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1
p. 205
Feu d'Artifice chez M.le President de Pomereuïl. [titre d'après la table]
Début :
Tout Paris a témoigné beaucoup de joye de la prise [...]
Mots clefs :
Joie, Te Deum, Feu d'artifice
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texteReconnaissance textuelle : Feu d'Artifice chez M.le President de Pomereuïl. [titre d'après la table]
ToucParisa témoigné beaucoup de joye de la pnfe de Valenciennes, mais celle qu’en a
fait voir Monfieur le Prefident
de Pomereüil, Confeiller d’Etat ordinaire, &. Prevoft des
Marchands, a fait beaucoup
d’éclat. Le jour que le Te T)eum
fut chanté, il fit faire un Feu
d’Artifice devant fon Logis : Il
ne faut pas s’en étonner, c’eft
un des plus zelez Serviteurs du
Roy, èc des plus beaux Efprits
que nous ayons.
fait voir Monfieur le Prefident
de Pomereüil, Confeiller d’Etat ordinaire, &. Prevoft des
Marchands, a fait beaucoup
d’éclat. Le jour que le Te T)eum
fut chanté, il fit faire un Feu
d’Artifice devant fon Logis : Il
ne faut pas s’en étonner, c’eft
un des plus zelez Serviteurs du
Roy, èc des plus beaux Efprits
que nous ayons.
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2
p. 127-133
Description d'une Feste Galante donnée à Montpellier par M. de la Quere à Mademoiselle de la Verune. [titre d'après la table]
Début :
Je ne doute point, Madame, que vous ne joigniez vos [...]
Mots clefs :
Monsieur de la Quere, Mariage, Fêtes, Galanterie, Théâtre, Souper, Feu d'artifice
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texteReconnaissance textuelle : Description d'une Feste Galante donnée à Montpellier par M. de la Quere à Mademoiselle de la Verune. [titre d'après la table]
Je ne doute point , Mada- me, que vous ne joigniez vos applaudiſſemens à ceux que l'Autheur de ce Compliment a receus ; &pour paffer d'A les àMontpelier, jeus diray qu'ony parle fort du Mariage de Mademoiselle de la Verune
avec Monfieur de la Quere Capitaine des Vaiſſeaux. C'eſt une Heritiere qu'on tient ri- che d'un million. Cela eſt
conſidérable ; mais ce qui eſt beaucoup plus avantageux pourelle , c'eſt que ſa fortune,
toute grande qu'elle eft , pa- roiſt encor au deſſous de fon
merite. Monfieur de la Quere luy a donné pluſieurs Feftes.
Elles ont toutes efté d'une ga- Janterie admirable , mais fur
Hij
90 LE MERCVRE
tout la derniere vous fera voir
que l'inconnu que vous avez tant aimé fur le Theatre , &
que vous nommiez ſi plaiſam- ment L'Amant qui nese trouve point ailleurs , n'apas donné un exemple d'une fi dangereuſe confequence, qu'il n'y ait des Gens qui faffenegloire de l'i- miter. Il ne faut qu'aimer pour cela , & voicy de qu'elle ma- niere Monfieur de la Quere s'y eſt pris. Mademoiselle de la Verune s'eſtoit allé prome- ner un peu tard avec quel- ques-unes de ſes Amies &de ſes Parentes , dans un Jardin
où il y a un petit Pavillon , &
quatre Cabinets de verdure
aux quatre coins. Elles furent fort ſurpriſes de trouver dans le premier où elles entrerent ,
une Table à dix-huit couverts.
GALANT. 91
20
dic
ure
en
an
ent
erts
Lamagnificence y fut grande,
&la propreté merveilleuſe. II y eut huit Services differens,
& il n'y manqua rien de tout ce qu'on ſe peut figurer de plus exquis & de plus délicat pour le gouft. Aucune d'elles ne s'attendoit à ce Souper , &
moins encor à eſtre diverties
par un Concert admirable de Hautbois qui estoient dans
autre Cabinet. A
un
ces Haut
bois fuccederent les Violds
THEAS
1
qu'on avoit mis dans le tro fiéme ; & ils n'eurent pas plû- toſt ceffé de joüer , qu'une ex- cellente Muſiqueſe fit enten- dre dudernierde ces Cabinets.
Le Souper eſtant finy , la Ta- ble fut couverte de Bouquets de Fleurs de toutes les Saifons , & de Rubans de toutes
fortes. Un moment apres on
Hiij
92 LE MERCVRE
propoſade s'aller repoſer dans des Chaiſes de commodite qui
eſtoient dans le Pavillon , &
ce futde nouveau un agreable ſujet de ſurpriſe pour ces aima- bles Perſonnes , devoir toutle
Iardin éclairé demilleBougies qu'on avoit attacheés aux branches des Arbres , & dont
Ia lumiere leur fit découvrir
les appreſts d'un tres- beau Feud'Artifice qui dura plus de demy-heure. Il fut fuivy d'un nombre infini de Fuſées vo
lantes qui faiſoient voir en l'air de cent diferentes manieres
le Nom&les Chiffres de Mademoiselle de la Verune. Ce
Divertiſſement qui les occupa quelque temps ayantceffé, el- les continuerent de marcher
vers le Pavillon , & furent à
peine affifesdansle Veftibule,
GALANT. 93
2
X
e
1
ir
aCe
Da
-
-
er
a
qu'elles virent fortir du derrieredela Tapifſerie,des Acteurs qui leur donnerent la Comedie. Ce fut par elle que cette galante Fefte ſe termina : elle
ne finit qu'avec la nuit; &cette belle Troupen'euſt pas lieu de regreter les heures que tant de plaiſirs luy firent dérober au fommeil.
avec Monfieur de la Quere Capitaine des Vaiſſeaux. C'eſt une Heritiere qu'on tient ri- che d'un million. Cela eſt
conſidérable ; mais ce qui eſt beaucoup plus avantageux pourelle , c'eſt que ſa fortune,
toute grande qu'elle eft , pa- roiſt encor au deſſous de fon
merite. Monfieur de la Quere luy a donné pluſieurs Feftes.
Elles ont toutes efté d'une ga- Janterie admirable , mais fur
Hij
90 LE MERCVRE
tout la derniere vous fera voir
que l'inconnu que vous avez tant aimé fur le Theatre , &
que vous nommiez ſi plaiſam- ment L'Amant qui nese trouve point ailleurs , n'apas donné un exemple d'une fi dangereuſe confequence, qu'il n'y ait des Gens qui faffenegloire de l'i- miter. Il ne faut qu'aimer pour cela , & voicy de qu'elle ma- niere Monfieur de la Quere s'y eſt pris. Mademoiselle de la Verune s'eſtoit allé prome- ner un peu tard avec quel- ques-unes de ſes Amies &de ſes Parentes , dans un Jardin
où il y a un petit Pavillon , &
quatre Cabinets de verdure
aux quatre coins. Elles furent fort ſurpriſes de trouver dans le premier où elles entrerent ,
une Table à dix-huit couverts.
GALANT. 91
20
dic
ure
en
an
ent
erts
Lamagnificence y fut grande,
&la propreté merveilleuſe. II y eut huit Services differens,
& il n'y manqua rien de tout ce qu'on ſe peut figurer de plus exquis & de plus délicat pour le gouft. Aucune d'elles ne s'attendoit à ce Souper , &
moins encor à eſtre diverties
par un Concert admirable de Hautbois qui estoient dans
autre Cabinet. A
un
ces Haut
bois fuccederent les Violds
THEAS
1
qu'on avoit mis dans le tro fiéme ; & ils n'eurent pas plû- toſt ceffé de joüer , qu'une ex- cellente Muſiqueſe fit enten- dre dudernierde ces Cabinets.
Le Souper eſtant finy , la Ta- ble fut couverte de Bouquets de Fleurs de toutes les Saifons , & de Rubans de toutes
fortes. Un moment apres on
Hiij
92 LE MERCVRE
propoſade s'aller repoſer dans des Chaiſes de commodite qui
eſtoient dans le Pavillon , &
ce futde nouveau un agreable ſujet de ſurpriſe pour ces aima- bles Perſonnes , devoir toutle
Iardin éclairé demilleBougies qu'on avoit attacheés aux branches des Arbres , & dont
Ia lumiere leur fit découvrir
les appreſts d'un tres- beau Feud'Artifice qui dura plus de demy-heure. Il fut fuivy d'un nombre infini de Fuſées vo
lantes qui faiſoient voir en l'air de cent diferentes manieres
le Nom&les Chiffres de Mademoiselle de la Verune. Ce
Divertiſſement qui les occupa quelque temps ayantceffé, el- les continuerent de marcher
vers le Pavillon , & furent à
peine affifesdansle Veftibule,
GALANT. 93
2
X
e
1
ir
aCe
Da
-
-
er
a
qu'elles virent fortir du derrieredela Tapifſerie,des Acteurs qui leur donnerent la Comedie. Ce fut par elle que cette galante Fefte ſe termina : elle
ne finit qu'avec la nuit; &cette belle Troupen'euſt pas lieu de regreter les heures que tant de plaiſirs luy firent dérober au fommeil.
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Résumé : Description d'une Feste Galante donnée à Montpellier par M. de la Quere à Mademoiselle de la Verune. [titre d'après la table]
Le texte évoque un mariage prochain entre Mademoiselle de la Verune et Monsieur de la Quere, capitaine des vaisseaux. Mademoiselle de la Verune est une héritière fortunée, possédant un million, bien que sa valeur personnelle soit jugée supérieure à sa richesse. Monsieur de la Quere a organisé plusieurs réjouissances en son honneur, dont une fête particulièrement mémorable. Lors de cette dernière, Mademoiselle de la Verune et ses amies ont été agréablement surprises par un somptueux souper dans un jardin, accompagné de huit services et d'un concert de hautbois et violons. Après le souper, le jardin a été illuminé par des bougies et un feu d'artifice a été tiré, avec des fusées affichant le nom et les chiffres de Mademoiselle de la Verune. La soirée s'est conclue par une comédie interprétée par des acteurs dans le pavillon, offrant ainsi de nombreux divertissements aux invités jusqu'à la nuit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 225-228
Ce qui s'est passé à Paris aprés leur retour. [titre d'après la table]
Début :
Ils estoient si satisfaits de l'avoir vû, & des [...]
Mots clefs :
Pierreries, Roi, Honneur, Ville, Storf, Feu d'artifice, Duc de Berry, Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé à Paris aprés leur retour. [titre d'après la table]
Ils eftoient fi
fatisfaits de l'avoir vû , &
des chofes obligeantes
qu'il leur avoirdites , qu'à
leur retour ils embraſſerent
M'Stolf pour loy en
témoigner leur joye , &
226 Voyagedes Amb.
comme on parla au premier
Ambaſſadeur , du
grand nombre de Pierreries
dont l'habit du Roy
eſtoit couvert , il dit , Que
tant qu'ilpourroit avoir le
meſme honneur qu'il avoit
reçû , quelques Pierreries
qu'eust SaMajesté, il neles
verroitjamais , parce qu'il
neregarderoit que le Roy ,
mais qu'il feroit bien aise
de les voir en particulier.
M' le Prevoſt des Marchands
les pria le lende
de Siam.
227
main qu'ils eurent eu Audience
, de ſe trouver à
l'Hôtel de Ville pour voir
le Feu d'Artifice que la
Ville faiſoit tirer pour fe
réjoüir de l'heureuſe Naiffance
de Monſeigneur le
Duc de Berry. Il répondit,
Qu'ils luy estoient extremement
obligez de l'honneur
qu'il leur faisoit , mais que
n'ayant point encore euAudience
du refte der la Mai-
Son Royale , ils ne croyoient
pas devoir aller en aucun
228 Voyage des Amb.
lieu public. Une Demoifelle
qui chante fort bien,
& qui a beaucoup de
charmes pour ſe faire regarder,
ayant eſté chanter
deuant eux on luy demanda
ce qu'il trouvoit
de ſa voix , & il répondit
Qu'il n'avoit point d'oreilles
quand il avoit beſoin de
tous fes yeux.
fatisfaits de l'avoir vû , &
des chofes obligeantes
qu'il leur avoirdites , qu'à
leur retour ils embraſſerent
M'Stolf pour loy en
témoigner leur joye , &
226 Voyagedes Amb.
comme on parla au premier
Ambaſſadeur , du
grand nombre de Pierreries
dont l'habit du Roy
eſtoit couvert , il dit , Que
tant qu'ilpourroit avoir le
meſme honneur qu'il avoit
reçû , quelques Pierreries
qu'eust SaMajesté, il neles
verroitjamais , parce qu'il
neregarderoit que le Roy ,
mais qu'il feroit bien aise
de les voir en particulier.
M' le Prevoſt des Marchands
les pria le lende
de Siam.
227
main qu'ils eurent eu Audience
, de ſe trouver à
l'Hôtel de Ville pour voir
le Feu d'Artifice que la
Ville faiſoit tirer pour fe
réjoüir de l'heureuſe Naiffance
de Monſeigneur le
Duc de Berry. Il répondit,
Qu'ils luy estoient extremement
obligez de l'honneur
qu'il leur faisoit , mais que
n'ayant point encore euAudience
du refte der la Mai-
Son Royale , ils ne croyoient
pas devoir aller en aucun
228 Voyage des Amb.
lieu public. Une Demoifelle
qui chante fort bien,
& qui a beaucoup de
charmes pour ſe faire regarder,
ayant eſté chanter
deuant eux on luy demanda
ce qu'il trouvoit
de ſa voix , & il répondit
Qu'il n'avoit point d'oreilles
quand il avoit beſoin de
tous fes yeux.
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Résumé : Ce qui s'est passé à Paris aprés leur retour. [titre d'après la table]
Lors d'une rencontre avec le roi, les ambassadeurs ont exprimé leur satisfaction et ont témoigné leur joie en embrassant M'Stoff. Une discussion sur les pierreries de l'habit royal a eu lieu, un ambassadeur déclarant qu'il préférait voir le roi mais aimerait également admirer les pierreries. Le Prévost des Marchands les a invités à un feu d'artifice à l'Hôtel de Ville pour célébrer la naissance du Duc de Berry, mais les ambassadeurs ont décliné, estimant qu'ils ne devaient pas se rendre en lieu public avant d'avoir eu audience avec l'ensemble de la Maison Royale. Lors d'une performance musicale par une demoiselle, un ambassadeur a répondu qu'il n'avait pas d'oreilles lorsqu'il avait besoin de tous ses yeux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 167-179
Feste galante faite à Chasteau Gontier pour la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
Début :
Je ne dois pas oublier à vous parler d'une Fête qui a esté faite [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du duc d'Anjou, Château, Feu d'artifice, Danse, Violons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Feste galante faite à Chasteau Gontier pour la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
Je ne dois pas oublier à vous
parler d'une Fête qui a eſté faite à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou , & dans laquelle vous
trouverez des particularitez
tres fingulieres , & fur tout la
manière de mettre le feu au
Bucher, qui eft auffi nouvelle
que galante , & qui n'a jamais
cité imaginée par perfonne. Je
paffe au fujer & au détail de
cette Fête amore delibet
168 MERCUR
A peine la nouvelle de la
Naiffance de Monseigneur le
Duc d'Anjou fut-ellerépandue
à Chafteau- Gontier , dans la
Province d'Anjou , que Mr de
Fleurance , Ecuyer de Madame la Ducheffe de Bourgogne,
dont le zele avoit déja paru en
1704.& 1707. à l'occafion de
la Naiffance de Meffeigneurs
les Ducs de Bretagne , forma le deffein de témoigner fa
joye par des rejoüiffances publiques. Il donna le deux de
cemois à Chateau Gontier ,
une Fefte qui a paffé pour une
des plus galantes & une des
micux
GALANT 169
mieux ordonnées qu'on en ait
veu depuis long - temps dans
cette Province. Elle commança à deux heures aprés midy
par une décharge generale
des Canons du Chafteau ; fur
les trois heures toute la Bourgeoifie fous les armes fe rendit fur la grande Place
ayant les Tambours de la
Ville à fa tefte ; cette Bourgeofie compofée de la plus
belle jeuneffe , eftoit partagée
en fix Compagnies de jeunes
hommes des mieux faits &
des mieux vêtus , tous parez
de noeuds d'Epée , avec des
Mars 1710.
P
170 MERCURE
T
Chapeaux bordez & des cocardes de ruban d'or ou d'argent. M Cucillard leur Colo
nel fe mit à leur tefte ; ils allerent tous en tres- bel ordre
prendre M' de Fleurance pour
venir mettre le feu à un gros
bucher orné de feuillages
qu'on avoit preparé par fon
ordre fur la grande Place vis- àvis de fa maifon. Comme
toutes les Dames de la Ville
eftoient affemblées chez luy
cejour- là , il leur défera l'honneur d'allumer le feu , & pour
ne pas mettre de divifion entre
la Nobleffe , & la Robbe , il
GALANT 171
choifit trois filles des principaux Officiers du Prefidial , &
trois filles de Gentilshommes.
Ces fix Demoifelles ayant
choifi chacune un Cavalier
pour leur donner la main marcherent avectous les Hautbois
& les Violons de la Ville
entre deux hayes d'Habitans
fous les armes , jufqu'au lieu
du bucher , où elles reçurent
des mains de leurs Cavaliers
chacune un flambeau allumé
dont elles fe fervirent pour
allumer le feu. M' le Comte
de Brizay cy- devant Chevalier
de Denonville Exempt des
Pij
172 MERCURE
1
}
Gardes , & M de Flechecourt
Ecuyer du Roy, & Capitaine
de Cavaleriendans Tarente ,
s'eftant trouvez fur les lieux
furent invitez à cette réjoüiſfance , où Mr de Fleurance
ayant fait apporter trois fufils,
leur en fit prefenter à chacun
un , afin de partager avec eux
l'honneur de la Fête. Ils tirérent
tous trois enſemble les trois
premiers coups en criant Vive
le Roy. Les fix Compagnies à
qui on avoit diſtribué de la
poudre avec profufion firent
auffi toft leurpremiere décharge avec unpareil cry de Vive
GALANT 173
le Roy ; tous les Cavaliers &
toutes les Dames qui estoient
prefentes danferent un moment autour du Bucher jufqu'à ce qu'il fuft plus allumé,
mais on fut obligé de quitter
bientoft la place & de fe retirer. Chacun s'en retourna , &
Mr de Fleurance demeura à la
tefte de la Bourgeoisie tant que
le feu dura. Il luy fit faire plufieurs falves pour Monfciई gneur , pour Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , pour Madame la Ducheffe de Bourgogne , pour Monfeigneur le
Duc de Bretagne, pour
A
P iij
174 MERCURE
Monfeigneur le Duc d'Anjou
& pour Monfeigneur le Duc
de Berry. Il tira à chaque décharge le premier coup. Aprés
tout ce grand bruit de moufqueterie on tita un Féu d'Artifice , & on vit s'élever en l'air
pendant une heure une infinité de fufées qui retombant fur
elles-mêmes en pluye de feu ,
en petards , & en étoiles , formoient un fpectacle des plus
brillans. Sur les fept heures il
y cut plufieurs tables de Jeu
chez Mr de Fleurance , & à
neuf heures on fe mit à table
pour fouper. Il y avoit deux
MERCURE 175
tables de douze couverts chacune;on y fervit abondament
tout ce qu'on peut prefenter
de meilleur dans la faifon. Les
Pauvres ne furent pas oúblicz
dans ces réjouiffances ; l'Hôpital general fe fentit de la Fefte ,
& Mr de Fleurance fit part de
fa joye à tous ceux à qui elle
pouvoit eftre utile ou agreable. Il fit mettre deux tables
fur la Place publique à l'endroit où avoit efté le feu ; on
fervit à l'une un foupé pour
les Tambours & les Trompet.
tes , & à l'autre les Violons &
les Haut -bois , mangerent
P iiij
176 MERCURE
& burent largement. Un peu
avant le foupé on avoit illuminé depuis le bas juſqu'au haut
toutes les feneftres du corps
de logis , avec celles des deux
aîles & des deux pavillons de
la maiſon ; & comme elle eſt
aifée à décorer de lumieres
à caufe de la beauté de fon
Architecture , rien ne pouvoit faire unplus bel effet que
cette illumination qui dura
prefque toute la nuit. Les Balcons qui regnent aux deux côtez de la porte d'entrée depuis
la Corniche jufqu'aux Pavil
lons ,n'étoient pas moins éclai
GALANT 177
rez. Il y avoit auffi plufieurs
rangs de lumieres avec des De
vifes & des Infcriptions latines peintes fur des chaffis huilez , qu'on lifoit de fort loin
par le moyen des lampes qui
eftoient placées derriere. A dix
heures & demie Mr de Fleurrance commença le Bal avec
Mlle fa fœur , il s'y trouva
une quantité fi prodigieufe de
monde , qu'on fut obligé de
partager les Violons & les
Hautbois dans les Appartemens , & de danfer dans trois
differentes Salles. Pendant que
durale Bal on fervit à la Com-
178 MERCURE
€
pagnie des rafraîchiffemens
des baffins d'oranges , avec des
confitures féches ; & fur les
deux heures du matin on fut
furpris agreablement quand
on paffa dans un grand Salon
où il y avoit un Media noche ,
des mieux entendus. Le Balrecommença vers les trois heures pour danfer les contredanfes & dura jufqu'au jour. Tous
ceux qui furent témoins de
cette Fefte , retournerent trescontens de la maniere avec laquelle elle avoit efté executée ,
& de l'ordre qui y fut obfervé; on n'attendoit rien moins
GALANT 179
d'un Officier qui eft dans un
pofte auffi brillant & auffi ho
norable. Ceux qui connoiffent
Mr de Fleurance eftoient bien
perfuadez qu'il ne manqueroit
en rien pour fe diftinguer entre tous ceux qui ont donné
des marques de leur joye pour
des évenemens fi heureux ; &
fi la Provincé le doit ceder en
magnificence & en profufion
à la Capitale du Royaume, elle
a du moins l'avantage de pou
voir dire qu'il s'y trouve des
fujets très-zelez pour la prof
perité de l'Etat & pour la grandeur de la Maiſon Royale.
parler d'une Fête qui a eſté faite à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou , & dans laquelle vous
trouverez des particularitez
tres fingulieres , & fur tout la
manière de mettre le feu au
Bucher, qui eft auffi nouvelle
que galante , & qui n'a jamais
cité imaginée par perfonne. Je
paffe au fujer & au détail de
cette Fête amore delibet
168 MERCUR
A peine la nouvelle de la
Naiffance de Monseigneur le
Duc d'Anjou fut-ellerépandue
à Chafteau- Gontier , dans la
Province d'Anjou , que Mr de
Fleurance , Ecuyer de Madame la Ducheffe de Bourgogne,
dont le zele avoit déja paru en
1704.& 1707. à l'occafion de
la Naiffance de Meffeigneurs
les Ducs de Bretagne , forma le deffein de témoigner fa
joye par des rejoüiffances publiques. Il donna le deux de
cemois à Chateau Gontier ,
une Fefte qui a paffé pour une
des plus galantes & une des
micux
GALANT 169
mieux ordonnées qu'on en ait
veu depuis long - temps dans
cette Province. Elle commança à deux heures aprés midy
par une décharge generale
des Canons du Chafteau ; fur
les trois heures toute la Bourgeoifie fous les armes fe rendit fur la grande Place
ayant les Tambours de la
Ville à fa tefte ; cette Bourgeofie compofée de la plus
belle jeuneffe , eftoit partagée
en fix Compagnies de jeunes
hommes des mieux faits &
des mieux vêtus , tous parez
de noeuds d'Epée , avec des
Mars 1710.
P
170 MERCURE
T
Chapeaux bordez & des cocardes de ruban d'or ou d'argent. M Cucillard leur Colo
nel fe mit à leur tefte ; ils allerent tous en tres- bel ordre
prendre M' de Fleurance pour
venir mettre le feu à un gros
bucher orné de feuillages
qu'on avoit preparé par fon
ordre fur la grande Place vis- àvis de fa maifon. Comme
toutes les Dames de la Ville
eftoient affemblées chez luy
cejour- là , il leur défera l'honneur d'allumer le feu , & pour
ne pas mettre de divifion entre
la Nobleffe , & la Robbe , il
GALANT 171
choifit trois filles des principaux Officiers du Prefidial , &
trois filles de Gentilshommes.
Ces fix Demoifelles ayant
choifi chacune un Cavalier
pour leur donner la main marcherent avectous les Hautbois
& les Violons de la Ville
entre deux hayes d'Habitans
fous les armes , jufqu'au lieu
du bucher , où elles reçurent
des mains de leurs Cavaliers
chacune un flambeau allumé
dont elles fe fervirent pour
allumer le feu. M' le Comte
de Brizay cy- devant Chevalier
de Denonville Exempt des
Pij
172 MERCURE
1
}
Gardes , & M de Flechecourt
Ecuyer du Roy, & Capitaine
de Cavaleriendans Tarente ,
s'eftant trouvez fur les lieux
furent invitez à cette réjoüiſfance , où Mr de Fleurance
ayant fait apporter trois fufils,
leur en fit prefenter à chacun
un , afin de partager avec eux
l'honneur de la Fête. Ils tirérent
tous trois enſemble les trois
premiers coups en criant Vive
le Roy. Les fix Compagnies à
qui on avoit diſtribué de la
poudre avec profufion firent
auffi toft leurpremiere décharge avec unpareil cry de Vive
GALANT 173
le Roy ; tous les Cavaliers &
toutes les Dames qui estoient
prefentes danferent un moment autour du Bucher jufqu'à ce qu'il fuft plus allumé,
mais on fut obligé de quitter
bientoft la place & de fe retirer. Chacun s'en retourna , &
Mr de Fleurance demeura à la
tefte de la Bourgeoisie tant que
le feu dura. Il luy fit faire plufieurs falves pour Monfciई gneur , pour Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , pour Madame la Ducheffe de Bourgogne , pour Monfeigneur le
Duc de Bretagne, pour
A
P iij
174 MERCURE
Monfeigneur le Duc d'Anjou
& pour Monfeigneur le Duc
de Berry. Il tira à chaque décharge le premier coup. Aprés
tout ce grand bruit de moufqueterie on tita un Féu d'Artifice , & on vit s'élever en l'air
pendant une heure une infinité de fufées qui retombant fur
elles-mêmes en pluye de feu ,
en petards , & en étoiles , formoient un fpectacle des plus
brillans. Sur les fept heures il
y cut plufieurs tables de Jeu
chez Mr de Fleurance , & à
neuf heures on fe mit à table
pour fouper. Il y avoit deux
MERCURE 175
tables de douze couverts chacune;on y fervit abondament
tout ce qu'on peut prefenter
de meilleur dans la faifon. Les
Pauvres ne furent pas oúblicz
dans ces réjouiffances ; l'Hôpital general fe fentit de la Fefte ,
& Mr de Fleurance fit part de
fa joye à tous ceux à qui elle
pouvoit eftre utile ou agreable. Il fit mettre deux tables
fur la Place publique à l'endroit où avoit efté le feu ; on
fervit à l'une un foupé pour
les Tambours & les Trompet.
tes , & à l'autre les Violons &
les Haut -bois , mangerent
P iiij
176 MERCURE
& burent largement. Un peu
avant le foupé on avoit illuminé depuis le bas juſqu'au haut
toutes les feneftres du corps
de logis , avec celles des deux
aîles & des deux pavillons de
la maiſon ; & comme elle eſt
aifée à décorer de lumieres
à caufe de la beauté de fon
Architecture , rien ne pouvoit faire unplus bel effet que
cette illumination qui dura
prefque toute la nuit. Les Balcons qui regnent aux deux côtez de la porte d'entrée depuis
la Corniche jufqu'aux Pavil
lons ,n'étoient pas moins éclai
GALANT 177
rez. Il y avoit auffi plufieurs
rangs de lumieres avec des De
vifes & des Infcriptions latines peintes fur des chaffis huilez , qu'on lifoit de fort loin
par le moyen des lampes qui
eftoient placées derriere. A dix
heures & demie Mr de Fleurrance commença le Bal avec
Mlle fa fœur , il s'y trouva
une quantité fi prodigieufe de
monde , qu'on fut obligé de
partager les Violons & les
Hautbois dans les Appartemens , & de danfer dans trois
differentes Salles. Pendant que
durale Bal on fervit à la Com-
178 MERCURE
€
pagnie des rafraîchiffemens
des baffins d'oranges , avec des
confitures féches ; & fur les
deux heures du matin on fut
furpris agreablement quand
on paffa dans un grand Salon
où il y avoit un Media noche ,
des mieux entendus. Le Balrecommença vers les trois heures pour danfer les contredanfes & dura jufqu'au jour. Tous
ceux qui furent témoins de
cette Fefte , retournerent trescontens de la maniere avec laquelle elle avoit efté executée ,
& de l'ordre qui y fut obfervé; on n'attendoit rien moins
GALANT 179
d'un Officier qui eft dans un
pofte auffi brillant & auffi ho
norable. Ceux qui connoiffent
Mr de Fleurance eftoient bien
perfuadez qu'il ne manqueroit
en rien pour fe diftinguer entre tous ceux qui ont donné
des marques de leur joye pour
des évenemens fi heureux ; &
fi la Provincé le doit ceder en
magnificence & en profufion
à la Capitale du Royaume, elle
a du moins l'avantage de pou
voir dire qu'il s'y trouve des
fujets très-zelez pour la prof
perité de l'Etat & pour la grandeur de la Maiſon Royale.
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Résumé : Feste galante faite à Chasteau Gontier pour la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
À Château-Gontier, en Anjou, une fête fut organisée pour célébrer la naissance du Duc d'Anjou. À l'annonce de cette nouvelle, Monsieur de Fleurance, écuyer de Madame la Duchesse de Bourgogne, décida de manifester sa joie par des réjouissances publiques. Le 2 du mois, une fête considérée comme l'une des plus élégantes et bien organisées de la province eut lieu. Elle débuta par une décharge de canons à 14 heures, suivie par une assemblée de la bourgeoisie armée sur la grande place à 15 heures. Cette bourgeoisie, composée de jeunes gens bien vêtus et ornés de rubans, se rendit au bûcher préparé sur la place pour y mettre le feu. Monsieur de Fleurance invita des dames à allumer le feu, choisissant des filles de principaux officiers et de gentilshommes pour éviter toute division. Des invités distingués, comme le Comte de Brizay et Monsieur de Flechecourt, participèrent également à la fête. Après l'allumage du bûcher, des salves de mousqueterie et un feu d'artifice furent tirés. La soirée se poursuivit avec des jeux, un souper, et un bal qui dura jusqu'au matin. Les pauvres ne furent pas oubliés, recevant des repas et des boissons. La maison de Monsieur de Fleurance fut illuminée, et des inscriptions latines furent exposées. La fête se termina par un bal qui dura jusqu'au jour, laissant tous les participants très satisfaits de son organisation et de son ordre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 390-403
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Début :
Les préparatifs immenses & la dépense veritablement Royale de cette superbe Fête, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête, Feu d'artifice, Paris, Roi d'Espagne, Spectacle, Jardin, Hôtel de Bouillon, Musique, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
DESCRIPTION de la Fête & du
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
Fermer
Résumé : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Une fête somptueuse fut organisée à Paris pour célébrer la naissance du Dauphin d'Espagne. Cette célébration, ordonnée par le roi d'Espagne et orchestrée par les ambassadeurs espagnols, les marquis de Santa-Cruz et de Barrenechea, visait à exprimer la joie et les sentiments affectueux du roi d'Espagne envers son neveu, le roi de France. La fête se déroula sur la rivière entre le Pont Neuf et le Pont Royal, malgré les obstacles saisonniers. Les préparatifs furent immenses et la dépense royale. L'Hôtel de Bouillon, situé sur le quai des Théatins, servit de scène principale. Sa façade était illuminée avec sept portiques de lumières, des inscriptions latines célébrant l'union entre la France et l'Espagne, et des emblèmes peints en camaïeux. La rivière fut transformée en un vaste jardin illuminé, avec des rochers symbolisant les Pyrénées, des cascades d'eau imitées par des jets d'argent, et des figures marines. Deux bateaux ornés de temples octogones et de musiciens naviguaient sur la rivière. Le spectacle inclut un combat de monstres marins, des feux d'artifice formant des montagnes de feu, et des jets d'eau brillants. Le spectacle se conclut par une salve de canon, révélant un soleil levant et un arc-en-ciel avec la déesse Iris, symbolisant l'alliance entre les deux royaumes. L'ensemble de l'organisation fut dirigée par le peintre et architecte florentin Servandoni. Par ailleurs, une autre fête fut organisée dans un grand salon de l'Hôtel de Bouillon, destiné à un festin. Cette salle, percée de sept portes et ornée de huit cabinets pour les buffets, était éclairée par de nombreux lustres et girandoles. Le sculpteur et décorateur Titoisy réalisa des bas-reliefs représentant des divinités comme Bacchus et l'Abondance. Les convives, placés à six tables de cinquante couverts chacune, dégustèrent des mets en abondance et en magnificence. Après le festin, ils assistèrent à un concert exécutant le cinquième acte de l'opéra de Phaëton, suivi d'un bal jusqu'à sept heures du matin. Les rafraîchissements furent servis en abondance et avec délicatesse, sans désordre malgré la foule. Les ministres ayant organisé la fête reçurent des éloges pour leur dignité et leurs bonnes manières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
6
p. 403-405
VERS LIBRES, Sur le Feu d'Artifice tiré sur l'Eau, par ordre du Roy d'Espagne, & les soins de M M. les Ambassadeurs à la Cour de France.
Début :
Hier dans ces Grottes profondes, [...]
Mots clefs :
Feu d'artifice, Naissance du Dauphin, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS LIBRES, Sur le Feu d'Artifice tiré sur l'Eau, par ordre du Roy d'Espagne, & les soins de M M. les Ambassadeurs à la Cour de France.
VERS LIBRES,
Surje Feu d' Artifice tiré fur l'Eau , par
ordre du Roy d'Espagne , & les foins,,
de MM. les Ambassadeurs à la Cour
de France.
r dans ces Grottes profondes,
D'où la Seine épanche ses Ondes ,
CQui chaque jour la gloire & l'honncur de no*
' champs ,
De la B onde Cerés augmentent les prefens )
Ëífe appella les Dieux soumis à son Empire ;
Nayades, Nimphes &Tritons ,
Sont assis dans leur rang fur des sièges de joncs:
Un mal commun à tous , en ces lieux nous at
tire :
Vous le fçavez , l'hyver, dit la Reine des flots,,
De nos jours tous les ans vient troubler le re
pos,
Ce- n'est plus à présent un tranqui I Zephire,.
Ç£ui folâtre & qui rit sur le sein de mes eaux*.
Non. l' Aquilon bien- tôt, toujours prompt £
me nuire ,
Arrêtera mon corn» & rompra mes roseaux.
1 y Ceffi
'404 MÊRCURE DE FRANCTj .
. C'elt sut ce point » tritons , qu'il faut qu'orïdélibère.
Mettons nous à l'abrides coups de fa coîere j
Voyons par quels moyens on peut s'en ga
rantir i
Ou par quels dons enfin nous pourrons la fle«*
chir ; •
la tristesse à ces mots se peint sur le visage,
Les Nayadea alors regardent le Rivage,
* Où quand le Ciel donnoit des jours purs &
serains >
Elles alloient au son d'un instrument cham
pêtre ,
A l'ombre de quelque vieux hêtre ,
Datiser avec les Dieux Silvains.-
les Nimphes de leurs yeux laissent couler des;
larmes j
t es Tritons affligez n'y trouventplus les char--
mes
Qui sçureht asservir leurs coeurs ;
Ainsi chacun se llvroit aUx douleurs.
Quand une'Nimphe accourt : helasl en Cetteplace
>
Que fahes- vous í'uh mal bien plus grand hotts
menace j. .
Venez , Reine des flots, arrêtez les desseins »
Que forment contre nous des aveugles Hu
mains.
Allons , courons punir une main sacrilège ,
Dit ia Seine . . . elle part en ce même momèhrí
les Nimphes, les Tritons, composent son cor"
■ ' C'est:
• f EV RIE,R. i-fìó. 40í
C'est ainsi qu'en la voie dans le vaste Océan ,
'truand elle offre à ce Dieu les Eaux de son
Hmpire.
Elle approche. .. elle voit. . > & son courrou»
expire.
Sur sa Suite surprise elle jette les yeux j
Enfin elle applaudit d'un rire gracieux »
Elle voit les Jardins dignes de la Nature >
Une Nayade y court sécher sa chevelure >
l'une y cueille à lafois & des fruits & des
fleurs ,
L'autre ne songe plus aux cruelles rigueurs
Que l' Amant fougueux d'Orithie >
Leur prépare dans fa furie.
L'autre fous ces Rochers va chercher le repos i
Tandis que l'une ici contemple cet Ouvrage >
Ett l'autre des Poissons en embrassant le dos >
Coupe rapidement les flots.
Les Himphes . à l'envi , courent fur le Rivages
Élies dansent d'un pas leger ,
-Âu doux chant des Triions qui font retens
tir Pair»
Alors la Seine les appelle 3,
Courez à I'Ocean, chers Tritons, leur dit-elle;
Que ses Dieux fur ces bords se rendent avec
voUî* ! >
Allez encore au Tage , à cet ami fidèle >
Apprendre les apprêts d'une fête fi belle >
Qu'il vienne paitager les plaisirs avec nous-,-
UAbbi Bonnoi de Mably.
Surje Feu d' Artifice tiré fur l'Eau , par
ordre du Roy d'Espagne , & les foins,,
de MM. les Ambassadeurs à la Cour
de France.
r dans ces Grottes profondes,
D'où la Seine épanche ses Ondes ,
CQui chaque jour la gloire & l'honncur de no*
' champs ,
De la B onde Cerés augmentent les prefens )
Ëífe appella les Dieux soumis à son Empire ;
Nayades, Nimphes &Tritons ,
Sont assis dans leur rang fur des sièges de joncs:
Un mal commun à tous , en ces lieux nous at
tire :
Vous le fçavez , l'hyver, dit la Reine des flots,,
De nos jours tous les ans vient troubler le re
pos,
Ce- n'est plus à présent un tranqui I Zephire,.
Ç£ui folâtre & qui rit sur le sein de mes eaux*.
Non. l' Aquilon bien- tôt, toujours prompt £
me nuire ,
Arrêtera mon corn» & rompra mes roseaux.
1 y Ceffi
'404 MÊRCURE DE FRANCTj .
. C'elt sut ce point » tritons , qu'il faut qu'orïdélibère.
Mettons nous à l'abrides coups de fa coîere j
Voyons par quels moyens on peut s'en ga
rantir i
Ou par quels dons enfin nous pourrons la fle«*
chir ; •
la tristesse à ces mots se peint sur le visage,
Les Nayadea alors regardent le Rivage,
* Où quand le Ciel donnoit des jours purs &
serains >
Elles alloient au son d'un instrument cham
pêtre ,
A l'ombre de quelque vieux hêtre ,
Datiser avec les Dieux Silvains.-
les Nimphes de leurs yeux laissent couler des;
larmes j
t es Tritons affligez n'y trouventplus les char--
mes
Qui sçureht asservir leurs coeurs ;
Ainsi chacun se llvroit aUx douleurs.
Quand une'Nimphe accourt : helasl en Cetteplace
>
Que fahes- vous í'uh mal bien plus grand hotts
menace j. .
Venez , Reine des flots, arrêtez les desseins »
Que forment contre nous des aveugles Hu
mains.
Allons , courons punir une main sacrilège ,
Dit ia Seine . . . elle part en ce même momèhrí
les Nimphes, les Tritons, composent son cor"
■ ' C'est:
• f EV RIE,R. i-fìó. 40í
C'est ainsi qu'en la voie dans le vaste Océan ,
'truand elle offre à ce Dieu les Eaux de son
Hmpire.
Elle approche. .. elle voit. . > & son courrou»
expire.
Sur sa Suite surprise elle jette les yeux j
Enfin elle applaudit d'un rire gracieux »
Elle voit les Jardins dignes de la Nature >
Une Nayade y court sécher sa chevelure >
l'une y cueille à lafois & des fruits & des
fleurs ,
L'autre ne songe plus aux cruelles rigueurs
Que l' Amant fougueux d'Orithie >
Leur prépare dans fa furie.
L'autre fous ces Rochers va chercher le repos i
Tandis que l'une ici contemple cet Ouvrage >
Ett l'autre des Poissons en embrassant le dos >
Coupe rapidement les flots.
Les Himphes . à l'envi , courent fur le Rivages
Élies dansent d'un pas leger ,
-Âu doux chant des Triions qui font retens
tir Pair»
Alors la Seine les appelle 3,
Courez à I'Ocean, chers Tritons, leur dit-elle;
Que ses Dieux fur ces bords se rendent avec
voUî* ! >
Allez encore au Tage , à cet ami fidèle >
Apprendre les apprêts d'une fête fi belle >
Qu'il vienne paitager les plaisirs avec nous-,-
UAbbi Bonnoi de Mably.
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Résumé : VERS LIBRES, Sur le Feu d'Artifice tiré sur l'Eau, par ordre du Roy d'Espagne, & les soins de M M. les Ambassadeurs à la Cour de France.
Le texte relate une scène mythologique où la Seine, personnifiée, convoque les Nayades, les Nymphes et les Tritons pour discuter des perturbations causées par l'hiver. La Reine des flots déplore les actions de l'Aquilon, qui troublent ses eaux et menacent ses roseaux. Les Nymphes et les Tritons se souviennent des jours paisibles où ils se divertissaient sur le rivage. Une Nymphe annonce ensuite une menace plus grave : des humains préparent un feu d'artifice sur l'eau, sur ordre du roi d'Espagne et en présence des ambassadeurs à la cour de France. Furieuse, la Seine décide de punir cette offense, mais en chemin, elle découvre des jardins magnifiques et des Nayades profitant de la nature. Apaisée, elle appelle les Tritons à annoncer les préparatifs d'une fête à l'Océan et au Tage. Les Nymphes et les Tritons, ravis, dansent au chant des Tritons, tandis que la Seine les invite à se rendre à l'Océan pour la fête.
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7
p. 197-199
De VERSAILLES, le 18 Septembre 1760.
Début :
Le 23 du mois dernier, on tira sur la terrasse, [...]
Mots clefs :
Comtesse, Feu d'artifice, Anniversaire, Duc de Berry, Monseigneur, Ministre d'État, Démission, Charge, Comte, Roi, Duc, Nominations, Députés, Clergé, Famille royale, Archevêque, Madame la Dauphine, Monseigneur le Dauphin, Ambassadeur, Contrat de mariage
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 18 Septembre 1760.
De VERSAILLES , le 18 Septembre 1760.
Lis
5.
3
E23 du mois dernier , on tira fur la terraffe ,
par ordre de la Comtelle de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , un feu d'artifice pour l'anniverfaire
de la naiffance de Monfeigneur le Duc
de Berry. Monfeigneur le Duc de Bourgogne honora
de la préfence cette petite fête , & donna le
fignal pour tirer ce feu , qui fut parfaitement exé
cute par le fear Garnier , Artificier breveté du
Roi , pour Verfalles .
• Le fieur Rouillé ,-Miniftre d'Etat , ayant fup-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
plié le Roi de recevoir fa démiflion de la Charge
de Grand- Maître & Sur- Intendant Général des
Poftes & relais de France , Sa Majefté a réuni
cette Charge à celle de Miniftre & Secrétaire d'Etat
, au département des affaires étrangeres.
Le Roi a donné au Comte de Treffan , Lieutenant-
Général de fes armées , & Grand- Maréchal des Logisdu
Roi de Pologne , Ducde Lorraine & de Bar ,
Je Commandement de Bitche & de la Lorraine
Allemande , vacant par la mort du Comte de
Bombelles.
>
Le feur Hurfon , Confeiller Honoraire au
Parlement & ci - devant Intendant de la Martinique
, a été nommé par Sa Majefté , à la place
d'Intendant de la Marine à Toulon , vacante par
la mort du fieur Charron.
Le Roi a accordé au Comte de Jumilhac Saint
Jean , Moufquetaire de la premiere Compagnie,
un Guidon de la Gendarmerie , Compagnie de
Flandre.
Le 3 de Septembre , le Roi de Pologne , Duc
de Lorraine & de Bar , partit d'ici pour ſe rendre
à Luneville .
Le 4 , les Députés des Etats de Languedoc , eurent
Audience du Roi , Ils furent préſentés par le
Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , & par
le Comte de Saint Florentin , Miniftre & Secré
taire d'Etat , & conduits par le fieur Defgranges ,
Maître des Cérémonies . La députation étoit compofée
; pour le Clergé , de l'Archevêque d'Albi ,.
qui porta la parole ; du Marquis de Calviffon ,
pour la Nobleffe ; des fieurs Guérin & Journet
pour le Tiers-Etat ; & du heur Joubert , Syndic
Général de la Province.
Les , le Roi , la Reine & la Famille Royale furent
en vifite chez Mademoiſelle de Sens , à l'oc
cafion de la mort de l'Abbeffe de Saint AntoineOCTOBRE
. 1760 , 199
Le , Monfeigneur le Duc de Berry fut remis
entre les mains des hommes , après les formalités
requifes à cette occafion. On tira le foir , dans
l'appartement de ce Prince , un feu d'artifice qui
fat exécuté par le fieur Garnier Artificier des
Enfans de France .
Le 9 , le fieur Pamphili , Archevêque de Colofle
, & Nonce du Pape , eur fa premiere Audience
particuliere de Sa Majefté , à laquelle il
fut conduit, ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence , de Monfeigneur le Comte
d'Artois , de Madame Adélaïde & de Mel
dames Victoire , Sophie , & Louiſe , par le feur
de la Live , Introducteur des Amballareurs.
X
Le 14 , le Roi , la Reine , & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage du Comte d'E
pinay , avec Demoiſelle de Sebeville.
Le 16 , Sa Majefté tint le Sceau.
Lis
5.
3
E23 du mois dernier , on tira fur la terraffe ,
par ordre de la Comtelle de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , un feu d'artifice pour l'anniverfaire
de la naiffance de Monfeigneur le Duc
de Berry. Monfeigneur le Duc de Bourgogne honora
de la préfence cette petite fête , & donna le
fignal pour tirer ce feu , qui fut parfaitement exé
cute par le fear Garnier , Artificier breveté du
Roi , pour Verfalles .
• Le fieur Rouillé ,-Miniftre d'Etat , ayant fup-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
plié le Roi de recevoir fa démiflion de la Charge
de Grand- Maître & Sur- Intendant Général des
Poftes & relais de France , Sa Majefté a réuni
cette Charge à celle de Miniftre & Secrétaire d'Etat
, au département des affaires étrangeres.
Le Roi a donné au Comte de Treffan , Lieutenant-
Général de fes armées , & Grand- Maréchal des Logisdu
Roi de Pologne , Ducde Lorraine & de Bar ,
Je Commandement de Bitche & de la Lorraine
Allemande , vacant par la mort du Comte de
Bombelles.
>
Le feur Hurfon , Confeiller Honoraire au
Parlement & ci - devant Intendant de la Martinique
, a été nommé par Sa Majefté , à la place
d'Intendant de la Marine à Toulon , vacante par
la mort du fieur Charron.
Le Roi a accordé au Comte de Jumilhac Saint
Jean , Moufquetaire de la premiere Compagnie,
un Guidon de la Gendarmerie , Compagnie de
Flandre.
Le 3 de Septembre , le Roi de Pologne , Duc
de Lorraine & de Bar , partit d'ici pour ſe rendre
à Luneville .
Le 4 , les Députés des Etats de Languedoc , eurent
Audience du Roi , Ils furent préſentés par le
Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , & par
le Comte de Saint Florentin , Miniftre & Secré
taire d'Etat , & conduits par le fieur Defgranges ,
Maître des Cérémonies . La députation étoit compofée
; pour le Clergé , de l'Archevêque d'Albi ,.
qui porta la parole ; du Marquis de Calviffon ,
pour la Nobleffe ; des fieurs Guérin & Journet
pour le Tiers-Etat ; & du heur Joubert , Syndic
Général de la Province.
Les , le Roi , la Reine & la Famille Royale furent
en vifite chez Mademoiſelle de Sens , à l'oc
cafion de la mort de l'Abbeffe de Saint AntoineOCTOBRE
. 1760 , 199
Le , Monfeigneur le Duc de Berry fut remis
entre les mains des hommes , après les formalités
requifes à cette occafion. On tira le foir , dans
l'appartement de ce Prince , un feu d'artifice qui
fat exécuté par le fieur Garnier Artificier des
Enfans de France .
Le 9 , le fieur Pamphili , Archevêque de Colofle
, & Nonce du Pape , eur fa premiere Audience
particuliere de Sa Majefté , à laquelle il
fut conduit, ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence , de Monfeigneur le Comte
d'Artois , de Madame Adélaïde & de Mel
dames Victoire , Sophie , & Louiſe , par le feur
de la Live , Introducteur des Amballareurs.
X
Le 14 , le Roi , la Reine , & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage du Comte d'E
pinay , avec Demoiſelle de Sebeville.
Le 16 , Sa Majefté tint le Sceau.
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Résumé : De VERSAILLES, le 18 Septembre 1760.
Le 18 septembre 1760, un feu d'artifice fut organisé à Versailles pour célébrer l'anniversaire du Duc de Berry, en présence du Duc de Bourgogne. Cet événement fut dirigé par le sieur Garnier, artificier du Roi. Le sieur Rouillé, Ministre d'État, démissionna de ses fonctions de Grand-Maître et Surintendant général des Postes et relais de France, ainsi que de Ministre et Secrétaire d'État aux affaires étrangères. Le Roi nomma le Comte de Tressan au commandement de Bitche et de la Lorraine allemande, poste vacant après la mort du Comte de Bombelles. Le sieur Hurfon fut nommé Intendant de la Marine à Toulon, succédant au sieur Charron. Le Comte de Jumilhac Saint Jean reçut un guidon de la Gendarmerie. Le Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, quitta Versailles pour Luneville le 3 septembre. Le 4 septembre, les députés des États de Languedoc furent reçus par le Roi, présentés par le Comte d'Eu et le Comte de Saint Florentin. Diverses visites et audiences eurent lieu, notamment celle de l'Archevêque de Colosse, Nonce du Pape, le 9 septembre. Le 14 septembre, le Roi et la famille royale signèrent le contrat de mariage du Comte d'Epinay avec Mademoiselle de Sévéville. Enfin, le Roi tint le Sceau le 16 septembre.
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8
p. 187-203
Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Début :
L'Opera que l'on représenta, est composé de trois Actes ; il est intitulé [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Hymen, Dieux, Querelles, Humanité, Destin, Campagne, Mer, Nymphe, Conseils, Magnificence, Enchantements, Merveilles, Fête, Noblesse, Ministres étrangers, Comte, Dîner, Marquis, Cérémonie, Mariage, Escadrons, Église, Décorations, Cortège, Ornements, Argent, Or, Étoffes, Arcades, Nef, Lumières, Sanctuaire, Hallebardiers, Chevaux, Capitaine, Carosse, Anneaux, Salle, Repas, Plats, Palais, Union, Temple, Jardins, Colonnes, Pyramides, Beauté, Clémence, Fécondité, Douceur, Figures, Dignité, Intelligence, Fontaines, Illuminations, Feu d'artifice, Guirlandes, Fleurs, Bal, Archiduchesse, Officiers, Chevaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Suite de la Relation de tout ce qui s'eft
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
1 ་
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
1 ་
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
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Résumé : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Le texte relate les festivités entourant le mariage des Altesses Royales, notamment Madame l'Archiduchesse à Parme. Les célébrations incluent la représentation de l'opéra 'Les Fêtes de l'Hymen', composé de trois actes indépendants précédés d'un prologue intitulé 'Le Triomphe de l'Amour'. Ce prologue met en scène une querelle entre les dieux et l'Amour, qui obtient leur pardon pour l'union de la vertu et de la beauté. Les trois actes de l'opéra sont 'Aris', 'Sapho' et 'Eglé', chacun racontant des histoires d'amour et d'interventions divines. Les festivités comprennent des réceptions et des dîners offerts par des nobles tels que le Prince de Liechtenstein et le Comte de Rochechouart, avec des représentations d'opéra et des danses. La cérémonie de mariage à la cathédrale est décrite avec une décoration somptueuse et une procession ordonnée. Les troupes et les gardes assurent la sécurité, et la cérémonie religieuse suit le rituel ordinaire avec quelques adaptations spécifiques. Après la cérémonie, les princes retournent au palais dans le même ordre qu'à l'arrivée. Les événements incluent également un feu d'artifice et une illumination dans le jardin du palais, représentant l'union de l'Amour et de l'Hymen, suivi d'un bal masqué au théâtre. Madame l'Archiduchesse ouvre le bal avec le Prince François. Le lendemain, le Prince de Liechtenstein prend congé selon les cérémonies protocolaires. Les festivités se poursuivent avec des audiences et des repas officiels. Le 11 octobre, divers corps de l'État rendent hommage à Madame l'Archiduchesse. Le 13 octobre, elle quitte pour Casalmaggiore, escortée par des troupes et des dignitaires, et arrive à midi. Elle prévoit de s'arrêter à Casalmaggiore et à Mantoue pour saluer les députés et la noblesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 210
ARTICLE VI. CÉRÉMONIES ET FESTES PUBLIQUES.
Début :
Les fêtes pour l'inauguration de la Statue du Roi érigée dans la Place de [...]
Mots clefs :
Fête, Statue du roi de France, Inauguration, Cérémonie, Illumination, Te Deum, Feu d'artifice
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texteReconnaissance textuelle : ARTICLE VI. CÉRÉMONIES ET FESTES PUBLIQUES.
ARTICLE VI .
CÉRÉMONIES ET FESTES
PUBLIQUES.
Les fêtes pour l'inauguration de la
Statue du Roi érigée dans la Place de
Louis XV , & celles qui doivent avoir
lieu à l'occaſion de la paix , occuperont
trois jours , ſçavoir le 20 , 21 & 22 de
ce mois.
Le premier jour est destiné à célébrer
l'auguſte & pompeuſe Cérémonie
de l'inauguration de la Statue. On prépare
des illuminations dans tout le pourtour
de la nouvelle Place & dans l'étendue
des façades , tant conſtruites qu'â
contruire ,des grands bâtimens du côté
du fauxbourg S. Honoré.
Le ſecondjour , ſe fera la publication
de la paix ; & le ſoir de ce même jour
l'Hôtel-de-Ville ſera illuminé.
Le troifiéme jour , Te Deum à Notre
-Dame , Feu d'Artifice ſur l'eau ,&
Illumination générale.
CÉRÉMONIES ET FESTES
PUBLIQUES.
Les fêtes pour l'inauguration de la
Statue du Roi érigée dans la Place de
Louis XV , & celles qui doivent avoir
lieu à l'occaſion de la paix , occuperont
trois jours , ſçavoir le 20 , 21 & 22 de
ce mois.
Le premier jour est destiné à célébrer
l'auguſte & pompeuſe Cérémonie
de l'inauguration de la Statue. On prépare
des illuminations dans tout le pourtour
de la nouvelle Place & dans l'étendue
des façades , tant conſtruites qu'â
contruire ,des grands bâtimens du côté
du fauxbourg S. Honoré.
Le ſecondjour , ſe fera la publication
de la paix ; & le ſoir de ce même jour
l'Hôtel-de-Ville ſera illuminé.
Le troifiéme jour , Te Deum à Notre
-Dame , Feu d'Artifice ſur l'eau ,&
Illumination générale.
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Résumé : ARTICLE VI. CÉRÉMONIES ET FESTES PUBLIQUES.
L'article VI décrit les festivités de l'inauguration de la Statue du Roi et de la célébration de la paix sur la Place de Louis XV. Les événements se déroulent sur trois jours. Le premier jour inclut l'inauguration et des illuminations. Le deuxième jour, la proclamation de la paix est suivie d'illuminations à l'Hôtel-de-Ville. Le troisième jour, un Te Deum est chanté à Notre-Dame, avec un feu d'artifice et des illuminations générales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 211-216
CÉRÉMONIES ET FESTES, A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DU ROI, DANS LA PLACE DE LOUIS XV ET DE LA PUBLICATION DE LA PAIX.
Début :
Le Corps de la Ville de Paris sembloit n'avoir consulté que son zèle & celui [...]
Mots clefs :
Citoyens, Statue, Roi de France, Réjouissances publiques, Cérémonie, Louis XV, Duc, Cortège, Richesse, Broderie, Perles, Couleurs, Musique, Illumination, Hommages, Feu d'artifice, Spectacles, Repas, Inscriptions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CÉRÉMONIES ET FESTES, A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DU ROI, DANS LA PLACE DE LOUIS XV ET DE LA PUBLICATION DE LA PAIX.
CÉRÉMONIES ET FESTES ,
A L'OCCASION DE L'INAUGURA-.
TION DE LA STATUE DU ROI
DANS LA PLACE DE LOUIS XV.
ET DE LA PUBLICATION DE LA
PAIX.
L.E Corps de la Ville de Paris fembloit n'avoir
confulté que ſon zéle & celui des Citoyens , dans
les premiers Projets de fêtes qu'elle fe propofoit
de faire éxécuter fur les dellens du fieur
Moreau fon Architecte , & qu'elle avoit eu l'honneur
de préfenter au Roi . L'attention paternelle
212 MERCURE DE FRANCE.
de Sa Majesté a daigné réduire les dépenfes confidérables
où elle avoit intention de s'engager par
la magnificence de fes Projets , en ne lui permettant
pour les réjouillances publiques que ce qui a
été fait pendant les 20 , 21 & 22 du mois précédent
, ainfi que nous allons le décrire.
Le premier jour zo Juin , deſtiné à célébrer
l'inauguration de la Statue du Roi dans la Place
de Louis XV. on a fait le matin la Cavalcade &
Cérémonies d'ufage.
Le Corps de Ville , en robes de Cérémonie à
cheval & en équipages très magnifiques accom
pagné de fes Gardes , fe rendit vers les dix heures
du matin à l'Hôtel de M. le Duc de Chevreufe
, Gouverneur de Paris , pour le joindre , & continuer
avec lui la marche juſqu'à la Place de
Louis XV . Il étoit accompagné de fes Gardes ,
tous avec des nouveaux uniformes , & d'un nombreux
Cortége de Domeftiques , de Gentilshommes
& de Pages fuperbement vêtus . L'équipage
de fon cheval étoit de la plus grande richelle &
chargé de diamans. Celui des chevaux de main
n'étoit pas moins riche ,, par les magnifiques
broderies qui en couvroient les houffes , ainfi que
celle d'un très-beau cheval de parade , tenu avec
des longes de treffe d'or par deux hommes d'écurie.
Lui même monté fur un cheval gris & dans
l'habit le plus riche , entre deux Ecuyers ou Gentilshommes
, jettoit avec profufion de l'argent au
Peuple , pendant tout le cours de la marche ; &
les trompettes d'argent de M. le Gouverneur accompagnées
des timballes, ainfi que celles de la
Ville , fonnoient inceffament des fanfares. Le
Négre , Timballier de M. le Gouverneur étoit
fingulierement remarquable , par la richeffe de
fon habillement , & par une coëffure en forme
de turban , ornée de divers rangs de perles & de
JUILLET. 1763. 213
diamans de couleurs , le tout furmonté d'un trèsbeau
pannache de plumes.
Lorfque cette marche entra dans la Place au
bruit des fanfares de fa mufique & de très - nombreux
orcheſtres difpofès près du Pont tournant
des Thuileries , ainfi qu'à celui des acclamations
de la multitude qui rempliffoit ce vafte eſpace ;
les voiles qui couvroient la Statue & Piedeſtal
devoient tomber ; mais l'imprudence d'un Ouvrier
avoit avancé de quelques momens ce point
de la Cérémonie. Toute la Cavalcade fit le tour
de la Place , & parvenue en face de la Statue ,
chacun de ceux qui la compofoient s'arrêtant & ſe
découvrant , on fit les faluts d'hommage ufités en
pareille occafion , au bruit des boëtes , du canon •
des bruyantes fymphonies , de la mufique , & des
cris d'allegrelle de tout le Peuple. Enfuite toute
cette marche retourna dans le même ordre juf
qu'a l'Hôtel de M. le Gouverneur où elle le reconduifit
, & de- là à l'Hôtel- de- Ville .
Le foir , il y eut illumination dans la Place par
des cordons de lumière fur les baluftres dont elle
eft environée , & par des girandoles pofées fur des
piedeftaux dans toute fon enceinte . On avoit difpofé
deux rangs de lumières fur des poteaux élevés
, dans la longueur de la grande allée des
Thuileries , qui conduifoient jufqu'à un amphi
théâtre illuminé élevé contre la façade du Palais
, fur lequel fe donnoit la ferenade de fymphonies
par l'Académie Royale de Mufique , dont
nous avons parlé dans l'Article des Spectacles.
Le 2me jour 21 Juin , la Paix a été publiée
dans 14 endroits de la Ville , y compris la nouvelle
Place , par la Ville & la Jurifdiction du Châ
telet réunies , avec les céremonies & formalités
accoutumées. L'efpace qu'avoit à parcourir cette
214 MERCURE DE FRANCE
nombreufe cavalcade , remplit tout le temps.de
cette journée. a)
Le troisième jour 22 Juin confacré aux Fêtes &
Réjouiffances publiques dans toute la Ville , fut
annoncé par les Salves ordinaires du Canon , &
le Te Deum fat chanté à Notre- Dame avec le
Cérémonial ufité .
On avoit préparé dans la longueur de plus de
480 pieds fur la Terraffe du Palais de Bourbon ,
des Loges ornées en Damas cramoifi , avec un
Luftre dans chaque divifion , pour contenir environ
, 000 perfonnes ; s'étant trouvées toutes remplies
vers les cing heures après midi , la Fête , fur
la Rivière , commença par des Joûtes qu'exécuté- ,
rent des Bateliers vêtus de blanc & ornés de rubans
fur des Bateaux peints de diverfes couleurs , auxquels
on diftribua des Prix .
A l'entrée de la nuit , on tira le grand Feu
d'Artifice qui avoit été préparé fur la Rivière ,
mais le violent Orage qui étoit furvenu ce même
jour fur les deux heures , avoit tellement endommagé
tout l'Artifice figuré de Feux de lances de
diverfes couleurs qui compofoient la décoration
du Temple élevé fur une Terraffe de Rochers ,
qu'aucune partie ne put prendre , & que l'on fut
privé par cet accident, pour ce jour- là , de la partie
principale de ce magnifique Spectacle ; ( b ) mais
ce qui en formoit un , denton ne peut le faire une
trop grande idée , étoit le vafte Baffin du Pont
Royal jufqu'à Chaillot , dont les Berges & les
Quais entiérement couverts d'une multitude innombrable
de Spectateurs , offroit l'image réelle
( a ) On donnera dans le Mercure prochain des
états détaillés des marches & cavalcades .
(b ) Le corps de Ville pour remplir l'objet de fon'
zéle & la fatisfaction des Citoyens , doitfaire éxéJUILLET.
1763 . 215
d'une Nation entière affemblée pour une grande
Solemnité . On conçoit de quelle variété de couleurs
étoit peint cet immenfe tableau , dont les
figures fur des plans en gradation , quoique
tranquiles & fans confufion , produiloient cependant
un mouvement léger & continuel qui l'animoit
& foutenoit perpétuellement l'agrément de
la vue. L'artifice , qu'on appelle Feux d'air qu'il
avoit été plus facile de préierver de l'humidité, eut
plus de fuccès . On admira de très - belles fufées
d'honneur , des Bombes d'un fort bel effet & des
Gerbes ou Girandes d'une multitude de fufées
très -brillantes. Le feu de Rivière en ferpenteaux
& autres figures , fournit fans difcontinuation ,
pendant tout le temps du feu des effets très- agréables
& très-variés fur l'eau.
Il y eut le même foir des fontaines de vin avec
des Orchestres dans toutes les places & dans tous
les lieux marqués de la Ville . Toutes les maifons
des Particuliers furent illuminées , & les Hôtels
des Princes , Seigneurs , Magiftrats , s'étoient
diftingués par des illuminations décorées & des
plus brillantes. Celle de la Place de Louis XV ,
qui mérite une defcription particulière , formoit
en lumières la repréfentation des grandes façades
des deux corps de bâtimens qui l'accompagnent
, dont la riche Architecture étoit deffinée
en lumières , ainfi que les appuis des Baluftres ,
avec des Girandoles dans tout fon circuit , & des
Obélifques de pots- à feu fur toutes les guérites
ou petits pavillons , conftruits en différens endroits
de cette Place.
cuter le Dimanche 3 du préfent mois cette partie
brillante du Feu , après y avoir fait faire les réparations
néceffaires . On inftruira les Lecteurs dans
le fecond volume de ce mois , du fucces de cette réparation
, & l'on donnera une defcription entière
de ce Feu.
216 MERCURE DE FRANCE.
Le grand & brillant effet de cette Place con
duifoit , & d'une certaine diftance , paroiffoit toucher
à celui de l'élégante & en même temps
fuperbe illumination des Jardins de l'Hôtel de
Pompadour ( ci - devant l'Hôtel d'Evreux ) qui
font ouverts dans toute leur étendue fur les
Champs Elifées , à peu de diftance de la Place.
Cette Illumination particulière que l'on décrira
avec plus de détail , ainfi que quelques autres qui
ont embelli la Fête générale a retenu jufqu'à
cinq heures du matin un concours incroyable de
Spectateurs tant en carrolle qu'à pied."
On n'a prèfque jamais remarqué en aucune
occafion plus de joie , plus de mouvement &
plus de fatisfaction dans le Public , que pendant
ces Fêtes. La gaîté du Peuple furtout & fon
allégreffe pourroit fe prouver par la prodigieuſe
confommation du Vin & des Alimens qu'il y
a cu à Paris pendant quelques jours.
Les deux Hôtels des Comédiens du Roi étoient
auffi illuminés avec décorations & autant de magnificence
, que leur étendue le comportoir. On
Tifoit , à celui des Comédiens François dans des
cartels pofés entre les lumières , les deux Inſcriptions
fuivantes.
PACE RESTITUTA
REGE DILECTISSIMO
POSITO
FASTILUSUS.
JOCORUM MATER
PAX ALMA REDIT
JOCOSA SOLVIT
THALIA VOTUM .
Les Nouvelles Politiques au Mercure prochain .
A L'OCCASION DE L'INAUGURA-.
TION DE LA STATUE DU ROI
DANS LA PLACE DE LOUIS XV.
ET DE LA PUBLICATION DE LA
PAIX.
L.E Corps de la Ville de Paris fembloit n'avoir
confulté que ſon zéle & celui des Citoyens , dans
les premiers Projets de fêtes qu'elle fe propofoit
de faire éxécuter fur les dellens du fieur
Moreau fon Architecte , & qu'elle avoit eu l'honneur
de préfenter au Roi . L'attention paternelle
212 MERCURE DE FRANCE.
de Sa Majesté a daigné réduire les dépenfes confidérables
où elle avoit intention de s'engager par
la magnificence de fes Projets , en ne lui permettant
pour les réjouillances publiques que ce qui a
été fait pendant les 20 , 21 & 22 du mois précédent
, ainfi que nous allons le décrire.
Le premier jour zo Juin , deſtiné à célébrer
l'inauguration de la Statue du Roi dans la Place
de Louis XV. on a fait le matin la Cavalcade &
Cérémonies d'ufage.
Le Corps de Ville , en robes de Cérémonie à
cheval & en équipages très magnifiques accom
pagné de fes Gardes , fe rendit vers les dix heures
du matin à l'Hôtel de M. le Duc de Chevreufe
, Gouverneur de Paris , pour le joindre , & continuer
avec lui la marche juſqu'à la Place de
Louis XV . Il étoit accompagné de fes Gardes ,
tous avec des nouveaux uniformes , & d'un nombreux
Cortége de Domeftiques , de Gentilshommes
& de Pages fuperbement vêtus . L'équipage
de fon cheval étoit de la plus grande richelle &
chargé de diamans. Celui des chevaux de main
n'étoit pas moins riche ,, par les magnifiques
broderies qui en couvroient les houffes , ainfi que
celle d'un très-beau cheval de parade , tenu avec
des longes de treffe d'or par deux hommes d'écurie.
Lui même monté fur un cheval gris & dans
l'habit le plus riche , entre deux Ecuyers ou Gentilshommes
, jettoit avec profufion de l'argent au
Peuple , pendant tout le cours de la marche ; &
les trompettes d'argent de M. le Gouverneur accompagnées
des timballes, ainfi que celles de la
Ville , fonnoient inceffament des fanfares. Le
Négre , Timballier de M. le Gouverneur étoit
fingulierement remarquable , par la richeffe de
fon habillement , & par une coëffure en forme
de turban , ornée de divers rangs de perles & de
JUILLET. 1763. 213
diamans de couleurs , le tout furmonté d'un trèsbeau
pannache de plumes.
Lorfque cette marche entra dans la Place au
bruit des fanfares de fa mufique & de très - nombreux
orcheſtres difpofès près du Pont tournant
des Thuileries , ainfi qu'à celui des acclamations
de la multitude qui rempliffoit ce vafte eſpace ;
les voiles qui couvroient la Statue & Piedeſtal
devoient tomber ; mais l'imprudence d'un Ouvrier
avoit avancé de quelques momens ce point
de la Cérémonie. Toute la Cavalcade fit le tour
de la Place , & parvenue en face de la Statue ,
chacun de ceux qui la compofoient s'arrêtant & ſe
découvrant , on fit les faluts d'hommage ufités en
pareille occafion , au bruit des boëtes , du canon •
des bruyantes fymphonies , de la mufique , & des
cris d'allegrelle de tout le Peuple. Enfuite toute
cette marche retourna dans le même ordre juf
qu'a l'Hôtel de M. le Gouverneur où elle le reconduifit
, & de- là à l'Hôtel- de- Ville .
Le foir , il y eut illumination dans la Place par
des cordons de lumière fur les baluftres dont elle
eft environée , & par des girandoles pofées fur des
piedeftaux dans toute fon enceinte . On avoit difpofé
deux rangs de lumières fur des poteaux élevés
, dans la longueur de la grande allée des
Thuileries , qui conduifoient jufqu'à un amphi
théâtre illuminé élevé contre la façade du Palais
, fur lequel fe donnoit la ferenade de fymphonies
par l'Académie Royale de Mufique , dont
nous avons parlé dans l'Article des Spectacles.
Le 2me jour 21 Juin , la Paix a été publiée
dans 14 endroits de la Ville , y compris la nouvelle
Place , par la Ville & la Jurifdiction du Châ
telet réunies , avec les céremonies & formalités
accoutumées. L'efpace qu'avoit à parcourir cette
214 MERCURE DE FRANCE
nombreufe cavalcade , remplit tout le temps.de
cette journée. a)
Le troisième jour 22 Juin confacré aux Fêtes &
Réjouiffances publiques dans toute la Ville , fut
annoncé par les Salves ordinaires du Canon , &
le Te Deum fat chanté à Notre- Dame avec le
Cérémonial ufité .
On avoit préparé dans la longueur de plus de
480 pieds fur la Terraffe du Palais de Bourbon ,
des Loges ornées en Damas cramoifi , avec un
Luftre dans chaque divifion , pour contenir environ
, 000 perfonnes ; s'étant trouvées toutes remplies
vers les cing heures après midi , la Fête , fur
la Rivière , commença par des Joûtes qu'exécuté- ,
rent des Bateliers vêtus de blanc & ornés de rubans
fur des Bateaux peints de diverfes couleurs , auxquels
on diftribua des Prix .
A l'entrée de la nuit , on tira le grand Feu
d'Artifice qui avoit été préparé fur la Rivière ,
mais le violent Orage qui étoit furvenu ce même
jour fur les deux heures , avoit tellement endommagé
tout l'Artifice figuré de Feux de lances de
diverfes couleurs qui compofoient la décoration
du Temple élevé fur une Terraffe de Rochers ,
qu'aucune partie ne put prendre , & que l'on fut
privé par cet accident, pour ce jour- là , de la partie
principale de ce magnifique Spectacle ; ( b ) mais
ce qui en formoit un , denton ne peut le faire une
trop grande idée , étoit le vafte Baffin du Pont
Royal jufqu'à Chaillot , dont les Berges & les
Quais entiérement couverts d'une multitude innombrable
de Spectateurs , offroit l'image réelle
( a ) On donnera dans le Mercure prochain des
états détaillés des marches & cavalcades .
(b ) Le corps de Ville pour remplir l'objet de fon'
zéle & la fatisfaction des Citoyens , doitfaire éxéJUILLET.
1763 . 215
d'une Nation entière affemblée pour une grande
Solemnité . On conçoit de quelle variété de couleurs
étoit peint cet immenfe tableau , dont les
figures fur des plans en gradation , quoique
tranquiles & fans confufion , produiloient cependant
un mouvement léger & continuel qui l'animoit
& foutenoit perpétuellement l'agrément de
la vue. L'artifice , qu'on appelle Feux d'air qu'il
avoit été plus facile de préierver de l'humidité, eut
plus de fuccès . On admira de très - belles fufées
d'honneur , des Bombes d'un fort bel effet & des
Gerbes ou Girandes d'une multitude de fufées
très -brillantes. Le feu de Rivière en ferpenteaux
& autres figures , fournit fans difcontinuation ,
pendant tout le temps du feu des effets très- agréables
& très-variés fur l'eau.
Il y eut le même foir des fontaines de vin avec
des Orchestres dans toutes les places & dans tous
les lieux marqués de la Ville . Toutes les maifons
des Particuliers furent illuminées , & les Hôtels
des Princes , Seigneurs , Magiftrats , s'étoient
diftingués par des illuminations décorées & des
plus brillantes. Celle de la Place de Louis XV ,
qui mérite une defcription particulière , formoit
en lumières la repréfentation des grandes façades
des deux corps de bâtimens qui l'accompagnent
, dont la riche Architecture étoit deffinée
en lumières , ainfi que les appuis des Baluftres ,
avec des Girandoles dans tout fon circuit , & des
Obélifques de pots- à feu fur toutes les guérites
ou petits pavillons , conftruits en différens endroits
de cette Place.
cuter le Dimanche 3 du préfent mois cette partie
brillante du Feu , après y avoir fait faire les réparations
néceffaires . On inftruira les Lecteurs dans
le fecond volume de ce mois , du fucces de cette réparation
, & l'on donnera une defcription entière
de ce Feu.
216 MERCURE DE FRANCE.
Le grand & brillant effet de cette Place con
duifoit , & d'une certaine diftance , paroiffoit toucher
à celui de l'élégante & en même temps
fuperbe illumination des Jardins de l'Hôtel de
Pompadour ( ci - devant l'Hôtel d'Evreux ) qui
font ouverts dans toute leur étendue fur les
Champs Elifées , à peu de diftance de la Place.
Cette Illumination particulière que l'on décrira
avec plus de détail , ainfi que quelques autres qui
ont embelli la Fête générale a retenu jufqu'à
cinq heures du matin un concours incroyable de
Spectateurs tant en carrolle qu'à pied."
On n'a prèfque jamais remarqué en aucune
occafion plus de joie , plus de mouvement &
plus de fatisfaction dans le Public , que pendant
ces Fêtes. La gaîté du Peuple furtout & fon
allégreffe pourroit fe prouver par la prodigieuſe
confommation du Vin & des Alimens qu'il y
a cu à Paris pendant quelques jours.
Les deux Hôtels des Comédiens du Roi étoient
auffi illuminés avec décorations & autant de magnificence
, que leur étendue le comportoir. On
Tifoit , à celui des Comédiens François dans des
cartels pofés entre les lumières , les deux Inſcriptions
fuivantes.
PACE RESTITUTA
REGE DILECTISSIMO
POSITO
FASTILUSUS.
JOCORUM MATER
PAX ALMA REDIT
JOCOSA SOLVIT
THALIA VOTUM .
Les Nouvelles Politiques au Mercure prochain .
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Résumé : CÉRÉMONIES ET FESTES, A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DU ROI, DANS LA PLACE DE LOUIS XV ET DE LA PUBLICATION DE LA PAIX.
Le texte relate les cérémonies et les fêtes organisées à l'occasion de l'inauguration de la statue du roi sur la place de Louis XV et de la publication de la paix. La Ville de Paris avait initialement prévu des projets somptueux, mais le roi a réduit les dépenses, permettant des réjouissances publiques les 20, 21 et 22 juin. Le 20 juin, une cavalcade et des cérémonies traditionnelles ont marqué l'inauguration de la statue. Le Corps de Ville, accompagné du gouverneur de Paris et de nombreux domestiques, s'est rendu à la place de Louis XV. Malgré un incident technique, la statue a été dévoilée au milieu des acclamations et des salves d'artillerie. Le 21 juin, la paix a été proclamée dans 14 endroits de la ville, avec les cérémonies habituelles. Le 22 juin, des fêtes et des réjouissances publiques ont été organisées dans toute la ville. Un Te Deum a été chanté à Notre-Dame, et des illuminations ont été préparées. Des loges ont été installées au Palais de Bourbon pour les spectateurs, et des jeux nautiques ont été organisés sur la rivière. Un feu d'artifice était prévu, mais un orage a endommagé une partie de la décoration. Les fontaines de vin et les illuminations ont marqué la soirée, avec des illuminations remarquables à la place de Louis XV et aux Jardins de l'Hôtel de Pompadour. La joie et la satisfaction du public ont été remarquables, avec une consommation excessive de vin et d'aliments. Les théâtres ont également été illuminés, affichant des inscriptions célébrant la paix.
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11
p. 171
De NANTES, le 25 Septembre 1764.
Début :
Le Maréchal Duc de Richelieu est arrivé ici, le 22 [...]
Mots clefs :
Maréchal duc de Richelieu, Honneurs, Fêtes, Conquête, Célébration, Feu d'artifice, Concert
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texteReconnaissance textuelle : De NANTES, le 25 Septembre 1764.
De NANTES , le 25 Septembre 1764.
Le Maréchal Duc de Richelieu eft arrivé ici , le
22 de ce mois , & y a été reçu avec tous les honneurs
dûs à fon rang . Parmi différentes Fêtes que
le Duc d'Aiguillon lui a données , on a tiré devant
lui après un foupé de cent couverts , un feu
d'Artifice repréfentant la Conquête de Mahon .
Ce Maréchal a foupé à la Bourſe , le 23 avec
deux cens perfonnes des plus confidérables de la
Province. Le lendemain , après avoir vifité tous
les embelliffemens que le Duc d'Aiguillon a fait
faire ici , il a affifté au Concert de la Ville auquel
s'étoit réunie la Mufique du Duc d'Aiguillon .
Čes différentes Fêtes ont été terminées par un
grand Bal. Le Maréchal de Richelieu eft parti ce
matin pour l'Orient.
Le Maréchal Duc de Richelieu eft arrivé ici , le
22 de ce mois , & y a été reçu avec tous les honneurs
dûs à fon rang . Parmi différentes Fêtes que
le Duc d'Aiguillon lui a données , on a tiré devant
lui après un foupé de cent couverts , un feu
d'Artifice repréfentant la Conquête de Mahon .
Ce Maréchal a foupé à la Bourſe , le 23 avec
deux cens perfonnes des plus confidérables de la
Province. Le lendemain , après avoir vifité tous
les embelliffemens que le Duc d'Aiguillon a fait
faire ici , il a affifté au Concert de la Ville auquel
s'étoit réunie la Mufique du Duc d'Aiguillon .
Čes différentes Fêtes ont été terminées par un
grand Bal. Le Maréchal de Richelieu eft parti ce
matin pour l'Orient.
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Résumé : De NANTES, le 25 Septembre 1764.
Le 25 septembre 1764, le Maréchal Duc de Richelieu a été accueilli à Nantes avec honneurs. Le Duc d'Aiguillon a organisé des fêtes, dont un dîner et un feu d'artifice pour la conquête de Mahon. Le Maréchal a soupé avec des notables et visité des améliorations avant de partir pour l'Orient.
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12
p. 50-51
ÉNIGME.
Début :
Tandis que jusqu'aux cieux portant ma tête altière, [...]
Mots clefs :
Feu d'artifice
13
p. 198
ÉNIGME.
Début :
Je nais sans bruit, je meurs avec éclat : [...]
Mots clefs :
Feu d'artifice