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1
p. 2660
PORTUGAL.
Début :
On écrit de Lisbonne, que le 4. Octobre le Roi, accompagné de l'Infant Don Antoine [...]
Mots clefs :
Infant, Lisbonne, Religieux franciscains de la Réforme
2
p. 159-163
Arc de Triomphe, en son honneur, [titre d'après la table]
Début :
Le I. de ce mois, S. A. R. reçut les complimens [...]
Mots clefs :
Don Carlos, Infant, Arc de triomphe, Médaillons, Inscriptions, Arrivée, Livourne
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texteReconnaissance textuelle : Arc de Triomphe, en son honneur, [titre d'après la table]
Le r. de ce mois,S. A. R. reçut les complimens
sur la nouvelle année de toutes les personnes de
distinction qui sont à Livourne. La Nation Hol landoise donna à ce Prince le divertissement d'une
Course de chevaux , dont le Prix étoit un Man
teau de Velours cramoisi garni d'argent ; et la
Nation Angloise exposa la Machine qu'elle avoir
fait construire. C'étoit un Arc de Triomphe.
qui avoit sa principale face tournée du côté
de la Porte de la Marine on y voyoit deux Pilastres peints à l'imitation du Marbre verd antique , avec les Bases et les Chapiteaux dorez ,
d'un Ordre composé entre chaque Pilastre étoit
placée une Statue , dont l'une représentoit la
Justice , et l'autre la Clemence. On voyoit un
bas-relief au Piedestal de la Justice , le Conseil
des Dieux , et Mercure conduisant par la main
un jeune Héros , en action de parler , pour le
présenter aux Muses qui se réjouissoient sur les
Mont Parnasse à la vue de ce Héros :
sous on lisoit ::
au-desJam novaprogenies calo demittitur alto.
Dans l'autre bas- relief du Piedestal de la Clemence , étoient représentés le Port et la Ville
de Livourne , ayant les Portes ouvertes : dans le
lointain , diverses Galeres qui y dirigeoient leur
course , dont on distinguoit la Royale d'Espagne , sur le devant de laquelle on voyoit la Fe
Licité qui prioit Neptune de calmer la Mer , et
d'accorder un heureux Voyage au Prince Don
Carlos ; et derriere Neptune on voyoit le Temps Hij qui:
166 MERCURE DE FRANCE
qui tenoit la Tempête assujettie à ses pieds : au dessus étoit écrit :
Volvenda dies en attulit ultro..
L'Inscription suivante paroissoit sur la partie
supérieure , en lettres d'or et noires , comme sur un fond imité de Marbre blanc.
SALVO ATQUE INCOLUMI CAROLO PRIN-.-
CIPE PHILIPPI V , Hispaniarum Regis , et Ré-,
gina Elisabetha Farnesia , Filio inclito , Felice ,
Augusto , Parma et Placentia Duce , quod optatissimo adventu suo impletis omnium votis qualis
quantusque futurus sit in hoc Imperio faustis aus-,
piciis ostendat restituta Europa pace , confirmataque Etruria felicitate Britanni hic Negociantes ,
annuente et favente Joanne Gastone , Magno Duce
Etruria , summa_latitia gestientibus animis po- suere.
Sur les Médaillons de chaque côté étoient as¬
sises deux Statues , dont l'une représentoit la
Gloire , et l'autre l'Eternité , et au dessus de
FInscription étoient les Armes d'Espagne.
Il y avoit dans l'autre façade de l'Arc de
Triomphe , tournée du côté de la Porte de Pise
entre deux Pilastres , deux Statues , dont l'une
à droite représentoit la Providence , et l'autre la Liberalité. Les Arts liberaux et l'accroissement
du Commerce étoient dépeints dans le bas-relief
du Piedestal qui étoit sous la Providence , avec ces mots FELICITAS ETRURIÆ ; et sous la
Liberalité , on voyoit la Paix et la Felicité qui
embrassoient l'Europe. Le Temple de Janus paroissoit fermé , et sur le devant on voyoit des
petits genies qui amassoient des Armes et des
Instrumens de Guerre , et en faisoient un Feu de
joye , avec ces mots ; PAIX D'EUROPE.
L'Ins
JANVIER 1732 161
L'Inscription suivante , en lettres d'or et noi-
> étoit dans la partie supérieure de cette:
façade.
Ingresso feliciter Etruriam exoptatissimo ›Prin+-
cipe Carolo , multiplicatis ubique votis latisque
acclamationibus , Britanni hac Negociantes maximo gestientes gaudio , Philippi V. Hispaniarum
Regis , et Regina Elizabetha Farnesis , atque Joanni Gastori; Magno Duci Etruria , Sospite filio inclito , dignoque successore , perenni obsequio gratu lantur.
Sur les deux Médaillons des côtez , paroissoient assises la Joye et la Constance , avec les
Symboles et les Attributs qui leur sont propres ;
et sur l'Inscription de cette Façade , de même que
sur les deux côtez de l'édifice , on voyoit pareillement les Armes d'Espagne, surmontées par tout
d'une Couronne dorée , et supportées par deux :
Lions.
Aux quatres parties intérieures de l'Arc de :
triomphe étoient placez quatre Médaillons ovales , peints au Chiaro Oscuro. Dans le premier ,
qui répondoit à l'alignement de la Justice , paroissoit unjeune Prince, avec son Manteau Royal,, tenant de la main droite un Globe ; et de la gauche une Lance , avec ces mots : PRINCIPI JU- ·
VENTUTIS ; et dans l'endroit qui répondoit à la Clémence , étoit peinte une Galere , conduite par
Neptune , et faisant voile , avec un vent fa vorable , avec ces mots : FELIX ADVENTUS.
Vis-à- vis , à l'endroit qui répondoit à la Sa--
rue de la Liberalité, il y avoit un autre Médaillon,
dans lequel étoit représentée l'Esperance , avec une
Fleur à la main , et ayant à ses pieds une Mesuse remplie d'Epics. de Blé , avec cette Devise a :
H.v. SPES ›
162 MERCURE DE FRANCE®
SPES PUBLICA; et vis- à vis le premier Médail
lon , du côté de la Statuë de la Providence ,
étoient peints quatre petits Genies , faisant un
beau Groupe , représentant allégoriquement les
quatre Saisons , avec ces mots : FELICITAS,
TEMPORUM.
Les Bases , Chapiteaux , Corniches , Festons et- autres ornemens de cet Edifice étoient tous dorez; ce qui, joint au bon gout qui regnoit dans la
distribution des couleurs , à l'imitation des plus beaux marbres , offroit à la vue tout ce qu'on
peut s'imaginer de plus magnifique et de plus .
Beau. Les huit Statues et les quatre Médaillons ,
étoient pris des Revers des Médailles des Empereurs Romains et peints par differens Peintres ,
qui ont le plus de réputation . Les deux Façades ,
avoient 47 pieds , et les deux côtez 28 pieds de largeur , et 76 pieds de hauteur. Le tout a été
conduit par le sieur Ferdinand Ruggier , celebre Architecte Florentin. L'Abbé Antoine - François
Gori , Professeur en l'Histoire de l'Université
deFlorence , est l'Auteur des Inscriptions,.
de vent
Voicy d'autres circonstances sur l'arrivée de
Don Carlos , en Italie. Le 27 Decembre dernier
la Galere du Chevalier Marescotti , entra dans le
Port deLivourne, ayant été séparée des deux-au-.. tres Galeres du Grand Duc , par un coup
qui l'avoit assez endommagée. Deux heures après
il arriva une autre Galere du Grand Duc , commandée par le Capitaine Nanglé , et le soir on .
vit entrer dans le Port , la Capitane des Galeres .
du Roy d'Espagne , que montoit l'Infant Don Carlos , suivie d'une autre Galere Espagnole. Aussi-tôr qu'on eut donné le signal de l'arrivée de
se Prince , onfit plusieurs décharges d'Artillerie ,.
après
JANVIER. 17326 163
après lesquelles S. A. R. descendit dans la ChaFoupe du Grand Duc , qui étoit magnifiquement
ornée. Il fit ensuite son Entrée publique en cette
Ville , dont la Garnison et la Bourgeoisie étoient.
en Haye et sous les Armes.
Il se rendit d'abord à l'Eglise du Dôme , dans ›
les Carosses du Grand Duc , et il fut reçu par
l'Archevêque de Pise , qui après l'avoir conduit
dans le Choeur , entonna le Te Deum , pendant
lequel on fit encore plusieurs Salves d'Artillerie.
Après le TeDeum , l'Infant Don Carlos se rendir au Palais , où il fut complimenté de la part du
Grand Duc, par la Noblesse et les Officiers de la ·
Ville , ausquels il donna sa main à baiser. Il se
mit à Table à neuf heures du soir , et il fut servi
par le Marquis Ricardi , qui fit les fonctions de
premier Maître d'Hôtel , et par le Comte Ca
nale, qui fit celles d'Echanson. Vers les onze heures du soir , le Marquis de Villa- Réal fut dépêché à Séville , pour porter à L, M. Cath, la nou-- velle de l'arrivée de S. A. R. en Italie.
Le 29 au matin , l'Infant , après avoir fait ses
dévotions la veille , se rendit au Bosquer des Capucins , où il prit le divertissement de tirer des:
Cignes dont on avoit mis un grand nombre
dans le Canal ; l'après midi il se promena dans .
divers quartiers de la Ville , pour se faire voir :
au peuple , qui a fait pendant trois nuits consé
cutives des Feux de joye et des Illuminations.
Les dernieres Lettres d'Italie portent que l'Infant Don Carlos avoit été attaqué de la Petite
Verole peu de tems après son arrivée à Livourne ,
mais que ce Prince étoit hors de tout danger au
départ du Courier.
sur la nouvelle année de toutes les personnes de
distinction qui sont à Livourne. La Nation Hol landoise donna à ce Prince le divertissement d'une
Course de chevaux , dont le Prix étoit un Man
teau de Velours cramoisi garni d'argent ; et la
Nation Angloise exposa la Machine qu'elle avoir
fait construire. C'étoit un Arc de Triomphe.
qui avoit sa principale face tournée du côté
de la Porte de la Marine on y voyoit deux Pilastres peints à l'imitation du Marbre verd antique , avec les Bases et les Chapiteaux dorez ,
d'un Ordre composé entre chaque Pilastre étoit
placée une Statue , dont l'une représentoit la
Justice , et l'autre la Clemence. On voyoit un
bas-relief au Piedestal de la Justice , le Conseil
des Dieux , et Mercure conduisant par la main
un jeune Héros , en action de parler , pour le
présenter aux Muses qui se réjouissoient sur les
Mont Parnasse à la vue de ce Héros :
sous on lisoit ::
au-desJam novaprogenies calo demittitur alto.
Dans l'autre bas- relief du Piedestal de la Clemence , étoient représentés le Port et la Ville
de Livourne , ayant les Portes ouvertes : dans le
lointain , diverses Galeres qui y dirigeoient leur
course , dont on distinguoit la Royale d'Espagne , sur le devant de laquelle on voyoit la Fe
Licité qui prioit Neptune de calmer la Mer , et
d'accorder un heureux Voyage au Prince Don
Carlos ; et derriere Neptune on voyoit le Temps Hij qui:
166 MERCURE DE FRANCE
qui tenoit la Tempête assujettie à ses pieds : au dessus étoit écrit :
Volvenda dies en attulit ultro..
L'Inscription suivante paroissoit sur la partie
supérieure , en lettres d'or et noires , comme sur un fond imité de Marbre blanc.
SALVO ATQUE INCOLUMI CAROLO PRIN-.-
CIPE PHILIPPI V , Hispaniarum Regis , et Ré-,
gina Elisabetha Farnesia , Filio inclito , Felice ,
Augusto , Parma et Placentia Duce , quod optatissimo adventu suo impletis omnium votis qualis
quantusque futurus sit in hoc Imperio faustis aus-,
piciis ostendat restituta Europa pace , confirmataque Etruria felicitate Britanni hic Negociantes ,
annuente et favente Joanne Gastone , Magno Duce
Etruria , summa_latitia gestientibus animis po- suere.
Sur les Médaillons de chaque côté étoient as¬
sises deux Statues , dont l'une représentoit la
Gloire , et l'autre l'Eternité , et au dessus de
FInscription étoient les Armes d'Espagne.
Il y avoit dans l'autre façade de l'Arc de
Triomphe , tournée du côté de la Porte de Pise
entre deux Pilastres , deux Statues , dont l'une
à droite représentoit la Providence , et l'autre la Liberalité. Les Arts liberaux et l'accroissement
du Commerce étoient dépeints dans le bas-relief
du Piedestal qui étoit sous la Providence , avec ces mots FELICITAS ETRURIÆ ; et sous la
Liberalité , on voyoit la Paix et la Felicité qui
embrassoient l'Europe. Le Temple de Janus paroissoit fermé , et sur le devant on voyoit des
petits genies qui amassoient des Armes et des
Instrumens de Guerre , et en faisoient un Feu de
joye , avec ces mots ; PAIX D'EUROPE.
L'Ins
JANVIER 1732 161
L'Inscription suivante , en lettres d'or et noi-
> étoit dans la partie supérieure de cette:
façade.
Ingresso feliciter Etruriam exoptatissimo ›Prin+-
cipe Carolo , multiplicatis ubique votis latisque
acclamationibus , Britanni hac Negociantes maximo gestientes gaudio , Philippi V. Hispaniarum
Regis , et Regina Elizabetha Farnesis , atque Joanni Gastori; Magno Duci Etruria , Sospite filio inclito , dignoque successore , perenni obsequio gratu lantur.
Sur les deux Médaillons des côtez , paroissoient assises la Joye et la Constance , avec les
Symboles et les Attributs qui leur sont propres ;
et sur l'Inscription de cette Façade , de même que
sur les deux côtez de l'édifice , on voyoit pareillement les Armes d'Espagne, surmontées par tout
d'une Couronne dorée , et supportées par deux :
Lions.
Aux quatres parties intérieures de l'Arc de :
triomphe étoient placez quatre Médaillons ovales , peints au Chiaro Oscuro. Dans le premier ,
qui répondoit à l'alignement de la Justice , paroissoit unjeune Prince, avec son Manteau Royal,, tenant de la main droite un Globe ; et de la gauche une Lance , avec ces mots : PRINCIPI JU- ·
VENTUTIS ; et dans l'endroit qui répondoit à la Clémence , étoit peinte une Galere , conduite par
Neptune , et faisant voile , avec un vent fa vorable , avec ces mots : FELIX ADVENTUS.
Vis-à- vis , à l'endroit qui répondoit à la Sa--
rue de la Liberalité, il y avoit un autre Médaillon,
dans lequel étoit représentée l'Esperance , avec une
Fleur à la main , et ayant à ses pieds une Mesuse remplie d'Epics. de Blé , avec cette Devise a :
H.v. SPES ›
162 MERCURE DE FRANCE®
SPES PUBLICA; et vis- à vis le premier Médail
lon , du côté de la Statuë de la Providence ,
étoient peints quatre petits Genies , faisant un
beau Groupe , représentant allégoriquement les
quatre Saisons , avec ces mots : FELICITAS,
TEMPORUM.
Les Bases , Chapiteaux , Corniches , Festons et- autres ornemens de cet Edifice étoient tous dorez; ce qui, joint au bon gout qui regnoit dans la
distribution des couleurs , à l'imitation des plus beaux marbres , offroit à la vue tout ce qu'on
peut s'imaginer de plus magnifique et de plus .
Beau. Les huit Statues et les quatre Médaillons ,
étoient pris des Revers des Médailles des Empereurs Romains et peints par differens Peintres ,
qui ont le plus de réputation . Les deux Façades ,
avoient 47 pieds , et les deux côtez 28 pieds de largeur , et 76 pieds de hauteur. Le tout a été
conduit par le sieur Ferdinand Ruggier , celebre Architecte Florentin. L'Abbé Antoine - François
Gori , Professeur en l'Histoire de l'Université
deFlorence , est l'Auteur des Inscriptions,.
de vent
Voicy d'autres circonstances sur l'arrivée de
Don Carlos , en Italie. Le 27 Decembre dernier
la Galere du Chevalier Marescotti , entra dans le
Port deLivourne, ayant été séparée des deux-au-.. tres Galeres du Grand Duc , par un coup
qui l'avoit assez endommagée. Deux heures après
il arriva une autre Galere du Grand Duc , commandée par le Capitaine Nanglé , et le soir on .
vit entrer dans le Port , la Capitane des Galeres .
du Roy d'Espagne , que montoit l'Infant Don Carlos , suivie d'une autre Galere Espagnole. Aussi-tôr qu'on eut donné le signal de l'arrivée de
se Prince , onfit plusieurs décharges d'Artillerie ,.
après
JANVIER. 17326 163
après lesquelles S. A. R. descendit dans la ChaFoupe du Grand Duc , qui étoit magnifiquement
ornée. Il fit ensuite son Entrée publique en cette
Ville , dont la Garnison et la Bourgeoisie étoient.
en Haye et sous les Armes.
Il se rendit d'abord à l'Eglise du Dôme , dans ›
les Carosses du Grand Duc , et il fut reçu par
l'Archevêque de Pise , qui après l'avoir conduit
dans le Choeur , entonna le Te Deum , pendant
lequel on fit encore plusieurs Salves d'Artillerie.
Après le TeDeum , l'Infant Don Carlos se rendir au Palais , où il fut complimenté de la part du
Grand Duc, par la Noblesse et les Officiers de la ·
Ville , ausquels il donna sa main à baiser. Il se
mit à Table à neuf heures du soir , et il fut servi
par le Marquis Ricardi , qui fit les fonctions de
premier Maître d'Hôtel , et par le Comte Ca
nale, qui fit celles d'Echanson. Vers les onze heures du soir , le Marquis de Villa- Réal fut dépêché à Séville , pour porter à L, M. Cath, la nou-- velle de l'arrivée de S. A. R. en Italie.
Le 29 au matin , l'Infant , après avoir fait ses
dévotions la veille , se rendit au Bosquer des Capucins , où il prit le divertissement de tirer des:
Cignes dont on avoit mis un grand nombre
dans le Canal ; l'après midi il se promena dans .
divers quartiers de la Ville , pour se faire voir :
au peuple , qui a fait pendant trois nuits consé
cutives des Feux de joye et des Illuminations.
Les dernieres Lettres d'Italie portent que l'Infant Don Carlos avoit été attaqué de la Petite
Verole peu de tems après son arrivée à Livourne ,
mais que ce Prince étoit hors de tout danger au
départ du Courier.
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Résumé : Arc de Triomphe, en son honneur, [titre d'après la table]
En janvier 1732, Son Altesse Royale reçut les vœux de la nouvelle année de la part des personnalités distinguées de Livourne. La Nation Hollandais organisa une course de chevaux pour le prince, avec un manteau de velours cramoisi garni d'argent comme prix. La Nation Anglaise présenta un Arc de Triomphe devant la Porte de la Marine. Cet arc comportait deux pilastres imitant le marbre vert antique, avec des bases et des chapiteaux dorés. Entre les pilastres se trouvaient des statues représentant la Justice et la Clémence. Le bas-relief du piédestal de la Justice montrait le Conseil des Dieux et Mercure conduisant un jeune héros vers les Muses sur le Mont Parnasse. Celui de la Clémence représentait le port et la ville de Livourne, avec des galères et des figures allégoriques comme la Félicité et Neptune. L'Arc de Triomphe comportait des inscriptions en lettres d'or et noires, louant le prince Don Carlos et ses parents, le roi Philippe V d'Espagne et la reine Élisabeth Farnèse. Des statues de la Gloire et de l'Éternité, ainsi que les armes d'Espagne, étaient présentes. Sur la façade tournée vers la Porte de Pise, se trouvaient des statues de la Providence et de la Liberalité, avec des bas-reliefs représentant les arts libéraux, le commerce, la paix et la félicité embrassant l'Europe. Le Temple de Janus fermé symbolisait la paix en Europe. L'arrivée de Don Carlos en Italie fut marquée par plusieurs événements. Le 27 décembre, la galère du Chevalier Marescotti entra dans le port de Livourne, suivie par d'autres galères du Grand Duc et du roi d'Espagne. Don Carlos fut accueilli par des salves d'artillerie et se rendit à l'église du Dôme pour le Te Deum. Il fut ensuite complimenté par la noblesse et les officiers de la ville. Le 29 décembre, il se promena dans divers quartiers de Livourne pour se faire voir au peuple. Peu après son arrivée, Don Carlos contracta la petite vérole, mais il était hors de danger au départ du courrier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 180-191
LETTRE sur le Passage de Don Carlos par la Provence.
Début :
L'Infant entra en Provence le 5. Decembre dernier, et [...]
Mots clefs :
Infant, Don Carlos, Provence, Officiers, Dîner, Monsieur le Bret, Portrait
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur le Passage de Don Carlos par la Provence.
LETTRE sur le Passage de Don Carlos
par la Provence.
'Infant entra en Provence le 5 Decembre dernier , et se rendit de Nismes à
Tarascon en traversant le Rhône sur le
Pont de Beaucaite.
M.le Brer , Conseiller d'Etat , Premier
Presi-
JANVIER. 1732. 181
President du Parlement d'Aix , Intendant et Commandant en chef de la Pro
vince , s'y étoit rendu deux jours auparavant avec un détachement de la Compagnie des Gardes du Gouverneur de la
Province , et un détachement de la Maréchaussée , commandé par M. d'Escra
gnolle , Prévôt Général. Le Marquis de
Graveson , et MM. Pazery de Thoraine,
Assesseur , et de Thomassin de la Garde
Consuls d'Aix , Procureurs du pays ou
Syndics Généraux de la Province, accom "
pagnez du Trésorier des Etats , de l'Ingenieur et des autres Officiers de la Province , avoient suivi M. l'Intendant sui
vant l'usage.
M. le Bret et les Procureurs du Pays
accompagnez du Comte de Marignane ,
Lieutenant General des Armées du Roi et
de 200 Gentilhommes ou Officiers des
premieres Maisons de la Province
n'ayant pu recevoir S. A. R. à la descente du Pont,à cause d'une grande pluie , se
rendirent à l'Hôtel qui avoit été préparé
pour le logement du Prince , et eurent
l'honneur de le recevoir à la porte, et de
lui présenter les respects de la Province;
M. Pazery de Thoraine, Assesseur, en chaperon, ainsi que ses Collegues , lui adressa
un Discours au nom de la Province , qui
fut très aplaudi.
I iiij Les
182 MERCURE DE FRANCE
Les Consuls de Tarascon en chaperon ,
à la tête des Gentilhommes et des Bourgeois de cette Ville , avoient déja eu
l'honneur de recevoir et de haranguer le
Prince à la Porte de la Ville qui étoit ornée d'un Arc de Triomphe , le Prince fut
salué en y entrant par une triple salve de
Boëtes qui avoient été placées sur les remparts , et passa au milieu d'une double haye de Milice Bourgeoise fort leste.
S. A. R. reçut après son dîner les respects du Chapitre Royal de sainte Marthe, fondé par le Roi Louis XI. M. l'Abbé de Fenelon qui en est le Doyen porta la parole ; le Corps de Ville eut aussi le même honneur.
M. Buon del Monti , Florentin, ViceLegat d'Avignon, qui s'étoit rendu à Tarascon avec tous les Officiers de la Legation et une nombreuse suite , eut aussi
l'honneur de saluer l'Infant qui le reçut
très gracieusement.
Le 6 S. A. R. arriva à Salon et logea
dans le Château qui appartient à l'Arche
vêque d'Arles qui l'avoit fait meubler
magnifiquement. Il y eut séjour à Salon
le 7 et le 8 , le Prince arriva à Aix le 9
à deux heures après midy.
Les Consuls haranguerent le Prince à
la Porte de la Ville où il y avoit une Garde
JANVIER. 17321 182
de bourgeoise sous les armes ; de- là , Dom
Carlos se rendit en la Maison de M. Maurel , l'une des plus belles du Cours , où il
devoit loger ; il y eut une autre Garde à
la porte composée de 150 hommes du Regiment de Flandres, commandés par deux
Capitaines avec un Drapeau , le reste des
neuf Compagnies étoient en bataille de
vant l'Hôtel du Prince ; toutes les Mai
sons du Cours étoient ornées en dehors
de Tapisseries , ce qui formoit un coupd'eil magnifique.
M. le Bret , à la tête de la Noblesse de
la Ville , reçut le Prince à la descente du
Carosse, et lui donna là main pour mon
ter dans son Appartement.
Après le diner , l'Infant s'amusa à tirer
des Lapins et des Pigeons qu'on avoit fait
mettre dans le Jardin.
Sur les cinq heures, les Députez du Par
lement , au nombre de 38 , ayant à leur
tête le Premier President , six autres Presidents , deux Avocats Generaux et 30
Conseillers,eurent l'honneur de haranguer
le Prince , M. le Bret portant la paroles
la Chambre des Comptes , Aydes et Finances , M. Albertas Premier President à
la tête , les Trésoriers de France , l'Université et la Senechaussée eurent aussi le
même honneur , ainsi que l'Archevêque
I iiij d'Aix
184 MERCURE DE FRANCE
d'Aix à la tête du Chapitre de l'Eglise
Metropolitaine de S. Sauveur , sa harangue fut fort pathetique, et il n'oublia pas
les graces quela Maison de Brancas a reçues duRoi d'Espagne , tous ces differens
Corps furent présentez au Prince par M.
Desgranges, Maître des Ceremonies , qui
presenta aussi au Prince et au Comte de
Sant-Estevan les Présens de la Ville &c.
Le soir il y eut des feux de joie devant
les portes de toutes les Maisons de la Ville et des illuminations aux fenêtres , cequi avoit été ordonné par le Parlement.
Le neufle Prince arriva à S. Maximin,
et logea dans le Monastere des Religieux
Dominiquains Réformez.
Le ro à Brignolle où S. A. R. fut obligée de rester à cause des neges , elle y reçut les complimens de la Ville, de la Se
nechaussée &c.
Le 11 le Prince arriva au Luc , et logea
au Château du Comte du Luc , Chevalierdes Ordres du Roi qui l'avoit fait meubler magnifiquement , tous les Officiers
et Seigneurs de sa suite y furent logez
aussi,et trouverent dans une belle Maison
toutes les commoditez possibles ; ce Prince y séjourna le 12, 13 et 14 , à cause des
pluyes et des neges qui avoient inondé
la plaine.
L.
JANVIER 1732.
189
Le 15 , le Prince alla dîner au Muy où
le Seigneur de ce lieu avoit fait préparer
uneAlte aussi splendide que délicate,pour
S. A. R. et pour sa suite. Le Marquis du
Muyaprès avoir fait les honneurs de chez
lui , alla lui- même reconnoître les chemins extrêmement remplis par les pluyes,
et sur son raport l'Infant continua sa route , et arriva le soir à Frejus ; il fut recu
à la porte de la Ville par les Consuls ,
avec les ceremonies ordinaires, et logea à
l'Evêché.
Le 16 S. A. R. arriva à Cannes et logea chez M. de Rioufe , Chevalier de
f'Ordre de S. Michel et Subdelegué de
l'Intendant de Provence , il y eut une
garde de jeunes gens fort lestement vétus
à la porte du Prince ; il y eut aussi une
danse de Matelots à la manière du pays
qui divertit Beaucoup le Prince. Il soupa
dans son lit à cause d'une indisposition
de rhume. ·
Le 17, le Chevalier d'Orleans arrivá
à Cannes , et se rendit chez le Prince ,
accompagné du Comte de Sant- Estevan ,
de M. le Brét et de M. Desgranges , il fit
un compliment au Prince de la part du
Roi auquel S. A. R. parut fort sensible.
L'Infant partit le même jour de Cannés et arriva à Antibes à midy , il fut Iv salué
186 MERCURE DE FRANCE
salué en passant devant les Isles sainte
Marguerite de tout le canon de cette Citadelle.
M. de Montesquiou Commandant ,
accompagné de l'Etat Major , reçut le
Prince à la Porte Royale , au bruit de
toute l'Artillerie de la Place , des Forts ,
et des neuf Galeres qui étoient dans le
Port, le Regiment de Luxembourg étoit
en haye depuis la porte de la Ville jusqu'au Château où logea le Prince , il y
avoit aussi une Garde de 150 hommes du
même Regiment avec un Drapeau.
Le Grand-Prieur , les Procureurs du
pays , M. le Bret , M. Desgranges , l'Etat
Major de la Place et la Noblesse du pays
reçurent le Prince à la porte du Château,
et l'accompagnerent dans son Apparte
ment. S. A. R. y trouva Don Miguel
Reggio , Sicilien , Chevalier de Malthe
Commandant les six Galeres d'Espagne
avec tous les autres Officiers des Galeres,
tous en habits uniformes de drap bleu
galonés d'or , M. de Marescotti , Commandeur des trois Galeres du Grand Duc
avec tous les Officiers et plusieurs autres
Seigneurs Florentins , dont la plûpart
étoient revétus de l'Ordre de S. Etienne,
en habits uniformes de drap écarlate galonés d'argent , et M. de Chateaufort ,
Ma-
.JANVIER. 1732 187
Maréchal de Camp des Armées du Roi
d'Espagne , avec le Commandant d'une
Frégate Espagnole qui étoit dans le Port
d'Antibes. Tous ces Seigneurs et Officiers
Espagnols et Italiens eurent l'honneur de
baiser la main au Prince. M. le Bret présenta ensuite à S. A. R. tous les Officiers
de la Garnison.
Le Prince fut fort incommodé d'un thume les premiers jours qu'il séjourna à
Antibes , et fut obligé de rester au lit
pendant trois jours , ce qui l'empêcha de
prendre le divertissement qu'on lui avoit
préparé. S. A. R. reçut des mains du
Grand Prieur une Epée enrichie de diamans que le Roi envoyoit au: Prince
comme un nouveâu gage de son amitié ;
l'Infant la reçut avec de grandes démonstrations de joie , il a gardé cette Epée pendant deux jours entiers aux pieds'
de son lit , pour la faire voir à tous les
Seigneurs et Officiers qui venoient lui
faire leur Cour.
Pendant le séjour d'Antibes , le Général
des Galeres Espagnoles donna sur la Réale un splendide dîner à M. le GrandPrieur , aux principaux Seigneurs François , Espagnols et Italiens qui se trouvoient à la suite du Prince ; M. le Breg
ne put pas se trouver à ce repas , étant
I vj oblige
188 MERCURE DE FRANCE
obligé de faire les honneurs de la table
qu'il a tenue à Antibes pour les autres Sei-,
gneurs qui y étoient Les santés de leurs,
Majestés très Chrétienne et Catholique ,,
de S. A. R , du Grand- Prieur , des Commandans , &c. furent célébré, s au bruic
du Canon , et pendant tout le repas il y
eut Concert d'Instrumens.
3.
Le Comte de San Severino , Envoyé
de Parme à la Cour de France , se rendit
aussi à Antibes pour faire sa cour à son
nouveau Souverain ; enfin cette Ville a
toûjours été remplie d'une infinité d'Etrangers et de toute la Noblesse de la
Province qui n'a rien oublié pourtémoigner le plaisir qu'elle avoit de voir et de
faire sa cour à un Prince issu du sang de ses Maîtres.
La Princesse de Monaco envoya aussi
un de ses Gentilhommes pour compli
menter le Prince.
Le 23 , S. A. R. s'embarqua sur la
Réale , à dix heures du matin , cette Galere étoit richement ornée , et tous les
Forçats en habits neufs.
Le Grand- Prieur , M.le Bret , M. Desgranges , les Procureurs du Pays , le
Marquis de Montesquiou , Commandant
de la Place , l'Etat Major , le Marquis de
Brancas Ceireste , fils de M. de Brancas ,
Grand
JANVIER. 1732. 189
$
Grand d'Espagne et Lieutenant General
de la Province qui sert dans la Marine et
qui s'étoit rendu à la suite du Prince pour
lui faire sa Cour , et enfin un nombre infini de Gentilhommes et d'Officiers François , se trouverent sur le Quay du Port
et à bord de la Galere pour recevoir le
Prince , et pour lui souhaiter un heureux
voyage , et lui témoigner en même tems
leurs regrets et leurs inquiétudes à cause
de la rigueur de la saison. La Garnison for
moit une double haye depuis le Château
jusqu'à la Porte Marine. Le Prince fut
salué en y passant de toute l'Artillerie de
la Ville et des Förts , et en entrant dans
la Gale e , par le canon de neuf Galeres.
S. A. R. entra d'abord dans la Chambre
de poupe pour écrire avant son départ au
Roy et à la Reine d'Espagne.
Malgré les tems affreux qui ont régné
en Provence pendant la route du Prince ,
M. le Bret dont le zele pour le service du
Roi est connudepuis longtems, avoit don
né de si bons ordres que tout ce qui étoit
necessaire pour la subsistance et les com
moditez de la vie, s'est trouvé par tout en
abondance; toutela suite et les équipages
nombreux du Prince ont été commodé
ment logez , les chemins avoient été réparez autant que la saison et le peu de
tems
rgo MERCURE DE FRANCE
tems qu'on a eu pour y travailler , l'ont
pu permettre ; plus de mille Ouvriers y
ont été employez , et travailloient nuit
et jour sous les ordres de Messieurs les
Procureurs du Pays et du sieur Vallon ,
Ingenieur de la Province , lesquels n'ont
rien oublié pour donner des marques de leur zele et de leur attachement : enfin
toute la Provence a témoigné tant de
zele et d'attachement , qu'elle ne s'est
point démentie de l'amour et de la fidélité qu'elle a toûjours porté à l'Auguste
Sang de BOURBON.
Onpeut ajouter ici avec raison que M.
le Bret a toujours fait sa cour au Prince,
avec une assiduité sans égale , et qu'il est
allé au- devant de tout ce qui pouvoit lui
être agreable , qu'il a eu chez lui pendant
tout le tems que ce Prince a voyagé ou
resté danssonDépartement, deux grandes
tables et quelquefois trois , le matin et le
soir , servies avec autant de profusion que
de délicatesse, où les Seigneurs Espagnols
et Italiens ont toujours mangé. Ce Magistrat s'étant aperçu que l'Infant aimoit
beaucoup les Ortholans qui sont d'un gout exquis en Provence , il a eu soin de lui en
fournir pendant tout le tems qu'il y aresté
malgré la rareté de ces oiseaux dans cette
saison. Ainsi le Prince et le Comte de San
Estevan
JANVIER. 17327 198
Estevan et tous les Seigneurs dela suite fui
ont donné en partant les marques les plus
flateuses de leur satisfaction et de leur estime. M. le Bret ayant enfin témoigné à
S. A. R. l'inquietude que son Rhume lui
causoit , elle eut la bonte de lui répondre
qu'elle n'avoit point pris ce Rhume dans
sa Province.
Ce Prince avoit donné des marques de
sa liberalité avant son départ. Il a fait present de son portrait enrichi de diamans
au Grand- Prieur, à M.le Bret d'un diamant
de prix , et à M. Desgranges un diamant
et une montre d'or d'un travail exquis. Il
a fait aussi donner une gratification à la
Maréchaussée qui avoit escorté sesEquipages et le Trésor On a appris ce que Prince
après avoir été obligé de relâcher à Monaco à cause du mauvais tems , en repartit le 25. et est heureusement arrivé à Livourne. On ajoute que ce Prince a essuyé
Ia tempête avec une grande fermeté. Il
est d'uncaractere le plus aimable et le plus
égal , d'une humeur fort enjouée , extremementvifet avectout l'esprit du monde.
par la Provence.
'Infant entra en Provence le 5 Decembre dernier , et se rendit de Nismes à
Tarascon en traversant le Rhône sur le
Pont de Beaucaite.
M.le Brer , Conseiller d'Etat , Premier
Presi-
JANVIER. 1732. 181
President du Parlement d'Aix , Intendant et Commandant en chef de la Pro
vince , s'y étoit rendu deux jours auparavant avec un détachement de la Compagnie des Gardes du Gouverneur de la
Province , et un détachement de la Maréchaussée , commandé par M. d'Escra
gnolle , Prévôt Général. Le Marquis de
Graveson , et MM. Pazery de Thoraine,
Assesseur , et de Thomassin de la Garde
Consuls d'Aix , Procureurs du pays ou
Syndics Généraux de la Province, accom "
pagnez du Trésorier des Etats , de l'Ingenieur et des autres Officiers de la Province , avoient suivi M. l'Intendant sui
vant l'usage.
M. le Bret et les Procureurs du Pays
accompagnez du Comte de Marignane ,
Lieutenant General des Armées du Roi et
de 200 Gentilhommes ou Officiers des
premieres Maisons de la Province
n'ayant pu recevoir S. A. R. à la descente du Pont,à cause d'une grande pluie , se
rendirent à l'Hôtel qui avoit été préparé
pour le logement du Prince , et eurent
l'honneur de le recevoir à la porte, et de
lui présenter les respects de la Province;
M. Pazery de Thoraine, Assesseur, en chaperon, ainsi que ses Collegues , lui adressa
un Discours au nom de la Province , qui
fut très aplaudi.
I iiij Les
182 MERCURE DE FRANCE
Les Consuls de Tarascon en chaperon ,
à la tête des Gentilhommes et des Bourgeois de cette Ville , avoient déja eu
l'honneur de recevoir et de haranguer le
Prince à la Porte de la Ville qui étoit ornée d'un Arc de Triomphe , le Prince fut
salué en y entrant par une triple salve de
Boëtes qui avoient été placées sur les remparts , et passa au milieu d'une double haye de Milice Bourgeoise fort leste.
S. A. R. reçut après son dîner les respects du Chapitre Royal de sainte Marthe, fondé par le Roi Louis XI. M. l'Abbé de Fenelon qui en est le Doyen porta la parole ; le Corps de Ville eut aussi le même honneur.
M. Buon del Monti , Florentin, ViceLegat d'Avignon, qui s'étoit rendu à Tarascon avec tous les Officiers de la Legation et une nombreuse suite , eut aussi
l'honneur de saluer l'Infant qui le reçut
très gracieusement.
Le 6 S. A. R. arriva à Salon et logea
dans le Château qui appartient à l'Arche
vêque d'Arles qui l'avoit fait meubler
magnifiquement. Il y eut séjour à Salon
le 7 et le 8 , le Prince arriva à Aix le 9
à deux heures après midy.
Les Consuls haranguerent le Prince à
la Porte de la Ville où il y avoit une Garde
JANVIER. 17321 182
de bourgeoise sous les armes ; de- là , Dom
Carlos se rendit en la Maison de M. Maurel , l'une des plus belles du Cours , où il
devoit loger ; il y eut une autre Garde à
la porte composée de 150 hommes du Regiment de Flandres, commandés par deux
Capitaines avec un Drapeau , le reste des
neuf Compagnies étoient en bataille de
vant l'Hôtel du Prince ; toutes les Mai
sons du Cours étoient ornées en dehors
de Tapisseries , ce qui formoit un coupd'eil magnifique.
M. le Bret , à la tête de la Noblesse de
la Ville , reçut le Prince à la descente du
Carosse, et lui donna là main pour mon
ter dans son Appartement.
Après le diner , l'Infant s'amusa à tirer
des Lapins et des Pigeons qu'on avoit fait
mettre dans le Jardin.
Sur les cinq heures, les Députez du Par
lement , au nombre de 38 , ayant à leur
tête le Premier President , six autres Presidents , deux Avocats Generaux et 30
Conseillers,eurent l'honneur de haranguer
le Prince , M. le Bret portant la paroles
la Chambre des Comptes , Aydes et Finances , M. Albertas Premier President à
la tête , les Trésoriers de France , l'Université et la Senechaussée eurent aussi le
même honneur , ainsi que l'Archevêque
I iiij d'Aix
184 MERCURE DE FRANCE
d'Aix à la tête du Chapitre de l'Eglise
Metropolitaine de S. Sauveur , sa harangue fut fort pathetique, et il n'oublia pas
les graces quela Maison de Brancas a reçues duRoi d'Espagne , tous ces differens
Corps furent présentez au Prince par M.
Desgranges, Maître des Ceremonies , qui
presenta aussi au Prince et au Comte de
Sant-Estevan les Présens de la Ville &c.
Le soir il y eut des feux de joie devant
les portes de toutes les Maisons de la Ville et des illuminations aux fenêtres , cequi avoit été ordonné par le Parlement.
Le neufle Prince arriva à S. Maximin,
et logea dans le Monastere des Religieux
Dominiquains Réformez.
Le ro à Brignolle où S. A. R. fut obligée de rester à cause des neges , elle y reçut les complimens de la Ville, de la Se
nechaussée &c.
Le 11 le Prince arriva au Luc , et logea
au Château du Comte du Luc , Chevalierdes Ordres du Roi qui l'avoit fait meubler magnifiquement , tous les Officiers
et Seigneurs de sa suite y furent logez
aussi,et trouverent dans une belle Maison
toutes les commoditez possibles ; ce Prince y séjourna le 12, 13 et 14 , à cause des
pluyes et des neges qui avoient inondé
la plaine.
L.
JANVIER 1732.
189
Le 15 , le Prince alla dîner au Muy où
le Seigneur de ce lieu avoit fait préparer
uneAlte aussi splendide que délicate,pour
S. A. R. et pour sa suite. Le Marquis du
Muyaprès avoir fait les honneurs de chez
lui , alla lui- même reconnoître les chemins extrêmement remplis par les pluyes,
et sur son raport l'Infant continua sa route , et arriva le soir à Frejus ; il fut recu
à la porte de la Ville par les Consuls ,
avec les ceremonies ordinaires, et logea à
l'Evêché.
Le 16 S. A. R. arriva à Cannes et logea chez M. de Rioufe , Chevalier de
f'Ordre de S. Michel et Subdelegué de
l'Intendant de Provence , il y eut une
garde de jeunes gens fort lestement vétus
à la porte du Prince ; il y eut aussi une
danse de Matelots à la manière du pays
qui divertit Beaucoup le Prince. Il soupa
dans son lit à cause d'une indisposition
de rhume. ·
Le 17, le Chevalier d'Orleans arrivá
à Cannes , et se rendit chez le Prince ,
accompagné du Comte de Sant- Estevan ,
de M. le Brét et de M. Desgranges , il fit
un compliment au Prince de la part du
Roi auquel S. A. R. parut fort sensible.
L'Infant partit le même jour de Cannés et arriva à Antibes à midy , il fut Iv salué
186 MERCURE DE FRANCE
salué en passant devant les Isles sainte
Marguerite de tout le canon de cette Citadelle.
M. de Montesquiou Commandant ,
accompagné de l'Etat Major , reçut le
Prince à la Porte Royale , au bruit de
toute l'Artillerie de la Place , des Forts ,
et des neuf Galeres qui étoient dans le
Port, le Regiment de Luxembourg étoit
en haye depuis la porte de la Ville jusqu'au Château où logea le Prince , il y
avoit aussi une Garde de 150 hommes du
même Regiment avec un Drapeau.
Le Grand-Prieur , les Procureurs du
pays , M. le Bret , M. Desgranges , l'Etat
Major de la Place et la Noblesse du pays
reçurent le Prince à la porte du Château,
et l'accompagnerent dans son Apparte
ment. S. A. R. y trouva Don Miguel
Reggio , Sicilien , Chevalier de Malthe
Commandant les six Galeres d'Espagne
avec tous les autres Officiers des Galeres,
tous en habits uniformes de drap bleu
galonés d'or , M. de Marescotti , Commandeur des trois Galeres du Grand Duc
avec tous les Officiers et plusieurs autres
Seigneurs Florentins , dont la plûpart
étoient revétus de l'Ordre de S. Etienne,
en habits uniformes de drap écarlate galonés d'argent , et M. de Chateaufort ,
Ma-
.JANVIER. 1732 187
Maréchal de Camp des Armées du Roi
d'Espagne , avec le Commandant d'une
Frégate Espagnole qui étoit dans le Port
d'Antibes. Tous ces Seigneurs et Officiers
Espagnols et Italiens eurent l'honneur de
baiser la main au Prince. M. le Bret présenta ensuite à S. A. R. tous les Officiers
de la Garnison.
Le Prince fut fort incommodé d'un thume les premiers jours qu'il séjourna à
Antibes , et fut obligé de rester au lit
pendant trois jours , ce qui l'empêcha de
prendre le divertissement qu'on lui avoit
préparé. S. A. R. reçut des mains du
Grand Prieur une Epée enrichie de diamans que le Roi envoyoit au: Prince
comme un nouveâu gage de son amitié ;
l'Infant la reçut avec de grandes démonstrations de joie , il a gardé cette Epée pendant deux jours entiers aux pieds'
de son lit , pour la faire voir à tous les
Seigneurs et Officiers qui venoient lui
faire leur Cour.
Pendant le séjour d'Antibes , le Général
des Galeres Espagnoles donna sur la Réale un splendide dîner à M. le GrandPrieur , aux principaux Seigneurs François , Espagnols et Italiens qui se trouvoient à la suite du Prince ; M. le Breg
ne put pas se trouver à ce repas , étant
I vj oblige
188 MERCURE DE FRANCE
obligé de faire les honneurs de la table
qu'il a tenue à Antibes pour les autres Sei-,
gneurs qui y étoient Les santés de leurs,
Majestés très Chrétienne et Catholique ,,
de S. A. R , du Grand- Prieur , des Commandans , &c. furent célébré, s au bruic
du Canon , et pendant tout le repas il y
eut Concert d'Instrumens.
3.
Le Comte de San Severino , Envoyé
de Parme à la Cour de France , se rendit
aussi à Antibes pour faire sa cour à son
nouveau Souverain ; enfin cette Ville a
toûjours été remplie d'une infinité d'Etrangers et de toute la Noblesse de la
Province qui n'a rien oublié pourtémoigner le plaisir qu'elle avoit de voir et de
faire sa cour à un Prince issu du sang de ses Maîtres.
La Princesse de Monaco envoya aussi
un de ses Gentilhommes pour compli
menter le Prince.
Le 23 , S. A. R. s'embarqua sur la
Réale , à dix heures du matin , cette Galere étoit richement ornée , et tous les
Forçats en habits neufs.
Le Grand- Prieur , M.le Bret , M. Desgranges , les Procureurs du Pays , le
Marquis de Montesquiou , Commandant
de la Place , l'Etat Major , le Marquis de
Brancas Ceireste , fils de M. de Brancas ,
Grand
JANVIER. 1732. 189
$
Grand d'Espagne et Lieutenant General
de la Province qui sert dans la Marine et
qui s'étoit rendu à la suite du Prince pour
lui faire sa Cour , et enfin un nombre infini de Gentilhommes et d'Officiers François , se trouverent sur le Quay du Port
et à bord de la Galere pour recevoir le
Prince , et pour lui souhaiter un heureux
voyage , et lui témoigner en même tems
leurs regrets et leurs inquiétudes à cause
de la rigueur de la saison. La Garnison for
moit une double haye depuis le Château
jusqu'à la Porte Marine. Le Prince fut
salué en y passant de toute l'Artillerie de
la Ville et des Förts , et en entrant dans
la Gale e , par le canon de neuf Galeres.
S. A. R. entra d'abord dans la Chambre
de poupe pour écrire avant son départ au
Roy et à la Reine d'Espagne.
Malgré les tems affreux qui ont régné
en Provence pendant la route du Prince ,
M. le Bret dont le zele pour le service du
Roi est connudepuis longtems, avoit don
né de si bons ordres que tout ce qui étoit
necessaire pour la subsistance et les com
moditez de la vie, s'est trouvé par tout en
abondance; toutela suite et les équipages
nombreux du Prince ont été commodé
ment logez , les chemins avoient été réparez autant que la saison et le peu de
tems
rgo MERCURE DE FRANCE
tems qu'on a eu pour y travailler , l'ont
pu permettre ; plus de mille Ouvriers y
ont été employez , et travailloient nuit
et jour sous les ordres de Messieurs les
Procureurs du Pays et du sieur Vallon ,
Ingenieur de la Province , lesquels n'ont
rien oublié pour donner des marques de leur zele et de leur attachement : enfin
toute la Provence a témoigné tant de
zele et d'attachement , qu'elle ne s'est
point démentie de l'amour et de la fidélité qu'elle a toûjours porté à l'Auguste
Sang de BOURBON.
Onpeut ajouter ici avec raison que M.
le Bret a toujours fait sa cour au Prince,
avec une assiduité sans égale , et qu'il est
allé au- devant de tout ce qui pouvoit lui
être agreable , qu'il a eu chez lui pendant
tout le tems que ce Prince a voyagé ou
resté danssonDépartement, deux grandes
tables et quelquefois trois , le matin et le
soir , servies avec autant de profusion que
de délicatesse, où les Seigneurs Espagnols
et Italiens ont toujours mangé. Ce Magistrat s'étant aperçu que l'Infant aimoit
beaucoup les Ortholans qui sont d'un gout exquis en Provence , il a eu soin de lui en
fournir pendant tout le tems qu'il y aresté
malgré la rareté de ces oiseaux dans cette
saison. Ainsi le Prince et le Comte de San
Estevan
JANVIER. 17327 198
Estevan et tous les Seigneurs dela suite fui
ont donné en partant les marques les plus
flateuses de leur satisfaction et de leur estime. M. le Bret ayant enfin témoigné à
S. A. R. l'inquietude que son Rhume lui
causoit , elle eut la bonte de lui répondre
qu'elle n'avoit point pris ce Rhume dans
sa Province.
Ce Prince avoit donné des marques de
sa liberalité avant son départ. Il a fait present de son portrait enrichi de diamans
au Grand- Prieur, à M.le Bret d'un diamant
de prix , et à M. Desgranges un diamant
et une montre d'or d'un travail exquis. Il
a fait aussi donner une gratification à la
Maréchaussée qui avoit escorté sesEquipages et le Trésor On a appris ce que Prince
après avoir été obligé de relâcher à Monaco à cause du mauvais tems , en repartit le 25. et est heureusement arrivé à Livourne. On ajoute que ce Prince a essuyé
Ia tempête avec une grande fermeté. Il
est d'uncaractere le plus aimable et le plus
égal , d'une humeur fort enjouée , extremementvifet avectout l'esprit du monde.
Fermer
Résumé : LETTRE sur le Passage de Don Carlos par la Provence.
Le 5 décembre, Don Carlos, l'Infant d'Espagne, entra en Provence et traversa le Rhône sur le Pont de Beaucaire. Le 7 décembre, il fut accueilli à Tarascon par M. le Bret, Conseiller d'État et Premier Président du Parlement d'Aix, ainsi que par divers dignitaires et officiers. Le Prince reçut des honneurs militaires et des discours de bienvenue. Il séjourna à Salon les 7 et 8 décembre, puis arriva à Aix le 9 décembre, où il fut accueilli par les Consuls et la noblesse locale. À Aix, il logea chez M. Maurel et reçut les hommages de divers corps et dignitaires, dont l'Archevêque d'Aix. Le même jour, il se rendit à Saint-Maximin et logea au monastère des Dominicains. Le 10 décembre, il resta à Brignoles en raison des neiges. Le 11 décembre, il arriva au Luc et y séjourna jusqu'au 14 décembre à cause des pluies et des neiges. Le 15 décembre, il dîna au Muy avant de se rendre à Fréjus, où il logea à l'Évêché. Le 16 décembre, il arriva à Cannes et logea chez M. de Rioufe. Le 17 décembre, le Chevalier d'Orléans lui rendit visite. Le même jour, l'Infant se rendit à Antibes, où il fut accueilli par M. de Montesquiou et divers dignitaires. Il y resta plusieurs jours en raison d'un rhume et reçut une épée enrichie de diamants du Roi d'Espagne. Le 23 décembre, il s'embarqua sur la Réale à Antibes, accompagné de nombreux dignitaires et officiers. Malgré les conditions météorologiques difficiles, M. le Bret avait pris des mesures pour assurer le confort et la subsistance de la suite du Prince. La Provence témoigna de son zèle et de son attachement envers le Prince, qui quitta la région en exprimant sa satisfaction. Par ailleurs, le texte mentionne que le prince, après avoir été contraint de s'arrêter à Monaco en raison de mauvaises conditions météorologiques, a repris la mer le 25 et est parvenu à Livourne sans encombre. Il est souligné que le prince a affronté la tempête avec une grande fermeté. Le prince est décrit comme ayant un caractère aimable et égal, une humeur enjouée, ainsi qu'une grande vivacité et beaucoup d'esprit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 192-196
DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
Début :
Mr Le Blanc Castillon, Syndic de robe, portant la parole, [...]
Mots clefs :
Infant, Don Carlos, Provence, Syndic, Noblesse, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
DELIBERATION de la Noblesse de
Provence, prife dans l' Affemblée du 15
Decembre 1731 , au sujet du Paffage de
l'Infant Don Carlos dans cette Province.
M
R Le Blanc Castillon , Syndic de *
robe , portant la parole , a dit , que l'arrivée de S. A. R. le Duc Infant en
cette Province , ayant été avancée de près
d'un mois , on n'a pûavertir assez tôt
Mrs de Villeneuve Vence , & de Villeneuve du Cadre , Syndics en exercice ,
qui sont actuellement dans leurs Terres ,
pour les engager à venir en cette ville
d'Aix.
3
Mais M. Le Blanc en ayant conferé
avec le Marquis de Vauvenargues , &
avec M. Le Camus Peypin , Syndics de la
même Election , avec quelques-uns des
Commissaires & plusieurs Gentilshom- ~
mes , ils ont tous pensé unanimement ,
qu'il convient dans cette occasion de ne
rien oublier de la part du Corps de la
Noblesse , pour donner des marques de
son zele pour la gloire du Roy en la personne d'un Prince de la Maison de France , &c.
Il a été jugé à propos d'assembler les *
Gentilshommes qui se trouveroient à por.
tée
JANVIER 1737.
1934
tee , lesquels en qualité de Députez du
Corps , iroient avec les Syndics offrir
leurs respects à ce Prince ; & comme onapprit qu'il devoit arriver en cette ville
le 8. de ce mois , M. le Marquis de Vau
venargues & M. Le Blanc crurent devoir
prévenir M. Desgranges , Maître des Ce
remonies , qui étoit arrivé la veille à Aix.
Il leur demanda quelques éclaircissemens
sur les Titres & les Usages en vertu desquels la Noblesse de cette Province for
me un Corps , les preuves en furent facilement raportées & confirmées par le té--
moignage de M. l'Archevêque; sur quoy'
M. Desgranges ayant consulté ses Memoires , & pris les arrangemens qu'il crut
les plus convenables , dit que Mrs les
Consuls représentant le Corps de Ville
devoient recevoir le Prince à la porte ,
lay faire le premier compliment ; que
lorsque S. A. R. se seroit renduë dans
l'apartement qui luy avoit été destiné ,
il recevroit les complimens des Corps de
Juftice qu'on introduiroit ensuite les
deux Corps qui font partie des deux
premiers Ordres du Royaume ; c'eſtà- dire , qu'après que le Chapitre do
PEglise Metropolitaine en Corps , ayant
à la tête M. l'Archevêque , qui por-.
toit la parole , auroit fait son compli-
&
ment
194 MERCURE DE FRANCE
ment , les Deputez de la Noblesse seroientadmis pour faire le leur au nom de
ce Corps. Cet ordre ayant été ainsi reglé,
les Syndics firent la convocation dont on
étoit convenu, et partirent du lieu ordinairé des Assemblées du Corps avec plusieurs
Gentilshommes.
Ils furent reçus chez le Prince par
M. Desgranges au moment qu'ils se firent annoncer , ils traverserent avec lui la Sale
et l'Antichambre où ils trouverent un
grand nombre d'autres Gentilshommes, et
furentaussitôt introduits dans la chambre
de S. A. R.
M. le Marquis de Vauvenargues après.
une profonde reverence dit :
MONSEIGNEUR ,
Nous venons offrir à V. A. R. les respects
de la Noblesse de Provence , et lui exprimer
nos sentimens parla bouche de notre Syndic de Robe
Après quoi M. le Blanc dit :
MONSEIGNEUR ,
La Noblesse decette Province quijouit du
Privilege de s'assembler'en Corps , n'en sçauroit faire un plus glorieux usage , qu'en venant offrir ses vœux et ses respects à votre Altesse Royale. Plus attachez que le reste du
Peuple au sort et à la personne des grands Princes
JANVIER. 1732. 195
Princes , nous ressentons plus vivement la
douce impression que votre presence fait sur
tous les cœurs , et nous sommes charmez de
pouvoirvous exprimer des sentimens que votre nom seul nous avoit deja inspirés .
Nous respectons en vous , Monseigneur ;
Auguste Sang de nos Roys , et celui d'un
Prince aussi grand par ses vertus que par sa
naissance ; nous admirons tant de belles qua
litez qui, devançant le cours des années, vous
ont rendu l'amour des Peuples , et nous preju
geons avecjoye l'heureux avenir que les hau
tes destinées de votre Altesse Royale lui preparent.
Vous avez été , Monseigneur, dès votre
naissance l'objet de l'attention de toute l'Europe , vous êtes devenu le lien et le sceau de la
paix , vousallezporter lagloire des deux plus
grands Royaumes de l'Univers au delà des
bornes qui les renferment , et donner à l'Italie
un nouvel éclat en lui communiquant celui
dela France et de l'Espagne.
Puisse votre Altesse Royale , jouir long
tems de cesglorieux avantages, ajouter de nonveaux Empires aux Etats florissants qu'un
illustre sort lui destine , les transmettre à la
posterité la plus reculée , et recevoir de nos
neveux de nouvelles preuves du même zele
dont nous sommes animez.
L'Infant témoignant beaucoup de satis- faction
196 MERCURE DE FRANCE
*
tion du zele de Mrs de laNoblesse s'avança
quelque pas avec eux et jusqu'au milieu de
sa chambreà mesure qu'ils se retiroient, et
lorsqu'ils en sortirent ils furent recon
duits par M. Desgranges.
*********
Provence, prife dans l' Affemblée du 15
Decembre 1731 , au sujet du Paffage de
l'Infant Don Carlos dans cette Province.
M
R Le Blanc Castillon , Syndic de *
robe , portant la parole , a dit , que l'arrivée de S. A. R. le Duc Infant en
cette Province , ayant été avancée de près
d'un mois , on n'a pûavertir assez tôt
Mrs de Villeneuve Vence , & de Villeneuve du Cadre , Syndics en exercice ,
qui sont actuellement dans leurs Terres ,
pour les engager à venir en cette ville
d'Aix.
3
Mais M. Le Blanc en ayant conferé
avec le Marquis de Vauvenargues , &
avec M. Le Camus Peypin , Syndics de la
même Election , avec quelques-uns des
Commissaires & plusieurs Gentilshom- ~
mes , ils ont tous pensé unanimement ,
qu'il convient dans cette occasion de ne
rien oublier de la part du Corps de la
Noblesse , pour donner des marques de
son zele pour la gloire du Roy en la personne d'un Prince de la Maison de France , &c.
Il a été jugé à propos d'assembler les *
Gentilshommes qui se trouveroient à por.
tée
JANVIER 1737.
1934
tee , lesquels en qualité de Députez du
Corps , iroient avec les Syndics offrir
leurs respects à ce Prince ; & comme onapprit qu'il devoit arriver en cette ville
le 8. de ce mois , M. le Marquis de Vau
venargues & M. Le Blanc crurent devoir
prévenir M. Desgranges , Maître des Ce
remonies , qui étoit arrivé la veille à Aix.
Il leur demanda quelques éclaircissemens
sur les Titres & les Usages en vertu desquels la Noblesse de cette Province for
me un Corps , les preuves en furent facilement raportées & confirmées par le té--
moignage de M. l'Archevêque; sur quoy'
M. Desgranges ayant consulté ses Memoires , & pris les arrangemens qu'il crut
les plus convenables , dit que Mrs les
Consuls représentant le Corps de Ville
devoient recevoir le Prince à la porte ,
lay faire le premier compliment ; que
lorsque S. A. R. se seroit renduë dans
l'apartement qui luy avoit été destiné ,
il recevroit les complimens des Corps de
Juftice qu'on introduiroit ensuite les
deux Corps qui font partie des deux
premiers Ordres du Royaume ; c'eſtà- dire , qu'après que le Chapitre do
PEglise Metropolitaine en Corps , ayant
à la tête M. l'Archevêque , qui por-.
toit la parole , auroit fait son compli-
&
ment
194 MERCURE DE FRANCE
ment , les Deputez de la Noblesse seroientadmis pour faire le leur au nom de
ce Corps. Cet ordre ayant été ainsi reglé,
les Syndics firent la convocation dont on
étoit convenu, et partirent du lieu ordinairé des Assemblées du Corps avec plusieurs
Gentilshommes.
Ils furent reçus chez le Prince par
M. Desgranges au moment qu'ils se firent annoncer , ils traverserent avec lui la Sale
et l'Antichambre où ils trouverent un
grand nombre d'autres Gentilshommes, et
furentaussitôt introduits dans la chambre
de S. A. R.
M. le Marquis de Vauvenargues après.
une profonde reverence dit :
MONSEIGNEUR ,
Nous venons offrir à V. A. R. les respects
de la Noblesse de Provence , et lui exprimer
nos sentimens parla bouche de notre Syndic de Robe
Après quoi M. le Blanc dit :
MONSEIGNEUR ,
La Noblesse decette Province quijouit du
Privilege de s'assembler'en Corps , n'en sçauroit faire un plus glorieux usage , qu'en venant offrir ses vœux et ses respects à votre Altesse Royale. Plus attachez que le reste du
Peuple au sort et à la personne des grands Princes
JANVIER. 1732. 195
Princes , nous ressentons plus vivement la
douce impression que votre presence fait sur
tous les cœurs , et nous sommes charmez de
pouvoirvous exprimer des sentimens que votre nom seul nous avoit deja inspirés .
Nous respectons en vous , Monseigneur ;
Auguste Sang de nos Roys , et celui d'un
Prince aussi grand par ses vertus que par sa
naissance ; nous admirons tant de belles qua
litez qui, devançant le cours des années, vous
ont rendu l'amour des Peuples , et nous preju
geons avecjoye l'heureux avenir que les hau
tes destinées de votre Altesse Royale lui preparent.
Vous avez été , Monseigneur, dès votre
naissance l'objet de l'attention de toute l'Europe , vous êtes devenu le lien et le sceau de la
paix , vousallezporter lagloire des deux plus
grands Royaumes de l'Univers au delà des
bornes qui les renferment , et donner à l'Italie
un nouvel éclat en lui communiquant celui
dela France et de l'Espagne.
Puisse votre Altesse Royale , jouir long
tems de cesglorieux avantages, ajouter de nonveaux Empires aux Etats florissants qu'un
illustre sort lui destine , les transmettre à la
posterité la plus reculée , et recevoir de nos
neveux de nouvelles preuves du même zele
dont nous sommes animez.
L'Infant témoignant beaucoup de satis- faction
196 MERCURE DE FRANCE
*
tion du zele de Mrs de laNoblesse s'avança
quelque pas avec eux et jusqu'au milieu de
sa chambreà mesure qu'ils se retiroient, et
lorsqu'ils en sortirent ils furent recon
duits par M. Desgranges.
*********
Fermer
Résumé : DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
Le 15 décembre 1731, la Noblesse de Provence a délibéré sur le passage de l'Infant Don Carlos dans la province. L'arrivée anticipée du Duc Infant a empêché les syndics en exercice d'être avertis à temps. M. Le Blanc, syndic de robe, a consulté le Marquis de Vauvenargues, M. Le Camus Peypin et plusieurs gentilshommes pour organiser une réception appropriée. Ils ont décidé de rassembler des gentilshommes pour offrir leurs respects au prince, prévu arriver le 8 janvier. M. Desgranges, Maître des Cérémonies, a été informé et a consulté ses mémoires pour établir l'ordre des réceptions. Les consuls représentant le Corps de Ville devaient accueillir le prince à la porte, suivis par les corps de justice, le Chapitre de l'Église Métropolitaine, et enfin les députés de la Noblesse. Le jour de l'arrivée, les syndics et plusieurs gentilshommes se sont rendus chez le prince. Le Marquis de Vauvenargues a exprimé les respects de la Noblesse de Provence. M. Le Blanc a souligné le privilège de la Noblesse de s'assembler en corps pour offrir ses vœux et ses respects au prince. Il a également mentionné l'attachement de la Noblesse au sort des grands princes et l'admiration pour les qualités du prince. L'Infant a témoigné sa satisfaction et a accompagné les gentilshommes jusqu'à la sortie de sa chambre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 786-792
ITALIE.
Début :
Dans le Consistoire tenu le 3. Mars, le Cardinal Otthoboni [...]
Mots clefs :
Église, Infant, Don Carlos, Te Deum, Sénateurs, Venise, Amnistie générale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITA LIE!
Ddinal Choist roposa 3. Mars,le Cant dinal Otthoboni proposa l'Abbaye de saint
Per-en-Vallée , Diocèse de Chartres , pour l'Ab
bé de la Farre- Lopis; il préconisa l'Evêque d'Autun pour l'Archevêché de Besançon ; l'Abbé de
Premeaux , pour l'Evêché de Perigueux ; l'Abbé
de Fruquelay de Kervers , pour celui de Treguier.
Le 13. Mars , vers les heures du soir , le
Duc de S. Aignan , Ambassadeur Extraordinaire
du Roy Tr.Ch. arriva à Rome avec la Duchesse
son Epouse , et alla descendre au Palais du Cardinal de Polignac , qui le lendemain fit donner
part au Sacré College de l'arrivée de cet Ambassadeur , et le lendemain le Cardinal de Polignac
mena le Duc de S. Aignan chez le Cardinal Se- cretaire d'Etat.
Le 1. ce Cardinal eut une Audience particuliere du Pape , dans laquelle il lui présenta les
Officiers des Galeres de France , qui ont accompagné
AVRI L. 1732. 787
pagné à Rome l'Ambassadeur de S.M. T. Chr.
Le Roy de Porttugal a fait présent d'un Diamant du poids de 35. grains au Cardinal Cienfuegos , et de quatre barres ou lingots d'or à
M. d'Acquilla , Auditeur de ce Cardinal , qui a
remis depuis peu aux Prêtres Portugais l'administration de leur Eglise Nationale de S. Antoine.
Les Religieux Dominicains ont obtenu du
Pape la permission de faire exhumer le Corps du
feu Pape Benoît XIII. qui est dans l'Eglise de
S. Pierre , pour le faire transporter dans leur
Eglise de sainte Marie sur la Minerve.
Le 31. Mars , on reçut avis que le Cardinal
Coscia étoit parti de Naples à bord d'une Galere qui l'avoit conduit à Procida , d'où il se rendra dans peu à Nettuno , pour aller ensuie à Rome se soumettre aux ordres du Pape.
L'Infant Don Carlos , qui étoit parti de Pise
le 3. Mars , accompagné dans son Carrosse du Comte de San-Estévan et du Prince Corsini , arriva vers les onze heures du matin à Pontadere
où il dina , et à cinq heures du soir à l'Ambro
giana , Maison de Plaisance du Grand- Duc. Il se rendit d'abord à PEglise , dite des Espagnols ,
où l'on chanta le Te Deum , et ensuite il se promena dans les Jardins.
Le 4. ce Prince donna audiance aux Secretaires
d'Etat du Grand- Duc , qui étoient venus le complimenter de sa part.
200
Le s . un Détachement de la Garnison du Fort
de S. Jean-Baptiste se rendit au Palais pour monter la garde.
Le 9. jour qu'on attendoit l'Infant à Florence,
on sonna toutes les cloches de la Ville dès le
point du jour. A sept heures , le Grand- Prieur
Del- Bene , les Secretaires d'Etat, le Prieur Garaldi
788 MERCURE DE FRANCE
di , le Marquis de Monteleon et le Duc de Tursis, se rendirent à Montepulci pour complimen
ter l'Infant , qni vers les 6. heures du soir arriva et fit son Entrée dans l'ordre suivant.
Les Cuirassiers et les Grenadiers Allemands du
Grand-Duc, commencerent la marche ; ils étoient
suivis de 40. Trabans , ayant leurs Officiers à
leur tête , de 6. Carrosses à 6. Chevaux qui pré,
cedoient le Carrosse de l'Infant , lequel étoit suivi de 80. de ses Gardes à Cheval , ayant leur
Etendart , Timbales et Trompettes, Ce Prince se
rendit d'abord à l'Eglise Métropolitaine , au bruit
des salves generales de l'Artillerie des deux Citadelles. Il fut reçû par les Sénateurs en habit de
ceremonie , à l'enrrée de l'Eglise , et en dedans
par l'Archevêque , à la tête de son Chapitre ; on chanta le Te Deum à huit Chœurs de Musique ,
et après le Te Deum ; S. A. R. remonta en Car- resse et se rendit dans le même ordre au Palais
Ducal , où elle fut saluée d'une salve Royale de
l'Artillerie du Château de S. George , l'Electrice
Douairiere Palatine , Gouvernante de Sienne,
reçut ce Prince à l'entrée de l'Appartement qui
lui étoit destiné et après l'avoir embrassé et
complimenté , elle se retira dans son Apparte- ment , où peu de temps après elle reçut la visite
de l'Infant , qu'elle conduisit ensuite chez le
Grand- Duc , avec lequel il resta plus d'une heure. Après cette entrevûe , l'Infant Don Carlos
reconduisit la Princesse dans son Appartement ,
où il trouva un cercle de plus de 60 Dames avec
lesquelles il resta quelque temps. Lors qu'il fut
retiré dans son Appartement , il donna audiance
à l'Archevêque de Florence et à l'Evêque de Fiesole. Le soir on tira des Feux d'artifice dans diverses Places ; toute la Ville fut illuminée , et les
Ré-
A V RI L. 017325 789.
Réjouissances publiques durerent jusqu'à quatre
heures du matin.
Le 10. Les Sénateurs , accompagnez du Corps,
de Ville , se rendirent à l'Eglise Métropolitaine
où la Messe du S, Esprit tut celebrée pontificalement par Archevêque, après la Messe , les Sé- nateurs allerent en corps complimenter S. A. R.
sur son arrivée , M. Gaetani , Lieutenant du Sénat , portant la parole ; les Députez de Sienne ,
de Parme et de Plaisance eurent ensuite audience
de l'Infant.
Le 11.l'Infant reçut les Complimens des Chanoines de l'Eglise Métropolitaine , ces Députez
de plusieurs Vill´s de la Toscane et de la princi
pale Nobicsse de Florence,
Le 12. Ce Prince après avoir écrit la à L. M.
Cath. alla voir les Ecuries du Grand Duc , après
quoi il prit le divertissement de la Chasse.
Le 13. il rendit visite à l'Electric Douairiere Palatine.
Le if. il alla avec toute sa Cour entendre la
Messe dans l'Eglise des Religieuses de l'Annon- .
ciade.
- L'execution des ordres de l'Empereur pour le
dénom rement des Familles dans le Royaume de
Naples , continue d'exciter le mécontentement de la Noblesse et du Peuple. Les Seigneurs des anciennes Baronies prétendant avoir des exemp
tions particulieres par lesquelles ils sont dispensez
de s'y soumettre , ont refusé de donner leurs Déclarations ; et s'étant assemblez , ils ont dressé
un Mémoire qu'ils ont envoye à Vienne et au
Conseil Collateral de Naples.
On écrit de Milan , qu'il en étoit parti pour
Genes un Corps de Troupes de 6500. hommes
qui doivent être suivis incessamment par le Prin-
790 MERCURE DE FRANCE
ce Louis de Wirtemberg ; par le Prince de Culmbach et par le General Smettaw , nommez pour
commander les Troupes de l'Empereur dans l'Ife.
de Corse pendant la Campagne prochaine.
On apprend de Venise , que le 25. Mars , le
'Doge , accompagné du Nonce du Pape et de la
Seigneurie , alla tenir Chapelle dans l'Eglise Ducale de S. Marc , où on chanta le Te Deum , en
memoire de la Fondation de cette Ville , qu'on
dit avoir été commencée à pareil jour de l'année
421. suivant quelques Auteurs , et selon d'autres de l'année 450.
On a appris par plusieurs Lettres de l'Ile de
Corse du commencement du mois de Mars , que 1200. Rebelles , commandez par Chiaffero , Pun
de leurs Chefs , ayant été renforcez par un plus grand nombre , étoient entrez dans la Plaine
d'Almetta ; que le Gouverneur d'Ajaccio en ayant
été informé , avoit envoyé contre eux le Colonel Arnaud avec une partie de sa Garnison , qui
'avoit contraint les Rebelles à prendre la fuite
après un leger combat; que ce Colonel étoit entré ensuite dans le Bourg de Bactelia , où il avoir
brulé plusieurs Granges pleines de grains , et enlevé plus de soo. Bêtes à corne.
On a reçû avis depuis de la Bastia , que les Re
belles étoient revenus en plus grand nombre dans
la Plaine d'Almetta ; qu'ils avoient pris la petite
Ville de ce nom , et qu'ils assiegoient actuellefement celle de Sarsaine qu'on ne croyoit paspouvoir secourir ; qu'une partie s'étant détachée
avoit tenté d'enlever le poste de San- Pelegrino
mais inutilement ; que les Rebelles avoient passé
quelques jours après le Torrent de Plincho, dans
le dessein d'assieger Biguglia ; que le Baron de Wachtendonc étoit allé au secours de cette Place
"
A V RIL. 1732. 791
que les ayant rencontrez dans une Vallée à la
portée du fusil , il les avoit fait attaquer par tous les Grenadiers du Détachement qu'il commandoit, par deux Bataillons des Régimens de Zum- jungen et de Culmbach , et par trois Bataillons
de ceux de Lewingstein , de Walsegg et de Wachtendonc.; que les Rebelles étant dans un poste avantageux , avoient fait d'abord quelque résistance; mais qu'après deux heures de combat assez
opiniâtre , ils avoient été contraints de prendre la fuite et de se retirer par des défilez impraticables et inconnus aux Troupes Allemandes ; de- sortequ'on n'avoit pas jugé à propos de les pour
suivre , de crainte de quelque embuscade. Le Baron Wachtendonc n'a perdu dans cette occasion
que trois Hussarts et cinq Soldats.
·
Depuis ces nouvelles, la République de Gennes
a fait publier une Amnistie generale pour engager les Rebelles à rentrer dans leur devoir ; mais
on a appris qu'ils ont refusé l'Amnistie , quoique Leurs Chefs y fussent compris ; desorte que n'y
ayant plus d'esperance de les ramener à leur de
voir par la voye de la négociation , on a fait partir une partie des Troupes de l'Empereur à bord
de plusieurs Bâtimens de transport , escortez par
deux Galeres de la République , et le General
Schmettau s'est embarqué depuis pour aller reconnoître les principaux défilez de l'Ile de Cor se , où le Prince Louis de Wirtemberg se rendra
avec le reste du secours des Troupes Imperiales
qu'on attend avec quelques Officiers Prussiens
qui vont servir en qualité de Volontaires.
On apprend de Villefranche , que les Galeres
du Roy de Sardaigne y étoient arrivées avec plu- sieurs Bâtimens de transport , pour y prendre les
Troupes que ce Prince a résolu d'envoyer dans
H la
792 MERCURE DE FRANCE
la Sardaigne , sous les ordres du General de
Schulembourg.
Ddinal Choist roposa 3. Mars,le Cant dinal Otthoboni proposa l'Abbaye de saint
Per-en-Vallée , Diocèse de Chartres , pour l'Ab
bé de la Farre- Lopis; il préconisa l'Evêque d'Autun pour l'Archevêché de Besançon ; l'Abbé de
Premeaux , pour l'Evêché de Perigueux ; l'Abbé
de Fruquelay de Kervers , pour celui de Treguier.
Le 13. Mars , vers les heures du soir , le
Duc de S. Aignan , Ambassadeur Extraordinaire
du Roy Tr.Ch. arriva à Rome avec la Duchesse
son Epouse , et alla descendre au Palais du Cardinal de Polignac , qui le lendemain fit donner
part au Sacré College de l'arrivée de cet Ambassadeur , et le lendemain le Cardinal de Polignac
mena le Duc de S. Aignan chez le Cardinal Se- cretaire d'Etat.
Le 1. ce Cardinal eut une Audience particuliere du Pape , dans laquelle il lui présenta les
Officiers des Galeres de France , qui ont accompagné
AVRI L. 1732. 787
pagné à Rome l'Ambassadeur de S.M. T. Chr.
Le Roy de Porttugal a fait présent d'un Diamant du poids de 35. grains au Cardinal Cienfuegos , et de quatre barres ou lingots d'or à
M. d'Acquilla , Auditeur de ce Cardinal , qui a
remis depuis peu aux Prêtres Portugais l'administration de leur Eglise Nationale de S. Antoine.
Les Religieux Dominicains ont obtenu du
Pape la permission de faire exhumer le Corps du
feu Pape Benoît XIII. qui est dans l'Eglise de
S. Pierre , pour le faire transporter dans leur
Eglise de sainte Marie sur la Minerve.
Le 31. Mars , on reçut avis que le Cardinal
Coscia étoit parti de Naples à bord d'une Galere qui l'avoit conduit à Procida , d'où il se rendra dans peu à Nettuno , pour aller ensuie à Rome se soumettre aux ordres du Pape.
L'Infant Don Carlos , qui étoit parti de Pise
le 3. Mars , accompagné dans son Carrosse du Comte de San-Estévan et du Prince Corsini , arriva vers les onze heures du matin à Pontadere
où il dina , et à cinq heures du soir à l'Ambro
giana , Maison de Plaisance du Grand- Duc. Il se rendit d'abord à PEglise , dite des Espagnols ,
où l'on chanta le Te Deum , et ensuite il se promena dans les Jardins.
Le 4. ce Prince donna audiance aux Secretaires
d'Etat du Grand- Duc , qui étoient venus le complimenter de sa part.
200
Le s . un Détachement de la Garnison du Fort
de S. Jean-Baptiste se rendit au Palais pour monter la garde.
Le 9. jour qu'on attendoit l'Infant à Florence,
on sonna toutes les cloches de la Ville dès le
point du jour. A sept heures , le Grand- Prieur
Del- Bene , les Secretaires d'Etat, le Prieur Garaldi
788 MERCURE DE FRANCE
di , le Marquis de Monteleon et le Duc de Tursis, se rendirent à Montepulci pour complimen
ter l'Infant , qni vers les 6. heures du soir arriva et fit son Entrée dans l'ordre suivant.
Les Cuirassiers et les Grenadiers Allemands du
Grand-Duc, commencerent la marche ; ils étoient
suivis de 40. Trabans , ayant leurs Officiers à
leur tête , de 6. Carrosses à 6. Chevaux qui pré,
cedoient le Carrosse de l'Infant , lequel étoit suivi de 80. de ses Gardes à Cheval , ayant leur
Etendart , Timbales et Trompettes, Ce Prince se
rendit d'abord à l'Eglise Métropolitaine , au bruit
des salves generales de l'Artillerie des deux Citadelles. Il fut reçû par les Sénateurs en habit de
ceremonie , à l'enrrée de l'Eglise , et en dedans
par l'Archevêque , à la tête de son Chapitre ; on chanta le Te Deum à huit Chœurs de Musique ,
et après le Te Deum ; S. A. R. remonta en Car- resse et se rendit dans le même ordre au Palais
Ducal , où elle fut saluée d'une salve Royale de
l'Artillerie du Château de S. George , l'Electrice
Douairiere Palatine , Gouvernante de Sienne,
reçut ce Prince à l'entrée de l'Appartement qui
lui étoit destiné et après l'avoir embrassé et
complimenté , elle se retira dans son Apparte- ment , où peu de temps après elle reçut la visite
de l'Infant , qu'elle conduisit ensuite chez le
Grand- Duc , avec lequel il resta plus d'une heure. Après cette entrevûe , l'Infant Don Carlos
reconduisit la Princesse dans son Appartement ,
où il trouva un cercle de plus de 60 Dames avec
lesquelles il resta quelque temps. Lors qu'il fut
retiré dans son Appartement , il donna audiance
à l'Archevêque de Florence et à l'Evêque de Fiesole. Le soir on tira des Feux d'artifice dans diverses Places ; toute la Ville fut illuminée , et les
Ré-
A V RI L. 017325 789.
Réjouissances publiques durerent jusqu'à quatre
heures du matin.
Le 10. Les Sénateurs , accompagnez du Corps,
de Ville , se rendirent à l'Eglise Métropolitaine
où la Messe du S, Esprit tut celebrée pontificalement par Archevêque, après la Messe , les Sé- nateurs allerent en corps complimenter S. A. R.
sur son arrivée , M. Gaetani , Lieutenant du Sénat , portant la parole ; les Députez de Sienne ,
de Parme et de Plaisance eurent ensuite audience
de l'Infant.
Le 11.l'Infant reçut les Complimens des Chanoines de l'Eglise Métropolitaine , ces Députez
de plusieurs Vill´s de la Toscane et de la princi
pale Nobicsse de Florence,
Le 12. Ce Prince après avoir écrit la à L. M.
Cath. alla voir les Ecuries du Grand Duc , après
quoi il prit le divertissement de la Chasse.
Le 13. il rendit visite à l'Electric Douairiere Palatine.
Le if. il alla avec toute sa Cour entendre la
Messe dans l'Eglise des Religieuses de l'Annon- .
ciade.
- L'execution des ordres de l'Empereur pour le
dénom rement des Familles dans le Royaume de
Naples , continue d'exciter le mécontentement de la Noblesse et du Peuple. Les Seigneurs des anciennes Baronies prétendant avoir des exemp
tions particulieres par lesquelles ils sont dispensez
de s'y soumettre , ont refusé de donner leurs Déclarations ; et s'étant assemblez , ils ont dressé
un Mémoire qu'ils ont envoye à Vienne et au
Conseil Collateral de Naples.
On écrit de Milan , qu'il en étoit parti pour
Genes un Corps de Troupes de 6500. hommes
qui doivent être suivis incessamment par le Prin-
790 MERCURE DE FRANCE
ce Louis de Wirtemberg ; par le Prince de Culmbach et par le General Smettaw , nommez pour
commander les Troupes de l'Empereur dans l'Ife.
de Corse pendant la Campagne prochaine.
On apprend de Venise , que le 25. Mars , le
'Doge , accompagné du Nonce du Pape et de la
Seigneurie , alla tenir Chapelle dans l'Eglise Ducale de S. Marc , où on chanta le Te Deum , en
memoire de la Fondation de cette Ville , qu'on
dit avoir été commencée à pareil jour de l'année
421. suivant quelques Auteurs , et selon d'autres de l'année 450.
On a appris par plusieurs Lettres de l'Ile de
Corse du commencement du mois de Mars , que 1200. Rebelles , commandez par Chiaffero , Pun
de leurs Chefs , ayant été renforcez par un plus grand nombre , étoient entrez dans la Plaine
d'Almetta ; que le Gouverneur d'Ajaccio en ayant
été informé , avoit envoyé contre eux le Colonel Arnaud avec une partie de sa Garnison , qui
'avoit contraint les Rebelles à prendre la fuite
après un leger combat; que ce Colonel étoit entré ensuite dans le Bourg de Bactelia , où il avoir
brulé plusieurs Granges pleines de grains , et enlevé plus de soo. Bêtes à corne.
On a reçû avis depuis de la Bastia , que les Re
belles étoient revenus en plus grand nombre dans
la Plaine d'Almetta ; qu'ils avoient pris la petite
Ville de ce nom , et qu'ils assiegoient actuellefement celle de Sarsaine qu'on ne croyoit paspouvoir secourir ; qu'une partie s'étant détachée
avoit tenté d'enlever le poste de San- Pelegrino
mais inutilement ; que les Rebelles avoient passé
quelques jours après le Torrent de Plincho, dans
le dessein d'assieger Biguglia ; que le Baron de Wachtendonc étoit allé au secours de cette Place
"
A V RIL. 1732. 791
que les ayant rencontrez dans une Vallée à la
portée du fusil , il les avoit fait attaquer par tous les Grenadiers du Détachement qu'il commandoit, par deux Bataillons des Régimens de Zum- jungen et de Culmbach , et par trois Bataillons
de ceux de Lewingstein , de Walsegg et de Wachtendonc.; que les Rebelles étant dans un poste avantageux , avoient fait d'abord quelque résistance; mais qu'après deux heures de combat assez
opiniâtre , ils avoient été contraints de prendre la fuite et de se retirer par des défilez impraticables et inconnus aux Troupes Allemandes ; de- sortequ'on n'avoit pas jugé à propos de les pour
suivre , de crainte de quelque embuscade. Le Baron Wachtendonc n'a perdu dans cette occasion
que trois Hussarts et cinq Soldats.
·
Depuis ces nouvelles, la République de Gennes
a fait publier une Amnistie generale pour engager les Rebelles à rentrer dans leur devoir ; mais
on a appris qu'ils ont refusé l'Amnistie , quoique Leurs Chefs y fussent compris ; desorte que n'y
ayant plus d'esperance de les ramener à leur de
voir par la voye de la négociation , on a fait partir une partie des Troupes de l'Empereur à bord
de plusieurs Bâtimens de transport , escortez par
deux Galeres de la République , et le General
Schmettau s'est embarqué depuis pour aller reconnoître les principaux défilez de l'Ile de Cor se , où le Prince Louis de Wirtemberg se rendra
avec le reste du secours des Troupes Imperiales
qu'on attend avec quelques Officiers Prussiens
qui vont servir en qualité de Volontaires.
On apprend de Villefranche , que les Galeres
du Roy de Sardaigne y étoient arrivées avec plu- sieurs Bâtimens de transport , pour y prendre les
Troupes que ce Prince a résolu d'envoyer dans
H la
792 MERCURE DE FRANCE
la Sardaigne , sous les ordres du General de
Schulembourg.
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Résumé : ITALIE.
Le 3 mars, le cardinal Otthoboni proposa plusieurs nominations ecclésiastiques, notamment l'Abbaye de Saint-Père-en-Vallée pour l'Abbé de la Fare-Lopis, l'Évêque d'Autun pour l'Archevêché de Besançon, l'Abbé de Prémaux pour l'Évêché de Périgueux, et l'Abbé de Fruquelay de Kervers pour celui de Tréguier. Le 13 mars, le Duc de Saint-Aignan, Ambassadeur Extraordinaire du Roi Très Chrétien, arriva à Rome avec la Duchesse son épouse et descendit au Palais du Cardinal de Polignac. Le Cardinal de Polignac informa le Sacré Collège de l'arrivée de cet Ambassadeur et le mena ensuite chez le Cardinal Secrétaire d'État. Le 1er avril, le Cardinal de Polignac eut une audience particulière avec le Pape, durant laquelle il présenta les Officiers des Galères de France accompagnant l'Ambassadeur. Le Roi de Portugal fit don d'un diamant de 35 grains au Cardinal Cienfuegos et de quatre lingots d'or à M. d'Acquilla, Auditeur de ce Cardinal. Les Religieux Dominicains obtinrent la permission du Pape d'exhumer le corps du Pape Benoît XIII pour le transférer dans leur église de Sainte-Marie-sur-la-Minerve. Le 31 mars, on apprit que le Cardinal Coscia avait quitté Naples pour se rendre à Rome afin de se soumettre aux ordres du Pape. L'Infant Don Carlos, parti de Pise le 3 mars, arriva à Pontedera où il dina, puis à l'Ambrogiana, Maison de Plaisance du Grand-Duc. Il se rendit à l'église des Espagnols où le Te Deum fut chanté, puis se promena dans les jardins. Le 4 avril, il donna audience aux Secrétaires d'État du Grand-Duc. Le 9 avril, à Florence, des festivités furent organisées pour son arrivée, incluant des salves d'artillerie, des chants du Te Deum, et des feux d'artifice. Les jours suivants, il reçut des compliments de divers dignitaires et visita les écuries du Grand-Duc. En Italie, l'exécution des ordres de l'Empereur concernant le dénombrement des familles dans le Royaume de Naples suscitait le mécontentement de la noblesse et du peuple. À Milan, un corps de troupes de 6500 hommes partit pour Gênes. À Venise, des célébrations eurent lieu pour l'anniversaire de la fondation de la ville. En Corse, des rebelles menés par Chiaffero attaquèrent plusieurs localités, mais furent repoussés par les troupes impériales commandées par le Baron de Wachtendonc. La République de Gênes publia une amnistie générale, refusée par les rebelles, conduisant à l'envoi de troupes impériales pour les combattre. Les galères du Roi de Sardaigne arrivèrent à Villefranche pour transporter des troupes en Sardaigne sous les ordres du Général de Schulenburg.
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6
p. 2480-2485
ITALIE.
Début :
Dans le Consistoire secret que le Pape tint le 1 Octobre, le Cardinal Otthoboni proposa [...]
Mots clefs :
Italie, Cardinal Ottoboni, Congrégation, Jurisconsule, Te Deum, Don Carlos, Infant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
Ans le Consistoire secret que le Pape tint
le 1 Octobre , le Cardinal Otthoboni proEvêché de Lodeve pour l'Abbé de Souil lac; il préconisa ensuite l'Evêque de Lomber
pour l'Abbaye de S. Pierre de Lézat , Diocèse de
Rieux.
On,assure qu'il a été résolu que les 4 Cardinaux que le Pape a nommez pour être de la Cóngrégation de Non nullis , assisteront aux nou veaux Interrogatoires que le Cardinal Coscia
doit subir pour l'éclaircissement de quelques faits qu'il n'a pas niez ; qu'on lui donnera le terme de
2 mois pour travailler à ses deffenfes ; qu'il lui
sera permis de choisir un Jurisconsulte étranger
pour plaider sa cause devant la Congrégation ; mais que ce Jurisconsulte sera as- isté d'un Audireur-Romain ; que M. Fiorelli , Secretaire de la Congrégation , sera tenu de fournir au Card. Coscia toutes les Pieces du Procès , dont il aura
besoin pour sa deffense , .en prenant les précau tions
NOVEMBRE. 1732. 248€
2
tions necessaires pour empêcher qu'elles ne soient
soustraites ; et qu'il ira de la part du Pape renou- veller à ce Cardinal la deffense de sortir de Rome
sous quelque prétexte et par quelque moyen que ce puisse être , à peine d'être privé de son Titre
de Cardinal , de tous ses Benefices et Revenus
Ecclesiastiques et de confiscation de tous ses autres biens , qui , en cas de fuite , seront dévolus
à la Chambre Apostolique. Cependant le 6 Oc tobre , on leva la Garde du Cardinal de Coscia
et il eut la permission de recevoir des visites et
de reprendre un certain nombre de ses anciens
Domestiques. Il a depuis obtenu du Pape la permission de sortir de temps en temps du Convent où il fait sa résidence , et il alla le 28 Octobre
se promener du côté de sainte Croix en Jeru- salem.
-
On apprend- de Florence , que le 4 Octobre l'Infant Don Carlos alla visiter le Grand Duc
et l'Electrice Palatine Douairiere ; il partit le 6 .
pour se rendre à Parme , accompagné du Comte
de Sant-Estevan. S. A. R. coucha le 7. à Bo
logne , d'où il partit le 8. pour continuer sa route. Elle a choisi pour Gentilshommes de sa
Chambre le Comte de San- Severin , Milanois
et le Comte Bologini de Plaisance , et pour son
Majordome de Semaine; le Comte Tarafoni de
Parme.
Ce Prince arriva à Parme le 9. Octobre vers
les 3. heures après midi. Il se rendit d'abord à
P'Eglise du Dôme où on chanta le Te Deum, en
actions de graces de son heureuse arrivée ; après
quoi S.A. R. fut conduite au Palais par un nombreux Cortege de Noblesse et aux acclamations,
réiterées du peuple, qui fit le soir des Feux de joye et des Illuminations dans toutes les Rues de la
le.
Spe
Hviij D'aut
2482 MERCURE DE FRANCE
D'autres Lettres portent, que la veille de son départ de Florence il avoit été visité par le Grand
Duc ,qui lui avoit [envoyé le matin un tres- beau
Tableau,peint par Marc Tuscher de Nuremberg,
représentant la Cérémonie de l'hommage des
Etats du Grand Duché de Toscane , que S.A.R.
a reçu cette année au nom du Grand Duc , le
24 juin dernier , Fête de S. Jean- Baptiste.
L'Infant Don Carlos étant arrivé le 6 Octobre à la Scarperie , y fut salué par une decharge générale de l'Artillerie du Fort de S. Martin.
Le soir il arriva à Firenzuola , d'où il congédia
les Carabiniers et autres Troupes que le Grand
Duc avoit fait partir avec lui pour l'escorter
jusqu'à la Frontiere de ses Etats.
Le 7 , ce Prince dîna dans le Convent des
Cordeliers de Lojano , et le soir il alla coucher
dans celui des Religieux Olivetains de S. Michel
in Bosco , hors des Portes de la Ville de Bologne,
où il fut complimenté par le Comte Marc-Antoine Ranuzzi , de la part du Grand Duc , et de l'Electrice Doüairiere Palatine.
Le 8 , S. A. R. étant entrée dans le Duché de
Modéne,trouva sur la Frontiere le Marquis Rangoni , qui la complimenta au nom du Duc de
Modéne , lequel lui avoit enyoyé trois Carosses
à six Chevaux , dont l'Infant Don Carlos le remercia. Aussi- tôt qu'il fut à la vûë de Modéne il
fut salué de cent coups de Canon, tant de la Ville que de la Forteresse. Le chemin qui conduit à
cette Ville , avoit été arrosé par ordre du Duc de
Modéne , afin d'abbatrre la poussiere.
Le Duc de Modéne vint audevant de ce Prince,
étant accompagné d'une nombreuse suite de Seigneurs de sa Cour , pour l'engager à entrer dans
la Ville et à faire quelque séjour dans son Palais.
Ils
NOVEMBRE. 1732. 2493
Ils se donnerent réciproquement de grandes marques de tendresse ; mais l'Infant Don Carlos:
n'ayant pas accepté l'offre du Duc de Modéne ,
ils se séparerent , et S. A. R. continua sa route
par les dehors de la Ville.
Etant arrivée à la Rubiera , elle envoya un des
Gentilhommes de sa Chambre complimenter le Duc de Modéne de sa part.
L'Infant Don Carlos se rendit l'après midi à
Pantaro , Maison de plaisance de la Comtesse
Borri , où il trouva un tres-grand nombre de Gentilhommes des Duchez de Parme et de Plaisance , qui étoient venus pour lui rendre leurs
respects. La Duchesse Dorothée, Duchesse Douairiere de Parme et Ayeule maternelle de S. A. R. y
arriva peu de temps après pour le complimenter..
L'Infant Don Carlos alla la recevoir à la portè de
sa Chambre et demeura avec elle pendant une
heure. Cette Princesse lui presenta les Dames de
sa suite , qui eurent l'honneur de baiser la main de S. A. R.
Le , l'Infant alla dîner au Convent de
la Certosa , à un mille de Parme ; après le
diné , ayant pris un habit magnifique, il mon ta à Cheval pour faire son Entrée publique dans
cette Ville, à la porte de laquelle on avoit dressé
un Autel , où il fut reçu par le Chapitre de l'Eglise Cathédrale de S.Michel, le plus ancien Cha
noine lui ayant presenté l'Eau-benite et un Crucifix à baiser. S. A R.se plaça ensuite dans un Fau
teuil , sous un Dais magnifique , du côté de l'E
vangile où le Gouverneur lui presenta les Clefs
de la Ville , que ce Prince lui rendit. Après les Prières ordinaires , l'Infant Don Carlos remonta
à Cheval et entra dans la Ville au bruit des Salves réiterées de l'Artillerie , du son de toutes les
2 Hiiij Clos
2484 MERCURE DE FRANCE
Cloches et des acclamations de joïe du Peuple.
La marche se fit dans l'ordre suivant :
Une Compagnie d'Infanterie Irlandoise , deux
Compagnies des Cuirassiers de Parme et de Plaisance , et deux Compagnies de Carabiniers préacedoient 54 Gentilhommes des deux Duchez, habillez magnifiquement , et montez sur des Chevaux richement harnachez ; ils étoient suivis des
Majord'hommes de semaine de S. A. R. et des
Gentilhommes de sa Chambre aussi à Cheval ,
des Ordres Mandians , des grandes Confrairies ,
- du Clergé Séculier des Paroisses , et de celui de
'Eglise Cathédrale.
L'Infant Don Carlos marchoit ensuite , monté
sur un tres- beau Cheval d'Espagne et sous un
Dais d'Etoffe d'argent , dont les douze Cordons
étoient tenus par douze Députez , représentant les Etats des deux Duchez.
S. A. R. étoit suivie du Comte de Sant Estevan,Grand Maître de sa Maison, du Prince Corsi
ni , son Grand-Ecuyer , de Don Lélio Caraffe ,
Capitaine de ses Gardes du Corps , et de trois autres des principaux Officiers de sa Garde , et la
marche étoit fermée par un détachement d'Infanterie de 400 hommes , qui étoient habillez de
neuf, ainsi que toutes les autres Troupes qui s'é- toient mises en haye et sous les Armes , dans
toutes les rues de son passage.
S.A. R. fut reçue dans le Parvis de l'Eglise
Cathedrale par les principaux Magistrats , et à la
porte de l'Eglise par l'Abbé de Castromonte ,
Grand-Chapelain, qui lui présenta l'Eau -benite ,
et le conduisit dans le Choeur, où le Te Deumfut
chanté à plusieurs Choeurs de Musique. Après le
Te Deum , l'Infant monta en Carosse avec le
Comte de Sant- Estevan, et le Pr. Corsini. H
trouva
NOVEMBRE. 1732. 2485
trouva au Palais la Duchesse Doüairiere Dorothée , qui le conduisit dans l'appartement qu'on
lui avoit préparé , et une heure après il donna audience au Chevalier Antinori, qui vint le com
plimenter de la part du Grand Duc , et de l'Electrice Douairiere Palatine,
On écrit de Génes que le grand Conseil n'a voit encore rien déterminé touchant la liberté
des quatre Chefs des Mécontens de l'Isle de Corse; que Don Louis Giafferi , l'un de ces Chefsétoit dangereusement malade ; que le P. Certa
zini , Capucin , autrefois Prédicateur des Mécon
tens, et qui avoit été conduit à Génes il y a 3 ou
4 mois, avoit été remis entre les mains de ses Supérieurs qui l'avoient condamné au painet à l'eau
pour le reste de ses jours , et l'avoient renfermé
dans la Prison de leur Convent.
On apprend en dernier lieu que les 4 Chefs avoient été transferez à Savonne ; qu'on les y
traitoit avec beaucoup de douceur et d'humanité;
qu'ils avoient été visitez par le Gouverneur de cette Ville , qui leur avoit dit , de la part du
Grand- Conseil , qu'ils avoient la liberté de s'y promener . et qu'on avoit renvoyé chez eux les
Otages des Mécontens retenus jusqu'à present à />
la Bastia.
On mande de Naples , que le 24 Septembre
plusieurs-Dames de distinction , commencerent
à faire une quête chez tous les habitans de cette
Ville , pour rassembler 3000 Ducats , qu'on doit employer à faire en argent une Statuë de Ste Iré- ne , Vierge , que le peuple a choisie pour être
la Patrone particuliere de cette Ville , contre les offers du Tonnerre »
Ans le Consistoire secret que le Pape tint
le 1 Octobre , le Cardinal Otthoboni proEvêché de Lodeve pour l'Abbé de Souil lac; il préconisa ensuite l'Evêque de Lomber
pour l'Abbaye de S. Pierre de Lézat , Diocèse de
Rieux.
On,assure qu'il a été résolu que les 4 Cardinaux que le Pape a nommez pour être de la Cóngrégation de Non nullis , assisteront aux nou veaux Interrogatoires que le Cardinal Coscia
doit subir pour l'éclaircissement de quelques faits qu'il n'a pas niez ; qu'on lui donnera le terme de
2 mois pour travailler à ses deffenfes ; qu'il lui
sera permis de choisir un Jurisconsulte étranger
pour plaider sa cause devant la Congrégation ; mais que ce Jurisconsulte sera as- isté d'un Audireur-Romain ; que M. Fiorelli , Secretaire de la Congrégation , sera tenu de fournir au Card. Coscia toutes les Pieces du Procès , dont il aura
besoin pour sa deffense , .en prenant les précau tions
NOVEMBRE. 1732. 248€
2
tions necessaires pour empêcher qu'elles ne soient
soustraites ; et qu'il ira de la part du Pape renou- veller à ce Cardinal la deffense de sortir de Rome
sous quelque prétexte et par quelque moyen que ce puisse être , à peine d'être privé de son Titre
de Cardinal , de tous ses Benefices et Revenus
Ecclesiastiques et de confiscation de tous ses autres biens , qui , en cas de fuite , seront dévolus
à la Chambre Apostolique. Cependant le 6 Oc tobre , on leva la Garde du Cardinal de Coscia
et il eut la permission de recevoir des visites et
de reprendre un certain nombre de ses anciens
Domestiques. Il a depuis obtenu du Pape la permission de sortir de temps en temps du Convent où il fait sa résidence , et il alla le 28 Octobre
se promener du côté de sainte Croix en Jeru- salem.
-
On apprend- de Florence , que le 4 Octobre l'Infant Don Carlos alla visiter le Grand Duc
et l'Electrice Palatine Douairiere ; il partit le 6 .
pour se rendre à Parme , accompagné du Comte
de Sant-Estevan. S. A. R. coucha le 7. à Bo
logne , d'où il partit le 8. pour continuer sa route. Elle a choisi pour Gentilshommes de sa
Chambre le Comte de San- Severin , Milanois
et le Comte Bologini de Plaisance , et pour son
Majordome de Semaine; le Comte Tarafoni de
Parme.
Ce Prince arriva à Parme le 9. Octobre vers
les 3. heures après midi. Il se rendit d'abord à
P'Eglise du Dôme où on chanta le Te Deum, en
actions de graces de son heureuse arrivée ; après
quoi S.A. R. fut conduite au Palais par un nombreux Cortege de Noblesse et aux acclamations,
réiterées du peuple, qui fit le soir des Feux de joye et des Illuminations dans toutes les Rues de la
le.
Spe
Hviij D'aut
2482 MERCURE DE FRANCE
D'autres Lettres portent, que la veille de son départ de Florence il avoit été visité par le Grand
Duc ,qui lui avoit [envoyé le matin un tres- beau
Tableau,peint par Marc Tuscher de Nuremberg,
représentant la Cérémonie de l'hommage des
Etats du Grand Duché de Toscane , que S.A.R.
a reçu cette année au nom du Grand Duc , le
24 juin dernier , Fête de S. Jean- Baptiste.
L'Infant Don Carlos étant arrivé le 6 Octobre à la Scarperie , y fut salué par une decharge générale de l'Artillerie du Fort de S. Martin.
Le soir il arriva à Firenzuola , d'où il congédia
les Carabiniers et autres Troupes que le Grand
Duc avoit fait partir avec lui pour l'escorter
jusqu'à la Frontiere de ses Etats.
Le 7 , ce Prince dîna dans le Convent des
Cordeliers de Lojano , et le soir il alla coucher
dans celui des Religieux Olivetains de S. Michel
in Bosco , hors des Portes de la Ville de Bologne,
où il fut complimenté par le Comte Marc-Antoine Ranuzzi , de la part du Grand Duc , et de l'Electrice Doüairiere Palatine.
Le 8 , S. A. R. étant entrée dans le Duché de
Modéne,trouva sur la Frontiere le Marquis Rangoni , qui la complimenta au nom du Duc de
Modéne , lequel lui avoit enyoyé trois Carosses
à six Chevaux , dont l'Infant Don Carlos le remercia. Aussi- tôt qu'il fut à la vûë de Modéne il
fut salué de cent coups de Canon, tant de la Ville que de la Forteresse. Le chemin qui conduit à
cette Ville , avoit été arrosé par ordre du Duc de
Modéne , afin d'abbatrre la poussiere.
Le Duc de Modéne vint audevant de ce Prince,
étant accompagné d'une nombreuse suite de Seigneurs de sa Cour , pour l'engager à entrer dans
la Ville et à faire quelque séjour dans son Palais.
Ils
NOVEMBRE. 1732. 2493
Ils se donnerent réciproquement de grandes marques de tendresse ; mais l'Infant Don Carlos:
n'ayant pas accepté l'offre du Duc de Modéne ,
ils se séparerent , et S. A. R. continua sa route
par les dehors de la Ville.
Etant arrivée à la Rubiera , elle envoya un des
Gentilhommes de sa Chambre complimenter le Duc de Modéne de sa part.
L'Infant Don Carlos se rendit l'après midi à
Pantaro , Maison de plaisance de la Comtesse
Borri , où il trouva un tres-grand nombre de Gentilhommes des Duchez de Parme et de Plaisance , qui étoient venus pour lui rendre leurs
respects. La Duchesse Dorothée, Duchesse Douairiere de Parme et Ayeule maternelle de S. A. R. y
arriva peu de temps après pour le complimenter..
L'Infant Don Carlos alla la recevoir à la portè de
sa Chambre et demeura avec elle pendant une
heure. Cette Princesse lui presenta les Dames de
sa suite , qui eurent l'honneur de baiser la main de S. A. R.
Le , l'Infant alla dîner au Convent de
la Certosa , à un mille de Parme ; après le
diné , ayant pris un habit magnifique, il mon ta à Cheval pour faire son Entrée publique dans
cette Ville, à la porte de laquelle on avoit dressé
un Autel , où il fut reçu par le Chapitre de l'Eglise Cathédrale de S.Michel, le plus ancien Cha
noine lui ayant presenté l'Eau-benite et un Crucifix à baiser. S. A R.se plaça ensuite dans un Fau
teuil , sous un Dais magnifique , du côté de l'E
vangile où le Gouverneur lui presenta les Clefs
de la Ville , que ce Prince lui rendit. Après les Prières ordinaires , l'Infant Don Carlos remonta
à Cheval et entra dans la Ville au bruit des Salves réiterées de l'Artillerie , du son de toutes les
2 Hiiij Clos
2484 MERCURE DE FRANCE
Cloches et des acclamations de joïe du Peuple.
La marche se fit dans l'ordre suivant :
Une Compagnie d'Infanterie Irlandoise , deux
Compagnies des Cuirassiers de Parme et de Plaisance , et deux Compagnies de Carabiniers préacedoient 54 Gentilhommes des deux Duchez, habillez magnifiquement , et montez sur des Chevaux richement harnachez ; ils étoient suivis des
Majord'hommes de semaine de S. A. R. et des
Gentilhommes de sa Chambre aussi à Cheval ,
des Ordres Mandians , des grandes Confrairies ,
- du Clergé Séculier des Paroisses , et de celui de
'Eglise Cathédrale.
L'Infant Don Carlos marchoit ensuite , monté
sur un tres- beau Cheval d'Espagne et sous un
Dais d'Etoffe d'argent , dont les douze Cordons
étoient tenus par douze Députez , représentant les Etats des deux Duchez.
S. A. R. étoit suivie du Comte de Sant Estevan,Grand Maître de sa Maison, du Prince Corsi
ni , son Grand-Ecuyer , de Don Lélio Caraffe ,
Capitaine de ses Gardes du Corps , et de trois autres des principaux Officiers de sa Garde , et la
marche étoit fermée par un détachement d'Infanterie de 400 hommes , qui étoient habillez de
neuf, ainsi que toutes les autres Troupes qui s'é- toient mises en haye et sous les Armes , dans
toutes les rues de son passage.
S.A. R. fut reçue dans le Parvis de l'Eglise
Cathedrale par les principaux Magistrats , et à la
porte de l'Eglise par l'Abbé de Castromonte ,
Grand-Chapelain, qui lui présenta l'Eau -benite ,
et le conduisit dans le Choeur, où le Te Deumfut
chanté à plusieurs Choeurs de Musique. Après le
Te Deum , l'Infant monta en Carosse avec le
Comte de Sant- Estevan, et le Pr. Corsini. H
trouva
NOVEMBRE. 1732. 2485
trouva au Palais la Duchesse Doüairiere Dorothée , qui le conduisit dans l'appartement qu'on
lui avoit préparé , et une heure après il donna audience au Chevalier Antinori, qui vint le com
plimenter de la part du Grand Duc , et de l'Electrice Douairiere Palatine,
On écrit de Génes que le grand Conseil n'a voit encore rien déterminé touchant la liberté
des quatre Chefs des Mécontens de l'Isle de Corse; que Don Louis Giafferi , l'un de ces Chefsétoit dangereusement malade ; que le P. Certa
zini , Capucin , autrefois Prédicateur des Mécon
tens, et qui avoit été conduit à Génes il y a 3 ou
4 mois, avoit été remis entre les mains de ses Supérieurs qui l'avoient condamné au painet à l'eau
pour le reste de ses jours , et l'avoient renfermé
dans la Prison de leur Convent.
On apprend en dernier lieu que les 4 Chefs avoient été transferez à Savonne ; qu'on les y
traitoit avec beaucoup de douceur et d'humanité;
qu'ils avoient été visitez par le Gouverneur de cette Ville , qui leur avoit dit , de la part du
Grand- Conseil , qu'ils avoient la liberté de s'y promener . et qu'on avoit renvoyé chez eux les
Otages des Mécontens retenus jusqu'à present à />
la Bastia.
On mande de Naples , que le 24 Septembre
plusieurs-Dames de distinction , commencerent
à faire une quête chez tous les habitans de cette
Ville , pour rassembler 3000 Ducats , qu'on doit employer à faire en argent une Statuë de Ste Iré- ne , Vierge , que le peuple a choisie pour être
la Patrone particuliere de cette Ville , contre les offers du Tonnerre »
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Résumé : ITALIE.
En octobre 1732, le pape organisa un Consistoire secret où le cardinal Otthoboni nomma l'abbé de Souilac à l'évêché de Lodève et l'évêque de Lombez à l'abbaye de Saint-Pierre de Lézat, diocèse de Rieux. Quatre cardinaux furent désignés pour assister aux interrogatoires du cardinal Coscia afin d'éclaircir certains faits. Coscia disposa de deux mois pour préparer sa défense, avec l'aide d'un jurisconsulte étranger et d'un auditeur romain. Le secrétaire de la Congrégation, M. Fiorelli, devait fournir toutes les pièces du procès nécessaires à la défense de Coscia. Le 6 octobre, la garde du cardinal Coscia fut levée, lui permettant de recevoir des visites et de sortir occasionnellement du couvent où il résidait. À Florence, l'infant Don Carlos visita le grand-duc et l'électrice palatine douairière le 4 octobre, avant de partir pour Parme le 6 octobre, accompagné du comte de Sant-Estevan. Il fut accueilli par divers dignitaires et nobles lors de son passage à Bologne et Modène. Le 9 octobre, il arriva à Parme, où il fut reçu par une procession solennelle et des festivités publiques. Il fut accueilli par la duchesse Dorothée, duchesse douairière de Parme, et reçut les hommages des nobles des duchés de Parme et Plaisance. En Corse, le grand Conseil de Gênes n'avait pas encore décidé du sort des quatre chefs des mécontents de l'île. Don Louis Giafferi était gravement malade, et le père Certa zini, capucin, avait été condamné au pain et à l'eau pour le reste de ses jours. Les chefs furent transférés à Savone, où ils furent traités avec humanité, et les otages des mécontents furent renvoyés chez eux. À Naples, le 24 septembre, plusieurs dames de distinction commencèrent une quête pour rassembler 3000 ducats afin de faire une statue en argent de Sainte Irène, choisie par le peuple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2690-2692
ITALIE.
Début :
L'Abbé Federa a été nommé par le Pape pour aller fonder dans la Calabre un College en [...]
Mots clefs :
Italie, Infant, Don Carlos, Turin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
'Abbé Federa a été nommé par le Pape pout L'aller fonder dans la Calabre un College en
faveur des jeunes Grecs Catholiques : on y reeevra aussi les jeunes Ecclésiastiques Schismatiques qui voudront s'y faire instruire.
Le Prince Caraccioli , Napolitain , ancien Of
ficier General dans les Troupes du Roi d'Espa-.
gne , et qui est âgé de 114. ans , est venu à
Rome passer quelques jours chez le Cardinal
2
I. Vol, Cien
DE CEMBRE. 1732. 2691
Cienfuegos , dont il a pris congé pour retourner chez les Hermites de Spolette , où il s'est retiré.
L'Infant D. Carlos est revenu de Plaisance à
Parme , et l'on assûre qu'il retournera à Florence au Printems prochain.
On mande de cette derniere Ville que le
Comte Caimo , Envoyé extraordinaire de l'Empereur , avoit reçu de Vienne un Décret de S.
M. I. que ce Ministre avoit fait remettre au Senat de Florence par une personne inconnuë
mais que les Senateurs n'avoient pas voulu ouvrir le paquet , et qu'ils l'avoient envoyé cacheté
aux Secretaires d'Etat du Grand Duc. On a appris depuis que ce paquet avoit été ouvert par les
Ministres du Grand Duc, qui ont eu en cette occasion quelques conferences avec le Ministre de S. M. I.
On mande de Pontemole , petite Ville du Duché de Toscane , sur les Confins du Duché de
Parme er de l'Etat de Genes , que le débordement des Rivieres y avoit causé de très- grands
dommages ; qu'elles en avoient emporté le Pont et les maisons voisines démoli l'Eglise de
S. Sebastien , l'Hôpital de S. Antoine et une
partie du Couvent qui est hors de cette Ville , et
fait périr plus de soo personnes.
>
>
A la recommandation du Roi d'Espagne , la
République de Genes a rendu la liberté à M. Camille Doria , qui avoit été envoyé dans la
Forteresse de Savone , pour donner satisfaction
à S. M. C. d'une insulte faite au Consul Espa,
gnol de la Bastia.
On mande de Turin , qu'on croyoit que la
Comtesse de Spigno , veuve du feu Roi Victor- Amedée se retireroit volontairement dans un
Couvent en Piedmont.
I. Vol
'Abbé Federa a été nommé par le Pape pout L'aller fonder dans la Calabre un College en
faveur des jeunes Grecs Catholiques : on y reeevra aussi les jeunes Ecclésiastiques Schismatiques qui voudront s'y faire instruire.
Le Prince Caraccioli , Napolitain , ancien Of
ficier General dans les Troupes du Roi d'Espa-.
gne , et qui est âgé de 114. ans , est venu à
Rome passer quelques jours chez le Cardinal
2
I. Vol, Cien
DE CEMBRE. 1732. 2691
Cienfuegos , dont il a pris congé pour retourner chez les Hermites de Spolette , où il s'est retiré.
L'Infant D. Carlos est revenu de Plaisance à
Parme , et l'on assûre qu'il retournera à Florence au Printems prochain.
On mande de cette derniere Ville que le
Comte Caimo , Envoyé extraordinaire de l'Empereur , avoit reçu de Vienne un Décret de S.
M. I. que ce Ministre avoit fait remettre au Senat de Florence par une personne inconnuë
mais que les Senateurs n'avoient pas voulu ouvrir le paquet , et qu'ils l'avoient envoyé cacheté
aux Secretaires d'Etat du Grand Duc. On a appris depuis que ce paquet avoit été ouvert par les
Ministres du Grand Duc, qui ont eu en cette occasion quelques conferences avec le Ministre de S. M. I.
On mande de Pontemole , petite Ville du Duché de Toscane , sur les Confins du Duché de
Parme er de l'Etat de Genes , que le débordement des Rivieres y avoit causé de très- grands
dommages ; qu'elles en avoient emporté le Pont et les maisons voisines démoli l'Eglise de
S. Sebastien , l'Hôpital de S. Antoine et une
partie du Couvent qui est hors de cette Ville , et
fait périr plus de soo personnes.
>
>
A la recommandation du Roi d'Espagne , la
République de Genes a rendu la liberté à M. Camille Doria , qui avoit été envoyé dans la
Forteresse de Savone , pour donner satisfaction
à S. M. C. d'une insulte faite au Consul Espa,
gnol de la Bastia.
On mande de Turin , qu'on croyoit que la
Comtesse de Spigno , veuve du feu Roi Victor- Amedée se retireroit volontairement dans un
Couvent en Piedmont.
I. Vol
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Résumé : ITALIE.
En Italie, l'abbé Federa a été désigné par le Pape pour créer un collège en Calabre destiné aux jeunes Grecs catholiques et aux jeunes ecclésiastiques schismatiques. Le prince Caraccioli, ancien officier général des troupes du roi d'Espagne, âgé de 114 ans, a séjourné à Rome avant de retourner chez les ermites de Spolette. L'infant Don Carlos est revenu de Plaisance à Parme et devrait retourner à Florence au printemps. À Florence, le comte Caimo, envoyé extraordinaire de l'empereur, a reçu un décret impérial que le Sénat a refusé d'ouvrir et a transmis aux secrétaires d'État du Grand Duc. Ce paquet a été ouvert par les ministres du Grand Duc, entraînant des conférences avec le ministre impérial. En Toscane, des inondations à Pontemole ont causé des dommages considérables, détruisant un pont, des maisons, une église, un hôpital et une partie d'un couvent, et faisant plus de 500 victimes. À la demande du roi d'Espagne, la République de Gênes a libéré Camille Doria, emprisonné à Savone pour une insulte au consul espagnol de Bastia. À Turin, il est rapporté que la comtesse de Spigno, veuve du roi Victor-Amédée, pourrait se retirer dans un couvent en Piémont.
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8
p. 211-212
DE MADRID, le 18 Mars.
Début :
La Cour célébra, le 15 de ce mois, l'anniversaire de l'Infant Don Philippe, [...]
Mots clefs :
Anniversaire, Infant, Forces armées, Soldats, Recrutement et engagement, Flotte, Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MADRID, le 18 Mars.
De MADRID , le 18 Mars.
La Cour célébra , le 15 de ce mois , l'anniverfaire
de l'infant Don Philippe , Duc de Parme ,
qui eft entré dans fa quarante-unième année .
212 MERGURE DE FRANCE.
1
On continue les préparatifs ordonnés par le
Roi , pour rendre la Monarchie Efpagnole encore
plus refpectable que par le paffé . Nos forces de
terre confiftent en plus de cent dix mille hommes.
Nous aurons , ce Printemps , quarante- neuf vaiſ
feaux de ligne , armés & prêts à mettre en mer.
On preffe l'équipement de la flotte deſtinée pour
les Indes. On forme beaucoup de conjectures fur
l'objet de ces préparatifs . Mais dans les circonf
tances préfentes , ils peuvent n'en avoir d'autre
que de fe tenir prêt à tout événement .
La Cour célébra , le 15 de ce mois , l'anniverfaire
de l'infant Don Philippe , Duc de Parme ,
qui eft entré dans fa quarante-unième année .
212 MERGURE DE FRANCE.
1
On continue les préparatifs ordonnés par le
Roi , pour rendre la Monarchie Efpagnole encore
plus refpectable que par le paffé . Nos forces de
terre confiftent en plus de cent dix mille hommes.
Nous aurons , ce Printemps , quarante- neuf vaiſ
feaux de ligne , armés & prêts à mettre en mer.
On preffe l'équipement de la flotte deſtinée pour
les Indes. On forme beaucoup de conjectures fur
l'objet de ces préparatifs . Mais dans les circonf
tances préfentes , ils peuvent n'en avoir d'autre
que de fe tenir prêt à tout événement .
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Résumé : DE MADRID, le 18 Mars.
Le 18 mars à Madrid, la Cour a célébré l'anniversaire du Duc de Parme. Le Roi a ordonné des préparatifs pour renforcer la Monarchie Espagnole. Les forces terrestres comptent plus de cent dix mille hommes. Quarante-neuf vaisseaux de ligne seront armés pour le printemps. La flotte destinée aux Indes est également en cours d'équipement. Ces préparatifs visent à se tenir prêt à toute éventualité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 202
De PARIS, le 5 Juillet.
Début :
Un Courier, arrivé de Lisbonne, en a apporté la nouvelle que, le 6 du mois [...]
Mots clefs :
Princesse, Mariage, Infant, Roi de Pologne, Duc de Lorraine, Dame, Élection, Abbesse
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 5 Juillet.
De PARIS , les Juillet.
Un Courier , arrivé de Lisbonne , en a apporté
la nouvelle que , le 6 du mois dernier, la Princelle
de Beyra a époufé l'Infant Don Pedre , fon oncle.
Le Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de
Bar , a confirmé l'élection de la Dame Comteile
de Gouffier-Thois , en qualité d'Abbeffe du Cha
pitre de Bouxiere.
Un Courier , arrivé de Lisbonne , en a apporté
la nouvelle que , le 6 du mois dernier, la Princelle
de Beyra a époufé l'Infant Don Pedre , fon oncle.
Le Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de
Bar , a confirmé l'élection de la Dame Comteile
de Gouffier-Thois , en qualité d'Abbeffe du Cha
pitre de Bouxiere.
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10
p. 206
De MADRID, 23 Juillet.
Début :
Le Roi & la Reine, avec la Famille Royale, firent leur entrée solemnelle dans [...]
Mots clefs :
Famille royale, Réjouissances publiques, Serment de fidélité, Prince, Infant, Nobles, Députés, Duc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De MADRID, 23 Juillet.
De MADRID , 23 Juillet.
Le Roi & la Reine , avec la Famille Royale ,
firent leur entrée folemnelle dans cette Ville ,
le 13. Il y eut à cette occafion des réjouiffances
publiques , qui durerent plufieurs jours . Le Samedi
fuivant , le Roi reçut le ferment de fidélité
du Prince des Afturies , des Infants , des Prélats,
des Grands , des Nobles & des Députés des
Cours. Celui par lequel on reconnut Don Carlos
Antonio pour héritier préſomptif de la Couronne
, fut prêté entre les mains du Duc d'Albe.
Le Roi & la Reine , avec la Famille Royale ,
firent leur entrée folemnelle dans cette Ville ,
le 13. Il y eut à cette occafion des réjouiffances
publiques , qui durerent plufieurs jours . Le Samedi
fuivant , le Roi reçut le ferment de fidélité
du Prince des Afturies , des Infants , des Prélats,
des Grands , des Nobles & des Députés des
Cours. Celui par lequel on reconnut Don Carlos
Antonio pour héritier préſomptif de la Couronne
, fut prêté entre les mains du Duc d'Albe.
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11
p. 195-196
De LISBONNE, le 20 Août.
Début :
Le démêlés de notre Cour avec celle de Rome, loin de se terminer, s'aigriffent [...]
Mots clefs :
Tensions, Rome, Ordonnance, Pape, Marchandises, Prohibition, Bulle pontificale, Prisonniers, Infant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De LISBONNE, le 20 Août.
De LISBONNE , le 20 Août.
Les démêlés de notre Cour avec celle de Rome ,
loin de le terminer , s'aigriffent de jour en jour.
Sa Majesté a enjoint , par une ordonnance publiée
le 4 de ce mois , à tous les fujets de Sa Sainteté
de fortir de fon Royaume dans l'efpace de deux
mois. Elle a prohibé les marchandiſes qui viennent
de l'état Eccéfiaftique , & elle a défendu à
tous les fujets de folliciter à la Cour de Rome, ou,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
d'en recevoir aucune Bulle grace ou difpenfe
fans une permiffion expreffe du Bureau des Secrétaires
d'Etat .
On a amené de Brague à Oporto trois nou
yeaux prifonniers, qu'on dit être des Clercs du Palais
de l'Archevêque , frere du Roi . Les Infans
Don- Antoine & Don Jofeph , font renfermés
féparément dans deux hérmitages des jardins du
Couvent de Bolaco , autour defquels veille une
garde nombreule. On travaille à les enfermer de
hautes murailles , afin de mieux interdire toute
Communication .
Les démêlés de notre Cour avec celle de Rome ,
loin de le terminer , s'aigriffent de jour en jour.
Sa Majesté a enjoint , par une ordonnance publiée
le 4 de ce mois , à tous les fujets de Sa Sainteté
de fortir de fon Royaume dans l'efpace de deux
mois. Elle a prohibé les marchandiſes qui viennent
de l'état Eccéfiaftique , & elle a défendu à
tous les fujets de folliciter à la Cour de Rome, ou,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
d'en recevoir aucune Bulle grace ou difpenfe
fans une permiffion expreffe du Bureau des Secrétaires
d'Etat .
On a amené de Brague à Oporto trois nou
yeaux prifonniers, qu'on dit être des Clercs du Palais
de l'Archevêque , frere du Roi . Les Infans
Don- Antoine & Don Jofeph , font renfermés
féparément dans deux hérmitages des jardins du
Couvent de Bolaco , autour defquels veille une
garde nombreule. On travaille à les enfermer de
hautes murailles , afin de mieux interdire toute
Communication .
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Résumé : De LISBONNE, le 20 Août.
Le 20 août, à Lisbonne, les tensions entre le Portugal et Rome s'intensifient. Le roi a ordonné l'expulsion des sujets du pape et interdit les importations des États pontificaux. Trois clercs ont été transférés de Braga à Porto. Les infants Don Antoine et Don Joseph sont confinés dans des ermitages surveillés. Des murs sont construits pour empêcher toute communication extérieure.
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12
p. 180-186
DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
Début :
M. le Prince de Lichtenstein arriva à Parme le 1 Septembre ; [...]
Mots clefs :
Prince du Lichtenstein, Infant, Audience, Palais, Prince Ferdinand , Ministres, Officiers, Audience publique, Comte, Marquis, Valets, Honneurs, Carosse, Bataillons, Armes, Pages, Dames, Noblesse, Empereur, Gentilshommes, Opéra, Infante
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texteReconnaissance textuelle : DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
DETAIL de tout ce qui s'eft paffé depuis l'arrivée
de M. le Prince de LICHTENSTEIN jufqu'au 4 .
M. le Prince de Lichtenſtein arriva à Parme le
1 Septembre ; auflitôt après , il fit informer M.
Dutillot , par un de fes Gentilshommes.
M. Dutillot fe tranfporta chez lui , & lui donna
l'heure que l'Infant avoit fixé pour fon audience
particuliere.
Cette audience fut le lendemain à midi & demi;
M.Dutillot alla prendre M. le Prince de Lichtenftein
au Palais Palavicini où il eſt logé , & l'amena
chez l'Infant , il le conduifit enfuite chez le Prince
Ferdinand , de là à l'appartement de Madame
Infante Ifabelle , où le trouva auffi Madame Louiſe ..
M.le Prince de Lichtenſtein, fut au fortir du Palais
, rendre la vifire à M. Dutillot ; fortit de chez
Ge Miniftre , & y revint dîner avec les Miniftres de
France , d'Espagne , de Turin , de Gènes & de
Malte ; M. le Comte de Neuilly , M le Bailli de
Breteuil , M. l'Abbé de Canillac & M. le Comte
de Mercy . Il amena avec lui les huit Chambellans
qui l'ont accompagné , & deux Officiers Majors..
OCTOBRE. 1760. 185
M. Dutillot avoit invité le Capitaine & le Major
des Gardes du Corps , le grand Ecuyer & le premier
Ecuyer de l'Infant , le Gouverneur du Frince
Ferdinand , des Gentilshommes de la Chambre ,
des Majordomes , des Dames du Palais , M. l'Evêque
de Plaifance , frere du feu Chancelier Criftiani
chargé par l'Infant , à caufe de la mort de
l'Evêque de Parme , de la cérémonie du mariage )
& quelques Perfonnes de la premiere Nobleffe du
Pays.
Après le dîner , M. de Lichtenftein retourna à
fon Hôtel , où il reçut des vifites .
Le troifiéme jour fixé pour l'Audience publique,
M. le Comte Peroli , Introducteur, partit du
Palais à onze heures & demie , dans un caroffe
de l'Infant attelé à huit chevaux ; ce caroffe étoit
précédé par un autre à fix chevaux ( vuide ) , &
fuivi par trois autres attelés à huit chevaux ; dans
chacun de ces caroffes , étoit un Majordome.
Un Officier de l'Ecurie étoit à cheval à la tête
de ce Cortége ; douze Valets de pied étoient fur
deux files aux deux côtés de la voiture de l'Infant
, où étoit M. l'Introducteur , trois derriere ce
carofie , & deux derriere chacun des autres .
Deux Palfreniers à cheval ſuivoient l'Officier
de l'Ecurie
M. le Comte Peroli fut dans cet ordre prendre
chez lui M. le Marquis Palavicini , premier Gentilhomme
de la Chambre , que l'Infant avoir
chargé de faire les honneurs à M. le Prince de
Lichtenſtein .
M. de Palavicini monta dans le même caroffe ,
dans lequel étoit venu M. le Comte Peroli ; ce
dernier lui donna la droite.
Ils furent dans le même ordre chez M. le Prin
ce de Lichtenſtein.
Ils monterent l'efcalier , fuivis des trois Majordomes
qui les avoient accompagnés : les
182 MERCURE DE FRANCE. 1
douze valets de pieds fuivoient fur deux files.
M. le Prince de Lichtenſtein étoit venu au-devant
d'eux, & avoit defcendu deux marches; il les conduifitjufques
à la chambre. MM . les Majordomest
refterent à la piéce la plus voisine de cette chambre
, où ils entrerent un moment après M. de
Palavicini & M. Peroli , à qui M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait partout les honneurs des
Portes.
On defcendit de chez M. le Prince , qui fit
toujours les honneurs à M. de Palavicini jufques
au bas de fon efcalier ; où étant arrivé , M. de
Palavicini lui fit les honneurs du caroffe , il y
monta , fe plaça feul dans le fond , M. de Pałavicini
fur le devant à droite , M. Peroli à gauche.
MM. les Majordomes firent également les
bonneurs des caroffes de l'Infant dans lesquels
ils étoient venus , aux huit Chambellans .
On fe mit en marche dans l'ordre fuivant :
Un Officier de l'Ecurie de l'Infant , & deur
Palfreniers à cheval.
Le caroffe de M. l'Introducteur , à fix chevaux ,
vuide.
Deux Suiffes , de M. le Prince de Lichtenſtein ,
à cheval.
24 Valets de pied.
6 Coureurs.
6 Heyducs.
12 Palfreniers , tenant chacun un cheval par la
bride.
9 Officiers , de la Maifon de M. le Prince , à
cheval.
Son Ecuyer.
& Pages, dont deux Hongrois, & fix Allemands
Quatre Gentilshommes.
Le caroffe de l'Infant , où étoit M. le Prince de
Lichtenſtein , M. de Palavicini & M. Peroli , 1 %
Valets de pied de l'Infant aux deux côtés.
OCTOBRE . 1760 . 184
Un grand caroffe d'entrée , à M. le Prince,
attelé à 8 chevaux.
Les trois caroffes de l'Infant , dont les Majordomes
faifoient les honneurs.
A une diſtance de 30 ou 40 pas , trois autres
carolles , à M. le Prince de Lichtenſtein , attelés à
huit chevaux .
Les rues étoient bordées , depuis l'Hôtel Palavicini
jufques au Palais , par les deux Bataillons du
Régiment de Parme habillés de neuf, à-peu-près
comme le Corps des Grenadiers de France
douze Compagnies de Grenadiers.
> &
Les Troupes préfentoient les armes , les tambours
rappelloient , & les Officiers ont falué du
chapeau .
La Garde du Palais étoit formée devant la
porte; elle préfentoit les armes ; les tambours rappelloient
, & les Officiers ont falué du chapeau.
12 Suifles des Portes étoient fous la voute de
l'entrée du Palais.
80 Hallebardiers de la Garde de S. A. R. bordoient
l'escalier fur deux files, depuis la premiere
marche juſques au pallier d'en- haut ; & les deux
portes qui donnent de ce pallier à l'appartement
de l'Infant & à celui de Madame Ifabelle , étoient
gardées par quatre de ces mêmes Hallebardiers ,
la hallebarde fur l'épaule.
M. Le Comte Rimbaldefi, Maître des Cérémonies,
vint recevoir M. le Prince au bas de l'efcalier
& marcha devant lui.
La Livrée de l'Infant précédoit fur deux files ;
celle de M. le Prince fuivoit ce Seigneur , qui mar
choit entre M. le Marquis Palavicini & l'Introducteur.
La Livrée de M. le Prince s'arrêta dans deur
anti-falles avec celle de l'Infant ; deux Suiffes de la
porte empêchoient celle des particuliers d'y entrer,
184 MERCURE DE FRANCE.
M. le Prince de Lichtenstein , toujours précédé
par le Maître des Cérémonies , & ayant M. de Pala
vicini à fa droite & l'Introducteur à ſa gauche, traverfa
la Salle des Gardes : les Gardes du Corps
étoient fous les armes. Le Capitaine des Gardes le
reçut à la porte de la Salle en dedans, prit la place
de M. l'Introducteur à côté de lui , & marcha
ainfi à toutes les Audiences. L'Introducteur s'étoit
avancé d'un pas , & marchoit à côté du Maître
des Cérémonies . M. le Prince étoit précédé par
les Officiers de fa Maiſon qui s'arrêterent dans la
prémiere antichambre après la Salle des Gardes ,
par les Pages qui s'arrêterent dans l'antichambre
après celle où étoient reftés les Officiers de fa
Maifon , & avant celle où étoient les Pages de
S. A. R. par fes quatre Gentilshommes qui entrerentjufques
dans la piéce du Sallon de l'Audience
de l'Infant ; & par les huit Chambellans de l'Empereur
qui les précédérent jufques aux pieds , da
Throne .
Toutes les Dames de la Nobleffe du Pays &
Etrangeres , s'étoient rendues le matin chez Madame
Ifabelle .
La Nobleffe de l'Etat , les Seigneurs les plus
diftingués d'Italie , & l'Infant , étoient placés autour
de fon thrône , & rempliffoient douze Piéces
que traverfa M. le Prince de Lichtenftein , depuis
celle où s'étoient arrêtés fes Pages juſques à la
porte de la Salle de l'Audience.
Certe Salle eft , très-vaffe , & avoit été richement
& galamment ornée ; le dais de l'Infant étoit au
fond , vis-à-vis de la porte , par où entra M. le
Prince de Lichtenftein .
Au moment où ce Seigneur parut dans la Salle,
S. A. R. fe leva du fauteuil , ou il étoit affis , falua
M. le Prince de Lichtenftein & remit fon chapeau.
M.le Prince fe couvrit , & expola l'objet de fa
million..
OCTOBRE. 1760. r&'s
M. le Comte de S. Vital fut envoyé , avec deux
Gentilshommes de la Chambre , & deux Majordomes
prendre Madame Infante Ifabelle dans fon
appartement. Elle entra dans la Salle d'audience
par une porte pratiquée à côté du dais, précédée des
perfonnes qui avoient été envoyées pour la chercher
, & fuivie par Madame de Gonzales , Madame
la Comteffe de Siffa , & cing Dames du Palais.
M. le Prince de Lichtenſtein s'adreſſant à Madame
Infante Ifabelle , lui répéta la demande qu'il
avoit faite à S. A. R. Madame fe tourna du côté de
l'Infant , comme pour lui demander fon approbation
; après quoi elle répondit à M. le Prince de
Lichtenſtein , & reçut de lui une Lettre de la main
de l'Archiduc , & le portrait de ce Prince ; enfuite
elle fe retira dans fon appartement.
L'Infant & M. le Prince de Lichtenstein resterent
découverts , tout le tems que Madame Infante
Ifabelle refta dans la Salle .
M. le Prince de Lichtenftein préfenta à l'Infant
Les huit Chambellans de l'Empereur.
M. le Prince de Lichtenſtein forrit de l'audience
de l'Infant dans le même ordre qu'il yétoit entré ,
& marcha dans ce même ordre à celle du Prince
Ferdinand ; le cérémonial y fut obfervé comme à
celle de l'Infant.
M. le Prince de Lichtenstein paffa de cette audience
à celle de Madame Infante Ifabelle. Tour y
fut obfervé comme aux précédentes, excepté que M.
le Prince ne fe couvrit qu'un moment , ôta fon chapeau
, & refta découvert julques à ce qu'il fortît.
Il paffa à l'Audience de Madame Louife où tout
fut exactement obfervé comme à celle de Madame
Infante Iíabelle.
Il fut conduit enfuite dans l'appartement qui
lui avoit été préparé à la Cour , par M. de Palavicini,
M. l'Introducteur & le Maître des Cérémo186
MERCURE DE FRANCE.
nies.Il y fut fuivi par quantité de Nobleſſe .
M. de Lichtenſtein arrivé dans cet appartement
, y fut vifité par un Gentilhomme de la
Chambre de la part dé l'Infant.
Un moment après , M. le Comte de S. Vital ,
fur auffi lui annoncer que S. A. R. le faifoit
traiter. Il lui préſenta en même- tems le Majordome
, le Comte de S. Vital , le Capitaine des
Gardes , le Gouverneur du Prince Ferdinand ,
des Gentilshommes de la Chambre , le Maître
des Cérémonies , l'Introducteur , quatre Chambellans
de l'Empereur , M. le Marquis Canoffa , &
quelques autres perfonnes de la Nobleſſe du Pays ,
& Allemande.
M. Le Prince fut fervi par les Officiers de l'Infant
, propofés pour fervir S. A. R. à table :
toutes les autres perfonnes furent fervies par la
livrée de S. A. R.
On ne s'étoit mis à table qu'après que l'Infant
eut dîné.
Après le repas , M. de Lichtenſtein paſſa chez
l'Infant lui faire une vifite , & en fortit un moment
après pour retourner dans ſon appartement,
où il reçut des vifites.
Afept heures & demie , on paffa au Théâtre
pour voir l'Opéra. L'Infant & Madame Ifabelle
furent , avec leur Cour , dans la grande loge du
milieu , appellée la loge de la Couronne. M. le
Prince de Lichtenſtein étoit , avec quelques Scigneurs
de fa fuite , dans celle qui eft la plus près
du Théâtre à droite.
Trois Majordomes avoient été chargés par
l'Infant , de faire les honneurs du Théâtre où
tout fe paffa dans le plus grand ordre.
Le parterre & les loges étoient remplis de
toute la Nobleffe du Pays , & Etrangeres , qui
avoient pu y contenir.
de M. le Prince de LICHTENSTEIN jufqu'au 4 .
M. le Prince de Lichtenſtein arriva à Parme le
1 Septembre ; auflitôt après , il fit informer M.
Dutillot , par un de fes Gentilshommes.
M. Dutillot fe tranfporta chez lui , & lui donna
l'heure que l'Infant avoit fixé pour fon audience
particuliere.
Cette audience fut le lendemain à midi & demi;
M.Dutillot alla prendre M. le Prince de Lichtenftein
au Palais Palavicini où il eſt logé , & l'amena
chez l'Infant , il le conduifit enfuite chez le Prince
Ferdinand , de là à l'appartement de Madame
Infante Ifabelle , où le trouva auffi Madame Louiſe ..
M.le Prince de Lichtenſtein, fut au fortir du Palais
, rendre la vifire à M. Dutillot ; fortit de chez
Ge Miniftre , & y revint dîner avec les Miniftres de
France , d'Espagne , de Turin , de Gènes & de
Malte ; M. le Comte de Neuilly , M le Bailli de
Breteuil , M. l'Abbé de Canillac & M. le Comte
de Mercy . Il amena avec lui les huit Chambellans
qui l'ont accompagné , & deux Officiers Majors..
OCTOBRE. 1760. 185
M. Dutillot avoit invité le Capitaine & le Major
des Gardes du Corps , le grand Ecuyer & le premier
Ecuyer de l'Infant , le Gouverneur du Frince
Ferdinand , des Gentilshommes de la Chambre ,
des Majordomes , des Dames du Palais , M. l'Evêque
de Plaifance , frere du feu Chancelier Criftiani
chargé par l'Infant , à caufe de la mort de
l'Evêque de Parme , de la cérémonie du mariage )
& quelques Perfonnes de la premiere Nobleffe du
Pays.
Après le dîner , M. de Lichtenftein retourna à
fon Hôtel , où il reçut des vifites .
Le troifiéme jour fixé pour l'Audience publique,
M. le Comte Peroli , Introducteur, partit du
Palais à onze heures & demie , dans un caroffe
de l'Infant attelé à huit chevaux ; ce caroffe étoit
précédé par un autre à fix chevaux ( vuide ) , &
fuivi par trois autres attelés à huit chevaux ; dans
chacun de ces caroffes , étoit un Majordome.
Un Officier de l'Ecurie étoit à cheval à la tête
de ce Cortége ; douze Valets de pied étoient fur
deux files aux deux côtés de la voiture de l'Infant
, où étoit M. l'Introducteur , trois derriere ce
carofie , & deux derriere chacun des autres .
Deux Palfreniers à cheval ſuivoient l'Officier
de l'Ecurie
M. le Comte Peroli fut dans cet ordre prendre
chez lui M. le Marquis Palavicini , premier Gentilhomme
de la Chambre , que l'Infant avoir
chargé de faire les honneurs à M. le Prince de
Lichtenſtein .
M. de Palavicini monta dans le même caroffe ,
dans lequel étoit venu M. le Comte Peroli ; ce
dernier lui donna la droite.
Ils furent dans le même ordre chez M. le Prin
ce de Lichtenſtein.
Ils monterent l'efcalier , fuivis des trois Majordomes
qui les avoient accompagnés : les
182 MERCURE DE FRANCE. 1
douze valets de pieds fuivoient fur deux files.
M. le Prince de Lichtenſtein étoit venu au-devant
d'eux, & avoit defcendu deux marches; il les conduifitjufques
à la chambre. MM . les Majordomest
refterent à la piéce la plus voisine de cette chambre
, où ils entrerent un moment après M. de
Palavicini & M. Peroli , à qui M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait partout les honneurs des
Portes.
On defcendit de chez M. le Prince , qui fit
toujours les honneurs à M. de Palavicini jufques
au bas de fon efcalier ; où étant arrivé , M. de
Palavicini lui fit les honneurs du caroffe , il y
monta , fe plaça feul dans le fond , M. de Pałavicini
fur le devant à droite , M. Peroli à gauche.
MM. les Majordomes firent également les
bonneurs des caroffes de l'Infant dans lesquels
ils étoient venus , aux huit Chambellans .
On fe mit en marche dans l'ordre fuivant :
Un Officier de l'Ecurie de l'Infant , & deur
Palfreniers à cheval.
Le caroffe de M. l'Introducteur , à fix chevaux ,
vuide.
Deux Suiffes , de M. le Prince de Lichtenſtein ,
à cheval.
24 Valets de pied.
6 Coureurs.
6 Heyducs.
12 Palfreniers , tenant chacun un cheval par la
bride.
9 Officiers , de la Maifon de M. le Prince , à
cheval.
Son Ecuyer.
& Pages, dont deux Hongrois, & fix Allemands
Quatre Gentilshommes.
Le caroffe de l'Infant , où étoit M. le Prince de
Lichtenſtein , M. de Palavicini & M. Peroli , 1 %
Valets de pied de l'Infant aux deux côtés.
OCTOBRE . 1760 . 184
Un grand caroffe d'entrée , à M. le Prince,
attelé à 8 chevaux.
Les trois caroffes de l'Infant , dont les Majordomes
faifoient les honneurs.
A une diſtance de 30 ou 40 pas , trois autres
carolles , à M. le Prince de Lichtenſtein , attelés à
huit chevaux .
Les rues étoient bordées , depuis l'Hôtel Palavicini
jufques au Palais , par les deux Bataillons du
Régiment de Parme habillés de neuf, à-peu-près
comme le Corps des Grenadiers de France
douze Compagnies de Grenadiers.
> &
Les Troupes préfentoient les armes , les tambours
rappelloient , & les Officiers ont falué du
chapeau .
La Garde du Palais étoit formée devant la
porte; elle préfentoit les armes ; les tambours rappelloient
, & les Officiers ont falué du chapeau.
12 Suifles des Portes étoient fous la voute de
l'entrée du Palais.
80 Hallebardiers de la Garde de S. A. R. bordoient
l'escalier fur deux files, depuis la premiere
marche juſques au pallier d'en- haut ; & les deux
portes qui donnent de ce pallier à l'appartement
de l'Infant & à celui de Madame Ifabelle , étoient
gardées par quatre de ces mêmes Hallebardiers ,
la hallebarde fur l'épaule.
M. Le Comte Rimbaldefi, Maître des Cérémonies,
vint recevoir M. le Prince au bas de l'efcalier
& marcha devant lui.
La Livrée de l'Infant précédoit fur deux files ;
celle de M. le Prince fuivoit ce Seigneur , qui mar
choit entre M. le Marquis Palavicini & l'Introducteur.
La Livrée de M. le Prince s'arrêta dans deur
anti-falles avec celle de l'Infant ; deux Suiffes de la
porte empêchoient celle des particuliers d'y entrer,
184 MERCURE DE FRANCE.
M. le Prince de Lichtenstein , toujours précédé
par le Maître des Cérémonies , & ayant M. de Pala
vicini à fa droite & l'Introducteur à ſa gauche, traverfa
la Salle des Gardes : les Gardes du Corps
étoient fous les armes. Le Capitaine des Gardes le
reçut à la porte de la Salle en dedans, prit la place
de M. l'Introducteur à côté de lui , & marcha
ainfi à toutes les Audiences. L'Introducteur s'étoit
avancé d'un pas , & marchoit à côté du Maître
des Cérémonies . M. le Prince étoit précédé par
les Officiers de fa Maiſon qui s'arrêterent dans la
prémiere antichambre après la Salle des Gardes ,
par les Pages qui s'arrêterent dans l'antichambre
après celle où étoient reftés les Officiers de fa
Maifon , & avant celle où étoient les Pages de
S. A. R. par fes quatre Gentilshommes qui entrerentjufques
dans la piéce du Sallon de l'Audience
de l'Infant ; & par les huit Chambellans de l'Empereur
qui les précédérent jufques aux pieds , da
Throne .
Toutes les Dames de la Nobleffe du Pays &
Etrangeres , s'étoient rendues le matin chez Madame
Ifabelle .
La Nobleffe de l'Etat , les Seigneurs les plus
diftingués d'Italie , & l'Infant , étoient placés autour
de fon thrône , & rempliffoient douze Piéces
que traverfa M. le Prince de Lichtenftein , depuis
celle où s'étoient arrêtés fes Pages juſques à la
porte de la Salle de l'Audience.
Certe Salle eft , très-vaffe , & avoit été richement
& galamment ornée ; le dais de l'Infant étoit au
fond , vis-à-vis de la porte , par où entra M. le
Prince de Lichtenftein .
Au moment où ce Seigneur parut dans la Salle,
S. A. R. fe leva du fauteuil , ou il étoit affis , falua
M. le Prince de Lichtenftein & remit fon chapeau.
M.le Prince fe couvrit , & expola l'objet de fa
million..
OCTOBRE. 1760. r&'s
M. le Comte de S. Vital fut envoyé , avec deux
Gentilshommes de la Chambre , & deux Majordomes
prendre Madame Infante Ifabelle dans fon
appartement. Elle entra dans la Salle d'audience
par une porte pratiquée à côté du dais, précédée des
perfonnes qui avoient été envoyées pour la chercher
, & fuivie par Madame de Gonzales , Madame
la Comteffe de Siffa , & cing Dames du Palais.
M. le Prince de Lichtenſtein s'adreſſant à Madame
Infante Ifabelle , lui répéta la demande qu'il
avoit faite à S. A. R. Madame fe tourna du côté de
l'Infant , comme pour lui demander fon approbation
; après quoi elle répondit à M. le Prince de
Lichtenſtein , & reçut de lui une Lettre de la main
de l'Archiduc , & le portrait de ce Prince ; enfuite
elle fe retira dans fon appartement.
L'Infant & M. le Prince de Lichtenstein resterent
découverts , tout le tems que Madame Infante
Ifabelle refta dans la Salle .
M. le Prince de Lichtenftein préfenta à l'Infant
Les huit Chambellans de l'Empereur.
M. le Prince de Lichtenſtein forrit de l'audience
de l'Infant dans le même ordre qu'il yétoit entré ,
& marcha dans ce même ordre à celle du Prince
Ferdinand ; le cérémonial y fut obfervé comme à
celle de l'Infant.
M. le Prince de Lichtenstein paffa de cette audience
à celle de Madame Infante Ifabelle. Tour y
fut obfervé comme aux précédentes, excepté que M.
le Prince ne fe couvrit qu'un moment , ôta fon chapeau
, & refta découvert julques à ce qu'il fortît.
Il paffa à l'Audience de Madame Louife où tout
fut exactement obfervé comme à celle de Madame
Infante Iíabelle.
Il fut conduit enfuite dans l'appartement qui
lui avoit été préparé à la Cour , par M. de Palavicini,
M. l'Introducteur & le Maître des Cérémo186
MERCURE DE FRANCE.
nies.Il y fut fuivi par quantité de Nobleſſe .
M. de Lichtenſtein arrivé dans cet appartement
, y fut vifité par un Gentilhomme de la
Chambre de la part dé l'Infant.
Un moment après , M. le Comte de S. Vital ,
fur auffi lui annoncer que S. A. R. le faifoit
traiter. Il lui préſenta en même- tems le Majordome
, le Comte de S. Vital , le Capitaine des
Gardes , le Gouverneur du Prince Ferdinand ,
des Gentilshommes de la Chambre , le Maître
des Cérémonies , l'Introducteur , quatre Chambellans
de l'Empereur , M. le Marquis Canoffa , &
quelques autres perfonnes de la Nobleſſe du Pays ,
& Allemande.
M. Le Prince fut fervi par les Officiers de l'Infant
, propofés pour fervir S. A. R. à table :
toutes les autres perfonnes furent fervies par la
livrée de S. A. R.
On ne s'étoit mis à table qu'après que l'Infant
eut dîné.
Après le repas , M. de Lichtenſtein paſſa chez
l'Infant lui faire une vifite , & en fortit un moment
après pour retourner dans ſon appartement,
où il reçut des vifites.
Afept heures & demie , on paffa au Théâtre
pour voir l'Opéra. L'Infant & Madame Ifabelle
furent , avec leur Cour , dans la grande loge du
milieu , appellée la loge de la Couronne. M. le
Prince de Lichtenſtein étoit , avec quelques Scigneurs
de fa fuite , dans celle qui eft la plus près
du Théâtre à droite.
Trois Majordomes avoient été chargés par
l'Infant , de faire les honneurs du Théâtre où
tout fe paffa dans le plus grand ordre.
Le parterre & les loges étoient remplis de
toute la Nobleffe du Pays , & Etrangeres , qui
avoient pu y contenir.
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Résumé : DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
Le 1er septembre 1760, le Prince de Lichtenstein arriva à Parme et fut informé par M. Dutillot de l'heure de son audience privée avec l'Infant, fixée au lendemain à midi et demi. L'audience débuta au Palais Palavicini, où M. Dutillot accompagna le Prince de Lichtenstein chez l'Infant, puis chez le Prince Ferdinand, et enfin chez l'Infante Isabelle, en présence de Madame Louise. Après l'audience, le Prince de Lichtenstein rendit visite à M. Dutillot et dîna avec divers ministres, dont ceux de France, d'Espagne, de Turin, de Gênes et de Malte. Le troisième jour, pour l'audience publique, un cortège composé de plusieurs carrosses et de nombreux valets se rendit chez le Marquis Palavicini, premier Gentilhomme de la Chambre, qui fut chargé de faire les honneurs au Prince de Lichtenstein. Le cortège se dirigea ensuite vers l'hôtel du Prince de Lichtenstein, où il fut accueilli et conduit à l'intérieur. Le cortège, incluant le Prince de Lichtenstein, le Marquis Palavicini et l'Introducteur, se rendit au Palais de l'Infant. Les rues étaient bordées par des troupes en uniforme, et la garde du Palais était formée. À l'intérieur, le Prince de Lichtenstein traversa plusieurs salles ornées, où étaient présents la noblesse du pays et des étrangers. L'Infant se leva et salua le Prince, qui exposa l'objet de sa mission. Madame Infante Isabelle fut ensuite amenée dans la salle d'audience et reçut une lettre et un portrait de l'Archiduc. Le Prince de Lichtenstein présenta les Chambellans de l'Empereur à l'Infant et passa aux audiences du Prince Ferdinand et de Madame Infante Isabelle, suivant le même cérémonial. Il fut ensuite conduit dans son appartement à la Cour, où il reçut diverses visites de la noblesse. Après le dîner, le Prince de Lichtenstein rendit visite à l'Infant et retourna dans son appartement. En soirée, il se rendit au théâtre pour assister à l'opéra, où l'Infant et Madame Isabelle occupaient la loge royale, tandis que le Prince de Lichtenstein était dans une loge voisine.
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