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1
p. 68-72
A MADAME *** En luy envoyant un Cartaut de Muscat, au lieu de Bouquet, le jour de sa Feste.
Début :
Je vous envoye deux Lettres de Mr Vignier de Richelieu. / Je suis bien fâché, Illustre & Charmante Reyne, de ce que [...]
Mots clefs :
Reine, Illustre, Fleurs, Bacchus, Ennemi, Brillante, Belle, Bonheur, Liqueur
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texteReconnaissance textuelle : A MADAME *** En luy envoyant un Cartaut de Muscat, au lieu de Bouquet, le jour de sa Feste.
Je vous envoye deux Lettres
de M' Vignier de Richelieu
. Elles font d'un Caractere
GALANT. 69
à ne vous déplaire pas. L'une
à eftre écrite à une Dame , qui
ayant eu la Féve la veille des
Roys , fut nommée la Reyne
Marteffinde
..
52:SSS25ES : 5225555
A MADAME ***
Enluy envoyant unCartaut de Mufcat,
au lieu de Bouquet , le jour
defa Fefte.
E fuis bien fâché , Illuftre &
Charmante Reyne , de ce que
voftre Fefte arrive dans une Sai
fon où il n'y a pas de Fleurs affez
belles pour vous faire unBouquet .
Je fçay bien qu'en tout Temps,
70 MERCURE
L'Efté , l'Hyver, l'Automne , & le ?
Printemps,
Le Parnaffe a des Fleurs, mais helas,
quelle peine!
Quand on croit bien choisir, il arrive
Souvent,
Que loin d'avoir touché le coeur
d'une inhumaine,
Autant en emporte le Vent. "-
Je me fuis donc moins attaché é
à la forme qu'à la matiere du à
Bouquet. On ne me prendrà pass
fans doute pour un Galant de
Flore. On croira pluftoft que
Bacchus eft mon Patron, .
Mais qu'il le foit, ou qu'il ne le foit
peint,
Honnyfoit qui peut en mefdire;
Iefuisfriand au dernier points.
>
GALANT. 71
Du Fruit qui croit dansfou Em
pine.
Le froid eft l'ennemy des
Fleurs , & on les méprife dés
qu'elles ont perdu leur éclat ;
mais il n'en est pas de mefme de
ce charme des Humains. Plus il
géle , & plus il a de brillant & de
force pour fe faire aymer
.
C'eft une verité connuë,
Qu'ilfçaitparfa vive couleur,
Charmer d'abord la vuë
Et gagner enfuite le coeur.
J'efpere , Belle Reyne , que
vous en ferez l'épreuve .
Et que vostre gouft delicat,
M'aura pas de regret auchangez ·
72 MERCURE
Si je vous donne un Cartaut de
Mufcat,
Pour un Bouquet de fleur d'orange.
Quand vous ferez à Table avec
ces heureuſes Perfonnes que vous
avez honorées , des plus confiderables
Charges de voftre Cour,
ce ne vous fera pas un petit plaifir
de voir que toutes,
En beuvant de cette Liqueur,
Entonneront à voftre honneur,
Des Chansons à douzaine,
Qui toutes auront pour Refrein ,
Rien n'eftfi beau que noftre Reyne,
Et rien n'eftfi bon que fon Vin.
de M' Vignier de Richelieu
. Elles font d'un Caractere
GALANT. 69
à ne vous déplaire pas. L'une
à eftre écrite à une Dame , qui
ayant eu la Féve la veille des
Roys , fut nommée la Reyne
Marteffinde
..
52:SSS25ES : 5225555
A MADAME ***
Enluy envoyant unCartaut de Mufcat,
au lieu de Bouquet , le jour
defa Fefte.
E fuis bien fâché , Illuftre &
Charmante Reyne , de ce que
voftre Fefte arrive dans une Sai
fon où il n'y a pas de Fleurs affez
belles pour vous faire unBouquet .
Je fçay bien qu'en tout Temps,
70 MERCURE
L'Efté , l'Hyver, l'Automne , & le ?
Printemps,
Le Parnaffe a des Fleurs, mais helas,
quelle peine!
Quand on croit bien choisir, il arrive
Souvent,
Que loin d'avoir touché le coeur
d'une inhumaine,
Autant en emporte le Vent. "-
Je me fuis donc moins attaché é
à la forme qu'à la matiere du à
Bouquet. On ne me prendrà pass
fans doute pour un Galant de
Flore. On croira pluftoft que
Bacchus eft mon Patron, .
Mais qu'il le foit, ou qu'il ne le foit
peint,
Honnyfoit qui peut en mefdire;
Iefuisfriand au dernier points.
>
GALANT. 71
Du Fruit qui croit dansfou Em
pine.
Le froid eft l'ennemy des
Fleurs , & on les méprife dés
qu'elles ont perdu leur éclat ;
mais il n'en est pas de mefme de
ce charme des Humains. Plus il
géle , & plus il a de brillant & de
force pour fe faire aymer
.
C'eft une verité connuë,
Qu'ilfçaitparfa vive couleur,
Charmer d'abord la vuë
Et gagner enfuite le coeur.
J'efpere , Belle Reyne , que
vous en ferez l'épreuve .
Et que vostre gouft delicat,
M'aura pas de regret auchangez ·
72 MERCURE
Si je vous donne un Cartaut de
Mufcat,
Pour un Bouquet de fleur d'orange.
Quand vous ferez à Table avec
ces heureuſes Perfonnes que vous
avez honorées , des plus confiderables
Charges de voftre Cour,
ce ne vous fera pas un petit plaifir
de voir que toutes,
En beuvant de cette Liqueur,
Entonneront à voftre honneur,
Des Chansons à douzaine,
Qui toutes auront pour Refrein ,
Rien n'eftfi beau que noftre Reyne,
Et rien n'eftfi bon que fon Vin.
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Résumé : A MADAME *** En luy envoyant un Cartaut de Muscat, au lieu de Bouquet, le jour de sa Feste.
L'auteur d'une lettre s'adresse à une dame nommée 'la Reyne Marteffinde', qui a obtenu la faveur des rois. Il regrette que la fête de la dame ait lieu en une saison où les fleurs ne sont pas suffisamment belles pour lui offrir un bouquet. Il compare la difficulté de choisir des fleurs poétiques à celle de toucher le cœur d'une personne insensible. En remplacement d'un bouquet, il envoie un cartaut de muscat. L'auteur souligne que, contrairement aux fleurs, le charme humain gagne en force et en éclat avec le temps. Il espère que la dame appréciera le muscat et que, lors d'un repas avec des personnes importantes de sa cour, tous chanteront en son honneur, affirmant que rien n'est plus beau que leur reine et rien n'est meilleur que son vin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 103-109
Mariage de M. le Marquis de Chastillon, [titre d'après la table]
Début :
Je vous dis dans ma Lettre du dernier mois, que Mr [...]
Mots clefs :
Marquis de Chastillon, Gentilhomme, Chambre, Mariage, Mademoiselle , Gouverneur, Chevalier, Altesse royale, Maison de Chastillon, Illustre, Alliances, Croisades, Couvents, Fondation
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texteReconnaissance textuelle : Mariage de M. le Marquis de Chastillon, [titre d'après la table]
Je vous dis dans ma Lettre
du dernier mois , que M' le
Marquis de Chaſtillon , premier
Gentilhomme de la
Chambre de Monfieur , avoit
épousé Mademoiselle de
Broüilly , ſeconde Fille de
I iiij
104 MERCURE
Meſſire Antoine de Broüilly,
Marquis de Piennes , Gouverneur
de la Ville & Citadelle
de Pignerol , Chevalier
des Ordres du Roy , ſecond
Fils de Meffire Charles de
Broüilly , Marquis de Piennes
, Comte de Lancy , Seigneur
de Meſvillers , & de
Dame Renée de Rochefort
de la Croiſette. Ce Mariage
ſe fit dans l'une des Chapelles
du Palais Royal , en preſence
de Monfieur, de Monſieur
le Duc de Chartres , &
de Mademoiselle. Le foir
Son Alteſſe Royale fit l'hon-
1
GALANT. 105
neur au Marié de luy donner
laChemiſe . Les avantages de
la Maiſon de Chaftillon ;
qu'on appelle le Grand Chaftillon
, pour la diftinguer de
toutes les autres qui portent
ce nom , font extremement
confiderables . Elle l'a
tiré de Chaſtillon furMarne,
Ville de France en Champagne
, entre Epernay , & Chaſteau
- Thierry , qui ſont ſur
cette même Riviere. Guy de
Chaſtillon vivoit en 1076. ce
qui prouve une antiquité de
prés de huit Siecles. Cette illuſtre
Souche a produit plus de
106 MERCURE
vingt- cinq Branches , remplies
de vaillans Chevaliers ,
de pieux Prelats, de puiſlans
Seigneurs , Comtes , Ducs ,
Princes , Souverains , Reines,
&Papes . On trouve en cette
Maiſon un grand nombre
d'Officiers de la Couronne ,
qui ont poſſedéles plus grandes
Charges , comme Conneſtables
, Grands Maiſtres ,
Chanceliers,Amiraux, Grands
Bouteillers , Grands- Maistres
des Arbaleſtriers , Grands
Panetiers , Grands - Maiſtres
des Eaux & Foreſts , Grand-
Queux de France , Gouver
GALANT . 107
neurs de Villes & de Provinces
, Lieutenans Genéraux,
même des Regens duRoyaume
, & pluſieurs Ambaſſadeurs
. Elle s'eſt alliée jufqu'à
douze fois avec la Maiſon
de France , & auſſi à celles
d'Eſpagne , Lorraine , Brabant,
Flandres , Hainaut, Namur,
Gueldre , Luxembourg,
Barcy ; & en France, à celles
de Saint Paul, Nevers, Blois,
Vendoſme , Bretagne , Lufignan,
Brienne, Roucy, Bourbon
l'ancien , Albret , Montmorency
, Coucy , Beaujeu.
On a remarqué qu'il ne s'eſt
108 MERCURE
point fait de Guerre où il n'y
ait eu des Seigneurs de cette
Maiſon, meſme en toutes les
Croiſades & Voyages de la
Terre- Sainte. Elle a poffedé
quantité de Terres & Seigneuries
& des Souverainetez
, Antioche & Tamaris
dans le Levant , Bretagne
en France , & Gueldre dans
la Baſſe Allemagne ; comme
auſſi les Comtez de Rethel,
Saint-Paul , Nevers , Blois ,
Chartres , Soiffons , Dunois,
Ponthieu , Perigord, Dammartin,
Vicomté de Limoge,
Vidamie de Reims , Laon,
1
GALANT. 109
Châlons. Je ne vous diray
rien d'un grand nombre de
Saints canoniſez, qui en font
fortis , ny de quantité d'Abbayes
& de Convents qu'elle
a fondez .
du dernier mois , que M' le
Marquis de Chaſtillon , premier
Gentilhomme de la
Chambre de Monfieur , avoit
épousé Mademoiselle de
Broüilly , ſeconde Fille de
I iiij
104 MERCURE
Meſſire Antoine de Broüilly,
Marquis de Piennes , Gouverneur
de la Ville & Citadelle
de Pignerol , Chevalier
des Ordres du Roy , ſecond
Fils de Meffire Charles de
Broüilly , Marquis de Piennes
, Comte de Lancy , Seigneur
de Meſvillers , & de
Dame Renée de Rochefort
de la Croiſette. Ce Mariage
ſe fit dans l'une des Chapelles
du Palais Royal , en preſence
de Monfieur, de Monſieur
le Duc de Chartres , &
de Mademoiselle. Le foir
Son Alteſſe Royale fit l'hon-
1
GALANT. 105
neur au Marié de luy donner
laChemiſe . Les avantages de
la Maiſon de Chaftillon ;
qu'on appelle le Grand Chaftillon
, pour la diftinguer de
toutes les autres qui portent
ce nom , font extremement
confiderables . Elle l'a
tiré de Chaſtillon furMarne,
Ville de France en Champagne
, entre Epernay , & Chaſteau
- Thierry , qui ſont ſur
cette même Riviere. Guy de
Chaſtillon vivoit en 1076. ce
qui prouve une antiquité de
prés de huit Siecles. Cette illuſtre
Souche a produit plus de
106 MERCURE
vingt- cinq Branches , remplies
de vaillans Chevaliers ,
de pieux Prelats, de puiſlans
Seigneurs , Comtes , Ducs ,
Princes , Souverains , Reines,
&Papes . On trouve en cette
Maiſon un grand nombre
d'Officiers de la Couronne ,
qui ont poſſedéles plus grandes
Charges , comme Conneſtables
, Grands Maiſtres ,
Chanceliers,Amiraux, Grands
Bouteillers , Grands- Maistres
des Arbaleſtriers , Grands
Panetiers , Grands - Maiſtres
des Eaux & Foreſts , Grand-
Queux de France , Gouver
GALANT . 107
neurs de Villes & de Provinces
, Lieutenans Genéraux,
même des Regens duRoyaume
, & pluſieurs Ambaſſadeurs
. Elle s'eſt alliée jufqu'à
douze fois avec la Maiſon
de France , & auſſi à celles
d'Eſpagne , Lorraine , Brabant,
Flandres , Hainaut, Namur,
Gueldre , Luxembourg,
Barcy ; & en France, à celles
de Saint Paul, Nevers, Blois,
Vendoſme , Bretagne , Lufignan,
Brienne, Roucy, Bourbon
l'ancien , Albret , Montmorency
, Coucy , Beaujeu.
On a remarqué qu'il ne s'eſt
108 MERCURE
point fait de Guerre où il n'y
ait eu des Seigneurs de cette
Maiſon, meſme en toutes les
Croiſades & Voyages de la
Terre- Sainte. Elle a poffedé
quantité de Terres & Seigneuries
& des Souverainetez
, Antioche & Tamaris
dans le Levant , Bretagne
en France , & Gueldre dans
la Baſſe Allemagne ; comme
auſſi les Comtez de Rethel,
Saint-Paul , Nevers , Blois ,
Chartres , Soiffons , Dunois,
Ponthieu , Perigord, Dammartin,
Vicomté de Limoge,
Vidamie de Reims , Laon,
1
GALANT. 109
Châlons. Je ne vous diray
rien d'un grand nombre de
Saints canoniſez, qui en font
fortis , ny de quantité d'Abbayes
& de Convents qu'elle
a fondez .
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3
p. 86-101
REFLEXIONS MORALES DE MADAME DESHOULIERRES Sur l'envie immoderée de faire passer son Nom à la Posterité.
Début :
Vous ne sçauriez voir assez souvent des ouvrages de l'Illustre / La sçavante CHERON par son divin pinçeau [...]
Mots clefs :
Paris, Peinture, Portrait, Postérité, Couleurs, Gloire, Avenir, Durable, Renommée, Illustre, Nature, Arts, Passions, Sophie Chéron
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texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS MORALES DE MADAME DESHOULIERRES Sur l'envie immoderée de faire passer son Nom à la Posterité.
Vous nesçauriez voir affez
fouvent des ouvrages de l'Illuftre Madame des Houlieres,
à Mademoiſelle Cheron dont
tout Paris admire l'habileté
pour la Peinture , ayant fait
Ton Portrait depuis quelque
temps , cela luy a donné lieu
de faire des Reflexions que
Vous trouverez dignes d'elle,
&auffi noblement exprimées,.
qu'on le peut attendre de ce
merveilleux genie, qui la rend
l'ornement de fon Sexe & de
fon ficcle.
GALANT. 87
esseses22 52225555
REFLEXIONS MORALES
DE MADAME
DES-HOULIERRES
Sur l'envie immoderée de
faire paffer fon Nom à la
Pofterité.
1Afgevante C HERONparfon divin pinceau
Meredonne un éclat nouveau.
Elle force aujourd'huy les Graces ,
Dontmes cruels ennuis & mes longues douleurs,
*Laiſſent ſur mon visage à peine quelques traces ,
D'y venir reprendre leurs places.
88 MERCURE
Elle me rend enfin mes premieres
couleurs.
Parfon art la racefuture
Connoîtra les prejens que me fit la
Nature,
Etjepuis efperer qu'avec un telfecours ,
Tandis quej'erreray fur les fombres
rivages,
Je pourray faire encor quelque honneura nosjuurs.
Oiy ,je puis m'enflater; plaire & du
rer toujours
Eft le deftin defes ouvrages.
$
Fol orgueil ! & du cœur Humain
Aveugle & fatalefoibleffe !
Nous maîtriferez-vousfans ceffe ;"
Et n'aurons- nousjamais ungencreux.
dédain
Pourtoutce qui s'oppofe aux loix de
lafageffe ?
GALANT. 89
Non; l'amourpropre en nous eſt toujours le plusfort,
Et malgré les combats que lafage fe
livre ,
On croit fe dérober en partie àla Mort
Quand dans quelque chofe onpeut
vivre.
S
Cette agreable erreur eft lafource des
fains
Quidevorent le cœurdes Hommes.
Loin de fçavoirjouir de l'état où nous
fommes.
C'est à quoy uouspensons le moins.
Unegloirefrivole &jamais poffedée,
C.
Fait qu'en tous lieux', à tous momens,
L'avenir remplit nôtre idée.
Il est l'unique but de nos empreffe.
mens.
Novembre 1693. H
90 MERCURE
Pour obtenir qu'un jour noftre nom
yparvienne ,
Etpour nous l'affurer durable &glo
rieux ,
Nousperdons le prefent , ce tempsfa
precieux ,
Lefeulbien qui nous appartienent,
Et qui tel qu'un éclair difparoiftà nos
yeux.
Au bonheur des Humains leurs chimeres s'opposent.
Victimes de leur vanité
Il n'eft chagrin , travail , danger 3
adverfité,
Aquoy les mortels ne s'exposent
Pourtranfmettre leurs uoms à la po
fterité!
2
Aqueldeffein , dans quelles vuës,
Tant d'abelifques , de portraits ,
D'Arcs, deMedailles , de Statuës,
GALANT. SI
DeVilles, de Tombeaux, de Temples,
de Palais ,
Parleur ordre ont-ils eftéfaits ?
D'où vient que pour avoir un grand
nom dans l'Hiftoire
Ils ont à pleines mains répandu les
bienfaits
Si ce n'eft dans l'espoir de rendre leur
memoire
Illuftre & durable àjamais?
2
Il est vray que ces efperances
Ont quelquefois fervy de frein aux
paffions ;
Quepar elles les loix , les beaux
Arts , les Sciences ,
Ont formé les efprits , poly les Nations
Embelly l'univers par des travaux
immenfes,
Et porté les Heros aux grandes
actions. Hij
92 MERCURE
Mais auffi combien d'impoſtures
De Sacrileges ,
d'attentats ,
D'erreurs , de cruautez, de guerres;
de parjures
Aproduit ledefir d'eftre aprés le trépas
L'entretien des races futures !
Deux chemins differens &
prefque
auffi battus ,
Au Temple de Memoire également
conduifent.
Le nom de Penelope & le nom de
Titus
Avecceux de Medée & de Neron s'y
lifent.
Lesgrands crimes immortalifent
Autantque lesgrandes vertus.
S
Je Seay que lagloire eft trop belle
Pourne pas infpirer de violens defirs:
chercher,
l'acquerir , &
pouvoir
jourd'ell e,
GALANT. 93
Eft leplus parfait des plaifirs.
Ouy, ce bonheur pour l'Homme eft le
bonheurfuprême,
Mais c'est là qu'ilfaut s'arrefter.
Toutcharmé qu'il en eft , à quelque
point qu'il l'aime,
Il a peu de bonsens quandil va s'entefter
De la vanité de porter
Sa gloire au delà de luy mefme ;
Etquand toûjours en proye à ce defir
extrème
Ilperdle temps de la goûter.
S
Encorfi dans les champs que le Cocy
te arrofe
Dépouillé de toute autre chofe,
Il eftoit permis d'esperer
Dejouir defa Renommée ,
Fe feroisbien moins animée
Contre lesfoins qu'on prend pour la
faire durer.
94 MERCURE
Mais quand nous defcendons dans
ce's demeures fombres ,
La gloire ne fuit point nos ombres ,
Nous perdons pour jamais tout ce
qu'elle ade doux;
Et quelque bruit que le merite
La valeur , la beauté , puiffe faire
aprés nous ,
Helas ?on n'entend rienfurles bords
du Cocyte !
ន
Paroù donc ces grands noms d'illu
ftres , defameux ,
Aprés quoy les mortels courent toute
leur vie,
Avides de laiffer un long Souvenir
d'eux ,
Doivent-ils faire tant d'envie ?
Est -ce par intereft pour d'indignes
Neveux
CALANT. 95
Qui feuls de ces grands noms
jouiffent ,
Quine lesfont valoir qu'en des dif
cours pompeux,
Etqui toujours plongez dans un de
fordre affreux ,
Par des lâchetez les flétriffent ?
2
De ces heureux Mortels qui n'ont
point eu d'égaux
Teleftl'ordinaire partage.
Traitez par la Nature avec moins
d'avantage
Que la plupart des Animaux ,
Leur Race dégénere , & l'on voit d'âge en age
En elle s'effacer l'éclat de leurs travaux.
Des chofes d'icy-bas c'eft le ray caracteres
Il eft rare qu'un Fils marche dans le
Sentier
96 MERCURE
Quefuivoit un illuftre Pere.
Des mœurs comme des biens on n'eft
pas heritier,
Et d'exemple on nes'inftruitguere.
S
Tandis que le Soleilfe leve encorpour
nous,
Je conviens que rien n'est plus
doux
Quedepouvoirfirement croire ,
•Qu'aprés qu'un froidnuageauracou
vert nos yeux,
Rien de lâche , rien d'odieux ,
Nefouillera noftre memoire;
Que regrettez par nos amis
Dans leur cœur nous vivrons encore ;
Pour un tel avenir tous lesfoinsfont
permis.
C'estparcet endroit feul que l'amour
propre honore.
Il
GALANT.
97
Ilfautlaiffer lerefte entre les mains
du fort ;
Quandle merite eft vray , mille fa
meuxexemples
Ontfait voir que le temps ne luy fait
pointde tort ,
On refufe aux vivans des Temples
Qu'on leur éleve aprés leur
Mort.
S
Quoy, l'Homme , ce chef- d'œuvre à
qui rien n'eft femblable!
Quoy, l'Hommepour quifeul onformal'Univers !
Luy, dont l'œil a percé le voile im- .
penetrable
Dont les arrangemens & les refforts
divers
De la Naturefont couverts !
Lay , des Loix & des Arts l'inventeur admirable !
Nov. 16 93.
I
98 MERCURE
Aveuglepourluy feul ne peut-il difcerner,
Quand il n'est question que de fe
gouverner,
Lefauxbien du bien veritable ?
$
Vainereflexion ! inutile difcours !
L'Homme malgré voftrefecours
Du frivole avenir fera toûjours la
dupe ,
Surfes vrais interefts ilcraint de voir
trop clair
Et dans la vanité qui fans ceffe l'oce
cupe
Ce nouvel Ixion n'embrasse que de
L'air.
N'eftre plus qu'un peu de pouffiere
Bleffe l'orgueil dont l'homme eft
plein.
Il a beau faire voir un visage ſca rein ,
GALANT.
99
Et traiter defangfroidune telle ma-,
tiere..
Tout démentfes dehors , tout fert à
nousprouver,
Que par un nom celebre il cherche
àfe fauver
D'une deftruction entiere.
S
Mais d'où vient qu'aujourd'huy mon
efprit eftfi vain?
Que fais-je ! &de quel droit eft-ce
queje cenfure
Legoût de tout legenre humain ,
Cegoûtfavory qui luy dure
Depuis qu'une immortelle main
Du tenebreux cahos a tire la Nature?
Ay-je acquis dans le monde affez
d'authorité
Pour rendre mes raifons utiles ,
Etpour détruire en luy ce fond de
vanité
I ij
100 MERCURE
Quine luy peut laiffer aucuns mo
mens tranquilles ?
Non , mais un efprit d'équité
A combattre le faux inceffamment
m'attache ,
Etfait qu'à tout hazardj'écris ce que
m'arrache
La force de la verité.
S
Hé, commentpourrois-je prétendre
De guerir les mortels de cette vieille
erreur,
Qu'ils aimentjufqu'à la fureur,
Si moy qui la condamne ay peine à
m'en deffendre?
Ce potrait dont Appelle auroit efte
jaloux
Meremplit malgré moy de la flateuse
attente
Queje nesçaurois voir dans autruy
fans couroux.
GALANT. IOI
Foible raison que l'Homme vante,
Voilà quel eft le fond qu'on peutfairefur vous.
Toujours vains , toûjours faux , toujours pleins d'injustices ,
Nous crions dans tous nos dif
Cours
Contre les paffions , les foibleffès, les vices ,
où nous fuccombons tous lesjours.
fouvent des ouvrages de l'Illuftre Madame des Houlieres,
à Mademoiſelle Cheron dont
tout Paris admire l'habileté
pour la Peinture , ayant fait
Ton Portrait depuis quelque
temps , cela luy a donné lieu
de faire des Reflexions que
Vous trouverez dignes d'elle,
&auffi noblement exprimées,.
qu'on le peut attendre de ce
merveilleux genie, qui la rend
l'ornement de fon Sexe & de
fon ficcle.
GALANT. 87
esseses22 52225555
REFLEXIONS MORALES
DE MADAME
DES-HOULIERRES
Sur l'envie immoderée de
faire paffer fon Nom à la
Pofterité.
1Afgevante C HERONparfon divin pinceau
Meredonne un éclat nouveau.
Elle force aujourd'huy les Graces ,
Dontmes cruels ennuis & mes longues douleurs,
*Laiſſent ſur mon visage à peine quelques traces ,
D'y venir reprendre leurs places.
88 MERCURE
Elle me rend enfin mes premieres
couleurs.
Parfon art la racefuture
Connoîtra les prejens que me fit la
Nature,
Etjepuis efperer qu'avec un telfecours ,
Tandis quej'erreray fur les fombres
rivages,
Je pourray faire encor quelque honneura nosjuurs.
Oiy ,je puis m'enflater; plaire & du
rer toujours
Eft le deftin defes ouvrages.
$
Fol orgueil ! & du cœur Humain
Aveugle & fatalefoibleffe !
Nous maîtriferez-vousfans ceffe ;"
Et n'aurons- nousjamais ungencreux.
dédain
Pourtoutce qui s'oppofe aux loix de
lafageffe ?
GALANT. 89
Non; l'amourpropre en nous eſt toujours le plusfort,
Et malgré les combats que lafage fe
livre ,
On croit fe dérober en partie àla Mort
Quand dans quelque chofe onpeut
vivre.
S
Cette agreable erreur eft lafource des
fains
Quidevorent le cœurdes Hommes.
Loin de fçavoirjouir de l'état où nous
fommes.
C'est à quoy uouspensons le moins.
Unegloirefrivole &jamais poffedée,
C.
Fait qu'en tous lieux', à tous momens,
L'avenir remplit nôtre idée.
Il est l'unique but de nos empreffe.
mens.
Novembre 1693. H
90 MERCURE
Pour obtenir qu'un jour noftre nom
yparvienne ,
Etpour nous l'affurer durable &glo
rieux ,
Nousperdons le prefent , ce tempsfa
precieux ,
Lefeulbien qui nous appartienent,
Et qui tel qu'un éclair difparoiftà nos
yeux.
Au bonheur des Humains leurs chimeres s'opposent.
Victimes de leur vanité
Il n'eft chagrin , travail , danger 3
adverfité,
Aquoy les mortels ne s'exposent
Pourtranfmettre leurs uoms à la po
fterité!
2
Aqueldeffein , dans quelles vuës,
Tant d'abelifques , de portraits ,
D'Arcs, deMedailles , de Statuës,
GALANT. SI
DeVilles, de Tombeaux, de Temples,
de Palais ,
Parleur ordre ont-ils eftéfaits ?
D'où vient que pour avoir un grand
nom dans l'Hiftoire
Ils ont à pleines mains répandu les
bienfaits
Si ce n'eft dans l'espoir de rendre leur
memoire
Illuftre & durable àjamais?
2
Il est vray que ces efperances
Ont quelquefois fervy de frein aux
paffions ;
Quepar elles les loix , les beaux
Arts , les Sciences ,
Ont formé les efprits , poly les Nations
Embelly l'univers par des travaux
immenfes,
Et porté les Heros aux grandes
actions. Hij
92 MERCURE
Mais auffi combien d'impoſtures
De Sacrileges ,
d'attentats ,
D'erreurs , de cruautez, de guerres;
de parjures
Aproduit ledefir d'eftre aprés le trépas
L'entretien des races futures !
Deux chemins differens &
prefque
auffi battus ,
Au Temple de Memoire également
conduifent.
Le nom de Penelope & le nom de
Titus
Avecceux de Medée & de Neron s'y
lifent.
Lesgrands crimes immortalifent
Autantque lesgrandes vertus.
S
Je Seay que lagloire eft trop belle
Pourne pas infpirer de violens defirs:
chercher,
l'acquerir , &
pouvoir
jourd'ell e,
GALANT. 93
Eft leplus parfait des plaifirs.
Ouy, ce bonheur pour l'Homme eft le
bonheurfuprême,
Mais c'est là qu'ilfaut s'arrefter.
Toutcharmé qu'il en eft , à quelque
point qu'il l'aime,
Il a peu de bonsens quandil va s'entefter
De la vanité de porter
Sa gloire au delà de luy mefme ;
Etquand toûjours en proye à ce defir
extrème
Ilperdle temps de la goûter.
S
Encorfi dans les champs que le Cocy
te arrofe
Dépouillé de toute autre chofe,
Il eftoit permis d'esperer
Dejouir defa Renommée ,
Fe feroisbien moins animée
Contre lesfoins qu'on prend pour la
faire durer.
94 MERCURE
Mais quand nous defcendons dans
ce's demeures fombres ,
La gloire ne fuit point nos ombres ,
Nous perdons pour jamais tout ce
qu'elle ade doux;
Et quelque bruit que le merite
La valeur , la beauté , puiffe faire
aprés nous ,
Helas ?on n'entend rienfurles bords
du Cocyte !
ន
Paroù donc ces grands noms d'illu
ftres , defameux ,
Aprés quoy les mortels courent toute
leur vie,
Avides de laiffer un long Souvenir
d'eux ,
Doivent-ils faire tant d'envie ?
Est -ce par intereft pour d'indignes
Neveux
CALANT. 95
Qui feuls de ces grands noms
jouiffent ,
Quine lesfont valoir qu'en des dif
cours pompeux,
Etqui toujours plongez dans un de
fordre affreux ,
Par des lâchetez les flétriffent ?
2
De ces heureux Mortels qui n'ont
point eu d'égaux
Teleftl'ordinaire partage.
Traitez par la Nature avec moins
d'avantage
Que la plupart des Animaux ,
Leur Race dégénere , & l'on voit d'âge en age
En elle s'effacer l'éclat de leurs travaux.
Des chofes d'icy-bas c'eft le ray caracteres
Il eft rare qu'un Fils marche dans le
Sentier
96 MERCURE
Quefuivoit un illuftre Pere.
Des mœurs comme des biens on n'eft
pas heritier,
Et d'exemple on nes'inftruitguere.
S
Tandis que le Soleilfe leve encorpour
nous,
Je conviens que rien n'est plus
doux
Quedepouvoirfirement croire ,
•Qu'aprés qu'un froidnuageauracou
vert nos yeux,
Rien de lâche , rien d'odieux ,
Nefouillera noftre memoire;
Que regrettez par nos amis
Dans leur cœur nous vivrons encore ;
Pour un tel avenir tous lesfoinsfont
permis.
C'estparcet endroit feul que l'amour
propre honore.
Il
GALANT.
97
Ilfautlaiffer lerefte entre les mains
du fort ;
Quandle merite eft vray , mille fa
meuxexemples
Ontfait voir que le temps ne luy fait
pointde tort ,
On refufe aux vivans des Temples
Qu'on leur éleve aprés leur
Mort.
S
Quoy, l'Homme , ce chef- d'œuvre à
qui rien n'eft femblable!
Quoy, l'Hommepour quifeul onformal'Univers !
Luy, dont l'œil a percé le voile im- .
penetrable
Dont les arrangemens & les refforts
divers
De la Naturefont couverts !
Lay , des Loix & des Arts l'inventeur admirable !
Nov. 16 93.
I
98 MERCURE
Aveuglepourluy feul ne peut-il difcerner,
Quand il n'est question que de fe
gouverner,
Lefauxbien du bien veritable ?
$
Vainereflexion ! inutile difcours !
L'Homme malgré voftrefecours
Du frivole avenir fera toûjours la
dupe ,
Surfes vrais interefts ilcraint de voir
trop clair
Et dans la vanité qui fans ceffe l'oce
cupe
Ce nouvel Ixion n'embrasse que de
L'air.
N'eftre plus qu'un peu de pouffiere
Bleffe l'orgueil dont l'homme eft
plein.
Il a beau faire voir un visage ſca rein ,
GALANT.
99
Et traiter defangfroidune telle ma-,
tiere..
Tout démentfes dehors , tout fert à
nousprouver,
Que par un nom celebre il cherche
àfe fauver
D'une deftruction entiere.
S
Mais d'où vient qu'aujourd'huy mon
efprit eftfi vain?
Que fais-je ! &de quel droit eft-ce
queje cenfure
Legoût de tout legenre humain ,
Cegoûtfavory qui luy dure
Depuis qu'une immortelle main
Du tenebreux cahos a tire la Nature?
Ay-je acquis dans le monde affez
d'authorité
Pour rendre mes raifons utiles ,
Etpour détruire en luy ce fond de
vanité
I ij
100 MERCURE
Quine luy peut laiffer aucuns mo
mens tranquilles ?
Non , mais un efprit d'équité
A combattre le faux inceffamment
m'attache ,
Etfait qu'à tout hazardj'écris ce que
m'arrache
La force de la verité.
S
Hé, commentpourrois-je prétendre
De guerir les mortels de cette vieille
erreur,
Qu'ils aimentjufqu'à la fureur,
Si moy qui la condamne ay peine à
m'en deffendre?
Ce potrait dont Appelle auroit efte
jaloux
Meremplit malgré moy de la flateuse
attente
Queje nesçaurois voir dans autruy
fans couroux.
GALANT. IOI
Foible raison que l'Homme vante,
Voilà quel eft le fond qu'on peutfairefur vous.
Toujours vains , toûjours faux , toujours pleins d'injustices ,
Nous crions dans tous nos dif
Cours
Contre les paffions , les foibleffès, les vices ,
où nous fuccombons tous lesjours.
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Résumé : REFLEXIONS MORALES DE MADAME DESHOULIERRES Sur l'envie immoderée de faire passer son Nom à la Posterité.
Madame des Houlières réfléchit sur l'envie excessive de laisser son nom à la postérité. Elle admire l'habileté de Mademoiselle Cheron en peinture, qui a réalisé son portrait et lui a inspiré ces réflexions. Madame des Houlières exprime son désir de plaire et de durer à travers ses œuvres, tout en critiquant l'orgueil et la vanité humaine qui poussent les hommes à chercher la gloire posthume. Elle souligne que cette quête de gloire frivole et jamais possédée occupe toutes les pensées humaines, les empêchant de jouir du présent. Les hommes sacrifient leur bonheur actuel pour des chimères, s'exposant à des chagrins, des travaux et des dangers afin de transmettre leur nom à la postérité. Cette ambition a parfois servi de frein aux passions, favorisant les lois, les arts et les sciences, mais a aussi conduit à des impostures, des sacrilèges et des guerres. Madame des Houlières reconnaît que la gloire est un désir noble, mais elle met en garde contre la vanité de vouloir la porter au-delà de soi-même, perdant ainsi le temps de la goûter. Elle conclut en admettant que l'amour-propre est difficile à vaincre et que l'homme reste souvent dupe de l'avenir frivole, cherchant à se sauver d'une destruction entière par un nom célèbre. Elle exprime finalement sa propre lutte contre cette erreur humaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 230-231
VERS à Madame Vien, sur sa réception à l'Académie royale de Peinture & de Sculpture.
Début :
O d'un illustre époux, compagne illustre & sage, [...]
Mots clefs :
Illustre, Mérite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS à Madame Vien, sur sa réception à l'Académie royale de Peinture & de Sculpture.
VERS à Madame Vien , fur fa réception
à l'Académie royale de Peinture & de
Sculpture .
Od'un illuftre époux , compagne illuftre & fage,
Souffrez qu'au vrai mérite offrant un pur hommage
,
J'apprenne à l'univers que vos fenfibles coeurs
Sont unis par l'amour , les talens & les moeurs.
Le flambeau de l'Hymen éclaire de ſes flammes
Les noeuds dont les vertus ont enchaîné vos ames ;
Et pour les refferrer & les rendre éternels ,
Apollon vous a ceints de lauriers immortels.
Les équitables Dieux vous devoient l'un à l'autre.
Vous méritez fon coeur , il mérite le vôtre :
Au milieu des fuccès , fon air modefte & doux
Défarme de fon art tant de rivaux jaloux :
Votre ton enchanteur eft la tendre harmonie ,
Dont vous calmez la haine & confolez l'envie ;
Et votre fexe enfin de fon fexe ennemi ,
S'émeut à votre aſpect & devient votre ami .
Tandis que fon pinceau conduit par la nature ,
Séduit nos yeux furpris d'une douce impofture ,
Autour des papillons que peint fur le vélin
Des plus riches couleurs votre légere main ,
De mille papillons l'effain court & voltige ,.
Va , revient & retourne , & s'empreffe , & s'afflige
SEPTEMBRE . 1757. 231
Du deftin qui retient tous ces infortunés ,
Libres enfans de l'air , fous la glace enchaînés .
Mais que fert après tout que ma Mufe animée
Chante vos tendres feux ; déja la Renommée
Dans fon Temple a placé , ſous le même palmier,
Vos noms entrelaffés de myrthe & de laurier .
à l'Académie royale de Peinture & de
Sculpture .
Od'un illuftre époux , compagne illuftre & fage,
Souffrez qu'au vrai mérite offrant un pur hommage
,
J'apprenne à l'univers que vos fenfibles coeurs
Sont unis par l'amour , les talens & les moeurs.
Le flambeau de l'Hymen éclaire de ſes flammes
Les noeuds dont les vertus ont enchaîné vos ames ;
Et pour les refferrer & les rendre éternels ,
Apollon vous a ceints de lauriers immortels.
Les équitables Dieux vous devoient l'un à l'autre.
Vous méritez fon coeur , il mérite le vôtre :
Au milieu des fuccès , fon air modefte & doux
Défarme de fon art tant de rivaux jaloux :
Votre ton enchanteur eft la tendre harmonie ,
Dont vous calmez la haine & confolez l'envie ;
Et votre fexe enfin de fon fexe ennemi ,
S'émeut à votre aſpect & devient votre ami .
Tandis que fon pinceau conduit par la nature ,
Séduit nos yeux furpris d'une douce impofture ,
Autour des papillons que peint fur le vélin
Des plus riches couleurs votre légere main ,
De mille papillons l'effain court & voltige ,.
Va , revient & retourne , & s'empreffe , & s'afflige
SEPTEMBRE . 1757. 231
Du deftin qui retient tous ces infortunés ,
Libres enfans de l'air , fous la glace enchaînés .
Mais que fert après tout que ma Mufe animée
Chante vos tendres feux ; déja la Renommée
Dans fon Temple a placé , ſous le même palmier,
Vos noms entrelaffés de myrthe & de laurier .
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Résumé : VERS à Madame Vien, sur sa réception à l'Académie royale de Peinture & de Sculpture.
Le poème célèbre l'union de Madame Vien et de son époux, soulignant que leurs cœurs sont unis par l'amour, les talents et les mœurs. Cette union est comparée à un mariage sacré, bénie par Apollon qui les couronne de lauriers immortels. Les dieux sont décrits comme ayant destiné ces deux personnes l'une à l'autre, chacun méritant le cœur de l'autre. Le talent de l'époux est mis en avant, notamment sa modestie et son art qui désarment les rivaux jaloux. Madame Vien est louée pour sa voix enchanteuse qui apaise la haine et console l'envie, et pour sa capacité à transformer même ses ennemis en amis. Le poème décrit également le travail artistique de Madame Vien, qui peint des papillons sur du vélin avec des couleurs riches et légères. Enfin, il mentionne que la Renommée a déjà placé leurs noms entrelacés de myrthe et de laurier dans son temple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 186-191
De PARIS, le 8 Juin 1764.
Début :
L'affection singulière du Roi pour cette Noblesse illustre qui [...]
Mots clefs :
Noblesse, Illustre, École militaire, Éducation, Collège, Enfants, Édits, Évêque, Lieutenant, Ordonnance du roi, Régiments, Compagnies, Capitaines, Bains chauds, Magistrats, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage, Loterie de l'école royale militaire, Numéros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 8 Juin 1764.
De PARIS , le 8 Juin 1764. -
L'affection fingulière du Roi pour cette Nobleſſe
luftre qui fait la gloire & la force du Royau
JUILLET. 1764. 187
me , & le defir d'en perpétuer l'éclat & l'utilité
ont porté Sa Majesté à inftituer une Ecole Mili
taire pour y élever dans l'art des armes cinq cens
Gentilshommes . L'expérience ayant fait reconnoître
que l'éducation , qui ne fe rapporte qu'à
un feul objet , eſt ſouvent infructueuse , le Roi a
jugé que le cours des Etudes publiques deftinées à
préparer toutes fortes de profeffions devoit être le
fondement de l'éducation de ceux qui feroient
admis à l'Ecole Militaire ; mais ce premier dégré
d'inftitution ne pouvant le trouver que dans une
Ecole célébre & nombreufe , Sa Majefté a jetté
les yeux fur le Collége de le Fléche qui , par
l'étendue de fes bâtimens , la nobleffe de fon établiffement
& les grands biens dont il a été doté ,
a paru remplir l'objet que Sa Majesté le propofe.
En conféquence , le Roi a donné des Lettres - Patentes
, en date du 7 Avril dernier , contenant
quarante-trois Articles dont on donne ici la
fubftance.
y
Le College Royal de la Flêche fera & demeu
rera dorénavant & à perpétuité deſtiné à l'éducation
& à l'inſtruction des enfans de deux cens cinquante
Gentilshommes du Royaume : il ne pourra
être établi aucun autre Penfionnat ; mais toutes
les Claffes y feront publiques , & tous les Externes
feront admis gratuitement dans ces Claffes , ainfi
que dans les autres Colléges de plein exercice.
Lefdits enfans feront nommés par le Roi & choifis
dans la Nobleſſe , fur la préſentation qui lui en
fera faite par le Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Guèrre & de la Marine : ils pour
ront être admis à l'âge de huit à neuf ans jufqu'à
celui de dix à onze , & les orphelins jufqu'à
treize , avec les conditions prefcrites par les Edits
& Déclarations précédens concernant l'Ecole Mi488
MERCURE DE FRANCE .
litaire , tant par rapport aux preuves de Nobleſſe
qu'aux autres qualités qui y font requifes. Il ne
pourra être admis aux deux cens cinquante places
qui resteront à remplir dans l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire que ceux defdits enfans de Gentilshommes
qui auront fait leuts Etudes dans ledit
College Royal & qui auront quatorze ans accomplis
: ceux d'entr'eux qui , par leurs difpofitions
particulières , fe trouveroient appellés à l'Etat
Eccléfiaftique ou de Magiftrature , ou à d'autres
profeflions nobles , pourront continuer d'y
faire leurs Etudes . Ce Collége fera régi & adminiftré
, fous l'infpection du Secrétaire d'Etat de
la Guerre & de la Marine , par un Bureau compofé
de l'Evêque Diocéfain , qui y préfidera , da
Lieutenant- Général & du Procureur du Roi en la
Sénéchauffée de la Flêche , de deux Notables
ehoifis par Sa Majefté parmi d'anciens Gentilshommes
retirés du ſervice , du Maire de la Ville
& du Principal dudit Collége. Il y fera établi un
Infpecteur chargé de rendre compte des moeurs
du caractère & des talens defdits enfans', & qui
aura féance & voix délibérative dans ledit Bureau
immédiatement après les deuxdits Gentilshommes.
Le College fera deffervi par des perfonnes
Eccléfiaftiques ou Séculières , & compofé d'un
Principal , d'un Sous-Principal , de deux Profeffeurs
de Philofophie , d'un de Rhétorique , de
cing Régens pour les Seconde , Troifiéme , Quatriéme
, Cinquiéme & Sixiéme Claffes , indépendamment
du nombre de Sous -Maîtres que le
Bureau d'Adminiſtration jugera néceffaire . Tous
les biens donnés audit College par les Rois prédéceffeurs
de Sa Majesté & par d'autres perfonnes
, & tous ceux en général qui doivent lui appartenir
au terme des Lettres - Patentes des 14
>
JUILLET. 1764. 189
Juin & 21 Novembre 1763 , & 30 Mars dernier
, lui feront & demeureront confervés , aux
charges portées par leldites Lettres , à l'exception
des rentes fur les Papegaux de Bretagne ,
qui feront employées au foutien des Colléges de
cette Province , & de la Terre de Bonnes , fur laquelle
Sa Majelté expliquera fes intentions. Comme
les revenus de ce Collége ne pourroient ſuffire
aux dépenfes néceffaires pour l'éducation &
l'entretien defdits deux cens cinquante Eléves
Gentilshommes , ce qui y manquera fera fuppléé
annuellement fur les revenus de l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire , fur lefquels il fera auffi
pourvu aux frais nécellaires pour l'ameublemeut
dudit College & pour le premier établiſſement
defdics Eléves. Le College Royal de la Flêche
jouira de toutes les franchiſes , exemptions & immunités
accordées par Sa Majefté à l'Hôtel de
l'Ecole Royale Militaire. Il continuera d'être régi
en la forme portée par l'Edit du mois de Février
1763 jufqu'au premier Octobre prochain. Les
mêmes Lettres Patentes contiennent différentes
difpofitions fur le choix & les appointemens du
Principal , du Sous- Principal , des Profeffeurs ,
Régens , &c . ainfi que des Eccléfiaftiques qui feront
attachés à la Chapelle : elles portent auffi
plufieurs réglemens pour l'adminiſtration des
biens & revenus du Collège.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 10
Février dernier , fuivant laquelle chacun des trois
Régimens de Huffards de Berchény , de Chamborant
& de Royal- Naſſau , actuellement compofés
de douze Compagnies de vingt- neuf hommes
, fera réduit huit Compagnies de vingtcing
hommes , dont fera auffi compofé le qua
triéme Régiment que Sa Majefté à réfolu de
190 MERCURE DE FRANCE .
former , & dont elle a donné le Commandement
au freur d'Efterhafy en qualité de Meſtrede
Camp. Tous les Officiers & Huffards excédens
feront Licenciés : les Capitaines réformés
jouiront de 800 liv. en appointement de réforme,
les Lieutenans de soo liv. & les Sous-Lieutenans
de 400 liv. chacun des Huffards Licenciés retournera
chez lui avec fon habit uniforme , &
un bonnet , & il lui fera donné deux fols par
lieue pour s'y rendre. La même Ordonnance
fixe les divers arrangemens à prendre pour parvenir
à la nouvelle compofition du Régiment
d'Ellerhafy , & en régle l'uniforme.
On mande de Franche -Comté , que la Ville de
Luxeul a pris la réſolution de rétablir les bains
d'eau chaude qui étoient prèfque tombés en ruine:
le fieur de Lacorée , Intendant de la Province
, a fait drefler pour cet objet le plan d'un
bâtiment vafte & commode dont la première
pierre a été polée , avec un grand appareil , le
S de ce mois , par les Officiers du Magiftrat, le
Maire de la Ville étant à leur tête & portant un
rablier de Maçon -garni de rubans . Les bains de
Lexeu font très-anciens & ont été très renommés
; mais depuis Jules Célar en avoit fait réparer
le bâtiment , on avoit négligé de l'entretenir.
Les Prêtres de la Doctrine Chrétienne ont tenu ,
le 30 du mois dernier , dans leur Maiſon de S.
Charles une Aflemblée générale, dans laquelle ils
ont élu pour Supérieur Général de leur Congrégation
le Père Jean -Augufte- Louis Chaftener de
Puységur .
Le quarante & uniéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel -de - Ville s'eft fait , le 24 du mois dernier
, en la manière accoutumée. Le Lot de cinJUILLET.
1764. 191
quante mille livres eft échu au Numéro 76'41 ;
celui de vingt mille livres au Numéro 68786 ;
& les deux de dix mille livres aux Numéros
63983 & 71603 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune font 53 , 90 , 48,73 , 65 .
L'affection fingulière du Roi pour cette Nobleſſe
luftre qui fait la gloire & la force du Royau
JUILLET. 1764. 187
me , & le defir d'en perpétuer l'éclat & l'utilité
ont porté Sa Majesté à inftituer une Ecole Mili
taire pour y élever dans l'art des armes cinq cens
Gentilshommes . L'expérience ayant fait reconnoître
que l'éducation , qui ne fe rapporte qu'à
un feul objet , eſt ſouvent infructueuse , le Roi a
jugé que le cours des Etudes publiques deftinées à
préparer toutes fortes de profeffions devoit être le
fondement de l'éducation de ceux qui feroient
admis à l'Ecole Militaire ; mais ce premier dégré
d'inftitution ne pouvant le trouver que dans une
Ecole célébre & nombreufe , Sa Majefté a jetté
les yeux fur le Collége de le Fléche qui , par
l'étendue de fes bâtimens , la nobleffe de fon établiffement
& les grands biens dont il a été doté ,
a paru remplir l'objet que Sa Majesté le propofe.
En conféquence , le Roi a donné des Lettres - Patentes
, en date du 7 Avril dernier , contenant
quarante-trois Articles dont on donne ici la
fubftance.
y
Le College Royal de la Flêche fera & demeu
rera dorénavant & à perpétuité deſtiné à l'éducation
& à l'inſtruction des enfans de deux cens cinquante
Gentilshommes du Royaume : il ne pourra
être établi aucun autre Penfionnat ; mais toutes
les Claffes y feront publiques , & tous les Externes
feront admis gratuitement dans ces Claffes , ainfi
que dans les autres Colléges de plein exercice.
Lefdits enfans feront nommés par le Roi & choifis
dans la Nobleſſe , fur la préſentation qui lui en
fera faite par le Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Guèrre & de la Marine : ils pour
ront être admis à l'âge de huit à neuf ans jufqu'à
celui de dix à onze , & les orphelins jufqu'à
treize , avec les conditions prefcrites par les Edits
& Déclarations précédens concernant l'Ecole Mi488
MERCURE DE FRANCE .
litaire , tant par rapport aux preuves de Nobleſſe
qu'aux autres qualités qui y font requifes. Il ne
pourra être admis aux deux cens cinquante places
qui resteront à remplir dans l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire que ceux defdits enfans de Gentilshommes
qui auront fait leuts Etudes dans ledit
College Royal & qui auront quatorze ans accomplis
: ceux d'entr'eux qui , par leurs difpofitions
particulières , fe trouveroient appellés à l'Etat
Eccléfiaftique ou de Magiftrature , ou à d'autres
profeflions nobles , pourront continuer d'y
faire leurs Etudes . Ce Collége fera régi & adminiftré
, fous l'infpection du Secrétaire d'Etat de
la Guerre & de la Marine , par un Bureau compofé
de l'Evêque Diocéfain , qui y préfidera , da
Lieutenant- Général & du Procureur du Roi en la
Sénéchauffée de la Flêche , de deux Notables
ehoifis par Sa Majefté parmi d'anciens Gentilshommes
retirés du ſervice , du Maire de la Ville
& du Principal dudit Collége. Il y fera établi un
Infpecteur chargé de rendre compte des moeurs
du caractère & des talens defdits enfans', & qui
aura féance & voix délibérative dans ledit Bureau
immédiatement après les deuxdits Gentilshommes.
Le College fera deffervi par des perfonnes
Eccléfiaftiques ou Séculières , & compofé d'un
Principal , d'un Sous-Principal , de deux Profeffeurs
de Philofophie , d'un de Rhétorique , de
cing Régens pour les Seconde , Troifiéme , Quatriéme
, Cinquiéme & Sixiéme Claffes , indépendamment
du nombre de Sous -Maîtres que le
Bureau d'Adminiſtration jugera néceffaire . Tous
les biens donnés audit College par les Rois prédéceffeurs
de Sa Majesté & par d'autres perfonnes
, & tous ceux en général qui doivent lui appartenir
au terme des Lettres - Patentes des 14
>
JUILLET. 1764. 189
Juin & 21 Novembre 1763 , & 30 Mars dernier
, lui feront & demeureront confervés , aux
charges portées par leldites Lettres , à l'exception
des rentes fur les Papegaux de Bretagne ,
qui feront employées au foutien des Colléges de
cette Province , & de la Terre de Bonnes , fur laquelle
Sa Majelté expliquera fes intentions. Comme
les revenus de ce Collége ne pourroient ſuffire
aux dépenfes néceffaires pour l'éducation &
l'entretien defdits deux cens cinquante Eléves
Gentilshommes , ce qui y manquera fera fuppléé
annuellement fur les revenus de l'Hôtel de l'Ecole
Royale Militaire , fur lefquels il fera auffi
pourvu aux frais nécellaires pour l'ameublemeut
dudit College & pour le premier établiſſement
defdics Eléves. Le College Royal de la Flêche
jouira de toutes les franchiſes , exemptions & immunités
accordées par Sa Majefté à l'Hôtel de
l'Ecole Royale Militaire. Il continuera d'être régi
en la forme portée par l'Edit du mois de Février
1763 jufqu'au premier Octobre prochain. Les
mêmes Lettres Patentes contiennent différentes
difpofitions fur le choix & les appointemens du
Principal , du Sous- Principal , des Profeffeurs ,
Régens , &c . ainfi que des Eccléfiaftiques qui feront
attachés à la Chapelle : elles portent auffi
plufieurs réglemens pour l'adminiſtration des
biens & revenus du Collège.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 10
Février dernier , fuivant laquelle chacun des trois
Régimens de Huffards de Berchény , de Chamborant
& de Royal- Naſſau , actuellement compofés
de douze Compagnies de vingt- neuf hommes
, fera réduit huit Compagnies de vingtcing
hommes , dont fera auffi compofé le qua
triéme Régiment que Sa Majefté à réfolu de
190 MERCURE DE FRANCE .
former , & dont elle a donné le Commandement
au freur d'Efterhafy en qualité de Meſtrede
Camp. Tous les Officiers & Huffards excédens
feront Licenciés : les Capitaines réformés
jouiront de 800 liv. en appointement de réforme,
les Lieutenans de soo liv. & les Sous-Lieutenans
de 400 liv. chacun des Huffards Licenciés retournera
chez lui avec fon habit uniforme , &
un bonnet , & il lui fera donné deux fols par
lieue pour s'y rendre. La même Ordonnance
fixe les divers arrangemens à prendre pour parvenir
à la nouvelle compofition du Régiment
d'Ellerhafy , & en régle l'uniforme.
On mande de Franche -Comté , que la Ville de
Luxeul a pris la réſolution de rétablir les bains
d'eau chaude qui étoient prèfque tombés en ruine:
le fieur de Lacorée , Intendant de la Province
, a fait drefler pour cet objet le plan d'un
bâtiment vafte & commode dont la première
pierre a été polée , avec un grand appareil , le
S de ce mois , par les Officiers du Magiftrat, le
Maire de la Ville étant à leur tête & portant un
rablier de Maçon -garni de rubans . Les bains de
Lexeu font très-anciens & ont été très renommés
; mais depuis Jules Célar en avoit fait réparer
le bâtiment , on avoit négligé de l'entretenir.
Les Prêtres de la Doctrine Chrétienne ont tenu ,
le 30 du mois dernier , dans leur Maiſon de S.
Charles une Aflemblée générale, dans laquelle ils
ont élu pour Supérieur Général de leur Congrégation
le Père Jean -Augufte- Louis Chaftener de
Puységur .
Le quarante & uniéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel -de - Ville s'eft fait , le 24 du mois dernier
, en la manière accoutumée. Le Lot de cinJUILLET.
1764. 191
quante mille livres eft échu au Numéro 76'41 ;
celui de vingt mille livres au Numéro 68786 ;
& les deux de dix mille livres aux Numéros
63983 & 71603 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune font 53 , 90 , 48,73 , 65 .
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Résumé : De PARIS, le 8 Juin 1764.
Le 8 juin 1764, le roi de France a créé une École Militaire pour former cinq cents gentilshommes à l'art des armes. Reconnaissant l'importance d'une éducation polyvalente, le roi a décidé que les élèves de cette école devraient d'abord suivre des études publiques destinées à préparer diverses professions. Pour cela, il a choisi le Collège de la Flèche, renommé pour ses bâtiments, son établissement noble et ses grands biens. Par des Lettres Patentes du 7 avril 1764, le Collège Royal de la Flèche a été désigné pour l'éducation de deux cent cinquante enfants de gentilshommes du royaume. Ces enfants seront nommés par le roi sur présentation du Secrétaire d'État de la Guerre et de la Marine et pourront être admis entre huit et treize ans. Ils devront avoir effectué leurs études au Collège Royal de la Flèche pour être admis à l'École Royale Militaire. Le collège sera administré par un bureau composé de l'évêque diocésain, du lieutenant-général, du procureur du roi, de deux notables choisis par le roi, du maire de la ville et du principal du collège. Un inspecteur sera chargé de surveiller les mœurs, le caractère et les talents des élèves. Le collège sera desservi par des personnes ecclésiastiques ou séculières, incluant un principal, un sous-principal, des professeurs de philosophie et de rhétorique, et des régents pour les différentes classes. Les biens du collège seront conservés, et les revenus nécessaires pour l'éducation et l'entretien des élèves seront complétés par les revenus de l'Hôtel de l'École Royale Militaire. Le collège jouira des mêmes franchises et exemptions que l'École Royale Militaire.
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