fera
pas fans fruit pour ces Devoyez .
L'accablement des vifites luy
ayant fait quitter Montpellier , il
alla à Nifmes rendre les refpects à
Monfieur l'Evêque. J'aurois peine
à exprimer les honneurs qu'il y
reçut. Meffieurs du Chapitre auffi
bien que Meffieurs du Prefidial ,
vinrent le complimenter
, ce que
firent auffi Meffieurs les Confuls
en Chaperon , avec le Corps de
Ville. On le reçut de la meſme
GALANT. 165
forte à Arles . Toute la Nobleffe,
Tous les Convens , tous les Religieux,
tous les Ordres, & prefque
tout le Peuple , allerent le vifiter.
Le Chapitre luy fit compliment
en Deputation , pour fe réjouir
avec luy de fon retour à l'Eglife ;
& Meffieurs de l'Academie Roya
le,aprés l'avoir vû chacun en particulier
, allerent en Corps luy
marquer leur joye de l'acquifition
que faifoit leur Compagnie,
d'un Confrere nouvellement converty.
Meffieurs les Confuls luy
firent le mefme honneur, en Chaperon
, & avec le Corps de Ville,
compofé d'une Nobleffe illuftre,
& l'affurérent de la fatisfaction
que le Public recevoit , de le voir
revenir enfin au fein de fa mere,
& reparer le fcandale que fes
Predeceffeurs avoient caufé à la
Ville d'Arles, & à l'Eglife Catho168
MERCURE
lique . La joye que tout le monde
a reçûë de cette Converfion , a
obligé Monfieur Sabatier,Gentilhomme
d'un merite fingulier , &
qui n'eft pas un des moindres ornemens
de l'Academie Royale
d'Arles , de faire éclater la fienne
par cette Epître .
Fermer
Résumé : Abjurations, [titre d'après la table]
Le texte relate l'abjuration de Monsieur d'Arbaud, Seigneur de Blanfac, originaire d'Arles, qui a marqué le Languedoc. Ce gentilhomme, issu d'une ancienne famille noble, résidait à Nîmes et pratiquait la Religion Prétendue Réformée, comme ses prédécesseurs établis dans la région depuis un siècle. Son aïeul, initialement catholique, avait changé de religion en rejoignant le parti du roi de Navarre, devenu Henri IV. La famille d'Arbaud, respectée à Arles et en Languedoc, avait laissé des marques de sa piété dans les églises locales. Monsieur d'Arbaud, unique survivant de sa maison après la mort de son frère aîné au service du roi, était épris de belles-lettres et avait acquis des connaissances appréciées par les membres de l'Académie Royale d'Arles, qui souhaitaient l'y associer. Cette perspective, ainsi que les encouragements de l'archevêque d'Arles et de l'évêque de Mirepoix, l'incitèrent à reconsidérer sa foi. Lors d'une visite à Montpellier pour rencontrer le duc de Noailles, il eut plusieurs conversations avec des prélats qui le convainquirent progressivement de la vérité de la foi catholique. Après deux années de réflexion, il annonça son intention d'abjurer sa foi réformée et de se convertir au catholicisme. Il informa l'évêque de Mirepoix, le cardinal de Bonzy et l'intendant de sa décision. Il se rendit ensuite à Arles pour en parler avec l'archevêque et le coadjuteur, avant de se rendre à Montpellier où il abjura publiquement en présence de l'évêque d'Uzès et de l'évêque de Mirepoix. Cette conversion fut accueillie avec joie par les catholiques et avec consternation par les réformés, qui voyaient en lui un leader respecté. Monsieur d'Arbaud espérait également convertir ses dix enfants, plusieurs d'entre eux étant déjà catholiques. Il reçut des honneurs à Nîmes et à Arles, où toute la noblesse et le peuple vinrent le féliciter pour son retour à l'Église catholique. L'Académie Royale d'Arles exprima également sa joie d'accueillir un nouveau converti parmi ses membres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 188-262
Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Début :
Ce jeune Prince s'estant fait donner un jour la Clef [...]
Mots clefs :
Roi, Prince, Comte, Angleterre, Duc, Troupes, Colonnel, Peuple, Matelot, Ennemis, Noblesse, Vaisseaux, Gentilhomme, Fidélité, Obstacles, Seigneur, Commissaires, Habits, Royaume, Rivière, Général, Crainte, Avantage, Succès, Décès, Héritiers, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Ce
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
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Résumé : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Le texte relate les événements entourant la fuite et les tentatives de restauration du Duc d'York, futur Jacques II, et du Prince de Galles, futur Charles II. Le Duc d'York, déguisé, s'échappe d'Angleterre et parvient à embarquer malgré les réticences d'un marinier qui reconnaît son ordre de la Jarretière. Le Prince de Galles, après son évasion, suscite une révolte en Angleterre et en Écosse, mais est démasqué par le chevalier Dishinton. En 1648, Charles II tente de rallier des vaisseaux hollandais et anglais pour libérer son père, Charles Ier, mais échoue face à la résistance et à une tempête. Charles Ier est exécuté en 1649, et Charles II, proclamé roi en Écosse, cherche à venger son père. Il envoie chercher le marquis de Montrose, qui est capturé et exécuté malgré ses efforts pour rejoindre Charles II. Ce dernier, malgré les obstacles, continue ses tentatives pour restaurer la monarchie. Le texte décrit également les événements entourant le règne de Charles II en Écosse. Le roi obtient des États écossais l'autorisation de lever seize mille hommes de pied et six mille chevaux. Les commandants nommés incluent le comte de Leven pour l'infanterie et Holborne pour la cavalerie, avec Montgomery et Lefley comme adjoints. Charles II est nommé généralissime. Cependant, les troupes écossaises sont défaites par Cromwell à la bataille de Copperfpec, subissant de lourdes pertes. Cette défaite refroidit les États écossais, qui imposent des restrictions au roi et cherchent à limiter son pouvoir. Malgré ces difficultés, Charles II est couronné roi d'Écosse le 4 janvier 1651 à l'abbaye de Schoone. Après son couronnement, il marche vers l'Angleterre avec son armée, mais est finalement défait à la bataille de Worcester le 22 août 1651. Forcé de fuir, il se cache dans diverses maisons et forêts, notamment dans le célèbre 'Chêne Royal'. Avec l'aide de fidèles sujets comme George Pendrille et Milord Wilmot, il parvient à échapper à ses poursuivants et à se mettre en sécurité. Le texte relate également la fuite du roi Jacques II, déguisé en domestique, accompagné de la demoiselle Lane, vers Bristol. Déguisé grâce à un mélange d'écorces de noix et d'autres drogues, le roi parvient à éviter la reconnaissance. Leur chemin est marqué par plusieurs incidents, comme la perte d'un fer de cheval du roi, qui doit être remplacé, et des rencontres avec des cavaliers envoyés pour l'arrêter. Grâce à l'aide de fidèles sujets, dont Jean Pope et Milord Wilmot, le roi parvient à éviter les obstacles et à se cacher chez divers nobles, tels que le colonel Windhams et M. Hides. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un vaisseau, le roi s'embarque finalement à Britemhsthed en Suffolk et arrive à Fécamp en Normandie. Le voyage se déroule sans encombre, et le roi est reconnu par le capitaine du vaisseau, Tetershall. À Rouen, le roi change d'habits et se rend à Paris pour attendre les révolutions politiques. Le texte mentionne également la mort d'Olivier Cromwell et la restauration de la monarchie avec le retour du roi, proclamé par le Parlement et accueilli triomphalement à Londres. Le roi est couronné en 1661 et épouse Catherine de Portugal. Il lutte contre les factieux et remporte des victoires contre les Hollandais. Le texte se termine par la description de la mort du roi en février 1685, après une nuit d'inquiétudes et de souffrances. Le roi laisse plusieurs enfants naturels, dont Jacques Scott, duc de Monmouth, et Charles Lenox, duc de Richemont.
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4
p. 156-159
Autres Morts, [titre d'après la table]
Début :
Mr Bordel, Seigneur de Viantais, Meherry, le Heaume, la Brereche, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Avocat au parlement, Décès, Capitaine aux gardes françaises, Noblesse, Prévôt des marchands, Dame, Conseiller, Commissaire
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texteReconnaissance textuelle : Autres Morts, [titre d'après la table]
M' Bordel , Seigneur de
Viantais , Meherry , le HeauGALANT.
157
me, la Breteche , eft mort fur
la fin du dernier mois. C'étoit
un des plus anciens Avocats
du Parlement , mais plus attaché
à la Cour des Aydes
qu'ailleurs. Il travailloit pour
la plufpart des Gens d'affaires
, & avoit une parfaite intelligence
dans tout ce qui
les regardoit.
Ces morts ont efté fuivies
de celle de plufieurs autres
Perfonnes dont voicy les
noms. Meffire Jean de Séve,
Seigneur de Gomerville , cydevant
Capitaine aux Gardes
Françoiſes , mort le dixiéme
158 MERCURE
de ce mois. Il étoit d'une
bonne Nobleffe deLyonnois,
Fils de M' de Séve , quia efté
Prevoft des Marchands , &
eft mort Conſeiller d'Etat , &
Frere de M' l'Evefque d'Ar
ras .
Meffire Charles Petit, Com .
te de la Selle , Bailly & Gouverneur
des Ville & Château
de Montargis , mort le
ziéme de ce mois .
quin-
Meffire Hilaire Marcez,
Maistre des Comptes , mort
le feiziéme de ce mois.
Dame Anne Hinfelin , morte
le dix. huit . Elle étoit veuve
GALANT. 159.
de Meffire Charles Hoüel ,
Gouverneur & Lieutenant
General pour le Roy , des
Ifles de la Gardeloupe en
l'Ameriqué , Marquis & Seigneur
proprietaire des mel
mes Ifles , de Varenne , Petit-
Pré , & autres lieux .
On m'apprend auffi la
mort de Meffire Hierôme
Palluau , Confeiller au Parle
ment , & Commiffaire aux
Requeſtes du Palais .
Viantais , Meherry , le HeauGALANT.
157
me, la Breteche , eft mort fur
la fin du dernier mois. C'étoit
un des plus anciens Avocats
du Parlement , mais plus attaché
à la Cour des Aydes
qu'ailleurs. Il travailloit pour
la plufpart des Gens d'affaires
, & avoit une parfaite intelligence
dans tout ce qui
les regardoit.
Ces morts ont efté fuivies
de celle de plufieurs autres
Perfonnes dont voicy les
noms. Meffire Jean de Séve,
Seigneur de Gomerville , cydevant
Capitaine aux Gardes
Françoiſes , mort le dixiéme
158 MERCURE
de ce mois. Il étoit d'une
bonne Nobleffe deLyonnois,
Fils de M' de Séve , quia efté
Prevoft des Marchands , &
eft mort Conſeiller d'Etat , &
Frere de M' l'Evefque d'Ar
ras .
Meffire Charles Petit, Com .
te de la Selle , Bailly & Gouverneur
des Ville & Château
de Montargis , mort le
ziéme de ce mois .
quin-
Meffire Hilaire Marcez,
Maistre des Comptes , mort
le feiziéme de ce mois.
Dame Anne Hinfelin , morte
le dix. huit . Elle étoit veuve
GALANT. 159.
de Meffire Charles Hoüel ,
Gouverneur & Lieutenant
General pour le Roy , des
Ifles de la Gardeloupe en
l'Ameriqué , Marquis & Seigneur
proprietaire des mel
mes Ifles , de Varenne , Petit-
Pré , & autres lieux .
On m'apprend auffi la
mort de Meffire Hierôme
Palluau , Confeiller au Parle
ment , & Commiffaire aux
Requeſtes du Palais .
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Résumé : Autres Morts, [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décès récents de personnalités notables. Me Bordel, Seigneur de Viantais et Meherry, avocat au Parlement, est décédé à la fin du mois précédent. Il était connu pour son expertise en tant qu'avocat pour des gens d'affaires à la Cour des Aydes. Me Jean de Séve, Seigneur de Gomerville et capitaine aux Gardes Françaises, est mort le dixième du mois. Issu d'une noble famille du Lyonnais, il était le fils de Me de Séve, ancien Prévôt des Marchands et Conseiller d'État, et le frère de l'Évêque d'Arras. Me Charles Petit, Comte de la Selle, Bailly et Gouverneur de Montargis, est décédé le onzième du mois. Me Hilaire Marcez, Maître des Comptes, est mort le seizième du mois. Dame Anne Hinfelin, veuve de Me Charles Houël, Gouverneur des îles de la Guadeloupe et Marquis, est décédée le dix-huitième du mois. Enfin, Me Jérôme Palluau, Conseiller au Parlement et Commissaire aux Requestes du Palais, est également décédé.
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5
p. 239-241
Madame de Villers-Canivet est benie Abbesse de ce Monastere, [titre d'après la table]
Début :
Sa Majesté ayant permis il y a quelque temps que [...]
Mots clefs :
Abbesse, Sa Majesté, Prieuré, Religieuses Bernardines, Abbaye, Nomination, Cérémonie, Noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Madame de Villers-Canivet est benie Abbesse de ce Monastere, [titre d'après la table]
Sa Majeſté ayant permis il
y a quelque temps que le
Prieuré des Religieuſes Bernardines
de Villers- Canivet,
du Dioceſe de Sez en Normandie
, fuſt érigé en Abbaye
à la confideration de
Dame Anne de Souvré, dont
l'Illuſtre Maiſon eft connuë
de toute la France , & l'ayant
nommée pour en eſtre la premiere
Abbeffe , M' l'Evefque
de Bayeux aſſiſté d'un grand
nombre d'Eccleſiaſtiques, fit
le 4. de ce mois la Cerémo
240 MERCURE
nie de la benir dans l'Eglife
de cette Abbaye. Elle estoie
accompagnée des Dames
Abbeffes d'Almeneſche &
de Vignats.Tout ſe pafla dans
cette action avec unepompe
& une magnificence extraordinaire
, & quoy que la
plus confiderable Nobleſſe
du Pays ſe fuſt rendue dans
l'Eglife , & qu'ily fuſtaccouru
un Peuple innombrable,
ily eut un fi bon ordre , que
la grande foule n'apporta aucune
confufion. La Ceremo
nie fut terminée par un ſçavant
& fort beau Difcours
que
GALANT. 241
que prononça ce Prélat , ſur
les obligations & les devoirs
d'une Abbeſſe à l'égard de
ſes Religieuſes , aprés quoy
il fut régalé ſplendidement
avec toutes les Perſonnes de
marque qui estoient venuës
des environs.
y a quelque temps que le
Prieuré des Religieuſes Bernardines
de Villers- Canivet,
du Dioceſe de Sez en Normandie
, fuſt érigé en Abbaye
à la confideration de
Dame Anne de Souvré, dont
l'Illuſtre Maiſon eft connuë
de toute la France , & l'ayant
nommée pour en eſtre la premiere
Abbeffe , M' l'Evefque
de Bayeux aſſiſté d'un grand
nombre d'Eccleſiaſtiques, fit
le 4. de ce mois la Cerémo
240 MERCURE
nie de la benir dans l'Eglife
de cette Abbaye. Elle estoie
accompagnée des Dames
Abbeffes d'Almeneſche &
de Vignats.Tout ſe pafla dans
cette action avec unepompe
& une magnificence extraordinaire
, & quoy que la
plus confiderable Nobleſſe
du Pays ſe fuſt rendue dans
l'Eglife , & qu'ily fuſtaccouru
un Peuple innombrable,
ily eut un fi bon ordre , que
la grande foule n'apporta aucune
confufion. La Ceremo
nie fut terminée par un ſçavant
& fort beau Difcours
que
GALANT. 241
que prononça ce Prélat , ſur
les obligations & les devoirs
d'une Abbeſſe à l'égard de
ſes Religieuſes , aprés quoy
il fut régalé ſplendidement
avec toutes les Perſonnes de
marque qui estoient venuës
des environs.
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6
p. 302-307
M. de Chasteaugonthier receu en survivance à la Charge de Président au Mortier du Parlement de Paris, que possède M. le Président de Bailleul son Pere, [titre d'après la table]
Début :
Mr le Président de Bailleul a fait paroistre tant de zéle [...]
Mots clefs :
Mr le Président de Bailleul, Zèle, Sa Majesté, Récompense, Parlement de Paris, Fils, Voyages, Maison de Chasteaugontier, Ambassadeur, Charge, Lieutenant civil, Chancelier, Angleterre, Venise, Marquise , Noblesse
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texteReconnaissance textuelle : M. de Chasteaugonthier receu en survivance à la Charge de Président au Mortier du Parlement de Paris, que possède M. le Président de Bailleul son Pere, [titre d'après la table]
Male Préfident de Bailleul
a fait paroiſtre tant de zéle
pour les ſervice du Roy &
pour le bien de l'Etat en plu
ſieurs occaſions , que Sa Majesté
qui cherche toûjours à
récompenfer le vray mérite,
abien voulu luy accorder la
ſurvivance de ſa Charge de
Préſident au Mortier au Par-p
lement de Paris , pour Mode
Chaſteaugontier , ſon Fils,
Conſeillerdans le meſme Par
lement , avec toutes les dill
penfes
menter ligrace que ce grand
nſes qui pouvoient au
GALANTM 303
joyez par las
Monarque luy a faite. Tout !
le monde en témoigne icy
beaucoup de joye
haute eftime qu'on a pourq
ce Préſident , dont la Mais
ſon eſt une des plus Nobles
de Normandie , où lespaño
ceſtres acquirent beaucoup
de gloire aux Voyages de
laTerre Sainte , & à la Conqueſte
d'Angleterre. MeffireT
Nicolas de Bailleul, fon Pere,ol
a eſté le premier de cette
Maiſon, qui ſe ſoit mis dans
la Robe. Il fut Conſeiller au
Parlement , & enfuite Maisq
ſtre des Requeſtes. Les mar304
MERCURE
ques d'habileté qu'il donna
dans cette Charge , obligérent
le feu Roy à luy confier
diverſesCommiffions des plus
importantes, dont il s'acquita
avec grandſuccés . Sa Majesté
l'envoya Ambaſſadeur en Savoye
; & à ſon retour , Elle
le nommaPréfident auGrand
Conſeil.Quoy que cetteCharge
fuft conſidérable , il s'en
démit pour accepter celle de
Lieutenant Civil de Paris. Il
fut éleu Prevoſt des Marchands
quelque temps apres ,
& continué pendant fix années.
En 1627. on le receut
GALANT. 305
Préſident au Mortier. Il fute
fait Chancelier de la feuë
Reyne Mere Anne d'Auftri
che, & enfin Miniſtre d'Etat :
&Sur- Intendant des Finances.
Ilmourut en 1652. apres
avoir rendu de nouveau de
grands ſervices pendant les ,
Guerres Civiles , & fur tout
dans les temps auſquels il ſe
trouva à la teſte du Parlemér..
Il laiſſa d'Elifabeth Mallier ſa
feconde Femme , Dame d'u--
ne vertu genéralement admirée
, Fille deM' du Houf
fay , Conſeiller d'Etat & In--
tendant des Finantes , &
Avril 1685. Gc
1306 MERCURE
Scoeur de feu M. FEvefque de
Tarbes, cy devantAmbaffadeuràVenise&
vers les Prin
coesd'Italie, Meffire Louys de
Bailleul , aujourd'huy Préfi
dent au Mortier, dontjevous
parle,Madame la Marquife
du Tillet veuverde Modu
Tillet , Préfident à la Cham
bre des Comptes de Paris;
Madame la Marquise diUxe
les veuve deMelle Marquis
d'Uxelles , Lieutenant General
des Armées de Sa Maje
Até Lieutenant de Royzen
Bourgogne, & Gouverneur
de la Ville & Citadellede
EGADANIM. 397
Chalons, &MadamelaMarquiſe
de S.Germain, veuve de
Mile Marquis de Saint Ger
main,Gouverneur de laHaute
& Baffe Marche. Vous voyez
parlà combien d'illuftres AL
Jiances fans celles quej'obmets/
comme plus éloignées,
accompagnent laNobleffe&
le merite deMl de Chasteau .
Gontier,dont la Femme,Fille
edepMidella Cour des Bois,
Maistre des Requeſtes ,joint
à des qualitez extraordinaireso
l'avantage d'eftre un
des plus grands Partys de
Barillas
a fait paroiſtre tant de zéle
pour les ſervice du Roy &
pour le bien de l'Etat en plu
ſieurs occaſions , que Sa Majesté
qui cherche toûjours à
récompenfer le vray mérite,
abien voulu luy accorder la
ſurvivance de ſa Charge de
Préſident au Mortier au Par-p
lement de Paris , pour Mode
Chaſteaugontier , ſon Fils,
Conſeillerdans le meſme Par
lement , avec toutes les dill
penfes
menter ligrace que ce grand
nſes qui pouvoient au
GALANTM 303
joyez par las
Monarque luy a faite. Tout !
le monde en témoigne icy
beaucoup de joye
haute eftime qu'on a pourq
ce Préſident , dont la Mais
ſon eſt une des plus Nobles
de Normandie , où lespaño
ceſtres acquirent beaucoup
de gloire aux Voyages de
laTerre Sainte , & à la Conqueſte
d'Angleterre. MeffireT
Nicolas de Bailleul, fon Pere,ol
a eſté le premier de cette
Maiſon, qui ſe ſoit mis dans
la Robe. Il fut Conſeiller au
Parlement , & enfuite Maisq
ſtre des Requeſtes. Les mar304
MERCURE
ques d'habileté qu'il donna
dans cette Charge , obligérent
le feu Roy à luy confier
diverſesCommiffions des plus
importantes, dont il s'acquita
avec grandſuccés . Sa Majesté
l'envoya Ambaſſadeur en Savoye
; & à ſon retour , Elle
le nommaPréfident auGrand
Conſeil.Quoy que cetteCharge
fuft conſidérable , il s'en
démit pour accepter celle de
Lieutenant Civil de Paris. Il
fut éleu Prevoſt des Marchands
quelque temps apres ,
& continué pendant fix années.
En 1627. on le receut
GALANT. 305
Préſident au Mortier. Il fute
fait Chancelier de la feuë
Reyne Mere Anne d'Auftri
che, & enfin Miniſtre d'Etat :
&Sur- Intendant des Finances.
Ilmourut en 1652. apres
avoir rendu de nouveau de
grands ſervices pendant les ,
Guerres Civiles , & fur tout
dans les temps auſquels il ſe
trouva à la teſte du Parlemér..
Il laiſſa d'Elifabeth Mallier ſa
feconde Femme , Dame d'u--
ne vertu genéralement admirée
, Fille deM' du Houf
fay , Conſeiller d'Etat & In--
tendant des Finantes , &
Avril 1685. Gc
1306 MERCURE
Scoeur de feu M. FEvefque de
Tarbes, cy devantAmbaffadeuràVenise&
vers les Prin
coesd'Italie, Meffire Louys de
Bailleul , aujourd'huy Préfi
dent au Mortier, dontjevous
parle,Madame la Marquife
du Tillet veuverde Modu
Tillet , Préfident à la Cham
bre des Comptes de Paris;
Madame la Marquise diUxe
les veuve deMelle Marquis
d'Uxelles , Lieutenant General
des Armées de Sa Maje
Até Lieutenant de Royzen
Bourgogne, & Gouverneur
de la Ville & Citadellede
EGADANIM. 397
Chalons, &MadamelaMarquiſe
de S.Germain, veuve de
Mile Marquis de Saint Ger
main,Gouverneur de laHaute
& Baffe Marche. Vous voyez
parlà combien d'illuftres AL
Jiances fans celles quej'obmets/
comme plus éloignées,
accompagnent laNobleffe&
le merite deMl de Chasteau .
Gontier,dont la Femme,Fille
edepMidella Cour des Bois,
Maistre des Requeſtes ,joint
à des qualitez extraordinaireso
l'avantage d'eftre un
des plus grands Partys de
Barillas
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7
p. 108-119
ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
Début :
Depuis que les Prix ont esté donnez, on a sceu que / Toy, par qui les Mortels rendent leurs noms celebres, [...]
Mots clefs :
Éducation, Terreur, Prix de poésie, Roi, Noblesse, Héros, Écoles, Fils, Filles, Portrait, Louis, Bienfaits, Trône, Protecteur des arts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
donnez, on a
sceu que
les deux Discours qui ont
Concouru sur cette mesme
matiere, estoient, l'un de Mcj l'AbbéRaguenet,& l'autre
de MrdeClervillç. Ils mentent tent l'un &c l'autreJde grandes louanges, ayant écrit
d'une maniérétres-noble, &
faitleportrait delaPatience
Chrestienne avec des traits
vifs qui la font aimer. Le
sujetsque Mrs de l'Academie
avoient donné pour le Prix
de Poësie,estoit l'éducation
de laNoblesse dans lesEcoles des Gentilshommes, &
dans la Maison de S. Cir,
Vous seriez contente de la
,.
--, - -,
-'
mianiere dont Mademoisel
le des Houlieres l'a traité»
quand mesme l'estime que
vous avez pour son nom &
l'interest que vous devez
prendre à tout ce qui fait ]
honneur à vostre Sexe, ne ]
vous engageroient pasà IirCJf
c.et Ouvrage avec plaisir.
ODE
Sur le foin que le Roy prend 4^ l'éducation da la Noblesse. T Oy, par qui les"Mortelsretî*
dent leurs noms célébrés,
Toy, quej'invoque icy pour la pre*
miere fois,
De mon ejprit confus dissipe les ter
nebres,
Etfoutiens ma timide voix,
teprojet queje faiscftbardy ,jâ
l'avoue
,
Il auroit effrayé le Pdfieur de Man.
touë
Etj'en connois tout le danger.
Mais9 Apollon, par toy si je fuk
inspirée
)
MesVerspourront desifens égaler
laduréei
Hasse-toy
,
viens m'snconwer*
»i,tf¿ dujour, tu me dois lesecours
que j'implore3
C'eficeHérossigrand,sicraint dans
irnivers,
te Protecteur des Arts, LOVIS que
l'on adose
,
[Fers.
Jî>ueje veux chanter dans mes
pepuis que chaque jour lufirs du
fein de l'onde,
1y n'as rien veu d'égal dans l'un
& l'autre monde,
Nysidigne dufoindesDieux.
,C'ejl peu pour enparler qu'un lan.
gageordinaire,
,
Etpour le bien louer, ce n-efipojnt
IlJlèZftire
Dés que l'on pourra faire mieux,
#
Ilsçait que triompher des erreurs &
desvices,
Répandre la terreur du Gange aux
flots glacez,
Elever en tous lieux de pompeux
Edifices,
Tour ungrandRoyn'efipas assiz.
Jî>uilfaut pourbien remplir cesi.
1
cre caraftere,
ght'au dessein d'arracherfin Peuple
-
a
la misere,
Cedent tous les autres projets,
Et que,quelque fierté que le Trône
demande,
bllfaut à tous momens quesa bonté
1 le rende
t
Le PeredetousifesSujets.
(1 peine a-t-il calme les troubles de
la Terre,
i
J^ue cefage Héros consulte avec la
Paix,
Les moyens deffacer les horreurs de
la Guerre
Par de mémorables bienfaits.
Il dérobe les cœursdesa jeune Nobkjji
Aux funefiesappas d'une indigne
molejfi
>
Compagne d'un trop long repos.
"France,quelsfoins pour toy prend'
ton au^ufieMaifire !
Ils s'en vont pourjamaisdans to& s
finfairenaifire
Vn nombre injiny de Heros.
Il établitpour eux des EcolesJille
vantes ( les mœurs\ ( Ou l'on régléa la sots le couUge &Î
D'où l'en les fait entrer dans
cesn
Mutes brillantes
G)ui menent aux plus grands
honncttrs.
On leur enseigne l'art de forcer des
murailles,
De bien asseoir un Camp3 de gagner
des batailles,
Etdedéfendre des remparts.
Dignes de commander au sortir de
l'enfance
,
-
ils verront Iii Victoireattachée à U
Erancê
Nefkivre que. fis Etendars?
Tel cet Eflre infinydonï LuFIS *cfil'Image,
Par lesifcrets ?effortsd'un pouvoir
,
atie,
Des dufferënspérils ou la mifire Desgage en-
»
1
SceutdcVvnrfion'Peuple
élu.
Long-tempsdans un Defiertfous de
fidelles Guides
il conduisitsespas vers les Vertus
solides,
Sources des grdndes allions,
Mtquand ileut acquis deparfaites
lumieresy
Il luyfîtfubjuguerdesNations entieres,
Terreur des autres Nations
Hais cyejt peu pour LOVIS d'élever
dansses Places
Les Fils de tantdevieux &sidelies
Guerriers,
.!<!!,i dans les champs de Mars
J
en
rnarchantsurses traces,
Ontfait des moiffins de lauriers,
four
feurs
Filles il montre autant de *
prévoyance
VMSmarne l'afilefiacrej]u'ildonne à l'in*
Contre tout ce qui la détruit;
Htpar les foins pieux d'une illufire
perflnne,
£)ue le Sort oHtrAgea, que la Vertu
couronne,
Vnsi beau dejjeinfut conduit.
Dans unsuperbe enclos ou lAflgeffi
habite,
Ou l'on fuit des rertus le sentier
épineux
,
D'un âge plein d'erreursmonfoiblc
Sexe évite
Les égarements dangereux.
D'enfans infortunez cent Familles
chargées,
Du foin de Uspourvoirse trouvent
fiulagées,
Jpjtelsecourscontreunfortingrat?
Pdr luy ce Héros paye en couronnant
leurspeines-
Lepingdont leurs AJeux ont épuisé
leurs veines
Tour la défense de l'Etat.
.dinfi dans les jardins l'on voit de
jeunes Plantes,
JZfu'on ne peut conserver que par
desfoins divers)
Vivre cf;. croiflre à l'abry des ardeurs
violentes
,
Etde la rigueurdes Hyvers.
far une habile main sans ceJlè cultivées
,
Et d'une eau vive dépure au besoin
abreuvées
,
Ellesflettriflènt dans leur temps:
Tandis qu'a la inercy des fatfons
orageuses
•
, Les autres au milieu des. campagxçs
pierrcùfes
Se flêtriffint dés leurPrintemps.
Mais quel brillant éclairvient de frâperma veuë!
.f<!!.i m'appelle? qu'entensje? &
qtt'efi-cequeje v»y?
Mon cœur efi transportéd'une joye
inconnue
,
,Zteets font ces presages pour
moy ?
Ne m'annoncent-ils point que je
verray la cheute
Des celebresRivaux avec qui je disi
pute
L'honneur de la lice où je cours?
.f<!je de gloire & quel prix! Ji le
Ciel me l'envoyé
>
Le Portrait de LOVIS à mes regards
en proye
Les occupera tousles jours.
sceu que
les deux Discours qui ont
Concouru sur cette mesme
matiere, estoient, l'un de Mcj l'AbbéRaguenet,& l'autre
de MrdeClervillç. Ils mentent tent l'un &c l'autreJde grandes louanges, ayant écrit
d'une maniérétres-noble, &
faitleportrait delaPatience
Chrestienne avec des traits
vifs qui la font aimer. Le
sujetsque Mrs de l'Academie
avoient donné pour le Prix
de Poësie,estoit l'éducation
de laNoblesse dans lesEcoles des Gentilshommes, &
dans la Maison de S. Cir,
Vous seriez contente de la
,.
--, - -,
-'
mianiere dont Mademoisel
le des Houlieres l'a traité»
quand mesme l'estime que
vous avez pour son nom &
l'interest que vous devez
prendre à tout ce qui fait ]
honneur à vostre Sexe, ne ]
vous engageroient pasà IirCJf
c.et Ouvrage avec plaisir.
ODE
Sur le foin que le Roy prend 4^ l'éducation da la Noblesse. T Oy, par qui les"Mortelsretî*
dent leurs noms célébrés,
Toy, quej'invoque icy pour la pre*
miere fois,
De mon ejprit confus dissipe les ter
nebres,
Etfoutiens ma timide voix,
teprojet queje faiscftbardy ,jâ
l'avoue
,
Il auroit effrayé le Pdfieur de Man.
touë
Etj'en connois tout le danger.
Mais9 Apollon, par toy si je fuk
inspirée
)
MesVerspourront desifens égaler
laduréei
Hasse-toy
,
viens m'snconwer*
»i,tf¿ dujour, tu me dois lesecours
que j'implore3
C'eficeHérossigrand,sicraint dans
irnivers,
te Protecteur des Arts, LOVIS que
l'on adose
,
[Fers.
Jî>ueje veux chanter dans mes
pepuis que chaque jour lufirs du
fein de l'onde,
1y n'as rien veu d'égal dans l'un
& l'autre monde,
Nysidigne dufoindesDieux.
,C'ejl peu pour enparler qu'un lan.
gageordinaire,
,
Etpour le bien louer, ce n-efipojnt
IlJlèZftire
Dés que l'on pourra faire mieux,
#
Ilsçait que triompher des erreurs &
desvices,
Répandre la terreur du Gange aux
flots glacez,
Elever en tous lieux de pompeux
Edifices,
Tour ungrandRoyn'efipas assiz.
Jî>uilfaut pourbien remplir cesi.
1
cre caraftere,
ght'au dessein d'arracherfin Peuple
-
a
la misere,
Cedent tous les autres projets,
Et que,quelque fierté que le Trône
demande,
bllfaut à tous momens quesa bonté
1 le rende
t
Le PeredetousifesSujets.
(1 peine a-t-il calme les troubles de
la Terre,
i
J^ue cefage Héros consulte avec la
Paix,
Les moyens deffacer les horreurs de
la Guerre
Par de mémorables bienfaits.
Il dérobe les cœursdesa jeune Nobkjji
Aux funefiesappas d'une indigne
molejfi
>
Compagne d'un trop long repos.
"France,quelsfoins pour toy prend'
ton au^ufieMaifire !
Ils s'en vont pourjamaisdans to& s
finfairenaifire
Vn nombre injiny de Heros.
Il établitpour eux des EcolesJille
vantes ( les mœurs\ ( Ou l'on régléa la sots le couUge &Î
D'où l'en les fait entrer dans
cesn
Mutes brillantes
G)ui menent aux plus grands
honncttrs.
On leur enseigne l'art de forcer des
murailles,
De bien asseoir un Camp3 de gagner
des batailles,
Etdedéfendre des remparts.
Dignes de commander au sortir de
l'enfance
,
-
ils verront Iii Victoireattachée à U
Erancê
Nefkivre que. fis Etendars?
Tel cet Eflre infinydonï LuFIS *cfil'Image,
Par lesifcrets ?effortsd'un pouvoir
,
atie,
Des dufferënspérils ou la mifire Desgage en-
»
1
SceutdcVvnrfion'Peuple
élu.
Long-tempsdans un Defiertfous de
fidelles Guides
il conduisitsespas vers les Vertus
solides,
Sources des grdndes allions,
Mtquand ileut acquis deparfaites
lumieresy
Il luyfîtfubjuguerdesNations entieres,
Terreur des autres Nations
Hais cyejt peu pour LOVIS d'élever
dansses Places
Les Fils de tantdevieux &sidelies
Guerriers,
.!<!!,i dans les champs de Mars
J
en
rnarchantsurses traces,
Ontfait des moiffins de lauriers,
four
feurs
Filles il montre autant de *
prévoyance
VMSmarne l'afilefiacrej]u'ildonne à l'in*
Contre tout ce qui la détruit;
Htpar les foins pieux d'une illufire
perflnne,
£)ue le Sort oHtrAgea, que la Vertu
couronne,
Vnsi beau dejjeinfut conduit.
Dans unsuperbe enclos ou lAflgeffi
habite,
Ou l'on fuit des rertus le sentier
épineux
,
D'un âge plein d'erreursmonfoiblc
Sexe évite
Les égarements dangereux.
D'enfans infortunez cent Familles
chargées,
Du foin de Uspourvoirse trouvent
fiulagées,
Jpjtelsecourscontreunfortingrat?
Pdr luy ce Héros paye en couronnant
leurspeines-
Lepingdont leurs AJeux ont épuisé
leurs veines
Tour la défense de l'Etat.
.dinfi dans les jardins l'on voit de
jeunes Plantes,
JZfu'on ne peut conserver que par
desfoins divers)
Vivre cf;. croiflre à l'abry des ardeurs
violentes
,
Etde la rigueurdes Hyvers.
far une habile main sans ceJlè cultivées
,
Et d'une eau vive dépure au besoin
abreuvées
,
Ellesflettriflènt dans leur temps:
Tandis qu'a la inercy des fatfons
orageuses
•
, Les autres au milieu des. campagxçs
pierrcùfes
Se flêtriffint dés leurPrintemps.
Mais quel brillant éclairvient de frâperma veuë!
.f<!!.i m'appelle? qu'entensje? &
qtt'efi-cequeje v»y?
Mon cœur efi transportéd'une joye
inconnue
,
,Zteets font ces presages pour
moy ?
Ne m'annoncent-ils point que je
verray la cheute
Des celebresRivaux avec qui je disi
pute
L'honneur de la lice où je cours?
.f<!je de gloire & quel prix! Ji le
Ciel me l'envoyé
>
Le Portrait de LOVIS à mes regards
en proye
Les occupera tousles jours.
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Résumé : ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
Le texte présente deux discours sur la même matière, l'un de l'Abbé Raguenet et l'autre de Monsieur de Clervillç, tous deux loués pour leur style noble et leur description vivante de la patience chrétienne. Le sujet donné par les membres de l'Académie pour le prix de poésie était l'éducation de la noblesse, tant dans les écoles des gentilshommes que dans la Maison de Saint-Cyr. Une œuvre de Mademoiselle des Houlières sur ce sujet est également mentionnée, appréciée pour sa qualité intrinsèque indépendamment de la réputation de son auteur. Une ode suit, dédiée à l'éducation de la noblesse. L'auteur invoque Apollon pour dissiper ses doutes et inspirer sa voix. Il loue le roi Louis, protecteur des arts, et chante les bienfaits de son règne. Le roi est décrit comme un héros qui arrache son peuple à la misère, consulte avec la paix pour effacer les horreurs de la guerre, et établit des écoles illustres pour former la jeunesse noble. Ces écoles enseignent l'art de la guerre et préparent les jeunes nobles à commander et à défendre la France. Le roi est également loué pour sa prévoyance envers les filles, les protégeant des dangers et les conduisant vers la vertu. Le texte compare l'éducation des jeunes plantes dans un enclos protégé à celle des jeunes nobles formés par le roi. Enfin, l'auteur exprime sa joie à la vue du portrait du roi, qui occupera tous ses regards.
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8
p. 97-109
GENEALOGIE de la Maison de la Vieuville.
Début :
Je vous appris le mois de May dernier la perte [...]
Mots clefs :
Généalogie, Maison de la Vieuville, Ordre de Malthe, Bailly, Ambassadeur, Bailly de la Vieuville, Noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GENEALOGIE de la Maison de la Vieuville.
GENEALOGIE
dela Maifondela Vieuville.
JE vous appris le mois de
May dernier la perte que
l'Ordre de Malthe avoit
faite de Monfieur le Bailly
Septembre 1712.
I
98
MERCURE
de Noailles fon Ambaſſadeur extraordinaire auprés
du Roy.
Le Grand Maiſtre vient
de choifir Monfieur le Bailly de la Vieuville pour
remplir cette Dignité ; fon
illuftre naiffance , fon merite perfonnel , & la parfaite connoiffance que ce
nouveau Miniftre a des interefts de fon Ordre , ont
engagé le Grand Maiſtre
à faire ce choix .
Le Roy qui a trouvé
bon que Monfieur le Bailly
de la Vieuville acceptaft
GALANT. 99
cette Ambaffade , l'honore
de fa bienveillance , ainfi
les affaires de Malthe ne
pouvoient eftre remiſes en
de meilleures mains.
La Maiſon de la Vieuville eft divisée en deux
branches , dont l'une eft
eftablie en Picardie : celle
dont eft forti Mr l'Ambaffadeur dont je vous parle ,
eft originaire de Bretagne
où elle eftoit diftinguée il
y a plufieurs fiecles. Le
premier qui vint en France
fur Sebaftien de la Vieuville,
Seigneur de Farbus , qui
1 ij
100 MERCURE
accompagna la Reine Anne de Bretagne lors de fon
mariage avec Charles VIII.
Id eut de Perrine de faint
Vaaft fa femme en 151
Pierre de la Vieuville Chevalier de l'Ordre du Roy,
Gentilhomme de fa Chambre, Gouverneur de Reims,
Mezieres & du Retelois.
Cathe- Il époufa en 1,39.
rine de la Tafte de Montferant , dont il eut Robert
Marquis de la Vieuville ,
grandFauconnier de France , Chevalier des Ordres
du Roy, envoyé en Am-
GALANT. 101
baffade en Allemagne pour
le fait de la Religion. Il
époula en premieres nôcès
N. de Boffut fille de Claude de Boffut feigneur de
Longueval , & d'Anne de
Linange , dont il eut Henriette de la Vieuville femme d'Antoine de Joyeufe
feigneur de faint Lambert ,
d'où defcendent les feigneurs de faint Lambert, &
les Comtes de Grandpré ;
Robert prit une feconde
alliance en 1981. avec Catherine d'O , dont il eut
Charles premier du nom Duc
I iij
102 MERCURE
de la Vieuville , Chevalier
des Ordres du Roy , premier Capitaine de ſes Gardes du Corps , grand Fauconnier de France , Surintendant des Finances en
1623. Il introduifit dans
les affaires le Cardinal de
Richelieu , qui bientoft
après le fupplanta. Après
la mort de cette Eminence,
& fous le miniſtère du Cardinal de Mazarin le Duc
de la Vieuville fut rappellé,
& fut fait une feconde fois
Surintendant des Finances.
Il avoit épousé Marie Bou-
GALANT. 103
hier , fille de Vincent Bouhier ,feigneur de Beaumarchais , dont il eut Vincent
Marquis de la Vieuville ,
mort au ſervice du Roy
d'Angleterre au combat
donné près de Newbury,
Charles II. du nom Duc de la
Vieuville qui fuit , CharlesFrançois Evefque de Rennes , Lucrece Françoife ,
mariée en 1655. avec Ambroife Duc de Bournonville, Gouverneur de Paris ,
Chevalier d'Honneur de la
Reine Anne d'Autriche ,
dont eft venuë N. de BourI j
104 MERCURE
nonville , à prefent veuve
du feu Marefchal Duc de
Noailles ; Charles mourut
à Paris en 1653. & eſt enterré dans l'Eglife des Minimes de la Place Royale
où fe voit fa fepulture.
Charles I I. du nom Duc
de la Vieuville , Chevalier
des Ordres du Roy en 1689.
Chevalier d'Honneur de la
Reine , Gouverneur de
Monfieur le Duc de Chartres , à preſent Duc d'Orleans , Gouverneur du Poitou, épousa en 1649. Françoife - Marie de Vienne ,
GALANT. 105
Comteffe de Chefteauvieux , fille unique de René
de Vienne Comte de Chateauvieux , & de Marie de
la Guefle. Il eft mort en
1689. âgé de foixante &treize ans ; il eft enterré aux
Minimes auprès de ſon Pere. De fon mariage font
venus René François , Marquis de la Vieuville qui fuit,
Charles Emanuel Comte
de Vienne Meftre de Camp
du Regiment du Roy, Cavalerie ; marié en 1685. à
N. Mitte de Chevrieres
fille du Marquis de faint
106 MERCURE
Chaumont & de SufanneCharlotte de Gramont
Toulangeon , Frere Jean
de la Vieuville , Bailly ,
Grandcroix , Ambaffadeur
extraordinaire de l'Ordre
de Malthe près Sa Majeſté,
Commandeur des Commanderies
qui eft celuy qui vient d'ef
tre fait Ambaffadeur , &
trois filles , Abbeffes & Religieufes.
René- François , Marquis de la Vieuville , cydevant Colonel du Regi
GALANT. 107
ment de Navarre , Chevalier d'Honneur de la feuë
Reine , Gouverneur de la
Province du Poitou . épou
fa en 1676. N. la MotheHoudancourt , fille de Mr
de la Mothe-Houdancourt,
Gouverneur de Corbie , &
de Catherine de Beaujeu ,
dont il a eu N. mariée au
Marquis de Neubourg , &
d'autres enfans. Il a pris
une feconde alliance en
1689. avec Marie- Louife
de la Chauffée d'Eu , fille
du feigneur de la Chauffée
d'Eu , Comte d'Arreſt , &
108 MERCURE
de Françoiſe de Sermoife
premiere Dame d'Atour de
Madame la Ducheffe de
Berry , dont il a N. mariée au Marquis de Parabcre , N. Colonel du Reginent de Berry , & d'autres
enfans.
Avant que de finir cet
article , je vous diray que
Monfieur le Bailly de la
Vieuville eft le huitiéme
Ambaffadeur extraordinai
puis le
que ceux qui font reveftus
re que les Grands Maiftres
ayent envoyé à la Cour deregne du Roy , &
GALANT. 109
de ce caractere joüiffent des
meſmes honneurs , prérogatives & avantages que
les autres Ambaffadeurs
des Teftes couronnées, tant
par l'eftime que Sa Majefté & les prédeceffeurs Rois
ont toujours euë pour cet
Ordre en general , que par
rapport à la dignité du
Grand Maistre de Malthe ,
Prince fouverain de cette
Ifle , & autres en dépendantes , & le Chef de la
plus glorieuſe Nobleſſe de
l'Europe.
dela Maifondela Vieuville.
JE vous appris le mois de
May dernier la perte que
l'Ordre de Malthe avoit
faite de Monfieur le Bailly
Septembre 1712.
I
98
MERCURE
de Noailles fon Ambaſſadeur extraordinaire auprés
du Roy.
Le Grand Maiſtre vient
de choifir Monfieur le Bailly de la Vieuville pour
remplir cette Dignité ; fon
illuftre naiffance , fon merite perfonnel , & la parfaite connoiffance que ce
nouveau Miniftre a des interefts de fon Ordre , ont
engagé le Grand Maiſtre
à faire ce choix .
Le Roy qui a trouvé
bon que Monfieur le Bailly
de la Vieuville acceptaft
GALANT. 99
cette Ambaffade , l'honore
de fa bienveillance , ainfi
les affaires de Malthe ne
pouvoient eftre remiſes en
de meilleures mains.
La Maiſon de la Vieuville eft divisée en deux
branches , dont l'une eft
eftablie en Picardie : celle
dont eft forti Mr l'Ambaffadeur dont je vous parle ,
eft originaire de Bretagne
où elle eftoit diftinguée il
y a plufieurs fiecles. Le
premier qui vint en France
fur Sebaftien de la Vieuville,
Seigneur de Farbus , qui
1 ij
100 MERCURE
accompagna la Reine Anne de Bretagne lors de fon
mariage avec Charles VIII.
Id eut de Perrine de faint
Vaaft fa femme en 151
Pierre de la Vieuville Chevalier de l'Ordre du Roy,
Gentilhomme de fa Chambre, Gouverneur de Reims,
Mezieres & du Retelois.
Cathe- Il époufa en 1,39.
rine de la Tafte de Montferant , dont il eut Robert
Marquis de la Vieuville ,
grandFauconnier de France , Chevalier des Ordres
du Roy, envoyé en Am-
GALANT. 101
baffade en Allemagne pour
le fait de la Religion. Il
époula en premieres nôcès
N. de Boffut fille de Claude de Boffut feigneur de
Longueval , & d'Anne de
Linange , dont il eut Henriette de la Vieuville femme d'Antoine de Joyeufe
feigneur de faint Lambert ,
d'où defcendent les feigneurs de faint Lambert, &
les Comtes de Grandpré ;
Robert prit une feconde
alliance en 1981. avec Catherine d'O , dont il eut
Charles premier du nom Duc
I iij
102 MERCURE
de la Vieuville , Chevalier
des Ordres du Roy , premier Capitaine de ſes Gardes du Corps , grand Fauconnier de France , Surintendant des Finances en
1623. Il introduifit dans
les affaires le Cardinal de
Richelieu , qui bientoft
après le fupplanta. Après
la mort de cette Eminence,
& fous le miniſtère du Cardinal de Mazarin le Duc
de la Vieuville fut rappellé,
& fut fait une feconde fois
Surintendant des Finances.
Il avoit épousé Marie Bou-
GALANT. 103
hier , fille de Vincent Bouhier ,feigneur de Beaumarchais , dont il eut Vincent
Marquis de la Vieuville ,
mort au ſervice du Roy
d'Angleterre au combat
donné près de Newbury,
Charles II. du nom Duc de la
Vieuville qui fuit , CharlesFrançois Evefque de Rennes , Lucrece Françoife ,
mariée en 1655. avec Ambroife Duc de Bournonville, Gouverneur de Paris ,
Chevalier d'Honneur de la
Reine Anne d'Autriche ,
dont eft venuë N. de BourI j
104 MERCURE
nonville , à prefent veuve
du feu Marefchal Duc de
Noailles ; Charles mourut
à Paris en 1653. & eſt enterré dans l'Eglife des Minimes de la Place Royale
où fe voit fa fepulture.
Charles I I. du nom Duc
de la Vieuville , Chevalier
des Ordres du Roy en 1689.
Chevalier d'Honneur de la
Reine , Gouverneur de
Monfieur le Duc de Chartres , à preſent Duc d'Orleans , Gouverneur du Poitou, épousa en 1649. Françoife - Marie de Vienne ,
GALANT. 105
Comteffe de Chefteauvieux , fille unique de René
de Vienne Comte de Chateauvieux , & de Marie de
la Guefle. Il eft mort en
1689. âgé de foixante &treize ans ; il eft enterré aux
Minimes auprès de ſon Pere. De fon mariage font
venus René François , Marquis de la Vieuville qui fuit,
Charles Emanuel Comte
de Vienne Meftre de Camp
du Regiment du Roy, Cavalerie ; marié en 1685. à
N. Mitte de Chevrieres
fille du Marquis de faint
106 MERCURE
Chaumont & de SufanneCharlotte de Gramont
Toulangeon , Frere Jean
de la Vieuville , Bailly ,
Grandcroix , Ambaffadeur
extraordinaire de l'Ordre
de Malthe près Sa Majeſté,
Commandeur des Commanderies
qui eft celuy qui vient d'ef
tre fait Ambaffadeur , &
trois filles , Abbeffes & Religieufes.
René- François , Marquis de la Vieuville , cydevant Colonel du Regi
GALANT. 107
ment de Navarre , Chevalier d'Honneur de la feuë
Reine , Gouverneur de la
Province du Poitou . épou
fa en 1676. N. la MotheHoudancourt , fille de Mr
de la Mothe-Houdancourt,
Gouverneur de Corbie , &
de Catherine de Beaujeu ,
dont il a eu N. mariée au
Marquis de Neubourg , &
d'autres enfans. Il a pris
une feconde alliance en
1689. avec Marie- Louife
de la Chauffée d'Eu , fille
du feigneur de la Chauffée
d'Eu , Comte d'Arreſt , &
108 MERCURE
de Françoiſe de Sermoife
premiere Dame d'Atour de
Madame la Ducheffe de
Berry , dont il a N. mariée au Marquis de Parabcre , N. Colonel du Reginent de Berry , & d'autres
enfans.
Avant que de finir cet
article , je vous diray que
Monfieur le Bailly de la
Vieuville eft le huitiéme
Ambaffadeur extraordinai
puis le
que ceux qui font reveftus
re que les Grands Maiftres
ayent envoyé à la Cour deregne du Roy , &
GALANT. 109
de ce caractere joüiffent des
meſmes honneurs , prérogatives & avantages que
les autres Ambaffadeurs
des Teftes couronnées, tant
par l'eftime que Sa Majefté & les prédeceffeurs Rois
ont toujours euë pour cet
Ordre en general , que par
rapport à la dignité du
Grand Maistre de Malthe ,
Prince fouverain de cette
Ifle , & autres en dépendantes , & le Chef de la
plus glorieuſe Nobleſſe de
l'Europe.
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Résumé : GENEALOGIE de la Maison de la Vieuville.
Le texte relate la nomination de Monsieur le Bailly de la Vieuville comme ambassadeur extraordinaire de l'Ordre de Malte auprès du roi. Cette décision a été prise par le Grand Maître en raison de la naissance illustre, du mérite personnel et de la connaissance approfondie des intérêts de l'Ordre du nouveau ministre. Le roi a approuvé cette nomination et a exprimé sa bienveillance envers le nouvel ambassadeur. La Maison de la Vieuville est divisée en deux branches, l'une établie en Picardie et l'autre originaire de Bretagne. Sébastien de la Vieuville fut le premier membre de cette famille à venir en France, accompagnant Anne de Bretagne lors de son mariage avec Charles VIII. La lignée inclut plusieurs personnages notables, tels que Pierre de la Vieuville, Chevalier de l'Ordre du Roi et Gouverneur de Reims, et Robert de la Vieuville, Marquis et grand fauconnier de France. Robert de la Vieuville eut plusieurs descendants, dont Charles, Duc de la Vieuville, qui introduisit le Cardinal de Richelieu dans les affaires financières et fut lui-même Surintendant des Finances. Charles II, Duc de la Vieuville, mourut en 1653 et fut enterré à Paris. Charles III, Duc de la Vieuville, épousa Françoise-Marie de Vienne et eut plusieurs enfants, dont René-François, Marquis de la Vieuville, et Jean de la Vieuville, le nouvel ambassadeur. Jean de la Vieuville est le huitième ambassadeur extraordinaire envoyé par les Grands Maîtres de Malte à la cour du roi. Les ambassadeurs de cet Ordre jouissent des mêmes honneurs, prérogatives et avantages que les autres ambassadeurs des têtes couronnées.
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9
p. 290-297
Nouvelles d'Italie.
Début :
On mande de Naples que le Viceroy a reçû un [...]
Mots clefs :
Italie, Naples, Cour de Vienne, Collateral, Vice-roi, Rebelles, Noblesse, Ordre de la Toison d'Or
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Italie.
. Gibraltar;
.,
«
'J0n mande de Naples
queleViceroy a
reçû unf
ordre de Vienne par lequel
illuy est commandé depublier tquele-Royaumede
Naples, avoir été conquis
,
& que par consequent les
Barons étoient déchus de
leursj§çfs & deleursautres
avantages, que les Napolitains étoient regardés de la
Cour de Vienne comme des
sujetsrebelles quinemeritoient aucune grâce nyla
confirmation qu'ils demandoient de leurs privileges
;
cet ordre ayant été publié
dansleCollateral
,
causa
une surprise extraordinaire
par route la Ville, quoique
plusieurs affectionnez au
Gouvernement,fissentleurs
efforts pour appaiser le petit
ple,disant
que cette Decfâ*
ration ne regardait que It.
Barons. Le 11. Octobre
tous les Sieges & CÓfP'
s'assemblerent chacun dit,
particulier & resolurent d^
tenir une assemblée genetalc) le Viceroy qui en crai*
gnoit les suites manda
l'Eleu du peuple, & luy fit
des plaintes de ce qu'ilsouffroit que ces assembleés Te
fissent sans permission, qui
luy réponditqu'il n'avoit,
pu l'empêcher parce que
toute la Ville étoit émuë
de concert, & qu'iln'étoit
pas difficile de concevoir
qu'après avoir fait tant
d'efforts & donné tant de
preuve de zele pour la Maifan d'Autriche, nonseulement ils ne
pouvoient obtenir aucune des graces
qu'on leurs avoit promis
*
mais qu'onles traitoit de
sujets rebelles & de pris
conquis, ce qui leur persuadoit qu'on cherchoit des
prétextes -pour les ruiner
entierement;leViceroy luy"
dit qu'il entroit fort dans;
ces raisons, qu'il en informeroit au plûtôtla Cour
de vienne, & qu'afin de ne
pas rendre ses offres inutiles
il prioit le peuple de d/fierer
cette assemble generale jusqu'à ce qu'il eut reçûsréponse :
le peuple se bjffa:
persuader avec peine, les
Officiers Allemans pour in..
timider les Napolitains
publient qu'il viendra firo.-
mil hommes de nouvelle
Troupes pour les réduire à
leur devoir. D'autreslettres.
plus reccntcs portent que
le mécontentement public
cft fort augmenté à cause
des frequents emprisonnemens des personnes paisïbles qu'on arreste sur fa-.
moindre dénonciation &:
sur un soupçon, surtout
par l'emprisonnement du
Duc de Bisaccia Pignarelli,
Coulin du Prince de Cellamaré;iilétoit accuséd'avoir
eu correspondance avec le
Cardinal del Giudice fort
O'ncle,& fous ce pretexte
on envoya un Officier le
trouver à une de fcsTwres
où il luy iignifn l'ordre
de comparoistre devant
le Viceroy, fous peine de
trente mil Ecus, il fut
obligé de se faire porter à
Naples malgré une fievre
violente & ensuiteau Palais,
où il se justifia pleinement,
il fut renvoyé en samaison
où le lendemain il fut arrêté
& conduit au Château Saine
Elme où il est gardé étroitement. On assure que le
Prince dela Villa Caraccioli
& le Duc de Bruzzano Carassa, beau frere du Duc de
Popoliont été aussideman- t.
dés;la Cour de Vienne fait
ses efforts pour adoucir ces
procédés envers te principale Noblesse par des grâces
faites à quelques uns, ayaftt
envoyé la Toison d'or au
Prince de San SeveroSangro & à Don Livio
Odescalchi qui doit revenir à Naples pour la recevo
.,
«
'J0n mande de Naples
queleViceroy a
reçû unf
ordre de Vienne par lequel
illuy est commandé depublier tquele-Royaumede
Naples, avoir été conquis
,
& que par consequent les
Barons étoient déchus de
leursj§çfs & deleursautres
avantages, que les Napolitains étoient regardés de la
Cour de Vienne comme des
sujetsrebelles quinemeritoient aucune grâce nyla
confirmation qu'ils demandoient de leurs privileges
;
cet ordre ayant été publié
dansleCollateral
,
causa
une surprise extraordinaire
par route la Ville, quoique
plusieurs affectionnez au
Gouvernement,fissentleurs
efforts pour appaiser le petit
ple,disant
que cette Decfâ*
ration ne regardait que It.
Barons. Le 11. Octobre
tous les Sieges & CÓfP'
s'assemblerent chacun dit,
particulier & resolurent d^
tenir une assemblée genetalc) le Viceroy qui en crai*
gnoit les suites manda
l'Eleu du peuple, & luy fit
des plaintes de ce qu'ilsouffroit que ces assembleés Te
fissent sans permission, qui
luy réponditqu'il n'avoit,
pu l'empêcher parce que
toute la Ville étoit émuë
de concert, & qu'iln'étoit
pas difficile de concevoir
qu'après avoir fait tant
d'efforts & donné tant de
preuve de zele pour la Maifan d'Autriche, nonseulement ils ne
pouvoient obtenir aucune des graces
qu'on leurs avoit promis
*
mais qu'onles traitoit de
sujets rebelles & de pris
conquis, ce qui leur persuadoit qu'on cherchoit des
prétextes -pour les ruiner
entierement;leViceroy luy"
dit qu'il entroit fort dans;
ces raisons, qu'il en informeroit au plûtôtla Cour
de vienne, & qu'afin de ne
pas rendre ses offres inutiles
il prioit le peuple de d/fierer
cette assemble generale jusqu'à ce qu'il eut reçûsréponse :
le peuple se bjffa:
persuader avec peine, les
Officiers Allemans pour in..
timider les Napolitains
publient qu'il viendra firo.-
mil hommes de nouvelle
Troupes pour les réduire à
leur devoir. D'autreslettres.
plus reccntcs portent que
le mécontentement public
cft fort augmenté à cause
des frequents emprisonnemens des personnes paisïbles qu'on arreste sur fa-.
moindre dénonciation &:
sur un soupçon, surtout
par l'emprisonnement du
Duc de Bisaccia Pignarelli,
Coulin du Prince de Cellamaré;iilétoit accuséd'avoir
eu correspondance avec le
Cardinal del Giudice fort
O'ncle,& fous ce pretexte
on envoya un Officier le
trouver à une de fcsTwres
où il luy iignifn l'ordre
de comparoistre devant
le Viceroy, fous peine de
trente mil Ecus, il fut
obligé de se faire porter à
Naples malgré une fievre
violente & ensuiteau Palais,
où il se justifia pleinement,
il fut renvoyé en samaison
où le lendemain il fut arrêté
& conduit au Château Saine
Elme où il est gardé étroitement. On assure que le
Prince dela Villa Caraccioli
& le Duc de Bruzzano Carassa, beau frere du Duc de
Popoliont été aussideman- t.
dés;la Cour de Vienne fait
ses efforts pour adoucir ces
procédés envers te principale Noblesse par des grâces
faites à quelques uns, ayaftt
envoyé la Toison d'or au
Prince de San SeveroSangro & à Don Livio
Odescalchi qui doit revenir à Naples pour la recevo
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Résumé : Nouvelles d'Italie.
Au XVIIIe siècle, à Naples, le vice-roi reçoit un ordre de Vienne annonçant la conquête du royaume, entraînant la perte des privilèges des barons et des Napolitains, désormais considérés comme des sujets rebelles. Cette nouvelle suscite surprise et mécontentement. Le 11 octobre, les sièges et corporations de la ville se réunissent pour organiser une assemblée générale. Le vice-roi, inquiet, demande de reporter cette assemblée jusqu'à une réponse de Vienne. Malgré les tentatives d'apaisement, le mécontentement s'intensifie à cause des arrestations arbitraires, comme celle du Duc de Bisaccia Pignarelli, accusé de correspondance avec le Cardinal del Giudice. D'autres nobles, tels que le Prince de la Villa Caraccioli et le Duc de Bruzzano Carassa, sont également menacés. La Cour de Vienne tente de calmer les esprits en accordant des grâces à certains nobles, comme la Toison d'or au Prince de San Severo Sangro et à Don Livio Odescalchi.
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10
p. 289-295
Nouvelles de Paris.
Début :
Les Deputez d'Artois eurent audience du Roy le 5. Février [...]
Mots clefs :
Roi, Province, Excellence, Secrétaire, Marquis de Dreux, Sieur des Granges, Sieur Voisin, Clergé, Noblesse, Duchesse de Berry
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Paris.
Nouvelles de Paris.
Les Deputez d'Artois
eurent audiencedu Roy le
5. Février,& presenterent le
Cahier de la Province à Sa
Majesté,étant conduits par
le Marquis de Dreux,grand
Maître des Ceremonies, &
par le Sieur des Granges.
Ils furent presentez parle
Duc d'Elbeuf Gouverneur
de la Province, & par le
SieurVoisinMinistre & Secretaire
d'Etat.La parole
fut portée par l'Abbé de la
Croix,Prevôt de l'Eglise
d'Arras, pour le Clergé
par le Marquis de Crequy.
HentonDéputé pourla
Nobleflc-jrôc par le Sieur
AnsartdeGonnehem,De
putédu Tiers-Etat.
Le 7- laDuchesse de
Schrewsbury eut l'honneurdesaluer
Sa Majesté
dansson cabinet:elle yfut
conduiteparle Baron de
BreteuilIntroducteur de
•Arajbaââdears,êcpresentée
parlaDuchesse d'Aumont
Ellesalua aussi Monfçi
guebrJriDauphiny Mad$
me la Duchesse de Berry;
Madame, & Madame la
Duchesse d'Orléans, conduite
& presentée comme
chez le Roy. Elle prit le
Tabouret au souper de Sa
Majesté.
Le même jour le Sieur
Cornelio Bentivoglio, Archevêque
de Carthage c;
Nonce ordinaire du Pape,
eut audience particulière
du Roy»-i î-
Le 13 les Deputez des
Etats de Bretagne eurent
audience du Roy , & presenterent
le Cahier de la
Province. Ils furent presentez
par le Comte de Toulouse,
Gouverneur de la
Province, & par le Marquis
de Torcy, Ministre &
Secrétaire d'Etat.
M. le Comte de Pinto,
frere de Son Excellence
M, le Duc d'Ossune, arriva
de Madriden cette ville
la nuit du 11 au n.Février.
Le 16. M. le Duc donna
un bal magnifique.
Le 22 Son Excellence
traita magnifiquement
,
M. le Maréchal de Villars.
M. d'Albergotty, Lieu..
tenantg, eneral- des-.armé0es
du Roy;& Chevalier du
Saint Esprit.
& M.leMarquis de Torcy,
Ministre & Secretaire
d'Etat.
M.le Marquis d'Angeau.
M. le MarquisdeNesle.
M.leChevalier de Crôifc
sy
vu M. le Comte de Truzy,
& autres Seigneurs de distinction.
Mesdames la Gorritefle
-d'Evreux.
La Duchesse de Dura&)
La Marquise de Nesle.
rttlLa Marquise deTorcy,
.& autresDames. ') Lerepas fut precedé
d'un concert des plusma-
'gnifiques,:&fut suivi d'un
al3 qui dura jusquau lendemain
huit heures.
Le 26. 27. & 28. il y eut
encore des bals, où la plupart
des personnes de distinction
sont
venuës. Il y
avoit dans tous les bals que
Son Excellence a donnez
toutes fortes de rafraîchissemens
& de fruits.
Le j3. le Prince François
Ragotzi. Prince deTransylvanie
,
arrivé depuis
quelquesjours incogitto à
Paris, tous le nom du Comte
deSaaros, eut l'honneur
de saluer le Roy, quilere-
-£UC trésfavorablement.
Les Deputez d'Artois
eurent audiencedu Roy le
5. Février,& presenterent le
Cahier de la Province à Sa
Majesté,étant conduits par
le Marquis de Dreux,grand
Maître des Ceremonies, &
par le Sieur des Granges.
Ils furent presentez parle
Duc d'Elbeuf Gouverneur
de la Province, & par le
SieurVoisinMinistre & Secretaire
d'Etat.La parole
fut portée par l'Abbé de la
Croix,Prevôt de l'Eglise
d'Arras, pour le Clergé
par le Marquis de Crequy.
HentonDéputé pourla
Nobleflc-jrôc par le Sieur
AnsartdeGonnehem,De
putédu Tiers-Etat.
Le 7- laDuchesse de
Schrewsbury eut l'honneurdesaluer
Sa Majesté
dansson cabinet:elle yfut
conduiteparle Baron de
BreteuilIntroducteur de
•Arajbaââdears,êcpresentée
parlaDuchesse d'Aumont
Ellesalua aussi Monfçi
guebrJriDauphiny Mad$
me la Duchesse de Berry;
Madame, & Madame la
Duchesse d'Orléans, conduite
& presentée comme
chez le Roy. Elle prit le
Tabouret au souper de Sa
Majesté.
Le même jour le Sieur
Cornelio Bentivoglio, Archevêque
de Carthage c;
Nonce ordinaire du Pape,
eut audience particulière
du Roy»-i î-
Le 13 les Deputez des
Etats de Bretagne eurent
audience du Roy , & presenterent
le Cahier de la
Province. Ils furent presentez
par le Comte de Toulouse,
Gouverneur de la
Province, & par le Marquis
de Torcy, Ministre &
Secrétaire d'Etat.
M. le Comte de Pinto,
frere de Son Excellence
M, le Duc d'Ossune, arriva
de Madriden cette ville
la nuit du 11 au n.Février.
Le 16. M. le Duc donna
un bal magnifique.
Le 22 Son Excellence
traita magnifiquement
,
M. le Maréchal de Villars.
M. d'Albergotty, Lieu..
tenantg, eneral- des-.armé0es
du Roy;& Chevalier du
Saint Esprit.
& M.leMarquis de Torcy,
Ministre & Secretaire
d'Etat.
M.le Marquis d'Angeau.
M. le MarquisdeNesle.
M.leChevalier de Crôifc
sy
vu M. le Comte de Truzy,
& autres Seigneurs de distinction.
Mesdames la Gorritefle
-d'Evreux.
La Duchesse de Dura&)
La Marquise de Nesle.
rttlLa Marquise deTorcy,
.& autresDames. ') Lerepas fut precedé
d'un concert des plusma-
'gnifiques,:&fut suivi d'un
al3 qui dura jusquau lendemain
huit heures.
Le 26. 27. & 28. il y eut
encore des bals, où la plupart
des personnes de distinction
sont
venuës. Il y
avoit dans tous les bals que
Son Excellence a donnez
toutes fortes de rafraîchissemens
& de fruits.
Le j3. le Prince François
Ragotzi. Prince deTransylvanie
,
arrivé depuis
quelquesjours incogitto à
Paris, tous le nom du Comte
deSaaros, eut l'honneur
de saluer le Roy, quilere-
-£UC trésfavorablement.
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Résumé : Nouvelles de Paris.
Le 5 février, les députés de la province d'Artois, conduits par le Marquis de Dreux et le Sieur des Granges, présentèrent leur cahier au roi. L'Abbé de la Croix parla pour le clergé, le Marquis de Crequy pour la noblesse et le Sieur Ansart de Gonnehem pour le tiers-état. Le 7 février, la Duchesse de Schrewsbury salua le roi, accompagnée par le Baron de Breteuil. Le même jour, l'Archevêque de Carthage et Nonce ordinaire du Pape eut une audience particulière avec le roi. Le 13 février, les députés des États de Bretagne présentèrent leur cahier, introduits par le Comte de Toulouse et le Marquis de Torcy. Le 11 février, le Comte de Pinto arriva de Madrid. Le 16 février, le Duc d'Ossune organisa un bal. Le 22 février, il reçut plusieurs seigneurs et dames de distinction. Des bals eurent lieu les 26, 27 et 28 février. Le 13 mars, le Prince François Ragotzi, Prince de Transylvanie, arriva incognito à Paris et salua le roi.
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11
p. 158-160
MARIAGES.
Début :
Monsieur le Marquis de Joyeuse présomptif heritier du Comté de Grand-pré [...]
Mots clefs :
Héritier, Donation, Amiens, Noblesse
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MARIAGE S.
ManGeur le Marquis
de joyeuse présomptif heritier
du Comté de Grandpré,
par la donation entre,
vifs que Jules de Joyeuse
Comte de Grandpré son
oncle luy a faite, a épou-
Sé Mademoiselle de Roufseville
,
fille de Monsieur
de Rousseville, d'une ancienne
famille d'Amiens.
Monsieur de Montholon
Conseiller au grand
Conseil, fils de Monsieur
de Montholon Conseiller
au Cbastelet,d'une ancienne
Famille de la robe,a
épousé Mademoiselle Potier
fille de Monsieur Potier
de Novion. On a promis
d'envoyer pour le Mercure
prochain des Mémoires
sur ces familles.
Monsieur le Chevalier de
Launay cy-devant Officier
de Marine,&depuisLieutenant
aux Gardes, seigneur
de la Montagne &
neveu de Monsieurle Président
Chevalier) épousa
le 20. Mars Damoiselle
Charlotte-Angélique Daniau
de (aine Gilles fillede
feu Monsieur de S. Gilles
Conseiller auParlement de
Paris, lequel eftoic d'une
anciennenoblesse,
ManGeur le Marquis
de joyeuse présomptif heritier
du Comté de Grandpré,
par la donation entre,
vifs que Jules de Joyeuse
Comte de Grandpré son
oncle luy a faite, a épou-
Sé Mademoiselle de Roufseville
,
fille de Monsieur
de Rousseville, d'une ancienne
famille d'Amiens.
Monsieur de Montholon
Conseiller au grand
Conseil, fils de Monsieur
de Montholon Conseiller
au Cbastelet,d'une ancienne
Famille de la robe,a
épousé Mademoiselle Potier
fille de Monsieur Potier
de Novion. On a promis
d'envoyer pour le Mercure
prochain des Mémoires
sur ces familles.
Monsieur le Chevalier de
Launay cy-devant Officier
de Marine,&depuisLieutenant
aux Gardes, seigneur
de la Montagne &
neveu de Monsieurle Président
Chevalier) épousa
le 20. Mars Damoiselle
Charlotte-Angélique Daniau
de (aine Gilles fillede
feu Monsieur de S. Gilles
Conseiller auParlement de
Paris, lequel eftoic d'une
anciennenoblesse,
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Résumé : MARIAGES.
Le texte relate plusieurs mariages dans l'aristocratie et la bourgeoisie françaises. Le Marquis de Joyeuse a épousé Mademoiselle de Roufseville. Monsieur de Montholon a épousé Mademoiselle Potier. Le Chevalier de Launay a épousé Damoiselle Charlotte-Angélique Daniau de Sainte-Gilles. Des mémoires sur ces familles seront publiés dans le prochain Mercure.
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12
p. [187]-224
Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
Début :
Ce Pays-ci est maintenant fort tranquille au dedans & [...]
Mots clefs :
Côtes, Noblesse, Bourgeois, Officiers, Acadie, Abénaquis, Froid, Amérique septentrionale, Ambassade
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
dernier, d 'ùx Ambassadeurs
Iroquois de la - Nation des
Onciout arriverent au Montreal
avec deux Colliers de
porcelaine,p- resens ordin aires
des Naturels de l'Amerique
Septentrionale, l'un de ces
colliers étoit destiné pour
Ononthio
,
c'est- à
- dire
pour le Gouverneur General
& l'autre pour les Sauvages
des environs de l'lue de
Montreal.Peu de jours aprés
l'arrivée de ces Iroqois partirent
pour ?Aifilim,¡ktna(,
le sieur de Ligneri, pour les
Miamis, le sieurde Vincen-
Des pour les Ilinois, le sieur
~Ddltetres; tous Officiers de
guerre qui sçavent la langue
de ces differentesNations,
& qui en connoissent le
genie; on a envoyé en même
temps quelques Canots pour
le Detroit.
1
Dans leS- temps de l'arrivée
du Héros, Vaisseau de
cinquante pieces de canon,
commandé par le Chevalier
de Beau- Charnois de Beaumont
au commencement
d'Octobre, nos Philibustiers
sont venus mouiller dans la
rade de Québec avec une
prise Angloise qui leur avoie
été ménagée p::r les Abna fej's
Sauvages de l'Acadie& tresfidele
aux François.
On fit le 2j. du mois
d'Octobre dernier dans
nostreEglise Cathedrale un
Servicesolémnel pour feu
Monseigneur & Madame la
Dauphine, le luminaire a
été des plus beaux qu'on ait
jamais vu dans la Nouvelle
France, tour étoit parfaitement
bien entendu
,
& a e,re executé avec toute 1la
pompe imaginable) cette
relation 6nr par une choseétonnante.
Unenff-ant â"g,édd'un
an& quelques mois a été
vu par plusieurs personnes
fumer comme s'il en avoir eu
l'ha bitude depuis long-tems.
Le Canada cil peut-estre le
Puïs du monde où l'on use
le plusde tabac, & où-l'on
fume le plus, aussi- bien les
petits que les grands; c'est
une pratique & un usage universe
dans toute la Colonie,
parmi même la plufparc
de ceux qui y menent la vie
la plus fefieufe.
Les Sauvages ne font aucune
difficulté de faire de
grands feux dans les Bois
pour y allumer ce que nous
appellons ici le Calumet,
c'est- à-dire la Pipe, ils
laissent sans façon au mi-
1reu d'une Forest de grands
Arbres tousembrasez, dont
la flâme aidée par les vents
& poussée au loin, cause des
incendies qui ne sont point
rares en ce Païsci.
Iroquois de la - Nation des
Onciout arriverent au Montreal
avec deux Colliers de
porcelaine,p- resens ordin aires
des Naturels de l'Amerique
Septentrionale, l'un de ces
colliers étoit destiné pour
Ononthio
,
c'est- à
- dire
pour le Gouverneur General
& l'autre pour les Sauvages
des environs de l'lue de
Montreal.Peu de jours aprés
l'arrivée de ces Iroqois partirent
pour ?Aifilim,¡ktna(,
le sieur de Ligneri, pour les
Miamis, le sieurde Vincen-
Des pour les Ilinois, le sieur
~Ddltetres; tous Officiers de
guerre qui sçavent la langue
de ces differentesNations,
& qui en connoissent le
genie; on a envoyé en même
temps quelques Canots pour
le Detroit.
1
Dans leS- temps de l'arrivée
du Héros, Vaisseau de
cinquante pieces de canon,
commandé par le Chevalier
de Beau- Charnois de Beaumont
au commencement
d'Octobre, nos Philibustiers
sont venus mouiller dans la
rade de Québec avec une
prise Angloise qui leur avoie
été ménagée p::r les Abna fej's
Sauvages de l'Acadie& tresfidele
aux François.
On fit le 2j. du mois
d'Octobre dernier dans
nostreEglise Cathedrale un
Servicesolémnel pour feu
Monseigneur & Madame la
Dauphine, le luminaire a
été des plus beaux qu'on ait
jamais vu dans la Nouvelle
France, tour étoit parfaitement
bien entendu
,
& a e,re executé avec toute 1la
pompe imaginable) cette
relation 6nr par une choseétonnante.
Unenff-ant â"g,édd'un
an& quelques mois a été
vu par plusieurs personnes
fumer comme s'il en avoir eu
l'ha bitude depuis long-tems.
Le Canada cil peut-estre le
Puïs du monde où l'on use
le plusde tabac, & où-l'on
fume le plus, aussi- bien les
petits que les grands; c'est
une pratique & un usage universe
dans toute la Colonie,
parmi même la plufparc
de ceux qui y menent la vie
la plus fefieufe.
Les Sauvages ne font aucune
difficulté de faire de
grands feux dans les Bois
pour y allumer ce que nous
appellons ici le Calumet,
c'est- à-dire la Pipe, ils
laissent sans façon au mi-
1reu d'une Forest de grands
Arbres tousembrasez, dont
la flâme aidée par les vents
& poussée au loin, cause des
incendies qui ne sont point
rares en ce Païsci.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
Le texte décrit divers événements et pratiques en Nouvelle-France. Des Iroquois de la Nation des Onciouts apportèrent à Montréal deux colliers de porcelaine, l'un pour le Gouverneur Général et l'autre pour les Amérindiens locaux. Plusieurs officiers de guerre se rendirent ensuite auprès de différentes nations amérindiennes, accompagnés de canots vers le Detroit. En octobre, le vaisseau 'Le Héros', commandé par le Chevalier de Beau-Charnois de Beaumont, arriva à Québec. Des philibustiers français y accostèrent avec une prise anglaise, aidés par les Abénaquis de l'Acadie, fidèles aux Français. Le 2 octobre, un service solennel fut organisé dans l'église cathédrale de Québec en mémoire de feu Monseigneur et Madame la Dauphine, avec un luminaire exceptionnel. Le texte mentionne également la consommation courante de tabac au Canada, y compris chez les enfants. Les Amérindiens allument souvent des feux dans les bois pour fumer la pipe, ce qui peut provoquer des incendies. Cette pratique est répandue dans la colonie, même parmi les personnes très pieuses.
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13
p. 130-139
MARIAGES.
Début :
M. le Duc d'Olonne a épousé le Juillet Mademoiselle [...]
Mots clefs :
Mariages, Duc, Ministre, Famille, Montmorency, Couronne, Noblesse, Alliances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MAR1AGES.
M. le Due d'Olonne
a
épousé lc Juillet MademoiselledeBarbesieux,
filler de M. de Barbesieux
Ministre & Secretaire d'Etat,
& deLoüise Catherine,
de Crusso!, fille d'Emanuel
de Crussol, Duc d'Usez, sa
premiere femme, soeur de
M. le Duc d'Usez daujourd'hui,
& de M. le Comte
d'Usez. Cette Dame est petite-
fille de M. le Marquis
de Louvois, qui étoit fils
e M.le Chancelier le Teler.
Cette famille a donné
fErae des personnes de
istinction dans ce minisere
; comme ont ete M.le
Chancelier, M. de Louvois.
si.l' Archevêque deReims,
M. de Barbesieux.Toues
ces personnes font conuës
de tout le monde, &
l n'est pas necessaire de faie
l'éloge dechacunenpariculier
; il suffit de dire que
pendant leur vie ils ont rem-
Jli leurs devoirs dans le micnisteore
qune leHRoyéleur.a
Quant à M.le Duc d'O
lonne,il se nomme Charles
Paul-Sigismond de Montmorency
-
Luxembourg,
Comte souverain de LuiTe,
fils deMessire Paul-Sigismond
de Montmorency-
Luxembourg, Due de Chatillon,
& de Dame Marie-
Anne de la Tremoille,Marquise
de Royan, d'Olonne ;
&c. & quoique l'on le nomme
Due d'Olonne, il est ecpendant
Due de Chatillon ;
par la cession que M. son
pere a faite en faveur
de ce mariage, le Roy
ai ayant accordé un breet
qui lui conserve les honeurs
deDue;&le nom
u'il a pris de Duc d'Olone,
est seulement une disnction
pour connoitre le
ere d'avec le fils. Jene vous
irai rien sur la maison de
1. le Duc d'Olonne,étant
e la maison deMontmoency
,
qui nous a donné de
grands hommes &: tant
e grands Officiers de la
Couronne: je dirai seulenent
que M. le Duc de
Châtillon son pere est frere
e M. le Duc de Luxem.
bourg,Gouverneur de Nor
mandie, & Lieutenant ge!
neral des armées du Roy
de M.le Prince deTingr
Gouverneur de Valencien
nes, & aussì Lieutenantga
neral des armées du Roy
& de Madame la Príncesse
de Neuschâtel
: tous enfan
de feu M.leMaréchalDu
de Luxembourg. Et la rai.
son pour laquellejenem'ej
tens
pointsurlamaisond'S
Montmorency
,
c'est qu<«
j'en ai parlé dans le mois d1
Decembre1711. treVample!
ment, en parlant du mal
riage de M. le Prince de
Tingryavec Mademoiselle
de Harlay ,où je renvoye le
ecteur, n'en pouvant rien
lire davantage, tant pour
eurs illustrations, leurs
alliances, & les Cervices
que cette maison a rendus
à l'Etat.
M. le Marquis de Caumont,
frere de M. le Duc
le la Force, vient d'épouerMademoiselle
delaFrete.
Ce Seigneur eil: d'unc
rés
- grande & ancienne
paison de Guyenne, conuë
depuis plus de 800. ansJ1
alliée à tout ce qu'il y a de
grandesmaisons, & quiont
paru dans les occasions clef
consequence dans les guerres
avec les Comtes de Tou-jlouse
pour les Rois de France
contre les Anglois. Guillaume
Raymond, Seigneur
de Caumont, eut guerre en
son nom en 1344. contre:
Bernard Sire d'Albret. Less
services de Jacques Nompar
de Caumont, Duc des
la Force, Pair 6c MaréchalJ
de France, &ceux d'Armand
Nompar de Ca.u.
mont
~nont son fils, aussi Duc de
a Force, Pair & Maréchal
de France, deront toûjours
regardez avec veneration;
& ce fut en consideration
des services de Jacques
Nompar de Caumont
, que
e Roy Loüis XIII. érigea
enDuché les terresde Maliran
& de Mussidan en
Duché
-
Pairie sous le nom
de la Force en 1637. auquel
succeda ArmandNompar
de Caumont son fils,lequelétant
mort sans posteite
masculine
,
laDuché a
passé dans la branche de
Henry Nompar de Cau^
mont, Marquis de CastelJ
nau, son frere, dont le pe
tit-fils Jacques Nompar de
Caumont fut Duc de la-
Force,& reçû Pair en ParJ
lement le 10.Février 1678.,
De lui & de Dame Sufannc:
de Beringhenest sorti M..
le Duc de la Force, qui aj
épousé en 1698. Mademoi-.
selle de Romelet, fille de:
euessire Jean Reuzelin de;
Romelet, President à morutier
duParlement deRouën,
& de Dame Renée Boutillier
de Chavigny
; & M. 1~
Marquis de Caumont, qui
rient d'épouser MademoieMlle
deOla FreRtte.
M. le Due d'Olonne
a
épousé lc Juillet MademoiselledeBarbesieux,
filler de M. de Barbesieux
Ministre & Secretaire d'Etat,
& deLoüise Catherine,
de Crusso!, fille d'Emanuel
de Crussol, Duc d'Usez, sa
premiere femme, soeur de
M. le Duc d'Usez daujourd'hui,
& de M. le Comte
d'Usez. Cette Dame est petite-
fille de M. le Marquis
de Louvois, qui étoit fils
e M.le Chancelier le Teler.
Cette famille a donné
fErae des personnes de
istinction dans ce minisere
; comme ont ete M.le
Chancelier, M. de Louvois.
si.l' Archevêque deReims,
M. de Barbesieux.Toues
ces personnes font conuës
de tout le monde, &
l n'est pas necessaire de faie
l'éloge dechacunenpariculier
; il suffit de dire que
pendant leur vie ils ont rem-
Jli leurs devoirs dans le micnisteore
qune leHRoyéleur.a
Quant à M.le Duc d'O
lonne,il se nomme Charles
Paul-Sigismond de Montmorency
-
Luxembourg,
Comte souverain de LuiTe,
fils deMessire Paul-Sigismond
de Montmorency-
Luxembourg, Due de Chatillon,
& de Dame Marie-
Anne de la Tremoille,Marquise
de Royan, d'Olonne ;
&c. & quoique l'on le nomme
Due d'Olonne, il est ecpendant
Due de Chatillon ;
par la cession que M. son
pere a faite en faveur
de ce mariage, le Roy
ai ayant accordé un breet
qui lui conserve les honeurs
deDue;&le nom
u'il a pris de Duc d'Olone,
est seulement une disnction
pour connoitre le
ere d'avec le fils. Jene vous
irai rien sur la maison de
1. le Duc d'Olonne,étant
e la maison deMontmoency
,
qui nous a donné de
grands hommes &: tant
e grands Officiers de la
Couronne: je dirai seulenent
que M. le Duc de
Châtillon son pere est frere
e M. le Duc de Luxem.
bourg,Gouverneur de Nor
mandie, & Lieutenant ge!
neral des armées du Roy
de M.le Prince deTingr
Gouverneur de Valencien
nes, & aussì Lieutenantga
neral des armées du Roy
& de Madame la Príncesse
de Neuschâtel
: tous enfan
de feu M.leMaréchalDu
de Luxembourg. Et la rai.
son pour laquellejenem'ej
tens
pointsurlamaisond'S
Montmorency
,
c'est qu<«
j'en ai parlé dans le mois d1
Decembre1711. treVample!
ment, en parlant du mal
riage de M. le Prince de
Tingryavec Mademoiselle
de Harlay ,où je renvoye le
ecteur, n'en pouvant rien
lire davantage, tant pour
eurs illustrations, leurs
alliances, & les Cervices
que cette maison a rendus
à l'Etat.
M. le Marquis de Caumont,
frere de M. le Duc
le la Force, vient d'épouerMademoiselle
delaFrete.
Ce Seigneur eil: d'unc
rés
- grande & ancienne
paison de Guyenne, conuë
depuis plus de 800. ansJ1
alliée à tout ce qu'il y a de
grandesmaisons, & quiont
paru dans les occasions clef
consequence dans les guerres
avec les Comtes de Tou-jlouse
pour les Rois de France
contre les Anglois. Guillaume
Raymond, Seigneur
de Caumont, eut guerre en
son nom en 1344. contre:
Bernard Sire d'Albret. Less
services de Jacques Nompar
de Caumont, Duc des
la Force, Pair 6c MaréchalJ
de France, &ceux d'Armand
Nompar de Ca.u.
mont
~nont son fils, aussi Duc de
a Force, Pair & Maréchal
de France, deront toûjours
regardez avec veneration;
& ce fut en consideration
des services de Jacques
Nompar de Caumont
, que
e Roy Loüis XIII. érigea
enDuché les terresde Maliran
& de Mussidan en
Duché
-
Pairie sous le nom
de la Force en 1637. auquel
succeda ArmandNompar
de Caumont son fils,lequelétant
mort sans posteite
masculine
,
laDuché a
passé dans la branche de
Henry Nompar de Cau^
mont, Marquis de CastelJ
nau, son frere, dont le pe
tit-fils Jacques Nompar de
Caumont fut Duc de la-
Force,& reçû Pair en ParJ
lement le 10.Février 1678.,
De lui & de Dame Sufannc:
de Beringhenest sorti M..
le Duc de la Force, qui aj
épousé en 1698. Mademoi-.
selle de Romelet, fille de:
euessire Jean Reuzelin de;
Romelet, President à morutier
duParlement deRouën,
& de Dame Renée Boutillier
de Chavigny
; & M. 1~
Marquis de Caumont, qui
rient d'épouser MademoieMlle
deOla FreRtte.
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Résumé : MARIAGES.
Le texte décrit plusieurs mariages et les lignées des familles impliquées. En juillet, le Duc d'Olonne, Charles Paul-Sigismond de Montmorency-Luxembourg, a épousé Mademoiselle de Barbesieux, fille de M. de Barbesieux, Ministre et Secrétaire d'État, et de Louise Catherine de Crussol, fille d'Emanuel de Crussol, Duc d'Uzès. La mariée est la petite-fille de M. le Marquis de Louvois, fils du Chancelier Le Tellier. La famille de la mariée a fourni des personnalités distinguées au ministère, telles que le Chancelier, M. de Louvois, l'Archevêque de Reims et M. de Barbesieux. Le Duc d'Olonne est également Duc de Châtillon et Comte souverain de Lüttich. Son père, le Duc de Châtillon, est le frère du Duc de Luxembourg, Gouverneur de Normandie, et du Prince de Tingry, Gouverneur de Valenciennes. Le Marquis de Caumont, frère du Duc de la Force, a épousé Mademoiselle de la Frete. La famille Caumont est une grande et ancienne maison de Guyenne, connue depuis plus de 800 ans. Elle est alliée à de nombreuses grandes maisons et a rendu des services notables, notamment lors des guerres contre les Anglais. Jacques Nompar de Caumont, Duc de la Force, et son fils Armand Nompar de Caumont, ont été Maréchaux de France. Le Duc de la Force actuel a épousé Mademoiselle de Romelet en 1698.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 10-19
MARIAGE.
Début :
Le 31. Juillet 1713. le Comte de Pontchartrain, Secretaire d'Etat [...]
Mots clefs :
Mariage, Noblesse, Héritage, Titres, Alliances, Service, Généalogie, Chancellerie, Cérémonie, Patrimoine
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Le 31. Juillet 1713. le Comte
de Ponrchartrain, Secretaice
d'Etat, & Commandeur
des Ordres du
Roy, épousa à Pontchartrain
Mademoifclle deLau
befpine de Verderonne;
M. l'Evêque de Chartres
les a mariez.
M. de Pontcharrrain est
fils unique de M. le Chancelier-
Garde des Sceaux de
France, Commandeur des
Ordres du Roy, Ministre
d'Etat
; & de Madame la
Chanceliere, qui est de la
Maison de Maupeou.
M. leChancelier est
fils de Louis Phelypeaux,
Seigneur de Pontchartrain
, Conseiller d'Ecir^
& President des Comités
, qui ccoic fils de
Paul Phelypeaux, Seigneur
de Pontchartrain
y
fait Secretaire
d'Etat par Henry:
le Grand.
PaulPhielypeaux fut en..
voyé à Londres, y traita ôc
conc lut la paix avec les
Prices. & sur Plenipotentiaire
du Ray au Trai-té de
Lou dun.
Il ya eu dans cette Maison
huit Secrétaires dera-t.
& cinq Commandeurs des
Ordres du Roy.
Leur genealogie se trouve
dans tant d'ouvrages &
d'archives de differens Orr
-
dres de Chevalerie
,
& est
si connue aussi bien que
leurs grandes alliances de
les services qu'ils ont rendus
à l'Etat, qu'il est inutile
d'en parler ici: de plus en
leur donnant les éloges qui
leur dont dûs, je craindrois
de blesser la modedtie attachée
à leur Maidon.
Mademoiselle de Verderonne
s'appelle Helene Angélique-
Rosalie de Laubedpine.
Elle est fille de
Claude-Estienne de Laubespine,
Comte de Verderonne,
tué à labataille de
Fleurus;& de Marie-Anne
de Festard
,
heritiere de
Beaucourt, d'une ancienne
noblesse de Picardie, qui a
pris des alliances dans les
Maisons de Rubempré, de
Rivery, de Carvoisin-d'Achy,
ôc plusieurs autres des
plus anciennes de cette
Province.
Quant à la Maison de
Laubespine, elle est fort
ancienne
J
ôc illustrée depuis
prés de deux cens ans
des premieres & principales
dignitez de l'Etat. Elle
a donné à l'Eglise plusieurs
v
Prelats considerables, un
Garde des Sceaux de France
)
deux Chanceliers des
Ordres du Roy, quatre
Commandeurs des mêmes
Ordres, deux Secretaires
d'Etat sous les Rois FrançoisPremier,
Henry II. &
sous François II. & Charles
IX. plusieurs Conseillers
d'Etat,& des Ambassadeurs
dans les principales Cours
de l'Europe : & sans encrer
dans le détail des degrez au
dessus de l'an r> 1500. on remarquera
feulement que
Claude de Laubespine, Seigneur
d'Erouville, épousa
l'an 1507. Marguerite le Ber
ruyer, Dame de la Corbiliere,
& que de cette alliance
sortirent, entr'autres
enfans, Claude de Laubespine,
Baron deChâteauneuf,
premier Secretaire
d'Etat, qui a fait la branche
des Marquis de Châteauneuf-
Surcher, alliée dans
les Maisons de la Châtre,
de Neufville-Villeroy, de
S. Chaumont, de Volvire,
Russec, de Cochesilet-Vaucelas
J
de Rouvroy-faint-
Simone de Beauvillier; ôc
se Gilles de Laubespine,
qui a faitla branche des
Marquis de Verderonne. Il
fut pere de Claude de Laubespine,
Seigneur de Verderonne
,
Commandeur &
Secretaire des Ordres du
Roy,marié l'an 1593. avec
Loüise Pot, fille de Claude
Seigneur de Rodes & de
Chemaut, Commandeur ôc
Prevôt des Ordres du Roy,
Grand Maîtredes Ceremonies
de France; 6c de Jacqueline
de la Châtre, de
laquelle il eut Loüise de
Laubespine, mariée à Jean
de Montberon, Comte de
Fontaines-Chalendray
; &
Charles de Laubespine,
Seigneur de Verderonne,
Ambassadeur en Suisse,
Chancelier de Gaston Duc
d'Orleans, & marié avec
Marie le Bray de Flacourt.
Il en eut Claude de Laubespine,
Marquis de Verderonne
, qui épousa Helene
d'Aligre, fille d'Etienne
d'Aligre Chancelier de
France, & petite-fille d'autre
Etienne d'Aligre, aussï
Chancelier de France. De
ce mariage sortit lepere de
Madame la Comtesse de
Pontchartrain, comme il
aété remarqué ci-devant.
Ceux qui voudront en
être instruits plus amplement,
pourront avoir recours
à l'histoire des Chanceliers
&Gardes des Sceaux
de France, par Antoine du
Chesne
; & à l'histoire des
grands Officiers de la Couronne
& de la Maison du
Roy, par le Pere Anselme
de l'édition de 1712.
Le 31. Juillet 1713. le Comte
de Ponrchartrain, Secretaice
d'Etat, & Commandeur
des Ordres du
Roy, épousa à Pontchartrain
Mademoifclle deLau
befpine de Verderonne;
M. l'Evêque de Chartres
les a mariez.
M. de Pontcharrrain est
fils unique de M. le Chancelier-
Garde des Sceaux de
France, Commandeur des
Ordres du Roy, Ministre
d'Etat
; & de Madame la
Chanceliere, qui est de la
Maison de Maupeou.
M. leChancelier est
fils de Louis Phelypeaux,
Seigneur de Pontchartrain
, Conseiller d'Ecir^
& President des Comités
, qui ccoic fils de
Paul Phelypeaux, Seigneur
de Pontchartrain
y
fait Secretaire
d'Etat par Henry:
le Grand.
PaulPhielypeaux fut en..
voyé à Londres, y traita ôc
conc lut la paix avec les
Prices. & sur Plenipotentiaire
du Ray au Trai-té de
Lou dun.
Il ya eu dans cette Maison
huit Secrétaires dera-t.
& cinq Commandeurs des
Ordres du Roy.
Leur genealogie se trouve
dans tant d'ouvrages &
d'archives de differens Orr
-
dres de Chevalerie
,
& est
si connue aussi bien que
leurs grandes alliances de
les services qu'ils ont rendus
à l'Etat, qu'il est inutile
d'en parler ici: de plus en
leur donnant les éloges qui
leur dont dûs, je craindrois
de blesser la modedtie attachée
à leur Maidon.
Mademoiselle de Verderonne
s'appelle Helene Angélique-
Rosalie de Laubedpine.
Elle est fille de
Claude-Estienne de Laubespine,
Comte de Verderonne,
tué à labataille de
Fleurus;& de Marie-Anne
de Festard
,
heritiere de
Beaucourt, d'une ancienne
noblesse de Picardie, qui a
pris des alliances dans les
Maisons de Rubempré, de
Rivery, de Carvoisin-d'Achy,
ôc plusieurs autres des
plus anciennes de cette
Province.
Quant à la Maison de
Laubespine, elle est fort
ancienne
J
ôc illustrée depuis
prés de deux cens ans
des premieres & principales
dignitez de l'Etat. Elle
a donné à l'Eglise plusieurs
v
Prelats considerables, un
Garde des Sceaux de France
)
deux Chanceliers des
Ordres du Roy, quatre
Commandeurs des mêmes
Ordres, deux Secretaires
d'Etat sous les Rois FrançoisPremier,
Henry II. &
sous François II. & Charles
IX. plusieurs Conseillers
d'Etat,& des Ambassadeurs
dans les principales Cours
de l'Europe : & sans encrer
dans le détail des degrez au
dessus de l'an r> 1500. on remarquera
feulement que
Claude de Laubespine, Seigneur
d'Erouville, épousa
l'an 1507. Marguerite le Ber
ruyer, Dame de la Corbiliere,
& que de cette alliance
sortirent, entr'autres
enfans, Claude de Laubespine,
Baron deChâteauneuf,
premier Secretaire
d'Etat, qui a fait la branche
des Marquis de Châteauneuf-
Surcher, alliée dans
les Maisons de la Châtre,
de Neufville-Villeroy, de
S. Chaumont, de Volvire,
Russec, de Cochesilet-Vaucelas
J
de Rouvroy-faint-
Simone de Beauvillier; ôc
se Gilles de Laubespine,
qui a faitla branche des
Marquis de Verderonne. Il
fut pere de Claude de Laubespine,
Seigneur de Verderonne
,
Commandeur &
Secretaire des Ordres du
Roy,marié l'an 1593. avec
Loüise Pot, fille de Claude
Seigneur de Rodes & de
Chemaut, Commandeur ôc
Prevôt des Ordres du Roy,
Grand Maîtredes Ceremonies
de France; 6c de Jacqueline
de la Châtre, de
laquelle il eut Loüise de
Laubespine, mariée à Jean
de Montberon, Comte de
Fontaines-Chalendray
; &
Charles de Laubespine,
Seigneur de Verderonne,
Ambassadeur en Suisse,
Chancelier de Gaston Duc
d'Orleans, & marié avec
Marie le Bray de Flacourt.
Il en eut Claude de Laubespine,
Marquis de Verderonne
, qui épousa Helene
d'Aligre, fille d'Etienne
d'Aligre Chancelier de
France, & petite-fille d'autre
Etienne d'Aligre, aussï
Chancelier de France. De
ce mariage sortit lepere de
Madame la Comtesse de
Pontchartrain, comme il
aété remarqué ci-devant.
Ceux qui voudront en
être instruits plus amplement,
pourront avoir recours
à l'histoire des Chanceliers
&Gardes des Sceaux
de France, par Antoine du
Chesne
; & à l'histoire des
grands Officiers de la Couronne
& de la Maison du
Roy, par le Pere Anselme
de l'édition de 1712.
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Résumé : MARIAGE.
Le 31 juillet 1713, le Comte de Pontchartrain, Secrétaire d'État et Commandeur des Ordres du Roi, épousa Mademoiselle de Laubespine de Verderonne. La cérémonie fut dirigée par l'Évêque de Chartres. Le Comte de Pontchartrain est le fils unique de M. le Chancelier-Garde des Sceaux de France et de Madame la Chancelière, issue de la Maison de Maupeou. La famille Pontchartrain compte huit Secrétaires d'État et cinq Commandeurs des Ordres du Roi, et leur généalogie est bien documentée dans divers ouvrages et archives. Mademoiselle de Verderonne, de son nom complet Hélène Angélique-Rosalie de Laubespine, est la fille de Claude-Estienne de Laubespine, Comte de Verderonne, tué à la bataille de Fleurus, et de Marie-Anne de Festard, héritière de Beaucourt, issue d'une ancienne noblesse de Picardie. La Maison de Laubespine est illustre depuis près de deux cents ans et a occupé de hautes fonctions dans l'État, notamment des prélats, des Gardes des Sceaux, des Chanceliers des Ordres du Roi, des Secrétaires d'État, et des ambassadeurs dans les principales cours d'Europe. La généalogie détaillée de la famille peut être trouvée dans des ouvrages tels que l'histoire des Chanceliers et Gardes des Sceaux de France par Antoine du Chesne et l'histoire des grands Officiers de la Couronne et de la Maison du Roi par le Père Anselme.
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15
p. 169-188
MARIAGE.
Début :
Le Marquis de Prie, Aide de Camp de Monsiegneur le [...]
Mots clefs :
Mariage, Marquis, Ambassadeur, Noblesse, Lignées , Familles, Titres, Alliances, Ancêtres, Aristocratie
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Le Marquis de Prie, Aide
de Camp de Monseigneur le
Duc de Bourgogne en 1702.
& 1703.Colonel d'un Regiment
de Dragons
,
nommé
en 1713.Ambassadeur pour
le Roy auprès du Roy de Sicile
,
épousa le 28. Décembre
Agnès Berthelor, fille d'Etienne
Berthelot, Ecuyer, Seigneur
de Pleneuf
,
&c. Conseiller
du Royen ses Conseils,
Directeur General de l'Artilletie
de France, & d'Agnès
~Rioult Düilly. Etienne Berthelot
de Pleneuf, cil fils de
François Bert helot
,
Conseillet
d'Etat & Secretaire des
Commandemens de feuë Madame
la Dauphine
,
qui eut
neuf enfans
,
six garçons: * N Berthelot de Joy
,
Secretaire
des Commandemens
en survivance ; Etienne Berthelot
de Pleneuf, pere de la
Marquise de Prie ; Jean-Baptiste
Berthelot de Duchy;N..
Berthelot de S. Alban, morr
Capitaine au Régiment du
Roy;N. Berthelot de Rebourfeau
,
Brigadier & Colonet
du Regiment de Bretagne;
& N. Berthelot de S. Laurent.
Trois filles: la premiere
épousa Mr Dombreval,Avocat
General de la Cour des
Aides; la seconde
,
le Maréchal
de Matignon ; la troisiéme,
M1 le President de Novion,
President à Mortier au
Parlement de Paris.
La Maison de ~Piiecft une
des plus anciennes & des plus
illustres du Royaume : elle a
produit de grands Hommes,
& diversOfficiers de la Couronne.
Jean de Prie I du
nom, Seigneur de Buzancois
(x. de Moulinsen Berry, vivoiten
nôj. Philippes do
Prie, Seigneur de Buzancois
& de Montpoupon, Sénéchal
de Beaucaire & de Nismes,
servir au Siege d'Ypres
l'an 1318. & en d'autres Sieges.
Il avoit épouséIsabeau
de Sainte Maure, de laquelle
il eut plusieurs enfans, entr'-
autres Jean de Prie, Seigneur
de ~Buzancois, & Capitaine de
la Rochelle quiservit dans les
Armées des Rois Philippes de
Valois, & Jean, & se signalaau
Siege de la Charité, &
al la bataille d'Auray en 1364.
Il eut PhilippesCourault, sa
femme, Jean de Prie, Seigeur
de Busancois & de Moulins,
qui prit alliance avec Isabeau
de Chanac, dont il eut
Jean de Prie, Seigneur de Buzancois,
grand Pannetier de
France, & Ca pitaine de la
grosse Tour de Bourges, qui
fut tué l'an 1427. endéfendant
cette Placecontre les
Anglois; Antoine de Prie,
Chevalier Seigneur de Busancois,
de Montpoupon & de
Moulins, étoit grand Queux
de France, l'an 1431. Il épou- sa Madeleined'Amboise ,
fille d'Hugues d'Amboife^Sei*-
gneur de Chaumont , &cv
dont ilcu-t'.ilioiiis-dc Pryc,
René Cardinal, & Aimar,
Radegonde, Religieuse à
Poissy,morteen1501.Chariorcc,
Mauec à Geofroy de
Chabannes, Seigneur de la
Palisse,& Catherine, femme
de Loüis du Puy
,
Seineur du
Coudray en Berry.
Loiiis de Prye, Seigneur de
Buzancois,Chambellan du
Roy & grand Queux de France,
épou sa Jeanne deSalafart,
donc ileut Aimoin de Prye.
-' Aimar de Prye,Seigneur
de Montpoupon & de la
Mothe, alla à la Conqueste
de Naples avec le Roy CharlesVIII.
en1495.& setrouva
à la prise de Capouë en 1501.
& au secours de Therouannc
en 15 1 3. il fut Conseiller &
Chambellan du Roy, Grand
Maistre des Arbalestriers de
France en 1513.& Gouverneur
du saint Esprit. Ce Seigneur
épousa en premieres
nôces Claude de Traves
,
fille
de Thibaud Seigneur de Draci
, & en seconde Claudine
de la Baume, fille de Marc
Comte de Montrevel, desquelles
il a eu plusieurs enfans.
René de Prie Cardinal Eve-,
que de Bayeux ,Abbé de
Bourgüeil ;
soutenuducredit
de son coufin germain, le
Cardinal d' Amboise, il s'éleva
auxDignitez de grand Archi-
! diacre de Bourges, d'Abbé.
i de Bourg -
Dieu,de la Prée
,
d'Evêquc de ~Laboure ,
de
Limoges
,
de Bayeux, &enfin
1 à celle de Cardinal qu'il obtint
i du Pape JulesII. en 1507.
[ deux ans aprés le Cardinal de
* Priealla à Rome & s'y trou- va avec le Cardinal de Clermont,
lorsque le Pape Jules
II. prie les armes contre le
Roy Loüis XII. ce Pontise
fie arrêter le Cardinal de Clermont,&
deffendit au Cardinal
de Prie de sortir de Rome
fous peine d'être privé defcg
Benefices ; mais ces précautions
furent inutiles. Les
Cardinaux de Prie
,
de Carvaïal,
de saint Severin & quelqu'autres
se retirerent à Gennes
d'oùils vinrent à ~Pise
tenir leur Concile; ce coup
irrita furieusement le Pape,
qui les priva du Cardinalat ;
mais ils furent rétablis fous
Leon X. Le Cardinal de Prie
mourut en France "le!). Septembre151
6. & fut enterré à
l'Abbaye de la Prée,où l'on
voit son Tombeau.
Aymar de Prie IIdu nom
Marquis de Coucy
,
Baron de
Montpoupon épousa le 13.
Mars 1593. Loüise de du
Hautaner,fillede Guillaume
Seigneur de Fervaques Maréchal
de France
,
dont il eut
Aymar de Prie tué au fervicc
du Roy au Siege de Montauban,
en 162 1. Loüis & François
de Prie Baron de Plannas
de qui Marie Brochart fillede
Pierre Seigneur de Marigny, a
laissé N.dePre quia des enfans.
-
Loüis de Prie,Marquis de
ToucyépousaFrançoise de
saint Gelais fille d'Artus, Seigneur
de Lanzac
,
& de
Françoise de ~Souvré, morte
le 29. Avril 1693. dont ila
eu Charlotte de Prie mariée le
27. Fevrier ~1639. à Noël de
Bullion
,
Marquis de Gallardon,
Sei1gn)eur de Bonnelles Conseiller d'honneur au Parlement
de Paris & Commandeur
des Ordres du Roy ,
morte le 14. Novembre
1700. âgée78.de Loüise de
Prie Marquise de Toucy
Gouvernante des Enfans de
France,&Surintendante de
leurs Maisons
,
alliée le 22.
Novembre1650. àPhilippe
de la Mothe-~Houdancourc
Duc de Cardonnc Maréchal
de France, morte le 6. Janvier
1709. âgée 85. ans.
François de Prie Baron de
Plannas
,
aprés la mort de
Loiiis det Prie son aîné,
demeura le Chefde la maison.
Il épousa Marie Brochardfille
de Pierre Brochard Seigneur
de Marigny, Maistre des Requestesdel'Hôtel
de la Ville.
Il eut pour enfans Aymara
Antoine, Edme ,& Jean de
Prie.
Aymar Antoine de Prie,
âiné de la Maison
,
Baron de
Plannas &c. Maréchal de
Camp, épousa Jaqueline de
Ferrésfilleunique de N. Ferrés
dont il ~eur Leonor & Loüis
de Prie, qui a épousé Mlle.
de Pleneuf.
Roland Aymar de Prie
Abbé du Papat
,
& Leonor
de Prie Capitaine de Cavalerie.
Madame la Princesse de
Ting yJ acoucha le 30. Novembre
d'un fils, que 1on
nomme le Comte de Luxe,
Elle est femme de MclIirc
Christian Loiiis de Montmorency-
Luxembourg, comme
cy devant fous le nom de
Chevalier de Luxembourg,
& depuis son mariage fous le
nom de Prince de Tingry. Il
cd fils de feu Mr le Mare-
~chai de Luxembourg, & frere
de Mr le Duc de Luxembourg,
Gouverneur de Normandie
, premier de Mr le
Duc de Chastillon & de Madame
la Princesse de Neufchastel
; je ne puis étendre
davantage 1 Eloge de la Maison
de Montmorency que
celle que je vous ay donnée
cy-devant dans le Mercure
du mois de Décembre 1711,
lorsque je vous ay parlé du
mariage de Mondit Seigneur
le Prince de Tin^ry où je
- renvoye le Lecteur. Quand à
la famille de Madame la Princesse
de Tingry
,
elle se nomme
Marie LouisedeHarlay;
elleestfillede flire A-bilcs
de Harlay 4e du nom, Comte
de Beaumont, Conseiller
d'Etat, & de Dame Anne
RenéeduLoüet, fille du Marquis
de ~Coeijanval, Doyen
du Parlement de ~Brecagne,
& petite fille de Achiles de
Harlay 5e du nom, Comte
de Beaumont, premier Pulîdent
au Parlement de Paris,
quia rempli cette haute dignité
avec tanr d intégrité & de
gloire pendant l'espace de 18.
ans Cette famille de Harlay
descend de Gautier de Harlay,
Sergent d'armes du Roy, qui
vivoit en 1397, & depuis luy
Madame la Princesse de Tingry
est au onziémedegré.
Cette famille a donné de tresgrands
hommes, Robert de
Harlay, Baron de Monglac
a esté grand Louvetier de
France; Jean de Harlay a
esté Chevalier du Guet, à
Paris en 1461. Christophe de
Harlay, suc President à Mortier
à Paris en 1555. Achiles
deHarlay fut President à mortier,
Conseiller d'Etat, puis
Premier President. Achiles de
Harlay 20
c: du nom fut Conseiller
au Parlement, Maistre
des Requestes, Conseiller d'Erat
, puis Procureur General
en 1661. pere d'Achiles 3e.
du nom, dont j'ay parlé cydessus
& qui fut Conseiller au
Parlement, Procureur Genc*
ral, enfin premier President,
qui ~écoit l'Ayeul de Madame
la Princesse de Tingry.
Cette famille s'est divisée -
en plusieurs branches dans lesquelles
il s'est rencontré quantité
d'hommes tres illustres,
& des alliances tres ~confiierables
; entr'autres Nicolas
Auçufte de Harlay, Maistre
des Requestes, qui a esté un
tres grand Negotiateur commeila
paru dans ses Ambassades,
ayant esté Plenipotentiaire
à Francfort en 1681.
& pour la Paix generale à ~Rifvick
en 169j.
L'Eglise a eu des ~Prelacs de
distinction de cette famille
dans la branche de Chamvalon,
entrautres François de
Harlay, Abbé de S. Victor,
premier Archevesque Roüen,
& François de Harlay, son
Neveu, & son successeur à
l'Archevesché de Roüen,puis
Archevesque de Paris, Duc.
de S. Clou, en faveur de qui
le Roy Louis XIV. érigea
la Terre de S Clou en Duché
Pairie, & pour luy & ses
successeurs, Archevesques de
Paris, le Roy le fit aussi Commandeur
des ses Ordres ~cn
2664. & le nomma au Cardinalat
en 1690. pour la premiere
Promotion qui se feroit
en faveur desCouronnes:mais
la mort l'empêcha en 1695.
de recevoir cet honneur.
Le Marquis de Prie, Aide
de Camp de Monseigneur le
Duc de Bourgogne en 1702.
& 1703.Colonel d'un Regiment
de Dragons
,
nommé
en 1713.Ambassadeur pour
le Roy auprès du Roy de Sicile
,
épousa le 28. Décembre
Agnès Berthelor, fille d'Etienne
Berthelot, Ecuyer, Seigneur
de Pleneuf
,
&c. Conseiller
du Royen ses Conseils,
Directeur General de l'Artilletie
de France, & d'Agnès
~Rioult Düilly. Etienne Berthelot
de Pleneuf, cil fils de
François Bert helot
,
Conseillet
d'Etat & Secretaire des
Commandemens de feuë Madame
la Dauphine
,
qui eut
neuf enfans
,
six garçons: * N Berthelot de Joy
,
Secretaire
des Commandemens
en survivance ; Etienne Berthelot
de Pleneuf, pere de la
Marquise de Prie ; Jean-Baptiste
Berthelot de Duchy;N..
Berthelot de S. Alban, morr
Capitaine au Régiment du
Roy;N. Berthelot de Rebourfeau
,
Brigadier & Colonet
du Regiment de Bretagne;
& N. Berthelot de S. Laurent.
Trois filles: la premiere
épousa Mr Dombreval,Avocat
General de la Cour des
Aides; la seconde
,
le Maréchal
de Matignon ; la troisiéme,
M1 le President de Novion,
President à Mortier au
Parlement de Paris.
La Maison de ~Piiecft une
des plus anciennes & des plus
illustres du Royaume : elle a
produit de grands Hommes,
& diversOfficiers de la Couronne.
Jean de Prie I du
nom, Seigneur de Buzancois
(x. de Moulinsen Berry, vivoiten
nôj. Philippes do
Prie, Seigneur de Buzancois
& de Montpoupon, Sénéchal
de Beaucaire & de Nismes,
servir au Siege d'Ypres
l'an 1318. & en d'autres Sieges.
Il avoit épouséIsabeau
de Sainte Maure, de laquelle
il eut plusieurs enfans, entr'-
autres Jean de Prie, Seigneur
de ~Buzancois, & Capitaine de
la Rochelle quiservit dans les
Armées des Rois Philippes de
Valois, & Jean, & se signalaau
Siege de la Charité, &
al la bataille d'Auray en 1364.
Il eut PhilippesCourault, sa
femme, Jean de Prie, Seigeur
de Busancois & de Moulins,
qui prit alliance avec Isabeau
de Chanac, dont il eut
Jean de Prie, Seigneur de Buzancois,
grand Pannetier de
France, & Ca pitaine de la
grosse Tour de Bourges, qui
fut tué l'an 1427. endéfendant
cette Placecontre les
Anglois; Antoine de Prie,
Chevalier Seigneur de Busancois,
de Montpoupon & de
Moulins, étoit grand Queux
de France, l'an 1431. Il épou- sa Madeleined'Amboise ,
fille d'Hugues d'Amboife^Sei*-
gneur de Chaumont , &cv
dont ilcu-t'.ilioiiis-dc Pryc,
René Cardinal, & Aimar,
Radegonde, Religieuse à
Poissy,morteen1501.Chariorcc,
Mauec à Geofroy de
Chabannes, Seigneur de la
Palisse,& Catherine, femme
de Loüis du Puy
,
Seineur du
Coudray en Berry.
Loiiis de Prye, Seigneur de
Buzancois,Chambellan du
Roy & grand Queux de France,
épou sa Jeanne deSalafart,
donc ileut Aimoin de Prye.
-' Aimar de Prye,Seigneur
de Montpoupon & de la
Mothe, alla à la Conqueste
de Naples avec le Roy CharlesVIII.
en1495.& setrouva
à la prise de Capouë en 1501.
& au secours de Therouannc
en 15 1 3. il fut Conseiller &
Chambellan du Roy, Grand
Maistre des Arbalestriers de
France en 1513.& Gouverneur
du saint Esprit. Ce Seigneur
épousa en premieres
nôces Claude de Traves
,
fille
de Thibaud Seigneur de Draci
, & en seconde Claudine
de la Baume, fille de Marc
Comte de Montrevel, desquelles
il a eu plusieurs enfans.
René de Prie Cardinal Eve-,
que de Bayeux ,Abbé de
Bourgüeil ;
soutenuducredit
de son coufin germain, le
Cardinal d' Amboise, il s'éleva
auxDignitez de grand Archi-
! diacre de Bourges, d'Abbé.
i de Bourg -
Dieu,de la Prée
,
d'Evêquc de ~Laboure ,
de
Limoges
,
de Bayeux, &enfin
1 à celle de Cardinal qu'il obtint
i du Pape JulesII. en 1507.
[ deux ans aprés le Cardinal de
* Priealla à Rome & s'y trou- va avec le Cardinal de Clermont,
lorsque le Pape Jules
II. prie les armes contre le
Roy Loüis XII. ce Pontise
fie arrêter le Cardinal de Clermont,&
deffendit au Cardinal
de Prie de sortir de Rome
fous peine d'être privé defcg
Benefices ; mais ces précautions
furent inutiles. Les
Cardinaux de Prie
,
de Carvaïal,
de saint Severin & quelqu'autres
se retirerent à Gennes
d'oùils vinrent à ~Pise
tenir leur Concile; ce coup
irrita furieusement le Pape,
qui les priva du Cardinalat ;
mais ils furent rétablis fous
Leon X. Le Cardinal de Prie
mourut en France "le!). Septembre151
6. & fut enterré à
l'Abbaye de la Prée,où l'on
voit son Tombeau.
Aymar de Prie IIdu nom
Marquis de Coucy
,
Baron de
Montpoupon épousa le 13.
Mars 1593. Loüise de du
Hautaner,fillede Guillaume
Seigneur de Fervaques Maréchal
de France
,
dont il eut
Aymar de Prie tué au fervicc
du Roy au Siege de Montauban,
en 162 1. Loüis & François
de Prie Baron de Plannas
de qui Marie Brochart fillede
Pierre Seigneur de Marigny, a
laissé N.dePre quia des enfans.
-
Loüis de Prie,Marquis de
ToucyépousaFrançoise de
saint Gelais fille d'Artus, Seigneur
de Lanzac
,
& de
Françoise de ~Souvré, morte
le 29. Avril 1693. dont ila
eu Charlotte de Prie mariée le
27. Fevrier ~1639. à Noël de
Bullion
,
Marquis de Gallardon,
Sei1gn)eur de Bonnelles Conseiller d'honneur au Parlement
de Paris & Commandeur
des Ordres du Roy ,
morte le 14. Novembre
1700. âgée78.de Loüise de
Prie Marquise de Toucy
Gouvernante des Enfans de
France,&Surintendante de
leurs Maisons
,
alliée le 22.
Novembre1650. àPhilippe
de la Mothe-~Houdancourc
Duc de Cardonnc Maréchal
de France, morte le 6. Janvier
1709. âgée 85. ans.
François de Prie Baron de
Plannas
,
aprés la mort de
Loiiis det Prie son aîné,
demeura le Chefde la maison.
Il épousa Marie Brochardfille
de Pierre Brochard Seigneur
de Marigny, Maistre des Requestesdel'Hôtel
de la Ville.
Il eut pour enfans Aymara
Antoine, Edme ,& Jean de
Prie.
Aymar Antoine de Prie,
âiné de la Maison
,
Baron de
Plannas &c. Maréchal de
Camp, épousa Jaqueline de
Ferrésfilleunique de N. Ferrés
dont il ~eur Leonor & Loüis
de Prie, qui a épousé Mlle.
de Pleneuf.
Roland Aymar de Prie
Abbé du Papat
,
& Leonor
de Prie Capitaine de Cavalerie.
Madame la Princesse de
Ting yJ acoucha le 30. Novembre
d'un fils, que 1on
nomme le Comte de Luxe,
Elle est femme de MclIirc
Christian Loiiis de Montmorency-
Luxembourg, comme
cy devant fous le nom de
Chevalier de Luxembourg,
& depuis son mariage fous le
nom de Prince de Tingry. Il
cd fils de feu Mr le Mare-
~chai de Luxembourg, & frere
de Mr le Duc de Luxembourg,
Gouverneur de Normandie
, premier de Mr le
Duc de Chastillon & de Madame
la Princesse de Neufchastel
; je ne puis étendre
davantage 1 Eloge de la Maison
de Montmorency que
celle que je vous ay donnée
cy-devant dans le Mercure
du mois de Décembre 1711,
lorsque je vous ay parlé du
mariage de Mondit Seigneur
le Prince de Tin^ry où je
- renvoye le Lecteur. Quand à
la famille de Madame la Princesse
de Tingry
,
elle se nomme
Marie LouisedeHarlay;
elleestfillede flire A-bilcs
de Harlay 4e du nom, Comte
de Beaumont, Conseiller
d'Etat, & de Dame Anne
RenéeduLoüet, fille du Marquis
de ~Coeijanval, Doyen
du Parlement de ~Brecagne,
& petite fille de Achiles de
Harlay 5e du nom, Comte
de Beaumont, premier Pulîdent
au Parlement de Paris,
quia rempli cette haute dignité
avec tanr d intégrité & de
gloire pendant l'espace de 18.
ans Cette famille de Harlay
descend de Gautier de Harlay,
Sergent d'armes du Roy, qui
vivoit en 1397, & depuis luy
Madame la Princesse de Tingry
est au onziémedegré.
Cette famille a donné de tresgrands
hommes, Robert de
Harlay, Baron de Monglac
a esté grand Louvetier de
France; Jean de Harlay a
esté Chevalier du Guet, à
Paris en 1461. Christophe de
Harlay, suc President à Mortier
à Paris en 1555. Achiles
deHarlay fut President à mortier,
Conseiller d'Etat, puis
Premier President. Achiles de
Harlay 20
c: du nom fut Conseiller
au Parlement, Maistre
des Requestes, Conseiller d'Erat
, puis Procureur General
en 1661. pere d'Achiles 3e.
du nom, dont j'ay parlé cydessus
& qui fut Conseiller au
Parlement, Procureur Genc*
ral, enfin premier President,
qui ~écoit l'Ayeul de Madame
la Princesse de Tingry.
Cette famille s'est divisée -
en plusieurs branches dans lesquelles
il s'est rencontré quantité
d'hommes tres illustres,
& des alliances tres ~confiierables
; entr'autres Nicolas
Auçufte de Harlay, Maistre
des Requestes, qui a esté un
tres grand Negotiateur commeila
paru dans ses Ambassades,
ayant esté Plenipotentiaire
à Francfort en 1681.
& pour la Paix generale à ~Rifvick
en 169j.
L'Eglise a eu des ~Prelacs de
distinction de cette famille
dans la branche de Chamvalon,
entrautres François de
Harlay, Abbé de S. Victor,
premier Archevesque Roüen,
& François de Harlay, son
Neveu, & son successeur à
l'Archevesché de Roüen,puis
Archevesque de Paris, Duc.
de S. Clou, en faveur de qui
le Roy Louis XIV. érigea
la Terre de S Clou en Duché
Pairie, & pour luy & ses
successeurs, Archevesques de
Paris, le Roy le fit aussi Commandeur
des ses Ordres ~cn
2664. & le nomma au Cardinalat
en 1690. pour la premiere
Promotion qui se feroit
en faveur desCouronnes:mais
la mort l'empêcha en 1695.
de recevoir cet honneur.
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Résumé : MARIAGE.
Le texte traite des mariages et des lignées de deux familles nobles françaises : la famille de Prie et la famille Harlay. Le Marquis de Prie, aide de camp du Duc de Bourgogne en 1702 et 1703, et colonel d'un régiment de dragons en 1713, épousa Agnès Berthelot le 28 décembre. Agnès Berthelot était la fille d'Étienne Berthelot, écuyer et seigneur de Pleneuf, conseiller du roi et directeur général de l'artillerie de France. Étienne Berthelot avait neuf enfants, dont six garçons et trois filles, mariés à des personnalités influentes. La famille de Prie est décrite comme l'une des plus anciennes et illustres du royaume, ayant produit de grands hommes et divers officiers de la couronne. Plusieurs générations de la famille de Prie sont mentionnées, ainsi que leurs alliances matrimoniales et leurs rôles militaires et politiques. Par exemple, Jean de Prie, seigneur de Buzancois, servit lors du siège d'Ypres en 1318. René de Prie, cardinal et évêque de Bayeux, obtint le cardinalat en 1507. Aymar de Prie, marquis de Coucy, épousa Louise de Hautemer en 1593. Le texte mentionne également la famille Harlay, dont Marie Louise de Harlay, princesse de Tingry, est issue. Cette famille a produit de nombreux hommes illustres, tels que Robert de Harlay, grand louvetier de France, et Achille de Harlay, premier président au Parlement de Paris. François de Harlay, archevêque de Rouen et de Paris, fut élevé au cardinalat en 1690.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 188-190
MORTS.
Début :
Dame Helene de Besançon, épouse de Louis-Charles, Prince de [...]
Mots clefs :
Décès, Noblesse, Régiment, Infanterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Dame Helene de Besançon,
épouse de Louis- Charles,
Prince de Courtenay, & iiiparavant
de Messire Jean le
Brun, Maistre des Requestes
& President au Grand Conseil,
mourut le 30. Novembre.
Edme tlaugter) beigneur
deVoise & de Montrouge,
l'un des Fermiers Generaux
de Sa Majesté, mourut le 5a
Novembre
Dame Marie- Madelaine
Guerapin de Vaureal, veuve
de Messire Louis Sevin, Marquis
de Bandeville, Colonel
d'un Regiment d'Infanterie,
mort en 16-74. des blessures
qu'il reçût à la batailled'Einfheim,
mourut sans laisser
posterité le 3. Decembre
171 3. en sasoixante-quatriéme
année.
Dame Marie le Bel, veuve
de Jean de la Baune, Conseiller,
Secreraire du Roy, ~Si
Greffier en Chef au Criminel
du Parlement, mourut le 9.
Décembre
Messire Gabriel Choart,
Chevalier, Seigneur duTremblay
Surintendant de la Maison
de ~fcuë Madame la Dauphine
; mourut le 16. Decembre.
Dame Helene de Besançon,
épouse de Louis- Charles,
Prince de Courtenay, & iiiparavant
de Messire Jean le
Brun, Maistre des Requestes
& President au Grand Conseil,
mourut le 30. Novembre.
Edme tlaugter) beigneur
deVoise & de Montrouge,
l'un des Fermiers Generaux
de Sa Majesté, mourut le 5a
Novembre
Dame Marie- Madelaine
Guerapin de Vaureal, veuve
de Messire Louis Sevin, Marquis
de Bandeville, Colonel
d'un Regiment d'Infanterie,
mort en 16-74. des blessures
qu'il reçût à la batailled'Einfheim,
mourut sans laisser
posterité le 3. Decembre
171 3. en sasoixante-quatriéme
année.
Dame Marie le Bel, veuve
de Jean de la Baune, Conseiller,
Secreraire du Roy, ~Si
Greffier en Chef au Criminel
du Parlement, mourut le 9.
Décembre
Messire Gabriel Choart,
Chevalier, Seigneur duTremblay
Surintendant de la Maison
de ~fcuë Madame la Dauphine
; mourut le 16. Decembre.
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Résumé : MORTS.
En 1713, plusieurs personnalités sont décédées : Dame Hélène de Besançon le 30 novembre, Edme Thaugater le 5 novembre, Dame Marie-Madelaine Guerapin de Vaureal le 3 décembre à 74 ans, Dame Marie le Bel le 9 décembre et Messire Gabriel Choart le 16 décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 284-294
ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
Début :
Je m'acquite, Monsieur, de ce que je vous ai promis au sujet de la mort [...]
Mots clefs :
Monastère, Normandie, Canton, Religieuse, Modestie , Poésie, Gaieté, Chapelle, Noblesse, Madame de Bois de la Pierre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
ELOGE de Madame de Bois de la Pierre.
Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A.
D. V. D.
J
E m'acquite , Monsieur , de ce que
je vous ai promis au sujet de la mort
de Madame de Bois de la Pierre . Tout
notre Canton s'interesse tellement à la
Ferte que nous avons faite de cette pieuse
et sçavante Dame , qu'il a fallu laisser
passer
FEVRIER. 1731. 285
passer quelque tems pour recueillir de
ses Parens et de ses amis affligés les instructions
dont j'avois besoin pour rendre
à sa mémoire les devoirs qui lui sont
si legitimement dûs , et pour satisfaire
aussi à mon inclination et à mes engagemens.
,
par
Mais je dois vous dire Monsieur
avant toutes choses, que je n'aurois jamais,
eu cette satisfaction entiere , si je n'avois
pas été particulierement aidé la Lettre
que M. l'Abbé Morel de Breteuil ,
dont vous connoissez le mérite et la réputation
, écrivit sur ce sujet à Madame
de Courteilles , Religieuse Religieuse de Chaize-
Dieu , Monastere celebre de l'Ordre de
Fontevraud , et digne soeur de notre illustre
defunte , laquelle m'a aussi fait
l'honneur de me donner des instructions.
Cet Abbé étoit plus en état que personne
de faire connoître son veritable caractere,
et de parler dignement de ses rares qualités
, aussi a t'il fait un Portrait très - ressemblant
et des mieux executés , comme
vous le verrez dans la suite de ma Lettre.
Louise Marie de Lanfernat nâquit au
Château de Courteilles le 4. Decembre.
1663. de parens nés dans la Religion
P. R. Ils éleverent leurs Enfans dans
cette même secte ; mais Dieu ayant éclairé
en differens tems le Pere et la Mere , it's
firent
286 MERCURE DE FRANCE
firent aussi en differens tems leur abju
ration , exemple qui fut suivi des deux
filles qui composoient alors toute leur
famille , sçavoir , la Dame dont il s'agit
ici , et Madame de Courteilles , sa soeur ,
aujourd'hui, comme je l'ai dit , Religieuse
de Fontevraud ; elles eurent un frere qui
fut tué à l'Armée.
1
>
La premiere se trouvant au décès de
ses pere et mere seule heritiere de son
nom et de sa Maison en Normandie
par conséquent Dame de Courteilles le
Guerin , du Teil , de Chammoteux & c.
épousa François de l'Omosne , Seigneur
de Bois de la Pierre , Exempt des Gardes
du Corps du Roi , Chevalier de S. Louis,
lequel fut tué en 1709. à la Bataille de
Malplaquay , dont elle n'eut point d'Enfans.
Madame de Bois de la Pierre fut sensiblement
touchée de cette perte ; mais
soumise aux ordres du Ciel , elle mit à
profit son adversité , et ne s'occupa presque
plus que de sa Religion . Le tems qui
fui restoit après ses exercices de pieté fur
rempli par l'étude , et destiné à entretenir
un agréable commerce , avec un nombre
choisi de personnes vertueuses et
éclairées , ce qui a duré jusqu'à sa mort.
Pour entrer là- dessus dans quelque détail
, empruntons une meilleure plume
que
FEVRIER . 1735. 287
que la mienne. Trouvez bon , Monsieur,
que j'inserc ici la Lettre de l'illustre Abbé
dont je vous ai parlé au commencement;
vous m'en sçaurez gré , et le Public avec
yous.
גכ
Ce n'est point négligence , Madame,
c'est surprise , si j'ai differé jusqu'à ce
»jour de vous écrire ; on m'avoit assuré
>> qu'on vous avoit caché la perte que vous
avez faite agréez donc que je joigne
>> mes regrets aux vôtres , ils ne sont que
trop justes ; mais je vois un moyen in-
> nocent de les adoucir ; vous trouverez
» bon que je le mette en oeuvre pour
votre consolation et pour la mienne,
» C'est , Madame , de retracer à nos
>>yeux quelques- uns des traits qui ont
>> rendu cette chere defunte si digne de
>> l'amitié et de la veneration des person-
» nes qui la connoissoient , et qui ont eu
avec elle quelque relation ."
» Avec un esprit solide , capable des
» choses les plus relevées , et rempli des
>> lumieres que peut donner une longue
»application , Madame de Bois de la
»Pierre étoit d'une modestie admirable
» et sa bonté naturelle lui faisoit trouver
» du plaisir à converser avec les person-
»nes les plus simples , même avec des
»Enfans.
Un rare talent pour la Poësie qu'elle
avoit
288 MERCURE DE FRANCE
}
et
» avoit cultivé dès sa plus grande Jeu-
» nesse , ne lui enfla point le coeur ,
»les louanges que ce talent lui attira
» non plus que la liaison qu'il mit entre elle
» et les meilleurs esprits de son tems , ne
» la rendirent point présomptueuse. Elle
>> écrivoit en Prose avec une facilité , une
élegance , une précision qui étonnoient
» les plus habiles de ses amis , et elle en
» eut d'un génie fort au - dessus du com-
>>
>> mun.
Consultée sur toute sorte d'Ouvrages ,
» elle donnoit des avis remplis de justesse.
» Par tout y brilloient cette honnêteté et
» ces manieres gracieuses qui la firent tou-
» jours respecter des personnes qui avoient
» quelque goût pour la vraye et naïve po-
» litesse . Ce caractere domina chez elle
» dans tous les tems et dans toute sa con-
» duite.
ןכ
Sa plus forte inclination fut toujours
» d'obliger ceux qui avoient avec elle
quelque societé. Son extrême attention
» à eviter tout ce qui pourroit faire de la
» peine de sa part , lui avoit appris à dis-
» cerner les défauts opposés dans les au-
» tres. Elle y étoit bien sensible, mais elle
» étoit ingénieuse à les excuser ; les Es-
» prits vains , présomptueux , envieux
médisans , critiques , lui étoient fort à
charge ; elle se contentoit dans ces occafions
FEVRIER. 1731. 289
casions de quelques traits délicats , ca-`
» pables de corriger des personnes intel-
» ligentes et attentives , sans choquer
>> inutilement celles qui manquent de ces
» qualités.
La bonté de son coeur éclatoit sur tout
» dans sa Maison , jamais elle ne contrista
>> sans une necessité bien marquée aucun
» de ceux qui la servoient ; rien ne la fla-
» toit plus que de voir regner chez elle
» un air de gayeté et de satisfaction , et
» elle ne dédaignoit pas d'en procurer de
>> tems en tems les innocens moyens.
» A l'égard de ses amis , elle ne croyoit
» jamais avoir assez fait pour eux ; elle
prévenoit leurs demandes avec un soin
qui alloit jusqu'au scrupule , et jamais
» ils ne lui en firent d'inutiles . Elle avoit
»
» pour les pauvres et pour les affligés une
» tendresse de Mere . Nulles paroles ne
» peuvent exprimer les sentimens qu'elle
» eut pour sa très digne soeur.
>>
"
»
Tout cela dans Madame de Bois de la
Pierre paroissoit comme naturel ; mais
» un grand fonds de pieté en relevoit infiniment
le mérite. Elle avoit embrassé
» la Religion Catholique dans toute la
sincerité de son coeur ; elle en avoit
» gouté et penetré l'esprit , et si sa naissance
, une excellente éducation et la
candeur de son ame avoient quelque
">
part
190 MERCURE DE FRANCE.
>
» part à tant d'actions dignes de l'estime
» du monde même , elle n'ignoroit pas
» l'essentiel , qui est de faire tout dans
» la vûë de plaire à Dieu. C'étoit une
>> douceur toute chrétienne une sage
» humilité , une charité éclairée qui for-
» moient une conduite si exemplaire .
» L'apparence , ou si cela se peut dire ,
le phantôme de ces vertus peut bien se
>> rencontrer dans une fausse Religion et
» dans le parti de l'heresie , mais leur réa-
» lité ne se trouve que dans la vraye Egli-
» se , aussi ne se lassoit - elle point de ren-
» dre graces à Dieu de son heureux chan-
» gement.
Elle souhaita d'avoir dans sa Maison
» une Chapelle , afin d'assister tous les
» jours aux saints Mysteres , et de parti-
» ciper plus fréquemment à la victime
» de notre salut , car éloignée de son
» Eglise Paroissiale et des autres Eglises
» de son quartier , il s'en falloit beau-
» coup que sa dévotion ne fut satisfaite
>> sur ces points.
22
Ses longues infirmités et plusieurs
grandes maladies par lesquelles il a plû
à Dieu de la préparer à la mort , ne
»l'avoient point rendue d'une humeur
» sombre et fâcheuse ; on l'a toujours vûe
la même jusqu'à la fin . Je sens bien ,
disoit- elle , un peu avant que Dieu
Pait
FEVRIER. 1731. 29
W
l'ait appellée , que je n'ai plus qu'un
» soufle de vie ; mais par la bonté divine,
»je ne me trouve point fort effrayée de
» cette derniere heure : j'ai une entiere
>> confiance dans le sacrifice du Sauveur.
>>
Enfin Dieu la frappa pour la derniere
»fois , et permit que son esprit fut pres
>> que aussi abbatu que son corps ; mais
" pour lui faire consommer le sacrifice
de sa vie d'une maniere plus parfaite ,
» pour consoler un peu sa Maison deso-
» lée , et pour édifier ceux qui entendroient
» parler de sa mort , il lui rendit toute
» sa raison , afin qu'elle participat aux
» Sacremens de l'Eglise , ce qu'elle fit
» d'une maniere touchante. Elle rendit
» ensuite son esprit à Dieu et mourut
» dans la paix du Seigneur le 14. du mois.
de Septembre dernier dans le même
» lieu où elle avoit pris naissance.
" Je prie Dieu pour elle , bien per-
»suadé qu'elle sera bientôt en état de me
rendre au centuple ce que j'aurai tâché
de faire pour le repos éternel de son
ame. J'ai l'honneur d'être en une sincere
societé de douleur avec vous , et
avec un très profond respect , Madame,
votre &c. figné MOREL , Prêtre.
A Breteuil le 18. Octobre 1739.
Je n'ai , Monsieur , que peu de chose
292 MERCURE DE FRANCE
à ajouter à ce que vous venez de lire . Il
est bon de ne pas vous laisser ignorer
que cette sçavante Dame a fait plusieurs
Ouvrages qui mériteroient d'être publiés.
Voici ceux qui sont venus à ma connoissance.
L'Histoire du Monastere de
Chaize-Dieu , dont elle étoit voisine , et
où demeure aujourd'hui Madame sa soeur,
dont les grandes qualités mériteraient dés
à présent un Eloge. Ce Monastere nommé
dans les Chartes Casa Dei , fut fondé
dans le 12. siecle par l'ancienne Maison
de Laigle ; il est très distingué dans l'Ordre
de Fontevraud , et encore aujourd'hui
il est composé de soixante Dames de
Choeur , de la premiere Noblesse des
quatre Diocèses qui l'environnent. Il est
de celui d'Evreux , et situé à deux lieuës
de Verneuil , de Breteuil et de Laigle , au
milieu de ces trois Villes. Vous en parlerez,
sans doute, dans la suite de votre Voyage
Litteraire de Normandie.
L'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle.
La Genealogie avec les preuves de
toute la veritable noblesse de notre Pays;
on y voit la sienne avec toutes les preu-,
ves qu'elle avoit recueillies des Provinces
de Bourgogne et de Champagne , où il
y a encore des Branches de la Maison
de Lanfernat. Elle est originaire de Brie.
Un Gentilhomme de cette Maison vint
s'établir
·
FEVRIER. 1731. 293
s'établir dans le Perche en 1490. c'étoit
le Trisayeul de notre Sçavante . Lanfernat
porte d'Azur à trois Lozanges d'Or , deux
et une , un Casque de front , pour Supports
un Ange et un Sauvage , et pour Cri ou
Devise : QUI FAIT BIEN L'ENFER
N'A.
Elle a de plus rassemblé plusieurs Mémoires
pour servir à l'Histoire de Normandie
, dans lesquels il se trouve quantité
de choses curieuses qui regardent les
Comtes d'Evreux , les Ducs d'Alençon ,
les Comtes de Mortain , de Mortagne
de Ponthieu , de Breteuil & c.
Enfin cette Dame étoit en relation avec
beaucoup de personnes de Lettres d'un
nom distingué , comme le R. P. de Monfaucon
à qui elle a communiqué bien des
choses pour ses Monumens de la Monar
chie & c. M. de Fontenelle et autres
Membres des differentes Académies , dont
on a trouvé plusieurs Lettres dans son
Cabinet. On y a trouvé aussi l'Histoire
Génealogique de la Maison Royale de France
&c. que le feu P. Simplicien lui avoit
envoyée par reconnoissance des Mémoires
qu'elle lui avoit fournis en grand
nombre. Je n'oublierai pas le sçavant
Charles d'Hozier encore vivant , fils du
celebre Pierre d'Hozier , votre compatrioté
, que vous n'avez pas oublié dans
Marseille Sçavante &c.
Elle
294 MERCURE DE FRANCE
Elle étoit petite niéce de l'Abbé Tallemant
l'ancien , et niéce du dernier , dont
elle a gardé quantité de Lettres qui pourront
un jour faire une suite curieuse de
leur commerce Litteraire .
Quand les scellés apposés dans sa Maison
seront levés , j'aurai de plus grands
éclaircissemens à vous donner pour tout
ce qui concerne Histoire , Erudition
Littérature , par rapport à cette illustre
Dame. Je suis toujours , Monsieur &c.
A Evreux le 15. Decembre 1730.
Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A.
D. V. D.
J
E m'acquite , Monsieur , de ce que
je vous ai promis au sujet de la mort
de Madame de Bois de la Pierre . Tout
notre Canton s'interesse tellement à la
Ferte que nous avons faite de cette pieuse
et sçavante Dame , qu'il a fallu laisser
passer
FEVRIER. 1731. 285
passer quelque tems pour recueillir de
ses Parens et de ses amis affligés les instructions
dont j'avois besoin pour rendre
à sa mémoire les devoirs qui lui sont
si legitimement dûs , et pour satisfaire
aussi à mon inclination et à mes engagemens.
,
par
Mais je dois vous dire Monsieur
avant toutes choses, que je n'aurois jamais,
eu cette satisfaction entiere , si je n'avois
pas été particulierement aidé la Lettre
que M. l'Abbé Morel de Breteuil ,
dont vous connoissez le mérite et la réputation
, écrivit sur ce sujet à Madame
de Courteilles , Religieuse Religieuse de Chaize-
Dieu , Monastere celebre de l'Ordre de
Fontevraud , et digne soeur de notre illustre
defunte , laquelle m'a aussi fait
l'honneur de me donner des instructions.
Cet Abbé étoit plus en état que personne
de faire connoître son veritable caractere,
et de parler dignement de ses rares qualités
, aussi a t'il fait un Portrait très - ressemblant
et des mieux executés , comme
vous le verrez dans la suite de ma Lettre.
Louise Marie de Lanfernat nâquit au
Château de Courteilles le 4. Decembre.
1663. de parens nés dans la Religion
P. R. Ils éleverent leurs Enfans dans
cette même secte ; mais Dieu ayant éclairé
en differens tems le Pere et la Mere , it's
firent
286 MERCURE DE FRANCE
firent aussi en differens tems leur abju
ration , exemple qui fut suivi des deux
filles qui composoient alors toute leur
famille , sçavoir , la Dame dont il s'agit
ici , et Madame de Courteilles , sa soeur ,
aujourd'hui, comme je l'ai dit , Religieuse
de Fontevraud ; elles eurent un frere qui
fut tué à l'Armée.
1
>
La premiere se trouvant au décès de
ses pere et mere seule heritiere de son
nom et de sa Maison en Normandie
par conséquent Dame de Courteilles le
Guerin , du Teil , de Chammoteux & c.
épousa François de l'Omosne , Seigneur
de Bois de la Pierre , Exempt des Gardes
du Corps du Roi , Chevalier de S. Louis,
lequel fut tué en 1709. à la Bataille de
Malplaquay , dont elle n'eut point d'Enfans.
Madame de Bois de la Pierre fut sensiblement
touchée de cette perte ; mais
soumise aux ordres du Ciel , elle mit à
profit son adversité , et ne s'occupa presque
plus que de sa Religion . Le tems qui
fui restoit après ses exercices de pieté fur
rempli par l'étude , et destiné à entretenir
un agréable commerce , avec un nombre
choisi de personnes vertueuses et
éclairées , ce qui a duré jusqu'à sa mort.
Pour entrer là- dessus dans quelque détail
, empruntons une meilleure plume
que
FEVRIER . 1735. 287
que la mienne. Trouvez bon , Monsieur,
que j'inserc ici la Lettre de l'illustre Abbé
dont je vous ai parlé au commencement;
vous m'en sçaurez gré , et le Public avec
yous.
גכ
Ce n'est point négligence , Madame,
c'est surprise , si j'ai differé jusqu'à ce
»jour de vous écrire ; on m'avoit assuré
>> qu'on vous avoit caché la perte que vous
avez faite agréez donc que je joigne
>> mes regrets aux vôtres , ils ne sont que
trop justes ; mais je vois un moyen in-
> nocent de les adoucir ; vous trouverez
» bon que je le mette en oeuvre pour
votre consolation et pour la mienne,
» C'est , Madame , de retracer à nos
>>yeux quelques- uns des traits qui ont
>> rendu cette chere defunte si digne de
>> l'amitié et de la veneration des person-
» nes qui la connoissoient , et qui ont eu
avec elle quelque relation ."
» Avec un esprit solide , capable des
» choses les plus relevées , et rempli des
>> lumieres que peut donner une longue
»application , Madame de Bois de la
»Pierre étoit d'une modestie admirable
» et sa bonté naturelle lui faisoit trouver
» du plaisir à converser avec les person-
»nes les plus simples , même avec des
»Enfans.
Un rare talent pour la Poësie qu'elle
avoit
288 MERCURE DE FRANCE
}
et
» avoit cultivé dès sa plus grande Jeu-
» nesse , ne lui enfla point le coeur ,
»les louanges que ce talent lui attira
» non plus que la liaison qu'il mit entre elle
» et les meilleurs esprits de son tems , ne
» la rendirent point présomptueuse. Elle
>> écrivoit en Prose avec une facilité , une
élegance , une précision qui étonnoient
» les plus habiles de ses amis , et elle en
» eut d'un génie fort au - dessus du com-
>>
>> mun.
Consultée sur toute sorte d'Ouvrages ,
» elle donnoit des avis remplis de justesse.
» Par tout y brilloient cette honnêteté et
» ces manieres gracieuses qui la firent tou-
» jours respecter des personnes qui avoient
» quelque goût pour la vraye et naïve po-
» litesse . Ce caractere domina chez elle
» dans tous les tems et dans toute sa con-
» duite.
ןכ
Sa plus forte inclination fut toujours
» d'obliger ceux qui avoient avec elle
quelque societé. Son extrême attention
» à eviter tout ce qui pourroit faire de la
» peine de sa part , lui avoit appris à dis-
» cerner les défauts opposés dans les au-
» tres. Elle y étoit bien sensible, mais elle
» étoit ingénieuse à les excuser ; les Es-
» prits vains , présomptueux , envieux
médisans , critiques , lui étoient fort à
charge ; elle se contentoit dans ces occafions
FEVRIER. 1731. 289
casions de quelques traits délicats , ca-`
» pables de corriger des personnes intel-
» ligentes et attentives , sans choquer
>> inutilement celles qui manquent de ces
» qualités.
La bonté de son coeur éclatoit sur tout
» dans sa Maison , jamais elle ne contrista
>> sans une necessité bien marquée aucun
» de ceux qui la servoient ; rien ne la fla-
» toit plus que de voir regner chez elle
» un air de gayeté et de satisfaction , et
» elle ne dédaignoit pas d'en procurer de
>> tems en tems les innocens moyens.
» A l'égard de ses amis , elle ne croyoit
» jamais avoir assez fait pour eux ; elle
prévenoit leurs demandes avec un soin
qui alloit jusqu'au scrupule , et jamais
» ils ne lui en firent d'inutiles . Elle avoit
»
» pour les pauvres et pour les affligés une
» tendresse de Mere . Nulles paroles ne
» peuvent exprimer les sentimens qu'elle
» eut pour sa très digne soeur.
>>
"
»
Tout cela dans Madame de Bois de la
Pierre paroissoit comme naturel ; mais
» un grand fonds de pieté en relevoit infiniment
le mérite. Elle avoit embrassé
» la Religion Catholique dans toute la
sincerité de son coeur ; elle en avoit
» gouté et penetré l'esprit , et si sa naissance
, une excellente éducation et la
candeur de son ame avoient quelque
">
part
190 MERCURE DE FRANCE.
>
» part à tant d'actions dignes de l'estime
» du monde même , elle n'ignoroit pas
» l'essentiel , qui est de faire tout dans
» la vûë de plaire à Dieu. C'étoit une
>> douceur toute chrétienne une sage
» humilité , une charité éclairée qui for-
» moient une conduite si exemplaire .
» L'apparence , ou si cela se peut dire ,
le phantôme de ces vertus peut bien se
>> rencontrer dans une fausse Religion et
» dans le parti de l'heresie , mais leur réa-
» lité ne se trouve que dans la vraye Egli-
» se , aussi ne se lassoit - elle point de ren-
» dre graces à Dieu de son heureux chan-
» gement.
Elle souhaita d'avoir dans sa Maison
» une Chapelle , afin d'assister tous les
» jours aux saints Mysteres , et de parti-
» ciper plus fréquemment à la victime
» de notre salut , car éloignée de son
» Eglise Paroissiale et des autres Eglises
» de son quartier , il s'en falloit beau-
» coup que sa dévotion ne fut satisfaite
>> sur ces points.
22
Ses longues infirmités et plusieurs
grandes maladies par lesquelles il a plû
à Dieu de la préparer à la mort , ne
»l'avoient point rendue d'une humeur
» sombre et fâcheuse ; on l'a toujours vûe
la même jusqu'à la fin . Je sens bien ,
disoit- elle , un peu avant que Dieu
Pait
FEVRIER. 1731. 29
W
l'ait appellée , que je n'ai plus qu'un
» soufle de vie ; mais par la bonté divine,
»je ne me trouve point fort effrayée de
» cette derniere heure : j'ai une entiere
>> confiance dans le sacrifice du Sauveur.
>>
Enfin Dieu la frappa pour la derniere
»fois , et permit que son esprit fut pres
>> que aussi abbatu que son corps ; mais
" pour lui faire consommer le sacrifice
de sa vie d'une maniere plus parfaite ,
» pour consoler un peu sa Maison deso-
» lée , et pour édifier ceux qui entendroient
» parler de sa mort , il lui rendit toute
» sa raison , afin qu'elle participat aux
» Sacremens de l'Eglise , ce qu'elle fit
» d'une maniere touchante. Elle rendit
» ensuite son esprit à Dieu et mourut
» dans la paix du Seigneur le 14. du mois.
de Septembre dernier dans le même
» lieu où elle avoit pris naissance.
" Je prie Dieu pour elle , bien per-
»suadé qu'elle sera bientôt en état de me
rendre au centuple ce que j'aurai tâché
de faire pour le repos éternel de son
ame. J'ai l'honneur d'être en une sincere
societé de douleur avec vous , et
avec un très profond respect , Madame,
votre &c. figné MOREL , Prêtre.
A Breteuil le 18. Octobre 1739.
Je n'ai , Monsieur , que peu de chose
292 MERCURE DE FRANCE
à ajouter à ce que vous venez de lire . Il
est bon de ne pas vous laisser ignorer
que cette sçavante Dame a fait plusieurs
Ouvrages qui mériteroient d'être publiés.
Voici ceux qui sont venus à ma connoissance.
L'Histoire du Monastere de
Chaize-Dieu , dont elle étoit voisine , et
où demeure aujourd'hui Madame sa soeur,
dont les grandes qualités mériteraient dés
à présent un Eloge. Ce Monastere nommé
dans les Chartes Casa Dei , fut fondé
dans le 12. siecle par l'ancienne Maison
de Laigle ; il est très distingué dans l'Ordre
de Fontevraud , et encore aujourd'hui
il est composé de soixante Dames de
Choeur , de la premiere Noblesse des
quatre Diocèses qui l'environnent. Il est
de celui d'Evreux , et situé à deux lieuës
de Verneuil , de Breteuil et de Laigle , au
milieu de ces trois Villes. Vous en parlerez,
sans doute, dans la suite de votre Voyage
Litteraire de Normandie.
L'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle.
La Genealogie avec les preuves de
toute la veritable noblesse de notre Pays;
on y voit la sienne avec toutes les preu-,
ves qu'elle avoit recueillies des Provinces
de Bourgogne et de Champagne , où il
y a encore des Branches de la Maison
de Lanfernat. Elle est originaire de Brie.
Un Gentilhomme de cette Maison vint
s'établir
·
FEVRIER. 1731. 293
s'établir dans le Perche en 1490. c'étoit
le Trisayeul de notre Sçavante . Lanfernat
porte d'Azur à trois Lozanges d'Or , deux
et une , un Casque de front , pour Supports
un Ange et un Sauvage , et pour Cri ou
Devise : QUI FAIT BIEN L'ENFER
N'A.
Elle a de plus rassemblé plusieurs Mémoires
pour servir à l'Histoire de Normandie
, dans lesquels il se trouve quantité
de choses curieuses qui regardent les
Comtes d'Evreux , les Ducs d'Alençon ,
les Comtes de Mortain , de Mortagne
de Ponthieu , de Breteuil & c.
Enfin cette Dame étoit en relation avec
beaucoup de personnes de Lettres d'un
nom distingué , comme le R. P. de Monfaucon
à qui elle a communiqué bien des
choses pour ses Monumens de la Monar
chie & c. M. de Fontenelle et autres
Membres des differentes Académies , dont
on a trouvé plusieurs Lettres dans son
Cabinet. On y a trouvé aussi l'Histoire
Génealogique de la Maison Royale de France
&c. que le feu P. Simplicien lui avoit
envoyée par reconnoissance des Mémoires
qu'elle lui avoit fournis en grand
nombre. Je n'oublierai pas le sçavant
Charles d'Hozier encore vivant , fils du
celebre Pierre d'Hozier , votre compatrioté
, que vous n'avez pas oublié dans
Marseille Sçavante &c.
Elle
294 MERCURE DE FRANCE
Elle étoit petite niéce de l'Abbé Tallemant
l'ancien , et niéce du dernier , dont
elle a gardé quantité de Lettres qui pourront
un jour faire une suite curieuse de
leur commerce Litteraire .
Quand les scellés apposés dans sa Maison
seront levés , j'aurai de plus grands
éclaircissemens à vous donner pour tout
ce qui concerne Histoire , Erudition
Littérature , par rapport à cette illustre
Dame. Je suis toujours , Monsieur &c.
A Evreux le 15. Decembre 1730.
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Résumé : ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
Madame de Bois de la Pierre, de son nom de naissance Louise Marie de Lanfernat, est née le 4 décembre 1663 au Château de Courteilles dans une famille protestante qui se convertit par la suite au catholicisme. Elle épousa François de l'Omosne, qui fut tué à la bataille de Malplaquet en 1709. N'ayant pas d'enfants, elle se consacra après cette perte à sa foi et à l'étude, cultivant des relations avec des personnes vertueuses et éclairées. L'Abbé Morel de Breteuil, dans une lettre à Madame de Courteilles, sœur de Madame de Bois de la Pierre et religieuse à Fontevraud, décrit son caractère comme étant marqué par un esprit solide, la modestie, la bonté, ainsi qu'un talent pour la poésie et la prose. Elle était également connue pour sa piété sincère et sa charité. Madame de Bois de la Pierre a écrit plusieurs ouvrages, parmi lesquels l'Histoire du Monastère de Chaize-Dieu, l'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle, et des mémoires sur la noblesse et l'histoire de Normandie. Elle entretenait des relations avec des personnalités littéraires telles que le Père de Montfaucon et Fontenelle. Madame de Bois de la Pierre est décédée le 14 septembre 1730, entourée de sa famille et de ses amis, après avoir reçu les sacrements de l'Église.
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18
p. 787-790
ADDITION.
Début :
On apprend de Moscou, que le 15. Mars, les Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Empereur de la Chine, Tsarine, Roi de France, Roi de Perse, Cadix, Indes occidentales, Cardinal, Naples, Noblesse, Tremblements de terre
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texteReconnaissance textuelle : ADDITION.
ADAVRIL.
1731. 787
ADDITION.
ON apprend de Moscou , que le rs. Mars , les
Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine eu→
rent leur Audiance de congé de laCzarine, qui leur
fait préparer des présens magnifiques ; le bruit
court qu'ils ont signé unTraite de Commerce qui
sera très-ayantageux aux deux Nations.
De Coppenhague , que le 2. Avril , le Marquis
de Plelo , Ambassadeur du Roi de France , eut
une Audience particuliere du Roi , dans laquelle
il lui donna part que pour l'avantage du Coinmerce
des deux Nations , S. M. T. Ch. avoit déchargé
de tous les droits d'Entrée dans les Ports
lés Bâtimens Danois ou Norwegiens qui y apporteroient
dorénavant des Bois propres à construire
des Vaisseaux .
De Constantinople , que le Grand-Seigneur
continuoit de faire punir les Auteurs de la derniere
Rebellion ; que le Capitan - Pacha devoit
partir dans peu avec huit Sultanes et quatre au¬´¸
tres Bâtimens , pour aller recueillir les Tributs
de la Morée et des Isles de l'Archipel , et que le
Gr. Vizir s'étoit plaint au Ministre de la Czarine
de ce que des Officiers Moscovites avoient pris
de l'emploi dans les Troupes du Roi de Perse ,
malgré les conventions faites il y a quelques an
nées entre le G. S. déposé et le feu Czar Pierre I.
De Cadix , qu'à la fin de ce mois , on y délivrera
les effets de la Flotille, et que le Roi ayant été
obligé de se servir d'une partie de l'argent , S. M.
remboursera les interessez sur le produit du retour
88 MERCURE DE FRANCÉ
tour des Gallions qui sont actuellement aux Indes
Occidentales , avec l'interêt à six pour cent.
De Rome que l'accommodement des differents
du S. Siege avec le Roi de Portugal , est prêt d'ê
tre conclu ; que M. Bichi , cy devant Noncé à
Lisbonne , qui doit être arrivé à Sienne , y restera
jusqu'à-ce que cet accommodement soit signé ,
et qu'ensuite il ira à Rome pour y recevoir le
Chapeau de Cardinal.
La nuit du 31. du mois dernier , au premier
de ce nois , le Cardinal Coscia sortit de Rome
incognito , avec une suite de quatre personnes , et
il prit la route de Naples Le neveu de M. Firrao
le rencontra le lendemain , traversant la Ville de
Terracine , et on a sçû depuis qu'il étoit allé à
Naples sous le nom de l'Abbé Cibo . Depuis sa
fuite , l'Evêque de Targa , son frere , a eu ordre
de se rendre au Convent de S. Praxede , qu'on
lui a donné pour prison.
Le 24. M. Fioreli alla par ordre de la Congré
gation de Non Nullis au Palais du Cardinal Cos
cia , faire une sommation pour l'obliger à se représenter
dans un terme limité.
Le Cardinal Banchieri , Secretaire d'Etat , a
dépêché un Courrier à M. Guillelmi , qui étoit
parti pour Turin , avec deffense d'entrer dans les
Etats du Roi de Sardaigne , parce qu'on a
craint qu'il n'y fût pas bien reçû , et que son caractere
n'y fût pas respecté.
De Naples , que la derniere secousse de Tremblement
de Terre de la nuit du 16. au 17. du
mois dernier , avoit causé tant d'effroi , qu'une
grande partie des Habitans de cette Ville alla le
Lendemain coucher à la campagne. La Noblesse
envoya le même jour ses plus précieux Meubles
et
AVRIL. 1731. 789
et ses Carosses sur l'Esplanade du Château neuf,
et sur celle de la Porte du S. Esprit pour les mettre
en sureté ; cependant il n'y eut point de
Tremblement de Terre le 18. le 19. ni le 20.
mais le 21. vers les 9. heures du matin , on en
ressentit une legere secousse qui ne caușa aucup
dommage.
Le même jour on reçut avis que le 20. au matin
les deux tiers de la Ville de Foggia avoient été
renversez par le même Tremblement qui s'est fait
sentir avec violence dans les autres Villes de la
Pouille , dans la terre de Labour, dans la Basilicate
et dans une partie de la Calabre citerieure. Le
Viceroi a écrit aux Présidens ou Intendans des
Provinces voisines de la Poüille, d'envoyer des secours
aux Habitans qui se sont sauvez de Foggia,
où ily a eu plus de 2000. personnes d'écrasées , de
ly
faire enlever les décombres et de faire conserver
les Effets des Particuliers qu'on retrouvera en
fouillant.
une
La nuit du 22. au 23. on ressentit encore
legere secousse de Tremblement de terre , de même
que les deux nuits du 28. et du 29. de sorte
que l'on est à Naples dans de continuelles alfarmes.
D'autres Lettres de Naples portent que les
Tremblemens de terre devenoient très frequens
dans la plupart des Provinces du Royaume ; que
les Villes de Lucera , de Troje et d'Aquila étoient
presque renversées ; qu'il y avoit des maladies
Epidemiques qui faisoient périr beaucoup de monde
à la Cainpagne , et que les Troupes de l'Empereur
commençoient d'en être attaquées.
De Genes , que Mrs Jean- Baptiste Grimaldi et
Charles de Fornari , sont partis pour l'Isle de
Corse avec des pleins pouvoirs de la République
ct
790 MERCURE DE FRANCE
et les instructions necessaires pour terminer l'affaire
de la révolte des Habitans de cette Isle qu
paroissent disposez à quitter les armes,
De Bruxelles , que l'Archiduchesse Gouvernante
, ayant eû avis que le Duc de Lorraine de
voit venir passer quelques jours avec le Prince
Charles son frere , pour se rendre ensuite en
Hollande , et à ce qu'on croit , en Angleterre ,
cette Princesse a donné ses ordres pour lui faire
meubler un Hôtel. Ce Prince gardera l'incognito
sous le nom de Comte de Blamont,
1731. 787
ADDITION.
ON apprend de Moscou , que le rs. Mars , les
Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine eu→
rent leur Audiance de congé de laCzarine, qui leur
fait préparer des présens magnifiques ; le bruit
court qu'ils ont signé unTraite de Commerce qui
sera très-ayantageux aux deux Nations.
De Coppenhague , que le 2. Avril , le Marquis
de Plelo , Ambassadeur du Roi de France , eut
une Audience particuliere du Roi , dans laquelle
il lui donna part que pour l'avantage du Coinmerce
des deux Nations , S. M. T. Ch. avoit déchargé
de tous les droits d'Entrée dans les Ports
lés Bâtimens Danois ou Norwegiens qui y apporteroient
dorénavant des Bois propres à construire
des Vaisseaux .
De Constantinople , que le Grand-Seigneur
continuoit de faire punir les Auteurs de la derniere
Rebellion ; que le Capitan - Pacha devoit
partir dans peu avec huit Sultanes et quatre au¬´¸
tres Bâtimens , pour aller recueillir les Tributs
de la Morée et des Isles de l'Archipel , et que le
Gr. Vizir s'étoit plaint au Ministre de la Czarine
de ce que des Officiers Moscovites avoient pris
de l'emploi dans les Troupes du Roi de Perse ,
malgré les conventions faites il y a quelques an
nées entre le G. S. déposé et le feu Czar Pierre I.
De Cadix , qu'à la fin de ce mois , on y délivrera
les effets de la Flotille, et que le Roi ayant été
obligé de se servir d'une partie de l'argent , S. M.
remboursera les interessez sur le produit du retour
88 MERCURE DE FRANCÉ
tour des Gallions qui sont actuellement aux Indes
Occidentales , avec l'interêt à six pour cent.
De Rome que l'accommodement des differents
du S. Siege avec le Roi de Portugal , est prêt d'ê
tre conclu ; que M. Bichi , cy devant Noncé à
Lisbonne , qui doit être arrivé à Sienne , y restera
jusqu'à-ce que cet accommodement soit signé ,
et qu'ensuite il ira à Rome pour y recevoir le
Chapeau de Cardinal.
La nuit du 31. du mois dernier , au premier
de ce nois , le Cardinal Coscia sortit de Rome
incognito , avec une suite de quatre personnes , et
il prit la route de Naples Le neveu de M. Firrao
le rencontra le lendemain , traversant la Ville de
Terracine , et on a sçû depuis qu'il étoit allé à
Naples sous le nom de l'Abbé Cibo . Depuis sa
fuite , l'Evêque de Targa , son frere , a eu ordre
de se rendre au Convent de S. Praxede , qu'on
lui a donné pour prison.
Le 24. M. Fioreli alla par ordre de la Congré
gation de Non Nullis au Palais du Cardinal Cos
cia , faire une sommation pour l'obliger à se représenter
dans un terme limité.
Le Cardinal Banchieri , Secretaire d'Etat , a
dépêché un Courrier à M. Guillelmi , qui étoit
parti pour Turin , avec deffense d'entrer dans les
Etats du Roi de Sardaigne , parce qu'on a
craint qu'il n'y fût pas bien reçû , et que son caractere
n'y fût pas respecté.
De Naples , que la derniere secousse de Tremblement
de Terre de la nuit du 16. au 17. du
mois dernier , avoit causé tant d'effroi , qu'une
grande partie des Habitans de cette Ville alla le
Lendemain coucher à la campagne. La Noblesse
envoya le même jour ses plus précieux Meubles
et
AVRIL. 1731. 789
et ses Carosses sur l'Esplanade du Château neuf,
et sur celle de la Porte du S. Esprit pour les mettre
en sureté ; cependant il n'y eut point de
Tremblement de Terre le 18. le 19. ni le 20.
mais le 21. vers les 9. heures du matin , on en
ressentit une legere secousse qui ne caușa aucup
dommage.
Le même jour on reçut avis que le 20. au matin
les deux tiers de la Ville de Foggia avoient été
renversez par le même Tremblement qui s'est fait
sentir avec violence dans les autres Villes de la
Pouille , dans la terre de Labour, dans la Basilicate
et dans une partie de la Calabre citerieure. Le
Viceroi a écrit aux Présidens ou Intendans des
Provinces voisines de la Poüille, d'envoyer des secours
aux Habitans qui se sont sauvez de Foggia,
où ily a eu plus de 2000. personnes d'écrasées , de
ly
faire enlever les décombres et de faire conserver
les Effets des Particuliers qu'on retrouvera en
fouillant.
une
La nuit du 22. au 23. on ressentit encore
legere secousse de Tremblement de terre , de même
que les deux nuits du 28. et du 29. de sorte
que l'on est à Naples dans de continuelles alfarmes.
D'autres Lettres de Naples portent que les
Tremblemens de terre devenoient très frequens
dans la plupart des Provinces du Royaume ; que
les Villes de Lucera , de Troje et d'Aquila étoient
presque renversées ; qu'il y avoit des maladies
Epidemiques qui faisoient périr beaucoup de monde
à la Cainpagne , et que les Troupes de l'Empereur
commençoient d'en être attaquées.
De Genes , que Mrs Jean- Baptiste Grimaldi et
Charles de Fornari , sont partis pour l'Isle de
Corse avec des pleins pouvoirs de la République
ct
790 MERCURE DE FRANCE
et les instructions necessaires pour terminer l'affaire
de la révolte des Habitans de cette Isle qu
paroissent disposez à quitter les armes,
De Bruxelles , que l'Archiduchesse Gouvernante
, ayant eû avis que le Duc de Lorraine de
voit venir passer quelques jours avec le Prince
Charles son frere , pour se rendre ensuite en
Hollande , et à ce qu'on croit , en Angleterre ,
cette Princesse a donné ses ordres pour lui faire
meubler un Hôtel. Ce Prince gardera l'incognito
sous le nom de Comte de Blamont,
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Résumé : ADDITION.
En avril 1731, plusieurs événements diplomatiques et naturels significatifs ont été rapportés. À Moscou, les ambassadeurs de l'Empereur de Chine ont été reçus en audience de congé par la czarine, qui leur a offert des présents somptueux. Un traité de commerce bénéfique pour les deux nations a été signé. À Copenhague, le Marquis de Plelo, ambassadeur du Roi de France, a informé le Roi du Danemark que les navires danois ou norvégiens transportant du bois pour la construction navale seraient exemptés des droits d'entrée. À Constantinople, le Grand-Seigneur continuait de réprimer les auteurs de la dernière rébellion. Le Capitan-Pacha devait partir avec plusieurs bâtiments pour collecter les tributs de la Morée et des îles de l'Archipel. Le Grand Vizir a exprimé sa préoccupation au ministre de la czarine concernant la présence d'officiers moscovites dans les troupes du Roi de Perse, en violation des conventions antérieures. À Cadix, les effets de la flotille devaient être délivrés à la fin du mois, et le Roi rembourserait les intérêts sur le produit du retour des galions des Indes Occidentales. À Rome, un accord entre le Saint-Siège et le Roi de Portugal était imminent. Le Cardinal Coscia a fui Rome incognito pour Naples, et son frère a été emprisonné. Des tremblements de terre ont causé des dégâts et de l'effroi à Naples et dans d'autres villes italiennes, entraînant des mesures de secours. À Gênes, des émissaires ont été envoyés en Corse pour négocier la fin de la révolte. À Bruxelles, l'Archiduchesse Gouvernante a préparé un hôtel pour le Duc de Lorraine, qui devait passer quelques jours incognito.
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19
p. 1167-1168
LETTRE écrite de Turin le 19. May, par M. L . D.
Début :
La part que vous prenez aux progrès de la Scene Françoise, Monsieur, me fait esperer [...]
Mots clefs :
Turin, Troupe de comédiens français, Cour, Noblesse, Prince de Carignan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Turin le 19. May, par M. L . D.
LEFTRE écrite de Turin le 19. May ,
par M. L. D.
Α
LA partque vous prenez aux progrès de la
Scene Françoise , Monsieur , me fait esperer
que vous recevrez avec plaisir la Lettre que j'ai
l'honneur de vous écrire , et que vous aurez la
bonté d'en faire usage dans le Mercure de ce mois.
Nous avons à Turin une Troupe de Comédiens
François , recommandable par le choix et par
le nombre des Acteurs et des Actrices qui
a composent cette Troupe a é é demandée
pour la troisiéme fois dans cette Cour ; clie
y est goutée plus que jamais , et notre Noblesse
voit avec plaisir représenter les Chefs - d'oeuvres
qu'elle a admirez autrefois en les lisant. Le Roi
Hv les
1168 MERCURE DE FRANCE
les honore très -souvent de sa presence au Théatre
du Prince de Carignan , et l'on a fait construire
un Théatre magnifique dans les Appartemens
du Palais , pour en donner le divertissement
à la Reine , à qui ils ont eu le bonheur de plaire .
Ils y représentent deux fois la semaine , et Sa
Majesté n'a cessé de les voir que par son heureux
accouchement d'un Prince , qui nâquit Jeu
dy 17. May ; il fut nommé le lendemain sur les
Fonts , joseph- Charles- Emmanuel , par le Prince
Louis de Carignan , et par la Princesse sa:
soeur. Nos Comédiens , pour marquer la partqu'ils
prennent au bonheur public , donnent aujourd'hui
19. la Comedie gratis . J'ai l'honneur:
d'être , &c..
par M. L. D.
Α
LA partque vous prenez aux progrès de la
Scene Françoise , Monsieur , me fait esperer
que vous recevrez avec plaisir la Lettre que j'ai
l'honneur de vous écrire , et que vous aurez la
bonté d'en faire usage dans le Mercure de ce mois.
Nous avons à Turin une Troupe de Comédiens
François , recommandable par le choix et par
le nombre des Acteurs et des Actrices qui
a composent cette Troupe a é é demandée
pour la troisiéme fois dans cette Cour ; clie
y est goutée plus que jamais , et notre Noblesse
voit avec plaisir représenter les Chefs - d'oeuvres
qu'elle a admirez autrefois en les lisant. Le Roi
Hv les
1168 MERCURE DE FRANCE
les honore très -souvent de sa presence au Théatre
du Prince de Carignan , et l'on a fait construire
un Théatre magnifique dans les Appartemens
du Palais , pour en donner le divertissement
à la Reine , à qui ils ont eu le bonheur de plaire .
Ils y représentent deux fois la semaine , et Sa
Majesté n'a cessé de les voir que par son heureux
accouchement d'un Prince , qui nâquit Jeu
dy 17. May ; il fut nommé le lendemain sur les
Fonts , joseph- Charles- Emmanuel , par le Prince
Louis de Carignan , et par la Princesse sa:
soeur. Nos Comédiens , pour marquer la partqu'ils
prennent au bonheur public , donnent aujourd'hui
19. la Comedie gratis . J'ai l'honneur:
d'être , &c..
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Résumé : LETTRE écrite de Turin le 19. May, par M. L . D.
Le 19 mai, M. L. D. écrit depuis Turin pour informer des progrès de la scène française dans cette ville. Turin accueille une troupe de comédiens français, reconnue pour la qualité et le nombre de ses membres. Cette troupe a été invitée trois fois à la cour et y est bien accueillie. La noblesse locale apprécie les représentations des œuvres qu'elle connaît déjà. Le roi assiste fréquemment aux spectacles au théâtre du Prince de Carignan. Un théâtre somptueux a été construit dans les appartements du palais pour divertir la reine, qui a apprécié les représentations. La troupe joue deux fois par semaine, sauf le 17 mai, jour de l'accouchement de la reine, qui a donné naissance à un prince nommé Joseph-Charles-Emmanuel. Pour célébrer cet événement, les comédiens offrent une représentation gratuite le 19 mai.
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20
p. 2022-2029
Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 16. le Corps de Ville assemblé, fit l'élection de deux nouveaux Echevins [...]
Mots clefs :
Échevins, Scrutin, Maître des cérémonies, Noblesse, Concert d'instruments, Académie royale de musique, Académie française, Académie royale des sciences, Société royale de Londres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
Le 16. le Corps de Ville assemblé ,
fit l'élection de deux nouveaux Echevins
qui sont M. Pelet , Avocat ès Conseils ,
Bailly de l'Abbaye de S. Germain des
Près , et Conseiller de Ville , et M. Géoffroy
, de l'Académie Royale des Sciences
et de la Societé Royale de Londres.
Le 19. le même Corps de Ville , le
Duc de Tresmes , Gouverneur de Paris ,
étant à la tête , eut Audience du Roy
avec les Céremonies accoûtumées, Il fut
présenté par le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat , et conduit par le Marquis
de Brezé , Grand-Maître des Ceremonies
, en survivance du Marquis de
Dreux son Pere , et par M. Desgranges ,
Maître des Ceremonies .
BAN
A O UST. . 1731. 2023
Mr. Pelet et Geoffroy , nouveaux Echevins
, prêterent entre les mains de S. M.
le serment de fidelité dont le Comte de
Maurepas fit la lecture. Le Scrutin fut présenté
par M. de Tourmont de Gournay ,
Conseiller au Parlement , qui s'exprima
en ces termes.
SIRE
Votre bonne Ville de Paris vient toujours
avec le même empressement presenter
à Votre Majesté les assurances respectueuses
de sa fidelité ; souffrez , Sire , qu'elle
dise de son amour pour son auguste Maître
comment un Peuple dont vous faites tout le
bonheur ne seroit- il pas pénétré de ces sentimens
? il admire en vous les vertus de tous
les âges ; vous les rendez aimables par les
charmes qu'elles répandent sur vôtre personne
sacrée et nécessaires par votre exemple.
Les graces que la nature vous a prodiguées
ont un éclat qui ne se confund point avec
celui du Trône . Vous regnez sur vous-même
dans cette saison dangereuse où les passions
dominent sur les Maîtres du Monde avec
plus d'empire que sur les autres hommes. Un
discernement juste vousfait choisir ceux que
vous honorez de votre confiance ; et ce choix.
si important est le chef-d'oeuvre d'un Monarque
2024 MERCURE DE FRANCE
7425
que consommé dans l'Art de regner. Vous
nous conservez l'avantage inestimable de ta
Paix. Nous devons à vos soins paternels des
jours heureux dont rien ne pourra désormais
interrompre le cours ; nous en avons pour
garants la tendresse de Votre Majesté pour
un Peuple si fidele , et ces gages precieux de
la fidelité publique , qu'il a plû au Ciel d'ac
corder à vos vertus , et à l'ardeur de nos
voeux.
Le 21. les Députez des Etats de Languedoc
curent Audience du Roy , étant
presentés par le Prince de Dombes , Gouverneur
de la Province , et par le Comte
de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et
conduits en la maniere accoutumée par
le Grand- Maitre , et par le Maître des
Ceremonies. La députation étoit com
posée de M. de Segur , Evéque de Saint
Papoul pour le Clergé , lequel porta la
parole du Baron de Lenta pour la Noblesse;
de M. de Lavedan et la Caze , députés
du Tiers Etat , et de M. Joubert ,
Sindic Géneral de la Province . Les Ca
hiers furent presentés par l'Evêque de
S. Papoul , qui parla avec beaucoup d'éloquence
, et dont le discours fût applau
di. Ce Prelat est fils du Marquis de Segure,
Grand- Croix de l'Ordre de S.Louis,
Gouverneur du Pays de Foix , et Lieur
tenant
A O UST. 1731. 2025
tenant Géneral au Gouvernement de
Brie. Il est d'une des meilleures Maisons
de la Province de Guyenne . Ces députés
curent ensuite Audience de la Reine , et
ils rendirent leurs respects à Monseigneur
le Dauphin , à Monseigneur le Duc
d'Anjou et à Mesdames de France .
Le Roy a donné la place de Conseiller
d'Etat vacante par la mort de M. d'Argouges
, à M. de Bouville , Intendant
d'Orléans : S. M. a nommé à l'Intendance
d'Orleans M. de Beaussan qui est
remplacé dans l'Intendance de Poitiers
par M, le Nain , M. des Requetes , et
M. Chauvelin de Beauséjour , Me. des
Requêtes , a été nommé Intendant de
la Géneralité d'Amiens , à la Place de
M. Chauvelin Conseiller d'Etat son
Pere,
Le 23. La Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement
des Actions fut tirée en la maniere
accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie,
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et dixièmes d'Actions qui doivent
être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 309. Actions,
Le Concert d'Instrumens que l'Aça¬
démic
2026 MEAL
#1
à
démie Royale de Musique donne tous
les ans au Château des Thuilleries
Poccasion de la Fête du Roy , a été executé
le 24. veille de S. Louis , par un grand
nombre d'excellens Simphonistes de la
même Académie , qui jouërent differens
morceaux de Musique de M. de Lully ,
et d'autres Maîtres Modernes.
L'Académie Françoise celebra le 25.
de ce mois la Fête de S. Louis dans la
Chapelle du Louvre , la Messe fut celebrée
par l'Archevêque de Sens , l'un
des quarante de l'Académie , et l'Abbé
Laizeau prononça le Panegyrique du
Saint.
Le même jour , l'Académie des Inscriptions
et Belles - Lettres , et celle des
Sciences , celebrerent la fête de S. Louis
dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire
de S. Honoré ; il y eut une Musique
excellente pendant la Messe. Le R. P.
Meney , Chanoine Regulier de S. Augustin
, Congregation de S. Antoine , prononça
le Panegyrique du S. Roy en présence
des deux Académies et d'une nomé
breuse Assemblée. Son Discours parut fort
éloquent. On y remarqua un grand fond
de Religion et de pieté soutenu par
tous les traits les plus marqués et les plus
biil-
1
AOUST. 2027 17318
brillants de la vie de S. Loüis. Les Pseaumes
, Domine Dominus noster et Cantate
Laus ejus , mis en Musique par les Sieurs
Dornel et du Bousset , furent chantés
pendant ces Messes et fort applaudis.
Le 28. de ce mois après midi , la Reine
accompagnée des Dames de Sa Cour , se
rendit à la Maison Royale de S. Cyr , où
S. M. donna le voile de Religion à la
Dlle. Charpin de Gennetine. Le Sermon
y fut prononcé par l'Abbé de la Pause ;
Predicateur ordinaire du Roy.
Le Roi a nommé à la place de Mede
cin des Enfans de France , M. François
Chicoyneau , Conseiller en la Cour des
Aydes , Comptes et Finances de Languedoc
, Membre de l'Académie Royale des
Sciences de Montpellier , Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Intendant
du Jardin du Roi , Chancelier et Juge de
l'Université en Médecine de la mêmeVille.
M. Chicoyneau fut un des six Mede
cins à Marseille en l'an- S. M. envoya
que
née 1720. pour secourir les Pestiferez ; il
fut gratifié à cette occasion , avec ses Confreres
, d'une pension de 2000. liv. et du
Colier de l'Ordre de S. Michel . On écrit
de Montpellier , qu'il part de cette Ville
regretté
2023 MERCURE DE FRANCE
差
regreté generalement de tout le mon
de , et plus particulierement des P.
vres , ausquels il ne refusoit ni ses visite
ni ses conseils , sans compter les secou
solides qu'il leur fournissoir depuis 30,
ans. C'est aussi par cette consideration
que la Cour des Aydes le dispensoit de
se trouver à ses Audiances , en reconnoissance
de la charité qu'il exerçoit envers
les Pauvres.
En l'année 1715. il fut député de sa
Compagnie pour accompagner M. Bon ,
Premier President , lorsqu'il fut question
de complimenter le Roi sur son avenenement
à la Couronne.
M. Chicoyneau laisse à Montpellier un
fils du premier lit , reçû depuis 172 3 .
en survivance de ces mêmes Charges de
l'Université de Medecine de Montpellier,
dans lesquelles il a donné des preuves distinguées
qu'il est heritier de tous les heureux
talens de M. son Pere, lequel a épousé
en secondes nôces Mlle Chirac , fille unique
de M. Chirac , aujourd'hui Premier
Medecin du Roi , qu'il suffit de nommer
pour en faire l'Eloge.
Le mêine jour , le Roi nomma M. Botiilhac,
Docteur enMedecine de la Faculté de
Montpellier, Medecin du grandCommun
de la Maison du Roi et de la Charité de
Versailles
A O UST. 1731. 2019
Versailles, pour servir près des Enfans de
France , et suppléer à M. Chicoyneau, en
cas de maladie ou d'absence , même pour
l'aider dans ses fonctions , lorsqu'il sera
present.
fit l'élection de deux nouveaux Echevins
qui sont M. Pelet , Avocat ès Conseils ,
Bailly de l'Abbaye de S. Germain des
Près , et Conseiller de Ville , et M. Géoffroy
, de l'Académie Royale des Sciences
et de la Societé Royale de Londres.
Le 19. le même Corps de Ville , le
Duc de Tresmes , Gouverneur de Paris ,
étant à la tête , eut Audience du Roy
avec les Céremonies accoûtumées, Il fut
présenté par le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat , et conduit par le Marquis
de Brezé , Grand-Maître des Ceremonies
, en survivance du Marquis de
Dreux son Pere , et par M. Desgranges ,
Maître des Ceremonies .
BAN
A O UST. . 1731. 2023
Mr. Pelet et Geoffroy , nouveaux Echevins
, prêterent entre les mains de S. M.
le serment de fidelité dont le Comte de
Maurepas fit la lecture. Le Scrutin fut présenté
par M. de Tourmont de Gournay ,
Conseiller au Parlement , qui s'exprima
en ces termes.
SIRE
Votre bonne Ville de Paris vient toujours
avec le même empressement presenter
à Votre Majesté les assurances respectueuses
de sa fidelité ; souffrez , Sire , qu'elle
dise de son amour pour son auguste Maître
comment un Peuple dont vous faites tout le
bonheur ne seroit- il pas pénétré de ces sentimens
? il admire en vous les vertus de tous
les âges ; vous les rendez aimables par les
charmes qu'elles répandent sur vôtre personne
sacrée et nécessaires par votre exemple.
Les graces que la nature vous a prodiguées
ont un éclat qui ne se confund point avec
celui du Trône . Vous regnez sur vous-même
dans cette saison dangereuse où les passions
dominent sur les Maîtres du Monde avec
plus d'empire que sur les autres hommes. Un
discernement juste vousfait choisir ceux que
vous honorez de votre confiance ; et ce choix.
si important est le chef-d'oeuvre d'un Monarque
2024 MERCURE DE FRANCE
7425
que consommé dans l'Art de regner. Vous
nous conservez l'avantage inestimable de ta
Paix. Nous devons à vos soins paternels des
jours heureux dont rien ne pourra désormais
interrompre le cours ; nous en avons pour
garants la tendresse de Votre Majesté pour
un Peuple si fidele , et ces gages precieux de
la fidelité publique , qu'il a plû au Ciel d'ac
corder à vos vertus , et à l'ardeur de nos
voeux.
Le 21. les Députez des Etats de Languedoc
curent Audience du Roy , étant
presentés par le Prince de Dombes , Gouverneur
de la Province , et par le Comte
de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et
conduits en la maniere accoutumée par
le Grand- Maitre , et par le Maître des
Ceremonies. La députation étoit com
posée de M. de Segur , Evéque de Saint
Papoul pour le Clergé , lequel porta la
parole du Baron de Lenta pour la Noblesse;
de M. de Lavedan et la Caze , députés
du Tiers Etat , et de M. Joubert ,
Sindic Géneral de la Province . Les Ca
hiers furent presentés par l'Evêque de
S. Papoul , qui parla avec beaucoup d'éloquence
, et dont le discours fût applau
di. Ce Prelat est fils du Marquis de Segure,
Grand- Croix de l'Ordre de S.Louis,
Gouverneur du Pays de Foix , et Lieur
tenant
A O UST. 1731. 2025
tenant Géneral au Gouvernement de
Brie. Il est d'une des meilleures Maisons
de la Province de Guyenne . Ces députés
curent ensuite Audience de la Reine , et
ils rendirent leurs respects à Monseigneur
le Dauphin , à Monseigneur le Duc
d'Anjou et à Mesdames de France .
Le Roy a donné la place de Conseiller
d'Etat vacante par la mort de M. d'Argouges
, à M. de Bouville , Intendant
d'Orléans : S. M. a nommé à l'Intendance
d'Orleans M. de Beaussan qui est
remplacé dans l'Intendance de Poitiers
par M, le Nain , M. des Requetes , et
M. Chauvelin de Beauséjour , Me. des
Requêtes , a été nommé Intendant de
la Géneralité d'Amiens , à la Place de
M. Chauvelin Conseiller d'Etat son
Pere,
Le 23. La Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement
des Actions fut tirée en la maniere
accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie,
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et dixièmes d'Actions qui doivent
être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 309. Actions,
Le Concert d'Instrumens que l'Aça¬
démic
2026 MEAL
#1
à
démie Royale de Musique donne tous
les ans au Château des Thuilleries
Poccasion de la Fête du Roy , a été executé
le 24. veille de S. Louis , par un grand
nombre d'excellens Simphonistes de la
même Académie , qui jouërent differens
morceaux de Musique de M. de Lully ,
et d'autres Maîtres Modernes.
L'Académie Françoise celebra le 25.
de ce mois la Fête de S. Louis dans la
Chapelle du Louvre , la Messe fut celebrée
par l'Archevêque de Sens , l'un
des quarante de l'Académie , et l'Abbé
Laizeau prononça le Panegyrique du
Saint.
Le même jour , l'Académie des Inscriptions
et Belles - Lettres , et celle des
Sciences , celebrerent la fête de S. Louis
dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire
de S. Honoré ; il y eut une Musique
excellente pendant la Messe. Le R. P.
Meney , Chanoine Regulier de S. Augustin
, Congregation de S. Antoine , prononça
le Panegyrique du S. Roy en présence
des deux Académies et d'une nomé
breuse Assemblée. Son Discours parut fort
éloquent. On y remarqua un grand fond
de Religion et de pieté soutenu par
tous les traits les plus marqués et les plus
biil-
1
AOUST. 2027 17318
brillants de la vie de S. Loüis. Les Pseaumes
, Domine Dominus noster et Cantate
Laus ejus , mis en Musique par les Sieurs
Dornel et du Bousset , furent chantés
pendant ces Messes et fort applaudis.
Le 28. de ce mois après midi , la Reine
accompagnée des Dames de Sa Cour , se
rendit à la Maison Royale de S. Cyr , où
S. M. donna le voile de Religion à la
Dlle. Charpin de Gennetine. Le Sermon
y fut prononcé par l'Abbé de la Pause ;
Predicateur ordinaire du Roy.
Le Roi a nommé à la place de Mede
cin des Enfans de France , M. François
Chicoyneau , Conseiller en la Cour des
Aydes , Comptes et Finances de Languedoc
, Membre de l'Académie Royale des
Sciences de Montpellier , Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Intendant
du Jardin du Roi , Chancelier et Juge de
l'Université en Médecine de la mêmeVille.
M. Chicoyneau fut un des six Mede
cins à Marseille en l'an- S. M. envoya
que
née 1720. pour secourir les Pestiferez ; il
fut gratifié à cette occasion , avec ses Confreres
, d'une pension de 2000. liv. et du
Colier de l'Ordre de S. Michel . On écrit
de Montpellier , qu'il part de cette Ville
regretté
2023 MERCURE DE FRANCE
差
regreté generalement de tout le mon
de , et plus particulierement des P.
vres , ausquels il ne refusoit ni ses visite
ni ses conseils , sans compter les secou
solides qu'il leur fournissoir depuis 30,
ans. C'est aussi par cette consideration
que la Cour des Aydes le dispensoit de
se trouver à ses Audiances , en reconnoissance
de la charité qu'il exerçoit envers
les Pauvres.
En l'année 1715. il fut député de sa
Compagnie pour accompagner M. Bon ,
Premier President , lorsqu'il fut question
de complimenter le Roi sur son avenenement
à la Couronne.
M. Chicoyneau laisse à Montpellier un
fils du premier lit , reçû depuis 172 3 .
en survivance de ces mêmes Charges de
l'Université de Medecine de Montpellier,
dans lesquelles il a donné des preuves distinguées
qu'il est heritier de tous les heureux
talens de M. son Pere, lequel a épousé
en secondes nôces Mlle Chirac , fille unique
de M. Chirac , aujourd'hui Premier
Medecin du Roi , qu'il suffit de nommer
pour en faire l'Eloge.
Le mêine jour , le Roi nomma M. Botiilhac,
Docteur enMedecine de la Faculté de
Montpellier, Medecin du grandCommun
de la Maison du Roi et de la Charité de
Versailles
A O UST. 1731. 2019
Versailles, pour servir près des Enfans de
France , et suppléer à M. Chicoyneau, en
cas de maladie ou d'absence , même pour
l'aider dans ses fonctions , lorsqu'il sera
present.
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Résumé : Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
En août 1731, plusieurs événements significatifs ont eu lieu à Paris et en France. Le 16 août, le Corps de Ville a élu deux nouveaux échevins : M. Pelet, avocat et conseiller de ville, et M. Geoffroy, membre de l'Académie Royale des Sciences et de la Société Royale de Londres. Le 19 août, le Corps de Ville, sous la direction du Duc de Tresmes, a été reçu en audience par le roi. Cette audience a été présentée par le Comte de Maurepas et conduite par le Marquis de Brezé et M. Desgranges. Les nouveaux échevins ont prêté serment de fidélité au roi. Le 21 août, les députés des États de Languedoc ont également eu audience avec le roi, présentés par le Prince de Dombes et le Comte de Saint Florentin. La délégation comprenait des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état. Le 23 août, la loterie de la Compagnie des Indes a été tirée pour le remboursement des actions. Le 24 août, un concert de l'Académie Royale de Musique a été donné au Château des Tuileries. Le 25 août, l'Académie Française et les Académies des Inscriptions et Belles-Lettres et des Sciences ont célébré la fête de Saint Louis. Le 28 août, la reine a accompagné la demoiselle Charpin de Gennetine à la Maison Royale de Saint Cyr pour recevoir le voile de religion. Le roi a nommé M. François Chicoyneau comme médecin des Enfants de France et M. Botiilhac comme son suppléant. M. Chicoyneau était reconnu pour ses services lors de l'épidémie de peste à Marseille en 1720 et pour ses soins aux pauvres de Montpellier.
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21
p. 2654-2655
RUSSIE.
Début :
Les Capucins arrivez à Moscou depuis peu pour y établir une Mission, ont été reçus [...]
Mots clefs :
Capucins, Monastère, Tsarine, Noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
Es Capucins arrivez à Moscou depuis peu
pour y établir une Mission , ont été reçus
avec beaucoup d'accueil et la Czarine leur a
accordé un terrain assès considerable pour y bâ
tir un Monastere.
Il s'est tenu à Ismalow plusieurs conférences
particulieres des principaux Ministres , en présence
de S. M. Cz. , et il s'est depuis répandu
un bruit que cette Princesse , à l'exemple du
Czar Pierre I. vouloit nommer un successeur
au Trône.
>
Suivant l'état qu'on a arrêté des Troupes que
la Czarine a sur pied , il paroit qu'il y as sooo.
hommes en Moscovie , 44000. tant dans les
Provinces cedées par la Couronne de Suede , que
dans la Curlande , et 66000. hommes à Astracan
, à Derbent et dans les autres Villes conquises
en Perse sans compter les Cosaques et
fes Tartares , qui peuvent monter à 150000 .
Cette Princesse peut aussi mettre en Mer 460
Vaisseaux de Guerre et 60. Fregatės.
>
>
Les Lettres de Moscou portent qu'on y avoit
reçu avis , qu'une Caravane partie il y a mois
de Nanquin , dans la Chine , étoit arrivée à
Tobolska , et que les Passagers qui viennent
avec cette Caravanne , confirment le grand Tremblement
de Terre arrivé il y a quelque temps.
dans cet Empire , lequel y avoit causé des dommages
inexprimables , la Pagode , bâtie de Porcelaine
qui est dans la Plaine de Pekin en
ayant entr'autres été renversée , au grand regret
des Chinois , qui la regardoient comme un ou-
>
›
›
viage
NOVEMBRE . 1731. 2655
vrage sans pareil. Quant au nombre de ceux qui
ont péri , on le fait monter à 36000 .
On assure que la Czarine a promis aux Députez
de la Noblesse de Curlande , d'entretenir
Toujours un certain nombre de Troupes dans ce
Duché , afin d'empêcher que la Republique de
Pologne ne le divise en Palatinat après la mort
du Souverain.
Es Capucins arrivez à Moscou depuis peu
pour y établir une Mission , ont été reçus
avec beaucoup d'accueil et la Czarine leur a
accordé un terrain assès considerable pour y bâ
tir un Monastere.
Il s'est tenu à Ismalow plusieurs conférences
particulieres des principaux Ministres , en présence
de S. M. Cz. , et il s'est depuis répandu
un bruit que cette Princesse , à l'exemple du
Czar Pierre I. vouloit nommer un successeur
au Trône.
>
Suivant l'état qu'on a arrêté des Troupes que
la Czarine a sur pied , il paroit qu'il y as sooo.
hommes en Moscovie , 44000. tant dans les
Provinces cedées par la Couronne de Suede , que
dans la Curlande , et 66000. hommes à Astracan
, à Derbent et dans les autres Villes conquises
en Perse sans compter les Cosaques et
fes Tartares , qui peuvent monter à 150000 .
Cette Princesse peut aussi mettre en Mer 460
Vaisseaux de Guerre et 60. Fregatės.
>
>
Les Lettres de Moscou portent qu'on y avoit
reçu avis , qu'une Caravane partie il y a mois
de Nanquin , dans la Chine , étoit arrivée à
Tobolska , et que les Passagers qui viennent
avec cette Caravanne , confirment le grand Tremblement
de Terre arrivé il y a quelque temps.
dans cet Empire , lequel y avoit causé des dommages
inexprimables , la Pagode , bâtie de Porcelaine
qui est dans la Plaine de Pekin en
ayant entr'autres été renversée , au grand regret
des Chinois , qui la regardoient comme un ou-
>
›
›
viage
NOVEMBRE . 1731. 2655
vrage sans pareil. Quant au nombre de ceux qui
ont péri , on le fait monter à 36000 .
On assure que la Czarine a promis aux Députez
de la Noblesse de Curlande , d'entretenir
Toujours un certain nombre de Troupes dans ce
Duché , afin d'empêcher que la Republique de
Pologne ne le divise en Palatinat après la mort
du Souverain.
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Résumé : RUSSIE.
En Russie, les Capucins, nouvellement installés à Moscou, ont été bien accueillis par la Czarine, qui leur a octroyé un terrain pour construire un monastère. Des conférences privées avec les principaux ministres ont eu lieu à Ismalow, alimentant des rumeurs sur la volonté de la Czarine de désigner un successeur au trône, à l'instar du Czar Pierre I. Les forces armées de la Czarine comptent 500 000 hommes en Moscovie, 44 000 dans les provinces suédoises et en Curlande, et 66 000 à Astracan, Derbent et dans les villes persanes conquises. Environ 150 000 Cosaques et Tartares complètent ces troupes. La Russie dispose également de 460 vaisseaux de guerre et 60 frégates. Par ailleurs, une caravane venue de Nanquin a rapporté un tremblement de terre en Chine, causant 36 000 victimes et détruisant la pagode de porcelaine près de Pékin. La Czarine a assuré aux députés de la noblesse de Curlande qu'elle maintiendrait des troupes dans ce duché pour empêcher la Pologne de le diviser après la mort du souverain.
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22
p. 192-196
DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
Début :
Mr Le Blanc Castillon, Syndic de robe, portant la parole, [...]
Mots clefs :
Infant, Don Carlos, Provence, Syndic, Noblesse, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
DELIBERATION de la Noblesse de
Provence, prife dans l' Affemblée du 15
Decembre 1731 , au sujet du Paffage de
l'Infant Don Carlos dans cette Province.
M
R Le Blanc Castillon , Syndic de *
robe , portant la parole , a dit , que l'arrivée de S. A. R. le Duc Infant en
cette Province , ayant été avancée de près
d'un mois , on n'a pûavertir assez tôt
Mrs de Villeneuve Vence , & de Villeneuve du Cadre , Syndics en exercice ,
qui sont actuellement dans leurs Terres ,
pour les engager à venir en cette ville
d'Aix.
3
Mais M. Le Blanc en ayant conferé
avec le Marquis de Vauvenargues , &
avec M. Le Camus Peypin , Syndics de la
même Election , avec quelques-uns des
Commissaires & plusieurs Gentilshom- ~
mes , ils ont tous pensé unanimement ,
qu'il convient dans cette occasion de ne
rien oublier de la part du Corps de la
Noblesse , pour donner des marques de
son zele pour la gloire du Roy en la personne d'un Prince de la Maison de France , &c.
Il a été jugé à propos d'assembler les *
Gentilshommes qui se trouveroient à por.
tée
JANVIER 1737.
1934
tee , lesquels en qualité de Députez du
Corps , iroient avec les Syndics offrir
leurs respects à ce Prince ; & comme onapprit qu'il devoit arriver en cette ville
le 8. de ce mois , M. le Marquis de Vau
venargues & M. Le Blanc crurent devoir
prévenir M. Desgranges , Maître des Ce
remonies , qui étoit arrivé la veille à Aix.
Il leur demanda quelques éclaircissemens
sur les Titres & les Usages en vertu desquels la Noblesse de cette Province for
me un Corps , les preuves en furent facilement raportées & confirmées par le té--
moignage de M. l'Archevêque; sur quoy'
M. Desgranges ayant consulté ses Memoires , & pris les arrangemens qu'il crut
les plus convenables , dit que Mrs les
Consuls représentant le Corps de Ville
devoient recevoir le Prince à la porte ,
lay faire le premier compliment ; que
lorsque S. A. R. se seroit renduë dans
l'apartement qui luy avoit été destiné ,
il recevroit les complimens des Corps de
Juftice qu'on introduiroit ensuite les
deux Corps qui font partie des deux
premiers Ordres du Royaume ; c'eſtà- dire , qu'après que le Chapitre do
PEglise Metropolitaine en Corps , ayant
à la tête M. l'Archevêque , qui por-.
toit la parole , auroit fait son compli-
&
ment
194 MERCURE DE FRANCE
ment , les Deputez de la Noblesse seroientadmis pour faire le leur au nom de
ce Corps. Cet ordre ayant été ainsi reglé,
les Syndics firent la convocation dont on
étoit convenu, et partirent du lieu ordinairé des Assemblées du Corps avec plusieurs
Gentilshommes.
Ils furent reçus chez le Prince par
M. Desgranges au moment qu'ils se firent annoncer , ils traverserent avec lui la Sale
et l'Antichambre où ils trouverent un
grand nombre d'autres Gentilshommes, et
furentaussitôt introduits dans la chambre
de S. A. R.
M. le Marquis de Vauvenargues après.
une profonde reverence dit :
MONSEIGNEUR ,
Nous venons offrir à V. A. R. les respects
de la Noblesse de Provence , et lui exprimer
nos sentimens parla bouche de notre Syndic de Robe
Après quoi M. le Blanc dit :
MONSEIGNEUR ,
La Noblesse decette Province quijouit du
Privilege de s'assembler'en Corps , n'en sçauroit faire un plus glorieux usage , qu'en venant offrir ses vœux et ses respects à votre Altesse Royale. Plus attachez que le reste du
Peuple au sort et à la personne des grands Princes
JANVIER. 1732. 195
Princes , nous ressentons plus vivement la
douce impression que votre presence fait sur
tous les cœurs , et nous sommes charmez de
pouvoirvous exprimer des sentimens que votre nom seul nous avoit deja inspirés .
Nous respectons en vous , Monseigneur ;
Auguste Sang de nos Roys , et celui d'un
Prince aussi grand par ses vertus que par sa
naissance ; nous admirons tant de belles qua
litez qui, devançant le cours des années, vous
ont rendu l'amour des Peuples , et nous preju
geons avecjoye l'heureux avenir que les hau
tes destinées de votre Altesse Royale lui preparent.
Vous avez été , Monseigneur, dès votre
naissance l'objet de l'attention de toute l'Europe , vous êtes devenu le lien et le sceau de la
paix , vousallezporter lagloire des deux plus
grands Royaumes de l'Univers au delà des
bornes qui les renferment , et donner à l'Italie
un nouvel éclat en lui communiquant celui
dela France et de l'Espagne.
Puisse votre Altesse Royale , jouir long
tems de cesglorieux avantages, ajouter de nonveaux Empires aux Etats florissants qu'un
illustre sort lui destine , les transmettre à la
posterité la plus reculée , et recevoir de nos
neveux de nouvelles preuves du même zele
dont nous sommes animez.
L'Infant témoignant beaucoup de satis- faction
196 MERCURE DE FRANCE
*
tion du zele de Mrs de laNoblesse s'avança
quelque pas avec eux et jusqu'au milieu de
sa chambreà mesure qu'ils se retiroient, et
lorsqu'ils en sortirent ils furent recon
duits par M. Desgranges.
*********
Provence, prife dans l' Affemblée du 15
Decembre 1731 , au sujet du Paffage de
l'Infant Don Carlos dans cette Province.
M
R Le Blanc Castillon , Syndic de *
robe , portant la parole , a dit , que l'arrivée de S. A. R. le Duc Infant en
cette Province , ayant été avancée de près
d'un mois , on n'a pûavertir assez tôt
Mrs de Villeneuve Vence , & de Villeneuve du Cadre , Syndics en exercice ,
qui sont actuellement dans leurs Terres ,
pour les engager à venir en cette ville
d'Aix.
3
Mais M. Le Blanc en ayant conferé
avec le Marquis de Vauvenargues , &
avec M. Le Camus Peypin , Syndics de la
même Election , avec quelques-uns des
Commissaires & plusieurs Gentilshom- ~
mes , ils ont tous pensé unanimement ,
qu'il convient dans cette occasion de ne
rien oublier de la part du Corps de la
Noblesse , pour donner des marques de
son zele pour la gloire du Roy en la personne d'un Prince de la Maison de France , &c.
Il a été jugé à propos d'assembler les *
Gentilshommes qui se trouveroient à por.
tée
JANVIER 1737.
1934
tee , lesquels en qualité de Députez du
Corps , iroient avec les Syndics offrir
leurs respects à ce Prince ; & comme onapprit qu'il devoit arriver en cette ville
le 8. de ce mois , M. le Marquis de Vau
venargues & M. Le Blanc crurent devoir
prévenir M. Desgranges , Maître des Ce
remonies , qui étoit arrivé la veille à Aix.
Il leur demanda quelques éclaircissemens
sur les Titres & les Usages en vertu desquels la Noblesse de cette Province for
me un Corps , les preuves en furent facilement raportées & confirmées par le té--
moignage de M. l'Archevêque; sur quoy'
M. Desgranges ayant consulté ses Memoires , & pris les arrangemens qu'il crut
les plus convenables , dit que Mrs les
Consuls représentant le Corps de Ville
devoient recevoir le Prince à la porte ,
lay faire le premier compliment ; que
lorsque S. A. R. se seroit renduë dans
l'apartement qui luy avoit été destiné ,
il recevroit les complimens des Corps de
Juftice qu'on introduiroit ensuite les
deux Corps qui font partie des deux
premiers Ordres du Royaume ; c'eſtà- dire , qu'après que le Chapitre do
PEglise Metropolitaine en Corps , ayant
à la tête M. l'Archevêque , qui por-.
toit la parole , auroit fait son compli-
&
ment
194 MERCURE DE FRANCE
ment , les Deputez de la Noblesse seroientadmis pour faire le leur au nom de
ce Corps. Cet ordre ayant été ainsi reglé,
les Syndics firent la convocation dont on
étoit convenu, et partirent du lieu ordinairé des Assemblées du Corps avec plusieurs
Gentilshommes.
Ils furent reçus chez le Prince par
M. Desgranges au moment qu'ils se firent annoncer , ils traverserent avec lui la Sale
et l'Antichambre où ils trouverent un
grand nombre d'autres Gentilshommes, et
furentaussitôt introduits dans la chambre
de S. A. R.
M. le Marquis de Vauvenargues après.
une profonde reverence dit :
MONSEIGNEUR ,
Nous venons offrir à V. A. R. les respects
de la Noblesse de Provence , et lui exprimer
nos sentimens parla bouche de notre Syndic de Robe
Après quoi M. le Blanc dit :
MONSEIGNEUR ,
La Noblesse decette Province quijouit du
Privilege de s'assembler'en Corps , n'en sçauroit faire un plus glorieux usage , qu'en venant offrir ses vœux et ses respects à votre Altesse Royale. Plus attachez que le reste du
Peuple au sort et à la personne des grands Princes
JANVIER. 1732. 195
Princes , nous ressentons plus vivement la
douce impression que votre presence fait sur
tous les cœurs , et nous sommes charmez de
pouvoirvous exprimer des sentimens que votre nom seul nous avoit deja inspirés .
Nous respectons en vous , Monseigneur ;
Auguste Sang de nos Roys , et celui d'un
Prince aussi grand par ses vertus que par sa
naissance ; nous admirons tant de belles qua
litez qui, devançant le cours des années, vous
ont rendu l'amour des Peuples , et nous preju
geons avecjoye l'heureux avenir que les hau
tes destinées de votre Altesse Royale lui preparent.
Vous avez été , Monseigneur, dès votre
naissance l'objet de l'attention de toute l'Europe , vous êtes devenu le lien et le sceau de la
paix , vousallezporter lagloire des deux plus
grands Royaumes de l'Univers au delà des
bornes qui les renferment , et donner à l'Italie
un nouvel éclat en lui communiquant celui
dela France et de l'Espagne.
Puisse votre Altesse Royale , jouir long
tems de cesglorieux avantages, ajouter de nonveaux Empires aux Etats florissants qu'un
illustre sort lui destine , les transmettre à la
posterité la plus reculée , et recevoir de nos
neveux de nouvelles preuves du même zele
dont nous sommes animez.
L'Infant témoignant beaucoup de satis- faction
196 MERCURE DE FRANCE
*
tion du zele de Mrs de laNoblesse s'avança
quelque pas avec eux et jusqu'au milieu de
sa chambreà mesure qu'ils se retiroient, et
lorsqu'ils en sortirent ils furent recon
duits par M. Desgranges.
*********
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Résumé : DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
Le 15 décembre 1731, la Noblesse de Provence a délibéré sur le passage de l'Infant Don Carlos dans la province. L'arrivée anticipée du Duc Infant a empêché les syndics en exercice d'être avertis à temps. M. Le Blanc, syndic de robe, a consulté le Marquis de Vauvenargues, M. Le Camus Peypin et plusieurs gentilshommes pour organiser une réception appropriée. Ils ont décidé de rassembler des gentilshommes pour offrir leurs respects au prince, prévu arriver le 8 janvier. M. Desgranges, Maître des Cérémonies, a été informé et a consulté ses mémoires pour établir l'ordre des réceptions. Les consuls représentant le Corps de Ville devaient accueillir le prince à la porte, suivis par les corps de justice, le Chapitre de l'Église Métropolitaine, et enfin les députés de la Noblesse. Le jour de l'arrivée, les syndics et plusieurs gentilshommes se sont rendus chez le prince. Le Marquis de Vauvenargues a exprimé les respects de la Noblesse de Provence. M. Le Blanc a souligné le privilège de la Noblesse de s'assembler en corps pour offrir ses vœux et ses respects au prince. Il a également mentionné l'attachement de la Noblesse au sort des grands princes et l'admiration pour les qualités du prince. L'Infant a témoigné sa satisfaction et a accompagné les gentilshommes jusqu'à la sortie de sa chambre.
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23
p. 1654-1655
POLOGNE.
Début :
Dans la crainte que les Puissances Etrangeres pourroient troubler la liberté des suffrages [...]
Mots clefs :
Diète de convocation, Puissances étrangères, Troupes, Élection, Noblesse, Primat, Sénat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
Ans la crainte que les Puissances Etrangeres
D pourroient troubler la liberté des suffrages
dans la prochaine Diette d'Election , le Primat et
le.Senat ont résolu d'augmenter les Troupes de
la République , pour s'opposer à leurs entrepri
ses , et on assûre que si la Noblesse est contrainte
de monter à cheval , comme on dit qu'elle en
recevra l'ordre incessamment , le Primat la
commandera en personne.
Il a écrit sur la fin de Juin une Lettre Circulaire
JUILLET. 1732 . IESS
1
laire aux Seigneurs et aux Gentilshommes , qui
n'ont point assisté à la Diette de Convocation
pour leur donner part de l'Acte de Confédération
générale , par lequel il a été résolu d'ex-.
clure de la Couronne tous les Etrangers ; il les
exhorte par cette Lettre à ne point faire difficulté
de prêter le même Serment qu'ont prêté .
les Senateurs et les Nonces qui se sont trouvés
à cette Diette. Il les rassûre au sujet des
mouvemens des Troupes de quelques Puissances
voisines. Il remarque qu'elles ont trop d'équité
pour vouloir troubler le repos d'une Républi
que , qui ne les a point offensées , et qui souvent
même a sacrifié ses interêts au désir de
conserver avec elles une bonne intelligence , et
que si elles étoient assez injustes pour traiter
la Nation comme ennemie , parce qu'elle veut
être libre , les autres Puissances ne lui refuseroient
pas les secours dont elle auroit besoin
pour se délivrer de l'oppression.
Ce Prélat insinue ensuite que le Senat pourra
déroger au Réglement fait dans la Diette - de-
Convocation , pour fixer le nombre des personpes
, que chaque Gentilhomme pourroit mener
avec lui à celle d'Election , et qu'il sera peut-
Are convenable , que la Noblesse s'y fasse suivre
du plus grand nombre de gens armés qu'il serapossible.
Ans la crainte que les Puissances Etrangeres
D pourroient troubler la liberté des suffrages
dans la prochaine Diette d'Election , le Primat et
le.Senat ont résolu d'augmenter les Troupes de
la République , pour s'opposer à leurs entrepri
ses , et on assûre que si la Noblesse est contrainte
de monter à cheval , comme on dit qu'elle en
recevra l'ordre incessamment , le Primat la
commandera en personne.
Il a écrit sur la fin de Juin une Lettre Circulaire
JUILLET. 1732 . IESS
1
laire aux Seigneurs et aux Gentilshommes , qui
n'ont point assisté à la Diette de Convocation
pour leur donner part de l'Acte de Confédération
générale , par lequel il a été résolu d'ex-.
clure de la Couronne tous les Etrangers ; il les
exhorte par cette Lettre à ne point faire difficulté
de prêter le même Serment qu'ont prêté .
les Senateurs et les Nonces qui se sont trouvés
à cette Diette. Il les rassûre au sujet des
mouvemens des Troupes de quelques Puissances
voisines. Il remarque qu'elles ont trop d'équité
pour vouloir troubler le repos d'une Républi
que , qui ne les a point offensées , et qui souvent
même a sacrifié ses interêts au désir de
conserver avec elles une bonne intelligence , et
que si elles étoient assez injustes pour traiter
la Nation comme ennemie , parce qu'elle veut
être libre , les autres Puissances ne lui refuseroient
pas les secours dont elle auroit besoin
pour se délivrer de l'oppression.
Ce Prélat insinue ensuite que le Senat pourra
déroger au Réglement fait dans la Diette - de-
Convocation , pour fixer le nombre des personpes
, que chaque Gentilhomme pourroit mener
avec lui à celle d'Election , et qu'il sera peut-
Are convenable , que la Noblesse s'y fasse suivre
du plus grand nombre de gens armés qu'il serapossible.
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Résumé : POLOGNE.
En juillet 1732, en Pologne, le Primat et le Sénat ont décidé d'augmenter les troupes de la République pour prévenir toute ingérence étrangère lors de la prochaine Diète d'Élection, afin de protéger la liberté des suffrages. Le Primat a envoyé une lettre circulaire aux seigneurs et gentilshommes absents, les informant de la confédération générale excluant les étrangers de la Couronne et les exhortant à prêter le même serment que les sénateurs présents. La lettre rassure également sur les mouvements des troupes voisines, affirmant que la Pologne n'a jamais offensé leurs intérêts et que d'autres puissances viendraient en aide à la Pologne en cas d'oppression. De plus, le Primat suggère que le Sénat pourrait modifier le règlement concernant le nombre de personnes que chaque gentilshomme peut emmener à la Diète d'Élection, recommandant que la noblesse soit accompagnée du plus grand nombre de gens armés possible.
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24
p. 1868-1870
POLOGNE.
Début :
Le Primat et le Sénat prennent des mesures pour que la République puisse mettre une [...]
Mots clefs :
République, Royaume, Noblesse, Liberté, Nation, Sénat, Prérogatives, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Primat et le Sénat prennent des mesures
pour que la République puisse mettre une
Armée considerable sur pied le mois prochain ;
on fait des levées dans tout le Royaume , et le
Régimentaire de la Couronne a reçû ordre de
faire prendre les armes à la trentiéme partie des
habitans du Pays qui ne sont pas Gentilshommes
, et qui sont en état de servir . La Noblesse
est
A O UST. 1733. 1869.
est prête aussi à monter à cheval , et elle parofe
résolue à deffendre jusqu'à la derniere extrémité
ses prérogatives contre les entreprises des Puissances
qui y voudroient donner atteinte.
On a fait avancer des Troupes sur les
Frontieres de Silesie , et elles doivent entrer dans
cette Province , si les Troupes Imperiales marchent
en Pologne.
Le 22. Juillet , le Primat remit au Comte de
Wilsech , la réponse à la déclaration que ce Ministre
lui avoit faite le 20. Juin de la part de
l'Empereur. Cette réponse contient que le Pri
mat et le Sénat n'ayant eu d'autre vûë que de
conserver l'union parmi la Noblesse et d'assurer '
sa liberté , et n'ayant fait depuis la mort du feu
Roy , aucune démarche qui ne tendît à ce but
ils ont lieu d'être surpris qu'on essaye de rendre,
leurs intentions suspectes à la Nation ; que c'est
faire une injure sensible à la Noblesse Polonoise .
que d'avancer qu'il y ait dans un Corps si jaloux
de ses prérogatives , quelqu'un qui ose impunément
entreprendre de contraindre les suffrages ,
employer pour cet effet les menaces et même la
violence , et qui fait dépendre les Déliberations
publiques de sa volonté particuliere ; que la République
verra toujours avec plaisir les Puissan
ces voisines la proteger , lorsque cette protection ,
ne deviendra pas une oppression , et que sous
prétexte de vouloir que la Nation soit libre , on
ne cherchera pas à lui ôter sa liberté , en se rendant
l'Arbitre et l'Interprete des Loix et des
Constitutions du Royaume ; qu'il appartient
aux seuls Polonois de les maintenir , de les abroger
ou de les interpreter ; et que comme ils ne
sont obligez de consulter aucune Puissance
Etrangere lorsqu'ils jugent à propos d'établir
quel
1370 MERCURE DE FRANCE
quelque nouvelle Loi dans leur Pays , ils n'ont
pas besoin du consentement d'aucun de leurs '
voisins pour déroger aux anciennes , quand ils
croyent que les circonstances le demandent ; que
si l'Empereur veut sincerement deffendre la liberté
de la Nation , c'est - à- dire , lui conserver le
droit d'être seule l'Arbitre et l'Interprete de ses
Loix , Sa Majesté Impériale satisfera en mêmetemps
à ce qu'elle se doit à elle-mê ‹ne , à
qu'elle doit à une République qui depuis longtemps
est son alliée , et qu'un dessein si conforme
aux regles de la justice , et si avantageux
au Royaume , excitera une sincere reconnoissance
dans les coeurs de tous les Polonois zelez
pour le bien public .
E Primat et le Sénat prennent des mesures
pour que la République puisse mettre une
Armée considerable sur pied le mois prochain ;
on fait des levées dans tout le Royaume , et le
Régimentaire de la Couronne a reçû ordre de
faire prendre les armes à la trentiéme partie des
habitans du Pays qui ne sont pas Gentilshommes
, et qui sont en état de servir . La Noblesse
est
A O UST. 1733. 1869.
est prête aussi à monter à cheval , et elle parofe
résolue à deffendre jusqu'à la derniere extrémité
ses prérogatives contre les entreprises des Puissances
qui y voudroient donner atteinte.
On a fait avancer des Troupes sur les
Frontieres de Silesie , et elles doivent entrer dans
cette Province , si les Troupes Imperiales marchent
en Pologne.
Le 22. Juillet , le Primat remit au Comte de
Wilsech , la réponse à la déclaration que ce Ministre
lui avoit faite le 20. Juin de la part de
l'Empereur. Cette réponse contient que le Pri
mat et le Sénat n'ayant eu d'autre vûë que de
conserver l'union parmi la Noblesse et d'assurer '
sa liberté , et n'ayant fait depuis la mort du feu
Roy , aucune démarche qui ne tendît à ce but
ils ont lieu d'être surpris qu'on essaye de rendre,
leurs intentions suspectes à la Nation ; que c'est
faire une injure sensible à la Noblesse Polonoise .
que d'avancer qu'il y ait dans un Corps si jaloux
de ses prérogatives , quelqu'un qui ose impunément
entreprendre de contraindre les suffrages ,
employer pour cet effet les menaces et même la
violence , et qui fait dépendre les Déliberations
publiques de sa volonté particuliere ; que la République
verra toujours avec plaisir les Puissan
ces voisines la proteger , lorsque cette protection ,
ne deviendra pas une oppression , et que sous
prétexte de vouloir que la Nation soit libre , on
ne cherchera pas à lui ôter sa liberté , en se rendant
l'Arbitre et l'Interprete des Loix et des
Constitutions du Royaume ; qu'il appartient
aux seuls Polonois de les maintenir , de les abroger
ou de les interpreter ; et que comme ils ne
sont obligez de consulter aucune Puissance
Etrangere lorsqu'ils jugent à propos d'établir
quel
1370 MERCURE DE FRANCE
quelque nouvelle Loi dans leur Pays , ils n'ont
pas besoin du consentement d'aucun de leurs '
voisins pour déroger aux anciennes , quand ils
croyent que les circonstances le demandent ; que
si l'Empereur veut sincerement deffendre la liberté
de la Nation , c'est - à- dire , lui conserver le
droit d'être seule l'Arbitre et l'Interprete de ses
Loix , Sa Majesté Impériale satisfera en mêmetemps
à ce qu'elle se doit à elle-mê ‹ne , à
qu'elle doit à une République qui depuis longtemps
est son alliée , et qu'un dessein si conforme
aux regles de la justice , et si avantageux
au Royaume , excitera une sincere reconnoissance
dans les coeurs de tous les Polonois zelez
pour le bien public .
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Résumé : POLOGNE.
En 1733, en Pologne, le Primat et le Sénat entreprennent de lever une armée importante. Des levées sont organisées dans tout le royaume, et le Régimentaire de la Couronne doit armer un tiers des habitants non nobles aptes au service. La noblesse se prépare à défendre ses prérogatives contre les ingérences étrangères. Des troupes sont déployées aux frontières de Silésie, prêtes à intervenir si les forces impériales pénètrent en Pologne. Le 22 juillet, le Primat remet au Comte de Wilsech la réponse à une déclaration faite par ce ministre le 20 juin au nom de l'Empereur. La réponse souligne que le Primat et le Sénat ont toujours cherché à préserver l'union et la liberté au sein de la noblesse. Ils expriment leur surprise face aux suspicions sur leurs intentions et rejettent les accusations de contrainte ou de violence dans les délibérations publiques. La République polonaise affirme son droit de maintenir, abroger ou interpréter ses lois sans ingérence étrangère. Elle invite l'Empereur à défendre sincèrement la liberté de la nation en respectant son autonomie législative et constitutionnelle.
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25
p. 2480-2489
POLOGNE.
Début :
La Cour du Roy à Danzick, est considerablement augmentée par l'arrivée d'un grand [...]
Mots clefs :
Élection, Troupes moscovites, Diète de convocation, Opposants, Diète, Régimentaire, Couronne, Comte, Électeur de Saxe, Lituanie, Noblesse, Dantzig, Ennemis, Serment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOCN E.
Lblement augmentée par l'arrivée d'un grand
A Cour du Roy à Danzick , est considera
nombre de Seigneurs et de Gentilshommes qui
vont offrir leurs services à S. M. Elle tint sur la
fin du mois dernier, avec le Primat et les principaus
NOVEMBRE. 1733. 248T
paux Sénateurs , plusieurs Conseils , et il a été
résolu de publier les Universaux pour faire monter
la Noblesse à cheval .
Le 20 Octobre , il arriva à Danzick un Cou
rier de Rome , dépêché par le Duc de S. Aignan,
Ambassadeur du Roy Très-Chrétien auprès du
Pape , par lequel le Roy a été informé des
instructions que S. S. a envoyées à son Nonce
en Pologne , et des ordres donnez à ce Ministre
de reconnoître le Roy, et de lui remettre la Reponse
de S. S. à la Lettre que S. M. lui avoit
écrite aussi - tôt après son Election.
Depuis la premiere nouvelle de l'Election faite
avec beaucoup de désordre en faveur de l'Elec
teur de Saxe le 5. Octobre , on a appris que le
General Lucci , qui commande les Troupes
Moscovites , avoit été très - allarmé de la division
qui s'étoit mise entre les Opposans , dont les
principaux songeoient chacun en leur particulier
à se faire élire ; que le Palatin de Cracovie
ayant même voulu se retirer de la Confédération,
le Géneral Lucci avoit pensé qu'il n'y avoit pas
un moment à perdre pour faire proclamer l'Electeur
de Saxe ; qu'il avoit , sans demander les
suffrages , crié seul , Vive Auguste , troisiéme
Roy de Pologne et du grand Duché de Lithuanie
; que l'Evêque de Posnanie avoit ensuite proclamé
ce Prince , et qu'il étoit entré avec ceux
qui s'étoient trouvez à cette prétenduë Election
dans l'Eglise des Bernardins , pour y chanter le
Te Deum. Les principaux Seigneurs Polonois
qui ont assisté à l'Election de l'Electeur de Saxe
et qui sont venus à notre connoissance , sont ,
les Evêques de Cracovie et de Posnanie , le Prince
Régimentaire de Lithuanie , les Palatins de
Cracovie , de Novogrod , de Podlachie , de Cul
G F
2482 MERCURE DE FRANCE
*
et de Czernikow , le Prince Sangusko , le Grand
Ecuyer Radzivil , le Comte de Cetner , l'Ecuyer
Tranchant de la Couronne , Rizewki , le Maré.
chal de la Confédération et de l'Election Ponenski
, les, Starostes de Vielun et de Bezzin', le
Comte Zawisza , les. Castellans de Radom , de
Podkommorszy , de Wiltzomer et Plater , et les
ComtesBraniski et Siednieki : ceux qui y ont adhés
ré depuis, sont, le Castelan de Cracovie, le Palatin
d'Inowladislaw , le Castellan de Lenziecinni , le
Staroste de Lenziecinni , et StarosteOppazinski.
"
Le Comte Potoki , Régimentaire de la Cou
ronne qui écrit ces nouvelles , ajoûte que les
Troupes de la Couronne étant sorties de Warsovie,
dans la crainte d'y manquer de fourages , le
parti des Opposans et les Moscovites avoient
passé la Vistule , et que sur cette nouvelle il
avoit mandé au Palatin de Lublin , qui continuë
à rassembler les Troupes , de s'approcher le plus
qu'il pourroit de Dantzik , pour empêcher les.
Moscovites et les Saxons , d'avancer dans la
Trusse Polonoise..
ce ,
Sur l'avis qu'on reçût à Massoire le 4. Octobre,
que quelques Partisans des Opposans avoient
fait conduire sécretement la nuit , une grande
quantité de Poudre et de Balles aux Cazernes du
Palais de Casimir , et que M. Jauch, Lieutenant Colonel,
qui y commande , en avoit eu connoissanil
fut résolu de s'assurer de cet Officier, mais
il prévint par sa fuite le dessein qu'on avoit contre
sa personne. Le peuple irrité de sa trahison ,
pilla la maison où il demeuroit , et l'on transporta
au Camp toutes les munitions qu'on trou
va dans les Cazernes. On eut beaucoup de peine
à arrêter les effets de l'indignation du Peuple et
de Regimentaire fut obligé d'emploïer , la force :
Pous
NOVEMBRE. 1733. 2453
pour empêcher qu'on ne mît le feu à la maison
du Palatin de Podlachie , et à celles de quelques
autres Seigneurs Opposans. Par les soins qu'on
apporta , leurs meubles et leurs effets ont été
conservez , et ils n'ont perdu dans cette émeute
que le Foin et l'Avoine , dont ils avoient fait un
amas considérable pour la nourriture des Chevaux
de l'Armée Moscovite , et qu'on a fait
mettre dans les magasins de celle de la Couronne.
Le 9. le Regimentaire envoya un Officier au
Ministre du Roi de Prusse , pour l'informer
qu'il avoit reçû ordre du Roi de quitter le Camp
de Mariemont et de ne point disputer le passage
de la Vistule aux Moscovites , et le même jour
il alla camper à Piaceczno .
:
Quelques Regimens Moscovites passérent là
Riviere le 11. et ils furent suivis le 13 , le 14 et
le 15.par plusieurs autres qui composent en tout
10 à 12000 hommes.
Plusieurs Opposans , qui mécontens du joug
des Moscovites ont abandonné leur parti , et se
sont rendus ptès du Roi à Dantzick , ont con→
firmé ce que le Comte Potocki , Regimentaire
de la Couronne , avoit mandé à S. M. la ma
niere violente avec laquelle la proclamation de
l'Electeur de Saxe s'étoit faite , et ils ont ajouté
qu'il ne s'étoit pas trouvé à cette Proclamation
plus de soo. Polonois ayant droit de suffrage.
Ils assurent que la plupart de ceux qui y ont assisté
, se plaignent hautement du peu d'égard que
le Général Lucci leur . a marqué en ne daignant
pas seulement permettre que le Maréchal de la
Conféderation recueillit les voix , et qu'il y a des
semences d'une division prochaine entre ce Géné
ral etles principaux Opposans..
Lies
484 MERCURE DE FRANCE
Le Palatin de Lublin s'est avancé vers les Fron
éres de cette Province , avec un corps de Trou
Pes pour la mettre à couvert des courses des Ennemis,
et il doit être joint par 2000. hommes que
cette Ville fait lever, et qu'elle entretiendra à ses
dépens pour le service du Roi .
L'Armée de la Couronne est encore campés
à Tarca ; on a enlevé divers convois aux Mos
Covites , qui bien loin de paroître dans le dessein
de former quelque entreprise , travaillent avec diligence
à se rétrancher dans leur Camp.
Lebruit qui a couru que le Comte Bienlinski ,
étoit du parti du Regimentaire de Lithuanie ,
étoit sans fondement : il est allé à Dantzick as
surer le Roi de sa fidélité , et il exerce auprès de
S. M. sa Charge de Maréchal de la Cour.
Selon d'autres Lettres de Dantzick , le Régimentaire
de la Couronne est toujours dans le
même Camp avec les Troupes qu'il commande ;
les Moscovites continuent à se retrancher avec
diligence prés de Varsovie , et il se passe peu de
jours qu'il n'y ait quelques combats entre les
deux Armées , ces Lettres ajoûtent que jusqu'à
présent les Troupes de la Couronne ont eu l'as
vantage dans toutes les occasions .
Le Comte Poccy que le Roi a nommé Regimentaire
de Lithuanie , à la place du Prince
Wienowieski , s'est mis par ordre de S. M. à la
tête des Troupes , qui ont été rassemblées dans
les Palatinats de Russie , de Mariembourg et de
Vilna , et l'on a appris qu'après avoir enlevé un
Convoi aux Ennemis , il s'étoit posté avec ses
Troupes le long de la Vistule au dessus de leur
Camp , afin d'être à portée d'arrêter tous les
Batteaux qui descendroient pour y porter des:
vivics.
Le
NOVEMBRE. 1733. 2485
Le Prince Czarterinski , Vice Chancelier de
la Couronne , le Castellan de Plocko , M. Tabiawski
, Chambellan de la Couronne , et le
Comte de Denhoff , Chambellan de Lithuanie ,
sont allés à Dantzick pour rendre leurs hom
mages à S. M. On y attend incessamment M.
Paulucci , Nonce du Pape , lequel a reçû ordre de
S. S. de complimenter le Roi sur son Election.
S. M. a ordonné qu'on publiât les Universaux
pour faire monter la Noblesse à Cheval , et elle
écrit en même tems aux Seigneurs et aux Gentils
- hommes de chaque Palatinat une Lettre circulaire,
qui contient , que les Opposans , en se
joignant aux Troupes Moscovites, ne laissent plus
lieu de douter qu'elles ne sont entrées que de
Jeur consentement et même à leur priere sur les
Terres de la Republique ; qu'on a d'ailleurs des
preuves certaines qu'elles y ont été appellées par
les principaux Chefs des rebelles , quoique plusieurs
d'entr'eux se fussent engagés par serment
dans la Diette d'Election à poursuivre comme
traîtres et comme ennemis de leur Patrie , ceux
qui auroient recours aux forces étrangères pour
faire réussir leurs desseins ; qu'on sçait que les
Evêques de Cracovie et de Posnanie sont allés
joindre le Géneral Lucci , afin de prendre avec
lui des mesures pour établir de leur propre authorité
une nouvelle République , composée
seulement de leurs adherans ; qu'ils sont revenus
avec les Moscovites à Praage , et que c'est par
leurs sollicitations réiterées et par celles du Prince
Wienovieski , ci - devant Regimentaire de Lithuanie
, que le Général Moscovite s'est déterminé
à précipiter la prétendue Election , faite
sans aucune formalité et contre toutes les Loix
du Royaume en faveur de l'Electeur de Saxe ;
que
-)
2486 MERCURE DE FRANCE
que l'Evêque de Posnanie en proclamant ce Prince
joint le parjure à la rébellion , puisqu'il s'étoit
engagé par un serment de n'élire et de ne reconnoître
pour Roi qu'un Polonois né de Pere et de
Mere Catholiques , et qui ne possédât aucunes
Terres hors du Royaume ; que depuis la proclamation
de l'Electeur de Saxe, et la jonction des
Opposans et des Moscovites , les uns et les autres
montrent la même ardeur à détruire la République
, et une égale haine pour ceux qui ne veu
lent pas contribuer à sa ruine , que tous les bons
citoïens sont interessés à ne pas souffrir plus
long-tems les attentats d'une Nation étrangere
qui prétend donner des loix à un Peuple libre ,
et la licence d'une troupe de Sujets rébelles , qui
se regardant eux- mêmes comme étrangers dans
leur propre Patrie, et lui ayant déclaré la Guerre,
ne méritent plus qu'on garde avec eux aucun
ménagement , qu'ainsi S. M. compte que la No-
Blesse Polonoise n'a pas besoin d'être exhortée
à se deffendre et à se vanger , et que tous les Gentils-
hommes zélés pour la liberté et pour l'honneur
de la Nation sont également empressés à
suivre l'ordre qui leur est donné de prendre les
Armes pour chasser les Moscovites et dompter
les rébelles.
S. M. ajoûte qu'elle se mettra à la tête de la
Noblesse aussi-tôt qu'elle sera assemblée , et qu'-
elle combattra moins pour conserver la Cou
ronne que pour délivrer la Pologne de la tyrannie
des Paissances étrangeres qui veulent l'opprimer..
Le Primat pour refuter de fausses allégations que
les Ministres de l'Empereur et de la Czarine ont
employées afin de justifier leurs démarches ,
donné un Manifeste , dans lequel il prouve par
a
NOVEMBRE. 1733. 2487
3
un simple récit de ce qui s'est passé depuis la
mort du feu Roi jusqu'à la derniere Election ,
que son premier soin dés le commencement de
PInterrégne a été de rétablir l'union parmi la
Noblesse , qu'après y être parvenu , il a profité
de la Diette extraordinaire , convoquée par le
feu Roi , pour déliberer avec la Noblesse sur ce
qui pourroit assurer la tranquillité et la liberté de
la Nation , et qu'il n'a fait jusqu'à la Diette générale
de convocation aucune démarche qui n'ait
été reglée par le Senat et par les Nonces , quoiqu'en
qualité de Primat il cût pu s'en dispenser
en bien des occasions ; que peu après l'ouverture
de la Diette générale de Convocation la plus
grande partie des.Nonces , trouvant aussi injuste
qu'injurieuse à la Noblesse, la résolution prise
dans une Diette précédente d'exclure les Polonois
du Trône , proposérent de leur propre mouvement
de donuer au contraire l'exclusion à tout
étranger que non seulement . ce projet fut una-.
nimément approuvé , mais que tous les Evêques ,.
les Sénateurs et les Nonces , s'obligérent par serment
à ne donner leurs suffrages qu'à un de leurs
Compatriotes , et que la Diette générale de Convocation
dans sa derniere séance déclara ce serment
une loi fondamentale du Royaume ; que
pendant la tenue de la Diette d'Election , les loix
établies dans la Diette de Convocation , ont toujours
été la regle de sa conduite ; que les Opposans
, en se retirant à Praage , n'ont observé aucune
des formalités qui pouvoient arrêter ou
suspendre les délibérations de la Diette ; qu'ils
quittérent le Camp destiné à l'Election du Roi ,
sans faire aucune protestation ; que lorsqu'on
leur envoya des Députés pour leur demander la
cause de leur retraite , ils répondirent que cette
retraite
2488 MERCURE DE FRANCE
retraite ne devoit troubler l'Election en aucune
maniere ; que ceux qui n'avoient pas signé la formule
de serment prescrit par la Diette contre
ceux qui avoient fait entrer les Troupes Moscovites
dans le Royaume , ne refusérent pas même
de la signer ; que leur retraite n'ayant point été
motivée ni accompagnée d'aucun Acte juridique
d'opposition aux résolutions de la Diette , on
avoit procédé selon les Loix à l'Election du Roi ;
que plus de cent Enseignes y avoient assisté
qu'après qu'il eut récueilli les suffrages en la maniere
accoutumée , tous se trouvérent réunis en
faveur de S. M. régnante , à l'exception de ceux
de quelques Nonces , qui se retirerent en décla
rant qu'ils ne donnoient point leurs voix , mais
qu'ils ne s'opposoient point à l'Election ; que M.
Kamienski , Capitaine du district de Krziemie ,
fut le seul qui protesta , mais qu'il ne persista pas
dans son opposition , et que ce ne fut qu'après
un désistement en forme de sa part , et après
avoir observé toutes les formalités ordonnées par
les Constitutions du Royaume, que se fit la Proclamation.
Le Comte Pocci Regimentaire de Lithuanie , a
envoyé à Dantzick un Courier , pour apprendre
au Roi , que le Convoy qu'il a enlevé aux Ennemis
étoit composé de 1500 Chariots , dont la
plus grande partie étoit chargée de munitions de
Guerre ; qu'on y avoit trouvé une somme considerable
d'argent , et que de 2000 hommes qui
escortoient ce Convoy , 600. avoient été tueż ,
et les autres faits prisonniers.
Ce Général a fait distribuer à ses Troupes un
tiers de l'argent qu'il a pris aux Ennemis , et il
attend les ordres de S. M. sur l'usage qu'il doit
faire du reste de cette somme.
LC
NOVEMBRE 1733. 2489
Le corps de Troupes qu'il commande sere
bientôt en état d'ôter aux Moscovites toute communication
avec l'Ukraine.
On a appris qu'il y a de la divison entre les
Ministres de l'Electeur de Saxe et les Opposans
parceque ces derniers ne veulent pas accorder aux
Moscovites un libre passage par la Pologne . Ce
differend retarde la signature des prétendus Pacta
Conventa que les Opposans ont dressés pour être
signés de l'Electeur de Saxe.
Le bruit court que le Comte Potocki Regi
mentaire de la Couronne , dont l'Armée augmente
tous les jours , doit quitter Tarca pous
aller camper à Lowitz .
Lblement augmentée par l'arrivée d'un grand
A Cour du Roy à Danzick , est considera
nombre de Seigneurs et de Gentilshommes qui
vont offrir leurs services à S. M. Elle tint sur la
fin du mois dernier, avec le Primat et les principaus
NOVEMBRE. 1733. 248T
paux Sénateurs , plusieurs Conseils , et il a été
résolu de publier les Universaux pour faire monter
la Noblesse à cheval .
Le 20 Octobre , il arriva à Danzick un Cou
rier de Rome , dépêché par le Duc de S. Aignan,
Ambassadeur du Roy Très-Chrétien auprès du
Pape , par lequel le Roy a été informé des
instructions que S. S. a envoyées à son Nonce
en Pologne , et des ordres donnez à ce Ministre
de reconnoître le Roy, et de lui remettre la Reponse
de S. S. à la Lettre que S. M. lui avoit
écrite aussi - tôt après son Election.
Depuis la premiere nouvelle de l'Election faite
avec beaucoup de désordre en faveur de l'Elec
teur de Saxe le 5. Octobre , on a appris que le
General Lucci , qui commande les Troupes
Moscovites , avoit été très - allarmé de la division
qui s'étoit mise entre les Opposans , dont les
principaux songeoient chacun en leur particulier
à se faire élire ; que le Palatin de Cracovie
ayant même voulu se retirer de la Confédération,
le Géneral Lucci avoit pensé qu'il n'y avoit pas
un moment à perdre pour faire proclamer l'Electeur
de Saxe ; qu'il avoit , sans demander les
suffrages , crié seul , Vive Auguste , troisiéme
Roy de Pologne et du grand Duché de Lithuanie
; que l'Evêque de Posnanie avoit ensuite proclamé
ce Prince , et qu'il étoit entré avec ceux
qui s'étoient trouvez à cette prétenduë Election
dans l'Eglise des Bernardins , pour y chanter le
Te Deum. Les principaux Seigneurs Polonois
qui ont assisté à l'Election de l'Electeur de Saxe
et qui sont venus à notre connoissance , sont ,
les Evêques de Cracovie et de Posnanie , le Prince
Régimentaire de Lithuanie , les Palatins de
Cracovie , de Novogrod , de Podlachie , de Cul
G F
2482 MERCURE DE FRANCE
*
et de Czernikow , le Prince Sangusko , le Grand
Ecuyer Radzivil , le Comte de Cetner , l'Ecuyer
Tranchant de la Couronne , Rizewki , le Maré.
chal de la Confédération et de l'Election Ponenski
, les, Starostes de Vielun et de Bezzin', le
Comte Zawisza , les. Castellans de Radom , de
Podkommorszy , de Wiltzomer et Plater , et les
ComtesBraniski et Siednieki : ceux qui y ont adhés
ré depuis, sont, le Castelan de Cracovie, le Palatin
d'Inowladislaw , le Castellan de Lenziecinni , le
Staroste de Lenziecinni , et StarosteOppazinski.
"
Le Comte Potoki , Régimentaire de la Cou
ronne qui écrit ces nouvelles , ajoûte que les
Troupes de la Couronne étant sorties de Warsovie,
dans la crainte d'y manquer de fourages , le
parti des Opposans et les Moscovites avoient
passé la Vistule , et que sur cette nouvelle il
avoit mandé au Palatin de Lublin , qui continuë
à rassembler les Troupes , de s'approcher le plus
qu'il pourroit de Dantzik , pour empêcher les.
Moscovites et les Saxons , d'avancer dans la
Trusse Polonoise..
ce ,
Sur l'avis qu'on reçût à Massoire le 4. Octobre,
que quelques Partisans des Opposans avoient
fait conduire sécretement la nuit , une grande
quantité de Poudre et de Balles aux Cazernes du
Palais de Casimir , et que M. Jauch, Lieutenant Colonel,
qui y commande , en avoit eu connoissanil
fut résolu de s'assurer de cet Officier, mais
il prévint par sa fuite le dessein qu'on avoit contre
sa personne. Le peuple irrité de sa trahison ,
pilla la maison où il demeuroit , et l'on transporta
au Camp toutes les munitions qu'on trou
va dans les Cazernes. On eut beaucoup de peine
à arrêter les effets de l'indignation du Peuple et
de Regimentaire fut obligé d'emploïer , la force :
Pous
NOVEMBRE. 1733. 2453
pour empêcher qu'on ne mît le feu à la maison
du Palatin de Podlachie , et à celles de quelques
autres Seigneurs Opposans. Par les soins qu'on
apporta , leurs meubles et leurs effets ont été
conservez , et ils n'ont perdu dans cette émeute
que le Foin et l'Avoine , dont ils avoient fait un
amas considérable pour la nourriture des Chevaux
de l'Armée Moscovite , et qu'on a fait
mettre dans les magasins de celle de la Couronne.
Le 9. le Regimentaire envoya un Officier au
Ministre du Roi de Prusse , pour l'informer
qu'il avoit reçû ordre du Roi de quitter le Camp
de Mariemont et de ne point disputer le passage
de la Vistule aux Moscovites , et le même jour
il alla camper à Piaceczno .
:
Quelques Regimens Moscovites passérent là
Riviere le 11. et ils furent suivis le 13 , le 14 et
le 15.par plusieurs autres qui composent en tout
10 à 12000 hommes.
Plusieurs Opposans , qui mécontens du joug
des Moscovites ont abandonné leur parti , et se
sont rendus ptès du Roi à Dantzick , ont con→
firmé ce que le Comte Potocki , Regimentaire
de la Couronne , avoit mandé à S. M. la ma
niere violente avec laquelle la proclamation de
l'Electeur de Saxe s'étoit faite , et ils ont ajouté
qu'il ne s'étoit pas trouvé à cette Proclamation
plus de soo. Polonois ayant droit de suffrage.
Ils assurent que la plupart de ceux qui y ont assisté
, se plaignent hautement du peu d'égard que
le Général Lucci leur . a marqué en ne daignant
pas seulement permettre que le Maréchal de la
Conféderation recueillit les voix , et qu'il y a des
semences d'une division prochaine entre ce Géné
ral etles principaux Opposans..
Lies
484 MERCURE DE FRANCE
Le Palatin de Lublin s'est avancé vers les Fron
éres de cette Province , avec un corps de Trou
Pes pour la mettre à couvert des courses des Ennemis,
et il doit être joint par 2000. hommes que
cette Ville fait lever, et qu'elle entretiendra à ses
dépens pour le service du Roi .
L'Armée de la Couronne est encore campés
à Tarca ; on a enlevé divers convois aux Mos
Covites , qui bien loin de paroître dans le dessein
de former quelque entreprise , travaillent avec diligence
à se rétrancher dans leur Camp.
Lebruit qui a couru que le Comte Bienlinski ,
étoit du parti du Regimentaire de Lithuanie ,
étoit sans fondement : il est allé à Dantzick as
surer le Roi de sa fidélité , et il exerce auprès de
S. M. sa Charge de Maréchal de la Cour.
Selon d'autres Lettres de Dantzick , le Régimentaire
de la Couronne est toujours dans le
même Camp avec les Troupes qu'il commande ;
les Moscovites continuent à se retrancher avec
diligence prés de Varsovie , et il se passe peu de
jours qu'il n'y ait quelques combats entre les
deux Armées , ces Lettres ajoûtent que jusqu'à
présent les Troupes de la Couronne ont eu l'as
vantage dans toutes les occasions .
Le Comte Poccy que le Roi a nommé Regimentaire
de Lithuanie , à la place du Prince
Wienowieski , s'est mis par ordre de S. M. à la
tête des Troupes , qui ont été rassemblées dans
les Palatinats de Russie , de Mariembourg et de
Vilna , et l'on a appris qu'après avoir enlevé un
Convoi aux Ennemis , il s'étoit posté avec ses
Troupes le long de la Vistule au dessus de leur
Camp , afin d'être à portée d'arrêter tous les
Batteaux qui descendroient pour y porter des:
vivics.
Le
NOVEMBRE. 1733. 2485
Le Prince Czarterinski , Vice Chancelier de
la Couronne , le Castellan de Plocko , M. Tabiawski
, Chambellan de la Couronne , et le
Comte de Denhoff , Chambellan de Lithuanie ,
sont allés à Dantzick pour rendre leurs hom
mages à S. M. On y attend incessamment M.
Paulucci , Nonce du Pape , lequel a reçû ordre de
S. S. de complimenter le Roi sur son Election.
S. M. a ordonné qu'on publiât les Universaux
pour faire monter la Noblesse à Cheval , et elle
écrit en même tems aux Seigneurs et aux Gentils
- hommes de chaque Palatinat une Lettre circulaire,
qui contient , que les Opposans , en se
joignant aux Troupes Moscovites, ne laissent plus
lieu de douter qu'elles ne sont entrées que de
Jeur consentement et même à leur priere sur les
Terres de la Republique ; qu'on a d'ailleurs des
preuves certaines qu'elles y ont été appellées par
les principaux Chefs des rebelles , quoique plusieurs
d'entr'eux se fussent engagés par serment
dans la Diette d'Election à poursuivre comme
traîtres et comme ennemis de leur Patrie , ceux
qui auroient recours aux forces étrangères pour
faire réussir leurs desseins ; qu'on sçait que les
Evêques de Cracovie et de Posnanie sont allés
joindre le Géneral Lucci , afin de prendre avec
lui des mesures pour établir de leur propre authorité
une nouvelle République , composée
seulement de leurs adherans ; qu'ils sont revenus
avec les Moscovites à Praage , et que c'est par
leurs sollicitations réiterées et par celles du Prince
Wienovieski , ci - devant Regimentaire de Lithuanie
, que le Général Moscovite s'est déterminé
à précipiter la prétendue Election , faite
sans aucune formalité et contre toutes les Loix
du Royaume en faveur de l'Electeur de Saxe ;
que
-)
2486 MERCURE DE FRANCE
que l'Evêque de Posnanie en proclamant ce Prince
joint le parjure à la rébellion , puisqu'il s'étoit
engagé par un serment de n'élire et de ne reconnoître
pour Roi qu'un Polonois né de Pere et de
Mere Catholiques , et qui ne possédât aucunes
Terres hors du Royaume ; que depuis la proclamation
de l'Electeur de Saxe, et la jonction des
Opposans et des Moscovites , les uns et les autres
montrent la même ardeur à détruire la République
, et une égale haine pour ceux qui ne veu
lent pas contribuer à sa ruine , que tous les bons
citoïens sont interessés à ne pas souffrir plus
long-tems les attentats d'une Nation étrangere
qui prétend donner des loix à un Peuple libre ,
et la licence d'une troupe de Sujets rébelles , qui
se regardant eux- mêmes comme étrangers dans
leur propre Patrie, et lui ayant déclaré la Guerre,
ne méritent plus qu'on garde avec eux aucun
ménagement , qu'ainsi S. M. compte que la No-
Blesse Polonoise n'a pas besoin d'être exhortée
à se deffendre et à se vanger , et que tous les Gentils-
hommes zélés pour la liberté et pour l'honneur
de la Nation sont également empressés à
suivre l'ordre qui leur est donné de prendre les
Armes pour chasser les Moscovites et dompter
les rébelles.
S. M. ajoûte qu'elle se mettra à la tête de la
Noblesse aussi-tôt qu'elle sera assemblée , et qu'-
elle combattra moins pour conserver la Cou
ronne que pour délivrer la Pologne de la tyrannie
des Paissances étrangeres qui veulent l'opprimer..
Le Primat pour refuter de fausses allégations que
les Ministres de l'Empereur et de la Czarine ont
employées afin de justifier leurs démarches ,
donné un Manifeste , dans lequel il prouve par
a
NOVEMBRE. 1733. 2487
3
un simple récit de ce qui s'est passé depuis la
mort du feu Roi jusqu'à la derniere Election ,
que son premier soin dés le commencement de
PInterrégne a été de rétablir l'union parmi la
Noblesse , qu'après y être parvenu , il a profité
de la Diette extraordinaire , convoquée par le
feu Roi , pour déliberer avec la Noblesse sur ce
qui pourroit assurer la tranquillité et la liberté de
la Nation , et qu'il n'a fait jusqu'à la Diette générale
de convocation aucune démarche qui n'ait
été reglée par le Senat et par les Nonces , quoiqu'en
qualité de Primat il cût pu s'en dispenser
en bien des occasions ; que peu après l'ouverture
de la Diette générale de Convocation la plus
grande partie des.Nonces , trouvant aussi injuste
qu'injurieuse à la Noblesse, la résolution prise
dans une Diette précédente d'exclure les Polonois
du Trône , proposérent de leur propre mouvement
de donuer au contraire l'exclusion à tout
étranger que non seulement . ce projet fut una-.
nimément approuvé , mais que tous les Evêques ,.
les Sénateurs et les Nonces , s'obligérent par serment
à ne donner leurs suffrages qu'à un de leurs
Compatriotes , et que la Diette générale de Convocation
dans sa derniere séance déclara ce serment
une loi fondamentale du Royaume ; que
pendant la tenue de la Diette d'Election , les loix
établies dans la Diette de Convocation , ont toujours
été la regle de sa conduite ; que les Opposans
, en se retirant à Praage , n'ont observé aucune
des formalités qui pouvoient arrêter ou
suspendre les délibérations de la Diette ; qu'ils
quittérent le Camp destiné à l'Election du Roi ,
sans faire aucune protestation ; que lorsqu'on
leur envoya des Députés pour leur demander la
cause de leur retraite , ils répondirent que cette
retraite
2488 MERCURE DE FRANCE
retraite ne devoit troubler l'Election en aucune
maniere ; que ceux qui n'avoient pas signé la formule
de serment prescrit par la Diette contre
ceux qui avoient fait entrer les Troupes Moscovites
dans le Royaume , ne refusérent pas même
de la signer ; que leur retraite n'ayant point été
motivée ni accompagnée d'aucun Acte juridique
d'opposition aux résolutions de la Diette , on
avoit procédé selon les Loix à l'Election du Roi ;
que plus de cent Enseignes y avoient assisté
qu'après qu'il eut récueilli les suffrages en la maniere
accoutumée , tous se trouvérent réunis en
faveur de S. M. régnante , à l'exception de ceux
de quelques Nonces , qui se retirerent en décla
rant qu'ils ne donnoient point leurs voix , mais
qu'ils ne s'opposoient point à l'Election ; que M.
Kamienski , Capitaine du district de Krziemie ,
fut le seul qui protesta , mais qu'il ne persista pas
dans son opposition , et que ce ne fut qu'après
un désistement en forme de sa part , et après
avoir observé toutes les formalités ordonnées par
les Constitutions du Royaume, que se fit la Proclamation.
Le Comte Pocci Regimentaire de Lithuanie , a
envoyé à Dantzick un Courier , pour apprendre
au Roi , que le Convoy qu'il a enlevé aux Ennemis
étoit composé de 1500 Chariots , dont la
plus grande partie étoit chargée de munitions de
Guerre ; qu'on y avoit trouvé une somme considerable
d'argent , et que de 2000 hommes qui
escortoient ce Convoy , 600. avoient été tueż ,
et les autres faits prisonniers.
Ce Général a fait distribuer à ses Troupes un
tiers de l'argent qu'il a pris aux Ennemis , et il
attend les ordres de S. M. sur l'usage qu'il doit
faire du reste de cette somme.
LC
NOVEMBRE 1733. 2489
Le corps de Troupes qu'il commande sere
bientôt en état d'ôter aux Moscovites toute communication
avec l'Ukraine.
On a appris qu'il y a de la divison entre les
Ministres de l'Electeur de Saxe et les Opposans
parceque ces derniers ne veulent pas accorder aux
Moscovites un libre passage par la Pologne . Ce
differend retarde la signature des prétendus Pacta
Conventa que les Opposans ont dressés pour être
signés de l'Electeur de Saxe.
Le bruit court que le Comte Potocki Regi
mentaire de la Couronne , dont l'Armée augmente
tous les jours , doit quitter Tarca pous
aller camper à Lowitz .
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Résumé : POLOGNE.
En novembre 1733, la cour du roi à Danzick s'est renforcée avec l'arrivée de nombreux seigneurs et gentilshommes offrant leurs services. Le roi a reçu des instructions du pape via son nonce en Pologne, reconnaissant ainsi sa royauté. Depuis l'élection de l'Électeur de Saxe comme roi de Pologne le 5 octobre, des troubles ont éclaté. Le général Lucci, commandant les troupes moscovites, a proclamé Auguste III roi de Pologne sans consulter les suffrages, soutenu par l'évêque de Posnanie. Plusieurs seigneurs polonais ont assisté à cette élection controversée. Le comte Potocki, régimentaire de la couronne, a rapporté que les troupes moscovites et saxonnes ont traversé la Vistule. Il a ordonné au palatin de Lublin de se rapprocher de Danzick pour les contrer. À Massoire, des partisans des opposants ont été arrêtés pour avoir stocké des munitions. Le régimentaire a également informé le ministre du roi de Prusse de ne pas disputer le passage de la Vistule aux moscovites. Des opposants mécontents des moscovites ont rejoint le roi à Danzick, confirmant la violence de la proclamation de l'Électeur de Saxe. Le palatin de Lublin a rassemblé des troupes pour protéger sa province. L'armée de la couronne, campée à Tarca, a enlevé des convois aux moscovites. Le comte Potocki a été nommé régimentaire de Lithuanie et a posté ses troupes le long de la Vistule. Le roi a ordonné la publication des universaux pour mobiliser la noblesse et a écrit aux seigneurs pour dénoncer l'alliance des opposants avec les moscovites. Le primat a publié un manifeste réfutant les allégations des ministres de l'empereur et de la czarine, affirmant que son premier soin a été de rétablir l'union parmi la noblesse et de respecter les lois du royaume. Par ailleurs, le comte Pocci, régimentaire de Lithuanie, a informé le roi de la capture d'un convoi ennemi composé de 1500 chariots chargés de munitions et d'une somme considérable d'argent. Lors de cette opération, 600 des 2000 hommes escortant le convoi ont été tués, les autres étant faits prisonniers. Le comte Pocci a distribué un tiers de l'argent capturé à ses troupes et attend les ordres du roi concernant le reste. Le corps de troupes qu'il commande sera bientôt capable de couper toute communication entre les Moscovites et l'Ukraine. Une division entre les ministres de l'Électeur de Saxe et les opposants retarde la signature des Pacta Conventa, en raison du refus des opposants d'accorder un libre passage aux Moscovites à travers la Pologne. Enfin, le comte Potocki, régimentaire de la Couronne, doit quitter Tarca pour aller camper à Lowitz.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 2693-2697
POLOGNE.
Début :
On a appris sur la fin du mois dernier, par un Courrier, arrivé de l'Ukraine à Dantzik, [...]
Mots clefs :
Troupes, Moscovites, Général, Comte, Pologne, Armée, Varsovie, Noblesse, Gdańsk, Élection
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, des rapports récents signalent que le Khan de Budziack, à la tête d'un corps de Tartares, a attaqué les troupes du Général Wiesbach en Ukraine. Après une bataille indécise, les Moscovites se sont retirés à Kiow. Le Comte Pocci a transmis une lettre révélant que la Czarine ne fournira pas de nouveaux secours au Général Lesci. Des nobles ayant assisté à l'élection de l'Électeur de Saxe en Pologne rapportent que l'armée ennemie souffre de disette, les paysans ayant caché leurs provisions. Ils confirment que l'élection a été faite sous la contrainte des Moscovites et que la noblesse n'y a pas participé. La noblesse de plusieurs palatinats a formé une confédération pour chasser les troupes moscovites et saxonnes. Des villes et abbayes lèvent des troupes pour le service du Roi. Le Comte Potoski, avec une armée de 25 000 hommes, est campé entre Sandomir et Ospatow, tandis que le Palatin de Lublin et le Comte Pocci avancent avec leurs troupes pour contrer les ennemis. Les Moscovites, ayant quitté Warsovie, campent à Lowitz mais continuent de subir des attaques. Les levées de troupes dans la Prusse Polonoise se font avec succès, et plusieurs seigneurs harcèlent les Moscovites en attaquant leurs convois. Le Général Lesci demande en vain des renforts à la Czarine. Le Roi a reçu une copie de l'acte de confédération de la noblesse polonaise.
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27
p. 2901-2903
« On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...] »
Début :
On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...]
Mots clefs :
Nation, Roi, Électeur de Saxe, Royaume, Noblesse, Couronne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...] »
On apprend en dernier lieu de Dantzick que
la plus grande partie de la Noblesse des sept l'a-
II. Vol. G iij latinats
670.
latinats qui composent la grande Pologne , et
quelques autres Palatinats , sont entrez dans la
Confédération faite par ceux de la Prusse Polonoise.
La Cour du Roy augmente tous les jours,et il
y est arrivé depuis peu plusieursSeigneurs , du nomdesquels
sont les quatre Princes Sapieha , le
Comte Sapieha , qui a quitré la Moscovie où il
avoit été élevé par le Czar Pierre I. à la Digniré
de Feldt - Maréchal, les Princes Jean et Michel-
Czartorinski , les Palatins de Pomerelie , de Livonie,
et de Cujavie, les Castellans de Lubowski,
de Wilda , de Liominski , de Roznaczowiscxi ,
de Lubelski , et de Rokoczinzki , les Starostes
de Wisck , de Craczinski , de Sthum , de Schatowski
, de Buck , et de Ruzzeria.
On a publié un Decret par lequel le Roy
deffend à tous Gentilshommes de se trouver aux
prétendues Diettes particulieres convoquées par
M. Poninski au nom de l'Electeur de Saxe. S , M.
dit dans ce Decret qu'Elle n'est point venuë dans
le Royaume pour disputer la Couronne , mais
pour maintenir la liberté de la Nation , après
avoir fait un Parallele de la maniere dont on a
procedé à son Election , et de la violence avec
laquelle s'est faite la proclamation de l'Electeur
de Saxe , et après avoir comparé les Droits que
l'unanimité des suffrages de la Nation lui dondent
à la Couronne , avec ceux de cet Electeur,
qui n'étant appellé dans le Royaume que par un
petit nombre de rebelles , veut le conquerir par
la force des Armes , le Roy ajoute qu'il compte
que le zele de la Noblesse Polonoise pour la li
berté et pour l'honneur de la Nation , ne lui
permettra point d'obéir aux ordres d'un Prince
qui n'a point droit de lui en donner . S. M.
II. Vol. .finit
DECEMBRE. 1733. 2903.
finit en exhortant la Nation à ne point se laisser,
intimider par la grande puissance des Ennemis
et en lui promettant des secours qui surprendront
ceux qui avoient formé le projet d'assujettir
le Royaume.
la plus grande partie de la Noblesse des sept l'a-
II. Vol. G iij latinats
670.
latinats qui composent la grande Pologne , et
quelques autres Palatinats , sont entrez dans la
Confédération faite par ceux de la Prusse Polonoise.
La Cour du Roy augmente tous les jours,et il
y est arrivé depuis peu plusieursSeigneurs , du nomdesquels
sont les quatre Princes Sapieha , le
Comte Sapieha , qui a quitré la Moscovie où il
avoit été élevé par le Czar Pierre I. à la Digniré
de Feldt - Maréchal, les Princes Jean et Michel-
Czartorinski , les Palatins de Pomerelie , de Livonie,
et de Cujavie, les Castellans de Lubowski,
de Wilda , de Liominski , de Roznaczowiscxi ,
de Lubelski , et de Rokoczinzki , les Starostes
de Wisck , de Craczinski , de Sthum , de Schatowski
, de Buck , et de Ruzzeria.
On a publié un Decret par lequel le Roy
deffend à tous Gentilshommes de se trouver aux
prétendues Diettes particulieres convoquées par
M. Poninski au nom de l'Electeur de Saxe. S , M.
dit dans ce Decret qu'Elle n'est point venuë dans
le Royaume pour disputer la Couronne , mais
pour maintenir la liberté de la Nation , après
avoir fait un Parallele de la maniere dont on a
procedé à son Election , et de la violence avec
laquelle s'est faite la proclamation de l'Electeur
de Saxe , et après avoir comparé les Droits que
l'unanimité des suffrages de la Nation lui dondent
à la Couronne , avec ceux de cet Electeur,
qui n'étant appellé dans le Royaume que par un
petit nombre de rebelles , veut le conquerir par
la force des Armes , le Roy ajoute qu'il compte
que le zele de la Noblesse Polonoise pour la li
berté et pour l'honneur de la Nation , ne lui
permettra point d'obéir aux ordres d'un Prince
qui n'a point droit de lui en donner . S. M.
II. Vol. .finit
DECEMBRE. 1733. 2903.
finit en exhortant la Nation à ne point se laisser,
intimider par la grande puissance des Ennemis
et en lui promettant des secours qui surprendront
ceux qui avoient formé le projet d'assujettir
le Royaume.
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Résumé : « On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...] »
En décembre 1733, des nouvelles de Dantzick signalent que la majorité de la noblesse des sept voïvodies de la Grande-Pologne et d'autres palatinats ont rejoint la confédération formée par la Prusse polonaise. La cour du roi s'est agrandie avec l'arrivée de plusieurs seigneurs, dont les princes Sapieha, les comtes Sapieha, les princes Czartorinski, ainsi que divers palatins et castellans de différentes régions. Un décret royal interdit aux gentilshommes de participer aux diètes particulières convoquées par Poninski au nom de l'Électeur de Saxe. Le roi affirme qu'il n'est pas venu pour disputer la couronne, mais pour maintenir la liberté de la nation. Il compare son élection, marquée par l'unanimité des suffrages, à la proclamation violente de l'Électeur de Saxe, soutenu par un petit nombre de rebelles. Le roi exhorte la noblesse à ne pas se laisser intimider par les ennemis et promet des secours pour surprendre ceux qui cherchent à assujettir le royaume.
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28
p. 804-810
RECEPTION de M. le Marquis de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur de Provence. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
Début :
M. le Marquis de Villars arriva à Marseille le quinze de ce mois. La Noblesse [...]
Mots clefs :
Marquis de Villars, Gouverneur de Provence, Marquis de Pilles, Gardes, Noblesse, Marseille, Marche, Distinction, Musique, Souper
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RECEPTION de M. le Marquis de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur de Provence. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
RECEPTION de M. le Marquis
de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur
de Provence. Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
M. le Marquis de Villars arriva à
Marseille le quinze de ce mois. La Noblesse
étoit allée audevant de lui jusqu'aux
confins du Territoire , ayant à
sa tête le Marquis de Pilles , Gouverneur-
Vignier de Marseille , qui eût l'honneur
de présenter tous les Gentilshommes ,
qui l'avoient suivi , et qui furent reçus
de la maniere du monde la plus gracieuse .
Le Marquis de Villars monta ensuite
sur un très - beau Cheval du Marquis de
Pilles , superbement harnaché , suivi de
la
AVRIL. 1734. 805
la Noblesse , et précedé de la Compagnie
de ses Gardes . Il arriva ainsi au lieu de
la Viste , marqué pour la réception que
devoient lui faire les Echevins de Mar-
'seille. Ce Lieu est remarquable par sa
situation élevée et qui offre une veuë
toute charmante , par la multiplicité des
différents objets de Terre et de Mer , qui
font ensemble une Perspective enchantée.
C'est- là que le Marquis de Pilles s'étant
mis à la tête des Echevins et les ayant
présentez au Gouverneur , l'Orateur harangua
au nom de la Ville , on tira en
même tems quantité de Boëtes , et on fit
plusieurs Salves de Mousqueterie.
>
On se remit en marche au milieu
d'une foule innombrable de peuple , accouru
de toutes parts , et on arriva aux
Portes de la Ville . Le Marquis de Villars
précedé de sa Maison , de ses Gardes et
de la Noblesse , avoit à sa droite le Marquis
de Pilles , et le premier Echevin à
sa gauche les autres Echevins étoient
derriere lui avec son Capitaine des Gardes,
suivis duCorps de Ville et des PrincipauxBourgeois
et Négocians deMarseille.
C'est avec ce Cortége qu'il entra dans
la Ville par la Porte Royale, qu'on avoit
ornée d'un fort bel Arc de Triomphe
d'ordre Corinthien. Au milieu du Frontispi806
MERCURE DE FRANCE
tispice étoit l'Ecu des Armes du Marquis
de Villars , et au bas de l'Arc de Triomphe
couloient deux Fontaines de vin .
Le Marquis de Pilles lui présenta alors,
´en qualité de Gouverneur - Viguier , les
Clefs de la Ville. C'étoient les mêmes
Clef d'or que son Bisayeul avoit eû
l'honneur de présenter à Louis XIV , le
2 Mars de l'année 1660. et que ce grand
Prince lui rendit, en lui disant:M. de Pilles
gardez ces Clefs , elles sont bien entre vos
mains. Les Ech vins présenterent ensuite
le Dais que le Gouverneur refusa.
,
-
La marche fut continuée jusqu'à l'Eglise
Cathedrale au milieu d'une double haye,
formée par les quatre Compagnies Bourgeoises
de la Ville de cent hommes chacune
, bien armez et très
proprement
habillez . Durant la marche deux Officiers
du Marquis deVillars jettoient de l'argent
au Peuple , et les Trompertes , les Tambours
et les Hautbois ne cessérent de se
faire entendre.
M. l'Evêque de Marseille l'ayant reçu
et complimenté à la tête de son Chapi
tre , il le conduisit jusqu'au Prie- Dieu
qui lui avoit été preparé dans le Sanc-
* La seule Ville de Marseille présente des Clefs
d'or. Voyez la raison de cette distinction dans le
Mercure d'Avril 1723. p. 696.
tuaire .
AVRIL. 1734 807 .
.
tuaire. Le Te Deum fut ensuite solemnellement
chanté par la Musique de la
Cathédrale ; le Choeur et le reste de l'Eglise
étant magnifiquement ornez.
Au sortir de cette cérémonie le Marquis
de Villars ,suivi du même Cortége ,
se rendit à l'Hôtel Le M. Le Bret , Conseiller
d'Etat , Premier Président du Parlement
, Intendant de Justice et du Commerce
, et Commandant en Provence . Il
remercia là le Marquis de Pilles et toute
la Noblesse qui l'avoit suivi pour se reti
rer dans son Appartement , où il reçut
peu de tems après la visite de l'Evêque
de Marseille , et les complimens des différents
Corps et Jurisdictions de la Ville.
Peu de tems après il se rendit dans la
Sale de l'Académie de Musique pour entendre
le Concert . Il trouva un magnifique
Fauteuil avec un tapis de pied placé
dans la Galerie , qui regne autour de
cette Sale ; mais comme il y avoit beaucoup
de Dames, et qu'il n'y avoit que ce
seul Fauteuil , le Marquis de Villars ne
voulut point l'occuper , il se plaça au milieu
des Principales Dames de la Ville
dans le bas de la Sale .
Après le Concert il alla à pied , précedé
de ses Gardes et suivi de la Noblesse,
souper chez le Chevalier de Pilles, Capitaine
868 MERCURE DE FRANCE
taine de Galeres , et exerçant la Charge
de Gouverneur-Viguier pendant la minorité
du Marquis de Pilles son neveu .
Toute la Maison étoit extraordinairement
éclairée en dedans et en dehors : plus de
cent personnes de distinction y souperent.
La premiere table fut servie pour
le Marquis de Villars qui y fit placer
vingt-quatre Dames. Les autres Dames
souperent à deux autres Tables avec les
principaux Gentilhommes de la Ville et
de la Province ; tout fut servi avec la
délicatesse , le bon gout , et l'ordre qui
se rencontrent rarement avec la profusion
et le grand Monde . On admira sur tout
a magnificence du Fruit qui fut tout servi
en Porcelaines rares , et en cristaux .
Le souper fut suivi du Jeu et d'un Bal.
Le lendemain matin le Marquis de
Villars fut occupé à recevoir les Corps
des Communautez Religieuses , qui vin.
rent le complimenter , et qui furent
traitées avec toute la politesse et toute la
distinction possible . Il retourna diner
chez le Chevalier de Pilles . Ce diner répondit
parfaitement au soupé de la veille
et la joye y fut entiere. On y but plusieurs
fois avec les meilleurs vins de
France , la santé du Marêchal Duc de
Villars et la sienne..
Sur
AVRIL. 1734- 805
و
Sur la fin du Repas arriveren tles
Prudhommes du Quartier S. Jean , Cefs
et Juges du Corps des Pescheurs de la
Ville avec leurs habits de cérémonie à
l'Antiquité , l'épée nue sur l'épaule , appareil
assez singulier qui ne déplût pas
au Marquis de Villars il les reçût avec
beaucoup de bonté , loüa leur probité ,
leur exacte et briéve justice.
:
Il alla ensuite à la Comédie , dont il
vit la Représentation sur le Theatre , où
étoient aussi placées avec lui trente des
principales Dames de la Ville . Le Spectacle
étoit des plus brillants par les ornemens
extraordinaires et par le beau
Monde, La Sale étoit absolument touse
remplie.
Je ne finirois point s'il falloit ajouter
ici le détail du souper , que donna le
Biême jour au Marquis de Villars Monsieur
d'Hericourt , Intendant des Galeres ,
de celui que lui donna le lendemain M. de
S. Cannat , de la Fête et du Bal qu'il y
cut dans la Sale de l'Académie de Musique
, établie à Marseille sous la protection
particuliere du Gouverneur de la
Province. Tout fut magnifique et somptueux
par tout où il fut receu , et ce Seigneur
donna tout des marques
par tout de politesse
et de bonté , qui l'ont fait adorer
ence pays- cy.
810 MERCURE DE FRANCE .
I le quitta après avoir séjourné deux
jours et demi , témoignant autant d'empressement
d'y revenir que nous en avons
nous mêmes de le posseder un plus longtems.
Il partit hier pour Toulon suivi
du Marquis de Rognes , Premier Procureur
des Etats et Pays de Provence , du
Marquis de Pilles , qui l'accompagne en
Italie , pour servir en qualité d Ayde de
Camp du Maréchal de Villars , du Marquis
de Foresta , du Comte de Flotte et
de plusieurs autres Gentilhommes qualifiez
de la Province.
de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur
de Provence. Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
M. le Marquis de Villars arriva à
Marseille le quinze de ce mois. La Noblesse
étoit allée audevant de lui jusqu'aux
confins du Territoire , ayant à
sa tête le Marquis de Pilles , Gouverneur-
Vignier de Marseille , qui eût l'honneur
de présenter tous les Gentilshommes ,
qui l'avoient suivi , et qui furent reçus
de la maniere du monde la plus gracieuse .
Le Marquis de Villars monta ensuite
sur un très - beau Cheval du Marquis de
Pilles , superbement harnaché , suivi de
la
AVRIL. 1734. 805
la Noblesse , et précedé de la Compagnie
de ses Gardes . Il arriva ainsi au lieu de
la Viste , marqué pour la réception que
devoient lui faire les Echevins de Mar-
'seille. Ce Lieu est remarquable par sa
situation élevée et qui offre une veuë
toute charmante , par la multiplicité des
différents objets de Terre et de Mer , qui
font ensemble une Perspective enchantée.
C'est- là que le Marquis de Pilles s'étant
mis à la tête des Echevins et les ayant
présentez au Gouverneur , l'Orateur harangua
au nom de la Ville , on tira en
même tems quantité de Boëtes , et on fit
plusieurs Salves de Mousqueterie.
>
On se remit en marche au milieu
d'une foule innombrable de peuple , accouru
de toutes parts , et on arriva aux
Portes de la Ville . Le Marquis de Villars
précedé de sa Maison , de ses Gardes et
de la Noblesse , avoit à sa droite le Marquis
de Pilles , et le premier Echevin à
sa gauche les autres Echevins étoient
derriere lui avec son Capitaine des Gardes,
suivis duCorps de Ville et des PrincipauxBourgeois
et Négocians deMarseille.
C'est avec ce Cortége qu'il entra dans
la Ville par la Porte Royale, qu'on avoit
ornée d'un fort bel Arc de Triomphe
d'ordre Corinthien. Au milieu du Frontispi806
MERCURE DE FRANCE
tispice étoit l'Ecu des Armes du Marquis
de Villars , et au bas de l'Arc de Triomphe
couloient deux Fontaines de vin .
Le Marquis de Pilles lui présenta alors,
´en qualité de Gouverneur - Viguier , les
Clefs de la Ville. C'étoient les mêmes
Clef d'or que son Bisayeul avoit eû
l'honneur de présenter à Louis XIV , le
2 Mars de l'année 1660. et que ce grand
Prince lui rendit, en lui disant:M. de Pilles
gardez ces Clefs , elles sont bien entre vos
mains. Les Ech vins présenterent ensuite
le Dais que le Gouverneur refusa.
,
-
La marche fut continuée jusqu'à l'Eglise
Cathedrale au milieu d'une double haye,
formée par les quatre Compagnies Bourgeoises
de la Ville de cent hommes chacune
, bien armez et très
proprement
habillez . Durant la marche deux Officiers
du Marquis deVillars jettoient de l'argent
au Peuple , et les Trompertes , les Tambours
et les Hautbois ne cessérent de se
faire entendre.
M. l'Evêque de Marseille l'ayant reçu
et complimenté à la tête de son Chapi
tre , il le conduisit jusqu'au Prie- Dieu
qui lui avoit été preparé dans le Sanc-
* La seule Ville de Marseille présente des Clefs
d'or. Voyez la raison de cette distinction dans le
Mercure d'Avril 1723. p. 696.
tuaire .
AVRIL. 1734 807 .
.
tuaire. Le Te Deum fut ensuite solemnellement
chanté par la Musique de la
Cathédrale ; le Choeur et le reste de l'Eglise
étant magnifiquement ornez.
Au sortir de cette cérémonie le Marquis
de Villars ,suivi du même Cortége ,
se rendit à l'Hôtel Le M. Le Bret , Conseiller
d'Etat , Premier Président du Parlement
, Intendant de Justice et du Commerce
, et Commandant en Provence . Il
remercia là le Marquis de Pilles et toute
la Noblesse qui l'avoit suivi pour se reti
rer dans son Appartement , où il reçut
peu de tems après la visite de l'Evêque
de Marseille , et les complimens des différents
Corps et Jurisdictions de la Ville.
Peu de tems après il se rendit dans la
Sale de l'Académie de Musique pour entendre
le Concert . Il trouva un magnifique
Fauteuil avec un tapis de pied placé
dans la Galerie , qui regne autour de
cette Sale ; mais comme il y avoit beaucoup
de Dames, et qu'il n'y avoit que ce
seul Fauteuil , le Marquis de Villars ne
voulut point l'occuper , il se plaça au milieu
des Principales Dames de la Ville
dans le bas de la Sale .
Après le Concert il alla à pied , précedé
de ses Gardes et suivi de la Noblesse,
souper chez le Chevalier de Pilles, Capitaine
868 MERCURE DE FRANCE
taine de Galeres , et exerçant la Charge
de Gouverneur-Viguier pendant la minorité
du Marquis de Pilles son neveu .
Toute la Maison étoit extraordinairement
éclairée en dedans et en dehors : plus de
cent personnes de distinction y souperent.
La premiere table fut servie pour
le Marquis de Villars qui y fit placer
vingt-quatre Dames. Les autres Dames
souperent à deux autres Tables avec les
principaux Gentilhommes de la Ville et
de la Province ; tout fut servi avec la
délicatesse , le bon gout , et l'ordre qui
se rencontrent rarement avec la profusion
et le grand Monde . On admira sur tout
a magnificence du Fruit qui fut tout servi
en Porcelaines rares , et en cristaux .
Le souper fut suivi du Jeu et d'un Bal.
Le lendemain matin le Marquis de
Villars fut occupé à recevoir les Corps
des Communautez Religieuses , qui vin.
rent le complimenter , et qui furent
traitées avec toute la politesse et toute la
distinction possible . Il retourna diner
chez le Chevalier de Pilles . Ce diner répondit
parfaitement au soupé de la veille
et la joye y fut entiere. On y but plusieurs
fois avec les meilleurs vins de
France , la santé du Marêchal Duc de
Villars et la sienne..
Sur
AVRIL. 1734- 805
و
Sur la fin du Repas arriveren tles
Prudhommes du Quartier S. Jean , Cefs
et Juges du Corps des Pescheurs de la
Ville avec leurs habits de cérémonie à
l'Antiquité , l'épée nue sur l'épaule , appareil
assez singulier qui ne déplût pas
au Marquis de Villars il les reçût avec
beaucoup de bonté , loüa leur probité ,
leur exacte et briéve justice.
:
Il alla ensuite à la Comédie , dont il
vit la Représentation sur le Theatre , où
étoient aussi placées avec lui trente des
principales Dames de la Ville . Le Spectacle
étoit des plus brillants par les ornemens
extraordinaires et par le beau
Monde, La Sale étoit absolument touse
remplie.
Je ne finirois point s'il falloit ajouter
ici le détail du souper , que donna le
Biême jour au Marquis de Villars Monsieur
d'Hericourt , Intendant des Galeres ,
de celui que lui donna le lendemain M. de
S. Cannat , de la Fête et du Bal qu'il y
cut dans la Sale de l'Académie de Musique
, établie à Marseille sous la protection
particuliere du Gouverneur de la
Province. Tout fut magnifique et somptueux
par tout où il fut receu , et ce Seigneur
donna tout des marques
par tout de politesse
et de bonté , qui l'ont fait adorer
ence pays- cy.
810 MERCURE DE FRANCE .
I le quitta après avoir séjourné deux
jours et demi , témoignant autant d'empressement
d'y revenir que nous en avons
nous mêmes de le posseder un plus longtems.
Il partit hier pour Toulon suivi
du Marquis de Rognes , Premier Procureur
des Etats et Pays de Provence , du
Marquis de Pilles , qui l'accompagne en
Italie , pour servir en qualité d Ayde de
Camp du Maréchal de Villars , du Marquis
de Foresta , du Comte de Flotte et
de plusieurs autres Gentilhommes qualifiez
de la Province.
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Résumé : RECEPTION de M. le Marquis de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur de Provence. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
Le 15 mars 1734, le Marquis de Villars arriva à Marseille pour prendre ses fonctions de Gouverneur de Provence. Il fut accueilli par la noblesse, dirigée par le Marquis de Pilles, Gouverneur-Viguier de Marseille, aux confins du territoire. Le Marquis de Villars monta un cheval superbement harnaché fourni par le Marquis de Pilles et fut escorté jusqu'à un lieu de visite élevé offrant une vue charmante. Là, le Marquis de Pilles présenta les échevins au Gouverneur, qui fut harangué au nom de la ville, tandis que des salves de mousqueterie étaient tirées. La procession continua vers Marseille, accompagnée par une foule innombrable. Le Marquis de Villars entra dans la ville par la Porte Royale, ornée d'un arc de triomphe corinthien avec les armes du Marquis et deux fontaines de vin. Le Marquis de Pilles lui remit les clefs d'or de la ville, les mêmes que son aïeul avait présentées à Louis XIV en 1660. Les échevins offrirent ensuite un dais, que le Gouverneur refusa. La marche se poursuivit jusqu'à la cathédrale, flanquée de compagnies bourgeoises armées. Durant la marche, des officiers jetaient de l'argent au peuple et des musiciens jouaient. À la cathédrale, l'évêque de Marseille accueillit le Marquis de Villars, qui assista au Te Deum. Après la cérémonie, il se rendit à l'hôtel du Conseiller d'État Le Bret, où il remercia le Marquis de Pilles et la noblesse. Le Marquis de Villars se rendit ensuite à l'Académie de Musique, puis soupa chez le Chevalier de Pilles. Le lendemain, il reçut les corps des communautés religieuses et dina à nouveau chez le Chevalier de Pilles. Il assista également à une représentation théâtrale et à divers soupers et bals donnés en son honneur. Après un séjour de deux jours et demi, le Marquis de Villars quitta Marseille pour Toulon, accompagné de plusieurs gentilshommes de la province.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 1092-1104
L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
Début :
La Maison d'Albon est connuë pour une des plus anciennes du Royaume, [...]
Mots clefs :
Maison d'Albon, Forez, Lieutenant du roi, Ville, Comte d'Albon, Roanne, Officiers, Montbrison, Compliment, Noblesse, Seigneur, Ordre, Échevins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
L'INSTALLATION du Comte d'Albon
, Prince d'Yvetot , dans la Charge
de Lieutenant de Roi de la Province de
Foretz.
L
A Maison d'Albon est connue pour
une des plus anciennes du Royaume ,
et ceux qui connoissent particulierement
M. le Comte d'Albon avoue que ses qualités
personnelles sont encore au- dessus
de sa naissance . Le Roi vient de lui accorder
des Provisions pour la Lieutenan
ce de Roi de la Proviuce de Foretz , va
cante par le décès du Comte de Verdun .
La Ville de Roanne , Capitale de la pe
tite Province de Roannois , qui fait partie
du Foretz , se felicite d'avoir vû naître
le Comte d'Albon , qui s'y rendit au
commencement de l'hyver dernier , et
voyant la Noblesse et les Corps disposés
à lui rendre les honneurs dûs à la Digni
té pour laquelle il venoit de prêter serment
entre les mains de Sa Majesté , sa
modestie lui fit differer de les recevoir
jusqu'après son installation ; cependant
il donna aux Dames pendant le Carna
val plusieurs Fêtes galantes, dont la der-
1. Vola
niere
JUIN. €734- 1079 ,
niere fut distinguée par l'abondance et la
somptuosité. Cent dix- huit personnes invitées
à un grand répas , furent servies
avec autant d'ordre et de propreté, que de
délicatesse et de goût .
Les R. P. Jesuites , pour contribuer à
la joye publique , firent représenter par
leurs Ecoliers la Tragedie du Sacrificce
d'Abraham , de la composition du P. Brumoy.
Les Acteurs surpasserent les talens
ordinaires des Enfans de leur âge , par l'intelligence
et la précision de leur déclamation
, et cette Représentation procura à
M. le Comte d'Albon les premiers complimens
publics. Ces mêmes Peres prépa -1
rent actuellement un jeune Ecolier à soutenir
une These publique de Litterature
qui lui sera dédiée, et qui terminera tout
ce qui se sera passé à cette occasion .
s ,
Dès les premiers jours d'Avril le Comte
d'Albon ayant fait sçavoir à la Ville
de Monbrison le jour qu'il y arrivercit
pour l'enregistremsnt de ses Provisions
et pour prendre possession de sa nouvelle
Dignité, il partit de Roinne, accompagné
de la plus grande partie de la Noblesse de
la Ville et du voisinage , de la Maréchaussée
, de ses Gardes , et d'un grand nombre
d'Officiers et de Domestiques de sa
Maison ; la Bourgeoise des petites Villes
I. Vol.
qiu
C
1994 MERCURE DE FRANCE
qui sont sur la route vint à cheval audevant
de lui , le complimenta et l'accompagna
de Ville en Ville.
Il alla coucher de Roanne à Leigneux ,
Maison et Chapitre de Chanoinesses de
la premiere distinction ; il fut reçû avec
les marques du plus vif empressement ,
complimenté par le Chapitre et par la Noblesse
du voisinage qui s'y étoient rendus
en grand concours . Il en partit le lende
main avec le même cortege , et la Noblesse
qui l'avoit accompagné de Roanne ,
se trouva encore augmentée par celle
qui s'étoit rendue à Leigneux. Le Lieutenant
du Prévôt de la Maréchaussée de.
Monbrison, à la tête de ses Brigades, vint
jusques près de Leigneux, le complimenta
, et l'accompagna jusqu'à Monbrison .
Sur les limites de la banlieuë de cette
Ville , le Lieutenant General du Bailliage
avec la Noblesse de la Ville et des environs
, plusieurs Officiers de ce Siege ,
de l'Election , et des autres Corps vinrent
à cheval au devant de lui .
A son entrée dans la Ville , on fit une
décharge de Fauconneaux et de Boëtes ,
dans le tems que les Echevins firent leur
compliment. La Milice Bourgeoise sous
les Armes , Tambours battans , Enseignes
déployées , formant une double haye de-
1. Vol.
puis
JUIN.
1095
1734.
puis les Portes de la Ville jusqu'à l'Hôtel
qui lui avoit été préparé . Il s'y rendit aux
acclamations du Peuple et au bruit de la
mousqueterie , entouré de huit Drapeaux
de la Bourgeoisie , les Dames magnifiquement
parées étant aux fenêtres. Il trouva
à son Hôtel une infinité de personnes de
distinction , que l'âge ou les infirmités
empêchoient de donner des marques plus
vives de leur zele. Le soir on alluma des
feux dans les rues et dans les Places
bliques , et presque toutes les maisons curent
des illuminations ; on y vit sur tout
quantité de lanternes ingenieusement
faites et peintes aux Armes de la Maison
d'Albon .
pu-
Le lendemain la Milice Bourgeoise se
mit en double haye depuis l'Hôtel du
Comte d'Albon jusqu'au Palais . Les Echovins
, en habit de ceremonie , avec les
Officiets de la Ville , le vinrent prendre;
il étoit précedé dans sa marche par une
Compagnie Franche de 30. hommes d'élite
, en habits uniformes , d'un grand
nombre de Gentilshommes , d'Officiers
Militaires, et d'une infinité de personnes
disringuées ; ses Gardes marchoient immediatement
devant lui , et les Echevins
à ses côtés. La marche étoit fermée par
un nombre égal de trente hommes de la
I. Vol. Cij même
1096 MERCURE DE FRANCE
même Compagnie Franche ;, il fut ainsi
conduit au bruit des Fauconneaux , des
Boëtes , de la Mousqueterie et des Tambours
.A la Porte duPalais il reçut un compliment
du Doyen du Bailliage , qui l'ac
compagna jusqu'au fauteuil qui lui étoit
préparé au milieu du Parquet , et dans
lequel il se plaça , ayant à ses côtés les
Echevins et les Officiers de Ville sur des
chaises ordinaires. La salle d'Audiance
étoit extrêmément ornée , les Dames richement
parées , et beaucoup de personnes
s'y étoient rendues pour assister à la
ceremonie.
L'Huissier Audiancier ayant donné le
signal , le Sieur de Pomerolle , celcbre
Avocat, prononça un três - beau Discours
sur le sujet de la Séance ; il s'étendit sur
l'ancienne origine de la Maison d'Albon
, que l'Histoire assûre être sortie des
Dauphins de Viennois , sur le nombre des
Illustres personnages qu'elle a donnés à
l'Eglise de Lyon depuis l'onziéme siecle.
L'éloge de M. l'Abbé Comte d'Albon
qui est le quatriéme Archidiacre de cette
Eglise de son nom , ne fut point oublié;
ses grandes qualités le rapprochent si fort
de M. son Frere, qu'il semble ne lui ceder
que par la seule circonstance d'être son
puîné.
3
I. Vol. L'OraJUIN.
1734. 1097
L'Orateur rappella la memoire du fameux
Antoine d'Albon , Archevêque de
Lyon , et Commandant pour le Roi dan's
le Gouvernement ; il fit mention de tous
ceux de cette Maison qui avoient rempli
les Dignités de cette Eglise , ainsi que
des quatorze Abbés de Savigny , de plusieurs
Chevaliers et Commandeurs de
Malthe , de deux Gouverneurs du Lyonnois
, Jean et Jacques d'Albon ;, ce dernier
étoit Chevalier des Ordres du Roi
et de la Jarretiere, Favori des trois Rois ;
et si connu dans l'Histoire sous le nom
de Maréchal de Saint André. Il parla de
plusieurs autres Illustres Guerriers , et cafin
du fameux Gosselin d'Albon , Marquis
de Saint Forgeux , duquel M. le Comte
d'Albon décend de Pere en Fils , lequel
se rendit si recommandable dans les premieres
Croizades , et qui rapporta de la
Tetre Sainte le Corps de S. Antoine
dont il fit present à l'Abbaye de cet Ordre.
Il parla aussi de la Transaction faire
entre Jean d'Albon et Humbert Dauphin
de Viennois , qui regle la legitime du premier
. Et en retraçant les differentes Alliances
de cette Maison , il finit par celle
de Camille d'Albon , Marquis de S. Forgeux
, avec Françoise - Julie de Crévant ,
qui a fait entrer dans cette Maison la Prin-
1. Vol. Ciij cipauté
1098 MERCURE DE FRANCE
cipauté Souveraine d'Yvetot en Normandie.
L'Orateur fut particulierement applaudi
lorsqu'il parla des qualités personnelles
de M.le Comte d'Albon , c'est-a- dire
, sa generosité , sa magnificence ,sa pieté,
sa charité, qui lui a merité le titre précieux
de Pere des Pauvres , sa douceur,
son équité , sa politesse , son esprit de
paix qui lerend arbitre des differens , & c.
Ce Discours fut suivi de celui de M.
Thoynet , Procureur du Roi , qui ne
parla pas avec moins d'Eloquence et de
dignité sur le même sujet , et plut infiniment
par sa netteté et par sa précision .
Ensuite M. Demaux , Lieutenant General
, ayant recueilli les voix , prononça
l'enregistrement des Lettres et de l'Acte
d'Installation .
M. le Comte d'Albon s'étant levé et
ayant salué la Compagnie , se remit en
marche dans le même ordre. Le Peuple
fut regalé de plusieurs tonneaux de vin
qui coulerent avec profusion .
Arrivé chez lui il reçût les complimens
de tous les Députés des Corps de la Ville
de Monbrison , et des autres Corps du
département de Forez , ausquels il répondit
avec l'esprit et la politesse qui lui
sont si naturels , et sur tout avec une bonté
de coeur que personne ne se lasse d'admirer.
PenJUIN.
1734 1099
Pendant cinq jours que le Comte d'Albon
a passés à Monbrison , il a tenu deux
tables de vingt- cinq couverts chacune
servies avec la même magnificence , le
même ordre et la même profusion , ce qui
ne l'a pas empêché de faire sentir aux malheureux
que sa generosité et sa charité
étoient inépuisables . Les accommodemens
qu'il a faits ont annoncé que la paix
et l'union ont été ses premieres vûës dans
l'exercice de sa Charge.
Avant son départ les Officiers de Monbrison
lui donnerent uneFête magnifique.
Son retout à Roanne fut celebré par les
mêmes honneurs ; les principales Dames ,
très- parées , allerent dans leurs carosses
au devant de lui à plus d'une lieuë. Une
troupe de plus de cinquante Cavaliers formée
par les principaux de la Ville , propre
ment vêtus et très - bien montés sur des
chevaux richement harnachés , avoit précedé
le carosse des Dames , et étoient
allés à plus de trois lieuës au- devant du
nouveau Lieutenant de Roi . Un Trompette
marchoit à la tête de la Troupe ;
celui qui la commandoit le salua de Fépée
, et lui fit un compliment militaire
qui fut très- goûté et parfaitement bien
reçû.
Le Lieutenant de la Maréchaussée de
1. Vol. Ciiij Roanne
1100 MERCURE DE FRANCE
Roanne fut aussi à la tête de ses Brigades
à quatre ou cinq lieuës au devant de lui;
mais ce qui parut le plus remarquable fut
uneCompagnie de douze jeunes Demoiselles
des plus distinguées et des plus brillantes
, une Dame à leur tête , toutes en habit
d'Amazones , escortées par un pareil
nombre de jeunes Cavaliers , parfaitement
bien montés , qui furent aussi audevant
de lui à près de deux lieuës ; et
après le compliment que lui fit la Dame
qui les conduisoit , elles lui firent cortege
jusqu'a son Hôtel . Son arrivée à Roanne
fut annoncée comme à Monbrison ,
par le bruit des boëtes , de la Mousqueteric
, des Tambours , & c.
La Bourgeoisie sous les Armes forme
une double haye depuis l'entrée de la Ville
jusques chez lui , où il reçût le compli
ment des Echevins et des Officiers du
Corps de la Ville . Il reçut ensuite les
complimens de tous les Corps Ecclesiastiques
, Seculiers et Reguliers , des Officiers
du Bailliage , de l'Election , et des
autres Compagnies .
Les Jesuites y conduisirent un nombre
chosi de leurs Ecoliers , qui firent leurs
complimens en Prose et en Vers François
, en Latin et en Grec. Il retint plus
de soixante personnes à souper ; il y eut
I. Vol. trois
JUIN. 1734. ΙΙΟΙ
trois tables de vingt couverts chacune
servies avec la même magnificence et le
même ordre.
Le lendemain une troupe de jeunes
Garçons de distinction , de l'âge de sept
à huit ans , un des Fils du Lieutenant general
du Baillage à leur tête , et portant la
parole , lui vint faire un compliment en
vers qui lui plut beaucoup. Ce Seigneur
eut la bonté de lui faire present et de le
ceindre d'une magnifique épée, en répondant
à son compliment avec la derniere
politesse.Le jeune Enfant sensible au-delà
de l'expression à l'honneur qu'il avoit
reçû , pressa vivement M. son Pere de
lui composer un remerciement qu'il apprit
toute la nuit , et qu'il alla reciter le
endemain.
Le surlendemain le Comte d'Albon fit
inviter à dîner tous les Corps , au nombre
de plus de 60. personnes , ainsi que
les Officiers Militaires ; la même délicatesse
et la même abondance s'y firent
remarquer.
Une partie des jeunes Cavaliers et des
Amazones qui allerent au devant de lui,
pour terminer toutes ces fêtes parun spectacle
vif et brillant,a fait dresser un Théâtre
magnifique dans le jeu de Palme de
la Ville , sur lequel ils ont represent la
I. Vol. Cy Tra1102
MERCURE DE FRANCE
Tragedie d'Andromaque , suivie de la petite
Piece des Vendanges de Surenne , avec
tous les ornemens , mêlés de danses. Les
Acteurs ont passé l'attente desSpectateus ;
et le Marquis de C .... qui s'est chargé
de les exercer , doit s'applaudir de ses
soins , encore plus de ses talens pour la
déclamation .
On peut dire que dans toutes ces Fêtes
rien n'a manqué de la part de la Province,
pour prouver à M. le Comte d'Albon
combien les coeurs lui sont dévoüés ; et
de la part de ce Seigneur , combien il a
été sensible aux empressemens qu'on lui
a témoignés.
Voici le compliment du Fils de M. Huť
de la Curée , Lieutenant General au
Bailliage de Roanne.
SEigneur , les jeux , les ris , les fêtes , l'allo
gresse ,
Ont été de tout tems amis de la jeunesse ;
Permets donc qu'Apollon secondant nos transports ,
Pour les mieux exprimer nous prête ses accords.
› Ta Noblesse, ton Sang , ton coeur ton caractere
T'acquirent de tout tems le doux talent de plaire ;
Et de tes qualités sincere admirateur ,
Chacun t'ofre à l'envi l'hommage de son creur.
Nos braves Citoyens par leur ardeur guerriere ,
I. Vol.
Sem17'
4. 1103
Semblent aux champs de Mars s'ouvrir une car◄
riere ;
Au bruit de leurs Tambours , au son de leurs Clairons
"
¿
On voit à chaque instant grossir leurs Bataillons
Et d'une double file honorant ton passage,
De leur filelité leur ardeur est le gage ,
Empressés de prouver que sous tes étendarts
Leur valeur défendra leurs antiques remparts.
Des Echevins zelés à leur devoir dociles ,
T'ofrent les clefs des coeurs avec celles des Villes.
Et vientnent t'assûrer de leur attachement ,
Par la solemnité d'un auguste serment ;
De toute part l'écho de la voix populaire ,
Benit l'heureux instant où tu vis la lumiere.
Mille et mille soukaits portés jusques aux Cieux
pour toi des jours sains et nom- Leur demandent
breux .
Resterons- nous muets, tandis que tout s'anime ?
Non , non >
nous allons tous d'une voix unanime
Crier dans nos transports longissimè vivat ;
Voilà nos voeux , Seigneur , Deus exaudiat.
Suit le Remerciement du même jeune
Homme , sur l'épée dont M.d'Albon
lui a fait present.
SEigneur , mon coeur reçoit avec reconnoissance
Ce present que je dois à ta magnificence .
1.Vol. Cvj Tu
1104 MERCURE DE FRANCE
Tu m'armes Chevalier : Ceux des siecles passés
Vont voir par mes exploits tous les leurs effacés..
Je sens avec mon sang circuler le courage ,
Et mon ardeur prévient les forces de mon âge ;
Les Renauds , les Rollands , et les deux Amadis,
Instruits de mes projets en feroient interdits.
Le trait n'est point Gascon ; car aux ames bien
nées
La valeur n'atsend pas le nombre des années ;
Et quand par toi , Seigneur , on voit armer son
bras,
On brave les périls et l'horreur du trépas.
Paroissez , fier Germain , paroissez , Moscovite,
Je fçaurai vous dompter , vous réduire à lafuite
J'enjure par ce fer que j'ai reçû de toi ,
Par lafidelité que je dois à mon Roi,
Par l'amour paternel , par celui de la gloire ,
Enfin par le désir de vivre dans l'histoire.
Mais ce fer me seroit encor plus précieux
Si pour toi je pouvois l'employer à tes yeux.
, Prince d'Yvetot , dans la Charge
de Lieutenant de Roi de la Province de
Foretz.
L
A Maison d'Albon est connue pour
une des plus anciennes du Royaume ,
et ceux qui connoissent particulierement
M. le Comte d'Albon avoue que ses qualités
personnelles sont encore au- dessus
de sa naissance . Le Roi vient de lui accorder
des Provisions pour la Lieutenan
ce de Roi de la Proviuce de Foretz , va
cante par le décès du Comte de Verdun .
La Ville de Roanne , Capitale de la pe
tite Province de Roannois , qui fait partie
du Foretz , se felicite d'avoir vû naître
le Comte d'Albon , qui s'y rendit au
commencement de l'hyver dernier , et
voyant la Noblesse et les Corps disposés
à lui rendre les honneurs dûs à la Digni
té pour laquelle il venoit de prêter serment
entre les mains de Sa Majesté , sa
modestie lui fit differer de les recevoir
jusqu'après son installation ; cependant
il donna aux Dames pendant le Carna
val plusieurs Fêtes galantes, dont la der-
1. Vola
niere
JUIN. €734- 1079 ,
niere fut distinguée par l'abondance et la
somptuosité. Cent dix- huit personnes invitées
à un grand répas , furent servies
avec autant d'ordre et de propreté, que de
délicatesse et de goût .
Les R. P. Jesuites , pour contribuer à
la joye publique , firent représenter par
leurs Ecoliers la Tragedie du Sacrificce
d'Abraham , de la composition du P. Brumoy.
Les Acteurs surpasserent les talens
ordinaires des Enfans de leur âge , par l'intelligence
et la précision de leur déclamation
, et cette Représentation procura à
M. le Comte d'Albon les premiers complimens
publics. Ces mêmes Peres prépa -1
rent actuellement un jeune Ecolier à soutenir
une These publique de Litterature
qui lui sera dédiée, et qui terminera tout
ce qui se sera passé à cette occasion .
s ,
Dès les premiers jours d'Avril le Comte
d'Albon ayant fait sçavoir à la Ville
de Monbrison le jour qu'il y arrivercit
pour l'enregistremsnt de ses Provisions
et pour prendre possession de sa nouvelle
Dignité, il partit de Roinne, accompagné
de la plus grande partie de la Noblesse de
la Ville et du voisinage , de la Maréchaussée
, de ses Gardes , et d'un grand nombre
d'Officiers et de Domestiques de sa
Maison ; la Bourgeoise des petites Villes
I. Vol.
qiu
C
1994 MERCURE DE FRANCE
qui sont sur la route vint à cheval audevant
de lui , le complimenta et l'accompagna
de Ville en Ville.
Il alla coucher de Roanne à Leigneux ,
Maison et Chapitre de Chanoinesses de
la premiere distinction ; il fut reçû avec
les marques du plus vif empressement ,
complimenté par le Chapitre et par la Noblesse
du voisinage qui s'y étoient rendus
en grand concours . Il en partit le lende
main avec le même cortege , et la Noblesse
qui l'avoit accompagné de Roanne ,
se trouva encore augmentée par celle
qui s'étoit rendue à Leigneux. Le Lieutenant
du Prévôt de la Maréchaussée de.
Monbrison, à la tête de ses Brigades, vint
jusques près de Leigneux, le complimenta
, et l'accompagna jusqu'à Monbrison .
Sur les limites de la banlieuë de cette
Ville , le Lieutenant General du Bailliage
avec la Noblesse de la Ville et des environs
, plusieurs Officiers de ce Siege ,
de l'Election , et des autres Corps vinrent
à cheval au devant de lui .
A son entrée dans la Ville , on fit une
décharge de Fauconneaux et de Boëtes ,
dans le tems que les Echevins firent leur
compliment. La Milice Bourgeoise sous
les Armes , Tambours battans , Enseignes
déployées , formant une double haye de-
1. Vol.
puis
JUIN.
1095
1734.
puis les Portes de la Ville jusqu'à l'Hôtel
qui lui avoit été préparé . Il s'y rendit aux
acclamations du Peuple et au bruit de la
mousqueterie , entouré de huit Drapeaux
de la Bourgeoisie , les Dames magnifiquement
parées étant aux fenêtres. Il trouva
à son Hôtel une infinité de personnes de
distinction , que l'âge ou les infirmités
empêchoient de donner des marques plus
vives de leur zele. Le soir on alluma des
feux dans les rues et dans les Places
bliques , et presque toutes les maisons curent
des illuminations ; on y vit sur tout
quantité de lanternes ingenieusement
faites et peintes aux Armes de la Maison
d'Albon .
pu-
Le lendemain la Milice Bourgeoise se
mit en double haye depuis l'Hôtel du
Comte d'Albon jusqu'au Palais . Les Echovins
, en habit de ceremonie , avec les
Officiets de la Ville , le vinrent prendre;
il étoit précedé dans sa marche par une
Compagnie Franche de 30. hommes d'élite
, en habits uniformes , d'un grand
nombre de Gentilshommes , d'Officiers
Militaires, et d'une infinité de personnes
disringuées ; ses Gardes marchoient immediatement
devant lui , et les Echevins
à ses côtés. La marche étoit fermée par
un nombre égal de trente hommes de la
I. Vol. Cij même
1096 MERCURE DE FRANCE
même Compagnie Franche ;, il fut ainsi
conduit au bruit des Fauconneaux , des
Boëtes , de la Mousqueterie et des Tambours
.A la Porte duPalais il reçut un compliment
du Doyen du Bailliage , qui l'ac
compagna jusqu'au fauteuil qui lui étoit
préparé au milieu du Parquet , et dans
lequel il se plaça , ayant à ses côtés les
Echevins et les Officiers de Ville sur des
chaises ordinaires. La salle d'Audiance
étoit extrêmément ornée , les Dames richement
parées , et beaucoup de personnes
s'y étoient rendues pour assister à la
ceremonie.
L'Huissier Audiancier ayant donné le
signal , le Sieur de Pomerolle , celcbre
Avocat, prononça un três - beau Discours
sur le sujet de la Séance ; il s'étendit sur
l'ancienne origine de la Maison d'Albon
, que l'Histoire assûre être sortie des
Dauphins de Viennois , sur le nombre des
Illustres personnages qu'elle a donnés à
l'Eglise de Lyon depuis l'onziéme siecle.
L'éloge de M. l'Abbé Comte d'Albon
qui est le quatriéme Archidiacre de cette
Eglise de son nom , ne fut point oublié;
ses grandes qualités le rapprochent si fort
de M. son Frere, qu'il semble ne lui ceder
que par la seule circonstance d'être son
puîné.
3
I. Vol. L'OraJUIN.
1734. 1097
L'Orateur rappella la memoire du fameux
Antoine d'Albon , Archevêque de
Lyon , et Commandant pour le Roi dan's
le Gouvernement ; il fit mention de tous
ceux de cette Maison qui avoient rempli
les Dignités de cette Eglise , ainsi que
des quatorze Abbés de Savigny , de plusieurs
Chevaliers et Commandeurs de
Malthe , de deux Gouverneurs du Lyonnois
, Jean et Jacques d'Albon ;, ce dernier
étoit Chevalier des Ordres du Roi
et de la Jarretiere, Favori des trois Rois ;
et si connu dans l'Histoire sous le nom
de Maréchal de Saint André. Il parla de
plusieurs autres Illustres Guerriers , et cafin
du fameux Gosselin d'Albon , Marquis
de Saint Forgeux , duquel M. le Comte
d'Albon décend de Pere en Fils , lequel
se rendit si recommandable dans les premieres
Croizades , et qui rapporta de la
Tetre Sainte le Corps de S. Antoine
dont il fit present à l'Abbaye de cet Ordre.
Il parla aussi de la Transaction faire
entre Jean d'Albon et Humbert Dauphin
de Viennois , qui regle la legitime du premier
. Et en retraçant les differentes Alliances
de cette Maison , il finit par celle
de Camille d'Albon , Marquis de S. Forgeux
, avec Françoise - Julie de Crévant ,
qui a fait entrer dans cette Maison la Prin-
1. Vol. Ciij cipauté
1098 MERCURE DE FRANCE
cipauté Souveraine d'Yvetot en Normandie.
L'Orateur fut particulierement applaudi
lorsqu'il parla des qualités personnelles
de M.le Comte d'Albon , c'est-a- dire
, sa generosité , sa magnificence ,sa pieté,
sa charité, qui lui a merité le titre précieux
de Pere des Pauvres , sa douceur,
son équité , sa politesse , son esprit de
paix qui lerend arbitre des differens , & c.
Ce Discours fut suivi de celui de M.
Thoynet , Procureur du Roi , qui ne
parla pas avec moins d'Eloquence et de
dignité sur le même sujet , et plut infiniment
par sa netteté et par sa précision .
Ensuite M. Demaux , Lieutenant General
, ayant recueilli les voix , prononça
l'enregistrement des Lettres et de l'Acte
d'Installation .
M. le Comte d'Albon s'étant levé et
ayant salué la Compagnie , se remit en
marche dans le même ordre. Le Peuple
fut regalé de plusieurs tonneaux de vin
qui coulerent avec profusion .
Arrivé chez lui il reçût les complimens
de tous les Députés des Corps de la Ville
de Monbrison , et des autres Corps du
département de Forez , ausquels il répondit
avec l'esprit et la politesse qui lui
sont si naturels , et sur tout avec une bonté
de coeur que personne ne se lasse d'admirer.
PenJUIN.
1734 1099
Pendant cinq jours que le Comte d'Albon
a passés à Monbrison , il a tenu deux
tables de vingt- cinq couverts chacune
servies avec la même magnificence , le
même ordre et la même profusion , ce qui
ne l'a pas empêché de faire sentir aux malheureux
que sa generosité et sa charité
étoient inépuisables . Les accommodemens
qu'il a faits ont annoncé que la paix
et l'union ont été ses premieres vûës dans
l'exercice de sa Charge.
Avant son départ les Officiers de Monbrison
lui donnerent uneFête magnifique.
Son retout à Roanne fut celebré par les
mêmes honneurs ; les principales Dames ,
très- parées , allerent dans leurs carosses
au devant de lui à plus d'une lieuë. Une
troupe de plus de cinquante Cavaliers formée
par les principaux de la Ville , propre
ment vêtus et très - bien montés sur des
chevaux richement harnachés , avoit précedé
le carosse des Dames , et étoient
allés à plus de trois lieuës au- devant du
nouveau Lieutenant de Roi . Un Trompette
marchoit à la tête de la Troupe ;
celui qui la commandoit le salua de Fépée
, et lui fit un compliment militaire
qui fut très- goûté et parfaitement bien
reçû.
Le Lieutenant de la Maréchaussée de
1. Vol. Ciiij Roanne
1100 MERCURE DE FRANCE
Roanne fut aussi à la tête de ses Brigades
à quatre ou cinq lieuës au devant de lui;
mais ce qui parut le plus remarquable fut
uneCompagnie de douze jeunes Demoiselles
des plus distinguées et des plus brillantes
, une Dame à leur tête , toutes en habit
d'Amazones , escortées par un pareil
nombre de jeunes Cavaliers , parfaitement
bien montés , qui furent aussi audevant
de lui à près de deux lieuës ; et
après le compliment que lui fit la Dame
qui les conduisoit , elles lui firent cortege
jusqu'a son Hôtel . Son arrivée à Roanne
fut annoncée comme à Monbrison ,
par le bruit des boëtes , de la Mousqueteric
, des Tambours , & c.
La Bourgeoisie sous les Armes forme
une double haye depuis l'entrée de la Ville
jusques chez lui , où il reçût le compli
ment des Echevins et des Officiers du
Corps de la Ville . Il reçut ensuite les
complimens de tous les Corps Ecclesiastiques
, Seculiers et Reguliers , des Officiers
du Bailliage , de l'Election , et des
autres Compagnies .
Les Jesuites y conduisirent un nombre
chosi de leurs Ecoliers , qui firent leurs
complimens en Prose et en Vers François
, en Latin et en Grec. Il retint plus
de soixante personnes à souper ; il y eut
I. Vol. trois
JUIN. 1734. ΙΙΟΙ
trois tables de vingt couverts chacune
servies avec la même magnificence et le
même ordre.
Le lendemain une troupe de jeunes
Garçons de distinction , de l'âge de sept
à huit ans , un des Fils du Lieutenant general
du Baillage à leur tête , et portant la
parole , lui vint faire un compliment en
vers qui lui plut beaucoup. Ce Seigneur
eut la bonté de lui faire present et de le
ceindre d'une magnifique épée, en répondant
à son compliment avec la derniere
politesse.Le jeune Enfant sensible au-delà
de l'expression à l'honneur qu'il avoit
reçû , pressa vivement M. son Pere de
lui composer un remerciement qu'il apprit
toute la nuit , et qu'il alla reciter le
endemain.
Le surlendemain le Comte d'Albon fit
inviter à dîner tous les Corps , au nombre
de plus de 60. personnes , ainsi que
les Officiers Militaires ; la même délicatesse
et la même abondance s'y firent
remarquer.
Une partie des jeunes Cavaliers et des
Amazones qui allerent au devant de lui,
pour terminer toutes ces fêtes parun spectacle
vif et brillant,a fait dresser un Théâtre
magnifique dans le jeu de Palme de
la Ville , sur lequel ils ont represent la
I. Vol. Cy Tra1102
MERCURE DE FRANCE
Tragedie d'Andromaque , suivie de la petite
Piece des Vendanges de Surenne , avec
tous les ornemens , mêlés de danses. Les
Acteurs ont passé l'attente desSpectateus ;
et le Marquis de C .... qui s'est chargé
de les exercer , doit s'applaudir de ses
soins , encore plus de ses talens pour la
déclamation .
On peut dire que dans toutes ces Fêtes
rien n'a manqué de la part de la Province,
pour prouver à M. le Comte d'Albon
combien les coeurs lui sont dévoüés ; et
de la part de ce Seigneur , combien il a
été sensible aux empressemens qu'on lui
a témoignés.
Voici le compliment du Fils de M. Huť
de la Curée , Lieutenant General au
Bailliage de Roanne.
SEigneur , les jeux , les ris , les fêtes , l'allo
gresse ,
Ont été de tout tems amis de la jeunesse ;
Permets donc qu'Apollon secondant nos transports ,
Pour les mieux exprimer nous prête ses accords.
› Ta Noblesse, ton Sang , ton coeur ton caractere
T'acquirent de tout tems le doux talent de plaire ;
Et de tes qualités sincere admirateur ,
Chacun t'ofre à l'envi l'hommage de son creur.
Nos braves Citoyens par leur ardeur guerriere ,
I. Vol.
Sem17'
4. 1103
Semblent aux champs de Mars s'ouvrir une car◄
riere ;
Au bruit de leurs Tambours , au son de leurs Clairons
"
¿
On voit à chaque instant grossir leurs Bataillons
Et d'une double file honorant ton passage,
De leur filelité leur ardeur est le gage ,
Empressés de prouver que sous tes étendarts
Leur valeur défendra leurs antiques remparts.
Des Echevins zelés à leur devoir dociles ,
T'ofrent les clefs des coeurs avec celles des Villes.
Et vientnent t'assûrer de leur attachement ,
Par la solemnité d'un auguste serment ;
De toute part l'écho de la voix populaire ,
Benit l'heureux instant où tu vis la lumiere.
Mille et mille soukaits portés jusques aux Cieux
pour toi des jours sains et nom- Leur demandent
breux .
Resterons- nous muets, tandis que tout s'anime ?
Non , non >
nous allons tous d'une voix unanime
Crier dans nos transports longissimè vivat ;
Voilà nos voeux , Seigneur , Deus exaudiat.
Suit le Remerciement du même jeune
Homme , sur l'épée dont M.d'Albon
lui a fait present.
SEigneur , mon coeur reçoit avec reconnoissance
Ce present que je dois à ta magnificence .
1.Vol. Cvj Tu
1104 MERCURE DE FRANCE
Tu m'armes Chevalier : Ceux des siecles passés
Vont voir par mes exploits tous les leurs effacés..
Je sens avec mon sang circuler le courage ,
Et mon ardeur prévient les forces de mon âge ;
Les Renauds , les Rollands , et les deux Amadis,
Instruits de mes projets en feroient interdits.
Le trait n'est point Gascon ; car aux ames bien
nées
La valeur n'atsend pas le nombre des années ;
Et quand par toi , Seigneur , on voit armer son
bras,
On brave les périls et l'horreur du trépas.
Paroissez , fier Germain , paroissez , Moscovite,
Je fçaurai vous dompter , vous réduire à lafuite
J'enjure par ce fer que j'ai reçû de toi ,
Par lafidelité que je dois à mon Roi,
Par l'amour paternel , par celui de la gloire ,
Enfin par le désir de vivre dans l'histoire.
Mais ce fer me seroit encor plus précieux
Si pour toi je pouvois l'employer à tes yeux.
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Résumé : L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
Le Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, issu d'une des plus anciennes maisons du Royaume, a été nommé Lieutenant du Roi de la Province de Foretz après le décès du Comte de Verdun. La ville de Roanne, capitale du Roannois, a célébré sa nomination et ses qualités personnelles. Le Comte d'Albon a organisé plusieurs fêtes à Roanne, dont la dernière a été particulièrement somptueuse avec 118 invités. Les Jésuites ont contribué à la joie publique en représentant la tragédie du Sacrifice d'Abraham. Le Comte d'Albon s'est ensuite rendu à Monbrison pour l'enregistrement de ses provisions et la prise de possession de sa nouvelle dignité. Il a été accompagné par la noblesse, la maréchaussée, et un grand nombre d'officiers et de domestiques. À Monbrison, il a été accueilli avec des honneurs militaires et des illuminations. L'enregistrement des lettres et de l'acte d'installation a été suivi de discours élogieux sur la Maison d'Albon et les qualités personnelles du Comte. Pendant son séjour à Monbrison, le Comte d'Albon a tenu des tables somptueuses et a fait preuve de générosité envers les pauvres. Son retour à Roanne a été célébré par des honneurs similaires, avec des fêtes et des spectacles organisés par la jeunesse locale. Les Jésuites ont présenté des compliments en prose et en vers. Le Comte d'Albon a reçu des compliments de divers corps ecclésiastiques et militaires, et a offert des présents, notamment une épée à un jeune garçon. Les fêtes se sont conclues par une représentation théâtrale. Le texte est également un poème célébrant le courage et la loyauté des citoyens et d'un jeune homme en particulier. Les citoyens, animés par une ardeur guerrière, proclament leur fidélité et leur valeur sous les étendards de leur seigneur. Les échevins offrent les clés des cœurs et des villes, assurant leur attachement par un serment solennel. La voix populaire bénit l'instant de la naissance du seigneur et souhaite pour lui des jours sains et nombreux. Le jeune homme remercie son seigneur pour le présent d'une épée, symbole de son armement en chevalier. Il exprime sa reconnaissance et sa détermination à accomplir des exploits qui effaceront ceux des siècles passés. Il affirme que le courage circule dans son sang et que son ardeur dépasse les forces de son âge. Il se compare aux héros légendaires comme Renaud, Roland et les deux Amadis, et se prépare à affronter les Germains et les Moscovites. Il jure par l'épée reçue, sa fidélité au roi, l'amour paternel, la gloire et le désir de vivre dans l'histoire. Il exprime enfin le souhait d'utiliser cette épée pour son seigneur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 86-101
Réflexions de M. le Marquis de Lassé, mort en 1738.
Début :
On entend dire sans cesse qu'on devroit permettre à la Noblesse de trafiquer [...]
Mots clefs :
Noblesse, Gouvernement, Dignités, Homme, Guerre, Évêque, Armes, Église, Profession
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réflexions de M. le Marquis de Lassé, mort en 1738.
Réflexions de M.le Marquis de Laffe ,
mort en 1738.
Nentend dire fans ceffe qu'on devroit
permettre à la Nobleffe de trafiquer
comme en Angleterre.
Qu'on eft moins heureux fous le Gouvernement
préfent & dans le fiécle où nous
vivons , que l'on n'étoit autrefois.
Que le bien eft préférable aux dignités.
Qu'il faudroit retrancher le luxe.
Et que la condition des gens d'Eglife eft
plus heureufe que celle des hommes qui
fuivent la profeffion des armes.
Pour moi je penſe fort différemment fur
tous ces articles.
I.
que
La Nobleffe fournit un nombre infini
d'Officiers , en quoi confifte la plus grande
force de nos armées ; car les foldats des
autres nations font du moins auffi bons
les nôtres , & plus endurcis au travail ; &
c'eft cette Nobleffe qui nous a tant de fois
donné la fupériorité fur nos ennemis , &
qui a fauve la France dans les tems les plus
malheureux . Il n'y a qu'à lire notre hiftoire
pour en être inftruit.
DECEMBRE. 1754. 87
Les Gentilshommes animés par l'exemple
de leurs peres , & élevés dès leur enfance
à n'efperer ni bien ni confidération
qué par la guerre & les périls , y portent
toutes leurs penfées ; on ne leur parle d'autre
chofe , & ils fe forment prefqu'en naiffant
à cette valeur dont ils doivent tout
attendre .
Si on leur ouvre une autre porte , & fi
le commerce leur eft permis , ils fuivront
aifément une route bien plus facile &
moins périlleufe , qui les tirera de la pauvreté
où ils font , & leur donnera des richeffes
aifées à acquerir , qui leur fourniront
toutes les commodités & tous les plaifirs
que les hommes recherchent avec tant
de foin. Que n'avoit pas déja fait fur eux
le tems du fyftême du papier , quelque
court qu'il ait été ? C'eft un exemple qu'on
ne doit jamais oublier .
Les peres qui auront commencé ce genre
de vie , y éleveront leurs enfans , & en
peu de tems on verra difparoître cet efprit
guerrier qui a toujours diftingué la Nobleffe
Françoife , & on n'aura plus que des
négocians à la place de ces braves foldats ,
tant vantés dans tous les tems .
Si ce malheur arrivoit , les conféquences
font aisées, à tirer ; & il n'eft pas diffi ile
dejuger ce qu'il en coûteroit à la France ,
88 MERCURE DE FRANCE.
qui eft un Royaume établi par les armes ,
& qui eft fitué de façon qu'il ne ſe peut
foutenir que par ces mêmes armes qui
l'ont fondé.
II.
On fe plaint fans ceffe & du Gouverne
ment & du fiécle dans lequel nous vivons :
il n'y a qu'à lire notre hiftoire & les autres
pour connoître qu'il n'y en a jamais eu
où l'on ait été fi heureux , où le Gouver
nement ait été plus doux , où les hommes
ayent été moins méchans , & où il fe foit
commis moins de crimes.
Songeons aux tems où les particuliers
fe faifoient la guerre les uns aux autres ,
où l'on n'étoit en fûreté ni dans les grands
chemins ni même dans fa maifon , où il
falloit marcher armé & s'enfermer dans
des grilles & dans des foffés. Rappellonsnous
les guerres des Anglois , le malheureux
regne de Charles VI , les troubles des
Huguenots , la Saint Barthelemi , deux Rois
affaffinés , & tous les chefs de l'un & de
l'autre parti égorgés , le poifon , les meurtres
, les duels , les affaffinats fi communs ;
les Seigneurs érigés en tyrans dans les provinces
, & nos dernieres guerres civiles ;
& comparons ces tems-là avec celui - ci
toutes ces horreurs avec la tranquillité
DECEMBRE . 1754 89
dont nous jouiffons & dont nous avons
joui depuis le regne de Louis XIV , qui a
rétabli l'ordre & la fûreté par- tout ; & jugeons
après fi nous avons lieu de nous
plaindre ; fi les maux qui nous font crier
peuvent être mis en comparaifon avec des
malheurs fi effroyables .
Les moeurs s'adouciffent même par- tout ;
les Turcs ne font plus fi cruels , ni les
Mofcovites fi barbares . Les Grands Seigneurs
ne font plus mourir leurs freres ,
& les arts & la politeffe s'établiffent parmi
les Mofcovites.
Le feu Roi d'Angleterre , le Prince
d'Orange & Tekeli font morts dans leur
lit ; & cependant quel intérêt n'avoit - on
pas à s'en défaire ?
III.
On entend dire tous les jours que le
bien eft préférable à tout , & qu'il n'eft
queftion que d'en avoir . Je fuis perſuadé
que cela n'eft pas vrai ; je ne dis pas qu'on
ne tire de grands avantages des richeffes ,
mais on en tire de bien plus grands d'une
illuftre naiffance & des dignités.
Dès qu'on a affez de bien pour avoir
Toutes les commodités de la vie , le furplus
* Jacques II.
90 MERCURE DE FRANCE.
n'eft néceffaire que pour nous donner de la
confidération , & on ne fçauroit nier que
celle qu'on a pour un homme diftingué
par fa nobleffe & par fes dignités , ne foit
bien plus grande que celle qu'on a pour
un homme riche. De plus , il n'y a rien
où le premier ne puiffe prétendre s'il a du
mérite , tous les chemins lui font ouverts ;
au lieu qu'ils font fermés à celui qui n'a
des richeffes fans naiffance : il eft arque
rêté par tout , quoiqu'il ait du mérite , il
effuye des dégoûts en cent occafions , & il
femble même à un homme de qualité qu'il
lui fait trop d'honneur d'aller chez lui , &
de manger fon bien ; il lui paroît qu'il y a
un droit , & qu'il n'en doit avoir que
pour lui prêter ; s'il ne le fait pas , il s'en
plaint hautement , & parle de lui avec
mépris .
Bien loin qu'on ne fafle
affez de cas
pas
de la naiffance en France , comme on le
dit à tous momens , il est certain qu'on
en fait plus qu'on ne devroit , & qu'elle
donne de trop grands avantages fur le mérite
perfonnel.
Autre difcours fort ordinaire & trèsfaux.
On dit que lorfqu'on fe trouve à
portée d'obtenir des graces , il ne faut
fonger qu'à avoir du bien ; c'eft un abus :
il faut fans balancer préferer les dignités
DECEMBRE. 1754
eft
au bien , car il eft certain que les dignités
l'attireront dans la fuite. La Cour
quafi engagée , & ne peut plus vous donner
qué des chofes confidérables , au lieu
que le bien fans dignité vous éléve fort
peu , & fe diffipe promptement.
IV.
Perfonne ne difconvient qu'il n'y a rien
de plus néceffaire à un Etat que la circulation
de l'argent , qui fans cette circulation
demeureroit dans le fond des coffres ,
auffi inutile que s'il étoit encore dans le
centre de la terre ; & le luxe eft le moyen
le plus fimple & le plus aifé pour faire repaffer
l'argent des riches aux pauvres ,
puifque ce moyen eft volontaire , & même
agréable.
Les maisons magnifiques que les Seigneurs
& encore plus les gens d'affaires
font bâtir , ornent le Royaume , &
font retourner l'argent à toutes fortes d'ou
vriers qui y font employés. Les meubles ,
les carroffes , les étoffes , les dentelles , &
mille autres ajuftemens inventés par les
Marchands , font vivre une infinité de
gens ; & les Dames qui donnent avec plaifir
cent piftoles pour une garniture de
dentelles qui font faites par de pauvres
2 MERCURE DE FRANCE.
femmes & par de pauvres filles , ne leur
donneroient certainement pas cet argent
par charité. Il est même plus utile que ce
foit le prix de leur travail que fi on les laiffoit
dans l'oifiveté.
Il y a encore une raiſon particuliere pour
la France : comme fes peuples font les plus
induftrieux de l'Europe , toutes les nations
y viennent chercher leurs modes , & quantité
de chofes qui y font mieux travaillées
qu'ailleurs , & par là y apportent une trèsgrande
quantité d'argent.
Et fi on m'objecte que le luxe ruine les
Seigneurs & les gens riches ; eh tant mieux :
fans qu'on leur faffe violence , il fait retourner
leur argent aux pauvres qui en
ont plus de befoin qu'eux.
V.
On ne fçauroit vivre heureux fans confidération
, & on ne fçauroit avoir de véritable
confidération qu'en rempliffant les
devoirs de fon état . Ces principes établis ,
que je ne crois pas qu'on puiffe contef
ter , voici les conféquences que j'en tire.
Il faut qu'an homme d'Eglife s'affujettifle
à toutes les bienféances & à tous les
devoirs de fa profeffion , qui font fort contraignans
& très- ennuyeux , fans quoi il
DECEMBRE. 1754. 93
me fçauroit avoir de confidération.
Il n'y a perfonne qui ne fente qu'un
Abbé qu'on voit aux fpectacles , dans les
jeux & aux affemblées , n'eft pas à fa place
; & les hommes les plus débauchés ont
une forte de mépris pour un Eccléfiaftique
qui les imite.
Ce que je dis des Abbés feroit encore
beaucoup plus fcandaleux dans un Evêque
j'avoue que les enfans deftinés à l'Eglife
par les familles , & qui embraſſent
cette profeffion , font des fortunes bien
plus promptes & plus aifées que leurs freres
; ils recueillent le fruit des fervices de
leurs parens. Il y a tant de biens d'Eglife
en France , qu'ils ont ordinairement des
Abbayes prefqu'en naiffant , & fans avoir
rien fait pour les mériter. Il eft même rare
qu'un homme de qualité ne devienne pas
Evêque mais à quoi fervent les dignités ,
fi ce n'eft à rendre la vie heureufe ?
:
Suivons celle d'un Abbé de condition , à
commencer dès fon enfance . On le met au
Collége , où l'on tâche de le faire étudier
avec plus de foin que fes freres , ce qui
ne plaît guere à un enfant ; & au fortir du
Collége , il les voit aller à l'Académie avec
des épées & de beaux habits ; pour lui on
lui donne un habit noir & un petit collet ,
& on l'envoye d'ordinaire loger avec un
94 MERCURE DE FRANCE.
Docteur , proche la Sorbonne , où il faut
qu'il aille tous les jours pendant trois ans
entendre des leçons : enfuite il eft Bachelier,
il parvient à être fur les bancs où il difpute
de Théologie . Il entre en licence , il
foutient des Thefes , enfin il eft Docteur
à vingt-cinq ans. Qu'on falle réflexion à la
trifteffe du chemin par lequel il a marché
jufqu'à cet âge ; & c'eft pourtant une partie
confidérable de la vie.
Il n'en n'eſt pas quitte pour cela ; il faut
encore qu'il foit dans un Séminaire pendant
je ne fçais combien de tems : enfuite
il entre dans le monde , où il doit fe priver
de la plupart des plaifirs pour lefquels
on a beaucoup de goût quand on est jeune:
il doit prendre garde aux compagnies
qu'il voit , & fur-tout faire enforte qu'on
ne parle pas de lui , la réputation d'une
femme n'étant pas plus délicate que la
fienne .
Malgré cette contrainte , la vie qu'il
mene alors peut être fupportable , mais
elle n'a qu'un tems. Un vieux Abbé qui
traîne dans les rues n'a pas bonne grace ,
il reffemble à une vieille fille , & on eft i
honteux de n'être pas Evêque à un certain
âge.
Je fuppofe qu'il y parvient , ce qui véritablement
ne lui peut gueres manquer?
DECEMBRE. ورب . 1754
,
ayant eu une bonne conduite ; en eft- il
plus heureux ? Il a une grande dignité , il
eft riche ; mais quel ufage peut- il faire de
fes richeffes ? Il faut qu'il réfide dans fon
Evêché , qui eft fouvent un féjour fort
trifte , & une ville où il y a bien mauvaiſe
compagnie : & quand il attrapperoit une
grande ville où la compagnie feroit meilleure
il n'en fçauroit faire un certain
ufage. Le commerce familier des femmes ,
les foupers agréables , les propos libres ,
tout ce qui peut avoir l'air de galanterie
ou de débauche , font chofes qui lui
font interdites ; la chaffe même ne lui eft
pas permife , & il faut qu'il foit prefque
toujours avec des Moines , des Prêtres ,
des Curés , des Grands Vicaires , à regler
fon Dioceſe. Et fi par hazard il avoit quelque
commerce avec une femme , elle deviendroit
fon tyran , & il auroit tout à
craindre de fon indifcrétion & de fa mé
chanceté. Il feroit dans le même cas à l'égard
de fes domeftiques. Enfin il n'y a
qu'une véritable piété qui puiffe le rendre
heureux. Il est vrai qu'il peut venir de
tems en tems à Paris , par de certaines raifons
, ou fous quelques prétextes ; mais ces
voyages ne doivent être ni longs ni fréquens
, & il doit compter que fa demeure
eft fon Diocèfe , où il paffera fa vie ; &
96 MERCURE DE FRANCE.
encore de quelle façon eft- il à Paris quand
il y vient hors qu'il ait une famille qui
le puiffe loger , il demeure dans un hôtel
garni : les fpectacles , les promenades , les
jeux , les affemblées , enfin tout ce qu'on
appelle les plaifirs , lui font interdits ; &
s'il veut avoir l'eftime du public , il n'y
doit voir que de certaines compagnies , &
il faut que fa conduite foit bien fage &
bien mefurée . Je conclus de tout cela ,
qu'un Eccléfiaftique qui d'un petit état
devient Evêque , fait une fortune brillante
& agréable , mais que c'eft un exil ennuyeux
pour les Abbés qui ont un nom ,
& c'eft eux que j'ai eu en vûe dans tout ce
que je viens de dire.
Voilà quelle eft la condition des Abbés :
il faut préfentement examiner celle des
gens de qualité deftinés à la profeffion des
armes .
Ils commencent prefqu'au fortir de l'enfance
à mener une vie agréable. On les
inet à l'Académie , où on leur apprend toutes
fortes d'exercices qui font fort du goût
de la jeuneffe . Ils jouent à la paume , ils
vont aux fpectacles , aux promenades publiques
, & ils jouiffent d'un commencement
de liberté. Au fortir de l'Académie ,
ils l'ont entiere : on les mene à la Cour ,
on les préfente au Roi & à tout ce qu'il y a
de
DECEMBRE . 1754 97
de plus grand ; on leur donne un équipage
, de beaux habits ; aucuns plaifirs ne
leur font défendus , le jeu , la chaffe , la
bonne chere : on leur recommande feulement
de les prendre avec les jeunes gens
de leur âge , que leur naiffance & l'air
dont ils font dans le monde diftingue des
autres , & fur tout d'éviter la mauvaiſe
compagnie. L'amour , paffion bien naturelle
dans cet âge , leur fied à merveille ;
on leur paffe tout , hors ce qui attaque
Phonnête homme . Il eft bon même qu'on
parle d'eux , & l'obfcurité eft ce qu'ils ont
le plus à craindre : ils font des fêtes , des
plaifirs , des voyages du Roi , & c'est par
un chemin fi agréable à la jeuneffe qu'ils
acquierent fa familiarité , & qu'ils commencent
leur fortune.
Pendant ce tems , leur famille travaille
à leur faire avoir un emploi convenable à
leur condition & à la profeffion qu'ils ont
embraffée , & c'eft encore un nouveau plaifir
pour un jeune homine bien né , de commander
à des gens de guerre , ce détail
d'armes & de chevaux eft une occupation
qui lui plaît beaucoup . Cependant les années
viennent , & lui apportent plus de
raiſon : la carriere qu'il doit courre eft ouverte
; il déploye les talens que Dieu lui a
donnés ; il fonge plus férieufement à ac
II.Vol. E
98 MERCURE DE FRANCE.
querir de la réputation & à faire fa fortune
, & il cherche les occafions de fe
diftinguer. S'il entre dans le monde dans
un tems de paix , il eft ravi qu'il ſe préfente
quelque occafion d'aller chercher la
guerre dans les pays étrangers ; & fi la
guerre eft dans fon pays , il fonge à y acquerir
par fon courage la gloire la plus
flateufe de toutes , & des connoiffances
qui le rendent capable des premiers emplois
, qui peuvent le conduire aux plus
grands honneurs : il les voit en perfpective
; il n'y arrivera peut-être pas , mais il
a le plaifir de les efpérer en marchant pat
le chemin qui y mene , & ce chemin eft
plus rempli de rofes que d'épines. Il y a
des fatigues & des périls , mais ils ne font
ni fi grands ni fi fréquens qu'ils le difent ;
prefque tout le monde veut en impofer , &
cherche à fe faire valoir. Une fatigue qu'il
faut que toute une armée faffe , ne peut
jamais être extrême , fur- tout pour un hom
me de condition , qui a d'ordinaire beau
coup d'équipages & beaucoup de commodités
; & il eft bien rare & comme impoffible
qu'il manque des chofes néceſſaires
à la vie , même dans les jours les plus
fâcheux , & ces jours de peine n'arrivent
pas fouvent pendant le cours d'une campagne.
DECEMBRE. 1754. 99
Le reste du tems on joue , on fait bonne
chere , & on mene une vie libre & parefleuſe
, & débarraffée de toutes fortes de
foins & de toute contrainte ; & puis on
attrape le tems où l'on retourne à Paris
jouir de tous les plaifirs .
par
A l'égard du péril , il eft certain qu'il
y a des occafions où l'on en court beaucoup
, & il eft difficile qu'un homme
vienne aux premieres dignités de la guer
re , & mérite les honneurs qui les doivent
fuivre , fans y avoir été exposé plufieurs
fois : cependant ce n'eft pas auffi fouvent
comme on fe l'imagine , & il fe trouve
quelquefois employé pendant toute une
campagne dans des lieux où il n'y a nul
danger. De plus , pendant le cours de la
vie d'un homme , la guerre n'eft
jours dans fon pays , & il s'en manque
fouvent la plus grande partie.
pas tou-
Il faut cependant convenir que la vie
de ceux qui fuivent la profeffion des armes
eft plus expofée que celle des autres hommes;
les périls de la guerre , les voyages ,
les climats différens où ils fe trouvent , le
mauvais air où ils font quelquefois expofés
, les fatigues , & encore plus les débauches
, les querelles particulieres & les
duels ( coutume barbare , inconnue aux
Grecs & aux Romains , contraire à la rai-
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
fon , au bien de l'Etat , & au repos des
particuliers ) , font autant de chemins qui
les conduisent à la mort. Cependant l'expérience
fait voir qu'il y en a beaucoup qui
attrapent l'extrême vieillelle.
De plus , il y a un grand nombre de
gens de condition qui ne pouffent pas la
chofe fi loin , & qui quittent la guerre
à caufe de leur fanté , ou pour quelqu'autre
raifon , après l'avoir faite autant qu'il
convient à leur honneur ; & ils jouiffent
tous également de cette vie libre , dans
laquelle rien ne leur eft défendu que les
chofes qu'un honnête homme fe défend à
lui-même , & que les plus mal nés ne font
point fans fe les reppocher , & fans tâcher
à les cacher.
Avant que de finir , il faut que je faſle
encore une réflexion . Si on propoſoit à un
homme de qualité de lui donner le gouvernement
d'une ville , même confidéra
ble , d'un revenu égal à celui de l'Evêché
de cette ville , à charge d'y faire une réfidence
auffi longue que celle que l'Evêque
y doit faire pour être eftimé , ce qui eft
proprement à charge d'y paffer fa vie , en
faifant de tems en tems quelques voyages
à Paris & à la Cour ; je crois qu'il s'en
trouveroit fort peu qui le vouluffent accepter
à cette condition. Cependant ce
DECEMBRE. 1754. ΙΟΙ
Gouverneur peut aller à la chafle , s'il l'aime
; faire bonne chere avec les compagnies
les plus agréables , voir les Dames
les affembler tous les foirs chez lui , avoir
des maîtreffes , & enfin contenter tous fes
goûts , fans que cela faffe le moindre tort
à la réputation & à fa fortune ; & l'Evêque
devant fe priver de tous ces plaifirs ,
on ne peut pas difconvenir que la vie du
Gouverneur ne foit bien différente de celle
de l'Evêque : cependant , je le repete encore
, je crois qu'il y a fort peu de gens de
qualité d'un commerce aimable qui vouluffent
accepter le Gouvernement .
mort en 1738.
Nentend dire fans ceffe qu'on devroit
permettre à la Nobleffe de trafiquer
comme en Angleterre.
Qu'on eft moins heureux fous le Gouvernement
préfent & dans le fiécle où nous
vivons , que l'on n'étoit autrefois.
Que le bien eft préférable aux dignités.
Qu'il faudroit retrancher le luxe.
Et que la condition des gens d'Eglife eft
plus heureufe que celle des hommes qui
fuivent la profeffion des armes.
Pour moi je penſe fort différemment fur
tous ces articles.
I.
que
La Nobleffe fournit un nombre infini
d'Officiers , en quoi confifte la plus grande
force de nos armées ; car les foldats des
autres nations font du moins auffi bons
les nôtres , & plus endurcis au travail ; &
c'eft cette Nobleffe qui nous a tant de fois
donné la fupériorité fur nos ennemis , &
qui a fauve la France dans les tems les plus
malheureux . Il n'y a qu'à lire notre hiftoire
pour en être inftruit.
DECEMBRE. 1754. 87
Les Gentilshommes animés par l'exemple
de leurs peres , & élevés dès leur enfance
à n'efperer ni bien ni confidération
qué par la guerre & les périls , y portent
toutes leurs penfées ; on ne leur parle d'autre
chofe , & ils fe forment prefqu'en naiffant
à cette valeur dont ils doivent tout
attendre .
Si on leur ouvre une autre porte , & fi
le commerce leur eft permis , ils fuivront
aifément une route bien plus facile &
moins périlleufe , qui les tirera de la pauvreté
où ils font , & leur donnera des richeffes
aifées à acquerir , qui leur fourniront
toutes les commodités & tous les plaifirs
que les hommes recherchent avec tant
de foin. Que n'avoit pas déja fait fur eux
le tems du fyftême du papier , quelque
court qu'il ait été ? C'eft un exemple qu'on
ne doit jamais oublier .
Les peres qui auront commencé ce genre
de vie , y éleveront leurs enfans , & en
peu de tems on verra difparoître cet efprit
guerrier qui a toujours diftingué la Nobleffe
Françoife , & on n'aura plus que des
négocians à la place de ces braves foldats ,
tant vantés dans tous les tems .
Si ce malheur arrivoit , les conféquences
font aisées, à tirer ; & il n'eft pas diffi ile
dejuger ce qu'il en coûteroit à la France ,
88 MERCURE DE FRANCE.
qui eft un Royaume établi par les armes ,
& qui eft fitué de façon qu'il ne ſe peut
foutenir que par ces mêmes armes qui
l'ont fondé.
II.
On fe plaint fans ceffe & du Gouverne
ment & du fiécle dans lequel nous vivons :
il n'y a qu'à lire notre hiftoire & les autres
pour connoître qu'il n'y en a jamais eu
où l'on ait été fi heureux , où le Gouver
nement ait été plus doux , où les hommes
ayent été moins méchans , & où il fe foit
commis moins de crimes.
Songeons aux tems où les particuliers
fe faifoient la guerre les uns aux autres ,
où l'on n'étoit en fûreté ni dans les grands
chemins ni même dans fa maifon , où il
falloit marcher armé & s'enfermer dans
des grilles & dans des foffés. Rappellonsnous
les guerres des Anglois , le malheureux
regne de Charles VI , les troubles des
Huguenots , la Saint Barthelemi , deux Rois
affaffinés , & tous les chefs de l'un & de
l'autre parti égorgés , le poifon , les meurtres
, les duels , les affaffinats fi communs ;
les Seigneurs érigés en tyrans dans les provinces
, & nos dernieres guerres civiles ;
& comparons ces tems-là avec celui - ci
toutes ces horreurs avec la tranquillité
DECEMBRE . 1754 89
dont nous jouiffons & dont nous avons
joui depuis le regne de Louis XIV , qui a
rétabli l'ordre & la fûreté par- tout ; & jugeons
après fi nous avons lieu de nous
plaindre ; fi les maux qui nous font crier
peuvent être mis en comparaifon avec des
malheurs fi effroyables .
Les moeurs s'adouciffent même par- tout ;
les Turcs ne font plus fi cruels , ni les
Mofcovites fi barbares . Les Grands Seigneurs
ne font plus mourir leurs freres ,
& les arts & la politeffe s'établiffent parmi
les Mofcovites.
Le feu Roi d'Angleterre , le Prince
d'Orange & Tekeli font morts dans leur
lit ; & cependant quel intérêt n'avoit - on
pas à s'en défaire ?
III.
On entend dire tous les jours que le
bien eft préférable à tout , & qu'il n'eft
queftion que d'en avoir . Je fuis perſuadé
que cela n'eft pas vrai ; je ne dis pas qu'on
ne tire de grands avantages des richeffes ,
mais on en tire de bien plus grands d'une
illuftre naiffance & des dignités.
Dès qu'on a affez de bien pour avoir
Toutes les commodités de la vie , le furplus
* Jacques II.
90 MERCURE DE FRANCE.
n'eft néceffaire que pour nous donner de la
confidération , & on ne fçauroit nier que
celle qu'on a pour un homme diftingué
par fa nobleffe & par fes dignités , ne foit
bien plus grande que celle qu'on a pour
un homme riche. De plus , il n'y a rien
où le premier ne puiffe prétendre s'il a du
mérite , tous les chemins lui font ouverts ;
au lieu qu'ils font fermés à celui qui n'a
des richeffes fans naiffance : il eft arque
rêté par tout , quoiqu'il ait du mérite , il
effuye des dégoûts en cent occafions , & il
femble même à un homme de qualité qu'il
lui fait trop d'honneur d'aller chez lui , &
de manger fon bien ; il lui paroît qu'il y a
un droit , & qu'il n'en doit avoir que
pour lui prêter ; s'il ne le fait pas , il s'en
plaint hautement , & parle de lui avec
mépris .
Bien loin qu'on ne fafle
affez de cas
pas
de la naiffance en France , comme on le
dit à tous momens , il est certain qu'on
en fait plus qu'on ne devroit , & qu'elle
donne de trop grands avantages fur le mérite
perfonnel.
Autre difcours fort ordinaire & trèsfaux.
On dit que lorfqu'on fe trouve à
portée d'obtenir des graces , il ne faut
fonger qu'à avoir du bien ; c'eft un abus :
il faut fans balancer préferer les dignités
DECEMBRE. 1754
eft
au bien , car il eft certain que les dignités
l'attireront dans la fuite. La Cour
quafi engagée , & ne peut plus vous donner
qué des chofes confidérables , au lieu
que le bien fans dignité vous éléve fort
peu , & fe diffipe promptement.
IV.
Perfonne ne difconvient qu'il n'y a rien
de plus néceffaire à un Etat que la circulation
de l'argent , qui fans cette circulation
demeureroit dans le fond des coffres ,
auffi inutile que s'il étoit encore dans le
centre de la terre ; & le luxe eft le moyen
le plus fimple & le plus aifé pour faire repaffer
l'argent des riches aux pauvres ,
puifque ce moyen eft volontaire , & même
agréable.
Les maisons magnifiques que les Seigneurs
& encore plus les gens d'affaires
font bâtir , ornent le Royaume , &
font retourner l'argent à toutes fortes d'ou
vriers qui y font employés. Les meubles ,
les carroffes , les étoffes , les dentelles , &
mille autres ajuftemens inventés par les
Marchands , font vivre une infinité de
gens ; & les Dames qui donnent avec plaifir
cent piftoles pour une garniture de
dentelles qui font faites par de pauvres
2 MERCURE DE FRANCE.
femmes & par de pauvres filles , ne leur
donneroient certainement pas cet argent
par charité. Il est même plus utile que ce
foit le prix de leur travail que fi on les laiffoit
dans l'oifiveté.
Il y a encore une raiſon particuliere pour
la France : comme fes peuples font les plus
induftrieux de l'Europe , toutes les nations
y viennent chercher leurs modes , & quantité
de chofes qui y font mieux travaillées
qu'ailleurs , & par là y apportent une trèsgrande
quantité d'argent.
Et fi on m'objecte que le luxe ruine les
Seigneurs & les gens riches ; eh tant mieux :
fans qu'on leur faffe violence , il fait retourner
leur argent aux pauvres qui en
ont plus de befoin qu'eux.
V.
On ne fçauroit vivre heureux fans confidération
, & on ne fçauroit avoir de véritable
confidération qu'en rempliffant les
devoirs de fon état . Ces principes établis ,
que je ne crois pas qu'on puiffe contef
ter , voici les conféquences que j'en tire.
Il faut qu'an homme d'Eglife s'affujettifle
à toutes les bienféances & à tous les
devoirs de fa profeffion , qui font fort contraignans
& très- ennuyeux , fans quoi il
DECEMBRE. 1754. 93
me fçauroit avoir de confidération.
Il n'y a perfonne qui ne fente qu'un
Abbé qu'on voit aux fpectacles , dans les
jeux & aux affemblées , n'eft pas à fa place
; & les hommes les plus débauchés ont
une forte de mépris pour un Eccléfiaftique
qui les imite.
Ce que je dis des Abbés feroit encore
beaucoup plus fcandaleux dans un Evêque
j'avoue que les enfans deftinés à l'Eglife
par les familles , & qui embraſſent
cette profeffion , font des fortunes bien
plus promptes & plus aifées que leurs freres
; ils recueillent le fruit des fervices de
leurs parens. Il y a tant de biens d'Eglife
en France , qu'ils ont ordinairement des
Abbayes prefqu'en naiffant , & fans avoir
rien fait pour les mériter. Il eft même rare
qu'un homme de qualité ne devienne pas
Evêque mais à quoi fervent les dignités ,
fi ce n'eft à rendre la vie heureufe ?
:
Suivons celle d'un Abbé de condition , à
commencer dès fon enfance . On le met au
Collége , où l'on tâche de le faire étudier
avec plus de foin que fes freres , ce qui
ne plaît guere à un enfant ; & au fortir du
Collége , il les voit aller à l'Académie avec
des épées & de beaux habits ; pour lui on
lui donne un habit noir & un petit collet ,
& on l'envoye d'ordinaire loger avec un
94 MERCURE DE FRANCE.
Docteur , proche la Sorbonne , où il faut
qu'il aille tous les jours pendant trois ans
entendre des leçons : enfuite il eft Bachelier,
il parvient à être fur les bancs où il difpute
de Théologie . Il entre en licence , il
foutient des Thefes , enfin il eft Docteur
à vingt-cinq ans. Qu'on falle réflexion à la
trifteffe du chemin par lequel il a marché
jufqu'à cet âge ; & c'eft pourtant une partie
confidérable de la vie.
Il n'en n'eſt pas quitte pour cela ; il faut
encore qu'il foit dans un Séminaire pendant
je ne fçais combien de tems : enfuite
il entre dans le monde , où il doit fe priver
de la plupart des plaifirs pour lefquels
on a beaucoup de goût quand on est jeune:
il doit prendre garde aux compagnies
qu'il voit , & fur-tout faire enforte qu'on
ne parle pas de lui , la réputation d'une
femme n'étant pas plus délicate que la
fienne .
Malgré cette contrainte , la vie qu'il
mene alors peut être fupportable , mais
elle n'a qu'un tems. Un vieux Abbé qui
traîne dans les rues n'a pas bonne grace ,
il reffemble à une vieille fille , & on eft i
honteux de n'être pas Evêque à un certain
âge.
Je fuppofe qu'il y parvient , ce qui véritablement
ne lui peut gueres manquer?
DECEMBRE. ورب . 1754
,
ayant eu une bonne conduite ; en eft- il
plus heureux ? Il a une grande dignité , il
eft riche ; mais quel ufage peut- il faire de
fes richeffes ? Il faut qu'il réfide dans fon
Evêché , qui eft fouvent un féjour fort
trifte , & une ville où il y a bien mauvaiſe
compagnie : & quand il attrapperoit une
grande ville où la compagnie feroit meilleure
il n'en fçauroit faire un certain
ufage. Le commerce familier des femmes ,
les foupers agréables , les propos libres ,
tout ce qui peut avoir l'air de galanterie
ou de débauche , font chofes qui lui
font interdites ; la chaffe même ne lui eft
pas permife , & il faut qu'il foit prefque
toujours avec des Moines , des Prêtres ,
des Curés , des Grands Vicaires , à regler
fon Dioceſe. Et fi par hazard il avoit quelque
commerce avec une femme , elle deviendroit
fon tyran , & il auroit tout à
craindre de fon indifcrétion & de fa mé
chanceté. Il feroit dans le même cas à l'égard
de fes domeftiques. Enfin il n'y a
qu'une véritable piété qui puiffe le rendre
heureux. Il est vrai qu'il peut venir de
tems en tems à Paris , par de certaines raifons
, ou fous quelques prétextes ; mais ces
voyages ne doivent être ni longs ni fréquens
, & il doit compter que fa demeure
eft fon Diocèfe , où il paffera fa vie ; &
96 MERCURE DE FRANCE.
encore de quelle façon eft- il à Paris quand
il y vient hors qu'il ait une famille qui
le puiffe loger , il demeure dans un hôtel
garni : les fpectacles , les promenades , les
jeux , les affemblées , enfin tout ce qu'on
appelle les plaifirs , lui font interdits ; &
s'il veut avoir l'eftime du public , il n'y
doit voir que de certaines compagnies , &
il faut que fa conduite foit bien fage &
bien mefurée . Je conclus de tout cela ,
qu'un Eccléfiaftique qui d'un petit état
devient Evêque , fait une fortune brillante
& agréable , mais que c'eft un exil ennuyeux
pour les Abbés qui ont un nom ,
& c'eft eux que j'ai eu en vûe dans tout ce
que je viens de dire.
Voilà quelle eft la condition des Abbés :
il faut préfentement examiner celle des
gens de qualité deftinés à la profeffion des
armes .
Ils commencent prefqu'au fortir de l'enfance
à mener une vie agréable. On les
inet à l'Académie , où on leur apprend toutes
fortes d'exercices qui font fort du goût
de la jeuneffe . Ils jouent à la paume , ils
vont aux fpectacles , aux promenades publiques
, & ils jouiffent d'un commencement
de liberté. Au fortir de l'Académie ,
ils l'ont entiere : on les mene à la Cour ,
on les préfente au Roi & à tout ce qu'il y a
de
DECEMBRE . 1754 97
de plus grand ; on leur donne un équipage
, de beaux habits ; aucuns plaifirs ne
leur font défendus , le jeu , la chaffe , la
bonne chere : on leur recommande feulement
de les prendre avec les jeunes gens
de leur âge , que leur naiffance & l'air
dont ils font dans le monde diftingue des
autres , & fur tout d'éviter la mauvaiſe
compagnie. L'amour , paffion bien naturelle
dans cet âge , leur fied à merveille ;
on leur paffe tout , hors ce qui attaque
Phonnête homme . Il eft bon même qu'on
parle d'eux , & l'obfcurité eft ce qu'ils ont
le plus à craindre : ils font des fêtes , des
plaifirs , des voyages du Roi , & c'est par
un chemin fi agréable à la jeuneffe qu'ils
acquierent fa familiarité , & qu'ils commencent
leur fortune.
Pendant ce tems , leur famille travaille
à leur faire avoir un emploi convenable à
leur condition & à la profeffion qu'ils ont
embraffée , & c'eft encore un nouveau plaifir
pour un jeune homine bien né , de commander
à des gens de guerre , ce détail
d'armes & de chevaux eft une occupation
qui lui plaît beaucoup . Cependant les années
viennent , & lui apportent plus de
raiſon : la carriere qu'il doit courre eft ouverte
; il déploye les talens que Dieu lui a
donnés ; il fonge plus férieufement à ac
II.Vol. E
98 MERCURE DE FRANCE.
querir de la réputation & à faire fa fortune
, & il cherche les occafions de fe
diftinguer. S'il entre dans le monde dans
un tems de paix , il eft ravi qu'il ſe préfente
quelque occafion d'aller chercher la
guerre dans les pays étrangers ; & fi la
guerre eft dans fon pays , il fonge à y acquerir
par fon courage la gloire la plus
flateufe de toutes , & des connoiffances
qui le rendent capable des premiers emplois
, qui peuvent le conduire aux plus
grands honneurs : il les voit en perfpective
; il n'y arrivera peut-être pas , mais il
a le plaifir de les efpérer en marchant pat
le chemin qui y mene , & ce chemin eft
plus rempli de rofes que d'épines. Il y a
des fatigues & des périls , mais ils ne font
ni fi grands ni fi fréquens qu'ils le difent ;
prefque tout le monde veut en impofer , &
cherche à fe faire valoir. Une fatigue qu'il
faut que toute une armée faffe , ne peut
jamais être extrême , fur- tout pour un hom
me de condition , qui a d'ordinaire beau
coup d'équipages & beaucoup de commodités
; & il eft bien rare & comme impoffible
qu'il manque des chofes néceſſaires
à la vie , même dans les jours les plus
fâcheux , & ces jours de peine n'arrivent
pas fouvent pendant le cours d'une campagne.
DECEMBRE. 1754. 99
Le reste du tems on joue , on fait bonne
chere , & on mene une vie libre & parefleuſe
, & débarraffée de toutes fortes de
foins & de toute contrainte ; & puis on
attrape le tems où l'on retourne à Paris
jouir de tous les plaifirs .
par
A l'égard du péril , il eft certain qu'il
y a des occafions où l'on en court beaucoup
, & il eft difficile qu'un homme
vienne aux premieres dignités de la guer
re , & mérite les honneurs qui les doivent
fuivre , fans y avoir été exposé plufieurs
fois : cependant ce n'eft pas auffi fouvent
comme on fe l'imagine , & il fe trouve
quelquefois employé pendant toute une
campagne dans des lieux où il n'y a nul
danger. De plus , pendant le cours de la
vie d'un homme , la guerre n'eft
jours dans fon pays , & il s'en manque
fouvent la plus grande partie.
pas tou-
Il faut cependant convenir que la vie
de ceux qui fuivent la profeffion des armes
eft plus expofée que celle des autres hommes;
les périls de la guerre , les voyages ,
les climats différens où ils fe trouvent , le
mauvais air où ils font quelquefois expofés
, les fatigues , & encore plus les débauches
, les querelles particulieres & les
duels ( coutume barbare , inconnue aux
Grecs & aux Romains , contraire à la rai-
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
fon , au bien de l'Etat , & au repos des
particuliers ) , font autant de chemins qui
les conduisent à la mort. Cependant l'expérience
fait voir qu'il y en a beaucoup qui
attrapent l'extrême vieillelle.
De plus , il y a un grand nombre de
gens de condition qui ne pouffent pas la
chofe fi loin , & qui quittent la guerre
à caufe de leur fanté , ou pour quelqu'autre
raifon , après l'avoir faite autant qu'il
convient à leur honneur ; & ils jouiffent
tous également de cette vie libre , dans
laquelle rien ne leur eft défendu que les
chofes qu'un honnête homme fe défend à
lui-même , & que les plus mal nés ne font
point fans fe les reppocher , & fans tâcher
à les cacher.
Avant que de finir , il faut que je faſle
encore une réflexion . Si on propoſoit à un
homme de qualité de lui donner le gouvernement
d'une ville , même confidéra
ble , d'un revenu égal à celui de l'Evêché
de cette ville , à charge d'y faire une réfidence
auffi longue que celle que l'Evêque
y doit faire pour être eftimé , ce qui eft
proprement à charge d'y paffer fa vie , en
faifant de tems en tems quelques voyages
à Paris & à la Cour ; je crois qu'il s'en
trouveroit fort peu qui le vouluffent accepter
à cette condition. Cependant ce
DECEMBRE. 1754. ΙΟΙ
Gouverneur peut aller à la chafle , s'il l'aime
; faire bonne chere avec les compagnies
les plus agréables , voir les Dames
les affembler tous les foirs chez lui , avoir
des maîtreffes , & enfin contenter tous fes
goûts , fans que cela faffe le moindre tort
à la réputation & à fa fortune ; & l'Evêque
devant fe priver de tous ces plaifirs ,
on ne peut pas difconvenir que la vie du
Gouverneur ne foit bien différente de celle
de l'Evêque : cependant , je le repete encore
, je crois qu'il y a fort peu de gens de
qualité d'un commerce aimable qui vouluffent
accepter le Gouvernement .
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Résumé : Réflexions de M. le Marquis de Lassé, mort en 1738.
Le Marquis de Laffe, décédé en 1738, a exprimé diverses réflexions sur la noblesse, le gouvernement, et les professions. Il soutient que la noblesse est cruciale pour fournir des officiers aux armées, assurant ainsi la supériorité militaire de la France. Il craint que l'autorisation pour la noblesse de se livrer au commerce ne détourne les gentilshommes de leur vocation guerrière. Le Marquis rejette les plaintes sur le gouvernement et le siècle actuel, affirmant que l'histoire montre des périodes plus tumultueuses et violentes. Il souligne que les mœurs se sont adoucies et que la tranquillité règne depuis le règne de Louis XIV. Concernant la préférence entre le bien et les dignités, il estime que les dignités offrent une considération sociale plus grande et ouvrent plus de portes que la simple richesse. Sur le luxe, le Marquis le considère comme un moyen nécessaire pour faire circuler l'argent dans l'économie, bénéficiant ainsi aux classes pauvres. Il note que le luxe stimule diverses industries et attire des capitaux étrangers. Il compare également la condition des ecclésiastiques à celle des militaires, décrivant la vie des abbés comme contraignante et ennuyeuse, marquée par des devoirs rigoureux et des privations. En revanche, il présente la vie des gentilshommes destinés à la profession des armes comme agréable et pleine de libertés dès le jeune âge. La vie des jeunes hommes de qualité est marquée par l'importance de l'âge et de la compagnie. Ils participent à des fêtes, des plaisirs et des voyages du Roi, ce qui leur permet d'acquérir de la familiarité et de commencer leur fortune. Leur famille travaille à leur obtenir un emploi convenable, souvent dans la carrière militaire, qui leur plaît beaucoup. Avec l'âge, ils acquièrent plus de raison et cherchent à se distinguer. En temps de paix, ils cherchent des occasions de guerre à l'étranger; en temps de guerre, ils visent la gloire et les connaissances nécessaires pour obtenir des emplois élevés. La vie militaire est remplie de fatigues et de périls, mais ces derniers ne sont ni fréquents ni extrêmes, surtout pour ceux de condition élevée. Le reste du temps est consacré aux plaisirs et à une vie libre. La vie militaire est plus exposée que celle des autres hommes, mais beaucoup atteignent un âge avancé. Certains quittent la guerre pour des raisons de santé ou autres, mais tous jouissent d'une vie libre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 112-124
« MÉMOIRE & Dissertation critique sur un des plus considérables articles des trois [...] »
Début :
MÉMOIRE & Dissertation critique sur un des plus considérables articles des trois [...]
Mots clefs :
Seigneurs, Mémoire, Noblesse, Armorial, Chevalier, Armes, Tradition, Comte
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texteReconnaissance textuelle : « MÉMOIRE & Dissertation critique sur un des plus considérables articles des trois [...] »
MÉMOIRE & Differtation critique fur
un des plus confidérables articles des trois
derniers volumes de l'Armorial Général ,
( ou Regiftres de la Nobleffe ) de M. d'HoDECEMBRE.
1755. 113
zier de Sérigny , Juge d'Armes de France
en furvivance , dont on a parlé dans
prefque tous les ouvrages périodiques.
Nous avons annoncé ce Mémoire dans
le Mercure du mois de Novembre , &
nous en avions même employé le commencement
dans celui de Mars de cette.
même année . Des raifons particulieres qui
ne nous ont point permis d'en donner la
fuite , font l'objet des plaintes éxagerées
de l'Auteur dans fon avertiffement. On
a imprimé à la fuite la réponſe d'un Irlandois
, à qui le premier Mémoire avoit
été envoyé en manufcrit , & qui défend
avec chaleur les antiquités , les généalogies
Irlandoifes , & un illuftre compatriote
attaqué par M. de Sérigny. Nous
ne nous croyons pas permis de nous ériger
en Juge de ces deux procès ; nous
nous contenterons d'en être les Rapporteurs.
M. Sérigny a travaillé avec foin un
article qui fe trouve à la tête du troifiéme
Regiftre de l'Armorial Général de
France , & qui lui a paru fans doute
mériter une difcuffion exacte . Cet arti
cle eft celui d'Alès de Corbet. Puifqu'il
en eft fait mention dans différens Journaux
, il y a apparence qu'on a cru que le
Public feroit content des recherches pé114
MERCURE DE FRANCE.
nibles que cet article a dû coûter à M.
de Sérigny ; mais le Public eft plus aifé
à contenter que les intéreffés ; & l'Auteur
du Mémoire en queftion a bien l'air
d'être quelqu'un de ceux- ci.
Les noms des Seigneurs de Châteaux
& de Saint Chriftophe ( les deux premieres
Baronnies d'Anjou & de Touraine),
font exprimés dans les anciennes chartes
fous une terminaifon latine , par les
mots de luia , de Aloya , de Aludia ,
de Alodia , de Alea , de Aleia , & c . MM .
d'Alés de Corbet qui prétendent defcendre
de cette illuftre maiſon , traduifent ,
après plufieurs ( 1 ) Auteurs modernes , ces
noms latins par celui d'Alés . M. de Sérigny
les traduit par celui d'Alluye qu'il
dit être celui d'une maifon illuftre à qui
la terre qui porte aujourd'hui ce nom ,
a du appartenir. C'eft- là le fujet de la
rixe .
Paffons aux raifons du Critique. 11
examine les motifs qui ont fait rejetter
( 1 ) Le chevalier de l'Hermite- Soliers , la Roque
, Carreau , Ménage , le Comte de Boullainvilliers
, M. de Miroménil , Intendant de Tours , la
Martiniere , le Dictionnaire Univerfel de France ,
Dom Eperon , Prieur de la Clarté en 1733 , Dom
Defchamps , & Dom Caffard , dont le premier
étoit chargé il y a dix ans , de travailler à PHIL
toire de Touraine.
DECEMBRE. 1755. 115
par M. de Sérigny , ceux fur lefquels les
Auteurs modernes qu'on vient de nommer
ont appuyé l'opinion qu'il défend ;
il effaye de prouver que M. de Sérigny
n'entreprend d'affoiblir leur autorité ,
que par des conjectures & des poffibilités
, dont il tire enfuite des conclufions
pofitives , & finit ainfi cette difcuffion .
"
n
Reprenons les dix ou onze Auteurs
» qui ont appellé les Seigneurs de Saint
Chriftophe d'Alés ou d'Alais , ont pu
» fe copier fucceffivement ; quelques-uns
» n'avoient pas toute la critique défira-
» ble ; d'autres étoient trop hardis , com-
» me la Roque ; d'autres trop irréfolus ,
» comme Ménage ; le Comte de Boullain-
» villiers tiroit toutes fes lumieres à cet
égard de M. de Miroménil Intendant de
» Touraine , comme Ménage les fiennes
» de Carreau , & la Roque de l'Her-
» mite ; que plufieurs fuffent du Pays ,
travaillaffent fur les lieux mêmes , d'après
les titres , les monumens & la
tradition , cela n'empêche pas qu'ils
n'ayent pu fe tromper & comme Gram-
» mairiens , & comme Critiques , & com-
» me mauvais Juges d'une tradition qui
» pouvoit bien n'être pas affez établie ,
» affez ancienne pour leur fervir d'ap-
"pui. Qui fçait même fi le Chevalier de
ور
33
K
116 MERCURE DE FRANCE.
20
» l'Hermite n'eft pas tout à la fois ,
» & l'inventeur de ce furnom , & l'au-
» teur de cette tradition ? Les la Mar-
» tinieres , les Piganiols de la Force s'en
» font rapportés au Comte de Boulainvil-
» liers , qui paffoit pour fçavant & pour
» connoiffeur en Nobleffe . Les Bénédic-
» tins fe feront eux-mêmes laiffés pren-
» dre à ce piége : enfin aucun d'eux ne
» démontre la néceffité de leur traduc-
» tion , ni qu'il faille fuivre leur exemple
dans leur confiance pour cette tra-
» dition . Donc cette traduction eſt non-
» feulement hazardée , mais fauffe , mais
» infoutenable ; donc cette tradition n'eft
" pas moins à rejetter , & doit néceffairement
être regardée comme moderne ,
encore qu'on n'en voye pas clairement
» la naiffance. »
» Telle eft la conféquence abfolue &
» décifive que M. de Sérigny tire de fes
» principes.
13
Le Critique attaque à fon tour , les
raifons fur lefquelles M. de Sérigny appuie
la traduction des mots latins déja
cités , par celui d'Alluye. La premiere qu'il
ellaye de réfuter , eft l'identité que fon
adverfaire croit trouver entre les noms
latins qui expriment dans les anciennes
chartes le nom de la terre d'Alluye , &
DECEMBRE. 1755. 117
les noms latins des Seigneurs de Saint
Chriftophe & de Châteaux . On lui oppofe
fon propre raifonnement , & l'on
prétend qu'il pourroit auffi bien fervir
à prouver que la terre d'Alluye s'appelle
actuellement d'Alés , qu'à prouver que le
nom d'Alluye étoit en ce temps - là celui
des Seigneurs de Saint Chriftophe , &c .
Après avoir fait fentir plufieurs différences
contradictoires à l'identité prétendue
par M. de Sérigny , il ajoute qu'en
fuppofant même cette identité entre les
Seigneurs de cette terre , & ceux de Saint
Chriftophe , il feroit auffi poffible qu'ils
euffent donné leur nom à cette même
terre , que de l'avoir emprunté d'elle ; il
foutient enfin que quand les Seigneurs
de Saint Chriftophe ne fe feroient appellés
ni d'Allés ni d'Alluye
> par le
différent idiôme des Provinces où les defcendans
de ces Seigneurs ont habités depuis
la féparation des différentes bran
ches de leur Maifon , il auroit arripu
yer que le nom françois qu'ils portoient
alors , eût produit celui d'Alés pour la
branche qui étoit en Anjou & en Touraine
, & celui d'Alluye pour la terre
qui étoit en Beauce , d'autant que certe
rerre étant fortie très -peu de temps après
de leur Maifon , ceux à qui elle a appartenu
depuis , ont pu en laiffer cor-
&
118 MERCURE DE FRANCE.
rompre plus aifément le nom , n'ayant
pas le même intérêt à le lui conferver.
Après avoir attaqué les preuves de M.
de Sérigny par des preuves négatives , on
lui en oppofe de pofitives ; on convient
que l'analogie des noms latins des Seigneurs
de Saint Chriftophe & de la terre
d'Alluye , pourroit autorifer à la traduire
par le même mot françois , fi l'on n'avoit
pour guide que ces mots latins ,
quoique le mot de Aleia , la plus commune
dénomination de la maifon de Saint
Chriſtophe , fe traduife plus naturellement
par d'Alés , que par d'Alluye. Mais
fans conter tous les Auteurs qui ont traduits
ces mots latins par le mot d'Alés ,
toutes les fois qu'il s'eft agi des Seigneurs
de Saint Chriſtophe, on cite d'anciens actes
françois , des actes du tems où ces Seigneurs
étoient dans leur plus grand luftre
, des actes où ils parlent eux-mêmes ,
& où ils prennent des noms très - analogues
à celui d'Alés , & très-éloignés de
celui d'Alluye ; on en cite d'autres par lefquels
ont veut prouver que long - temps
après que la terre d'Alluye fut fortie de la
maifon de S. Chriftophe , felon la fuppofttion
de M. de Sérigny , elle ne s'appelloit
point encore d'Alluye. Par quel hazard
( conclut-on ) les Seigneurs de Châ-
-teaux , qu'on en fuppofe fortis 300 ans
A
DECEMBRE. 1755 .
119
auparavant , auroient - ils deviné qu'elle
viendroit enfin à fe nommer de la forte ,
& en auroient ils pris d'avance le nom ?
- Le Critique , en difcutant la defcendance
de la Maifon d'Alluye , telle que
la fuppofe M. de Sérigny , prérend que
ce dernier leur attribue encore le don de
prophétie d'une façon plus finguliere ,
puifqu'il y a toute apparence , fi l'on en
veut croire ce même Critique , que la
terre n'étoit point encore entrée dans la
maifon des Goët , dont M. de Sérigny
fait fortir la maifon d'Alluye , quand
celle- ci en prit le nom , au lieu de garder
le nom illuftre de fon origine , uniquement
parce que cette terre devoit appartenir
dans so ou 60 ans à la branche
aînée qui ne la conferva pas long- tems ,
& qu'elle devoit porter 500 ans après ce
même nom d'Alluye . Je vais encore
» plus loin ( continue- t'il ) , & je dis pofi
» tivement qu'il n'y en a jamais ett ( de
» maifon d'Alluye ) . Ce n'eft pas affez de
» dire qu'une maifon , à qui on fuppofe
» une origine illuftre , de grandes allian-
» ces & de puiffantes richeffes, aexifté. Elle
<<
ne fe fût pas tellement enterrée qu'on
» n'en trouvat quelques veftiges dans l'hiſ
»ftoire , dans des fondations , dans quel-
» ques monumens ; au moins on trou
i
110 MERCURE DE FRANCE.
» veroit ces Seigneurs cités dans quelques
rôles du ban ; on verroit les aveux
» qu'ils auroient rendus de leurs terres ,
& ceux que des vaffaux très- diftingués
& en grand nombre , leur rendoient
; rien de tout cela , on ne voit
pas un Chevalier , un écuyer , un hom-
» me d'armes , un fimple archer de cette
» maifon. On ne la trouve dans aucun
» catalogue de Nobleffe ; on ne voit fes
» armes empreintes nulle part , & perfonne
n'a pris la peine de nous les tranf-
» mettre. On n'avoit garde ; car la Mai-
» fon même n'a jamais exifté ; en voici
» une preuve complette.
" On connoît diftinctement tous les Sei-
» gneurs qui ont poffédé cette terre , & c . »
Il entre ici dans un dérail où nous ne
le fuivrons point . C'eſt à ceux qui voudront
connoître de ce différend , d'examiner
les preuves à charge & à décharge.
Après-avoir effayé d'anéantir la Maifon
d'Alluye , l'Auteur du Mémoire s'éfforce
d'établir l'identité des noms latins ;
donnés dans les chartes aux Seigneurs de
Saint Chriftophe , avec celui que portent
MM. d'Alés de Corbet ; c'eft le fujet
du dernier article qu'il commence ainfi .
» Le nom des Seigneurs de S. Chriftophe
& Châteaux eft véritablement
d'Ales
DECEMBRE. 1755. 121
»
>> d'Alés . 1 ° . Celui d'Alluye ( le feul qui
peut le lui difputer avec quelque apparence
) une fois exclu , on voit aifé-
» ment que c'eft celui-là qui doit le remplacer,
& reprendre une place que l'autre
» a tenté vainement d'ufurper . »
"
»
Secondement , l'Auteur s'appuie du témoignage
des écrivains modernes dont
il a été parlé ci - deffus : « Nous ſommes
» en droit , dit - il ) , de pefer leurs
fuffrages , puifqu'on nous défend do
» les compter ; mais notre condition
» n'en eft pas pire. Un la Roque feul ,
» un Ménage font plus que capable de
» faire pencher la balance , & comme
» Grammairiens , & comme Critiques
» & comme ayant le tact fin en fait de
Nobleffe , & comme très-verfés dans
» les recherches qui la regardent ; ajoutons
les Hiftoriens & les Annaliſtes de
» ces Provinces même , les Auteurs de
tous nos grands Dictionnaires géographiques
, ceux des Mémoires faits par
» ordre de la Cour , & rédigés par
» un Comte de Boullainvilliers ; enfin
» les fçavans Bénédictins qui ont encore
» travaillé depuis à l'hiftoire de Tou-
» raine ».
و د
La troifiéme preuve eft tirée du nom
de trois Chevaliers , cités dans la Baillie
II. Vol. F
122 MERCURE DE FRANCE.
d'Orléans & qui fe fuccédent dans un
temps fort court & dans la même Province
; ces noms font de Aloia , de Allogia
, d'Alés ; & l'Auteur en infere que les
deux premiers , qui étoient néceſſairement
de la maifon de Saint Chriftophe , ne
pouvant cependant être de la Maifon
d'Alluye , qui felon lui , n'a jamais exifté ,
étoient parconféquent les prédéceffeurs
du troifiéme , d'autant que fans cela on
ne trouveroit aucuns rejettons de la Maifon
des Seigneurs de Saint Chriftophe ,
dont un grand nombre de collatéraux ont
été mariés , ni d'origine à ce Chevalier
d'Alés qui fembleroit fortir fubitement de
deffous terre , dans un temps où les Maifons
ne paroiffoient & ne difparoiffoient
pas dans un inftant , & où la Nobleffe
n'étoit pas encore un effet commerçable .
Le défenfeur de la Maifon d'Alés
écarte enfuite les analogies tirées des mots
latins ; & après en avoir montré l'incer
titude , il en vient à difcuter la preuve
qu'il a déja touchée ailleurs , celle des
actes françois concernant les Seigneurs
de Saint Chriftophe , où des noms trèsanalogues
à celui que portent aujourd'hui
MM . d'Alés de Corbet fe rencontrent
très-fréquemment. L'Auteur a fçu
donner un air de vraisemblance à cette
DECEMBRE. 1755. 123
derniere partie de fon Mémoire . Ce n'eft
pas à nous à juger fi la vérité y eft auffi
refpectée qu'elle le devroit être. Nous
en dirons autant de la differtation , fur
les antiquités d'Irlande. Mais c'en eft
affez les bornes de notre Journal ne
nous permettent point de nous étendre
davantage fur ce fujet .
:
COLLECTION de décifions nouvelles
& de notions relatives à la Jurifprudence
préfente , par M. J. B. Denifart, Procureur
au Châtelet de Paris , tom. iv .
Ce quatrieme volume de l'ouvrage de
M. Denifart eft abfolument femblable aux
précédens. On y trouve plufieurs articles
qui inftruifent en amufant , tels font ceux
où l'Auteur traite du Mariage , de la Nobleffe
, de la Naiflance , des Noms & Armes
, &c. Les articles qui ne font pas fufceptibles
du même agrément , n'en font
pas moins utiles . M. Denifart n'y emploie
les termes barbares de la chicane que dans
une extrême néceffité , & en général ce
livre peut être lu avec plaifir , même par
le Lecteur le plus frivole : ce quatrieme
volume fera principalement néceffaire aux
Notaires , aux Curés , & aux Officiaux . Il
contient des inftructions qu'ils ne doivent
point ignorer : elles font détaillées aux
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
mots Mariage , Minutes , Notaires , &
Official.
Les articles où M. Denifart traite de la
légitimité & des offices font auffi très inftructifs
& très- étendus ; & l'on trouve dans
tour cet ouvrage une fi grande quantité
d'Arrêts & de Loix nouvelles , qui ne fe
trouvent point ailleurs , qu'il ne peut qu'être
infiniment utile , furtout aux Jurifconfultes
de provinces qui ignorent fouvent
les queftions difficiles qui fe préſentent
journellement au Parlement de Paris ,
& les Arrêts qui les décident.
REGLES ET OBSERVATIONS trèsimportantes
pour les perfonnes attaquées
des hernies , auxquelles on a joint une petite
differtation fur l'ufage des bottines
pour les enfans ; Par M. Dejean recu à S.
Côme , pour les Hernies ou Defcentes . A
Paris , chez Lambert , rue de la Comédie
Françoife. 17.55 .
un des plus confidérables articles des trois
derniers volumes de l'Armorial Général ,
( ou Regiftres de la Nobleffe ) de M. d'HoDECEMBRE.
1755. 113
zier de Sérigny , Juge d'Armes de France
en furvivance , dont on a parlé dans
prefque tous les ouvrages périodiques.
Nous avons annoncé ce Mémoire dans
le Mercure du mois de Novembre , &
nous en avions même employé le commencement
dans celui de Mars de cette.
même année . Des raifons particulieres qui
ne nous ont point permis d'en donner la
fuite , font l'objet des plaintes éxagerées
de l'Auteur dans fon avertiffement. On
a imprimé à la fuite la réponſe d'un Irlandois
, à qui le premier Mémoire avoit
été envoyé en manufcrit , & qui défend
avec chaleur les antiquités , les généalogies
Irlandoifes , & un illuftre compatriote
attaqué par M. de Sérigny. Nous
ne nous croyons pas permis de nous ériger
en Juge de ces deux procès ; nous
nous contenterons d'en être les Rapporteurs.
M. Sérigny a travaillé avec foin un
article qui fe trouve à la tête du troifiéme
Regiftre de l'Armorial Général de
France , & qui lui a paru fans doute
mériter une difcuffion exacte . Cet arti
cle eft celui d'Alès de Corbet. Puifqu'il
en eft fait mention dans différens Journaux
, il y a apparence qu'on a cru que le
Public feroit content des recherches pé114
MERCURE DE FRANCE.
nibles que cet article a dû coûter à M.
de Sérigny ; mais le Public eft plus aifé
à contenter que les intéreffés ; & l'Auteur
du Mémoire en queftion a bien l'air
d'être quelqu'un de ceux- ci.
Les noms des Seigneurs de Châteaux
& de Saint Chriftophe ( les deux premieres
Baronnies d'Anjou & de Touraine),
font exprimés dans les anciennes chartes
fous une terminaifon latine , par les
mots de luia , de Aloya , de Aludia ,
de Alodia , de Alea , de Aleia , & c . MM .
d'Alés de Corbet qui prétendent defcendre
de cette illuftre maiſon , traduifent ,
après plufieurs ( 1 ) Auteurs modernes , ces
noms latins par celui d'Alés . M. de Sérigny
les traduit par celui d'Alluye qu'il
dit être celui d'une maifon illuftre à qui
la terre qui porte aujourd'hui ce nom ,
a du appartenir. C'eft- là le fujet de la
rixe .
Paffons aux raifons du Critique. 11
examine les motifs qui ont fait rejetter
( 1 ) Le chevalier de l'Hermite- Soliers , la Roque
, Carreau , Ménage , le Comte de Boullainvilliers
, M. de Miroménil , Intendant de Tours , la
Martiniere , le Dictionnaire Univerfel de France ,
Dom Eperon , Prieur de la Clarté en 1733 , Dom
Defchamps , & Dom Caffard , dont le premier
étoit chargé il y a dix ans , de travailler à PHIL
toire de Touraine.
DECEMBRE. 1755. 115
par M. de Sérigny , ceux fur lefquels les
Auteurs modernes qu'on vient de nommer
ont appuyé l'opinion qu'il défend ;
il effaye de prouver que M. de Sérigny
n'entreprend d'affoiblir leur autorité ,
que par des conjectures & des poffibilités
, dont il tire enfuite des conclufions
pofitives , & finit ainfi cette difcuffion .
"
n
Reprenons les dix ou onze Auteurs
» qui ont appellé les Seigneurs de Saint
Chriftophe d'Alés ou d'Alais , ont pu
» fe copier fucceffivement ; quelques-uns
» n'avoient pas toute la critique défira-
» ble ; d'autres étoient trop hardis , com-
» me la Roque ; d'autres trop irréfolus ,
» comme Ménage ; le Comte de Boullain-
» villiers tiroit toutes fes lumieres à cet
égard de M. de Miroménil Intendant de
» Touraine , comme Ménage les fiennes
» de Carreau , & la Roque de l'Her-
» mite ; que plufieurs fuffent du Pays ,
travaillaffent fur les lieux mêmes , d'après
les titres , les monumens & la
tradition , cela n'empêche pas qu'ils
n'ayent pu fe tromper & comme Gram-
» mairiens , & comme Critiques , & com-
» me mauvais Juges d'une tradition qui
» pouvoit bien n'être pas affez établie ,
» affez ancienne pour leur fervir d'ap-
"pui. Qui fçait même fi le Chevalier de
ور
33
K
116 MERCURE DE FRANCE.
20
» l'Hermite n'eft pas tout à la fois ,
» & l'inventeur de ce furnom , & l'au-
» teur de cette tradition ? Les la Mar-
» tinieres , les Piganiols de la Force s'en
» font rapportés au Comte de Boulainvil-
» liers , qui paffoit pour fçavant & pour
» connoiffeur en Nobleffe . Les Bénédic-
» tins fe feront eux-mêmes laiffés pren-
» dre à ce piége : enfin aucun d'eux ne
» démontre la néceffité de leur traduc-
» tion , ni qu'il faille fuivre leur exemple
dans leur confiance pour cette tra-
» dition . Donc cette traduction eſt non-
» feulement hazardée , mais fauffe , mais
» infoutenable ; donc cette tradition n'eft
" pas moins à rejetter , & doit néceffairement
être regardée comme moderne ,
encore qu'on n'en voye pas clairement
» la naiffance. »
» Telle eft la conféquence abfolue &
» décifive que M. de Sérigny tire de fes
» principes.
13
Le Critique attaque à fon tour , les
raifons fur lefquelles M. de Sérigny appuie
la traduction des mots latins déja
cités , par celui d'Alluye. La premiere qu'il
ellaye de réfuter , eft l'identité que fon
adverfaire croit trouver entre les noms
latins qui expriment dans les anciennes
chartes le nom de la terre d'Alluye , &
DECEMBRE. 1755. 117
les noms latins des Seigneurs de Saint
Chriftophe & de Châteaux . On lui oppofe
fon propre raifonnement , & l'on
prétend qu'il pourroit auffi bien fervir
à prouver que la terre d'Alluye s'appelle
actuellement d'Alés , qu'à prouver que le
nom d'Alluye étoit en ce temps - là celui
des Seigneurs de Saint Chriftophe , &c .
Après avoir fait fentir plufieurs différences
contradictoires à l'identité prétendue
par M. de Sérigny , il ajoute qu'en
fuppofant même cette identité entre les
Seigneurs de cette terre , & ceux de Saint
Chriftophe , il feroit auffi poffible qu'ils
euffent donné leur nom à cette même
terre , que de l'avoir emprunté d'elle ; il
foutient enfin que quand les Seigneurs
de Saint Chriftophe ne fe feroient appellés
ni d'Allés ni d'Alluye
> par le
différent idiôme des Provinces où les defcendans
de ces Seigneurs ont habités depuis
la féparation des différentes bran
ches de leur Maifon , il auroit arripu
yer que le nom françois qu'ils portoient
alors , eût produit celui d'Alés pour la
branche qui étoit en Anjou & en Touraine
, & celui d'Alluye pour la terre
qui étoit en Beauce , d'autant que certe
rerre étant fortie très -peu de temps après
de leur Maifon , ceux à qui elle a appartenu
depuis , ont pu en laiffer cor-
&
118 MERCURE DE FRANCE.
rompre plus aifément le nom , n'ayant
pas le même intérêt à le lui conferver.
Après avoir attaqué les preuves de M.
de Sérigny par des preuves négatives , on
lui en oppofe de pofitives ; on convient
que l'analogie des noms latins des Seigneurs
de Saint Chriftophe & de la terre
d'Alluye , pourroit autorifer à la traduire
par le même mot françois , fi l'on n'avoit
pour guide que ces mots latins ,
quoique le mot de Aleia , la plus commune
dénomination de la maifon de Saint
Chriſtophe , fe traduife plus naturellement
par d'Alés , que par d'Alluye. Mais
fans conter tous les Auteurs qui ont traduits
ces mots latins par le mot d'Alés ,
toutes les fois qu'il s'eft agi des Seigneurs
de Saint Chriſtophe, on cite d'anciens actes
françois , des actes du tems où ces Seigneurs
étoient dans leur plus grand luftre
, des actes où ils parlent eux-mêmes ,
& où ils prennent des noms très - analogues
à celui d'Alés , & très-éloignés de
celui d'Alluye ; on en cite d'autres par lefquels
ont veut prouver que long - temps
après que la terre d'Alluye fut fortie de la
maifon de S. Chriftophe , felon la fuppofttion
de M. de Sérigny , elle ne s'appelloit
point encore d'Alluye. Par quel hazard
( conclut-on ) les Seigneurs de Châ-
-teaux , qu'on en fuppofe fortis 300 ans
A
DECEMBRE. 1755 .
119
auparavant , auroient - ils deviné qu'elle
viendroit enfin à fe nommer de la forte ,
& en auroient ils pris d'avance le nom ?
- Le Critique , en difcutant la defcendance
de la Maifon d'Alluye , telle que
la fuppofe M. de Sérigny , prérend que
ce dernier leur attribue encore le don de
prophétie d'une façon plus finguliere ,
puifqu'il y a toute apparence , fi l'on en
veut croire ce même Critique , que la
terre n'étoit point encore entrée dans la
maifon des Goët , dont M. de Sérigny
fait fortir la maifon d'Alluye , quand
celle- ci en prit le nom , au lieu de garder
le nom illuftre de fon origine , uniquement
parce que cette terre devoit appartenir
dans so ou 60 ans à la branche
aînée qui ne la conferva pas long- tems ,
& qu'elle devoit porter 500 ans après ce
même nom d'Alluye . Je vais encore
» plus loin ( continue- t'il ) , & je dis pofi
» tivement qu'il n'y en a jamais ett ( de
» maifon d'Alluye ) . Ce n'eft pas affez de
» dire qu'une maifon , à qui on fuppofe
» une origine illuftre , de grandes allian-
» ces & de puiffantes richeffes, aexifté. Elle
<<
ne fe fût pas tellement enterrée qu'on
» n'en trouvat quelques veftiges dans l'hiſ
»ftoire , dans des fondations , dans quel-
» ques monumens ; au moins on trou
i
110 MERCURE DE FRANCE.
» veroit ces Seigneurs cités dans quelques
rôles du ban ; on verroit les aveux
» qu'ils auroient rendus de leurs terres ,
& ceux que des vaffaux très- diftingués
& en grand nombre , leur rendoient
; rien de tout cela , on ne voit
pas un Chevalier , un écuyer , un hom-
» me d'armes , un fimple archer de cette
» maifon. On ne la trouve dans aucun
» catalogue de Nobleffe ; on ne voit fes
» armes empreintes nulle part , & perfonne
n'a pris la peine de nous les tranf-
» mettre. On n'avoit garde ; car la Mai-
» fon même n'a jamais exifté ; en voici
» une preuve complette.
" On connoît diftinctement tous les Sei-
» gneurs qui ont poffédé cette terre , & c . »
Il entre ici dans un dérail où nous ne
le fuivrons point . C'eſt à ceux qui voudront
connoître de ce différend , d'examiner
les preuves à charge & à décharge.
Après-avoir effayé d'anéantir la Maifon
d'Alluye , l'Auteur du Mémoire s'éfforce
d'établir l'identité des noms latins ;
donnés dans les chartes aux Seigneurs de
Saint Chriftophe , avec celui que portent
MM. d'Alés de Corbet ; c'eft le fujet
du dernier article qu'il commence ainfi .
» Le nom des Seigneurs de S. Chriftophe
& Châteaux eft véritablement
d'Ales
DECEMBRE. 1755. 121
»
>> d'Alés . 1 ° . Celui d'Alluye ( le feul qui
peut le lui difputer avec quelque apparence
) une fois exclu , on voit aifé-
» ment que c'eft celui-là qui doit le remplacer,
& reprendre une place que l'autre
» a tenté vainement d'ufurper . »
"
»
Secondement , l'Auteur s'appuie du témoignage
des écrivains modernes dont
il a été parlé ci - deffus : « Nous ſommes
» en droit , dit - il ) , de pefer leurs
fuffrages , puifqu'on nous défend do
» les compter ; mais notre condition
» n'en eft pas pire. Un la Roque feul ,
» un Ménage font plus que capable de
» faire pencher la balance , & comme
» Grammairiens , & comme Critiques
» & comme ayant le tact fin en fait de
Nobleffe , & comme très-verfés dans
» les recherches qui la regardent ; ajoutons
les Hiftoriens & les Annaliſtes de
» ces Provinces même , les Auteurs de
tous nos grands Dictionnaires géographiques
, ceux des Mémoires faits par
» ordre de la Cour , & rédigés par
» un Comte de Boullainvilliers ; enfin
» les fçavans Bénédictins qui ont encore
» travaillé depuis à l'hiftoire de Tou-
» raine ».
و د
La troifiéme preuve eft tirée du nom
de trois Chevaliers , cités dans la Baillie
II. Vol. F
122 MERCURE DE FRANCE.
d'Orléans & qui fe fuccédent dans un
temps fort court & dans la même Province
; ces noms font de Aloia , de Allogia
, d'Alés ; & l'Auteur en infere que les
deux premiers , qui étoient néceſſairement
de la maifon de Saint Chriftophe , ne
pouvant cependant être de la Maifon
d'Alluye , qui felon lui , n'a jamais exifté ,
étoient parconféquent les prédéceffeurs
du troifiéme , d'autant que fans cela on
ne trouveroit aucuns rejettons de la Maifon
des Seigneurs de Saint Chriftophe ,
dont un grand nombre de collatéraux ont
été mariés , ni d'origine à ce Chevalier
d'Alés qui fembleroit fortir fubitement de
deffous terre , dans un temps où les Maifons
ne paroiffoient & ne difparoiffoient
pas dans un inftant , & où la Nobleffe
n'étoit pas encore un effet commerçable .
Le défenfeur de la Maifon d'Alés
écarte enfuite les analogies tirées des mots
latins ; & après en avoir montré l'incer
titude , il en vient à difcuter la preuve
qu'il a déja touchée ailleurs , celle des
actes françois concernant les Seigneurs
de Saint Chriftophe , où des noms trèsanalogues
à celui que portent aujourd'hui
MM . d'Alés de Corbet fe rencontrent
très-fréquemment. L'Auteur a fçu
donner un air de vraisemblance à cette
DECEMBRE. 1755. 123
derniere partie de fon Mémoire . Ce n'eft
pas à nous à juger fi la vérité y eft auffi
refpectée qu'elle le devroit être. Nous
en dirons autant de la differtation , fur
les antiquités d'Irlande. Mais c'en eft
affez les bornes de notre Journal ne
nous permettent point de nous étendre
davantage fur ce fujet .
:
COLLECTION de décifions nouvelles
& de notions relatives à la Jurifprudence
préfente , par M. J. B. Denifart, Procureur
au Châtelet de Paris , tom. iv .
Ce quatrieme volume de l'ouvrage de
M. Denifart eft abfolument femblable aux
précédens. On y trouve plufieurs articles
qui inftruifent en amufant , tels font ceux
où l'Auteur traite du Mariage , de la Nobleffe
, de la Naiflance , des Noms & Armes
, &c. Les articles qui ne font pas fufceptibles
du même agrément , n'en font
pas moins utiles . M. Denifart n'y emploie
les termes barbares de la chicane que dans
une extrême néceffité , & en général ce
livre peut être lu avec plaifir , même par
le Lecteur le plus frivole : ce quatrieme
volume fera principalement néceffaire aux
Notaires , aux Curés , & aux Officiaux . Il
contient des inftructions qu'ils ne doivent
point ignorer : elles font détaillées aux
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
mots Mariage , Minutes , Notaires , &
Official.
Les articles où M. Denifart traite de la
légitimité & des offices font auffi très inftructifs
& très- étendus ; & l'on trouve dans
tour cet ouvrage une fi grande quantité
d'Arrêts & de Loix nouvelles , qui ne fe
trouvent point ailleurs , qu'il ne peut qu'être
infiniment utile , furtout aux Jurifconfultes
de provinces qui ignorent fouvent
les queftions difficiles qui fe préſentent
journellement au Parlement de Paris ,
& les Arrêts qui les décident.
REGLES ET OBSERVATIONS trèsimportantes
pour les perfonnes attaquées
des hernies , auxquelles on a joint une petite
differtation fur l'ufage des bottines
pour les enfans ; Par M. Dejean recu à S.
Côme , pour les Hernies ou Defcentes . A
Paris , chez Lambert , rue de la Comédie
Françoife. 17.55 .
Fermer
Résumé : « MÉMOIRE & Dissertation critique sur un des plus considérables articles des trois [...] »
Le mémoire critique rédigé par M. de Sérigny, Juge d'Armes de France en survivance, porte sur un article de l'Armorial Général de France. Ce mémoire, annoncé dans le Mercure de France, a suscité des réponses, notamment celle d'un Irlandois défendant les antiquités et généalogies irlandaises. M. de Sérigny a examiné l'article des Alès de Corbet, une famille prétendant descendre d'une illustre maison d'Anjou et de Touraine. La controverse principale concerne la traduction des noms latins des seigneurs de Châteaux et de Saint-Christophe. Les Alès de Corbet traduisent ces noms par 'Alès', tandis que M. de Sérigny les traduit par 'Alluye'. Le critique du mémoire de M. de Sérigny examine les motifs et les arguments des auteurs modernes qui soutiennent la traduction 'Alès'. Il conteste l'autorité de ces auteurs, soulignant leurs erreurs possibles et l'absence de preuves solides. Il affirme que la traduction 'Alluye' est également plausible et que les seigneurs de Saint-Christophe auraient pu donner leur nom à la terre d'Alluye plutôt que l'inverse. Le mémoire critique attaque également les preuves de M. de Sérigny en opposant des actes français anciens où les seigneurs de Saint-Christophe utilisent des noms proches de 'Alès'. Il conclut que la maison d'Alluye n'a jamais existé, faute de vestiges historiques ou de mentions dans les rôles du ban et les aveux de terres. Le texte se termine sans jugement définitif, laissant aux lecteurs le soin d'examiner les preuves présentées. Par ailleurs, le texte mentionne un ouvrage de M. Denifart, qui se distingue par ses articles instructifs et amusants. Parmi les sujets traités, on trouve le mariage, la noblesse, la naiveté, les noms et armes. L'auteur évite les termes techniques complexes sauf en cas de nécessité absolue, rendant le livre accessible même aux lecteurs les plus frivoles. Ce quatrième volume est particulièrement destiné aux notaires, curés et officiels, contenant des instructions détaillées sur des mots-clés tels que mariage, minutes, notaires et officiels. Les articles sur la légitimité et les offices sont également très instructifs et étendus. L'ouvrage inclut une grande quantité d'arrêts et de lois nouvelles, absents d'autres sources, ce qui le rend particulièrement utile pour les juristes de province, souvent ignorants des questions difficiles traitées au Parlement de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 203-208
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 13 Décembre, la Duchesse de Saint-Aignan fut présentée à la [...]
Mots clefs :
Roi de France, Nominations, Brigadier, Commandeur honoraire, Officiers, Chevalier, Audience, Ducs, Comtes, Noblesse, Corsaire, Navires anglais, Marchandises, Tonneaux, Tabac, Sucre, Café, Gingembre, Île royale, Capitaine, Attaques, Expéditions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 13 Décembre , la Ducheffe de Saint - Aignan
fut préfentée à la Famille Royale , & elle prit le
Tabouret chez la Reine.
Le Roi a nommé le 25 , Grand Maître
de fa Garderobbe , M. le Duc d'Eftifſac , fur la
démiffion de M. le Duc de la Rochefoucauld, à qui
Sa Majesté a donné la furvivance de cette charge.
Le 28 , Sa Majesté tint le Sceau pour la ving
tieme fois.
Le Roi a fait Brigadier de Dragons M.le Marquis
de Caraman , Meftre de Camp d'un Régiment de
Dragons ; Brigadier d'Infanterie , M. le Prince de
Rohan , Colonel d'un Régiment de fon nom; &
Brigadier de Cavalerie , M. le Marquis de Caulaincourt
, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie
de l'armée de Soubife .
Sa Majesté a nommé Commandeur Honoraire
de l'Ordre de Saint- Louis , M. le Vicomte de
Bouville , qui commandoit le Vaiffeau l'Espérance
en 1755 , & qui eft revenu d'Angleterie après
deux ans de détention . Le Roi a accordé en même
temps à tous les Officiers qui compofoient fon
Etat Major , & qui ne l'ont point quitté en Angleterre
, des graces proportionnées à leurs grades..
Les Officiers qui ont été bleffés dans le combat
de l'Emeraude , & les familles de ceux qui y ont
été tués ont aufli reçu des marques de la fatis
faction du Roi,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Le premierjour de l'an , les Princes & Princef.
fes du Sang , ainfi que les Seigneurs & Dames de
la Cour , eurent l'honneur de complimenter le
Roi fur la nouvelle année.
Le Corps de Ville , à cette occafion , rendic
auffi fes reſpects à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale .
Će même jour , les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Efprit , s'étant
affemblés vers les onze heures du matin dans le
cabinet du Roi , accompagnerent Sa Majefté à la
Chapelle. Le Roi étoit en manteau , le collier de
l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus : les
deux Huiffiers portoient leurs maffes devant Sa
Majesté. Elle étoit précédée de Monfeigneur le
Dauphin , de MM . les Duc d'Orléans , Prince de
Condé , Comte de Clermont , Prince de Conti ,
Comte de la Marche , Comte d'Eu , Duc de Penthievre
, & de MM. les Chevaliers Comman--
deurs & Officiers de l'Ordre. Après la grande
Meffe , qui fut célébrée par M. l'Evêque de Langres
, Prélat Commandeur de l'Ordre du Saint :
Efprit , Sa Majefté fut reconduite à fon appartement
en la maniere accoutumée.
4
Le foir pendant le fouper de Leurs Majeftés ,
les vingt- quatre Violons de la Chambre exécuterent,
fuivant l'ufage , plufieurs morceaux de fymphonie
, fous la direction de M. Rebel , Surin
tendant de la Mufique de la Chambre .
Le 2 du même mois , le Roi , les Princes ,
MM . les Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre , affifterent au Service , pour l'anniverfaire
de MM . les Chevaliers de l'ordre , où le
même Prélat officia.
Les Députés des Etats de Bretagne eurent le 3
audience du Roi. Ils furent préfentés à Sa Majef
JANVIER. 1758 . 205
3
té par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de
la Province , & par M. le Comte de Saint - Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits
par M. le Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies. Les Députés étoient , pour le Clergé
, M. PEvêque de Dol qui porta la parole
pour la Nobleffe , M. le Comte de Marbeuf ,
qui étant à l'armée , n'a pas été fuppléé ; pour le
Tiers Etat , M. Vaillant , Sénéchal de Pontivy ,
& M. le Comte de Quelen , Procureur Général ,
Syadic des Etats,
M. le Duc d'Eftiffac prêta le même jour ferment
entre les mains du Roi , pour la charge de
Grand Maître de la Garderobbe.
Après la tenue du Sceau du 28 Décembre der,
nier , M. de Brou , Doyen des Confeillers d'Etat ,
préſenta à Sa Majefté tous les Grands Officiers de
la Grande Chancellerie , & ils eurent l'honneur
de faire leurs révérences au Roi à l'occafion de la
nouvelle année,
Le Corfaire Anglois , la Victoire , armé de 400
canons , & de 360 hommes d'équipage , a été
conduit à Bref , après avoir été pris par le vaiffeau
du Roi le Saint-Michel , ayant avec lui les
frégates l'Amétyfte & l'Atalante.
Les Corfaires l'Hyrondelle, la Revanche & l'Europe
, de Dunkerque , y ont fait conduire le navire
Anglois l'Anna , de 180 tonneaux , dont la cargaifon
confifte en 312 boucauts de tabac , & autres
marchandiſes.
Le navire Anglois , le Jean & Robert , de ge
tonneaux , chargé de vin , de liege & de fruits ,
a été pris par le Corfaire le Mefny , de Granville ,
qui l'a fait conduire au Havre.
On mande de Bayonne que le Corfaire la Repréfaille
, de ce port , s'eft emparé de deux naviZOG
MERCURE DE FRANCE .
res Anglois qui y font arrivés ; ils s'appellent l'un
be Carlile , de Nerwi , chargé de boeuf , de beure ,
de harengs ; l'autre le Prince Charles , qui revenoit
de la Jamaïque , avec une cargaison compofée
de fucre , de caffé , de poivre , de caffe , de
raffia & de coton.
L'Américain & la Gentille , autres Corfaires de
Bayonne , y ont auffi fait conduire les navires Anglois
le Ellis , de Liverpool , chargé de 136 boucauts
& 9 barriques de fucre , de 28 futailles de
taffia , & de 3 balles de coton ; & la Marthe ,
ayant pour cargaifon 340 boucauts de fucre ,
barriques de caffé , 800 facs de gingembre ,
100 barriques de taffia , 20 tonneaux de bois de
campeche , 3 balles de coton , & 700 cuirs.
On apprend par les lettres de l'Ile Royale, que
les Corfaires armés dans cette colonie , ont conduit
à Louifbourg les navires Anglois , la Victoire
, le Thomas , le Charriot , le Grandpus , le
Bety , les Deux-Freres , le Charmant , le Neptune ,
la Marie Anne , les Deux- Soeurs , les Deux-Freres,
le Brunswick , le Cranford , le Seven, te Jhon - haune,
Apollon , le Jofeph , le Safech , la Branche d'Oli
vier , le Defpath , Lelloge ,le Poly , le Leotenord ,
โด le Nancy , la Brayalle , l'Anne , le Neptune ,
Marie , le Balowin , le Cerllo -Flonndon , le Grand-
Banc , la Perle , l'Echappée , le Hop , le Merry , le
Charmant , le Saint- André & le Bety.
Les mêmes lettres ajoutent que l'objet de ces
prifes eft fort confidérable.
La frégate de guerre le Prince Ofwales , a été
auffi conduite à Louifbourg , par la frégate du Kor
La Fleur de Lys , commandée par le Chevalier de
Tourville : qui s'en eſt rendu maître fur la côte de
P'Acadie.
Le capitaine Dumondt , commandant le CorJANVIER,
1758. 207
faire l'Europe , de Dunkerque , a relâché à Oftende
, & il y a remis les ôtages de deux rançons ,
montant enſemble à deux cens vingt livres fterlings.
Il eft arrivé à Saint-Malo un bateau Anglois
venant de Terre- Neuve , qui a été pris par le Cor
faire le Mefny , de Grandville , & qui a pour cargaifon
quelques pipes d'huile , & plufieurs quintaux
de morue.
Le capitaine Veron , qui commande le Corfaire
le Roftan , de Bordeaux , s'eft emparé d'un brigan
tin Anglois de 150 tonneaux , dont la cargaifon
composée de balotéries , eft eftimée plus de trois
cens mille livres . Cette prife a été conduite à la
Rochelle.
On mande de Saint -Jean-de- Luz , que le capitaine
Domengo- Daperteguy , commandant le Cor
faire l'Amiral , de Bayonne , a fair conduire dans
ce premier port le navire Anglois le Hombert ,
de Londres , venant de la Virginie , avec un chargement
qui confifte en 335 boucauts de tabac.
T
Le Capitaine Monier , commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , s'eft rendu maitre
du Pacquebot Anglois le Prince Frederick , armé
de quatre canons & de fix pierriers , & allant de
Douvres à Fleffingue.
Le Machault , autre Corfaire du même Port ,
a pris & conduit en ce Port les Navires Anglois le
Change , l'Hamos & la Barbara , chargés de fer ,
de lin , de toile , d'eau- de-vie & de tabac . Il s'étoit
emparé de deux Bâtimens Anglois appellés ,
Pun la Marie , d'Air en Ecoffe ; l'autre l'Helene,
& il les a rançonnés pour cinq cents dix- huit hivres
fterlings.
Le Capitaine Dumondt , commandant le Corfaire
l'Europe . du même Port , qui avoit pris les
208 MERCURE DE FRANCE.
bateaux Anglois le Jean & Alix & la Sirène , en a
rapporté deux rançons montant enſemble à deux
cents vingt livres fterlings .
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais , s'eft emparé
du Navire Anglois le Nelly , chargé de Saumon
, & il l'a fait conduire au Havre , où il eft
arrivé un autre Bâtiment chargé de barengs fores,
qui a été pris par le Corfaire la Marquife de Leede
, de Boulogne .
Ileft arrivé à Honfleur deux Bâtimens Anglois
pris par les Corfaires l'Entreprenante , de Calais ;
& l'Heureux , de Dieppe : l'un de ces Bâtimens eft
chargé de harengs ; l'autre a pour cargaifon des
planches & quelques caiffes de fruits .
L
Le Brigantin Anglois le Hannal , allant
de la Caroline à Londres , avec un chargement
de fucre , d'indigo , de riz , de coton , de bois
de campeche & d'autres marchandiſes , a été pris
par le Corfaire le Moras , de Saint-Malo , où il a
été conduit.
On mande de Saint-Jean -de- Luz , que le Ca
pitaine Pierre Souhaignet , commandant le Corfaire
la Providence , de ce Port , s'eft emparé des
Navires Anglois le Mary , de Plaifance , & le
Guillaume , de Darmouth , qui font chargés l'un
de 2500 , l'autre de 1900 quintaux de morue ,
qu'il les a conduits par relâche à Vigo en Galice.
Le Capitaine Arnoux , qui commande le Corfaire
le Victorieux , de Marfeille ; y a conduit le
Brigantin Anglois le Jean Jacques , dont la cargaifon
confifte en café , cuivre, plomb & autres
marchandifes.
LE 13 Décembre , la Ducheffe de Saint - Aignan
fut préfentée à la Famille Royale , & elle prit le
Tabouret chez la Reine.
Le Roi a nommé le 25 , Grand Maître
de fa Garderobbe , M. le Duc d'Eftifſac , fur la
démiffion de M. le Duc de la Rochefoucauld, à qui
Sa Majesté a donné la furvivance de cette charge.
Le 28 , Sa Majesté tint le Sceau pour la ving
tieme fois.
Le Roi a fait Brigadier de Dragons M.le Marquis
de Caraman , Meftre de Camp d'un Régiment de
Dragons ; Brigadier d'Infanterie , M. le Prince de
Rohan , Colonel d'un Régiment de fon nom; &
Brigadier de Cavalerie , M. le Marquis de Caulaincourt
, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie
de l'armée de Soubife .
Sa Majesté a nommé Commandeur Honoraire
de l'Ordre de Saint- Louis , M. le Vicomte de
Bouville , qui commandoit le Vaiffeau l'Espérance
en 1755 , & qui eft revenu d'Angleterie après
deux ans de détention . Le Roi a accordé en même
temps à tous les Officiers qui compofoient fon
Etat Major , & qui ne l'ont point quitté en Angleterre
, des graces proportionnées à leurs grades..
Les Officiers qui ont été bleffés dans le combat
de l'Emeraude , & les familles de ceux qui y ont
été tués ont aufli reçu des marques de la fatis
faction du Roi,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Le premierjour de l'an , les Princes & Princef.
fes du Sang , ainfi que les Seigneurs & Dames de
la Cour , eurent l'honneur de complimenter le
Roi fur la nouvelle année.
Le Corps de Ville , à cette occafion , rendic
auffi fes reſpects à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale .
Će même jour , les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Efprit , s'étant
affemblés vers les onze heures du matin dans le
cabinet du Roi , accompagnerent Sa Majefté à la
Chapelle. Le Roi étoit en manteau , le collier de
l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus : les
deux Huiffiers portoient leurs maffes devant Sa
Majesté. Elle étoit précédée de Monfeigneur le
Dauphin , de MM . les Duc d'Orléans , Prince de
Condé , Comte de Clermont , Prince de Conti ,
Comte de la Marche , Comte d'Eu , Duc de Penthievre
, & de MM. les Chevaliers Comman--
deurs & Officiers de l'Ordre. Après la grande
Meffe , qui fut célébrée par M. l'Evêque de Langres
, Prélat Commandeur de l'Ordre du Saint :
Efprit , Sa Majefté fut reconduite à fon appartement
en la maniere accoutumée.
4
Le foir pendant le fouper de Leurs Majeftés ,
les vingt- quatre Violons de la Chambre exécuterent,
fuivant l'ufage , plufieurs morceaux de fymphonie
, fous la direction de M. Rebel , Surin
tendant de la Mufique de la Chambre .
Le 2 du même mois , le Roi , les Princes ,
MM . les Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre , affifterent au Service , pour l'anniverfaire
de MM . les Chevaliers de l'ordre , où le
même Prélat officia.
Les Députés des Etats de Bretagne eurent le 3
audience du Roi. Ils furent préfentés à Sa Majef
JANVIER. 1758 . 205
3
té par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de
la Province , & par M. le Comte de Saint - Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits
par M. le Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies. Les Députés étoient , pour le Clergé
, M. PEvêque de Dol qui porta la parole
pour la Nobleffe , M. le Comte de Marbeuf ,
qui étant à l'armée , n'a pas été fuppléé ; pour le
Tiers Etat , M. Vaillant , Sénéchal de Pontivy ,
& M. le Comte de Quelen , Procureur Général ,
Syadic des Etats,
M. le Duc d'Eftiffac prêta le même jour ferment
entre les mains du Roi , pour la charge de
Grand Maître de la Garderobbe.
Après la tenue du Sceau du 28 Décembre der,
nier , M. de Brou , Doyen des Confeillers d'Etat ,
préſenta à Sa Majefté tous les Grands Officiers de
la Grande Chancellerie , & ils eurent l'honneur
de faire leurs révérences au Roi à l'occafion de la
nouvelle année,
Le Corfaire Anglois , la Victoire , armé de 400
canons , & de 360 hommes d'équipage , a été
conduit à Bref , après avoir été pris par le vaiffeau
du Roi le Saint-Michel , ayant avec lui les
frégates l'Amétyfte & l'Atalante.
Les Corfaires l'Hyrondelle, la Revanche & l'Europe
, de Dunkerque , y ont fait conduire le navire
Anglois l'Anna , de 180 tonneaux , dont la cargaifon
confifte en 312 boucauts de tabac , & autres
marchandiſes.
Le navire Anglois , le Jean & Robert , de ge
tonneaux , chargé de vin , de liege & de fruits ,
a été pris par le Corfaire le Mefny , de Granville ,
qui l'a fait conduire au Havre.
On mande de Bayonne que le Corfaire la Repréfaille
, de ce port , s'eft emparé de deux naviZOG
MERCURE DE FRANCE .
res Anglois qui y font arrivés ; ils s'appellent l'un
be Carlile , de Nerwi , chargé de boeuf , de beure ,
de harengs ; l'autre le Prince Charles , qui revenoit
de la Jamaïque , avec une cargaison compofée
de fucre , de caffé , de poivre , de caffe , de
raffia & de coton.
L'Américain & la Gentille , autres Corfaires de
Bayonne , y ont auffi fait conduire les navires Anglois
le Ellis , de Liverpool , chargé de 136 boucauts
& 9 barriques de fucre , de 28 futailles de
taffia , & de 3 balles de coton ; & la Marthe ,
ayant pour cargaifon 340 boucauts de fucre ,
barriques de caffé , 800 facs de gingembre ,
100 barriques de taffia , 20 tonneaux de bois de
campeche , 3 balles de coton , & 700 cuirs.
On apprend par les lettres de l'Ile Royale, que
les Corfaires armés dans cette colonie , ont conduit
à Louifbourg les navires Anglois , la Victoire
, le Thomas , le Charriot , le Grandpus , le
Bety , les Deux-Freres , le Charmant , le Neptune ,
la Marie Anne , les Deux- Soeurs , les Deux-Freres,
le Brunswick , le Cranford , le Seven, te Jhon - haune,
Apollon , le Jofeph , le Safech , la Branche d'Oli
vier , le Defpath , Lelloge ,le Poly , le Leotenord ,
โด le Nancy , la Brayalle , l'Anne , le Neptune ,
Marie , le Balowin , le Cerllo -Flonndon , le Grand-
Banc , la Perle , l'Echappée , le Hop , le Merry , le
Charmant , le Saint- André & le Bety.
Les mêmes lettres ajoutent que l'objet de ces
prifes eft fort confidérable.
La frégate de guerre le Prince Ofwales , a été
auffi conduite à Louifbourg , par la frégate du Kor
La Fleur de Lys , commandée par le Chevalier de
Tourville : qui s'en eſt rendu maître fur la côte de
P'Acadie.
Le capitaine Dumondt , commandant le CorJANVIER,
1758. 207
faire l'Europe , de Dunkerque , a relâché à Oftende
, & il y a remis les ôtages de deux rançons ,
montant enſemble à deux cens vingt livres fterlings.
Il eft arrivé à Saint-Malo un bateau Anglois
venant de Terre- Neuve , qui a été pris par le Cor
faire le Mefny , de Grandville , & qui a pour cargaifon
quelques pipes d'huile , & plufieurs quintaux
de morue.
Le capitaine Veron , qui commande le Corfaire
le Roftan , de Bordeaux , s'eft emparé d'un brigan
tin Anglois de 150 tonneaux , dont la cargaifon
composée de balotéries , eft eftimée plus de trois
cens mille livres . Cette prife a été conduite à la
Rochelle.
On mande de Saint -Jean-de- Luz , que le capitaine
Domengo- Daperteguy , commandant le Cor
faire l'Amiral , de Bayonne , a fair conduire dans
ce premier port le navire Anglois le Hombert ,
de Londres , venant de la Virginie , avec un chargement
qui confifte en 335 boucauts de tabac.
T
Le Capitaine Monier , commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , s'eft rendu maitre
du Pacquebot Anglois le Prince Frederick , armé
de quatre canons & de fix pierriers , & allant de
Douvres à Fleffingue.
Le Machault , autre Corfaire du même Port ,
a pris & conduit en ce Port les Navires Anglois le
Change , l'Hamos & la Barbara , chargés de fer ,
de lin , de toile , d'eau- de-vie & de tabac . Il s'étoit
emparé de deux Bâtimens Anglois appellés ,
Pun la Marie , d'Air en Ecoffe ; l'autre l'Helene,
& il les a rançonnés pour cinq cents dix- huit hivres
fterlings.
Le Capitaine Dumondt , commandant le Corfaire
l'Europe . du même Port , qui avoit pris les
208 MERCURE DE FRANCE.
bateaux Anglois le Jean & Alix & la Sirène , en a
rapporté deux rançons montant enſemble à deux
cents vingt livres fterlings .
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais , s'eft emparé
du Navire Anglois le Nelly , chargé de Saumon
, & il l'a fait conduire au Havre , où il eft
arrivé un autre Bâtiment chargé de barengs fores,
qui a été pris par le Corfaire la Marquife de Leede
, de Boulogne .
Ileft arrivé à Honfleur deux Bâtimens Anglois
pris par les Corfaires l'Entreprenante , de Calais ;
& l'Heureux , de Dieppe : l'un de ces Bâtimens eft
chargé de harengs ; l'autre a pour cargaifon des
planches & quelques caiffes de fruits .
L
Le Brigantin Anglois le Hannal , allant
de la Caroline à Londres , avec un chargement
de fucre , d'indigo , de riz , de coton , de bois
de campeche & d'autres marchandiſes , a été pris
par le Corfaire le Moras , de Saint-Malo , où il a
été conduit.
On mande de Saint-Jean -de- Luz , que le Ca
pitaine Pierre Souhaignet , commandant le Corfaire
la Providence , de ce Port , s'eft emparé des
Navires Anglois le Mary , de Plaifance , & le
Guillaume , de Darmouth , qui font chargés l'un
de 2500 , l'autre de 1900 quintaux de morue ,
qu'il les a conduits par relâche à Vigo en Galice.
Le Capitaine Arnoux , qui commande le Corfaire
le Victorieux , de Marfeille ; y a conduit le
Brigantin Anglois le Jean Jacques , dont la cargaifon
confifte en café , cuivre, plomb & autres
marchandifes.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En décembre 1757, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 13 décembre, la Duchesse de Saint-Aignan a été présentée à la famille royale et a obtenu le privilège du tabouret auprès de la Reine. Le 25 décembre, le Roi a nommé le Duc d'Estissac Grand Maître de la Garderobe, remplaçant le Duc de La Rochefoucauld, qui a reçu la survivance de cette charge. Le 28 décembre, le Roi a exercé le Sceau pour la vingtième fois. Le Roi a également promu plusieurs officiers : le Marquis de Caraman est devenu Brigadier de Dragons, le Prince de Rohan Brigadier d'Infanterie, et le Marquis de Caulaincourt Brigadier de Cavalerie. Le Vicomte de Bouville a été nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis pour son commandement du vaisseau l'Espérance en 1755. Les officiers blessés lors du combat de l'Émeraude et les familles des tués ont reçu des marques de satisfaction royale. Le 1er janvier 1758, les Princes et Princesses du Sang, ainsi que les Seigneurs et Dames de la Cour, ont félicité le Roi pour la nouvelle année. Les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit ont accompagné le Roi à la Chapelle, où la messe a été célébrée par l'Évêque de Langres. Le soir, les Violons de la Chambre ont joué plusieurs morceaux sous la direction de M. Rebel. Le 2 janvier, le Roi et les Chevaliers de l'Ordre ont assisté au service pour l'anniversaire des Chevaliers de l'Ordre. Le 3 janvier, les Députés des États de Bretagne ont été reçus en audience par le Roi, présentés par le Duc de Penthièvre et le Comte de Saint-Florentin. Le Duc d'Estissac a prêté serment pour sa charge de Grand Maître de la Garderobe. Plusieurs prises maritimes ont été signalées, notamment le corsaire anglais la Victoire capturé par le Saint-Michel. Divers autres navires anglais ont été pris par des corsaires français à Dunkerque, Granville, Bayonne, et d'autres ports. Ces prises incluaient des navires chargés de tabac, de sucre, de café, et d'autres marchandises. Les lettres de l'Île Royale mentionnaient également de nombreuses prises effectuées par des corsaires armés dans cette colonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 200-204
De PARIS, le 20 Septembre.
Début :
Sa Majesté voulant mettre la Ville de Paris en état d'exécuter [...]
Mots clefs :
Embellissement, Ville, Revenus, Loterie, Lots, Royaume, Duc, Comte, Ministre, Audience du roi, Prince du sang, Nominations, Abbesse, Roi de Sardaigne, Traité, Liberté, Puissances, Provinces, Noblesse, Canada, Évêque de Québec, Décès, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 20 Septembre.
De PARIS , le 20 Septembre.
Sa Majesté voulant mettre la Ville de Paris en
état d'exécuter différentes entreprifes projettées
pour l'utilité & pour l'embélillement de cette Capitale
, fans intervertir la deſtination de fes revenus
ordinaires , fpécialement affectés au payement
des rentes & des autres Charges dont Elle eft
tenue , vient de lui accorder pour trois années ,
une loterie de 2400000 livres , qui fera renouvellée
& tirée tous les deux mois . Cette loterie
fera compolée decent mille billets, chacun du prix
de
24 liv. Il y aura dix mille lots , dont le pre
OCTOBRE . 1760. 201
nier fera de 150000 livres , le fecond de 100000 ,
& le troifiéme de 50000. Parmi les antres lots , il
y en aura deux de 3000 livres , quatre de 15000,
vingt de rooco , cinquante de 3000 , cent neuf
de 2000 , deux cens onze de rooo , fix cens deux
de soo . Les autres au nombre de huit mille neuf
cens quatre- vingt dix neuf , feront de roo liv . à
l'exception d'un qui fera de 200. On retiendra fur
lefdits lots , dix pour cent , pour les frais & pour
le bénéfice de la loterie. Sa Majefté permet à toutes
perfonnes de s'y intéreller , même aux étrangers
non naturalifés demeurant dans le Royaume ,
ou hors du Royaume , fans excepter les Sujets des
Puiffances avec lesquelles Elle eft actuellement , &
ou Elle pourroit être en guerre ; & Elle renonce
en leur faveur à tous droits de dèshérence , bâtardile
, &c. fur les billets de ladité loterie , & fur
les lots qui pourroient leur écheoir .
Le 25 du mois dernier , Fête de Saint Louis , le
Gorps de Ville alla à Verſailles , & ayant à la tête
le Duc de Chevreuſe , Gouverneur de Paris , il
eur Audience du Roi . Il fut préfenté à Sa Majeſé
par le Comte de Saint Florentin , Miniftre & Secrétaire
d'Etat , & conduit par le fieur Defgranges ,
Maître des Cérémonies. Le fieur Camus de Pontcarré
de Viarme , Prévôt des Marchands , & les
feurs Darlu & Boyer , nouveaux Echevins , prê
terent le ferment , dont le Comte de Saint Florentin
' fit l'a lecture , ainfi que du fcrutin qui fur
préfenté par le fieur de la Briffe , Avocat du Roi
au Châtelet. Le Corps de Ville eut enfuite l'honneur
de rendre les refpects à la Reine , & à la Fa
mille Royale.
Le niême jour , la proceffion des Carmes dut
Grand Couvent fe rendit , felon la coutume , à la
Chapelle du Palais des Tuileries , où ces Religieu
chanterent la Melle:
I w
202 MERCURE DE FRANCE.
On célébra le premier de ce mois , dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de Saint Denis , le Service annuel
pour le repos de l'ame de Louis XIV . L'Evêque
de Comminges y officia pontificalement.
Le Duc de Penthiévre , & le Prince de Lamballe y
affiftérent , ainfi que le Maréchal Duc de Noail
les , & plufieurs autres Seigneurs de la Cour.
>
P
Marie Gabrielle Eléonore de Bourbon Condé ,
Princelle du Sang , Abbeffe de l'Abbaye Royale
de Saint Antoine de Paris mourut à la Sauffaye
le 28 du mois dernier , âgée de 69 ans , 8 mois &
6 jours. Elle étoit fille aînée de Louis , Duc de
Bourbon-Condé , Prince du Sang , Grand- Maître
de la Maifon du Roi , & Gouverneur du Duché
de Bourgogne , & de Louife- Françoiſe de Bourbon
, légitimée de France , fille du feu Roi ,
morte le 6 Juin 1743. Cette Princeffe avoit fait
fa profeffion dans l'Abbaye de Fontevrault , le
20 Mai 1707 , & Sa Majesté l'avoit nommée Abbeffe
de l'Abbaye Royale de Saint Antoine , le
Mai 1723. Elle a été transférée du Couvent de la
Saulaye le 3 de ce mois , à l'Abbaye Royale de
Saint Antoine , où elle a été inhumée le même
jour , avec toutes les cérémonies dues à fon rang.
Son corps avoit été préfenté à la Supérieure par
l'Abbé de Citeaux. La Cour a pris le deuil le 5 ,
pour douze jours , à l'occafion de la mort de
cette Princeffe.
و ت
Sa Majesté a conclu avec le Roi de Sardaigne
un traité , portant une fixation exacte , générale
& définitive des limites , qui doivent déformais
féparer leurs Etats , depuis la fortie du Rhône des
Terres de la Répub ique de Genève , juſqu'à l'em➡
bouchure du Var . Par ce traité , la Ville de Che
zery , fituće en-deçà du Rhône , ainsi que fes ap
partenances , depuis le pont de Grefin , jufqu'aux
OCTOBRE. 1760. 203
confins de la Franche-Comté , font cédées à la
France ; & en échange , une partie de la vallée
de Seiffel , & divers territoires fitués au- delà đu
Rhône , font réunis à la Savoye. La Provence acquiert
par cette fixation , quelques territoires ; &
quelques autres , ci -devant de la domination Francoife
, font cédés au Roi de Sardaigne . Et pour.ci
menter de plus en plus l'union & la correfpondance
, que les deux Rois defirent voir regner entre
leurs Sujets refpectifs , ils renoncent pour l'avenir
au droit d'Aubaine , & à tous autres qui
pourroient être contraires à la liberté des fucceffions
& difpofitions réciproques pour tous less
Etats des deux Puiffances , y compris les Duchés
de Lorraine & de Bar. Par le même traité , la
Nobleffe des Provinces de Breffe, Bugey , Valro
mey & Gex , eft confervée dans fes exemptions
relativement aux biens qu'elle poffède en Savoye
dès l'année 1738 ; & les mêmes priviléges font
affurés à la Nobleffe de Savoye , pour les biens
qu'elle pofféde dans les Provinces fufdites , dès la
même date. La même réciprocité d'exemptions:
aura lieu, à l'égard de la Nobleffe des Terres qui
viennent d'être échangées , & pour les biens:
qu'elle pofféde en franchife , à la date de ce traité..
Cette réciprocité d'exemptions n'aura lieu néanmoins
, à l'égard de la Nobleffe du Dauphiné &
de Savoye, qu'en faveur de ceux qui feront preuve
de Noblefle & de poffeffion fucceffive , dès le
Commencement de l'année 1600. Il eſt ſtipulé
par un autre article , que les hypothéques établiss
dans un des deux Etats , auront lieu dans l'autre ,,
& que les Cours Supérieures déféreront de part &
d'autre , aux réquifitoires qui leur ferontadreffés.
Ce traité été conclu & figné à Turin le 24
Mars de cette année , & ratifié par Sa Majesté le
10 du mois de Juillet.
On a appris par des Lettres du Canada dir moiss
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE
dernier , que l'Evêque de Quebec étoit mort à
Montréal le 9 Juin ; il eft univerfellement regretté.
Ces mêmes Lettres ajoutent , que le Général
Amherst étoit retenu au Fort Saint Frederic,,
à caufe des Chiroquois , qui menaçoient les colonies
Angloifes; & que le Général Murray,Gouverneur
de Quebec , qui s'étoit avancé jusqu'au
Richelieu , avoit été battu au mois de Juillet dernier
par les Canadiens , joints aux troupes de la
colonie, commandées par le fieur Repantigny..
Le tirage de la loterie de l'Ecole Royale mili
taire , s'eft fait en la maniere accoutumée , dans
l'Hôtel de Ville de Paris , le 6. Les numeros qui:
font fortis de la roue de fortune , font 62 , 89, 28,
30 , 38. Le prochain tirage fe fera le 7 du mois .
d'Octobre..
Sa Majesté voulant mettre la Ville de Paris en
état d'exécuter différentes entreprifes projettées
pour l'utilité & pour l'embélillement de cette Capitale
, fans intervertir la deſtination de fes revenus
ordinaires , fpécialement affectés au payement
des rentes & des autres Charges dont Elle eft
tenue , vient de lui accorder pour trois années ,
une loterie de 2400000 livres , qui fera renouvellée
& tirée tous les deux mois . Cette loterie
fera compolée decent mille billets, chacun du prix
de
24 liv. Il y aura dix mille lots , dont le pre
OCTOBRE . 1760. 201
nier fera de 150000 livres , le fecond de 100000 ,
& le troifiéme de 50000. Parmi les antres lots , il
y en aura deux de 3000 livres , quatre de 15000,
vingt de rooco , cinquante de 3000 , cent neuf
de 2000 , deux cens onze de rooo , fix cens deux
de soo . Les autres au nombre de huit mille neuf
cens quatre- vingt dix neuf , feront de roo liv . à
l'exception d'un qui fera de 200. On retiendra fur
lefdits lots , dix pour cent , pour les frais & pour
le bénéfice de la loterie. Sa Majefté permet à toutes
perfonnes de s'y intéreller , même aux étrangers
non naturalifés demeurant dans le Royaume ,
ou hors du Royaume , fans excepter les Sujets des
Puiffances avec lesquelles Elle eft actuellement , &
ou Elle pourroit être en guerre ; & Elle renonce
en leur faveur à tous droits de dèshérence , bâtardile
, &c. fur les billets de ladité loterie , & fur
les lots qui pourroient leur écheoir .
Le 25 du mois dernier , Fête de Saint Louis , le
Gorps de Ville alla à Verſailles , & ayant à la tête
le Duc de Chevreuſe , Gouverneur de Paris , il
eur Audience du Roi . Il fut préfenté à Sa Majeſé
par le Comte de Saint Florentin , Miniftre & Secrétaire
d'Etat , & conduit par le fieur Defgranges ,
Maître des Cérémonies. Le fieur Camus de Pontcarré
de Viarme , Prévôt des Marchands , & les
feurs Darlu & Boyer , nouveaux Echevins , prê
terent le ferment , dont le Comte de Saint Florentin
' fit l'a lecture , ainfi que du fcrutin qui fur
préfenté par le fieur de la Briffe , Avocat du Roi
au Châtelet. Le Corps de Ville eut enfuite l'honneur
de rendre les refpects à la Reine , & à la Fa
mille Royale.
Le niême jour , la proceffion des Carmes dut
Grand Couvent fe rendit , felon la coutume , à la
Chapelle du Palais des Tuileries , où ces Religieu
chanterent la Melle:
I w
202 MERCURE DE FRANCE.
On célébra le premier de ce mois , dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de Saint Denis , le Service annuel
pour le repos de l'ame de Louis XIV . L'Evêque
de Comminges y officia pontificalement.
Le Duc de Penthiévre , & le Prince de Lamballe y
affiftérent , ainfi que le Maréchal Duc de Noail
les , & plufieurs autres Seigneurs de la Cour.
>
P
Marie Gabrielle Eléonore de Bourbon Condé ,
Princelle du Sang , Abbeffe de l'Abbaye Royale
de Saint Antoine de Paris mourut à la Sauffaye
le 28 du mois dernier , âgée de 69 ans , 8 mois &
6 jours. Elle étoit fille aînée de Louis , Duc de
Bourbon-Condé , Prince du Sang , Grand- Maître
de la Maifon du Roi , & Gouverneur du Duché
de Bourgogne , & de Louife- Françoiſe de Bourbon
, légitimée de France , fille du feu Roi ,
morte le 6 Juin 1743. Cette Princeffe avoit fait
fa profeffion dans l'Abbaye de Fontevrault , le
20 Mai 1707 , & Sa Majesté l'avoit nommée Abbeffe
de l'Abbaye Royale de Saint Antoine , le
Mai 1723. Elle a été transférée du Couvent de la
Saulaye le 3 de ce mois , à l'Abbaye Royale de
Saint Antoine , où elle a été inhumée le même
jour , avec toutes les cérémonies dues à fon rang.
Son corps avoit été préfenté à la Supérieure par
l'Abbé de Citeaux. La Cour a pris le deuil le 5 ,
pour douze jours , à l'occafion de la mort de
cette Princeffe.
و ت
Sa Majesté a conclu avec le Roi de Sardaigne
un traité , portant une fixation exacte , générale
& définitive des limites , qui doivent déformais
féparer leurs Etats , depuis la fortie du Rhône des
Terres de la Répub ique de Genève , juſqu'à l'em➡
bouchure du Var . Par ce traité , la Ville de Che
zery , fituće en-deçà du Rhône , ainsi que fes ap
partenances , depuis le pont de Grefin , jufqu'aux
OCTOBRE. 1760. 203
confins de la Franche-Comté , font cédées à la
France ; & en échange , une partie de la vallée
de Seiffel , & divers territoires fitués au- delà đu
Rhône , font réunis à la Savoye. La Provence acquiert
par cette fixation , quelques territoires ; &
quelques autres , ci -devant de la domination Francoife
, font cédés au Roi de Sardaigne . Et pour.ci
menter de plus en plus l'union & la correfpondance
, que les deux Rois defirent voir regner entre
leurs Sujets refpectifs , ils renoncent pour l'avenir
au droit d'Aubaine , & à tous autres qui
pourroient être contraires à la liberté des fucceffions
& difpofitions réciproques pour tous less
Etats des deux Puiffances , y compris les Duchés
de Lorraine & de Bar. Par le même traité , la
Nobleffe des Provinces de Breffe, Bugey , Valro
mey & Gex , eft confervée dans fes exemptions
relativement aux biens qu'elle poffède en Savoye
dès l'année 1738 ; & les mêmes priviléges font
affurés à la Nobleffe de Savoye , pour les biens
qu'elle pofféde dans les Provinces fufdites , dès la
même date. La même réciprocité d'exemptions:
aura lieu, à l'égard de la Nobleffe des Terres qui
viennent d'être échangées , & pour les biens:
qu'elle pofféde en franchife , à la date de ce traité..
Cette réciprocité d'exemptions n'aura lieu néanmoins
, à l'égard de la Nobleffe du Dauphiné &
de Savoye, qu'en faveur de ceux qui feront preuve
de Noblefle & de poffeffion fucceffive , dès le
Commencement de l'année 1600. Il eſt ſtipulé
par un autre article , que les hypothéques établiss
dans un des deux Etats , auront lieu dans l'autre ,,
& que les Cours Supérieures déféreront de part &
d'autre , aux réquifitoires qui leur ferontadreffés.
Ce traité été conclu & figné à Turin le 24
Mars de cette année , & ratifié par Sa Majesté le
10 du mois de Juillet.
On a appris par des Lettres du Canada dir moiss
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE
dernier , que l'Evêque de Quebec étoit mort à
Montréal le 9 Juin ; il eft univerfellement regretté.
Ces mêmes Lettres ajoutent , que le Général
Amherst étoit retenu au Fort Saint Frederic,,
à caufe des Chiroquois , qui menaçoient les colonies
Angloifes; & que le Général Murray,Gouverneur
de Quebec , qui s'étoit avancé jusqu'au
Richelieu , avoit été battu au mois de Juillet dernier
par les Canadiens , joints aux troupes de la
colonie, commandées par le fieur Repantigny..
Le tirage de la loterie de l'Ecole Royale mili
taire , s'eft fait en la maniere accoutumée , dans
l'Hôtel de Ville de Paris , le 6. Les numeros qui:
font fortis de la roue de fortune , font 62 , 89, 28,
30 , 38. Le prochain tirage fe fera le 7 du mois .
d'Octobre..
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Résumé : De PARIS, le 20 Septembre.
Le 20 septembre, le roi de France a instauré une loterie de 2 400 000 livres, renouvelée et tirée tous les deux mois pendant trois ans. Cette loterie, composée de 10 000 billets à 24 livres chacun, offre 10 000 lots, dont les principaux sont de 150 000, 100 000 et 50 000 livres. Les autres lots varient de 3 000 à 100 livres, avec une retenue de 10 % pour les frais et le bénéfice. Tous les résidents, y compris les étrangers non naturalisés, peuvent participer, sauf les sujets des puissances en guerre avec la France. Le 25 août, à la fête de Saint Louis, le corps de ville de Paris s'est rendu à Versailles pour une audience royale. Le duc de Chevreuse, gouverneur de Paris, a conduit la délégation, qui a prêté serment en présence du roi et de la famille royale. Le 1er octobre, un service annuel pour le repos de l'âme de Louis XIV a été célébré à l'abbaye royale de Saint-Denis, avec la participation de plusieurs personnalités de la cour. Marie Gabrielle Eléonore de Bourbon Condé, princesse du sang et abbesse de l'abbaye royale de Saint-Antoine de Paris, est décédée le 28 août à l'âge de 69 ans. Elle a été inhumée à l'abbaye royale de Saint-Antoine après une cérémonie appropriée à son rang. La cour a observé un deuil de douze jours à cette occasion. La France a conclu un traité avec le roi de Sardaigne fixant les limites entre leurs États, depuis le Rhône jusqu'à l'embouchure du Var. Ce traité prévoit des échanges territoriaux, notamment la cession de la ville de Chezery à la France et de territoires en Savoie. Les deux rois ont également renoncé au droit d'aubaine et assuré des exemptions réciproques pour les nobles des deux pays. Le traité a été signé à Turin le 24 mars et ratifié par le roi de France le 10 juillet. Des nouvelles du Canada indiquent la mort de l'évêque de Québec à Montréal le 9 juin. Le général Amherst était retenu au Fort Saint Frédéric en raison des menaces des Chiroquois, tandis que le général Murray, gouverneur de Québec, a été battu par les Canadiens et les troupes coloniales en juillet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 180-186
DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
Début :
M. le Prince de Lichtenstein arriva à Parme le 1 Septembre ; [...]
Mots clefs :
Prince du Lichtenstein, Infant, Audience, Palais, Prince Ferdinand , Ministres, Officiers, Audience publique, Comte, Marquis, Valets, Honneurs, Carosse, Bataillons, Armes, Pages, Dames, Noblesse, Empereur, Gentilshommes, Opéra, Infante
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
DETAIL de tout ce qui s'eft paffé depuis l'arrivée
de M. le Prince de LICHTENSTEIN jufqu'au 4 .
M. le Prince de Lichtenſtein arriva à Parme le
1 Septembre ; auflitôt après , il fit informer M.
Dutillot , par un de fes Gentilshommes.
M. Dutillot fe tranfporta chez lui , & lui donna
l'heure que l'Infant avoit fixé pour fon audience
particuliere.
Cette audience fut le lendemain à midi & demi;
M.Dutillot alla prendre M. le Prince de Lichtenftein
au Palais Palavicini où il eſt logé , & l'amena
chez l'Infant , il le conduifit enfuite chez le Prince
Ferdinand , de là à l'appartement de Madame
Infante Ifabelle , où le trouva auffi Madame Louiſe ..
M.le Prince de Lichtenſtein, fut au fortir du Palais
, rendre la vifire à M. Dutillot ; fortit de chez
Ge Miniftre , & y revint dîner avec les Miniftres de
France , d'Espagne , de Turin , de Gènes & de
Malte ; M. le Comte de Neuilly , M le Bailli de
Breteuil , M. l'Abbé de Canillac & M. le Comte
de Mercy . Il amena avec lui les huit Chambellans
qui l'ont accompagné , & deux Officiers Majors..
OCTOBRE. 1760. 185
M. Dutillot avoit invité le Capitaine & le Major
des Gardes du Corps , le grand Ecuyer & le premier
Ecuyer de l'Infant , le Gouverneur du Frince
Ferdinand , des Gentilshommes de la Chambre ,
des Majordomes , des Dames du Palais , M. l'Evêque
de Plaifance , frere du feu Chancelier Criftiani
chargé par l'Infant , à caufe de la mort de
l'Evêque de Parme , de la cérémonie du mariage )
& quelques Perfonnes de la premiere Nobleffe du
Pays.
Après le dîner , M. de Lichtenftein retourna à
fon Hôtel , où il reçut des vifites .
Le troifiéme jour fixé pour l'Audience publique,
M. le Comte Peroli , Introducteur, partit du
Palais à onze heures & demie , dans un caroffe
de l'Infant attelé à huit chevaux ; ce caroffe étoit
précédé par un autre à fix chevaux ( vuide ) , &
fuivi par trois autres attelés à huit chevaux ; dans
chacun de ces caroffes , étoit un Majordome.
Un Officier de l'Ecurie étoit à cheval à la tête
de ce Cortége ; douze Valets de pied étoient fur
deux files aux deux côtés de la voiture de l'Infant
, où étoit M. l'Introducteur , trois derriere ce
carofie , & deux derriere chacun des autres .
Deux Palfreniers à cheval ſuivoient l'Officier
de l'Ecurie
M. le Comte Peroli fut dans cet ordre prendre
chez lui M. le Marquis Palavicini , premier Gentilhomme
de la Chambre , que l'Infant avoir
chargé de faire les honneurs à M. le Prince de
Lichtenſtein .
M. de Palavicini monta dans le même caroffe ,
dans lequel étoit venu M. le Comte Peroli ; ce
dernier lui donna la droite.
Ils furent dans le même ordre chez M. le Prin
ce de Lichtenſtein.
Ils monterent l'efcalier , fuivis des trois Majordomes
qui les avoient accompagnés : les
182 MERCURE DE FRANCE. 1
douze valets de pieds fuivoient fur deux files.
M. le Prince de Lichtenſtein étoit venu au-devant
d'eux, & avoit defcendu deux marches; il les conduifitjufques
à la chambre. MM . les Majordomest
refterent à la piéce la plus voisine de cette chambre
, où ils entrerent un moment après M. de
Palavicini & M. Peroli , à qui M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait partout les honneurs des
Portes.
On defcendit de chez M. le Prince , qui fit
toujours les honneurs à M. de Palavicini jufques
au bas de fon efcalier ; où étant arrivé , M. de
Palavicini lui fit les honneurs du caroffe , il y
monta , fe plaça feul dans le fond , M. de Pałavicini
fur le devant à droite , M. Peroli à gauche.
MM. les Majordomes firent également les
bonneurs des caroffes de l'Infant dans lesquels
ils étoient venus , aux huit Chambellans .
On fe mit en marche dans l'ordre fuivant :
Un Officier de l'Ecurie de l'Infant , & deur
Palfreniers à cheval.
Le caroffe de M. l'Introducteur , à fix chevaux ,
vuide.
Deux Suiffes , de M. le Prince de Lichtenſtein ,
à cheval.
24 Valets de pied.
6 Coureurs.
6 Heyducs.
12 Palfreniers , tenant chacun un cheval par la
bride.
9 Officiers , de la Maifon de M. le Prince , à
cheval.
Son Ecuyer.
& Pages, dont deux Hongrois, & fix Allemands
Quatre Gentilshommes.
Le caroffe de l'Infant , où étoit M. le Prince de
Lichtenſtein , M. de Palavicini & M. Peroli , 1 %
Valets de pied de l'Infant aux deux côtés.
OCTOBRE . 1760 . 184
Un grand caroffe d'entrée , à M. le Prince,
attelé à 8 chevaux.
Les trois caroffes de l'Infant , dont les Majordomes
faifoient les honneurs.
A une diſtance de 30 ou 40 pas , trois autres
carolles , à M. le Prince de Lichtenſtein , attelés à
huit chevaux .
Les rues étoient bordées , depuis l'Hôtel Palavicini
jufques au Palais , par les deux Bataillons du
Régiment de Parme habillés de neuf, à-peu-près
comme le Corps des Grenadiers de France
douze Compagnies de Grenadiers.
> &
Les Troupes préfentoient les armes , les tambours
rappelloient , & les Officiers ont falué du
chapeau .
La Garde du Palais étoit formée devant la
porte; elle préfentoit les armes ; les tambours rappelloient
, & les Officiers ont falué du chapeau.
12 Suifles des Portes étoient fous la voute de
l'entrée du Palais.
80 Hallebardiers de la Garde de S. A. R. bordoient
l'escalier fur deux files, depuis la premiere
marche juſques au pallier d'en- haut ; & les deux
portes qui donnent de ce pallier à l'appartement
de l'Infant & à celui de Madame Ifabelle , étoient
gardées par quatre de ces mêmes Hallebardiers ,
la hallebarde fur l'épaule.
M. Le Comte Rimbaldefi, Maître des Cérémonies,
vint recevoir M. le Prince au bas de l'efcalier
& marcha devant lui.
La Livrée de l'Infant précédoit fur deux files ;
celle de M. le Prince fuivoit ce Seigneur , qui mar
choit entre M. le Marquis Palavicini & l'Introducteur.
La Livrée de M. le Prince s'arrêta dans deur
anti-falles avec celle de l'Infant ; deux Suiffes de la
porte empêchoient celle des particuliers d'y entrer,
184 MERCURE DE FRANCE.
M. le Prince de Lichtenstein , toujours précédé
par le Maître des Cérémonies , & ayant M. de Pala
vicini à fa droite & l'Introducteur à ſa gauche, traverfa
la Salle des Gardes : les Gardes du Corps
étoient fous les armes. Le Capitaine des Gardes le
reçut à la porte de la Salle en dedans, prit la place
de M. l'Introducteur à côté de lui , & marcha
ainfi à toutes les Audiences. L'Introducteur s'étoit
avancé d'un pas , & marchoit à côté du Maître
des Cérémonies . M. le Prince étoit précédé par
les Officiers de fa Maiſon qui s'arrêterent dans la
prémiere antichambre après la Salle des Gardes ,
par les Pages qui s'arrêterent dans l'antichambre
après celle où étoient reftés les Officiers de fa
Maifon , & avant celle où étoient les Pages de
S. A. R. par fes quatre Gentilshommes qui entrerentjufques
dans la piéce du Sallon de l'Audience
de l'Infant ; & par les huit Chambellans de l'Empereur
qui les précédérent jufques aux pieds , da
Throne .
Toutes les Dames de la Nobleffe du Pays &
Etrangeres , s'étoient rendues le matin chez Madame
Ifabelle .
La Nobleffe de l'Etat , les Seigneurs les plus
diftingués d'Italie , & l'Infant , étoient placés autour
de fon thrône , & rempliffoient douze Piéces
que traverfa M. le Prince de Lichtenftein , depuis
celle où s'étoient arrêtés fes Pages juſques à la
porte de la Salle de l'Audience.
Certe Salle eft , très-vaffe , & avoit été richement
& galamment ornée ; le dais de l'Infant étoit au
fond , vis-à-vis de la porte , par où entra M. le
Prince de Lichtenftein .
Au moment où ce Seigneur parut dans la Salle,
S. A. R. fe leva du fauteuil , ou il étoit affis , falua
M. le Prince de Lichtenftein & remit fon chapeau.
M.le Prince fe couvrit , & expola l'objet de fa
million..
OCTOBRE. 1760. r&'s
M. le Comte de S. Vital fut envoyé , avec deux
Gentilshommes de la Chambre , & deux Majordomes
prendre Madame Infante Ifabelle dans fon
appartement. Elle entra dans la Salle d'audience
par une porte pratiquée à côté du dais, précédée des
perfonnes qui avoient été envoyées pour la chercher
, & fuivie par Madame de Gonzales , Madame
la Comteffe de Siffa , & cing Dames du Palais.
M. le Prince de Lichtenſtein s'adreſſant à Madame
Infante Ifabelle , lui répéta la demande qu'il
avoit faite à S. A. R. Madame fe tourna du côté de
l'Infant , comme pour lui demander fon approbation
; après quoi elle répondit à M. le Prince de
Lichtenſtein , & reçut de lui une Lettre de la main
de l'Archiduc , & le portrait de ce Prince ; enfuite
elle fe retira dans fon appartement.
L'Infant & M. le Prince de Lichtenstein resterent
découverts , tout le tems que Madame Infante
Ifabelle refta dans la Salle .
M. le Prince de Lichtenftein préfenta à l'Infant
Les huit Chambellans de l'Empereur.
M. le Prince de Lichtenſtein forrit de l'audience
de l'Infant dans le même ordre qu'il yétoit entré ,
& marcha dans ce même ordre à celle du Prince
Ferdinand ; le cérémonial y fut obfervé comme à
celle de l'Infant.
M. le Prince de Lichtenstein paffa de cette audience
à celle de Madame Infante Ifabelle. Tour y
fut obfervé comme aux précédentes, excepté que M.
le Prince ne fe couvrit qu'un moment , ôta fon chapeau
, & refta découvert julques à ce qu'il fortît.
Il paffa à l'Audience de Madame Louife où tout
fut exactement obfervé comme à celle de Madame
Infante Iíabelle.
Il fut conduit enfuite dans l'appartement qui
lui avoit été préparé à la Cour , par M. de Palavicini,
M. l'Introducteur & le Maître des Cérémo186
MERCURE DE FRANCE.
nies.Il y fut fuivi par quantité de Nobleſſe .
M. de Lichtenſtein arrivé dans cet appartement
, y fut vifité par un Gentilhomme de la
Chambre de la part dé l'Infant.
Un moment après , M. le Comte de S. Vital ,
fur auffi lui annoncer que S. A. R. le faifoit
traiter. Il lui préſenta en même- tems le Majordome
, le Comte de S. Vital , le Capitaine des
Gardes , le Gouverneur du Prince Ferdinand ,
des Gentilshommes de la Chambre , le Maître
des Cérémonies , l'Introducteur , quatre Chambellans
de l'Empereur , M. le Marquis Canoffa , &
quelques autres perfonnes de la Nobleſſe du Pays ,
& Allemande.
M. Le Prince fut fervi par les Officiers de l'Infant
, propofés pour fervir S. A. R. à table :
toutes les autres perfonnes furent fervies par la
livrée de S. A. R.
On ne s'étoit mis à table qu'après que l'Infant
eut dîné.
Après le repas , M. de Lichtenſtein paſſa chez
l'Infant lui faire une vifite , & en fortit un moment
après pour retourner dans ſon appartement,
où il reçut des vifites.
Afept heures & demie , on paffa au Théâtre
pour voir l'Opéra. L'Infant & Madame Ifabelle
furent , avec leur Cour , dans la grande loge du
milieu , appellée la loge de la Couronne. M. le
Prince de Lichtenſtein étoit , avec quelques Scigneurs
de fa fuite , dans celle qui eft la plus près
du Théâtre à droite.
Trois Majordomes avoient été chargés par
l'Infant , de faire les honneurs du Théâtre où
tout fe paffa dans le plus grand ordre.
Le parterre & les loges étoient remplis de
toute la Nobleffe du Pays , & Etrangeres , qui
avoient pu y contenir.
de M. le Prince de LICHTENSTEIN jufqu'au 4 .
M. le Prince de Lichtenſtein arriva à Parme le
1 Septembre ; auflitôt après , il fit informer M.
Dutillot , par un de fes Gentilshommes.
M. Dutillot fe tranfporta chez lui , & lui donna
l'heure que l'Infant avoit fixé pour fon audience
particuliere.
Cette audience fut le lendemain à midi & demi;
M.Dutillot alla prendre M. le Prince de Lichtenftein
au Palais Palavicini où il eſt logé , & l'amena
chez l'Infant , il le conduifit enfuite chez le Prince
Ferdinand , de là à l'appartement de Madame
Infante Ifabelle , où le trouva auffi Madame Louiſe ..
M.le Prince de Lichtenſtein, fut au fortir du Palais
, rendre la vifire à M. Dutillot ; fortit de chez
Ge Miniftre , & y revint dîner avec les Miniftres de
France , d'Espagne , de Turin , de Gènes & de
Malte ; M. le Comte de Neuilly , M le Bailli de
Breteuil , M. l'Abbé de Canillac & M. le Comte
de Mercy . Il amena avec lui les huit Chambellans
qui l'ont accompagné , & deux Officiers Majors..
OCTOBRE. 1760. 185
M. Dutillot avoit invité le Capitaine & le Major
des Gardes du Corps , le grand Ecuyer & le premier
Ecuyer de l'Infant , le Gouverneur du Frince
Ferdinand , des Gentilshommes de la Chambre ,
des Majordomes , des Dames du Palais , M. l'Evêque
de Plaifance , frere du feu Chancelier Criftiani
chargé par l'Infant , à caufe de la mort de
l'Evêque de Parme , de la cérémonie du mariage )
& quelques Perfonnes de la premiere Nobleffe du
Pays.
Après le dîner , M. de Lichtenftein retourna à
fon Hôtel , où il reçut des vifites .
Le troifiéme jour fixé pour l'Audience publique,
M. le Comte Peroli , Introducteur, partit du
Palais à onze heures & demie , dans un caroffe
de l'Infant attelé à huit chevaux ; ce caroffe étoit
précédé par un autre à fix chevaux ( vuide ) , &
fuivi par trois autres attelés à huit chevaux ; dans
chacun de ces caroffes , étoit un Majordome.
Un Officier de l'Ecurie étoit à cheval à la tête
de ce Cortége ; douze Valets de pied étoient fur
deux files aux deux côtés de la voiture de l'Infant
, où étoit M. l'Introducteur , trois derriere ce
carofie , & deux derriere chacun des autres .
Deux Palfreniers à cheval ſuivoient l'Officier
de l'Ecurie
M. le Comte Peroli fut dans cet ordre prendre
chez lui M. le Marquis Palavicini , premier Gentilhomme
de la Chambre , que l'Infant avoir
chargé de faire les honneurs à M. le Prince de
Lichtenſtein .
M. de Palavicini monta dans le même caroffe ,
dans lequel étoit venu M. le Comte Peroli ; ce
dernier lui donna la droite.
Ils furent dans le même ordre chez M. le Prin
ce de Lichtenſtein.
Ils monterent l'efcalier , fuivis des trois Majordomes
qui les avoient accompagnés : les
182 MERCURE DE FRANCE. 1
douze valets de pieds fuivoient fur deux files.
M. le Prince de Lichtenſtein étoit venu au-devant
d'eux, & avoit defcendu deux marches; il les conduifitjufques
à la chambre. MM . les Majordomest
refterent à la piéce la plus voisine de cette chambre
, où ils entrerent un moment après M. de
Palavicini & M. Peroli , à qui M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait partout les honneurs des
Portes.
On defcendit de chez M. le Prince , qui fit
toujours les honneurs à M. de Palavicini jufques
au bas de fon efcalier ; où étant arrivé , M. de
Palavicini lui fit les honneurs du caroffe , il y
monta , fe plaça feul dans le fond , M. de Pałavicini
fur le devant à droite , M. Peroli à gauche.
MM. les Majordomes firent également les
bonneurs des caroffes de l'Infant dans lesquels
ils étoient venus , aux huit Chambellans .
On fe mit en marche dans l'ordre fuivant :
Un Officier de l'Ecurie de l'Infant , & deur
Palfreniers à cheval.
Le caroffe de M. l'Introducteur , à fix chevaux ,
vuide.
Deux Suiffes , de M. le Prince de Lichtenſtein ,
à cheval.
24 Valets de pied.
6 Coureurs.
6 Heyducs.
12 Palfreniers , tenant chacun un cheval par la
bride.
9 Officiers , de la Maifon de M. le Prince , à
cheval.
Son Ecuyer.
& Pages, dont deux Hongrois, & fix Allemands
Quatre Gentilshommes.
Le caroffe de l'Infant , où étoit M. le Prince de
Lichtenſtein , M. de Palavicini & M. Peroli , 1 %
Valets de pied de l'Infant aux deux côtés.
OCTOBRE . 1760 . 184
Un grand caroffe d'entrée , à M. le Prince,
attelé à 8 chevaux.
Les trois caroffes de l'Infant , dont les Majordomes
faifoient les honneurs.
A une diſtance de 30 ou 40 pas , trois autres
carolles , à M. le Prince de Lichtenſtein , attelés à
huit chevaux .
Les rues étoient bordées , depuis l'Hôtel Palavicini
jufques au Palais , par les deux Bataillons du
Régiment de Parme habillés de neuf, à-peu-près
comme le Corps des Grenadiers de France
douze Compagnies de Grenadiers.
> &
Les Troupes préfentoient les armes , les tambours
rappelloient , & les Officiers ont falué du
chapeau .
La Garde du Palais étoit formée devant la
porte; elle préfentoit les armes ; les tambours rappelloient
, & les Officiers ont falué du chapeau.
12 Suifles des Portes étoient fous la voute de
l'entrée du Palais.
80 Hallebardiers de la Garde de S. A. R. bordoient
l'escalier fur deux files, depuis la premiere
marche juſques au pallier d'en- haut ; & les deux
portes qui donnent de ce pallier à l'appartement
de l'Infant & à celui de Madame Ifabelle , étoient
gardées par quatre de ces mêmes Hallebardiers ,
la hallebarde fur l'épaule.
M. Le Comte Rimbaldefi, Maître des Cérémonies,
vint recevoir M. le Prince au bas de l'efcalier
& marcha devant lui.
La Livrée de l'Infant précédoit fur deux files ;
celle de M. le Prince fuivoit ce Seigneur , qui mar
choit entre M. le Marquis Palavicini & l'Introducteur.
La Livrée de M. le Prince s'arrêta dans deur
anti-falles avec celle de l'Infant ; deux Suiffes de la
porte empêchoient celle des particuliers d'y entrer,
184 MERCURE DE FRANCE.
M. le Prince de Lichtenstein , toujours précédé
par le Maître des Cérémonies , & ayant M. de Pala
vicini à fa droite & l'Introducteur à ſa gauche, traverfa
la Salle des Gardes : les Gardes du Corps
étoient fous les armes. Le Capitaine des Gardes le
reçut à la porte de la Salle en dedans, prit la place
de M. l'Introducteur à côté de lui , & marcha
ainfi à toutes les Audiences. L'Introducteur s'étoit
avancé d'un pas , & marchoit à côté du Maître
des Cérémonies . M. le Prince étoit précédé par
les Officiers de fa Maiſon qui s'arrêterent dans la
prémiere antichambre après la Salle des Gardes ,
par les Pages qui s'arrêterent dans l'antichambre
après celle où étoient reftés les Officiers de fa
Maifon , & avant celle où étoient les Pages de
S. A. R. par fes quatre Gentilshommes qui entrerentjufques
dans la piéce du Sallon de l'Audience
de l'Infant ; & par les huit Chambellans de l'Empereur
qui les précédérent jufques aux pieds , da
Throne .
Toutes les Dames de la Nobleffe du Pays &
Etrangeres , s'étoient rendues le matin chez Madame
Ifabelle .
La Nobleffe de l'Etat , les Seigneurs les plus
diftingués d'Italie , & l'Infant , étoient placés autour
de fon thrône , & rempliffoient douze Piéces
que traverfa M. le Prince de Lichtenftein , depuis
celle où s'étoient arrêtés fes Pages juſques à la
porte de la Salle de l'Audience.
Certe Salle eft , très-vaffe , & avoit été richement
& galamment ornée ; le dais de l'Infant étoit au
fond , vis-à-vis de la porte , par où entra M. le
Prince de Lichtenftein .
Au moment où ce Seigneur parut dans la Salle,
S. A. R. fe leva du fauteuil , ou il étoit affis , falua
M. le Prince de Lichtenftein & remit fon chapeau.
M.le Prince fe couvrit , & expola l'objet de fa
million..
OCTOBRE. 1760. r&'s
M. le Comte de S. Vital fut envoyé , avec deux
Gentilshommes de la Chambre , & deux Majordomes
prendre Madame Infante Ifabelle dans fon
appartement. Elle entra dans la Salle d'audience
par une porte pratiquée à côté du dais, précédée des
perfonnes qui avoient été envoyées pour la chercher
, & fuivie par Madame de Gonzales , Madame
la Comteffe de Siffa , & cing Dames du Palais.
M. le Prince de Lichtenſtein s'adreſſant à Madame
Infante Ifabelle , lui répéta la demande qu'il
avoit faite à S. A. R. Madame fe tourna du côté de
l'Infant , comme pour lui demander fon approbation
; après quoi elle répondit à M. le Prince de
Lichtenſtein , & reçut de lui une Lettre de la main
de l'Archiduc , & le portrait de ce Prince ; enfuite
elle fe retira dans fon appartement.
L'Infant & M. le Prince de Lichtenstein resterent
découverts , tout le tems que Madame Infante
Ifabelle refta dans la Salle .
M. le Prince de Lichtenftein préfenta à l'Infant
Les huit Chambellans de l'Empereur.
M. le Prince de Lichtenſtein forrit de l'audience
de l'Infant dans le même ordre qu'il yétoit entré ,
& marcha dans ce même ordre à celle du Prince
Ferdinand ; le cérémonial y fut obfervé comme à
celle de l'Infant.
M. le Prince de Lichtenstein paffa de cette audience
à celle de Madame Infante Ifabelle. Tour y
fut obfervé comme aux précédentes, excepté que M.
le Prince ne fe couvrit qu'un moment , ôta fon chapeau
, & refta découvert julques à ce qu'il fortît.
Il paffa à l'Audience de Madame Louife où tout
fut exactement obfervé comme à celle de Madame
Infante Iíabelle.
Il fut conduit enfuite dans l'appartement qui
lui avoit été préparé à la Cour , par M. de Palavicini,
M. l'Introducteur & le Maître des Cérémo186
MERCURE DE FRANCE.
nies.Il y fut fuivi par quantité de Nobleſſe .
M. de Lichtenſtein arrivé dans cet appartement
, y fut vifité par un Gentilhomme de la
Chambre de la part dé l'Infant.
Un moment après , M. le Comte de S. Vital ,
fur auffi lui annoncer que S. A. R. le faifoit
traiter. Il lui préſenta en même- tems le Majordome
, le Comte de S. Vital , le Capitaine des
Gardes , le Gouverneur du Prince Ferdinand ,
des Gentilshommes de la Chambre , le Maître
des Cérémonies , l'Introducteur , quatre Chambellans
de l'Empereur , M. le Marquis Canoffa , &
quelques autres perfonnes de la Nobleſſe du Pays ,
& Allemande.
M. Le Prince fut fervi par les Officiers de l'Infant
, propofés pour fervir S. A. R. à table :
toutes les autres perfonnes furent fervies par la
livrée de S. A. R.
On ne s'étoit mis à table qu'après que l'Infant
eut dîné.
Après le repas , M. de Lichtenſtein paſſa chez
l'Infant lui faire une vifite , & en fortit un moment
après pour retourner dans ſon appartement,
où il reçut des vifites.
Afept heures & demie , on paffa au Théâtre
pour voir l'Opéra. L'Infant & Madame Ifabelle
furent , avec leur Cour , dans la grande loge du
milieu , appellée la loge de la Couronne. M. le
Prince de Lichtenſtein étoit , avec quelques Scigneurs
de fa fuite , dans celle qui eft la plus près
du Théâtre à droite.
Trois Majordomes avoient été chargés par
l'Infant , de faire les honneurs du Théâtre où
tout fe paffa dans le plus grand ordre.
Le parterre & les loges étoient remplis de
toute la Nobleffe du Pays , & Etrangeres , qui
avoient pu y contenir.
Fermer
Résumé : DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
Le 1er septembre 1760, le Prince de Lichtenstein arriva à Parme et fut informé par M. Dutillot de l'heure de son audience privée avec l'Infant, fixée au lendemain à midi et demi. L'audience débuta au Palais Palavicini, où M. Dutillot accompagna le Prince de Lichtenstein chez l'Infant, puis chez le Prince Ferdinand, et enfin chez l'Infante Isabelle, en présence de Madame Louise. Après l'audience, le Prince de Lichtenstein rendit visite à M. Dutillot et dîna avec divers ministres, dont ceux de France, d'Espagne, de Turin, de Gênes et de Malte. Le troisième jour, pour l'audience publique, un cortège composé de plusieurs carrosses et de nombreux valets se rendit chez le Marquis Palavicini, premier Gentilhomme de la Chambre, qui fut chargé de faire les honneurs au Prince de Lichtenstein. Le cortège se dirigea ensuite vers l'hôtel du Prince de Lichtenstein, où il fut accueilli et conduit à l'intérieur. Le cortège, incluant le Prince de Lichtenstein, le Marquis Palavicini et l'Introducteur, se rendit au Palais de l'Infant. Les rues étaient bordées par des troupes en uniforme, et la garde du Palais était formée. À l'intérieur, le Prince de Lichtenstein traversa plusieurs salles ornées, où étaient présents la noblesse du pays et des étrangers. L'Infant se leva et salua le Prince, qui exposa l'objet de sa mission. Madame Infante Isabelle fut ensuite amenée dans la salle d'audience et reçut une lettre et un portrait de l'Archiduc. Le Prince de Lichtenstein présenta les Chambellans de l'Empereur à l'Infant et passa aux audiences du Prince Ferdinand et de Madame Infante Isabelle, suivant le même cérémonial. Il fut ensuite conduit dans son appartement à la Cour, où il reçut diverses visites de la noblesse. Après le dîner, le Prince de Lichtenstein rendit visite à l'Infant et retourna dans son appartement. En soirée, il se rendit au théâtre pour assister à l'opéra, où l'Infant et Madame Isabelle occupaient la loge royale, tandis que le Prince de Lichtenstein était dans une loge voisine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 187-203
Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Début :
L'Opera que l'on représenta, est composé de trois Actes ; il est intitulé [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Hymen, Dieux, Querelles, Humanité, Destin, Campagne, Mer, Nymphe, Conseils, Magnificence, Enchantements, Merveilles, Fête, Noblesse, Ministres étrangers, Comte, Dîner, Marquis, Cérémonie, Mariage, Escadrons, Église, Décorations, Cortège, Ornements, Argent, Or, Étoffes, Arcades, Nef, Lumières, Sanctuaire, Hallebardiers, Chevaux, Capitaine, Carosse, Anneaux, Salle, Repas, Plats, Palais, Union, Temple, Jardins, Colonnes, Pyramides, Beauté, Clémence, Fécondité, Douceur, Figures, Dignité, Intelligence, Fontaines, Illuminations, Feu d'artifice, Guirlandes, Fleurs, Bal, Archiduchesse, Officiers, Chevaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Suite de la Relation de tout ce qui s'eft
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
1 ་
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
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200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
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Résumé : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Le texte relate les festivités entourant le mariage des Altesses Royales, notamment Madame l'Archiduchesse à Parme. Les célébrations incluent la représentation de l'opéra 'Les Fêtes de l'Hymen', composé de trois actes indépendants précédés d'un prologue intitulé 'Le Triomphe de l'Amour'. Ce prologue met en scène une querelle entre les dieux et l'Amour, qui obtient leur pardon pour l'union de la vertu et de la beauté. Les trois actes de l'opéra sont 'Aris', 'Sapho' et 'Eglé', chacun racontant des histoires d'amour et d'interventions divines. Les festivités comprennent des réceptions et des dîners offerts par des nobles tels que le Prince de Liechtenstein et le Comte de Rochechouart, avec des représentations d'opéra et des danses. La cérémonie de mariage à la cathédrale est décrite avec une décoration somptueuse et une procession ordonnée. Les troupes et les gardes assurent la sécurité, et la cérémonie religieuse suit le rituel ordinaire avec quelques adaptations spécifiques. Après la cérémonie, les princes retournent au palais dans le même ordre qu'à l'arrivée. Les événements incluent également un feu d'artifice et une illumination dans le jardin du palais, représentant l'union de l'Amour et de l'Hymen, suivi d'un bal masqué au théâtre. Madame l'Archiduchesse ouvre le bal avec le Prince François. Le lendemain, le Prince de Liechtenstein prend congé selon les cérémonies protocolaires. Les festivités se poursuivent avec des audiences et des repas officiels. Le 11 octobre, divers corps de l'État rendent hommage à Madame l'Archiduchesse. Le 13 octobre, elle quitte pour Casalmaggiore, escortée par des troupes et des dignitaires, et arrive à midi. Elle prévoit de s'arrêter à Casalmaggiore et à Mantoue pour saluer les députés et la noblesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 211
ESSENCE volatile d'Ambre gris.
Début :
Les Propriétés extraordinaires de cette Essence l'ont rendu d'un Usage universel [...]
Mots clefs :
Essence, Propriétés, Noblesse, Odeur douce, Revigorant, Maux de tête, Délicatesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESSENCE volatile d'Ambre gris.
ESSENCE volatile d'Ambre gris.
Les Propriétés extraordinaires de cette Effence
l'ont rendu d'un Uſage univerfel parmi nous,
La Nobleffe en porte conftamment un flacon
dans la poche, & en général il fait équilibre du côté
oppofé avec la tabatiere. La décadence des célébres
Eaux de la Reine d'Hongrie & de Lavande a commencé
dès que celle - ci a paru , & ne font prèſque
point d'ufage aujourd'hui . Cette liqueur eft
douée d'une odeur plus vive & pénétrante qu'au
cun fel d'Angleterre , dès qu'on la fent , elle ranime
les efprits défaillans , rappelle les perdus ,
& porte un remede auffi fubit qu'éfficace , aux
affections hiftériques . Nos Dames , dont la déli
cateffe eft reconnue & imitée de l'Univers , s'en
fervent heureufement , dans les maux de tête ,
défaillances , toutes affections nerveufes , hypocondriaques
, & pour s'aiguifer l'imagination dans
les affections faporeufes , & en recommandent
inftamment l'ufage aux Etrangères voifines , pour
s'égayer & diffiper les vapeurs.
Les Propriétés extraordinaires de cette Effence
l'ont rendu d'un Uſage univerfel parmi nous,
La Nobleffe en porte conftamment un flacon
dans la poche, & en général il fait équilibre du côté
oppofé avec la tabatiere. La décadence des célébres
Eaux de la Reine d'Hongrie & de Lavande a commencé
dès que celle - ci a paru , & ne font prèſque
point d'ufage aujourd'hui . Cette liqueur eft
douée d'une odeur plus vive & pénétrante qu'au
cun fel d'Angleterre , dès qu'on la fent , elle ranime
les efprits défaillans , rappelle les perdus ,
& porte un remede auffi fubit qu'éfficace , aux
affections hiftériques . Nos Dames , dont la déli
cateffe eft reconnue & imitée de l'Univers , s'en
fervent heureufement , dans les maux de tête ,
défaillances , toutes affections nerveufes , hypocondriaques
, & pour s'aiguifer l'imagination dans
les affections faporeufes , & en recommandent
inftamment l'ufage aux Etrangères voifines , pour
s'égayer & diffiper les vapeurs.
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Résumé : ESSENCE volatile d'Ambre gris.
L'essence volatile d'ambre gris est prisée pour ses propriétés remarquables. Les nobles la portent souvent avec leur tabatière. Elle remplace les eaux de la Reine d'Hongrie et de lavande. Son odeur vive ranime les esprits défaillants et traite les affections hystériques. Les dames l'utilisent contre les maux de tête et les troubles nerveux, et la recommandent pour égayer l'imagination.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 80-109
ESSAI historique sur ABRAHAM DUQUESNE, Lieutenant Général des Armées Navales de France. Non ille pro patriâ timidus perire. Horat.
Début :
DE tous les Etats qui concourent à la gloire de la patrie, il n'en est point [...]
Mots clefs :
Profession des armes, Noblesse, Oisiveté, Vrai noble, Citoyen, Siècle de Louis XIV, Académie de Marseille, Héros, Courage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESSAI historique sur ABRAHAM DUQUESNE, Lieutenant Général des Armées Navales de France. Non ille pro patriâ timidus perire. Horat.
ESSAI hiftorique fur ABRAHAM
DUQUESNE Lieutenant Général
des Armées Navales de France. ( a )
Non ille pro patriâ timidus perire.
Horat.
D
E tous les Etats qui concourent à
la gloire de la patrie , il n'en eft point
de plus utile ni de plus honorable que
la profeffion des armes. De tout temps
elle fut fpécialement dévolue à notre
Nobleffe , deſtinée par état à fervir fon
( a ) Ce Sujet a été proposé par l'Académié
de Marſeille pour la diſtribution des Prix du 25
Août 1762 .
* V. p . 2 32. & 2 33. de ce ſecond volume .
7 81
JANVIER. 1763.
Roi. Ce n'est qu'en prodiguant fon fang
qu'elle reléve fa fplendeur & s'immortalife
dans les faſtes de la postérité : elle
fe flétrit au contraire dans une honteuſe
oifiveté. Qui peut compter fans interruption
une longue fuite d'ayeux qui
ont facrifié leurs vies pour le falut de la
Patrie , fe glorifiera-t-il de fa nobleffe ,
s'il ne marche fur leurs traces dans la
carriere de l'honneur ? Qu'eft - ce en effet
qu'un grand nom fans vertus ? Un héros ,
le premier de fa race , fera toujours préféré
au Noble faftueux , qui ne fonde
fon illuftration que furfes titres. La naiffance
eft un effet du hafard ; mais la
vertu , jointe à la valeur , diftingue &
caractériſe le vrai Noble , le Citoyen &
tout bon François.
Volez, s'écrioit l'illuftre Vendôme à
fes ,foldats , volez où l'honneur vous
appelle ; fongez que vous êtes François
! ....
(b) Duquesne , nom à jamais immortel
! Duquefne , l'un des plus grands
hommes de fon fiécle , fe dévoua au
fervice de mer dès fa plus tendre jeuneffe .
(b) Abraham Duquesne nâquit en Normandie
l'an 1610 , d'une famille noble & habituée de
puis longtemps dans cette Province.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
Son pere (c) Abraham Duquesne , blanchit
fous les armes , connut fes talens
& les perfectionna. Ce fut fous cet
illuftre père que notre jeune héros fit fes
premieres campagnes. Ils contribuerent
T'un & l'autre par l'éclat de leurs exploits
à la gloire du fiécle de Louis XIV.
C'eſt être vraiment grand que de travailler
à la grandeur des autres ; c'eſt le
comble de l'héroïfme que de concourir à
la gloire de fon Prince & à celle de l'Etat.
(d) Sanctuaire des Mufes & des Sciences
, dépofitaire des merveilles de mon
héros , je devrois fans doute dans un
humble filence vous entendre ici , Meſfieurs
, prodiguer les juftes louanges qui
font dues à ce grand homme. C'eft dans
(c ) Abraham Duquesne , père de notre Héros ,
mâquit au Bourg de Blangi dans le Comté d'Eu ,
de parens pauvres & Calviniftes . 'S'étant retiré de
bonne heure à Dieppe , il y apprit la Carte marine
, fe mit fur les vaiffeaux , & fe rendit capable
d'être Pilote. Après avoir exercé quelque temps
cette profeffion , il paffa en Suéde , obtint une
place de Pilote dans les vaiffeaux de la Reine
Chriftine ; fut choifi enfuite par cette Princeffe
pour conduire quelques vaiffeaux en France , &
s'étant diftingué dans cette occafion , il fut fait
Capitaine de vaiffeau dans l'Armée Navale de
France.
(d) L'Auteur s'adreffe ici à l'Académie de Marfeille.
JANVIER. 1763. 83
vos ports qu'il préféra de fixer fon féjour
: c'est là qu'il employa ces jours fi
précieux de la jeuneffe à acquérir la
fcience qui fait les grands hommes. On
le voyoit toujours affidu aux écoles de
la marine , toujours attentif aux exercices
& à la manoeuvre des Matelots ;
toujours avide de s'inftruire , entrer dans
les moindres détails . Il favoit qu'on ne
doit rien ignorer dans l'état qu'on embraffe
; bien différent de cette jeuneffe
éfféminée qui néglige l'étude , & lui
préfére fans honte l'cifiveté des Cours ,
où la Nobleffe fe dégrade , où le coeur
s'amollit , où les moeurs enfin fe corrom-
-pent par l'air contagieux que fouvent
on y refpire.
Si je ne puis , à l'exemple de Duquefne
, prodiguer mon fang pour le falut
de l'Etat ; qu'il me foit du moins permis
, comme Citoyen , d'élever ma foible
voix pour immortalifer un de fes
illuftres défenfeurs. N'y auroit- il pas une
forte d'ingratitude , fi animé par l'organe
refpectable d'une des plus célébres
Académies du Royaume , on ne
confacroit pas à la gloire de ce Hiros
une partie de fes veilles , pour ajouter
de nouveaux lauriers à ceux dont il a
été couronné tant de fois ? Je connois
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
mon infuffifance , MM. mais j'ofe me
flatter que vous applaudirez à mon zéle.
On ne peut fe rappeller l'horrible attentat
qui plaça Louis le Jufte fur le Trône
dans un âge encore tendre. La mort
précipitée d'un Prince , l'amour de fes
Sujets & la terreur de fes Ennemis ,
laiffa l'Etat en proye au Démon de la
difcorde. Habile à profiter d'une minorité
qui devoit être longue , ce Monf
tre , le plus cruel ennemi du genre
humain , alluma le flambeau de la
guerre ; la Religion en fut le prétexte
Ipécieux , l'ambition des Grands la fe-
.conda , & l'Etat en fut la victime. Des
Puiffances voifines & formidables fembloient
mettre le comble aux malheurs
de la France menacée de toutes parts.
Richelieu ( e ) paroît : le Génie fans vigueur
& prèfque engourdi fe réveille
a fa voix ; les Arts renaiffent , la Marine
fe rétablit , & le Commerce , ce
canal précieux qui porte la circulation
& la vie dans tous les membres de l'Etat,
( e ) En 1627 le Cardinal de Richelieu fit fupprimer
la Charge d'Amiral dont étoit revêtu le
Duc de Montmorenci , & celle de Connétable vacante
par la mort de Lefdiguieres . Il fe fit créer
Chef & Surintendant Général de la Navigation
& du Commerce.
JANVIER. 1763. . 85
ranime ce corps fans chaleur & prèſque
anéanti .
Richelieu , Politique fublime , renouvelle
l'alliance avec les Hollandois
porte les premiers coups à la Maiſon
d'Autriche , ce Coloffe éffrayant , qui
faifoit trembler l'Europe ; prépare la
deftruction des Huguenots en France
& médite la prife de la Rochelle , boulevard
formidable qui fervoit d'afyle à
l'héréfie & de retraite aux Rebelles .
,
Déja la Flotte Angloife s'avance vers
l'ifle de Rhé , à la follicitation des
Rochelois & du Duc de Rohan leur
· Chef.
Quel délire n'excite pas le fanatiſme !
Le Citoyen s'arme contre le Citoyen ;
Les Grands , qui par leur naiffance &
leur rang doivent être les défenfeurs de
l'Etat , s'en déclarent les plus cruels ennemis.
Le voile facré de la Religion
couvre leur ambition démesurée : tout
leur paroît permis , dès que tout leur
paroît poffible.
Abraham Duquesne , Calviniste , demande
à ne point fervir dans l'Armée
Royale : il l'obtient ; mais fon zèle pour
la Patrie l'engage à folliciter un autre
emploi. Il fait que la différence des
fentimens ne préfcrit point contre la
86 MERCURE DE FRANCE.
fidélité qu'il a jurée à fon Roi & à l'Etat.
Ses devoirs gravés dans fon coeur
font puifés dans ces principes inébranlables
de la Religion naturelle , fondement
de toutes les autres Religions.
L'amour des François pour leur Prince
ne fut jamais pour eux une loi tyrannique:
c'eft un penchant naturel , auquel
ils fe livrent d'autant plus volontiers ,
qu'ils y attachent leur bonheur & leur
gloire.
Généreux Marfeillois ! braves François
la fidélité à votre Roi eft votre
premiere vertu. Vos premiers fentimens
font les premieres chaînes qui vous attachent
inviolablement à votre Prince :
vos premiers voeux , vos premiers defirs
furent toujours de vous facrifier mille
fois pour fon falut & pour celui de la
Patrie .
Notre brave Guerrier fe tranſporte
d'un autre côté avec fon Efcadre. Son
fils âgé de 17 ans , commandoit un vaiffeau
fous fes ordres . Sa valeur annonça
dès-lors fa future grandeur , & la
force de fon génie lui tint lieu de plus
d'expérience ; mais le Ciel dont les décrets
fon impénétrables , le priva bientôt
de ce généreux père : pris par les
Efpagnols a fon retour de Suéde , il
JANVIER. 1763 . 87
reçut
le coup
de la mort
dans
un combat
inégal
. (f)
Quel coup de foudre pour un fils
également doué d'une belle âme & d'un
coeur excellent !
Brave Duquesne : ah ! fi la Parque
cruelle a tranché le fil d'une vie fi belle
& fi glorieufe , vous revivez de nouveau
par la gloire & les exploits de ce jeune
guerrier.
(g) La furpriſe de Tréves par les Epagnols
& l'enlévement de l'Electeur
(f) Le vieux Duquesne mourut à Dunkerque
l'an 1635 , dans les fentimens de la Religion
Prétendue Réformée.
(g ) Quoique jufques- là il n'y eût point eu de
rupture ouverte entre la France & l'Espagne ,
parce que , foit en Italie , foit en Allemagne ,
les Eſpagnols ne fervoient que comme auxiliaires
, en vertu des Traités. d'alliance entre les
deux Branches de la Maiſon d'Autriche ; la prifon
de l'Electeur produifit cependant la guèrre.
qui dura depuis 1635 jufqu'à la paix des Pyrénées
& le mariage de Louis XIV. Le Cardinal
Infant , Gouverneur des Pays- Bas , ayant refufé
à ce Monarque la liberté de l'Electeur , força le
Roi à lui déclarer la guerre & à interdire tout
Commerce entre les deux Nations.
En 1637 on attaqua l'Ile de Sainte Marguerite
& de les Forts , qui furent rendus au Comte
d'Harcourt 43 jours après fa defcente dans Lifle.
Les Espagnols perdirent 1 500 hommes ; & le
jeune Duquesne fe trouva à cette attaque.
N
88 MERCURE DE FRANCE.
firent voler Duquefne aux ifles de Sainte-
Marguerite. Il en forme l'attaque. La
réfiftance opiniâtre des Affiégés ne le
rebute point ; plus elle eft vive , plus fon
activité redouble. Les difficultés femblent
ne ſe préſenter que pour ajouter
à l'éclat de fon triomphe ; & les Efpagnols
ne fe multiplient que pour aug
menter le nombre des victimes qu'il
facrifie aux mânes de fonère.
Mais ce n'eft encore ici qu'un foible
crayon de ce qu'ils avoient à craindre
de fon habileté & de fon courage. On le
voit bientôt près du Môle de Gattary (h),
attaquer une Flotte de dix-huit vaiffeaux.
Dix-fept font pris , & le dix-huitiéme
mis hors de combat.
Intrépide , il ne connoît aucun danger.
Son courage le porte à Saint-Ogue ( i ) ;
il attaque les vaiffeaux qui font dans le
port ; & ce fut dans la chaleur du combat,
que bleffé d'un coup de moufquet ,
il fit à la Patrie la premiere offrande de
ce fang précieux qu'il prodigua fi géné-
( h ) En 1638, Duquefne contribua beaucoup à
la défaite des Efpagnols devant Gattary en Bilcaye.
( i ) En 1639 , il fut bleffé dans le Port de
& Ogue.
IAN VIER. 1763.
89
reuſement dans la fuite à Tarragone (k) ,
à Barcelone ( 1) , à la prife de Perpignan
(m) , & au Cap de Gattes .
Le fang ne s'épuife jamais , fi l'on en
croit les Héros , & le courage femble
fuppléer aux forces de la nature. Plus le
fang coule , plus il devient pur ; & fi la
guèrre eft le fléau de l'humanité , elle
eft aux yeux du Héros l'école de la
valeur & le creufet de la nobleffe.
Funeſte préjugé qui ne s'accordera
jamais avec les maximes du vrai Philofophe
, qui ne regarde la guèrre que
(k ) En 1641 , la Motte- Houdancourt , Commandant
en Catalogne , après avoir pris la Ville
& le Château de Conftantin & quelques autres
Places , vint mettre le fiége devant Tarragonne.
L'Armée Espagnolle qui y étoit enfermée fouffroit
beaucoup de la difette. On fit des efforts
incroyables pour la ravitailler , ce qui donna
lieu à un combat où le Général François défit
un grand nombre d'ennemis . L'Archevêque de
Bordeaux qui bloquoit Tarragonne par mer , attaqua
41 Galéres Eſpagnolles & en prit 12. Ce
fut dans cette action que Duquesne fut encore
dangereufement bleſſé .
•
( i ) En 1642 , il reçut de nouvelles bleſſures devant
Barcelone dans le temps de la priſe de
Perpignan qui fe rendit au Roi après trois mois
de fiége.
( m ) En 1643 , il répandit fon fang à la Bataille
qui le donna au Cap de Gattes.
90 MERCURE DE FRANCE .
comme le fléau du genre humain
comme un gouffre affreux , où tant de
Héros font enfévelis , tant d'hommes
facrifiés ; moins fouvent au bien de l'Etat
qu'aux capricés des Puiffances & à
l'imprudence des Généraux !
Je vous en attefte , ombres chères à
la patrie Intrépide Bayard ! Brave
Turenne ! Vaillant Duguai-Trouin ! Illuftre
Barwik ! vous qui n'allâtes moif
fonner tant de lauriers chez les ennemis
, que pour rapporter à vos concitoyens
le précieux rameau de la Paix .
(n) Richelieu meurt , & fa mort fut
pour les Espagnols l'événement le plus
heureux ils crurent le génie de la
France abattu & enfeveli avec ce grand
homme mais quelle furprife ! Louis le
Grand monte fur le Trône , & le génie
du gouvernement s'affied à côté du
Monarque. Nouvel Augufte ; fon fiécle
fut celui des Sciences & des beaux Arts :
il produifit ces grands hommes
ces
hommes immortels , dont les noms célébres
pafferont d'âge en âge , & feront
( n .) Les Espagnols furent battus prèfque partout
cette année. Le Maréchal de la Motte en
Catalogne conferva toujours fur eux la fupériorité
, & fit échouer toutes leurs entrepriſes.
JANVIER. 1763. 91
l'admiration de la postérité la plus reculée
.
(o) Duquefne part pour la Suéde ; fon
nom y eft connu ; fa réputation le précéde.
Les exploits fameux & les fervices
fignalés de fon illuftre père étoient profondément
gravés , ( non für des monumens
que le temps peut détruire , ou que
fouvent la flatterie éléve moins au mérite
qu'à l'orgueil des mortels & au faſte
de la décoration ; ) mais dans les coeurs
des Suédois , monumens plus fincères
& plus folides. Le Peuple , dont le fuffrage
n'eft point équivoque , accourt en
foule , fait éclater fa joie ; joie toujours
pure & véritable , lorfqu'elle a pour objet
le mérite d'un grand homme.
Bien différent de ces Guerriers qui
paffent dans le fein des plaifirs , &
dans les douceurs d'un indigne repos
(o ) En 1644 , Duquefne alla fervir en Suéde. Il
fut fait d'abord Major-Général de l'Armée Navale
, enfuite Vice- Amiral . C'est en cette qualité
qu'il fervoit le jour de la fameufe bataille où les
Danois furent entierement défaits. Il aborda lui
deuxième leur Vaiffeau Amiral appelé la Pctience.
Le Général Danois fut tué. Le Roi de
Dannemarck eût été fait prifonnier , fi ce Prince
bleffé à l'oeil d'un éclat de bois près d'un canon
qu'il pointoit , n'eût été obligé de fortir de
ee Vaiffeau la veille de l'action.
92 MERCURE DE FRANCE.
à
le loifir que leur laiffe la Patrie ; ce
fut pour l'employer utilement que vous
paffâtes au fervice de la Suéde , invincible
Duquesne ! Qui connut jamais
mieux que vous le prix du temps ? Qui
jamais mieux que vous , fçut le mettre
profit ? Ce temps finéceffaire peut-être
à votre repos , en même -temps fi utile
& fi glorieux à la Patrie , vous le deftinez
à fecourir les Suédois nos fidéles
Alliés , & à les garantir de l'injufte
ufurpation des Danois. Les titres éclatans
qui font l'appanage du vrai mérite
, qui jamais ne furent fufpects ,
lorfqu'ils font donnés par une Nation
étrangère , vous font juftement prodigués.
Nommé Vice Amiral , vous fervîtes
en cette qualité à la fameufe journée
où les Danois furent défaits.
Déja les deux Flottes font en préfence
mille bouches d'airain vomiffent
la foudre & la mort. Un jour artificiel
inventé par la fureur des hommes,
femble cacher aux combattans ce jour
doux & bienfaifant qui éclaire la nature.
Les vaiffeaux s'élancent contre les vaiffeaux.
Mille débris éclatans obfcurciffent
l'air , & font dans le même inf
tant engloutis dans les eaux. De tristes
lambeaux de malheureux couvrent la
JANVIER. 1763. 93
Turface des mers. Le défordre fe met
dans l'Armée Danoife . La confufion des
Matelots , le cris des Officiers , le découragement
des foldats , tour lui annonce
une prompte défaite.
D'un autre côté , le bon ordre fe
maintient dans l'Armée Suédoife. La
bonne contenance des Officiers éxcite
la confiance du Matelot , occupé à la
manoeuvre. Duquefne fe fignale on
croiroit à le voir que la victoire eft à fes
ordres. Au-deffus de toute crainte , il
fend les flots ; & fe faifant jour à travers
la flotte ennemie , il aborde lui
deuxième le vaiffeau Amiral. Il s'élance
au milieu du fang & du carnage . Le
choc eft furieux ; mais rien ne réfifte à
l'ardeur de fon courage. Son bras invincible
porte par-tout la mort. Le Général
Danois tombe fous fes coups : il
fe rend maître du vaiffeau. Le vaincu
implore la clémence du vainqueur , &
le Roi lui-même eût fubi le même fort ,
fi un événement inopiné n'eût ravi à
Duquefne cette illuftre conquête.
(p ) La Suéde étonnée retentiffoit des
(p) En 1647 il fut rappellé en France & commanda
cette année & la fuivante une des Eſcadres
qui furent envoyées à l'expédition de Naples. Le
Roi d'Espagne battu de tous côtés , voyoit avec
94 MERCURE DE FRANCE.
louanges de mon Héros , lorfqu'il fut
rappellé en France. La voix de fa Patrie
fe fait entendre il ne délibére
>
chagrin le Rouffillon & la Catalogne entre les
mains des François. Naples révoltée contre lui ,
venoit de fe donner au Duc de Guife . Celui- ci ,
qui ne paffa que pour un Avanturier audacieux ,
parce qu'il ne réuffit pas , avoit eu du moins la
gloire d'aborder feul dans une barque au milieu
de la Flotte Efpagnole , & de défendre Naples
fans autre fecours que fon courage.
La Sicile depuis le temps des Tyrans de Syracufe
, a toujours été fubjuguée par des Etrangers;
affervie fucceffivement aux Romains , aux Vandales
, aux Arabes , aux Normans , fous le val
felage des Papes , aux François , aux Allemands ,
aux Efpagnols : haïllant prèfque toujours fes
maîtres , le révoltant contre eux , fans faire de
véritables efforts dignes de la liberté , & éxcitant
continuellement des féditions pour changer de
chaînes .
En 1674 , les Magiftrats de Meffine venoient
d'allumer une guèrre civile contre leurs Gouverneurs
& d'appeller la France à leur fecours. Une
Flotte Efpagnole bloquoit leur port ; ils étoient
réduits aux extrémités de la famine..
En 1675 , le Chevalier de Valbelle vint d'abord
avec quelques Frégates à travers la Flotte
Efpagnole. Il porta à Meffine des vivres , des årmes
& des foldats. Ayant enfuite tenté d'y conduire
un nouveau fecours , les Galéres Eſpagnoles
& quelques Vaiffeaux Hollandois entreprirent
de lui difputer l'entrée du canal. Il y eut un combat
; le paffage fut forcé , & le convoj arriva heureufement,
JANVIER. 1763 .
point ; il s'arrache à la gloire & aux
applaudiffemens pour voler à ſon ſecours.
Il eft auffi -tôt chargé du commandement
de l'Efcadre deſtinée a l'expédition
de Naples. Puiffe tout François
, à l'exemple de ce grand homme
facrifier les intérêts les plus chers à l'amour
de fon devoir !
où
La France déchirée par les guerres
civiles fous les Régnes des Valois ,
Régne malheureux , où l'ambition des
Grands & la fureur des Hérétiques la
mirent à deux doigts de fa perte ,
l'enthouſiaſme aveugle du fanatiſme
infpiroit les plus éxécrables maximes.
La France , dis- je , dans ces temps de
troubles & d'horreurs , n'avoit pu entretenir
fa Marine ; fon rétabliffement
étoit dû à la fage prévoyance de Richelieu
.
Mazarin dont les vues furent moins
étendues , la négligea. Il étoit réſervé
au généreux Duquesne de la réparer
par fon défintéreſſement.
Vrai citoyen , il penfe que fon patrimoine
eft celui de l'Etat. Général vertueux
, la gloire de le fervir eft l'unique
récompenfe qu'il ambitionne. Il arme à
fes frais plufieurs vaiffeaux. Il vole au
fecours de l'Armée Royale , qui tenoit
96 MERCURE DE FRANCE.
bloquée la ville de Bourdeaux . Il eft
rencontré par une Efcadre,Angloife. On
veut lui faire baiffer pavillon : c'est ici
que l'orgueil peut être une vertu dans
les Héros. Son courage dicte fon refus.
Le combat s'engage, & il y eft dangereufement
bleffé. Il fe retire glorieufement ,
quoiqu'avec des forces inégales. Obligé
de s'arrêter à Breft pour faire radouber
fes vaiffeaux , il revole à Bourdeaux
fans attendre l'entière guérifon de fes
bleffures . La Flotte Efpagnole arrive
en même temps que lui dans la rivière :
elle s'oppose à fon paffage. La barrière
eft forcée : il entre en préfence des Efpagnols
, & fa belle manoeuvre oblige la
ville de fe rendre.
Anne d'Autriche , Régente du Royaume
, qui n'ignoroit pas que ces fuccès
n'étoient dûs qu'à la valeur & à la générofité
de Duquesne , crut qu'il étoit
de fa gloire de le récompenfer : elle lui
donna le château & l'ifle d'Indred , qui
étoient du Domaine de Sa Majeſté.
Ce n'eft que par les bienfaits qu'on
réuffit à s'attacher les hommes. Le feul
efpoir d'une récompenfe glorieufe peut
produire des Héros. La fage politique
d'un Etat eft de favoir les multiplier par
un appas fi juſte & fi raiſonnable.
Deux
JANVIER . 1763 . 97
- Deux Provinces envahies par les François
font trembler le Roi Catholique
pour le refte de fes Etats. Naples révoltée
contre fon Souverain ; les Siciliens ,
peuple inconftant , venoient de fe donner
au Duc de Guife , dernier Prince
de cette branche d'une Maifon fi féconde
en hommes illuftres , mais dangereux
.
(9 ) Le Roi d'Espagne eft contraint
par la révolte de Meffine d'implorer le
( q ) En 1676 , l'Efpagne appella les Hollandois
pour défendre la Sicile. Rhuiter fut chargé
de cette expédition. Les François qui réunis aux
Anglois , n'avoient pu battre les flottes de la
Hollande , l'emporterent feuls fur les Hollandois
& les Elpagnols . Le Duc de Vivonne obligé
de refter dans Meffine , pour contenir le Peuple
déja mécontent de les défenfeurs , laiffa donner
cette bataille par Duquesne , Lieutenant- Général
des Armées Navales ; homme auffi fingulier que
Rhuiter, parvenu comme lui au commandement
par fon mérite .
Rhuiter dont la mémoire eft encore dans la
plus grande vénération en Hollande , avoit commencé
par être Valet & Mouffe de Vaiſſeau ; il
n'en fur que plus refpectable. Le Confeil d'Elpagne
lui donna le Titre & les Patentes de Duc ,
dignité frivole pour un Républicain. Ces Patentes
n'arriverent qu'après la mort . Les enfans de
Rhuiter refuferent ce Titre fi brigué dans nos
Monarchies , mais qui n'eſt pas préférable au nom
de bon Citoyen ..
I. Vol. E
98 MERCURE
DE FRANCE .
fecours des Hollandois fes anciens ennemis.
Rhuiter , le fameux Rhuiter , un
des plus grands hommes de fon fiécle
à la tête d'une Efcadre de vingt-trois
vaiffeaux , joint l'Efcadre Efpagnole ,
compofée de vingt.
C'est contre ces forces formidables
que Duquesne devenu Lieutenant Général
des Armés Navales, va combattre.
C'est ici que l'éloge de mon Héros
va devenir plus intéreffant ; c'eft ici
que l'étendue de fon génie , fon activité
, fa valeur vont paroître dans tout
leur jour ; c'eft contre Rhuiter enfin
contre le Capitaine de fon fiécle qui jouiffoit
de la plus haute réputation , que l'Europe
étonnée admire fa fupériorité .
Toulon le voit partir à la tête de 20
vaiffeaux, efcortant un grand convoi de
munitions pour Meffine. Un pareil
nombre de vaiffeaux s'offre à fa rencontre
à la vue de Stromboli ; c'eft
Rhuiter qui les commande. Duquesne
attaque , Rhuiter plie. Preuilli , qui
commande l'avant- garde , charge celle
des Hollandois , la met en défordre , &
Duquefne fait entrer fon convoi dans
Meffine .
Les Flottes combinées d'Efpagne &
de Hollande font voile vers Agofta
JANVIER . 1763 . 99
dans l'efpérance qu'il s'y feroit quelques
mouvemens en leur faveur. L'Efcadre
Françoife fort du Port de Meffine pour les
combattre. Duquefne découvre les ennemis
à travers le Golfe de Catane. Les
Efpagnols & les Hollandois viennent à
lui avec l'avantage du vent ; avantage
qui décide prèfque toujours des combats
de Mer. Rhuiter fond fur la Flotte Françoife
; il eft repouffé avec perte & attaqué
lui-même. C'est là que nos deux
Généraux mettent en ufage tout ce que
la valeur & la prudence , tout ce que
la fupériorité du génie & la préfence
d'efprit peuvent fuggérer aux grands
Hommes. On les voit attentifs à profiter
de leurs avantages , ou à réparer
leurs pertes , donner des ordres à propos
& avec intelligence, fe porter aux endroits
où leur préfence eft néceſſaire :
nul danger ne les étonne : Ruither &
Duquefne fe multiplient ; on les voit
fur tous les vaiffeaux diriger la manouvre
, animer les foldats par leur exemple ,
voler au fecours des foibles & encourager
les forts. Les Galères d'Efpagne
dégagent quatre de leurs vaiffeaux qui
étoient fur le point d'être pris. Rhuiter
dans la chaleur de l'action , reçoit le
coup de la mort ; il tombe ; & LOUIS
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
LE GRA ND en eft affligé. En vain des
Courtisans lui difent qu'il eft défait d'un
Ennemi redoutable : rien , dit - il , ne
peut empêcher d'être fenfible à la mort
d'un grand Homme.
Je dois ajouter à la gloire de mon
Héros le témoignage authentique que
lui rendit Rhuiter dans les différentes
actions qu'il eut à foutenir contre les
François il difoit franchement qu'il
ne craignoit que Duquefne. Les grands
Hommes fe rendent juftice : la jaloufie ,
vice des âmes baffes , ne peut offufquer
leur raifon , ni corrompre leur coeur.
Durquefne toujours infatiguable, pourfuit
les deux Flottes , les attaque pour
la troifiéme fois , & aucun vaiffeau ne
ne lui eût échappé , fi les ombres de
la nuit & le Port de Syracufe ne les
euffent mis à couvert.
LOUIS ( r) donne la paix à l'Europe;
(* ) Le Roi d'Angleterre ayant commencé la
guerre pour l'intérêt de la France , étoit fur le
point de fe liguer avec le Prince d'Orange qui
venoit d'époufer fa niéce . Louis XIV. donna la
paix à l'Europe . Les Ennemis licentierent leurs
troupes extraordinaires ; il garda les fiennes ,
fis en quelque forte de la paix un temps de conquêtes.
Depuis Charlemagne on n'avoit vu aucun
Prince agir ainfi en' Maître , en Juge des Souve-
#ains , & conquérir des Pays par des Arrêts. La
&
"
JANVIER. 1763 . ΙΟΥ
il en préfcrit lui - même les conditions
en Vainqueur. Pour affurer le repos de
fes Peuples , & contenir fes Ennemis
dans le refpe &t & la crainte , ce Monarque
porte fa Marine au- delà des efpérances
de la France , & de l'Europe
étonnée . Soixante mille matelots font à
fa folde ; & des Loix auffi fages que
févères préfcrivent à ces hommes groffiers
les régles de leurs devoirs . Des
fommes immenfes font employées à
conftruire le Port de Toulon fur la
Méditérannée , celui de Breft , de Dunkerque
, du Havre - de - Grace & de Rochefort
fur l'Océan . L'école de la Marine
eft inftituée dans ces différens
Ports. Une foule de jeune nobleſſe vient
s'inftruire auprès des grands Hommes
que le mérite a défignés pour maîtres.
( s ) Le Roi avoit plus de cent vaifpuiffance
formidable de ce Monarque qui s'étendoit
ainfi de tous côtés , & acquéroit pendant la
paix plus que fes prédéceffeurs n'avoient acquis
par la guerre , réveilla les allarmes de l'Europe.
L'Empire , la Hollande , la Suéde même , firent
un traité d'affociation . Les Anglois menacerent.
Les Eſpagnols voulurent la guèrre . Le Prince d'Orange
remua tout pour l'allumer ; mais aucune
de ces Puiſſances n'ofa porter les premiers coups.
(s) En 1681 Duquefne attaqua les Tripolitains ,
& les obligea à conclure une paix très- glorieufe
E iij
102 MERCURE DE FRANCE .
>
feaux de ligne ; ils ne reftoient pas oififs
dans fes Ports. Ses Efcadres fous le
commandement de Duquefne nettoyoient
les Mers infectées par les Corfaires
d'Alger & de Tripoli. Notre Hé
ros à la tête de fix vaiffeaux va jufques
dans le Port de Chio attaquer les Tripolitains
; & le Capitan Bacha ne peut
avec quarante Galéres les mettre à l'abri
des foudres du Général François . Ces
Africains fe foumettent & n'obtiennent
la paix qu'à la prière & par l'entremife
du Grand- Seigneur.
( t ) LOUIS veut fe venger d'Alger.
>
pour la France. Ils rendirent un Vaiffeau François
qu'ils avoient pris , tout le canon , les armes
tout l'équipage , & un très-grand nombre de
Chrétiens qu'ils avoient fait esclaves.
(t ) En 1683 Louis XIV. fe vengea d'Alger
avec le fecours d'un art nouveau , dont la découverte
fut due à cette attention qu'il avoit d'exciter
tous les génies de fon fiécle. Cer art funeſte ,
mais furprenant , eft celui des galiotes a bombes ,
avec lesquelles on peut réduire des villes mariti
mes en cendres. Bernard Renaud , plus connu
fous le nom du Petit Renaud , fut l'auteur de
cette invention . Ce jeune homme , fans avoir jamais
fervi fur les vaiffeaux , étoit cependant par
fon génie un excellent Marin . Colbert , qui déterroit
le mérite dans l'obfcurité , l'avoit fouvent
appellé au Confeil de marine , même en préfence
du Roi. C'étoit par les foins & fur les lu
JANVIER. 1763. 103
Duquesne attaque ces Corfaries , brûle
leurs vaiffeaux , confume une partie de
la Ville par le moyen d'une forte d'artillerie
jufqu'alors inconnue & qui par
la fuite fera un des plus terribles fléaux
de l'humanité. Ce Monarque généreux
dont la grande âme fçavoit toujours
mettre des bornes à ſa vengeance , avoit
mieres de Renaud que l'on fuivoit depuis peu une
méthode plus réguliére & plus facile pour la conftruction
des vailleaux . Il ofa propofer dans le
Confeil de bombarder Alger avec une Flotte. On
n'avoit pas d'idées que des mortiers à bombes
puffent n'être pas polés fur un terrein folide. La
propofition révolta Il éffuya les contradictions &
les railleries que tout inventeur doit attendre ;
mais fa fermeté & cette éloquence qu'ont d'ordinaire
les hommes frappés de leurs inventions
déterminérent le Roi à permettre l'élai de cette
nouveauté . Renaud fit conftruire cinq vaiffeaux
plus petits que les vaiffeaux ordinaires mais plus
forts de bois , fans ponts , avec un faux tillac à
fonds de cale , fur lequel on maçonna des creux ,
où l'on mit les mortiers. Il partit avec cet équipage
fous les ordres de Duquefne , qui étoit chargé
de l'entrepriſe. Ce Général & les Algériens
furent étonnés de l'effet des bombes . Outre deux
vaiffeaux de ces Corfaires qu'il brula , le feu des
bombes confuma une partie de la ville : mais cet
art porté bientôt chez les autres Nations , ne fervit
qu'à multiplier les calamités humaines . La Marine
ainfi perfectionnée en peu d'années , étoir
le fruit des foins du grand Colbert.
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
épargné les Algériens. Ces Corfaires infolens
s'en prévalurent & le contraignirent
de les punir de nouveau. Il fit
bombarder leur Ville pour la feconde
fois l'année fuivante. Le dommage fut
très- confidérable dans cette Capitale.
Les Vaiffeaux & les Galéres furent pris,
brûlés ou coulés à fond ; un grand
nombre de maifons renverfées , des
magafins ruinés. La néeeffité leur fir
demander la paix. LOUIS la leur accorda.
On éxigea pour préliminaires de
rendre fans rançon plus de fix cens Chrétiens
efclaves , & de payer une fomme
d'argent , punition dure & fenfible
pour des Corfaires ! Tunis & Tripoli
firent à leur exemple les mêmes foumiffions
.
(u) Gênes avoit vendu des munitions
( u ) En 1684 , la République de Gênes ayant
refufé de ſe ſoumettre aux ordres de Louis XIV ,
& comptant trop fur le fecours de l'Eſpagne , ſe
vit fur le point d'être détruite de fond en comble
par l'effet des bombes. Elle fut forcée de céder.
Le Roi exigea que le Doge & quatre principaux
Sénateurs vinffent implorer fa clémence
dans fon Palais de Verſailles ; & de peur que
les Génois n'éludaffent la fatisfaction
dérobaffent quelque chofe à fa gloire , il voulut
que le Doge qui viendroit lui demander pardon,
& ne
JANVIER. 1763 . 105
+
de guèrre aux Algériens . Elle conftruifoit
quatre Galéres pour l'Espagne .
Le Monarque François lui défend par
fon Envoyé de les lancer à l'eau , &
la menace d'un châtiment prompt
& rigoureux fi elle refufe de fe foumettre
à fes volontés. Les Génois irrités
de cette entréprife fur leur liberté ,
n'y eurent aucun égard. Duquesne fort
de Toulon à la tête de 14 Vaiffeaux ,
20 Galéres , 10 Galiotes a bombes &
plufieurs Frégates. Il fe préfente devant
Gênes . Les 10 Galiotes y jettent
quatorze mille bombes & réduifent en
cendres une partie de fes Palais. Quatre
mille foldats débarquent , & portent le
fer & le feu dans les fauxbourgs. Le
Génois effrayé craint la ruine totale de
fes Etats. Ces fiers Républicains humiliés
par des progrès fi rapides , députent
fût continué dans fa Principauté , malgré la loi
perpétuelle de Gênes , qui ôte cette dignité à tout
Doge abfent un moment de la Ville . Le Doge
arriva a Verſailles le 22 de Février 1685 , demanda
pardon au Roi . Cegrand Prince , qui dans
toutes les actions de fa viejoignoit la politeffe à la
dignité , traita de Doge & les Senateurs avecautant
de bonté que de fafte. Ses Miniftres leur firent fentir
plus de fierté. Aufli le Doge difoit : Je Roi ôte à
nos coeurs la liberté , mais les Miniftres nous la
rrendent.
Ew
106 MERCURE DE FRANCE.
le Doge avec quatre Sénateurs , pour
aller demander pardon au Roi . Ils fe
rendent à Verfailles. Le Monarque , qui
favoit que la véritable grandeur confifte
particuliérement à oublier les injures ,
paroît fatisfait , les reçoit avec bonté ,
& les traite avec magnificence.
L'hiftoire des temps femble terminer
à ce dernier trait les glorieux exploits de
mon héros. Je finirai fon éloge par l'apologie
de fon coeur , auffi recommandable
par fon défintéreffement
noble & fublime par fes vertus .
> que
J'en appelle au témoignage de l'Afie ,
de l'Afrique & de l'Europe . Quelle foule
de témoins de fa valeur & de fon âme
bienfaifante ! Des Chrétiens arrachés à
l'esclavage viennent dans les tranſports
de la joie la plus pure , pénétrés des fentimens
de la plus vive reconnoiffance
baifer ces mains généreufes qui ont brifé
leurs fers.
O Duquefne ! à quels fentimens délicieux
ton âme ne fe livroit- elle pas ,
en voyant couler ces larmes précieufes
que la grandeur de cette action , que
l'héroïsme de la vertu , que l'amour de
l'humanité & l'admiration font répandre
! Qu'il eft glorieux pour toi de régner
ainfi fur les coeurs & de te les
JANVIER. 1763. 107
attacher par les bienfaits ! On t'offre
des rançons ; ton âme généreufe en
eft offenfée . Toute la récompenfe que
ton grand coeur ambitionne eft le feul
plaifir du bienfait .
(x) Duquefne arrive à la Cour. Son
nom vole de bouche en bouche . Il
perce la foule des Courtifans , il pénétre
jufqu'au Roi . Il lit dans fes yeux
pleins de majefté qu'il a gagné l'eftime
de fon Maître ; & c'eft la feule récompenfe
à laquelle il afpire : mais
LOUIS dont la grande âme ne laiffa
jamais le mérite & les fervices fans récompenfe
, lui donna & à fa poftérité
, comme un monument éternel de fa
bienveillance , la terre Dubouchet qu'il
érigea en Marquifat.
Duquefne en ceffant de combattre ,
n'en fert pas moins la Patrie . Dans une
retraite honorable , il forme des voeux
(x) Le Roi qui honoroit Duquesne d'une eftime
particuliere pour fon mérite , ne pouvant à cauſe
de la religion qu'il profelloit , le récompenfer
avec tout l'éclat qu'il auroit fouhaité , n'a pas
laiffé de lui donner & à fa poftérité une marque
de fa bienveillance , en lui faifant don de la Tèrre
Du bouchet , qui eft une des plus belles du Royaume
, fituée auprès d'Etampes. Il l'érigea en Marquifat
, lui ôta fon premier nom , & lui donna
celui de Duquefae.
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
pour fon Prince , & pour l'Etat. Adoré
de fa Famille , il inftruit fes enfans &
leur apprend à marcher fur fes traces.
Témoin de leur valeur & de l'éclat de
leurs exploits , il fe voit convaincu que
fon fang illuftre ne pouvoit dégénérer.
Quels motifs de confolation pour ce
refpectable Guerrier dans un âge où
les infirmités fe multiplient , où la fenfibilité
augmente , où les organes d'un
corps épuifé s'affaiffent & fe détruifent.
Il attend la mort avec affurance ; il envifage
avec fermeté le terme de fa carrière.
(y ) Duquesne meurt enfin ; il meurt
( yCe grand homme qui étoit né Calvinifte ,
mourut dans la même créance , à Paris , le 2 Février
1688 , après avoir vêcu 78 ans avec une
vigueur & une fanté extraordinaire . Son coeur
fut porté dans le Temple de la Ville d'Aubonne ,
dans le canton de Berne en Suiffe , où fon fils aîné
Henri Duquesne , Baron du lieu , lui fit placer
une épitaphe. Il avoit époufé Gabrielle de Bernière
, dont il a laiffé quatre fils.
Henri , l'aîné de fes enfans , formé aux armes
dès fa plus tendre jeuneffe , s'y est toujours diftingué.
Conftamment attaché à la Religion Proteftante
, il fe retira dans une Tèrre qu'il avoit
acquife en Suiffe , avec la permiffion du Roi. Il
mourut à Genève le 11 Novembre 1722 , âgé de
près de 71 ans , eftimé , aimé & regretté de tous
ceux qui le connoilloient.
JANVIER. 1763 . rog
•
en héros il emporte dans le tombeau
les pleurs de fa famille , les juftes regrets
de la France , & l'eftime de l'Europe
entiere .
DAGUES DE CLAIRFONTAINE.
Le fecond, Abraham , Capitaine de Vaiffeau ,
fe fignala auffi en plufieurs occafions importantes
. En 1683 , il prit & emmena à Toulon le
Prince de Montefarchio , Général de l'Armée Efpagnole
, & en 1684 dans la defcente de Gênes ,
il foutint le bataillon qu'il y commandoit avec
beaucoup de valeur.
Le troifiéme , Ifaac , & le quatrième , Jacob ,
furent des Officiers très recommandables par
leur mérite & leur courage.
Duquesne avoit auffi plufieurs frères , qui font
tous morts dans le Service. L'un d'eux , Capitaine
de Vaiffeau , fut tué d'un coup de canon. Il
laiffa un fils , Duquefne Monier , qui après s'être
Egnalé en diverses occafions , & avoir eu un bras
emporté , fut fait Chef d'Eſcadre en 1705.
DUQUESNE Lieutenant Général
des Armées Navales de France. ( a )
Non ille pro patriâ timidus perire.
Horat.
D
E tous les Etats qui concourent à
la gloire de la patrie , il n'en eft point
de plus utile ni de plus honorable que
la profeffion des armes. De tout temps
elle fut fpécialement dévolue à notre
Nobleffe , deſtinée par état à fervir fon
( a ) Ce Sujet a été proposé par l'Académié
de Marſeille pour la diſtribution des Prix du 25
Août 1762 .
* V. p . 2 32. & 2 33. de ce ſecond volume .
7 81
JANVIER. 1763.
Roi. Ce n'est qu'en prodiguant fon fang
qu'elle reléve fa fplendeur & s'immortalife
dans les faſtes de la postérité : elle
fe flétrit au contraire dans une honteuſe
oifiveté. Qui peut compter fans interruption
une longue fuite d'ayeux qui
ont facrifié leurs vies pour le falut de la
Patrie , fe glorifiera-t-il de fa nobleffe ,
s'il ne marche fur leurs traces dans la
carriere de l'honneur ? Qu'eft - ce en effet
qu'un grand nom fans vertus ? Un héros ,
le premier de fa race , fera toujours préféré
au Noble faftueux , qui ne fonde
fon illuftration que furfes titres. La naiffance
eft un effet du hafard ; mais la
vertu , jointe à la valeur , diftingue &
caractériſe le vrai Noble , le Citoyen &
tout bon François.
Volez, s'écrioit l'illuftre Vendôme à
fes ,foldats , volez où l'honneur vous
appelle ; fongez que vous êtes François
! ....
(b) Duquesne , nom à jamais immortel
! Duquefne , l'un des plus grands
hommes de fon fiécle , fe dévoua au
fervice de mer dès fa plus tendre jeuneffe .
(b) Abraham Duquesne nâquit en Normandie
l'an 1610 , d'une famille noble & habituée de
puis longtemps dans cette Province.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
Son pere (c) Abraham Duquesne , blanchit
fous les armes , connut fes talens
& les perfectionna. Ce fut fous cet
illuftre père que notre jeune héros fit fes
premieres campagnes. Ils contribuerent
T'un & l'autre par l'éclat de leurs exploits
à la gloire du fiécle de Louis XIV.
C'eſt être vraiment grand que de travailler
à la grandeur des autres ; c'eſt le
comble de l'héroïfme que de concourir à
la gloire de fon Prince & à celle de l'Etat.
(d) Sanctuaire des Mufes & des Sciences
, dépofitaire des merveilles de mon
héros , je devrois fans doute dans un
humble filence vous entendre ici , Meſfieurs
, prodiguer les juftes louanges qui
font dues à ce grand homme. C'eft dans
(c ) Abraham Duquesne , père de notre Héros ,
mâquit au Bourg de Blangi dans le Comté d'Eu ,
de parens pauvres & Calviniftes . 'S'étant retiré de
bonne heure à Dieppe , il y apprit la Carte marine
, fe mit fur les vaiffeaux , & fe rendit capable
d'être Pilote. Après avoir exercé quelque temps
cette profeffion , il paffa en Suéde , obtint une
place de Pilote dans les vaiffeaux de la Reine
Chriftine ; fut choifi enfuite par cette Princeffe
pour conduire quelques vaiffeaux en France , &
s'étant diftingué dans cette occafion , il fut fait
Capitaine de vaiffeau dans l'Armée Navale de
France.
(d) L'Auteur s'adreffe ici à l'Académie de Marfeille.
JANVIER. 1763. 83
vos ports qu'il préféra de fixer fon féjour
: c'est là qu'il employa ces jours fi
précieux de la jeuneffe à acquérir la
fcience qui fait les grands hommes. On
le voyoit toujours affidu aux écoles de
la marine , toujours attentif aux exercices
& à la manoeuvre des Matelots ;
toujours avide de s'inftruire , entrer dans
les moindres détails . Il favoit qu'on ne
doit rien ignorer dans l'état qu'on embraffe
; bien différent de cette jeuneffe
éfféminée qui néglige l'étude , & lui
préfére fans honte l'cifiveté des Cours ,
où la Nobleffe fe dégrade , où le coeur
s'amollit , où les moeurs enfin fe corrom-
-pent par l'air contagieux que fouvent
on y refpire.
Si je ne puis , à l'exemple de Duquefne
, prodiguer mon fang pour le falut
de l'Etat ; qu'il me foit du moins permis
, comme Citoyen , d'élever ma foible
voix pour immortalifer un de fes
illuftres défenfeurs. N'y auroit- il pas une
forte d'ingratitude , fi animé par l'organe
refpectable d'une des plus célébres
Académies du Royaume , on ne
confacroit pas à la gloire de ce Hiros
une partie de fes veilles , pour ajouter
de nouveaux lauriers à ceux dont il a
été couronné tant de fois ? Je connois
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
mon infuffifance , MM. mais j'ofe me
flatter que vous applaudirez à mon zéle.
On ne peut fe rappeller l'horrible attentat
qui plaça Louis le Jufte fur le Trône
dans un âge encore tendre. La mort
précipitée d'un Prince , l'amour de fes
Sujets & la terreur de fes Ennemis ,
laiffa l'Etat en proye au Démon de la
difcorde. Habile à profiter d'une minorité
qui devoit être longue , ce Monf
tre , le plus cruel ennemi du genre
humain , alluma le flambeau de la
guerre ; la Religion en fut le prétexte
Ipécieux , l'ambition des Grands la fe-
.conda , & l'Etat en fut la victime. Des
Puiffances voifines & formidables fembloient
mettre le comble aux malheurs
de la France menacée de toutes parts.
Richelieu ( e ) paroît : le Génie fans vigueur
& prèfque engourdi fe réveille
a fa voix ; les Arts renaiffent , la Marine
fe rétablit , & le Commerce , ce
canal précieux qui porte la circulation
& la vie dans tous les membres de l'Etat,
( e ) En 1627 le Cardinal de Richelieu fit fupprimer
la Charge d'Amiral dont étoit revêtu le
Duc de Montmorenci , & celle de Connétable vacante
par la mort de Lefdiguieres . Il fe fit créer
Chef & Surintendant Général de la Navigation
& du Commerce.
JANVIER. 1763. . 85
ranime ce corps fans chaleur & prèſque
anéanti .
Richelieu , Politique fublime , renouvelle
l'alliance avec les Hollandois
porte les premiers coups à la Maiſon
d'Autriche , ce Coloffe éffrayant , qui
faifoit trembler l'Europe ; prépare la
deftruction des Huguenots en France
& médite la prife de la Rochelle , boulevard
formidable qui fervoit d'afyle à
l'héréfie & de retraite aux Rebelles .
,
Déja la Flotte Angloife s'avance vers
l'ifle de Rhé , à la follicitation des
Rochelois & du Duc de Rohan leur
· Chef.
Quel délire n'excite pas le fanatiſme !
Le Citoyen s'arme contre le Citoyen ;
Les Grands , qui par leur naiffance &
leur rang doivent être les défenfeurs de
l'Etat , s'en déclarent les plus cruels ennemis.
Le voile facré de la Religion
couvre leur ambition démesurée : tout
leur paroît permis , dès que tout leur
paroît poffible.
Abraham Duquesne , Calviniste , demande
à ne point fervir dans l'Armée
Royale : il l'obtient ; mais fon zèle pour
la Patrie l'engage à folliciter un autre
emploi. Il fait que la différence des
fentimens ne préfcrit point contre la
86 MERCURE DE FRANCE.
fidélité qu'il a jurée à fon Roi & à l'Etat.
Ses devoirs gravés dans fon coeur
font puifés dans ces principes inébranlables
de la Religion naturelle , fondement
de toutes les autres Religions.
L'amour des François pour leur Prince
ne fut jamais pour eux une loi tyrannique:
c'eft un penchant naturel , auquel
ils fe livrent d'autant plus volontiers ,
qu'ils y attachent leur bonheur & leur
gloire.
Généreux Marfeillois ! braves François
la fidélité à votre Roi eft votre
premiere vertu. Vos premiers fentimens
font les premieres chaînes qui vous attachent
inviolablement à votre Prince :
vos premiers voeux , vos premiers defirs
furent toujours de vous facrifier mille
fois pour fon falut & pour celui de la
Patrie .
Notre brave Guerrier fe tranſporte
d'un autre côté avec fon Efcadre. Son
fils âgé de 17 ans , commandoit un vaiffeau
fous fes ordres . Sa valeur annonça
dès-lors fa future grandeur , & la
force de fon génie lui tint lieu de plus
d'expérience ; mais le Ciel dont les décrets
fon impénétrables , le priva bientôt
de ce généreux père : pris par les
Efpagnols a fon retour de Suéde , il
JANVIER. 1763 . 87
reçut
le coup
de la mort
dans
un combat
inégal
. (f)
Quel coup de foudre pour un fils
également doué d'une belle âme & d'un
coeur excellent !
Brave Duquesne : ah ! fi la Parque
cruelle a tranché le fil d'une vie fi belle
& fi glorieufe , vous revivez de nouveau
par la gloire & les exploits de ce jeune
guerrier.
(g) La furpriſe de Tréves par les Epagnols
& l'enlévement de l'Electeur
(f) Le vieux Duquesne mourut à Dunkerque
l'an 1635 , dans les fentimens de la Religion
Prétendue Réformée.
(g ) Quoique jufques- là il n'y eût point eu de
rupture ouverte entre la France & l'Espagne ,
parce que , foit en Italie , foit en Allemagne ,
les Eſpagnols ne fervoient que comme auxiliaires
, en vertu des Traités. d'alliance entre les
deux Branches de la Maiſon d'Autriche ; la prifon
de l'Electeur produifit cependant la guèrre.
qui dura depuis 1635 jufqu'à la paix des Pyrénées
& le mariage de Louis XIV. Le Cardinal
Infant , Gouverneur des Pays- Bas , ayant refufé
à ce Monarque la liberté de l'Electeur , força le
Roi à lui déclarer la guerre & à interdire tout
Commerce entre les deux Nations.
En 1637 on attaqua l'Ile de Sainte Marguerite
& de les Forts , qui furent rendus au Comte
d'Harcourt 43 jours après fa defcente dans Lifle.
Les Espagnols perdirent 1 500 hommes ; & le
jeune Duquesne fe trouva à cette attaque.
N
88 MERCURE DE FRANCE.
firent voler Duquefne aux ifles de Sainte-
Marguerite. Il en forme l'attaque. La
réfiftance opiniâtre des Affiégés ne le
rebute point ; plus elle eft vive , plus fon
activité redouble. Les difficultés femblent
ne ſe préſenter que pour ajouter
à l'éclat de fon triomphe ; & les Efpagnols
ne fe multiplient que pour aug
menter le nombre des victimes qu'il
facrifie aux mânes de fonère.
Mais ce n'eft encore ici qu'un foible
crayon de ce qu'ils avoient à craindre
de fon habileté & de fon courage. On le
voit bientôt près du Môle de Gattary (h),
attaquer une Flotte de dix-huit vaiffeaux.
Dix-fept font pris , & le dix-huitiéme
mis hors de combat.
Intrépide , il ne connoît aucun danger.
Son courage le porte à Saint-Ogue ( i ) ;
il attaque les vaiffeaux qui font dans le
port ; & ce fut dans la chaleur du combat,
que bleffé d'un coup de moufquet ,
il fit à la Patrie la premiere offrande de
ce fang précieux qu'il prodigua fi géné-
( h ) En 1638, Duquefne contribua beaucoup à
la défaite des Efpagnols devant Gattary en Bilcaye.
( i ) En 1639 , il fut bleffé dans le Port de
& Ogue.
IAN VIER. 1763.
89
reuſement dans la fuite à Tarragone (k) ,
à Barcelone ( 1) , à la prife de Perpignan
(m) , & au Cap de Gattes .
Le fang ne s'épuife jamais , fi l'on en
croit les Héros , & le courage femble
fuppléer aux forces de la nature. Plus le
fang coule , plus il devient pur ; & fi la
guèrre eft le fléau de l'humanité , elle
eft aux yeux du Héros l'école de la
valeur & le creufet de la nobleffe.
Funeſte préjugé qui ne s'accordera
jamais avec les maximes du vrai Philofophe
, qui ne regarde la guèrre que
(k ) En 1641 , la Motte- Houdancourt , Commandant
en Catalogne , après avoir pris la Ville
& le Château de Conftantin & quelques autres
Places , vint mettre le fiége devant Tarragonne.
L'Armée Espagnolle qui y étoit enfermée fouffroit
beaucoup de la difette. On fit des efforts
incroyables pour la ravitailler , ce qui donna
lieu à un combat où le Général François défit
un grand nombre d'ennemis . L'Archevêque de
Bordeaux qui bloquoit Tarragonne par mer , attaqua
41 Galéres Eſpagnolles & en prit 12. Ce
fut dans cette action que Duquesne fut encore
dangereufement bleſſé .
•
( i ) En 1642 , il reçut de nouvelles bleſſures devant
Barcelone dans le temps de la priſe de
Perpignan qui fe rendit au Roi après trois mois
de fiége.
( m ) En 1643 , il répandit fon fang à la Bataille
qui le donna au Cap de Gattes.
90 MERCURE DE FRANCE .
comme le fléau du genre humain
comme un gouffre affreux , où tant de
Héros font enfévelis , tant d'hommes
facrifiés ; moins fouvent au bien de l'Etat
qu'aux capricés des Puiffances & à
l'imprudence des Généraux !
Je vous en attefte , ombres chères à
la patrie Intrépide Bayard ! Brave
Turenne ! Vaillant Duguai-Trouin ! Illuftre
Barwik ! vous qui n'allâtes moif
fonner tant de lauriers chez les ennemis
, que pour rapporter à vos concitoyens
le précieux rameau de la Paix .
(n) Richelieu meurt , & fa mort fut
pour les Espagnols l'événement le plus
heureux ils crurent le génie de la
France abattu & enfeveli avec ce grand
homme mais quelle furprife ! Louis le
Grand monte fur le Trône , & le génie
du gouvernement s'affied à côté du
Monarque. Nouvel Augufte ; fon fiécle
fut celui des Sciences & des beaux Arts :
il produifit ces grands hommes
ces
hommes immortels , dont les noms célébres
pafferont d'âge en âge , & feront
( n .) Les Espagnols furent battus prèfque partout
cette année. Le Maréchal de la Motte en
Catalogne conferva toujours fur eux la fupériorité
, & fit échouer toutes leurs entrepriſes.
JANVIER. 1763. 91
l'admiration de la postérité la plus reculée
.
(o) Duquefne part pour la Suéde ; fon
nom y eft connu ; fa réputation le précéde.
Les exploits fameux & les fervices
fignalés de fon illuftre père étoient profondément
gravés , ( non für des monumens
que le temps peut détruire , ou que
fouvent la flatterie éléve moins au mérite
qu'à l'orgueil des mortels & au faſte
de la décoration ; ) mais dans les coeurs
des Suédois , monumens plus fincères
& plus folides. Le Peuple , dont le fuffrage
n'eft point équivoque , accourt en
foule , fait éclater fa joie ; joie toujours
pure & véritable , lorfqu'elle a pour objet
le mérite d'un grand homme.
Bien différent de ces Guerriers qui
paffent dans le fein des plaifirs , &
dans les douceurs d'un indigne repos
(o ) En 1644 , Duquefne alla fervir en Suéde. Il
fut fait d'abord Major-Général de l'Armée Navale
, enfuite Vice- Amiral . C'est en cette qualité
qu'il fervoit le jour de la fameufe bataille où les
Danois furent entierement défaits. Il aborda lui
deuxième leur Vaiffeau Amiral appelé la Pctience.
Le Général Danois fut tué. Le Roi de
Dannemarck eût été fait prifonnier , fi ce Prince
bleffé à l'oeil d'un éclat de bois près d'un canon
qu'il pointoit , n'eût été obligé de fortir de
ee Vaiffeau la veille de l'action.
92 MERCURE DE FRANCE.
à
le loifir que leur laiffe la Patrie ; ce
fut pour l'employer utilement que vous
paffâtes au fervice de la Suéde , invincible
Duquesne ! Qui connut jamais
mieux que vous le prix du temps ? Qui
jamais mieux que vous , fçut le mettre
profit ? Ce temps finéceffaire peut-être
à votre repos , en même -temps fi utile
& fi glorieux à la Patrie , vous le deftinez
à fecourir les Suédois nos fidéles
Alliés , & à les garantir de l'injufte
ufurpation des Danois. Les titres éclatans
qui font l'appanage du vrai mérite
, qui jamais ne furent fufpects ,
lorfqu'ils font donnés par une Nation
étrangère , vous font juftement prodigués.
Nommé Vice Amiral , vous fervîtes
en cette qualité à la fameufe journée
où les Danois furent défaits.
Déja les deux Flottes font en préfence
mille bouches d'airain vomiffent
la foudre & la mort. Un jour artificiel
inventé par la fureur des hommes,
femble cacher aux combattans ce jour
doux & bienfaifant qui éclaire la nature.
Les vaiffeaux s'élancent contre les vaiffeaux.
Mille débris éclatans obfcurciffent
l'air , & font dans le même inf
tant engloutis dans les eaux. De tristes
lambeaux de malheureux couvrent la
JANVIER. 1763. 93
Turface des mers. Le défordre fe met
dans l'Armée Danoife . La confufion des
Matelots , le cris des Officiers , le découragement
des foldats , tour lui annonce
une prompte défaite.
D'un autre côté , le bon ordre fe
maintient dans l'Armée Suédoife. La
bonne contenance des Officiers éxcite
la confiance du Matelot , occupé à la
manoeuvre. Duquefne fe fignale on
croiroit à le voir que la victoire eft à fes
ordres. Au-deffus de toute crainte , il
fend les flots ; & fe faifant jour à travers
la flotte ennemie , il aborde lui
deuxième le vaiffeau Amiral. Il s'élance
au milieu du fang & du carnage . Le
choc eft furieux ; mais rien ne réfifte à
l'ardeur de fon courage. Son bras invincible
porte par-tout la mort. Le Général
Danois tombe fous fes coups : il
fe rend maître du vaiffeau. Le vaincu
implore la clémence du vainqueur , &
le Roi lui-même eût fubi le même fort ,
fi un événement inopiné n'eût ravi à
Duquefne cette illuftre conquête.
(p ) La Suéde étonnée retentiffoit des
(p) En 1647 il fut rappellé en France & commanda
cette année & la fuivante une des Eſcadres
qui furent envoyées à l'expédition de Naples. Le
Roi d'Espagne battu de tous côtés , voyoit avec
94 MERCURE DE FRANCE.
louanges de mon Héros , lorfqu'il fut
rappellé en France. La voix de fa Patrie
fe fait entendre il ne délibére
>
chagrin le Rouffillon & la Catalogne entre les
mains des François. Naples révoltée contre lui ,
venoit de fe donner au Duc de Guife . Celui- ci ,
qui ne paffa que pour un Avanturier audacieux ,
parce qu'il ne réuffit pas , avoit eu du moins la
gloire d'aborder feul dans une barque au milieu
de la Flotte Efpagnole , & de défendre Naples
fans autre fecours que fon courage.
La Sicile depuis le temps des Tyrans de Syracufe
, a toujours été fubjuguée par des Etrangers;
affervie fucceffivement aux Romains , aux Vandales
, aux Arabes , aux Normans , fous le val
felage des Papes , aux François , aux Allemands ,
aux Efpagnols : haïllant prèfque toujours fes
maîtres , le révoltant contre eux , fans faire de
véritables efforts dignes de la liberté , & éxcitant
continuellement des féditions pour changer de
chaînes .
En 1674 , les Magiftrats de Meffine venoient
d'allumer une guèrre civile contre leurs Gouverneurs
& d'appeller la France à leur fecours. Une
Flotte Efpagnole bloquoit leur port ; ils étoient
réduits aux extrémités de la famine..
En 1675 , le Chevalier de Valbelle vint d'abord
avec quelques Frégates à travers la Flotte
Efpagnole. Il porta à Meffine des vivres , des årmes
& des foldats. Ayant enfuite tenté d'y conduire
un nouveau fecours , les Galéres Eſpagnoles
& quelques Vaiffeaux Hollandois entreprirent
de lui difputer l'entrée du canal. Il y eut un combat
; le paffage fut forcé , & le convoj arriva heureufement,
JANVIER. 1763 .
point ; il s'arrache à la gloire & aux
applaudiffemens pour voler à ſon ſecours.
Il eft auffi -tôt chargé du commandement
de l'Efcadre deſtinée a l'expédition
de Naples. Puiffe tout François
, à l'exemple de ce grand homme
facrifier les intérêts les plus chers à l'amour
de fon devoir !
où
La France déchirée par les guerres
civiles fous les Régnes des Valois ,
Régne malheureux , où l'ambition des
Grands & la fureur des Hérétiques la
mirent à deux doigts de fa perte ,
l'enthouſiaſme aveugle du fanatiſme
infpiroit les plus éxécrables maximes.
La France , dis- je , dans ces temps de
troubles & d'horreurs , n'avoit pu entretenir
fa Marine ; fon rétabliffement
étoit dû à la fage prévoyance de Richelieu
.
Mazarin dont les vues furent moins
étendues , la négligea. Il étoit réſervé
au généreux Duquesne de la réparer
par fon défintéreſſement.
Vrai citoyen , il penfe que fon patrimoine
eft celui de l'Etat. Général vertueux
, la gloire de le fervir eft l'unique
récompenfe qu'il ambitionne. Il arme à
fes frais plufieurs vaiffeaux. Il vole au
fecours de l'Armée Royale , qui tenoit
96 MERCURE DE FRANCE.
bloquée la ville de Bourdeaux . Il eft
rencontré par une Efcadre,Angloife. On
veut lui faire baiffer pavillon : c'est ici
que l'orgueil peut être une vertu dans
les Héros. Son courage dicte fon refus.
Le combat s'engage, & il y eft dangereufement
bleffé. Il fe retire glorieufement ,
quoiqu'avec des forces inégales. Obligé
de s'arrêter à Breft pour faire radouber
fes vaiffeaux , il revole à Bourdeaux
fans attendre l'entière guérifon de fes
bleffures . La Flotte Efpagnole arrive
en même temps que lui dans la rivière :
elle s'oppose à fon paffage. La barrière
eft forcée : il entre en préfence des Efpagnols
, & fa belle manoeuvre oblige la
ville de fe rendre.
Anne d'Autriche , Régente du Royaume
, qui n'ignoroit pas que ces fuccès
n'étoient dûs qu'à la valeur & à la générofité
de Duquesne , crut qu'il étoit
de fa gloire de le récompenfer : elle lui
donna le château & l'ifle d'Indred , qui
étoient du Domaine de Sa Majeſté.
Ce n'eft que par les bienfaits qu'on
réuffit à s'attacher les hommes. Le feul
efpoir d'une récompenfe glorieufe peut
produire des Héros. La fage politique
d'un Etat eft de favoir les multiplier par
un appas fi juſte & fi raiſonnable.
Deux
JANVIER . 1763 . 97
- Deux Provinces envahies par les François
font trembler le Roi Catholique
pour le refte de fes Etats. Naples révoltée
contre fon Souverain ; les Siciliens ,
peuple inconftant , venoient de fe donner
au Duc de Guife , dernier Prince
de cette branche d'une Maifon fi féconde
en hommes illuftres , mais dangereux
.
(9 ) Le Roi d'Espagne eft contraint
par la révolte de Meffine d'implorer le
( q ) En 1676 , l'Efpagne appella les Hollandois
pour défendre la Sicile. Rhuiter fut chargé
de cette expédition. Les François qui réunis aux
Anglois , n'avoient pu battre les flottes de la
Hollande , l'emporterent feuls fur les Hollandois
& les Elpagnols . Le Duc de Vivonne obligé
de refter dans Meffine , pour contenir le Peuple
déja mécontent de les défenfeurs , laiffa donner
cette bataille par Duquesne , Lieutenant- Général
des Armées Navales ; homme auffi fingulier que
Rhuiter, parvenu comme lui au commandement
par fon mérite .
Rhuiter dont la mémoire eft encore dans la
plus grande vénération en Hollande , avoit commencé
par être Valet & Mouffe de Vaiſſeau ; il
n'en fur que plus refpectable. Le Confeil d'Elpagne
lui donna le Titre & les Patentes de Duc ,
dignité frivole pour un Républicain. Ces Patentes
n'arriverent qu'après la mort . Les enfans de
Rhuiter refuferent ce Titre fi brigué dans nos
Monarchies , mais qui n'eſt pas préférable au nom
de bon Citoyen ..
I. Vol. E
98 MERCURE
DE FRANCE .
fecours des Hollandois fes anciens ennemis.
Rhuiter , le fameux Rhuiter , un
des plus grands hommes de fon fiécle
à la tête d'une Efcadre de vingt-trois
vaiffeaux , joint l'Efcadre Efpagnole ,
compofée de vingt.
C'est contre ces forces formidables
que Duquesne devenu Lieutenant Général
des Armés Navales, va combattre.
C'est ici que l'éloge de mon Héros
va devenir plus intéreffant ; c'eft ici
que l'étendue de fon génie , fon activité
, fa valeur vont paroître dans tout
leur jour ; c'eft contre Rhuiter enfin
contre le Capitaine de fon fiécle qui jouiffoit
de la plus haute réputation , que l'Europe
étonnée admire fa fupériorité .
Toulon le voit partir à la tête de 20
vaiffeaux, efcortant un grand convoi de
munitions pour Meffine. Un pareil
nombre de vaiffeaux s'offre à fa rencontre
à la vue de Stromboli ; c'eft
Rhuiter qui les commande. Duquesne
attaque , Rhuiter plie. Preuilli , qui
commande l'avant- garde , charge celle
des Hollandois , la met en défordre , &
Duquefne fait entrer fon convoi dans
Meffine .
Les Flottes combinées d'Efpagne &
de Hollande font voile vers Agofta
JANVIER . 1763 . 99
dans l'efpérance qu'il s'y feroit quelques
mouvemens en leur faveur. L'Efcadre
Françoife fort du Port de Meffine pour les
combattre. Duquefne découvre les ennemis
à travers le Golfe de Catane. Les
Efpagnols & les Hollandois viennent à
lui avec l'avantage du vent ; avantage
qui décide prèfque toujours des combats
de Mer. Rhuiter fond fur la Flotte Françoife
; il eft repouffé avec perte & attaqué
lui-même. C'est là que nos deux
Généraux mettent en ufage tout ce que
la valeur & la prudence , tout ce que
la fupériorité du génie & la préfence
d'efprit peuvent fuggérer aux grands
Hommes. On les voit attentifs à profiter
de leurs avantages , ou à réparer
leurs pertes , donner des ordres à propos
& avec intelligence, fe porter aux endroits
où leur préfence eft néceſſaire :
nul danger ne les étonne : Ruither &
Duquefne fe multiplient ; on les voit
fur tous les vaiffeaux diriger la manouvre
, animer les foldats par leur exemple ,
voler au fecours des foibles & encourager
les forts. Les Galères d'Efpagne
dégagent quatre de leurs vaiffeaux qui
étoient fur le point d'être pris. Rhuiter
dans la chaleur de l'action , reçoit le
coup de la mort ; il tombe ; & LOUIS
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
LE GRA ND en eft affligé. En vain des
Courtisans lui difent qu'il eft défait d'un
Ennemi redoutable : rien , dit - il , ne
peut empêcher d'être fenfible à la mort
d'un grand Homme.
Je dois ajouter à la gloire de mon
Héros le témoignage authentique que
lui rendit Rhuiter dans les différentes
actions qu'il eut à foutenir contre les
François il difoit franchement qu'il
ne craignoit que Duquefne. Les grands
Hommes fe rendent juftice : la jaloufie ,
vice des âmes baffes , ne peut offufquer
leur raifon , ni corrompre leur coeur.
Durquefne toujours infatiguable, pourfuit
les deux Flottes , les attaque pour
la troifiéme fois , & aucun vaiffeau ne
ne lui eût échappé , fi les ombres de
la nuit & le Port de Syracufe ne les
euffent mis à couvert.
LOUIS ( r) donne la paix à l'Europe;
(* ) Le Roi d'Angleterre ayant commencé la
guerre pour l'intérêt de la France , étoit fur le
point de fe liguer avec le Prince d'Orange qui
venoit d'époufer fa niéce . Louis XIV. donna la
paix à l'Europe . Les Ennemis licentierent leurs
troupes extraordinaires ; il garda les fiennes ,
fis en quelque forte de la paix un temps de conquêtes.
Depuis Charlemagne on n'avoit vu aucun
Prince agir ainfi en' Maître , en Juge des Souve-
#ains , & conquérir des Pays par des Arrêts. La
&
"
JANVIER. 1763 . ΙΟΥ
il en préfcrit lui - même les conditions
en Vainqueur. Pour affurer le repos de
fes Peuples , & contenir fes Ennemis
dans le refpe &t & la crainte , ce Monarque
porte fa Marine au- delà des efpérances
de la France , & de l'Europe
étonnée . Soixante mille matelots font à
fa folde ; & des Loix auffi fages que
févères préfcrivent à ces hommes groffiers
les régles de leurs devoirs . Des
fommes immenfes font employées à
conftruire le Port de Toulon fur la
Méditérannée , celui de Breft , de Dunkerque
, du Havre - de - Grace & de Rochefort
fur l'Océan . L'école de la Marine
eft inftituée dans ces différens
Ports. Une foule de jeune nobleſſe vient
s'inftruire auprès des grands Hommes
que le mérite a défignés pour maîtres.
( s ) Le Roi avoit plus de cent vaifpuiffance
formidable de ce Monarque qui s'étendoit
ainfi de tous côtés , & acquéroit pendant la
paix plus que fes prédéceffeurs n'avoient acquis
par la guerre , réveilla les allarmes de l'Europe.
L'Empire , la Hollande , la Suéde même , firent
un traité d'affociation . Les Anglois menacerent.
Les Eſpagnols voulurent la guèrre . Le Prince d'Orange
remua tout pour l'allumer ; mais aucune
de ces Puiſſances n'ofa porter les premiers coups.
(s) En 1681 Duquefne attaqua les Tripolitains ,
& les obligea à conclure une paix très- glorieufe
E iij
102 MERCURE DE FRANCE .
>
feaux de ligne ; ils ne reftoient pas oififs
dans fes Ports. Ses Efcadres fous le
commandement de Duquefne nettoyoient
les Mers infectées par les Corfaires
d'Alger & de Tripoli. Notre Hé
ros à la tête de fix vaiffeaux va jufques
dans le Port de Chio attaquer les Tripolitains
; & le Capitan Bacha ne peut
avec quarante Galéres les mettre à l'abri
des foudres du Général François . Ces
Africains fe foumettent & n'obtiennent
la paix qu'à la prière & par l'entremife
du Grand- Seigneur.
( t ) LOUIS veut fe venger d'Alger.
>
pour la France. Ils rendirent un Vaiffeau François
qu'ils avoient pris , tout le canon , les armes
tout l'équipage , & un très-grand nombre de
Chrétiens qu'ils avoient fait esclaves.
(t ) En 1683 Louis XIV. fe vengea d'Alger
avec le fecours d'un art nouveau , dont la découverte
fut due à cette attention qu'il avoit d'exciter
tous les génies de fon fiécle. Cer art funeſte ,
mais furprenant , eft celui des galiotes a bombes ,
avec lesquelles on peut réduire des villes mariti
mes en cendres. Bernard Renaud , plus connu
fous le nom du Petit Renaud , fut l'auteur de
cette invention . Ce jeune homme , fans avoir jamais
fervi fur les vaiffeaux , étoit cependant par
fon génie un excellent Marin . Colbert , qui déterroit
le mérite dans l'obfcurité , l'avoit fouvent
appellé au Confeil de marine , même en préfence
du Roi. C'étoit par les foins & fur les lu
JANVIER. 1763. 103
Duquesne attaque ces Corfaries , brûle
leurs vaiffeaux , confume une partie de
la Ville par le moyen d'une forte d'artillerie
jufqu'alors inconnue & qui par
la fuite fera un des plus terribles fléaux
de l'humanité. Ce Monarque généreux
dont la grande âme fçavoit toujours
mettre des bornes à ſa vengeance , avoit
mieres de Renaud que l'on fuivoit depuis peu une
méthode plus réguliére & plus facile pour la conftruction
des vailleaux . Il ofa propofer dans le
Confeil de bombarder Alger avec une Flotte. On
n'avoit pas d'idées que des mortiers à bombes
puffent n'être pas polés fur un terrein folide. La
propofition révolta Il éffuya les contradictions &
les railleries que tout inventeur doit attendre ;
mais fa fermeté & cette éloquence qu'ont d'ordinaire
les hommes frappés de leurs inventions
déterminérent le Roi à permettre l'élai de cette
nouveauté . Renaud fit conftruire cinq vaiffeaux
plus petits que les vaiffeaux ordinaires mais plus
forts de bois , fans ponts , avec un faux tillac à
fonds de cale , fur lequel on maçonna des creux ,
où l'on mit les mortiers. Il partit avec cet équipage
fous les ordres de Duquefne , qui étoit chargé
de l'entrepriſe. Ce Général & les Algériens
furent étonnés de l'effet des bombes . Outre deux
vaiffeaux de ces Corfaires qu'il brula , le feu des
bombes confuma une partie de la ville : mais cet
art porté bientôt chez les autres Nations , ne fervit
qu'à multiplier les calamités humaines . La Marine
ainfi perfectionnée en peu d'années , étoir
le fruit des foins du grand Colbert.
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
épargné les Algériens. Ces Corfaires infolens
s'en prévalurent & le contraignirent
de les punir de nouveau. Il fit
bombarder leur Ville pour la feconde
fois l'année fuivante. Le dommage fut
très- confidérable dans cette Capitale.
Les Vaiffeaux & les Galéres furent pris,
brûlés ou coulés à fond ; un grand
nombre de maifons renverfées , des
magafins ruinés. La néeeffité leur fir
demander la paix. LOUIS la leur accorda.
On éxigea pour préliminaires de
rendre fans rançon plus de fix cens Chrétiens
efclaves , & de payer une fomme
d'argent , punition dure & fenfible
pour des Corfaires ! Tunis & Tripoli
firent à leur exemple les mêmes foumiffions
.
(u) Gênes avoit vendu des munitions
( u ) En 1684 , la République de Gênes ayant
refufé de ſe ſoumettre aux ordres de Louis XIV ,
& comptant trop fur le fecours de l'Eſpagne , ſe
vit fur le point d'être détruite de fond en comble
par l'effet des bombes. Elle fut forcée de céder.
Le Roi exigea que le Doge & quatre principaux
Sénateurs vinffent implorer fa clémence
dans fon Palais de Verſailles ; & de peur que
les Génois n'éludaffent la fatisfaction
dérobaffent quelque chofe à fa gloire , il voulut
que le Doge qui viendroit lui demander pardon,
& ne
JANVIER. 1763 . 105
+
de guèrre aux Algériens . Elle conftruifoit
quatre Galéres pour l'Espagne .
Le Monarque François lui défend par
fon Envoyé de les lancer à l'eau , &
la menace d'un châtiment prompt
& rigoureux fi elle refufe de fe foumettre
à fes volontés. Les Génois irrités
de cette entréprife fur leur liberté ,
n'y eurent aucun égard. Duquesne fort
de Toulon à la tête de 14 Vaiffeaux ,
20 Galéres , 10 Galiotes a bombes &
plufieurs Frégates. Il fe préfente devant
Gênes . Les 10 Galiotes y jettent
quatorze mille bombes & réduifent en
cendres une partie de fes Palais. Quatre
mille foldats débarquent , & portent le
fer & le feu dans les fauxbourgs. Le
Génois effrayé craint la ruine totale de
fes Etats. Ces fiers Républicains humiliés
par des progrès fi rapides , députent
fût continué dans fa Principauté , malgré la loi
perpétuelle de Gênes , qui ôte cette dignité à tout
Doge abfent un moment de la Ville . Le Doge
arriva a Verſailles le 22 de Février 1685 , demanda
pardon au Roi . Cegrand Prince , qui dans
toutes les actions de fa viejoignoit la politeffe à la
dignité , traita de Doge & les Senateurs avecautant
de bonté que de fafte. Ses Miniftres leur firent fentir
plus de fierté. Aufli le Doge difoit : Je Roi ôte à
nos coeurs la liberté , mais les Miniftres nous la
rrendent.
Ew
106 MERCURE DE FRANCE.
le Doge avec quatre Sénateurs , pour
aller demander pardon au Roi . Ils fe
rendent à Verfailles. Le Monarque , qui
favoit que la véritable grandeur confifte
particuliérement à oublier les injures ,
paroît fatisfait , les reçoit avec bonté ,
& les traite avec magnificence.
L'hiftoire des temps femble terminer
à ce dernier trait les glorieux exploits de
mon héros. Je finirai fon éloge par l'apologie
de fon coeur , auffi recommandable
par fon défintéreffement
noble & fublime par fes vertus .
> que
J'en appelle au témoignage de l'Afie ,
de l'Afrique & de l'Europe . Quelle foule
de témoins de fa valeur & de fon âme
bienfaifante ! Des Chrétiens arrachés à
l'esclavage viennent dans les tranſports
de la joie la plus pure , pénétrés des fentimens
de la plus vive reconnoiffance
baifer ces mains généreufes qui ont brifé
leurs fers.
O Duquefne ! à quels fentimens délicieux
ton âme ne fe livroit- elle pas ,
en voyant couler ces larmes précieufes
que la grandeur de cette action , que
l'héroïsme de la vertu , que l'amour de
l'humanité & l'admiration font répandre
! Qu'il eft glorieux pour toi de régner
ainfi fur les coeurs & de te les
JANVIER. 1763. 107
attacher par les bienfaits ! On t'offre
des rançons ; ton âme généreufe en
eft offenfée . Toute la récompenfe que
ton grand coeur ambitionne eft le feul
plaifir du bienfait .
(x) Duquefne arrive à la Cour. Son
nom vole de bouche en bouche . Il
perce la foule des Courtifans , il pénétre
jufqu'au Roi . Il lit dans fes yeux
pleins de majefté qu'il a gagné l'eftime
de fon Maître ; & c'eft la feule récompenfe
à laquelle il afpire : mais
LOUIS dont la grande âme ne laiffa
jamais le mérite & les fervices fans récompenfe
, lui donna & à fa poftérité
, comme un monument éternel de fa
bienveillance , la terre Dubouchet qu'il
érigea en Marquifat.
Duquefne en ceffant de combattre ,
n'en fert pas moins la Patrie . Dans une
retraite honorable , il forme des voeux
(x) Le Roi qui honoroit Duquesne d'une eftime
particuliere pour fon mérite , ne pouvant à cauſe
de la religion qu'il profelloit , le récompenfer
avec tout l'éclat qu'il auroit fouhaité , n'a pas
laiffé de lui donner & à fa poftérité une marque
de fa bienveillance , en lui faifant don de la Tèrre
Du bouchet , qui eft une des plus belles du Royaume
, fituée auprès d'Etampes. Il l'érigea en Marquifat
, lui ôta fon premier nom , & lui donna
celui de Duquefae.
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
pour fon Prince , & pour l'Etat. Adoré
de fa Famille , il inftruit fes enfans &
leur apprend à marcher fur fes traces.
Témoin de leur valeur & de l'éclat de
leurs exploits , il fe voit convaincu que
fon fang illuftre ne pouvoit dégénérer.
Quels motifs de confolation pour ce
refpectable Guerrier dans un âge où
les infirmités fe multiplient , où la fenfibilité
augmente , où les organes d'un
corps épuifé s'affaiffent & fe détruifent.
Il attend la mort avec affurance ; il envifage
avec fermeté le terme de fa carrière.
(y ) Duquesne meurt enfin ; il meurt
( yCe grand homme qui étoit né Calvinifte ,
mourut dans la même créance , à Paris , le 2 Février
1688 , après avoir vêcu 78 ans avec une
vigueur & une fanté extraordinaire . Son coeur
fut porté dans le Temple de la Ville d'Aubonne ,
dans le canton de Berne en Suiffe , où fon fils aîné
Henri Duquesne , Baron du lieu , lui fit placer
une épitaphe. Il avoit époufé Gabrielle de Bernière
, dont il a laiffé quatre fils.
Henri , l'aîné de fes enfans , formé aux armes
dès fa plus tendre jeuneffe , s'y est toujours diftingué.
Conftamment attaché à la Religion Proteftante
, il fe retira dans une Tèrre qu'il avoit
acquife en Suiffe , avec la permiffion du Roi. Il
mourut à Genève le 11 Novembre 1722 , âgé de
près de 71 ans , eftimé , aimé & regretté de tous
ceux qui le connoilloient.
JANVIER. 1763 . rog
•
en héros il emporte dans le tombeau
les pleurs de fa famille , les juftes regrets
de la France , & l'eftime de l'Europe
entiere .
DAGUES DE CLAIRFONTAINE.
Le fecond, Abraham , Capitaine de Vaiffeau ,
fe fignala auffi en plufieurs occafions importantes
. En 1683 , il prit & emmena à Toulon le
Prince de Montefarchio , Général de l'Armée Efpagnole
, & en 1684 dans la defcente de Gênes ,
il foutint le bataillon qu'il y commandoit avec
beaucoup de valeur.
Le troifiéme , Ifaac , & le quatrième , Jacob ,
furent des Officiers très recommandables par
leur mérite & leur courage.
Duquesne avoit auffi plufieurs frères , qui font
tous morts dans le Service. L'un d'eux , Capitaine
de Vaiffeau , fut tué d'un coup de canon. Il
laiffa un fils , Duquefne Monier , qui après s'être
Egnalé en diverses occafions , & avoir eu un bras
emporté , fut fait Chef d'Eſcadre en 1705.
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Résumé : ESSAI historique sur ABRAHAM DUQUESNE, Lieutenant Général des Armées Navales de France. Non ille pro patriâ timidus perire. Horat.
Abraham Duquesne, lieutenant général des armées navales de France, incarne l'importance de la profession des armes pour la gloire de la patrie. Né en Normandie en 1610 dans une famille noble, il suivit les traces de son père, également nommé Abraham Duquesne, pilote et capitaine de vaisseau. Duquesne se distingua rapidement par son zèle et sa dévotion pour la marine, acquérant des compétences qui le marquèrent. Au cours de sa carrière, Duquesne participa à de nombreuses campagnes maritimes, notamment pendant la guerre contre l'Espagne. Il joua un rôle crucial dans plusieurs batailles, comme l'attaque des îles de Sainte-Marguerite, la défaite des Espagnols devant Gattary, et les combats à Tarragone, Barcelone, et Perpignan. Son courage et son habileté furent reconnus à travers divers exploits, où il fut souvent blessé mais continua toujours à se battre pour la patrie. En 1644, Duquesne servit en Suède et fut nommé Vice-Amiral, participant à une bataille où les Danois furent vaincus. Il aborda le vaisseau amiral danois et tua le général ennemi. En 1647, il fut rappelé en France et commanda des escadres lors de l'expédition de Naples. En 1674, les magistrats de Messine appelèrent la France à leur secours, bloqués par une flotte espagnole. Duquesne força le passage et livra des vivres et des armes à Messine. En 1676, il combattit et vainquit les flottes combinées de l'Espagne et des Pays-Bas commandées par l'amiral Rhuiter. Duquesne força le passage de Messine et remporta plusieurs victoires navales. Louis XIV, impressionné par ses succès, renforça la marine française, construisant des ports et instituant des écoles de marine. Duquesne fut récompensé pour ses services, recevant le château et l'île d'Indret. En 1681, il attaqua les Tripolitains et les força à conclure une paix glorieuse. Il nettoya également les mers des corsaires d'Alger et de Tripoli, libérant des esclaves chrétiens. En 1683, Louis XIV se venger des Algériens en utilisant des galiotes à bombes, une invention de Bernard Renaud. Cette attaque détruisit une partie de la ville d'Alger et força les Algériens à demander la paix, libérant des esclaves et payant une somme d'argent. Tunis et Tripoli suivirent cet exemple. En 1684, la République de Gênes, ayant refusé de se soumettre à Louis XIV, fut bombardée et contrainte de céder. Le Doge et quatre Sénateurs se rendirent à Versailles pour implorer la clémence du roi. Duquesne reçut des honneurs pour ses services, notamment la terre de Du Bouchet érigée en marquisat. Il mourut à Paris le 2 février 1688, à l'âge de 78 ans. Ses fils, notamment Henri, se distinguèrent également dans le service militaire et diplomatique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 180-181
SUITE de l'Article de WARSOVIE.
Début :
Loin donc que Sa Majesté Impériale veuille usurper les droits de la République [...]
Mots clefs :
Majesté impériale, République, Pologne, Duc, Assemblée, Noblesse, Régence, Honneur, Universaux, Souverain, Lettres, Conseil
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de l'Article de WARSOVIE.
SUITE de l'Article de WARSOVIE.
„ Loin donc que Sa Majefté Impériale veuille
> ufurper les droits de la République , Elle avoue
» hautement la Suzeraineté de la République de
Pologne fur lefdits Duchés , & elle ne le pro-
» pole pas moins de les maintenir conftamment
» dans leurs dépendances féodales avec la République.
Elle ne reconnoît & ne reconnoîtra
» jamais pour Duc légitime des Duchés de Cour-
>>lande & de Semigalle que le Duc Erneſt -Jean ,
>> invefti légalement du confentement de toute la
République.
כ כ
02
Par- là Sa Majefté Impériale remplit ce qu'exigent
la juftice & le droit du voisinage , & ne
> fait que fuivre les conftitutions & les loix de la
République , à l'exemple de toutes les Puiffances
» de l'Europe qui , en vertu de fes conftitutions ,
» ont reconnu Erneft - Jean , Duc légitime de
Courlande.
Le Duc de Biren, par desUniverfaux datés de Mittau,
oùila fait un voyage leiode ce mois ,a fixé leroe
du mois prochain pour l'affemblée qu'il annonce ,
& en preffant la Régence & la Nobleffe dontelle
fera compofée , de lui rendre hommage
il s'étend fur les fervices que lui rend l'Impératrice
Catherine , en le rétabliffant dans fon
honneur & dans fes biens , fans dire un mot
AVRIL. 1763.
181
ni du Roi ni de la République de Pologne
enfin il déclare que Samedi prochain 22 de ce
mois , il s'établira à Mittau avec toute fa famille.
Le fieur Simolin', Réfident de Ruffie , a
accompagné les Univerfaux du Duc de Biren
' d'une lettre circulaire , dans laquelle il recommande
de la part de fa Cour à la Nobleffe
Courlandoife de fe foumettre à l'ancien Souverain
rappellé. Il promet à ceux qui le reconnoîtront
aujourd'hui , la protection de l'Impératrice
fa maîtreffe , & menace au contraire de l'indignation
de cette Princeffe ceux qui voudroient lui
réfifter. Le Duc Charles , qui eft toujours à Mitrau
, a cru devoir envoyer ces deux Piéces au Roi
fon père , en lui écrivant , comme à fon Seigneur
Suzerain lui dénoncer ces procédés vio- > pour
lens , dont l'effet achévera de détruire fon établiffement
en Courlande : il réclame toujours la
protection du Roi , celle de la République , & les
ordres de Sa Majefté fur la conduite qu'il doit
tenir.
Sa Majesté Polonoiſe a répondu à ce Prince
que , ne pouvant lui rien préfcrire fans l'avis du
Sénat , elle a fait expédier fes Lettres néceffaires
pour le convoquer , & que le réfultat des délibérations
de cette Affemblée fixera le parti qu'il
aura à prendre. On compte que ce Confeil aura
lieu vers la fin du mois . prochain .
„ Loin donc que Sa Majefté Impériale veuille
> ufurper les droits de la République , Elle avoue
» hautement la Suzeraineté de la République de
Pologne fur lefdits Duchés , & elle ne le pro-
» pole pas moins de les maintenir conftamment
» dans leurs dépendances féodales avec la République.
Elle ne reconnoît & ne reconnoîtra
» jamais pour Duc légitime des Duchés de Cour-
>>lande & de Semigalle que le Duc Erneſt -Jean ,
>> invefti légalement du confentement de toute la
République.
כ כ
02
Par- là Sa Majefté Impériale remplit ce qu'exigent
la juftice & le droit du voisinage , & ne
> fait que fuivre les conftitutions & les loix de la
République , à l'exemple de toutes les Puiffances
» de l'Europe qui , en vertu de fes conftitutions ,
» ont reconnu Erneft - Jean , Duc légitime de
Courlande.
Le Duc de Biren, par desUniverfaux datés de Mittau,
oùila fait un voyage leiode ce mois ,a fixé leroe
du mois prochain pour l'affemblée qu'il annonce ,
& en preffant la Régence & la Nobleffe dontelle
fera compofée , de lui rendre hommage
il s'étend fur les fervices que lui rend l'Impératrice
Catherine , en le rétabliffant dans fon
honneur & dans fes biens , fans dire un mot
AVRIL. 1763.
181
ni du Roi ni de la République de Pologne
enfin il déclare que Samedi prochain 22 de ce
mois , il s'établira à Mittau avec toute fa famille.
Le fieur Simolin', Réfident de Ruffie , a
accompagné les Univerfaux du Duc de Biren
' d'une lettre circulaire , dans laquelle il recommande
de la part de fa Cour à la Nobleffe
Courlandoife de fe foumettre à l'ancien Souverain
rappellé. Il promet à ceux qui le reconnoîtront
aujourd'hui , la protection de l'Impératrice
fa maîtreffe , & menace au contraire de l'indignation
de cette Princeffe ceux qui voudroient lui
réfifter. Le Duc Charles , qui eft toujours à Mitrau
, a cru devoir envoyer ces deux Piéces au Roi
fon père , en lui écrivant , comme à fon Seigneur
Suzerain lui dénoncer ces procédés vio- > pour
lens , dont l'effet achévera de détruire fon établiffement
en Courlande : il réclame toujours la
protection du Roi , celle de la République , & les
ordres de Sa Majefté fur la conduite qu'il doit
tenir.
Sa Majesté Polonoiſe a répondu à ce Prince
que , ne pouvant lui rien préfcrire fans l'avis du
Sénat , elle a fait expédier fes Lettres néceffaires
pour le convoquer , & que le réfultat des délibérations
de cette Affemblée fixera le parti qu'il
aura à prendre. On compte que ce Confeil aura
lieu vers la fin du mois . prochain .
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Résumé : SUITE de l'Article de WARSOVIE.
Le texte aborde les relations entre l'Empire et la République de Pologne concernant les duchés de Courlande et de Semigalle. L'empereur reconnaît la suzeraineté de la République sur ces duchés et Ernest-Jean comme duc légitime, conformément aux constitutions et lois de la République ainsi qu'aux reconnaissances des autres puissances européennes. Le duc de Biren convoque une assemblée pour prêter hommage, mettant en avant les services de l'impératrice Catherine sans mentionner le roi ou la République de Pologne. Il annonce également son installation à Mittau avec sa famille. Le résident russe, Simolin, envoie une lettre circulaire exhortant la noblesse courlandaise à se soumettre à Biren, promettant la protection de l'impératrice et menaçant les résistants. Le duc Charles informe le roi de Pologne de ces procédés violents et réclame protection. Le roi convoque le Sénat pour délibérer et prendre une décision à la fin du mois prochain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 207-209
« Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Début :
Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...]
Mots clefs :
Duc de Biren, Magistrat, Garde, Magistrats, Exécution militaire, Régence, Couronne, Troupes russes, Artillerie, Attaque, Lituanie, Noblesse, Armée, Assemblée
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texteReconnaissance textuelle : « Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Le Duc de Biren eſt arrivé avec . La famille
""
20
208 MERCURE DE FRANCE.
•
•
à Mittau , & y a fait fon entrée folemnelle k
22 du mois dernier . Le Magiſtrat & les Gardes
de la Bourgeoifie , qui ont d'abord refuſé de
prêter fement de fidélité au nouveau Duc , y
'ont été contraints par des éxécutions militaires.
Le fieur Simolin a même fait menacer les Magiftrats
de les faire enlever. La nuit avant cette
entrée folemnelle , on avoit enlevé de l'arc de
triomphe érigé en 1759 pour l'hommage rendu
au Prince Charles comme Duc de Courlande ,
la Couronne Royale & Ducale de ce Prince , fes
armes & celles de la Couronne de Pologne ,
ainfi que les infcriptions qui avoient été gra
vées fur ce monument. Les Membres de la Régence
Ducale ont été fommés par un Officier
Ruffe envoyé par le fieur Simolin de reconnoître
& de fervir le Duc de Biren comme légitime Duc
de Courlande ; mais ils ont répondu qu'ils ne
pouvoient le faire ; fans manquet à la fidélité
qu'ils doivent au Roi & à la République comme
Seigneurs Suzerains de ces Duchés , & au double
ferment de Vaffaux & de Serviteurs qu'ils ont
prêté au Prince Charles leur légitime Duc. Le
Dimanche fuivant , les troupes Ruffes ont forcé
la porte de la Tribune Ducale dans la principale
Eglife Luthérienne de Mittau. Le Duc de Biren
s'y est rendu ; & le Sur-Intendant Luthérien a
été forcé de le haranguer en qualité de Souverain
du pays , & d'entonner le Te Deum , qui
a été chanté au bruit d'une décharge de l'artillerie
Ruffe. La Bourgeoisie a été forcée de nouveau
à illuminer fes maifons le foir. Mais tour cet appareil
& ces actes de violence n'ont pu ébranler
la fermeté du Prince Charles , qui perfifte à refter
dans fon Palais jufqu'à la dernière extrémité.
AVRIL. 1763. 209
Du 17 Février..
Des nouvelles de Lithuanie nous apprennent
que le fieur Zabielo , Grand Veneur de ce Duché
, préfidant à la Diétine qui s'eft affemblée le
de ce mois à Kowno pour l'élection des Députés
au Tribunal annuel de Lithuanie , a haran-.
gué la Nobleffe de ce diftrict , & lui a expoſé d'une
manière G pathétique fes droits & la fituation du.
Duc Charles , qu'il a déterminé tous les Gentilshommes
de ce canton , au nombre de près de
cinq cens , à marcher avec leur fuité à Mittau ,
qui n'eft qu'à deux petites journées de Kowno ,
pour y foutenir la caufe du fils de leur Roi , y
défendre fa perfonne , & fe joindre à la partie
de la Nobleffe Courlandoiſe qui lui eſt reſtée fidelle.
Toute cette troupe s'eft mife en marche le 8 ,
accompagnée de quelques Dragons de l'armée de
Lithuanie , & elle a du être rendue le lendemain
à Mittau. On ignore encore quel effet cet événement
aura produit parmi les Partifans du Duc
de Biren , & ce qui s'eft paffé dans l'affemblée
de la Nobleife qu'il avoit indiquée pour le ro..
""
20
208 MERCURE DE FRANCE.
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à Mittau , & y a fait fon entrée folemnelle k
22 du mois dernier . Le Magiſtrat & les Gardes
de la Bourgeoifie , qui ont d'abord refuſé de
prêter fement de fidélité au nouveau Duc , y
'ont été contraints par des éxécutions militaires.
Le fieur Simolin a même fait menacer les Magiftrats
de les faire enlever. La nuit avant cette
entrée folemnelle , on avoit enlevé de l'arc de
triomphe érigé en 1759 pour l'hommage rendu
au Prince Charles comme Duc de Courlande ,
la Couronne Royale & Ducale de ce Prince , fes
armes & celles de la Couronne de Pologne ,
ainfi que les infcriptions qui avoient été gra
vées fur ce monument. Les Membres de la Régence
Ducale ont été fommés par un Officier
Ruffe envoyé par le fieur Simolin de reconnoître
& de fervir le Duc de Biren comme légitime Duc
de Courlande ; mais ils ont répondu qu'ils ne
pouvoient le faire ; fans manquet à la fidélité
qu'ils doivent au Roi & à la République comme
Seigneurs Suzerains de ces Duchés , & au double
ferment de Vaffaux & de Serviteurs qu'ils ont
prêté au Prince Charles leur légitime Duc. Le
Dimanche fuivant , les troupes Ruffes ont forcé
la porte de la Tribune Ducale dans la principale
Eglife Luthérienne de Mittau. Le Duc de Biren
s'y est rendu ; & le Sur-Intendant Luthérien a
été forcé de le haranguer en qualité de Souverain
du pays , & d'entonner le Te Deum , qui
a été chanté au bruit d'une décharge de l'artillerie
Ruffe. La Bourgeoisie a été forcée de nouveau
à illuminer fes maifons le foir. Mais tour cet appareil
& ces actes de violence n'ont pu ébranler
la fermeté du Prince Charles , qui perfifte à refter
dans fon Palais jufqu'à la dernière extrémité.
AVRIL. 1763. 209
Du 17 Février..
Des nouvelles de Lithuanie nous apprennent
que le fieur Zabielo , Grand Veneur de ce Duché
, préfidant à la Diétine qui s'eft affemblée le
de ce mois à Kowno pour l'élection des Députés
au Tribunal annuel de Lithuanie , a haran-.
gué la Nobleffe de ce diftrict , & lui a expoſé d'une
manière G pathétique fes droits & la fituation du.
Duc Charles , qu'il a déterminé tous les Gentilshommes
de ce canton , au nombre de près de
cinq cens , à marcher avec leur fuité à Mittau ,
qui n'eft qu'à deux petites journées de Kowno ,
pour y foutenir la caufe du fils de leur Roi , y
défendre fa perfonne , & fe joindre à la partie
de la Nobleffe Courlandoiſe qui lui eſt reſtée fidelle.
Toute cette troupe s'eft mife en marche le 8 ,
accompagnée de quelques Dragons de l'armée de
Lithuanie , & elle a du être rendue le lendemain
à Mittau. On ignore encore quel effet cet événement
aura produit parmi les Partifans du Duc
de Biren , & ce qui s'eft paffé dans l'affemblée
de la Nobleife qu'il avoit indiquée pour le ro..
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Résumé : « Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Le Duc de Biren a fait une entrée solennelle à Mittau le 22 du mois dernier. Initialement, le magistrat et les gardes bourgeois avaient refusé de prêter serment de fidélité au nouveau duc, mais ils y ont été contraints par des exécutions militaires. La nuit précédant cette entrée, des éléments symboliques, tels que la couronne royale et ducale du Prince Charles, ont été enlevés d'un arc de triomphe. Les membres de la régence ducale ont refusé de reconnaître le Duc de Biren comme légitime duc de Courlande, invoquant leur fidélité au Roi et à la République. Les troupes russes ont forcé l'accès à la tribune ducale dans la principale église luthérienne de Mittau, où le Duc de Biren a été acclamé par le sur-intendant luthérien. Malgré ces actes de violence, le Prince Charles persiste à rester dans son palais. En Lituanie, le sieur Zabielo, Grand Veneur, a harangué la noblesse lors d'une diétine à Kowno, les incitant à soutenir le Duc Charles. Près de cinq cents gentilshommes se sont mis en marche vers Mittau pour défendre le Duc Charles, accompagnés de quelques dragons de l'armée de Lituanie.
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40
p. 209-212
COPIE d'un Mémoire justificatif en faveur du Duc de Biren, & envoyé de Mittau le 16 Janvier 1763.
Début :
La Diete de Grodno de 1726, en déclaran nulle l'Election prématurée du Comte [...]
Mots clefs :
Diète, Élection, Comte de Saxe, Famille, Disposition, Noblesse, Pacification, Prince, Régent, Gouvernement, Senatus Consilium
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COPIE d'un Mémoire justificatif en faveur du Duc de Biren, & envoyé de Mittau le 16 Janvier 1763.
COPIE d'un Mémoire juftificatif en faveur dù
Duc de Biren , & envoyé de Mittau le 16 Janvier
1763.
➡ La Diete de Grodno de 1726 , en déclaran *
» nulle l'Election prématurée du Comte de Saxe ,
» ordonna qu'après l'extinction de la famille de
Kettler les Duchés de Courlande & de Semigalle
feroient incorporés à la Pologne & par-
» tagés èn Palatinats.
"
ל כ
DA
Cette difpofition n'ayant convenu ni aux
voifins ni à la Nobleffe de Courlande , on
trouva moyen de l'annuller par la Diete de
210 MERCURE DE FRANCE.
33
pacification de l'an 1736 ; celle- ci ftatua qu'a
près le décès du dernier mâle de la famille
→ Ducale de Kettler , le Roi donneroit l'inveſti-
» ture des deux Duchés à un autre & à fes def-
» cendans mâles.
os en 1737 ,
Ferdinand , le dernier de Kettler , étant mort
la Nobleffe de Courlande choisit
» pour Duc , à la recommandation de l'Impé-
» ratrice Anne , le Comte Jean- Erneft de Biren ;
» le Roi , en vertu de la fufdite conftitution de
» 1736 , donna effectivement en 1739 l'inveſti-
» ture au nouveau Duc , tant pour lui que pour
» fes defcendans mâles , avec toutes les folem
nités requifes.
» L'année ſuivante , 1740 , ce Prince qui avoit
eté Régent en Ruffie , fur , en cette qualité ,
» arrêté & éxilé avec fa famille ; & l'on mit un fequeftre
fur les revenus de la Courlande , afin
» de recouvrer les fommes qu'il y avoit fait
"paffer de Ruffie.
» Les chofes reſterent en cet état , même après
le changement qui fe fir dans le Gouvernement
» de Ruffie en 1741 , par lavénement de l'Im
pératrice Elifabeth au Trône..
Le Roi & le Sénat de Pologne ayant fait
de fréquentes inftances pour faire rendre au
» Duc Jean-Erneft la liberté & la jouillance de
soles Duchés , l'Impératrice fit constamment en-
» tendre que des raisons d'Etat , dont Elle n'a
jamais jugé à propos d'énoncer le détail , ne
lelgi permettoient pas.
» Enfin , le Prince Charles de Pologne & de
» Saxe , étant venu en 1758 à Petersbourg pour
faire fa cour à l'Impératrice avant que de fe
» rendre à l'armée Ruffe , où il alloit fervir en
qualité de Volontaire , fçut intéreffer au fort de
အ
AVRIL. 1763 . 217
"
""
""
fa famille cette Princeffe , qui l'affura qu'Elle
feroit fort aife de le voir établi Duc de Courlande
. Afin de réaliſer cette promeffe , & d'en
accéléret l'effet , Sa Majefté Impériale chargea
fes Miniftres à Mittau & à Warfovie d'y déclarer
que des raifons d'Etat ne lui permettroient
jamais de remettre en liberté le Duc
,, Jean- Erneft & fes fils , mais qu'Elle verroit
avec plaifir le Prince Charles établi à ſa place ,
,, en cas que les loix le permiffent.
""
>
""
"
"3 En conféquence , le Roi de Pologne , flatté
,, de pouvoir procurer cet établiſſement à fon
fils , prit le parti d'affembler un Senatûs Con-
,,filium : d'y faire décider la vacance du Duché
de Courlande , de nommer le Prince Charles
» pour en remplir le Trône , & de lui confier
même l'inveftiture au commencement de l'an
>> 1759.
"2
""
"3
ود
Mais il eft à remarquer que la réſolution ·
du Senatûs Confilium ne fut point approuvée
» unanimement , & que dès-lors plufieurs des
>> Miniftres & Sénateurs les plus éclairés , tels
» que font les Princes Czartoriski , prouverent
que le Roi avec le Sénat n'avoit pas l'autorité
requife pour décider cette affaire , puifqu'elle
étoit uniquement du reffort de la Diéte ; que
» celle de 1736 n'avoit donné au Roi le pou-
» voir de nommer un Duc de Courlande que
» pour une feule fois , puifqu'elle avoit nommé-
» ment ftatué qu'après la mort du dernier
» Kettler , le Roi conféreroit le Duché à un autre
& à fes defcendans mâles exclufivement ,
ce qui avoit été légitimement éxécuté par l'inveftiture
folemnelle donnée au Duc Jean- Er
,, neft en 1739 ; & qu'ainfi ils protestoient con-
,, tre le réſultat du Sénat.
212 MERCURE DE FRANCE.
29
29
"" Cette difpofition du Roi & dù Sénat ren-
,, contra auffi dès les commencemens quelques
» oppofitions parmi les Nobles de Courlande ;
& le Prince Charles , en violant depuis , les
Pactes conclus avec les Etats par fon Plénipotentiaire
, ainfi que les loix & les priviléges
du Pays , n'a fait qu'accroître chaque
,, jour le nombre des oppofitions , de forte
,, que pluffeurs Diocèles entiers n'ont jamais
voulu le reconnoître & lui rendre hommage.
""
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
Duc de Biren , & envoyé de Mittau le 16 Janvier
1763.
➡ La Diete de Grodno de 1726 , en déclaran *
» nulle l'Election prématurée du Comte de Saxe ,
» ordonna qu'après l'extinction de la famille de
Kettler les Duchés de Courlande & de Semigalle
feroient incorporés à la Pologne & par-
» tagés èn Palatinats.
"
ל כ
DA
Cette difpofition n'ayant convenu ni aux
voifins ni à la Nobleffe de Courlande , on
trouva moyen de l'annuller par la Diete de
210 MERCURE DE FRANCE.
33
pacification de l'an 1736 ; celle- ci ftatua qu'a
près le décès du dernier mâle de la famille
→ Ducale de Kettler , le Roi donneroit l'inveſti-
» ture des deux Duchés à un autre & à fes def-
» cendans mâles.
os en 1737 ,
Ferdinand , le dernier de Kettler , étant mort
la Nobleffe de Courlande choisit
» pour Duc , à la recommandation de l'Impé-
» ratrice Anne , le Comte Jean- Erneft de Biren ;
» le Roi , en vertu de la fufdite conftitution de
» 1736 , donna effectivement en 1739 l'inveſti-
» ture au nouveau Duc , tant pour lui que pour
» fes defcendans mâles , avec toutes les folem
nités requifes.
» L'année ſuivante , 1740 , ce Prince qui avoit
eté Régent en Ruffie , fur , en cette qualité ,
» arrêté & éxilé avec fa famille ; & l'on mit un fequeftre
fur les revenus de la Courlande , afin
» de recouvrer les fommes qu'il y avoit fait
"paffer de Ruffie.
» Les chofes reſterent en cet état , même après
le changement qui fe fir dans le Gouvernement
» de Ruffie en 1741 , par lavénement de l'Im
pératrice Elifabeth au Trône..
Le Roi & le Sénat de Pologne ayant fait
de fréquentes inftances pour faire rendre au
» Duc Jean-Erneft la liberté & la jouillance de
soles Duchés , l'Impératrice fit constamment en-
» tendre que des raisons d'Etat , dont Elle n'a
jamais jugé à propos d'énoncer le détail , ne
lelgi permettoient pas.
» Enfin , le Prince Charles de Pologne & de
» Saxe , étant venu en 1758 à Petersbourg pour
faire fa cour à l'Impératrice avant que de fe
» rendre à l'armée Ruffe , où il alloit fervir en
qualité de Volontaire , fçut intéreffer au fort de
အ
AVRIL. 1763 . 217
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fa famille cette Princeffe , qui l'affura qu'Elle
feroit fort aife de le voir établi Duc de Courlande
. Afin de réaliſer cette promeffe , & d'en
accéléret l'effet , Sa Majefté Impériale chargea
fes Miniftres à Mittau & à Warfovie d'y déclarer
que des raifons d'Etat ne lui permettroient
jamais de remettre en liberté le Duc
,, Jean- Erneft & fes fils , mais qu'Elle verroit
avec plaifir le Prince Charles établi à ſa place ,
,, en cas que les loix le permiffent.
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"3 En conféquence , le Roi de Pologne , flatté
,, de pouvoir procurer cet établiſſement à fon
fils , prit le parti d'affembler un Senatûs Con-
,,filium : d'y faire décider la vacance du Duché
de Courlande , de nommer le Prince Charles
» pour en remplir le Trône , & de lui confier
même l'inveftiture au commencement de l'an
>> 1759.
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ود
Mais il eft à remarquer que la réſolution ·
du Senatûs Confilium ne fut point approuvée
» unanimement , & que dès-lors plufieurs des
>> Miniftres & Sénateurs les plus éclairés , tels
» que font les Princes Czartoriski , prouverent
que le Roi avec le Sénat n'avoit pas l'autorité
requife pour décider cette affaire , puifqu'elle
étoit uniquement du reffort de la Diéte ; que
» celle de 1736 n'avoit donné au Roi le pou-
» voir de nommer un Duc de Courlande que
» pour une feule fois , puifqu'elle avoit nommé-
» ment ftatué qu'après la mort du dernier
» Kettler , le Roi conféreroit le Duché à un autre
& à fes defcendans mâles exclufivement ,
ce qui avoit été légitimement éxécuté par l'inveftiture
folemnelle donnée au Duc Jean- Er
,, neft en 1739 ; & qu'ainfi ils protestoient con-
,, tre le réſultat du Sénat.
212 MERCURE DE FRANCE.
29
29
"" Cette difpofition du Roi & dù Sénat ren-
,, contra auffi dès les commencemens quelques
» oppofitions parmi les Nobles de Courlande ;
& le Prince Charles , en violant depuis , les
Pactes conclus avec les Etats par fon Plénipotentiaire
, ainfi que les loix & les priviléges
du Pays , n'a fait qu'accroître chaque
,, jour le nombre des oppofitions , de forte
,, que pluffeurs Diocèles entiers n'ont jamais
voulu le reconnoître & lui rendre hommage.
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La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
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Résumé : COPIE d'un Mémoire justificatif en faveur du Duc de Biren, & envoyé de Mittau le 16 Janvier 1763.
Le document est un mémoire justificatif en faveur du Duc de Biren, daté du 16 janvier 1763, concernant la succession des Duchés de Courlande et de Semigalle. La Diète de Grodno de 1726 avait déclaré nulle l'élection prématurée du Comte de Saxe et décidé que, après l'extinction de la famille Kettler, ces duchés seraient incorporés à la Pologne et partagés en palatinats. Cette décision fut annulée par la Diète de pacification de 1736, qui stipula que le roi donnerait l'investiture des duchés à un autre et à ses descendants mâles après le décès du dernier mâle de la famille Kettler. En 1737, à la mort de Ferdinand, le dernier Kettler, la noblesse de Courlande choisit le Comte Jean-Ernest de Biren comme duc, recommandé par l'impératrice Anne. Le roi donna l'investiture à Biren en 1739. Cependant, en 1740, Biren, alors régent en Russie, fut arrêté et exilé, et un séquestre fut mis sur les revenus de la Courlande. Malgré les demandes du roi et du Sénat de Pologne pour libérer Biren, l'impératrice refusa, invoquant des raisons d'État. En 1758, le prince Charles de Pologne et de Saxe reçut la promesse de l'impératrice Élisabeth d'être établi duc de Courlande. Le roi de Pologne assembla un Sénat consultatif pour déclarer la vacance du duché et nommer Charles, mais cette décision ne fut pas approuvée unanimement. Plusieurs ministres et sénateurs, dont les princes Czartoriski, contestèrent cette autorité, affirmant que seule la Diète pouvait décider de cette affaire. La nomination de Charles suscita des oppositions parmi la noblesse de Courlande, et plusieurs diocèses refusèrent de le reconnaître.
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41
p. 194-198
Du 23 Février.
Début :
Le Conseil du Sénat, qui étoit indiqué pour le 28, est différé [...]
Mots clefs :
Sénat, Délibération, Courlande, Noblesse, Roi de Prusse, Déclarations, Reconnaissance, Général, Gouverneur, Prince Charles, Duché, Roi de Pologne, Rescrit, Traduction, Conseillers, État, Fiefs, Révolution, Cour de Russie, Impératrice, Droits, Protection, Mémoires, Respect, Signature de paix
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texteReconnaissance textuelle : Du 23 Février.
Du 23, Février
Le Confeil du Sénat , qui étoit indiqué pour
le 28 , eft différé de huit jours. Les points de
délibération ne font pas encore publiés ; mais
les nouvelles de Courlande font toujours de plusen
plus fâcheufes . Chaque jour eft marqué par
la défection de quelques-uns des principaux Membres
de la Noblefle & de la Régence même ,
lefquels paffent fucceffivement dans le parti du
Dac de Biren. Le feur Benoît , Réſident de Sa
Majeſté Pruffienne , a fait hier une déclaration
formelle au Primat , au Chancelier de la Couronne
, & aux autres Miniftres & Sénateurs ,
portant que le Roi fon Maître , en conféquence
des engagemens qu'il avoit contractés avec la
Ruffie , & en vertu de la reconnoillance qu'il
avoit déja faite autrefois d'Erneft- Jean de Biren
pour Duc de Courlande , n'en reconnoiffoit ni
n'en reconnoîtroit jamais d'autre , le fieur Benoît
a ajouté que Sa Majefté Pruffienne fçachant que ,
fuivant les Loix , un Prince Catholique ne pouvoit
pofféder ce Duché , Elle ne permettroit jamais
qu'il fût occupé par d'autres que par un Prince Proteftant.
On apprend de Mitrau que le 12 Février ,le Général
Comte de Brawn , Gouverneur de Livonie ,
eft venu trouver le Prince Charles de la part de
Impératrice de Ruffie , & lui a déclaré que le
Duc Erneft-Jean de Biren étant rentré de bon
droit en poffeffion de fes Dachés , il n'avoit pas.
MA I. 1763. 195
de meilleur parti à prendre que de fortir de la
Ville & du Pays , pour ne pas altérer par un plus
long féjour l'amitié qui fubfifte entre S. M. I. &
le Roi de Pologne. Le Prince Charles a demandé
au Comte de Brawn de lui donner par écrit ce
qu'il venoit de lui dire , & , fur le refus du Général
Rule , le Prince lui a répondu que , malgré
tout le refpect qu'il devoit aux intentions de l'Impératrice
, il ne pouvoit en qualité de Prince Feudataire
& Fils du Roi de Pologne , fuivre d'autres
ordres que ceux qui lui viendroient de cette part.
Le Roi de Pologne a adreffé à la Régence & à
la Nobleffe de Courlande un refcrit en latin ,
pour tâcher de déterminer cette Nobleffe à s'oppofer
à tout ce qui pourroit le faire de contraire
aux droits du Roi , de la République de Pologne ,
& du Prince Charles , au moins jufqu'à ce que
le Sénat ait pris une réfolution fur ce fujet . Voici
la traduction de ce refcrit.
f
" AUGUSTE III , & c , & c.
33
Aux Nobles Confeillers Suprêmes & autres ,
Baillifs & Capitaines , & à tout l'Ordre
Equeftre des Duchés de Courlande & de
Semigalle, nos amés & féaux , que Nous
affurons de notre faveur Royale,
53
גנ
» NOBLES AMÉS ET FÉAUX .
• Le refcrit que Nous vous avons adreſſé
le 13 du mois de Juillet dernier , vous a déja
fait connoître quels étoient nos fentimens
l'égard des infinuations qui vous ont été
faites au mois de Juin précédent par le Con-
» feiller d'Etat de Ruffie Simolin , relativesment
aux Duchés de Courlande & de Semiaɔ
ל כ
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
alors
د د
» galle , quoique ces Etats ne dépendent en
aucune maniere de la Cour & de l'Empire
» de Ruffie. Nous vous avons fait entendre
que Vous , nos amés & feaux , ne de-.
viez poiut prêter l'oreille à ces infinuations
du Confeiller d'Etat Simolin , ni à aucune
autre inftance ou prétention étrangère , puif-
» que , s'il y avoit quelque demande à former
→ concernant l'état d'un Fief tel que ces Duchés
, ces demandes ne devroient pas être
» adreffées à vous qui nous êtes attachés par
» le ferment de fidélité le plus folemnel , mais
» à Nous-mêmes & à la République.
"
59
ဘ
30
ɔɔ
00
» La révolution qui s'est faite dans le
Gouvernement de Ruffie Nous avoit fait
efpérer que cette Cour , n'ayant plus les
mêmes vues fur la Courlande , ne pourfuio
vroit pas ce qu'elle avoit entrepris ci -de-
» vant. Mais l'Impératrice régnante a faifi un
nouveau prétexte & a pris en main la cauſe
o d'Erneft- Jean Biren , quoique fa protection
foit deftituée de fondement , comme Nous
l'avons montré dans l'expofition que Nous
>> avons donnée pour foutenir nos droits ,
ceux de la République , & ceux de votre Séréniffime
Duc , expofition qui eft trèsfimple
, & qui a été rendue affez publiqué .
,, Cependant , puifque , fans avoir égard à
nos repréſentations ni à nos droits ,& à ceux
de la République , & fans faire même aucune
réponſe à nos Mémoires & à ceux des Miniftres
de la République , la Cour de Ruffie ,
fe confiant uniquement en fes propres forces ,
employe la voix des armes pour attaquer
cette Province , au au mépris des Traités
exiftans entre cette Cour & la République
""
29/
""
"
""
>>
"
W
M.A. I. 1763. 197
כ כ
-
& contre toutes les loix du bon voisinagage;
puifqu'elle met de fa propre autorité le féqueftre
fur tous les revenus des Duchés ;
& qu'enfin , en s'efforçant de chaffer de fa
Réfidence Ducale votre légitime Duc , le
Séréniffime Prince notre très cher fils ,
3 elle veut vous contraindre à violer votre
ferment , & prétend non feulement le dépouiller
des Etats dont il eft en poffeffion ,
mais encore vous priver vous-mêmes de
votre liberté : connoiffant quel eſt votre at
" tachement & votre refpect pour Nous , pour
» la République , & pour votre Séréniffime
Duc , Nous avons cru devoir vous enjoindre
, & nous vous enjoignons , de notre
autorité Royale & en vertu de notre Domaine
direct & Suprême fur ces Duchés ,
de vous bien garder , fous quelque prétexte
que ce foit , de vous écarter des obligations
que vous impofe la foi que vous avez
jurée à Nous , à la République , & à votre
» Séréniffime Duc , mais de vous tenir fermement
& conftamment attachés à votre
devoir , & de vous abftenir de toute affemblée
irrégulière , en attendant nos ordres &
nos réfolutions ultérieures. ,
Dans des conjonctures fi critiques & fi
pey attendues , Nous avons cru devoir convoquer
le Sénat , afin d'y expofer ce qui
fe palle dans ces Duchés contre les droits
»que
Nous &
s & la République y avons , comme
fur notre Fief. Ainfi , après avoir pris l'avis
des illuftres Sénateurs de notre Royaume
» & de notre Grand Duché de Lithuanie .
Nous vous manderons une derniere réfolution
conforme au réſultat de ce Confeil
201
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
du Sénat . Cependant nous envoyons , déja
dans ces Duchés quelques Sénateurs char-
5 gés d'y veiller à nos droits , à ceux de la
République & de votre Séréniffime Duc ,
& Nous vous exhortons gracieuſement à vous
conformer à leurs avis.
59
» Donné ce 18 Janvier 1763.
Le 20 de ce mois , on a reçu ici la nouvelle de la
fignature de la Paix de Hubertzbourg entre Leurs
Majellés Polonoiſe & Pruffienne.
Le Confeil du Sénat , qui étoit indiqué pour
le 28 , eft différé de huit jours. Les points de
délibération ne font pas encore publiés ; mais
les nouvelles de Courlande font toujours de plusen
plus fâcheufes . Chaque jour eft marqué par
la défection de quelques-uns des principaux Membres
de la Noblefle & de la Régence même ,
lefquels paffent fucceffivement dans le parti du
Dac de Biren. Le feur Benoît , Réſident de Sa
Majeſté Pruffienne , a fait hier une déclaration
formelle au Primat , au Chancelier de la Couronne
, & aux autres Miniftres & Sénateurs ,
portant que le Roi fon Maître , en conféquence
des engagemens qu'il avoit contractés avec la
Ruffie , & en vertu de la reconnoillance qu'il
avoit déja faite autrefois d'Erneft- Jean de Biren
pour Duc de Courlande , n'en reconnoiffoit ni
n'en reconnoîtroit jamais d'autre , le fieur Benoît
a ajouté que Sa Majefté Pruffienne fçachant que ,
fuivant les Loix , un Prince Catholique ne pouvoit
pofféder ce Duché , Elle ne permettroit jamais
qu'il fût occupé par d'autres que par un Prince Proteftant.
On apprend de Mitrau que le 12 Février ,le Général
Comte de Brawn , Gouverneur de Livonie ,
eft venu trouver le Prince Charles de la part de
Impératrice de Ruffie , & lui a déclaré que le
Duc Erneft-Jean de Biren étant rentré de bon
droit en poffeffion de fes Dachés , il n'avoit pas.
MA I. 1763. 195
de meilleur parti à prendre que de fortir de la
Ville & du Pays , pour ne pas altérer par un plus
long féjour l'amitié qui fubfifte entre S. M. I. &
le Roi de Pologne. Le Prince Charles a demandé
au Comte de Brawn de lui donner par écrit ce
qu'il venoit de lui dire , & , fur le refus du Général
Rule , le Prince lui a répondu que , malgré
tout le refpect qu'il devoit aux intentions de l'Impératrice
, il ne pouvoit en qualité de Prince Feudataire
& Fils du Roi de Pologne , fuivre d'autres
ordres que ceux qui lui viendroient de cette part.
Le Roi de Pologne a adreffé à la Régence & à
la Nobleffe de Courlande un refcrit en latin ,
pour tâcher de déterminer cette Nobleffe à s'oppofer
à tout ce qui pourroit le faire de contraire
aux droits du Roi , de la République de Pologne ,
& du Prince Charles , au moins jufqu'à ce que
le Sénat ait pris une réfolution fur ce fujet . Voici
la traduction de ce refcrit.
f
" AUGUSTE III , & c , & c.
33
Aux Nobles Confeillers Suprêmes & autres ,
Baillifs & Capitaines , & à tout l'Ordre
Equeftre des Duchés de Courlande & de
Semigalle, nos amés & féaux , que Nous
affurons de notre faveur Royale,
53
גנ
» NOBLES AMÉS ET FÉAUX .
• Le refcrit que Nous vous avons adreſſé
le 13 du mois de Juillet dernier , vous a déja
fait connoître quels étoient nos fentimens
l'égard des infinuations qui vous ont été
faites au mois de Juin précédent par le Con-
» feiller d'Etat de Ruffie Simolin , relativesment
aux Duchés de Courlande & de Semiaɔ
ל כ
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
alors
د د
» galle , quoique ces Etats ne dépendent en
aucune maniere de la Cour & de l'Empire
» de Ruffie. Nous vous avons fait entendre
que Vous , nos amés & feaux , ne de-.
viez poiut prêter l'oreille à ces infinuations
du Confeiller d'Etat Simolin , ni à aucune
autre inftance ou prétention étrangère , puif-
» que , s'il y avoit quelque demande à former
→ concernant l'état d'un Fief tel que ces Duchés
, ces demandes ne devroient pas être
» adreffées à vous qui nous êtes attachés par
» le ferment de fidélité le plus folemnel , mais
» à Nous-mêmes & à la République.
"
59
ဘ
30
ɔɔ
00
» La révolution qui s'est faite dans le
Gouvernement de Ruffie Nous avoit fait
efpérer que cette Cour , n'ayant plus les
mêmes vues fur la Courlande , ne pourfuio
vroit pas ce qu'elle avoit entrepris ci -de-
» vant. Mais l'Impératrice régnante a faifi un
nouveau prétexte & a pris en main la cauſe
o d'Erneft- Jean Biren , quoique fa protection
foit deftituée de fondement , comme Nous
l'avons montré dans l'expofition que Nous
>> avons donnée pour foutenir nos droits ,
ceux de la République , & ceux de votre Séréniffime
Duc , expofition qui eft trèsfimple
, & qui a été rendue affez publiqué .
,, Cependant , puifque , fans avoir égard à
nos repréſentations ni à nos droits ,& à ceux
de la République , & fans faire même aucune
réponſe à nos Mémoires & à ceux des Miniftres
de la République , la Cour de Ruffie ,
fe confiant uniquement en fes propres forces ,
employe la voix des armes pour attaquer
cette Province , au au mépris des Traités
exiftans entre cette Cour & la République
""
29/
""
"
""
>>
"
W
M.A. I. 1763. 197
כ כ
-
& contre toutes les loix du bon voisinagage;
puifqu'elle met de fa propre autorité le féqueftre
fur tous les revenus des Duchés ;
& qu'enfin , en s'efforçant de chaffer de fa
Réfidence Ducale votre légitime Duc , le
Séréniffime Prince notre très cher fils ,
3 elle veut vous contraindre à violer votre
ferment , & prétend non feulement le dépouiller
des Etats dont il eft en poffeffion ,
mais encore vous priver vous-mêmes de
votre liberté : connoiffant quel eſt votre at
" tachement & votre refpect pour Nous , pour
» la République , & pour votre Séréniffime
Duc , Nous avons cru devoir vous enjoindre
, & nous vous enjoignons , de notre
autorité Royale & en vertu de notre Domaine
direct & Suprême fur ces Duchés ,
de vous bien garder , fous quelque prétexte
que ce foit , de vous écarter des obligations
que vous impofe la foi que vous avez
jurée à Nous , à la République , & à votre
» Séréniffime Duc , mais de vous tenir fermement
& conftamment attachés à votre
devoir , & de vous abftenir de toute affemblée
irrégulière , en attendant nos ordres &
nos réfolutions ultérieures. ,
Dans des conjonctures fi critiques & fi
pey attendues , Nous avons cru devoir convoquer
le Sénat , afin d'y expofer ce qui
fe palle dans ces Duchés contre les droits
»que
Nous &
s & la République y avons , comme
fur notre Fief. Ainfi , après avoir pris l'avis
des illuftres Sénateurs de notre Royaume
» & de notre Grand Duché de Lithuanie .
Nous vous manderons une derniere réfolution
conforme au réſultat de ce Confeil
201
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
du Sénat . Cependant nous envoyons , déja
dans ces Duchés quelques Sénateurs char-
5 gés d'y veiller à nos droits , à ceux de la
République & de votre Séréniffime Duc ,
& Nous vous exhortons gracieuſement à vous
conformer à leurs avis.
59
» Donné ce 18 Janvier 1763.
Le 20 de ce mois , on a reçu ici la nouvelle de la
fignature de la Paix de Hubertzbourg entre Leurs
Majellés Polonoiſe & Pruffienne.
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Résumé : Du 23 Février.
Le 23 février, le Conseil du Sénat, initialement prévu pour le 28, a été reporté de huit jours. Les points de délibération n'ont pas encore été publiés, mais les nouvelles de Courlande sont de plus en plus alarmantes. Chaque jour voit la défection de membres influents de la noblesse et de la régence, qui rejoignent le parti du Duc de Biren. Le sieur Benoît, Résident de Sa Majesté Prussienne, a déclaré au Primat, au Chancelier de la Couronne et aux autres ministres et sénateurs que le Roi de Prusse reconnaît uniquement Ernest-Jean de Biren comme Duc de Courlande, en vertu des engagements pris avec la Russie et des lois interdisant à un Prince Catholique de posséder ce Duché. Le 12 février, le Général Comte de Brawn, Gouverneur de Livonie, a informé le Prince Charles, au nom de l'Impératrice de Russie, que Biren avait repris possession de ses Duchés et que le Prince devait quitter la ville pour préserver l'amitié entre la Russie et le Roi de Pologne. Le Prince Charles a refusé de suivre ces ordres, affirmant qu'il ne pouvait obéir qu'aux instructions du Roi de Pologne. Le Roi de Pologne a adressé un écrit à la régence et à la noblesse de Courlande, les exhortant à s'opposer à toute action contraire aux droits du Roi, de la République de Pologne et du Prince Charles, jusqu'à ce que le Sénat prenne une décision. Le Roi rappelle que les Duchés de Courlande et de Semigalle ne dépendent pas de la Cour de Russie et que toute demande concernant ces États doit être adressée à lui-même et à la République. Il condamne l'intervention militaire de la Russie, qui viole les traités existants et les lois du bon voisinage, et ordonne à la noblesse de rester fidèle à leurs serments. Le Roi a également convoqué le Sénat pour discuter de la situation et a envoyé des sénateurs en Courlande pour veiller aux droits du Duc légitime. Le 20 février, la signature de la Paix de Hubertzbourg entre la Pologne et la Prusse a été annoncée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. *230-230
Extrait des Lettres Patentes accordées par S. M. au sieur de Villette, qui érigent sa Terre de Duplessis Longeant, en Marquisat, sous le nom de Villette ; du 20 Mars 1763.
Début :
Voulant donner au sieur de Villette, & à sa famille des marques particulières de distinction, [...]
Mots clefs :
Lettres patentes, Famille, Ancêtres, Seigneur, Gouverneur, Prince de Condé, Noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait des Lettres Patentes accordées par S. M. au sieur de Villette, qui érigent sa Terre de Duplessis Longeant, en Marquisat, sous le nom de Villette ; du 20 Mars 1763.
Extrait des Lettres Patentes accordées par S. М.
au fieur de Villette , qui érigent fa Terre de
DUPLESSIS LONGEANT , en Marquifat, ſous
le nom de VILLETTE ; du 20 Mars 1763 .
VOULANT donner au ſieur de Villette , &
à ſa famille des marques particulières de diftinction
, & reconnoître en ſa perſonne les fervices
de ſes Ancêtres , & notamment ceux que
le ſieur François de Villette rendit à Henri IV.
de glorieuſe Mémoire , enlui conſervant la Ville
d'Alençon , où il fut laillé par le Seigneur de
Hartray , qui en étoit le Gouverneur, le Bifayeul
de François en 1490 , porta au Duc d'Alençon
l'aveu des Domaines de Villette , qu'il tenoit de
lui à foi & hommage. Son petit-filsVillette de
la Palla , fut Maître d'Hôtel-d'Henri de Bourbon
, Prince de Condé. Depuis ce temps cette
Famille nous a donné des preuves de ſon zéle ,
&de fon attachement , &c.
Cette famille ajustifié ſa Nobleſſe depuis Jean
de Villette , Écuyer , que l'on trouve ainſi qualifié
dans un Acte du 17 Août 1385 , &c . &c. &c.
Voyez le Nobiliaire de Normandie , Article
Villette.
au fieur de Villette , qui érigent fa Terre de
DUPLESSIS LONGEANT , en Marquifat, ſous
le nom de VILLETTE ; du 20 Mars 1763 .
VOULANT donner au ſieur de Villette , &
à ſa famille des marques particulières de diftinction
, & reconnoître en ſa perſonne les fervices
de ſes Ancêtres , & notamment ceux que
le ſieur François de Villette rendit à Henri IV.
de glorieuſe Mémoire , enlui conſervant la Ville
d'Alençon , où il fut laillé par le Seigneur de
Hartray , qui en étoit le Gouverneur, le Bifayeul
de François en 1490 , porta au Duc d'Alençon
l'aveu des Domaines de Villette , qu'il tenoit de
lui à foi & hommage. Son petit-filsVillette de
la Palla , fut Maître d'Hôtel-d'Henri de Bourbon
, Prince de Condé. Depuis ce temps cette
Famille nous a donné des preuves de ſon zéle ,
&de fon attachement , &c.
Cette famille ajustifié ſa Nobleſſe depuis Jean
de Villette , Écuyer , que l'on trouve ainſi qualifié
dans un Acte du 17 Août 1385 , &c . &c. &c.
Voyez le Nobiliaire de Normandie , Article
Villette.
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Résumé : Extrait des Lettres Patentes accordées par S. M. au sieur de Villette, qui érigent sa Terre de Duplessis Longeant, en Marquisat, sous le nom de Villette ; du 20 Mars 1763.
Le document est un extrait des Lettres Patentes du 20 mars 1763, par lesquelles le roi érige la Terre de Duplessis-Longeant en marquisat, sous le nom de Villette, en reconnaissance des services rendus par le sieur de Villette et sa famille. François de Villette est particulièrement honoré pour avoir sauvé la ville d'Alençon en 1490 en la défendant contre le seigneur de Hartray. Son arrière-petit-fils, Villette de la Palla, a été Maître d'Hôtel du prince de Condé. La famille Villette a démontré son zèle et son attachement au fil des générations. La noblesse de cette famille est attestée depuis Jean de Villette, Écuyer, mentionné dans un acte du 17 août 1385. Pour plus d'informations, le texte renvoie au Nobiliaire de Normandie, article Villette.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 191
De VERSAILLES, le 26 Novembre 1763.
Début :
Le Baron de Zuckmantel Maréchal de Camp & l'un des Directeurs du Corps [...]
Mots clefs :
Baron, Maréchal de camp, Noblesse, Nominations, Famille royale, Comtesse, Abbé, Récompenses, Sujets, Distinction à la guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 26 Novembre 1763.
De VERSAILLES , le 26 Novembre 1763 .
Le Baron de Zuckmantel Maréchal de Camp
& l'un des Directeurs du Corps de la Noblefle
immédiate de la Baffe-Alface , vient d'être nommé
par le Roi pour aller réfider à Drefde avec
le caractère de Miniftre Plénipotentiaire de Sa
Majeſté auprès de l'Electeur de Saxe .
Le 20 , Leurs Majeftés & la Famille Royale
ont figné le contrat de mariage du Marquis de
Tons & de Demoiſelle de Coffé .
La Comteffe de Hertford , époufe de l'Ambaffa
deur d'Angleterre en cette Cour , fut préfentée
le même jour à Leurs Majeſtés & à la
Famille Royale.
Le 21 , le Marquis d'Entragues , qui a obtenu
la furvivance de la Charge de Grand Fauconnier
de France que poffède le Duc de la
Valliere , a eu l'honneur d'être préſenté au Roi
en certe qualité.
L'Abbé de Fenelon , Chanoine de l'Eglife Mé
tropolitaine de Paris & Vicaire-Général du Diocèle
d'Evreux a obtenu la place d'Aumônier du
Roi , vacante par la nomination de l'Abbé de la
Chataigneraye à l'Evêché de Saintes.
>
Le Roi toujours attentif à récompenfer les fervices
& le mérite de fes Sujets , vient de faire préfent
d'une épée au fieur Morel , qui s'eft diftingué
dans la derniere guerre en commandant différens
Corfaires . Cet Officier a le commandement du
Navire & de la Corvette le Prince & la Princeffe de
Rohan Guémenée , qu'on arme à Nantes pour
faire la traite des Négres à la Côte de Guinée.
Le Baron de Zuckmantel Maréchal de Camp
& l'un des Directeurs du Corps de la Noblefle
immédiate de la Baffe-Alface , vient d'être nommé
par le Roi pour aller réfider à Drefde avec
le caractère de Miniftre Plénipotentiaire de Sa
Majeſté auprès de l'Electeur de Saxe .
Le 20 , Leurs Majeftés & la Famille Royale
ont figné le contrat de mariage du Marquis de
Tons & de Demoiſelle de Coffé .
La Comteffe de Hertford , époufe de l'Ambaffa
deur d'Angleterre en cette Cour , fut préfentée
le même jour à Leurs Majeſtés & à la
Famille Royale.
Le 21 , le Marquis d'Entragues , qui a obtenu
la furvivance de la Charge de Grand Fauconnier
de France que poffède le Duc de la
Valliere , a eu l'honneur d'être préſenté au Roi
en certe qualité.
L'Abbé de Fenelon , Chanoine de l'Eglife Mé
tropolitaine de Paris & Vicaire-Général du Diocèle
d'Evreux a obtenu la place d'Aumônier du
Roi , vacante par la nomination de l'Abbé de la
Chataigneraye à l'Evêché de Saintes.
>
Le Roi toujours attentif à récompenfer les fervices
& le mérite de fes Sujets , vient de faire préfent
d'une épée au fieur Morel , qui s'eft diftingué
dans la derniere guerre en commandant différens
Corfaires . Cet Officier a le commandement du
Navire & de la Corvette le Prince & la Princeffe de
Rohan Guémenée , qu'on arme à Nantes pour
faire la traite des Négres à la Côte de Guinée.
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Résumé : De VERSAILLES, le 26 Novembre 1763.
Le 26 novembre 1763, le Baron de Zuckmantel a été nommé Ministre Plénipotentiaire auprès de l'Électeur de Saxe à Dresde. Le 20 novembre, le contrat de mariage du Marquis de Tons et de Demoiselle de Coffé a été signé par le Roi et la Famille Royale. La Comtesse de Hertford, épouse de l'Ambassadeur d'Angleterre, a été présentée à Leurs Majestés. Le 21 novembre, le Marquis d'Entragues, nouvellement Grand Fauconnier de France, a été présenté au Roi. L'Abbé de Fénelon a obtenu la place d'Aumônier du Roi, vacante après la nomination de l'Abbé de la Chataigneraye à l'Évêché de Saintes. Le Roi a récompensé le sieur Morel, commandant des Corsaires, avec une épée. Morel commande actuellement les navires le Prince et la Princesse de Rohan Guémenée, armés à Nantes pour la traite des Nègres sur la Côte de Guinée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 210-214
De VERSAILLES, le 15 Février 1764.
Début :
Le Roi a nommé pour son Ministre Plénipotentiaire auprès de [...]
Mots clefs :
Ministre plénipotentiaire, Comte, Consul, Famille royale, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Duc, Cérémonie, Audience, Noblesse, Anniversaire, Lettres de créance, Parlement, Contrat de mariage, Carte céleste, Comète, École royale militaire, Ouvrages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 15 Février 1764.
De VERSAILLES , le is Février 1964 ..
LE Roi a nommé pour ſon Miniſtre Plénipo
tentiaire auprès de l'Etecteur de Cologne ,le Comte
de Drouville.
Sa Majeſté a nommé Conſul à Raguſe le
fieur Prevôt , à qui Elle avoit accordé le Confulat
de Morée ; celui-ci ſera donné au ſieur le
Maire, & le Vice-Confulat de Roffette en Egypte
au fieur Couſineri.
Le r. de ce mois , le ſieur Camyer , Recteur
de l'Univerſité , & Profeſſeur de Philoſophie au
Collége de Lizieux , a eu l'honneur de préſenter
ſuivant l'uſage , les Cierges de la Chande
leur à Leurs Majestés & à la Famille Royale ; le
même jour , le Père Touſtain de Fronteboſe ,
Vicaire-Général de l'Ordre de Notre-Dame de
AVRIL. 1764. 211
laMercy , accompagné de trois Religieux de ſa
Maiſon , eut auſſi l'honneur de préſenter un cierge
à la Reine pour ſatisfaire à une des conditions.
impoſées à cet Ordre lorſque Marie de Médicis
en permit l'établiſſement à Paris .
Le 2 , Fête de la Purification de la Ste Vierge ,
les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint-Eſprit s'étant afſemblés dans le
Cabinet du Roi vers les onze heures du matin ,
Sa Majesté ſe rendit à la Chapelle , étant précédée
de Mgr le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Duc de Chartres , du Prince de Condé , du Prince
de Conti , du Comte de la Marche , du Comte
d'Eu , du Duc de Penthiévre , du Prince de Lamballe
, & des Chevaliers , Commandeurs & Offciers
de l'Ordre. Sa Majeſté ,devant laquelle les
deux Huiſſiers de la Chambre portoient leurs
maſſes, étoit en Manteau , ayant le Collier de
l'Ordre pardeſſus , ainſi que de la Toiſon d'Or.
Loriqu'on eut chants 'Hymne Veni Creator ,le
Roi monta ſur ſon Trône , & reçut Chevaliers le
Comte de Saulx-Tavanne , Lieutenant-Général
de S. M. Chevalier d'Honneur de la Reine ,& le
Chevalierde Muy , Lieutenant-Général & Menin
de Mgr le Dauphin. Après la Grand'Meſſe qui
fut célébrée par l'Evêque Duc de Langres , Prélat
Commandeur , le Roi fut reconduit à fon appartement
en la manière accoutumée.
Les , Sa Majesté donna audience aux Députés
des Etats deBretagne , compoſés du Comte de
Kergueſec , pour la Nobleſſe,du ſieur de Montigay
, Maire de Fougeres , pour le Tiers-Etat ,&
du Comte de la Bourdonnaye , Procureur-Géné
ral-Syndic de la Province. Le Comte de Kergueſec
porta la parole en l'abſence de l'Evêque
de Rennes , Député du Clergé , qui ſe trouvoit
212 MERCURE DE FRANCE.
indiſpoſé. Ces Députés eurent enſuite audience
de la Reine & de la Famille Royale : ils furent
préſentés à Leurs Majestés par le Duc de Pen
thiévre , Gouverneur de la Province , & par le
Comte de Saint- Florentin , Miniſtre & Secrétaire
d'Etat , & conduits par le Marquis de Dreux ,
Grand-Maître des Cérémonies , & par le ſieur
Desgranges , Maître des Cérémonies.
Le 8 , le Marquis de Marigny a prêté ſerment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance-
Générale de l'Orléanois.
Le Comte de Noailles , Gouverneur de Verfailles
, accompagné des Officiers du Bailliage de
cette Ville , s'eſt rendu le is à l'Egliſe de Notre
Dame, Paroiſſe du Chateau , & y a affifté
au Te Deum qu'on y a chanté à l'occaſion de
'Anniverſaire de la Naiſſance du Roi ; il a allumé
enfuite le feu qui avoit été préparé vis-à-vis
du Portail de l'Eglife. La Garde des Invalides ,
qui s'y étoit rendue , a fait pluſieurs décharges de
Mouſqueterie.
Le 14 leGénéral Fontenai. Miniſtre Plénipotentiaire
de l'Electeur de Saxe , eut une audience
particulière du Roi , à qui il remit en cette qua
lité ſes lettres de créance. Le même jour , le
Comte de Bielinski , Envoyé Extraordinaire de la
République de Pologne , eut une audience publique
de Sa Majesté , à qui il fit part , au nom de
la République de la mort du Roi Auguſte III .
Le Géneral Fontenai & le Comte de Bielinski
furent conduits à cette audience , ainſi qu'à celles
de la Reine & de la Famille Royale , par le ſieur
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le 13 , le Parlement de Grenoble fut préſenté
au koi par le Duc de Choiſeul , Miniſtre &
Secrétaire d'État ayant le Département de la Pro-
2
AVRIL. 1764. 213
vincedu Dauphiné , & conduit par le Marquis
de Dreux , Grand-Maître des Cérémonies , &
par le ſieur Desgranges,Maître des Cérémonies.
Le 12 , le Duc de Bourbon a été préſenté à
Leurs Majeſtés & à la Famille Royale , par le
Prince de Condé ſon père.
Les , la Comteile de Rouault fut préſentée à
Leurs Majestés & à la Famille Royale par la
Comteſſe du Rumain .
Le 26 du mois dernier , Leurs Majestés & la
Famille Royale ſignérent le Contrat de mariage
du Comte de Gralle , Capitaine de Vaiſſeau du
Roi , avec la Demoiſelle fille du ſieur Accaron ,
Commiſſaire de la Marine & premier Commis
des Colonies : & le 12 de ce mois , celui du Comte
de Barral avec Demoiſelle de la Motte.
Le ſieur Meſſier , Aftronome attaché au Dépôt
des Plans de la Marine de France , eut l'honneur
de préſenter au Roi , le 29 du mois dernier ,
une grande Carte céleſte ſur laquelle il avoit
tracé la route de la Cométe qui paroît préſentement
, d'après les obſervations qu'il a faitesdans
l'Obſervatoire de la Marine à Paris . Cette Cométe
a beaucoup perdu de ſa lumière depuis le
moment qu'on l'a découverte , elle ne paroît
plus que de la grandeur d'une étoile de la fixićmeclaſſe;
fon mouvement eſt auſſi très -rallenti,
le 29 Janvier , as heures si minutes du ſoir ;
elle avoit d'aſcenſion droite 328 degrés 16 minutes
37 ſecondes , & 17 degrés 43 minutes s
ſecondes de déclinaiſon boréale ; le lendemain à
fix heures 2 minutes 52 ſecondes du foir , fon
aſcenſion droite étoit de 328 degrés 30 minutes
22 ſecondes,& la déclinaiſon boréale de 16 degrés
57 minutes 21 ſecondes. Elle n'aura paſſé par ſon
périhélie que vers le iz de ce mois.
Le 8 de ce mois , l'Abbé de Burle de Curban
214 MERCURE DE FRANCE.
eut l'honneur de préſenter à Leurs Majeſtés,
àMgr le Dauphin & à Madame Adélaïde la dernière
partie de l'Ouvrage du feu ſieur de Réal ,
contenant l'examen des principaux Ouvrages
compoſés ſur les Matières de Gouvernement , &
dédiée à Madame Adélaïde.
Le 2 , le ſieur Targe fils , Profeſſeur de Mathématiques
à l'Ecole Royale Militaire , a eu l'honneur
de préſenter à Mgr le Duc de Berri & à
Mgr le Comtede Provence les Volumes XVI &
XVII . de l'Hiſtoire d'Angleterre de Smollet ,
traduits par leſieur Targe ſon père , Correſpondant
de l'Académie Royale de Marine , & cidevant
Profeſſeur à l'Ecole Royale Militaire.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
LE Roi a nommé pour ſon Miniſtre Plénipo
tentiaire auprès de l'Etecteur de Cologne ,le Comte
de Drouville.
Sa Majeſté a nommé Conſul à Raguſe le
fieur Prevôt , à qui Elle avoit accordé le Confulat
de Morée ; celui-ci ſera donné au ſieur le
Maire, & le Vice-Confulat de Roffette en Egypte
au fieur Couſineri.
Le r. de ce mois , le ſieur Camyer , Recteur
de l'Univerſité , & Profeſſeur de Philoſophie au
Collége de Lizieux , a eu l'honneur de préſenter
ſuivant l'uſage , les Cierges de la Chande
leur à Leurs Majestés & à la Famille Royale ; le
même jour , le Père Touſtain de Fronteboſe ,
Vicaire-Général de l'Ordre de Notre-Dame de
AVRIL. 1764. 211
laMercy , accompagné de trois Religieux de ſa
Maiſon , eut auſſi l'honneur de préſenter un cierge
à la Reine pour ſatisfaire à une des conditions.
impoſées à cet Ordre lorſque Marie de Médicis
en permit l'établiſſement à Paris .
Le 2 , Fête de la Purification de la Ste Vierge ,
les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint-Eſprit s'étant afſemblés dans le
Cabinet du Roi vers les onze heures du matin ,
Sa Majesté ſe rendit à la Chapelle , étant précédée
de Mgr le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Duc de Chartres , du Prince de Condé , du Prince
de Conti , du Comte de la Marche , du Comte
d'Eu , du Duc de Penthiévre , du Prince de Lamballe
, & des Chevaliers , Commandeurs & Offciers
de l'Ordre. Sa Majeſté ,devant laquelle les
deux Huiſſiers de la Chambre portoient leurs
maſſes, étoit en Manteau , ayant le Collier de
l'Ordre pardeſſus , ainſi que de la Toiſon d'Or.
Loriqu'on eut chants 'Hymne Veni Creator ,le
Roi monta ſur ſon Trône , & reçut Chevaliers le
Comte de Saulx-Tavanne , Lieutenant-Général
de S. M. Chevalier d'Honneur de la Reine ,& le
Chevalierde Muy , Lieutenant-Général & Menin
de Mgr le Dauphin. Après la Grand'Meſſe qui
fut célébrée par l'Evêque Duc de Langres , Prélat
Commandeur , le Roi fut reconduit à fon appartement
en la manière accoutumée.
Les , Sa Majesté donna audience aux Députés
des Etats deBretagne , compoſés du Comte de
Kergueſec , pour la Nobleſſe,du ſieur de Montigay
, Maire de Fougeres , pour le Tiers-Etat ,&
du Comte de la Bourdonnaye , Procureur-Géné
ral-Syndic de la Province. Le Comte de Kergueſec
porta la parole en l'abſence de l'Evêque
de Rennes , Député du Clergé , qui ſe trouvoit
212 MERCURE DE FRANCE.
indiſpoſé. Ces Députés eurent enſuite audience
de la Reine & de la Famille Royale : ils furent
préſentés à Leurs Majestés par le Duc de Pen
thiévre , Gouverneur de la Province , & par le
Comte de Saint- Florentin , Miniſtre & Secrétaire
d'Etat , & conduits par le Marquis de Dreux ,
Grand-Maître des Cérémonies , & par le ſieur
Desgranges , Maître des Cérémonies.
Le 8 , le Marquis de Marigny a prêté ſerment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance-
Générale de l'Orléanois.
Le Comte de Noailles , Gouverneur de Verfailles
, accompagné des Officiers du Bailliage de
cette Ville , s'eſt rendu le is à l'Egliſe de Notre
Dame, Paroiſſe du Chateau , & y a affifté
au Te Deum qu'on y a chanté à l'occaſion de
'Anniverſaire de la Naiſſance du Roi ; il a allumé
enfuite le feu qui avoit été préparé vis-à-vis
du Portail de l'Eglife. La Garde des Invalides ,
qui s'y étoit rendue , a fait pluſieurs décharges de
Mouſqueterie.
Le 14 leGénéral Fontenai. Miniſtre Plénipotentiaire
de l'Electeur de Saxe , eut une audience
particulière du Roi , à qui il remit en cette qua
lité ſes lettres de créance. Le même jour , le
Comte de Bielinski , Envoyé Extraordinaire de la
République de Pologne , eut une audience publique
de Sa Majesté , à qui il fit part , au nom de
la République de la mort du Roi Auguſte III .
Le Géneral Fontenai & le Comte de Bielinski
furent conduits à cette audience , ainſi qu'à celles
de la Reine & de la Famille Royale , par le ſieur
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le 13 , le Parlement de Grenoble fut préſenté
au koi par le Duc de Choiſeul , Miniſtre &
Secrétaire d'État ayant le Département de la Pro-
2
AVRIL. 1764. 213
vincedu Dauphiné , & conduit par le Marquis
de Dreux , Grand-Maître des Cérémonies , &
par le ſieur Desgranges,Maître des Cérémonies.
Le 12 , le Duc de Bourbon a été préſenté à
Leurs Majeſtés & à la Famille Royale , par le
Prince de Condé ſon père.
Les , la Comteile de Rouault fut préſentée à
Leurs Majestés & à la Famille Royale par la
Comteſſe du Rumain .
Le 26 du mois dernier , Leurs Majestés & la
Famille Royale ſignérent le Contrat de mariage
du Comte de Gralle , Capitaine de Vaiſſeau du
Roi , avec la Demoiſelle fille du ſieur Accaron ,
Commiſſaire de la Marine & premier Commis
des Colonies : & le 12 de ce mois , celui du Comte
de Barral avec Demoiſelle de la Motte.
Le ſieur Meſſier , Aftronome attaché au Dépôt
des Plans de la Marine de France , eut l'honneur
de préſenter au Roi , le 29 du mois dernier ,
une grande Carte céleſte ſur laquelle il avoit
tracé la route de la Cométe qui paroît préſentement
, d'après les obſervations qu'il a faitesdans
l'Obſervatoire de la Marine à Paris . Cette Cométe
a beaucoup perdu de ſa lumière depuis le
moment qu'on l'a découverte , elle ne paroît
plus que de la grandeur d'une étoile de la fixićmeclaſſe;
fon mouvement eſt auſſi très -rallenti,
le 29 Janvier , as heures si minutes du ſoir ;
elle avoit d'aſcenſion droite 328 degrés 16 minutes
37 ſecondes , & 17 degrés 43 minutes s
ſecondes de déclinaiſon boréale ; le lendemain à
fix heures 2 minutes 52 ſecondes du foir , fon
aſcenſion droite étoit de 328 degrés 30 minutes
22 ſecondes,& la déclinaiſon boréale de 16 degrés
57 minutes 21 ſecondes. Elle n'aura paſſé par ſon
périhélie que vers le iz de ce mois.
Le 8 de ce mois , l'Abbé de Burle de Curban
214 MERCURE DE FRANCE.
eut l'honneur de préſenter à Leurs Majeſtés,
àMgr le Dauphin & à Madame Adélaïde la dernière
partie de l'Ouvrage du feu ſieur de Réal ,
contenant l'examen des principaux Ouvrages
compoſés ſur les Matières de Gouvernement , &
dédiée à Madame Adélaïde.
Le 2 , le ſieur Targe fils , Profeſſeur de Mathématiques
à l'Ecole Royale Militaire , a eu l'honneur
de préſenter à Mgr le Duc de Berri & à
Mgr le Comtede Provence les Volumes XVI &
XVII . de l'Hiſtoire d'Angleterre de Smollet ,
traduits par leſieur Targe ſon père , Correſpondant
de l'Académie Royale de Marine , & cidevant
Profeſſeur à l'Ecole Royale Militaire.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
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Résumé : De VERSAILLES, le 15 Février 1764.
En février 1964, le Roi a nommé plusieurs personnalités à des postes diplomatiques et consulaires. Le Comte de Drouville a été désigné Ministre Plénipotentiaire auprès de l'Électeur de Cologne. Le sieur Prevôt a été nommé Consul à Raguse, remplaçant ainsi le sieur le Maire au Consulat de Morée. Le sieur Cousineri a été nommé au Vice-Consulat de Roffette en Égypte. Le 1er février, le sieur Camyer, Recteur de l'Université et Professeur de Philosophie au Collège de Lisieux, a présenté les cierges de la Chandeleur à Leurs Majestés et à la Famille Royale. Le même jour, le Père Toustain de Frontebose, Vicaire-Général de l'Ordre de Notre-Dame de la Mercy, a présenté un cierge à la Reine. Le 2 avril, lors de la Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, Commandeurs et Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit se sont rassemblés dans le Cabinet du Roi. Sa Majesté, accompagnée de plusieurs princes et dignitaires, a assisté à la messe célébrée par l'Évêque Duc de Langres. Après la messe, le Roi a reçu les Députés des États de Bretagne, composés du Comte de Kerguesec pour la Noblesse, du sieur de Montigay pour le Tiers-État, et du Comte de la Bourdonnaye pour le Clergé. Le 8 avril, le Marquis de Marigny a prêté serment pour la Lieutenance-Générale de l'Orléanois. Le Comte de Noailles, Gouverneur de Versailles, a assisté au Te Deum à l'occasion de l'anniversaire de la naissance du Roi. Le 14 avril, le Général Fontenai, Ministre Plénipotentiaire de l'Électeur de Saxe, et le Comte de Bielinski, Envoyé Extraordinaire de la République de Pologne, ont eu des audiences avec le Roi. Le 13 avril, le Parlement de Grenoble a été présenté au Roi par le Duc de Choiseul. Le Duc de Bourbon et la Comtesse de Rouault ont été présentés à Leurs Majestés et à la Famille Royale. Le 26 mars, Leurs Majestés ont signé le contrat de mariage du Comte de Gralle avec la Demoiselle fille du sieur Accaron. Le 12 avril, le contrat de mariage du Comte de Barral avec Demoiselle de la Motte a été signé. Le sieur Messier, Astronome attaché au Dépôt des Plans de la Marine, a présenté au Roi une carte céleste traçant la route d'une comète. Le 8 avril, l'Abbé de Burle de Curban a présenté un ouvrage sur les matières de gouvernement à Leurs Majestés et à Madame Adélaïde. Le sieur Targe fils, Professeur de Mathématiques à l'École Royale Militaire, a présenté des volumes de l'Histoire d'Angleterre de Smollet à Mgr le Duc de Berry et à Mgr le Comte de Provence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 186-191
De PARIS, le 8 Juin 1764.
Début :
L'affection singulière du Roi pour cette Noblesse illustre qui [...]
Mots clefs :
Noblesse, Illustre, École militaire, Éducation, Collège, Enfants, Édits, Évêque, Lieutenant, Ordonnance du roi, Régiments, Compagnies, Capitaines, Bains chauds, Magistrats, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage, Loterie de l'école royale militaire, Numéros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 8 Juin 1764.
De PARIS , le 8 Juin 1764. -
L'affection fingulière du Roi pour cette Nobleſſe
luftre qui fait la gloire & la force du Royau
JUILLET. 1764. 187
me , & le defir d'en perpétuer l'éclat & l'utilité
ont porté Sa Majesté à inftituer une Ecole Mili
taire pour y élever dans l'art des armes cinq cens
Gentilshommes . L'expérience ayant fait reconnoître
que l'éducation , qui ne fe rapporte qu'à
un feul objet , eſt ſouvent infructueuse , le Roi a
jugé que le cours des Etudes publiques deftinées à
préparer toutes fortes de profeffions devoit être le
fondement de l'éducation de ceux qui feroient
admis à l'Ecole Militaire ; mais ce premier dégré
d'inftitution ne pouvant le trouver que dans une
Ecole célébre & nombreufe , Sa Majefté a jetté
les yeux fur le Collége de le Fléche qui , par
l'étendue de fes bâtimens , la nobleffe de fon établiffement
& les grands biens dont il a été doté ,
a paru remplir l'objet que Sa Majesté le propofe.
En conféquence , le Roi a donné des Lettres - Patentes
, en date du 7 Avril dernier , contenant
quarante-trois Articles dont on donne ici la
fubftance.
y
Le College Royal de la Flêche fera & demeu
rera dorénavant & à perpétuité deſtiné à l'éducation
& à l'inſtruction des enfans de deux cens cinquante
Gentilshommes du Royaume : il ne pourra
être établi aucun autre Penfionnat ; mais toutes
les Claffes y feront publiques , & tous les Externes
feront admis gratuitement dans ces Claffes , ainfi
que dans les autres Colléges de plein exercice.
Lefdits enfans feront nommés par le Roi & choifis
dans la Nobleſſe , fur la préſentation qui lui en
fera faite par le Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Guèrre & de la Marine : ils pour
ront être admis à l'âge de huit à neuf ans jufqu'à
celui de dix à onze , & les orphelins jufqu'à
treize , avec les conditions prefcrites par les Edits
& Déclarations précédens concernant l'Ecole Mi488
MERCURE DE FRANCE .
litaire , tant par rapport aux preuves de Nobleſſe
qu'aux autres qualités qui y font requifes. Il ne
pourra être admis aux deux cens cinquante places
qui resteront à remplir dans l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire que ceux defdits enfans de Gentilshommes
qui auront fait leuts Etudes dans ledit
College Royal & qui auront quatorze ans accomplis
: ceux d'entr'eux qui , par leurs difpofitions
particulières , fe trouveroient appellés à l'Etat
Eccléfiaftique ou de Magiftrature , ou à d'autres
profeflions nobles , pourront continuer d'y
faire leurs Etudes . Ce Collége fera régi & adminiftré
, fous l'infpection du Secrétaire d'Etat de
la Guerre & de la Marine , par un Bureau compofé
de l'Evêque Diocéfain , qui y préfidera , da
Lieutenant- Général & du Procureur du Roi en la
Sénéchauffée de la Flêche , de deux Notables
ehoifis par Sa Majefté parmi d'anciens Gentilshommes
retirés du ſervice , du Maire de la Ville
& du Principal dudit Collége. Il y fera établi un
Infpecteur chargé de rendre compte des moeurs
du caractère & des talens defdits enfans', & qui
aura féance & voix délibérative dans ledit Bureau
immédiatement après les deuxdits Gentilshommes.
Le College fera deffervi par des perfonnes
Eccléfiaftiques ou Séculières , & compofé d'un
Principal , d'un Sous-Principal , de deux Profeffeurs
de Philofophie , d'un de Rhétorique , de
cing Régens pour les Seconde , Troifiéme , Quatriéme
, Cinquiéme & Sixiéme Claffes , indépendamment
du nombre de Sous -Maîtres que le
Bureau d'Adminiſtration jugera néceffaire . Tous
les biens donnés audit College par les Rois prédéceffeurs
de Sa Majesté & par d'autres perfonnes
, & tous ceux en général qui doivent lui appartenir
au terme des Lettres - Patentes des 14
>
JUILLET. 1764. 189
Juin & 21 Novembre 1763 , & 30 Mars dernier
, lui feront & demeureront confervés , aux
charges portées par leldites Lettres , à l'exception
des rentes fur les Papegaux de Bretagne ,
qui feront employées au foutien des Colléges de
cette Province , & de la Terre de Bonnes , fur laquelle
Sa Majelté expliquera fes intentions. Comme
les revenus de ce Collége ne pourroient ſuffire
aux dépenfes néceffaires pour l'éducation &
l'entretien defdits deux cens cinquante Eléves
Gentilshommes , ce qui y manquera fera fuppléé
annuellement fur les revenus de l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire , fur lefquels il fera auffi
pourvu aux frais nécellaires pour l'ameublemeut
dudit College & pour le premier établiſſement
defdics Eléves. Le College Royal de la Flêche
jouira de toutes les franchiſes , exemptions & immunités
accordées par Sa Majefté à l'Hôtel de
l'Ecole Royale Militaire. Il continuera d'être régi
en la forme portée par l'Edit du mois de Février
1763 jufqu'au premier Octobre prochain. Les
mêmes Lettres Patentes contiennent différentes
difpofitions fur le choix & les appointemens du
Principal , du Sous- Principal , des Profeffeurs ,
Régens , &c . ainfi que des Eccléfiaftiques qui feront
attachés à la Chapelle : elles portent auffi
plufieurs réglemens pour l'adminiſtration des
biens & revenus du Collège.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 10
Février dernier , fuivant laquelle chacun des trois
Régimens de Huffards de Berchény , de Chamborant
& de Royal- Naſſau , actuellement compofés
de douze Compagnies de vingt- neuf hommes
, fera réduit huit Compagnies de vingtcing
hommes , dont fera auffi compofé le qua
triéme Régiment que Sa Majefté à réfolu de
190 MERCURE DE FRANCE .
former , & dont elle a donné le Commandement
au freur d'Efterhafy en qualité de Meſtrede
Camp. Tous les Officiers & Huffards excédens
feront Licenciés : les Capitaines réformés
jouiront de 800 liv. en appointement de réforme,
les Lieutenans de soo liv. & les Sous-Lieutenans
de 400 liv. chacun des Huffards Licenciés retournera
chez lui avec fon habit uniforme , &
un bonnet , & il lui fera donné deux fols par
lieue pour s'y rendre. La même Ordonnance
fixe les divers arrangemens à prendre pour parvenir
à la nouvelle compofition du Régiment
d'Ellerhafy , & en régle l'uniforme.
On mande de Franche -Comté , que la Ville de
Luxeul a pris la réſolution de rétablir les bains
d'eau chaude qui étoient prèfque tombés en ruine:
le fieur de Lacorée , Intendant de la Province
, a fait drefler pour cet objet le plan d'un
bâtiment vafte & commode dont la première
pierre a été polée , avec un grand appareil , le
S de ce mois , par les Officiers du Magiftrat, le
Maire de la Ville étant à leur tête & portant un
rablier de Maçon -garni de rubans . Les bains de
Lexeu font très-anciens & ont été très renommés
; mais depuis Jules Célar en avoit fait réparer
le bâtiment , on avoit négligé de l'entretenir.
Les Prêtres de la Doctrine Chrétienne ont tenu ,
le 30 du mois dernier , dans leur Maiſon de S.
Charles une Aflemblée générale, dans laquelle ils
ont élu pour Supérieur Général de leur Congrégation
le Père Jean -Augufte- Louis Chaftener de
Puységur .
Le quarante & uniéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel -de - Ville s'eft fait , le 24 du mois dernier
, en la manière accoutumée. Le Lot de cinJUILLET.
1764. 191
quante mille livres eft échu au Numéro 76'41 ;
celui de vingt mille livres au Numéro 68786 ;
& les deux de dix mille livres aux Numéros
63983 & 71603 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune font 53 , 90 , 48,73 , 65 .
L'affection fingulière du Roi pour cette Nobleſſe
luftre qui fait la gloire & la force du Royau
JUILLET. 1764. 187
me , & le defir d'en perpétuer l'éclat & l'utilité
ont porté Sa Majesté à inftituer une Ecole Mili
taire pour y élever dans l'art des armes cinq cens
Gentilshommes . L'expérience ayant fait reconnoître
que l'éducation , qui ne fe rapporte qu'à
un feul objet , eſt ſouvent infructueuse , le Roi a
jugé que le cours des Etudes publiques deftinées à
préparer toutes fortes de profeffions devoit être le
fondement de l'éducation de ceux qui feroient
admis à l'Ecole Militaire ; mais ce premier dégré
d'inftitution ne pouvant le trouver que dans une
Ecole célébre & nombreufe , Sa Majefté a jetté
les yeux fur le Collége de le Fléche qui , par
l'étendue de fes bâtimens , la nobleffe de fon établiffement
& les grands biens dont il a été doté ,
a paru remplir l'objet que Sa Majesté le propofe.
En conféquence , le Roi a donné des Lettres - Patentes
, en date du 7 Avril dernier , contenant
quarante-trois Articles dont on donne ici la
fubftance.
y
Le College Royal de la Flêche fera & demeu
rera dorénavant & à perpétuité deſtiné à l'éducation
& à l'inſtruction des enfans de deux cens cinquante
Gentilshommes du Royaume : il ne pourra
être établi aucun autre Penfionnat ; mais toutes
les Claffes y feront publiques , & tous les Externes
feront admis gratuitement dans ces Claffes , ainfi
que dans les autres Colléges de plein exercice.
Lefdits enfans feront nommés par le Roi & choifis
dans la Nobleſſe , fur la préſentation qui lui en
fera faite par le Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Guèrre & de la Marine : ils pour
ront être admis à l'âge de huit à neuf ans jufqu'à
celui de dix à onze , & les orphelins jufqu'à
treize , avec les conditions prefcrites par les Edits
& Déclarations précédens concernant l'Ecole Mi488
MERCURE DE FRANCE .
litaire , tant par rapport aux preuves de Nobleſſe
qu'aux autres qualités qui y font requifes. Il ne
pourra être admis aux deux cens cinquante places
qui resteront à remplir dans l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire que ceux defdits enfans de Gentilshommes
qui auront fait leuts Etudes dans ledit
College Royal & qui auront quatorze ans accomplis
: ceux d'entr'eux qui , par leurs difpofitions
particulières , fe trouveroient appellés à l'Etat
Eccléfiaftique ou de Magiftrature , ou à d'autres
profeflions nobles , pourront continuer d'y
faire leurs Etudes . Ce Collége fera régi & adminiftré
, fous l'infpection du Secrétaire d'Etat de
la Guerre & de la Marine , par un Bureau compofé
de l'Evêque Diocéfain , qui y préfidera , da
Lieutenant- Général & du Procureur du Roi en la
Sénéchauffée de la Flêche , de deux Notables
ehoifis par Sa Majefté parmi d'anciens Gentilshommes
retirés du ſervice , du Maire de la Ville
& du Principal dudit Collége. Il y fera établi un
Infpecteur chargé de rendre compte des moeurs
du caractère & des talens defdits enfans', & qui
aura féance & voix délibérative dans ledit Bureau
immédiatement après les deuxdits Gentilshommes.
Le College fera deffervi par des perfonnes
Eccléfiaftiques ou Séculières , & compofé d'un
Principal , d'un Sous-Principal , de deux Profeffeurs
de Philofophie , d'un de Rhétorique , de
cing Régens pour les Seconde , Troifiéme , Quatriéme
, Cinquiéme & Sixiéme Claffes , indépendamment
du nombre de Sous -Maîtres que le
Bureau d'Adminiſtration jugera néceffaire . Tous
les biens donnés audit College par les Rois prédéceffeurs
de Sa Majesté & par d'autres perfonnes
, & tous ceux en général qui doivent lui appartenir
au terme des Lettres - Patentes des 14
>
JUILLET. 1764. 189
Juin & 21 Novembre 1763 , & 30 Mars dernier
, lui feront & demeureront confervés , aux
charges portées par leldites Lettres , à l'exception
des rentes fur les Papegaux de Bretagne ,
qui feront employées au foutien des Colléges de
cette Province , & de la Terre de Bonnes , fur laquelle
Sa Majelté expliquera fes intentions. Comme
les revenus de ce Collége ne pourroient ſuffire
aux dépenfes néceffaires pour l'éducation &
l'entretien defdits deux cens cinquante Eléves
Gentilshommes , ce qui y manquera fera fuppléé
annuellement fur les revenus de l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire , fur lefquels il fera auffi
pourvu aux frais nécellaires pour l'ameublemeut
dudit College & pour le premier établiſſement
defdics Eléves. Le College Royal de la Flêche
jouira de toutes les franchiſes , exemptions & immunités
accordées par Sa Majefté à l'Hôtel de
l'Ecole Royale Militaire. Il continuera d'être régi
en la forme portée par l'Edit du mois de Février
1763 jufqu'au premier Octobre prochain. Les
mêmes Lettres Patentes contiennent différentes
difpofitions fur le choix & les appointemens du
Principal , du Sous- Principal , des Profeffeurs ,
Régens , &c . ainfi que des Eccléfiaftiques qui feront
attachés à la Chapelle : elles portent auffi
plufieurs réglemens pour l'adminiſtration des
biens & revenus du Collège.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 10
Février dernier , fuivant laquelle chacun des trois
Régimens de Huffards de Berchény , de Chamborant
& de Royal- Naſſau , actuellement compofés
de douze Compagnies de vingt- neuf hommes
, fera réduit huit Compagnies de vingtcing
hommes , dont fera auffi compofé le qua
triéme Régiment que Sa Majefté à réfolu de
190 MERCURE DE FRANCE .
former , & dont elle a donné le Commandement
au freur d'Efterhafy en qualité de Meſtrede
Camp. Tous les Officiers & Huffards excédens
feront Licenciés : les Capitaines réformés
jouiront de 800 liv. en appointement de réforme,
les Lieutenans de soo liv. & les Sous-Lieutenans
de 400 liv. chacun des Huffards Licenciés retournera
chez lui avec fon habit uniforme , &
un bonnet , & il lui fera donné deux fols par
lieue pour s'y rendre. La même Ordonnance
fixe les divers arrangemens à prendre pour parvenir
à la nouvelle compofition du Régiment
d'Ellerhafy , & en régle l'uniforme.
On mande de Franche -Comté , que la Ville de
Luxeul a pris la réſolution de rétablir les bains
d'eau chaude qui étoient prèfque tombés en ruine:
le fieur de Lacorée , Intendant de la Province
, a fait drefler pour cet objet le plan d'un
bâtiment vafte & commode dont la première
pierre a été polée , avec un grand appareil , le
S de ce mois , par les Officiers du Magiftrat, le
Maire de la Ville étant à leur tête & portant un
rablier de Maçon -garni de rubans . Les bains de
Lexeu font très-anciens & ont été très renommés
; mais depuis Jules Célar en avoit fait réparer
le bâtiment , on avoit négligé de l'entretenir.
Les Prêtres de la Doctrine Chrétienne ont tenu ,
le 30 du mois dernier , dans leur Maiſon de S.
Charles une Aflemblée générale, dans laquelle ils
ont élu pour Supérieur Général de leur Congrégation
le Père Jean -Augufte- Louis Chaftener de
Puységur .
Le quarante & uniéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel -de - Ville s'eft fait , le 24 du mois dernier
, en la manière accoutumée. Le Lot de cinJUILLET.
1764. 191
quante mille livres eft échu au Numéro 76'41 ;
celui de vingt mille livres au Numéro 68786 ;
& les deux de dix mille livres aux Numéros
63983 & 71603 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune font 53 , 90 , 48,73 , 65 .
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Résumé : De PARIS, le 8 Juin 1764.
Le 8 juin 1764, le roi de France a créé une École Militaire pour former cinq cents gentilshommes à l'art des armes. Reconnaissant l'importance d'une éducation polyvalente, le roi a décidé que les élèves de cette école devraient d'abord suivre des études publiques destinées à préparer diverses professions. Pour cela, il a choisi le Collège de la Flèche, renommé pour ses bâtiments, son établissement noble et ses grands biens. Par des Lettres Patentes du 7 avril 1764, le Collège Royal de la Flèche a été désigné pour l'éducation de deux cent cinquante enfants de gentilshommes du royaume. Ces enfants seront nommés par le roi sur présentation du Secrétaire d'État de la Guerre et de la Marine et pourront être admis entre huit et treize ans. Ils devront avoir effectué leurs études au Collège Royal de la Flèche pour être admis à l'École Royale Militaire. Le collège sera administré par un bureau composé de l'évêque diocésain, du lieutenant-général, du procureur du roi, de deux notables choisis par le roi, du maire de la ville et du principal du collège. Un inspecteur sera chargé de surveiller les mœurs, le caractère et les talents des élèves. Le collège sera desservi par des personnes ecclésiastiques ou séculières, incluant un principal, un sous-principal, des professeurs de philosophie et de rhétorique, et des régents pour les différentes classes. Les biens du collège seront conservés, et les revenus nécessaires pour l'éducation et l'entretien des élèves seront complétés par les revenus de l'Hôtel de l'École Royale Militaire. Le collège jouira des mêmes franchises et exemptions que l'École Royale Militaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 196-200
LETTRE à l'Auteur du MERCURE.
Début :
J'espere, Monsieur, que dans la partie de votre Journal que vous réservez [...]
Mots clefs :
Lettre, Ouvrage, M. Turmeau, Maison des Turmea, Noblesse, Fortune, Médiocrité, Mariage, Famille, Énonciation, Vérité, Succession
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à l'Auteur du MERCURE.
LETTRE à l'Auteur du MERCURE. *
A Paris , le 24 Mars 1764.
J''EESSPPEERREE ,, Monfieur , que dans la partie de votre
Journal que vous réservez aux Annonces généalogiques
, vous voudrez bien inférer cette Lettre.
L'intérêt que je prends à M. Turmeau de la Morandiere
, mon parent , me fait fouhaiter de détruire
la furprife que bien des perfonnes ont reffentie à
l'occafion de ce qu'il dit de fes Ayeux dans fon
* L'abondance des matières eft caufe que cette
Lettre n'a point paru plutôt dans le Mercure.
JUILLET . 1764. 197
Ouvrage intitulé , Principes politiques fur le rap- .
pel des Proteftans en France.
Son nom eft Turmeau : le furnom de la Morandiere
eft celui d'un petit Fief fitué à deux lieues
de Romorantin , fur le bord du Cher , dont les
Turmeau ont communément porté le nom par
préférence à leur propre nom & a celui des autres
Fiefs qui leur appartenoient : tels que la Grande-.
Maifon de Parpeçay , la Jarrerie , &c . Il y a cependant
eu des Turmeau des Beraudières & des
Turmeau de la Grange.
Les Turmeau font du nombre des anciennes
Nobleffes ils font compris dans le Catalogue des
Familles nobles de Blois , fait par Bernier en
1682. Il eft vrai que commé il y a plus de cent
cinquante ans qu'ils font pauvres , ils ont été
tellement ignorés , que Bernier les a cru éteints .
On ne connoît pas leur origine : il y a lieu de
croire qu'ils ons été appellés avec les Brachet dans
le Bléfois en 151s par Louife , Ducheffe d' Angou
lême , lorfque François I. fon fils monta fur le
Trône. Un fait conftant , c'eft que Jean Brachet,,
qui avoit été Précepteur de François I , donna
l'une de fes filles en mariage à un des Aïeux, pa-,
ternels de M. de la Morandiere , avec une portion
du Fief fis à Romorantin , qui lui avoit été donné
par Madame d' Angoulême , de forte que ce Fief
s'appella le Fief de Turmeau. Il fubfifte encore
fous ce nom , quoique très dénaturé.
La médiocrité de la fortune de fes defcendans ,
les Guerres Civiles , le peu de durée de la faveur,
des Brachet , ont été autant de caufes d'éloignement
& d'oubli . Malgré ces contre temps , les.
Turmeau & les Brachet ont fouvent renouvellé
par des mariages leur ancienne alliance , & c'eft
de ces mariages que M. de la Morandiere tire lon
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
droit au Collège de Boily pour y placer fes en
fans , comme parens du Fondateur.
Il eft à obferver que dans la généalogie des
Chartier, qui eft commune aux Maifons de Gefres
, de Molé , d'Ormefon , de Montholon , &
autres qui ont , comme lui , droit au Collège au
même titre de parenté , il eft ignoré , fi Françoife
Chartier dont il defcend , a eu postérité.
Quelque pauvre que foit cette Famille , on ne
peut lui reprocher comme à beaucoup d'autres
qui figurent aujourd'hui , qu'elle ait un feul rejetton
qui ait exercé aucune profeffion méchanique
ou humiliante. Tous ont été voués depuis un
remps immémorial à la Magiftrature ou au Barreau.
Les uns ont été Châtelains ou Procureurs du
Roi de Romorantin , oa Juges Royaux ; les autres
ont été Avocats au Parlement ou dans d'autres
Places analogues , & tous ont fait de grandes
Alliances. Il y a fort peu de Maiſons à la Cour
auxquelles cette Famille n'ait l'honneur d'apparrenir.
La mère de fon père étoit Charlotte de Bafoges
de Boismaitre , laquelle étoit petite-fille de
Marguerite de Caftelnau , foeur du Marquis de-
Caftelnau , Ambaffadeur en Angleterre , &
grande- tante du Maréchal de France . L'Abbé
Te Laboureur a dit à l'Article de Marguerite de Caf
telnau , qu'elle mourut fans poſtérité.
Heft , Monfieur , bien fingulier , que dans une
même Généalogie , on trouve trois énonciations
auffi peu éxactes . Bernier a dit que les Turmeau
étoient éteints ; l'ancien Rédacteur de la généalogie
du Collège de Boiffy paroît faire conjecturer
que Françoife Chartier étoit morte fans postérité ;
& le Laboureur annonce le même fait contre les
enfans de Madame de Boismaitre .
Aujourd'hui M. de la Morandiere rapporte des
JUILLET. 1764. 199
L
titres non équivoques pour prouver le peu d'éxactitude
de ces trois énonciations. Il eft fans contredit
de la Famille Turmeau de Blois ; il vient de
prouver fon droit au Collège de Boiffy , comme
defcendant de Françoife Chartier , mariée à
Etienne Bracher , & il a le contrat de mariage
de Charlotte de Bafoges , Dame de Boismaitre
fon aïeule paternelle , petite-fille de Marguerite
de Caftelnau.
D'après cet expofé , la furpriſe du Public difparoîtra
en fentant que dans ce qu'a dit M. de laMorandiere
dans fon Ouvrage , il a eu principalement
en vue fes Aieux maternels . Il a donc été fondé à
dire que les Aïeux ( Brachet , Chartier , Caftelnau
& beaucoup d'autres que ces mêmes alliances lui
ont donné , ) ont rempli pendant cinq fiécles de
très-grandes places à la Cour. La médiocrité de
la fortune de fes Aïeux paternels depuis plus
d'un fiécle ne doit rien faire contre lui. On fait
qu'il y a des Maiſons illuftres dont plufieurs rejettons
font tombés dans l'oubli par le défaut de
fortune. On peut encore ajouter en faveur des
Turmeau que s'ils ont eu l'honneur de s'allier
conftamment avec les bonnes Maifons de la Province
qu'ils ont habitée , plufieurs Gentilshommes
ont pris alliance dans cette famille. La Bifaïeule
de M. le Comte de Riocourt étoit une Turmeau ,
de la branche des Seigneurs de Monteaux , &c .
Les alliances ont été fréquentes & réciproques
avec les Familles Gallus de Rioubert Brachet
de la Milletiere & de Pormoran , Pajon Devillai
mes, Dauvergne , Leclerc de Douy , &c.
Meffieurs de Montmorency & de Fains , ont
recueilli la fucceffion d'un Montmorency , Seigneur
de Neavy- le-Palliou , au partage de laquelle fe
préfenta comme parent il y a vingt einq ans le
Iiv
200 MERCURE DE FRANCE.
père de M. de la Morandiere . A la vérité il n'y
eur aucune portion , parce qu'on lui fit croire qu'il
étoit parent plus éloigné du défunt que les copartageans.
Je fais qu'il eſt dans l'intention d'examiner
s'il ne pourroit pas revenir également
contre cette exclufion à la fucceffion de cette
branche Montmorency , comme il revient aujour
d'hui contre les énonciations qui fembloient détruire
fes Aïeuls tant paternels que maternels.
J'ai l'honneur d'être &c.
PAJON DE MONCATS.
Lafuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
A Paris , le 24 Mars 1764.
J''EESSPPEERREE ,, Monfieur , que dans la partie de votre
Journal que vous réservez aux Annonces généalogiques
, vous voudrez bien inférer cette Lettre.
L'intérêt que je prends à M. Turmeau de la Morandiere
, mon parent , me fait fouhaiter de détruire
la furprife que bien des perfonnes ont reffentie à
l'occafion de ce qu'il dit de fes Ayeux dans fon
* L'abondance des matières eft caufe que cette
Lettre n'a point paru plutôt dans le Mercure.
JUILLET . 1764. 197
Ouvrage intitulé , Principes politiques fur le rap- .
pel des Proteftans en France.
Son nom eft Turmeau : le furnom de la Morandiere
eft celui d'un petit Fief fitué à deux lieues
de Romorantin , fur le bord du Cher , dont les
Turmeau ont communément porté le nom par
préférence à leur propre nom & a celui des autres
Fiefs qui leur appartenoient : tels que la Grande-.
Maifon de Parpeçay , la Jarrerie , &c . Il y a cependant
eu des Turmeau des Beraudières & des
Turmeau de la Grange.
Les Turmeau font du nombre des anciennes
Nobleffes ils font compris dans le Catalogue des
Familles nobles de Blois , fait par Bernier en
1682. Il eft vrai que commé il y a plus de cent
cinquante ans qu'ils font pauvres , ils ont été
tellement ignorés , que Bernier les a cru éteints .
On ne connoît pas leur origine : il y a lieu de
croire qu'ils ons été appellés avec les Brachet dans
le Bléfois en 151s par Louife , Ducheffe d' Angou
lême , lorfque François I. fon fils monta fur le
Trône. Un fait conftant , c'eft que Jean Brachet,,
qui avoit été Précepteur de François I , donna
l'une de fes filles en mariage à un des Aïeux, pa-,
ternels de M. de la Morandiere , avec une portion
du Fief fis à Romorantin , qui lui avoit été donné
par Madame d' Angoulême , de forte que ce Fief
s'appella le Fief de Turmeau. Il fubfifte encore
fous ce nom , quoique très dénaturé.
La médiocrité de la fortune de fes defcendans ,
les Guerres Civiles , le peu de durée de la faveur,
des Brachet , ont été autant de caufes d'éloignement
& d'oubli . Malgré ces contre temps , les.
Turmeau & les Brachet ont fouvent renouvellé
par des mariages leur ancienne alliance , & c'eft
de ces mariages que M. de la Morandiere tire lon
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
droit au Collège de Boily pour y placer fes en
fans , comme parens du Fondateur.
Il eft à obferver que dans la généalogie des
Chartier, qui eft commune aux Maifons de Gefres
, de Molé , d'Ormefon , de Montholon , &
autres qui ont , comme lui , droit au Collège au
même titre de parenté , il eft ignoré , fi Françoife
Chartier dont il defcend , a eu postérité.
Quelque pauvre que foit cette Famille , on ne
peut lui reprocher comme à beaucoup d'autres
qui figurent aujourd'hui , qu'elle ait un feul rejetton
qui ait exercé aucune profeffion méchanique
ou humiliante. Tous ont été voués depuis un
remps immémorial à la Magiftrature ou au Barreau.
Les uns ont été Châtelains ou Procureurs du
Roi de Romorantin , oa Juges Royaux ; les autres
ont été Avocats au Parlement ou dans d'autres
Places analogues , & tous ont fait de grandes
Alliances. Il y a fort peu de Maiſons à la Cour
auxquelles cette Famille n'ait l'honneur d'apparrenir.
La mère de fon père étoit Charlotte de Bafoges
de Boismaitre , laquelle étoit petite-fille de
Marguerite de Caftelnau , foeur du Marquis de-
Caftelnau , Ambaffadeur en Angleterre , &
grande- tante du Maréchal de France . L'Abbé
Te Laboureur a dit à l'Article de Marguerite de Caf
telnau , qu'elle mourut fans poſtérité.
Heft , Monfieur , bien fingulier , que dans une
même Généalogie , on trouve trois énonciations
auffi peu éxactes . Bernier a dit que les Turmeau
étoient éteints ; l'ancien Rédacteur de la généalogie
du Collège de Boiffy paroît faire conjecturer
que Françoife Chartier étoit morte fans postérité ;
& le Laboureur annonce le même fait contre les
enfans de Madame de Boismaitre .
Aujourd'hui M. de la Morandiere rapporte des
JUILLET. 1764. 199
L
titres non équivoques pour prouver le peu d'éxactitude
de ces trois énonciations. Il eft fans contredit
de la Famille Turmeau de Blois ; il vient de
prouver fon droit au Collège de Boiffy , comme
defcendant de Françoife Chartier , mariée à
Etienne Bracher , & il a le contrat de mariage
de Charlotte de Bafoges , Dame de Boismaitre
fon aïeule paternelle , petite-fille de Marguerite
de Caftelnau.
D'après cet expofé , la furpriſe du Public difparoîtra
en fentant que dans ce qu'a dit M. de laMorandiere
dans fon Ouvrage , il a eu principalement
en vue fes Aieux maternels . Il a donc été fondé à
dire que les Aïeux ( Brachet , Chartier , Caftelnau
& beaucoup d'autres que ces mêmes alliances lui
ont donné , ) ont rempli pendant cinq fiécles de
très-grandes places à la Cour. La médiocrité de
la fortune de fes Aïeux paternels depuis plus
d'un fiécle ne doit rien faire contre lui. On fait
qu'il y a des Maiſons illuftres dont plufieurs rejettons
font tombés dans l'oubli par le défaut de
fortune. On peut encore ajouter en faveur des
Turmeau que s'ils ont eu l'honneur de s'allier
conftamment avec les bonnes Maifons de la Province
qu'ils ont habitée , plufieurs Gentilshommes
ont pris alliance dans cette famille. La Bifaïeule
de M. le Comte de Riocourt étoit une Turmeau ,
de la branche des Seigneurs de Monteaux , &c .
Les alliances ont été fréquentes & réciproques
avec les Familles Gallus de Rioubert Brachet
de la Milletiere & de Pormoran , Pajon Devillai
mes, Dauvergne , Leclerc de Douy , &c.
Meffieurs de Montmorency & de Fains , ont
recueilli la fucceffion d'un Montmorency , Seigneur
de Neavy- le-Palliou , au partage de laquelle fe
préfenta comme parent il y a vingt einq ans le
Iiv
200 MERCURE DE FRANCE.
père de M. de la Morandiere . A la vérité il n'y
eur aucune portion , parce qu'on lui fit croire qu'il
étoit parent plus éloigné du défunt que les copartageans.
Je fais qu'il eſt dans l'intention d'examiner
s'il ne pourroit pas revenir également
contre cette exclufion à la fucceffion de cette
branche Montmorency , comme il revient aujour
d'hui contre les énonciations qui fembloient détruire
fes Aïeuls tant paternels que maternels.
J'ai l'honneur d'être &c.
PAJON DE MONCATS.
Lafuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
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Résumé : LETTRE à l'Auteur du MERCURE.
La lettre datée du 24 mars 1764, adressée à l'auteur du Mercure, vise à rectifier des informations erronées concernant la famille de M. Turmeau de la Morandiere. L'auteur souhaite clarifier les origines et la noblesse de cette famille, souvent méconnues ou mal interprétées. La famille Turmeau porte le surnom de la Morandiere, issu d'un fief près de Romorantin. Elle est une ancienne famille noble, mentionnée dans le catalogue des familles nobles de Blois en 1682. Leur origine exacte est inconnue, mais il est probable qu'ils aient été appelés en Berry par Louise d'Angoulême au début du XVIe siècle. Un fait avéré est que Jean Brachet, précepteur de François Ier, a marié l'une de ses filles à un ancêtre de M. de la Morandiere, lui transmettant ainsi un fief. Malgré des périodes de pauvreté et d'oubli, les Turmeau ont maintenu leur noblesse et ont souvent renouvelé leurs alliances avec d'autres familles nobles par des mariages. M. de la Morandiere revendique ainsi des droits au Collège de Boily grâce à ces alliances. La lettre souligne que, bien que la famille soit modeste, elle n'a jamais exercé de professions méprisables. Les Turmeau ont traditionnellement été impliqués dans la magistrature ou le barreau, et ont fait de nombreuses alliances prestigieuses. La mère du père de M. de la Morandiere était Charlotte de Bafoges de Boismaitre, petite-fille de Marguerite de Castelnau, sœur du Marquis de Castelnau, ambassadeur en Angleterre. L'auteur critique les erreurs trouvées dans diverses généalogies, notamment celles de Bernier, du rédacteur du Collège de Boily, et de l'Abbé Te Laboureur. M. de la Morandiere a fourni des preuves pour corriger ces erreurs, démontrant ainsi la continuité de sa lignée et ses droits nobles. Enfin, la lettre mentionne que la famille Turmeau a souvent été alliée à des maisons illustres et que des gentilshommes ont pris des alliances dans cette famille. Elle conclut en exprimant l'intention de M. de la Morandiere de réexaminer une exclusion de succession dans la branche Montmorency.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 204-205
LETTRE à M. DE LA PLACE, sur un événement intéressant.
Début :
Quoique les Gazettes étrangères, Monsieur, aient déjà fait mention d'un [...]
Mots clefs :
Gazettes étrangères, Nation, Héroïsme, Général Betski, Flatteries, Admirable, Modestie , Noblesse, Femme extraordinaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M. DE LA PLACE, sur un événement intéressant.
LETTRE à M. DE LA PLACE,
fur un événement intéressant.
QUOIQUE les Gazettes étrangères ,
Monfieur , aient déja fait mention d'un
trait d'humanité admirable , je fuis cependant
chargé de vous adreffer les
deux lettres qui renferment , pour ainfi
dire , l'hiftoire de ce trait immortel.
Chaque Nation doit confacrer dans fes
papiers publics l'héroïfme du Sentiment
, & tout homme à qui ce dépôt
eft confié doit être ravi d'en faire ufage :
il eft doux de contribuer à perpétuer
ce qu'on admire ; il eft doux de penfer
qu'on s'affocie à l'Auteur d'une belle
action , en prévenant l'injuftice du
temps qui pourroit la faire oublier.
Que M. le Général Betski doit être
flatté de l'enthoufiafme de l'Inconnu
JUILLET. 1754. 205
qui lui écrit ! qu'une entreprife a déja
de fuccès , quand elle fait naître les
tranfports & la générofité ! Que l'Inconnu
furtout eft admirable par fon
procédé & par fa modeftie ! Heureux
Monfieur , heureux qui peut donner
avec tant de nobleffe , heureux qui peut
recevoir avec tant de gloire ! La fituation
de ces deux hommes ne peut être
comparée qu'au bonheur de chacun
d'eux.
Oferai -je mêler aux objets de ce tableau
une Souveraine magnanime , une
Femme extraordinaire ! Oui , fa place
eft parmi ceux dont elle anime l'âme &
le génie ; l'établiffement de l'illuftre Général
, le procédé du vertueux Anonyme
font nés de l'exemple de CATHERINE ,
& l'admiration fe tourne vers elle quand
la reconnoiffance parle pour eux ; mais
il eft mille chofes à dire d'elle , qu'on
lui doit quand on ofe en parler , &
qu'on eft obligé de lui laiffer ignorer
tant on fe fent peu capable & peu digne
de faire fon éloge : taifons - nous
donc , Monfieur , renfermons- nous dans
le plaifir de fentir , & fubftituons les
voeux aux louanges .
J'ai l'honneur d'être , & c.
DE BASTIDE,
fur un événement intéressant.
QUOIQUE les Gazettes étrangères ,
Monfieur , aient déja fait mention d'un
trait d'humanité admirable , je fuis cependant
chargé de vous adreffer les
deux lettres qui renferment , pour ainfi
dire , l'hiftoire de ce trait immortel.
Chaque Nation doit confacrer dans fes
papiers publics l'héroïfme du Sentiment
, & tout homme à qui ce dépôt
eft confié doit être ravi d'en faire ufage :
il eft doux de contribuer à perpétuer
ce qu'on admire ; il eft doux de penfer
qu'on s'affocie à l'Auteur d'une belle
action , en prévenant l'injuftice du
temps qui pourroit la faire oublier.
Que M. le Général Betski doit être
flatté de l'enthoufiafme de l'Inconnu
JUILLET. 1754. 205
qui lui écrit ! qu'une entreprife a déja
de fuccès , quand elle fait naître les
tranfports & la générofité ! Que l'Inconnu
furtout eft admirable par fon
procédé & par fa modeftie ! Heureux
Monfieur , heureux qui peut donner
avec tant de nobleffe , heureux qui peut
recevoir avec tant de gloire ! La fituation
de ces deux hommes ne peut être
comparée qu'au bonheur de chacun
d'eux.
Oferai -je mêler aux objets de ce tableau
une Souveraine magnanime , une
Femme extraordinaire ! Oui , fa place
eft parmi ceux dont elle anime l'âme &
le génie ; l'établiffement de l'illuftre Général
, le procédé du vertueux Anonyme
font nés de l'exemple de CATHERINE ,
& l'admiration fe tourne vers elle quand
la reconnoiffance parle pour eux ; mais
il eft mille chofes à dire d'elle , qu'on
lui doit quand on ofe en parler , &
qu'on eft obligé de lui laiffer ignorer
tant on fe fent peu capable & peu digne
de faire fon éloge : taifons - nous
donc , Monfieur , renfermons- nous dans
le plaifir de fentir , & fubftituons les
voeux aux louanges .
J'ai l'honneur d'être , & c.
DE BASTIDE,
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Résumé : LETTRE à M. DE LA PLACE, sur un événement intéressant.
La lettre à M. de La Place relate un acte de générosité et d'humanité remarquable. L'auteur mentionne que des gazettes étrangères ont déjà parlé de cet acte et qu'il est chargé de transmettre deux lettres détaillant cet événement. Il souligne l'importance de célébrer l'héroïsme et les sentiments nobles dans les publications publiques. L'auteur exprime sa satisfaction de contribuer à perpétuer de telles actions et de prévenir l'oubli. Il admire particulièrement le général Betski et un inconnu qui lui a écrit en juillet 1754, soulignant leur enthousiasme et leur générosité. Il loue la modestie et la noblesse de l'inconnu, ainsi que la réussite de son entreprise. La lettre compare la situation des deux hommes à leur bonheur mutuel. L'auteur mentionne également une souveraine magnanime et une femme extraordinaire, Catherine, dont l'exemple a inspiré le général Betski et l'anonyme vertueux. Il exprime son admiration et sa reconnaissance envers Catherine, tout en se sentant indigne de faire son éloge. Il conclut en exprimant ses vœux plutôt que des louanges et signe la lettre 'De Bastide'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 209-211
CERTIFICAT donné par la Noblesse de Poitou d'après l'examen des Piéces originales.
Début :
Nous soussignés, nobles Gentilhommes de cette Province du Poitou, certifions que la Maison [...]
Mots clefs :
Noblesse, Gentilhommes, Familles, Maréchal de camp, Chevalier, Maison de Bruneau, Certificats, Secrétaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CERTIFICAT donné par la Noblesse de Poitou d'après l'examen des Piéces originales.
CERTIFICAT donné par la Noblefe de Poitou ,
d'après l'examen des Piéces originales .
Nous ſouffignés , nobles Gentilhommes de cette
Province du Poitou , certifions que la Maifon de
Bruneau a toujours été noble d'extraction & de
toute ancienneté ; que la branche aînée des mâles
s'eft éteinte dans la perfonne de Pierre Bruneau
, Seigneur de Larabateliere en Poitou ,
& que la Branche cadette des
mâles ,,
que le peu de fortune a fait déroger ,
defcendante de Denis Bruneau fon Frère , s'éteint
mort en 1727 ,
210 MERCURE DE FRANCE.
·
dans les perfonnes de Pierre- René François
Bruneau , Prêtre - Chanoine de S Hilaire , &
de Dame Florence- Radegon le- Louife- Eléonor-
Julie Bruneau , Marquife de Crillon ; à Poitiers ,
ce 22 Mai 1764. Signés , du Couffour , Chevalier
de S. Louis , de Laufon de la Poupardiere Chevalier
de S. Louis , Commandant du Régiment de
Poitiers , L. Frottier de la Melleliere , Maréchal
de Camp , Chardeboeuf de Pradel , Maréchal de
Camp , de Vaily de Ville- neuve , Marquis de
Vitrey , de la Porte du Theil , Chevalier de S.
Louis , d'Augeard Chauvelin . Chanoine de l'Eglife
de S. Hilaire- le-Grand , de Durivau , de la
Sayette , Sous- Chantre de S. Hilaire - le - Grand ,
Daviau de Piolan . Au- deffous eft écrit , nous In .
tendant de la Généralité de Poitiers , certifions
reconnoître les fignatures ci- deffus comme étant
véritablement celles qui compofent la première
Nobleffe qui fe trouve raffemblée à Poitiers &
auxquelles on doit ajouter le plus de foi , étant
de la plus éxacte probité. Signé , de Labourdonnaye
de Bloffac .
Les armes de la Maifon de Bruneau à S.
Jean de Cambran , Election de Thouars , font
d'argent à fept merlettes de fable trois , trois-
& une. Jacques Bruneau , grand Oncle de la
Marquife de Crillon , fut reçu Chevalier de
Malthe dans le dernier fiécle au Grand Prieuré
d'Aquitaine de Poitiers , & le Père de la Dé
fante eft Coulin- Germain du Seigneur du Rivau
& a prouvé par les Actes d'après lefquels a été
fait le Certificat de la Nobleffe ci - deffus , que
les Pères avoient toujours contracté des allian
ces avec les plus grandes Maifons , telles que
celles de Beauvau , de Defcars , de la Beaume ,
de Rochechouart , de la Trémouille , & c , & c .
On peut voir les originaux des Certificats aina
OCTOBR E. 1764. 201
que tous les Actes fur lefquels ils ont été donnés
chez M Jarry , Notaire au Marché Neuf ;
toutes les mêmes Piéces collationnées à Paris fur
les Originaux le 26 Mai 1764 , fignées dudit Me.
Jarry & de M Perron auffi Notaire , & authentiquées
par M. Dargouges , Lieutenant Civil de
la Ville , Prévôté & Vicomté de Paris , qui y
a fait appofer le cachet de fes Armes , & contre
-figné par le Sieur Burbay , fon Secrétaire ,
le S Juin 1764.
d'après l'examen des Piéces originales .
Nous ſouffignés , nobles Gentilhommes de cette
Province du Poitou , certifions que la Maifon de
Bruneau a toujours été noble d'extraction & de
toute ancienneté ; que la branche aînée des mâles
s'eft éteinte dans la perfonne de Pierre Bruneau
, Seigneur de Larabateliere en Poitou ,
& que la Branche cadette des
mâles ,,
que le peu de fortune a fait déroger ,
defcendante de Denis Bruneau fon Frère , s'éteint
mort en 1727 ,
210 MERCURE DE FRANCE.
·
dans les perfonnes de Pierre- René François
Bruneau , Prêtre - Chanoine de S Hilaire , &
de Dame Florence- Radegon le- Louife- Eléonor-
Julie Bruneau , Marquife de Crillon ; à Poitiers ,
ce 22 Mai 1764. Signés , du Couffour , Chevalier
de S. Louis , de Laufon de la Poupardiere Chevalier
de S. Louis , Commandant du Régiment de
Poitiers , L. Frottier de la Melleliere , Maréchal
de Camp , Chardeboeuf de Pradel , Maréchal de
Camp , de Vaily de Ville- neuve , Marquis de
Vitrey , de la Porte du Theil , Chevalier de S.
Louis , d'Augeard Chauvelin . Chanoine de l'Eglife
de S. Hilaire- le-Grand , de Durivau , de la
Sayette , Sous- Chantre de S. Hilaire - le - Grand ,
Daviau de Piolan . Au- deffous eft écrit , nous In .
tendant de la Généralité de Poitiers , certifions
reconnoître les fignatures ci- deffus comme étant
véritablement celles qui compofent la première
Nobleffe qui fe trouve raffemblée à Poitiers &
auxquelles on doit ajouter le plus de foi , étant
de la plus éxacte probité. Signé , de Labourdonnaye
de Bloffac .
Les armes de la Maifon de Bruneau à S.
Jean de Cambran , Election de Thouars , font
d'argent à fept merlettes de fable trois , trois-
& une. Jacques Bruneau , grand Oncle de la
Marquife de Crillon , fut reçu Chevalier de
Malthe dans le dernier fiécle au Grand Prieuré
d'Aquitaine de Poitiers , & le Père de la Dé
fante eft Coulin- Germain du Seigneur du Rivau
& a prouvé par les Actes d'après lefquels a été
fait le Certificat de la Nobleffe ci - deffus , que
les Pères avoient toujours contracté des allian
ces avec les plus grandes Maifons , telles que
celles de Beauvau , de Defcars , de la Beaume ,
de Rochechouart , de la Trémouille , & c , & c .
On peut voir les originaux des Certificats aina
OCTOBR E. 1764. 201
que tous les Actes fur lefquels ils ont été donnés
chez M Jarry , Notaire au Marché Neuf ;
toutes les mêmes Piéces collationnées à Paris fur
les Originaux le 26 Mai 1764 , fignées dudit Me.
Jarry & de M Perron auffi Notaire , & authentiquées
par M. Dargouges , Lieutenant Civil de
la Ville , Prévôté & Vicomté de Paris , qui y
a fait appofer le cachet de fes Armes , & contre
-figné par le Sieur Burbay , fon Secrétaire ,
le S Juin 1764.
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Résumé : CERTIFICAT donné par la Noblesse de Poitou d'après l'examen des Piéces originales.
Le document est un certificat émanant de la Noblefe de Poitou, attestant de la noblesse de la maison de Bruneau. Il certifie que cette famille est noble de longue date. La branche aînée s'est éteinte avec Pierre Bruneau, Seigneur de Larabateliere. La branche cadette, issue de Denis Bruneau, frère de Pierre, s'est également éteinte en 1727 avec Pierre-René-François Bruneau, Prêtre-Chanoine de Saint-Hilaire, et Dame Florence-Radegon-le-Louise-Éléonor-Julie Bruneau, Marquise de Crillon. Le certificat est daté du 22 mai 1764 et signé par plusieurs nobles et dignitaires, dont le Chevalier de Saint-Louis, des Maréchaux de Camp, et des Chanoines. Les armes de la maison de Bruneau sont décrites comme étant d'argent à sept merlettes de sable. Jacques Bruneau, grand-oncle de la Marquise de Crillon, fut Chevalier de Malthe au Grand Prieuré d'Aquitaine de Poitiers. Les actes et certificats originaux sont conservés chez Maître Jarry, Notaire au Marché Neuf, et ont été authentifiés à Paris le 26 mai 1764 par Maître Dargouges, Lieutenant Civil de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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49
p. 113-114
LOGOGRIPHE.
Début :
Lecteur, plus d'une fois dans ta juste colère [...]
Mots clefs :
Noblesse