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1
p. 6-20
Arrests & Déclarations, [titre d'après la table]
Début :
Comme ce Monarque travaille sans cesse pour le bien & [...]
Mots clefs :
Compagnie, Sujets, Commerce, Conseils, Royaume, Déclaration, Religion, Monarque, Marchandises, Articles, Étrangers, Articles, Ordonnances, Conseil d'État
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texteReconnaissance textuelle : Arrests & Déclarations, [titre d'après la table]
Comme ce Monarque travaille
fans ceffe pour le bien
GALANT.
7
>
& pour le repos de fes Sujets,
il ne fe paffe aucun mois où
l'on ne voye plufieurs de fes
Déclarations , & des Arrests
de fon Confeil d'Etat , à leur
avantage. Il a étably depuis
peu par une Déclaration , nne
Compagnie fous le Titre de
Compagnie de Guinée , qui fera
feule à l'exclufion de tous autres,
le Commerce des Négres , de la
Poudre d'or , & de toutes autres
Marchandifes
, qu'elle pourra
> traiter aux Coftes d'Afrique, depuis
la Riviere de Serre - Lionne
inclufivement jufques au Cap de
bonne Efpérance. Les premie
A. iiij
8 MERCURE
[
res lignes de cette Déclara
tion marquent mieux que je
ne pourrois faire , les bonnes
intentions qu'a Sa Majeſté de
faire du bien à fes Sujets.
Elles font conceues en ces
termes . Apres avoir heureuſement
finy tant de longues & de
diferentes Guerres , pendant le
cours defquelles Dieu a beny vifiblement
, & fait profperer nos
Armes , Nous nous fommes apliquez
à donner le repos à nos Peuples
, par les Traitez de Paix
de Tréve que Nous avons
faits avec les Princes & Etats
nos Voifins . Et comme dans la
[ A
GALANT.
(9
t
tranquilité dont jouit à préfent
noftre Royaume , rien ne peutfi
naturellement introduire l'abondance
, que le Commerce, Nous
avons réfolu d'en procurer par
toutes fortes de voyes l'augmentation
, notamment de celuy qui
fe fait dans les Païs éloignez
Ces lignes font affez con
noistre de quelle maniere le
Roy veille au bien de fon
Etat. En voicy d'autres qui
regardent les biens de la
Compagnie en particulier.
Appartiendront à ladite Compagnie
en pleine proprieté les
Terres qu'elle pourra occuper és
10 MERCURE
lieux , & pendant le temps de
fa conceffion , efquels Nous luy
permettons de faire tels Etablif
femens que bon luy femblera , y
conftruire des Forts pour fa fem
reté, y faire transporter des Ar
mes & Canons , # établir
des Commandans , nombre
d'Officiers & Soldats neceſſaires
pour affurerfon Commerce , tant
contre les Etrangers que les Naaurels
, auquel Effet Nous permettons
à la Compagnie de faire
avec les Roys , Négres , tous
Traitez de Commerce quelle avifera
, apres l'expiration du
Privilege par Nous prefenteGALANT.
II
>
que ladite ment accordé , Voulons
Compagnie puiffe difpofer de fes
Habitations , Armes Munitions
, ainfi que de fes autres Effets,
Meubles, Uftancilles, Marchandifes
& Vaiffeaux , comme
de chofes à elle appartenantes
,
en toute proprieté.
2
Le principal foin du Roy
eftant de faire fleurir la Re
ligion Catholique , cette mef
me Déclaration enferme l'Article
qui fuit , Ne pourra ladite
Compagnie employer ny donner
aucunes Commiffions qu'à des
Gens de la Religion Catholique
Apoftolique Romaine , & en
12 MERCURE
cas que ladire Compagnie faffe
quelques établissemens dans les
Pays de la prefente Conceffion,
elle fera obligée de faire paffer
le nombre de Preftres au Miffionnaires
nece ffaires pour l'in
Aruction & exercice de ladite
Religion , & donner les fecours
Spirituels à ceux quiy auront eſtê
envoyez.
De cet Article de Reli
gion , je paffe à une autre
Déclaration du Roy qui la
regarde . Elle eft , Pour la pu
nition des Miniftres de la Reli
gion Prétendue Réformée, qui
fouffrent dans les Temples des
GALANT 13
Perfonnes que le Roy a défendu
d'y admettre , pour l'interdi-
Etion defdits Temples. On y
contrevient fi fouvent , que
l'on ne peut eftre trop rigide
fur cet Article.
Il a auffi paru depuis peu
un Arreft du Confeil d'Etat,
Qui enjoint à tous ceux de la
Religion Prétenduë Réformée,
dont les Charges de Notaires
ont efté remplies de perfonnes
Catholiques
Minutes des Contracts , & autres
Actes , aux Greffes des Inftices
Royales des lieux où ils
étoient. Sans cette prévoyande
remettre les
14 MERCURE
ce du Roy , le Public auroit
fouffert un jour un notable
préjudice , parce qu'avec le
temps ces Minutes auroient
efté diverties ou égarées.
Cet Arreſt a esté ſuivy de
deux autres , tous deux pour
le foûlagement des Sujets de
Sa Majesté. Le premier a
pour Tître , Arrest du Confeil
d'Etat, portant interpretation de
celuy du
30. Decembre dernier,
སྙན
qui décharge du Droit de Fret
les Vaiffeaux étrangers qui
ameneront des Bleds dans le
Royaume. Le Roy par cet
Arreſt ſi judicieux , fait voir
L
GALANT. 15
que fes interefts luy font
moins chers que ceux de fon
Peuple , & donne lieu aux
Etrangers d'amener des Bleds
dans le Royaume. Une prée
le
a
voyance fi defintereffée, marque
mieux que toute chofe,
combien un Monarque eft
digne de commander. Voiilcyl'autre
Arreft dont je vous
ay parlé , il concerne le
Remboursement des Etapes qui
ono efté fournies aux Troupes quz
ont paffe dans les Provinces
Generalitez du Royaume , depuis
l'année 1676. jufques & compris
l'année 1685
16 MERCURE
On voit par cet Arreft que
ceux qui étoient chargez du
remboursement de ces Etapes
, n'ayant pas remboursé
plufieurs Communautez , &
Particuliers , Habitans qui
ont fouffert le Logement effectif
des Gens de Guerre,
& fourny les Etapes en ef
pece , ce qui leur à caufé un
préjudice confiderable , Sa
Majefté y pourvoit . On ne
doit plus s'étonner fi le Roy
entrant inceffamment dans
tout ce qui regarde le bien
& l'utilité de fes Sujets, pafle
les journées entieres à tra
vailler
a
L
GALANT. 17
vailler , ou feul , cu dans fes
Confeils.
Il a aufli paru depuis peu
un Arrest du Confeil d'Etat
qui ordonne , Que les Directeurs
du Domaine d'Occident,
reprefenteront inceffamment pardevant
Ms de Boucherat &
Puffort , Confeillers Ordinaires
au Confeil Royal , un état certifié
des Effets reftans de la Compagnie
des Indes Occidentales.
Tout ce que je pourrois dire
pour faire connoiftre com--
bien le Roy marque de bon--
té pour les Sujets par cet Ar
reft,le feroit beaucoup moins
Mars 1685,
"
B
18 MERCURE
1
que les paroles fuivantes
voir
du mefme Arreft . Et Sa Majesté
voulant eftre informée de la
quantité , & de la qualité des
Effets reftans à prefent , de ceux
laiffez en la dispofition defdits
Directeurs , tant dans les fles
qu'ailleurs , & prendre une connoiffance
particuliere de toutes
les Affaires de la Direction, comme
il a eftéfait pour les Compagnies
des Indes Orientales &
du Nord, & en confequence liquider
les pretentions des Creanciers
& Actionaires , qui demandent
le remboursement ,
mefme pourvoir audit rembour
GALANT. 191
S
fement , à ce qui fe trouvera
plus convenable pour l'augmentation
des Ifles Françoifes de
l'Amerique, & du Canada. Le
Roy étant en fon Confeil
donné, c...
apor-
Il vient auffi de paroiftreune
Déclaration du Roy concernant
la Compagnie des
Indes Orientales . Elle mar
que les grands foins que Sa
Majefté prend pour foûtenir
& faire fleurir fon Commerce ,,
afin de donner à fes Sujets
les occafions de négocier
dans les Pais les plus éloi--
gnez , d'acheter de la pre-
7
Bij
20 MERCURE
micre main les Marchandifes
qui viennent des Indes , &
qu'ils alloient prendre chez
les Etrangers voifins de ce
grand Royaume , & d'intraduire
mefme par le moyen
du Commerce la Religion
Chrétienne , inconnue pref
que dans tous ces Pais . Ja
mais Monarque s'eft- il appli
qué avec tant de prévoyance
& de bonté , à procurer l'a
bondance à les sujets , & à
augmenter la gloire de fon
Etat?
fans ceffe pour le bien
GALANT.
7
>
& pour le repos de fes Sujets,
il ne fe paffe aucun mois où
l'on ne voye plufieurs de fes
Déclarations , & des Arrests
de fon Confeil d'Etat , à leur
avantage. Il a étably depuis
peu par une Déclaration , nne
Compagnie fous le Titre de
Compagnie de Guinée , qui fera
feule à l'exclufion de tous autres,
le Commerce des Négres , de la
Poudre d'or , & de toutes autres
Marchandifes
, qu'elle pourra
> traiter aux Coftes d'Afrique, depuis
la Riviere de Serre - Lionne
inclufivement jufques au Cap de
bonne Efpérance. Les premie
A. iiij
8 MERCURE
[
res lignes de cette Déclara
tion marquent mieux que je
ne pourrois faire , les bonnes
intentions qu'a Sa Majeſté de
faire du bien à fes Sujets.
Elles font conceues en ces
termes . Apres avoir heureuſement
finy tant de longues & de
diferentes Guerres , pendant le
cours defquelles Dieu a beny vifiblement
, & fait profperer nos
Armes , Nous nous fommes apliquez
à donner le repos à nos Peuples
, par les Traitez de Paix
de Tréve que Nous avons
faits avec les Princes & Etats
nos Voifins . Et comme dans la
[ A
GALANT.
(9
t
tranquilité dont jouit à préfent
noftre Royaume , rien ne peutfi
naturellement introduire l'abondance
, que le Commerce, Nous
avons réfolu d'en procurer par
toutes fortes de voyes l'augmentation
, notamment de celuy qui
fe fait dans les Païs éloignez
Ces lignes font affez con
noistre de quelle maniere le
Roy veille au bien de fon
Etat. En voicy d'autres qui
regardent les biens de la
Compagnie en particulier.
Appartiendront à ladite Compagnie
en pleine proprieté les
Terres qu'elle pourra occuper és
10 MERCURE
lieux , & pendant le temps de
fa conceffion , efquels Nous luy
permettons de faire tels Etablif
femens que bon luy femblera , y
conftruire des Forts pour fa fem
reté, y faire transporter des Ar
mes & Canons , # établir
des Commandans , nombre
d'Officiers & Soldats neceſſaires
pour affurerfon Commerce , tant
contre les Etrangers que les Naaurels
, auquel Effet Nous permettons
à la Compagnie de faire
avec les Roys , Négres , tous
Traitez de Commerce quelle avifera
, apres l'expiration du
Privilege par Nous prefenteGALANT.
II
>
que ladite ment accordé , Voulons
Compagnie puiffe difpofer de fes
Habitations , Armes Munitions
, ainfi que de fes autres Effets,
Meubles, Uftancilles, Marchandifes
& Vaiffeaux , comme
de chofes à elle appartenantes
,
en toute proprieté.
2
Le principal foin du Roy
eftant de faire fleurir la Re
ligion Catholique , cette mef
me Déclaration enferme l'Article
qui fuit , Ne pourra ladite
Compagnie employer ny donner
aucunes Commiffions qu'à des
Gens de la Religion Catholique
Apoftolique Romaine , & en
12 MERCURE
cas que ladire Compagnie faffe
quelques établissemens dans les
Pays de la prefente Conceffion,
elle fera obligée de faire paffer
le nombre de Preftres au Miffionnaires
nece ffaires pour l'in
Aruction & exercice de ladite
Religion , & donner les fecours
Spirituels à ceux quiy auront eſtê
envoyez.
De cet Article de Reli
gion , je paffe à une autre
Déclaration du Roy qui la
regarde . Elle eft , Pour la pu
nition des Miniftres de la Reli
gion Prétendue Réformée, qui
fouffrent dans les Temples des
GALANT 13
Perfonnes que le Roy a défendu
d'y admettre , pour l'interdi-
Etion defdits Temples. On y
contrevient fi fouvent , que
l'on ne peut eftre trop rigide
fur cet Article.
Il a auffi paru depuis peu
un Arreft du Confeil d'Etat,
Qui enjoint à tous ceux de la
Religion Prétenduë Réformée,
dont les Charges de Notaires
ont efté remplies de perfonnes
Catholiques
Minutes des Contracts , & autres
Actes , aux Greffes des Inftices
Royales des lieux où ils
étoient. Sans cette prévoyande
remettre les
14 MERCURE
ce du Roy , le Public auroit
fouffert un jour un notable
préjudice , parce qu'avec le
temps ces Minutes auroient
efté diverties ou égarées.
Cet Arreſt a esté ſuivy de
deux autres , tous deux pour
le foûlagement des Sujets de
Sa Majesté. Le premier a
pour Tître , Arrest du Confeil
d'Etat, portant interpretation de
celuy du
30. Decembre dernier,
སྙན
qui décharge du Droit de Fret
les Vaiffeaux étrangers qui
ameneront des Bleds dans le
Royaume. Le Roy par cet
Arreſt ſi judicieux , fait voir
L
GALANT. 15
que fes interefts luy font
moins chers que ceux de fon
Peuple , & donne lieu aux
Etrangers d'amener des Bleds
dans le Royaume. Une prée
le
a
voyance fi defintereffée, marque
mieux que toute chofe,
combien un Monarque eft
digne de commander. Voiilcyl'autre
Arreft dont je vous
ay parlé , il concerne le
Remboursement des Etapes qui
ono efté fournies aux Troupes quz
ont paffe dans les Provinces
Generalitez du Royaume , depuis
l'année 1676. jufques & compris
l'année 1685
16 MERCURE
On voit par cet Arreft que
ceux qui étoient chargez du
remboursement de ces Etapes
, n'ayant pas remboursé
plufieurs Communautez , &
Particuliers , Habitans qui
ont fouffert le Logement effectif
des Gens de Guerre,
& fourny les Etapes en ef
pece , ce qui leur à caufé un
préjudice confiderable , Sa
Majefté y pourvoit . On ne
doit plus s'étonner fi le Roy
entrant inceffamment dans
tout ce qui regarde le bien
& l'utilité de fes Sujets, pafle
les journées entieres à tra
vailler
a
L
GALANT. 17
vailler , ou feul , cu dans fes
Confeils.
Il a aufli paru depuis peu
un Arrest du Confeil d'Etat
qui ordonne , Que les Directeurs
du Domaine d'Occident,
reprefenteront inceffamment pardevant
Ms de Boucherat &
Puffort , Confeillers Ordinaires
au Confeil Royal , un état certifié
des Effets reftans de la Compagnie
des Indes Occidentales.
Tout ce que je pourrois dire
pour faire connoiftre com--
bien le Roy marque de bon--
té pour les Sujets par cet Ar
reft,le feroit beaucoup moins
Mars 1685,
"
B
18 MERCURE
1
que les paroles fuivantes
voir
du mefme Arreft . Et Sa Majesté
voulant eftre informée de la
quantité , & de la qualité des
Effets reftans à prefent , de ceux
laiffez en la dispofition defdits
Directeurs , tant dans les fles
qu'ailleurs , & prendre une connoiffance
particuliere de toutes
les Affaires de la Direction, comme
il a eftéfait pour les Compagnies
des Indes Orientales &
du Nord, & en confequence liquider
les pretentions des Creanciers
& Actionaires , qui demandent
le remboursement ,
mefme pourvoir audit rembour
GALANT. 191
S
fement , à ce qui fe trouvera
plus convenable pour l'augmentation
des Ifles Françoifes de
l'Amerique, & du Canada. Le
Roy étant en fon Confeil
donné, c...
apor-
Il vient auffi de paroiftreune
Déclaration du Roy concernant
la Compagnie des
Indes Orientales . Elle mar
que les grands foins que Sa
Majefté prend pour foûtenir
& faire fleurir fon Commerce ,,
afin de donner à fes Sujets
les occafions de négocier
dans les Pais les plus éloi--
gnez , d'acheter de la pre-
7
Bij
20 MERCURE
micre main les Marchandifes
qui viennent des Indes , &
qu'ils alloient prendre chez
les Etrangers voifins de ce
grand Royaume , & d'intraduire
mefme par le moyen
du Commerce la Religion
Chrétienne , inconnue pref
que dans tous ces Pais . Ja
mais Monarque s'eft- il appli
qué avec tant de prévoyance
& de bonté , à procurer l'a
bondance à les sujets , & à
augmenter la gloire de fon
Etat?
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Résumé : Arrests & Déclarations, [titre d'après la table]
Le texte relate les actions du monarque en faveur du bien-être de ses sujets et du développement du commerce. Le roi a fondé la Compagnie de Guinée, qui détient le monopole du commerce des esclaves, de la poudre d'or et d'autres marchandises sur la côte africaine, depuis la rivière de Serre-Lionne jusqu'au Cap de Bonne-Espérance. Cette initiative vise à augmenter le commerce et à procurer l'abondance dans le royaume. La compagnie est autorisée à occuper des terres, construire des forts, et établir des commandants et des soldats pour assurer sa sécurité. Le roi insiste également sur l'emploi exclusif de catholiques au sein de la compagnie et sur l'établissement de missionnaires pour propager la religion catholique. Le texte mentionne plusieurs déclarations et arrêts du Conseil d'État visant à punir les ministres de la religion prétendue réformée et à protéger les intérêts des sujets du roi. Par exemple, un arrêt oblige les protestants à remettre les minutes des contrats aux greffes des instances royales. Un autre arrêt exonère de droits de fret les navires étrangers apportant des céréales, facilitant ainsi l'importation de blé. Un autre arrêt prévoit le remboursement des étapes fournies aux troupes depuis 1676. Enfin, un arrêt concerne la liquidation des effets restants de la Compagnie des Indes Occidentales pour rembourser les créanciers et actionnaires, et pour augmenter les îles françaises d'Amérique et du Canada. Le roi montre ainsi une grande sollicitude pour le bien-être de ses sujets et pour le développement du commerce et de la religion catholique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1-70
ETAT Du Gouvernement, des Moeurs, de la Religion, & du Commerce du Royaume de Siam, dans les pays voisins, & plusieurs autres particularités.
Début :
TOUS les jours les Mandarins qui sont destinez pour rendre [...]
Mots clefs :
Roi de Siam, Royaume, Ambassadeur, Siamois, Argent, Commerce, Nation, Chine, Manière, Marchandises, Officiers, Femmes, Fille, Pays, Étrangers, Terre, Talpoins, Corps, Ville, Fruit, Mandarins, Palais, Éléphants, Pagodes, Ministres, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ETAT Du Gouvernement, des Moeurs, de la Religion, & du Commerce du Royaume de Siam, dans les pays voisins, & plusieurs autres particularités.
ETAT
Du Gouvernement , des
Moeurs, de la Religion ,
& du Commerce du
Royaume de Siam, dans
les pays voisins , &plufieurs
autres particularités.
OUS les jours les
Mandarins qui font
deſtinez pour rendre
la juſtice s'aſſemblent
dans une falle où ils
donnent audiance , c'eſt comme
1a Cour du Palais à Paris ,& elle
2 RELATION
eſt dans le Palais du Roy , où
ceux qui ont quelque requête à
preſenter ſe tiennent à la porte
juſqu'à ce qu'on les appellé , &
quand on le fait ils entrent leur
requête à la main & la prefentent.
Les Etrangers qui intentent
procés au ſujet des marchandiſes,
la preſentent au Barcalon , c'eſt
le premier Miniſtre du Roy ,
qui juge toutes les affaires concernant
les Marchands & les
Etrangers ; en ſon abſence , c'eſt
ſon Lieutenant , & en l'absence
des deux , une maniere d'Eſche
wins. Il y a un Officier prépoſé
pour les tailles & tributs auquel
on s'adreſſe , & ainſi des autres
Officiers. Aprés que les affaires
font difcutées on les fait ſçavoir
aux Officiers du dedans du Palais
, qui en avertiſſent le Roy
eſtant lors ſur un Trône élevé
DU VOYAGE DE SIAM . 3
de trois braffes , tous les Mandarins
ſe proſternent la face contre
terre , & le Barcalon ou autres
des premiers Oyas , rapportent
au Roy les affaires & leurs jugemens
, il les confirme , ou il les
change ſuivant ſa volonté , c'eſt
à l'égard des principaux procés ,
& tres- ſouvent il ſe fait apporter
les procés au dedans du Palais
, & leur envoye ſon jugementpar
écrit.
Le Roy eſt tres- abſolu , on diroit
quaſi qu'il eſt le Dieu des
Siamois , ils n'ofent pas l'appeller
de ſon nom. Il châtie tres-feverement
le moindre crime ; car
ſes Sujets veulent eſtre gouvernez
la verge à la main , il ſeſert même
quelquefois des Soldats de ſa
garde pour punir les coupables
quand leur crime eſt extraordinaire
& fuffisamment prouvé.
Ceux qui font ordinairement ema
ij
4 RELATION
ployez ces fortes d'executions
font 150. Soldats ou environ qui
ont les bras peints depuis l'épaule
juſqu'au poignet ; les châtimens
ordinaires ſont des coups
de rottes , trente, quarante , cinquante
& plus , ſur les épaules des
criminels , felon la grandeur du
crime , aux autres il fait piquer
la tête avec un fer pointu : à l'égard
des complices d'un crime
digne de mort , aprés avoir fait
couper la tête au veritable criminel
, il la fait attacher au col
du complice , & on la laiſſe pourir
expoſée au Soleil fans couvrir
la tête pendant trois jours
&trois nuits , ce qui cauſe à celui
qui la porteune grande puantour,
Dans ce Royaume , la peine
du talion eſt fort en uſage , le
dernier des fupplices eſtoit , il n'y
a pas long-temps, de les condamDU
VOYAGE DE SIAM. یک
ner à la Riviere , qui eſt proprement
comme nos Forçats de Galere
, & encorepis ; mais maintenant
on les punit de mort. Le
Roy fait travailler plus qu'aucun
Roy de ſes predeceffeurs, en bâ
timens , à reparer les murs des
Villes , à édifier des Pagodes , à
embellir fon Palais , à bâtir des
Maiſons pour les Etrangers , & à
conſtruire des Navires à l'Euro .
peane , il eſt fort favorable aux
Etrangers , il en a beaucoup à
fon ſervice,& en prend quand il
en trouve .
Les Roys de Siam n'avoient'
pas accoûtumé de ſe faire voir
auſſi ſouvent que celui-cy. Ils
vivoient preſque ſeuls , celuy
d'apreſent vivoit comme les autres
: mais Monfieur de Berithe
Vicaire Apoftolique , s'eſtant ſer
vi d'un certain Brame , qui faifant
le plaiſant avoit beaucoup
1
a iij
6 RELATION
de liberté de parler à ce Monarque
, trouva le moyen de faire
connoître à ce Prince , la puif
fance & la maniere de gouverner
de nôtre grand Roy , & en même
temps les coûtumes de tous
les Roys d'Europe , de ſe faire
voir à leurs Sujets & aux Etrangers
; de maniere qu'ayant un
auffi grand ſens que je l'ay déja
remarqué , il jugea à propos de
voir Monfieur de Berithe , & enfuite
pluſieurs autres ; depuis ce
temps- là il s'eſt rendu affable &
acceſſible à tous les Etrangers.
On appelle ceux qui rendent la
justice ſuivant leurs differentes
fonctions , Oyas Obrat , Oyas
Momrat , Oyas Campheng, Oyas
Ricchou , Oyas Shaynan , Opran,
Oluan ; Oeun , Omun .
Comme autrefois les Roys ne
ſe faisoient point voir , les Miniftres
faifoient ce qu'ils vouloient,
DU VOYAGE DE SIAM. 7
mais le Roy d'apreſent qui a un
tres-grand jugement , & eſt un
grand Politique,veut ſçavoir tout;
il a attaché auprés de luy le Sei
gneur Conftans dont j'ay déja
parlé diverſes fois , il eſt Grec
de nation , d'une grande penetration
, & vivacité d'eſprit
&d'une prudence toute extraordinaire
, il peut & fait tout
fous l'autorité du Roy dans le
Royaume , mais ce Miniſtre n'a
jamais voulu accepter aucune des
premieres Charges que leRoyluy
a fait offrir pluſieurs fois. Le Barcalon
qui mourut ily a deux ans ,&
qui par le droit de ſa Charge
avoit le gouvernement de toutes
les affaires del'Etat , eſtoit homme
d'un tres-grand eſprit , qui
gouvernoit fort bien , & fe faifoit
fort aimer , celuy quiluy fucce
da eſtoit Malais de nation, qui eft
un pays voiſin de Siam , il ſe fera
iiij
8 RELATION
vit de Monfieur Baron , Anglois.
de nation , pour mettre mal Monſieur
Conftans dans l'eſprit du
Roy , & le luy rendre ſuſpect ,
mais le Roy reconnut ſa malice ,
il le fit battre juſqu'à le laiſſer
pour mort , & le dépoſſeda de ſa
Charge , celui qui l'occupe preſentement
vit dans une grande
intelligence avec Monfieur Conſtans
.
Comme par les loix introduites
par les Sacrificateurs des Idoles
qu'on nomme Talapoins , il
n'eſt pas permis de tuer , on condamnoit
autrefois les grands criminels
ou à la chaîne pour leur
vie , ou à les jetter dans quelques
deferts pout y mourir de faim ;
mais le Roy d'apreſent leur fait
maintenant trancher la teſte &
les livre aux Elephans .
Le Roy a des Eſpions pour
ſcavoir ſi on luy cache quelque
DU VOYAGE DE SIAM .
choſe d'importance , il fait châtier
tres - rigoureuſement ceux qui
abuſent de leur autorité . Chaque
Nation étrangere établie dans le
Royaume de Siam a ſes Officiers
particuliers , & le Roy prend de
toutes ces Nations- là des gens
qu'il fait Officiers generaux pour
tout ſon Royaume. Il y a dans
fon Etat beaucoup de Chinois ,
& il y avoit autrefois beaucoup
de Maures ; mais les années pafſées
il découvrit de ſi noires trahiſons
, des concuffions & des
tromperies ſi grandes dans ceux
de cette nation , qu'il en a obligé
un fort grand nombre à déferter
, & à s'en aller en d'autres.
Royaumes.
Le commerce des Marchands
Etrangers y eſtoit autrefois tresbon
, on y en trouvoit de toutes
parts ; mais depuis quelques années
,les diverſes revolutions qui
ΟΙ RELATION
font arrivées à la Chine , au Japon
& dans les Indes , ont empeſché
les Marchands Etrangers
de venir en ſi grand nombre.
On eſpere neanmoins, que puif
que tousces troubles font appaiſez
, le commerce recommencera
comme auparavant , & que le
Roy de Siam par le moyen de fon
Miniſtre envoyera fes Vaiſſeaux
pour aller prendre les Marchandi
ſes les plus precieuſes , & les
plus rares de tous les Royaumes
d'Orient,&remettra toutes chofes
en leur premier & fleuriſſant état.
Ils font la guerre d'une maniere
bien differente de celle de la plûpart
des autres nations , c'eſt à
dire à pouſſer leurs ennemis hors
de leurs places ſans pourtant
leur faire d'autre mal que de les
rendre eſclaves , & s'ils portent
des armes , c'eſt ce ſemble plûtôt
pour leur faire peur en les tirant
,
DU VOYAGE DE SIAM. II
contre terre , ou en l'air, que pour
les tuër , & s'ils le font c'eſt tout
au plus pour ſe deffendre dans la
neceſſité ; mais cette neceſſité
de tuër arrive rarement parce
que prefque tous leurs ennenemis
qui en uſent comme eux,ne
tendent qu'aux mêmes fins . Il ya
des Compagnies & des Regimens
qui ſe détachentde l'arméependát
la nuit,&vont enlever tous leshabitans
des Villages ennemis , &
font marcher hommes, femmes &
enfans que l'on fait eſclaves , &
le Roy leur donne des terres&
des bufles pour les labourer , &
quand le Roy en a beſoin il s'en
fert. Ces dernieres années , le
Roi a fait la guerre contre les
Cambogiens revoltez , aidez des
Chinois & Cochinchinois , où il
a fallu ſe battre tout de bon , & il
y a eu pluſieurs Soldats tuez de
part &d'autre ; il a eu pluſieurs
21 RELATION
Chefs d'Europeans qui les inſtrui
fent àcombattre en nôtre maniere .
Ils ont une continuelle guerre
contre ceux du Royaume de
Laos , qui eſt venuë , de ce qu'un
Maure tres-riche allant en ce
Royaume- là pour le compte du
Royde Siam,y reſta avec de grandes
ſommes , le Roy de Siam , le
demanda auRoy de Laos , mais
celui-cile luy refuſa, ce qui a obligé
le Roy de Siam de luydeclarer
la guerre.
Avant cette guerre ily avoit un
grand commerce entre leurs Etats,
& celuy de Siam en tiroit de
grands profits par l'extrême
quantité d'or , de muſc , de benjoüin
, de dents d'Elephant &
autres marchandiſes qui lui venoient
de Laos , en échange des
toiles & autres marchandiſes .
Le Roy de Siam a encore guerre
contre celui de Pegu ; il y a quanDU
VOYAGE DE SIAM . 13
tité d'Eſclaves de cette Nation .
Il y a pluſieurs Nations Etrangeres
dans ſon Royaume , les
Maures y estoient , comme j'ay
dit , en tres-grand nombre , mais
maintenant il y en a pluſieurs qui
font refugiez dans le Royaume
de Colconde, ils eſtoient au ſervice
du Roy , & ils luy ont emporté
plus de vingt mille catis , chaque
catis vallant cinquante écus , le
Roy de Siam écrivit au Roy de
Colconde de luy rendre ces perſonnes
ou de les obliger à luy
payer cette ſomme , mais le Roy
de Colconden'en voulutrien faire
, ny même écouter les Ambafſadeurs
qu'il luy envoya ; ce quia
fait que le Roy de Siam luy a
declaré la guerre & luy a pris
dans le tems que j'étois à Siam ,
un Navire dont la charge valloit
plus de centmille écus . Il y a fix
Fregates commandées par des
14
RELATION
François & des Anglois qui
croiſent ſur ſes côtes .
Depuis quelque temps l'Empereur
de la Chine a donné liberté
à tous les Etrangers de venir
negocier en ſon Royaume ;
cette liberté n'eſt donnée que
pour cinq ans , mais on efpere
qu'elle durera , puiſque c'eſt un
grand avatage pour ſon Royaume .
Ce Prince a grand nombre de
Malais dans ſon Royaume , ils
font Mahometans , & bons Soldats
, mais il y a quelque difference
de leur Religion à celle
des Maures. Les Pegovans font
dans ſon Etat preſque en auſſi
grande quantité queles Siamois
originaires du pays .
Les Laos y font en tres-grande
quantité , principalement vers
le Nort.
Il y a dans cet Etat huit ou neuf
familles de Portugais veritables ,
DU VOYAGE DE SIAM.
mais de ceux que l'on nomme
Meſties , plus de mille , c'eſt à dire
de ceux qui naiſſent d'un Portugais
& d'une Siamoiſe .
Les Hollandois n'y ont qu'une
facturie.
Les Anglois de même.
Les François de même.
Les Cochinchinois ſont environ
cent familles , la plupart
Chreftiens.
Parmy les Tonquinois ily en a
ſeptou huit familles Chrétiennes .
Les Malais y font en afſez grand
nombre,qui font la plupart eſclaves,&
qui par conſequent ne font
pointde corps .
Les Macaſſars & pluſieurs des
peuples de l'Iſle de Java y font
établis, de meſme que les Maures:
ſous le nom de ces derniers ſont
compris en ce pays- là, les Turcs,
les Perfans les Mogols les
Colcondois & ceux de Bengala .
, د
16 RELATION
Les Armeniens font un corps
à part , ils font quinze ou ſeize
familles toutes Chrétiennes , Catholiques
, la plupart ſont Cavaliers
de la garde du Roy.
A l'égard des moeurs des Siamois
ils font d'une grande docilité
qui procede plûtoſt de leur
naturel amoureux du repos que
de toute autre cauſe , c'eſt pourquoi
les Talapoins qui fontprofeffion
de cette apparente vertu ,
defendentpour cela de tuër toutes
fortes d'animaux ; cependant lorfque
tout autre qu'eux tuë des
poules & des canards , ils en mangentla
chair ſans s'informer qui
les a tués , ou pourquoi on les a
tués , & ainſi des autres animaux .
Les Siamois font ordinairement
chaſtes , ils n'ont qu'une femme ,
mais les riches comme les Mandarins
ont des Concubines , qui
demeurent enfermées toute leur
vie
DU VOYAGE DE SIAM. 17
vie. Le peuple eſt aſſez fidele &
ne volle point ; mais il n'en eft
pas de même de quelques-uns des
Mandarins , les Malais qui font
en tres-grand nombre dans ce
Royaume- là font tres- méchants
&grands voleurs .
Dans ce grand Royaume il y
a beaucoup de Pegovans qui
ont eſté pris en guerre , ils font
plus remuants que les Siamois
& font d'ordinaire plus vigoureux
, il y a parmy les femmes du
libertinage , leur converſation eft
perilleuſe.
Les Laos peuplent la quatriéme
partie du Royaume de Siam",
comme ils font à demy Chinois ,
ils tiennent de leur humeur , de
leur adreſſe& de l'inclination a
voller par fineſſe; leurs femmes
font blanches & belles , tres - familieres
& par confequent dangereuſes.
Dans le Royaume de
b
18 RELATION
Laos , un homme qui rencontre
une femme pour la falüer avec
la civilité accoûtumée , la baife
publiquement ; & s'il ne le faiſoit
pas il l'offenferoit .
Les Siamois tant Officiers que
Mandarins ſont ordinairement
riches , parce qu'ils ne dépenfent
preſque rien , le Roy leur
donnant des valets pour les fervir
, ces valets font obligez de ſe
nourir à leurs dépens, eſtant com--
me efclaves,ils font en obligation
de les ſervir pour rien pendant:
la moitié de l'année : & comme
cesMeſſieurs-làen ontbeaucoup,
ils ſe ſervent d'une partie pendant
que l'autre ſe repoſe ; mais
ceux qui ne les ſervent point:
leur payent une fomme tous les
ans , leurs vivres font à bon marché
, car ce n'eſt que duris , du
poiffon , & tres -peu de viande, &
tout cela eft en abondance dans
DU VOYAGE DE SIAM . 19
leur pays ; leurs vêtemens leur
fervent long- temps , ce ne font
que des pieces d'étoffes toutes
entieres qui ne s'uſent pas fi faci
lement que nos habits &ne coutent
que tres-peu : la plupart des
Siamois font Maſſons ou Charpentiers
, & il y en a de tres habiles,
imitant parfaitement bien les
beaux ouvrages de l'Europe en
Sculpture& en dorure. Pour ce
qui eſt de la peinture ils ne ſçavent
point s'en ſervir , il y a des
ouvrages en Sculpture dans leurs
Pagodes , & dans leurs Mauſolées
fort polis & tres-beaux.
Ils en font auſſi de tres -beaux
avec de la chaux , qu'ils détrempent
dans de l'eau qu'ils tirent de
l'écorce d'un arbre qu'on trouve
dans les Forefts , quilarend ſi forte,
qu'elle dure des cent& deux
cens ans , quoi qu'ils foient expoſés
aux injures du temps ..
bij
20 RELATION
1
i
1.
i
Leur Religion n'eſt à parler proprement
qu'un grand ramas
d'Hiſtoires fabuleuſes , qui ne
tend qu'à faire rendre des hommages
& deshonneurs auxTalapoins,
qui ne recommandent tant:
aucune vertu que celle de leur
faire l'aumône , ils ont des loix
qu'ils obfervent exactement au
moins dans l'exterieur ; leur fin
dans toutes leurs bonnes oeuvres
eſt l'eſperance d'une heureuſe
tranfmigration aprés leur mort ,
dans le corps d'un homme riche ,..
d'un Roy , d'un grand Seigneur
ou d'un animal docile , comme
font les Vaches & les Moutons :
car ces peuples-là croyent la Metempſicoſe
; ils eſtiment pour cette
raiſonbeaucoup ces animaux ,
&n'ofent, comme je l'ai déja dit,
en tuër aucun , craignant de donner
la mort à leur Pere ou à leur
Mere , ou à quelqu'un de leurs
DU VOYAGE DE SIAM . 2
parens . Ils croyent un enfer où les
énormes pechez ſont ſeverement .
punis , ſeulement pour quelque
temps , ainſi qu'un Paradis , dans
lequel les vertus fublimes ſont
recompenſées dans le Ciel , où aprés
eſtre devenus des Anges
pour quelque temps , ils retournent
dans quelque corps d'hom--
me ou d'animal .
L'occupation des Talapoins .
eſt de lire , dormir, manger, chan--
ter , & demander l'aumône ; de
cette forte , ils vont tous les matins
ſe preſenter devant la porte
ou balon des perſonnes qu'ils connoiffent
,&ſe tiennent-là unmométavecunegrande
modeſtie ſans
rien dire, tenant leur évantail , de
maniere qu'il leur couvre la moitié
du viſage , s'ils voyent qu'on ſe
diſpoſe àleur donner quelque choſe
, ils attendent juſqu'à ce qu'ils
l'ayent receuë ; ils mangent de
biij
22 RELATION
د
3
tout ce qu'on leur donne même
des poulles & autres viandes
mais ils ne boiventjamais de vin ,
au moins en prefence des gens du
monde; ils ne font point d'office
ny de prieres à aucune Divinité.
Les Siamois croyent qu'il y a eu
trois grands Talapoins , qui par
leurs merites tres-fublimes acquis
dans pluſieurs milliers de tranſmigrations
ſont devenus des Dieux ,
&aprés avoir eſté faits Dieux ,
ils ont encore acquis de ſi grands
merites qu'ils ont eſté tous aneantis
, ce qui eſt le terme du plus .
grand merite & la plus grande recompenſe
qu'on puiffe acquerir ,
pour n'eſtre plus fatigué en changeant
ſi ſouventde corps dans un
autre; le dernier de ces trois Ta--
lapoins eſt le plus grand Dieu appellé
Nacodon , parce qu'il a eſté
dans cinq mille corps , dans l'une
de ces tranfmigrations , de Talapoin
il devint vache , fon frere le
DU VOYAGE DE SIAM .
23
voulut tuër pluſieurs fois ; mais il
faudroit un gros livre pour décrire
les grands miracles qu'ils difent
que la nature& non pasDieu,
fit pour le proteger : enfin ce frere
fut precipité en Enfer pour ſes
grands pechez , où Nacodon le
fit crucifier ; c'eſt pour cette raifon
qu'ils ont en horreur l'Image
de Jeſus-Chriſt crucifié , diſant
que nous adorons l'Image de ce
frere de leur grand Dieu , qui
avoit eſté crucifié pour ſes crimes ..
CeNacodon eſtant doncaneanti,
il ne leur reſte plus de Dieu à
preſent , ſaloy ſubſiſte pourtant ;
mais ſeulement parmi les Talapoins
qui diſent qu'aprés quelques
fiecles il y aura un Ange qui
viendra ſe faire Talapoin ,& enfuite
Dieu Souverain , qui par ſes
grands merites pourra être anean
ti : voilà le fondement de leur
creance ; car il ne faut pas s'imaginer
qu'ils adorent les Idoles
24 RELATION
"
1
qui font dans leurs Pagodes comme
des Divinitez , mais ils leur
rendent ſeulement des honneurs'
comme à des hommes d'un grand
merite , dont l'ame eſt à preſent
en quelque Roy , vache ou Talapoin
: voilà en quoi conſiſte leur
Religion , qui à proprement parler
ne reconnoît aucun Dieu , &
qui n'attribuë toute la recompenſede
la vertu qu'à la vertumême ,
qui a par elle le pouvoir de rendre
heureux celuy dont elle fair
paſſer l'ame dans le corps de quelque
puiſſant & riche Seigneur
ou dans celuy de quelque vache ,
levice ,diſent-ils, porte avec ſoy
ſon châtiment , en faiſant paffer
l'ame dans le corps de quelque
méchant homme , de quelque
Pourceau , de quelque Corbeau ,
Tigre ou autre animal. Ils admetrent
des Anges , qu'ils croyent
eſtre les ames des juſtes & des
bons
2
L
L
DUVOYAGE DE SIAM. 25
bons Talapoins; pour ce qui eſt des
Demons , ils eſtiment qu'ils font
les ames des méchans .
Les Talapoins font tres-refpe-
Etés de tout le peuple , & même
du Roy, ils ne ſe profternent point
lorſqu'ils luy parlent comme le
font les plusgrands du Royaume ,
& le Roy & les grands Seigneurs
les ſaluënt les premiers ; lorſque
ces Talapoins remercient quelqu'un,
ils mettentla main proche
leur front , mais pour ce qui eſt du
petit peuple, ils ne le ſalüent point ;
leurs vêtemens ſont ſemblables à
ceux des Siamois ,àla referve que
la toile eſt jaune , ils font nuds
jambes & nuds pieds fans chapeau
, ils portent ſur leur tête un
évantail fait d'une fcüille de palme
fort grande pour ſe garantir
du Soleil , qui eſt fort brûlant ;
ils ne font qu'un veritable repas
par jour, à ſçavoir le matin , & ils
G
26 RELATION
ne mangent le ſoir que quelques
bananes ou quelques figues ou
d'autres fruits ; ils peuvent quitter
quand ils veulent l'habit de
Talapoin pour ſe marier , n'ayant
aucun engagement que celuy de
porter l'habit jaune , & quand ils
le quittentils deviennent libres ;
cela fait qu'ils font en ſi grand
nombre qu'ils font preſque le tiers
du Royaume de Siam . Ce qu'ils
chantent dans les Pagodes font
quelques Hiſtoires fabuleuſes.,
entremêlées de quelques Sentences;
celles qu'ils chantent pendant
les funerailles des Morts font ,
nous devons tous mourir , nous
ſommes tous mortels ; on brûle les
corps morts au ſon des muſettes
& autres Inſtrumens , on dépenſe
beaucoup à ces funerailles , &
aprés qu'on a brûlé les corps de
ceux qui font morts , l'on met
leurs cendres ſous de grandes piramides
toutes dorées , élevées à
DU VOYAGE DE SIAM. 27
l'entour de leur Pagodes. Les
Talapoins pratiquent une eſpece
de Confeſſion ; car les Novices
vont au Soleil levantſe proſterner
ou s'affeoir fur leurs talons & marmottent
quelques paroles , aprés
quoy le vieux Talapoin leve la
main à côté deſa joie & lui donne
une forte de benediction , aprés
laquelle le Novice ſe retire.
Quand ils prêchent, ils exhortent
de donner l'aumône au Talapoin ,
& ſe creyent fort ſçavants , lorfqu'ils
citent quelques paſſages
de leurs Livres anciens en Langue
Baly , qui eft comme le Latin
chez nous; cette Langue eſt tresbelle
& emphatique , elle a ſes
conjuguaiſons comme la Latine.
Lorſqueles Siamois veulent ſe
marier , les parens de l'homme
vont premierement ſonder la volontéde
ceux de la fille, & quand
ils ont fait leur accord entr'eux
cij
28 RELATION
les parens du garçon vont preſenter
ſept boſſettes ou boiſtes de
betel & d'arest à ceux de la fille ,
& quoy qu'ils les acceptent &
qu'on les regarde déja comme
mariez le mariage ſe peut rompre
, & on ne peut encore асси-
fer devant le Juge , ny les uns ny
les autres , s'ils le ſeparent aprés
cette ceremonie .
Quelques jours aprés les parens
de l'homme le vont preſenter , &
il offre luy-même plus de boſſettes
qu'auparavant ; l'ordinaire eft
qu'il y en ait dix ou quatorze ,
& lors celuy qui ſe marie demeure
dans la maiſon de ſon beaupere,
ſans pourtant qu'il y ait conſommation
, & ce n'eſt que pour
voir la fille & pour s'accoûtumer
peu à peu à vivre avec elle durant
un ou deux mois ; aprés cela
tous les parens s'aſſemblent
avec les plus anciens de la caſte
ou nation ; ils mettent dans une
DU VOYAGE DE SIAM. 2.9
bourſe, l'un un anneau & l'autre
des bracelets , l'autre de l'argent ,
il y en a d'autres qui mettentdes
pieces d'étoffes au milieu de la table
: enſuite le plus ancien prend
une bougie allumée & la paffe
ſept fois au tour de ces prefens,
pendant que toute l'aſſemblée
crie en ſouhaitant aux Epoux un
heureux mariage , une parfaite
ſanté &une longue vie , ils mangent
& boivent enfuite , & voilà
le mariage achevé. Pour le dot
c'eſt comme en France , finon
que les parens du garçon portent
ſon argent aux parens de la fille ,
mais tout cela revient à un ; car
le dot de la fille eſt auſſi mis à
part , & tout eſt donné aux nouveaux
mariez pour le faire valoir.
Si le mary repudie ſa femme ſans
forme de Juſtice , it perd l'argent
qu'onluy a donné, s'illarepudie
par Sentence de Juge , qui
č iij
30
RELATION
ne la refuſe jamais, les parensde
la fille luy rendent ſon bien ; s'il
y a des enfans , ſi c'eſt un garçon
ou une fille , le garçon fuit la mere
, & la fille le pere , s'il y a deux
garçons & deux filles , un garçon
&une fille vont avec le pere, &
un garçon & une fille vont avec
lamere.
,
Al'égarddes monnoyes ilsn'en
ontpoint d'or , la plus groſſe d'argent
s'appelle tical , & vaut environ
quarante ſols , la ſeconde
mayon qui péſe la quatriéme partie
d'un tical , & vaux dix fols
la troiſieme eſt un foüen , qui
vaut cinq ſols , la quatriéme eſt
un fontpaye qui vaut deux fols
&demy, enfin les plus baſſes monnoyes
font les coris qui font des
coquillages que les Hollandois
leur portent des Maldives , ouυ
qui leur viennent des Malais &
des Cochinchinois ou d'autres
DU VOYAGE DE SIAM. 31
côtez , donthuit cens valent un
fouën qui eſt cinq fols .
le
Al'égard des Places fortes dur
Royaume , il ya Bancoc qui eft
environ dix lieuës dans la Riviere
de Siam , où il y a deux Forterefſes
, comme j'ay déja dit. Il y a la
Ville Capitale nommée Juthia ,
autrement nommée Siam , qu'on
fortifie de nouveau par une enceinte
de murailles de bricque ;
Corfuma frontiere contre
Royaume de Camboye eſt peu
forte; Tanaferin à l'oppoſite de la
côte de Malabar eft peu fortifiée .
Merequi n'eſt pas fortifiée, mais
ſe pouroit fortifier , & on y pouroit
faire un bon Port. Porcelut
frontiere de Laos eſt auſſi peu
fortifiée . Chenat n'a que le nom
de Ville , & il reſte quelque apparence
de barrieres , qui autrefois
faifoient fon mur. Louvo où
le Roy demeure neuf mois de
c iiij
32 RELATION
l'année , pour prendre le plaiſir
de la chaſſe del'Elephant & du
Tygre , étoit autrefois un aſſem-
Blage de Pagodes entouré de
terraffes , mais à preſent le Roy
l'arendu incomparablement plus
beau par les Edifices qu'il y fait
faire , & quant au Palais qu'il ya
it l'a extrêmement embelli par les
caux qu'il y fait venir des Montagnes.
Patang eſt un Port des plus
beaux du côté des Malais , où
l'on peut faire grand commerce.
LeRoy de Siam a refuſé aux Compagnies
Angloiſes & Hollandoiſes
de s'y établir : l'on y pourroit
faire un grand établiſſement qui
feroit plus avantageux que Siam
àcausede la ſituation du lieu ; les
Chinois y vont& pluſieurs autres
Nations , on peut s'y fortifier aifément
fur le bord de la Riviere .
CettePlace appartient àune Rey
DU VOYAGE DE SIAM. 33
nequi eſt tributaire du Roy de
Siam , qui à parler proprement en
eſt quaſi le maître .
Quant à leurs Soldats ce n'étoit
point lacoûtume de les payer;
le Roy d'apreſent ayant ouy dire
que les Roys d'Europe payoient
leurs troupes , voulut faire la ſupputationà
combien monteroit la
paye d'un foüen par jour , qui eſt
cinq fols ; mais les Controlleurs
luy firent voir qu'il falloit des
ſommes immenfes , à cauſe de la
multitude de ſes Soldats , de forte
qu'il changea cette paye en ris
qu'il leur fait diſtribuer , du depuis
, il y en a ſuffisamment pour
Ieurs nourritures, &cela lesrend
tres- contens ; car autrefois il falloit
que chaque Soldat ſe fournit
de ris , & qu'il le portât avec ſes
armes, ce qui leur peſoitbeaucoup .
A l'égard de leurs Bâteaux &
Vaiſſeaux , leurs Balons d'Etat ou
34
RELATION
Bâteaux que nous appellons font
les plus beauxdu monde; ils font
d'un ſeul arbre , &d'une longueur
prodigieuſe , il y ena qui tiennent
cinquante juſqu'à cent & cent
quatre-vingt rameurs ; les deux
pointes font tres- relevées , & celuy
qui les gouverne donnant du
pied ſur lapoupefait branler tout
le Balon , & l'on diroit que c'eſt
un Cheval qui ſaute,touty eft doré
avec des Sculptures tres- belles
, & au milieu il y a un Siege
fait en forme de Trône en piramide
, d'une Sculpture tres- belle
& toute dorée , & il y en a de
plus de cent ornemens differents,
mais tous bien dorez &tres-beaux.
Autrefois ils n'avoient que des
Navires faits comme ceux de la
Chine , qu'on nomme Somme ; il
y ena encore pour aller auJapon,
à la Chine , à Tonquin ; mais le
Roy a fait faire pluſieurs Vaif-
1
DU VOYAGE DE SIAM. 35
feaux à l'Europeenne , & en a
acheté des Anglois quelques-uns,
tous agréés & appareillés . Il y a
environ cinquante Galeres pour
garder la Riviere & la côte ; ſes
Galeres ne font pas comme ceux
de France , il n'y a qu'un homme
àchâque Rame , & font environ
quarante ou cinquante au plus fur
chacune ; les Rameurs fervent de
Soldats , le Royne ſe ſert que des
Mores , des Chinois&des Malabars
pour naviger , & s'il y met
quelque Siamois pour Matelots,
cen'eſt qu'en petit nombre,& afin
qu'ils apprennent la navigation.
LesCommandants de ſes Navires
font Anglois ou François , parce
que les autres Nations font tresméchants
navigateurs .
Il envoye tous les ans cinq ou
fix de ces Vaiſſeaux appellez
Sommes à la Chine , dont il y en
a de mille juſqu'à quinze cens
36 RELATION
Tonneaux chargés de quelques
draps , corail , de diverſes marchandiſes
de la côte de Coromandel
& de Suratte , du ſalpêtre , de
l'étain &de l'argent; il en tire des
ſoyes cruës , des étoffes de ſoye ,
des ſatin's de Thé , dumufc , de la
rubarbe , des poureelines , des
ouvrages vernis , du bois de la
Chine , de l'or , & des rubis . Ils
ſe ſervent de pluſieurs racines
pour la Medecine , entr'autres de
la couproſe , ce qui leur apporte
de grands profits .
Le Roy envoye au Japon deux
ou trois Sommes , mais plus petites
que les autres , chargées des
mêmes marchandises , & il n'eſt
pas neceſſaire d'y envoyer de
l'argent ; les marchandiſes que
L'ony porte ſont des moindres ,
&au meilleur marché , les cuirs
de toutes fortes d'animaux y font
bons , & c'eſt la meilleure marDU
VOYAGE DE SIAM. 37
chandiſe que l'on y peut porter ;
on en tire de l'or , de l'argent en
barre , du cuivre rouge , toutes
fortes d'ouvrages d'Orphevrerie ,
des paravants , des Cabinets vernis
,des porcelines , du Thé &
autres choſes ; il en envoye quelquefois
un , deux & trois au
Tonquin de deux à trois cent tonneaux
au plus , avec des draps ,
de corail , de l'Etain , de l'Ivoire ,
du poivre , du ſalpêtre , du bois
de ſapin, & quelques autres marchandiſes
des Indes & de l'argent
au moins le tiers du capital,
on en tire du muſc , des étoffes
de ſoye , de la ſoye crüe , & jaune,
des Camelots , de pluſieurs fortes
de ſatins , du velours , toutes fortes
de bois vernis , des porcelines
propres pour les Indes , & de l'ar
-en barre , à Macao , le Roy envoye
un Navire au plus chargé
de pareilles Marchandiſes qu'à la
38
RELATION
•
Chine. On y peut encore envoyer
quelque mercerie , des dentelles
d'or , d'argent & de foye & des
armes , on en tire des mêmes
marchandiſes que de la Chine ,
mais pas à ſi bon compte.
A Labs le commerce ſe fait par
terre ou par la Riviere , ayant des
bâteaux plats , on y envoye des
draps & des toiles de Surate , &
de la côte , & on en tire des rubis
, du muſc , de la gomme ,
des dents d'Elephans, du Canfre ,
des cornes de Rinocerot , des
peaux de Buffes & d'Elans , à
tres-bon marché , & il y a grand
profit à ce commerce que l'on
fait ſans riſque.
ACamboye on envoye des petites
barques avec quelques draps,
des toiles de Surate & de la côte,
des uſtenciles de cuiſine qui viennent
de la Chine , on en tire des
dents d'Elephans , du benjoüin ,
DU VOYAGE DE SIAM. 39
trois fortes de gomes gutte , des
peaux de Buffes , & d'Elans , des
nids d'oiſeaux pour la Chine dont
je parleray bien- toft & des nerfs
de Cerfs .
On envoye auſſi à la Cochinchine
, mais rarement : car de peuple
n'eſt pas bien traitable , parce
qu'ils font la plupart de méchante
foy , ce qui empéche le commerce
, on y porte de l'argent
du Japon où l'on profite confiderablement
, du laurier rouge ,
de la cire jaune, duris , du plomb,
du ſalpêtre , quelques draps rouges&
noirs , quelques toiles blanches
, de la terre rouge , du vermillon
& vif argent.
On en tire de la ſoye cruë , du
fucre candy , & de la cafſonnade
, peu de poivre , des nids
d'oiſeaux qui ſont faits comme
ceux des Irondelles qu'on trouve
fur des Rochers au bord de
J
40 RELATION
la mer , ils font de tres-bon commerce
pour la Chine & pour pluſieurs
autres endroits ; car aprés
avoir bien lavé ces nids & les
avoir bien feichés ils deviennent
durs comme de la corne , & on
les met dans des boüillons ; ils
font admirables pour les maladies
de langueur &pour les maux d'eftomach
, j'en ay apporté quelques-
uns en France , du bois d'aigle
&de Calamba , du cuivre &
autres marchandises qu'on y apporte
du Japon , de l'or de plufieurs
touches , & du bois de fapan.
Lorſqu'on ne trouve pas de
Navire à Fret , on en envoye un
à Surate , chargé avec du cuivre ,
de l'étain , du ſalpêtre , de l'alun ,
des dents d'Elephants , du bois
de ſapan , &pluſieurs autres marchandiſes
qui viennent des autres
parts des Indes , on en tire des
toiles
DU VOYAGE DE- SIAM. 41
& autres marchandifes d'Europe,
quand il n'en vient point à Siam .
On envoye à la côte de Coromandel
, Malabar , & Bengala
&de Tanaferin , des Elephans
de l'étein , du ſalpêtre , du, cuivre
du plomb , & l'on en tire des toiles
de toutes fortes ,
,
On envoye à Borneo rarement ;
c'eſt une Iſle qui eſt proche de
celle de Java , d'où l'on tire du
poivre . du ſangde Dragon , camphre
blanc , cire jaune ,bois d'aigle
, du bray , de l'or , des perles,
&desdiamans les plus beaux du
monde ; on y envoye des marchandiſes
de Surate , c'eſt à dire
des toiles , quelques pieces de
drap rouge & vert , & de l'argent
d'Eſpagne..
Le Prince qui poffede cette Ifle
ne fouffre qu'avec peine le commerce
, & il craint toûjours d'êtte
ſurpris ; il ne veut pas permetd
42
RELATION
tre à aucune Nation Europeenne
de s'établir chez luy. Il y a cu
des François qui y ont commercé
, il ſe fie plus à eux qu'à aucune
autre Nation .
On envoye encore à Timor
Ifle proche des Molucques , d'où
l'on tire de la cire jaune & blanche
, de l'or de trois touches , des
eſclaves, du gamouty noir , dont
on ſe ſett pour faire des cordages
, & on y envoye des toiles de
Surate , du plomb, des dents d'Elephans,
de la poudre, de l'eau-devie
, quelques armes , peu de drap
rouge & noir , & de l'argent. Le
peuple y eſt paiſible , & negocie
fort bien . Il y a grand nombre
de Portugais.
Al'égard des Marchandiſes du
crû de Siam , il n'y a que de l'étain
, du plomb , du bois de fapan,
de l'Ivoire , des cuirs d'Elans.
& d'Elephans ; il y aura quantité
1
1
!
DU VOYAGE DE SIAM. 43
de poivre en peu de temps , c'eſt
à dire l'année prochaine ,de larrek
, du fer en petits morceaux ,
du ris en quantité , mais l'on y
trouve des marchandises de tous
les lieux ſpecifiés ci-deſfus , & à
affez bon compte. On y apporte
quelques draps & ferges d'Angleterre,
peu de corail &d'ambre,
des toiles de la côte de Coromandel
& de Surate , de l'argent en
piaſtre que l'on trocque ; mais
comme je l'ai dit maintenant ,
que la plupart des Marchands ont
quitté depuis que le Roi a voulu
faire le commerce , les Etrangers
n'y apportent que tres-peu de
choſes ,que les Navires qui ont
accoûtumé d'yvenir n'y font pas
venus l'année derniere , &on n'y
trouve rien , & fi peu qu'il y en
a , il eſt entre les mains du Roi ,
& ſes Miniſtres les vendent au
prix qu'ils veulent.
dij
44
RELATION
Le Roïaume de Siam a prés de
trois cens lieuës de long , fans y
comprendre les Roïaumes tributaires
, à ſçavoir Camboges ,
Gelior , Patavi , Queda , &c . du
Septentrion au Midi , il eſt plus
étroit de l'Orient à l'Occident. Il
eſt borné du côté du Septentrion
par le Roïaume de Pegu & parla
Mer du Gange du côté du Couchant,
du Midi par le petit détroit
de Maláca , qui fut enlevé au Roi
de Siam par les Portugais ils l'ont
poſſedé plus de foixante ans . Les
Hollandois le leur ont pris , &
le poffedent encore ; du côté
d'Orient , il eſt borné par la Mer
& par les Montagnes qui le ſeparent
de. Camboges & de Laos ..
La fituation de ce Roïaume eſt
avantageuſe à cauſe de la grande
étenduë de ſes côtes , ſe trouvant
comme entre deux Mers qui
lui ouvrent le paſſage à tant de.
DU VOYAGE DE SIAM. 45
vaſtes Regions , ſes côtes ont
cinq cens lieuës de tour ; on y
aborde de toutes parts , du Japon
, de la Chine , des Iſles Philippines
, du Tonquin , de la Cochinchine
, de Siampa , de Camboge
, des Ifles de Java , de Sumatra
, de Colconde , de Bengala
, de toute la côte de Coromandel
, de Perſe , de Surate , de Lameque,
de l'Arabie ,& d'Europe
c'eſtpourquoi l'on y peut faire un
grand commerce , ſuppoſé que le
Roi permette à tous les MarchandsEtrangers
d'y revenir comme
ils le faifoient autrefois .
Le Roïaume ſe diviſe en onze
Provinces , ſçavoir celle de Siam ,
de Mitavin , de Tanaferin , de
Jonſalam, de Reda, de Pra, d'Ior,
de Paam, de Parana , de Ligor ,
de Siama . Ces Provinces - là
avoient autrefois la qualité de
Roïaume ; mais elles ſont aujour
46 RELATION
d'hui ſous ladomination du Roide
Siam qui leur donne des Gouverneurs
. Il y en a telles qui peuvent
retenir le nomde Principauté;mais
les Gouverneurs dépendent du
Roy& lui payent tribut. Siam eft
la principale Province de ce
Royaume , la Ville Capitale eſt ſituée
à quatorze degrez & demy
de latitude du Nort , fur le bord
d'une tres-grande & belle riviere ,
& les Vaiſſeaux tous chargés la
paſſent juſqu'aux portes de la Ville,
qui eſt éloignée de la Mer de
plus de quarante lieuës , & s'étend
àplus de deux cens lieuës dans le
pays , & parce moyen elle conduit
dans une partie des Provinces,
dontj'ai parlé ci- deſſus.Cette
Riviere eſt fort poiſſonneuſe &
fes rivages font affez bien peuplez
, quoiqu'ils demeurentinondésune
partie de l'année. Le terroir
y eſt paſſablement fertile 3
DU VOYAGE DE SIAM . 47
mais tres-mal cultivé , l'inondation
provient des grandes pluyes
qu'il y tombe durant trois ou quatre
mois de l'année ; ce qui fait
beaucoup croître leur ris ; en forte
que plus l'inondation dure ,
plus les recoltes du ris ſont en
abondance , & loin des'en plaindre
ils ne craignent que la trop
grande ſeichereſſe. Il y a beaucoup
de terre en friche ,& faute
d'habitans elles ont eſté dépeu--
plées par les guerres precedentes,
& comme ils font ennemis du
travail , ils n'aiment à faire que
les choſes aiſées. Ces plaines abandonnées
& ces épaiſſes Fo--
rets qu'on voit ſur les Montagnes
ſervent de retraite aux Elephans,
aux Tygres , aux Boeufs & Vaches
ſauvages , aux Cerfs , aux Biches,
Rinoceros & autres animaux
que l'ony trouve en quantité.
Al'égard des plantes & des
د
48 RELATION
fruits , il y en a pluſieurs dans le
païs ; mais qui ne font pas rares.
& qui ne ſe peuvent porter que,
difficilement en France , à cauſe
de lalongueur de la navigation .
Il n'y a point d'oiſeaux particuliers
qui ne foient en France , à
la referve d'un oiſeau fait comme
un merle ,qui contrefa it l'homme
à l'égard du rire , du chanter &
du fiffler , les fruits les plus eſtimés
y font les durions ;ils ont
une odeur tres- forte qui n'agrée
pas à pluſieurs, mais à l'égard du
goût il eſt tres- excellent. Ce fruit
eſt tres chaud & tres -dangereux
pour lafanté , quand on en mange
beaucoup; il ya un gros noyau,
à l'entour duquel eſt une eſpece
de creme renfermée dans une écorce
environnée de pluſieurs piquants
, & qui eft faite en pointe
de diamant ; mon goût n'a ja
mais pu s'y accommoder. La mangue
:
DU VOYAGE DE SIAM . 49
gue en ce pays-là eſt en prodigieuſe
quantité , & c'eſt le meil
leur fruit des Indes , d'un goût
exquis , n'incommodant aucunement,
àmoins que d'en manger en
trop grande quantité , alors elle
pouroit bien cauſer la fiévre ; elle
a la figure d'une amande , mais
auffi groſſe qu'une poire de Mef
fire-Jean; ſa peau eſt aſſés mince
& a la chair jaune ; le mangoûstan
eſt un fruit reſſemblant à
une noix verte , qui a dedans un
fruit blanc d'un goût aigret &
agreable , & qui approche fort
deceluide la pêche &de la prune,
il est tres- froid & reſtraintif.
LeJacques eſtun gros fruit qui
eſt bon , mais tres- chaud & indigefte
, & cauſe le flus de ventre
quand on en mange avec excés .
La nana eft preſque comme le
durion , c'eſt à dire à l'égard de
la peau ; il a au bout une courone
50
RELATION
ne de feüilles comme celle de
l'artichaud ; la chair en eſt tresbonne
& a le goût de la pêche
& de l'abricot tout enſemble ; il
eft tres-chaud & furieux ; ce qui
fait que l'on le mange ordinairement
trempé dans le vin.
La figue eſtun fruit tres -doux,
fuave&bien faiſant ; cependant
un peu flegmatique , il y en a pendant
toute l'année .
L'ate eſt un fruit doux & tresbon
, & ne fait point de mal ; il
y en a qui l'eſtiment plus que
tous les fruits des Indes. Il y a
des oranges en tres - grande
quantité de pluſieurs fortes tresbonnes
& fort douces .
La pataïe eſt un fruit tres-bon,
mais l'arbre qui le porte ne dure
que deux ans.
Il y a de toute forte d'oranges
en quantité & de tres - bon goût .
La penplemouſe eſt un fruit
tres-bon pour la ſanté à peu prés
DU VOYAGE DE SIAM . SI
comme l'orange,mais qui a un petit
goût aigret. Il y a pluſieurs
autres fruits qui ne font pas fort
bons.
On a commencé il y a quelques
années à ſemer beaucoup
de bleds dans le pays haut proche
des montagnes qui y vient
bien & eft tres - bon .
On y a planté pluſieurs fois
des vignes qui y viennent bien ,
mais qui ne peuventdurer, à cauſe
d'une eſpece de fourmy blanc
qui la mange juſqu'à la racine.
Il y a beaucoup de canes de
fucre qui rapportent extrémement
; il y a auſſi du tabac en
quantité que les Siamois mangent
avec l'arrek & la chaud .
A l'égard de l'arrek, les Siamois
eſliment ce fruit plus que tout
autre , & c'eſt leur manger ordi
naire ; il y en a une ſi grande
quantité que les marchés en
e ij
52 RELATION
font pleins , & un Siamois croiroit
faire une grande incivilité
s'il parloit à quelqu'un ſans avoir
la bouche pleine de darek , de
betel , de chaud ou de tabac .
,
Il y a grande quantité de ris
dans tout le Roïaume & à tresbon
compte ,& comme ce païs
eſt toûjours inondé , cela fait
qu'il eſt plus abondant , car le ris
ſe nourrit dans l'eau & à meſure
que l'eau croît , le ris croît pareillement
,& fil'eau croît d'un pied
en vingt-quatre heures ce qui
arrive quelquefois , le ris croît
aufli àproportion &a toûjours fa
tige au deſſus de l'eau , il ne reſte
que cinq ou fix mois au plus en
terre , il vient comme l'avoine,
Il n'y a point de ville dans l'Orient
où l'on voye plus de Nations
differentes , que dans la Ville
Capitale de Siam , & où l'on
parle de tant de langues differentes
, elle a deux lieuës de
DU VOYAGE DE SIAM .
53
tour & une demie lieuë de large,
elle eſt tres- peuplée , quoi qu'elle
ſoit preſque toûjours inondée ,
enfortequ'elle reſſemble plûtoſtà
une Ifle , il n'y a que des Maures
, des Chinois , des François
& des Anglois , qui demeurent
dans la Ville , toutes les autres
Nations eſtant logées aux environspar
camps ; c'eſt à dire chaque
nation enſemble , ſi elles estoient
affemblées elles occuperoient
autant d'eſpace que la Ville qui
eſtoit autrefois tres- marchande ,
mais les raiſons que j'ay dites cydevant
empêchent la plupartdes
Nations Etrangeres d'y venir &
d'y rien porter.
Le peuple eſt obligé de ſervir
le Roy quatre mois de l'année
regulierement , & durant toute
l'année , s'il en a beſoin ; il ne leur
donne pas un fol de paye, eſtant
obligez de ſe nourir eux-mêmes
e iij
54 RELATION
& de s'entretenir ; c'eſt ce qui
a faitque les femmes travaillent
afin de nourir leurs maris .
A l'égard des Officiers depuis
les plus grands Seigneurs de la
Cour juſqu'au plus petit du
Royaume, le Roy neleur donne
que de tres- petits appointemens,
ils font auſſi eſclaves que les autres
, & c'eſt ce qui luy épargne
beaucoup d'argent. Les Provinces
éloignées dont les habitans
ne le ſervent point actuellement,
luy payent un certain tribut par
teſte. J'arrivay dans le temps que
le pays eſtoit tout-à-fait inondé
, la Ville en paroît plus agreable,
les ruës en ſont extremement
longues , larges & fort droites,
il y a aux deux côtez des
maiſons bâties ſur des pilotis &
des arbres plantés tout à l'entour
, ce qui fait une verdeur
admirable , & on n'y peut aller
DU VOYAGE DE SIAM. 55
qu'en ballon ; en la regardant l'on
croiroit voir d'un coup d'oeil ,
une ville , une mer & une vaſte
foreſt , où l'on trouve quantité
de Pagodes qui font leurs Eglifes
, & la plupart font fort dorées,
à l'entour de ces Pagodes', il ya
comme des Cemetieres plantés
d'arbres la plupart fruitiers , les
maiſons des Talapoins font les
plus grandes& les plus belles&
font en tres-grand nombre .
Ce païs-là eſt plus ſain que les
autres des Indes ,les Siamois ſont
communément affez bien-faits ,
quoi qu'ils ayent tous le viſage
bazanné , leur taille eſt affez
grande , leurs cheveux font
noirs , ils les portent aſſez courts
àcauſe de la chaleur , ils ſe baignent
ſouvent , ce qui contribuë
àla conſervation de leur ſanté
les Europeans qui y demeurent
en font de même pour éviter les
a
e iiij
56 RELATION
maladies ; ils tiennent leurs marchés
ſur des places inondées dans
leurs balons pendant fix ou ſept
mois de l'année que l'inondation
dure.
Le Roy ſe leve du matin &
tient un grand Conſeil vers les
dix heures ,où l'on parle de toutes
fortes d'affaires, qui dure juſqu'à
midy , aprés qu'il eſt fini ſes Medecins
s'aſſemblent pour ſçavoir
l'état de ſa ſanté , & enſuite il
va dîner ; il ne fait qu'un repas
par jour , l'aprés-dînée il ſe retire
dans ſon appartement où il dort
deux ou trois heures , & l'on ne
ſçait pas à quoyil employe le reſte
dujour, n'étant permis pas même
à ſes Officiers d'entrer dans ſa
chambre . Sur les dix heures du
foir, il tient un autre Conſeil ſecret
, où il y a ſept ou huit Mandarins
de ceux qu'il favoriſe le
plus , ce Conſeil dure juſqu'à
DU VOYAGE DE SIAM . 57
minuit . Enſuite on luy lit des
hiſtoires ou des vers qui ſont faits
à leurs manieres , pour le divertir
& d'ordinaire après ce Conſeil ,
Monfieur Conſtans demeure ſeul
aveclui , auquel il parle à coeur
ouvert , comme le Roy luy trouve
un eſprit tout-à- fait vaſte , ſa
converſation luy plaît , & il luy
communique toutes ſes plus fecrettes
penſées ; il ne ſe retire
d'ordinaire qu'à trois heures aprés
minuit pour s'aller coucher , voilà
la maniere dontle Roy vît toûjours
, & de cette forte toutes les
affaires de ſon Royaume paſſent
devant luy ; dans de certains
tempsil prend plaiſir à la chaſſe ,
comme j'ay dit ; il aime fort les
bijoux même ceux d'émail & de
verre , il eſt toûjours fort proprement
vêtu , il n'a d'enfans qu'une
fille , que l'on appelle la Princef
ſeReyne , âgée d'environ vingt58
RELATION
fept ou vingt-huit ans le Roi
l'aime beaucoup , on m'a dit qu'elle
étoit bien faite ; mais jamais les
hommes ne la voyent, elle mange
dans le même lieu & à même
tems que le Roy,mais à une table
feparée ; & ce ſont des femmes
qui les ſervent qui ſont toûjours
proſternées.
Cette Princeſſe a ſa Cour compoſéedes
femmes des Mandarins
qui la voyent tous les jours , &
elletientConſeil avec ſes femmes
de toutes ſes affaires , elle rend
juſticeà ceux qui luy appartiennent
, &leRoy luy ayant donné
desProvinces dont elle tire le revenu&
en entretient fa Maiſon ,
elle a ſes châtimens & exerce la
juſtice. Il y eſt arrivé quelquefois
que lorſque quelques femmes de
ſamaiſon ont eſté convaincuës de
mediſances d'extrême confideration
, ou d'avoir revelé des ſecrets
DU VOYAGE DE SIAM. 59
de tres-grende importance , elle
leur a fait coudre la bouche .
Avant la mort de la Reyne ſa
mere, elle avoit à ce que l'on dit
du penchant à faire punir avec
plus de ſeverité , mais du depuis
qu'elle l'a perduë elle en uſe avec
beaucoup plus de douceur ; elle
va quelquefois àla chaſſe avec le
Roy , mais c'eſt dans une fort
belle chaiſe placée ſur un Elephant
& où quoy qu'on ne la
voye point elle voit neanmoins
tout ce qui s'y paſſe. Il y a des Cavaliers
qui marchent devant elle
pour faire retirer le monde , & fi
par hazard il ſe trouvoit quelque
homme ſur ſon chemin qui ne pût
pas ſe retirer,il ſe proſterne en terre
& luy tourne le dos. Elle eſt
tout le jour enfermée avec ſes
femmes ne ſe divertiſſantà faire
aucun ouvrage , ſon habillement
eſt affez ſimple & fort leger , elle
60 RELATION'
eſt nuë jambe , elle a à ſes pieds
des petites mulles ſans talons
d'un autre façon que celles de
France ; ce qui lui fertdejuppe eſt
une piece d'étoffe de ſoye ou de
coton qu'on appelle paigne , qui
l'enveloppe depuis la ceinture
en bas & s'atrache par les deux
bouts, qui n'eſt point plicée , de
la ſceinture en haut elle n'a rien
qu'une chemiſe de mouſſeline
qui luy tombe deſſus cette maniere
de juppe , & qui eſt faite
de meſme que celle des hommes,
elle a une écharpe fur la gorge
qui luy couvre le col & qui paffe
par deſſous les bras , elle eſt toûjours
nuë teſte , & n'a pas les
cheveux plus longs que de quatre
ou cinq doigts , ils lui font comme
une tête naiſſante ; elle aime
fort les odeurs , elle fe met de
P'huileà la teſte ; car il faut en ces
lieux-là que les cheveux foient
DU VOYAGE DE SIAM . 61
luifans , pour eſtre beaux , elle
ſe baigne tous les jours meſme
plus d'une fois qui eſt la coûtume
de toutes les Indes , tant à l'égard
deshommes quedes femmes ;j'ay
apris tout ceci de Madame Conſtans
qui va ſouvent luy faire ſa
Cour. Toutes les femmes qui
font dans ſa Chambre ſont toûjours
proſternées & par rang ,
c'eſt à dire les plus vieilles ſont
les plus proches d'elle , & elles
ont la liberté de regarder la Princeffe
, ce que les hommes n'ont
point avec le Roy de quelque
qualité qu'ils foient , car tant
qu'ils font devant luy , ils ſont
profternez & meſme en luy parlant.
Le Roy a deux freres , les freres
du Roy heritent de la Couronne
de Siam preferablement à
fes enfans . Quand le Roy fort
pour aller à la Chaſſe ou à la
62 RELATION
promenade, on fait avertir tous
les Européens de ne ſe point trouver
ſur ſon chemin , à moins qu'ils
ne veulent ſe profterner un moment:
avant qu'il forte de fon Palais
on entend des trompettes &
des tambours qui avertiſſent &
qui marchent devant le Roy , à
ce bruit les Soldats qui font en
haye ſe proſternent le front contre
terre & tiennent leurs moufquets
ſous eux ; ils font en cette
poſture autant de temps que
le Roy les peut voirde deſſus ſon
Elephant , où il eſt aſſis dans une
chaiſe d'or couverte , la garde à
cheval qui l'accompagne & qui
eſt compoſée de Maures eſt environ
quarante Maiſtres marchant
fur les aîles ; toute la Maiſon du
Roy eſt à pied devant , derriere
&à côté , tenant les mains jointes,&
elle le ſuit de cette maniere.
Il y a quelques Mandarins des
DUVOYAGE DE SIAM. 63
principaux qui le fuivent ſur des
Elephans , dix ou douze Officiers
qui portent de grands paraſſols
tout à l'entour du Roy , & il n'y
a que ceux- là qui ne ſe proſternent
point ; car dés le moment
que le Roy s'arreſte tous les autres
ſe proſternent , & mefme
ceux qui ſont ſur les Elephans.
Quant à la maniere que le Roy
de Siam obſerve à la reception
des Ambaſſadeurs , comme ceux
de la Cochinchine , de Tonquin,
de Colconda , des Malais , de
Java & des autres Roys , il les
reçoit dans une Salle couverte de
tapis , les grands & principaux
du Roïaume font dans une autre
ſalleun peu plus baffe , & les autres
Officiers de moindre qualité
dans une autre ſalle encore plus
baſſe, tous proſternés ſur des tapis
en attendant que le Roy pa
64 RELATION
roiſſe par une feneſtre qui eſt visà-
vis; la ſalle où doivent eſtre les
Ambaſſadeurs eſt élevée d'environ
dix ou douze pieds & diſtante
de cette falle de trente pieds ;
l'on ſçait que le Roy va paroître
par le bruit des trompettes , des
tambours & des autres Inſtrumens
; les Ambaſſadeurs font derriere
une muraille qui renferme
cette ſalle qui attendent la fortie
du Roy , & ordre des Miniſtres
que le Roy envoye appeller par
un des Officiers de ſa Chambre,
ſuivant la qualité des Ambaſſadeurs
, & fes Officiers fervent en
telles occaſions; aprés queles Miniſtres
ont la permiffion du Roy
on ouvre la porte de la ſalle &
auſſi- tôt les Ambaſſadeurs paroifſent
avec leur Interprete , &
l'Officier de la Chambre du Roi
qui ſert de Maiſtre de Ceremonies&
marchent devant eux profternez
DU VOYAGE DE SIAM. 65
ternez ſur des tapis qui ſont ſur
la terre , faiſant trois reverences
la teſte en bas à leur maniere
aprés quoy le Maiſtre des Ceremonie
marche à genoux les mains
jointes , l'Ambaſſadeur avec fes
Interprettes le ſuit en la même
poſture avec beaucoup de modeſtie
juſques au milieu de la
diſtance d'où il doit aller , & fait
trois reverences en la meſme forme
; il continue à marcher jufqu'au
coin le plus proche des falles
où les Grands font , & il recommence
à faire des reverences
où il s'arrête ; il y a une table
entre le Roy & l'Ambaſſadeur ,
diſtante de huit pieds , où ſont
les preſens que l'Ambaſſadeur apporte
au Roy , & entre cette table
& les Ambaſſadeurs il ya un
Mandarin qui reçoit les paroles
de ſa Majesté , & dans cette Salle
ſont les Miniſtres du Roy diff
66 RELATION
tants de l'Ambaſſadeur d'environ
trois pas , & le Capitaine qui
gouverne la Nation d'où eſt l'Ambaffadeur
eft entre luy & les Miniſtres
; le Roy commence à parler
le premier & non l'Ambaffadeur
, ordonnant à ſes Miniſtres
de s'informer de l'Ambaffadeur
quand il eſt party de la preſence
duRoy ſon Maiſtre , file Roy
& toute la famille Royale eſtoit
en ſanté , auquel l'Ambaſſadeur
répond ce qui en eſt par fon Interprete
, l'Interprete le dit au
Capitaine de la Nation d'où eſt
l'Ambaſſadeur , le Capitaine au
Barcalon & leBarcalon au Roy.
Aprés cela le Roy fait quelque
demande fur deux ou trois points
concernant l'Ambaſſadeur ; enfuitele
Roy ordonne à l'Officier
qui eſt proche la table de donner
du betel àl'Ambaſſadeur , ce
qui ſert de ſignal pour que l'on
DU VOYAGE DE SIAM. 67
luy preſente une veſte , & incontinent
le Roy ſe retire au bruit
des tambours, des trompettes&
des autres inſtrumens. La premiereAudiencede
l'Ambaſſadeur
ſe paſſe entreluy & le Ministre ,
qui examine la Lettre &les prefens
du Prince qui l'a envoyés
l'Ambaſſadeur ne preſente point
la Lettre au Roy , mais au Miniſtre
, aprés quelques jours du
Conſeil tenu ſur ce ſujet.
Quand ce font des Ambaſſadeurs
des Roys indépendans de
quelque Couronne , que ce ſoit
de ſes pays , commePerſe , grand
Mogol , l'Empereur de la Chine ,
de Japon , on les reçoit enlamaniere
ſuivanre.
Les Grands du premier & du
ſecond Ordre vont aupied de la
feneſtre où eſt le Roy ſe proſter-:
ner ſuivant leurs qualitez ſur des
tapis , & ceux du troiſieme , quafij
68 RELATION
triéme & cinquiéme , ſont dans
une ſalle plus baffe & attendent
la fortie du Roy qui paroiſt par
une feneſtre qui eſt enfoncée
dans la muraille , & élevée de
dix pieds ; les Ambaſſadeurs font
dans un lieuhors du Palais , en
attendant le Maiſtre des Ceremonies
qui les vient recevoir , &
l'on fait les meſmes ceremonies
dont j'ay parlé cy -deſſus : l'Ambaſſadeur
entrant dans le Palais
leve les mains ſur ſa teſte & marche
entre deux Salles qu'il ya &
monte des degrez qui font visà-
vis la feneſtre où eſtle Roy , &
quand il eſtau haut il poſe un genou
en terre , & auffi-tôt on
ouvre une porte pour qu'il puiſſe
paroître devant le Roy ; enſuite
on pratique les mêmes ceremonies
qui viennent d'eſtre marquées
cy-devant. Ily a un bandege
ou plat d'or ſur la table où
DU VOYAGE DE SIAM. 69
eſt la Lettre traduite & ouverte ,
ayant été receuë par les Miniſtres
quelques jours auparavant dans
une ſalle deſtinée à cet uſage ;
quand l'Ambaſſadeur eſt dans ſa
place le Lieutenant du Miniſtre
prend laLettre& la lit tout haut;
aprés qu'il l'a leuë , le Roy fait
faire quelque demande à l'Ambaſſadeur
par ſon Miniſtre , fon
Miniſtre par le Capitaine de la
Nation , & le Capitaine par l'Interprete
, & l'Interprete enfin
parle à l'Ambaſſadeur. Ces demandes
ſont ſile Roy ſon Maître
& la famille Royale font en ſanté
, & s'il la chargé de quelqu'au
tre choſe qui ne fût pas dans la
Lettre , à quoy l'Ambaſſadeur
répond ce qui en eſt ; leRoy luy
fait encore troisou quatre deman.
des , & donne ordre qu'on luy
donne une veſte & du betel : aprés
quoy le Roy ſe retire au bruit des
70 RELATION
tambours & des trompettes ,&
l'Ambaſſadeur reſte un peu de
temps , & ceux qui l'ont reccu
le reconduiſent juſqu'à fon logis
fans autre accompagnement ; &
comme j'appris cette manierede
recevoir les Ambaſſadeurs qui ne
me parût pas répondre à la grandeur
du Monarque de la part
de qui je venois , j'envoyay au
Roy de Siam deux Mandarins
qui estoientavec moy de ſa part ,
pour ſçavoir ce que je ſouhaitterois
, pour le prier de me faire la
mefme reception que l'on a accoûtumé
de faire en France , ce
qu'il m'accorda de la maniere
queje l'ay raconté cy-devant.
Du Gouvernement , des
Moeurs, de la Religion ,
& du Commerce du
Royaume de Siam, dans
les pays voisins , &plufieurs
autres particularités.
OUS les jours les
Mandarins qui font
deſtinez pour rendre
la juſtice s'aſſemblent
dans une falle où ils
donnent audiance , c'eſt comme
1a Cour du Palais à Paris ,& elle
2 RELATION
eſt dans le Palais du Roy , où
ceux qui ont quelque requête à
preſenter ſe tiennent à la porte
juſqu'à ce qu'on les appellé , &
quand on le fait ils entrent leur
requête à la main & la prefentent.
Les Etrangers qui intentent
procés au ſujet des marchandiſes,
la preſentent au Barcalon , c'eſt
le premier Miniſtre du Roy ,
qui juge toutes les affaires concernant
les Marchands & les
Etrangers ; en ſon abſence , c'eſt
ſon Lieutenant , & en l'absence
des deux , une maniere d'Eſche
wins. Il y a un Officier prépoſé
pour les tailles & tributs auquel
on s'adreſſe , & ainſi des autres
Officiers. Aprés que les affaires
font difcutées on les fait ſçavoir
aux Officiers du dedans du Palais
, qui en avertiſſent le Roy
eſtant lors ſur un Trône élevé
DU VOYAGE DE SIAM . 3
de trois braffes , tous les Mandarins
ſe proſternent la face contre
terre , & le Barcalon ou autres
des premiers Oyas , rapportent
au Roy les affaires & leurs jugemens
, il les confirme , ou il les
change ſuivant ſa volonté , c'eſt
à l'égard des principaux procés ,
& tres- ſouvent il ſe fait apporter
les procés au dedans du Palais
, & leur envoye ſon jugementpar
écrit.
Le Roy eſt tres- abſolu , on diroit
quaſi qu'il eſt le Dieu des
Siamois , ils n'ofent pas l'appeller
de ſon nom. Il châtie tres-feverement
le moindre crime ; car
ſes Sujets veulent eſtre gouvernez
la verge à la main , il ſeſert même
quelquefois des Soldats de ſa
garde pour punir les coupables
quand leur crime eſt extraordinaire
& fuffisamment prouvé.
Ceux qui font ordinairement ema
ij
4 RELATION
ployez ces fortes d'executions
font 150. Soldats ou environ qui
ont les bras peints depuis l'épaule
juſqu'au poignet ; les châtimens
ordinaires ſont des coups
de rottes , trente, quarante , cinquante
& plus , ſur les épaules des
criminels , felon la grandeur du
crime , aux autres il fait piquer
la tête avec un fer pointu : à l'égard
des complices d'un crime
digne de mort , aprés avoir fait
couper la tête au veritable criminel
, il la fait attacher au col
du complice , & on la laiſſe pourir
expoſée au Soleil fans couvrir
la tête pendant trois jours
&trois nuits , ce qui cauſe à celui
qui la porteune grande puantour,
Dans ce Royaume , la peine
du talion eſt fort en uſage , le
dernier des fupplices eſtoit , il n'y
a pas long-temps, de les condamDU
VOYAGE DE SIAM. یک
ner à la Riviere , qui eſt proprement
comme nos Forçats de Galere
, & encorepis ; mais maintenant
on les punit de mort. Le
Roy fait travailler plus qu'aucun
Roy de ſes predeceffeurs, en bâ
timens , à reparer les murs des
Villes , à édifier des Pagodes , à
embellir fon Palais , à bâtir des
Maiſons pour les Etrangers , & à
conſtruire des Navires à l'Euro .
peane , il eſt fort favorable aux
Etrangers , il en a beaucoup à
fon ſervice,& en prend quand il
en trouve .
Les Roys de Siam n'avoient'
pas accoûtumé de ſe faire voir
auſſi ſouvent que celui-cy. Ils
vivoient preſque ſeuls , celuy
d'apreſent vivoit comme les autres
: mais Monfieur de Berithe
Vicaire Apoftolique , s'eſtant ſer
vi d'un certain Brame , qui faifant
le plaiſant avoit beaucoup
1
a iij
6 RELATION
de liberté de parler à ce Monarque
, trouva le moyen de faire
connoître à ce Prince , la puif
fance & la maniere de gouverner
de nôtre grand Roy , & en même
temps les coûtumes de tous
les Roys d'Europe , de ſe faire
voir à leurs Sujets & aux Etrangers
; de maniere qu'ayant un
auffi grand ſens que je l'ay déja
remarqué , il jugea à propos de
voir Monfieur de Berithe , & enfuite
pluſieurs autres ; depuis ce
temps- là il s'eſt rendu affable &
acceſſible à tous les Etrangers.
On appelle ceux qui rendent la
justice ſuivant leurs differentes
fonctions , Oyas Obrat , Oyas
Momrat , Oyas Campheng, Oyas
Ricchou , Oyas Shaynan , Opran,
Oluan ; Oeun , Omun .
Comme autrefois les Roys ne
ſe faisoient point voir , les Miniftres
faifoient ce qu'ils vouloient,
DU VOYAGE DE SIAM. 7
mais le Roy d'apreſent qui a un
tres-grand jugement , & eſt un
grand Politique,veut ſçavoir tout;
il a attaché auprés de luy le Sei
gneur Conftans dont j'ay déja
parlé diverſes fois , il eſt Grec
de nation , d'une grande penetration
, & vivacité d'eſprit
&d'une prudence toute extraordinaire
, il peut & fait tout
fous l'autorité du Roy dans le
Royaume , mais ce Miniſtre n'a
jamais voulu accepter aucune des
premieres Charges que leRoyluy
a fait offrir pluſieurs fois. Le Barcalon
qui mourut ily a deux ans ,&
qui par le droit de ſa Charge
avoit le gouvernement de toutes
les affaires del'Etat , eſtoit homme
d'un tres-grand eſprit , qui
gouvernoit fort bien , & fe faifoit
fort aimer , celuy quiluy fucce
da eſtoit Malais de nation, qui eft
un pays voiſin de Siam , il ſe fera
iiij
8 RELATION
vit de Monfieur Baron , Anglois.
de nation , pour mettre mal Monſieur
Conftans dans l'eſprit du
Roy , & le luy rendre ſuſpect ,
mais le Roy reconnut ſa malice ,
il le fit battre juſqu'à le laiſſer
pour mort , & le dépoſſeda de ſa
Charge , celui qui l'occupe preſentement
vit dans une grande
intelligence avec Monfieur Conſtans
.
Comme par les loix introduites
par les Sacrificateurs des Idoles
qu'on nomme Talapoins , il
n'eſt pas permis de tuer , on condamnoit
autrefois les grands criminels
ou à la chaîne pour leur
vie , ou à les jetter dans quelques
deferts pout y mourir de faim ;
mais le Roy d'apreſent leur fait
maintenant trancher la teſte &
les livre aux Elephans .
Le Roy a des Eſpions pour
ſcavoir ſi on luy cache quelque
DU VOYAGE DE SIAM .
choſe d'importance , il fait châtier
tres - rigoureuſement ceux qui
abuſent de leur autorité . Chaque
Nation étrangere établie dans le
Royaume de Siam a ſes Officiers
particuliers , & le Roy prend de
toutes ces Nations- là des gens
qu'il fait Officiers generaux pour
tout ſon Royaume. Il y a dans
fon Etat beaucoup de Chinois ,
& il y avoit autrefois beaucoup
de Maures ; mais les années pafſées
il découvrit de ſi noires trahiſons
, des concuffions & des
tromperies ſi grandes dans ceux
de cette nation , qu'il en a obligé
un fort grand nombre à déferter
, & à s'en aller en d'autres.
Royaumes.
Le commerce des Marchands
Etrangers y eſtoit autrefois tresbon
, on y en trouvoit de toutes
parts ; mais depuis quelques années
,les diverſes revolutions qui
ΟΙ RELATION
font arrivées à la Chine , au Japon
& dans les Indes , ont empeſché
les Marchands Etrangers
de venir en ſi grand nombre.
On eſpere neanmoins, que puif
que tousces troubles font appaiſez
, le commerce recommencera
comme auparavant , & que le
Roy de Siam par le moyen de fon
Miniſtre envoyera fes Vaiſſeaux
pour aller prendre les Marchandi
ſes les plus precieuſes , & les
plus rares de tous les Royaumes
d'Orient,&remettra toutes chofes
en leur premier & fleuriſſant état.
Ils font la guerre d'une maniere
bien differente de celle de la plûpart
des autres nations , c'eſt à
dire à pouſſer leurs ennemis hors
de leurs places ſans pourtant
leur faire d'autre mal que de les
rendre eſclaves , & s'ils portent
des armes , c'eſt ce ſemble plûtôt
pour leur faire peur en les tirant
,
DU VOYAGE DE SIAM. II
contre terre , ou en l'air, que pour
les tuër , & s'ils le font c'eſt tout
au plus pour ſe deffendre dans la
neceſſité ; mais cette neceſſité
de tuër arrive rarement parce
que prefque tous leurs ennenemis
qui en uſent comme eux,ne
tendent qu'aux mêmes fins . Il ya
des Compagnies & des Regimens
qui ſe détachentde l'arméependát
la nuit,&vont enlever tous leshabitans
des Villages ennemis , &
font marcher hommes, femmes &
enfans que l'on fait eſclaves , &
le Roy leur donne des terres&
des bufles pour les labourer , &
quand le Roy en a beſoin il s'en
fert. Ces dernieres années , le
Roi a fait la guerre contre les
Cambogiens revoltez , aidez des
Chinois & Cochinchinois , où il
a fallu ſe battre tout de bon , & il
y a eu pluſieurs Soldats tuez de
part &d'autre ; il a eu pluſieurs
21 RELATION
Chefs d'Europeans qui les inſtrui
fent àcombattre en nôtre maniere .
Ils ont une continuelle guerre
contre ceux du Royaume de
Laos , qui eſt venuë , de ce qu'un
Maure tres-riche allant en ce
Royaume- là pour le compte du
Royde Siam,y reſta avec de grandes
ſommes , le Roy de Siam , le
demanda auRoy de Laos , mais
celui-cile luy refuſa, ce qui a obligé
le Roy de Siam de luydeclarer
la guerre.
Avant cette guerre ily avoit un
grand commerce entre leurs Etats,
& celuy de Siam en tiroit de
grands profits par l'extrême
quantité d'or , de muſc , de benjoüin
, de dents d'Elephant &
autres marchandiſes qui lui venoient
de Laos , en échange des
toiles & autres marchandiſes .
Le Roy de Siam a encore guerre
contre celui de Pegu ; il y a quanDU
VOYAGE DE SIAM . 13
tité d'Eſclaves de cette Nation .
Il y a pluſieurs Nations Etrangeres
dans ſon Royaume , les
Maures y estoient , comme j'ay
dit , en tres-grand nombre , mais
maintenant il y en a pluſieurs qui
font refugiez dans le Royaume
de Colconde, ils eſtoient au ſervice
du Roy , & ils luy ont emporté
plus de vingt mille catis , chaque
catis vallant cinquante écus , le
Roy de Siam écrivit au Roy de
Colconde de luy rendre ces perſonnes
ou de les obliger à luy
payer cette ſomme , mais le Roy
de Colconden'en voulutrien faire
, ny même écouter les Ambafſadeurs
qu'il luy envoya ; ce quia
fait que le Roy de Siam luy a
declaré la guerre & luy a pris
dans le tems que j'étois à Siam ,
un Navire dont la charge valloit
plus de centmille écus . Il y a fix
Fregates commandées par des
14
RELATION
François & des Anglois qui
croiſent ſur ſes côtes .
Depuis quelque temps l'Empereur
de la Chine a donné liberté
à tous les Etrangers de venir
negocier en ſon Royaume ;
cette liberté n'eſt donnée que
pour cinq ans , mais on efpere
qu'elle durera , puiſque c'eſt un
grand avatage pour ſon Royaume .
Ce Prince a grand nombre de
Malais dans ſon Royaume , ils
font Mahometans , & bons Soldats
, mais il y a quelque difference
de leur Religion à celle
des Maures. Les Pegovans font
dans ſon Etat preſque en auſſi
grande quantité queles Siamois
originaires du pays .
Les Laos y font en tres-grande
quantité , principalement vers
le Nort.
Il y a dans cet Etat huit ou neuf
familles de Portugais veritables ,
DU VOYAGE DE SIAM.
mais de ceux que l'on nomme
Meſties , plus de mille , c'eſt à dire
de ceux qui naiſſent d'un Portugais
& d'une Siamoiſe .
Les Hollandois n'y ont qu'une
facturie.
Les Anglois de même.
Les François de même.
Les Cochinchinois ſont environ
cent familles , la plupart
Chreftiens.
Parmy les Tonquinois ily en a
ſeptou huit familles Chrétiennes .
Les Malais y font en afſez grand
nombre,qui font la plupart eſclaves,&
qui par conſequent ne font
pointde corps .
Les Macaſſars & pluſieurs des
peuples de l'Iſle de Java y font
établis, de meſme que les Maures:
ſous le nom de ces derniers ſont
compris en ce pays- là, les Turcs,
les Perfans les Mogols les
Colcondois & ceux de Bengala .
, د
16 RELATION
Les Armeniens font un corps
à part , ils font quinze ou ſeize
familles toutes Chrétiennes , Catholiques
, la plupart ſont Cavaliers
de la garde du Roy.
A l'égard des moeurs des Siamois
ils font d'une grande docilité
qui procede plûtoſt de leur
naturel amoureux du repos que
de toute autre cauſe , c'eſt pourquoi
les Talapoins qui fontprofeffion
de cette apparente vertu ,
defendentpour cela de tuër toutes
fortes d'animaux ; cependant lorfque
tout autre qu'eux tuë des
poules & des canards , ils en mangentla
chair ſans s'informer qui
les a tués , ou pourquoi on les a
tués , & ainſi des autres animaux .
Les Siamois font ordinairement
chaſtes , ils n'ont qu'une femme ,
mais les riches comme les Mandarins
ont des Concubines , qui
demeurent enfermées toute leur
vie
DU VOYAGE DE SIAM. 17
vie. Le peuple eſt aſſez fidele &
ne volle point ; mais il n'en eft
pas de même de quelques-uns des
Mandarins , les Malais qui font
en tres-grand nombre dans ce
Royaume- là font tres- méchants
&grands voleurs .
Dans ce grand Royaume il y
a beaucoup de Pegovans qui
ont eſté pris en guerre , ils font
plus remuants que les Siamois
& font d'ordinaire plus vigoureux
, il y a parmy les femmes du
libertinage , leur converſation eft
perilleuſe.
Les Laos peuplent la quatriéme
partie du Royaume de Siam",
comme ils font à demy Chinois ,
ils tiennent de leur humeur , de
leur adreſſe& de l'inclination a
voller par fineſſe; leurs femmes
font blanches & belles , tres - familieres
& par confequent dangereuſes.
Dans le Royaume de
b
18 RELATION
Laos , un homme qui rencontre
une femme pour la falüer avec
la civilité accoûtumée , la baife
publiquement ; & s'il ne le faiſoit
pas il l'offenferoit .
Les Siamois tant Officiers que
Mandarins ſont ordinairement
riches , parce qu'ils ne dépenfent
preſque rien , le Roy leur
donnant des valets pour les fervir
, ces valets font obligez de ſe
nourir à leurs dépens, eſtant com--
me efclaves,ils font en obligation
de les ſervir pour rien pendant:
la moitié de l'année : & comme
cesMeſſieurs-làen ontbeaucoup,
ils ſe ſervent d'une partie pendant
que l'autre ſe repoſe ; mais
ceux qui ne les ſervent point:
leur payent une fomme tous les
ans , leurs vivres font à bon marché
, car ce n'eſt que duris , du
poiffon , & tres -peu de viande, &
tout cela eft en abondance dans
DU VOYAGE DE SIAM . 19
leur pays ; leurs vêtemens leur
fervent long- temps , ce ne font
que des pieces d'étoffes toutes
entieres qui ne s'uſent pas fi faci
lement que nos habits &ne coutent
que tres-peu : la plupart des
Siamois font Maſſons ou Charpentiers
, & il y en a de tres habiles,
imitant parfaitement bien les
beaux ouvrages de l'Europe en
Sculpture& en dorure. Pour ce
qui eſt de la peinture ils ne ſçavent
point s'en ſervir , il y a des
ouvrages en Sculpture dans leurs
Pagodes , & dans leurs Mauſolées
fort polis & tres-beaux.
Ils en font auſſi de tres -beaux
avec de la chaux , qu'ils détrempent
dans de l'eau qu'ils tirent de
l'écorce d'un arbre qu'on trouve
dans les Forefts , quilarend ſi forte,
qu'elle dure des cent& deux
cens ans , quoi qu'ils foient expoſés
aux injures du temps ..
bij
20 RELATION
1
i
1.
i
Leur Religion n'eſt à parler proprement
qu'un grand ramas
d'Hiſtoires fabuleuſes , qui ne
tend qu'à faire rendre des hommages
& deshonneurs auxTalapoins,
qui ne recommandent tant:
aucune vertu que celle de leur
faire l'aumône , ils ont des loix
qu'ils obfervent exactement au
moins dans l'exterieur ; leur fin
dans toutes leurs bonnes oeuvres
eſt l'eſperance d'une heureuſe
tranfmigration aprés leur mort ,
dans le corps d'un homme riche ,..
d'un Roy , d'un grand Seigneur
ou d'un animal docile , comme
font les Vaches & les Moutons :
car ces peuples-là croyent la Metempſicoſe
; ils eſtiment pour cette
raiſonbeaucoup ces animaux ,
&n'ofent, comme je l'ai déja dit,
en tuër aucun , craignant de donner
la mort à leur Pere ou à leur
Mere , ou à quelqu'un de leurs
DU VOYAGE DE SIAM . 2
parens . Ils croyent un enfer où les
énormes pechez ſont ſeverement .
punis , ſeulement pour quelque
temps , ainſi qu'un Paradis , dans
lequel les vertus fublimes ſont
recompenſées dans le Ciel , où aprés
eſtre devenus des Anges
pour quelque temps , ils retournent
dans quelque corps d'hom--
me ou d'animal .
L'occupation des Talapoins .
eſt de lire , dormir, manger, chan--
ter , & demander l'aumône ; de
cette forte , ils vont tous les matins
ſe preſenter devant la porte
ou balon des perſonnes qu'ils connoiffent
,&ſe tiennent-là unmométavecunegrande
modeſtie ſans
rien dire, tenant leur évantail , de
maniere qu'il leur couvre la moitié
du viſage , s'ils voyent qu'on ſe
diſpoſe àleur donner quelque choſe
, ils attendent juſqu'à ce qu'ils
l'ayent receuë ; ils mangent de
biij
22 RELATION
د
3
tout ce qu'on leur donne même
des poulles & autres viandes
mais ils ne boiventjamais de vin ,
au moins en prefence des gens du
monde; ils ne font point d'office
ny de prieres à aucune Divinité.
Les Siamois croyent qu'il y a eu
trois grands Talapoins , qui par
leurs merites tres-fublimes acquis
dans pluſieurs milliers de tranſmigrations
ſont devenus des Dieux ,
&aprés avoir eſté faits Dieux ,
ils ont encore acquis de ſi grands
merites qu'ils ont eſté tous aneantis
, ce qui eſt le terme du plus .
grand merite & la plus grande recompenſe
qu'on puiffe acquerir ,
pour n'eſtre plus fatigué en changeant
ſi ſouventde corps dans un
autre; le dernier de ces trois Ta--
lapoins eſt le plus grand Dieu appellé
Nacodon , parce qu'il a eſté
dans cinq mille corps , dans l'une
de ces tranfmigrations , de Talapoin
il devint vache , fon frere le
DU VOYAGE DE SIAM .
23
voulut tuër pluſieurs fois ; mais il
faudroit un gros livre pour décrire
les grands miracles qu'ils difent
que la nature& non pasDieu,
fit pour le proteger : enfin ce frere
fut precipité en Enfer pour ſes
grands pechez , où Nacodon le
fit crucifier ; c'eſt pour cette raifon
qu'ils ont en horreur l'Image
de Jeſus-Chriſt crucifié , diſant
que nous adorons l'Image de ce
frere de leur grand Dieu , qui
avoit eſté crucifié pour ſes crimes ..
CeNacodon eſtant doncaneanti,
il ne leur reſte plus de Dieu à
preſent , ſaloy ſubſiſte pourtant ;
mais ſeulement parmi les Talapoins
qui diſent qu'aprés quelques
fiecles il y aura un Ange qui
viendra ſe faire Talapoin ,& enfuite
Dieu Souverain , qui par ſes
grands merites pourra être anean
ti : voilà le fondement de leur
creance ; car il ne faut pas s'imaginer
qu'ils adorent les Idoles
24 RELATION
"
1
qui font dans leurs Pagodes comme
des Divinitez , mais ils leur
rendent ſeulement des honneurs'
comme à des hommes d'un grand
merite , dont l'ame eſt à preſent
en quelque Roy , vache ou Talapoin
: voilà en quoi conſiſte leur
Religion , qui à proprement parler
ne reconnoît aucun Dieu , &
qui n'attribuë toute la recompenſede
la vertu qu'à la vertumême ,
qui a par elle le pouvoir de rendre
heureux celuy dont elle fair
paſſer l'ame dans le corps de quelque
puiſſant & riche Seigneur
ou dans celuy de quelque vache ,
levice ,diſent-ils, porte avec ſoy
ſon châtiment , en faiſant paffer
l'ame dans le corps de quelque
méchant homme , de quelque
Pourceau , de quelque Corbeau ,
Tigre ou autre animal. Ils admetrent
des Anges , qu'ils croyent
eſtre les ames des juſtes & des
bons
2
L
L
DUVOYAGE DE SIAM. 25
bons Talapoins; pour ce qui eſt des
Demons , ils eſtiment qu'ils font
les ames des méchans .
Les Talapoins font tres-refpe-
Etés de tout le peuple , & même
du Roy, ils ne ſe profternent point
lorſqu'ils luy parlent comme le
font les plusgrands du Royaume ,
& le Roy & les grands Seigneurs
les ſaluënt les premiers ; lorſque
ces Talapoins remercient quelqu'un,
ils mettentla main proche
leur front , mais pour ce qui eſt du
petit peuple, ils ne le ſalüent point ;
leurs vêtemens ſont ſemblables à
ceux des Siamois ,àla referve que
la toile eſt jaune , ils font nuds
jambes & nuds pieds fans chapeau
, ils portent ſur leur tête un
évantail fait d'une fcüille de palme
fort grande pour ſe garantir
du Soleil , qui eſt fort brûlant ;
ils ne font qu'un veritable repas
par jour, à ſçavoir le matin , & ils
G
26 RELATION
ne mangent le ſoir que quelques
bananes ou quelques figues ou
d'autres fruits ; ils peuvent quitter
quand ils veulent l'habit de
Talapoin pour ſe marier , n'ayant
aucun engagement que celuy de
porter l'habit jaune , & quand ils
le quittentils deviennent libres ;
cela fait qu'ils font en ſi grand
nombre qu'ils font preſque le tiers
du Royaume de Siam . Ce qu'ils
chantent dans les Pagodes font
quelques Hiſtoires fabuleuſes.,
entremêlées de quelques Sentences;
celles qu'ils chantent pendant
les funerailles des Morts font ,
nous devons tous mourir , nous
ſommes tous mortels ; on brûle les
corps morts au ſon des muſettes
& autres Inſtrumens , on dépenſe
beaucoup à ces funerailles , &
aprés qu'on a brûlé les corps de
ceux qui font morts , l'on met
leurs cendres ſous de grandes piramides
toutes dorées , élevées à
DU VOYAGE DE SIAM. 27
l'entour de leur Pagodes. Les
Talapoins pratiquent une eſpece
de Confeſſion ; car les Novices
vont au Soleil levantſe proſterner
ou s'affeoir fur leurs talons & marmottent
quelques paroles , aprés
quoy le vieux Talapoin leve la
main à côté deſa joie & lui donne
une forte de benediction , aprés
laquelle le Novice ſe retire.
Quand ils prêchent, ils exhortent
de donner l'aumône au Talapoin ,
& ſe creyent fort ſçavants , lorfqu'ils
citent quelques paſſages
de leurs Livres anciens en Langue
Baly , qui eft comme le Latin
chez nous; cette Langue eſt tresbelle
& emphatique , elle a ſes
conjuguaiſons comme la Latine.
Lorſqueles Siamois veulent ſe
marier , les parens de l'homme
vont premierement ſonder la volontéde
ceux de la fille, & quand
ils ont fait leur accord entr'eux
cij
28 RELATION
les parens du garçon vont preſenter
ſept boſſettes ou boiſtes de
betel & d'arest à ceux de la fille ,
& quoy qu'ils les acceptent &
qu'on les regarde déja comme
mariez le mariage ſe peut rompre
, & on ne peut encore асси-
fer devant le Juge , ny les uns ny
les autres , s'ils le ſeparent aprés
cette ceremonie .
Quelques jours aprés les parens
de l'homme le vont preſenter , &
il offre luy-même plus de boſſettes
qu'auparavant ; l'ordinaire eft
qu'il y en ait dix ou quatorze ,
& lors celuy qui ſe marie demeure
dans la maiſon de ſon beaupere,
ſans pourtant qu'il y ait conſommation
, & ce n'eſt que pour
voir la fille & pour s'accoûtumer
peu à peu à vivre avec elle durant
un ou deux mois ; aprés cela
tous les parens s'aſſemblent
avec les plus anciens de la caſte
ou nation ; ils mettent dans une
DU VOYAGE DE SIAM. 2.9
bourſe, l'un un anneau & l'autre
des bracelets , l'autre de l'argent ,
il y en a d'autres qui mettentdes
pieces d'étoffes au milieu de la table
: enſuite le plus ancien prend
une bougie allumée & la paffe
ſept fois au tour de ces prefens,
pendant que toute l'aſſemblée
crie en ſouhaitant aux Epoux un
heureux mariage , une parfaite
ſanté &une longue vie , ils mangent
& boivent enfuite , & voilà
le mariage achevé. Pour le dot
c'eſt comme en France , finon
que les parens du garçon portent
ſon argent aux parens de la fille ,
mais tout cela revient à un ; car
le dot de la fille eſt auſſi mis à
part , & tout eſt donné aux nouveaux
mariez pour le faire valoir.
Si le mary repudie ſa femme ſans
forme de Juſtice , it perd l'argent
qu'onluy a donné, s'illarepudie
par Sentence de Juge , qui
č iij
30
RELATION
ne la refuſe jamais, les parensde
la fille luy rendent ſon bien ; s'il
y a des enfans , ſi c'eſt un garçon
ou une fille , le garçon fuit la mere
, & la fille le pere , s'il y a deux
garçons & deux filles , un garçon
&une fille vont avec le pere, &
un garçon & une fille vont avec
lamere.
,
Al'égarddes monnoyes ilsn'en
ontpoint d'or , la plus groſſe d'argent
s'appelle tical , & vaut environ
quarante ſols , la ſeconde
mayon qui péſe la quatriéme partie
d'un tical , & vaux dix fols
la troiſieme eſt un foüen , qui
vaut cinq ſols , la quatriéme eſt
un fontpaye qui vaut deux fols
&demy, enfin les plus baſſes monnoyes
font les coris qui font des
coquillages que les Hollandois
leur portent des Maldives , ouυ
qui leur viennent des Malais &
des Cochinchinois ou d'autres
DU VOYAGE DE SIAM. 31
côtez , donthuit cens valent un
fouën qui eſt cinq fols .
le
Al'égard des Places fortes dur
Royaume , il ya Bancoc qui eft
environ dix lieuës dans la Riviere
de Siam , où il y a deux Forterefſes
, comme j'ay déja dit. Il y a la
Ville Capitale nommée Juthia ,
autrement nommée Siam , qu'on
fortifie de nouveau par une enceinte
de murailles de bricque ;
Corfuma frontiere contre
Royaume de Camboye eſt peu
forte; Tanaferin à l'oppoſite de la
côte de Malabar eft peu fortifiée .
Merequi n'eſt pas fortifiée, mais
ſe pouroit fortifier , & on y pouroit
faire un bon Port. Porcelut
frontiere de Laos eſt auſſi peu
fortifiée . Chenat n'a que le nom
de Ville , & il reſte quelque apparence
de barrieres , qui autrefois
faifoient fon mur. Louvo où
le Roy demeure neuf mois de
c iiij
32 RELATION
l'année , pour prendre le plaiſir
de la chaſſe del'Elephant & du
Tygre , étoit autrefois un aſſem-
Blage de Pagodes entouré de
terraffes , mais à preſent le Roy
l'arendu incomparablement plus
beau par les Edifices qu'il y fait
faire , & quant au Palais qu'il ya
it l'a extrêmement embelli par les
caux qu'il y fait venir des Montagnes.
Patang eſt un Port des plus
beaux du côté des Malais , où
l'on peut faire grand commerce.
LeRoy de Siam a refuſé aux Compagnies
Angloiſes & Hollandoiſes
de s'y établir : l'on y pourroit
faire un grand établiſſement qui
feroit plus avantageux que Siam
àcausede la ſituation du lieu ; les
Chinois y vont& pluſieurs autres
Nations , on peut s'y fortifier aifément
fur le bord de la Riviere .
CettePlace appartient àune Rey
DU VOYAGE DE SIAM. 33
nequi eſt tributaire du Roy de
Siam , qui à parler proprement en
eſt quaſi le maître .
Quant à leurs Soldats ce n'étoit
point lacoûtume de les payer;
le Roy d'apreſent ayant ouy dire
que les Roys d'Europe payoient
leurs troupes , voulut faire la ſupputationà
combien monteroit la
paye d'un foüen par jour , qui eſt
cinq fols ; mais les Controlleurs
luy firent voir qu'il falloit des
ſommes immenfes , à cauſe de la
multitude de ſes Soldats , de forte
qu'il changea cette paye en ris
qu'il leur fait diſtribuer , du depuis
, il y en a ſuffisamment pour
Ieurs nourritures, &cela lesrend
tres- contens ; car autrefois il falloit
que chaque Soldat ſe fournit
de ris , & qu'il le portât avec ſes
armes, ce qui leur peſoitbeaucoup .
A l'égard de leurs Bâteaux &
Vaiſſeaux , leurs Balons d'Etat ou
34
RELATION
Bâteaux que nous appellons font
les plus beauxdu monde; ils font
d'un ſeul arbre , &d'une longueur
prodigieuſe , il y ena qui tiennent
cinquante juſqu'à cent & cent
quatre-vingt rameurs ; les deux
pointes font tres- relevées , & celuy
qui les gouverne donnant du
pied ſur lapoupefait branler tout
le Balon , & l'on diroit que c'eſt
un Cheval qui ſaute,touty eft doré
avec des Sculptures tres- belles
, & au milieu il y a un Siege
fait en forme de Trône en piramide
, d'une Sculpture tres- belle
& toute dorée , & il y en a de
plus de cent ornemens differents,
mais tous bien dorez &tres-beaux.
Autrefois ils n'avoient que des
Navires faits comme ceux de la
Chine , qu'on nomme Somme ; il
y ena encore pour aller auJapon,
à la Chine , à Tonquin ; mais le
Roy a fait faire pluſieurs Vaif-
1
DU VOYAGE DE SIAM. 35
feaux à l'Europeenne , & en a
acheté des Anglois quelques-uns,
tous agréés & appareillés . Il y a
environ cinquante Galeres pour
garder la Riviere & la côte ; ſes
Galeres ne font pas comme ceux
de France , il n'y a qu'un homme
àchâque Rame , & font environ
quarante ou cinquante au plus fur
chacune ; les Rameurs fervent de
Soldats , le Royne ſe ſert que des
Mores , des Chinois&des Malabars
pour naviger , & s'il y met
quelque Siamois pour Matelots,
cen'eſt qu'en petit nombre,& afin
qu'ils apprennent la navigation.
LesCommandants de ſes Navires
font Anglois ou François , parce
que les autres Nations font tresméchants
navigateurs .
Il envoye tous les ans cinq ou
fix de ces Vaiſſeaux appellez
Sommes à la Chine , dont il y en
a de mille juſqu'à quinze cens
36 RELATION
Tonneaux chargés de quelques
draps , corail , de diverſes marchandiſes
de la côte de Coromandel
& de Suratte , du ſalpêtre , de
l'étain &de l'argent; il en tire des
ſoyes cruës , des étoffes de ſoye ,
des ſatin's de Thé , dumufc , de la
rubarbe , des poureelines , des
ouvrages vernis , du bois de la
Chine , de l'or , & des rubis . Ils
ſe ſervent de pluſieurs racines
pour la Medecine , entr'autres de
la couproſe , ce qui leur apporte
de grands profits .
Le Roy envoye au Japon deux
ou trois Sommes , mais plus petites
que les autres , chargées des
mêmes marchandises , & il n'eſt
pas neceſſaire d'y envoyer de
l'argent ; les marchandiſes que
L'ony porte ſont des moindres ,
&au meilleur marché , les cuirs
de toutes fortes d'animaux y font
bons , & c'eſt la meilleure marDU
VOYAGE DE SIAM. 37
chandiſe que l'on y peut porter ;
on en tire de l'or , de l'argent en
barre , du cuivre rouge , toutes
fortes d'ouvrages d'Orphevrerie ,
des paravants , des Cabinets vernis
,des porcelines , du Thé &
autres choſes ; il en envoye quelquefois
un , deux & trois au
Tonquin de deux à trois cent tonneaux
au plus , avec des draps ,
de corail , de l'Etain , de l'Ivoire ,
du poivre , du ſalpêtre , du bois
de ſapin, & quelques autres marchandiſes
des Indes & de l'argent
au moins le tiers du capital,
on en tire du muſc , des étoffes
de ſoye , de la ſoye crüe , & jaune,
des Camelots , de pluſieurs fortes
de ſatins , du velours , toutes fortes
de bois vernis , des porcelines
propres pour les Indes , & de l'ar
-en barre , à Macao , le Roy envoye
un Navire au plus chargé
de pareilles Marchandiſes qu'à la
38
RELATION
•
Chine. On y peut encore envoyer
quelque mercerie , des dentelles
d'or , d'argent & de foye & des
armes , on en tire des mêmes
marchandiſes que de la Chine ,
mais pas à ſi bon compte.
A Labs le commerce ſe fait par
terre ou par la Riviere , ayant des
bâteaux plats , on y envoye des
draps & des toiles de Surate , &
de la côte , & on en tire des rubis
, du muſc , de la gomme ,
des dents d'Elephans, du Canfre ,
des cornes de Rinocerot , des
peaux de Buffes & d'Elans , à
tres-bon marché , & il y a grand
profit à ce commerce que l'on
fait ſans riſque.
ACamboye on envoye des petites
barques avec quelques draps,
des toiles de Surate & de la côte,
des uſtenciles de cuiſine qui viennent
de la Chine , on en tire des
dents d'Elephans , du benjoüin ,
DU VOYAGE DE SIAM. 39
trois fortes de gomes gutte , des
peaux de Buffes , & d'Elans , des
nids d'oiſeaux pour la Chine dont
je parleray bien- toft & des nerfs
de Cerfs .
On envoye auſſi à la Cochinchine
, mais rarement : car de peuple
n'eſt pas bien traitable , parce
qu'ils font la plupart de méchante
foy , ce qui empéche le commerce
, on y porte de l'argent
du Japon où l'on profite confiderablement
, du laurier rouge ,
de la cire jaune, duris , du plomb,
du ſalpêtre , quelques draps rouges&
noirs , quelques toiles blanches
, de la terre rouge , du vermillon
& vif argent.
On en tire de la ſoye cruë , du
fucre candy , & de la cafſonnade
, peu de poivre , des nids
d'oiſeaux qui ſont faits comme
ceux des Irondelles qu'on trouve
fur des Rochers au bord de
J
40 RELATION
la mer , ils font de tres-bon commerce
pour la Chine & pour pluſieurs
autres endroits ; car aprés
avoir bien lavé ces nids & les
avoir bien feichés ils deviennent
durs comme de la corne , & on
les met dans des boüillons ; ils
font admirables pour les maladies
de langueur &pour les maux d'eftomach
, j'en ay apporté quelques-
uns en France , du bois d'aigle
&de Calamba , du cuivre &
autres marchandises qu'on y apporte
du Japon , de l'or de plufieurs
touches , & du bois de fapan.
Lorſqu'on ne trouve pas de
Navire à Fret , on en envoye un
à Surate , chargé avec du cuivre ,
de l'étain , du ſalpêtre , de l'alun ,
des dents d'Elephants , du bois
de ſapan , &pluſieurs autres marchandiſes
qui viennent des autres
parts des Indes , on en tire des
toiles
DU VOYAGE DE- SIAM. 41
& autres marchandifes d'Europe,
quand il n'en vient point à Siam .
On envoye à la côte de Coromandel
, Malabar , & Bengala
&de Tanaferin , des Elephans
de l'étein , du ſalpêtre , du, cuivre
du plomb , & l'on en tire des toiles
de toutes fortes ,
,
On envoye à Borneo rarement ;
c'eſt une Iſle qui eſt proche de
celle de Java , d'où l'on tire du
poivre . du ſangde Dragon , camphre
blanc , cire jaune ,bois d'aigle
, du bray , de l'or , des perles,
&desdiamans les plus beaux du
monde ; on y envoye des marchandiſes
de Surate , c'eſt à dire
des toiles , quelques pieces de
drap rouge & vert , & de l'argent
d'Eſpagne..
Le Prince qui poffede cette Ifle
ne fouffre qu'avec peine le commerce
, & il craint toûjours d'êtte
ſurpris ; il ne veut pas permetd
42
RELATION
tre à aucune Nation Europeenne
de s'établir chez luy. Il y a cu
des François qui y ont commercé
, il ſe fie plus à eux qu'à aucune
autre Nation .
On envoye encore à Timor
Ifle proche des Molucques , d'où
l'on tire de la cire jaune & blanche
, de l'or de trois touches , des
eſclaves, du gamouty noir , dont
on ſe ſett pour faire des cordages
, & on y envoye des toiles de
Surate , du plomb, des dents d'Elephans,
de la poudre, de l'eau-devie
, quelques armes , peu de drap
rouge & noir , & de l'argent. Le
peuple y eſt paiſible , & negocie
fort bien . Il y a grand nombre
de Portugais.
Al'égard des Marchandiſes du
crû de Siam , il n'y a que de l'étain
, du plomb , du bois de fapan,
de l'Ivoire , des cuirs d'Elans.
& d'Elephans ; il y aura quantité
1
1
!
DU VOYAGE DE SIAM. 43
de poivre en peu de temps , c'eſt
à dire l'année prochaine ,de larrek
, du fer en petits morceaux ,
du ris en quantité , mais l'on y
trouve des marchandises de tous
les lieux ſpecifiés ci-deſfus , & à
affez bon compte. On y apporte
quelques draps & ferges d'Angleterre,
peu de corail &d'ambre,
des toiles de la côte de Coromandel
& de Surate , de l'argent en
piaſtre que l'on trocque ; mais
comme je l'ai dit maintenant ,
que la plupart des Marchands ont
quitté depuis que le Roi a voulu
faire le commerce , les Etrangers
n'y apportent que tres-peu de
choſes ,que les Navires qui ont
accoûtumé d'yvenir n'y font pas
venus l'année derniere , &on n'y
trouve rien , & fi peu qu'il y en
a , il eſt entre les mains du Roi ,
& ſes Miniſtres les vendent au
prix qu'ils veulent.
dij
44
RELATION
Le Roïaume de Siam a prés de
trois cens lieuës de long , fans y
comprendre les Roïaumes tributaires
, à ſçavoir Camboges ,
Gelior , Patavi , Queda , &c . du
Septentrion au Midi , il eſt plus
étroit de l'Orient à l'Occident. Il
eſt borné du côté du Septentrion
par le Roïaume de Pegu & parla
Mer du Gange du côté du Couchant,
du Midi par le petit détroit
de Maláca , qui fut enlevé au Roi
de Siam par les Portugais ils l'ont
poſſedé plus de foixante ans . Les
Hollandois le leur ont pris , &
le poffedent encore ; du côté
d'Orient , il eſt borné par la Mer
& par les Montagnes qui le ſeparent
de. Camboges & de Laos ..
La fituation de ce Roïaume eſt
avantageuſe à cauſe de la grande
étenduë de ſes côtes , ſe trouvant
comme entre deux Mers qui
lui ouvrent le paſſage à tant de.
DU VOYAGE DE SIAM. 45
vaſtes Regions , ſes côtes ont
cinq cens lieuës de tour ; on y
aborde de toutes parts , du Japon
, de la Chine , des Iſles Philippines
, du Tonquin , de la Cochinchine
, de Siampa , de Camboge
, des Ifles de Java , de Sumatra
, de Colconde , de Bengala
, de toute la côte de Coromandel
, de Perſe , de Surate , de Lameque,
de l'Arabie ,& d'Europe
c'eſtpourquoi l'on y peut faire un
grand commerce , ſuppoſé que le
Roi permette à tous les MarchandsEtrangers
d'y revenir comme
ils le faifoient autrefois .
Le Roïaume ſe diviſe en onze
Provinces , ſçavoir celle de Siam ,
de Mitavin , de Tanaferin , de
Jonſalam, de Reda, de Pra, d'Ior,
de Paam, de Parana , de Ligor ,
de Siama . Ces Provinces - là
avoient autrefois la qualité de
Roïaume ; mais elles ſont aujour
46 RELATION
d'hui ſous ladomination du Roide
Siam qui leur donne des Gouverneurs
. Il y en a telles qui peuvent
retenir le nomde Principauté;mais
les Gouverneurs dépendent du
Roy& lui payent tribut. Siam eft
la principale Province de ce
Royaume , la Ville Capitale eſt ſituée
à quatorze degrez & demy
de latitude du Nort , fur le bord
d'une tres-grande & belle riviere ,
& les Vaiſſeaux tous chargés la
paſſent juſqu'aux portes de la Ville,
qui eſt éloignée de la Mer de
plus de quarante lieuës , & s'étend
àplus de deux cens lieuës dans le
pays , & parce moyen elle conduit
dans une partie des Provinces,
dontj'ai parlé ci- deſſus.Cette
Riviere eſt fort poiſſonneuſe &
fes rivages font affez bien peuplez
, quoiqu'ils demeurentinondésune
partie de l'année. Le terroir
y eſt paſſablement fertile 3
DU VOYAGE DE SIAM . 47
mais tres-mal cultivé , l'inondation
provient des grandes pluyes
qu'il y tombe durant trois ou quatre
mois de l'année ; ce qui fait
beaucoup croître leur ris ; en forte
que plus l'inondation dure ,
plus les recoltes du ris ſont en
abondance , & loin des'en plaindre
ils ne craignent que la trop
grande ſeichereſſe. Il y a beaucoup
de terre en friche ,& faute
d'habitans elles ont eſté dépeu--
plées par les guerres precedentes,
& comme ils font ennemis du
travail , ils n'aiment à faire que
les choſes aiſées. Ces plaines abandonnées
& ces épaiſſes Fo--
rets qu'on voit ſur les Montagnes
ſervent de retraite aux Elephans,
aux Tygres , aux Boeufs & Vaches
ſauvages , aux Cerfs , aux Biches,
Rinoceros & autres animaux
que l'ony trouve en quantité.
Al'égard des plantes & des
د
48 RELATION
fruits , il y en a pluſieurs dans le
païs ; mais qui ne font pas rares.
& qui ne ſe peuvent porter que,
difficilement en France , à cauſe
de lalongueur de la navigation .
Il n'y a point d'oiſeaux particuliers
qui ne foient en France , à
la referve d'un oiſeau fait comme
un merle ,qui contrefa it l'homme
à l'égard du rire , du chanter &
du fiffler , les fruits les plus eſtimés
y font les durions ;ils ont
une odeur tres- forte qui n'agrée
pas à pluſieurs, mais à l'égard du
goût il eſt tres- excellent. Ce fruit
eſt tres chaud & tres -dangereux
pour lafanté , quand on en mange
beaucoup; il ya un gros noyau,
à l'entour duquel eſt une eſpece
de creme renfermée dans une écorce
environnée de pluſieurs piquants
, & qui eft faite en pointe
de diamant ; mon goût n'a ja
mais pu s'y accommoder. La mangue
:
DU VOYAGE DE SIAM . 49
gue en ce pays-là eſt en prodigieuſe
quantité , & c'eſt le meil
leur fruit des Indes , d'un goût
exquis , n'incommodant aucunement,
àmoins que d'en manger en
trop grande quantité , alors elle
pouroit bien cauſer la fiévre ; elle
a la figure d'une amande , mais
auffi groſſe qu'une poire de Mef
fire-Jean; ſa peau eſt aſſés mince
& a la chair jaune ; le mangoûstan
eſt un fruit reſſemblant à
une noix verte , qui a dedans un
fruit blanc d'un goût aigret &
agreable , & qui approche fort
deceluide la pêche &de la prune,
il est tres- froid & reſtraintif.
LeJacques eſtun gros fruit qui
eſt bon , mais tres- chaud & indigefte
, & cauſe le flus de ventre
quand on en mange avec excés .
La nana eft preſque comme le
durion , c'eſt à dire à l'égard de
la peau ; il a au bout une courone
50
RELATION
ne de feüilles comme celle de
l'artichaud ; la chair en eſt tresbonne
& a le goût de la pêche
& de l'abricot tout enſemble ; il
eft tres-chaud & furieux ; ce qui
fait que l'on le mange ordinairement
trempé dans le vin.
La figue eſtun fruit tres -doux,
fuave&bien faiſant ; cependant
un peu flegmatique , il y en a pendant
toute l'année .
L'ate eſt un fruit doux & tresbon
, & ne fait point de mal ; il
y en a qui l'eſtiment plus que
tous les fruits des Indes. Il y a
des oranges en tres - grande
quantité de pluſieurs fortes tresbonnes
& fort douces .
La pataïe eſt un fruit tres-bon,
mais l'arbre qui le porte ne dure
que deux ans.
Il y a de toute forte d'oranges
en quantité & de tres - bon goût .
La penplemouſe eſt un fruit
tres-bon pour la ſanté à peu prés
DU VOYAGE DE SIAM . SI
comme l'orange,mais qui a un petit
goût aigret. Il y a pluſieurs
autres fruits qui ne font pas fort
bons.
On a commencé il y a quelques
années à ſemer beaucoup
de bleds dans le pays haut proche
des montagnes qui y vient
bien & eft tres - bon .
On y a planté pluſieurs fois
des vignes qui y viennent bien ,
mais qui ne peuventdurer, à cauſe
d'une eſpece de fourmy blanc
qui la mange juſqu'à la racine.
Il y a beaucoup de canes de
fucre qui rapportent extrémement
; il y a auſſi du tabac en
quantité que les Siamois mangent
avec l'arrek & la chaud .
A l'égard de l'arrek, les Siamois
eſliment ce fruit plus que tout
autre , & c'eſt leur manger ordi
naire ; il y en a une ſi grande
quantité que les marchés en
e ij
52 RELATION
font pleins , & un Siamois croiroit
faire une grande incivilité
s'il parloit à quelqu'un ſans avoir
la bouche pleine de darek , de
betel , de chaud ou de tabac .
,
Il y a grande quantité de ris
dans tout le Roïaume & à tresbon
compte ,& comme ce païs
eſt toûjours inondé , cela fait
qu'il eſt plus abondant , car le ris
ſe nourrit dans l'eau & à meſure
que l'eau croît , le ris croît pareillement
,& fil'eau croît d'un pied
en vingt-quatre heures ce qui
arrive quelquefois , le ris croît
aufli àproportion &a toûjours fa
tige au deſſus de l'eau , il ne reſte
que cinq ou fix mois au plus en
terre , il vient comme l'avoine,
Il n'y a point de ville dans l'Orient
où l'on voye plus de Nations
differentes , que dans la Ville
Capitale de Siam , & où l'on
parle de tant de langues differentes
, elle a deux lieuës de
DU VOYAGE DE SIAM .
53
tour & une demie lieuë de large,
elle eſt tres- peuplée , quoi qu'elle
ſoit preſque toûjours inondée ,
enfortequ'elle reſſemble plûtoſtà
une Ifle , il n'y a que des Maures
, des Chinois , des François
& des Anglois , qui demeurent
dans la Ville , toutes les autres
Nations eſtant logées aux environspar
camps ; c'eſt à dire chaque
nation enſemble , ſi elles estoient
affemblées elles occuperoient
autant d'eſpace que la Ville qui
eſtoit autrefois tres- marchande ,
mais les raiſons que j'ay dites cydevant
empêchent la plupartdes
Nations Etrangeres d'y venir &
d'y rien porter.
Le peuple eſt obligé de ſervir
le Roy quatre mois de l'année
regulierement , & durant toute
l'année , s'il en a beſoin ; il ne leur
donne pas un fol de paye, eſtant
obligez de ſe nourir eux-mêmes
e iij
54 RELATION
& de s'entretenir ; c'eſt ce qui
a faitque les femmes travaillent
afin de nourir leurs maris .
A l'égard des Officiers depuis
les plus grands Seigneurs de la
Cour juſqu'au plus petit du
Royaume, le Roy neleur donne
que de tres- petits appointemens,
ils font auſſi eſclaves que les autres
, & c'eſt ce qui luy épargne
beaucoup d'argent. Les Provinces
éloignées dont les habitans
ne le ſervent point actuellement,
luy payent un certain tribut par
teſte. J'arrivay dans le temps que
le pays eſtoit tout-à-fait inondé
, la Ville en paroît plus agreable,
les ruës en ſont extremement
longues , larges & fort droites,
il y a aux deux côtez des
maiſons bâties ſur des pilotis &
des arbres plantés tout à l'entour
, ce qui fait une verdeur
admirable , & on n'y peut aller
DU VOYAGE DE SIAM. 55
qu'en ballon ; en la regardant l'on
croiroit voir d'un coup d'oeil ,
une ville , une mer & une vaſte
foreſt , où l'on trouve quantité
de Pagodes qui font leurs Eglifes
, & la plupart font fort dorées,
à l'entour de ces Pagodes', il ya
comme des Cemetieres plantés
d'arbres la plupart fruitiers , les
maiſons des Talapoins font les
plus grandes& les plus belles&
font en tres-grand nombre .
Ce païs-là eſt plus ſain que les
autres des Indes ,les Siamois ſont
communément affez bien-faits ,
quoi qu'ils ayent tous le viſage
bazanné , leur taille eſt affez
grande , leurs cheveux font
noirs , ils les portent aſſez courts
àcauſe de la chaleur , ils ſe baignent
ſouvent , ce qui contribuë
àla conſervation de leur ſanté
les Europeans qui y demeurent
en font de même pour éviter les
a
e iiij
56 RELATION
maladies ; ils tiennent leurs marchés
ſur des places inondées dans
leurs balons pendant fix ou ſept
mois de l'année que l'inondation
dure.
Le Roy ſe leve du matin &
tient un grand Conſeil vers les
dix heures ,où l'on parle de toutes
fortes d'affaires, qui dure juſqu'à
midy , aprés qu'il eſt fini ſes Medecins
s'aſſemblent pour ſçavoir
l'état de ſa ſanté , & enſuite il
va dîner ; il ne fait qu'un repas
par jour , l'aprés-dînée il ſe retire
dans ſon appartement où il dort
deux ou trois heures , & l'on ne
ſçait pas à quoyil employe le reſte
dujour, n'étant permis pas même
à ſes Officiers d'entrer dans ſa
chambre . Sur les dix heures du
foir, il tient un autre Conſeil ſecret
, où il y a ſept ou huit Mandarins
de ceux qu'il favoriſe le
plus , ce Conſeil dure juſqu'à
DU VOYAGE DE SIAM . 57
minuit . Enſuite on luy lit des
hiſtoires ou des vers qui ſont faits
à leurs manieres , pour le divertir
& d'ordinaire après ce Conſeil ,
Monfieur Conſtans demeure ſeul
aveclui , auquel il parle à coeur
ouvert , comme le Roy luy trouve
un eſprit tout-à- fait vaſte , ſa
converſation luy plaît , & il luy
communique toutes ſes plus fecrettes
penſées ; il ne ſe retire
d'ordinaire qu'à trois heures aprés
minuit pour s'aller coucher , voilà
la maniere dontle Roy vît toûjours
, & de cette forte toutes les
affaires de ſon Royaume paſſent
devant luy ; dans de certains
tempsil prend plaiſir à la chaſſe ,
comme j'ay dit ; il aime fort les
bijoux même ceux d'émail & de
verre , il eſt toûjours fort proprement
vêtu , il n'a d'enfans qu'une
fille , que l'on appelle la Princef
ſeReyne , âgée d'environ vingt58
RELATION
fept ou vingt-huit ans le Roi
l'aime beaucoup , on m'a dit qu'elle
étoit bien faite ; mais jamais les
hommes ne la voyent, elle mange
dans le même lieu & à même
tems que le Roy,mais à une table
feparée ; & ce ſont des femmes
qui les ſervent qui ſont toûjours
proſternées.
Cette Princeſſe a ſa Cour compoſéedes
femmes des Mandarins
qui la voyent tous les jours , &
elletientConſeil avec ſes femmes
de toutes ſes affaires , elle rend
juſticeà ceux qui luy appartiennent
, &leRoy luy ayant donné
desProvinces dont elle tire le revenu&
en entretient fa Maiſon ,
elle a ſes châtimens & exerce la
juſtice. Il y eſt arrivé quelquefois
que lorſque quelques femmes de
ſamaiſon ont eſté convaincuës de
mediſances d'extrême confideration
, ou d'avoir revelé des ſecrets
DU VOYAGE DE SIAM. 59
de tres-grende importance , elle
leur a fait coudre la bouche .
Avant la mort de la Reyne ſa
mere, elle avoit à ce que l'on dit
du penchant à faire punir avec
plus de ſeverité , mais du depuis
qu'elle l'a perduë elle en uſe avec
beaucoup plus de douceur ; elle
va quelquefois àla chaſſe avec le
Roy , mais c'eſt dans une fort
belle chaiſe placée ſur un Elephant
& où quoy qu'on ne la
voye point elle voit neanmoins
tout ce qui s'y paſſe. Il y a des Cavaliers
qui marchent devant elle
pour faire retirer le monde , & fi
par hazard il ſe trouvoit quelque
homme ſur ſon chemin qui ne pût
pas ſe retirer,il ſe proſterne en terre
& luy tourne le dos. Elle eſt
tout le jour enfermée avec ſes
femmes ne ſe divertiſſantà faire
aucun ouvrage , ſon habillement
eſt affez ſimple & fort leger , elle
60 RELATION'
eſt nuë jambe , elle a à ſes pieds
des petites mulles ſans talons
d'un autre façon que celles de
France ; ce qui lui fertdejuppe eſt
une piece d'étoffe de ſoye ou de
coton qu'on appelle paigne , qui
l'enveloppe depuis la ceinture
en bas & s'atrache par les deux
bouts, qui n'eſt point plicée , de
la ſceinture en haut elle n'a rien
qu'une chemiſe de mouſſeline
qui luy tombe deſſus cette maniere
de juppe , & qui eſt faite
de meſme que celle des hommes,
elle a une écharpe fur la gorge
qui luy couvre le col & qui paffe
par deſſous les bras , elle eſt toûjours
nuë teſte , & n'a pas les
cheveux plus longs que de quatre
ou cinq doigts , ils lui font comme
une tête naiſſante ; elle aime
fort les odeurs , elle fe met de
P'huileà la teſte ; car il faut en ces
lieux-là que les cheveux foient
DU VOYAGE DE SIAM . 61
luifans , pour eſtre beaux , elle
ſe baigne tous les jours meſme
plus d'une fois qui eſt la coûtume
de toutes les Indes , tant à l'égard
deshommes quedes femmes ;j'ay
apris tout ceci de Madame Conſtans
qui va ſouvent luy faire ſa
Cour. Toutes les femmes qui
font dans ſa Chambre ſont toûjours
proſternées & par rang ,
c'eſt à dire les plus vieilles ſont
les plus proches d'elle , & elles
ont la liberté de regarder la Princeffe
, ce que les hommes n'ont
point avec le Roy de quelque
qualité qu'ils foient , car tant
qu'ils font devant luy , ils ſont
profternez & meſme en luy parlant.
Le Roy a deux freres , les freres
du Roy heritent de la Couronne
de Siam preferablement à
fes enfans . Quand le Roy fort
pour aller à la Chaſſe ou à la
62 RELATION
promenade, on fait avertir tous
les Européens de ne ſe point trouver
ſur ſon chemin , à moins qu'ils
ne veulent ſe profterner un moment:
avant qu'il forte de fon Palais
on entend des trompettes &
des tambours qui avertiſſent &
qui marchent devant le Roy , à
ce bruit les Soldats qui font en
haye ſe proſternent le front contre
terre & tiennent leurs moufquets
ſous eux ; ils font en cette
poſture autant de temps que
le Roy les peut voirde deſſus ſon
Elephant , où il eſt aſſis dans une
chaiſe d'or couverte , la garde à
cheval qui l'accompagne & qui
eſt compoſée de Maures eſt environ
quarante Maiſtres marchant
fur les aîles ; toute la Maiſon du
Roy eſt à pied devant , derriere
&à côté , tenant les mains jointes,&
elle le ſuit de cette maniere.
Il y a quelques Mandarins des
DUVOYAGE DE SIAM. 63
principaux qui le fuivent ſur des
Elephans , dix ou douze Officiers
qui portent de grands paraſſols
tout à l'entour du Roy , & il n'y
a que ceux- là qui ne ſe proſternent
point ; car dés le moment
que le Roy s'arreſte tous les autres
ſe proſternent , & mefme
ceux qui ſont ſur les Elephans.
Quant à la maniere que le Roy
de Siam obſerve à la reception
des Ambaſſadeurs , comme ceux
de la Cochinchine , de Tonquin,
de Colconda , des Malais , de
Java & des autres Roys , il les
reçoit dans une Salle couverte de
tapis , les grands & principaux
du Roïaume font dans une autre
ſalleun peu plus baffe , & les autres
Officiers de moindre qualité
dans une autre ſalle encore plus
baſſe, tous proſternés ſur des tapis
en attendant que le Roy pa
64 RELATION
roiſſe par une feneſtre qui eſt visà-
vis; la ſalle où doivent eſtre les
Ambaſſadeurs eſt élevée d'environ
dix ou douze pieds & diſtante
de cette falle de trente pieds ;
l'on ſçait que le Roy va paroître
par le bruit des trompettes , des
tambours & des autres Inſtrumens
; les Ambaſſadeurs font derriere
une muraille qui renferme
cette ſalle qui attendent la fortie
du Roy , & ordre des Miniſtres
que le Roy envoye appeller par
un des Officiers de ſa Chambre,
ſuivant la qualité des Ambaſſadeurs
, & fes Officiers fervent en
telles occaſions; aprés queles Miniſtres
ont la permiffion du Roy
on ouvre la porte de la ſalle &
auſſi- tôt les Ambaſſadeurs paroifſent
avec leur Interprete , &
l'Officier de la Chambre du Roi
qui ſert de Maiſtre de Ceremonies&
marchent devant eux profternez
DU VOYAGE DE SIAM. 65
ternez ſur des tapis qui ſont ſur
la terre , faiſant trois reverences
la teſte en bas à leur maniere
aprés quoy le Maiſtre des Ceremonie
marche à genoux les mains
jointes , l'Ambaſſadeur avec fes
Interprettes le ſuit en la même
poſture avec beaucoup de modeſtie
juſques au milieu de la
diſtance d'où il doit aller , & fait
trois reverences en la meſme forme
; il continue à marcher jufqu'au
coin le plus proche des falles
où les Grands font , & il recommence
à faire des reverences
où il s'arrête ; il y a une table
entre le Roy & l'Ambaſſadeur ,
diſtante de huit pieds , où ſont
les preſens que l'Ambaſſadeur apporte
au Roy , & entre cette table
& les Ambaſſadeurs il ya un
Mandarin qui reçoit les paroles
de ſa Majesté , & dans cette Salle
ſont les Miniſtres du Roy diff
66 RELATION
tants de l'Ambaſſadeur d'environ
trois pas , & le Capitaine qui
gouverne la Nation d'où eſt l'Ambaffadeur
eft entre luy & les Miniſtres
; le Roy commence à parler
le premier & non l'Ambaffadeur
, ordonnant à ſes Miniſtres
de s'informer de l'Ambaffadeur
quand il eſt party de la preſence
duRoy ſon Maiſtre , file Roy
& toute la famille Royale eſtoit
en ſanté , auquel l'Ambaſſadeur
répond ce qui en eſt par fon Interprete
, l'Interprete le dit au
Capitaine de la Nation d'où eſt
l'Ambaſſadeur , le Capitaine au
Barcalon & leBarcalon au Roy.
Aprés cela le Roy fait quelque
demande fur deux ou trois points
concernant l'Ambaſſadeur ; enfuitele
Roy ordonne à l'Officier
qui eſt proche la table de donner
du betel àl'Ambaſſadeur , ce
qui ſert de ſignal pour que l'on
DU VOYAGE DE SIAM. 67
luy preſente une veſte , & incontinent
le Roy ſe retire au bruit
des tambours, des trompettes&
des autres inſtrumens. La premiereAudiencede
l'Ambaſſadeur
ſe paſſe entreluy & le Ministre ,
qui examine la Lettre &les prefens
du Prince qui l'a envoyés
l'Ambaſſadeur ne preſente point
la Lettre au Roy , mais au Miniſtre
, aprés quelques jours du
Conſeil tenu ſur ce ſujet.
Quand ce font des Ambaſſadeurs
des Roys indépendans de
quelque Couronne , que ce ſoit
de ſes pays , commePerſe , grand
Mogol , l'Empereur de la Chine ,
de Japon , on les reçoit enlamaniere
ſuivanre.
Les Grands du premier & du
ſecond Ordre vont aupied de la
feneſtre où eſt le Roy ſe proſter-:
ner ſuivant leurs qualitez ſur des
tapis , & ceux du troiſieme , quafij
68 RELATION
triéme & cinquiéme , ſont dans
une ſalle plus baffe & attendent
la fortie du Roy qui paroiſt par
une feneſtre qui eſt enfoncée
dans la muraille , & élevée de
dix pieds ; les Ambaſſadeurs font
dans un lieuhors du Palais , en
attendant le Maiſtre des Ceremonies
qui les vient recevoir , &
l'on fait les meſmes ceremonies
dont j'ay parlé cy -deſſus : l'Ambaſſadeur
entrant dans le Palais
leve les mains ſur ſa teſte & marche
entre deux Salles qu'il ya &
monte des degrez qui font visà-
vis la feneſtre où eſtle Roy , &
quand il eſtau haut il poſe un genou
en terre , & auffi-tôt on
ouvre une porte pour qu'il puiſſe
paroître devant le Roy ; enſuite
on pratique les mêmes ceremonies
qui viennent d'eſtre marquées
cy-devant. Ily a un bandege
ou plat d'or ſur la table où
DU VOYAGE DE SIAM. 69
eſt la Lettre traduite & ouverte ,
ayant été receuë par les Miniſtres
quelques jours auparavant dans
une ſalle deſtinée à cet uſage ;
quand l'Ambaſſadeur eſt dans ſa
place le Lieutenant du Miniſtre
prend laLettre& la lit tout haut;
aprés qu'il l'a leuë , le Roy fait
faire quelque demande à l'Ambaſſadeur
par ſon Miniſtre , fon
Miniſtre par le Capitaine de la
Nation , & le Capitaine par l'Interprete
, & l'Interprete enfin
parle à l'Ambaſſadeur. Ces demandes
ſont ſile Roy ſon Maître
& la famille Royale font en ſanté
, & s'il la chargé de quelqu'au
tre choſe qui ne fût pas dans la
Lettre , à quoy l'Ambaſſadeur
répond ce qui en eſt ; leRoy luy
fait encore troisou quatre deman.
des , & donne ordre qu'on luy
donne une veſte & du betel : aprés
quoy le Roy ſe retire au bruit des
70 RELATION
tambours & des trompettes ,&
l'Ambaſſadeur reſte un peu de
temps , & ceux qui l'ont reccu
le reconduiſent juſqu'à fon logis
fans autre accompagnement ; &
comme j'appris cette manierede
recevoir les Ambaſſadeurs qui ne
me parût pas répondre à la grandeur
du Monarque de la part
de qui je venois , j'envoyay au
Roy de Siam deux Mandarins
qui estoientavec moy de ſa part ,
pour ſçavoir ce que je ſouhaitterois
, pour le prier de me faire la
mefme reception que l'on a accoûtumé
de faire en France , ce
qu'il m'accorda de la maniere
queje l'ay raconté cy-devant.
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3
p. 135-138
LA TESTE D'ASNE. CONTE.
Début :
U[N] paysan meschant & fin matois, [...]
Mots clefs :
Paysan, Village, Paris, Marchands, Marchandises, Têtes d'âne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA TESTE D'ASNE. CONTE.
LATESTED'ASNE.
C 0 NTE. UU paysan meschant&
finmatois,
Comme un paysan, c'cll
tout dire,
Sçachant le colibet
,
& disant quelquefois
Le mot pour rire.,
Emenditparler de Paris,
Luy qui n'avoit jamais forti de son village.
Il y
voulut venir, Dieu sçait
s'il fut sur pris,
Au moindre objet qui fut
sur son passage.
Il admira sur tout tant de
divers Marchands,
Tant de diverses marchandises;
L'autre des nœuds &des
rubans,
L'autre des rabats, des chemises;
Enfin il en vit un ensuite de
ceux-là
Quin'avait rien de tout
cela.
Un comptoir seul estoit
dans sa boutique,
Et luy sur sa porte planté,
Des Marchands ses voisins
regardoit
regardoit la pratique.
Le paisan touché de curio- sité:
1avoit De ce qatiln'avoit ri,-.n rien)
voulut sçavoir la cause
D'où vient, ce luy dit
-
il
,
qu'icy je lesvoistous
Qui vendent chacun quelque chose
,
Et vous qui n'avez rien,
Mr, Que vendez vous?
Le Marchand parcette demande
Jugeant que du Manant la
sotise estoit grande,
L'iy respondit en riant à
demi
,
Des testes d'asne, mon ami.
Ah, ah
J
dit le Manant,vousferez donc fortune,
Si vous ne donnez pas vos
testes à credit;
Car vous en avez grand
debit,
Il ne vous en reste plus
qu'une
C 0 NTE. UU paysan meschant&
finmatois,
Comme un paysan, c'cll
tout dire,
Sçachant le colibet
,
& disant quelquefois
Le mot pour rire.,
Emenditparler de Paris,
Luy qui n'avoit jamais forti de son village.
Il y
voulut venir, Dieu sçait
s'il fut sur pris,
Au moindre objet qui fut
sur son passage.
Il admira sur tout tant de
divers Marchands,
Tant de diverses marchandises;
L'autre des nœuds &des
rubans,
L'autre des rabats, des chemises;
Enfin il en vit un ensuite de
ceux-là
Quin'avait rien de tout
cela.
Un comptoir seul estoit
dans sa boutique,
Et luy sur sa porte planté,
Des Marchands ses voisins
regardoit
regardoit la pratique.
Le paisan touché de curio- sité:
1avoit De ce qatiln'avoit ri,-.n rien)
voulut sçavoir la cause
D'où vient, ce luy dit
-
il
,
qu'icy je lesvoistous
Qui vendent chacun quelque chose
,
Et vous qui n'avez rien,
Mr, Que vendez vous?
Le Marchand parcette demande
Jugeant que du Manant la
sotise estoit grande,
L'iy respondit en riant à
demi
,
Des testes d'asne, mon ami.
Ah, ah
J
dit le Manant,vousferez donc fortune,
Si vous ne donnez pas vos
testes à credit;
Car vous en avez grand
debit,
Il ne vous en reste plus
qu'une
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Résumé : LA TESTE D'ASNE. CONTE.
Un paysan naïf et curieux décide de visiter Paris pour la première fois. Émerveillé par la diversité des marchands et de leurs marchandises, il observe un homme qui ne vend rien de matériel. Intrigué, le paysan lui demande ce qu'il vend. Le marchand, amusé par la naïveté du paysan, répond qu'il vend des têtes d'âne. Le paysan, interprétant mal la réponse, conclut que le marchand fera fortune car il a beaucoup de têtes d'âne à vendre et qu'il ne les vend pas à crédit.
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4
p. 251-265
Traité de Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre.
Début :
Comme il y a lieu d'esperere un heureux succes [...]
Mots clefs :
Traite, Suspension d'armes, Actes d'hostilité, Garnisons, Gens de guerre, Vaisseaux, Marchandises, Reine de la grande Bretagne, Ratifications
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texteReconnaissance textuelle : Traité de Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre.
Traite de Suspensionà'Armes
entre i. France (p* l'Aiu
gleterre*
Ommc il ya
lieu d'er.
perere un heureux
succes des Conférences établies à Urechr par les soins
de leurs M. T.Chrétienne
& Britannique pour lerérablissement de la Paix generale
,
& quelles ont jugé
necessaire de prévenir tous
les évenemens de Guerre,capables de troubler l'état ou.
la Négociation le trouve
prefentemenc ;
- leurdités
Majestez,atrentives au bonheur de la Chrétienté, font
convenues d'une Suspension
d'armes, comme du moyen
le plus sûrpourparvenir au
bien général qu'Elles se pro..
posent. Et quoique jusqua
present Sa Majesté Britannique, n'ait pu persuader
ses Alliez d'entier dans ces
mêmes sentimens, le refus
qu'ils font de les suivre n'étant pas uneraisonsuffisante pour empêcher Sa Maje«
(té Trés-Chrétienne de mar-
quer par des preuves effecti-
,
ves, le désir qu'Elle a
de rétablir au plutôt une parfaite
amitié, & une sincere correspondance entre Elle &la
Reine de la Grande Bretagne, les Royaumes, Etats
&Sujetsdeleurs Majeftez.
Sadite-Majesté Trçs Chrétienne après avoir confié aux
Troupes Angloises la garde
des Ville,Citadelle&Forts
de Dunkerque
,
pour marque de sa bonne foy, consent & promet, comme la
Reine de la Grande BretaI
gne promet aussi de sa parc.
I.
Qu'il y aura uneSuspension generale de
- toutes eiv
treprises & faits d'Armes,
& generalement de tous
a£tes d'hostlitez entre les ,-
Armées, Troupes, FJotcs,
Escadres& Navires de leurs
Majestez Très-Chrétienne
& Britannique, pendant le
terme de quatre mois, à
commencer du vingt deuxième du present mois
d'Aoust, jusqu'au vingtdeuxiéme du mois de Decembre prochain.
IL
LamêmeSuspension fera
établie entre les garnisons&
Gens de Guerre,que leursM.
tiennent pour la défense &
garde de leurs Places, dans
tousles Lieux où leurs Armes agissent, ou peuvent
agir, tant par Terre que par
Mer, ou autres Eaux, en
forte que s'il arrivoit que
pendant le tems de la Suspension,on y
contrevint de
part ou d'autre, par la prise
d'une ou de plusieurs Places,
soit par attaque, surprise,
ou intelligence iccreie, en.
quelque endroit du monde
que ce fust, qu'on fist des
Prisonniers, ou quelques
autres Actesd'hostilité,par
quelque accident imprévû
dé la nature de ceuxqu'on
ne peut prévenir
,
contraires à la presenteCessation
d'armes, cette contravention se reparera de part &
d'autre, de bonne foy, sans
délay ni difficulté, icftituant sans aucune diminution, ce qui aura été pris, &
mettant les Prisonniers en
liberté,
liberté, sans demander aucune chose pour leur rançon, ni pourleur dépense.
III,
Pour prévenir pareillement tous sujets de plaintes
& contractionsqui pourroient naîstre à l'occasion
des' Vaisseaux, Marchandises,puautreseffets qui se-
,
, , stoient pris parMer, T pendant le tems de laSuspension voiv est convenu reciptoquehrerrr qtiè;: lefdite
"yài-ffcauxV Marchandises &£
effets qui seroient pris dans
la Manche, & dans les Mers
du Nord, après l'espace de
douze jours, a compter depuis la signature de la susdite Suspension,seront de part
& d'autre restituez réciproquement.
Que le terme fera desix
semaines pour les prisesfaites depuis la Manche, les
Mers Britanniques, & les
Mers du Nord, jusqu'au
CapSaint Vincent.
Et pareillement de six lèmaines,depuis & au- delà de
~c Capjusqu'àlaLigne
>
foie
dans l'Ocean, soit dans la
Mer Méditerranée.
Enfin, de six mois au<
delà de la Ligne, & dans
tous les auttes endroits du
monde, sansaucuneexception ni autre distinction
plus particulière de temps
& delieu.
IV.
Comme lamêmeSuspension fera observée entre
les Royaumes de la Grande
Bretagne & d'Espagne; Sa
MajestéBritanniquepromet
qu'aucun de ses Navires de
Guerre ou Marchands, Barques ou autres Bastimens appartenais à Sa Majesté Britannique ou àses Sujets, ne
feront desormais employez
à transporterou envoyer en
Portugal, en Catalogne, ni
dans aucun des lieux où la
Guerre se fait presentement
des Troupes, Chevaux, Armes, Habits, lX en general
routes munitions de guerre
:&de bouche.
.< V.
: ',',Toutefois il sera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes, des munitions de guerre & de bouche, & autres
provisions dans les Places de
Gibraltar, & dePort-Mahon, actuellement occupées par ses Armes,&donc
la possessionluidoitdemeurer par le Traitéde Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne les
Troupes Angloises
,
& gçneralement tous les
e
ffets
qui luy appartiennent dans
ce Royaume, soit pour les
faire passer dans ilflcde Mi-
norque, soit pour les conduire dans la Grande Bretagne, sans que lefdicsTransports soient censez contraires à la Suspension.
Vl.
La Reine de la Grande
Bretagne pourra pareillement sans y
contrevenir,
prêcer ses Vaisseaux pour
transporrer en Portugal les
Troupes de cette Nation
qui font actuellement en
Catalogne, & pour [rane.
porter en Italie les Troupes
Allemandes qui sont aussi
dansla même Province.
VIL
Immédiatement après que
le present Traire de Suspension aura été déclaré en
Espagne, le Roy se fait
fort que le blocus de Gibraltar fera levé, & que la Garnison Angloise aussi- bien
que les Marchandsqui Ce
trouveront dans cette Place,
pourront en toute liberté
vivre, traiter & négocier
fLYcc les Espagnols.
,
VIII.
Les Ratifications du present. Traité seront échangées de part& d'autre dans
le terme de quinze jours,
pq plûtôt si fairese peut.
Enfoydequoy, &en
vertu des Ordres & pouvoirs
que Nous soussignez avons reçûduRoyTrés-Ghréticn,
& delàl^èine delaGrande
Bretagne, nos1 Maître&
Presentes, Maîtresse, apposeslesavons &'Sc^aux^ yavons ligné détiefcles Armes,
stïc
Armes. Fait à Paris le dixneuviéme Aoust mil sept
cens douze.
(L.S.)COLBERT DE TORCY.
(L.S.) BOLINGBROKE
entre i. France (p* l'Aiu
gleterre*
Ommc il ya
lieu d'er.
perere un heureux
succes des Conférences établies à Urechr par les soins
de leurs M. T.Chrétienne
& Britannique pour lerérablissement de la Paix generale
,
& quelles ont jugé
necessaire de prévenir tous
les évenemens de Guerre,capables de troubler l'état ou.
la Négociation le trouve
prefentemenc ;
- leurdités
Majestez,atrentives au bonheur de la Chrétienté, font
convenues d'une Suspension
d'armes, comme du moyen
le plus sûrpourparvenir au
bien général qu'Elles se pro..
posent. Et quoique jusqua
present Sa Majesté Britannique, n'ait pu persuader
ses Alliez d'entier dans ces
mêmes sentimens, le refus
qu'ils font de les suivre n'étant pas uneraisonsuffisante pour empêcher Sa Maje«
(té Trés-Chrétienne de mar-
quer par des preuves effecti-
,
ves, le désir qu'Elle a
de rétablir au plutôt une parfaite
amitié, & une sincere correspondance entre Elle &la
Reine de la Grande Bretagne, les Royaumes, Etats
&Sujetsdeleurs Majeftez.
Sadite-Majesté Trçs Chrétienne après avoir confié aux
Troupes Angloises la garde
des Ville,Citadelle&Forts
de Dunkerque
,
pour marque de sa bonne foy, consent & promet, comme la
Reine de la Grande BretaI
gne promet aussi de sa parc.
I.
Qu'il y aura uneSuspension generale de
- toutes eiv
treprises & faits d'Armes,
& generalement de tous
a£tes d'hostlitez entre les ,-
Armées, Troupes, FJotcs,
Escadres& Navires de leurs
Majestez Très-Chrétienne
& Britannique, pendant le
terme de quatre mois, à
commencer du vingt deuxième du present mois
d'Aoust, jusqu'au vingtdeuxiéme du mois de Decembre prochain.
IL
LamêmeSuspension fera
établie entre les garnisons&
Gens de Guerre,que leursM.
tiennent pour la défense &
garde de leurs Places, dans
tousles Lieux où leurs Armes agissent, ou peuvent
agir, tant par Terre que par
Mer, ou autres Eaux, en
forte que s'il arrivoit que
pendant le tems de la Suspension,on y
contrevint de
part ou d'autre, par la prise
d'une ou de plusieurs Places,
soit par attaque, surprise,
ou intelligence iccreie, en.
quelque endroit du monde
que ce fust, qu'on fist des
Prisonniers, ou quelques
autres Actesd'hostilité,par
quelque accident imprévû
dé la nature de ceuxqu'on
ne peut prévenir
,
contraires à la presenteCessation
d'armes, cette contravention se reparera de part &
d'autre, de bonne foy, sans
délay ni difficulté, icftituant sans aucune diminution, ce qui aura été pris, &
mettant les Prisonniers en
liberté,
liberté, sans demander aucune chose pour leur rançon, ni pourleur dépense.
III,
Pour prévenir pareillement tous sujets de plaintes
& contractionsqui pourroient naîstre à l'occasion
des' Vaisseaux, Marchandises,puautreseffets qui se-
,
, , stoient pris parMer, T pendant le tems de laSuspension voiv est convenu reciptoquehrerrr qtiè;: lefdite
"yài-ffcauxV Marchandises &£
effets qui seroient pris dans
la Manche, & dans les Mers
du Nord, après l'espace de
douze jours, a compter depuis la signature de la susdite Suspension,seront de part
& d'autre restituez réciproquement.
Que le terme fera desix
semaines pour les prisesfaites depuis la Manche, les
Mers Britanniques, & les
Mers du Nord, jusqu'au
CapSaint Vincent.
Et pareillement de six lèmaines,depuis & au- delà de
~c Capjusqu'àlaLigne
>
foie
dans l'Ocean, soit dans la
Mer Méditerranée.
Enfin, de six mois au<
delà de la Ligne, & dans
tous les auttes endroits du
monde, sansaucuneexception ni autre distinction
plus particulière de temps
& delieu.
IV.
Comme lamêmeSuspension fera observée entre
les Royaumes de la Grande
Bretagne & d'Espagne; Sa
MajestéBritanniquepromet
qu'aucun de ses Navires de
Guerre ou Marchands, Barques ou autres Bastimens appartenais à Sa Majesté Britannique ou àses Sujets, ne
feront desormais employez
à transporterou envoyer en
Portugal, en Catalogne, ni
dans aucun des lieux où la
Guerre se fait presentement
des Troupes, Chevaux, Armes, Habits, lX en general
routes munitions de guerre
:&de bouche.
.< V.
: ',',Toutefois il sera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes, des munitions de guerre & de bouche, & autres
provisions dans les Places de
Gibraltar, & dePort-Mahon, actuellement occupées par ses Armes,&donc
la possessionluidoitdemeurer par le Traitéde Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne les
Troupes Angloises
,
& gçneralement tous les
e
ffets
qui luy appartiennent dans
ce Royaume, soit pour les
faire passer dans ilflcde Mi-
norque, soit pour les conduire dans la Grande Bretagne, sans que lefdicsTransports soient censez contraires à la Suspension.
Vl.
La Reine de la Grande
Bretagne pourra pareillement sans y
contrevenir,
prêcer ses Vaisseaux pour
transporrer en Portugal les
Troupes de cette Nation
qui font actuellement en
Catalogne, & pour [rane.
porter en Italie les Troupes
Allemandes qui sont aussi
dansla même Province.
VIL
Immédiatement après que
le present Traire de Suspension aura été déclaré en
Espagne, le Roy se fait
fort que le blocus de Gibraltar fera levé, & que la Garnison Angloise aussi- bien
que les Marchandsqui Ce
trouveront dans cette Place,
pourront en toute liberté
vivre, traiter & négocier
fLYcc les Espagnols.
,
VIII.
Les Ratifications du present. Traité seront échangées de part& d'autre dans
le terme de quinze jours,
pq plûtôt si fairese peut.
Enfoydequoy, &en
vertu des Ordres & pouvoirs
que Nous soussignez avons reçûduRoyTrés-Ghréticn,
& delàl^èine delaGrande
Bretagne, nos1 Maître&
Presentes, Maîtresse, apposeslesavons &'Sc^aux^ yavons ligné détiefcles Armes,
stïc
Armes. Fait à Paris le dixneuviéme Aoust mil sept
cens douze.
(L.S.)COLBERT DE TORCY.
(L.S.) BOLINGBROKE
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Résumé : Traité de Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre.
Le traité de suspension d'armes entre la France et la Grande-Bretagne, signé à Paris le 19 août 1712, a pour objectif de rétablir la paix générale après les conférences de Utrecht. Les monarques des deux nations, la Majesté Très-Chrétienne et la Reine de Grande-Bretagne, ont convenu de suspendre les hostilités pour faciliter les négociations en cours. Cette suspension d'armes est en vigueur du 22 août au 22 décembre 1712 et s'applique à toutes les actions militaires entre les armées, troupes, forts, escadres et navires des deux pays. En cas de violation de cet accord, les parties s'engagent à réparer les dommages de bonne foi, sans délai ni difficulté. Le traité stipule également la restitution des vaisseaux, marchandises et effets capturés en mer, avec des délais de restitution variant de douze jours à six mois, selon la localisation. De plus, la suspension d'armes est également observée entre la Grande-Bretagne et l'Espagne, avec des clauses spécifiques concernant le transport de troupes et de munitions. Les ratifications du traité doivent être échangées dans un délai de quinze jours. Le document est signé par Colbert de Torcy pour la France et Bolingbroke pour la Grande-Bretagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 180-191
EXTRAIT ou Sommaire du Traité de Commerce, Navigation & Marine, entre la France & les Estats Generaux, conclu à Utrech le 11. Avril 1713.
Début :
ARTICLE 1. La liberté reciproque de Commerce, comme de tout temps [...]
Mots clefs :
Traité de commerce, navigation et marine, Navires, Capitaines, Contrebande, Article, Représailles, Marchandises, Douanes, Alliés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT ou Sommaire du Traité de Commerce, Navigation & Marine, entre la France & les Estats Generaux, conclu à Utrech le 11. Avril 1713.
EXTRAIT
ou Sommaire du Traité de
Commerce, Navigation (S*
Marine, entre la France
&les EstatsGeneraux, con
élu à Utrech le II.Avril
1713.
ARTICLE I.
LA liberté réciproque de
Commerce,comme de tout
temps avant cette guerre..
II.
1 Deffenses de prendre aucunes
Commissions pour
des armements particuliers
, ou lettres de répreGailles
des Princ es & Estats,
ennemis de la France ou
de laHollande. III.
Toutes prises de part &
d'autre après le temps des
délais marqué au Traité,
feront portées en compte
& rendues, avec compensation
des dommages, &,c.
I V..
Toutes lettres de marque
& de répresailles cydevant
accordées, déclarées
nulles,&c.
V.
Ne pourront les particuliers
Sujets des deux parties
estre misen action, &c.
pour les dettes publiques
des deux Estats.
VI.
Commerce de marchandises
& denrées restabli.
VII. VIII. & IX.
L'un ne pourra exiger des
Su jets de l'autre que les
mesmes droits qu'il exige
desfiens.
X.
Permis aux Hollandois
le debit du harenc-salé en
France, sans avoir égard
aux Déclarations & Arrestsau
contraire, &c.
Xl.&XII.
Mesmes faciliter aux
Doüannes pour les Sujets
de l'une & de l'autre part,
ports, rades,rivieres & havres
réciproquement libres
,
moyennant les Déclarations
des Capitaines
auxGouverneurs, &c.
XIII.
Asilelibre pour ceux des
deux parties qui auront
fait des prises sur les ennemis
,&au contraire refus
d'asile a ces mesmes ennemis.
XIV.
Exemption réciproque
de la Loy d'Aubeine pour
les uns dans le pays des autres,
n'y pouvant estre reputez
Aubains.
L'article XV. & les neuf
suivants contiennent en substance
que
Les Navires chargez, de
l'un des Alliez, passant devant
les collesdel'autre,
& relaschant dans leurs rades
ou ports, ne feront
point obligez d'y descharger
leurs marchandises, ni
d'y payer aucuns droits, ni
fains,
saisis
,
nyarrestez
,
sinon
pour loyales dettes & par
Justice reglées
,
& en sera
libre le transport, mesme
aux lieux ennemis desdits
Alliez, fauf aux Villes 6ç
Places assiegées, & cela à
l'exception des marchandises
de contrebande.
XXIV. & XXV.
Que lesdits Navires se
rencontranten pleine mer,
ne s'approcheront pas plus
près qu'à la portée du canon
, & secommuniqueront
par une petite Barque
, pour justifier. leurs
passeports & lettres de
mer ; & en cas qu'il y ait
des marchandises de contrebande
elles feront confïsque'es
, & les permises
quise trouveront parmy ne
le feront point.
Le XXVI. XXVII.
XXVIII.&XXIX.expliquent
les cas parties
liers & exemptions desdits
Articles,avec consignation
par les Capitaines & Armateurs
,
de quinze mille
livres tournois pour caution
solidairement des malversations
& contraventions,
&c.
XXX. XXX1. XXXII.
& XXXIII.
Si aucun desdits Capitaines
faisoit prise d'un Vaisseau
chargé desdites marchandises
de contrebande,
ils ne pourront faire ouvrir
les coffres,caisses ou tonneaux,
&c. qu'elles n'ayent
esté descenduës en terre en
presence des Juges, &c.
qui feront prompte & juste
expédition
,
& Sa Majesté
fera revoir lesdits jugements
en son Conseil en
cas que les Ambassadeurs
en portent leurs plaintes.
XXXIV.
Sa Majesté & les Estats
Generaux pourront en tout
temps faire construire ou
freter dans les pays l'un de
l'autre, tel nombre deNavires
ou de Guerre ou de
Commerce, que bon leur
semblera
,
& acheter telle
quantitéd'amunition de
guerre qu'ils auront
-
befoin
, & employeront leur
authorité pour faciliter lesdits
achats à prixraisonnable,
sansqu'ils puissent donner
les mesmes permissions
& facilitez aux ennemis
l'un del'autre
, en cas que
lesdits ennemis fussentaggresseurs.
-
XXXv.
Les Navires de Guerre
ou Marchands échoüant
par tem pestesouautre accident
aux costes de l'un
ou l'autre Allié, ce qui fera
sauvé desdits Navires estant
reclamé par les proprietaires,
&c. fera restitué
sans forme de procez,
&c. - XxxVI.
Les deux Alliez ne souffriront
que leurs Sujets reçoivent
dans leur pays aucuns
pirates & forbans qui
feront punis, & leurs prises
restituées aux proprietaires.
XXXVII.
Les Sujets de part & d'autre
pourront se faire servir
de tels Avocats, Procureurs,
Notaires, &c. qu'ils
voudront, & feront leur
Livre de trafic & correspondance
en telle langue
qu'illeur conviendra, &c.
XXXVIII.
A l'avenir aucuns Confuls
ne feront admis de part
& d'autre, & si l'on jugeoit
à propos d'envoyer
des Residents, Agents;
Commissaires ou autres, ils ne pourront establir
leurs demeures que dans
les lieux de laresidence ordinaire
de la Cour.
Les quatre Articles derniers
contiennent la confirmation
& formalitépour
l'execution & solidité des
conventionscontenus dans
les Articles cy-dessus.
ou Sommaire du Traité de
Commerce, Navigation (S*
Marine, entre la France
&les EstatsGeneraux, con
élu à Utrech le II.Avril
1713.
ARTICLE I.
LA liberté réciproque de
Commerce,comme de tout
temps avant cette guerre..
II.
1 Deffenses de prendre aucunes
Commissions pour
des armements particuliers
, ou lettres de répreGailles
des Princ es & Estats,
ennemis de la France ou
de laHollande. III.
Toutes prises de part &
d'autre après le temps des
délais marqué au Traité,
feront portées en compte
& rendues, avec compensation
des dommages, &,c.
I V..
Toutes lettres de marque
& de répresailles cydevant
accordées, déclarées
nulles,&c.
V.
Ne pourront les particuliers
Sujets des deux parties
estre misen action, &c.
pour les dettes publiques
des deux Estats.
VI.
Commerce de marchandises
& denrées restabli.
VII. VIII. & IX.
L'un ne pourra exiger des
Su jets de l'autre que les
mesmes droits qu'il exige
desfiens.
X.
Permis aux Hollandois
le debit du harenc-salé en
France, sans avoir égard
aux Déclarations & Arrestsau
contraire, &c.
Xl.&XII.
Mesmes faciliter aux
Doüannes pour les Sujets
de l'une & de l'autre part,
ports, rades,rivieres & havres
réciproquement libres
,
moyennant les Déclarations
des Capitaines
auxGouverneurs, &c.
XIII.
Asilelibre pour ceux des
deux parties qui auront
fait des prises sur les ennemis
,&au contraire refus
d'asile a ces mesmes ennemis.
XIV.
Exemption réciproque
de la Loy d'Aubeine pour
les uns dans le pays des autres,
n'y pouvant estre reputez
Aubains.
L'article XV. & les neuf
suivants contiennent en substance
que
Les Navires chargez, de
l'un des Alliez, passant devant
les collesdel'autre,
& relaschant dans leurs rades
ou ports, ne feront
point obligez d'y descharger
leurs marchandises, ni
d'y payer aucuns droits, ni
fains,
saisis
,
nyarrestez
,
sinon
pour loyales dettes & par
Justice reglées
,
& en sera
libre le transport, mesme
aux lieux ennemis desdits
Alliez, fauf aux Villes 6ç
Places assiegées, & cela à
l'exception des marchandises
de contrebande.
XXIV. & XXV.
Que lesdits Navires se
rencontranten pleine mer,
ne s'approcheront pas plus
près qu'à la portée du canon
, & secommuniqueront
par une petite Barque
, pour justifier. leurs
passeports & lettres de
mer ; & en cas qu'il y ait
des marchandises de contrebande
elles feront confïsque'es
, & les permises
quise trouveront parmy ne
le feront point.
Le XXVI. XXVII.
XXVIII.&XXIX.expliquent
les cas parties
liers & exemptions desdits
Articles,avec consignation
par les Capitaines & Armateurs
,
de quinze mille
livres tournois pour caution
solidairement des malversations
& contraventions,
&c.
XXX. XXX1. XXXII.
& XXXIII.
Si aucun desdits Capitaines
faisoit prise d'un Vaisseau
chargé desdites marchandises
de contrebande,
ils ne pourront faire ouvrir
les coffres,caisses ou tonneaux,
&c. qu'elles n'ayent
esté descenduës en terre en
presence des Juges, &c.
qui feront prompte & juste
expédition
,
& Sa Majesté
fera revoir lesdits jugements
en son Conseil en
cas que les Ambassadeurs
en portent leurs plaintes.
XXXIV.
Sa Majesté & les Estats
Generaux pourront en tout
temps faire construire ou
freter dans les pays l'un de
l'autre, tel nombre deNavires
ou de Guerre ou de
Commerce, que bon leur
semblera
,
& acheter telle
quantitéd'amunition de
guerre qu'ils auront
-
befoin
, & employeront leur
authorité pour faciliter lesdits
achats à prixraisonnable,
sansqu'ils puissent donner
les mesmes permissions
& facilitez aux ennemis
l'un del'autre
, en cas que
lesdits ennemis fussentaggresseurs.
-
XXXv.
Les Navires de Guerre
ou Marchands échoüant
par tem pestesouautre accident
aux costes de l'un
ou l'autre Allié, ce qui fera
sauvé desdits Navires estant
reclamé par les proprietaires,
&c. fera restitué
sans forme de procez,
&c. - XxxVI.
Les deux Alliez ne souffriront
que leurs Sujets reçoivent
dans leur pays aucuns
pirates & forbans qui
feront punis, & leurs prises
restituées aux proprietaires.
XXXVII.
Les Sujets de part & d'autre
pourront se faire servir
de tels Avocats, Procureurs,
Notaires, &c. qu'ils
voudront, & feront leur
Livre de trafic & correspondance
en telle langue
qu'illeur conviendra, &c.
XXXVIII.
A l'avenir aucuns Confuls
ne feront admis de part
& d'autre, & si l'on jugeoit
à propos d'envoyer
des Residents, Agents;
Commissaires ou autres, ils ne pourront establir
leurs demeures que dans
les lieux de laresidence ordinaire
de la Cour.
Les quatre Articles derniers
contiennent la confirmation
& formalitépour
l'execution & solidité des
conventionscontenus dans
les Articles cy-dessus.
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Résumé : EXTRAIT ou Sommaire du Traité de Commerce, Navigation & Marine, entre la France & les Estats Generaux, conclu à Utrech le 11. Avril 1713.
Le traité de commerce, navigation et marine entre la France et les États-Généraux, signé à Utrecht le 11 avril 1713, établit plusieurs dispositions clés. L'article I rétablit la liberté réciproque de commerce comme avant la guerre. L'article II interdit les commissions pour des armements particuliers ou les lettres de représailles contre les ennemis de la France ou de la Hollande. L'article III stipule que toutes les prises effectuées après les délais marqués doivent être rendues avec compensation des dommages. L'article IV annule toutes les lettres de marque et de représailles précédemment accordées. L'article V empêche les particuliers des deux parties d'être poursuivis pour les dettes publiques des deux États. L'article VI rétablit le commerce de marchandises et denrées. Les articles VII à IX précisent que chaque partie ne peut exiger des sujets de l'autre que les mêmes droits qu'elle exige des siens. L'article X permet aux Hollandais de vendre du hareng-salé en France malgré les déclarations contraires. Les articles XI et XII facilitent les douanes pour les sujets des deux parties, rendant les ports, rades, rivières et havres réciproquement libres. L'article XIII accorde un asile libre pour ceux ayant fait des prises sur les ennemis et refuse l'asile aux ennemis. L'article XIV exempte réciproquement de la loi d'aubaine. Les articles XV à XXIII régissent le transport des marchandises sans obligation de déchargement ou de paiement de droits, sauf pour contrebande. Les articles XXIV et XXV imposent des règles de communication entre navires en mer. Les articles XXVI à XXIX détaillent les cas particuliers et les exemptions, avec une consignation de 15 000 livres tournois pour caution. Les articles XXX à XXXIII régissent les prises de marchandises de contrebande. L'article XXXIV permet la construction ou l'affrètement de navires et l'achat d'armement. L'article XXXV traite des navires échoués et de la restitution des biens sauvés. L'article XXXVI interdit l'accueil des pirates et forbans. L'article XXXVII autorise l'usage de langues et de représentants choisis. L'article XXXVIII interdit l'admission de consuls et régule la résidence des agents. Les derniers articles confirment l'exécution et la solidité des conventions établies.
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6
p. 363-368
AVERTISSEMENT.
Début :
On recevra comme on faisoit du temps de Mr Devizé [...]
Mots clefs :
Mercure, Marchandises, Généalogies, Liberté, Mémoires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERTISSEMENT.
On recevra comme on faisoit
du temps de Mr Dev~c~
JOùS les Memoires de ceux,
•quidiftîinguczuctâÀsnjqucJqa^
voudront se faire annoncer. au
#ub!icpour<lèur particuliere,
à CUtKltOOn nçai>
moinsque leurs Memoiresne
contiendrontquedeschoses
curieu ses,rares, 'pu avanta-
Ilyauradans dcqae Mercure
unpetitchapitreexprèspour
unmoyennantlasomme
eux,moyennantlasomme
detrentesols,parce
- que Tes
Imprimeurs, les Relieurs &
-lesMarchandsnHncdotôicnt
,'p"Q'nt gratis,nileur temps,
çXiikui Marchandise. Cen'est
qu'à ce prixqu'on les enregistrera;
autrementquand on
en envoiroitjusqu'à la Lune.
jl n'en seroit fait nullemenupn.
:. LesMemoires Littéraires,
lesNouvelles generales 01.\
particulières, & tous les Qltf
vrages d'espriten Prose ouen
istrà, fôflF exceptez de çcç
Avis&on [$* mettraàlaplaçç
qui leur conviendra, pourvuquele
port en soit toûjours eyr • ÇorpjTiejl.n'c^p^s necesfairequel'Auteur
du MercuouijVçftpoint
riche,à beaucouppres,
que ne prend pe
ane trop facile route pour
le devenir, '&, qui même ne
s'embarrasseguere de l'estre
+ s'appauvrisse tout à fait en
travaillant pour lasatisfaction
du Public Il prie ceux qui Ho
verront point son Paraphe au
bas de la premiere page de
son Livre,d'avoir la bonté de
l'avertir du tort qu'on luy
fait. Il aeusoin de le mettra
ce moiscy, au commencement
de chaque Mercure, iSti
varietur: Etilaura la même
précautiontousles mois.
Enfinpourrépondreatout
monde, outre que j'ay dc<
ja dit que je ne recevrois aur,
cunemauvaise piece de Vets,
j'endisautantpour les Genealogies:
Je n'en recevray, aucune,
ni fausse ni flatteuse.
Je deviens Genealogiste à vve"
d'oeil ; & c'estun de mes arWs.
qui entend. cette matière à
fond, qui roç. (iffle, Cependau;,
siparhazard,ilm'arrive
de donner dans la vision, çc
nefera que, parce que j'auray
estétrop pusse par le temps,
& jamais par aucune confidcration
qui pourroit tirer à consequencepour
moy,dansl'esprit
desgens qui aiment la; vérité
, J /Je n'ayplusqu'unmot a
dire. Plusieurs personnes
m'ont reproché la gayeté ÔC
la liberté de mon strie, elles
m'ont dis que je tombois souvent
dans le plaisant, & de-là
par consequent dans le ridicule.
Ce reproche
On recevra comme on faisoit
du temps de Mr Dev~c~
JOùS les Memoires de ceux,
•quidiftîinguczuctâÀsnjqucJqa^
voudront se faire annoncer. au
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moinsque leurs Memoiresne
contiendrontquedeschoses
curieu ses,rares, 'pu avanta-
Ilyauradans dcqae Mercure
unpetitchapitreexprèspour
unmoyennantlasomme
eux,moyennantlasomme
detrentesols,parce
- que Tes
Imprimeurs, les Relieurs &
-lesMarchandsnHncdotôicnt
,'p"Q'nt gratis,nileur temps,
çXiikui Marchandise. Cen'est
qu'à ce prixqu'on les enregistrera;
autrementquand on
en envoiroitjusqu'à la Lune.
jl n'en seroit fait nullemenupn.
:. LesMemoires Littéraires,
lesNouvelles generales 01.\
particulières, & tous les Qltf
vrages d'espriten Prose ouen
istrà, fôflF exceptez de çcç
Avis&on [$* mettraàlaplaçç
qui leur conviendra, pourvuquele
port en soit toûjours eyr • ÇorpjTiejl.n'c^p^s necesfairequel'Auteur
du MercuouijVçftpoint
riche,à beaucouppres,
que ne prend pe
ane trop facile route pour
le devenir, '&, qui même ne
s'embarrasseguere de l'estre
+ s'appauvrisse tout à fait en
travaillant pour lasatisfaction
du Public Il prie ceux qui Ho
verront point son Paraphe au
bas de la premiere page de
son Livre,d'avoir la bonté de
l'avertir du tort qu'on luy
fait. Il aeusoin de le mettra
ce moiscy, au commencement
de chaque Mercure, iSti
varietur: Etilaura la même
précautiontousles mois.
Enfinpourrépondreatout
monde, outre que j'ay dc<
ja dit que je ne recevrois aur,
cunemauvaise piece de Vets,
j'endisautantpour les Genealogies:
Je n'en recevray, aucune,
ni fausse ni flatteuse.
Je deviens Genealogiste à vve"
d'oeil ; & c'estun de mes arWs.
qui entend. cette matière à
fond, qui roç. (iffle, Cependau;,
siparhazard,ilm'arrive
de donner dans la vision, çc
nefera que, parce que j'auray
estétrop pusse par le temps,
& jamais par aucune confidcration
qui pourroit tirer à consequencepour
moy,dansl'esprit
desgens qui aiment la; vérité
, J /Je n'ayplusqu'unmot a
dire. Plusieurs personnes
m'ont reproché la gayeté ÔC
la liberté de mon strie, elles
m'ont dis que je tombois souvent
dans le plaisant, & de-là
par consequent dans le ridicule.
Ce reproche
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le texte est un avertissement concernant la réception des mémoires et autres écrits pour publication. Seuls les mémoires contenant des informations curieuses, rares ou inédites seront acceptés. Un petit chapitre sera publié dans le Mercure pour une somme de trente sols, car les imprimeurs, relieurs et marchands ne travaillent pas gratuitement. Les mémoires littéraires, nouvelles générales ou particulières, et tous les ouvrages d'esprit en prose ou en vers seront exceptés de cet avis. Les auteurs sont priés de payer le port pour l'envoi de leurs œuvres. Le rédacteur du Mercure précise qu'il n'est pas riche et travaille pour la satisfaction du public. Il demande à être averti en cas d'usurpation de son nom. Il refuse de publier des généalogies, qu'elles soient fausses ou flatteuses, et se déclare genealogiste à vue d'œil. Plusieurs personnes ont reproché la gaieté et la liberté de son style, le qualifiant parfois de plaisant et ridicule.
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7
p. 171-172
Incendie à Morlaix, [titre d'après la table]
Début :
Le Sieur Rumen Minihy, Maire de Morlaix, écrivit le 8. [...]
Mots clefs :
Morlaix, Feu, Magasins, Marchandises, Tabac, Commerce des toiles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Incendie à Morlaix, [titre d'après la table]
Le Sieur Rumen Minihy , Maire de
Morlaix , écrivit le 8. Janvier à Paris au
Marquis de Coetanfao , Gouverneur de
cette Ville , que le 6. à midi le feu ayane
pris
172 MERCURE DE FRANCE
pris à l'Hopital General avec violence , il
fut consumé entierement en peu d'heures
, et que delà s'étant communiqué aux
Maisons de la rue aux Fils ,il y avoit brûlé
beaucoup de Magazins remplis de fil et
de toiles. Cinq Maisons de quatre étages
avec des Magazins pleins de marchandises
ont été brûlés de fond en comble ;
cinq autres maisons pareilles ont été à demi
brûlées et ruinées ; quatre maisons dont
la couverture , le comble et les premiers
étages ont été coupés et abbatus pour arrêter
le progrès du feu . Il y a eu 25. personnes
écrasées sous les ruines ou qui ont
péri dans les flammes ,du nombre desquels
sont quelques notables habitans , entr'au
tres le SieurGoüezou , Capitaine de Navire,
Armateur et Négociant. On a fait des Services
solemnels à la Collegiale et dans toutes
les Paroisses de laVille,où tout leClergé
Seculier et Regulier a assisté,pour le repos
de l'ame du Sieur Goüezou et de toutes
les autres personnes qui , à son exemple,
travaillant pour le bien public , ont péri
dans l'incendie.
La Ville de Morlaix est connue pour
être l'une des plus florissantes de la Province
de Bretagne , particulierement pour
le commerce des toiles avec l'Espagne. Il
s'y fabrique aussi une grande quantité de
Tabac .
Morlaix , écrivit le 8. Janvier à Paris au
Marquis de Coetanfao , Gouverneur de
cette Ville , que le 6. à midi le feu ayane
pris
172 MERCURE DE FRANCE
pris à l'Hopital General avec violence , il
fut consumé entierement en peu d'heures
, et que delà s'étant communiqué aux
Maisons de la rue aux Fils ,il y avoit brûlé
beaucoup de Magazins remplis de fil et
de toiles. Cinq Maisons de quatre étages
avec des Magazins pleins de marchandises
ont été brûlés de fond en comble ;
cinq autres maisons pareilles ont été à demi
brûlées et ruinées ; quatre maisons dont
la couverture , le comble et les premiers
étages ont été coupés et abbatus pour arrêter
le progrès du feu . Il y a eu 25. personnes
écrasées sous les ruines ou qui ont
péri dans les flammes ,du nombre desquels
sont quelques notables habitans , entr'au
tres le SieurGoüezou , Capitaine de Navire,
Armateur et Négociant. On a fait des Services
solemnels à la Collegiale et dans toutes
les Paroisses de laVille,où tout leClergé
Seculier et Regulier a assisté,pour le repos
de l'ame du Sieur Goüezou et de toutes
les autres personnes qui , à son exemple,
travaillant pour le bien public , ont péri
dans l'incendie.
La Ville de Morlaix est connue pour
être l'une des plus florissantes de la Province
de Bretagne , particulierement pour
le commerce des toiles avec l'Espagne. Il
s'y fabrique aussi une grande quantité de
Tabac .
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Résumé : Incendie à Morlaix, [titre d'après la table]
Le 6 janvier, un incendie a ravagé l'Hôpital Général de Morlaix, se propageant ensuite aux maisons de la rue aux Fils, où de nombreux magasins remplis de fil et de toiles ont brûlé. Cinq maisons de quatre étages avec des magasins de marchandises ont été entièrement détruites, cinq autres ont été à moitié brûlées et ruinées, et quatre autres ont dû être démolies pour stopper l'avancée des flammes. L'incendie a causé la mort de 25 personnes, dont des notables comme le Sieur Goüezou, Capitaine de Navire, Armateur et Négociant. Des services religieux ont été organisés pour le repos de l'âme des victimes. Morlaix est connue pour son commerce florissant, notamment des toiles avec l'Espagne, et pour la fabrication de tabac.
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8
p. 1678-1683
SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Début :
A La Foire me voici, [...]
Mots clefs :
Iroquois, Marchandises, Foire, Emplette, prévaricateur, Beaux parleurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Mercure.
EPITA PHE ,
D'UN AVARE.
Par M. de Malerais de la Vigne.
CY gât un homme peu chrétien
Dont l'avarice étoit extrême
Le
JUILLET . 1731 . 1663
Le bien des autres fût le sien ,
Et jamais il ne prêta rien ,
Qu'au denier
même.
quatre ou cinq , fût-ce à son Pere
Mets l'oreille à sa Tombe, ô Passant , et fremis ;
Ses os s'entrefroissant font un affreux murmure,
Et semblent s'irriter que tu fasses lecture ,
De son Epitaphe gratis.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
***:****XXX :XXXXX
ECLAIRCISSEMENS demandés
>
par
une Lettre écrite de Soissons , inserée dans
le Mercure d'Avril 1731. sur la Vie de
Saint Front on Frontor
L paroît un peu singulier qu'on démande
desEclaircissemens sur un Saint Im
aussi
1670 MERCURE DE FRANCEaussi
connu que S. Fronton, Saint, qu'une
Eglise de ce Royaume reconnoît pour
son Fondateur , et pour son Apôtre ,
sans que la Critique ait encore ose le lui
disputer. Il est parlé de ce Saint dans tous
les Martyrologes au 25. d'Octobre , dans
le Martyrologe Romain , dans ceux de
France et d'Espagne , dans Baronius ,
dans Surius , dans Ribadeneira &c. Cependant
nous exposerons ici avec la briéveté
requise , ce que nous en apprenons
dans les Actes de sa vie, rapportés par M.
Bosquet dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane.
Saint Front , ou Fronton , que quelques
uns font naître à Perigueux , d'autres
en Orient , ayant été connu de Saint
Pierre dans un Voyage qu'il fit à Rome ,
et en ayant été jugé digne de porter la
foy parmi les Idolatres , ce Prince des
Apôtres l'envoya dans les Gaules avec un
compagnon , nommé Georges , pour y
publier l'Evangile . Ces deux hommes
Apostoliques aprés beaucoup de Stations
faites dans les lieux de leur passage pour
y semer la parole de Dieu , arriverent à
Perigueux. Ce fut là qu'ils s'arrêterent
davantage , et que le Champ répondant
aux soins du Laboureur , la Moisson devint
bientôt trés-abondante. L'Evangile
JUILLET. 1731. 1871
y fit en peu de tems un progrés considerable.
Il y avoit alors un Gouverneur
en Perigord , nommé Squirius , homme
fort attaché à l'Idolâtrie. Cet homme
politique ou superstitieux s'efforça d'arrêter
le progrès d'une Religion incompatible
avec celle de ses Peres ; il fit arrêter
pour cela un grand nombre de fideles
; il emprisonnà les uns , il exila les
autres , il en fit mourir plusieurs la
persecution augmentant tous les jours
força bientôt le reste des Fideles à chercher
dans la fuite une ressource contre
les vives poursuites du Gouverneur .
Les Fideles allerent donc se cacher dans
un Desert voisin de la Riviere de Dordogne
, avec leur Pasteur qu'ils entraînerent
avec eux : Saint Fronton chassa de
cet endroit un Dragon qui infectoit tout
le Pays.
par
fin
des menaces ,
par
par
Mais Dieu qui vouloit établir son culte
dans cette Province , força le Gouverneur
des fleaux , et endes
avis qu'il lui donna en songe,
de plier sous le joug de la Foy.La paix fût
rendue à cette Eglise naissante . Le Gouverneur
alla lui -même chercher S. Fronton
dans le Desert , il ramena avec lui
le Pasteur et le Troupeau. S. Fronton
bâtit ensuite à Perigueux , du consentement
1672 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur une Eglise en l'honncur
de S. Etienne , premier Martyr.
Quand S. Fronton vit cette Eglise suffisamment
affermie , il y laissa un Disciple
nommé Anien pour la gouverner
pendant son absence , et envoya son compagnon
au Puy - en -Velay , où S. George
fonda une nouvelle Eglise dont il fût le
premier Evêque . Pour S. Fronton il alla
prêcher l'Evangile dans la Saintonge et
dans le Poitou ; il passa même par Paris
et pénetra jusques dans le Beauvaisis et
dans le Soissonnois. On voit encore dans
le Diocèse de Soissons unChâteau appellé
Neulli Saint Front , ce qui porteroit à
croire que ce qu'on dit des Voyages de
ce Saint n'est pas sans fondement. Quoyqu'il
en soit , S. Fronton aprés être retourné
dans son Diocèse , passa dans un
autre Voyage par les Villes de Bourdeaux
et de Bayonne , et s'avança jusqu'à Valance
en Espagne. Enfin fatigué , épuisé par
son grand âge et par ses travaux , il rétourna
dans son Siege,où il y mourut en
paix. On rapporte de lui plusieurs Miracles.
En voilà assés sur les Actes de S. Fronton,
premiet Evêque de Perigueux. Il ne
faut pas le confondre avec un aurre Saint
Fronton , Abbé , marqué au 14. Avril
dans
JUILLET. 1731. 1673
'dans le petit ouvrage intitulé * Fasti Mariani
, que l'Auteur Jesuite , dit avoir tiré
de la vie des Peres.
Cependant comme les Actes de Saint
Fronton , Fondateur de l'Eglise de Perigueux
, ont été rejettés par plusieurs critiques
, et en particulier par M. M. de
Tillemont et Baillet , nous rapporterons
ici en peu de mots ce qu'en dit ce dernier,
soit dans les Notes qu'il a mises au commencement
du mois d'Octobre , soit dans
ce qu'il dit de la vie de ce Saint au 25 .
du même mois.
Il commence la vie de S. Front par le
reconnoître pour l'Apôtre de Perigueux :
mais il a soin de mettre à la
marge , 3 .
ou 4. Siecle , ce qui ruine absolument
tout ce qu'on dit de son Voyage à Rome ,
et de sa mission dans les Gaules par Saint
Pierre , & c .
On ne peut , dit- il , entrer dans aucun
détail des actions de ce Saint , ni so
flatter même d'en pouvoir produire dont
on soit assuré , si l'on en excepte la conversion
du Peuple de Perigueux , qu'on
a tout sujet de regarder comme le fruit
de ses travaux et de ses souffrances . Tout
a paru , continue- t-il, tellement insoûtena-
1. Vol 1 Antuerpia 1633-
C
1674 MERCURE DE FRANCE
ble dans les premiers Actes qu'on avoit
publiés de sa vie , qu'on s'est crû obligé
d'en composer d'autres , qui sont cependant
tombés comme les premiers.
M. Baillet regarde aussi comme douteuse
la Tradition qui lui donne pour
compagnon dans ses travaux Apostoliques
un Prêtre , nommé George , aussi - bien
que la fondation de l'Eglise du Puy- en-
Velay,que la même Tradition fait remonter
comme celle de Perigueux au premier
Siecle.
Tous les Actes s'accordent à le faire
mourir en paix. Mais il n'en faut pas conclure
, ajoûte M. Baillet , qu'il ne soit
venu en Perigord qu'aprés la paix donnée
à l'Eglise par Constantin , à moins qu'on
ne voulût raisonner de même de S. Marrial
de Limoges , de S. Julien du Mans ,
de S. Gatien de Tours , et de beaucoup
d'autres Confesseurs , à qui les Payens
n'ont point ôté la vie.
La Fête de S, Fronton est marquée au
25. d'Octobre dans les Martyrologes
d'Adon et d'Usuard , en quoy on les a
suivis dans le Romain moderne. On dit
que le corps de S. Front fût trouvé quelques
années aprés la mort de Clovis I. et
transporté dans une Eglise que fit bâtir
en son honneur Chronope , Evêque de
Perigueux
JUILLET. 1731. 1875
Perigueux , du tems duquel la Ville passa
de la domination des Wisigoths sous
celle des François. On fait Mémoire de
cette Translation le 14. d'Octobre.
M. Baillet dit que les Actes de la vie
de ce Saint furent publiés par M. Bosquet
,dans la deuxième partie de son Histoire
de l'Eglise Gallicane , liv . 5. pag. ș.
ils ont été vûs , ajoûte t-il , par Adon de
Vienne ; ainsi ils ne peuvent être
rieurs au IX. Siecle.
poste
M. de Tillemont, Tom. 4. pag. 502. les
tient tout-à- fait insoutenables, tant pour
le fond que pour la composition. Un
Abbé de Solignac dans le Concile de Lis
moges , tenu l'an 1031. les rejetta devant
toute l'Assemblée , comme une fausse Piece
, et soutint que s'étoit une Fable composée
par un Gausbert Chorévêque de
Limoges , qui l'avoit faite même pour en
tirer de l'argent. Depuis l'onzième Siecle ,
comme on ne voyoit plus d'apparence à
soutenir cette Histoire de S. Front , on
en inventa une autre sous le nom des
Evêques ses Successeurs . Mais cette Piece,
dont M. Bosquet a donné l'Extrait , est
encore plus ridicule que la premiere , au
jugement du même M. de Tillemont.
Voilà ce qu'on peut recueillir de divers
Auteurs sur la vie de S. Front ; mais
Cij
comme
1676 MERCURE DE FRANCE
comme il nous est venu un Mémoire
d'un autre Endroit sur le même sujet ,
posterieur à la Lettre de Soissons , dans
lequel on demande plusieurs autres Eclaircissemens
, nous ajoûterons ici le précis
de ce Mémoire.
On demande d'abord si l'Auteur de
la Lettre inserée dans le Mercure d'Avril
travaille au Breviaire de ce Diocèse. On
prie ensuite de s'informer par la voye du
Mercure , de Messieurs de Perigueux ,
19. Si la Tradition de leur Eglise n'est pas
que le corps entier de S. Front y étoit
conservé lorsque les Calvinistes la pille-`
rent. 29. Si l'on a des preuves que la
Translation de ce corps ait été faite un
peu aprés l'an 1441. comme il paroît
qu'elle a dû être faite par une Bulle du
Pape Eugene IV. qui est dans le Gallia
Christiana.
Nous remarquerons sur ce second article
, qu'il faudroit donc supposer qu'il
eût été fait deux Translations du corps de
ce Saint , puisque M. Baillet parle d'une
Translation qu'on croit avoir été faite
vers la fin du cinquiéme Siecle , ou au
Commencement du sixième.
3º . s'il n'est rien échappé des Reliques
de ce Saint Evêque depuis le pillage des
Calvinistes , et supposé que l'on ait sauvé
quelques
JUILLET. 1731. 1677.
quelques parties de son corps , quelles
sont ces parties ? et en quelles Eglises elles
sont ? 4°. Si l'on a eu le Chef de ce Saint
enchassé en entier avec le refte du corps ,
ou séparement. 5º . En quels jours se celebrent
les Fêtes de la Translation du
corps ou des Reliques de ce même Saint.
Nous avons satisfait en partie à ce dernier
Article, en rapportant aprés M. Baillet
, qu'on fait la Fête de sa Translation
le 14. Octobre . L'Auteur de ce nouveau
Mémoire paroît avoir quelques
Eclaircissemens plus particuliers à donner
au Public sur la vie de S. Fronton.
Il y a lieu d'esperer que M M. de Perigueux
n'oublieront pas de contribuer, de
tout leur pouvoir à ce qui peut faire honneur
à la mémoire de leur Saint Apôtre ,
et qu'ils voudront bien exposer la Tradition
de leur Eglise sur les Articles de
ce dernier Mémoire.
Ciliijj . SENTI
1778 MERCURE DE FRANCE
SENTIMENS
D'UN IROQUOIS ,
A la vûë des diverses Marchandises étalées
à une Foire de France.
Sur l'Air : Iris , je ne sçais comment , &
Par le P P. B. 7.
'A La Foire me voici
Dieu ! quel monde est celui- cy !
Je ne vois que gens ,
Allans et vénans ;
Chacun fait son emplette ::2
Je vois qu'on offre tout ceans ,
Mais il faut qu'on l'achette ,
Morbleu ,
Mais il faut qu'on l'achette.
L'on vous dit , Monsieur , prenez ;
Et l'on sous-entend , donnez.
Ici rien pour rien,
Le tien et le mien ,
*
Sont les deux seuls mobiles ..
A ce prix est-ce un si grand bien ,
D'avoir bâti des Villes ?
Morbleu , &c.
Lâches
JOH JUILLET
1731. 1679
Lâches Prévaricateurs &
L'interêt gâte vos moeurs.
Chez vous sur ce pié
Droiture, amitié ,
Ne sont plus en usage ;
It vous nous laissez par pitié ,
L'innocence en partage.
Morbleu , &
Gardez bien, Peuples polis ,
Les vices vos favoris.
Noirceurs , trahisons ,
Maux de cent façons :
Ils sont tous à vos gages.
Ne nous donnez plus de faux noms }}
Yousêtes les Sauvages.
Morbleaux , &e
A consulter votre orgueil ,
On vous verroit d'un autre oeil ;
Ce Peintre flatteur
Vous peint dans le coeur ,
Meilleurs que nous ne sommes.
Moy je ne vous fais pas l'honneur ,
De vous croire des hommes,
Morbleu , &c.
Chez mes Confreres les Ours
C iiij
On
160 MERCURE DE FRANCE
On voit moins de méchans tours,
Moins cruels que vous ,
Moins fiers , moins jaloux ,
Chez les Ours on s'entraime :
Les François plus humains , plus doux
Ont un autre sistême.
Morbleu , &c.
Mais laissons-là ce propos :
Marchands, ouvrez vos Ballots .:
Que de pompeux riens ;
O Ciel , que de biens !
Dont je n'ai point affaire !
De grace , laissez- moi les miens ;
Gardez votre misere.
Morbleu , & c
Votre luxe dangereux ,
Vous a rendus malheureux .
Quoi ! foibles humains ,
De vos propres mains ,
Vous forgez vos entraves.
Nous sommes les vrais Souverains ;
Vous êtes des Esclaves.
Morbleu , &c.
D'où sont nez tant de besoins ?
De yos Arts et de vos soins ,
Votre
JUILLET. 1731 1681
Votre esprit maudit ,
Fomente et nourrit ,
Votre délicatesse.
L'Iroquois libre qui s'en rit ,
Foule aux pieds la richesse.
Morbleu , &c,
Toute votre vanité ,
Naut- elle ma liberté ?
Au fond des Deserts ;
Sans peur des revers
Je vois brûler ma hutte ;
Mon coeur même de l'Univers ,
Ne craindroit pas la chute.
Morbleu , &c.
Dans la Foire , beaux Esprits ,
Vos Livres sont à tout prix,
L'avide Imprimeur
Et le pâle Auteur ,
>
N'ont chez nous gain ni gloire ,
Et l'instrument de ma valeur ,
Ecrit seul mon Histoire.
Morbleu , & c.
Philosophes orgueilleux ,
Vos Ecrits sont merveilleux ;
Mais en verité
CY
Je
1682 MERCURE DE FRANCE
Je suis enchanté ,
De ne les pouvoir lire.
Le bon sens par vous maltraité ,
Dans nos Bois se retire .
Morbleu , &c
Que faites-vous , beaux parleurs
Vous semez partout des fleurs ;
En tours bien tissus ,
En mots ambigus ,
Votre esprit se distile ;
Mon silence seul en dit plus ,
Que votre pompeux stile.
Morbleu , &c.
Mon habit choque vos yeux ;
Mais le vôtre siet-il mieux }
Tout cet attirail ,
Fruit d'un long travail ,
Vous rend la tête folle ,
Quoi ! vous filez jusqu'au Métail ,
Pour parer une Idole !
Morbleu , & c.
Il faut pour flatter vos goûts ,
Mets exquis , sausses , ragouts
Mais votre santé ,
Malgré Caffé , Thế ,
Suse dès la jeunesse ;
I
JUILLET. 1731. 1683
Au prix de la sobrieté ,
J'achette la viellesse.
Morblen , &c.
Jamais on ne vous voit sains ,
Vous avez des Medecins ;
Mourez dans leurs bras,
C'est votre trépas ,
Qui leur sert de parure .
Allez , je ne vous plaindrai pas ,
Ils vengent la Nature.
Morbleu , & c.
Aussi , François délicats ,
Nous vous voyons aux Combats
Prisonniers charmans ,
Vos vrais sentimens ,
Nous dévoilent votre ame.
Et moi je brave les tourmens ,
Je chante dans la flamme.
Morbleu , & c. >
Marchands , fermez vos paquets
Je sçais vivre à peu de frais ;
J'ai tout et n'ai rien :
Laissez- moi pour bien
Mon heureuse indigence.
Vos désirs sont votre lien ,
Et j'ai l'indépendance.
Morbleu ,&C
EPITA PHE ,
D'UN AVARE.
Par M. de Malerais de la Vigne.
CY gât un homme peu chrétien
Dont l'avarice étoit extrême
Le
JUILLET . 1731 . 1663
Le bien des autres fût le sien ,
Et jamais il ne prêta rien ,
Qu'au denier
même.
quatre ou cinq , fût-ce à son Pere
Mets l'oreille à sa Tombe, ô Passant , et fremis ;
Ses os s'entrefroissant font un affreux murmure,
Et semblent s'irriter que tu fasses lecture ,
De son Epitaphe gratis.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
***:****XXX :XXXXX
ECLAIRCISSEMENS demandés
>
par
une Lettre écrite de Soissons , inserée dans
le Mercure d'Avril 1731. sur la Vie de
Saint Front on Frontor
L paroît un peu singulier qu'on démande
desEclaircissemens sur un Saint Im
aussi
1670 MERCURE DE FRANCEaussi
connu que S. Fronton, Saint, qu'une
Eglise de ce Royaume reconnoît pour
son Fondateur , et pour son Apôtre ,
sans que la Critique ait encore ose le lui
disputer. Il est parlé de ce Saint dans tous
les Martyrologes au 25. d'Octobre , dans
le Martyrologe Romain , dans ceux de
France et d'Espagne , dans Baronius ,
dans Surius , dans Ribadeneira &c. Cependant
nous exposerons ici avec la briéveté
requise , ce que nous en apprenons
dans les Actes de sa vie, rapportés par M.
Bosquet dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane.
Saint Front , ou Fronton , que quelques
uns font naître à Perigueux , d'autres
en Orient , ayant été connu de Saint
Pierre dans un Voyage qu'il fit à Rome ,
et en ayant été jugé digne de porter la
foy parmi les Idolatres , ce Prince des
Apôtres l'envoya dans les Gaules avec un
compagnon , nommé Georges , pour y
publier l'Evangile . Ces deux hommes
Apostoliques aprés beaucoup de Stations
faites dans les lieux de leur passage pour
y semer la parole de Dieu , arriverent à
Perigueux. Ce fut là qu'ils s'arrêterent
davantage , et que le Champ répondant
aux soins du Laboureur , la Moisson devint
bientôt trés-abondante. L'Evangile
JUILLET. 1731. 1871
y fit en peu de tems un progrés considerable.
Il y avoit alors un Gouverneur
en Perigord , nommé Squirius , homme
fort attaché à l'Idolâtrie. Cet homme
politique ou superstitieux s'efforça d'arrêter
le progrès d'une Religion incompatible
avec celle de ses Peres ; il fit arrêter
pour cela un grand nombre de fideles
; il emprisonnà les uns , il exila les
autres , il en fit mourir plusieurs la
persecution augmentant tous les jours
força bientôt le reste des Fideles à chercher
dans la fuite une ressource contre
les vives poursuites du Gouverneur .
Les Fideles allerent donc se cacher dans
un Desert voisin de la Riviere de Dordogne
, avec leur Pasteur qu'ils entraînerent
avec eux : Saint Fronton chassa de
cet endroit un Dragon qui infectoit tout
le Pays.
par
fin
des menaces ,
par
par
Mais Dieu qui vouloit établir son culte
dans cette Province , força le Gouverneur
des fleaux , et endes
avis qu'il lui donna en songe,
de plier sous le joug de la Foy.La paix fût
rendue à cette Eglise naissante . Le Gouverneur
alla lui -même chercher S. Fronton
dans le Desert , il ramena avec lui
le Pasteur et le Troupeau. S. Fronton
bâtit ensuite à Perigueux , du consentement
1672 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur une Eglise en l'honncur
de S. Etienne , premier Martyr.
Quand S. Fronton vit cette Eglise suffisamment
affermie , il y laissa un Disciple
nommé Anien pour la gouverner
pendant son absence , et envoya son compagnon
au Puy - en -Velay , où S. George
fonda une nouvelle Eglise dont il fût le
premier Evêque . Pour S. Fronton il alla
prêcher l'Evangile dans la Saintonge et
dans le Poitou ; il passa même par Paris
et pénetra jusques dans le Beauvaisis et
dans le Soissonnois. On voit encore dans
le Diocèse de Soissons unChâteau appellé
Neulli Saint Front , ce qui porteroit à
croire que ce qu'on dit des Voyages de
ce Saint n'est pas sans fondement. Quoyqu'il
en soit , S. Fronton aprés être retourné
dans son Diocèse , passa dans un
autre Voyage par les Villes de Bourdeaux
et de Bayonne , et s'avança jusqu'à Valance
en Espagne. Enfin fatigué , épuisé par
son grand âge et par ses travaux , il rétourna
dans son Siege,où il y mourut en
paix. On rapporte de lui plusieurs Miracles.
En voilà assés sur les Actes de S. Fronton,
premiet Evêque de Perigueux. Il ne
faut pas le confondre avec un aurre Saint
Fronton , Abbé , marqué au 14. Avril
dans
JUILLET. 1731. 1673
'dans le petit ouvrage intitulé * Fasti Mariani
, que l'Auteur Jesuite , dit avoir tiré
de la vie des Peres.
Cependant comme les Actes de Saint
Fronton , Fondateur de l'Eglise de Perigueux
, ont été rejettés par plusieurs critiques
, et en particulier par M. M. de
Tillemont et Baillet , nous rapporterons
ici en peu de mots ce qu'en dit ce dernier,
soit dans les Notes qu'il a mises au commencement
du mois d'Octobre , soit dans
ce qu'il dit de la vie de ce Saint au 25 .
du même mois.
Il commence la vie de S. Front par le
reconnoître pour l'Apôtre de Perigueux :
mais il a soin de mettre à la
marge , 3 .
ou 4. Siecle , ce qui ruine absolument
tout ce qu'on dit de son Voyage à Rome ,
et de sa mission dans les Gaules par Saint
Pierre , & c .
On ne peut , dit- il , entrer dans aucun
détail des actions de ce Saint , ni so
flatter même d'en pouvoir produire dont
on soit assuré , si l'on en excepte la conversion
du Peuple de Perigueux , qu'on
a tout sujet de regarder comme le fruit
de ses travaux et de ses souffrances . Tout
a paru , continue- t-il, tellement insoûtena-
1. Vol 1 Antuerpia 1633-
C
1674 MERCURE DE FRANCE
ble dans les premiers Actes qu'on avoit
publiés de sa vie , qu'on s'est crû obligé
d'en composer d'autres , qui sont cependant
tombés comme les premiers.
M. Baillet regarde aussi comme douteuse
la Tradition qui lui donne pour
compagnon dans ses travaux Apostoliques
un Prêtre , nommé George , aussi - bien
que la fondation de l'Eglise du Puy- en-
Velay,que la même Tradition fait remonter
comme celle de Perigueux au premier
Siecle.
Tous les Actes s'accordent à le faire
mourir en paix. Mais il n'en faut pas conclure
, ajoûte M. Baillet , qu'il ne soit
venu en Perigord qu'aprés la paix donnée
à l'Eglise par Constantin , à moins qu'on
ne voulût raisonner de même de S. Marrial
de Limoges , de S. Julien du Mans ,
de S. Gatien de Tours , et de beaucoup
d'autres Confesseurs , à qui les Payens
n'ont point ôté la vie.
La Fête de S, Fronton est marquée au
25. d'Octobre dans les Martyrologes
d'Adon et d'Usuard , en quoy on les a
suivis dans le Romain moderne. On dit
que le corps de S. Front fût trouvé quelques
années aprés la mort de Clovis I. et
transporté dans une Eglise que fit bâtir
en son honneur Chronope , Evêque de
Perigueux
JUILLET. 1731. 1875
Perigueux , du tems duquel la Ville passa
de la domination des Wisigoths sous
celle des François. On fait Mémoire de
cette Translation le 14. d'Octobre.
M. Baillet dit que les Actes de la vie
de ce Saint furent publiés par M. Bosquet
,dans la deuxième partie de son Histoire
de l'Eglise Gallicane , liv . 5. pag. ș.
ils ont été vûs , ajoûte t-il , par Adon de
Vienne ; ainsi ils ne peuvent être
rieurs au IX. Siecle.
poste
M. de Tillemont, Tom. 4. pag. 502. les
tient tout-à- fait insoutenables, tant pour
le fond que pour la composition. Un
Abbé de Solignac dans le Concile de Lis
moges , tenu l'an 1031. les rejetta devant
toute l'Assemblée , comme une fausse Piece
, et soutint que s'étoit une Fable composée
par un Gausbert Chorévêque de
Limoges , qui l'avoit faite même pour en
tirer de l'argent. Depuis l'onzième Siecle ,
comme on ne voyoit plus d'apparence à
soutenir cette Histoire de S. Front , on
en inventa une autre sous le nom des
Evêques ses Successeurs . Mais cette Piece,
dont M. Bosquet a donné l'Extrait , est
encore plus ridicule que la premiere , au
jugement du même M. de Tillemont.
Voilà ce qu'on peut recueillir de divers
Auteurs sur la vie de S. Front ; mais
Cij
comme
1676 MERCURE DE FRANCE
comme il nous est venu un Mémoire
d'un autre Endroit sur le même sujet ,
posterieur à la Lettre de Soissons , dans
lequel on demande plusieurs autres Eclaircissemens
, nous ajoûterons ici le précis
de ce Mémoire.
On demande d'abord si l'Auteur de
la Lettre inserée dans le Mercure d'Avril
travaille au Breviaire de ce Diocèse. On
prie ensuite de s'informer par la voye du
Mercure , de Messieurs de Perigueux ,
19. Si la Tradition de leur Eglise n'est pas
que le corps entier de S. Front y étoit
conservé lorsque les Calvinistes la pille-`
rent. 29. Si l'on a des preuves que la
Translation de ce corps ait été faite un
peu aprés l'an 1441. comme il paroît
qu'elle a dû être faite par une Bulle du
Pape Eugene IV. qui est dans le Gallia
Christiana.
Nous remarquerons sur ce second article
, qu'il faudroit donc supposer qu'il
eût été fait deux Translations du corps de
ce Saint , puisque M. Baillet parle d'une
Translation qu'on croit avoir été faite
vers la fin du cinquiéme Siecle , ou au
Commencement du sixième.
3º . s'il n'est rien échappé des Reliques
de ce Saint Evêque depuis le pillage des
Calvinistes , et supposé que l'on ait sauvé
quelques
JUILLET. 1731. 1677.
quelques parties de son corps , quelles
sont ces parties ? et en quelles Eglises elles
sont ? 4°. Si l'on a eu le Chef de ce Saint
enchassé en entier avec le refte du corps ,
ou séparement. 5º . En quels jours se celebrent
les Fêtes de la Translation du
corps ou des Reliques de ce même Saint.
Nous avons satisfait en partie à ce dernier
Article, en rapportant aprés M. Baillet
, qu'on fait la Fête de sa Translation
le 14. Octobre . L'Auteur de ce nouveau
Mémoire paroît avoir quelques
Eclaircissemens plus particuliers à donner
au Public sur la vie de S. Fronton.
Il y a lieu d'esperer que M M. de Perigueux
n'oublieront pas de contribuer, de
tout leur pouvoir à ce qui peut faire honneur
à la mémoire de leur Saint Apôtre ,
et qu'ils voudront bien exposer la Tradition
de leur Eglise sur les Articles de
ce dernier Mémoire.
Ciliijj . SENTI
1778 MERCURE DE FRANCE
SENTIMENS
D'UN IROQUOIS ,
A la vûë des diverses Marchandises étalées
à une Foire de France.
Sur l'Air : Iris , je ne sçais comment , &
Par le P P. B. 7.
'A La Foire me voici
Dieu ! quel monde est celui- cy !
Je ne vois que gens ,
Allans et vénans ;
Chacun fait son emplette ::2
Je vois qu'on offre tout ceans ,
Mais il faut qu'on l'achette ,
Morbleu ,
Mais il faut qu'on l'achette.
L'on vous dit , Monsieur , prenez ;
Et l'on sous-entend , donnez.
Ici rien pour rien,
Le tien et le mien ,
*
Sont les deux seuls mobiles ..
A ce prix est-ce un si grand bien ,
D'avoir bâti des Villes ?
Morbleu , &c.
Lâches
JOH JUILLET
1731. 1679
Lâches Prévaricateurs &
L'interêt gâte vos moeurs.
Chez vous sur ce pié
Droiture, amitié ,
Ne sont plus en usage ;
It vous nous laissez par pitié ,
L'innocence en partage.
Morbleu , &
Gardez bien, Peuples polis ,
Les vices vos favoris.
Noirceurs , trahisons ,
Maux de cent façons :
Ils sont tous à vos gages.
Ne nous donnez plus de faux noms }}
Yousêtes les Sauvages.
Morbleaux , &e
A consulter votre orgueil ,
On vous verroit d'un autre oeil ;
Ce Peintre flatteur
Vous peint dans le coeur ,
Meilleurs que nous ne sommes.
Moy je ne vous fais pas l'honneur ,
De vous croire des hommes,
Morbleu , &c.
Chez mes Confreres les Ours
C iiij
On
160 MERCURE DE FRANCE
On voit moins de méchans tours,
Moins cruels que vous ,
Moins fiers , moins jaloux ,
Chez les Ours on s'entraime :
Les François plus humains , plus doux
Ont un autre sistême.
Morbleu , &c.
Mais laissons-là ce propos :
Marchands, ouvrez vos Ballots .:
Que de pompeux riens ;
O Ciel , que de biens !
Dont je n'ai point affaire !
De grace , laissez- moi les miens ;
Gardez votre misere.
Morbleu , & c
Votre luxe dangereux ,
Vous a rendus malheureux .
Quoi ! foibles humains ,
De vos propres mains ,
Vous forgez vos entraves.
Nous sommes les vrais Souverains ;
Vous êtes des Esclaves.
Morbleu , &c.
D'où sont nez tant de besoins ?
De yos Arts et de vos soins ,
Votre
JUILLET. 1731 1681
Votre esprit maudit ,
Fomente et nourrit ,
Votre délicatesse.
L'Iroquois libre qui s'en rit ,
Foule aux pieds la richesse.
Morbleu , &c,
Toute votre vanité ,
Naut- elle ma liberté ?
Au fond des Deserts ;
Sans peur des revers
Je vois brûler ma hutte ;
Mon coeur même de l'Univers ,
Ne craindroit pas la chute.
Morbleu , &c.
Dans la Foire , beaux Esprits ,
Vos Livres sont à tout prix,
L'avide Imprimeur
Et le pâle Auteur ,
>
N'ont chez nous gain ni gloire ,
Et l'instrument de ma valeur ,
Ecrit seul mon Histoire.
Morbleu , & c.
Philosophes orgueilleux ,
Vos Ecrits sont merveilleux ;
Mais en verité
CY
Je
1682 MERCURE DE FRANCE
Je suis enchanté ,
De ne les pouvoir lire.
Le bon sens par vous maltraité ,
Dans nos Bois se retire .
Morbleu , &c
Que faites-vous , beaux parleurs
Vous semez partout des fleurs ;
En tours bien tissus ,
En mots ambigus ,
Votre esprit se distile ;
Mon silence seul en dit plus ,
Que votre pompeux stile.
Morbleu , &c.
Mon habit choque vos yeux ;
Mais le vôtre siet-il mieux }
Tout cet attirail ,
Fruit d'un long travail ,
Vous rend la tête folle ,
Quoi ! vous filez jusqu'au Métail ,
Pour parer une Idole !
Morbleu , & c.
Il faut pour flatter vos goûts ,
Mets exquis , sausses , ragouts
Mais votre santé ,
Malgré Caffé , Thế ,
Suse dès la jeunesse ;
I
JUILLET. 1731. 1683
Au prix de la sobrieté ,
J'achette la viellesse.
Morblen , &c.
Jamais on ne vous voit sains ,
Vous avez des Medecins ;
Mourez dans leurs bras,
C'est votre trépas ,
Qui leur sert de parure .
Allez , je ne vous plaindrai pas ,
Ils vengent la Nature.
Morbleu , & c.
Aussi , François délicats ,
Nous vous voyons aux Combats
Prisonniers charmans ,
Vos vrais sentimens ,
Nous dévoilent votre ame.
Et moi je brave les tourmens ,
Je chante dans la flamme.
Morbleu , & c. >
Marchands , fermez vos paquets
Je sçais vivre à peu de frais ;
J'ai tout et n'ai rien :
Laissez- moi pour bien
Mon heureuse indigence.
Vos désirs sont votre lien ,
Et j'ai l'indépendance.
Morbleu ,&C
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Résumé : SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Le texte présente plusieurs épitaphes et des éclaircissements sur la vie de Saint Front, également connu sous le nom de Fronton. Une épitaphe décrit un homme avare, tandis qu'une autre critique un prétendu bel esprit. Le texte principal se concentre sur Saint Front, premier évêque de Périgueux. Selon les Actes de sa vie, rapportés par M. Bosquet, Saint Front, originaire de Périgueux ou d'Orient, fut envoyé par Saint Pierre pour prêcher l'Évangile en Gaule. Il arriva à Périgueux accompagné de son compagnon Georges et y fit de nombreux convertis malgré la persécution du gouverneur Squirius. Saint Front chassa un dragon et bâtit une église en l'honneur de Saint Étienne. Il fonda également des églises dans d'autres régions, telles que le Puy-en-Velay, la Saintonge et le Poitou. Saint Front mourut en paix à Périgueux après avoir accompli de nombreux miracles. Cependant, les Actes de Saint Front ont été rejetés par plusieurs critiques, notamment M. de Tillemont et M. Baillet, qui les jugent insoutenables et douteux. M. Baillet reconnaît la conversion du peuple de Périgueux comme le principal fruit des travaux de Saint Front, mais remet en question les détails de sa vie et ses voyages. La fête de Saint Front est célébrée le 25 octobre, et son corps fut retrouvé après la mort de Clovis Ier. Le texte mentionne également des demandes d'éclaircissements sur les reliques de Saint Front et les traditions de l'Église de Périgueux. Enfin, un poème d'un Iroquois critique la société française, mettant en avant la liberté et l'innocence des peuples sauvages par rapport aux vices et aux besoins artificiels des Français.
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9
p. 1809
ESPAGNE.
Début :
Sept Vaisseaux de Guerre, construits dans la Biscaye, dont l'un est percé pour 112 Canons, [...]
Mots clefs :
Vaisseaux de guerre, Gênes, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
Ept Vaisseaux de Guerre , construits dans la
Biscaye, dont l'un est percé pour 112 Canons,
deux autres de 78 pieces , deux de 64. et deux de
60. sont attendus à Cadix .
Les Vaisseaux de la Compagnie des Caraques
ont pris plusieurs Vaisseaux étrangers qui faisoient
la contre- bande le long de la côte de la
nouvelle Espagne , et qui avoient pour plus de 14
cens milles Piastres de Marchandises .
La Mine d'or découverte il y a quelque temps ,
près de Talavera , dans la nouvelle Castille, est si
abondante , qu'on y trouve des pieces d'or pur
sans mélange d'aucune autre matiere. Comme on
se flate de titer de grands profits de cette Mine, on
a ordonné d'y faire construire divers bâtimens
pour la commodité des ouvriers.
On a apris par la voye de Génes qu'on avoit
achevé la Ligne qui ôte toute communication de
Gibraltar avec l'Andalousie , que des trois Forts
qu'on a construits pour la défense de cette ligne
l'un dominoit la Baye des Alghesirs du côté
du Ponant , où est la Ville de Gibraltar; que l'au
tre étoit au centre et pouvoit battre la Ville et le
Port , et que le troisiéme qui est du côté du Levant
, n'étoit pas encore achevé , mais qu'il y
avoit déja de parfait un épaulement de plus de
3c0c toises ; qu'on devoit mettre 238 pieces de
Canon sur ces trois Forts, sans compter ceux qui
sont.près des Redoutes le long de la ligne ..
Ept Vaisseaux de Guerre , construits dans la
Biscaye, dont l'un est percé pour 112 Canons,
deux autres de 78 pieces , deux de 64. et deux de
60. sont attendus à Cadix .
Les Vaisseaux de la Compagnie des Caraques
ont pris plusieurs Vaisseaux étrangers qui faisoient
la contre- bande le long de la côte de la
nouvelle Espagne , et qui avoient pour plus de 14
cens milles Piastres de Marchandises .
La Mine d'or découverte il y a quelque temps ,
près de Talavera , dans la nouvelle Castille, est si
abondante , qu'on y trouve des pieces d'or pur
sans mélange d'aucune autre matiere. Comme on
se flate de titer de grands profits de cette Mine, on
a ordonné d'y faire construire divers bâtimens
pour la commodité des ouvriers.
On a apris par la voye de Génes qu'on avoit
achevé la Ligne qui ôte toute communication de
Gibraltar avec l'Andalousie , que des trois Forts
qu'on a construits pour la défense de cette ligne
l'un dominoit la Baye des Alghesirs du côté
du Ponant , où est la Ville de Gibraltar; que l'au
tre étoit au centre et pouvoit battre la Ville et le
Port , et que le troisiéme qui est du côté du Levant
, n'étoit pas encore achevé , mais qu'il y
avoit déja de parfait un épaulement de plus de
3c0c toises ; qu'on devoit mettre 238 pieces de
Canon sur ces trois Forts, sans compter ceux qui
sont.près des Redoutes le long de la ligne ..
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Résumé : ESPAGNE.
Le texte évoque plusieurs développements en Espagne. Cinq vaisseaux de guerre, construits en Biscaye et armés de 112, 78, 64 et 60 canons, sont attendus à Cadix. La Compagnie des Caraques a capturé des vaisseaux étrangers pratiquant la contrebande le long de la côte de la Nouvelle-Espagne, transportant des marchandises d'une valeur supérieure à 140 000 piastres. Une mine d'or découverte près de Talavera, en Nouvelle-Castille, s'est révélée extrêmement riche, produisant des pièces d'or pur. Des bâtiments sont en construction pour faciliter le travail des mineurs et maximiser les profits. Par ailleurs, une ligne de défense a été achevée à Gibraltar pour couper toute communication avec l'Andalousie. Trois forts ont été construits le long de cette ligne, équipés de 238 pièces de canon supplémentaires.
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10
p. 411-413
ARRESTS NOTABLES, &C.
Début :
LETTRES PATENTES DU ROY, du mois de Juillet 1731. en [...]
Mots clefs :
Arrêts, Bestiaux, Chevaux, Marchandises, Rennes
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texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES, &C.
ARRESTS NOTABLES, &c.
LEETTRES PATENTES DU ROY,
du mois de Juillet 173 1. en faveur de la Ville de Rennes.
LOUIS, par la grace de Dieu, Roy de France et
de Navarre; à nos amez et féaux Conseillers, les
gens tenant notre Cour de Parlement de Bretagne , SALUT. Nos amez et feaux les Maires et Echevins de notre Ville de Rennes , nous ont fait
remontrer par Arrêt de notre Conseil du premier Août 1730. nous leur avons permis pour les causes contenues en leur Requête inserée audit Ar- rêt, de faire tenir chaque année par augmentation
-une sixiéme Foire , dont l'ouverture se feroit le
Lundi devant le Dimanche gras de l'année lors
prochaine 1731. qui finiroit le premier Lundy de
Carême , que cette Foire se tiendroit dans la Pla- ce de Ste Anne de ladite Ville en la maniere açcoûtumée pour les Marchandises, seulement ;
дои
412 MERCURE DE FRANCE
nous avons de plus permis qu'il seroit tenu à l'a
venir le Mardy de chaque semaine un Marché de
Chevaux et Bestiaux dans la Place duVieux Cours,
où se tiennent ordinairement les Foires ; que par
un second Arrêt du 22. May dernier , nous avons
ordonné que cette sixiéme Foire seroit à l'instar
des autres Foires cy-devant établies en ladite Ville
de Rennes, qu'elle tiendroit tant pour les Mar- chandises que pour les Chevaux, Boeufs et autres
Bestiaux , sçavoir , pour les Marchandises seulement dans la Place Ste Anne et pour les autres
-Bestiaux dans la Place du Vieux Cours , voulant
au surplus que l'Arrêt de notre Conseil du premier Août 1730. soit executé selon sa forme et
teneur , et que sur les deux Arrêts toutes Lettres
necessaires soient expediées, que lesdits Maíres et Echevins et Habitans nous ont très - humblement
supplié de leur vouloir octroyer. A CES CAUSES,
voulant favorablement traitter les Exposans , de
Pavis de notre Conseil qui a vu lesdits Arrêts
rendus en icelui les premier Août 1730. et 22 .
May de la présente année , cy-attachez sous le
contre- scel de notre Chancellerie, conformément
iceux , nous avons ausdits Exposans permis et
par ces Presentes signées de notre main , permet
tons de faire tenir en ladite Ville chaque année
par augmentation une sixéme Foire dont l'ouverture se fera le Lundy devant le Dimanche gras et
qui finira le premier Lundi de Carême ; avons ordonné et ordonnons que ladite Foire sera à l'instar des autres Foires cy- devant établies en ladite
Ville , qu'elle se tiendra tant pour les Marchandises que pour les Chevaux et Bestiaux ; sçavoir ,
pour les Marchandises seulement dans la Place
-de Ste Anne , et pour les Chevaux , Bœufs et autres Bestiaux dans la Place du Vieux Cours ;
avor
FEVRIER 1732. 413
avons en outre permis et permettons ausdits Exposans par lesdites Présentes signées de notre
main , de faire tenir le mardy de chaque Semaine un Marché de Chevaux , Boeufs et autres Bestiaux dans ladite Place du Vieux Cours , où se
tiennent ordinairement les Foires , &c
LEETTRES PATENTES DU ROY,
du mois de Juillet 173 1. en faveur de la Ville de Rennes.
LOUIS, par la grace de Dieu, Roy de France et
de Navarre; à nos amez et féaux Conseillers, les
gens tenant notre Cour de Parlement de Bretagne , SALUT. Nos amez et feaux les Maires et Echevins de notre Ville de Rennes , nous ont fait
remontrer par Arrêt de notre Conseil du premier Août 1730. nous leur avons permis pour les causes contenues en leur Requête inserée audit Ar- rêt, de faire tenir chaque année par augmentation
-une sixiéme Foire , dont l'ouverture se feroit le
Lundi devant le Dimanche gras de l'année lors
prochaine 1731. qui finiroit le premier Lundy de
Carême , que cette Foire se tiendroit dans la Pla- ce de Ste Anne de ladite Ville en la maniere açcoûtumée pour les Marchandises, seulement ;
дои
412 MERCURE DE FRANCE
nous avons de plus permis qu'il seroit tenu à l'a
venir le Mardy de chaque semaine un Marché de
Chevaux et Bestiaux dans la Place duVieux Cours,
où se tiennent ordinairement les Foires ; que par
un second Arrêt du 22. May dernier , nous avons
ordonné que cette sixiéme Foire seroit à l'instar
des autres Foires cy-devant établies en ladite Ville
de Rennes, qu'elle tiendroit tant pour les Mar- chandises que pour les Chevaux, Boeufs et autres
Bestiaux , sçavoir , pour les Marchandises seulement dans la Place Ste Anne et pour les autres
-Bestiaux dans la Place du Vieux Cours , voulant
au surplus que l'Arrêt de notre Conseil du premier Août 1730. soit executé selon sa forme et
teneur , et que sur les deux Arrêts toutes Lettres
necessaires soient expediées, que lesdits Maíres et Echevins et Habitans nous ont très - humblement
supplié de leur vouloir octroyer. A CES CAUSES,
voulant favorablement traitter les Exposans , de
Pavis de notre Conseil qui a vu lesdits Arrêts
rendus en icelui les premier Août 1730. et 22 .
May de la présente année , cy-attachez sous le
contre- scel de notre Chancellerie, conformément
iceux , nous avons ausdits Exposans permis et
par ces Presentes signées de notre main , permet
tons de faire tenir en ladite Ville chaque année
par augmentation une sixéme Foire dont l'ouverture se fera le Lundy devant le Dimanche gras et
qui finira le premier Lundi de Carême ; avons ordonné et ordonnons que ladite Foire sera à l'instar des autres Foires cy- devant établies en ladite
Ville , qu'elle se tiendra tant pour les Marchandises que pour les Chevaux et Bestiaux ; sçavoir ,
pour les Marchandises seulement dans la Place
-de Ste Anne , et pour les Chevaux , Bœufs et autres Bestiaux dans la Place du Vieux Cours ;
avor
FEVRIER 1732. 413
avons en outre permis et permettons ausdits Exposans par lesdites Présentes signées de notre
main , de faire tenir le mardy de chaque Semaine un Marché de Chevaux , Boeufs et autres Bestiaux dans ladite Place du Vieux Cours , où se
tiennent ordinairement les Foires , &c
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Résumé : ARRESTS NOTABLES, &C.
En juillet 1731, le roi Louis de France et de Navarre a accordé une lettre patente à la ville de Rennes. Les maires et échevins de Rennes avaient sollicité et obtenu l'autorisation d'organiser une sixième foire annuelle. Cette foire débuterait le lundi précédant le dimanche gras de l'année 1731 et se terminerait le premier lundi de Carême. Elle se tiendrait sur la place de Sainte-Anne pour les marchandises et sur la place du Vieux Cours pour les chevaux et autres bestiaux. De plus, un marché hebdomadaire pour les chevaux et bestiaux serait organisé chaque mardi sur la place du Vieux Cours. Ces décisions étaient fondées sur des arrêts du Conseil royal des 1er août 1730 et 22 mai 1731. Le roi a confirmé ces permissions et ordonné l'exécution des arrêts mentionnés.
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11
p. 1635-1636
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le Roy d'Espagne a fait proposer à la Compagne [...]
Mots clefs :
Compagnie de la Mer du Sud, Grande-Bretagne, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
Lpagne de la Mer da Sul , d'annuler la con- E Roy d'Espagne a fait proposer à la Comvention , suivant laquelle elle envoye tous les ans
'un Vaisseau à la Mer du Sud , ce qui fait tort à
tous les Négocians de l'Europe , et en particulier
à la Nation Angloise , et de lui donner en échange un équivalent de deux pour cent sur toutes Ies Marchandises du retour des Gallions et de la
Flotille , et qui pour cette année seroit un peu
plus fort , en considération de ce que cette Compagnie a déja acheté les Marchandises qu'elle de- voit envoyer au mois d'Août à la Mer du Sud.
On ne sçait pas encore si ces propositions seront
acceptées , mais la plupart des Négocians les
trouvent très-favorables , parce que cette Compagnie leur fait un très - grand tort.
Le Chevalier Rob. Sutton , qui a été exclus de la Chambre des Communes à l'occasion des affaires de la Charitable Corporation , a signé de- vant
Hiiij
3636 MERCURE DE FRANCE
vant les Barons de l'Echiquier sa soumission de
ne point sortir du Royaume jusqu'à la fin de la
prochaine Séance du Parlement.
Lpagne de la Mer da Sul , d'annuler la con- E Roy d'Espagne a fait proposer à la Comvention , suivant laquelle elle envoye tous les ans
'un Vaisseau à la Mer du Sud , ce qui fait tort à
tous les Négocians de l'Europe , et en particulier
à la Nation Angloise , et de lui donner en échange un équivalent de deux pour cent sur toutes Ies Marchandises du retour des Gallions et de la
Flotille , et qui pour cette année seroit un peu
plus fort , en considération de ce que cette Compagnie a déja acheté les Marchandises qu'elle de- voit envoyer au mois d'Août à la Mer du Sud.
On ne sçait pas encore si ces propositions seront
acceptées , mais la plupart des Négocians les
trouvent très-favorables , parce que cette Compagnie leur fait un très - grand tort.
Le Chevalier Rob. Sutton , qui a été exclus de la Chambre des Communes à l'occasion des affaires de la Charitable Corporation , a signé de- vant
Hiiij
3636 MERCURE DE FRANCE
vant les Barons de l'Echiquier sa soumission de
ne point sortir du Royaume jusqu'à la fin de la
prochaine Séance du Parlement.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le texte aborde deux sujets principaux concernant la Grande-Bretagne. Premièrement, il mentionne une proposition du roi d'Espagne à la Convention nationale française. Cette proposition consiste à envoyer annuellement un vaisseau dans la Mer du Sud, ce qui nuit aux négociants européens, notamment aux Britanniques. En échange, la Compagnie devrait recevoir un équivalent de deux pour cent sur toutes les marchandises ramenées par les galions et la flotille. Pour l'année en cours, ce pourcentage serait légèrement plus élevé en raison des achats déjà effectués par la Compagnie pour l'expédition d'août vers la Mer du Sud. L'acceptation de ces propositions est encore incertaine, mais la majorité des négociants les trouvent favorables car la Compagnie leur cause un préjudice significatif. Deuxièmement, le texte évoque le cas du Chevalier Robert Sutton. Exclu de la Chambre des Communes à la suite des affaires de la Charitable Corporation, il a signé devant les Barons de l'Echiquier sa soumission de ne pas quitter le Royaume jusqu'à la fin de la prochaine séance du Parlement.
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12
p. 2270-2272
ALLEMAGNE.
Début :
Le bruit court à Vienne que l'Empereur a refusé d'entendre les nouvelles Représentations [...]
Mots clefs :
Allemagne, Commission impériale, Boeufs, Pluie, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
E bruit court à Vienne que l'Empereur a re
fusé d'entendre les nouvelles Représentations
que le Marquis Palavicini , Envoïé de la Répu blique de Génes , vouloit lui faire de la part de
cette République , et que S. M. Imp. lui a fait
dire qu'elle ne lui accorderoit d'Audience que
quand il viendroit pour lui apprendre que la République avoit satisfait à toutes les conditions
du Traité conclu entre Elle et les Peuples de
' Isle de Corse ´et qu'elle auroit fait mettre
OCTOBRE. 1722. 227
un liberté les quatre Chefs de cette Nation.
Leurs Majestez Impériales arriverent à Vienne
en parfaite santé de leur voyage de Lieutz , &c.
le 7 de ce mois.
On apprend de Demitz que le Duc Charles
Léopold avoit fait remettre aux Commissaires
Subdelegués de la CommissionImpériale une protestation de nullité contre tous les Réglemens que
l'Empereur pourroit faire publier par rapport aux affaires du Duché de Meckelbourg. On a vû de→
puis un Décret de S. M. I. qui porte en substan
ce que le Duc Chrétien-Louis de Meckelbourg Schwerin son frere , sera confirmé et établi Administrateur du Duché ; qu'on lui donnera pour
Adjoints quatre Conseillers qui seront nommés
par le Roi d'Angleterre comme Electeur d'Hanover , par le Roi de Prusse comme Electeur de
Brandebourg , par le Roi de Suede comme Duc
de Pomeranic , et par le Duc de Brunswick Wol
fembutel ; tous les quatre en qualité de Directeurs du Cercle de la Basse Saxe ; qu'on mettra
dans Domitz une Garnison de Troupes de ce
Cercle ; qu'on réglera les revenus annuels des
deux Princes de Meckelbourg , et que la Nobles
se du Duché sera rétablie dans la jouissance de
ses anciens Privileges et prérogatives.
Les Etats de Hongrie ont fait présent au Duc
de Lorraine , avant son départ de Presbourg pour
Bude , &c. de cent Bœufs , de mille Moutons
de cent mesures de vin de Tockoy , et d'une
grande quantité d'autres vins de Hongrie.
·
On mande de Francfort que le 29 Septembre on avoit essuyé à Wertheim un orage terrible
qu'il y étoit tombé une pluye si abondante qu'en moins de deux heures la Riviere de Tauber étoit sortie de son lit , et qu'elle avoit empor Hij té
2272 MERCURE DE FRANCE
té le Pont de Bateaux de cette Ville , l'Hôpital
P'Eglise voisine et toutes les maisons du Faubourg ; que les eaux de cette Riviere qui tom→
bent dans le Mein,l'avoient aussi enflée si considerablement , qu'il s'étoit répandu dans les Magazins bas de Francfort , où il avoit endommagé
une grande quantité de Marchandises , et , et qu'une des Arches du Pont avoit été emportée.
E bruit court à Vienne que l'Empereur a re
fusé d'entendre les nouvelles Représentations
que le Marquis Palavicini , Envoïé de la Répu blique de Génes , vouloit lui faire de la part de
cette République , et que S. M. Imp. lui a fait
dire qu'elle ne lui accorderoit d'Audience que
quand il viendroit pour lui apprendre que la République avoit satisfait à toutes les conditions
du Traité conclu entre Elle et les Peuples de
' Isle de Corse ´et qu'elle auroit fait mettre
OCTOBRE. 1722. 227
un liberté les quatre Chefs de cette Nation.
Leurs Majestez Impériales arriverent à Vienne
en parfaite santé de leur voyage de Lieutz , &c.
le 7 de ce mois.
On apprend de Demitz que le Duc Charles
Léopold avoit fait remettre aux Commissaires
Subdelegués de la CommissionImpériale une protestation de nullité contre tous les Réglemens que
l'Empereur pourroit faire publier par rapport aux affaires du Duché de Meckelbourg. On a vû de→
puis un Décret de S. M. I. qui porte en substan
ce que le Duc Chrétien-Louis de Meckelbourg Schwerin son frere , sera confirmé et établi Administrateur du Duché ; qu'on lui donnera pour
Adjoints quatre Conseillers qui seront nommés
par le Roi d'Angleterre comme Electeur d'Hanover , par le Roi de Prusse comme Electeur de
Brandebourg , par le Roi de Suede comme Duc
de Pomeranic , et par le Duc de Brunswick Wol
fembutel ; tous les quatre en qualité de Directeurs du Cercle de la Basse Saxe ; qu'on mettra
dans Domitz une Garnison de Troupes de ce
Cercle ; qu'on réglera les revenus annuels des
deux Princes de Meckelbourg , et que la Nobles
se du Duché sera rétablie dans la jouissance de
ses anciens Privileges et prérogatives.
Les Etats de Hongrie ont fait présent au Duc
de Lorraine , avant son départ de Presbourg pour
Bude , &c. de cent Bœufs , de mille Moutons
de cent mesures de vin de Tockoy , et d'une
grande quantité d'autres vins de Hongrie.
·
On mande de Francfort que le 29 Septembre on avoit essuyé à Wertheim un orage terrible
qu'il y étoit tombé une pluye si abondante qu'en moins de deux heures la Riviere de Tauber étoit sortie de son lit , et qu'elle avoit empor Hij té
2272 MERCURE DE FRANCE
té le Pont de Bateaux de cette Ville , l'Hôpital
P'Eglise voisine et toutes les maisons du Faubourg ; que les eaux de cette Riviere qui tom→
bent dans le Mein,l'avoient aussi enflée si considerablement , qu'il s'étoit répandu dans les Magazins bas de Francfort , où il avoit endommagé
une grande quantité de Marchandises , et , et qu'une des Arches du Pont avoit été emportée.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En octobre 1722, à Vienne, l'empereur a refusé de recevoir le Marquis Palavicini, envoyé de la République de Gênes, jusqu'à ce que Gênes respecte les conditions du traité avec les habitants de l'île de Corse et libère quatre chefs corses. Les souverains impériaux sont arrivés à Vienne le 7 octobre après un voyage depuis Lieutz. À Demitz, le Duc Charles Léopold a protesté contre les règlements impériaux concernant le Duché de Mecklembourg. Un décret impérial a nommé le Duc Chrétien-Louis de Mecklembourg-Schwerin administrateur du duché, assisté par quatre conseillers désignés par les rois d'Angleterre, de Prusse, de Suède et le Duc de Brunswick-Wolfenbüttel. Une garnison du Cercle de Basse-Saxe a été installée à Demitz, et la noblesse du duché a récupéré ses privilèges. Les États de Hongrie ont fourni des provisions et des vins au Duc de Lorraine avant son départ de Presbourg. À Francfort, un orage a causé des inondations, endommageant des biens et détruisant une arche du pont.
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13
p. 465-469
LETTRE de M. R. L. D. au sujet d'un Manuscrit de la Bibliothéque Séguier.
Début :
J'ai fait, Monsieur, ce que vous avez souhaité de moi, j'ai consulté [...]
Mots clefs :
Manuscrit, Séguier, Manuscrit, Bibliothèque, Qualifications, Vieux, Villes, Proverbe, Nom, Orléans, Proverbes, Marchandises, Ville, Orléanais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. R. L. D. au sujet d'un Manuscrit de la Bibliothéque Séguier.
LETTRE de M. R. L. D. au sujet
d'un Manuscrit de la Bibliothéque Séguier.
J'A
'Ai fait , Monsieur , ce que vous
avez souhaité de moi , j'ai consulté
à l'Abbaye de S. Germain des Prez le
Manuscrit en question , pour voir si on
en avoit extrait fidelement les qualifications
de Villes, que vous m'avez indiquées.
Je me suis apperçû de la fidelité
de votre copie : mais comme vous dîtes
que vous n'avez plus que.
dix- huit autres
qualifications de Villes à m'envoyer , je
veux vous prévenir là - dessus , et vous
faire plus riche que vous ne pensiez. Il
faut croire que le copiste étoit pressé
lorsqu'il a parcouru ce Manuscrit ; car .
il y reste encore bien d'autres Proverbes
usitez autrefois en France , dont il ne
vous a pas donné connoissance. Ce Livre
est un in folio cotté 1520 il ne contient
que de la Poësie en langage vulgaire ; il
est bien conditionné et assez bien écrit
pour le temps de Philippe le Bel , ou
environ. Le P. Felibien , Benedictin
duquel on a des Ouvrages que vous con-
Boissez , avoit examiné soigneusement
Cx CO
466 MERCURE DE FRANCE
ce volume , ainsi qu'il paroît par des
observations qui y sont de sa main sur
un papier volant , que j'ai attaché au
Livre même. Voici donc , M. la suite de
vôtre Kyrielle fidelement copiée du Manuscrit.
Li Cler Notre- Dame de Chartres.
Li Chanoine de Paris .
La boule de Noyon.
La Ribaudie de Soissons.
Li Cheitif de Senlis.
Li Cointerel de Troyes.
La Crote de Mialz .
Li Perdrier de Nevers.
Li Buveor d'Aucerre.
Li Maistre de Lions.
Li Larron de Mascom.
Li Musart de Verdun.
Li Usuriez de Mez.
Li Poissonniers de Nantes
Li Sonneor d'Angers.
Li Papelart du Mans.
Li Mengeor de Poitiers.
Li Chicor de Borges.)
De toutes ces 18 qualifications il n'y
en a que deux dont la Clef me paroît
aisée à trouver , sçavoir Li Usuriez de
Mez. Il est évident que ce sont les Juifs
de Metz que le Proverbe a eu en vûë.
Li
MARS 1734 . 467
Li Sonneor d'Angers , me paroît aussi
venir d'une chose fort simple ; c'est que
dans cette Ville , quoique plus petite que
d'autres , il y a tant de Chapitres et de
Communautez qu'on y entend perpetuellement
sonner. On dit aussi en Proverbe,
comme vous sçavez , Angers , Basse
Ville et hauts Clochers. Je vous laisse la
recherche à faire sur les autres Villes .
En attendant , agréez le surplus des Proverbes
que je vous ai promis , et qu'il
m'a été loisible de transcrire , ayant joui
du Manuscrit un temps considérable.
On lit au feuillet 71.
y
Li plus enquerrant en Normandie.
Li plus belles femmes sont en Flandres.
Li plus bel home en Allemagne.
Li meilleor Sailleor en Poitou.
Li meillor Arch. ( apparemment Archers
) en Anjou.
Li meildre jugleor en Gascogne.
Li plus roignox en Limosin.
Chevalier de Champaigne.
Escuyer de Borgoigne.
Champion de Eu.
Vilain de Beauvoisin.
Usurier de Chaorse.
Remarquez que dès ce temps- là , c'està-
dire il y a plus de quatre cent ans
ans , les
C vj
Gas468
MERCURE DE FRANCE
Gascons passoient pour être les meilleurs
Jongleurs : Ce vieux mot François vient
de Joculator. A l'idée attachée à ce nom
vous ne méconnoissez point cette nation .
Elle ne dégénére point, et soyez persuadé
qu'elle ne dégénérera jamais .
Si vous étiez curieux de sçavoir par
quel commerce plusieurs Villes ou Provinces
étoient alors renommées dans le
Royaume , soit en Marchandises d'Etoffe
ou autres , ou en Marchandises de bouche
, j'aurois de quoi en remplir ici une
page. Cette longue Litanie finit par
Moutarde de Digon , et c'est ainsi que le
proverbe est écrit ; ce qui fait voir que
ceux-là se sont trompez qui ont cru que
ce proverbe venoit du cry de moult me
tarde , qui auroit été usité dans les Armées
des derniers Ducs de Bourgogne
et qui auroit passé en devise , employée
autour des Armories de la Ville de Dijon.
Mais je ne puis concevoir pourquoi
l'Ecrivain a mis parmi les proverbes de
Marchandises : les Peletiers de Blois . Camus
d'Orliens. La mocquerie de Chasteau-
Landon . Bains de Bourbon . Voilà quatre
caractéres ou désignations un peu dépla
cées. La derniere est connuë : A l'égard
des trois autres je vous laisse le soin
d'en chercher le dénouement. J'avois
,
"
>
bien
MARR 1734. 469
bien oui dire Les bossus d'Orleans , mais
non pas les Camus. Vous connoissez le
Poëte qui a dit que la nature ayant purgé
de Montagnes la Beausse , les a transportées
sur le dos des Orleanóis . Un Religieux
de mes amis m'a même fait voir un
vieux Rituel d'Orleans où dans la formule
du Prône le Curé demande au nom
des Paroissiens d'être préservé de boces.
Il en vouloit tire , parce qu'il a eu affaire
avec quelques Guêpins ( c'est le nom qu'il
donnoit aux Orleanois . ) Mais je lui fis
comprendre qu'il n'étoit pas question en
cet endroit du vieux Rituel d'Orleans ,
des bosses qui constituent ce qu'on appelle
en latín gibbus ou gibbosus ; et que
le mal dont on demandoit à Dieu d'être
préservé étoient des especes de galles ,
ou mal épidémique , qu'on appelle feux,
cloux , &c. C'est ainsi que nos vieux mots
François ont besoin d'être examinez
afin qu'on n'en tire point de fausses conséquences.
Je souhaiterois que celles des
qualifications cy - dessus qui en valent la
peine , fussent aussi bien développées ,
que l'origine du nom de Guêpin par
rapport aux Orleanois , l'a été dans les
Mercures de l'année 1732. Invitez vos
amis à se divertir à cette recherche , et
vous nous ferez plaisir , aussi bien qu'au
Public. Je suis & c.
d'un Manuscrit de la Bibliothéque Séguier.
J'A
'Ai fait , Monsieur , ce que vous
avez souhaité de moi , j'ai consulté
à l'Abbaye de S. Germain des Prez le
Manuscrit en question , pour voir si on
en avoit extrait fidelement les qualifications
de Villes, que vous m'avez indiquées.
Je me suis apperçû de la fidelité
de votre copie : mais comme vous dîtes
que vous n'avez plus que.
dix- huit autres
qualifications de Villes à m'envoyer , je
veux vous prévenir là - dessus , et vous
faire plus riche que vous ne pensiez. Il
faut croire que le copiste étoit pressé
lorsqu'il a parcouru ce Manuscrit ; car .
il y reste encore bien d'autres Proverbes
usitez autrefois en France , dont il ne
vous a pas donné connoissance. Ce Livre
est un in folio cotté 1520 il ne contient
que de la Poësie en langage vulgaire ; il
est bien conditionné et assez bien écrit
pour le temps de Philippe le Bel , ou
environ. Le P. Felibien , Benedictin
duquel on a des Ouvrages que vous con-
Boissez , avoit examiné soigneusement
Cx CO
466 MERCURE DE FRANCE
ce volume , ainsi qu'il paroît par des
observations qui y sont de sa main sur
un papier volant , que j'ai attaché au
Livre même. Voici donc , M. la suite de
vôtre Kyrielle fidelement copiée du Manuscrit.
Li Cler Notre- Dame de Chartres.
Li Chanoine de Paris .
La boule de Noyon.
La Ribaudie de Soissons.
Li Cheitif de Senlis.
Li Cointerel de Troyes.
La Crote de Mialz .
Li Perdrier de Nevers.
Li Buveor d'Aucerre.
Li Maistre de Lions.
Li Larron de Mascom.
Li Musart de Verdun.
Li Usuriez de Mez.
Li Poissonniers de Nantes
Li Sonneor d'Angers.
Li Papelart du Mans.
Li Mengeor de Poitiers.
Li Chicor de Borges.)
De toutes ces 18 qualifications il n'y
en a que deux dont la Clef me paroît
aisée à trouver , sçavoir Li Usuriez de
Mez. Il est évident que ce sont les Juifs
de Metz que le Proverbe a eu en vûë.
Li
MARS 1734 . 467
Li Sonneor d'Angers , me paroît aussi
venir d'une chose fort simple ; c'est que
dans cette Ville , quoique plus petite que
d'autres , il y a tant de Chapitres et de
Communautez qu'on y entend perpetuellement
sonner. On dit aussi en Proverbe,
comme vous sçavez , Angers , Basse
Ville et hauts Clochers. Je vous laisse la
recherche à faire sur les autres Villes .
En attendant , agréez le surplus des Proverbes
que je vous ai promis , et qu'il
m'a été loisible de transcrire , ayant joui
du Manuscrit un temps considérable.
On lit au feuillet 71.
y
Li plus enquerrant en Normandie.
Li plus belles femmes sont en Flandres.
Li plus bel home en Allemagne.
Li meilleor Sailleor en Poitou.
Li meillor Arch. ( apparemment Archers
) en Anjou.
Li meildre jugleor en Gascogne.
Li plus roignox en Limosin.
Chevalier de Champaigne.
Escuyer de Borgoigne.
Champion de Eu.
Vilain de Beauvoisin.
Usurier de Chaorse.
Remarquez que dès ce temps- là , c'està-
dire il y a plus de quatre cent ans
ans , les
C vj
Gas468
MERCURE DE FRANCE
Gascons passoient pour être les meilleurs
Jongleurs : Ce vieux mot François vient
de Joculator. A l'idée attachée à ce nom
vous ne méconnoissez point cette nation .
Elle ne dégénére point, et soyez persuadé
qu'elle ne dégénérera jamais .
Si vous étiez curieux de sçavoir par
quel commerce plusieurs Villes ou Provinces
étoient alors renommées dans le
Royaume , soit en Marchandises d'Etoffe
ou autres , ou en Marchandises de bouche
, j'aurois de quoi en remplir ici une
page. Cette longue Litanie finit par
Moutarde de Digon , et c'est ainsi que le
proverbe est écrit ; ce qui fait voir que
ceux-là se sont trompez qui ont cru que
ce proverbe venoit du cry de moult me
tarde , qui auroit été usité dans les Armées
des derniers Ducs de Bourgogne
et qui auroit passé en devise , employée
autour des Armories de la Ville de Dijon.
Mais je ne puis concevoir pourquoi
l'Ecrivain a mis parmi les proverbes de
Marchandises : les Peletiers de Blois . Camus
d'Orliens. La mocquerie de Chasteau-
Landon . Bains de Bourbon . Voilà quatre
caractéres ou désignations un peu dépla
cées. La derniere est connuë : A l'égard
des trois autres je vous laisse le soin
d'en chercher le dénouement. J'avois
,
"
>
bien
MARR 1734. 469
bien oui dire Les bossus d'Orleans , mais
non pas les Camus. Vous connoissez le
Poëte qui a dit que la nature ayant purgé
de Montagnes la Beausse , les a transportées
sur le dos des Orleanóis . Un Religieux
de mes amis m'a même fait voir un
vieux Rituel d'Orleans où dans la formule
du Prône le Curé demande au nom
des Paroissiens d'être préservé de boces.
Il en vouloit tire , parce qu'il a eu affaire
avec quelques Guêpins ( c'est le nom qu'il
donnoit aux Orleanois . ) Mais je lui fis
comprendre qu'il n'étoit pas question en
cet endroit du vieux Rituel d'Orleans ,
des bosses qui constituent ce qu'on appelle
en latín gibbus ou gibbosus ; et que
le mal dont on demandoit à Dieu d'être
préservé étoient des especes de galles ,
ou mal épidémique , qu'on appelle feux,
cloux , &c. C'est ainsi que nos vieux mots
François ont besoin d'être examinez
afin qu'on n'en tire point de fausses conséquences.
Je souhaiterois que celles des
qualifications cy - dessus qui en valent la
peine , fussent aussi bien développées ,
que l'origine du nom de Guêpin par
rapport aux Orleanois , l'a été dans les
Mercures de l'année 1732. Invitez vos
amis à se divertir à cette recherche , et
vous nous ferez plaisir , aussi bien qu'au
Public. Je suis & c.
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Résumé : LETTRE de M. R. L. D. au sujet d'un Manuscrit de la Bibliothéque Séguier.
La lettre de M. R. L. D. discute d'un manuscrit consulté à l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés. L'auteur valide les qualifications de villes fournies par le destinataire et indique que le manuscrit contient d'autres proverbes non encore transmis. Ce manuscrit, un in-folio coté 1520, date de l'époque de Philippe le Bel et contient de la poésie en langage vulgaire. Le Père Felibien, bénédictin, a examiné ce volume, comme en témoignent ses observations. La lettre énumère 18 qualifications de villes, certaines étant expliquées. Par exemple, 'Li Usuriez de Mez' fait référence aux Juifs de Metz, et 'Li Sonneor d'Angers' évoque les nombreux chapitres et communautés de cette ville. D'autres proverbes mentionnés incluent 'Li plus belles femmes sont en Flandres' et 'Li plus roignox en Limosin'. L'auteur note des anomalies dans certains proverbes, comme 'les Peletiers de Blois' et 'Camus d'Orléans', et suggère des recherches supplémentaires pour en comprendre l'origine. Il insiste sur l'importance d'examiner les vieux mots français pour éviter les fausses interprétations. La lettre se conclut par une invitation à des amis pour se divertir à cette recherche.
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14
p. 223-224
ESPAGNE.
Début :
La flotte qui avoit fait voile le 21 Décembre de l'année [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Madrid, Málaga, Alicante, Flotte marchande, Marchandises, Lingots, Navires
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE
.
DE LISBONNE , le 31 Juillet.
La flotte qui avoit fait voile le 21 Décembre
de l'année derniere de Fernambouc , eft de retour
ici depuis le 24 de ce mois. Elle eft compofée de
onze navires marchands , & indépendamment
des
marchandifes dont elle eft chargée , elle a apporté
deux cens cinq mille quatre cens cruzades.
Deux bâtimens de la Capitainerie de Paraïbafont
venus de conſerve avec cette fotte.
Kiv
24 MERCURE DE FRANCE.
DE MADRID , le 2 Septembre.
On a appris par un courier extraordinaire de Dog
Etienne-Jofeph d'Abaria , Préſident du Tribunal de
la Contractation des Indes, que le vaiffeau la Nuefta
Segnora de Begogna étoit entré le 22 du mois
dernier dans le port de Cadix. Ce bâtiment qui
revient de Callao de Lima , avoit à bord la valeur
de quatre cens cinquante-trois mille deux
cens vingt-neuf piaftres , tant en lingots d'or
qu'en vaiffelle d'argent , outre huit cens fept
quintaux d'étain , cinq cens quarante - cinq de
cuivre , deux cens cinquante livres de baume ,
une grande quantité de cafcarille & de laine de
Vigogne , & plufieurs autres marchandiſes.
DE MALAGA , le 14 Août.
Deux chabecs françois envoyés en courſe contre
les Saletins , ont amené dans ce port une barque
de Tetuan , dont ils fe font rendus maîtres
& fur laquelle ils ont fait feize cfclaves.
D'ALICANTE , le 31 Août.
Un navire venant de Portugal , a rapporté que
M. Claftrier , Commandant d'un bâtiment de
Marſeille , armé pour donner la chaffe aux Barbarefques
, s'étoit emparé d'une galiotte de Salé ,
fur laquelle il y avoit quatre- vingt Maures.
Quelques jours auparavant cette galiotte avoit
enlevé deux navires efpagnols & une tartane
françoife. Le Capitaine du bâtiment par lequel
on a reçu ces avis a ajouté que fans le fecours
de M. Claftrier , il auroit été pris par la même
galiotte.
.
DE LISBONNE , le 31 Juillet.
La flotte qui avoit fait voile le 21 Décembre
de l'année derniere de Fernambouc , eft de retour
ici depuis le 24 de ce mois. Elle eft compofée de
onze navires marchands , & indépendamment
des
marchandifes dont elle eft chargée , elle a apporté
deux cens cinq mille quatre cens cruzades.
Deux bâtimens de la Capitainerie de Paraïbafont
venus de conſerve avec cette fotte.
Kiv
24 MERCURE DE FRANCE.
DE MADRID , le 2 Septembre.
On a appris par un courier extraordinaire de Dog
Etienne-Jofeph d'Abaria , Préſident du Tribunal de
la Contractation des Indes, que le vaiffeau la Nuefta
Segnora de Begogna étoit entré le 22 du mois
dernier dans le port de Cadix. Ce bâtiment qui
revient de Callao de Lima , avoit à bord la valeur
de quatre cens cinquante-trois mille deux
cens vingt-neuf piaftres , tant en lingots d'or
qu'en vaiffelle d'argent , outre huit cens fept
quintaux d'étain , cinq cens quarante - cinq de
cuivre , deux cens cinquante livres de baume ,
une grande quantité de cafcarille & de laine de
Vigogne , & plufieurs autres marchandiſes.
DE MALAGA , le 14 Août.
Deux chabecs françois envoyés en courſe contre
les Saletins , ont amené dans ce port une barque
de Tetuan , dont ils fe font rendus maîtres
& fur laquelle ils ont fait feize cfclaves.
D'ALICANTE , le 31 Août.
Un navire venant de Portugal , a rapporté que
M. Claftrier , Commandant d'un bâtiment de
Marſeille , armé pour donner la chaffe aux Barbarefques
, s'étoit emparé d'une galiotte de Salé ,
fur laquelle il y avoit quatre- vingt Maures.
Quelques jours auparavant cette galiotte avoit
enlevé deux navires efpagnols & une tartane
françoife. Le Capitaine du bâtiment par lequel
on a reçu ces avis a ajouté que fans le fecours
de M. Claftrier , il auroit été pris par la même
galiotte.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 24 juillet, une flotte de onze navires marchands est revenue à Lisbonne après avoir quitté Fernambouc le 21 décembre précédent, transportant des marchandises et 254 400 cruzades. Deux bâtiments de la Capitainerie de Paraïba l'accompagnaient. Le 22 août, le vaisseau 'Nuestra Señora de Begona' est arrivé au port de Cadix en provenance de Callao de Lima avec 453 229 piastres en lingots d'or et vaisselle d'argent, 877 quintaux d'étain, 545 quintaux de cuivre, 250 livres de baume, de la cannelle, de la laine de vigogne et diverses autres marchandises. Le 14 août, deux navires français ont capturé une barque de Tétouan et fait seize esclaves. Le 31 août, un navire en provenance du Portugal a rapporté que M. Clastrier, commandant un bâtiment de Marseille, avait capturé une galiotte de Salé avec 80 Maures à bord. Cette galiotte avait précédemment capturé deux navires espagnols et une tartane française. Le capitaine du bâtiment a ajouté qu'il aurait été pris par la même galiotte sans l'intervention de M. Clastrier.
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15
p. 223-225
ESPAGNE.
Début :
Dans le tems qu'on croyoit ce Royaume délivré du tremblement de terre, [...]
Mots clefs :
Belém, Oran, Tremblement de terre, Edifices détruits, Secours étrangers, Marchandises, Indemnités, Sa Majesté, Duc d'Aveyro, Tonnerre, Incendie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE BELEM , le 13 Février.
Dans le tems qu'on croyoit ce Royaume délivré
du tremblement de terre , on a effuyé ici de nouvelles
fecouffes. Elles ont été même affez fortes
pour renverser plufieurs des bâtimens que les
précédentes avoient épargnés à Liſbonne. L'Hôtel
du Comte de Refende , Grand Amiral de Portugal
, eft du nombre des édifices nouvellement
détruits.
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Il eft arrivé d'Irlande dans le Tage cinq Navires
chargés de proviſions. On en attend un fixieme ,
qui a été équipé à Dublin. Le Vaiffeau de guerre
le Hamptoncourt , & les autres Bâtimens partis des
Ports d'Angleterre , n'ont pas encore paru . Le Roi
a ordonné que dans la diftribution des fecours
envoyés par la Grande - Bretagne , on pourvût
avant tout aux befoins des fujets de cette Puiffance
établis en Portugal. Pour fubvenir aux dépenfes
qu'exige la reconstruction de la Douane , du Magafin
des Indes & de celui de la Marine , on a
augmenté de quatre pour cent les droits impofés
fur les marchandifes étrangeres. Le fieur Caftres ,
Envoyé Extraordinaire de Sa Majefté Britannique,
a demandé que les Negocians Anglois fuffent
exemptés de payer ce nouveau droit .
Le Duc d'Aveyro , Grand Maître de la Maiſon
de Sa Majeſté , étant un des Seigneurs qui ont le
plus perdu dans le défaſtre général , le Roi lui a
accordé une indemnité de deux cens mille crufades.
Sa Majefté , animée des fentimens que les
calamités publiques ne pouvoient manquer de
lui infpirer , retranche fur fes plaifirs , afin d'être
plus en état de foulager les malheureux . Elle a
fait dire aux Muficiens Italiens qu'Elle avoit à fon
fervice , qu'ils pouvoient aller ailleurs tirer parti
de leurs talens .
D'ORAN , le 8 Novembre 1755 .
Le premier de ce mois avant le lever du foleil
il fe forma fur cette Ville un nuage épais , duquel
il fortit des flammes à diverſes repriſes . Au bout
d'une heure , ce nuage creva avec un horrible
bruit , & tout l'athmofphere fut inondé d'un déluge
de feu . Le tonnerre tomba fur la grande
AVRIL. 1756. 225
Eglife ,, perça le clocher , & frappa le Sonneur
fans le bleffer. Vers dix heures & un quart du
matin , plufieurs violentes fecouffes de tremblement
de terre augmenterent la frayeur dont chacun
étoit faifi . L'aiguille de la Tour de l'Eglife
des Francifcains fut abattue. La plupart des maifons
de la Ville & des environs ont été ébranlées
mais il n'y en a eu aucune de renversée .
DE BELEM , le 13 Février.
Dans le tems qu'on croyoit ce Royaume délivré
du tremblement de terre , on a effuyé ici de nouvelles
fecouffes. Elles ont été même affez fortes
pour renverser plufieurs des bâtimens que les
précédentes avoient épargnés à Liſbonne. L'Hôtel
du Comte de Refende , Grand Amiral de Portugal
, eft du nombre des édifices nouvellement
détruits.
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Il eft arrivé d'Irlande dans le Tage cinq Navires
chargés de proviſions. On en attend un fixieme ,
qui a été équipé à Dublin. Le Vaiffeau de guerre
le Hamptoncourt , & les autres Bâtimens partis des
Ports d'Angleterre , n'ont pas encore paru . Le Roi
a ordonné que dans la diftribution des fecours
envoyés par la Grande - Bretagne , on pourvût
avant tout aux befoins des fujets de cette Puiffance
établis en Portugal. Pour fubvenir aux dépenfes
qu'exige la reconstruction de la Douane , du Magafin
des Indes & de celui de la Marine , on a
augmenté de quatre pour cent les droits impofés
fur les marchandifes étrangeres. Le fieur Caftres ,
Envoyé Extraordinaire de Sa Majefté Britannique,
a demandé que les Negocians Anglois fuffent
exemptés de payer ce nouveau droit .
Le Duc d'Aveyro , Grand Maître de la Maiſon
de Sa Majeſté , étant un des Seigneurs qui ont le
plus perdu dans le défaſtre général , le Roi lui a
accordé une indemnité de deux cens mille crufades.
Sa Majefté , animée des fentimens que les
calamités publiques ne pouvoient manquer de
lui infpirer , retranche fur fes plaifirs , afin d'être
plus en état de foulager les malheureux . Elle a
fait dire aux Muficiens Italiens qu'Elle avoit à fon
fervice , qu'ils pouvoient aller ailleurs tirer parti
de leurs talens .
D'ORAN , le 8 Novembre 1755 .
Le premier de ce mois avant le lever du foleil
il fe forma fur cette Ville un nuage épais , duquel
il fortit des flammes à diverſes repriſes . Au bout
d'une heure , ce nuage creva avec un horrible
bruit , & tout l'athmofphere fut inondé d'un déluge
de feu . Le tonnerre tomba fur la grande
AVRIL. 1756. 225
Eglife ,, perça le clocher , & frappa le Sonneur
fans le bleffer. Vers dix heures & un quart du
matin , plufieurs violentes fecouffes de tremblement
de terre augmenterent la frayeur dont chacun
étoit faifi . L'aiguille de la Tour de l'Eglife
des Francifcains fut abattue. La plupart des maifons
de la Ville & des environs ont été ébranlées
mais il n'y en a eu aucune de renversée .
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Résumé : ESPAGNE.
En 1755 et 1756, des événements significatifs ont eu lieu en Espagne et à Oran. À Lisbonne, après un tremblement de terre, de nouvelles secousses ont détruit plusieurs bâtiments, dont l'Hôtel du Comte de Resende, Grand Amiral de Portugal. Cinq navires irlandais chargés de provisions sont arrivés dans le Tage, avec un sixième attendu. Le roi a ordonné que les secours britanniques soient prioritairement distribués aux sujets britanniques établis au Portugal. Pour financer la reconstruction de la Douane, du Magasin des Indes et de celui de la Marine, les droits sur les marchandises étrangères ont été augmentés de quatre pour cent. Le sieur Castres, Envoyé Extraordinaire de Sa Majesté Britannique, a demandé l'exemption de ce nouveau droit pour les négociants anglais. Le Duc d'Aveyro, ayant subi de lourdes pertes, a reçu une indemnité de deux cents mille cruzades. Le roi a réduit ses dépenses personnelles pour aider les victimes. À Oran, le 1er novembre 1755, un nuage épais a libéré des flammes et un déluge de feu, suivi d'un tonnerre qui a frappé le clocher d'une église sans blesser le sonneur. Des secousses sismiques ont ensuite ébranlé les maisons sans en renverser aucune.
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16
p. 224-227
« Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...] »
Début :
Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...]
Mots clefs :
Madame Louise, Princesse, Capitaine, Corsaires , Navires, Déplacements, Marchandises, Prince Constantin de Rohan, Duc de Bourgogne, Sa Majesté, Escadron de dragons, Ile de Minorque, Monseigneur le Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...] »
MAdame Louife vint à Paris le 20 Septembre;
& fe rendit à la Maifon des Dames de l'Enfant Jefus.
Cette Princefle y donna le Voile noir à la
Demoifelle de Chabrillant , & le Voile blanc
aux Demoiselles de la Noue & de la Riviere. M.
l'Abbé de Sailly , un des Aumôniers de Madame
la Dauphine , prononça le Sermon .
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Guilbert Sutton , commandant le Corfaire le
Lion , de ce Port , y a conduit le Navire Anglois
la Catherine , de la Nouvelle Yorch , de 140 tonneaux,
chargé de bois pour teinture , de cuirs , & c.
Le Corfaire la Fourmi , de Boulogne , comman
lé par le Capitaine Jean- Louis Jean , a pris &
conduit à Calais le Navire le Robert & Thomas , de
150 tonneaux , dont la cargaifon eft composée de
beurre & de charbon de terre.
Le Navire François l'Harmonie , de Bayonne ,
OCTOBRE. 1756. 225
de 250 tonneaux , chargé de fucre de café , de
Cacao & de coton , qui avoit été pris par un
Vaiffeau de guerre Anglois , a été repris & conduit
au Havre par le Corfaire le Prince de Soubife , de
Dunkerque : Capitaine , Jacques Canon .
Les Bâtimens Anglois l'Edouard & Marie , de
110 tonneaux , chargé de bois de construction ,
& le Louis , de 130 , dont le chargement confite
en fucre , fers , planches , &c. ont été pris par
les Corfaires l'Infernal & la Favorite , du Havre ,
& ont été conduits à Dieppe.
Le Corfaire le Port -Mabon , de Saint - Malo ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Penelope,
de 250 tonneaux , armé de feize canons , le Famé
de Londres , de 170 ; le Succès & la Providence
, de 150 chacun Ces Batimens , chargés de
diverfes marchandiſes ont été conduits dans differens
Ports de Bretagne.
L'Efpérance , autre Corfaire de Saint - Malo , a
pris les Navires Anglois le Duc de Toscane , de
150 tonneaux , chargé de raifins , & l'Eliza.
beth , de 120 , chargé de fucre & de café.
On apprend de Bayonne , que les Navires le
Salé , de Londres , de 350 tonneaux , chargé de
fel , & le Dauphin , de Poole , de 140 , ayant
un chargement de vivres deftinés pour la Nouvelle
Angleterre , ont été pris par les Corfaires
l'Amiral & l'Espérance de ce port , où ces Corfaires
les ont fait conduire.
Il est arrivé à Saint-Jean de Luz un Bâtiment
Anglois , appellé le Poftillon , de Jerzey , chargé
de mille quintaux de morue , qui a été pris par le
Corfaire le Saint- Jean- Baptifte de ce Port.
Le 23 Septembre , le Prince Conſtantin de Rohan
, Premier Aumônier du Roi , fut élu unanimement
Evêque de Strasbourg par les Chanoines
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
de la Cathédrale , qui avoient eu la permiffion du
Roi , de s'affembler pour procéder à cette Election
.
Le 27 , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry & Monfeigneur le
Comte de Provence , accompagnés de Madame la
Comteffe de Marfan , Gouvernante des Enfans de
France , revinrent du Château de Meudon.
Sa Majefté a accordé une place de Commandeur
dans l'Ordre de Saint Louis , au Marquis de
Monteynard , Maréchal de Camp , & Infpecteur
Général de l'Infanterie.
On vient de former en Saintonge , pour la garde
des côtes de cette Province , un Corps de quatre
Efcadrons de Dragons , qui feront à la folde du
Roi , tous les ans , pendantle temps de la campagne.
Sa Majefté a donné le commandement de
cette troupe , auquel eft attaché le grade de
Meftre de Camp de Dragons , à M. le Marquis de
Culant- Ciré , ci -devant Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment Royal Pologne. La même troupe
a M. de Châteaubardon pour Lieutenant - Colonel.
M. de Fontaine en eft Aide -Major Général ,
avec commiffion de Capitaine de Dragons.
Selon les nouvelles de Mahon , M. le Comte
de Lannion , Gouverneur de l'Ile Minorque , y
a célebré avec beaucoup d'éclat la Fête de Saint
Louis , dont le Roi porte le nom. Le Te Deum
fut chanté au bruit de toute l'artillerie & de la
moufqueterie de la Garnifon rangée en bataille
fur la Place . On tira le foir un très - beau feu d'artifice.
La nuit toute la Ville fut illuminée .
L'Hôtel de M. le Comte de Lannion & l'Hôtel de
Ville , le furent avec une grande magnificence.
On mande de Toulon que M. de Carné-
Marcein , Capitaine de Vaiffeau , commandant la
OCTOBRE. 1756. 227
"
Frégate du Roi la Pleyade , a conduit en ce Port ,
où il eft arrivé le 18 , une Goelette venant de
Londres , armée en courfe avec quatorze canons
& fur laquelle il s'eft trouvé foixante - quinze
hommes. Il s'étoit emparé quelques jours auparavant
de la Pinque Angloife , appellée l'Afrique ,
chargée de bled.
M. de Cour , Enfeigne de Vaiffeau , commandant
la Corvette du Roi la Levrette , eft rentré à
Breſt le 21 , avec le Corfaire le Dauphin , de Jerzey
, dont il s'est rendu maître .
Le Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
thé , de cordages , de fil de carret , & d'autres
marchandifes deftinées pour S. Jean d'Antigues ,
a été pris dans la rade de Dunkerque , & conduit
en ce Port.
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft Ca.
pitaine Louis de Ferne , a remis à Boulogne quarante-
deux Anglois , faits prifonniers fur un Senaw
armé de dix canons , qu'il a pris à l'abordage. Il
s'étoit rendu maître d'un autre Bâtiment ennemi
qu'il a rançonné pour huit cens foixante - dix livres
fterlings.
Il eſt arrivé à Morlaix un Brigantin Anglois ,
pris par le Corfaire la Dauphine , de Boulogne ,
& dont le chargement confifte en charbon de
terre , & en deux cens bouteilles d'eau- forte.
Les Octobre , le Roi accompagné de Monfeigneur
le Dauphin & de Madame la Dauphine arriva
à Fontaineblau de Choify , où Sa Majeſté s'étoit
rendue le 3 de ce mois.
Leg , M. le Duc de Fronfac prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Charge de Premier
Gentilhomme de la Chambre de Sa Majefté
& fe rendit à la Maifon des Dames de l'Enfant Jefus.
Cette Princefle y donna le Voile noir à la
Demoifelle de Chabrillant , & le Voile blanc
aux Demoiselles de la Noue & de la Riviere. M.
l'Abbé de Sailly , un des Aumôniers de Madame
la Dauphine , prononça le Sermon .
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Guilbert Sutton , commandant le Corfaire le
Lion , de ce Port , y a conduit le Navire Anglois
la Catherine , de la Nouvelle Yorch , de 140 tonneaux,
chargé de bois pour teinture , de cuirs , & c.
Le Corfaire la Fourmi , de Boulogne , comman
lé par le Capitaine Jean- Louis Jean , a pris &
conduit à Calais le Navire le Robert & Thomas , de
150 tonneaux , dont la cargaifon eft composée de
beurre & de charbon de terre.
Le Navire François l'Harmonie , de Bayonne ,
OCTOBRE. 1756. 225
de 250 tonneaux , chargé de fucre de café , de
Cacao & de coton , qui avoit été pris par un
Vaiffeau de guerre Anglois , a été repris & conduit
au Havre par le Corfaire le Prince de Soubife , de
Dunkerque : Capitaine , Jacques Canon .
Les Bâtimens Anglois l'Edouard & Marie , de
110 tonneaux , chargé de bois de construction ,
& le Louis , de 130 , dont le chargement confite
en fucre , fers , planches , &c. ont été pris par
les Corfaires l'Infernal & la Favorite , du Havre ,
& ont été conduits à Dieppe.
Le Corfaire le Port -Mabon , de Saint - Malo ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Penelope,
de 250 tonneaux , armé de feize canons , le Famé
de Londres , de 170 ; le Succès & la Providence
, de 150 chacun Ces Batimens , chargés de
diverfes marchandiſes ont été conduits dans differens
Ports de Bretagne.
L'Efpérance , autre Corfaire de Saint - Malo , a
pris les Navires Anglois le Duc de Toscane , de
150 tonneaux , chargé de raifins , & l'Eliza.
beth , de 120 , chargé de fucre & de café.
On apprend de Bayonne , que les Navires le
Salé , de Londres , de 350 tonneaux , chargé de
fel , & le Dauphin , de Poole , de 140 , ayant
un chargement de vivres deftinés pour la Nouvelle
Angleterre , ont été pris par les Corfaires
l'Amiral & l'Espérance de ce port , où ces Corfaires
les ont fait conduire.
Il est arrivé à Saint-Jean de Luz un Bâtiment
Anglois , appellé le Poftillon , de Jerzey , chargé
de mille quintaux de morue , qui a été pris par le
Corfaire le Saint- Jean- Baptifte de ce Port.
Le 23 Septembre , le Prince Conſtantin de Rohan
, Premier Aumônier du Roi , fut élu unanimement
Evêque de Strasbourg par les Chanoines
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
de la Cathédrale , qui avoient eu la permiffion du
Roi , de s'affembler pour procéder à cette Election
.
Le 27 , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry & Monfeigneur le
Comte de Provence , accompagnés de Madame la
Comteffe de Marfan , Gouvernante des Enfans de
France , revinrent du Château de Meudon.
Sa Majefté a accordé une place de Commandeur
dans l'Ordre de Saint Louis , au Marquis de
Monteynard , Maréchal de Camp , & Infpecteur
Général de l'Infanterie.
On vient de former en Saintonge , pour la garde
des côtes de cette Province , un Corps de quatre
Efcadrons de Dragons , qui feront à la folde du
Roi , tous les ans , pendantle temps de la campagne.
Sa Majefté a donné le commandement de
cette troupe , auquel eft attaché le grade de
Meftre de Camp de Dragons , à M. le Marquis de
Culant- Ciré , ci -devant Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment Royal Pologne. La même troupe
a M. de Châteaubardon pour Lieutenant - Colonel.
M. de Fontaine en eft Aide -Major Général ,
avec commiffion de Capitaine de Dragons.
Selon les nouvelles de Mahon , M. le Comte
de Lannion , Gouverneur de l'Ile Minorque , y
a célebré avec beaucoup d'éclat la Fête de Saint
Louis , dont le Roi porte le nom. Le Te Deum
fut chanté au bruit de toute l'artillerie & de la
moufqueterie de la Garnifon rangée en bataille
fur la Place . On tira le foir un très - beau feu d'artifice.
La nuit toute la Ville fut illuminée .
L'Hôtel de M. le Comte de Lannion & l'Hôtel de
Ville , le furent avec une grande magnificence.
On mande de Toulon que M. de Carné-
Marcein , Capitaine de Vaiffeau , commandant la
OCTOBRE. 1756. 227
"
Frégate du Roi la Pleyade , a conduit en ce Port ,
où il eft arrivé le 18 , une Goelette venant de
Londres , armée en courfe avec quatorze canons
& fur laquelle il s'eft trouvé foixante - quinze
hommes. Il s'étoit emparé quelques jours auparavant
de la Pinque Angloife , appellée l'Afrique ,
chargée de bled.
M. de Cour , Enfeigne de Vaiffeau , commandant
la Corvette du Roi la Levrette , eft rentré à
Breſt le 21 , avec le Corfaire le Dauphin , de Jerzey
, dont il s'est rendu maître .
Le Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
thé , de cordages , de fil de carret , & d'autres
marchandifes deftinées pour S. Jean d'Antigues ,
a été pris dans la rade de Dunkerque , & conduit
en ce Port.
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft Ca.
pitaine Louis de Ferne , a remis à Boulogne quarante-
deux Anglois , faits prifonniers fur un Senaw
armé de dix canons , qu'il a pris à l'abordage. Il
s'étoit rendu maître d'un autre Bâtiment ennemi
qu'il a rançonné pour huit cens foixante - dix livres
fterlings.
Il eſt arrivé à Morlaix un Brigantin Anglois ,
pris par le Corfaire la Dauphine , de Boulogne ,
& dont le chargement confifte en charbon de
terre , & en deux cens bouteilles d'eau- forte.
Les Octobre , le Roi accompagné de Monfeigneur
le Dauphin & de Madame la Dauphine arriva
à Fontaineblau de Choify , où Sa Majeſté s'étoit
rendue le 3 de ce mois.
Leg , M. le Duc de Fronfac prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Charge de Premier
Gentilhomme de la Chambre de Sa Majefté
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Résumé : « Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...] »
En septembre 1756, Madame Louise se rendit à Paris et remit des voiles à plusieurs demoiselles à la Maison des Dames de l'Enfant Jésus. L'abbé de Sailly prononça le sermon lors de cette cérémonie. À Dunkerque, le capitaine Guilbert Sutton amena le navire anglais la Catherine. Le corsaire la Fourmi captura le navire le Robert & Thomas, chargé de beurre et de charbon, et le conduisit à Calais. Le navire français l'Harmonie, pris par un vaisseau anglais, fut repris par le corsaire le Prince de Soubise et conduit au Havre. Plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français : l'Edouard & Marie et le Louis par les corsaires l'Infernal et la Favorite ; la Penelope, le Fame, le Succès et la Providence par le corsaire le Port-Mahon ; le Duc de Toscane et l'Elisabeth par le corsaire l'Espérance. À Bayonne, les navires le Salé et le Dauphin furent pris par les corsaires l'Amiral et l'Espérance. Le navire le Postillon fut capturé par le corsaire le Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean de Luz. Le 23 septembre, le prince Constantin de Rohan fut élu évêque de Strasbourg. Le 27 septembre, les ducs de Bourgogne, de Berry et le comte de Provence, accompagnés de la comtesse de Marsan, revinrent du château de Meudon. Le roi accorda une place de commandeur dans l'Ordre de Saint-Louis au marquis de Monteynard. En Saintonge, un corps de dragons fut formé pour la garde des côtes, commandé par le marquis de Culant-Ciré. À Mahon, le comte de Lannion célébra la fête de Saint-Louis avec éclat. À Toulon, le capitaine de vaisseau de Carné-Marcein conduisit une goélette armée en course à ce port. Le brigantin anglais le Dauphin fut capturé dans la rade de Dunkerque. Le corsaire l'Infernal remit quarante-deux prisonniers à Boulogne. Un brigantin anglais fut capturé par le corsaire la Dauphine et conduit à Morlaix. En octobre, le roi, accompagné du dauphin et de la dauphine, arriva à Fontainebleau. Le duc de Frontenac prêta serment pour la charge de Premier Gentilhomme de la Chambre du roi.
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17
p. 235-238
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 21 Octobre, Madame la Dauphine se sentit incommodée, & se mit au lit. [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Sa Majesté, Lieutenant, Chevalier, Corsaires , Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 21 Octobre , Madame la Dauphine ſe
fentit incommodée , & fe mit au lit. Elle fit le
lendemain une fauffe couche. On compte que
cette Princeffe étoit groffe d'environ deux mois .
Le Marquis de la Galiffonniere , Lieutenant-
Général des Armées Navales , qui avoit été obli
236 MERCURE DE FRANCE .
gé , par le mauvais état de fa fanté , de ſe démettre
du commandement de l'Efcadre de Toulon , eft
mort à Nemours , en fe rendant à Fontainebleau.
Le Roi lui avoit accordé 8000 livres de penſion, &
l'avoit nommé Grand - Croix Honoraire de l'Ordre
de S. Louis . En confidération du fervice impor
tant qu'il avoit rendu à l'Etat pendant la derniere
campagne , Sa Majesté a accordé le même jour à
fa veuve 6000 livres de penfion.
Sa Majesté a fait Lieutenant- Général des Armées
Navales M. de Maffiac , qui a pris le conmandement
de l'Efcadre deToulon , après le dépat
du Marquis de la Galiffonniere . Sa Majesté 4
nommé auffi M. Daché Capitaine de Vailleau
du Département de Breft , & M. de Villarrel
Commandant la Compagnie des Gardes de la Marine
de Toulon , Chefs d'Efcadre de fes Armées
Navales. M. Perrier de Salvert , Chef d'Eſcadr
des Armées Navales , a obtenu une place a
Commandeur de l'Ordre de Saint Louis , avec
une penfion de 3000 livres fur cet Ordre ; &
le Cordon Rouge , dont il étoit décoré , a cé
accordé à M. de Folligny , Chef d'Eſcadre d
Département de Breft . Le Roi a accordé en même
temps 3000 livres de penfion fur le Tréfor Ross
au Comte Maulévrier , Lieutenant - Général de
Armées Navales. Sa Majefté a agréé cinquante
Lieutenans de Vaiffeaux des différens Départe
mens du Royaume , pour être reçus Chevaliers de
Saint Louis.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Nea
Brifack , vacant par la mort de M. le Marquis
Clermont-Gallerande , en faveur du Lord O
Brien , Vicomte de Clare , Comte de Thomas ,
Chevalier des Ordres de Sa Majefté , Lieutenan
Général de fes Armées, & Inſpecteur Général d'ifanterie.
1
9
e
le
la
ce
g
m
un
ce
gi
le
ré
DECEMBRE. 1756. 237
Le commandement du Pays d'aunis & de Saintonge
, qui vaquoit par la même mort , a été
donné à M. le Marquis de Senecterre , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté , & ci- devant fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne.
On a effuyé à Toulon pendant vingt jours
un temps affreux , & il y a eu un orage qui
a duré quatre fois vingt- quatre heures ; le 23
Octobre , à fept heures & demie du foir , le
tonnerre tomba en huit endroits différens , & il
fut fuivi d'une grêle , dont les grains étoient d'une
groffeur extraordinaire.
Un Bâtiment , arrivé de la côte de Barbarie
i Marſeille, a rapporté que les Algériens s'étoient
emparés de Tunis par la trahifon d'un Officier
le la Garnifon , qui leur a livré une des portes
le la Ville . Leur premier foin a été de fe faifir
lu nouveau Bey & de fon fils . On affure que
e fils a été maffacré en préfence du pere , &
que le pere a été mis à la torture , les Algériens
fpérant de lui faire déclarer , dans les tourmens ,
e lieu où il avoit caché fes trésors .
Le Capitaine Deffaux qui commande le Corfaire
a Favorite , du Havre , a rançonné pour fept
ens cinquante livres fterlings trois Bâtimens Anglois
, dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire la Cigale , de Saint -Malo , comnandé
par le Capitaine Soyer , a conduit à Morlaix
in Navire Anglois de 80 tonneaux , chargé de
:ent cinquante bouchauts de tabac de la Virinie.
Il s'eft auffi emparé du Navire Anglois
e Bon Ami , de Dublin , de 80 tonneaux , dont
e chargement eft compofé de goudron , de thé
rébentine & de merrain .
Il eft arrivé à la Rochelle un Batiment Anglois ,
238 MERCURE DE FRANCE.
de 150 tonneaux , chargé de morue féche & d'huile
de poiffon , qui a été pris par le Corfaire le Comte
d'Hérouville , de Bordeaux , dont eft Capitaine
le fieur Belouan, qui s'eft emparé auffi du Corfaire
Anglois le Royale Georges , de Garnefey , de
16 canons , 16 pierriers , & cent fix hommes
d'équipage.
LE 21 Octobre , Madame la Dauphine ſe
fentit incommodée , & fe mit au lit. Elle fit le
lendemain une fauffe couche. On compte que
cette Princeffe étoit groffe d'environ deux mois .
Le Marquis de la Galiffonniere , Lieutenant-
Général des Armées Navales , qui avoit été obli
236 MERCURE DE FRANCE .
gé , par le mauvais état de fa fanté , de ſe démettre
du commandement de l'Efcadre de Toulon , eft
mort à Nemours , en fe rendant à Fontainebleau.
Le Roi lui avoit accordé 8000 livres de penſion, &
l'avoit nommé Grand - Croix Honoraire de l'Ordre
de S. Louis . En confidération du fervice impor
tant qu'il avoit rendu à l'Etat pendant la derniere
campagne , Sa Majesté a accordé le même jour à
fa veuve 6000 livres de penfion.
Sa Majesté a fait Lieutenant- Général des Armées
Navales M. de Maffiac , qui a pris le conmandement
de l'Efcadre deToulon , après le dépat
du Marquis de la Galiffonniere . Sa Majesté 4
nommé auffi M. Daché Capitaine de Vailleau
du Département de Breft , & M. de Villarrel
Commandant la Compagnie des Gardes de la Marine
de Toulon , Chefs d'Efcadre de fes Armées
Navales. M. Perrier de Salvert , Chef d'Eſcadr
des Armées Navales , a obtenu une place a
Commandeur de l'Ordre de Saint Louis , avec
une penfion de 3000 livres fur cet Ordre ; &
le Cordon Rouge , dont il étoit décoré , a cé
accordé à M. de Folligny , Chef d'Eſcadre d
Département de Breft . Le Roi a accordé en même
temps 3000 livres de penfion fur le Tréfor Ross
au Comte Maulévrier , Lieutenant - Général de
Armées Navales. Sa Majefté a agréé cinquante
Lieutenans de Vaiffeaux des différens Départe
mens du Royaume , pour être reçus Chevaliers de
Saint Louis.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Nea
Brifack , vacant par la mort de M. le Marquis
Clermont-Gallerande , en faveur du Lord O
Brien , Vicomte de Clare , Comte de Thomas ,
Chevalier des Ordres de Sa Majefté , Lieutenan
Général de fes Armées, & Inſpecteur Général d'ifanterie.
1
9
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ré
DECEMBRE. 1756. 237
Le commandement du Pays d'aunis & de Saintonge
, qui vaquoit par la même mort , a été
donné à M. le Marquis de Senecterre , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté , & ci- devant fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne.
On a effuyé à Toulon pendant vingt jours
un temps affreux , & il y a eu un orage qui
a duré quatre fois vingt- quatre heures ; le 23
Octobre , à fept heures & demie du foir , le
tonnerre tomba en huit endroits différens , & il
fut fuivi d'une grêle , dont les grains étoient d'une
groffeur extraordinaire.
Un Bâtiment , arrivé de la côte de Barbarie
i Marſeille, a rapporté que les Algériens s'étoient
emparés de Tunis par la trahifon d'un Officier
le la Garnifon , qui leur a livré une des portes
le la Ville . Leur premier foin a été de fe faifir
lu nouveau Bey & de fon fils . On affure que
e fils a été maffacré en préfence du pere , &
que le pere a été mis à la torture , les Algériens
fpérant de lui faire déclarer , dans les tourmens ,
e lieu où il avoit caché fes trésors .
Le Capitaine Deffaux qui commande le Corfaire
a Favorite , du Havre , a rançonné pour fept
ens cinquante livres fterlings trois Bâtimens Anglois
, dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire la Cigale , de Saint -Malo , comnandé
par le Capitaine Soyer , a conduit à Morlaix
in Navire Anglois de 80 tonneaux , chargé de
:ent cinquante bouchauts de tabac de la Virinie.
Il s'eft auffi emparé du Navire Anglois
e Bon Ami , de Dublin , de 80 tonneaux , dont
e chargement eft compofé de goudron , de thé
rébentine & de merrain .
Il eft arrivé à la Rochelle un Batiment Anglois ,
238 MERCURE DE FRANCE.
de 150 tonneaux , chargé de morue féche & d'huile
de poiffon , qui a été pris par le Corfaire le Comte
d'Hérouville , de Bordeaux , dont eft Capitaine
le fieur Belouan, qui s'eft emparé auffi du Corfaire
Anglois le Royale Georges , de Garnefey , de
16 canons , 16 pierriers , & cent fix hommes
d'équipage.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 21 octobre, la Dauphine fit une fausse couche après deux mois de grossesse. Le Marquis de la Galiffonniere, Lieutenant-Général des Armées Navales, décéda à Nemours. Le Roi lui avait accordé une pension de 8000 livres et le titre de Grand-Croix Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis, tandis que sa veuve reçut une pension de 6000 livres. M. de Massiac fut nommé à sa succession et prit le commandement de l'escadre de Toulon. Plusieurs autres nominations et promotions furent annoncées, incluant M. Daché, M. de Villarrel et M. Perrier de Salvert. Le Roi accorda également des pensions et des distinctions à divers officiers, comme le Comte Maulévrier et cinquante lieutenants de vaisseaux. Le Gouvernement de Neubriscack fut confié au Lord O'Brien, et le commandement du Pays d'Aunis et de Saintonge au Marquis de Senecterre. À Toulon, un violent orage dura quatre jours. Un bâtiment rapporta que les Algériens avaient pris Tunis par trahison, massacrant le Bey et son fils. Plusieurs actions navales furent signalées, avec des prises de navires anglais par des corsaires français, dont le Favorite, la Cigale et un bâtiment capturé par le corsaire le Comte d'Hérouville.
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18
p. 207-208
DU NORD.
Début :
Un grand nombre de Seigneur se sont empressés de venir ici, [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Seigneurs, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Roi de Prusse, Constantinople, Peste, Marche des soldats, Ordonnance, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
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Résumé : DU NORD.
Le 15 novembre, plusieurs seigneurs se sont rendus à Varsovie pour rendre hommage au roi. Le roi de Prusse a demandé à la République de ne pas permettre le passage des troupes russes, qui se dirigeaient vers l'impératrice reine de Hongrie et de Bohême. Il a également rassuré les habitants de Dantzick sur ses intentions pacifiques. À Constantinople, la peste a presque disparu, mais elle continue de sévir en Grèce. En septembre, des secousses sismiques ont été enregistrées dans divers endroits des États turcs. En Courlande et en Livonie, les troupes russes destinées à combattre le roi de Prusse ont suspendu leur marche en raison de l'hiver rigoureux. Le feld-maréchal Apraxin n'était pas encore arrivé à Riga le 7 novembre. Le 17 novembre, une ordonnance suédoise a interdit l'importation de marchandises et denrées étrangères dont la Suède peut se passer.
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19
p. 225-229
« Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...] »
Début :
Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Marquis de Conflans-Brienne, Comte de Vaudreuil, Nominations, Frégates, Canada, Seigneur de Chousy, Fête, Lettres de noblesse, Capitaines, Navires, Marchandises, Corsaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...] »
Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-
Brienne , Lieutenant - Général de fes Armées Navales
, la place de Vice- Amiral , vacante par la
mort de M. de Macnemara , le 27 Novembre le
Marquis de Conflans prêta ferment en cette qualité
entre les mains de Sa Majesté.
Sa Majefté a accordé à M. le Comte de Vaudreuil
, auffi Lieutenant- Général des Armées Navales
, la Grand'Croix de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , qui vaquoit par la même
mort.
Selon des lettres de Toulon , les Frégates la
Gracieufe & la Topafe y revinrent le 8 Novembre
de Corfe , & la Frégate la Junon le 13. Elles
ont conduit à cette Ifle les troupes Françoifes ,
commandées pour y paffer. Les mêmes lettres
marquent , que le 2 la Gracieuſe a fait à Calvi
le débarquement de la partie du Convoi , deſtinée
pour ce Port. La Topafe fit le 3 à San Fiorenzo
le débarquement , dont elle étoit chargée , & la
Junon , qui n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio
, y a fait ce jour là & le lendemain , le débarquement
des troupes quí étoient fous fon
convoi.
La Flûte du Roi l'Outarde eft arrivé le 15 Novembre
dans le Port de Breft. Elle avoit été expédiée
de Rochefort au mois d'Avril , pour porter
des recrues en Canada. Elle eft repartie de
de Quebec le 7 Octobre , & a débarqué à Brest
Ky
226 MERCURE DE FRANCE.
180 prifonniers Anglois , provenans de la Garnifon
des Forts de Choueguen. On n'apprend point
par les lettres venues par ce Bâtiment , qu'il fe
foit paffé rien d'intéreffant dans ce pays- là depuis
la prife de ces Forts .
Meffire Didier-François- René Mefnard, Seigneur
de Choufy , Contrôleur Général de la maifon du
Roi , procureur Général du Confeil de la Reine ,
en furvivance , fils de Meffire François - Didier
Mefnard , Me des Comptes à Paris , & Procureur
Général du Confeil de la Reine , & de Dame
Anne- Marie Pean , époufa le 22 du mois de
Novembre , dans la Chapelle de la Bibliotheque
du Roi , Damoiſelle Marie-Roze Vaffal , fille de
Meffire Jean Vaffal , Ecuyer, Confeiller , Secretaire
du Roi , Maiſon , Couronne de France, fucceffivement
à feu , N.... Vaffale fon Pere , & de feue
Dame Julie du Weils .
Le 25 Novembre, les Penfionnaires de l'Abbaye
Royale de Panthemont donnerent une grande
Mufique pour la fête de Madame l'Abbeffe
Catherine de Béthify. Mademoifelle Sixte , dont
on connoît le talent , chanta le Motet Ufquequò ,
de M. Mouret. M. Balbaftre fit exécuter pendant
la Meffe plufieurs de fes Concerto- d'Orgue avec
fymphonie , que l'on entend toujours avec de
nouveaux fentimens de plaifir & d'admiration.
Sa réputation y avoit attiré la compagnie la plus
brillante.
Le Roi a accordé des Lettres de Nobleffe à
M. Guerin, Chirurgien-Major de la feconde Compagnie
des Moufquetaires.
M. de Saldanha , Principal de la Patriarchale
de Lifbonne , arrivé depuis quelques jours à Paris
, pour réfider auprès du Roi en qualité d'Ambaffadeur
du Roi de Portugal , eut le 7 Novembre
JANVIER. 1757. 227
fa premiere audience particuliere du Roi & de la
Famille royale .
Le Roi a accordé un Brevet de Confeiller d'Etat
à M. Blondel , ci - devant fon Miniftre en différentes
Cours .
Le Capitaine Dominique Lauga , commandant
le Corfaire la Junon , de Bayonne , y a fait conduire
le Navire Anglois l'Eftandre , de Lancaftre ,
dont il s'eft emparé , & qui alloit à la Jamaïque
avec un chargement compofé de cinquante- cinq
futailles de diverfes marchandiſes , de centfoixante
barriques de boeuf , de mille barriques de beurre ,
& de trois cens quatre-vingt- dix caiffes de chandelle
.
Le Capitaine Jean Mare , commandant le Corfaire
le Levrier , de Dunkerque , y eft rentré avec
deux rançons montant enſemble à ſept cens livres
fterlings .
Le Capitaine Pierre le Maître , dit Rondel ,
qui commande le Corfaire la Nanon , de Calais ,
y a conduit le Navire Anglois la Providence,
de Sunderland, de 120 tonneaux , chargé de charbon
de terre.
Il eft arrivé dans la Rade de Lomariaquer un
Navire Anglois , appellé le Jofeph , de Cork , de
140 tonneaux , dont la cargaifon eft compofée
de vin , de fel & de citrons ; il a été pris par
le Capitaine Moleres , commandant le Corfaire
le Glorieux , de la Rochelle.
M. de la Touraudais , Capitaine du Corfaire
le Port-Mahon , de Saint - Malo , a fait conduire
à Breft le Navire Anglois la Lady , de 160 ton →
neaux , dont il s'eft rendu maitre Ce Bâtiment
alloit de Londres à Philadelphie , avec un chargement
de marchandifes féches . On a trouvé dans
la calle douze canons & des armes bianches ,
K vi
228 MERCURE DE FRANCE.
deftinés pour un Corfaire qu'on arme à la Nouvelle
York .
Le Navire Anglois l'Aventure , de 160 tonneaux
, chargé de 47 milliers de merrain , a été
pris par le Corfaire l'Espérance , de Bayonne
dont eft Capitaine M. Souhaignet , & il a été
conduit en ce Port.
M. Fuftel de la Villehoux , Enſeigne de Vaiffeau ,
commandant la Corvette du Roi la Mouche , a pris
& a conduit le 2 Novembre , à Breft , le Corſaire le
Millford , de Garnezey , armé de fix canons , &
de 30 hommes d'équipage.
D'autres lettres écrites du même Port annoncent
qu'il y eft arrivé un Navire Anglois , appellé la
Sufanne , d'environ trois cens tonneaux qui revenoit
d'Antigues avec un chargement compofé
de fucre , de coton , de taffia & de bois pour
teinture. Cette prife , qu'on eftime plus de trois
cens mille livres , a été faite par le Corfaire le
Volcan , de Saint- Malo , dont eſt Capitaine M.
Nicolas Rogerie.
Le Capitaine Peltier , qui commande le Corfaire
le Surprenant , de ce dernier Port , y a conduit
le Navire Anglois la Princeffe Auguste , de 150
tonneaux , dont il s'eft emparé , & qui alloit de
Peterſbourgà Cork avec un chargement confiftant
en chanvre & en fer.
Le fieur Mathieu Dumont , commandant le Corfaire
le Hardi Mendiant , de Dunkerque , a rançonné
pour huit cens livres fterlings le Navire
Anglois l'Expédition , de Buravoc , dont il s'étoit
rendu maître.
On mande de Cherbourg , que le Capitaine
de Ferne , qui commande le Corfaire l'Infernal
, du Havre , a fait conduire dans ce premier,
Port un Navire Anglois , de 140 tonneaux , dont
JANVIER. 1757. 229
il s'eft emparé , & qui eft chargé de morue féche &
d'huile.
Les Navires Anglois , l'Annabelle , de 200 tonneaux
, chargé de pelleteries , de goudron & de
thérébentine , & le Belveder , de 80 tonneaux
n'ayant que fon left , ont été pris par le Corfaire
le Lys , d'Audierne , & conduits à Morlaix.
Des lettres écrites de Bayonne marquent que
le Navire Anglois , appellé le Beaver , de Londres ,
de 150 tonneaux , chargé de marchandiſes féches,
a été conduit dans ce premier Port , & qu'il
a été pris par le Capitaine de Cock , commandant
le Corfaire le Comte de Maurepas , de Bordeaux.
Nous donnerons dans le Mercure prochain , le
détail de la tenue du Lit de Juftice , avec les Edit
Déclarations qui y ont été enregistrés.
Brienne , Lieutenant - Général de fes Armées Navales
, la place de Vice- Amiral , vacante par la
mort de M. de Macnemara , le 27 Novembre le
Marquis de Conflans prêta ferment en cette qualité
entre les mains de Sa Majesté.
Sa Majefté a accordé à M. le Comte de Vaudreuil
, auffi Lieutenant- Général des Armées Navales
, la Grand'Croix de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , qui vaquoit par la même
mort.
Selon des lettres de Toulon , les Frégates la
Gracieufe & la Topafe y revinrent le 8 Novembre
de Corfe , & la Frégate la Junon le 13. Elles
ont conduit à cette Ifle les troupes Françoifes ,
commandées pour y paffer. Les mêmes lettres
marquent , que le 2 la Gracieuſe a fait à Calvi
le débarquement de la partie du Convoi , deſtinée
pour ce Port. La Topafe fit le 3 à San Fiorenzo
le débarquement , dont elle étoit chargée , & la
Junon , qui n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio
, y a fait ce jour là & le lendemain , le débarquement
des troupes quí étoient fous fon
convoi.
La Flûte du Roi l'Outarde eft arrivé le 15 Novembre
dans le Port de Breft. Elle avoit été expédiée
de Rochefort au mois d'Avril , pour porter
des recrues en Canada. Elle eft repartie de
de Quebec le 7 Octobre , & a débarqué à Brest
Ky
226 MERCURE DE FRANCE.
180 prifonniers Anglois , provenans de la Garnifon
des Forts de Choueguen. On n'apprend point
par les lettres venues par ce Bâtiment , qu'il fe
foit paffé rien d'intéreffant dans ce pays- là depuis
la prife de ces Forts .
Meffire Didier-François- René Mefnard, Seigneur
de Choufy , Contrôleur Général de la maifon du
Roi , procureur Général du Confeil de la Reine ,
en furvivance , fils de Meffire François - Didier
Mefnard , Me des Comptes à Paris , & Procureur
Général du Confeil de la Reine , & de Dame
Anne- Marie Pean , époufa le 22 du mois de
Novembre , dans la Chapelle de la Bibliotheque
du Roi , Damoiſelle Marie-Roze Vaffal , fille de
Meffire Jean Vaffal , Ecuyer, Confeiller , Secretaire
du Roi , Maiſon , Couronne de France, fucceffivement
à feu , N.... Vaffale fon Pere , & de feue
Dame Julie du Weils .
Le 25 Novembre, les Penfionnaires de l'Abbaye
Royale de Panthemont donnerent une grande
Mufique pour la fête de Madame l'Abbeffe
Catherine de Béthify. Mademoifelle Sixte , dont
on connoît le talent , chanta le Motet Ufquequò ,
de M. Mouret. M. Balbaftre fit exécuter pendant
la Meffe plufieurs de fes Concerto- d'Orgue avec
fymphonie , que l'on entend toujours avec de
nouveaux fentimens de plaifir & d'admiration.
Sa réputation y avoit attiré la compagnie la plus
brillante.
Le Roi a accordé des Lettres de Nobleffe à
M. Guerin, Chirurgien-Major de la feconde Compagnie
des Moufquetaires.
M. de Saldanha , Principal de la Patriarchale
de Lifbonne , arrivé depuis quelques jours à Paris
, pour réfider auprès du Roi en qualité d'Ambaffadeur
du Roi de Portugal , eut le 7 Novembre
JANVIER. 1757. 227
fa premiere audience particuliere du Roi & de la
Famille royale .
Le Roi a accordé un Brevet de Confeiller d'Etat
à M. Blondel , ci - devant fon Miniftre en différentes
Cours .
Le Capitaine Dominique Lauga , commandant
le Corfaire la Junon , de Bayonne , y a fait conduire
le Navire Anglois l'Eftandre , de Lancaftre ,
dont il s'eft emparé , & qui alloit à la Jamaïque
avec un chargement compofé de cinquante- cinq
futailles de diverfes marchandiſes , de centfoixante
barriques de boeuf , de mille barriques de beurre ,
& de trois cens quatre-vingt- dix caiffes de chandelle
.
Le Capitaine Jean Mare , commandant le Corfaire
le Levrier , de Dunkerque , y eft rentré avec
deux rançons montant enſemble à ſept cens livres
fterlings .
Le Capitaine Pierre le Maître , dit Rondel ,
qui commande le Corfaire la Nanon , de Calais ,
y a conduit le Navire Anglois la Providence,
de Sunderland, de 120 tonneaux , chargé de charbon
de terre.
Il eft arrivé dans la Rade de Lomariaquer un
Navire Anglois , appellé le Jofeph , de Cork , de
140 tonneaux , dont la cargaifon eft compofée
de vin , de fel & de citrons ; il a été pris par
le Capitaine Moleres , commandant le Corfaire
le Glorieux , de la Rochelle.
M. de la Touraudais , Capitaine du Corfaire
le Port-Mahon , de Saint - Malo , a fait conduire
à Breft le Navire Anglois la Lady , de 160 ton →
neaux , dont il s'eft rendu maitre Ce Bâtiment
alloit de Londres à Philadelphie , avec un chargement
de marchandifes féches . On a trouvé dans
la calle douze canons & des armes bianches ,
K vi
228 MERCURE DE FRANCE.
deftinés pour un Corfaire qu'on arme à la Nouvelle
York .
Le Navire Anglois l'Aventure , de 160 tonneaux
, chargé de 47 milliers de merrain , a été
pris par le Corfaire l'Espérance , de Bayonne
dont eft Capitaine M. Souhaignet , & il a été
conduit en ce Port.
M. Fuftel de la Villehoux , Enſeigne de Vaiffeau ,
commandant la Corvette du Roi la Mouche , a pris
& a conduit le 2 Novembre , à Breft , le Corſaire le
Millford , de Garnezey , armé de fix canons , &
de 30 hommes d'équipage.
D'autres lettres écrites du même Port annoncent
qu'il y eft arrivé un Navire Anglois , appellé la
Sufanne , d'environ trois cens tonneaux qui revenoit
d'Antigues avec un chargement compofé
de fucre , de coton , de taffia & de bois pour
teinture. Cette prife , qu'on eftime plus de trois
cens mille livres , a été faite par le Corfaire le
Volcan , de Saint- Malo , dont eſt Capitaine M.
Nicolas Rogerie.
Le Capitaine Peltier , qui commande le Corfaire
le Surprenant , de ce dernier Port , y a conduit
le Navire Anglois la Princeffe Auguste , de 150
tonneaux , dont il s'eft emparé , & qui alloit de
Peterſbourgà Cork avec un chargement confiftant
en chanvre & en fer.
Le fieur Mathieu Dumont , commandant le Corfaire
le Hardi Mendiant , de Dunkerque , a rançonné
pour huit cens livres fterlings le Navire
Anglois l'Expédition , de Buravoc , dont il s'étoit
rendu maître.
On mande de Cherbourg , que le Capitaine
de Ferne , qui commande le Corfaire l'Infernal
, du Havre , a fait conduire dans ce premier,
Port un Navire Anglois , de 140 tonneaux , dont
JANVIER. 1757. 229
il s'eft emparé , & qui eft chargé de morue féche &
d'huile.
Les Navires Anglois , l'Annabelle , de 200 tonneaux
, chargé de pelleteries , de goudron & de
thérébentine , & le Belveder , de 80 tonneaux
n'ayant que fon left , ont été pris par le Corfaire
le Lys , d'Audierne , & conduits à Morlaix.
Des lettres écrites de Bayonne marquent que
le Navire Anglois , appellé le Beaver , de Londres ,
de 150 tonneaux , chargé de marchandiſes féches,
a été conduit dans ce premier Port , & qu'il
a été pris par le Capitaine de Cock , commandant
le Corfaire le Comte de Maurepas , de Bordeaux.
Nous donnerons dans le Mercure prochain , le
détail de la tenue du Lit de Juftice , avec les Edit
Déclarations qui y ont été enregistrés.
Fermer
Résumé : « Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...] »
En novembre 1756, plusieurs événements militaires et nobles ont marqué le mois. Le Roi a nommé le Marquis de Conflans-Brienne Vice-Amiral, succédant à M. de Macnemara, décédé le 27 novembre. Le Comte de Vaudreuil a été décoré de la Grand'Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis. Les frégates françaises la Gracieuse, la Topaze et la Junon ont transporté des troupes en Corse, effectuant des débarquements à Calvi, San Fiorenzo et Ajaccio. La flûte royale l'Outarde est revenue à Brest avec 180 prisonniers anglais capturés aux forts de Choueguen. Didier-François-René Mesnard a épousé Marie-Roze Vassal le 22 novembre. Les pensionnaires de l'Abbaye Royale de Panthemont ont célébré la fête de Madame l'Abbesse Catherine de Béthisy par une grande musique. Le Roi a accordé des lettres de noblesse à M. Guerin et un brevet de conseiller d'État à M. Blondel. M. de Saldanha, ambassadeur du Roi de Portugal, a eu sa première audience privée avec le Roi et la famille royale. Plusieurs navires anglais ont été capturés par des corsaires français, notamment par les capitaines Dominique Lauga, Jean Mare et Pierre le Maître. Ces prises incluaient des navires chargés de diverses marchandises, de bétail, de charbon et d'armes destinées à des corsaires en construction à New York.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 228-232
« Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Début :
Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Chevaliers, Chancelier, Nominations, Comtes, Marquis, Attaque au couteau, Roi de France, Tentative de meurtre, Corsaires , Marchandises, Capitaine Dumont, Dunkerque, Capitaine Dupont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Le premierjour de l'an les Princes & les Prin -
ceſſes , ainſi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , eurent l'honneur de complimenter le Roi
fur la nouvelle année.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant aſſemblés , vers
JANVIER. 1757. 229
les onze heures du matin , dans le cabinet du Roi,
Sa Majesté tint un Chapitre. Conformément à une
deciſion de Louis XIV , qui a réglé que les preuves
du Chancelier des Ordres ſeroient examinées
par deux Chevaliers , le Duc de Villeroy & le Marquis
de Beringhen avoient été nommés Commiffaires
pour l'examen de celles du Comte de Saint-
Florentin, qui a été pourvu de cette charge. Elles.
furent admiſes. Le Roi nomma Chevaliers de ſes
Ordres le Prince de Beauvau , Maréchal de ſes
Camps & Armées , le Marquis de Gontaut , Lieutenant-
Général , le Comte de Maillebois , auffi
Lieutenant-Général ; le Marquis de Bethune
Maréchal de Camp , Mestre de Camp Général de
la Cavalerie ; le Marquis d'Aubeterre , Maréchal
de Camp , Ambaſſadeur du Roi auprès de Sa Majeſté
Catholique ; le Marquis d'Oſſun , Brigadier
de Cavalerie , Ambaſſadeur de Sa Majesté auprès
du Roi des deux Siciles , & le Comte de Broglie ,
Brigadier d'Infanterie , Ambaſſadeur auprès du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe. Le Comte de
Baſchi , dont les preuves , ainſi que l'information
des vie & moeurs , & laprofeffion de foi , avoient
été admiſes dans le Chapitre du premier Février de
l'année derniere , fut introduit , en habit de novice,
dans le cabinet du Roi , & reçu Chevalier de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enſuite de ſon
appartement pour aller à la chapelle. Sa Majesté ,
devant laquelle les deux Huiſſiers de la Chambre
portoient leurs maffes, étoit en manteau, le collier
de l'Ordre par deſſus , ainſi que celui de l'Ordre
de la Toiſon d'Or. Elle étoit précédée de
Monſeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Prince de Condé , du Comte de Clermont , du
Prince de Conty , du Comte de la Marche , du
Comte d'Eu , du Duc de Penthievre , & des Che230
MERCURE DE FRANCE.
valiers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le nouveau Chevalier marchoit entre les Cheva--
liers & les Officiers. La grand'Meſſe ayant été
célébrée par le Prince Conſtantin , Evêque de
Strasbourg , Premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint Eſprit , le Roi
monta à ſon trône , & revêtit des marques de
l'Ordre le Comte de Baſchi , qui eut pour parreins
le Maréchal de Clermont Tonnerre & le Marquis
de Beringhen. Lorſque cette cérémonie fut
finie , Sa Majesté fut reconduite à ſon appartement
en la maniere accoutumée.
Le Roi a admis dans ſon Conſeil d'Etat M.
PAbbé Comte de Bernis , nommé Ambaſſadeur
près de Leurs Majeſtés Impériales .
Les Janvier , à cinq heures trois quarts du foir,
le Roi fortit de chez Mesdames de France pour
monter dans ſon carroffe , & fe rendre à Trianon .
Un malheureux trouva alors le moyen d'approcher
Sa Majesté au milieu de fa garde , fans être apperçu.
Il étoit armé d'un couteau à deux lames ,
dont l'une étoit une lame ordinaire ; l'autre avoit
la forme d'un canif , & étoit large de cinq à fix
lignes , & longue d'environ quatre pouces. C'eſt
avec la derniere lame que le coup a été porté. II
eſt tombéfurla partie latérale inférieure & un peu
poſtérieure de la poitrine ; c'est- à dire entre la
quatrieme& la cinquieme des côtes inférieures du
côté droit. Le coup a été dirigé de bas en haut ,
&a pénétré environ quatre travers de doigt. Le
Roi, en le recevant, crut ſeulement qu'il étoit frappé
d'un coup de poing. Il ſertit enfuite un peu de
chaleur , & il ne s'apperçut qu'il étroit bleſſe , que
par l'effufion du ſang. Sa majesté fut laignée à fix
heures un quart ; & quoique cette fargrée eût
produit ungrand foulagement , on la réitéra qua
,
JANVIER. 1757 . 231
tre heures après , pour plus grande fûreté. Sa Majeſté
, quoiqu'elle ait peu dormi , a paffé la nuit
aflez tranquillement. Il eſt ſurvenu ce matin une
légere moteur , après un ſommeil d'une heure.
On a levé l'appareil à dix heures ; on a trouvé le
gonflement conſidérablement diminué ; & au
moment qu'on écrit ce détail , Sa Majesté eſt auſſi
Dien qu'Elle puiſſe êtredans une telle circonstance .
Tout juſqu'à preſent paroît indiquer que le coup
n'a pas pénétré dans la poitrine . On a arrêté ſur
le champ l'affaffin , & on travaille à inſtruire ſon
procès.
Le Saint Sacrement a été expoſé dans toutes les
égliſes de Versailles , & M. le Comte de Saint-
Florentin a écrit , par l'ordre du Roi , à l'Archevêque
de Paris , pour qu'on fit des prieres publiques
, afin d'obtenir de Dieu la prompte guériſon
de Sa Majesté . ( 1 )
On mande de Dunkerque , que le Corſaire
le Prince de Soubize , commandé par le Capitaine
Canon , eſt rentré en ce Port , & qu'il
s'eſt rendu maître des Navires. Anglois la Marguerite
, de Leith , & les Deux Freres , de Yarmouth
, de 150 tonneaux chacun chargés , le
premier de plomb, en ſaumon ,l'autre de fer &
de planches.
Le Capitaine Dumont , commandant le Hardi
Mendiant , autre Corfaire de Dunkerque , y a fait
conduire le Navire Anglois la Marie de Bantf ,
de so tonneaux , dont la cargaiſon confifte en
208 tonnes de ſaumon. Il s'eſt auffi emparé du
Navire Anglois la Sara , de Berwick , de 100
tonneaux armé de 4 canons , &chargé de 560
tonnes de ſaumons.
(1 ) Elle est heureusement rétablie , &lajoye a
Succédé aux plus vives allarmes.
232 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire la Favorite , du Havre , Capitaine
Mouchel , y a fait conduire le Navire Anglois
le Tobie , chargé de vin de Malaga ; & il eſt
entré à Cherbourg avec un autre Bâtiment Anglois
, de 130 tonneaux , ayant un chargement
compoſé de vin , d'huile & de raiſins ſecs .
Un autre Corfaire de Dunkerque , appellé le
Comte de Saint- Germain , y a conduit le Brigantin
Anglois l'Unité , de Yarmouth , de 90 tonneux
, armé de 4 canons , & dont la cargaifon
confitte en grains .
Le Capitaine Dupont , commandant le Corſaire
le Danger , de Boulogne , qui a repris ſur les
Anglois le Corfaire l'Intrépide , de Nantes , a pris ,
& a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe ,
de Londres , chargé d'oranges , de citrons , de
grenades & de limons .
Il eſt arrivé à Bayonne un Brigantin Anglois ,
appellé l'Aventure , de Poole , de 80 tonneaux ,
chargé de morue & d'huile , qui a été pris par
le Corfaite l'Amiral , dont eſt Capitaine M. Jean
Samfon.
Le Corſaire l'Aigle de Marseille , y a fait conduire
les Navires le Dolly , de 120 tonneaux
chargé de raiſins ſecs , & le Sally , de Gibraltar ,
dont la cargaiſon conſiſte en biſcuit , en vin &
autres proviſions ; & le Berton & le John ,
autres Bâtimens Anglois chargés de morue & de
fardines , ont été pris & conduits en ce Port
par le Capitaine Louis-Augustin Icard qui commande
le Navire la Marie.
Le Corſaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
dont eſt Capitaine Louis Libert fils , s'eſt rendu
maître du Navire Anglois le Saint-Michel , de
300 tonneaux , armé de 15 canons , & chargé
de raiſins de Corinthe , & l'a fait conduire à
Dieppe.
ceſſes , ainſi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , eurent l'honneur de complimenter le Roi
fur la nouvelle année.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant aſſemblés , vers
JANVIER. 1757. 229
les onze heures du matin , dans le cabinet du Roi,
Sa Majesté tint un Chapitre. Conformément à une
deciſion de Louis XIV , qui a réglé que les preuves
du Chancelier des Ordres ſeroient examinées
par deux Chevaliers , le Duc de Villeroy & le Marquis
de Beringhen avoient été nommés Commiffaires
pour l'examen de celles du Comte de Saint-
Florentin, qui a été pourvu de cette charge. Elles.
furent admiſes. Le Roi nomma Chevaliers de ſes
Ordres le Prince de Beauvau , Maréchal de ſes
Camps & Armées , le Marquis de Gontaut , Lieutenant-
Général , le Comte de Maillebois , auffi
Lieutenant-Général ; le Marquis de Bethune
Maréchal de Camp , Mestre de Camp Général de
la Cavalerie ; le Marquis d'Aubeterre , Maréchal
de Camp , Ambaſſadeur du Roi auprès de Sa Majeſté
Catholique ; le Marquis d'Oſſun , Brigadier
de Cavalerie , Ambaſſadeur de Sa Majesté auprès
du Roi des deux Siciles , & le Comte de Broglie ,
Brigadier d'Infanterie , Ambaſſadeur auprès du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe. Le Comte de
Baſchi , dont les preuves , ainſi que l'information
des vie & moeurs , & laprofeffion de foi , avoient
été admiſes dans le Chapitre du premier Février de
l'année derniere , fut introduit , en habit de novice,
dans le cabinet du Roi , & reçu Chevalier de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enſuite de ſon
appartement pour aller à la chapelle. Sa Majesté ,
devant laquelle les deux Huiſſiers de la Chambre
portoient leurs maffes, étoit en manteau, le collier
de l'Ordre par deſſus , ainſi que celui de l'Ordre
de la Toiſon d'Or. Elle étoit précédée de
Monſeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Prince de Condé , du Comte de Clermont , du
Prince de Conty , du Comte de la Marche , du
Comte d'Eu , du Duc de Penthievre , & des Che230
MERCURE DE FRANCE.
valiers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le nouveau Chevalier marchoit entre les Cheva--
liers & les Officiers. La grand'Meſſe ayant été
célébrée par le Prince Conſtantin , Evêque de
Strasbourg , Premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint Eſprit , le Roi
monta à ſon trône , & revêtit des marques de
l'Ordre le Comte de Baſchi , qui eut pour parreins
le Maréchal de Clermont Tonnerre & le Marquis
de Beringhen. Lorſque cette cérémonie fut
finie , Sa Majesté fut reconduite à ſon appartement
en la maniere accoutumée.
Le Roi a admis dans ſon Conſeil d'Etat M.
PAbbé Comte de Bernis , nommé Ambaſſadeur
près de Leurs Majeſtés Impériales .
Les Janvier , à cinq heures trois quarts du foir,
le Roi fortit de chez Mesdames de France pour
monter dans ſon carroffe , & fe rendre à Trianon .
Un malheureux trouva alors le moyen d'approcher
Sa Majesté au milieu de fa garde , fans être apperçu.
Il étoit armé d'un couteau à deux lames ,
dont l'une étoit une lame ordinaire ; l'autre avoit
la forme d'un canif , & étoit large de cinq à fix
lignes , & longue d'environ quatre pouces. C'eſt
avec la derniere lame que le coup a été porté. II
eſt tombéfurla partie latérale inférieure & un peu
poſtérieure de la poitrine ; c'est- à dire entre la
quatrieme& la cinquieme des côtes inférieures du
côté droit. Le coup a été dirigé de bas en haut ,
&a pénétré environ quatre travers de doigt. Le
Roi, en le recevant, crut ſeulement qu'il étoit frappé
d'un coup de poing. Il ſertit enfuite un peu de
chaleur , & il ne s'apperçut qu'il étroit bleſſe , que
par l'effufion du ſang. Sa majesté fut laignée à fix
heures un quart ; & quoique cette fargrée eût
produit ungrand foulagement , on la réitéra qua
,
JANVIER. 1757 . 231
tre heures après , pour plus grande fûreté. Sa Majeſté
, quoiqu'elle ait peu dormi , a paffé la nuit
aflez tranquillement. Il eſt ſurvenu ce matin une
légere moteur , après un ſommeil d'une heure.
On a levé l'appareil à dix heures ; on a trouvé le
gonflement conſidérablement diminué ; & au
moment qu'on écrit ce détail , Sa Majesté eſt auſſi
Dien qu'Elle puiſſe êtredans une telle circonstance .
Tout juſqu'à preſent paroît indiquer que le coup
n'a pas pénétré dans la poitrine . On a arrêté ſur
le champ l'affaffin , & on travaille à inſtruire ſon
procès.
Le Saint Sacrement a été expoſé dans toutes les
égliſes de Versailles , & M. le Comte de Saint-
Florentin a écrit , par l'ordre du Roi , à l'Archevêque
de Paris , pour qu'on fit des prieres publiques
, afin d'obtenir de Dieu la prompte guériſon
de Sa Majesté . ( 1 )
On mande de Dunkerque , que le Corſaire
le Prince de Soubize , commandé par le Capitaine
Canon , eſt rentré en ce Port , & qu'il
s'eſt rendu maître des Navires. Anglois la Marguerite
, de Leith , & les Deux Freres , de Yarmouth
, de 150 tonneaux chacun chargés , le
premier de plomb, en ſaumon ,l'autre de fer &
de planches.
Le Capitaine Dumont , commandant le Hardi
Mendiant , autre Corfaire de Dunkerque , y a fait
conduire le Navire Anglois la Marie de Bantf ,
de so tonneaux , dont la cargaiſon confifte en
208 tonnes de ſaumon. Il s'eſt auffi emparé du
Navire Anglois la Sara , de Berwick , de 100
tonneaux armé de 4 canons , &chargé de 560
tonnes de ſaumons.
(1 ) Elle est heureusement rétablie , &lajoye a
Succédé aux plus vives allarmes.
232 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire la Favorite , du Havre , Capitaine
Mouchel , y a fait conduire le Navire Anglois
le Tobie , chargé de vin de Malaga ; & il eſt
entré à Cherbourg avec un autre Bâtiment Anglois
, de 130 tonneaux , ayant un chargement
compoſé de vin , d'huile & de raiſins ſecs .
Un autre Corfaire de Dunkerque , appellé le
Comte de Saint- Germain , y a conduit le Brigantin
Anglois l'Unité , de Yarmouth , de 90 tonneux
, armé de 4 canons , & dont la cargaifon
confitte en grains .
Le Capitaine Dupont , commandant le Corſaire
le Danger , de Boulogne , qui a repris ſur les
Anglois le Corfaire l'Intrépide , de Nantes , a pris ,
& a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe ,
de Londres , chargé d'oranges , de citrons , de
grenades & de limons .
Il eſt arrivé à Bayonne un Brigantin Anglois ,
appellé l'Aventure , de Poole , de 80 tonneaux ,
chargé de morue & d'huile , qui a été pris par
le Corfaite l'Amiral , dont eſt Capitaine M. Jean
Samfon.
Le Corſaire l'Aigle de Marseille , y a fait conduire
les Navires le Dolly , de 120 tonneaux
chargé de raiſins ſecs , & le Sally , de Gibraltar ,
dont la cargaiſon conſiſte en biſcuit , en vin &
autres proviſions ; & le Berton & le John ,
autres Bâtimens Anglois chargés de morue & de
fardines , ont été pris & conduits en ce Port
par le Capitaine Louis-Augustin Icard qui commande
le Navire la Marie.
Le Corſaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
dont eſt Capitaine Louis Libert fils , s'eſt rendu
maître du Navire Anglois le Saint-Michel , de
300 tonneaux , armé de 15 canons , & chargé
de raiſins de Corinthe , & l'a fait conduire à
Dieppe.
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Résumé : « Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Le 1er janvier 1757, la cour française célébra la nouvelle année en complimentant le roi. À onze heures du matin, les membres de l'Ordre du Saint Esprit se réunirent dans le cabinet royal pour un chapitre. Conformément à une décision de Louis XIV, les preuves du Chancelier des Ordres furent examinées par deux Chevaliers, le Duc de Villeroy et le Marquis de Beringhen, qui approuvèrent le Comte de Saint-Florentin. Le roi nomma plusieurs nouveaux Chevaliers, dont le Prince de Beauvau, le Marquis de Gontaut, le Comte de Maillebois, le Marquis de Bethune, le Marquis d'Aubeterre, le Marquis d'Ossun et le Comte de Broglie. Le Comte de Baschi, dont les preuves avaient été admises lors du chapitre précédent, fut introduit en habit de novice et reçu Chevalier de l'Ordre de Saint Michel. Le roi se rendit ensuite à la chapelle pour la grand'Messe, célébrée par le Prince Constantin, Evêque de Strasbourg. Le roi admit l'Abbé Comte de Bernis, nommé Ambassadeur auprès des Majestés Impériales, dans son Conseil d'État. Le 5 janvier, alors que le roi se rendait à Trianon, un individu armé d'un couteau à deux lames le blessa légèrement. Le roi fut soigné et passa la nuit tranquillement. Le 6 janvier, une légère fièvre apparut après une heure de sommeil, mais l'état du roi s'améliora. L'agresseur fut arrêté et son procès instruit. Le Saint Sacrement fut exposé dans toutes les églises de Versailles, et des prières publiques furent organisées pour la guérison du roi. Des nouvelles de Dunkerque rapportèrent que plusieurs corsaires français avaient capturé des navires anglais chargés de diverses marchandises. Parmi ces corsaires figuraient le Prince de Soubize, le Hardi Mendiant, la Favorite, le Comte de Saint-Germain, le Danger, l'Amiral, l'Aigle de Marseille et le Duc d'Aumont. Ces corsaires avaient pris des navires anglais dans la Manche et les avaient conduits dans divers ports français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 216-223
« Dans les premiers momens de trouble & la consternation générale qu'a causé le danger [...] »
Début :
Dans les premiers momens de trouble & la consternation générale qu'a causé le danger [...]
Mots clefs :
Récit de l'attaque du roi, Versailles, Trianon, Monseigneur le Dauphin, Horreur, Pleurs, Blessure du roi, Rétablissement, Procès, Colonel, Comte, Marquis, Brigadier, Maitre de camp, Capitaine, Cavalerie, Cérémonie, Audience, Prières collectives, Députés, Duc, Coupable, Corsaires , Marchandises, Anglais
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texteReconnaissance textuelle : « Dans les premiers momens de trouble & la consternation générale qu'a causé le danger [...] »
Dans les premiers momens du trouble & de
la conſternation générale qu'a cauſé le danger où
le Roi s'eſt trouvé , on a publié précipitemment
le procès - verbal dreſſé par MM. Senac , Premier
Médecin , & de la Martiniere , Premier Chirurgien
de Sa Majesté , ſans ſonger même à donner
les ſoins ordinaires au récit de l'événement.
Le Roi étoit revenu de Trianon à Versailles ,
pour voir Madame Victoire qui ſetrouvoit indiſpoſée.
Sa Majesté , après avoir fatisfait ſon inquiétude
paternelle , alloit remonter en carroſſe
pour retourner à Trianon , lorſqu'elle fut frappée
à deux pas de Monſeigneur le Dauphin. Sa
Majeſté eut la force de remonter l'eſcalier , qui
conduit à ſon appartement. Elle demanda ſon
confeſſeur & l'extrême-onction , & elle fut confeſſée
un moment après. Comment retracer ce
moment de ſurpriſe & d'horreur ? Comment ſurtout
repréſenter le profond accablement de la
Reine , celui de Monſeigneur le Dauphin , de
Madame la Dauphine , de Madame & Meſdames
de France ? Toute la cour étoit en pleurs :
le Roi ſeul , ferme , & réſigné , donnoit ſes
penſées à la Religion , conſoloit tendrement
ſa famille , & s'occupoit du ſoin de ſes peuples,
A la nouvelle de la bleſſure du Roi , qui fut
rapidement portée à Paris , & répandue dans la
nuit même , les Princes &les Princeſſes duSang,
les Miniftres , les Grands du Royaume , & un
concours prodigieux de perſonnes de tout état
accoururent
JANVIER . 1757. 217
1
1
&
accoururent à Verſailles. Heureuſement cette blef
fure , dont l'étendue avoit effrayé , étant peu profonde
, n'a eu aucune fuite fâcheuſe , & a été
promptement cicatriſée. Le Roi a envoyé des
lettres d'attribution à la Grand Chambre du Parlement
de Paris , pour inſtruirele procès de ce
ſcélérat. Sa Majeſté a été purgée le 9 , & s'eſt
levée l'après-midi en très bonne ſanté. Le 10
les Députés des Etats de Bretagne eurent audience
du Roi. Ils furent préſentés à Sa Majesté par M.
le Duc de Penthievre , Gouverneur de la Province
, & par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat. La Députation étoit
compoſée , pour le Clergé , de l'Evêque de Quimper
, qui porta la parole ; du Comte de Morant ,
Mestre de Camp , Lieutenant du Régiment de
Dragons de la Reine , pour la Nobleffe , &du
ſieur de Prévin , Maire de la ville de Nantes , pour
le Tiers - Etat . Le 11 , le Roi dîna en public
en robe de chambre dans ſon grand Cabiner.
Sur les neuf heures du ſoir , Sa Majefté reçut
les révérences des Dames de la Cour. Hier le
Roi s'eſt habille , & a tenu conſeil d'Etat. La
Famille Royale & la nation ont fait ſuccéder aux
pleurs &aux inquiétudes , les plus vifs tranſporns
de joie; & les Eglifes ne retentiſſent que d'actions
de graces.
: Sa Majesté , la ſurveille de ce déſaftre , avoit
fait lacérémonie de recevoir Chevaliers de l'Ordre
de Saint Louis le Prince de Robecq , Brigadier ,
Colonel du Régiment d'Infanterie de Limofin; le
Marquis de Cambis , Brigadier , Meſtre de Camp
Lieutenant du Régiment de Cavalerie de Bour
bon ; le Prince de Rohan , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , le Comte de Civrac , Colonel
du Régiment Royal des Vaiſſeaux ; le Comte du
K
218 MERCURE DE FRANCE.
4
,
Châtelet- Lomont,Colonel du Régiment de Navarre;
le Comte de Montmorency- Laval , Colonel
duRégiment de Guyenne ; le Comte d'Estaing ,
Colonel du Régiment de Rouergue ; le Marquis
de Chaſtelux , Colonel du Régiment d'Auvergne;
le Comtede la Tour-Dupin , Colonel dans
le Corps des Grenadiers de France ; le Marquis
de Saint - Chamond , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , le Comte d'Uffons-de Bonnac , Réformé
dans le Régimentde Briffac; le ſieur de Laubepine
, Mestre de Camp Réformé à la ſuite du
Régiment de Cavalerie de Bauvillier ; le Comte
de Bethune Meſtre de Camp du Régiment
Royal Pologne , Cavalerie, le Marquis de Clermont-
Tonnerre , Capitaine au Régiment duMeftre
de Camp Général de la Cavalerie , avec rang
de Mestre de Camp; le Compte de Fumel , Meltre
de Camp d'un Régiment de Cavalerie ; le
Marquis de Caraman , Mestre de Camp d'un Régiment
deDragons; le Marquis de Cruffol-d'Amboiſe
, Capitaine-Lieutenantdes Chevaux- Légers
deBerry; le ſieur Farges ; Capitaine dans le Régiment
de Cavalerie de Harcourt , avec rang de
Meſtre de Camp; le Comte de Saint-Chamans
Premier Cornette des Chevaux- Légers de Bourgogne;
le Marquis de Janſon, Enſeigne des Gendarmes
d'Aquitaine ; le ſieur du Hamel de Maifoncelle
, Lieutenant-Colonel du Régiment de
Cavalerie de Montcalm; & le Marquis de Chaftenai
Mouſquetaire , ci-devant Enſeigne des
Gendarmes Anglois. Le 10 , jour de l'audience
des Députés des Etats de Bretagne , le Roi reçut
auffi Chevalier de Saint Louis le Comte deMorant
, Députéde ces Etats pour la Nobleſſe , auquel
Sa Majesté avoit accordé précédemment la
Croix..
,
FEVRIER . 1757 . 219
-
!
!
1
Le Roi a nommé Lieutenant-Général de ſes
Armées le Prince Louis de Wirtemberg , Maréchal
de Camp , Meſtre de Camp d'un Régiment de
Cavalerie Allemande. Sa Majesté a accordé le
grade de Brigadier de Cavalerie au Comte de Lameth,
MeſtredeCamp d'unRegiment de Cavalerie.
Elle a donné la Brigade , vacante dans le Régiment
Royal des Carabiniers par la retraite du
Chevalier de Montmorency , au Vicomte de
Dutfort , Meſtre de Camp Réformé de Cavalerie;
celle qui vaquoit par la retraite du Comte
de Buffy - Lameth , à M. de la Tour , Lieutenant-
Colonel de la Brigade ci-devant Braſſac ;
&celle dont le Marquis de Braſſac s'eſt démis ,
à M. Pinon-de Saint-Georges , Capitaine dans
le Régiment du Colonel Général de la Cavalerie,
avec rangdeMestre de Camp.
Monſeigneur leDauphin prit ſéance le is Jan
vier au Conſeil d'Etat.
-Les Prevôt des Marchands & Echevins terminerent
le 15 la Neuvaine qu'ils ont faite dans l'Egliſe
de Sainte Geneviève , où le concours des
Citoyens de cette Capitale & la ferveur de leurs
prieres ont marqué tout leur amour pour la per-
Tonne du Roi , & le 16 , ils aſſiſterent dans la
même Egliſe à une Meſſe ſolemnelle , ſuivie du
Te Deum , en action de graces de l'heureux &
prompt rétabliſſement de la ſanté de Sa Majesté.
Le Roi étant parfaitement rétabli , entendit
le 16 de ce mois la Meſſe dans la Chapelle. On
y chanta le Te Deum , de la compoſition du
ſieur Rebel , Surintendant de la Muſique de la
Chambre de Sa Majefté. Cette Hymne fut entonnée
par l'Abbé Gergoy , Chapelain ordinaire
de la Chapelle-Muſique , revêtu du Surplis &
de l'Etole.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
4
Le même jour , le Roi fit l'honneur à la ville
de Rheims de recevoir ſes Députés , qui complimenterent
Sa Majesté ſur l'heureux rétabliſſement
de ſa ſanté. Ils furent préſentés au Roi
par M. le Comte de Clermont , Prince du Sang ,
Gouverneur de la Province de Champagne , &
par M. le Comte de Saint-Florentin , Miniſtre &
Secretaire d'Etat. Les Députés étoient MM. Rogier
, de la Salle -de l'Etang , de Bourgogne , &
Mopinot-de la Chapotte , Capitaine de Cavalerie
au Régiment Dauphin .
Le 19 les Députés des Etats d'Artois eurent
audience du Roi , & furent préſentés à Sa Majefié
par M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la
Province, & par M. le Comte d'Argenſon , Minif.
tre & Secretaire d'Etat. La Députation étoit compoſée
, pour le Clergé , de l'Evêque de Saint-
Omer , qui porta la parole ; du Marquis de Creny
, pour la Nobleſſe ; & du ſieur De Canchy',
Maire d'Arras , pour le tiers Etat.
Le Roi a accordé au Duc de Bouillon la permiſſion
de lever dans le Duché de Bouillon ,
pour le ſervice de Sa Majesté , un Régiment d'Infanterie
de deux Bataillons , ſur le pied étranger,
dont le Prince de Bouillon , ſon petit fils , a été
nommé Colonel .
Sa Majesté ayant permis au Corps de ſaMuſique-
Chapelle , de célébrer ſa convalefcence par
un Te Deum chanté dans la Chapelle du Château
, ce Corps s'eſt acquitté le vingt de ce devoir.
La Reine & la Famille Royale ont affiſté
à cette cérémonie. L'Abbé Gergoy , Chapelain
ordinaire de la Chapelle-Muſique , a entonné
'Hymne. Le Motet étoit de la compoſition , &
a été exécuté ſous la direction du ſieur Mondonville
, Maître de Muſique de la Chapelle.
FEVRIER. 1757 . 221
i
1
に
1
2
LeRoi a fait remettre cent mille écus aux Curés
de Paris , pour être diſtribués aux pauvres de leur
Paroiſſes .
La nuit du 17 au 18 Janvier , le ſcélérat ,
qui a oſé attenter à la vie du Roi , fut amené
de Verſailles à Paris. Il a été mis à la Conciergerie
dans la Tour de Montgommery. Cet afſaſſin
a été eſcorté par des Sergens & des Grenadiers
des Gardes Françoiſes , la bayonnette au
bout du fufil , leurs Officiers à cheval , ainſi que
par les Gardes de la Prevôté de l'Hôtel. Il étoit
dans une gondole accompagné d'un Lieutenant ,
d'un Exempt, de deux Gardes&du Chirurgien
de la Prevôté. La gondole étoit ſuivie de deux
caroſſes , dans l'un deſquels étoit un priſonnier
avec deux Gardes.
Pendant le cours de l'année derniere , il eſt
mort à Paris dix- sept mille deux cens trente - fix
perſonnes : il s'y eſt fait quatre mille ſept cens
dix mariages , & vingt mille fix baptêmes : le
nombre des enfans trouvés a été de quatre mille
ſept cens vingt-deux.
On mande de Calais , que les Capitaines Canon
& Bachelier , qui commandent les Corſaires
le Prince de Soubize & le Saint- Louis , de Dunkerque
, ont pris & ont conduit dans ce premier
Port les Navires Anglois le Château d'Edimbourg
, de 160 tonneaux , chargé d'huile , & le
Guillaume , de 100 tonneaux , dont la cargaiſon
eſt compoſée d'oranges , de citrons , de limons
&de raiſins.
Les mêmes Corſaires ont pris , & ont fait comduire
à Fécamp un troiſieme Navire Anglois appellé
le Nansey & Betty , de 150 tonneaux
chargé de farines , de ſucre , de tabac , de draps
&d'autres marchandises.
Kij
222 MERCURE DE FRANCE.
Le Navire Anglois la Concorde , de 250 tonneaux;
chargé de tabac &de fer , a été pris par
leCorfaire le Poftillon , de Morlaix , qui l'a fait
conduire à Cherbourg.
,
Il eſt arrivé à Saint-Valleryen Caux un Senaw
'Anglois , d'environ 100 tonneaux qui a été
pris par le Corfaire le Sainte-Barbe , de Morlaix
, & qui eft chargé de tabac , de brai & de
goudron.
Le Corfaire leMachault, deGranville , commandé
par le Capitaine Magnonnet , y a fait conduire
le Navire Anglois le London , de Poole ,
de 130 tonneaux , chargé de vin , de ſel , d'orange&
de citrons , dont ils'eſt emparé.
On écrit de Morlaix , que le Corfaire la Cigale
, de Saint-Malo , ya fait conduire les NaviresAnglois
le Luk , de 180 tonneaux , chargé de
tabac & de fer , & le Rodalan , de 120 tonneaux ,
chargé de diverſes marchandises .
Le Navire Anglois le Neptune , de Boſton ,
chargé de quatorze cens quintaux de morue , a
été pris par le Capitaine Laurent Hirigoyen ,
commandant leCorſaire le Saint-Jean-Baptiste ,
deBayonne.
Un autre BâtimentAnglois appellé le Friendfip
, de 60 tonneaux , chargé de faumon , ayant
été jetté par le mauvais temps ſur la Barre de
Bayonne , a été conduit en ce Port par le nommé
Sallenave , Pilote Lamaneur.
Le Corfaire l'Aimable Dauphin , de Saint-
Jean- de- Luz , s'eſt emparé d'un Navire Anglois
qui est arrivé au Paſſage , &dont la cargaiſon eſt
compoſée de 180 boucauts de tabac.
On apprend par des lettres écrites de la Ciotat
, qu'il y est arrivé un Navire Anglois , qui
avec la cargaiſon eſt eſtimé environ trois cens
FEVRIER. 1757 . 223
1
mille livres , & qui a été pris par le Corſaire le
Fleuron , de Marseille , dont eſt Capitaine Jean-
André Arnoux.
On apprend par des lettres écrites de Saint-
Malo , que le Corfaire la Vengeance , de ce Port ,
y eſt rentré avec le Navire le Grand Alexandre,
de Nantes , de 350 tonneaux , armé de 14
canons , chargé de ſucre , de café, de coton &
d'indigo , qu'il a enlevé au Corſaire Anglois le
Terrible , de Londres , de 24 canons & de 202
hommes d'équipage , dont il s'eſt auffi rendu
maître , & qui a été conduit à Morlaix. Le ſieur
Bourdas , Capitaine de la Vengeance, ayant été
tuédès lecommencement du combat, le commandement
eſt échu au ſieur de Breville , qui , par
fa bravoure & fa belle manoeuvre , a mis ces
deux bâtimens dans l'impoſſibilité de lui échapper.
On mande de Marseille , que le Capitaine
Pierre-Antoine Martiche , qui commande le Corfaire
le Grand Alexandre , de ce Port, y a conduit
un Navire , dont le Capitaine a déclaré que
le chargement , qui eſt eſtimé plus de quinze
cens mille livres, appartient aux Anglois.
Le 20 Janvier , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens deux livres , dix
fols: les Billets de la premiere Loterie Royal , à
neuf cens ſoixante ; ceux de la troiſieme Loterie
àfix cens quatre-vingts. Ceux de la ſeconde Lote
rie n'avoient point de prix fixe.
la conſternation générale qu'a cauſé le danger où
le Roi s'eſt trouvé , on a publié précipitemment
le procès - verbal dreſſé par MM. Senac , Premier
Médecin , & de la Martiniere , Premier Chirurgien
de Sa Majesté , ſans ſonger même à donner
les ſoins ordinaires au récit de l'événement.
Le Roi étoit revenu de Trianon à Versailles ,
pour voir Madame Victoire qui ſetrouvoit indiſpoſée.
Sa Majesté , après avoir fatisfait ſon inquiétude
paternelle , alloit remonter en carroſſe
pour retourner à Trianon , lorſqu'elle fut frappée
à deux pas de Monſeigneur le Dauphin. Sa
Majeſté eut la force de remonter l'eſcalier , qui
conduit à ſon appartement. Elle demanda ſon
confeſſeur & l'extrême-onction , & elle fut confeſſée
un moment après. Comment retracer ce
moment de ſurpriſe & d'horreur ? Comment ſurtout
repréſenter le profond accablement de la
Reine , celui de Monſeigneur le Dauphin , de
Madame la Dauphine , de Madame & Meſdames
de France ? Toute la cour étoit en pleurs :
le Roi ſeul , ferme , & réſigné , donnoit ſes
penſées à la Religion , conſoloit tendrement
ſa famille , & s'occupoit du ſoin de ſes peuples,
A la nouvelle de la bleſſure du Roi , qui fut
rapidement portée à Paris , & répandue dans la
nuit même , les Princes &les Princeſſes duSang,
les Miniftres , les Grands du Royaume , & un
concours prodigieux de perſonnes de tout état
accoururent
JANVIER . 1757. 217
1
1
&
accoururent à Verſailles. Heureuſement cette blef
fure , dont l'étendue avoit effrayé , étant peu profonde
, n'a eu aucune fuite fâcheuſe , & a été
promptement cicatriſée. Le Roi a envoyé des
lettres d'attribution à la Grand Chambre du Parlement
de Paris , pour inſtruirele procès de ce
ſcélérat. Sa Majeſté a été purgée le 9 , & s'eſt
levée l'après-midi en très bonne ſanté. Le 10
les Députés des Etats de Bretagne eurent audience
du Roi. Ils furent préſentés à Sa Majesté par M.
le Duc de Penthievre , Gouverneur de la Province
, & par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat. La Députation étoit
compoſée , pour le Clergé , de l'Evêque de Quimper
, qui porta la parole ; du Comte de Morant ,
Mestre de Camp , Lieutenant du Régiment de
Dragons de la Reine , pour la Nobleffe , &du
ſieur de Prévin , Maire de la ville de Nantes , pour
le Tiers - Etat . Le 11 , le Roi dîna en public
en robe de chambre dans ſon grand Cabiner.
Sur les neuf heures du ſoir , Sa Majefté reçut
les révérences des Dames de la Cour. Hier le
Roi s'eſt habille , & a tenu conſeil d'Etat. La
Famille Royale & la nation ont fait ſuccéder aux
pleurs &aux inquiétudes , les plus vifs tranſporns
de joie; & les Eglifes ne retentiſſent que d'actions
de graces.
: Sa Majesté , la ſurveille de ce déſaftre , avoit
fait lacérémonie de recevoir Chevaliers de l'Ordre
de Saint Louis le Prince de Robecq , Brigadier ,
Colonel du Régiment d'Infanterie de Limofin; le
Marquis de Cambis , Brigadier , Meſtre de Camp
Lieutenant du Régiment de Cavalerie de Bour
bon ; le Prince de Rohan , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , le Comte de Civrac , Colonel
du Régiment Royal des Vaiſſeaux ; le Comte du
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,
Châtelet- Lomont,Colonel du Régiment de Navarre;
le Comte de Montmorency- Laval , Colonel
duRégiment de Guyenne ; le Comte d'Estaing ,
Colonel du Régiment de Rouergue ; le Marquis
de Chaſtelux , Colonel du Régiment d'Auvergne;
le Comtede la Tour-Dupin , Colonel dans
le Corps des Grenadiers de France ; le Marquis
de Saint - Chamond , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , le Comte d'Uffons-de Bonnac , Réformé
dans le Régimentde Briffac; le ſieur de Laubepine
, Mestre de Camp Réformé à la ſuite du
Régiment de Cavalerie de Bauvillier ; le Comte
de Bethune Meſtre de Camp du Régiment
Royal Pologne , Cavalerie, le Marquis de Clermont-
Tonnerre , Capitaine au Régiment duMeftre
de Camp Général de la Cavalerie , avec rang
de Mestre de Camp; le Compte de Fumel , Meltre
de Camp d'un Régiment de Cavalerie ; le
Marquis de Caraman , Mestre de Camp d'un Régiment
deDragons; le Marquis de Cruffol-d'Amboiſe
, Capitaine-Lieutenantdes Chevaux- Légers
deBerry; le ſieur Farges ; Capitaine dans le Régiment
de Cavalerie de Harcourt , avec rang de
Meſtre de Camp; le Comte de Saint-Chamans
Premier Cornette des Chevaux- Légers de Bourgogne;
le Marquis de Janſon, Enſeigne des Gendarmes
d'Aquitaine ; le ſieur du Hamel de Maifoncelle
, Lieutenant-Colonel du Régiment de
Cavalerie de Montcalm; & le Marquis de Chaftenai
Mouſquetaire , ci-devant Enſeigne des
Gendarmes Anglois. Le 10 , jour de l'audience
des Députés des Etats de Bretagne , le Roi reçut
auffi Chevalier de Saint Louis le Comte deMorant
, Députéde ces Etats pour la Nobleſſe , auquel
Sa Majesté avoit accordé précédemment la
Croix..
,
FEVRIER . 1757 . 219
-
!
!
1
Le Roi a nommé Lieutenant-Général de ſes
Armées le Prince Louis de Wirtemberg , Maréchal
de Camp , Meſtre de Camp d'un Régiment de
Cavalerie Allemande. Sa Majesté a accordé le
grade de Brigadier de Cavalerie au Comte de Lameth,
MeſtredeCamp d'unRegiment de Cavalerie.
Elle a donné la Brigade , vacante dans le Régiment
Royal des Carabiniers par la retraite du
Chevalier de Montmorency , au Vicomte de
Dutfort , Meſtre de Camp Réformé de Cavalerie;
celle qui vaquoit par la retraite du Comte
de Buffy - Lameth , à M. de la Tour , Lieutenant-
Colonel de la Brigade ci-devant Braſſac ;
&celle dont le Marquis de Braſſac s'eſt démis ,
à M. Pinon-de Saint-Georges , Capitaine dans
le Régiment du Colonel Général de la Cavalerie,
avec rangdeMestre de Camp.
Monſeigneur leDauphin prit ſéance le is Jan
vier au Conſeil d'Etat.
-Les Prevôt des Marchands & Echevins terminerent
le 15 la Neuvaine qu'ils ont faite dans l'Egliſe
de Sainte Geneviève , où le concours des
Citoyens de cette Capitale & la ferveur de leurs
prieres ont marqué tout leur amour pour la per-
Tonne du Roi , & le 16 , ils aſſiſterent dans la
même Egliſe à une Meſſe ſolemnelle , ſuivie du
Te Deum , en action de graces de l'heureux &
prompt rétabliſſement de la ſanté de Sa Majesté.
Le Roi étant parfaitement rétabli , entendit
le 16 de ce mois la Meſſe dans la Chapelle. On
y chanta le Te Deum , de la compoſition du
ſieur Rebel , Surintendant de la Muſique de la
Chambre de Sa Majefté. Cette Hymne fut entonnée
par l'Abbé Gergoy , Chapelain ordinaire
de la Chapelle-Muſique , revêtu du Surplis &
de l'Etole.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
4
Le même jour , le Roi fit l'honneur à la ville
de Rheims de recevoir ſes Députés , qui complimenterent
Sa Majesté ſur l'heureux rétabliſſement
de ſa ſanté. Ils furent préſentés au Roi
par M. le Comte de Clermont , Prince du Sang ,
Gouverneur de la Province de Champagne , &
par M. le Comte de Saint-Florentin , Miniſtre &
Secretaire d'Etat. Les Députés étoient MM. Rogier
, de la Salle -de l'Etang , de Bourgogne , &
Mopinot-de la Chapotte , Capitaine de Cavalerie
au Régiment Dauphin .
Le 19 les Députés des Etats d'Artois eurent
audience du Roi , & furent préſentés à Sa Majefié
par M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la
Province, & par M. le Comte d'Argenſon , Minif.
tre & Secretaire d'Etat. La Députation étoit compoſée
, pour le Clergé , de l'Evêque de Saint-
Omer , qui porta la parole ; du Marquis de Creny
, pour la Nobleſſe ; & du ſieur De Canchy',
Maire d'Arras , pour le tiers Etat.
Le Roi a accordé au Duc de Bouillon la permiſſion
de lever dans le Duché de Bouillon ,
pour le ſervice de Sa Majesté , un Régiment d'Infanterie
de deux Bataillons , ſur le pied étranger,
dont le Prince de Bouillon , ſon petit fils , a été
nommé Colonel .
Sa Majesté ayant permis au Corps de ſaMuſique-
Chapelle , de célébrer ſa convalefcence par
un Te Deum chanté dans la Chapelle du Château
, ce Corps s'eſt acquitté le vingt de ce devoir.
La Reine & la Famille Royale ont affiſté
à cette cérémonie. L'Abbé Gergoy , Chapelain
ordinaire de la Chapelle-Muſique , a entonné
'Hymne. Le Motet étoit de la compoſition , &
a été exécuté ſous la direction du ſieur Mondonville
, Maître de Muſique de la Chapelle.
FEVRIER. 1757 . 221
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2
LeRoi a fait remettre cent mille écus aux Curés
de Paris , pour être diſtribués aux pauvres de leur
Paroiſſes .
La nuit du 17 au 18 Janvier , le ſcélérat ,
qui a oſé attenter à la vie du Roi , fut amené
de Verſailles à Paris. Il a été mis à la Conciergerie
dans la Tour de Montgommery. Cet afſaſſin
a été eſcorté par des Sergens & des Grenadiers
des Gardes Françoiſes , la bayonnette au
bout du fufil , leurs Officiers à cheval , ainſi que
par les Gardes de la Prevôté de l'Hôtel. Il étoit
dans une gondole accompagné d'un Lieutenant ,
d'un Exempt, de deux Gardes&du Chirurgien
de la Prevôté. La gondole étoit ſuivie de deux
caroſſes , dans l'un deſquels étoit un priſonnier
avec deux Gardes.
Pendant le cours de l'année derniere , il eſt
mort à Paris dix- sept mille deux cens trente - fix
perſonnes : il s'y eſt fait quatre mille ſept cens
dix mariages , & vingt mille fix baptêmes : le
nombre des enfans trouvés a été de quatre mille
ſept cens vingt-deux.
On mande de Calais , que les Capitaines Canon
& Bachelier , qui commandent les Corſaires
le Prince de Soubize & le Saint- Louis , de Dunkerque
, ont pris & ont conduit dans ce premier
Port les Navires Anglois le Château d'Edimbourg
, de 160 tonneaux , chargé d'huile , & le
Guillaume , de 100 tonneaux , dont la cargaiſon
eſt compoſée d'oranges , de citrons , de limons
&de raiſins.
Les mêmes Corſaires ont pris , & ont fait comduire
à Fécamp un troiſieme Navire Anglois appellé
le Nansey & Betty , de 150 tonneaux
chargé de farines , de ſucre , de tabac , de draps
&d'autres marchandises.
Kij
222 MERCURE DE FRANCE.
Le Navire Anglois la Concorde , de 250 tonneaux;
chargé de tabac &de fer , a été pris par
leCorfaire le Poftillon , de Morlaix , qui l'a fait
conduire à Cherbourg.
,
Il eſt arrivé à Saint-Valleryen Caux un Senaw
'Anglois , d'environ 100 tonneaux qui a été
pris par le Corfaire le Sainte-Barbe , de Morlaix
, & qui eft chargé de tabac , de brai & de
goudron.
Le Corfaire leMachault, deGranville , commandé
par le Capitaine Magnonnet , y a fait conduire
le Navire Anglois le London , de Poole ,
de 130 tonneaux , chargé de vin , de ſel , d'orange&
de citrons , dont ils'eſt emparé.
On écrit de Morlaix , que le Corfaire la Cigale
, de Saint-Malo , ya fait conduire les NaviresAnglois
le Luk , de 180 tonneaux , chargé de
tabac & de fer , & le Rodalan , de 120 tonneaux ,
chargé de diverſes marchandises .
Le Navire Anglois le Neptune , de Boſton ,
chargé de quatorze cens quintaux de morue , a
été pris par le Capitaine Laurent Hirigoyen ,
commandant leCorſaire le Saint-Jean-Baptiste ,
deBayonne.
Un autre BâtimentAnglois appellé le Friendfip
, de 60 tonneaux , chargé de faumon , ayant
été jetté par le mauvais temps ſur la Barre de
Bayonne , a été conduit en ce Port par le nommé
Sallenave , Pilote Lamaneur.
Le Corfaire l'Aimable Dauphin , de Saint-
Jean- de- Luz , s'eſt emparé d'un Navire Anglois
qui est arrivé au Paſſage , &dont la cargaiſon eſt
compoſée de 180 boucauts de tabac.
On apprend par des lettres écrites de la Ciotat
, qu'il y est arrivé un Navire Anglois , qui
avec la cargaiſon eſt eſtimé environ trois cens
FEVRIER. 1757 . 223
1
mille livres , & qui a été pris par le Corſaire le
Fleuron , de Marseille , dont eſt Capitaine Jean-
André Arnoux.
On apprend par des lettres écrites de Saint-
Malo , que le Corfaire la Vengeance , de ce Port ,
y eſt rentré avec le Navire le Grand Alexandre,
de Nantes , de 350 tonneaux , armé de 14
canons , chargé de ſucre , de café, de coton &
d'indigo , qu'il a enlevé au Corſaire Anglois le
Terrible , de Londres , de 24 canons & de 202
hommes d'équipage , dont il s'eſt auffi rendu
maître , & qui a été conduit à Morlaix. Le ſieur
Bourdas , Capitaine de la Vengeance, ayant été
tuédès lecommencement du combat, le commandement
eſt échu au ſieur de Breville , qui , par
fa bravoure & fa belle manoeuvre , a mis ces
deux bâtimens dans l'impoſſibilité de lui échapper.
On mande de Marseille , que le Capitaine
Pierre-Antoine Martiche , qui commande le Corfaire
le Grand Alexandre , de ce Port, y a conduit
un Navire , dont le Capitaine a déclaré que
le chargement , qui eſt eſtimé plus de quinze
cens mille livres, appartient aux Anglois.
Le 20 Janvier , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens deux livres , dix
fols: les Billets de la premiere Loterie Royal , à
neuf cens ſoixante ; ceux de la troiſieme Loterie
àfix cens quatre-vingts. Ceux de la ſeconde Lote
rie n'avoient point de prix fixe.
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Résumé : « Dans les premiers momens de trouble & la consternation générale qu'a causé le danger [...] »
En janvier 1757, un attentat fut perpétré contre le Roi alors qu'il se trouvait à Versailles pour voir Madame Victoire. Le Roi fut blessé près du Dauphin. Malgré la gravité de la situation, il monta à son appartement, demanda les derniers sacrements et consola sa famille. La nouvelle de l'attentat se répandit rapidement, provoquant une grande consternation à la cour et à Paris. Le Roi, bien que blessé, se montra ferme et résigné, s'occupant du bien-être de ses peuples. La blessure, bien que superficielle, fut rapidement soignée. Le Roi reprit ses activités, recevant des députés et des dignitaires, et nomma plusieurs officiers à l'Ordre de Saint-Louis. La famille royale et la nation exprimèrent leur soulagement et leur joie par des actions de grâce. L'assassin fut arrêté et incarcéré. Parallèlement, diverses activités administratives et militaires furent menées, telles que des nominations et des prises de navires anglais par des corsaires français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 203-204
ESPAGNE.
Début :
Les Lettres de Buenos-Ayres marquent que, depuis la victoire remportée par [...]
Mots clefs :
Madrid, Buenos Aires, Victoire contre les Sauvages, Roi Très-Chrétien, Lisbonne, Navires, Marchandises, Danger, Tempête
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MADRID , le 25 Janvier.
Les Lettres de Buenos - Ayres marquent que ,
depuis la victoire remportée par les troupes Efpagnoles
& Portugaifes fur les Indiens voifins de la
riviere d'Urugay , les Vainqueurs ont continué
leur marche ; que malgré tous les obſtacles que
leur oppofoit un pays montueux & couvert de
bois , ils ont foumis tous les peuples de ces cantons
; & que ces peuples fe difpofent à paffer
dans les nouveaux établiffemens , qui leur ont été
affignés.
Un Courier étant arrivé le 20 de Versailles ;
avec la nouvelle que le Roi Très- Chrétien étoit
Ivj
204 MERCURE DE FRANCE.
parfaitement guéri de fa bleffure , le Roi fit chanter
fur le champ le Te Deum dans fa Chapelle
& ordonna qu'on célébrât cet heureux événement
par trois jours de réjouiffances & d'illuminations.
DE LISBONNE , le 4 Janvier.
Il a été annoncé dans les lettres datées du
23 du mois dernier , que deux Navires de la flotte
de la Baie de Tous les Saints étoient en grand
danger. Quelque diligence qu'on ait apportée.
pour les fecourir , ils ont coulé bas dans la Barre.
Ces Bâtimens fe nommoient le Gafparino & la
Sanada. Le premier étoit le Navire le plus riche
de la flotte. Outre fon chargement particulier ,
il avoit une partie de celui du Vaiffeau de retour
de Goa , qui étant arrivé à la Baie de Tous les
Saints , ne fe trouva pas en état de continuer fa
route. Des équipages du Gafparino & de la Sanada
, il n'a péri que deux Matelots. Dans la
même tempête deux Navirės Anglois , qui étoient
à l'ancre dans le Tage , ont eu leurs cables brifés.
Un de ces Bâtimens a échoué contre un banc de
fable ; mais on a fauvé toute la cargaifon. Hier ,
le feu du ciel tomba fur un Vaiffeau de guerre
la même Nation , renverfa le grand mât , & tua
quelques perfonnes de l'équipage.
DE MADRID , le 25 Janvier.
Les Lettres de Buenos - Ayres marquent que ,
depuis la victoire remportée par les troupes Efpagnoles
& Portugaifes fur les Indiens voifins de la
riviere d'Urugay , les Vainqueurs ont continué
leur marche ; que malgré tous les obſtacles que
leur oppofoit un pays montueux & couvert de
bois , ils ont foumis tous les peuples de ces cantons
; & que ces peuples fe difpofent à paffer
dans les nouveaux établiffemens , qui leur ont été
affignés.
Un Courier étant arrivé le 20 de Versailles ;
avec la nouvelle que le Roi Très- Chrétien étoit
Ivj
204 MERCURE DE FRANCE.
parfaitement guéri de fa bleffure , le Roi fit chanter
fur le champ le Te Deum dans fa Chapelle
& ordonna qu'on célébrât cet heureux événement
par trois jours de réjouiffances & d'illuminations.
DE LISBONNE , le 4 Janvier.
Il a été annoncé dans les lettres datées du
23 du mois dernier , que deux Navires de la flotte
de la Baie de Tous les Saints étoient en grand
danger. Quelque diligence qu'on ait apportée.
pour les fecourir , ils ont coulé bas dans la Barre.
Ces Bâtimens fe nommoient le Gafparino & la
Sanada. Le premier étoit le Navire le plus riche
de la flotte. Outre fon chargement particulier ,
il avoit une partie de celui du Vaiffeau de retour
de Goa , qui étant arrivé à la Baie de Tous les
Saints , ne fe trouva pas en état de continuer fa
route. Des équipages du Gafparino & de la Sanada
, il n'a péri que deux Matelots. Dans la
même tempête deux Navirės Anglois , qui étoient
à l'ancre dans le Tage , ont eu leurs cables brifés.
Un de ces Bâtimens a échoué contre un banc de
fable ; mais on a fauvé toute la cargaifon. Hier ,
le feu du ciel tomba fur un Vaiffeau de guerre
la même Nation , renverfa le grand mât , & tua
quelques perfonnes de l'équipage.
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Résumé : ESPAGNE.
Le texte décrit plusieurs événements en Espagne, en France et au Portugal. En Espagne, des lettres de Buenos Aires rapportent la victoire des troupes espagnoles et portugaises contre les Indiens voisins de la rivière d'Uruguay. Les vainqueurs ont soumis les peuples des cantons environnants, qui se préparent à s'installer dans de nouveaux établissements. En France, un courrier arrivé à Versailles le 20 janvier annonce la guérison complète du roi Louis XV d'une blessure. Un Te Deum a été chanté dans la chapelle royale et trois jours de réjouissances ont été ordonnés. Au Portugal, des lettres datées du 23 décembre précédent signalent le naufrage de deux navires de la flotte de la Baie de Tous les Saints, le Gasparino et la Sanada, malgré les efforts de secours. Le Gasparino transportait une partie du chargement d'un vaisseau de retour de Goa. Seuls deux matelots ont péri. Deux navires anglais ont également subi des dommages lors de la même tempête, mais leur cargaison a été sauvée. Enfin, un vaisseau de guerre anglais a été frappé par la foudre, renversant son grand mât et tuant plusieurs membres de l'équipage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 208-217
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Il n'est point d'image assez expressive, pour bien peindre la douleur, [...]
Mots clefs :
Blessure du roi, Prières, Lettres innombrables, Attentat contre le roi, Saumur, Régiment de Poitou, Régiment du roi, Célébrations, Te Deum, Royaume, Voeux de santé, Fêtes, Nominations, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Comtes, Princes, Ducs, Marquis, Princes, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Capitaines, Navires anglais
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
La blessure du Roi a suscité une grande inquiétude à travers le Royaume. Les habitants, qu'ils soient en ville ou à la campagne, ont suspendu leurs activités pour prier dans les églises pour sa guérison. La ville de Saumur s'est particulièrement distinguée en organisant des processions et des prières pendant neuf jours consécutifs, terminées par une procession générale à laquelle ont assisté la noblesse, la magistrature et le corps de ville. Des aumônes abondantes ont été distribuées pour secourir cinq cents pauvres familles. Plusieurs régiments ont célébré la convalescence du Roi par des messes solennelles, des Te Deum, des feux d'artifice et des bals. Le Régiment de Poitou à Béthune, le Régiment du Roi à Saint-Dizier, et d'autres régiments à Avranches, Rocroy et Haguenau ont participé à ces célébrations. Les Juifs Portugais de Bordeaux et de Bayonne ont également prié pour la guérison du Roi et ont distribué des aumônes. À Berg-Saint-Vincent, les régiments de Royal Écossais et d'Ogilvy ont chanté un Te Deum, suivi d'un bal et d'un repas. Le Régiment de Cavalerie de Caraman et d'autres unités ont également célébré le rétablissement du Roi par des fêtes brillantes. À Provins, une inondation et un incendie ont causé des dégâts, mais l'intervention rapide des autorités et du Régiment de Vatan a limité les pertes. Des tremblements de terre ont été ressentis en Franche-Comté et en Alsace. La Duchesse de Cossé-Brissac a été présentée au Roi, et plusieurs changements ministériels ont eu lieu, notamment la démission de Machault et d'Argenson, remplacés par Saint-Florentin et Moras. Le Roi a assisté à une messe pour les âmes des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit décédés et a reçu de nouveaux Chevaliers. Il a également admis Paulmy et Moras au Conseil d'État. Un service a été célébré pour l'âme de Madame Henriette de France, et le Duc de Duras a été reçu au Parlement en tant que Pair de France. En mars 1757, plusieurs événements maritimes notables ont été rapportés. Deux bâtiments anglais, le Démontant et l'Elisabeth, chargés de grains, ont été capturés par les corsaires français le Gros Thomas et le Hardi Mendiant. Le capitaine Canon, à bord du corsaire le Prince de Soubize, a pris le contrôle du navire Williams de Cork, chargé de beurre et de bœuf, et l'a conduit à Saint-Valery-sur-Somme. Le navire anglais le Prince de Galles, richement chargé, a fait naufrage à deux lieues de Boulogne, mais son équipage de treize hommes a été sauvé et la cargaison est espérée récupérée en entier. Le Petit Jean, un autre navire anglais chargé de soude, de raisins, d'anil et d'amandes, a été conduit à La Rochelle par le corsaire le Mentorier. De plus, le capitaine Gautier, commandant le corsaire le Furet de Bordeaux, s'est emparé d'un navire anglais de 350 tonneaux, armé de 10 canons et chargé d'indigo, de sucre, de bois de Campeche et de coton.
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24
p. 187-200
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 15 Février, jour anniversaire de la naissance du Roi, on chanta le [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Anniversaire du roi, Honneurs, Régiments, Bataillons, Gendarmerie, Évêque, Mandement, Te Deum, Duc, Bal, Règlement, Maréchal, Sceaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises, Compagnies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 15 Février , jour anniverfaire de la naiffance
du Roi , on chanta le Te Deum dans l'Eglife Notre-
Dame , Paroiffe du Château . M. le Comte de
Noailles , Gouverneur de Verfailles , y affitta ,
étant accompagné des Officiers du Bailliage,
Après la cérémonie , il alluma le feu , qui avoit
été préparé vis- à- vis de l'Eglife. Les Invalides ,
chargés de la garde de cette Ville , firent une triple
falve de moufqueterie. Il y eut expofition du
Saint-Sacrement Salut & Te Deum , dans les
autres Eglifes , ainfi que dans celle de Notre-
Dame. Le foir on fit des feux dans les rues , &
toutes les maifons furent illuminées.
>
Le Roi a accordé les honneurs de Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis ,
à M. de Crémille , Commandeur de cet Ordre ,
Lieutenant- Général des Armées de Sa Majesté ,
Gouverneur d'Aire , & Infpecteur Général de
l'Infanterie , de la Cavalerie & des Dragons.
Le Roi a ordonné que chacun des Bataillons de
fon Infanterie , tant Françoife qu'Etrangere , fûr
pourvu d'une piece de canon à la Suédoife. Il fera
employé dans chaque Bataillon , pour la manoeu
vre de ces pieces de campagne , un Sergent &
feize Soldats , qui auront une haute paie,
Sa Majesté a réfolu de porter à douze cens quarante
hommes le Corps de fa Gendarmerie , aulieu
de huit cens huit , à quoi il eft actuellement.
188 MERCURE DE FRANCE.
Pour cet effet , les feize Compagnies qui compofent
ce Corps , feront mifes , de quarante- huit
Gendarmes ou Chevaux - Legers , dont elles font
formées , à foixante- quinze non compris les
deux Trompettes de chacune defdites Compagnies
, & indépendamment des huit Timbaliers
attachés aux huit Eſcadrons du Corps. Des vingtfept
hommes ordonnées d'augmentation par compagnie
, il y en aura quatorze à la premiere Brigade
, & treize à la feconde.
M. le Comte de Saint - Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , a été élu par l'Académie Royale
des Belles-Lettres , pour remplir la place d'Académicien
Honoraire , qui vaquoit par la mort de
M. le Marquis d'Argenfon.
Sa Majeſté a nommé Confeiller d'Etat M. Bertier
de Sauvigny , Intendant de la Généralité de
Paris.
Les Evêques de Bretagne , affemblés à Rennes
pour les Etats de la Province , ont donné le 11 de
ce , mois un Mandement , par lequel ils inftituent
à perpétuité une Fête à l'honneur des Saints Anges
Gardiens , pour remercier Dieu d'avoir ſauvé
le Roi de l'horrible attentat commis contre fa
Perfonne. Cette Fête fera célébrée tous les ans le
5 Janvier , mais cependant fans être chomée.
M. l'Evêque de Caftres a fait éclater fon zele, en
faifant chanter un Te Deum en mufique dans fa
Cathédrale & en donnant à toutes les perfonnes
de marque , qui fe trouvoient dans la Ville , un
fplendide repas , pendant lequel vingt- quatre
Muficiens exécuterent un très- beau Concert. Au
fortir de table , ce Prélat diftribua deux cens médailles
, & fit tirer une Loterie , dont chaque
billet portoit un lot . En même temps , par ordre
des Officiers Municipaux de la Ville , plufieurs
AVRIL. 1757 . 189
fontaines de vin coulerent , & l'on diſtribua au
peuple un boeuf & plufieurs moutons.
Le 20 Février , M. le Duc de Mirepoix , Commandant
en chef dans le Languedoc , célébra à
Montpellier , par une fête des plus éclatantes , la
convalefcence du Roi . On chanta dans l'Eglife Cathédrale
un Te Deum en mufique, auquel l'Evêque
de cette Ville officia. M. le Duc de Mirepoix y
affifta , accompagné de toute la Nobleffe , & des
Officiers de la Garnifon. La Cour des Comptes ,
Aides & Finances , s'y rendit en robes de cérémonie
, & elle donna l'exemple à tous les autres
Corps , de concourir à la folemnité d'un acte de
piété , dans lequel tout étoit fi intéreflant. Après
le Te Deum , il y eut une triple falve de l'artille
rie de la Ville & de la Citadelle , ainfi que de la
moufqueterie de la Garniſon , qui étoit en bataille
fur le rempart, Dès que la nuit fut venue , on tira
un très-beau feu d'artifice dans la Place de l'Hôtel
de Ville , dont les avenues depuis l'Hôtel du
Gouvernement étoient ornées d'Arcs de Triomphe
éclairés par une prodigieufe quantité de pots
afeu. Toutes les façades de l'Hôtel du Gouverment
étoient illuminées, depuis le rez -de- chauffée
jufqu'au toit , par des lampions qui en deffinoient
l'architecture , & qui dans les divers maffifs formoient
alternativement le Chiffre & les Armes de
Sa Majefté. M. le Duc de Mirepoix fit fervir un
fouper fplendide. La principale table qui étoit de
cinquante couverts , & en fer à cheval , ne fut
remplie que par les Dames les plus qualifiées. Il y
eut plufieurs autres tables , & outre cela on avoit
dreffé dans diverfes Salles des Buffets , où l'on
trouvoit abondamment en mets chauds & froids
tout ce qu'on pouvoit defirer. Un Bal qui dura
jufqu'au jour , termina cette brillante fête , à lag
190 MERCURE DE FRANCE.
quelle tous les habitans de cette Ville s'emprefferent
d'ajouter un nouvel éclat , en illuminant entiérement
les façades de leurs maifons , la plupart
en flambeaux de cire blanche. Des fontaines de
vin coulerent dans différens quartiers pour le
peuple qui , par fes danfes & par les acclamations
réitérées , témoigna la vivacité de fon amour pour
fon Souverain M. le Duc de Mirepoix devoit
partir hier pour retourner à la Cour ; mais il a
différé fon voyage , afin d'affifter au Te Deum
que la Cour des Comptes , Aides & Finances , doit
faire chanter demain avec beaucoup de pompe
dans la Chapelle du Palais .
Le Roi ayant jugé à propos de retenir les Sceaux,
& de faire fceller en fa préſence , Sa Majeſté donna
le 26 Février un Réglement , par lequel Elle a
déclaré fes intentions fur ce qu'Elle vouloit être
obfervé en cette occafion. Par ce Réglement ,
Elle a fait choix de MM. Feydeau -de Brou
Dagueffeau , de Bernage , Dagueffeau - de Frefne,
Trudaine & Poulletier , Confeillers d'Etat ordinaires
, pour avoir féance & voix délibérativedans
ce Confeil , avec fix Maîtres des Requêtes ,
que Sa Majefté choifira au commencement de
chaque quartier , & avec le Confeiller du Grand
Confeil, grand Rapporteur, qui fe trouvera de fervice.
Le 4 Mars , le Roi tint le Sceau dans la piece qui
précede la Chambre de Sa Majesté , & qui avoit
été préparée à cet effet. En conféquence de ce que
Sa Majesté a réglé , les fix Confeillers d'Eta: ordinaires
, ci - deffus nommés y affifterent , étant
affis des deux côtés du Bureau fur des tabourets ;
fçavoir , à droite , MM. Feydeau- de Brou , de
Bernage & Trudaine ; à gauche , MM . Dagueffeau
, Dagueffeau- de Frefne & Poulletier. MM.
Gagnat de Longay , Bignon , Mérault-de VilleAVRIL
1757. 191
fit
ron , Pouyvet de la Bliniere , de Gourgues &
Turgot , Maîtres des Requêtes choifis par le Roi
pour rapporter au Sceau pendant ce trimestre , &
M. de Baraffy , Grand Rapporteur de Service
étoient debout autour du fauteuil de Sa Majeſté .
Les Huiffiers de la Chancellerie ont tenu les portes.
M. le Maréchal - Duc de Richelieu , premier
Gentilhomme de la Chambre du Roi , & M. le
Duc d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps ,
étoient derriere le fauteuil de Sa Majesté. M. Sauvage
, Grand Audiencier de France en quartier
qui étoit debout à droite après M. Trudaine ,
la préfentation des lettres dont il étoit chargé.
Les Maîtres des Requêtes & le Grand Rapporteur,
firent le rapport de celles qui les concernent.
M. Chupin , Garde des Rôles , & M. Brillon-
Duperon , Confervateur des Hypotheques , préfenterent
; le premier , les provifions pour charges
& offices , le fecond les lettres de ratification de
rentes fur les revenus du Roi. Puis les Secretaires du
Roi firent lecture des lettres de grace , lefquelles furent
délibérées par les Confeillers d'Etat & Maîtres
des Requêtes préfens au Sceau , & réfolues par le
Roi. Après les rapports faits , le Roi indiqua le
premier Sceau à la quinzaine. Les Sceaux ayant
été remis dans leur boete , M. de Champcenetz ,
premier Valet de Chambre du Roi , qui les avoit
apportés , les reprit fur le Bureau pour les remporter.
Sa Majefté fe leva , & fut reconduit à la
porte de fa chambre par les Confeillers d'Etat
Maîtres des Requêtes & Grands Officiers de la
Chancellerie . Ce Sceau eft le premier que le Roi
ait tenu depuis fon avénement à la Couronne.
Louis XIV en tint onze en 1672 , après la mort
du Chancelier Seguier.
Le 28 Février , M. Seguier , Avocat, Général
192 MERCURE DE FRANCE.
au Parlement de Paris , fut élu , pour remplir la
place vacante dans l'Académie Françoiſe par la
mort de M. de Fontenelle .
+ Le Roi a nommé Maréchaux de France MM . le
Marquis de Senecterre , le Marquis de la Tour- '
Maubourg , le Comte de Lautrec , le Duc de
Biron , le Duc de Luxembourg, le Comte d'Eſtrées,
le Lord Clare Comte de Thomond , & le Duc de
Mirepoix.
Le 10 Mars , pendant la Meffe du Roi , M. le
Prince Conftantin de Rohan , Premier Aumônier
de Sa Majefté , a prêté ferment , comme Evêque
de Strasbourg , entre les mains du Roi.
"
Le 6 Mars , l'Académie royale des Belles - Lettres
, conduite par M. le Comte de Saint - Florentin
, préſenta au Roi trois volumes de fes Mémoires.
M. de Guignes & M. d'Anville de cette Académie
, préfenterent en même temps à Sa Majeſté
, l'un, trois volumes de l'Hiftoire des Huns &
autres Nations Tartares ; l'autre , une nouvelle
Carte des côtes de la Grece & de l'Archipel , avec
un Mémoire relatif à cette Carte mis fouspreffe
à l'Imprimerie royale , & dans lequel l'Auteur
rend compte des moyens qui ont principalement
contribué à la compofition de l'Ouvrage .
>
Sa Majesté a accordé le Régiment d'Infanterie
royal Comtois , vacant par la promotion de M.
le Marquis de Roquépine au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Puységur , Colonel
du Régiment de Forez ; le Régiment de Forez , à
M. le Marquis de Chaumont- Bernage , Colonel
dans les Grenadiers de France ; le Régiment de
Trainel , vacant par la promotion de M. le Marquis
de Trainel au grade de Maréchal de Camp ,
à M. le Comte de Brancas , Colonel dans les Grenadiers
de France ; le Régiment de Cavalerie
vacant
AVRIL. 1757. 193
vacant par la promotion de M. le Comte d'Egmont
au grade de Maréchal de Camp , à M. le Duc
de Charoft ; & les deux places de Colonels que
M. le Marquis de Chaumont-Bernage & M. le
Comte de Brancas rempliffoient dans les Grenadiers
de France , à M. Rouillé-de Roiffy & à M.'
le Comte de la Luzerne.
La Compagnie , qui vaquoit dans le Régiment
des Gardes Suiffes par la mort de M. de Caftella ,
a été donnée à M. de Caftella fon frere , Capitaine
au Régiment de Planta . MM. de Caſtella ont été
fept freres au ſervice de Sa Majefté , & trois y font
morts.
Le 6 du même mois , en action de graces de la
conſervation du Roi, on a chanté dans l'Eglife Mé,
tropolitaine , conformément au Mandement donné
par l'Archevêque de Paris , une Meffe folemnelle
, & enfuite le Te Deum, en mufique. M. l'Ab
bé de Saint-Exupery , Doyen , a officié. Le lendemain
, le Chapitre a fait remettre des aumônes
pour les pauvres aux Curés des huit Paroiffes de la
Cité , & de celles de ces Eglifes fujetes.
M. le Prince Conftantin-de Rohan , Evêque de
Strasbourg , fut facré le même jour dans la Chapelle
du Séminaire de Saint Sulpice , par M. le
Cardinal de la Rochefoucaud , affifté des Evêques
de Digne & de Saint - Omer.
Le 14, M. l'Evêque d'Autun fut reçu dans l'A
cadémie Françoiſe à la place de M. le Cardinal de
Soubife , & il prononça fon Difcours de remer
ciement , auquel M. Dupré-de S. Maur répondit
au nom de l'Académie. Après cette réponſe ,
M. d'Alembert lut des Réflexions fur l'ufage & fur
l'abus de la Philofophie dans les matieres de goût.
Nous donnerons un extrait des deux Diſcours
'dans le fecond Volume,
I.Vol, I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Don de Dieu , de Calais , y a
fait conduire le Brigantin Anglais les Trois Freres
, de Sunderland , chargé de charbon de terre ,
dont il s'eft emparé.
Un Navire Anglois , de 220 tonneaux , armé
de fix petits canons , ayant pour cargaison 1400
barrils de goudron , 4 barrils de thérébentine , des
merrains & quelques cuirs , a été pris par le Corfaire
le Saint - Louis , de Dunkerque , qui l'a conduit
à Boulogne.
Il eft arrivé dans le même Port un Bateau de
so tonneaux , chargé de fel , dont le Corfaire
le Marquis -de Vilequier s'eft rendu maître .
Le Capitaine Lamy , qui commande le Procu
veur , autre Corfaire de Boulogne , s'eft emparé
des Navires l'Espérance , de Yarmouth ; le Change
& la Chriftine , de Dyfant en Ecoffe ; & il les
a rançonnés pour $ 60 livres fterlings.
Les Navires Anglois le Comte d'Holderneſs ,
de
120 tonneaux , chargé de vin & de quelques autres
marchandifes ; la Bonne Intention , dont le
chargement confifte en orange & citrons ; & un
Bateau de 30 tonneaux , chargé de cidre & de
quelques paquets de poiffon fec , ont été conduits
au Havre par les Corſaires la Favorite &
l'Entreprenante , de ce Port.
Le Navire la France , d'Irlande , de 70 tonneaux
, chargé d'huile d'olive , d'oranges & de
citrons , a été pris par le Corfaire le Machault
de Granville , qui l'a conduit à Morlaix . Le même
Corfaire s'eft rendu maître d'un autre Navire,
Anglois de 100 tonneaux , chargé d'indigo , de
café , de bois pour teinture , & de drogues pour
la Médecine , qui eft arrivé à Roscoff,
Il a été conduit à Saint-Malo deux Bâtimens
Anglois , l'un chargé de citrons & d'oranges ,
AVRIL. 1757. 195
J
pris par le Corfaire la Sauterelle , de Breft ; &
Pautre chargé de fel , pris par les Corfaires la
Vengeance & la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire le Bart , de Calais , Capitaine
François Potier, s'eft emparé de deux petits Brigantins
Anglois , qu'il a rançonnés pour la fomme
de quatorze mille livres.
>
Le Corfaire le Machault , de Granville , ya'
envoyé le Navire la Providence , de Darmouth
de 100 tonneaux , venant de la Jamaïque avec
une cargaison qui confifte en 160 barrils de brai
250 barriques de ris , 14 boucauts de cafcarille
so planches & 8000 livres de bois des Indes.
>
Le Navire Anglois la Marie , de la Nouvelle
Yorck , de 150 tonneaux , chargé de café , d'indigo
, de dents d'élephant , de bois de Campeche,
&c. pris par le Corfaire le Scot , de Saint-Ma
lo , s'eft échoué le 23 du mois dernier à la côte de
Barfleur. On a fauvé fa cargaiſon.
Le même Corſaire a enlevé aux Anglois le Bateau
la Marguerite , de Cherbourg , chargé de
glaces brutes : ce Bateau s'étoit auffi échoué ,
mais il a été relevé & conduit à Barfleur.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire
la Vengeance, de Saint-Malo , s'eſt rendu maître
d'un Navire Anglois dont la cargaison , qui eft
eftimée deux cens mille livres , confifte en ballots
de foyeries, caiffes de drogues , & autres marchandifes
propres pour la traite des Negres.
On mande de Breft , que le Corfaire la Comteffe
de Bentheim, de Saint-Malo , a relâché dans ce pre
mier Port , où il a conduit le Navire Anglois
Affomption , allant de la Jamaïque à Londres
chargé de fucre & de café.
Le Navire l'Afrique , de Plymouth , chargé
dessobarriques de fardines , & de 130 barrils d'é
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
tain , a été pris par le Corfaire l'Intrépide , de
Bayonne , où il a été conduit.
Les lettres écrites de Bayonne , marquent que
le Corfaire l'Aurore , de ce port , Capitaine le
fieur Lavernis , a pris & y a conduit les Navires
Anglois la Rebecca , de Hul , de 200 tonneaux
armé de fix canons, chargé de 1400 barrils de goudron
; l'Entreprise , deLondres , de 160 tonneaux,
chargé de tabac en feuilles , & le Planter , de
Montfarrat , de 200 tonneaux , ayant pour
chargement
340 boucauts de fucre.
Le même Corfaire a fait conduire à Saint-Jeande-
Luz un autre Bâtiment Anglois , dont la cargaifon
eft compofée de 600 quintaux de morue
verte & féche.
Le Capitaine Jean Vergez , commandant le
Diligent , autre Corfaire de Bayonne , y a fait
conduire le Navire Anglois l'Edouard & Susanne,
de 160 tonneaux , chargé de fucre.
Le Capitaine Potier , commandant le Corfaire
l'Amiral Bart , de Calais , étant fur fa croifiere
près des côtes d'Angleterre découvrit un Brigantin
Anglois de cent cinquante tonneaux . A la vue du
Corfaire , ce Brigantin fe réfugia ſous le canon
des trois Forts de Haftings. Quoique le Capitaine
Potier n'eût que quatre canons , il attaqua le Bâtiment
ennemi , & il alloit l'aborder , lorſque l'équipage
Anglois prit le parti d'échouer . Sur ces
entrefaites parut un autre Navire que le Corfaire
enleva , & qu'il amena à Calais . Ce dernier Bâtiment
, qui fe nomme le Waterborn , eft de Boſton
dans la Nouvelle Angleterre. Il venoit de la Jamaïque
, & alloit à Londres. Sa charge eft eftimée
deux cens mille livres. C'eft la quatorzieme
prife qui ait été conduite à Calais depuis trois
mois , &la feptieme depuis le 18 jufqu'au 30 du
mois dernier.
AVRIL. 1757.
197
Ön mande de Marfeille , que le Corfaire le Colibry
, de 12 canons , & de 120 hommes d'équipage
, commandé par le Capitaine Georges-René
de Pleville-le Pelley , s'eft emparé des Navires Anglois
la Reine de Naples , allant de Gallipoly å
Londres , avec un chargement d'huile & de foie ;
le Guillaume , allant de Falmouth à Civita-Vecchia
, chargé d'étaim & de harengs , & la Marie
allant d'Yarmouth à Naples , & dont la charge
confiftoit en harengs & en plomb.
Selon des lettres de Toulon , un Grec établi depuis
quelques années en Provence s'embarqua der.
niérement fur une Tartane , dont l'équipage con
fiftoit feulement en trois François & trois Gênois.
Ce Bâtiment ayant été enlevé par un Corſaire Anglois
, monté de douze hommes ; le Capitaine du
Vaiffeau ennemi fit paffer le Grec & les trois Gênois
fur fon bord ; & y ayant laiffé trois Anglois ,
il monta fur la Tartane avec le refte de fon équipage.
Le Grec faifit une occafion favorable , qui
fe préfenta. Il tua lui feul les trois Anglois , à qui
leur Commandant avoit confié la garde du Corfaire.
Ayant abordé enſuite la Tartanne , il la reprit
avec le fecours des trois François & des trois Gênois.
Il a conduit à Toulon le Bâtiment , dont il
s'eft emparé.
On mande de Calais , que le Corfaire le Bart ;
de ce Port ' , commandé par le Capitaine Potier ,
y a conduit le Navire Anglois le Winterborn , de
130 tonneaux , chargé de fucre & d'autres marchandifes.
200
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
s'eft rendu maître d'un Navire Anglois , de
tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec une
cargaifon compofée de fucre , de tafia & de bois
d'Acajou.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Gros Thomas , du même Port , a
conduit à Calais le Navire l'Elifabeth & Catherine,
de 70 tonneaux , chargé de beurre & de
cuirs.
Le Tapageur & le Procureur , autres Corfaires
de Boulogne , fe font emparés , le premier de
deux Bâteaux Anglois , chargés l'un de bled ,
Pautre de charbon de terre , & le fecond du Navire
la Comteffe de Murray , de 90 tonneaux , chargé
de faumon falé .
Les Corfaires le Comte de Saint- Germain , de
Dunkerque , & le Don de Dieu , de Calais , ont
fait conduire à Boulogne un Bâteau de 70 tonneaux
, chargé d'oranges & de citrons , & le Brigantin
le Thomas David , de 120 tonneaux ,
chargé de grains.
Il eft arrivé à Fécamp un Navire Anglois de 220
tonneaux , armé de 8 canons , & de 37 hommes
d'équipage. Sa cargaiſon confifte en 1123 barrils
de poudre de guerre , en armes à feu de toutes
efpeces , en foyeries , clincailleries , & c. Ce Navire
a été pris par le Capitaine Canon , commandant
le Corfaire le Prince de Soubise , de Dunkerque.
Une prife Angloiſe faite par le Corſaire le Machault
, de Grandville , a échoué à la côte de
Langrune en Baffe Normandie ; mais on a fauvé
la cargaifon , compofée de 300 cuirs , de 2000
barrils de beurre , & de 1960 morues féches.
Le Corfaire le Comte de Clermont , de Saint-
Malo , commandé par le Capitaine Colin-de la
Brifelaine , s'eft emparé le troifieme jour de fa
croifiere , d'un Navire Anglois , de 240 tonneaux
, venant de la Jamaïque , & dont la charge
eft eftimée deux cens mille livres . Cette prife
que le Capitaine Brifelaine a conduite lui- même à
AVRIL. 1757. 199
k
Saint-Malo , avoit été faite d'abord par un Cor
faire de Bayonne , & lui avoit été enlevée par un
Armateur Anglois , fur qui le Corfaire le Comte
de Clermont l'a repriſe.
> Le Scott , autre Corfaire de Saint - Malo Capitaine
Pattard, s'eft auffi rendu maître du Navire
Anglois le Hardi , de 180 tonneaux , chargé de
fucre , de café , de coton & d'autres marchandifes
qu'il avoit prifes à la Nouvelle York .
On apprend par des lettres écrites de Bayonne,
que les Corfaires la Levrette & le Dauphin , de
ce Port , fe font emparés des Navires Anglois la
Suverne & le Louis , de Londres , de 250 tonneaux
chacun , & l'Owaftel , de Holt . Ces Bâtimens
font chargés , le premier de tabac & de fer ,
le fecond de fucre , de café & de tafia , & le troifieme
de tabac & de merrains.
de 70
Les Navires Anglois le Robert , de la Virginie ,
de 130 tonneaux , chargé de tabac , de fucre & de
pelleteries , & l'Endeavour , de Briſtol ,
tonneaux , dont la cargaifon eft composée d'hui
le , de poiffon & de morue verte , ont été pris
par les Corfaires l'Aimable Dauphin , de Ciboure
& l'Espérance , de Louisbourg , qui les ont
fait conduire à Bayonne.
>
Les Corfaires le Toulousain , le Faucon , le Té
lémaque & le Saint-Antoine , dit le Colibri , de
Marſeille , y ont conduit les Navires Anglois
l'Aigle , de Yarmouth , de 160 tonneaux , armé
de 2 canons , chargé de plomb & de harengs ; la
Vierge , de Bristol , de 130 tonneaux , chargé
de faumon & de morue ; le Harril , de Liverpool
, de 120 tonneaux , armé de 6 petits canons ,
chargé d'eau-de- vie & d'huile ; la Diane , de
Lynn , de 150 tonneaux , chargé de fromage , de
plomb & de harangs , & la Marie , qui a auffi
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
un chargement de harengs & de plomb.
On mande de Marfeille , que M. Pigache ;
Lieutenant de Vaiffeau , commandant le Vaiffeau
du Roi l'Hippopotame , armé en courfe , s'eft rendu
maître , à la hauteur de l'Ile Fromentiere
du Corfaire Anglois le Conftantin , de 18 canons ,
& de 130 hommes d'équipage.
>
Le Capitaine Macquet , qui commande le Corle
Don de Dieu , de Calais , a fait conduire à faire
Dunkerque le Navire Anglois les Trois Freres , de
110 tonneaux , chargé de charbon de terre , dont
il s'eft emparé.
Un Brigantin de 100 tonneaux , chargé d'eaude-
vie , de vin du Rhin , & de plufieurs autres
marchandiſes , a été pris par le Corfaire l'Epervier
, de Calais , & y a été conduit .
Le 17 Mars , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quinze cens dix livres : les Billets
de la premiere Loterie Royal , à neuf cens quarante,
Ceux de la feconde & de la troisieme Loterie
n'avoient point de prix fixe.
LE 15 Février , jour anniverfaire de la naiffance
du Roi , on chanta le Te Deum dans l'Eglife Notre-
Dame , Paroiffe du Château . M. le Comte de
Noailles , Gouverneur de Verfailles , y affitta ,
étant accompagné des Officiers du Bailliage,
Après la cérémonie , il alluma le feu , qui avoit
été préparé vis- à- vis de l'Eglife. Les Invalides ,
chargés de la garde de cette Ville , firent une triple
falve de moufqueterie. Il y eut expofition du
Saint-Sacrement Salut & Te Deum , dans les
autres Eglifes , ainfi que dans celle de Notre-
Dame. Le foir on fit des feux dans les rues , &
toutes les maifons furent illuminées.
>
Le Roi a accordé les honneurs de Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis ,
à M. de Crémille , Commandeur de cet Ordre ,
Lieutenant- Général des Armées de Sa Majesté ,
Gouverneur d'Aire , & Infpecteur Général de
l'Infanterie , de la Cavalerie & des Dragons.
Le Roi a ordonné que chacun des Bataillons de
fon Infanterie , tant Françoife qu'Etrangere , fûr
pourvu d'une piece de canon à la Suédoife. Il fera
employé dans chaque Bataillon , pour la manoeu
vre de ces pieces de campagne , un Sergent &
feize Soldats , qui auront une haute paie,
Sa Majesté a réfolu de porter à douze cens quarante
hommes le Corps de fa Gendarmerie , aulieu
de huit cens huit , à quoi il eft actuellement.
188 MERCURE DE FRANCE.
Pour cet effet , les feize Compagnies qui compofent
ce Corps , feront mifes , de quarante- huit
Gendarmes ou Chevaux - Legers , dont elles font
formées , à foixante- quinze non compris les
deux Trompettes de chacune defdites Compagnies
, & indépendamment des huit Timbaliers
attachés aux huit Eſcadrons du Corps. Des vingtfept
hommes ordonnées d'augmentation par compagnie
, il y en aura quatorze à la premiere Brigade
, & treize à la feconde.
M. le Comte de Saint - Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , a été élu par l'Académie Royale
des Belles-Lettres , pour remplir la place d'Académicien
Honoraire , qui vaquoit par la mort de
M. le Marquis d'Argenfon.
Sa Majeſté a nommé Confeiller d'Etat M. Bertier
de Sauvigny , Intendant de la Généralité de
Paris.
Les Evêques de Bretagne , affemblés à Rennes
pour les Etats de la Province , ont donné le 11 de
ce , mois un Mandement , par lequel ils inftituent
à perpétuité une Fête à l'honneur des Saints Anges
Gardiens , pour remercier Dieu d'avoir ſauvé
le Roi de l'horrible attentat commis contre fa
Perfonne. Cette Fête fera célébrée tous les ans le
5 Janvier , mais cependant fans être chomée.
M. l'Evêque de Caftres a fait éclater fon zele, en
faifant chanter un Te Deum en mufique dans fa
Cathédrale & en donnant à toutes les perfonnes
de marque , qui fe trouvoient dans la Ville , un
fplendide repas , pendant lequel vingt- quatre
Muficiens exécuterent un très- beau Concert. Au
fortir de table , ce Prélat diftribua deux cens médailles
, & fit tirer une Loterie , dont chaque
billet portoit un lot . En même temps , par ordre
des Officiers Municipaux de la Ville , plufieurs
AVRIL. 1757 . 189
fontaines de vin coulerent , & l'on diſtribua au
peuple un boeuf & plufieurs moutons.
Le 20 Février , M. le Duc de Mirepoix , Commandant
en chef dans le Languedoc , célébra à
Montpellier , par une fête des plus éclatantes , la
convalefcence du Roi . On chanta dans l'Eglife Cathédrale
un Te Deum en mufique, auquel l'Evêque
de cette Ville officia. M. le Duc de Mirepoix y
affifta , accompagné de toute la Nobleffe , & des
Officiers de la Garnifon. La Cour des Comptes ,
Aides & Finances , s'y rendit en robes de cérémonie
, & elle donna l'exemple à tous les autres
Corps , de concourir à la folemnité d'un acte de
piété , dans lequel tout étoit fi intéreflant. Après
le Te Deum , il y eut une triple falve de l'artille
rie de la Ville & de la Citadelle , ainfi que de la
moufqueterie de la Garniſon , qui étoit en bataille
fur le rempart, Dès que la nuit fut venue , on tira
un très-beau feu d'artifice dans la Place de l'Hôtel
de Ville , dont les avenues depuis l'Hôtel du
Gouvernement étoient ornées d'Arcs de Triomphe
éclairés par une prodigieufe quantité de pots
afeu. Toutes les façades de l'Hôtel du Gouverment
étoient illuminées, depuis le rez -de- chauffée
jufqu'au toit , par des lampions qui en deffinoient
l'architecture , & qui dans les divers maffifs formoient
alternativement le Chiffre & les Armes de
Sa Majefté. M. le Duc de Mirepoix fit fervir un
fouper fplendide. La principale table qui étoit de
cinquante couverts , & en fer à cheval , ne fut
remplie que par les Dames les plus qualifiées. Il y
eut plufieurs autres tables , & outre cela on avoit
dreffé dans diverfes Salles des Buffets , où l'on
trouvoit abondamment en mets chauds & froids
tout ce qu'on pouvoit defirer. Un Bal qui dura
jufqu'au jour , termina cette brillante fête , à lag
190 MERCURE DE FRANCE.
quelle tous les habitans de cette Ville s'emprefferent
d'ajouter un nouvel éclat , en illuminant entiérement
les façades de leurs maifons , la plupart
en flambeaux de cire blanche. Des fontaines de
vin coulerent dans différens quartiers pour le
peuple qui , par fes danfes & par les acclamations
réitérées , témoigna la vivacité de fon amour pour
fon Souverain M. le Duc de Mirepoix devoit
partir hier pour retourner à la Cour ; mais il a
différé fon voyage , afin d'affifter au Te Deum
que la Cour des Comptes , Aides & Finances , doit
faire chanter demain avec beaucoup de pompe
dans la Chapelle du Palais .
Le Roi ayant jugé à propos de retenir les Sceaux,
& de faire fceller en fa préſence , Sa Majeſté donna
le 26 Février un Réglement , par lequel Elle a
déclaré fes intentions fur ce qu'Elle vouloit être
obfervé en cette occafion. Par ce Réglement ,
Elle a fait choix de MM. Feydeau -de Brou
Dagueffeau , de Bernage , Dagueffeau - de Frefne,
Trudaine & Poulletier , Confeillers d'Etat ordinaires
, pour avoir féance & voix délibérativedans
ce Confeil , avec fix Maîtres des Requêtes ,
que Sa Majefté choifira au commencement de
chaque quartier , & avec le Confeiller du Grand
Confeil, grand Rapporteur, qui fe trouvera de fervice.
Le 4 Mars , le Roi tint le Sceau dans la piece qui
précede la Chambre de Sa Majesté , & qui avoit
été préparée à cet effet. En conféquence de ce que
Sa Majesté a réglé , les fix Confeillers d'Eta: ordinaires
, ci - deffus nommés y affifterent , étant
affis des deux côtés du Bureau fur des tabourets ;
fçavoir , à droite , MM. Feydeau- de Brou , de
Bernage & Trudaine ; à gauche , MM . Dagueffeau
, Dagueffeau- de Frefne & Poulletier. MM.
Gagnat de Longay , Bignon , Mérault-de VilleAVRIL
1757. 191
fit
ron , Pouyvet de la Bliniere , de Gourgues &
Turgot , Maîtres des Requêtes choifis par le Roi
pour rapporter au Sceau pendant ce trimestre , &
M. de Baraffy , Grand Rapporteur de Service
étoient debout autour du fauteuil de Sa Majeſté .
Les Huiffiers de la Chancellerie ont tenu les portes.
M. le Maréchal - Duc de Richelieu , premier
Gentilhomme de la Chambre du Roi , & M. le
Duc d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps ,
étoient derriere le fauteuil de Sa Majesté. M. Sauvage
, Grand Audiencier de France en quartier
qui étoit debout à droite après M. Trudaine ,
la préfentation des lettres dont il étoit chargé.
Les Maîtres des Requêtes & le Grand Rapporteur,
firent le rapport de celles qui les concernent.
M. Chupin , Garde des Rôles , & M. Brillon-
Duperon , Confervateur des Hypotheques , préfenterent
; le premier , les provifions pour charges
& offices , le fecond les lettres de ratification de
rentes fur les revenus du Roi. Puis les Secretaires du
Roi firent lecture des lettres de grace , lefquelles furent
délibérées par les Confeillers d'Etat & Maîtres
des Requêtes préfens au Sceau , & réfolues par le
Roi. Après les rapports faits , le Roi indiqua le
premier Sceau à la quinzaine. Les Sceaux ayant
été remis dans leur boete , M. de Champcenetz ,
premier Valet de Chambre du Roi , qui les avoit
apportés , les reprit fur le Bureau pour les remporter.
Sa Majefté fe leva , & fut reconduit à la
porte de fa chambre par les Confeillers d'Etat
Maîtres des Requêtes & Grands Officiers de la
Chancellerie . Ce Sceau eft le premier que le Roi
ait tenu depuis fon avénement à la Couronne.
Louis XIV en tint onze en 1672 , après la mort
du Chancelier Seguier.
Le 28 Février , M. Seguier , Avocat, Général
192 MERCURE DE FRANCE.
au Parlement de Paris , fut élu , pour remplir la
place vacante dans l'Académie Françoiſe par la
mort de M. de Fontenelle .
+ Le Roi a nommé Maréchaux de France MM . le
Marquis de Senecterre , le Marquis de la Tour- '
Maubourg , le Comte de Lautrec , le Duc de
Biron , le Duc de Luxembourg, le Comte d'Eſtrées,
le Lord Clare Comte de Thomond , & le Duc de
Mirepoix.
Le 10 Mars , pendant la Meffe du Roi , M. le
Prince Conftantin de Rohan , Premier Aumônier
de Sa Majefté , a prêté ferment , comme Evêque
de Strasbourg , entre les mains du Roi.
"
Le 6 Mars , l'Académie royale des Belles - Lettres
, conduite par M. le Comte de Saint - Florentin
, préſenta au Roi trois volumes de fes Mémoires.
M. de Guignes & M. d'Anville de cette Académie
, préfenterent en même temps à Sa Majeſté
, l'un, trois volumes de l'Hiftoire des Huns &
autres Nations Tartares ; l'autre , une nouvelle
Carte des côtes de la Grece & de l'Archipel , avec
un Mémoire relatif à cette Carte mis fouspreffe
à l'Imprimerie royale , & dans lequel l'Auteur
rend compte des moyens qui ont principalement
contribué à la compofition de l'Ouvrage .
>
Sa Majesté a accordé le Régiment d'Infanterie
royal Comtois , vacant par la promotion de M.
le Marquis de Roquépine au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Puységur , Colonel
du Régiment de Forez ; le Régiment de Forez , à
M. le Marquis de Chaumont- Bernage , Colonel
dans les Grenadiers de France ; le Régiment de
Trainel , vacant par la promotion de M. le Marquis
de Trainel au grade de Maréchal de Camp ,
à M. le Comte de Brancas , Colonel dans les Grenadiers
de France ; le Régiment de Cavalerie
vacant
AVRIL. 1757. 193
vacant par la promotion de M. le Comte d'Egmont
au grade de Maréchal de Camp , à M. le Duc
de Charoft ; & les deux places de Colonels que
M. le Marquis de Chaumont-Bernage & M. le
Comte de Brancas rempliffoient dans les Grenadiers
de France , à M. Rouillé-de Roiffy & à M.'
le Comte de la Luzerne.
La Compagnie , qui vaquoit dans le Régiment
des Gardes Suiffes par la mort de M. de Caftella ,
a été donnée à M. de Caftella fon frere , Capitaine
au Régiment de Planta . MM. de Caſtella ont été
fept freres au ſervice de Sa Majefté , & trois y font
morts.
Le 6 du même mois , en action de graces de la
conſervation du Roi, on a chanté dans l'Eglife Mé,
tropolitaine , conformément au Mandement donné
par l'Archevêque de Paris , une Meffe folemnelle
, & enfuite le Te Deum, en mufique. M. l'Ab
bé de Saint-Exupery , Doyen , a officié. Le lendemain
, le Chapitre a fait remettre des aumônes
pour les pauvres aux Curés des huit Paroiffes de la
Cité , & de celles de ces Eglifes fujetes.
M. le Prince Conftantin-de Rohan , Evêque de
Strasbourg , fut facré le même jour dans la Chapelle
du Séminaire de Saint Sulpice , par M. le
Cardinal de la Rochefoucaud , affifté des Evêques
de Digne & de Saint - Omer.
Le 14, M. l'Evêque d'Autun fut reçu dans l'A
cadémie Françoiſe à la place de M. le Cardinal de
Soubife , & il prononça fon Difcours de remer
ciement , auquel M. Dupré-de S. Maur répondit
au nom de l'Académie. Après cette réponſe ,
M. d'Alembert lut des Réflexions fur l'ufage & fur
l'abus de la Philofophie dans les matieres de goût.
Nous donnerons un extrait des deux Diſcours
'dans le fecond Volume,
I.Vol, I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Don de Dieu , de Calais , y a
fait conduire le Brigantin Anglais les Trois Freres
, de Sunderland , chargé de charbon de terre ,
dont il s'eft emparé.
Un Navire Anglois , de 220 tonneaux , armé
de fix petits canons , ayant pour cargaison 1400
barrils de goudron , 4 barrils de thérébentine , des
merrains & quelques cuirs , a été pris par le Corfaire
le Saint - Louis , de Dunkerque , qui l'a conduit
à Boulogne.
Il eft arrivé dans le même Port un Bateau de
so tonneaux , chargé de fel , dont le Corfaire
le Marquis -de Vilequier s'eft rendu maître .
Le Capitaine Lamy , qui commande le Procu
veur , autre Corfaire de Boulogne , s'eft emparé
des Navires l'Espérance , de Yarmouth ; le Change
& la Chriftine , de Dyfant en Ecoffe ; & il les
a rançonnés pour $ 60 livres fterlings.
Les Navires Anglois le Comte d'Holderneſs ,
de
120 tonneaux , chargé de vin & de quelques autres
marchandifes ; la Bonne Intention , dont le
chargement confifte en orange & citrons ; & un
Bateau de 30 tonneaux , chargé de cidre & de
quelques paquets de poiffon fec , ont été conduits
au Havre par les Corſaires la Favorite &
l'Entreprenante , de ce Port.
Le Navire la France , d'Irlande , de 70 tonneaux
, chargé d'huile d'olive , d'oranges & de
citrons , a été pris par le Corfaire le Machault
de Granville , qui l'a conduit à Morlaix . Le même
Corfaire s'eft rendu maître d'un autre Navire,
Anglois de 100 tonneaux , chargé d'indigo , de
café , de bois pour teinture , & de drogues pour
la Médecine , qui eft arrivé à Roscoff,
Il a été conduit à Saint-Malo deux Bâtimens
Anglois , l'un chargé de citrons & d'oranges ,
AVRIL. 1757. 195
J
pris par le Corfaire la Sauterelle , de Breft ; &
Pautre chargé de fel , pris par les Corfaires la
Vengeance & la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire le Bart , de Calais , Capitaine
François Potier, s'eft emparé de deux petits Brigantins
Anglois , qu'il a rançonnés pour la fomme
de quatorze mille livres.
>
Le Corfaire le Machault , de Granville , ya'
envoyé le Navire la Providence , de Darmouth
de 100 tonneaux , venant de la Jamaïque avec
une cargaison qui confifte en 160 barrils de brai
250 barriques de ris , 14 boucauts de cafcarille
so planches & 8000 livres de bois des Indes.
>
Le Navire Anglois la Marie , de la Nouvelle
Yorck , de 150 tonneaux , chargé de café , d'indigo
, de dents d'élephant , de bois de Campeche,
&c. pris par le Corfaire le Scot , de Saint-Ma
lo , s'eft échoué le 23 du mois dernier à la côte de
Barfleur. On a fauvé fa cargaiſon.
Le même Corſaire a enlevé aux Anglois le Bateau
la Marguerite , de Cherbourg , chargé de
glaces brutes : ce Bateau s'étoit auffi échoué ,
mais il a été relevé & conduit à Barfleur.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire
la Vengeance, de Saint-Malo , s'eſt rendu maître
d'un Navire Anglois dont la cargaison , qui eft
eftimée deux cens mille livres , confifte en ballots
de foyeries, caiffes de drogues , & autres marchandifes
propres pour la traite des Negres.
On mande de Breft , que le Corfaire la Comteffe
de Bentheim, de Saint-Malo , a relâché dans ce pre
mier Port , où il a conduit le Navire Anglois
Affomption , allant de la Jamaïque à Londres
chargé de fucre & de café.
Le Navire l'Afrique , de Plymouth , chargé
dessobarriques de fardines , & de 130 barrils d'é
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
tain , a été pris par le Corfaire l'Intrépide , de
Bayonne , où il a été conduit.
Les lettres écrites de Bayonne , marquent que
le Corfaire l'Aurore , de ce port , Capitaine le
fieur Lavernis , a pris & y a conduit les Navires
Anglois la Rebecca , de Hul , de 200 tonneaux
armé de fix canons, chargé de 1400 barrils de goudron
; l'Entreprise , deLondres , de 160 tonneaux,
chargé de tabac en feuilles , & le Planter , de
Montfarrat , de 200 tonneaux , ayant pour
chargement
340 boucauts de fucre.
Le même Corfaire a fait conduire à Saint-Jeande-
Luz un autre Bâtiment Anglois , dont la cargaifon
eft compofée de 600 quintaux de morue
verte & féche.
Le Capitaine Jean Vergez , commandant le
Diligent , autre Corfaire de Bayonne , y a fait
conduire le Navire Anglois l'Edouard & Susanne,
de 160 tonneaux , chargé de fucre.
Le Capitaine Potier , commandant le Corfaire
l'Amiral Bart , de Calais , étant fur fa croifiere
près des côtes d'Angleterre découvrit un Brigantin
Anglois de cent cinquante tonneaux . A la vue du
Corfaire , ce Brigantin fe réfugia ſous le canon
des trois Forts de Haftings. Quoique le Capitaine
Potier n'eût que quatre canons , il attaqua le Bâtiment
ennemi , & il alloit l'aborder , lorſque l'équipage
Anglois prit le parti d'échouer . Sur ces
entrefaites parut un autre Navire que le Corfaire
enleva , & qu'il amena à Calais . Ce dernier Bâtiment
, qui fe nomme le Waterborn , eft de Boſton
dans la Nouvelle Angleterre. Il venoit de la Jamaïque
, & alloit à Londres. Sa charge eft eftimée
deux cens mille livres. C'eft la quatorzieme
prife qui ait été conduite à Calais depuis trois
mois , &la feptieme depuis le 18 jufqu'au 30 du
mois dernier.
AVRIL. 1757.
197
Ön mande de Marfeille , que le Corfaire le Colibry
, de 12 canons , & de 120 hommes d'équipage
, commandé par le Capitaine Georges-René
de Pleville-le Pelley , s'eft emparé des Navires Anglois
la Reine de Naples , allant de Gallipoly å
Londres , avec un chargement d'huile & de foie ;
le Guillaume , allant de Falmouth à Civita-Vecchia
, chargé d'étaim & de harengs , & la Marie
allant d'Yarmouth à Naples , & dont la charge
confiftoit en harengs & en plomb.
Selon des lettres de Toulon , un Grec établi depuis
quelques années en Provence s'embarqua der.
niérement fur une Tartane , dont l'équipage con
fiftoit feulement en trois François & trois Gênois.
Ce Bâtiment ayant été enlevé par un Corſaire Anglois
, monté de douze hommes ; le Capitaine du
Vaiffeau ennemi fit paffer le Grec & les trois Gênois
fur fon bord ; & y ayant laiffé trois Anglois ,
il monta fur la Tartane avec le refte de fon équipage.
Le Grec faifit une occafion favorable , qui
fe préfenta. Il tua lui feul les trois Anglois , à qui
leur Commandant avoit confié la garde du Corfaire.
Ayant abordé enſuite la Tartanne , il la reprit
avec le fecours des trois François & des trois Gênois.
Il a conduit à Toulon le Bâtiment , dont il
s'eft emparé.
On mande de Calais , que le Corfaire le Bart ;
de ce Port ' , commandé par le Capitaine Potier ,
y a conduit le Navire Anglois le Winterborn , de
130 tonneaux , chargé de fucre & d'autres marchandifes.
200
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
s'eft rendu maître d'un Navire Anglois , de
tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec une
cargaifon compofée de fucre , de tafia & de bois
d'Acajou.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Gros Thomas , du même Port , a
conduit à Calais le Navire l'Elifabeth & Catherine,
de 70 tonneaux , chargé de beurre & de
cuirs.
Le Tapageur & le Procureur , autres Corfaires
de Boulogne , fe font emparés , le premier de
deux Bâteaux Anglois , chargés l'un de bled ,
Pautre de charbon de terre , & le fecond du Navire
la Comteffe de Murray , de 90 tonneaux , chargé
de faumon falé .
Les Corfaires le Comte de Saint- Germain , de
Dunkerque , & le Don de Dieu , de Calais , ont
fait conduire à Boulogne un Bâteau de 70 tonneaux
, chargé d'oranges & de citrons , & le Brigantin
le Thomas David , de 120 tonneaux ,
chargé de grains.
Il eft arrivé à Fécamp un Navire Anglois de 220
tonneaux , armé de 8 canons , & de 37 hommes
d'équipage. Sa cargaiſon confifte en 1123 barrils
de poudre de guerre , en armes à feu de toutes
efpeces , en foyeries , clincailleries , & c. Ce Navire
a été pris par le Capitaine Canon , commandant
le Corfaire le Prince de Soubise , de Dunkerque.
Une prife Angloiſe faite par le Corſaire le Machault
, de Grandville , a échoué à la côte de
Langrune en Baffe Normandie ; mais on a fauvé
la cargaifon , compofée de 300 cuirs , de 2000
barrils de beurre , & de 1960 morues féches.
Le Corfaire le Comte de Clermont , de Saint-
Malo , commandé par le Capitaine Colin-de la
Brifelaine , s'eft emparé le troifieme jour de fa
croifiere , d'un Navire Anglois , de 240 tonneaux
, venant de la Jamaïque , & dont la charge
eft eftimée deux cens mille livres . Cette prife
que le Capitaine Brifelaine a conduite lui- même à
AVRIL. 1757. 199
k
Saint-Malo , avoit été faite d'abord par un Cor
faire de Bayonne , & lui avoit été enlevée par un
Armateur Anglois , fur qui le Corfaire le Comte
de Clermont l'a repriſe.
> Le Scott , autre Corfaire de Saint - Malo Capitaine
Pattard, s'eft auffi rendu maître du Navire
Anglois le Hardi , de 180 tonneaux , chargé de
fucre , de café , de coton & d'autres marchandifes
qu'il avoit prifes à la Nouvelle York .
On apprend par des lettres écrites de Bayonne,
que les Corfaires la Levrette & le Dauphin , de
ce Port , fe font emparés des Navires Anglois la
Suverne & le Louis , de Londres , de 250 tonneaux
chacun , & l'Owaftel , de Holt . Ces Bâtimens
font chargés , le premier de tabac & de fer ,
le fecond de fucre , de café & de tafia , & le troifieme
de tabac & de merrains.
de 70
Les Navires Anglois le Robert , de la Virginie ,
de 130 tonneaux , chargé de tabac , de fucre & de
pelleteries , & l'Endeavour , de Briſtol ,
tonneaux , dont la cargaifon eft composée d'hui
le , de poiffon & de morue verte , ont été pris
par les Corfaires l'Aimable Dauphin , de Ciboure
& l'Espérance , de Louisbourg , qui les ont
fait conduire à Bayonne.
>
Les Corfaires le Toulousain , le Faucon , le Té
lémaque & le Saint-Antoine , dit le Colibri , de
Marſeille , y ont conduit les Navires Anglois
l'Aigle , de Yarmouth , de 160 tonneaux , armé
de 2 canons , chargé de plomb & de harengs ; la
Vierge , de Bristol , de 130 tonneaux , chargé
de faumon & de morue ; le Harril , de Liverpool
, de 120 tonneaux , armé de 6 petits canons ,
chargé d'eau-de- vie & d'huile ; la Diane , de
Lynn , de 150 tonneaux , chargé de fromage , de
plomb & de harangs , & la Marie , qui a auffi
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
un chargement de harengs & de plomb.
On mande de Marfeille , que M. Pigache ;
Lieutenant de Vaiffeau , commandant le Vaiffeau
du Roi l'Hippopotame , armé en courfe , s'eft rendu
maître , à la hauteur de l'Ile Fromentiere
du Corfaire Anglois le Conftantin , de 18 canons ,
& de 130 hommes d'équipage.
>
Le Capitaine Macquet , qui commande le Corle
Don de Dieu , de Calais , a fait conduire à faire
Dunkerque le Navire Anglois les Trois Freres , de
110 tonneaux , chargé de charbon de terre , dont
il s'eft emparé.
Un Brigantin de 100 tonneaux , chargé d'eaude-
vie , de vin du Rhin , & de plufieurs autres
marchandiſes , a été pris par le Corfaire l'Epervier
, de Calais , & y a été conduit .
Le 17 Mars , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quinze cens dix livres : les Billets
de la premiere Loterie Royal , à neuf cens quarante,
Ceux de la feconde & de la troisieme Loterie
n'avoient point de prix fixe.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 15 février, à l'occasion de l'anniversaire du Roi, un Te Deum fut chanté à Notre-Dame et dans d'autres églises de Paris. Le Comte de Noailles, Gouverneur de Versailles, y assista avec les officiers du bailliage. Des feux et des salves de mousqueterie furent tirés par les Invalides, et les maisons furent illuminées. Le Roi accorda les honneurs de Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis à M. de Crémille et ordonna l'équipement de chaque bataillon d'infanterie avec une pièce de canon suédoise. Le corps de la gendarmerie fut augmenté à 1240 hommes. M. le Comte de Saint-Florentin fut élu académicien honoraire à l'Académie Royale des Belles-Lettres, et M. Bertier de Sauvigny fut nommé Conseiller d'État et Intendant de la Généralité de Paris. Les évêques de Bretagne instituèrent une fête perpétuelle en l'honneur des Saints Anges Gardiens pour remercier Dieu d'avoir sauvé le Roi d'un attentat. Le Duc de Mirepoix célébra la convalescence du Roi à Montpellier par une fête incluant un Te Deum, des salves d'artillerie, un feu d'artifice et un bal. Le Roi régla les modalités de la tenue des Sceaux, nommant six Conseillers d'État et six Maîtres des Requêtes. Plusieurs Maréchaux de France furent nommés, dont le Duc de Mirepoix. L'Académie Royale des Belles-Lettres présenta au Roi des volumes de ses Mémoires et des ouvrages sur l'histoire des Huns et une carte des côtes de la Grèce. Divers régiments d'infanterie et de cavalerie furent accordés à plusieurs officiers promus. Des actions de grâce pour la conservation du Roi furent organisées, incluant une messe solennelle et le Te Deum à l'église métropolitaine. Le Prince Constantin de Rohan fut sacré évêque de Strasbourg. Plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français. En avril 1757, plusieurs actions de corsaires français furent rapportées. À Roscoff, un navire de médecine arriva. Deux bâtiments anglais furent conduits à Saint-Malo, l'un chargé de citrons et d'oranges, l'autre de sel. Divers corsaires capturèrent des navires anglais chargés de marchandises variées, telles que du café, du sucre, du riz, du bois, et des produits pour la traite des nègres. À Marseille, plusieurs corsaires conduisirent des navires anglais chargés de plomb, de harengs, de saumon, de morue, d'eau-de-vie, d'huile et de fromage. Le 14 mars, M. l'Évêque d'Autun fut reçu à l'Académie Française, prononçant un discours de remerciement. Des réflexions sur l'usage et l'abus de la philosophie furent lues par M. d'Alembert.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 189-197
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Il paroît une Ordonnance du Roi pour régler l'uniforme des Officiers de [...]
Mots clefs :
Habillement des soldats, Officier, Croix de Malte, Ducs, Maréchal de camp, Sceau, Ordonnances, Abbé, Chancelier, Chanoine, Nominations, Comte, Procès, Robert-François Damiens, Parricide, Suplice, Corsaires , Marchandises, Navires, Capitaines
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L paroît une Ordonnance du Roi pour régler
P'uniforme des Officiers de l'Etat Major des Armées
de Sa Majeſté , & de ceux employés en qualité
d'Aides de Camp. Les uns & les autres porteront
des habits non croifés , de couleur vulgaire
ment appellée bleu de Roi , doublés d'une étoffe
de même couleur , lefquels habits feront garnis
de boutons de cuivre doré. Les Officiers de l'Etat
Major auront des boutonnieres en broderie de
fil d'or , huit de chaque côté jufqu'à la hauteur de
la poche , trois à chaque poche , & deux fur chaque
manche. Ceux de ces Officiers qui feront en
190 MERCURE DE FRANCE.
chef , pourront porter fur leurs habits un bordé
en borderie , dans le même goût que leurs boutonnieres.
S'ils font Officiers Généraux , ils
porteront
l'uniforme attaché à leur grade .
Le Grand Maître & le Confeil de l'Ordre de
Malte ont accordé à M. le Marquis & àMadame la
Marquife de Bauffrem.ont la permiffion de porter
la Croix de Malte. La Marquife de Bauffremont
tient des Ducs d'Atri , fes ancêtres maternels , de
la branche aînée defquels elle eft héritiere & repréfentante
, le droit de nommer une Commanderie
de l'Ordre dans la Tofcane , en qualité de Fondatrice.
Ce droit s'étend à fa poftérité de l'un &
Pautre fexe. र
M. de la Serre , Maréchal de Camp , Grand
Croix Honoraire de l'Ordre de Saint Louis , &
Gouverneur de l'Hôtel Royal des Invalides , a
obtenu la place d'Infpecteur Général de l'Infanterie
, qu'avoit le Maréchal de Thomond.
Le 18 Mars , le Roi tint le Sceau pour la feconde
fois , dans la même Piece de fon Appartement,
où Sa Majesté l'avoit déja tenu , & avec les mêmes
formalités qui avoient été obfervées le 4.
Il vient de fortir de deffous preffe trois nou
velles Ordonnances ; la premiere , portant création
d'un Régiment d'Infanterie Allemande , fous
le titre de Royal Deux Ponts ; la feconde , concernant
le ſervice du Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie ; la troifieme , pour régler les équipages
& les tables dans les armées.
Le Roi a fait conftruire un Pavillon à l'extrê→
mité du Jardin du Château de la Meute , pour y
placer le Télescope de huit pieds , que le Pere
Noël , de la congrégation de Saint Maur , a fait
pour Sa Majesté fous les confeils du Duc de
Chaulnes. Sa Majesté y vit ce Télescope pour la
AVRIL. 1757.
191
premiere fois le 14 du mois de Décembre dernier.
Le 18 de ce mois , le Roi étant venu à ce
Château , le Pere Noel eut l'honneur de lui préfenter
une Machine Pneumatique
à deux corps
de pompe , d'une conftruction nouvelle . Sa Majefté
parut fatisfaite des expériences , que M. de
Lor fit avec cette Machine , & Elle prit auffi beaucoup
de plaifir à voir fouffler le verre, par M. Capidont
l'habileté dans cette partie eft reconnue de
tous les Phyficiens. M. de Fouchy , Secretaire
Perpétuel de l'Académie Royale des Sciences ,
traça en préſence du Roi une Meridienne,
M. l'Abbé de Breteuil a été nommé Chancelier-
Garde des Sceaux , Chef du Confeil , & Sur - Intendant
des Maiſon , Finances & Bâtimens du
Duc d'Orléans , à la place de M. de Silhouette ,
qui a donné ſa démiſſion.
"
M. l'Abbé de Foy , Chanoine de l'Eglife Cathédrale
de Maux a eu l'honneur de préfenter
au Roi le profpectus d'une defcription Hiftorique
, Géographique & Diplomatique , de la
France. M. le Comte de Saint- Florentin , Minif
tre & Secretaire d'Etat , qui conduifoit l'Auteur ,
rendit compte à Sa Majesté de l'état où eft cet
ouvrage important , dont feu M. Secouffe , penfionnaire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres,
avoit conçu le projet, & que d'autres occupations
ont empêché cet Académicien d'entreprendre.
Encouragé par les exhortations de M. Secouffe.
M. l'Abbé de Foy s'eft chargé de l'exécution , en
adoptant pour la plus grande partie le plan de ce
Sçavant. La nouvelle defcription de la France fera
en fix Volumes in-folio. M. le Préfident Henault &
M. de Foncemagne ont confenti d'aider de leurs
confeils , l'Auteur dans fon travail. Peut-il être
mieux guidé?
1
C
192 MERCURE DE FRANCE.
Le Duc d'Orléans , le Prince de Condé , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche, Princes du Sang, & les Ducs
& Pairs , fe font rendus le 12 , le r9 , le 26 Février
, le S le 9 , le 21 , le 23 , le 24 & le 26
Mars , à la Grande Chambre , pour affifter à l'inftruction
du procés de Robert- François Damiens.
Le 21 & le 23 Mars , ils s'y font affemblés le matin
& l'après- midi . Ils y fiégerent le 26 depuis
huit heures du matin jufqu'à fept heures du foir.
Ce même jour , le coupable fut jugé . La Cour ordonna
que ce déteftable affaffin feroit amende
honorable devant la principale porte de l'Eglife
Métropolitaine , où il feroit conduit dans un
tombereau , nu en chemiſe , tenant une torche
de cire ardente , du poids de deux livres ; que delà
il feroit mené dans le même tombereau à la Place
de Greve ; que , fur un échafaud , il y ferroit
tenaillé aux mammelles , aux bras , aux cuiffes
, & aux gras de jambes , tenant de la main
droite le couteau dont il a commis fon affreux parricide
; qu'on lui brûleroit cette main avec du feu
de foufre ; que fur les endroits où il auroit été
tenaillé , on jetteroit du plomb fondu , de l'huile
bouillante , de la poix réfine , avec de la cire &
du foufre fondus enfemble ; qu'enfuite il feroit
tiré à quatre chevaux & écartelé , & ſes membres
& corps jettés dans un bucher , pour y être
confumés par le feu , & fes cendres jettées au vent.
Le 28 du mois dernier au matin , ce malheureux
fut appliqué à la queſtion ordinaire & extraordinaire
, & on le tint plus de deux heures dans les
tortures. Sur les deux heures après-midi , on le
fit fortir de la Conciergerie , pour le conduire au
fupplice. Lorfqu'il fut arrivé à la Place de Gréve ,
il demanda de monter à l'Hôtel de Ville. Il y a
déclaré
AVRIL. 1757. 193
déclaré qu'il n'y avoit ni complots , ni complices .
Ce monftre a fubi enfuite la punition dûe à fon
exécrable forfait. Ses tourmens ont duré trois
heures. Il étoit encore en vie ayant deux cuiffes
& le bras droit féparés du corps ; & il n'eft mort
qu'après que fon bras gauche a été détaché. Il
étoit né le 9 Janvier 1715 , au lieu de Thieulloy ,
en la Paroiffe de Monchi -Breton dans l'Artois.
Sa famille eft auffi obfcure que pauvre , & il a
paflé la plus grande partie de fa vie dans la plus
baffe domefticité . Il avoit déja commis plufieurs
crimes , avant de former l'abominable deffein qui
a achevé de le rendre l'objet de l'exécration publique
, & il avoit été obligé de s'enfuir de Paris
pour éviter les pourfuites de la Juftice . La maifon
où il a reçu le jour doit être démolie , & l'on ne
pourra à l'avenir élever fur le terrein de cere
maiſon aucun autre bâtiment.
Nous nous fommes reftraints jufqu'ici
à ne rien inférer fur cet article que d'après
la Gazette de France . Nous prions en conféquence
les Auteurs de ne plus nous envoyer
de Pieces qui y foient relatives : nous
perfiftons conftamment à ne faire ufage
d'aucune. Nous nous conformons en cela
aux premieres intentions de la Cour , qui
nous avoit ordonné le filence . Eh ! plût au
Ciel qu'il pût être gardé partout avec le
même fcrupule, & que pour la gloire de la
Nation, un fi noir attentat fût à jamais exclu
de l'hiftoire comme de notre Recueil !
M. le Comte de Biffy , Brigadier de Cavalerie ,
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
& premier Enfeigne de la feconde Compagnie
des Moufquetaires de la Garde du Roi , ayant
donné fa démiffion , Sa Majefté a difpofé de la
Cornette vacante , en faveur de M. le Comte de
Monteynard , Sous - Lieutenant au Régiment d'Infanterie
du Roi.
C Le Corfaire le Bart , de Calais , commandé
par le Capitaine Etienne- François Potier , a rançonné
deux Bâtimens Anglois pour 594 guinées.
Des Lettres écrites de Dieppe marquent que le
Corfaire le Baftien , de Boulogne , s'eft rendu
maître du Navise Anglois le Dally & Nancy , de
200 tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec
un chargement qu'on eftime environ 300000 livres
, & qui confifte en 141 barriques de fucre ,
63 barriques de taffia , foo facs & 15 barriques
de poivre , 9 facs de coton , un fac de carret de
tortue , 570 cuirs , & 19 tonneaux de bois pour
teinture.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire la
Vengeance, de Saint - Malo , s'eft emparé d'un Senaw
Anglois, armé de 8 canons & de fix pierriers.
La Comteffe de Bentheim , autre Corfaire de
Saint Malo , a fait conduire à Breft le Paquebot
Anglois le Hanovre , armé de 14 canons , & de
62 hommes d'équipage , qui alloit de Falmouth à
Liſbonne.
Le Navire Anglois la Profpérité , de Darmouth
, a été pris & conduit dans la riviere de
Landerneau par le Corfaire le Cabriolet , du Conquet.
Il eft arrivé à la Rochelle un Brigantin Anglois
de 60 tonneaux , chargé de vin de Malaga , qui
a été pris par le Navire le Tavignon , de S. Malo .
Le Navire Anglois le Duc de Tofcane , de 300°
tonneaux , armé de 18 canons , de 4 pierriers 2
AVRIL. 1757. 195
& de 60 hommes d'équipage , a été pris par le
Corfaire le Grand Alexandre , de Marfeille ,
commandé par le Capitaine Martiche. La cargai
fon de ce Bâtiment , qui eft arrivé à Marſeille ,
confifte en 600 barrils de harengs , 500 quintaux
de plomb, 65 caiffes de tabac , &c .
La Marie défiée , autre Corfaire de Marſeille ,'
Capitaine le fieur Poulhariez , a conduit en ce
Port le Senaw Anglois l'Aventure , de 140 ton
neaux , chargé de morue & de faumon.
Le Capitaine Defbois , qui commande le Corfaire
le Puyzieulx , de Saint -Malo , s'eft emparé
des Navires Anglois le Howmiton , de 70 tonneaux
, chargé de charbon de terre ; & le Triwbreton
, de 100 tonneaux , chargé de mine de fer
Ces deux Bâtimens ont été conduits à Granville .
Le même Corfaire a fait conduire à Saint Malo
le Navire Anglois la Marie- Anne , de 80 tonneaux
, venant de la Caroline avec un chargement
d'indigo & de ris , & un Brigantin dont la cargaifon
confifte en oranges & en citrons.
On mande de Marſeille , que le Corſaire le
Roi Gafpard , de ce Port , dont eft Capitaine
François Roudeng , y a fait conduire le Senaw
Anglois la Catherine , n'ayant que fon left , & un
'Brigantin chargé d'huile & de limons.
Le Capitaine Sauvé , commandant le Corſaire
le Général Lally, de Boulogne , s'eft rendu maître
du Paquebot Anglois le Dauphin , armé de fix
' canons , de quatre pierriers & de vingt hommes
d'équipage. Outre plufieurs caiffes & coffres dont
ce Paquebot étoit chargé , on a trouvé à bord une
caiffe de lingots d'or pefant 238 livres . Cette
priſe a été conduite à Calais.
Le même Corſaire a rançonné fix Bâtimens Anglois
, pour la fomme de 975 guinées , & il en a
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
remis les ôtages dans le même Port.
Le Brigantin Anglois le Nancy, de 90 tonneaux,'
chargé de 90 barrils de graine de lin & de merrains
, a été pris par le Corfaire le Caincy , de
Dieppe , & eft arrivé à Dunkerque.
Le Capitaine Feray , qui commande le Corſaire
Le Comte d'Argenfon , de Dieppe , y a conduit un
Bâtiment dont le chargement eft composé de
canons , de boulets , de poudre , de fabres , de
chanvre , de toiles à voiles , & d'autres munitions
& marchandiſes.
Le Corfaire le Machault , de Granville , Capitaine
Magnonnet , a pris & conduit en ce Port le
Navire Anglois le Jean & Georges , de 300 tonneaux
, chargé de 1500 barrils de goudron , & de
2500 livres d'indigo.
Le Corfaire le Puyzieulx s'eft emparé des Navires
Anglois la Flore , de Bofton , de 90 tonneaux
, chargé d'huile de baleine & de goudron ,
& la Minerve , de Londres , de so tonneaux ,
armé de fix canons & quatre pierriers , dont la
cargaifon confifte en ris & en indigo. Ces deux
Bâtimens font arrivés à Saint-Malo .
Le Corfaire le Duc d'Aiguillon a fait conduire
en ce Port le Navire le Meffager de Bordeaux , de
60 tonneaux , chargé de vin & de fruits , & un
autre Bâtiment de 200 tonneaux , chargé de ris ,
d'indigo , de taffia , de bois de Campeche , &
d'autres marchandiſes .
11 eſt auſſi arrivé à Saint-Malo un autre Navire
Anglois de 150 tonneaux , appellé le Bofton- Galley,
de Bofton , qui a pour chargement 1300 barrils
de goudron , & 201 futailles d'indigo . Il a été
pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de Bordeaux ,
y a conduit le Navire Anglois l'Ofgoot , venant de
AVRIL. 1757.
197
la Virginie , avec un chargement qui confifte en
250 boucauts de tabac , huit quarts d'indigo , 20
tonneaux de fer roulé , & autres marchandifes .
Le Navire Anglois le Duché de Beaufort , de
Bristol , chargé de fucre , de coton , de café , de
gingembre , & de bois de Campeche , a été pris
par le Corfaire la Repréfaille , de Bayonne.
La Cybelle , autre Corfaire de ce Port , y a fair
conduire le Navire le Molly , de Londres , de 300
tonneaux , ayant pour chargement 428 boucauts
de tabac , onze barrils & vingt- trois paquets de
pelleteries , & 25 barrils d'indigo.
Le Navire le Blackeney , de Londres , de roo
tonneaux , chargé de 208 barriques d'huile , &
autres marchandiſes , qui a été pris par le Corfaire
P'Espérance , de Bayonne , eft auffi arrivé en ce
Port.
On eftinformé que le Navire Anglois le Duc de
Scarborough , pris par le Navire la Marquise d'Amou
, de Bayonne , eft arrivé par relâche à Saint-
Ogne , & que fa cargaifon eft compofée de 600
barrils de faumon , vingt tonneaux de ftocfich
un boucaut d'indigo, une caiffe de caftors , & une
balle de toile.
L paroît une Ordonnance du Roi pour régler
P'uniforme des Officiers de l'Etat Major des Armées
de Sa Majeſté , & de ceux employés en qualité
d'Aides de Camp. Les uns & les autres porteront
des habits non croifés , de couleur vulgaire
ment appellée bleu de Roi , doublés d'une étoffe
de même couleur , lefquels habits feront garnis
de boutons de cuivre doré. Les Officiers de l'Etat
Major auront des boutonnieres en broderie de
fil d'or , huit de chaque côté jufqu'à la hauteur de
la poche , trois à chaque poche , & deux fur chaque
manche. Ceux de ces Officiers qui feront en
190 MERCURE DE FRANCE.
chef , pourront porter fur leurs habits un bordé
en borderie , dans le même goût que leurs boutonnieres.
S'ils font Officiers Généraux , ils
porteront
l'uniforme attaché à leur grade .
Le Grand Maître & le Confeil de l'Ordre de
Malte ont accordé à M. le Marquis & àMadame la
Marquife de Bauffrem.ont la permiffion de porter
la Croix de Malte. La Marquife de Bauffremont
tient des Ducs d'Atri , fes ancêtres maternels , de
la branche aînée defquels elle eft héritiere & repréfentante
, le droit de nommer une Commanderie
de l'Ordre dans la Tofcane , en qualité de Fondatrice.
Ce droit s'étend à fa poftérité de l'un &
Pautre fexe. र
M. de la Serre , Maréchal de Camp , Grand
Croix Honoraire de l'Ordre de Saint Louis , &
Gouverneur de l'Hôtel Royal des Invalides , a
obtenu la place d'Infpecteur Général de l'Infanterie
, qu'avoit le Maréchal de Thomond.
Le 18 Mars , le Roi tint le Sceau pour la feconde
fois , dans la même Piece de fon Appartement,
où Sa Majesté l'avoit déja tenu , & avec les mêmes
formalités qui avoient été obfervées le 4.
Il vient de fortir de deffous preffe trois nou
velles Ordonnances ; la premiere , portant création
d'un Régiment d'Infanterie Allemande , fous
le titre de Royal Deux Ponts ; la feconde , concernant
le ſervice du Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie ; la troifieme , pour régler les équipages
& les tables dans les armées.
Le Roi a fait conftruire un Pavillon à l'extrê→
mité du Jardin du Château de la Meute , pour y
placer le Télescope de huit pieds , que le Pere
Noël , de la congrégation de Saint Maur , a fait
pour Sa Majesté fous les confeils du Duc de
Chaulnes. Sa Majesté y vit ce Télescope pour la
AVRIL. 1757.
191
premiere fois le 14 du mois de Décembre dernier.
Le 18 de ce mois , le Roi étant venu à ce
Château , le Pere Noel eut l'honneur de lui préfenter
une Machine Pneumatique
à deux corps
de pompe , d'une conftruction nouvelle . Sa Majefté
parut fatisfaite des expériences , que M. de
Lor fit avec cette Machine , & Elle prit auffi beaucoup
de plaifir à voir fouffler le verre, par M. Capidont
l'habileté dans cette partie eft reconnue de
tous les Phyficiens. M. de Fouchy , Secretaire
Perpétuel de l'Académie Royale des Sciences ,
traça en préſence du Roi une Meridienne,
M. l'Abbé de Breteuil a été nommé Chancelier-
Garde des Sceaux , Chef du Confeil , & Sur - Intendant
des Maiſon , Finances & Bâtimens du
Duc d'Orléans , à la place de M. de Silhouette ,
qui a donné ſa démiſſion.
"
M. l'Abbé de Foy , Chanoine de l'Eglife Cathédrale
de Maux a eu l'honneur de préfenter
au Roi le profpectus d'une defcription Hiftorique
, Géographique & Diplomatique , de la
France. M. le Comte de Saint- Florentin , Minif
tre & Secretaire d'Etat , qui conduifoit l'Auteur ,
rendit compte à Sa Majesté de l'état où eft cet
ouvrage important , dont feu M. Secouffe , penfionnaire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres,
avoit conçu le projet, & que d'autres occupations
ont empêché cet Académicien d'entreprendre.
Encouragé par les exhortations de M. Secouffe.
M. l'Abbé de Foy s'eft chargé de l'exécution , en
adoptant pour la plus grande partie le plan de ce
Sçavant. La nouvelle defcription de la France fera
en fix Volumes in-folio. M. le Préfident Henault &
M. de Foncemagne ont confenti d'aider de leurs
confeils , l'Auteur dans fon travail. Peut-il être
mieux guidé?
1
C
192 MERCURE DE FRANCE.
Le Duc d'Orléans , le Prince de Condé , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche, Princes du Sang, & les Ducs
& Pairs , fe font rendus le 12 , le r9 , le 26 Février
, le S le 9 , le 21 , le 23 , le 24 & le 26
Mars , à la Grande Chambre , pour affifter à l'inftruction
du procés de Robert- François Damiens.
Le 21 & le 23 Mars , ils s'y font affemblés le matin
& l'après- midi . Ils y fiégerent le 26 depuis
huit heures du matin jufqu'à fept heures du foir.
Ce même jour , le coupable fut jugé . La Cour ordonna
que ce déteftable affaffin feroit amende
honorable devant la principale porte de l'Eglife
Métropolitaine , où il feroit conduit dans un
tombereau , nu en chemiſe , tenant une torche
de cire ardente , du poids de deux livres ; que delà
il feroit mené dans le même tombereau à la Place
de Greve ; que , fur un échafaud , il y ferroit
tenaillé aux mammelles , aux bras , aux cuiffes
, & aux gras de jambes , tenant de la main
droite le couteau dont il a commis fon affreux parricide
; qu'on lui brûleroit cette main avec du feu
de foufre ; que fur les endroits où il auroit été
tenaillé , on jetteroit du plomb fondu , de l'huile
bouillante , de la poix réfine , avec de la cire &
du foufre fondus enfemble ; qu'enfuite il feroit
tiré à quatre chevaux & écartelé , & ſes membres
& corps jettés dans un bucher , pour y être
confumés par le feu , & fes cendres jettées au vent.
Le 28 du mois dernier au matin , ce malheureux
fut appliqué à la queſtion ordinaire & extraordinaire
, & on le tint plus de deux heures dans les
tortures. Sur les deux heures après-midi , on le
fit fortir de la Conciergerie , pour le conduire au
fupplice. Lorfqu'il fut arrivé à la Place de Gréve ,
il demanda de monter à l'Hôtel de Ville. Il y a
déclaré
AVRIL. 1757. 193
déclaré qu'il n'y avoit ni complots , ni complices .
Ce monftre a fubi enfuite la punition dûe à fon
exécrable forfait. Ses tourmens ont duré trois
heures. Il étoit encore en vie ayant deux cuiffes
& le bras droit féparés du corps ; & il n'eft mort
qu'après que fon bras gauche a été détaché. Il
étoit né le 9 Janvier 1715 , au lieu de Thieulloy ,
en la Paroiffe de Monchi -Breton dans l'Artois.
Sa famille eft auffi obfcure que pauvre , & il a
paflé la plus grande partie de fa vie dans la plus
baffe domefticité . Il avoit déja commis plufieurs
crimes , avant de former l'abominable deffein qui
a achevé de le rendre l'objet de l'exécration publique
, & il avoit été obligé de s'enfuir de Paris
pour éviter les pourfuites de la Juftice . La maifon
où il a reçu le jour doit être démolie , & l'on ne
pourra à l'avenir élever fur le terrein de cere
maiſon aucun autre bâtiment.
Nous nous fommes reftraints jufqu'ici
à ne rien inférer fur cet article que d'après
la Gazette de France . Nous prions en conféquence
les Auteurs de ne plus nous envoyer
de Pieces qui y foient relatives : nous
perfiftons conftamment à ne faire ufage
d'aucune. Nous nous conformons en cela
aux premieres intentions de la Cour , qui
nous avoit ordonné le filence . Eh ! plût au
Ciel qu'il pût être gardé partout avec le
même fcrupule, & que pour la gloire de la
Nation, un fi noir attentat fût à jamais exclu
de l'hiftoire comme de notre Recueil !
M. le Comte de Biffy , Brigadier de Cavalerie ,
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
& premier Enfeigne de la feconde Compagnie
des Moufquetaires de la Garde du Roi , ayant
donné fa démiffion , Sa Majefté a difpofé de la
Cornette vacante , en faveur de M. le Comte de
Monteynard , Sous - Lieutenant au Régiment d'Infanterie
du Roi.
C Le Corfaire le Bart , de Calais , commandé
par le Capitaine Etienne- François Potier , a rançonné
deux Bâtimens Anglois pour 594 guinées.
Des Lettres écrites de Dieppe marquent que le
Corfaire le Baftien , de Boulogne , s'eft rendu
maître du Navise Anglois le Dally & Nancy , de
200 tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec
un chargement qu'on eftime environ 300000 livres
, & qui confifte en 141 barriques de fucre ,
63 barriques de taffia , foo facs & 15 barriques
de poivre , 9 facs de coton , un fac de carret de
tortue , 570 cuirs , & 19 tonneaux de bois pour
teinture.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire la
Vengeance, de Saint - Malo , s'eft emparé d'un Senaw
Anglois, armé de 8 canons & de fix pierriers.
La Comteffe de Bentheim , autre Corfaire de
Saint Malo , a fait conduire à Breft le Paquebot
Anglois le Hanovre , armé de 14 canons , & de
62 hommes d'équipage , qui alloit de Falmouth à
Liſbonne.
Le Navire Anglois la Profpérité , de Darmouth
, a été pris & conduit dans la riviere de
Landerneau par le Corfaire le Cabriolet , du Conquet.
Il eft arrivé à la Rochelle un Brigantin Anglois
de 60 tonneaux , chargé de vin de Malaga , qui
a été pris par le Navire le Tavignon , de S. Malo .
Le Navire Anglois le Duc de Tofcane , de 300°
tonneaux , armé de 18 canons , de 4 pierriers 2
AVRIL. 1757. 195
& de 60 hommes d'équipage , a été pris par le
Corfaire le Grand Alexandre , de Marfeille ,
commandé par le Capitaine Martiche. La cargai
fon de ce Bâtiment , qui eft arrivé à Marſeille ,
confifte en 600 barrils de harengs , 500 quintaux
de plomb, 65 caiffes de tabac , &c .
La Marie défiée , autre Corfaire de Marſeille ,'
Capitaine le fieur Poulhariez , a conduit en ce
Port le Senaw Anglois l'Aventure , de 140 ton
neaux , chargé de morue & de faumon.
Le Capitaine Defbois , qui commande le Corfaire
le Puyzieulx , de Saint -Malo , s'eft emparé
des Navires Anglois le Howmiton , de 70 tonneaux
, chargé de charbon de terre ; & le Triwbreton
, de 100 tonneaux , chargé de mine de fer
Ces deux Bâtimens ont été conduits à Granville .
Le même Corfaire a fait conduire à Saint Malo
le Navire Anglois la Marie- Anne , de 80 tonneaux
, venant de la Caroline avec un chargement
d'indigo & de ris , & un Brigantin dont la cargaifon
confifte en oranges & en citrons.
On mande de Marſeille , que le Corſaire le
Roi Gafpard , de ce Port , dont eft Capitaine
François Roudeng , y a fait conduire le Senaw
Anglois la Catherine , n'ayant que fon left , & un
'Brigantin chargé d'huile & de limons.
Le Capitaine Sauvé , commandant le Corſaire
le Général Lally, de Boulogne , s'eft rendu maître
du Paquebot Anglois le Dauphin , armé de fix
' canons , de quatre pierriers & de vingt hommes
d'équipage. Outre plufieurs caiffes & coffres dont
ce Paquebot étoit chargé , on a trouvé à bord une
caiffe de lingots d'or pefant 238 livres . Cette
priſe a été conduite à Calais.
Le même Corſaire a rançonné fix Bâtimens Anglois
, pour la fomme de 975 guinées , & il en a
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
remis les ôtages dans le même Port.
Le Brigantin Anglois le Nancy, de 90 tonneaux,'
chargé de 90 barrils de graine de lin & de merrains
, a été pris par le Corfaire le Caincy , de
Dieppe , & eft arrivé à Dunkerque.
Le Capitaine Feray , qui commande le Corſaire
Le Comte d'Argenfon , de Dieppe , y a conduit un
Bâtiment dont le chargement eft composé de
canons , de boulets , de poudre , de fabres , de
chanvre , de toiles à voiles , & d'autres munitions
& marchandiſes.
Le Corfaire le Machault , de Granville , Capitaine
Magnonnet , a pris & conduit en ce Port le
Navire Anglois le Jean & Georges , de 300 tonneaux
, chargé de 1500 barrils de goudron , & de
2500 livres d'indigo.
Le Corfaire le Puyzieulx s'eft emparé des Navires
Anglois la Flore , de Bofton , de 90 tonneaux
, chargé d'huile de baleine & de goudron ,
& la Minerve , de Londres , de so tonneaux ,
armé de fix canons & quatre pierriers , dont la
cargaifon confifte en ris & en indigo. Ces deux
Bâtimens font arrivés à Saint-Malo .
Le Corfaire le Duc d'Aiguillon a fait conduire
en ce Port le Navire le Meffager de Bordeaux , de
60 tonneaux , chargé de vin & de fruits , & un
autre Bâtiment de 200 tonneaux , chargé de ris ,
d'indigo , de taffia , de bois de Campeche , &
d'autres marchandiſes .
11 eſt auſſi arrivé à Saint-Malo un autre Navire
Anglois de 150 tonneaux , appellé le Bofton- Galley,
de Bofton , qui a pour chargement 1300 barrils
de goudron , & 201 futailles d'indigo . Il a été
pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de Bordeaux ,
y a conduit le Navire Anglois l'Ofgoot , venant de
AVRIL. 1757.
197
la Virginie , avec un chargement qui confifte en
250 boucauts de tabac , huit quarts d'indigo , 20
tonneaux de fer roulé , & autres marchandifes .
Le Navire Anglois le Duché de Beaufort , de
Bristol , chargé de fucre , de coton , de café , de
gingembre , & de bois de Campeche , a été pris
par le Corfaire la Repréfaille , de Bayonne.
La Cybelle , autre Corfaire de ce Port , y a fair
conduire le Navire le Molly , de Londres , de 300
tonneaux , ayant pour chargement 428 boucauts
de tabac , onze barrils & vingt- trois paquets de
pelleteries , & 25 barrils d'indigo.
Le Navire le Blackeney , de Londres , de roo
tonneaux , chargé de 208 barriques d'huile , &
autres marchandiſes , qui a été pris par le Corfaire
P'Espérance , de Bayonne , eft auffi arrivé en ce
Port.
On eftinformé que le Navire Anglois le Duc de
Scarborough , pris par le Navire la Marquise d'Amou
, de Bayonne , eft arrivé par relâche à Saint-
Ogne , & que fa cargaifon eft compofée de 600
barrils de faumon , vingt tonneaux de ftocfich
un boucaut d'indigo, une caiffe de caftors , & une
balle de toile.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1757, plusieurs ordonnances royales et événements marquants ont été enregistrés en France. Une ordonnance royale a réglementé l'uniforme des officiers de l'État-Major et des aides-de-camp, qui devaient porter des habits bleus doublés de la même couleur, avec des boutons de cuivre doré et des broderies en fil d'or. Les officiers généraux devaient porter un uniforme correspondant à leur grade. Le Grand Maître et le Conseil de l'Ordre de Malte ont accordé au Marquis et à la Marquise de Bauffremont la permission de porter la Croix de Malte. La Marquise de Bauffremont, héritière des Ducs d'Atri, détenait le droit de nommer une commanderie de l'Ordre en Toscane. M. de la Serre, Maréchal de Camp et Grand Croix Honoraire de l'Ordre de Saint Louis, a été nommé Inspecteur Général de l'Infanterie. Le Roi a signé plusieurs ordonnances, dont la création d'un régiment d'infanterie allemande sous le titre de Royal Deux Ponts, et des règlements concernant le service de l'artillerie et du génie, ainsi que les équipages et les tables dans les armées. Le Roi a fait construire un pavillon pour y placer un télescope de huit pieds, présenté par le Père Noël. Il a également été satisfait des expériences réalisées avec une machine pneumatique et a assisté à la soufflerie du verre. L'Abbé de Breteuil a été nommé Chancelier-Garde des Sceaux et Chef du Conseil. L'Abbé de Foy a présenté au Roi un prospectus pour une description historique, géographique et diplomatique de la France, un projet initialement conçu par M. Secouffe. Plusieurs princes du sang et ducs ont assisté à l'instruction du procès de Robert-François Damiens, condamné pour avoir attenté à la vie du Roi. Damiens a été soumis à la question ordinaire et extraordinaire avant d'être exécuté par écartèlement. Des nouvelles de la marine rapportent plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français, avec des cargaisons variées telles que du sucre, du tabac, du coton, et des bois de teinture. Le document décrit également la composition d'un navire nommé 'Ogne' et sa cargaison, qui se composait de 600 barils de saumon, 20 tonneaux de stockfish, un boucaut d'indigo, une caiffe de castors et une balle de toile.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 187-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 2 Avril, le Roi tint le Sceau pour la troisieme fois dans la même [...]
Mots clefs :
Sceau, Maîtres des requêtes, Ouragan, Dégâts, Duc, Comtesse, Évêque, Compagnie des Mousquetaires, Convention, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Articles, Troupes, Hiérarchie, Brigadiers, Officiers, Commandant, Campement, Chevaliers, Académie royale des sciences, Corsaires , Marchandises, Capitaines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
LE 2 Avril , le Roi tint le Sceau pour la troifieme
fois dans la même piece de fon appartement ,
où Sa Majesté l'avoit tenu le 4 & le 18 du mois
de Mars. Les fix Maîtres des Requêtes , nommés par le Roi pour affifter
au Sceau pendant
ce trimeftre
, font Mrs. de Bercy , de Villeneuve ,
d'Argouges de Fleury , Bernard de Balinvilliers ,
le Nain , & Amelot de Chaillou . Après que M.
Jolly , Grand Audiencier de France , eut préfenté
les Lettres dont il étoit chargé ; ils firent
ainfi que le Confeiller du Grand Confeil , Grand
Rapporteur , le rapport de celles qui les concernent.
M. Charpentier , Contrôleur Général de
la Chancellerie , a rempli les fonctions de cette
charge. Elles avoient été remplies dans le trimeftre
de Janvier par M. Chazelle , alors en
exercice . Les trois jours que Sa Majeſté a tenu le
Sceau , M. de la Haye , Procureur du Roi des
Requêtes de l'Hôtel , & Général des grande &
petite Chancelleries , a occupé la place qui lui
eft marquée derriere les Maîtres des Requêtes.
On effuya à Paris , le même jour au foir , un ouragan
des plus terribles . Cette tempête a embraf
fé une grande étendue de pays , & a caufé des
188 MERCURE DE FRANCE.
dommages confidérables en plufieurs endroits
Elle a été , particuliérement au Havre , l'occafion
d'un finiftre événement. L'impétuofité du
vent ayant emporté une partie du comble de la
falle de la Comédie , une autre partie de ce
comble eft tombée fur les luftres & fur les lampions
du théâtre. Le feu a pris aux décorations ,
& bientôt à toute la falle . Il y avoit près de
cinq cens perfonnes au fpectacle. Onze ont été ,
les unes écrasées , les autres brûlées ou étouffées .
Vingt autres ont été bleffées . Toute la falle a
été réduite en cendres. L'incendie a duré trois
heures. Il auroit confumé la ville entiere , fi les
fecours qu'on apporta n'euffent arrêté le progrès
des Aammes.
Le Jeudi-Saint , l'Evêque de Saint - Omer ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de la Cene de M. Frefneau , Vicaire de la Paroiffe
Royale de Saint Germain l'Auxerrois à
Paris ; Sa Majesté a lavé les pieds à douze pauvres
, & les a fervis à table. Le Prince de Condé ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc
de Penthievre , & par les principaux Officiers
de Sa Majesté . Après cette cérémonie , le Roi
& la Reine fe font rendus à la Chapelle , où
Leurs Majeftés ont entendu la grande Meffe , &
ont affifté enfuite à la Proceffion.
Le 11 , Madame la Comteffe de Giſors , à qui le
Roi a accordé un Brevet d'Honneur, eut l'honneur
de faluer Leurs Majeftés , & prit le tabouret .
Le Roi a choifi l'Evêque , Duc de Laon , pour
JUIN. 1757. 189
remplacer en qualité d'Ambaſſadeur de Sa Majeſté
auprès du Saint Siege, le Comte de Stainville , qui
doit aller réfider avec le même caractere auprès de
l'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme.
Le 17 Avril , les Députés des Etats d'Artois
eurent audience du Roi , étant préſentés par M.
le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province >
& par M. le Marquis de Paulmy, Miniftre & Secre
taire d'Etat , & conduits par M. Defgranges , Maître
des Cérémonies. La députation étoit compofée,
pour le Clergé , de l'Evêque de Saint- Omer , qui
porta la parole ; du Marquis de Creny , pour la
Nobleffe , & de M. de Canchy , Maire d'Arras
pour le Tiers Etat.
"
Le Roi a accordé la Cornette vacante dans la
feconde compagnie des Moufquetaires par la mort
de M. le Marquis de Villegagnon , à M. de Keret
de Keravel , premier Maréchal des Logis de cette
Compagnie. Sa Majefté en cette occaſion a bien
voulu rappeller un ufage long-temps fuivi par
rapport aux deux compagnies de Moufquetaires.
Toute la Nobleffe apprendra fans doute avec
plaifir une nouvelle qui intéreffe un Corps ,
dans lequel elle a toujours tenu à honneur de faire
au moins fes premieres campagnes.
Le 10 Mai , le Roi tint le Sceau , pour la cinquieme
fois. Avant le Sceau , les Secretaires du
Roi eurent l'honneur de préfenter à Sa Majeſté
dans fon Cabinet la bourfe de jettons , que cette
Compagnie donne ordinairement au Garde des
Sceaux le jour de S. Jean Porte-Latine. M. Carpot,
comme l'ancien des Secretaires du Roi préfens ,
porta la parole. La bourfe fut préſentée par
M. Hemart , Tréſorier de la Compagnie.
Le 11 Mai , le Roi , accompagné de Monſei
gneur le Dauphin , fit dans la plaine des Sablons ,
190 MERCURE DE FRANCE.
la revue des Régimens des Gardes Françoiſes &
Suiffes. Ces deux Régimens , après avoir fait
l'exercice , défilerent en préfence de Sa Majesté.
Madame & Mefdames Victoires & Sophie , af
fifterent à cette revue. Le peuple exprima par fes
acclamations réitérées la joie que lui inſpiroit la
préfence de Sa Majesté.
Le Roi a agréé , pour la place de Colonel-
Lieutenant du Régiment d'Infanterie d'Orléans ,
vacante par la démiffion du Comte de Balleroy ,
le Marquis Saujon , Colonel dans les Grenadiers
de France. Sa Majefté a nommé le Comte de
Guines de Souaftre , & le Chevalier de Durfort ,
Colonels dans le Corps des mêmes Grenadiers.
La convention conclue entre le Roi & l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , fur le
fervice de leurs armées combinées , étant d'une trop
grande étendue pour pouvoir être inférée ici en
entier , on fe contentera d'en extraire les principaux
articles :
« Les troupes de S. M.Très- Chrétienne n'étant
» qu'auxiliaires des troupes de S. M. l'Impératrice
» Reine, celles - ci auront toujours la droite en quel
» que nombre qu'elles fe trouvent avec les trou-
» pes Françoifes , excepté dans le cas où la difpo-
» fition militaire ne pourroit pas permettre aux
» troupes de former la totalité de l'aîle droite ,
>> premiere & feconde ligne : en ce cas , l'Infan-
» terie de Sa Majesté l'Impératrice aura la totalité
» de la droite de l'infanterie , premiere & fecon-
» de ligne ; le Corps de la Cavalerie , premiere
» & feconde ligne , fera placé & joint à la droite
» de l'Infanterie , & le furplus de la Cavalerie ,
>> néceffaire pour former l'aîle droite , fera fourni
» par les troupes Françoifes. Dans le même cas
où les troupes Françoifes feront auxiliaires , &
JUIN. 1757. 191
où elles feront en moindre nombre que les trou
» pes de l'Impératrice Reine , elles feront mifes
» en bataille fur l'aîle gauche dans le même or→
» dre , qui vient d'être expliqué pour l'aîle droite
» en parlant des troupes de l'Impératrice Reine..
>> Mais fi au contraire , par quelque cas impré-
» vu , les troupes de l'Impératrice Reine devien
» nent auxiliaires du Corps des troupes Françoi-
» fes , elles prendront pofte à la gauche , fuivant
» les difpofitions prefcrites ci - deffus pour les trou-
» pes Françoifes , lorfqu'elles étoient dans le cas
» d'être auxiliaires .
» Quelque grade militaire que puiffe avoir l'Of-
>> ficier qui commandera en chef les troupes de l'u-
» ne ou de l'autre Nation , qui feront en moindre
» nombre dans une armée combinée , il fera tou-
» jours la feconde perfonne de l'armée , fans pouvoir
devenir la premiere , quand même le com-
» mandement tomberoit entre les mains d'un
» Officier Général des troupes de l'autre Nation ,
» qui feroit d'un grade inférieur au fien.
La préférence pour le commandement entre
» les Officiers Généraux des deux Nations , Officiers
Supérieurs , & autres , fera toujours réglée
» par la date des pouvoirs , brevets & commiffions
defdits Officiers , auxquels , à grade égal ,
» l'ancienneté donnera toujours le droit de com-
> mander.
» Comme il y a dans les troupes des deux Puiffances
, des grades différens les uns des autres ,
» tels que ceux de Brigadiers d'Infanterie , de
» Cavalerie & de Dragons , dans les troupes de
» S. M. T. Chrétienne , & ceux de Généraux d'Infanterie
& de Cavalerie dans les armécs de l'Impératrice
Reine ; & comme il eft néceffaire d'égalifer
le fervice par quelque expédient , qui
5
192 MERCURE DE FRANCE.
»fatisfaffe également aux ufages des deux Nations ?
l'Impératrice Reine défignera autant de Colonels
de fes troupes , qu'Elle le jugera à propos ,
» pour faire le ſervice de Brigadiers dans les ar-
» mées combinées ; & de fon côté S. M. T. C.
défignera le nombre qu'Elle jugera à propos de
Lieutenans-Généraux de ſes armées , pour faire
» le fervice de Généraux de Cavalerie & d'Infante.
» rie dans lefdites armées combinées .
>> Tous les Généraux de Cavalerie ou d'Infante-
» rie de l'une ou de l'autre Nation , foit qu'ils
>> aient réellement le grade , foit qu'ils foient
» fimplément défignés & admis à en remplir les
>> fonctions , prendront rang entr'eux pour le
> commandement , du jour de la date de leurs
» pouvoirs , ou commiffions de Lieutenans - Gé-
» néraux.
» De même les Brigadiers de l'une & l'autre
» Nation , ou poffédant réellement ce titre , ou en
>> étant revêtus occafionnellement , prendront rang
» entr'eux , pour le commandement & le fervice ,
» du jour de la date de leurs commiffions reſpecti
» ves de Colonels. Quant aux Lieutenans- Colo-
» nels François , employés en leur qualité de Brigadiers
, ils prendront rang avec les Officiers
» Autrichiens défignés pour faire ledit fervice de
Brigadiers , fuivant la date de leurs brevets de
» Brigadiers ; & les mêmes Colonels Autrichiens ,
» défignés pour tenir rang avec les Brigadiers , fe
» régleront en conféquence , fuivant la date de
» leurs commiffions de Colonels , avec lefdits
Lieutenans -Colonels des troupes Françoiſes ,
» du jour que lesdits Lieutenans-Colonels auront
» été nommés au grade de Brigadier .
» L'ufage étant parmi les troupes Françoifes ,
que dans les détachemens l'Officier de Cava-
» lerię
JUIN. 1757.
193
» lerie commande en plaine , & que lorsque le
» même détachement ſe trouve dans les Places ou
» dans des lieux fermés , le commandement appartient
, à grade égal , à l'Officier d'Infante
» rie : au contraire , parmi les troupes Autri
» chiennes , le commandement ne variant jamais ,
foit en plaine , foit dans les lieux fermés , cha
» que Nation fuivra fes regles à cet égard. Et
toutes les fois qu'il y aura variation entre les
» Commandans des troupes Françoiſes en confé
» quence de leurs Ordonnances , le nouveau Com.
» mandant fera toujours en droit de fe régler avec
» les Commandans des troupes Autrichiennes par
n la date de leurs commiffions refpectives. Mais
» l'Officier Autrichien commandera , foit en plai
» ne , foit dans les lieux fermés , s'il eft ancien
» ou fuivant fon ancienneté fur celui des deux
» qui appartiendra de droit le commandement
» fur les troupes Françoifes.
- >> Le Commandant en chefdu Corps de troupes
>> des deux Nations , qui fera en moindre nomwbre
dans une armée combinée , fera appellé à
> tous les Confeils de guerre , & à fon défaure
l'Officier Général , ou autre à qui le comman~
» dement des troupes de fa Nation fera échu...
7
Il ne pourra rien diminuer ni changer aux
»-bans que les Général de Parmée fera publier :
» cependant comme il peut y avoir dans les ufa-
» ges de l'une des deux Nations , des punitions
plus féveres pour certains crimesque dans l'au
>>>- tre , chaque Nation, fuivra fes uſages à cet
» égard ; & le Commandant des troupes qui fe
» ront en moindre nombre à l'armée pourra tou
»jours ajouter au ban du Général de l'armée , ce
» qu'il croira néceffaire pour la plus févere punition «
» des délits , & pour l'entière exécution des Or- e
• II. Vol b anellinred I
194 MERCURE DE FRANCE.
I
» donnances de fon Souverain , auxquelles il aura
> attention de fe conformer ; mais il ne pourra
jamais rien diminuer à l'efpece des punitions qui
» feront ordonnées par lefdits bans du Général
» de l'armée , quand même les uſages de få Nay
tion feroient différens. .....
» Il pourra faire grace aux criminels des trou-
» pes de fa Nation pour les cas de fa juftice parti-
>> culiere , mais non pas pour les délits commis
> contre les défenfes portées dans les bans publiés
» par l'ordre du Général de l'armée , à qui feul ce
droit appartiendra ; mais de fon côté le Général
» de l'armée ne pourra pas faire grace à un crimi-
>> nel qui auroit été condamné par le Confeil de
guerre de l'autre Nation , fur les fujets de laquelle
le droit de vie & de mort appartient à
» fon feul Souverain , ou à celui qui le repréfente.
» Le feul Général de l'armée combinée aura
» droit de donner des fauve -gardes ; mais lorfqu'il
en enverra , il en fera fourni proportion-
»> nellement par les troupes des deux Nations.
» On fuivra , pour la façon de camper , & pour
» les détails du campement , les ufages de chaque
» Nation . Elles fuivront de même leurs ufages
» pour leur ordre de bataille particulier.
A l'égard des marches générales de l'armée ;
» quoique l'on convienne que les troupes belligé
Drantes doivent toujours avoir la droite & Pa-
>>. vant-garde , cependant il eft des occafions , où,
» en corps d'armée , cette difpofition ne peut pas
» avoir lieu militairement , & le Général de l'ar-
» mée fera le maître de faire , à ce ſujet , les dif
p.pofitions telles qu'il le jugera à propos.
ม
En détachement , les troupes de la Nation
belligérante auront toujours l'avant- garde en
pallant à l'ennemi, & l'arriére- garde dans les cas
» de retraite ; les bataillons de la même Nation ,
JUIN. 1757. 195
la droite dans la tranchée ; & leurs Compagnies
» de Grenadiers , la tête de la ſappe.
» Les Gardes & détachemens feront fournis par
proportion réciproque du nombre complet des
» troupes de chaque Nation , qui formeront l'armée
combinée . Chaque garde ne fera jamais
» compofée que de troupes de la même Nation .
» Les détachemens de cinquante hommes , & au
» deffous , ne feront de même jamais compofés
» que de troupes de la même Nation . Les déta-
*
chemens plus confidérables feront compofés de
» plufieurs troupes de cinquante hommes des
» troupes des deux Nations , en proportion de
» leurs forces. Et comme les Officiers particuliers
» des troupes Autrichiennes font en moindre
» nombre que ceux des troupes Françoifes , ils
» n'enfourniront que la moitié de ceux qui feront
» commandés pour les détachemens des troupes
>> Françoiſes , à moins que pour des raifons par-
❤ticulieres le Commandant Général de leur Na-
» tion ne jugeât à propos d'y faire marcher un
plus grand nombre d'Officiers.
» Dans les difpofitions qui feront faites pour
» l'emplacement des troupes des deux Nations
dans des cantonnemens ou des quartiers d'hywwer
, on obfervera , autant qu'il fera poffible
» de les placer fuivant l'ordre de bataille que les
troupes des deux Nations tiennent entr'elles à
l'armée.
» Si les circonstances , la nature du pays , les
objets militaires , ou autre raiſons , ne permet-
>> toient pas de fuivre cet ordre , on obfervera de
ne point entremêler les troupes d'une Nation
» avec celles de l'autre , & de leur former un ar-
» rondiffement , de façon que le corps qui fera
» en moindre nombre , de même que celui qui
Î ij
196 MERCURE DE FRANCE.
» fera en plus grand nombre , foient placés , fans
» interruption , en premiere , feconde & troifie-
» me ligne.
Il en fera de même pour les fourrages ; &
» dans ceux qui feront faits , foit au verd , ſoit au
» fec , on obfervera d'affigner, à chaque Nation
» un terrein marqué , ou un arrondiffement de
» Villages , qui faffe que chaque Nation puiſſe
» fourrager fans le mêler avec l'autre.
Cette convention , qui contient trente-huit articles
, fut fignée à Vienne le 25 du mois de Février
dernier , au nom du Roi , par le Maréchal
d'Eftrées , Plénipotentiaire de Sa Majefté , & au
nom de l'Impératrice Reine de Hongrie & de
Boheme , par le Feld- Maréchal Comte de Neipperg,
chargé des pouvoirs de cette Princeffe. La
ratification du Roi eft datée du 19 Mars , & celle<<
de l'Impératrice Reine , du 25 du même mois.
Le 11 Mai , les Chevaliers de l'Ordre de Saint-
Michel tinrent un Chapitre dans le grand Gouvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Duc de Vil
leroy, Chevalier des Ordres du Roi , y préfida en..
qualité de Commiffaire de Sa Majesté. H reçut
Chevaliers M. Dupleix , ci-devant Gouverneur de
Pondichery , & Commandant en chef dans les établillemens
François aux Indes Orientales ; M, Faucher,
Commiffaire des Guerres , qui a été emploié ‹
pour les affaires du Roi à Genes, & à Turin , &
M. Laurent , Ingénieur célebre par l'invention de
plufieurs machines auffi utiles qu'ingénieuſes. Le
Baron d'Olne , Liégeois M. Olivieri , premier
Sculpteur du Roi d'Efpagne , &@M. Zabielo
, Gentilhomme de Lithuanie , que le Roi a
nommés Chevaliers , furent préconisés dans les
mêmeChapitre Sa Majefté a mis auffi au nombre
des Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel M.
L
197
$
JUIN
. 1757.
Haufer , Bailli du canton de Glaris , & M. Freuler,
Banneret & Brigadier du même Canton.
Le 12,le Roi & Madame furent parrein & marreine
de M. Bontemps , un des quatre Valets de
Chambre de Sa Majefté , & dont la famille depuis
quatre générations poffede cette charge. Il a éte
nommé Louis Pierre- Dominique. Les cérémonies
du Baptême lui furent fuppléées.dans la Chapelle
du Château , en préfence du Curé de la Paroiffe de
Notre-Dame , par l'Abbé de Sainte Aldegonde ,
Aumonier du Roi.
Leurs Majeftés fignerent le 15 le contrat de
mariage de M. Bontemps avec Mlle. Teiffier , fille
de l'ancien Maître de la Chambre aux Deniers ,
& celui de M. Teiffier fils avec Dlle. Bontemps.
Sur la démiffion de M. de Pontcarré , de Roi a
nommé premier Préfident du Parlement de Nor.
mandie M. Hue de Miromefnil , Maître des Requêtes.
M. Buache , de l'Académie Royale des Sciences
, a eu l'honneur de préfenter au Roi un rẻ-
ceuil de cartes & de tables , approuvées par cette
compagnies : elles établiffent un fyftême de géographie
phyfique fur la ftructure du globe , conconfidérée
par les grandes chaînes de montagnes,
qui traverfent les continens , comme les mers
d'un pôle à l'autre , & d'Occident en Orient.
Pour rendre fon fyftême complet fur l'enchaînement
des continens connus avec celui des terres
Antarctiques dont on connoît trois points principaux
, l'Auteur a examiné l'existence de ces terres.
Il en fixe l'étendue & la figure , dans un mémoire
que le temps ne lui a pas permis de life à la
derniere rentrée publique de l'Académie des
Sciences .
"
M. Hardouin Manfard-de Lévy- de Sagonne ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
de l'Académie Royale d'Architecture , & ancien
Architecte du Roi , prêta ferment le 22 entre les
mains de Sa Majefté , pour la charge de Lieutemant
de Roi de la Province de Bourbonnois.
Le Roi a accordé le brevet de Lieutenant de Frégate
, avec une gratification de quatre cens livres ,
a M. Rozier , commandant le Navire le Robufte ,
qui foutint le & du mois dernier , & les deux jours
fuivans trois combats très- vifs contre une Frégate
Angloife , fort fupérieure en forces , & le 11 du
même mois un autre combat contre un Corfaire
de 200 hommes d'équipage. Sa Majéſté a donné
une épée au Lieutenant de M. Rozier , une gratification
de trois mille livres pour l'équipage du
Navire le Robufte , & pour les Volontaires étrangers
embarqués fur ce Bâtiment , une de quatre
cens livres au Chevalier de Saint - Rome qui commande
ces derniers , & une de trois cens à M. de
Gaignerau fon Lieutenant.
Le fieur Martel , commandant la Frégate du
Roi la Valeur , s'eft emparé le 28 du mois de
Mars , à la vue de Belle -Iffe , d'un Corſaire Anglois
armé de 10 canons , 10 pierriers , & 70
hommes d'équipage .
*
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne
a relâché à Dunkerque , où le Capitaine Libert
qui le commande , a remis les ôtages des fept
rançons qu'il a faites , & qui montent enfemble
$ 3000 liv.
On mande de Saint -Malo , que le Capitaine
Thomas Donat , qui commande le Corfaire la
Duc d'Aiguillon , de ce Port , y a conduit le Corfaire
Anglois le Blackeney , armé de 16 canons
& de 12 pierriers. Il s'en eft emparé à la vue des
Sept-Ifles.
>
Le Corfaire l'Aurore ,, de Bayonne , dont eft
JUIN. 1757.
1994 :
Gapitaine le fieur Lavernis , s'eft rendu maitre des
Navires Anglois l'Induftrie & l'Ami , venant de
la Caroline . Ils font chargés , l'un de 25441 livres
d'indigo , de 25 barrils de riz , de 135 barrils de
goudron , & de 86 barrils de brai ; l'autre de 36341
livres d'indigo , de 1-32 barriques de café , de 3
boucauts de fucre , de pelleteries , & d'autres
marchandiſes.
Le Capitaine Saubat- Balanqué , commandant
la Marquise d'Amon , autre Corfaire de Bayonne,
s'eft emparé du Navire Anglois le Duc de Scarbo
rough , de 160 tonneaux , chargé de faumon falé
& d'autres marchandiſes. Cette prife a été conduite
en ce Port .
Le Vaiffeau du Roi l'Hippopotame , armé en
courſe , & commandé par le fieur de Pigache
Lieutenant de Vaiffeau , a pris & fait conduire à
Marſeille le Navire Anglois l'Elifabeth , qui alloit,
d'Yarmouth à Venife avec un chargement
compofé de plomb & de falaiſons .
On a été informé par des lettres écrites de Mahon
, que le nommé François Nufa , Minorcain ,
qui commande un des quatorze Corfaires armés
en ce Port , a pris à l'abordage deux Navires An
glois , l'un de 14 canons l'autre de 2 , & qu'il les
a conduits à Cartagene . Ces deux priſes font d'une
valeur affez conſidérable .
Le Capitaine Martin la Fargue , commandant
Le Corfaire l'Aigle , de Bayonne , y eft rentré le
4 Avril , avec deux Navires Anglois , dont il
s'eft rendu maître. Ces deux Navires , appellés
Pun la Charmante Nancy , l'autre la Charmante
Marthe , font très- richement chargés. La cargai
fon du premier confifte en 87577 livres d'indigo ,
189 futailles de fucre , 223 futailles de café , 75
futailles de riz , 25 furons de kina , 6 furons de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tabac d'Efpagne , 62 madriers de bois d'Acajou ,
1 pipe de vin de Madere , 36 cuirs de boeuf en
poil , a barriques de cortera , 5 tonneaux de bois
de Bréfil , & 13 tonneaux de bois de Campe
che. Le fecond a pour chargement 103000 li
vres d'indigo , 37 futailles de fucre , une pipe
de vin de Madere , 151 futailles de riz , 100
furons de tabac d'Eſpagne , 10 tonneaux de bois
de Campeche , to furons de kina , 30 futailles de
café , 27 futailles de peaux de chevreuil 1 barril
&6 paquets de pelleteries , 29 paux d'ours , 186
barrils de goudron , & une caiffe contenant 10 li
vres d'ambre gris.
>
L'Espérance , autre Corfaire de Bayonne , commandé
par le Capitaine Dotatce , a pris & a fait
conduire à Bordeaux le Navire le Marchand , de
80 tonneaux , chargé de vin de Malvoiſie , & de
fruits.
Le Corfaire le Comte de Saint-Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Flot , de 180 tonneaux , venant de la Caroline
avec un chargement de 325 boucauts de tabac ;
l'Anne , de 170 tonneaux , n'ayant que fon left ,
& d'un autre Bâtiment qu'il a rançonné pour 100
livres sterlings.
Le Capitaine Jalineau , commandant le Corfaire
la Comteffe de Noailles , de Bordeaux , s'eft
zendu maître du Corfaire Anglois la Molley , de
de Jerzey , de 18 Canons , 14 pierriers & 93
hommes d'équipage , & il l'a conduit à Breft.
On mande de Bayonne , que le Corfaire la Repréfaille
, de ce Port , a pris & y a fait conduire
le Navire Anglois la Ducheffe de Blewford , de
Briſtol , de 166 tonneaux , chargé de fucre , girofle
, poivre , gingembre , & autres marchandifes.
Des lettres écrites de Marfeille marquent que
JUI N. 1757.
201
le Corfaire le Bien- Aimé , de ce Port , y á conduit
le Navire Anglois le Faffi , dont il s'eft emparé
, & dont le chargement confifte principalement
en huile .
Le Capitaine Libert , commandant le Corfairé
le Duc d'Aumont , de Boulogne , eft entré à
Dunkerque , où il a remis les otages de fept
rançons montant enſemble à 1000os livres.
Les Corfaires la Difficulté & l'Hyver , du Havre
, y ont fait conduire le petit Corfaire Anglois
le Héros , armé de 2 canons , 8 pierriers , & 25
hommes d'équipage. Ils s'en font emparés à l'embouchure
de la riviere de Caén .
On mande de Saint-Malo , que le Corfaire
le Marquis de Puyzieulx , de ce Port , s'eft rendu
maître du Corfaire Anglois le Tartare , de
Guernezey , ( ci- devant la Baftienne , de Boulo.
gne ) de huit canons , 8 pierriers , & 56 hom
mes d'équipage.
a
Le Capitaine Magnonet qui commande le Corfaire
le Machault , de Granville , a pris & à fait
conduire à Rofcoff deux Bâtimens Anglois : l'un
eft un Corſaire de Guernezey , de 8 canons , 10
pierriers , & 53 hommes d'équipage ; l'autre eft
un Navire armé de 4 petits canons , ayant pour
chargement 245 futailles de fucre , & 46 milliers
de café .
Un autre Corfaire du même nom , armé à
Saint-Malo , s'eft rendu maître de la Corvette du
Roi d'Angleterre le Merlin , de 12 canons , &
107 hommes d'équipage. On a trouvé fur cette
Corvette , qui eft arrivée à Breft , une grande
quantité de munitions de guerre. Le même Cor
faire s'eft emparé d'un autre Bâtiment armé en
guerre avec 16 canons , 16 pierries , & 85 hommes
d'équipage.
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Il est arrivé à Bayonne un Navire Anglois aps.
pellé le Spitwel , de Londres. Il a été pris par le
Capitaine Fau , commandant le Corfaire la Repré
Jaille. Son chargement confifte en 658 futailles
de riz , 70 barrils de café , 53 barrils ou caiffes .
d'indigo , 11 barriques de pelleteries , 9 barriques
de bois de canelle , & is tonneaux de bois
de campeche.
On eft informé qu'un Corfaire François s'eft
emparé , dans les Mers du Nord , d'un Navire
Anglois richement chargé , & qu'il l'a conduit à
Bergue en Norwege..
Le Capitaine Olivier-Jean Bellanger , com
mandant le Corfaire le Caincy , de Dieppe , a remis
à Dunkerque les ôtages dedeux rançons qu'ik
a faites , & qui montent enſemble à 450 guinées.
Il eft arrivé à Dunkerque un Navire Anglois ,
appellé le Janet & Bety , de 60 tonneaux ,, char
gé de vin , d'eau-de-vie , de riz , & d'autres mar
chandifes. Il a été pris par le Corfaire le Duc d'Aumont
de Boulogne,
Les Corfaires la Difficulté & l'Hiver , du Havre,
ont pris & conduit à la Hougue le petit Corfaire
l'Aventure- Galley , de Jezey , armé de 4
pierriers , & de 17 hommes d'équipage.
Le Corfaire la Philippine , de Calais , y eft,
rentré avec les ôtages de cinq rançons qu'il a fai
tes, & qui montent enfemble à 795 guinées.
Les Bateaux Anglois le Jean & Marie & ls,
Thomas & Guillaume , l'un chargé d'huîtres
l'autre n'ayant que fon left , ont été, pris par les
Corfaires le Marquis de Villequier , la Princeffe,
de Condé & la Bonne Foy , qui les ont conduits à
Boulogne.
On mande du Havre , qu'il y eft arrivé trois,
Navires Anglois , appellés, l'un le Marchandde
y I
"
1
JUIN. 1757. 203.
Schiedam de 220 tonneaux , l'autre la Dame
Fortune , de 200 tonneaux ; & le troifieme le
Saint-Georges , de 140 tonneaux. Ces trois Bâtimens
, qui font chargés de charbon de terre , ont
été pris par le Corfaire la Victoire , de Saint-
Malo.
Le Puyzieulx , autre Corfaire de ce port , y a
conduit le Navire Anglois le Tigre , .de 230 ton--
neau , allant de la Virginie à Londres avec un char--
gement de 433 boucauts de tabac , 34. tonneaux
de fer , & autres marchandiſes.
Le même Corfaire , & un autre nommé l'In--
vincible , fe font emparés du Corfaire l'Amazone ,,
de Grenezey , armé de 16 canons , 10 pierriers ,,
& 94 hommes d'équipage.
On apprend par des lettres écrites de la Ro--
chelle , que le Corfaire le Maréchal de Richelieu ,
de Nantes , a conduit dans ce premier Port le:
Corfaire le Grenezey , de Grenezey , armé de 200
canons & de 180 hommes d'équipage. Il s'en eft
emparé après un combat de trois heures..
LE 2 Avril , le Roi tint le Sceau pour la troifieme
fois dans la même piece de fon appartement ,
où Sa Majesté l'avoit tenu le 4 & le 18 du mois
de Mars. Les fix Maîtres des Requêtes , nommés par le Roi pour affifter
au Sceau pendant
ce trimeftre
, font Mrs. de Bercy , de Villeneuve ,
d'Argouges de Fleury , Bernard de Balinvilliers ,
le Nain , & Amelot de Chaillou . Après que M.
Jolly , Grand Audiencier de France , eut préfenté
les Lettres dont il étoit chargé ; ils firent
ainfi que le Confeiller du Grand Confeil , Grand
Rapporteur , le rapport de celles qui les concernent.
M. Charpentier , Contrôleur Général de
la Chancellerie , a rempli les fonctions de cette
charge. Elles avoient été remplies dans le trimeftre
de Janvier par M. Chazelle , alors en
exercice . Les trois jours que Sa Majeſté a tenu le
Sceau , M. de la Haye , Procureur du Roi des
Requêtes de l'Hôtel , & Général des grande &
petite Chancelleries , a occupé la place qui lui
eft marquée derriere les Maîtres des Requêtes.
On effuya à Paris , le même jour au foir , un ouragan
des plus terribles . Cette tempête a embraf
fé une grande étendue de pays , & a caufé des
188 MERCURE DE FRANCE.
dommages confidérables en plufieurs endroits
Elle a été , particuliérement au Havre , l'occafion
d'un finiftre événement. L'impétuofité du
vent ayant emporté une partie du comble de la
falle de la Comédie , une autre partie de ce
comble eft tombée fur les luftres & fur les lampions
du théâtre. Le feu a pris aux décorations ,
& bientôt à toute la falle . Il y avoit près de
cinq cens perfonnes au fpectacle. Onze ont été ,
les unes écrasées , les autres brûlées ou étouffées .
Vingt autres ont été bleffées . Toute la falle a
été réduite en cendres. L'incendie a duré trois
heures. Il auroit confumé la ville entiere , fi les
fecours qu'on apporta n'euffent arrêté le progrès
des Aammes.
Le Jeudi-Saint , l'Evêque de Saint - Omer ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de la Cene de M. Frefneau , Vicaire de la Paroiffe
Royale de Saint Germain l'Auxerrois à
Paris ; Sa Majesté a lavé les pieds à douze pauvres
, & les a fervis à table. Le Prince de Condé ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc
de Penthievre , & par les principaux Officiers
de Sa Majesté . Après cette cérémonie , le Roi
& la Reine fe font rendus à la Chapelle , où
Leurs Majeftés ont entendu la grande Meffe , &
ont affifté enfuite à la Proceffion.
Le 11 , Madame la Comteffe de Giſors , à qui le
Roi a accordé un Brevet d'Honneur, eut l'honneur
de faluer Leurs Majeftés , & prit le tabouret .
Le Roi a choifi l'Evêque , Duc de Laon , pour
JUIN. 1757. 189
remplacer en qualité d'Ambaſſadeur de Sa Majeſté
auprès du Saint Siege, le Comte de Stainville , qui
doit aller réfider avec le même caractere auprès de
l'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme.
Le 17 Avril , les Députés des Etats d'Artois
eurent audience du Roi , étant préſentés par M.
le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province >
& par M. le Marquis de Paulmy, Miniftre & Secre
taire d'Etat , & conduits par M. Defgranges , Maître
des Cérémonies. La députation étoit compofée,
pour le Clergé , de l'Evêque de Saint- Omer , qui
porta la parole ; du Marquis de Creny , pour la
Nobleffe , & de M. de Canchy , Maire d'Arras
pour le Tiers Etat.
"
Le Roi a accordé la Cornette vacante dans la
feconde compagnie des Moufquetaires par la mort
de M. le Marquis de Villegagnon , à M. de Keret
de Keravel , premier Maréchal des Logis de cette
Compagnie. Sa Majefté en cette occaſion a bien
voulu rappeller un ufage long-temps fuivi par
rapport aux deux compagnies de Moufquetaires.
Toute la Nobleffe apprendra fans doute avec
plaifir une nouvelle qui intéreffe un Corps ,
dans lequel elle a toujours tenu à honneur de faire
au moins fes premieres campagnes.
Le 10 Mai , le Roi tint le Sceau , pour la cinquieme
fois. Avant le Sceau , les Secretaires du
Roi eurent l'honneur de préfenter à Sa Majeſté
dans fon Cabinet la bourfe de jettons , que cette
Compagnie donne ordinairement au Garde des
Sceaux le jour de S. Jean Porte-Latine. M. Carpot,
comme l'ancien des Secretaires du Roi préfens ,
porta la parole. La bourfe fut préſentée par
M. Hemart , Tréſorier de la Compagnie.
Le 11 Mai , le Roi , accompagné de Monſei
gneur le Dauphin , fit dans la plaine des Sablons ,
190 MERCURE DE FRANCE.
la revue des Régimens des Gardes Françoiſes &
Suiffes. Ces deux Régimens , après avoir fait
l'exercice , défilerent en préfence de Sa Majesté.
Madame & Mefdames Victoires & Sophie , af
fifterent à cette revue. Le peuple exprima par fes
acclamations réitérées la joie que lui inſpiroit la
préfence de Sa Majesté.
Le Roi a agréé , pour la place de Colonel-
Lieutenant du Régiment d'Infanterie d'Orléans ,
vacante par la démiffion du Comte de Balleroy ,
le Marquis Saujon , Colonel dans les Grenadiers
de France. Sa Majefté a nommé le Comte de
Guines de Souaftre , & le Chevalier de Durfort ,
Colonels dans le Corps des mêmes Grenadiers.
La convention conclue entre le Roi & l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , fur le
fervice de leurs armées combinées , étant d'une trop
grande étendue pour pouvoir être inférée ici en
entier , on fe contentera d'en extraire les principaux
articles :
« Les troupes de S. M.Très- Chrétienne n'étant
» qu'auxiliaires des troupes de S. M. l'Impératrice
» Reine, celles - ci auront toujours la droite en quel
» que nombre qu'elles fe trouvent avec les trou-
» pes Françoifes , excepté dans le cas où la difpo-
» fition militaire ne pourroit pas permettre aux
» troupes de former la totalité de l'aîle droite ,
>> premiere & feconde ligne : en ce cas , l'Infan-
» terie de Sa Majesté l'Impératrice aura la totalité
» de la droite de l'infanterie , premiere & fecon-
» de ligne ; le Corps de la Cavalerie , premiere
» & feconde ligne , fera placé & joint à la droite
» de l'Infanterie , & le furplus de la Cavalerie ,
>> néceffaire pour former l'aîle droite , fera fourni
» par les troupes Françoifes. Dans le même cas
où les troupes Françoifes feront auxiliaires , &
JUIN. 1757. 191
où elles feront en moindre nombre que les trou
» pes de l'Impératrice Reine , elles feront mifes
» en bataille fur l'aîle gauche dans le même or→
» dre , qui vient d'être expliqué pour l'aîle droite
» en parlant des troupes de l'Impératrice Reine..
>> Mais fi au contraire , par quelque cas impré-
» vu , les troupes de l'Impératrice Reine devien
» nent auxiliaires du Corps des troupes Françoi-
» fes , elles prendront pofte à la gauche , fuivant
» les difpofitions prefcrites ci - deffus pour les trou-
» pes Françoifes , lorfqu'elles étoient dans le cas
» d'être auxiliaires .
» Quelque grade militaire que puiffe avoir l'Of-
>> ficier qui commandera en chef les troupes de l'u-
» ne ou de l'autre Nation , qui feront en moindre
» nombre dans une armée combinée , il fera tou-
» jours la feconde perfonne de l'armée , fans pouvoir
devenir la premiere , quand même le com-
» mandement tomberoit entre les mains d'un
» Officier Général des troupes de l'autre Nation ,
» qui feroit d'un grade inférieur au fien.
La préférence pour le commandement entre
» les Officiers Généraux des deux Nations , Officiers
Supérieurs , & autres , fera toujours réglée
» par la date des pouvoirs , brevets & commiffions
defdits Officiers , auxquels , à grade égal ,
» l'ancienneté donnera toujours le droit de com-
> mander.
» Comme il y a dans les troupes des deux Puiffances
, des grades différens les uns des autres ,
» tels que ceux de Brigadiers d'Infanterie , de
» Cavalerie & de Dragons , dans les troupes de
» S. M. T. Chrétienne , & ceux de Généraux d'Infanterie
& de Cavalerie dans les armécs de l'Impératrice
Reine ; & comme il eft néceffaire d'égalifer
le fervice par quelque expédient , qui
5
192 MERCURE DE FRANCE.
»fatisfaffe également aux ufages des deux Nations ?
l'Impératrice Reine défignera autant de Colonels
de fes troupes , qu'Elle le jugera à propos ,
» pour faire le ſervice de Brigadiers dans les ar-
» mées combinées ; & de fon côté S. M. T. C.
défignera le nombre qu'Elle jugera à propos de
Lieutenans-Généraux de ſes armées , pour faire
» le fervice de Généraux de Cavalerie & d'Infante.
» rie dans lefdites armées combinées .
>> Tous les Généraux de Cavalerie ou d'Infante-
» rie de l'une ou de l'autre Nation , foit qu'ils
>> aient réellement le grade , foit qu'ils foient
» fimplément défignés & admis à en remplir les
>> fonctions , prendront rang entr'eux pour le
> commandement , du jour de la date de leurs
» pouvoirs , ou commiffions de Lieutenans - Gé-
» néraux.
» De même les Brigadiers de l'une & l'autre
» Nation , ou poffédant réellement ce titre , ou en
>> étant revêtus occafionnellement , prendront rang
» entr'eux , pour le commandement & le fervice ,
» du jour de la date de leurs commiffions reſpecti
» ves de Colonels. Quant aux Lieutenans- Colo-
» nels François , employés en leur qualité de Brigadiers
, ils prendront rang avec les Officiers
» Autrichiens défignés pour faire ledit fervice de
Brigadiers , fuivant la date de leurs brevets de
» Brigadiers ; & les mêmes Colonels Autrichiens ,
» défignés pour tenir rang avec les Brigadiers , fe
» régleront en conféquence , fuivant la date de
» leurs commiffions de Colonels , avec lefdits
Lieutenans -Colonels des troupes Françoiſes ,
» du jour que lesdits Lieutenans-Colonels auront
» été nommés au grade de Brigadier .
» L'ufage étant parmi les troupes Françoifes ,
que dans les détachemens l'Officier de Cava-
» lerię
JUIN. 1757.
193
» lerie commande en plaine , & que lorsque le
» même détachement ſe trouve dans les Places ou
» dans des lieux fermés , le commandement appartient
, à grade égal , à l'Officier d'Infante
» rie : au contraire , parmi les troupes Autri
» chiennes , le commandement ne variant jamais ,
foit en plaine , foit dans les lieux fermés , cha
» que Nation fuivra fes regles à cet égard. Et
toutes les fois qu'il y aura variation entre les
» Commandans des troupes Françoiſes en confé
» quence de leurs Ordonnances , le nouveau Com.
» mandant fera toujours en droit de fe régler avec
» les Commandans des troupes Autrichiennes par
n la date de leurs commiffions refpectives. Mais
» l'Officier Autrichien commandera , foit en plai
» ne , foit dans les lieux fermés , s'il eft ancien
» ou fuivant fon ancienneté fur celui des deux
» qui appartiendra de droit le commandement
» fur les troupes Françoifes.
- >> Le Commandant en chefdu Corps de troupes
>> des deux Nations , qui fera en moindre nomwbre
dans une armée combinée , fera appellé à
> tous les Confeils de guerre , & à fon défaure
l'Officier Général , ou autre à qui le comman~
» dement des troupes de fa Nation fera échu...
7
Il ne pourra rien diminuer ni changer aux
»-bans que les Général de Parmée fera publier :
» cependant comme il peut y avoir dans les ufa-
» ges de l'une des deux Nations , des punitions
plus féveres pour certains crimesque dans l'au
>>>- tre , chaque Nation, fuivra fes uſages à cet
» égard ; & le Commandant des troupes qui fe
» ront en moindre nombre à l'armée pourra tou
»jours ajouter au ban du Général de l'armée , ce
» qu'il croira néceffaire pour la plus févere punition «
» des délits , & pour l'entière exécution des Or- e
• II. Vol b anellinred I
194 MERCURE DE FRANCE.
I
» donnances de fon Souverain , auxquelles il aura
> attention de fe conformer ; mais il ne pourra
jamais rien diminuer à l'efpece des punitions qui
» feront ordonnées par lefdits bans du Général
» de l'armée , quand même les uſages de få Nay
tion feroient différens. .....
» Il pourra faire grace aux criminels des trou-
» pes de fa Nation pour les cas de fa juftice parti-
>> culiere , mais non pas pour les délits commis
> contre les défenfes portées dans les bans publiés
» par l'ordre du Général de l'armée , à qui feul ce
droit appartiendra ; mais de fon côté le Général
» de l'armée ne pourra pas faire grace à un crimi-
>> nel qui auroit été condamné par le Confeil de
guerre de l'autre Nation , fur les fujets de laquelle
le droit de vie & de mort appartient à
» fon feul Souverain , ou à celui qui le repréfente.
» Le feul Général de l'armée combinée aura
» droit de donner des fauve -gardes ; mais lorfqu'il
en enverra , il en fera fourni proportion-
»> nellement par les troupes des deux Nations.
» On fuivra , pour la façon de camper , & pour
» les détails du campement , les ufages de chaque
» Nation . Elles fuivront de même leurs ufages
» pour leur ordre de bataille particulier.
A l'égard des marches générales de l'armée ;
» quoique l'on convienne que les troupes belligé
Drantes doivent toujours avoir la droite & Pa-
>>. vant-garde , cependant il eft des occafions , où,
» en corps d'armée , cette difpofition ne peut pas
» avoir lieu militairement , & le Général de l'ar-
» mée fera le maître de faire , à ce ſujet , les dif
p.pofitions telles qu'il le jugera à propos.
ม
En détachement , les troupes de la Nation
belligérante auront toujours l'avant- garde en
pallant à l'ennemi, & l'arriére- garde dans les cas
» de retraite ; les bataillons de la même Nation ,
JUIN. 1757. 195
la droite dans la tranchée ; & leurs Compagnies
» de Grenadiers , la tête de la ſappe.
» Les Gardes & détachemens feront fournis par
proportion réciproque du nombre complet des
» troupes de chaque Nation , qui formeront l'armée
combinée . Chaque garde ne fera jamais
» compofée que de troupes de la même Nation .
» Les détachemens de cinquante hommes , & au
» deffous , ne feront de même jamais compofés
» que de troupes de la même Nation . Les déta-
*
chemens plus confidérables feront compofés de
» plufieurs troupes de cinquante hommes des
» troupes des deux Nations , en proportion de
» leurs forces. Et comme les Officiers particuliers
» des troupes Autrichiennes font en moindre
» nombre que ceux des troupes Françoifes , ils
» n'enfourniront que la moitié de ceux qui feront
» commandés pour les détachemens des troupes
>> Françoiſes , à moins que pour des raifons par-
❤ticulieres le Commandant Général de leur Na-
» tion ne jugeât à propos d'y faire marcher un
plus grand nombre d'Officiers.
» Dans les difpofitions qui feront faites pour
» l'emplacement des troupes des deux Nations
dans des cantonnemens ou des quartiers d'hywwer
, on obfervera , autant qu'il fera poffible
» de les placer fuivant l'ordre de bataille que les
troupes des deux Nations tiennent entr'elles à
l'armée.
» Si les circonstances , la nature du pays , les
objets militaires , ou autre raiſons , ne permet-
>> toient pas de fuivre cet ordre , on obfervera de
ne point entremêler les troupes d'une Nation
» avec celles de l'autre , & de leur former un ar-
» rondiffement , de façon que le corps qui fera
» en moindre nombre , de même que celui qui
Î ij
196 MERCURE DE FRANCE.
» fera en plus grand nombre , foient placés , fans
» interruption , en premiere , feconde & troifie-
» me ligne.
Il en fera de même pour les fourrages ; &
» dans ceux qui feront faits , foit au verd , ſoit au
» fec , on obfervera d'affigner, à chaque Nation
» un terrein marqué , ou un arrondiffement de
» Villages , qui faffe que chaque Nation puiſſe
» fourrager fans le mêler avec l'autre.
Cette convention , qui contient trente-huit articles
, fut fignée à Vienne le 25 du mois de Février
dernier , au nom du Roi , par le Maréchal
d'Eftrées , Plénipotentiaire de Sa Majefté , & au
nom de l'Impératrice Reine de Hongrie & de
Boheme , par le Feld- Maréchal Comte de Neipperg,
chargé des pouvoirs de cette Princeffe. La
ratification du Roi eft datée du 19 Mars , & celle<<
de l'Impératrice Reine , du 25 du même mois.
Le 11 Mai , les Chevaliers de l'Ordre de Saint-
Michel tinrent un Chapitre dans le grand Gouvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Duc de Vil
leroy, Chevalier des Ordres du Roi , y préfida en..
qualité de Commiffaire de Sa Majesté. H reçut
Chevaliers M. Dupleix , ci-devant Gouverneur de
Pondichery , & Commandant en chef dans les établillemens
François aux Indes Orientales ; M, Faucher,
Commiffaire des Guerres , qui a été emploié ‹
pour les affaires du Roi à Genes, & à Turin , &
M. Laurent , Ingénieur célebre par l'invention de
plufieurs machines auffi utiles qu'ingénieuſes. Le
Baron d'Olne , Liégeois M. Olivieri , premier
Sculpteur du Roi d'Efpagne , &@M. Zabielo
, Gentilhomme de Lithuanie , que le Roi a
nommés Chevaliers , furent préconisés dans les
mêmeChapitre Sa Majefté a mis auffi au nombre
des Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel M.
L
197
$
JUIN
. 1757.
Haufer , Bailli du canton de Glaris , & M. Freuler,
Banneret & Brigadier du même Canton.
Le 12,le Roi & Madame furent parrein & marreine
de M. Bontemps , un des quatre Valets de
Chambre de Sa Majefté , & dont la famille depuis
quatre générations poffede cette charge. Il a éte
nommé Louis Pierre- Dominique. Les cérémonies
du Baptême lui furent fuppléées.dans la Chapelle
du Château , en préfence du Curé de la Paroiffe de
Notre-Dame , par l'Abbé de Sainte Aldegonde ,
Aumonier du Roi.
Leurs Majeftés fignerent le 15 le contrat de
mariage de M. Bontemps avec Mlle. Teiffier , fille
de l'ancien Maître de la Chambre aux Deniers ,
& celui de M. Teiffier fils avec Dlle. Bontemps.
Sur la démiffion de M. de Pontcarré , de Roi a
nommé premier Préfident du Parlement de Nor.
mandie M. Hue de Miromefnil , Maître des Requêtes.
M. Buache , de l'Académie Royale des Sciences
, a eu l'honneur de préfenter au Roi un rẻ-
ceuil de cartes & de tables , approuvées par cette
compagnies : elles établiffent un fyftême de géographie
phyfique fur la ftructure du globe , conconfidérée
par les grandes chaînes de montagnes,
qui traverfent les continens , comme les mers
d'un pôle à l'autre , & d'Occident en Orient.
Pour rendre fon fyftême complet fur l'enchaînement
des continens connus avec celui des terres
Antarctiques dont on connoît trois points principaux
, l'Auteur a examiné l'existence de ces terres.
Il en fixe l'étendue & la figure , dans un mémoire
que le temps ne lui a pas permis de life à la
derniere rentrée publique de l'Académie des
Sciences .
"
M. Hardouin Manfard-de Lévy- de Sagonne ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
de l'Académie Royale d'Architecture , & ancien
Architecte du Roi , prêta ferment le 22 entre les
mains de Sa Majefté , pour la charge de Lieutemant
de Roi de la Province de Bourbonnois.
Le Roi a accordé le brevet de Lieutenant de Frégate
, avec une gratification de quatre cens livres ,
a M. Rozier , commandant le Navire le Robufte ,
qui foutint le & du mois dernier , & les deux jours
fuivans trois combats très- vifs contre une Frégate
Angloife , fort fupérieure en forces , & le 11 du
même mois un autre combat contre un Corfaire
de 200 hommes d'équipage. Sa Majéſté a donné
une épée au Lieutenant de M. Rozier , une gratification
de trois mille livres pour l'équipage du
Navire le Robufte , & pour les Volontaires étrangers
embarqués fur ce Bâtiment , une de quatre
cens livres au Chevalier de Saint - Rome qui commande
ces derniers , & une de trois cens à M. de
Gaignerau fon Lieutenant.
Le fieur Martel , commandant la Frégate du
Roi la Valeur , s'eft emparé le 28 du mois de
Mars , à la vue de Belle -Iffe , d'un Corſaire Anglois
armé de 10 canons , 10 pierriers , & 70
hommes d'équipage .
*
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne
a relâché à Dunkerque , où le Capitaine Libert
qui le commande , a remis les ôtages des fept
rançons qu'il a faites , & qui montent enfemble
$ 3000 liv.
On mande de Saint -Malo , que le Capitaine
Thomas Donat , qui commande le Corfaire la
Duc d'Aiguillon , de ce Port , y a conduit le Corfaire
Anglois le Blackeney , armé de 16 canons
& de 12 pierriers. Il s'en eft emparé à la vue des
Sept-Ifles.
>
Le Corfaire l'Aurore ,, de Bayonne , dont eft
JUIN. 1757.
1994 :
Gapitaine le fieur Lavernis , s'eft rendu maitre des
Navires Anglois l'Induftrie & l'Ami , venant de
la Caroline . Ils font chargés , l'un de 25441 livres
d'indigo , de 25 barrils de riz , de 135 barrils de
goudron , & de 86 barrils de brai ; l'autre de 36341
livres d'indigo , de 1-32 barriques de café , de 3
boucauts de fucre , de pelleteries , & d'autres
marchandiſes.
Le Capitaine Saubat- Balanqué , commandant
la Marquise d'Amon , autre Corfaire de Bayonne,
s'eft emparé du Navire Anglois le Duc de Scarbo
rough , de 160 tonneaux , chargé de faumon falé
& d'autres marchandiſes. Cette prife a été conduite
en ce Port .
Le Vaiffeau du Roi l'Hippopotame , armé en
courſe , & commandé par le fieur de Pigache
Lieutenant de Vaiffeau , a pris & fait conduire à
Marſeille le Navire Anglois l'Elifabeth , qui alloit,
d'Yarmouth à Venife avec un chargement
compofé de plomb & de falaiſons .
On a été informé par des lettres écrites de Mahon
, que le nommé François Nufa , Minorcain ,
qui commande un des quatorze Corfaires armés
en ce Port , a pris à l'abordage deux Navires An
glois , l'un de 14 canons l'autre de 2 , & qu'il les
a conduits à Cartagene . Ces deux priſes font d'une
valeur affez conſidérable .
Le Capitaine Martin la Fargue , commandant
Le Corfaire l'Aigle , de Bayonne , y eft rentré le
4 Avril , avec deux Navires Anglois , dont il
s'eft rendu maître. Ces deux Navires , appellés
Pun la Charmante Nancy , l'autre la Charmante
Marthe , font très- richement chargés. La cargai
fon du premier confifte en 87577 livres d'indigo ,
189 futailles de fucre , 223 futailles de café , 75
futailles de riz , 25 furons de kina , 6 furons de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tabac d'Efpagne , 62 madriers de bois d'Acajou ,
1 pipe de vin de Madere , 36 cuirs de boeuf en
poil , a barriques de cortera , 5 tonneaux de bois
de Bréfil , & 13 tonneaux de bois de Campe
che. Le fecond a pour chargement 103000 li
vres d'indigo , 37 futailles de fucre , une pipe
de vin de Madere , 151 futailles de riz , 100
furons de tabac d'Eſpagne , 10 tonneaux de bois
de Campeche , to furons de kina , 30 futailles de
café , 27 futailles de peaux de chevreuil 1 barril
&6 paquets de pelleteries , 29 paux d'ours , 186
barrils de goudron , & une caiffe contenant 10 li
vres d'ambre gris.
>
L'Espérance , autre Corfaire de Bayonne , commandé
par le Capitaine Dotatce , a pris & a fait
conduire à Bordeaux le Navire le Marchand , de
80 tonneaux , chargé de vin de Malvoiſie , & de
fruits.
Le Corfaire le Comte de Saint-Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Flot , de 180 tonneaux , venant de la Caroline
avec un chargement de 325 boucauts de tabac ;
l'Anne , de 170 tonneaux , n'ayant que fon left ,
& d'un autre Bâtiment qu'il a rançonné pour 100
livres sterlings.
Le Capitaine Jalineau , commandant le Corfaire
la Comteffe de Noailles , de Bordeaux , s'eft
zendu maître du Corfaire Anglois la Molley , de
de Jerzey , de 18 Canons , 14 pierriers & 93
hommes d'équipage , & il l'a conduit à Breft.
On mande de Bayonne , que le Corfaire la Repréfaille
, de ce Port , a pris & y a fait conduire
le Navire Anglois la Ducheffe de Blewford , de
Briſtol , de 166 tonneaux , chargé de fucre , girofle
, poivre , gingembre , & autres marchandifes.
Des lettres écrites de Marfeille marquent que
JUI N. 1757.
201
le Corfaire le Bien- Aimé , de ce Port , y á conduit
le Navire Anglois le Faffi , dont il s'eft emparé
, & dont le chargement confifte principalement
en huile .
Le Capitaine Libert , commandant le Corfairé
le Duc d'Aumont , de Boulogne , eft entré à
Dunkerque , où il a remis les otages de fept
rançons montant enſemble à 1000os livres.
Les Corfaires la Difficulté & l'Hyver , du Havre
, y ont fait conduire le petit Corfaire Anglois
le Héros , armé de 2 canons , 8 pierriers , & 25
hommes d'équipage. Ils s'en font emparés à l'embouchure
de la riviere de Caén .
On mande de Saint-Malo , que le Corfaire
le Marquis de Puyzieulx , de ce Port , s'eft rendu
maître du Corfaire Anglois le Tartare , de
Guernezey , ( ci- devant la Baftienne , de Boulo.
gne ) de huit canons , 8 pierriers , & 56 hom
mes d'équipage.
a
Le Capitaine Magnonet qui commande le Corfaire
le Machault , de Granville , a pris & à fait
conduire à Rofcoff deux Bâtimens Anglois : l'un
eft un Corſaire de Guernezey , de 8 canons , 10
pierriers , & 53 hommes d'équipage ; l'autre eft
un Navire armé de 4 petits canons , ayant pour
chargement 245 futailles de fucre , & 46 milliers
de café .
Un autre Corfaire du même nom , armé à
Saint-Malo , s'eft rendu maître de la Corvette du
Roi d'Angleterre le Merlin , de 12 canons , &
107 hommes d'équipage. On a trouvé fur cette
Corvette , qui eft arrivée à Breft , une grande
quantité de munitions de guerre. Le même Cor
faire s'eft emparé d'un autre Bâtiment armé en
guerre avec 16 canons , 16 pierries , & 85 hommes
d'équipage.
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Il est arrivé à Bayonne un Navire Anglois aps.
pellé le Spitwel , de Londres. Il a été pris par le
Capitaine Fau , commandant le Corfaire la Repré
Jaille. Son chargement confifte en 658 futailles
de riz , 70 barrils de café , 53 barrils ou caiffes .
d'indigo , 11 barriques de pelleteries , 9 barriques
de bois de canelle , & is tonneaux de bois
de campeche.
On eft informé qu'un Corfaire François s'eft
emparé , dans les Mers du Nord , d'un Navire
Anglois richement chargé , & qu'il l'a conduit à
Bergue en Norwege..
Le Capitaine Olivier-Jean Bellanger , com
mandant le Corfaire le Caincy , de Dieppe , a remis
à Dunkerque les ôtages dedeux rançons qu'ik
a faites , & qui montent enſemble à 450 guinées.
Il eft arrivé à Dunkerque un Navire Anglois ,
appellé le Janet & Bety , de 60 tonneaux ,, char
gé de vin , d'eau-de-vie , de riz , & d'autres mar
chandifes. Il a été pris par le Corfaire le Duc d'Aumont
de Boulogne,
Les Corfaires la Difficulté & l'Hiver , du Havre,
ont pris & conduit à la Hougue le petit Corfaire
l'Aventure- Galley , de Jezey , armé de 4
pierriers , & de 17 hommes d'équipage.
Le Corfaire la Philippine , de Calais , y eft,
rentré avec les ôtages de cinq rançons qu'il a fai
tes, & qui montent enfemble à 795 guinées.
Les Bateaux Anglois le Jean & Marie & ls,
Thomas & Guillaume , l'un chargé d'huîtres
l'autre n'ayant que fon left , ont été, pris par les
Corfaires le Marquis de Villequier , la Princeffe,
de Condé & la Bonne Foy , qui les ont conduits à
Boulogne.
On mande du Havre , qu'il y eft arrivé trois,
Navires Anglois , appellés, l'un le Marchandde
y I
"
1
JUIN. 1757. 203.
Schiedam de 220 tonneaux , l'autre la Dame
Fortune , de 200 tonneaux ; & le troifieme le
Saint-Georges , de 140 tonneaux. Ces trois Bâtimens
, qui font chargés de charbon de terre , ont
été pris par le Corfaire la Victoire , de Saint-
Malo.
Le Puyzieulx , autre Corfaire de ce port , y a
conduit le Navire Anglois le Tigre , .de 230 ton--
neau , allant de la Virginie à Londres avec un char--
gement de 433 boucauts de tabac , 34. tonneaux
de fer , & autres marchandiſes.
Le même Corfaire , & un autre nommé l'In--
vincible , fe font emparés du Corfaire l'Amazone ,,
de Grenezey , armé de 16 canons , 10 pierriers ,,
& 94 hommes d'équipage.
On apprend par des lettres écrites de la Ro--
chelle , que le Corfaire le Maréchal de Richelieu ,
de Nantes , a conduit dans ce premier Port le:
Corfaire le Grenezey , de Grenezey , armé de 200
canons & de 180 hommes d'équipage. Il s'en eft
emparé après un combat de trois heures..
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En avril 1757, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour du roi de France. Le 2 avril, le roi tint le Sceau pour la troisième fois du mois en présence de six Maîtres des Requêtes. Ce même jour, un ouragan dévastateur à Paris causa des dommages importants, notamment au Havre où la salle de la Comédie fut détruite, entraînant la mort de onze personnes et blessant vingt autres. Le 10 avril, le roi lava les pieds de douze pauvres lors du Jeudi-Saint. Le 11 avril, la comtesse de Gisors fut reçue par le roi et prit le tabouret. Le roi nomma également l'évêque de Laon comme ambassadeur auprès du Saint-Siège et le comte de Stainville auprès de l'impératrice Reine de Hongrie. Le 17 avril, les députés des États d'Artois furent reçus par le roi. Le 10 mai, le roi tint le Sceau pour la cinquième fois et reçut une bourse de jettons des Secretaires du Roi. Le 11 mai, il passa en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses. Plusieurs nominations d'officiers furent effectuées, dont le marquis de Saujon comme Colonel-Lieutenant du régiment d'Orléans et le comte de Guines de Souastre comme Colonel des Grenadiers de France. Une convention entre le roi et l'impératrice Reine de Hongrie régla les détails du service des armées combinées, notamment les positions et les grades des officiers des deux nations. Le texte mentionne également une convention militaire entre la France et l'Autriche, signée à Vienne le 25 février 1757. Composée de trente-huit articles, elle régit la disposition et l'organisation des troupes des deux nations en cas de combat ou de cantonnement. Les troupes en détachement doivent avoir une avant-garde et une arrière-garde de la même nation, et les bataillons et compagnies de grenadiers doivent également être de la même nation. Les gardes et détachements doivent être formés proportionnellement au nombre de troupes de chaque nation, sauf pour les détachements de cinquante hommes ou moins, qui doivent être composés de troupes d'une seule nation. Le 1er juin 1757, plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français. À Boulogne, deux navires furent pris par les corsaires Marquis de Villequier, la Princesse de Condé et la Bonne Foy. Au Havre, trois navires anglais furent capturés par le corsaire la Victoire de Saint-Malo. À Saint-Malo, le corsaire le Puyzieulx conduisit le navire anglais le Tigre, transportant du tabac et du fer. Les corsaires le Puyzieulx et l'Invincible capturèrent également le corsaire l'Amazone de Grenesey. À La Rochelle, le corsaire le Maréchal de Richelieu de Nantes conduisit le corsaire le Grenesey de Grenesey après un combat de trois heures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 197-220
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 5 Juin, Leurs Majestés & la Famille Royale signerent le contrat de mariage [...]
Mots clefs :
Contrats de mariage, Maison de Sorbonne, Portrait, Pape, Roi de France, Famille royale, Compagnie des Mousquetaires, Déserteurs, Électeur palatin, Convention, Articles, Soldats, Officiers, Nouvelle frégate, Armée, Commandement, Ducs, Marquis, Comtes, Madame la Dauphine, Canada, Ennemis, Colonies, Approvisionnement, Bataillons, Forts, Mouvements des troupes, Combats, Français et Anglais, Marquis de Vaudreuil, Expéditions, Maréchal, Victoire, Hamelin, Capitulation, Corsaires , Marchandises, Voyages, Capitaines, Navires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin 1757, plusieurs contrats de mariage furent signés par la Famille Royale, notamment ceux du Marquis de Caumont, du Comte de Lorda et du Marquis de Marbeuf. Le 6 juin, la Sorbonne reçut une députation du Nonce du Pape, offrant un portrait du Pape et toutes les éditions de ses ouvrages. Le 14 juin, le Roi passa en revue les Mousquetaires de sa Garde. Le 26 avril, une convention fut signée entre le Roi et l'Électeur Palatin concernant la restitution des déserteurs. Le Roi ordonna également une amnistie pour les déserteurs ayant rejoint d'autres troupes avant le 20 avril. À Marseille, une frégate de 54 canons fut construite. Le 16 et 19 juillet, le Roi tint le Sceau à Compiègne, et le Maréchal Duc de Richelieu prit congé pour commander une armée. Madame la Dauphine apprit la victoire d'Hastembecke et envoya des lettres de compliments au Roi, qui décerna des épées pour bravoure. En Amérique du Nord, des opérations militaires furent menées contre les ennemis au Fort Georges sur le Lac Saint-Sacrement. Une troupe dirigée par M. de Rigaud attaqua le fort, détruisant des bateaux et des provisions ennemis. Les troupes françaises et alliées autochtones montrèrent discipline et efficacité. Une expédition ennemie contre un convoi français fut repoussée. En Allemagne, le Maréchal d'Estrées remporta une victoire. Des lettres détaillèrent les mouvements et les pertes des armées. En septembre 1757, des corsaires français capturèrent plusieurs navires anglais. Parmi les prises notables, le Prince de Condé captura un brigantin anglais à Calais, et la Diligente prit le Duc de Marlborough à la Hougue. La Comtesse de Bentheim reprit un navire chargé d'huile et ramena deux navires anglais à Saint-Malo. D'autres corsaires capturèrent des navires chargés de diverses marchandises, telles que du sucre, du coton, du riz, du café, et des pelleteries. Les prises furent conduites dans différents ports français, certaines étant rançonnées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 190-200
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 16 Août, M. le Comte de Bestuchef, Ambassadeur Extraordinaire de l'Impératrice [...]
Mots clefs :
Comtes, Corsaires , Roi, Charges, Magistrats, Conseillers, Cérémonies, Florentin, Soumission, Chambre, Famille royale, Ducs, Finances, Marchandises, Tonneaux
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LB16 B 16 d'Août , M. le Comte de Beftuchef , Amballadeur
Extraordinaire de l'Impératrice de Ruffie
, eut audience de Madame la Dauphine , de
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence . Il y fut conduit par le fieur
de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
Le Roi alla le même jour ſouper à Montrouge
chez M. le Duc de la Valliere.
Le Roi ayant écrit à M. l'Archevêque de Paris ,
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces , à l'occafion de la victoire remportée
à Haftembecke , on chanta le 14 du même mois
dans l'Eglife Métropolitaine de cette Ville le Te
Deum, auquel M. l'Abbé de Saint- Exupery, Doyen
du Chapitre , officia. M. le Chancelier de France ,
accompagné de plufieurs Confeillers d'Etat &
Maîtres des Requêtes , y affifta , ainfi que le Cler
gé , le Parlement , la Chambre des Comptes ,
La Cour des Aides , & le Corps de Ville , qui y
OCTOBRE. 1757. 191
avoient été invités de la part
du Roi par M. de
Gifeux , Maître des Cérémonies .
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre de MM. Ics Prevôt des Marchands
& Echevins , un feu d'artifice , dont l'exé
cution ne laiffa rien à defirer.
Au feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination , tant à la façade de l'Hôtel de Ville ,
que dans l'enceinte de la Place. Il y eut auffi de
très-belles illuminations aux hôtels de M. le Duc de
Gefvres & du Prevôt des Marchands , & des maifons
des Echevins & des principaux Officiers de
l'Hôtel de Ville. Des fontaines de vin coulerent
dans la Place de cet Hôtel , de même que dans
celle de Louis XV , & l'on y diftribua du pain
& des viandes au peuple. On y avoit mis des orcheftres
, & le peuple témoigna fon alégreffe
par fes danfes pendant la plus grande partie de
la nuit.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la Sainte
Vierge , la Proceffion folemnelle qui ſe fait tous
les ans à pareil jour en exécution du voeu de
Louis XIII , fe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé de Saint-Exupery y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aides , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de
Ville tint le 16 , MM. Brallet & Vernay y ont
été élus Echevins.
Un Paylan , travaillant dans fon champ , à
deux lieues de Toulon , a découvert une cavité ,
par laquelle à la faveur d'une corde il eft defcendu
dans une grotte extrêmement profonde . Plufieurs
perfonnes depuis ont vifité cette grotte. On
y voit diverfes fortes de plantes & de fruits pétrifiés
, & des pierres tranfparentes de toutes cou192
MERCURE DE FRANCE.
leurs. L'extrême fraîcheur qu'on y éprouve , ne
permet pas de s'y arrêter longtemps.
On mande de Manfeille , que le 21 Août un
Navire François , venant de Smirne , ayant été
chaffé pendant deux jours par un Vaiffeau de
guerre Anglois , de 74 canons , a été obligé de
fe jetter fur la côte de Sardaigne , où il s'eft
amarré à terre. Les ennemis fans égard pour une
côte neutre , ont continué de canonner le bâtiment
, dans la vue de le couler à fond. Impatiens
de le détruire , ils ont envoyé leurs Chaloupes
avec cent cinquante hommes , pour y
mettre le feu ; ce qu'ayant exécuté , ils ont affailli
l'équipage François qui n'avoit ofé s'éloigner du
rivage. Ils ont tué cinq hommes , en ont bleffé
plufieurs , & ont dépouillé fans aucune diſtinction
matelots & paffagers.
Le Comte de Starhenberg , Confeiller d'Etat ,
Chambellan de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & Ambaſſadeur
de Leurs Majeftés Impériales , a eu fa premiere
audience particuliere du Roi , dans laquelle
il a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de Créance.
Il a été conduit à cette audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monseigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de ;
Berry , de Monfeigneur le Comte de Provence ,
de Madame & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , par M. de la Live , Introducteur des
Ambaffadeurs.
Le 24 d'Août , les Députés des Etats de Langue
doc eurent audience du Roi . Ils furent préfentés
par M. le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province ,
& par M. le Comte de Saint- Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , & conduits par M. de Gizeux
Maître de Cérémonie en furvivance, La
OCTOBRE . 1757. 193
Le 21 d'Août , M. le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Guerre , & Grand Croix Chancelier Garde
des Sceaux de l'Ordre de Saint Louis , fut reçu
Chevalier des Ordres Royaux , Militaires & Hofpitaliers
de Notre - Dame du Mont - Carmel , & de
Saint Lazare de Jérufalem. M. le Comte de Saint
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Gérent
& Adminiftrateur de ces Ordres , fit la cérémonie
dans l'appartement & en préfence de Monfeigneur
le Duc de Berry , Grand- Maître. Enfuite
M. le Marquis de Paulmy prêta ferment pour la
dignité de Chancelier Garde des Sceaux desdits
Ordres . Les Grands Officiers & plufieurs Chevaliers
affifterent à cette cérémonie .
Le Corps de Ville alla le 25 d'Août à Verſailles
, & il eut audience du Roi . Il fut préſenté à
Sa Majefté par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par le
fieur de Gizeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance. Les fieurs Brallet & Vernay , nouveaux
Echevins , prêterent entre les mains du
Roi le ferment de fidélité , dont M. le Comte de
Saint- Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
, qui fut préſenté par le fieur de Pomereu ,
Confeiller au grand Confeil.
Après cette audience , le Corps de Ville eut
l'honneur de rendre fes refpects à la Reine & à la
Famille Royale.
Le jour de la Fête de Saint Louis , la Procef
fion des Carmes du Grand Couvent , à laquelle
le Corps de Ville aflifta , fe rendit , felon la coutume
, à la Chapelle du Palais des Tuilerics ,
où ces Religieux chanterent la Meffe .
L'Académie Françoife célébra cette Fête dans
la Chapelle du Louvre. On exécuta un Motet
I.Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
pendant la Meffe , après laquelle le Panégyrique
du Saint fut prononcé par l'Abbé Rouveyre- Duplan
, Chanoine de l'Eglife de Valence.
La même Fête fut célébrée par l'Académie
Royale des Belles - Lettres , & par celle des Sciences
, dans l'Eglife des Prêtres de l'Oratoire . Le
Pere de Neufville , de la Compagnie de Jeſus ,
prononça le Panégyrique du Saint.
On célébra le de Septembre , dans l'Eglife de
l'Abbaye royale de Saint Denis , le Service folemnel
, qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV. L'Evêque de Dol y officia
pontificalement. Le Comte d'Eu & le Duc de
Penthievre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Sur la démiffion que le fieur Peyrene de Moras
, Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , a donnée de la place
de Contrôleur Général des Finances , le Roi en
a difpofé en faveur du ficar de Boullongne. La
charge d'Intendant des Finances , qu'avoit le fieur
de Boullongne , paffe au fieur de Boullongne fon
fils , qui en avoir la furvivance .
Le Roi ayant jugé à propos de raſſembler fon
Parlement le premier Septembre , les Gens du Roi
entrerent aux Chambres affemblées , & y apporterent
l'ordre de Sa Majefté aux Préfidens du Parlement
aux quatorze anciens Confeillers de la
Grand'Chambre , & aux quatorze anciens Confeillers
des Enquêtes & Requêtes , de fe rendre
fur le champ à Verfailles pour recevoir les ordres ;
ce qui fut exécuté. Le Roi donna audience aux
Députés du Parlement , qui furent préfentés par
M.le Comte de Saint- Florentin , Secretaire d'Etat
ayant le Département de Paris , & conduits à l'ordinaire
par les Officiers des Cérémonies. Le Roi
OCTOBRE. 1757 195
lear dit que fon Chancelier alloit leur expliquer
fes intentions. Sur quoi M. de Lamoignon , Chancelier
de France , prit la parole , & dit :
« Les fentimens qui animoient vos prédécel
» feurs ne leur auroient pas permis de faire la dé-
» marche à laquelle s'eft portée la plus grande
» partie des Officiers du Parlement.
» Le Roi vous ordonne d'avoir toujours préfentes
les obligations que votre ferment vous impo-
» fe : nul motifne peut vous difpenfer de rendre la
» juftice que vous devez aux Sujets de Sa Majeſté.
Les Magiftrats , prépofés pour l'adminiftrer ,
» ne peuvent la refufer , fans être refponfables de
» tous les maux qui font la fuite néceſſaire de ce
> refus.
» Sur les témoignages répétés qui ont été don-
» nés à Sa Majesté de votre foumiffion & de votre
fidélité , Elle veut bien n'interroger aujourd'hui
D que vos coeurs , & chercher dans vos fenti-
> mens des motifs de confiance pour l'avenir .
>> Elle efface donc pour jamais le fouvenir de
» ce qui lui a déplu dans votre conduite paflée
> en regardant comme non-avenues toutes les démiffions
qui lui ont été données. Sa Majeſté vous
» a appris Elle-même par les Lettres qui vous ont
» été adreffées , qu'Elle veut bien conferver dans
>> leurs Offices tous ceux qui s'en étoient démis.
A l'égard de ceux de vos Confreres qu'Elle a
crudevoir éloigner pour des raifons particulieres,
» Sa Majefté , en les confervant dans leur état ,
»n'a pas encore fixé le temps de leur rappel .
» Quand le Roi fera obéi , quand vous aurez
» repris l'exercice entier de vos fonctions ordinaires
, & que Sa Majeſté ſera fatisfaite de la fa-
» geffe de votre conduite , Elle écoutera favorablement
vos inftances à cet égard.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE .
» Pour ce qui concerne la feconde déclaration ,
»le Roi defire que l'ufage en devienne auffi inutile,
qu'il l'avoit jugé néceflaire ; mais avant tout ,
» Sa Majefté ne refufera point d'écouter ce que
» fon Parlement croira devoir lui repréſenter fur
» cet objet . Elle veut que la fuppreffion ordonnée
» par fon édit du mois de Décembre dernier foit
» exécutée & Elle enverra à fon Parlement
>> une déclaration interprétative , à l'enrégiftre-
» ment de laquelle Elle vous ordonne de procéder
>> fans délai .
» Le Roi vous ordonne de reprendre vos foncntions
ordinaires : conformez - vous à les inten-
» tions.
» Sa Majeſté n'a rien tant à coeur que de faire
» régner dans fon Royaume le filence qu'Elle a
» préferit de part & d'autre ; & la paix qu'Elle
» defire depuis fi long-temps de voir rétablie.
Si Sa Majefté , par des raifons fupérieures , &
» dans la vue du bien général , a cru devoir s'éle-
» ver au deffus de regles ordinaires , fon Parle-
>> ment ne doit point en appréhender lesfuites pour
> l'avenir.
» Le Roi vous ordonne donc de faire exécuter
conformément aux
» fa premiere déclaration ,
>> Canons reçus dans le Royaume , aux Loix & aux
» Ordonnances.
» C'eſt en entrant dans ces vues , que vous de-
» vez toujours vous fouvenir qu'il eft des confidérations
de fagefle & de modération , ſur leſ-
» quelles vous devez régler vos démarches.
» Donnez vous - mêmes l'exemple du refpect que
» Sa Majefté veut qui foit rendu à la Religion & à
» fes Miniftres. C'eſt ainfi que vous ferez un ufa-
» ge légitime de l'autorité que le Roi a bien vou-
>> lu vous confier,
OCTOBRE . 1757. 197
» Que ces fentimens demeurent toujours gra-
» vés dans vos coeurs , & fouvenez - vous que
» votre Souverain vous traite en ce moment en
>> Pere » .
" Le lendemain 2 les Dépurés de retour rendirent
compte aux Chambres affemblées de ce qui
s'étoit paſſé à Verſailles ; & les Officiers du Parlement
, qui avoient donné l'année derniere la démiffion
de leurs Offices , ayant déclaré qu'ils en
reprenoient les fonctions , le Parlement procéda
à l'enrégiftrement de la déclaration interprétative
de l'Edit du mois de Décembre dernier , & arrêta
une députation pour remercier le Roi , & pour
lui demander le retour de fes Confreres , qui font
éloignés par des ordres particuliers.
Le Roi a reçu le 3 Septembre cette députation ,
& a fait aux Députés la réponſe fuivante.
« Je reçois avec fatisfaction les témoignages que
> vous venez de me donner de votre zele , de votre
» fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.
>> Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui
» vous aime , & de l'avantage de contribuer au
>> bien de mes sujets , en rempliffant vos devoirs.
» Achevez de répondre aux vues & aux inten-
» tions que je vous ai fait connoître pour le ré-
» tabliffement de la Paix , & je ne tarderai pas à
» réaliſer les espérances que je vous ai données
par rapport à ceux de vos Confrères , dont vous
» follicitez le retour . ,
» Ayez une entiere confiance en més bontés :
> fi vous pouviez en douter , vous cefferiez d'en
» être dignes ».
Le 5 Septembre , les Chambres affemblées ont
rendu un Arrêt , pour faire exécuter la Déclarátion
du 10 Décembre dernier , concernant les affaires
de l'Eglife , & ce conformément aux explica
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tions portées aux réponses du Roi.
Elles ont auffi chargé le premier Préfident , &
deux Préfidens , de fe rendre à Choify , pour remercier
de nouveau le Roi , & l'affurer de l'entiere
confiance du Parlement dans les bontés de Sa
Majesté .
Le Roi a répondu en ces termes à cette derniere
députation : « Je crois que je puis compter fur les
» nouvelles affurances que vous donnez de votre
foumiffion & de votre zele , par la promptitude
» avec laquelle vous m'avez obéi , par la reconnoiffance
refpectueufe dont vous êtes pénétrés ,
»& par votre confiance dans ma Pertonne.
» Continuez à remplir vos fonctions avec cet
» eſprit de paix , de fageſſe & de modération , que
» je vous ai fi ſouvent & très - expreffément recom-
> mandé.
Vos Confreres vous feront rendus pour la
Saint-Martin ; & je vous difpenfe de me donner
à leur égard de nouveaux témoignages de
la reconnoiffance que vous devez à mes bontés .»
On avoit, dès le sau matin, enrégiftré la commiffion
pour la Chambre des Vacations , qui fera
tenwe par quatorze Conſeillers de la Grand Chambre
, & douze Confeillers des Enquêtes. M. Turgot
, Préfident du Parlement , eft nommé par le
Roi poury préfider.
Le Roi a tenu le Sceau pour la douzieme &
treizieme fois.
Madame Ducheffe de Parme arriva d'Italie à
Choify le 3 de Septembre , & à Versailles le 4.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont reçu cette.
Princeffe avec les démonftrations de la plus vive
endreffe. 1
Le Roi fe rendit le 4 à Choify , avec Madame
Ducheffe de Parme & Mefdames de France.
OCTOBRE . 1757. 199
Le même jour , la Reine eft arrivée de Verſailles .
Les , le Roi de Pologne Duc de Lorraine &
de Bar eft parti de ce dernier Château , pour retourner
à Luneville .
On mande de Fécamp , que le Corfaire l'Hirondelle
, de Dunkerque , a fait conduire dans ce
premier port un quatrieme Navire Anglois , appellé
le Lyon , de Liverpool , de 250 tonneaux
armé de 4 canons , 25 efpingolles , & chargé de
bled & de ballotteries.
Le Brigantin Anglois le Marmaid, chargé d'hui
le , pris par le Corfaire le Vainqueur , de Marfeille
, est arrivé en ce port .
Les fieurs Chevalier de Glandevez & de Graſſe ,
qui commandent les Galeres la Brave & la Du→
cheffe , fe font rendus maîtres d'un Corfaire Anglois
, armé de 16 canons & de 110 hommes d'équipage
, qu'ils ont fait conduire à Cette .
Il est arrivé à Boulogne un Brigantin Anglois ,
de 120 tonneaux , chargé d'avoine , de cidre ,
de brai , & de plufieurs ballots de marchandifes.
Cette prife a été faite par le Corſaire la Marquife
de Beringhen.
Le Corfaire la Princeffe de Soubize a pris &
conduit à Brest le Navire Anglois le Duc d'Argile ,
de 250 tonneaux , armé de 4 canons & 4 pierriers
, allant de Liverpool à la Caroline avec un
chargement compofé de draps , d'étoffes , de toiles
& de quincaillerie .
Le Navire Anglois le Pacquet de Porto , de 80
tonneaux , chargé de fel , & qui a été pris par le
Corfaire la Mutine , de S. Jean -de-Luz , eft arrivé.
par relâche à Vigo en Galice.
Le Corfaire le Comte de Saint -Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Crownpoint chargé de toiles , de fucre en pain , &.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'autres marchandiſes , & l'Arlequin dont le chargement
eft compofé de fucre , de café , de thubarbe
, de cacao , de bois de Campeche. Ces
deux prifes ont été conduites , l'une à Eggrefund ,
l'autre à Bergues en Norwege.
Le même Corfaire a rançonné pour 15240 livres
trois autres Bâtimens Anglois , dont il s'étoit
rendu maître ; & il en a remis les ôtages à
Dunkerque.
Le Navire Anglois l'Ofgood , de 300 tonneaux ,
armé de 12 canons , allant de la Jamaïque à Londres
avec une cargaifon compofée de fucre , de
taffia , de maniguette & de bois rouge , a été pris
par le Corfaire la Victoire , de Saint - Malo , où
il a été conduit.
Il est arrivé dans la rade de l'Ile de Bas un Navire
de 450 tonneaux , pris par le Corfaire le
Comte d'Herouville , de Bordeaux , & qui eft
chargé de fix cens milliers de poudre à tirer , de
boulets , d'armes , & d'autres munitions de guerre.
LB16 B 16 d'Août , M. le Comte de Beftuchef , Amballadeur
Extraordinaire de l'Impératrice de Ruffie
, eut audience de Madame la Dauphine , de
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence . Il y fut conduit par le fieur
de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
Le Roi alla le même jour ſouper à Montrouge
chez M. le Duc de la Valliere.
Le Roi ayant écrit à M. l'Archevêque de Paris ,
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces , à l'occafion de la victoire remportée
à Haftembecke , on chanta le 14 du même mois
dans l'Eglife Métropolitaine de cette Ville le Te
Deum, auquel M. l'Abbé de Saint- Exupery, Doyen
du Chapitre , officia. M. le Chancelier de France ,
accompagné de plufieurs Confeillers d'Etat &
Maîtres des Requêtes , y affifta , ainfi que le Cler
gé , le Parlement , la Chambre des Comptes ,
La Cour des Aides , & le Corps de Ville , qui y
OCTOBRE. 1757. 191
avoient été invités de la part
du Roi par M. de
Gifeux , Maître des Cérémonies .
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre de MM. Ics Prevôt des Marchands
& Echevins , un feu d'artifice , dont l'exé
cution ne laiffa rien à defirer.
Au feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination , tant à la façade de l'Hôtel de Ville ,
que dans l'enceinte de la Place. Il y eut auffi de
très-belles illuminations aux hôtels de M. le Duc de
Gefvres & du Prevôt des Marchands , & des maifons
des Echevins & des principaux Officiers de
l'Hôtel de Ville. Des fontaines de vin coulerent
dans la Place de cet Hôtel , de même que dans
celle de Louis XV , & l'on y diftribua du pain
& des viandes au peuple. On y avoit mis des orcheftres
, & le peuple témoigna fon alégreffe
par fes danfes pendant la plus grande partie de
la nuit.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la Sainte
Vierge , la Proceffion folemnelle qui ſe fait tous
les ans à pareil jour en exécution du voeu de
Louis XIII , fe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé de Saint-Exupery y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aides , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de
Ville tint le 16 , MM. Brallet & Vernay y ont
été élus Echevins.
Un Paylan , travaillant dans fon champ , à
deux lieues de Toulon , a découvert une cavité ,
par laquelle à la faveur d'une corde il eft defcendu
dans une grotte extrêmement profonde . Plufieurs
perfonnes depuis ont vifité cette grotte. On
y voit diverfes fortes de plantes & de fruits pétrifiés
, & des pierres tranfparentes de toutes cou192
MERCURE DE FRANCE.
leurs. L'extrême fraîcheur qu'on y éprouve , ne
permet pas de s'y arrêter longtemps.
On mande de Manfeille , que le 21 Août un
Navire François , venant de Smirne , ayant été
chaffé pendant deux jours par un Vaiffeau de
guerre Anglois , de 74 canons , a été obligé de
fe jetter fur la côte de Sardaigne , où il s'eft
amarré à terre. Les ennemis fans égard pour une
côte neutre , ont continué de canonner le bâtiment
, dans la vue de le couler à fond. Impatiens
de le détruire , ils ont envoyé leurs Chaloupes
avec cent cinquante hommes , pour y
mettre le feu ; ce qu'ayant exécuté , ils ont affailli
l'équipage François qui n'avoit ofé s'éloigner du
rivage. Ils ont tué cinq hommes , en ont bleffé
plufieurs , & ont dépouillé fans aucune diſtinction
matelots & paffagers.
Le Comte de Starhenberg , Confeiller d'Etat ,
Chambellan de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & Ambaſſadeur
de Leurs Majeftés Impériales , a eu fa premiere
audience particuliere du Roi , dans laquelle
il a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de Créance.
Il a été conduit à cette audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monseigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de ;
Berry , de Monfeigneur le Comte de Provence ,
de Madame & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , par M. de la Live , Introducteur des
Ambaffadeurs.
Le 24 d'Août , les Députés des Etats de Langue
doc eurent audience du Roi . Ils furent préfentés
par M. le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province ,
& par M. le Comte de Saint- Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , & conduits par M. de Gizeux
Maître de Cérémonie en furvivance, La
OCTOBRE . 1757. 193
Le 21 d'Août , M. le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Guerre , & Grand Croix Chancelier Garde
des Sceaux de l'Ordre de Saint Louis , fut reçu
Chevalier des Ordres Royaux , Militaires & Hofpitaliers
de Notre - Dame du Mont - Carmel , & de
Saint Lazare de Jérufalem. M. le Comte de Saint
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Gérent
& Adminiftrateur de ces Ordres , fit la cérémonie
dans l'appartement & en préfence de Monfeigneur
le Duc de Berry , Grand- Maître. Enfuite
M. le Marquis de Paulmy prêta ferment pour la
dignité de Chancelier Garde des Sceaux desdits
Ordres . Les Grands Officiers & plufieurs Chevaliers
affifterent à cette cérémonie .
Le Corps de Ville alla le 25 d'Août à Verſailles
, & il eut audience du Roi . Il fut préſenté à
Sa Majefté par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par le
fieur de Gizeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance. Les fieurs Brallet & Vernay , nouveaux
Echevins , prêterent entre les mains du
Roi le ferment de fidélité , dont M. le Comte de
Saint- Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
, qui fut préſenté par le fieur de Pomereu ,
Confeiller au grand Confeil.
Après cette audience , le Corps de Ville eut
l'honneur de rendre fes refpects à la Reine & à la
Famille Royale.
Le jour de la Fête de Saint Louis , la Procef
fion des Carmes du Grand Couvent , à laquelle
le Corps de Ville aflifta , fe rendit , felon la coutume
, à la Chapelle du Palais des Tuilerics ,
où ces Religieux chanterent la Meffe .
L'Académie Françoife célébra cette Fête dans
la Chapelle du Louvre. On exécuta un Motet
I.Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
pendant la Meffe , après laquelle le Panégyrique
du Saint fut prononcé par l'Abbé Rouveyre- Duplan
, Chanoine de l'Eglife de Valence.
La même Fête fut célébrée par l'Académie
Royale des Belles - Lettres , & par celle des Sciences
, dans l'Eglife des Prêtres de l'Oratoire . Le
Pere de Neufville , de la Compagnie de Jeſus ,
prononça le Panégyrique du Saint.
On célébra le de Septembre , dans l'Eglife de
l'Abbaye royale de Saint Denis , le Service folemnel
, qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV. L'Evêque de Dol y officia
pontificalement. Le Comte d'Eu & le Duc de
Penthievre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Sur la démiffion que le fieur Peyrene de Moras
, Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , a donnée de la place
de Contrôleur Général des Finances , le Roi en
a difpofé en faveur du ficar de Boullongne. La
charge d'Intendant des Finances , qu'avoit le fieur
de Boullongne , paffe au fieur de Boullongne fon
fils , qui en avoir la furvivance .
Le Roi ayant jugé à propos de raſſembler fon
Parlement le premier Septembre , les Gens du Roi
entrerent aux Chambres affemblées , & y apporterent
l'ordre de Sa Majefté aux Préfidens du Parlement
aux quatorze anciens Confeillers de la
Grand'Chambre , & aux quatorze anciens Confeillers
des Enquêtes & Requêtes , de fe rendre
fur le champ à Verfailles pour recevoir les ordres ;
ce qui fut exécuté. Le Roi donna audience aux
Députés du Parlement , qui furent préfentés par
M.le Comte de Saint- Florentin , Secretaire d'Etat
ayant le Département de Paris , & conduits à l'ordinaire
par les Officiers des Cérémonies. Le Roi
OCTOBRE. 1757 195
lear dit que fon Chancelier alloit leur expliquer
fes intentions. Sur quoi M. de Lamoignon , Chancelier
de France , prit la parole , & dit :
« Les fentimens qui animoient vos prédécel
» feurs ne leur auroient pas permis de faire la dé-
» marche à laquelle s'eft portée la plus grande
» partie des Officiers du Parlement.
» Le Roi vous ordonne d'avoir toujours préfentes
les obligations que votre ferment vous impo-
» fe : nul motifne peut vous difpenfer de rendre la
» juftice que vous devez aux Sujets de Sa Majeſté.
Les Magiftrats , prépofés pour l'adminiftrer ,
» ne peuvent la refufer , fans être refponfables de
» tous les maux qui font la fuite néceſſaire de ce
> refus.
» Sur les témoignages répétés qui ont été don-
» nés à Sa Majesté de votre foumiffion & de votre
fidélité , Elle veut bien n'interroger aujourd'hui
D que vos coeurs , & chercher dans vos fenti-
> mens des motifs de confiance pour l'avenir .
>> Elle efface donc pour jamais le fouvenir de
» ce qui lui a déplu dans votre conduite paflée
> en regardant comme non-avenues toutes les démiffions
qui lui ont été données. Sa Majeſté vous
» a appris Elle-même par les Lettres qui vous ont
» été adreffées , qu'Elle veut bien conferver dans
>> leurs Offices tous ceux qui s'en étoient démis.
A l'égard de ceux de vos Confreres qu'Elle a
crudevoir éloigner pour des raifons particulieres,
» Sa Majefté , en les confervant dans leur état ,
»n'a pas encore fixé le temps de leur rappel .
» Quand le Roi fera obéi , quand vous aurez
» repris l'exercice entier de vos fonctions ordinaires
, & que Sa Majeſté ſera fatisfaite de la fa-
» geffe de votre conduite , Elle écoutera favorablement
vos inftances à cet égard.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE .
» Pour ce qui concerne la feconde déclaration ,
»le Roi defire que l'ufage en devienne auffi inutile,
qu'il l'avoit jugé néceflaire ; mais avant tout ,
» Sa Majefté ne refufera point d'écouter ce que
» fon Parlement croira devoir lui repréſenter fur
» cet objet . Elle veut que la fuppreffion ordonnée
» par fon édit du mois de Décembre dernier foit
» exécutée & Elle enverra à fon Parlement
>> une déclaration interprétative , à l'enrégiftre-
» ment de laquelle Elle vous ordonne de procéder
>> fans délai .
» Le Roi vous ordonne de reprendre vos foncntions
ordinaires : conformez - vous à les inten-
» tions.
» Sa Majeſté n'a rien tant à coeur que de faire
» régner dans fon Royaume le filence qu'Elle a
» préferit de part & d'autre ; & la paix qu'Elle
» defire depuis fi long-temps de voir rétablie.
Si Sa Majefté , par des raifons fupérieures , &
» dans la vue du bien général , a cru devoir s'éle-
» ver au deffus de regles ordinaires , fon Parle-
>> ment ne doit point en appréhender lesfuites pour
> l'avenir.
» Le Roi vous ordonne donc de faire exécuter
conformément aux
» fa premiere déclaration ,
>> Canons reçus dans le Royaume , aux Loix & aux
» Ordonnances.
» C'eſt en entrant dans ces vues , que vous de-
» vez toujours vous fouvenir qu'il eft des confidérations
de fagefle & de modération , ſur leſ-
» quelles vous devez régler vos démarches.
» Donnez vous - mêmes l'exemple du refpect que
» Sa Majefté veut qui foit rendu à la Religion & à
» fes Miniftres. C'eſt ainfi que vous ferez un ufa-
» ge légitime de l'autorité que le Roi a bien vou-
>> lu vous confier,
OCTOBRE . 1757. 197
» Que ces fentimens demeurent toujours gra-
» vés dans vos coeurs , & fouvenez - vous que
» votre Souverain vous traite en ce moment en
>> Pere » .
" Le lendemain 2 les Dépurés de retour rendirent
compte aux Chambres affemblées de ce qui
s'étoit paſſé à Verſailles ; & les Officiers du Parlement
, qui avoient donné l'année derniere la démiffion
de leurs Offices , ayant déclaré qu'ils en
reprenoient les fonctions , le Parlement procéda
à l'enrégiftrement de la déclaration interprétative
de l'Edit du mois de Décembre dernier , & arrêta
une députation pour remercier le Roi , & pour
lui demander le retour de fes Confreres , qui font
éloignés par des ordres particuliers.
Le Roi a reçu le 3 Septembre cette députation ,
& a fait aux Députés la réponſe fuivante.
« Je reçois avec fatisfaction les témoignages que
> vous venez de me donner de votre zele , de votre
» fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.
>> Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui
» vous aime , & de l'avantage de contribuer au
>> bien de mes sujets , en rempliffant vos devoirs.
» Achevez de répondre aux vues & aux inten-
» tions que je vous ai fait connoître pour le ré-
» tabliffement de la Paix , & je ne tarderai pas à
» réaliſer les espérances que je vous ai données
par rapport à ceux de vos Confrères , dont vous
» follicitez le retour . ,
» Ayez une entiere confiance en més bontés :
> fi vous pouviez en douter , vous cefferiez d'en
» être dignes ».
Le 5 Septembre , les Chambres affemblées ont
rendu un Arrêt , pour faire exécuter la Déclarátion
du 10 Décembre dernier , concernant les affaires
de l'Eglife , & ce conformément aux explica
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tions portées aux réponses du Roi.
Elles ont auffi chargé le premier Préfident , &
deux Préfidens , de fe rendre à Choify , pour remercier
de nouveau le Roi , & l'affurer de l'entiere
confiance du Parlement dans les bontés de Sa
Majesté .
Le Roi a répondu en ces termes à cette derniere
députation : « Je crois que je puis compter fur les
» nouvelles affurances que vous donnez de votre
foumiffion & de votre zele , par la promptitude
» avec laquelle vous m'avez obéi , par la reconnoiffance
refpectueufe dont vous êtes pénétrés ,
»& par votre confiance dans ma Pertonne.
» Continuez à remplir vos fonctions avec cet
» eſprit de paix , de fageſſe & de modération , que
» je vous ai fi ſouvent & très - expreffément recom-
> mandé.
Vos Confreres vous feront rendus pour la
Saint-Martin ; & je vous difpenfe de me donner
à leur égard de nouveaux témoignages de
la reconnoiffance que vous devez à mes bontés .»
On avoit, dès le sau matin, enrégiftré la commiffion
pour la Chambre des Vacations , qui fera
tenwe par quatorze Conſeillers de la Grand Chambre
, & douze Confeillers des Enquêtes. M. Turgot
, Préfident du Parlement , eft nommé par le
Roi poury préfider.
Le Roi a tenu le Sceau pour la douzieme &
treizieme fois.
Madame Ducheffe de Parme arriva d'Italie à
Choify le 3 de Septembre , & à Versailles le 4.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont reçu cette.
Princeffe avec les démonftrations de la plus vive
endreffe. 1
Le Roi fe rendit le 4 à Choify , avec Madame
Ducheffe de Parme & Mefdames de France.
OCTOBRE . 1757. 199
Le même jour , la Reine eft arrivée de Verſailles .
Les , le Roi de Pologne Duc de Lorraine &
de Bar eft parti de ce dernier Château , pour retourner
à Luneville .
On mande de Fécamp , que le Corfaire l'Hirondelle
, de Dunkerque , a fait conduire dans ce
premier port un quatrieme Navire Anglois , appellé
le Lyon , de Liverpool , de 250 tonneaux
armé de 4 canons , 25 efpingolles , & chargé de
bled & de ballotteries.
Le Brigantin Anglois le Marmaid, chargé d'hui
le , pris par le Corfaire le Vainqueur , de Marfeille
, est arrivé en ce port .
Les fieurs Chevalier de Glandevez & de Graſſe ,
qui commandent les Galeres la Brave & la Du→
cheffe , fe font rendus maîtres d'un Corfaire Anglois
, armé de 16 canons & de 110 hommes d'équipage
, qu'ils ont fait conduire à Cette .
Il est arrivé à Boulogne un Brigantin Anglois ,
de 120 tonneaux , chargé d'avoine , de cidre ,
de brai , & de plufieurs ballots de marchandifes.
Cette prife a été faite par le Corſaire la Marquife
de Beringhen.
Le Corfaire la Princeffe de Soubize a pris &
conduit à Brest le Navire Anglois le Duc d'Argile ,
de 250 tonneaux , armé de 4 canons & 4 pierriers
, allant de Liverpool à la Caroline avec un
chargement compofé de draps , d'étoffes , de toiles
& de quincaillerie .
Le Navire Anglois le Pacquet de Porto , de 80
tonneaux , chargé de fel , & qui a été pris par le
Corfaire la Mutine , de S. Jean -de-Luz , eft arrivé.
par relâche à Vigo en Galice.
Le Corfaire le Comte de Saint -Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Crownpoint chargé de toiles , de fucre en pain , &.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'autres marchandiſes , & l'Arlequin dont le chargement
eft compofé de fucre , de café , de thubarbe
, de cacao , de bois de Campeche. Ces
deux prifes ont été conduites , l'une à Eggrefund ,
l'autre à Bergues en Norwege.
Le même Corfaire a rançonné pour 15240 livres
trois autres Bâtimens Anglois , dont il s'étoit
rendu maître ; & il en a remis les ôtages à
Dunkerque.
Le Navire Anglois l'Ofgood , de 300 tonneaux ,
armé de 12 canons , allant de la Jamaïque à Londres
avec une cargaifon compofée de fucre , de
taffia , de maniguette & de bois rouge , a été pris
par le Corfaire la Victoire , de Saint - Malo , où
il a été conduit.
Il est arrivé dans la rade de l'Ile de Bas un Navire
de 450 tonneaux , pris par le Corfaire le
Comte d'Herouville , de Bordeaux , & qui eft
chargé de fix cens milliers de poudre à tirer , de
boulets , d'armes , & d'autres munitions de guerre.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En août 1757, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le comte de Bestuchef, ambassadeur extraordinaire de l'impératrice de Russie, fut reçu par la dauphine et divers princes français. Le roi se rendit à Montrouge chez le duc de La Vallière. À la suite de la victoire à Hastenbeck, un Te Deum fut chanté à la cathédrale de Paris en présence du chancelier de France et de diverses autorités. Des feux d'artifice et des illuminations furent organisés à l'Hôtel de Ville et dans d'autres lieux emblématiques de Paris. Le 15 août, la procession solennelle de l'Assomption de la Sainte Vierge eut lieu avec les cérémonies habituelles. En Provence, un paysan découvrit une grotte contenant des plantes et des fruits pétrifiés. À Manille, un navire français fut attaqué et incendié par un vaisseau anglais malgré la neutralité de la côte. Le comte de Starhemberg, ambassadeur des empereurs d'Autriche, présenta ses lettres de créance au roi et à la famille royale. Les députés des États de Languedoc furent reçus par le roi, et le marquis de Paulmy fut nommé chevalier des Ordres royaux militaires et hospitaliers. Le corps de ville de Paris se rendit à Versailles pour prêter serment de fidélité au roi, et le 25 août, il rendit hommage à la reine et à la famille royale. À la fête de Saint Louis, des processions et des cérémonies religieuses furent organisées par diverses académies et ordres religieux. Le 1er septembre, le roi rassembla le Parlement et lui ordonna de reprendre ses fonctions, effaçant les démissions précédentes et promettant de réintégrer les magistrats éloignés. Le Parlement enregistra une déclaration interprétative concernant les affaires de l'Église et envoya une députation pour remercier le roi. Le roi exprima sa satisfaction et sa confiance dans le Parlement, promettant de réintégrer les magistrats éloignés. Le 5 septembre, le Parlement rendit un arrêt pour exécuter la déclaration du 10 décembre précédent et envoya une nouvelle députation à Choisy pour remercier le roi. En septembre et octobre 1757, divers événements et communications officielles eurent lieu. Un message royal exprima la satisfaction du roi envers un destinataire pour son zèle et sa promptitude, l'encourageant à continuer ses fonctions avec esprit de paix, sagesse et modération. Le roi tint le Sceau pour la douzième et treizième fois, et une commission pour la Chambre des Vacations fut enregistrée, composée de conseillers de la Grand Chambre et des Enquêtes, présidée par M. Turgot. La Duchesse de Parme arriva d'Italie et fut accueillie avec enthousiasme par la famille royale. Plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français furent également mentionnées, incluant des détails sur les navires capturés, leurs cargaisons et leurs destinations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 205-209
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 17 Septembre, M. le Baron de Lichtenstein, Ministre Plénipotentiaire du Duc de [...]
Mots clefs :
Roi, Capitaine, Frégate, Corsaires , Troupes, Bataillons, Audience, Duc de Gesvres, Maréchal de Richelieu, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c .
E 17 Septembre , M. le Baron de Lichtenftein ,
Miniftre Plénipotentiaire du Duc de Saxe- Gotha ,
eut une audience particuliere du Roi , dans
laquelle it a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de
Créance . Il a été conduit à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin
, de Madame Infante , de Madame & de
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , par le
même Introducteur .
Le Roi a difpofé de la charge de Premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort
de M. le Duc de Gefvres , en faveur de M. le Duc
de Duras , & du Gouvernement de Paris , qui
vaquoit par la même mort , en faveur de M. le
Duc de Chevreuse.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Gouvernement de la Province de Piñe de
France , dont M. le Duc de Gefvres étoit pourvu
, paffe à M. le Comte de Trêmes qui , depuis
la mort de M. le Duc fon frere , a pris le titre de
Duc de Trêmes.
La place de Dame du Palais de la Reine , va~
cante par la mort de la Princeffe de Montauban,
a été donnée à Madame la Marquife d'Efcars.
M. le Duc de Duras arriva ici le 16 , & remit
au Roi une Convention , qui a été conclue le 10
entre le Maréchal Duc de Richelieu , Général des
armées de Sa Majefté en Allemagne , & le Duc
de Cumberland , Général de l'armée du Roi d'Angleterre
Electeur d'Hanovre. Cette convention
porte en fubftance : Que les hoftilités cefferont
de part & d'autre . Que les troupes auxiliaires ,
fçavoir , celles de Heffe , de Brunfwick , de Saxe-
Gotha , & même celles du Comte de la Lippe-
Buckemberg , feront renvoyées , & le rendront ,
avec des paffe ports de M. le Maréchal de Richelieu
, dans leurs pays refpectifs , où elles feront
placées & difperfées fuivant ce qui fera ultérieurement
réglé. Que le Duc de Cumberland paſſera
l'Elbe avec la partie de fon armée , qu'il ne pour
ra pas placer dans la Ville de Stade ou aux environs.
Que les troupes , qui formeront la Garnifon
de Stade , ou feront placées aux environs ,
& qui confifteront en 10 Bataillons & 18 Efcadrons
, ne pourront faire aucun acte d'hoftilité ,
ni être recrutées fous aucun prétexte , ou augmentées
dans aucun cas. Que ces troupes ne
pourront point fortir des limites qui leur feront
affignées , & qui feront marquées avec des poreaux.
Que les troupes Françoifes demeureront
dans le refte des Duchés de Bremen & de Verden,
jufques à une conciliation définitive des deux
OCTOBRE. 1757- 20
Souverains. Que le Maréchal de Richelieu accordera
les paffeports & les fûretés néceffaires
aux troupes Hanoveriennes , qui fe retireront au
delà de l'Elbe , & qui confiftent en 15 Bataillons
, 6 Efcadrons , & tout le Corps des Chaf
feurs. Il a été ftipulé auffi , que le Roi de Danemarck
, fous la garantie de qui cette Conventions
a été faite , s'obligera d'en affurer l'exécution:
pleine & entiere.
On a reçu avis que la flotte Angloife , qui a fait
voile de Portſmouth le 8 de Septembre , s'étoit
préfentée fucceffivement devant les Illes d'Oleron
& de Ré , & que le 23 elle avoit fait une
defcente dans l'Ifle Daix. Quoiqu'on ne croye
point avoir rien à craindre pour les côtes , vu les
meſures qui ont été priſes pour leur défenſe ; le
Roi , pour plus grande fûreté , a jugé à propos de
faire partir pour la Rochelle quatre bataillons des
Gardes Françoifes , deux Bataillons des Gardes
Suiffes , & un détachement de la Cavalerie de fa
Maiſon. Sa Majesté a envoyé ordre auffi à quelques-
uns des Régimens , dont les quartiers font
le plus à portée du pays d'Aunis , de fe rendre
dans cette Province.
M. de Maupeou , premier Préfident du Parle
ment ayant demandé la permiffion de fe demettre
de fa place , le Roi en a difpofé en faveur de M.
le Préfident Molé. Sa Majefté a gratifié M. de
Maupeou d'une penfion de quarante mille livres .
Le Roi a accordé à l'Abbé Salabery , Confeiller
de la Grand-Chambre , l'expectative d'une des
trois places de Confeillers d'Etat d'Eglife.
Le 6 Octobre, M. le Comte de Sartiranne , Am--
baffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , à laquelle il fut conduit par
M. de la Live, Introducteur des Ambaffadeurs..
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour , le Roi a tenu le Sceau pour la
quatorzieme & la quinzieme fois.
Le 2 , M. le Préſident Molé prêta ferment entre
les mains du Roi pour la place de premier Préfident
du Parlement..
L'Archevêque de Paris arriva de Conflans enfon
palais archiepifcopal le premier d'octobre au foir.
Ce Prélat fe rendit le 2 à Verfailles , où il eut
l'honneur de préfenter fes refpects au Roi , à la
Reine , & à la Famille Royale.
Le Capitaine Berrade , commandant le Corfaire
la Marquise de Salba , a pris le navire Anglois le
Prince d'Orange , allant de Rhode- Iſland à Lon
dres avec un chargement de bois de Campeche . Il
s'eft auffi rendu maitre d'un Senaw , qui portoit de
Dublin à Antigoa fept cens & quelques barrils de
boeuf d'Irlande.
Le Corfaire l'Etigny s'eft emparé du Senaw le
Mélange , dont la charge confiftoit principalement
en grains & en falaifons , & du Senaw la
Méditerranée , chargé de fel.
Deux navires Anglois ont été enlevés par le
corfaire la Favorite , que commande le Capitaine
Sopite. Il y avoit fur l'un de ces bâtimens deux
mille trois cens quintaux de morue. L'autre en
portoit quatorze cens quintaux. Ce dernier a été
conduit dans un port d'Espagne.
De trois prifes qu'a faites le Corfaire l'Amiral ,
aucune n'a eu le bonheur d'arriver à bon port.
Le fieur la Fuente , commandant ci- devant la
frégate la Bohémienne , écrit de Falmouth , qu'il a
été obligé de fe rendre au corfaire la Défiance , de
Londres.
Le fieur de l'Ile - Beauchefne , Capitaine de vailfeau
, commandant la frégate du Roi le Zéphyr
s'eft rendu maître de deux corfaires Anglois , qui
!
OCTOBRE . 1757. 209
tous deux font armés de 10 canons , 8 pierriers ,
& ont l'un 72 hommes d'équipage , l'autre 48 .
Selon les avis reçus de Dunkerque , la frégate
la Comteffe de la Serre , de ce port , commandée
par le Capitaine Robert , & montée de 18 canons
de 8 livres de balle , s'empara le 20 fept. de 3 navires
Anglois à la hauteur d'Edimbourg . Deux de
ces bâtimens étoient partis de Kiga , chargés de
lin , de chanvre , de planches & de poutres . Le
troifieme venoit de Petersbourg avec un chargement
de fer & de chanvre. On eſtime que ces trois
prifes montent à cent cinquante mille livres . La
frégate la Comteffe de la Serre étoit partie le 16 de
Dunkerque. Le lendemain elle eut à l'entrée de la
Tamife , un combat avec une frégate Angloiſe de
24 canons de huit livres de balle . Le Capitaine
Robert auroit enlevé la frégate ennemie , fi la vue
de plufieurs navires de force , qui venoient la fecourir
, ne l'eût obligé de fe retirer.
Le Capitaine de Cock , qui commande le corfaite
le Comte de Maurepas , de Dunkerque , s'eft
emparé des navires Anglois le Bon Marchand &
la Concorde , & d'un brigantin , dont étoit maître
Jofeph Forceſter, & il les a rançonnés pour 26640
livres. Il a fait une autre prife chargée de fucre ,
de café , de cuirs fecs & de bois de Campeche ,
qui a coulé bas en arrivant à Dunkerque , mais
on en a ſauvé la cargaiſon .
E 17 Septembre , M. le Baron de Lichtenftein ,
Miniftre Plénipotentiaire du Duc de Saxe- Gotha ,
eut une audience particuliere du Roi , dans
laquelle it a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de
Créance . Il a été conduit à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin
, de Madame Infante , de Madame & de
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , par le
même Introducteur .
Le Roi a difpofé de la charge de Premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort
de M. le Duc de Gefvres , en faveur de M. le Duc
de Duras , & du Gouvernement de Paris , qui
vaquoit par la même mort , en faveur de M. le
Duc de Chevreuse.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Gouvernement de la Province de Piñe de
France , dont M. le Duc de Gefvres étoit pourvu
, paffe à M. le Comte de Trêmes qui , depuis
la mort de M. le Duc fon frere , a pris le titre de
Duc de Trêmes.
La place de Dame du Palais de la Reine , va~
cante par la mort de la Princeffe de Montauban,
a été donnée à Madame la Marquife d'Efcars.
M. le Duc de Duras arriva ici le 16 , & remit
au Roi une Convention , qui a été conclue le 10
entre le Maréchal Duc de Richelieu , Général des
armées de Sa Majefté en Allemagne , & le Duc
de Cumberland , Général de l'armée du Roi d'Angleterre
Electeur d'Hanovre. Cette convention
porte en fubftance : Que les hoftilités cefferont
de part & d'autre . Que les troupes auxiliaires ,
fçavoir , celles de Heffe , de Brunfwick , de Saxe-
Gotha , & même celles du Comte de la Lippe-
Buckemberg , feront renvoyées , & le rendront ,
avec des paffe ports de M. le Maréchal de Richelieu
, dans leurs pays refpectifs , où elles feront
placées & difperfées fuivant ce qui fera ultérieurement
réglé. Que le Duc de Cumberland paſſera
l'Elbe avec la partie de fon armée , qu'il ne pour
ra pas placer dans la Ville de Stade ou aux environs.
Que les troupes , qui formeront la Garnifon
de Stade , ou feront placées aux environs ,
& qui confifteront en 10 Bataillons & 18 Efcadrons
, ne pourront faire aucun acte d'hoftilité ,
ni être recrutées fous aucun prétexte , ou augmentées
dans aucun cas. Que ces troupes ne
pourront point fortir des limites qui leur feront
affignées , & qui feront marquées avec des poreaux.
Que les troupes Françoifes demeureront
dans le refte des Duchés de Bremen & de Verden,
jufques à une conciliation définitive des deux
OCTOBRE. 1757- 20
Souverains. Que le Maréchal de Richelieu accordera
les paffeports & les fûretés néceffaires
aux troupes Hanoveriennes , qui fe retireront au
delà de l'Elbe , & qui confiftent en 15 Bataillons
, 6 Efcadrons , & tout le Corps des Chaf
feurs. Il a été ftipulé auffi , que le Roi de Danemarck
, fous la garantie de qui cette Conventions
a été faite , s'obligera d'en affurer l'exécution:
pleine & entiere.
On a reçu avis que la flotte Angloife , qui a fait
voile de Portſmouth le 8 de Septembre , s'étoit
préfentée fucceffivement devant les Illes d'Oleron
& de Ré , & que le 23 elle avoit fait une
defcente dans l'Ifle Daix. Quoiqu'on ne croye
point avoir rien à craindre pour les côtes , vu les
meſures qui ont été priſes pour leur défenſe ; le
Roi , pour plus grande fûreté , a jugé à propos de
faire partir pour la Rochelle quatre bataillons des
Gardes Françoifes , deux Bataillons des Gardes
Suiffes , & un détachement de la Cavalerie de fa
Maiſon. Sa Majesté a envoyé ordre auffi à quelques-
uns des Régimens , dont les quartiers font
le plus à portée du pays d'Aunis , de fe rendre
dans cette Province.
M. de Maupeou , premier Préfident du Parle
ment ayant demandé la permiffion de fe demettre
de fa place , le Roi en a difpofé en faveur de M.
le Préfident Molé. Sa Majefté a gratifié M. de
Maupeou d'une penfion de quarante mille livres .
Le Roi a accordé à l'Abbé Salabery , Confeiller
de la Grand-Chambre , l'expectative d'une des
trois places de Confeillers d'Etat d'Eglife.
Le 6 Octobre, M. le Comte de Sartiranne , Am--
baffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , à laquelle il fut conduit par
M. de la Live, Introducteur des Ambaffadeurs..
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour , le Roi a tenu le Sceau pour la
quatorzieme & la quinzieme fois.
Le 2 , M. le Préſident Molé prêta ferment entre
les mains du Roi pour la place de premier Préfident
du Parlement..
L'Archevêque de Paris arriva de Conflans enfon
palais archiepifcopal le premier d'octobre au foir.
Ce Prélat fe rendit le 2 à Verfailles , où il eut
l'honneur de préfenter fes refpects au Roi , à la
Reine , & à la Famille Royale.
Le Capitaine Berrade , commandant le Corfaire
la Marquise de Salba , a pris le navire Anglois le
Prince d'Orange , allant de Rhode- Iſland à Lon
dres avec un chargement de bois de Campeche . Il
s'eft auffi rendu maitre d'un Senaw , qui portoit de
Dublin à Antigoa fept cens & quelques barrils de
boeuf d'Irlande.
Le Corfaire l'Etigny s'eft emparé du Senaw le
Mélange , dont la charge confiftoit principalement
en grains & en falaifons , & du Senaw la
Méditerranée , chargé de fel.
Deux navires Anglois ont été enlevés par le
corfaire la Favorite , que commande le Capitaine
Sopite. Il y avoit fur l'un de ces bâtimens deux
mille trois cens quintaux de morue. L'autre en
portoit quatorze cens quintaux. Ce dernier a été
conduit dans un port d'Espagne.
De trois prifes qu'a faites le Corfaire l'Amiral ,
aucune n'a eu le bonheur d'arriver à bon port.
Le fieur la Fuente , commandant ci- devant la
frégate la Bohémienne , écrit de Falmouth , qu'il a
été obligé de fe rendre au corfaire la Défiance , de
Londres.
Le fieur de l'Ile - Beauchefne , Capitaine de vailfeau
, commandant la frégate du Roi le Zéphyr
s'eft rendu maître de deux corfaires Anglois , qui
!
OCTOBRE . 1757. 209
tous deux font armés de 10 canons , 8 pierriers ,
& ont l'un 72 hommes d'équipage , l'autre 48 .
Selon les avis reçus de Dunkerque , la frégate
la Comteffe de la Serre , de ce port , commandée
par le Capitaine Robert , & montée de 18 canons
de 8 livres de balle , s'empara le 20 fept. de 3 navires
Anglois à la hauteur d'Edimbourg . Deux de
ces bâtimens étoient partis de Kiga , chargés de
lin , de chanvre , de planches & de poutres . Le
troifieme venoit de Petersbourg avec un chargement
de fer & de chanvre. On eſtime que ces trois
prifes montent à cent cinquante mille livres . La
frégate la Comteffe de la Serre étoit partie le 16 de
Dunkerque. Le lendemain elle eut à l'entrée de la
Tamife , un combat avec une frégate Angloiſe de
24 canons de huit livres de balle . Le Capitaine
Robert auroit enlevé la frégate ennemie , fi la vue
de plufieurs navires de force , qui venoient la fecourir
, ne l'eût obligé de fe retirer.
Le Capitaine de Cock , qui commande le corfaite
le Comte de Maurepas , de Dunkerque , s'eft
emparé des navires Anglois le Bon Marchand &
la Concorde , & d'un brigantin , dont étoit maître
Jofeph Forceſter, & il les a rançonnés pour 26640
livres. Il a fait une autre prife chargée de fucre ,
de café , de cuirs fecs & de bois de Campeche ,
qui a coulé bas en arrivant à Dunkerque , mais
on en a ſauvé la cargaiſon .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 17 septembre, le Baron de Lichtenstein, ministre plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha, a été reçu en audience privée par le Roi, qui a accepté ses lettres de créance. Le Roi a procédé à plusieurs nominations : le Duc de Duras a été nommé Premier Gentilhomme de la Chambre, le Duc de Chevreuse Gouverneur de Paris, et le Comte de Trêmes, devenu Duc de Trêmes, Gouverneur de la Province de Pîne de France. La Marquise d'Escars a été désignée Dame du Palais de la Reine. Le Duc de Duras a présenté au Roi une convention signée le 10 septembre entre le Maréchal Duc de Richelieu et le Duc de Cumberland, prévoyant la cessation des hostilités et le retrait des troupes auxiliaires. Les troupes françaises resteront dans les Duchés de Bremen et de Verden jusqu'à une conciliation définitive. La flotte anglaise a été repérée devant les îles d'Oléron et de Ré, et a effectué une descente dans l'île Daix. En réponse, le Roi a renforcé les défenses des côtes en envoyant des troupes à La Rochelle et dans la province d'Aunis. M. de Maupeou a démissionné de son poste de Premier Président du Parlement, remplacé par M. le Président Molé, qui a prêté serment le 2 octobre. Le Roi a accordé une pension à M. de Maupeou et une place de Conseiller d'État d'Église à l'Abbé Salabery. Le 6 octobre, l'ambassadeur du Roi de Sardaigne, le Comte de Sartiranne, a été reçu en audience privée. Le Roi a tenu le Sceau pour la quatorzième et la quinzième fois. L'Archevêque de Paris est arrivé à Versailles le 2 octobre. Des corsaires français ont réalisé plusieurs prises maritimes, notamment des navires anglais chargés de bois de Campeche, de grains, de morue et de sel. La frégate la Comtesse de la Serre a capturé trois navires anglais près d'Édimbourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 177-201
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 9 Octobre, sur les cinq heures de l'après-midi, Madame la Dauphine commença à sentir [...]
Mots clefs :
Naissance du Prince, Comte d'Artois, Famille royale, Cérémonie, Madame la Dauphine, Accession à des charges, Serment, Troupes, Actes de piété et démonstrations de joies, Députés, Canada, Anglais, Nouvelle France, Campagne militaire, Ennemis, Marquis de Vaudreuil, Forts, Expéditions, Batailles, Lieutenant, Colonel, Marquis de Montcalm, Capitaine, Soldats, Chevalier, Milices, Défense, Les sauvages, Camps, Protections, Artillerie, Siège, Victoire, M. Passemant, Miroir, Corsaires , Navires, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
I
E 9 Octobre , fur les cinq heures de l'aprèsmidi
, Madame la Dauphine commença à fentir
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
des douleurs. Vers les fept heures du foir , cette
Princeffe accoucha d'un Prince , que le Roi a nom.
mé Comte d'Artois. M. l'Abbé de Bouillé , Comtede
Lyon , & premier Aumônier de Sa Majeſté ,
fit , à fept heures un quart , la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe da
Château . Monfieur Rouillé , Miniftre d'Etat , Sur
Intendant général des Poftes , & grand Tréforier
de l'Ordre du S. Elprit , ayant apporté le Cordon
de cet Ordre , eut l'honneur de le paffer au col
du Prince . Monfeigneur le Comte d'Artois fut enfuite
remis à la Comteffe de Marfan , Gouvernante.
des Enfans de France ; & elle le porta à l'appartement
qui lui étoit deſtiné . Ce Prince y fut conduit
par le Maréchal Duc de Luxembourg , Capitaine
des Gardes du Corps.
Le Roi & la Reine , accompagnés de la Famille
Royale , ainfi que des Princes & Princeffes du
Sang , des grands Officiers de la Couronne , des.
Miniftres , des Seigneurs & Dames de la Cour
& précédés des deux Huiffiers de la Chambre quis
portoient leurs maffes , fe rendirent le lendemain
à la Chapelle. Leurs Majeftés y entendirent la
Meffe , pendant laquelle M. Colin de Blamont ,
Chevalier de l'Ordre de S. Michel , & Sur- Intendant
de la Mufique de la Chambre , fit exécuter le
Te Deum en mufique , de fa compofition . Cette
Hymne fut entonnée par M. l'Abbé Gergois, Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique.
Après la Meffe , le Roi & la Reine , Monfeigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante Duchellede
Parme , Madame ,. & Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , reçurent dans leurs appartemens
les révérences des Dames de la Cour , à l'occafion
NOVEMBRE. 1757 179
des couches de Madame la Dauphine , & de la
naiffance du Prince.
On tira le foir un bouquet d'artifice devant les
fenêtres du Roi.
Sa Majefté a fait partir Monfieur Pernot- du
Buat , un de fes Gentilshommes ordinaires
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois au Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine & le jeune Prince fe por--
tent auffi bien qu'on puiffe le défirer.
9"
Sur le premier avis que Madame la Dauphine:
avoit reffenti quelques douleurs , le Corps - de-Ville
s'étoit affemblé. A huit heures & demie du foir
le fieur d'Amfreville , Chefde Brigade des Gardes.
du Corps , vint lui apprendre , de la part du Roi,.
la naiffance d'un Prince. Auffi -tôt les Prevôt des
Marchands & Echevins firent annoncer à toute la
Ville , par une falve générale de l'artillerie , & par
la cloche de l'Hôtel- de-Ville , qui a fonné jufqu'au
lendemain minuit , la nouvelle faveur qu'il
a plu à Dieu d'accorder au Roi & à la Nation. On
tira le même foir dans la place de l'Hôtel - de-Ville :
un grand nombre de fufées volantes,
Le ro , les officiers des cérémonies étant ab--
fens , le fieur Ourfin de Soligny , Maître d'hôtel
du Roi , remit au Corps - de- Ville une lettre de Sa
Majefté. Il fut fait deux falves générales de l'artil
lerie , l'une dès le matin , l'autre vers les fix heu--
res du foir , après laquelle les Prevôt des Marchands
& Echevins allumerent,avec les cérémonies
accoutumées , le bucher qui avoit été dreffé dans
la place devant l'Hôtel- de- Villé . Ce feu fut accom.-
pagné d'une grande quantité d'artifice : On fit couler
dans la place plufieurs fontaines de vin , & l'on
diftribua du pain &. des. viandes au peuple . Des.
H.vj.
180 MERCURE DE FRANCE.
orcheftres remplis de muficiens , mêlerent le foa
de leurs inftrumens aux acclamations dictées paa
Palégretle publique. La façade de l'Hôtel- de-
Ville fut illuminée par plufieurs filets de terrines ,
ainfi que l'hotel du Prevôt des Marchands , & les
mailons des Echevins & Officiers du Bureau de la
Ville.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de la Tour-
Dupin de Paulin le régiment de Guyenne , vacant
par la mort de M. le Conte de Montmorenci-
Laval , tué à la bataille de Haftembecke .
a
Le Roi ayant admis dans fon Confeil des Dépêches
les fieurs Gilber de Voyfins & Berryer , Confeillers
d'Etat , le 16 octobre ils eurent l'honneur
de faire leurs remerciemens à Sa Majeſté.
Sa Majesté a donné le gouvernement général de
l'Orléanois , vacant par la mort de M. le Duc d'Antin
, au Comte de Rochecouart , fon Miniftre
Plénipotentiaire à la Cour de Parme.
Le 19 , M. le Duc de Duras prêta ferment entre
les mains du Roi pour la charge de premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort du
Duc de Gefvres.
Le même jour, M. le Marquis de Gontaut prêta
ferment entre les mains de Sa Majeſté , pour la
Lieutenance générale du Languedoc , vacante par
la mort de M. le Maréchal Duc de Mirepoix.
Le Roi a difpofé en faveur du Prince de Beauveau
, de la charge de Capitaine des Gardes du
Corps , qu'avoit auffi le feu Maréchal Duc de Mirepoix
Sa Majesté a accordé au Vicomte de Noë,
Chambellan du Duc d'Orléans , & Capitaine de
vaiffeau , un brevet de Colonel à la ſuite du régiment
d'Orléans cavalerie.
M. de Lamoignon de Bafville a obteau da
A
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I
fo
P
ve
G
M
G:
NOVEMBRE . 1757. 181
Roi l'agrément de la charge de Préſident du Par
lement , dont le fieur Molé , premier Préfident ,
étoit revêtu.
Le Roi a nommé M. le Comte des Salles, Capitaine
de Cavalerie dans le régiment d'Harcourt ,
à la place deColoneldans lesGrenadiers de France,
vacante par la nomination de M. le Marquis de la
Tour - Dupin de Paulin au régiment de Guyenne.
Les troupes de la Maiſon du Roi , qui avoient
été détachées pour la défenſe de nos côtes , ne
font point arrivées à leur deftination , par la
prompte retraite des Anglois , & ont eu ordre de
revenir. Les Gardes Françoifes & les Gardes Suiffes
qui étoient reftées à Tours , à Saumur & à
Blois , doivent fe rendre ici fucceffivement dans
Fla fin d'octobre , & au commencement de novembre.
Les détachemens des Gardes du Corps ,
Gendarmes de la Garde , Chevaux- Légers , &
Moufquetaires de la premiere Compagnie , font
tous partis le 19 octobre , d'Orléans , d'Eftampes ,
d'Arpajon & de Chartres , où ils étoient reftés. La
feconde Compagnie des Moufquetaires , & les
Grenadiers à cheval , qui avoient reçu des contreordres
à temps , n'ont point quitté leurs quartiers.
Madame la Dauphine étant accouchée d'un
Prince le 9 d'octobre , M. le Marquis de Paulmy ,
Miniftre & Sécretaire d'Etat , expédia fur le champ.
un courier aux Députés des Etats de la Province
d'Artois
, pour leur faire fçavoir que le Roi avoit
nommé le nouveau Prince , Comte de cette Pro-,
vince. Auffitôt que cette nouvelle fut portée à
Arras , Capitale de l'Artois , toutes les cloches de
la Ville fonnerent , les habitans fermerent d'euxmêmes
leurs boutiques , & coururent en foule à
P'Eglife , pour y rendre à Dieu des actions.de.gra
182 MERCURE DE FRANCE.
ees de l'heureuſe délivrance de Madame la Dau
phine , & lui demander la conſervation d'un
Prince qui leur eft d'autant plus cher , que la
Province , depuis cinq hecles , a été privée de
Phonneur de voir fon nom porté par un Prince
de la Maiſon Royale. Ces actes de piété furent
fuivis des démonftrations de la joie la plus vive.
La nouvelle fut bientôt répandue jufqu'aux extrê
mités de l'Artois ; & tous les peuples , à l'envi de
la Capitale , s'emprefferent de faire éclater lear
reconnoiffance & leur alegreffe . Les Etats de la
province s'affemblerent extraordinairement , &
éfolurent de nommer une députation folemnelle,
formée de trois perfonnes de chaque ordre , pour
aller , conjointement avec les députés ordinaires
qui réfident cette année à la fuite de la Cour , remercier
le Roi de lafaveur fignalée que Sa Majesté
vient d'accorder à l'Artois , & pour la féliciter ,
ainfi que la Famille royale , fur cet heureux évé
nement. Cette députation s'étant rendue à Verfailles
le Dimanche 16 d'octobre , elle fut admife
à l'audience du Roi , de la Reine , de Monseigneur
le Dauphin , de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, de Monfeigneur le Duc de Berry , de Mon
feigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame Infante Ducheffe
de Parme , de Madame , & de Meſdames Victoire ,
Sophie & Louife. Les Députés furent préfentés
par M. le Marquis de Paulmy , Miniftre & Secresaire
d'Etat , ayant le département de la Province,
& conduits par M. Defgranges , Maître des Céré
monies. La députation étoit compofée de MM. les
Evêques d'Arras , de Saint - Omer , l'Abbé de
Saint-Waak & l'Abbé de Cry , Chanoine de is
Cathédrale d'Arras , pour le Clergé ; de MM. le
Marquis de Creny , le Comte d'Houchin , k
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4
#1
NOVEMBRE . 1757. 183:
Baron de Wifmes , & le Baron d'Haynin , pour la
Nobleffe ; de MM. de Canchy , Echevin de la ville
de Saint - Omer ; Cornuel & Goffes , Echevins de
la ville d'Arras , & de Gouves , Procureur du Roi
de la même ville , pour le Tiers - Etat. Elle étoit
accompagnée de M. le Premier Préfident & du .
Confeil Provincial d'Artois . M. l'Evêque de Saint-
Omer porta la parole , & exprima d'une maniere:
touchante les fentimens de joie , d'amour , de
refpect & de reconnoiffance, communs à tous les
habitans de l'Artois. Cette Province fut réunie à
la Couronne en 1199 , par Philippe Augufte. Il
Périgea en Comté , & la donna à fon fils aîné , depuis
Louis VIII . Ce Comté paffa enfuite à Robert,.
fecond fils de Louis , qui porta le nom de Comte:
d'Artois , & fut tué à la bataille de la Maffoure,
Philippe le Bel en 1297 érigea l'Artois en Comté
Pairie.
La Princeffe de Condé eft accouchée heureufe--
ment les d'Octobre d'une Princeffe.
Les mauvais fuccès que les Anglois ont éprouvés
dans les entreprifes qu'ils ont tentées , foit dans le
fein de la paix , foit depuis la déclaration de la
guerre , pour envahir le Canada , ne les ont point
rebutés . Perfonne n'ignore les préparatifs im
menfes qu'ils avoient faits pour l'attaquer cette
année tout à la fois par mer & du côté des
terres. Les forces navales , que le Roi a deſtinées
pour la défenſe de cette colonie , ont fait échouer
leur projet du côté de la mer; & les difpofitions:
qui ont été faites dans le pays , les ont mis éga
lement hors d'état de faire aucune tentative fur les
frontieres.
Dès la fin de la campagne de l'année derniere ,,
M. le Marquis de Vaudreuil, Gouverneur & Lieute
pant-Général de la Nouvelle France , s'occupa de
184 MERCURE DE FRANCE.
tous les arrangemens qu'il pouvoit y avoir à pren
dre pour le mettre en état de les repouffer de toutes
parts.
Il prit des mefures pour avoir des partis de Canadiens
& de Sauvages continuellement en cam.
pagne durant l'hyver. Les incurfions que ces détachemens
ont faites fur les ennemis leur ont ré
beaucoup de monde , & donné l'alarme à leurs
colonies, où ils ont fait beaucoup de ravages.
M. le Marquis de Vaudreuil s'eft appliqué authà
ménager les bonnes difpofitions des Nations Sauvages
, qui en général font foulevées contre l'iajuftice
des prétentions & la violence des procédés
des Anglois. Celles qui font anciennement alliées
de la France n'ont point ceffé de donner de nouvelles
preuves de leur fidélité , & ont été continuellement
en parti contre les ennemis. D'autres
Nations nombreuſes font entrées dans cette alliance
, & ont pris part à la guerre. Les Iroquois
eux-mêmes , ces Nations que les Anglois repréſen
tent à l'Europe comme leurs fujettes , animés des
mêmes motifs que les autres Sauvages , ont pris le
même parti , malgré les efforts de toute espece
que les Gouverneurs Anglois ont faits pour obtenir
d'eux qu'ils s'en tinffent à la neutralité qu'ils
avoient obfervée dans les guerres précédentes
d'entre la France & l'Angleterre.
C'eſt relativement aux avantages que M. le Marquis
de Vaudreuil s'eft vu en état de tirer des difpofitions
de toutes ces Nations , qu'il a réglé fes
opérations.
Il avoit jugé que les ennemis tourneroient leurs
principaux efforts du côté du Lac Saint- Sacrearent
& du Lac Champlain ; & il a donné une
attention particuliere à munir les Forts qui défendent
cette frontiere. Les ennemis ayant été infor
NOVEMBRE. 1757 . 185
més qu'on devoit faire pafler du Fort Saint-Fre
déric au Fort de Carillon quelques provifions fous
l'escorte d'un petit détachement , en envoyere t
un de quatre-vingts hommes d'élite , qui enleva les
premieres traînes de ce convoi & fept Soldats ;
mais le Commandant du Fort Saint- Frédéric fit
marcher un nouveau détachement qui coupa celui
des ennemis dans fon chemin , le défit entiérerement
, à l'exception de trois hommes qui fe
fauverent , & reprit les traînes dont les ennemis
s'étoient emparés , & trois Soldats qui reftoient
de ceux qui avoient été enlevés . Cette action fe
pafla au mois de Janvier. MM . de Bafferode & de
la Grandville , Capitaines aux Régimens de Languedoc
& de la Reine , y eurent la principale
part.
M. le Marquis de Vaudreuil apprit dans le même
temps que les ennemis avoient raflemblé au
Fort Georges fitué fur le Lac Saint -Sacrement ,
des approvifionnemens confidérables de toures
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous
le canon de ce Fort un très -grand nombre de barques
, de bateaux & d'autres bâtimens , non-feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
, mais encore pour s'affurer la navigation de
ce Lac. Il jugea que tous ces préparatifs étoient
deftinés pour des entreprifes que les ennemis fe
propofoient d'exécuter au printems. Pour leur en
ôter les moyens , il fit , matcher au mois de Mars
un détachement de quinze cens hommes de troupes
réglées , Canadiens & Sauvages , fous les ordres
de M. Rigaud- de Vaudreuil , Gouverneur
des Trois - Rivieres , qui réuffit fi bien dans fon
expédition , qu'il parvint à brûler tous les bâtimens
de mer , tous les magafins qui étoient rem➡
plis de toutes fortes de munitions & d'uftenfiles
186 MERCURE DE FRANCE.
pour une armée de quinze mille hommes , & généralement
tout ce que les ennemis avoient raſ◄
femblé fous le Fort , lequel refta ifolé.
M. le Marquis de Vaudreuil ne fe contenta
pas des obftacles qu'il oppofoit par- là à l'exécution
des projets des ennemis du côté du Lac Saint-Sacrement
, il fortifia de nouveau les garnifons des
poftes qui font fur cette frontiere ; & au moyen
du renfort de troupes & des autres fecours que le
Roi a fait paffer en Canada , ce Gouverneur s'eft
trouvé en état d'agir offenfivement contre les ennemis.
Du côté de la Belle Riviere , il a fait détruire
plufieurs petits Forts qu'ils y avoient établis .
Pour profiter efficacement des avantages de
Pexpédition de M. Rigaud , & de ceux de la fituation
où le trouvoit la colonie du côté de la mer ,
il a formé le projet de s'emparer du Fort Georges.
L'établiffement de ce Fort , qui n'avoit été fait
que depuis peu de temps, étoit une de ces invaſions
que les Anglois font dans l'ufage de faire en tems
de paix fur les poffeflions de leurs voisins ; & il
leur donnoit les plus grandes facilités pour atta
quer le Canada par fon centre.
M. le Marquis de Vaudreuil a chargé de cette
importante expédition M. le Marquis de Montcalm
, Maréchal de Camp. Le corps de troupes
qu'il y a deftiné , étoit compofé de fix bataillons
de troupes de terre , d'un détachement des
troupes réglées de la colonie , de plufieurs détachemens
de milices , & de plufieurs partis de
Sauvages. Toutes ces troupes ont été raſſemblées
le 20 Juillet à Carrillon , où M. de Bourlamaque
, Colonel d'Infanterie , avoit déja fait les dif
pofitions préliminaires pour la marche de l'armée.
M. le Marquis de Montcalm s'y étoit rende
Σ
&
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་
NOVEMBRE. 1757. 187
quelque temps auparavant. En attendant que l'armée
pût le mettre en marche , il avoit détaché
M. de Rigaud- de Vaudreuil , pour s'emparer de
la tête du portage du Lac Saint- Sacrement , avec
un corps de troupes de la colonie , de Canadiens
& de Sauvages.
M. Kigaud- de Vaudreuil s'étant établi dans ce
pofte , il envoya trois détachemens à la découverte.
Le premier , qui n'étoit que de dix hommes ,
fut attaqué fur le Lac Saint- Saciement par plufieurs
canots , dans lefquels il y avoit cent vinge
à cent trente Anglois . Quoique M. de Saint-
Ours , Lieutenant des troupes de la Colonie ,
qui le commandoit , fût bleffé à la premiere décharge
, il fe défendit avec tant de fermeté , qu'il
obligea les ennemis à fe retirer.
Le fecond , qui étoit affez confidérable , fut
commandé par M. Marin , autre Lieutenant , quis
fe fit précéder par huit Sauvages qui faifoient fon
avant-garde , lefquels fe trouverent vis - àvis quarante
Anglois. Dès le premier abord , ils firent :
leur décharge fur les ennemis , tuerent leur Com
mandant , & mirent le refte en fuite. M. Marin ,,
ayant rejoint fon avant-garde , réduifit fon détachement
à cent cinquante hommes d'élite . Il fe
porta près du Fort Edouard , éloigné de quelques.
lieues du Fort Georges , fans être découvert. Il défit
d'abord une patrouille de dix hommes , enfuite
une garde ordinaire de cinquante hommes ,
& plufieurs travailleurs. Il fe préfenta à la vue da
camp des ennemis , qui fortirent au nombre de
trois mille hommes faifant feu fur lui . Il le foutine
pendant deux heures. Ce ne fut même qu'avec
peine qu'il obligea les Sauvages qui étoient avec
ui , à fe retirer, Il tua dans certe action plus de
"
H
188 MERCURE DE FRANCE. Re
*
cent cinquante hommes , à quarante defquels les
Sauvages leverent la chevelure. Il n'en perdit pas
un feul & il n'y eut de bleffés que deux Sauvages.
Le troifieme détachement , commandé par M.
Corbiere , autre Officier de la Colonie , fe tint
embufqué pendant une journée. Au commencement
de la nuit , il apperçut fur le Lac vingt Berges
& deux Efquifs , dans lefquels il y avoit plus
de trois cens cinquante Anglois , commandés par
le Colonel Parker , cinq Capitaines , & fix autres
Officiers. Les Sauvages qui étoient avec lui firent
leur cri & leur décharge en même temps. Les
ennemis firent une foible réſiſtance. Deux feules
Berges fe fauverent , les autres furent prifes ou
coulées à fond. M. Corbier revint avec ceat
foixante-un prifonniers . Il y eut plus de cent cinquante
Anglois tués ou noyés ; & dans le détachement
François , il n'y eut qu'un Sauvage blee
affez légèrement .
M. le Marquis de Montcalm s'occupoit cependant
des difpofitions de fa marche . Il diftribua les
miliciens en plufieurs bataillons , dont il donnale
commandement à des Officiers des troupes de la
Colonie ; & des compagnies détachées de ces treapes
, il compofa un bataillon pour rouler avec
ceux des troupes de terre . H donna auffi à M. de
Villiers , Capitaine de celles de la Colonie , &
connu par plufieurs expéditions qu'il a exécutées
dans cette guerre , un corps de trois cens volontaires
Canadiens ; de maniere que l'armée le
trouva compofée de trois brigades de troupes ré-
'glées , qui étoient la brigade de la Reine , formée
des bataillons de la Reine & Languedoc , &
de celui des troupes de la Colonie ; la Brigade de
Sarre , des bataillons de la Sarre & de Guyen
d
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NOVEMBRE . 1757. 189
celle de Royal- Rouffillon , des bataillons de
Royal- Rouffillon & Bearn ; de fix brigades de
milices , des trois cens volontaires de Villiers , &
d'un détachement d'artillerie & de génie , compofé
de fept Officiers , & d'environ cent vingt
canonniers , bombardiers ou ouvriers . Tous ces
corps ne faifoient cependant enſemble que cinq
mille cinq cens combattans , non compris les
Sauvages qui étoient au nombre d'environ dixhuit
cens , parce que M. le Marquis de Montcalm
fut obligé de prendre dans les troupes quelques
détachemens , tant pour la garnifon du Fort de
Carillon , que pour quelques autres poftes .
Il étoit queftion de tranfporter par terre & à
bras d'hommes , depuis Carillon jufqu'au Lac
Saint-Sacrement , non feulement l'artillerie & les
munitions de guerre & de bouche de toute espece,
mais encore plus de quatre cens bateaux & canots ;
& cette opération fut fuivie avec tant de foin ,
qu'elle fut achevée la nuit du 31 Juillet au premier
Août.
Dès le 30 Juillet M. le Marquis de Montcalm
avoit fait partir M. le Chevalier de Levis , Brigadier
, à la tête d'un corps de deux mille cinq cens
hommes compofé de fix compagnies de Grenadiers
, huit piquets des volontaires de Villiers ,
d'environ mille Canadiens , & cinq cens Sauvages
, pour marcher au travers des bois , affurer
la navigation de l'armée , reconnoître & couvrir
fes débarquemens. Malgré les difficultés & les
fatigues de cette marche , cet Officier prit pofte
dès le lendemain au foir à la Baie de Ganaouské ,
qui n'eft qu'à quatre lieues du Fort Georges.
Le premier Août l'armée s'embarqua , & arriva
le 2 à trois heures du matin dans cette même
Baic. M. le Chevalier de Levis en repartit avec
190 MERCURE DE FRANCE.
fon détachement à dix heures , fe porta à une anfe
éloignée du Fort Anglois d'environ une lieue , &
fut reconnoître le Fort , la pofition des ennemis ,
& le débarquement propre à l'artillerie L'armée
arriva fur les onze heures du foir à cette même
anfe , & tout le monde reſta au bivouac .
Des prifonniers , qui furent faits pendant la
nuit des Canadiens & des Sauvages , rappor
par
terent que le nombre des ennemis pouvoit monter
à trois mille hommes , dont cinq cens étoient actuellement
dans le Fort , & le refte dans un camp
retranché qui étoit placé fur une hauteur à deux
cens toiles du Fort & à portée d'en rafraîchir continuellement
la garnifon. Ils ajouterent qu'au fignal
d'un coup de canon , toutes les troupes devoient
prendre les armes.
Sur ce rapport , qui s'accordoit avec les connoiffances
que M. le Chevalier de Levis avoit pri
fes fur la polition des ennemis , M. le Marquis de
Montcalm donna fur le champ l'ordre de marche
de l'armée , dont la difpofition fut faite pour recevoir
les ennemis , en cas qu'ils vinfſent à fa rencontre
, & pour , dans le cas où ils ne viendroient
pas , inveftir la place , & même attaquer le camp
retranché , s'il étoit jugé fufceptible d'une attaque
de vive force .
Le 3 à la pointe du jour , l'armée ſe mit en
marche.
M. le Chevalier de Levis faifoit l'avant-garde
avec fon corps , une partie des milices & tous les
Sauvages. Les bataillons & le refte des milices
marchoient enfuite en colonne , M. Rigaud-de
Vaudreuil à la droite , M. de Bourlamaque à la
gauche , & M. le Marquis de Montcalm dans le
centre. M. de Privat , Lieutenant- Colonel , avoit
été placé avec cinq cens hommes de troupes &
NOVEMBRE. 1757. 198
ane brigade de milices à la garde des bateaux &
de l'artillerie.
A midi , l'inveſtiſſement fut entierement formé
M. le Marquis de Montcalm , qui s'étoit porté à
l'avant -garde , ayant reconnu qu'il ne pouvoit at
taquer les retranchemens des ennemis , fans trop
compromettte fes forces , envoya ordre à M. de
Bourlamaque d'affeoir le camp de l'armée , la
gauche au Lac , la droite à des ravines preſque
inacceffibles , & d'y conduire fur le champ les
brigades de la Sarre & de Royal- Rouffillon . Pour
lui , avec la brigade de la Reine & une brigade de
milices , il paffa la nuit au bivouac , à portée de
foutenir le camp que M. le Chevalier de Levis occupoit
avec l'avant-garde fur le chemin du Forg
Gorges au Fort Edouard.
Comme ce pofte de l'avant -garde étoit trop
éloigné du ſiege , des bateaux & des vivres , elle
fe rapprocha le 4 au matin. M. le Marquis de
Montcalm ramena les deux brigades qu'il avoit
avec lui , prendre leur place dans le camp. L'ar
mée deſtinée à faire le fiege fe trouva alors poſtée ,
& compofée de fept bataillons de troupes , & de
deux brigades de milices. M. le Chevalier de Le
vis & M. Rigaud- de Vaudreuil , avec le refte des
milices , les volontaires de Villiers , & tous les
Sauvages , furent chargés de couvrir la droite du
camp , d'obferver les mouvemens des ennemis du
côté du chemin du Fort Edouard , & de leur don
ner à croire , par des mouvemens continuels , que
cette communication étoit encore occupée.
Dans l'après- midi du même jour 4 , on mar
qua le dépot de la tranchée. On fit le chemin de
ce dépôt au camp , les fafcines , gabions & fauciffons
néceffaires pour le travail de cette premiere
nuit ; & l'on mit en état une anfe , à laquelle le
192 MERCURE DE FRANCE.
dépôt aboutifloit , pour y pouvoir débarquer dans
la nuit l'artillerie à mesure qu'on en auroit befoin.
La nuit du 4 aus , on ouvrit la tranchée à 350
toiles du Fort d'attaque , embraffant le front du
Nord-Oueſt : cette tranchée étoit une espece de
premiere parallele. On commença auffi deux batteries
avec leur communication à la parallele.
Dans la journée dus , les travailleurs de jour
perfectionnerent les ouvrages de la nuit. Mais on
fut obligé de retirer un peu plus en arriere la gauche
du camp de l'armée , laquelle fe trouvoit trop
expofée au feu de la Place.
Le même jour , les Sauvages intercepterent
une lettre du Général Webb , écrite du Fort
Edquard en date du 4 à minuit . Il mandoit au
Commandant du Fort Georges , qu'auffitôt après
J'arrivée des milices des provinces auxquelles il
avoit envoyéordre devenir le joindre fur le champ,
il s'avanceroir pour combattre l'armée Françoife ;
que cependant , fi ces milices arrivoient trop tard
le Commandant fît enforte d'obtenir les meilleures
conditions qu'il pourroit. Cette lettre détermina
M. le Marquis de Montcalm à accélérer encore
la construction des batteries ; & le nombre
des travailleurs fut augmenté.
La nuit dus au6 , on acheva la batterie de la
gauche qui fut en état de tirer à la pointe du jour ;
elle étoit de huit pieces de canon & d'un mortier,
& elle battoit le front d'attaque & la rade des barques.
On acheva auſſi la communication de la batterie
de la droite avec la parallele , & l'on avança
confidérablement cette batterie.
La nuit du 6 au7 , on conduifit un boyau de
Iso toifes en avant fur la capitale du Baftion de
P'Ouest , & l'on acheva la batterie de la droite.
Elle étoit de huit pieces de canon , d'un mortier
&
te
fe
NOVEMBRE . 1757. 193
& de deux obufiers : elle battoit en écharpant le
front d'attaque , & à ricochet le camp retranché.
Elle fut démafquée à fept heures du matin ; &
après une double falve des deux batteries , M. le
Marquis de Montcalm jugea à propos de faire porter
au Commandant de la Place la lettre du Général
Webb , par M. de Bougainville un de fes Aides
de camp.
La nuit du 7 au 8 , les travailleurs cheminant
fur la Place , en continuant le boyau commencé
la veille , lequel fut conduit à 100 toifes du foffé,
ouvrirent auffi à l'extrêmité de ce boyau , un cro
chet pour y établir une troifieme batterie , & y
loger de la moufqueterie . Vers minuit , les enne
mis firent fortir trois cens hommes du camp retranché
. M. de Villiers tomba fur eux avec un
petit nombre de Canadiens & de Sauvages , leur
tua foixante hommes , fit deux prifonniers , &
força le refte à rentrer dans le camp.
Le travail de la nuit avoit conduit à un marais
P'environ so toifes de paffage , qu'un côteau qui
e bordoit mettoit à couvert des batteries de la
Place , à l'exception de 10 toifes de longueur ,
bendant lefquelles on étoit expoſé au feu de ces
batteries. Quoiqu'en plein jour , M. le Marquis
le Montcalm fit faire ce paffage comme celui
l'un foffé de place rempli d'eau , les fappeurs s'y
orterent avec tant de vivacité , que , malgré le
eu du canon & de la moufqueterie des ennemis ,
I fut achevé dans la matinée même , & qu'avant
a nuit une chauffée capable de fupporter l'artilleie
fe trouva pratiquée dans le marais. La moufueterie
des Canadiens & des Sauvages , qui tisient
aux embrafures du Fort , diminua beauoup
durant cette journée le feu des ennemis .
A quatre heures du foir , les Sauvages- Décou
I
194 MERCURE DE FRANCE.
vreurs rapporterent qu'un gros corps d'armée
marchoit au fecours de la place par le chemin du
Fort Edouard . M. le Chevalier de Levis s'y por
fur le champ avec la plus grande partie des Canadiens
& tous les Sauvages. M. le Marquis de
Montcalm ne tarda pas à le joindre avec la brigade
de la Reine & une brigade de milices . Il s'avançoit
en bataille prêt à recevoir l'ennemi ; les
bataillons en colone fur le grand chemin , les
Canadiens & les Sauvages fur les aîles dans les
bois , lorfqu'il apprit que la nouvelle étoit faufle.
Il fit rentrer les troupes dans leur camp . Ce mor
vement ne caufa aucun dérangement aux travar
du fiege ; & la promptitude avec laquelle il f
exécuté , fit un très -bon effet dans l'efprit des
Sauvages.
La nuit du 8 au 9 , on déboucha du marais pur
un boyau fervant de communication à la feconde
parallele qui fut ouverte fur la crête du côteau, &
fort avancée dans la nuit. C'eft de cette parallele
qu'on devoit partir pour établir les batteries de
breche , & en la prolongeant , envelopper le Fort
& couper la communication avec le retranche
ment , laquelle jufqu'alors avoit été libre. L
affiégés n'en donnerent pas le temps à huit he
res du matin ils arborerent pavillon blanc .
201
tro
le
fet
M. le Marquis de Montcalm dit au Colonel Co
Yong , envoyé par le Commandant pour trait
de la capitulation , qu'il ne pouvoit en fignera
cune fans en avoir auparavant communiqué les
ticles aux Sauvages. Deux motifs l'engageoiesti
ce ménagement pour eux : il croyoit le devoir
confiance & à la foumiffion avec lesquelles ils s
toient prêtés depuis le commencement de l'exp
dition à l'exécution des ordres qu'il leur avoit do
nés , & de toutes les propofitions qu'il leur apo
la
M
NOVEMBRE. 1757. 195
faites ; & il vouloit les mettre par -là dans l'obli
gation de ne rien faire de contraire à la capitulation
qui feroit arrêtée. Il convoqua donc fur le
champ un Confeil Général de tous les Sauvages.
Il expofa aux Chefs les conditions auxquelles les
Anglois offroient de fe rendre , & celles qu'il
étoit réfolu de leur accorder. Les Chefs s'en rapporterent
à tout ce qu'il feroit , & lui promirent
de s'y conformer , & d'empêcher que leurs jeunes
gens n'y contrevinffent directement ni indirectement.
M. le Marquis de Montcalm envoya immédia
tement après ce confeil , M. de Bougainville ,
pour rédiger la capitulation avec le Colonel Monro
, Commandant de la Place & du camp retran,
ché. Les principaux articles furent :
Que les troupes , tant de la garniſon que du
retranchement , fortiroient avec leurs bagages &
les honneurs de la guerre , & qu'elles fe retiroient
au Fort Edouard .
Que pour les garantir contre les Sauvages ,
elles feroient eſcortées par un détachement de
troupes Françoifes , & par les principaux Officiers
& interprêtes attachés aux Sauvages .
Qu'elles ne pourroient fervir de 18 mois , ni
contre le Roi , ni contre fes Alliés ;
Et que , dans l'efpace de trois mois , tous les
prifonniers François , Canadiens & Sauvages , faits
par terre dans l'Amérique feptentrionale , depuis
le commencement de la guerre par les Anglois ,
feroient conduits aux forts François de la frontiere.
Cette capitulation fut fignée à midi , & auffitôt
la garnifon fortit du fort pour joindre les troupes
du retranchement ; & M. de Bourlamaque prit
poffeffion du fort avec les troupes de la tranchée.
M. le Marquis de Montcalm envoya en même
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
temps au camp retranché , une garde que le Colo:
nel Monro lui avoit demandée , & il ordonna aux
Officiers & Interprêtes attachés aux Sauvages , dy
demeurer jufqu'au départ des Anglois , qui fe
trouvoient au nombre de 2264 hommes effectifs.
Malgré toutes ces précautions , & malgré les affu
rances que les Chefs Sauvages avoient données ,
lorfqu'il fut queftion de la capitulation , les Sauvages
firent du défordre dans le camp des Anglois.
M. le Marquis de Montcalm y accourut avec un
détachement de fes troupes. Les Sauvages avoient
déja fait un affez grand nombre de prifonniers ,&
en avoient même amené quelques-uns. Il fit rea
dre ceux qui reftoient , & M. le Marquis de Vaudreuil
a fait renvoyer les autres .
M. le Marquis de Montcalm a fait rafer le fort,
& détruire tout ce qui en dépendoit , conformé
ment aux inftructions qui lui avoient été données
par M. le Marquis de Vaudreuil. Il s'eft trouvé ,
tant dans le fort que dans le camp retranché , 23
pieces de canon , dont plufieurs de 32 livres , quatre
mortiers , un obufier , dix- fept pierriers , en
viron trente- fix milliers de poudre , beaucoup de
boulets , bombes , grenades , balles , avec tou
tes fortes de munitions & uftenfúles d'artillerie . On
y a trouvé auffi une provifion affez confidérable de
vivres , malgré le pillage que les Sauvages en ont
fait.
Les François n'ont eu que treize hommes de
tués & quarante de bleffés dans ce fiege. M. le
Febvre , Lieutenant des Grenadiers du régiment
Royal Rouflillon , eft du nombre des derniers par
un éclat de bombe : fa bleffure eft à la main. liby
point eu d'autres officiers tués ni bleſſés. Les enne .
mis y ont perdu cent huit hommes , & en ont eu
deux cens cinquante de blefiés,
Επ
le
C
tre
Aqde
B
NOVEMBRE. 1757. 197
"
Durant tout le fiége , l'armée a été prefque toute
entiere jour & nuit de fervice , foit à la tranchée ,
foit au camp , foit dans les bois , pour faire les
fafcines , gabions & fauciffons néceflaires . On a
fait avec la pioche , la hache & la fcie fix cens toifes
de tranchée aflez large pour y charroyer de
front deux pieces de canon les abattis , dont
tout le terrein étoit embarraffé, empêchant de les
faire paffer fur les revers. C'eſt à la fageffe des
difpofitions que M. le Marquis de Montcalm a
faites , & à l'activité avec laquelle il en a fuivi
l'exécution , que le fuccès de cette expédition eft
principalement dû. Il a été parfaitement fecondé
dans toutes les opérations par M. le Chevalier de
Levis , par M. Rigaud- de Vaudreuil , & par M,
de Bourlamaque. Les détails particuliers de l'artillerie
& du génie ont été très -bien remplis par M.
le Chevalier le Mercier , qui commandoit l'artillerie
, & par MM . Defaidouin & Lotbiniere ,
Ingénieur . Les Officiers & Soldats des troupes de
terre & de la colonie , ainfi que les milices & les
Officiers qui les commandoient , ont donné les
plus grandes marques de valeur & de bonne volonté
; & jamais les Sauvages n'avoient fait paroître
tant de fermeté & de conftance : ils avoient demandé
à monter à l'affaut avec les grenadiers , &
ils en attendoient le moment avec impatience.
Ce nouveau fuccès , qui a répandu une joie
générale dans la colonie de Canada , a animé
de plus en plus le zele avec lequel les habitans
s'efforcent de répondre aux mefures dont le Roi a
la bonté de s'occuper pour la défenfe de cette colonie
, & de feconder les foins que M. le Marquis
de Vaudreuil ne ceffe point de fe donner pour tout
ce qui peut y avoir rapport.
·
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
vent
trol
de
L
des
Le Roi ayant été informé que les paroiffesel
de Piriac & de Mefquer au Diocefe de Nantes
avoient été prefque entiérement ravagées le
27 juin dernier , par un orage mêlé de grêle
d'une groffeur extraordinaire , a fait toucher
aux Recteurs de ces deux paroiffes , la fomme de
fix mille livres pour être par eux employées en
achat de grains , & diftribuées fous l'inſpection
de M. le Comte de la Bourdonnaye- du Bois- Hullin
, Procureur- Général , Syndic des Etats de Bre- pe
tagne , tant pour enfemencer les terres , que pour
la nourriture des habitans dont les recoltes ont
été défolées par ce fléau . Cette nouvelle caracterife
notre Monarque plus glorieux encore par
fon humanité que par les victoires.
Co
I
M. Paffemant Ingénieur du Roi au Louvre ,
étoit déja connu pour Auteur de la fameufe
pendule couronnée d'une fphere mouvante , pla
cée en 1753 dans le cabinet du Roi à Verfailles
; fphere dont les révolutions font fi juftes , ue
qu'au jugement de l'Académie où l'on voit l'ertrait
page 183 de l'année 1749 de fes mémoires
, il n'y a pas en trois mil ans un feul degré
de différence avee les tables aftronomiques.
11 vient encore de finir pour le Roi deur
piéces uniques qu'on peut regarder comme chefd'oeuvres
, c'eft premiérement un grand miroir
de 45 pouces
de diametre qu'il a eu l'honneur
de préfenter au Roi le 13 août dernier , avec M.
de Bernieres , dans le pavillon conftruit par ordre
de Sa Majesté à la meute , pour le télescope ,
les ouvrages & les obfervations du pere Noël.
La glace de ce miroir a été courbée , par les
foins de M. de Buffon , dans un fourneau qu'i
avoit fait conftruire au Jardin Royal. M , Palle
mant l'a fait travailler au Louvre fous les yeur ,
M
174
Le
les
NOVEMBRE . 1757 . 199
& elle a été étamée d'une façon nouvelle , inventée
par M. de Bernieres , un des quatre Controlleurs
des ponts & chauflées.
Le Roi parut très - content des grands effets
de ce miroir. Si on y préfente des tableaux
même de fix pieds de grandeur , repréfentans
des vues de Paris , de Venife , des ports de
mer , des bâtimens , on croit voir de véritables
objets de grandeur naturelle : ainfi avec un fimple
deflein , on voit un bâtiment dans toute
la grandeur où il fera , & on juge de fon apparence
future. Un Peintre qui travaille à une
petite miniature , quelque petite qu'elle foit ,
peut la voir de grandeur naturelle , & peut par
conféquent fentir & corriger les moindres dé
fauts.
A
La chimie n'en tirera pas de moindres avantages.
On peut juger des grands effets de ce miroir
fur les métaux par la promptitude avec laquelle
il agit , l'argent a été fondu en trois fecondes.
M. Paffemant eut encore l'honneur de préfenter
au Roi un télescope aftéroftatique de fon invention
, dont il avoit lu un projet à l'Académie en
1746 , & qui avoit mérité fon approbation. Ce
télescope eft garni d'un midiometre : il fuit le
mouvement du ciel . Si on le met fur la lune , il
femble qu'elle foit fans mouvement ; fi on veut
voir enfuite une autre planete , il y a un ajuftement
qui le regle dans le moment pour cet aftre.
Il eft conduit par une mécanique toute nouvelle ,
fans aucun tremblement , ni agitation . Comme
les aftres paroiffent fixes , on peut obferver avec
une grande facilité : on peut placer les fils du midiometre
fur fes objets avec toute l'exactitude
poffible. Il eft propre à prendre la parallaxe de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Mars en fecondes de degrés au lieu de fecondes
de temps ainfi au lieu de deux fecondes , on
aura trente fecondes de degrés ; on obfervera facilement
la route des cometes : il fera d'une
grande utilité pour les paffages de Mercure fut
le difque du foleil, en l'année 1761 ; obſervation
qui n'a été faite qu'une feule fois , & par un
feul Obfervateur en l'année 1639.
Le Pere Noël repéta devant Sa Majefté les erpériences
d'une machine pneumatique nouvelle ,
& de plufieurs autres inftrumens qu'il avoit eu
P'honneur de lui préfenter au mois de mars dernier.
Le Roi parut fatisfait de tous ces ouvrages ,
qu'il examina pendant une heure .
Mefdames de France vinrent enfuite , & paffe
rent près de trois heures pendant lefquelles les
mêmes chofes furent répétées en leur préfence *
à leur fatisfaction .
Le corfaire le Romieu , de Saint - Malo , com
mandé par le Capitaine Morel , a conduit en ce
port le navire Anglois la Pensilvanie de 250 ton
neaux , qui alloit de Philadelphie à Londres, avec
une cargaifon de bois de Campêche , de pellete
zies , de café & d'autres marchandiſes.
Un navire Anglois de 300 tonneaux , chargé de
tabac , a été pris par le corfaire Entreprenant ,
qui l'a fait conduire å Morlaix.
Le Capitaine la Lande , commandant un corfaire
de Bordeaux , appellé le Prevêt de Paris , s'eft
rendu maître du corfaire le Hazard de Grenezey,
ayant 6 canons , 8 pierriers & 37 hommes d'équi
page , & il a repris le navire l'Aimable Jolie de
Bordeaux , & un autre bâtiment du même port ,
dont les Anglois s'étoient emparés.
Les navires Anglois le Prince d'Orange , chargé
de bois de Campeche , & le Saint - Eustache , de
NOVEMBRE . 1757. 201
Saint-Eustache , dont la cargaifon confifte en fucre
& en café , ont été pris par les corfaires la
Marquise de Salba & le d'Etigny de Bayonne , ou
ils font arrivés .
Les corfaires la Favorite & la Providence , de
Saint-Jean -de-Luz , fe font rendus maîtres , Pun
du navire Anglois la Sufanne , de Malblebard ,
chargé de 2200 quintaux de morue , l'autre d'un
Senaw , qui a pour cargaifon 334 barriques de
fardines.
Le Capitaine Papin , commandant le corfaire
la Marquise de Beringhen , de Boulogne , s'eft
emparé à la côte d'Angleterre du navire Anglois
l'Endeavour , de 100 tonneaux , deftiné pour la
Barbade , où il portoit un chargement compofé
de cire blanche , de farine , de boeuf falé & de
fromage.
Le même corfaire a pris un bateau de 25 à 39
tonneaux , chargé de caffonnade , de poudre à
canon , de chanvre & de fuif.
Le corfaire Anglois l'Epervier , armé de 10 canons
, 12 pierriers , & so hommes d'équipage , a
été pris par le Capitaine Berlamont , commandant
le corfaire l'Afie , de Dunkerque , & il a été conduit
au Havre.
On mande de Nantes , qu'il y eft arrivé un
fenaw Anglois appellé le Caton , de Vhul , armé
de 6 canons & de 4 pierriers , & chargé pour la
Jamaïque de munitions de guerre & de bouche ,
d'armes & de marchandifes feches . Ce bâtiment
a été pris par le Capitaine Poitevin , commandant
le navire la France.
I
E 9 Octobre , fur les cinq heures de l'aprèsmidi
, Madame la Dauphine commença à fentir
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
des douleurs. Vers les fept heures du foir , cette
Princeffe accoucha d'un Prince , que le Roi a nom.
mé Comte d'Artois. M. l'Abbé de Bouillé , Comtede
Lyon , & premier Aumônier de Sa Majeſté ,
fit , à fept heures un quart , la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe da
Château . Monfieur Rouillé , Miniftre d'Etat , Sur
Intendant général des Poftes , & grand Tréforier
de l'Ordre du S. Elprit , ayant apporté le Cordon
de cet Ordre , eut l'honneur de le paffer au col
du Prince . Monfeigneur le Comte d'Artois fut enfuite
remis à la Comteffe de Marfan , Gouvernante.
des Enfans de France ; & elle le porta à l'appartement
qui lui étoit deſtiné . Ce Prince y fut conduit
par le Maréchal Duc de Luxembourg , Capitaine
des Gardes du Corps.
Le Roi & la Reine , accompagnés de la Famille
Royale , ainfi que des Princes & Princeffes du
Sang , des grands Officiers de la Couronne , des.
Miniftres , des Seigneurs & Dames de la Cour
& précédés des deux Huiffiers de la Chambre quis
portoient leurs maffes , fe rendirent le lendemain
à la Chapelle. Leurs Majeftés y entendirent la
Meffe , pendant laquelle M. Colin de Blamont ,
Chevalier de l'Ordre de S. Michel , & Sur- Intendant
de la Mufique de la Chambre , fit exécuter le
Te Deum en mufique , de fa compofition . Cette
Hymne fut entonnée par M. l'Abbé Gergois, Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique.
Après la Meffe , le Roi & la Reine , Monfeigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante Duchellede
Parme , Madame ,. & Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , reçurent dans leurs appartemens
les révérences des Dames de la Cour , à l'occafion
NOVEMBRE. 1757 179
des couches de Madame la Dauphine , & de la
naiffance du Prince.
On tira le foir un bouquet d'artifice devant les
fenêtres du Roi.
Sa Majefté a fait partir Monfieur Pernot- du
Buat , un de fes Gentilshommes ordinaires
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois au Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine & le jeune Prince fe por--
tent auffi bien qu'on puiffe le défirer.
9"
Sur le premier avis que Madame la Dauphine:
avoit reffenti quelques douleurs , le Corps - de-Ville
s'étoit affemblé. A huit heures & demie du foir
le fieur d'Amfreville , Chefde Brigade des Gardes.
du Corps , vint lui apprendre , de la part du Roi,.
la naiffance d'un Prince. Auffi -tôt les Prevôt des
Marchands & Echevins firent annoncer à toute la
Ville , par une falve générale de l'artillerie , & par
la cloche de l'Hôtel- de-Ville , qui a fonné jufqu'au
lendemain minuit , la nouvelle faveur qu'il
a plu à Dieu d'accorder au Roi & à la Nation. On
tira le même foir dans la place de l'Hôtel - de-Ville :
un grand nombre de fufées volantes,
Le ro , les officiers des cérémonies étant ab--
fens , le fieur Ourfin de Soligny , Maître d'hôtel
du Roi , remit au Corps - de- Ville une lettre de Sa
Majefté. Il fut fait deux falves générales de l'artil
lerie , l'une dès le matin , l'autre vers les fix heu--
res du foir , après laquelle les Prevôt des Marchands
& Echevins allumerent,avec les cérémonies
accoutumées , le bucher qui avoit été dreffé dans
la place devant l'Hôtel- de- Villé . Ce feu fut accom.-
pagné d'une grande quantité d'artifice : On fit couler
dans la place plufieurs fontaines de vin , & l'on
diftribua du pain &. des. viandes au peuple . Des.
H.vj.
180 MERCURE DE FRANCE.
orcheftres remplis de muficiens , mêlerent le foa
de leurs inftrumens aux acclamations dictées paa
Palégretle publique. La façade de l'Hôtel- de-
Ville fut illuminée par plufieurs filets de terrines ,
ainfi que l'hotel du Prevôt des Marchands , & les
mailons des Echevins & Officiers du Bureau de la
Ville.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de la Tour-
Dupin de Paulin le régiment de Guyenne , vacant
par la mort de M. le Conte de Montmorenci-
Laval , tué à la bataille de Haftembecke .
a
Le Roi ayant admis dans fon Confeil des Dépêches
les fieurs Gilber de Voyfins & Berryer , Confeillers
d'Etat , le 16 octobre ils eurent l'honneur
de faire leurs remerciemens à Sa Majeſté.
Sa Majesté a donné le gouvernement général de
l'Orléanois , vacant par la mort de M. le Duc d'Antin
, au Comte de Rochecouart , fon Miniftre
Plénipotentiaire à la Cour de Parme.
Le 19 , M. le Duc de Duras prêta ferment entre
les mains du Roi pour la charge de premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort du
Duc de Gefvres.
Le même jour, M. le Marquis de Gontaut prêta
ferment entre les mains de Sa Majeſté , pour la
Lieutenance générale du Languedoc , vacante par
la mort de M. le Maréchal Duc de Mirepoix.
Le Roi a difpofé en faveur du Prince de Beauveau
, de la charge de Capitaine des Gardes du
Corps , qu'avoit auffi le feu Maréchal Duc de Mirepoix
Sa Majesté a accordé au Vicomte de Noë,
Chambellan du Duc d'Orléans , & Capitaine de
vaiffeau , un brevet de Colonel à la ſuite du régiment
d'Orléans cavalerie.
M. de Lamoignon de Bafville a obteau da
A
a.
I
fo
P
ve
G
M
G:
NOVEMBRE . 1757. 181
Roi l'agrément de la charge de Préſident du Par
lement , dont le fieur Molé , premier Préfident ,
étoit revêtu.
Le Roi a nommé M. le Comte des Salles, Capitaine
de Cavalerie dans le régiment d'Harcourt ,
à la place deColoneldans lesGrenadiers de France,
vacante par la nomination de M. le Marquis de la
Tour - Dupin de Paulin au régiment de Guyenne.
Les troupes de la Maiſon du Roi , qui avoient
été détachées pour la défenſe de nos côtes , ne
font point arrivées à leur deftination , par la
prompte retraite des Anglois , & ont eu ordre de
revenir. Les Gardes Françoifes & les Gardes Suiffes
qui étoient reftées à Tours , à Saumur & à
Blois , doivent fe rendre ici fucceffivement dans
Fla fin d'octobre , & au commencement de novembre.
Les détachemens des Gardes du Corps ,
Gendarmes de la Garde , Chevaux- Légers , &
Moufquetaires de la premiere Compagnie , font
tous partis le 19 octobre , d'Orléans , d'Eftampes ,
d'Arpajon & de Chartres , où ils étoient reftés. La
feconde Compagnie des Moufquetaires , & les
Grenadiers à cheval , qui avoient reçu des contreordres
à temps , n'ont point quitté leurs quartiers.
Madame la Dauphine étant accouchée d'un
Prince le 9 d'octobre , M. le Marquis de Paulmy ,
Miniftre & Sécretaire d'Etat , expédia fur le champ.
un courier aux Députés des Etats de la Province
d'Artois
, pour leur faire fçavoir que le Roi avoit
nommé le nouveau Prince , Comte de cette Pro-,
vince. Auffitôt que cette nouvelle fut portée à
Arras , Capitale de l'Artois , toutes les cloches de
la Ville fonnerent , les habitans fermerent d'euxmêmes
leurs boutiques , & coururent en foule à
P'Eglife , pour y rendre à Dieu des actions.de.gra
182 MERCURE DE FRANCE.
ees de l'heureuſe délivrance de Madame la Dau
phine , & lui demander la conſervation d'un
Prince qui leur eft d'autant plus cher , que la
Province , depuis cinq hecles , a été privée de
Phonneur de voir fon nom porté par un Prince
de la Maiſon Royale. Ces actes de piété furent
fuivis des démonftrations de la joie la plus vive.
La nouvelle fut bientôt répandue jufqu'aux extrê
mités de l'Artois ; & tous les peuples , à l'envi de
la Capitale , s'emprefferent de faire éclater lear
reconnoiffance & leur alegreffe . Les Etats de la
province s'affemblerent extraordinairement , &
éfolurent de nommer une députation folemnelle,
formée de trois perfonnes de chaque ordre , pour
aller , conjointement avec les députés ordinaires
qui réfident cette année à la fuite de la Cour , remercier
le Roi de lafaveur fignalée que Sa Majesté
vient d'accorder à l'Artois , & pour la féliciter ,
ainfi que la Famille royale , fur cet heureux évé
nement. Cette députation s'étant rendue à Verfailles
le Dimanche 16 d'octobre , elle fut admife
à l'audience du Roi , de la Reine , de Monseigneur
le Dauphin , de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, de Monfeigneur le Duc de Berry , de Mon
feigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame Infante Ducheffe
de Parme , de Madame , & de Meſdames Victoire ,
Sophie & Louife. Les Députés furent préfentés
par M. le Marquis de Paulmy , Miniftre & Secresaire
d'Etat , ayant le département de la Province,
& conduits par M. Defgranges , Maître des Céré
monies. La députation étoit compofée de MM. les
Evêques d'Arras , de Saint - Omer , l'Abbé de
Saint-Waak & l'Abbé de Cry , Chanoine de is
Cathédrale d'Arras , pour le Clergé ; de MM. le
Marquis de Creny , le Comte d'Houchin , k
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NOVEMBRE . 1757. 183:
Baron de Wifmes , & le Baron d'Haynin , pour la
Nobleffe ; de MM. de Canchy , Echevin de la ville
de Saint - Omer ; Cornuel & Goffes , Echevins de
la ville d'Arras , & de Gouves , Procureur du Roi
de la même ville , pour le Tiers - Etat. Elle étoit
accompagnée de M. le Premier Préfident & du .
Confeil Provincial d'Artois . M. l'Evêque de Saint-
Omer porta la parole , & exprima d'une maniere:
touchante les fentimens de joie , d'amour , de
refpect & de reconnoiffance, communs à tous les
habitans de l'Artois. Cette Province fut réunie à
la Couronne en 1199 , par Philippe Augufte. Il
Périgea en Comté , & la donna à fon fils aîné , depuis
Louis VIII . Ce Comté paffa enfuite à Robert,.
fecond fils de Louis , qui porta le nom de Comte:
d'Artois , & fut tué à la bataille de la Maffoure,
Philippe le Bel en 1297 érigea l'Artois en Comté
Pairie.
La Princeffe de Condé eft accouchée heureufe--
ment les d'Octobre d'une Princeffe.
Les mauvais fuccès que les Anglois ont éprouvés
dans les entreprifes qu'ils ont tentées , foit dans le
fein de la paix , foit depuis la déclaration de la
guerre , pour envahir le Canada , ne les ont point
rebutés . Perfonne n'ignore les préparatifs im
menfes qu'ils avoient faits pour l'attaquer cette
année tout à la fois par mer & du côté des
terres. Les forces navales , que le Roi a deſtinées
pour la défenſe de cette colonie , ont fait échouer
leur projet du côté de la mer; & les difpofitions:
qui ont été faites dans le pays , les ont mis éga
lement hors d'état de faire aucune tentative fur les
frontieres.
Dès la fin de la campagne de l'année derniere ,,
M. le Marquis de Vaudreuil, Gouverneur & Lieute
pant-Général de la Nouvelle France , s'occupa de
184 MERCURE DE FRANCE.
tous les arrangemens qu'il pouvoit y avoir à pren
dre pour le mettre en état de les repouffer de toutes
parts.
Il prit des mefures pour avoir des partis de Canadiens
& de Sauvages continuellement en cam.
pagne durant l'hyver. Les incurfions que ces détachemens
ont faites fur les ennemis leur ont ré
beaucoup de monde , & donné l'alarme à leurs
colonies, où ils ont fait beaucoup de ravages.
M. le Marquis de Vaudreuil s'eft appliqué authà
ménager les bonnes difpofitions des Nations Sauvages
, qui en général font foulevées contre l'iajuftice
des prétentions & la violence des procédés
des Anglois. Celles qui font anciennement alliées
de la France n'ont point ceffé de donner de nouvelles
preuves de leur fidélité , & ont été continuellement
en parti contre les ennemis. D'autres
Nations nombreuſes font entrées dans cette alliance
, & ont pris part à la guerre. Les Iroquois
eux-mêmes , ces Nations que les Anglois repréſen
tent à l'Europe comme leurs fujettes , animés des
mêmes motifs que les autres Sauvages , ont pris le
même parti , malgré les efforts de toute espece
que les Gouverneurs Anglois ont faits pour obtenir
d'eux qu'ils s'en tinffent à la neutralité qu'ils
avoient obfervée dans les guerres précédentes
d'entre la France & l'Angleterre.
C'eſt relativement aux avantages que M. le Marquis
de Vaudreuil s'eft vu en état de tirer des difpofitions
de toutes ces Nations , qu'il a réglé fes
opérations.
Il avoit jugé que les ennemis tourneroient leurs
principaux efforts du côté du Lac Saint- Sacrearent
& du Lac Champlain ; & il a donné une
attention particuliere à munir les Forts qui défendent
cette frontiere. Les ennemis ayant été infor
NOVEMBRE. 1757 . 185
més qu'on devoit faire pafler du Fort Saint-Fre
déric au Fort de Carillon quelques provifions fous
l'escorte d'un petit détachement , en envoyere t
un de quatre-vingts hommes d'élite , qui enleva les
premieres traînes de ce convoi & fept Soldats ;
mais le Commandant du Fort Saint- Frédéric fit
marcher un nouveau détachement qui coupa celui
des ennemis dans fon chemin , le défit entiérerement
, à l'exception de trois hommes qui fe
fauverent , & reprit les traînes dont les ennemis
s'étoient emparés , & trois Soldats qui reftoient
de ceux qui avoient été enlevés . Cette action fe
pafla au mois de Janvier. MM . de Bafferode & de
la Grandville , Capitaines aux Régimens de Languedoc
& de la Reine , y eurent la principale
part.
M. le Marquis de Vaudreuil apprit dans le même
temps que les ennemis avoient raflemblé au
Fort Georges fitué fur le Lac Saint -Sacrement ,
des approvifionnemens confidérables de toures
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous
le canon de ce Fort un très -grand nombre de barques
, de bateaux & d'autres bâtimens , non-feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
, mais encore pour s'affurer la navigation de
ce Lac. Il jugea que tous ces préparatifs étoient
deftinés pour des entreprifes que les ennemis fe
propofoient d'exécuter au printems. Pour leur en
ôter les moyens , il fit , matcher au mois de Mars
un détachement de quinze cens hommes de troupes
réglées , Canadiens & Sauvages , fous les ordres
de M. Rigaud- de Vaudreuil , Gouverneur
des Trois - Rivieres , qui réuffit fi bien dans fon
expédition , qu'il parvint à brûler tous les bâtimens
de mer , tous les magafins qui étoient rem➡
plis de toutes fortes de munitions & d'uftenfiles
186 MERCURE DE FRANCE.
pour une armée de quinze mille hommes , & généralement
tout ce que les ennemis avoient raſ◄
femblé fous le Fort , lequel refta ifolé.
M. le Marquis de Vaudreuil ne fe contenta
pas des obftacles qu'il oppofoit par- là à l'exécution
des projets des ennemis du côté du Lac Saint-Sacrement
, il fortifia de nouveau les garnifons des
poftes qui font fur cette frontiere ; & au moyen
du renfort de troupes & des autres fecours que le
Roi a fait paffer en Canada , ce Gouverneur s'eft
trouvé en état d'agir offenfivement contre les ennemis.
Du côté de la Belle Riviere , il a fait détruire
plufieurs petits Forts qu'ils y avoient établis .
Pour profiter efficacement des avantages de
Pexpédition de M. Rigaud , & de ceux de la fituation
où le trouvoit la colonie du côté de la mer ,
il a formé le projet de s'emparer du Fort Georges.
L'établiffement de ce Fort , qui n'avoit été fait
que depuis peu de temps, étoit une de ces invaſions
que les Anglois font dans l'ufage de faire en tems
de paix fur les poffeflions de leurs voisins ; & il
leur donnoit les plus grandes facilités pour atta
quer le Canada par fon centre.
M. le Marquis de Vaudreuil a chargé de cette
importante expédition M. le Marquis de Montcalm
, Maréchal de Camp. Le corps de troupes
qu'il y a deftiné , étoit compofé de fix bataillons
de troupes de terre , d'un détachement des
troupes réglées de la colonie , de plufieurs détachemens
de milices , & de plufieurs partis de
Sauvages. Toutes ces troupes ont été raſſemblées
le 20 Juillet à Carrillon , où M. de Bourlamaque
, Colonel d'Infanterie , avoit déja fait les dif
pofitions préliminaires pour la marche de l'armée.
M. le Marquis de Montcalm s'y étoit rende
Σ
&
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NOVEMBRE. 1757. 187
quelque temps auparavant. En attendant que l'armée
pût le mettre en marche , il avoit détaché
M. de Rigaud- de Vaudreuil , pour s'emparer de
la tête du portage du Lac Saint- Sacrement , avec
un corps de troupes de la colonie , de Canadiens
& de Sauvages.
M. Kigaud- de Vaudreuil s'étant établi dans ce
pofte , il envoya trois détachemens à la découverte.
Le premier , qui n'étoit que de dix hommes ,
fut attaqué fur le Lac Saint- Saciement par plufieurs
canots , dans lefquels il y avoit cent vinge
à cent trente Anglois . Quoique M. de Saint-
Ours , Lieutenant des troupes de la Colonie ,
qui le commandoit , fût bleffé à la premiere décharge
, il fe défendit avec tant de fermeté , qu'il
obligea les ennemis à fe retirer.
Le fecond , qui étoit affez confidérable , fut
commandé par M. Marin , autre Lieutenant , quis
fe fit précéder par huit Sauvages qui faifoient fon
avant-garde , lefquels fe trouverent vis - àvis quarante
Anglois. Dès le premier abord , ils firent :
leur décharge fur les ennemis , tuerent leur Com
mandant , & mirent le refte en fuite. M. Marin ,,
ayant rejoint fon avant-garde , réduifit fon détachement
à cent cinquante hommes d'élite . Il fe
porta près du Fort Edouard , éloigné de quelques.
lieues du Fort Georges , fans être découvert. Il défit
d'abord une patrouille de dix hommes , enfuite
une garde ordinaire de cinquante hommes ,
& plufieurs travailleurs. Il fe préfenta à la vue da
camp des ennemis , qui fortirent au nombre de
trois mille hommes faifant feu fur lui . Il le foutine
pendant deux heures. Ce ne fut même qu'avec
peine qu'il obligea les Sauvages qui étoient avec
ui , à fe retirer, Il tua dans certe action plus de
"
H
188 MERCURE DE FRANCE. Re
*
cent cinquante hommes , à quarante defquels les
Sauvages leverent la chevelure. Il n'en perdit pas
un feul & il n'y eut de bleffés que deux Sauvages.
Le troifieme détachement , commandé par M.
Corbiere , autre Officier de la Colonie , fe tint
embufqué pendant une journée. Au commencement
de la nuit , il apperçut fur le Lac vingt Berges
& deux Efquifs , dans lefquels il y avoit plus
de trois cens cinquante Anglois , commandés par
le Colonel Parker , cinq Capitaines , & fix autres
Officiers. Les Sauvages qui étoient avec lui firent
leur cri & leur décharge en même temps. Les
ennemis firent une foible réſiſtance. Deux feules
Berges fe fauverent , les autres furent prifes ou
coulées à fond. M. Corbier revint avec ceat
foixante-un prifonniers . Il y eut plus de cent cinquante
Anglois tués ou noyés ; & dans le détachement
François , il n'y eut qu'un Sauvage blee
affez légèrement .
M. le Marquis de Montcalm s'occupoit cependant
des difpofitions de fa marche . Il diftribua les
miliciens en plufieurs bataillons , dont il donnale
commandement à des Officiers des troupes de la
Colonie ; & des compagnies détachées de ces treapes
, il compofa un bataillon pour rouler avec
ceux des troupes de terre . H donna auffi à M. de
Villiers , Capitaine de celles de la Colonie , &
connu par plufieurs expéditions qu'il a exécutées
dans cette guerre , un corps de trois cens volontaires
Canadiens ; de maniere que l'armée le
trouva compofée de trois brigades de troupes ré-
'glées , qui étoient la brigade de la Reine , formée
des bataillons de la Reine & Languedoc , &
de celui des troupes de la Colonie ; la Brigade de
Sarre , des bataillons de la Sarre & de Guyen
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NOVEMBRE . 1757. 189
celle de Royal- Rouffillon , des bataillons de
Royal- Rouffillon & Bearn ; de fix brigades de
milices , des trois cens volontaires de Villiers , &
d'un détachement d'artillerie & de génie , compofé
de fept Officiers , & d'environ cent vingt
canonniers , bombardiers ou ouvriers . Tous ces
corps ne faifoient cependant enſemble que cinq
mille cinq cens combattans , non compris les
Sauvages qui étoient au nombre d'environ dixhuit
cens , parce que M. le Marquis de Montcalm
fut obligé de prendre dans les troupes quelques
détachemens , tant pour la garnifon du Fort de
Carillon , que pour quelques autres poftes .
Il étoit queftion de tranfporter par terre & à
bras d'hommes , depuis Carillon jufqu'au Lac
Saint-Sacrement , non feulement l'artillerie & les
munitions de guerre & de bouche de toute espece,
mais encore plus de quatre cens bateaux & canots ;
& cette opération fut fuivie avec tant de foin ,
qu'elle fut achevée la nuit du 31 Juillet au premier
Août.
Dès le 30 Juillet M. le Marquis de Montcalm
avoit fait partir M. le Chevalier de Levis , Brigadier
, à la tête d'un corps de deux mille cinq cens
hommes compofé de fix compagnies de Grenadiers
, huit piquets des volontaires de Villiers ,
d'environ mille Canadiens , & cinq cens Sauvages
, pour marcher au travers des bois , affurer
la navigation de l'armée , reconnoître & couvrir
fes débarquemens. Malgré les difficultés & les
fatigues de cette marche , cet Officier prit pofte
dès le lendemain au foir à la Baie de Ganaouské ,
qui n'eft qu'à quatre lieues du Fort Georges.
Le premier Août l'armée s'embarqua , & arriva
le 2 à trois heures du matin dans cette même
Baic. M. le Chevalier de Levis en repartit avec
190 MERCURE DE FRANCE.
fon détachement à dix heures , fe porta à une anfe
éloignée du Fort Anglois d'environ une lieue , &
fut reconnoître le Fort , la pofition des ennemis ,
& le débarquement propre à l'artillerie L'armée
arriva fur les onze heures du foir à cette même
anfe , & tout le monde reſta au bivouac .
Des prifonniers , qui furent faits pendant la
nuit des Canadiens & des Sauvages , rappor
par
terent que le nombre des ennemis pouvoit monter
à trois mille hommes , dont cinq cens étoient actuellement
dans le Fort , & le refte dans un camp
retranché qui étoit placé fur une hauteur à deux
cens toiles du Fort & à portée d'en rafraîchir continuellement
la garnifon. Ils ajouterent qu'au fignal
d'un coup de canon , toutes les troupes devoient
prendre les armes.
Sur ce rapport , qui s'accordoit avec les connoiffances
que M. le Chevalier de Levis avoit pri
fes fur la polition des ennemis , M. le Marquis de
Montcalm donna fur le champ l'ordre de marche
de l'armée , dont la difpofition fut faite pour recevoir
les ennemis , en cas qu'ils vinfſent à fa rencontre
, & pour , dans le cas où ils ne viendroient
pas , inveftir la place , & même attaquer le camp
retranché , s'il étoit jugé fufceptible d'une attaque
de vive force .
Le 3 à la pointe du jour , l'armée ſe mit en
marche.
M. le Chevalier de Levis faifoit l'avant-garde
avec fon corps , une partie des milices & tous les
Sauvages. Les bataillons & le refte des milices
marchoient enfuite en colonne , M. Rigaud-de
Vaudreuil à la droite , M. de Bourlamaque à la
gauche , & M. le Marquis de Montcalm dans le
centre. M. de Privat , Lieutenant- Colonel , avoit
été placé avec cinq cens hommes de troupes &
NOVEMBRE. 1757. 198
ane brigade de milices à la garde des bateaux &
de l'artillerie.
A midi , l'inveſtiſſement fut entierement formé
M. le Marquis de Montcalm , qui s'étoit porté à
l'avant -garde , ayant reconnu qu'il ne pouvoit at
taquer les retranchemens des ennemis , fans trop
compromettte fes forces , envoya ordre à M. de
Bourlamaque d'affeoir le camp de l'armée , la
gauche au Lac , la droite à des ravines preſque
inacceffibles , & d'y conduire fur le champ les
brigades de la Sarre & de Royal- Rouffillon . Pour
lui , avec la brigade de la Reine & une brigade de
milices , il paffa la nuit au bivouac , à portée de
foutenir le camp que M. le Chevalier de Levis occupoit
avec l'avant-garde fur le chemin du Forg
Gorges au Fort Edouard.
Comme ce pofte de l'avant -garde étoit trop
éloigné du ſiege , des bateaux & des vivres , elle
fe rapprocha le 4 au matin. M. le Marquis de
Montcalm ramena les deux brigades qu'il avoit
avec lui , prendre leur place dans le camp. L'ar
mée deſtinée à faire le fiege fe trouva alors poſtée ,
& compofée de fept bataillons de troupes , & de
deux brigades de milices. M. le Chevalier de Le
vis & M. Rigaud- de Vaudreuil , avec le refte des
milices , les volontaires de Villiers , & tous les
Sauvages , furent chargés de couvrir la droite du
camp , d'obferver les mouvemens des ennemis du
côté du chemin du Fort Edouard , & de leur don
ner à croire , par des mouvemens continuels , que
cette communication étoit encore occupée.
Dans l'après- midi du même jour 4 , on mar
qua le dépot de la tranchée. On fit le chemin de
ce dépôt au camp , les fafcines , gabions & fauciffons
néceffaires pour le travail de cette premiere
nuit ; & l'on mit en état une anfe , à laquelle le
192 MERCURE DE FRANCE.
dépôt aboutifloit , pour y pouvoir débarquer dans
la nuit l'artillerie à mesure qu'on en auroit befoin.
La nuit du 4 aus , on ouvrit la tranchée à 350
toiles du Fort d'attaque , embraffant le front du
Nord-Oueſt : cette tranchée étoit une espece de
premiere parallele. On commença auffi deux batteries
avec leur communication à la parallele.
Dans la journée dus , les travailleurs de jour
perfectionnerent les ouvrages de la nuit. Mais on
fut obligé de retirer un peu plus en arriere la gauche
du camp de l'armée , laquelle fe trouvoit trop
expofée au feu de la Place.
Le même jour , les Sauvages intercepterent
une lettre du Général Webb , écrite du Fort
Edquard en date du 4 à minuit . Il mandoit au
Commandant du Fort Georges , qu'auffitôt après
J'arrivée des milices des provinces auxquelles il
avoit envoyéordre devenir le joindre fur le champ,
il s'avanceroir pour combattre l'armée Françoife ;
que cependant , fi ces milices arrivoient trop tard
le Commandant fît enforte d'obtenir les meilleures
conditions qu'il pourroit. Cette lettre détermina
M. le Marquis de Montcalm à accélérer encore
la construction des batteries ; & le nombre
des travailleurs fut augmenté.
La nuit dus au6 , on acheva la batterie de la
gauche qui fut en état de tirer à la pointe du jour ;
elle étoit de huit pieces de canon & d'un mortier,
& elle battoit le front d'attaque & la rade des barques.
On acheva auſſi la communication de la batterie
de la droite avec la parallele , & l'on avança
confidérablement cette batterie.
La nuit du 6 au7 , on conduifit un boyau de
Iso toifes en avant fur la capitale du Baftion de
P'Ouest , & l'on acheva la batterie de la droite.
Elle étoit de huit pieces de canon , d'un mortier
&
te
fe
NOVEMBRE . 1757. 193
& de deux obufiers : elle battoit en écharpant le
front d'attaque , & à ricochet le camp retranché.
Elle fut démafquée à fept heures du matin ; &
après une double falve des deux batteries , M. le
Marquis de Montcalm jugea à propos de faire porter
au Commandant de la Place la lettre du Général
Webb , par M. de Bougainville un de fes Aides
de camp.
La nuit du 7 au 8 , les travailleurs cheminant
fur la Place , en continuant le boyau commencé
la veille , lequel fut conduit à 100 toifes du foffé,
ouvrirent auffi à l'extrêmité de ce boyau , un cro
chet pour y établir une troifieme batterie , & y
loger de la moufqueterie . Vers minuit , les enne
mis firent fortir trois cens hommes du camp retranché
. M. de Villiers tomba fur eux avec un
petit nombre de Canadiens & de Sauvages , leur
tua foixante hommes , fit deux prifonniers , &
força le refte à rentrer dans le camp.
Le travail de la nuit avoit conduit à un marais
P'environ so toifes de paffage , qu'un côteau qui
e bordoit mettoit à couvert des batteries de la
Place , à l'exception de 10 toifes de longueur ,
bendant lefquelles on étoit expoſé au feu de ces
batteries. Quoiqu'en plein jour , M. le Marquis
le Montcalm fit faire ce paffage comme celui
l'un foffé de place rempli d'eau , les fappeurs s'y
orterent avec tant de vivacité , que , malgré le
eu du canon & de la moufqueterie des ennemis ,
I fut achevé dans la matinée même , & qu'avant
a nuit une chauffée capable de fupporter l'artilleie
fe trouva pratiquée dans le marais. La moufueterie
des Canadiens & des Sauvages , qui tisient
aux embrafures du Fort , diminua beauoup
durant cette journée le feu des ennemis .
A quatre heures du foir , les Sauvages- Décou
I
194 MERCURE DE FRANCE.
vreurs rapporterent qu'un gros corps d'armée
marchoit au fecours de la place par le chemin du
Fort Edouard . M. le Chevalier de Levis s'y por
fur le champ avec la plus grande partie des Canadiens
& tous les Sauvages. M. le Marquis de
Montcalm ne tarda pas à le joindre avec la brigade
de la Reine & une brigade de milices . Il s'avançoit
en bataille prêt à recevoir l'ennemi ; les
bataillons en colone fur le grand chemin , les
Canadiens & les Sauvages fur les aîles dans les
bois , lorfqu'il apprit que la nouvelle étoit faufle.
Il fit rentrer les troupes dans leur camp . Ce mor
vement ne caufa aucun dérangement aux travar
du fiege ; & la promptitude avec laquelle il f
exécuté , fit un très -bon effet dans l'efprit des
Sauvages.
La nuit du 8 au 9 , on déboucha du marais pur
un boyau fervant de communication à la feconde
parallele qui fut ouverte fur la crête du côteau, &
fort avancée dans la nuit. C'eft de cette parallele
qu'on devoit partir pour établir les batteries de
breche , & en la prolongeant , envelopper le Fort
& couper la communication avec le retranche
ment , laquelle jufqu'alors avoit été libre. L
affiégés n'en donnerent pas le temps à huit he
res du matin ils arborerent pavillon blanc .
201
tro
le
fet
M. le Marquis de Montcalm dit au Colonel Co
Yong , envoyé par le Commandant pour trait
de la capitulation , qu'il ne pouvoit en fignera
cune fans en avoir auparavant communiqué les
ticles aux Sauvages. Deux motifs l'engageoiesti
ce ménagement pour eux : il croyoit le devoir
confiance & à la foumiffion avec lesquelles ils s
toient prêtés depuis le commencement de l'exp
dition à l'exécution des ordres qu'il leur avoit do
nés , & de toutes les propofitions qu'il leur apo
la
M
NOVEMBRE. 1757. 195
faites ; & il vouloit les mettre par -là dans l'obli
gation de ne rien faire de contraire à la capitulation
qui feroit arrêtée. Il convoqua donc fur le
champ un Confeil Général de tous les Sauvages.
Il expofa aux Chefs les conditions auxquelles les
Anglois offroient de fe rendre , & celles qu'il
étoit réfolu de leur accorder. Les Chefs s'en rapporterent
à tout ce qu'il feroit , & lui promirent
de s'y conformer , & d'empêcher que leurs jeunes
gens n'y contrevinffent directement ni indirectement.
M. le Marquis de Montcalm envoya immédia
tement après ce confeil , M. de Bougainville ,
pour rédiger la capitulation avec le Colonel Monro
, Commandant de la Place & du camp retran,
ché. Les principaux articles furent :
Que les troupes , tant de la garniſon que du
retranchement , fortiroient avec leurs bagages &
les honneurs de la guerre , & qu'elles fe retiroient
au Fort Edouard .
Que pour les garantir contre les Sauvages ,
elles feroient eſcortées par un détachement de
troupes Françoifes , & par les principaux Officiers
& interprêtes attachés aux Sauvages .
Qu'elles ne pourroient fervir de 18 mois , ni
contre le Roi , ni contre fes Alliés ;
Et que , dans l'efpace de trois mois , tous les
prifonniers François , Canadiens & Sauvages , faits
par terre dans l'Amérique feptentrionale , depuis
le commencement de la guerre par les Anglois ,
feroient conduits aux forts François de la frontiere.
Cette capitulation fut fignée à midi , & auffitôt
la garnifon fortit du fort pour joindre les troupes
du retranchement ; & M. de Bourlamaque prit
poffeffion du fort avec les troupes de la tranchée.
M. le Marquis de Montcalm envoya en même
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
temps au camp retranché , une garde que le Colo:
nel Monro lui avoit demandée , & il ordonna aux
Officiers & Interprêtes attachés aux Sauvages , dy
demeurer jufqu'au départ des Anglois , qui fe
trouvoient au nombre de 2264 hommes effectifs.
Malgré toutes ces précautions , & malgré les affu
rances que les Chefs Sauvages avoient données ,
lorfqu'il fut queftion de la capitulation , les Sauvages
firent du défordre dans le camp des Anglois.
M. le Marquis de Montcalm y accourut avec un
détachement de fes troupes. Les Sauvages avoient
déja fait un affez grand nombre de prifonniers ,&
en avoient même amené quelques-uns. Il fit rea
dre ceux qui reftoient , & M. le Marquis de Vaudreuil
a fait renvoyer les autres .
M. le Marquis de Montcalm a fait rafer le fort,
& détruire tout ce qui en dépendoit , conformé
ment aux inftructions qui lui avoient été données
par M. le Marquis de Vaudreuil. Il s'eft trouvé ,
tant dans le fort que dans le camp retranché , 23
pieces de canon , dont plufieurs de 32 livres , quatre
mortiers , un obufier , dix- fept pierriers , en
viron trente- fix milliers de poudre , beaucoup de
boulets , bombes , grenades , balles , avec tou
tes fortes de munitions & uftenfúles d'artillerie . On
y a trouvé auffi une provifion affez confidérable de
vivres , malgré le pillage que les Sauvages en ont
fait.
Les François n'ont eu que treize hommes de
tués & quarante de bleffés dans ce fiege. M. le
Febvre , Lieutenant des Grenadiers du régiment
Royal Rouflillon , eft du nombre des derniers par
un éclat de bombe : fa bleffure eft à la main. liby
point eu d'autres officiers tués ni bleſſés. Les enne .
mis y ont perdu cent huit hommes , & en ont eu
deux cens cinquante de blefiés,
Επ
le
C
tre
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B
NOVEMBRE. 1757. 197
"
Durant tout le fiége , l'armée a été prefque toute
entiere jour & nuit de fervice , foit à la tranchée ,
foit au camp , foit dans les bois , pour faire les
fafcines , gabions & fauciffons néceflaires . On a
fait avec la pioche , la hache & la fcie fix cens toifes
de tranchée aflez large pour y charroyer de
front deux pieces de canon les abattis , dont
tout le terrein étoit embarraffé, empêchant de les
faire paffer fur les revers. C'eſt à la fageffe des
difpofitions que M. le Marquis de Montcalm a
faites , & à l'activité avec laquelle il en a fuivi
l'exécution , que le fuccès de cette expédition eft
principalement dû. Il a été parfaitement fecondé
dans toutes les opérations par M. le Chevalier de
Levis , par M. Rigaud- de Vaudreuil , & par M,
de Bourlamaque. Les détails particuliers de l'artillerie
& du génie ont été très -bien remplis par M.
le Chevalier le Mercier , qui commandoit l'artillerie
, & par MM . Defaidouin & Lotbiniere ,
Ingénieur . Les Officiers & Soldats des troupes de
terre & de la colonie , ainfi que les milices & les
Officiers qui les commandoient , ont donné les
plus grandes marques de valeur & de bonne volonté
; & jamais les Sauvages n'avoient fait paroître
tant de fermeté & de conftance : ils avoient demandé
à monter à l'affaut avec les grenadiers , &
ils en attendoient le moment avec impatience.
Ce nouveau fuccès , qui a répandu une joie
générale dans la colonie de Canada , a animé
de plus en plus le zele avec lequel les habitans
s'efforcent de répondre aux mefures dont le Roi a
la bonté de s'occuper pour la défenfe de cette colonie
, & de feconder les foins que M. le Marquis
de Vaudreuil ne ceffe point de fe donner pour tout
ce qui peut y avoir rapport.
·
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
vent
trol
de
L
des
Le Roi ayant été informé que les paroiffesel
de Piriac & de Mefquer au Diocefe de Nantes
avoient été prefque entiérement ravagées le
27 juin dernier , par un orage mêlé de grêle
d'une groffeur extraordinaire , a fait toucher
aux Recteurs de ces deux paroiffes , la fomme de
fix mille livres pour être par eux employées en
achat de grains , & diftribuées fous l'inſpection
de M. le Comte de la Bourdonnaye- du Bois- Hullin
, Procureur- Général , Syndic des Etats de Bre- pe
tagne , tant pour enfemencer les terres , que pour
la nourriture des habitans dont les recoltes ont
été défolées par ce fléau . Cette nouvelle caracterife
notre Monarque plus glorieux encore par
fon humanité que par les victoires.
Co
I
M. Paffemant Ingénieur du Roi au Louvre ,
étoit déja connu pour Auteur de la fameufe
pendule couronnée d'une fphere mouvante , pla
cée en 1753 dans le cabinet du Roi à Verfailles
; fphere dont les révolutions font fi juftes , ue
qu'au jugement de l'Académie où l'on voit l'ertrait
page 183 de l'année 1749 de fes mémoires
, il n'y a pas en trois mil ans un feul degré
de différence avee les tables aftronomiques.
11 vient encore de finir pour le Roi deur
piéces uniques qu'on peut regarder comme chefd'oeuvres
, c'eft premiérement un grand miroir
de 45 pouces
de diametre qu'il a eu l'honneur
de préfenter au Roi le 13 août dernier , avec M.
de Bernieres , dans le pavillon conftruit par ordre
de Sa Majesté à la meute , pour le télescope ,
les ouvrages & les obfervations du pere Noël.
La glace de ce miroir a été courbée , par les
foins de M. de Buffon , dans un fourneau qu'i
avoit fait conftruire au Jardin Royal. M , Palle
mant l'a fait travailler au Louvre fous les yeur ,
M
174
Le
les
NOVEMBRE . 1757 . 199
& elle a été étamée d'une façon nouvelle , inventée
par M. de Bernieres , un des quatre Controlleurs
des ponts & chauflées.
Le Roi parut très - content des grands effets
de ce miroir. Si on y préfente des tableaux
même de fix pieds de grandeur , repréfentans
des vues de Paris , de Venife , des ports de
mer , des bâtimens , on croit voir de véritables
objets de grandeur naturelle : ainfi avec un fimple
deflein , on voit un bâtiment dans toute
la grandeur où il fera , & on juge de fon apparence
future. Un Peintre qui travaille à une
petite miniature , quelque petite qu'elle foit ,
peut la voir de grandeur naturelle , & peut par
conféquent fentir & corriger les moindres dé
fauts.
A
La chimie n'en tirera pas de moindres avantages.
On peut juger des grands effets de ce miroir
fur les métaux par la promptitude avec laquelle
il agit , l'argent a été fondu en trois fecondes.
M. Paffemant eut encore l'honneur de préfenter
au Roi un télescope aftéroftatique de fon invention
, dont il avoit lu un projet à l'Académie en
1746 , & qui avoit mérité fon approbation. Ce
télescope eft garni d'un midiometre : il fuit le
mouvement du ciel . Si on le met fur la lune , il
femble qu'elle foit fans mouvement ; fi on veut
voir enfuite une autre planete , il y a un ajuftement
qui le regle dans le moment pour cet aftre.
Il eft conduit par une mécanique toute nouvelle ,
fans aucun tremblement , ni agitation . Comme
les aftres paroiffent fixes , on peut obferver avec
une grande facilité : on peut placer les fils du midiometre
fur fes objets avec toute l'exactitude
poffible. Il eft propre à prendre la parallaxe de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Mars en fecondes de degrés au lieu de fecondes
de temps ainfi au lieu de deux fecondes , on
aura trente fecondes de degrés ; on obfervera facilement
la route des cometes : il fera d'une
grande utilité pour les paffages de Mercure fut
le difque du foleil, en l'année 1761 ; obſervation
qui n'a été faite qu'une feule fois , & par un
feul Obfervateur en l'année 1639.
Le Pere Noël repéta devant Sa Majefté les erpériences
d'une machine pneumatique nouvelle ,
& de plufieurs autres inftrumens qu'il avoit eu
P'honneur de lui préfenter au mois de mars dernier.
Le Roi parut fatisfait de tous ces ouvrages ,
qu'il examina pendant une heure .
Mefdames de France vinrent enfuite , & paffe
rent près de trois heures pendant lefquelles les
mêmes chofes furent répétées en leur préfence *
à leur fatisfaction .
Le corfaire le Romieu , de Saint - Malo , com
mandé par le Capitaine Morel , a conduit en ce
port le navire Anglois la Pensilvanie de 250 ton
neaux , qui alloit de Philadelphie à Londres, avec
une cargaifon de bois de Campêche , de pellete
zies , de café & d'autres marchandiſes.
Un navire Anglois de 300 tonneaux , chargé de
tabac , a été pris par le corfaire Entreprenant ,
qui l'a fait conduire å Morlaix.
Le Capitaine la Lande , commandant un corfaire
de Bordeaux , appellé le Prevêt de Paris , s'eft
rendu maître du corfaire le Hazard de Grenezey,
ayant 6 canons , 8 pierriers & 37 hommes d'équi
page , & il a repris le navire l'Aimable Jolie de
Bordeaux , & un autre bâtiment du même port ,
dont les Anglois s'étoient emparés.
Les navires Anglois le Prince d'Orange , chargé
de bois de Campeche , & le Saint - Eustache , de
NOVEMBRE . 1757. 201
Saint-Eustache , dont la cargaifon confifte en fucre
& en café , ont été pris par les corfaires la
Marquise de Salba & le d'Etigny de Bayonne , ou
ils font arrivés .
Les corfaires la Favorite & la Providence , de
Saint-Jean -de-Luz , fe font rendus maîtres , Pun
du navire Anglois la Sufanne , de Malblebard ,
chargé de 2200 quintaux de morue , l'autre d'un
Senaw , qui a pour cargaifon 334 barriques de
fardines.
Le Capitaine Papin , commandant le corfaire
la Marquise de Beringhen , de Boulogne , s'eft
emparé à la côte d'Angleterre du navire Anglois
l'Endeavour , de 100 tonneaux , deftiné pour la
Barbade , où il portoit un chargement compofé
de cire blanche , de farine , de boeuf falé & de
fromage.
Le même corfaire a pris un bateau de 25 à 39
tonneaux , chargé de caffonnade , de poudre à
canon , de chanvre & de fuif.
Le corfaire Anglois l'Epervier , armé de 10 canons
, 12 pierriers , & so hommes d'équipage , a
été pris par le Capitaine Berlamont , commandant
le corfaire l'Afie , de Dunkerque , & il a été conduit
au Havre.
On mande de Nantes , qu'il y eft arrivé un
fenaw Anglois appellé le Caton , de Vhul , armé
de 6 canons & de 4 pierriers , & chargé pour la
Jamaïque de munitions de guerre & de bouche ,
d'armes & de marchandifes feches . Ce bâtiment
a été pris par le Capitaine Poitevin , commandant
le navire la France.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 9 octobre, la Dauphine donna naissance à un prince, nommé Comte d'Artois par le roi. L'abbé de Bouillé, comte de Lyon et premier aumônier du roi, procéda à l'ondoyement du prince en présence du curé de la paroisse du Château. Monsieur Rouillé, ministre d'État, apporta le cordon de l'Ordre du Saint-Esprit que le prince reçut. Le comte d'Artois fut ensuite confié à la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, et conduit à ses appartements par le maréchal duc de Luxembourg. Le lendemain, le roi, la reine et la famille royale assistèrent à une messe à la chapelle, durant laquelle le Te Deum fut chanté. Des festivités, incluant des feux d'artifice et des distributions de vin et de nourriture, furent organisées à Paris et dans la province d'Artois pour célébrer la naissance du prince. Le roi nomma également plusieurs personnes à des postes vacants et envoya des courriers pour annoncer la nouvelle à divers dignitaires. Les troupes de la Maison du Roi furent rappelées de la défense des côtes en raison du retrait des Anglais. La province d'Artois exprima sa joie et sa reconnaissance par des cérémonies religieuses et des démonstrations publiques. La princesse de Condé accoucha également d'une princesse le 10 octobre. En Amérique du Nord, le marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, prit des mesures pour défendre le Canada contre les attaques anglaises, en s'appuyant sur les alliances avec les nations amérindiennes et en renforçant les fortifications. En mars, Vaudreuil envoya un détachement dirigé par Rigaud de Vaudreuil pour détruire les bâtiments ennemis autour du Lac Saint-Sacrement et du Fort Georges. Il renforça également les garnisons frontalières et détruisit des forts ennemis sur la Belle Rivière. Vaudreuil planifia ensuite la prise du Fort Georges, récemment construit par les Britanniques. Montcalm fut chargé de diriger un corps de troupes composé de bataillons réguliers, de milices et de Sauvages. Avant l'attaque principale, Rigaud de Vaudreuil mena plusieurs raids réussis contre les Britanniques, détruisant des bateaux et capturant des prisonniers. Le 3 août, l'armée française, dirigée par Montcalm, investit le Fort Georges. Malgré les préparatifs britanniques, les Français commencèrent le siège en ouvrant une tranchée et en construisant des batteries. Une lettre interceptée du Général Webb accéléra les travaux de siège. Les batteries furent prêtes à tirer dès le 7 août, marquant le début des hostilités. Entre le 7 et le 9 novembre 1757, les forces françaises, dirigées par le Marquis de Montcalm, assiégèrent une place forte. La nuit du 7 au 8 novembre, les travailleurs français creusèrent un boyau et établirent une batterie. Vers minuit, les ennemis tentèrent une sortie, mais furent repoussés par M. de Villiers, qui tua soixante hommes et fit deux prisonniers. Le travail nocturne permit de créer un passage à travers un marais, malgré le feu ennemi. Les Sauvages et les Canadiens réduisirent le feu ennemi durant la journée. Le 8 novembre, les Sauvages signalèrent l'approche d'une armée ennemie, mais l'alerte se révéla fausse. La nuit suivante, les Français ouvrirent une seconde parallèle et avancèrent leurs positions. Le matin du 9 novembre, les assiégés hissèrent un pavillon blanc, indiquant leur volonté de capituler. Montcalm consulta les chefs des Sauvages avant de signer la capitulation, qui permit aux troupes ennemies de se retirer avec les honneurs de la guerre et d'être escortées par des troupes françaises pour les protéger des Sauvages. Malgré les précautions, des Sauvages firent des prisonniers parmi les ennemis avant d'être arrêtés par Montcalm. Le siège se solda par la prise de 23 pièces de canon, des munitions et des vivres. Les Français perdirent 13 hommes et en blessèrent 40, tandis que les ennemis perdirent 108 hommes et en blessèrent 250. Le texte souligne la discipline et la bravoure des troupes françaises, des milices et des Sauvages, ainsi que l'efficacité des stratégies de Montcalm et de ses officiers. En novembre 1757, plusieurs actions navales notables furent rapportées. Le corsaire Hazard de Grenezey captura deux navires bordelais repris aux Anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 195-202
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Cornette des Chevaux-Légers de la Garde ordinaire du Roi, revint ici [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Duc, Audience, Madame la Dauphine, Comte d'Artois, Officier, Corsaires , Marchandises, Officiers, Accouchement, Nominations, Serment
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LAJA Cornette des Chevaux- Légers de la Garde
ordinaire du Roi , revint ici d'Arpajon le 19
d'Octobre. Comme la Compagnie , qui ne fert
que par quartiers , eft rarement raffembleé , les
Chevaux- Légers ont faifi le moment de leur réu
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
nion , pour célébrer en corps l'augufte naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Le Duc de
Chaulnes , leur Commandant , eft Gouverneur
de cette Province nouveau motif pour faire éclater
leur joie dans cette heureufe occafion. Ils devoient
fe féparer , après avoir porté leurs étendards
au Roi ; ils n'ont eu par conféquent que deux
fois vingt-quatre heures , pour faire leurs prépa
ratifs , ainfi que pour inviter la Cour , la Ville ,
& tous les corps de la maiſon du Roi.
Le fête commença le 21 , à dix heures du foir,
par un feu d'artifice , qui fut tiré dans l'avenue de
Sceaux , vis-à- vis de l'Hôtel des Chevaux-Légers ,
& dont l'exécution fut parfaite. Toutes les perfonnes
invitées le rendirent enfuite au bal , paré
& malqué. La façade & la cour de l'Hôtel étolent
très-bien illuminées. La falle où l'on danſoit , a
105 pieds de longueur fur 36 de large. Elle étoit
ornée richement , & avec autant d'art que de
goût : elle étoit éclairée par un grand nombre de
luftres & de girandoles. Les fonds oppofés de cette
falle , qui dans toute leur étendue , étoient gare
nis de grandes glaces , en multipliant les objets ,
formoient un fpectacle charmant. La Comteffe
de Marfan , Gouvernante des Enfans de France ,
s'étant excufée d'ouvrir le bal , la jeune Princeffe
de Soubife , fa niece , danfa le premier menuer
avec le Marquis d'Efquelbec , premier Enfeigne
de la compagnie. Le Bal dura jufqu'à huit heures
du matin. Il y eut la plus nombreuſe affemblée ,
& l'on y diftribua avec profufion toutes fortes de
rafraîchiffemens. Le bon ordre qui a régné dans
cette fête , joint à la politeffe & aux attentions
des Chevaux- Légers , n'en a pas fait le moindre
agrément.
La naifance de Monfeigneur le Comte d'Are
DECEMBRE. 1757: 197
tois exigeant des peuples , dont elle affure le
bonheur , un nouveau tribut de reconnoiffance ,
le Roi écrivit le 9 d'Octobre à M. l'Archevêque de
Paris , pour faire rendre à Dieu dans la Capitale
de folemnelles actions de graces. En conféquence,
le Dimanche 13 , le Te Deum fut chanté dans
P'Eglife Métropolitaine , & M. l'Archevêque de
Paris y officia . M. le Chancelier accompagné de
plufieurs Confeillers d'etat & Maîtres des Requê
tes , le parlement , la Chambre des Comptes , la
Cour des Aydes & le Corps de Ville , y affifterent
après y avoir été invités de la part du Roi par M.
Defgranges , Maîtres des Cérémonies .
Le même jour , M. le Prevôt des Marchands
& les Echevins firent tirer dans la place de l'Hôtel
de Ville un feu d'artifice , décoré relativement à
l'objet de l'alegreffe publique. La façade de
l'Hôtel de Ville fut enfuite illuminée par des filets
de terrines, qui régnoient le long des entablemens,
& par des luftres formés de lanternes de verre.
Des ifs portant chacun plus de cent cinquante lu
mieres , entouroient la place .
L'Hôtel du Duc de Chevreufe , nommé au Gou
vernement de Paris , fut orné d'une magnifique
décoration en architecture , éclairée avec un
goût infini. Il y eut auffi des illuminations à l'Hôtel
du Prevôt des Marchands , aux maiſons des
Echevins , & à celles des principaux Officiers du
corps de Ville.
Aux quatre coins de la place de l'Hôtel de
Ville , ainfi qu'à celle de Louis XV , étoient des
fontaines de vin , qui coulerent une partie de la
nuit. On y diftribuoit du pain & des viandes au
peuple , & on avoit placé des orqueftres dans tous
les endroits où fe faifoient ces diftributions .
La cloche de l'Hôtel de ville fonna pendan
I iij
498 MERCURE DE FRANCE.
Toute la journée en tocfin . Il y eut quatre falves
d'artillerie ; la premiere à cinq heures du matin ,
la feconde à midi , la troifieme pendant le Te
Deum , & la derniere avant le feu d'artifice.
Le 24 , le corps de Ville alla à l'Eglife paroif-
Hale de Saint Jeanen Greve , pour rendre les actions
de graces particulieres , & il affifta au Te
Deam qu'il fit chanter en mufique. Ce même
jour , l'Hôtel de Ville , P'Hôtel du Prevôt des
Marchands , les maiſons des Echevins & des principaux
Officiers du corps de Ville , furent illuminés
de nouveau .
Le Roi a difpofé du commandement en Chef
de la province de Languedoc , vacant par la mort
de M. le Maréchal Duc de Mirepoix , en faveur
de M. le Maréchal de Thomond .
Le 3 Novembre , M. le Comte de Sartirane ,
'Ambaffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il complimenta
Sa Majefté , au nom du Roi fon Maître,
fur l'heureux accouchement de Madame la Dauphine
, & fur l'heureufe naiffance de Monftigneur
le Comte d'Artois. Cet Ambafladeur fut
enfuite admis à l'audience de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine.
M. Bertin , latendant de Lyon , a été nommé
Lieutenant-Général de Police , à la place de M.
Berryer.
Le Roi a nommé M. le Marquis du Mefnil ,
Lieutenant Général de fes armées , Infpecteur Général
de la Cavalerie & des Dragons , au Gouver
nement de Brouage , vacant par la mort de M. le
Maréchal Duc de Mirepoix.
Sa Majesté a auffi accordé à M. le Comte de
Montazet , Brigadier de fes armées , Mestre de
Camp réformé à la fuite du Régiment de Dragons
DECEMBRE. 1757. 199
d'Orléans , & Gouverneur du Fort de Scarpe ,
l'Expectative d'une place de Commandeur dans
P'Ordre Militaire de Saint Louis , avec la permiffion
d'en porter dès - à - préfent les honneurs.
Les 27 & 28 d'Octobre , on a reffenti au Havre
deux fecouffes de tremblemens de terre. La
premiere a duré trois minutes , & l'autre deux.
Les habitans effrayés, font fortis de leurs maiſons
pour fe retirer fur la place, Ces mêmes ſecouffes
Te font auffi fait fentir à la même heure au Pontl'Evêque
, fur la rive gauche de la Seine.
Le 6 de Novembre , M. le Chevalier Archinto
arriva ici de Parme , pour complimenter le Roi ,
de la part de l'Infant Duc de Parme , fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois.
Le Roi a nommé à l'Intendance de Lyon M. de
la Michodiere , Intendant d'Auvergne ; & M.
Bernard de Ballainvilliers , Maître des Requêtes ,
à celle d'Auvergne.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la feizieme &
dix-feptieme fois.
Le même jour , M. le Prince de Beauvau prêta
ferment entre les mains du Roi pour la charge
de Capitaine des Gardes , & Sa Majefté reçut celui
de l'Evêque de Senez.
Le Roi accorda ce même jour un brevet d'honneur
à Madame la Comteffe de Lillebonne , &
elle prit en conféquence le Tabouret chez la
Reine.
Sa Majesté a donné à M. le Comte de Talaru ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes de Flandres ,
l'Aide-Majorité de la Gendarmerie , vacante par
la promotion du Vicomte de Sabran , à la Majo
rité de ce corps,
Les entrées de la Chambre ont été accordées
par le Roi à M. le Chevalier Archinto , Gentil-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
homme de la Chambre de l'infant Duc de Parme
Le is , M. Erizzo , Ambaſſadeur de la Répu
blique de Venife , eut une audience particuliere
du Roi,dans laquelle il complimenta Sa Majesté au
nom de la République , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Cet Ambaffadeur
fut conduit à cette audience par M. de la
Live , introducteur des Ambafladeurs .
M. le Baron de Lichtinſtein , Miniftre Plénipotentiaire
du Duc de Saxe- Gotha , eut le même
jour une audience de Madame la Dauphine. Il y
fut conduit ainfi qu'à celles de Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de
Berry , & de Monſeigneur le Comte de Provence
, par le même Introducteur .
M. de Bompar , Chefd'Eſcadre des Armées Navales
, à fon retour de la Martinique , où il a réfidé
pendant fept ans en qualité de Gouverneur
Général des Inles du Vent , a été préfenté au Roi,
Sa Majefté lui a accordé une penfion de trois mille
livres fur le Tréfor Royal , avec le Cordon rouge
honoraire.
L'ouverture du Parlement fe fit le r2 de ce
mois avec les cérémonies ordinaires , par une
Mefle folemnelle . Elle fut célébrée par M. l'Abbé
de Sailly , Chantre de la Sainte Chapelle , & Aumônier
de Madame la Dauphine . M. Mollé ,
premier Préfident , ayant été reçu & inftallé par
M. Pelletier de Rofambo , Préfident du Parlement
, y affifta avec toutes les Chambres.
Il y a eu le 5 Novembre une action entre l'armés
commandée par M. le Prince de Soubife & celle
du Roi de Pruffe : la premiere ayant été obligée de
faire fa retraite , elle s'eft retirée à Freyburg ,
d'où elle a repaffé l'Unftrutt , & ſe raffemble der
DECEMBRE. 1757 : 201
riere cette riviere . M. le Maréchal Duc de Richelieu
, à qui M. le Prince de Soubife avoit dépêché
un Officier après l'action , s'eft mis en marche à
la tête de foixante bataillons & de foixante- quatre
efcadrons , pour fe porter fur Duderſtatt , où il
fera à portée de recevoir & de foutenir l'armée de
M. le Prince de Soubife , s'il eft néceffaire.
Nous retardons la lifte des Officiers tués ou
bleffés , pour la donner plus exacte le mois pro
chain.
Le Corfaire Anglois le Hancelot , de Jerzey ;
armé de 10 canons , & de 70 hommes d'équipage ,
a été pris par les Vaiffeaux du Roi l'Entreprenant
& le Dragon , qui l'ont fait conduire à Brest.
Les fieurs Bart , Capitaine de Brûlot , & Juin ,
Lieutenant de Frégate , commandant les Frégates
du Roi la Valeur & la Mignonne , fe font rendus
maîtres des Navires Anglois l'Induftrie , l'Eclair
la Marie-Sara & la Satisfaction. Ces quatre bâtimens
, qui alloient de Sunderland à Rotterdam ,
chacun avec un chargement de charbon de terre
étoient tous armés de quelques canons , & ils font
arrivés à Dunkerque.
Le Corfaire le Vengeur , de ce Port , ya remis
Pôtage d'une rançon de 290 guinées , moyennant
laquelle il a relâché un Navire Anglois ,
dont il s'étoit emparé .
On mande de la Rochelle , que le Navire le Titon
l'Africain , de Bordeaux , venant de Saint-
Domingue , a enlevé le Navire Anglois le Thos
mas , de Londres dont la cargaiſon eft compo
fée de 500 barrils de poudre , de so caiffes d'armes
, de toiles , de foieries , & d'autres muni
tions & marchandiſes.
Une Lettre du Capitaine Robert , comman
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
dant la Frégate la Comteffe de la Serre , datée de
20 Octobre dernier , marque qu'il eft arrivé à
Bergue en Norwege, & qu'il y a conduit fept prifes
Angloifes ; que fix de ces prifes font chargés
de chanvre , de lin & de fer , la feptieme , d'uce
petite partie de chanvre & de bois , & qu'il en
attendoit une huitieme qu'il a laiffée au Nord
d'Ifland , le mauvais temps l'ayant obligé de s'en
féparer. Cette derniere eft un Senaw du port de
220 tonneaux , armé de 14 canons , & de 36
hommes d'équipage , qui vient de la Virginie , fa
cargaison confifte en 380 boucauts de tabac.
LAJA Cornette des Chevaux- Légers de la Garde
ordinaire du Roi , revint ici d'Arpajon le 19
d'Octobre. Comme la Compagnie , qui ne fert
que par quartiers , eft rarement raffembleé , les
Chevaux- Légers ont faifi le moment de leur réu
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
nion , pour célébrer en corps l'augufte naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Le Duc de
Chaulnes , leur Commandant , eft Gouverneur
de cette Province nouveau motif pour faire éclater
leur joie dans cette heureufe occafion. Ils devoient
fe féparer , après avoir porté leurs étendards
au Roi ; ils n'ont eu par conféquent que deux
fois vingt-quatre heures , pour faire leurs prépa
ratifs , ainfi que pour inviter la Cour , la Ville ,
& tous les corps de la maiſon du Roi.
Le fête commença le 21 , à dix heures du foir,
par un feu d'artifice , qui fut tiré dans l'avenue de
Sceaux , vis-à- vis de l'Hôtel des Chevaux-Légers ,
& dont l'exécution fut parfaite. Toutes les perfonnes
invitées le rendirent enfuite au bal , paré
& malqué. La façade & la cour de l'Hôtel étolent
très-bien illuminées. La falle où l'on danſoit , a
105 pieds de longueur fur 36 de large. Elle étoit
ornée richement , & avec autant d'art que de
goût : elle étoit éclairée par un grand nombre de
luftres & de girandoles. Les fonds oppofés de cette
falle , qui dans toute leur étendue , étoient gare
nis de grandes glaces , en multipliant les objets ,
formoient un fpectacle charmant. La Comteffe
de Marfan , Gouvernante des Enfans de France ,
s'étant excufée d'ouvrir le bal , la jeune Princeffe
de Soubife , fa niece , danfa le premier menuer
avec le Marquis d'Efquelbec , premier Enfeigne
de la compagnie. Le Bal dura jufqu'à huit heures
du matin. Il y eut la plus nombreuſe affemblée ,
& l'on y diftribua avec profufion toutes fortes de
rafraîchiffemens. Le bon ordre qui a régné dans
cette fête , joint à la politeffe & aux attentions
des Chevaux- Légers , n'en a pas fait le moindre
agrément.
La naifance de Monfeigneur le Comte d'Are
DECEMBRE. 1757: 197
tois exigeant des peuples , dont elle affure le
bonheur , un nouveau tribut de reconnoiffance ,
le Roi écrivit le 9 d'Octobre à M. l'Archevêque de
Paris , pour faire rendre à Dieu dans la Capitale
de folemnelles actions de graces. En conféquence,
le Dimanche 13 , le Te Deum fut chanté dans
P'Eglife Métropolitaine , & M. l'Archevêque de
Paris y officia . M. le Chancelier accompagné de
plufieurs Confeillers d'etat & Maîtres des Requê
tes , le parlement , la Chambre des Comptes , la
Cour des Aydes & le Corps de Ville , y affifterent
après y avoir été invités de la part du Roi par M.
Defgranges , Maîtres des Cérémonies .
Le même jour , M. le Prevôt des Marchands
& les Echevins firent tirer dans la place de l'Hôtel
de Ville un feu d'artifice , décoré relativement à
l'objet de l'alegreffe publique. La façade de
l'Hôtel de Ville fut enfuite illuminée par des filets
de terrines, qui régnoient le long des entablemens,
& par des luftres formés de lanternes de verre.
Des ifs portant chacun plus de cent cinquante lu
mieres , entouroient la place .
L'Hôtel du Duc de Chevreufe , nommé au Gou
vernement de Paris , fut orné d'une magnifique
décoration en architecture , éclairée avec un
goût infini. Il y eut auffi des illuminations à l'Hôtel
du Prevôt des Marchands , aux maiſons des
Echevins , & à celles des principaux Officiers du
corps de Ville.
Aux quatre coins de la place de l'Hôtel de
Ville , ainfi qu'à celle de Louis XV , étoient des
fontaines de vin , qui coulerent une partie de la
nuit. On y diftribuoit du pain & des viandes au
peuple , & on avoit placé des orqueftres dans tous
les endroits où fe faifoient ces diftributions .
La cloche de l'Hôtel de ville fonna pendan
I iij
498 MERCURE DE FRANCE.
Toute la journée en tocfin . Il y eut quatre falves
d'artillerie ; la premiere à cinq heures du matin ,
la feconde à midi , la troifieme pendant le Te
Deum , & la derniere avant le feu d'artifice.
Le 24 , le corps de Ville alla à l'Eglife paroif-
Hale de Saint Jeanen Greve , pour rendre les actions
de graces particulieres , & il affifta au Te
Deam qu'il fit chanter en mufique. Ce même
jour , l'Hôtel de Ville , P'Hôtel du Prevôt des
Marchands , les maiſons des Echevins & des principaux
Officiers du corps de Ville , furent illuminés
de nouveau .
Le Roi a difpofé du commandement en Chef
de la province de Languedoc , vacant par la mort
de M. le Maréchal Duc de Mirepoix , en faveur
de M. le Maréchal de Thomond .
Le 3 Novembre , M. le Comte de Sartirane ,
'Ambaffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il complimenta
Sa Majefté , au nom du Roi fon Maître,
fur l'heureux accouchement de Madame la Dauphine
, & fur l'heureufe naiffance de Monftigneur
le Comte d'Artois. Cet Ambafladeur fut
enfuite admis à l'audience de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine.
M. Bertin , latendant de Lyon , a été nommé
Lieutenant-Général de Police , à la place de M.
Berryer.
Le Roi a nommé M. le Marquis du Mefnil ,
Lieutenant Général de fes armées , Infpecteur Général
de la Cavalerie & des Dragons , au Gouver
nement de Brouage , vacant par la mort de M. le
Maréchal Duc de Mirepoix.
Sa Majesté a auffi accordé à M. le Comte de
Montazet , Brigadier de fes armées , Mestre de
Camp réformé à la fuite du Régiment de Dragons
DECEMBRE. 1757. 199
d'Orléans , & Gouverneur du Fort de Scarpe ,
l'Expectative d'une place de Commandeur dans
P'Ordre Militaire de Saint Louis , avec la permiffion
d'en porter dès - à - préfent les honneurs.
Les 27 & 28 d'Octobre , on a reffenti au Havre
deux fecouffes de tremblemens de terre. La
premiere a duré trois minutes , & l'autre deux.
Les habitans effrayés, font fortis de leurs maiſons
pour fe retirer fur la place, Ces mêmes ſecouffes
Te font auffi fait fentir à la même heure au Pontl'Evêque
, fur la rive gauche de la Seine.
Le 6 de Novembre , M. le Chevalier Archinto
arriva ici de Parme , pour complimenter le Roi ,
de la part de l'Infant Duc de Parme , fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois.
Le Roi a nommé à l'Intendance de Lyon M. de
la Michodiere , Intendant d'Auvergne ; & M.
Bernard de Ballainvilliers , Maître des Requêtes ,
à celle d'Auvergne.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la feizieme &
dix-feptieme fois.
Le même jour , M. le Prince de Beauvau prêta
ferment entre les mains du Roi pour la charge
de Capitaine des Gardes , & Sa Majefté reçut celui
de l'Evêque de Senez.
Le Roi accorda ce même jour un brevet d'honneur
à Madame la Comteffe de Lillebonne , &
elle prit en conféquence le Tabouret chez la
Reine.
Sa Majesté a donné à M. le Comte de Talaru ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes de Flandres ,
l'Aide-Majorité de la Gendarmerie , vacante par
la promotion du Vicomte de Sabran , à la Majo
rité de ce corps,
Les entrées de la Chambre ont été accordées
par le Roi à M. le Chevalier Archinto , Gentil-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
homme de la Chambre de l'infant Duc de Parme
Le is , M. Erizzo , Ambaſſadeur de la Répu
blique de Venife , eut une audience particuliere
du Roi,dans laquelle il complimenta Sa Majesté au
nom de la République , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Cet Ambaffadeur
fut conduit à cette audience par M. de la
Live , introducteur des Ambafladeurs .
M. le Baron de Lichtinſtein , Miniftre Plénipotentiaire
du Duc de Saxe- Gotha , eut le même
jour une audience de Madame la Dauphine. Il y
fut conduit ainfi qu'à celles de Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de
Berry , & de Monſeigneur le Comte de Provence
, par le même Introducteur .
M. de Bompar , Chefd'Eſcadre des Armées Navales
, à fon retour de la Martinique , où il a réfidé
pendant fept ans en qualité de Gouverneur
Général des Inles du Vent , a été préfenté au Roi,
Sa Majefté lui a accordé une penfion de trois mille
livres fur le Tréfor Royal , avec le Cordon rouge
honoraire.
L'ouverture du Parlement fe fit le r2 de ce
mois avec les cérémonies ordinaires , par une
Mefle folemnelle . Elle fut célébrée par M. l'Abbé
de Sailly , Chantre de la Sainte Chapelle , & Aumônier
de Madame la Dauphine . M. Mollé ,
premier Préfident , ayant été reçu & inftallé par
M. Pelletier de Rofambo , Préfident du Parlement
, y affifta avec toutes les Chambres.
Il y a eu le 5 Novembre une action entre l'armés
commandée par M. le Prince de Soubife & celle
du Roi de Pruffe : la premiere ayant été obligée de
faire fa retraite , elle s'eft retirée à Freyburg ,
d'où elle a repaffé l'Unftrutt , & ſe raffemble der
DECEMBRE. 1757 : 201
riere cette riviere . M. le Maréchal Duc de Richelieu
, à qui M. le Prince de Soubife avoit dépêché
un Officier après l'action , s'eft mis en marche à
la tête de foixante bataillons & de foixante- quatre
efcadrons , pour fe porter fur Duderſtatt , où il
fera à portée de recevoir & de foutenir l'armée de
M. le Prince de Soubife , s'il eft néceffaire.
Nous retardons la lifte des Officiers tués ou
bleffés , pour la donner plus exacte le mois pro
chain.
Le Corfaire Anglois le Hancelot , de Jerzey ;
armé de 10 canons , & de 70 hommes d'équipage ,
a été pris par les Vaiffeaux du Roi l'Entreprenant
& le Dragon , qui l'ont fait conduire à Brest.
Les fieurs Bart , Capitaine de Brûlot , & Juin ,
Lieutenant de Frégate , commandant les Frégates
du Roi la Valeur & la Mignonne , fe font rendus
maîtres des Navires Anglois l'Induftrie , l'Eclair
la Marie-Sara & la Satisfaction. Ces quatre bâtimens
, qui alloient de Sunderland à Rotterdam ,
chacun avec un chargement de charbon de terre
étoient tous armés de quelques canons , & ils font
arrivés à Dunkerque.
Le Corfaire le Vengeur , de ce Port , ya remis
Pôtage d'une rançon de 290 guinées , moyennant
laquelle il a relâché un Navire Anglois ,
dont il s'étoit emparé .
On mande de la Rochelle , que le Navire le Titon
l'Africain , de Bordeaux , venant de Saint-
Domingue , a enlevé le Navire Anglois le Thos
mas , de Londres dont la cargaiſon eft compo
fée de 500 barrils de poudre , de so caiffes d'armes
, de toiles , de foieries , & d'autres muni
tions & marchandiſes.
Une Lettre du Capitaine Robert , comman
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
dant la Frégate la Comteffe de la Serre , datée de
20 Octobre dernier , marque qu'il eft arrivé à
Bergue en Norwege, & qu'il y a conduit fept prifes
Angloifes ; que fix de ces prifes font chargés
de chanvre , de lin & de fer , la feptieme , d'uce
petite partie de chanvre & de bois , & qu'il en
attendoit une huitieme qu'il a laiffée au Nord
d'Ifland , le mauvais temps l'ayant obligé de s'en
féparer. Cette derniere eft un Senaw du port de
220 tonneaux , armé de 14 canons , & de 36
hommes d'équipage , qui vient de la Virginie , fa
cargaison confifte en 380 boucauts de tabac.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En octobre et novembre 1757, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 21 octobre, la Compagnie des Chevaux-Légers de la Garde du Roi a célébré la naissance du Comte d'Artois par une fête organisée par le Duc de Chaulnes, commandant de la compagnie et nouvellement nommé gouverneur de province. Cette célébration, qui a réuni une nombreuse assemblée, comprenait un feu d'artifice et un bal, et s'est déroulée dans un ordre exemplaire. Le Roi a également ordonné des actions de grâce pour la naissance du Comte d'Artois. Le 13 octobre, un Te Deum a été chanté à la cathédrale de Paris en présence de hautes autorités, suivi d'un feu d'artifice et d'illuminations à l'Hôtel de Ville. Des distributions de nourriture et de boissons ont été faites au peuple, et des salves d'artillerie ont marqué les moments clés de la journée. Plusieurs nominations et promotions ont été annoncées, notamment celle de M. Bertin comme Lieutenant-Général de Police et de M. le Marquis du Mésnil comme Lieutenant Général des armées et Inspecteur Général de la Cavalerie. Le Roi a également accordé des distinctions honorifiques à plusieurs personnes, dont le Comte de Montazet et la Comtesse de Lillebonne. Sur le plan diplomatique et militaire, des audiences ont été accordées à des ambassadeurs étrangers pour féliciter le Roi sur la naissance du Comte d'Artois. Des actions militaires en Allemagne impliquant le Prince de Soubise et le Roi de Prusse ont été rapportées, ainsi que des prises maritimes par des navires français contre des corsaires anglais.
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32
p. 161-162
DU NORD.
Début :
L'armée suédoise est campée près de Ferdinandshoff, & ses postes avancés [...]
Mots clefs :
Stralsund, Armée suédoise, Camps militaires, Troupes, Bâtiments, Recrutement, Marchandises, Confiscation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD
DE STRALSUND , le 17 Novembre.
L'armée Suédoife eft campée près de Ferdinandshoff
, & fes poftes avancés ne font pas loin
de Stettin . Une partie des troupes ett occupée à
combler le Port de Swinemunde ; on y a déja
jetté quantité de groffes pierres & de caifles rem
162 MERCURE DE FRANCE.
plies de fable , & on y a coulé à fond ſeize bâtimens
qui en rendent l'entrée impraticable.
Les fujets du Roi de Suede qui étoient au fervice
de la Pruffe ont été rappellés , & ils viennent fucceffivement
groffir l'armée des Suédois. Sur la
déclaration publiée de la part de S. M. Suédoife ,
que les Troupes Polonoifes ou Saxonnes engagées
de force parmi les Pruffiens , en ſe rendant
a l'armée de Suede , y trouveroient toute la protection
& toute la fûreté poffibles , il eſt arrivé au
camp du Feld-Maréchal Ungern de Sternberg
beaucoup de Soldats Polonois & Saxons.
Toutes les marchandifes que des Navires Hollandois
ou des Bâtimens neutres avoient apportées
dans ce Port pour le compte des Négocians Pruffiens,
ont été confiſquées par les Suédois ; & ils ne
laiffent fortir que celles qui appartiennent aux fue
jets des Puiffances neutres.
DE STRALSUND , le 17 Novembre.
L'armée Suédoife eft campée près de Ferdinandshoff
, & fes poftes avancés ne font pas loin
de Stettin . Une partie des troupes ett occupée à
combler le Port de Swinemunde ; on y a déja
jetté quantité de groffes pierres & de caifles rem
162 MERCURE DE FRANCE.
plies de fable , & on y a coulé à fond ſeize bâtimens
qui en rendent l'entrée impraticable.
Les fujets du Roi de Suede qui étoient au fervice
de la Pruffe ont été rappellés , & ils viennent fucceffivement
groffir l'armée des Suédois. Sur la
déclaration publiée de la part de S. M. Suédoife ,
que les Troupes Polonoifes ou Saxonnes engagées
de force parmi les Pruffiens , en ſe rendant
a l'armée de Suede , y trouveroient toute la protection
& toute la fûreté poffibles , il eſt arrivé au
camp du Feld-Maréchal Ungern de Sternberg
beaucoup de Soldats Polonois & Saxons.
Toutes les marchandifes que des Navires Hollandois
ou des Bâtimens neutres avoient apportées
dans ce Port pour le compte des Négocians Pruffiens,
ont été confiſquées par les Suédois ; & ils ne
laiffent fortir que celles qui appartiennent aux fue
jets des Puiffances neutres.
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Résumé : DU NORD.
Le 17 novembre, l'armée suédoise est positionnée près de Ferdinandshoff, avec des avant-postes proches de Stettin. Une partie des troupes suédoises rend le port de Swinemünde impraticable en y jetant des pierres et des caisses remplies de sable, et en coulant seize bâtiments. Les sujets suédois au service de la Prusse sont rappelés et rejoignent progressivement l'armée suédoise. Suite à une déclaration du roi de Suède offrant protection et sécurité aux troupes polonaises et saxonnes engagées de force parmi les Prussiens, de nombreux soldats polonais et saxons rejoignent le camp du feld-maréchal Ungern de Sternberg. Les marchandises apportées par des navires hollandais ou des bâtiments neutres pour le compte de négociants prussiens sont confisquées par les Suédois, qui n'autorisent la sortie que des marchandises appartenant aux sujets des puissances neutres.
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33
p. 189-196
« Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Début :
Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Sa Majesté, Armée prussienne, Armée de l'Impératrice, Combats, Camps militaires, Fortifications, Attaques, Troupes, Maréchaux, Ennemis, Comtes, Artillerie, Canons, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Navires anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 Décembre , les Princes & les Princeffes
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
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Résumé : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 décembre, les Princes et Princesses du Sang ont rendu hommage au Dauphin et à la Dauphine à l'occasion du décès de la Reine de Pologne, Electrice de Saxe. Les membres de la Cour ont également exprimé leurs respects en habits de grand deuil. Le Roi a exercé ses prérogatives en tenant le Sceau pour la dix-huitième et dix-neuvième fois. Il a attribué le régiment de Cavalerie vacant après la mort du Duc de Beauvillier au Chevalier de Saint-Aignan et une place de Colonel dans le régiment des Grenadiers de France au Marquis d'Estampes. Le Prince Charles a envoyé le sieur de Boisfgelin au Roi pour annoncer la prise de Schweidnitz, qui a capitulé le 12 novembre. Lors de ce siège, les Prussiens ont perdu environ 1800 hommes, et la garnison, composée de 4700 hommes, est devenue prisonnière de guerre. Les Autrichiens ont trouvé dans la place 164 pièces de canon, 14 mortiers, des munitions, des vivres, du fourrage et un million d'écus. L'armée prussienne, installée à Breslau depuis sept semaines, occupait un camp fortifié. L'armée impériale, sous le commandement de Son Altesse Royale, a attaqué ce camp le 22 décembre en exploitant ses faiblesses. L'attaque a été menée sur quatre points essentiels, avec une division supplémentaire menaçant la retraite ennemie. Malgré une résistance acharnée, les Prussiens ont subi de lourdes pertes, avec plus de 3000 prisonniers ou déserteurs. L'armée impériale a capturé 39 pièces de canon, 3 mortiers et 8 drapeaux, et la ville de Breslau s'est rendue. Par ailleurs, les navires français ont capturé plusieurs bâtiments anglais, notamment le corsaire la Grande-Biche et le navire le Matthy, ainsi que d'autres navires chargés de diverses marchandises. Plusieurs corsaires français ont également pris des navires anglais dans différentes régions, comme Brest, Calais, Le Havre et Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 203-208
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 13 Décembre, la Duchesse de Saint-Aignan fut présentée à la [...]
Mots clefs :
Roi de France, Nominations, Brigadier, Commandeur honoraire, Officiers, Chevalier, Audience, Ducs, Comtes, Noblesse, Corsaire, Navires anglais, Marchandises, Tonneaux, Tabac, Sucre, Café, Gingembre, Île royale, Capitaine, Attaques, Expéditions
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 13 Décembre , la Ducheffe de Saint - Aignan
fut préfentée à la Famille Royale , & elle prit le
Tabouret chez la Reine.
Le Roi a nommé le 25 , Grand Maître
de fa Garderobbe , M. le Duc d'Eftifſac , fur la
démiffion de M. le Duc de la Rochefoucauld, à qui
Sa Majesté a donné la furvivance de cette charge.
Le 28 , Sa Majesté tint le Sceau pour la ving
tieme fois.
Le Roi a fait Brigadier de Dragons M.le Marquis
de Caraman , Meftre de Camp d'un Régiment de
Dragons ; Brigadier d'Infanterie , M. le Prince de
Rohan , Colonel d'un Régiment de fon nom; &
Brigadier de Cavalerie , M. le Marquis de Caulaincourt
, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie
de l'armée de Soubife .
Sa Majesté a nommé Commandeur Honoraire
de l'Ordre de Saint- Louis , M. le Vicomte de
Bouville , qui commandoit le Vaiffeau l'Espérance
en 1755 , & qui eft revenu d'Angleterie après
deux ans de détention . Le Roi a accordé en même
temps à tous les Officiers qui compofoient fon
Etat Major , & qui ne l'ont point quitté en Angleterre
, des graces proportionnées à leurs grades..
Les Officiers qui ont été bleffés dans le combat
de l'Emeraude , & les familles de ceux qui y ont
été tués ont aufli reçu des marques de la fatis
faction du Roi,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Le premierjour de l'an , les Princes & Princef.
fes du Sang , ainfi que les Seigneurs & Dames de
la Cour , eurent l'honneur de complimenter le
Roi fur la nouvelle année.
Le Corps de Ville , à cette occafion , rendic
auffi fes reſpects à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale .
Će même jour , les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Efprit , s'étant
affemblés vers les onze heures du matin dans le
cabinet du Roi , accompagnerent Sa Majefté à la
Chapelle. Le Roi étoit en manteau , le collier de
l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus : les
deux Huiffiers portoient leurs maffes devant Sa
Majesté. Elle étoit précédée de Monfeigneur le
Dauphin , de MM . les Duc d'Orléans , Prince de
Condé , Comte de Clermont , Prince de Conti ,
Comte de la Marche , Comte d'Eu , Duc de Penthievre
, & de MM. les Chevaliers Comman--
deurs & Officiers de l'Ordre. Après la grande
Meffe , qui fut célébrée par M. l'Evêque de Langres
, Prélat Commandeur de l'Ordre du Saint :
Efprit , Sa Majefté fut reconduite à fon appartement
en la maniere accoutumée.
4
Le foir pendant le fouper de Leurs Majeftés ,
les vingt- quatre Violons de la Chambre exécuterent,
fuivant l'ufage , plufieurs morceaux de fymphonie
, fous la direction de M. Rebel , Surin
tendant de la Mufique de la Chambre .
Le 2 du même mois , le Roi , les Princes ,
MM . les Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre , affifterent au Service , pour l'anniverfaire
de MM . les Chevaliers de l'ordre , où le
même Prélat officia.
Les Députés des Etats de Bretagne eurent le 3
audience du Roi. Ils furent préfentés à Sa Majef
JANVIER. 1758 . 205
3
té par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de
la Province , & par M. le Comte de Saint - Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits
par M. le Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies. Les Députés étoient , pour le Clergé
, M. PEvêque de Dol qui porta la parole
pour la Nobleffe , M. le Comte de Marbeuf ,
qui étant à l'armée , n'a pas été fuppléé ; pour le
Tiers Etat , M. Vaillant , Sénéchal de Pontivy ,
& M. le Comte de Quelen , Procureur Général ,
Syadic des Etats,
M. le Duc d'Eftiffac prêta le même jour ferment
entre les mains du Roi , pour la charge de
Grand Maître de la Garderobbe.
Après la tenue du Sceau du 28 Décembre der,
nier , M. de Brou , Doyen des Confeillers d'Etat ,
préſenta à Sa Majefté tous les Grands Officiers de
la Grande Chancellerie , & ils eurent l'honneur
de faire leurs révérences au Roi à l'occafion de la
nouvelle année,
Le Corfaire Anglois , la Victoire , armé de 400
canons , & de 360 hommes d'équipage , a été
conduit à Bref , après avoir été pris par le vaiffeau
du Roi le Saint-Michel , ayant avec lui les
frégates l'Amétyfte & l'Atalante.
Les Corfaires l'Hyrondelle, la Revanche & l'Europe
, de Dunkerque , y ont fait conduire le navire
Anglois l'Anna , de 180 tonneaux , dont la cargaifon
confifte en 312 boucauts de tabac , & autres
marchandiſes.
Le navire Anglois , le Jean & Robert , de ge
tonneaux , chargé de vin , de liege & de fruits ,
a été pris par le Corfaire le Mefny , de Granville ,
qui l'a fait conduire au Havre.
On mande de Bayonne que le Corfaire la Repréfaille
, de ce port , s'eft emparé de deux naviZOG
MERCURE DE FRANCE .
res Anglois qui y font arrivés ; ils s'appellent l'un
be Carlile , de Nerwi , chargé de boeuf , de beure ,
de harengs ; l'autre le Prince Charles , qui revenoit
de la Jamaïque , avec une cargaison compofée
de fucre , de caffé , de poivre , de caffe , de
raffia & de coton.
L'Américain & la Gentille , autres Corfaires de
Bayonne , y ont auffi fait conduire les navires Anglois
le Ellis , de Liverpool , chargé de 136 boucauts
& 9 barriques de fucre , de 28 futailles de
taffia , & de 3 balles de coton ; & la Marthe ,
ayant pour cargaifon 340 boucauts de fucre ,
barriques de caffé , 800 facs de gingembre ,
100 barriques de taffia , 20 tonneaux de bois de
campeche , 3 balles de coton , & 700 cuirs.
On apprend par les lettres de l'Ile Royale, que
les Corfaires armés dans cette colonie , ont conduit
à Louifbourg les navires Anglois , la Victoire
, le Thomas , le Charriot , le Grandpus , le
Bety , les Deux-Freres , le Charmant , le Neptune ,
la Marie Anne , les Deux- Soeurs , les Deux-Freres,
le Brunswick , le Cranford , le Seven, te Jhon - haune,
Apollon , le Jofeph , le Safech , la Branche d'Oli
vier , le Defpath , Lelloge ,le Poly , le Leotenord ,
โด le Nancy , la Brayalle , l'Anne , le Neptune ,
Marie , le Balowin , le Cerllo -Flonndon , le Grand-
Banc , la Perle , l'Echappée , le Hop , le Merry , le
Charmant , le Saint- André & le Bety.
Les mêmes lettres ajoutent que l'objet de ces
prifes eft fort confidérable.
La frégate de guerre le Prince Ofwales , a été
auffi conduite à Louifbourg , par la frégate du Kor
La Fleur de Lys , commandée par le Chevalier de
Tourville : qui s'en eſt rendu maître fur la côte de
P'Acadie.
Le capitaine Dumondt , commandant le CorJANVIER,
1758. 207
faire l'Europe , de Dunkerque , a relâché à Oftende
, & il y a remis les ôtages de deux rançons ,
montant enſemble à deux cens vingt livres fterlings.
Il eft arrivé à Saint-Malo un bateau Anglois
venant de Terre- Neuve , qui a été pris par le Cor
faire le Mefny , de Grandville , & qui a pour cargaifon
quelques pipes d'huile , & plufieurs quintaux
de morue.
Le capitaine Veron , qui commande le Corfaire
le Roftan , de Bordeaux , s'eft emparé d'un brigan
tin Anglois de 150 tonneaux , dont la cargaifon
composée de balotéries , eft eftimée plus de trois
cens mille livres . Cette prife a été conduite à la
Rochelle.
On mande de Saint -Jean-de- Luz , que le capitaine
Domengo- Daperteguy , commandant le Cor
faire l'Amiral , de Bayonne , a fair conduire dans
ce premier port le navire Anglois le Hombert ,
de Londres , venant de la Virginie , avec un chargement
qui confifte en 335 boucauts de tabac.
T
Le Capitaine Monier , commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , s'eft rendu maitre
du Pacquebot Anglois le Prince Frederick , armé
de quatre canons & de fix pierriers , & allant de
Douvres à Fleffingue.
Le Machault , autre Corfaire du même Port ,
a pris & conduit en ce Port les Navires Anglois le
Change , l'Hamos & la Barbara , chargés de fer ,
de lin , de toile , d'eau- de-vie & de tabac . Il s'étoit
emparé de deux Bâtimens Anglois appellés ,
Pun la Marie , d'Air en Ecoffe ; l'autre l'Helene,
& il les a rançonnés pour cinq cents dix- huit hivres
fterlings.
Le Capitaine Dumondt , commandant le Corfaire
l'Europe . du même Port , qui avoit pris les
208 MERCURE DE FRANCE.
bateaux Anglois le Jean & Alix & la Sirène , en a
rapporté deux rançons montant enſemble à deux
cents vingt livres fterlings .
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais , s'eft emparé
du Navire Anglois le Nelly , chargé de Saumon
, & il l'a fait conduire au Havre , où il eft
arrivé un autre Bâtiment chargé de barengs fores,
qui a été pris par le Corfaire la Marquife de Leede
, de Boulogne .
Ileft arrivé à Honfleur deux Bâtimens Anglois
pris par les Corfaires l'Entreprenante , de Calais ;
& l'Heureux , de Dieppe : l'un de ces Bâtimens eft
chargé de harengs ; l'autre a pour cargaifon des
planches & quelques caiffes de fruits .
L
Le Brigantin Anglois le Hannal , allant
de la Caroline à Londres , avec un chargement
de fucre , d'indigo , de riz , de coton , de bois
de campeche & d'autres marchandiſes , a été pris
par le Corfaire le Moras , de Saint-Malo , où il a
été conduit.
On mande de Saint-Jean -de- Luz , que le Ca
pitaine Pierre Souhaignet , commandant le Corfaire
la Providence , de ce Port , s'eft emparé des
Navires Anglois le Mary , de Plaifance , & le
Guillaume , de Darmouth , qui font chargés l'un
de 2500 , l'autre de 1900 quintaux de morue ,
qu'il les a conduits par relâche à Vigo en Galice.
Le Capitaine Arnoux , qui commande le Corfaire
le Victorieux , de Marfeille ; y a conduit le
Brigantin Anglois le Jean Jacques , dont la cargaifon
confifte en café , cuivre, plomb & autres
marchandifes.
LE 13 Décembre , la Ducheffe de Saint - Aignan
fut préfentée à la Famille Royale , & elle prit le
Tabouret chez la Reine.
Le Roi a nommé le 25 , Grand Maître
de fa Garderobbe , M. le Duc d'Eftifſac , fur la
démiffion de M. le Duc de la Rochefoucauld, à qui
Sa Majesté a donné la furvivance de cette charge.
Le 28 , Sa Majesté tint le Sceau pour la ving
tieme fois.
Le Roi a fait Brigadier de Dragons M.le Marquis
de Caraman , Meftre de Camp d'un Régiment de
Dragons ; Brigadier d'Infanterie , M. le Prince de
Rohan , Colonel d'un Régiment de fon nom; &
Brigadier de Cavalerie , M. le Marquis de Caulaincourt
, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie
de l'armée de Soubife .
Sa Majesté a nommé Commandeur Honoraire
de l'Ordre de Saint- Louis , M. le Vicomte de
Bouville , qui commandoit le Vaiffeau l'Espérance
en 1755 , & qui eft revenu d'Angleterie après
deux ans de détention . Le Roi a accordé en même
temps à tous les Officiers qui compofoient fon
Etat Major , & qui ne l'ont point quitté en Angleterre
, des graces proportionnées à leurs grades..
Les Officiers qui ont été bleffés dans le combat
de l'Emeraude , & les familles de ceux qui y ont
été tués ont aufli reçu des marques de la fatis
faction du Roi,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Le premierjour de l'an , les Princes & Princef.
fes du Sang , ainfi que les Seigneurs & Dames de
la Cour , eurent l'honneur de complimenter le
Roi fur la nouvelle année.
Le Corps de Ville , à cette occafion , rendic
auffi fes reſpects à Leurs Majeſtés & à la Famille
Royale .
Će même jour , les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre du Saint Efprit , s'étant
affemblés vers les onze heures du matin dans le
cabinet du Roi , accompagnerent Sa Majefté à la
Chapelle. Le Roi étoit en manteau , le collier de
l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus : les
deux Huiffiers portoient leurs maffes devant Sa
Majesté. Elle étoit précédée de Monfeigneur le
Dauphin , de MM . les Duc d'Orléans , Prince de
Condé , Comte de Clermont , Prince de Conti ,
Comte de la Marche , Comte d'Eu , Duc de Penthievre
, & de MM. les Chevaliers Comman--
deurs & Officiers de l'Ordre. Après la grande
Meffe , qui fut célébrée par M. l'Evêque de Langres
, Prélat Commandeur de l'Ordre du Saint :
Efprit , Sa Majefté fut reconduite à fon appartement
en la maniere accoutumée.
4
Le foir pendant le fouper de Leurs Majeftés ,
les vingt- quatre Violons de la Chambre exécuterent,
fuivant l'ufage , plufieurs morceaux de fymphonie
, fous la direction de M. Rebel , Surin
tendant de la Mufique de la Chambre .
Le 2 du même mois , le Roi , les Princes ,
MM . les Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre , affifterent au Service , pour l'anniverfaire
de MM . les Chevaliers de l'ordre , où le
même Prélat officia.
Les Députés des Etats de Bretagne eurent le 3
audience du Roi. Ils furent préfentés à Sa Majef
JANVIER. 1758 . 205
3
té par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de
la Province , & par M. le Comte de Saint - Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits
par M. le Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies. Les Députés étoient , pour le Clergé
, M. PEvêque de Dol qui porta la parole
pour la Nobleffe , M. le Comte de Marbeuf ,
qui étant à l'armée , n'a pas été fuppléé ; pour le
Tiers Etat , M. Vaillant , Sénéchal de Pontivy ,
& M. le Comte de Quelen , Procureur Général ,
Syadic des Etats,
M. le Duc d'Eftiffac prêta le même jour ferment
entre les mains du Roi , pour la charge de
Grand Maître de la Garderobbe.
Après la tenue du Sceau du 28 Décembre der,
nier , M. de Brou , Doyen des Confeillers d'Etat ,
préſenta à Sa Majefté tous les Grands Officiers de
la Grande Chancellerie , & ils eurent l'honneur
de faire leurs révérences au Roi à l'occafion de la
nouvelle année,
Le Corfaire Anglois , la Victoire , armé de 400
canons , & de 360 hommes d'équipage , a été
conduit à Bref , après avoir été pris par le vaiffeau
du Roi le Saint-Michel , ayant avec lui les
frégates l'Amétyfte & l'Atalante.
Les Corfaires l'Hyrondelle, la Revanche & l'Europe
, de Dunkerque , y ont fait conduire le navire
Anglois l'Anna , de 180 tonneaux , dont la cargaifon
confifte en 312 boucauts de tabac , & autres
marchandiſes.
Le navire Anglois , le Jean & Robert , de ge
tonneaux , chargé de vin , de liege & de fruits ,
a été pris par le Corfaire le Mefny , de Granville ,
qui l'a fait conduire au Havre.
On mande de Bayonne que le Corfaire la Repréfaille
, de ce port , s'eft emparé de deux naviZOG
MERCURE DE FRANCE .
res Anglois qui y font arrivés ; ils s'appellent l'un
be Carlile , de Nerwi , chargé de boeuf , de beure ,
de harengs ; l'autre le Prince Charles , qui revenoit
de la Jamaïque , avec une cargaison compofée
de fucre , de caffé , de poivre , de caffe , de
raffia & de coton.
L'Américain & la Gentille , autres Corfaires de
Bayonne , y ont auffi fait conduire les navires Anglois
le Ellis , de Liverpool , chargé de 136 boucauts
& 9 barriques de fucre , de 28 futailles de
taffia , & de 3 balles de coton ; & la Marthe ,
ayant pour cargaifon 340 boucauts de fucre ,
barriques de caffé , 800 facs de gingembre ,
100 barriques de taffia , 20 tonneaux de bois de
campeche , 3 balles de coton , & 700 cuirs.
On apprend par les lettres de l'Ile Royale, que
les Corfaires armés dans cette colonie , ont conduit
à Louifbourg les navires Anglois , la Victoire
, le Thomas , le Charriot , le Grandpus , le
Bety , les Deux-Freres , le Charmant , le Neptune ,
la Marie Anne , les Deux- Soeurs , les Deux-Freres,
le Brunswick , le Cranford , le Seven, te Jhon - haune,
Apollon , le Jofeph , le Safech , la Branche d'Oli
vier , le Defpath , Lelloge ,le Poly , le Leotenord ,
โด le Nancy , la Brayalle , l'Anne , le Neptune ,
Marie , le Balowin , le Cerllo -Flonndon , le Grand-
Banc , la Perle , l'Echappée , le Hop , le Merry , le
Charmant , le Saint- André & le Bety.
Les mêmes lettres ajoutent que l'objet de ces
prifes eft fort confidérable.
La frégate de guerre le Prince Ofwales , a été
auffi conduite à Louifbourg , par la frégate du Kor
La Fleur de Lys , commandée par le Chevalier de
Tourville : qui s'en eſt rendu maître fur la côte de
P'Acadie.
Le capitaine Dumondt , commandant le CorJANVIER,
1758. 207
faire l'Europe , de Dunkerque , a relâché à Oftende
, & il y a remis les ôtages de deux rançons ,
montant enſemble à deux cens vingt livres fterlings.
Il eft arrivé à Saint-Malo un bateau Anglois
venant de Terre- Neuve , qui a été pris par le Cor
faire le Mefny , de Grandville , & qui a pour cargaifon
quelques pipes d'huile , & plufieurs quintaux
de morue.
Le capitaine Veron , qui commande le Corfaire
le Roftan , de Bordeaux , s'eft emparé d'un brigan
tin Anglois de 150 tonneaux , dont la cargaifon
composée de balotéries , eft eftimée plus de trois
cens mille livres . Cette prife a été conduite à la
Rochelle.
On mande de Saint -Jean-de- Luz , que le capitaine
Domengo- Daperteguy , commandant le Cor
faire l'Amiral , de Bayonne , a fair conduire dans
ce premier port le navire Anglois le Hombert ,
de Londres , venant de la Virginie , avec un chargement
qui confifte en 335 boucauts de tabac.
T
Le Capitaine Monier , commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , s'eft rendu maitre
du Pacquebot Anglois le Prince Frederick , armé
de quatre canons & de fix pierriers , & allant de
Douvres à Fleffingue.
Le Machault , autre Corfaire du même Port ,
a pris & conduit en ce Port les Navires Anglois le
Change , l'Hamos & la Barbara , chargés de fer ,
de lin , de toile , d'eau- de-vie & de tabac . Il s'étoit
emparé de deux Bâtimens Anglois appellés ,
Pun la Marie , d'Air en Ecoffe ; l'autre l'Helene,
& il les a rançonnés pour cinq cents dix- huit hivres
fterlings.
Le Capitaine Dumondt , commandant le Corfaire
l'Europe . du même Port , qui avoit pris les
208 MERCURE DE FRANCE.
bateaux Anglois le Jean & Alix & la Sirène , en a
rapporté deux rançons montant enſemble à deux
cents vingt livres fterlings .
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais , s'eft emparé
du Navire Anglois le Nelly , chargé de Saumon
, & il l'a fait conduire au Havre , où il eft
arrivé un autre Bâtiment chargé de barengs fores,
qui a été pris par le Corfaire la Marquife de Leede
, de Boulogne .
Ileft arrivé à Honfleur deux Bâtimens Anglois
pris par les Corfaires l'Entreprenante , de Calais ;
& l'Heureux , de Dieppe : l'un de ces Bâtimens eft
chargé de harengs ; l'autre a pour cargaifon des
planches & quelques caiffes de fruits .
L
Le Brigantin Anglois le Hannal , allant
de la Caroline à Londres , avec un chargement
de fucre , d'indigo , de riz , de coton , de bois
de campeche & d'autres marchandiſes , a été pris
par le Corfaire le Moras , de Saint-Malo , où il a
été conduit.
On mande de Saint-Jean -de- Luz , que le Ca
pitaine Pierre Souhaignet , commandant le Corfaire
la Providence , de ce Port , s'eft emparé des
Navires Anglois le Mary , de Plaifance , & le
Guillaume , de Darmouth , qui font chargés l'un
de 2500 , l'autre de 1900 quintaux de morue ,
qu'il les a conduits par relâche à Vigo en Galice.
Le Capitaine Arnoux , qui commande le Corfaire
le Victorieux , de Marfeille ; y a conduit le
Brigantin Anglois le Jean Jacques , dont la cargaifon
confifte en café , cuivre, plomb & autres
marchandifes.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En décembre 1757, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 13 décembre, la Duchesse de Saint-Aignan a été présentée à la famille royale et a obtenu le privilège du tabouret auprès de la Reine. Le 25 décembre, le Roi a nommé le Duc d'Estissac Grand Maître de la Garderobe, remplaçant le Duc de La Rochefoucauld, qui a reçu la survivance de cette charge. Le 28 décembre, le Roi a exercé le Sceau pour la vingtième fois. Le Roi a également promu plusieurs officiers : le Marquis de Caraman est devenu Brigadier de Dragons, le Prince de Rohan Brigadier d'Infanterie, et le Marquis de Caulaincourt Brigadier de Cavalerie. Le Vicomte de Bouville a été nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis pour son commandement du vaisseau l'Espérance en 1755. Les officiers blessés lors du combat de l'Émeraude et les familles des tués ont reçu des marques de satisfaction royale. Le 1er janvier 1758, les Princes et Princesses du Sang, ainsi que les Seigneurs et Dames de la Cour, ont félicité le Roi pour la nouvelle année. Les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit ont accompagné le Roi à la Chapelle, où la messe a été célébrée par l'Évêque de Langres. Le soir, les Violons de la Chambre ont joué plusieurs morceaux sous la direction de M. Rebel. Le 2 janvier, le Roi et les Chevaliers de l'Ordre ont assisté au service pour l'anniversaire des Chevaliers de l'Ordre. Le 3 janvier, les Députés des États de Bretagne ont été reçus en audience par le Roi, présentés par le Duc de Penthièvre et le Comte de Saint-Florentin. Le Duc d'Estissac a prêté serment pour sa charge de Grand Maître de la Garderobe. Plusieurs prises maritimes ont été signalées, notamment le corsaire anglais la Victoire capturé par le Saint-Michel. Divers autres navires anglais ont été pris par des corsaires français à Dunkerque, Granville, Bayonne, et d'autres ports. Ces prises incluaient des navires chargés de tabac, de sucre, de café, et d'autres marchandises. Les lettres de l'Île Royale mentionnaient également de nombreuses prises effectuées par des corsaires armés dans cette colonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 179-187
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. le Maréchal Duc de Richelieu ayant depuis longtemps demandé au Roi [...]
Mots clefs :
Roi de France, Nominations, Fonctions, Escadre, Capitaine, Guinée, Saint-Domingue, Expéditions, Ennemis, Attaques, Canons, Vaisseaux, M. de Kersaint, Corsaires , Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. le Maréchal Duc de Richelieu ayant depuis
longtemps demandé au Roi la permiffion de revenir
en France , pour travailler au rétabliſſement
de fa fanté ; Sa Majeſté a donné le commandement
de l'armée , à M. le Comte de Clermont
Prince du Sang.
Le Roi a difpofé de l'Aide -Majorité de la Gendarmerie
, vacante par la mort de M. le Comte de
Talaru, en faveur de M. le Chevalier de Ray, Major
du Régiment de Cavalerie d'Harcourt.
Sa Majesté a fait Lieutenant - Général de fes Armées
M. le Marquis de Pereufe , Maréchal de
Camp , qui commandoit dans Harbourg .
>
M. le Marquis de Lugeac , Brigadier , Colonel
du Régiment de Beauvoifis , Icfanterie a
obtenu les honneurs de Commandeur de l'Ordre
Militaire de Saint - Louis ; & le Roi a accordé le
Gouvernement du Fort Louis du Rhin , vacant
par la mort du Marquis de la Chétardie , à M. le
Marquis de Contades , Lieutenant - Général de fes
armées , & Inspecteur Général d'Infanterie.
MM . les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes
font fupprimés par un Edit du Roi , qui a été
enrégiftré au Parlement le 29 du mois dernier , &
le prix de leurs charges leur fera inceffamment
rembourfé . Le Roi nommera à leur place , dans
les Chambres des Enquêtes & des Requêtes , deux
Confeillers pour préfider à chacune.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
On a reçu avis du retour à Breft de l'Eſcadre du
Roi , commandée par M. de Kerfaint , Capitaine
de Vaiffeau .
Cette Efcadre partit de ce port au mois de Novembre
1756 , & fit voile directement pour les
côtes de Guinée , en deux divifions ; l'une compofée
du Vaiffeau l'Intrépide , monté par M. de
Kerfaint ; du Vaiffeau l'Opiniâtre , que commandoit
M. de Moëlien , Capitaine ; de la Frégate la
Licorne, commandée par M. Dugué - Lambert ,
Lieutenant , & de la Corvette la Calipfo , par le
Chevalier Defcours , Enfeigne ; l'autre fous les
ordres de M. de Caumont , Capitaine , qui commandoit
le Vaiffeau le Saint - Michel , auquel
étoient jointe la Frégate l'Améthiffe , commandée
par M. le Chevalier d'Herlye , Capitaine.
Ces deux divifions , après avoir croifé fur différentes
parties de ces côtes , & y avoir détruit le
commerce des ennemis , tant par l'inquiétude &
le dommage qu'elles cauferent à leurs établiffemens
, que par la priſe de tous les Navires qu'elles
y rencontrerent avec des chargemens de Negres
& de marchandifes , fe réunirent à la Martinique
au mois de Juin dernier. M. de Kerfaint y laiffa
M. de Caumont avec la divifion , & paffa avec la
fienne à Saint- Domingue , où il tranfporta ceux
des Negres provenans des prifes , qui n'avoient
pas été débarqués à la Martinique.
Il fe rendit au port de Saint-Louis , fitué dans
la côte du Sud de Saint-Domingue ; il y trouva
le Vaiffeau l'Achille , appartenant à la Compa
gnie des Indes , lequel y avoit relâché plufieurs
mois auparavant en revenant des Indes en France !
il mit ce Vaiffeau en état de le fuivre & après
avoir croifé fur les côtes de la même fle , & pris
fous fon eſcorte les Navires Marchands qui
FEVRIER. 1758. 181
il
étoient dans les Ports de la partie de l'Oueft ,
ſe rendit au Cap , d'où il devoit faire fon retour
en France , convoyant tous les Bâtimens de commerce
qui s'étoient raflemblés dans ce Port .
Son Eſcadre étoit alors compofée des deux Vaiffeaux
l'Intrépide , de 74 canons , & de l'Opiniâtre,
de 64 ; de la Frégate la Licorne , du Vaiffeau Anglois
le Greenvich, de so canons , dont l'Eſcadre ,
commandée par M. le Chevalier de Bauffiemont ,
s'étoit emparée au mois de Mars de l'année derniere
, & qui avoit été armé au Cap fous le conmandement
de M. Foucault , Capitaine de Vaiffeau
, & de la Frégate la Sauvage , cominandée
par M. de Saint- Victoret , que M. le Chevalier de
Bauffremont avoit laiffé à Saint- Domingue.
M. de Kerfaint fut bientôt informé que les
ennemis l'attendoient au nombre de cinq à fix
Vaiffeaux de guerre , avec près de quarante Corfaires
qu'ils avoient raffemblés pour l'attaquer ,
lorfqu'il feroit en mer avec la Flotte qu'il devoit
escorter , & que dans cette vue ils formoient une
chaîne depuis l'endroit appellé la Grange , juf
qu'au débouquement des Caïques. Il prit des
mefares pour être inftruit de leurs manoeuvres , &
pour pouvoir y régler les fiennes avec les précaut .
tions convenables. La nuit du 20 au 21 đ’Octobre
, il fe détermina à fortir avec fon Efcadre . II
prit feulement le Vaiffeau du Roi le Sceptre , armé
& chargé en Flûte , & commandé par M. Clavel ,
Lieutenant de Port , avec la Flûte l'Outarde , qui
avoit auffi fon chargement , & il donna par rap
port à la Flotte des ordres relatifs aux différens
événemens que pouvoit avoir l'entreprife qu'il
méditoit. Dès la pointe du jour , il découvrit le
Commandant de l'Eſcadre ennemie qui étoit alors
avec trois Vaiffeaux ; & ayant coupé entre luive
182 MERCURE DE FRANCE .
les Caïques , il le ferra dans le vent pour l'empê
cher de rejoindre les forces qu'il devoit avoir dans
la partie du Nord- oueft. A huit heures , les ennemis
prirent chaffe , & manoeuvrerent pour conferver
l'avantage du vent. M. de Kerfaint faifoit
de fon côté tout ce qu'il pouvoit pour le gagner,
& il commençoit à efpérer d'y parvenir , lorfqu'à
quatre heures après - midi les ennemis ſe déterminerent
enfin à fe préfenter au combat. Leurs
Vaiffeaux étoient l'Edimbourg , de 70 canons , la
Princeffe Augufte & le Dreadnought , de 60 canons
chacun. Ils s'approchérent tous trois fur la même
ligne , en prenant par la tête l'Eſcadre du Roi.
L'Intrépide faifoit l'avant- garde ; il étoit ſuivi da
Greenvich , du Sceptre & de l'Opiniâtre , & ce
dernier faifoit l'arriere-garde ; la Flûte & les deux
Frégates étoient fur les aîles. Le combat commença
par trois coups de canon que M. de Kerfaint
fit tirer de fa batterie baffe fur celui des trois
Vaiffeaux ennemis qui lui étoit oppofé , & qui
étoit le Commandant. Ce Vaiffeau lui ayant fur
le champ ripofté par fes batteries haute & baffe ,
dès la feconde volée le dégréa totalement de fes
deux huniers & de fon perroquet de fougue , &
lui mit beaucoup de monde hors de combat. M.
de Kerfaint fit cependant le feu le plus vif. Son
Vaiffeau étant hors d'état d'obéir aux manoeuvres
néceffaires pour l'abordage , M. de Kerfaint ne
put faire que d'inutiles efforts pour y parvenir.
Ayant reçu trois bleffures , qu'on crut d'abord
mortelles , on fut obligé de l'emporter pour le
panfer ; mais il ſe trouvà bientôt en état de remonter
fur le pont. Il trouva que fa mifaine qu'il
avoit fait fervir avoit été mife en lambeaux , & les
manoeuvres coupées. Le Commandant Anglois
avoit un peu gagné de l'avant , & un fecond Vaif
FEVRIER. 1758. 183
feau chauffoit l'Intrépide par la hanche . Dans ce
moment M. de Kerfaint fut obligé , pour faire
place à un de fes Vaiffeaux , de déranger fon feu ,
& fe trouva par-là expofé à celui des trois Vailfeaux
ennemis , qui , par leur mitraille , acheverent
de le dégréer. Il trouva cependant le
moyen de revenir au vent , & fit quitter prife au
Vaiffeau ennemi qui avoit pris la place du Commandant.
L'Opiniâtre , qui de fon côté le trouvoit
un peu éloigné au commencement du combat ,
étoit venu promptement fe mettre en ligne ; il
faifoit un feu terrible & occupoit deux Vaiffeaux.
il avoit dégagé le Sceptre , qui , quoique chargé ,
& n'ayant que fa feconde batterie , avoit foutenu
durant quelque temps le feu de ces deux Vailfeaux.
Le Greenvich qui , avec le Sceptre , avoit
entamé le combat contre deux Vaiſſeaux , dans le
temps que l'Intrépide le battoit contre le Commandant
ennemi , fe trouvoit fous le vent par
les différentes manoeuvres des Vaiffeaux , & faifoit
fes efforts pour fe rapprocher. Sur ces entrefaites
, le Commandant Anglois , qui s'étoit laiffé
culer , fe trouva par le travers de l'Intrépide ; celui-
ci lui envoya la bordée de fa batterie baffe &
tous les canons parurent porter. Un autre Vaifſeau
ennemi arrivoit derriere l'Intrépide comme
pour le canonner en pouppe . M. de Kerfaint fit
paffer les canons de retraite dont il lui tira deux
ou trois coups . Il n'en reçut que deux de ce Vaiffeau.
Lorsqu'il s'attendoit à recommencer le combat
contre le Commandant , il le vit mettre un
pavillon & une flamme ; à ce fignal les trois Vaiffeaux
tinrent le vent , & en profiterent pour fe retirer
à toutes voiles. Il étoit alors environ fix heures
& demie , le combat ayant duré plus de deux
heures. Il commençoit à faire nuit , l'Intrépide
184 MERCURE DE FRANCE .
& l'Opiniâtre le trouvoient totalement dégréés , la
mer étoit groffe & il y avoit apparence de mauvais
temps . M. de Kerfaint , hors d'état par-là de pour
fuivre les trois Vaiffeaux ennemis , s'occupa des
moyens de réparer le fien , pour combattre les
autres Vaiffeaux qui pourroient le préfenter. Outre
fon dégréement , l'Intrépide avoit fix coups de
canon à l'eau & en faifoit beaucoup . Mais M. de
Kerfaint ayant appris fur les dix heures que l'Opiniâtre
venoit de démâter & ſe trouvoit abfolument
hors d'état de manoeuvrer , il donna ordre aux
deux Frégates & à la Flûte l'Outarde de lui donner
les fecours néceffaires , & prit le parti de faire
rentrer l'Eſcadre au Cap . On doit toutes fortes
d'éloges à la bonne conduite de M. de Kerfaint ,
qui a donné en cette occafion les plus belles marques
de valeur , d'expériences & de capacité. I
a été parfaitement fecondé à tous égards par M.
de Moëlien. M. Clavel s'eft diftingué , quoique
fon Vaiffeau n'eût , comme on l'a déja dit , que fa
feconde batterie , & fût chargé en flûte. M. Foucault
a fait tout ce qu'on pouvoit attendre de la
mauvaiſe matche de fon Vaiffeau , & de la pofirion
où il s'est trouvé. Les deux Frégates & la
Flûte ont exécuté les ordres de M. de Kerfaint qui
a trouvé pareillement la plus grande ardeur dans
tous les Officiers , & la plus grande volonté dans
tous les équipages . Un événement affez extraor
dinaire a irrité particuliérement leur intrépidité.
Dès le commencement du combat , on s'eſt apperçu
que les canons des ennemis étoient chargés
de boulets enchaînés , de chaînes tranchantes ,
de valets fouffrés , & de toutes fortes de mitrailles
compofées d'artifice & de matieres combuſtibles
qui mettoient le feu partout . Un Officier de l'In-
Trepide ayant été renverfé par un de fés valers foufFEVRIER.
1758.
185
frés qui l'avoit atteint fur le dos , le derriere de
fon habit fut confumé par le feu , & parmi les
morts & les bleffés , il y en a plufieurs qui ont été
réellement brûlés. Ainfi il ne doit pas paroître
furprenant que dans un combat de cette efpece ,
les Vaiffeaux l'Intrépide & l'Opiniâtre ayent été fi
fort maltraités. MM. Defontenu , Enfeigne de
Vaiffeau , & de Gouillon , Garde de la Marine ,
fur l'Intrépide ; MM. Gargiau & de la Tulaye ,
Gardes de la Marine fur l'Opiniâtre , & M. Durbourcq
, Officier bleu fur le Gréenvich , ont été
tués , ainfi que 27 hommes fur l'Intrépide , 19
fur l'Opiniâtre , 7 fur le Gréenvich , & 6 fur le
Sceptre. Les Officiers bleffés font : fur l'Intrépide
MM . de Kerfaint de 9 bleffures différentes , dont
quelques-unes confidérables , mais aucune de dangereufe
: d'Argouges , Lieutenant , de 2 bleffures
à mitraille au bras droit , avec des contufions
confidérables ; de Saint- Denis , Lieutenant , d'une
bleffure à mitraille au vifage ; M. de Leliorme
Officier Suédois , d'une pareille au bras
gauche avec contufion fur l'articulation de ce bras ;
& M. de Guernifac , Garde- Marine , fur le même
Vaiffeau , a eu la main brûlée . Sur l'Opiniâtre ,
M. de Moëlien a eu un éclat à la jambe droite ,
dont les mufcles ont été offenfés ; M. Longchamp,
Lieutenant , à été bleffé de plufieurs éclats qui ont
pénétré les muſcles de la jambe droite , & M.
d'Aigremont , Enfeigne , a reçu une balle à la
cuiffe droite. Le nombre des bleffés dans les équipages
, eft de 123 fur l'Intrépide , de 70 fur l'Opiniâtre
, de 25 fur le Gréenvich , & de 12 fur le
Sceptre.
M. de Kerfaint après la rentrée au Cap , a tra
vaillé à la réparation de fon Efcadre , & le 13 de
Novembre il s'eft trouvé en état d'en partit avec
186 MERCURE DE FRANCE.
une Flotte de 41 bâtimens , fans que les ennemis
ayent reparu fur la côte. On a fçu que les trois
Vaiffeaux qui avoient combattu étoient en fi mau.
vais état , qu'ils avoient été obligés de fe faire remorquer
par des Corfaires , pour fe rendre à la Jamaïque
, & que leur perte étoit infiniment plus
confidérable que celle des Vaiffeaux du Roi. Leurs
équipages s'étoient auffi trouvés beaucoup plus
nombreux , parce qu'ils les avoient fortifiées autant
qu'ils avoient jugé à propos avec ceux de leurs
Corfaires.
M. de Kerfaint a effuyé de fort mauvais temps
aux atterrages . Son Efcadre & fon convoi ont été
féparés. Le Sceptre, l'Opiniâtre & l'Intrépide , font
entrés fucceffivement à Breft ; les Frégates la
Sauvage & la Licorne , & la Flûte l'Outarde , ont
mouillé à Morlaix . Quelques Navires marchands
font entrés auffi dans ces deux Ports ; & l'on eft
informé qu'il y en a plufieurs qui fe font déja
rendus dans d'autres Ports . Le Greenvich a échoué
auprès du Conquet . L'Opiniâtre étoit rentré heureufement
le i de ce mois à Breft ; mais un coup
de vent des plus violens qui s'eft élevé la nuit du
13 au 14 , ayant fait rompre les cables de ce
Vaiffeau , il a éprouvé le même accident que le
Greenvich. On travailloit à les relever l'un & l'autre
.
A l'égard du Vaiffeau l'Achille , de la Compagnie
des Indes , il a été condamné au Cap , & fa
cargaifon , dont l'objet eft de plus de cinq millions
, à été verfée fur les Vaiffeaux & Flûtes da
Roi.
On a reçu auffi la nouvelle que l'Eſcadre de Sa
Majefté , de trois Vaiffeaux & de quatre Frégates
commandée par M. de Sarabran - Grammont ,
Capitaine de Vaiffeau , étoit rentreé heureuſeFEVRIER.
1758. 187
ment le 10 de ce mois à Toulon , efcortant un
convoi de dix-fept bâtimens de commerce , venans
du Levant , très-richement chargés .
Un Corfaire de Dunkerque a pris & conduit ici
avant-hier le Paquebot de Douvres pour Fleffingue.
Mais le Capitaine , avant que de fe rendre ,
avoit eu la précaution de jetter àla mer la malle du
16 de ce mois qui étoit à bord de ce bâtiment .
Le Corfaire la Marquise de Parail , de ce Port ,
commandé par le Capitaine Gerard . Morel , s'eft
emparé du Navire Anglois l'Elifabeth , allant de
la Virginie à Aberdeen en Ecoffe , avec une cargaifon
de 192 boucauts de tabac , de 20 milliers
de fer cru , & de 8 à 10 mille douves. Cette prife
a été conduite à Bergue en Norwege.
M. le Maréchal Duc de Richelieu ayant depuis
longtemps demandé au Roi la permiffion de revenir
en France , pour travailler au rétabliſſement
de fa fanté ; Sa Majeſté a donné le commandement
de l'armée , à M. le Comte de Clermont
Prince du Sang.
Le Roi a difpofé de l'Aide -Majorité de la Gendarmerie
, vacante par la mort de M. le Comte de
Talaru, en faveur de M. le Chevalier de Ray, Major
du Régiment de Cavalerie d'Harcourt.
Sa Majesté a fait Lieutenant - Général de fes Armées
M. le Marquis de Pereufe , Maréchal de
Camp , qui commandoit dans Harbourg .
>
M. le Marquis de Lugeac , Brigadier , Colonel
du Régiment de Beauvoifis , Icfanterie a
obtenu les honneurs de Commandeur de l'Ordre
Militaire de Saint - Louis ; & le Roi a accordé le
Gouvernement du Fort Louis du Rhin , vacant
par la mort du Marquis de la Chétardie , à M. le
Marquis de Contades , Lieutenant - Général de fes
armées , & Inspecteur Général d'Infanterie.
MM . les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes
font fupprimés par un Edit du Roi , qui a été
enrégiftré au Parlement le 29 du mois dernier , &
le prix de leurs charges leur fera inceffamment
rembourfé . Le Roi nommera à leur place , dans
les Chambres des Enquêtes & des Requêtes , deux
Confeillers pour préfider à chacune.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
On a reçu avis du retour à Breft de l'Eſcadre du
Roi , commandée par M. de Kerfaint , Capitaine
de Vaiffeau .
Cette Efcadre partit de ce port au mois de Novembre
1756 , & fit voile directement pour les
côtes de Guinée , en deux divifions ; l'une compofée
du Vaiffeau l'Intrépide , monté par M. de
Kerfaint ; du Vaiffeau l'Opiniâtre , que commandoit
M. de Moëlien , Capitaine ; de la Frégate la
Licorne, commandée par M. Dugué - Lambert ,
Lieutenant , & de la Corvette la Calipfo , par le
Chevalier Defcours , Enfeigne ; l'autre fous les
ordres de M. de Caumont , Capitaine , qui commandoit
le Vaiffeau le Saint - Michel , auquel
étoient jointe la Frégate l'Améthiffe , commandée
par M. le Chevalier d'Herlye , Capitaine.
Ces deux divifions , après avoir croifé fur différentes
parties de ces côtes , & y avoir détruit le
commerce des ennemis , tant par l'inquiétude &
le dommage qu'elles cauferent à leurs établiffemens
, que par la priſe de tous les Navires qu'elles
y rencontrerent avec des chargemens de Negres
& de marchandifes , fe réunirent à la Martinique
au mois de Juin dernier. M. de Kerfaint y laiffa
M. de Caumont avec la divifion , & paffa avec la
fienne à Saint- Domingue , où il tranfporta ceux
des Negres provenans des prifes , qui n'avoient
pas été débarqués à la Martinique.
Il fe rendit au port de Saint-Louis , fitué dans
la côte du Sud de Saint-Domingue ; il y trouva
le Vaiffeau l'Achille , appartenant à la Compa
gnie des Indes , lequel y avoit relâché plufieurs
mois auparavant en revenant des Indes en France !
il mit ce Vaiffeau en état de le fuivre & après
avoir croifé fur les côtes de la même fle , & pris
fous fon eſcorte les Navires Marchands qui
FEVRIER. 1758. 181
il
étoient dans les Ports de la partie de l'Oueft ,
ſe rendit au Cap , d'où il devoit faire fon retour
en France , convoyant tous les Bâtimens de commerce
qui s'étoient raflemblés dans ce Port .
Son Eſcadre étoit alors compofée des deux Vaiffeaux
l'Intrépide , de 74 canons , & de l'Opiniâtre,
de 64 ; de la Frégate la Licorne , du Vaiffeau Anglois
le Greenvich, de so canons , dont l'Eſcadre ,
commandée par M. le Chevalier de Bauffiemont ,
s'étoit emparée au mois de Mars de l'année derniere
, & qui avoit été armé au Cap fous le conmandement
de M. Foucault , Capitaine de Vaiffeau
, & de la Frégate la Sauvage , cominandée
par M. de Saint- Victoret , que M. le Chevalier de
Bauffremont avoit laiffé à Saint- Domingue.
M. de Kerfaint fut bientôt informé que les
ennemis l'attendoient au nombre de cinq à fix
Vaiffeaux de guerre , avec près de quarante Corfaires
qu'ils avoient raffemblés pour l'attaquer ,
lorfqu'il feroit en mer avec la Flotte qu'il devoit
escorter , & que dans cette vue ils formoient une
chaîne depuis l'endroit appellé la Grange , juf
qu'au débouquement des Caïques. Il prit des
mefares pour être inftruit de leurs manoeuvres , &
pour pouvoir y régler les fiennes avec les précaut .
tions convenables. La nuit du 20 au 21 đ’Octobre
, il fe détermina à fortir avec fon Efcadre . II
prit feulement le Vaiffeau du Roi le Sceptre , armé
& chargé en Flûte , & commandé par M. Clavel ,
Lieutenant de Port , avec la Flûte l'Outarde , qui
avoit auffi fon chargement , & il donna par rap
port à la Flotte des ordres relatifs aux différens
événemens que pouvoit avoir l'entreprife qu'il
méditoit. Dès la pointe du jour , il découvrit le
Commandant de l'Eſcadre ennemie qui étoit alors
avec trois Vaiffeaux ; & ayant coupé entre luive
182 MERCURE DE FRANCE .
les Caïques , il le ferra dans le vent pour l'empê
cher de rejoindre les forces qu'il devoit avoir dans
la partie du Nord- oueft. A huit heures , les ennemis
prirent chaffe , & manoeuvrerent pour conferver
l'avantage du vent. M. de Kerfaint faifoit
de fon côté tout ce qu'il pouvoit pour le gagner,
& il commençoit à efpérer d'y parvenir , lorfqu'à
quatre heures après - midi les ennemis ſe déterminerent
enfin à fe préfenter au combat. Leurs
Vaiffeaux étoient l'Edimbourg , de 70 canons , la
Princeffe Augufte & le Dreadnought , de 60 canons
chacun. Ils s'approchérent tous trois fur la même
ligne , en prenant par la tête l'Eſcadre du Roi.
L'Intrépide faifoit l'avant- garde ; il étoit ſuivi da
Greenvich , du Sceptre & de l'Opiniâtre , & ce
dernier faifoit l'arriere-garde ; la Flûte & les deux
Frégates étoient fur les aîles. Le combat commença
par trois coups de canon que M. de Kerfaint
fit tirer de fa batterie baffe fur celui des trois
Vaiffeaux ennemis qui lui étoit oppofé , & qui
étoit le Commandant. Ce Vaiffeau lui ayant fur
le champ ripofté par fes batteries haute & baffe ,
dès la feconde volée le dégréa totalement de fes
deux huniers & de fon perroquet de fougue , &
lui mit beaucoup de monde hors de combat. M.
de Kerfaint fit cependant le feu le plus vif. Son
Vaiffeau étant hors d'état d'obéir aux manoeuvres
néceffaires pour l'abordage , M. de Kerfaint ne
put faire que d'inutiles efforts pour y parvenir.
Ayant reçu trois bleffures , qu'on crut d'abord
mortelles , on fut obligé de l'emporter pour le
panfer ; mais il ſe trouvà bientôt en état de remonter
fur le pont. Il trouva que fa mifaine qu'il
avoit fait fervir avoit été mife en lambeaux , & les
manoeuvres coupées. Le Commandant Anglois
avoit un peu gagné de l'avant , & un fecond Vaif
FEVRIER. 1758. 183
feau chauffoit l'Intrépide par la hanche . Dans ce
moment M. de Kerfaint fut obligé , pour faire
place à un de fes Vaiffeaux , de déranger fon feu ,
& fe trouva par-là expofé à celui des trois Vailfeaux
ennemis , qui , par leur mitraille , acheverent
de le dégréer. Il trouva cependant le
moyen de revenir au vent , & fit quitter prife au
Vaiffeau ennemi qui avoit pris la place du Commandant.
L'Opiniâtre , qui de fon côté le trouvoit
un peu éloigné au commencement du combat ,
étoit venu promptement fe mettre en ligne ; il
faifoit un feu terrible & occupoit deux Vaiffeaux.
il avoit dégagé le Sceptre , qui , quoique chargé ,
& n'ayant que fa feconde batterie , avoit foutenu
durant quelque temps le feu de ces deux Vailfeaux.
Le Greenvich qui , avec le Sceptre , avoit
entamé le combat contre deux Vaiſſeaux , dans le
temps que l'Intrépide le battoit contre le Commandant
ennemi , fe trouvoit fous le vent par
les différentes manoeuvres des Vaiffeaux , & faifoit
fes efforts pour fe rapprocher. Sur ces entrefaites
, le Commandant Anglois , qui s'étoit laiffé
culer , fe trouva par le travers de l'Intrépide ; celui-
ci lui envoya la bordée de fa batterie baffe &
tous les canons parurent porter. Un autre Vaifſeau
ennemi arrivoit derriere l'Intrépide comme
pour le canonner en pouppe . M. de Kerfaint fit
paffer les canons de retraite dont il lui tira deux
ou trois coups . Il n'en reçut que deux de ce Vaiffeau.
Lorsqu'il s'attendoit à recommencer le combat
contre le Commandant , il le vit mettre un
pavillon & une flamme ; à ce fignal les trois Vaiffeaux
tinrent le vent , & en profiterent pour fe retirer
à toutes voiles. Il étoit alors environ fix heures
& demie , le combat ayant duré plus de deux
heures. Il commençoit à faire nuit , l'Intrépide
184 MERCURE DE FRANCE .
& l'Opiniâtre le trouvoient totalement dégréés , la
mer étoit groffe & il y avoit apparence de mauvais
temps . M. de Kerfaint , hors d'état par-là de pour
fuivre les trois Vaiffeaux ennemis , s'occupa des
moyens de réparer le fien , pour combattre les
autres Vaiffeaux qui pourroient le préfenter. Outre
fon dégréement , l'Intrépide avoit fix coups de
canon à l'eau & en faifoit beaucoup . Mais M. de
Kerfaint ayant appris fur les dix heures que l'Opiniâtre
venoit de démâter & ſe trouvoit abfolument
hors d'état de manoeuvrer , il donna ordre aux
deux Frégates & à la Flûte l'Outarde de lui donner
les fecours néceffaires , & prit le parti de faire
rentrer l'Eſcadre au Cap . On doit toutes fortes
d'éloges à la bonne conduite de M. de Kerfaint ,
qui a donné en cette occafion les plus belles marques
de valeur , d'expériences & de capacité. I
a été parfaitement fecondé à tous égards par M.
de Moëlien. M. Clavel s'eft diftingué , quoique
fon Vaiffeau n'eût , comme on l'a déja dit , que fa
feconde batterie , & fût chargé en flûte. M. Foucault
a fait tout ce qu'on pouvoit attendre de la
mauvaiſe matche de fon Vaiffeau , & de la pofirion
où il s'est trouvé. Les deux Frégates & la
Flûte ont exécuté les ordres de M. de Kerfaint qui
a trouvé pareillement la plus grande ardeur dans
tous les Officiers , & la plus grande volonté dans
tous les équipages . Un événement affez extraor
dinaire a irrité particuliérement leur intrépidité.
Dès le commencement du combat , on s'eſt apperçu
que les canons des ennemis étoient chargés
de boulets enchaînés , de chaînes tranchantes ,
de valets fouffrés , & de toutes fortes de mitrailles
compofées d'artifice & de matieres combuſtibles
qui mettoient le feu partout . Un Officier de l'In-
Trepide ayant été renverfé par un de fés valers foufFEVRIER.
1758.
185
frés qui l'avoit atteint fur le dos , le derriere de
fon habit fut confumé par le feu , & parmi les
morts & les bleffés , il y en a plufieurs qui ont été
réellement brûlés. Ainfi il ne doit pas paroître
furprenant que dans un combat de cette efpece ,
les Vaiffeaux l'Intrépide & l'Opiniâtre ayent été fi
fort maltraités. MM. Defontenu , Enfeigne de
Vaiffeau , & de Gouillon , Garde de la Marine ,
fur l'Intrépide ; MM. Gargiau & de la Tulaye ,
Gardes de la Marine fur l'Opiniâtre , & M. Durbourcq
, Officier bleu fur le Gréenvich , ont été
tués , ainfi que 27 hommes fur l'Intrépide , 19
fur l'Opiniâtre , 7 fur le Gréenvich , & 6 fur le
Sceptre. Les Officiers bleffés font : fur l'Intrépide
MM . de Kerfaint de 9 bleffures différentes , dont
quelques-unes confidérables , mais aucune de dangereufe
: d'Argouges , Lieutenant , de 2 bleffures
à mitraille au bras droit , avec des contufions
confidérables ; de Saint- Denis , Lieutenant , d'une
bleffure à mitraille au vifage ; M. de Leliorme
Officier Suédois , d'une pareille au bras
gauche avec contufion fur l'articulation de ce bras ;
& M. de Guernifac , Garde- Marine , fur le même
Vaiffeau , a eu la main brûlée . Sur l'Opiniâtre ,
M. de Moëlien a eu un éclat à la jambe droite ,
dont les mufcles ont été offenfés ; M. Longchamp,
Lieutenant , à été bleffé de plufieurs éclats qui ont
pénétré les muſcles de la jambe droite , & M.
d'Aigremont , Enfeigne , a reçu une balle à la
cuiffe droite. Le nombre des bleffés dans les équipages
, eft de 123 fur l'Intrépide , de 70 fur l'Opiniâtre
, de 25 fur le Gréenvich , & de 12 fur le
Sceptre.
M. de Kerfaint après la rentrée au Cap , a tra
vaillé à la réparation de fon Efcadre , & le 13 de
Novembre il s'eft trouvé en état d'en partit avec
186 MERCURE DE FRANCE.
une Flotte de 41 bâtimens , fans que les ennemis
ayent reparu fur la côte. On a fçu que les trois
Vaiffeaux qui avoient combattu étoient en fi mau.
vais état , qu'ils avoient été obligés de fe faire remorquer
par des Corfaires , pour fe rendre à la Jamaïque
, & que leur perte étoit infiniment plus
confidérable que celle des Vaiffeaux du Roi. Leurs
équipages s'étoient auffi trouvés beaucoup plus
nombreux , parce qu'ils les avoient fortifiées autant
qu'ils avoient jugé à propos avec ceux de leurs
Corfaires.
M. de Kerfaint a effuyé de fort mauvais temps
aux atterrages . Son Efcadre & fon convoi ont été
féparés. Le Sceptre, l'Opiniâtre & l'Intrépide , font
entrés fucceffivement à Breft ; les Frégates la
Sauvage & la Licorne , & la Flûte l'Outarde , ont
mouillé à Morlaix . Quelques Navires marchands
font entrés auffi dans ces deux Ports ; & l'on eft
informé qu'il y en a plufieurs qui fe font déja
rendus dans d'autres Ports . Le Greenvich a échoué
auprès du Conquet . L'Opiniâtre étoit rentré heureufement
le i de ce mois à Breft ; mais un coup
de vent des plus violens qui s'eft élevé la nuit du
13 au 14 , ayant fait rompre les cables de ce
Vaiffeau , il a éprouvé le même accident que le
Greenvich. On travailloit à les relever l'un & l'autre
.
A l'égard du Vaiffeau l'Achille , de la Compagnie
des Indes , il a été condamné au Cap , & fa
cargaifon , dont l'objet eft de plus de cinq millions
, à été verfée fur les Vaiffeaux & Flûtes da
Roi.
On a reçu auffi la nouvelle que l'Eſcadre de Sa
Majefté , de trois Vaiffeaux & de quatre Frégates
commandée par M. de Sarabran - Grammont ,
Capitaine de Vaiffeau , étoit rentreé heureuſeFEVRIER.
1758. 187
ment le 10 de ce mois à Toulon , efcortant un
convoi de dix-fept bâtimens de commerce , venans
du Levant , très-richement chargés .
Un Corfaire de Dunkerque a pris & conduit ici
avant-hier le Paquebot de Douvres pour Fleffingue.
Mais le Capitaine , avant que de fe rendre ,
avoit eu la précaution de jetter àla mer la malle du
16 de ce mois qui étoit à bord de ce bâtiment .
Le Corfaire la Marquise de Parail , de ce Port ,
commandé par le Capitaine Gerard . Morel , s'eft
emparé du Navire Anglois l'Elifabeth , allant de
la Virginie à Aberdeen en Ecoffe , avec une cargaifon
de 192 boucauts de tabac , de 20 milliers
de fer cru , & de 8 à 10 mille douves. Cette prife
a été conduite à Bergue en Norwege.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le texte décrit plusieurs événements militaires et nominations à la cour française. Le maréchal duc de Richelieu a obtenu la permission de revenir en France pour rétablir sa santé, et le commandement de l'armée a été confié au comte de Clermont. Le roi a nommé le chevalier de Ray à l'aide-majorité de la gendarmerie et le marquis de Perreuse lieutenant-général des armées. Le marquis de Lugeac a reçu les honneurs de commandeur de l'Ordre militaire de Saint-Louis, et le marquis de Contades a été nommé gouverneur du Fort Louis du Rhin. Un édit royal a supprimé les charges de présidents des enquêtes et des requêtes, qui seront remboursées. Le roi nommera deux conseillers pour les remplacer. Par ailleurs, l'escadre royale commandée par M. de Kerfaint est revenue à Brest après une mission en Guinée et aux Antilles. Cette escadre, divisée en deux groupes, a perturbé le commerce ennemi et capturé plusieurs navires. À Saint-Domingue, M. de Kerfaint a affronté une escadre ennemie composée de cinq à six vaisseaux de guerre et de nombreux corsaires. Malgré des pertes importantes, notamment sur les vaisseaux l'Intrépide et l'Opiniâtre, l'escadre française a réussi à repousser l'ennemi. Après le combat, M. de Kerfaint a réparé son escadre et est retourné à Brest avec une flotte de 41 bâtiments, évitant les ennemis sur la côte. Les vaisseaux sont arrivés à Brest et Morlaix, tandis que le Greenvich a échoué près du Conquet. En février 1758, deux vaisseaux, le Vaiffeau et le Greenvich, ont subi des accidents similaires et étaient en cours de réparation. Le Vaiffeau, ainsi que l'Achille de la Compagnie des Indes, a été condamné au Cap. Sa cargaison, évaluée à plus de cinq millions, a été transférée sur les vaisseaux et flûtes du roi. L'escadre de Sa Majesté, composée de trois vaisseaux et quatre frégates sous le commandement de M. de Sarabran-Grammont, est rentrée à Toulon le 10 février après avoir escorté un convoi de dix-sept bâtiments de commerce provenant du Levant, chargés de riches marchandises. Un corsaire de Dunkerque a intercepté et conduit à Dunkerque le paquebot de Douvres pour Flessingue. Le capitaine de ce paquebot avait jeté à la mer la malle du 16 février avant l'interception. De plus, le corsaire La Marquise de Parail, commandé par le Capitaine Gérard Morel, a capturé le navire anglais l'Élisabeth, en route de Virginie à Aberdeen avec une cargaison de 192 barils de tabac, 20 milliers de fer brut et 8 à 10 mille douves. Cette prise a été conduite à Bergue en Norvège.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 191-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. Bernard de Boulinvilliers prêta serment entre les mains du Roi [...]
Mots clefs :
Serment, Ordonnance du roi, Nominations, Démissions, Marquis, Officiers, Recrues, Lieutenants, Comtes, Chevalier, Maréchal, Commémorations, Cérémonies, Messes, Église, Navires anglais, Vaisseaux, Capitaines, Corsaires , Marchandises, Saint-Domingue, Tonneaux, Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. Bernard de Boulinvilliers prêta ferment entre
les maine du Roi pour la charge de Provôt ,
192 MERCURE DE FRANCE .
Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal & Mili
taire de S. Louis , dont il a été revêtu fur la démiffion
de M. de Lamoignon.
Par une Ordonnance du Roi rendue le premier
Février , les Volontaires du Dauphiné vont être
confidérablement augmentés. Ce corps qui étoit
de cent vingt hommes , en fix Compagnies de
vingt hommes chacune , dont cinq d'Infanterie &
une de Dragons , fera porté à quatre cens vinge
hommes en fix Compagnies , chacune de foixantedix
hommes , dont quarante d'Infanterie & trente
de Dragons. Il aura dorénavant le titre de Régi
ment des Volontaires du Dauphiné.
M. le Marquis de Paulniy ayant obtenu du Roi
la permiffion de fe démettre de la charge de Secretaire
d'Etat au département de la Guerre , Sa
Majefté a nommé M. le Maréchal de Belle- Ifle
pour le remplacer.
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Mailly en
faveur de M, le Marquis de Talaru , & de celui de
Talaru en faveur de M. le Duc de Mazarin.
M. le Marquis de Pons a obtenu du Roi l'agrément
de Colonel en fecond du Régiment de Dragons
d'Orléans .
Le 7 Mars , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Rég ment des Gardes Françoiles , &
de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Kégimens ,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , affifterent
à cette revue.
Par une Ordonnance du Roi du 20 Février dernier
, il eft enjoint aux Officiers des troupes des
armées du Roi en Allemagne ; qui fe font rendus
,en France fur des paffeports , pour y travailler
aux
AVRIL. 1758. 193
aux recres de leurs corps , de s'acheminer dans le
courant de ce mois , des lieux où ils font aux quar
tiers généraux à portée de la frontiere affignés à
chaque corps pour y raffembler fes recrues , &
d'y être rendus au premier Avril prochain au plus
tard. Veut Sa Majeſté , 1 ° . Que lesdites recrues ,
ainfi que les chevaux de remonte des régimens de
Cavalerie , de Huffards , de Dragons & de Troupes
légeres , foient conduits par lefdits Officiers
abfens , & que ceux qui pour cet effet ne ſe trou→
veront pas rendus auxdits quartiers au premier
Avril , foient punis & privés en outre de leurs appointemens
, pour tout le temps de leur abfence s
2°. Les Officiers qui auront joint leur corps avec
lefdites recrues dans le mois d'Avril ou dans les
premiers jours de Mai , fuivant l'éloignement
defdits corps , feront employés préfens dans les
revues qui feront faites par les Commiffaires des
Guerres , & y feront rappellés pour être payés du
temps de leur abfence , grace dont feront privés
ceux qui n'auront pas joint ; 3 ° . Si quelques- uns
defdies Officiers abfens s'étoient mis en route
pour rejoindre leurs corps , & y arrivoient avant le
temps ci -deffus marqué , ils feront auffi rappellés
dans lefdites revues , pour les mois précédens de
leur abſence.
Le Roi a fait Maréchaux de France M. le Comte
de Bercheny, Lieutenant général , & M. le Comte
de Conflans , Vice Amiral.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la 23 , 24 & 250
fois.
Les Lieutenans Généraux nommés par le Roi
pour fervir pendant la préfente campagne dans
l'armée commandée par M. le Comte de Clermont
, font MM. le Marquis de Villemeur , le
Duc de Randan , le Marquis de Contades , le
1.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE. NO
>
Comté de Mortaigne , le Marquis d'Armentieres →
les Ducs de Briffac & de Chevreufe , les Marquis
d'Anlezy , de Morangies & de Sourches le
Comte de Fitz- James , le Chevalier de Nicolai
le Duc de Fitz- James , le fieur de Chevert , le
Comte de Noailles , le Duc de Broglie , le Chevalier
de May , le Comte de Lorges , le Duc de Lauraguais
, les Comtes d'Andlau & de Guerchy , le
Duc d'Havrey , le Marquis de Saint- Pern , le
Comte de Saint Germain & le Marquis de Valiere.
Les Maréchaux de Camp font , MM. les Marquis
de Crillon & de Torcy , le Chevalier du Châtelet¸
le Marquis de Poyanne , le Comte de Montmo
tency, le Chevalier de Fontenay , les Comtes de
Vogué & d'Orlick , les fieurs de Planta , Caftella
& Boccard , le Comte de Lutzelbourg , les Mar
quis d'Auvet , d'Efcars , de Dreux & des Salles
les Comtes de Champignelles & de Raugrave , le
fieur de Beaufobre , les Comtes de Vence & de
Bergeyck , le Marquis de Voyer , le Chevalier de
la Touche , les Marquis de Laval & de Monteynard
, le Prince de Beauveau , le Comte de la Gui◄
the , le Chevalier de Pons , les Marquis de Maupeou
& de Béthune , le Comte de Ségur , les Marquis
de Leyde , de Roquépine , de Monty , de
Traifnel , & le Comte d'Egmont.
Le Roi, par Edit de ce mois , enregistré au Partement
, a créé dix nouvelles charges de Payeurs ,
& autant de Contrôleurs des Rentes fur PHôtel
de Ville de Paris . La finance de chacune des pre
mieres eft de trois cens einquante mille livres , &
celle de chaque charge de Contrôleur , de quatre
vingt-dix mille livres.
On mande de Toulouſe , que le feu prit le 21
Février à huit heures du foir en certe Ville , au
quartier des Pénitens noirs , que l'incendie a duré
jufqu'au matin du jour fuivant , qu'il a confumé
J
AVRIL. 1758. 195
huit maiſons , avec une grande quantité de meubles;
mais qu'heureufement il n'a péri perfonne.
Le Janvier , les Pénitens Blancs, de Montpellier
ont célébré l'Anniverſaire de la fondation
qu'ils ont établie par délibération du 6 février
1757 , pour la confervation des jours facrés du
Roi. Cette délibération fut exécutée pour la premiere
fois le 11 février de la même année avec
tant de ferveur , que le produit des offrandes pro
cura la liberté de deux Prifonniers. C'eft fans
doute à cette preuve d'amour & de fidélité , que
cette Compagnie eft redevable de la permiffion
qu'elle obtint au mois de mars fuivant , d'avoir un
Suiffe à la grande livrée du Roi.
•
E
Ce fut le 4 janvier de cette année , que la cloche
à l'heure de midi annonça l'anniverſaire de
cette folemnité. On pofa les armoiries du Roi
avec banderolles fur le portail de la Chapelles
les Freres s'affemblerent au Choeur à trois heures.
Un de Meffieurs les Syndics crut ne pouvoir choi
fir un temps plus propre pour faire part de la let→
tre de M. le Comte de Saint Florentin , par la
quelle ce Miniftre veut bien honorer cette Com
pagnie de fon aggrégation . Les freres déja affectés
par l'objet qui les raffembloit , furent péné
trés de la plus vive reconnoiffance , & le TeDeum
fut chanté en actions de graces : on chanta enfuite
les premieres vêpres de la Trinité avec folemnité
à l'iffue des vêpres la cloche fonna jufqu'à l'entrée
de la nuit.
Le lendemain , les freres artifans s'abftinrent
de toutes oeuvres ferviles , chaque frere voulant
prendre dans fon état & dans fa profeffion des momens
f précieux pour fatisfaire fon inclination
pour
le meilleur des Rois .
Le Saint Sacrement fut expofé às heures du
Dalij C
196 MERCURE DE FRANCE.
matin avec la permiffion de M. l'Evêque de Mont
pellier qui a bien voulu concourir au zele & à la
fidélité des Pénitens par fon approbation ; on célébra
fans ceffe des Meffes depuis l'heure de cinq
heures jufqu'à 10 , auxquelles affifta un concours de
peuple & d'ames fidelles qui y firent leur dévotion
avec une édification qui exprimoir leurs ſentimens
, les freres s'affemblerent à 8 heures pour
chanter l'office de la Trinité ; l'augufte affemblée
des Etats de la Province de Languedoc fe forma à
onze heures,à la maiſon de l'Oratoire, en habit de
cérémonies , fuivant la délibération du 3, pour af
fifter à la grande-Meffe des Pénitens Blancs , après
en avoir été invités par les députés de cette compagnie;
M, l'ancien Prieur en l'absence de M. le Prieur
en charge fut à l'Oratoire avec une députation pour
complimenter l'affemblée des Etats en la perfonne
de M. l'Archevêque de Narbonne , & pour leur diftribuer
des exemplaires de la délibération du 6 février
1757. Les Etats en corps furent enfuite à la
Chapelle des Pénitens , & M. l'ancien Prieur eut
l'honneur de leur préfenter l'eau bénite , Mrs. les
Commiffaires du Roi qui avoient été également
invités par les Pénitens , fe rendirent enfuite à
ladite Chapelle en habit de cérémonie , & M. l'ancien
Prieur eut l'honneur de leur préfenter l'eau
bénite , & de les complimenter en la perfonne de
M. le Maréchal Comte de Thomont , Comman
dant en Chef dans la Province ,
La grande Meffe fut célébrée par M. l'Evêque
de Montpellier , affifté des dignités de fon Chapitre
, & fut chantée par la mufique des Etats , la
piété & la modeftie des freres lors de l'offrande au
nombre de près de 300 , & le recueillement de
ceux qui communierent , mériterent les éloges
de l'affemblée , ainfi que le bon ordre dans une
Chapelle d'une très- petite étendue. Les perfonnes
AVRIL. 1758. 197
en place & de la premiere diftinction qui n'avoient
pu être placées dans l'Eglife , occupoient
les tribunes ; la décoration de cette Chapelle en
bois peint , doré & en tableau , ne permirent pas
d'autre décoration : l'autel fut fimplement , mais
noblement décoré fuivant l'ufage de cette compagnie
, par 12 cierges à la Parifienne de 10 pieds
de hauteur , portés par des grands & magnifiques
chandeliers d'argent. A la fin de la Meffe , les
freres chanterent en faux bourdon l'Exaudiat, pendanr
lequel on tira un nombre de boîtes , afin
d'inviter les Citoyens à unir leurs voeux aux chants
& prieres des Pénitens. Mrs. les Commiffaires du
Roi furent accompagnés jufqu'à la porte de l'Eglife
, par les députés de la Compagnie , ainfi que
l'affemblée des Etats ; le Saint Sacrement fut toujours
exposé à la piété des fideles : les freres fe
releverent de demi-heures en demi heures, pour y
faire ftation : les vêpres étant chantées à 3 heures
avec la même folemnité , la bénédiction fur
donnée par M. d'Ufés , M. l'Evêque de Montpellier
s'en étant exempté fur la fatigue du matin.
M. l'Archevêque de Narbonne fatisfait d'un établiffement
fi conforme à fes fentimens , a bien
voulu honorer cette Compagnie de fon aggrégation
après avoir célébré là Meffe de Communauté
le jour des Rois , & n'a pu refufer aux empreffemens
de Mrs, les Pénitens pénétrés de l'honneur
qu'ils avoient reçu la veille par la préſence des
Etats , de leur permettre d'aggréger cette augufte
affemblée dans la participation de leurs prieres &
bonnes oeuvres , ce qui a été approuvé par accla
mation , par délibération des Etats dudit jour du
même mois.
Tel a été l'événement , & telles font les fuites
honorables d'une cérémonie qui , renouvellée cha
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
que année, tranfmettra à la poftérité , que le regne
de Louis le bien aimé fut pour cette compagnie
un temps de ferveur. Le ciel fera propice à fes
voeux en multipliant les jours facrés de Louis le
bien-aimé , & cette compagnie fe glorifiera toujours
d'avoir la priorité parmi les différens établi
femens faits dans la même intention.
Nous apprenons de Marfeille , que le Capitaine
Chin , commandant la Barque le Saint- Esprit ,
& venant du Cap François , ayant rencontré le
janvier , dans le Golfe de Verre , près de Carthagene,
la Tartane du Patron Jean- Baptifte d'Agde
dont les Anglois s'étoient emparé , il l'a reprife
& renvoyée dans ce port , où elle eft arrivée le
26. Le même a appris à Alicante , où il a touché ,
que l'Eſcadre du fieur de la Clue s'eft emparé en
route de dix Navires Anglois.
Les Navires Anglois Alouette , chargé de
chanvre & de lin , la Rofe , de Stockton , ayant
ane cargaifon compofée de différentes marchandifes
, & le Bateau les Trois Soeurs , allant à Londres
avec des morues fraîches , ont été pris par le
Corfaire le Moiffonneur de Dunkerque.
Le Capitaine Antoine Vaffe , commandant l'A
wenturier , autre Corfaire de Dunkerque , s'eft
emparé des Navires Anglois le May , de Leith &
le Frederic , de Londres. Cette derniere prife ,
qui alloit de Peterſbourg à Corck , avec un chargement
de chanvre & de fer , a été conduite en
Norwege.
Les Corfaires le Machault & le Comte de Saint-
Germain , de Dunkerque ; y ont conduit les Na
vires Anglois le Succès , & le Marchand , de Stoc
kholm , l'Elifabeth , l'Anne & le Marchand , d'E
dimbourg , & le Marchand , de Rotterdam. Ces
fix bâtimens font chargés de charbon de terre,
AVRIL. 1758, 199
1 eft encore arrivé à Dunkerque un Brigantin
Anglois appellé la Jeanne & Marguerite , done
la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
, & qui a été pris par le Corfaire le Comte
Ayen , de Boulogne,
Les Navires Anglois le Franchip , de Corck ;
chargé de fruit & de fel , & le Javan , chargé
d'indigo , de fucre , de café & de bois de Campeche
, ont été pris par les Corfaires le Mefnil &
la Nymphe , de Granville . Le Javan a été conduit
dans ce dernier port ; l'autre prife eft arrivée à
Morlaix.
Le Capitaine Defvalons- Macé, commandant le
Corfaire l'Helene , de Saint-Malo , y a conduit le
Navire Anglois la Parfaite Union , de 360 tonneaux
, venant de Rhode- Inland , & allant à Londres,
avec une cargaifon d'indigo , de café , de
bois de campeche , de gayac , d'huile de baleine
, & d'autres marchandifes, Cette prife eft eftimée
plus de trois cens mille livres,
Le fieur de Gouyen , commandant le Corfaire
la Ducheffe de Fitz- James , de Saint - Malo , s'eft
renda maître d'un Corfaire de Jerzey , armé de
8 canons & de 40 hommes d'équipage , qui eft ar
rivé à Cherbourg.
Le Groignard , autre Corfaire de Saint- Malo ,
a conduit dans le même port de Cherbourg un
Brigantin Anglois de 200 tonneaux , chargé de
charbon de terre.
Le Navire François le Polly , chargé de fucre
& de café , a été enlevé par le Corfaire le Moras ,
de Saint-Malo , à un Corfaire de Briſtol , qui s'en
étoit,emparé,
On mande de Saint-Jean- de-Luz , qu'il y eft
arrivé un Navire Anglois appellé la Priory , de
Pool, qui a pour chargement 930 quintaux de
1 iv
200 MERCURE DE FRANCE.
morues , & 28 demi-barriques d'huile de poiffon:
Ce Bâtiment a été pris par le Corfaire la Baſquaife
, de ce port.
Les Capitaines Rondemy & Jean Olive , com
mandans , l'un le Corfaire le Roi Gaſpard , de
Marſeille , l'autre la Barque la Marie Diligente ,
de Martigue , armée en guerre & en marchandi
fes , fe font rendus maîtres , le premier , du Corfaire
Anglois le Osborne , armé de 80 hommes
d'équipage , le fecond , du Senaw l'Anne Betine ,
chargé de chanvre & de graine de lin.
:
Par les lettres venues de Saint- Domingue , on
apprend que les Corfaires de cette ifle y ont conduit
foixante-deux Navires Anglois qui font fa
Goëlette , le Jean- de- Nancy ; an Bateau Hollandois
repris fur les Anglois ; le Bateau , la Fleur
de la mer; le Brigantin , le Severn ; le Bateau ',
le Guilleaume ; le Brigantin , le Poli ; un Corfaire
repris fur les Anglois ; le Brigantin , l'Elifan
beth ; le Corfaire , les Deux Freres ; la Goëlette ,
la Jeanne ; le Bateau , le Diamant ; le Brigan
tin , la Marie-Marthe ; la Goëlette , la Fortune ;
la Goëlette , la Charmante- Folie ; la Goëlette
te Roi Georges ; le Corfaire , la Revanche ; le Cor
faire , le George ; le Corfaire , la Tarte ; la Goë-
Jette , le Loup , avec un Bateau ; le Bateau , la
Marie-Jofeph ; le Navire , le Munety ; le Bateau- ,
Ja Charmante- Bedfy ; le Bateau , PAmitié ; le
Brigantin , le Roi Georges ; le Senaw , le Derfor ;
de Bateau , les Deux-Freres ; le Brigantin , l'Afritain
; la Goëlette , la Norwege ; le Brigantin ,
ta Suzanne ; la Goëlette , le Ringeard ; le Sela
Rebecca ; le Brigantin , du même nom ;
le Bateau , le Diamant ; le Senaw , le Grandifon
le Bateau , le Guillaume ; le Brigantin , le Jean
de Greenoeck ; la Goëlette , Lancop de Lencefter
t
naw ,
"
AVRIL 1758. 201
Je François ; le Brigantin , le Dauphin ; la Goëlette
, l'Anne; le Navire , le Cigne ; une Barque
repriſe fur les Anglois ; le Bateau , l'Hirondelle ;
le Bateau , le Thomas ; le Bateau , la Bonite ; le
Bateau , l'Efther; le Brigantin ; l'Ame ; le Prince-
Sauvage , Navire Negrier , de Bristol ; le Pa→
quebot , le Duc de Falmouth ; le Navire , le Sucès
; la Goëlette , la Pauline ; le Senaw , la Syrene;
le Navire , le Tanger ; le Senaw , le Succès
; le Navire , l'Ifabelle- Marie ; le Bateau , le
Thomas ; la Goëlette , le Saint Etienne ; le Bateau ,
le Dauphin & le Hardewichele Brigantin , l'Hi
Tondelle ; le Senaw , l'Unifé ; le Brigantia , PA
mable-Jeanne ; le Bateau , la Bonne- Aventure.
Tous ces Bâtimens avoient des cargaiſons confi
dérables , à l'exception des Corfaires.
Le fieur Canon , commandant la Frégate dis
Roi la Valeur , s'eft rendu maître du Corfaire
Anglois le Vernon , de Londres , armé de 12 canons
, 16 pierriers , & 43 hommes d'équipage ,
il l'a conduit à Dunkerque.
La Revanche , Corfaire de Dunkerque , commandé
par le Capitaine Monnier , s'eft emparé de
la Frégate Angloife la Van- Anna , de 200 tonneaux
, chargée de coton , d'huile d'olive , de raifins
& de bled. Cette prife a été conduite à Diep
pe. Le même Corfaire a rançonné pour 750 gui .
aées les Navires Anglois l'Anfon le William
dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais > a pris&
conduit dans ce port le Navire Anglois le Hellen ,
de Montroſe , ayant pour chargement 182 bar
ils de faumon.
Le Sloop Anglois la Providence , chargé de
grains , a été pris par le Corfaire le Villemur , de
Dieppe , qui l'a conduit au Havre.
I w
202 MERCURE DE FRANCE:
"
Il eft arrivé à Dieppe un Navire Anglois , dont
le Corfaire la Marquise de Leede , de Boulogne ,
s'eft emparé , & qui n'a pour chargement que des
pierres de taille plattes.
On apprend par des lettres écrites de Saint-Malo
, que le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de ce port , y a
conduit deux prifes : l'une eft le Navire Anglois le
Fantyn , de 220 tonneaux , chargé d'environ 200
boucauts de fucre , de 7 boucauts de café , de
gingembre , de bois de Campeche & de dents
d'Eléphant l'autre eft le Corfaire le Prince
Edouard , de Grenezey , ( ci- devant la Sauterelle
, de Breft , ) armé de 14 canons , & de 80 hommes
d'équipage.
Le Bateau le Georges , de Jerzey , chargé de
balots de bas , a été pris par le Corſaire l'Eclair
de Saint Malo , qui l'a fait conduire à Cherbourg.
Le Corfaire le Samfon , de Bayonne , s'eft rea-
'du maître du Corfaire le Keirke , de Grenezey ,
armé de 10 canons , 12 pierriers , & 45 hommes
d'équipage.
On mande du paffage qu'il y eft arrivé un Navire
Anglois qui a été pris par le Corfaire le La
bour , de Saint-Jean-de-Luz , & dont la cargai
fon confifte en 401. boucauts de fucre , 150 barriques
de vin de Madere , & autres marchandiſes.
Les Vaiffeaux la Compagnie des Indes & le Duc
de Bethune , venant des Indes Orientales richement
chargés , l'un en marchandiſes de la Chine
Pautre en marchandifes de la côte de Coromandel
& de Bengale , font arrivés au port de l'Orient
en. Bretagne les 10 & 12 de ce mois .
Le Vaiffeau la Compagnie des Indes , aux átté-
#ages des côtes de Bretagne , a été atteint par un
Corfaire Anglois de 14 canons , contre lequel il
AVRIL. 1758. 203
eft battu pendant plufieurs heures ; fa bonne contenance
a fait lâcher prife à ce Corfaire.
Le Vaiffeau le Duc de Bethune, a auffi été attaqué
à la hauteur de 40 degrés de latitude Nord ,
par un Corfaire Anglois de 30 canons de 10livres
de balle , & nonobftant la foibleffe de ce Vailfeau
, qui n'étoit monté que de 16 canons , il a
forcé le Corfaire Anglois de l'abandonner . Le
fieur Sainromain , qui le commandoit , a été bleffé
au bras de deux coups de feu , & il a eu huit hom
mes de fon équipage tués & plufieurs bleflés.
La Compagnie à reçu , par le Vaiffeau le Duc
de Béthune , la nouvelle de l'arrivée de plufieursde
fes vaiffeaux à Pondichery , où ils ont remis
les munitions & les fecours dont cette place pouvoit
avoir befoin.
écrit de Marfeille que le Capitaine Gaffin
de Martigues , de cette Ville , commandant le
Brigantin le Fameux , a fait dans les différentes
croifieres douze prifes qu'il a conduites à Cadix ,
à l'exception d'une feule qui lui a été enlevée.
M. Bernard de Boulinvilliers prêta ferment entre
les maine du Roi pour la charge de Provôt ,
192 MERCURE DE FRANCE .
Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal & Mili
taire de S. Louis , dont il a été revêtu fur la démiffion
de M. de Lamoignon.
Par une Ordonnance du Roi rendue le premier
Février , les Volontaires du Dauphiné vont être
confidérablement augmentés. Ce corps qui étoit
de cent vingt hommes , en fix Compagnies de
vingt hommes chacune , dont cinq d'Infanterie &
une de Dragons , fera porté à quatre cens vinge
hommes en fix Compagnies , chacune de foixantedix
hommes , dont quarante d'Infanterie & trente
de Dragons. Il aura dorénavant le titre de Régi
ment des Volontaires du Dauphiné.
M. le Marquis de Paulniy ayant obtenu du Roi
la permiffion de fe démettre de la charge de Secretaire
d'Etat au département de la Guerre , Sa
Majefté a nommé M. le Maréchal de Belle- Ifle
pour le remplacer.
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Mailly en
faveur de M, le Marquis de Talaru , & de celui de
Talaru en faveur de M. le Duc de Mazarin.
M. le Marquis de Pons a obtenu du Roi l'agrément
de Colonel en fecond du Régiment de Dragons
d'Orléans .
Le 7 Mars , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Rég ment des Gardes Françoiles , &
de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Kégimens ,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , affifterent
à cette revue.
Par une Ordonnance du Roi du 20 Février dernier
, il eft enjoint aux Officiers des troupes des
armées du Roi en Allemagne ; qui fe font rendus
,en France fur des paffeports , pour y travailler
aux
AVRIL. 1758. 193
aux recres de leurs corps , de s'acheminer dans le
courant de ce mois , des lieux où ils font aux quar
tiers généraux à portée de la frontiere affignés à
chaque corps pour y raffembler fes recrues , &
d'y être rendus au premier Avril prochain au plus
tard. Veut Sa Majeſté , 1 ° . Que lesdites recrues ,
ainfi que les chevaux de remonte des régimens de
Cavalerie , de Huffards , de Dragons & de Troupes
légeres , foient conduits par lefdits Officiers
abfens , & que ceux qui pour cet effet ne ſe trou→
veront pas rendus auxdits quartiers au premier
Avril , foient punis & privés en outre de leurs appointemens
, pour tout le temps de leur abfence s
2°. Les Officiers qui auront joint leur corps avec
lefdites recrues dans le mois d'Avril ou dans les
premiers jours de Mai , fuivant l'éloignement
defdits corps , feront employés préfens dans les
revues qui feront faites par les Commiffaires des
Guerres , & y feront rappellés pour être payés du
temps de leur abfence , grace dont feront privés
ceux qui n'auront pas joint ; 3 ° . Si quelques- uns
defdies Officiers abfens s'étoient mis en route
pour rejoindre leurs corps , & y arrivoient avant le
temps ci -deffus marqué , ils feront auffi rappellés
dans lefdites revues , pour les mois précédens de
leur abſence.
Le Roi a fait Maréchaux de France M. le Comte
de Bercheny, Lieutenant général , & M. le Comte
de Conflans , Vice Amiral.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la 23 , 24 & 250
fois.
Les Lieutenans Généraux nommés par le Roi
pour fervir pendant la préfente campagne dans
l'armée commandée par M. le Comte de Clermont
, font MM. le Marquis de Villemeur , le
Duc de Randan , le Marquis de Contades , le
1.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE. NO
>
Comté de Mortaigne , le Marquis d'Armentieres →
les Ducs de Briffac & de Chevreufe , les Marquis
d'Anlezy , de Morangies & de Sourches le
Comte de Fitz- James , le Chevalier de Nicolai
le Duc de Fitz- James , le fieur de Chevert , le
Comte de Noailles , le Duc de Broglie , le Chevalier
de May , le Comte de Lorges , le Duc de Lauraguais
, les Comtes d'Andlau & de Guerchy , le
Duc d'Havrey , le Marquis de Saint- Pern , le
Comte de Saint Germain & le Marquis de Valiere.
Les Maréchaux de Camp font , MM. les Marquis
de Crillon & de Torcy , le Chevalier du Châtelet¸
le Marquis de Poyanne , le Comte de Montmo
tency, le Chevalier de Fontenay , les Comtes de
Vogué & d'Orlick , les fieurs de Planta , Caftella
& Boccard , le Comte de Lutzelbourg , les Mar
quis d'Auvet , d'Efcars , de Dreux & des Salles
les Comtes de Champignelles & de Raugrave , le
fieur de Beaufobre , les Comtes de Vence & de
Bergeyck , le Marquis de Voyer , le Chevalier de
la Touche , les Marquis de Laval & de Monteynard
, le Prince de Beauveau , le Comte de la Gui◄
the , le Chevalier de Pons , les Marquis de Maupeou
& de Béthune , le Comte de Ségur , les Marquis
de Leyde , de Roquépine , de Monty , de
Traifnel , & le Comte d'Egmont.
Le Roi, par Edit de ce mois , enregistré au Partement
, a créé dix nouvelles charges de Payeurs ,
& autant de Contrôleurs des Rentes fur PHôtel
de Ville de Paris . La finance de chacune des pre
mieres eft de trois cens einquante mille livres , &
celle de chaque charge de Contrôleur , de quatre
vingt-dix mille livres.
On mande de Toulouſe , que le feu prit le 21
Février à huit heures du foir en certe Ville , au
quartier des Pénitens noirs , que l'incendie a duré
jufqu'au matin du jour fuivant , qu'il a confumé
J
AVRIL. 1758. 195
huit maiſons , avec une grande quantité de meubles;
mais qu'heureufement il n'a péri perfonne.
Le Janvier , les Pénitens Blancs, de Montpellier
ont célébré l'Anniverſaire de la fondation
qu'ils ont établie par délibération du 6 février
1757 , pour la confervation des jours facrés du
Roi. Cette délibération fut exécutée pour la premiere
fois le 11 février de la même année avec
tant de ferveur , que le produit des offrandes pro
cura la liberté de deux Prifonniers. C'eft fans
doute à cette preuve d'amour & de fidélité , que
cette Compagnie eft redevable de la permiffion
qu'elle obtint au mois de mars fuivant , d'avoir un
Suiffe à la grande livrée du Roi.
•
E
Ce fut le 4 janvier de cette année , que la cloche
à l'heure de midi annonça l'anniverſaire de
cette folemnité. On pofa les armoiries du Roi
avec banderolles fur le portail de la Chapelles
les Freres s'affemblerent au Choeur à trois heures.
Un de Meffieurs les Syndics crut ne pouvoir choi
fir un temps plus propre pour faire part de la let→
tre de M. le Comte de Saint Florentin , par la
quelle ce Miniftre veut bien honorer cette Com
pagnie de fon aggrégation . Les freres déja affectés
par l'objet qui les raffembloit , furent péné
trés de la plus vive reconnoiffance , & le TeDeum
fut chanté en actions de graces : on chanta enfuite
les premieres vêpres de la Trinité avec folemnité
à l'iffue des vêpres la cloche fonna jufqu'à l'entrée
de la nuit.
Le lendemain , les freres artifans s'abftinrent
de toutes oeuvres ferviles , chaque frere voulant
prendre dans fon état & dans fa profeffion des momens
f précieux pour fatisfaire fon inclination
pour
le meilleur des Rois .
Le Saint Sacrement fut expofé às heures du
Dalij C
196 MERCURE DE FRANCE.
matin avec la permiffion de M. l'Evêque de Mont
pellier qui a bien voulu concourir au zele & à la
fidélité des Pénitens par fon approbation ; on célébra
fans ceffe des Meffes depuis l'heure de cinq
heures jufqu'à 10 , auxquelles affifta un concours de
peuple & d'ames fidelles qui y firent leur dévotion
avec une édification qui exprimoir leurs ſentimens
, les freres s'affemblerent à 8 heures pour
chanter l'office de la Trinité ; l'augufte affemblée
des Etats de la Province de Languedoc fe forma à
onze heures,à la maiſon de l'Oratoire, en habit de
cérémonies , fuivant la délibération du 3, pour af
fifter à la grande-Meffe des Pénitens Blancs , après
en avoir été invités par les députés de cette compagnie;
M, l'ancien Prieur en l'absence de M. le Prieur
en charge fut à l'Oratoire avec une députation pour
complimenter l'affemblée des Etats en la perfonne
de M. l'Archevêque de Narbonne , & pour leur diftribuer
des exemplaires de la délibération du 6 février
1757. Les Etats en corps furent enfuite à la
Chapelle des Pénitens , & M. l'ancien Prieur eut
l'honneur de leur préfenter l'eau bénite , Mrs. les
Commiffaires du Roi qui avoient été également
invités par les Pénitens , fe rendirent enfuite à
ladite Chapelle en habit de cérémonie , & M. l'ancien
Prieur eut l'honneur de leur préfenter l'eau
bénite , & de les complimenter en la perfonne de
M. le Maréchal Comte de Thomont , Comman
dant en Chef dans la Province ,
La grande Meffe fut célébrée par M. l'Evêque
de Montpellier , affifté des dignités de fon Chapitre
, & fut chantée par la mufique des Etats , la
piété & la modeftie des freres lors de l'offrande au
nombre de près de 300 , & le recueillement de
ceux qui communierent , mériterent les éloges
de l'affemblée , ainfi que le bon ordre dans une
Chapelle d'une très- petite étendue. Les perfonnes
AVRIL. 1758. 197
en place & de la premiere diftinction qui n'avoient
pu être placées dans l'Eglife , occupoient
les tribunes ; la décoration de cette Chapelle en
bois peint , doré & en tableau , ne permirent pas
d'autre décoration : l'autel fut fimplement , mais
noblement décoré fuivant l'ufage de cette compagnie
, par 12 cierges à la Parifienne de 10 pieds
de hauteur , portés par des grands & magnifiques
chandeliers d'argent. A la fin de la Meffe , les
freres chanterent en faux bourdon l'Exaudiat, pendanr
lequel on tira un nombre de boîtes , afin
d'inviter les Citoyens à unir leurs voeux aux chants
& prieres des Pénitens. Mrs. les Commiffaires du
Roi furent accompagnés jufqu'à la porte de l'Eglife
, par les députés de la Compagnie , ainfi que
l'affemblée des Etats ; le Saint Sacrement fut toujours
exposé à la piété des fideles : les freres fe
releverent de demi-heures en demi heures, pour y
faire ftation : les vêpres étant chantées à 3 heures
avec la même folemnité , la bénédiction fur
donnée par M. d'Ufés , M. l'Evêque de Montpellier
s'en étant exempté fur la fatigue du matin.
M. l'Archevêque de Narbonne fatisfait d'un établiffement
fi conforme à fes fentimens , a bien
voulu honorer cette Compagnie de fon aggrégation
après avoir célébré là Meffe de Communauté
le jour des Rois , & n'a pu refufer aux empreffemens
de Mrs, les Pénitens pénétrés de l'honneur
qu'ils avoient reçu la veille par la préſence des
Etats , de leur permettre d'aggréger cette augufte
affemblée dans la participation de leurs prieres &
bonnes oeuvres , ce qui a été approuvé par accla
mation , par délibération des Etats dudit jour du
même mois.
Tel a été l'événement , & telles font les fuites
honorables d'une cérémonie qui , renouvellée cha
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
que année, tranfmettra à la poftérité , que le regne
de Louis le bien aimé fut pour cette compagnie
un temps de ferveur. Le ciel fera propice à fes
voeux en multipliant les jours facrés de Louis le
bien-aimé , & cette compagnie fe glorifiera toujours
d'avoir la priorité parmi les différens établi
femens faits dans la même intention.
Nous apprenons de Marfeille , que le Capitaine
Chin , commandant la Barque le Saint- Esprit ,
& venant du Cap François , ayant rencontré le
janvier , dans le Golfe de Verre , près de Carthagene,
la Tartane du Patron Jean- Baptifte d'Agde
dont les Anglois s'étoient emparé , il l'a reprife
& renvoyée dans ce port , où elle eft arrivée le
26. Le même a appris à Alicante , où il a touché ,
que l'Eſcadre du fieur de la Clue s'eft emparé en
route de dix Navires Anglois.
Les Navires Anglois Alouette , chargé de
chanvre & de lin , la Rofe , de Stockton , ayant
ane cargaifon compofée de différentes marchandifes
, & le Bateau les Trois Soeurs , allant à Londres
avec des morues fraîches , ont été pris par le
Corfaire le Moiffonneur de Dunkerque.
Le Capitaine Antoine Vaffe , commandant l'A
wenturier , autre Corfaire de Dunkerque , s'eft
emparé des Navires Anglois le May , de Leith &
le Frederic , de Londres. Cette derniere prife ,
qui alloit de Peterſbourg à Corck , avec un chargement
de chanvre & de fer , a été conduite en
Norwege.
Les Corfaires le Machault & le Comte de Saint-
Germain , de Dunkerque ; y ont conduit les Na
vires Anglois le Succès , & le Marchand , de Stoc
kholm , l'Elifabeth , l'Anne & le Marchand , d'E
dimbourg , & le Marchand , de Rotterdam. Ces
fix bâtimens font chargés de charbon de terre,
AVRIL. 1758, 199
1 eft encore arrivé à Dunkerque un Brigantin
Anglois appellé la Jeanne & Marguerite , done
la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
, & qui a été pris par le Corfaire le Comte
Ayen , de Boulogne,
Les Navires Anglois le Franchip , de Corck ;
chargé de fruit & de fel , & le Javan , chargé
d'indigo , de fucre , de café & de bois de Campeche
, ont été pris par les Corfaires le Mefnil &
la Nymphe , de Granville . Le Javan a été conduit
dans ce dernier port ; l'autre prife eft arrivée à
Morlaix.
Le Capitaine Defvalons- Macé, commandant le
Corfaire l'Helene , de Saint-Malo , y a conduit le
Navire Anglois la Parfaite Union , de 360 tonneaux
, venant de Rhode- Inland , & allant à Londres,
avec une cargaifon d'indigo , de café , de
bois de campeche , de gayac , d'huile de baleine
, & d'autres marchandifes, Cette prife eft eftimée
plus de trois cens mille livres,
Le fieur de Gouyen , commandant le Corfaire
la Ducheffe de Fitz- James , de Saint - Malo , s'eft
renda maître d'un Corfaire de Jerzey , armé de
8 canons & de 40 hommes d'équipage , qui eft ar
rivé à Cherbourg.
Le Groignard , autre Corfaire de Saint- Malo ,
a conduit dans le même port de Cherbourg un
Brigantin Anglois de 200 tonneaux , chargé de
charbon de terre.
Le Navire François le Polly , chargé de fucre
& de café , a été enlevé par le Corfaire le Moras ,
de Saint-Malo , à un Corfaire de Briſtol , qui s'en
étoit,emparé,
On mande de Saint-Jean- de-Luz , qu'il y eft
arrivé un Navire Anglois appellé la Priory , de
Pool, qui a pour chargement 930 quintaux de
1 iv
200 MERCURE DE FRANCE.
morues , & 28 demi-barriques d'huile de poiffon:
Ce Bâtiment a été pris par le Corfaire la Baſquaife
, de ce port.
Les Capitaines Rondemy & Jean Olive , com
mandans , l'un le Corfaire le Roi Gaſpard , de
Marſeille , l'autre la Barque la Marie Diligente ,
de Martigue , armée en guerre & en marchandi
fes , fe font rendus maîtres , le premier , du Corfaire
Anglois le Osborne , armé de 80 hommes
d'équipage , le fecond , du Senaw l'Anne Betine ,
chargé de chanvre & de graine de lin.
:
Par les lettres venues de Saint- Domingue , on
apprend que les Corfaires de cette ifle y ont conduit
foixante-deux Navires Anglois qui font fa
Goëlette , le Jean- de- Nancy ; an Bateau Hollandois
repris fur les Anglois ; le Bateau , la Fleur
de la mer; le Brigantin , le Severn ; le Bateau ',
le Guilleaume ; le Brigantin , le Poli ; un Corfaire
repris fur les Anglois ; le Brigantin , l'Elifan
beth ; le Corfaire , les Deux Freres ; la Goëlette ,
la Jeanne ; le Bateau , le Diamant ; le Brigan
tin , la Marie-Marthe ; la Goëlette , la Fortune ;
la Goëlette , la Charmante- Folie ; la Goëlette
te Roi Georges ; le Corfaire , la Revanche ; le Cor
faire , le George ; le Corfaire , la Tarte ; la Goë-
Jette , le Loup , avec un Bateau ; le Bateau , la
Marie-Jofeph ; le Navire , le Munety ; le Bateau- ,
Ja Charmante- Bedfy ; le Bateau , PAmitié ; le
Brigantin , le Roi Georges ; le Senaw , le Derfor ;
de Bateau , les Deux-Freres ; le Brigantin , l'Afritain
; la Goëlette , la Norwege ; le Brigantin ,
ta Suzanne ; la Goëlette , le Ringeard ; le Sela
Rebecca ; le Brigantin , du même nom ;
le Bateau , le Diamant ; le Senaw , le Grandifon
le Bateau , le Guillaume ; le Brigantin , le Jean
de Greenoeck ; la Goëlette , Lancop de Lencefter
t
naw ,
"
AVRIL 1758. 201
Je François ; le Brigantin , le Dauphin ; la Goëlette
, l'Anne; le Navire , le Cigne ; une Barque
repriſe fur les Anglois ; le Bateau , l'Hirondelle ;
le Bateau , le Thomas ; le Bateau , la Bonite ; le
Bateau , l'Efther; le Brigantin ; l'Ame ; le Prince-
Sauvage , Navire Negrier , de Bristol ; le Pa→
quebot , le Duc de Falmouth ; le Navire , le Sucès
; la Goëlette , la Pauline ; le Senaw , la Syrene;
le Navire , le Tanger ; le Senaw , le Succès
; le Navire , l'Ifabelle- Marie ; le Bateau , le
Thomas ; la Goëlette , le Saint Etienne ; le Bateau ,
le Dauphin & le Hardewichele Brigantin , l'Hi
Tondelle ; le Senaw , l'Unifé ; le Brigantia , PA
mable-Jeanne ; le Bateau , la Bonne- Aventure.
Tous ces Bâtimens avoient des cargaiſons confi
dérables , à l'exception des Corfaires.
Le fieur Canon , commandant la Frégate dis
Roi la Valeur , s'eft rendu maître du Corfaire
Anglois le Vernon , de Londres , armé de 12 canons
, 16 pierriers , & 43 hommes d'équipage ,
il l'a conduit à Dunkerque.
La Revanche , Corfaire de Dunkerque , commandé
par le Capitaine Monnier , s'eft emparé de
la Frégate Angloife la Van- Anna , de 200 tonneaux
, chargée de coton , d'huile d'olive , de raifins
& de bled. Cette prife a été conduite à Diep
pe. Le même Corfaire a rançonné pour 750 gui .
aées les Navires Anglois l'Anfon le William
dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais > a pris&
conduit dans ce port le Navire Anglois le Hellen ,
de Montroſe , ayant pour chargement 182 bar
ils de faumon.
Le Sloop Anglois la Providence , chargé de
grains , a été pris par le Corfaire le Villemur , de
Dieppe , qui l'a conduit au Havre.
I w
202 MERCURE DE FRANCE:
"
Il eft arrivé à Dieppe un Navire Anglois , dont
le Corfaire la Marquise de Leede , de Boulogne ,
s'eft emparé , & qui n'a pour chargement que des
pierres de taille plattes.
On apprend par des lettres écrites de Saint-Malo
, que le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de ce port , y a
conduit deux prifes : l'une eft le Navire Anglois le
Fantyn , de 220 tonneaux , chargé d'environ 200
boucauts de fucre , de 7 boucauts de café , de
gingembre , de bois de Campeche & de dents
d'Eléphant l'autre eft le Corfaire le Prince
Edouard , de Grenezey , ( ci- devant la Sauterelle
, de Breft , ) armé de 14 canons , & de 80 hommes
d'équipage.
Le Bateau le Georges , de Jerzey , chargé de
balots de bas , a été pris par le Corſaire l'Eclair
de Saint Malo , qui l'a fait conduire à Cherbourg.
Le Corfaire le Samfon , de Bayonne , s'eft rea-
'du maître du Corfaire le Keirke , de Grenezey ,
armé de 10 canons , 12 pierriers , & 45 hommes
d'équipage.
On mande du paffage qu'il y eft arrivé un Navire
Anglois qui a été pris par le Corfaire le La
bour , de Saint-Jean-de-Luz , & dont la cargai
fon confifte en 401. boucauts de fucre , 150 barriques
de vin de Madere , & autres marchandiſes.
Les Vaiffeaux la Compagnie des Indes & le Duc
de Bethune , venant des Indes Orientales richement
chargés , l'un en marchandiſes de la Chine
Pautre en marchandifes de la côte de Coromandel
& de Bengale , font arrivés au port de l'Orient
en. Bretagne les 10 & 12 de ce mois .
Le Vaiffeau la Compagnie des Indes , aux átté-
#ages des côtes de Bretagne , a été atteint par un
Corfaire Anglois de 14 canons , contre lequel il
AVRIL. 1758. 203
eft battu pendant plufieurs heures ; fa bonne contenance
a fait lâcher prife à ce Corfaire.
Le Vaiffeau le Duc de Bethune, a auffi été attaqué
à la hauteur de 40 degrés de latitude Nord ,
par un Corfaire Anglois de 30 canons de 10livres
de balle , & nonobftant la foibleffe de ce Vailfeau
, qui n'étoit monté que de 16 canons , il a
forcé le Corfaire Anglois de l'abandonner . Le
fieur Sainromain , qui le commandoit , a été bleffé
au bras de deux coups de feu , & il a eu huit hom
mes de fon équipage tués & plufieurs bleflés.
La Compagnie à reçu , par le Vaiffeau le Duc
de Béthune , la nouvelle de l'arrivée de plufieursde
fes vaiffeaux à Pondichery , où ils ont remis
les munitions & les fecours dont cette place pouvoit
avoir befoin.
écrit de Marfeille que le Capitaine Gaffin
de Martigues , de cette Ville , commandant le
Brigantin le Fameux , a fait dans les différentes
croifieres douze prifes qu'il a conduites à Cadix ,
à l'exception d'une feule qui lui a été enlevée.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs événements et nominations ont marqué la cour de France. Bernard de Boulinvilliers a été nommé Provôt et Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Une ordonnance royale du 1er février a augmenté les Volontaires du Dauphiné, portant leur effectif à quatre cent vingt hommes répartis en six compagnies. Le Marquis de Paulmy a démissionné de sa charge de Secrétaire d'État à la Guerre, remplacé par le Maréchal de Belle-Isle. Le Roi a réorganisé plusieurs régiments, nommant le Marquis de Talaru et le Duc de Mazarin à des postes clés. Le Marquis de Pons a obtenu l'agrément de Colonel en second du Régiment de Dragons d'Orléans. Le 7 mars, le Roi a passé en revue les régiments des Gardes Françaises et des Gardes Suisses en présence de la famille royale. Une ordonnance du 20 février a ordonné aux officiers des troupes en Allemagne de rejoindre leurs quartiers pour rassembler les recrues. Le Roi a nommé les Comtes de Bercheny et de Conflans Maréchaux de France, ainsi que plusieurs Lieutenants Généraux et Maréchaux de camp pour la campagne militaire. Par un édit, le Roi a créé dix nouvelles charges de Payeurs et de Contrôleurs des Rentes à l'Hôtel de Ville de Paris. À Toulouse, un incendie a détruit huit maisons sans faire de victimes. À Montpellier, les Pénitents Blancs ont célébré l'anniversaire de la fondation de leur compagnie, marquée par des cérémonies religieuses et la présence des États de la Province de Languedoc. En avril 1758, des corsaires français ont capturé plusieurs navires anglais et hollandais. Parmi les prises notables, on trouve un corsaire de Jersey armé de 8 canons et 40 hommes d'équipage à Cherbourg, un brigantin anglais de 200 tonneaux chargé de charbon, et divers autres navires chargés de marchandises variées comme du sucre, du café, des morues, et de l'huile de poisson. Les corsaires français ont également repris plusieurs navires anglais et hollandais qui avaient été capturés par les Anglais. À Saint-Domingue, les corsaires ont conduit soixante-deux navires anglais, principalement des goélettes et des brigantins. Des frégates et des corsaires français ont également pris des navires anglais dans divers ports comme Dunkerque, Dieppe, et Le Havre. Les vaisseaux de la Compagnie des Indes, le Duc de Béthune et un autre vaisseau, ont résisté avec succès à des attaques de corsaires anglais malgré leur infériorité en armement. Le Duc de Béthune a également apporté des nouvelles de l'arrivée de plusieurs vaisseaux à Pondichéry. Enfin, le capitaine Gaffin de Martigues a réalisé douze prises avec son brigantin le Fameux, les conduisant principalement à Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 176-184
ALLEMAGNE.
Début :
Depuis près de quinze jours, on a fait partir un Corps de [...]
Mots clefs :
Königgrätz, Général, Troupes prussiennes, Mouvements des troupes, Prise de la ville, Dantzig, Armée russe, Conquête, Ennemis, Troupes impériales, Roi de Pologne, Vienne, Impératrice-Reine, Dresde, Régiments, Leipzig, Décrets, Maréchal Keith, Taxes, Exactions, Ratisbonne, Réquisitions, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE KONIGSGRATZ EN BOHEME ,
le 7 Mars.
Depuis près de quinze jours , on a fait partir un
Corps de dix-huit mille hommes , commandé par
Te fieur Buchow , Général de Cavalerie , pour faire
lever le fiége de Schweidnitz . La tranchée devant
cette place eft ouverte du 4 de mars.
Le Major Général de Sickowich ayant été chargé
de tenter une entrepriſe fur Liebau , Place qui
étoit occupée par des troupes Pruffiennes , elles
en ont été délogées fans prefque aucune perte de
notre part. Les ennemis dans cette affaire ont eu
cinquante- cinq hommes de tués , & en ont encore
perdu près de deux cents en prifonniers & en
déferteurs. Le reſte a été obligé de ſe retirer à
Landshutt , où l'on affure que le Roi de Pruffe
étoit en perfonne pendant l'attaque de Liebau ..
Tout eft en mouvement dans ce royaume. Le
Corps du Général Marshal doit être arrivé à Ga
bel & à Reechenberg ; le Général Haddick eft à
Toplitz , & le Colonel Mittowski près de Commotau
, avec deux Bataillons de Croates. Ceux - ci
ont envoyé à Prague le 23 Février , feize charriots.
chargés de cuivre & d'argent qu'ils ont enlevés
aux Pruffiens dans le canton d'Erzgeburg en Saxe.
>
La prife de Troppau , dont s'eft emparé le Général
de Ville en forçant la Garnifon Pruffienne ,
nous a coûté très- peu de monde. Les Bavarois
qui faifoient Partie des fix mille hommes employés
à ce coup de main , n'y ont perdu que fept
à huit hommes.
AVRIL 1758. 177
DE DANTZICK , le 15 Mars.
Marienwerder , la derniere place de la Pruffe
Ducale , fut occupée par les Ruffiens le 21 de Février
, & les Magiftrats de cette Ville prêterent le
même jour ferment de fidélité à l'Impératrice de
Ruffie.
Tout le diftri& d'Elbing qui appartient au Roi
de Pruffe , eft obligé de fournir à l'armée Ruffienne
par chaque Mairie , une mefure de bled , une
mefure & demie d'avoine , & quatre quintaux de
foin.
Le Général Fermer a envoyé ordre à Thorn ,
Culm , Graudens , Newenbourg , Mewe , Marienbourg
, & aux Places voifines , d'y préparer des
quartiers pour feize Régimens d'Infanterie , fix de
Cavalerie, & deux mille Cofaques . D'autre part ,
dix mille hommes de Troupes Ruffiennes ont été
réparties dans les Villes de Rifenbourg , Freystad ,
Gardenfée , Marienwerder , & dans les Bourgs ou
Villages voifins.
L'armée Ruffienne eft actuellement de plus de
foixante mille hommes , & elle s'avance par déta
chemens vers la Viftule.
3
Nous apprenons de Lithuanie , qu'un Corps
confidérable de Ruffiens va paffer par ce Grand
Duché , & qu'il doit diriger fa marche par la Pologne
, vers Francfort fur l'Oder. On ajoute qu'un
autre Corps des mêmes Troupe marchera par
Mewe , Stargard , Berend , &c. & qu'il fera la même
route qu'ont fait les Pruffiens en allant en Poméranie.
Il a parn
à huit ou dix lieues
d'ici un Détachement
de Huffards
Ruffiens
, qui nous
a donné
quelque
inquiétude
, par rapport
au bruit
que faf-
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
foient courir des gens auffi peu inftruits que ma
intentionnés , que les Troupes Ruffiennes vouloient
mettre ici garniſon . Mais nous fommes
bien raffurés par une lettre que le Général Fermer
a écrite au Réfident de Ruffie en cette Ville . Cette
lettre , datée de Konigsberg & du 17 Février dernier
, eſt conçue ainsi .
CC
Ayant appris que quelques efprits turbulens
» & des Nouvelliftes ont répandu le bruit que j'a
» vois deffein , non - feulement de paffer avec les
» Troupes Impériales que j'ai l'honneur de com-
» mander , par la Ville de Dantzick & le Couvent
» d'Olive , mais encore d'occuper ces Places , je
>> ne puis me difpenfer de vous affurer que cette
» nouvelle eſt très-faufſe & entiérement contraire
» aux ordres de notre Souveraine. Sa Majesté Impé
» riale , au lieu de vouloir incommoder les Villes
» & les territoires qui jouiffent de la protection
du Roi de Pologne & de la République , m'a
» très expreffément ordonné de les regarder com
» me des Places qui participent à l'alliance & à l'a-
» mitié établies entre les deux Cours , & de les
» ménager comme les pays propres de Sa Majefté.
Ainfi les habitans de Dantzick doivent être
» à l'abri de toute crainte , à la faveur des inten-
» tions, bienfaifantes de Sa Majefté Impériale à
» leur égard , intentions dont le temps & toute
» ma conduite juftifieront la droiture . N'avons-
» nous pas la plus belle occafion de faire des con
quêtes d'une autre conféquence pour les Alliés.
» de notre Souveraine , fans penſer à l'occupation
» des Etats qui font fes amis Que Dantzick, foit
> tranquille fur ce point : elle n'a rien à craindre,
» Mais auffi nous espérons que les Dantzickois
» tâcheront réciproquement de témoigner leur
attachement au Roi & à la République de Po
AVRIL. 1758. 179
logne , par leur empreffement à être utiles aux
>> armes de Sa Majesté Impériale » .
»
Après quelques repréfentations faites au Géné
ral Fermer par les Magiftrats d'Elbing , les Trou
pes Ruffiennes ont été reçues dans cette Place , &
le Major Général Stoffel Y commande . La lettre
écrite à ces Magiftrats par le Général Ruffien ,
pour les raffarer , portoit en fubftance : « Que
» les ordres de l'Impératrice de Ruffie étant ex-
» preffément de faire occuper par fes Troupes , fi
» la raifon de guerre l'exigeoit , les Villes d'Elbing
& de Thorn , il ne dépendoit pas de lui de
» laiffer ces Villes à leur propre garde ; qu'au fur-
>> plus il leur donnoit par écrit les plus fortes affu
» rances , que l'entrée des Troupes Impériales ne
>> cauferoit pas dans la Ville le moindre embarras
>> ni aucun dommage ; qu'il lui en reviendroit au
» contraire un avantage très-réel , par l'exacte
» difcipline qui feroit obfervée & par la confom-
>> mation que feroient ces Troupes ; que l'intérêt
>> commun du Roi & de la République de Pologne
» éxigeoit qu'on prft ce parti , & qu'enfin , loin
» que leur préſence dût leur faire la moindre pei
» ne , ils devoient les regarder comme leurs pro
» pres Troupes >> .
Toutes les Troupes Ruffiennes marchent for
trois colonnes. L'une , qui confifte en dix Régimens
d'Infanterie & en mille Huffards , eft commandée
par le Prince
Gallitzin
, Lieutenant
-Géné
ral. La feconde
, auffi compofée
de dix Régimens
d'Infanterie
& d'un Régiment
de Huffards
, eft:
aux ordres
du Lieutenant
-Général
Soltikof
. La
troifieme
, qui eft commandée
par le fieur de
Braun , Général
en chef, eft formée
d'un pareil
nombre
de Régimens
d'Infanterie
& de cinq Régimens
de Cavalerie
, vingt Compagnies
de Gré
Hv
180 MERCURE DE FRANCE.
nadiers à cheval & trois Régimens de Huffards
Les deux premieres fe raffemblent aux environs.
de Marienwerder , où le Général Fermer a établi
fon Quartier Général , & tout fe diſpoſe à paſſer
la Viftule .
Les Troupes légeres font déja des courfes dans
la Pomeranie. Trois cens Huffards , commandés
par un Major, fe font avancés près de Stolpen &
fe font portés à Battow , d'où ils ont amené pour
ôtages le Capitaine , le Bourguemeftre & le Notaire
de la Ville . Ce détachement a rapporté qu'il
n'y avoit pas de Pruffiens cantonnés en deçà de
Stettin , & qu'à leur arrivée les habitans du pays
avoient été dans les plus grandes alarmes ; mais
que la bonne difcipline & la conduite des foldats
les avoient bientôt raffurés furtout lorfqu'ils
avoient vu qu'à l'exception du fourrage , on leur
payoit tour argent comptant . Depuis , les Poméraniens
paroiffent difpofés à ramaffer des vivres
& des fourrages pour l'armée Ruffienne , lorfqu'elle
s'approchera de leurs frontieres.
•
On prétend que le Général Fermer a reçu des
ordres précis de n'obéir à aucun ordre , & de ne
fuivre aucune inftruction qui ne foient fignés de
la propre main de l'Impératrice de Ruffie.
DE VIENNE , le 22 Mars.
L'Impératrice-Reine a ordonné la levée d'un
Bouveau Régiment d'Artillerie de campagne , ou
la paie fera plus forte que dans tous les autres
Corps. Les foldats auront la liberté de ne s'engager
que pour fix ans.
Sa Majesté a donné au Général de Buchow le
Régiment de Cuiraffiers vacant par la mort din
Général Luchef..
AVRIL. 1758. 181
Les motifs du voyage que le Prince de Brunfwick-
Bevern a fait en cette Cour , ne paroiffene
point un myftere ; & voici ce qu'on en publie .
Peu de jours après que ce Prince eut été fait prifonnier
de guerre , il demanda la permiffion d'écrire
au Roi de Pruffe , & elle lui fut accordée :
il écrivit en conféquence , & plus d'une fois ,
mais il n'eut jamais de réponſe . Ce Prince alors
fit demander à l'Impératrice - Reine , comme une
grace particuliere , de pouvoir fe racheter luimême
, & de payer fa rançon. La réponſe de Sa
Majefté fut qu'Elle n'en vouloit recevoir aucune ,
& qu'Elle lui accordoit néanmoins la liberté , mais
gratuitement. Pénétré d'une bonté fi rare ,
Prince eft venu fur le champ épancher fa reconnoiffance
aux pieds de l'impératrice - Reine ; &
après avoir reçu dans cette Cour l'accueil le plus
diftingué , il en eft parti avant -hier.
DE DRESDE, le 10 Mars.
ce
Les fix mille hommes de recrue que le Roi de
Pruffe exige de cet Electorat , fe levent avec la
même rigueur qu'on employe pour toutes les autres
exactions , & cette Ville pour fa part en doit
fournir cent trente- cinq.
Cinq cens hommes des Gardes à pied du Roi
de Pologne , détenus depuis plus d'un an à Magdebourg
, & maintenant réduits aux deux tiers par
la mifere & les mauvais traitemens , viennent
d'être répartis dans plufieurs Régimens Pruffiens ,
fans qu'on ait pu les porter encore à prêter ferment
au Roi de Pruffe. On apprend de Léipfick ,
qu'il en a paffé derniérement quatre-vingts , que
Fon conduifoit fous bonne efcorte à Freyberg ,
pour les incorporer dans le Régiment de Hulfen.
182 MERCURE DE FRANCE.
Le Maréchal Keith a quitté ce canton , pour
s'avancer dans le Voigtland avec une partie du
Corps qu'il commande ; & la troupe du partiſan
Meyer , renforcée de quelques efcadrons de Huf
fards , s'eft portée jufqu'à Plaven .
DE LEIPSICK , le 13 Mars.
Les Décrets du Directoire de Torgau , qui fe
multiplient tous les jours , achevent d'épuifer cet
Electorat ; & voici la lettre adreffée le 14 de Février
par le Maréchal Keith au Baron de Borck ,
Miniftre Pruffien en cette Ville . « Monfieur , j'ai
» reçu hier un ordre du Roi , par lequel S. M. me
» charge de faire lever fur la Ville de Drefde la
fomme de cinq cens mille écus. , d'employer
» pour cet effet les plus rigoureufes exécutions ,
» de n'épargner abfolument perfonne , & de chat-
» ger particuliérement les Catholiques Romains ,
» & ceux qui ont des charges à la Cour. J'ai déja
» notifié ces ordres aux Magiftrats qui font la
répartition de cette fomme fur la Ville. Il- eft:
vrai que je ne me flatte pas de la tirer en entier;
» mais comme je veux employer toutes les rigueurs
dont les François ont ufé à Halberstadt ,
»je compte en pouvoir tirer une bonne partie.
» Cet exemple fera peut- être de quelque utilité
» aux Etats affemblés à Léipfick . Car V. E. peut
» les affurer , que le refte de la Saxe ne fera pas
» plus épargné que la Capitale , & que puifqu'on
» nous oblige à fuivre de mauvais exemples , ils
» doivent en porter la peine. Je ne vois qu'un
» moyen qui puiffe les garantir d'une ruine tota
» le , c'eft de faire leurs derniers efforts pour con-
» tenter le Roi qui ne veut plus être amuſé debelles
paroles . Jufqu'ici la Saxe a été peu traitée
par
AVRIL 1758. 18
en pays ennemi ; mais je vois que les ménage
» mens tirent à leur fin , & que le Roi irrité des
» ravages que les ennemis ont faits dans fes Etats
»pourra bien faire reffentir , par de juttes repré-.
failles , les triftes effets de fon indignation . Jas
» déja déclaré ici que je ne permettrois plus de
» faire aucunes repréfentations à S M. que j'avois
» reçu les ordres , & que je trouverois bien moyen
» de les mettre à exécution , & c. »
Ainfi les éxactions inouies que les Pruffiens ,
depuis leur invafion , n'ont fait que continuer ou
multiplier , font colorées aujourd'hui du nom de
repréfailles , & nous payons pour Halberstadt.
La nouvelle monnoie que l'on frappe actuellement
dans le Château de Pleiffenberg , eft au coin
du Roi de Pruffe.
DE RATISBONNE , le 18 Mars.
Toutes les lettres du Duché de Mecklenbourg
ne parlent que de l'excès des demandes , ou des
ordres violens adreffés par le Maréchal de Lehwald
aux habitans de ce Duché . Indépendamment
de plus de cent mille facs de farine qu'ils ont été
contraints de nouveau de faire voiturer à Demmin
, & des contributions en argent qui ne pour
ront jamais être acquittées ; ils font encore forcés.
de livrer , 1°. feize cens chevaux pour la Cavalerie
, tous noirs, ou bay-bruns , taille de cinq pieds ,
& de cinq à fix ans , avec les conducteurs néceffaires
pour les amener à Berlin , ou à Francfort
fur l'Oder ; 2 ° Quinze cens chevaux de trait pour
le tranfport des vivres , & quatre cens hommes
pour les conduire ; . 3 Trois mille hommes de
recrue , robuftes & de taille , dont mille tirés des
domaines & terres du Duc , mille fournis par les
·
184 MERCURE DE FRANCE.
Etats , & pareil nombre par les Villes. La fenfe
Ville de Roftock entr'autres , en doir fournir deur
cens cinquante.
DE KONIGSGRATZ EN BOHEME ,
le 7 Mars.
Depuis près de quinze jours , on a fait partir un
Corps de dix-huit mille hommes , commandé par
Te fieur Buchow , Général de Cavalerie , pour faire
lever le fiége de Schweidnitz . La tranchée devant
cette place eft ouverte du 4 de mars.
Le Major Général de Sickowich ayant été chargé
de tenter une entrepriſe fur Liebau , Place qui
étoit occupée par des troupes Pruffiennes , elles
en ont été délogées fans prefque aucune perte de
notre part. Les ennemis dans cette affaire ont eu
cinquante- cinq hommes de tués , & en ont encore
perdu près de deux cents en prifonniers & en
déferteurs. Le reſte a été obligé de ſe retirer à
Landshutt , où l'on affure que le Roi de Pruffe
étoit en perfonne pendant l'attaque de Liebau ..
Tout eft en mouvement dans ce royaume. Le
Corps du Général Marshal doit être arrivé à Ga
bel & à Reechenberg ; le Général Haddick eft à
Toplitz , & le Colonel Mittowski près de Commotau
, avec deux Bataillons de Croates. Ceux - ci
ont envoyé à Prague le 23 Février , feize charriots.
chargés de cuivre & d'argent qu'ils ont enlevés
aux Pruffiens dans le canton d'Erzgeburg en Saxe.
>
La prife de Troppau , dont s'eft emparé le Général
de Ville en forçant la Garnifon Pruffienne ,
nous a coûté très- peu de monde. Les Bavarois
qui faifoient Partie des fix mille hommes employés
à ce coup de main , n'y ont perdu que fept
à huit hommes.
AVRIL 1758. 177
DE DANTZICK , le 15 Mars.
Marienwerder , la derniere place de la Pruffe
Ducale , fut occupée par les Ruffiens le 21 de Février
, & les Magiftrats de cette Ville prêterent le
même jour ferment de fidélité à l'Impératrice de
Ruffie.
Tout le diftri& d'Elbing qui appartient au Roi
de Pruffe , eft obligé de fournir à l'armée Ruffienne
par chaque Mairie , une mefure de bled , une
mefure & demie d'avoine , & quatre quintaux de
foin.
Le Général Fermer a envoyé ordre à Thorn ,
Culm , Graudens , Newenbourg , Mewe , Marienbourg
, & aux Places voifines , d'y préparer des
quartiers pour feize Régimens d'Infanterie , fix de
Cavalerie, & deux mille Cofaques . D'autre part ,
dix mille hommes de Troupes Ruffiennes ont été
réparties dans les Villes de Rifenbourg , Freystad ,
Gardenfée , Marienwerder , & dans les Bourgs ou
Villages voifins.
L'armée Ruffienne eft actuellement de plus de
foixante mille hommes , & elle s'avance par déta
chemens vers la Viftule.
3
Nous apprenons de Lithuanie , qu'un Corps
confidérable de Ruffiens va paffer par ce Grand
Duché , & qu'il doit diriger fa marche par la Pologne
, vers Francfort fur l'Oder. On ajoute qu'un
autre Corps des mêmes Troupe marchera par
Mewe , Stargard , Berend , &c. & qu'il fera la même
route qu'ont fait les Pruffiens en allant en Poméranie.
Il a parn
à huit ou dix lieues
d'ici un Détachement
de Huffards
Ruffiens
, qui nous
a donné
quelque
inquiétude
, par rapport
au bruit
que faf-
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
foient courir des gens auffi peu inftruits que ma
intentionnés , que les Troupes Ruffiennes vouloient
mettre ici garniſon . Mais nous fommes
bien raffurés par une lettre que le Général Fermer
a écrite au Réfident de Ruffie en cette Ville . Cette
lettre , datée de Konigsberg & du 17 Février dernier
, eſt conçue ainsi .
CC
Ayant appris que quelques efprits turbulens
» & des Nouvelliftes ont répandu le bruit que j'a
» vois deffein , non - feulement de paffer avec les
» Troupes Impériales que j'ai l'honneur de com-
» mander , par la Ville de Dantzick & le Couvent
» d'Olive , mais encore d'occuper ces Places , je
>> ne puis me difpenfer de vous affurer que cette
» nouvelle eſt très-faufſe & entiérement contraire
» aux ordres de notre Souveraine. Sa Majesté Impé
» riale , au lieu de vouloir incommoder les Villes
» & les territoires qui jouiffent de la protection
du Roi de Pologne & de la République , m'a
» très expreffément ordonné de les regarder com
» me des Places qui participent à l'alliance & à l'a-
» mitié établies entre les deux Cours , & de les
» ménager comme les pays propres de Sa Majefté.
Ainfi les habitans de Dantzick doivent être
» à l'abri de toute crainte , à la faveur des inten-
» tions, bienfaifantes de Sa Majefté Impériale à
» leur égard , intentions dont le temps & toute
» ma conduite juftifieront la droiture . N'avons-
» nous pas la plus belle occafion de faire des con
quêtes d'une autre conféquence pour les Alliés.
» de notre Souveraine , fans penſer à l'occupation
» des Etats qui font fes amis Que Dantzick, foit
> tranquille fur ce point : elle n'a rien à craindre,
» Mais auffi nous espérons que les Dantzickois
» tâcheront réciproquement de témoigner leur
attachement au Roi & à la République de Po
AVRIL. 1758. 179
logne , par leur empreffement à être utiles aux
>> armes de Sa Majesté Impériale » .
»
Après quelques repréfentations faites au Géné
ral Fermer par les Magiftrats d'Elbing , les Trou
pes Ruffiennes ont été reçues dans cette Place , &
le Major Général Stoffel Y commande . La lettre
écrite à ces Magiftrats par le Général Ruffien ,
pour les raffarer , portoit en fubftance : « Que
» les ordres de l'Impératrice de Ruffie étant ex-
» preffément de faire occuper par fes Troupes , fi
» la raifon de guerre l'exigeoit , les Villes d'Elbing
& de Thorn , il ne dépendoit pas de lui de
» laiffer ces Villes à leur propre garde ; qu'au fur-
>> plus il leur donnoit par écrit les plus fortes affu
» rances , que l'entrée des Troupes Impériales ne
>> cauferoit pas dans la Ville le moindre embarras
>> ni aucun dommage ; qu'il lui en reviendroit au
» contraire un avantage très-réel , par l'exacte
» difcipline qui feroit obfervée & par la confom-
>> mation que feroient ces Troupes ; que l'intérêt
>> commun du Roi & de la République de Pologne
» éxigeoit qu'on prft ce parti , & qu'enfin , loin
» que leur préſence dût leur faire la moindre pei
» ne , ils devoient les regarder comme leurs pro
» pres Troupes >> .
Toutes les Troupes Ruffiennes marchent for
trois colonnes. L'une , qui confifte en dix Régimens
d'Infanterie & en mille Huffards , eft commandée
par le Prince
Gallitzin
, Lieutenant
-Géné
ral. La feconde
, auffi compofée
de dix Régimens
d'Infanterie
& d'un Régiment
de Huffards
, eft:
aux ordres
du Lieutenant
-Général
Soltikof
. La
troifieme
, qui eft commandée
par le fieur de
Braun , Général
en chef, eft formée
d'un pareil
nombre
de Régimens
d'Infanterie
& de cinq Régimens
de Cavalerie
, vingt Compagnies
de Gré
Hv
180 MERCURE DE FRANCE.
nadiers à cheval & trois Régimens de Huffards
Les deux premieres fe raffemblent aux environs.
de Marienwerder , où le Général Fermer a établi
fon Quartier Général , & tout fe diſpoſe à paſſer
la Viftule .
Les Troupes légeres font déja des courfes dans
la Pomeranie. Trois cens Huffards , commandés
par un Major, fe font avancés près de Stolpen &
fe font portés à Battow , d'où ils ont amené pour
ôtages le Capitaine , le Bourguemeftre & le Notaire
de la Ville . Ce détachement a rapporté qu'il
n'y avoit pas de Pruffiens cantonnés en deçà de
Stettin , & qu'à leur arrivée les habitans du pays
avoient été dans les plus grandes alarmes ; mais
que la bonne difcipline & la conduite des foldats
les avoient bientôt raffurés furtout lorfqu'ils
avoient vu qu'à l'exception du fourrage , on leur
payoit tour argent comptant . Depuis , les Poméraniens
paroiffent difpofés à ramaffer des vivres
& des fourrages pour l'armée Ruffienne , lorfqu'elle
s'approchera de leurs frontieres.
•
On prétend que le Général Fermer a reçu des
ordres précis de n'obéir à aucun ordre , & de ne
fuivre aucune inftruction qui ne foient fignés de
la propre main de l'Impératrice de Ruffie.
DE VIENNE , le 22 Mars.
L'Impératrice-Reine a ordonné la levée d'un
Bouveau Régiment d'Artillerie de campagne , ou
la paie fera plus forte que dans tous les autres
Corps. Les foldats auront la liberté de ne s'engager
que pour fix ans.
Sa Majesté a donné au Général de Buchow le
Régiment de Cuiraffiers vacant par la mort din
Général Luchef..
AVRIL. 1758. 181
Les motifs du voyage que le Prince de Brunfwick-
Bevern a fait en cette Cour , ne paroiffene
point un myftere ; & voici ce qu'on en publie .
Peu de jours après que ce Prince eut été fait prifonnier
de guerre , il demanda la permiffion d'écrire
au Roi de Pruffe , & elle lui fut accordée :
il écrivit en conféquence , & plus d'une fois ,
mais il n'eut jamais de réponſe . Ce Prince alors
fit demander à l'Impératrice - Reine , comme une
grace particuliere , de pouvoir fe racheter luimême
, & de payer fa rançon. La réponſe de Sa
Majefté fut qu'Elle n'en vouloit recevoir aucune ,
& qu'Elle lui accordoit néanmoins la liberté , mais
gratuitement. Pénétré d'une bonté fi rare ,
Prince eft venu fur le champ épancher fa reconnoiffance
aux pieds de l'impératrice - Reine ; &
après avoir reçu dans cette Cour l'accueil le plus
diftingué , il en eft parti avant -hier.
DE DRESDE, le 10 Mars.
ce
Les fix mille hommes de recrue que le Roi de
Pruffe exige de cet Electorat , fe levent avec la
même rigueur qu'on employe pour toutes les autres
exactions , & cette Ville pour fa part en doit
fournir cent trente- cinq.
Cinq cens hommes des Gardes à pied du Roi
de Pologne , détenus depuis plus d'un an à Magdebourg
, & maintenant réduits aux deux tiers par
la mifere & les mauvais traitemens , viennent
d'être répartis dans plufieurs Régimens Pruffiens ,
fans qu'on ait pu les porter encore à prêter ferment
au Roi de Pruffe. On apprend de Léipfick ,
qu'il en a paffé derniérement quatre-vingts , que
Fon conduifoit fous bonne efcorte à Freyberg ,
pour les incorporer dans le Régiment de Hulfen.
182 MERCURE DE FRANCE.
Le Maréchal Keith a quitté ce canton , pour
s'avancer dans le Voigtland avec une partie du
Corps qu'il commande ; & la troupe du partiſan
Meyer , renforcée de quelques efcadrons de Huf
fards , s'eft portée jufqu'à Plaven .
DE LEIPSICK , le 13 Mars.
Les Décrets du Directoire de Torgau , qui fe
multiplient tous les jours , achevent d'épuifer cet
Electorat ; & voici la lettre adreffée le 14 de Février
par le Maréchal Keith au Baron de Borck ,
Miniftre Pruffien en cette Ville . « Monfieur , j'ai
» reçu hier un ordre du Roi , par lequel S. M. me
» charge de faire lever fur la Ville de Drefde la
fomme de cinq cens mille écus. , d'employer
» pour cet effet les plus rigoureufes exécutions ,
» de n'épargner abfolument perfonne , & de chat-
» ger particuliérement les Catholiques Romains ,
» & ceux qui ont des charges à la Cour. J'ai déja
» notifié ces ordres aux Magiftrats qui font la
répartition de cette fomme fur la Ville. Il- eft:
vrai que je ne me flatte pas de la tirer en entier;
» mais comme je veux employer toutes les rigueurs
dont les François ont ufé à Halberstadt ,
»je compte en pouvoir tirer une bonne partie.
» Cet exemple fera peut- être de quelque utilité
» aux Etats affemblés à Léipfick . Car V. E. peut
» les affurer , que le refte de la Saxe ne fera pas
» plus épargné que la Capitale , & que puifqu'on
» nous oblige à fuivre de mauvais exemples , ils
» doivent en porter la peine. Je ne vois qu'un
» moyen qui puiffe les garantir d'une ruine tota
» le , c'eft de faire leurs derniers efforts pour con-
» tenter le Roi qui ne veut plus être amuſé debelles
paroles . Jufqu'ici la Saxe a été peu traitée
par
AVRIL 1758. 18
en pays ennemi ; mais je vois que les ménage
» mens tirent à leur fin , & que le Roi irrité des
» ravages que les ennemis ont faits dans fes Etats
»pourra bien faire reffentir , par de juttes repré-.
failles , les triftes effets de fon indignation . Jas
» déja déclaré ici que je ne permettrois plus de
» faire aucunes repréfentations à S M. que j'avois
» reçu les ordres , & que je trouverois bien moyen
» de les mettre à exécution , & c. »
Ainfi les éxactions inouies que les Pruffiens ,
depuis leur invafion , n'ont fait que continuer ou
multiplier , font colorées aujourd'hui du nom de
repréfailles , & nous payons pour Halberstadt.
La nouvelle monnoie que l'on frappe actuellement
dans le Château de Pleiffenberg , eft au coin
du Roi de Pruffe.
DE RATISBONNE , le 18 Mars.
Toutes les lettres du Duché de Mecklenbourg
ne parlent que de l'excès des demandes , ou des
ordres violens adreffés par le Maréchal de Lehwald
aux habitans de ce Duché . Indépendamment
de plus de cent mille facs de farine qu'ils ont été
contraints de nouveau de faire voiturer à Demmin
, & des contributions en argent qui ne pour
ront jamais être acquittées ; ils font encore forcés.
de livrer , 1°. feize cens chevaux pour la Cavalerie
, tous noirs, ou bay-bruns , taille de cinq pieds ,
& de cinq à fix ans , avec les conducteurs néceffaires
pour les amener à Berlin , ou à Francfort
fur l'Oder ; 2 ° Quinze cens chevaux de trait pour
le tranfport des vivres , & quatre cens hommes
pour les conduire ; . 3 Trois mille hommes de
recrue , robuftes & de taille , dont mille tirés des
domaines & terres du Duc , mille fournis par les
·
184 MERCURE DE FRANCE.
Etats , & pareil nombre par les Villes. La fenfe
Ville de Roftock entr'autres , en doir fournir deur
cens cinquante.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1758, plusieurs opérations militaires se déroulent en Allemagne. Le général Buchow mène un corps de 18 000 hommes pour lever le siège de Schweidnitz, dont la tranchée est ouverte le 4 mars. Le général Sickowich repousse les troupes prussiennes de Liebau avec peu de pertes, capturant environ 200 prisonniers ou déserteurs. Les ennemis se retirent à Landshutt où se trouve le roi de Prusse. Les troupes russes, dirigées par les généraux Marshal, Haddick et Mittowski, se déplacent dans le royaume. Les Croates envoient à Prague du cuivre et de l'argent pris aux Prussiens en Saxe. La prise de Troppau par le général Ville coûte peu de vies, les Bavarois n'y perdant que sept à huit hommes. À Dantzig, Marienwerder est occupée par les Russes le 21 février, et les magistrats prêtent serment à l'impératrice de Russie. Le district d'Elbing fournit des vivres à l'armée russe. Le général Fermer prépare des quartiers pour des régiments d'infanterie et de cavalerie dans plusieurs villes. Les troupes russes, totalisant plus de soixante mille hommes, avancent vers la Vistule. Un détachement de hussards russes inquiète Dantzig, mais le général Fermer rassure les habitants en affirmant que les Russes n'ont pas l'intention d'occuper la ville. À Vienne, l'impératrice-reine ordonne la levée d'un nouveau régiment d'artillerie de campagne avec une paie plus élevée. Le général Buchow reçoit le régiment de cuirassiers vacant. Le prince de Brunswick-Bevern, libéré par l'impératrice-reine, lui rend visite pour exprimer sa reconnaissance. À Dresde, le roi de Prusse exige 5 000 recrues de l'Électorat, dont 135 de Dresde. Des gardes polonais détenus à Magdebourg sont incorporés dans des régiments prussiens. Le maréchal Keith avance dans le Voigtland avec une partie de son corps. À Leipzig, les décrets du Directoire de Torgau épuisent l'Électorat. Le maréchal Keith reçoit l'ordre de lever 500 000 écus à Dresde, ciblant particulièrement les catholiques et les fonctionnaires. Les exactions prussiennes sont justifiées par des représailles pour les ravages subis. À Ratisbonne, les lettres du Duché de Mecklenbourg rapportent des demandes excessives et des ordres violents du maréchal de Lehwald, incluant la livraison de chevaux, de recrues et de contributions en argent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 184-196
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. l'Abbé d'Agoult, Chanoine & nouveau Doyen de l'Eglise de Paris, [...]
Mots clefs :
Cérémonies, Famille royale, Église, Parlement, Déclaration du roi, Fêtes religieuses, Siège de Minden, Armée, Lieutenant, Mouvements des troupes, Ennemis, Duc, Comte, Audience du roi, Gendarmerie, Officiers, Nominations, Vaisseaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. l'Abbé Agoult , Chanoine & nouveaut
Doyen de l'Eglife de Paris , fut préſenté au Rož
le 17 Mars.
Le 19 , Dimanche des Rameaux , le Roi , ac
compagné de Monfeigneur le Dauphin , de Ma→
dame la Dauphine , de Madame Infante , de Ma
dame , & de Mefdames Victoire , Sophie & Louife
, affifta à la Bénédiction des Palmes . Cette céré
honie fut faite par M. l'Abbé Gergoy , Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique , qui préfenta
ane palme à Sa Majefté. Le Roi affifta de même à
la Proceffion & à l'adoration de la Croix. Enfuite
Sa Majesté entendit la grand'Meffe , qui fut aufft
célébrée par M. l'Abbé Gergoy , & chantée par la
Mufique.
La Reine affifta dans fa tribune à l'Office.
Le Roi ayant donné fon agrément à M. le Marquis
de Gefvres pour fon mariage avec Damoifelle
Françoife-Marie du Guefclin , Leurs Majeftés & la
Famille Royale, en fignerent le contrat le 19 Mars.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Gefvres la
furvivance du Gouvernement de l'Ile de France
de la Capitainerie Royale de Montceaux , & dis
Brevet de retenue de cinquante mille écus accor
dé au Duc de Trefmes fon pere.
AVRIL. 1758. 189
Leurs Majeftés & la Famille Royale fignerent
auffi le même jour le contrat de mariage de M.
Hérault de Séchelles , Colonel du Régiment de
Rouergue , avec la Demoiſelle de la Lande-
Magon,
Le jeudi-faint , M. l'Evêque de Dol ayant fait
l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon de
la Cêne du Pere Boule , Religieux Cordelier , Sa
Majefté à lavé les pieds à douze pauvres , & les a
fervis à table. M. le Prince de Condé , Grand-
Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la tête des
Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le fervice. Les
plats étoient portés par Monfeigneur le Dauphin ,
MM. le Duc d'Orléans , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc de
Penthievre , & par les principaux Officiers de Sa
Majefté . Après cette cérémonie , le Roi & la Reine
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grand'Meffe , & ont enfuite affifté
à la Proceffion.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Mont
mort , Major de fes Gardes , l'expectative de Comi
mandeur honoraire de l'Ordre de Saint Louis . Sa
Majefté lui a donné , en attendant , la permiffion
d'en porter les honneurs.
Quatre Bataillons des Gardes Françoiſes font
partis d'ici les 9, 11 , 13 & 15 de Mars pour Saint.
Omer , où ils doivent être rendus en dix jours , &
deux Bataillons des Gardes Suiffes le font mis en
marche le 9 & le 11 pour la ville d'Aire , où ils
ont dû être rendus dans le même eſpace de
temps.
Le Parlement a enrégiftré le ro de Mars deux
nouvelles Déclarations du Roi : la premiere , por
tant Réglement fur la diftribution & le jugement
des procès ou inftances qui étoient pendans dans
186 MERCURE DE FRANCE:
:
les quatrieme & cinquieme Chambres des Enquée
tes du Parlement de Paris , lors de la fuppreffion
d'icelles la feconde , concernant le rembourfement
de foixante Offices de Confeillers Laïcs , de
quatre Offices de Confeillers - Clercs , & d'une
Commiffion des Requêtes du Palais , vacans ou
fupprimés en exécution de l'Edit du mois de Décembre
1756.
La difette exceffive des fourrages a déterminé
M. le Comte de Clermont à paffer le Wefer, pour
fe porter fur Paderbon , & ce Prince s'eft mis en
marche le 17 de Mars.
Le 23 , la Reine entendit le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé d'Eſpiard , Chanoine de la
Métropole de Befançon , & Confeiller Clerc au
Parlement de la même Ville. M. l'Evêque de Dol
fit enfuite l'Abfoute , après laquelle Sa Majefté
lava les pieds à douze pauvres filles & les fervit à
table .M. le Marquis de Chalmazel , premier Maî
tre d'Hôtel de la Reine , précédoit le ſervice , dont
les plats étoient portés par Madame la Dauphine ,
Madame Infante , Madame , Madame Sophie ,
Madame la Princeffe de Condé , les Dames du Palais
, & plufieurs autres Dames de la Cour .
LeursMajeftés & la Famille Royale ſe rendirent
le même jour für les dix heures du ſoir à la Chapelle
du Château , & firent leurs prieres devant
'Autel où le Saint Sacrement étoit en dépôt.
Le 24 , jour du vendredi - faint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Madame Infante ;
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , entendirent le fermon de la paffion du
Pere Chapelain , Jéfaite .
Le 26 , Fête de Pâques , le Roi , la Reine &
la Famille Royale , entendirent la grande Meffe
AVRIL. 1758. 187
célébrée pontificalement par M. l'Evêque de Dol';
& chantée par la mufique.
Le 28 , le Roi , la Reine & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis
de Damas- Dantlezy avec Demoifelle Tillieres , &
celui de M. de Lamoignon de Baville , avec la
Demoiſelle Berryer .
Le même jour , le Roi tint le Sceau
vingt-fixieme fois.
pour la
Sa Majesté a donné le Régiment de la Couronne
, vacant par la démiffion du Comte de Pólaftron
, au Comte de Montbarey , Colonel dans le
Régiment des Grenadiers de France , & la place
de Colonel dans le même Régiment , à M. le Mar
quis de Montefquiou , Capitaine dans le Régiment
du Roi , Cavalerie.
Voici le détail qu'on a reçu du fiége de Minden
Le 4 du mois de Mars , l'armée Hanovrienne
déboucha des bois de Thaudozen & y campa le
lendemain 5.Le Prince Héréditaire de Brunſwick
& M. Dauberg , Lieutenant- Colonel , chargés du
fiége , envoyerent fommer M. le Marquis de Morangies
, Lieutenant - Général des Armées du Roi ,
qui commandoit dans Minden , de ſe rendre , en
lui offrant la capitulation qu'il pourroit défirer ..
M. le Marquis de Morangies refufa toute propofition
, & répondit qu'il vouloit fe défendre. Le
même jour , la place fut inveftie par toute l'armée.
Le 6 , le Prince Ferdinand de Brunſwick s'empara
des gorges en avant de Minden , & établit fon
Quartier Général à Hill . La nuit du 6 au 7 , Pennemi
ouvrit la tranchée devant la place hors de la
portée du canon , & dans la nuit du 7 il perfectionna
la premiere parallele. Le 8 , M. le Marquis
de Morangies ordonna une fortie de so Volontaires
d'Infanterie & de sa Volontaires de Hay
188 MERCURE DE FRANCE.
nault à cheval , pour aller enlever dans les Villa
ges voisins , où l'ennemi avoit des poftes de ca
valerie , des moutons , des boeufs , des , vaches &
d'autres provifions ; ce qui fut exécuté fans peine ,
parce que les ennemis fe retirerent à l'approche
du détachement qu'ils crurent plus nombreux:
ainfi le convoi entra dans la place fans aucun inconvénient.
Le 9 , les affiégeans poufferent deux
zigzags en avant dans la premiere parallele. Le
10 , ils formerent la feconde parallele & acheverent
d'embraffer le front de l'attaque. Le même
jour , M. le Marquis de Morangies ordonna une
fortie de 100 hommes , pour faire entrer du bois
dans la place , dont la garnifon paffoit toutes les
nuits au bivouac , ainfi que pour reconnoître en
même temps les travaux des ennemis & les tâter.
Le feu fut affez vif de part & d'autre ; on leur tua
10 à 12 hommes , & les deux objets furent remplis.
Le 11 , les ennemis poufferent deux zigzags
en avant de la feconde parallele , & ils établirent
deux batteries de trois pieces de canon chacune ,
qui tirerent avec fi peu de fuccès , qu'ils firent
ceffer. Dans l'après-midi du même jour , ils éta
blirent une autre batterie de trois pieces de canon
qui tira fur la place : cette batterie fut bientôt
éteinte par le feu fupérieur de notre artillerie . Lé
12 , les ennemis établirent cinq batteries de fix
pieces de canon de 17 & de 33 , & une batterie
de fix mortiers , qui jettoient des bombes de huit
pouces. Toutes ces batteries furent en état de tirer
Le matin , à la réſerve d'une feule qu'ils ne démaf
querent point : quelques maifons du rempart furent
endommagées ; cependant leur feu n'eut pas.
un grand fuccès , parce qu'on leur oppofa un feu
d'artillerie qui les incommoda beaucoup . Le mê
me jour , on commanda cinq Compagnies de Gre↓
AVRIL. 1758. 189
nadiers & cinquante Volontaires , pour faire une
fortie & pour attaquer la tranchée. L'ennemi fa
trouva partout en force , parce que précisément
alors on relevoit la tranchée. Le 13 , les ennemis
firent la troisieme parallele & rapprocherent leurs
batteries à so toifes de la contrefcarpe ; ils firent
pendant toute la journée un feu terrible , & ils jetterent
une fi prodigieufe quantité de bombes dans
la Ville , qu'ils y mirent feu . Le foir , nos batte
ries fe trouverent en mauvais ordre & la poudre
manqua. Dans cette extrêmité , les Commandans
des Corps s'affemblerent chez M. le Marquis de
Morangies , où il fut conclu de rendre la place.
Pat la capitulation , qui fut fignée le 14 , la Garni
fon a été faite prifonniere de guerre.
M. le Duc de Broglie a évacué Caffel , & il s'eft
mis en marche le 23 avec toutes les Troupes qui
fent fous les ordres , pour joindre l'armée de M.
le Comte de Clermont. Il n'y a aucun Corps ennemi
à portée de s'opposer à cette jonction.
Le onzième tirage de la premiere Loterie
Royale , fe fit le 16 du mois dernier & les jours
faivans. Le principal lot eft échu au numero 376393
le fecond lot au numero 27416 , & la prime de
20000 livres au numero 19214.
Le Roi , la Reine , & la Famille Royale fignerent
le 2 d'Avril , le contrat de mariage de M.
le Marquis de Chauvelin , Lieutenant- Général
des Armées de Sa Majefté , & fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne , avec la Demoiſelle
Mazade d'Argeville , & celui de M. le Marquis
d'Avarey , avec Angélique- Adélaïde Sophie de
Mailly-de Rubempre.
Le trois Avril , le Duc d'Aumont , Premier
Gentilhomme de la Chambre , & la Ducheffe de
Luynes , Dame d'Honneur de la Reine , tinrent
190 MERCURE DE FRANCE.
au nom du Roi & de la Reine fur les fonts de Bap
tême , à la Paroiffe du Château , l'enfant du fieur
Chatelain , Contrôleur ordinaire de la Bouche du
Roi.
Le cinq , le Baron de Lichtenſtein , Miniſ
tre Plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha , eur
une audience particuliére du Roi , dans laquelle il
préfenta à Sa Majefté ſes Lettres de rappel. Il fut
conduit à cette audience , ainſi qu'à celles de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Monfeigneur le Duc de Bourgo
gne , de Monſeigneur le Duc de Berry , de Monfeigneur
le Comte de Provence , de Madame Infante
, de Madame , & de Meſdames Victoire , So.
phie & Louife , par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs.
Le même jour , M. l'Evêque d'Orleans prêta ferment
entre les mains du Roi , pour l'Evêché de
Condom ; & M. l'Evêque de Digne , pour l'Evê,
ché d'Orleans.
Suivant la difpofition faite par le Roi des emplois
de la Gendarmerie , la Soulieutenance des
Gendarmes de Flandres eſt donnée à M. le Cointe
de Saint-Chamans, premier Cornette ; la premiere
Cornette des Chevaux- Légers de Bourgogne, à M.
le Baron de Breteuil , Guidon ; le Guidon des Gendarmes
d'Orléans , à M. le Comte de Noé , Capitaine
dans le Régiment de Cavalerie de Viefville ;
la Soulieutenance des Chevaux- Légers d'Orléans ,
à M. le Comte de Fougieres , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes d'Orléans , à M. le Comte de
Choifeul-Savigny , fecond Cornette ; la feconde
Cornette des Chevaux - Légers de la Reine , à M.
de Marquis de Crenolles , Lieutenant dans le Régiment
d'Infanterie du Roi,; .la Compagnie des
Chevaux-Légers de Bourgogne , à M. le Comte
A VRIL. 1758. 191
Herbouville , Soulieutenant ; la Soulieutenance
des Gendarmes d'Aquitaine , à M. le Comte de Cuf
tines de Guermnage, Enfeigne; l'Enſeigne des Gendarmes
de Flandres , à M.le Comte de Roncé fecond
Cornette; la feconde Cornette des Chevaux - Légers
d'Orléans , à M. le Baron de Choiſeul- Buffiere
Lieutenant dans le Régiment du Roi , Infanterie ;
le Guidon des Gendarmes Ecoffois , à M. le Comte
de Saiffeval , Guidon des Gendarmes de Berry ;
le Guidon des Gendarmes de Berry , à M. le Mar
quis le Veneur , Moufquetaire ; le Guidon des
Gendarmes Bourguignons , à M. le Marquis de
Valençay , Capitaine dans le Régiment du Commiffaire
Général de la Cavalerie ; la Soulieute
nance des Gendarmes Bourguignons , à M. le
Marquis de Carvoifin d'Achy , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes Dauphins , à M. le Comte
de Caftellane , fecond Cornette ; l'Enfeigne des
Gendarmes de Bourgogne , à M. le Marquis de
Seran , Guidon ; le Guidon des Gendarmes Dauphins
, à M. le Comte Dauvet , Aide- Major dans
le Régiment des Gardes Françoifes ; la feconde
Cornette des Chevaux- Légers d'Aquitaine , à M.
le Marquis de Lambertie , Moufquetaire , & le.
Guidon des Gendarmes de Flandres , à M. le Mar
quis d'Houdetot , Lieutenant en fecond dans le
Régiment du Roi , Infanterie.
Sa Majesté vient d'accorder des Croix de Saint
Louis & différentes graces aux Officiers qui ſe font
diftingués à l'attaque du pont de Weiffenfels , fous
les ordres de M. le Marquis de Crillon . Les Gre
nadiers des deux Compagnies du Régiment de
Saint Chamond , qui dans cette action ont mar
qué beaucoup de valeur , ont auffi reçu du Roi
chacun une gratification.
Le Roi a nommé Brigadier d'Infanterie M. de
2192 MERCURE DE FRANCE.
Buffy , qui , depuis fept ans , commande en chef
les Troupes Françoifes dans le Dekan aux Indes
Occidentales.
L'Armée du Comte de Clermont eſt arrivée à
Wezel , fans avoir été inquiétée dans fa marche.
Les Troupes qui étoient dans Caffel & dans le
pays de Hefle , font actuellement à Duffeldorp ,
Capitale du Duché de Bergues , & dans les environs
de cette Ville . Elles s'y font rendues , fans
rencontrer le moindre obſtacle de la part des ennemis.
La nuit du 3 Mars au premier Avril , M. le
Comte de Clermont fut attaqué d'une violente &
douloureuſe efquinancie , qui a mis ſa vie en danger.
Il a été faigné trois fois dans le même jour ,
& on a employé fi à propos les remedes convenables
, que la fanté de ce Prince eft parfaitement
Tétablie.
Les Gazettes d'Angleterre font monter le nombre
des vaiffeaux que les François leur ont pris ,
depuis le 29 Octobre 1757 , juſqu'au 10 Janvier
dernier , à cent cinquante-deux , non compris
plufieurs autres bâtimens , comme chaloupes &
Bateaux de Pêcheurs , & le nombre des vailleaux
François pris par les Anglois , pendant le même
temps , à cent navires. Ainfi , felon eux , nos prifes
excedent les leurs d'environ foixante vaiffeaux.
Le Capitaine Guitton , commandant le Corfaire
le Don de Dieu , de Calais , a rançonné pour
125 guinées deux bâteaux Anglois dont il s'étoit
emparé!
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& conduit à Saint- Malo le Navire Anglois le Sa-
Pisbary , de Liverpool, qui alloit à la côte de
Guinée avec une cargaifon d'eau - de- vie , de fer ,
de poudre de guerre , de fufils , de pistolets de
toiles
AVRIL. 1758. 193
toiles peintes , & autres marchandifes propres
pour la traite des Negres.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navites
Anglois le Recovry & l'Europe , & il les a rançonnés
pour 19 mille livres.
Le Capitaine le Tourneur , commandant le
Mefny , autre Corſaire du même port , y a conduit
un Bateau Anglois chargé de vin de Florence ,
d'huile d'olive & de raiſins .
Le Navire Anglois le Samuel , de 300 tonneaux ,
allant de Saint - Chriftophe à Londres , avec un
chargement compofé de 366 boucaurs de fucre ,
& de 10 bottes de vin de Madere , a été pris par
le Capitaine le Roi , commandant.le Corfaire le
Comte de Langeron de Saint- Malo , où il a été
conduit.
Le Navire Anglois le Laurier, pris par le Cor
faire la Revanche de Dunkerque , a été conduit
dans le port d'Abreuvaç en Bretagne. Il eſt chargé
de tabac , de favon & d'autres marchandiſes.
Les Frégates du Roi , la Calypfo & l'Eclair , ſe
font emparés du Corfaire Anglois le Tartare , de
Briftol , armé de 12 canons , 10 pierriers , 71
hommes d'équipage , & elles l'ont conduit dans
la rade de l'ile Daix.
Le Corfaire la Comteffe de la Serre , de Dunkerque
, y a conduit le Navire Anglois lá Lady-
Liveſtown , de 60 tonneaux , chargé de vin , d'eaude-
vie & de graine de lin.
Le Senaw Anglois la Providence , de 120 tonneaux
, ayant pour cargaifon 8 à 10 barriques
d'eau- de-vie , go barriqués de vieux fer , 7 balles
de lin , & 30 petits barrils de falpêtre , a été pris
par le Corfaire le Moiffonneur , de Calais.
Deux autres Corfaires de ce port , appellés ;
P'un le Don de Dieu , l'autre le Bart, ont remis à
11. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Dunkerque les ôtages qu'ils ont pris , pour affu
rer le paiement de quatre rançons montant enfemble
à 375 guinées .
Le Navire Anglois les Amis , de 200 tonneaux ,
chargé de farine , de biere , & d'autres vivres &
marchandifes deftinées pour Gibraltar , a été pris
par le Corfaire la Revanche , de Dunkerque , qui
l'a fait conduire au Havre.
Le Corfaire la Bellone , de Saint - Malo , a pris
& conduit à Cherbourg le Navire Anglois le Butterfly
, de 70 tonneaux , chargé de 130 futailles
de vin de Madere .
Il est arrivé à Saint -Malo deux prifes faites par
le Corfaire l'Augufte , de ce port : l'une eft le Senaw
l'Anne , de 120 tonneaux , chargé de riz ,
d'indigo & de bois d'Acajou ; l'autre eft le Sloup
l'Endeavour , de so tonneaux , allant de Briſtol
à la nouvelle Angleterre , avec un chargement de
vivres & d'autres denrées , deſtinés pour cette Colonie.
Le Capitaine Naguille , commandant le Corfaire
le Labourt , de Saint- Jean-de-Luz , a pris &
conduit à Bayonne le Navire Anglois la Liffe , de
Liverpool , ayant pour cargaison 296 boucauts de
fucre , 12 barriques de taffia , 10 barriques d'indigo
, 10 barriques de café , &c. & un autre bâtiment
chargé de goudron.
Le Chevalier Barrot , autre Corſaire de Bayonne
, a conduit à Saint-Sébaſtien un Navire Anglois
chargé de 450 barrils de riz & de quelques pelleteries.
1 I
On écrit du Havre de Grace , que le Corſaire
la Comteffe de Filtz-James , de 30 canons , a relâché
à Granville , après s'être longtemps battu
contre un Vaiffeau de guerre ennemi de o cas
Aons , qui n'a pu s'en rendre maître.
AVRIL. 1758. 195
eLe Capitaine Robert , commandant le Corfairela
Comtelle de la Serre , de Dunkerque , y a fait
conduire un Bâtiment , dont la cargaifon compofée
d'indigo , de fucre , de café & d'autres marchandiſes
, eft eftimée plus de trois cents mille
livres.
Le Navire Anglois la Prospérité , de Dublin , a
été pris par le Corfaire la Marquise de Mazelet ,
de Boulogne , qui l'a rançonné pour fept mille
deux cents livres.
Le Comte de Valence , autre Corſaire du même
port , a pris & conduit à Cherbourg un Bâtiment
Anglois chargé de laine , de fer , de taffia , & de
quelques barriques de fucre.
Il est arrivé à Saint- Malo un Corfaire Anglois
appellé la Défiance , de Jerzey, armé de 6 canons ,
6 pierriers & 74 hommes d'équipages : c'eft le
Corfaire la Bellone , de ce port , qui s'en eft rendu
maître.
On mande de Bayonne , que les Capitaines
Guillaume Lavernis & Pierre-Denis Labat , commandant
les Corfaires l'Aurore & le Chevalier
Barrau , de ce port , y ont fait conduire , l'un
le Navire Anglois le Guillaume , dont la cargaifon
confifte en huile de poiffon & en merrains ;
Pautre , un Bâtiment appellé le Tom , de Philadelphie
, chargé de riz.
1.
Le Capitaine de Laire , commandant le Corfaire
la Marquife de Nazelle , de Boulogne , s'eft
emparé des Bateaux Anglois le Moineau & la Bonne-
Amie, & il les a rançonnés , l'un pour so ,
l'autre pour 60 livres fterlings.
Les Corfaires le Comte de Valence & le Comte
d'Ayen , de Boulogne , ont fait conduire à Cherbourg
un petit Navire Anglois chargé de bled.
Le Navire Anglois la Providence , de Bristol ,
I ij
196 , MERCURE DE FRANCE.
armné de 8 canons , & ayant pour chargement 210
boucauts de fucre blanc , 20 tonneaux de gingem
bre , & 200 dents d'éléphant , a été pris par le
Corfaire le Macbault, de Grandville , & conduit
à Morlaix. 2
Le Capitaine Deftouches , commandant le Mara
quis de Marigny , autre Corfaire de Granville , a
rançonné pour 17000 livres un Navire Anglois
dont il s'étoit emparé.
Le Corfaire le Moras , de S. Malo , s'eft rendu
maître du Navire Anglois le Bafton , de 199 100-
neaux , dont la cargaison confifte en 1400 barrils
de goudron , so barrils de brai , & quelques doug
velles .
On mande de Bayonne qu'il y eft arrivé un Nad
vire Anglois appellé le Pemberton , de 450 ton
neaux , armé de 18 canons & de 4s hommes d'é
quipage , dont le Corfaire le Machault , de ce
Port , s'eft rendu maître .
M. l'Abbé Agoult , Chanoine & nouveaut
Doyen de l'Eglife de Paris , fut préſenté au Rož
le 17 Mars.
Le 19 , Dimanche des Rameaux , le Roi , ac
compagné de Monfeigneur le Dauphin , de Ma→
dame la Dauphine , de Madame Infante , de Ma
dame , & de Mefdames Victoire , Sophie & Louife
, affifta à la Bénédiction des Palmes . Cette céré
honie fut faite par M. l'Abbé Gergoy , Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique , qui préfenta
ane palme à Sa Majefté. Le Roi affifta de même à
la Proceffion & à l'adoration de la Croix. Enfuite
Sa Majesté entendit la grand'Meffe , qui fut aufft
célébrée par M. l'Abbé Gergoy , & chantée par la
Mufique.
La Reine affifta dans fa tribune à l'Office.
Le Roi ayant donné fon agrément à M. le Marquis
de Gefvres pour fon mariage avec Damoifelle
Françoife-Marie du Guefclin , Leurs Majeftés & la
Famille Royale, en fignerent le contrat le 19 Mars.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Gefvres la
furvivance du Gouvernement de l'Ile de France
de la Capitainerie Royale de Montceaux , & dis
Brevet de retenue de cinquante mille écus accor
dé au Duc de Trefmes fon pere.
AVRIL. 1758. 189
Leurs Majeftés & la Famille Royale fignerent
auffi le même jour le contrat de mariage de M.
Hérault de Séchelles , Colonel du Régiment de
Rouergue , avec la Demoiſelle de la Lande-
Magon,
Le jeudi-faint , M. l'Evêque de Dol ayant fait
l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon de
la Cêne du Pere Boule , Religieux Cordelier , Sa
Majefté à lavé les pieds à douze pauvres , & les a
fervis à table. M. le Prince de Condé , Grand-
Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la tête des
Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le fervice. Les
plats étoient portés par Monfeigneur le Dauphin ,
MM. le Duc d'Orléans , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc de
Penthievre , & par les principaux Officiers de Sa
Majefté . Après cette cérémonie , le Roi & la Reine
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grand'Meffe , & ont enfuite affifté
à la Proceffion.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Mont
mort , Major de fes Gardes , l'expectative de Comi
mandeur honoraire de l'Ordre de Saint Louis . Sa
Majefté lui a donné , en attendant , la permiffion
d'en porter les honneurs.
Quatre Bataillons des Gardes Françoiſes font
partis d'ici les 9, 11 , 13 & 15 de Mars pour Saint.
Omer , où ils doivent être rendus en dix jours , &
deux Bataillons des Gardes Suiffes le font mis en
marche le 9 & le 11 pour la ville d'Aire , où ils
ont dû être rendus dans le même eſpace de
temps.
Le Parlement a enrégiftré le ro de Mars deux
nouvelles Déclarations du Roi : la premiere , por
tant Réglement fur la diftribution & le jugement
des procès ou inftances qui étoient pendans dans
186 MERCURE DE FRANCE:
:
les quatrieme & cinquieme Chambres des Enquée
tes du Parlement de Paris , lors de la fuppreffion
d'icelles la feconde , concernant le rembourfement
de foixante Offices de Confeillers Laïcs , de
quatre Offices de Confeillers - Clercs , & d'une
Commiffion des Requêtes du Palais , vacans ou
fupprimés en exécution de l'Edit du mois de Décembre
1756.
La difette exceffive des fourrages a déterminé
M. le Comte de Clermont à paffer le Wefer, pour
fe porter fur Paderbon , & ce Prince s'eft mis en
marche le 17 de Mars.
Le 23 , la Reine entendit le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé d'Eſpiard , Chanoine de la
Métropole de Befançon , & Confeiller Clerc au
Parlement de la même Ville. M. l'Evêque de Dol
fit enfuite l'Abfoute , après laquelle Sa Majefté
lava les pieds à douze pauvres filles & les fervit à
table .M. le Marquis de Chalmazel , premier Maî
tre d'Hôtel de la Reine , précédoit le ſervice , dont
les plats étoient portés par Madame la Dauphine ,
Madame Infante , Madame , Madame Sophie ,
Madame la Princeffe de Condé , les Dames du Palais
, & plufieurs autres Dames de la Cour .
LeursMajeftés & la Famille Royale ſe rendirent
le même jour für les dix heures du ſoir à la Chapelle
du Château , & firent leurs prieres devant
'Autel où le Saint Sacrement étoit en dépôt.
Le 24 , jour du vendredi - faint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Madame Infante ;
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , entendirent le fermon de la paffion du
Pere Chapelain , Jéfaite .
Le 26 , Fête de Pâques , le Roi , la Reine &
la Famille Royale , entendirent la grande Meffe
AVRIL. 1758. 187
célébrée pontificalement par M. l'Evêque de Dol';
& chantée par la mufique.
Le 28 , le Roi , la Reine & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis
de Damas- Dantlezy avec Demoifelle Tillieres , &
celui de M. de Lamoignon de Baville , avec la
Demoiſelle Berryer .
Le même jour , le Roi tint le Sceau
vingt-fixieme fois.
pour la
Sa Majesté a donné le Régiment de la Couronne
, vacant par la démiffion du Comte de Pólaftron
, au Comte de Montbarey , Colonel dans le
Régiment des Grenadiers de France , & la place
de Colonel dans le même Régiment , à M. le Mar
quis de Montefquiou , Capitaine dans le Régiment
du Roi , Cavalerie.
Voici le détail qu'on a reçu du fiége de Minden
Le 4 du mois de Mars , l'armée Hanovrienne
déboucha des bois de Thaudozen & y campa le
lendemain 5.Le Prince Héréditaire de Brunſwick
& M. Dauberg , Lieutenant- Colonel , chargés du
fiége , envoyerent fommer M. le Marquis de Morangies
, Lieutenant - Général des Armées du Roi ,
qui commandoit dans Minden , de ſe rendre , en
lui offrant la capitulation qu'il pourroit défirer ..
M. le Marquis de Morangies refufa toute propofition
, & répondit qu'il vouloit fe défendre. Le
même jour , la place fut inveftie par toute l'armée.
Le 6 , le Prince Ferdinand de Brunſwick s'empara
des gorges en avant de Minden , & établit fon
Quartier Général à Hill . La nuit du 6 au 7 , Pennemi
ouvrit la tranchée devant la place hors de la
portée du canon , & dans la nuit du 7 il perfectionna
la premiere parallele. Le 8 , M. le Marquis
de Morangies ordonna une fortie de so Volontaires
d'Infanterie & de sa Volontaires de Hay
188 MERCURE DE FRANCE.
nault à cheval , pour aller enlever dans les Villa
ges voisins , où l'ennemi avoit des poftes de ca
valerie , des moutons , des boeufs , des , vaches &
d'autres provifions ; ce qui fut exécuté fans peine ,
parce que les ennemis fe retirerent à l'approche
du détachement qu'ils crurent plus nombreux:
ainfi le convoi entra dans la place fans aucun inconvénient.
Le 9 , les affiégeans poufferent deux
zigzags en avant dans la premiere parallele. Le
10 , ils formerent la feconde parallele & acheverent
d'embraffer le front de l'attaque. Le même
jour , M. le Marquis de Morangies ordonna une
fortie de 100 hommes , pour faire entrer du bois
dans la place , dont la garnifon paffoit toutes les
nuits au bivouac , ainfi que pour reconnoître en
même temps les travaux des ennemis & les tâter.
Le feu fut affez vif de part & d'autre ; on leur tua
10 à 12 hommes , & les deux objets furent remplis.
Le 11 , les ennemis poufferent deux zigzags
en avant de la feconde parallele , & ils établirent
deux batteries de trois pieces de canon chacune ,
qui tirerent avec fi peu de fuccès , qu'ils firent
ceffer. Dans l'après-midi du même jour , ils éta
blirent une autre batterie de trois pieces de canon
qui tira fur la place : cette batterie fut bientôt
éteinte par le feu fupérieur de notre artillerie . Lé
12 , les ennemis établirent cinq batteries de fix
pieces de canon de 17 & de 33 , & une batterie
de fix mortiers , qui jettoient des bombes de huit
pouces. Toutes ces batteries furent en état de tirer
Le matin , à la réſerve d'une feule qu'ils ne démaf
querent point : quelques maifons du rempart furent
endommagées ; cependant leur feu n'eut pas.
un grand fuccès , parce qu'on leur oppofa un feu
d'artillerie qui les incommoda beaucoup . Le mê
me jour , on commanda cinq Compagnies de Gre↓
AVRIL. 1758. 189
nadiers & cinquante Volontaires , pour faire une
fortie & pour attaquer la tranchée. L'ennemi fa
trouva partout en force , parce que précisément
alors on relevoit la tranchée. Le 13 , les ennemis
firent la troisieme parallele & rapprocherent leurs
batteries à so toifes de la contrefcarpe ; ils firent
pendant toute la journée un feu terrible , & ils jetterent
une fi prodigieufe quantité de bombes dans
la Ville , qu'ils y mirent feu . Le foir , nos batte
ries fe trouverent en mauvais ordre & la poudre
manqua. Dans cette extrêmité , les Commandans
des Corps s'affemblerent chez M. le Marquis de
Morangies , où il fut conclu de rendre la place.
Pat la capitulation , qui fut fignée le 14 , la Garni
fon a été faite prifonniere de guerre.
M. le Duc de Broglie a évacué Caffel , & il s'eft
mis en marche le 23 avec toutes les Troupes qui
fent fous les ordres , pour joindre l'armée de M.
le Comte de Clermont. Il n'y a aucun Corps ennemi
à portée de s'opposer à cette jonction.
Le onzième tirage de la premiere Loterie
Royale , fe fit le 16 du mois dernier & les jours
faivans. Le principal lot eft échu au numero 376393
le fecond lot au numero 27416 , & la prime de
20000 livres au numero 19214.
Le Roi , la Reine , & la Famille Royale fignerent
le 2 d'Avril , le contrat de mariage de M.
le Marquis de Chauvelin , Lieutenant- Général
des Armées de Sa Majefté , & fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne , avec la Demoiſelle
Mazade d'Argeville , & celui de M. le Marquis
d'Avarey , avec Angélique- Adélaïde Sophie de
Mailly-de Rubempre.
Le trois Avril , le Duc d'Aumont , Premier
Gentilhomme de la Chambre , & la Ducheffe de
Luynes , Dame d'Honneur de la Reine , tinrent
190 MERCURE DE FRANCE.
au nom du Roi & de la Reine fur les fonts de Bap
tême , à la Paroiffe du Château , l'enfant du fieur
Chatelain , Contrôleur ordinaire de la Bouche du
Roi.
Le cinq , le Baron de Lichtenſtein , Miniſ
tre Plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha , eur
une audience particuliére du Roi , dans laquelle il
préfenta à Sa Majefté ſes Lettres de rappel. Il fut
conduit à cette audience , ainſi qu'à celles de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Monfeigneur le Duc de Bourgo
gne , de Monſeigneur le Duc de Berry , de Monfeigneur
le Comte de Provence , de Madame Infante
, de Madame , & de Meſdames Victoire , So.
phie & Louife , par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs.
Le même jour , M. l'Evêque d'Orleans prêta ferment
entre les mains du Roi , pour l'Evêché de
Condom ; & M. l'Evêque de Digne , pour l'Evê,
ché d'Orleans.
Suivant la difpofition faite par le Roi des emplois
de la Gendarmerie , la Soulieutenance des
Gendarmes de Flandres eſt donnée à M. le Cointe
de Saint-Chamans, premier Cornette ; la premiere
Cornette des Chevaux- Légers de Bourgogne, à M.
le Baron de Breteuil , Guidon ; le Guidon des Gendarmes
d'Orléans , à M. le Comte de Noé , Capitaine
dans le Régiment de Cavalerie de Viefville ;
la Soulieutenance des Chevaux- Légers d'Orléans ,
à M. le Comte de Fougieres , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes d'Orléans , à M. le Comte de
Choifeul-Savigny , fecond Cornette ; la feconde
Cornette des Chevaux - Légers de la Reine , à M.
de Marquis de Crenolles , Lieutenant dans le Régiment
d'Infanterie du Roi,; .la Compagnie des
Chevaux-Légers de Bourgogne , à M. le Comte
A VRIL. 1758. 191
Herbouville , Soulieutenant ; la Soulieutenance
des Gendarmes d'Aquitaine , à M. le Comte de Cuf
tines de Guermnage, Enfeigne; l'Enſeigne des Gendarmes
de Flandres , à M.le Comte de Roncé fecond
Cornette; la feconde Cornette des Chevaux - Légers
d'Orléans , à M. le Baron de Choiſeul- Buffiere
Lieutenant dans le Régiment du Roi , Infanterie ;
le Guidon des Gendarmes Ecoffois , à M. le Comte
de Saiffeval , Guidon des Gendarmes de Berry ;
le Guidon des Gendarmes de Berry , à M. le Mar
quis le Veneur , Moufquetaire ; le Guidon des
Gendarmes Bourguignons , à M. le Marquis de
Valençay , Capitaine dans le Régiment du Commiffaire
Général de la Cavalerie ; la Soulieute
nance des Gendarmes Bourguignons , à M. le
Marquis de Carvoifin d'Achy , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes Dauphins , à M. le Comte
de Caftellane , fecond Cornette ; l'Enfeigne des
Gendarmes de Bourgogne , à M. le Marquis de
Seran , Guidon ; le Guidon des Gendarmes Dauphins
, à M. le Comte Dauvet , Aide- Major dans
le Régiment des Gardes Françoifes ; la feconde
Cornette des Chevaux- Légers d'Aquitaine , à M.
le Marquis de Lambertie , Moufquetaire , & le.
Guidon des Gendarmes de Flandres , à M. le Mar
quis d'Houdetot , Lieutenant en fecond dans le
Régiment du Roi , Infanterie.
Sa Majesté vient d'accorder des Croix de Saint
Louis & différentes graces aux Officiers qui ſe font
diftingués à l'attaque du pont de Weiffenfels , fous
les ordres de M. le Marquis de Crillon . Les Gre
nadiers des deux Compagnies du Régiment de
Saint Chamond , qui dans cette action ont mar
qué beaucoup de valeur , ont auffi reçu du Roi
chacun une gratification.
Le Roi a nommé Brigadier d'Infanterie M. de
2192 MERCURE DE FRANCE.
Buffy , qui , depuis fept ans , commande en chef
les Troupes Françoifes dans le Dekan aux Indes
Occidentales.
L'Armée du Comte de Clermont eſt arrivée à
Wezel , fans avoir été inquiétée dans fa marche.
Les Troupes qui étoient dans Caffel & dans le
pays de Hefle , font actuellement à Duffeldorp ,
Capitale du Duché de Bergues , & dans les environs
de cette Ville . Elles s'y font rendues , fans
rencontrer le moindre obſtacle de la part des ennemis.
La nuit du 3 Mars au premier Avril , M. le
Comte de Clermont fut attaqué d'une violente &
douloureuſe efquinancie , qui a mis ſa vie en danger.
Il a été faigné trois fois dans le même jour ,
& on a employé fi à propos les remedes convenables
, que la fanté de ce Prince eft parfaitement
Tétablie.
Les Gazettes d'Angleterre font monter le nombre
des vaiffeaux que les François leur ont pris ,
depuis le 29 Octobre 1757 , juſqu'au 10 Janvier
dernier , à cent cinquante-deux , non compris
plufieurs autres bâtimens , comme chaloupes &
Bateaux de Pêcheurs , & le nombre des vailleaux
François pris par les Anglois , pendant le même
temps , à cent navires. Ainfi , felon eux , nos prifes
excedent les leurs d'environ foixante vaiffeaux.
Le Capitaine Guitton , commandant le Corfaire
le Don de Dieu , de Calais , a rançonné pour
125 guinées deux bâteaux Anglois dont il s'étoit
emparé!
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& conduit à Saint- Malo le Navire Anglois le Sa-
Pisbary , de Liverpool, qui alloit à la côte de
Guinée avec une cargaifon d'eau - de- vie , de fer ,
de poudre de guerre , de fufils , de pistolets de
toiles
AVRIL. 1758. 193
toiles peintes , & autres marchandifes propres
pour la traite des Negres.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navites
Anglois le Recovry & l'Europe , & il les a rançonnés
pour 19 mille livres.
Le Capitaine le Tourneur , commandant le
Mefny , autre Corſaire du même port , y a conduit
un Bateau Anglois chargé de vin de Florence ,
d'huile d'olive & de raiſins .
Le Navire Anglois le Samuel , de 300 tonneaux ,
allant de Saint - Chriftophe à Londres , avec un
chargement compofé de 366 boucaurs de fucre ,
& de 10 bottes de vin de Madere , a été pris par
le Capitaine le Roi , commandant.le Corfaire le
Comte de Langeron de Saint- Malo , où il a été
conduit.
Le Navire Anglois le Laurier, pris par le Cor
faire la Revanche de Dunkerque , a été conduit
dans le port d'Abreuvaç en Bretagne. Il eſt chargé
de tabac , de favon & d'autres marchandiſes.
Les Frégates du Roi , la Calypfo & l'Eclair , ſe
font emparés du Corfaire Anglois le Tartare , de
Briftol , armé de 12 canons , 10 pierriers , 71
hommes d'équipage , & elles l'ont conduit dans
la rade de l'ile Daix.
Le Corfaire la Comteffe de la Serre , de Dunkerque
, y a conduit le Navire Anglois lá Lady-
Liveſtown , de 60 tonneaux , chargé de vin , d'eaude-
vie & de graine de lin.
Le Senaw Anglois la Providence , de 120 tonneaux
, ayant pour cargaifon 8 à 10 barriques
d'eau- de-vie , go barriqués de vieux fer , 7 balles
de lin , & 30 petits barrils de falpêtre , a été pris
par le Corfaire le Moiffonneur , de Calais.
Deux autres Corfaires de ce port , appellés ;
P'un le Don de Dieu , l'autre le Bart, ont remis à
11. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Dunkerque les ôtages qu'ils ont pris , pour affu
rer le paiement de quatre rançons montant enfemble
à 375 guinées .
Le Navire Anglois les Amis , de 200 tonneaux ,
chargé de farine , de biere , & d'autres vivres &
marchandifes deftinées pour Gibraltar , a été pris
par le Corfaire la Revanche , de Dunkerque , qui
l'a fait conduire au Havre.
Le Corfaire la Bellone , de Saint - Malo , a pris
& conduit à Cherbourg le Navire Anglois le Butterfly
, de 70 tonneaux , chargé de 130 futailles
de vin de Madere .
Il est arrivé à Saint -Malo deux prifes faites par
le Corfaire l'Augufte , de ce port : l'une eft le Senaw
l'Anne , de 120 tonneaux , chargé de riz ,
d'indigo & de bois d'Acajou ; l'autre eft le Sloup
l'Endeavour , de so tonneaux , allant de Briſtol
à la nouvelle Angleterre , avec un chargement de
vivres & d'autres denrées , deſtinés pour cette Colonie.
Le Capitaine Naguille , commandant le Corfaire
le Labourt , de Saint- Jean-de-Luz , a pris &
conduit à Bayonne le Navire Anglois la Liffe , de
Liverpool , ayant pour cargaison 296 boucauts de
fucre , 12 barriques de taffia , 10 barriques d'indigo
, 10 barriques de café , &c. & un autre bâtiment
chargé de goudron.
Le Chevalier Barrot , autre Corſaire de Bayonne
, a conduit à Saint-Sébaſtien un Navire Anglois
chargé de 450 barrils de riz & de quelques pelleteries.
1 I
On écrit du Havre de Grace , que le Corſaire
la Comteffe de Filtz-James , de 30 canons , a relâché
à Granville , après s'être longtemps battu
contre un Vaiffeau de guerre ennemi de o cas
Aons , qui n'a pu s'en rendre maître.
AVRIL. 1758. 195
eLe Capitaine Robert , commandant le Corfairela
Comtelle de la Serre , de Dunkerque , y a fait
conduire un Bâtiment , dont la cargaifon compofée
d'indigo , de fucre , de café & d'autres marchandiſes
, eft eftimée plus de trois cents mille
livres.
Le Navire Anglois la Prospérité , de Dublin , a
été pris par le Corfaire la Marquise de Mazelet ,
de Boulogne , qui l'a rançonné pour fept mille
deux cents livres.
Le Comte de Valence , autre Corſaire du même
port , a pris & conduit à Cherbourg un Bâtiment
Anglois chargé de laine , de fer , de taffia , & de
quelques barriques de fucre.
Il est arrivé à Saint- Malo un Corfaire Anglois
appellé la Défiance , de Jerzey, armé de 6 canons ,
6 pierriers & 74 hommes d'équipages : c'eft le
Corfaire la Bellone , de ce port , qui s'en eft rendu
maître.
On mande de Bayonne , que les Capitaines
Guillaume Lavernis & Pierre-Denis Labat , commandant
les Corfaires l'Aurore & le Chevalier
Barrau , de ce port , y ont fait conduire , l'un
le Navire Anglois le Guillaume , dont la cargaifon
confifte en huile de poiffon & en merrains ;
Pautre , un Bâtiment appellé le Tom , de Philadelphie
, chargé de riz.
1.
Le Capitaine de Laire , commandant le Corfaire
la Marquife de Nazelle , de Boulogne , s'eft
emparé des Bateaux Anglois le Moineau & la Bonne-
Amie, & il les a rançonnés , l'un pour so ,
l'autre pour 60 livres fterlings.
Les Corfaires le Comte de Valence & le Comte
d'Ayen , de Boulogne , ont fait conduire à Cherbourg
un petit Navire Anglois chargé de bled.
Le Navire Anglois la Providence , de Bristol ,
I ij
196 , MERCURE DE FRANCE.
armné de 8 canons , & ayant pour chargement 210
boucauts de fucre blanc , 20 tonneaux de gingem
bre , & 200 dents d'éléphant , a été pris par le
Corfaire le Macbault, de Grandville , & conduit
à Morlaix. 2
Le Capitaine Deftouches , commandant le Mara
quis de Marigny , autre Corfaire de Granville , a
rançonné pour 17000 livres un Navire Anglois
dont il s'étoit emparé.
Le Corfaire le Moras , de S. Malo , s'eft rendu
maître du Navire Anglois le Bafton , de 199 100-
neaux , dont la cargaison confifte en 1400 barrils
de goudron , so barrils de brai , & quelques doug
velles .
On mande de Bayonne qu'il y eft arrivé un Nad
vire Anglois appellé le Pemberton , de 450 ton
neaux , armé de 18 canons & de 4s hommes d'é
quipage , dont le Corfaire le Machault , de ce
Port , s'eft rendu maître .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En mars 1758, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le 17 mars, l'abbé Agoult fut présenté au roi en tant que nouveau doyen de l'église de Paris. Le 19 mars, jour des Rameaux, le roi et la famille royale assistèrent à la bénédiction des palmes et à la grand-messe célébrée par l'abbé Gergoy. Le roi approuva le mariage du marquis de Gesvres avec Françoise-Marie du Guesclin et signa leur contrat de mariage. Il accorda également au marquis de Gesvres la survivance du gouvernement de l'Île-de-France et de la capitainerie royale de Montceaux, ainsi qu'un brevet de retenue de cinquante mille écus au duc de Trémoïlle. Le 18 avril, la famille royale signa le contrat de mariage de M. Hérault de Séchelles avec la demoiselle de la Lande-Magon. Le jeudi saint, le roi lava les pieds de douze pauvres et assista à la grand-messe. Quatre bataillons des Gardes Françaises et deux bataillons des Gardes Suisses furent envoyés en renfort à Saint-Omer et Aire. Le Parlement enregistra deux déclarations royales concernant la distribution des procès et le remboursement d'offices vacants. Le 23 mars, la reine écouta le sermon de la Cène de l'abbé d'Espiard et lava les pieds de douze pauvres filles. Le 24 mars, le roi et la reine assistèrent au sermon de la Passion. Le 26 mars, à Pâques, ils assistèrent à la grand-messe célébrée par l'évêque de Dol. Le 28 mars, ils signèrent les contrats de mariage du marquis de Damas-Dantelzy et de M. de Lamoignon de Baville. Le roi nomma le comte de Montbarey au régiment de la Couronne et le marquis de Montesquiou au régiment des Grenadiers de France. Sur le front militaire, le siège de Minden fut marqué par des échanges intenses entre les forces françaises et hanovriennes. La place fut capitulée le 14 avril. Le duc de Broglie évacua Cassel et rejoignit l'armée du comte de Clermont à Wezel. Diverses nominations et distinctions furent accordées aux officiers pour leurs actions distinguées. Le roi nomma également plusieurs officiers à des postes dans la gendarmerie. Sur le front maritime, les troupes françaises se déplacèrent à Duffeldorp, capitale du Duché de Bergues, sans rencontrer de résistance. Le comte de Clermont fut gravement malade le 3 mars mais fut soigné avec succès. Les gazettes anglaises rapportèrent que les Français avaient capturé 152 vaisseaux britanniques entre le 29 octobre 1757 et le 10 janvier 1758, tandis que les Britanniques en avaient capturé 100. Plusieurs corsaires français réalisèrent des prises notables, notamment le capitaine Guitton qui rançonna deux bateaux anglais pour 125 guinées. Divers corsaires capturèrent des navires britanniques chargés de marchandises variées, telles que de l'eau-de-vie, du fer, des armes, du sucre, du tabac, et des denrées alimentaires. Plusieurs de ces prises furent conduites dans des ports français comme Saint-Malo, Cherbourg, et Bayonne. Les frégates royales françaises capturèrent également un corsaire anglais, le Tartare. Plusieurs corsaires français rançonnèrent ou conduisirent à port des navires anglais, augmentant ainsi les prises françaises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 198-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 9 du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy, Ministre d'Etat, [...]
Mots clefs :
Marquis, Maréchal, Roi de France, Parlement, Escadre anglaise, Vaisseaux, Canons, Marchandises, Frégates, Attaque, Princesse, Ducs, Serment, Chevalier, Évêques, Mademoiselle de Charolois, Cérémonie funèbre, Édit du roi, Rentes, Taxes, Capitaines, Corsaires , Combat naval
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &G.
Lag du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy,
Miniftre d'Etat , prêta ferment entre les mains du
Roi , pour la charge de Tréforier de l'Ordre du
Saint-Efprit.
Les deux nouveaux Maréchaux de France ( MM.
les Comces de Bercheny & de Conflans ) prêterent
auffi ferment le même jour en cette qualité.
Le Roi ayant fait choix de M. le Maréchal Duc
de Befle- Ifle pour remplir la charge de Secrétaire
d'Etat au Département de la Guerre , Sa Majefté
a appellé près de fa perfonne M. de Crémille ,
Lieutenant- Général de fes Armées , pour aider
M. le Maréchal de Belle-Ifle dans les fonctions &
dans les détails de fon Département , & fous les
ordres.
La Vacance du Parlement ayant obligé de remettre
la Proceffion qui fe fait tous les ans le 22
de Mars , en mémoire de la réduction de certe
Capitale fous Pobéiffance de Henry IV , elle fe
fr en la maniere accoutumée le 7 de ce mois. Les
Lettres du Roi avoient été portées la veille aux
Compagnies , dont la préfence y eft requiſe , fuivant
l'ufage , par M. de Gizeux , Maître des cérémonies
de France en furvivance.
L'Efcadre Angloife , commandée par l'Amiral
Hawke , eft entrée le 4 Avril après-midi aux ra
des de la Rochelle , & a mouillé le 5 dans celle
de l'Ifle. Daix . Elle en eft repartie le 7 au matin
M A 1. 1758. 199
Cette Efcadre étoit compofée de fept Vaiffeaux de
ligne le Ramillies , de yo canons , le Royal-
Georges & le Royal- Guillaume , de 100 canons
chacun ; le Torbay , de 74 ; le Bedford , de 70 ;
l'Intrépide , de 64 ; & le Windſor , de 60 , avec
trois Frégates & un Senaw. L'Amiral Hauke a fait
débarquer quelque monde à l'ifle Daix , & y a
fait brûler les plattes formes , outils de travailleurs
, tombereaux , charettes , fauciffons , fafcinages
, ponts , & généralement tout ce qui s'eft
trouvé de combuftible dans les fortifications provifionnelles
que l'on y exécutoir. Tous les habitans
& ouvriers qui étoient à l'Iſle Daix , s'en étoient
retirés à Fouras dans le moment où l'Eſcadre Angloife
a paru , & il n'y étoit resté que quelques
Soldats. Les Anglois en ont emmené fept ou huit
avec eux. Les Vaiffeaux du Roi le Floriffant , le
Dragón , le Sphinx , le Hardy & le Warwick , qui
étoient en rade avec quelques Frégates , n'étant
point en état de réfilter à des forces fi fupérieures ,
fe font réfugiés dans la Charente entre Fouras &
l'Iſle Madame , & ils s'y font entraversé de maniere
à empêcher Pentrée de la riviere à l'Efcadre
Angloife , fi elle eût fair quelques tentatives pour
forcer le paffage. On avoit fait des difpofitions à
Rochefort , pour nuire par tous les moyens praticables
aux Vaiffeaux Anglois , s'ils n'en avoient
pas prévenu l'effet par leur retraite . Cependant les
Chaloupes canonnieres Anguille & l'Aventure ,
armées chacune d'un canon de 24 , & comman→
dées par les fieurs de Kergariou & de Camiran
Enfeignes de Vaiffeau, ont fort incommodé le
Vaiffeau Anglois l'Intrépide , qui étoit échoué fur
le banc de Boyard , & qui attendoit la haute mer
pour le mettre à flor. Nos Chaloupes feroient même
parvenues à le défemparer , fans le Vaiffeau le
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Windfor & quelques Frégates qui ont mis fours
voile pour le dégager . Les Fregates . la Thetis
l'Anemone & l'Ecureuil , commandées par les
fieurs de Goimpy , de Feuquieres , Lieutenant de
Vaiffeau , du Guafpern & de Queralbeau , Enfeignes
, conduifoient un convoi de Navires de commerce
de Breft à Rochefort . L'Anemone a gagné
l'entrée de la Charente avec une partie du convoi
, & le refte s'eft mis fous la protection de la
Citadelle de Saint-Martin de Ré , avec les Fregates
la Thetis & l'Ecureuil. Cette premiere s'eft même
emparé dans le Pertuis - Breton du Corſaire Anglois
le Franc-Maçon , de 10 carrons & de 70 hommes
d'équipage , & l'a fait entrer à Saint -Martin
de Ré à la vue de l'Efcadre Angloiſe.
Le 14 Avril , le Roi tint le Sceau pour la vingtfeptieme
fois.
Sa Majefté , à l'occafion de la mort de Mademoiſelle
de Charolois , alla le même jour rendre
vifite à la Princeffe de Conty , & à Mademoiſelle
de Sens , chez qui fe trouverent le Prince & la
Princeffe de Condé .
La Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne,
Monſeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante , Madame
& Mefdames Victoire & Louiſe , vifiterent auffi
ces Princeffes .
Le 15 , la Princeffe de Conty & Mademoiſelle
de Sens , allerent faire leurs révérences au Roi , à
la Reine & à la Famille Royale.
Le même jour , Madame Louife donna le voile
à la Dame de Ziner , dans l'Abbaye de Saint Cyr.
Le 19 , MM. l'Evêque de Digne & l'Evêquè
d'Aire prêterent ferment entre les mains du Roi .
Les fieurs Guyot de Saint- Amand & de Gangy
MA 1.1758. 201
4
prêterent ferment entre les mains du Roi le 9 du
même mois ; le premier , pour la charge de Lieutenant
de Roi de la Province du Chalonnois ; le
fecond , pour la charge de Lieutenant de Roi au
Département & Sénéchauffée de Poitiers & de Lu
fignan.
Le Roi reçut le même jour Chevaliers de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , M. le Marquis
de Foffeufe , Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , Menin de Monfeigneur le
Dauphin , & MM. les ) Comtes de Biernay , Soulieutenant
des Gendarmes de Berry ; de Lordat ,
Soulieutenant des Chevaux- Légers de Bretagne ;
de Murinais , premier Cornette des Chevaux - Legers
d'Aquitaine ; de Noé & de Saiffeval , Guidons
de Gendarmerie.
M. PEyêque de Digne a été facré le 16 Avril
dans l'Eglife des Miffions Etrangeres , par M.
l'Archevêque d'Embrun , affifté des Evêques de
Dol & de Vence,
M. l'Evêque d'Aire,a été facré le même jour à
Meaux par l'Evêque de cette derniere Ville , affifté
de l'ancien Evêque de Troyes & de celui de
Condom.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu le
feur Bezout & le Comte de Lauragais , pour remplir
les deux places d'Adjoints - Méchaniciens , va
cantes par la promotion de M. le Chevalier d'Arcy
& de M. Yaucanfon à celles d'Affociés Ordinaires
, le Roi a bien voulu agréer fon choix.
Le Corps de Mademoiſelle de Charolois , après
avoir été embaumé , a été expofé pendant plufeurs
jours dans une Chambre de parade , éclairée.
par un grand nombre de lumieres , & tendue de
blanc. Il fut porté le 13 Avril au Couvent des
Carmelites du Fauxbourg Saint Jacques , pour y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
être inhumé. Le cortège du Convoi étoit compoft
de cent Pauvres , couverts de draps gris , & tenant
chacun un fambeau ; des Officiers , des Suiffes &
des Valets de Chambre de la Princeffe à cheval
de plus de cent cinquante Valers de pieds , de fept
Carroffes drapés à fix chevaux harnachés & capa
raçonnés de noir , qui étoient remplis par les
Ecuyers , les Gentilshommes , les principaux Of
heiers , & les Femmes de Chambres ; & de deux
Carroles à huit chevaux. Dans le premier de ces
deux Carroffes , étoit le Corps de la Princeffe
avec les deur Aumôniers. La Princeffe de Condé
étoit dans le fecond avec la Princeffe de Rohan
la Dame de Renty , fa Dame d'Honneur , la Dame
du Guefelin , fa Dame de Compagnie , & les
Dames attachées à la Princeffe défunte. Lorsqu'on
fut aux Carmelites , le Corps fat defcendu du Carroffe
par les huit Valers de Chambre, & porté fous
le portique intérieur de l'Eglife , ou les Religieufes
, tenant chacune un cierge à la main , étoient
rangées à droite & à gauche avec trente Eeclefiafriques
, le Supérieur de la Maifon à leur tête. L'Evêque
de Valence en camail & en rochet , accom
pagné du Curé de Saint Sulpice en étole ; en préfentant
le Corps & le Coeur de la Princeffe aux
Carmelites , leur fit un difcours auquel le Supé
rieur répondit , enfuite ces Religieufes commencerent
l'Office des Morts. Les prietes finies , les
hair Valets de Chambre porterent le Corps près de
la foffe , & Py ayant defeende , le Ceur fur pofe
fur la croix du cerceuil . La Princeffe de Condé qui
menoit le deuil , étoit en longue mante , dont la
queue étoit portée par le fieur de Tourailles , for
fecond Ecuyer.
On vient de publier un Edit du Roi portant
création de trois millions deur cens mille livres
MAI. 1758.
203
actuelles & effectives de Rentes héréditaires à
quatre pour cent fur les Aydes & Gabelles , par
forme de remplacement des Rentes créées par
l'Edit de Juin 1720. Chaque conſtitution particuliere
defdites Rentes ne pourra être moindre que
de mille livres de principal , qui produiront quarante
livres de rente. Il n'y aura fur ces Rentes
aucune retenue de vingtieme ni des deux fols pour
livre du dixieme , & de toutes autres impofitions.
Les Communautés Eccléfiaftiques , les Hôpitaux ,
& tous gens de main- morte , ainfi que les Etran
gers non-naturalifés & ceux mêmes qui demeure-
Font hots du Royaume , pourront acquérir lefdites
Rentes & en jouir , fans être obligés à aucune
formalité, ni payer aucuns droits d'amortiffemens.
On pourra en tranfmettre la propriété à d'autres
par voie de réconftitution. A commencer du premier
Janvier 1760 , on remboursera tous les ans
en deniers comptans une partie des capitaux defdites
Rentes jufqu'à leur extinétion totale , & ce
remboursement fe fera par la voie du fort , en
forme de Loterie , en la maniere qu'il eft porté &
expliqué par l'Edit . Les capitaux desdites Rentes
feront fournis moitié en argent, moitié en contrats .
Les lettres de Livourne annoncent que la Frégate
la Rofe , de 16 canons , commandée par le
feur de Sade , Capitaine de Vaiffeau , a conduit
à Malte le 9 Mars le Corſaire Anglois le Léopard,
de 36 canons , dont elle s'eft emparé après um
long combat.
•
Le Capitaine Ferdinand de Renaud , qui commande
le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne ,
s'eft rendu maître des Brigantins Anglois le Sal
tens, chargéd'orge & de farine,& laFortune, ayant
pour cargaifon du fucre ,du fel , des vins , des fruits,
&c. & il les a fait conduire à Dunkerque. Le mê-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
me Corfaire a pris un troifieme Bâtiment Anglois
chargé de charbon de terre , qui s'est échoué aux
environs d'Oftende .
Le Navire Anglois le Thomlefon , d'Antigues ,
'de 200 tonneaux , chargé de fucre & de coton
eft arrivé à Morlaix : il a été pris par le Corfaire
le Comte de Langeron , de Saint -Malo..
On mande de Marfeille , qu'il y a été conduit
un Brigantin Anglois appellé le Conftant , chargé
raifins fecs , qui a été pris par les Corfaires la
Conftance & le Charron , de ce port .
Le Corfaire la Ville- Helio , de Vannes , ayant
rencontré le 17 Juillet dernier au Cap Finiſtere
le Navire Anglois l'Elifabeth , forti de Roterdam
le 2 du même mois fous pavillon Hollandois , le
fomma d'amener & d'exhiber fes papiers . Ce Bâtiment
ayant refuſé d'amener , le Corſaire François
l'attaqua , & après un combat fanglant , s'en rendit
maître à l'abordage . Cette prife fi légitime a
fait l'objet d'une conteftation qui a été jugée le 8
de ce mois au Confeil des Prifes , en faveur du
Corfaire de Vannes. Elle eft eftimée plus de quatre
cens mille livres.
Le Capitaine Adrien de Lille , commandant le
Corfaire la Fulvie , de Dunkerque , s'eft rendu
maître des Navires Anglois l'Ellis , de Liverpool ,
de 200 tonneaux , armé de 4 canons & de 15 hommes
, & la Providence , de Briſtol , de 350 tonneaux
, armé de 24 canons & de 60 hommes. Ces
deux Bâtimens , qui alloient à la Jamaïque chacun
avec un chargement confiftant en vivres & en
marchandifes feches , ont été conduits à Morlaix .
Le Capitaine de Lille , en fociété avec le Corſaire
le Maurepas , de Dunkerque , a fait de plus pour
environ cinquante mille livres de rançons.
Le Navire Anglois l'Ulyffe , de la Nouvelle .
MA I. 1758 . 203
Yorck, d'où il venoit avec un chargement compofé
de bois de campêche, & de 80 barrils de goudron
, a été pris par le Corfaire l'Espérance , de
Bayonne, où il eft arrivé.
Le Capitaine Durbecq- de la Ciotat , commandant
la Galliote la Curieufe , qui a été armée en
courſe à Marſeille au mois de Janvier dernier , s'eft
rendu maître à la hauteur de Malaga , d'un Navire
Anglois dont le Capitaine a offert deux mille livres
fterlings pour fa rançon .
Lag du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy,
Miniftre d'Etat , prêta ferment entre les mains du
Roi , pour la charge de Tréforier de l'Ordre du
Saint-Efprit.
Les deux nouveaux Maréchaux de France ( MM.
les Comces de Bercheny & de Conflans ) prêterent
auffi ferment le même jour en cette qualité.
Le Roi ayant fait choix de M. le Maréchal Duc
de Befle- Ifle pour remplir la charge de Secrétaire
d'Etat au Département de la Guerre , Sa Majefté
a appellé près de fa perfonne M. de Crémille ,
Lieutenant- Général de fes Armées , pour aider
M. le Maréchal de Belle-Ifle dans les fonctions &
dans les détails de fon Département , & fous les
ordres.
La Vacance du Parlement ayant obligé de remettre
la Proceffion qui fe fait tous les ans le 22
de Mars , en mémoire de la réduction de certe
Capitale fous Pobéiffance de Henry IV , elle fe
fr en la maniere accoutumée le 7 de ce mois. Les
Lettres du Roi avoient été portées la veille aux
Compagnies , dont la préfence y eft requiſe , fuivant
l'ufage , par M. de Gizeux , Maître des cérémonies
de France en furvivance.
L'Efcadre Angloife , commandée par l'Amiral
Hawke , eft entrée le 4 Avril après-midi aux ra
des de la Rochelle , & a mouillé le 5 dans celle
de l'Ifle. Daix . Elle en eft repartie le 7 au matin
M A 1. 1758. 199
Cette Efcadre étoit compofée de fept Vaiffeaux de
ligne le Ramillies , de yo canons , le Royal-
Georges & le Royal- Guillaume , de 100 canons
chacun ; le Torbay , de 74 ; le Bedford , de 70 ;
l'Intrépide , de 64 ; & le Windſor , de 60 , avec
trois Frégates & un Senaw. L'Amiral Hauke a fait
débarquer quelque monde à l'ifle Daix , & y a
fait brûler les plattes formes , outils de travailleurs
, tombereaux , charettes , fauciffons , fafcinages
, ponts , & généralement tout ce qui s'eft
trouvé de combuftible dans les fortifications provifionnelles
que l'on y exécutoir. Tous les habitans
& ouvriers qui étoient à l'Iſle Daix , s'en étoient
retirés à Fouras dans le moment où l'Eſcadre Angloife
a paru , & il n'y étoit resté que quelques
Soldats. Les Anglois en ont emmené fept ou huit
avec eux. Les Vaiffeaux du Roi le Floriffant , le
Dragón , le Sphinx , le Hardy & le Warwick , qui
étoient en rade avec quelques Frégates , n'étant
point en état de réfilter à des forces fi fupérieures ,
fe font réfugiés dans la Charente entre Fouras &
l'Iſle Madame , & ils s'y font entraversé de maniere
à empêcher Pentrée de la riviere à l'Efcadre
Angloife , fi elle eût fair quelques tentatives pour
forcer le paffage. On avoit fait des difpofitions à
Rochefort , pour nuire par tous les moyens praticables
aux Vaiffeaux Anglois , s'ils n'en avoient
pas prévenu l'effet par leur retraite . Cependant les
Chaloupes canonnieres Anguille & l'Aventure ,
armées chacune d'un canon de 24 , & comman→
dées par les fieurs de Kergariou & de Camiran
Enfeignes de Vaiffeau, ont fort incommodé le
Vaiffeau Anglois l'Intrépide , qui étoit échoué fur
le banc de Boyard , & qui attendoit la haute mer
pour le mettre à flor. Nos Chaloupes feroient même
parvenues à le défemparer , fans le Vaiffeau le
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Windfor & quelques Frégates qui ont mis fours
voile pour le dégager . Les Fregates . la Thetis
l'Anemone & l'Ecureuil , commandées par les
fieurs de Goimpy , de Feuquieres , Lieutenant de
Vaiffeau , du Guafpern & de Queralbeau , Enfeignes
, conduifoient un convoi de Navires de commerce
de Breft à Rochefort . L'Anemone a gagné
l'entrée de la Charente avec une partie du convoi
, & le refte s'eft mis fous la protection de la
Citadelle de Saint-Martin de Ré , avec les Fregates
la Thetis & l'Ecureuil. Cette premiere s'eft même
emparé dans le Pertuis - Breton du Corſaire Anglois
le Franc-Maçon , de 10 carrons & de 70 hommes
d'équipage , & l'a fait entrer à Saint -Martin
de Ré à la vue de l'Efcadre Angloiſe.
Le 14 Avril , le Roi tint le Sceau pour la vingtfeptieme
fois.
Sa Majefté , à l'occafion de la mort de Mademoiſelle
de Charolois , alla le même jour rendre
vifite à la Princeffe de Conty , & à Mademoiſelle
de Sens , chez qui fe trouverent le Prince & la
Princeffe de Condé .
La Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne,
Monſeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante , Madame
& Mefdames Victoire & Louiſe , vifiterent auffi
ces Princeffes .
Le 15 , la Princeffe de Conty & Mademoiſelle
de Sens , allerent faire leurs révérences au Roi , à
la Reine & à la Famille Royale.
Le même jour , Madame Louife donna le voile
à la Dame de Ziner , dans l'Abbaye de Saint Cyr.
Le 19 , MM. l'Evêque de Digne & l'Evêquè
d'Aire prêterent ferment entre les mains du Roi .
Les fieurs Guyot de Saint- Amand & de Gangy
MA 1.1758. 201
4
prêterent ferment entre les mains du Roi le 9 du
même mois ; le premier , pour la charge de Lieutenant
de Roi de la Province du Chalonnois ; le
fecond , pour la charge de Lieutenant de Roi au
Département & Sénéchauffée de Poitiers & de Lu
fignan.
Le Roi reçut le même jour Chevaliers de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , M. le Marquis
de Foffeufe , Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , Menin de Monfeigneur le
Dauphin , & MM. les ) Comtes de Biernay , Soulieutenant
des Gendarmes de Berry ; de Lordat ,
Soulieutenant des Chevaux- Légers de Bretagne ;
de Murinais , premier Cornette des Chevaux - Legers
d'Aquitaine ; de Noé & de Saiffeval , Guidons
de Gendarmerie.
M. PEyêque de Digne a été facré le 16 Avril
dans l'Eglife des Miffions Etrangeres , par M.
l'Archevêque d'Embrun , affifté des Evêques de
Dol & de Vence,
M. l'Evêque d'Aire,a été facré le même jour à
Meaux par l'Evêque de cette derniere Ville , affifté
de l'ancien Evêque de Troyes & de celui de
Condom.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu le
feur Bezout & le Comte de Lauragais , pour remplir
les deux places d'Adjoints - Méchaniciens , va
cantes par la promotion de M. le Chevalier d'Arcy
& de M. Yaucanfon à celles d'Affociés Ordinaires
, le Roi a bien voulu agréer fon choix.
Le Corps de Mademoiſelle de Charolois , après
avoir été embaumé , a été expofé pendant plufeurs
jours dans une Chambre de parade , éclairée.
par un grand nombre de lumieres , & tendue de
blanc. Il fut porté le 13 Avril au Couvent des
Carmelites du Fauxbourg Saint Jacques , pour y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
être inhumé. Le cortège du Convoi étoit compoft
de cent Pauvres , couverts de draps gris , & tenant
chacun un fambeau ; des Officiers , des Suiffes &
des Valets de Chambre de la Princeffe à cheval
de plus de cent cinquante Valers de pieds , de fept
Carroffes drapés à fix chevaux harnachés & capa
raçonnés de noir , qui étoient remplis par les
Ecuyers , les Gentilshommes , les principaux Of
heiers , & les Femmes de Chambres ; & de deux
Carroles à huit chevaux. Dans le premier de ces
deux Carroffes , étoit le Corps de la Princeffe
avec les deur Aumôniers. La Princeffe de Condé
étoit dans le fecond avec la Princeffe de Rohan
la Dame de Renty , fa Dame d'Honneur , la Dame
du Guefelin , fa Dame de Compagnie , & les
Dames attachées à la Princeffe défunte. Lorsqu'on
fut aux Carmelites , le Corps fat defcendu du Carroffe
par les huit Valers de Chambre, & porté fous
le portique intérieur de l'Eglife , ou les Religieufes
, tenant chacune un cierge à la main , étoient
rangées à droite & à gauche avec trente Eeclefiafriques
, le Supérieur de la Maifon à leur tête. L'Evêque
de Valence en camail & en rochet , accom
pagné du Curé de Saint Sulpice en étole ; en préfentant
le Corps & le Coeur de la Princeffe aux
Carmelites , leur fit un difcours auquel le Supé
rieur répondit , enfuite ces Religieufes commencerent
l'Office des Morts. Les prietes finies , les
hair Valets de Chambre porterent le Corps près de
la foffe , & Py ayant defeende , le Ceur fur pofe
fur la croix du cerceuil . La Princeffe de Condé qui
menoit le deuil , étoit en longue mante , dont la
queue étoit portée par le fieur de Tourailles , for
fecond Ecuyer.
On vient de publier un Edit du Roi portant
création de trois millions deur cens mille livres
MAI. 1758.
203
actuelles & effectives de Rentes héréditaires à
quatre pour cent fur les Aydes & Gabelles , par
forme de remplacement des Rentes créées par
l'Edit de Juin 1720. Chaque conſtitution particuliere
defdites Rentes ne pourra être moindre que
de mille livres de principal , qui produiront quarante
livres de rente. Il n'y aura fur ces Rentes
aucune retenue de vingtieme ni des deux fols pour
livre du dixieme , & de toutes autres impofitions.
Les Communautés Eccléfiaftiques , les Hôpitaux ,
& tous gens de main- morte , ainfi que les Etran
gers non-naturalifés & ceux mêmes qui demeure-
Font hots du Royaume , pourront acquérir lefdites
Rentes & en jouir , fans être obligés à aucune
formalité, ni payer aucuns droits d'amortiffemens.
On pourra en tranfmettre la propriété à d'autres
par voie de réconftitution. A commencer du premier
Janvier 1760 , on remboursera tous les ans
en deniers comptans une partie des capitaux defdites
Rentes jufqu'à leur extinétion totale , & ce
remboursement fe fera par la voie du fort , en
forme de Loterie , en la maniere qu'il eft porté &
expliqué par l'Edit . Les capitaux desdites Rentes
feront fournis moitié en argent, moitié en contrats .
Les lettres de Livourne annoncent que la Frégate
la Rofe , de 16 canons , commandée par le
feur de Sade , Capitaine de Vaiffeau , a conduit
à Malte le 9 Mars le Corſaire Anglois le Léopard,
de 36 canons , dont elle s'eft emparé après um
long combat.
•
Le Capitaine Ferdinand de Renaud , qui commande
le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne ,
s'eft rendu maître des Brigantins Anglois le Sal
tens, chargéd'orge & de farine,& laFortune, ayant
pour cargaifon du fucre ,du fel , des vins , des fruits,
&c. & il les a fait conduire à Dunkerque. Le mê-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
me Corfaire a pris un troifieme Bâtiment Anglois
chargé de charbon de terre , qui s'est échoué aux
environs d'Oftende .
Le Navire Anglois le Thomlefon , d'Antigues ,
'de 200 tonneaux , chargé de fucre & de coton
eft arrivé à Morlaix : il a été pris par le Corfaire
le Comte de Langeron , de Saint -Malo..
On mande de Marfeille , qu'il y a été conduit
un Brigantin Anglois appellé le Conftant , chargé
raifins fecs , qui a été pris par les Corfaires la
Conftance & le Charron , de ce port .
Le Corfaire la Ville- Helio , de Vannes , ayant
rencontré le 17 Juillet dernier au Cap Finiſtere
le Navire Anglois l'Elifabeth , forti de Roterdam
le 2 du même mois fous pavillon Hollandois , le
fomma d'amener & d'exhiber fes papiers . Ce Bâtiment
ayant refuſé d'amener , le Corſaire François
l'attaqua , & après un combat fanglant , s'en rendit
maître à l'abordage . Cette prife fi légitime a
fait l'objet d'une conteftation qui a été jugée le 8
de ce mois au Confeil des Prifes , en faveur du
Corfaire de Vannes. Elle eft eftimée plus de quatre
cens mille livres.
Le Capitaine Adrien de Lille , commandant le
Corfaire la Fulvie , de Dunkerque , s'eft rendu
maître des Navires Anglois l'Ellis , de Liverpool ,
de 200 tonneaux , armé de 4 canons & de 15 hommes
, & la Providence , de Briſtol , de 350 tonneaux
, armé de 24 canons & de 60 hommes. Ces
deux Bâtimens , qui alloient à la Jamaïque chacun
avec un chargement confiftant en vivres & en
marchandifes feches , ont été conduits à Morlaix .
Le Capitaine de Lille , en fociété avec le Corſaire
le Maurepas , de Dunkerque , a fait de plus pour
environ cinquante mille livres de rançons.
Le Navire Anglois l'Ulyffe , de la Nouvelle .
MA I. 1758 . 203
Yorck, d'où il venoit avec un chargement compofé
de bois de campêche, & de 80 barrils de goudron
, a été pris par le Corfaire l'Espérance , de
Bayonne, où il eft arrivé.
Le Capitaine Durbecq- de la Ciotat , commandant
la Galliote la Curieufe , qui a été armée en
courſe à Marſeille au mois de Janvier dernier , s'eft
rendu maître à la hauteur de Malaga , d'un Navire
Anglois dont le Capitaine a offert deux mille livres
fterlings pour fa rançon .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En avril 1758, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le Marquis de Paulmy a prêté serment pour la charge de Trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit. Les Comtes de Bercheny et de Conflans ont été nommés Maréchaux de France et ont également prêté serment. Le Roi a nommé le Maréchal Duc de Belle-Isle au Département de la Guerre et a appelé M. de Crémille pour l'assister. La procession annuelle en mémoire de la réduction de Paris sous Henri IV a été reportée au 7 avril. Sur le plan militaire, l'escadre anglaise commandée par l'Amiral Hawke est entrée dans la rade de l'île d'Aix le 4 avril, composée de sept vaisseaux de ligne et de trois frégates. Les vaisseaux français se sont réfugiés dans la Charente pour éviter un affrontement. Les chaloupes canonnières françaises ont attaqué le vaisseau anglais l'Intrépide, échoué sur le banc de Boyard. Plusieurs frégates françaises ont protégé un convoi de navires de commerce. Le Roi a tenu le Sceau pour la vingt-septième fois le 14 avril. À l'occasion de la mort de Mademoiselle de Charolois, le Roi et la famille royale ont rendu visite à la Princesse de Conty et à Mademoiselle de Sens. Le corps de Mademoiselle de Charolois a été inhumé au couvent des Carmélites du Faubourg Saint-Jacques. Des nominations et promotions ont eu lieu, notamment celles des Évêques de Digne et d'Aire, et de plusieurs officiers. L'Académie Royale des Sciences a élu les sieurs Bezout et le Comte de Lauragais comme Adjoints-Mécaniciens. Un édit royal a créé trois millions de livres de rentes héréditaires à quatre pour cent. En mer, plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français ont été signalées, notamment par le Capitaine de Renaud et le Capitaine Adrien de Lille. Ces prises ont été conduites à Dunkerque et à Morlaix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 199-209
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi jugeant à propos de faire passer incessamment entre les mains [...]
Mots clefs :
Roi de France, Nominations, Gouverneur, Précepteur, Capitaine, Colonel, Abbé, Famille royale, Duc, Comte, Audience, États de Bourgogne, États d'Artois, Duc de Bourgogne, Promotion d'officiers généraux et de brigadiers, Promotion des maréchaux de camp, de la Maison du roi, Promotion des maréchaux d'infanterie et de cavalerie, Monseigneur, Cardinaux, Archevêques, Corsaires , Navires anglais, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Le Roi jugeant à propos de faire paffer incef- E
*
famment entre les mains des hommes Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , à nommé Gouverneur
de ce Prince M. le Comte de la Vauguyon
Lieutenant général de fes Armées , Chevalier de
fes Ordres , & Menin de Monfeigneur le Dauphin
; Précepteur , M. PEvêque de Limoges ;
Sous-Gouverneurs , MM . les Chevaliers de la Ferriere
& de Beaujeu ; le premier , Brigadier d'Infanterie
, & Capitaine au Régiment des Gardes
Françoifes ; le fecond , Chevalier de l'Ordre de
Saint Jean de Jérufalems Sous - Précepteur , M.
l'Abbé de Radonvilliers , Abbé de l'Abbaye de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Saint Loup de Troyes ; Lecteur , M. l'Abbé d'Ar
gentré , Vicaire général du Dioceſe de Limoges ;
Gentilshommes de la Manche , M. le Baron de
Luppé , Colonel du Régiment royal Cantabre ;
MM. les Marquis de Marboeuf , Colonel du Régiment
de Dragons de fon nom ; de Montefquiou ,
Colonel dans le Corps des Grenadiers de France ,
& de la Haye , Capitaine de Cavalerie.
Le Roi a donné à M. l'Evêque d'Orléans la futvivance
de la Direction générale des Economats
& de la Régie des biens des Religionnaires , exercées
actuellement par M. le Comte du Muy ; & Sa
Majefté a voulu que ce Prélat pût lui en rendre
compte , lorfque , pour cauſe d'abſence ou de maladie
, M. le Comte du Muy ne'pourroit pas travailler
avec Elle.
Le 23 Avril , le Roi , la Reine , & la Famille
Royale , fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de la Côte , Officier des Chevaux- Légers
de la Garde , avec Mademoiſelle de Digoine.
M. de Perfan , ci -devant Capitaine au Régiment
Colonel Général de la Cavalerie , a obtenu l'agrément
du Roi pour la place de Lieutenant Meſtre
de Camp du même Régiment.
Le 30 Avril , M. le Comte de la Vauguion &
M. l'Evêque de Limoges , prêterent ferment entre
les mains du Roi ; le premier , en qualité de Gouverneur
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
& le ſecond , comme Précepteur de ce Prince.
Le même jour , les Etats de Bourgogne eurent
audience de Sa Majefté . Ils furent préſentés par
M. le Prince de Condé , Gouverneur de la Province
, & par M. le Comte de Saint - Florentin , Minif
tre & Secretaire d'Etat . La députation , qui étoit
conduite par M. Defgranges , Maître des Cérémonies
, étoit compofée , pour le Clergé , de M.
JUIN. 1758. 201
P'Abbé Dufers , qui portoit la parole ; de M. le
Comte de Tonnerre , pour la Nobleſſe , & de M.
de la Ramiffe , Maire d'Auxonne , pour le Tiers-
Etat . Elle eut audience de la Reine & de la Famille
Royale.
Les Etats d'Artois eurent auffi l'honneur d'être
admis à l'audience du Roi , pour la préſentation
du cahier. M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur
de la Province , & M. le Comte de Saint - Florentin
, pour le M. le Maréchal - Duc de Belle - Ife
qui a le département de cette Province , & qui
étoit indifpofé , les préſenterent à Sa Majefté , &
ils furent conduits par M. de Gifeux , Maître des
Cérémonies en furvivance. Les Députés étoient ,
pour le Clergé , M. l'Abbé de Cry , Chanoine de
la Cathédrale d'Arras & Vicaire général du Diocefe
, portant la parole ; pour la Nobleffe , M. le
Baron de Wifmes ; & pour le Tiers- Etat , M. de
Camps , Avocat , ancien Echevin de la ville
d'Arras.
Le premier de Mai , la Faculté vérifia le bon
état de la fanté de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
. Il en fut dreffé un procès-verbal qui fut
préfenté à Sa Majefté par M. le Comte de Saint-
Florentin , & on en remit deux copies en forme ,
P'une à Madame la Comteffe de Marfan , & l'autre
à M. le Comte de la Vauguyon. Vers le midi ,
Madame la Comteffe de Marfan conduifit Monfeigneur
le Duc de Bourgogne à l'appartement du
Roi , & remit ce Prince entre les mains de Sa
Majefté , qui lui témoigna toute la fatisfaction du
fuccès de fes foins pour la premiere education de
ce Prince. Un moment après le Roi remit Monſeigneur
le Duc de Bourgogne entre les mains de M.
le Comte de la Vauguyon . Les mouvemens de
l'ame de ce Prince , au moment d'une féparation
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
fenfible , fe peignirent fur fon vifage , & firent
admirer à la fois l'excellence de fon coeur & fa
fermeté dans un âge fi tendre.
Promotion d'Officiers Généraux & de Brigadiers.
Lieutenans Généraux. MM . le Comte de Moncan
, Commandant en Languedoc ; le Marquis de
Crillon ; de Torcy , Commandant à Nancy ; le
Comte d'Afpremont , Commandant un Bataillon
du Régiment des Gardes Françoiſes ; de Landreville
, Lieutenant des Gardes du Corps dans la
Compagnie de Luxembourg ; le Comte d'Affry
Lieutenant Colonel du Régiment des Gardes Suiffes;
le Baillif de Grille , Capitaine - Lieutenant
des Grenadiers à cheval ; le Chevalier du Châte
let ; le Comte de Vauban ; les Marquis de la Che--
ze, d'Havrincour , de Poyanne , de Barbançon ,
ces deux derniers Inspecteurs Généraux de Cavalerie
& de Dragons ; de Berville & d'Efcorailles ,
premier Soulieutenant de la Compagnie des Chevaux-
Légers de la Garde du Roi le Comte de la
Serre , Infpecteur général d'Infanterie ; de Montmort
, Major des Gardes du Corps ; le Marquis
d'Aubeterre ; le Comte de Montmorency ; le
Duc d'Aiguillon , Commandant en Bretagne , &
de Sabrevois , du Corps Royal de l'Artillerie & du
Génie.
Maréchaux de Camp , de la Maison du Roi , Infanterie
Cavalerie..
MM. le Chevalier de Vogué , Exempt des Gar
des du Corps dans la Compagnie de Luxembourg ;
le Baron de Beufenvald , Capitaine au Régiment
des Gardes Suiffes ; le Comte de Chabannes , Soulieutenant
de la feconde Compagnie des Mouf
quetaires; le Marquis de Caryoifin , Soulieutenant
JUIN. 1758. 205
de la premiere Compagnie des Moufquetaires ; le
Vicomte de Merainville , Soulieutenant de la Compagnie
des Gendarmes de la Garde du Roi.
De la Gendarmerie . M. le Comte de Bouville ,
Soulieutenant des Gendarmes Anglois.
De l'Infanterie. MM. de Vaux-de la Broffe ,
Lieutenant Colonel du Régiment du Comte de la
Marche ; le Comte de Polignac , Colonel du Régiment
d'Enghien ; Robert , Colonel Réformé à
la fuite du Régiment de Picardie ; le Comte de
Grammont ; le Marquis de Balleroy ; le Comte
de Waldner , Colonel d'un Régiment Suiffe ; le
le Chevalier de Croifmaré , Lieutenant Colonel du
Régiment du Rói ; Chevalier de Grollier, Colonel
du Régiment de Foix ; le Chevalier de Beauteville ,
Commandant dans les Cevennes ; le Marquis de
Langeron , Colonel du Régiment de Condé,
Du Corps Royal de l'Artillerie. MM. le Chevalier
d'Efpicquetieres & de Roftaing , tous deux du
Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
Du Corps du Génie. M. de Rivérfon , du Corps
Royal de l'Artillerie & du Génie .
De la Cavalerie. MM. le Chevalier de Montbarey
, Lieutenant - Colonel du Régiment Royal ;
les Comtes de Clermont -Tonnerre & de Maugiron
, Mestres de Camp d'un Régiment de Baye ,
Meftre de Camp Réformé à la fuire du Régiment
Royal Rouffillon ; les Marquis de Bellefont & de
Bezons , chacun Meſtre de Camp d'un Régiment.
"'
Des Dragons. MM. les Comtes d'Aubigny
Lieutenant- Colonel du Régiment de Dragons de
Marbeuf, & d'Harcourt- Lillebonne , Meftre de
Camp d'un Régiment de Dragons.
Brigadiers d'Infanterie. MM. le Comte d'Hef
fenftein , Colonel ; le Chevalier d'Aubonne , Capitaine
dans le Régiment des Gardes Françoifes;
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Conrad- Bely de Belfort , Aide- Major dans le Ré
giment des Gardes Suiffes ; le Chevalier de Montazet
, Colonel Réformé à la fuite du Régiment
d'Eu ; le Marquis d'Hérouville , Colonel du Régiment
de Bourgogne ; les Comtes de Drummontde
Melfort , Colonel Réformé à la fuite du Régiment
Royal Ecoffois , & de Civerac , Colonel da
Régiment Royal des Vaiffeaux ; Filtz - Gerald ,
Colonel Réformé à la fuite du Régiment de Clare ;
le Comte de Lewenhaup , Colonel du Régiment
de Madame la Dauphine ; le Chevalier de Chantilly
, Colonel d'un Régiment de Grenadiers
Royaux le Beuf, Colonel dans le Corps Royal
de l'Artillerie & du Génie , & Chabrié , Colonel-
Commandant un Bataillon du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie .
Brigadiers de Cavalerie. MM . le Marquis de
Montalembert , Enfeigne de la Compagnie des
Chevaux-Légers de la Garde du Roi ; Hébert ,
Aide Major des quatre Compagnies des Gardes
du Corps ; Pinon de Saint- Georges , Meftre de
Camp d'une Brigade de Carabiniers , & du Poral,
Meftre de Camp Réformé à la fuite du Régiment
des Cuir ffiers ; le Marquis de Laubefpine , Meftre
de Camp Réformé à la fuite du Meftre de
Camp géneral ; les Comtes d'Houdetot , Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes de Berry , de Bourbon
- Buffet , Meftre de Camp d'un Régiment , &
de Béthune , Meftre de Camp du Régiment Royal
Pologne.
Brigadiers de Dragons . MM. le Vicomte de
Thiange , Meftre de Camp d'un Régiment ; le
Chevalier d'Aubigné , aufli Meſtre de Camp d'un
Régiment.
Sa Majefté a donné le Régiment de Nice , Infanterie
, vacant par la mort de M. le Comte de la
JUIN. 1758 . 205
Queuille , à M. le Marquis de Juigné , Colonel
dans les Grenadiers de France. Les quatre Régimens
de Cavalerie , de Maugiron , de Clermont-
Tonnerre , de Bellefont & de Bezons , vacans par
la promotion , ont été accordés par le Roi ; le
premier , à M. le Comte de Tralegnies , Major
du Régiment royal Etranger ; le fecond , à M. le
Marquis de Noé , Lieutenant - Colonel du Régiment
de Cavalerie de Monfeigneur le Dauphin ;
le troisieme , à M. le Duc de Chartres , & le quatrieme
, à M. le Marquis de Vauffieux , Capitaine
dans le Régiment de Dragons du Roi. M. le Chevalier
de Flamarens a obtenu celui d'Harcourt-
Lillebonne , Dragons , qui vaquoit par la même
promotion.
Le Roi a donné à M. d'Ormeſſon , Intendant
des Finances , la place de Confeiller d'Etat , vacante
par la mort de M. Pallu , Intendant général
des Claffes de la Marine.
MM. les Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel
tinrent le 8 Mai Chapitre dans le grand Couvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Maréchal
Duc de Biron , Chevalier des Ordres du Roi , y
préfida en qualité de Commiffaire de Sa Majesté.
Il reçut Chevaliers MM . Maris , Directeur Général
des fontes de l'Artillerie du Royaume , de
l'Eclufe , Doyen des Députés du Commerce , &
Taitbout , Greffier de la Ville.
Le Roi a tenu le Sceau pour la vingt huitieme
& vingt -neuvieme fois.
Le 14 Mai , Fête de la Pentecôte , MM. les
Chevaliers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre
du Saint Efprit , s'étant affemblés vers les onze
heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa Majefté
tint chapitre , & Elle nomma les Cardinaux
de Gefvres & de Luynes , Commandeurs de cet
206 MERCURE DE FRANCE.
Ordre. Les preuves de Nobleffe de l'Abbé Comte
de Bernis , lequel avoit été propofé le z Février
dernier , pour être Commandeur du même Ordre
, ayant été préalablement faites , l'information
de fes vie & moeurs & fa profeffion de foi furent
admifes. Le Roi fortit enfuite de fon appartement
pour aller à la Chapelle. Sa Majefté , devant
qui deux Huiffiers de la Chambre portoientleurs
inaffes , étoit en manteau de cérémonie , le
Collier de l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus.
Elle étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, de MM . le Duc d'Orléans , le Prince de
Condé , le Comte de Charolois , le Prince de
Conty, le Comte de la Marche , le Comte d'Eu ,
le Duc de Penthievres , & les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre. Le nouveau
Commandeur en rochet & en camail , marchoit
entre les Chevaliers & les Officiers . Avant la gran
de Meffe , qui fut célébrée par l'Archevêque de
de Narbonne , Prélat - Commandeur de l'Ordre da
Saint-Efprit , Sa Majefté monta for fon trône &
revêtit des marques de l'Ordre M. l'Abbé Comte
de Bernis. Le Roi après la Meffe fut reconduit à
fon appartement en la maniere accoutumée.
Sa Majefté a difpofé du Régiment des Carabi
niers en faveur de Monfeigneur le Comte de Provence
, & Elle a nommé M. le Comte de Giſors ,
Mestre de Camp Lieutenant de ce Régiment.
M. le Duc d'Orléans préfenta le 14 Mai au
Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin , à
Madame la Dauphine , à Monfeigneur le Duc de
Bourgogne , à Madame Infante , à Madame & à
Mefdames , MM . le Marquis de la Tour- du -Pin ,
& le Chevalier de Durfort , pour remercier Sa
Majefté du Régiment de Chartres , Infanterie ,
accordé au premier , & du Régiment de Chare
JUIN. 1758. 1 07
tres , Cavalerie , accordé au fecond.
Le mêmejour , M. le Prince de Condé préfenta
auffi à Leurs Majeftés & à la Famille Royale , M.
le Comte de Maillé , pour remercier Sa Majefté
du Régiment de Condé , Infanterie , qui lui a été
accordé.
་
Le 16 , le Roi , la Reine , & la Famille Royale
figuerent le contrat de mariage de M. le Duc
de Rohan , avec Damoiſelle Emilie d'Uzès , fille
de M. Charles - Emmanuel , Duc d'Uzès , & de
Dame Emilie de la Rochefoucauld.
Le fieur Gualterio , Archevêque de Mira &
Nonce du Pape , eut le même jour une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit part à Sa
Majefté de la mort du Pape Benoît XIV , & lui
préſenta une lettre du Sacré Collége. Il fut conduit
à cette audience par M. Dufort , introducteur
des Ambaffadeurs.
୨
Benoît XIV , ( Profper Lambertini ) Bolonnois
, né le 31 Mars 1675 , avoit été nommé
Cardinal le 9 Décembre 1726 , & il fut élevé au
fouverain Pontificat le 17 Août 1740. Il eft mort
âgé de quatre-vingt trois ans , un mois & deux
jours , & en a regné près de dix- huit . La fageffe ,
la modération , la vafte érudition & l'affabilité de
ce Pontife , rendront fa mémoire célebre , & le
font univerſellement regretter.
M. le Cardinal de Tavannes , Archevêque de
Rouen , & Grand Aumônier de France , a été éla
le 19 Avril Provifeur de Sorbonne , à la place du
feu Cardinal de Tencin.
Le Capitaine de Laftre , commandant le Corfaire
le Printemps , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port le Sloop Anglois la Charmante
Elifabeth , chargé de vin , de thé & autres marchandifes.
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même Corſaire s'eft emparé d'un autre bâ
timent Anglois , appellé le Jean & Susanne , qui
eft arrivé au Havre , & il a fait de plus trois rançons
montant enfemble à 167 guinées.
La Comteffe de la Serre & l'Europe , autres Corfaires
de Dunkerque , fe font auffi rendus ma
tres , le premier , du bateau Anglois le Bon Succès
, le fecond , du Brigantin la Marguerite , qu'il
a rançonné pour 60 guinées.
On mande de Cherbourg , que le Corfaire le
Conquérant , de ce port , y a conduit un bateau
Anglois chargé de farine & de froment.
Le Capitaine Jean-Baptifte de Cock , comman
dant le Corfaire le Comte de Maurepas , de Dunkerque
, a remis à Morlaix les ôtages de deux ran
çons qu'il a faites , & qui montent enſemble à
760 guinées.
Le Corfaire l'Aurore , de Bayonne , comman
dé
par le Capitaine Guillaume Lavernis , s'eft rendu
maître des navires Anglois le Guillaume ;
chargé d'huile , le Plaifant , de Londres , ayant
pour chargement de la chaux & des briques , qui
a été conduit à Lisbonne , & le Carry , de Londres
, lequel s'eft trouvé en fi mauvais état , qu'on
a été obligé d'y mettre le feu , après en avoir retiré
l'équipage & les principaux effets de la cargaifon.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
l'Aimable Françoife , de Bayonne , a relâché
, moyennant une rançon de 2500 livres fterlings
, le Navire Anglois le Carry , de Glafcow
dont il s'étoit emparé.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Brigantin Anglois Cerès , dont la cargaifon
confifte en 40 barriques de fucre , 8 balles
de draps , & balles de cuirs forts , a été pris par
JUI N. 1758 . 209
le Capitaine Pierre Donjon , commandant le Navire
le Saint- Charles , armé en guerre & marchandiſes
, & a été conduit par relâche à Barcelone.
Le 2 de Mai , les Vaiffeaux du Roi le Dragon
, le Belliqueux , le Sphinx , le Hardi , le Floriffant
, les Frégates la Zephire , la Bellone , &
l'Aigrette , le Rhinoceros armé en flûte , & quatre
autres bâtimens frêtés pour le compte du Roi ,
partirent de Rochefort fous les ordres des fieurs de
Maurville & Duchaffaut- Defbenes , Capitaines.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Robert , commandant le Corfaire la Comteffe de
la Serre , de ce port , a pris & y a fait conduire le
Brigantin Anglois la Réfolution , chargé de fel ,
& qu'il a rançonné pour onze cens cinquante-cinq
guinées quatre autres bâtimens dont il s'étoit emparé.
Il eft arrivé à Breft un navire Anglois de 100
tonneaux , qui a été pris par le fieur Perée , commandant
le Corfaire le Comte de la Riviere , de
Granville , & dont la cargaiſon eft composée de
riz & d'indigo.
Le Roi jugeant à propos de faire paffer incef- E
*
famment entre les mains des hommes Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , à nommé Gouverneur
de ce Prince M. le Comte de la Vauguyon
Lieutenant général de fes Armées , Chevalier de
fes Ordres , & Menin de Monfeigneur le Dauphin
; Précepteur , M. PEvêque de Limoges ;
Sous-Gouverneurs , MM . les Chevaliers de la Ferriere
& de Beaujeu ; le premier , Brigadier d'Infanterie
, & Capitaine au Régiment des Gardes
Françoifes ; le fecond , Chevalier de l'Ordre de
Saint Jean de Jérufalems Sous - Précepteur , M.
l'Abbé de Radonvilliers , Abbé de l'Abbaye de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Saint Loup de Troyes ; Lecteur , M. l'Abbé d'Ar
gentré , Vicaire général du Dioceſe de Limoges ;
Gentilshommes de la Manche , M. le Baron de
Luppé , Colonel du Régiment royal Cantabre ;
MM. les Marquis de Marboeuf , Colonel du Régiment
de Dragons de fon nom ; de Montefquiou ,
Colonel dans le Corps des Grenadiers de France ,
& de la Haye , Capitaine de Cavalerie.
Le Roi a donné à M. l'Evêque d'Orléans la futvivance
de la Direction générale des Economats
& de la Régie des biens des Religionnaires , exercées
actuellement par M. le Comte du Muy ; & Sa
Majefté a voulu que ce Prélat pût lui en rendre
compte , lorfque , pour cauſe d'abſence ou de maladie
, M. le Comte du Muy ne'pourroit pas travailler
avec Elle.
Le 23 Avril , le Roi , la Reine , & la Famille
Royale , fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de la Côte , Officier des Chevaux- Légers
de la Garde , avec Mademoiſelle de Digoine.
M. de Perfan , ci -devant Capitaine au Régiment
Colonel Général de la Cavalerie , a obtenu l'agrément
du Roi pour la place de Lieutenant Meſtre
de Camp du même Régiment.
Le 30 Avril , M. le Comte de la Vauguion &
M. l'Evêque de Limoges , prêterent ferment entre
les mains du Roi ; le premier , en qualité de Gouverneur
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
& le ſecond , comme Précepteur de ce Prince.
Le même jour , les Etats de Bourgogne eurent
audience de Sa Majefté . Ils furent préſentés par
M. le Prince de Condé , Gouverneur de la Province
, & par M. le Comte de Saint - Florentin , Minif
tre & Secretaire d'Etat . La députation , qui étoit
conduite par M. Defgranges , Maître des Cérémonies
, étoit compofée , pour le Clergé , de M.
JUIN. 1758. 201
P'Abbé Dufers , qui portoit la parole ; de M. le
Comte de Tonnerre , pour la Nobleſſe , & de M.
de la Ramiffe , Maire d'Auxonne , pour le Tiers-
Etat . Elle eut audience de la Reine & de la Famille
Royale.
Les Etats d'Artois eurent auffi l'honneur d'être
admis à l'audience du Roi , pour la préſentation
du cahier. M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur
de la Province , & M. le Comte de Saint - Florentin
, pour le M. le Maréchal - Duc de Belle - Ife
qui a le département de cette Province , & qui
étoit indifpofé , les préſenterent à Sa Majefté , &
ils furent conduits par M. de Gifeux , Maître des
Cérémonies en furvivance. Les Députés étoient ,
pour le Clergé , M. l'Abbé de Cry , Chanoine de
la Cathédrale d'Arras & Vicaire général du Diocefe
, portant la parole ; pour la Nobleffe , M. le
Baron de Wifmes ; & pour le Tiers- Etat , M. de
Camps , Avocat , ancien Echevin de la ville
d'Arras.
Le premier de Mai , la Faculté vérifia le bon
état de la fanté de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
. Il en fut dreffé un procès-verbal qui fut
préfenté à Sa Majefté par M. le Comte de Saint-
Florentin , & on en remit deux copies en forme ,
P'une à Madame la Comteffe de Marfan , & l'autre
à M. le Comte de la Vauguyon. Vers le midi ,
Madame la Comteffe de Marfan conduifit Monfeigneur
le Duc de Bourgogne à l'appartement du
Roi , & remit ce Prince entre les mains de Sa
Majefté , qui lui témoigna toute la fatisfaction du
fuccès de fes foins pour la premiere education de
ce Prince. Un moment après le Roi remit Monſeigneur
le Duc de Bourgogne entre les mains de M.
le Comte de la Vauguyon . Les mouvemens de
l'ame de ce Prince , au moment d'une féparation
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
fenfible , fe peignirent fur fon vifage , & firent
admirer à la fois l'excellence de fon coeur & fa
fermeté dans un âge fi tendre.
Promotion d'Officiers Généraux & de Brigadiers.
Lieutenans Généraux. MM . le Comte de Moncan
, Commandant en Languedoc ; le Marquis de
Crillon ; de Torcy , Commandant à Nancy ; le
Comte d'Afpremont , Commandant un Bataillon
du Régiment des Gardes Françoiſes ; de Landreville
, Lieutenant des Gardes du Corps dans la
Compagnie de Luxembourg ; le Comte d'Affry
Lieutenant Colonel du Régiment des Gardes Suiffes;
le Baillif de Grille , Capitaine - Lieutenant
des Grenadiers à cheval ; le Chevalier du Châte
let ; le Comte de Vauban ; les Marquis de la Che--
ze, d'Havrincour , de Poyanne , de Barbançon ,
ces deux derniers Inspecteurs Généraux de Cavalerie
& de Dragons ; de Berville & d'Efcorailles ,
premier Soulieutenant de la Compagnie des Chevaux-
Légers de la Garde du Roi le Comte de la
Serre , Infpecteur général d'Infanterie ; de Montmort
, Major des Gardes du Corps ; le Marquis
d'Aubeterre ; le Comte de Montmorency ; le
Duc d'Aiguillon , Commandant en Bretagne , &
de Sabrevois , du Corps Royal de l'Artillerie & du
Génie.
Maréchaux de Camp , de la Maison du Roi , Infanterie
Cavalerie..
MM. le Chevalier de Vogué , Exempt des Gar
des du Corps dans la Compagnie de Luxembourg ;
le Baron de Beufenvald , Capitaine au Régiment
des Gardes Suiffes ; le Comte de Chabannes , Soulieutenant
de la feconde Compagnie des Mouf
quetaires; le Marquis de Caryoifin , Soulieutenant
JUIN. 1758. 205
de la premiere Compagnie des Moufquetaires ; le
Vicomte de Merainville , Soulieutenant de la Compagnie
des Gendarmes de la Garde du Roi.
De la Gendarmerie . M. le Comte de Bouville ,
Soulieutenant des Gendarmes Anglois.
De l'Infanterie. MM. de Vaux-de la Broffe ,
Lieutenant Colonel du Régiment du Comte de la
Marche ; le Comte de Polignac , Colonel du Régiment
d'Enghien ; Robert , Colonel Réformé à
la fuite du Régiment de Picardie ; le Comte de
Grammont ; le Marquis de Balleroy ; le Comte
de Waldner , Colonel d'un Régiment Suiffe ; le
le Chevalier de Croifmaré , Lieutenant Colonel du
Régiment du Rói ; Chevalier de Grollier, Colonel
du Régiment de Foix ; le Chevalier de Beauteville ,
Commandant dans les Cevennes ; le Marquis de
Langeron , Colonel du Régiment de Condé,
Du Corps Royal de l'Artillerie. MM. le Chevalier
d'Efpicquetieres & de Roftaing , tous deux du
Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
Du Corps du Génie. M. de Rivérfon , du Corps
Royal de l'Artillerie & du Génie .
De la Cavalerie. MM. le Chevalier de Montbarey
, Lieutenant - Colonel du Régiment Royal ;
les Comtes de Clermont -Tonnerre & de Maugiron
, Mestres de Camp d'un Régiment de Baye ,
Meftre de Camp Réformé à la fuire du Régiment
Royal Rouffillon ; les Marquis de Bellefont & de
Bezons , chacun Meſtre de Camp d'un Régiment.
"'
Des Dragons. MM. les Comtes d'Aubigny
Lieutenant- Colonel du Régiment de Dragons de
Marbeuf, & d'Harcourt- Lillebonne , Meftre de
Camp d'un Régiment de Dragons.
Brigadiers d'Infanterie. MM. le Comte d'Hef
fenftein , Colonel ; le Chevalier d'Aubonne , Capitaine
dans le Régiment des Gardes Françoifes;
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Conrad- Bely de Belfort , Aide- Major dans le Ré
giment des Gardes Suiffes ; le Chevalier de Montazet
, Colonel Réformé à la fuite du Régiment
d'Eu ; le Marquis d'Hérouville , Colonel du Régiment
de Bourgogne ; les Comtes de Drummontde
Melfort , Colonel Réformé à la fuite du Régiment
Royal Ecoffois , & de Civerac , Colonel da
Régiment Royal des Vaiffeaux ; Filtz - Gerald ,
Colonel Réformé à la fuite du Régiment de Clare ;
le Comte de Lewenhaup , Colonel du Régiment
de Madame la Dauphine ; le Chevalier de Chantilly
, Colonel d'un Régiment de Grenadiers
Royaux le Beuf, Colonel dans le Corps Royal
de l'Artillerie & du Génie , & Chabrié , Colonel-
Commandant un Bataillon du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie .
Brigadiers de Cavalerie. MM . le Marquis de
Montalembert , Enfeigne de la Compagnie des
Chevaux-Légers de la Garde du Roi ; Hébert ,
Aide Major des quatre Compagnies des Gardes
du Corps ; Pinon de Saint- Georges , Meftre de
Camp d'une Brigade de Carabiniers , & du Poral,
Meftre de Camp Réformé à la fuite du Régiment
des Cuir ffiers ; le Marquis de Laubefpine , Meftre
de Camp Réformé à la fuite du Meftre de
Camp géneral ; les Comtes d'Houdetot , Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes de Berry , de Bourbon
- Buffet , Meftre de Camp d'un Régiment , &
de Béthune , Meftre de Camp du Régiment Royal
Pologne.
Brigadiers de Dragons . MM. le Vicomte de
Thiange , Meftre de Camp d'un Régiment ; le
Chevalier d'Aubigné , aufli Meſtre de Camp d'un
Régiment.
Sa Majefté a donné le Régiment de Nice , Infanterie
, vacant par la mort de M. le Comte de la
JUIN. 1758 . 205
Queuille , à M. le Marquis de Juigné , Colonel
dans les Grenadiers de France. Les quatre Régimens
de Cavalerie , de Maugiron , de Clermont-
Tonnerre , de Bellefont & de Bezons , vacans par
la promotion , ont été accordés par le Roi ; le
premier , à M. le Comte de Tralegnies , Major
du Régiment royal Etranger ; le fecond , à M. le
Marquis de Noé , Lieutenant - Colonel du Régiment
de Cavalerie de Monfeigneur le Dauphin ;
le troisieme , à M. le Duc de Chartres , & le quatrieme
, à M. le Marquis de Vauffieux , Capitaine
dans le Régiment de Dragons du Roi. M. le Chevalier
de Flamarens a obtenu celui d'Harcourt-
Lillebonne , Dragons , qui vaquoit par la même
promotion.
Le Roi a donné à M. d'Ormeſſon , Intendant
des Finances , la place de Confeiller d'Etat , vacante
par la mort de M. Pallu , Intendant général
des Claffes de la Marine.
MM. les Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel
tinrent le 8 Mai Chapitre dans le grand Couvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Maréchal
Duc de Biron , Chevalier des Ordres du Roi , y
préfida en qualité de Commiffaire de Sa Majesté.
Il reçut Chevaliers MM . Maris , Directeur Général
des fontes de l'Artillerie du Royaume , de
l'Eclufe , Doyen des Députés du Commerce , &
Taitbout , Greffier de la Ville.
Le Roi a tenu le Sceau pour la vingt huitieme
& vingt -neuvieme fois.
Le 14 Mai , Fête de la Pentecôte , MM. les
Chevaliers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre
du Saint Efprit , s'étant affemblés vers les onze
heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa Majefté
tint chapitre , & Elle nomma les Cardinaux
de Gefvres & de Luynes , Commandeurs de cet
206 MERCURE DE FRANCE.
Ordre. Les preuves de Nobleffe de l'Abbé Comte
de Bernis , lequel avoit été propofé le z Février
dernier , pour être Commandeur du même Ordre
, ayant été préalablement faites , l'information
de fes vie & moeurs & fa profeffion de foi furent
admifes. Le Roi fortit enfuite de fon appartement
pour aller à la Chapelle. Sa Majefté , devant
qui deux Huiffiers de la Chambre portoientleurs
inaffes , étoit en manteau de cérémonie , le
Collier de l'Ordre & celui de la Toifon d'Or pardeffus.
Elle étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, de MM . le Duc d'Orléans , le Prince de
Condé , le Comte de Charolois , le Prince de
Conty, le Comte de la Marche , le Comte d'Eu ,
le Duc de Penthievres , & les Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre. Le nouveau
Commandeur en rochet & en camail , marchoit
entre les Chevaliers & les Officiers . Avant la gran
de Meffe , qui fut célébrée par l'Archevêque de
de Narbonne , Prélat - Commandeur de l'Ordre da
Saint-Efprit , Sa Majefté monta for fon trône &
revêtit des marques de l'Ordre M. l'Abbé Comte
de Bernis. Le Roi après la Meffe fut reconduit à
fon appartement en la maniere accoutumée.
Sa Majefté a difpofé du Régiment des Carabi
niers en faveur de Monfeigneur le Comte de Provence
, & Elle a nommé M. le Comte de Giſors ,
Mestre de Camp Lieutenant de ce Régiment.
M. le Duc d'Orléans préfenta le 14 Mai au
Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin , à
Madame la Dauphine , à Monfeigneur le Duc de
Bourgogne , à Madame Infante , à Madame & à
Mefdames , MM . le Marquis de la Tour- du -Pin ,
& le Chevalier de Durfort , pour remercier Sa
Majefté du Régiment de Chartres , Infanterie ,
accordé au premier , & du Régiment de Chare
JUIN. 1758. 1 07
tres , Cavalerie , accordé au fecond.
Le mêmejour , M. le Prince de Condé préfenta
auffi à Leurs Majeftés & à la Famille Royale , M.
le Comte de Maillé , pour remercier Sa Majefté
du Régiment de Condé , Infanterie , qui lui a été
accordé.
་
Le 16 , le Roi , la Reine , & la Famille Royale
figuerent le contrat de mariage de M. le Duc
de Rohan , avec Damoiſelle Emilie d'Uzès , fille
de M. Charles - Emmanuel , Duc d'Uzès , & de
Dame Emilie de la Rochefoucauld.
Le fieur Gualterio , Archevêque de Mira &
Nonce du Pape , eut le même jour une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit part à Sa
Majefté de la mort du Pape Benoît XIV , & lui
préſenta une lettre du Sacré Collége. Il fut conduit
à cette audience par M. Dufort , introducteur
des Ambaffadeurs.
୨
Benoît XIV , ( Profper Lambertini ) Bolonnois
, né le 31 Mars 1675 , avoit été nommé
Cardinal le 9 Décembre 1726 , & il fut élevé au
fouverain Pontificat le 17 Août 1740. Il eft mort
âgé de quatre-vingt trois ans , un mois & deux
jours , & en a regné près de dix- huit . La fageffe ,
la modération , la vafte érudition & l'affabilité de
ce Pontife , rendront fa mémoire célebre , & le
font univerſellement regretter.
M. le Cardinal de Tavannes , Archevêque de
Rouen , & Grand Aumônier de France , a été éla
le 19 Avril Provifeur de Sorbonne , à la place du
feu Cardinal de Tencin.
Le Capitaine de Laftre , commandant le Corfaire
le Printemps , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port le Sloop Anglois la Charmante
Elifabeth , chargé de vin , de thé & autres marchandifes.
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même Corſaire s'eft emparé d'un autre bâ
timent Anglois , appellé le Jean & Susanne , qui
eft arrivé au Havre , & il a fait de plus trois rançons
montant enfemble à 167 guinées.
La Comteffe de la Serre & l'Europe , autres Corfaires
de Dunkerque , fe font auffi rendus ma
tres , le premier , du bateau Anglois le Bon Succès
, le fecond , du Brigantin la Marguerite , qu'il
a rançonné pour 60 guinées.
On mande de Cherbourg , que le Corfaire le
Conquérant , de ce port , y a conduit un bateau
Anglois chargé de farine & de froment.
Le Capitaine Jean-Baptifte de Cock , comman
dant le Corfaire le Comte de Maurepas , de Dunkerque
, a remis à Morlaix les ôtages de deux ran
çons qu'il a faites , & qui montent enſemble à
760 guinées.
Le Corfaire l'Aurore , de Bayonne , comman
dé
par le Capitaine Guillaume Lavernis , s'eft rendu
maître des navires Anglois le Guillaume ;
chargé d'huile , le Plaifant , de Londres , ayant
pour chargement de la chaux & des briques , qui
a été conduit à Lisbonne , & le Carry , de Londres
, lequel s'eft trouvé en fi mauvais état , qu'on
a été obligé d'y mettre le feu , après en avoir retiré
l'équipage & les principaux effets de la cargaifon.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
l'Aimable Françoife , de Bayonne , a relâché
, moyennant une rançon de 2500 livres fterlings
, le Navire Anglois le Carry , de Glafcow
dont il s'étoit emparé.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Brigantin Anglois Cerès , dont la cargaifon
confifte en 40 barriques de fucre , 8 balles
de draps , & balles de cuirs forts , a été pris par
JUI N. 1758 . 209
le Capitaine Pierre Donjon , commandant le Navire
le Saint- Charles , armé en guerre & marchandiſes
, & a été conduit par relâche à Barcelone.
Le 2 de Mai , les Vaiffeaux du Roi le Dragon
, le Belliqueux , le Sphinx , le Hardi , le Floriffant
, les Frégates la Zephire , la Bellone , &
l'Aigrette , le Rhinoceros armé en flûte , & quatre
autres bâtimens frêtés pour le compte du Roi ,
partirent de Rochefort fous les ordres des fieurs de
Maurville & Duchaffaut- Defbenes , Capitaines.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Robert , commandant le Corfaire la Comteffe de
la Serre , de ce port , a pris & y a fait conduire le
Brigantin Anglois la Réfolution , chargé de fel ,
& qu'il a rançonné pour onze cens cinquante-cinq
guinées quatre autres bâtimens dont il s'étoit emparé.
Il eft arrivé à Breft un navire Anglois de 100
tonneaux , qui a été pris par le fieur Perée , commandant
le Corfaire le Comte de la Riviere , de
Granville , & dont la cargaiſon eft composée de
riz & d'indigo.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs nominations et événements marquants ont eu lieu à la cour du roi de France. Le roi a nommé M. le Comte de la Vauguyon gouverneur du Duc de Bourgogne, assisté par M. l'Évêque de Limoges en tant que précepteur. Les sous-gouverneurs désignés sont MM. les Chevaliers de la Ferrière et de Beaujeu. M. l'Évêque d'Orléans a été chargé de la direction générale des économats et de la régie des biens des religionnaires. Le 23 avril, le roi, la reine et la famille royale ont signé le contrat de mariage du Marquis de la Côte avec Mademoiselle de Digoine. Le 30 avril, M. le Comte de la Vauguyon et M. l'Évêque de Limoges ont prêté serment au roi. Les États de Bourgogne et d'Artois ont été reçus par le roi, présentés respectivement par M. le Prince de Condé et M. le Duc de Chaulnes. Le 1er mai, la santé du Duc de Bourgogne a été vérifiée et un procès-verbal a été présenté au roi. Plusieurs promotions d'officiers généraux et de brigadiers ont été annoncées, incluant des nominations dans l'infanterie, la cavalerie et les dragons. Le roi a également nommé de nouveaux commandants pour divers régiments. Le 14 mai, lors de la fête de la Pentecôte, le roi a nommé les Cardinaux de Gesvres et de Luynes commandeurs de l'Ordre du Saint-Esprit et a reçu l'Abbé Comte de Bernis comme nouveau commandeur. Le roi a disposé du régiment des Carabiniers en faveur du Comte de Provence et a nommé M. le Comte de Gisors maître de camp lieutenant de ce régiment. Le 16 mai, le roi, la reine et la famille royale ont signé le contrat de mariage du Duc de Rohan avec Damoiselle Emilie d'Uzès. Le même jour, le Nonce du Pape a informé le roi de la mort du Pape Benoît XIV. Parallèlement, plusieurs événements maritimes et nominations ecclésiastiques ont été rapportés. Le Cardinal de Tavannes a été élu Proviseur de Sorbonne le 19 avril, succédant au Cardinal de Tencin. Divers corsaires français ont capturé des navires anglais, obtenant des rançons significatives. Par exemple, le Capitaine Laftre a capturé deux navires anglais, obtenant 167 guinées de rançons. D'autres corsaires, comme la Comtesse de la Serre et l'Europe, ont également réalisé des captures. À Cherbourg, le corsaire le Conquérant a conduit un bateau anglais chargé de farine et de froment. Le Capitaine Jean-Baptiste de Cock a remis des otages à Morlaix après deux rançons totalisant 760 guinées. Le corsaire l'Aurore de Bayonne a capturé plusieurs navires anglais, certains conduits à Lisbonne ou incendiés. Le Capitaine Danglade a relâché un navire anglais après une rançon de 2500 livres sterling. Le Capitaine Pierre Donjon a capturé le Brigantin anglais Cerès et l'a conduit à Barcelone. Le 2 mai, plusieurs vaisseaux du Roi sont partis de Rochefort sous les ordres des Capitaines de Maurville et Duchaffaut-Desbennes. À Dunkerque, le Capitaine Robert a capturé le Brigantin anglais la Révolution et rançonné quatre autres navires. Un navire anglais de 100 tonneaux, capturé par le Capitaine Perée, est arrivé à Brest avec une cargaison de riz et d'indigo.
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41
p. 192-201
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la charge de premier [...]
Mots clefs :
Roi, Nominations, Marquis, Ordonnances du roi, Troupes, Rations des soldats, Ingénieur, Régiments, Amérique, Victoires françaises, Marquis de Vaudreuil, Les sauvages, Expéditions, Fort Carillon, Vaisseaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la
charge de premier Maître d'Hôtel de Sa Majesté ,
vacante par la mort de M. le Marquis de Livry.
Le 21 Mai , M. le Comte de. Fouquet , nommé
Lieutenant-Général du Pays Meffin , prêta ferment
entre les mains du Roi.
24 Sa Majesté a nommé M. le Marquis d'Efears,
Menin de Monfeigneur le Dauphin.
፡ Il y a trois nouvelles Ordonnances du Roi concernant
les Troupes.
La premiere , du premier Mai , accorde une
augmentation de quatre onces par chaque ration
de pain de munition , dont la fourniture fera faite ,
fant en campagne que dans les garniſons , à commen
cer
JUILLET. 1798. 193
Γ
mencer du premier Juillet prochain , aux Troupes
de Sa Majefté , Françoifes & Etrangeres ; à
l'exception des Officiers auxquels le pain continuera
d'être fourni en campagne fur le pied de
vingt- quatre onces par ration .
Par la feconde , du même jour , il eft réglé que
dans les cas où par la difficulté des fourrages la
ration de Cavalerie ne pourra être compofée de
dix-huit livres de foin , ou de quinze livres de
foin & de cinq livres de paille , elle le fera de
douze livres de foin & de dix livres de paille ,
ou de neufliv. de foin , & de quinze liv. de paille.
Que la ration d'Infanterie fera , dans le même cas',
réduite de feize livres de foin , ou de douze livres
de foin & de huit livres de paille , à dix livres
de foin & dix livres de paille , ou à fept livres
de foin & quinze livres de paille . Que dans tous
les cas où l'avoine exiftant dans les magaſins ,
ne pourroit fuffire pour la confommation de la
Cavalérie & de l'Infanterie , on en fera la diftribution
de préférence à la Cavalerie , & qu'ily fera
fuppléé par rapport à l'Infanterie , avec du feigle ,
de l'orge ou de l'efpaute en paille , & par préférence
avec cette dernier efpece.
La troifieme , dus Mai , porte que les Ingé
nieurs qui avoient été réunis par l'Ordonnance
du 8 Décembre 1755 , au Corps de l'Artillerie ,
fous la dénomination de Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , en feront défunis pour former
un Corps féparé fous la dénomination du Corps
des Ingénieurs. En conféquence les In énieurs
qui ont été incorporés dans les Bataillons du Corps
Royal , en vertu de l'Ordonnance du premier Dé
cembre 1756 , quitteront les charges & emplois
qu'ils rempliffent dans les Bataillons , & fe rendront
dans les réfidences qui leur feront affignées;
LVol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Ils ne feront dans les places & dans les armées ;
que le fervice d'Ingénieurs , & ne s'occuperont
plus à l'avenir des détails de l'Artillerie . Leur uniforme
fera de drap couleur bleu de Roi , paremens
de velours noirs , doublure de ferge rouge
vefte & culotte rouges ; l'habit fera garni jufqu'à
la taille de boutons de cuivre doré , cinq
fur chaque poche , & autant fur les manches.
teau ,
>
Dans la féance de l'Académie Françoiſe , tennuele
22 Mai , M. de la Curne de Sainte- Palaye,
de l'Académie des Infcriptions,à été élu pour remplir
la place vacante par la mort de M. de Boiffy.
Le Roi fit le 30 de Mai , dans la cour du Châla
revue des deux Compagnies des Moufquetaires
de fa Garde. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice à pied , Elle les vit défiler à cheval.
Monfeigneur le Dauphin accompagnoit le
Roi. La Reine , Madame la Dauphine , Madame
& Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe , virent
larevue d'un des appartemens du Château.
Sa Majefté tint le même jour le fceau , pour la
trentieme fois.
M. de Moras ayant donné fa démiffion de la
charge de Secrétaire d'Etat au Département de la
Marine , le Roi a confié ce Département à M.
de Maffiac , Lieutenant- Général de fes Armées
Navales , qui prêta ferment entre les mains de
Sa Majefté le premier de ce mois. Le Roi a confervé
à M. de Moras fa place dans les Confeils.
Le Roi a donné le Régiment de Cavalerie de
Lenoncourt à M. le Marquis de Touftain de Viray
, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment
Royal- Pologne.
Le Roi a donné le Régiment de Champagne ,
vacant par la nomination de M. le Comte de
Gifors , à l'emploi de Meftre de Camp- Lieute◄
JUILLET. 1758. 195
nant du Régiment des Carabiniers , à M. le Marquis
de Juigné , Colonel dans les Grenadiers de
France.
Celui de Nice , vacant par la mort de M. le
le Comte de la Queuille , à M. le Vicomte de
Cambis , Colonel d'un Régiment d'Infanterie.
Celui de Cambis , à M. le Vicomte de la Tournelle
, Capitaine de Grenadiers dans le même Régiment.
Celui de Cambrefis , vacant par la démiffion
de M. le Marquis de la Châtre , à M. de la Galiffonniere
, Capitaine Aide-Major dans le Régi
ment du Roi , Infanterie.
Celui de Foix , vacant par la promotion de
M. le Chevalier de Grollier au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Rougé
Capitaine dans le Régiment de Vermandois ;
Et celui de Berwick , Irlandois , vacant par la
mort de M. le Comte de Filts - James , au fecond
fils de M. le Duc de Filtz - James , à condition
qu'il n'en prendra le commandement
que lorfqu'il aura rempli le temps de fervice
exigé par le Réglement que le Roi a donné le
29 Avril dernier.
Le Roi a donné à M. le Baron de Wurmfer ,
l'Inſpection des Troupes Allemandes dans fes
Armées .
Sa Majefté a fait choix de M. le Normant
de Mezy , Intendant des Armées Navales , pour
aider M. de Maffiac , Secrétaire d'Etat au Département
de la Marine , dans les fonctions &
dans les détails de ce Département , & fous fes
ordres , avec le titre d'Intendant Général de la
Marine & des Colonies.
Les de Juin , la Maifon de Sorbonne fit dans
fon Eglife un Service folemnel pour Benoît XIV,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
MM. le Cardinal de Tavannes , le Nonce , &
l'Archevêque d'Embrun y affifterent avec toute
la Maiſon en corps. La Maifon de Sorbonne
n'eft point dans l'ufage de faire des Services à
la mort des Papes ; mais elle a reçu tant de
bienfaits de Benoît XIV , qu'elle a cru devoir
en cette occafion donner des marques particu
lieres de fa reconnoiffance pour lui , & de fon
attachement au Saint Siege. Le feu Pape a fair
préfent à la Maifon de Sorbonne de fon Portrait
, & de tous les Ouvrages.
Le Roi a nommé M. le Comte de Murinais
, premier Cornette des Chevaux - Légers
d'Aquitaine , a la Soulieutenance des Gendarmes
Anglois , vacante par la promotion de M.
le Comte de Bouville , au grade de Maréchal
de Camp.
M. le Comte de Coffé , Guidon des Gendar.
mes d'Aquitaine , à la premiere Cornette des
Chevaux- Legers d'Aquitaine ;
Et M. le Marquis de Montauban , Lieutenant
en fecond dans le Régiment d'Infanterie
du Roi , au Guidon des Gendarmes d'Aquitaine,
On vient d'apprendre par une Goelette expédiée
de Québec , qui a apporté des lettres du
Canada en date du 3 Mai dernier , les nouvelles
fuivantes.
Quoique les expéditions de cet hiver n'ayent
pas été confidérables , cependant les François
ont eu la fupériorité dans toutes les rencon
contres qu'ils ont eues avec les Anglois , foit
par les établiſſemens qu'ils leur ont détruites ,
Toit par les chevelures que leurs Sauvages ont
enlevées. Parmi une infinité de petites entreprifes
, on n'en rapportera que deux , qui ſuffitont
pour faire juger de la bravoure des Canadiens
& des Sauvages nos Alliés .
JUILLET. 1758. 197
M. le Marquis de Vandreuil s'étant détermi
né à faire attaquer le Village Anglois des
Emigrans , fitué fur la riviere de Corlak , fervant
d'entrepôt an ennemis , & rempli de toutes
fortes d'effets & munitions , y envoya M. de
Beletre , Lieutenant des Troupes de la Colonie
, avec un Détachement de trois cens Ca
nadiens & Sauvages. Malgré la rigueur de la
faifon , M. de Beletre arriva près de Corlak
après des peines incroyables ; il ramaffa fur fa
route plufieurs Sauvages des cinq Nations Iroquoifes
& des Onneyoutes qui fe joignirent à
lui , & ayant paffé la riviere , moitié à la nage
& moitié dans l'eau jufqu'au col , il fit tour
de fuite fon plan d'attaque. Le Village étoit
couvert de cinq petits Forts que les Anglois
avoient été contraints d'abandonner depuis la
démolition de Choueguen , mais dont ils s'étoient
remis en poffeffion . M. de Beletre entreprit
de les emporter d'affaut l'un après Pautre
, & il y réuffit part l'épouvante qu'il jetta
parmi les Anglois. Le Chef du Village , qui
commandoit dans le premier , s'étant rendu à
difcrétion , M. de Beletre fe rendit bientôt maître
des autres , & il y fit mettre le feu. Pendant
cete opération , une partie de fa Troupe
s'attacha à piller & à brûler le Village compofé
d'environ foixante maifons . Le pillage fut
très-confidérable : outre une grande quantité de
farines , & de toutes fortes de grains , de munitions
& d'effets de toute efpece , on prit quatre
mille bêtes à cornes , trois mille moutons
autant de cochons , & cinq cents chevaux ; ce
qui ne doit pas furprendre , attendu que les
Anglois avoient formé dans ce Village un magafin
, pour la traite des cinq Nations Iroquoi
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
fes & de celles d'enhaut. On affure que le Chef
feul a fait une perte de quatre cents mille livres
. Une partie de la Garniſon du Fort Kouary
s'étant miſe en marche , pour venir au fecours
des Anglois , fut contrainte de repaffer la riviere
à la nage , après avoir effuyé plufieurs décharges
de moufqueterie . Cette petite expédition
s'eft faite le 13 Novembre dernier , & elle
a été d'autant plus avantageufe , qu'elle a produit
un bon effet fur l'efprit des Sauvages . Les
Anglois y ont perdu cinquante hommes , & on
Jeur a fait cent foixante-dix prifonniers , dont
plufieurs Officiers . La perte des François a été
fort peu confidérable.
La deuxieme expédition s'eſt paffée du côté du
Fort Carillon . M. le Marquis de Vaudreuil ayant
été informé que les Anglois méditoient une entreprife
fur ce Fort , en fit fortir un détachement
d'environ deux cens Canadiens & Sauvages , fous
le commandement de M. du Rentay , Cadet dans
les troupes de la Colonie. A peine M. du Rentay
fut en campagne , qu'il apperçut un détachement
Anglois , dont le nombre étoit prefqu'égal au fien,
qui étoit pofté fur la montage Pelée : c'étoit un
détachement de Troupes d'élite & de coureurs de
bois , commandés par le Major Robert Roger ,
fameux Partifan . Malgré la pofition avantageuſe
de l'ennemi , M. du Rentay l'attaqua , & par une
fuite fimulée , engagea le Major Robert à defcendre
fur lui ; celui - ci donna dans le piege , & defcendit
de la montagne avec précipitation , croyant
pourſuivre des fuyards ; mais il fut bientôt enveloppé.
Le combat fut très-vif , & dura pendant
quatre heures ; les Sauvages leverent la chevelure
au Major Robert Roger , à huit Officiers & à cent
quarante Anglois . On croit que le refte du déta
JUILLET. 1758. 199
chement a péri miférablement , deux Officiers Anglois
ayant été obligés de venir fe réfugier dans
le Fort Carillon. Cette action eft d'autant plus
belle , qu'elle a été conduite par un Cadet , & que
fes camarades , ainfi que les Ĉanadiens & les Sauvages
, ont combattu fous fes ordres avec toute la
valeur & la fubordination poffibles . Il y a eu treize
Iroquois & un Népiffingue tués , & deux Cadets ,
quinze Iroquois , un Abenakife & un Canadien
bleffés dangereufement.
M. le Duc de Modene pour reconnoître les
bons fervices que M. le Comte de Mozone , fon
Plénipotentiaire au Congrès d'Aix- la Chapelle , &
fon Miniftre à la Cour de France , vient d'accorà
Madame la Comteffe de Mozone , fa veuve ,
5000 liv . de rente .
Le Vaiffeau du Roi le Triton & la Frégate la
Minerve , ont pris & conduit à Toulon un Corfaire
Anglois armé de 18 canons , & de 107 hommes
d'équipage .
Deux autres Corfaires Anglois appellés , l'un
la Minerve , de Jerzey , de 10 canons & de 70
hommes d'équipage ; l'autre le Mercure , du même
port , armé de 4 canons & de 31 hommes d'équipage
, ont été pris par la Frégate du Roi la
Félicité, & la Corvette la Tourterelle . Il y avoit fur
le premier de ces Corfaires cinq ôtages provenans
d'un pareil nombre de bâtiment François qu'il
avoit rançonnés.
Le Navire Anglois l'Heureux Retour , de 115
tonneaux , charg de charbon de terre , a été pris
par le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne , qui
l'a fait conduire au Havre.
Les Corfaires le Conquérant & l'Agrippe , de
Cherbourg , ont pris & conduit en ce port , l'un
un Brigantin Anglois chargé de lin , l'autre un
liv
200 MERCURE DE FRANCE.
Navire de 90 tonneaux chargé de tuiles.
Il eft de plus arrivé à Cherbourg un Navire
Anglois de 90 tonneaux , qui a été pris par le
Corfaire le Printemps , de Dunkerque , & qui eft
chargé de bled.
Les Corfaires le Comte de la Riviere & le Mefny,
de Granville , ont fait deux rançons , l'une de
200 livres fterlings , l'autre de 700 guinées.
Le Corfaire la Menette , de l'Orient , a pris &
conduit à Morlaix trois Bateaux Anglois , dont un
eft chargé de poiffon frais , & les deux autres de
grains.
>
Le Navire Anglois le Menavé , de 80 tonneaux,
chargé de boeuf, de lard & de beurre d'Irlande
a été pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim ,
qui l'a fait conduire au Port- Louis.
Le Capitaine Anglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de Bayonne , a rançonné pour
2500 livres fterlings un Navire Anglois , dont il
s'étoit rendu maître..
La Gentille , autre Corfaire de Bayonne , s'eft
emparé d'un Navire Anglois chargé de harengs ,
qui a été conduit par relâche dans un port d'Efpagne.
La Frégate du Roi la Danaé , & la Corvette
l'Harmonie , fe font emparé d'un petit Corſaire
de Jerzey , armé de 4 canons , qui a été conduit
au Havre.
Le Senaw Anglois le Mairg , de 140 tonneaux
chargé de charbon de terre , a été pris par le
Corfaire l'Aventurier , de Dunkerque , où il eft
arrivé.
Le Corfaire le Don de Dieu y a auffi fait con
duire un Bateau Anglois qui étoit fur fon left , &
il a rançonné pour quatre - vingts- quinze guinées
un autre Bâtiment dont il s'étoit emparé..
JUILLET. 1758. ΣΟΥ
Le Corfaire le Duc d'Ayen a pris & conduit au
Havre le Navire Anglois le Prince Frédéric , de
120 tonneaux , chargé de raifins & de tartre.
On mande de Granville , que le Corfaire le
Machault , de ce port , a rançonné pour cinq
mille livres sterlings le Navire Anglois la Marie
dont il s'eft emparé.
Le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois la Tartare , de Briſtol , armé
de 24 canons & de 100 hommes d'équipage , & il
P'a fait conduire à Cherbourg.
Le même Corfaire a pris & conduit à Saint-
Malo le Navire Anglois la Conformation , de 275
tonneaux , chargé de 997 barrils de riz & de bois
d'acajou .
Il eft arrivé à Morlaix un Senaw Anglois appellé
la Bety , de 180 tonneaux , chargé de tabac ,
de merrain & de fer. Ce Bâtiment a été pris par
le Capitaine de Lille , commandant le Corfaire la
Fulvie , de Dunkerque.
LE Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la
charge de premier Maître d'Hôtel de Sa Majesté ,
vacante par la mort de M. le Marquis de Livry.
Le 21 Mai , M. le Comte de. Fouquet , nommé
Lieutenant-Général du Pays Meffin , prêta ferment
entre les mains du Roi.
24 Sa Majesté a nommé M. le Marquis d'Efears,
Menin de Monfeigneur le Dauphin.
፡ Il y a trois nouvelles Ordonnances du Roi concernant
les Troupes.
La premiere , du premier Mai , accorde une
augmentation de quatre onces par chaque ration
de pain de munition , dont la fourniture fera faite ,
fant en campagne que dans les garniſons , à commen
cer
JUILLET. 1798. 193
Γ
mencer du premier Juillet prochain , aux Troupes
de Sa Majefté , Françoifes & Etrangeres ; à
l'exception des Officiers auxquels le pain continuera
d'être fourni en campagne fur le pied de
vingt- quatre onces par ration .
Par la feconde , du même jour , il eft réglé que
dans les cas où par la difficulté des fourrages la
ration de Cavalerie ne pourra être compofée de
dix-huit livres de foin , ou de quinze livres de
foin & de cinq livres de paille , elle le fera de
douze livres de foin & de dix livres de paille ,
ou de neufliv. de foin , & de quinze liv. de paille.
Que la ration d'Infanterie fera , dans le même cas',
réduite de feize livres de foin , ou de douze livres
de foin & de huit livres de paille , à dix livres
de foin & dix livres de paille , ou à fept livres
de foin & quinze livres de paille . Que dans tous
les cas où l'avoine exiftant dans les magaſins ,
ne pourroit fuffire pour la confommation de la
Cavalérie & de l'Infanterie , on en fera la diftribution
de préférence à la Cavalerie , & qu'ily fera
fuppléé par rapport à l'Infanterie , avec du feigle ,
de l'orge ou de l'efpaute en paille , & par préférence
avec cette dernier efpece.
La troifieme , dus Mai , porte que les Ingé
nieurs qui avoient été réunis par l'Ordonnance
du 8 Décembre 1755 , au Corps de l'Artillerie ,
fous la dénomination de Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , en feront défunis pour former
un Corps féparé fous la dénomination du Corps
des Ingénieurs. En conféquence les In énieurs
qui ont été incorporés dans les Bataillons du Corps
Royal , en vertu de l'Ordonnance du premier Dé
cembre 1756 , quitteront les charges & emplois
qu'ils rempliffent dans les Bataillons , & fe rendront
dans les réfidences qui leur feront affignées;
LVol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Ils ne feront dans les places & dans les armées ;
que le fervice d'Ingénieurs , & ne s'occuperont
plus à l'avenir des détails de l'Artillerie . Leur uniforme
fera de drap couleur bleu de Roi , paremens
de velours noirs , doublure de ferge rouge
vefte & culotte rouges ; l'habit fera garni jufqu'à
la taille de boutons de cuivre doré , cinq
fur chaque poche , & autant fur les manches.
teau ,
>
Dans la féance de l'Académie Françoiſe , tennuele
22 Mai , M. de la Curne de Sainte- Palaye,
de l'Académie des Infcriptions,à été élu pour remplir
la place vacante par la mort de M. de Boiffy.
Le Roi fit le 30 de Mai , dans la cour du Châla
revue des deux Compagnies des Moufquetaires
de fa Garde. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice à pied , Elle les vit défiler à cheval.
Monfeigneur le Dauphin accompagnoit le
Roi. La Reine , Madame la Dauphine , Madame
& Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe , virent
larevue d'un des appartemens du Château.
Sa Majefté tint le même jour le fceau , pour la
trentieme fois.
M. de Moras ayant donné fa démiffion de la
charge de Secrétaire d'Etat au Département de la
Marine , le Roi a confié ce Département à M.
de Maffiac , Lieutenant- Général de fes Armées
Navales , qui prêta ferment entre les mains de
Sa Majefté le premier de ce mois. Le Roi a confervé
à M. de Moras fa place dans les Confeils.
Le Roi a donné le Régiment de Cavalerie de
Lenoncourt à M. le Marquis de Touftain de Viray
, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment
Royal- Pologne.
Le Roi a donné le Régiment de Champagne ,
vacant par la nomination de M. le Comte de
Gifors , à l'emploi de Meftre de Camp- Lieute◄
JUILLET. 1758. 195
nant du Régiment des Carabiniers , à M. le Marquis
de Juigné , Colonel dans les Grenadiers de
France.
Celui de Nice , vacant par la mort de M. le
le Comte de la Queuille , à M. le Vicomte de
Cambis , Colonel d'un Régiment d'Infanterie.
Celui de Cambis , à M. le Vicomte de la Tournelle
, Capitaine de Grenadiers dans le même Régiment.
Celui de Cambrefis , vacant par la démiffion
de M. le Marquis de la Châtre , à M. de la Galiffonniere
, Capitaine Aide-Major dans le Régi
ment du Roi , Infanterie.
Celui de Foix , vacant par la promotion de
M. le Chevalier de Grollier au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Rougé
Capitaine dans le Régiment de Vermandois ;
Et celui de Berwick , Irlandois , vacant par la
mort de M. le Comte de Filts - James , au fecond
fils de M. le Duc de Filtz - James , à condition
qu'il n'en prendra le commandement
que lorfqu'il aura rempli le temps de fervice
exigé par le Réglement que le Roi a donné le
29 Avril dernier.
Le Roi a donné à M. le Baron de Wurmfer ,
l'Inſpection des Troupes Allemandes dans fes
Armées .
Sa Majefté a fait choix de M. le Normant
de Mezy , Intendant des Armées Navales , pour
aider M. de Maffiac , Secrétaire d'Etat au Département
de la Marine , dans les fonctions &
dans les détails de ce Département , & fous fes
ordres , avec le titre d'Intendant Général de la
Marine & des Colonies.
Les de Juin , la Maifon de Sorbonne fit dans
fon Eglife un Service folemnel pour Benoît XIV,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
MM. le Cardinal de Tavannes , le Nonce , &
l'Archevêque d'Embrun y affifterent avec toute
la Maiſon en corps. La Maifon de Sorbonne
n'eft point dans l'ufage de faire des Services à
la mort des Papes ; mais elle a reçu tant de
bienfaits de Benoît XIV , qu'elle a cru devoir
en cette occafion donner des marques particu
lieres de fa reconnoiffance pour lui , & de fon
attachement au Saint Siege. Le feu Pape a fair
préfent à la Maifon de Sorbonne de fon Portrait
, & de tous les Ouvrages.
Le Roi a nommé M. le Comte de Murinais
, premier Cornette des Chevaux - Légers
d'Aquitaine , a la Soulieutenance des Gendarmes
Anglois , vacante par la promotion de M.
le Comte de Bouville , au grade de Maréchal
de Camp.
M. le Comte de Coffé , Guidon des Gendar.
mes d'Aquitaine , à la premiere Cornette des
Chevaux- Legers d'Aquitaine ;
Et M. le Marquis de Montauban , Lieutenant
en fecond dans le Régiment d'Infanterie
du Roi , au Guidon des Gendarmes d'Aquitaine,
On vient d'apprendre par une Goelette expédiée
de Québec , qui a apporté des lettres du
Canada en date du 3 Mai dernier , les nouvelles
fuivantes.
Quoique les expéditions de cet hiver n'ayent
pas été confidérables , cependant les François
ont eu la fupériorité dans toutes les rencon
contres qu'ils ont eues avec les Anglois , foit
par les établiſſemens qu'ils leur ont détruites ,
Toit par les chevelures que leurs Sauvages ont
enlevées. Parmi une infinité de petites entreprifes
, on n'en rapportera que deux , qui ſuffitont
pour faire juger de la bravoure des Canadiens
& des Sauvages nos Alliés .
JUILLET. 1758. 197
M. le Marquis de Vandreuil s'étant détermi
né à faire attaquer le Village Anglois des
Emigrans , fitué fur la riviere de Corlak , fervant
d'entrepôt an ennemis , & rempli de toutes
fortes d'effets & munitions , y envoya M. de
Beletre , Lieutenant des Troupes de la Colonie
, avec un Détachement de trois cens Ca
nadiens & Sauvages. Malgré la rigueur de la
faifon , M. de Beletre arriva près de Corlak
après des peines incroyables ; il ramaffa fur fa
route plufieurs Sauvages des cinq Nations Iroquoifes
& des Onneyoutes qui fe joignirent à
lui , & ayant paffé la riviere , moitié à la nage
& moitié dans l'eau jufqu'au col , il fit tour
de fuite fon plan d'attaque. Le Village étoit
couvert de cinq petits Forts que les Anglois
avoient été contraints d'abandonner depuis la
démolition de Choueguen , mais dont ils s'étoient
remis en poffeffion . M. de Beletre entreprit
de les emporter d'affaut l'un après Pautre
, & il y réuffit part l'épouvante qu'il jetta
parmi les Anglois. Le Chef du Village , qui
commandoit dans le premier , s'étant rendu à
difcrétion , M. de Beletre fe rendit bientôt maître
des autres , & il y fit mettre le feu. Pendant
cete opération , une partie de fa Troupe
s'attacha à piller & à brûler le Village compofé
d'environ foixante maifons . Le pillage fut
très-confidérable : outre une grande quantité de
farines , & de toutes fortes de grains , de munitions
& d'effets de toute efpece , on prit quatre
mille bêtes à cornes , trois mille moutons
autant de cochons , & cinq cents chevaux ; ce
qui ne doit pas furprendre , attendu que les
Anglois avoient formé dans ce Village un magafin
, pour la traite des cinq Nations Iroquoi
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
fes & de celles d'enhaut. On affure que le Chef
feul a fait une perte de quatre cents mille livres
. Une partie de la Garniſon du Fort Kouary
s'étant miſe en marche , pour venir au fecours
des Anglois , fut contrainte de repaffer la riviere
à la nage , après avoir effuyé plufieurs décharges
de moufqueterie . Cette petite expédition
s'eft faite le 13 Novembre dernier , & elle
a été d'autant plus avantageufe , qu'elle a produit
un bon effet fur l'efprit des Sauvages . Les
Anglois y ont perdu cinquante hommes , & on
Jeur a fait cent foixante-dix prifonniers , dont
plufieurs Officiers . La perte des François a été
fort peu confidérable.
La deuxieme expédition s'eſt paffée du côté du
Fort Carillon . M. le Marquis de Vaudreuil ayant
été informé que les Anglois méditoient une entreprife
fur ce Fort , en fit fortir un détachement
d'environ deux cens Canadiens & Sauvages , fous
le commandement de M. du Rentay , Cadet dans
les troupes de la Colonie. A peine M. du Rentay
fut en campagne , qu'il apperçut un détachement
Anglois , dont le nombre étoit prefqu'égal au fien,
qui étoit pofté fur la montage Pelée : c'étoit un
détachement de Troupes d'élite & de coureurs de
bois , commandés par le Major Robert Roger ,
fameux Partifan . Malgré la pofition avantageuſe
de l'ennemi , M. du Rentay l'attaqua , & par une
fuite fimulée , engagea le Major Robert à defcendre
fur lui ; celui - ci donna dans le piege , & defcendit
de la montagne avec précipitation , croyant
pourſuivre des fuyards ; mais il fut bientôt enveloppé.
Le combat fut très-vif , & dura pendant
quatre heures ; les Sauvages leverent la chevelure
au Major Robert Roger , à huit Officiers & à cent
quarante Anglois . On croit que le refte du déta
JUILLET. 1758. 199
chement a péri miférablement , deux Officiers Anglois
ayant été obligés de venir fe réfugier dans
le Fort Carillon. Cette action eft d'autant plus
belle , qu'elle a été conduite par un Cadet , & que
fes camarades , ainfi que les Ĉanadiens & les Sauvages
, ont combattu fous fes ordres avec toute la
valeur & la fubordination poffibles . Il y a eu treize
Iroquois & un Népiffingue tués , & deux Cadets ,
quinze Iroquois , un Abenakife & un Canadien
bleffés dangereufement.
M. le Duc de Modene pour reconnoître les
bons fervices que M. le Comte de Mozone , fon
Plénipotentiaire au Congrès d'Aix- la Chapelle , &
fon Miniftre à la Cour de France , vient d'accorà
Madame la Comteffe de Mozone , fa veuve ,
5000 liv . de rente .
Le Vaiffeau du Roi le Triton & la Frégate la
Minerve , ont pris & conduit à Toulon un Corfaire
Anglois armé de 18 canons , & de 107 hommes
d'équipage .
Deux autres Corfaires Anglois appellés , l'un
la Minerve , de Jerzey , de 10 canons & de 70
hommes d'équipage ; l'autre le Mercure , du même
port , armé de 4 canons & de 31 hommes d'équipage
, ont été pris par la Frégate du Roi la
Félicité, & la Corvette la Tourterelle . Il y avoit fur
le premier de ces Corfaires cinq ôtages provenans
d'un pareil nombre de bâtiment François qu'il
avoit rançonnés.
Le Navire Anglois l'Heureux Retour , de 115
tonneaux , charg de charbon de terre , a été pris
par le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne , qui
l'a fait conduire au Havre.
Les Corfaires le Conquérant & l'Agrippe , de
Cherbourg , ont pris & conduit en ce port , l'un
un Brigantin Anglois chargé de lin , l'autre un
liv
200 MERCURE DE FRANCE.
Navire de 90 tonneaux chargé de tuiles.
Il eft de plus arrivé à Cherbourg un Navire
Anglois de 90 tonneaux , qui a été pris par le
Corfaire le Printemps , de Dunkerque , & qui eft
chargé de bled.
Les Corfaires le Comte de la Riviere & le Mefny,
de Granville , ont fait deux rançons , l'une de
200 livres fterlings , l'autre de 700 guinées.
Le Corfaire la Menette , de l'Orient , a pris &
conduit à Morlaix trois Bateaux Anglois , dont un
eft chargé de poiffon frais , & les deux autres de
grains.
>
Le Navire Anglois le Menavé , de 80 tonneaux,
chargé de boeuf, de lard & de beurre d'Irlande
a été pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim ,
qui l'a fait conduire au Port- Louis.
Le Capitaine Anglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de Bayonne , a rançonné pour
2500 livres fterlings un Navire Anglois , dont il
s'étoit rendu maître..
La Gentille , autre Corfaire de Bayonne , s'eft
emparé d'un Navire Anglois chargé de harengs ,
qui a été conduit par relâche dans un port d'Efpagne.
La Frégate du Roi la Danaé , & la Corvette
l'Harmonie , fe font emparé d'un petit Corſaire
de Jerzey , armé de 4 canons , qui a été conduit
au Havre.
Le Senaw Anglois le Mairg , de 140 tonneaux
chargé de charbon de terre , a été pris par le
Corfaire l'Aventurier , de Dunkerque , où il eft
arrivé.
Le Corfaire le Don de Dieu y a auffi fait con
duire un Bateau Anglois qui étoit fur fon left , &
il a rançonné pour quatre - vingts- quinze guinées
un autre Bâtiment dont il s'étoit emparé..
JUILLET. 1758. ΣΟΥ
Le Corfaire le Duc d'Ayen a pris & conduit au
Havre le Navire Anglois le Prince Frédéric , de
120 tonneaux , chargé de raifins & de tartre.
On mande de Granville , que le Corfaire le
Machault , de ce port , a rançonné pour cinq
mille livres sterlings le Navire Anglois la Marie
dont il s'eft emparé.
Le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois la Tartare , de Briſtol , armé
de 24 canons & de 100 hommes d'équipage , & il
P'a fait conduire à Cherbourg.
Le même Corfaire a pris & conduit à Saint-
Malo le Navire Anglois la Conformation , de 275
tonneaux , chargé de 997 barrils de riz & de bois
d'acajou .
Il eft arrivé à Morlaix un Senaw Anglois appellé
la Bety , de 180 tonneaux , chargé de tabac ,
de merrain & de fer. Ce Bâtiment a été pris par
le Capitaine de Lille , commandant le Corfaire la
Fulvie , de Dunkerque.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le document relate divers événements et nominations à la cour du roi. Le marquis de Brunoy a été nommé premier Maître d'Hôtel du roi, succédant au marquis de Livry. Le comte de Fouquet a prêté serment en tant que Lieutenant-Général du Pays Meffin, et le marquis d'Effears a été nommé Menin du Dauphin. Trois ordonnances royales concernant les troupes ont été publiées : la première augmente la ration de pain, la deuxième régule les rations de fourrage en cas de difficulté, et la troisième rétablit le corps des Ingénieurs séparément de l'Artillerie. À l'Académie Française, de la Curne de Sainte-Palaye a été élu pour remplacer Boiffy. Le roi a passé en revue les Mousquetaires et a tenu le sceau pour la trentième fois. Plusieurs changements ont eu lieu dans les départements et régiments, notamment au Département de la Marine avec Moras et Massiac, et dans divers régiments de cavalerie et d'infanterie. Des nouvelles du Canada rapportent des succès militaires des Français contre les Anglais. Le duc de Modène a accordé une rente à la veuve du comte de Mozone. Plusieurs prises de navires anglais par des vaisseaux français sont également mentionnées. En juillet 1758, plusieurs actions navales impliquant des corsaires français ont été rapportées. La Gentille, un corsaire de Bayonne, a capturé un navire anglais chargé de harengs, lequel a été conduit dans un port espagnol. La frégate royale Danaé et la corvette l'Harmonie ont pris un petit corsaire de Jersey armé de quatre canons, conduit au Havre. Le corsaire l'Aventurier, de Dunkerque, a capturé le senau anglais le Mairg, chargé de charbon, et l'a ramené à Dunkerque. Le corsaire le Don de Dieu a conduit un bateau anglais et a rançonné un autre bâtiment pour quatre-vingt-quinze guinées. Le corsaire le Duc d'Ayen a pris le navire anglais le Prince Frédéric, chargé de raisins et de tartre, et l'a conduit au Havre. À Granville, le corsaire le Machault a rançonné le navire anglais la Marie pour cinq mille livres sterlings. Le capitaine Avice, commandant le corsaire la Comtesse de Bentheim, a capturé le corsaire anglais la Tartare, armé de vingt-quatre canons et cent hommes d'équipage, et l'a conduit à Cherbourg. Le même corsaire a également pris le navire anglais la Conformation, chargé de riz et de bois d'acajou, et l'a conduit à Saint-Malo. Enfin, le corsaire la Fulvie, de Dunkerque, a capturé le senau anglais la Bety, chargé de tabac, de merrain et de fer, lequel a été conduit à Morlaix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 209-212
De Paris, le 23 Décembre.
Début :
Les quatre Bataillons des Gardes-Françoises, qui ont fait la Campagne en Flandres, [...]
Mots clefs :
Bataillons, Arrêt du Conseil d'État, Finances, Fonds, Marchandises, Ordonnance, Construction, Déclaration, Loterie, Édits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Paris, le 23 Décembre.
De Paris , le 23 Décembre.
Les quatre Bataillons, des Gardes - Françoiſes ,
qui ont fait la Campagne en Flandres , font arriyés
fucceffivement les 17 , 19 , 21 & 23 de ce
mois ; & les deux Bataillons des Gardes- Suilles ,
les 19 & 21 .
en
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat du Roi ,
date du 21 du mois dernier , qui ordonne que les ›
Propriétaires des Offices compris dans l'Etat annéxé
à l'Edit du mois d'Août dernier , portant
création d'un million effectif d'augmentation de
Gages , qui fatisferont aux deux tiers de cette
augmentation de finances , dans le courant de
ce mois , & à l'autre tiers avant le premier Février
prochain , feront déchargés de deux fols
pour livre , ordonnés par le même Edit , & ,
qu'ils jouiront de leurs nouveaux Gages , à compter
du premier du mois d'Octobre dernier. Autre
Arrêt du Confeil du 18 Novembre 1758 , qui
nomme des Commiffaires pour procéder à la liquidation
de la finance , & au remboursement
des Offices de la Capitainerie de Livry.
Autre du 21 , qui ordonne que les Fonds deftinés
pour l'illumination & le nettoyement de la
Ville de Paris , feront augmentés de cinquante
mille livres.
210 MERCURE DE FRANCE.
Autre du 26 , en interprétation de la Déclaration
du 7 Juillet 1756 , portant prorogation pour 2 1
années , des Droits établis par Edit de Décembre
1743.
Autre du 30 , qui renvoye aux Requêtes de
l'Hôtel , le Jugement des Affaires pendantes & indécifes
dans le Tribunal de la Capitainerie de
Lyvry , & tout ce qui peut concerner le fait des
Chaffes, jufqu'au remboursement des Lieutenances
de ladite Capitainerie.
Autre du 10. Décembre , portant que le produit
de l'Octroi municipal d'un fol par pain de
fel , Rozière , ou d'extraordinaire en Franche-
Comté , continuera d'être employé par préférence
an remboursement des Propriétaires d'Offices
Municipaux.
Autre du même jour , portant établiſſement
des droits à percevoir pendant fix années , qui
commenceront au premier Janvier 1759. fur les
Marchandifes & denrées entrant & fe fabriquant
dans la Ville , Fauxbourgs & Banlieue de Paris
, pour l'acquittement du Don gratuit ordonné
par Edit du mois d'Août 1758. & réunion deſdits
droits au Domaine de ladite Ville.
Autre du 12. pour la prife de poffeffion de
la Ferme des Droits rétablis , prorogés pour
douze années par Déclaration du 7. Juillet 1755.
à commencer du premier Janvier 1759. fous le
nom de Louis Parmentier.
Autre du 12. qui caffe deux Ordonnances rendues
par le Lieutenant Général de la Prévôté de
l'Hôtel , les 2. Novembre & f. Décembre 1758..
la premiere fur le réquifitoire du Procureur du
Roi , & la derniere fur la demande de la nommée
Mouton. Décharge le Fermier du droit fur
les fuifs , fes Commis , le fieur Petit , Procureur
& l'Huiffier Sarrot , de l'amende contre eux pro
JANVIER. 1759. 2 I'Y'
noncée : Et ordonne que toutes les difcuffions
relatives à la perception du droit du fol pour
livre fur les fuifs , feront portées devant Monfeur
Bertin .
> >
Il paroît une Ordonnance du Bureau des Finances
de la Généralité de Paris du 12. Décembre
, portant tres - expreffes inhibitions & délenfes
à tous Bateliers , Mariniers , Voituriers par
Eau & à tous autres de dépofer a l'avenir
aucune Pierre de Taille fur la Chaullée du Cours ,
à moins de fix pieds de diſtance du bord'exterieur
de ladite Chauffée , à peine de cent liv . d'amende
: & pareilles défenſes à tous Ouvriers travaillant
à la décharge des Batteaux qui voiturent lesdites:
Pierres , d'arracher aucuns Pavés ou Bordures
de ladite Chauffée , pour y enfoncer des pieux
& attacher les moulinets de leurs Vindas & Cabeftans
qui ne pourront pareillement être atta--
chés à une moindre diftance que de fix picds
defdites Bordures ; fous la même peine de cent
liv. d'amende , & même d'emprisonnement de
leur perfonne en cas de récidive .
Arrêt du Confeil du 17. qui ordonne l'exécution
de la Déclaration du 7. Juillet 1756. du
Tarify annexé , & des Arrêts du Confeil des
26. Novembre & 12. Décembre 1758. rendus
en conféquence : Evoque toutes les demandes &
conteftations nées & à naître fur la perception
& recouvrement des droits rétablis ; les renvoye
pardevant les fieurs Lieutenants Général de Police
& Prévôt des Marchands , chacun pour les
Parties qui les concernent, fauf l'appel au Confeil.
Autre du 24. qui ordonne que les Tirages de:
la Loterie de l'Ecole Royale Militaire , feront faits,
dorénavant en la grande Salle de l'Hôtel-de- .
Ville de Paris.
Autre du 26. qui commet Jean Faydi , pour
212 MERCURE DE FRANCE.
faire la Régie & recouvrement des fommes qui
doivent provenir de l'exécution de l'Edit du mois
d'Août dernier , portant établiſſement des Donsgratuits.
Les quatre Bataillons, des Gardes - Françoiſes ,
qui ont fait la Campagne en Flandres , font arriyés
fucceffivement les 17 , 19 , 21 & 23 de ce
mois ; & les deux Bataillons des Gardes- Suilles ,
les 19 & 21 .
en
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat du Roi ,
date du 21 du mois dernier , qui ordonne que les ›
Propriétaires des Offices compris dans l'Etat annéxé
à l'Edit du mois d'Août dernier , portant
création d'un million effectif d'augmentation de
Gages , qui fatisferont aux deux tiers de cette
augmentation de finances , dans le courant de
ce mois , & à l'autre tiers avant le premier Février
prochain , feront déchargés de deux fols
pour livre , ordonnés par le même Edit , & ,
qu'ils jouiront de leurs nouveaux Gages , à compter
du premier du mois d'Octobre dernier. Autre
Arrêt du Confeil du 18 Novembre 1758 , qui
nomme des Commiffaires pour procéder à la liquidation
de la finance , & au remboursement
des Offices de la Capitainerie de Livry.
Autre du 21 , qui ordonne que les Fonds deftinés
pour l'illumination & le nettoyement de la
Ville de Paris , feront augmentés de cinquante
mille livres.
210 MERCURE DE FRANCE.
Autre du 26 , en interprétation de la Déclaration
du 7 Juillet 1756 , portant prorogation pour 2 1
années , des Droits établis par Edit de Décembre
1743.
Autre du 30 , qui renvoye aux Requêtes de
l'Hôtel , le Jugement des Affaires pendantes & indécifes
dans le Tribunal de la Capitainerie de
Lyvry , & tout ce qui peut concerner le fait des
Chaffes, jufqu'au remboursement des Lieutenances
de ladite Capitainerie.
Autre du 10. Décembre , portant que le produit
de l'Octroi municipal d'un fol par pain de
fel , Rozière , ou d'extraordinaire en Franche-
Comté , continuera d'être employé par préférence
an remboursement des Propriétaires d'Offices
Municipaux.
Autre du même jour , portant établiſſement
des droits à percevoir pendant fix années , qui
commenceront au premier Janvier 1759. fur les
Marchandifes & denrées entrant & fe fabriquant
dans la Ville , Fauxbourgs & Banlieue de Paris
, pour l'acquittement du Don gratuit ordonné
par Edit du mois d'Août 1758. & réunion deſdits
droits au Domaine de ladite Ville.
Autre du 12. pour la prife de poffeffion de
la Ferme des Droits rétablis , prorogés pour
douze années par Déclaration du 7. Juillet 1755.
à commencer du premier Janvier 1759. fous le
nom de Louis Parmentier.
Autre du 12. qui caffe deux Ordonnances rendues
par le Lieutenant Général de la Prévôté de
l'Hôtel , les 2. Novembre & f. Décembre 1758..
la premiere fur le réquifitoire du Procureur du
Roi , & la derniere fur la demande de la nommée
Mouton. Décharge le Fermier du droit fur
les fuifs , fes Commis , le fieur Petit , Procureur
& l'Huiffier Sarrot , de l'amende contre eux pro
JANVIER. 1759. 2 I'Y'
noncée : Et ordonne que toutes les difcuffions
relatives à la perception du droit du fol pour
livre fur les fuifs , feront portées devant Monfeur
Bertin .
> >
Il paroît une Ordonnance du Bureau des Finances
de la Généralité de Paris du 12. Décembre
, portant tres - expreffes inhibitions & délenfes
à tous Bateliers , Mariniers , Voituriers par
Eau & à tous autres de dépofer a l'avenir
aucune Pierre de Taille fur la Chaullée du Cours ,
à moins de fix pieds de diſtance du bord'exterieur
de ladite Chauffée , à peine de cent liv . d'amende
: & pareilles défenſes à tous Ouvriers travaillant
à la décharge des Batteaux qui voiturent lesdites:
Pierres , d'arracher aucuns Pavés ou Bordures
de ladite Chauffée , pour y enfoncer des pieux
& attacher les moulinets de leurs Vindas & Cabeftans
qui ne pourront pareillement être atta--
chés à une moindre diftance que de fix picds
defdites Bordures ; fous la même peine de cent
liv. d'amende , & même d'emprisonnement de
leur perfonne en cas de récidive .
Arrêt du Confeil du 17. qui ordonne l'exécution
de la Déclaration du 7. Juillet 1756. du
Tarify annexé , & des Arrêts du Confeil des
26. Novembre & 12. Décembre 1758. rendus
en conféquence : Evoque toutes les demandes &
conteftations nées & à naître fur la perception
& recouvrement des droits rétablis ; les renvoye
pardevant les fieurs Lieutenants Général de Police
& Prévôt des Marchands , chacun pour les
Parties qui les concernent, fauf l'appel au Confeil.
Autre du 24. qui ordonne que les Tirages de:
la Loterie de l'Ecole Royale Militaire , feront faits,
dorénavant en la grande Salle de l'Hôtel-de- .
Ville de Paris.
Autre du 26. qui commet Jean Faydi , pour
212 MERCURE DE FRANCE.
faire la Régie & recouvrement des fommes qui
doivent provenir de l'exécution de l'Edit du mois
d'Août dernier , portant établiſſement des Donsgratuits.
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Résumé : De Paris, le 23 Décembre.
Le document du 23 décembre décrit le retour des bataillons des Gardes-Françoises et des Gardes-Suisses de la campagne en Flandres. Plusieurs arrêts du Conseil d'État du Roi y sont mentionnés. Un arrêt du 21 novembre précédent ordonne le paiement des augmentations de gages pour les propriétaires d'offices, avec des échéances spécifiques. D'autres arrêts concernent la liquidation des finances et le remboursement des offices de la Capitainerie de Livry. Des décisions sont prises pour l'augmentation des fonds destinés à l'illumination et au nettoyement de Paris, ainsi que pour la prorogation des droits établis par un édit de 1743. Des mesures sont également adoptées pour le remboursement des propriétaires d'offices municipaux et l'établissement de nouveaux droits sur les marchandises à Paris. Une ordonnance du Bureau des Finances interdit le dépôt de pierres de taille à moins de six pieds de la chaussée du Cours, sous peine d'amende. Enfin, des arrêts ordonnent l'exécution de diverses déclarations et tarifs, et la désignation de commissaires pour différentes tâches administratives.
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43
p. 205-206
DE LONDRES, le 15 Mars.
Début :
Notre Ministère a chargé le Général York de proposer aux Etats Généraux un [...]
Mots clefs :
Ministère, États généraux , Martinique, Échec, Expédition, Gouverneur, Corsaires , New York, Marchandises, Attaque, Maladies, Actions, Banque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 15 Mars.
DE LONDRES , le 15 Mars.
Notre Miniftère a chargé le Général York de
propofer aux Etats Généraux un nouveau traité
de commerce , pour mettre les intérêts des deux
Puiffances à l'abri de toute conteftation . Mais on
doute que les Hollandois fe prennent à ce piége.
Le 6 de ce mois la Cour a reçu des nouvelles
du mauvais fuccès de l'expédition tentée contre
la Martinique. Le 16 Janvier les Troupes débarquérent
à la pointe des Négres , y pafférent la
nuit & fe rembarquérent le lendemain au foir.
Le jour fuivant il fut décidé dans un Confeil de
guerre d'atraquer le Fort Saint - Pierre. En conféquence
le 19 au matin la Flotte entra dans la
baye de ce Fort. L'entreprife parut trop périlleufe,
& l'on propofa de pafler à la Guadeloupe.
Le 24 , on débarqua à Baffeterre . Cette Ville
étoit abandonnée : les habitans s'étoient retirés
dans les montagnes avec leur Gouverneur & leurs
Négres armés.
106 MERCURE DE FRANCE.
Nos Corfaires ont arrêté & pillé à la hauteur
de Douvres un Navire Eſpagnol nommé la Maria
Clementina.
On mande de la nouvelle York , que , dans le
courant du mois de Novembre dernier, une Fré-
-gate Françoiſe a brulé ou coulé à fond fur les
côtes de cette Province quatorze Navires Anglois
chargés de marchandifes pour divers Ports de
l'Amérique Septentrionale.
Par une lettre écrite de Baffeterre & datée du
30 Janvier , nous apprenons que les vaiffeaux du
Roi ont beaucoup fouffert à l'attaque de cette
petite Place. On ajoute que le Général Hopfon a
fait fommer le Gouverneur François qui s'eft retiré
dans les montagnes , de ſe rendre , & que ce
Gouverneur lui a envoyé un Trompette pour lui
fignifier qu'il fe défendroit jufqu'à la derniere
extrémité . Au départ de la Frégate qui nous a
apporté ces nouvelles, les maladies avoient commencé
de fe répandre parmi nos Matelots , &
l'on comptoit déja fur la flotte plus de quinze
cent malades.
Les Actions de la Banque & de la Compagnie,
des Indes continuent de n'avoir point de cours.
Celles de la Compagnie du Sud & des Annuités
baiffent de plus en plus.
Notre Miniftère a chargé le Général York de
propofer aux Etats Généraux un nouveau traité
de commerce , pour mettre les intérêts des deux
Puiffances à l'abri de toute conteftation . Mais on
doute que les Hollandois fe prennent à ce piége.
Le 6 de ce mois la Cour a reçu des nouvelles
du mauvais fuccès de l'expédition tentée contre
la Martinique. Le 16 Janvier les Troupes débarquérent
à la pointe des Négres , y pafférent la
nuit & fe rembarquérent le lendemain au foir.
Le jour fuivant il fut décidé dans un Confeil de
guerre d'atraquer le Fort Saint - Pierre. En conféquence
le 19 au matin la Flotte entra dans la
baye de ce Fort. L'entreprife parut trop périlleufe,
& l'on propofa de pafler à la Guadeloupe.
Le 24 , on débarqua à Baffeterre . Cette Ville
étoit abandonnée : les habitans s'étoient retirés
dans les montagnes avec leur Gouverneur & leurs
Négres armés.
106 MERCURE DE FRANCE.
Nos Corfaires ont arrêté & pillé à la hauteur
de Douvres un Navire Eſpagnol nommé la Maria
Clementina.
On mande de la nouvelle York , que , dans le
courant du mois de Novembre dernier, une Fré-
-gate Françoiſe a brulé ou coulé à fond fur les
côtes de cette Province quatorze Navires Anglois
chargés de marchandifes pour divers Ports de
l'Amérique Septentrionale.
Par une lettre écrite de Baffeterre & datée du
30 Janvier , nous apprenons que les vaiffeaux du
Roi ont beaucoup fouffert à l'attaque de cette
petite Place. On ajoute que le Général Hopfon a
fait fommer le Gouverneur François qui s'eft retiré
dans les montagnes , de ſe rendre , & que ce
Gouverneur lui a envoyé un Trompette pour lui
fignifier qu'il fe défendroit jufqu'à la derniere
extrémité . Au départ de la Frégate qui nous a
apporté ces nouvelles, les maladies avoient commencé
de fe répandre parmi nos Matelots , &
l'on comptoit déja fur la flotte plus de quinze
cent malades.
Les Actions de la Banque & de la Compagnie,
des Indes continuent de n'avoir point de cours.
Celles de la Compagnie du Sud & des Annuités
baiffent de plus en plus.
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Résumé : DE LONDRES, le 15 Mars.
Le 15 mars, le ministère britannique a mandaté le Général York pour proposer un nouveau traité de commerce aux États Généraux afin de protéger les intérêts des deux puissances, bien que l'acceptation des Hollandais soit incertaine. Le 6 mars, la cour a appris l'échec d'une expédition contre la Martinique. Le 16 janvier, les troupes ont débarqué à la pointe des Nègres, attaqué le Fort Saint-Pierre, mais ont jugé l'opération trop risquée et se sont dirigées vers la Guadeloupe. Le 24 janvier, elles ont débarqué à Basse-Terre, une ville abandonnée par ses habitants. Les corsaires britanniques ont pillé un navire espagnol, la Maria Clementina, près de Douvres. En novembre, une frégate française a détruit quatorze navires anglais à New York. Une lettre de Basse-Terre du 30 janvier rapporte que les vaisseaux du roi ont subi des dommages lors de l'attaque de la ville. Le gouverneur français a refusé de se rendre, malgré la sommation du Général Hopkins. Des maladies se sont répandues parmi les matelots, avec plus de quinze cents malades. Les actions de la Banque et de la Compagnie des Indes n'ont pas de cours, tandis que celles de la Compagnie du Sud et des Annuités continuent de baisser.
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44
p. 220
DE PARIS, le 26 Mai.
Début :
Toutes les Troupes qui ont été ci-devant sous les ordres du Duc de Broglie, [...]
Mots clefs :
Duc de Broglie, Troupes, Armée, Prince Ferdinand , Corsaire, Marchandises, Capitaine, Navires étrangers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 26 Mai.
DE PARIS , le 26 Mai.
Toutes les Troupes qui ont été ci - devant fou
les or tres du Duc de Broglie , fe réuniront fur la
Lahne au refte de l'armée. Plufieurs détachemen
occupent des poftes en avant fur le Haut- Mein
& fur la Fuide. L'armée eft dans un meilleur éta
encore qu'elle ne l'étoit au commencement &
cette guerre , il n'y a point de malades , &
Soldat marque beaucoup d'ardeur & la pli
grande volonté.
>
La marche de notre Armée a fans doute déte
miné le Prince Ferdinand à rappeller prompte
ment le corps de douze à quinze mille homm
qu'il avoit détaché du côté de la Franconie.
On mande de Bayonne que le Corfaire le J
piter de cette Ville , commandé par le fieur Jea
Mimbielle , entra dans ce Port le 8 de ce mois.
vient de terminer une croifiere pendant laquel
il a pris un Navire chargé de tabac , & il a rar
çonné trois autres Bâtimens pour le prix de cir
quante mille livres. Ce Capitaine avoit fecou
généreufement l'année derniere un Vaiffe
d'Amfterdam nommé le Saint - Nicolas , appa
tenant aux fieurs Matheys & Smith.
Toutes les Troupes qui ont été ci - devant fou
les or tres du Duc de Broglie , fe réuniront fur la
Lahne au refte de l'armée. Plufieurs détachemen
occupent des poftes en avant fur le Haut- Mein
& fur la Fuide. L'armée eft dans un meilleur éta
encore qu'elle ne l'étoit au commencement &
cette guerre , il n'y a point de malades , &
Soldat marque beaucoup d'ardeur & la pli
grande volonté.
>
La marche de notre Armée a fans doute déte
miné le Prince Ferdinand à rappeller prompte
ment le corps de douze à quinze mille homm
qu'il avoit détaché du côté de la Franconie.
On mande de Bayonne que le Corfaire le J
piter de cette Ville , commandé par le fieur Jea
Mimbielle , entra dans ce Port le 8 de ce mois.
vient de terminer une croifiere pendant laquel
il a pris un Navire chargé de tabac , & il a rar
çonné trois autres Bâtimens pour le prix de cir
quante mille livres. Ce Capitaine avoit fecou
généreufement l'année derniere un Vaiffe
d'Amfterdam nommé le Saint - Nicolas , appa
tenant aux fieurs Matheys & Smith.
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Résumé : DE PARIS, le 26 Mai.
Le 26 mai à Paris, un ordre est donné pour que toutes les troupes ayant fouillé les trésors du Duc de Broglie se réunissent sur la Lahne avec le reste de l'armée. Plusieurs détachements occupent des postes avancés sur le Haut-Mein et la Fuide. L'armée est en meilleur état qu'au début de la guerre, sans malades, et les soldats montrent une grande ardeur et volonté. Cette progression a probablement incité le Prince Ferdinand à rappeler un corps de douze à quinze mille hommes qu'il avait détaché en Franconie. Par ailleurs, à Bayonne, le corsaire Le Jupiter, commandé par Jean Mimbielle, est entré dans le port le 8 mai après une croisière au cours de laquelle il a capturé un navire chargé de tabac et razzié trois autres bâtiments pour une valeur de soixante mille livres. L'année précédente, ce capitaine avait secouru généreusement le vaisseau d'Amsterdam nommé le Saint-Nicolas, appartenant aux sieurs Matheys & Smith.
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45
p. 205-206
DE BAMBERG, le 6 Janvier.
Début :
L'armée de l'Empire vient de prendre ses quartiers dans la Franconie & [...]
Mots clefs :
Franconie, Armée impériale, Maréchal, Prince de Deux-Ponts, Détachement, Alliés, Prisonniers, Pillage, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE BAMBERG, le 6 Janvier.
De BAMBERG , le 6 Janvier.
L'armée de l'Empire vient de prendre les quar
tiers dans la Franconie & dans le Voigtland. Le
106 MERCURE DE FRANCE.
Maréchal de Serbelloni , qui la commande , en
Fabfence du Prince de Deux- ponts , a établi ici
fon quartier général. Les différens corps dont
elle eft compofée , font difpofés de manière à le
raffembler facilement & avec promptitude.
de
Un détachement de Chaffeurs & de Huffards
de cette armée , furprit , le 29 du mois derniér ,
la Ville d'Erfurth. Il y avoit un détachement de
l'armée des Alliés , qui fut obligé de fe rendre prifonnier.
On a pris dans cette occafion un grand
nombre de chariots chargés de malades ,
vivres , & de bagage. Il s'eft fait encore, de la part
de ces détachemens de Huffards , la prife d'un
convoi de quarante chariots chargés de pain & de
farine , avec ſon eſcorte , deſtiné pour l'armée du
Prince Ferdinand ; & à Néda , celle d'un petit
corps d'artillerie Heffoife .
L'armée de l'Empire vient de prendre les quar
tiers dans la Franconie & dans le Voigtland. Le
106 MERCURE DE FRANCE.
Maréchal de Serbelloni , qui la commande , en
Fabfence du Prince de Deux- ponts , a établi ici
fon quartier général. Les différens corps dont
elle eft compofée , font difpofés de manière à le
raffembler facilement & avec promptitude.
de
Un détachement de Chaffeurs & de Huffards
de cette armée , furprit , le 29 du mois derniér ,
la Ville d'Erfurth. Il y avoit un détachement de
l'armée des Alliés , qui fut obligé de fe rendre prifonnier.
On a pris dans cette occafion un grand
nombre de chariots chargés de malades ,
vivres , & de bagage. Il s'eft fait encore, de la part
de ces détachemens de Huffards , la prife d'un
convoi de quarante chariots chargés de pain & de
farine , avec ſon eſcorte , deſtiné pour l'armée du
Prince Ferdinand ; & à Néda , celle d'un petit
corps d'artillerie Heffoife .
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Résumé : DE BAMBERG, le 6 Janvier.
Le 6 janvier, l'armée de l'Empire a pris le contrôle de quartiers en Franconie et en Voigtland. Le maréchal de Serbelloni a établi son quartier général à Bamberg. Le 29 décembre, un détachement a surpris Erfurth, capturant des alliés, des chariots de malades, de vivres et de bagages. Des hussards ont également pris un convoi de quarante chariots de pain et de farine, ainsi qu'un corps d'artillerie hessoise à Néda.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 199-202
DE PARIS, le 16 Février.
Début :
Le Samedi 9, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à [...]
Mots clefs :
Académie de peinture, Art, Poème, Duc, Gouverneur de Paris, Prince, Service religieux, Princesse, Madame, Oraison funèbre, Chambre des comptes, Décorations, Choeur, Sarcophage, Lumières, Pompe funèbre, Vaisseaux, Tremblement de terre, Compagnie des Indes, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 16 Février.
De PARIS , le 16 Février.
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
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Résumé : DE PARIS, le 16 Février.
Le 9 février, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à l'Académie de Peinture un poème didactique sur l'art de peindre, suscitant une grande attente du public. Le même jour, le Duc de Luynes, Gouverneur de Paris, fut reçu au Parlement en qualité de Pair de France, en présence de plusieurs princes du sang et ducs, dont le Prince de Condé, le Comte de Clermont et le Prince de Conti. Le 12 février, un service solennel fut célébré dans l'église métropolitaine de Paris pour le repos de l'âme de la défunte Madame Louise-Élisabeth de France, Infante d'Espagne et Duchesse de Parme, de Plaisance et de Guastalla, fille aînée du roi. Le roi avait désigné Madame la Dauphine, Madame, et Madame Victoire pour faire le grand deuil, et Monseigneur le Dauphin, le Duc d'Orléans, et le Prince de Condé pour conduire les princes et princesses. La cérémonie fut marquée par la présence de nombreux archevêques, évêques, et représentants des institutions parisiennes. L'Archevêque de Paris officia, et l'ancien Évêque de Troyes prononça l'oraison funèbre. La décoration de l'église était somptueuse, avec un portail tendu de noir, des rideaux de velours ornés de larmes et d'écussons, et des cartels chargés des armes et des chiffres de Madame Infante. L'intérieur du chœur était décoré d'une ordonnance ionique de pilastres et d'arcades, surmontée d'un attique. Le catafalque, placé à l'entrée du chœur, représentait un tombeau élevé sur un piédestal de marbre verd d'Égypte, décoré de colonnes doriques en porphyre et d'or. Le sarcophage était couvert du manteau ducal et accompagné de figures symbolisant les vertus de la princesse. La quantité de lumières, les dorures, et la variété des couleurs des marbres contribuaient à la magnificence de la décoration. Par ailleurs, un vaisseau arrivé à Marseille rapporta qu'un tremblement de terre avait détruit la ville de Saphet en Palestine, ainsi que plusieurs villages environnants. La Compagnie des Indes reçut la nouvelle de l'arrivée de quatre vaisseaux chargés de riches marchandises à l'Orient, Rochefort, et La Corogne.
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47
p. 195-196
De LISBONNE, le 20 Août.
Début :
Le démêlés de notre Cour avec celle de Rome, loin de se terminer, s'aigriffent [...]
Mots clefs :
Tensions, Rome, Ordonnance, Pape, Marchandises, Prohibition, Bulle pontificale, Prisonniers, Infant
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texteReconnaissance textuelle : De LISBONNE, le 20 Août.
De LISBONNE , le 20 Août.
Les démêlés de notre Cour avec celle de Rome ,
loin de le terminer , s'aigriffent de jour en jour.
Sa Majesté a enjoint , par une ordonnance publiée
le 4 de ce mois , à tous les fujets de Sa Sainteté
de fortir de fon Royaume dans l'efpace de deux
mois. Elle a prohibé les marchandiſes qui viennent
de l'état Eccéfiaftique , & elle a défendu à
tous les fujets de folliciter à la Cour de Rome, ou,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
d'en recevoir aucune Bulle grace ou difpenfe
fans une permiffion expreffe du Bureau des Secrétaires
d'Etat .
On a amené de Brague à Oporto trois nou
yeaux prifonniers, qu'on dit être des Clercs du Palais
de l'Archevêque , frere du Roi . Les Infans
Don- Antoine & Don Jofeph , font renfermés
féparément dans deux hérmitages des jardins du
Couvent de Bolaco , autour defquels veille une
garde nombreule. On travaille à les enfermer de
hautes murailles , afin de mieux interdire toute
Communication .
Les démêlés de notre Cour avec celle de Rome ,
loin de le terminer , s'aigriffent de jour en jour.
Sa Majesté a enjoint , par une ordonnance publiée
le 4 de ce mois , à tous les fujets de Sa Sainteté
de fortir de fon Royaume dans l'efpace de deux
mois. Elle a prohibé les marchandiſes qui viennent
de l'état Eccéfiaftique , & elle a défendu à
tous les fujets de folliciter à la Cour de Rome, ou,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
d'en recevoir aucune Bulle grace ou difpenfe
fans une permiffion expreffe du Bureau des Secrétaires
d'Etat .
On a amené de Brague à Oporto trois nou
yeaux prifonniers, qu'on dit être des Clercs du Palais
de l'Archevêque , frere du Roi . Les Infans
Don- Antoine & Don Jofeph , font renfermés
féparément dans deux hérmitages des jardins du
Couvent de Bolaco , autour defquels veille une
garde nombreule. On travaille à les enfermer de
hautes murailles , afin de mieux interdire toute
Communication .
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Résumé : De LISBONNE, le 20 Août.
Le 20 août, à Lisbonne, les tensions entre le Portugal et Rome s'intensifient. Le roi a ordonné l'expulsion des sujets du pape et interdit les importations des États pontificaux. Trois clercs ont été transférés de Braga à Porto. Les infants Don Antoine et Don Joseph sont confinés dans des ermitages surveillés. Des murs sont construits pour empêcher toute communication extérieure.
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49
p. 151-152
LOGOGRIPHE. SUITE.
Début :
Allons, paresseux, levons-nous, [...]
Mots clefs :
Marchandises