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1
p. 221-233
A Fontainebleau le 26. Juillet.
Début :
Le 23. Juillet l'armée du Roy étant campée, la [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Ennemis, Maréchal de Villars, Sambre, Comtes, Bataillons, De Broglio, L'Escaut
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texteReconnaissance textuelle : A Fontainebleau le 26. Juillet.
A Fontainebleau le 26,
Fuillet.
Le 23. Juillet l'armée du
Roy étant campée , la droite à Maringhemfur la Sambre, & la gauche au Cateau
Cambrefis, M. le Maréchal
deVillars fit jetter plufieurs
ponts fur la Sambre , & declara qu'il vouloit attaquer
T iij
222 MERCURE
les quartiers des ennemis
devant Landrecy , de l'autre côté de la Sambre. Ef
fectivement l'armée ſe mit
en marche par la droite à
l'entrée de la nuit , & M.le
Comte de Coigny paſſa lá
Sambreavecfa referve dans
le même tems . Monfieur de
Villars, dont le deffeinétoit
d'attaquer le camp retran
chéque les ennemis avoient
à Denain de l'autre côté de
L'Efcaut , fit marcher par fa
gauche M. le Comte de
ranBroglio avec fa referve de
cavalerie , & M. de Vieux-
GALANT. 223
pont avectrente bataillons,
qui paffa la Selle , c'eſt à
dire qu'il fe pofta entre la
Selle & l'Efcaut , parce que
l'armée étoit campée audelà de Landrecy. M. d'Albergotty vint avec vingt
bataillons &
quarante efcadrons de la gauche. Peu
de temps aprés le reſte de
l'armée fit demi tour à gauche , & tout marcha fur
une ligne vers l'Eſcaut , où
elle arriva avec le canon le
24. à huit heures du matin.
Les pontons furent faits en
trois quarts- d'heure. M. de
A
Tiiij
224 MERCURE
Broglio fe trouvant natu
rellement à la tête de tout ,
s'avança le premier avec fa
referve , & fut fuivi par les
Brigades de Navarre ,
Champagne , le Maine
Royal, Lionnois, Tourville,
les Vaiffeaux , & Brande
lais , commandées par M.
d'Albergotty , Vieuxpont ,
Dreux & Brandelais , Lieutenans generaux ; & pour
Maréchaux de Camp Meffieurs de Nangis , le Prince
d'Iffanguien, le Duc deMortemart & Mouchi. Il étoit
une heure aprés midi lorf-
GALANT. 225
que M. de Broglio avec fa
referve de cavalerie força
la ligne des ennemis qui alloit de Denain à Marchienne, paffant par Efcordain :
il paffa les retranchemens à
cheval , & défit la cavalerie
qui les défendoit. L'infanterie ennemie , au nombre
de feize ou dix-huit bataillons , avec du canon , étoit
dans des
fort élevez , que les ennemis avoient eu le temps de
perfectionner , qui envelopoient le village de Denain
& celui de Prouvy , où ils
retranchemens
226 MERCURE
avoient leurs ponts fur l'E
caut , pour communiquer
-avec l'armée du Prince Eugene , qui étoit derriere
I'Efcaillon , foûtenant par
fa gauche le camp devant
il
Landrecy & le camp de
Denain par fa droite. Aprés
que M. de Broglio cut forcé les retranchemens ,
tomba fur un convoy de
cinq cent chariots chargez
de pain pour l'armée ennemie, efcorté par cinq ou fix
-cent hommes , qu'il défit ,
& fe rendit maître du con
voy entier.
-GALANT. 227
ན་
Pendant ce temps- là l'infanterie de l'armée du Roy
paffa la ligne que l'on venoit de forcer , &fe mit en
bataille , la droite à cette
même ligne , &la gaucheà
l'autre ligne des ennemis
qui prenoit de l'Eſcaut à S.
Amant , pour attaquer le
retranchement de Denain
où étoit l'infanterie. Ceretranchementfutforcé,malgré une trés- grande refiftance & un grand feu de la
part des ennemis , les troupes duRoy s'y étant portées
avec toute la valeur poſſible.
228 MERCURE
Meffieurs d'Albergotty
& de Nangis marcherent
au pont de Prouvy , pour
couper la retraite des ennemis , & les empêcher d'être
foûtenus par l'armée du
Prince Eugene , dont on
voyoit les colonnes de l'autre côté de l'Efcaut. Ils fe
rendirent maîtres de ce
pont , que les ennemis reprirent enfuite ; & c'eſt là
où s'eft donné le plus grand
combat , qui a duré juſqu'à
fix heures du foir , ce pont
ayant été pris & repris par
trois fois , les troupes du
A
GALANT. 229
Roy en étant enfin demeurées en poffeffion. Et l'on
peut compter que toutes
les troupes des ennemis qui
compofoient ce camp , au
nombre de feize à dix-huit
bataillons , & un corps de
a
cavalerie , dont on ne fçait
pas encore le nombre , rien
ne s'eft fauvé , & que tout
f le reste a été pris ou tué.
7
M. le Prince de Tingry
étant enfuite forti de Valenciennes avec fa garnifon, &étant venu à la Sence
de Hurtebize , il a forcé un
camp des ennemis dans un
230 MERCURE
village , fans que l'on fçache encore le détail. Mef.
freurs de Villars & Montef
quiou étoient tous deux à
l'action ; & outre les Officiers generaux ci - deffus
nommez, M. le Comte de
faint Maurice , Lieutenant
general des troupes de Cologne , M. du Rofel, le Prince Charles , M. de la Valliere, & M. de Silli y étoient
auffi. not caldr
Les principaux Officiers
que nous avons faits prifonniers , font Milord d'Albemarle , le Prince d'An--
GALANT. 231
halt & Bline , Lieutenans
generaux , le Prince d'Holftein & M. de Saulme, Maréchal de Camp , Homel,
Colonel du Grand -Maître
de l'Ordre Teutonique ; le
Major des troupes Impe
riales , & plufieurs autres
Colonels &Officiers. Nous
y avons perdu M. de Tour
ville tué,M. de Meuſe bleffé
à mort, M. de Chevalier de
Teffé , Colonel de Chame
pagne, bleffé , le Marquis
de Jonfac le poignet caffé.
On a trouvé dans le camp
des ennemis une grande
232 MERCURE
quantité de proviſions de
guerre, parce que c'étoit là
leur dépôt.
Au départ de M. de Nangis , qui a apporté la nouvelle de cette action au
Roy' , M. de Broglio avoit
marchépour attaquer Marchiennes , où les ennemis
ont deux ou trois cent batteaux chargez de toutes fortes de munitions de guerre.
& de bouche. Il n'y a pas
lieu de douter qu'il ne s'en
foit emparé, les ennemis ne
pouvant le fecourir. and
Monfieur le Prince Eu
gene
GALANT. 233
gene étoit dans le campde
Denain à neuf heures du
matin ; & aprés avoir fait
les difpofitions pour foûtenir l'attaque , il alla à ſon
armée , pour la faire avancer au fecours du camp.
Fuillet.
Le 23. Juillet l'armée du
Roy étant campée , la droite à Maringhemfur la Sambre, & la gauche au Cateau
Cambrefis, M. le Maréchal
deVillars fit jetter plufieurs
ponts fur la Sambre , & declara qu'il vouloit attaquer
T iij
222 MERCURE
les quartiers des ennemis
devant Landrecy , de l'autre côté de la Sambre. Ef
fectivement l'armée ſe mit
en marche par la droite à
l'entrée de la nuit , & M.le
Comte de Coigny paſſa lá
Sambreavecfa referve dans
le même tems . Monfieur de
Villars, dont le deffeinétoit
d'attaquer le camp retran
chéque les ennemis avoient
à Denain de l'autre côté de
L'Efcaut , fit marcher par fa
gauche M. le Comte de
ranBroglio avec fa referve de
cavalerie , & M. de Vieux-
GALANT. 223
pont avectrente bataillons,
qui paffa la Selle , c'eſt à
dire qu'il fe pofta entre la
Selle & l'Efcaut , parce que
l'armée étoit campée audelà de Landrecy. M. d'Albergotty vint avec vingt
bataillons &
quarante efcadrons de la gauche. Peu
de temps aprés le reſte de
l'armée fit demi tour à gauche , & tout marcha fur
une ligne vers l'Eſcaut , où
elle arriva avec le canon le
24. à huit heures du matin.
Les pontons furent faits en
trois quarts- d'heure. M. de
A
Tiiij
224 MERCURE
Broglio fe trouvant natu
rellement à la tête de tout ,
s'avança le premier avec fa
referve , & fut fuivi par les
Brigades de Navarre ,
Champagne , le Maine
Royal, Lionnois, Tourville,
les Vaiffeaux , & Brande
lais , commandées par M.
d'Albergotty , Vieuxpont ,
Dreux & Brandelais , Lieutenans generaux ; & pour
Maréchaux de Camp Meffieurs de Nangis , le Prince
d'Iffanguien, le Duc deMortemart & Mouchi. Il étoit
une heure aprés midi lorf-
GALANT. 225
que M. de Broglio avec fa
referve de cavalerie força
la ligne des ennemis qui alloit de Denain à Marchienne, paffant par Efcordain :
il paffa les retranchemens à
cheval , & défit la cavalerie
qui les défendoit. L'infanterie ennemie , au nombre
de feize ou dix-huit bataillons , avec du canon , étoit
dans des
fort élevez , que les ennemis avoient eu le temps de
perfectionner , qui envelopoient le village de Denain
& celui de Prouvy , où ils
retranchemens
226 MERCURE
avoient leurs ponts fur l'E
caut , pour communiquer
-avec l'armée du Prince Eugene , qui étoit derriere
I'Efcaillon , foûtenant par
fa gauche le camp devant
il
Landrecy & le camp de
Denain par fa droite. Aprés
que M. de Broglio cut forcé les retranchemens ,
tomba fur un convoy de
cinq cent chariots chargez
de pain pour l'armée ennemie, efcorté par cinq ou fix
-cent hommes , qu'il défit ,
& fe rendit maître du con
voy entier.
-GALANT. 227
ན་
Pendant ce temps- là l'infanterie de l'armée du Roy
paffa la ligne que l'on venoit de forcer , &fe mit en
bataille , la droite à cette
même ligne , &la gaucheà
l'autre ligne des ennemis
qui prenoit de l'Eſcaut à S.
Amant , pour attaquer le
retranchement de Denain
où étoit l'infanterie. Ceretranchementfutforcé,malgré une trés- grande refiftance & un grand feu de la
part des ennemis , les troupes duRoy s'y étant portées
avec toute la valeur poſſible.
228 MERCURE
Meffieurs d'Albergotty
& de Nangis marcherent
au pont de Prouvy , pour
couper la retraite des ennemis , & les empêcher d'être
foûtenus par l'armée du
Prince Eugene , dont on
voyoit les colonnes de l'autre côté de l'Efcaut. Ils fe
rendirent maîtres de ce
pont , que les ennemis reprirent enfuite ; & c'eſt là
où s'eft donné le plus grand
combat , qui a duré juſqu'à
fix heures du foir , ce pont
ayant été pris & repris par
trois fois , les troupes du
A
GALANT. 229
Roy en étant enfin demeurées en poffeffion. Et l'on
peut compter que toutes
les troupes des ennemis qui
compofoient ce camp , au
nombre de feize à dix-huit
bataillons , & un corps de
a
cavalerie , dont on ne fçait
pas encore le nombre , rien
ne s'eft fauvé , & que tout
f le reste a été pris ou tué.
7
M. le Prince de Tingry
étant enfuite forti de Valenciennes avec fa garnifon, &étant venu à la Sence
de Hurtebize , il a forcé un
camp des ennemis dans un
230 MERCURE
village , fans que l'on fçache encore le détail. Mef.
freurs de Villars & Montef
quiou étoient tous deux à
l'action ; & outre les Officiers generaux ci - deffus
nommez, M. le Comte de
faint Maurice , Lieutenant
general des troupes de Cologne , M. du Rofel, le Prince Charles , M. de la Valliere, & M. de Silli y étoient
auffi. not caldr
Les principaux Officiers
que nous avons faits prifonniers , font Milord d'Albemarle , le Prince d'An--
GALANT. 231
halt & Bline , Lieutenans
generaux , le Prince d'Holftein & M. de Saulme, Maréchal de Camp , Homel,
Colonel du Grand -Maître
de l'Ordre Teutonique ; le
Major des troupes Impe
riales , & plufieurs autres
Colonels &Officiers. Nous
y avons perdu M. de Tour
ville tué,M. de Meuſe bleffé
à mort, M. de Chevalier de
Teffé , Colonel de Chame
pagne, bleffé , le Marquis
de Jonfac le poignet caffé.
On a trouvé dans le camp
des ennemis une grande
232 MERCURE
quantité de proviſions de
guerre, parce que c'étoit là
leur dépôt.
Au départ de M. de Nangis , qui a apporté la nouvelle de cette action au
Roy' , M. de Broglio avoit
marchépour attaquer Marchiennes , où les ennemis
ont deux ou trois cent batteaux chargez de toutes fortes de munitions de guerre.
& de bouche. Il n'y a pas
lieu de douter qu'il ne s'en
foit emparé, les ennemis ne
pouvant le fecourir. and
Monfieur le Prince Eu
gene
GALANT. 233
gene étoit dans le campde
Denain à neuf heures du
matin ; & aprés avoir fait
les difpofitions pour foûtenir l'attaque , il alla à ſon
armée , pour la faire avancer au fecours du camp.
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Résumé : A Fontainebleau le 26. Juillet.
Le 23 juillet, l'armée du roi, dirigée par le maréchal de Villars, était positionnée avec sa droite à Maringhem-sur-la-Sambre et sa gauche au Cateau-Cambrésis. Villars ordonna la construction de plusieurs ponts sur la Sambre et annonça son intention d'attaquer les quartiers ennemis devant Landrecy. L'armée se mit en marche à la tombée de la nuit, et le comte de Coigny traversa la Sambre avec sa réserve. L'objectif était d'attaquer le camp retranché des ennemis à Denain, de l'autre côté de l'Escaut. Le comte de Broglio, à la tête de la réserve de cavalerie, et Vieuxpont avec vingt bataillons, passèrent la Selle et se positionnèrent entre la Selle et l'Escaut. Le 24 juillet à huit heures du matin, l'armée atteignit l'Escaut et les pontons furent construits en trois quarts d'heure. Broglio força la ligne ennemie allant de Denain à Marchiennes, passant par Escordain, et défit la cavalerie ennemie. Il captura un convoi de cinq cents chariots chargés de pain destiné à l'armée ennemie. Pendant ce temps, l'infanterie royale traversa la ligne forcée et se mit en bataille, attaquant le retranchement de Denain malgré une forte résistance. Les troupes royales prirent le pont de Prouvy après un combat acharné jusqu'à six heures du soir. Parmi les officiers ennemis capturés figurent Milord d'Albemarle, le prince d'Anhalt et Bline, ainsi que plusieurs autres colonels et officiers. Les pertes françaises incluent M. de Tourville tué et M. de Meuse blessé mortellement. Le prince de Tingry força également un camp ennemi près de Valenciennes. Broglio marcha ensuite vers Marchiennes pour s'emparer des munitions ennemies. Le prince Eugène, présent à Denain, tenta de secourir le camp mais sans succès.
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2
p. 222-22[9]
DONS DE LA Reine d'Angleterre.
Début :
La Reine a donné au Comte d'Excester, le Gouvernement [...]
Mots clefs :
Dons, Reine d'Angleterre, Province de Rutland, Comtes, Colonels, Archevêque, Compagnies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DONS DE LA Reine d'Angleterre.
DONS DE L.A.
Reine d'Angleterre.
La Reine a
donné au
Comte d'Excester,le Gouvernement de la Province
de Rutland, à la place de
Mylord Gerard.
Celuy de La Province
d'Essex
,
valant parle deces de Mylord Rivers, ati
Vicomte deBullinbrooksecretaire d'Estat.
Le sieur Hill commandanr de Dunkerque, a
eslé
fait Lieutenant & Conseil-
lerduConseil privé.
Le Comte de Port-more
quicommandoit cy devant
lestroupesAngloisesen Porrugal a
aussi été fait Conseiller du Conseilprivé.
Le Colonel Clayton
,
a
é é fait Commandant de la,
Citadelle de DunKerque.
-
Le Chevalier Abercombie, a
esté fait Major &
Commandant de la Garnisail.
Le 5. Novembre, il yeut àWindsorChapitre de l'Ordrede la Jarriere, dans lequel SaMajestéfit sixChe-
valiers
;
sçavoir
,
le Duc
d'Hamilton ,le Duc de
Beaufort,le Duc de Kent,
le Comte d'Oxford, le
Comte Pawlet,leComte de
Strafford.
Le mêmejour un détachement des Gardes du
Corps & des Grenadiers à
cheval, partir pour allerfaire la Garde à Windsor, d-ou
onassure quela Reinene
reviendra qu'à Noel.
Le lendemain il yeut
un Confeilde Cabinet, auquelleComte de Strafford
assista, ayant le 29. Octo-
-
bre presté le^mcnt-en qltelité de Conseiller du Conseil privé. •:
Le 8. il presta lessermens
dans la Cour de laChancellerie, pour lacharge de
premier Commissaire de
l'Amirauté.
Le 9. leChevalierRichardHoare,nouveauLord
Maire, prestales sermens
pourcetteChargeà W-eÍtminsler devant les Barons
de l'Echiquier. Le même
jour, il fitsonentrée pu- blique
,
& traita magnifiquementles Ministres d'E-
stat & les plus grands Seigneurs de la Cour.
Le sieur de Melarde, l'un
des Plenipotentiaires du
Duc de Savoye
,
arriva le
t. Novembre
,
de Hollande à Londres, de il assista deux jours a
prèsauComitté du Conseil.
h' L'Archevesquede Cae
torbery, l'Evesque de Londres
,
le nouveau Maire ôc
plusieurs autres, tant Eccljp*'
siastiques queSeculiers ont esténommez pour estre du
nombre des Commissaures
qui doivent prendresoinde
la constructiondecinquante Eglises à Londres
, &
aux environs
,
suivant rActe du Parlement.
Oti commença le3 Novembre à reformer dix
hommes par Compagnie,
des Regiments des Gardes;
elles font maintenant reduités à soixantehommes
ch acune : toutes les autres
fCsmvpagnies d'infanterie,
serontreduites à quarante
hommes, &celle deCavalerie& de Dragons àtrente cinq, à la reserve des
CardesduCorps.
Les Officiers de l'Artili
lerie ont conclu un marché
avec les Armuriers de la
Ville de Londres, pour
fournir dans un certaintems
vingtmille fusils, autant de
bayonnettcs
,
d'espées
,
ôc
d'autres armes qui doivent
.cllre envoyées dans les Magasinsde Gibraltar ôcdu
PortMahen. ':"':. ['C
Les LettresdeLisbonne
du 28. Octobre, portent que
la Flotte duBresil
,
escortée par six Vaisseaux de
guerrePortugais, estoit arrivée le >.,. au nombre de
soixante
-
trois Vaisseaux
marchands richement chargez, & deux Vaisseaux venant de Goa aussifortriches. Elle a
apporte entre
autres
,
mille Arrobes ou
vingt-quatre mille livres de
poudre d'Or;trente mille
livres de Tabac
,
& une
grande quantité de Cuirs
éc autres Marchandises.
Le 19. Octobre, la Reine de Portugal accoucha
d'un Prince, ce qui causa
une grande joye
Reine d'Angleterre.
La Reine a
donné au
Comte d'Excester,le Gouvernement de la Province
de Rutland, à la place de
Mylord Gerard.
Celuy de La Province
d'Essex
,
valant parle deces de Mylord Rivers, ati
Vicomte deBullinbrooksecretaire d'Estat.
Le sieur Hill commandanr de Dunkerque, a
eslé
fait Lieutenant & Conseil-
lerduConseil privé.
Le Comte de Port-more
quicommandoit cy devant
lestroupesAngloisesen Porrugal a
aussi été fait Conseiller du Conseilprivé.
Le Colonel Clayton
,
a
é é fait Commandant de la,
Citadelle de DunKerque.
-
Le Chevalier Abercombie, a
esté fait Major &
Commandant de la Garnisail.
Le 5. Novembre, il yeut àWindsorChapitre de l'Ordrede la Jarriere, dans lequel SaMajestéfit sixChe-
valiers
;
sçavoir
,
le Duc
d'Hamilton ,le Duc de
Beaufort,le Duc de Kent,
le Comte d'Oxford, le
Comte Pawlet,leComte de
Strafford.
Le mêmejour un détachement des Gardes du
Corps & des Grenadiers à
cheval, partir pour allerfaire la Garde à Windsor, d-ou
onassure quela Reinene
reviendra qu'à Noel.
Le lendemain il yeut
un Confeilde Cabinet, auquelleComte de Strafford
assista, ayant le 29. Octo-
-
bre presté le^mcnt-en qltelité de Conseiller du Conseil privé. •:
Le 8. il presta lessermens
dans la Cour de laChancellerie, pour lacharge de
premier Commissaire de
l'Amirauté.
Le 9. leChevalierRichardHoare,nouveauLord
Maire, prestales sermens
pourcetteChargeà W-eÍtminsler devant les Barons
de l'Echiquier. Le même
jour, il fitsonentrée pu- blique
,
& traita magnifiquementles Ministres d'E-
stat & les plus grands Seigneurs de la Cour.
Le sieur de Melarde, l'un
des Plenipotentiaires du
Duc de Savoye
,
arriva le
t. Novembre
,
de Hollande à Londres, de il assista deux jours a
prèsauComitté du Conseil.
h' L'Archevesquede Cae
torbery, l'Evesque de Londres
,
le nouveau Maire ôc
plusieurs autres, tant Eccljp*'
siastiques queSeculiers ont esténommez pour estre du
nombre des Commissaures
qui doivent prendresoinde
la constructiondecinquante Eglises à Londres
, &
aux environs
,
suivant rActe du Parlement.
Oti commença le3 Novembre à reformer dix
hommes par Compagnie,
des Regiments des Gardes;
elles font maintenant reduités à soixantehommes
ch acune : toutes les autres
fCsmvpagnies d'infanterie,
serontreduites à quarante
hommes, &celle deCavalerie& de Dragons àtrente cinq, à la reserve des
CardesduCorps.
Les Officiers de l'Artili
lerie ont conclu un marché
avec les Armuriers de la
Ville de Londres, pour
fournir dans un certaintems
vingtmille fusils, autant de
bayonnettcs
,
d'espées
,
ôc
d'autres armes qui doivent
.cllre envoyées dans les Magasinsde Gibraltar ôcdu
PortMahen. ':"':. ['C
Les LettresdeLisbonne
du 28. Octobre, portent que
la Flotte duBresil
,
escortée par six Vaisseaux de
guerrePortugais, estoit arrivée le >.,. au nombre de
soixante
-
trois Vaisseaux
marchands richement chargez, & deux Vaisseaux venant de Goa aussifortriches. Elle a
apporte entre
autres
,
mille Arrobes ou
vingt-quatre mille livres de
poudre d'Or;trente mille
livres de Tabac
,
& une
grande quantité de Cuirs
éc autres Marchandises.
Le 19. Octobre, la Reine de Portugal accoucha
d'un Prince, ce qui causa
une grande joye
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Résumé : DONS DE LA Reine d'Angleterre.
Le document décrit diverses nominations et événements à la cour anglaise et dans les forces armées. La Reine a attribué des postes administratifs, notamment au Comte d'Excester pour la Province de Rutland et au Vicomte de Bullinbrook comme secrétaire d'État. Plusieurs nominations ont été faites au Conseil privé, incluant le sieur Hill, le Comte de Portmore et le Colonel Clayton comme Commandant de la Citadelle de Dunkerque. Le Chevalier Abercrombie a été nommé Major et Commandant de la Garnison. Le 5 novembre, six nouveaux Chevaliers de l'Ordre de la Jarretière ont été créés à Windsor. Le Comte de Strafford a prêté serment comme Conseiller du Conseil privé et premier Commissaire de l'Amirauté les 6 et 8 novembre. Le Chevalier Richard Hoare, nouveau Lord Maire, a prêté serment le 9 novembre. Le sieur de Melarde, Plénipotentiaire du Duc de Savoie, est arrivé à Londres le 11 novembre. Des réformes ont été entreprises dans les régiments des Gardes et un marché pour des armes a été conclu. Des nouvelles de Lisbonne mentionnent l'arrivée d'une flotte du Brésil et la naissance d'un Prince au Portugal.
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3
p. 966-973
Les Génealogies historiques des anciens Patriarches, Empereurs, &c. [titre d'après la table]
Début :
LES GÉNÉALOGIES HISTORIQUES des Anciens Patriarches, Empereurs, Rois, [...]
Mots clefs :
Rois, Histoire, Généalogies, Maisons, Ducs, Anciens, Comtes, Empereurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Génealogies historiques des anciens Patriarches, Empereurs, &c. [titre d'après la table]
LES GE'NEALOGIES HISTORIQUES des
'Anciens Patriarches , Empereurs , Rois
et de toutes les Maisons Souveraines , depuis
le commencement du monde jusqu'à
présent , exposées en Cartes Généalogiques
, tirées des meilleurs Auteurs , avec
des Explications Historiques et Chronologiques
, dans lesquelles l'on trouvera
l'Etablissement , les Révolutions et la
durée des différens Etats du monde , l'Origine
des Maisons Souveraines , leurs
Progrès , Alliances , Droits , Titres, Prétentions
et Armoiries. Quatre volumes
in 4. A Paris , chez Giffart , rue S. Facques
, à Sainte Therese.
C'est le titre d'un Prospectus , imprimé
chez le même Libraire. L'Auteur y propose
l'Etude des Généalogies en général ,
à tous ceux qui lisent l'Histoire , et en
particulier aux Politiques , et aux Avocats.
Si pour bien entendre l'Histoire
dit-il , en citant Rapin de Thoiras , il
est nécessaire de sçavoir par le moyen
de la Géographie , les Lieux où se sont
passés les Evenemens qui servent d'objets
à l'Histoire , et par la Chronologic
les tems où ils sont arrivez , il ne l'est
pas moins de connoître les personnes
qui les ont faits ou qui y ont eu ,
part
MAY. 1733 : 969
part , par le moyen des Généalogies qui
font même connoître les causes des actions
dont l'Histoire parle . C'est , dit il ,
ce queMoyse, le premier et le plus excellent
des Historiens , a parfaitement reconnu
. C'est de ces Livres que nous tirons
les Généalogies des premiers Chefs
des Nations . Il seroit , ajoûte-t- il , à souhaiter
., que ceux qui se sont mêlez d'écrire
l'Histoire eussent imité l'éxactitude
de cet Historien . Pour faire sentir l'excellence
de l'Etude des Généalogies , il
tire ses preuves du soin que les Hebreux
prenoient de conserver les Généalogies
de leurs Familles , et celui que
prit Esdras , de rétablir celles qui
avoient été perdues dans la ruine de
Jerusalem sous Nabuchodonosor. Les
Grecs et les Romains mettoient cette
connoissance au nombre des Sciences.
Sur quoi il cite Horace , qui dit à son
Ami Telephus :
Quantum distet ab Inacho
Codrus pro patriâ non timidus mori :
Narras et genus Æaci.
A l'égard des Politiques , cette étude
est indispensable ; car comment ,
dit notre Auteur , connoîtra- t- on les
droits ou les prétentions des Princes , si
l'on
68 MERCURE DE FRANCE
l'on ne connoît leurs Alliances qui en
sont le principal fondement ; il est
difficile de manier les affaires publiques
d'un Etat , si l'on n'a pas la connoissance
des grandes Maisons , disoit un Sçavant
du Régne d'Henri II. L'Auteur
ajoûte que M. Loisel , dans le Dialogue
qu'il a composé des Avocats du Parlement
de Paris , requiert qu'un Avocat
sçache les Généalogies et les Alliances
de nos Rois , et des principales Maisons
du Royaume.
,
Nous rapporterons , au sujet des défauts
qui se rencontrent dans les Généalogistes
, contre lesquels l'Auteur nous
avertit d'être en garde , ce qu'il cite de
M. l'Abbé Sevin. L'amour du merveil
leux , dit cet habile Académicien , l'interêt
, la vanité , sont comme des sources
toujours ouvertes d'où la Fable
se répand , pour ainsi dire , à grands
flots dans les Annales des Peuples et
des Familles. Dans cette longue Eclipse
que souffrit la lumiere des Lettres ,
l'ignorance enfanta mille folles réveries
sur leur origine. Mais , poursuit - il
avec le même M. Sevin , en craignant
d'accorder à des Fables la créance qu'el
les ne méritent pas ; on la refuse quel
* Dissertation sur l'Histoire,
ques
MAY. 1733. 969
quefois aux Faits les plus certains ; d'autres
au contraire traignant de refuser
aux véritez historiques le tribut qui leur
est dû , le payent à toutes les Fables
qui en empruntent le nom. Il faut être
également en garde et contre la flatterie
des uns , et contre la malignité des
autres , et tenir un juste milieu entre
la crédulité et le Pirrhonisme .
Ainsi pour démêler le faux d'avec
Je vrai , dans les Généalogies comme
dans l'Histoire ; les Sçavans
› sur tout
du dernier siécle , qui se sont appliqués
à l'Etude de l'Histoire et des Généalogies
, les ont dégagées de ce qui nous
les pourroit rendre suspectes , sont ceux
à qui il faut s'en rapporter. C'est Hubners
, parmi ces Sçavans Modernes ,
qui notre Auteur donne la préférence à
cause de l'approbation presqu'universelle
qu'il s'est acquise.
L'Auteur à joint des Explications ou
des Remarques Historiques et Chronos
logiques pour donner une connoissance
éxacte de l'Etablissement des Empires
et des différens Etats du monde , de
P'origine et des progrès des Maisons
Souveraines , de leurs Alliances , préro
gatives , droits et prétentions . Ce Recueil
pourra passer pour un bon Abregé de
l'His
970 MERCURE DE FRANCE
P'Histoire Universelle , qui contiendra
un corps de Généalogies des Maisons,
Souveraines , propre à tous les Lecteurs ,
à ceux qui sçavent déja qui n'ont besoin
que de rappeller ce qu'ils ont déja
Jû dans les sources , et à ceux qui ne
sçavent pas encore , et qui pour se mettre
au fait de l'Histoire ont besoin qu'on
la leur propose d'une maniere simple et
agréable.
Voici quel sera l'ordre et l'arrangement
de tout cet Ouvrage .
I. VOLUME pour l'Histoire sainte. Les
anciens Patriarches , l'origine des Na- '
tions , les Juges , les Rois , les Pontifes des
Juifs. La Famille d'Herode , la Généalogie
de N. S. J. C.
Pour l'Histoire Profane. Table Chronologique
de l'établissement et de la durée
des anciens Royaumes. Les Rois d'Egypte
, d'Assirie , & c.
GRECE. Les Rois de Sicione , d'Ar
gos , &c.
Les anciens Rois Latins , les Rois de
Rome. Table Chronologique de l'Etablissement
et de la durée des nouvelles
Monarchies. Les Familles des Empereurs
Romains et Grecs en Orient et en Oc
cident. Les Empereurs de Trebisonde ;
les Rois de Jerusalem , de Cypre , d'Armenie
,
MAY: 17337 971
menie , les Princes de Galilée , d'Antio
she , de Tripoli.
Les Rois wandales , les Rois Ostrogoths
en Italie , les Rois Lombards , les Rois
d'Italie depuis Charlemagne , les Rois
de Naples et de Sicile.
Les Maisons de Savoye , de Montfer
rat , de Saluces , & c .
II. VOLUME , ALLEMAGNE . Les anciens
Rois de Germanie , les Empereurs Germaniques
jusqu'à présent, Les anciens Marggraves
et Ducs d'Autriche , les Comtes
Ducs , Electeurs , Landgraves , & c.
III. VOLUME , FRANCE, Les Rois de
France avec toutes les Maisons qui en
sont issues. Les Rois de Bourgogne et
d'Arles. Les Ducs de Bourgogne , les
Comtes et Ducs de Nevers , &c.
Les Ducs de Normandie , les Comtes
d'Eu , & c.
ne ,
Les anciens Rois et Ducs d'Aquitai-
& c.
Les Comtes de Toulouse , &c.
Les Comtes de Champagne , & c . Les
Ducs de Lorraine. On verra dans ce
volume comment les différentes Provinces
de France ont été détachées de la
Couronne , les Maisons qui les ont gouvernées
, et comment elles ont été réunies.
IV,
972 MERCURE DE FRANCE
L
IV. VOLUME , PAYS -BAS. Les Ducs de
Brabant , &c.
ESPAGNE. Les Rois Sueves , Wisigots ,
de Léon , & c.
GRANDE-BRETAGNE , Les Rois d'Ecosse,
Maison de Stwart , les Rois d'Angleter
& c. re ,
Les Rois de Dannemarc , et de Nortvege
. La Maison d'Holstein. Les Rois
de Suede , les Czars.
Les Rois de Pologne , de Bohéme , & c.
Les Ducs de Silesie , les Princes de Trans
silvanie , &c.
NATIONS BARBARES . Les Califes , les
Sultans
,
ou Empereurs Ottomans , les
Rois de Perse , les Mogols , les Rois de
Maroc, &c.
On trouvera dans ce dernier Volume
plusieurs Tables Alphabétiques , tant
des matiéres que des Maisons , et une
Table entr'autres,qui est comme un Dictionnaire
Heraldique où pour éviter
les répétitions dans le corps de l'Ouvrage
l'on renvoye pour expliquer les Armoiries
des Maisons qui y sont traitées.
Quoique la dépense des Cartes Gé
néalogiques aille au triple de celles
des Ouvrages d'une autre nature
pour faciliter l'acquisition de celui- ci
on
MAY. 1733. 973
S
on ne le vendra que 45 liv. en blanc les
quatre vol, in-4. de 700 pag. chacun .
L'Editeur ajoute qu'il se prêtera avec facilité
à l'empressement de ceux qui
voudront avoir les Volumes à mesure
qu'ils seront imprimez. Ils s'adresseront
pour cela au Libraire indiqué cidessus.
'Anciens Patriarches , Empereurs , Rois
et de toutes les Maisons Souveraines , depuis
le commencement du monde jusqu'à
présent , exposées en Cartes Généalogiques
, tirées des meilleurs Auteurs , avec
des Explications Historiques et Chronologiques
, dans lesquelles l'on trouvera
l'Etablissement , les Révolutions et la
durée des différens Etats du monde , l'Origine
des Maisons Souveraines , leurs
Progrès , Alliances , Droits , Titres, Prétentions
et Armoiries. Quatre volumes
in 4. A Paris , chez Giffart , rue S. Facques
, à Sainte Therese.
C'est le titre d'un Prospectus , imprimé
chez le même Libraire. L'Auteur y propose
l'Etude des Généalogies en général ,
à tous ceux qui lisent l'Histoire , et en
particulier aux Politiques , et aux Avocats.
Si pour bien entendre l'Histoire
dit-il , en citant Rapin de Thoiras , il
est nécessaire de sçavoir par le moyen
de la Géographie , les Lieux où se sont
passés les Evenemens qui servent d'objets
à l'Histoire , et par la Chronologic
les tems où ils sont arrivez , il ne l'est
pas moins de connoître les personnes
qui les ont faits ou qui y ont eu ,
part
MAY. 1733 : 969
part , par le moyen des Généalogies qui
font même connoître les causes des actions
dont l'Histoire parle . C'est , dit il ,
ce queMoyse, le premier et le plus excellent
des Historiens , a parfaitement reconnu
. C'est de ces Livres que nous tirons
les Généalogies des premiers Chefs
des Nations . Il seroit , ajoûte-t- il , à souhaiter
., que ceux qui se sont mêlez d'écrire
l'Histoire eussent imité l'éxactitude
de cet Historien . Pour faire sentir l'excellence
de l'Etude des Généalogies , il
tire ses preuves du soin que les Hebreux
prenoient de conserver les Généalogies
de leurs Familles , et celui que
prit Esdras , de rétablir celles qui
avoient été perdues dans la ruine de
Jerusalem sous Nabuchodonosor. Les
Grecs et les Romains mettoient cette
connoissance au nombre des Sciences.
Sur quoi il cite Horace , qui dit à son
Ami Telephus :
Quantum distet ab Inacho
Codrus pro patriâ non timidus mori :
Narras et genus Æaci.
A l'égard des Politiques , cette étude
est indispensable ; car comment ,
dit notre Auteur , connoîtra- t- on les
droits ou les prétentions des Princes , si
l'on
68 MERCURE DE FRANCE
l'on ne connoît leurs Alliances qui en
sont le principal fondement ; il est
difficile de manier les affaires publiques
d'un Etat , si l'on n'a pas la connoissance
des grandes Maisons , disoit un Sçavant
du Régne d'Henri II. L'Auteur
ajoûte que M. Loisel , dans le Dialogue
qu'il a composé des Avocats du Parlement
de Paris , requiert qu'un Avocat
sçache les Généalogies et les Alliances
de nos Rois , et des principales Maisons
du Royaume.
,
Nous rapporterons , au sujet des défauts
qui se rencontrent dans les Généalogistes
, contre lesquels l'Auteur nous
avertit d'être en garde , ce qu'il cite de
M. l'Abbé Sevin. L'amour du merveil
leux , dit cet habile Académicien , l'interêt
, la vanité , sont comme des sources
toujours ouvertes d'où la Fable
se répand , pour ainsi dire , à grands
flots dans les Annales des Peuples et
des Familles. Dans cette longue Eclipse
que souffrit la lumiere des Lettres ,
l'ignorance enfanta mille folles réveries
sur leur origine. Mais , poursuit - il
avec le même M. Sevin , en craignant
d'accorder à des Fables la créance qu'el
les ne méritent pas ; on la refuse quel
* Dissertation sur l'Histoire,
ques
MAY. 1733. 969
quefois aux Faits les plus certains ; d'autres
au contraire traignant de refuser
aux véritez historiques le tribut qui leur
est dû , le payent à toutes les Fables
qui en empruntent le nom. Il faut être
également en garde et contre la flatterie
des uns , et contre la malignité des
autres , et tenir un juste milieu entre
la crédulité et le Pirrhonisme .
Ainsi pour démêler le faux d'avec
Je vrai , dans les Généalogies comme
dans l'Histoire ; les Sçavans
› sur tout
du dernier siécle , qui se sont appliqués
à l'Etude de l'Histoire et des Généalogies
, les ont dégagées de ce qui nous
les pourroit rendre suspectes , sont ceux
à qui il faut s'en rapporter. C'est Hubners
, parmi ces Sçavans Modernes ,
qui notre Auteur donne la préférence à
cause de l'approbation presqu'universelle
qu'il s'est acquise.
L'Auteur à joint des Explications ou
des Remarques Historiques et Chronos
logiques pour donner une connoissance
éxacte de l'Etablissement des Empires
et des différens Etats du monde , de
P'origine et des progrès des Maisons
Souveraines , de leurs Alliances , préro
gatives , droits et prétentions . Ce Recueil
pourra passer pour un bon Abregé de
l'His
970 MERCURE DE FRANCE
P'Histoire Universelle , qui contiendra
un corps de Généalogies des Maisons,
Souveraines , propre à tous les Lecteurs ,
à ceux qui sçavent déja qui n'ont besoin
que de rappeller ce qu'ils ont déja
Jû dans les sources , et à ceux qui ne
sçavent pas encore , et qui pour se mettre
au fait de l'Histoire ont besoin qu'on
la leur propose d'une maniere simple et
agréable.
Voici quel sera l'ordre et l'arrangement
de tout cet Ouvrage .
I. VOLUME pour l'Histoire sainte. Les
anciens Patriarches , l'origine des Na- '
tions , les Juges , les Rois , les Pontifes des
Juifs. La Famille d'Herode , la Généalogie
de N. S. J. C.
Pour l'Histoire Profane. Table Chronologique
de l'établissement et de la durée
des anciens Royaumes. Les Rois d'Egypte
, d'Assirie , & c.
GRECE. Les Rois de Sicione , d'Ar
gos , &c.
Les anciens Rois Latins , les Rois de
Rome. Table Chronologique de l'Etablissement
et de la durée des nouvelles
Monarchies. Les Familles des Empereurs
Romains et Grecs en Orient et en Oc
cident. Les Empereurs de Trebisonde ;
les Rois de Jerusalem , de Cypre , d'Armenie
,
MAY: 17337 971
menie , les Princes de Galilée , d'Antio
she , de Tripoli.
Les Rois wandales , les Rois Ostrogoths
en Italie , les Rois Lombards , les Rois
d'Italie depuis Charlemagne , les Rois
de Naples et de Sicile.
Les Maisons de Savoye , de Montfer
rat , de Saluces , & c .
II. VOLUME , ALLEMAGNE . Les anciens
Rois de Germanie , les Empereurs Germaniques
jusqu'à présent, Les anciens Marggraves
et Ducs d'Autriche , les Comtes
Ducs , Electeurs , Landgraves , & c.
III. VOLUME , FRANCE, Les Rois de
France avec toutes les Maisons qui en
sont issues. Les Rois de Bourgogne et
d'Arles. Les Ducs de Bourgogne , les
Comtes et Ducs de Nevers , &c.
Les Ducs de Normandie , les Comtes
d'Eu , & c.
ne ,
Les anciens Rois et Ducs d'Aquitai-
& c.
Les Comtes de Toulouse , &c.
Les Comtes de Champagne , & c . Les
Ducs de Lorraine. On verra dans ce
volume comment les différentes Provinces
de France ont été détachées de la
Couronne , les Maisons qui les ont gouvernées
, et comment elles ont été réunies.
IV,
972 MERCURE DE FRANCE
L
IV. VOLUME , PAYS -BAS. Les Ducs de
Brabant , &c.
ESPAGNE. Les Rois Sueves , Wisigots ,
de Léon , & c.
GRANDE-BRETAGNE , Les Rois d'Ecosse,
Maison de Stwart , les Rois d'Angleter
& c. re ,
Les Rois de Dannemarc , et de Nortvege
. La Maison d'Holstein. Les Rois
de Suede , les Czars.
Les Rois de Pologne , de Bohéme , & c.
Les Ducs de Silesie , les Princes de Trans
silvanie , &c.
NATIONS BARBARES . Les Califes , les
Sultans
,
ou Empereurs Ottomans , les
Rois de Perse , les Mogols , les Rois de
Maroc, &c.
On trouvera dans ce dernier Volume
plusieurs Tables Alphabétiques , tant
des matiéres que des Maisons , et une
Table entr'autres,qui est comme un Dictionnaire
Heraldique où pour éviter
les répétitions dans le corps de l'Ouvrage
l'on renvoye pour expliquer les Armoiries
des Maisons qui y sont traitées.
Quoique la dépense des Cartes Gé
néalogiques aille au triple de celles
des Ouvrages d'une autre nature
pour faciliter l'acquisition de celui- ci
on
MAY. 1733. 973
S
on ne le vendra que 45 liv. en blanc les
quatre vol, in-4. de 700 pag. chacun .
L'Editeur ajoute qu'il se prêtera avec facilité
à l'empressement de ceux qui
voudront avoir les Volumes à mesure
qu'ils seront imprimez. Ils s'adresseront
pour cela au Libraire indiqué cidessus.
Fermer
Résumé : Les Génealogies historiques des anciens Patriarches, Empereurs, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Les Généalogies Historiques des Anciens Patriarches, Empereurs, Rois et de toutes les Maisons Souveraines' a été publié en quatre volumes à Paris chez Giffart en mai 1733. Il retrace les généalogies des diverses dynasties depuis les origines jusqu'à cette date. L'ouvrage inclut des cartes généalogiques et des explications historiques et chronologiques sur l'établissement, les révolutions et la durée des États du monde, ainsi que sur l'origine, les progrès, les alliances, les droits, les titres, les prétentions et les armoiries des maisons souveraines. L'auteur met en avant l'importance des généalogies pour la compréhension de l'histoire, citant Rapin de Thoiras et Moïse comme exemples. Il recommande l'étude des généalogies aux lecteurs d'histoire, aux politiques et aux avocats. L'ouvrage critique les erreurs fréquentes dans les généalogies, souvent influencées par l'amour du merveilleux, l'intérêt et la vanité, et met en garde contre la crédulité et le pyrrhonisme. La structure de l'ouvrage est répartie en quatre volumes. Le premier volume couvre l'histoire sainte et profane, incluant les patriarches, les rois d'Égypte, de Grèce, de Rome, et d'autres dynasties anciennes. Le deuxième volume traite de l'Allemagne, le troisième de la France, et le quatrième des Pays-Bas, de l'Espagne, de la Grande-Bretagne, des nations barbares, et inclut des tables alphabétiques et un dictionnaire héraldique. L'éditeur propose l'achat des volumes à un prix réduit pour faciliter leur acquisition, avec la possibilité de les obtenir au fur et à mesure de leur impression.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 232-237
« Par Lettres-Patentes octroyées aux Chanoinesses d'Alix, le Roi [...] »
Début :
Par Lettres-Patentes octroyées aux Chanoinesses d'Alix, le Roi [...]
Mots clefs :
Roi, Duc de Penthiévre, Chapitre d'Alix, Honneurs, Débordement du Rhône, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Ducs, Comtes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Par Lettres-Patentes octroyées aux Chanoinesses d'Alix, le Roi [...] »
PAr Lettres- Patentes octroyées aux Chanoineffes
d'Alix , le Roi ( « voulant donner un témoi
gnage de la diftinction qu'il a fait du Chapitre
» noble d'Alix , & traiter favorablement un an-
» cien établiſſement avantageux à la Nobleffe ,
» & qui s'est toujours foutenu avec dignité. » )
a accordé aux Chanoineffes de ce Chapitre de
porter une médaille d'or émaillé , furmontée d'une
Couronne comtale , & attachée à un ruban ponceau
qu'elles porteront en écharpe. La médaille
eft une espece de croix pattée , fur laquelle d'un
côté font ces mots pour devife , Nobilis infignia
voti ; & de l'autre cette devife autour d'un Saint
Denis , Patron de ce Chapitre, Aufpice Galliarum
Patrono.
La Reine a choifi pour fon Confeſſeur le Pere
Biégenski , de la Compagnie de Jefus , & Polonois
de nation .
Le Roi a donné fon agrément au mariage de
M. le Comte d'Egmont , Brigadier de Cavalerie , &
Meftre de Camp d'un Régiment de fon nom ,
avec Mademoiſelle de Richelieu , fille de M.le
Maréchal Duc de Richelieu , Pair de France,
MARS. 1756. 233
Gouverneur de Guyenne , & premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté.
•
Les ravages caufés dans Avignon par le débordement
du Rhône , avoient empêché cette Ville ,
pour lors trop occupée de fes malheurs , de témoigner
auffi -tôt qu'elle fut informée de la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence , la
part qu'elle prenoit à cet heureux événement.
Dès qu'elle a été délivrée de fes allarmes , un de
fes premiers foins a été de faire éclater la joie
que lui infpiroit la nouvelle faveur accordée
par le Ciel aux François. Le 11 de ce mois , on
chanta dans l'Eglife métropolitaine un Te Deum
en Mufique , qui fut annoncé par une falve générale
de l'artillerie , & entonné par l'Abbé de
Monpefat , Grand Archidiacre. M. Paffionei
Vice-Légat , y affifta , accompagné des Viguier,
Confuls & Affeffeur , du Corps de Ville , & des
Magiftrats des différens Tribunaux. Il fut aifé de
s'appercevoir de la fatisfaction que les principales
perfonnes detous les Ordres reffentoient d'être interpretes
des fentimens des habitans , qui dans cette
occafion parurent oublier toutes leurs calamités
paffées. Le foir on tira un feu d'artifice . Il y eut de
magnifiques illuminations à l'Hôtel de Ville , à
ceux des Viguier , Confuls & Affeffeur , & à
ceux du Duc de Gadagne, du Marquis de Peruffis ,
du Vicomte de Cambis - d'Orfan , & du Marquis
de Forbin. L'hôtel de Monpefat ne fut pas ifluminé
avec moins de goût & de dépenfe , & PAbbé
de Monpelat fit tirer plufieurs boîtes de fufées
volantes. Le Marquis de Monpelat fon frere
a fignalé pareillement fon zele par les fêtes qui
ont été données conféquemment à fes ordres
dans fes terres du Languedoc & du Dauphiné.
Le 2 Février , Fête de la Purification de la Sain
234 MERCURE DE FRANCE.
Vierge , les Chevaliers , Commandeurs & Offciers
de l'Ordre du Saint - Esprit , s'étant affemblés
vers les onze heures du matin dans le cabinet
du Roi , Sa Majesté tint un Chapitre . L'information
des vie & moeurs , & la Profeffion de
foi de M. le Prince Camille , du Duc d'Harcourt ,
du Duc de Fitz-James & du Duc d'Aiguillon , qui
avoient été propofés le premier Janvier pour étre
Chevaliers , ayant été admiſes , ils furent introduits
dans le cabinet , & reçus Chevaliers de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de fon
appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté,
devant laquelle les deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes , étoit en manteau ,
le Collier de l'Ordre par deffus , ainfi que celui
de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans ,
du Prince de Condé , du Comte de Charolois, da
Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de
Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs &
Officiers de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers. Le Roi aſſiſta à la bénédiction
des Cierges , & à la Proceffion qui fe fit autour
de la Chapelle . Après la grand'Meffe célébrée
par l'Evêque Duc de Langres , Prélat-Commandeur
, Sa Majefté monta fur fon Thrône , &
revêtit des marques de l'Ordre les quatre nou
veaux Chevaliers. Le Prince Camille eut pour
parrein le Comte de Brionne. Le Maréchal Duc
de Belle-Ifle fut parrein du Duc d'Harcourt. Les
parreins du Duc de Fitz - James & du Duc d'Aiguillon
furent le Duc de Fleury & le Duc d'Ayen.
Cette cérémonie étant finie , le Roi fut reconduit
àfon appartement en la maniere accoutumée.
MAR S. 1756. 235
M. le Marquis de Monteil , Colonel au Corps
de Grenadiers de France , a été nommé par le Roi
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté auprès de
l'Electeur de Cologne.
Le Roi a accordé à M. le Vicomte de Suzy ,
Lieutenant - Général des armées de Sa Majefté ,
Grand Croix Honoraire de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , & Major des Gardes du
Corps , le Gouvernement des Ville & Citadelle
Saint-Jean-Pied-de -Port , vacant par le décès
du Comte de Bukeley , Lieutenant - Général , &
Chevalier des Ordres de Sa Majesté .
de
2.
le
Les Directeurs des Hôpitaux de Troye ayant
fupplié le Duc de Penthiévre , lorsqu'il paffa par
cette Ville au mois d'Avril de l'année derniere, de
pofer la premiere pierre du nouveau bâtiment
qu'ils font conftruire pour l'Hôtel- Dieu . Ce Prince
avoit chargé M. de Paget , Bailli de la Ville ,
de le repréfenter en cette occafion. Le 26 Jan
vier , jour fixé pour la cérémonie , les Directeurs
s'affemblerent vers les deux heures après
midi en leur Bureau , où peu de momens après
Corps de Ville , fuivant l'invitation qui lui avoit
été faite , arriva , précédé & fuivi de quatre Compagnies
de la Milice Bourgeoife. Auffi-tôt qu'il
fut entré , les Directeurs efcortés de deux de ces
Compagnies allerent prendre M. de Puget au Palais,&
le conduifirent à l'Hôtel - Dieu . M. de Puget,
au bruit des tambours , des trompettes , & de
plufieurs falves de moufqueterie , pofa fur la pre
miere pierre du nouveau bâtiment un marbre ,
fur lequel les armes de M. le Duc de Penthiévre
font gravées avec une infcription. Après la cérémonie
, M. de Puget fut reconduit au Palais
dans le même ordre. En y entrant , il fut falué
d'une nouvelle décharge de Moufqueterie. Une
236 MERCURE DE FRANCE.
grande affluence de peuple fe trouva à cette cétémonic
, & on lifoit fur les vifages de tous les ha
bitans leur reconnoiffance pour les libéralités dont
M. le Duc de Penthiévre a daigné favorifer les
Pauvres de la Ville.
Le Roi tint le 2 de ce mois , dans fon Cabinet,
un Chapitre de l'Ordre du Saint -Elprit . L'information
des titres , vie & moeurs , & la Profeffion
de Foi de M. le Comte de Stainville , Ambaſſadeur
Extraordinaire du Roi auprès du Saint Siege ; du
Comte de Bafchi , Ambaffadeur du Roi en Portugal
, & du Prince Louis de Wirtemberg , y farent
admifes ; & Sa Majeſté a envoyé à ces nouveaux
Chevaliers les marques de fes Ordres , avec la permiffion
de les porter.
Madame la Marquife de Pompadour a été nommée
Dame du Palais de la Reine. En cette qualité
, elle fut préfentée le 8 à Sa Majesté par Madame
la Ducheffe de Luynes.
M. le Marquis de Verneuil ayant demandé la
permiffion de fe démettre de fa Charge Platroducteur
des Ambaſſadeurs , le Roi en a accordé
l'agrément à M. de la Live de Jully.
Il eft enjoint aux Officiers tant de l'Infanterie
Françoife & Etrangere , que des Régimens de
Dragons , de Troupes Légeres & de Volontaires ,
de même qu'aux Officiers des Bataillons du Corps
Royal d'Artillerie & du Génie , & des Compagnies
de Mineurs & d'Ouvriers , qui font abfens de leurs
Corps , par congé ou par femeftre , de s'y rendre
le premier du mois d'Avril prochain. A l'égard
des Officiers des Régimens de Cavalerie , tant
Françoife qu'Etrangere , ils ne font tenus de rejoindre
leurs Corps , qu'à l'expiration de leur femeftre
ou de leurs congés.
Sa Majefté a jugé àpropos de proroger jufqu'au
F
MARS.
1756.
237
mois d'Avril prochain , le complet des Compagnies
nouvelles de fon Infanterie Françoiſe , dont
elle a prefcrit la levée par fon Ordonnance du
premier Août de l'année derniere.'
d'Alix , le Roi ( « voulant donner un témoi
gnage de la diftinction qu'il a fait du Chapitre
» noble d'Alix , & traiter favorablement un an-
» cien établiſſement avantageux à la Nobleffe ,
» & qui s'est toujours foutenu avec dignité. » )
a accordé aux Chanoineffes de ce Chapitre de
porter une médaille d'or émaillé , furmontée d'une
Couronne comtale , & attachée à un ruban ponceau
qu'elles porteront en écharpe. La médaille
eft une espece de croix pattée , fur laquelle d'un
côté font ces mots pour devife , Nobilis infignia
voti ; & de l'autre cette devife autour d'un Saint
Denis , Patron de ce Chapitre, Aufpice Galliarum
Patrono.
La Reine a choifi pour fon Confeſſeur le Pere
Biégenski , de la Compagnie de Jefus , & Polonois
de nation .
Le Roi a donné fon agrément au mariage de
M. le Comte d'Egmont , Brigadier de Cavalerie , &
Meftre de Camp d'un Régiment de fon nom ,
avec Mademoiſelle de Richelieu , fille de M.le
Maréchal Duc de Richelieu , Pair de France,
MARS. 1756. 233
Gouverneur de Guyenne , & premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté.
•
Les ravages caufés dans Avignon par le débordement
du Rhône , avoient empêché cette Ville ,
pour lors trop occupée de fes malheurs , de témoigner
auffi -tôt qu'elle fut informée de la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence , la
part qu'elle prenoit à cet heureux événement.
Dès qu'elle a été délivrée de fes allarmes , un de
fes premiers foins a été de faire éclater la joie
que lui infpiroit la nouvelle faveur accordée
par le Ciel aux François. Le 11 de ce mois , on
chanta dans l'Eglife métropolitaine un Te Deum
en Mufique , qui fut annoncé par une falve générale
de l'artillerie , & entonné par l'Abbé de
Monpefat , Grand Archidiacre. M. Paffionei
Vice-Légat , y affifta , accompagné des Viguier,
Confuls & Affeffeur , du Corps de Ville , & des
Magiftrats des différens Tribunaux. Il fut aifé de
s'appercevoir de la fatisfaction que les principales
perfonnes detous les Ordres reffentoient d'être interpretes
des fentimens des habitans , qui dans cette
occafion parurent oublier toutes leurs calamités
paffées. Le foir on tira un feu d'artifice . Il y eut de
magnifiques illuminations à l'Hôtel de Ville , à
ceux des Viguier , Confuls & Affeffeur , & à
ceux du Duc de Gadagne, du Marquis de Peruffis ,
du Vicomte de Cambis - d'Orfan , & du Marquis
de Forbin. L'hôtel de Monpefat ne fut pas ifluminé
avec moins de goût & de dépenfe , & PAbbé
de Monpelat fit tirer plufieurs boîtes de fufées
volantes. Le Marquis de Monpelat fon frere
a fignalé pareillement fon zele par les fêtes qui
ont été données conféquemment à fes ordres
dans fes terres du Languedoc & du Dauphiné.
Le 2 Février , Fête de la Purification de la Sain
234 MERCURE DE FRANCE.
Vierge , les Chevaliers , Commandeurs & Offciers
de l'Ordre du Saint - Esprit , s'étant affemblés
vers les onze heures du matin dans le cabinet
du Roi , Sa Majesté tint un Chapitre . L'information
des vie & moeurs , & la Profeffion de
foi de M. le Prince Camille , du Duc d'Harcourt ,
du Duc de Fitz-James & du Duc d'Aiguillon , qui
avoient été propofés le premier Janvier pour étre
Chevaliers , ayant été admiſes , ils furent introduits
dans le cabinet , & reçus Chevaliers de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de fon
appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté,
devant laquelle les deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes , étoit en manteau ,
le Collier de l'Ordre par deffus , ainfi que celui
de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans ,
du Prince de Condé , du Comte de Charolois, da
Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de
Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs &
Officiers de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers. Le Roi aſſiſta à la bénédiction
des Cierges , & à la Proceffion qui fe fit autour
de la Chapelle . Après la grand'Meffe célébrée
par l'Evêque Duc de Langres , Prélat-Commandeur
, Sa Majefté monta fur fon Thrône , &
revêtit des marques de l'Ordre les quatre nou
veaux Chevaliers. Le Prince Camille eut pour
parrein le Comte de Brionne. Le Maréchal Duc
de Belle-Ifle fut parrein du Duc d'Harcourt. Les
parreins du Duc de Fitz - James & du Duc d'Aiguillon
furent le Duc de Fleury & le Duc d'Ayen.
Cette cérémonie étant finie , le Roi fut reconduit
àfon appartement en la maniere accoutumée.
MAR S. 1756. 235
M. le Marquis de Monteil , Colonel au Corps
de Grenadiers de France , a été nommé par le Roi
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté auprès de
l'Electeur de Cologne.
Le Roi a accordé à M. le Vicomte de Suzy ,
Lieutenant - Général des armées de Sa Majefté ,
Grand Croix Honoraire de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , & Major des Gardes du
Corps , le Gouvernement des Ville & Citadelle
Saint-Jean-Pied-de -Port , vacant par le décès
du Comte de Bukeley , Lieutenant - Général , &
Chevalier des Ordres de Sa Majesté .
de
2.
le
Les Directeurs des Hôpitaux de Troye ayant
fupplié le Duc de Penthiévre , lorsqu'il paffa par
cette Ville au mois d'Avril de l'année derniere, de
pofer la premiere pierre du nouveau bâtiment
qu'ils font conftruire pour l'Hôtel- Dieu . Ce Prince
avoit chargé M. de Paget , Bailli de la Ville ,
de le repréfenter en cette occafion. Le 26 Jan
vier , jour fixé pour la cérémonie , les Directeurs
s'affemblerent vers les deux heures après
midi en leur Bureau , où peu de momens après
Corps de Ville , fuivant l'invitation qui lui avoit
été faite , arriva , précédé & fuivi de quatre Compagnies
de la Milice Bourgeoife. Auffi-tôt qu'il
fut entré , les Directeurs efcortés de deux de ces
Compagnies allerent prendre M. de Puget au Palais,&
le conduifirent à l'Hôtel - Dieu . M. de Puget,
au bruit des tambours , des trompettes , & de
plufieurs falves de moufqueterie , pofa fur la pre
miere pierre du nouveau bâtiment un marbre ,
fur lequel les armes de M. le Duc de Penthiévre
font gravées avec une infcription. Après la cérémonie
, M. de Puget fut reconduit au Palais
dans le même ordre. En y entrant , il fut falué
d'une nouvelle décharge de Moufqueterie. Une
236 MERCURE DE FRANCE.
grande affluence de peuple fe trouva à cette cétémonic
, & on lifoit fur les vifages de tous les ha
bitans leur reconnoiffance pour les libéralités dont
M. le Duc de Penthiévre a daigné favorifer les
Pauvres de la Ville.
Le Roi tint le 2 de ce mois , dans fon Cabinet,
un Chapitre de l'Ordre du Saint -Elprit . L'information
des titres , vie & moeurs , & la Profeffion
de Foi de M. le Comte de Stainville , Ambaſſadeur
Extraordinaire du Roi auprès du Saint Siege ; du
Comte de Bafchi , Ambaffadeur du Roi en Portugal
, & du Prince Louis de Wirtemberg , y farent
admifes ; & Sa Majeſté a envoyé à ces nouveaux
Chevaliers les marques de fes Ordres , avec la permiffion
de les porter.
Madame la Marquife de Pompadour a été nommée
Dame du Palais de la Reine. En cette qualité
, elle fut préfentée le 8 à Sa Majesté par Madame
la Ducheffe de Luynes.
M. le Marquis de Verneuil ayant demandé la
permiffion de fe démettre de fa Charge Platroducteur
des Ambaſſadeurs , le Roi en a accordé
l'agrément à M. de la Live de Jully.
Il eft enjoint aux Officiers tant de l'Infanterie
Françoife & Etrangere , que des Régimens de
Dragons , de Troupes Légeres & de Volontaires ,
de même qu'aux Officiers des Bataillons du Corps
Royal d'Artillerie & du Génie , & des Compagnies
de Mineurs & d'Ouvriers , qui font abfens de leurs
Corps , par congé ou par femeftre , de s'y rendre
le premier du mois d'Avril prochain. A l'égard
des Officiers des Régimens de Cavalerie , tant
Françoife qu'Etrangere , ils ne font tenus de rejoindre
leurs Corps , qu'à l'expiration de leur femeftre
ou de leurs congés.
Sa Majefté a jugé àpropos de proroger jufqu'au
F
MARS.
1756.
237
mois d'Avril prochain , le complet des Compagnies
nouvelles de fon Infanterie Françoiſe , dont
elle a prefcrit la levée par fon Ordonnance du
premier Août de l'année derniere.'
Fermer
Résumé : « Par Lettres-Patentes octroyées aux Chanoinesses d'Alix, le Roi [...] »
En mars 1756, plusieurs décisions royales ont été prises. Le roi a accordé aux chanoinesses du Chapitre noble d'Alix le droit de porter une médaille d'or émaillée, surmontée d'une couronne comtale et attachée à un ruban ponceau. Cette médaille, une croix pattée, porte les inscriptions 'Nobilis insignia voti' et 'Auspice Galliarum Patrono' autour d'une représentation de Saint Denis. La reine a choisi le Père Biégenski, un jésuite polonais, comme confesseur. Le roi a également approuvé le mariage entre le Comte d'Egmont, Brigadier de Cavalerie et Mestre de Camp, et Mademoiselle de Richelieu, fille du Maréchal Duc de Richelieu, Pair de France, Gouverneur de Guyenne et premier Gentilhomme de la Chambre du Roi. À Avignon, après les ravages causés par le Rhône, la ville a célébré la naissance du Comte de Provence avec un Te Deum, des salves d'artillerie, des illuminations et un feu d'artifice. Le 2 février, lors de la fête de la Purification de la Vierge, le roi a tenu un chapitre de l'Ordre du Saint-Esprit, au cours duquel quatre nouveaux chevaliers ont été reçus : le Prince Camille, le Duc d'Harcourt, le Duc de Fitz-James et le Duc d'Aiguillon. Le Marquis de Monteil a été nommé Ministre Plénipotentiaire auprès de l'Électeur de Cologne, et le Vicomte de Suzy a reçu le gouvernement des ville et citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port. Les Directeurs des Hôpitaux de Troyes ont organisé une cérémonie pour la pose de la première pierre d'un nouveau bâtiment, en présence de M. de Paget, représentant le Duc de Penthiévre. Le roi a également tenu un chapitre de l'Ordre du Saint-Esprit pour admettre le Comte de Stainville, le Comte de Baffi et le Prince Louis de Wurtemberg. Madame la Marquise de Pompadour a été nommée Dame du Palais de la Reine. Le Marquis de Verneuil a obtenu la permission de se démettre de sa charge de Producteur des Ambassadeurs, remplacée par M. de la Live de Jully. Enfin, le roi a ordonné aux officiers absents de rejoindre leurs corps au plus tard le 1er avril et a prorogé le complet des compagnies nouvelles de l'infanterie française jusqu'au mois d'avril.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 217-234
MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Début :
On a imprimé dans quelques ouvrages modernes, (I) que le Comte de [...]
Mots clefs :
Comtes, Marquis, Seigneurs, Mariages, Morts, Chevalier, Gentilhomme, Barons, Régiments, Ducs
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
MARIAGES ET MORTS.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
Fermer
Résumé : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Le texte traite des mariages et des décès au sein de la famille Recourt-de-Lens-de-Licques, des Comtes de Boulogne. Il corrige une erreur selon laquelle le Comte de Rupelmonde, tué en 1745, était le dernier descendant de sa maison. En réalité, la branche aînée continue avec Ferdinand-Gillon de Recourt-de-Lens-de-Licques. Le texte détaille les mariages et les décès de plusieurs membres de cette famille. Philippes de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de plusieurs villes, a joué un rôle dans la régulation des différends entre le Roi d'Espagne et le Roi Henry III en 1586. Il est mort à Bruxelles en 1588. Son fils Gabriel est décédé en 1589, laissant un fils, Philippes, qui a continué la branche des Comtes de Rupelmonde. Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de Bourbourg, a épousé Suzanne de Langlée en 1614 et Louise de Cruninghe en 1630. De ce second mariage est né Philippes-Charles-Bartholomé, Marquis de Licques. Ferdinand-Roch-Jean, fils de Philippes-Charles-Bartholomé, a épousé Anne-Michel-Alexandrine le Sart en 1700. Leur fils Ferdinand-Gillon a épousé Élisabeth de Lefpinay de Marteville en 1730, mais ils ont eu trois filles, Catherine-Élisabeth-Henriette, Louise-Aimée et Marie-Gabriele-Victoire-Nymphe. Le texte mentionne également Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, Colonel d'Infanterie Wallone, et ses descendants, dont Maximilien-Philippe-Joseph, tué en 1710, et Yves-Marie, tué en 1745. Yves-Marie a laissé un fils, Louis, mort peu après son père, marquant la fin de la branche cadette de la famille. Enfin, le texte mentionne le mariage de Jacques-François, Vicomte de Cambis, avec Louise-Françoise-Gabriele de Hennin-Lietard de Chimay en 1755, et l'histoire de la maison de Cambis, originaire de Florence, avec plusieurs figures notables. Le texte présente également la généalogie et les alliances de la famille Riencourt. Louis de Riencourt, marié à Élisabeth d'Urre, a eu plusieurs enfants, dont Louis-Claude, Seigneur de Ligneres, marié à Catherine Gaillard, et Charles-Henri, qui a eu plusieurs enfants avec Élisabeth de Cacheleu de Maifoncelle. Louis de Riencourt a également eu un fils chanoine à Amiens, une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur de Preville, et une autre mariée à Simon de Langlois, Chevalier et Capitaine au Régiment de Champagne. Le fils aîné de François de Riencourt et Marguerite de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt, Chevalier et Seigneur de Tilloloy, Vaux, et Arleux, a eu une fille mariée en 1667 à François de Forceville et Ferdinand-Laurent de Riencourt, Capitaine de Cavalerie, marié en 1684 à Marie-Anne de Gaude. Ferdinand-Laurent a eu plusieurs enfants, dont Charles-Pierre-Paul, marié à N. de Bonnet, et Léonor-René, ancien Capitaine de Cavalerie. Louis-François de Riencourt, ancien Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie, marié à Marguerite de Ternisien, veuve de N. de Sarcus, a eu deux fils dans le service et deux filles. Les armes de la maison Riencourt sont d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 227-235
« Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...] »
Début :
Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...]
Mots clefs :
Naissance, Comte de Rennel, Mariage, Comtes, Ducs, Maison de Rennel, Seigneurs, Saint-Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...] »
Madame la Comteffe de Noailles accoucha le
17 Avril d'un fils , qui a été tenu fur les fonts par .
le Bailly de Froulay , Ambaffadeur de Malte , &
par la Ducheffe douairiere de la Valliere , & a été
nommé Louis- Marie. Il portera le titre de Chevalier
d'Arpajon , étant deſtiné à remplir le privilege
accordé à feu Louis , Duc d'Arpajon , bifayeul
de la Comteffe de Noailles dans l'Ordre de Malte
( 1 ).
(1 ) Lorfque le Sultan Ibrahim menaçoit l'Ifle :
de Malte avec des forces formidables , le Duc
d'Arpajon alla volontairement au fecours de cette ·
Ifle. Il fut élu Chef du Conseil du Grand- Maître
Généraliffime des Armées de la Religion ,
pourvut fi bien à la sûreté de l'Ifle , que par reconnoiffance
le Grand- Maître ( Paul de Vintimille-
Lafcaris- Caftellar) , du confentement de l'Ordre, lui
accorda le 30 Mai 1645 , le privilege fingulier pour
Lui tous fes defcendans aînés , d'ajouter à leurs
Armes la Croix octogone de Malte avec les extrêmités
faillantes , comme la portent les Chevaliers
de Malte , & qu'un de fes defcendans , pour une
fois feulement au choix du pere , feroit Chevalier
en naiffant , grand Croix à l'âge de 16 ans . Ce
privilege a été reconnu certifié le 5 Mai 1715 , ..
par le Grand Maître Raimond Perellos de Rocafull. »
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Dame N.... le Petit d'Avelnes , veuve de
Meffire Yves Jean - Baptifte de la Boiffiere , Comte
de Chambors , Ecuyer ordinaire du Roi , mort en
Août 1755 , eft accouchée au mois de Février ,
d'un fils qui a été tenu fur les fonts dans la Chapelle
du Château de Verfailles , par Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine , & nommé
Louis - Jofeph-Jean-Bapt fte. L'Abbé de Raigecourt,
Aumônier du Roi , lui fuppléa les cérémonies du
Baptême en préſence du Curé de la Paroiffe de
Notre- Dame.
Jofeph-Balthafar , Comte de Rennel , de Lefcut,
& du S. Empire , Capitaine dans le Régiment
Royal- Barrois , a époufé le s Février à Méhoncourt
en Lorraine , Marguerite- Gabrielle de Rennel
fa coufine. Le contrat de mariage avoit écé
figné à Nanci le 31 Janvier précédent .
La maifon de Rennel , établie depuis trèslongtemps
en Lorraine , eft une des plus illuftres
de cette Province , tant par fon ancienneté
que par fes belles alliances. Richard de Rennel ,
Chevalier, vivoit fous le regne de Philippe de Valois
, près duquel il combattic vaillamment à la
bataille de Montcaffel en 1328 , & auquel il rendit
de grands fervices. Marguerite Stuard , qu'il
avoit épousée à la Cour du Roi d'Angleterre , le
rendit pere de Jean de Rennel , Chevalier , Capitaine
de 100 Lances , fire de Beaulieu par le don
que lui en fit le Roi Jean en 1350. Jeanne de
Hangeft , fon époufe , qui tefta en 1365 ,
fut mere
de Guillaume de Rennel , fire de Beaulieu , Chambellan
du Roi Charles VI , qui d'Yolande de Mouy,
eur pour enfans Bonaventure de Rennel , qui fuit
Jean , Chevalier de Rhodes , & Yolande , femme
de Matthieu de Riencourt , feigneur d'Orival.
;
Bonaventure de Rennel , fire de Beaulieu , Ca- '
JUI N. 1756. 229
pitaine de so hommes d'armes , époufa en 1415 ,
Alix de Soiffons , fille de Thibault , feigneur de
Moreuil , Gouverneur de Boulogne , & de Marguerite
de Poix. Il en eut Guillaume de Rennel , IF
du nom , fire de Beaulieu , Capitaine de so hommes
d'armes des ordonnances du Roi Louis XI.
marié en 1445 à Ifabeau , fille de Jean de Hangeft,
feigneur de Genlis , & de Marie de Sarrebruck ; il
en eut entr'autres enfans , Jean de Rennel , II du
nom , Capitaine d'une compagnie entretenue'
pour la garde de Boulogne , qui tefta le 10 Juin
1530 , & fut pere par fa femme Catherine d'Aumale
, fille de Jean d'Aumale , feigneur d'Efpaigni
, & de Jeanne de Soiffons-Moreuil , Vicomteffe
du Mont Notre- Dame , de Bonaventure de Rennel
, II du nom , Page du Duc de Lorraine en 1525,
puis premier Gentilhomme de la Chambre &
Principal Miniftre de Nicolas de Lorraine , Comte
de Vaudemont , pere de la Reine - Louife. H fut
auffi crée fecretaire d'Etat de Lorraine , le 11
Juillet 1552. Il mourut le 16 Mars 1584 , laiffant
de fa femme Marie de Janin de Manoncourt
morte en 1560 , qu'il avoit épousée le 3 Λούτ
1548 , Balthazar de Rennel , feigneur de Saint-
Bria , Jarville , S. Germain , S. Boin , Malzeville ,
Ecuyer d'écurie du Duc de Mercoeur , frere de la
Reine Louife , & depuis Miniftre d'Etat , & Préfident
de Lorraine , mort le 16 Novembre 1637 ,
âgé de 83 ans. Il avoit époufé le 9 Juin 1575 ,
Barbe de Lefcut . Elle etoit fille aînée de Jean de
Lefcut , Comte du S. Empire , & de Mayelle de
Beurges . C'est elle qui apporta dans la maifon de
Rennel le titre de Comte du S. Empire . Elle
mourut le 29 Mars 1637 , laiflant enti'autres enfans
Balthazar, II du nom , Comte de Rennel &
du S. Empire , Seigneur de Jarville & d'Andilly .
230 MERCURE DE FRANCE .
Confeiller d'Etat du Duc Charles IV , mort le 2
Novembre 1658. Il avoit époufé par contrat du
11 Janvier 1521 , Claude de Guérin du Montet.
Elle mourut le 3 Février 1641 , & fut mere de
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,
qui fuit ; de Balthafar qui a fait la branche des .
Comtes de Rennel & de Lefcut , dont la poſtérité
fera rapportée après celle de fon frere aîné , & de
Charles-Jean, feigneur d'Andilly, Conſeiller d'état
du Duc Léopold , mort âgé de So ans , le 14 Avril
1716 , ne laiffant de fa femme Théreſe- Françoiſe
de Rouffelot que quatre filles. 1. Catherine Valerie
, morte en 1752 , veuve depuis 1739 de :
René de la Geard , dit le Marquis de Grefignac.
2º. Marie-Thérefe , morte en 1723 , veuve depuis
1708 de Charles- François de Serre , Confcil- :
fer d'Etat & Maître des Requêtes du Duc Léopold.
3 °. Marguerite- Reine , mariée en 1699 , à
Jean-Baptifte-André de Laugier , tué à la bataille
d'Hochftedt , étant capitaine au Régiment de
Languedoc. 4° . Marie- Antoinette , veuve du 10%
Mars 1734 , de Claude , Comte de la Rode , Baron
de Monconis , & Seigneur de Charnay en Bour
gogne.
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,.
Seigneur de Jarville , Méhioncourt , Franconville ,
& Landecourt , fils aîné de Balthafar , II du nom
fut Confeiller d'Etat du Duc Charles IV, qui lui
donna en 1666 le commandement de Nanci , &
la Préfidence du Confeil de cette ville , & mourut
le 21 Février 1687. Il avoit épaulé 1º . par contrat
du 6 Novembre 1649 , Antoinette le Febvre ,.
Dame d'Ancy, morte le 5 Mai 1663. 2 ° . En 1664,
Antoinette le Marefchal , décédée le 2 Juin 1680.t
Il n'eut de cette feconde femme que Jeanne - Fran-*
goile de Rennel , mariée à Jofeph le Begue , C.-
JUIN. 1756. 23 .
du S. Empire & de Germiny , premier Miniftre
d'Etat de Lorraine , mort le 30 Janvier 1730 ,
onze mois après fa femme ; mais il eut de fon premier
mariage Marie -Françoiſe de Rennel , morce
le 28 Mai 1698 , femme de Charles- Henri de
Juvrecourt , commandant les Moufquetaires de la
garde du Duc Charles IV ; Balthafar- Jofeph - Dieudonné
, & Jean- Baptifte-Henri de Rennel , qui
ont laiffé postérité .
Balthafar-Jofeph-Dieudonné , Comte de Rennel
& du S. Empire , feigneur de Mehoncourt ,
d'Erbamont & de Circourt , Confeiller d'Etat du
Duc Léopold , & premier Préſident de la Chambre
des Comptes de Lorraine , né le 24 Septembre
1654 , mourut le 24 Février 1726. Il avoit
épousé par contrat du 23 Novembre 1687 , Françoife
de Huyn , niece du Comte de Huyn , Maré--
chal des Armées de l'Empereur, & Gouverneur de
Zizeth en Hongrie , décédée le premier Janvier
1723 , dont 1 °. Nicolas - François , qui fuit . 2º. Jofeph-
Ignace , Comte de Rennel & du Saint Em--
pire , Prélat-domeftique du Pape , Référendaire de
P'une & l'autre fignature , Grand- Chantre & Chanoine
de l'Eglife de S. Diez . 3 ° . Charles - François
, 'Comte de Rennel & du Saint Empire , Camé
rier d'honneur du Pape , & Chanoine de S. Diez.
4°. Jean-Baptifte-Henri-Balthafar,Comte de Rennel
& du Saint Empire , feigneur de Bouvigny ,
d'Erbamont & Circourt , ancien Capitaine aux
Gardes de l'Empereur.
Nicolas - François , Comte de Rennel & du Saint:
Empire , feigneur de Méhoncourt , a été créé Secretaire
d'Etat du Duc Léopold , le 20 Février
1721 , puis fon Miniftre Plénipotentiaire au Congrès
de Cambrai , enfin Commiffaire de l'Empereur
pour faire l'extradition de fes Duchés de
232 MERCURE DE FRANCE.
Lorraine & de Bar. Il a été maintenu avec ceux
de fon nom & de fes armes dans le titre de Comte
du Saint Empire , par Arrêt du Conſeil d'Etat ,
rendu à Luneville le 31 Août 1730 ,& tous les titres
justificatifs de fa filiation & illuftration de fa maifon
, ont été reconnus & vérifiés par Arrêt du Parlement
de Nanci dù 26 Septembre 1736. Il eft
veuf du 17 Décembre 1745 , de Magdeleine de
Pons , mariée par contrat du 20 Février 1732 , &
fille de Claude- Alexandre , Marquis de Pons de
Rennepont , Marechal des Camps & Armées du
Roi , & d'Anne- Dorothée de Bettainviller. Il a de
ce mariage , 1º . Jofeph-Ignace - Dieudonné , Comte
de Rennel & du Saint Empire , né le 20 Juin
1734 , Officier au Régiment du Roi infanterie ,
mort le 19 Novembre 1755. 2 ° . Marguerite - Ga→
brielle , née le 20 Mars 1739 , dont nous annon-
Cons le mariage. 3 ° . Anne - Marie , dite Mademoi
felle de Senlis , née le 21 Avril 1741. 4° . Jeanne-
Henriette , dite Mademoifelle de Moreuil , née le
3 Juin 1743. 5 ° . Elifabeth- Gloffinde , appellés
Mademoiſelle de Florainville , née le 17 Décembre
1745 .
I
Jean- Baptifte- Henri , Comte de Rennel & du
Saint Empire , feigneur d'Amelecourt . Colonel
d'infanterie , fecond fils de François , Comte de
Rennel & d'Antoinette le Fevre , eft mort le 3
Août 1748. Il avoit épousé par contrat du 16 Décembre
1692 , Maric- Nicole , morte les Novembre
1703 , fille de Henri- Philippe de Baillivy ,
commandant les Gendarmes de la Garde du Duc
Charles IV , & de Marie - Louife- Françoise de Voil
lot de Valleroy. De ce mariage font fortis , 1°. Charles
-Jean- Baptifte , Comte de Rennel & du Saint
Empire , Capitaine aux Gardes du Duc Léopold ,
mort le 8 Août 1724 , laiffaut de fa femme ClauJUIN.
1756. 233
de - Catherine le Febvre de S. Germain , foeur du
Comte de ce nom , une fille unique Anne- Catherine
de Rennel , née le jour de la mort de fon
pere , & mariée par contrat du 24 Février 1744, à
Jean- Baptifte -Hyacinthe- Dieudonné , Marquis
de Treftondam. 2. Antoine- Africain , dit le Chevalier
de Rennel , Officier au Régiment de Neuperg
, tué le 9 Octobre 1716 , au fiege de Temefwar.
3. Charles- François , Comte de Rennel &
du Saint Empire , né le zo Septembre 17c1 , & tué
de 12 Septembre 1719. Il avoit épousé par contrat
du 11 Octobre 1723 , Anne-Françoife- Scholaftique
de Greiche , de laquelle il a eu Anne - Catherine
de Rennel , mariée par contrat du 12 Juillet
1742, à fon oncle à la mode de Bretagne , Jean-
François , Comte de Grieche , feigneur de Jalocourt
, fils unique de Nicolas , Comte de Greiche,
Chambellan du Duc Léopold , & de Marie - Catherine
du Châtelet , foeur de René- François , Marquis
du Châtelet , Lieutenant Général des Armées
de l'Empereur.
Balthafar , III du nom , Comte de Rennel de
Lefcut & du Saint Empire , Seigneur de Jarville
fils puîné de Balthafar , II du nom , Comte de
Rennel , & de Claude de Guerin du Montet , mentionnés
ci- deffus , fut fubftitué au nom de Lefcut
par fon ayeule Barbe de Lefcut. Il mourut âgé de
quatre- vingts ans , lé 26 Octobre 1707 , ayant eu
de fon mariage , contracté le 8 Juillet 168 avec
Elizabeth , fille unique de Charles de Vitton , Seigneur
de Valfroicourt , Jean-Sigifbert , Comte
de Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Confeil.
ler d'Etat du Duc Léopold , & fecond Préſident à
Mortier au Parlement de Nanci , décédé le 29
Juillet 1707. Il avoit épousé par Contrat du 3
Février 1687 , Catherine de Huyn , Dame de Bet234
MERCURE DE FRANCE.
toncourt, morte le Décembre 1741 , de laquelle
il cut , 1º. Thomas- Balthafar qui fuit. 2º. Jean-
Jofeph , Comte du Saint Empire , mort Chanoine
de S. Diez , le 20 Mars 1736. 3°.Charles, Comte
du Saint Empire , dit le Chevalier de Lefcut ,
ancien Capitaine aux Gardes du Duc de Lorraine.
4. Marguerite , veuve , du 4 Août 1751 , de Paul-
Melchior- Henri , Seigneur de Seichamps. 5 ° . Elifabeth
Catherine , morte le 5 Novembre 1751
femme de François de Lançon , Commandant à
Belle-ifle. 6°. Françoife , dite Mlle de Rennel , 7º.
Catherine , morte Religieufe en 1729.
Thomas - Balthafar, Comte de Rennel de Lefcut
& du Saint Empire , Seigneur de Bettoncourt , Capitaine
aux Gardes du Duc de Lorraine , mort le
17 Novembre 1749 , avoit épousé par Contrat du
26 Septembre 1722 Marie- Anne de Hoffelife , décédée
le 27 Mai 1730 , fille de Céfar de Hoffelife,
Seigneur de Burthecourt & de Chambrey , Capi
taine au Régiment de la Fere , & d'Antoinette de
Bouvet , Dame de Robert-Efpagne . De ce maria,
ge font fortis , 1 ° . Jofeph- Balthafar , Comte de
Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Seigneur
de Bettoncourt , Burthecourt & Robert-Efpagne
né le 21 Août 1726 , qui donne lieu à cet article.
2°. Catherine- Gabrielle , mariée le 12 Avril 1746,
à Jean - Baptifte , Baron de Mahuet & du Saint
Empire , Comte de Mailly , dit le Comte de
Coyviller. 3 °. Marie- Therefe , dite Mlle de Lef
cut. 4°. Marguerite , dite Mlle de Burthecourt.
M. Conftant de Rebecque , Général au ſervice
'Hollande , Colonel d'un Régiment Suiffe de
fon nom , eft mort en Suiffe à Lauzanne , pays
de Vaux , canton de Berne , au commencement
de cette année , âgé de 79 ans . La famille de
Conftant de Rebecque eft d'une ancienne Nobleffe
JUIN. 1756. 235
originaire d'Artois , où elle a poffédé plufieurs
terres , & a eu des Charges honorables dans différentes
Cours . Elle a fourni des Chevaliers de S.
Jean de Jérufalem , & s'eft retirée en Suiffe après
les guerres de Religion.
17 Avril d'un fils , qui a été tenu fur les fonts par .
le Bailly de Froulay , Ambaffadeur de Malte , &
par la Ducheffe douairiere de la Valliere , & a été
nommé Louis- Marie. Il portera le titre de Chevalier
d'Arpajon , étant deſtiné à remplir le privilege
accordé à feu Louis , Duc d'Arpajon , bifayeul
de la Comteffe de Noailles dans l'Ordre de Malte
( 1 ).
(1 ) Lorfque le Sultan Ibrahim menaçoit l'Ifle :
de Malte avec des forces formidables , le Duc
d'Arpajon alla volontairement au fecours de cette ·
Ifle. Il fut élu Chef du Conseil du Grand- Maître
Généraliffime des Armées de la Religion ,
pourvut fi bien à la sûreté de l'Ifle , que par reconnoiffance
le Grand- Maître ( Paul de Vintimille-
Lafcaris- Caftellar) , du confentement de l'Ordre, lui
accorda le 30 Mai 1645 , le privilege fingulier pour
Lui tous fes defcendans aînés , d'ajouter à leurs
Armes la Croix octogone de Malte avec les extrêmités
faillantes , comme la portent les Chevaliers
de Malte , & qu'un de fes defcendans , pour une
fois feulement au choix du pere , feroit Chevalier
en naiffant , grand Croix à l'âge de 16 ans . Ce
privilege a été reconnu certifié le 5 Mai 1715 , ..
par le Grand Maître Raimond Perellos de Rocafull. »
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Dame N.... le Petit d'Avelnes , veuve de
Meffire Yves Jean - Baptifte de la Boiffiere , Comte
de Chambors , Ecuyer ordinaire du Roi , mort en
Août 1755 , eft accouchée au mois de Février ,
d'un fils qui a été tenu fur les fonts dans la Chapelle
du Château de Verfailles , par Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine , & nommé
Louis - Jofeph-Jean-Bapt fte. L'Abbé de Raigecourt,
Aumônier du Roi , lui fuppléa les cérémonies du
Baptême en préſence du Curé de la Paroiffe de
Notre- Dame.
Jofeph-Balthafar , Comte de Rennel , de Lefcut,
& du S. Empire , Capitaine dans le Régiment
Royal- Barrois , a époufé le s Février à Méhoncourt
en Lorraine , Marguerite- Gabrielle de Rennel
fa coufine. Le contrat de mariage avoit écé
figné à Nanci le 31 Janvier précédent .
La maifon de Rennel , établie depuis trèslongtemps
en Lorraine , eft une des plus illuftres
de cette Province , tant par fon ancienneté
que par fes belles alliances. Richard de Rennel ,
Chevalier, vivoit fous le regne de Philippe de Valois
, près duquel il combattic vaillamment à la
bataille de Montcaffel en 1328 , & auquel il rendit
de grands fervices. Marguerite Stuard , qu'il
avoit épousée à la Cour du Roi d'Angleterre , le
rendit pere de Jean de Rennel , Chevalier , Capitaine
de 100 Lances , fire de Beaulieu par le don
que lui en fit le Roi Jean en 1350. Jeanne de
Hangeft , fon époufe , qui tefta en 1365 ,
fut mere
de Guillaume de Rennel , fire de Beaulieu , Chambellan
du Roi Charles VI , qui d'Yolande de Mouy,
eur pour enfans Bonaventure de Rennel , qui fuit
Jean , Chevalier de Rhodes , & Yolande , femme
de Matthieu de Riencourt , feigneur d'Orival.
;
Bonaventure de Rennel , fire de Beaulieu , Ca- '
JUI N. 1756. 229
pitaine de so hommes d'armes , époufa en 1415 ,
Alix de Soiffons , fille de Thibault , feigneur de
Moreuil , Gouverneur de Boulogne , & de Marguerite
de Poix. Il en eut Guillaume de Rennel , IF
du nom , fire de Beaulieu , Capitaine de so hommes
d'armes des ordonnances du Roi Louis XI.
marié en 1445 à Ifabeau , fille de Jean de Hangeft,
feigneur de Genlis , & de Marie de Sarrebruck ; il
en eut entr'autres enfans , Jean de Rennel , II du
nom , Capitaine d'une compagnie entretenue'
pour la garde de Boulogne , qui tefta le 10 Juin
1530 , & fut pere par fa femme Catherine d'Aumale
, fille de Jean d'Aumale , feigneur d'Efpaigni
, & de Jeanne de Soiffons-Moreuil , Vicomteffe
du Mont Notre- Dame , de Bonaventure de Rennel
, II du nom , Page du Duc de Lorraine en 1525,
puis premier Gentilhomme de la Chambre &
Principal Miniftre de Nicolas de Lorraine , Comte
de Vaudemont , pere de la Reine - Louife. H fut
auffi crée fecretaire d'Etat de Lorraine , le 11
Juillet 1552. Il mourut le 16 Mars 1584 , laiffant
de fa femme Marie de Janin de Manoncourt
morte en 1560 , qu'il avoit épousée le 3 Λούτ
1548 , Balthazar de Rennel , feigneur de Saint-
Bria , Jarville , S. Germain , S. Boin , Malzeville ,
Ecuyer d'écurie du Duc de Mercoeur , frere de la
Reine Louife , & depuis Miniftre d'Etat , & Préfident
de Lorraine , mort le 16 Novembre 1637 ,
âgé de 83 ans. Il avoit époufé le 9 Juin 1575 ,
Barbe de Lefcut . Elle etoit fille aînée de Jean de
Lefcut , Comte du S. Empire , & de Mayelle de
Beurges . C'est elle qui apporta dans la maifon de
Rennel le titre de Comte du S. Empire . Elle
mourut le 29 Mars 1637 , laiflant enti'autres enfans
Balthazar, II du nom , Comte de Rennel &
du S. Empire , Seigneur de Jarville & d'Andilly .
230 MERCURE DE FRANCE .
Confeiller d'Etat du Duc Charles IV , mort le 2
Novembre 1658. Il avoit époufé par contrat du
11 Janvier 1521 , Claude de Guérin du Montet.
Elle mourut le 3 Février 1641 , & fut mere de
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,
qui fuit ; de Balthafar qui a fait la branche des .
Comtes de Rennel & de Lefcut , dont la poſtérité
fera rapportée après celle de fon frere aîné , & de
Charles-Jean, feigneur d'Andilly, Conſeiller d'état
du Duc Léopold , mort âgé de So ans , le 14 Avril
1716 , ne laiffant de fa femme Théreſe- Françoiſe
de Rouffelot que quatre filles. 1. Catherine Valerie
, morte en 1752 , veuve depuis 1739 de :
René de la Geard , dit le Marquis de Grefignac.
2º. Marie-Thérefe , morte en 1723 , veuve depuis
1708 de Charles- François de Serre , Confcil- :
fer d'Etat & Maître des Requêtes du Duc Léopold.
3 °. Marguerite- Reine , mariée en 1699 , à
Jean-Baptifte-André de Laugier , tué à la bataille
d'Hochftedt , étant capitaine au Régiment de
Languedoc. 4° . Marie- Antoinette , veuve du 10%
Mars 1734 , de Claude , Comte de la Rode , Baron
de Monconis , & Seigneur de Charnay en Bour
gogne.
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,.
Seigneur de Jarville , Méhioncourt , Franconville ,
& Landecourt , fils aîné de Balthafar , II du nom
fut Confeiller d'Etat du Duc Charles IV, qui lui
donna en 1666 le commandement de Nanci , &
la Préfidence du Confeil de cette ville , & mourut
le 21 Février 1687. Il avoit épaulé 1º . par contrat
du 6 Novembre 1649 , Antoinette le Febvre ,.
Dame d'Ancy, morte le 5 Mai 1663. 2 ° . En 1664,
Antoinette le Marefchal , décédée le 2 Juin 1680.t
Il n'eut de cette feconde femme que Jeanne - Fran-*
goile de Rennel , mariée à Jofeph le Begue , C.-
JUIN. 1756. 23 .
du S. Empire & de Germiny , premier Miniftre
d'Etat de Lorraine , mort le 30 Janvier 1730 ,
onze mois après fa femme ; mais il eut de fon premier
mariage Marie -Françoiſe de Rennel , morce
le 28 Mai 1698 , femme de Charles- Henri de
Juvrecourt , commandant les Moufquetaires de la
garde du Duc Charles IV ; Balthafar- Jofeph - Dieudonné
, & Jean- Baptifte-Henri de Rennel , qui
ont laiffé postérité .
Balthafar-Jofeph-Dieudonné , Comte de Rennel
& du S. Empire , feigneur de Mehoncourt ,
d'Erbamont & de Circourt , Confeiller d'Etat du
Duc Léopold , & premier Préſident de la Chambre
des Comptes de Lorraine , né le 24 Septembre
1654 , mourut le 24 Février 1726. Il avoit
épousé par contrat du 23 Novembre 1687 , Françoife
de Huyn , niece du Comte de Huyn , Maré--
chal des Armées de l'Empereur, & Gouverneur de
Zizeth en Hongrie , décédée le premier Janvier
1723 , dont 1 °. Nicolas - François , qui fuit . 2º. Jofeph-
Ignace , Comte de Rennel & du Saint Em--
pire , Prélat-domeftique du Pape , Référendaire de
P'une & l'autre fignature , Grand- Chantre & Chanoine
de l'Eglife de S. Diez . 3 ° . Charles - François
, 'Comte de Rennel & du Saint Empire , Camé
rier d'honneur du Pape , & Chanoine de S. Diez.
4°. Jean-Baptifte-Henri-Balthafar,Comte de Rennel
& du Saint Empire , feigneur de Bouvigny ,
d'Erbamont & Circourt , ancien Capitaine aux
Gardes de l'Empereur.
Nicolas - François , Comte de Rennel & du Saint:
Empire , feigneur de Méhoncourt , a été créé Secretaire
d'Etat du Duc Léopold , le 20 Février
1721 , puis fon Miniftre Plénipotentiaire au Congrès
de Cambrai , enfin Commiffaire de l'Empereur
pour faire l'extradition de fes Duchés de
232 MERCURE DE FRANCE.
Lorraine & de Bar. Il a été maintenu avec ceux
de fon nom & de fes armes dans le titre de Comte
du Saint Empire , par Arrêt du Conſeil d'Etat ,
rendu à Luneville le 31 Août 1730 ,& tous les titres
justificatifs de fa filiation & illuftration de fa maifon
, ont été reconnus & vérifiés par Arrêt du Parlement
de Nanci dù 26 Septembre 1736. Il eft
veuf du 17 Décembre 1745 , de Magdeleine de
Pons , mariée par contrat du 20 Février 1732 , &
fille de Claude- Alexandre , Marquis de Pons de
Rennepont , Marechal des Camps & Armées du
Roi , & d'Anne- Dorothée de Bettainviller. Il a de
ce mariage , 1º . Jofeph-Ignace - Dieudonné , Comte
de Rennel & du Saint Empire , né le 20 Juin
1734 , Officier au Régiment du Roi infanterie ,
mort le 19 Novembre 1755. 2 ° . Marguerite - Ga→
brielle , née le 20 Mars 1739 , dont nous annon-
Cons le mariage. 3 ° . Anne - Marie , dite Mademoi
felle de Senlis , née le 21 Avril 1741. 4° . Jeanne-
Henriette , dite Mademoifelle de Moreuil , née le
3 Juin 1743. 5 ° . Elifabeth- Gloffinde , appellés
Mademoiſelle de Florainville , née le 17 Décembre
1745 .
I
Jean- Baptifte- Henri , Comte de Rennel & du
Saint Empire , feigneur d'Amelecourt . Colonel
d'infanterie , fecond fils de François , Comte de
Rennel & d'Antoinette le Fevre , eft mort le 3
Août 1748. Il avoit épousé par contrat du 16 Décembre
1692 , Maric- Nicole , morte les Novembre
1703 , fille de Henri- Philippe de Baillivy ,
commandant les Gendarmes de la Garde du Duc
Charles IV , & de Marie - Louife- Françoise de Voil
lot de Valleroy. De ce mariage font fortis , 1°. Charles
-Jean- Baptifte , Comte de Rennel & du Saint
Empire , Capitaine aux Gardes du Duc Léopold ,
mort le 8 Août 1724 , laiffaut de fa femme ClauJUIN.
1756. 233
de - Catherine le Febvre de S. Germain , foeur du
Comte de ce nom , une fille unique Anne- Catherine
de Rennel , née le jour de la mort de fon
pere , & mariée par contrat du 24 Février 1744, à
Jean- Baptifte -Hyacinthe- Dieudonné , Marquis
de Treftondam. 2. Antoine- Africain , dit le Chevalier
de Rennel , Officier au Régiment de Neuperg
, tué le 9 Octobre 1716 , au fiege de Temefwar.
3. Charles- François , Comte de Rennel &
du Saint Empire , né le zo Septembre 17c1 , & tué
de 12 Septembre 1719. Il avoit épousé par contrat
du 11 Octobre 1723 , Anne-Françoife- Scholaftique
de Greiche , de laquelle il a eu Anne - Catherine
de Rennel , mariée par contrat du 12 Juillet
1742, à fon oncle à la mode de Bretagne , Jean-
François , Comte de Grieche , feigneur de Jalocourt
, fils unique de Nicolas , Comte de Greiche,
Chambellan du Duc Léopold , & de Marie - Catherine
du Châtelet , foeur de René- François , Marquis
du Châtelet , Lieutenant Général des Armées
de l'Empereur.
Balthafar , III du nom , Comte de Rennel de
Lefcut & du Saint Empire , Seigneur de Jarville
fils puîné de Balthafar , II du nom , Comte de
Rennel , & de Claude de Guerin du Montet , mentionnés
ci- deffus , fut fubftitué au nom de Lefcut
par fon ayeule Barbe de Lefcut. Il mourut âgé de
quatre- vingts ans , lé 26 Octobre 1707 , ayant eu
de fon mariage , contracté le 8 Juillet 168 avec
Elizabeth , fille unique de Charles de Vitton , Seigneur
de Valfroicourt , Jean-Sigifbert , Comte
de Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Confeil.
ler d'Etat du Duc Léopold , & fecond Préſident à
Mortier au Parlement de Nanci , décédé le 29
Juillet 1707. Il avoit épousé par Contrat du 3
Février 1687 , Catherine de Huyn , Dame de Bet234
MERCURE DE FRANCE.
toncourt, morte le Décembre 1741 , de laquelle
il cut , 1º. Thomas- Balthafar qui fuit. 2º. Jean-
Jofeph , Comte du Saint Empire , mort Chanoine
de S. Diez , le 20 Mars 1736. 3°.Charles, Comte
du Saint Empire , dit le Chevalier de Lefcut ,
ancien Capitaine aux Gardes du Duc de Lorraine.
4. Marguerite , veuve , du 4 Août 1751 , de Paul-
Melchior- Henri , Seigneur de Seichamps. 5 ° . Elifabeth
Catherine , morte le 5 Novembre 1751
femme de François de Lançon , Commandant à
Belle-ifle. 6°. Françoife , dite Mlle de Rennel , 7º.
Catherine , morte Religieufe en 1729.
Thomas - Balthafar, Comte de Rennel de Lefcut
& du Saint Empire , Seigneur de Bettoncourt , Capitaine
aux Gardes du Duc de Lorraine , mort le
17 Novembre 1749 , avoit épousé par Contrat du
26 Septembre 1722 Marie- Anne de Hoffelife , décédée
le 27 Mai 1730 , fille de Céfar de Hoffelife,
Seigneur de Burthecourt & de Chambrey , Capi
taine au Régiment de la Fere , & d'Antoinette de
Bouvet , Dame de Robert-Efpagne . De ce maria,
ge font fortis , 1 ° . Jofeph- Balthafar , Comte de
Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Seigneur
de Bettoncourt , Burthecourt & Robert-Efpagne
né le 21 Août 1726 , qui donne lieu à cet article.
2°. Catherine- Gabrielle , mariée le 12 Avril 1746,
à Jean - Baptifte , Baron de Mahuet & du Saint
Empire , Comte de Mailly , dit le Comte de
Coyviller. 3 °. Marie- Therefe , dite Mlle de Lef
cut. 4°. Marguerite , dite Mlle de Burthecourt.
M. Conftant de Rebecque , Général au ſervice
'Hollande , Colonel d'un Régiment Suiffe de
fon nom , eft mort en Suiffe à Lauzanne , pays
de Vaux , canton de Berne , au commencement
de cette année , âgé de 79 ans . La famille de
Conftant de Rebecque eft d'une ancienne Nobleffe
JUIN. 1756. 235
originaire d'Artois , où elle a poffédé plufieurs
terres , & a eu des Charges honorables dans différentes
Cours . Elle a fourni des Chevaliers de S.
Jean de Jérufalem , & s'eft retirée en Suiffe après
les guerres de Religion.
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Résumé : « Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...] »
Le texte relate plusieurs événements et généalogies au sein de la noblesse française et suisse. Le 17 avril, la Comtesse de Noailles a donné naissance à un fils, Louis-Marie, baptisé par le Bailly de Froulay et la Duchesse douairière de La Vallière. Louis-Marie portera le titre de Chevalier d'Arpajon et bénéficiera d'un privilège accordé à son arrière-grand-père, le Duc d'Arpajon, dans l'Ordre de Malte. Ce privilège permet à un descendant aîné d'ajouter la Croix octogone de Malte à ses armes et de devenir Chevalier à la naissance, grand Croix à seize ans. Le texte mentionne également le Sultan Ibrahim menaçant l'île de Malte et le Duc d'Arpajon allant à son secours. En reconnaissance, le Grand Maître de l'Ordre de Malte accorde un privilège singulier à la famille d'Arpajon. Dame N..., veuve de Messire Yves Jean-Baptiste de La Boissière, Comte de Chambors, a accouché en février d'un fils, Louis-Joseph-Jean-Baptiste, baptisé par le Dauphin et la Dauphine au château de Versailles. Joseph-Balthazar, Comte de Rennel, a épousé Marguerite-Gabrielle de Rennel, sa cousine, le 5 février à Méhoncourt en Lorraine. La maison de Rennel, établie en Lorraine, est illustre par son ancienneté et ses alliances. Richard de Rennel, Chevalier, a combattu à la bataille de Montcaffel en 1328. Plusieurs générations de la famille Rennel sont détaillées, avec leurs titres, alliances et services militaires. Le texte mentionne également des naissances, mariages et décès au sein de la famille Rennel, ainsi que leurs titres et fonctions, comme Conseiller d'État, Capitaine, et Prélat-domestique du Pape. La famille de Constant de Rebecque, originaire d'Artois, a possédé plusieurs terres et occupé des charges honorables dans diverses cours. Elle a compté parmi ses membres des Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Après les guerres de Religion, la famille s'est retirée en Suisse. Le décès de Charles de Constant de Rebecque est mentionné, survenu à de Vaux, dans le canton de Berne, au début de l'année 1756, à l'âge de 79 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 221-226
« Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Début :
Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, M. le Chevalier d'Aubigny, Vaisseaux, Vaisseaux anglais, Martinique, Sa Majesté, Comtes, Hôtel des Cheveaux-Légers, Exercices militaires, École militaire, Cavalerie, Infanterie, Artillerie, Cérémonies, Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Monfeigneur le Dauphin, aufortir de l'Abbaye
de Pantemont , fe rendit avec Madame au Palais
de Luxembourg, Madame la Dauphine , & Mef
dames Victoire , Sophie & Louife, y étoient arri
vées deVerfailles quelques momens auparavant
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
& MefdamesdeFrance , firent un tour dans les
jardins, monterent enfuite à la galerie , & alle
rent delà fe promener fur le Boulevard. Le foir ,
ce Prince & ces Princeffes retournerent à Ver
failles.
Parles Lettres qu'on vient de recevoir de M. le
Chevalier d'Aubigny, Capitaine de Vaiffeau, on a
eula confirmationde la nouvellede laprifeduVaif
feau de guerre Anglois le Warwick; mais les cir
conftances n'en font pas telles qu'elles avoient
été annoncées par quelques Relations particulie
res. C'eft le 11 de Mars que M.leChevalier d'Aubi
gnyrencontra ce Vaiffeau à l'attérage de la Mar
tinique. Dès qu'il en eut connoiffance , il lui
donna chaffe avec le Vaiffeau le Prudent qu'il
monte , & lesFrégates l'Atalante & le Zéphyr,
commandéespar MM. du Chaffault, Capitaine de
Vaiffeau , & la Touche de Tréville , Lieutenant
de Vaiffeau , qui étoient fous fes ordres. 11 tint
un peulevent. M. la Touche de Tréville coupa
fous le vent , & M. du Chaffault qui manœuvra
pour ferrer le Warwick, le trouva après une
heure & demie de chaffe à portée d'engager le
combat par une fort belle manoeuvre. N'étant
qu'à une portée de piftolet de ce Vaiffeau , it
arriva tout à coup , lui donna fa bordée dans la
pouppe, & fe mit fous le vent àlui , afin de pou
voir fe fervir plus facilement de tous les canons,
dont il fit un feu très-vif. M. le Chevalier d'Aubi
gny, quiavoiteu le temps de s'approcher , avoit
déja tiré fes canons de l'avant , lorfque leWar
wick lui envoya toute fa bordée & baiffa fon pa
villon. Ce Vaiffeau , commandé par le Capitaine
Shuldam, eft percé pour foixante- quatre pieces
de canon ; mais il n'en avoit que foixante de
JUILLET.. 1756.
223
montés. Pendant qu'on lui donnoit chaffe , on
apperçut un autre Vaiffeau à trois lieues au vent ;
mais il difparut bientôt , & il ne fut pas poffibie
au Chevalier d'Aubigny d'aller à fa pourfuite.
M. Savalete de Magnanville s'étant démis de
P'Intendance de Touraine , pour prendre la Char
ge de Garde du Tréfor Royal , vacante par la
mort de M. Savalete , fon pere , le Roi a donné
cette Intendance à M. Lefcalopier, Intendant de
la Généralité de Montauban.
Sa Majestéaaccordé àM. leMarquis de Belloy,
l'agrément de la Lieutenance de Roi de la Pro
vince d'Orléannois , dont M. le Marquis d'Ar
bouville a donné fa démiffion.
Le 11Juin , le Roi accompagné de Monfei
gneur le Dauphin, de M. le Comte deClermont,
Prince du Sang; des Miniftres & desprincipaux
Seigneurs de fa Cour, fe rendit à l'Hôtel des
Chevaux-Légers de fa garde ordinaire, pour y
voir une partie des exercices qu'on montre à la
jeune Nobleffe élevée dans ce Corps.
Sa Majesté entra d'abord dans un manege cou
vert, & le plaça dans un balcon , d'où elle vit
plufieurs éleves, qui manierent leurs chevaux avec
beaucoup de grace & d'adreffe.
Le Roi monta enfuite à la falle des exercices.
Sa Majestéy trouva un Bataillon fous les armes,
compofé des plus jeunes Eleves. Ce Bataillon fir
le maniement des armes avec une préciſion fur
prenante , à lafeule meſure de la nouvelle marche
Françoiſe , & aufon d'une mufique guerriere ; il
fit auffi tous les pas prefcrits par l'Ordonnance ,
& les différentes évolutions d'Infanterie que le
terrein pouvoit permettre.
Après que ce Bataillon cût fini tous les mouve
mens , une feconde troupe compofée des plus
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
grands Eleves , coëffés avantageufement d'un
bonnet d'une forme & d'une conftruction nou
velle , guêtrés & armés enguerre, déboucha dans
le fondde lafalle , & fe forma derriere la pre
miere troupe , qui s'ouvrit en bordant la haye de
'droite & de gauche pour démafquer cette fecon
de. Ladivifion , qui étoit à la gauche du Roi
défila devant Sa Majefté , fit le falut du fufil , &
difparut avec la divifion de la droite , pour laiffer
le terrein libre au grand Bataillon : celui-ci fit
l'exercice à la muette & au coup de tambour,
& toutes les autres manoeuvres du petit Bataillon
avec le même fuccès. La divifion de la gauche
défila devant le Roi , & falua fierement & de fort
bonnegrace de l'efponton. Les trompettes , haut
bois , violons , cors-de-chaffe , les timballes &
les tambours, remplirent par des fanfares l'inter
valle du temps, qui étoit néceffaire aux Eleves
pour ſe préparer aux exercices de l'efcrime & du
veltiger.
Soixante Eleves en camifoles blanches & en
fandales , le fleuret à la main , fe formerent en
bataillon au fond de la falle ; ils avancerent au
pas redoublé, firent halte , ouvrirent leurs rangs
à droite & àgauche, fe mirent fur deuxfiles , &
commencerent l'exercice de l'efcrime ; ils donne
rent par des attitudes fort nobles & par une jufte
exécution l'idée de tous les principes de cet art
?
&finirent cet exercice par plufieurs affauts , qui
intérefferent tous les fpectateurs.
Ils firent enfuite tous les tours du voltiger avec
beaucoup de légèreté & d'adreffe fur un cheval
rembourré. Dix-huit Eleves fauterent en felle fur.
unautre cheval conftruit d'après nature, à refforts,
& dela hauteurde quatre pieds neufpouces , les
uns par la croupe, & les autres de côté, tenant la
JUILLET. 1756.
Eriniere. Huit d'entr'eux firent ces fauts en bottes
fortes , enbottes molles , armés en guerre avecle
225
plaftron , le fabre à la main & lefufil en bandou
Liere. Le cheval fut enfin élevé jufqu'à fept pieds:
quelques Eleves y fauterent deffus en felle au
grand étonnement desfpectateurs.
Le Roi defcendit de la falle des exercices dans
celle des plans, où Sa Majefté en vit plufieurs en
relief de différentes Places de guerre , un pare
complet d'artillerie avec toutes les machines &
uftenciles de guerre , même un pont jettéfur une
petite piece d'eau , imitant une riviere & des bat
teries conftruites , le tout réduit dans de juftes
proportionsfelon les Ordonnances. Dans la même
falle , Sa Majefté examina des Deffeins & des
Plans en relieffaits par les Eleves de l'Ecole. De
là , le Roi fe rendit dans une galerie , d'où Sa
Majefté vit dans un grand manege découvert la
courfe des têtes à la lance , au dard , au piſtolet ,
à l'épée , enfabrant , en pointant & en plongeant.
Les Eleves y donnerent une image de la guerre
parplufieurs manoeuvres très-bien exécutées d'at
taque & de défenſe : il y eut des combats entre
deux Corps de Cavalerie , & entre des Corps de
Cavalerie & d'Infanterie. On entendit un bruit
continuel d'artillerie , de moufqueterie & d'inftru
mens de guerre; & ce qui parut étonnant , c'eft
que les chevaux n'en furent point effrayés , &
qu'ils n'en furent pas moins dociles à la main &
aux aides des Cavaliers qui les montoient.
Les différens exercices dont on vient de parler,
formoient unfpectacle digne du grand Roi qui
daignoitles honorer de fa prétence. Auffi a Ma
jefté en parut très-fatisfaite , ainfi que Monfei
gneur le Dauphin. Tous les fpectateurs furent
KY
encore plus touchés de l'attention favorable que
226 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté& Monfeigneur leDauphin daignerent
yprêter, que du fuccès éclatant de l'exécution.
On nefçauroit donner trop d'éloges à M. le Duc
de Chaulnes fur l'établiſſement qu'il a fait dansle
Corps qu'il commande, d'une Ecole finéceffaire
à laNobleffe , & à laquelle on ne peut rien dé
frer; ni troplouer M. le Comte de Luberfac de
Livron , fous-Lieutenant de la Compagnie des
Chevaux-Légers, qui a dirigé jufqu'àpréfentcette
Ecole , fous les ordres du Ducde Chaulnes avec
une application finguliere. M. deVezannes , Aide
Majoren chefde la Compagnie , & Brigadier des
Armées du Roi , méritebien auffi qu'onfaffe de
lui une mention honorable , par le zele continuel
avec lequel il a contribué au fuccès de cette Ecole.
Le Chevalier Louis Mocenigo , Ambaffadeur
Ordinaire de la République de Venife auprès du
Roi , mourut à Paris le 12 Juin dans la quarante
fixieme année de fon âge.
Le 13 Juin , pendant laMeffedu Roi , les Car
dinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres,
prêterent un nouveau ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majeſté , ainfi qu'il eft d'ufage en
France, lorfque les Prélats y font revêtus de la
pourpre.
Le 16, les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quinze cens quarantelivres les Billets
delapremiere Loterie Royale , à neufcensdouze ;
& ceux de latroifieme Loterie , à fix cens qua
rante-quatre. Ceux dela fecondeLoterie n'avoient
point de prix fixe.
de Pantemont , fe rendit avec Madame au Palais
de Luxembourg, Madame la Dauphine , & Mef
dames Victoire , Sophie & Louife, y étoient arri
vées deVerfailles quelques momens auparavant
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
& MefdamesdeFrance , firent un tour dans les
jardins, monterent enfuite à la galerie , & alle
rent delà fe promener fur le Boulevard. Le foir ,
ce Prince & ces Princeffes retournerent à Ver
failles.
Parles Lettres qu'on vient de recevoir de M. le
Chevalier d'Aubigny, Capitaine de Vaiffeau, on a
eula confirmationde la nouvellede laprifeduVaif
feau de guerre Anglois le Warwick; mais les cir
conftances n'en font pas telles qu'elles avoient
été annoncées par quelques Relations particulie
res. C'eft le 11 de Mars que M.leChevalier d'Aubi
gnyrencontra ce Vaiffeau à l'attérage de la Mar
tinique. Dès qu'il en eut connoiffance , il lui
donna chaffe avec le Vaiffeau le Prudent qu'il
monte , & lesFrégates l'Atalante & le Zéphyr,
commandéespar MM. du Chaffault, Capitaine de
Vaiffeau , & la Touche de Tréville , Lieutenant
de Vaiffeau , qui étoient fous fes ordres. 11 tint
un peulevent. M. la Touche de Tréville coupa
fous le vent , & M. du Chaffault qui manœuvra
pour ferrer le Warwick, le trouva après une
heure & demie de chaffe à portée d'engager le
combat par une fort belle manoeuvre. N'étant
qu'à une portée de piftolet de ce Vaiffeau , it
arriva tout à coup , lui donna fa bordée dans la
pouppe, & fe mit fous le vent àlui , afin de pou
voir fe fervir plus facilement de tous les canons,
dont il fit un feu très-vif. M. le Chevalier d'Aubi
gny, quiavoiteu le temps de s'approcher , avoit
déja tiré fes canons de l'avant , lorfque leWar
wick lui envoya toute fa bordée & baiffa fon pa
villon. Ce Vaiffeau , commandé par le Capitaine
Shuldam, eft percé pour foixante- quatre pieces
de canon ; mais il n'en avoit que foixante de
JUILLET.. 1756.
223
montés. Pendant qu'on lui donnoit chaffe , on
apperçut un autre Vaiffeau à trois lieues au vent ;
mais il difparut bientôt , & il ne fut pas poffibie
au Chevalier d'Aubigny d'aller à fa pourfuite.
M. Savalete de Magnanville s'étant démis de
P'Intendance de Touraine , pour prendre la Char
ge de Garde du Tréfor Royal , vacante par la
mort de M. Savalete , fon pere , le Roi a donné
cette Intendance à M. Lefcalopier, Intendant de
la Généralité de Montauban.
Sa Majestéaaccordé àM. leMarquis de Belloy,
l'agrément de la Lieutenance de Roi de la Pro
vince d'Orléannois , dont M. le Marquis d'Ar
bouville a donné fa démiffion.
Le 11Juin , le Roi accompagné de Monfei
gneur le Dauphin, de M. le Comte deClermont,
Prince du Sang; des Miniftres & desprincipaux
Seigneurs de fa Cour, fe rendit à l'Hôtel des
Chevaux-Légers de fa garde ordinaire, pour y
voir une partie des exercices qu'on montre à la
jeune Nobleffe élevée dans ce Corps.
Sa Majesté entra d'abord dans un manege cou
vert, & le plaça dans un balcon , d'où elle vit
plufieurs éleves, qui manierent leurs chevaux avec
beaucoup de grace & d'adreffe.
Le Roi monta enfuite à la falle des exercices.
Sa Majestéy trouva un Bataillon fous les armes,
compofé des plus jeunes Eleves. Ce Bataillon fir
le maniement des armes avec une préciſion fur
prenante , à lafeule meſure de la nouvelle marche
Françoiſe , & aufon d'une mufique guerriere ; il
fit auffi tous les pas prefcrits par l'Ordonnance ,
& les différentes évolutions d'Infanterie que le
terrein pouvoit permettre.
Après que ce Bataillon cût fini tous les mouve
mens , une feconde troupe compofée des plus
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
grands Eleves , coëffés avantageufement d'un
bonnet d'une forme & d'une conftruction nou
velle , guêtrés & armés enguerre, déboucha dans
le fondde lafalle , & fe forma derriere la pre
miere troupe , qui s'ouvrit en bordant la haye de
'droite & de gauche pour démafquer cette fecon
de. Ladivifion , qui étoit à la gauche du Roi
défila devant Sa Majefté , fit le falut du fufil , &
difparut avec la divifion de la droite , pour laiffer
le terrein libre au grand Bataillon : celui-ci fit
l'exercice à la muette & au coup de tambour,
& toutes les autres manoeuvres du petit Bataillon
avec le même fuccès. La divifion de la gauche
défila devant le Roi , & falua fierement & de fort
bonnegrace de l'efponton. Les trompettes , haut
bois , violons , cors-de-chaffe , les timballes &
les tambours, remplirent par des fanfares l'inter
valle du temps, qui étoit néceffaire aux Eleves
pour ſe préparer aux exercices de l'efcrime & du
veltiger.
Soixante Eleves en camifoles blanches & en
fandales , le fleuret à la main , fe formerent en
bataillon au fond de la falle ; ils avancerent au
pas redoublé, firent halte , ouvrirent leurs rangs
à droite & àgauche, fe mirent fur deuxfiles , &
commencerent l'exercice de l'efcrime ; ils donne
rent par des attitudes fort nobles & par une jufte
exécution l'idée de tous les principes de cet art
?
&finirent cet exercice par plufieurs affauts , qui
intérefferent tous les fpectateurs.
Ils firent enfuite tous les tours du voltiger avec
beaucoup de légèreté & d'adreffe fur un cheval
rembourré. Dix-huit Eleves fauterent en felle fur.
unautre cheval conftruit d'après nature, à refforts,
& dela hauteurde quatre pieds neufpouces , les
uns par la croupe, & les autres de côté, tenant la
JUILLET. 1756.
Eriniere. Huit d'entr'eux firent ces fauts en bottes
fortes , enbottes molles , armés en guerre avecle
225
plaftron , le fabre à la main & lefufil en bandou
Liere. Le cheval fut enfin élevé jufqu'à fept pieds:
quelques Eleves y fauterent deffus en felle au
grand étonnement desfpectateurs.
Le Roi defcendit de la falle des exercices dans
celle des plans, où Sa Majefté en vit plufieurs en
relief de différentes Places de guerre , un pare
complet d'artillerie avec toutes les machines &
uftenciles de guerre , même un pont jettéfur une
petite piece d'eau , imitant une riviere & des bat
teries conftruites , le tout réduit dans de juftes
proportionsfelon les Ordonnances. Dans la même
falle , Sa Majefté examina des Deffeins & des
Plans en relieffaits par les Eleves de l'Ecole. De
là , le Roi fe rendit dans une galerie , d'où Sa
Majefté vit dans un grand manege découvert la
courfe des têtes à la lance , au dard , au piſtolet ,
à l'épée , enfabrant , en pointant & en plongeant.
Les Eleves y donnerent une image de la guerre
parplufieurs manoeuvres très-bien exécutées d'at
taque & de défenſe : il y eut des combats entre
deux Corps de Cavalerie , & entre des Corps de
Cavalerie & d'Infanterie. On entendit un bruit
continuel d'artillerie , de moufqueterie & d'inftru
mens de guerre; & ce qui parut étonnant , c'eft
que les chevaux n'en furent point effrayés , &
qu'ils n'en furent pas moins dociles à la main &
aux aides des Cavaliers qui les montoient.
Les différens exercices dont on vient de parler,
formoient unfpectacle digne du grand Roi qui
daignoitles honorer de fa prétence. Auffi a Ma
jefté en parut très-fatisfaite , ainfi que Monfei
gneur le Dauphin. Tous les fpectateurs furent
KY
encore plus touchés de l'attention favorable que
226 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté& Monfeigneur leDauphin daignerent
yprêter, que du fuccès éclatant de l'exécution.
On nefçauroit donner trop d'éloges à M. le Duc
de Chaulnes fur l'établiſſement qu'il a fait dansle
Corps qu'il commande, d'une Ecole finéceffaire
à laNobleffe , & à laquelle on ne peut rien dé
frer; ni troplouer M. le Comte de Luberfac de
Livron , fous-Lieutenant de la Compagnie des
Chevaux-Légers, qui a dirigé jufqu'àpréfentcette
Ecole , fous les ordres du Ducde Chaulnes avec
une application finguliere. M. deVezannes , Aide
Majoren chefde la Compagnie , & Brigadier des
Armées du Roi , méritebien auffi qu'onfaffe de
lui une mention honorable , par le zele continuel
avec lequel il a contribué au fuccès de cette Ecole.
Le Chevalier Louis Mocenigo , Ambaffadeur
Ordinaire de la République de Venife auprès du
Roi , mourut à Paris le 12 Juin dans la quarante
fixieme année de fon âge.
Le 13 Juin , pendant laMeffedu Roi , les Car
dinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres,
prêterent un nouveau ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majeſté , ainfi qu'il eft d'ufage en
France, lorfque les Prélats y font revêtus de la
pourpre.
Le 16, les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quinze cens quarantelivres les Billets
delapremiere Loterie Royale , à neufcensdouze ;
& ceux de latroifieme Loterie , à fix cens qua
rante-quatre. Ceux dela fecondeLoterie n'avoient
point de prix fixe.
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Résumé : « Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Le texte relate divers événements impliquant la famille royale française et des nouvelles militaires et administratives. Le Dauphin et Madame se rendirent au Palais de Luxembourg, où Madame la Dauphine et les princesses Victoire, Sophie et Louise les attendaient. Ils se promenèrent dans les jardins, visitèrent la galerie et le Boulevard avant de retourner à Versailles. Le Chevalier d'Aubigny annonça la capture du vaisseau de guerre anglais le Warwick le 11 mars. Le combat eut lieu près de la Martinique, impliquant les vaisseaux français le Prudent, l'Atalante et le Zéphyr. Le Warwick, commandé par le Capitaine Shuldam, était conçu pour soixante-quatre canons mais n'en avait que soixante montés. M. Savalet de Magnanville démissionna de l'Intendance de Touraine pour devenir Garde du Trésor Royal. Le Roi nomma M. Lefcalopier à sa succession. Le Marquis de Belloy obtint l'agrément pour la Lieutenance du Roi en Orléannois, succédant au Marquis d'Arbouville. Le 11 juin, le Roi, accompagné du Dauphin et de plusieurs dignitaires, visita l'Hôtel des Chevaux-Légers pour assister à des exercices militaires. Les élèves démontrèrent des manœuvres équestres, des exercices d'infanterie, d'escrime et de voltige. Le Roi examina également des plans de fortifications et des exercices de tir. L'événement fut apprécié par le Roi, le Dauphin et les spectateurs. Le Chevalier Louis Mocenigo, ambassadeur de Venise, mourut à Paris le 12 juin. Le 13 juin, les cardinaux de Tavannes, de Luynes et de Gesvres prêtèrent un nouveau serment de fidélité au Roi. Le 16 juin, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à différents prix selon les loteries.
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8
p. 224-232
« Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Début :
Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Princes, Ducs, Comtes, Nonce du Pape, Versailles, Marquis, Minorque, Guerre de siège, Guerre contre l'Angleterre, Nominations, Canada, Combats sur terre, Actions boursières, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
partirent de Verfailles le 19 Juin , vers
les neuf heures & demie du matin , pour fe
rendre à Chartres. Ce Prince & cette Princeffe
y arriverent à trois heures après- midi , &
ils defcendirent à l'Evêché , où ils dînerent.
Ils y ont féjourné le 20 , & ils font revenus
ici le 21 au matin. L'Evêque de Chartres , qui
a eu l'honneur de recevoir chez lui Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
avec les Seigneurs & Dames de leur fuite , n'a
rien laiffé à défirer de tout ce qui pouvoit contribuer
à la magnificence de la réception..
Le 23 , Monfeigneur le Dauphin & Mada
me tinrent fur les Fonts , dans la Chapelle
du Château , le fils du Marquis de Loftanges ,
Meftie de Camp du Régiment des Cuiraffiers ,
& Premier Ecuyer de Madame , en furvivance
; & de Dame Gallucci de l'Hôpital , une des
Dames nommées pour accompagner Madame.
Le Prince Conftantin , Premier Aumônier du
Roi , fuppléa les cérémonies du Baptême , en
préfence du Curé de l'Eglife Paroiffiale de Notre-
Dame , à l'enfant qui fut nommé Henri .
Le 20 Juin , M. Gualtieri , Archevêque de
Mira , Nonce Ordinaire du Pape , fit fon Entrée
publique à Paris. Le Prince Camille , &
M. Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs ,
JUILLET. 1756. 225
allerent le prendre dans les carroffes de Leurs
Majeftés au Couvent de Picpus , d'où la marche
fe fit en cet ordre . Le carroffe de l'Introducteur
; le carroffe du Prince Camille ; un Suiffe
du Nonce , à cheval ; fa Livrée , à pied ; fon
Maître d'Hôtel & fix de fes Officiers ; fon
Ecuyer & fes Pages , à cheval : le carroffe du
Roi , aux côtés duquel marchoient la Livrée
du Prince Camille & celle de M. Dufort ; le
carroffe de la Reine ; celui de Madame la Dauphine
; ceux du Duc d'Orléans , de la Ducheffe
d'Orléans , du Prince de Condé , de la
Princeffe de Condé , du Comte de Charolois ,
du Comte de Clermont , de la Princeffe Douairiere
de Conty , du Prince de Conty , du Comte
de la Marche , du Comte d'Eu , de la Comteffe
de Toulouſe , du Duc de Penthievre ; &
celui de M. Rouillé , Miniftre d'Etat ayant le
Département des Affaires Etrangeres. A une
diftance de trente ou quarante pas marchoient
les quatre carroffes du Nonce , précédés d'un
Suiffe à cheval . Lorsqu'il fut arrivé à fon Hôtel
, il fut complimenté , de la part du Roi ,
par M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté ; de la part
de la Reine , par M. le Comte de Saoly Tavannes
, fon Chevalier d'Honneur ; de la part de
Madame la Dauphine, par M. le Marquis de Muy,
fon Premier Maître d'Hôtel ; & de la part de
Madame , par M. le Marquis de l'Hôpital ,
Premier Ecuyer de cette Princeffe .
Le 22 , le Comte de Brionne , Grand Ecuyer
de France , & M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs , allerent prendre le Nonce du
Pape en fon Hôtel , & le conduifirent avec les
carroffes de Leurs Majeftés , à Verfailles , où il
Κν
226 MERCURE DE FRANCE.
eut fa premiere audience publique du Roi. Le
Nonce trouva à fon paffage , dans l'avantcourt
du Château , les Compagnies des Gardes Françoifes
& Suiffes , fous les armes ; les Tambours
appellant ; dans la cour , les Gardes de la Pors
te & ceux de la Prevôté de l'Hôtel , auffi ſous
les armes , à leurs poftes ordinaires ; & fur l'efcalier
, les Cent- Suiffes , en habit de cérémonie
, la hallebarde à la main. Il fut reçu en dedans
de la Salle des Gardes par M. le Duc
d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps , qui
étoient en haie & fous les armes. Après l'audience
du Roi , le Nonce, fut conduit à l'audience
de la Reine , & à celles de Monſeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
par M. le Comte de Brionne & par M. Dufort.
Il eut enfuite audience de Madame , &
de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ; &
après avoir été traité par les Officiers du Roi ,
ilfut reconduit à Paris dans les carroffes de Leurs
Majeftés avec les cerémonies accoutumées.
>
Le même jour , le Roi fit à Verſailles dans
la Cour du Château , la revue des deux Com .
pagnies des Moufquetaires de fa Gardė Ordi ,
naire. Le Roi paffa dans les rangs , & après
que les Compagnies eurent fait l'exercice , Sa
Majefté les vit défiler. Monfeigneur le Dauphin
accompagna le Roi à cette revue. La Reine
Madame la Dauphine , Madame , & Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , la virent de l'appartement
du Comte de Clermont..
"
M. Le Marquis de Peruffy , Premier Sous-
Lieutenant de la Premiere Compagnie des
Moufquetaires , ayant demandé la permiffion de
fe retirer , M. le Comte de Carvoifin , fecond
Sous-Lieutenant de cette Compagnie , en eft
JUILLET. 1756. 227
devenu Premier Sous-Lieutenant ; M. le Chevalier
de la Cheze , qui étoit Premier Enſeigne ,
a monté à la place de Second Sous - Lieutenant ;
M. le Marquis de Cucé , Second Enfeigne , a paflé
à la premiere Enfeigne ; M. le Marquis de la Vaupaliere
premier Cornette , a été nommé fecond
Enfeigne , & M. le Marquis de Montillet , Second
Cornette , eft devenu Premier Cornette . Le Roi a
accordé à M. le Comte de Merle l'agrément de la
place de Second Cornette , vacante par ces mutations.
En conféquence de la retraite de M. du Rouret
, Maréchal des Logis de la même Compagnie ,.
Sa Majesté a nommé M. de Sarcé Maréchal des
Logis , M. de Charlary Brigadier , M. de Fa
jac Sous- Brigadier & Sous- Aide Major ; & MM.
de Chanvallon , Villiers & Monneron , ont obtenu
les Sous- Brigades vacantes dans la Compagnie.
Par la retraite de MM. de Vervan , du Fou &
de Sampigny , Maréchaux des Logis de la feconde
Compagnie des Moufquetaires , le Chevalier de la
Douze & MM. de Mancy & de Vandômois font
devenus Maréchaux des Logis de cette Compagnie.
MM. de Launay , de Blaignac & de Gouberville ,
en ont été nommés Brigadiers ; & MM. de Beau
chefne , de Tremenec & de Vefins , ont obtenu
des places de Sous- Brigadiers .
Suivant les nouvelles écrites de Minorque le
14 Juin , on avoit employé plufieurs jours à
faire des tranfports de terre , pour élever de nouvelles
batteries , qui avoient commencé à tirer
le 5 au matin , & dont le feu fucceffif avoit ruiné
une grande partie des defenfes des Affiégés.
Le 8 M. Bélon , Capitaine au Régiment de Talaru
, a été bleffé . M. de Saint-Alby , Capitaine
de Grenadiers au Régiment de Bretagne , a été
sué le 9. Le 10 , M. la Rivétifon , Capitaine
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
au Régiment Royal , fut bleffé légérement. Le
12 M. Pupille , Lieutenant du Corps Royal d'Ar
tillerie & du Génie , a auffi été bleffé légèrement
d'un éclat de bombe.
Afin de prévenir le dépériffement des Navires
Anglois , détenus dans les Ports du Royaume
, & d'empêcher qu'ils ne foient confondus
avec les prifes qui pourront être faites durant
la guerre que le Roi de la Grande- Bretagne a
déclarée à la France , le Roi a donné ordre qu'il
fût procédé à la vente de ces Bâtimens & de leurs
chargemens. Veut Sa Majefté , que le produit
defdites ventes foit mis en dépôt , pour y refter
jufqu'à ce qu'il en ait été par Elle autrement
ordonné. j
M. de Maupertuis , un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Préfident de l'Académie des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe , & M. Godin ,
ont été déclarés Penfionnaires Vétérans de l'Aca
démie Royale des Sciences , dans l'Affemblée que
cette Compagnie tint le 16.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Chancelier
de la Reine , & Commandeur- Secretaire des
Ordres de Saint Michel & du Saint Efprit , la
charge de Commandeur- Chancelier , Garde des
Sceaux , & Sur Intendant des Finances defdits
Ordres , qui vaquoit par la mort de M. l'Abbé
de Pomponne. M. le Marquis de Marigny ,
Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens
Arts , Jardins & Manufactures , a eu l'agrément
du Roi , pour fuccéder à M. le Comte de Saint-
Florentin dans la charge de Commandeur- Secretaire
des Ordres de Sa Majesté.
La place de Confeiller d'Etat Eccléfiaftique
de M. l'Abbé de Pomponne paffe à M. l'Abbé
JUILLET. 1756. 229
Comte de Bernis , nommé Ambaffadeur de Sa
Majefté à la cour de Madrid , lequel avoit l'expectative
pour la premiere qui viendroit à vaquer.
M. le Marquis de Puyziculx ayant demandé
la permiffion de fe retirer du Confeil , Sa Majesté
Jui a confervé la penfion de Miniftre , & il
continuera d'avoir un logement à la Cour.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame , & Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , vinrent le 27 Juin fe promener fur le
Boulevard de cette Ville. Il vifiterent le réfervoir
qui fert à nettoyer le grand égout qui l'entoure.
Le défir de jouir de la préfence de ce Prince
& de ces Princeffes , attira fur le Boulevard une
multitude innombrable de perfonnes de toutes
les conditions.
Par des lettres du Canada , on a appris le
détail fuivant. M. de Vaudreuil , Gouverneur Général
, ayant été informé que les Anglois avoient
établi à vingt lieues de Choueguen , un Fort , ou
étoit le principal entrepôt de tous les approvifionnemens
deftiné pour l'entrepriſe projettée
contre les Forts de Niagara & de Frontenac , fit
partir à la fin du mois de Février un Détachement
commandé par M. de Lery , Lieutenant
des Troupes , & compofé de cinq cens hommes
tant Soldats que Canadiens & Sauvages ,
pour aller détruire ce Fort , appellé de Bull.
Le 27 Mars , M. de Lery rencontra un convoi
de neuf charrettes chargées de vivres , qu'un Détachement
Anglois conduifoit à Choueguen. Après
avoir pris ce convoi & l'efcorte , il marcha
vers le Fort de Bull , dont il étoit déja aſſez
près. Comme il avoit été découvert , il trouva
que le Commandant de ce Fort s'étoit mis en
défenſe avec la garnison , qui étoit compoſée
230 MERCURE DE FRANCE .
d'environ cent hommes. Quoique M. de Lery
n'eût point dans ce moment tout fon détachement
avec lui , une partie des Sauvages étant restée
en arriere , il inveftit le Fort , & fit fommer
le Commandant de fe rendre : mais celui – ci
ne lui répondit que par un feu très- vif de grenades
& de moufqueterie . Ce feu n'empêcha
pas M. de Lery , de faire fon attaque, Pendant
que les Canadiens faifoient des breches fur les
derrieres du Fort , il fit rompre la porte à coups
de hache , & fomma de nouveau le Commandant,
de fe rendre . Cette nouvelle ſommation ne fervit
qu'à faire redoubler le feu des Anglois ; mais bientôt
les Affiégeans entrerent avec précipitation
dans le Fort , & pafferent toute la Garniſon
au fil de l'épée , à l'exception de trois ou quatre
hommes que M. de Lery trouva le moyen de
fauver , & qui furent faits prifonniers. Dans le
tems qu'il vifitoit les magafins où il avoit déja
trouvé près de quarante milliers de poudre ,
une grande quantité de bombes , grenades, boulets
& autres munitions , avec une provifion
très- confidérable de vivres prêts à être tranfpor
tés, on s'apperçut que le feu étoit dans les magafins.
M. de Lery étoit à peine retiré avec tout
fon monde , que les magafins fauterent avec
tout les bâtimens & toute l'enceinte même du
Fort , de maniere qu'il n'en refta point de veftiges.
Après cette expédition dans laquelle ledétachement
François n'a eu qu'un Soldat & un Sauvage de tués ,
avec deux Soldats , deux Canadiens & trois Sauvages
bleffés , M. de Lery a marché contre un
Détachement Anglois , qui venoit au ſecours du
Fort ; mais il ne lui a pas été poffible de le
joindre.
Le 2 Juillet , le Roi accompagné de Monfei
JUILLET. 1756. 231
gneur le Dauphin , de Madame la Dauphinede
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , fe rendit à Compiegne du Châteaude
la Meute , où Sa Majefté avoit couché la
nuit précédente . Le Roi a fait l'honneur à
M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , de s'arrêter une heure au Château
d'Arnouville . Monfeigneur le Dauphin étoit
avec Sa Majefté. La Reine arriva de Verſailles
le 3.
Le Roi a difpofé de la charge de Grand Aumônier
de France , vacante par la mort du Cardinal
de Soubife , en faveur du Cardinal de la
Rochefoucauld.
Sa Majefté a donné au Vidame d'Amiens , fils de
M.leDuc de Chaulnes , une Commiffion de Cornette
, avec Brevet de Mestre de Camp , à la fuite de
la Compagnie des Chevaux- Légers de la Garde..
En même tems , Sa Majesté a accordé une gratification
annuelle de huit mille livres à M. le Comte
de Luberfac de Livron , fecond Sous- Lieutenant
de cette Compagnie. Le Roi a accordé auffi
des Commiffions de Capitaines de Cavalerie , &.
plufieurs penfions & gratifications , aux Chevaux-
Légers , qui fe rendent utiles à l'Ecole établie
dans ce Corps , & qui fe font diftingués dans lesexercices
que Sa Majeſté a honorés de fa préfence.
Le Bureau des Affaires Eccléfiaftiques , qu'avoit
le feu Abbé de Pomponne , a été donné par
Sa Majesté à M. Feydeau de Brou , Conſeiller
d'Etat Ordinaire , & au Confeil Royal ..
Le 8 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens quarante- cinq
livres les Billets de la troisieme Loterie Royale
232 MERCURE DE FRANCE.
à fix cens quarante- quatre ; ceux de la premiere
Loterie , & ceux de la feconde , n'avoient point
de prix fixe .
partirent de Verfailles le 19 Juin , vers
les neuf heures & demie du matin , pour fe
rendre à Chartres. Ce Prince & cette Princeffe
y arriverent à trois heures après- midi , &
ils defcendirent à l'Evêché , où ils dînerent.
Ils y ont féjourné le 20 , & ils font revenus
ici le 21 au matin. L'Evêque de Chartres , qui
a eu l'honneur de recevoir chez lui Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
avec les Seigneurs & Dames de leur fuite , n'a
rien laiffé à défirer de tout ce qui pouvoit contribuer
à la magnificence de la réception..
Le 23 , Monfeigneur le Dauphin & Mada
me tinrent fur les Fonts , dans la Chapelle
du Château , le fils du Marquis de Loftanges ,
Meftie de Camp du Régiment des Cuiraffiers ,
& Premier Ecuyer de Madame , en furvivance
; & de Dame Gallucci de l'Hôpital , une des
Dames nommées pour accompagner Madame.
Le Prince Conftantin , Premier Aumônier du
Roi , fuppléa les cérémonies du Baptême , en
préfence du Curé de l'Eglife Paroiffiale de Notre-
Dame , à l'enfant qui fut nommé Henri .
Le 20 Juin , M. Gualtieri , Archevêque de
Mira , Nonce Ordinaire du Pape , fit fon Entrée
publique à Paris. Le Prince Camille , &
M. Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs ,
JUILLET. 1756. 225
allerent le prendre dans les carroffes de Leurs
Majeftés au Couvent de Picpus , d'où la marche
fe fit en cet ordre . Le carroffe de l'Introducteur
; le carroffe du Prince Camille ; un Suiffe
du Nonce , à cheval ; fa Livrée , à pied ; fon
Maître d'Hôtel & fix de fes Officiers ; fon
Ecuyer & fes Pages , à cheval : le carroffe du
Roi , aux côtés duquel marchoient la Livrée
du Prince Camille & celle de M. Dufort ; le
carroffe de la Reine ; celui de Madame la Dauphine
; ceux du Duc d'Orléans , de la Ducheffe
d'Orléans , du Prince de Condé , de la
Princeffe de Condé , du Comte de Charolois ,
du Comte de Clermont , de la Princeffe Douairiere
de Conty , du Prince de Conty , du Comte
de la Marche , du Comte d'Eu , de la Comteffe
de Toulouſe , du Duc de Penthievre ; &
celui de M. Rouillé , Miniftre d'Etat ayant le
Département des Affaires Etrangeres. A une
diftance de trente ou quarante pas marchoient
les quatre carroffes du Nonce , précédés d'un
Suiffe à cheval . Lorsqu'il fut arrivé à fon Hôtel
, il fut complimenté , de la part du Roi ,
par M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté ; de la part
de la Reine , par M. le Comte de Saoly Tavannes
, fon Chevalier d'Honneur ; de la part de
Madame la Dauphine, par M. le Marquis de Muy,
fon Premier Maître d'Hôtel ; & de la part de
Madame , par M. le Marquis de l'Hôpital ,
Premier Ecuyer de cette Princeffe .
Le 22 , le Comte de Brionne , Grand Ecuyer
de France , & M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs , allerent prendre le Nonce du
Pape en fon Hôtel , & le conduifirent avec les
carroffes de Leurs Majeftés , à Verfailles , où il
Κν
226 MERCURE DE FRANCE.
eut fa premiere audience publique du Roi. Le
Nonce trouva à fon paffage , dans l'avantcourt
du Château , les Compagnies des Gardes Françoifes
& Suiffes , fous les armes ; les Tambours
appellant ; dans la cour , les Gardes de la Pors
te & ceux de la Prevôté de l'Hôtel , auffi ſous
les armes , à leurs poftes ordinaires ; & fur l'efcalier
, les Cent- Suiffes , en habit de cérémonie
, la hallebarde à la main. Il fut reçu en dedans
de la Salle des Gardes par M. le Duc
d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps , qui
étoient en haie & fous les armes. Après l'audience
du Roi , le Nonce, fut conduit à l'audience
de la Reine , & à celles de Monſeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
par M. le Comte de Brionne & par M. Dufort.
Il eut enfuite audience de Madame , &
de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ; &
après avoir été traité par les Officiers du Roi ,
ilfut reconduit à Paris dans les carroffes de Leurs
Majeftés avec les cerémonies accoutumées.
>
Le même jour , le Roi fit à Verſailles dans
la Cour du Château , la revue des deux Com .
pagnies des Moufquetaires de fa Gardė Ordi ,
naire. Le Roi paffa dans les rangs , & après
que les Compagnies eurent fait l'exercice , Sa
Majefté les vit défiler. Monfeigneur le Dauphin
accompagna le Roi à cette revue. La Reine
Madame la Dauphine , Madame , & Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , la virent de l'appartement
du Comte de Clermont..
"
M. Le Marquis de Peruffy , Premier Sous-
Lieutenant de la Premiere Compagnie des
Moufquetaires , ayant demandé la permiffion de
fe retirer , M. le Comte de Carvoifin , fecond
Sous-Lieutenant de cette Compagnie , en eft
JUILLET. 1756. 227
devenu Premier Sous-Lieutenant ; M. le Chevalier
de la Cheze , qui étoit Premier Enſeigne ,
a monté à la place de Second Sous - Lieutenant ;
M. le Marquis de Cucé , Second Enfeigne , a paflé
à la premiere Enfeigne ; M. le Marquis de la Vaupaliere
premier Cornette , a été nommé fecond
Enfeigne , & M. le Marquis de Montillet , Second
Cornette , eft devenu Premier Cornette . Le Roi a
accordé à M. le Comte de Merle l'agrément de la
place de Second Cornette , vacante par ces mutations.
En conféquence de la retraite de M. du Rouret
, Maréchal des Logis de la même Compagnie ,.
Sa Majesté a nommé M. de Sarcé Maréchal des
Logis , M. de Charlary Brigadier , M. de Fa
jac Sous- Brigadier & Sous- Aide Major ; & MM.
de Chanvallon , Villiers & Monneron , ont obtenu
les Sous- Brigades vacantes dans la Compagnie.
Par la retraite de MM. de Vervan , du Fou &
de Sampigny , Maréchaux des Logis de la feconde
Compagnie des Moufquetaires , le Chevalier de la
Douze & MM. de Mancy & de Vandômois font
devenus Maréchaux des Logis de cette Compagnie.
MM. de Launay , de Blaignac & de Gouberville ,
en ont été nommés Brigadiers ; & MM. de Beau
chefne , de Tremenec & de Vefins , ont obtenu
des places de Sous- Brigadiers .
Suivant les nouvelles écrites de Minorque le
14 Juin , on avoit employé plufieurs jours à
faire des tranfports de terre , pour élever de nouvelles
batteries , qui avoient commencé à tirer
le 5 au matin , & dont le feu fucceffif avoit ruiné
une grande partie des defenfes des Affiégés.
Le 8 M. Bélon , Capitaine au Régiment de Talaru
, a été bleffé . M. de Saint-Alby , Capitaine
de Grenadiers au Régiment de Bretagne , a été
sué le 9. Le 10 , M. la Rivétifon , Capitaine
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
au Régiment Royal , fut bleffé légérement. Le
12 M. Pupille , Lieutenant du Corps Royal d'Ar
tillerie & du Génie , a auffi été bleffé légèrement
d'un éclat de bombe.
Afin de prévenir le dépériffement des Navires
Anglois , détenus dans les Ports du Royaume
, & d'empêcher qu'ils ne foient confondus
avec les prifes qui pourront être faites durant
la guerre que le Roi de la Grande- Bretagne a
déclarée à la France , le Roi a donné ordre qu'il
fût procédé à la vente de ces Bâtimens & de leurs
chargemens. Veut Sa Majefté , que le produit
defdites ventes foit mis en dépôt , pour y refter
jufqu'à ce qu'il en ait été par Elle autrement
ordonné. j
M. de Maupertuis , un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Préfident de l'Académie des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe , & M. Godin ,
ont été déclarés Penfionnaires Vétérans de l'Aca
démie Royale des Sciences , dans l'Affemblée que
cette Compagnie tint le 16.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Chancelier
de la Reine , & Commandeur- Secretaire des
Ordres de Saint Michel & du Saint Efprit , la
charge de Commandeur- Chancelier , Garde des
Sceaux , & Sur Intendant des Finances defdits
Ordres , qui vaquoit par la mort de M. l'Abbé
de Pomponne. M. le Marquis de Marigny ,
Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens
Arts , Jardins & Manufactures , a eu l'agrément
du Roi , pour fuccéder à M. le Comte de Saint-
Florentin dans la charge de Commandeur- Secretaire
des Ordres de Sa Majesté.
La place de Confeiller d'Etat Eccléfiaftique
de M. l'Abbé de Pomponne paffe à M. l'Abbé
JUILLET. 1756. 229
Comte de Bernis , nommé Ambaffadeur de Sa
Majefté à la cour de Madrid , lequel avoit l'expectative
pour la premiere qui viendroit à vaquer.
M. le Marquis de Puyziculx ayant demandé
la permiffion de fe retirer du Confeil , Sa Majesté
Jui a confervé la penfion de Miniftre , & il
continuera d'avoir un logement à la Cour.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame , & Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , vinrent le 27 Juin fe promener fur le
Boulevard de cette Ville. Il vifiterent le réfervoir
qui fert à nettoyer le grand égout qui l'entoure.
Le défir de jouir de la préfence de ce Prince
& de ces Princeffes , attira fur le Boulevard une
multitude innombrable de perfonnes de toutes
les conditions.
Par des lettres du Canada , on a appris le
détail fuivant. M. de Vaudreuil , Gouverneur Général
, ayant été informé que les Anglois avoient
établi à vingt lieues de Choueguen , un Fort , ou
étoit le principal entrepôt de tous les approvifionnemens
deftiné pour l'entrepriſe projettée
contre les Forts de Niagara & de Frontenac , fit
partir à la fin du mois de Février un Détachement
commandé par M. de Lery , Lieutenant
des Troupes , & compofé de cinq cens hommes
tant Soldats que Canadiens & Sauvages ,
pour aller détruire ce Fort , appellé de Bull.
Le 27 Mars , M. de Lery rencontra un convoi
de neuf charrettes chargées de vivres , qu'un Détachement
Anglois conduifoit à Choueguen. Après
avoir pris ce convoi & l'efcorte , il marcha
vers le Fort de Bull , dont il étoit déja aſſez
près. Comme il avoit été découvert , il trouva
que le Commandant de ce Fort s'étoit mis en
défenſe avec la garnison , qui étoit compoſée
230 MERCURE DE FRANCE .
d'environ cent hommes. Quoique M. de Lery
n'eût point dans ce moment tout fon détachement
avec lui , une partie des Sauvages étant restée
en arriere , il inveftit le Fort , & fit fommer
le Commandant de fe rendre : mais celui – ci
ne lui répondit que par un feu très- vif de grenades
& de moufqueterie . Ce feu n'empêcha
pas M. de Lery , de faire fon attaque, Pendant
que les Canadiens faifoient des breches fur les
derrieres du Fort , il fit rompre la porte à coups
de hache , & fomma de nouveau le Commandant,
de fe rendre . Cette nouvelle ſommation ne fervit
qu'à faire redoubler le feu des Anglois ; mais bientôt
les Affiégeans entrerent avec précipitation
dans le Fort , & pafferent toute la Garniſon
au fil de l'épée , à l'exception de trois ou quatre
hommes que M. de Lery trouva le moyen de
fauver , & qui furent faits prifonniers. Dans le
tems qu'il vifitoit les magafins où il avoit déja
trouvé près de quarante milliers de poudre ,
une grande quantité de bombes , grenades, boulets
& autres munitions , avec une provifion
très- confidérable de vivres prêts à être tranfpor
tés, on s'apperçut que le feu étoit dans les magafins.
M. de Lery étoit à peine retiré avec tout
fon monde , que les magafins fauterent avec
tout les bâtimens & toute l'enceinte même du
Fort , de maniere qu'il n'en refta point de veftiges.
Après cette expédition dans laquelle ledétachement
François n'a eu qu'un Soldat & un Sauvage de tués ,
avec deux Soldats , deux Canadiens & trois Sauvages
bleffés , M. de Lery a marché contre un
Détachement Anglois , qui venoit au ſecours du
Fort ; mais il ne lui a pas été poffible de le
joindre.
Le 2 Juillet , le Roi accompagné de Monfei
JUILLET. 1756. 231
gneur le Dauphin , de Madame la Dauphinede
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , fe rendit à Compiegne du Châteaude
la Meute , où Sa Majefté avoit couché la
nuit précédente . Le Roi a fait l'honneur à
M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , de s'arrêter une heure au Château
d'Arnouville . Monfeigneur le Dauphin étoit
avec Sa Majefté. La Reine arriva de Verſailles
le 3.
Le Roi a difpofé de la charge de Grand Aumônier
de France , vacante par la mort du Cardinal
de Soubife , en faveur du Cardinal de la
Rochefoucauld.
Sa Majefté a donné au Vidame d'Amiens , fils de
M.leDuc de Chaulnes , une Commiffion de Cornette
, avec Brevet de Mestre de Camp , à la fuite de
la Compagnie des Chevaux- Légers de la Garde..
En même tems , Sa Majesté a accordé une gratification
annuelle de huit mille livres à M. le Comte
de Luberfac de Livron , fecond Sous- Lieutenant
de cette Compagnie. Le Roi a accordé auffi
des Commiffions de Capitaines de Cavalerie , &.
plufieurs penfions & gratifications , aux Chevaux-
Légers , qui fe rendent utiles à l'Ecole établie
dans ce Corps , & qui fe font diftingués dans lesexercices
que Sa Majeſté a honorés de fa préfence.
Le Bureau des Affaires Eccléfiaftiques , qu'avoit
le feu Abbé de Pomponne , a été donné par
Sa Majesté à M. Feydeau de Brou , Conſeiller
d'Etat Ordinaire , & au Confeil Royal ..
Le 8 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens quarante- cinq
livres les Billets de la troisieme Loterie Royale
232 MERCURE DE FRANCE.
à fix cens quarante- quatre ; ceux de la premiere
Loterie , & ceux de la feconde , n'avoient point
de prix fixe .
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Résumé : « Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Du 19 au 21 juin, le Dauphin et la Dauphine se rendirent à Chartres, où ils furent reçus par l'évêque dans une réception somptueuse. Le 23 juin, ils tinrent sur les fonts baptismaux le fils du Marquis de Loftanges, en présence du Prince Constantin et du curé de Notre-Dame. Le 20 juin, le Nonce Ordinaire du Pape, M. Gualtieri, fit son entrée publique à Paris, accompagné du Prince Camille et de M. Dufort. Le 22 juin, le Comte de Brionne et M. Dufort conduisirent le Nonce à Versailles pour une audience avec le Roi, la Reine, le Dauphin et la Dauphine. Le même jour, le Roi passa en revue les Mousquetaires à Versailles, accompagné du Dauphin, tandis que la Reine, la Dauphine, Madame et Mesdames Victoire, Sophie et Louise assistèrent à la revue depuis l'appartement du Comte de Clermont. Des mutations eurent lieu dans la première compagnie des Mousquetaires, avec des promotions et des nominations d'officiers. Des nouvelles de Minorque rapportèrent des combats et des blessés parmi les troupes françaises. Le Roi ordonna la vente des navires anglais détenus dans les ports du royaume. M. de Maupertuis et M. Godin furent déclarés pensionnaires vétérans de l'Académie Royale des Sciences. M. le Comte de Saint-Florentin succéda à M. l'Abbé de Pomponne comme Commandeur-Chancelier des Ordres du Roi, et M. le Marquis de Marigny prit la charge de Commandeur-Secrétaire des Ordres du Roi. M. l'Abbé Comte de Bernis fut nommé Conseiller d'État Ecclésiastique et ambassadeur à Madrid, tandis que M. le Marquis de Puyzieulx se retira du Conseil tout en conservant sa pension de ministre. Le 27 juin, le Dauphin, la Dauphine, Madame et Mesdames Victoire, Sophie et Louise se promenèrent sur le boulevard de Paris, attirant une grande foule. Des lettres du Canada rapportèrent une expédition française contre un fort anglais près de Choueguen, dirigée par M. de Lery, qui fut détruit après un combat où les Français perdirent peu d'hommes. Le 2 juillet, le Roi, accompagné du Dauphin, de la Dauphine, de Madame et de Mesdames Victoire, Sophie et Louise, se rendit à Compiègne. Le Roi nomma le Cardinal de la Rochefoucauld Grand Aumônier de France et accorda diverses commissions et gratifications aux Chevaux-Légers de la Garde. Le Bureau des Affaires Ecclésiastiques fut confié à M. Feydeau de Brou. Les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale furent cotés à des valeurs spécifiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 233-236
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Messire Pierre, Marquis de Pons, fils de feu Messire Pierre, Comte de Pons, [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Marquis, Comtes, Abbé, Maison de Rochechouart
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
MEffire Pierre , Marquis de Pons , fils de feu
Meffire Pierre , Comte de Pons , & de Dame
Marie -Elifabeth d'Aurelle de Terneyre , fut masié
le 7 Février à Demoiſelle Claude- Renée de Noga.
ret , fille de Meffire Jean- Luc de Nogarét , Vicomte
de Trelans ; & de Dame Marie-Joſephe
du Puy Saint-Pierre de Belleveze. L'Evêque de
Quebec leur donna la Bénédiction nuptiale dans
l'églife Paroiffiale de Chaillot.
On nous mande de Befançon que Meffire
Charles - Marie - Jofeph Guillaume , Seigneur
de Gevigney , Mercey , Percée , & c. Maître
des Comptes en la Chancellerie de Dole , fils
de Meffire Léopold - Hugues - Jofeph - Alexandre
Guillaume , Préfident Honoraire à la Chambre
des Comptes de la même Chancellerie , Di234
MERCURE DE FRANCE.
recteur de l'Aumône générale de l'Hôpital Saint-
Jacques de Belançon , y époufa le 10 de Février,
Demoiſelle Thérete- Marie- Barbe Richer , fille de
Meffire Bonaventure Edouard Richer , ancien Capitaine
Suiffe au Régiment de Courten , Infanterie
, Chevalier de Ordre Royal & Militaire de
S. Louis , La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'églife Métropolitaine par l'Archevêque de
Befa çon . Leur contrat de mariage avoit éte ſigné
le 3 du même mois par le Duc de Randan , l'Archevêque
de Belançon , le Premier Préfident ,
l'Intendant, & tout ce qu'il y avoit de plus quali
fié dans la Ville.
Meffire Jofeph- Charles- Roch- Palamede de
Forbin- Maynier , Baron d'Oppede , Capitaine-
Lieutenant des Chevaux - Légers de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , époufa le 23 Février
Dame Marie- Françoile de Bauffan , veuve de Melfire
Alexandre de Bauffan , Maître des Requêtes ,
mort le 19 Janvier 1754. La Bénédiction nuptiale
leur fut donnée dans l'églife Paroiffiale de
S. Paul , par l'Abbé d'Oppede. Leur contrat de
mariage avoit été fignés par Leurs Majeftés , le is
du même mois.
Meffire Jean Jacques-Philippe- Jofeph Lefmerie
, Marquis d'Efchoify , époufa le 24 dans la
Chapelle du Palais Royal , Demoiſelle Claudine-
Céfarine de la Tour- Dupin- de- Montauban , fille
de Meffire Louis de la Tour - Dupin , Comte de
Montauban , Premier Ecuyer de S. A. S. Monfeigneur
le Duc d'Orleans , & de Dame Marie-
Olimpe de Vaulferre des Adrets. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée par l'Evêque d'Auxerre.
Leur contrat de mariage avoit été ſigné le IS
même mois par Leurs Majeftés.
du
Meffire Jean- Baptifte- Gabriel Caffart , Comie
A OUST 1756. 235
E
Elpiés , Brigadier de cavalerie , fut marié le
même jour à Demoifelle Marie - Géneviève de
Chambon d'Arbouville , ' fille de feu Meffire Pierre
de Chambon , Marquis d'Arbouville , Maréchal
des Camps & armées du Roi , & Gouverneur des
ville & Château de Sheleſtat , & de feu Dame Marie-
Anne- Françoife de Montmorin . L'Evêque Duc
de Langres leur donna la Bénédiction nuptiale
dans l'églife de S. Sulpice.
Meffire Célar-Augufte , Comte de Mafting
Fauconnier de Monfeigneur le Duc d'Orléans ,
veuf de N. de Boulainvilliers , a époufé en fecondes
nôces , le Février 1716 Demoiſelle Marie-
Magdeleine le Franc des Effarts , fille de feu Meffire
Louis le Franc des Eflarts , & de Damoifelle
N. Mignot , foeur de l'Abbé Mignot.
Jean-François- Gafton de Rochechouari-Fau
daas , Abbé de l'Abbaye de Bonnefont , Ordre de
Câteaux , Diocèfe de Comminges , eft mort le 27
Décembre , dans la quarante- cinquieme année de
fon âge.
L'Abbé de Rochechouart étoit fils de Charles
de Rochechouart , dit le Comte de Clermont , Vicomte
de Soulan , feigneur d'Aureville , & c . & de
Françoile de Montefquiou , fille de Jean Hyacinthe
, Baron de la Tour de France , & de Marie-
Anne de Roux- Montet. Il avoit pour freres ,
10. François- Charles , dit le Comte de Rochechouart
, Marquis de Faudoas , Baron des Etats
de Languedoc , &c. Lieutenant Général des Armées
du Roi , marié le 13 Décembre 17 8 , à
Marie-Françoife de Conflans - d'Armentieres , aujourd'hui
une des Dames de Madame la Dauphine
, dont un fils & deux filles , dont l'aînée a
époufé le Comte du Châtelet , Colonel du Régiment
de Querci , & Menin de Monſeigneur le
Dauphin.
236 MERCURE DE FRANCE..
2°. Jean-François -Jofeph de Rochechouart ;
Evêque , Duc de Laon , fecond Pair de France ,
Abbé de S. Remi de Rheims, &c , facré le 15 Octobre
1741 .
3. Jean- Louis-Roger de Rochechouart qui a
quitté l'Ordre de Malte en 1751 , appellé Marquis
de Rochechouart , Brigadier d'Infanterie , & Colonel
du Régiment d'Anjou , marié le 3 Juin 1751 .
à Charlotte- Françoife Faulcon de Rys , nommée
la même année Dame de Mefdames de France.
4. Pierre - Paul- Etienne , dit le Vicomte de
Rochechouart , Lieutenant de Vaiffeaux , né en
1723.
La Maifon de Rochechouart eft une des plas
illuftres du Royaume , puifqu'elle rapporte fon
origine aux anciens Vicomtes héréditaires de Limoges.
Elle eft partagée dès l'an 1245 , en deux
branches principales. De la cadette font fortis les
Ducs de Mortemart. Voyez fur cette Maiſon
l'hiftoire des Grands Officiers de la Couronne ,
Tome IV .
&
Le Chevalier d'Aultry , Brigadier d'infanterie ,
eft mort le 2 Janvier , au Château de la Mivoye ,
âgé de 69 ans.
Meffire Louis - Antoine du Fos , Marquis de
Mery , eft mort le 12 au Château de la Taulle en
Picardie , dans la cinquante- fixieme année de fon
âge .
Meffire Louis-Jean -Jacques Touftain de Richebourg
, eft mort le 15 dans fon château de Malemains
en Normandie , âgé de 37 ans.
Meffire N. Elian , Abbé de l'Abbaye de Bellaigue
, y eft mort au commencement du mois de
Février dans la quatre- vingt- quatorzieme année
de fon âge. Il étoit Titulaire de cette Abbaye depuis
1677 , & le plus ancien des Abbés Commen
dataires de France.
MEffire Pierre , Marquis de Pons , fils de feu
Meffire Pierre , Comte de Pons , & de Dame
Marie -Elifabeth d'Aurelle de Terneyre , fut masié
le 7 Février à Demoiſelle Claude- Renée de Noga.
ret , fille de Meffire Jean- Luc de Nogarét , Vicomte
de Trelans ; & de Dame Marie-Joſephe
du Puy Saint-Pierre de Belleveze. L'Evêque de
Quebec leur donna la Bénédiction nuptiale dans
l'églife Paroiffiale de Chaillot.
On nous mande de Befançon que Meffire
Charles - Marie - Jofeph Guillaume , Seigneur
de Gevigney , Mercey , Percée , & c. Maître
des Comptes en la Chancellerie de Dole , fils
de Meffire Léopold - Hugues - Jofeph - Alexandre
Guillaume , Préfident Honoraire à la Chambre
des Comptes de la même Chancellerie , Di234
MERCURE DE FRANCE.
recteur de l'Aumône générale de l'Hôpital Saint-
Jacques de Belançon , y époufa le 10 de Février,
Demoiſelle Thérete- Marie- Barbe Richer , fille de
Meffire Bonaventure Edouard Richer , ancien Capitaine
Suiffe au Régiment de Courten , Infanterie
, Chevalier de Ordre Royal & Militaire de
S. Louis , La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'églife Métropolitaine par l'Archevêque de
Befa çon . Leur contrat de mariage avoit éte ſigné
le 3 du même mois par le Duc de Randan , l'Archevêque
de Belançon , le Premier Préfident ,
l'Intendant, & tout ce qu'il y avoit de plus quali
fié dans la Ville.
Meffire Jofeph- Charles- Roch- Palamede de
Forbin- Maynier , Baron d'Oppede , Capitaine-
Lieutenant des Chevaux - Légers de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , époufa le 23 Février
Dame Marie- Françoile de Bauffan , veuve de Melfire
Alexandre de Bauffan , Maître des Requêtes ,
mort le 19 Janvier 1754. La Bénédiction nuptiale
leur fut donnée dans l'églife Paroiffiale de
S. Paul , par l'Abbé d'Oppede. Leur contrat de
mariage avoit été fignés par Leurs Majeftés , le is
du même mois.
Meffire Jean Jacques-Philippe- Jofeph Lefmerie
, Marquis d'Efchoify , époufa le 24 dans la
Chapelle du Palais Royal , Demoiſelle Claudine-
Céfarine de la Tour- Dupin- de- Montauban , fille
de Meffire Louis de la Tour - Dupin , Comte de
Montauban , Premier Ecuyer de S. A. S. Monfeigneur
le Duc d'Orleans , & de Dame Marie-
Olimpe de Vaulferre des Adrets. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée par l'Evêque d'Auxerre.
Leur contrat de mariage avoit été ſigné le IS
même mois par Leurs Majeftés.
du
Meffire Jean- Baptifte- Gabriel Caffart , Comie
A OUST 1756. 235
E
Elpiés , Brigadier de cavalerie , fut marié le
même jour à Demoifelle Marie - Géneviève de
Chambon d'Arbouville , ' fille de feu Meffire Pierre
de Chambon , Marquis d'Arbouville , Maréchal
des Camps & armées du Roi , & Gouverneur des
ville & Château de Sheleſtat , & de feu Dame Marie-
Anne- Françoife de Montmorin . L'Evêque Duc
de Langres leur donna la Bénédiction nuptiale
dans l'églife de S. Sulpice.
Meffire Célar-Augufte , Comte de Mafting
Fauconnier de Monfeigneur le Duc d'Orléans ,
veuf de N. de Boulainvilliers , a époufé en fecondes
nôces , le Février 1716 Demoiſelle Marie-
Magdeleine le Franc des Effarts , fille de feu Meffire
Louis le Franc des Eflarts , & de Damoifelle
N. Mignot , foeur de l'Abbé Mignot.
Jean-François- Gafton de Rochechouari-Fau
daas , Abbé de l'Abbaye de Bonnefont , Ordre de
Câteaux , Diocèfe de Comminges , eft mort le 27
Décembre , dans la quarante- cinquieme année de
fon âge.
L'Abbé de Rochechouart étoit fils de Charles
de Rochechouart , dit le Comte de Clermont , Vicomte
de Soulan , feigneur d'Aureville , & c . & de
Françoile de Montefquiou , fille de Jean Hyacinthe
, Baron de la Tour de France , & de Marie-
Anne de Roux- Montet. Il avoit pour freres ,
10. François- Charles , dit le Comte de Rochechouart
, Marquis de Faudoas , Baron des Etats
de Languedoc , &c. Lieutenant Général des Armées
du Roi , marié le 13 Décembre 17 8 , à
Marie-Françoife de Conflans - d'Armentieres , aujourd'hui
une des Dames de Madame la Dauphine
, dont un fils & deux filles , dont l'aînée a
époufé le Comte du Châtelet , Colonel du Régiment
de Querci , & Menin de Monſeigneur le
Dauphin.
236 MERCURE DE FRANCE..
2°. Jean-François -Jofeph de Rochechouart ;
Evêque , Duc de Laon , fecond Pair de France ,
Abbé de S. Remi de Rheims, &c , facré le 15 Octobre
1741 .
3. Jean- Louis-Roger de Rochechouart qui a
quitté l'Ordre de Malte en 1751 , appellé Marquis
de Rochechouart , Brigadier d'Infanterie , & Colonel
du Régiment d'Anjou , marié le 3 Juin 1751 .
à Charlotte- Françoife Faulcon de Rys , nommée
la même année Dame de Mefdames de France.
4. Pierre - Paul- Etienne , dit le Vicomte de
Rochechouart , Lieutenant de Vaiffeaux , né en
1723.
La Maifon de Rochechouart eft une des plas
illuftres du Royaume , puifqu'elle rapporte fon
origine aux anciens Vicomtes héréditaires de Limoges.
Elle eft partagée dès l'an 1245 , en deux
branches principales. De la cadette font fortis les
Ducs de Mortemart. Voyez fur cette Maiſon
l'hiftoire des Grands Officiers de la Couronne ,
Tome IV .
&
Le Chevalier d'Aultry , Brigadier d'infanterie ,
eft mort le 2 Janvier , au Château de la Mivoye ,
âgé de 69 ans.
Meffire Louis - Antoine du Fos , Marquis de
Mery , eft mort le 12 au Château de la Taulle en
Picardie , dans la cinquante- fixieme année de fon
âge .
Meffire Louis-Jean -Jacques Touftain de Richebourg
, eft mort le 15 dans fon château de Malemains
en Normandie , âgé de 37 ans.
Meffire N. Elian , Abbé de l'Abbaye de Bellaigue
, y eft mort au commencement du mois de
Février dans la quatre- vingt- quatorzieme année
de fon âge. Il étoit Titulaire de cette Abbaye depuis
1677 , & le plus ancien des Abbés Commen
dataires de France.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements marquants de la noblesse au XVIIIe siècle, incluant des mariages et des décès. En février, plusieurs unions notables ont eu lieu. Le 7 février, Pierre, Marquis de Pons, épousa Claude-Renée de Nogarét à l'église paroissiale de Chaillot. Le 10 février, Charles-Marie-Joseph Guillaume, Seigneur de Gevigney, épousa Thérete-Marie-Barbe Richer à l'église métropolitaine de Besançon. Le 23 février, Joseph-Charles-Roch-Palamede de Forbin-Maynier, Baron d'Oppede, épousa Marie-Françoise de Bauffan à l'église paroissiale de Saint-Paul. Le 24 février, deux mariages furent célébrés : Jean-Jacques-Philippe-Joseph Lefmerie, Marquis d'Eschoify, épousa Claudine-Césarine de la Tour-Dupin-de-Montauban à la chapelle du Palais Royal, et Jean-Baptiste-Gabriel Caffart, Comte d'Espies, épousa Marie-Géneviève de Chambon d'Arbouville à l'église de Saint-Sulpice. Le texte mentionne également plusieurs décès de personnalités notables. Jean-François-Gaston de Rochechouart-Faudoas, Abbé de l'Abbaye de Bonnefont, mourut le 27 décembre à l'âge de quarante-cinq ans. Le Chevalier d'Aultry, Brigadier d'infanterie, décéda le 2 janvier à l'âge de soixante-neuf ans. Louis-Antoine du Fos, Marquis de Mery, mourut le 12 janvier à l'âge de cinquante-six ans. Louis-Jean-Jacques Touffain de Richebourg décéda le 15 janvier à l'âge de trente-sept ans. Enfin, l'Abbé de l'Abbaye de Bellaigue mourut au commencement du mois de février à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 238-245
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Sa Majesté a accordé les grandes entrées à M. le Maréchal Duc [...]
Mots clefs :
Comte d'Egmont, Duc de Gesvres, Célébrations de la conquête de Minorque, Monument de gloire, Marquis, Maréchal, Fort de Saint-Philippe, Cardinal de Tavannes, Garnison de la Rochelle, Comtes, Prince de Croy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Sa Majefté a accordé les grandes entrées à M. le
A
Maréchal Duc de Belle- Ifle .
Le jour que M. le Comte d'Egmont apporta au
Roi les articles de la Capitulation du Fort Saint-
Philippe , le Corps de Ville fit tirer à cinq & à fept
heures du foir les boîtes d'artillerie & le canon
de la Ville. Sur les neuf heures , il y eut une pareille
falve d'artillerie , pendant laqucile les Prévôt
des Marchands & Echevins allumerent , avec les
cérémonies accoutumées , le bucher qui avoit
été dreffé dans le milieu de la Place de l'Hôtel de
Ville. On tira enfuite une grande quantité de
fufées volantes. La Ville fit en même temps couler
trois fontaines de vin , & diftribuer des viandes au
peuple dans la même Place . Près de chaque fontaine
de vin étoit une Orcheſtre remplie de
Joueurs d'Inftrumens . La Place étoit éclairée par
un grand nombre d'ifs , qui portoient des lumie
res , & la façade de l'Hôtel de Ville l'étoit par
trois filets de terrines fuivant l'Ordre de l'Architecture.
L'Hôtel de M. le Duc de Gefvres , Gou
SEPTEMBRE . 1756. 239
verneur de Paris ; celui du Prevôt des Marchands,
& les maifons des Echevins & des principaux Officiers
de l'Hôtel de Ville , furent auffi illuminés.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre de folemnelles actions de graces
à l'occafion de la conquête de l'Ifle Minorque
on chanta le 25 Juillet le Te Deum dans l'Eglife
Métropolitaine , & P'Abbé de Saint - Exupery ,
Doyen du Chapitre , y officia. M. de Lamoignon ,
Chancelier de France , & M. de Machault , Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat , & Maîtres des Requêtes , y affifterent ,
ainfi que le Parlement , la Chambre des Comptes
, la Cour des Aides & le Corps de Ville , qui
y avoient été invités de la part de Sa Majesté par
M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre des Prevôt des Marchands &
Echevins , un Feu d'artifice dont l'exécution ne
laiffa rien à défirer. La décoration repréfentoit
un grand trophée de guerre , élevé à la gloire du
Roi fur les débris d'un Fort . Le corps de ce tro
phée , étoit une pyramide quadrangulaire de
foixante douze pieds de haut , pofée au milieu de
la principale place d'armes du Fort ſur pluſieurs
canons démontés. Des maffes d'armures antiques ,
des efpeces de foleils formés avec les armes enlevées
aux ennemis , & des médaillons au chiffre
du Roi , ornoient les quatre faces de la pyramide.
La boule de France , furmontée d'une couronne ,
lui fervoit d'amortiffement. Cette pyramide étoit
accompagnée de deux colonnes roftrales de cinq
pieds de diametre , conftruites fur les pointes des
Ravelins , & auxquelles étoient attachés des becs
& des proues de Navires. A l'entrée des attaques
on avoit placé diverfes figures allégoriques. Qua
240 MERCURE DE FRANCE.
tre palmiers étoient plantés fur les quatre contre
gardes , qui enveloppoient le corps de la Place ,
& qui enfermoient la feconde enceinte. Les tiges
de ces arbres étoient chargées de dépouilles remportées
par les vainqueurs , & les rameaux étoient
entrelacés de guirlandes auxquelles des couronnes
de laurier de différentes grandeurs étoient fufpendues.
On voyoit au haut des deux colonnes deux
figures, qui repréfentoient, l'une Neptune , l'autre
Le Génie Tutelaire de la Place. La France , entourée
de plufieurs Génies & d'une troupe de Héros ,
paroiffoit à l'endroit de la principale attaque ,
confacrant ce monument en préſence de Mars &
de Minerve.
Cette décoration enrichie de peinture & de
rondeboffe , avoir quatre-vingt-huit pieds de longueur.
Elle étoit difpofée fur plufieurs plans concentriques
, élevés les uns au- deffus des autres , &
elle préfentoit au naturel le tableau d'une fête
militaire , donnée dans un Fort qui venoit d'être
emporté d'affaut. Les différens jeux de l'artifice
exprimerent l'attaque & la défenfe d'une Place.
Ils furent terminés par un coup de feu très-bril
lant , & par un bouquet en réjouiffance de la
victoire.
Au Feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination. Un triple cordon de lumieres deffinoit
l'architecture de la façade & du grand comble de
l'Hôtel de Ville . Plufieurs luftres garnis de lanternes
de verre éclairoient diverfes parties du bâ
timent. Toute l'enceinte de la Place étoit illuminée
, ainfi que le pourtour du Feu , par des ifs
chargés de lampions .
Il y eut auffi de très- belles illuminations aux
Hôtels de M. le Duc de Gefvres & du Prevôt des
Marchands , & aux maiſons des Echevins & des
principaux
SEPTEMBRE. 1756. 245
principaux Officiers de l'Hôtel de Ville . Des fontaines
de vin coulerent , & l'on diſtribua du pain
& des viandes au peuple dans tous ces différens
endroits, de même que dans la Place de Louis XV ,
dans celle de Louis le Grand , dans celle des Victoires
, dans celle du Carroufel , dans la Place
Royale , dans les Halles , dans le Marché- Neuf ,
à la Place Maubert & à la Croix- Rouge. On
avoit mis des Orcheſtres partout où le faifoient
ces diſtributions , & le peuple jufqu'à cinq heures
du matin témoigna par les danfes la joie que lui
caufoit la profpérité des armes du Roi. Pendant
toute la nuit , la Place devant l'Hôtel de Ville fut
remplie de carroffes.
Deux Armateurs de Calais ont fait deux prifes
affez confidérables . Un Armateur de Dunkerque
a enlevé un Navire Anglois qui forto t d´´la Tamife
, & il l'a conduit à Oftende. Le chargement
de cette derniere priſe eſt eſtimé trois cens mille
livres.
Le Roi a donné le Gouvernement général de
l'Ile Minorque à M. le Comte de Lannon , Maréchal
de Camp . Sa Majefté a fait Marécha x e
fes Camps & Armées MM. de la Serre , Brigadier,
Lieutenant- Colonel du Régiment Royal la Ma
rine; de la Bliniere , Brigadier , Lieutenant- Colonel
du Régiment Royal Infanterie ; le Marquis
de Roquepine , Brigadier , Colonel du Régi
ment Royal Comtois ; le Marquis de Monti , Bi
gadier , Colonel du Régiment Royal Italien ; le
Marquis de Trainel , Brigadier , Colonel d'un
Régiment d'Infanterie ; le Comte d'Egmont , Brigadier
; Meftre de Camp d'un Régiment de Cavalerie
, & le Chevalier de Redmont , Brigadier ,
Meftre de Camp Réformé de Cavalerie. Sa Majeſté
a fait Brigadier de Dragons M. le Duc de
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Fronfac , Mestre de Camp de Dragons ; & Elle a
fait Brigadiers d'Infanterie M. le Prince de Rohan-
Rochefort , Colonel d'un Régiment d'Infanterie ;
le Comte de Levis- Leran , Colonel du Régiment
Royal la Marine ; le Chevalier de Clermont d'Amboife
, Colonel du Régiment de Bretagne , & le
Comte de Rochambeau , Colonel du Régiment
de la Marche.
Il y a eu , tant pendant le cours du fiege da
Fort Saint- Philippe , qu'à l'attaque faite des ouvrages
de ce Fort dans la nuit du 27 au 28 Juin ,
treize Officiers tués , & quatre vingt- douze bleffés.
Quatre cens dix -neuf Soldats ont été tués , &
le nombre de ceux qui ont été bleffés monte à
neuf cens quatre- vingt- feize.
Les habitans de Rouen ayant été informés que
M. le Cardinal de Tavannes devoit y arriver le 19
Juillet , le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine ,
& tous les Ordres de la Ville , fe font empreffés à
l'envi de lui marquer la part qu'ils prenoient à fa
promotion au Cardinalat . Les Compagnies de la
Bourgoifie , à cheval , avec leurs trompettes &
leurs étendards , font allées au devant de lui ,
à l'entrée du Fauxbourg , dans le lieu où il devoit
fe revêtir de fes habits de cérémonie. Toutes les
Brigades de la Maréchauffée , le Grand Prevôt à
leur tête , fe font rendues au même lieu , & toutes
les perfonnes de confidération y ont envoyé leurs
carroffes, pour former un cortége pompeux . L'im- :
patience de voir le Cardinal avoit fait fortir de la
Ville une partie du peuple ; le refte rempliffoit les
rues & les places publiques. Le Cardinal , en entrant
dans Rouen , a été falué par le canon de la
Ville & par celui du vieux Palais. Le Régiment
de Lyonnois , fous les armes , formoit une doable
Laie depuis la porte du Pont juſqu'au grand Por
SEPTEMBRE . 1756. 243
tail de l'Eglife Métropolitaine , dont l'interieur
étoit gardé par les deux Compagnies de Grenadiers
de ce Corps . Lorfque le Cardinal a été prêt
d'entrer dans la grande Place qui eft devant l'E-`
glife , le Chapitre eft forti proceffionellement ,
pour aller au devant de Son Eminence. Le Haut
Doyen l'a complimentée au nom des Chanoines ,
& elle a été conduite dans le choeur de l'Eglife
Métropolitaine , où les principaux Membres du
Parlement & de la Chambre des Comptes , le
Corps de Ville , les Curés , les Supérieurs des
Communautés Régulieres , & un grand nombre
de perfonnes de diftinction , étoient placés avec
un ordre dont tout le monde a été fatisfait . On a
chanté le Te Deum en mufique & avec fymphonie.
A l'entrée de la nuit , la partie extérieure du
choeur de l'Eglife Métropolitaine , qui termine
d'un côté la cour de l'Archevêché , a été illuminée
, ainfi que toutes les maifons des Chanoines ,
les Communautés Religieufes & plufieurs autres
maifons de la Ville.
"
Le premier d'Août , les Officiers de la Garnifon
de la Rochelle , compofée des Régimens d'Infanterie
de la Sarre & de Breffe , & du Régiment
Royal Dragons , célébrerent par une fête éclatante
la prife du Fort Saint- Philippe . La grande
Place de la Ville étant plantée de plufieurs allées
d'arbres , paroiffoit faite exprès pour rendre ce
fpectacle agréable. Après que les troupes y eurent
formé plufieurs faifceaux de leurs armes , l'Aumônier
du Régiment de la Sarre dit la Meſſe fur un
Autel qu'on dreffa dans l'inftant . Enfuite les foldars
des trois Régimens que l'on mêla exprès ,
prirent leurs places aux différentes tables qui leur
étoient deſtinées , & qui furent fervies avec la
plus grande abondance . On avoit préparé des ta-
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
bles particulieres pour les Maréchaux des Logis &
pour les Sergens . M. de Montpouillan & les
Comtes de Carcado & de la Blache , Colonels , accompagnés
de MM. le Blanc & de Labadie , Lieutenans-
Colonels , & de MM. du Menil , de S. Mery
& de Murat, Majors , allerent inviter M. le Marquis
de Clermont- Gallerande, Lieutenans-Général, qui
commande dans la Province , & M. le Marquis de
Dreux employé fous les ordres en qualité de Maréchal
de Camp , à porter la fanté du Roi & celles
de la Famille Royale. Ces fantés furent bues au
bruit de cinq pieces de canon . Pluſieurs inftrumens
de guerre & de mufique augmenterent la
joie de ce feftin militaire. La fête fut fuivie d'un
magnifique repas fervi à une table de cent cinquante
couverts que donna le Marquis de Gallerande.
Le foir , l'Hôtel de ce Lieutenant Général
fut illuminé en tranſparent. La décoration repréfentoit
le Port-Mahon . Au deffus , on lifoit ce vers :
Difcite juftitiam moniti , &non temnere Divos.
La fête que le Prince de Croy a donnée le
même jour au Camp fous Calais , a été de la plus
grande magnificence. Quarante- cinq Dames y
avoient été invitées , ainfi que M. d'Invault , Intendant
de Picardie , & tous les Officiers des Etats
Majors des Villes , Citadelles & Forts des environs
du Camp . On fervit pour cette Compagnie &
pour les Officiers des troupes dont le Camp eft
compofé , plufieurs tables fous des baldaquins à
la Chinoife , dont les bords étoient feftonnés par
des guirlandes de fleurs . Ces mêmes guirlandes
defcendoient par diverfes circonvolutions autour
des colonnes qui foutenoient les baldaquins. Pendant
le repas, qui dura depuis quatre heures aprèsmidi
jufqu'à fept , & dans lequel il régna autant
de profufion que de délicateffe , on diftribua dụ
pain , de la viande & de la biere aux foldats. Les
SEPTEMBRE . 1736. 245
Comédiens jouerent la Comédie gratis ; & comme
la falle du Spectacle ne pouvoit contenir qu'une
petite partie des troupes , on avoit placé des Farceurs,
des Danfeurs de cordes & des Joueurs de gobelets,
à la tête de chaque Brigade . Sur les fept heures
& demie , on chanta le Te Deum dans la Chapelle
du Camp , au bruit de tous les inftrumens de
guerre. Lorfque la nuit commença , trois fufées
partirent d'une montagne à deux lieues du Camp ,
qui eft précisément vis - à-vis de Douvres . La Ville
& la Citadelle de Calais , & tous les Forts des
ennemis répondirent à ce fignal par des falves
générales de leur artillerie. Ces falves furent repétées
trois fois . Elles furent fuivies d'un Feu
d'artifice , dont la décoration repréfentoit un
Fort quarré à double enceinte , femblable à celui
de Saint-Philippe . A la fin du Feu , il tomba fur
le Fort une fleur de lys enflammée. Plufieurs fougaffes
jouerent en même temps , & renverferent
tous les ouvrages . On demeura un inftant dans
une grande obfcurité . Puis on vit s'élever par
dégrés un foleil d'artifice . Les Armes de France
parurent deffinées en feu brillant . Au deffus étoit
un Vive le Roi en caracteres lumineux , parfaitement
exécuté .
La Ville de Saint- Malo ne s'eft pas moins
diftinguée par les réjouiffances qu'elle a faites le
8 , à l'occafion de la conquête de l'Ile Minorque.
Voici le Mandement de M. l'Evêque de cette Ville ,
qui a ordonné de chanter le Te Deum à ce fujet.
Sa Majefté a accordé les grandes entrées à M. le
A
Maréchal Duc de Belle- Ifle .
Le jour que M. le Comte d'Egmont apporta au
Roi les articles de la Capitulation du Fort Saint-
Philippe , le Corps de Ville fit tirer à cinq & à fept
heures du foir les boîtes d'artillerie & le canon
de la Ville. Sur les neuf heures , il y eut une pareille
falve d'artillerie , pendant laqucile les Prévôt
des Marchands & Echevins allumerent , avec les
cérémonies accoutumées , le bucher qui avoit
été dreffé dans le milieu de la Place de l'Hôtel de
Ville. On tira enfuite une grande quantité de
fufées volantes. La Ville fit en même temps couler
trois fontaines de vin , & diftribuer des viandes au
peuple dans la même Place . Près de chaque fontaine
de vin étoit une Orcheſtre remplie de
Joueurs d'Inftrumens . La Place étoit éclairée par
un grand nombre d'ifs , qui portoient des lumie
res , & la façade de l'Hôtel de Ville l'étoit par
trois filets de terrines fuivant l'Ordre de l'Architecture.
L'Hôtel de M. le Duc de Gefvres , Gou
SEPTEMBRE . 1756. 239
verneur de Paris ; celui du Prevôt des Marchands,
& les maifons des Echevins & des principaux Officiers
de l'Hôtel de Ville , furent auffi illuminés.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre de folemnelles actions de graces
à l'occafion de la conquête de l'Ifle Minorque
on chanta le 25 Juillet le Te Deum dans l'Eglife
Métropolitaine , & P'Abbé de Saint - Exupery ,
Doyen du Chapitre , y officia. M. de Lamoignon ,
Chancelier de France , & M. de Machault , Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat , & Maîtres des Requêtes , y affifterent ,
ainfi que le Parlement , la Chambre des Comptes
, la Cour des Aides & le Corps de Ville , qui
y avoient été invités de la part de Sa Majesté par
M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre des Prevôt des Marchands &
Echevins , un Feu d'artifice dont l'exécution ne
laiffa rien à défirer. La décoration repréfentoit
un grand trophée de guerre , élevé à la gloire du
Roi fur les débris d'un Fort . Le corps de ce tro
phée , étoit une pyramide quadrangulaire de
foixante douze pieds de haut , pofée au milieu de
la principale place d'armes du Fort ſur pluſieurs
canons démontés. Des maffes d'armures antiques ,
des efpeces de foleils formés avec les armes enlevées
aux ennemis , & des médaillons au chiffre
du Roi , ornoient les quatre faces de la pyramide.
La boule de France , furmontée d'une couronne ,
lui fervoit d'amortiffement. Cette pyramide étoit
accompagnée de deux colonnes roftrales de cinq
pieds de diametre , conftruites fur les pointes des
Ravelins , & auxquelles étoient attachés des becs
& des proues de Navires. A l'entrée des attaques
on avoit placé diverfes figures allégoriques. Qua
240 MERCURE DE FRANCE.
tre palmiers étoient plantés fur les quatre contre
gardes , qui enveloppoient le corps de la Place ,
& qui enfermoient la feconde enceinte. Les tiges
de ces arbres étoient chargées de dépouilles remportées
par les vainqueurs , & les rameaux étoient
entrelacés de guirlandes auxquelles des couronnes
de laurier de différentes grandeurs étoient fufpendues.
On voyoit au haut des deux colonnes deux
figures, qui repréfentoient, l'une Neptune , l'autre
Le Génie Tutelaire de la Place. La France , entourée
de plufieurs Génies & d'une troupe de Héros ,
paroiffoit à l'endroit de la principale attaque ,
confacrant ce monument en préſence de Mars &
de Minerve.
Cette décoration enrichie de peinture & de
rondeboffe , avoir quatre-vingt-huit pieds de longueur.
Elle étoit difpofée fur plufieurs plans concentriques
, élevés les uns au- deffus des autres , &
elle préfentoit au naturel le tableau d'une fête
militaire , donnée dans un Fort qui venoit d'être
emporté d'affaut. Les différens jeux de l'artifice
exprimerent l'attaque & la défenfe d'une Place.
Ils furent terminés par un coup de feu très-bril
lant , & par un bouquet en réjouiffance de la
victoire.
Au Feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination. Un triple cordon de lumieres deffinoit
l'architecture de la façade & du grand comble de
l'Hôtel de Ville . Plufieurs luftres garnis de lanternes
de verre éclairoient diverfes parties du bâ
timent. Toute l'enceinte de la Place étoit illuminée
, ainfi que le pourtour du Feu , par des ifs
chargés de lampions .
Il y eut auffi de très- belles illuminations aux
Hôtels de M. le Duc de Gefvres & du Prevôt des
Marchands , & aux maiſons des Echevins & des
principaux
SEPTEMBRE. 1756. 245
principaux Officiers de l'Hôtel de Ville . Des fontaines
de vin coulerent , & l'on diſtribua du pain
& des viandes au peuple dans tous ces différens
endroits, de même que dans la Place de Louis XV ,
dans celle de Louis le Grand , dans celle des Victoires
, dans celle du Carroufel , dans la Place
Royale , dans les Halles , dans le Marché- Neuf ,
à la Place Maubert & à la Croix- Rouge. On
avoit mis des Orcheſtres partout où le faifoient
ces diſtributions , & le peuple jufqu'à cinq heures
du matin témoigna par les danfes la joie que lui
caufoit la profpérité des armes du Roi. Pendant
toute la nuit , la Place devant l'Hôtel de Ville fut
remplie de carroffes.
Deux Armateurs de Calais ont fait deux prifes
affez confidérables . Un Armateur de Dunkerque
a enlevé un Navire Anglois qui forto t d´´la Tamife
, & il l'a conduit à Oftende. Le chargement
de cette derniere priſe eſt eſtimé trois cens mille
livres.
Le Roi a donné le Gouvernement général de
l'Ile Minorque à M. le Comte de Lannon , Maréchal
de Camp . Sa Majefté a fait Marécha x e
fes Camps & Armées MM. de la Serre , Brigadier,
Lieutenant- Colonel du Régiment Royal la Ma
rine; de la Bliniere , Brigadier , Lieutenant- Colonel
du Régiment Royal Infanterie ; le Marquis
de Roquepine , Brigadier , Colonel du Régi
ment Royal Comtois ; le Marquis de Monti , Bi
gadier , Colonel du Régiment Royal Italien ; le
Marquis de Trainel , Brigadier , Colonel d'un
Régiment d'Infanterie ; le Comte d'Egmont , Brigadier
; Meftre de Camp d'un Régiment de Cavalerie
, & le Chevalier de Redmont , Brigadier ,
Meftre de Camp Réformé de Cavalerie. Sa Majeſté
a fait Brigadier de Dragons M. le Duc de
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Fronfac , Mestre de Camp de Dragons ; & Elle a
fait Brigadiers d'Infanterie M. le Prince de Rohan-
Rochefort , Colonel d'un Régiment d'Infanterie ;
le Comte de Levis- Leran , Colonel du Régiment
Royal la Marine ; le Chevalier de Clermont d'Amboife
, Colonel du Régiment de Bretagne , & le
Comte de Rochambeau , Colonel du Régiment
de la Marche.
Il y a eu , tant pendant le cours du fiege da
Fort Saint- Philippe , qu'à l'attaque faite des ouvrages
de ce Fort dans la nuit du 27 au 28 Juin ,
treize Officiers tués , & quatre vingt- douze bleffés.
Quatre cens dix -neuf Soldats ont été tués , &
le nombre de ceux qui ont été bleffés monte à
neuf cens quatre- vingt- feize.
Les habitans de Rouen ayant été informés que
M. le Cardinal de Tavannes devoit y arriver le 19
Juillet , le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine ,
& tous les Ordres de la Ville , fe font empreffés à
l'envi de lui marquer la part qu'ils prenoient à fa
promotion au Cardinalat . Les Compagnies de la
Bourgoifie , à cheval , avec leurs trompettes &
leurs étendards , font allées au devant de lui ,
à l'entrée du Fauxbourg , dans le lieu où il devoit
fe revêtir de fes habits de cérémonie. Toutes les
Brigades de la Maréchauffée , le Grand Prevôt à
leur tête , fe font rendues au même lieu , & toutes
les perfonnes de confidération y ont envoyé leurs
carroffes, pour former un cortége pompeux . L'im- :
patience de voir le Cardinal avoit fait fortir de la
Ville une partie du peuple ; le refte rempliffoit les
rues & les places publiques. Le Cardinal , en entrant
dans Rouen , a été falué par le canon de la
Ville & par celui du vieux Palais. Le Régiment
de Lyonnois , fous les armes , formoit une doable
Laie depuis la porte du Pont juſqu'au grand Por
SEPTEMBRE . 1756. 243
tail de l'Eglife Métropolitaine , dont l'interieur
étoit gardé par les deux Compagnies de Grenadiers
de ce Corps . Lorfque le Cardinal a été prêt
d'entrer dans la grande Place qui eft devant l'E-`
glife , le Chapitre eft forti proceffionellement ,
pour aller au devant de Son Eminence. Le Haut
Doyen l'a complimentée au nom des Chanoines ,
& elle a été conduite dans le choeur de l'Eglife
Métropolitaine , où les principaux Membres du
Parlement & de la Chambre des Comptes , le
Corps de Ville , les Curés , les Supérieurs des
Communautés Régulieres , & un grand nombre
de perfonnes de diftinction , étoient placés avec
un ordre dont tout le monde a été fatisfait . On a
chanté le Te Deum en mufique & avec fymphonie.
A l'entrée de la nuit , la partie extérieure du
choeur de l'Eglife Métropolitaine , qui termine
d'un côté la cour de l'Archevêché , a été illuminée
, ainfi que toutes les maifons des Chanoines ,
les Communautés Religieufes & plufieurs autres
maifons de la Ville.
"
Le premier d'Août , les Officiers de la Garnifon
de la Rochelle , compofée des Régimens d'Infanterie
de la Sarre & de Breffe , & du Régiment
Royal Dragons , célébrerent par une fête éclatante
la prife du Fort Saint- Philippe . La grande
Place de la Ville étant plantée de plufieurs allées
d'arbres , paroiffoit faite exprès pour rendre ce
fpectacle agréable. Après que les troupes y eurent
formé plufieurs faifceaux de leurs armes , l'Aumônier
du Régiment de la Sarre dit la Meſſe fur un
Autel qu'on dreffa dans l'inftant . Enfuite les foldars
des trois Régimens que l'on mêla exprès ,
prirent leurs places aux différentes tables qui leur
étoient deſtinées , & qui furent fervies avec la
plus grande abondance . On avoit préparé des ta-
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
bles particulieres pour les Maréchaux des Logis &
pour les Sergens . M. de Montpouillan & les
Comtes de Carcado & de la Blache , Colonels , accompagnés
de MM. le Blanc & de Labadie , Lieutenans-
Colonels , & de MM. du Menil , de S. Mery
& de Murat, Majors , allerent inviter M. le Marquis
de Clermont- Gallerande, Lieutenans-Général, qui
commande dans la Province , & M. le Marquis de
Dreux employé fous les ordres en qualité de Maréchal
de Camp , à porter la fanté du Roi & celles
de la Famille Royale. Ces fantés furent bues au
bruit de cinq pieces de canon . Pluſieurs inftrumens
de guerre & de mufique augmenterent la
joie de ce feftin militaire. La fête fut fuivie d'un
magnifique repas fervi à une table de cent cinquante
couverts que donna le Marquis de Gallerande.
Le foir , l'Hôtel de ce Lieutenant Général
fut illuminé en tranſparent. La décoration repréfentoit
le Port-Mahon . Au deffus , on lifoit ce vers :
Difcite juftitiam moniti , &non temnere Divos.
La fête que le Prince de Croy a donnée le
même jour au Camp fous Calais , a été de la plus
grande magnificence. Quarante- cinq Dames y
avoient été invitées , ainfi que M. d'Invault , Intendant
de Picardie , & tous les Officiers des Etats
Majors des Villes , Citadelles & Forts des environs
du Camp . On fervit pour cette Compagnie &
pour les Officiers des troupes dont le Camp eft
compofé , plufieurs tables fous des baldaquins à
la Chinoife , dont les bords étoient feftonnés par
des guirlandes de fleurs . Ces mêmes guirlandes
defcendoient par diverfes circonvolutions autour
des colonnes qui foutenoient les baldaquins. Pendant
le repas, qui dura depuis quatre heures aprèsmidi
jufqu'à fept , & dans lequel il régna autant
de profufion que de délicateffe , on diftribua dụ
pain , de la viande & de la biere aux foldats. Les
SEPTEMBRE . 1736. 245
Comédiens jouerent la Comédie gratis ; & comme
la falle du Spectacle ne pouvoit contenir qu'une
petite partie des troupes , on avoit placé des Farceurs,
des Danfeurs de cordes & des Joueurs de gobelets,
à la tête de chaque Brigade . Sur les fept heures
& demie , on chanta le Te Deum dans la Chapelle
du Camp , au bruit de tous les inftrumens de
guerre. Lorfque la nuit commença , trois fufées
partirent d'une montagne à deux lieues du Camp ,
qui eft précisément vis - à-vis de Douvres . La Ville
& la Citadelle de Calais , & tous les Forts des
ennemis répondirent à ce fignal par des falves
générales de leur artillerie. Ces falves furent repétées
trois fois . Elles furent fuivies d'un Feu
d'artifice , dont la décoration repréfentoit un
Fort quarré à double enceinte , femblable à celui
de Saint-Philippe . A la fin du Feu , il tomba fur
le Fort une fleur de lys enflammée. Plufieurs fougaffes
jouerent en même temps , & renverferent
tous les ouvrages . On demeura un inftant dans
une grande obfcurité . Puis on vit s'élever par
dégrés un foleil d'artifice . Les Armes de France
parurent deffinées en feu brillant . Au deffus étoit
un Vive le Roi en caracteres lumineux , parfaitement
exécuté .
La Ville de Saint- Malo ne s'eft pas moins
diftinguée par les réjouiffances qu'elle a faites le
8 , à l'occafion de la conquête de l'Ile Minorque.
Voici le Mandement de M. l'Evêque de cette Ville ,
qui a ordonné de chanter le Te Deum à ce fujet.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le texte décrit les célébrations et événements liés à la conquête de l'île de Minorque par le roi de France. Le 25 juillet, le roi a ordonné des actions de grâce solennelles. À Paris, un Te Deum a été chanté dans l'église métropolitaine en présence de l'archevêque, du chancelier de France, du garde des sceaux et divers corps officiels. Un feu d'artifice a été tiré sur la place de l'Hôtel de Ville, illustrant un trophée de guerre et des scènes de bataille. La ville a été illuminée, et des fontaines de vin ainsi que des distributions de nourriture ont été organisées dans plusieurs places publiques. Des illuminations ont également eu lieu dans les hôtels des dignitaires et des principaux officiers de la ville. Le roi a procédé à des promotions militaires, nommant notamment M. le Comte de Lannion gouverneur général de l'île de Minorque et plusieurs officiers à des grades supérieurs. Les combats pour le fort Saint-Philippe ont entraîné des pertes humaines importantes : treize officiers tués et quatre-vingt-douze blessés, ainsi que quatre cent dix-neuf soldats tués et neuf cent quatre-vingt-seize blessés. À Rouen, le cardinal de Tavannes a été accueilli par une procession et des salves de canon, suivies d'un Te Deum. La Rochelle a célébré la prise du fort Saint-Philippe par une fête militaire incluant une messe, un banquet et des illuminations. Le prince de Croy a organisé une fête somptueuse dans son camp sous Calais, avec repas, spectacles et feu d'artifice. Saint-Malo a également marqué la conquête de Minorque par des réjouissances publiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 203-223
« Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...] »
Début :
Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...]
Mots clefs :
Naissance du Duc de Bourbon, Prince de Condé, Fête, Feux d'artifice, Démission, Charges, Franche-Comté, Orage, Ouragan, Monseigneur le Dauphin, Révision du régiment, Sa Majesté, Ordonnance du roi, Académie royale des sciences, Accession à des charges, Lit de justice, Ambassadeurs, Comtes, Marquis, Duc d'Orléans, Comte de Clermont, Cérémonie, M. le Chancelier, Discours du roi, Fiscalité, Parlement, Canada, Combats, Vaisseaux anglais, Succès, Duc de Gesvres, Corsaire anglais, Maréchal duc de Richelieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...] »
LEE premier Août , vingt- quatre des principaux
habitans de Chantilly ont fignalé leur zele & leur
attachement pour le Prince de Condé , en donnant
une très- belle fête à l'occafion de la naiffance du
Duc de Bourbon , & de la convalefcence de Mile
de Bourbon. La fête a commencé par un Te
Deum folemnel , chanté dans l'Eglife de la Paroiffe
, au bruit de trente- fix pieces de canon . A
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
neuf heures du foir , on tira vis-à-vis de la façade
du petit Château , où étoient le Prince & la
Princeffe de Condé , un feu d'artifice dont le deſfein
& l'exécution furent également applaudis.
Dès que le Prince eut donné le fignal , on vit pároître
trois Bateaux fur la piece d'eau , qui eft visà-
vis du petit Château . Ils venoient de trois côtés
différens , & ils fe réunirent pour attaquer un
Fort qu'on avoit conftruit fur le bord de l'eau.
Pendant près de trois quarts d'heure , il firent
pleuvoir une infinité de fufées & de bombes fur
cette efpece de Citadelle. Dans le temps qu'on
croyoit le Fort réduit en cendres , il foudroya
d'artifice les trois Bateaux ; & toute la piece
d'eau devint un étang de feu. A cette attaque fuccéderent
plufieurs caſcades , gerbes , foleils , &c.
Un bruit de trompettes & de cors de chaffe annonça
la victoire remportée par les affiégés . Le
ficur Coufinet , Sculpteur du Frince de Condé
a donné l'idée du fiege , & a conduit le feu des
Bateaux. Le refte du feu a été dirigé par les fieurs
Caftain & Maurice , Artificiers du Roi . Lorſque
l'artifice a ceffé , neuf grands Portiques , ornés
de verdure , qu'on avoit placés en perſpective du
petit Château , furent illuminés. Celui du milieu ,
plus élevé que les autres , étoit furmonté par le
Chiffre couronné du Prince & de la Princeffe de
Condé. Au pied de ces Portiques , une Salle de
verdure , de cent trente pieds en quarré , contenoit
une table de foixante couverts , préparée
pour les époufes des principaux habitans . Sur la
fin du fouper , le Prince & la Princeffe de Condé
fe rendirent dans cette Salle . Ils y furent reçus au
fon des trompettes , cors de chaffe , violons &
autres inftrumens. Le Bal fuivit le fouper. Leurs
Akteffes Séréniffimes danferent indifféremment
OCTOBRE. 1756. 205
avec ceux qui fe préfenterent. Vers les deux
heures du matin , le Prince & la Princeffe retournerent
au Château précédés d'un grand nombre
d'inftrumens , & de douze habitans , qui portoient
chacun un falot devant Leurs Alteffes Séréniffimes.
M. le Maréchal Duc de Richelieu s'eft démis
de fa charge de premier Gentilhomme de la Chambre
en faveur de M. le Duc de Fronfac , fon fils ,
& a obtenu la furvivance de cette Charge.
Le Roi a accordé à M. de Fremeur , Lieutenant
- Général des Armées de Sa Majefté , le Ġouvernement
de Monmédy , vacant par la mort du
Comte de la Claviere , auffi Lieutenant- Général.
M. le Marquis de Talaru , Brigadier d'Infante
rie , & Colonel du Régiment de fon nom , a été
nommé Gouverneur des Villes & Châteaux de
Phaltzbourg & de Saltzbourg , fur la démiffion
de M. le Marquis de Chalmazel fon pere.
Le 9 Août , le Roi fit la cérémonie de recevoir
Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis , M. le Comte
d'Egmont , Maréchal de Camp , & M. le Comte
de Balbi , Brigadier , Colonel réformé à la fuite du
Régiment Royal Italien.
Selon les lettres de Franche-Comté, on a effuyé
vers la fin du mois de Juillet , tant à Saint- Claude
que dans les environs , une orage des plus terribles.
Le bruit & les éclats du tonnerre étoient
fi violens , qu'ils faifoient trembler les perſonnes
les plus hardies. Les animaux dans la campagne
cherchoient en mugiffant , quelque retraite affurée.
A chaque éclat , la foudre tomboit en différentes
manieres & dans plufieurs endroits. Les
eaux deſcendoient de la montagne avec tant d'abondance
& de rapidité , qu'elles entraînoîent
rout ce qu'elles rencontroient dans leur paffage.
206 MERCURE DE FRANCE.
Vergers , Maifons , Moulins , Ecluses , rien n'a
refifté . Le 6 Août , la Ville de Saint - Claude
& les campagnes voifines ont prouvé un nouveau
fléau. Un ouragan épouvantable a ruiné dans les
campagnes tout ce que l'orage précédent avoit
épargné. Dans la Ville , la plupart des toits ont
été enlevés , & prefque toutes les cheminées abattues.
Le Clocher des Religieufes de l'Annonciade
a été renversé . Trente des plus gros arbres de la
promenade publique ont été déracinés , & tous
les autres ont été dépouillés de leurs feuilles .
Monfeigneur le Dauphin fit le 11 Août , la
revue de fon Régiment de Cavalerie , dans la
Plaine de Favieres , à cinq lieues de Compiegne.
M. le Comte de Perigord , Meftre de Camp , Lieutenant
de ce Régiment , le fit efcadronner & manoeuvrer.
M. le Marquis de Paulmy , Secretaire
d'Etat au Département de la Guerre en furvivance
du Comte d'Argenfon , accompagna Monfeigneur
le Dauphin.
Le 13 , Sa Majefté fit la revue du Régiment
Royal , Cavalerie , dans la Plaine dite du Moulin
, près de la même Ville. M. le Marquis d'Equevilly,
Meftre de Camp , Lieutenant de ce Régiment
, lui fit faire différentes évolutions . Enfuite
ce Régiment fe porta au lieu nommé le puits
de Berne , où il fit , devant le Roi , l'exercice à
pied , en bufle & en bonnet. Le fils de M. le Marquis
d'Ecquevilly , âgé de dix ans , paſſa au rang
des Cavaliers. Il fit , comme eux , le maniement
des armes & les évolutions à cheval , ainfi
que
l'exercice à pied. Sa Majefté parut très - fatisfaite .
Par une Ordonnance du 15 Fevrier 1749 , le
Roi avoit établi un Aide- Major dans chacune des
quatre Brigades du Régiment des Grenadiers de
France. Sa Majefté ayant reconnu qu'un feul
OCTOBRE. 1756. 207
Officier Major par Brigade ne pouvoit fuffire aux
différens détails de la difcipline & du fervice , a
réglé que l'Etat Major de chaque Brigade feroit à
Pavenir compofé d'un Sergent Major & d'un Aide-
Major. Les emplois de Sergens Majors feront
remplis par les Aides- Majors actuels , pour en
jouir aux honneurs & prérogatives attachés aux
autres Majors de l'Infanterie . Entend Sa Majeſté ,
que M. de Lanjamet , actuellement Major dudit
Régiment , & qui ne peut en conferver le titre
ni les fonctions au moyen de la nouvelle difpofition,
ait le commandement en fecond du Corps.
Le Roi a ordonné que les Régimens d'Infanterie
Irlandoife , de Bulkeley , de Clare , de Dillon
, de Roth , de Berwick & de Lally , fuffent
portés de quatre cens foixante - cinq hommes à
cinq cens vingt - cinq.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , la Proceffion folemnelle , qui fe
fait tous les ans à pareil jour en exécution du Voeu
de Louis XIII , ſe fit avec les cérémonies accoutu
mées. L'Abbé de Saint -Exupery , Doyen du Chapitre
de l'Eglife Métropolitaine , y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de Ville
tint le 16 , M. de Bernage fut continué Prevôt
des Marchands. M. Lempereur , Quartinier , &
-M Tribard , Avocat , ont été élus Echevins.
Sa Majesté a accordé à M. de Martigny & à M.
le Chevalier de Mazieres , Maréchaux des Logis de
la premier Compagnie des Moufquetaires , deux
Commiffions de Meftres de Camp , & à MM. de
Pille , de Savigny & de la Foreft , les places de
Maréchaux des Logis , vacantes dans la même
Compagnie. Elle a difpofé des Brigades qu'avoient
208 MERCURE DE FRANCE.
ces trois derniers Officiers , en faveur de MM.
d'Ormençey , de Rouville & de Mondollot. MM .
d'Elevemont , de Caffaignere & Démazet , ont
été fait Sous-Brigadiers. Le Chevalier de Monneron
, & MM. de Beaumont & de Guiry ont -
obtenu la Croix de Saint Louis. Il y a eu plufieurs
penfions , gratifications , & Commiffions de Capitaines
données à divers Moufquetaires.
Le Corfaire commandé par le Capitaine Gaftin
, de Marſeille , a fait dans l'intervalle de
quinze jours deux prifes eftimées cinquante mille
écus. Un des Corfaires de M. Roux , de Corfe , en
a fait auffi une .
L'Académie Royale des Sciences, dans fon Affemblée
du 23 Juin , propofa au Roi pour remplir la
place d'Adjoint- Géometre, vacante par la promotion
de M. de Parcieux au grade d'Affocié , M. le
Chevalier de Borda , Chevau- leger de la Garde
du Roi , & M. Bezout , Cenſeur Royal & Maître
de Mathématiques. M. le Comte d'Argenfon
a écrit le 30 à l'Académie que le Roi avoit choiſi
M. de Borda.
Dans la même Affemblée du 23 , M. Necker ,
Citoyen de Geneve , fut élu Correſpondant de
l'Académie .
Le 23 Août , les Députés des Etats de Languedoc
eurent audience du Roi. Ils furent préſentés
à Sa Majesté par M. le Comte d'Eu , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte de Saint Florentin
, Miniftre & Sécretaire d'Etat ; & conduits
par M. de Gifeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance de M. Defgranges. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de l'Evêque de
Viviers qui porta la parole ; du Vicomte de Polignac
, pour la Nobleffe , & de Meſſieurs Valet
Député de Saint- Pons , & Montcabrier , Député
OCTOBRE . 1756. 209
de Toulouſe , pour le Tiers-Etat ; ainfi que de
M. de Montferrier , Syndic Général de la Province.
Ces Députés eurent enſuite audience de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Madame , & de Mefdames Victoire
, Sophie & Louife.
M. le Comte de Merle , Cornette de la premiere
Compagnie des Moufquetaires de la Garde,
eft défigné pour fuccéder à M. le Comte de Baſchi
en qualité d'Ambaffadeur du Roi auprès du Roi
de Portugal.
Sa Majefté a fait Brigadier de Cavalerie M. le
Comte de Perigord , Meftre de Camp- Lieutenant
du Régiment de Monfeigneur le Dauphin ;
Brigadier de Dragons , M. le Duc de Coigny ,
Meftre de Camp Général de ce Corps ; & Brigadier
d'Infanterie , M. le Chevalier de Gramont
Lieutenant-Colonel du Régiment de Vermandois.
Le Roi ayant réfolu de tenir fon Lit de Juftice,
Sa Majefté avant fon départ de Compiegne , ordonna
de faire dans le Château de Verfailles , les
préparatifs néceffaires pour cette cérémonie . La
grande Salle des Gardes fut choifie comme le lieu
qui y étoit le plus propre. M. Defgranges , Maître
des Cérémonies , après avoir reçu les ordres
du Roi , porta au Parlement le 20 Août au matin ,
une Lettre de Sa Majefté pour que le Parlement
fe rendît le lendemain à Verſailles en Corps de
Cour & en Robes rouges. Les Princes du Sang
furent avertis de la part du Roi par M. Defgranges
, qui envoya des Billets d'invitation aux Pairs ,
tant Eccléfiaftiques que Laïques ; aux Maréchaux
de France , aux Chevaliers des Ordres , aux Gouverneurs
& aux Lieutenans Généraux des Provinces.
Le 21 , le Parlement arriva fur les onze heures
à Versailles , & s'affembla dans les deux Salles
210 MERCURE DE FRANCE.
des Ambaffadeurs & du Confeil , d'où il fe rendit
à la Salle préparée pour le Lit de Juſtice . Lorfque
le Parlement eut pris fa féance en la maniere
accoutumée, il fit une Députation de quatre Préfidens
& de fix Confeillers , pour aller au - devant du
Roi. Sa Majesté en habit de cérémonie , fortit de
fon appartement , & la marche fe fit en cet ordre.
Les Tambours , Fifres , Haut- bois & Trompettes
de la Chambre. I es Lieutenans Généraux des Provinces
. Les Gouverneurs de Provinces. Les Chevaliers
des Ordres. Les Maréchaux de France . Les
Hérauts d'Armes . Les Princes du Sang . Le Maître
des Cérémonies . Deux Huiffiers de la Chambre
du Roi , portant leurs Maffes. M. le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance de
M. le Duc de Bouillon ; & à la gauche du Prince
de Turenne le Comte de Brionne , Grand Ecuyer,
portant l'Epée de Parement du Roi . Le Marquis
de Mon mirel , Capitaine de la Compagnie des
Cent Suiffes de la Garde de Sa Majesté. Sur les
aîles près de la perfonne du Roi , les Préfidens &
Confellers Députés , & fix Gardes de la Manche
avec leurs Cortes d'armes & leurs Pertuifanes.
Derriere Sa Majefté , les quatre Capitaines des
Gardes du Corps . Le Chancelier de France fuivoit
le Roi , étant accompagné d'une partie des Confeillers
d'Etat & des Maîtres des Requêtes. Sa Majefté
fe plaça fur fon Trône. Elle avoit à la droite
Monfeigneur le Dauphin , dont le fiege (C ) étoit
placé fur le tapis de Sa Majefté . Aux hauts fieges
(D) du même côté , étoient le Duc d'Orléans , le
Prince de Condé , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty & le Comte de la Marche
Princes du Sang. Sur le refte du banc , & fur un
banc en retour (G) , qui alloit juſqu'à la place du
dernier Prince du Sang ; les Ducs de Luynes , de
•
OCTOBRE . 1756 . 211
Briffac, de la Force , de Rohan , de Saint- Aignan ,
de Gefvres , le Maréchal Duc de Noailles , les
Ducs d'Aumont , de Bethune , de Fitzjames , d'Antin
, de Chaulnes , de Villars- Brancas de Lauraguais
, le Prince de Monaco , Duc de Valentinois
les Ducs de Biron , de la Valliere , & le Maréchal
de Belle -Ifle , Duc de Gifors , Pairs Laïcs . A la
gauche du Roy, aux bauis fieges ( H ) ; l'Evêque Duc
de Laon , l'Evêque Comte de Châlons , l'Evêque
Comte de Noyon , Pairs Eccléfiaftiques ; & les
Maréchaux de Coigny & de Balincourt , ( ces
deux Maréchaux de France étant venus avec le
Roi ) Aux pieds de Sa Majesté ( E ) ; le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance du
Duc de Bouillon. A droite, fur un tabouret (F) , auprès
des degrés du Siege Royal , le Comte de Brionne
, Grand Ecuyer , portant au col l'Epée de Pa
rement du Roi. A gauche , fur un banc ( K ) au❤
deffous de celui des Pairs Ecclefiaftiques ; les qua
tre Capitaines des Gardes du Corps du Roi , & le
Marquis de Montmirel , Capitaine Colonel des
Cent Suiffes de la Garde. Plus bas étoit affis fur le
petit degré ( 2 ), par lequel on defcendoit dans le Parquet
, le fieur de Segur , Prevôt de Paris , tenant
un bâton blanc en fa main. Sur une chaise à bras
(L) couverte de l'extrêmité du tapis de velours violet
, femé de fleurs de lys d'or , fervant de drap de
pieds au Roi , Meflite Guillaume de Lamoignon ,
Chancelier de France , vêtu d'une robe de velours
violet , doublée de fatin cramoifi. Sur le banc (P)
répondant à celui où fiéent les Préfidens au Confeil
en la Chambre du Parlement ; Meffire René-
Charles de Maupeou , Premier Préfident ; MM .
Molé , Potier , le Peletier de Rozambo , de Maupeou
, de Lamoignon de Montrevault , d'Aligre ,
le Fevre- d'Ormeflon , & Bochart - de Saron , Sur
212 MERCURE DE FRANCE.
les trois bancs (QR ) couverts de tapisserie , formant
l'enceinte du Parquet ; les Confeillers d'Honneur,
les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes , & les
Confeillers de la Grand'Chambre , mêlés . Dans le
Parquet , devant le Chancelier , étoient placés deux
tabourets , celui de la droite (M ) vacant par l'abfence
du Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies , & celui de la gauche (N) occupé par
le fieur Defgranges , Maître des Cérémonies . Au
milieu du Parquet ( i ) & à genoux devant le Roi ,
deux Huiffiers de la Chambre de Sa Majesté ,
tenant leurs Maffes d'argent doré , & à quelque
diſtance ( k ) , fix Hérauts d'armes. Au côté droit ,
Sur les deux bancs ( SS ) couverts de tapis femés de
fleurs de lys ; les Confeillers d'Etat & Maîtres des
Requêtes , vêtus en robe de fatin noir , venus avec
le Chancelier. Sur une forme ( a ) à gauche , en entrant
, vis- à-vis des Préfidens ; le Comte de Saint
Florentin , le Comte d'Argenfon , M. Rouillé &
le Marquis de Paulmy , Secretaires d'Etat . Sur
trois autres bancs ( TVX ) à gauche dans le Parquet
, vis- a-vis des Confeillers d'Etat ; le Marquis
de Beringhen , le Comte de Lautrec , le Marquis
de Puyzieulx , le Comte de Vaulgrenant , le Marquis
de Saffenage , le Comte de Mailly , le Baron
de Montmorency , le Marquis de Chalmazel , le
Comte de la Vauguion , le Marquis d'Armentieres
, & le Marquis de l'Hopital , Chevaliers des
Ordres ; le Comte de Gifors , le Comte de Périgord
, le Marquis de la Tour-Dupin , & le Marquis
de la Salle , Gouverneurs de Provinces ; le
le Marquis de Montalambert , le Comte de Teffé ,
le Marquis de Beaupreau , le Comte de Valentinois
, le Comte de Choifeul , & le Marquis de
Brancas , Lieutenans Généraux de Provinces . A
côté de la forme où étoient les Sécretaires d'Etat ;
OCTOBRE. 1756. 213
le fieur Dufranc , Secretaire de la Cour , faifant
les fonctions de Greffier en Chef, & à côté de lui ,
un des trois principaux Commis pour la Grand'-
Chambre , tenant la plume ; ayant chacun devant
eux un bureau (66) couvert de velours violet . Sur
une autre forme (b) derriere ; le fieur Richard ,
Greffier en Chef Criminel , & les fieurs Yfabeau
& Héron-de Courgis , Secretaires de la Cour. Sur
une autreforme ( d ) , le Marquis de Sourches ,
Grand Prevôt de l'Hôtel . Sur un fiege (m) à l'entrée
du Parquet , le fieur Angely , premier Huiffier.
En la place (f) répondante à celle qu'ils occu
pent , toutes les Chambres aſſemblées , le fieur Joly
de Fleury, Avocat du Roi ; le fieur Joly de Fleury,
Procureur Général , & le fieur Seguier , auffi Avocat
du Roi. Sur le furplus des bancs ( gh , YZ) les
Confeillers des Enquêtes & Requêtes.
Le Roi s'étant affis & couvert , M. le Chancelier
dit , par ordre de Sa Majefté , qu'Elle commandoit
qu'on prêt féance : après quoi , le Roi ,
ayant ôté & remis fon chapeau , dit : « Meffieurs ,
» Je vous ai affemblés ici , pour vous faire fçavoir
» mes intentions & mes volontés ; mon Chance-
» lier va vous les expliquer » .
M. le Chancelier étant monté vers le Roi , &
s'étant agenouillé aux pieds de Sa Majesté pour
recevoir les ordres ; puis étant defcendu , remis
en fa place , affis & couvert , après avoir dit que
le Roi permettoit qu'on le couvrît , prononça le
Difcours fuivant .
MESSIEURS ,
« Pendant qu'une Nation , de tout temps enne-
» mie de la France , fait les derniers efforts pour
» enlever aux habitans de nos Colonies , des pof-
» feffions qui leur appartiennent par les titres les
plus légitimes ; qu'au milieu de la paix la plus
214 MERCURE DE FRANCE.
» profonde , elle ne craint point de violer les trai
tés les plus folemnels ; & que pour détruire no-
>> tre Commerce , elle emploie les voies les plus
» odieufes & les plus contraires à l'humanité , le
Roi ne peut voir qu'avec une extrême ſurpriſe
la réfiftance qu'apporte fon Parlement à la pu-
>> blication de trois de fes Déclarations , dont l'exé-
» cution doit procurer à Sa Majesté des fecours
» néceffaires pour le foutien de nos Colonies & le
> rétabliffement de notre Commerce.
>> On fçait que le Roi ne fait la guerre que
» pour l'intérêt de fes Sujets. Occupé du foin de
» les venger des hoftilités injuftes & continuelles
» qu'ils éprouvoient , il l'étoit encore plus de la
crainte d'être forcé de leur impofer des charges
» extraordinaires malheureuſement indifpenfables
» pour le foutien d'une guerre .
Après avoir oppofé longtemps la patience &
la modération aux entreprifes de fes ennemis , il
» s'eft enfin déterminé à repouffer par la voie des
>> armes leurs infultes multipliées ; & dans la né-
» ceffité d'établir des impôts , il a fait choix de
» ceux qui lui ont paru le moins onéreux . Tel eft
» le motif qui a donné lieu aux trois Déclarations
» que le Roi entend faire publier en fon Lit de
>> Juftice.
» Par la première , le Roi établit un nouveau
» Vingrieme pareil à celui qui fubfifte depuis l'an-
» née 1749 , & dont le produit eſt affecté au paie-
» ment des dettes de la derniere guerre. La per-
>> ception de ce nouveau Vingtieme ceffera trois
» mois après la publication de la Paix. Cette na-
»ture d'impofition fera moins à charge aux Peuples
que toute autre , parce qu'elle fe répartit
»fut tous les Sujets , chacun à proportion de fa
>> fortune..
OCTOBRE . 1756. 215
»
>> La feconde Déclaration ordonne la continua-
» tion pendant dix ans des Deux fols pour livre du
Dixieme , à commencer du dernier jour de l'an-
» née préfente. Le terme de cette impofition &
» de celui du premier Vingrieme , quo que fixé
>> d'une maniere certaine , n'eft pas auffi proche
» que Sa Majesté le defireroit ; mais il faut confi
>> dérer que P'un & l'autre étant deftinés à l'acquit
» des dettes de l'Etat , ils doivent fubfifter julqu'i
» ce que les dettes de l'Etat foient acquittées.
» C'eſt à tort & vainement qu'on cherche à
» jetter l'allarme dans les efprits , en faifant en-
>> tendre que l'incertitude de la durée & la lon-
»gueur de ces deux impofitions font capables dedis
>> minuer le courage des fujets du Roi , & d'altérer
» la confiance qui font la véritable force du Sou-
» verain & de l'Etat. Le témoignage que Sa Ma
» jeſté ſe rend à Elle-même de la tendre affection
» pour les peuples , lui eft un gage affuré de leur
» confiance , en même-temps que les preuves
» qu'il leur a tant de fois données de fon empref-
» fement à les foulager , ſoutiendront toujours &
>> animeront leur courage , furtout dans ce mo-
➤ment où leur honneur & leur fûreté ſont égale-
» ment intéreffés.
» Enfin , par la troifieme Déclaration , le Roi
» proroge pour un certain temps , plufieurs droits
» qui fe perçoivent dans la ville de Paris . Sa Ma-
» jefté n'a pu fe difpenfer d'ordonner cette proro-
» gation qui ne peut être regardée comme pré-
» maturée , parce qu'elle eft néceffaire pour affurer
les engagemens que les conjonctures ont
» forcé de contracter . Quelque onéreux que ces
» droits paroiffent être pour les habitans de la
» Capitale , ils en font en partie dédommagés par
l'ordre & la regle que ceux qui font chargés do
216 MERCURE DE FRANCE.
» les percevoir établiffent dans les marchés pour
faciliter le débit des denrées , & pour en pro-
фу
» curer Pabondance : on voit d'ailleurs par le tarif
» attaché à la Déclaration , l'attention qu'a eu le
» Roi de diminuer , & même de fupprimer entié-
>> rement plufieurs de ces droits fur les denrées les
» plus néceffaires à la vie.
» Le Roi veut donc , que nonobftant les repré-
» fentations réitérées de fon Parlement , fes Déclarations
foient exécutées dans toute leur éten-
» due & fans délai , afin de ne pas interrompre
ni retarder les opérations néceffaires pour
» profiter des fuccès que le Ciel vient d'accorder
» à fes armes.
» Ces heureux événemens dont le Roi n'eft
» flatté que parce qu'il les regarde comme le pré-
» fage d'une paix glorieufe , doivent redoubler
> notre zele. Pourrions-nous regretter des ſecours
» que Sa Majefté ne veut employer que pour
» notre défenfe , fans manquer à ce que nous lui
રે
» devons & à ce que nous nous devons à nous-
» mêmes ! »
Après que M. le Chancelier eut ceffé de parler,
M.le Premier Préfident & tous les Préfidens & Confeillers
mirent un genou en terre. Le Chancelier
leur dit , Le Roi ordonne que vous vous leviez. Ils
fe leverent , & demeurerent debout & découverts.
Alors M.le Premier Préfident parla, & fon Diſcours
fini , le Chancelier monta vers le Roi pour prendre
fes ordres , un genou en terre . Remis en fa
place , affis & découvert , il fit ouvrir les portes ,
& il ordonna au fieur Dufranc de lire les trois
Déclarations. Les portes furent ouvertes , & le
fieur Dufranc ayant lu les Déclarations debout &
découvert , le Chancelier dit aux Gens du Roi
qu'ils pouvoient parler. Aufli -tôt les Gens du Roi
fc
OCTOBRE. 1756. 217
fe mirent à genoux . M. le Chancelier leur dit que le
Roi ordonnoit qu'ils fe levaflent . Ils fe leverent ,'
& debout & découverts , après un Difcours prononcé
par M. Joly de Fleury , Avocat du Roi ,
portant la parole , ils requirent qu'il plût à Sa
Majefté ordonner que fur le repli des trois Déclarations
il fût mis qu'elles avoient été lues &
publiées , Sa Majeſté léante en fon lit de Juſtice ,
& régiítrées au Greffe de la Cour pour être exécu
tées felon leur forme & teneur ; & qu'à l'égard
des deux premieres , Copies collationnées en feroient
envoyées aux Bailliages & Sénéchauffées du
reffort , pour y être pareillement lues , publiées
& enrégiftrées , avec injonction à leurs Subftituts
d'y tenir la main , & d'en certifier la Cour dans le
mois.
Après quoi M. le Chancelier monta vers le Roi ,
mit un genou en terre pour recevoir les ordres ,
& alla prendre l'avis de Monfeigneur le Dauphin ,
des Princes du Sang , des Pairs Laïcs , du Grand
Ecuyer & du Grand Chambellan . Il paffa devant
le Roi , lui fit une profonde révérence , & prit
l'avis des Pairs Eccléfiaftiques , des Maréchaux de
France venus avec le Roi , & des quatre Capitaines
des Gardes du Corps de Sa Majesté . Puis il defcendit
dans le parquet pour prendre les avis du Premier
Préfident , des Préfidens du Parlement , des
Confeillers d'Etats & des Maî res des Requêtes
des Confeillers d'honneur , des Préfidens des Enquêtes
& des Requêtes , & des Confeillers du
Parlement. Il remonta vers le Roi , mit un genou
en terre , redefcendit , & étant affis & couvert , il
prononça :
« Le Roi , féant en fon Lit de Juſtice , a or-
»donné & ordonne que les Déclarations , qui
viennent d'être lues, feront enrégiftrées au Greffe
I. Vol. Κ
218 MERCURE DE FRANCE.
»>de fon Parlement , & que fur le repli d'icelles ;
nil foit mis que lecture en a été faite , & l'enré-
»giftrement ordonné ; ce requérant fon Procu-
»reur Général , pour être le contenu en icelles
>> exécuté felon leur forme & teneur ; & Copies
>>collationnées des deux Déclarations , l'une por-
>> tant établiſſement d'un fecond vingtieme , l'au-
»tre portant prorogation du droit de deux fols
>>pour livre du dizieme , envoyées aux Bailliages
& Sénéchauffées du reffort , pour y être pareik
plement lucs , publiées & régiftrées . Enjoint aux
>>Subftituts de fon Procureur Général d'y tenir la
»main , & d'en certifier la Cour au mois. >>
Enfuite M. le Chancelier dit , que pour la plus
prompte exécution de ce qui venoit d'être or
donné , le Roi vouloit que par le Secretaire de la
Cour , faifant les fonctions de Greffier en Chef
de fon Parlement , il fût mis dans l'inftant même
fur le repli des trois Déclarations qui avoient été
publiées , ce que Sa Majesté avoit ordonné qu'on
y mit. Ce qui ayant été exécuté , le Roi fe leva ,
& fortit dans le même ordre qu'il étoit entré.
Le 25 Août , le Corps de Ville alla à Versailles ,
& ayant à la tête M. le Duc de Gefvres , Gouverneur
de Paris , il eut audience du Roi. Il fut préfenté
à Sa Majesté par M. le Comte d'Argenlon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par M.
Defgranges , Maître des Cérémonies . M. de Ber
nage qui a été continué Prevôt des Marchands , &
MM. Lempereur & Tribard , nouveaux Echevins ,
prêterent entre les mains du Roi le ferment de
fidélité , dont M. le Comte d'Argenſon fit la lecture
, ainfi que du fcrutin qui fut préfenté par M.
de la Live de la Briche , Avocat du Roi au Châtelet.
Après cette audience , le Corps de Ville cut
l'honneur de rendre les refpects à la Reine & àla
Famille Royale .
OCTOBRE . 1756. 219
On apprend par des Lettres de l'Ifle Royale
les circonftances fuivantes d'un combat de M.
Beauffier , qui commande l'Efcadre du Roi , partie
de Breft au mois d'Avril dernier , avec les troupes
que Sa Majesté a fait paffer en Canada. M. Beauf
fier revenant de Québec , faifoit route pour Louifbourg
, lorfque le 16 Juillet il apperçut à la diftance
d'environ trois lieues dans le Sud de ce
dernier Port , deux Vaiffeaux Anglois avec deux
Frégates , qui portoient au plus près du vent pour
le reconnoître. M. Beauffier avoit alors avec le
Vaiffeau le Héros qu'il monte , l'illuftre , commandé
par M. de Montalais , Capitaine de Vaiffeau
, & les Frégates la Lycorne & la Syrene , que
commandent MM. de la Rigaudiere & de Brougnon
, Lieutenans de Vaiffeaux. Profitant du vent
du Nord qui fouffloit , il arriva fur le champ
grand fargue fur les Anglois , qui revirerent
promptement de bord , & prirent chaffe. La
crainte de tomber trop fous le vent de Louisbourg,
où il avoit ordre de remettre des provifions deftinées
pour cette Colonie , l'empêcha de poursuivre
long-temps les Anglois , & il entra le même jour
dans ce Port. Il fe preffa d'y débarquer les effets
dont il étoit chargé , ainfi que quelques malades
de fes équipages ; & le lendemain dès cinq heures
du matin , il fe trouva fous voile , & appareilla
pour aller chercher les ennemis. Vers midi il
reconnut les deux Vaiffeaux qu'il avoit chaffés là
veille , & qui n'avoient plus qu'une Frégate avec
& eux. Il força de voiles pour les joindre , & ils firent
la même maneuvre pour l'éviter. M. de
Breugnon joignit bientôt la Frégate Angloife , &
l'attaqua fi vivement , qu'elle fe replia fous le
canon des deux Vaiffeaux , dont le feu ralentit la
pourfuite de M. de Breugnon , qui fut même
M
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
obligé de s'écarter un peu . Sa manoeuvre fervit
cependant à donner à M. Beauffier le temps d'ap
procher les deux Vaiffeaux Anglois , dont l'un
étoit de 74 & l'autre de 64 canons. Il tira d'abord
fur l'un , comptant que l'autre qui étoit fur fa
hanche alloit être attaqué par M. de Montalais.
Mais le calme qui furvint en ce moment , rendit
inutiles tous les efforts que celui - ci put faire
pour s'approcher ; enforte que M. Beauflier eut à
combattre les deux Vaiffeaux Anglois. Le combat
fut très-vif de part & d'autre jufqu'à fept heures
du foir , qu'un petit vent qui s'éleva , ayant donné
à M. de Montalais occafion de faire de la voile ,
les ennemis en profiterent pour s'éloigner. Le
Vaiffeau le Héros fe trouvant prefque défemparé ,
M. Beauffier fut hors d'état de les pourfuivre.
Il s'occupa durant la nuit à faire changer les
voiles & les manoeuvres qui avoient été coupées
dans le Vaiffeau , & il efpéroit de pouvoir rejoin.
dre les ennemis. Mais le lendemain 20 , à huit
heures du matin , il les apperçut , forçant toujours
de voiles , & à une telle dittance , que ne pou
vant pas fe flatter de les approcher , malgré le
mauvais état où ils paroiffoient être , il prit le
parti de retourner à Louifbourg , pour y réparer
entiérement le dommage que le Vaiffeau le Héros
avoit fouffert. Ce Vaiffeau a reçu dans le combat
plus de deux cens coups de canon , foit dans fes
oeuvres- mortes , foit dans fa mâture , fans compter
ceux qui ont porté au deffous de la flottaifon .
Il y a eu dix-huit hommes tués , quarante buit de
bleffés du nombre des derniers font M. de Faget
, Enfeigne de Vaiffeau , qui a une bleffure
confidérable d'un coup de canon à la cuiffe , &
M. Beauffier lui - même , d'un éclat qui a porré
fur la jambe gauche. Cet Officier eſt arrivé au
OCTOBRE. 1756. 211
les
Port Louis le 9 Septembre , avec les Vaiffeaux le
Héros qu'il commande , PIlluftre & la Frégate
la Sirenne. Il étoit parti de Louifbourg le 13
Août , & il avoit alors avec lui la Frégate la Licorne
, commandée par M. Froger de la Rigaudiere
, laquelle s'étant féparée le jour du départ
dans une brume , eft arrivée à Breft quelques jours
avant ces autres Bâtimens. Pendant leur traverfée
, M. Beauflier a fait huit différentes prifes ,
dont trois font chargées de fucre & d'autres denrées
des Iles de l'Amérique. Il a amené avec lui
quatre cens prifonniers , dans le nombre defquels.
font deux Officiers & cent foixante - un foldats
Allemands , qui étoient deftinés pour le Régiment
Royal Américain.
Les Lettres qu'on a reçues par cette occafion ,
portent que, fuivant les rapports faits par les Capitaines
de deux Goëlettes arrivées depuis peu de
Quebec à Louisbourg , M. de Villiers , Capitaine
dans les troupes du Canada , Commandant
un Détachement compofé de Soldats , Canadiens
& Sauvages , avoit attaqué fur la riviere de
Choueguen un convoi confidérable de Bateaux
Anglois , dont il avoit tué 4 à 500 hommes , fait
60 ou 80 prifonniers , & pris tous les Bateaux ,
que les Anglois avoient abandonnés pour ſe ſauver
à terre.
M. l'Evêque d'Autun fut élût le 19 Août , pour
premplir la place qui vaquoit dans l'Académie
Françoife par la mort du Cardinal de Soubize.
La joie que le fuccès de nos armes a repandu
Fa dans tous les coeurs a été d'autant plus vive , que·
Le l'Europe entiere ne croyoit pas notre marine en
& état de former des entreprifes auffi confidérables .
La Cour a témoigné ſa ſatisfaction à l'occaſion de
ala prife du Fort Saint- Philippe , par les illumina-
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
tions les plus galantes . M. le Duc de Gefvres tou
jours magnifique , après s'être uni au public par
Pillumination de fon Hôtel le jour du Te Deum
chanté à la Chapelle du Roi , & le vingt- cinq
Juillet , jour du feu de joie de la ville de Compiegne
qu'il avoit ordonné comme Gouverneur de
la Province , & après avoir fait couler à la porte
de fon Hôtel des fontaines de vin , s'eft diftingué
le 6 Août par une Fête particuliere , où la magnificence
a répondu au bon goût fi reconnu de ce
Seigneur. Il fit fuccéder à un fouper fomptueux
un Feu d'artifice Italien en plufieurs décorations.
La façade & l'intérieur de fon Hôtel & des Jardins
furent fuperbement illuminés fous divers formes
d'architecture . La Fête fut terminée par un bal
où se trouverent les Princes , les Miniftres , les
Etrangers de diftinction , & toutes les Dames de
la Cour .
Le Roi chaffa le 31 Août dans la Plaine de Grenelle
, & foupa à Mont - Rouge chez M. le Duc de
la Valliere.
Meffieurs de Reillans & de Teffieres , Exempts
des Gardes du Corps dans la Compagnie de Mirepoix
, ayant obtenu leur retraite , le Roi a difpofé
de leurs emplois en faveur de M. le Chevalier de
Flahaut & de M. le Marquis de Vexin. Sa Majefté a
nommé MM . de la Villeneuve & de la Seunniere ,
Brigadiers de la même Compagnie , à la place de
MM. de la Ripiere & de Chateauroy , qui ont
auffi obtenu leur retraite . MM . de Beaupine & de
´la Boire ont été faits fous - Brigadiers. Des Commiffions
de Capitaines de Cavalerie ont été expédiées
à plufieurs Gardes du Corps .
On a arrêté deux Anglois , accufés d'être les
incendiaires , qui ont mis le feu , il y a quelque
temps , à un magaſin de Rochefort.
OCTOBRE. 1756. 223
Des Armateurs de Marſeille y ont conduit fiz
prifes eftimées fix cens mille livres.
Un petit Bâtiment à rames de huit canons ,
forti du même Port , & commandé par le Capitaine
Gaffen , s'eft battu pendant trois heures à
la vue du Port de Livourne , contre un Corfaire
Anglois de vingt canons. On eft informé par
des Lettres de ce dernier Port , que le Corfaire a
eu dix-neuf hommes de tués , & un grand nombre
de bleffés . De fon propre aveu , il étoit prêt à fe
rendre , lorfque l'équipage du Capitaine Gaffen ,
aqui étoit mêlé d'étrangers , refufa de fe préſenter
une quatrieme fois à l'abordage. Ce Capitaine n'a
perdu qu'un homme. Depuis que le Corfaire Anglois
eft retourné à Livourne , où le mauvais état
de fon Vaiffeau l'a obligé de relâcher , on y travaille
à lui faire fon procès , fur ce qu'il a défobéï
à une Ordonnance de l'Empereur , en fortant de
-ce Port avec plus de quatre canons.
M. le Maréchal Duc de Richelieu arriva le premier
de Septembre à Paris , & le même jour il eut
P'honneur de faluer le Roi à Choify . Le , M. le
-Duc de Fronsac eut à Verſailles le même honneur.
Le Roi a nommé M. l'Abbé Comte de Bernis ,
fon Ambaffadeur à la Cour de Vienne ; & M. le
Marquis d'Aubeterre eft défigné pour réfider
avec le même caractere à la Cour de Madrid.
habitans de Chantilly ont fignalé leur zele & leur
attachement pour le Prince de Condé , en donnant
une très- belle fête à l'occafion de la naiffance du
Duc de Bourbon , & de la convalefcence de Mile
de Bourbon. La fête a commencé par un Te
Deum folemnel , chanté dans l'Eglife de la Paroiffe
, au bruit de trente- fix pieces de canon . A
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
neuf heures du foir , on tira vis-à-vis de la façade
du petit Château , où étoient le Prince & la
Princeffe de Condé , un feu d'artifice dont le deſfein
& l'exécution furent également applaudis.
Dès que le Prince eut donné le fignal , on vit pároître
trois Bateaux fur la piece d'eau , qui eft visà-
vis du petit Château . Ils venoient de trois côtés
différens , & ils fe réunirent pour attaquer un
Fort qu'on avoit conftruit fur le bord de l'eau.
Pendant près de trois quarts d'heure , il firent
pleuvoir une infinité de fufées & de bombes fur
cette efpece de Citadelle. Dans le temps qu'on
croyoit le Fort réduit en cendres , il foudroya
d'artifice les trois Bateaux ; & toute la piece
d'eau devint un étang de feu. A cette attaque fuccéderent
plufieurs caſcades , gerbes , foleils , &c.
Un bruit de trompettes & de cors de chaffe annonça
la victoire remportée par les affiégés . Le
ficur Coufinet , Sculpteur du Frince de Condé
a donné l'idée du fiege , & a conduit le feu des
Bateaux. Le refte du feu a été dirigé par les fieurs
Caftain & Maurice , Artificiers du Roi . Lorſque
l'artifice a ceffé , neuf grands Portiques , ornés
de verdure , qu'on avoit placés en perſpective du
petit Château , furent illuminés. Celui du milieu ,
plus élevé que les autres , étoit furmonté par le
Chiffre couronné du Prince & de la Princeffe de
Condé. Au pied de ces Portiques , une Salle de
verdure , de cent trente pieds en quarré , contenoit
une table de foixante couverts , préparée
pour les époufes des principaux habitans . Sur la
fin du fouper , le Prince & la Princeffe de Condé
fe rendirent dans cette Salle . Ils y furent reçus au
fon des trompettes , cors de chaffe , violons &
autres inftrumens. Le Bal fuivit le fouper. Leurs
Akteffes Séréniffimes danferent indifféremment
OCTOBRE. 1756. 205
avec ceux qui fe préfenterent. Vers les deux
heures du matin , le Prince & la Princeffe retournerent
au Château précédés d'un grand nombre
d'inftrumens , & de douze habitans , qui portoient
chacun un falot devant Leurs Alteffes Séréniffimes.
M. le Maréchal Duc de Richelieu s'eft démis
de fa charge de premier Gentilhomme de la Chambre
en faveur de M. le Duc de Fronfac , fon fils ,
& a obtenu la furvivance de cette Charge.
Le Roi a accordé à M. de Fremeur , Lieutenant
- Général des Armées de Sa Majefté , le Ġouvernement
de Monmédy , vacant par la mort du
Comte de la Claviere , auffi Lieutenant- Général.
M. le Marquis de Talaru , Brigadier d'Infante
rie , & Colonel du Régiment de fon nom , a été
nommé Gouverneur des Villes & Châteaux de
Phaltzbourg & de Saltzbourg , fur la démiffion
de M. le Marquis de Chalmazel fon pere.
Le 9 Août , le Roi fit la cérémonie de recevoir
Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis , M. le Comte
d'Egmont , Maréchal de Camp , & M. le Comte
de Balbi , Brigadier , Colonel réformé à la fuite du
Régiment Royal Italien.
Selon les lettres de Franche-Comté, on a effuyé
vers la fin du mois de Juillet , tant à Saint- Claude
que dans les environs , une orage des plus terribles.
Le bruit & les éclats du tonnerre étoient
fi violens , qu'ils faifoient trembler les perſonnes
les plus hardies. Les animaux dans la campagne
cherchoient en mugiffant , quelque retraite affurée.
A chaque éclat , la foudre tomboit en différentes
manieres & dans plufieurs endroits. Les
eaux deſcendoient de la montagne avec tant d'abondance
& de rapidité , qu'elles entraînoîent
rout ce qu'elles rencontroient dans leur paffage.
206 MERCURE DE FRANCE.
Vergers , Maifons , Moulins , Ecluses , rien n'a
refifté . Le 6 Août , la Ville de Saint - Claude
& les campagnes voifines ont prouvé un nouveau
fléau. Un ouragan épouvantable a ruiné dans les
campagnes tout ce que l'orage précédent avoit
épargné. Dans la Ville , la plupart des toits ont
été enlevés , & prefque toutes les cheminées abattues.
Le Clocher des Religieufes de l'Annonciade
a été renversé . Trente des plus gros arbres de la
promenade publique ont été déracinés , & tous
les autres ont été dépouillés de leurs feuilles .
Monfeigneur le Dauphin fit le 11 Août , la
revue de fon Régiment de Cavalerie , dans la
Plaine de Favieres , à cinq lieues de Compiegne.
M. le Comte de Perigord , Meftre de Camp , Lieutenant
de ce Régiment , le fit efcadronner & manoeuvrer.
M. le Marquis de Paulmy , Secretaire
d'Etat au Département de la Guerre en furvivance
du Comte d'Argenfon , accompagna Monfeigneur
le Dauphin.
Le 13 , Sa Majefté fit la revue du Régiment
Royal , Cavalerie , dans la Plaine dite du Moulin
, près de la même Ville. M. le Marquis d'Equevilly,
Meftre de Camp , Lieutenant de ce Régiment
, lui fit faire différentes évolutions . Enfuite
ce Régiment fe porta au lieu nommé le puits
de Berne , où il fit , devant le Roi , l'exercice à
pied , en bufle & en bonnet. Le fils de M. le Marquis
d'Ecquevilly , âgé de dix ans , paſſa au rang
des Cavaliers. Il fit , comme eux , le maniement
des armes & les évolutions à cheval , ainfi
que
l'exercice à pied. Sa Majefté parut très - fatisfaite .
Par une Ordonnance du 15 Fevrier 1749 , le
Roi avoit établi un Aide- Major dans chacune des
quatre Brigades du Régiment des Grenadiers de
France. Sa Majefté ayant reconnu qu'un feul
OCTOBRE. 1756. 207
Officier Major par Brigade ne pouvoit fuffire aux
différens détails de la difcipline & du fervice , a
réglé que l'Etat Major de chaque Brigade feroit à
Pavenir compofé d'un Sergent Major & d'un Aide-
Major. Les emplois de Sergens Majors feront
remplis par les Aides- Majors actuels , pour en
jouir aux honneurs & prérogatives attachés aux
autres Majors de l'Infanterie . Entend Sa Majeſté ,
que M. de Lanjamet , actuellement Major dudit
Régiment , & qui ne peut en conferver le titre
ni les fonctions au moyen de la nouvelle difpofition,
ait le commandement en fecond du Corps.
Le Roi a ordonné que les Régimens d'Infanterie
Irlandoife , de Bulkeley , de Clare , de Dillon
, de Roth , de Berwick & de Lally , fuffent
portés de quatre cens foixante - cinq hommes à
cinq cens vingt - cinq.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , la Proceffion folemnelle , qui fe
fait tous les ans à pareil jour en exécution du Voeu
de Louis XIII , ſe fit avec les cérémonies accoutu
mées. L'Abbé de Saint -Exupery , Doyen du Chapitre
de l'Eglife Métropolitaine , y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de Ville
tint le 16 , M. de Bernage fut continué Prevôt
des Marchands. M. Lempereur , Quartinier , &
-M Tribard , Avocat , ont été élus Echevins.
Sa Majesté a accordé à M. de Martigny & à M.
le Chevalier de Mazieres , Maréchaux des Logis de
la premier Compagnie des Moufquetaires , deux
Commiffions de Meftres de Camp , & à MM. de
Pille , de Savigny & de la Foreft , les places de
Maréchaux des Logis , vacantes dans la même
Compagnie. Elle a difpofé des Brigades qu'avoient
208 MERCURE DE FRANCE.
ces trois derniers Officiers , en faveur de MM.
d'Ormençey , de Rouville & de Mondollot. MM .
d'Elevemont , de Caffaignere & Démazet , ont
été fait Sous-Brigadiers. Le Chevalier de Monneron
, & MM. de Beaumont & de Guiry ont -
obtenu la Croix de Saint Louis. Il y a eu plufieurs
penfions , gratifications , & Commiffions de Capitaines
données à divers Moufquetaires.
Le Corfaire commandé par le Capitaine Gaftin
, de Marſeille , a fait dans l'intervalle de
quinze jours deux prifes eftimées cinquante mille
écus. Un des Corfaires de M. Roux , de Corfe , en
a fait auffi une .
L'Académie Royale des Sciences, dans fon Affemblée
du 23 Juin , propofa au Roi pour remplir la
place d'Adjoint- Géometre, vacante par la promotion
de M. de Parcieux au grade d'Affocié , M. le
Chevalier de Borda , Chevau- leger de la Garde
du Roi , & M. Bezout , Cenſeur Royal & Maître
de Mathématiques. M. le Comte d'Argenfon
a écrit le 30 à l'Académie que le Roi avoit choiſi
M. de Borda.
Dans la même Affemblée du 23 , M. Necker ,
Citoyen de Geneve , fut élu Correſpondant de
l'Académie .
Le 23 Août , les Députés des Etats de Languedoc
eurent audience du Roi. Ils furent préſentés
à Sa Majesté par M. le Comte d'Eu , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte de Saint Florentin
, Miniftre & Sécretaire d'Etat ; & conduits
par M. de Gifeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance de M. Defgranges. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de l'Evêque de
Viviers qui porta la parole ; du Vicomte de Polignac
, pour la Nobleffe , & de Meſſieurs Valet
Député de Saint- Pons , & Montcabrier , Député
OCTOBRE . 1756. 209
de Toulouſe , pour le Tiers-Etat ; ainfi que de
M. de Montferrier , Syndic Général de la Province.
Ces Députés eurent enſuite audience de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Madame , & de Mefdames Victoire
, Sophie & Louife.
M. le Comte de Merle , Cornette de la premiere
Compagnie des Moufquetaires de la Garde,
eft défigné pour fuccéder à M. le Comte de Baſchi
en qualité d'Ambaffadeur du Roi auprès du Roi
de Portugal.
Sa Majefté a fait Brigadier de Cavalerie M. le
Comte de Perigord , Meftre de Camp- Lieutenant
du Régiment de Monfeigneur le Dauphin ;
Brigadier de Dragons , M. le Duc de Coigny ,
Meftre de Camp Général de ce Corps ; & Brigadier
d'Infanterie , M. le Chevalier de Gramont
Lieutenant-Colonel du Régiment de Vermandois.
Le Roi ayant réfolu de tenir fon Lit de Juftice,
Sa Majefté avant fon départ de Compiegne , ordonna
de faire dans le Château de Verfailles , les
préparatifs néceffaires pour cette cérémonie . La
grande Salle des Gardes fut choifie comme le lieu
qui y étoit le plus propre. M. Defgranges , Maître
des Cérémonies , après avoir reçu les ordres
du Roi , porta au Parlement le 20 Août au matin ,
une Lettre de Sa Majefté pour que le Parlement
fe rendît le lendemain à Verſailles en Corps de
Cour & en Robes rouges. Les Princes du Sang
furent avertis de la part du Roi par M. Defgranges
, qui envoya des Billets d'invitation aux Pairs ,
tant Eccléfiaftiques que Laïques ; aux Maréchaux
de France , aux Chevaliers des Ordres , aux Gouverneurs
& aux Lieutenans Généraux des Provinces.
Le 21 , le Parlement arriva fur les onze heures
à Versailles , & s'affembla dans les deux Salles
210 MERCURE DE FRANCE.
des Ambaffadeurs & du Confeil , d'où il fe rendit
à la Salle préparée pour le Lit de Juſtice . Lorfque
le Parlement eut pris fa féance en la maniere
accoutumée, il fit une Députation de quatre Préfidens
& de fix Confeillers , pour aller au - devant du
Roi. Sa Majesté en habit de cérémonie , fortit de
fon appartement , & la marche fe fit en cet ordre.
Les Tambours , Fifres , Haut- bois & Trompettes
de la Chambre. I es Lieutenans Généraux des Provinces
. Les Gouverneurs de Provinces. Les Chevaliers
des Ordres. Les Maréchaux de France . Les
Hérauts d'Armes . Les Princes du Sang . Le Maître
des Cérémonies . Deux Huiffiers de la Chambre
du Roi , portant leurs Maffes. M. le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance de
M. le Duc de Bouillon ; & à la gauche du Prince
de Turenne le Comte de Brionne , Grand Ecuyer,
portant l'Epée de Parement du Roi . Le Marquis
de Mon mirel , Capitaine de la Compagnie des
Cent Suiffes de la Garde de Sa Majesté. Sur les
aîles près de la perfonne du Roi , les Préfidens &
Confellers Députés , & fix Gardes de la Manche
avec leurs Cortes d'armes & leurs Pertuifanes.
Derriere Sa Majefté , les quatre Capitaines des
Gardes du Corps . Le Chancelier de France fuivoit
le Roi , étant accompagné d'une partie des Confeillers
d'Etat & des Maîtres des Requêtes. Sa Majefté
fe plaça fur fon Trône. Elle avoit à la droite
Monfeigneur le Dauphin , dont le fiege (C ) étoit
placé fur le tapis de Sa Majefté . Aux hauts fieges
(D) du même côté , étoient le Duc d'Orléans , le
Prince de Condé , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty & le Comte de la Marche
Princes du Sang. Sur le refte du banc , & fur un
banc en retour (G) , qui alloit juſqu'à la place du
dernier Prince du Sang ; les Ducs de Luynes , de
•
OCTOBRE . 1756 . 211
Briffac, de la Force , de Rohan , de Saint- Aignan ,
de Gefvres , le Maréchal Duc de Noailles , les
Ducs d'Aumont , de Bethune , de Fitzjames , d'Antin
, de Chaulnes , de Villars- Brancas de Lauraguais
, le Prince de Monaco , Duc de Valentinois
les Ducs de Biron , de la Valliere , & le Maréchal
de Belle -Ifle , Duc de Gifors , Pairs Laïcs . A la
gauche du Roy, aux bauis fieges ( H ) ; l'Evêque Duc
de Laon , l'Evêque Comte de Châlons , l'Evêque
Comte de Noyon , Pairs Eccléfiaftiques ; & les
Maréchaux de Coigny & de Balincourt , ( ces
deux Maréchaux de France étant venus avec le
Roi ) Aux pieds de Sa Majesté ( E ) ; le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance du
Duc de Bouillon. A droite, fur un tabouret (F) , auprès
des degrés du Siege Royal , le Comte de Brionne
, Grand Ecuyer , portant au col l'Epée de Pa
rement du Roi. A gauche , fur un banc ( K ) au❤
deffous de celui des Pairs Ecclefiaftiques ; les qua
tre Capitaines des Gardes du Corps du Roi , & le
Marquis de Montmirel , Capitaine Colonel des
Cent Suiffes de la Garde. Plus bas étoit affis fur le
petit degré ( 2 ), par lequel on defcendoit dans le Parquet
, le fieur de Segur , Prevôt de Paris , tenant
un bâton blanc en fa main. Sur une chaise à bras
(L) couverte de l'extrêmité du tapis de velours violet
, femé de fleurs de lys d'or , fervant de drap de
pieds au Roi , Meflite Guillaume de Lamoignon ,
Chancelier de France , vêtu d'une robe de velours
violet , doublée de fatin cramoifi. Sur le banc (P)
répondant à celui où fiéent les Préfidens au Confeil
en la Chambre du Parlement ; Meffire René-
Charles de Maupeou , Premier Préfident ; MM .
Molé , Potier , le Peletier de Rozambo , de Maupeou
, de Lamoignon de Montrevault , d'Aligre ,
le Fevre- d'Ormeflon , & Bochart - de Saron , Sur
212 MERCURE DE FRANCE.
les trois bancs (QR ) couverts de tapisserie , formant
l'enceinte du Parquet ; les Confeillers d'Honneur,
les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes , & les
Confeillers de la Grand'Chambre , mêlés . Dans le
Parquet , devant le Chancelier , étoient placés deux
tabourets , celui de la droite (M ) vacant par l'abfence
du Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies , & celui de la gauche (N) occupé par
le fieur Defgranges , Maître des Cérémonies . Au
milieu du Parquet ( i ) & à genoux devant le Roi ,
deux Huiffiers de la Chambre de Sa Majesté ,
tenant leurs Maffes d'argent doré , & à quelque
diſtance ( k ) , fix Hérauts d'armes. Au côté droit ,
Sur les deux bancs ( SS ) couverts de tapis femés de
fleurs de lys ; les Confeillers d'Etat & Maîtres des
Requêtes , vêtus en robe de fatin noir , venus avec
le Chancelier. Sur une forme ( a ) à gauche , en entrant
, vis- à-vis des Préfidens ; le Comte de Saint
Florentin , le Comte d'Argenfon , M. Rouillé &
le Marquis de Paulmy , Secretaires d'Etat . Sur
trois autres bancs ( TVX ) à gauche dans le Parquet
, vis- a-vis des Confeillers d'Etat ; le Marquis
de Beringhen , le Comte de Lautrec , le Marquis
de Puyzieulx , le Comte de Vaulgrenant , le Marquis
de Saffenage , le Comte de Mailly , le Baron
de Montmorency , le Marquis de Chalmazel , le
Comte de la Vauguion , le Marquis d'Armentieres
, & le Marquis de l'Hopital , Chevaliers des
Ordres ; le Comte de Gifors , le Comte de Périgord
, le Marquis de la Tour-Dupin , & le Marquis
de la Salle , Gouverneurs de Provinces ; le
le Marquis de Montalambert , le Comte de Teffé ,
le Marquis de Beaupreau , le Comte de Valentinois
, le Comte de Choifeul , & le Marquis de
Brancas , Lieutenans Généraux de Provinces . A
côté de la forme où étoient les Sécretaires d'Etat ;
OCTOBRE. 1756. 213
le fieur Dufranc , Secretaire de la Cour , faifant
les fonctions de Greffier en Chef, & à côté de lui ,
un des trois principaux Commis pour la Grand'-
Chambre , tenant la plume ; ayant chacun devant
eux un bureau (66) couvert de velours violet . Sur
une autre forme (b) derriere ; le fieur Richard ,
Greffier en Chef Criminel , & les fieurs Yfabeau
& Héron-de Courgis , Secretaires de la Cour. Sur
une autreforme ( d ) , le Marquis de Sourches ,
Grand Prevôt de l'Hôtel . Sur un fiege (m) à l'entrée
du Parquet , le fieur Angely , premier Huiffier.
En la place (f) répondante à celle qu'ils occu
pent , toutes les Chambres aſſemblées , le fieur Joly
de Fleury, Avocat du Roi ; le fieur Joly de Fleury,
Procureur Général , & le fieur Seguier , auffi Avocat
du Roi. Sur le furplus des bancs ( gh , YZ) les
Confeillers des Enquêtes & Requêtes.
Le Roi s'étant affis & couvert , M. le Chancelier
dit , par ordre de Sa Majefté , qu'Elle commandoit
qu'on prêt féance : après quoi , le Roi ,
ayant ôté & remis fon chapeau , dit : « Meffieurs ,
» Je vous ai affemblés ici , pour vous faire fçavoir
» mes intentions & mes volontés ; mon Chance-
» lier va vous les expliquer » .
M. le Chancelier étant monté vers le Roi , &
s'étant agenouillé aux pieds de Sa Majesté pour
recevoir les ordres ; puis étant defcendu , remis
en fa place , affis & couvert , après avoir dit que
le Roi permettoit qu'on le couvrît , prononça le
Difcours fuivant .
MESSIEURS ,
« Pendant qu'une Nation , de tout temps enne-
» mie de la France , fait les derniers efforts pour
» enlever aux habitans de nos Colonies , des pof-
» feffions qui leur appartiennent par les titres les
plus légitimes ; qu'au milieu de la paix la plus
214 MERCURE DE FRANCE.
» profonde , elle ne craint point de violer les trai
tés les plus folemnels ; & que pour détruire no-
>> tre Commerce , elle emploie les voies les plus
» odieufes & les plus contraires à l'humanité , le
Roi ne peut voir qu'avec une extrême ſurpriſe
la réfiftance qu'apporte fon Parlement à la pu-
>> blication de trois de fes Déclarations , dont l'exé-
» cution doit procurer à Sa Majesté des fecours
» néceffaires pour le foutien de nos Colonies & le
> rétabliffement de notre Commerce.
>> On fçait que le Roi ne fait la guerre que
» pour l'intérêt de fes Sujets. Occupé du foin de
» les venger des hoftilités injuftes & continuelles
» qu'ils éprouvoient , il l'étoit encore plus de la
crainte d'être forcé de leur impofer des charges
» extraordinaires malheureuſement indifpenfables
» pour le foutien d'une guerre .
Après avoir oppofé longtemps la patience &
la modération aux entreprifes de fes ennemis , il
» s'eft enfin déterminé à repouffer par la voie des
>> armes leurs infultes multipliées ; & dans la né-
» ceffité d'établir des impôts , il a fait choix de
» ceux qui lui ont paru le moins onéreux . Tel eft
» le motif qui a donné lieu aux trois Déclarations
» que le Roi entend faire publier en fon Lit de
>> Juftice.
» Par la première , le Roi établit un nouveau
» Vingrieme pareil à celui qui fubfifte depuis l'an-
» née 1749 , & dont le produit eſt affecté au paie-
» ment des dettes de la derniere guerre. La per-
>> ception de ce nouveau Vingtieme ceffera trois
» mois après la publication de la Paix. Cette na-
»ture d'impofition fera moins à charge aux Peuples
que toute autre , parce qu'elle fe répartit
»fut tous les Sujets , chacun à proportion de fa
>> fortune..
OCTOBRE . 1756. 215
»
>> La feconde Déclaration ordonne la continua-
» tion pendant dix ans des Deux fols pour livre du
Dixieme , à commencer du dernier jour de l'an-
» née préfente. Le terme de cette impofition &
» de celui du premier Vingrieme , quo que fixé
>> d'une maniere certaine , n'eft pas auffi proche
» que Sa Majesté le defireroit ; mais il faut confi
>> dérer que P'un & l'autre étant deftinés à l'acquit
» des dettes de l'Etat , ils doivent fubfifter julqu'i
» ce que les dettes de l'Etat foient acquittées.
» C'eſt à tort & vainement qu'on cherche à
» jetter l'allarme dans les efprits , en faifant en-
>> tendre que l'incertitude de la durée & la lon-
»gueur de ces deux impofitions font capables dedis
>> minuer le courage des fujets du Roi , & d'altérer
» la confiance qui font la véritable force du Sou-
» verain & de l'Etat. Le témoignage que Sa Ma
» jeſté ſe rend à Elle-même de la tendre affection
» pour les peuples , lui eft un gage affuré de leur
» confiance , en même-temps que les preuves
» qu'il leur a tant de fois données de fon empref-
» fement à les foulager , ſoutiendront toujours &
>> animeront leur courage , furtout dans ce mo-
➤ment où leur honneur & leur fûreté ſont égale-
» ment intéreffés.
» Enfin , par la troifieme Déclaration , le Roi
» proroge pour un certain temps , plufieurs droits
» qui fe perçoivent dans la ville de Paris . Sa Ma-
» jefté n'a pu fe difpenfer d'ordonner cette proro-
» gation qui ne peut être regardée comme pré-
» maturée , parce qu'elle eft néceffaire pour affurer
les engagemens que les conjonctures ont
» forcé de contracter . Quelque onéreux que ces
» droits paroiffent être pour les habitans de la
» Capitale , ils en font en partie dédommagés par
l'ordre & la regle que ceux qui font chargés do
216 MERCURE DE FRANCE.
» les percevoir établiffent dans les marchés pour
faciliter le débit des denrées , & pour en pro-
фу
» curer Pabondance : on voit d'ailleurs par le tarif
» attaché à la Déclaration , l'attention qu'a eu le
» Roi de diminuer , & même de fupprimer entié-
>> rement plufieurs de ces droits fur les denrées les
» plus néceffaires à la vie.
» Le Roi veut donc , que nonobftant les repré-
» fentations réitérées de fon Parlement , fes Déclarations
foient exécutées dans toute leur éten-
» due & fans délai , afin de ne pas interrompre
ni retarder les opérations néceffaires pour
» profiter des fuccès que le Ciel vient d'accorder
» à fes armes.
» Ces heureux événemens dont le Roi n'eft
» flatté que parce qu'il les regarde comme le pré-
» fage d'une paix glorieufe , doivent redoubler
> notre zele. Pourrions-nous regretter des ſecours
» que Sa Majefté ne veut employer que pour
» notre défenfe , fans manquer à ce que nous lui
રે
» devons & à ce que nous nous devons à nous-
» mêmes ! »
Après que M. le Chancelier eut ceffé de parler,
M.le Premier Préfident & tous les Préfidens & Confeillers
mirent un genou en terre. Le Chancelier
leur dit , Le Roi ordonne que vous vous leviez. Ils
fe leverent , & demeurerent debout & découverts.
Alors M.le Premier Préfident parla, & fon Diſcours
fini , le Chancelier monta vers le Roi pour prendre
fes ordres , un genou en terre . Remis en fa
place , affis & découvert , il fit ouvrir les portes ,
& il ordonna au fieur Dufranc de lire les trois
Déclarations. Les portes furent ouvertes , & le
fieur Dufranc ayant lu les Déclarations debout &
découvert , le Chancelier dit aux Gens du Roi
qu'ils pouvoient parler. Aufli -tôt les Gens du Roi
fc
OCTOBRE. 1756. 217
fe mirent à genoux . M. le Chancelier leur dit que le
Roi ordonnoit qu'ils fe levaflent . Ils fe leverent ,'
& debout & découverts , après un Difcours prononcé
par M. Joly de Fleury , Avocat du Roi ,
portant la parole , ils requirent qu'il plût à Sa
Majefté ordonner que fur le repli des trois Déclarations
il fût mis qu'elles avoient été lues &
publiées , Sa Majeſté léante en fon lit de Juſtice ,
& régiítrées au Greffe de la Cour pour être exécu
tées felon leur forme & teneur ; & qu'à l'égard
des deux premieres , Copies collationnées en feroient
envoyées aux Bailliages & Sénéchauffées du
reffort , pour y être pareillement lues , publiées
& enrégiftrées , avec injonction à leurs Subftituts
d'y tenir la main , & d'en certifier la Cour dans le
mois.
Après quoi M. le Chancelier monta vers le Roi ,
mit un genou en terre pour recevoir les ordres ,
& alla prendre l'avis de Monfeigneur le Dauphin ,
des Princes du Sang , des Pairs Laïcs , du Grand
Ecuyer & du Grand Chambellan . Il paffa devant
le Roi , lui fit une profonde révérence , & prit
l'avis des Pairs Eccléfiaftiques , des Maréchaux de
France venus avec le Roi , & des quatre Capitaines
des Gardes du Corps de Sa Majesté . Puis il defcendit
dans le parquet pour prendre les avis du Premier
Préfident , des Préfidens du Parlement , des
Confeillers d'Etats & des Maî res des Requêtes
des Confeillers d'honneur , des Préfidens des Enquêtes
& des Requêtes , & des Confeillers du
Parlement. Il remonta vers le Roi , mit un genou
en terre , redefcendit , & étant affis & couvert , il
prononça :
« Le Roi , féant en fon Lit de Juſtice , a or-
»donné & ordonne que les Déclarations , qui
viennent d'être lues, feront enrégiftrées au Greffe
I. Vol. Κ
218 MERCURE DE FRANCE.
»>de fon Parlement , & que fur le repli d'icelles ;
nil foit mis que lecture en a été faite , & l'enré-
»giftrement ordonné ; ce requérant fon Procu-
»reur Général , pour être le contenu en icelles
>> exécuté felon leur forme & teneur ; & Copies
>>collationnées des deux Déclarations , l'une por-
>> tant établiſſement d'un fecond vingtieme , l'au-
»tre portant prorogation du droit de deux fols
>>pour livre du dizieme , envoyées aux Bailliages
& Sénéchauffées du reffort , pour y être pareik
plement lucs , publiées & régiftrées . Enjoint aux
>>Subftituts de fon Procureur Général d'y tenir la
»main , & d'en certifier la Cour au mois. >>
Enfuite M. le Chancelier dit , que pour la plus
prompte exécution de ce qui venoit d'être or
donné , le Roi vouloit que par le Secretaire de la
Cour , faifant les fonctions de Greffier en Chef
de fon Parlement , il fût mis dans l'inftant même
fur le repli des trois Déclarations qui avoient été
publiées , ce que Sa Majesté avoit ordonné qu'on
y mit. Ce qui ayant été exécuté , le Roi fe leva ,
& fortit dans le même ordre qu'il étoit entré.
Le 25 Août , le Corps de Ville alla à Versailles ,
& ayant à la tête M. le Duc de Gefvres , Gouverneur
de Paris , il eut audience du Roi. Il fut préfenté
à Sa Majesté par M. le Comte d'Argenlon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par M.
Defgranges , Maître des Cérémonies . M. de Ber
nage qui a été continué Prevôt des Marchands , &
MM. Lempereur & Tribard , nouveaux Echevins ,
prêterent entre les mains du Roi le ferment de
fidélité , dont M. le Comte d'Argenſon fit la lecture
, ainfi que du fcrutin qui fut préfenté par M.
de la Live de la Briche , Avocat du Roi au Châtelet.
Après cette audience , le Corps de Ville cut
l'honneur de rendre les refpects à la Reine & àla
Famille Royale .
OCTOBRE . 1756. 219
On apprend par des Lettres de l'Ifle Royale
les circonftances fuivantes d'un combat de M.
Beauffier , qui commande l'Efcadre du Roi , partie
de Breft au mois d'Avril dernier , avec les troupes
que Sa Majesté a fait paffer en Canada. M. Beauf
fier revenant de Québec , faifoit route pour Louifbourg
, lorfque le 16 Juillet il apperçut à la diftance
d'environ trois lieues dans le Sud de ce
dernier Port , deux Vaiffeaux Anglois avec deux
Frégates , qui portoient au plus près du vent pour
le reconnoître. M. Beauffier avoit alors avec le
Vaiffeau le Héros qu'il monte , l'illuftre , commandé
par M. de Montalais , Capitaine de Vaiffeau
, & les Frégates la Lycorne & la Syrene , que
commandent MM. de la Rigaudiere & de Brougnon
, Lieutenans de Vaiffeaux. Profitant du vent
du Nord qui fouffloit , il arriva fur le champ
grand fargue fur les Anglois , qui revirerent
promptement de bord , & prirent chaffe. La
crainte de tomber trop fous le vent de Louisbourg,
où il avoit ordre de remettre des provifions deftinées
pour cette Colonie , l'empêcha de poursuivre
long-temps les Anglois , & il entra le même jour
dans ce Port. Il fe preffa d'y débarquer les effets
dont il étoit chargé , ainfi que quelques malades
de fes équipages ; & le lendemain dès cinq heures
du matin , il fe trouva fous voile , & appareilla
pour aller chercher les ennemis. Vers midi il
reconnut les deux Vaiffeaux qu'il avoit chaffés là
veille , & qui n'avoient plus qu'une Frégate avec
& eux. Il força de voiles pour les joindre , & ils firent
la même maneuvre pour l'éviter. M. de
Breugnon joignit bientôt la Frégate Angloife , &
l'attaqua fi vivement , qu'elle fe replia fous le
canon des deux Vaiffeaux , dont le feu ralentit la
pourfuite de M. de Breugnon , qui fut même
M
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
obligé de s'écarter un peu . Sa manoeuvre fervit
cependant à donner à M. Beauffier le temps d'ap
procher les deux Vaiffeaux Anglois , dont l'un
étoit de 74 & l'autre de 64 canons. Il tira d'abord
fur l'un , comptant que l'autre qui étoit fur fa
hanche alloit être attaqué par M. de Montalais.
Mais le calme qui furvint en ce moment , rendit
inutiles tous les efforts que celui - ci put faire
pour s'approcher ; enforte que M. Beauflier eut à
combattre les deux Vaiffeaux Anglois. Le combat
fut très-vif de part & d'autre jufqu'à fept heures
du foir , qu'un petit vent qui s'éleva , ayant donné
à M. de Montalais occafion de faire de la voile ,
les ennemis en profiterent pour s'éloigner. Le
Vaiffeau le Héros fe trouvant prefque défemparé ,
M. Beauffier fut hors d'état de les pourfuivre.
Il s'occupa durant la nuit à faire changer les
voiles & les manoeuvres qui avoient été coupées
dans le Vaiffeau , & il efpéroit de pouvoir rejoin.
dre les ennemis. Mais le lendemain 20 , à huit
heures du matin , il les apperçut , forçant toujours
de voiles , & à une telle dittance , que ne pou
vant pas fe flatter de les approcher , malgré le
mauvais état où ils paroiffoient être , il prit le
parti de retourner à Louifbourg , pour y réparer
entiérement le dommage que le Vaiffeau le Héros
avoit fouffert. Ce Vaiffeau a reçu dans le combat
plus de deux cens coups de canon , foit dans fes
oeuvres- mortes , foit dans fa mâture , fans compter
ceux qui ont porté au deffous de la flottaifon .
Il y a eu dix-huit hommes tués , quarante buit de
bleffés du nombre des derniers font M. de Faget
, Enfeigne de Vaiffeau , qui a une bleffure
confidérable d'un coup de canon à la cuiffe , &
M. Beauffier lui - même , d'un éclat qui a porré
fur la jambe gauche. Cet Officier eſt arrivé au
OCTOBRE. 1756. 211
les
Port Louis le 9 Septembre , avec les Vaiffeaux le
Héros qu'il commande , PIlluftre & la Frégate
la Sirenne. Il étoit parti de Louifbourg le 13
Août , & il avoit alors avec lui la Frégate la Licorne
, commandée par M. Froger de la Rigaudiere
, laquelle s'étant féparée le jour du départ
dans une brume , eft arrivée à Breft quelques jours
avant ces autres Bâtimens. Pendant leur traverfée
, M. Beauflier a fait huit différentes prifes ,
dont trois font chargées de fucre & d'autres denrées
des Iles de l'Amérique. Il a amené avec lui
quatre cens prifonniers , dans le nombre defquels.
font deux Officiers & cent foixante - un foldats
Allemands , qui étoient deftinés pour le Régiment
Royal Américain.
Les Lettres qu'on a reçues par cette occafion ,
portent que, fuivant les rapports faits par les Capitaines
de deux Goëlettes arrivées depuis peu de
Quebec à Louisbourg , M. de Villiers , Capitaine
dans les troupes du Canada , Commandant
un Détachement compofé de Soldats , Canadiens
& Sauvages , avoit attaqué fur la riviere de
Choueguen un convoi confidérable de Bateaux
Anglois , dont il avoit tué 4 à 500 hommes , fait
60 ou 80 prifonniers , & pris tous les Bateaux ,
que les Anglois avoient abandonnés pour ſe ſauver
à terre.
M. l'Evêque d'Autun fut élût le 19 Août , pour
premplir la place qui vaquoit dans l'Académie
Françoife par la mort du Cardinal de Soubize.
La joie que le fuccès de nos armes a repandu
Fa dans tous les coeurs a été d'autant plus vive , que·
Le l'Europe entiere ne croyoit pas notre marine en
& état de former des entreprifes auffi confidérables .
La Cour a témoigné ſa ſatisfaction à l'occaſion de
ala prife du Fort Saint- Philippe , par les illumina-
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
tions les plus galantes . M. le Duc de Gefvres tou
jours magnifique , après s'être uni au public par
Pillumination de fon Hôtel le jour du Te Deum
chanté à la Chapelle du Roi , & le vingt- cinq
Juillet , jour du feu de joie de la ville de Compiegne
qu'il avoit ordonné comme Gouverneur de
la Province , & après avoir fait couler à la porte
de fon Hôtel des fontaines de vin , s'eft diftingué
le 6 Août par une Fête particuliere , où la magnificence
a répondu au bon goût fi reconnu de ce
Seigneur. Il fit fuccéder à un fouper fomptueux
un Feu d'artifice Italien en plufieurs décorations.
La façade & l'intérieur de fon Hôtel & des Jardins
furent fuperbement illuminés fous divers formes
d'architecture . La Fête fut terminée par un bal
où se trouverent les Princes , les Miniftres , les
Etrangers de diftinction , & toutes les Dames de
la Cour .
Le Roi chaffa le 31 Août dans la Plaine de Grenelle
, & foupa à Mont - Rouge chez M. le Duc de
la Valliere.
Meffieurs de Reillans & de Teffieres , Exempts
des Gardes du Corps dans la Compagnie de Mirepoix
, ayant obtenu leur retraite , le Roi a difpofé
de leurs emplois en faveur de M. le Chevalier de
Flahaut & de M. le Marquis de Vexin. Sa Majefté a
nommé MM . de la Villeneuve & de la Seunniere ,
Brigadiers de la même Compagnie , à la place de
MM. de la Ripiere & de Chateauroy , qui ont
auffi obtenu leur retraite . MM . de Beaupine & de
´la Boire ont été faits fous - Brigadiers. Des Commiffions
de Capitaines de Cavalerie ont été expédiées
à plufieurs Gardes du Corps .
On a arrêté deux Anglois , accufés d'être les
incendiaires , qui ont mis le feu , il y a quelque
temps , à un magaſin de Rochefort.
OCTOBRE. 1756. 223
Des Armateurs de Marſeille y ont conduit fiz
prifes eftimées fix cens mille livres.
Un petit Bâtiment à rames de huit canons ,
forti du même Port , & commandé par le Capitaine
Gaffen , s'eft battu pendant trois heures à
la vue du Port de Livourne , contre un Corfaire
Anglois de vingt canons. On eft informé par
des Lettres de ce dernier Port , que le Corfaire a
eu dix-neuf hommes de tués , & un grand nombre
de bleffés . De fon propre aveu , il étoit prêt à fe
rendre , lorfque l'équipage du Capitaine Gaffen ,
aqui étoit mêlé d'étrangers , refufa de fe préſenter
une quatrieme fois à l'abordage. Ce Capitaine n'a
perdu qu'un homme. Depuis que le Corfaire Anglois
eft retourné à Livourne , où le mauvais état
de fon Vaiffeau l'a obligé de relâcher , on y travaille
à lui faire fon procès , fur ce qu'il a défobéï
à une Ordonnance de l'Empereur , en fortant de
-ce Port avec plus de quatre canons.
M. le Maréchal Duc de Richelieu arriva le premier
de Septembre à Paris , & le même jour il eut
P'honneur de faluer le Roi à Choify . Le , M. le
-Duc de Fronsac eut à Verſailles le même honneur.
Le Roi a nommé M. l'Abbé Comte de Bernis ,
fon Ambaffadeur à la Cour de Vienne ; & M. le
Marquis d'Aubeterre eft défigné pour réfider
avec le même caractere à la Cour de Madrid.
Fermer
Résumé : « Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...] »
En août 1756, plusieurs événements marquants eurent lieu en France. Le 1er août, les habitants de Chantilly célébrèrent la naissance du Duc de Bourbon et la convalescence de Mademoiselle de Bourbon par une fête en l'honneur du Prince de Condé. La fête débuta par un Te Deum solennel suivi de trente-six coups de canon. Un feu d'artifice fut tiré devant le petit Château, et des bateaux sur la pièce d'eau simulèrent une attaque contre un fort, avec des fusées et des bombes. Le sculpteur Coufinet dirigea l'attaque des bateaux, tandis que les sieurs Capitain et Maurice dirigèrent le reste du feu d'artifice. Après l'artifice, neuf portiques illuminés furent révélés, et un souper suivi d'un bal fut organisé. Le Maréchal Duc de Richelieu céda sa charge de premier Gentilhomme de la Chambre à son fils, le Duc de Fronsac. Le Roi nomma M. de Fremeur gouverneur de Monmédy et le Marquis de Talaru gouverneur des villes et châteaux de Phaltzbourg et de Saltzbourg. Le 9 août, le Roi reçut les comtes d'Egmont et de Balbi comme Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis. Des orages violents causèrent des dégâts en Franche-Comté, et le Dauphin passa en revue son régiment de cavalerie à Favières. Le Roi revit également le Régiment Royal, Cavalerie, près de Compiègne. Des ordonnances royales modifièrent l'état-major des brigades du Régiment des Grenadiers de France et augmentèrent les effectifs de plusieurs régiments d'infanterie. Le 15 août, une procession solennelle pour l'Assomption de la Sainte Vierge eut lieu à Paris. Le Roi accorda diverses promotions et pensions à des officiers des Mousquetaires. L'Académie Royale des Sciences choisit le Chevalier de Borda comme Adjoint-Géomètre et élut M. Necker comme Correspondant. Les députés des États de Languedoc furent reçus par le Roi et la famille royale. Le Comte de Merle fut désigné ambassadeur auprès du Roi de Portugal. Le Roi nomma plusieurs brigadiers et fit les préparatifs pour tenir son Lit de Justice à Versailles, où le Parlement et les pairs se rassemblèrent le 21 août. Le 25 août, le Corps de Ville se rendit à Versailles et prêta serment de fidélité au roi. Le Comte d'Argenson présenta un scrutin rédigé par M. de la Live de la Briche, Avocat du Roi au Châtelet. Le Corps de Ville rendit ensuite hommage à la Reine et à la Famille Royale. Des lettres de l'Île Royale rapportèrent un combat impliquant M. Beaufier, commandant une escadre partie de Brest en avril 1756 pour le Canada. Beaufier engagea un combat contre deux vaisseaux anglais près de Louisbourg, subissant de lourds dommages et plusieurs blessés. Il captura huit navires ennemis et amené quatre cents prisonniers. M. de Villiers attaqua un convoi anglais sur la rivière de Choueguen, tuant plusieurs centaines d'hommes et capturant des bateaux. En France, M. l'Évêque d'Autun fut élu à l'Académie Française pour remplacer le Cardinal de Soubize. La Cour célébra les succès militaires par des illuminations et des fêtes. Le Roi nomma l'Abbé Comte de Bernis ambassadeur à Vienne et le Marquis d'Aubeterre à Madrid.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 201-207
« Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Début :
Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Nominations, Roi de France, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Traité de Versailles, Régiments, Chevaliers, Comtes, Lieutenants, Comte de Starhemberg, Maréchal de Browne, Bataille, Artillerie, Violences, Morts, Corsaires , Navires anglais, Capitaines, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
LE Roi de Pologne Electeur de Saxe , ayant défigné
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
Fermer
Résumé : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Le Roi de Pologne, également Électeur de Saxe, a nommé l'Évêque Duc de Laon comme cardinal, avec le consentement du Roi de France. L'Évêque a exprimé sa gratitude pour cette nomination et pour l'accès à la Chambre du Roi. Le Gouvernement de l'Île d'Oléron a été attribué à M. le Marquis de Crussol de Salles, Lieutenant-Général, suite au décès de M. de Cadeville. L'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a sollicité l'envoi de troupes françaises en raison de l'invasion de la Bohême par l'armée prussienne. Le Roi a ordonné la mobilisation de plusieurs régiments d'infanterie et de cavalerie, formant un corps de vingt-quatre mille hommes sous le commandement du Prince de Soubise. Parmi les régiments mobilisés figurent les régiments d'infanterie de Champagne, Belfunce, Lyonnois, Dauphin, Vaubecourt, Alsace, Bentheim, Jenner, la Marche, Courten, Royal Suédois, Royal Bavière, Lowendahl et Lochmann, ainsi que les régiments de cavalerie du Commissaire Général, Royal Cuirassiers, Royal Roussillon, Royal Allemand, et plusieurs brigades de carabiniers. Le Roi a également nommé plusieurs officiers pour servir avec ces troupes, dont le Chevalier de Nicolay, le Duc de Broglie, le Comte de Lorges et le Comte de Mailly comme Lieutenants-Généraux, ainsi que divers Maréchaux de camp et autres officiers supérieurs. M. le Comte de Starhemberg, Ministre Plénipotentiaire des Majestés Impériales auprès du Roi, a reçu un rapport détaillé de la bataille du 1er octobre en Bohême entre les troupes impériales et prussiennes. Cette bataille, décrite comme intense, a vu des pertes importantes des deux côtés, y compris plusieurs généraux prussiens tués. Des nouvelles de Dunkerque rapportent la capture de plusieurs navires anglais par des corsaires français, notamment le Prince de Soubise, l'Hirondelle, l'Infernal, et l'Espérance, chargés de diverses marchandises telles que du sucre, du coton et du taffia. Le Chevalier d'Aubigny, après avoir capturé le vaisseau de guerre anglais le Warwick, l'a armé à la Martinique et a rejoint d'autres navires pour former une escadre, qui a croisé dans les parages des îles du Vent avant de retourner en France. Le Roi a également procédé à diverses cérémonies et nominations, notamment la réception du Prince de Rohan-Kochefort et de M. de Château-Thierry comme Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis. Il a choisi M. le Comte d'Estrées pour une mission auprès de l'Empereur et de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Les Augustins Réformés de la Congrégation de France ont élu le Père Gervais comme leur Supérieur Général. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale ont connu des fluctuations de valeur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 208-219
ALLEMAGNE.
Début :
Leurs Majestés Impériales ont envoyé au Feld-Maréchal Comte de Browne leurs [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-Maréchal de Browne, Saxons, Roi de Prusse, Prague, Grenadiers, Camp de Budin, Général Haddick, Prisonniers, Occupation militaire, Déplacement des troupes, Attaques, Soldats croates, Prince Piccolomini, Comtes, Comté de Glatz, Litoměřice, Major Manstein, Dresde, Régiments, Ordonnance, Infanterie, Leipzig, Magistrats, Conseillers, Contribution financière, Bautzen, États du cercle, Berlin, Patente, Biens, Francfort, Décret de l'Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE...
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En novembre 1756 et janvier 1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Allemagne et l'Europe centrale. À Vienne, les empereurs offrent des portraits enrichis de diamants au Feld-Maréchal Comte de Browne, qui doit être nommé Chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or. Le Comte d'Estrées, ministre plénipotentiaire du roi de France, est reçu en audience par les empereurs. Près de trois cents Saxons désertent l'armée prussienne pour rejoindre les troupes autrichiennes. En Bohême, des régiments italiens sont mis en garnison à Prague, et des déserteurs prussiens continuent d'arriver. Les troupes autrichiennes se réorganisent sous la direction du Feld-Maréchal Comte de Browne, qui établit son quartier général à Prague et nomme des commandants pour les postes de part et d'autre de l'Elbe. Des échanges de prisonniers doivent avoir lieu à Carlsbad. À Budin, les troupes prussiennes abandonnent la ville d'Aussig, permettant aux Autrichiens de prendre plusieurs positions. Le Prince Piccolomini mène des opérations contre les Prussiens, qui se retirent vers Glatz et Warthe. À Dresde, des régiments saxons refusent de prêter serment au roi de Prusse, et des déserteurs saxons sont arrêtés et menacés de sanctions. Le roi de Prusse ordonne le recrutement de neuf mille six cent soixante-quinze hommes pour renforcer les régiments saxons. Des ordonnances sont publiées pour punir les déserteurs et les magistrats complaisants. En décembre 1756 et janvier 1757, des mesures administratives et militaires sont prises en Saxe et en Prusse. Les personnes contribuant à la désertion ou ne dénonçant pas un fugitif subissent la même peine que le déserteur. Sur demande du Roi de Prusse, le Major Général Rezow achète la levée des milices saxonnes. Le conseiller privé Heinecke et le Major Hibler sont arrêtés pour avoir encouragé des soldats à déserter. Le Roi de Prusse accepte de réduire la contribution demandée à Leipzig à la demande des magistrats et des négociants. Il visite Leipzig et les environs, inspectant les troupes et recommandant aux habitants de ne pas collaborer avec les Autrichiens. Les habitants de Leipzig doivent loger les soldats prussiens et fournir des lits pour un hôpital militaire. À Baulzen, le Prince de Prusse ordonne aux États du Cercle de fournir nourriture et logement aux troupes. Le Roi de Prusse publie une patente rappelant ses sujets au service de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. À Francfort, un décret impérial contre le Roi de Prusse est affiché, interdisant les levées de soldats pour la Prusse. Des incendies détruisent une partie du bourg de Kupferberg et la ville de Wetzlar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 229-237
MARIAGE ET MORT.
Début :
Messire Charles-François-Marie Comte d'Aumale, Colonel dans le Corps [...]
Mots clefs :
Marquis, Comtes, Maison de Chastellard, Maison d'Hauterive, Marquis de Salieres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE ET MORT.
MARIAGE ET MORT.
MESSIRE Charles- François - Marie Comte d'Aumale
, Colonel dans le Corps d'Artillerie & du
Génie , fut marié le 23 Août 1756 , à Dame Génévieve
de Caulincourt , veuve de Meffire Benoît de la
Verde- des Vallons, Colonel d'Infanterie , Directeur
des Fortifications du Cambrefis. L'Abbé d'Aumale
fit la cérémonie du mariage dans la Chapelle
du Château d'Orfay. Leur contrat avoit été figné
le jour précédent par Leurs Majeftés . Le Comte
d'Aumale eft fils de feu Meffire Charles Comte
d'Aumale , Lieutenant - Général des Armées du
Roi , & Directeur des Fortifications des places
d'Artois , & de Dame Marie - Marguerite- Jofephe
de Blocquet-de Croix.
230 MERCURE DE FRANCE.
Meffire Alexis- Antoine de Chastellard , appellé
le Marquis de Salieres , né à Salins en 1687 ,
Lieutenant Général des Armées du Roi , Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint-
Louis , Infpecteur général de l'Infanterie , Gouverneur
d'Ardres , de Dieppe , & de l'Hôtel de
l'Ecole Royale- Militaire en 1752 , place dont il
donna fa démiffion en 1754 , mourut à Paris le
29 Février 1756.
D'Hauterive eft le premier nom de la maiſon
de Chaftellard en Dauphiné , qui a l'avantage
peu commun de juftifier une filiation exactement
fuivie depuis cinq fiecles. On trouve une preuve
bien authentique de la haute ancienneté du nom
d'Hauterive dans la vie d'Amédée d'Hauterive , Religieux
de l'Abbaye de Bonnevaux , Ordre de Cîteaux
, diocèfe de Vienne , où l'on conferve en
Original un Manuſcrit du treizieme fiecle, qui contient
cette vie écrite vers l'an 1185 par un Moine
de la même Abbaye.Amédée d'Hauterive , Seigneur
d'Hauterive en Viennois , de Planefe , de Charmes ,
de Lemps , de Clermont , de Saint - Geoire , & cor
Seigneur de plufieurs autres Terres , mérita par la
fainteté de fa vie le furnom de Vénérable. Il avoit
pour oncle maternel Guigues - Dauphin , Comte
d'Albon : Guigo ( 1 ) Delphinus , Comes Albioninfis,
ejus avunculusfuit , & ex illußri Conradi Imperatoris
profapia originis propaginem duxit. Le goût
pour la retraite le conduifit à l'Abbaye de Bonnevaux
, où il embraffa la vie Religeufe avec feize
Chevaliers de diftinction , qui s'étoient joints à lui.
Il quitta depuis ce Monaftere pour le retirer avec
Amédée fon fils dans la célebre Abbaye de Cluni ,
où les Lettres étoient en honneur & où on les cultivoit
avec fuccès. Les Religieux de Cluni perfuadés
(1) Vie d'Amédée-d'Hauterive , ch. 1 & 7.
JANVIER. 1757. 231
)
que l'inftruction qu'ils pouvoient donner à un fi
digne éleve ( Amédée le fils ) , quelque bonne
qu'elle pût être en foi , feroit bien au deffous de
celle qui lui convenoit à tous égards , crurent ne
pouvoir faire rien de mieux que de s'en décharger
promptement fur l'Empereur Conrad fon parent ,
qui en effet ne négligea rien pour l'élever d'une
maniere qui répondît dignement à la nobleffe de
fon extraction , & qui prit de lui le même foin
pendant plufieurs années , que s'il eût été fon
propre fils filium ( 1 ) quoque ( Amedeum ) ipfius
( Amedei ) cum gaudio fufcipientes , poft dies aliquot
in Germaniam ad confanguineum fuum Con-.
radum Imperatorem delegárunt , qui eum gratanter
fufcipiens , eruditiffimis Doctoribus erudiendum
tradidit, multoque tempore curam illius, ac veluti fi
fpecialiter ejus filius effet, ita peregit . Cependant le
Vénérable Amédée fe reprochant de n'avoir pas
perfévéré conftamment dans fa premiere voca
tion , fonda quatre Monafteres qu'il foumit à celui
de Bonnevaux où il étoit retourné , & où il
mourut plein de mérite & de bonnes oeuvres le
14 Janvier , vers l'an 1150. Les Religieux de
l'Ordre de Cîteaux le mettent au nombre de leurs
Saints .
Amédée fils du précédent , prit l'habit Reli
gieux dans l'Abbaye de Clairvaux , & fut enfuite
Abbé de Hautecombe en Savoye , puis Evêque de
Lauſanne. Il eſt mis auffi au nombre des Saints de
POrdre de Câteaux
Berlion d'Hauterive ou de Chaftellard, I. du nom
Damoiſeau , eft celui où commence la filiation
fuivie de cette maifon de Chaftellard . Il époufa
d'abord Elifabeth ; & étoit remarié en 1262 avec
Blanchette Gaudin , fille de Guillaume Gaudin
( 1 ) Ibidem , chap. § .
1
232 MERCURE DE FRANCE.
Chevalier , & de Dame Girine ; fit fon teſtament
dans fa maifon d'Hauterive , en Viennois , le Vendredi
avant la Fête de Saint- Luc 1295 , & en
nomma éxécuteurs Pons ou Poncet , Seigneur
d'Hauterive, dont il étoit vaffal, & Aymard de Rovoire,
Chevalier , fon parent. Du premier lit il eut
Guigonne,qui époufa en 1279 , Antelme - Aynier , Danofeau
; & de l'un des deux lits , Nicolas qui fuit.
Nicolas d'Hauterive ou de Caftellard , Damoiſeau
, demanda en mariage le Jeudi après la Fête
de Sainte- Luce 1292 , Guillemette de Givort , fille
Guillaume de Givort, Chevalier; époufa depuis Catherine
de Clavayfon , fille de Guillaume de Clavayfon
, Chevalier , par contrat du mardi après la Fête
de la Magdeleine 1295 paffé en préfence de Pons
Seigneur d'Hauterive , & vivoit encore en 1335.
Pierre d'Hauterive ou de Chaſtellard ſon fils ,
Damoifeau , eut pour femme Agnès Roftain , &
fit fon teftament à Hauterive le 23 Mars 1341 ,
c'eſt- à - dire 1342 , par lequel entr'autres difpofitions
il donna fa maison d'Hauterive , avec ce qui
lui appartenoit dans la Seigneurie d'Hauterive ,
à Pierre & à Humbert d'Hauterive -Damoiſeaux .
Il eut entr'autres enfans 1. Berlion qui fuit , &
2. Catherine , femme de Hugues Maugiron , Chevalier.
Berlion d'Hauterive ou de Chaftellard , deuxieme
du nom , Chevalier , qualifié noble & puiſſant
homme en 1351 , époufa en 1362 , Françoile de
Quincieu , fille de noble Aymaron de Quincieu ,
fit hommage en 1375 à Joachim de Clermont
Seigneur d'Hauterive , pour tout ce qu'il poffédoit
dans l'étendue de la Seigneurie d'Hauterive ; vivoir
encore le 15 Août 1395 ; & mourut avant le
9 Décembre 1398. Il eut pour enfans , 1. Pierre
de Chaftellard, qui époula en 1394, Marguerite de
JANVIER. 1757. 233
la Baftie,fille de noble & puiffant homme Rolland
de la Baftie , Chevalier Seigneur de Saint -Roman ,
& qui fit fon teftament en 1398 , par lequel il
voulut être enterré dans le Cimetiere de l'Eglife de
Saint Martin-d'Auferin à Hauterive , au tombeau
de fon pere ; & 2. Guillaume , qui fuit .
Guillaume de Chaftellard , Chevalier , époufa
en 1395 , Béatrix de Murinais, fille de noble Odobert
de Murinais . La qualité de noble & puiffant
lui eft donnée dans une fentence rendue à fon profit
en 1439 , contre noble Humbert de Buffevant ,
par le Vice-Juge - Mage des appellations de tout
le Dauphiné ; & on la lui donne encore dans un
acte de l'an 1450 ; mais il ne vivoit plus alors . Il
eut deux enfans , 1. Pierre de Chaftellard qui épou
fa Catherine d'Urre , ſuivant un mémoire domeftique
dreffé récemment , lequel ajoute que ce Pierre
a fait la branche de Saint Lattier qui eſt éteinte ;
& 2. Antoine qui fuit.
Antoine de Chaftellard , Damoifeau , donataire
d'Antoine de Clermont , Chevalier , Seigneur
d'Hauterive, pour la troisieme partie des revenus de
la Châtellenie d'Hauterive , par acte du 9 Août
1442 , époufa peu de temps après Anne Ollanier ,
fille de noble Pons Ollanier ; déclara le 20 No- .
vembre 1450 , qu'il devoit & qu'il vouloit tenir
dorénavant du Dauphin de Viennois tous les biens
qu'il avoit poffédés jufque- là en franc - aleu dans
le mandement de Moras ; & tefta le 13 ..... de
la même année 1450. On lui connoît un fils qui
fuit & une fille appellée Catherine de Chaftellard
femme de noble Antoine du Palais.
Claude de Chaftellard premier du nom Damoifeau
, époufa par contrat du 8 Fevrier 1472 , c'eftà-
dire 1473 , Louiſe de Breffieu , fille de puiffant
homme François de Breffieu , Chevalier , Seigneur
234 MERCURE DE FRANCE.
de Beaucroiffant & de Quincenet. Il eut entr'autres
enfans , 1. Aynard qui fuit ; & 2. Françoise
de Chaftellard, qui époufa en 1492, noble Jean Salignon
. Dans le même temps paroiffent Philippe de
Chaftellard , Abbeffe de Saint André le haut à
Vienne en 1525 , date d'un acte où pend un fceau
fur lequel on voit les trois chevrons qui défignent
les Armes de la maifon de Chaftellard ; & Louiſe
de Chaftellard, élue Abbeffe de Sainte Claire d'Annonay
le premier Novembre 1538.
Aynard de Chaftellard, Seigneur de Chaftellard
dans le mandement d'Hauterive , époufa en 1515
Catherine de Chavanes , fille de noble Jean de
Chavanes , & tefta en 1556. On lui connoît entr'autres
enfans 1. Simon qui fuit, & 2. Antoine de
Chaftellard , Seigneur de Vaux , qui époufa Fleurie
de Chapponay , & qui ( fuivant un mémoire
domeftique drefflé récemment ) a formé les bran
ches de Vaux , de Levaux & d'Herpieu , qui font
éteintes.
Simon de Chaftellard , Seigneur de Chaftellardlès-
Hauterive & de Levaux , époufa Antoinette
Barbier , & tefta en 1588. Ses enfans furent entr'autres
, 1. Claude qui fuit , & 2. Antoinette
de Chaftellard , veuve en 1588 , de noble Imbaud
du Cros.
Claude de Chaftellard , fecond du nom , Seigneur
de Chaftellard - lès - Hauterive , inftitué
héritier univerfel de fon pere en 1588 , pour tous
les biens qu'il poffédoit dans le mandement d'Hauterive
& de Moras , époufa en 1593 , Jeanne Mufy
, foeur de Simon Mufy, Maître & Auditeur en
la Chambre des Comptes de Dauphiné ; & tefta
en 1611. Il eut entr'autres enfans , 1. Alexandre
qui fuit ; 2. Melchior de Chaftellard , Capitaine
d'Infanterie en 1632 ; 3. Henry qui a formé la
JANVIER. 1757. 235
Branche de Chaftellard- Salieres , rapportée ciaprés
; & 4. Claude de Caftellard , femme de noble
Balthafar de Fotte , Sieur de la Freidiere.
Alexandre de Chaftellard , Seigneur de Chaſtellard-
lès-Hauterive , Capitaine dans le Régiment
de Nereftang , marié en 1624 , avec Catherine
de Legue , ou de Laigue , fille de Noble Claude
de Legue, Seigneur de Legue & de la Sabliere ,
& de Louiſe du Peloux , fit fon teftament en 1659,
dans lequel il rappelle tous fes enfans au nombre
de neuf, qui fuivent . 1. Chriftophe de Chaftellard
Seigneur de Chaſtellard- lès- Hauterive , commanda
le Régiment de Bourbonnois , & mourut fans
poftérité ; 2. Georges de Chaftellard , Sieur de la
Contamine , Capitaine dans le Régiment de Bourbonnois
; 3. François a continué la defcendance ;
4. Antoine de Chaſtellard , Chanoine de Saint André
le Bas, à Vienne , & Prieur de Saint Pierre - de
Chandieu ; s . Charles de Chaftellard , Oratorien ,
6. Marie de Chaſtellard , Abbeffe de Notre- Dame
de Bons en Bugey ; 7. Reine de Chaftellard , Urfeline
à Romans , fous le nom de Soeur de Saint
Joachim; 8. Louife Magdeleine de Chaftellard,femme
de noble Charles de Gruel, Seigneur de Fonta
gier ; & 9. Claudine de Chaftellard , Abbeffe de
Bons en Bugey , après Marie de Chaftellard fa
foeur.
François de Chaftellard , Seigneur de Chastellardlès
-Hauterive, époufa en 1690 ,Virgine de Virieude
Beauvoir , fille d'Andréde Virieu - de Beauvoir ,
Seigneur & Baron de Faverges , & de Marguerite
de Virieu -de Beauvoir. Il eut quatre enfans , 1.
Christophe qui fuit ; 2. 3. & 4. Marie de Chastellard
, Marie-Anne de Chaftellard , Catherine de
Chaftellard , Religieufes de la Vifitation à Saint
Marcellin , dont deux font mortes.
236 MERCURE DE FRANCE.
Christophe de Chaftellard , Seigneur de Chatellard-
lès -Hauterive , de la Maifonblanche , de Fontagé
, &c . appellé le Comte de Chastellard , a
époufé en 1716 , Marguerite Roux-Deageant , fille
de François Roux- Deageant, Seigneur de Morges,
& de Marguerite de Virieu -de-l'onterrey . Ses
enfans font au nombre de trois . 1. François de
Chaftellard , appellé le Marquis de Chastellard ,
Brigadier des Armées du Roi , Colonel d'Infanterie
, & Lieutenant Colonel du Régiment des
Gardes de Lorraine , a époufé le 18 Décembre
1755 , Marie- Thérefe de la Morte-de Laval, Dame
de la Morte- Chalencon , de Vors , & c . fille de
Jean-René de la Morte , Seigneur des mêmes Terres
, & de Marie- Louiſe de Manent- de Montaux .
2. Pierre-Jacques de Chaftellard , appellé le Chevalier
de Chaftellard , Major du Régiment des
Gardes de Lorraine . 3. Antoine -Claude de Chaſtellard
, Chanoine du Chapitre Noble de Saint
Pierre de Vienne.
Branche des Marquis de Salieres.
Henry de Chaftellard , appellé le Marquis de
Salieres , Colonel d'Infanterie , Commandant le
Régiment de Carignan en 1664 , commandoit en
1670, ce même Regiment pour le fervice de S. M.
en Canada. Il étoit auffi Gentilhomme ordinaire
de la Chambre du Roi ; & il eut pour femme
Honorée de Maty , dont il eut 1. François -Balthafar
qui fuit , & 2. Claudine de Chaſtellard qui
époufa en 1670 , Noble Jean de Rignac.
François- Balthafar de Chaftellard appellé le
Marquis de Salieres , Colonel d'Infanterie , Com
mandant des forts & Ville de Salins , marié en
1681 , avec Anne- Louiſe d'Affigny , fille de Noble
Pierre d'Affigny, Seigneur de Préaumont, & de JeanJANVIER.
1757. 237
ne du Coclet , mourut en 1720. Il fut pere d'Alexis-
Antoine, qui a donné lieu à cet article , & de
Louife - Henriette de Chaftellard qui époufa en
1712 , Claude - Raimond Comte de Narbonne-
Pelet , & mourut en 1751.
La maifon de Chaftellard porte pour Armes .
d'or à trois chevrons d'Azur ; & le détail qu'on
vient d'en donner eft tiré de fon Hiftoire Généalogique
certifiée véritable le 10 Mai 1756 , par
M. d'Hozier- de Sérigny , Juge d'Armes de
France en furvivance , & imprimée ( in-folio )
avec un corps de preuves ou pieces juftificatives ,
depuis l'an 1262 , fuivies de la vie en latin du Vénérable
Amédée d'Hauterive dont on a parlé au
commencement de cet article.
MESSIRE Charles- François - Marie Comte d'Aumale
, Colonel dans le Corps d'Artillerie & du
Génie , fut marié le 23 Août 1756 , à Dame Génévieve
de Caulincourt , veuve de Meffire Benoît de la
Verde- des Vallons, Colonel d'Infanterie , Directeur
des Fortifications du Cambrefis. L'Abbé d'Aumale
fit la cérémonie du mariage dans la Chapelle
du Château d'Orfay. Leur contrat avoit été figné
le jour précédent par Leurs Majeftés . Le Comte
d'Aumale eft fils de feu Meffire Charles Comte
d'Aumale , Lieutenant - Général des Armées du
Roi , & Directeur des Fortifications des places
d'Artois , & de Dame Marie - Marguerite- Jofephe
de Blocquet-de Croix.
230 MERCURE DE FRANCE.
Meffire Alexis- Antoine de Chastellard , appellé
le Marquis de Salieres , né à Salins en 1687 ,
Lieutenant Général des Armées du Roi , Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint-
Louis , Infpecteur général de l'Infanterie , Gouverneur
d'Ardres , de Dieppe , & de l'Hôtel de
l'Ecole Royale- Militaire en 1752 , place dont il
donna fa démiffion en 1754 , mourut à Paris le
29 Février 1756.
D'Hauterive eft le premier nom de la maiſon
de Chaftellard en Dauphiné , qui a l'avantage
peu commun de juftifier une filiation exactement
fuivie depuis cinq fiecles. On trouve une preuve
bien authentique de la haute ancienneté du nom
d'Hauterive dans la vie d'Amédée d'Hauterive , Religieux
de l'Abbaye de Bonnevaux , Ordre de Cîteaux
, diocèfe de Vienne , où l'on conferve en
Original un Manuſcrit du treizieme fiecle, qui contient
cette vie écrite vers l'an 1185 par un Moine
de la même Abbaye.Amédée d'Hauterive , Seigneur
d'Hauterive en Viennois , de Planefe , de Charmes ,
de Lemps , de Clermont , de Saint - Geoire , & cor
Seigneur de plufieurs autres Terres , mérita par la
fainteté de fa vie le furnom de Vénérable. Il avoit
pour oncle maternel Guigues - Dauphin , Comte
d'Albon : Guigo ( 1 ) Delphinus , Comes Albioninfis,
ejus avunculusfuit , & ex illußri Conradi Imperatoris
profapia originis propaginem duxit. Le goût
pour la retraite le conduifit à l'Abbaye de Bonnevaux
, où il embraffa la vie Religeufe avec feize
Chevaliers de diftinction , qui s'étoient joints à lui.
Il quitta depuis ce Monaftere pour le retirer avec
Amédée fon fils dans la célebre Abbaye de Cluni ,
où les Lettres étoient en honneur & où on les cultivoit
avec fuccès. Les Religieux de Cluni perfuadés
(1) Vie d'Amédée-d'Hauterive , ch. 1 & 7.
JANVIER. 1757. 231
)
que l'inftruction qu'ils pouvoient donner à un fi
digne éleve ( Amédée le fils ) , quelque bonne
qu'elle pût être en foi , feroit bien au deffous de
celle qui lui convenoit à tous égards , crurent ne
pouvoir faire rien de mieux que de s'en décharger
promptement fur l'Empereur Conrad fon parent ,
qui en effet ne négligea rien pour l'élever d'une
maniere qui répondît dignement à la nobleffe de
fon extraction , & qui prit de lui le même foin
pendant plufieurs années , que s'il eût été fon
propre fils filium ( 1 ) quoque ( Amedeum ) ipfius
( Amedei ) cum gaudio fufcipientes , poft dies aliquot
in Germaniam ad confanguineum fuum Con-.
radum Imperatorem delegárunt , qui eum gratanter
fufcipiens , eruditiffimis Doctoribus erudiendum
tradidit, multoque tempore curam illius, ac veluti fi
fpecialiter ejus filius effet, ita peregit . Cependant le
Vénérable Amédée fe reprochant de n'avoir pas
perfévéré conftamment dans fa premiere voca
tion , fonda quatre Monafteres qu'il foumit à celui
de Bonnevaux où il étoit retourné , & où il
mourut plein de mérite & de bonnes oeuvres le
14 Janvier , vers l'an 1150. Les Religieux de
l'Ordre de Cîteaux le mettent au nombre de leurs
Saints .
Amédée fils du précédent , prit l'habit Reli
gieux dans l'Abbaye de Clairvaux , & fut enfuite
Abbé de Hautecombe en Savoye , puis Evêque de
Lauſanne. Il eſt mis auffi au nombre des Saints de
POrdre de Câteaux
Berlion d'Hauterive ou de Chaftellard, I. du nom
Damoiſeau , eft celui où commence la filiation
fuivie de cette maifon de Chaftellard . Il époufa
d'abord Elifabeth ; & étoit remarié en 1262 avec
Blanchette Gaudin , fille de Guillaume Gaudin
( 1 ) Ibidem , chap. § .
1
232 MERCURE DE FRANCE.
Chevalier , & de Dame Girine ; fit fon teſtament
dans fa maifon d'Hauterive , en Viennois , le Vendredi
avant la Fête de Saint- Luc 1295 , & en
nomma éxécuteurs Pons ou Poncet , Seigneur
d'Hauterive, dont il étoit vaffal, & Aymard de Rovoire,
Chevalier , fon parent. Du premier lit il eut
Guigonne,qui époufa en 1279 , Antelme - Aynier , Danofeau
; & de l'un des deux lits , Nicolas qui fuit.
Nicolas d'Hauterive ou de Caftellard , Damoiſeau
, demanda en mariage le Jeudi après la Fête
de Sainte- Luce 1292 , Guillemette de Givort , fille
Guillaume de Givort, Chevalier; époufa depuis Catherine
de Clavayfon , fille de Guillaume de Clavayfon
, Chevalier , par contrat du mardi après la Fête
de la Magdeleine 1295 paffé en préfence de Pons
Seigneur d'Hauterive , & vivoit encore en 1335.
Pierre d'Hauterive ou de Chaſtellard ſon fils ,
Damoifeau , eut pour femme Agnès Roftain , &
fit fon teftament à Hauterive le 23 Mars 1341 ,
c'eſt- à - dire 1342 , par lequel entr'autres difpofitions
il donna fa maison d'Hauterive , avec ce qui
lui appartenoit dans la Seigneurie d'Hauterive ,
à Pierre & à Humbert d'Hauterive -Damoiſeaux .
Il eut entr'autres enfans 1. Berlion qui fuit , &
2. Catherine , femme de Hugues Maugiron , Chevalier.
Berlion d'Hauterive ou de Chaftellard , deuxieme
du nom , Chevalier , qualifié noble & puiſſant
homme en 1351 , époufa en 1362 , Françoile de
Quincieu , fille de noble Aymaron de Quincieu ,
fit hommage en 1375 à Joachim de Clermont
Seigneur d'Hauterive , pour tout ce qu'il poffédoit
dans l'étendue de la Seigneurie d'Hauterive ; vivoir
encore le 15 Août 1395 ; & mourut avant le
9 Décembre 1398. Il eut pour enfans , 1. Pierre
de Chaftellard, qui époula en 1394, Marguerite de
JANVIER. 1757. 233
la Baftie,fille de noble & puiffant homme Rolland
de la Baftie , Chevalier Seigneur de Saint -Roman ,
& qui fit fon teftament en 1398 , par lequel il
voulut être enterré dans le Cimetiere de l'Eglife de
Saint Martin-d'Auferin à Hauterive , au tombeau
de fon pere ; & 2. Guillaume , qui fuit .
Guillaume de Chaftellard , Chevalier , époufa
en 1395 , Béatrix de Murinais, fille de noble Odobert
de Murinais . La qualité de noble & puiffant
lui eft donnée dans une fentence rendue à fon profit
en 1439 , contre noble Humbert de Buffevant ,
par le Vice-Juge - Mage des appellations de tout
le Dauphiné ; & on la lui donne encore dans un
acte de l'an 1450 ; mais il ne vivoit plus alors . Il
eut deux enfans , 1. Pierre de Chaftellard qui épou
fa Catherine d'Urre , ſuivant un mémoire domeftique
dreffé récemment , lequel ajoute que ce Pierre
a fait la branche de Saint Lattier qui eſt éteinte ;
& 2. Antoine qui fuit.
Antoine de Chaftellard , Damoifeau , donataire
d'Antoine de Clermont , Chevalier , Seigneur
d'Hauterive, pour la troisieme partie des revenus de
la Châtellenie d'Hauterive , par acte du 9 Août
1442 , époufa peu de temps après Anne Ollanier ,
fille de noble Pons Ollanier ; déclara le 20 No- .
vembre 1450 , qu'il devoit & qu'il vouloit tenir
dorénavant du Dauphin de Viennois tous les biens
qu'il avoit poffédés jufque- là en franc - aleu dans
le mandement de Moras ; & tefta le 13 ..... de
la même année 1450. On lui connoît un fils qui
fuit & une fille appellée Catherine de Chaftellard
femme de noble Antoine du Palais.
Claude de Chaftellard premier du nom Damoifeau
, époufa par contrat du 8 Fevrier 1472 , c'eftà-
dire 1473 , Louiſe de Breffieu , fille de puiffant
homme François de Breffieu , Chevalier , Seigneur
234 MERCURE DE FRANCE.
de Beaucroiffant & de Quincenet. Il eut entr'autres
enfans , 1. Aynard qui fuit ; & 2. Françoise
de Chaftellard, qui époufa en 1492, noble Jean Salignon
. Dans le même temps paroiffent Philippe de
Chaftellard , Abbeffe de Saint André le haut à
Vienne en 1525 , date d'un acte où pend un fceau
fur lequel on voit les trois chevrons qui défignent
les Armes de la maifon de Chaftellard ; & Louiſe
de Chaftellard, élue Abbeffe de Sainte Claire d'Annonay
le premier Novembre 1538.
Aynard de Chaftellard, Seigneur de Chaftellard
dans le mandement d'Hauterive , époufa en 1515
Catherine de Chavanes , fille de noble Jean de
Chavanes , & tefta en 1556. On lui connoît entr'autres
enfans 1. Simon qui fuit, & 2. Antoine de
Chaftellard , Seigneur de Vaux , qui époufa Fleurie
de Chapponay , & qui ( fuivant un mémoire
domeftique drefflé récemment ) a formé les bran
ches de Vaux , de Levaux & d'Herpieu , qui font
éteintes.
Simon de Chaftellard , Seigneur de Chaftellardlès-
Hauterive & de Levaux , époufa Antoinette
Barbier , & tefta en 1588. Ses enfans furent entr'autres
, 1. Claude qui fuit , & 2. Antoinette
de Chaftellard , veuve en 1588 , de noble Imbaud
du Cros.
Claude de Chaftellard , fecond du nom , Seigneur
de Chaftellard - lès - Hauterive , inftitué
héritier univerfel de fon pere en 1588 , pour tous
les biens qu'il poffédoit dans le mandement d'Hauterive
& de Moras , époufa en 1593 , Jeanne Mufy
, foeur de Simon Mufy, Maître & Auditeur en
la Chambre des Comptes de Dauphiné ; & tefta
en 1611. Il eut entr'autres enfans , 1. Alexandre
qui fuit ; 2. Melchior de Chaftellard , Capitaine
d'Infanterie en 1632 ; 3. Henry qui a formé la
JANVIER. 1757. 235
Branche de Chaftellard- Salieres , rapportée ciaprés
; & 4. Claude de Caftellard , femme de noble
Balthafar de Fotte , Sieur de la Freidiere.
Alexandre de Chaftellard , Seigneur de Chaſtellard-
lès-Hauterive , Capitaine dans le Régiment
de Nereftang , marié en 1624 , avec Catherine
de Legue , ou de Laigue , fille de Noble Claude
de Legue, Seigneur de Legue & de la Sabliere ,
& de Louiſe du Peloux , fit fon teftament en 1659,
dans lequel il rappelle tous fes enfans au nombre
de neuf, qui fuivent . 1. Chriftophe de Chaftellard
Seigneur de Chaſtellard- lès- Hauterive , commanda
le Régiment de Bourbonnois , & mourut fans
poftérité ; 2. Georges de Chaftellard , Sieur de la
Contamine , Capitaine dans le Régiment de Bourbonnois
; 3. François a continué la defcendance ;
4. Antoine de Chaſtellard , Chanoine de Saint André
le Bas, à Vienne , & Prieur de Saint Pierre - de
Chandieu ; s . Charles de Chaftellard , Oratorien ,
6. Marie de Chaſtellard , Abbeffe de Notre- Dame
de Bons en Bugey ; 7. Reine de Chaftellard , Urfeline
à Romans , fous le nom de Soeur de Saint
Joachim; 8. Louife Magdeleine de Chaftellard,femme
de noble Charles de Gruel, Seigneur de Fonta
gier ; & 9. Claudine de Chaftellard , Abbeffe de
Bons en Bugey , après Marie de Chaftellard fa
foeur.
François de Chaftellard , Seigneur de Chastellardlès
-Hauterive, époufa en 1690 ,Virgine de Virieude
Beauvoir , fille d'Andréde Virieu - de Beauvoir ,
Seigneur & Baron de Faverges , & de Marguerite
de Virieu -de Beauvoir. Il eut quatre enfans , 1.
Christophe qui fuit ; 2. 3. & 4. Marie de Chastellard
, Marie-Anne de Chaftellard , Catherine de
Chaftellard , Religieufes de la Vifitation à Saint
Marcellin , dont deux font mortes.
236 MERCURE DE FRANCE.
Christophe de Chaftellard , Seigneur de Chatellard-
lès -Hauterive , de la Maifonblanche , de Fontagé
, &c . appellé le Comte de Chastellard , a
époufé en 1716 , Marguerite Roux-Deageant , fille
de François Roux- Deageant, Seigneur de Morges,
& de Marguerite de Virieu -de-l'onterrey . Ses
enfans font au nombre de trois . 1. François de
Chaftellard , appellé le Marquis de Chastellard ,
Brigadier des Armées du Roi , Colonel d'Infanterie
, & Lieutenant Colonel du Régiment des
Gardes de Lorraine , a époufé le 18 Décembre
1755 , Marie- Thérefe de la Morte-de Laval, Dame
de la Morte- Chalencon , de Vors , & c . fille de
Jean-René de la Morte , Seigneur des mêmes Terres
, & de Marie- Louiſe de Manent- de Montaux .
2. Pierre-Jacques de Chaftellard , appellé le Chevalier
de Chaftellard , Major du Régiment des
Gardes de Lorraine . 3. Antoine -Claude de Chaſtellard
, Chanoine du Chapitre Noble de Saint
Pierre de Vienne.
Branche des Marquis de Salieres.
Henry de Chaftellard , appellé le Marquis de
Salieres , Colonel d'Infanterie , Commandant le
Régiment de Carignan en 1664 , commandoit en
1670, ce même Regiment pour le fervice de S. M.
en Canada. Il étoit auffi Gentilhomme ordinaire
de la Chambre du Roi ; & il eut pour femme
Honorée de Maty , dont il eut 1. François -Balthafar
qui fuit , & 2. Claudine de Chaſtellard qui
époufa en 1670 , Noble Jean de Rignac.
François- Balthafar de Chaftellard appellé le
Marquis de Salieres , Colonel d'Infanterie , Com
mandant des forts & Ville de Salins , marié en
1681 , avec Anne- Louiſe d'Affigny , fille de Noble
Pierre d'Affigny, Seigneur de Préaumont, & de JeanJANVIER.
1757. 237
ne du Coclet , mourut en 1720. Il fut pere d'Alexis-
Antoine, qui a donné lieu à cet article , & de
Louife - Henriette de Chaftellard qui époufa en
1712 , Claude - Raimond Comte de Narbonne-
Pelet , & mourut en 1751.
La maifon de Chaftellard porte pour Armes .
d'or à trois chevrons d'Azur ; & le détail qu'on
vient d'en donner eft tiré de fon Hiftoire Généalogique
certifiée véritable le 10 Mai 1756 , par
M. d'Hozier- de Sérigny , Juge d'Armes de
France en furvivance , & imprimée ( in-folio )
avec un corps de preuves ou pieces juftificatives ,
depuis l'an 1262 , fuivies de la vie en latin du Vénérable
Amédée d'Hauterive dont on a parlé au
commencement de cet article.
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Résumé : MARIAGE ET MORT.
Le texte présente plusieurs événements et généalogies historiques. Le comte Charles-François-Marie d'Aumale, colonel dans le Corps d'Artillerie et du Génie, s'est marié le 23 août 1756 avec Dame Génévieve de Caulincourt, veuve de Messire Benoît de la Verde-des Vallons. La cérémonie a eu lieu dans la Chapelle du Château d'Orfay, célébrée par l'Abbé d'Aumale. Leur contrat de mariage avait été signé la veille par Leurs Majestés. Le comte d'Aumale est le fils de feu Messire Charles Comte d'Aumale, Lieutenant-Général des Armées du Roi et Directeur des Fortifications des places d'Artois, et de Dame Marie-Marguerite-Josèphe de Blocquet-de Croix. Le marquis Alexis-Antoine de Chastellard, né à Salins en 1687, Lieutenant Général des Armées du Roi, Grand-Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, Inspecteur général de l'Infanterie, Gouverneur d'Ardres, de Dieppe, et de l'Hôtel de l'École Royale Militaire en 1752, est décédé à Paris le 29 février 1756. La maison de Chastellard en Dauphiné, dont le premier nom est Hauterive, a une filiation suivie depuis cinq siècles. Une preuve de son ancienneté est fournie par la vie d'Amédée d'Hauterive, religieux de l'Abbaye de Bonnevaux, dont un manuscrit du treizième siècle conserve la biographie écrite vers 1185. Amédée d'Hauterive, seigneur de plusieurs terres, a fondé quatre monastères et est mort en 1150. Son fils, également nommé Amédée, a été abbé de Hautecombe en Savoie et évêque de Lausanne. Le texte détaille également la généalogie des seigneurs d'Hauterive et de Chastellard, mentionnant leurs mariages, testaments, et descendants. Parmi les figures notables, on trouve Berlion d'Hauterive, Nicolas d'Hauterive, Pierre d'Hauterive, et plusieurs autres membres de la famille, chacun avec des détails sur leurs alliances et leurs possessions. La maison de Chastellard porte pour armes 'd'or à trois chevrons d'Azur'. L'ouvrage 'France en furvivance, & imprimée' est publié en format in-folio et comprend des preuves ou pièces justificatives couvrant une période débutant en 1262. Il inclut également la vie en latin du Vénérable Amédée d'Hauterive.
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15
p. 215-218
« Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...] »
Début :
Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...]
Mots clefs :
Lit de justice, Conseillers, Maréchaux, Chancelier de France, Sa Majesté, Gouverneurs, Comtes
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texteReconnaissance textuelle : « Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...] »
LE 13 Décembre , le Parlement qui avoit reçu
les ordres du Roi par M. le Marquis de Dreux ,
Grand Maître de Cérémonies , s'aſſembla pour
le Lit de Justice , que Sa Majesté avoit réſolu
1
216 MERCURE DE FRANCE .
detenir. M. de Lamoignon , Chancelier de France
, accompagné d'un grand nombre de Confeillers
d'Etat & de Maîtres des Requêtes , ſe
rendit au Palais. Les Maréchaux de France , s'y
rendirent en corps avec toute la Connétablie.
Vers les neuf heures & demie du matin , le Roi ,
qui avoit couché à la Meute partit de ce Château ,
ayant dans fon carroſſe Monſeigneur leDauphin,
LeDucd'Orléans , le Prince deCondé & le Comte
de Clermont. Sa Majefté étoit accompagnée d'un
nombreux détachement de ſes Gardes du Corps ,
d'un détachement de cinquante Gendarmes de ſa
Garde, de pareils Détachemens de la Compagnie
des Chevaux- Legers , & des deux Compagnies
desMouſquetaires . Devant le carroffe de Sa Majeſté
étoit le vol du Cabinet. Le Roi arriva ſur les
dix heures & un quart à la Sainte Chapelle ,
où les Maréchaux de France , les Chevaliers des
Ordres , les Gouverneurs & Lieutenans- Généraux
de Provinces , s'étoient aſſemblés pour l'attendre.
Le Prince de Conty & le Comte de la Marche
y avoient auſſi devancé Sa Majeſté. Elle monta
les degrés , précédée de ſa Cour , au ſon des
Trompettes , Hautbois , Fifres & Tambours de
la Chambre. Deux Huiſſiers de la Chambre portoient
leurs Maſſes devant le Roi. L'Abbé de
Vichy-Chamron, Tréſorier de la Sainte Chapelle ,
à la tête des Chanoines , préſenta au Roi la vraie
Croix à baifer , & le complimenta. Le Roi enrendit
la Meſſe , qui fut célébrée par l'Abbé
Châtelain , Chapelain de Sa Majesté , & pendant
laquelle on exécuta le Motet , Laudate Dominum
in Sanctis ejus , de la compoſition du ſieur Bréval ,
Maître de Muſique de la Sainte Chapelle. Lorſque
le Roi eut entendu la Meſſe, quatre Préſidens
& fix Conſeillers , députés par le Parlement , vinrent
JANVIER . 1757. 217
rent recevoir Sa Majefté , & la conduifirent à
la Grand Chambre. Le Roi s'étant affis fur fon
Trône , & toutes les ſéances ayant été priſes en la
maniere accoutumée , dont on peut voir le détail
dans le Mercure du mois d'Octobre de l'année
derniere , Sa Majesté dit : Je viens vous apporter
mes volontés . Mon Chancelier vous les annoncera.
Le Chancelier expliqua les intentions du Roi , &
les motifs qui avoient déterminé Sa Majesté à
tenir ſon Lit de Juſtice. Après que le Chancelier
eut ceffé de parler , M. de Maupeou , premier
Préſident , parla au nom du Parlement. Le Chancelier
monta enſuite vers le Roi , pour prendre ſes
ordres , un genou en terre. Remis en ſa place ,
affis & découvert , il fit ouvrir les portes , & il
ordonna au ſieur Dufranc , Secretaire de la Cour ,
faiſant les fonctions de Greffier en Chef, de lire
deux Déclarations & un Edit. Cette lecture finie ,
les Gens du Roi , M. Joly-de Fleury , Premier
Avocat Général , portant la parole , donnerent
leurs conclufions. Le Chancelier prit les avis ,
& après qu'il en eut rendu compte au Roi , il
prononça l'enregistrement . Ce qui ayant été exécuté,
le Roi fortit dans le même ordre qu'il étoit
entré. Sa Majesté trouva , ainſi qu'à fon arrivée ,
les deux Régimens des Gardes Françoiſes & Suifſes
, qui formoient une double haie dans les
rues , ſur le Pont-Neuf, & fur les Quais , depuis
le Palais juſqu'à l'extrémité du Quai des Tuileries.
Partout , ſur le paſſage du Roi , le peuple
eft accouru en foule , pourjouir de la préſence de
Sa Majefté.
Les Pairs , qui ont aſſiſté à ce Lit de Juſtice ,
font l'Evêque Duc de Laon , les Ducs d'Uzés ,
de Luines ,de Briſſac , Maréchal Duc de Richelieu ,
de la Force , de Rohan , de Luxembourg , de Ville-
II . Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
roy , de Saint -Aignan, Maréchal Ducde Noailles ,
de Fitz - James , d'Antin , de Chaulnes , de Rohan-
Soubize , de Villars- Brancas , de Lauraguais , de
Biron , de la Valliere , de Fleury , Maréchal
Duc de Belle- Ifle. Les Maréchaux de Coigny ,
de Balincourt & de Clermont-Tonnerre , y ont
eu ſéance , étant entrés avec le Roi.
Voici les deux Déclarations , dont l'enrégiftrement
a été ordonné dans le Lit de Juftice.
les ordres du Roi par M. le Marquis de Dreux ,
Grand Maître de Cérémonies , s'aſſembla pour
le Lit de Justice , que Sa Majesté avoit réſolu
1
216 MERCURE DE FRANCE .
detenir. M. de Lamoignon , Chancelier de France
, accompagné d'un grand nombre de Confeillers
d'Etat & de Maîtres des Requêtes , ſe
rendit au Palais. Les Maréchaux de France , s'y
rendirent en corps avec toute la Connétablie.
Vers les neuf heures & demie du matin , le Roi ,
qui avoit couché à la Meute partit de ce Château ,
ayant dans fon carroſſe Monſeigneur leDauphin,
LeDucd'Orléans , le Prince deCondé & le Comte
de Clermont. Sa Majefté étoit accompagnée d'un
nombreux détachement de ſes Gardes du Corps ,
d'un détachement de cinquante Gendarmes de ſa
Garde, de pareils Détachemens de la Compagnie
des Chevaux- Legers , & des deux Compagnies
desMouſquetaires . Devant le carroffe de Sa Majeſté
étoit le vol du Cabinet. Le Roi arriva ſur les
dix heures & un quart à la Sainte Chapelle ,
où les Maréchaux de France , les Chevaliers des
Ordres , les Gouverneurs & Lieutenans- Généraux
de Provinces , s'étoient aſſemblés pour l'attendre.
Le Prince de Conty & le Comte de la Marche
y avoient auſſi devancé Sa Majeſté. Elle monta
les degrés , précédée de ſa Cour , au ſon des
Trompettes , Hautbois , Fifres & Tambours de
la Chambre. Deux Huiſſiers de la Chambre portoient
leurs Maſſes devant le Roi. L'Abbé de
Vichy-Chamron, Tréſorier de la Sainte Chapelle ,
à la tête des Chanoines , préſenta au Roi la vraie
Croix à baifer , & le complimenta. Le Roi enrendit
la Meſſe , qui fut célébrée par l'Abbé
Châtelain , Chapelain de Sa Majesté , & pendant
laquelle on exécuta le Motet , Laudate Dominum
in Sanctis ejus , de la compoſition du ſieur Bréval ,
Maître de Muſique de la Sainte Chapelle. Lorſque
le Roi eut entendu la Meſſe, quatre Préſidens
& fix Conſeillers , députés par le Parlement , vinrent
JANVIER . 1757. 217
rent recevoir Sa Majefté , & la conduifirent à
la Grand Chambre. Le Roi s'étant affis fur fon
Trône , & toutes les ſéances ayant été priſes en la
maniere accoutumée , dont on peut voir le détail
dans le Mercure du mois d'Octobre de l'année
derniere , Sa Majesté dit : Je viens vous apporter
mes volontés . Mon Chancelier vous les annoncera.
Le Chancelier expliqua les intentions du Roi , &
les motifs qui avoient déterminé Sa Majesté à
tenir ſon Lit de Juſtice. Après que le Chancelier
eut ceffé de parler , M. de Maupeou , premier
Préſident , parla au nom du Parlement. Le Chancelier
monta enſuite vers le Roi , pour prendre ſes
ordres , un genou en terre. Remis en ſa place ,
affis & découvert , il fit ouvrir les portes , & il
ordonna au ſieur Dufranc , Secretaire de la Cour ,
faiſant les fonctions de Greffier en Chef, de lire
deux Déclarations & un Edit. Cette lecture finie ,
les Gens du Roi , M. Joly-de Fleury , Premier
Avocat Général , portant la parole , donnerent
leurs conclufions. Le Chancelier prit les avis ,
& après qu'il en eut rendu compte au Roi , il
prononça l'enregistrement . Ce qui ayant été exécuté,
le Roi fortit dans le même ordre qu'il étoit
entré. Sa Majesté trouva , ainſi qu'à fon arrivée ,
les deux Régimens des Gardes Françoiſes & Suifſes
, qui formoient une double haie dans les
rues , ſur le Pont-Neuf, & fur les Quais , depuis
le Palais juſqu'à l'extrémité du Quai des Tuileries.
Partout , ſur le paſſage du Roi , le peuple
eft accouru en foule , pourjouir de la préſence de
Sa Majefté.
Les Pairs , qui ont aſſiſté à ce Lit de Juſtice ,
font l'Evêque Duc de Laon , les Ducs d'Uzés ,
de Luines ,de Briſſac , Maréchal Duc de Richelieu ,
de la Force , de Rohan , de Luxembourg , de Ville-
II . Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
roy , de Saint -Aignan, Maréchal Ducde Noailles ,
de Fitz - James , d'Antin , de Chaulnes , de Rohan-
Soubize , de Villars- Brancas , de Lauraguais , de
Biron , de la Valliere , de Fleury , Maréchal
Duc de Belle- Ifle. Les Maréchaux de Coigny ,
de Balincourt & de Clermont-Tonnerre , y ont
eu ſéance , étant entrés avec le Roi.
Voici les deux Déclarations , dont l'enrégiftrement
a été ordonné dans le Lit de Juftice.
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Résumé : « Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...] »
Le 13 décembre, le Parlement se réunit pour un Lit de Justice sur ordre du Roi, transmis par le Marquis de Dreux, Grand Maître de Cérémonies. Le Chancelier de France, M. de Lamoignon, accompagné de conseillers d'État et de maîtres des requêtes, se rendit au Palais avec les Maréchaux de France et la Connétablie. Le Roi, accompagné du Dauphin, du Duc d'Orléans, du Prince de Condé et du Comte de Clermont, arriva à la Sainte-Chapelle vers dix heures et un quart. Il y fut accueilli par les Maréchaux de France, les Chevaliers des Ordres et les Gouverneurs de Provinces. Après la messe, célébrée par l'Abbé Châtelain, le Roi se dirigea vers la Grand Chambre où il annonça ses volontés, expliquées par le Chancelier. M. de Maupeou, premier Président, prit la parole au nom du Parlement. Le Chancelier fit ensuite lire deux Déclarations et un Édit par le secrétaire de la Cour. Les Gens du Roi donnèrent leurs conclusions, et le Chancelier prononça l'enregistrement. Le Roi quitta le Parlement dans le même ordre qu'à son arrivée, sous les acclamations du peuple. Plusieurs Ducs et Maréchaux étaient présents parmi les Pairs. Les deux Déclarations enregistrées lors du Lit de Justice furent lues publiquement.
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16
p. 228-232
« Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Début :
Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Chevaliers, Chancelier, Nominations, Comtes, Marquis, Attaque au couteau, Roi de France, Tentative de meurtre, Corsaires , Marchandises, Capitaine Dumont, Dunkerque, Capitaine Dupont
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texteReconnaissance textuelle : « Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Le premierjour de l'an les Princes & les Prin -
ceſſes , ainſi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , eurent l'honneur de complimenter le Roi
fur la nouvelle année.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant aſſemblés , vers
JANVIER. 1757. 229
les onze heures du matin , dans le cabinet du Roi,
Sa Majesté tint un Chapitre. Conformément à une
deciſion de Louis XIV , qui a réglé que les preuves
du Chancelier des Ordres ſeroient examinées
par deux Chevaliers , le Duc de Villeroy & le Marquis
de Beringhen avoient été nommés Commiffaires
pour l'examen de celles du Comte de Saint-
Florentin, qui a été pourvu de cette charge. Elles.
furent admiſes. Le Roi nomma Chevaliers de ſes
Ordres le Prince de Beauvau , Maréchal de ſes
Camps & Armées , le Marquis de Gontaut , Lieutenant-
Général , le Comte de Maillebois , auffi
Lieutenant-Général ; le Marquis de Bethune
Maréchal de Camp , Mestre de Camp Général de
la Cavalerie ; le Marquis d'Aubeterre , Maréchal
de Camp , Ambaſſadeur du Roi auprès de Sa Majeſté
Catholique ; le Marquis d'Oſſun , Brigadier
de Cavalerie , Ambaſſadeur de Sa Majesté auprès
du Roi des deux Siciles , & le Comte de Broglie ,
Brigadier d'Infanterie , Ambaſſadeur auprès du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe. Le Comte de
Baſchi , dont les preuves , ainſi que l'information
des vie & moeurs , & laprofeffion de foi , avoient
été admiſes dans le Chapitre du premier Février de
l'année derniere , fut introduit , en habit de novice,
dans le cabinet du Roi , & reçu Chevalier de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enſuite de ſon
appartement pour aller à la chapelle. Sa Majesté ,
devant laquelle les deux Huiſſiers de la Chambre
portoient leurs maffes, étoit en manteau, le collier
de l'Ordre par deſſus , ainſi que celui de l'Ordre
de la Toiſon d'Or. Elle étoit précédée de
Monſeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Prince de Condé , du Comte de Clermont , du
Prince de Conty , du Comte de la Marche , du
Comte d'Eu , du Duc de Penthievre , & des Che230
MERCURE DE FRANCE.
valiers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le nouveau Chevalier marchoit entre les Cheva--
liers & les Officiers. La grand'Meſſe ayant été
célébrée par le Prince Conſtantin , Evêque de
Strasbourg , Premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint Eſprit , le Roi
monta à ſon trône , & revêtit des marques de
l'Ordre le Comte de Baſchi , qui eut pour parreins
le Maréchal de Clermont Tonnerre & le Marquis
de Beringhen. Lorſque cette cérémonie fut
finie , Sa Majesté fut reconduite à ſon appartement
en la maniere accoutumée.
Le Roi a admis dans ſon Conſeil d'Etat M.
PAbbé Comte de Bernis , nommé Ambaſſadeur
près de Leurs Majeſtés Impériales .
Les Janvier , à cinq heures trois quarts du foir,
le Roi fortit de chez Mesdames de France pour
monter dans ſon carroffe , & fe rendre à Trianon .
Un malheureux trouva alors le moyen d'approcher
Sa Majesté au milieu de fa garde , fans être apperçu.
Il étoit armé d'un couteau à deux lames ,
dont l'une étoit une lame ordinaire ; l'autre avoit
la forme d'un canif , & étoit large de cinq à fix
lignes , & longue d'environ quatre pouces. C'eſt
avec la derniere lame que le coup a été porté. II
eſt tombéfurla partie latérale inférieure & un peu
poſtérieure de la poitrine ; c'est- à dire entre la
quatrieme& la cinquieme des côtes inférieures du
côté droit. Le coup a été dirigé de bas en haut ,
&a pénétré environ quatre travers de doigt. Le
Roi, en le recevant, crut ſeulement qu'il étoit frappé
d'un coup de poing. Il ſertit enfuite un peu de
chaleur , & il ne s'apperçut qu'il étroit bleſſe , que
par l'effufion du ſang. Sa majesté fut laignée à fix
heures un quart ; & quoique cette fargrée eût
produit ungrand foulagement , on la réitéra qua
,
JANVIER. 1757 . 231
tre heures après , pour plus grande fûreté. Sa Majeſté
, quoiqu'elle ait peu dormi , a paffé la nuit
aflez tranquillement. Il eſt ſurvenu ce matin une
légere moteur , après un ſommeil d'une heure.
On a levé l'appareil à dix heures ; on a trouvé le
gonflement conſidérablement diminué ; & au
moment qu'on écrit ce détail , Sa Majesté eſt auſſi
Dien qu'Elle puiſſe êtredans une telle circonstance .
Tout juſqu'à preſent paroît indiquer que le coup
n'a pas pénétré dans la poitrine . On a arrêté ſur
le champ l'affaffin , & on travaille à inſtruire ſon
procès.
Le Saint Sacrement a été expoſé dans toutes les
égliſes de Versailles , & M. le Comte de Saint-
Florentin a écrit , par l'ordre du Roi , à l'Archevêque
de Paris , pour qu'on fit des prieres publiques
, afin d'obtenir de Dieu la prompte guériſon
de Sa Majesté . ( 1 )
On mande de Dunkerque , que le Corſaire
le Prince de Soubize , commandé par le Capitaine
Canon , eſt rentré en ce Port , & qu'il
s'eſt rendu maître des Navires. Anglois la Marguerite
, de Leith , & les Deux Freres , de Yarmouth
, de 150 tonneaux chacun chargés , le
premier de plomb, en ſaumon ,l'autre de fer &
de planches.
Le Capitaine Dumont , commandant le Hardi
Mendiant , autre Corfaire de Dunkerque , y a fait
conduire le Navire Anglois la Marie de Bantf ,
de so tonneaux , dont la cargaiſon confifte en
208 tonnes de ſaumon. Il s'eſt auffi emparé du
Navire Anglois la Sara , de Berwick , de 100
tonneaux armé de 4 canons , &chargé de 560
tonnes de ſaumons.
(1 ) Elle est heureusement rétablie , &lajoye a
Succédé aux plus vives allarmes.
232 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire la Favorite , du Havre , Capitaine
Mouchel , y a fait conduire le Navire Anglois
le Tobie , chargé de vin de Malaga ; & il eſt
entré à Cherbourg avec un autre Bâtiment Anglois
, de 130 tonneaux , ayant un chargement
compoſé de vin , d'huile & de raiſins ſecs .
Un autre Corfaire de Dunkerque , appellé le
Comte de Saint- Germain , y a conduit le Brigantin
Anglois l'Unité , de Yarmouth , de 90 tonneux
, armé de 4 canons , & dont la cargaifon
confitte en grains .
Le Capitaine Dupont , commandant le Corſaire
le Danger , de Boulogne , qui a repris ſur les
Anglois le Corfaire l'Intrépide , de Nantes , a pris ,
& a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe ,
de Londres , chargé d'oranges , de citrons , de
grenades & de limons .
Il eſt arrivé à Bayonne un Brigantin Anglois ,
appellé l'Aventure , de Poole , de 80 tonneaux ,
chargé de morue & d'huile , qui a été pris par
le Corfaite l'Amiral , dont eſt Capitaine M. Jean
Samfon.
Le Corſaire l'Aigle de Marseille , y a fait conduire
les Navires le Dolly , de 120 tonneaux
chargé de raiſins ſecs , & le Sally , de Gibraltar ,
dont la cargaiſon conſiſte en biſcuit , en vin &
autres proviſions ; & le Berton & le John ,
autres Bâtimens Anglois chargés de morue & de
fardines , ont été pris & conduits en ce Port
par le Capitaine Louis-Augustin Icard qui commande
le Navire la Marie.
Le Corſaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
dont eſt Capitaine Louis Libert fils , s'eſt rendu
maître du Navire Anglois le Saint-Michel , de
300 tonneaux , armé de 15 canons , & chargé
de raiſins de Corinthe , & l'a fait conduire à
Dieppe.
ceſſes , ainſi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , eurent l'honneur de complimenter le Roi
fur la nouvelle année.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant aſſemblés , vers
JANVIER. 1757. 229
les onze heures du matin , dans le cabinet du Roi,
Sa Majesté tint un Chapitre. Conformément à une
deciſion de Louis XIV , qui a réglé que les preuves
du Chancelier des Ordres ſeroient examinées
par deux Chevaliers , le Duc de Villeroy & le Marquis
de Beringhen avoient été nommés Commiffaires
pour l'examen de celles du Comte de Saint-
Florentin, qui a été pourvu de cette charge. Elles.
furent admiſes. Le Roi nomma Chevaliers de ſes
Ordres le Prince de Beauvau , Maréchal de ſes
Camps & Armées , le Marquis de Gontaut , Lieutenant-
Général , le Comte de Maillebois , auffi
Lieutenant-Général ; le Marquis de Bethune
Maréchal de Camp , Mestre de Camp Général de
la Cavalerie ; le Marquis d'Aubeterre , Maréchal
de Camp , Ambaſſadeur du Roi auprès de Sa Majeſté
Catholique ; le Marquis d'Oſſun , Brigadier
de Cavalerie , Ambaſſadeur de Sa Majesté auprès
du Roi des deux Siciles , & le Comte de Broglie ,
Brigadier d'Infanterie , Ambaſſadeur auprès du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe. Le Comte de
Baſchi , dont les preuves , ainſi que l'information
des vie & moeurs , & laprofeffion de foi , avoient
été admiſes dans le Chapitre du premier Février de
l'année derniere , fut introduit , en habit de novice,
dans le cabinet du Roi , & reçu Chevalier de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enſuite de ſon
appartement pour aller à la chapelle. Sa Majesté ,
devant laquelle les deux Huiſſiers de la Chambre
portoient leurs maffes, étoit en manteau, le collier
de l'Ordre par deſſus , ainſi que celui de l'Ordre
de la Toiſon d'Or. Elle étoit précédée de
Monſeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Prince de Condé , du Comte de Clermont , du
Prince de Conty , du Comte de la Marche , du
Comte d'Eu , du Duc de Penthievre , & des Che230
MERCURE DE FRANCE.
valiers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le nouveau Chevalier marchoit entre les Cheva--
liers & les Officiers. La grand'Meſſe ayant été
célébrée par le Prince Conſtantin , Evêque de
Strasbourg , Premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint Eſprit , le Roi
monta à ſon trône , & revêtit des marques de
l'Ordre le Comte de Baſchi , qui eut pour parreins
le Maréchal de Clermont Tonnerre & le Marquis
de Beringhen. Lorſque cette cérémonie fut
finie , Sa Majesté fut reconduite à ſon appartement
en la maniere accoutumée.
Le Roi a admis dans ſon Conſeil d'Etat M.
PAbbé Comte de Bernis , nommé Ambaſſadeur
près de Leurs Majeſtés Impériales .
Les Janvier , à cinq heures trois quarts du foir,
le Roi fortit de chez Mesdames de France pour
monter dans ſon carroffe , & fe rendre à Trianon .
Un malheureux trouva alors le moyen d'approcher
Sa Majesté au milieu de fa garde , fans être apperçu.
Il étoit armé d'un couteau à deux lames ,
dont l'une étoit une lame ordinaire ; l'autre avoit
la forme d'un canif , & étoit large de cinq à fix
lignes , & longue d'environ quatre pouces. C'eſt
avec la derniere lame que le coup a été porté. II
eſt tombéfurla partie latérale inférieure & un peu
poſtérieure de la poitrine ; c'est- à dire entre la
quatrieme& la cinquieme des côtes inférieures du
côté droit. Le coup a été dirigé de bas en haut ,
&a pénétré environ quatre travers de doigt. Le
Roi, en le recevant, crut ſeulement qu'il étoit frappé
d'un coup de poing. Il ſertit enfuite un peu de
chaleur , & il ne s'apperçut qu'il étroit bleſſe , que
par l'effufion du ſang. Sa majesté fut laignée à fix
heures un quart ; & quoique cette fargrée eût
produit ungrand foulagement , on la réitéra qua
,
JANVIER. 1757 . 231
tre heures après , pour plus grande fûreté. Sa Majeſté
, quoiqu'elle ait peu dormi , a paffé la nuit
aflez tranquillement. Il eſt ſurvenu ce matin une
légere moteur , après un ſommeil d'une heure.
On a levé l'appareil à dix heures ; on a trouvé le
gonflement conſidérablement diminué ; & au
moment qu'on écrit ce détail , Sa Majesté eſt auſſi
Dien qu'Elle puiſſe êtredans une telle circonstance .
Tout juſqu'à preſent paroît indiquer que le coup
n'a pas pénétré dans la poitrine . On a arrêté ſur
le champ l'affaffin , & on travaille à inſtruire ſon
procès.
Le Saint Sacrement a été expoſé dans toutes les
égliſes de Versailles , & M. le Comte de Saint-
Florentin a écrit , par l'ordre du Roi , à l'Archevêque
de Paris , pour qu'on fit des prieres publiques
, afin d'obtenir de Dieu la prompte guériſon
de Sa Majesté . ( 1 )
On mande de Dunkerque , que le Corſaire
le Prince de Soubize , commandé par le Capitaine
Canon , eſt rentré en ce Port , & qu'il
s'eſt rendu maître des Navires. Anglois la Marguerite
, de Leith , & les Deux Freres , de Yarmouth
, de 150 tonneaux chacun chargés , le
premier de plomb, en ſaumon ,l'autre de fer &
de planches.
Le Capitaine Dumont , commandant le Hardi
Mendiant , autre Corfaire de Dunkerque , y a fait
conduire le Navire Anglois la Marie de Bantf ,
de so tonneaux , dont la cargaiſon confifte en
208 tonnes de ſaumon. Il s'eſt auffi emparé du
Navire Anglois la Sara , de Berwick , de 100
tonneaux armé de 4 canons , &chargé de 560
tonnes de ſaumons.
(1 ) Elle est heureusement rétablie , &lajoye a
Succédé aux plus vives allarmes.
232 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire la Favorite , du Havre , Capitaine
Mouchel , y a fait conduire le Navire Anglois
le Tobie , chargé de vin de Malaga ; & il eſt
entré à Cherbourg avec un autre Bâtiment Anglois
, de 130 tonneaux , ayant un chargement
compoſé de vin , d'huile & de raiſins ſecs .
Un autre Corfaire de Dunkerque , appellé le
Comte de Saint- Germain , y a conduit le Brigantin
Anglois l'Unité , de Yarmouth , de 90 tonneux
, armé de 4 canons , & dont la cargaifon
confitte en grains .
Le Capitaine Dupont , commandant le Corſaire
le Danger , de Boulogne , qui a repris ſur les
Anglois le Corfaire l'Intrépide , de Nantes , a pris ,
& a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe ,
de Londres , chargé d'oranges , de citrons , de
grenades & de limons .
Il eſt arrivé à Bayonne un Brigantin Anglois ,
appellé l'Aventure , de Poole , de 80 tonneaux ,
chargé de morue & d'huile , qui a été pris par
le Corfaite l'Amiral , dont eſt Capitaine M. Jean
Samfon.
Le Corſaire l'Aigle de Marseille , y a fait conduire
les Navires le Dolly , de 120 tonneaux
chargé de raiſins ſecs , & le Sally , de Gibraltar ,
dont la cargaiſon conſiſte en biſcuit , en vin &
autres proviſions ; & le Berton & le John ,
autres Bâtimens Anglois chargés de morue & de
fardines , ont été pris & conduits en ce Port
par le Capitaine Louis-Augustin Icard qui commande
le Navire la Marie.
Le Corſaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
dont eſt Capitaine Louis Libert fils , s'eſt rendu
maître du Navire Anglois le Saint-Michel , de
300 tonneaux , armé de 15 canons , & chargé
de raiſins de Corinthe , & l'a fait conduire à
Dieppe.
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Résumé : « Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Le 1er janvier 1757, la cour française célébra la nouvelle année en complimentant le roi. À onze heures du matin, les membres de l'Ordre du Saint Esprit se réunirent dans le cabinet royal pour un chapitre. Conformément à une décision de Louis XIV, les preuves du Chancelier des Ordres furent examinées par deux Chevaliers, le Duc de Villeroy et le Marquis de Beringhen, qui approuvèrent le Comte de Saint-Florentin. Le roi nomma plusieurs nouveaux Chevaliers, dont le Prince de Beauvau, le Marquis de Gontaut, le Comte de Maillebois, le Marquis de Bethune, le Marquis d'Aubeterre, le Marquis d'Ossun et le Comte de Broglie. Le Comte de Baschi, dont les preuves avaient été admises lors du chapitre précédent, fut introduit en habit de novice et reçu Chevalier de l'Ordre de Saint Michel. Le roi se rendit ensuite à la chapelle pour la grand'Messe, célébrée par le Prince Constantin, Evêque de Strasbourg. Le roi admit l'Abbé Comte de Bernis, nommé Ambassadeur auprès des Majestés Impériales, dans son Conseil d'État. Le 5 janvier, alors que le roi se rendait à Trianon, un individu armé d'un couteau à deux lames le blessa légèrement. Le roi fut soigné et passa la nuit tranquillement. Le 6 janvier, une légère fièvre apparut après une heure de sommeil, mais l'état du roi s'améliora. L'agresseur fut arrêté et son procès instruit. Le Saint Sacrement fut exposé dans toutes les églises de Versailles, et des prières publiques furent organisées pour la guérison du roi. Des nouvelles de Dunkerque rapportèrent que plusieurs corsaires français avaient capturé des navires anglais chargés de diverses marchandises. Parmi ces corsaires figuraient le Prince de Soubize, le Hardi Mendiant, la Favorite, le Comte de Saint-Germain, le Danger, l'Amiral, l'Aigle de Marseille et le Duc d'Aumont. Ces corsaires avaient pris des navires anglais dans la Manche et les avaient conduits dans divers ports français.
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17
p. 233-235
MARIAGE ET MORTS.
Début :
Louis-Joseph-Timoléon de Cossé, Comte de Brissac, épousa le 30 [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Comtes, Marquis, Maréchal, Hyacinte de Portalis
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGE ET MORTS.
MARIAGE ET MORTS.
LOUIS-Joſeph-Timoléon de Coffe , Comte de
Briffac , épousa le 30 Août 1756 , Demoiselle
Marie Gabrielle Félicité Molé, fille deMeſſire Matthieu
-François Molé , Préſident du Parlement , &
deDame Bonne- Félicité Bernard. La Bénédiction
Nuptiale leur a été donnée dans l'Eglife Paroiffiale
de S. Sulpice à Paris , par l'Evêque de Condom .
Leur Contrat de Mariage avoit été ſigné le 22
du même mois par Leurs Majestés. Le Comte
de Briffac eſt fils de Jean-Paul- Timoléon de
Coffé , Duc de Briffac , Pair de France, Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant-Général des
Armées de Sa Majefté , & Grand Panmetier de
France ; & de feue Marie-Joſephe Durey - de
Sauroy.
Meſſire Henri - Theodore de la Pierre , Marquis
de Boufies , Pair de Cambreſis , mourut au
Château de Bouſies , près Landrecies, le 18 Juiller
1756 , âgé de 70 ans.
, Dame Edmée- Charlotte de Brenne- de Bombon
ci-devant Dame du Palais de la Reine , épouſe
de Marie-Thomas-Auguste de Goyon , Marquis
de Matignon , Chevalier des Ordres du Roi , &
Brigadier de Cavalerie , eſt morte à Orly , près
de Choisy le 24 Juillet , âgée de 56 ans.
Marguerite-Pauline Prondre , épouse de Gafpard,
Comte de Clermont-Tonnerre , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , mourut
à Paris le 29 Juillet , dans la 60e année de fon
âge.
Meffire Georges-Albert- François de la Verdured-
e Gavielle , Abbé de l'Abbaye d'Humblieres ,
234. MERCURE DE FRANCE.
Dioceſe de Noyon , & Prévôt honoraire de l'E
gliſe Métropolitaine de Cambray , eſt mort à
Cambray le 29 Juillet.
Dame Charlotte- Anne-Marie de S. Perrier de
Bandeville , Epouſe de Meſſire Henri de Sabrevois
, Maréchal des Camps & Armées du Roi , &
Directeur en Chef du Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , au Département Général d'Alface,
de Bourgogne & de Franche- Comté , eſt
morte le 9 Août à ſa Terre de Corbereuſe , près
de Dourdan en Beauſſe , dans ſa 576. année.
Frere Ange de Ricard , Bailli , Grand-Croix
de l'Ordre de S. Jean de Jerufalem , & Commandeur
de la Commanderie de la Villedieu ,
mourut à Paris le 17 Août , âgé de 86 ans.
Anne-Joſephe de Chabannes , fille de Gilbert
de Chabannes , Comte de Pionzac , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , & Gouverneur
d'Oleron , & d'Anne- Françoiſe de Lutzelbourg ,
& veuve du 29 Août 1754 de Claude de la
Quzille, Comte de Ronchevol-Pramenou , mourut
à Clermont en Auvergne le 29 , âgée de 66
ans. Elle ne laiſſe qu'une fille unique Gilberte
de la Queille ; mariée en 1733 à Gilbert- Allire ,
Comte de Langheac , Brigadier des Armées du
Roi .
On écrit de Mahon que Meſſire Hyacinte de
Portalis , ci -devant Capitaine au Regiment de
Ponthieu , Commiſſaire des Guerres , ayant la
Police des quatre Hôpitaux établis à Mahon par
les ordres de M. le Maréchal Duc de Richelieu
pour les Officiers & foldats malades & bleffés ,
eſt mort à Mahon au mois d'Août dernier , univerſellement
regretté , âgé de 29 ans. Il étoit fils
de Meffire Hyacinte de Portalis , Chevalier de
l'Ordre de S. Louis , Commiſſaire des Guerros
4
JANVIER. 1757 . 235
du Département de Toulon. Son zele infatigable
pour le foulagement de plus de douze cens
malades & bleſſés ne lui donnoit aucun relâche .
Il étoit aux hôpitaux & aux dépôts des tranchées
à toutes les heures du jour & de la nuit ; il
aſſiſtoit aux panfemens & à toutes les diſtributions.
On ajoute qu'il ſe tranſporta partout , ſous
les yeux de M. le Maréchal & de toute l'Armée ,
dans la nuit de l'attaque générale des Forts de
Minorque , pour faire tranſporter aux hôpitaux
tous les Officiers & foldats bleſſés , s'expoſant
généreuſement aux bombes & boulets des affiégés;
& que tant de ſoins &de ſecours efficaces
lui avoient mérité de la part des ſoldats , le glorieux
titre de leur pere. Ilsfurent fi affligésde
ſa mort , qu'ils ſortirent en foule des hôpitaux ,
pour honorer ſa ſépulture de leurs regrets & de
Jeurs larmes.
LOUIS-Joſeph-Timoléon de Coffe , Comte de
Briffac , épousa le 30 Août 1756 , Demoiselle
Marie Gabrielle Félicité Molé, fille deMeſſire Matthieu
-François Molé , Préſident du Parlement , &
deDame Bonne- Félicité Bernard. La Bénédiction
Nuptiale leur a été donnée dans l'Eglife Paroiffiale
de S. Sulpice à Paris , par l'Evêque de Condom .
Leur Contrat de Mariage avoit été ſigné le 22
du même mois par Leurs Majestés. Le Comte
de Briffac eſt fils de Jean-Paul- Timoléon de
Coffé , Duc de Briffac , Pair de France, Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant-Général des
Armées de Sa Majefté , & Grand Panmetier de
France ; & de feue Marie-Joſephe Durey - de
Sauroy.
Meſſire Henri - Theodore de la Pierre , Marquis
de Boufies , Pair de Cambreſis , mourut au
Château de Bouſies , près Landrecies, le 18 Juiller
1756 , âgé de 70 ans.
, Dame Edmée- Charlotte de Brenne- de Bombon
ci-devant Dame du Palais de la Reine , épouſe
de Marie-Thomas-Auguste de Goyon , Marquis
de Matignon , Chevalier des Ordres du Roi , &
Brigadier de Cavalerie , eſt morte à Orly , près
de Choisy le 24 Juillet , âgée de 56 ans.
Marguerite-Pauline Prondre , épouse de Gafpard,
Comte de Clermont-Tonnerre , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , mourut
à Paris le 29 Juillet , dans la 60e année de fon
âge.
Meffire Georges-Albert- François de la Verdured-
e Gavielle , Abbé de l'Abbaye d'Humblieres ,
234. MERCURE DE FRANCE.
Dioceſe de Noyon , & Prévôt honoraire de l'E
gliſe Métropolitaine de Cambray , eſt mort à
Cambray le 29 Juillet.
Dame Charlotte- Anne-Marie de S. Perrier de
Bandeville , Epouſe de Meſſire Henri de Sabrevois
, Maréchal des Camps & Armées du Roi , &
Directeur en Chef du Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , au Département Général d'Alface,
de Bourgogne & de Franche- Comté , eſt
morte le 9 Août à ſa Terre de Corbereuſe , près
de Dourdan en Beauſſe , dans ſa 576. année.
Frere Ange de Ricard , Bailli , Grand-Croix
de l'Ordre de S. Jean de Jerufalem , & Commandeur
de la Commanderie de la Villedieu ,
mourut à Paris le 17 Août , âgé de 86 ans.
Anne-Joſephe de Chabannes , fille de Gilbert
de Chabannes , Comte de Pionzac , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , & Gouverneur
d'Oleron , & d'Anne- Françoiſe de Lutzelbourg ,
& veuve du 29 Août 1754 de Claude de la
Quzille, Comte de Ronchevol-Pramenou , mourut
à Clermont en Auvergne le 29 , âgée de 66
ans. Elle ne laiſſe qu'une fille unique Gilberte
de la Queille ; mariée en 1733 à Gilbert- Allire ,
Comte de Langheac , Brigadier des Armées du
Roi .
On écrit de Mahon que Meſſire Hyacinte de
Portalis , ci -devant Capitaine au Regiment de
Ponthieu , Commiſſaire des Guerres , ayant la
Police des quatre Hôpitaux établis à Mahon par
les ordres de M. le Maréchal Duc de Richelieu
pour les Officiers & foldats malades & bleffés ,
eſt mort à Mahon au mois d'Août dernier , univerſellement
regretté , âgé de 29 ans. Il étoit fils
de Meffire Hyacinte de Portalis , Chevalier de
l'Ordre de S. Louis , Commiſſaire des Guerros
4
JANVIER. 1757 . 235
du Département de Toulon. Son zele infatigable
pour le foulagement de plus de douze cens
malades & bleſſés ne lui donnoit aucun relâche .
Il étoit aux hôpitaux & aux dépôts des tranchées
à toutes les heures du jour & de la nuit ; il
aſſiſtoit aux panfemens & à toutes les diſtributions.
On ajoute qu'il ſe tranſporta partout , ſous
les yeux de M. le Maréchal & de toute l'Armée ,
dans la nuit de l'attaque générale des Forts de
Minorque , pour faire tranſporter aux hôpitaux
tous les Officiers & foldats bleſſés , s'expoſant
généreuſement aux bombes & boulets des affiégés;
& que tant de ſoins &de ſecours efficaces
lui avoient mérité de la part des ſoldats , le glorieux
titre de leur pere. Ilsfurent fi affligésde
ſa mort , qu'ils ſortirent en foule des hôpitaux ,
pour honorer ſa ſépulture de leurs regrets & de
Jeurs larmes.
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Résumé : MARIAGE ET MORTS.
En 1756 et 1757, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 30 août 1756, Louis-Joseph-Timoléon de Coffe, Comte de Briffac, épousa Marie Gabrielle Félicité Molé, fille de Matthieu-François Molé, Président du Parlement, et de Bonne-Félicité Bernard. La bénédiction nuptiale se déroula à l'église paroissiale de Saint-Sulpice à Paris, et le contrat de mariage fut signé le 22 août par Leurs Majestés. Le Comte de Briffac est le fils de Jean-Paul-Timoléon de Coffé, Duc de Briffac, et de Marie-Josephe Durey de Sauroy. Plusieurs décès notables sont également survenus. Messire Henri-Théodore de la Pierre, Marquis de Bousies, mourut au Château de Bousies le 18 juillet 1756 à l'âge de 70 ans. Dame Edmée-Charlotte de Brenne de Bombon, épouse de Marie-Thomas-Auguste de Goyon, Marquis de Matignon, décéda à Orly le 24 juillet à l'âge de 56 ans. Marguerite-Pauline Prondre, épouse de Gaspard, Comte de Clermont-Tonnerre, mourut à Paris le 29 juillet à l'âge de 60 ans. Messire Georges-Albert-François de la Verdure de Gavielle, Abbé de l'Abbaye d'Humblieres, décéda à Cambray le 29 juillet. Dame Charlotte-Anne-Marie de Saint-Perrier de Bandeville, épouse de Henri de Sabrevois, mourut le 9 août à Corbereuse à l'âge de 57 ans. Frère Ange de Ricard, Bailli et Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, décéda à Paris le 17 août à l'âge de 86 ans. Anne-Josèphe de Chabannes, veuve de Claude de la Queille, Comte de Ronchevol-Pramenou, mourut à Clermont le 29 août à l'âge de 66 ans, laissant une fille unique, Gilberte de la Queille. Messire Hyacinthe de Portalis, Capitaine au Régiment de Ponthieu, décéda à Mahon en août à l'âge de 29 ans, regretté pour son dévouement auprès des malades et blessés.
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18
p. 195-198
DU NORD
Début :
Le Roi de Grande-Bretagne ayant demandé que l'Impératrice employât ses bons [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Grande-Bretagne, Comtes, Marquis, Impératrice Reine, Mémoire, Varsovie, Lettre à l'Empereur, Roi de Prusse, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
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Résumé : DU NORD
Le 20 décembre, depuis Pétersbourg, il a été rapporté que le roi de Grande-Bretagne avait demandé à l'impératrice de Russie d'intervenir en tant que médiatrice entre les cours de Vienne, Dresde et Berlin. L'impératrice a refusé cette demande. Le comte Bestuchef, Grand Chancelier, a remis un mémoire au chevalier Hambury-Williams, ambassadeur d'Angleterre, expliquant les motifs du refus. L'impératrice a souligné qu'elle n'avait pas anticipé une telle demande et qu'elle ne changerait pas d'avis. Elle a également mentionné que les menaces de la Prusse, notamment celle d'attaquer ses troupes, ne faisaient que renforcer sa décision. Malgré la guerre, l'impératrice a autorisé l'envoi de soixante mille muids de blé et dix mille tonneaux de farine en Suède, où une disette régnait. Le même jour, depuis Varsovie, une lettre du roi à l'empereur a été diffusée. Le roi exprime sa gratitude pour les décrets envoyés à la Diète générale de l'Empire concernant l'invasion de la Prusse dans ses États héréditaires. Il décrit les hostilités croissantes et les difficultés de son armée, bloquée à Pirna, qui a dû se rendre en raison de la disette. Le roi demande à l'empereur d'intervenir pour stopper les violences et restaurer les constitutions et lois sacrées.
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19
p. 208-217
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Il n'est point d'image assez expressive, pour bien peindre la douleur, [...]
Mots clefs :
Blessure du roi, Prières, Lettres innombrables, Attentat contre le roi, Saumur, Régiment de Poitou, Régiment du roi, Célébrations, Te Deum, Royaume, Voeux de santé, Fêtes, Nominations, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Comtes, Princes, Ducs, Marquis, Princes, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Capitaines, Navires anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
La blessure du Roi a suscité une grande inquiétude à travers le Royaume. Les habitants, qu'ils soient en ville ou à la campagne, ont suspendu leurs activités pour prier dans les églises pour sa guérison. La ville de Saumur s'est particulièrement distinguée en organisant des processions et des prières pendant neuf jours consécutifs, terminées par une procession générale à laquelle ont assisté la noblesse, la magistrature et le corps de ville. Des aumônes abondantes ont été distribuées pour secourir cinq cents pauvres familles. Plusieurs régiments ont célébré la convalescence du Roi par des messes solennelles, des Te Deum, des feux d'artifice et des bals. Le Régiment de Poitou à Béthune, le Régiment du Roi à Saint-Dizier, et d'autres régiments à Avranches, Rocroy et Haguenau ont participé à ces célébrations. Les Juifs Portugais de Bordeaux et de Bayonne ont également prié pour la guérison du Roi et ont distribué des aumônes. À Berg-Saint-Vincent, les régiments de Royal Écossais et d'Ogilvy ont chanté un Te Deum, suivi d'un bal et d'un repas. Le Régiment de Cavalerie de Caraman et d'autres unités ont également célébré le rétablissement du Roi par des fêtes brillantes. À Provins, une inondation et un incendie ont causé des dégâts, mais l'intervention rapide des autorités et du Régiment de Vatan a limité les pertes. Des tremblements de terre ont été ressentis en Franche-Comté et en Alsace. La Duchesse de Cossé-Brissac a été présentée au Roi, et plusieurs changements ministériels ont eu lieu, notamment la démission de Machault et d'Argenson, remplacés par Saint-Florentin et Moras. Le Roi a assisté à une messe pour les âmes des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit décédés et a reçu de nouveaux Chevaliers. Il a également admis Paulmy et Moras au Conseil d'État. Un service a été célébré pour l'âme de Madame Henriette de France, et le Duc de Duras a été reçu au Parlement en tant que Pair de France. En mars 1757, plusieurs événements maritimes notables ont été rapportés. Deux bâtiments anglais, le Démontant et l'Elisabeth, chargés de grains, ont été capturés par les corsaires français le Gros Thomas et le Hardi Mendiant. Le capitaine Canon, à bord du corsaire le Prince de Soubize, a pris le contrôle du navire Williams de Cork, chargé de beurre et de bœuf, et l'a conduit à Saint-Valery-sur-Somme. Le navire anglais le Prince de Galles, richement chargé, a fait naufrage à deux lieues de Boulogne, mais son équipage de treize hommes a été sauvé et la cargaison est espérée récupérée en entier. Le Petit Jean, un autre navire anglais chargé de soude, de raisins, d'anil et d'amandes, a été conduit à La Rochelle par le corsaire le Mentorier. De plus, le capitaine Gautier, commandant le corsaire le Furet de Bordeaux, s'est emparé d'un navire anglais de 350 tonneaux, armé de 10 canons et chargé d'indigo, de sucre, de bois de Campeche et de coton.
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20
p. 211-212
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 29 Mai, fête de la Pentecôte, les Chevaliers, Commandeurs [...]
Mots clefs :
Fête de la Pentecôte, Chevaliers, Comtes, Duc, Ordre
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 29 Mai , fête de la Pentecôte , les Cheva
liers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre du
Saint-Efprit , s'etant affemblés vers les onze heures
du matin dans le Cabinet du Roi ; Sa Majefté
sint un Chapitre, L'information des vie & moeurs ,
212 MERCURE DE FRANCE.
& la Profeffion de Foi du Marquis d'Offun , quí
avoient été propofées le premier janvier de cette
année pour être Chevalier , furent admifes. Ses
preuves de noblefle ayant éte faites auparavant ,
Sa Majefté lui avoit envoyé la permiffion de porter
les marques de l'Ordre , en attendant qu'il
pût le faire recevoir. Le Comte de Stainville ,
qui avoit éte propofé le premier janvier de l'année
derniere , pour être Chevalier , & qui avoit
obtenu cette même permiffion , après avoir fatisfait
aux preuves de religion & de nobleffe ; &
à l'information des vie & moeurs , fut introduit
dans le Cabinet de Sa Majefté , & reçu Chevalier
de l'Ordre de Saint-Michel. Le Roi fortit enfuite
de fon appartement , pour aller à la Chapelle. Sa
Majefté , devant qui les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que celui
de l'Ordre de la Toifon d'Or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Comte de Charolois
, du Comte de Clermont , da Prince de
Conty , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre ,
& des Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre. Le nouveau Chevalier , «en habit de Novice
, marchoit entre les Chevaliers & les Officters.
Après la grand'Meffe , qui fut célébrée par
l'Archevêque de Narbonne , Prélat - Commandeur
de l'Ordre du Saint- Esprit , Sa Majefté monta fur
fon Trône , & revêtit des marques de l'Ordre le
Comte de Stainville , qui eut pour parreins le
Maréchal de Clermont - Tonnerre , & le Marquis
de Beringhen. Cette cérémonie étant finie , le
Roi fut reconduit à fon appartement en la maniere
accoutumée .
LE 29 Mai , fête de la Pentecôte , les Cheva
liers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre du
Saint-Efprit , s'etant affemblés vers les onze heures
du matin dans le Cabinet du Roi ; Sa Majefté
sint un Chapitre, L'information des vie & moeurs ,
212 MERCURE DE FRANCE.
& la Profeffion de Foi du Marquis d'Offun , quí
avoient été propofées le premier janvier de cette
année pour être Chevalier , furent admifes. Ses
preuves de noblefle ayant éte faites auparavant ,
Sa Majefté lui avoit envoyé la permiffion de porter
les marques de l'Ordre , en attendant qu'il
pût le faire recevoir. Le Comte de Stainville ,
qui avoit éte propofé le premier janvier de l'année
derniere , pour être Chevalier , & qui avoit
obtenu cette même permiffion , après avoir fatisfait
aux preuves de religion & de nobleffe ; &
à l'information des vie & moeurs , fut introduit
dans le Cabinet de Sa Majefté , & reçu Chevalier
de l'Ordre de Saint-Michel. Le Roi fortit enfuite
de fon appartement , pour aller à la Chapelle. Sa
Majefté , devant qui les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que celui
de l'Ordre de la Toifon d'Or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Comte de Charolois
, du Comte de Clermont , da Prince de
Conty , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre ,
& des Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre. Le nouveau Chevalier , «en habit de Novice
, marchoit entre les Chevaliers & les Officters.
Après la grand'Meffe , qui fut célébrée par
l'Archevêque de Narbonne , Prélat - Commandeur
de l'Ordre du Saint- Esprit , Sa Majefté monta fur
fon Trône , & revêtit des marques de l'Ordre le
Comte de Stainville , qui eut pour parreins le
Maréchal de Clermont - Tonnerre , & le Marquis
de Beringhen. Cette cérémonie étant finie , le
Roi fut reconduit à fon appartement en la maniere
accoutumée .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 29 mai, les membres de l'Ordre du Saint-Esprit se réunirent dans le cabinet du Roi. Le Roi admit les informations sur la vie, les mœurs et la profession de foi du Marquis d'Offun, proposé pour être Chevalier le 1er janvier. Le Comte de Stainville, proposé l'année précédente, fut introduit et reçu Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel après avoir satisfait aux preuves de religion, de noblesse et d'information sur sa vie et ses mœurs. Le Roi se rendit ensuite à la chapelle, précédé par plusieurs dignitaires et les membres de l'Ordre. Après la grand-messe célébrée par l'Archevêque de Narbonne, le Roi monta sur son trône et revêtit les marques de l'Ordre au Comte de Stainville, assisté par le Maréchal de Clermont-Tonnerre et le Marquis de Beringhen. La cérémonie se conclut par le retour du Roi à son appartement.
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21
p. 207-213
ALLEMAGNE.
Début :
Le Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le Baron de Vettes [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-maréchal, Bataille, Victoire, Roi de Prusse, Majestés impériales, Récit de la victoire, Régiments, Bravoure, Artillerie, Cavalerie, Comtes, Barons, Prague, Ennemis, Prince Charles de Lorraine, Dresde, Armée, Bielefeld, Officier, Maréchal de camp, Garnison, Capitulation militaire
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 18 juin, le Feld-Maréchal Comte de Daun a remporté une victoire décisive contre l'armée d'observation ennemie, dirigée par le Roi de Prusse. Cette armée était renforcée par 12 000 hommes prussiens et 15 000 hommes conduits par le Prince Maurice d'Anhalt-Dessau. La bataille, qui a duré de 14 heures à 20 heures, a vu les ennemis lancer sept attaques, principalement contre l'aile droite des troupes de l'Impératrice Reine, toutes repoussées. À 19 heures, une nouvelle tentative prussienne a échoué, et la cavalerie prussienne a été culbutée. Les ennemis ont pris la fuite vers Kollin et Bomischbrod. La victoire a été célébrée par l'Empereur et l'Impératrice Reine, qui ont exprimé leur satisfaction à la Maréchale de Daun. Les pertes ennemies étaient considérables, avec environ 20 000 hommes tués ou blessés, contre 8 000 pertes du côté des troupes de l'Impératrice Reine. Plusieurs officiers et régiments ont été distingués pour leur bravoure. Après la bataille, les Prussiens se sont retirés de Prague, libérant la ville après un siège de 42 jours. Le Comte de Browne-de Camus, Feld-Maréchal, est décédé des suites de ses blessures. À Dresde, la Reine a pris des mesures pour soigner les blessés prussiens. Par ailleurs, un détachement français a pris la ville d'Embden en Ost-Frise. Cette information est succincte et se concentre uniquement sur l'aspect des otages en lien avec la sécurité de la capitulation. Aucun autre détail n'est fourni dans le texte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 197-220
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 5 Juin, Leurs Majestés & la Famille Royale signerent le contrat de mariage [...]
Mots clefs :
Contrats de mariage, Maison de Sorbonne, Portrait, Pape, Roi de France, Famille royale, Compagnie des Mousquetaires, Déserteurs, Électeur palatin, Convention, Articles, Soldats, Officiers, Nouvelle frégate, Armée, Commandement, Ducs, Marquis, Comtes, Madame la Dauphine, Canada, Ennemis, Colonies, Approvisionnement, Bataillons, Forts, Mouvements des troupes, Combats, Français et Anglais, Marquis de Vaudreuil, Expéditions, Maréchal, Victoire, Hamelin, Capitulation, Corsaires , Marchandises, Voyages, Capitaines, Navires
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin 1757, plusieurs contrats de mariage furent signés par la Famille Royale, notamment ceux du Marquis de Caumont, du Comte de Lorda et du Marquis de Marbeuf. Le 6 juin, la Sorbonne reçut une députation du Nonce du Pape, offrant un portrait du Pape et toutes les éditions de ses ouvrages. Le 14 juin, le Roi passa en revue les Mousquetaires de sa Garde. Le 26 avril, une convention fut signée entre le Roi et l'Électeur Palatin concernant la restitution des déserteurs. Le Roi ordonna également une amnistie pour les déserteurs ayant rejoint d'autres troupes avant le 20 avril. À Marseille, une frégate de 54 canons fut construite. Le 16 et 19 juillet, le Roi tint le Sceau à Compiègne, et le Maréchal Duc de Richelieu prit congé pour commander une armée. Madame la Dauphine apprit la victoire d'Hastembecke et envoya des lettres de compliments au Roi, qui décerna des épées pour bravoure. En Amérique du Nord, des opérations militaires furent menées contre les ennemis au Fort Georges sur le Lac Saint-Sacrement. Une troupe dirigée par M. de Rigaud attaqua le fort, détruisant des bateaux et des provisions ennemis. Les troupes françaises et alliées autochtones montrèrent discipline et efficacité. Une expédition ennemie contre un convoi français fut repoussée. En Allemagne, le Maréchal d'Estrées remporta une victoire. Des lettres détaillèrent les mouvements et les pertes des armées. En septembre 1757, des corsaires français capturèrent plusieurs navires anglais. Parmi les prises notables, le Prince de Condé captura un brigantin anglais à Calais, et la Diligente prit le Duc de Marlborough à la Hougue. La Comtesse de Bentheim reprit un navire chargé d'huile et ramena deux navires anglais à Saint-Malo. D'autres corsaires capturèrent des navires chargés de diverses marchandises, telles que du sucre, du coton, du riz, du café, et des pelleteries. Les prises furent conduites dans différents ports français, certaines étant rançonnées.
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23
p. 221-225
MARIAGES ET MORTS.
Début :
François, Vicomte de Rochechouart-Pontville, épousa le 23 Juin Mademoiselle [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Vicomte, Maison de Rochechouart, Contrat, Comtes, Comtesses, Dame
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
FRANÇOIS , Vicomte de Rochechouart- Pontville,
épousa le 23 Juin Mademoiſelle Boucher. Le Roi
avoit figné le Contrat de leur mariage.
Le Vicomte de Rochechouart- Pontville , porte
le nom & les armes de Rochechouart , en qualité
de feul & unique héritier de Jean de Pontville ,
Vicomte de Breuilhé , Chambellan du Duc de
Guyenne , Sénéchal de Xaintonges , Gouverneur
de Saint-Jean d'Angely , lequel époufa l'an 1470 ,
par la volonté de Louis XI , & par les dons du Duc
de Guyenne , Anne de Rochechouart , fille unique
, & héritiere de Foucault , Vicomte de Roche
chouart , à condition d'en porter le nom & les
armes pleines , lui & fes defcendans , & ledit Foucault
, Vicomte de Rochechouart , a donné audit
de Pontville la terre & feigneurie de Tonnaycharante
, pour en difpofer à fon bon plaifir , &
en cas qu'il fût refufant d'exécuter les conditions
faites entr'eux , il rendroit ladite terre de Tonnaycharante
, & foco liv . de rente du fien .
Ce contrat fut paffé fous le fcel de Saint - Jean
d'Angely , le 20 Août 1470 , entre noble & puiffant
Seigneur Meffire Foucault , Vicomte de Ro-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
chechouart , Seigneur de Tonnay- charante & de
Mauzé , & noble & puiffant Seigneur Jean de
Pontville , Vicomte de Breuilhé , Confeiller &
Chambellan de Mgr le Duc de Guyenne d'autre
part , fur le mariage traité par plufieurs grands
Seigneurs entre ledit de Pontville & Demoifelle
Anne , fille de Meffire Foucault , Vicomte de Rochechouart
, fous les conventions ci - deſſus énoncées
.
De ce mariage celébré le 21 Août 1470 , naquirent
François de Pontville , dit de Rochechouart
, & Jeanne de Pontville , laquelle fut mariée
en 1494 avec Aimery- de Rochechouart , Scigneur
de Mortemart.
François de Pontville , dit de Rochechouart
époufa en premiere noce Renée d'Anjou , dont il
eut Bonaventure , Vicomte de Rochechouart , &.
Françoife , qui fut mariée à Airant - de la Touche ,
Seigneur de la Touche- Limofiniere.
Bonaventure mourut fans enfans , & fit donation
de fes biens à fon frere Claude , Vicomte
de Rochechouart , né du fecond mariage de
François de Pontville , dit de Rochechouart , avec
Jacquette de la Rochefoucault , fille de François
de la Rochefoucault.
Louiſe , foeur de Claude , époufa Guillaume de
Dinteville , Seigneur de Chenon .
Claude , Vicomte de Rochechouart , époufa
Blanche de Tournon , dont il eut Louis , Vicomte
de Rochechouart , Baron de Mauzé , & Jeanne ,
mariée à Aimery- de Rochechouart , Seigneur de
Mortemart , tiges des Rochechouart , Comtes de
Saint-Auvent & de Montmoreau.
Louis , Vicomte de Rochechouart , épouſa en
premiere noce Louiſe Clérambaut , dont il n'eut
point d'enfans , & en ſeconde noces Magdeleine
de Bouillé.
SEPTEMBRE. 1757. 223
1
F
Il eut de ce mariage Jean de Rochechouart ,
Baron du Bâtiment , lequel épousa Anne Tiercelin-
de la Chapelle - Ballon , & en eut Jean de Rochechouart
, Baron du Bâtiment , & Marie , morte
fans enfans.
Jean de Rochechouart , époufa Marie de Boulimbrocq.
Il eut de ce mariage Jean de Rochechouart
, mort fans enfans ; Louife de Rochechouart
, Religieufe ; Louis- Jofeph - Victor de
Rochechouart , Baron du Bâtiment , Lieutenant
de la premiere Compagnie des Gardes - du- corps ,
Marie de Rochechouart , & Françoise de Rochechouare
, Religieufes.
Louis -Jofeph- Victor de Rochechouart , époufa
Marie d'Efcart ; il eut de ce mariage François de
Rochechouart , Baron du Bâtiment , & Bertrand
Vicomte de Rochechouart.
€ François de Rochechouart époufa en premieres
noces Marie d'Epinay- de Saint- Luc , dont il n'eut
point d'enfans , & en fecondes noces Marie Sainte-
Geflin de Tremergat.
Il eut de ce mariage François- Louis - Marie-
Honorine , Vicomte de Rochechouart- Pontville
Baron du Bâtiment , feul héritier de la maiſon.
Bertrand , Vicomte de Rechechouart , épouſa
Julie-Sophie de Rochechouart- Jars .
Il n'y a aujourd'hui d'autres enfans de ce mariage
, que Louiſe . Alexandrine de Rochechouart,
mariée à Armand-Jacques Dupin- de Chenonceaux.
2
Le Vicomte de Rochechouart-Pontville , qui
vient d'épouſer Mademoiſelle Boucher , ne croit
pas manquer aux conditions faites par fes ayeux
en ajoutant au nom de Rochechouart , qu'il porte
le nom de Pontville , qui eft celui de ſa maiſon.
Le 21 Juin , Meffire Charles François , Vi-
Kiv
124 MERCURE DE FRANCE.
comte de Vienne , a épousé au château de la
Louptiere , en Champagne , Demoiſelle Anne-
Catherine de Relongue. Voyez pour la Maiſon de
Vienne le Dictionnaire de Moreri , & pour la
Maifon de Relongue l'Armorial de France.
La Comteffe de Befuchef, époufe du Comte
Michel- Petrowitz de Befuchef- Rumin , Chevalier
des Ordres de l'Impératrice de Ruffie , Grand
Maréchal de la Cour de cette Princeffe , un de fes
Confeillers d'Etat Intimes , & fon Ambaſſadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire auprès du Roi ,
mourut à Paris le 12 Juillet , âgée de trente - huit
ans. Elle fe nommoit Jeanne- Andriette-Louiſe ,
& elle étoit de la Maiſon de Carlovitz , Maifon
diftinguée en Saxe.
Le 16 du même mois eft morte à la terre de Maffveaux
, Haute-Alface , haute & puiffante Dame
Anne-Louife -Claire , Comteffe de Rottembourg ,
Dame de Remiremont , dans fa 69° année.
Elle étoit fille de Fréderic - Nicolas , Comte de
Rottembourg , Lieutenant Général des Armées
du Roi , & de Dame Anne-Jeanne de Rozen ,
fille du feu Maréchal Comte de Rofen , Chevalier
des Ordres du Roi , & foeur du feu Comte de
Rottembourg , Chevalier des Ordres du Roi 2
fon Ambaffadeur en Espagne.
fille de Gabrielle-Sophie de Rohan- Chabot
Louis - Marie Bretagne Dominique de Roban-
Chabot , Duc de Rohan , Pair de France , & de
feue Charlotte-Rofalie de Châtillon , mourut à
Paris le 24 du même mois , dans la quinzieme
année de fon âge.
1
Dame Catherine Pinet , veuve de Meffire Claude
de Ceberet , Intendant Général de la Marine ,
eft morte le 4 Août en l'Abbaye de Port - Royal ,
dans la cent deuxieme année de ſon âge.
SEPTEMBRE. 1757. 225
Dame Catherine Shelden , veuve de Meffire
Arthur Dillon , Lieutenant Général des Armées
du Roi , & Colonel du Régiment Irlandois de
fon nom , mourut à Paris les de ce mois , âgée
de foixante-dix-sept ans.
FRANÇOIS , Vicomte de Rochechouart- Pontville,
épousa le 23 Juin Mademoiſelle Boucher. Le Roi
avoit figné le Contrat de leur mariage.
Le Vicomte de Rochechouart- Pontville , porte
le nom & les armes de Rochechouart , en qualité
de feul & unique héritier de Jean de Pontville ,
Vicomte de Breuilhé , Chambellan du Duc de
Guyenne , Sénéchal de Xaintonges , Gouverneur
de Saint-Jean d'Angely , lequel époufa l'an 1470 ,
par la volonté de Louis XI , & par les dons du Duc
de Guyenne , Anne de Rochechouart , fille unique
, & héritiere de Foucault , Vicomte de Roche
chouart , à condition d'en porter le nom & les
armes pleines , lui & fes defcendans , & ledit Foucault
, Vicomte de Rochechouart , a donné audit
de Pontville la terre & feigneurie de Tonnaycharante
, pour en difpofer à fon bon plaifir , &
en cas qu'il fût refufant d'exécuter les conditions
faites entr'eux , il rendroit ladite terre de Tonnaycharante
, & foco liv . de rente du fien .
Ce contrat fut paffé fous le fcel de Saint - Jean
d'Angely , le 20 Août 1470 , entre noble & puiffant
Seigneur Meffire Foucault , Vicomte de Ro-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
chechouart , Seigneur de Tonnay- charante & de
Mauzé , & noble & puiffant Seigneur Jean de
Pontville , Vicomte de Breuilhé , Confeiller &
Chambellan de Mgr le Duc de Guyenne d'autre
part , fur le mariage traité par plufieurs grands
Seigneurs entre ledit de Pontville & Demoifelle
Anne , fille de Meffire Foucault , Vicomte de Rochechouart
, fous les conventions ci - deſſus énoncées
.
De ce mariage celébré le 21 Août 1470 , naquirent
François de Pontville , dit de Rochechouart
, & Jeanne de Pontville , laquelle fut mariée
en 1494 avec Aimery- de Rochechouart , Scigneur
de Mortemart.
François de Pontville , dit de Rochechouart
époufa en premiere noce Renée d'Anjou , dont il
eut Bonaventure , Vicomte de Rochechouart , &.
Françoife , qui fut mariée à Airant - de la Touche ,
Seigneur de la Touche- Limofiniere.
Bonaventure mourut fans enfans , & fit donation
de fes biens à fon frere Claude , Vicomte
de Rochechouart , né du fecond mariage de
François de Pontville , dit de Rochechouart , avec
Jacquette de la Rochefoucault , fille de François
de la Rochefoucault.
Louiſe , foeur de Claude , époufa Guillaume de
Dinteville , Seigneur de Chenon .
Claude , Vicomte de Rochechouart , époufa
Blanche de Tournon , dont il eut Louis , Vicomte
de Rochechouart , Baron de Mauzé , & Jeanne ,
mariée à Aimery- de Rochechouart , Seigneur de
Mortemart , tiges des Rochechouart , Comtes de
Saint-Auvent & de Montmoreau.
Louis , Vicomte de Rochechouart , épouſa en
premiere noce Louiſe Clérambaut , dont il n'eut
point d'enfans , & en ſeconde noces Magdeleine
de Bouillé.
SEPTEMBRE. 1757. 223
1
F
Il eut de ce mariage Jean de Rochechouart ,
Baron du Bâtiment , lequel épousa Anne Tiercelin-
de la Chapelle - Ballon , & en eut Jean de Rochechouart
, Baron du Bâtiment , & Marie , morte
fans enfans.
Jean de Rochechouart , époufa Marie de Boulimbrocq.
Il eut de ce mariage Jean de Rochechouart
, mort fans enfans ; Louife de Rochechouart
, Religieufe ; Louis- Jofeph - Victor de
Rochechouart , Baron du Bâtiment , Lieutenant
de la premiere Compagnie des Gardes - du- corps ,
Marie de Rochechouart , & Françoise de Rochechouare
, Religieufes.
Louis -Jofeph- Victor de Rochechouart , époufa
Marie d'Efcart ; il eut de ce mariage François de
Rochechouart , Baron du Bâtiment , & Bertrand
Vicomte de Rochechouart.
€ François de Rochechouart époufa en premieres
noces Marie d'Epinay- de Saint- Luc , dont il n'eut
point d'enfans , & en fecondes noces Marie Sainte-
Geflin de Tremergat.
Il eut de ce mariage François- Louis - Marie-
Honorine , Vicomte de Rochechouart- Pontville
Baron du Bâtiment , feul héritier de la maiſon.
Bertrand , Vicomte de Rechechouart , épouſa
Julie-Sophie de Rochechouart- Jars .
Il n'y a aujourd'hui d'autres enfans de ce mariage
, que Louiſe . Alexandrine de Rochechouart,
mariée à Armand-Jacques Dupin- de Chenonceaux.
2
Le Vicomte de Rochechouart-Pontville , qui
vient d'épouſer Mademoiſelle Boucher , ne croit
pas manquer aux conditions faites par fes ayeux
en ajoutant au nom de Rochechouart , qu'il porte
le nom de Pontville , qui eft celui de ſa maiſon.
Le 21 Juin , Meffire Charles François , Vi-
Kiv
124 MERCURE DE FRANCE.
comte de Vienne , a épousé au château de la
Louptiere , en Champagne , Demoiſelle Anne-
Catherine de Relongue. Voyez pour la Maiſon de
Vienne le Dictionnaire de Moreri , & pour la
Maifon de Relongue l'Armorial de France.
La Comteffe de Befuchef, époufe du Comte
Michel- Petrowitz de Befuchef- Rumin , Chevalier
des Ordres de l'Impératrice de Ruffie , Grand
Maréchal de la Cour de cette Princeffe , un de fes
Confeillers d'Etat Intimes , & fon Ambaſſadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire auprès du Roi ,
mourut à Paris le 12 Juillet , âgée de trente - huit
ans. Elle fe nommoit Jeanne- Andriette-Louiſe ,
& elle étoit de la Maiſon de Carlovitz , Maifon
diftinguée en Saxe.
Le 16 du même mois eft morte à la terre de Maffveaux
, Haute-Alface , haute & puiffante Dame
Anne-Louife -Claire , Comteffe de Rottembourg ,
Dame de Remiremont , dans fa 69° année.
Elle étoit fille de Fréderic - Nicolas , Comte de
Rottembourg , Lieutenant Général des Armées
du Roi , & de Dame Anne-Jeanne de Rozen ,
fille du feu Maréchal Comte de Rofen , Chevalier
des Ordres du Roi , & foeur du feu Comte de
Rottembourg , Chevalier des Ordres du Roi 2
fon Ambaffadeur en Espagne.
fille de Gabrielle-Sophie de Rohan- Chabot
Louis - Marie Bretagne Dominique de Roban-
Chabot , Duc de Rohan , Pair de France , & de
feue Charlotte-Rofalie de Châtillon , mourut à
Paris le 24 du même mois , dans la quinzieme
année de fon âge.
1
Dame Catherine Pinet , veuve de Meffire Claude
de Ceberet , Intendant Général de la Marine ,
eft morte le 4 Août en l'Abbaye de Port - Royal ,
dans la cent deuxieme année de ſon âge.
SEPTEMBRE. 1757. 225
Dame Catherine Shelden , veuve de Meffire
Arthur Dillon , Lieutenant Général des Armées
du Roi , & Colonel du Régiment Irlandois de
fon nom , mourut à Paris les de ce mois , âgée
de foixante-dix-sept ans.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs mariages et décès au sein de la famille Rochechouart et d'autres familles nobles. Le Vicomte de Rochechouart-Pontville, François, a épousé Mademoiselle Boucher le 23 juin avec l'approbation du Roi. La lignée des Rochechouart remonte à Jean de Pontville, qui épousa Anne de Rochechouart en 1470 sous la volonté de Louis XI. De ce mariage naquirent François de Pontville et Jeanne de Pontville, mariée en 1494 à Aimery de Rochechouart. François de Pontville eut plusieurs enfants, dont Bonaventure, mort sans descendance, et Claude, Vicomte de Rochechouart, qui épousa Blanche de Tournon. Claude eut Louis, Vicomte de Rochechouart, et Jeanne, mariée à Aimery de Rochechouart. Louis épousa Magdeleine de Bouillé, et ils eurent Jean de Rochechouart, Baron du Bâtiment, qui épousa Marie de Boulimbrocq. Leur fils, Louis-Joseph-Victor de Rochechouart, épousa Marie d'Escart et eut François de Rochechouart, Baron du Bâtiment, et Bertrand, Vicomte de Rochechouart. Le texte mentionne également d'autres mariages et décès, tels que celui de la Comtesse de Besuchef, Jeanne-Andriette-Louise de Carlovitz, morte à Paris à l'âge de trente-huit ans, et de la Comtesse de Rottembourg, Anne-Louise-Claire, morte à l'âge de soixante-neuf ans. D'autres décès notables incluent ceux de Louis-Marie-Bretagne Dominique de Rohan-Chabot, Duc de Rohan, et de Dame Catherine Pinet, veuve de Claude de Cèberet, morte à l'âge de cent deux ans.
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24
p. 190-200
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 16 Août, M. le Comte de Bestuchef, Ambassadeur Extraordinaire de l'Impératrice [...]
Mots clefs :
Comtes, Corsaires , Roi, Charges, Magistrats, Conseillers, Cérémonies, Florentin, Soumission, Chambre, Famille royale, Ducs, Finances, Marchandises, Tonneaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LB16 B 16 d'Août , M. le Comte de Beftuchef , Amballadeur
Extraordinaire de l'Impératrice de Ruffie
, eut audience de Madame la Dauphine , de
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence . Il y fut conduit par le fieur
de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
Le Roi alla le même jour ſouper à Montrouge
chez M. le Duc de la Valliere.
Le Roi ayant écrit à M. l'Archevêque de Paris ,
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces , à l'occafion de la victoire remportée
à Haftembecke , on chanta le 14 du même mois
dans l'Eglife Métropolitaine de cette Ville le Te
Deum, auquel M. l'Abbé de Saint- Exupery, Doyen
du Chapitre , officia. M. le Chancelier de France ,
accompagné de plufieurs Confeillers d'Etat &
Maîtres des Requêtes , y affifta , ainfi que le Cler
gé , le Parlement , la Chambre des Comptes ,
La Cour des Aides , & le Corps de Ville , qui y
OCTOBRE. 1757. 191
avoient été invités de la part
du Roi par M. de
Gifeux , Maître des Cérémonies .
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre de MM. Ics Prevôt des Marchands
& Echevins , un feu d'artifice , dont l'exé
cution ne laiffa rien à defirer.
Au feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination , tant à la façade de l'Hôtel de Ville ,
que dans l'enceinte de la Place. Il y eut auffi de
très-belles illuminations aux hôtels de M. le Duc de
Gefvres & du Prevôt des Marchands , & des maifons
des Echevins & des principaux Officiers de
l'Hôtel de Ville. Des fontaines de vin coulerent
dans la Place de cet Hôtel , de même que dans
celle de Louis XV , & l'on y diftribua du pain
& des viandes au peuple. On y avoit mis des orcheftres
, & le peuple témoigna fon alégreffe
par fes danfes pendant la plus grande partie de
la nuit.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la Sainte
Vierge , la Proceffion folemnelle qui ſe fait tous
les ans à pareil jour en exécution du voeu de
Louis XIII , fe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé de Saint-Exupery y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aides , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de
Ville tint le 16 , MM. Brallet & Vernay y ont
été élus Echevins.
Un Paylan , travaillant dans fon champ , à
deux lieues de Toulon , a découvert une cavité ,
par laquelle à la faveur d'une corde il eft defcendu
dans une grotte extrêmement profonde . Plufieurs
perfonnes depuis ont vifité cette grotte. On
y voit diverfes fortes de plantes & de fruits pétrifiés
, & des pierres tranfparentes de toutes cou192
MERCURE DE FRANCE.
leurs. L'extrême fraîcheur qu'on y éprouve , ne
permet pas de s'y arrêter longtemps.
On mande de Manfeille , que le 21 Août un
Navire François , venant de Smirne , ayant été
chaffé pendant deux jours par un Vaiffeau de
guerre Anglois , de 74 canons , a été obligé de
fe jetter fur la côte de Sardaigne , où il s'eft
amarré à terre. Les ennemis fans égard pour une
côte neutre , ont continué de canonner le bâtiment
, dans la vue de le couler à fond. Impatiens
de le détruire , ils ont envoyé leurs Chaloupes
avec cent cinquante hommes , pour y
mettre le feu ; ce qu'ayant exécuté , ils ont affailli
l'équipage François qui n'avoit ofé s'éloigner du
rivage. Ils ont tué cinq hommes , en ont bleffé
plufieurs , & ont dépouillé fans aucune diſtinction
matelots & paffagers.
Le Comte de Starhenberg , Confeiller d'Etat ,
Chambellan de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & Ambaſſadeur
de Leurs Majeftés Impériales , a eu fa premiere
audience particuliere du Roi , dans laquelle
il a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de Créance.
Il a été conduit à cette audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monseigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de ;
Berry , de Monfeigneur le Comte de Provence ,
de Madame & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , par M. de la Live , Introducteur des
Ambaffadeurs.
Le 24 d'Août , les Députés des Etats de Langue
doc eurent audience du Roi . Ils furent préfentés
par M. le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province ,
& par M. le Comte de Saint- Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , & conduits par M. de Gizeux
Maître de Cérémonie en furvivance, La
OCTOBRE . 1757. 193
Le 21 d'Août , M. le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Guerre , & Grand Croix Chancelier Garde
des Sceaux de l'Ordre de Saint Louis , fut reçu
Chevalier des Ordres Royaux , Militaires & Hofpitaliers
de Notre - Dame du Mont - Carmel , & de
Saint Lazare de Jérufalem. M. le Comte de Saint
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Gérent
& Adminiftrateur de ces Ordres , fit la cérémonie
dans l'appartement & en préfence de Monfeigneur
le Duc de Berry , Grand- Maître. Enfuite
M. le Marquis de Paulmy prêta ferment pour la
dignité de Chancelier Garde des Sceaux desdits
Ordres . Les Grands Officiers & plufieurs Chevaliers
affifterent à cette cérémonie .
Le Corps de Ville alla le 25 d'Août à Verſailles
, & il eut audience du Roi . Il fut préſenté à
Sa Majefté par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par le
fieur de Gizeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance. Les fieurs Brallet & Vernay , nouveaux
Echevins , prêterent entre les mains du
Roi le ferment de fidélité , dont M. le Comte de
Saint- Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
, qui fut préſenté par le fieur de Pomereu ,
Confeiller au grand Confeil.
Après cette audience , le Corps de Ville eut
l'honneur de rendre fes refpects à la Reine & à la
Famille Royale.
Le jour de la Fête de Saint Louis , la Procef
fion des Carmes du Grand Couvent , à laquelle
le Corps de Ville aflifta , fe rendit , felon la coutume
, à la Chapelle du Palais des Tuilerics ,
où ces Religieux chanterent la Meffe .
L'Académie Françoife célébra cette Fête dans
la Chapelle du Louvre. On exécuta un Motet
I.Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
pendant la Meffe , après laquelle le Panégyrique
du Saint fut prononcé par l'Abbé Rouveyre- Duplan
, Chanoine de l'Eglife de Valence.
La même Fête fut célébrée par l'Académie
Royale des Belles - Lettres , & par celle des Sciences
, dans l'Eglife des Prêtres de l'Oratoire . Le
Pere de Neufville , de la Compagnie de Jeſus ,
prononça le Panégyrique du Saint.
On célébra le de Septembre , dans l'Eglife de
l'Abbaye royale de Saint Denis , le Service folemnel
, qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV. L'Evêque de Dol y officia
pontificalement. Le Comte d'Eu & le Duc de
Penthievre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Sur la démiffion que le fieur Peyrene de Moras
, Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , a donnée de la place
de Contrôleur Général des Finances , le Roi en
a difpofé en faveur du ficar de Boullongne. La
charge d'Intendant des Finances , qu'avoit le fieur
de Boullongne , paffe au fieur de Boullongne fon
fils , qui en avoir la furvivance .
Le Roi ayant jugé à propos de raſſembler fon
Parlement le premier Septembre , les Gens du Roi
entrerent aux Chambres affemblées , & y apporterent
l'ordre de Sa Majefté aux Préfidens du Parlement
aux quatorze anciens Confeillers de la
Grand'Chambre , & aux quatorze anciens Confeillers
des Enquêtes & Requêtes , de fe rendre
fur le champ à Verfailles pour recevoir les ordres ;
ce qui fut exécuté. Le Roi donna audience aux
Députés du Parlement , qui furent préfentés par
M.le Comte de Saint- Florentin , Secretaire d'Etat
ayant le Département de Paris , & conduits à l'ordinaire
par les Officiers des Cérémonies. Le Roi
OCTOBRE. 1757 195
lear dit que fon Chancelier alloit leur expliquer
fes intentions. Sur quoi M. de Lamoignon , Chancelier
de France , prit la parole , & dit :
« Les fentimens qui animoient vos prédécel
» feurs ne leur auroient pas permis de faire la dé-
» marche à laquelle s'eft portée la plus grande
» partie des Officiers du Parlement.
» Le Roi vous ordonne d'avoir toujours préfentes
les obligations que votre ferment vous impo-
» fe : nul motifne peut vous difpenfer de rendre la
» juftice que vous devez aux Sujets de Sa Majeſté.
Les Magiftrats , prépofés pour l'adminiftrer ,
» ne peuvent la refufer , fans être refponfables de
» tous les maux qui font la fuite néceſſaire de ce
> refus.
» Sur les témoignages répétés qui ont été don-
» nés à Sa Majesté de votre foumiffion & de votre
fidélité , Elle veut bien n'interroger aujourd'hui
D que vos coeurs , & chercher dans vos fenti-
> mens des motifs de confiance pour l'avenir .
>> Elle efface donc pour jamais le fouvenir de
» ce qui lui a déplu dans votre conduite paflée
> en regardant comme non-avenues toutes les démiffions
qui lui ont été données. Sa Majeſté vous
» a appris Elle-même par les Lettres qui vous ont
» été adreffées , qu'Elle veut bien conferver dans
>> leurs Offices tous ceux qui s'en étoient démis.
A l'égard de ceux de vos Confreres qu'Elle a
crudevoir éloigner pour des raifons particulieres,
» Sa Majefté , en les confervant dans leur état ,
»n'a pas encore fixé le temps de leur rappel .
» Quand le Roi fera obéi , quand vous aurez
» repris l'exercice entier de vos fonctions ordinaires
, & que Sa Majeſté ſera fatisfaite de la fa-
» geffe de votre conduite , Elle écoutera favorablement
vos inftances à cet égard.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE .
» Pour ce qui concerne la feconde déclaration ,
»le Roi defire que l'ufage en devienne auffi inutile,
qu'il l'avoit jugé néceflaire ; mais avant tout ,
» Sa Majefté ne refufera point d'écouter ce que
» fon Parlement croira devoir lui repréſenter fur
» cet objet . Elle veut que la fuppreffion ordonnée
» par fon édit du mois de Décembre dernier foit
» exécutée & Elle enverra à fon Parlement
>> une déclaration interprétative , à l'enrégiftre-
» ment de laquelle Elle vous ordonne de procéder
>> fans délai .
» Le Roi vous ordonne de reprendre vos foncntions
ordinaires : conformez - vous à les inten-
» tions.
» Sa Majeſté n'a rien tant à coeur que de faire
» régner dans fon Royaume le filence qu'Elle a
» préferit de part & d'autre ; & la paix qu'Elle
» defire depuis fi long-temps de voir rétablie.
Si Sa Majefté , par des raifons fupérieures , &
» dans la vue du bien général , a cru devoir s'éle-
» ver au deffus de regles ordinaires , fon Parle-
>> ment ne doit point en appréhender lesfuites pour
> l'avenir.
» Le Roi vous ordonne donc de faire exécuter
conformément aux
» fa premiere déclaration ,
>> Canons reçus dans le Royaume , aux Loix & aux
» Ordonnances.
» C'eſt en entrant dans ces vues , que vous de-
» vez toujours vous fouvenir qu'il eft des confidérations
de fagefle & de modération , ſur leſ-
» quelles vous devez régler vos démarches.
» Donnez vous - mêmes l'exemple du refpect que
» Sa Majefté veut qui foit rendu à la Religion & à
» fes Miniftres. C'eſt ainfi que vous ferez un ufa-
» ge légitime de l'autorité que le Roi a bien vou-
>> lu vous confier,
OCTOBRE . 1757. 197
» Que ces fentimens demeurent toujours gra-
» vés dans vos coeurs , & fouvenez - vous que
» votre Souverain vous traite en ce moment en
>> Pere » .
" Le lendemain 2 les Dépurés de retour rendirent
compte aux Chambres affemblées de ce qui
s'étoit paſſé à Verſailles ; & les Officiers du Parlement
, qui avoient donné l'année derniere la démiffion
de leurs Offices , ayant déclaré qu'ils en
reprenoient les fonctions , le Parlement procéda
à l'enrégiftrement de la déclaration interprétative
de l'Edit du mois de Décembre dernier , & arrêta
une députation pour remercier le Roi , & pour
lui demander le retour de fes Confreres , qui font
éloignés par des ordres particuliers.
Le Roi a reçu le 3 Septembre cette députation ,
& a fait aux Députés la réponſe fuivante.
« Je reçois avec fatisfaction les témoignages que
> vous venez de me donner de votre zele , de votre
» fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.
>> Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui
» vous aime , & de l'avantage de contribuer au
>> bien de mes sujets , en rempliffant vos devoirs.
» Achevez de répondre aux vues & aux inten-
» tions que je vous ai fait connoître pour le ré-
» tabliffement de la Paix , & je ne tarderai pas à
» réaliſer les espérances que je vous ai données
par rapport à ceux de vos Confrères , dont vous
» follicitez le retour . ,
» Ayez une entiere confiance en més bontés :
> fi vous pouviez en douter , vous cefferiez d'en
» être dignes ».
Le 5 Septembre , les Chambres affemblées ont
rendu un Arrêt , pour faire exécuter la Déclarátion
du 10 Décembre dernier , concernant les affaires
de l'Eglife , & ce conformément aux explica
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tions portées aux réponses du Roi.
Elles ont auffi chargé le premier Préfident , &
deux Préfidens , de fe rendre à Choify , pour remercier
de nouveau le Roi , & l'affurer de l'entiere
confiance du Parlement dans les bontés de Sa
Majesté .
Le Roi a répondu en ces termes à cette derniere
députation : « Je crois que je puis compter fur les
» nouvelles affurances que vous donnez de votre
foumiffion & de votre zele , par la promptitude
» avec laquelle vous m'avez obéi , par la reconnoiffance
refpectueufe dont vous êtes pénétrés ,
»& par votre confiance dans ma Pertonne.
» Continuez à remplir vos fonctions avec cet
» eſprit de paix , de fageſſe & de modération , que
» je vous ai fi ſouvent & très - expreffément recom-
> mandé.
Vos Confreres vous feront rendus pour la
Saint-Martin ; & je vous difpenfe de me donner
à leur égard de nouveaux témoignages de
la reconnoiffance que vous devez à mes bontés .»
On avoit, dès le sau matin, enrégiftré la commiffion
pour la Chambre des Vacations , qui fera
tenwe par quatorze Conſeillers de la Grand Chambre
, & douze Confeillers des Enquêtes. M. Turgot
, Préfident du Parlement , eft nommé par le
Roi poury préfider.
Le Roi a tenu le Sceau pour la douzieme &
treizieme fois.
Madame Ducheffe de Parme arriva d'Italie à
Choify le 3 de Septembre , & à Versailles le 4.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont reçu cette.
Princeffe avec les démonftrations de la plus vive
endreffe. 1
Le Roi fe rendit le 4 à Choify , avec Madame
Ducheffe de Parme & Mefdames de France.
OCTOBRE . 1757. 199
Le même jour , la Reine eft arrivée de Verſailles .
Les , le Roi de Pologne Duc de Lorraine &
de Bar eft parti de ce dernier Château , pour retourner
à Luneville .
On mande de Fécamp , que le Corfaire l'Hirondelle
, de Dunkerque , a fait conduire dans ce
premier port un quatrieme Navire Anglois , appellé
le Lyon , de Liverpool , de 250 tonneaux
armé de 4 canons , 25 efpingolles , & chargé de
bled & de ballotteries.
Le Brigantin Anglois le Marmaid, chargé d'hui
le , pris par le Corfaire le Vainqueur , de Marfeille
, est arrivé en ce port .
Les fieurs Chevalier de Glandevez & de Graſſe ,
qui commandent les Galeres la Brave & la Du→
cheffe , fe font rendus maîtres d'un Corfaire Anglois
, armé de 16 canons & de 110 hommes d'équipage
, qu'ils ont fait conduire à Cette .
Il est arrivé à Boulogne un Brigantin Anglois ,
de 120 tonneaux , chargé d'avoine , de cidre ,
de brai , & de plufieurs ballots de marchandifes.
Cette prife a été faite par le Corſaire la Marquife
de Beringhen.
Le Corfaire la Princeffe de Soubize a pris &
conduit à Brest le Navire Anglois le Duc d'Argile ,
de 250 tonneaux , armé de 4 canons & 4 pierriers
, allant de Liverpool à la Caroline avec un
chargement compofé de draps , d'étoffes , de toiles
& de quincaillerie .
Le Navire Anglois le Pacquet de Porto , de 80
tonneaux , chargé de fel , & qui a été pris par le
Corfaire la Mutine , de S. Jean -de-Luz , eft arrivé.
par relâche à Vigo en Galice.
Le Corfaire le Comte de Saint -Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Crownpoint chargé de toiles , de fucre en pain , &.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'autres marchandiſes , & l'Arlequin dont le chargement
eft compofé de fucre , de café , de thubarbe
, de cacao , de bois de Campeche. Ces
deux prifes ont été conduites , l'une à Eggrefund ,
l'autre à Bergues en Norwege.
Le même Corfaire a rançonné pour 15240 livres
trois autres Bâtimens Anglois , dont il s'étoit
rendu maître ; & il en a remis les ôtages à
Dunkerque.
Le Navire Anglois l'Ofgood , de 300 tonneaux ,
armé de 12 canons , allant de la Jamaïque à Londres
avec une cargaifon compofée de fucre , de
taffia , de maniguette & de bois rouge , a été pris
par le Corfaire la Victoire , de Saint - Malo , où
il a été conduit.
Il est arrivé dans la rade de l'Ile de Bas un Navire
de 450 tonneaux , pris par le Corfaire le
Comte d'Herouville , de Bordeaux , & qui eft
chargé de fix cens milliers de poudre à tirer , de
boulets , d'armes , & d'autres munitions de guerre.
LB16 B 16 d'Août , M. le Comte de Beftuchef , Amballadeur
Extraordinaire de l'Impératrice de Ruffie
, eut audience de Madame la Dauphine , de
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence . Il y fut conduit par le fieur
de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
Le Roi alla le même jour ſouper à Montrouge
chez M. le Duc de la Valliere.
Le Roi ayant écrit à M. l'Archevêque de Paris ,
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces , à l'occafion de la victoire remportée
à Haftembecke , on chanta le 14 du même mois
dans l'Eglife Métropolitaine de cette Ville le Te
Deum, auquel M. l'Abbé de Saint- Exupery, Doyen
du Chapitre , officia. M. le Chancelier de France ,
accompagné de plufieurs Confeillers d'Etat &
Maîtres des Requêtes , y affifta , ainfi que le Cler
gé , le Parlement , la Chambre des Comptes ,
La Cour des Aides , & le Corps de Ville , qui y
OCTOBRE. 1757. 191
avoient été invités de la part
du Roi par M. de
Gifeux , Maître des Cérémonies .
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre de MM. Ics Prevôt des Marchands
& Echevins , un feu d'artifice , dont l'exé
cution ne laiffa rien à defirer.
Au feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination , tant à la façade de l'Hôtel de Ville ,
que dans l'enceinte de la Place. Il y eut auffi de
très-belles illuminations aux hôtels de M. le Duc de
Gefvres & du Prevôt des Marchands , & des maifons
des Echevins & des principaux Officiers de
l'Hôtel de Ville. Des fontaines de vin coulerent
dans la Place de cet Hôtel , de même que dans
celle de Louis XV , & l'on y diftribua du pain
& des viandes au peuple. On y avoit mis des orcheftres
, & le peuple témoigna fon alégreffe
par fes danfes pendant la plus grande partie de
la nuit.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la Sainte
Vierge , la Proceffion folemnelle qui ſe fait tous
les ans à pareil jour en exécution du voeu de
Louis XIII , fe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé de Saint-Exupery y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aides , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de
Ville tint le 16 , MM. Brallet & Vernay y ont
été élus Echevins.
Un Paylan , travaillant dans fon champ , à
deux lieues de Toulon , a découvert une cavité ,
par laquelle à la faveur d'une corde il eft defcendu
dans une grotte extrêmement profonde . Plufieurs
perfonnes depuis ont vifité cette grotte. On
y voit diverfes fortes de plantes & de fruits pétrifiés
, & des pierres tranfparentes de toutes cou192
MERCURE DE FRANCE.
leurs. L'extrême fraîcheur qu'on y éprouve , ne
permet pas de s'y arrêter longtemps.
On mande de Manfeille , que le 21 Août un
Navire François , venant de Smirne , ayant été
chaffé pendant deux jours par un Vaiffeau de
guerre Anglois , de 74 canons , a été obligé de
fe jetter fur la côte de Sardaigne , où il s'eft
amarré à terre. Les ennemis fans égard pour une
côte neutre , ont continué de canonner le bâtiment
, dans la vue de le couler à fond. Impatiens
de le détruire , ils ont envoyé leurs Chaloupes
avec cent cinquante hommes , pour y
mettre le feu ; ce qu'ayant exécuté , ils ont affailli
l'équipage François qui n'avoit ofé s'éloigner du
rivage. Ils ont tué cinq hommes , en ont bleffé
plufieurs , & ont dépouillé fans aucune diſtinction
matelots & paffagers.
Le Comte de Starhenberg , Confeiller d'Etat ,
Chambellan de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & Ambaſſadeur
de Leurs Majeftés Impériales , a eu fa premiere
audience particuliere du Roi , dans laquelle
il a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de Créance.
Il a été conduit à cette audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monseigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de ;
Berry , de Monfeigneur le Comte de Provence ,
de Madame & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , par M. de la Live , Introducteur des
Ambaffadeurs.
Le 24 d'Août , les Députés des Etats de Langue
doc eurent audience du Roi . Ils furent préfentés
par M. le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province ,
& par M. le Comte de Saint- Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , & conduits par M. de Gizeux
Maître de Cérémonie en furvivance, La
OCTOBRE . 1757. 193
Le 21 d'Août , M. le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Guerre , & Grand Croix Chancelier Garde
des Sceaux de l'Ordre de Saint Louis , fut reçu
Chevalier des Ordres Royaux , Militaires & Hofpitaliers
de Notre - Dame du Mont - Carmel , & de
Saint Lazare de Jérufalem. M. le Comte de Saint
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Gérent
& Adminiftrateur de ces Ordres , fit la cérémonie
dans l'appartement & en préfence de Monfeigneur
le Duc de Berry , Grand- Maître. Enfuite
M. le Marquis de Paulmy prêta ferment pour la
dignité de Chancelier Garde des Sceaux desdits
Ordres . Les Grands Officiers & plufieurs Chevaliers
affifterent à cette cérémonie .
Le Corps de Ville alla le 25 d'Août à Verſailles
, & il eut audience du Roi . Il fut préſenté à
Sa Majefté par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par le
fieur de Gizeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance. Les fieurs Brallet & Vernay , nouveaux
Echevins , prêterent entre les mains du
Roi le ferment de fidélité , dont M. le Comte de
Saint- Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
, qui fut préſenté par le fieur de Pomereu ,
Confeiller au grand Confeil.
Après cette audience , le Corps de Ville eut
l'honneur de rendre fes refpects à la Reine & à la
Famille Royale.
Le jour de la Fête de Saint Louis , la Procef
fion des Carmes du Grand Couvent , à laquelle
le Corps de Ville aflifta , fe rendit , felon la coutume
, à la Chapelle du Palais des Tuilerics ,
où ces Religieux chanterent la Meffe .
L'Académie Françoife célébra cette Fête dans
la Chapelle du Louvre. On exécuta un Motet
I.Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
pendant la Meffe , après laquelle le Panégyrique
du Saint fut prononcé par l'Abbé Rouveyre- Duplan
, Chanoine de l'Eglife de Valence.
La même Fête fut célébrée par l'Académie
Royale des Belles - Lettres , & par celle des Sciences
, dans l'Eglife des Prêtres de l'Oratoire . Le
Pere de Neufville , de la Compagnie de Jeſus ,
prononça le Panégyrique du Saint.
On célébra le de Septembre , dans l'Eglife de
l'Abbaye royale de Saint Denis , le Service folemnel
, qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV. L'Evêque de Dol y officia
pontificalement. Le Comte d'Eu & le Duc de
Penthievre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Sur la démiffion que le fieur Peyrene de Moras
, Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , a donnée de la place
de Contrôleur Général des Finances , le Roi en
a difpofé en faveur du ficar de Boullongne. La
charge d'Intendant des Finances , qu'avoit le fieur
de Boullongne , paffe au fieur de Boullongne fon
fils , qui en avoir la furvivance .
Le Roi ayant jugé à propos de raſſembler fon
Parlement le premier Septembre , les Gens du Roi
entrerent aux Chambres affemblées , & y apporterent
l'ordre de Sa Majefté aux Préfidens du Parlement
aux quatorze anciens Confeillers de la
Grand'Chambre , & aux quatorze anciens Confeillers
des Enquêtes & Requêtes , de fe rendre
fur le champ à Verfailles pour recevoir les ordres ;
ce qui fut exécuté. Le Roi donna audience aux
Députés du Parlement , qui furent préfentés par
M.le Comte de Saint- Florentin , Secretaire d'Etat
ayant le Département de Paris , & conduits à l'ordinaire
par les Officiers des Cérémonies. Le Roi
OCTOBRE. 1757 195
lear dit que fon Chancelier alloit leur expliquer
fes intentions. Sur quoi M. de Lamoignon , Chancelier
de France , prit la parole , & dit :
« Les fentimens qui animoient vos prédécel
» feurs ne leur auroient pas permis de faire la dé-
» marche à laquelle s'eft portée la plus grande
» partie des Officiers du Parlement.
» Le Roi vous ordonne d'avoir toujours préfentes
les obligations que votre ferment vous impo-
» fe : nul motifne peut vous difpenfer de rendre la
» juftice que vous devez aux Sujets de Sa Majeſté.
Les Magiftrats , prépofés pour l'adminiftrer ,
» ne peuvent la refufer , fans être refponfables de
» tous les maux qui font la fuite néceſſaire de ce
> refus.
» Sur les témoignages répétés qui ont été don-
» nés à Sa Majesté de votre foumiffion & de votre
fidélité , Elle veut bien n'interroger aujourd'hui
D que vos coeurs , & chercher dans vos fenti-
> mens des motifs de confiance pour l'avenir .
>> Elle efface donc pour jamais le fouvenir de
» ce qui lui a déplu dans votre conduite paflée
> en regardant comme non-avenues toutes les démiffions
qui lui ont été données. Sa Majeſté vous
» a appris Elle-même par les Lettres qui vous ont
» été adreffées , qu'Elle veut bien conferver dans
>> leurs Offices tous ceux qui s'en étoient démis.
A l'égard de ceux de vos Confreres qu'Elle a
crudevoir éloigner pour des raifons particulieres,
» Sa Majefté , en les confervant dans leur état ,
»n'a pas encore fixé le temps de leur rappel .
» Quand le Roi fera obéi , quand vous aurez
» repris l'exercice entier de vos fonctions ordinaires
, & que Sa Majeſté ſera fatisfaite de la fa-
» geffe de votre conduite , Elle écoutera favorablement
vos inftances à cet égard.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE .
» Pour ce qui concerne la feconde déclaration ,
»le Roi defire que l'ufage en devienne auffi inutile,
qu'il l'avoit jugé néceflaire ; mais avant tout ,
» Sa Majefté ne refufera point d'écouter ce que
» fon Parlement croira devoir lui repréſenter fur
» cet objet . Elle veut que la fuppreffion ordonnée
» par fon édit du mois de Décembre dernier foit
» exécutée & Elle enverra à fon Parlement
>> une déclaration interprétative , à l'enrégiftre-
» ment de laquelle Elle vous ordonne de procéder
>> fans délai .
» Le Roi vous ordonne de reprendre vos foncntions
ordinaires : conformez - vous à les inten-
» tions.
» Sa Majeſté n'a rien tant à coeur que de faire
» régner dans fon Royaume le filence qu'Elle a
» préferit de part & d'autre ; & la paix qu'Elle
» defire depuis fi long-temps de voir rétablie.
Si Sa Majefté , par des raifons fupérieures , &
» dans la vue du bien général , a cru devoir s'éle-
» ver au deffus de regles ordinaires , fon Parle-
>> ment ne doit point en appréhender lesfuites pour
> l'avenir.
» Le Roi vous ordonne donc de faire exécuter
conformément aux
» fa premiere déclaration ,
>> Canons reçus dans le Royaume , aux Loix & aux
» Ordonnances.
» C'eſt en entrant dans ces vues , que vous de-
» vez toujours vous fouvenir qu'il eft des confidérations
de fagefle & de modération , ſur leſ-
» quelles vous devez régler vos démarches.
» Donnez vous - mêmes l'exemple du refpect que
» Sa Majefté veut qui foit rendu à la Religion & à
» fes Miniftres. C'eſt ainfi que vous ferez un ufa-
» ge légitime de l'autorité que le Roi a bien vou-
>> lu vous confier,
OCTOBRE . 1757. 197
» Que ces fentimens demeurent toujours gra-
» vés dans vos coeurs , & fouvenez - vous que
» votre Souverain vous traite en ce moment en
>> Pere » .
" Le lendemain 2 les Dépurés de retour rendirent
compte aux Chambres affemblées de ce qui
s'étoit paſſé à Verſailles ; & les Officiers du Parlement
, qui avoient donné l'année derniere la démiffion
de leurs Offices , ayant déclaré qu'ils en
reprenoient les fonctions , le Parlement procéda
à l'enrégiftrement de la déclaration interprétative
de l'Edit du mois de Décembre dernier , & arrêta
une députation pour remercier le Roi , & pour
lui demander le retour de fes Confreres , qui font
éloignés par des ordres particuliers.
Le Roi a reçu le 3 Septembre cette députation ,
& a fait aux Députés la réponſe fuivante.
« Je reçois avec fatisfaction les témoignages que
> vous venez de me donner de votre zele , de votre
» fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.
>> Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui
» vous aime , & de l'avantage de contribuer au
>> bien de mes sujets , en rempliffant vos devoirs.
» Achevez de répondre aux vues & aux inten-
» tions que je vous ai fait connoître pour le ré-
» tabliffement de la Paix , & je ne tarderai pas à
» réaliſer les espérances que je vous ai données
par rapport à ceux de vos Confrères , dont vous
» follicitez le retour . ,
» Ayez une entiere confiance en més bontés :
> fi vous pouviez en douter , vous cefferiez d'en
» être dignes ».
Le 5 Septembre , les Chambres affemblées ont
rendu un Arrêt , pour faire exécuter la Déclarátion
du 10 Décembre dernier , concernant les affaires
de l'Eglife , & ce conformément aux explica
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tions portées aux réponses du Roi.
Elles ont auffi chargé le premier Préfident , &
deux Préfidens , de fe rendre à Choify , pour remercier
de nouveau le Roi , & l'affurer de l'entiere
confiance du Parlement dans les bontés de Sa
Majesté .
Le Roi a répondu en ces termes à cette derniere
députation : « Je crois que je puis compter fur les
» nouvelles affurances que vous donnez de votre
foumiffion & de votre zele , par la promptitude
» avec laquelle vous m'avez obéi , par la reconnoiffance
refpectueufe dont vous êtes pénétrés ,
»& par votre confiance dans ma Pertonne.
» Continuez à remplir vos fonctions avec cet
» eſprit de paix , de fageſſe & de modération , que
» je vous ai fi ſouvent & très - expreffément recom-
> mandé.
Vos Confreres vous feront rendus pour la
Saint-Martin ; & je vous difpenfe de me donner
à leur égard de nouveaux témoignages de
la reconnoiffance que vous devez à mes bontés .»
On avoit, dès le sau matin, enrégiftré la commiffion
pour la Chambre des Vacations , qui fera
tenwe par quatorze Conſeillers de la Grand Chambre
, & douze Confeillers des Enquêtes. M. Turgot
, Préfident du Parlement , eft nommé par le
Roi poury préfider.
Le Roi a tenu le Sceau pour la douzieme &
treizieme fois.
Madame Ducheffe de Parme arriva d'Italie à
Choify le 3 de Septembre , & à Versailles le 4.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont reçu cette.
Princeffe avec les démonftrations de la plus vive
endreffe. 1
Le Roi fe rendit le 4 à Choify , avec Madame
Ducheffe de Parme & Mefdames de France.
OCTOBRE . 1757. 199
Le même jour , la Reine eft arrivée de Verſailles .
Les , le Roi de Pologne Duc de Lorraine &
de Bar eft parti de ce dernier Château , pour retourner
à Luneville .
On mande de Fécamp , que le Corfaire l'Hirondelle
, de Dunkerque , a fait conduire dans ce
premier port un quatrieme Navire Anglois , appellé
le Lyon , de Liverpool , de 250 tonneaux
armé de 4 canons , 25 efpingolles , & chargé de
bled & de ballotteries.
Le Brigantin Anglois le Marmaid, chargé d'hui
le , pris par le Corfaire le Vainqueur , de Marfeille
, est arrivé en ce port .
Les fieurs Chevalier de Glandevez & de Graſſe ,
qui commandent les Galeres la Brave & la Du→
cheffe , fe font rendus maîtres d'un Corfaire Anglois
, armé de 16 canons & de 110 hommes d'équipage
, qu'ils ont fait conduire à Cette .
Il est arrivé à Boulogne un Brigantin Anglois ,
de 120 tonneaux , chargé d'avoine , de cidre ,
de brai , & de plufieurs ballots de marchandifes.
Cette prife a été faite par le Corſaire la Marquife
de Beringhen.
Le Corfaire la Princeffe de Soubize a pris &
conduit à Brest le Navire Anglois le Duc d'Argile ,
de 250 tonneaux , armé de 4 canons & 4 pierriers
, allant de Liverpool à la Caroline avec un
chargement compofé de draps , d'étoffes , de toiles
& de quincaillerie .
Le Navire Anglois le Pacquet de Porto , de 80
tonneaux , chargé de fel , & qui a été pris par le
Corfaire la Mutine , de S. Jean -de-Luz , eft arrivé.
par relâche à Vigo en Galice.
Le Corfaire le Comte de Saint -Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Crownpoint chargé de toiles , de fucre en pain , &.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'autres marchandiſes , & l'Arlequin dont le chargement
eft compofé de fucre , de café , de thubarbe
, de cacao , de bois de Campeche. Ces
deux prifes ont été conduites , l'une à Eggrefund ,
l'autre à Bergues en Norwege.
Le même Corfaire a rançonné pour 15240 livres
trois autres Bâtimens Anglois , dont il s'étoit
rendu maître ; & il en a remis les ôtages à
Dunkerque.
Le Navire Anglois l'Ofgood , de 300 tonneaux ,
armé de 12 canons , allant de la Jamaïque à Londres
avec une cargaifon compofée de fucre , de
taffia , de maniguette & de bois rouge , a été pris
par le Corfaire la Victoire , de Saint - Malo , où
il a été conduit.
Il est arrivé dans la rade de l'Ile de Bas un Navire
de 450 tonneaux , pris par le Corfaire le
Comte d'Herouville , de Bordeaux , & qui eft
chargé de fix cens milliers de poudre à tirer , de
boulets , d'armes , & d'autres munitions de guerre.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En août 1757, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le comte de Bestuchef, ambassadeur extraordinaire de l'impératrice de Russie, fut reçu par la dauphine et divers princes français. Le roi se rendit à Montrouge chez le duc de La Vallière. À la suite de la victoire à Hastenbeck, un Te Deum fut chanté à la cathédrale de Paris en présence du chancelier de France et de diverses autorités. Des feux d'artifice et des illuminations furent organisés à l'Hôtel de Ville et dans d'autres lieux emblématiques de Paris. Le 15 août, la procession solennelle de l'Assomption de la Sainte Vierge eut lieu avec les cérémonies habituelles. En Provence, un paysan découvrit une grotte contenant des plantes et des fruits pétrifiés. À Manille, un navire français fut attaqué et incendié par un vaisseau anglais malgré la neutralité de la côte. Le comte de Starhemberg, ambassadeur des empereurs d'Autriche, présenta ses lettres de créance au roi et à la famille royale. Les députés des États de Languedoc furent reçus par le roi, et le marquis de Paulmy fut nommé chevalier des Ordres royaux militaires et hospitaliers. Le corps de ville de Paris se rendit à Versailles pour prêter serment de fidélité au roi, et le 25 août, il rendit hommage à la reine et à la famille royale. À la fête de Saint Louis, des processions et des cérémonies religieuses furent organisées par diverses académies et ordres religieux. Le 1er septembre, le roi rassembla le Parlement et lui ordonna de reprendre ses fonctions, effaçant les démissions précédentes et promettant de réintégrer les magistrats éloignés. Le Parlement enregistra une déclaration interprétative concernant les affaires de l'Église et envoya une députation pour remercier le roi. Le roi exprima sa satisfaction et sa confiance dans le Parlement, promettant de réintégrer les magistrats éloignés. Le 5 septembre, le Parlement rendit un arrêt pour exécuter la déclaration du 10 décembre précédent et envoya une nouvelle députation à Choisy pour remercier le roi. En septembre et octobre 1757, divers événements et communications officielles eurent lieu. Un message royal exprima la satisfaction du roi envers un destinataire pour son zèle et sa promptitude, l'encourageant à continuer ses fonctions avec esprit de paix, sagesse et modération. Le roi tint le Sceau pour la douzième et treizième fois, et une commission pour la Chambre des Vacations fut enregistrée, composée de conseillers de la Grand Chambre et des Enquêtes, présidée par M. Turgot. La Duchesse de Parme arriva d'Italie et fut accueillie avec enthousiasme par la famille royale. Plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français furent également mentionnées, incluant des détails sur les navires capturés, leurs cargaisons et leurs destinations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 165-181
Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
Début :
La joie que cet évènement a répandue dans l'Artois, ne s'est [...]
Mots clefs :
Fêtes, Arras, Monseigneur le Comte d'Artois, Naissance, Évêque d'Arras, Te Deum, Mandement, Heureux, Prince, Royaume, Secrétaire, Lettre du roi, Bonheur, Voeux, Providence, Banquets, Conseillers, Militaires, Religieux, Peuple, Vers d'un citoyen d'Arras, Représentations, Feux d'artifice, Destruction d'édifices, Chronographes, Peinture, Médaillons, Symboles, Histoire de l'Artois, Armes, Inscriptions latines, Arts et sciences, Royauté, Bal, Comtes, Comtesses, Marquis, Cérémonies, Sentiments, Vertus, Architecture, Décors, Concert de musique, Jésuites, Capitale, Villes de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
Defcription des Fêtes données en la ville d'Arras ,
à l'occafion de la Naiffance de Monseigneur le
Comte d'Artois.
LA joie que cet événement a répandue dans
l'Artois , ne s'eft pas bornée aux fentimens de
refpect , d'amour & de reconnoiffance que les
Etats de cette Province ont portés jufqu'au pied
du trône , par la députation nombreufe dont le
Mercure de Novembre a fait mention . Cette joie
a encore éclaté par des fêtes qui méritent qu'on
en conferve le fouvenir ; & nous allons détailler
ce qui s'eft paffé en cette conjoncture dans la
Capitale du pays,
Dès le 11 Octobre , jour auquel un Courier du
cabinet vint apporter aux Députés ordinaires des
Etats ( 1 ) , la nouvelle de l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & du nom donné par
le Roi au Prince nouveau-né , il y eut des illuminations
& autres démonftrations publiques d'alégreffe
, tant aux Etats & à l'Hôtel de Ville , qu'au
Confeil d'Artois , à l'Evêché , à l'Abbaye de Saint-
Vaaft , &c. mais elles ne furent que le prélude
des réjouiffances brillantes qui devoient les fuivre,
M. l'Evêque fixa au Dimanche 6 Novembre , lé
(1 ) Ce font trois perfonnes choifies dans les trois
Corps des Etats , qui réfident à Arras , & font
chargées de l'adminiftration , hors du temps dés
Affemblées,
166 MERCURE DE FRANCE.
"
Te Deum ordonné par le Roi , & publia à ce fujet
un Mandement conçu en ces terines :
Jean de Bonneguize , par la grace de Dien
» & du S. Siège Apoftolique , Evêque d'Arras : à
tous Abbés , Abbeffes , Chapitres , Doyens ,
Paſteurs , Supérieurs & Supérieures des Eglifes
» & Monafteres exempts & non exempts, & à tous
» fideles de notre Dioceſe , falut & bénédiction.
» Le Seigneur , Mes Très- Chers Freres , tient
dans , fes mains , & la deftinée des Maîtres de
» la terre & le fort des Empires. Heureux les Rois
» & les Peuples , quand ils ne l'apprennent qué
par les preuves qu'il leur donne de fon amour
» & de fa protection !
» Tel eft l'avantage dont nous jouiffons , Mes
Très Chers Freres, furtout depuis que l'heureuſe
fécondité de Madame la Dauphine ajoute à tant
» d'autres faveurs du ciel , les bénédictions dont
≫ il comble par elle le Roi & le Royaume . Cha-
» que année nous ramene au pied des Autels pour
» y rendre graces d'un préſent nouveau à un Dieu
» qui véille au repos & à la profpérité de l'Etar.
» Il donne encore aujourd'hui dans le Prince qui
» vient de naître un nouvel appui au trône déjà le
» mieux affermi , & à la Nation la plus heureufe
un gage de plus de la durée de fon bonheur.
i » Mais fi la naiffance de Monfeigneur le Comté
» d'Artois doit être pour toute la France un fujer
» de joié & un objet de reconnoiffance , vous le
fçavez , M. T. C. F. cet événement intéreffe
» particuliérement cette Province ; & le nom de
ce Prince doit lui feul vous rappeller tout ce que
vous devez dans cette circonftance aux bontés
du Roi , ou plutôt aux miféricordes du Seigneur
qui , après avoir mis dans l'ame du Monarque
, l'amour de tous fes Peuples , daigné
JANVIER. 1758. 167
aujourd'hui fixer finguliérement fur nous les regards
de fa tendrefle.
>> Province heureuſe & préférée , hâtons- nous
» de faire éclater notre joie , & de fignaler notre
» reconnoiffance pour un Dieu qui nous diftingue .
» Mais joignons à nos actions de graces pour ce
préfent ineftimable de fa bonté , les prieres les
plus ferventes , pour qu'il daigne nous le con-
>> ferver. Ce Prince eſt , en naiſſant , le fondement
» & l'appui de nos efpérances : qu'il foit pendant
» le cours d'une longue vie , le gage de notre fé-
» licité , & le lien qui refferre de plus en plus les
>> noeuds de cette tendreffe paternelle , dont le Roi
»> nous donne aujourd'hui dans fa perfonne , la
preuve la plus éclatante.
» Demandons au Seigneur de graver de bonne
>> heure dans fon ame les principes inaltérables de
» de bonté & d'humanité qui nous font trouver
» le meilleur des Peres dans le plus grand des
Rois qu'il lui infpire le goût de cette piété tendre
& folide qui fait de la Reine l'exemple de la
Cour & la gloire de la Religion ; qu'il mette
» dans fon coeur le germe des vertus de Monſeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine,
»fi dignes l'un & l'autre des bénédictions multipliées
que le Ciel répand fur leur union , & fi
propres à attirer fur le Royaume celles qui peuvent
en perpétuer la gloire , le répos & la
» profpérité.
Puiffe cet augufte Enfant fi précieux à cette
» Province en particulier , devenit , pour notre
bonheur, tous les jours de fa vie , plus parfait, en
fe formant fur de pareils modeles puiffent
> nos neveux avoir des raifons de renouveller fans
» ceffe au Seigneur pour fa confervation les ac-
» tions de graces que nous allons lui rendre pour
fa naiflance,
16S MERCURE DE FRANCE.
» A ces cauſes , après avoir pris l'avis de nos
» Vénérables Freres les Prévôt , Doyen , Cha-
» noines & Chapitre de notre Eglife Cathédrale ,
» nous ordonnons de faire chanter le Te Deum,
>> chacun dans vos Eglifes , avec les folemnités
>> requifes , le premier Dimanche ou jour de
Fête , après que vous aurez reçu notre préſent
>> Mandement , les Officiers , Magiftrats des
>> lieux , & tous autres qu'il appartiendra , invités
» d'y aſſiſter .
» Donné à Arras , en notre Palais Epiſcopal ,
fous notre feing & la fignature de notre Secre-
D taire , le trois Novembre mil fept cens cinquan-
» te-fept » .
JEAN , Evêque d'Arras.
Par Monfeigneur ,
PECHENA , Secrétaire.
Lettre du Roi , à M. l'Evêque d'Arras .
Monfieur l'Evêque d'Arras , la durée du bonheur
de mes fujets étant l'objet de mes voeux les plus
ardens , tous les événemens capables de le perpétuef,
excitent en moi les fentimens que mérite
un peuple toujours empreffé à me donner des
marques de fon zele , de fa fidélité & de fon
amour. Les princes dont il a plu à Dieu de combler
mes fouhaits , affurent la tranquillité dans
mes états. Celui dont matrès chere Fille la Dauphine
vient d'être heureuſement délivrée , eſt un
nouveau don de la providence , & c'eft pour lui
rendre les actions de graces qui lui font dûes , que
je vous fais cette lettre , pour vous dire que mon
intention eft que vous faffiez chanter le Te Deum
dans votre Eglife Cathédrale , & dans toutes les
autres
JANVIERL
169
. 1758.
autres de votre Dioceſe , avec la folemnité requife
, & que vous invitiez d'y affifter tous ceux qu'il
conviendra ; ce que me promettant de votre zele
je ne vous ferai la préfente plus longue , que pour
prier Dieu qu'il vous ait , Mons. l'Evêque d'Arras
, en fa fainte garde. Ecrit à Versailles le 9 Octobre
1757. Signé , LOUIS . Et plus bas , R. de
Voyer. Etfur le repli : à Mons. l'Evêque d'Arras,
Confeiller en mes Confeils .
La fête fut annoncée le au foir par toutes les
cloches de la Ville , que l'on fonna encore le 6 ,
de grand matin. En même temps des falves d'artillerie
& de boîte fe firent entendre , & recommencerent
à différentes reptiles dans le cours de
la journée. Il y eut ce même jour à l'Hôtel de
Ville un dîner fomptueux de plus de quatre-vingts
couverts , où le trouva M. de Caumartin , Intendant
de la Province . On y avoit auffi invité l'Evêque
, l'Abbé de Saint- Vaaft , le Commandant
de la Place , le premier Préfident du Confeil d'Artois
, & la Nobleffe , ainfi qu'un certain nombre
des Officiers de la garnifon , & des autres principaux
Corps , ecclefiaftiques , civils & militaires.
Pendant ce repas , on jetta de l'argent au peuple
& les Magiftrats lui firent diftribuer du pain , des
viandes & du vin. Immédiatement après que la
fanté de Monfeigneur le Comte d'Artois eût été
bue au fon des inftrumens , on préfenta à tous les
convives des exemplaires de la piece fuivante ,
compofée par M Harduin , Avocat , ancien Député
des Etats d'Artois à la Cour , & Secretaire
perpétuel de la Société Littéraire d'Arras.
L. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
Sentimens d'un Citoyen d'Arras , fur la Naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois .
It fort donc aujourd'hui de fon obſcurité ,
Ce Titre qu'autrefois des Héros ont porté ( 1 ).
D'un Enfant de Louis il devient le partage :
Louis , pour couronner notre fidélité ,
Daigne de fon amour nous accorder ce gage .
Vous reprenez enfin votre antique fplendeur ,
Lieux où de Pharamond le brave Succeffeur (1 )
Jetta les fondemens du floriffant Empire
Qui commande à l'Europe , & que le monde admire.
Monarque triomphant , que le Ciel a formé
Pour les vertus & pour la gloire ,
Ton peuple réuni , d'un beau zele animé ,
T'a placé dès long-temps au Temple de mémoire ,
Sous le nom de Roi Bien - Aimé.
Mais lorfque furpaffant toute notre eſpérance ,
Tu veux nous diftinguer de tes autres Sujets ,
Lorfque tu mets pour nous le comble à tes bienfaits
,
Quel nom te donnera notre reconnoiffance !
Plaifirs , volez ici fous mille traits divers :
Que Polymnie & Terpsichore
Célebrent à l'envi le Maître qu'on adore.
(1) Robert I & Robert II, Comtes d'Artois.
(2) Clodion.2
JANVIER.
1758.
171
Qu'un bruit guerrier fe mêle aux plus tendres
concerts :
Que la fiere trompette fonne :
Sur nos murs que la foudre tonne :
Que le falpêtre éclate dans les airs.
Que mille bouche enflammées
Annoncent les tranfports de nos ames charmées
Au bout de ce vafte Univers.
Je vois juſques à
l'Empyrée
S'élevér de rapides feux :
Ainfi vers la voûte azurée
S'élance l'ardeur de nos voeux.
Tels que ces
brillantes étoiles ,
Qui de la nuit perçant les voiles ,
Retombent en foule à nos yeux ,
Sur l'Enfant fi cher à la France
Puiffent
defcendre en
abondance
Les plus riches préfens des Cieux.
Dans le
raviffement où mon ame fe livre ,
En lui déja je vois revivre
Ce Frere vertueux du plus faint de nos Rois ( 1).
A nos ayeux il fit chérir fes loix :
Des cruels
Sarrafins il
confondit la rage :
Prince , lis fes exploits , & deviens fon image ...
Mais pourquoi de l'hiftoire
emprunter le fecours ▸
(1) Robert I, frere de Saint Louis , furnommé
le Bon & le
Vaillant, ‹
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
Pour acquérir une gloire immortelle ,
Il ne te faut d'autre modele
Que ton augufte Ayeul , ou l'Auteur de tes jours.
Illuftre Enfant , auprès du trône
Tu feras de l'Artois le plus ferme foutien :
De Louis & du peuple à qui fa main te donne ,
Tu refferres encor le fortuné lien .
Si tu pouvois juger de notre amour extrêmê
Si tu lifois au fond de notre coeur ,
Ah ! tu t'applaudirois toi- même
Du nom qui fait notre bonheur .
.
On avoit élevé , vis- à-vis de l'Hôtel de Ville ,
un Feu d'artifice , pour lequel on n'avoit épargné
ni foins , ni dépenfe , non plus que pour les illuminations
de cet hôtel , de la haute & admirable
tour qui l'accompagne , & des autres édifices publics
. Tous les particuliers s'étoient auffi empreffés
à illuminer leurs maiſons , d'une maniere qui
répondît à la folemnité du jour ; mais une pluie
continuelle empêcha l'effet de ces préparatifs. On
ne put faire jouer qu'une petite partie de l'artifice
; & le refte fut remis au furlendemain.
L'édifice conftruit pour le feu , fur les deffeins
du fieur Beffara , Architecte de la Ville , étoit
feint de marbre blanc , & avoit s 2 pieds d'élévation
en deux étages , furmontés d'une pyramide
de 33 pieds . Le premier étage ou rez - de - chauffée
étoit un quarré d'ordre dorique , ayant 44 pieds
de face , dont le côté principal offroit un portique
, avec fronton & baluftrade , orné des Armes
du Roi , de Monfeigneur le Dauphin , & de Mon.
feigneur le Comte d'Artois , Une colonnade ioniJANVIER.
1758. 173
que formoit le fecond étage , qui étoit circulaire.
Vingt-quatre vafes à fleurs & trophées d'armes
ou de mufique , fervoient d'amortiffemens aux
deux ordres d'architecture . Cette décoration étoit
femée de chronogrammes ou chronographes
forte d'infcription fort en ufage aux Pays Bas ,
dans laquelle on trouve , en chiffre Romain , par
la réunion de toutes les lettres numérales qu'elle
contient , l'année de l'événement qui en eſt l'objet.
Voici quelques- uns de ces chronographes :
nasCItVŕ CoMes , spLenDor artesIx.
DonVM CLI aC, regIs.
PVLChra FIDel MerCes .
LætVs aMor aCCenDIt Ignes,
Entre les différentes illuminations qui avoient
été préparées , on remarquoit aux croifées de
Pappartement que la Société Littéraire occupe à
l'hôtel du Gouverneur , trois tranfparens , fur
lefquels étoient peints autant de médaillons , imaginés
par M. Camp , Avocat , Membre de cette
Société , & actuellement Député des Etats à lạ
Cour. On croit devoir donner ici la defcription
de ces morceaux de peinture.
Premier Médaillon.
L'hiftoire de l'Artois caractérisée fpécifiquement
par une femme vêtue d'une faie blanche
rayée de pourpre ( 1 ) . Elle a fur la tête une couronne
de laurier , & une plume à la main . Devant
(1 ) Cette espece d'étoffe fe fabriquoit autrefois
par les habitans d'Arras , nommés Atrebates, avec
tant de réputation que les Romains en faifoient
leurs plus magniques habillemens.
Hiij
74 MERCURE DE FRANCE.
elle eft un grand livre ouvert , fur la couverture
duquel fe voyent les Armes de la province . Elle
tient de la main gauche un médaillon portant
celles de Monfeigneur le Comte d'Artois , qu'elle
regarde avec un étonnement mêlé de joie. Une
pile de volumes imprimés & manuſcrits , fur laquelle
font les aîles & autres attributs du Temps ,
fert d'appui au livre que cette femme tient ouvert.
Elle a un pied pofé fur un débris de monument
antique , dont les reftes font épars. Auprès eft
une urne renverfée , d'où fe répand un grand
nombre de médailles .
Légende.
QUANTA FASTORUM GLORIA !
Exergue.
COMES DATUS IXA. OCT. M. DCC. LVII .
Second médaillon ,
Minerve affife , ferrant de fon bras gauche un
vafe aux Armes d'Artois , dans lequel eft planté
un rejetton de lys , qu'elle prend foin de cultiver.
A fes pieds font des trophées relatifs aux Arts &
aux Sciences.
Légende.
CURAT NOBISQUE COLIT.
Exergue.
SOC. LITT . ATR. SPES ET VOT.
Troisieme médaillon.
Les chiffres des Rois Louis VIII & Louis XV,
figurés par deux doubles IL , placés fous une
même couronne , & accompagnées refpectivement
JANVIER. 1758 . 175
des nombres VIII & XV . Un cordon bleu fort de
la couronne , entrelace les deux chiffres , & ſe
termine par un noeud , d'où pendent les Armes de
Monfeigneur le Comte d'Artois ( 1 ) .
Légende.
AB EVO IN ÆVUM.
Exergue.
DECUS FUNDATUM ET RESTITUTUM.
Le même jour 6 Novembre , vers les dix heures
du foir , il y eut dans la grande falle de l'Hôtel
de Ville , qu'on avoit fuperbement décorée , un
bal qui fut ouvert par M. l'Intendant avec Madame
la Comteffe de Houchin , épouse du Député
ordinaire de la Nobleffe des Etats . On y fervit
fur des buffets en gradins , un ambigu fuffifant
pour fatisfaire les goûts divers de deux mille perfonnes
au moins qui fe trouverent à ce bal .
Les Etats d'Artois différerent jufqu'à l'ouverture
de leur Affemblée générale , la folemnité de
leurs actions de graces & de leurs réjouiflances ,
afin que tous les Membres des trois Ordres fuflent
à portée d'y participer. Ce fut le lundi 21 Novembre
que le fit cette ouverture ; & après la
féance , qui fe tint dans la forme ordinaire fur les
dix heures du matin , on chanta dans l'Eglife des
Récollets un Te Deum en mufique , auquel M.
(1) Louis VIII , par fon Teftament du mois de
Juin 1225 , affigna l'Artois en partage à Robert
fon fecond fils , frere de S. Louis , de qui defcend la
branche de Bourbon. Depuis ce Robert , premier
Comte d'Artois , aucun fils de France n'en avoit
porté le titre.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
l'Evêque d'Arras officia pontificalement. M. fe
Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province ;
M. l'Intendant , & M. Briois , Premier Préfident
du Confeil Provincial , Commiffaires du Roi pour
la tenue des Etats , affifterent à cette cérémonie ,
accompagnés de tous les Membres de l'Affemblée.
Il y eut enfuite un magnifique dîner de deux cens
vingt-cinq couverts, auquel tous les Corps avoient
été invités. Sur la fin du repas , on but avec appareil
les fantés du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
& du nouveau Prince , qui furent annoncées
fucceffivement par des falves de boîtes & d'artillerie
; & les Députés ordinaires jetterent de l'argent
au peuple. Dès que la nuit fut venue , on tira
avec toute la réuffite poffible , un très- beau Feu
d'artifice au milieu de la grande place.
Ce feu avoit la forme d'un temple , dont le
premier
étage , quarré & élevé d'environ fept pieds
au deffus du pavé , fervoit de focle à tout l'édifice.
Quatre grandes rampes de dix marches occupoient
le milieu de chaque face , & conduifoient
à une galerie fermée de panneaux & d'acroteres
enrichis d'Armes du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le Comte d'Artois , ainfi
que des Chiffres de la province.
Le principal corps établi fur le premier étage
avoit huit côtés , dont quatre plus larges que les
autres , faifant faillie & avant- corps , formoient
des portiques , & répondoient aux rampes. Aux
entrées de ces portiques étoient les figures fymboliques
de la fincérité & de la fidélité , qui caractérifent
les Artéfiens , & celles de la reconnoiffance
& de l'espérance , fentimens dont ce peuple eft
particuliérement affecté dans la circonftance préfente.
Les quatre côtés enfoncés étoient ornés de
iches , avec d'autres figures qui défignoient les
JANVIER. 1758. 177
Vertus protectrices du jeune Prince ; fçavoir , la
Religion , la Bonté , la Valeur & la Prudence.
Des emblêmes relatifs à ces vertus rempliffoient
le deffus des niches. La décoration générale de
toute cette partie étoit un ordre Ionique régulier ,
dont l'entablement faillant foutenoit une baluftrade
mêlée d'acroteres , fur chacun defquels on
voyoit des grouppes d'enfans , qui fembloient , en
exprimant leur joie , difputer à qui porteroit les
Armes du Roi , & celles des autres perfonnes de
la Famille Royale.
Sur le deuxieme étage étoit pofé un attique à
quatre faces , dont trois préfentoient des tableaux
emblématiques , & l'autre contenoir cette infcription
:
NOVO ARTESIA COMITI
Il y avoit des pilaftres aux angles de ce corps
d'architecture avec un entablement en faillie ,
lequel étoit couronné de quatre vafes de ronde
bolle. Une pyramide en mofaïque évidée , s'élevoit
fur l'attique qui lui fervoit de baſe , & portoit
fur fa cime les Armes d'Artois , furmontées
d'un foleil .
Aux quatre coins du temple , & à une diſtance
convenable , étoient de grands obéliſques décorés,
de chiffres , de médaillons , &c.
Toutes les parties de l'édifice étoient peintes
en grifaille , à l'exception des tableaux & des
emblêmes , qui l'étoient en camayeu de couleur
bleue. Mais cette fimplicité étoit relevée par l'éclat
de l'or répandu fur les armoiries , les infcriptions
, les cartouches , les guirlandes ; fur la pyramide
, fur les vafes , & fur tous les ornemens
où l'on avoit pu l'employer avec goût.
Cet ouvrage fut exécuté par les foins & fur les
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
deffeins du fieur Linque , Architecte , natif & hæ
bitant d'Arras.
Les Commiffaires de Sa Majesté & les Etats
virent jouer l'artifice d'un amphithéâtre dreffé à
l'un des bouts de la place , qui eft une des plus
vaftes du Royaume. Des fanfares de cors , trompettes
& timbales , animerent ce fpectacle , aprèslequel
plufieurs fontaines de vin coulerent pour
le peuple.
Les deux façades de l'Hôtel des Etats furent
illuminés par une quantité immenfe de lamprons
, dont l'arrangement deffinoit , fans confufion
, toute la belle architecture de cet hôtel Dans
un grand tableau tranfparent placé au deffus de
la porte d'entrée , on voyoit Lucine defcendant
du Ciel , & tenant dans fes bras le Prince nouveau-
né. Le Roi montroit à cette Déeffe la Province
d'Artois perſonnifiée qui , d'un air empreffé
, tendoit les mains pour recevoir l'augufte Enfant.
Un rayon de lumiere partant du vifage de
ce nouveau Comte , fe répandoit fur celui de la
Province ; & on lifoit fur une banderole ce chronographe
:
novo spLenDes CIt CoMIte.
A neuf heures du foir commença un concert ,
dans lequel on exécuta plufieurs pieces de mufique
Françoife & Italienne . A ce concert fuccéda
un ambigu pour les Dames , fervi fur deux tables
de foixante perfonnes chacune . La fête fut terminée
par un grand bal , que M. le Duc de
Chaulnes ouvrit avec Madame la Comteffe de
Houchin , & qui dura jufqu'au jour. Rien n'y
fut oublié , foit pour la décoration des trois falles
où l'on danfa , foit pour la maniere dont elles
furent éclairées , foit pour la fymphonie & les
rafraîchiffemens de toute efpece.
JANVIER . 1758. 179
M. l'Evêque d'Arras donna de grands foupers
la veille de l'ouverture & le jour de la clôture
des Etats. Pendant la fête du 21 , on diftribua
abondamment dans fon palais du pain , des viandes
, de la biere , du bois & de Pargent à cinq
cens perfonnes au moins . La maison du Bon
Pafteur , qui renferme plus de cent pauvres filles ,
a éprouvé les mêmes libéralités de la part de ce
Prélat.
Le 6 & le 21 , M. de Briois , Abbé de S. Vaaſt ,
fit tirer beaucoup d'artifice. Il a pareillement
fignalé fa charité , en faisant délivrer aux pauvres
quatre mille pains , du poids de trois livres &
demie:
M. de Caumartin qui , depuis le commencement
de l'Affemblée des Etats avoit donné des
preuves de fa magnificence ordinaire , y ajouta
le Dimanche 27 Novembre un dîner de cent trente
couverts. Ce feftin ne fut que pour les hommes ;
mais environ quatre- vingts Dames fouperent le
même jour à l'intendance , où il y eut audi un
bal qui ne laiffa rien à défirer . M. le premier
Préſident du Confeil d'Artois s'étoit diftingué de
fon côté le jeudi précédent , par un dîner fuivi
d'un bal , qui fut interrompu pour voir un bouquet
d'artifice & une illumination terreftre , formée
avec goût dans le parterre du jardin de ce
Magiftrat. Il fit fervir fur les neuf heures un ambigu
; après lequel il y eut concert , & l'on reprit
le bal qui ne finit qu'avec la nuit.
Enfin le 30 Novembre , les RR. PP. Jéfuites
du College d'Arras firent chanter dans leur Eglife
le Te Deum & l'Exaudiat , par toute la mufique
de la Cathédrale . M. l'Evêque d'Arra y officia ,
& les Etats qu'on avoit invités à la cérémonie ,
affifterent en corps ; après quoi ils pafferent dans
y
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
la falle des Actes , où le R. P. Dubuiffon , Profeffeur
de Rhétorique , leur adreffa une harangue
latine , dont l'objet étoit de féliciter la province
d'Artois fur la naiffance du nouveau Comte.
L'Orateur s'attacha à prouver dans la premiere
partie de fon difcours , qu'il ne pouvoit rien arriver
de plus avantageux à la Province , que de
voir fon nom porté par un Prince de la Maifon de
Bourbon ; & dans la feconde , qu'aucune Province
n'étoit plus digne de cette grace.
Les PP. Jéfuites ont fourni ce jour là de quoi
dîner à douze pauvres familles de chacune des
onze Paroiffes de la Ville. Les écoliers , tant externes
que penfionnaires , qui font de la Congré
gation de la Vierge , ont donné le même jour à
dîner & à fouper aux malheureux détenus dans
les prifons royales , lefquels étoient au nombre
de quarante , les ont fervis eux- mêmes , & leur ont
encore diftribué des aumônes.
Les autres Villes de l'Artois n'ont pas témoi
gné moins d'ardeur que la Capitale à célébrer
une époque fi glorieufe pour la Province ; & de
fimples Bourgades ont donné en cette occafion
les marques les plus éclatantes de leur zele & de
leur alégreffe.
Le Roi a nommé le Maréchal de Tomond ,
pour commander fur les côtes de la Méditerranée .
Sa Majefté a auffi difpofé du commandement de
la Guyenne en faveur du Comte de Langeron
Lieutenant-Général de fes armées , & Elle a donné
au Comte de Gramont , Brigadier d'Infanterie,
& Menin de Monfeigneur le Dauphin , le Commandement
des troupes , dans la partie du Gouvernement
de la Guyenne , qui dépend de la Généralité
d'Aufch.
Sur la démiffion de Madame la Ducheffe d'Antin,
JANVIER. 1758.
181
de la place de Dame du Palais de la Reine , le Roi a
nommé le 25 Novembre Madame la Comteffe de
Clermont-Tonnere pour la remplacer.
Le 27, M. le Comte de Rochechouart prêta ferment
entre les mains du Roi , pour le Gouvernement
de l'Orléannois.
M. Le Duc de Chaulnes étant revenu de l'armée
du Maréchal Duc de Richelieu , pour tenir les
Etats d'Artois , en fit l'ouverture à Arras le 21
Novembre.
à l'occafion de la Naiffance de Monseigneur le
Comte d'Artois.
LA joie que cet événement a répandue dans
l'Artois , ne s'eft pas bornée aux fentimens de
refpect , d'amour & de reconnoiffance que les
Etats de cette Province ont portés jufqu'au pied
du trône , par la députation nombreufe dont le
Mercure de Novembre a fait mention . Cette joie
a encore éclaté par des fêtes qui méritent qu'on
en conferve le fouvenir ; & nous allons détailler
ce qui s'eft paffé en cette conjoncture dans la
Capitale du pays,
Dès le 11 Octobre , jour auquel un Courier du
cabinet vint apporter aux Députés ordinaires des
Etats ( 1 ) , la nouvelle de l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & du nom donné par
le Roi au Prince nouveau-né , il y eut des illuminations
& autres démonftrations publiques d'alégreffe
, tant aux Etats & à l'Hôtel de Ville , qu'au
Confeil d'Artois , à l'Evêché , à l'Abbaye de Saint-
Vaaft , &c. mais elles ne furent que le prélude
des réjouiffances brillantes qui devoient les fuivre,
M. l'Evêque fixa au Dimanche 6 Novembre , lé
(1 ) Ce font trois perfonnes choifies dans les trois
Corps des Etats , qui réfident à Arras , & font
chargées de l'adminiftration , hors du temps dés
Affemblées,
166 MERCURE DE FRANCE.
"
Te Deum ordonné par le Roi , & publia à ce fujet
un Mandement conçu en ces terines :
Jean de Bonneguize , par la grace de Dien
» & du S. Siège Apoftolique , Evêque d'Arras : à
tous Abbés , Abbeffes , Chapitres , Doyens ,
Paſteurs , Supérieurs & Supérieures des Eglifes
» & Monafteres exempts & non exempts, & à tous
» fideles de notre Dioceſe , falut & bénédiction.
» Le Seigneur , Mes Très- Chers Freres , tient
dans , fes mains , & la deftinée des Maîtres de
» la terre & le fort des Empires. Heureux les Rois
» & les Peuples , quand ils ne l'apprennent qué
par les preuves qu'il leur donne de fon amour
» & de fa protection !
» Tel eft l'avantage dont nous jouiffons , Mes
Très Chers Freres, furtout depuis que l'heureuſe
fécondité de Madame la Dauphine ajoute à tant
» d'autres faveurs du ciel , les bénédictions dont
≫ il comble par elle le Roi & le Royaume . Cha-
» que année nous ramene au pied des Autels pour
» y rendre graces d'un préſent nouveau à un Dieu
» qui véille au repos & à la profpérité de l'Etar.
» Il donne encore aujourd'hui dans le Prince qui
» vient de naître un nouvel appui au trône déjà le
» mieux affermi , & à la Nation la plus heureufe
un gage de plus de la durée de fon bonheur.
i » Mais fi la naiffance de Monfeigneur le Comté
» d'Artois doit être pour toute la France un fujer
» de joié & un objet de reconnoiffance , vous le
fçavez , M. T. C. F. cet événement intéreffe
» particuliérement cette Province ; & le nom de
ce Prince doit lui feul vous rappeller tout ce que
vous devez dans cette circonftance aux bontés
du Roi , ou plutôt aux miféricordes du Seigneur
qui , après avoir mis dans l'ame du Monarque
, l'amour de tous fes Peuples , daigné
JANVIER. 1758. 167
aujourd'hui fixer finguliérement fur nous les regards
de fa tendrefle.
>> Province heureuſe & préférée , hâtons- nous
» de faire éclater notre joie , & de fignaler notre
» reconnoiffance pour un Dieu qui nous diftingue .
» Mais joignons à nos actions de graces pour ce
préfent ineftimable de fa bonté , les prieres les
plus ferventes , pour qu'il daigne nous le con-
>> ferver. Ce Prince eſt , en naiſſant , le fondement
» & l'appui de nos efpérances : qu'il foit pendant
» le cours d'une longue vie , le gage de notre fé-
» licité , & le lien qui refferre de plus en plus les
>> noeuds de cette tendreffe paternelle , dont le Roi
»> nous donne aujourd'hui dans fa perfonne , la
preuve la plus éclatante.
» Demandons au Seigneur de graver de bonne
>> heure dans fon ame les principes inaltérables de
» de bonté & d'humanité qui nous font trouver
» le meilleur des Peres dans le plus grand des
Rois qu'il lui infpire le goût de cette piété tendre
& folide qui fait de la Reine l'exemple de la
Cour & la gloire de la Religion ; qu'il mette
» dans fon coeur le germe des vertus de Monſeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine,
»fi dignes l'un & l'autre des bénédictions multipliées
que le Ciel répand fur leur union , & fi
propres à attirer fur le Royaume celles qui peuvent
en perpétuer la gloire , le répos & la
» profpérité.
Puiffe cet augufte Enfant fi précieux à cette
» Province en particulier , devenit , pour notre
bonheur, tous les jours de fa vie , plus parfait, en
fe formant fur de pareils modeles puiffent
> nos neveux avoir des raifons de renouveller fans
» ceffe au Seigneur pour fa confervation les ac-
» tions de graces que nous allons lui rendre pour
fa naiflance,
16S MERCURE DE FRANCE.
» A ces cauſes , après avoir pris l'avis de nos
» Vénérables Freres les Prévôt , Doyen , Cha-
» noines & Chapitre de notre Eglife Cathédrale ,
» nous ordonnons de faire chanter le Te Deum,
>> chacun dans vos Eglifes , avec les folemnités
>> requifes , le premier Dimanche ou jour de
Fête , après que vous aurez reçu notre préſent
>> Mandement , les Officiers , Magiftrats des
>> lieux , & tous autres qu'il appartiendra , invités
» d'y aſſiſter .
» Donné à Arras , en notre Palais Epiſcopal ,
fous notre feing & la fignature de notre Secre-
D taire , le trois Novembre mil fept cens cinquan-
» te-fept » .
JEAN , Evêque d'Arras.
Par Monfeigneur ,
PECHENA , Secrétaire.
Lettre du Roi , à M. l'Evêque d'Arras .
Monfieur l'Evêque d'Arras , la durée du bonheur
de mes fujets étant l'objet de mes voeux les plus
ardens , tous les événemens capables de le perpétuef,
excitent en moi les fentimens que mérite
un peuple toujours empreffé à me donner des
marques de fon zele , de fa fidélité & de fon
amour. Les princes dont il a plu à Dieu de combler
mes fouhaits , affurent la tranquillité dans
mes états. Celui dont matrès chere Fille la Dauphine
vient d'être heureuſement délivrée , eſt un
nouveau don de la providence , & c'eft pour lui
rendre les actions de graces qui lui font dûes , que
je vous fais cette lettre , pour vous dire que mon
intention eft que vous faffiez chanter le Te Deum
dans votre Eglife Cathédrale , & dans toutes les
autres
JANVIERL
169
. 1758.
autres de votre Dioceſe , avec la folemnité requife
, & que vous invitiez d'y affifter tous ceux qu'il
conviendra ; ce que me promettant de votre zele
je ne vous ferai la préfente plus longue , que pour
prier Dieu qu'il vous ait , Mons. l'Evêque d'Arras
, en fa fainte garde. Ecrit à Versailles le 9 Octobre
1757. Signé , LOUIS . Et plus bas , R. de
Voyer. Etfur le repli : à Mons. l'Evêque d'Arras,
Confeiller en mes Confeils .
La fête fut annoncée le au foir par toutes les
cloches de la Ville , que l'on fonna encore le 6 ,
de grand matin. En même temps des falves d'artillerie
& de boîte fe firent entendre , & recommencerent
à différentes reptiles dans le cours de
la journée. Il y eut ce même jour à l'Hôtel de
Ville un dîner fomptueux de plus de quatre-vingts
couverts , où le trouva M. de Caumartin , Intendant
de la Province . On y avoit auffi invité l'Evêque
, l'Abbé de Saint- Vaaft , le Commandant
de la Place , le premier Préfident du Confeil d'Artois
, & la Nobleffe , ainfi qu'un certain nombre
des Officiers de la garnifon , & des autres principaux
Corps , ecclefiaftiques , civils & militaires.
Pendant ce repas , on jetta de l'argent au peuple
& les Magiftrats lui firent diftribuer du pain , des
viandes & du vin. Immédiatement après que la
fanté de Monfeigneur le Comte d'Artois eût été
bue au fon des inftrumens , on préfenta à tous les
convives des exemplaires de la piece fuivante ,
compofée par M Harduin , Avocat , ancien Député
des Etats d'Artois à la Cour , & Secretaire
perpétuel de la Société Littéraire d'Arras.
L. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
Sentimens d'un Citoyen d'Arras , fur la Naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois .
It fort donc aujourd'hui de fon obſcurité ,
Ce Titre qu'autrefois des Héros ont porté ( 1 ).
D'un Enfant de Louis il devient le partage :
Louis , pour couronner notre fidélité ,
Daigne de fon amour nous accorder ce gage .
Vous reprenez enfin votre antique fplendeur ,
Lieux où de Pharamond le brave Succeffeur (1 )
Jetta les fondemens du floriffant Empire
Qui commande à l'Europe , & que le monde admire.
Monarque triomphant , que le Ciel a formé
Pour les vertus & pour la gloire ,
Ton peuple réuni , d'un beau zele animé ,
T'a placé dès long-temps au Temple de mémoire ,
Sous le nom de Roi Bien - Aimé.
Mais lorfque furpaffant toute notre eſpérance ,
Tu veux nous diftinguer de tes autres Sujets ,
Lorfque tu mets pour nous le comble à tes bienfaits
,
Quel nom te donnera notre reconnoiffance !
Plaifirs , volez ici fous mille traits divers :
Que Polymnie & Terpsichore
Célebrent à l'envi le Maître qu'on adore.
(1) Robert I & Robert II, Comtes d'Artois.
(2) Clodion.2
JANVIER.
1758.
171
Qu'un bruit guerrier fe mêle aux plus tendres
concerts :
Que la fiere trompette fonne :
Sur nos murs que la foudre tonne :
Que le falpêtre éclate dans les airs.
Que mille bouche enflammées
Annoncent les tranfports de nos ames charmées
Au bout de ce vafte Univers.
Je vois juſques à
l'Empyrée
S'élevér de rapides feux :
Ainfi vers la voûte azurée
S'élance l'ardeur de nos voeux.
Tels que ces
brillantes étoiles ,
Qui de la nuit perçant les voiles ,
Retombent en foule à nos yeux ,
Sur l'Enfant fi cher à la France
Puiffent
defcendre en
abondance
Les plus riches préfens des Cieux.
Dans le
raviffement où mon ame fe livre ,
En lui déja je vois revivre
Ce Frere vertueux du plus faint de nos Rois ( 1).
A nos ayeux il fit chérir fes loix :
Des cruels
Sarrafins il
confondit la rage :
Prince , lis fes exploits , & deviens fon image ...
Mais pourquoi de l'hiftoire
emprunter le fecours ▸
(1) Robert I, frere de Saint Louis , furnommé
le Bon & le
Vaillant, ‹
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
Pour acquérir une gloire immortelle ,
Il ne te faut d'autre modele
Que ton augufte Ayeul , ou l'Auteur de tes jours.
Illuftre Enfant , auprès du trône
Tu feras de l'Artois le plus ferme foutien :
De Louis & du peuple à qui fa main te donne ,
Tu refferres encor le fortuné lien .
Si tu pouvois juger de notre amour extrêmê
Si tu lifois au fond de notre coeur ,
Ah ! tu t'applaudirois toi- même
Du nom qui fait notre bonheur .
.
On avoit élevé , vis- à-vis de l'Hôtel de Ville ,
un Feu d'artifice , pour lequel on n'avoit épargné
ni foins , ni dépenfe , non plus que pour les illuminations
de cet hôtel , de la haute & admirable
tour qui l'accompagne , & des autres édifices publics
. Tous les particuliers s'étoient auffi empreffés
à illuminer leurs maiſons , d'une maniere qui
répondît à la folemnité du jour ; mais une pluie
continuelle empêcha l'effet de ces préparatifs. On
ne put faire jouer qu'une petite partie de l'artifice
; & le refte fut remis au furlendemain.
L'édifice conftruit pour le feu , fur les deffeins
du fieur Beffara , Architecte de la Ville , étoit
feint de marbre blanc , & avoit s 2 pieds d'élévation
en deux étages , furmontés d'une pyramide
de 33 pieds . Le premier étage ou rez - de - chauffée
étoit un quarré d'ordre dorique , ayant 44 pieds
de face , dont le côté principal offroit un portique
, avec fronton & baluftrade , orné des Armes
du Roi , de Monfeigneur le Dauphin , & de Mon.
feigneur le Comte d'Artois , Une colonnade ioniJANVIER.
1758. 173
que formoit le fecond étage , qui étoit circulaire.
Vingt-quatre vafes à fleurs & trophées d'armes
ou de mufique , fervoient d'amortiffemens aux
deux ordres d'architecture . Cette décoration étoit
femée de chronogrammes ou chronographes
forte d'infcription fort en ufage aux Pays Bas ,
dans laquelle on trouve , en chiffre Romain , par
la réunion de toutes les lettres numérales qu'elle
contient , l'année de l'événement qui en eſt l'objet.
Voici quelques- uns de ces chronographes :
nasCItVŕ CoMes , spLenDor artesIx.
DonVM CLI aC, regIs.
PVLChra FIDel MerCes .
LætVs aMor aCCenDIt Ignes,
Entre les différentes illuminations qui avoient
été préparées , on remarquoit aux croifées de
Pappartement que la Société Littéraire occupe à
l'hôtel du Gouverneur , trois tranfparens , fur
lefquels étoient peints autant de médaillons , imaginés
par M. Camp , Avocat , Membre de cette
Société , & actuellement Député des Etats à lạ
Cour. On croit devoir donner ici la defcription
de ces morceaux de peinture.
Premier Médaillon.
L'hiftoire de l'Artois caractérisée fpécifiquement
par une femme vêtue d'une faie blanche
rayée de pourpre ( 1 ) . Elle a fur la tête une couronne
de laurier , & une plume à la main . Devant
(1 ) Cette espece d'étoffe fe fabriquoit autrefois
par les habitans d'Arras , nommés Atrebates, avec
tant de réputation que les Romains en faifoient
leurs plus magniques habillemens.
Hiij
74 MERCURE DE FRANCE.
elle eft un grand livre ouvert , fur la couverture
duquel fe voyent les Armes de la province . Elle
tient de la main gauche un médaillon portant
celles de Monfeigneur le Comte d'Artois , qu'elle
regarde avec un étonnement mêlé de joie. Une
pile de volumes imprimés & manuſcrits , fur laquelle
font les aîles & autres attributs du Temps ,
fert d'appui au livre que cette femme tient ouvert.
Elle a un pied pofé fur un débris de monument
antique , dont les reftes font épars. Auprès eft
une urne renverfée , d'où fe répand un grand
nombre de médailles .
Légende.
QUANTA FASTORUM GLORIA !
Exergue.
COMES DATUS IXA. OCT. M. DCC. LVII .
Second médaillon ,
Minerve affife , ferrant de fon bras gauche un
vafe aux Armes d'Artois , dans lequel eft planté
un rejetton de lys , qu'elle prend foin de cultiver.
A fes pieds font des trophées relatifs aux Arts &
aux Sciences.
Légende.
CURAT NOBISQUE COLIT.
Exergue.
SOC. LITT . ATR. SPES ET VOT.
Troisieme médaillon.
Les chiffres des Rois Louis VIII & Louis XV,
figurés par deux doubles IL , placés fous une
même couronne , & accompagnées refpectivement
JANVIER. 1758 . 175
des nombres VIII & XV . Un cordon bleu fort de
la couronne , entrelace les deux chiffres , & ſe
termine par un noeud , d'où pendent les Armes de
Monfeigneur le Comte d'Artois ( 1 ) .
Légende.
AB EVO IN ÆVUM.
Exergue.
DECUS FUNDATUM ET RESTITUTUM.
Le même jour 6 Novembre , vers les dix heures
du foir , il y eut dans la grande falle de l'Hôtel
de Ville , qu'on avoit fuperbement décorée , un
bal qui fut ouvert par M. l'Intendant avec Madame
la Comteffe de Houchin , épouse du Député
ordinaire de la Nobleffe des Etats . On y fervit
fur des buffets en gradins , un ambigu fuffifant
pour fatisfaire les goûts divers de deux mille perfonnes
au moins qui fe trouverent à ce bal .
Les Etats d'Artois différerent jufqu'à l'ouverture
de leur Affemblée générale , la folemnité de
leurs actions de graces & de leurs réjouiflances ,
afin que tous les Membres des trois Ordres fuflent
à portée d'y participer. Ce fut le lundi 21 Novembre
que le fit cette ouverture ; & après la
féance , qui fe tint dans la forme ordinaire fur les
dix heures du matin , on chanta dans l'Eglife des
Récollets un Te Deum en mufique , auquel M.
(1) Louis VIII , par fon Teftament du mois de
Juin 1225 , affigna l'Artois en partage à Robert
fon fecond fils , frere de S. Louis , de qui defcend la
branche de Bourbon. Depuis ce Robert , premier
Comte d'Artois , aucun fils de France n'en avoit
porté le titre.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
l'Evêque d'Arras officia pontificalement. M. fe
Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province ;
M. l'Intendant , & M. Briois , Premier Préfident
du Confeil Provincial , Commiffaires du Roi pour
la tenue des Etats , affifterent à cette cérémonie ,
accompagnés de tous les Membres de l'Affemblée.
Il y eut enfuite un magnifique dîner de deux cens
vingt-cinq couverts, auquel tous les Corps avoient
été invités. Sur la fin du repas , on but avec appareil
les fantés du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
& du nouveau Prince , qui furent annoncées
fucceffivement par des falves de boîtes & d'artillerie
; & les Députés ordinaires jetterent de l'argent
au peuple. Dès que la nuit fut venue , on tira
avec toute la réuffite poffible , un très- beau Feu
d'artifice au milieu de la grande place.
Ce feu avoit la forme d'un temple , dont le
premier
étage , quarré & élevé d'environ fept pieds
au deffus du pavé , fervoit de focle à tout l'édifice.
Quatre grandes rampes de dix marches occupoient
le milieu de chaque face , & conduifoient
à une galerie fermée de panneaux & d'acroteres
enrichis d'Armes du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le Comte d'Artois , ainfi
que des Chiffres de la province.
Le principal corps établi fur le premier étage
avoit huit côtés , dont quatre plus larges que les
autres , faifant faillie & avant- corps , formoient
des portiques , & répondoient aux rampes. Aux
entrées de ces portiques étoient les figures fymboliques
de la fincérité & de la fidélité , qui caractérifent
les Artéfiens , & celles de la reconnoiffance
& de l'espérance , fentimens dont ce peuple eft
particuliérement affecté dans la circonftance préfente.
Les quatre côtés enfoncés étoient ornés de
iches , avec d'autres figures qui défignoient les
JANVIER. 1758. 177
Vertus protectrices du jeune Prince ; fçavoir , la
Religion , la Bonté , la Valeur & la Prudence.
Des emblêmes relatifs à ces vertus rempliffoient
le deffus des niches. La décoration générale de
toute cette partie étoit un ordre Ionique régulier ,
dont l'entablement faillant foutenoit une baluftrade
mêlée d'acroteres , fur chacun defquels on
voyoit des grouppes d'enfans , qui fembloient , en
exprimant leur joie , difputer à qui porteroit les
Armes du Roi , & celles des autres perfonnes de
la Famille Royale.
Sur le deuxieme étage étoit pofé un attique à
quatre faces , dont trois préfentoient des tableaux
emblématiques , & l'autre contenoir cette infcription
:
NOVO ARTESIA COMITI
Il y avoit des pilaftres aux angles de ce corps
d'architecture avec un entablement en faillie ,
lequel étoit couronné de quatre vafes de ronde
bolle. Une pyramide en mofaïque évidée , s'élevoit
fur l'attique qui lui fervoit de baſe , & portoit
fur fa cime les Armes d'Artois , furmontées
d'un foleil .
Aux quatre coins du temple , & à une diſtance
convenable , étoient de grands obéliſques décorés,
de chiffres , de médaillons , &c.
Toutes les parties de l'édifice étoient peintes
en grifaille , à l'exception des tableaux & des
emblêmes , qui l'étoient en camayeu de couleur
bleue. Mais cette fimplicité étoit relevée par l'éclat
de l'or répandu fur les armoiries , les infcriptions
, les cartouches , les guirlandes ; fur la pyramide
, fur les vafes , & fur tous les ornemens
où l'on avoit pu l'employer avec goût.
Cet ouvrage fut exécuté par les foins & fur les
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
deffeins du fieur Linque , Architecte , natif & hæ
bitant d'Arras.
Les Commiffaires de Sa Majesté & les Etats
virent jouer l'artifice d'un amphithéâtre dreffé à
l'un des bouts de la place , qui eft une des plus
vaftes du Royaume. Des fanfares de cors , trompettes
& timbales , animerent ce fpectacle , aprèslequel
plufieurs fontaines de vin coulerent pour
le peuple.
Les deux façades de l'Hôtel des Etats furent
illuminés par une quantité immenfe de lamprons
, dont l'arrangement deffinoit , fans confufion
, toute la belle architecture de cet hôtel Dans
un grand tableau tranfparent placé au deffus de
la porte d'entrée , on voyoit Lucine defcendant
du Ciel , & tenant dans fes bras le Prince nouveau-
né. Le Roi montroit à cette Déeffe la Province
d'Artois perſonnifiée qui , d'un air empreffé
, tendoit les mains pour recevoir l'augufte Enfant.
Un rayon de lumiere partant du vifage de
ce nouveau Comte , fe répandoit fur celui de la
Province ; & on lifoit fur une banderole ce chronographe
:
novo spLenDes CIt CoMIte.
A neuf heures du foir commença un concert ,
dans lequel on exécuta plufieurs pieces de mufique
Françoife & Italienne . A ce concert fuccéda
un ambigu pour les Dames , fervi fur deux tables
de foixante perfonnes chacune . La fête fut terminée
par un grand bal , que M. le Duc de
Chaulnes ouvrit avec Madame la Comteffe de
Houchin , & qui dura jufqu'au jour. Rien n'y
fut oublié , foit pour la décoration des trois falles
où l'on danfa , foit pour la maniere dont elles
furent éclairées , foit pour la fymphonie & les
rafraîchiffemens de toute efpece.
JANVIER . 1758. 179
M. l'Evêque d'Arras donna de grands foupers
la veille de l'ouverture & le jour de la clôture
des Etats. Pendant la fête du 21 , on diftribua
abondamment dans fon palais du pain , des viandes
, de la biere , du bois & de Pargent à cinq
cens perfonnes au moins . La maison du Bon
Pafteur , qui renferme plus de cent pauvres filles ,
a éprouvé les mêmes libéralités de la part de ce
Prélat.
Le 6 & le 21 , M. de Briois , Abbé de S. Vaaſt ,
fit tirer beaucoup d'artifice. Il a pareillement
fignalé fa charité , en faisant délivrer aux pauvres
quatre mille pains , du poids de trois livres &
demie:
M. de Caumartin qui , depuis le commencement
de l'Affemblée des Etats avoit donné des
preuves de fa magnificence ordinaire , y ajouta
le Dimanche 27 Novembre un dîner de cent trente
couverts. Ce feftin ne fut que pour les hommes ;
mais environ quatre- vingts Dames fouperent le
même jour à l'intendance , où il y eut audi un
bal qui ne laiffa rien à défirer . M. le premier
Préſident du Confeil d'Artois s'étoit diftingué de
fon côté le jeudi précédent , par un dîner fuivi
d'un bal , qui fut interrompu pour voir un bouquet
d'artifice & une illumination terreftre , formée
avec goût dans le parterre du jardin de ce
Magiftrat. Il fit fervir fur les neuf heures un ambigu
; après lequel il y eut concert , & l'on reprit
le bal qui ne finit qu'avec la nuit.
Enfin le 30 Novembre , les RR. PP. Jéfuites
du College d'Arras firent chanter dans leur Eglife
le Te Deum & l'Exaudiat , par toute la mufique
de la Cathédrale . M. l'Evêque d'Arra y officia ,
& les Etats qu'on avoit invités à la cérémonie ,
affifterent en corps ; après quoi ils pafferent dans
y
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
la falle des Actes , où le R. P. Dubuiffon , Profeffeur
de Rhétorique , leur adreffa une harangue
latine , dont l'objet étoit de féliciter la province
d'Artois fur la naiffance du nouveau Comte.
L'Orateur s'attacha à prouver dans la premiere
partie de fon difcours , qu'il ne pouvoit rien arriver
de plus avantageux à la Province , que de
voir fon nom porté par un Prince de la Maifon de
Bourbon ; & dans la feconde , qu'aucune Province
n'étoit plus digne de cette grace.
Les PP. Jéfuites ont fourni ce jour là de quoi
dîner à douze pauvres familles de chacune des
onze Paroiffes de la Ville. Les écoliers , tant externes
que penfionnaires , qui font de la Congré
gation de la Vierge , ont donné le même jour à
dîner & à fouper aux malheureux détenus dans
les prifons royales , lefquels étoient au nombre
de quarante , les ont fervis eux- mêmes , & leur ont
encore diftribué des aumônes.
Les autres Villes de l'Artois n'ont pas témoi
gné moins d'ardeur que la Capitale à célébrer
une époque fi glorieufe pour la Province ; & de
fimples Bourgades ont donné en cette occafion
les marques les plus éclatantes de leur zele & de
leur alégreffe.
Le Roi a nommé le Maréchal de Tomond ,
pour commander fur les côtes de la Méditerranée .
Sa Majefté a auffi difpofé du commandement de
la Guyenne en faveur du Comte de Langeron
Lieutenant-Général de fes armées , & Elle a donné
au Comte de Gramont , Brigadier d'Infanterie,
& Menin de Monfeigneur le Dauphin , le Commandement
des troupes , dans la partie du Gouvernement
de la Guyenne , qui dépend de la Généralité
d'Aufch.
Sur la démiffion de Madame la Ducheffe d'Antin,
JANVIER. 1758.
181
de la place de Dame du Palais de la Reine , le Roi a
nommé le 25 Novembre Madame la Comteffe de
Clermont-Tonnere pour la remplacer.
Le 27, M. le Comte de Rochechouart prêta ferment
entre les mains du Roi , pour le Gouvernement
de l'Orléannois.
M. Le Duc de Chaulnes étant revenu de l'armée
du Maréchal Duc de Richelieu , pour tenir les
Etats d'Artois , en fit l'ouverture à Arras le 21
Novembre.
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Résumé : Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
À l'occasion de la naissance du Comte d'Artois, Arras a organisé des festivités marquantes. Dès l'annonce de la nouvelle le 11 octobre, des illuminations et des salves d'artillerie ont exprimé la joie publique. L'évêque d'Arras a ordonné un Te Deum le 6 novembre, accompagné d'un mandement célébrant la naissance du prince et appelant à la prière pour sa conservation. Le roi a demandé la célébration du Te Deum dans toutes les églises du diocèse. Le jour de la fête, des cloches ont sonné, des salves d'artillerie ont retenti, et un dîner somptueux a été organisé à l'Hôtel de Ville, avec la présence de personnalités locales. Pendant le repas, de l'argent et des vivres ont été distribués au peuple. Une pièce poétique de M. Harduin a été lue, exprimant la joie et la reconnaissance des citoyens d'Arras. Un feu d'artifice et des illuminations étaient prévus, mais la pluie a perturbé leur réalisation. L'édifice pour le feu d'artifice, conçu par l'architecte Beffara, était orné des armes royales et de chronogrammes. La Société Littéraire a exposé des transparents avec des médaillons imaginés par M. Camp, dont le premier représentait l'histoire de l'Artois symbolisée par une femme tenant un médaillon aux armes du Comte d'Artois. Le 6 novembre, un bal a été organisé à l'Hôtel de Ville, décoré somptueusement, avec un buffet pour deux mille personnes. Les États d'Artois ont reporté leurs actions de grâce pour permettre à tous les membres de participer. Le 21 novembre, après une séance solennelle, un Te Deum a été chanté à l'église des Récollets, suivi d'un dîner pour deux cent vingt-cinq personnes. Des salves d'artillerie ont annoncé les santés du Roi, du Dauphin et du nouveau prince, et des pièces d'argent ont été jetées au peuple. Un feu d'artifice en forme de temple a été tiré sur la grande place, illustrant diverses vertus et emblèmes. Les façades de l'Hôtel des États ont été illuminées, et un concert ainsi qu'un bal ont clôturé la fête. Des soupers et distributions de vivres aux pauvres ont été organisés par l'évêque d'Arras et d'autres dignitaires. Le 30 novembre, les Jésuites ont chanté un Te Deum, et une harangue latine a félicité la province pour la naissance du nouveau Comte. D'autres villes de l'Artois ont également célébré cet événement. Par ailleurs, le Roi a nommé de nouveaux commandants pour les côtes de la Méditerranée, la Guyenne, et le Gouvernement de l'Orléannois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 189-196
« Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Début :
Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Sa Majesté, Armée prussienne, Armée de l'Impératrice, Combats, Camps militaires, Fortifications, Attaques, Troupes, Maréchaux, Ennemis, Comtes, Artillerie, Canons, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Navires anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 Décembre , les Princes & les Princeffes
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
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Résumé : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 décembre, les Princes et Princesses du Sang ont rendu hommage au Dauphin et à la Dauphine à l'occasion du décès de la Reine de Pologne, Electrice de Saxe. Les membres de la Cour ont également exprimé leurs respects en habits de grand deuil. Le Roi a exercé ses prérogatives en tenant le Sceau pour la dix-huitième et dix-neuvième fois. Il a attribué le régiment de Cavalerie vacant après la mort du Duc de Beauvillier au Chevalier de Saint-Aignan et une place de Colonel dans le régiment des Grenadiers de France au Marquis d'Estampes. Le Prince Charles a envoyé le sieur de Boisfgelin au Roi pour annoncer la prise de Schweidnitz, qui a capitulé le 12 novembre. Lors de ce siège, les Prussiens ont perdu environ 1800 hommes, et la garnison, composée de 4700 hommes, est devenue prisonnière de guerre. Les Autrichiens ont trouvé dans la place 164 pièces de canon, 14 mortiers, des munitions, des vivres, du fourrage et un million d'écus. L'armée prussienne, installée à Breslau depuis sept semaines, occupait un camp fortifié. L'armée impériale, sous le commandement de Son Altesse Royale, a attaqué ce camp le 22 décembre en exploitant ses faiblesses. L'attaque a été menée sur quatre points essentiels, avec une division supplémentaire menaçant la retraite ennemie. Malgré une résistance acharnée, les Prussiens ont subi de lourdes pertes, avec plus de 3000 prisonniers ou déserteurs. L'armée impériale a capturé 39 pièces de canon, 3 mortiers et 8 drapeaux, et la ville de Breslau s'est rendue. Par ailleurs, les navires français ont capturé plusieurs bâtiments anglais, notamment le corsaire la Grande-Biche et le navire le Matthy, ainsi que d'autres navires chargés de diverses marchandises. Plusieurs corsaires français ont également pris des navires anglais dans différentes régions, comme Brest, Calais, Le Havre et Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 203-208
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 13 Décembre, la Duchesse de Saint-Aignan fut présentée à la [...]
Mots clefs :
Roi de France, Nominations, Brigadier, Commandeur honoraire, Officiers, Chevalier, Audience, Ducs, Comtes, Noblesse, Corsaire, Navires anglais, Marchandises, Tonneaux, Tabac, Sucre, Café, Gingembre, Île royale, Capitaine, Attaques, Expéditions
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 13 Décembre , la Ducheffe de Saint - Aignan
fut préfentée à la Famille Royale , & elle prit le
Tabouret chez la Reine.
Le Roi a nommé le 25 , Grand Maître
de fa Garderobbe , M. le Duc d'Eftifſac , fur la
démiffion de M. le Duc de la Rochefoucauld, à qui
Sa Majesté a donné la furvivance de cette charge.
Le 28 , Sa Majesté tint le Sceau pour la ving
tieme fois.
Le Roi a fait Brigadier de Dragons M.le Marquis
de Caraman , Meftre de Camp d'un Régiment de
Dragons ; Brigadier d'Infanterie , M. le Prince de
Rohan , Colonel d'un Régiment de fon nom; &
Brigadier de Cavalerie , M. le Marquis de Caulaincourt
, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie
de l'armée de Soubife .
Sa Majesté a nommé Commandeur Honoraire
de l'Ordre de Saint- Louis , M. le Vicomte de
Bouville , qui commandoit le Vaiffeau l'Espérance
en 1755 , & qui eft revenu d'Angleterie après
deux ans de détention . Le Roi a accordé en même
temps à tous les Officiers qui compofoient fon
Etat Major , & qui ne l'ont point quitté en Angleterre
, des graces proportionnées à leurs grades..
Les Officiers qui ont été bleffés dans le combat
de l'Emeraude , & les familles de ceux qui y ont
été tués ont aufli reçu des marques de la fatis
faction du Roi,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Le premierjour de l'an , les Princes & Princef.
fes du Sang , ainfi que les Seigneurs & Dames de
la Cour , eurent l'honneur de complimenter le
Roi fur la nouvelle année.
Le Corps de Ville , à cette occafion , rendic
auffi fes reſpects à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale .
Će même jour , les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Efprit , s'étant
affemblés vers les onze heures du matin dans le
cabinet du Roi , accompagnerent Sa Majefté à la
Chapelle. Le Roi étoit en manteau , le collier de
l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus : les
deux Huiffiers portoient leurs maffes devant Sa
Majesté. Elle étoit précédée de Monfeigneur le
Dauphin , de MM . les Duc d'Orléans , Prince de
Condé , Comte de Clermont , Prince de Conti ,
Comte de la Marche , Comte d'Eu , Duc de Penthievre
, & de MM. les Chevaliers Comman--
deurs & Officiers de l'Ordre. Après la grande
Meffe , qui fut célébrée par M. l'Evêque de Langres
, Prélat Commandeur de l'Ordre du Saint :
Efprit , Sa Majefté fut reconduite à fon appartement
en la maniere accoutumée.
4
Le foir pendant le fouper de Leurs Majeftés ,
les vingt- quatre Violons de la Chambre exécuterent,
fuivant l'ufage , plufieurs morceaux de fymphonie
, fous la direction de M. Rebel , Surin
tendant de la Mufique de la Chambre .
Le 2 du même mois , le Roi , les Princes ,
MM . les Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre , affifterent au Service , pour l'anniverfaire
de MM . les Chevaliers de l'ordre , où le
même Prélat officia.
Les Députés des Etats de Bretagne eurent le 3
audience du Roi. Ils furent préfentés à Sa Majef
JANVIER. 1758 . 205
3
té par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de
la Province , & par M. le Comte de Saint - Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits
par M. le Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies. Les Députés étoient , pour le Clergé
, M. PEvêque de Dol qui porta la parole
pour la Nobleffe , M. le Comte de Marbeuf ,
qui étant à l'armée , n'a pas été fuppléé ; pour le
Tiers Etat , M. Vaillant , Sénéchal de Pontivy ,
& M. le Comte de Quelen , Procureur Général ,
Syadic des Etats,
M. le Duc d'Eftiffac prêta le même jour ferment
entre les mains du Roi , pour la charge de
Grand Maître de la Garderobbe.
Après la tenue du Sceau du 28 Décembre der,
nier , M. de Brou , Doyen des Confeillers d'Etat ,
préſenta à Sa Majefté tous les Grands Officiers de
la Grande Chancellerie , & ils eurent l'honneur
de faire leurs révérences au Roi à l'occafion de la
nouvelle année,
Le Corfaire Anglois , la Victoire , armé de 400
canons , & de 360 hommes d'équipage , a été
conduit à Bref , après avoir été pris par le vaiffeau
du Roi le Saint-Michel , ayant avec lui les
frégates l'Amétyfte & l'Atalante.
Les Corfaires l'Hyrondelle, la Revanche & l'Europe
, de Dunkerque , y ont fait conduire le navire
Anglois l'Anna , de 180 tonneaux , dont la cargaifon
confifte en 312 boucauts de tabac , & autres
marchandiſes.
Le navire Anglois , le Jean & Robert , de ge
tonneaux , chargé de vin , de liege & de fruits ,
a été pris par le Corfaire le Mefny , de Granville ,
qui l'a fait conduire au Havre.
On mande de Bayonne que le Corfaire la Repréfaille
, de ce port , s'eft emparé de deux naviZOG
MERCURE DE FRANCE .
res Anglois qui y font arrivés ; ils s'appellent l'un
be Carlile , de Nerwi , chargé de boeuf , de beure ,
de harengs ; l'autre le Prince Charles , qui revenoit
de la Jamaïque , avec une cargaison compofée
de fucre , de caffé , de poivre , de caffe , de
raffia & de coton.
L'Américain & la Gentille , autres Corfaires de
Bayonne , y ont auffi fait conduire les navires Anglois
le Ellis , de Liverpool , chargé de 136 boucauts
& 9 barriques de fucre , de 28 futailles de
taffia , & de 3 balles de coton ; & la Marthe ,
ayant pour cargaifon 340 boucauts de fucre ,
barriques de caffé , 800 facs de gingembre ,
100 barriques de taffia , 20 tonneaux de bois de
campeche , 3 balles de coton , & 700 cuirs.
On apprend par les lettres de l'Ile Royale, que
les Corfaires armés dans cette colonie , ont conduit
à Louifbourg les navires Anglois , la Victoire
, le Thomas , le Charriot , le Grandpus , le
Bety , les Deux-Freres , le Charmant , le Neptune ,
la Marie Anne , les Deux- Soeurs , les Deux-Freres,
le Brunswick , le Cranford , le Seven, te Jhon - haune,
Apollon , le Jofeph , le Safech , la Branche d'Oli
vier , le Defpath , Lelloge ,le Poly , le Leotenord ,
โด le Nancy , la Brayalle , l'Anne , le Neptune ,
Marie , le Balowin , le Cerllo -Flonndon , le Grand-
Banc , la Perle , l'Echappée , le Hop , le Merry , le
Charmant , le Saint- André & le Bety.
Les mêmes lettres ajoutent que l'objet de ces
prifes eft fort confidérable.
La frégate de guerre le Prince Ofwales , a été
auffi conduite à Louifbourg , par la frégate du Kor
La Fleur de Lys , commandée par le Chevalier de
Tourville : qui s'en eſt rendu maître fur la côte de
P'Acadie.
Le capitaine Dumondt , commandant le CorJANVIER,
1758. 207
faire l'Europe , de Dunkerque , a relâché à Oftende
, & il y a remis les ôtages de deux rançons ,
montant enſemble à deux cens vingt livres fterlings.
Il eft arrivé à Saint-Malo un bateau Anglois
venant de Terre- Neuve , qui a été pris par le Cor
faire le Mefny , de Grandville , & qui a pour cargaifon
quelques pipes d'huile , & plufieurs quintaux
de morue.
Le capitaine Veron , qui commande le Corfaire
le Roftan , de Bordeaux , s'eft emparé d'un brigan
tin Anglois de 150 tonneaux , dont la cargaifon
composée de balotéries , eft eftimée plus de trois
cens mille livres . Cette prife a été conduite à la
Rochelle.
On mande de Saint -Jean-de- Luz , que le capitaine
Domengo- Daperteguy , commandant le Cor
faire l'Amiral , de Bayonne , a fair conduire dans
ce premier port le navire Anglois le Hombert ,
de Londres , venant de la Virginie , avec un chargement
qui confifte en 335 boucauts de tabac.
T
Le Capitaine Monier , commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , s'eft rendu maitre
du Pacquebot Anglois le Prince Frederick , armé
de quatre canons & de fix pierriers , & allant de
Douvres à Fleffingue.
Le Machault , autre Corfaire du même Port ,
a pris & conduit en ce Port les Navires Anglois le
Change , l'Hamos & la Barbara , chargés de fer ,
de lin , de toile , d'eau- de-vie & de tabac . Il s'étoit
emparé de deux Bâtimens Anglois appellés ,
Pun la Marie , d'Air en Ecoffe ; l'autre l'Helene,
& il les a rançonnés pour cinq cents dix- huit hivres
fterlings.
Le Capitaine Dumondt , commandant le Corfaire
l'Europe . du même Port , qui avoit pris les
208 MERCURE DE FRANCE.
bateaux Anglois le Jean & Alix & la Sirène , en a
rapporté deux rançons montant enſemble à deux
cents vingt livres fterlings .
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais , s'eft emparé
du Navire Anglois le Nelly , chargé de Saumon
, & il l'a fait conduire au Havre , où il eft
arrivé un autre Bâtiment chargé de barengs fores,
qui a été pris par le Corfaire la Marquife de Leede
, de Boulogne .
Ileft arrivé à Honfleur deux Bâtimens Anglois
pris par les Corfaires l'Entreprenante , de Calais ;
& l'Heureux , de Dieppe : l'un de ces Bâtimens eft
chargé de harengs ; l'autre a pour cargaifon des
planches & quelques caiffes de fruits .
L
Le Brigantin Anglois le Hannal , allant
de la Caroline à Londres , avec un chargement
de fucre , d'indigo , de riz , de coton , de bois
de campeche & d'autres marchandiſes , a été pris
par le Corfaire le Moras , de Saint-Malo , où il a
été conduit.
On mande de Saint-Jean -de- Luz , que le Ca
pitaine Pierre Souhaignet , commandant le Corfaire
la Providence , de ce Port , s'eft emparé des
Navires Anglois le Mary , de Plaifance , & le
Guillaume , de Darmouth , qui font chargés l'un
de 2500 , l'autre de 1900 quintaux de morue ,
qu'il les a conduits par relâche à Vigo en Galice.
Le Capitaine Arnoux , qui commande le Corfaire
le Victorieux , de Marfeille ; y a conduit le
Brigantin Anglois le Jean Jacques , dont la cargaifon
confifte en café , cuivre, plomb & autres
marchandifes.
LE 13 Décembre , la Ducheffe de Saint - Aignan
fut préfentée à la Famille Royale , & elle prit le
Tabouret chez la Reine.
Le Roi a nommé le 25 , Grand Maître
de fa Garderobbe , M. le Duc d'Eftifſac , fur la
démiffion de M. le Duc de la Rochefoucauld, à qui
Sa Majesté a donné la furvivance de cette charge.
Le 28 , Sa Majesté tint le Sceau pour la ving
tieme fois.
Le Roi a fait Brigadier de Dragons M.le Marquis
de Caraman , Meftre de Camp d'un Régiment de
Dragons ; Brigadier d'Infanterie , M. le Prince de
Rohan , Colonel d'un Régiment de fon nom; &
Brigadier de Cavalerie , M. le Marquis de Caulaincourt
, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie
de l'armée de Soubife .
Sa Majesté a nommé Commandeur Honoraire
de l'Ordre de Saint- Louis , M. le Vicomte de
Bouville , qui commandoit le Vaiffeau l'Espérance
en 1755 , & qui eft revenu d'Angleterie après
deux ans de détention . Le Roi a accordé en même
temps à tous les Officiers qui compofoient fon
Etat Major , & qui ne l'ont point quitté en Angleterre
, des graces proportionnées à leurs grades..
Les Officiers qui ont été bleffés dans le combat
de l'Emeraude , & les familles de ceux qui y ont
été tués ont aufli reçu des marques de la fatis
faction du Roi,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Le premierjour de l'an , les Princes & Princef.
fes du Sang , ainfi que les Seigneurs & Dames de
la Cour , eurent l'honneur de complimenter le
Roi fur la nouvelle année.
Le Corps de Ville , à cette occafion , rendic
auffi fes reſpects à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale .
Će même jour , les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Efprit , s'étant
affemblés vers les onze heures du matin dans le
cabinet du Roi , accompagnerent Sa Majefté à la
Chapelle. Le Roi étoit en manteau , le collier de
l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus : les
deux Huiffiers portoient leurs maffes devant Sa
Majesté. Elle étoit précédée de Monfeigneur le
Dauphin , de MM . les Duc d'Orléans , Prince de
Condé , Comte de Clermont , Prince de Conti ,
Comte de la Marche , Comte d'Eu , Duc de Penthievre
, & de MM. les Chevaliers Comman--
deurs & Officiers de l'Ordre. Après la grande
Meffe , qui fut célébrée par M. l'Evêque de Langres
, Prélat Commandeur de l'Ordre du Saint :
Efprit , Sa Majefté fut reconduite à fon appartement
en la maniere accoutumée.
4
Le foir pendant le fouper de Leurs Majeftés ,
les vingt- quatre Violons de la Chambre exécuterent,
fuivant l'ufage , plufieurs morceaux de fymphonie
, fous la direction de M. Rebel , Surin
tendant de la Mufique de la Chambre .
Le 2 du même mois , le Roi , les Princes ,
MM . les Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre , affifterent au Service , pour l'anniverfaire
de MM . les Chevaliers de l'ordre , où le
même Prélat officia.
Les Députés des Etats de Bretagne eurent le 3
audience du Roi. Ils furent préfentés à Sa Majef
JANVIER. 1758 . 205
3
té par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de
la Province , & par M. le Comte de Saint - Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits
par M. le Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies. Les Députés étoient , pour le Clergé
, M. PEvêque de Dol qui porta la parole
pour la Nobleffe , M. le Comte de Marbeuf ,
qui étant à l'armée , n'a pas été fuppléé ; pour le
Tiers Etat , M. Vaillant , Sénéchal de Pontivy ,
& M. le Comte de Quelen , Procureur Général ,
Syadic des Etats,
M. le Duc d'Eftiffac prêta le même jour ferment
entre les mains du Roi , pour la charge de
Grand Maître de la Garderobbe.
Après la tenue du Sceau du 28 Décembre der,
nier , M. de Brou , Doyen des Confeillers d'Etat ,
préſenta à Sa Majefté tous les Grands Officiers de
la Grande Chancellerie , & ils eurent l'honneur
de faire leurs révérences au Roi à l'occafion de la
nouvelle année,
Le Corfaire Anglois , la Victoire , armé de 400
canons , & de 360 hommes d'équipage , a été
conduit à Bref , après avoir été pris par le vaiffeau
du Roi le Saint-Michel , ayant avec lui les
frégates l'Amétyfte & l'Atalante.
Les Corfaires l'Hyrondelle, la Revanche & l'Europe
, de Dunkerque , y ont fait conduire le navire
Anglois l'Anna , de 180 tonneaux , dont la cargaifon
confifte en 312 boucauts de tabac , & autres
marchandiſes.
Le navire Anglois , le Jean & Robert , de ge
tonneaux , chargé de vin , de liege & de fruits ,
a été pris par le Corfaire le Mefny , de Granville ,
qui l'a fait conduire au Havre.
On mande de Bayonne que le Corfaire la Repréfaille
, de ce port , s'eft emparé de deux naviZOG
MERCURE DE FRANCE .
res Anglois qui y font arrivés ; ils s'appellent l'un
be Carlile , de Nerwi , chargé de boeuf , de beure ,
de harengs ; l'autre le Prince Charles , qui revenoit
de la Jamaïque , avec une cargaison compofée
de fucre , de caffé , de poivre , de caffe , de
raffia & de coton.
L'Américain & la Gentille , autres Corfaires de
Bayonne , y ont auffi fait conduire les navires Anglois
le Ellis , de Liverpool , chargé de 136 boucauts
& 9 barriques de fucre , de 28 futailles de
taffia , & de 3 balles de coton ; & la Marthe ,
ayant pour cargaifon 340 boucauts de fucre ,
barriques de caffé , 800 facs de gingembre ,
100 barriques de taffia , 20 tonneaux de bois de
campeche , 3 balles de coton , & 700 cuirs.
On apprend par les lettres de l'Ile Royale, que
les Corfaires armés dans cette colonie , ont conduit
à Louifbourg les navires Anglois , la Victoire
, le Thomas , le Charriot , le Grandpus , le
Bety , les Deux-Freres , le Charmant , le Neptune ,
la Marie Anne , les Deux- Soeurs , les Deux-Freres,
le Brunswick , le Cranford , le Seven, te Jhon - haune,
Apollon , le Jofeph , le Safech , la Branche d'Oli
vier , le Defpath , Lelloge ,le Poly , le Leotenord ,
โด le Nancy , la Brayalle , l'Anne , le Neptune ,
Marie , le Balowin , le Cerllo -Flonndon , le Grand-
Banc , la Perle , l'Echappée , le Hop , le Merry , le
Charmant , le Saint- André & le Bety.
Les mêmes lettres ajoutent que l'objet de ces
prifes eft fort confidérable.
La frégate de guerre le Prince Ofwales , a été
auffi conduite à Louifbourg , par la frégate du Kor
La Fleur de Lys , commandée par le Chevalier de
Tourville : qui s'en eſt rendu maître fur la côte de
P'Acadie.
Le capitaine Dumondt , commandant le CorJANVIER,
1758. 207
faire l'Europe , de Dunkerque , a relâché à Oftende
, & il y a remis les ôtages de deux rançons ,
montant enſemble à deux cens vingt livres fterlings.
Il eft arrivé à Saint-Malo un bateau Anglois
venant de Terre- Neuve , qui a été pris par le Cor
faire le Mefny , de Grandville , & qui a pour cargaifon
quelques pipes d'huile , & plufieurs quintaux
de morue.
Le capitaine Veron , qui commande le Corfaire
le Roftan , de Bordeaux , s'eft emparé d'un brigan
tin Anglois de 150 tonneaux , dont la cargaifon
composée de balotéries , eft eftimée plus de trois
cens mille livres . Cette prife a été conduite à la
Rochelle.
On mande de Saint -Jean-de- Luz , que le capitaine
Domengo- Daperteguy , commandant le Cor
faire l'Amiral , de Bayonne , a fair conduire dans
ce premier port le navire Anglois le Hombert ,
de Londres , venant de la Virginie , avec un chargement
qui confifte en 335 boucauts de tabac.
T
Le Capitaine Monier , commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , s'eft rendu maitre
du Pacquebot Anglois le Prince Frederick , armé
de quatre canons & de fix pierriers , & allant de
Douvres à Fleffingue.
Le Machault , autre Corfaire du même Port ,
a pris & conduit en ce Port les Navires Anglois le
Change , l'Hamos & la Barbara , chargés de fer ,
de lin , de toile , d'eau- de-vie & de tabac . Il s'étoit
emparé de deux Bâtimens Anglois appellés ,
Pun la Marie , d'Air en Ecoffe ; l'autre l'Helene,
& il les a rançonnés pour cinq cents dix- huit hivres
fterlings.
Le Capitaine Dumondt , commandant le Corfaire
l'Europe . du même Port , qui avoit pris les
208 MERCURE DE FRANCE.
bateaux Anglois le Jean & Alix & la Sirène , en a
rapporté deux rançons montant enſemble à deux
cents vingt livres fterlings .
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais , s'eft emparé
du Navire Anglois le Nelly , chargé de Saumon
, & il l'a fait conduire au Havre , où il eft
arrivé un autre Bâtiment chargé de barengs fores,
qui a été pris par le Corfaire la Marquife de Leede
, de Boulogne .
Ileft arrivé à Honfleur deux Bâtimens Anglois
pris par les Corfaires l'Entreprenante , de Calais ;
& l'Heureux , de Dieppe : l'un de ces Bâtimens eft
chargé de harengs ; l'autre a pour cargaifon des
planches & quelques caiffes de fruits .
L
Le Brigantin Anglois le Hannal , allant
de la Caroline à Londres , avec un chargement
de fucre , d'indigo , de riz , de coton , de bois
de campeche & d'autres marchandiſes , a été pris
par le Corfaire le Moras , de Saint-Malo , où il a
été conduit.
On mande de Saint-Jean -de- Luz , que le Ca
pitaine Pierre Souhaignet , commandant le Corfaire
la Providence , de ce Port , s'eft emparé des
Navires Anglois le Mary , de Plaifance , & le
Guillaume , de Darmouth , qui font chargés l'un
de 2500 , l'autre de 1900 quintaux de morue ,
qu'il les a conduits par relâche à Vigo en Galice.
Le Capitaine Arnoux , qui commande le Corfaire
le Victorieux , de Marfeille ; y a conduit le
Brigantin Anglois le Jean Jacques , dont la cargaifon
confifte en café , cuivre, plomb & autres
marchandifes.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En décembre 1757, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 13 décembre, la Duchesse de Saint-Aignan a été présentée à la famille royale et a obtenu le privilège du tabouret auprès de la Reine. Le 25 décembre, le Roi a nommé le Duc d'Estissac Grand Maître de la Garderobe, remplaçant le Duc de La Rochefoucauld, qui a reçu la survivance de cette charge. Le 28 décembre, le Roi a exercé le Sceau pour la vingtième fois. Le Roi a également promu plusieurs officiers : le Marquis de Caraman est devenu Brigadier de Dragons, le Prince de Rohan Brigadier d'Infanterie, et le Marquis de Caulaincourt Brigadier de Cavalerie. Le Vicomte de Bouville a été nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis pour son commandement du vaisseau l'Espérance en 1755. Les officiers blessés lors du combat de l'Émeraude et les familles des tués ont reçu des marques de satisfaction royale. Le 1er janvier 1758, les Princes et Princesses du Sang, ainsi que les Seigneurs et Dames de la Cour, ont félicité le Roi pour la nouvelle année. Les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit ont accompagné le Roi à la Chapelle, où la messe a été célébrée par l'Évêque de Langres. Le soir, les Violons de la Chambre ont joué plusieurs morceaux sous la direction de M. Rebel. Le 2 janvier, le Roi et les Chevaliers de l'Ordre ont assisté au service pour l'anniversaire des Chevaliers de l'Ordre. Le 3 janvier, les Députés des États de Bretagne ont été reçus en audience par le Roi, présentés par le Duc de Penthièvre et le Comte de Saint-Florentin. Le Duc d'Estissac a prêté serment pour sa charge de Grand Maître de la Garderobe. Plusieurs prises maritimes ont été signalées, notamment le corsaire anglais la Victoire capturé par le Saint-Michel. Divers autres navires anglais ont été pris par des corsaires français à Dunkerque, Granville, Bayonne, et d'autres ports. Ces prises incluaient des navires chargés de tabac, de sucre, de café, et d'autres marchandises. Les lettres de l'Île Royale mentionnaient également de nombreuses prises effectuées par des corsaires armés dans cette colonie.
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28
p. 203-206
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 29 du mois de Janvier, M. le Comte de Clermont, Prince du Sang, [...]
Mots clefs :
Famille royale, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Chevaliers, Officiers, Abbés, Célébrations, Ducs, Comtes, Ordonnance du roi, Amnistie générale, Désertions, Marins, Nominations, Madame Henriette de France, Service religieux, Provence
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L29 du mois de Janvier , M. le Comte de Clermont
, Prince du Sang , prir congé du Roi , de
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
la Reine & de la Famille Royale , pour aller prer
dre le commandement de l'armée du Roi à Hanovre.
Le 2 de Février , fête de la Purification de la
Sainte Vierge , MM. les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Eſprit , s'é→
tant affemblés vers les onze heures du matin dans
le cabinet du Roi , Sa Majefté tint chapitre , &
nomma Commandeur de fes Ordres , M. l'Abbé
Comte de Bernis , Miniftre & Secrétaire d'Etat au
Département des Affaires Etrangeres . Le Roi fortit
enfuite de fon appartement , pour aller à la
Chapelle. Sa Majefté , devant laquelle les deur
Huifiers de la Chambre portoient leurs Mafes ,
étoit en manteau , le Collier de l'Ordre & celui
de la Toifon d'Or pardeffus. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , de MM . le Duc
d'Orléans , le prince de Condé, le Comte de Charolois
, le Prince de Conty , le Comte de la Marche
, le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre , &
des Chevaliers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le Roi affifta à la bénédiction des cierges &
à la proceffion qui fe fit dans la Chapelle ; & la
Grande Melle fut célébrée par l'Abbé Gergoy ,
Chapelain Ordinaire de la Chapelle - Mufique. Sa
Majefté fut reconduite à fon appartement en la
maniere accoutumée.
Il a été rendu le 29 décembre dernier une ordonnance
par laquelle « Sa Majesté accorde une
» amnistie générale à tous les Officiers- Mariniers
» & Matelots qui auront défertés , tant de fes Vaif-
>> feaux & autres Bâtimens , que des Ports & Arfenaux
de marine , à condition néanmoins , pour
>> ceux d'entre lefdits Officiers- Mariniers & Ma-
> telots qui feront dans le Royaume & dans les
Iles Françoifes de l'Amérique , qu'ils fe préMARS.
1758. 205.
fenteront aux Commiffaires de la Marine , &
>> autres Officiers chargés du détail des Claffes des
>> Matelots , quinze jours après la publication de.
» la préſente Ordonnance dans les lieux où ils fe
>> trouveront ; & pour ceux qui feront dans les
» Pays Etrangers , qu'ils fe préfenteront pareille-
>> ment aux Confuls François & autres Officiers
commis par Sa Majefté dans lefdits Pays , & ce
» dans le terme d'une année , à compter du pre-
» mier février prochain , que ladite Ordonnance
» aura été publiée dans ce Royaume , pour y être
» renvoyés par lefdits Confuls avec une conduite ,
» fous la charge de fe repréſenter immédiatement
» après leur retour dans le Royaume , devant les
» Commiffaires de la Marine , & autres Officiers
» chargés du détail des claffes . »
M. l'Evêque Duc de Laon a pris congé du Roi
& eft parti le 9 février de Paris , pour fe rendre
à fon Ambaffade à Rome.
La place de Major des Gardes du Corps , dont
M. de Sufy a donné fa démiffion , a été accordée
par le Roi à M. de Monmort.
Le Roi a accordé le grade de Maréchal de Camp
de fes armées à M. le Prince de Condé & à M. le
Comte de la Marche.
Le Roi vient de nommer M. de Chevert Lieu →
tenant- Général , Grand- Croix de l'Ordre de Saint¹
Louis , & lui a accordé une gratification annuelle
de mille écus , en attendant qu'il jouiffe de la pen-'
fion fur l'Ordre , attachée à cette décoration. Sæ
Majeſté a encore ajouté à cette grace quatre mille
livres de penfion fur le Tréfor Royal , en atten--
dant qu'il foit pourvu du gouvernement qu'elle-
Jai promet d'efpérer .
On a célébré le 11 de ce mois , dans l'Eglife de
la Paroifle du Château , pour le repos de l'ame de
206, MERCURE DE FRANCE.
Madame Henriette de France , le ſervice fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Meldames Victoire , Sophie & Louiſe , y ont aſfifté
.
Le ſervice annuel fondé par le Roi dans l'Abbaye
Royale de Saint Denis pour Madame Henriette
de France , y fut célébré le 13 avec les cérémonies
ordinaires . L'Evêque de Meaux , premier
Aumônier de Madame,y affifta, ainſi que Ma
dame la Ducheffe de Beauvilliers , Dame d'Honneur
, M. le Baron de Montmorency , Chevalier
Honneur , M. le Duc de Saint-Agnan , & plufieurs
perfonnes de diftinctions .
Nous apprenons de Provence que le froid y a
été exceffif pendant plus d'un mois , quoiqu'on y
ait joui du plus beau foleil. La Durence & le Rhỗ-
ne ont été pris d'une telle force , que les voitures
les plus pefantes ont roulé fur la premiere , & que
la feule largeur du Rhône a empêché de tenter le
même paffage fur fes glaces.
L29 du mois de Janvier , M. le Comte de Clermont
, Prince du Sang , prir congé du Roi , de
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
la Reine & de la Famille Royale , pour aller prer
dre le commandement de l'armée du Roi à Hanovre.
Le 2 de Février , fête de la Purification de la
Sainte Vierge , MM. les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Eſprit , s'é→
tant affemblés vers les onze heures du matin dans
le cabinet du Roi , Sa Majefté tint chapitre , &
nomma Commandeur de fes Ordres , M. l'Abbé
Comte de Bernis , Miniftre & Secrétaire d'Etat au
Département des Affaires Etrangeres . Le Roi fortit
enfuite de fon appartement , pour aller à la
Chapelle. Sa Majefté , devant laquelle les deur
Huifiers de la Chambre portoient leurs Mafes ,
étoit en manteau , le Collier de l'Ordre & celui
de la Toifon d'Or pardeffus. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , de MM . le Duc
d'Orléans , le prince de Condé, le Comte de Charolois
, le Prince de Conty , le Comte de la Marche
, le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre , &
des Chevaliers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le Roi affifta à la bénédiction des cierges &
à la proceffion qui fe fit dans la Chapelle ; & la
Grande Melle fut célébrée par l'Abbé Gergoy ,
Chapelain Ordinaire de la Chapelle - Mufique. Sa
Majefté fut reconduite à fon appartement en la
maniere accoutumée.
Il a été rendu le 29 décembre dernier une ordonnance
par laquelle « Sa Majesté accorde une
» amnistie générale à tous les Officiers- Mariniers
» & Matelots qui auront défertés , tant de fes Vaif-
>> feaux & autres Bâtimens , que des Ports & Arfenaux
de marine , à condition néanmoins , pour
>> ceux d'entre lefdits Officiers- Mariniers & Ma-
> telots qui feront dans le Royaume & dans les
Iles Françoifes de l'Amérique , qu'ils fe préMARS.
1758. 205.
fenteront aux Commiffaires de la Marine , &
>> autres Officiers chargés du détail des Claffes des
>> Matelots , quinze jours après la publication de.
» la préſente Ordonnance dans les lieux où ils fe
>> trouveront ; & pour ceux qui feront dans les
» Pays Etrangers , qu'ils fe préfenteront pareille-
>> ment aux Confuls François & autres Officiers
commis par Sa Majefté dans lefdits Pays , & ce
» dans le terme d'une année , à compter du pre-
» mier février prochain , que ladite Ordonnance
» aura été publiée dans ce Royaume , pour y être
» renvoyés par lefdits Confuls avec une conduite ,
» fous la charge de fe repréſenter immédiatement
» après leur retour dans le Royaume , devant les
» Commiffaires de la Marine , & autres Officiers
» chargés du détail des claffes . »
M. l'Evêque Duc de Laon a pris congé du Roi
& eft parti le 9 février de Paris , pour fe rendre
à fon Ambaffade à Rome.
La place de Major des Gardes du Corps , dont
M. de Sufy a donné fa démiffion , a été accordée
par le Roi à M. de Monmort.
Le Roi a accordé le grade de Maréchal de Camp
de fes armées à M. le Prince de Condé & à M. le
Comte de la Marche.
Le Roi vient de nommer M. de Chevert Lieu →
tenant- Général , Grand- Croix de l'Ordre de Saint¹
Louis , & lui a accordé une gratification annuelle
de mille écus , en attendant qu'il jouiffe de la pen-'
fion fur l'Ordre , attachée à cette décoration. Sæ
Majeſté a encore ajouté à cette grace quatre mille
livres de penfion fur le Tréfor Royal , en atten--
dant qu'il foit pourvu du gouvernement qu'elle-
Jai promet d'efpérer .
On a célébré le 11 de ce mois , dans l'Eglife de
la Paroifle du Château , pour le repos de l'ame de
206, MERCURE DE FRANCE.
Madame Henriette de France , le ſervice fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Meldames Victoire , Sophie & Louiſe , y ont aſfifté
.
Le ſervice annuel fondé par le Roi dans l'Abbaye
Royale de Saint Denis pour Madame Henriette
de France , y fut célébré le 13 avec les cérémonies
ordinaires . L'Evêque de Meaux , premier
Aumônier de Madame,y affifta, ainſi que Ma
dame la Ducheffe de Beauvilliers , Dame d'Honneur
, M. le Baron de Montmorency , Chevalier
Honneur , M. le Duc de Saint-Agnan , & plufieurs
perfonnes de diftinctions .
Nous apprenons de Provence que le froid y a
été exceffif pendant plus d'un mois , quoiqu'on y
ait joui du plus beau foleil. La Durence & le Rhỗ-
ne ont été pris d'une telle force , que les voitures
les plus pefantes ont roulé fur la premiere , & que
la feule largeur du Rhône a empêché de tenter le
même paffage fur fes glaces.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 29 janvier, le Comte de Clermont, Prince du Sang, quitta la cour pour prendre le commandement de l'armée du Roi à Hanovre. Le 2 février, à l'occasion de la fête de la Purification de la Sainte Vierge, le Roi tint un chapitre de l'Ordre du Saint-Esprit et nomma l'Abbé Comte de Bernis, Ministre et Secrétaire d'État aux Affaires Étrangères, Commandeur de cet Ordre. Le Roi participa ensuite à la bénédiction des cierges et à la procession dans la Chapelle, accompagné par le Dauphin et plusieurs princes et officiers de l'Ordre. Le 29 décembre, une ordonnance royale accorda une amnistie générale aux Officiers-Mariniers et Matelots déserteurs, à condition qu'ils se présentent aux autorités compétentes dans un délai spécifié. Le 9 février, l'Évêque Duc de Laon quitta Paris pour se rendre à son ambassade à Rome. Le Roi attribua la place de Major des Gardes du Corps à M. de Monmort et le grade de Maréchal de Camp à M. le Prince de Condé et à M. le Comte de la Marche. M. de Chevert fut nommé Lieutenant-Général et Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis, avec une gratification annuelle et une pension. Le 11 février, un service fut célébré dans l'église paroissiale du Château pour le repos de l'âme de Madame Henriette de France, en présence de plusieurs membres de la famille royale. Le 13 février, un service annuel fondé par le Roi en mémoire de Madame Henriette de France fut célébré à l'Abbaye Royale de Saint-Denis. En Provence, un froid extrême persista pendant plus d'un mois, permettant aux voitures de circuler sur la Durance gelée, mais empêchant le passage sur le Rhône.
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29
p. 181-191
ALLEMAGNE.
Début :
Toute la Prusse est actuellement au pouvoir des troupes Russiennes. [...]
Mots clefs :
Königsberg, Russes, Garnison, Armée, Soldats, Mouvements des troupes, Leipzig, Assemblée, Députés, Paiements, Taxes, Exécutions, Déserteurs, Marchands, Magistrats, Maréchaux, Comtes, Vienne, Prince Charles de Lorraine, Prisonniers, Enrôlement, Officiers, Ennemis, Attaques, Hambourg, Roi de Prusse, Marquis, Camp d'Hamelen, Combats, Capitulation, Comtes, Hanovre, Prague, Impératrice-Reine, Actions militaires
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En février 1758, l'Allemagne est sous contrôle des troupes russes. À Königsberg, les Russes ont capturé environ quarante soldats et laissé une garnison de six mille hommes. Les Cosaques montrent une discipline comparable aux troupes nationales. Les Russes prévoient d'augmenter leur armée à quatre-vingt mille hommes, dont la moitié se dirigera vers la Silésie. Le général Fermer se dirige vers la Poméranie. Königsberg a été imposée d'une contribution de cinquante mille écus. Les commissaires de l'impératrice stockent des vivres à Kowno pour soutenir une armée de quarante mille hommes. Les Russes avancent vers la Vistule, et le major général Stolfen a pris Marienwerder avec trois cents hommes. À Leipzig, les États des Cercles de Saxe sont réunis. Le ministre du roi de Prusse, M. de Borck, propose de remettre l'administration des revenus de l'Électorat aux États en échange de paiements et de fournitures pour les troupes prussiennes. Les exécutions militaires continuent avec rigueur, notamment dans les bailliages de Moissen et d'Oschutz, où des contingents de blé sont exigés. Les Cercles saxons, soumis aux ordres des deux partis ennemis, doivent fournir des approvisionnements sous peine de pillage. Douze marchands italiens ont été exécutés à Dresde pour non-paiement de taxes. Les biens des déserteurs saxons sont confisqués, et leurs familles menacées. Le commerce est suspendu, et les troupes prussiennes prennent de force ce qui n'est pas donné. À Vienne, la santé du prince Charles est altérée, et le comte de Daun devrait commander l'armée impériale. L'échange des prisonniers est réglé, et de nouvelles troupes sont levées. Le comte de Broglie retourne en France pour raisons de santé. Les ennemis ont été chassés de Troppau par le marquis de Ville. À Hambourg, un détachement prussien a enlevé le marquis de Fraygne à Zerbst, malgré les protestations du prince régnant. La princesse douairière et le prince régnant se sont retirés pour éviter de nouvelles extrémités. À Hamelen, les troupes hanovriennes, brunswickoises et hessoises, rejointes par des régiments prussiens, ont attaqué les quartiers français. Le comte de Chabot a obtenu une capitulation honorable à Hoya après une vigoureuse défense. En février 1758, un officier français, séparé de son armée à Brême, se retire avec sa garnison jusqu'à Osnabrück pour éviter d'être coupé par l'ennemi. Le Comte de Clermont replie son quartier général pour permettre à toutes les troupes de le rejoindre, partant d'Hanovre le 28 avec discipline et en distribuant des farines aux pauvres. Il ordonne l'évacuation de plusieurs villes et postes occupés par les troupes françaises. Cette retraite entraîne la perte de malades, de chariots mal attelés et de provisions, mais des mesures sont prises pour protéger les magasins. Le 9 mars, l'armée se rassemble à Hamelin, où le Comte de Clermont établit son quartier général. Il ordonne la construction d'un pont sur la Weser à Rinteln pour assurer la communication avec les troupes commandées par le Comte de Saint-Germain. En Bohême, selon un plan d'opérations concerté à Vienne, l'Impératrice-Reine doit diriger trois grandes armées en Silésie, en Moravie et en Lusace. Le 16 février, un officier français avec un petit détachement se retranche dans un cimetière face à un corps de troupes ennemies supérieur. Après une demi-heure de combat, l'officier négocie des conditions et parvient à surprendre les Prussiens en les attaquant de deux côtés. Les Prussiens sont repoussés, laissant 27 morts sur le champ de bataille. Les noms des officiers français impliqués sont le Capitaine Lallieux et le Lieutenant Ryff.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 191-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. Bernard de Boulinvilliers prêta serment entre les mains du Roi [...]
Mots clefs :
Serment, Ordonnance du roi, Nominations, Démissions, Marquis, Officiers, Recrues, Lieutenants, Comtes, Chevalier, Maréchal, Commémorations, Cérémonies, Messes, Église, Navires anglais, Vaisseaux, Capitaines, Corsaires , Marchandises, Saint-Domingue, Tonneaux, Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. Bernard de Boulinvilliers prêta ferment entre
les maine du Roi pour la charge de Provôt ,
192 MERCURE DE FRANCE .
Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal & Mili
taire de S. Louis , dont il a été revêtu fur la démiffion
de M. de Lamoignon.
Par une Ordonnance du Roi rendue le premier
Février , les Volontaires du Dauphiné vont être
confidérablement augmentés. Ce corps qui étoit
de cent vingt hommes , en fix Compagnies de
vingt hommes chacune , dont cinq d'Infanterie &
une de Dragons , fera porté à quatre cens vinge
hommes en fix Compagnies , chacune de foixantedix
hommes , dont quarante d'Infanterie & trente
de Dragons. Il aura dorénavant le titre de Régi
ment des Volontaires du Dauphiné.
M. le Marquis de Paulniy ayant obtenu du Roi
la permiffion de fe démettre de la charge de Secretaire
d'Etat au département de la Guerre , Sa
Majefté a nommé M. le Maréchal de Belle- Ifle
pour le remplacer.
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Mailly en
faveur de M, le Marquis de Talaru , & de celui de
Talaru en faveur de M. le Duc de Mazarin.
M. le Marquis de Pons a obtenu du Roi l'agrément
de Colonel en fecond du Régiment de Dragons
d'Orléans .
Le 7 Mars , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Rég ment des Gardes Françoiles , &
de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Kégimens ,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , affifterent
à cette revue.
Par une Ordonnance du Roi du 20 Février dernier
, il eft enjoint aux Officiers des troupes des
armées du Roi en Allemagne ; qui fe font rendus
,en France fur des paffeports , pour y travailler
aux
AVRIL. 1758. 193
aux recres de leurs corps , de s'acheminer dans le
courant de ce mois , des lieux où ils font aux quar
tiers généraux à portée de la frontiere affignés à
chaque corps pour y raffembler fes recrues , &
d'y être rendus au premier Avril prochain au plus
tard. Veut Sa Majeſté , 1 ° . Que lesdites recrues ,
ainfi que les chevaux de remonte des régimens de
Cavalerie , de Huffards , de Dragons & de Troupes
légeres , foient conduits par lefdits Officiers
abfens , & que ceux qui pour cet effet ne ſe trou→
veront pas rendus auxdits quartiers au premier
Avril , foient punis & privés en outre de leurs appointemens
, pour tout le temps de leur abfence s
2°. Les Officiers qui auront joint leur corps avec
lefdites recrues dans le mois d'Avril ou dans les
premiers jours de Mai , fuivant l'éloignement
defdits corps , feront employés préfens dans les
revues qui feront faites par les Commiffaires des
Guerres , & y feront rappellés pour être payés du
temps de leur abfence , grace dont feront privés
ceux qui n'auront pas joint ; 3 ° . Si quelques- uns
defdies Officiers abfens s'étoient mis en route
pour rejoindre leurs corps , & y arrivoient avant le
temps ci -deffus marqué , ils feront auffi rappellés
dans lefdites revues , pour les mois précédens de
leur abſence.
Le Roi a fait Maréchaux de France M. le Comte
de Bercheny, Lieutenant général , & M. le Comte
de Conflans , Vice Amiral.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la 23 , 24 & 250
fois.
Les Lieutenans Généraux nommés par le Roi
pour fervir pendant la préfente campagne dans
l'armée commandée par M. le Comte de Clermont
, font MM. le Marquis de Villemeur , le
Duc de Randan , le Marquis de Contades , le
1.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE. NO
>
Comté de Mortaigne , le Marquis d'Armentieres →
les Ducs de Briffac & de Chevreufe , les Marquis
d'Anlezy , de Morangies & de Sourches le
Comte de Fitz- James , le Chevalier de Nicolai
le Duc de Fitz- James , le fieur de Chevert , le
Comte de Noailles , le Duc de Broglie , le Chevalier
de May , le Comte de Lorges , le Duc de Lauraguais
, les Comtes d'Andlau & de Guerchy , le
Duc d'Havrey , le Marquis de Saint- Pern , le
Comte de Saint Germain & le Marquis de Valiere.
Les Maréchaux de Camp font , MM. les Marquis
de Crillon & de Torcy , le Chevalier du Châtelet¸
le Marquis de Poyanne , le Comte de Montmo
tency, le Chevalier de Fontenay , les Comtes de
Vogué & d'Orlick , les fieurs de Planta , Caftella
& Boccard , le Comte de Lutzelbourg , les Mar
quis d'Auvet , d'Efcars , de Dreux & des Salles
les Comtes de Champignelles & de Raugrave , le
fieur de Beaufobre , les Comtes de Vence & de
Bergeyck , le Marquis de Voyer , le Chevalier de
la Touche , les Marquis de Laval & de Monteynard
, le Prince de Beauveau , le Comte de la Gui◄
the , le Chevalier de Pons , les Marquis de Maupeou
& de Béthune , le Comte de Ségur , les Marquis
de Leyde , de Roquépine , de Monty , de
Traifnel , & le Comte d'Egmont.
Le Roi, par Edit de ce mois , enregistré au Partement
, a créé dix nouvelles charges de Payeurs ,
& autant de Contrôleurs des Rentes fur PHôtel
de Ville de Paris . La finance de chacune des pre
mieres eft de trois cens einquante mille livres , &
celle de chaque charge de Contrôleur , de quatre
vingt-dix mille livres.
On mande de Toulouſe , que le feu prit le 21
Février à huit heures du foir en certe Ville , au
quartier des Pénitens noirs , que l'incendie a duré
jufqu'au matin du jour fuivant , qu'il a confumé
J
AVRIL. 1758. 195
huit maiſons , avec une grande quantité de meubles;
mais qu'heureufement il n'a péri perfonne.
Le Janvier , les Pénitens Blancs, de Montpellier
ont célébré l'Anniverſaire de la fondation
qu'ils ont établie par délibération du 6 février
1757 , pour la confervation des jours facrés du
Roi. Cette délibération fut exécutée pour la premiere
fois le 11 février de la même année avec
tant de ferveur , que le produit des offrandes pro
cura la liberté de deux Prifonniers. C'eft fans
doute à cette preuve d'amour & de fidélité , que
cette Compagnie eft redevable de la permiffion
qu'elle obtint au mois de mars fuivant , d'avoir un
Suiffe à la grande livrée du Roi.
•
E
Ce fut le 4 janvier de cette année , que la cloche
à l'heure de midi annonça l'anniverſaire de
cette folemnité. On pofa les armoiries du Roi
avec banderolles fur le portail de la Chapelles
les Freres s'affemblerent au Choeur à trois heures.
Un de Meffieurs les Syndics crut ne pouvoir choi
fir un temps plus propre pour faire part de la let→
tre de M. le Comte de Saint Florentin , par la
quelle ce Miniftre veut bien honorer cette Com
pagnie de fon aggrégation . Les freres déja affectés
par l'objet qui les raffembloit , furent péné
trés de la plus vive reconnoiffance , & le TeDeum
fut chanté en actions de graces : on chanta enfuite
les premieres vêpres de la Trinité avec folemnité
à l'iffue des vêpres la cloche fonna jufqu'à l'entrée
de la nuit.
Le lendemain , les freres artifans s'abftinrent
de toutes oeuvres ferviles , chaque frere voulant
prendre dans fon état & dans fa profeffion des momens
f précieux pour fatisfaire fon inclination
pour
le meilleur des Rois .
Le Saint Sacrement fut expofé às heures du
Dalij C
196 MERCURE DE FRANCE.
matin avec la permiffion de M. l'Evêque de Mont
pellier qui a bien voulu concourir au zele & à la
fidélité des Pénitens par fon approbation ; on célébra
fans ceffe des Meffes depuis l'heure de cinq
heures jufqu'à 10 , auxquelles affifta un concours de
peuple & d'ames fidelles qui y firent leur dévotion
avec une édification qui exprimoir leurs ſentimens
, les freres s'affemblerent à 8 heures pour
chanter l'office de la Trinité ; l'augufte affemblée
des Etats de la Province de Languedoc fe forma à
onze heures,à la maiſon de l'Oratoire, en habit de
cérémonies , fuivant la délibération du 3, pour af
fifter à la grande-Meffe des Pénitens Blancs , après
en avoir été invités par les députés de cette compagnie;
M, l'ancien Prieur en l'absence de M. le Prieur
en charge fut à l'Oratoire avec une députation pour
complimenter l'affemblée des Etats en la perfonne
de M. l'Archevêque de Narbonne , & pour leur diftribuer
des exemplaires de la délibération du 6 février
1757. Les Etats en corps furent enfuite à la
Chapelle des Pénitens , & M. l'ancien Prieur eut
l'honneur de leur préfenter l'eau bénite , Mrs. les
Commiffaires du Roi qui avoient été également
invités par les Pénitens , fe rendirent enfuite à
ladite Chapelle en habit de cérémonie , & M. l'ancien
Prieur eut l'honneur de leur préfenter l'eau
bénite , & de les complimenter en la perfonne de
M. le Maréchal Comte de Thomont , Comman
dant en Chef dans la Province ,
La grande Meffe fut célébrée par M. l'Evêque
de Montpellier , affifté des dignités de fon Chapitre
, & fut chantée par la mufique des Etats , la
piété & la modeftie des freres lors de l'offrande au
nombre de près de 300 , & le recueillement de
ceux qui communierent , mériterent les éloges
de l'affemblée , ainfi que le bon ordre dans une
Chapelle d'une très- petite étendue. Les perfonnes
AVRIL. 1758. 197
en place & de la premiere diftinction qui n'avoient
pu être placées dans l'Eglife , occupoient
les tribunes ; la décoration de cette Chapelle en
bois peint , doré & en tableau , ne permirent pas
d'autre décoration : l'autel fut fimplement , mais
noblement décoré fuivant l'ufage de cette compagnie
, par 12 cierges à la Parifienne de 10 pieds
de hauteur , portés par des grands & magnifiques
chandeliers d'argent. A la fin de la Meffe , les
freres chanterent en faux bourdon l'Exaudiat, pendanr
lequel on tira un nombre de boîtes , afin
d'inviter les Citoyens à unir leurs voeux aux chants
& prieres des Pénitens. Mrs. les Commiffaires du
Roi furent accompagnés jufqu'à la porte de l'Eglife
, par les députés de la Compagnie , ainfi que
l'affemblée des Etats ; le Saint Sacrement fut toujours
exposé à la piété des fideles : les freres fe
releverent de demi-heures en demi heures, pour y
faire ftation : les vêpres étant chantées à 3 heures
avec la même folemnité , la bénédiction fur
donnée par M. d'Ufés , M. l'Evêque de Montpellier
s'en étant exempté fur la fatigue du matin.
M. l'Archevêque de Narbonne fatisfait d'un établiffement
fi conforme à fes fentimens , a bien
voulu honorer cette Compagnie de fon aggrégation
après avoir célébré là Meffe de Communauté
le jour des Rois , & n'a pu refufer aux empreffemens
de Mrs, les Pénitens pénétrés de l'honneur
qu'ils avoient reçu la veille par la préſence des
Etats , de leur permettre d'aggréger cette augufte
affemblée dans la participation de leurs prieres &
bonnes oeuvres , ce qui a été approuvé par accla
mation , par délibération des Etats dudit jour du
même mois.
Tel a été l'événement , & telles font les fuites
honorables d'une cérémonie qui , renouvellée cha
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
que année, tranfmettra à la poftérité , que le regne
de Louis le bien aimé fut pour cette compagnie
un temps de ferveur. Le ciel fera propice à fes
voeux en multipliant les jours facrés de Louis le
bien-aimé , & cette compagnie fe glorifiera toujours
d'avoir la priorité parmi les différens établi
femens faits dans la même intention.
Nous apprenons de Marfeille , que le Capitaine
Chin , commandant la Barque le Saint- Esprit ,
& venant du Cap François , ayant rencontré le
janvier , dans le Golfe de Verre , près de Carthagene,
la Tartane du Patron Jean- Baptifte d'Agde
dont les Anglois s'étoient emparé , il l'a reprife
& renvoyée dans ce port , où elle eft arrivée le
26. Le même a appris à Alicante , où il a touché ,
que l'Eſcadre du fieur de la Clue s'eft emparé en
route de dix Navires Anglois.
Les Navires Anglois Alouette , chargé de
chanvre & de lin , la Rofe , de Stockton , ayant
ane cargaifon compofée de différentes marchandifes
, & le Bateau les Trois Soeurs , allant à Londres
avec des morues fraîches , ont été pris par le
Corfaire le Moiffonneur de Dunkerque.
Le Capitaine Antoine Vaffe , commandant l'A
wenturier , autre Corfaire de Dunkerque , s'eft
emparé des Navires Anglois le May , de Leith &
le Frederic , de Londres. Cette derniere prife ,
qui alloit de Peterſbourg à Corck , avec un chargement
de chanvre & de fer , a été conduite en
Norwege.
Les Corfaires le Machault & le Comte de Saint-
Germain , de Dunkerque ; y ont conduit les Na
vires Anglois le Succès , & le Marchand , de Stoc
kholm , l'Elifabeth , l'Anne & le Marchand , d'E
dimbourg , & le Marchand , de Rotterdam. Ces
fix bâtimens font chargés de charbon de terre,
AVRIL. 1758, 199
1 eft encore arrivé à Dunkerque un Brigantin
Anglois appellé la Jeanne & Marguerite , done
la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
, & qui a été pris par le Corfaire le Comte
Ayen , de Boulogne,
Les Navires Anglois le Franchip , de Corck ;
chargé de fruit & de fel , & le Javan , chargé
d'indigo , de fucre , de café & de bois de Campeche
, ont été pris par les Corfaires le Mefnil &
la Nymphe , de Granville . Le Javan a été conduit
dans ce dernier port ; l'autre prife eft arrivée à
Morlaix.
Le Capitaine Defvalons- Macé, commandant le
Corfaire l'Helene , de Saint-Malo , y a conduit le
Navire Anglois la Parfaite Union , de 360 tonneaux
, venant de Rhode- Inland , & allant à Londres,
avec une cargaifon d'indigo , de café , de
bois de campeche , de gayac , d'huile de baleine
, & d'autres marchandifes, Cette prife eft eftimée
plus de trois cens mille livres,
Le fieur de Gouyen , commandant le Corfaire
la Ducheffe de Fitz- James , de Saint - Malo , s'eft
renda maître d'un Corfaire de Jerzey , armé de
8 canons & de 40 hommes d'équipage , qui eft ar
rivé à Cherbourg.
Le Groignard , autre Corfaire de Saint- Malo ,
a conduit dans le même port de Cherbourg un
Brigantin Anglois de 200 tonneaux , chargé de
charbon de terre.
Le Navire François le Polly , chargé de fucre
& de café , a été enlevé par le Corfaire le Moras ,
de Saint-Malo , à un Corfaire de Briſtol , qui s'en
étoit,emparé,
On mande de Saint-Jean- de-Luz , qu'il y eft
arrivé un Navire Anglois appellé la Priory , de
Pool, qui a pour chargement 930 quintaux de
1 iv
200 MERCURE DE FRANCE.
morues , & 28 demi-barriques d'huile de poiffon:
Ce Bâtiment a été pris par le Corfaire la Baſquaife
, de ce port.
Les Capitaines Rondemy & Jean Olive , com
mandans , l'un le Corfaire le Roi Gaſpard , de
Marſeille , l'autre la Barque la Marie Diligente ,
de Martigue , armée en guerre & en marchandi
fes , fe font rendus maîtres , le premier , du Corfaire
Anglois le Osborne , armé de 80 hommes
d'équipage , le fecond , du Senaw l'Anne Betine ,
chargé de chanvre & de graine de lin.
:
Par les lettres venues de Saint- Domingue , on
apprend que les Corfaires de cette ifle y ont conduit
foixante-deux Navires Anglois qui font fa
Goëlette , le Jean- de- Nancy ; an Bateau Hollandois
repris fur les Anglois ; le Bateau , la Fleur
de la mer; le Brigantin , le Severn ; le Bateau ',
le Guilleaume ; le Brigantin , le Poli ; un Corfaire
repris fur les Anglois ; le Brigantin , l'Elifan
beth ; le Corfaire , les Deux Freres ; la Goëlette ,
la Jeanne ; le Bateau , le Diamant ; le Brigan
tin , la Marie-Marthe ; la Goëlette , la Fortune ;
la Goëlette , la Charmante- Folie ; la Goëlette
te Roi Georges ; le Corfaire , la Revanche ; le Cor
faire , le George ; le Corfaire , la Tarte ; la Goë-
Jette , le Loup , avec un Bateau ; le Bateau , la
Marie-Jofeph ; le Navire , le Munety ; le Bateau- ,
Ja Charmante- Bedfy ; le Bateau , PAmitié ; le
Brigantin , le Roi Georges ; le Senaw , le Derfor ;
de Bateau , les Deux-Freres ; le Brigantin , l'Afritain
; la Goëlette , la Norwege ; le Brigantin ,
ta Suzanne ; la Goëlette , le Ringeard ; le Sela
Rebecca ; le Brigantin , du même nom ;
le Bateau , le Diamant ; le Senaw , le Grandifon
le Bateau , le Guillaume ; le Brigantin , le Jean
de Greenoeck ; la Goëlette , Lancop de Lencefter
t
naw ,
"
AVRIL 1758. 201
Je François ; le Brigantin , le Dauphin ; la Goëlette
, l'Anne; le Navire , le Cigne ; une Barque
repriſe fur les Anglois ; le Bateau , l'Hirondelle ;
le Bateau , le Thomas ; le Bateau , la Bonite ; le
Bateau , l'Efther; le Brigantin ; l'Ame ; le Prince-
Sauvage , Navire Negrier , de Bristol ; le Pa→
quebot , le Duc de Falmouth ; le Navire , le Sucès
; la Goëlette , la Pauline ; le Senaw , la Syrene;
le Navire , le Tanger ; le Senaw , le Succès
; le Navire , l'Ifabelle- Marie ; le Bateau , le
Thomas ; la Goëlette , le Saint Etienne ; le Bateau ,
le Dauphin & le Hardewichele Brigantin , l'Hi
Tondelle ; le Senaw , l'Unifé ; le Brigantia , PA
mable-Jeanne ; le Bateau , la Bonne- Aventure.
Tous ces Bâtimens avoient des cargaiſons confi
dérables , à l'exception des Corfaires.
Le fieur Canon , commandant la Frégate dis
Roi la Valeur , s'eft rendu maître du Corfaire
Anglois le Vernon , de Londres , armé de 12 canons
, 16 pierriers , & 43 hommes d'équipage ,
il l'a conduit à Dunkerque.
La Revanche , Corfaire de Dunkerque , commandé
par le Capitaine Monnier , s'eft emparé de
la Frégate Angloife la Van- Anna , de 200 tonneaux
, chargée de coton , d'huile d'olive , de raifins
& de bled. Cette prife a été conduite à Diep
pe. Le même Corfaire a rançonné pour 750 gui .
aées les Navires Anglois l'Anfon le William
dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais > a pris&
conduit dans ce port le Navire Anglois le Hellen ,
de Montroſe , ayant pour chargement 182 bar
ils de faumon.
Le Sloop Anglois la Providence , chargé de
grains , a été pris par le Corfaire le Villemur , de
Dieppe , qui l'a conduit au Havre.
I w
202 MERCURE DE FRANCE:
"
Il eft arrivé à Dieppe un Navire Anglois , dont
le Corfaire la Marquise de Leede , de Boulogne ,
s'eft emparé , & qui n'a pour chargement que des
pierres de taille plattes.
On apprend par des lettres écrites de Saint-Malo
, que le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de ce port , y a
conduit deux prifes : l'une eft le Navire Anglois le
Fantyn , de 220 tonneaux , chargé d'environ 200
boucauts de fucre , de 7 boucauts de café , de
gingembre , de bois de Campeche & de dents
d'Eléphant l'autre eft le Corfaire le Prince
Edouard , de Grenezey , ( ci- devant la Sauterelle
, de Breft , ) armé de 14 canons , & de 80 hommes
d'équipage.
Le Bateau le Georges , de Jerzey , chargé de
balots de bas , a été pris par le Corſaire l'Eclair
de Saint Malo , qui l'a fait conduire à Cherbourg.
Le Corfaire le Samfon , de Bayonne , s'eft rea-
'du maître du Corfaire le Keirke , de Grenezey ,
armé de 10 canons , 12 pierriers , & 45 hommes
d'équipage.
On mande du paffage qu'il y eft arrivé un Navire
Anglois qui a été pris par le Corfaire le La
bour , de Saint-Jean-de-Luz , & dont la cargai
fon confifte en 401. boucauts de fucre , 150 barriques
de vin de Madere , & autres marchandiſes.
Les Vaiffeaux la Compagnie des Indes & le Duc
de Bethune , venant des Indes Orientales richement
chargés , l'un en marchandiſes de la Chine
Pautre en marchandifes de la côte de Coromandel
& de Bengale , font arrivés au port de l'Orient
en. Bretagne les 10 & 12 de ce mois .
Le Vaiffeau la Compagnie des Indes , aux átté-
#ages des côtes de Bretagne , a été atteint par un
Corfaire Anglois de 14 canons , contre lequel il
AVRIL. 1758. 203
eft battu pendant plufieurs heures ; fa bonne contenance
a fait lâcher prife à ce Corfaire.
Le Vaiffeau le Duc de Bethune, a auffi été attaqué
à la hauteur de 40 degrés de latitude Nord ,
par un Corfaire Anglois de 30 canons de 10livres
de balle , & nonobftant la foibleffe de ce Vailfeau
, qui n'étoit monté que de 16 canons , il a
forcé le Corfaire Anglois de l'abandonner . Le
fieur Sainromain , qui le commandoit , a été bleffé
au bras de deux coups de feu , & il a eu huit hom
mes de fon équipage tués & plufieurs bleflés.
La Compagnie à reçu , par le Vaiffeau le Duc
de Béthune , la nouvelle de l'arrivée de plufieursde
fes vaiffeaux à Pondichery , où ils ont remis
les munitions & les fecours dont cette place pouvoit
avoir befoin.
écrit de Marfeille que le Capitaine Gaffin
de Martigues , de cette Ville , commandant le
Brigantin le Fameux , a fait dans les différentes
croifieres douze prifes qu'il a conduites à Cadix ,
à l'exception d'une feule qui lui a été enlevée.
M. Bernard de Boulinvilliers prêta ferment entre
les maine du Roi pour la charge de Provôt ,
192 MERCURE DE FRANCE .
Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal & Mili
taire de S. Louis , dont il a été revêtu fur la démiffion
de M. de Lamoignon.
Par une Ordonnance du Roi rendue le premier
Février , les Volontaires du Dauphiné vont être
confidérablement augmentés. Ce corps qui étoit
de cent vingt hommes , en fix Compagnies de
vingt hommes chacune , dont cinq d'Infanterie &
une de Dragons , fera porté à quatre cens vinge
hommes en fix Compagnies , chacune de foixantedix
hommes , dont quarante d'Infanterie & trente
de Dragons. Il aura dorénavant le titre de Régi
ment des Volontaires du Dauphiné.
M. le Marquis de Paulniy ayant obtenu du Roi
la permiffion de fe démettre de la charge de Secretaire
d'Etat au département de la Guerre , Sa
Majefté a nommé M. le Maréchal de Belle- Ifle
pour le remplacer.
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Mailly en
faveur de M, le Marquis de Talaru , & de celui de
Talaru en faveur de M. le Duc de Mazarin.
M. le Marquis de Pons a obtenu du Roi l'agrément
de Colonel en fecond du Régiment de Dragons
d'Orléans .
Le 7 Mars , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Rég ment des Gardes Françoiles , &
de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Kégimens ,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , affifterent
à cette revue.
Par une Ordonnance du Roi du 20 Février dernier
, il eft enjoint aux Officiers des troupes des
armées du Roi en Allemagne ; qui fe font rendus
,en France fur des paffeports , pour y travailler
aux
AVRIL. 1758. 193
aux recres de leurs corps , de s'acheminer dans le
courant de ce mois , des lieux où ils font aux quar
tiers généraux à portée de la frontiere affignés à
chaque corps pour y raffembler fes recrues , &
d'y être rendus au premier Avril prochain au plus
tard. Veut Sa Majeſté , 1 ° . Que lesdites recrues ,
ainfi que les chevaux de remonte des régimens de
Cavalerie , de Huffards , de Dragons & de Troupes
légeres , foient conduits par lefdits Officiers
abfens , & que ceux qui pour cet effet ne ſe trou→
veront pas rendus auxdits quartiers au premier
Avril , foient punis & privés en outre de leurs appointemens
, pour tout le temps de leur abfence s
2°. Les Officiers qui auront joint leur corps avec
lefdites recrues dans le mois d'Avril ou dans les
premiers jours de Mai , fuivant l'éloignement
defdits corps , feront employés préfens dans les
revues qui feront faites par les Commiffaires des
Guerres , & y feront rappellés pour être payés du
temps de leur abfence , grace dont feront privés
ceux qui n'auront pas joint ; 3 ° . Si quelques- uns
defdies Officiers abfens s'étoient mis en route
pour rejoindre leurs corps , & y arrivoient avant le
temps ci -deffus marqué , ils feront auffi rappellés
dans lefdites revues , pour les mois précédens de
leur abſence.
Le Roi a fait Maréchaux de France M. le Comte
de Bercheny, Lieutenant général , & M. le Comte
de Conflans , Vice Amiral.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la 23 , 24 & 250
fois.
Les Lieutenans Généraux nommés par le Roi
pour fervir pendant la préfente campagne dans
l'armée commandée par M. le Comte de Clermont
, font MM. le Marquis de Villemeur , le
Duc de Randan , le Marquis de Contades , le
1.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE. NO
>
Comté de Mortaigne , le Marquis d'Armentieres →
les Ducs de Briffac & de Chevreufe , les Marquis
d'Anlezy , de Morangies & de Sourches le
Comte de Fitz- James , le Chevalier de Nicolai
le Duc de Fitz- James , le fieur de Chevert , le
Comte de Noailles , le Duc de Broglie , le Chevalier
de May , le Comte de Lorges , le Duc de Lauraguais
, les Comtes d'Andlau & de Guerchy , le
Duc d'Havrey , le Marquis de Saint- Pern , le
Comte de Saint Germain & le Marquis de Valiere.
Les Maréchaux de Camp font , MM. les Marquis
de Crillon & de Torcy , le Chevalier du Châtelet¸
le Marquis de Poyanne , le Comte de Montmo
tency, le Chevalier de Fontenay , les Comtes de
Vogué & d'Orlick , les fieurs de Planta , Caftella
& Boccard , le Comte de Lutzelbourg , les Mar
quis d'Auvet , d'Efcars , de Dreux & des Salles
les Comtes de Champignelles & de Raugrave , le
fieur de Beaufobre , les Comtes de Vence & de
Bergeyck , le Marquis de Voyer , le Chevalier de
la Touche , les Marquis de Laval & de Monteynard
, le Prince de Beauveau , le Comte de la Gui◄
the , le Chevalier de Pons , les Marquis de Maupeou
& de Béthune , le Comte de Ségur , les Marquis
de Leyde , de Roquépine , de Monty , de
Traifnel , & le Comte d'Egmont.
Le Roi, par Edit de ce mois , enregistré au Partement
, a créé dix nouvelles charges de Payeurs ,
& autant de Contrôleurs des Rentes fur PHôtel
de Ville de Paris . La finance de chacune des pre
mieres eft de trois cens einquante mille livres , &
celle de chaque charge de Contrôleur , de quatre
vingt-dix mille livres.
On mande de Toulouſe , que le feu prit le 21
Février à huit heures du foir en certe Ville , au
quartier des Pénitens noirs , que l'incendie a duré
jufqu'au matin du jour fuivant , qu'il a confumé
J
AVRIL. 1758. 195
huit maiſons , avec une grande quantité de meubles;
mais qu'heureufement il n'a péri perfonne.
Le Janvier , les Pénitens Blancs, de Montpellier
ont célébré l'Anniverſaire de la fondation
qu'ils ont établie par délibération du 6 février
1757 , pour la confervation des jours facrés du
Roi. Cette délibération fut exécutée pour la premiere
fois le 11 février de la même année avec
tant de ferveur , que le produit des offrandes pro
cura la liberté de deux Prifonniers. C'eft fans
doute à cette preuve d'amour & de fidélité , que
cette Compagnie eft redevable de la permiffion
qu'elle obtint au mois de mars fuivant , d'avoir un
Suiffe à la grande livrée du Roi.
•
E
Ce fut le 4 janvier de cette année , que la cloche
à l'heure de midi annonça l'anniverſaire de
cette folemnité. On pofa les armoiries du Roi
avec banderolles fur le portail de la Chapelles
les Freres s'affemblerent au Choeur à trois heures.
Un de Meffieurs les Syndics crut ne pouvoir choi
fir un temps plus propre pour faire part de la let→
tre de M. le Comte de Saint Florentin , par la
quelle ce Miniftre veut bien honorer cette Com
pagnie de fon aggrégation . Les freres déja affectés
par l'objet qui les raffembloit , furent péné
trés de la plus vive reconnoiffance , & le TeDeum
fut chanté en actions de graces : on chanta enfuite
les premieres vêpres de la Trinité avec folemnité
à l'iffue des vêpres la cloche fonna jufqu'à l'entrée
de la nuit.
Le lendemain , les freres artifans s'abftinrent
de toutes oeuvres ferviles , chaque frere voulant
prendre dans fon état & dans fa profeffion des momens
f précieux pour fatisfaire fon inclination
pour
le meilleur des Rois .
Le Saint Sacrement fut expofé às heures du
Dalij C
196 MERCURE DE FRANCE.
matin avec la permiffion de M. l'Evêque de Mont
pellier qui a bien voulu concourir au zele & à la
fidélité des Pénitens par fon approbation ; on célébra
fans ceffe des Meffes depuis l'heure de cinq
heures jufqu'à 10 , auxquelles affifta un concours de
peuple & d'ames fidelles qui y firent leur dévotion
avec une édification qui exprimoir leurs ſentimens
, les freres s'affemblerent à 8 heures pour
chanter l'office de la Trinité ; l'augufte affemblée
des Etats de la Province de Languedoc fe forma à
onze heures,à la maiſon de l'Oratoire, en habit de
cérémonies , fuivant la délibération du 3, pour af
fifter à la grande-Meffe des Pénitens Blancs , après
en avoir été invités par les députés de cette compagnie;
M, l'ancien Prieur en l'absence de M. le Prieur
en charge fut à l'Oratoire avec une députation pour
complimenter l'affemblée des Etats en la perfonne
de M. l'Archevêque de Narbonne , & pour leur diftribuer
des exemplaires de la délibération du 6 février
1757. Les Etats en corps furent enfuite à la
Chapelle des Pénitens , & M. l'ancien Prieur eut
l'honneur de leur préfenter l'eau bénite , Mrs. les
Commiffaires du Roi qui avoient été également
invités par les Pénitens , fe rendirent enfuite à
ladite Chapelle en habit de cérémonie , & M. l'ancien
Prieur eut l'honneur de leur préfenter l'eau
bénite , & de les complimenter en la perfonne de
M. le Maréchal Comte de Thomont , Comman
dant en Chef dans la Province ,
La grande Meffe fut célébrée par M. l'Evêque
de Montpellier , affifté des dignités de fon Chapitre
, & fut chantée par la mufique des Etats , la
piété & la modeftie des freres lors de l'offrande au
nombre de près de 300 , & le recueillement de
ceux qui communierent , mériterent les éloges
de l'affemblée , ainfi que le bon ordre dans une
Chapelle d'une très- petite étendue. Les perfonnes
AVRIL. 1758. 197
en place & de la premiere diftinction qui n'avoient
pu être placées dans l'Eglife , occupoient
les tribunes ; la décoration de cette Chapelle en
bois peint , doré & en tableau , ne permirent pas
d'autre décoration : l'autel fut fimplement , mais
noblement décoré fuivant l'ufage de cette compagnie
, par 12 cierges à la Parifienne de 10 pieds
de hauteur , portés par des grands & magnifiques
chandeliers d'argent. A la fin de la Meffe , les
freres chanterent en faux bourdon l'Exaudiat, pendanr
lequel on tira un nombre de boîtes , afin
d'inviter les Citoyens à unir leurs voeux aux chants
& prieres des Pénitens. Mrs. les Commiffaires du
Roi furent accompagnés jufqu'à la porte de l'Eglife
, par les députés de la Compagnie , ainfi que
l'affemblée des Etats ; le Saint Sacrement fut toujours
exposé à la piété des fideles : les freres fe
releverent de demi-heures en demi heures, pour y
faire ftation : les vêpres étant chantées à 3 heures
avec la même folemnité , la bénédiction fur
donnée par M. d'Ufés , M. l'Evêque de Montpellier
s'en étant exempté fur la fatigue du matin.
M. l'Archevêque de Narbonne fatisfait d'un établiffement
fi conforme à fes fentimens , a bien
voulu honorer cette Compagnie de fon aggrégation
après avoir célébré là Meffe de Communauté
le jour des Rois , & n'a pu refufer aux empreffemens
de Mrs, les Pénitens pénétrés de l'honneur
qu'ils avoient reçu la veille par la préſence des
Etats , de leur permettre d'aggréger cette augufte
affemblée dans la participation de leurs prieres &
bonnes oeuvres , ce qui a été approuvé par accla
mation , par délibération des Etats dudit jour du
même mois.
Tel a été l'événement , & telles font les fuites
honorables d'une cérémonie qui , renouvellée cha
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
que année, tranfmettra à la poftérité , que le regne
de Louis le bien aimé fut pour cette compagnie
un temps de ferveur. Le ciel fera propice à fes
voeux en multipliant les jours facrés de Louis le
bien-aimé , & cette compagnie fe glorifiera toujours
d'avoir la priorité parmi les différens établi
femens faits dans la même intention.
Nous apprenons de Marfeille , que le Capitaine
Chin , commandant la Barque le Saint- Esprit ,
& venant du Cap François , ayant rencontré le
janvier , dans le Golfe de Verre , près de Carthagene,
la Tartane du Patron Jean- Baptifte d'Agde
dont les Anglois s'étoient emparé , il l'a reprife
& renvoyée dans ce port , où elle eft arrivée le
26. Le même a appris à Alicante , où il a touché ,
que l'Eſcadre du fieur de la Clue s'eft emparé en
route de dix Navires Anglois.
Les Navires Anglois Alouette , chargé de
chanvre & de lin , la Rofe , de Stockton , ayant
ane cargaifon compofée de différentes marchandifes
, & le Bateau les Trois Soeurs , allant à Londres
avec des morues fraîches , ont été pris par le
Corfaire le Moiffonneur de Dunkerque.
Le Capitaine Antoine Vaffe , commandant l'A
wenturier , autre Corfaire de Dunkerque , s'eft
emparé des Navires Anglois le May , de Leith &
le Frederic , de Londres. Cette derniere prife ,
qui alloit de Peterſbourg à Corck , avec un chargement
de chanvre & de fer , a été conduite en
Norwege.
Les Corfaires le Machault & le Comte de Saint-
Germain , de Dunkerque ; y ont conduit les Na
vires Anglois le Succès , & le Marchand , de Stoc
kholm , l'Elifabeth , l'Anne & le Marchand , d'E
dimbourg , & le Marchand , de Rotterdam. Ces
fix bâtimens font chargés de charbon de terre,
AVRIL. 1758, 199
1 eft encore arrivé à Dunkerque un Brigantin
Anglois appellé la Jeanne & Marguerite , done
la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
, & qui a été pris par le Corfaire le Comte
Ayen , de Boulogne,
Les Navires Anglois le Franchip , de Corck ;
chargé de fruit & de fel , & le Javan , chargé
d'indigo , de fucre , de café & de bois de Campeche
, ont été pris par les Corfaires le Mefnil &
la Nymphe , de Granville . Le Javan a été conduit
dans ce dernier port ; l'autre prife eft arrivée à
Morlaix.
Le Capitaine Defvalons- Macé, commandant le
Corfaire l'Helene , de Saint-Malo , y a conduit le
Navire Anglois la Parfaite Union , de 360 tonneaux
, venant de Rhode- Inland , & allant à Londres,
avec une cargaifon d'indigo , de café , de
bois de campeche , de gayac , d'huile de baleine
, & d'autres marchandifes, Cette prife eft eftimée
plus de trois cens mille livres,
Le fieur de Gouyen , commandant le Corfaire
la Ducheffe de Fitz- James , de Saint - Malo , s'eft
renda maître d'un Corfaire de Jerzey , armé de
8 canons & de 40 hommes d'équipage , qui eft ar
rivé à Cherbourg.
Le Groignard , autre Corfaire de Saint- Malo ,
a conduit dans le même port de Cherbourg un
Brigantin Anglois de 200 tonneaux , chargé de
charbon de terre.
Le Navire François le Polly , chargé de fucre
& de café , a été enlevé par le Corfaire le Moras ,
de Saint-Malo , à un Corfaire de Briſtol , qui s'en
étoit,emparé,
On mande de Saint-Jean- de-Luz , qu'il y eft
arrivé un Navire Anglois appellé la Priory , de
Pool, qui a pour chargement 930 quintaux de
1 iv
200 MERCURE DE FRANCE.
morues , & 28 demi-barriques d'huile de poiffon:
Ce Bâtiment a été pris par le Corfaire la Baſquaife
, de ce port.
Les Capitaines Rondemy & Jean Olive , com
mandans , l'un le Corfaire le Roi Gaſpard , de
Marſeille , l'autre la Barque la Marie Diligente ,
de Martigue , armée en guerre & en marchandi
fes , fe font rendus maîtres , le premier , du Corfaire
Anglois le Osborne , armé de 80 hommes
d'équipage , le fecond , du Senaw l'Anne Betine ,
chargé de chanvre & de graine de lin.
:
Par les lettres venues de Saint- Domingue , on
apprend que les Corfaires de cette ifle y ont conduit
foixante-deux Navires Anglois qui font fa
Goëlette , le Jean- de- Nancy ; an Bateau Hollandois
repris fur les Anglois ; le Bateau , la Fleur
de la mer; le Brigantin , le Severn ; le Bateau ',
le Guilleaume ; le Brigantin , le Poli ; un Corfaire
repris fur les Anglois ; le Brigantin , l'Elifan
beth ; le Corfaire , les Deux Freres ; la Goëlette ,
la Jeanne ; le Bateau , le Diamant ; le Brigan
tin , la Marie-Marthe ; la Goëlette , la Fortune ;
la Goëlette , la Charmante- Folie ; la Goëlette
te Roi Georges ; le Corfaire , la Revanche ; le Cor
faire , le George ; le Corfaire , la Tarte ; la Goë-
Jette , le Loup , avec un Bateau ; le Bateau , la
Marie-Jofeph ; le Navire , le Munety ; le Bateau- ,
Ja Charmante- Bedfy ; le Bateau , PAmitié ; le
Brigantin , le Roi Georges ; le Senaw , le Derfor ;
de Bateau , les Deux-Freres ; le Brigantin , l'Afritain
; la Goëlette , la Norwege ; le Brigantin ,
ta Suzanne ; la Goëlette , le Ringeard ; le Sela
Rebecca ; le Brigantin , du même nom ;
le Bateau , le Diamant ; le Senaw , le Grandifon
le Bateau , le Guillaume ; le Brigantin , le Jean
de Greenoeck ; la Goëlette , Lancop de Lencefter
t
naw ,
"
AVRIL 1758. 201
Je François ; le Brigantin , le Dauphin ; la Goëlette
, l'Anne; le Navire , le Cigne ; une Barque
repriſe fur les Anglois ; le Bateau , l'Hirondelle ;
le Bateau , le Thomas ; le Bateau , la Bonite ; le
Bateau , l'Efther; le Brigantin ; l'Ame ; le Prince-
Sauvage , Navire Negrier , de Bristol ; le Pa→
quebot , le Duc de Falmouth ; le Navire , le Sucès
; la Goëlette , la Pauline ; le Senaw , la Syrene;
le Navire , le Tanger ; le Senaw , le Succès
; le Navire , l'Ifabelle- Marie ; le Bateau , le
Thomas ; la Goëlette , le Saint Etienne ; le Bateau ,
le Dauphin & le Hardewichele Brigantin , l'Hi
Tondelle ; le Senaw , l'Unifé ; le Brigantia , PA
mable-Jeanne ; le Bateau , la Bonne- Aventure.
Tous ces Bâtimens avoient des cargaiſons confi
dérables , à l'exception des Corfaires.
Le fieur Canon , commandant la Frégate dis
Roi la Valeur , s'eft rendu maître du Corfaire
Anglois le Vernon , de Londres , armé de 12 canons
, 16 pierriers , & 43 hommes d'équipage ,
il l'a conduit à Dunkerque.
La Revanche , Corfaire de Dunkerque , commandé
par le Capitaine Monnier , s'eft emparé de
la Frégate Angloife la Van- Anna , de 200 tonneaux
, chargée de coton , d'huile d'olive , de raifins
& de bled. Cette prife a été conduite à Diep
pe. Le même Corfaire a rançonné pour 750 gui .
aées les Navires Anglois l'Anfon le William
dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais > a pris&
conduit dans ce port le Navire Anglois le Hellen ,
de Montroſe , ayant pour chargement 182 bar
ils de faumon.
Le Sloop Anglois la Providence , chargé de
grains , a été pris par le Corfaire le Villemur , de
Dieppe , qui l'a conduit au Havre.
I w
202 MERCURE DE FRANCE:
"
Il eft arrivé à Dieppe un Navire Anglois , dont
le Corfaire la Marquise de Leede , de Boulogne ,
s'eft emparé , & qui n'a pour chargement que des
pierres de taille plattes.
On apprend par des lettres écrites de Saint-Malo
, que le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de ce port , y a
conduit deux prifes : l'une eft le Navire Anglois le
Fantyn , de 220 tonneaux , chargé d'environ 200
boucauts de fucre , de 7 boucauts de café , de
gingembre , de bois de Campeche & de dents
d'Eléphant l'autre eft le Corfaire le Prince
Edouard , de Grenezey , ( ci- devant la Sauterelle
, de Breft , ) armé de 14 canons , & de 80 hommes
d'équipage.
Le Bateau le Georges , de Jerzey , chargé de
balots de bas , a été pris par le Corſaire l'Eclair
de Saint Malo , qui l'a fait conduire à Cherbourg.
Le Corfaire le Samfon , de Bayonne , s'eft rea-
'du maître du Corfaire le Keirke , de Grenezey ,
armé de 10 canons , 12 pierriers , & 45 hommes
d'équipage.
On mande du paffage qu'il y eft arrivé un Navire
Anglois qui a été pris par le Corfaire le La
bour , de Saint-Jean-de-Luz , & dont la cargai
fon confifte en 401. boucauts de fucre , 150 barriques
de vin de Madere , & autres marchandiſes.
Les Vaiffeaux la Compagnie des Indes & le Duc
de Bethune , venant des Indes Orientales richement
chargés , l'un en marchandiſes de la Chine
Pautre en marchandifes de la côte de Coromandel
& de Bengale , font arrivés au port de l'Orient
en. Bretagne les 10 & 12 de ce mois .
Le Vaiffeau la Compagnie des Indes , aux átté-
#ages des côtes de Bretagne , a été atteint par un
Corfaire Anglois de 14 canons , contre lequel il
AVRIL. 1758. 203
eft battu pendant plufieurs heures ; fa bonne contenance
a fait lâcher prife à ce Corfaire.
Le Vaiffeau le Duc de Bethune, a auffi été attaqué
à la hauteur de 40 degrés de latitude Nord ,
par un Corfaire Anglois de 30 canons de 10livres
de balle , & nonobftant la foibleffe de ce Vailfeau
, qui n'étoit monté que de 16 canons , il a
forcé le Corfaire Anglois de l'abandonner . Le
fieur Sainromain , qui le commandoit , a été bleffé
au bras de deux coups de feu , & il a eu huit hom
mes de fon équipage tués & plufieurs bleflés.
La Compagnie à reçu , par le Vaiffeau le Duc
de Béthune , la nouvelle de l'arrivée de plufieursde
fes vaiffeaux à Pondichery , où ils ont remis
les munitions & les fecours dont cette place pouvoit
avoir befoin.
écrit de Marfeille que le Capitaine Gaffin
de Martigues , de cette Ville , commandant le
Brigantin le Fameux , a fait dans les différentes
croifieres douze prifes qu'il a conduites à Cadix ,
à l'exception d'une feule qui lui a été enlevée.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs événements et nominations ont marqué la cour de France. Bernard de Boulinvilliers a été nommé Provôt et Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Une ordonnance royale du 1er février a augmenté les Volontaires du Dauphiné, portant leur effectif à quatre cent vingt hommes répartis en six compagnies. Le Marquis de Paulmy a démissionné de sa charge de Secrétaire d'État à la Guerre, remplacé par le Maréchal de Belle-Isle. Le Roi a réorganisé plusieurs régiments, nommant le Marquis de Talaru et le Duc de Mazarin à des postes clés. Le Marquis de Pons a obtenu l'agrément de Colonel en second du Régiment de Dragons d'Orléans. Le 7 mars, le Roi a passé en revue les régiments des Gardes Françaises et des Gardes Suisses en présence de la famille royale. Une ordonnance du 20 février a ordonné aux officiers des troupes en Allemagne de rejoindre leurs quartiers pour rassembler les recrues. Le Roi a nommé les Comtes de Bercheny et de Conflans Maréchaux de France, ainsi que plusieurs Lieutenants Généraux et Maréchaux de camp pour la campagne militaire. Par un édit, le Roi a créé dix nouvelles charges de Payeurs et de Contrôleurs des Rentes à l'Hôtel de Ville de Paris. À Toulouse, un incendie a détruit huit maisons sans faire de victimes. À Montpellier, les Pénitents Blancs ont célébré l'anniversaire de la fondation de leur compagnie, marquée par des cérémonies religieuses et la présence des États de la Province de Languedoc. En avril 1758, des corsaires français ont capturé plusieurs navires anglais et hollandais. Parmi les prises notables, on trouve un corsaire de Jersey armé de 8 canons et 40 hommes d'équipage à Cherbourg, un brigantin anglais de 200 tonneaux chargé de charbon, et divers autres navires chargés de marchandises variées comme du sucre, du café, des morues, et de l'huile de poisson. Les corsaires français ont également repris plusieurs navires anglais et hollandais qui avaient été capturés par les Anglais. À Saint-Domingue, les corsaires ont conduit soixante-deux navires anglais, principalement des goélettes et des brigantins. Des frégates et des corsaires français ont également pris des navires anglais dans divers ports comme Dunkerque, Dieppe, et Le Havre. Les vaisseaux de la Compagnie des Indes, le Duc de Béthune et un autre vaisseau, ont résisté avec succès à des attaques de corsaires anglais malgré leur infériorité en armement. Le Duc de Béthune a également apporté des nouvelles de l'arrivée de plusieurs vaisseaux à Pondichéry. Enfin, le capitaine Gaffin de Martigues a réalisé douze prises avec son brigantin le Fameux, les conduisant principalement à Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 210-212
MORTS.
Début :
Louis de Boissy, de l'Académie Françoise, que le grand nombre [...]
Mots clefs :
Louis de Boissy, Auteur du Mercure, Morts, Conseiller d'État, Comtes, Capitaine, Contes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Louis de Boiffy , de l'Académie Françoife ,
que le grand nombre de productions qu'il a mifes
au théâtre , ont rendu célebre , eft mort à Paris
le 19 Avril , âgé de foixante-trois ans 4 mois 24
jours . Il étoit né à Vic en Carladèz dans l'Auvergne
, le 26 novembre 1694 , de Pierre Boilly ,
Confeiller du Roi , Juge Prévôt du Carladèz ; &
de Marie- Félice de Comblat , fortie d'une famille
diftinguée de cette Province. La Cour l'avoit
choisi pour remplacer dans la compoſition du
Mercure de France , teu M. de la Bruere , qui en
avoit obtenu le privilege . Il en avoit été chargé
depuis le mois de Janvier 1755. Il avoit cru ne
pouvoir mieux répondre à l'honneur du choix
qu'on avoit fait de lui pour la direction de ce
Journal , qu'en s'occupant uniquement du travail
que comporte cet ouvrage périodique , qui étoit
devenu l'objet de toute fon application pendant
les dernieres années de fa vie. Il avoit apporté tous
fes foins à intéreffer le public à fa lecture , qu'il
avoit tâché de rendre également agréable & inftructive.
Ce que nous oferons feulement nous permettre
de remarquer à fa louange , c'eft qu'ils n'ont pas
paru avoir été infructueux. Le Mercure paffe actuellement
par brévet entre les mains de M. Marmontel
, dont les talens en divers genres de litté
rature , font affez connus pour n'avoir pas befoin
de nos éloges . Il nous fuffira de dire , que les
contes ingénieux dont il à enrichi ce recueil à
différentes fois , étoient autant de titres pour mériter
qu'on lui en confiât la rédaction . Il doit comJUIN.
1758.
21 P
mencer par le premier volume du mois d'Août.
Nous avertiffons que le Bureau du Mercure conti
nuera de fe tenir chez M. Lutton . C'eſt à lui qu'on
prie d'adreffer les piéces qu'on enverra pour être
inférées dans cet ouvrage.
Dame Marguerite Camille de Grimaldi de Monaco
, épouse de M. Louis de Gand de Merodes de
Montmorency , Prince d'Ifenghien , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
- Général de la Province d'Artois , & Gouverneur
des Ville & Citadelle d'Arras, eft morte à Paris, le
27 du mois d'Avril , âgée de cinquante- huit ans.
Dame Marie-Eléonore- Augufte de Bethune
époufe de Meffire Louis - Armand de Seigliere de
Belleforiere , Marquis de Soyecourt , Brigadier
3 des Armées du Roi , Meftre de Camp du Régiment
Dauphin Etranger , Cavalerie , eft décédée
le même jour à Paris , dans fa trente - deuzieme
année.
M. François de Cruffol d'Amboiſe , Archevêque
de Toulouſe , Abbé des Abbayes Royales de
Charroux , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de
Poitiers, & de Saint Germain , même Ordre, Diocèſe
d'Auxerre, eft mort à Paris , le 30 , âgé de cinquante-
cinq ans . Il avoit été nommé à l'Evêché
de Blois en 1734 , & à l'Archevêché de Toulouſe
en 1753.
Meffire René- Bertrand Pallu , Confeiller d'Etat,
Intendant Général des Claffes de la Marine , eft
mort à Paris, le deux de Mai , âgé de foixantefix
ans.
M. le Comte de la Queuille , Brigadier des Armées
du Roi , & Colonel du Régiment de Nice ,
Infanterie , mourut à Paris le 3.
Meffire Paul Sanguin , Marquis de Livry , premier
Maître d'Hôtel du Roi , & Capitaine des
212 MERCURE DE FRANCE.
Chaffes de la Capitainerie Royale de Livry & Bondi
, eft mort à Paris , le 16 , dans la quaranteneuvieme
année de fon âge.
Il est mort dans un des fauxbourgs de Vienne ,
une veuve nommée Catherine Lienhardt , âgée de
cent dix-huit ans.
Il est mort dans la Paroiffe de Saint Saturnin
au Diocèſe de Lodève , une fille appellée Marie
Granouillet , âgée de cent un ans.
La nommée Marie Miraffou , veuve d'un Laboureur
, eft morte dans la Paroiffe de Lagor ,
près d'Ortez en Bearn , le 18 Mars , âgée de cent
huit ans.
Louis de Boiffy , de l'Académie Françoife ,
que le grand nombre de productions qu'il a mifes
au théâtre , ont rendu célebre , eft mort à Paris
le 19 Avril , âgé de foixante-trois ans 4 mois 24
jours . Il étoit né à Vic en Carladèz dans l'Auvergne
, le 26 novembre 1694 , de Pierre Boilly ,
Confeiller du Roi , Juge Prévôt du Carladèz ; &
de Marie- Félice de Comblat , fortie d'une famille
diftinguée de cette Province. La Cour l'avoit
choisi pour remplacer dans la compoſition du
Mercure de France , teu M. de la Bruere , qui en
avoit obtenu le privilege . Il en avoit été chargé
depuis le mois de Janvier 1755. Il avoit cru ne
pouvoir mieux répondre à l'honneur du choix
qu'on avoit fait de lui pour la direction de ce
Journal , qu'en s'occupant uniquement du travail
que comporte cet ouvrage périodique , qui étoit
devenu l'objet de toute fon application pendant
les dernieres années de fa vie. Il avoit apporté tous
fes foins à intéreffer le public à fa lecture , qu'il
avoit tâché de rendre également agréable & inftructive.
Ce que nous oferons feulement nous permettre
de remarquer à fa louange , c'eft qu'ils n'ont pas
paru avoir été infructueux. Le Mercure paffe actuellement
par brévet entre les mains de M. Marmontel
, dont les talens en divers genres de litté
rature , font affez connus pour n'avoir pas befoin
de nos éloges . Il nous fuffira de dire , que les
contes ingénieux dont il à enrichi ce recueil à
différentes fois , étoient autant de titres pour mériter
qu'on lui en confiât la rédaction . Il doit comJUIN.
1758.
21 P
mencer par le premier volume du mois d'Août.
Nous avertiffons que le Bureau du Mercure conti
nuera de fe tenir chez M. Lutton . C'eſt à lui qu'on
prie d'adreffer les piéces qu'on enverra pour être
inférées dans cet ouvrage.
Dame Marguerite Camille de Grimaldi de Monaco
, épouse de M. Louis de Gand de Merodes de
Montmorency , Prince d'Ifenghien , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
- Général de la Province d'Artois , & Gouverneur
des Ville & Citadelle d'Arras, eft morte à Paris, le
27 du mois d'Avril , âgée de cinquante- huit ans.
Dame Marie-Eléonore- Augufte de Bethune
époufe de Meffire Louis - Armand de Seigliere de
Belleforiere , Marquis de Soyecourt , Brigadier
3 des Armées du Roi , Meftre de Camp du Régiment
Dauphin Etranger , Cavalerie , eft décédée
le même jour à Paris , dans fa trente - deuzieme
année.
M. François de Cruffol d'Amboiſe , Archevêque
de Toulouſe , Abbé des Abbayes Royales de
Charroux , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de
Poitiers, & de Saint Germain , même Ordre, Diocèſe
d'Auxerre, eft mort à Paris , le 30 , âgé de cinquante-
cinq ans . Il avoit été nommé à l'Evêché
de Blois en 1734 , & à l'Archevêché de Toulouſe
en 1753.
Meffire René- Bertrand Pallu , Confeiller d'Etat,
Intendant Général des Claffes de la Marine , eft
mort à Paris, le deux de Mai , âgé de foixantefix
ans.
M. le Comte de la Queuille , Brigadier des Armées
du Roi , & Colonel du Régiment de Nice ,
Infanterie , mourut à Paris le 3.
Meffire Paul Sanguin , Marquis de Livry , premier
Maître d'Hôtel du Roi , & Capitaine des
212 MERCURE DE FRANCE.
Chaffes de la Capitainerie Royale de Livry & Bondi
, eft mort à Paris , le 16 , dans la quaranteneuvieme
année de fon âge.
Il est mort dans un des fauxbourgs de Vienne ,
une veuve nommée Catherine Lienhardt , âgée de
cent dix-huit ans.
Il est mort dans la Paroiffe de Saint Saturnin
au Diocèſe de Lodève , une fille appellée Marie
Granouillet , âgée de cent un ans.
La nommée Marie Miraffou , veuve d'un Laboureur
, eft morte dans la Paroiffe de Lagor ,
près d'Ortez en Bearn , le 18 Mars , âgée de cent
huit ans.
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Résumé : MORTS.
En avril et mai 1758, plusieurs personnalités notables sont décédées à Paris et dans d'autres régions. Louis de Boiffy, membre de l'Académie Française, est mort le 19 avril à l'âge de soixante-trois ans. Né à Vic en Auvergne, il était connu pour ses œuvres théâtrales et dirigeait le Mercure de France depuis janvier 1755. Jean-François Marmontel lui a succédé à la direction du journal. Marguerite Camille de Grimaldi de Monaco, épouse du Prince d'Isenghien, est décédée le 27 avril à cinquante-huit ans. Le même jour, Marie-Éléonore-Auguste de Béthune, épouse du Marquis de Soyecourt, est morte à trente-deux ans. François de Crussol d'Amboise, Archevêque de Toulouse, est décédé le 30 avril à cinquante-cinq ans. René-Bertrand Pallu, Conseiller d'État et Intendant Général des Classes de la Marine, est mort le 2 mai à soixante-six ans. Le Comte de la Queuille, Brigadier des Armées du Roi, est décédé le 3 mai. Paul Sanguin, Marquis de Livry et premier Maître d'Hôtel du Roi, est mort le 16 mai à quarante-neuf ans. Le texte mentionne aussi le décès de personnes âgées : Catherine Lienhardt à Vienne à cent dix-huit ans, Marie Granouillet au Diocèse de Lodève à cent un ans, et Marie Miraffou en Béarn à cent huit ans.
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32
p. 167-168
De WARSOVIE, le 29 Août 1764.
Début :
La confédération du grand Duché de Lithuanie, a rendu contre [...]
Mots clefs :
Confédération, Grand-duché de Lituanie, Décret, Prince, Pertes, Comtes, Confiscation, Biens
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texteReconnaissance textuelle : De WARSOVIE, le 29 Août 1764.
De WARSOVIE , le 29 Août 1764.
La confédération du grand Duché de Lithua
nie , a rendu contre le Prince Radziwill , Palatin
de Wilna , un Décret par lequel ce Prince eft
déchu pour toujours de la qualité de Palatin ,
déclaré incapable d'exercer déformais aucun eme
ploi & dépouillé des biens des Ordinations de
Niefwicz & d'Ofyka, ainfi que de les autres biens
168 MERCURE DE FRANCE
la confédération a adjugé une partie au Cemte
de Flemming , grand Tréforier de Lithuanie , en
dédommagement des pertes qu'il a faites à Terefpol
; une autre partie aux Créanciers du Prince,
Radziwill , & le refte au plus jeune de fes frères ;
le même Décret exclut de toutes fonctions pendant
fix années , les deux Comtes Rzewuski , l'un
Enfeigne , & l'autre Sous- Pannetier de Lithuanie,
les autres adhérans de ce Prince , à l'exception
du Prince Wolokowic , dont la tête eft mife à
prix , & dont tous les biens font confifqués .
La confédération du grand Duché de Lithua
nie , a rendu contre le Prince Radziwill , Palatin
de Wilna , un Décret par lequel ce Prince eft
déchu pour toujours de la qualité de Palatin ,
déclaré incapable d'exercer déformais aucun eme
ploi & dépouillé des biens des Ordinations de
Niefwicz & d'Ofyka, ainfi que de les autres biens
168 MERCURE DE FRANCE
la confédération a adjugé une partie au Cemte
de Flemming , grand Tréforier de Lithuanie , en
dédommagement des pertes qu'il a faites à Terefpol
; une autre partie aux Créanciers du Prince,
Radziwill , & le refte au plus jeune de fes frères ;
le même Décret exclut de toutes fonctions pendant
fix années , les deux Comtes Rzewuski , l'un
Enfeigne , & l'autre Sous- Pannetier de Lithuanie,
les autres adhérans de ce Prince , à l'exception
du Prince Wolokowic , dont la tête eft mife à
prix , & dont tous les biens font confifqués .
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Résumé : De WARSOVIE, le 29 Août 1764.
Le 29 août 1764, la confédération du grand Duché de Lituanie a émis un décret contre le Prince Radziwill, le privant de son titre de Palatin et de ses fonctions publiques. Ses biens sont confisqués et redistribués au Comte de Flemming, aux créanciers et à son frère cadet. Les Comtes Rzewuski et autres partisans sont exclus des fonctions publiques pour six ans. Le Prince Wolokowic est mis à prix et ses biens confisqués.
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