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1
p. 266-271
LETTRE DE GAS, Epagneul de Madame Des-houlieres. A Monsieur le Comte de L. T.
Début :
Cette Illustre Académie a esté rompuë depuis que / Pour vous marquer mon couroux, [...]
Mots clefs :
Épagneul, Femmes, Académie, Parnasse, Maîtresse, Dents
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE GAS, Epagneul de Madame Des-houlieres. A Monsieur le Comte de L. T.
Cette Illufl:re Académie
a efl:é rompuë depuis que
Monfieur l'AbbédeVille.
ferain a efl:6 nommé à l'E.
vefché deSenés. On a voit
eu dcf1è1n quelguc temps
at1paravant d'y faire entrer
des Fcn11nes, & 1'011 pro.
11ofoit Mada1nc de Ville.
dieu, dont les Ouvragei
font tous les jours tant de
bruir. 0 n co1nptoit au!T1
Mada1ne la Marquife de
Guibcr111eny , Fille de
Mor1fieur le Marquis_ de
GALANT. 167
~'Haines : Elle a l 'ef prit
>enéi:rant: & délicat, &
on ne peut·affez la loüer.
)n n ·oubliait pas Maiame la Marquife Def1oulicres : Vous en avez
)iiy parler, Mada1ne, car
~on grand 1nérite la fait
:on11oifl:rc par tout; elle
!crit trcs
- polîment en
Jrofc & en V ers, & c· efl:
~nfi11 un Efprit du i1rcmier ordre. Il court de
recites Pieces galanres de
l'on Cl1ien, qu' 011 appelle
Gas : Il s 'cfl: fait depuis
peu Poë~e excellent, &
z ij
i6S LE MERCURE
' . [es Ouvrages mer1ten
bien d ' eftre imprimez
Cette Dame en èl fait le
Ccrbere du Parnatfe, pom
c;n défendre l'entrée a~
n1auvais Poëtes. Voicy de
[es Vers , & vous pourc~
par là juger de fon cf prit.
J.JE.T1~ RE DE G ASI
Epagneul de Madame
D ef-l1ouliercs.
A Monfieur le Coin te de L. T.
P OurvorM marquer mon cou·
rlittX,
l' ay mil la plume J la patte;
GALANT. 169
fl ej} temps que contre vou
route 111,t colerc éclate.
Vol/4 m'av·e1"' rendu i.iloux;
Entre nou autres To#/Dll4',
Wotu fo_mmes ià·deff 114 tl/ htnntNI"'
fort délicate :
l{'ot1r fa bien metJ~e avec IUJIM,
~nvain le Biondinno1'4 /Ltte,
N otM n'en (omma .p44 p/114 doux>
'Nora mordons jafqN''4l' Ep.oux.
ff alg,ré ce naturel i11commHh &
farouche,
f e votl4 écoutois fans dépit
;t,oücr de m.'l Maijlreffe &les
yeux, &la /;o#cht;
Ne croyant ces doNcears qu'un
jimple jeu d:~fi>rit, . . Sans m' oppoftr à rien,, 1''! dormo/.I
far (on Lit.
Si ce (ouvenir votl4 to11cht,
Ne ionue"'-plt14 4 m~ ojler JV-~ z ii)
79
80
i.70 LE MERCURE
.La place que je p~ffede:
Croye7çVotu la mériter l
(,,'roye7.,;:VOttt! que je la ce de!
Sept foi.! l'ain1able Printemps
Afàit reverdir les Champs,
Sept fais la trijle froidure
En a chaflé ta ~erdure,
DepWt! le hienheureux jour
J2.!!..e je foi.! Chien d' AmariUe ..
.A .fes pie.ds j'ay veû l.:t Cour,
A fas pieds j'ay veû la VzUe
r ainement 6rtiler d',tmour;
Seul j'ay .fieû parmonadreffe·
Dans fan infan(i6fe cœur
Faire :1aiftre li tendr~(fa.
Ne trouhlezPl1umo116onheur:
!J..f!..•!nd pourvang,er fo11 honneur>
Le petit D~ett Jilborncur
Q.;:_'cn to115 ficux eUe Jitrmonte,
Dècideroit ,è m.t honte
Sur/ci droits que je pr,:tcnsj_
GALANT. 1:71
J'çit.chez.., nojlre iUrtjirc Comte,
Q.ff.Ej' dY de fort 6onnes dents.
GAS. Je croy, Madan1e, qut
vous n'avez gttere veû de
Vers plus naturels, ny de
Cl1iens plus l1abiles. J'en
fçay bien la raif on; c· eft
que tous les Epagneuls
n'ont pas des Maifireffi:s
fi fpirirttelfes
a efl:é rompuë depuis que
Monfieur l'AbbédeVille.
ferain a efl:6 nommé à l'E.
vefché deSenés. On a voit
eu dcf1è1n quelguc temps
at1paravant d'y faire entrer
des Fcn11nes, & 1'011 pro.
11ofoit Mada1nc de Ville.
dieu, dont les Ouvragei
font tous les jours tant de
bruir. 0 n co1nptoit au!T1
Mada1ne la Marquife de
Guibcr111eny , Fille de
Mor1fieur le Marquis_ de
GALANT. 167
~'Haines : Elle a l 'ef prit
>enéi:rant: & délicat, &
on ne peut·affez la loüer.
)n n ·oubliait pas Maiame la Marquife Def1oulicres : Vous en avez
)iiy parler, Mada1ne, car
~on grand 1nérite la fait
:on11oifl:rc par tout; elle
!crit trcs
- polîment en
Jrofc & en V ers, & c· efl:
~nfi11 un Efprit du i1rcmier ordre. Il court de
recites Pieces galanres de
l'on Cl1ien, qu' 011 appelle
Gas : Il s 'cfl: fait depuis
peu Poë~e excellent, &
z ij
i6S LE MERCURE
' . [es Ouvrages mer1ten
bien d ' eftre imprimez
Cette Dame en èl fait le
Ccrbere du Parnatfe, pom
c;n défendre l'entrée a~
n1auvais Poëtes. Voicy de
[es Vers , & vous pourc~
par là juger de fon cf prit.
J.JE.T1~ RE DE G ASI
Epagneul de Madame
D ef-l1ouliercs.
A Monfieur le Coin te de L. T.
P OurvorM marquer mon cou·
rlittX,
l' ay mil la plume J la patte;
GALANT. 169
fl ej} temps que contre vou
route 111,t colerc éclate.
Vol/4 m'av·e1"' rendu i.iloux;
Entre nou autres To#/Dll4',
Wotu fo_mmes ià·deff 114 tl/ htnntNI"'
fort délicate :
l{'ot1r fa bien metJ~e avec IUJIM,
~nvain le Biondinno1'4 /Ltte,
N otM n'en (omma .p44 p/114 doux>
'Nora mordons jafqN''4l' Ep.oux.
ff alg,ré ce naturel i11commHh &
farouche,
f e votl4 écoutois fans dépit
;t,oücr de m.'l Maijlreffe &les
yeux, &la /;o#cht;
Ne croyant ces doNcears qu'un
jimple jeu d:~fi>rit, . . Sans m' oppoftr à rien,, 1''! dormo/.I
far (on Lit.
Si ce (ouvenir votl4 to11cht,
Ne ionue"'-plt14 4 m~ ojler JV-~ z ii)
79
80
i.70 LE MERCURE
.La place que je p~ffede:
Croye7çVotu la mériter l
(,,'roye7.,;:VOttt! que je la ce de!
Sept foi.! l'ain1able Printemps
Afàit reverdir les Champs,
Sept fais la trijle froidure
En a chaflé ta ~erdure,
DepWt! le hienheureux jour
J2.!!..e je foi.! Chien d' AmariUe ..
.A .fes pie.ds j'ay veû l.:t Cour,
A fas pieds j'ay veû la VzUe
r ainement 6rtiler d',tmour;
Seul j'ay .fieû parmonadreffe·
Dans fan infan(i6fe cœur
Faire :1aiftre li tendr~(fa.
Ne trouhlezPl1umo116onheur:
!J..f!..•!nd pourvang,er fo11 honneur>
Le petit D~ett Jilborncur
Q.;:_'cn to115 ficux eUe Jitrmonte,
Dècideroit ,è m.t honte
Sur/ci droits que je pr,:tcnsj_
GALANT. 1:71
J'çit.chez.., nojlre iUrtjirc Comte,
Q.ff.Ej' dY de fort 6onnes dents.
GAS. Je croy, Madan1e, qut
vous n'avez gttere veû de
Vers plus naturels, ny de
Cl1iens plus l1abiles. J'en
fçay bien la raif on; c· eft
que tous les Epagneuls
n'ont pas des Maifireffi:s
fi fpirirttelfes
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Résumé : LETTRE DE GAS, Epagneul de Madame Des-houlieres. A Monsieur le Comte de L. T.
Le texte aborde l'Académie et ses membres, notamment Madame de Ville et Madame de Guibérillien, fille du marquis de Galant. L'Académie a été réactivée après la nomination de l'abbé de Ville à l'évêché de Sens. Des discussions ont eu lieu pour intégrer des femmes, telles que Madame de Ville et Madame de Guibérillien, reconnue pour son esprit et ses talents. Madame de Sévigné est également mentionnée pour son écriture polie et son esprit remarquable. Le texte évoque des pièces galantes de Monsieur de Clénian, surnommé Gas, décrit comme un poète excellent. Madame de Sévigné est présentée comme le censeur du Parnasse, défendant l'entrée contre les mauvais poètes. Un poème intitulé 'Le Roi de Gas' est inclus, écrit par l'épagneul de Madame de Sévigné et adressé au comte de L. T. Ce poème exprime l'amour et la fidélité du chien. Le texte se termine par une appréciation des vers naturels et des chiens habiles, soulignant que tous les épagneuls n'ont pas des maîtresses aussi spirituelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 205-206
Monseigneur le Dauphin va à l'Observatoire. [titre d'après la table]
Début :
Monseigneur le Dauphin a esté voir l'Observatoire. Il y a [...]
Mots clefs :
Dauphine, Observatoire, Académie
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texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Dauphin va à l'Observatoire. [titre d'après la table]
Monfeigneur le Dauphin a
efté voir l’Obfervatoire. Il y a
tant de chofes à dire fur ce fujer,
que je fuis obligé de les referver
xoé LE MERCURE
• . • •
pour le premier Volume, dans
lequel on apprendra tout ce que
l’on v voit de curieux, & les
Noms de tous les Illuftres qui
compofent cette e/pcced’Academie
efté voir l’Obfervatoire. Il y a
tant de chofes à dire fur ce fujer,
que je fuis obligé de les referver
xoé LE MERCURE
• . • •
pour le premier Volume, dans
lequel on apprendra tout ce que
l’on v voit de curieux, & les
Noms de tous les Illuftres qui
compofent cette e/pcced’Academie
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3
p. 227-228
« Les belles choses estant belles en tout temps, je ne [...] »
Début :
Les belles choses estant belles en tout temps, je ne [...]
Mots clefs :
Élégie, Académie, Estime, Copier
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texteReconnaissance textuelle : « Les belles choses estant belles en tout temps, je ne [...] »
Les belles choſes eſtant belles entouttemps, je ne veux pas differer à vous faire part d'une Elegie qui vient de m'eſtre reGij
148 LE MERCVRE
miſe entre les mains , quoyqu'il y ait déja trois ou quatre ans qu'elle foit faite. Ie ſçay que l'Academie l'a fort eſtimée. Elle
eſt deMonfieur le Ducde Saint
Aignan , & je ne doute pas que ſes Vers ne vous plaiſent autant qu'a fait ſa Proſe dans les Let- tresqu'il a écrites au Roy ſur ſes Conqueſtes. Il fit ceux-cy dans uneMaiſon deCampagne pro- che du Havre , ſur une affaire
particulierequi luy arriva. On a
eu peine à les recouvrer , paree qu'ayant brûlé preſque tous ſes Ouvrages , onn'a pû conſerver queceuxqu'on a trouvé moyen deluydérober en les copiant.
148 LE MERCVRE
miſe entre les mains , quoyqu'il y ait déja trois ou quatre ans qu'elle foit faite. Ie ſçay que l'Academie l'a fort eſtimée. Elle
eſt deMonfieur le Ducde Saint
Aignan , & je ne doute pas que ſes Vers ne vous plaiſent autant qu'a fait ſa Proſe dans les Let- tresqu'il a écrites au Roy ſur ſes Conqueſtes. Il fit ceux-cy dans uneMaiſon deCampagne pro- che du Havre , ſur une affaire
particulierequi luy arriva. On a
eu peine à les recouvrer , paree qu'ayant brûlé preſque tous ſes Ouvrages , onn'a pû conſerver queceuxqu'on a trouvé moyen deluydérober en les copiant.
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Résumé : « Les belles choses estant belles en tout temps, je ne [...] »
L'auteur a reçu une élégie du Duc de Saint-Aignan, composée il y a trois ou quatre ans et estimée par l'Académie. L'œuvre, écrite près du Havre, a failli être perdue car le Duc avait brûlé presque tous ses ouvrages. Quelques textes ont été sauvés en les copiant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 292-295
« Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Début :
Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...]
Mots clefs :
Prix, Académie, Mois prochain, Institution des prix et des cérémonies, Génies, Supériorité d'esprit
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texteReconnaissance textuelle : « Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Avoüez , Madame, qu'ilya de grandes beautez dans cette Piece , que la pompe des Vers s'y trouvejointe àla folidité dur Raiſonnement , que le tour en eft noble, la liaiſon juſte , &
qu'une Tragédie de cette force neferoit pas indigne de paroî- tre fur nos Theatres. Cepen- dant cette Piece , toute belle qu'elle eſt , n'a point emporté le Prix , & nous devons croire qu'il s'en est fait unemeilleure puis queMeffieursdel'Acadé- mie l'ont ainſi jugé. Ces ſubli- mes Eſprits ont des lumieres infaillibles qui ne les laiſſent pointfujetàl'erreur ; & laBri- gue ne pouvant rien aupres d'eux, on doitdire deleurs Arreſts , ils font donnez , ils font
juſtes. Préparez- vous , Mada- me, à recevoir un fort grand
GALANT. 207
plaiſirle Moisprochain,quand apres vous avoir entretenu de F'Inſtitutio des Prix, &des Cerémonies qui s'obſervent le jour qu'on les donne , je vous feray partdela Piece qui a me- rité cette Année celuy des Vers , car il y en a une autre pour la Profe. Vous l'auriez cuë dés aujourd'huy , fi je l'a- vois pû recouvrer. Conimeelle F'emporte fur celle queje vous envoye , & dont je ſuis afſuré que vous ferez tres-fatisfaite ,
je ne doute point que vous ne foyez charmée de ſa lecture.
Cequi me convainc.davantage des furprenantes beautez que vous ferez obligée d'y décou- vrir , c'eſt qu'à la reſerve de deux ou trois de ces Meſſieurs
qui ont donné leurs voix àMe
de Fontenelle , peut- eſtre à
208 LE MERCVRE
cauſe que leur âge les rend moins ſenſibles aubrillant,qu'a la majestédu Vers, &à la force dela Penſée , tous les autres ſe
sõtunanimemētdéclarez pour la Piece triomphante ; tant if eft vrayquelebonſens eft toû- jours un, qu'il eſt indiſpenſa- blement le meſimepour toutes les Perſonnes extraordinairement éclairées, &qu'ilnefou- fre aucune diverſité de ſentimens dans ces Génies élevez
qui ont une ſupériorité d'Ef- prit que nous admirons , ſans
que nousy puiffions atteindre.
qu'une Tragédie de cette force neferoit pas indigne de paroî- tre fur nos Theatres. Cepen- dant cette Piece , toute belle qu'elle eſt , n'a point emporté le Prix , & nous devons croire qu'il s'en est fait unemeilleure puis queMeffieursdel'Acadé- mie l'ont ainſi jugé. Ces ſubli- mes Eſprits ont des lumieres infaillibles qui ne les laiſſent pointfujetàl'erreur ; & laBri- gue ne pouvant rien aupres d'eux, on doitdire deleurs Arreſts , ils font donnez , ils font
juſtes. Préparez- vous , Mada- me, à recevoir un fort grand
GALANT. 207
plaiſirle Moisprochain,quand apres vous avoir entretenu de F'Inſtitutio des Prix, &des Cerémonies qui s'obſervent le jour qu'on les donne , je vous feray partdela Piece qui a me- rité cette Année celuy des Vers , car il y en a une autre pour la Profe. Vous l'auriez cuë dés aujourd'huy , fi je l'a- vois pû recouvrer. Conimeelle F'emporte fur celle queje vous envoye , & dont je ſuis afſuré que vous ferez tres-fatisfaite ,
je ne doute point que vous ne foyez charmée de ſa lecture.
Cequi me convainc.davantage des furprenantes beautez que vous ferez obligée d'y décou- vrir , c'eſt qu'à la reſerve de deux ou trois de ces Meſſieurs
qui ont donné leurs voix àMe
de Fontenelle , peut- eſtre à
208 LE MERCVRE
cauſe que leur âge les rend moins ſenſibles aubrillant,qu'a la majestédu Vers, &à la force dela Penſée , tous les autres ſe
sõtunanimemētdéclarez pour la Piece triomphante ; tant if eft vrayquelebonſens eft toû- jours un, qu'il eſt indiſpenſa- blement le meſimepour toutes les Perſonnes extraordinairement éclairées, &qu'ilnefou- fre aucune diverſité de ſentimens dans ces Génies élevez
qui ont une ſupériorité d'Ef- prit que nous admirons , ſans
que nousy puiffions atteindre.
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Résumé : « Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Le texte évoque une pièce de théâtre jugée belle et digne des théâtres, mais qui n'a pas remporté le prix de l'Académie. Les membres de l'Académie, dotés de lumières infaillibles, ont préféré une autre pièce. L'auteur annonce que la pièce lauréate sera révélée le mois suivant, après une explication des cérémonies des prix. Il assure que cette pièce surpassera celle envoyée et que sa lecture sera charmante. La majorité des membres de l'Académie, à l'exception de deux ou trois plus sensibles au style de Fontenelle, ont unanimement soutenu la pièce gagnante, démontrant ainsi l'unanimité du bon sens parmi les esprits éclairés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 80-81
Académie de beaux Esprits établie à Turin par Madame Royale. [titre d'après la table]
Début :
Vos Amies se revolteront peut-estre contre deux Vers Latins [...]
Mots clefs :
Assemblées d'hommes, Turin, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Académie de beaux Esprits établie à Turin par Madame Royale. [titre d'après la table]
Vos Amiesſe revolteront peut- eſtre contre deux Vers Latins
employez dans le Compliment;
mais elles doivent ſonger qu'ils
ont bonne grace avec des Sça- vans ,&je me raporte àce que vous leur direz ,fi elles vous en
demandentl'explication.
Ces Affemblées d'Hommes
choifis pour les belles Connoif- fances , font jugées ſi neceſſaires dans tous les Eſtats bien policez,
qu'à l'exemple de l'Academie Françoife ,Madame Royale en établituneàTurin
employez dans le Compliment;
mais elles doivent ſonger qu'ils
ont bonne grace avec des Sça- vans ,&je me raporte àce que vous leur direz ,fi elles vous en
demandentl'explication.
Ces Affemblées d'Hommes
choifis pour les belles Connoif- fances , font jugées ſi neceſſaires dans tous les Eſtats bien policez,
qu'à l'exemple de l'Academie Françoife ,Madame Royale en établituneàTurin
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6
p. 81-83
Autre Académie des Exercices du Corps, établie par la mesme. [titre d'après la table]
Début :
Les Séances s'en doivent tenir dans l'un de ses Palais [...]
Mots clefs :
Académie, Exercices du corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Académie des Exercices du Corps, établie par la mesme. [titre d'après la table]
Les Séances
s'endoivent tenirdans l'unde fes Palais , oùSonAlteffe Royale in- ſtitue une autre Académie pour tous les exercices du Corps qui Cij
52 LE MERCVRE
peuvent perfectionner un Gen- til-homme. Elle choifitpourcela les plus habiles Maiſtres qu'on puiſſe trouver. Ce n'eſt pas la ſeule marque que cette grande Princeſſe donne à ſes Sujets du foin qu'elle a de leurs avantages.
La recoltedes Grains ayanteſté tres-médiocre cette année enPiémont, elle n'a pû voir ce que ſes Peuples auroient à foufrir de cette difette , ſans que fa bonté ſe foit intereſſéeàles fecourir. Les
groſſes ſommes d'argent qu'elle a répanduës pour faire venir des Grainsdedehors , ontrepare l'in- digence où ils ſe trouvoient &
par ſa genérofité accoûtumée elle a fait naître pour eux l'abondanceaumilieu dela ſterilité.
s'endoivent tenirdans l'unde fes Palais , oùSonAlteffe Royale in- ſtitue une autre Académie pour tous les exercices du Corps qui Cij
52 LE MERCVRE
peuvent perfectionner un Gen- til-homme. Elle choifitpourcela les plus habiles Maiſtres qu'on puiſſe trouver. Ce n'eſt pas la ſeule marque que cette grande Princeſſe donne à ſes Sujets du foin qu'elle a de leurs avantages.
La recoltedes Grains ayanteſté tres-médiocre cette année enPiémont, elle n'a pû voir ce que ſes Peuples auroient à foufrir de cette difette , ſans que fa bonté ſe foit intereſſéeàles fecourir. Les
groſſes ſommes d'argent qu'elle a répanduës pour faire venir des Grainsdedehors , ontrepare l'in- digence où ils ſe trouvoient &
par ſa genérofité accoûtumée elle a fait naître pour eux l'abondanceaumilieu dela ſterilité.
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Résumé : Autre Académie des Exercices du Corps, établie par la mesme. [titre d'après la table]
La princesse royale a créé une académie pour les exercices corporels des gentilshommes, choisissant les meilleurs maîtres. Elle a également secouru la population piémontaise en important des grains après une mauvaise récolte, démontrant ainsi sa générosité et son engagement pour le bien-être public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 71-81
POUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. IDILLE.
Début :
Je joins à ces deux Sonnets, l'Idille de Madame des / L'Amour pressé d'une douleur amere, [...]
Mots clefs :
Académie, Amour, Enfant, Jaloux, Gloire, Louis, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. IDILLE.
Je joins à ces deux Sonnets,
l'Idille de Madame des
Houlieres, dont le bruit doit
estreallé jusqua vous, par
les applaudissemens qu'il a
reçeus àla Cour & a Paris.
Il y a tant de délicatesse, de
bon goust, & de bon sens,
dans tout ce qui part de
cette illustre Personne, que si l'usage estoit que les Femmes
fussentreçeuës à l'Académie,
on préviendroit ses
souhaits) pour luy offrir place
gdanslceUtte céleébré.Compa-
POUR
POUR.
LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE.
IDILLE. LAmourpressed'une douleur
sincre,
Età'a(on FlambeAU,rewp'Jes
Traits
Et parle Six jure àfk Mere
JÇu'tlnes*appat[ra jamais.
Toutse ressont desa colere,
Déjà les Oiseaux dans les Bois
Nefont plusentendre leurs rvoixJI
Et déjà le Berger néglige sa Bergere.
Ce matin lesJeux &les Ris,
De l'Amour lesseuls Favoris, 4
M'ont découvert ce qui le désespere.
Voicy ce qu'ilsm'en ont appris.
Un divin Enfant vient de naître,
M'ont-ils dit, à qui les Mortels
Avec empressement élevent des Autels,
Et pour qui pms regret nom quittons
nostreMaistre.
Sil'Amour est jaloux des honneurs
qu'on luy rend,
Ill'est encorplus deses charmes;
En vainpouressuyerses larmes,
Vénussursesgenouxleprend,
Luyfait honte desesfoibleffess
Et quandpardetendrescaresses
Elle croitl'avoiradoucy,
D'un ton plus ferme elle luyparle
diuflVous
avez,fourny de matiere
Aumalheurdontvous vous plaignez;
L'aimable Enfant que vous craignez,
Sans vous n'eut pointveu lalumière,
Maù consolez-vous-en, luy qui vom rendjaloux,
Unjoursoûmis àvostreEmpire,
£htoy que la Gloireenpuisse dire,
Fera de 10s plaisirsson bonheur le
plus doux.
Reprenez, donc vostreArc; J^oy^moit
Fils,seriez, vous
Aux ordres des Destins rebelle?
Songez- que vous devez, vossoins 4
l'Univers,
.f<.!!epttr VOM toutse renouvelle;
Que dans le vastesein des Mers,
.f<!!,estr lA Terre & cAns les Airs,
La Nature àsonaide en tout temps
vous appelle.
Ha ! s'écria l'Amour,je veux me
vangerd'elle;
Contre elle avec raison je mefins-
animé;
Avecde trop grandssoins cette [11.
grateaformé
Cet Enfant, ce Rival dema gloire
immortelle.
Concevez-vous quelle est ma douleur,
neon effroy?
Il estdéjà beau commemoy;
Maisjusqu'où les Mortels portent-ils
l'insolence?
Sans respectermonpouvoir, ny mort
rang,
On ose comparerson sangavec mon
sangs
On faitplus,surlemien ila lapréferences
On ne craint point pour luy la eélefit
vangcancc;
lid dans son Ayeul un trop puissant
| Appuy. Ji>uel DieupourlaValeur, J^utlDu#
pour la Prudence,
Pourroit avec LOVISdisputer diijourd'huy?
liefuis qu'ilfutdonné pour le bien de
la France,
On n'a plus adoré que luy.
De l' Univers, il regle lafortunes
Parunprodigeilest tout-à-la-fois
Mars,Apollon, Jupiter & Neptune;
Ses bontez,sessoins, ses exploits,
Font la félicité commune.
Au dela de luy-mesmeilporteson bonheur,
Asonauguste Filsluy-mesmesert de
guide;
On voit ce Fils brûler d'une héroïque
ardeur,
Etde Gloire en tout temps avide,
DAns lêfeinmesme de 14 Paix,
Auxfrivoles plaisirs ne s'arrester jamais.
î1fcplaiflàlaChasse, image de 14
Guerre,
Ilsi plaifla dompter d'indomptables
Chevaux,
En attendant lejourqu'armédefin
Tonnerre,
LoriS en triomphant du reste de la
Terre,
JroumiJJe asa Valeur de plus nobles
travANX.
Sien que de la Beauté voussoyez, la
VousnDelleujfyi,
eauferiez, ny transports,
Heureux&digneEpouxd'une jeune
Trinceffe,
J^uimérite tousses soûpirs,
Il ne daigne tournerses regardssur
les autres;
lAsischarmesail(si quels charmes
sontégaux?
Elle a les yeux aussi doux que les
vostres,
Etn'a pas un de vos défauts.
Vénusalors rougit de honte,
EtlançantsursonFils desregards
enflâmez,
cf!0oJ donc, dit-elle, à vostre conte
UneMortellemesurmonte?
Hé-bien, l'illustre Enfantdont vous
vous alarmez,
Pres demoy tiendra vostreplace;
Je veux ( & le Destin ne m'en dédira
pas )
,tueqtioy qu'ildise, ou quoy qu'il
fassi)
On y trouve toûjours une nouvelle
Grace;
Toutes vontpar mon ordre accompagnerses
pas.
L Amouttnmble à cette menace, IlveutfiâttrVenus ; mais Vénus s
cesmots,
Sejette dansson Char, (jp noie t1 vers
Paphos.
nllnsfin coeur la colereà lahonte
s'assemble.
Le chagrin de l'Amouri'accroifl par
ce couroux,
Etcommelechagrindrnoué
Ne pouvons demeurer ensemble,
Nous avons résolu d'abandonner
l'Amour,
Pour venirfairenostre cour
Au beau Prince qui,luy ressemble.
Voilacceqoue lnes Rtisé&l;es^uxm'ont
Ce Prince estsi charmant, qu'on les en
peut bien croire;
L'Amour estaujourd'huijalouxdesa
beauté,
À
nj.o#rtli.cnirdque Mays leserade
sagloire,
pHÎjft-t-ilteneursgrand, estresonjours
keureuxi ThïJjc * lejuste Ciel accorder à nos
vaux
Fourluy denotnbreuefséttneesi
Jfïjt'il«pl/Jlè des Héros les Exploits Mt quunjour, s'ilse peut,sesgrandts
destinées
Egalent celles de LOVIS.
l'Idille de Madame des
Houlieres, dont le bruit doit
estreallé jusqua vous, par
les applaudissemens qu'il a
reçeus àla Cour & a Paris.
Il y a tant de délicatesse, de
bon goust, & de bon sens,
dans tout ce qui part de
cette illustre Personne, que si l'usage estoit que les Femmes
fussentreçeuës à l'Académie,
on préviendroit ses
souhaits) pour luy offrir place
gdanslceUtte céleébré.Compa-
POUR
POUR.
LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE.
IDILLE. LAmourpressed'une douleur
sincre,
Età'a(on FlambeAU,rewp'Jes
Traits
Et parle Six jure àfk Mere
JÇu'tlnes*appat[ra jamais.
Toutse ressont desa colere,
Déjà les Oiseaux dans les Bois
Nefont plusentendre leurs rvoixJI
Et déjà le Berger néglige sa Bergere.
Ce matin lesJeux &les Ris,
De l'Amour lesseuls Favoris, 4
M'ont découvert ce qui le désespere.
Voicy ce qu'ilsm'en ont appris.
Un divin Enfant vient de naître,
M'ont-ils dit, à qui les Mortels
Avec empressement élevent des Autels,
Et pour qui pms regret nom quittons
nostreMaistre.
Sil'Amour est jaloux des honneurs
qu'on luy rend,
Ill'est encorplus deses charmes;
En vainpouressuyerses larmes,
Vénussursesgenouxleprend,
Luyfait honte desesfoibleffess
Et quandpardetendrescaresses
Elle croitl'avoiradoucy,
D'un ton plus ferme elle luyparle
diuflVous
avez,fourny de matiere
Aumalheurdontvous vous plaignez;
L'aimable Enfant que vous craignez,
Sans vous n'eut pointveu lalumière,
Maù consolez-vous-en, luy qui vom rendjaloux,
Unjoursoûmis àvostreEmpire,
£htoy que la Gloireenpuisse dire,
Fera de 10s plaisirsson bonheur le
plus doux.
Reprenez, donc vostreArc; J^oy^moit
Fils,seriez, vous
Aux ordres des Destins rebelle?
Songez- que vous devez, vossoins 4
l'Univers,
.f<.!!epttr VOM toutse renouvelle;
Que dans le vastesein des Mers,
.f<!!,estr lA Terre & cAns les Airs,
La Nature àsonaide en tout temps
vous appelle.
Ha ! s'écria l'Amour,je veux me
vangerd'elle;
Contre elle avec raison je mefins-
animé;
Avecde trop grandssoins cette [11.
grateaformé
Cet Enfant, ce Rival dema gloire
immortelle.
Concevez-vous quelle est ma douleur,
neon effroy?
Il estdéjà beau commemoy;
Maisjusqu'où les Mortels portent-ils
l'insolence?
Sans respectermonpouvoir, ny mort
rang,
On ose comparerson sangavec mon
sangs
On faitplus,surlemien ila lapréferences
On ne craint point pour luy la eélefit
vangcancc;
lid dans son Ayeul un trop puissant
| Appuy. Ji>uel DieupourlaValeur, J^utlDu#
pour la Prudence,
Pourroit avec LOVISdisputer diijourd'huy?
liefuis qu'ilfutdonné pour le bien de
la France,
On n'a plus adoré que luy.
De l' Univers, il regle lafortunes
Parunprodigeilest tout-à-la-fois
Mars,Apollon, Jupiter & Neptune;
Ses bontez,sessoins, ses exploits,
Font la félicité commune.
Au dela de luy-mesmeilporteson bonheur,
Asonauguste Filsluy-mesmesert de
guide;
On voit ce Fils brûler d'une héroïque
ardeur,
Etde Gloire en tout temps avide,
DAns lêfeinmesme de 14 Paix,
Auxfrivoles plaisirs ne s'arrester jamais.
î1fcplaiflàlaChasse, image de 14
Guerre,
Ilsi plaifla dompter d'indomptables
Chevaux,
En attendant lejourqu'armédefin
Tonnerre,
LoriS en triomphant du reste de la
Terre,
JroumiJJe asa Valeur de plus nobles
travANX.
Sien que de la Beauté voussoyez, la
VousnDelleujfyi,
eauferiez, ny transports,
Heureux&digneEpouxd'une jeune
Trinceffe,
J^uimérite tousses soûpirs,
Il ne daigne tournerses regardssur
les autres;
lAsischarmesail(si quels charmes
sontégaux?
Elle a les yeux aussi doux que les
vostres,
Etn'a pas un de vos défauts.
Vénusalors rougit de honte,
EtlançantsursonFils desregards
enflâmez,
cf!0oJ donc, dit-elle, à vostre conte
UneMortellemesurmonte?
Hé-bien, l'illustre Enfantdont vous
vous alarmez,
Pres demoy tiendra vostreplace;
Je veux ( & le Destin ne m'en dédira
pas )
,tueqtioy qu'ildise, ou quoy qu'il
fassi)
On y trouve toûjours une nouvelle
Grace;
Toutes vontpar mon ordre accompagnerses
pas.
L Amouttnmble à cette menace, IlveutfiâttrVenus ; mais Vénus s
cesmots,
Sejette dansson Char, (jp noie t1 vers
Paphos.
nllnsfin coeur la colereà lahonte
s'assemble.
Le chagrin de l'Amouri'accroifl par
ce couroux,
Etcommelechagrindrnoué
Ne pouvons demeurer ensemble,
Nous avons résolu d'abandonner
l'Amour,
Pour venirfairenostre cour
Au beau Prince qui,luy ressemble.
Voilacceqoue lnes Rtisé&l;es^uxm'ont
Ce Prince estsi charmant, qu'on les en
peut bien croire;
L'Amour estaujourd'huijalouxdesa
beauté,
À
nj.o#rtli.cnirdque Mays leserade
sagloire,
pHÎjft-t-ilteneursgrand, estresonjours
keureuxi ThïJjc * lejuste Ciel accorder à nos
vaux
Fourluy denotnbreuefséttneesi
Jfïjt'il«pl/Jlè des Héros les Exploits Mt quunjour, s'ilse peut,sesgrandts
destinées
Egalent celles de LOVIS.
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Résumé : POUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. IDILLE.
Le texte est une lettre accompagnant deux sonnets et une idylle de Madame des Houlières, reconnue pour ses œuvres littéraires. L'auteur exprime son admiration pour la délicatesse, le bon goût et le bon sens de Madame des Houlières, suggérant qu'elle mériterait une place à l'Académie française si les femmes y étaient admises. L'idylle célèbre la naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne. L'Amour, éprouvant une douleur sincère, voit ses traits marqués par la colère. Les oiseaux et les bergers ressentent cette colère, et les jeux de l'Amour sont interrompus. L'Amour apprend qu'un divin enfant est né, pour qui les mortels élèvent des autels, et qu'il doit quitter son maître. Vénus tente de consoler l'Amour, lui rappelant que l'enfant ne serait pas né sans lui et qu'un jour, l'enfant sera soumis à son empire. L'Amour, jaloux et animé par la colère, exprime sa douleur et son effroi face à la beauté et à la gloire de l'enfant. Il décrit les exploits et les qualités de l'enfant, comparant ses talents à ceux des dieux et soulignant son rôle dans le bonheur de la France. Vénus, honteuse, reconnaît que l'enfant surpassera l'Amour en beauté et en grâce. L'Amour et Vénus décident d'abandonner leur querelle et de se rendre à la cour du prince, admirant sa beauté et sa gloire. Ils espèrent que le ciel accordera à l'enfant des exploits héroïques et des destinées grandioses, égales à celles de Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 17-29
LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Début :
Ayant à vous donner des nouvelles de l'Attaque du Fort, /Sans une maladie qui m'a fait garder le Lit plus de cinq semaines, [...]
Mots clefs :
Place, Marquis, Académie, Comte, Attaque, Assiégeants, Épée, Noblesse, Grenades, Prince de Soubise, Travaux, Monsieur Bernardi, Gentilhommes, Fort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Ayant à vous donner des nouvelles
de l'Attaque du Fort , qui
a efté faite par les Gentilshommes
de l'Académie de monfienr
Bernardi , je ne puis fatisfaire
mieux vôtre curiofité, qu'en vous
envoyant la Lettre qui fuit.
18 MERCURE
LETTRE
DE ME LE MARQUIS
DE L …….
A M LE COMTE DE ...
LIEVTENANT DE ROY A...
Sav
Ans une maladie qui m'a fait
garder le Lit plus de cinq femaines
, je n'aurois pas tant diferé
àvous rendre comte de ce que vous
m'avez demandé par voftre obligeante
Lettre , touchant l'état de
l'Académie de Monfieur Bernardi,
Neveu de l'illuftre Bernardi que
vous aimiez tant , & à vous faire
le détail de tout ce que j'ay ou an'
Fort que les Gentilshommes de cette
· Académie renouvellent tous les ans
GALANT. ) 19
Pour n'oublier rien de ce que vous
defire fçavoir , j'ay efté plufieurs
fois dans cette Maifon , remarquer
jufques à la moindre chofe , & je
puis vous affurer , Monfieur , que
toute la Nobleffe ne sçauroit affe
reconnoistre l'aplication avec laquelle
les Chefs de l'Académie travaillent
, pour leur donner une éducation
digne de leur naiffance ; &
que Monfieur Bernardi d'à preſent
n'a pas moins hérité des biens defeu
fon Oncle , que de fes beaux talens
dans ce noble Employ . Vous connoiffelle
mérite de Monfieur de Chateauneuf.
C'est le méme qui pendant
vingt-cinq ans a tenu avec
feu Monfieur Bernardi , la plus belle
& la plus, nombreuſe Académie de
l'Europe , avec tant d'ordre , & une
fi belle difcipline , qu'ils ont toujours
eu un applaudiffement univerfel.
Les chofes dans cette Maifon font
20 MERCURE
toujoursfur le mefme pied ; je n'y ay
rien trouvé de changé. L'Equipage
que vousy avez vû , a esté de tout
temps des plus confidérables de
Paris ; mais j'ay efté temoin de l'augmentation
que l'on y a faite depuis
peu de jours d'un grand nombre
de tres- bons chevaux de l'Académie
de Monfieur Coulon , ce qui
rend auiourd'huy cet Equipage plus
beau que iamais , & fans contredit
le meilleur qu'on ait encore vû dans
Aucune Académie . Ainsi , Monfieur,
vous ne devez point balancer à envoyer
Meffieurs vos Enfans profiter
des avantages que l'on a dans celle-
cy, où l'on prend unfoin tout par.
ticulier des moeurs & de la conduite
ieunes Seigneurs. Outre ce bon
ordre pour toutes chofes , la Difci
pline Militaire y eft obfervée par
› faitement dans les Attaques du
Fort dont vous avez entenduparler
do
GALANT.
"
21
& c'est encore un avantage qu'on
ne trouve que dans cette feule Maifon
, Comme vous m'en avez dé
mandé le détail , ie vous diray tout
ce qui s'y eft paffé cette année , n'en
ayant pas perdu un feul iour l'occafion
, afin de vous en pouvoir mieux
informer. l'ay vi toute cette belle
Nobleffe marcher dans les Ruës de
Paris avec un ordre admirable
I'en ay compté plus de foixante &
dix , tous le Moufquetfur l'épaule
parmy lefquels il y en avoit defi
jeunes , qu'àpeine avoient . ils laforce
de le porter. Les deux Commandans
eftoient à la Tefte. Ce font
d'ordinaire les deux Doyens de l'Académie,
Les Tambours & les Hautbois
fuivoient cette belle Troupe.
Quand on fut au Rendez vous ,
l'on commença l'Attaque du Fort
parunefurprife. Le Prince de Muf
feran , Doyen de l'Academie , qui
2.2 MERCURE
eftoit le General de cette petite Armée
, alla reconnoiftre la Place infques
à la Paliffade , & détacha
enfuite le Prince de Soubife & le
Marquis de Sourches , foutenus par
le Comte de Morftein ,, les Marquis
de Bourry , de Lomaria , de Busy,
d'offac , de Sainte Croix , de Galle,
& plufieurs autres , avec ordre de
dreffer des Echelles aux deux côte
de la Porte , pour abatffer le Pont- .
levis , & enfoncer cette Porte avec
un petard. Un autre Détachements
qui avoit à la Tefte le Marquis de
Maridor fuivy du Marquis de
Chabanes , les Comtes de Maldegben
, de Vandeuvre , de Mefgrigny
, de la Roque , de Coffe, Forbeffe,
& autres , defcendit dans le Feffé,
pour efcalader la Place . Le Gros
des Troupes , où étoient les Marquis
de Prélat , & d'Amon , le Comte
de Leoncron , le Baron du Chastel,
GALANT.
23
les Marquis de Moilie , Linard
Gauville , Boyer , Robien , & plufieurs
autres Seigneurs Etrangers
dont ie n'ay puretenir les noms , fuivoit
pour foutenir ces deux Attaques.
Les uns & les autres s'aquitérent
de leur devoir en braves
Gens. Le Pont ayant efté abaiffe,
fans que la Sentinelle s'en fuft apperçuë
, on appliqua le Petard à la
Porte fi à propos , qu'elle fut enfoncée
, mais ceux du Corps de Garde
étant accouru au bruit , eurent affez
de temps pour abatre la Herfe , &
arréterent tout court la vigueur de
ceux qui fe préfentoient l'Epée à
la main pour paffer par la Porte.
A l'autre Attaque , les plus hardis
eftant montez par des Echelles , furent
aperçus , & repouffe . Le Com
mandant de la Place ayant fair
faire divers feux , &ietter de la
paille allumée dans le Foffé pour
24 MERCURE
L'éclairer , donna fi bon ordre à la
defenfe , qu'il obligea les Affaillans
à la retraite ; mais ils ne la firent
que pour infulter la Place avec plus
de vigueur qu'auparavant . Dans
ce deffein on fit trois fauffes Attaques,
& deux veritables. La Place
fut efcaladée par plufieurs endroits,
pendant que le Prince de Soubife,
à la faveur des Grenades qui luy
rendirent l'accés de la Porte libre,
& quifirent retirer ceux qui étoient
derriere la Porte , fit appliquer un
Second Petard àla Helfe , & entra
avec fes Troupes l'Epée à la main
dans la Place. On a obfervé en
toutes ces occafions tout ce qui fe
pratique à l'Attaque d'une Place
emportée dans les formes.
A
On a vú celle- cy en état de défence.
Elle eftoit fraifée & paliffadée.
Ses Dehors étoient de la derniere
propreté, & ily avoit une
Garnifon
GALAN T.
25
Garnifon nombreuſe. D'un autre
cofté , nôtre illuftre Armée n'avoit
rienoubliépour fefortifier dans fon
Camppar des Lignes de Circonvallation
d'une jufteffe achevez. Les
Tentes & les Pavillous dont il étoit
remply , étoient dreffées avec une
fimetrie digne de remarque. On
commençafans brait par l'ouverture
de la Tranchée , apres avoir fait
la Place d' Armes. Tandis que ces
jeunes Héros travailloient à la terre
avec une chaleur incroyable , donnant
des marques de ce qu'ils feauroient
faire un jour , les Ennemis
firent une Sortie fur eux , avec
des Grenadiers , & vinrent combler
& ruiner les Travaux des Affiém
geans ; mais ils furent enfuite vigoureufement
repouffe dans la
Place par un Gros de la Grande
Garde , qui fortit fur eux l'Epée à
la main. On continua depuis à tra
Janvier 1685.
B
26 MERCURE
vailler , nonobftant le feu continuel
qu'onfaifoit de la Place , pour em
pefcher le Travail. le visun Party
de la Campagne , qui vint attaquer
les Lignes , & porter des Fafcines.
pour combler le Foffé. Ony acourut
du Camp avec un Gros , pour les
défendre , mais l'on s'aperçut bientoft
apres , que ce n'eftoit qu'une
fauffe Attaque , pour favorifer un
Convoy qui paffa de l'autre cofté,
fans que ceux du Camp puffent s'opofer
a fon paffage , les Affiégez.
ayant fait une Sortie , pourfoûtenir
ceux qui conduifoient le Convoy.
Vous fçavez que je me fuis trouve
en plufieurs occafions à l'Armée ;
mais je n'ayjamais vû un fi grand
feu , pendant plus de trois heures
que cela dura.
la
La feconde fois , apres que
Garde fat montée , & que chacun
fut pris fes Poftes , l'on commença
GALANT. 27
par avancer les Bateries plus prés
de la Place , afin de ruiner les Paliffades
, & obliger des troupes qui
étoient dans les Dehors , à fe retirer.
Les Affiégez firent une Sortie,
& à la faveur d'une pluye de Grenades
qu'ils jetterent à ceux qui
gardoient des Bateries , ils s'en ren
dirent les maiftres. Ils fe fervirent
de cette Baterie pour ruiner les
Travaux des Affiégeans ; mais elle
fut bien- toft apres regagnée , &
prefque tous ceux qui la gardoient
furent faits Prifonniers , les autres
ayant pris lafuite. Les Affiégezfe
trouvant incommodez d'une Redou
te que les Affiégeans avoient faite,
ils y firent jouer un Fourneau, ayant
fait uneSortie en mefme temps , &
y montérent à l'Affaut , & l'emportérent.
Ils ne la gardèrent pas
long- temps , car les Affiégeans la
regagnérent l'Epée à la main , à la
B 2
28 MERCURE
faveur d'une infinité de Grenades
que l'on y jettoit du Camp , pour en
chaffer ceux qui s'en étoient rendus
maîtres. On rétablit d'abord la
Bréche avec des Fafcines , & l'on
continua à avancer des Travaux,
Ily avoit ce iour - là un nombre infiny
de Gens.
Une autre fois les Affiégeans commencérent
par un Logement qu'ils
firent fur la Contrefcarpe . Ceux de
la Place lefirent fauter bien- toft
apres , par un Fourneau qu'ils firent
iouer. Ce Pofte fut encore regagné,
& le Logement refait ; ce qui obligeales
Affiégez à fe retirer dans la
Demy.lune . Cela donne lieu à la
defcente dans le Foffe . Le Mineur
fut attaché à la Demy- lume. La
Mine fit une Bréche affe confidérable
, & les Affiégeans montérent
à l'Affaut avec une vigueur & une
chaleur digne de ceux que ie vous
GALANT. 29
ay nommez. Apres le Logementfait
fur la Demy line , ceux de la Place
fe rendirent avec une Compofition
honorable. Le Canon a fait grand
bruit depart & d'autre , auffi -bien
que les Bombes , les Carcaffes & les
Grenades. Le Terrainy a efté difpu
tépied àpied , & toûjours avec un
feu continuel.
Toutes ces occafions fe font paffées
en préfence d'un grand nombre de
Perfonnes de qualité ; & les Gens
du Metier ont avoüé qu'on ne pouvoit
rien faire de plus avantageux
pourcette ieune Nobleffe.
de l'Attaque du Fort , qui
a efté faite par les Gentilshommes
de l'Académie de monfienr
Bernardi , je ne puis fatisfaire
mieux vôtre curiofité, qu'en vous
envoyant la Lettre qui fuit.
18 MERCURE
LETTRE
DE ME LE MARQUIS
DE L …….
A M LE COMTE DE ...
LIEVTENANT DE ROY A...
Sav
Ans une maladie qui m'a fait
garder le Lit plus de cinq femaines
, je n'aurois pas tant diferé
àvous rendre comte de ce que vous
m'avez demandé par voftre obligeante
Lettre , touchant l'état de
l'Académie de Monfieur Bernardi,
Neveu de l'illuftre Bernardi que
vous aimiez tant , & à vous faire
le détail de tout ce que j'ay ou an'
Fort que les Gentilshommes de cette
· Académie renouvellent tous les ans
GALANT. ) 19
Pour n'oublier rien de ce que vous
defire fçavoir , j'ay efté plufieurs
fois dans cette Maifon , remarquer
jufques à la moindre chofe , & je
puis vous affurer , Monfieur , que
toute la Nobleffe ne sçauroit affe
reconnoistre l'aplication avec laquelle
les Chefs de l'Académie travaillent
, pour leur donner une éducation
digne de leur naiffance ; &
que Monfieur Bernardi d'à preſent
n'a pas moins hérité des biens defeu
fon Oncle , que de fes beaux talens
dans ce noble Employ . Vous connoiffelle
mérite de Monfieur de Chateauneuf.
C'est le méme qui pendant
vingt-cinq ans a tenu avec
feu Monfieur Bernardi , la plus belle
& la plus, nombreuſe Académie de
l'Europe , avec tant d'ordre , & une
fi belle difcipline , qu'ils ont toujours
eu un applaudiffement univerfel.
Les chofes dans cette Maifon font
20 MERCURE
toujoursfur le mefme pied ; je n'y ay
rien trouvé de changé. L'Equipage
que vousy avez vû , a esté de tout
temps des plus confidérables de
Paris ; mais j'ay efté temoin de l'augmentation
que l'on y a faite depuis
peu de jours d'un grand nombre
de tres- bons chevaux de l'Académie
de Monfieur Coulon , ce qui
rend auiourd'huy cet Equipage plus
beau que iamais , & fans contredit
le meilleur qu'on ait encore vû dans
Aucune Académie . Ainsi , Monfieur,
vous ne devez point balancer à envoyer
Meffieurs vos Enfans profiter
des avantages que l'on a dans celle-
cy, où l'on prend unfoin tout par.
ticulier des moeurs & de la conduite
ieunes Seigneurs. Outre ce bon
ordre pour toutes chofes , la Difci
pline Militaire y eft obfervée par
› faitement dans les Attaques du
Fort dont vous avez entenduparler
do
GALANT.
"
21
& c'est encore un avantage qu'on
ne trouve que dans cette feule Maifon
, Comme vous m'en avez dé
mandé le détail , ie vous diray tout
ce qui s'y eft paffé cette année , n'en
ayant pas perdu un feul iour l'occafion
, afin de vous en pouvoir mieux
informer. l'ay vi toute cette belle
Nobleffe marcher dans les Ruës de
Paris avec un ordre admirable
I'en ay compté plus de foixante &
dix , tous le Moufquetfur l'épaule
parmy lefquels il y en avoit defi
jeunes , qu'àpeine avoient . ils laforce
de le porter. Les deux Commandans
eftoient à la Tefte. Ce font
d'ordinaire les deux Doyens de l'Académie,
Les Tambours & les Hautbois
fuivoient cette belle Troupe.
Quand on fut au Rendez vous ,
l'on commença l'Attaque du Fort
parunefurprife. Le Prince de Muf
feran , Doyen de l'Academie , qui
2.2 MERCURE
eftoit le General de cette petite Armée
, alla reconnoiftre la Place infques
à la Paliffade , & détacha
enfuite le Prince de Soubife & le
Marquis de Sourches , foutenus par
le Comte de Morftein ,, les Marquis
de Bourry , de Lomaria , de Busy,
d'offac , de Sainte Croix , de Galle,
& plufieurs autres , avec ordre de
dreffer des Echelles aux deux côte
de la Porte , pour abatffer le Pont- .
levis , & enfoncer cette Porte avec
un petard. Un autre Détachements
qui avoit à la Tefte le Marquis de
Maridor fuivy du Marquis de
Chabanes , les Comtes de Maldegben
, de Vandeuvre , de Mefgrigny
, de la Roque , de Coffe, Forbeffe,
& autres , defcendit dans le Feffé,
pour efcalader la Place . Le Gros
des Troupes , où étoient les Marquis
de Prélat , & d'Amon , le Comte
de Leoncron , le Baron du Chastel,
GALANT.
23
les Marquis de Moilie , Linard
Gauville , Boyer , Robien , & plufieurs
autres Seigneurs Etrangers
dont ie n'ay puretenir les noms , fuivoit
pour foutenir ces deux Attaques.
Les uns & les autres s'aquitérent
de leur devoir en braves
Gens. Le Pont ayant efté abaiffe,
fans que la Sentinelle s'en fuft apperçuë
, on appliqua le Petard à la
Porte fi à propos , qu'elle fut enfoncée
, mais ceux du Corps de Garde
étant accouru au bruit , eurent affez
de temps pour abatre la Herfe , &
arréterent tout court la vigueur de
ceux qui fe préfentoient l'Epée à
la main pour paffer par la Porte.
A l'autre Attaque , les plus hardis
eftant montez par des Echelles , furent
aperçus , & repouffe . Le Com
mandant de la Place ayant fair
faire divers feux , &ietter de la
paille allumée dans le Foffé pour
24 MERCURE
L'éclairer , donna fi bon ordre à la
defenfe , qu'il obligea les Affaillans
à la retraite ; mais ils ne la firent
que pour infulter la Place avec plus
de vigueur qu'auparavant . Dans
ce deffein on fit trois fauffes Attaques,
& deux veritables. La Place
fut efcaladée par plufieurs endroits,
pendant que le Prince de Soubife,
à la faveur des Grenades qui luy
rendirent l'accés de la Porte libre,
& quifirent retirer ceux qui étoient
derriere la Porte , fit appliquer un
Second Petard àla Helfe , & entra
avec fes Troupes l'Epée à la main
dans la Place. On a obfervé en
toutes ces occafions tout ce qui fe
pratique à l'Attaque d'une Place
emportée dans les formes.
A
On a vú celle- cy en état de défence.
Elle eftoit fraifée & paliffadée.
Ses Dehors étoient de la derniere
propreté, & ily avoit une
Garnifon
GALAN T.
25
Garnifon nombreuſe. D'un autre
cofté , nôtre illuftre Armée n'avoit
rienoubliépour fefortifier dans fon
Camppar des Lignes de Circonvallation
d'une jufteffe achevez. Les
Tentes & les Pavillous dont il étoit
remply , étoient dreffées avec une
fimetrie digne de remarque. On
commençafans brait par l'ouverture
de la Tranchée , apres avoir fait
la Place d' Armes. Tandis que ces
jeunes Héros travailloient à la terre
avec une chaleur incroyable , donnant
des marques de ce qu'ils feauroient
faire un jour , les Ennemis
firent une Sortie fur eux , avec
des Grenadiers , & vinrent combler
& ruiner les Travaux des Affiém
geans ; mais ils furent enfuite vigoureufement
repouffe dans la
Place par un Gros de la Grande
Garde , qui fortit fur eux l'Epée à
la main. On continua depuis à tra
Janvier 1685.
B
26 MERCURE
vailler , nonobftant le feu continuel
qu'onfaifoit de la Place , pour em
pefcher le Travail. le visun Party
de la Campagne , qui vint attaquer
les Lignes , & porter des Fafcines.
pour combler le Foffé. Ony acourut
du Camp avec un Gros , pour les
défendre , mais l'on s'aperçut bientoft
apres , que ce n'eftoit qu'une
fauffe Attaque , pour favorifer un
Convoy qui paffa de l'autre cofté,
fans que ceux du Camp puffent s'opofer
a fon paffage , les Affiégez.
ayant fait une Sortie , pourfoûtenir
ceux qui conduifoient le Convoy.
Vous fçavez que je me fuis trouve
en plufieurs occafions à l'Armée ;
mais je n'ayjamais vû un fi grand
feu , pendant plus de trois heures
que cela dura.
la
La feconde fois , apres que
Garde fat montée , & que chacun
fut pris fes Poftes , l'on commença
GALANT. 27
par avancer les Bateries plus prés
de la Place , afin de ruiner les Paliffades
, & obliger des troupes qui
étoient dans les Dehors , à fe retirer.
Les Affiégez firent une Sortie,
& à la faveur d'une pluye de Grenades
qu'ils jetterent à ceux qui
gardoient des Bateries , ils s'en ren
dirent les maiftres. Ils fe fervirent
de cette Baterie pour ruiner les
Travaux des Affiégeans ; mais elle
fut bien- toft apres regagnée , &
prefque tous ceux qui la gardoient
furent faits Prifonniers , les autres
ayant pris lafuite. Les Affiégezfe
trouvant incommodez d'une Redou
te que les Affiégeans avoient faite,
ils y firent jouer un Fourneau, ayant
fait uneSortie en mefme temps , &
y montérent à l'Affaut , & l'emportérent.
Ils ne la gardèrent pas
long- temps , car les Affiégeans la
regagnérent l'Epée à la main , à la
B 2
28 MERCURE
faveur d'une infinité de Grenades
que l'on y jettoit du Camp , pour en
chaffer ceux qui s'en étoient rendus
maîtres. On rétablit d'abord la
Bréche avec des Fafcines , & l'on
continua à avancer des Travaux,
Ily avoit ce iour - là un nombre infiny
de Gens.
Une autre fois les Affiégeans commencérent
par un Logement qu'ils
firent fur la Contrefcarpe . Ceux de
la Place lefirent fauter bien- toft
apres , par un Fourneau qu'ils firent
iouer. Ce Pofte fut encore regagné,
& le Logement refait ; ce qui obligeales
Affiégez à fe retirer dans la
Demy.lune . Cela donne lieu à la
defcente dans le Foffe . Le Mineur
fut attaché à la Demy- lume. La
Mine fit une Bréche affe confidérable
, & les Affiégeans montérent
à l'Affaut avec une vigueur & une
chaleur digne de ceux que ie vous
GALANT. 29
ay nommez. Apres le Logementfait
fur la Demy line , ceux de la Place
fe rendirent avec une Compofition
honorable. Le Canon a fait grand
bruit depart & d'autre , auffi -bien
que les Bombes , les Carcaffes & les
Grenades. Le Terrainy a efté difpu
tépied àpied , & toûjours avec un
feu continuel.
Toutes ces occafions fe font paffées
en préfence d'un grand nombre de
Perfonnes de qualité ; & les Gens
du Metier ont avoüé qu'on ne pouvoit
rien faire de plus avantageux
pourcette ieune Nobleffe.
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Résumé : LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Le marquis de L... adresse une lettre au comte de..., lieutenant du roi, pour répondre à sa demande concernant l'état de l'Académie de Monsieur Bernardi et les détails de l'attaque annuelle du Fort. Après une maladie de cinq semaines, le marquis décrit l'attaque du Fort, organisée par les gentilshommes de l'Académie. Il souligne l'application et le mérite des chefs de l'Académie, notamment Monsieur de Chateauneuf, qui a collaboré avec feu Monsieur Bernardi pour maintenir l'une des académies les plus prestigieuses d'Europe. Les préparatifs de l'attaque sont minutieusement décrits, ainsi que les participants et les différentes phases de l'assaut. Les jeunes gentilshommes ont démontré discipline et bravoure durant l'événement. De nombreuses personnes de qualité ont observé l'attaque, reconnaissant la valeur éducative et militaire de cet exercice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 155-173
LETTRE à Monsieur B ....
Début :
Puisque vous souhaitez, Monsieur, que je vous apprenne l'Histoire de [...]
Mots clefs :
Académie, Lyon, Égypte, Syrie, Sciences, Belles-lettres, Conférences, Érudition, Académiciens, Publications
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Monsieur B ....
LETTRE
- àMonsieurB.
Puisque
vous souhaitez,
Monsieur,que je vous apprenne
l'Histoire de l'Académieétablie
à Lyon, je
vais tascher de satisfaire
vôtre curiosité.
Cette Académie est digne
de cette Villecélébre,
elle a pour objet les Sciences
& les belles Lettres:
elle aété formée au mois
de Janvier de l'année1708.
& n'estoit d'abord composée
que de six personnes
quisont les Reverends
Peres Jesuites Brun & de
Colonia
,
Mr Dugas le
Président, Mr Villemot
Curé de la Guillotiere, Mr
de Puget, & Mr Falconnet.
La maison de ce dernier
Academicienétait le lieu
des conferences;ils joüissaient
des plaisirs les plus
purs que peut produire la
societé des esprits, lorsque
MrTrudaine Intendant de
cette Ville, sollicité par
l'amour qu'il a pour les
Sciences & les beaux Arts,
souhaita d'entrer dans ces
conferences. On s'assembla
chez lui, mais le gran d
concours du monde qui
sabordait chez ce Magistrat
) troublant la liberté
des assem blées
) on jugea
sa propos de se rendre chez
[Mr de la Valette en Belleà
cour, qui a une très- bell
Bibliothèque. Le nombr
des Académiciens s'aug
mentaalors, on reçut NI
de la Valecte le Pere & M
de la Valette le fils, Mr d
Serre, Mr Brossette, M
l'Abbé de Gouverner, M
Mahudel&Mrl'AbbéTi^
caut de Bellont. L'anné
suivante 1 710. on recei
Mr de Sainsonds.
Mr de Trudaine ~ayan été appellé à rintendanc
de Bourgogne, Mr de M^
lian qui fut nommé à
place ,succeda à l'inclind
tion que Mr de Trudaine
avait pour l'Académie, il
est fort assidu aux conférences.
On a receu depuis en
1711 Mr Aubert&Mrde
Glatigni. Je ne garde aucun
ordre encre les Académiciens
,
je les nommeà
mesure qu'ils se presentent
à mon esprit Je ferois ravi
de les faire connaîtrepar
des éloges personnels: mais
ennemis des loüanges les
plus legitimes,ils me de£.-
fendent de leur payer un
tribut auquel l'équité ellemême
m'avait assujetti.
J'ay la liberté de parler de
Mr dePuget que la mort
a ravi à la Republique des
Lettres; il estoit connu de
tous les Sçavans par ses
experiences sur l'Aymanc,
& par ses découvertes dans
cette partie de la Physique.
J'exprimerais ici son caractere
si tous les Journalistes
ne m'avaientprévenu.
Ils ont saisi tous les
traits de ce Sçavant celebre,
ils n'en ont laissé aucun
à peindre.
On sJalfenlbIe régulierement
rement tous les Lundis sur
les trois heures du soir, la
conférence dure environ
trois heures. Les Académiciens
y exercent leur érudition
sur toutes fortes
de sujets.
Mr de Villemot a parlé
premièrement des erreurs
populaires en matiere de
Physique & de Mathématique.
Secondement de l'Idolatrie,
de son origine & de
son progrez.
Troisièmement de 'la
force des nerfs.
Quatrièmement des pré-
Adamites
,
du Deluge ôc
de son universalité.
Cinquièmement, de la
confession publique qui se
faisoit dans les premiers
siecles de l'Eglise.
Mr Brossette a fait deux
discours, le premier de la
Peinture, dela Sculpture,
de l'Architecture, de leur
origine, de leur progrès,
& de leur perfection.
Le fecond
,
de la sepulture
des Anciens.
Mr le Président Dugas
a fait un discours sur le bon
goût en matiere de belles
Lettres.
Le Pere Brun a fait quatre
Dissertations.
La premiere, sur les fausses
Decretales.
La seconde, sur l'unité,
qui, selon les Platoniciens,
est le principe de la beauté.
La troisième,sur les vents.
La quatrième
,
sur les
vrais miracles.
- Mr Mahudel a traité prémièrement
desMomies&
des superstitions des Egyptiens.
Secondement, des quesrions
Philologiques sur la
Paillon deJesusChrist.
Troisiémement.,des Talismans.
Quatrièmement
,
des
Fontaines.
Mr Aubert, lejourdesa
reception
,
fit un discours
sur le Bejaune ou sur la
Bienvenuë.
Il a encore fait deux autres
discours.
Le premier, sur la Manumission
des Esclaves.
Et le second sur un Canon
du Concile d'Elvire.
LePere de Colonia a fait
plusieurs Disserrations.
Premierement
,
sur les
Textes originaux de l'Ecrirure
fainte.
Secondement, sur la verion
des Septante.
Troisiémement,sur les
choses vrayes qui ne sont
pas vraisemblables.
Quatrièmement, sur le
l'Infini créé.
Cinquièmement, sur l'origine
& les variations du
jeusne du Caresme.
Sixiémement, sur la Rcgale,
la Pragmatique Sandion
& le Concordat.
Septiememcnt,sur les plus
beaux endroits des Auteurs
du siecle d'Auguste.
Huitièmement, sur les
plus belles Epitaphes des
Grecs, des Latins& des
François.
Neuvièmement
,
sur la
Cabale &surla Massore.
Dixiémement, sur l'antiquité
des Temps.
Onzièmement, sur les
Catacombes.
Mr l'Abbé de Gouver.
net a fait deux discours.
Le premier, sur Cassiodore
e Apollonius de
Thiane.
Le [econd) sur laverité
les Miracles.
Mr l'Abbé Tricaut a
arlé fut les persecutions
e FEgliic.
L'on voit que toutes les
ciences,l'antique,le moerne,
le sacre, & le profane
J tout est embrasse par
ces nouveaux Académiciens.
Ils agitent plusieurs
questions fut la Langue
Françoise.
Quoyque je doive ceder
du moins pour un temps
à la loy qu'ils m'ont prescrite
de ne les point louer,
je ne puis m'empescher d^
dire icy que plusieurs d'entr'eux
ont donné des ouvrages
au public, qui leur
ont acquis de la reputa.
tion parmy les Sçavans.
Mr de Villemor a don.
né un nouveau Systeme,
ou une nouvelle Explication
des mouvemens des
Planettes. Cet ouvrage qui
est rempli de vûës ingenieufès
fait honneur à la
Philosophie de Descartes.
Mr Brofetreacomposé
une Table des Titres des
Livres du Droite une Histoire
stoireparticulière de Lyon,
comme il estoit fore lié
avec Despreaux,ce fameux
Auteur luy a découvert
confidemment les secrets
de son stile, & il la conduit
souvent à lasource où
il puisoit toutes ses pensées
heureuses.
Mr l'Abbé de Gouvernet
qui est fort distingué
par sa naissance,est grand
Vicaire de ce Diocese ; il
a donné au public un Commentaire
sur laGenere. Je
succomberois facilementà
la tentation de le louer, si
je m'arrestois davantage
surce sujet. -4..
Le Pere de Colonia a mis
en lumiere des ouvrages
dans plusieurs genres d'érudition
; il a composé plusieurs
Tragedies Françoises
qu'il a alliées avec la
faintere de son estat. Il a
fait present au public d'une
Rhetoriquelatine. Il presensa
àMonfeigneur leDuc
de Bourgogne decedéDauphin
de France,un ouvrage
qui a pour titre les Annquitez
sacrées & profanes
d{.; Lyon. Il a fait une Die:
fertation sur le Taurobole
découvertàLyon en 1704.
Il a fait encore plusieurs
dissèrtations sur divers moninnens
antiques.C'est un
genie vasse & universel , Sce trait delouange m'échape.
Il a un des plus
beaux cabinets de Medailes
que la curiosité la plus
riche & la plus fçavance
uifJè assembler ; il. a une
suite de Médaillés Consuaires
de Rome en argent; il a la fuite des Empereurs
Romains en grand, moyen
m petit bronze une fuite
des Rois de SyrieJune luite
des Rois d'Egypte, une
fuite des Medailles de laSicile&
de la grande Grece
en argent & en bronze. Il
a plusieurs Idoles de l'Egypte,
de la Grece, de Rome;
des Lampes antiques
en bronze; une Histoire
métallique des Papes en
argent&en or;une partie
de la vie du Roy en argent,
desmonnoyesdargent des
trois races de nos Rois.
Je m'interromps moy.
mesme,& jecesse de 1erdecette par
lerdecetteAAccaaddéémmiieeasi
des sujets qui la composent
: car malgré la loy
qu'on m'a imposée je serois
porté à louër le rare
sçavoir & la profondemodeftie
du Pere Brun & le
mérité de Mr Dugas, du
Président & des autres Academiciens.
RELATION
- àMonsieurB.
Puisque
vous souhaitez,
Monsieur,que je vous apprenne
l'Histoire de l'Académieétablie
à Lyon, je
vais tascher de satisfaire
vôtre curiosité.
Cette Académie est digne
de cette Villecélébre,
elle a pour objet les Sciences
& les belles Lettres:
elle aété formée au mois
de Janvier de l'année1708.
& n'estoit d'abord composée
que de six personnes
quisont les Reverends
Peres Jesuites Brun & de
Colonia
,
Mr Dugas le
Président, Mr Villemot
Curé de la Guillotiere, Mr
de Puget, & Mr Falconnet.
La maison de ce dernier
Academicienétait le lieu
des conferences;ils joüissaient
des plaisirs les plus
purs que peut produire la
societé des esprits, lorsque
MrTrudaine Intendant de
cette Ville, sollicité par
l'amour qu'il a pour les
Sciences & les beaux Arts,
souhaita d'entrer dans ces
conferences. On s'assembla
chez lui, mais le gran d
concours du monde qui
sabordait chez ce Magistrat
) troublant la liberté
des assem blées
) on jugea
sa propos de se rendre chez
[Mr de la Valette en Belleà
cour, qui a une très- bell
Bibliothèque. Le nombr
des Académiciens s'aug
mentaalors, on reçut NI
de la Valecte le Pere & M
de la Valette le fils, Mr d
Serre, Mr Brossette, M
l'Abbé de Gouverner, M
Mahudel&Mrl'AbbéTi^
caut de Bellont. L'anné
suivante 1 710. on recei
Mr de Sainsonds.
Mr de Trudaine ~ayan été appellé à rintendanc
de Bourgogne, Mr de M^
lian qui fut nommé à
place ,succeda à l'inclind
tion que Mr de Trudaine
avait pour l'Académie, il
est fort assidu aux conférences.
On a receu depuis en
1711 Mr Aubert&Mrde
Glatigni. Je ne garde aucun
ordre encre les Académiciens
,
je les nommeà
mesure qu'ils se presentent
à mon esprit Je ferois ravi
de les faire connaîtrepar
des éloges personnels: mais
ennemis des loüanges les
plus legitimes,ils me de£.-
fendent de leur payer un
tribut auquel l'équité ellemême
m'avait assujetti.
J'ay la liberté de parler de
Mr dePuget que la mort
a ravi à la Republique des
Lettres; il estoit connu de
tous les Sçavans par ses
experiences sur l'Aymanc,
& par ses découvertes dans
cette partie de la Physique.
J'exprimerais ici son caractere
si tous les Journalistes
ne m'avaientprévenu.
Ils ont saisi tous les
traits de ce Sçavant celebre,
ils n'en ont laissé aucun
à peindre.
On sJalfenlbIe régulierement
rement tous les Lundis sur
les trois heures du soir, la
conférence dure environ
trois heures. Les Académiciens
y exercent leur érudition
sur toutes fortes
de sujets.
Mr de Villemot a parlé
premièrement des erreurs
populaires en matiere de
Physique & de Mathématique.
Secondement de l'Idolatrie,
de son origine & de
son progrez.
Troisièmement de 'la
force des nerfs.
Quatrièmement des pré-
Adamites
,
du Deluge ôc
de son universalité.
Cinquièmement, de la
confession publique qui se
faisoit dans les premiers
siecles de l'Eglise.
Mr Brossette a fait deux
discours, le premier de la
Peinture, dela Sculpture,
de l'Architecture, de leur
origine, de leur progrès,
& de leur perfection.
Le fecond
,
de la sepulture
des Anciens.
Mr le Président Dugas
a fait un discours sur le bon
goût en matiere de belles
Lettres.
Le Pere Brun a fait quatre
Dissertations.
La premiere, sur les fausses
Decretales.
La seconde, sur l'unité,
qui, selon les Platoniciens,
est le principe de la beauté.
La troisième,sur les vents.
La quatrième
,
sur les
vrais miracles.
- Mr Mahudel a traité prémièrement
desMomies&
des superstitions des Egyptiens.
Secondement, des quesrions
Philologiques sur la
Paillon deJesusChrist.
Troisiémement.,des Talismans.
Quatrièmement
,
des
Fontaines.
Mr Aubert, lejourdesa
reception
,
fit un discours
sur le Bejaune ou sur la
Bienvenuë.
Il a encore fait deux autres
discours.
Le premier, sur la Manumission
des Esclaves.
Et le second sur un Canon
du Concile d'Elvire.
LePere de Colonia a fait
plusieurs Disserrations.
Premierement
,
sur les
Textes originaux de l'Ecrirure
fainte.
Secondement, sur la verion
des Septante.
Troisiémement,sur les
choses vrayes qui ne sont
pas vraisemblables.
Quatrièmement, sur le
l'Infini créé.
Cinquièmement, sur l'origine
& les variations du
jeusne du Caresme.
Sixiémement, sur la Rcgale,
la Pragmatique Sandion
& le Concordat.
Septiememcnt,sur les plus
beaux endroits des Auteurs
du siecle d'Auguste.
Huitièmement, sur les
plus belles Epitaphes des
Grecs, des Latins& des
François.
Neuvièmement
,
sur la
Cabale &surla Massore.
Dixiémement, sur l'antiquité
des Temps.
Onzièmement, sur les
Catacombes.
Mr l'Abbé de Gouver.
net a fait deux discours.
Le premier, sur Cassiodore
e Apollonius de
Thiane.
Le [econd) sur laverité
les Miracles.
Mr l'Abbé Tricaut a
arlé fut les persecutions
e FEgliic.
L'on voit que toutes les
ciences,l'antique,le moerne,
le sacre, & le profane
J tout est embrasse par
ces nouveaux Académiciens.
Ils agitent plusieurs
questions fut la Langue
Françoise.
Quoyque je doive ceder
du moins pour un temps
à la loy qu'ils m'ont prescrite
de ne les point louer,
je ne puis m'empescher d^
dire icy que plusieurs d'entr'eux
ont donné des ouvrages
au public, qui leur
ont acquis de la reputa.
tion parmy les Sçavans.
Mr de Villemor a don.
né un nouveau Systeme,
ou une nouvelle Explication
des mouvemens des
Planettes. Cet ouvrage qui
est rempli de vûës ingenieufès
fait honneur à la
Philosophie de Descartes.
Mr Brofetreacomposé
une Table des Titres des
Livres du Droite une Histoire
stoireparticulière de Lyon,
comme il estoit fore lié
avec Despreaux,ce fameux
Auteur luy a découvert
confidemment les secrets
de son stile, & il la conduit
souvent à lasource où
il puisoit toutes ses pensées
heureuses.
Mr l'Abbé de Gouvernet
qui est fort distingué
par sa naissance,est grand
Vicaire de ce Diocese ; il
a donné au public un Commentaire
sur laGenere. Je
succomberois facilementà
la tentation de le louer, si
je m'arrestois davantage
surce sujet. -4..
Le Pere de Colonia a mis
en lumiere des ouvrages
dans plusieurs genres d'érudition
; il a composé plusieurs
Tragedies Françoises
qu'il a alliées avec la
faintere de son estat. Il a
fait present au public d'une
Rhetoriquelatine. Il presensa
àMonfeigneur leDuc
de Bourgogne decedéDauphin
de France,un ouvrage
qui a pour titre les Annquitez
sacrées & profanes
d{.; Lyon. Il a fait une Die:
fertation sur le Taurobole
découvertàLyon en 1704.
Il a fait encore plusieurs
dissèrtations sur divers moninnens
antiques.C'est un
genie vasse & universel , Sce trait delouange m'échape.
Il a un des plus
beaux cabinets de Medailes
que la curiosité la plus
riche & la plus fçavance
uifJè assembler ; il. a une
suite de Médaillés Consuaires
de Rome en argent; il a la fuite des Empereurs
Romains en grand, moyen
m petit bronze une fuite
des Rois de SyrieJune luite
des Rois d'Egypte, une
fuite des Medailles de laSicile&
de la grande Grece
en argent & en bronze. Il
a plusieurs Idoles de l'Egypte,
de la Grece, de Rome;
des Lampes antiques
en bronze; une Histoire
métallique des Papes en
argent&en or;une partie
de la vie du Roy en argent,
desmonnoyesdargent des
trois races de nos Rois.
Je m'interromps moy.
mesme,& jecesse de 1erdecette par
lerdecetteAAccaaddéémmiieeasi
des sujets qui la composent
: car malgré la loy
qu'on m'a imposée je serois
porté à louër le rare
sçavoir & la profondemodeftie
du Pere Brun & le
mérité de Mr Dugas, du
Président & des autres Academiciens.
RELATION
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Résumé : LETTRE à Monsieur B ....
L'Académie de Lyon, fondée en janvier 1708, se consacre aux sciences et aux belles-lettres. Initialement composée de six membres, dont les Pères Jésuites Brun et de Colonia, Mr Dugas, Mr Villemot, Mr de Puget et Mr Falconnet, elle se réunissait chez ce dernier. À la demande de Mr Trudaine, Intendant de Lyon, les réunions se tinrent ensuite chez lui avant de se déplacer chez Mr de La Valette en raison de l'affluence croissante. L'Académie s'agrandit avec l'ajout de nouveaux membres tels que Mr de La Valette père et fils, Mr de Serre, Mr Brossette, l'Abbé de Gouvernet, Mr Mahudel et l'Abbé Tricaut de Bellont. En 1710, Mr de Sainsonds et en 1711, Mr Aubert et Mr de Glatigni rejoignirent l'Académie. Les académiciens se réunissent régulièrement chaque lundi à 15 heures pour des conférences durants trois heures, abordant divers sujets. Parmi les contributions notables, Mr de Villemot parla des erreurs populaires en physique et mathématiques, de l'idolâtrie, de la force des nerfs, des pré-adamites, du déluge et de la confession publique dans les premiers siècles de l'Église. Mr Brossette discourut sur la peinture, la sculpture, l'architecture et les sépultures des Anciens. Mr Dugas traita du bon goût en matière de belles-lettres. Le Père Brun disserta sur les fausses décrétales, l'unité selon les Platoniciens, les vents et les vrais miracles. Mr Mahudel aborda les momies, les superstitions égyptiennes, les questions philologiques sur le paillon de Jésus-Christ, les talismans et les fontaines. Mr Aubert parla du bejaune, de la manumission des esclaves et d'un canon du Concile d'Elvire. Le Père de Colonia fit plusieurs dissertations sur des sujets variés, allant des textes originaux de l'Écriture sainte aux catacombes. L'Académie embrasse toutes les sciences, anciennes et modernes, sacrées et profanes. Plusieurs membres ont publié des ouvrages notables, comme Mr de Villemot sur les mouvements des planètes, Mr Brossette sur le droit et l'histoire de Lyon, et le Père de Colonia sur divers sujets d'érudition. L'Académie possède également une riche collection de médailles et d'objets antiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 239-243
COMPLIMENT de l'Academie Françoise, à Monseigneur le Chancelier, par Mr de la Motte, Directeur de cette Compagnie.
Début :
Voici la preuve de l'usage que je sçay faire des bons conseils / MONSEIGNEUR, C'est un nouveau bien-fait du Roy pour tout son Peuple, [...]
Mots clefs :
Académie française, Académie, Roi, Ministère, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT de l'Academie Françoise, à Monseigneur le Chancelier, par Mr de la Motte, Directeur de cette Compagnie.
Voici la preuve de l'usage
e je sçay faire des bons conils
qu'on me donne..
COMPL*IMENT le l'Academie Françoise, a
MonseigneurleChancelier ;
par Mrde la Motte, Direc
teur de cette Compagnie-
1
MONSEIGNEUR,
C'est un nouveau bien-fait
du Roy pour toutson Peuple;
6c pour nous en particulier]
quevôtre élévation à la prej
miere dignité du Royaume.i
L'Academie s'est affligée,,
elles'en est fait honneur de.
: vant vous, de la retraite im]
prévûë de vôtre Illustre Pre'
decesseur: Nous perdons en
J
luy un ami des Mures, & q
regardoit comme une portiotï
de la Justice, l'appui genereua
qu'ilprêtoit aux gens dclce
tres. -
1
Le choix du Roy nousa;
consotez,ce choix qu'une raio
XOÛ constante éclaire>&JUS
aifeall
Fait toûjours le plus folidc éloge
de ceux sur qui il tombe.
Il nous rend en vousce que
nous perdonsdans le Chancelier
respectable à qui vous
succedez. C'est avec joyc que
nous vous voyons monter à
une place, d'où nous avons eu
la douleur de le voir descendre.
& en admirant en luicette
pietéreceüillie, qui le derobe
au fardeau glorieux des affaires,
nous admirons en vous
cette religion genereuse qui
vous dévoüe au travail pour
l'utilité publique.
Vousavez déjà lutté ave-c
succéscontre les m ux de la
guerre dans un Ministere pénible,
&ladifficultédes temps
n'a fait que servir à vôtre gloireplacé
aujourdhuy à latête
de la Justice, vousexcercezun
Ministere de Paix, dont tout
le Royaume va se ressentir.
Songez, Monseigneur, que
les Muses y doivent avoir leur
part. La Paix demande que
les lettres fleurissent,&la Ju(~
tice veut qu'elles soient récompensées.
Nous ne doutons
pas que vous ne contiez
cete - Loy entre celles donc
Vous devenez l'organe& le
soûtien, & que depositaire de
autorité Royale vous ne
oyez aussi le Ministre de la
protection particulière, dont
c Roy nous honore.
e je sçay faire des bons conils
qu'on me donne..
COMPL*IMENT le l'Academie Françoise, a
MonseigneurleChancelier ;
par Mrde la Motte, Direc
teur de cette Compagnie-
1
MONSEIGNEUR,
C'est un nouveau bien-fait
du Roy pour toutson Peuple;
6c pour nous en particulier]
quevôtre élévation à la prej
miere dignité du Royaume.i
L'Academie s'est affligée,,
elles'en est fait honneur de.
: vant vous, de la retraite im]
prévûë de vôtre Illustre Pre'
decesseur: Nous perdons en
J
luy un ami des Mures, & q
regardoit comme une portiotï
de la Justice, l'appui genereua
qu'ilprêtoit aux gens dclce
tres. -
1
Le choix du Roy nousa;
consotez,ce choix qu'une raio
XOÛ constante éclaire>&JUS
aifeall
Fait toûjours le plus folidc éloge
de ceux sur qui il tombe.
Il nous rend en vousce que
nous perdonsdans le Chancelier
respectable à qui vous
succedez. C'est avec joyc que
nous vous voyons monter à
une place, d'où nous avons eu
la douleur de le voir descendre.
& en admirant en luicette
pietéreceüillie, qui le derobe
au fardeau glorieux des affaires,
nous admirons en vous
cette religion genereuse qui
vous dévoüe au travail pour
l'utilité publique.
Vousavez déjà lutté ave-c
succéscontre les m ux de la
guerre dans un Ministere pénible,
&ladifficultédes temps
n'a fait que servir à vôtre gloireplacé
aujourdhuy à latête
de la Justice, vousexcercezun
Ministere de Paix, dont tout
le Royaume va se ressentir.
Songez, Monseigneur, que
les Muses y doivent avoir leur
part. La Paix demande que
les lettres fleurissent,&la Ju(~
tice veut qu'elles soient récompensées.
Nous ne doutons
pas que vous ne contiez
cete - Loy entre celles donc
Vous devenez l'organe& le
soûtien, & que depositaire de
autorité Royale vous ne
oyez aussi le Ministre de la
protection particulière, dont
c Roy nous honore.
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Résumé : COMPLIMENT de l'Academie Françoise, à Monseigneur le Chancelier, par Mr de la Motte, Directeur de cette Compagnie.
L'Académie Française adresse un compliment au nouveau chancelier, soulignant que sa nomination par le roi est un bienfait pour le peuple et l'Académie. Elle exprime sa tristesse de voir partir l'ancien chancelier, qu'elle considère comme un ami des Muses et un soutien des gens de lettres. Le choix du roi est perçu comme une preuve de sagesse et un éloge des qualités du nouveau chancelier. L'Académie admire la piété du prédécesseur et la dévotion du nouveau chancelier au travail pour l'utilité publique. Le texte rappelle les succès du chancelier durant la guerre et espère qu'il saura exercer son rôle dans un ministère de paix, bénéfique pour le royaume. Il insiste sur l'importance de la protection des lettres et de la justice, et exprime l'espoir que le nouveau chancelier continuera à soutenir et à récompenser les gens de lettres, comme le roi l'a toujours fait.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 119-120
« On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...] »
Début :
On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...]
Mots clefs :
Roi, Académie, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...] »
On écrit d'Amsterdam , que M. BonrgHtt
a donné chez François l'Honoré des
Lettres Philosophiques fur la, forrmtion
des Sels & Crystaux , & fur la génération
& le mécanisme organique des Plantes &c
des Animaux , à l'occaíion de la pierre
Belemnitc & de la pierre Lenticulaire,
a.vec un Mémoire fur la Théorie de U
terre. Ces quatre Lettres font adressées à
Ifl. J. Scheuchzer. .
M. Durand, au Collège de Gresham à
Londres , Membre de la Société Royale ,
a composé & distribué {'Histoire de l'Or
& de FArgent, extraite de Pline le Natu
raliste , L. j j. avec un suplément à l'hil*
toire de l'Or, Vol- in folio.
Le Sieur Cbevillard, Généalogiste du
Roy , Çhronologiste & Historiographe
dç France s qualitez qui lui furent.acçordées
par Lettres du Grand Sceau du 19-
C i. F v) Fevrisno
MERCURÉ DE FRANCE:
Février, i 691. ) mourut en cette Ville té;
28 Décembre dernier, âgé de 73 ans moins
trois mois , fa veuve continue de vendre
les Cartes de Chronologie & d'Armoiries*
publiées par ion mari , en fa même de-»
-nieure au coin de ki rué neuve Notre-Dame^.
Si ses deux fils qui ont déja donné au Pu
blic plusieurs Ouvrages , continuent 1»
Profession de leur pere , & demeurent
Faîne , fur le Petit Pont, au Nom de Jésus ,
& le-cadet , rué, neuve Notre-Dame ,
ProvijienCf.. '•' ' • ' - •
Jean Baptiste Henry da Troussée de
Valincour, Secrétaire General de la Ma
rine , l'un des Quarante de l' Académie
Françoise , & Honoraire de l' Académie
Roy-ale des Sciences-, ci-devant Secrétairede
la Chambre ôc du Cabinet du Roy ,
mourut le y . de ce mois âgé de 77. ans».
a donné chez François l'Honoré des
Lettres Philosophiques fur la, forrmtion
des Sels & Crystaux , & fur la génération
& le mécanisme organique des Plantes &c
des Animaux , à l'occaíion de la pierre
Belemnitc & de la pierre Lenticulaire,
a.vec un Mémoire fur la Théorie de U
terre. Ces quatre Lettres font adressées à
Ifl. J. Scheuchzer. .
M. Durand, au Collège de Gresham à
Londres , Membre de la Société Royale ,
a composé & distribué {'Histoire de l'Or
& de FArgent, extraite de Pline le Natu
raliste , L. j j. avec un suplément à l'hil*
toire de l'Or, Vol- in folio.
Le Sieur Cbevillard, Généalogiste du
Roy , Çhronologiste & Historiographe
dç France s qualitez qui lui furent.acçordées
par Lettres du Grand Sceau du 19-
C i. F v) Fevrisno
MERCURÉ DE FRANCE:
Février, i 691. ) mourut en cette Ville té;
28 Décembre dernier, âgé de 73 ans moins
trois mois , fa veuve continue de vendre
les Cartes de Chronologie & d'Armoiries*
publiées par ion mari , en fa même de-»
-nieure au coin de ki rué neuve Notre-Dame^.
Si ses deux fils qui ont déja donné au Pu
blic plusieurs Ouvrages , continuent 1»
Profession de leur pere , & demeurent
Faîne , fur le Petit Pont, au Nom de Jésus ,
& le-cadet , rué, neuve Notre-Dame ,
ProvijienCf.. '•' ' • ' - •
Jean Baptiste Henry da Troussée de
Valincour, Secrétaire General de la Ma
rine , l'un des Quarante de l' Académie
Françoise , & Honoraire de l' Académie
Roy-ale des Sciences-, ci-devant Secrétairede
la Chambre ôc du Cabinet du Roy ,
mourut le y . de ce mois âgé de 77. ans».
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Résumé : « On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...] »
Le texte évoque plusieurs événements et publications scientifiques et littéraires. À Amsterdam, M. BonrgHtt a présenté des Lettres Philosophiques sur la formation des sels et cristaux, ainsi que sur la génération et le mécanisme organique des plantes et des animaux, en étudiant la pierre Belemnitique et la pierre Lenticulaire. Ces lettres, adressées à M. J. Scheuchzer, incluent un mémoire sur la théorie de la Terre. Par ailleurs, M. Durand, membre de la Société Royale et professeur au Collège de Gresham à Londres, a composé et distribué une Histoire de l'Or et de l'Argent, extraite de Pline le Naturaliste, avec un supplément sur l'histoire de l'Or. Le texte mentionne également le décès de Jean Baptiste Henry de Valincour, Secrétaire Général de la Marine et membre de l'Académie Française, survenu le 7 février à l'âge de 77 ans. De plus, il note le décès du Sieur Chevillard, généalogiste du Roi, chronologiste et historiographe de France, survenu le 28 décembre précédent à l'âge de 73 ans moins trois mois. Sa veuve continue de vendre les cartes de chronologie et d'armoiries publiées par son mari.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 767-771
« On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...] »
Début :
On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...]
Mots clefs :
Métail, Estampes de Watteau, Ouvrages, Académie, Opération
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...] »
On a appris de Londres , que le 8 Mars , on fit
dans la grande Salle d'Apollon , près du Temple
àl'i- Bar , l'ouverture d'une nouvelle Académie ,
mitation de l'Académie Françoife de Paris. On y
lut une Differtation fur la beauté de la Langue
Françoife , & fur l'utilité dont elle eft aux Anglois
qui l'ont apprife ; & un Poëme Burleſque ,
intitulé : La Tour de Babel.
De Petersbourg. M. Bayer a achevé une hiftoire
d'Edeffe , il a fort avancé celle de Syrie par
les Médailles ; & il conduit l'Hiftoire Ecclefiaftique
de la Chine & de l'Afie Septentrionale , jufqu'au
temps de l'arrivée des Miffionnaires en ce
Pais — là .
On apprend de Rome que le Comte Paffionci y
a fait
graver fur les deffeins du Comte Berardi ,
768 MERCURE DE FRANCE
un ancien Théatre , dont les reftes fubfiftent eneore
auprès de la Ville de Gabbio , dans l'Ombrie.
La Planche dédiée au Cardinal Ottoboni
contient le Profil de l'interieur de ce Théatre, tel
qu'il eft aujourd'hui. Il peut avoir environ 300
Palmes Romaines d'éténduë. On a mis au deffous
le Profil de l'interieur & de l'extérieur du
Théatre , tel qu'on a jugé à peu près , fur ce qui
refte , qu'il devoit être , lorfqu'il étoit entier , &
on y a ajouté le Plan , auffi dreffé par conjecture,
du premier & du fecond étage de l'Edifice , avec
le Profil des Chapiteaux des Colonnes, employées
pour
le foutenir.
El paroît depuis peu quatre Eſtampes d'après
les Tableaux du celebre Watteau ; fçavoir , un
Défilé , deffiné & gravé par le fieur Moyriau.
Le Sommeil dangereux , par le fieur Liotard.
Les Amuſemens de Ĉithere, par le fieur de Surugues.
Le Repas de Campagne , par le fieur Defplace.
Ces Eftampes fe vendent à Paris , chez la veuve
Chereau , rue S. Jacques , aux deux Pillers
d'or , & chez le fieur Surugues , Graveur , ruë
des Noyers , vis - à- vis S. Yves . On trouve aufſi
chez les mêmes , toutes les Eftampes gravées
jufque à ce jour , d'après les Deffeins & Tableaux
de Watteau. On aura foin d'annoncer les morceaux
nouveaux à mesure qu'ils paroîtront.
On mande de l'Abbaye de Fontevraud que le
Frere Luc David , Récollet , de la Province de
Toulouze , de la Communauté de Brive , en bas
Limoufin étant arrivé au mois de Decembre
› y
dernier , après avoir vû & examiné avec les Medecins
& Chirurgiens de l'Abbaye des Religieufes
affligées par des Cancers adhérans & manifeftez >
&
AVRIL 1730. 769
& quelques-unes par des Tumeurs carcinomateu →
fes au corps
fiftuleux , il a fait fur fept perfonnes
des opérations très dangereufes , avec une adreffe
& un fuccès qui leur fait efperer une guérifon
radicale , leurs playes étant bien fermées. Son
habileté eft fort grande , tant par la maniere particuliere
dont il a fait fes Opérations , que par le
fecret qu'il poffede pour arrêter le fang dans un
inftant , & par la façon de fes appareils qu'il
leve fans caufer la moindre douleur dès le fecond
jour.
Le Frere Luc a fait en Poitou & en Anjou les
guérifons les plus furprenantes tant pour les Cancers
& autres Opérations , que pour les yeux ,
étant très -habile Oculifte , fur tout pour les Ca
taractes.
Nous n'avons appris que depuis peu la perte
qu'on a faite en Allemagne d'un illuftre Profeffeur
en Théologie, à Rintelen , & Sur- Intendant
des Eglifes de ce Pays- là,nommé Frederic- Guillaume
Bierling , mort âgé de 52 ans & quelques
mois , le 25 Juillet 1728. On a de lui des obfervations
fur la Genefe, & des Differtations fur les
Comtes de Schaumbourg,fur l'Ufage Politique de
la fuperftition, fur le Pyrrhoniſme historique, & c.
Le fieur de Renti a trouvé le fecret de compofer
un Métail , qui imite l'Or , & qui en conferve
toujours la couleur. Il eft très-coulant à la fonte
, fans être venteux , tres - maniable & forgéable;
il fouffre toutes fortes. de Soudures & eft trèsdoux
fous les Outils , enforte qu'on en peut
faire tous les Ouvrages qu'on fouhaite , & particulierement
de três - beaux Flambeaux, Girandoles
, Luftres , Surtous de Tables , Feux , & c . dont
le prix ne fe trouvera confiderable,qu'autant que
770 MERCURE DE FRANCE
fes Ouvrages feront recherchez par la Gravure
& Cizelure. On en tirera encore un grand avantage
par la diminution de la confommation des
Dorures , que les Ouvrages des autres Métaux
emportent , & qui ne font jamais auffi beaux que
celui-cy l'eft naturellement;l'Académie des Sciences
, qui a examiné ce métail , l'a fort approuvé,
&c. Le Roy a permis par Brevet audit de Renty
de fondre, faire travailler , vendre & débiter toutes
fortes d'Ouvrages dudit Métail de fa compofition
, qui imite l'Or , dans toutes les Villes du
Royaume , pendant le temps de quatre années
confécutives ; pendant lequel temps fait S. M.dé
fenfes à toutes perſonnes de l'y troubler ni donner
aucun empêchement , &C..
Maniere d'entretenir le nouveau Métail.
Il faut premierement faire fondre la cire ou
fuif , s'il y en a deffus , dans l'eau chaude ou devant
le feu, Peffuyer & bien frotter avec un linge.
net ; & pour remettre les piéces comme fortant:
du Magazin , il faut le frotter avec du tripoli &
de l'huile, avec le tripoli fec, le bien favoner avec
du Savon blan & de l'eau de Riviere chaude, enfuite
le bien effuier ; fi la piece n'eſt pas affez dorée
, il faut la mettre bouillir pendant trois ou
quatre minutes dans l'eau de Riviere , après l'effuier
parfaitement. Si la piece eft cizelée , fe fervir
d'une Broffe rude pour atteindre les fonds, en
fe fervant du tripoli à l'huile & du favon .
Le fieur de Renti donne avis que fa Manufac
ture, qui eft vis-à- vis la Comedie Erançoife , continue
avec beaucoup de fuccès , & qu'ayant ap→
pris que quelques perfonnes n'étoient pas affez
inftruites pour bien entretenir fon métail , pour
le conferver toujours beau & comme neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730.
771
ableri
Il n'eft plus de Printems pour moi.
M. L'AFFICH AR D , Chevalier de
l'Ordre Social. Autre
770 MERCURE
DE FRANCE
inftruites
pour
bien entretenir
fon métail
, pour
le conferver
toujours
beau & comme
neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730. 771
eux qui ont eu de fes Ouvrages , de faire obſerver
la maniere ci- deffus ; & fi on y trouve , par
ce moyen trop de façon , on peut l'entretenir
d'une maniére plus aifée en nétoiant lefdits Ouvrages
avec du Sablon fin ou Tripoli, & de la Liè
de Vin ou Vinaigre , &c. La piece étant bien effuiée
& frottée on la verra auffi belle que neuve
&fi l'on doute de ce que l'Auteur avance,il s'offre
de remettre tous les Ouvrages dans l'état cy-deffus
fans qu'il en coute rien à ceux qui en ont
acheté , que la peine de les faire porter chez lui..
Le fieur Dugeron , ancien Chirurgien d'armée
continue avec fuccès , de diftribuer fon remede
pour préferver les Dents de fe gâter & de tomber.
Il donne la maniere facile de s'en fervir , &
met fon nom & le prix fur fes Boëtes. Il en a depuis
quarante fols jufqu'à quatre liv . Sa demeure
eft à Paris , au grand Cloitre fainte Oportune.
dans la grande Salle d'Apollon , près du Temple
àl'i- Bar , l'ouverture d'une nouvelle Académie ,
mitation de l'Académie Françoife de Paris. On y
lut une Differtation fur la beauté de la Langue
Françoife , & fur l'utilité dont elle eft aux Anglois
qui l'ont apprife ; & un Poëme Burleſque ,
intitulé : La Tour de Babel.
De Petersbourg. M. Bayer a achevé une hiftoire
d'Edeffe , il a fort avancé celle de Syrie par
les Médailles ; & il conduit l'Hiftoire Ecclefiaftique
de la Chine & de l'Afie Septentrionale , jufqu'au
temps de l'arrivée des Miffionnaires en ce
Pais — là .
On apprend de Rome que le Comte Paffionci y
a fait
graver fur les deffeins du Comte Berardi ,
768 MERCURE DE FRANCE
un ancien Théatre , dont les reftes fubfiftent eneore
auprès de la Ville de Gabbio , dans l'Ombrie.
La Planche dédiée au Cardinal Ottoboni
contient le Profil de l'interieur de ce Théatre, tel
qu'il eft aujourd'hui. Il peut avoir environ 300
Palmes Romaines d'éténduë. On a mis au deffous
le Profil de l'interieur & de l'extérieur du
Théatre , tel qu'on a jugé à peu près , fur ce qui
refte , qu'il devoit être , lorfqu'il étoit entier , &
on y a ajouté le Plan , auffi dreffé par conjecture,
du premier & du fecond étage de l'Edifice , avec
le Profil des Chapiteaux des Colonnes, employées
pour
le foutenir.
El paroît depuis peu quatre Eſtampes d'après
les Tableaux du celebre Watteau ; fçavoir , un
Défilé , deffiné & gravé par le fieur Moyriau.
Le Sommeil dangereux , par le fieur Liotard.
Les Amuſemens de Ĉithere, par le fieur de Surugues.
Le Repas de Campagne , par le fieur Defplace.
Ces Eftampes fe vendent à Paris , chez la veuve
Chereau , rue S. Jacques , aux deux Pillers
d'or , & chez le fieur Surugues , Graveur , ruë
des Noyers , vis - à- vis S. Yves . On trouve aufſi
chez les mêmes , toutes les Eftampes gravées
jufque à ce jour , d'après les Deffeins & Tableaux
de Watteau. On aura foin d'annoncer les morceaux
nouveaux à mesure qu'ils paroîtront.
On mande de l'Abbaye de Fontevraud que le
Frere Luc David , Récollet , de la Province de
Toulouze , de la Communauté de Brive , en bas
Limoufin étant arrivé au mois de Decembre
› y
dernier , après avoir vû & examiné avec les Medecins
& Chirurgiens de l'Abbaye des Religieufes
affligées par des Cancers adhérans & manifeftez >
&
AVRIL 1730. 769
& quelques-unes par des Tumeurs carcinomateu →
fes au corps
fiftuleux , il a fait fur fept perfonnes
des opérations très dangereufes , avec une adreffe
& un fuccès qui leur fait efperer une guérifon
radicale , leurs playes étant bien fermées. Son
habileté eft fort grande , tant par la maniere particuliere
dont il a fait fes Opérations , que par le
fecret qu'il poffede pour arrêter le fang dans un
inftant , & par la façon de fes appareils qu'il
leve fans caufer la moindre douleur dès le fecond
jour.
Le Frere Luc a fait en Poitou & en Anjou les
guérifons les plus furprenantes tant pour les Cancers
& autres Opérations , que pour les yeux ,
étant très -habile Oculifte , fur tout pour les Ca
taractes.
Nous n'avons appris que depuis peu la perte
qu'on a faite en Allemagne d'un illuftre Profeffeur
en Théologie, à Rintelen , & Sur- Intendant
des Eglifes de ce Pays- là,nommé Frederic- Guillaume
Bierling , mort âgé de 52 ans & quelques
mois , le 25 Juillet 1728. On a de lui des obfervations
fur la Genefe, & des Differtations fur les
Comtes de Schaumbourg,fur l'Ufage Politique de
la fuperftition, fur le Pyrrhoniſme historique, & c.
Le fieur de Renti a trouvé le fecret de compofer
un Métail , qui imite l'Or , & qui en conferve
toujours la couleur. Il eft très-coulant à la fonte
, fans être venteux , tres - maniable & forgéable;
il fouffre toutes fortes. de Soudures & eft trèsdoux
fous les Outils , enforte qu'on en peut
faire tous les Ouvrages qu'on fouhaite , & particulierement
de três - beaux Flambeaux, Girandoles
, Luftres , Surtous de Tables , Feux , & c . dont
le prix ne fe trouvera confiderable,qu'autant que
770 MERCURE DE FRANCE
fes Ouvrages feront recherchez par la Gravure
& Cizelure. On en tirera encore un grand avantage
par la diminution de la confommation des
Dorures , que les Ouvrages des autres Métaux
emportent , & qui ne font jamais auffi beaux que
celui-cy l'eft naturellement;l'Académie des Sciences
, qui a examiné ce métail , l'a fort approuvé,
&c. Le Roy a permis par Brevet audit de Renty
de fondre, faire travailler , vendre & débiter toutes
fortes d'Ouvrages dudit Métail de fa compofition
, qui imite l'Or , dans toutes les Villes du
Royaume , pendant le temps de quatre années
confécutives ; pendant lequel temps fait S. M.dé
fenfes à toutes perſonnes de l'y troubler ni donner
aucun empêchement , &C..
Maniere d'entretenir le nouveau Métail.
Il faut premierement faire fondre la cire ou
fuif , s'il y en a deffus , dans l'eau chaude ou devant
le feu, Peffuyer & bien frotter avec un linge.
net ; & pour remettre les piéces comme fortant:
du Magazin , il faut le frotter avec du tripoli &
de l'huile, avec le tripoli fec, le bien favoner avec
du Savon blan & de l'eau de Riviere chaude, enfuite
le bien effuier ; fi la piece n'eſt pas affez dorée
, il faut la mettre bouillir pendant trois ou
quatre minutes dans l'eau de Riviere , après l'effuier
parfaitement. Si la piece eft cizelée , fe fervir
d'une Broffe rude pour atteindre les fonds, en
fe fervant du tripoli à l'huile & du favon .
Le fieur de Renti donne avis que fa Manufac
ture, qui eft vis-à- vis la Comedie Erançoife , continue
avec beaucoup de fuccès , & qu'ayant ap→
pris que quelques perfonnes n'étoient pas affez
inftruites pour bien entretenir fon métail , pour
le conferver toujours beau & comme neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730.
771
ableri
Il n'eft plus de Printems pour moi.
M. L'AFFICH AR D , Chevalier de
l'Ordre Social. Autre
770 MERCURE
DE FRANCE
inftruites
pour
bien entretenir
fon métail
, pour
le conferver
toujours
beau & comme
neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730. 771
eux qui ont eu de fes Ouvrages , de faire obſerver
la maniere ci- deffus ; & fi on y trouve , par
ce moyen trop de façon , on peut l'entretenir
d'une maniére plus aifée en nétoiant lefdits Ouvrages
avec du Sablon fin ou Tripoli, & de la Liè
de Vin ou Vinaigre , &c. La piece étant bien effuiée
& frottée on la verra auffi belle que neuve
&fi l'on doute de ce que l'Auteur avance,il s'offre
de remettre tous les Ouvrages dans l'état cy-deffus
fans qu'il en coute rien à ceux qui en ont
acheté , que la peine de les faire porter chez lui..
Le fieur Dugeron , ancien Chirurgien d'armée
continue avec fuccès , de diftribuer fon remede
pour préferver les Dents de fe gâter & de tomber.
Il donne la maniere facile de s'en fervir , &
met fon nom & le prix fur fes Boëtes. Il en a depuis
quarante fols jufqu'à quatre liv . Sa demeure
eft à Paris , au grand Cloitre fainte Oportune.
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Résumé : « On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...] »
Le texte présente plusieurs événements et découvertes dans divers domaines. À Londres, le 8 mars, une nouvelle Académie inspirée de l'Académie Française de Paris a été inaugurée. Lors de cette cérémonie, une dissertation sur la beauté et l'utilité de la langue française pour les Anglais a été lue, ainsi qu'un poème burlesque intitulé 'La Tour de Babel'. À Saint-Pétersbourg, M. Bayer a achevé une histoire d'Édesse et avancé celle de Syrie grâce aux médailles. Il travaille également sur l'histoire ecclésiastique de la Chine et de l'Asie septentrionale jusqu'à l'arrivée des missionnaires. À Rome, le Comte Passionei a fait graver les restes d'un ancien théâtre près de la ville de Gubbio en Ombrie. La planche dédiée au Cardinal Ottoboni contient le profil intérieur de ce théâtre, estimé à environ 300 palmes romaines. Quatre estampes d'après les tableaux de Watteau ont été publiées et vendues à Paris chez la veuve Chereau et le sieur Surugues. À l'Abbaye de Fontevraud, le Frère Luc David, Récollet, a effectué des opérations dangereuses sur des religieuses atteintes de cancers et de tumeurs, avec succès. Il est également réputé pour ses guérisons en Poitou et en Anjou, notamment pour les cataractes. En Allemagne, le professeur en théologie Frédéric-Guillaume Bierling est décédé à l'âge de 52 ans. Il a laissé des observations sur la Genèse et des dissertations sur divers sujets. Le sieur de Renty a découvert un métal imitant l'or, approuvé par l'Académie des Sciences. Le roi lui a accordé un brevet pour fabriquer et vendre des ouvrages en ce métal pendant quatre ans. Le texte décrit également la manière d'entretenir ce nouveau métal. Enfin, le sieur Dugeron, ancien chirurgien d'armée, distribue un remède pour préserver les dents, avec des prix variant de quarante sols à quatre livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 1484-1494
MEMOIRE pour servir à l'Histoire de la Peinture. Vie de feu M. Jouvenet.
Début :
JEAN JOUVENET, Peintre ordinaire du Roy, & l'un des plus fameux [...]
Mots clefs :
Peinture, Tableau, Nature, Académie, Jean-Baptiste Jouvenet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE pour servir à l'Histoire de la Peinture. Vie de feu M. Jouvenet.
MEMOIRE pour fervir à l'Hiftoire
de la Peinture. Vie de feu M.Jouvenet.
EAN JOUVENET , Peintre ordinaire
du Roy , & l'un des plus fameux
de fon temps , fils de Laurent Jouvenet
Peintre,qui lui montra les premiers principes
de fon Art , nâquit à Rouen le 12
Avril
JUILLET. 1730. 1489
Avril 1644. Ses Ancêtres , Originaires
d'Italie , étant venus s'établir à Lyon , &
delà en Normandie , y ont tous profeffé
la Peinture avec fuccès ; ce fut Noël Jouvenet
fon ayeul qui en donna les premiers
principes au célébre Pouffin ; duquel
celui-cy copia d'abord les Tableaux,
& prit fi-bien-le goût & l'efprit , que fes
premiers Ouvrages tiennent beaucoup de
la maniere de cet excellent Peintre . Mais
le génie facile & vafte de Jean Jouvenet
fut trop vif& trop élevé pour fe renfermer
long-temps dans les bornes étroites
& ferviles de l'imitation. Né pour ce que
la Peinture a de plus grand, il fe fit bientôt
une maniere sûre & hardie , fondée
fur des principes certains , qu'il s'étoit
rendue propre à lui -même, d'après la fettle
& belle nature , qu'il étudia toujours
avec le difcernement le plus exquis &
l'application la plus fuivie . C'est ce qui a
mis dans tous fes Ouvrages une action fi
vive , fi naturelle , fi - bien entenduë` , la
vraie intelligence du Clair- obfcur & l'accord
le plus parfait des Ombres & des
Lumiéres , un Deffein fçavant & correct ,
le plus beau choix des attitudes & de
rout ce qui rend fes Perfonnages nobles,
vivans , animez , les Drapperies les mieux
jettées & d'un meillenr goût. II ' poffedoit
au fouverain dégré la connoiffance
A. v la
4
1486 MERCURE DE FRANCE
la plus exacte de la Perfpective Aërienne,
qui fait comme jouer l'air , & tourner
Fail du Spectateur autour de toutes les
figures ; il faifoit paroître le lieu de la
Scene , auffi vafte qu'il convenoit à ſon
fujet , fans équivoque & fans contradiction
, répandant fur tous fes objets , par
l'artifice du clair - obſcur , & l'intelligence
du Coloris en general , ce vrai charmant
qui trompe fi agréablement par
jufte harmonie des couleurs & de la perfpective.
Il avoit d'ailleurs toutes les parties
qui font l'excellent Peintre & le
grand Maître.
la
Il n'eft pas étonnant
que
des talens
fi
rares
ayent
eû de fi prompts
& de fi heu--
reux
fuccès
, ni que cet habile
Artiſte
ait
acquis
de fi bonne
heure
une réputation
,
qu'il
a toujours
foutenue
& augmentée
jufqu'à
la mort
.
Etant venu à Paris à l'âge de 17 ans ,.
pour étudier & fe perfectionner dans la
Peinture , quelque mal - intentionné s’avifa
d'écrire à fon pere qu'il perdoit tout
fon temps en vains amuſemens, & qu'il
ne travailloit point . Le jeune homme piqué
d'un reproche fi injufte , fe juftifia
par un Tableau d'Hiftoire , qu'il envoya
à fon pere..
C'étoit un Moife frappant le Rocher
qu'il avoit fait de génie Ouvrage infini--
ment:
JUILLET. 1730. 1487
ment audeffus de la force de fon âge , &
qui fit fentir dèflors jufqu'où iroit un
Éleve , dont les premiers coups d'effay
pouvoient paffer pour desChefs- d'oeuvres .
Ce Tableau , dont la compofition eſt
fort riche , eft entierement dans la manicre
du Pouffin .
Son mérite bien -tôt répandu le fit recevoir
avec applaudiffement à l'Académie
Royale de Peinture en 1675. Il y fut fait
Adjoint à Profeffeur en 1676. Profeffeur
en 1681. Adjoint à Recteur en 1702 .
Directeur en 1705. & Recteur perpetuel
en 1707. Son Tableau d'Académie reprefente
Efther évanouie devant Affuerus
que les Académiciens regardent comme
un de leurs plus beaux Tableaux .
M. le Brun qui l'eftimoit beaucoup , le
fit travailler fous lui dans les grands Ouvrages
du Roy , à S. Germain , aux Tuilleries
, à Veriailles , à la Gallerie , & c.
Sa furprenante facilité & fon génie
abondant , lui ont fait enrichir la France
d'un très - grand nombre d'Ouvrages répandus
à la Cour , dans Paris & dans les
Provinces:
Il avoit été mandé en 1694. par le Parlement
de Bretagne , pour y peindre la
Seconde Chambre des Enquêtes , & Pannée
fuivante il peignir encore à Rennes ,
dans une Gallerie du Greffier en Chef du
A vj
Pate
1488 MERCURE DE FRANCE
Parlement , un Platfond de 40 pieds de
long , qui lui acquit beaucoup de réputation.
Ce beau morceau , un de ceux
qu'il eftimoit le plus , fut fait en 45 jours.
Son premier Ouvrage public , & qui lui
en fit une fort grande , fut un grand Tableau
( on May ) qu'il fit pour Notre-
Dame de Paris , & qui fut fort applaudi .
LOUIS XIV.voulut qu'il peignit dans
fa fuperbe Eglife de l'Hôtel des Invalides
, les douze Apôtres , de 14 pieds de
proportions , avec leurs Attributs , peints
a Frefque , qui font autour de ce magnifique
Dôme ; & Sa Majefté le nomma:
pour peindre dans fa nouvelle & fomptueufe
Chapelle de Verfailles , la partie
qui eft au deffus de la Tribune , où il a -
repreſenté admirablement la Defcente du
S. Efprit fur la Vierge & fur les Apôtres . Il
y'a encore de fa main dans cette belle
Chapelle , un excellent Tableau de faint·
Louis , qui fait panfer les bleffez & enterrer
les Soldats tuez à la Bataille de Damiette.
Le Roy fut fi content de ces travaux
qu'outre le payement de fes Ouvrages
ce grand Prince lui augmenta confiderablement
la penfion ( a ) dont il l'avoiť
(a ) Quand il remercia le Roy en 1695. dela
penfion qu'il avoit obtenuë; S. M. lui dit, avec
bonté , je fuis fort content de vous , continuez
àbienfaire , & votre merite fera récompensé..
JUILLET. 1730. 1489
déja honoré long - temps auparavant ; ce
fut une marque de diftinction tresfateufe
.
qui
On voit de fa main l'Apotheofe d'Her
cules , dans le grand appartement du Château
de Versailles , un Tableau reprefentant
l'Hyver, dans le grand Sallon de Marly;
un de Latône & de fes Enfans , à Meudon
; Zéphire & Flore , la naiffance de Bacchus
& Apollon , qui deſcend dans le fein
de Thétis , à Trianon.
Il n'eft pas poffible de faire icy le détail
de tous les Tableaux qu'il a peints, & qui
fe confervent précieuſement dans les Cabinets
des Curieux .
Quant à fes Ouvrages publics , il y a
quatre grands morceaux dans l'Eglife de
S. Martin des Champs , qui font l'admiration
de tous les Connoiffeurs , & qui
repréfentent (' plus grand que nature ) la
Pechereffe che le Pharifien. JESUS - CHRIST
chaffant les Marchands du Temple. La Pêche
de S..Pierre , & la Réfurrection du La-
Zare .
Le feu Roy s'étant fait apporter ces
quatre Tableaux à Trianon , ordonna à
1'Auteur de les répéter , afin d'en faire
quatre piéces deTapifferies de la Couronne.
Et quand le Czar de Mofcovie, Pierre
le Grand , vint en France en 1721. il
rut fi charmé de ces fuperbes Tapifferies ,
paqui
1490 MERCURE DE FRANCE
qui avoient été faites aux Gobelins , fousles
yeux-mêmes de l'Auteur , que LOUIS
XV. à prefent Regnant , en fit prefent à
Sa Majefté Czarienne , avec Ordre qu'on
en refit pour la Couronne de pareilles
aux Gobelins , où elles ont été plufieurs
fois répétées. Il ne faut pas oublier dans
cet article un grand Tableau de la Cenet
de N. S. qui a auffi été mis en Tapifleric,
pour le Roy.
Un autre morceau inimitable de ce
Peintre , eft le grand Tableau du Choeur
des Chartreux à Paris , où JESUS-Christ
eft reprefenté au bord du Lac deGénéfareth ,
guériffant un nombre infini de divers Ma-
·lades.
Dans les autres Eglifes de Paris , on admire
aux Capucines , le Tableau du Grand
Autel, qui eft une Defcente de Croix , & le
Martyre de S. Ovide , dans la Paroiffe de
S. Roch, le Martyre de S. André , que l'on
regarde comme une piece achevée ; le Sacrement
de l'Extrême- Onction , dans une
Chapelle de l'Eglife de Saint Germain de
l'Auxerois; une Nativité , dans la Chapelle
du College de Louis le Grand ; JESUSCHRIST
élevé en Coix , dans l'Eglife :
des Religieufes de S. Dominique , rue de
Chronne , & c.
On voit plufieurs Ouvrages de lui au
Château de Meudon , à l'Hôtel de Conti
JUILLET. 1730. 1497
à Paris , chez M. de Saint- Pouanges , & le
Prefident Robert , & c.
Mais ce qui eft bien remarquable , &
peut- être fans exemple, c'eft que fur la fin
de la vie ce grand Peintre étant devenu
paralitique de la main droite, après un accident
d'apoplexie , dont il fut attaqué en
1713. peignit librement de la inain gauche
plufieurs grands Ouvrages , qui ne
cedent en rien à tout ce qu'il avoit fait
dans toute fa force, de plus fini & de plus
hardi ; tant il est vrai que ce n'eft point la
main feule, ni fon adreffe qui fait la peinture
; mais la tête , les lumieres de l'efprit
& la fcience des principes vrais & certains..
Ces Tableaux peints de la main gauche
font un Platfond de trente pieds de long,,
à la feconde Chambre des Enquêtes du
Parlement de Rouen , où l'on voit la Juftice
qui terraffe la fraude , la chicane , &c.
la Vifitation de la fainte Vierge , dans le
nouveau Choeur de l'Eglife Métropolitai
ne de Paris ; & une Affomption , pour la
Chapelle d'un de fes amis , aux Voiffeaux,
près de Beaumont ſur Oyſe.
Les Grands Hommes devroient être
auffi immortels que leurs Ouvrages . Celui
- ci chéri de tous ceux qui le connoif--
foient , respecté & confideré de tous les
Connoiffeurs , eftimé de tout le monde & :
•
*
auffi
1492 MERCURE DE FRANCE
auffi recommandable par fa probité que
par les talens , mourut le 5 Avril 1717.
au milieu de fa famille , dont il faifoit
toutes les délices , & qu'il avoit élevée dans
les principes des plus folides vertus , net
laiffant point de garçons , héritiers de ſon
génie, mais quatre filles , d'un mérite tresdiftingué.
Au défaut de fils , il a eû la confolation
de laiffer un Eleve dans fon neveu , Mr.
Reftout , receu depuis la mort à l'Académie
, & qui a fait de fi grands progrès,
qu'on peut dire que fon illuftre oncle revit
en lui. C'eft à l'occafion de ce cher
neveu , que feu M. Jouvenet découvrit
un talent qu'il ne croyoit pas avoir :
Voici comment. Revenu des Eaux de
Bourbon , qui n'avoient rien operé fur
fon bras paralytique , il voyoit peindre
M. Reftout, & voulant lui faire faire
quelque correction dans fon ouvrage , il
ne pouvoit pas bien fe faire entendre.
Vif & prompt' comme il étoit , il prend
brufquement le Pinceau de la main gauche,
il opere ; & cette main guidée par la
force de fon efprit , trace exactement &
exprime fa penſée. A fon étonnement ,
fucceda la joye incroyable qu'il eut de fe
voiren état de travailler , & de cultiver
un Art pour lequel il avoit tant d'amour.
On ne prétend pas donner icy le Catalogue
JUILLET. 1730. 1493
talogue de tous fes Ouvrages , cela groffiroit
trop ce Journal ; mais nous le donnerons
au Public , avec les noms des celebres
Graveurs qui les ont mis en Eſtampes
, perfuadez que les Curieux nous en
Içauront gré.
Jouvenet , eft un des Peintres de fon
tems qui a produit le plus de grands Ouvrages
. Il avoit une pratique facile , exactement
foumiſe à fa féconde imagination,
& deffinoit avec une facilité & une préciſion
admirable , fans jamais perdre la
nature de vûë , qu'il ne ceffoit d'étudier,
pour parvenir à cette imitation naïve
qu'on admire dans fes Tableaux . On en
voirquelques- uns de Chevalet , où il s'eft
un peu écarté de cette grande maniere fiere
& reffentie , qui prouvent qu'il ſçavoit
mettre des graces & de la délicateffe
dans fes Ouvrages , felon l'exigence des
cas ; car on a long - tems cru qu'il cherchoit
autant à étonner le Spectateur qu'à
lui plaire.
Ses Portraits font d'une reffemblance
parfaite & d'une verité admirable. Il imaginoit
facilement & compofoit tres - bien
exprimoit fenfiblement & employoit à
propos les allégories & les épiſodes, pour
enrichir & faire valoir fes productions .
Il n'avoit jamais vû l'Italie , quelque
amour qu'il eut pour les grands Maîtres
qu'elle
1494 MERCURE DE FRANCE
•
qu'elle a produits & pour les merveilleux
Ouvrages qu'on y admire ; preuve certaine
, mais rare , que les heureux talens
difpenfent les grands hommes des routes
ordinaires. Le feu Roy , qui avoit pour
Jui une eftime finguliere, lui fit l'honeur
de lui dire un jour que s'il vouloit faire le
voyage pour fa propre curiofité , & pour
fatisfaire l'envie qu'il en avoit toujours
confervée , il en feroit tous les frais . Mais
les grandes occupations que M. Jouvenet
avoit alors, & qu'il a toujours eues depuis,
ne lui ont jamais permis d'entreprendre
ce voyage. Au refte il avoit beaucoup de
probité & de religion , n'aimant point le
fafte; il étoit fort charitable, compatiffan
& bon ami.
de la Peinture. Vie de feu M.Jouvenet.
EAN JOUVENET , Peintre ordinaire
du Roy , & l'un des plus fameux
de fon temps , fils de Laurent Jouvenet
Peintre,qui lui montra les premiers principes
de fon Art , nâquit à Rouen le 12
Avril
JUILLET. 1730. 1489
Avril 1644. Ses Ancêtres , Originaires
d'Italie , étant venus s'établir à Lyon , &
delà en Normandie , y ont tous profeffé
la Peinture avec fuccès ; ce fut Noël Jouvenet
fon ayeul qui en donna les premiers
principes au célébre Pouffin ; duquel
celui-cy copia d'abord les Tableaux,
& prit fi-bien-le goût & l'efprit , que fes
premiers Ouvrages tiennent beaucoup de
la maniere de cet excellent Peintre . Mais
le génie facile & vafte de Jean Jouvenet
fut trop vif& trop élevé pour fe renfermer
long-temps dans les bornes étroites
& ferviles de l'imitation. Né pour ce que
la Peinture a de plus grand, il fe fit bientôt
une maniere sûre & hardie , fondée
fur des principes certains , qu'il s'étoit
rendue propre à lui -même, d'après la fettle
& belle nature , qu'il étudia toujours
avec le difcernement le plus exquis &
l'application la plus fuivie . C'est ce qui a
mis dans tous fes Ouvrages une action fi
vive , fi naturelle , fi - bien entenduë` , la
vraie intelligence du Clair- obfcur & l'accord
le plus parfait des Ombres & des
Lumiéres , un Deffein fçavant & correct ,
le plus beau choix des attitudes & de
rout ce qui rend fes Perfonnages nobles,
vivans , animez , les Drapperies les mieux
jettées & d'un meillenr goût. II ' poffedoit
au fouverain dégré la connoiffance
A. v la
4
1486 MERCURE DE FRANCE
la plus exacte de la Perfpective Aërienne,
qui fait comme jouer l'air , & tourner
Fail du Spectateur autour de toutes les
figures ; il faifoit paroître le lieu de la
Scene , auffi vafte qu'il convenoit à ſon
fujet , fans équivoque & fans contradiction
, répandant fur tous fes objets , par
l'artifice du clair - obſcur , & l'intelligence
du Coloris en general , ce vrai charmant
qui trompe fi agréablement par
jufte harmonie des couleurs & de la perfpective.
Il avoit d'ailleurs toutes les parties
qui font l'excellent Peintre & le
grand Maître.
la
Il n'eft pas étonnant
que
des talens
fi
rares
ayent
eû de fi prompts
& de fi heu--
reux
fuccès
, ni que cet habile
Artiſte
ait
acquis
de fi bonne
heure
une réputation
,
qu'il
a toujours
foutenue
& augmentée
jufqu'à
la mort
.
Etant venu à Paris à l'âge de 17 ans ,.
pour étudier & fe perfectionner dans la
Peinture , quelque mal - intentionné s’avifa
d'écrire à fon pere qu'il perdoit tout
fon temps en vains amuſemens, & qu'il
ne travailloit point . Le jeune homme piqué
d'un reproche fi injufte , fe juftifia
par un Tableau d'Hiftoire , qu'il envoya
à fon pere..
C'étoit un Moife frappant le Rocher
qu'il avoit fait de génie Ouvrage infini--
ment:
JUILLET. 1730. 1487
ment audeffus de la force de fon âge , &
qui fit fentir dèflors jufqu'où iroit un
Éleve , dont les premiers coups d'effay
pouvoient paffer pour desChefs- d'oeuvres .
Ce Tableau , dont la compofition eſt
fort riche , eft entierement dans la manicre
du Pouffin .
Son mérite bien -tôt répandu le fit recevoir
avec applaudiffement à l'Académie
Royale de Peinture en 1675. Il y fut fait
Adjoint à Profeffeur en 1676. Profeffeur
en 1681. Adjoint à Recteur en 1702 .
Directeur en 1705. & Recteur perpetuel
en 1707. Son Tableau d'Académie reprefente
Efther évanouie devant Affuerus
que les Académiciens regardent comme
un de leurs plus beaux Tableaux .
M. le Brun qui l'eftimoit beaucoup , le
fit travailler fous lui dans les grands Ouvrages
du Roy , à S. Germain , aux Tuilleries
, à Veriailles , à la Gallerie , & c.
Sa furprenante facilité & fon génie
abondant , lui ont fait enrichir la France
d'un très - grand nombre d'Ouvrages répandus
à la Cour , dans Paris & dans les
Provinces:
Il avoit été mandé en 1694. par le Parlement
de Bretagne , pour y peindre la
Seconde Chambre des Enquêtes , & Pannée
fuivante il peignir encore à Rennes ,
dans une Gallerie du Greffier en Chef du
A vj
Pate
1488 MERCURE DE FRANCE
Parlement , un Platfond de 40 pieds de
long , qui lui acquit beaucoup de réputation.
Ce beau morceau , un de ceux
qu'il eftimoit le plus , fut fait en 45 jours.
Son premier Ouvrage public , & qui lui
en fit une fort grande , fut un grand Tableau
( on May ) qu'il fit pour Notre-
Dame de Paris , & qui fut fort applaudi .
LOUIS XIV.voulut qu'il peignit dans
fa fuperbe Eglife de l'Hôtel des Invalides
, les douze Apôtres , de 14 pieds de
proportions , avec leurs Attributs , peints
a Frefque , qui font autour de ce magnifique
Dôme ; & Sa Majefté le nomma:
pour peindre dans fa nouvelle & fomptueufe
Chapelle de Verfailles , la partie
qui eft au deffus de la Tribune , où il a -
repreſenté admirablement la Defcente du
S. Efprit fur la Vierge & fur les Apôtres . Il
y'a encore de fa main dans cette belle
Chapelle , un excellent Tableau de faint·
Louis , qui fait panfer les bleffez & enterrer
les Soldats tuez à la Bataille de Damiette.
Le Roy fut fi content de ces travaux
qu'outre le payement de fes Ouvrages
ce grand Prince lui augmenta confiderablement
la penfion ( a ) dont il l'avoiť
(a ) Quand il remercia le Roy en 1695. dela
penfion qu'il avoit obtenuë; S. M. lui dit, avec
bonté , je fuis fort content de vous , continuez
àbienfaire , & votre merite fera récompensé..
JUILLET. 1730. 1489
déja honoré long - temps auparavant ; ce
fut une marque de diftinction tresfateufe
.
qui
On voit de fa main l'Apotheofe d'Her
cules , dans le grand appartement du Château
de Versailles , un Tableau reprefentant
l'Hyver, dans le grand Sallon de Marly;
un de Latône & de fes Enfans , à Meudon
; Zéphire & Flore , la naiffance de Bacchus
& Apollon , qui deſcend dans le fein
de Thétis , à Trianon.
Il n'eft pas poffible de faire icy le détail
de tous les Tableaux qu'il a peints, & qui
fe confervent précieuſement dans les Cabinets
des Curieux .
Quant à fes Ouvrages publics , il y a
quatre grands morceaux dans l'Eglife de
S. Martin des Champs , qui font l'admiration
de tous les Connoiffeurs , & qui
repréfentent (' plus grand que nature ) la
Pechereffe che le Pharifien. JESUS - CHRIST
chaffant les Marchands du Temple. La Pêche
de S..Pierre , & la Réfurrection du La-
Zare .
Le feu Roy s'étant fait apporter ces
quatre Tableaux à Trianon , ordonna à
1'Auteur de les répéter , afin d'en faire
quatre piéces deTapifferies de la Couronne.
Et quand le Czar de Mofcovie, Pierre
le Grand , vint en France en 1721. il
rut fi charmé de ces fuperbes Tapifferies ,
paqui
1490 MERCURE DE FRANCE
qui avoient été faites aux Gobelins , fousles
yeux-mêmes de l'Auteur , que LOUIS
XV. à prefent Regnant , en fit prefent à
Sa Majefté Czarienne , avec Ordre qu'on
en refit pour la Couronne de pareilles
aux Gobelins , où elles ont été plufieurs
fois répétées. Il ne faut pas oublier dans
cet article un grand Tableau de la Cenet
de N. S. qui a auffi été mis en Tapifleric,
pour le Roy.
Un autre morceau inimitable de ce
Peintre , eft le grand Tableau du Choeur
des Chartreux à Paris , où JESUS-Christ
eft reprefenté au bord du Lac deGénéfareth ,
guériffant un nombre infini de divers Ma-
·lades.
Dans les autres Eglifes de Paris , on admire
aux Capucines , le Tableau du Grand
Autel, qui eft une Defcente de Croix , & le
Martyre de S. Ovide , dans la Paroiffe de
S. Roch, le Martyre de S. André , que l'on
regarde comme une piece achevée ; le Sacrement
de l'Extrême- Onction , dans une
Chapelle de l'Eglife de Saint Germain de
l'Auxerois; une Nativité , dans la Chapelle
du College de Louis le Grand ; JESUSCHRIST
élevé en Coix , dans l'Eglife :
des Religieufes de S. Dominique , rue de
Chronne , & c.
On voit plufieurs Ouvrages de lui au
Château de Meudon , à l'Hôtel de Conti
JUILLET. 1730. 1497
à Paris , chez M. de Saint- Pouanges , & le
Prefident Robert , & c.
Mais ce qui eft bien remarquable , &
peut- être fans exemple, c'eft que fur la fin
de la vie ce grand Peintre étant devenu
paralitique de la main droite, après un accident
d'apoplexie , dont il fut attaqué en
1713. peignit librement de la inain gauche
plufieurs grands Ouvrages , qui ne
cedent en rien à tout ce qu'il avoit fait
dans toute fa force, de plus fini & de plus
hardi ; tant il est vrai que ce n'eft point la
main feule, ni fon adreffe qui fait la peinture
; mais la tête , les lumieres de l'efprit
& la fcience des principes vrais & certains..
Ces Tableaux peints de la main gauche
font un Platfond de trente pieds de long,,
à la feconde Chambre des Enquêtes du
Parlement de Rouen , où l'on voit la Juftice
qui terraffe la fraude , la chicane , &c.
la Vifitation de la fainte Vierge , dans le
nouveau Choeur de l'Eglife Métropolitai
ne de Paris ; & une Affomption , pour la
Chapelle d'un de fes amis , aux Voiffeaux,
près de Beaumont ſur Oyſe.
Les Grands Hommes devroient être
auffi immortels que leurs Ouvrages . Celui
- ci chéri de tous ceux qui le connoif--
foient , respecté & confideré de tous les
Connoiffeurs , eftimé de tout le monde & :
•
*
auffi
1492 MERCURE DE FRANCE
auffi recommandable par fa probité que
par les talens , mourut le 5 Avril 1717.
au milieu de fa famille , dont il faifoit
toutes les délices , & qu'il avoit élevée dans
les principes des plus folides vertus , net
laiffant point de garçons , héritiers de ſon
génie, mais quatre filles , d'un mérite tresdiftingué.
Au défaut de fils , il a eû la confolation
de laiffer un Eleve dans fon neveu , Mr.
Reftout , receu depuis la mort à l'Académie
, & qui a fait de fi grands progrès,
qu'on peut dire que fon illuftre oncle revit
en lui. C'eft à l'occafion de ce cher
neveu , que feu M. Jouvenet découvrit
un talent qu'il ne croyoit pas avoir :
Voici comment. Revenu des Eaux de
Bourbon , qui n'avoient rien operé fur
fon bras paralytique , il voyoit peindre
M. Reftout, & voulant lui faire faire
quelque correction dans fon ouvrage , il
ne pouvoit pas bien fe faire entendre.
Vif & prompt' comme il étoit , il prend
brufquement le Pinceau de la main gauche,
il opere ; & cette main guidée par la
force de fon efprit , trace exactement &
exprime fa penſée. A fon étonnement ,
fucceda la joye incroyable qu'il eut de fe
voiren état de travailler , & de cultiver
un Art pour lequel il avoit tant d'amour.
On ne prétend pas donner icy le Catalogue
JUILLET. 1730. 1493
talogue de tous fes Ouvrages , cela groffiroit
trop ce Journal ; mais nous le donnerons
au Public , avec les noms des celebres
Graveurs qui les ont mis en Eſtampes
, perfuadez que les Curieux nous en
Içauront gré.
Jouvenet , eft un des Peintres de fon
tems qui a produit le plus de grands Ouvrages
. Il avoit une pratique facile , exactement
foumiſe à fa féconde imagination,
& deffinoit avec une facilité & une préciſion
admirable , fans jamais perdre la
nature de vûë , qu'il ne ceffoit d'étudier,
pour parvenir à cette imitation naïve
qu'on admire dans fes Tableaux . On en
voirquelques- uns de Chevalet , où il s'eft
un peu écarté de cette grande maniere fiere
& reffentie , qui prouvent qu'il ſçavoit
mettre des graces & de la délicateffe
dans fes Ouvrages , felon l'exigence des
cas ; car on a long - tems cru qu'il cherchoit
autant à étonner le Spectateur qu'à
lui plaire.
Ses Portraits font d'une reffemblance
parfaite & d'une verité admirable. Il imaginoit
facilement & compofoit tres - bien
exprimoit fenfiblement & employoit à
propos les allégories & les épiſodes, pour
enrichir & faire valoir fes productions .
Il n'avoit jamais vû l'Italie , quelque
amour qu'il eut pour les grands Maîtres
qu'elle
1494 MERCURE DE FRANCE
•
qu'elle a produits & pour les merveilleux
Ouvrages qu'on y admire ; preuve certaine
, mais rare , que les heureux talens
difpenfent les grands hommes des routes
ordinaires. Le feu Roy , qui avoit pour
Jui une eftime finguliere, lui fit l'honeur
de lui dire un jour que s'il vouloit faire le
voyage pour fa propre curiofité , & pour
fatisfaire l'envie qu'il en avoit toujours
confervée , il en feroit tous les frais . Mais
les grandes occupations que M. Jouvenet
avoit alors, & qu'il a toujours eues depuis,
ne lui ont jamais permis d'entreprendre
ce voyage. Au refte il avoit beaucoup de
probité & de religion , n'aimant point le
fafte; il étoit fort charitable, compatiffan
& bon ami.
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Résumé : MEMOIRE pour servir à l'Histoire de la Peinture. Vie de feu M. Jouvenet.
Jean Jouvenet, né à Rouen le 14 avril 1644, était un peintre renommé du roi Louis XIV. Issu d'une famille d'artistes italiens établis en Normandie, il a reçu ses premières leçons de peinture de son père, Laurent Jouvenet. Jouvenet a développé un style personnel marqué par une action vive, un dessin précis et un choix judicieux des attitudes et des drapés, grâce à l'étude de la nature et des principes artistiques solides. À l'âge de 17 ans, Jouvenet s'est installé à Paris pour se perfectionner. Après avoir été injustement accusé de paresse, il a démontré son talent avec un tableau représentant Moïse frappant le rocher, inspiré par le style de Pouffin. Ce tableau lui a valu son admission à l'Académie Royale de Peinture en 1675. Jouvenet a occupé divers postes au sein de l'Académie, devenant recteur perpétuel en 1707. Jouvenet a réalisé de nombreuses œuvres pour le roi Louis XIV, notamment à Saint-Germain, aux Tuileries, à Versailles et à la Galerie. Il a également peint pour des églises et des institutions publiques, comme la Seconde Chambre des Enquêtes du Parlement de Bretagne et l'église des Invalides. Ses œuvres étaient admirées pour leur composition riche et leur maîtrise du clair-obscur et de la perspective aérienne. En 1713, malgré une paralysie de la main droite, Jouvenet a continué à peindre avec sa main gauche, produisant des œuvres de qualité égale. Il est décédé le 5 avril 1717, laissant derrière lui une famille et un élève, son neveu Restout, qui a poursuivi son héritage artistique. Jouvenet est reconnu pour sa probité, sa charité et son talent exceptionnel, ayant produit un grand nombre d'œuvres remarquables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 2453-2459
Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres &c. [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République [...]
Mots clefs :
Hommes illustres, Histoire des hommes illustres, République des Lettres, Académie, Mémoires, Eusèbe Renaudot
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texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres &c. [titre d'après la table]
MEMOIRES pour fervir à l'Hiftoire
des Hommes Illuftres , dans la République
des Lettres , avec un Catalogu: raisonné de
leurs Ouvrages , tom . 12. vol. 8. de 405
pages , fans les Tables. A Paris, chez Briaffon
, rue S. Jacques , à la Science. 1730 .
La premiere Table de ce Volume indique
les Noms des Sçavans au nombre de
34. qui en font le fujet , & que nous rapporterons
icy, pour la fatisfaction de ceux
qui ne font pas à portée de voir le Livres
même , & qui ne fe déterminent pour
Facquerir qu'après quelque inftruction.
Benoit Bacchini , Jean de Barrus , Char
les Cefar Baudelot de Dairval, Jean Bau-'
douin , Jacques Boileau , François Bofquet,
Jean de la Cafa , Ferone Colonna , Diego
Fiij de
2434 MERCURE DE FRANCE
de Couto , Jean Devaux , Michel- Ange
Fardella , Michel Fofcanni , Pierre Franeius
, Adam Fumano , Jean Guiddiccione ,
Jan Guintier', Nicolas Henrion , George-
Mathias Koenig , Jean - Marie Lancifi ,
Pierre de Marca , Guill. Maffien , Jean'
Menofius, Daniel- Guill. Mollerus , Etienne
Morin , Louis Morin , André Morofini ,
Louis Nogarola , Pierre Paaw , Ifaac la
Peyrere , Roger de Liles , Eufebe Renaudot,
Marc- Antoine Coccius , Sabellicus - Martin
Schoockius , Jean- François Simon .
L'Article qui concerne Eufebe Renau
dot nous ayant paru l'un des plus curieux
& des mieux remplis , nous le prefenterons
icy à nos Lecteurs , tel que
l'Editeur des Mémoires l'a publié , &
nous prendrons la liberté de fuppléer à
quelques omiffions , &c.
Eufebe Renaudot naquit à Paris le 20
Juillet 1646. & fût l'aîné de quatorze
freres ou foeurs , fon pere après avoir
acquis beaucoup de réputation dans la
pratique de la Medecine , mourut en
1679. premier Medecin de Monſeigneur
le Dauphin.
Il entra à l'âge de onze ans au College
des Jéfuites , où il fit fes Humanitez ;
& paffa enfuite à celui d'Harcourt ; pour
y faire fa Philofophie , dont il foûtint publiquement
des Théfes en Grec & en Latin
C
鹰
NOVEMBRE. 1730. 2455
tin , qui firent beaucoup d'honneur au
College & à l'Ecolier.
pren
On croit que l'envie de pouffer les étu
des bien au - delà du terme , qu'y mettent
ordinairement les gens du monde , fut le
feul motif qui l'engagea pour lors à
dre l'habit Ecclefiaftique ; car il ne fongea
jamais , ni à entrer plus avant dans les
Ordres , ni à prendre des dégrez en Sorbonne
, ni même à fe charger d'aucun Bé,
nefice.
Il fe livra donc par choix & par gout
l'Etude de la Théologie la plus profon
de , où négligeant de fuivre les fentiers
communs de l'Ecole , il fe jetta d'abord
dans la connoiffance des Langues Orien
tales , qui lui fût fi utile dans la fuite.
L'Emploi de premier Medecin , que
fon pere exerçoit auprès de Monfeigneur,
le produifit de bonne heure à la Cour, où
il acquit une politeffe & des manieres
aifécs , qui accompagnent rarement les
études férieufes. M. le Duc de Montaufier
, & M. Boffuet lui accorderent leur
eftime dès qu'ils le connurent. M. Colbert,
M.de Seignelay & M.de Croiffy l'honorerent
d'une amitié finguliere. Le Prince
de Condé , & les deux Princes de Conti ,
fes neveux , lui donnerent leur confiance,
& l'admirent à leur familiarité. Le Roy,
même trouva bon que fes Miniftres lui
Fiiij com
2456 MERCURE DE FRANCE
communicaffent certaines affaires , & luf
fent fes Mémoires au Confeil.
En 1689. l'Academie Françoiſe le choifit
pour y remplacer Monfieur Doujat, &
deux ans après , c'est- à- dire en 1691. il fue
reçu à l'Academie des Infcriptions , à la
place de M. Quinault , mort dès l'an
1688.
En 1700. il accompagna à Rome M. le
Cardinal de Noailles , & entra avec lui
dans le Conclave . Clement XI . qui y fur
élu , prévenu depuis long-temps fur fon
mérite , lui donna dès les premiers jours
de fon Pontificat , des marques publiques
de fa confidération : Il l'engagea à refter
à Rome , fept ou huit mois encore après
le départ du Cardinal . Outre les Audiances
réglées qu'il avoit au Palais , Sa Sainteté
ordonna qu'il y fut admis toutes les
fois qu'il le préfenteroit , grace des plus
diftinguées , & qui n'avoit encore été accordée
à aucun François . Il lui donna pendant
fon féjour à Rome un Prieuré en
Bretagne , que l'Abbé Renaudot eut de
la peine à accepter , s'en deffendant fur le
plan de vie qu'il avoit pris. Mais l'empreffement
du Pape , la modicité du revenu
& l'efpece d'ordre qu'il reçut de la
part du Cardinal de Noailles , furmonte--
rent fa délicateffe fur l'acceptation de ce
Benefice.
Lorf
NOVEMBRE . 1730. 2457-
Lorfqu'il fut parti de Rome , le Grand
Duc ayant fçû qu'il prenoit la route de
Florence , envoya fort loin au-devant de
lui , le retint dans fon Palais un mois entier
, pendant lequel il fut reçu à l'Academie
de la Crufca , & après l'avoir char
gé de riches prefents de Litterature , il lui
donna des Félouques pour le ramener à
Marſeille.
4. L'Académie des Infcriptions avoit
éprouvé un grand changement en fon
abfence. Quand il partit, elle n'étoit com--
pofée que de huit perfonnes , dont les
conferences ne demandoient prefque aucune
préparation . A fon retour il trouva
ce nombre augmenté jufqu'à quarante
par le Reglement de 1701. qui donnoit
d'ailleurs une face toute nouvelle aux
exercices de l'Académie. Il fut un des
Anciens qui accepta le plus volontiers la
reforme , & un des plus exacts à en remplir
dans la fuire les devoirs , comme il
paroît par les Mémoires qu'il compoſa
jufqu'à l'année 1711. où il demanda le
Titre de Veteran , pour ne plus s'occuper,,
du moins effentiellement , que des ma
tieres de la Religion ..
Il mourut le Septembre 1720. épuifé
par de violens accès de colique & de fiévre
, qu'il avoit méprifez & même cachez
dans Fy
2458 MERCURE DE FRANCE
dans les commencemens. Il avoit alors
foixante & quatorze ans .
Il étoit d'un jugement net & folide, ſa
critique étoit sûre , exacte & d'un tour
aifé , & naturel , quoique méthodique &
preffante. L'aufterité de fes moeurs , loin
de le fequeftrer de la fociété civile , ne
fervoit qu'à le rendre plus cher & plus
défiré dans celle des gens capables & vertueux.
Il ne fe défendoit pas d'y être le
fléau des Efprits forts , des Eſprits vains ›
& des hypocrites , parce qu'il croyoit
qu'il étoit du bien public de les démafquer;
& perfonne n'étoit plus heureux à
leur appliquer, à chacun dans fon efpece,
ces qualifications , qui peignent les caracteres
d'après nature. Dans le commerce
de l'amitié,il étoit d'une tendreffe & d'une
fidelité à toute épreuve.
Sa piété marquée dans tous fes Ou
vrages , l'étoit encore bien plus dans fa
conduite. Il avoit d'abord eu un appar
tement à S. Denys , & puis à S. Germain
dés Prez , où fuivant les faifons , il ſe retiroit
le Samedy & la veille des grandes
Fêtes ,,
pour y affifter avec les Religieux
aux Offices du jour & de la nuit . Tous
les mois on diftribuoit chez lui des aumônes
confiderables, & perfonellement il ne
refufoit jamais un pauvre, ni ne le laiſſoir
aller fans lui avoir donné ces inftructions
&
NOVEMBRE . 1730. 2455
& ces avis , que les malheureux ne reçoivent
bien que de ceux qui foulagent leur
mifere.
Il a laiffe aux Benedictins de l'Abbaye
de S. Germain des Prez fa Biblioteque
qui étoit de 8 à 9000 volumes , avec les
Ouvrages manufcrits , dont le nombre
paffe de beaucoup celui des imprimez.
Nous venvoyons au mois prochain le Ca-.
talogue de fes Ouvrages , & c.
des Hommes Illuftres , dans la République
des Lettres , avec un Catalogu: raisonné de
leurs Ouvrages , tom . 12. vol. 8. de 405
pages , fans les Tables. A Paris, chez Briaffon
, rue S. Jacques , à la Science. 1730 .
La premiere Table de ce Volume indique
les Noms des Sçavans au nombre de
34. qui en font le fujet , & que nous rapporterons
icy, pour la fatisfaction de ceux
qui ne font pas à portée de voir le Livres
même , & qui ne fe déterminent pour
Facquerir qu'après quelque inftruction.
Benoit Bacchini , Jean de Barrus , Char
les Cefar Baudelot de Dairval, Jean Bau-'
douin , Jacques Boileau , François Bofquet,
Jean de la Cafa , Ferone Colonna , Diego
Fiij de
2434 MERCURE DE FRANCE
de Couto , Jean Devaux , Michel- Ange
Fardella , Michel Fofcanni , Pierre Franeius
, Adam Fumano , Jean Guiddiccione ,
Jan Guintier', Nicolas Henrion , George-
Mathias Koenig , Jean - Marie Lancifi ,
Pierre de Marca , Guill. Maffien , Jean'
Menofius, Daniel- Guill. Mollerus , Etienne
Morin , Louis Morin , André Morofini ,
Louis Nogarola , Pierre Paaw , Ifaac la
Peyrere , Roger de Liles , Eufebe Renaudot,
Marc- Antoine Coccius , Sabellicus - Martin
Schoockius , Jean- François Simon .
L'Article qui concerne Eufebe Renau
dot nous ayant paru l'un des plus curieux
& des mieux remplis , nous le prefenterons
icy à nos Lecteurs , tel que
l'Editeur des Mémoires l'a publié , &
nous prendrons la liberté de fuppléer à
quelques omiffions , &c.
Eufebe Renaudot naquit à Paris le 20
Juillet 1646. & fût l'aîné de quatorze
freres ou foeurs , fon pere après avoir
acquis beaucoup de réputation dans la
pratique de la Medecine , mourut en
1679. premier Medecin de Monſeigneur
le Dauphin.
Il entra à l'âge de onze ans au College
des Jéfuites , où il fit fes Humanitez ;
& paffa enfuite à celui d'Harcourt ; pour
y faire fa Philofophie , dont il foûtint publiquement
des Théfes en Grec & en Latin
C
鹰
NOVEMBRE. 1730. 2455
tin , qui firent beaucoup d'honneur au
College & à l'Ecolier.
pren
On croit que l'envie de pouffer les étu
des bien au - delà du terme , qu'y mettent
ordinairement les gens du monde , fut le
feul motif qui l'engagea pour lors à
dre l'habit Ecclefiaftique ; car il ne fongea
jamais , ni à entrer plus avant dans les
Ordres , ni à prendre des dégrez en Sorbonne
, ni même à fe charger d'aucun Bé,
nefice.
Il fe livra donc par choix & par gout
l'Etude de la Théologie la plus profon
de , où négligeant de fuivre les fentiers
communs de l'Ecole , il fe jetta d'abord
dans la connoiffance des Langues Orien
tales , qui lui fût fi utile dans la fuite.
L'Emploi de premier Medecin , que
fon pere exerçoit auprès de Monfeigneur,
le produifit de bonne heure à la Cour, où
il acquit une politeffe & des manieres
aifécs , qui accompagnent rarement les
études férieufes. M. le Duc de Montaufier
, & M. Boffuet lui accorderent leur
eftime dès qu'ils le connurent. M. Colbert,
M.de Seignelay & M.de Croiffy l'honorerent
d'une amitié finguliere. Le Prince
de Condé , & les deux Princes de Conti ,
fes neveux , lui donnerent leur confiance,
& l'admirent à leur familiarité. Le Roy,
même trouva bon que fes Miniftres lui
Fiiij com
2456 MERCURE DE FRANCE
communicaffent certaines affaires , & luf
fent fes Mémoires au Confeil.
En 1689. l'Academie Françoiſe le choifit
pour y remplacer Monfieur Doujat, &
deux ans après , c'est- à- dire en 1691. il fue
reçu à l'Academie des Infcriptions , à la
place de M. Quinault , mort dès l'an
1688.
En 1700. il accompagna à Rome M. le
Cardinal de Noailles , & entra avec lui
dans le Conclave . Clement XI . qui y fur
élu , prévenu depuis long-temps fur fon
mérite , lui donna dès les premiers jours
de fon Pontificat , des marques publiques
de fa confidération : Il l'engagea à refter
à Rome , fept ou huit mois encore après
le départ du Cardinal . Outre les Audiances
réglées qu'il avoit au Palais , Sa Sainteté
ordonna qu'il y fut admis toutes les
fois qu'il le préfenteroit , grace des plus
diftinguées , & qui n'avoit encore été accordée
à aucun François . Il lui donna pendant
fon féjour à Rome un Prieuré en
Bretagne , que l'Abbé Renaudot eut de
la peine à accepter , s'en deffendant fur le
plan de vie qu'il avoit pris. Mais l'empreffement
du Pape , la modicité du revenu
& l'efpece d'ordre qu'il reçut de la
part du Cardinal de Noailles , furmonte--
rent fa délicateffe fur l'acceptation de ce
Benefice.
Lorf
NOVEMBRE . 1730. 2457-
Lorfqu'il fut parti de Rome , le Grand
Duc ayant fçû qu'il prenoit la route de
Florence , envoya fort loin au-devant de
lui , le retint dans fon Palais un mois entier
, pendant lequel il fut reçu à l'Academie
de la Crufca , & après l'avoir char
gé de riches prefents de Litterature , il lui
donna des Félouques pour le ramener à
Marſeille.
4. L'Académie des Infcriptions avoit
éprouvé un grand changement en fon
abfence. Quand il partit, elle n'étoit com--
pofée que de huit perfonnes , dont les
conferences ne demandoient prefque aucune
préparation . A fon retour il trouva
ce nombre augmenté jufqu'à quarante
par le Reglement de 1701. qui donnoit
d'ailleurs une face toute nouvelle aux
exercices de l'Académie. Il fut un des
Anciens qui accepta le plus volontiers la
reforme , & un des plus exacts à en remplir
dans la fuire les devoirs , comme il
paroît par les Mémoires qu'il compoſa
jufqu'à l'année 1711. où il demanda le
Titre de Veteran , pour ne plus s'occuper,,
du moins effentiellement , que des ma
tieres de la Religion ..
Il mourut le Septembre 1720. épuifé
par de violens accès de colique & de fiévre
, qu'il avoit méprifez & même cachez
dans Fy
2458 MERCURE DE FRANCE
dans les commencemens. Il avoit alors
foixante & quatorze ans .
Il étoit d'un jugement net & folide, ſa
critique étoit sûre , exacte & d'un tour
aifé , & naturel , quoique méthodique &
preffante. L'aufterité de fes moeurs , loin
de le fequeftrer de la fociété civile , ne
fervoit qu'à le rendre plus cher & plus
défiré dans celle des gens capables & vertueux.
Il ne fe défendoit pas d'y être le
fléau des Efprits forts , des Eſprits vains ›
& des hypocrites , parce qu'il croyoit
qu'il étoit du bien public de les démafquer;
& perfonne n'étoit plus heureux à
leur appliquer, à chacun dans fon efpece,
ces qualifications , qui peignent les caracteres
d'après nature. Dans le commerce
de l'amitié,il étoit d'une tendreffe & d'une
fidelité à toute épreuve.
Sa piété marquée dans tous fes Ou
vrages , l'étoit encore bien plus dans fa
conduite. Il avoit d'abord eu un appar
tement à S. Denys , & puis à S. Germain
dés Prez , où fuivant les faifons , il ſe retiroit
le Samedy & la veille des grandes
Fêtes ,,
pour y affifter avec les Religieux
aux Offices du jour & de la nuit . Tous
les mois on diftribuoit chez lui des aumônes
confiderables, & perfonellement il ne
refufoit jamais un pauvre, ni ne le laiſſoir
aller fans lui avoir donné ces inftructions
&
NOVEMBRE . 1730. 2455
& ces avis , que les malheureux ne reçoivent
bien que de ceux qui foulagent leur
mifere.
Il a laiffe aux Benedictins de l'Abbaye
de S. Germain des Prez fa Biblioteque
qui étoit de 8 à 9000 volumes , avec les
Ouvrages manufcrits , dont le nombre
paffe de beaucoup celui des imprimez.
Nous venvoyons au mois prochain le Ca-.
talogue de fes Ouvrages , & c.
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Résumé : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres &c. [titre d'après la table]
Le texte présente les 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', un ouvrage de 405 pages publié à Paris en 1730. Cet ouvrage liste 34 savants, dont Eufebe Renaudot est particulièrement mis en avant. Né à Paris le 20 juillet 1646, Renaudot était l'aîné de quatorze enfants. Son père, médecin du Dauphin, mourut en 1679. Renaudot entra au Collège des Jésuites à onze ans, puis au Collège d'Harcourt pour étudier la philosophie. Il se distingua par des thèses en grec et en latin. Renaudot choisit la vie ecclésiastique sans entrer dans les ordres ni prendre de bénéfices. Il se consacra à l'étude approfondie de la théologie et des langues orientales. Grâce à son père, il fréquenta la cour et acquit une politesse rare. Il fut estimé par des personnalités comme le Duc de Montausier, Bossuet, Colbert, et le Roi, qui lui confia certaines affaires. En 1689, il fut élu à l'Académie Française et en 1691 à l'Académie des Inscriptions. En 1700, Renaudot accompagna le Cardinal de Noailles à Rome et fut reçu en audience par le Pape Clément XI. Il reçut un prieuré en Bretagne et fut retenu par le Grand-Duc de Toscane à Florence. À son retour, il trouva l'Académie des Inscriptions réformée et augmentée. Renaudot accepta les réformes et continua ses travaux jusqu'en 1711. Il mourut en septembre 1720 à l'âge de soixante-quatorze ans, après avoir souffert de violentes coliques et fièvres. Renaudot était connu pour son jugement solide et sa critique précise. Sa piété et sa générosité étaient marquées par des aumônes régulières et des instructions aux pauvres. Il légua sa bibliothèque de 8 000 à 9 000 volumes aux Bénédictins de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 2652-2665
Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, &c. [titre d'après la table]
Début :
SECONDE PARTIE de l'Extrait des Mémoires pour servir à l'Histoire des [...]
Mots clefs :
Jugement, Bibliothèque, Ouvrage, Histoire, Relations, Académie, Mémoires, Eusèbe Renaudot
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texteReconnaissance textuelle : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, &c. [titre d'après la table]
ECONDE PARTIE de l'Extrait des
Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des
Hommes Illuftres.
Catalogue des Ouvrages d'Eufebe Renaudot.
1. Il a traduit en Latin dès l'âge de 25 .
I. Vol. ans
DECEMBRE. 1730.. 265 3
ans les Atteftations des Eglifes d'Orient
touchant leur créance fur l'Euchariftie
que M. de Nointel , Ambaffadeur de
France à Conftantinople , envoya à M. de
Pomponne , pour être inferées dans le Livre
de la Perpetuité de la Foi fur l'Euchariftie
, & fa Traduction fe trouve dans
le troifiéme Volume , dans la Préface duquel
M. Arnauld s'exprime ainfi à fon
fujet » Ce feroit tout-à- fait manquer à
»la reconnoiffance & à la juftice , que de .
ne pas rendre un témoignage public
» de l'obligation qu'on a à celui qui a
» rendu ces Actes utiles à l'Eglife par la
» traduction qu'il en a faite , & la peine
qu'il a prife d'extraire lui - même des
>> Livres Orientaux tous les Paffages qui
» font rapportés dans cet Ouvrage . C'eft
» M. l'Abbé Renaudot , dont la modeftie
ne permet pas d'en dire davantage ;
» mais la diverfité de ces Actes & des
>> Livres dont fes Extraits ont été tirés ,
» qui font écrits les uns en Grec vul-
>> gaire , les autres en Arabe , les autres
» en Syriac , les autres en Copte , les autres
en Ethiopien , font affez connoître
>> l'intelligence qu'il a dans toutes ces Lan
» gues.
Défenfe de la Perpetuité de la Foi contre
les calomnies & les fauffetés du Livre
intitulé : Monumens authentiques de la
JVol
Ev Religion
2654 * MERCURE DE FRANCE
Religion des Grecs. Paris 1708. in 8. Jean
Aymon , Auteur des Monumens autentiques
que M. Renaudot entreprend ici
de réfuter , étoit né en Dauphiné ; après
avoir été ordonné Prêtre , il fut Aumônier
d'un Evêque de Maurienne qu'il
fuivit dans un Voyage de Rome où il acquit
un titre de Protonotaire Apoftolique
, & deffervit quelque tems une Cure
de Campagne. Il quitta enfuite Eglife
Romaine pour embraffer le Calviniſme,
& paffa en Hollande , d'où il vint à Paris
en 1705. fous prétexte de rentrer
'dans le fein de l'Eglife ; il s'acquit par fà
de la protection , & eut un libre accès à
la Bibliotheque du Roi , où il avoit la
liberté de parcourir les Manufcrits précieux
qui y font ; mais il ſe ſervit de cette
liberté pour en mutiler quelques- uns ,
& pour voler l'original d'un Synode de
Jerufalem , tenu en 1672. fous le Patriarche
Dofithée , qu'il emporta en Hollande,
& qu'il y fit imprimer en 1708. avec des
Notes de fa façon . Ce Livre tiffu de calomnies
, de raifonnemers abfurdes &
de bévûcs ridicules excita tellement l'indignation
de M.Renaudot, qu'il travailla
auffi- tôt à renverfer ces prétendus Monumens
, ce qu'il exécuta d'une maniere
également folide & fçavante . Le Manuſcrit
volé eft revenu dans la Bibliotheque
1. Vol du
DECEMBRE. 1730. 2655
du Roi , les Etats Generaux l'ayant retiré
de la Bibliotheque de Leyde , ou le
fieur Aymon l'avoit déposé pour le
rendre à fon premier Maître .
3. Gennadii Patriarcha Conftantinopoli
-tani Homilia de Sacramento Euchariftia ,
Meletii Alexandrini , Nectarii Hierofoly
mitani , Meletii Syrigi & aliorum de eodem
argumento Opufcula , gracè & Latinè , feu
Appendix ad Acta , qua circa Græcorum
de Tranfubftantiatione fidem relata funt in
opere de Perpetuitate Fidei. Eufebius Renaudotius
, Parifinus , ex Codd . Mff. edidit
, latinè vertit , Differtationes & Ob
fervationes adjecit. Paris , 1709. in 4.
4. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife
Catholique touchant l'Euchariftie . Tome
-IV. contenant un Examen particulier
de la conformité de la Doctrine des Grecs
& de tous les Chrétiens Orientaux avec
celle de l'Eglife Latine , plufieurs nouveaux
Eclairciffemens touchant les Auteurs
& les faits allegués dans les Volumes
précedens , & la réfutation de tout
ce qui a été objecté contre les Atteftations
& autres Piéces qui y ont été produites.
Paris , 1711. in 4.
5. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife Caª
tholique fur les Sacremens , & fur tous les
autres points de Religion & de Difcipline
que les premiers Réformateurs ont pris pour
I. Vol
5°
· prétexte
2656 MERCURE DE FRANCE
prétexte de leur Schifme , prouvée par le
confentement des Eglifes Orientales . Paris ,
1713. in 4. Il y a beaucoup d'érudition
dans ces deux Volumes .
6. Hiftoria Patriarcharum Alexandrinorum
Facobitarum à D. Marco ufque ad finem
faculi XIII. cum Catalogo fequentium
Patriarcharum , & collectaneis Hiftoricis ad
ultima tempora fpectantibus . Inferuntur multa
ad res Ecclefiafticas Facobitarum Patriarchatus
Antiocheni , Æthiopia , Nubia &
Armeniæ pertinentia. Accedit Epitome Hif
toria Muhamedane ad illuftrandas res
Ægyptiacas ; omnia collecta ex Autoribus
Arabicis , Severo , Epifcopo Afchmonie ,
Michaële , Epifcopo Taneos , Ephrem
filio Zaraa , Abulbircat & aliis Anonimisz
tum ex editis Eutichio , Elmacino , Abulfaragio
, Chronico Orientali , diverfifque
Hiftoria Muhamedana Scriptoribus Arabicis
& Perficis. Paris, 1713. in 8. On n'avoit
encore rien vû de fi exact ni de fr
recherché fur l'Histoire des Patriarches.
Jacobites d'Alexandrie.
7. Liturgiarum Orientalium Collectio
Parifiis, 1716. in 4. 2. tom.C'eft le Recueil
le plus ample qui ait jamais été fait des
Liturgies Orientales à l'ufage des Coptes,
des Jacobites , des Melchites de Syrie &
des Neftoriens . M. Renaudot s'eft contenté
de faire imprimer fa Traduction ,
I. Vol. fans
DECEMBRE 1730. 2657
fans y joindre le Texte original , don't
Pimpreffion auroit demandé une dépenfe
exceffive , & auroit rebuté beaucoup de
gens. Les Differtations qui accompagnent
La Traduction font très fçavantes .
8. Défenfe de l'Hiftoire des Patriarches
d'Alexandrie & de la Collection des Litur
gies Orientales , contre un Ecrit intitulé :
Défenſe de la Mémoire de M. Ludolf.
Paris , 1717. in 12. pp. 193. M. l'Abbé
Renaudot en donnant au Public l'Hif
toire des Patriarches d'Alexandrie & la
Collection des Liturgies Orientales crût
être obligé de réfuter quelques endroits
de l'Hiftoire d'Ethiopie de Ludolf & du
Commentaire que le même Auteur a
publié fur cette Hiftoire. C'est ce qui a
donné lieu au Mémoire inferé dans le
neuviéme Tome du Journal Litteraire ,,
page 217. où l'on prétend défendre Lu
dolf contre les accufations de M. Renaudot.
Ce fçavant Abbé s'y voyant accufe
à fon tour de mauvaiſe foi avec beau
coup de vivacité , publia cet Ouvrage
pour repouffer les attaques de cet Advesfaire
, qui lui a répondu avec la même
vivacité que la premiere fois dans un
Ecrit intitulé Examen défintereffe du
Livre de M. Renaudot , & inferé dans
PEurope Sçavante , Tome 1o. p. 23.1 . &
Tome 11. p . 28 .
I. Vol.
ބ
2658 MERCURE DE FRANCE
9. Anciennes Relations des Indes & de
la Chine , de deux Voyageurs Mahometans
qui y allerent dans le IX. fiecle , traduites
d Arabe , avec des Remarques fur les principaux
endroits de ces Relations . Paris , 1718.
in 8. Ces Relations font fimples & convenables
au tems , où elles ont été écrites.
Leurs Auteurs paroiffent inftruits &
finceres. Les Obfervations de M. Renaudot
les rendent plus inftructives & plus
utiles ; on n'y remarque ni l'aigreur qu'on
lui a reproché dans d'autres Ouvrages ,
ni une profufion exceffive d'érudition
affez ordinaire à ceux qui ont beaucoup
lû & fur- tout des Livres que peu de
perfonnes peuvent lire : c'eft le jugement
qu'on porte de cet Ouvrage dans PEu-
Fope Sçavante , tome 6. p. 95. Mais ce
jugement eft contredit par le Pere de
Prémare , Jefuite , Miffionnaire à la Chine
, qui dans une Lettre inferée dans le
dix- neuvième Recueil des Lettres édifiantes
& curieuſes , écrites des Miffions
Etrangeres par quelques Miffionnaires de
la Compagnie de Jefus , fait voir que
ces Relations font remplies de fables &
de contes , & que M. Renaudot , noncontent
d'adopter toutes les faufletés qu'il
s'eft donné la peine de traduire , eft tombé
lui -même dans une infinité de mépri
fes confiderables dans les Eclairciffemens
qu'il y a ajoûtés.
10.
DECEMBRE. 1730. 2659
10. De l'origine de la Sphere. Cette
Differtation qui fe trouve dans le premier
Tome des Mémoires de l'Académie des
Infcriptions , page 1. a été attaquée par
M. Des Vignoles dans des Remarquesfort
fçavantes , inferées dans le cinquié
meTome de la Bibliotheque Germanique,
page 153.
1. De l'origine des Lettres Grecques?
Les deux Mémoires où M. Renaudot
examine cette matiere,font contenus dans
le fecond Volume de l'Hiftoire de l'Académie
des Inſcriptions , page 246. Il y'
foutient , à l'exemple de Jofeph Jufte
Scaliger , que les Lettres Grecques tirent
feur origine , non point des Egyptiennes
mais des Phéniciennes ou anciennes Hebraïques.
3
12. Eclairciffement fur les Explications
que les Anglois ont données de quelques
Inferiptions de Palmyre & des Remarques
fur une qui fe trouve à Heliopolis de Syrie,
appellée communément Baalbek. Hiftoire de
' Académie des Infcriptions. Tom. 2. p.
-509.
13. Eclairciffement fur le nom de Septimia
qui eft joint à celui de Zenobia fur les Médailles
de cette Princeffe. Ibid. p. 567.
14. Lettre à M. Dacier fur les Verfions
Syriaques & Arabes d'Hippocrate , inferée
dans la Traduction d'Hippocrate par
Dacier
M
DS.
4660 MERCURE DE FRANCE
15. Les Libraires de Paris voyant l'empreffement
avec lequel on recherchoit le
Dictionnaire de M. Bayle , lorfqu'il parût
pour la premiere fois , formerent le deffein
de le réimprimer , & s'addrefferent
à M. le Chancelier pour avoir un pri
vilege ; M. le Chancelier ordonna à
M. l'Abbé Renaudot d'examiner l'Ouvrage
, pour voir s'il n'y avoit rien contre
la France ou contre la Religion , & M.
Renaudot dreffa un Mémoire où il en
donna une idée très défavantageuſe. Ce
Mémoire étant tombé entre les mains de
M. Jurieu , qui haïffoit M. Bayle , il le
fit imprimer avec quelques Extraits de
Lettres anonymes fur le même fujet , &
y ajoûta des Remarques fort vives ; le
tout parut fous le titre de fugement du
Public, & particulierement de M. l'Abbé
Renaudot fur le Dictionnaire Critique du
Sieur Bayle. Rotterdam, 1697. in 4. pp. 47.
M. Bayle y répondit par un Ecrit inti
tulé : Réflexions fur un Imprimé qui a pour
titre Jugement du Public &c. in 4. pp.
16. Il fut réfuté à fon tour par M. Jurieu
dans une Lettre fur les Réflexions
publiées contre le Jugement du Public
fur le Dictionnaire du ficur Bayle , in 44
pp. 16.
M. Bayle marque dans fa Lettre 2307
à M. Des Maizeaux que M. de Witt +
I. Vola
grand
DECEMBRE. 1730. 2661
à
grand ami de l'Abbé Renaudot , ayant
reçû une de ſes Lettres , où il lui marquoit
qu'il n'entroit qu'avec regret dans
des démêlés de cette nature , & qu'il
haïffoit naturellement les guerres Litte
raires , ménagea la paix entr'eux , & l'engagea
mettre tout en oubli , ce qui
fit qu'il ne dit pas un mot de leur differend
dans la feconde Edition de fon
Dictionnaire. D'un autre côté , M. de
Saint-Evremont compofa une petite Piéce
contre le Jugement de M. Renaudot , où
il le raille affez finement. On la trouve
parmi fes Oeuvres.
16. Il a préfidé pendant plufieurs années
à la compofition des Gazettes qui
doivent leur établiffement à Theophrafte
Renaudot , fon ayeul , lequel en fit en
1631. agréer le projet au Cardinal de
Richelieu , & dont il a eu le privilege
après fon pere.
Voyez fon Eloge par M. de Boze daus
Hiftoire de l'Académie des Infcriptions
tome 5. p. 384.
Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des
Hommes Illuftres.
Catalogue des Ouvrages d'Eufebe Renaudot.
1. Il a traduit en Latin dès l'âge de 25 .
I. Vol. ans
DECEMBRE. 1730.. 265 3
ans les Atteftations des Eglifes d'Orient
touchant leur créance fur l'Euchariftie
que M. de Nointel , Ambaffadeur de
France à Conftantinople , envoya à M. de
Pomponne , pour être inferées dans le Livre
de la Perpetuité de la Foi fur l'Euchariftie
, & fa Traduction fe trouve dans
le troifiéme Volume , dans la Préface duquel
M. Arnauld s'exprime ainfi à fon
fujet » Ce feroit tout-à- fait manquer à
»la reconnoiffance & à la juftice , que de .
ne pas rendre un témoignage public
» de l'obligation qu'on a à celui qui a
» rendu ces Actes utiles à l'Eglife par la
» traduction qu'il en a faite , & la peine
qu'il a prife d'extraire lui - même des
>> Livres Orientaux tous les Paffages qui
» font rapportés dans cet Ouvrage . C'eft
» M. l'Abbé Renaudot , dont la modeftie
ne permet pas d'en dire davantage ;
» mais la diverfité de ces Actes & des
>> Livres dont fes Extraits ont été tirés ,
» qui font écrits les uns en Grec vul-
>> gaire , les autres en Arabe , les autres
» en Syriac , les autres en Copte , les autres
en Ethiopien , font affez connoître
>> l'intelligence qu'il a dans toutes ces Lan
» gues.
Défenfe de la Perpetuité de la Foi contre
les calomnies & les fauffetés du Livre
intitulé : Monumens authentiques de la
JVol
Ev Religion
2654 * MERCURE DE FRANCE
Religion des Grecs. Paris 1708. in 8. Jean
Aymon , Auteur des Monumens autentiques
que M. Renaudot entreprend ici
de réfuter , étoit né en Dauphiné ; après
avoir été ordonné Prêtre , il fut Aumônier
d'un Evêque de Maurienne qu'il
fuivit dans un Voyage de Rome où il acquit
un titre de Protonotaire Apoftolique
, & deffervit quelque tems une Cure
de Campagne. Il quitta enfuite Eglife
Romaine pour embraffer le Calviniſme,
& paffa en Hollande , d'où il vint à Paris
en 1705. fous prétexte de rentrer
'dans le fein de l'Eglife ; il s'acquit par fà
de la protection , & eut un libre accès à
la Bibliotheque du Roi , où il avoit la
liberté de parcourir les Manufcrits précieux
qui y font ; mais il ſe ſervit de cette
liberté pour en mutiler quelques- uns ,
& pour voler l'original d'un Synode de
Jerufalem , tenu en 1672. fous le Patriarche
Dofithée , qu'il emporta en Hollande,
& qu'il y fit imprimer en 1708. avec des
Notes de fa façon . Ce Livre tiffu de calomnies
, de raifonnemers abfurdes &
de bévûcs ridicules excita tellement l'indignation
de M.Renaudot, qu'il travailla
auffi- tôt à renverfer ces prétendus Monumens
, ce qu'il exécuta d'une maniere
également folide & fçavante . Le Manuſcrit
volé eft revenu dans la Bibliotheque
1. Vol du
DECEMBRE. 1730. 2655
du Roi , les Etats Generaux l'ayant retiré
de la Bibliotheque de Leyde , ou le
fieur Aymon l'avoit déposé pour le
rendre à fon premier Maître .
3. Gennadii Patriarcha Conftantinopoli
-tani Homilia de Sacramento Euchariftia ,
Meletii Alexandrini , Nectarii Hierofoly
mitani , Meletii Syrigi & aliorum de eodem
argumento Opufcula , gracè & Latinè , feu
Appendix ad Acta , qua circa Græcorum
de Tranfubftantiatione fidem relata funt in
opere de Perpetuitate Fidei. Eufebius Renaudotius
, Parifinus , ex Codd . Mff. edidit
, latinè vertit , Differtationes & Ob
fervationes adjecit. Paris , 1709. in 4.
4. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife
Catholique touchant l'Euchariftie . Tome
-IV. contenant un Examen particulier
de la conformité de la Doctrine des Grecs
& de tous les Chrétiens Orientaux avec
celle de l'Eglife Latine , plufieurs nouveaux
Eclairciffemens touchant les Auteurs
& les faits allegués dans les Volumes
précedens , & la réfutation de tout
ce qui a été objecté contre les Atteftations
& autres Piéces qui y ont été produites.
Paris , 1711. in 4.
5. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife Caª
tholique fur les Sacremens , & fur tous les
autres points de Religion & de Difcipline
que les premiers Réformateurs ont pris pour
I. Vol
5°
· prétexte
2656 MERCURE DE FRANCE
prétexte de leur Schifme , prouvée par le
confentement des Eglifes Orientales . Paris ,
1713. in 4. Il y a beaucoup d'érudition
dans ces deux Volumes .
6. Hiftoria Patriarcharum Alexandrinorum
Facobitarum à D. Marco ufque ad finem
faculi XIII. cum Catalogo fequentium
Patriarcharum , & collectaneis Hiftoricis ad
ultima tempora fpectantibus . Inferuntur multa
ad res Ecclefiafticas Facobitarum Patriarchatus
Antiocheni , Æthiopia , Nubia &
Armeniæ pertinentia. Accedit Epitome Hif
toria Muhamedane ad illuftrandas res
Ægyptiacas ; omnia collecta ex Autoribus
Arabicis , Severo , Epifcopo Afchmonie ,
Michaële , Epifcopo Taneos , Ephrem
filio Zaraa , Abulbircat & aliis Anonimisz
tum ex editis Eutichio , Elmacino , Abulfaragio
, Chronico Orientali , diverfifque
Hiftoria Muhamedana Scriptoribus Arabicis
& Perficis. Paris, 1713. in 8. On n'avoit
encore rien vû de fi exact ni de fr
recherché fur l'Histoire des Patriarches.
Jacobites d'Alexandrie.
7. Liturgiarum Orientalium Collectio
Parifiis, 1716. in 4. 2. tom.C'eft le Recueil
le plus ample qui ait jamais été fait des
Liturgies Orientales à l'ufage des Coptes,
des Jacobites , des Melchites de Syrie &
des Neftoriens . M. Renaudot s'eft contenté
de faire imprimer fa Traduction ,
I. Vol. fans
DECEMBRE 1730. 2657
fans y joindre le Texte original , don't
Pimpreffion auroit demandé une dépenfe
exceffive , & auroit rebuté beaucoup de
gens. Les Differtations qui accompagnent
La Traduction font très fçavantes .
8. Défenfe de l'Hiftoire des Patriarches
d'Alexandrie & de la Collection des Litur
gies Orientales , contre un Ecrit intitulé :
Défenſe de la Mémoire de M. Ludolf.
Paris , 1717. in 12. pp. 193. M. l'Abbé
Renaudot en donnant au Public l'Hif
toire des Patriarches d'Alexandrie & la
Collection des Liturgies Orientales crût
être obligé de réfuter quelques endroits
de l'Hiftoire d'Ethiopie de Ludolf & du
Commentaire que le même Auteur a
publié fur cette Hiftoire. C'est ce qui a
donné lieu au Mémoire inferé dans le
neuviéme Tome du Journal Litteraire ,,
page 217. où l'on prétend défendre Lu
dolf contre les accufations de M. Renaudot.
Ce fçavant Abbé s'y voyant accufe
à fon tour de mauvaiſe foi avec beau
coup de vivacité , publia cet Ouvrage
pour repouffer les attaques de cet Advesfaire
, qui lui a répondu avec la même
vivacité que la premiere fois dans un
Ecrit intitulé Examen défintereffe du
Livre de M. Renaudot , & inferé dans
PEurope Sçavante , Tome 1o. p. 23.1 . &
Tome 11. p . 28 .
I. Vol.
ބ
2658 MERCURE DE FRANCE
9. Anciennes Relations des Indes & de
la Chine , de deux Voyageurs Mahometans
qui y allerent dans le IX. fiecle , traduites
d Arabe , avec des Remarques fur les principaux
endroits de ces Relations . Paris , 1718.
in 8. Ces Relations font fimples & convenables
au tems , où elles ont été écrites.
Leurs Auteurs paroiffent inftruits &
finceres. Les Obfervations de M. Renaudot
les rendent plus inftructives & plus
utiles ; on n'y remarque ni l'aigreur qu'on
lui a reproché dans d'autres Ouvrages ,
ni une profufion exceffive d'érudition
affez ordinaire à ceux qui ont beaucoup
lû & fur- tout des Livres que peu de
perfonnes peuvent lire : c'eft le jugement
qu'on porte de cet Ouvrage dans PEu-
Fope Sçavante , tome 6. p. 95. Mais ce
jugement eft contredit par le Pere de
Prémare , Jefuite , Miffionnaire à la Chine
, qui dans une Lettre inferée dans le
dix- neuvième Recueil des Lettres édifiantes
& curieuſes , écrites des Miffions
Etrangeres par quelques Miffionnaires de
la Compagnie de Jefus , fait voir que
ces Relations font remplies de fables &
de contes , & que M. Renaudot , noncontent
d'adopter toutes les faufletés qu'il
s'eft donné la peine de traduire , eft tombé
lui -même dans une infinité de mépri
fes confiderables dans les Eclairciffemens
qu'il y a ajoûtés.
10.
DECEMBRE. 1730. 2659
10. De l'origine de la Sphere. Cette
Differtation qui fe trouve dans le premier
Tome des Mémoires de l'Académie des
Infcriptions , page 1. a été attaquée par
M. Des Vignoles dans des Remarquesfort
fçavantes , inferées dans le cinquié
meTome de la Bibliotheque Germanique,
page 153.
1. De l'origine des Lettres Grecques?
Les deux Mémoires où M. Renaudot
examine cette matiere,font contenus dans
le fecond Volume de l'Hiftoire de l'Académie
des Inſcriptions , page 246. Il y'
foutient , à l'exemple de Jofeph Jufte
Scaliger , que les Lettres Grecques tirent
feur origine , non point des Egyptiennes
mais des Phéniciennes ou anciennes Hebraïques.
3
12. Eclairciffement fur les Explications
que les Anglois ont données de quelques
Inferiptions de Palmyre & des Remarques
fur une qui fe trouve à Heliopolis de Syrie,
appellée communément Baalbek. Hiftoire de
' Académie des Infcriptions. Tom. 2. p.
-509.
13. Eclairciffement fur le nom de Septimia
qui eft joint à celui de Zenobia fur les Médailles
de cette Princeffe. Ibid. p. 567.
14. Lettre à M. Dacier fur les Verfions
Syriaques & Arabes d'Hippocrate , inferée
dans la Traduction d'Hippocrate par
Dacier
M
DS.
4660 MERCURE DE FRANCE
15. Les Libraires de Paris voyant l'empreffement
avec lequel on recherchoit le
Dictionnaire de M. Bayle , lorfqu'il parût
pour la premiere fois , formerent le deffein
de le réimprimer , & s'addrefferent
à M. le Chancelier pour avoir un pri
vilege ; M. le Chancelier ordonna à
M. l'Abbé Renaudot d'examiner l'Ouvrage
, pour voir s'il n'y avoit rien contre
la France ou contre la Religion , & M.
Renaudot dreffa un Mémoire où il en
donna une idée très défavantageuſe. Ce
Mémoire étant tombé entre les mains de
M. Jurieu , qui haïffoit M. Bayle , il le
fit imprimer avec quelques Extraits de
Lettres anonymes fur le même fujet , &
y ajoûta des Remarques fort vives ; le
tout parut fous le titre de fugement du
Public, & particulierement de M. l'Abbé
Renaudot fur le Dictionnaire Critique du
Sieur Bayle. Rotterdam, 1697. in 4. pp. 47.
M. Bayle y répondit par un Ecrit inti
tulé : Réflexions fur un Imprimé qui a pour
titre Jugement du Public &c. in 4. pp.
16. Il fut réfuté à fon tour par M. Jurieu
dans une Lettre fur les Réflexions
publiées contre le Jugement du Public
fur le Dictionnaire du ficur Bayle , in 44
pp. 16.
M. Bayle marque dans fa Lettre 2307
à M. Des Maizeaux que M. de Witt +
I. Vola
grand
DECEMBRE. 1730. 2661
à
grand ami de l'Abbé Renaudot , ayant
reçû une de ſes Lettres , où il lui marquoit
qu'il n'entroit qu'avec regret dans
des démêlés de cette nature , & qu'il
haïffoit naturellement les guerres Litte
raires , ménagea la paix entr'eux , & l'engagea
mettre tout en oubli , ce qui
fit qu'il ne dit pas un mot de leur differend
dans la feconde Edition de fon
Dictionnaire. D'un autre côté , M. de
Saint-Evremont compofa une petite Piéce
contre le Jugement de M. Renaudot , où
il le raille affez finement. On la trouve
parmi fes Oeuvres.
16. Il a préfidé pendant plufieurs années
à la compofition des Gazettes qui
doivent leur établiffement à Theophrafte
Renaudot , fon ayeul , lequel en fit en
1631. agréer le projet au Cardinal de
Richelieu , & dont il a eu le privilege
après fon pere.
Voyez fon Eloge par M. de Boze daus
Hiftoire de l'Académie des Infcriptions
tome 5. p. 384.
Fermer
Résumé : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un catalogue des œuvres d'Eusèbe Renaudot, un érudit du XVIIIe siècle. Renaudot a traduit en latin les attestations des Églises d'Orient sur l'Eucharistie, envoyées par l'ambassadeur de France à Constantinople, M. de Nointel, à M. de Pomponne. Cette traduction, publiée dans le troisième volume de la 'Perpetuité de la Foi', a été saluée par M. Arnauld pour son utilité et la diversité des langues maîtrisées par Renaudot, incluant le grec, l'arabe, le syriaque, le copte et l'éthiopien. Renaudot a également écrit une défense contre les calomnies et les faussetés du livre 'Monumens authentiques de la Religion des Grecs' de Jean Aymon. Aymon, après avoir été prêtre et protonotaire apostolique, s'était converti au calvinisme et avait volé des manuscrits précieux de la Bibliothèque du Roi, notamment un synode de Jérusalem de 1672. Renaudot a réfuté les prétendus monuments d'Aymon et a contribué à la restitution du manuscrit volé. Parmi les autres œuvres de Renaudot figurent des homélies et des opuscules sur l'Eucharistie, des examens de la conformité des doctrines des Grecs et des Chrétiens orientaux avec celle de l'Église latine, et une histoire des patriarches jacobites d'Alexandrie. Il a également compilé une collection de liturgies orientales et traduit des relations anciennes des Indes et de la Chine. Renaudot a été impliqué dans des controverses littéraires, notamment avec Pierre Bayle et Jacques Jurieu, concernant le 'Dictionnaire Critique' de Bayle. Il a présidé à la composition des gazettes fondées par son aïeul, Théophraste Renaudot, et a été honoré par un éloge dans l'Histoire de l'Académie des Inscriptions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 165-171
« Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
Début :
Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...]
Mots clefs :
Cour, Roi, Reine, Messe, Chapelle, Chevaliers, Marquis, Ordre, Prélat, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
2.
E de Janvier , les Princes et Princesses
du Sang , et les Seigneurs et
Dames de la Cour eurent l'honneur de
complimenter le Roy et la Reine sur la
nouvelle année .
Les Prevot des Marchands et Echevins,
accompagnez des autres Officiers du
Corps de Ville , rendirent à cette occasion
leurs respects à L. M. à Monseigneur
le Dauphin , à Monseign . le Duc
d'Anjou , et à Mesdames de France.
Le même jour , les Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre du S.Esprit
, s'étant rendus dans le Cabinet du
Rey , pour l'accompagner à la Messe ;
S. M. tint Chapitre , et proposa pour être
Chevaliers de cet Ordre , le Duc de
Duras , le Duc de Lévy , le Prince de
Tingry , le Comte de Broglio , Ambassadeur
du Roy en Angleterre , le Comte
de Chatillon , le Marquis de Beringhen
premier Ecuyer , le Comte de Rottembourg
, Ambassadeur Extraordinaire du
Roy en Espagne , et le Marquis de la
Fare. Lorsque le Roy en eût signé le
R v Rôle
166 MERCURE DE FRANCE
Rôle , il le remit au Marquis de Breteuil,
Commandeur , Prevôt et Maître des Céremonies
de l'Ordre , qui sortit du Cabinet
pour le faire proclamer par le Hérault.
S. M. se rendit ensuite à la Chapelle
du Château de Versailles , étant précédée
du Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon ,
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Duc du Maine , du Pr . de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre . Le Roy ,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoient
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers. S.M.après
avoir assisté à la grande Messe , qui fut
célébrée par l'Abbé Tesnieres, Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique , fut
reconduit dans son appartement , dans lẹ
même ordre qui avoit été observé en allant
à la Chapelle .
La Reine accompagnée des Dames de
sa Cour , entendit la Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent les
Vêpres , chantées par la Musique,
Le 3. la Reine communia dans la Chapelle
du Château , par les mains du Cardinal
de Fleury , son Grand Aumônier.
Le
JANVIER. 1731. 167
44
mé
Le six , le Pere Boyer , Théatin , nompar
le Roy à l'Evêché de Mirepoix
, fut sacré dans l'Eglise des Minimes
de la Place Royale, par l'Archevêque
de Rouen , assisté des Evêques de Laon et
de Tarbes. Le 12 , ce nouveau Prélat prêta
serment de fidelité entre les mains du
Roy.
Le7 , le Roy et la Reine partirent de
Versailles , pour aller coucher au Château
de Marly , d'où L. M. revinrent à Versailles
le 27. Elles retournerent à Marly
le 3 Février.
Le 14 , l'Abbé de Besons , nommé par
le Roy à l'Evêché de Carcassonne , fut
sacré dans l'Eglise des Théatins , par l'Evêque
Comte de Châlons , assisté de l'Evêque
de Tarbes et de l'Evêque Comte
de Beauvais. Le 21 , il prêta serment de
fidelité entre les mains du Roy.
Le 25 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoutu
mée , à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste
des Num, des Actions et dixième d'Ac-.
tions qui doivent être remboursez , a été
rendue publique , faisant en tout le nom ,
bre de trois cens Actions .
H vj Le
168 MER CURE DE FRANCE
Le 28. l'Abbé de Vaugiraud , ' nommé
par le Roi à l'Evêché d'Angers , fut
sacré dans la Chapelle du Séminaire de
S. Sulpice par l'Evêque de Soissons
nommé à l'Archevêché de Sens , assisté
de l'Evêque Titulaire d'Europée et de
PEvêque de Tarbes. Il prêta serment de
fidelité le 30. entre les mains du Roi.
"
Le 3. de ce mois , il y eut Concert François
au Château des Thuilleries , M. Mouret
fit chanter un Divertissement de sa
composition , qui a pour titre : La Beauté
couronnée. Il fut suivi d'une suite de simphonie
Françoise très bien executée . La
Dile Le Maure chanta la Cantate de Zephire
et Flore , et la De Petitpas la Cantatille
d'Endimion. Le Concert fut terminé
par le Motet Lauda Jerusalem , mis
en Musique par l'Abbé Gaveau.
, Le to. le Sr Toscano Italien , habile
Joueur de Violon , executa un Concerto
qui fut très applaudi. Il y a eu pendant
ce mois Concert tous les Mercredis ; on
y a chanté differens Divertissemens qui
ont toujours été terminés par un Motet
de M. de la Lande.
Le Roi a donné la place de Conseiller
Etat ordinaire , vacante par la mort de
M. Ferrand , à M. d'Harlai , Intendant
da
JANVIER. 1731 . 16.9
de la Generalité de Paris , et S. M. a
nommé Conseiller d'Etat M. Orry , Con
trôleur General des Finances.
On écrit de Tours que l'Académie de
Musique qui y est établie se soutient avec
tant d'émulation , qu'il n'y a plus de place
pour ceux qui désirent s'y agréger . Les
Dames et les Demoiselles de cette Ville
se font un plaisir d'y chanter et concou
rent à l'envi à un divertissement si noble.
Quatre jeunes Académiciens voulurent le
30. de ce mois signaler leur reconnoissance
par un Bal de nuit ; ils choisirent pour
le donner la Sale même du Concert , où
elles avoient merité pendant toute l'année
des applaudissemens toujours nouveaux.
Cette Sale fut ornée des plus beaux
meubles ; toutes les personnes distinguées
de la Ville et des environs furent invitées .
Les Portraits du Roi et de la Reine , placés
dans les endroits les plus éminens
imprimerent le respect et redoublerent
La joye ; neuf grands lustres éclairoient
moins que les autres illuminations qui
furent variées de toutes parts avec autant
de goût que de profusion ; la Cour et la
Façade du Bâtiment étoient ornées de
lampions er de terrines qui produisoient
un très bel effet . Des vins , des liqueurs
et des rafraîchissemens de toute espece
accom
170 MERCURE DE FRANCE ..
accompagnoient les fruits prodigués com- ,
me ils devoient l'être dans le Jardin de
la France ; mais ce qui flatta le plus la
Jeunesse Académicienne qui fit trèsgalament
les honneurs du Bal , c'est la
politesse , la tranquilité et l'ordre avec
lequel il fut executé. Cette Fête brillante ,
qui dura jusqu'à 9. heures du matin , a
reçu tous les applaudissemens qu'elle mérite.
Le Public a été mal informé par les
bruits qui ont couru au sujet de la maladie
dont la Communauté des Religieuses
de l'Abbaye Royale de Montmartre
a été affligée . Il y est mort au commencement
de l'année huit Religieuses du
même mal qui commençoit par un grand
accablement , la fievre et une douleur sous
la mamelle droite , ce qui étoit suivi
d'un crachement de sang qui duroit douze
heures ; ensuite les crachats devenoient
rouillés , la tête lourde et peu doulou-,
reuse , avec un dévoyement. M. Silva y
ayant été envoyé par ordre du Roi , il
reconnut que le fond de la maladie étoit
une fievre maligne , provenant principalement
des mauvaises nourritures , et
en ayant informé la Cour , S. M. toujours
attentive au bien de ses Sujets , a
ouvert sur ce pieux Monastere ses mains
bien
JANVIER. 171 1731.
bien faisantes , et la maladie a cessé.
Le Marquis de Lyonne , incommodé
d'une loupe au bras droit , se mit le mois
passé entre les mains d'un Maréchal ferrand
qu'on lui avoit vanté pour ces sortes
de cures. L'Operateur employa d'abord
des fondans qui ne firent qu'irriter
la tumeur ; les caustiques qu'il appliqua
ensuite réduisirent le malade , après des
douleurs excessives , à la derniere extremité.
Alors on manda le S Faget , Chirurgien
Juré , et de S. A. S. Madame la
Duchesse Doüairiere , qui ayant appellé
les Sr Sylva , Petit et Duphénix , qui virent
l'état déplorable du bras et de la
playe où la gangrene se découvroit avec
tous ses simptômes les plus fâcheux . Dans
le moment le S Faget , du commun avis,
ouvrit le bras depuis la partie supérieure
jusqu'au pli , détacha la tumeur qui pesoit
deux livres , et l'enleva ; l'opération
dura deux minutes. La vigilance de ces
Mrs , secondée du courage et du temperament
du malade font esperer une par
faite guerison..
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
2.
E de Janvier , les Princes et Princesses
du Sang , et les Seigneurs et
Dames de la Cour eurent l'honneur de
complimenter le Roy et la Reine sur la
nouvelle année .
Les Prevot des Marchands et Echevins,
accompagnez des autres Officiers du
Corps de Ville , rendirent à cette occasion
leurs respects à L. M. à Monseigneur
le Dauphin , à Monseign . le Duc
d'Anjou , et à Mesdames de France.
Le même jour , les Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre du S.Esprit
, s'étant rendus dans le Cabinet du
Rey , pour l'accompagner à la Messe ;
S. M. tint Chapitre , et proposa pour être
Chevaliers de cet Ordre , le Duc de
Duras , le Duc de Lévy , le Prince de
Tingry , le Comte de Broglio , Ambassadeur
du Roy en Angleterre , le Comte
de Chatillon , le Marquis de Beringhen
premier Ecuyer , le Comte de Rottembourg
, Ambassadeur Extraordinaire du
Roy en Espagne , et le Marquis de la
Fare. Lorsque le Roy en eût signé le
R v Rôle
166 MERCURE DE FRANCE
Rôle , il le remit au Marquis de Breteuil,
Commandeur , Prevôt et Maître des Céremonies
de l'Ordre , qui sortit du Cabinet
pour le faire proclamer par le Hérault.
S. M. se rendit ensuite à la Chapelle
du Château de Versailles , étant précédée
du Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon ,
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Duc du Maine , du Pr . de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre . Le Roy ,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoient
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers. S.M.après
avoir assisté à la grande Messe , qui fut
célébrée par l'Abbé Tesnieres, Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique , fut
reconduit dans son appartement , dans lẹ
même ordre qui avoit été observé en allant
à la Chapelle .
La Reine accompagnée des Dames de
sa Cour , entendit la Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent les
Vêpres , chantées par la Musique,
Le 3. la Reine communia dans la Chapelle
du Château , par les mains du Cardinal
de Fleury , son Grand Aumônier.
Le
JANVIER. 1731. 167
44
mé
Le six , le Pere Boyer , Théatin , nompar
le Roy à l'Evêché de Mirepoix
, fut sacré dans l'Eglise des Minimes
de la Place Royale, par l'Archevêque
de Rouen , assisté des Evêques de Laon et
de Tarbes. Le 12 , ce nouveau Prélat prêta
serment de fidelité entre les mains du
Roy.
Le7 , le Roy et la Reine partirent de
Versailles , pour aller coucher au Château
de Marly , d'où L. M. revinrent à Versailles
le 27. Elles retournerent à Marly
le 3 Février.
Le 14 , l'Abbé de Besons , nommé par
le Roy à l'Evêché de Carcassonne , fut
sacré dans l'Eglise des Théatins , par l'Evêque
Comte de Châlons , assisté de l'Evêque
de Tarbes et de l'Evêque Comte
de Beauvais. Le 21 , il prêta serment de
fidelité entre les mains du Roy.
Le 25 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoutu
mée , à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste
des Num, des Actions et dixième d'Ac-.
tions qui doivent être remboursez , a été
rendue publique , faisant en tout le nom ,
bre de trois cens Actions .
H vj Le
168 MER CURE DE FRANCE
Le 28. l'Abbé de Vaugiraud , ' nommé
par le Roi à l'Evêché d'Angers , fut
sacré dans la Chapelle du Séminaire de
S. Sulpice par l'Evêque de Soissons
nommé à l'Archevêché de Sens , assisté
de l'Evêque Titulaire d'Europée et de
PEvêque de Tarbes. Il prêta serment de
fidelité le 30. entre les mains du Roi.
"
Le 3. de ce mois , il y eut Concert François
au Château des Thuilleries , M. Mouret
fit chanter un Divertissement de sa
composition , qui a pour titre : La Beauté
couronnée. Il fut suivi d'une suite de simphonie
Françoise très bien executée . La
Dile Le Maure chanta la Cantate de Zephire
et Flore , et la De Petitpas la Cantatille
d'Endimion. Le Concert fut terminé
par le Motet Lauda Jerusalem , mis
en Musique par l'Abbé Gaveau.
, Le to. le Sr Toscano Italien , habile
Joueur de Violon , executa un Concerto
qui fut très applaudi. Il y a eu pendant
ce mois Concert tous les Mercredis ; on
y a chanté differens Divertissemens qui
ont toujours été terminés par un Motet
de M. de la Lande.
Le Roi a donné la place de Conseiller
Etat ordinaire , vacante par la mort de
M. Ferrand , à M. d'Harlai , Intendant
da
JANVIER. 1731 . 16.9
de la Generalité de Paris , et S. M. a
nommé Conseiller d'Etat M. Orry , Con
trôleur General des Finances.
On écrit de Tours que l'Académie de
Musique qui y est établie se soutient avec
tant d'émulation , qu'il n'y a plus de place
pour ceux qui désirent s'y agréger . Les
Dames et les Demoiselles de cette Ville
se font un plaisir d'y chanter et concou
rent à l'envi à un divertissement si noble.
Quatre jeunes Académiciens voulurent le
30. de ce mois signaler leur reconnoissance
par un Bal de nuit ; ils choisirent pour
le donner la Sale même du Concert , où
elles avoient merité pendant toute l'année
des applaudissemens toujours nouveaux.
Cette Sale fut ornée des plus beaux
meubles ; toutes les personnes distinguées
de la Ville et des environs furent invitées .
Les Portraits du Roi et de la Reine , placés
dans les endroits les plus éminens
imprimerent le respect et redoublerent
La joye ; neuf grands lustres éclairoient
moins que les autres illuminations qui
furent variées de toutes parts avec autant
de goût que de profusion ; la Cour et la
Façade du Bâtiment étoient ornées de
lampions er de terrines qui produisoient
un très bel effet . Des vins , des liqueurs
et des rafraîchissemens de toute espece
accom
170 MERCURE DE FRANCE ..
accompagnoient les fruits prodigués com- ,
me ils devoient l'être dans le Jardin de
la France ; mais ce qui flatta le plus la
Jeunesse Académicienne qui fit trèsgalament
les honneurs du Bal , c'est la
politesse , la tranquilité et l'ordre avec
lequel il fut executé. Cette Fête brillante ,
qui dura jusqu'à 9. heures du matin , a
reçu tous les applaudissemens qu'elle mérite.
Le Public a été mal informé par les
bruits qui ont couru au sujet de la maladie
dont la Communauté des Religieuses
de l'Abbaye Royale de Montmartre
a été affligée . Il y est mort au commencement
de l'année huit Religieuses du
même mal qui commençoit par un grand
accablement , la fievre et une douleur sous
la mamelle droite , ce qui étoit suivi
d'un crachement de sang qui duroit douze
heures ; ensuite les crachats devenoient
rouillés , la tête lourde et peu doulou-,
reuse , avec un dévoyement. M. Silva y
ayant été envoyé par ordre du Roi , il
reconnut que le fond de la maladie étoit
une fievre maligne , provenant principalement
des mauvaises nourritures , et
en ayant informé la Cour , S. M. toujours
attentive au bien de ses Sujets , a
ouvert sur ce pieux Monastere ses mains
bien
JANVIER. 171 1731.
bien faisantes , et la maladie a cessé.
Le Marquis de Lyonne , incommodé
d'une loupe au bras droit , se mit le mois
passé entre les mains d'un Maréchal ferrand
qu'on lui avoit vanté pour ces sortes
de cures. L'Operateur employa d'abord
des fondans qui ne firent qu'irriter
la tumeur ; les caustiques qu'il appliqua
ensuite réduisirent le malade , après des
douleurs excessives , à la derniere extremité.
Alors on manda le S Faget , Chirurgien
Juré , et de S. A. S. Madame la
Duchesse Doüairiere , qui ayant appellé
les Sr Sylva , Petit et Duphénix , qui virent
l'état déplorable du bras et de la
playe où la gangrene se découvroit avec
tous ses simptômes les plus fâcheux . Dans
le moment le S Faget , du commun avis,
ouvrit le bras depuis la partie supérieure
jusqu'au pli , détacha la tumeur qui pesoit
deux livres , et l'enleva ; l'opération
dura deux minutes. La vigilance de ces
Mrs , secondée du courage et du temperament
du malade font esperer une par
faite guerison..
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Résumé : « Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
En janvier 1731, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour. Le 2 janvier, les membres de la cour, les Prévôt des Marchands et Échevins, ainsi que les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit rendirent hommage au Roi et à la Reine. Le Roi proposa sept nouveaux Chevaliers pour cet Ordre, dont le Duc de Duras, le Duc de Lévy et le Comte de Broglio. Après la Messe, célébrée par l'Abbé Tesnières, le Roi retourna dans son appartement, tandis que la Reine écouta la Messe dans sa Tribune. L'après-midi, le Roi écouta les Vêpres chantées par la Musique. Le 3 janvier, la Reine communia dans la Chapelle du Château. Le 6 janvier, le Père Boyer fut sacré Évêque de Mirepoix et prêta serment de fidélité au Roi le 12 janvier. Le 7 janvier, le Roi et la Reine se rendirent au Château de Marly, où ils revinrent le 27 janvier. Le 3 février, ils retournèrent à Marly. Le 14 janvier, l'Abbé de Besons fut sacré Évêque de Carcassonne et prêta serment le 21 janvier. Le 25 janvier, la Lotterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, remboursant trois cents actions. Le 28 janvier, l'Abbé de Vaugiraud fut sacré Évêque d'Angers et prêta serment le 30 janvier. Des concerts eurent lieu au Château des Tuileries, avec des œuvres de M. Mouret et de l'Abbé Gaveau, et le Sr Toscano exécuta un concerto. Des concerts se tinrent également tous les mercredis du mois. Le Roi nomma M. d'Harlay Conseiller d'État ordinaire et M. Orry Contrôleur Général des Finances. À Tours, l'Académie de Musique connut un grand succès avec des concerts et un bal organisé par des Académiciens le 30 janvier. La Communauté des Religieuses de l'Abbaye Royale de Montmartre fut affectée par une maladie due à de mauvaises nourritures, et le Roi intervint pour améliorer leur situation. Le Marquis de Lyonne subit une opération réussie pour enlever une tumeur au bras.
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17
p. 753-755
Rentrée des Académies.
Début :
MR l'Abbé Bannier, Directeur de l'Académie des Inscriptions [...]
Mots clefs :
Académie, Belles-lettres, Inscriptions, Dissertation, Conquête, Sciences, Géographie, Prix, Mémoire, Chirurgie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Rentrée des Académies.
Rentrée des Academies.
l'Abbé Bannier , Directeur de l'Acadé-
Mimie des Inscriptions et Belles - Lettres , présida
à l'Assemblée publique qui se tient à l'ordinaire
au Louvre , le Mardi 3. Avril .
La Seance commença par la lecture d'une Dissertation
de M. de Chamborty sur la Vie et sur la
Famille de Labienus , l'un des Lieutenans Geneneraux
de Cesar , et celui qui eut le plus de part
F v
754 MERCURE DE FRANCE
à la Conquête des Gaules , dans laquelle il com→
mandoit l'Armée Romaine , sous les ordres de
Cesar. Cette Dissertation fut suivie d'une autre
de M. Bonami , sur le Musaum et sur la Bibliotheque
d'Alexandrie. Ce Museum étoit un espece
de College ou Académie de Gens de Lettre , rassemblez
de toutes les parties de la Grece , par les
soins de Ptolemée , Fondateur du Royaume d'E→
gypte.
La Séance fut terminée par la lecture que fir
M. l'Abbé Fourmont , de la Relation du Voyage
qu'il a fait dans la Grece , par l'ordre du Roi.
Comme il a parcouru avec soin et en homme de
Lettre l'Attique , l'Argolide , la Messenie et le
Pays de Lacedemone , il en a rapporté un trèsgrand
nombre d'Inscriptions qu'il a déterrées
lui-même , et dont le Recueil sera très - interes
cant pour la République des Lettres.
Le Mercredy 19. Avril , l'Académie Royale des
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
présida M. d'Argenson . M. de Fontenelle ouvrit
la Seance par déclarer que la Piece qui a remporté
le Prix de cette année , est celle de M. Bouguer,
Professeur d'Hydrographie.
M. de Fontenelle lût ensuite l'Eloge de M Géofroy
, Pensionnaire Chimiste , mort dans le dernier
semestre. M. Petit , le Chirurgien , lût après
gela une Dissertation sur les differens moyens
que la Chirurgie a employez jusqu'à present pour
arrêter les Emorragies dans les grandes emputa
tions ; ces moyens sont les Stiptiques , les Escarotiques
, les Caustiques et la compression ; il
préfère à toutes les autres cette derniere qu'il a
perfectionnée,en inventant un Instrument qui sert
de bandage , et dont il donne la description.
M. Buache lût ensuite une Dssertation qui a
pour
AVRIL: 1731. 755
pour titre , Recherches Géographiques sur l'étendue
de l'Empire d'Alexandre et sur les routes
parcourues par ce Prince dans ses differentes Expeditions
, pour servir à la Carte de cet Empire ,
dressée à l'usage du Roi , par feu M. de Lisle.
M. Morand finit la Séance par la lecture d'un'
Memoire sur la maniere de faire l'operation de là
Taille , pratiquée anciennement par Frere Jac
ques , et depuis quelques années rétablie et perfectionnée
par M. Cheselden , celebre Chirurgien-
Anglois , et par M. Morand à Paris , qui depuis
D8. mois la pratique avec grand succès.
On donnera des Extraits de ces Memoires.
l'Abbé Bannier , Directeur de l'Acadé-
Mimie des Inscriptions et Belles - Lettres , présida
à l'Assemblée publique qui se tient à l'ordinaire
au Louvre , le Mardi 3. Avril .
La Seance commença par la lecture d'une Dissertation
de M. de Chamborty sur la Vie et sur la
Famille de Labienus , l'un des Lieutenans Geneneraux
de Cesar , et celui qui eut le plus de part
F v
754 MERCURE DE FRANCE
à la Conquête des Gaules , dans laquelle il com→
mandoit l'Armée Romaine , sous les ordres de
Cesar. Cette Dissertation fut suivie d'une autre
de M. Bonami , sur le Musaum et sur la Bibliotheque
d'Alexandrie. Ce Museum étoit un espece
de College ou Académie de Gens de Lettre , rassemblez
de toutes les parties de la Grece , par les
soins de Ptolemée , Fondateur du Royaume d'E→
gypte.
La Séance fut terminée par la lecture que fir
M. l'Abbé Fourmont , de la Relation du Voyage
qu'il a fait dans la Grece , par l'ordre du Roi.
Comme il a parcouru avec soin et en homme de
Lettre l'Attique , l'Argolide , la Messenie et le
Pays de Lacedemone , il en a rapporté un trèsgrand
nombre d'Inscriptions qu'il a déterrées
lui-même , et dont le Recueil sera très - interes
cant pour la République des Lettres.
Le Mercredy 19. Avril , l'Académie Royale des
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
présida M. d'Argenson . M. de Fontenelle ouvrit
la Seance par déclarer que la Piece qui a remporté
le Prix de cette année , est celle de M. Bouguer,
Professeur d'Hydrographie.
M. de Fontenelle lût ensuite l'Eloge de M Géofroy
, Pensionnaire Chimiste , mort dans le dernier
semestre. M. Petit , le Chirurgien , lût après
gela une Dissertation sur les differens moyens
que la Chirurgie a employez jusqu'à present pour
arrêter les Emorragies dans les grandes emputa
tions ; ces moyens sont les Stiptiques , les Escarotiques
, les Caustiques et la compression ; il
préfère à toutes les autres cette derniere qu'il a
perfectionnée,en inventant un Instrument qui sert
de bandage , et dont il donne la description.
M. Buache lût ensuite une Dssertation qui a
pour
AVRIL: 1731. 755
pour titre , Recherches Géographiques sur l'étendue
de l'Empire d'Alexandre et sur les routes
parcourues par ce Prince dans ses differentes Expeditions
, pour servir à la Carte de cet Empire ,
dressée à l'usage du Roi , par feu M. de Lisle.
M. Morand finit la Séance par la lecture d'un'
Memoire sur la maniere de faire l'operation de là
Taille , pratiquée anciennement par Frere Jac
ques , et depuis quelques années rétablie et perfectionnée
par M. Cheselden , celebre Chirurgien-
Anglois , et par M. Morand à Paris , qui depuis
D8. mois la pratique avec grand succès.
On donnera des Extraits de ces Memoires.
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Résumé : Rentrée des Académies.
Le 3 avril, l'Abbé Bannier présida l'Assemblée publique des Académies au Louvre. La séance débuta par la lecture d'une dissertation de M. de Chamborty sur la vie et la famille de Labienus, lieutenant général de César, qui joua un rôle crucial dans la conquête des Gaules. M. Bonami présenta ensuite une dissertation sur le Musée et la Bibliothèque d'Alexandrie, un collège ou académie de gens de lettres réunis par Ptolémée. La séance se conclut par la lecture de M. l'Abbé Fourmont, relatant son voyage en Grèce, où il a recueilli de nombreuses inscriptions. Le 19 avril, l'Académie Royale des Sciences tint son assemblée publique sous la présidence de M. d'Argenson. M. de Fontenelle annonça que M. Bouguer avait remporté le prix de l'année et lut l'éloge de M. Géofroy, chimiste pensionnaire récemment décédé. M. Petit, chirurgien, présenta une dissertation sur les moyens d'arrêter les hémorragies dans les grandes amputations, préférant la compression grâce à un instrument qu'il a inventé. M. Buache lut une dissertation sur les recherches géographiques concernant l'Empire d'Alexandre. Enfin, M. Morand conclut la séance avec un mémoire sur l'opération de la taille, pratiquée par M. Cheselden et lui-même à Paris.
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18
p. 755-758
PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1733.
Début :
Feu M. Roüillé de Meslay, ancien Conseiller au Parlement de Paris, ayant conçû le noble [...]
Mots clefs :
Académie, Sciences, Prix, Navigation, Astronomie, Tremblement de terre, Médecin, Manuscrit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1733.
PRIX proposé par l'Académie Royale
des Sciences , pour l'année 1733.
Eu M. Rouillé de Meslay , ancien Conseiller
au Parlement de Paris , ayant conçu le noble
dessein de contribuer au progrés des Sciences , et
Putilité que le Public en doit retirer , a legué à
P'Académie Royale des Sciences un fonds pour
deux Prix , qui seront distribuez à ceux , qui au
jugement de cette Compagnie auront le mieux
réussi sur deux differentes sortes de Sujets qu'il a
indiquez dans son Testament , et dont il a donné
des exemples.
Les Sujets du premier Prix regardent le Sistê
me general du Monde et l'Astronomie Phisique.
Ce Prix devroit être de 2000. livres , aux ter
mes du Testament , et se distribuer tous les ansi
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans , afin de le rendre
plus considerable , il sera de z çoo. livres.
Les Sujets du second Prix regardent la Navigation
& le Commerce,
E vj II
756 MERCURE DE FRANCE.
Il ne se donnera que tous les deux ans , et sera
'de 2000. livres.
L'Académie se conformant aux vûës et aux
intentions du Testateur , propose pour Sujet du
second Prix , qui tombe dans l'année 1733 .
Quelle est la meilleure maniere de mesurer
sur Mer le chemin ou le sillage du Vaisseau ,
indépendamment des observations astronomiques.
Les Sçavans de toutes les Nations sont invitez
à travailler sur ces Sujets , et même les Associez
étrangers de l'Académie. Elle s'est fait la Loi
d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre
aux Prix.
Ceux qui composeront sont invitez à écrire en
François ou en Latin , mais sans aucune obligation.
Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils.
voudront , et l'Académie fera traduire leurs Ouvrages.
On les prie que leurs Ecrits soient fort lisibles ,
sur tout quand il y aura des Calculs d'Algébre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages
,
mais seulement une Sentence ou Devise. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un.
Billet séparé , et cacheté par eux ,
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez
et leur adresse , et ce Billet ne sera ouvert par
l'Académie , qu'en cas que la Piece ait remporté
le Prix.
où seront avec.
Ceux qui travailleront pour le Prix , adresseront
leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpetuel
de l'Académie , ou les lui feront remettre entre
les mains. Dans ce second cas , le Secretaire
en donnera en même tems à celui qui les lui aura.
remis , son Recepissé , où sera marquée la Sentence
de l'Ouvrage et son numero , selon l'ordre
ou lé tems dans lequel il aura été reçû ,
Les
AVRIL:
1731. 757
Les Ouvrages ne seront reçûs que jusqu'au premier
Septembre 1732. exclusivement.
L'Académie à son Assemblée publique d'aprés
Pâques 1733. proclamera la Piece qui aura remporté
ce Prix..
S'il y a un Recepissé du Secretaire pour la
Piece qui aura remporté le Prix , le Trésorier de
l'Académie délivrera la somme du Prix à celui
qui lui rapportera ce Recepissé . Il n'y aura à cela. ~
Inulle autre formalité.
Sil n'y a pas de Recepissé du Secretaire , le
Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur même
, qui se fera connoître , ou au Porteur d'une
Procuration de sa part.
M. Bouguer, Hidrographe du Roi , au Croisie
en Bretagne , a remporté le Prix de 1731 .
On a reçû par un Bâtiment Anglois arrivé depuist
peu à Genes , des Lettres de S. Christoval de la
Laguna , Capitale de l'Isle . Tenerife , l'une des
Isles Canaries , dattées du 8. Decembre dernier ,
qui portent en substance que le 30. du mois
de Novembre précedent , on avoit ressenti deux
violentes secousses de Tremblement de terre dans
l'Isle Graciosa , située à l'Orient ; qu'à peine eurent-
elles cessé , que la terre s'étoit ouverte en
cinq endroits differens , qu'il en étoit sorti des
tourbillons de flammes , mêlez de pierres calcinées
et de matieres bitumeuses , que le feu s'étant
communiqué aux habitations , elles avoient été
réduites en cendres en moins d'une demie heure ;
que
le premier Decembre vers les neuf heures du
foir , ces Gouffres avoient cessé de jetter du feu
mais que le 2. l'embrasement avoit recommencé
avec tant de violence, que les maisons épargnées
par le premier , avoient été détruites , et que le
vent ayant porté le feu dans une grande Forêt.
voisineelle bruloit encore au départ des Lettres;
que
78 MERCURE DE FRANCE
que le 6. un nouveau Tremblement de terre s'étoit
fait sentir à la pointe Occidentale de l'Isle de
Tenerife , qu'il s'étoit fait une ouverture dans une
Plaine située à dix lieues de la Ville Capitale de
PIsle ; que ce Gouffre s'étant agrandi les jours
suivans , une petite Montagne qui étoit sur le
bord , avoit été ébranlée et étoit tombée dedans,
et qu'il continuoit de sortir beaucoup de fumée
de cette ouverture .
On écrit de Rome , que la Princesse Giustiniani
étant dangereusement malade , sa Famille avoit
fait venir de Bologne le Docteur Pozzi , celebre
Medecin , qui lui avoit ordonné un Bain d'huile,
cette Dame l'a pris deux fois , et la petite Verole
qui étoit presque rentrée , a cû son progrès ordi,
naire , desorte qu'elle est presentement hors de
danger .
des Sciences , pour l'année 1733.
Eu M. Rouillé de Meslay , ancien Conseiller
au Parlement de Paris , ayant conçu le noble
dessein de contribuer au progrés des Sciences , et
Putilité que le Public en doit retirer , a legué à
P'Académie Royale des Sciences un fonds pour
deux Prix , qui seront distribuez à ceux , qui au
jugement de cette Compagnie auront le mieux
réussi sur deux differentes sortes de Sujets qu'il a
indiquez dans son Testament , et dont il a donné
des exemples.
Les Sujets du premier Prix regardent le Sistê
me general du Monde et l'Astronomie Phisique.
Ce Prix devroit être de 2000. livres , aux ter
mes du Testament , et se distribuer tous les ansi
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans , afin de le rendre
plus considerable , il sera de z çoo. livres.
Les Sujets du second Prix regardent la Navigation
& le Commerce,
E vj II
756 MERCURE DE FRANCE.
Il ne se donnera que tous les deux ans , et sera
'de 2000. livres.
L'Académie se conformant aux vûës et aux
intentions du Testateur , propose pour Sujet du
second Prix , qui tombe dans l'année 1733 .
Quelle est la meilleure maniere de mesurer
sur Mer le chemin ou le sillage du Vaisseau ,
indépendamment des observations astronomiques.
Les Sçavans de toutes les Nations sont invitez
à travailler sur ces Sujets , et même les Associez
étrangers de l'Académie. Elle s'est fait la Loi
d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre
aux Prix.
Ceux qui composeront sont invitez à écrire en
François ou en Latin , mais sans aucune obligation.
Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils.
voudront , et l'Académie fera traduire leurs Ouvrages.
On les prie que leurs Ecrits soient fort lisibles ,
sur tout quand il y aura des Calculs d'Algébre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages
,
mais seulement une Sentence ou Devise. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un.
Billet séparé , et cacheté par eux ,
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez
et leur adresse , et ce Billet ne sera ouvert par
l'Académie , qu'en cas que la Piece ait remporté
le Prix.
où seront avec.
Ceux qui travailleront pour le Prix , adresseront
leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpetuel
de l'Académie , ou les lui feront remettre entre
les mains. Dans ce second cas , le Secretaire
en donnera en même tems à celui qui les lui aura.
remis , son Recepissé , où sera marquée la Sentence
de l'Ouvrage et son numero , selon l'ordre
ou lé tems dans lequel il aura été reçû ,
Les
AVRIL:
1731. 757
Les Ouvrages ne seront reçûs que jusqu'au premier
Septembre 1732. exclusivement.
L'Académie à son Assemblée publique d'aprés
Pâques 1733. proclamera la Piece qui aura remporté
ce Prix..
S'il y a un Recepissé du Secretaire pour la
Piece qui aura remporté le Prix , le Trésorier de
l'Académie délivrera la somme du Prix à celui
qui lui rapportera ce Recepissé . Il n'y aura à cela. ~
Inulle autre formalité.
Sil n'y a pas de Recepissé du Secretaire , le
Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur même
, qui se fera connoître , ou au Porteur d'une
Procuration de sa part.
M. Bouguer, Hidrographe du Roi , au Croisie
en Bretagne , a remporté le Prix de 1731 .
On a reçû par un Bâtiment Anglois arrivé depuist
peu à Genes , des Lettres de S. Christoval de la
Laguna , Capitale de l'Isle . Tenerife , l'une des
Isles Canaries , dattées du 8. Decembre dernier ,
qui portent en substance que le 30. du mois
de Novembre précedent , on avoit ressenti deux
violentes secousses de Tremblement de terre dans
l'Isle Graciosa , située à l'Orient ; qu'à peine eurent-
elles cessé , que la terre s'étoit ouverte en
cinq endroits differens , qu'il en étoit sorti des
tourbillons de flammes , mêlez de pierres calcinées
et de matieres bitumeuses , que le feu s'étant
communiqué aux habitations , elles avoient été
réduites en cendres en moins d'une demie heure ;
que
le premier Decembre vers les neuf heures du
foir , ces Gouffres avoient cessé de jetter du feu
mais que le 2. l'embrasement avoit recommencé
avec tant de violence, que les maisons épargnées
par le premier , avoient été détruites , et que le
vent ayant porté le feu dans une grande Forêt.
voisineelle bruloit encore au départ des Lettres;
que
78 MERCURE DE FRANCE
que le 6. un nouveau Tremblement de terre s'étoit
fait sentir à la pointe Occidentale de l'Isle de
Tenerife , qu'il s'étoit fait une ouverture dans une
Plaine située à dix lieues de la Ville Capitale de
PIsle ; que ce Gouffre s'étant agrandi les jours
suivans , une petite Montagne qui étoit sur le
bord , avoit été ébranlée et étoit tombée dedans,
et qu'il continuoit de sortir beaucoup de fumée
de cette ouverture .
On écrit de Rome , que la Princesse Giustiniani
étant dangereusement malade , sa Famille avoit
fait venir de Bologne le Docteur Pozzi , celebre
Medecin , qui lui avoit ordonné un Bain d'huile,
cette Dame l'a pris deux fois , et la petite Verole
qui étoit presque rentrée , a cû son progrès ordi,
naire , desorte qu'elle est presentement hors de
danger .
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Résumé : PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1733.
En 1733, l'Académie Royale des Sciences annonça deux prix, financés par un legs de M. Rouillé de Meslay, ancien conseiller au Parlement de Paris. Le premier prix, doté de 2 000 livres tous les deux ans, portait sur le système général du monde et l'astronomie physique. Le second prix, également de 2 000 livres, concernait la navigation et le commerce. Pour l'année 1733, le sujet du second prix était la meilleure manière de mesurer sur mer le chemin ou le sillage d'un vaisseau, indépendamment des observations astronomiques. L'Académie invita les savants de toutes les nations à soumettre leurs travaux, en français ou en latin, sans obligation de langue. Les auteurs devaient utiliser une devise anonyme et pouvaient inclure un billet cacheté avec leur identité, à ouvrir en cas de victoire. Les œuvres devaient être soumises au secrétaire perpétuel de l'Académie avant le 1er septembre 1732. Le prix serait attribué lors de l'assemblée publique après Pâques 1733. En 1731, M. Bouguer, hydrographe du Roi, avait remporté le prix. Par ailleurs, des lettres de Tenerife rapportaient des tremblements de terre et des éruptions volcaniques dans les îles Canaries. À Rome, la princesse Giustiniani, soignée par le docteur Pozzi, était hors de danger après avoir contracté la petite vérole.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 2384-2391
Reception de M. de Crebillon à l'Acad. Franç [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Françoise n'a point donné cette année les Prix d'Eloquence et de Poësie [...]
Mots clefs :
Mort, Académie, Roi, Académie française, Prix d'éloquence et de poésie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception de M. de Crebillon à l'Acad. Franç [titre d'après la table]
L'Académie Françoise n'a point donné
cette année les Prix d'Eloquence et de Poë
sie , qu'elle a coûtume de distribuer le
jour de la Fête de S. Louis . Ils sont reservez
pour l'Année prochaine .
Cette Académie élut le 19. AoûtM.
'de Crebillon , pour remplir la place vacante
par la mort de M. de la Faye. Le
nouvel Académicien prit séance le Jeudy
27. Septembre , er prononça un Remerciment
en Vers digne de la réputation
que ses grands talens pour le Poëme Dra.
matique lui ont acquise , et que nous sommes
mortifiez de ne pouvoir pas mettre ici
en entier pour la satisfaction de nos Lecteurs
: reduits à n'en donner qu'un précis
nous ne sommes pas peu embarassez sur
le choix car le grand , le nerveux , le
sublime
OCTOBRE. 1731. 23.85.
sublime regne par tout. Ce remerciment ,
composé de 1-18 . Vers , souvent croiscz
commence ainsi :
Muse, voici le jour si long- temps attendu,,
Jour dont aucun espoir ne m'annonçoit l'Aurore,
Jour heureux qui pour nous ne luisoit point
encore ,
Si de nos seuls succès sa course eût dépendu.
Muse , vous le voyez , une troupe immortelle
Daigne vous partager ses honneurs , ses emplois :
Parlez ; et , s'il se peut , justifiez son choix :
Mais ne prononcez rien qui ne soit digne d'elle,
Le Poëte invoque ensuite Apollon ,
pour pouvoir dignement lotier ses Nlustres
Confreres.
}
Dieu des Vers
Elûs ,
> aux rayons dont brillent tes
Souffre pour un moment que mon fen se ra
lume,
Je les vois tous couverts de ces rayons divins :
Dans leurs mains chaque jour tu déposes ta Lyre
Ma Muse , un jour de gloire est un jour de délire
, }
Sers mon audace , et prens la Lyre dans leure
mains
Après
2386 MERCURE DE FRANCE
Après la déscription de l'Académie et
des Académiciens , on lit ces Portraits :
Ame de Richelieu , contemple ton ouvrage,
Qui doit ainsi que toi percer la nuit des tems ?
Ces illustres Mortels sans cesse renaissans ,
Comme pour t'assurer un éternel hommage.
Dans l'art de gouverner moins Ministre que
Roy ,
L'Univers en tremblant , adora ton genie ;
Tout plia devant toi dans le cours de ta vie ;
Tu soûmets l'avenir , et regnes après toi , &e
Louis , ô nom cheri ! Souverain adorable ,
Des caprices du sort exemple mémorable ,
A tes Manes sacrés nous n'offrons plus de fleurs ;
Que nos regrets profonds n'arrosent de nos
pleurs.
Vous , qui l'avez suivi de victoire en victoire ,
A la fois Compagnon , et témoin de sa gloire ,
Qui de tout vôtre sang sçûtes la consacrer ,
Guerrier , qui mieux que vous pourroit la céle◄
brer ?
Quel Roi mérita mieux une auguste loüange ? ``.
De dons et de vertus quel précieux mélange
C'étoit après les Dieux , l'ame de l'univers , &c.
Le
OCTOBR E. 1731. 2387
Le Portrait du Roy est terminé par ces
deux beaux Vers.
Juste , Clement , Pieux , son austere jeunesse
Semble déja dicter les loix de la vieillesse .
Un Ministre attentif , prudent , religieux ,
Fuyant des vains Lauriers l'éclat ambitieux ,
Qui sçait , du bien public sage dépositaire ,
User en Citoyen du pouvoir arbitraire ;
Aigle de Jupiter , maïs ami de la Paix ,
Il gouverne la foudre , et ne tonne jamais .
LOUIS , c'est mériter l'Empire de la Terre ,
Que sçavoir dignement confier son Tonnere, & c.
Ce Poëme est terminé par le Portrait
de M. de la Faye , dont nous ne prendrons
que ces 4.
ces 4. Vers.
Le goût du vray, du beau , Censeur ingenieux ,
Qui , sans humilier , montroit à faire mieux ;
Le Sel Athenien , l'Urbanité Romaine ;
Tour à tour Lelius , Malherbe , ou la Fontaine ;
Si nous avons été embarrassez dans
l'Extrait qu'on vient de lire nous voici
encore plus en peine sur la réponse faite
par M. Hardion , Directeur de l'Académie.
Que prendre en effet dans un Discours
de 80. lignes de Prose , d'un stile
concis , simple , et aussi noble que naturel
.
2388 MERCURE DE FRANCE
> rel ? Nous nous bornons à deux traits
l'un sur l'Académicien qui n'est plus ,
l'autre sur celui qui le remplace. Nous
demandons pardon à l'Auteur et au Lecteur
, d'être obligez de tronquer un Dis
cours dont on ne sçauroit rien retrancher
qu'aux dépens de l'un et de l'autre.
MONSIEUR ,
Une mort précipitée nous a enlevé un
Confrere , que le caractere de son esprit
et la douceur de ses moeurs , nous font
également regretter. Né avec d'heureuses
dispositions pour la Poësie , M. de la
Faye en fit son plus agréable amusement ,
et réussit dans les differens genres où son
goût l'avoit porté. Soit que dans des sujets
galans il se plût à exprimer , ou les
sentimens d'un coeur tendre et délicat ,
ou les transports d'une joye aimable ; soit
qu'avec la Lyre de Malherbe , il celebrat
sur un ton plus sérieux et plus élevé , les
puissans charmes de l'harmonie , l'ame
des beaux Vers , et en soûtint les Privileges
contre un illustre ami Mr. de la
Motte , qui s'étoit fait un jeu de les attaquer
, pour l'exciter à les établir plus solidement
sous quelque forme qu'il ait
voulu se montrer , il a fait voir par tout
une imagination feconde et brillante , un
genic
OCTOBRE 17318 2389
genie simple , aisé , naïf , toûjours ennemi
de l'affectation , et de cette paiure recherchée
qui détruit les vrayes beautez
de la nature.
Mais aussi simple dans ses moeurs que
dans ses Ecrits , il fut regardé comme un
modele des vertus propres pour la Societé
et autant qu'on estimoit dans ses
Poësies l'agrément , l'élegance , la délicatesse
, autant on aimoit dins sa personne
la docilité , la mode tie , la politesse , et
sur tout , une gayeté douce et spirituelle
dont il assai onnoit tous ses discou s.
M Hardion continuant de répondre au
nouvel Académicien , lui dit que son
élection a eu autint d'Approbateurs qu'il
y a de Personnes éclairées sur le vrai mérite
..... que ses Tragedies , depuis longtemps
l'objet de l'admiration publique ,
seront un sujet d'émulation dans les siécles
à venir On peut , Monsieur , poursuit
il par le faux éclat de quelques
fleurs passageres , ébloüir pour un instant
des Spectateurs avides de nouveautez . Ils
cedent d'abord à la douce illusion d'un
trait lumineux d'une pasée plus specieu
e que solide et ne dé elent pas
toûjours du premier coup d'oeil , le vice
caché sous l'apparenc de l beuté. Mais
lor que des Poëmes tels que les vôtres ,
›
,
F. Mon
2390 MERCURE DE FRANCE
Monsieur , redemandés avec empressement
, reparoissent toûjours plus beaux
et plus dignes d'être applaudis lorsque
livrés au grand jour de l'impression , plus
dangereux encore que celui de la représentation
, ils ont soutenu le rigoureux
examen du Censeur , recueilli dans le silence
de son Cabinet , lorsqu'ils ont résisté
aux efforts de l'envie toûjours armée
contre les Auteurs vivans.: quelles preu
ves plus certaines peut- on desirer de leur
perfection ? quels présages plus assurés de
Ieur durée & c.
Les Cartes qui font dans l'Hiftoire de l'Isle de
S. Domingue , du R. P. de Charlevoix , Jesuite .
de laquelle on a fait mention dans le Mercure
précédent , sont de M. d'Anville , Géographe or¬
dinaire du Roy , dont on a remarqué que le nom
n'étoit pas donné correctement dans cet article
page 2159.
On peut dire en général des divers Sujets
traitez dans ces Cartes, mais principalement à l'égard
de toute l'étendue de la Carte generale , qui
comprend une partie confiderable et la plus fréquentée
du nouveau Monde, que l'Auteur ayant
trouvé la matiere comme toute neuve , quoique
déja traitée par presque tous les Géographes, elle
paroît sortie de ses mains avec plus de détail et de
précision qu'on n'y en avoit encore mis. L'Auteur
que plusieurs personnes aussi touchées du progrès
general de la Géographie , que de sa réputation
particuliere , avoient excité à écrire sur le détail
de cet Ouvrage , s'eft trouvé mortifié de n'avoir
раз
OCTOBRE. 1721. 23༡ ་
Pas le tems de le faire , pensant qu'il auroit peutêtre
été agréable pour le public,et sûrement avantageux
pour son Ouvrage, le rendre compted'une
infinité de circonstances assez curieuses , et peu
familieres , tirées la plupart des Histoires particulieres
des Espagnols , que tout le monde ne
peut pas lire dans leur langue, dans tout leur détail
, inconnues sur tout aux Géographes , quoique
la connoissance interieure des vastes païs, sous
la domination du Roy d'Espagne , dépende de
celle de leurs Ecrivains , qui seuls ont pû en être
suffisamment instruirs.
cette année les Prix d'Eloquence et de Poë
sie , qu'elle a coûtume de distribuer le
jour de la Fête de S. Louis . Ils sont reservez
pour l'Année prochaine .
Cette Académie élut le 19. AoûtM.
'de Crebillon , pour remplir la place vacante
par la mort de M. de la Faye. Le
nouvel Académicien prit séance le Jeudy
27. Septembre , er prononça un Remerciment
en Vers digne de la réputation
que ses grands talens pour le Poëme Dra.
matique lui ont acquise , et que nous sommes
mortifiez de ne pouvoir pas mettre ici
en entier pour la satisfaction de nos Lecteurs
: reduits à n'en donner qu'un précis
nous ne sommes pas peu embarassez sur
le choix car le grand , le nerveux , le
sublime
OCTOBRE. 1731. 23.85.
sublime regne par tout. Ce remerciment ,
composé de 1-18 . Vers , souvent croiscz
commence ainsi :
Muse, voici le jour si long- temps attendu,,
Jour dont aucun espoir ne m'annonçoit l'Aurore,
Jour heureux qui pour nous ne luisoit point
encore ,
Si de nos seuls succès sa course eût dépendu.
Muse , vous le voyez , une troupe immortelle
Daigne vous partager ses honneurs , ses emplois :
Parlez ; et , s'il se peut , justifiez son choix :
Mais ne prononcez rien qui ne soit digne d'elle,
Le Poëte invoque ensuite Apollon ,
pour pouvoir dignement lotier ses Nlustres
Confreres.
}
Dieu des Vers
Elûs ,
> aux rayons dont brillent tes
Souffre pour un moment que mon fen se ra
lume,
Je les vois tous couverts de ces rayons divins :
Dans leurs mains chaque jour tu déposes ta Lyre
Ma Muse , un jour de gloire est un jour de délire
, }
Sers mon audace , et prens la Lyre dans leure
mains
Après
2386 MERCURE DE FRANCE
Après la déscription de l'Académie et
des Académiciens , on lit ces Portraits :
Ame de Richelieu , contemple ton ouvrage,
Qui doit ainsi que toi percer la nuit des tems ?
Ces illustres Mortels sans cesse renaissans ,
Comme pour t'assurer un éternel hommage.
Dans l'art de gouverner moins Ministre que
Roy ,
L'Univers en tremblant , adora ton genie ;
Tout plia devant toi dans le cours de ta vie ;
Tu soûmets l'avenir , et regnes après toi , &e
Louis , ô nom cheri ! Souverain adorable ,
Des caprices du sort exemple mémorable ,
A tes Manes sacrés nous n'offrons plus de fleurs ;
Que nos regrets profonds n'arrosent de nos
pleurs.
Vous , qui l'avez suivi de victoire en victoire ,
A la fois Compagnon , et témoin de sa gloire ,
Qui de tout vôtre sang sçûtes la consacrer ,
Guerrier , qui mieux que vous pourroit la céle◄
brer ?
Quel Roi mérita mieux une auguste loüange ? ``.
De dons et de vertus quel précieux mélange
C'étoit après les Dieux , l'ame de l'univers , &c.
Le
OCTOBR E. 1731. 2387
Le Portrait du Roy est terminé par ces
deux beaux Vers.
Juste , Clement , Pieux , son austere jeunesse
Semble déja dicter les loix de la vieillesse .
Un Ministre attentif , prudent , religieux ,
Fuyant des vains Lauriers l'éclat ambitieux ,
Qui sçait , du bien public sage dépositaire ,
User en Citoyen du pouvoir arbitraire ;
Aigle de Jupiter , maïs ami de la Paix ,
Il gouverne la foudre , et ne tonne jamais .
LOUIS , c'est mériter l'Empire de la Terre ,
Que sçavoir dignement confier son Tonnere, & c.
Ce Poëme est terminé par le Portrait
de M. de la Faye , dont nous ne prendrons
que ces 4.
ces 4. Vers.
Le goût du vray, du beau , Censeur ingenieux ,
Qui , sans humilier , montroit à faire mieux ;
Le Sel Athenien , l'Urbanité Romaine ;
Tour à tour Lelius , Malherbe , ou la Fontaine ;
Si nous avons été embarrassez dans
l'Extrait qu'on vient de lire nous voici
encore plus en peine sur la réponse faite
par M. Hardion , Directeur de l'Académie.
Que prendre en effet dans un Discours
de 80. lignes de Prose , d'un stile
concis , simple , et aussi noble que naturel
.
2388 MERCURE DE FRANCE
> rel ? Nous nous bornons à deux traits
l'un sur l'Académicien qui n'est plus ,
l'autre sur celui qui le remplace. Nous
demandons pardon à l'Auteur et au Lecteur
, d'être obligez de tronquer un Dis
cours dont on ne sçauroit rien retrancher
qu'aux dépens de l'un et de l'autre.
MONSIEUR ,
Une mort précipitée nous a enlevé un
Confrere , que le caractere de son esprit
et la douceur de ses moeurs , nous font
également regretter. Né avec d'heureuses
dispositions pour la Poësie , M. de la
Faye en fit son plus agréable amusement ,
et réussit dans les differens genres où son
goût l'avoit porté. Soit que dans des sujets
galans il se plût à exprimer , ou les
sentimens d'un coeur tendre et délicat ,
ou les transports d'une joye aimable ; soit
qu'avec la Lyre de Malherbe , il celebrat
sur un ton plus sérieux et plus élevé , les
puissans charmes de l'harmonie , l'ame
des beaux Vers , et en soûtint les Privileges
contre un illustre ami Mr. de la
Motte , qui s'étoit fait un jeu de les attaquer
, pour l'exciter à les établir plus solidement
sous quelque forme qu'il ait
voulu se montrer , il a fait voir par tout
une imagination feconde et brillante , un
genic
OCTOBRE 17318 2389
genie simple , aisé , naïf , toûjours ennemi
de l'affectation , et de cette paiure recherchée
qui détruit les vrayes beautez
de la nature.
Mais aussi simple dans ses moeurs que
dans ses Ecrits , il fut regardé comme un
modele des vertus propres pour la Societé
et autant qu'on estimoit dans ses
Poësies l'agrément , l'élegance , la délicatesse
, autant on aimoit dins sa personne
la docilité , la mode tie , la politesse , et
sur tout , une gayeté douce et spirituelle
dont il assai onnoit tous ses discou s.
M Hardion continuant de répondre au
nouvel Académicien , lui dit que son
élection a eu autint d'Approbateurs qu'il
y a de Personnes éclairées sur le vrai mérite
..... que ses Tragedies , depuis longtemps
l'objet de l'admiration publique ,
seront un sujet d'émulation dans les siécles
à venir On peut , Monsieur , poursuit
il par le faux éclat de quelques
fleurs passageres , ébloüir pour un instant
des Spectateurs avides de nouveautez . Ils
cedent d'abord à la douce illusion d'un
trait lumineux d'une pasée plus specieu
e que solide et ne dé elent pas
toûjours du premier coup d'oeil , le vice
caché sous l'apparenc de l beuté. Mais
lor que des Poëmes tels que les vôtres ,
›
,
F. Mon
2390 MERCURE DE FRANCE
Monsieur , redemandés avec empressement
, reparoissent toûjours plus beaux
et plus dignes d'être applaudis lorsque
livrés au grand jour de l'impression , plus
dangereux encore que celui de la représentation
, ils ont soutenu le rigoureux
examen du Censeur , recueilli dans le silence
de son Cabinet , lorsqu'ils ont résisté
aux efforts de l'envie toûjours armée
contre les Auteurs vivans.: quelles preu
ves plus certaines peut- on desirer de leur
perfection ? quels présages plus assurés de
Ieur durée & c.
Les Cartes qui font dans l'Hiftoire de l'Isle de
S. Domingue , du R. P. de Charlevoix , Jesuite .
de laquelle on a fait mention dans le Mercure
précédent , sont de M. d'Anville , Géographe or¬
dinaire du Roy , dont on a remarqué que le nom
n'étoit pas donné correctement dans cet article
page 2159.
On peut dire en général des divers Sujets
traitez dans ces Cartes, mais principalement à l'égard
de toute l'étendue de la Carte generale , qui
comprend une partie confiderable et la plus fréquentée
du nouveau Monde, que l'Auteur ayant
trouvé la matiere comme toute neuve , quoique
déja traitée par presque tous les Géographes, elle
paroît sortie de ses mains avec plus de détail et de
précision qu'on n'y en avoit encore mis. L'Auteur
que plusieurs personnes aussi touchées du progrès
general de la Géographie , que de sa réputation
particuliere , avoient excité à écrire sur le détail
de cet Ouvrage , s'eft trouvé mortifié de n'avoir
раз
OCTOBRE. 1721. 23༡ ་
Pas le tems de le faire , pensant qu'il auroit peutêtre
été agréable pour le public,et sûrement avantageux
pour son Ouvrage, le rendre compted'une
infinité de circonstances assez curieuses , et peu
familieres , tirées la plupart des Histoires particulieres
des Espagnols , que tout le monde ne
peut pas lire dans leur langue, dans tout leur détail
, inconnues sur tout aux Géographes , quoique
la connoissance interieure des vastes païs, sous
la domination du Roy d'Espagne , dépende de
celle de leurs Ecrivains , qui seuls ont pû en être
suffisamment instruirs.
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Résumé : Reception de M. de Crebillon à l'Acad. Franç [titre d'après la table]
En octobre 1731, l'Académie Françoise n'a pas attribué les Prix d'Éloquence et de Poésie, habituellement décernés lors de la fête de Saint-Louis, et les a reportés à l'année suivante. Le 19 août, l'Académie a élu Claude-Prosper Jolyot de Crébillon pour remplacer M. de la Faye, décédé. Crébillon a pris séance le 27 septembre et a prononcé un remerciement en vers, soulignant ses talents en poésie dramatique. Ce discours, composé de 118 vers, invoquait la Muse et Apollon pour justifier son élection et honorer ses confrères. Le texte mentionne également des portraits des académiciens et du roi Louis, louant ses vertus et son gouvernement. Le portrait de M. de la Faye est brièvement cité, soulignant son goût pour la poésie et ses qualités personnelles. M. Hardion, directeur de l'Académie, a répondu au nouvel académicien en louant ses tragédies et leur valeur durable. Enfin, le texte évoque les cartes de l'histoire de l'île de Saint-Domingue du père Charlevoix, réalisées par M. d'Anville, géographe du roi. Ces cartes sont saluées pour leur détail et leur précision, bien que l'auteur n'ait pas eu le temps de les compléter avec des informations supplémentaires.
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20
p. 2949-2952
ACADEMIE DE CHIRURGIE.
Début :
Le 18. Decembre 1731. il y eut une assemblée de 70. Maîtres Chirurgiens [...]
Mots clefs :
Observations, Académie, Chirurgiens, Secrétaire, Société académique, Correspondances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ACADEMIE DE CHIRURGIE.
ACADEMIE DE CHIRURGIE.
L
la-
E 18. Decembre 1731. il y eut
une assemblée de 70. Maîtres Chirurgiens
de Paris , convoquée par M. le
premier Chirurgien du Roy , qui y présida.
On y lût un projet de Reglement
pour une Académie de Chirurgie établie
sous la protection du Roy , et l'inspec-.
tion du premier Chirurgien de Sa Majesté
; ensuite une Lettre de M. le Comte ..
de Maurepas , Sécretaire d'Etat , par
quelle il mande à M. Mareschal , que
S. M. a approuvé ce projet , qu'elle ap-..
prouve aussi que les Assemblées Académiques
de Chirurgie se tiennent conformément
à ce projet ; qu'elle a reglé le
nombre des Chirurgiens de Paris qui doivent
composer cette Societé Académique;
qu'Elle souhaitte que M. Maréchal en-..
voye à M. le Comte de Maurepas , un
II, Vol.
ad
2950 MERCURE DE FRANCE
état de ceux qu'il croira à propos d'y
admettre , sur quoi il sera informé des
ordres de S. M.
Après cette Lettre , on lût la Liste des
Académiciens , qui sont , Mrs. Maréchal
et La Peyronie , dix Académiciens libres
et soixante ordinaires. De ces derniers il
y a six Officiers agréés par le Roy , qui
sont , les Srs. Petit , Directeur , Malaval,
Vice-Directeur , Morand , Sécretaire , Le
Dran , chargé des correspondances , Garengeot
, chargé des Extraits des Livres de
Chirurgie , et Bourgeois fils , Trésorier.
Sa Majesté a approuvé le choix de M.
Mareschal , qui a reçu , à ce sujet , une
seconde Lettre de M. le Comte de Maurepas.
Voici les principaux articles , et en
même temps les motifs de cet établissement
dont l'objet est de perfection--
ner la Chirurgie par l'expérience et l'ob-
,
servation.
La Societé Académique s'assemblera
dans la grande Sale de Saint Côme
tous les Mardis , pour y recevoir les observations
qui seront présentées et luës
tant par les Académiciens que par les.
autres Maîtres Chirurgiens , qui ne sont
point ordinaires de l'Académie
II. Kola
mais
point
DECEMBRE. 1731 2957
qui en sont censés les Adjoints , et qui y
prendront séance chaque fois qu'ils y apporteront
quelques observations de Chirurgie.
Les observations ne rouleront que sur des á
histoires de Maladies Chirurgicales singulieres
, operations nouvelles , effets re- ,
marquables de remedes topiques , soitconnus
, soit particuliers à quelques- uns..
Les observations seront écrites dans la
forme des Memoires Académiques
délivrées au Sécretaire , pour en être fait
Fusage convenable , au jugement d'un Comité
composé des six Officiers et de sept
Commissaires , élus librement et par voie
de suffrage .
و
ct
Ces observations composeront le recueil
que la Societé Académique donnera au
Public , partie dans l'Histoire , partic
dans les Mémoires au long , chaque observation
portant à la tête le nom de
son Auteur,
Les habiles Chirurgiens du Royaume
et même des Pays Etrangers , sont invitez
à faire part de leurs découvertes à
l'Académie , qui se fera un honneur de
les associer à ses travaux , et qui , sur
deux morceaux approuvez par elle , leur
envoyera des Lettres de correspondance...
II. Kol
Pour
2352 MERCURE DE FRANCE
›
Pour exciter de plus en plus l'émula--
tion , elle donnera tous les ans une Mé-.
daille d'or à celui qui aura fourni le meilleur
Mémoire sur une question impor-.
tante de Chirurgie , indiquée par l'Académie
, et annoncée dans les Journaux
et Nouvelles Litteraires .
On n'entre point icy dans le détail des
articles qui regardent la direction de cette
Académie , et les fonctions de ses Officiers.
Il faut pour cela consulter le Ré-.
glement qui vient d'être imprimé. On
annoncera dans le mois de Janvier 1732 .
la question proposée pour le prix de l'Académie.
Lû et approuvé dans l'Assemblée du 24
Decembre. MORAND.
L
la-
E 18. Decembre 1731. il y eut
une assemblée de 70. Maîtres Chirurgiens
de Paris , convoquée par M. le
premier Chirurgien du Roy , qui y présida.
On y lût un projet de Reglement
pour une Académie de Chirurgie établie
sous la protection du Roy , et l'inspec-.
tion du premier Chirurgien de Sa Majesté
; ensuite une Lettre de M. le Comte ..
de Maurepas , Sécretaire d'Etat , par
quelle il mande à M. Mareschal , que
S. M. a approuvé ce projet , qu'elle ap-..
prouve aussi que les Assemblées Académiques
de Chirurgie se tiennent conformément
à ce projet ; qu'elle a reglé le
nombre des Chirurgiens de Paris qui doivent
composer cette Societé Académique;
qu'Elle souhaitte que M. Maréchal en-..
voye à M. le Comte de Maurepas , un
II, Vol.
ad
2950 MERCURE DE FRANCE
état de ceux qu'il croira à propos d'y
admettre , sur quoi il sera informé des
ordres de S. M.
Après cette Lettre , on lût la Liste des
Académiciens , qui sont , Mrs. Maréchal
et La Peyronie , dix Académiciens libres
et soixante ordinaires. De ces derniers il
y a six Officiers agréés par le Roy , qui
sont , les Srs. Petit , Directeur , Malaval,
Vice-Directeur , Morand , Sécretaire , Le
Dran , chargé des correspondances , Garengeot
, chargé des Extraits des Livres de
Chirurgie , et Bourgeois fils , Trésorier.
Sa Majesté a approuvé le choix de M.
Mareschal , qui a reçu , à ce sujet , une
seconde Lettre de M. le Comte de Maurepas.
Voici les principaux articles , et en
même temps les motifs de cet établissement
dont l'objet est de perfection--
ner la Chirurgie par l'expérience et l'ob-
,
servation.
La Societé Académique s'assemblera
dans la grande Sale de Saint Côme
tous les Mardis , pour y recevoir les observations
qui seront présentées et luës
tant par les Académiciens que par les.
autres Maîtres Chirurgiens , qui ne sont
point ordinaires de l'Académie
II. Kola
mais
point
DECEMBRE. 1731 2957
qui en sont censés les Adjoints , et qui y
prendront séance chaque fois qu'ils y apporteront
quelques observations de Chirurgie.
Les observations ne rouleront que sur des á
histoires de Maladies Chirurgicales singulieres
, operations nouvelles , effets re- ,
marquables de remedes topiques , soitconnus
, soit particuliers à quelques- uns..
Les observations seront écrites dans la
forme des Memoires Académiques
délivrées au Sécretaire , pour en être fait
Fusage convenable , au jugement d'un Comité
composé des six Officiers et de sept
Commissaires , élus librement et par voie
de suffrage .
و
ct
Ces observations composeront le recueil
que la Societé Académique donnera au
Public , partie dans l'Histoire , partic
dans les Mémoires au long , chaque observation
portant à la tête le nom de
son Auteur,
Les habiles Chirurgiens du Royaume
et même des Pays Etrangers , sont invitez
à faire part de leurs découvertes à
l'Académie , qui se fera un honneur de
les associer à ses travaux , et qui , sur
deux morceaux approuvez par elle , leur
envoyera des Lettres de correspondance...
II. Kol
Pour
2352 MERCURE DE FRANCE
›
Pour exciter de plus en plus l'émula--
tion , elle donnera tous les ans une Mé-.
daille d'or à celui qui aura fourni le meilleur
Mémoire sur une question impor-.
tante de Chirurgie , indiquée par l'Académie
, et annoncée dans les Journaux
et Nouvelles Litteraires .
On n'entre point icy dans le détail des
articles qui regardent la direction de cette
Académie , et les fonctions de ses Officiers.
Il faut pour cela consulter le Ré-.
glement qui vient d'être imprimé. On
annoncera dans le mois de Janvier 1732 .
la question proposée pour le prix de l'Académie.
Lû et approuvé dans l'Assemblée du 24
Decembre. MORAND.
Fermer
Résumé : ACADEMIE DE CHIRURGIE.
Le 18 décembre 1731, une assemblée de 70 Maîtres Chirurgiens de Paris, convoquée par le premier Chirurgien du Roi, a approuvé la création d'une Académie de Chirurgie sous la protection du Roi. Le projet a été validé par le Roi, qui a également régulé le nombre de chirurgiens composant cette société académique. La lettre du Comte de Maurepas, Secrétaire d'État, a été lue, indiquant que le Roi souhaitait une liste des chirurgiens à admettre. La liste des académiciens, comprenant M. Maréchal et La Peyronie, dix académiciens libres et soixante ordinaires, a été lue. Six officiers, agréés par le Roi, ont été nommés pour des rôles spécifiques. L'objectif de l'Académie est de perfectionner la chirurgie par l'expérience et l'observation. Les assemblées se tiendront tous les mardis à Saint Côme pour discuter des observations sur des maladies chirurgicales, des opérations nouvelles et des remèdes. Ces observations seront écrites sous forme de mémoires académiques et jugées par un comité. L'Académie invitera les chirurgiens du Royaume et des pays étrangers à partager leurs découvertes et offrira une médaille d'or chaque année pour le meilleur mémoire. La question pour le prix de l'Académie sera annoncée en janvier 1732. Le règlement détaillé de l'Académie a été approuvé lors de l'assemblée du 24 décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 1579-1587
Assemblée publique de la Société Royale de Montpelier, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 17 Février dernier, la Société Royale des Sciences de Montpellier [...]
Mots clefs :
Société royale des sciences de Montpellier, Assemblée publique, Académie, Mémoires, Lire, Plantes, Etamines, Huiles, Carnosité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Assemblée publique de la Société Royale de Montpelier, &c. [titre d'après la table]
Le 17 Février dernier , la Societé Roya
le des Sciences de Montpellier , tint son
Assemblée publique dans la grande Sale
de l'Hôtel de Vilie , en présence des trois
Etats de la Province de Languedoc , qui
occupoient leurs places ordinaires ; l'Académie étoit dans le Parterre , autour
d'une grande Table , au haut de laquelle
étoient placez les Académiciens Honoraires. M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de Languedoc , comme Président cette année , occupoit la place du
milieu. Il avoit à sa droite l'Archevêque
de Narbonne , Président né des Etats , et
P'Archevêque d'Albi , Académicien Honoraire ; et à sa gauche M. de Montferrier le fils , Directeur de la Compagnie.
Les Académiciens étoient placez sur des
bancs , aux côtez de la Table , et les Adjoints occupoient le bas bout sur des
chaises. Le reste de la Sale étoit rempli
d'un grand nombre de personnes, attirées
par la curiosité d'entendre lire les Mémoires , et par la majesté de l'Assemblée ,
qui étoit très-auguste , &c. M. le Président ne manqua pas de remarquer cette
derniere circonstance dans le petit Discours qu'il fir , en parlant des occupations
de la Societé Royale , et en annonçant les
Mémoires qu'on alloit lire.
Celui
580 MERCURE DE FRANCE
Celui de M. Danyzy avoit pour sujet
la Poussée des Voutes. Il examina avec
quelle force , et dans quelle direction les
Voussoirs agissent contre les Pieds droits
pour les renverser. Les connoissances
qu'il a acquises lui ont fourni le moyen
de déterminer l'épaisseur qu'il faut don
ner aux Pieds droits , afin que par leur
propre pesanteur ils soyent en équilibre
avec les efforts , & c.
Comme nous ne pouvons donner ici
qu'une idée succinte de ce qui s'est passé
dans cette Assemblée , nous n'entrerons
pas dans un trop grand détail , ne connoissant les Mémoires lús , que par les
Extraits qu'on en a imprimés à Montpellier , dans une petite Brochure in 4. de
40 pages. Mais nous sommes priez de rétablir une lacune faite dans le même imprimé , ou à la page 7. après la dix- neuviéme ligne , il faut lire ce qui suit.
Pour donner le loisir d'éxaminer la ma
niere dont les Voussoirs agissent , tl´avoit
fait tous les pieds droits H, h , foibles , er
pour les soutenir'yy avoit ajoûté des contreforts K, k, qui étant reculez tout doucement,
ne laissoient écarter les pieds droits que d'une certaine quantité qui n'étoit pas suffisante
pour faire crouler l'arceau , mais qui lefai- soit
JUILLET. 17327 1581
soit voir dans le tems qu'il étoit prêt à
crouler.
On vitpour lors là voute à plein cintre ;
dont le nombre des voussoirs étoit impair ,
s'écraser et s'ouvrir aux deux joints de la
clef, en dedans et en- dehors , en plusieurs
endroits vers les reins. Voyez la seconde
Figure.
M. Chicoyneau le fils , reçû en survivance aux Charges de Chancelier de l'Ecole de Médecine , et de Professeur d'Anatomie et de Botanique , fit part à la
Compagnie des Observations qu'il a faites sur les Plantes sensitives , et sur la
Mécanique d'où dépend cette espéce de
sensibilité qu'on leur attribuë.
pas
Il observa d'abord que les Plantes sensitives proprement dites , n'étoient
les seules dans lesquelles on remarque ces
mouvemens automatiques , puisque les
Etamines de l'Opuntia et de l'Heliantemum n'en sont pas exemples.
Les Etamines de l'Opuntia se raprochent du pistile , dit il , dès qu'on les
touche ou qu'on secoue un peu la plante , et les Etamines de l'Heliantemum ,
s'éloignent de leur pistile , dès qu'on les
met en jeu par quelque mouvement semblable ; mais ces imouvemens , quoique
differens , ne changent rien à la MécaniF que
82 MERCURE DE FRANCE
$que , par laquelle M. Chicoyneau les
explique ; et il a fait voir que par le seul
changement de situation des tuyaux des
Plantes et de ceux des Etamines , il est
aisé de rendre raison d'un Phénomene
qui a éxercé de tout tems les Botanistes et
les Physiciens.
Pour cet effet , il commence par établir trois propositions , qu'on peut regarder comme des principes qui n'ont pas
besoin de preuve , et qui ne peuvent pas
par conséquent lui être contestez.
Le premier principe est , que les fibres des Plantes sont élastiques.
Le second , que les sucs nourriciers cou
lent dans la cavité de ces fibres comme
dans autant de tuyaux.
Le troisième , que les sucs étendent
les parois de ces tuyaux , et tiraillent les fibres dont ils sont composez.
Par le premier et par le second principe , il est clair que quand par quelque
cause exterieure, comme par quelque attouchement , ou par quelque secousse ,
de ressort des fibres sera mis en jeu , elles
dévront chasser le suc qui est contenu
dans leur cavité , et qu'alors la Plante fera un mouvement particulier , qui la fera
changer de figure ; et il est evident par le
troisième principe que la force du ressort
s'étant
JUILLET. 1732. 1583
s'etant affoiblie , le suc de la Plante rentrera peu à peu dans les cavitez de ses fibres , et que la Plante se remettra dans son état ordinaire.
Mais cela supposé , dit M. Chicoyneau , que dans l'état naturel , le ressort et le suc des Plantes sensitives
sont dans une espece d'équilibre ; car si
le suc étoit en trop grande abondance ,
comme il arrive en temps de pluye , avant
le lever ou après le coucher du Soleil ,
ou quand ces Plantes ont été trop arrosées , il est clair qu'alors Lur ressort ne
pouvant pas surmonter la résistance des
fibres trop tendues par l'abondance des
liqueurs dont elles sont remplies , les sen- sitives ne feront aucun mouvement ,
quoiqu'on les touche ou qu'on les secouë,
et elles ne deviendroient sensibles que
pendant le temps sec , et long- temp
après le lever du Soleil ; c'est- là ce qu
l'experience confirme , et c'est aussi la
raison naturelle et generale du mouvement Automatique des Plantes sensitives ;
mais comme ces mouvemens ne sont pas
les mêmes dans toutes les sensitives , et
qu'il y a de ces Plantes dont les branches s'abatent totalement, et d'autres dont
les feuilles ne font que se replier et s'approcher les unes des autres , M. ChicoyFij nean
MERCURE DE FRANCE
1
neau en supposant toujours l'Elasticité
des tuyaux de ces Plantes , ne fait que
les placer par paquets au colet et en dehors des branches ; dans les sensitives
dont toutes les branches sabattent et en
dedans des Pedicules des feuilles , dans
celles dont les feuilles se replient et s'approchent les unes des autres. Il explique
par la même Mécanique , les mouvemens des Etamines de l'Opuntia , et de plusieurs especes d'Héliantemum
qu'il a observées ; et cette explication
très simple et par là très conforme aux
Loix de la Nature , porte avec soi un
caractere de verité auquel on ne peut pas
refuser son consentement , &c.
C Ce sont ces Etamines chargées en Petale , dit M. Chicoineau en finissant , qui
produisent ces agreables Monstres , qu'on
appelle fleurs doubles , et qui étant simples à la campagne , d'où elles ont été
sirées , ont acquis par la culture , ce degré de beauté qui les fait admirer dans
des Jardins.
Untroisiéme Mémoire fut lû par M. de
Plantade , sur quelques nouvelles experiences du Barometre et la pesanteur de
l'Air , faites pour la plupart sur les Pyrenées.
Le quatrième Memoire de M. Lamorier,
JUILLET. 1732 1985
rier, contient ses Observations sur l'usa
ge de l'eau commune dans la Chirurgie.
Il est surprenant, dit l'Auteur duMémoire , que l'eau commune ne soit pas
d'un plus grand usage pour les playes.
Peut-être le reméde est trop commun *;
le Public fait peu de cas de ce que la Nature lui donne avec profusion : il estime
un reméde rare , qui vient de loin , qu'il
achete chérement , et qui même lui paroît inconnu. Plusieurs aussi pensent ,
qu'un reméde aussi simple que l'eau , ne
peut avoir aucune efficacité. Pour ôter
ces préventions il a fait plusieurs expériences trois entr'autres , au mois de
Janvier de l'année derniere sur trois horames , dont l'un avoit un vieux ulcère
-sur la cheville exterieure du pied , de la
grandeur de la paume dela main. Le deuxiéme , Soldar du Régiment de Médoc ,
avoit reçû un coup de sabre sur le dos de
la main , qui lui avoit coupé les tendons
extenseurs du poignet et des doigts , et
avoit séparé les deux os du métacarpe qui
soutiennent le petit doigt et l'annulaire.
Cette playe fut suivie de fluxions et d'abcès , qui inonderent presque tout l'a- vant bras. La fiévre et le desséchement
de tout le corps , faisoient beaucoup
Fiij
,
crain .
1586 MERCURE DE FRANCE
craindre pour sa vie . Le troisiéme , autre
Soldat du même Régiment , avoit reçû
un coup d'épée à travers l'avant bras , et
avoit ouvert l'artère qui est entre les deux.
s. Il y eut bien du sang épanché dans
les muscles , et de très grandes supurations : ce blessé fut en très-mauvais état.
On fit construire une botte de cuir , dans
laquelle on mettoit de l'eau commune
chaude , pour y faire tremper la jambe
ulcerée. Le malade restoit une heure par
jour dans ce bain. Peu de jours après les
duretez des bords se fondirent , la cicatrice s'avançoit sensiblement d'un jour à
l'autre , et il fut parfaitement guéri.
On fit faire deux machines de fer blanc,
dans lesquelles les deux Soldats pûssent
tremper commodément le bras , depuis
la main jusqu'au dessus du coude. A mesure qu'on trempoit leurs playes dans
l'eau , les suppurations se vuidoient beaucoup mieux , ils remuoient plus facilement les doigts , la douleur et la fièvre
diminuoient tous les jours ; en un mot ,
ils furent entierement guéris.
Dans les personnes atteintes de carnositez , difficultez et retentions d'urine ,
Occasionnées par le séjour des glaires ,
épaisses et abondantes , on a accoûtumé
d'injecter l'huile d'amende douce ou de
lait.
JUILLET. 173201587 lait . Les huiles en général échauffent , et
se mêlent avec peine avec les glaires , les
parties butireuses du lait s'épaississent
dans l'hurétre par la chaleur des parties ,
et bouchent le passage ; ce qui a fait imaginer à M. Lamorier d'injecter l'eau com
mune tiéde , qui relâché les carnositez
et se mêlant avec les glaires , les détrempe , et les malades sont soulagezi
le des Sciences de Montpellier , tint son
Assemblée publique dans la grande Sale
de l'Hôtel de Vilie , en présence des trois
Etats de la Province de Languedoc , qui
occupoient leurs places ordinaires ; l'Académie étoit dans le Parterre , autour
d'une grande Table , au haut de laquelle
étoient placez les Académiciens Honoraires. M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de Languedoc , comme Président cette année , occupoit la place du
milieu. Il avoit à sa droite l'Archevêque
de Narbonne , Président né des Etats , et
P'Archevêque d'Albi , Académicien Honoraire ; et à sa gauche M. de Montferrier le fils , Directeur de la Compagnie.
Les Académiciens étoient placez sur des
bancs , aux côtez de la Table , et les Adjoints occupoient le bas bout sur des
chaises. Le reste de la Sale étoit rempli
d'un grand nombre de personnes, attirées
par la curiosité d'entendre lire les Mémoires , et par la majesté de l'Assemblée ,
qui étoit très-auguste , &c. M. le Président ne manqua pas de remarquer cette
derniere circonstance dans le petit Discours qu'il fir , en parlant des occupations
de la Societé Royale , et en annonçant les
Mémoires qu'on alloit lire.
Celui
580 MERCURE DE FRANCE
Celui de M. Danyzy avoit pour sujet
la Poussée des Voutes. Il examina avec
quelle force , et dans quelle direction les
Voussoirs agissent contre les Pieds droits
pour les renverser. Les connoissances
qu'il a acquises lui ont fourni le moyen
de déterminer l'épaisseur qu'il faut don
ner aux Pieds droits , afin que par leur
propre pesanteur ils soyent en équilibre
avec les efforts , & c.
Comme nous ne pouvons donner ici
qu'une idée succinte de ce qui s'est passé
dans cette Assemblée , nous n'entrerons
pas dans un trop grand détail , ne connoissant les Mémoires lús , que par les
Extraits qu'on en a imprimés à Montpellier , dans une petite Brochure in 4. de
40 pages. Mais nous sommes priez de rétablir une lacune faite dans le même imprimé , ou à la page 7. après la dix- neuviéme ligne , il faut lire ce qui suit.
Pour donner le loisir d'éxaminer la ma
niere dont les Voussoirs agissent , tl´avoit
fait tous les pieds droits H, h , foibles , er
pour les soutenir'yy avoit ajoûté des contreforts K, k, qui étant reculez tout doucement,
ne laissoient écarter les pieds droits que d'une certaine quantité qui n'étoit pas suffisante
pour faire crouler l'arceau , mais qui lefai- soit
JUILLET. 17327 1581
soit voir dans le tems qu'il étoit prêt à
crouler.
On vitpour lors là voute à plein cintre ;
dont le nombre des voussoirs étoit impair ,
s'écraser et s'ouvrir aux deux joints de la
clef, en dedans et en- dehors , en plusieurs
endroits vers les reins. Voyez la seconde
Figure.
M. Chicoyneau le fils , reçû en survivance aux Charges de Chancelier de l'Ecole de Médecine , et de Professeur d'Anatomie et de Botanique , fit part à la
Compagnie des Observations qu'il a faites sur les Plantes sensitives , et sur la
Mécanique d'où dépend cette espéce de
sensibilité qu'on leur attribuë.
pas
Il observa d'abord que les Plantes sensitives proprement dites , n'étoient
les seules dans lesquelles on remarque ces
mouvemens automatiques , puisque les
Etamines de l'Opuntia et de l'Heliantemum n'en sont pas exemples.
Les Etamines de l'Opuntia se raprochent du pistile , dit il , dès qu'on les
touche ou qu'on secoue un peu la plante , et les Etamines de l'Heliantemum ,
s'éloignent de leur pistile , dès qu'on les
met en jeu par quelque mouvement semblable ; mais ces imouvemens , quoique
differens , ne changent rien à la MécaniF que
82 MERCURE DE FRANCE
$que , par laquelle M. Chicoyneau les
explique ; et il a fait voir que par le seul
changement de situation des tuyaux des
Plantes et de ceux des Etamines , il est
aisé de rendre raison d'un Phénomene
qui a éxercé de tout tems les Botanistes et
les Physiciens.
Pour cet effet , il commence par établir trois propositions , qu'on peut regarder comme des principes qui n'ont pas
besoin de preuve , et qui ne peuvent pas
par conséquent lui être contestez.
Le premier principe est , que les fibres des Plantes sont élastiques.
Le second , que les sucs nourriciers cou
lent dans la cavité de ces fibres comme
dans autant de tuyaux.
Le troisième , que les sucs étendent
les parois de ces tuyaux , et tiraillent les fibres dont ils sont composez.
Par le premier et par le second principe , il est clair que quand par quelque
cause exterieure, comme par quelque attouchement , ou par quelque secousse ,
de ressort des fibres sera mis en jeu , elles
dévront chasser le suc qui est contenu
dans leur cavité , et qu'alors la Plante fera un mouvement particulier , qui la fera
changer de figure ; et il est evident par le
troisième principe que la force du ressort
s'étant
JUILLET. 1732. 1583
s'etant affoiblie , le suc de la Plante rentrera peu à peu dans les cavitez de ses fibres , et que la Plante se remettra dans son état ordinaire.
Mais cela supposé , dit M. Chicoyneau , que dans l'état naturel , le ressort et le suc des Plantes sensitives
sont dans une espece d'équilibre ; car si
le suc étoit en trop grande abondance ,
comme il arrive en temps de pluye , avant
le lever ou après le coucher du Soleil ,
ou quand ces Plantes ont été trop arrosées , il est clair qu'alors Lur ressort ne
pouvant pas surmonter la résistance des
fibres trop tendues par l'abondance des
liqueurs dont elles sont remplies , les sen- sitives ne feront aucun mouvement ,
quoiqu'on les touche ou qu'on les secouë,
et elles ne deviendroient sensibles que
pendant le temps sec , et long- temp
après le lever du Soleil ; c'est- là ce qu
l'experience confirme , et c'est aussi la
raison naturelle et generale du mouvement Automatique des Plantes sensitives ;
mais comme ces mouvemens ne sont pas
les mêmes dans toutes les sensitives , et
qu'il y a de ces Plantes dont les branches s'abatent totalement, et d'autres dont
les feuilles ne font que se replier et s'approcher les unes des autres , M. ChicoyFij nean
MERCURE DE FRANCE
1
neau en supposant toujours l'Elasticité
des tuyaux de ces Plantes , ne fait que
les placer par paquets au colet et en dehors des branches ; dans les sensitives
dont toutes les branches sabattent et en
dedans des Pedicules des feuilles , dans
celles dont les feuilles se replient et s'approchent les unes des autres. Il explique
par la même Mécanique , les mouvemens des Etamines de l'Opuntia , et de plusieurs especes d'Héliantemum
qu'il a observées ; et cette explication
très simple et par là très conforme aux
Loix de la Nature , porte avec soi un
caractere de verité auquel on ne peut pas
refuser son consentement , &c.
C Ce sont ces Etamines chargées en Petale , dit M. Chicoineau en finissant , qui
produisent ces agreables Monstres , qu'on
appelle fleurs doubles , et qui étant simples à la campagne , d'où elles ont été
sirées , ont acquis par la culture , ce degré de beauté qui les fait admirer dans
des Jardins.
Untroisiéme Mémoire fut lû par M. de
Plantade , sur quelques nouvelles experiences du Barometre et la pesanteur de
l'Air , faites pour la plupart sur les Pyrenées.
Le quatrième Memoire de M. Lamorier,
JUILLET. 1732 1985
rier, contient ses Observations sur l'usa
ge de l'eau commune dans la Chirurgie.
Il est surprenant, dit l'Auteur duMémoire , que l'eau commune ne soit pas
d'un plus grand usage pour les playes.
Peut-être le reméde est trop commun *;
le Public fait peu de cas de ce que la Nature lui donne avec profusion : il estime
un reméde rare , qui vient de loin , qu'il
achete chérement , et qui même lui paroît inconnu. Plusieurs aussi pensent ,
qu'un reméde aussi simple que l'eau , ne
peut avoir aucune efficacité. Pour ôter
ces préventions il a fait plusieurs expériences trois entr'autres , au mois de
Janvier de l'année derniere sur trois horames , dont l'un avoit un vieux ulcère
-sur la cheville exterieure du pied , de la
grandeur de la paume dela main. Le deuxiéme , Soldar du Régiment de Médoc ,
avoit reçû un coup de sabre sur le dos de
la main , qui lui avoit coupé les tendons
extenseurs du poignet et des doigts , et
avoit séparé les deux os du métacarpe qui
soutiennent le petit doigt et l'annulaire.
Cette playe fut suivie de fluxions et d'abcès , qui inonderent presque tout l'a- vant bras. La fiévre et le desséchement
de tout le corps , faisoient beaucoup
Fiij
,
crain .
1586 MERCURE DE FRANCE
craindre pour sa vie . Le troisiéme , autre
Soldat du même Régiment , avoit reçû
un coup d'épée à travers l'avant bras , et
avoit ouvert l'artère qui est entre les deux.
s. Il y eut bien du sang épanché dans
les muscles , et de très grandes supurations : ce blessé fut en très-mauvais état.
On fit construire une botte de cuir , dans
laquelle on mettoit de l'eau commune
chaude , pour y faire tremper la jambe
ulcerée. Le malade restoit une heure par
jour dans ce bain. Peu de jours après les
duretez des bords se fondirent , la cicatrice s'avançoit sensiblement d'un jour à
l'autre , et il fut parfaitement guéri.
On fit faire deux machines de fer blanc,
dans lesquelles les deux Soldats pûssent
tremper commodément le bras , depuis
la main jusqu'au dessus du coude. A mesure qu'on trempoit leurs playes dans
l'eau , les suppurations se vuidoient beaucoup mieux , ils remuoient plus facilement les doigts , la douleur et la fièvre
diminuoient tous les jours ; en un mot ,
ils furent entierement guéris.
Dans les personnes atteintes de carnositez , difficultez et retentions d'urine ,
Occasionnées par le séjour des glaires ,
épaisses et abondantes , on a accoûtumé
d'injecter l'huile d'amende douce ou de
lait.
JUILLET. 173201587 lait . Les huiles en général échauffent , et
se mêlent avec peine avec les glaires , les
parties butireuses du lait s'épaississent
dans l'hurétre par la chaleur des parties ,
et bouchent le passage ; ce qui a fait imaginer à M. Lamorier d'injecter l'eau com
mune tiéde , qui relâché les carnositez
et se mêlant avec les glaires , les détrempe , et les malades sont soulagezi
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Résumé : Assemblée publique de la Société Royale de Montpelier, &c. [titre d'après la table]
Le 17 février, la Société Royale des Sciences de Montpellier a organisé son Assemblée publique dans la grande salle de l'Hôtel de Ville, en présence des trois États de la Province de Languedoc. L'Académie était présidée par M. de Bernage de Saint-Maurice, Intendant de Languedoc. À sa droite se trouvaient l'Archevêque de Narbonne et l'Archevêque d'Albi, et à sa gauche, M. de Montferrier le fils, Directeur de la Compagnie. Les académiciens étaient assis sur des bancs, et les adjoints sur des chaises. La salle était comble de personnes venues écouter les mémoires présentés. M. Danyzy a présenté un mémoire sur la poussée des voûtes, analysant la force et la direction avec lesquelles les voussoirs agissent contre les pieds droits pour les renverser. Il a déterminé l'épaisseur nécessaire des pieds droits pour qu'ils soient en équilibre avec les efforts exercés. M. Chicoyneau le fils, nouvellement nommé Chancelier de l'École de Médecine et Professeur d'Anatomie et de Botanique, a partagé ses observations sur les plantes sensitives et la mécanique de leur sensibilité. Il a expliqué que les mouvements automatiques des plantes sensitives sont dus à l'élasticité des fibres et à la circulation des sucs nourriciers. Il a également observé des mouvements similaires chez les étamines de l'Opuntia et de l'Hélianthemum. M. de Plantade a lu un mémoire sur de nouvelles expériences avec le baromètre et la pesanteur de l'air, réalisées principalement dans les Pyrénées. M. Lamorier a présenté un mémoire sur l'usage de l'eau commune en chirurgie. Il a rapporté des expériences réussies où l'eau chaude a guéri des ulcères et des blessures graves chez des soldats. Il a également recommandé l'injection d'eau commune tiède pour traiter les carnossités et les difficultés urinaires, en remplacement des huiles et du lait.
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22
p. 550-551
« On écrit de Lisbonne, qu'on y voit appris de Santarem, que le 11. janvier, vers les six [...] »
Début :
On écrit de Lisbonne, qu'on y voit appris de Santarem, que le 11. janvier, vers les six [...]
Mots clefs :
Église, Évêque de Chartres, Académie, Éloquence, Santarém, Viterbe, Évêque de Vence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On écrit de Lisbonne, qu'on y voit appris de Santarem, que le 11. janvier, vers les six [...] »
On écrit de Lisbonne , qu'on y avoit appris
de Santarem , que le 11. Janvier , vers les six
heures du soir , on avoit apperçu dans le Ciel
une espece de Globe lumineux , qui demeura sur
Phorison pendant plusieurs minutes ; que pendant
tout le temps qu'il fut sensible , il suivit la
même route que la Lune , et qu'il disparut lorsqu'il
fut proche de cette Planette.
Selon les Lettres de Prague , les Terres embrasées
des environs de cette Ville , continuoient
de jetter beaucoup de fumées et de flammes.
Sur le bruit qui s'est répandu à Rome qu'on
avoit découvert à Viterbe une Carriere d'Albatre
extrêmement beau , plusieurs Sculpteurs sont
partis pour l'aller visiter. ' Le Pape a déclaré que
si tout l'Albatre que cette Carriere produit , est
aussi
MARS.
551
1733
aussi parfait que les échantillons qui lui ont été
présentez , on s'en servira pour la Chapelle Corsini
et pour la façade de l'Eglise de S. Jean de
Latran.
On écrit de Chartres , que le 7. Mars , jour auquel
on celebre la Fête de S. Thomas d'Aquin ,
Docteur de l'Eglise , M. l'Evêque de Chartres
prononça le Panégyrique du Saint , dans l'Eglise
des Dominicains de la même Ville , devant un
nombreux Auditoire , qui applaudit autant à l'éloquence
de ce Prélat , qu'au fond du sujet , qu'il
traita avec autant d'édification que de dignité.
Il s'étendit sur tout sur la solidité de la doctrine
du S. Docteur , faisant voir l'estime que les Conciles
en ont fait , et l'autorité qu'elle a dans l'Eglise.
fut
J. Baptiste Surian Evêque de Vence ,
reçû dans l'Académie Françoise le 11. de ce mois,
à la place vacante par la mort du Duc de Coislin
, Evêque de Metz ; il fit un Discours de remerciment
, auquel M. Danchet , Chancelier de
l'Académie , répondit , et ils parlerent l'un et
l'autre avec beaucoup d'éloquence.
Le 14. Février , M. Jean - Baptiste Souchai , de
l'Académie Royale des Belles- Lettres , et nommé
pour remplir au College Royal une place de Professeur
en Eloquence Latine, prononça , selon l'usage
, dans une Salle du même College , un fort
beau Discours Latin , en présence d'une nombreuse
Assemblée. Le Sujet sur lequel il parla
étoit énoncé en ces termes dans un Programme
de sa façon. Utrum et quid conferat ad Ġallicam
Eloquentiam Ciceronis imitatio,
de Santarem , que le 11. Janvier , vers les six
heures du soir , on avoit apperçu dans le Ciel
une espece de Globe lumineux , qui demeura sur
Phorison pendant plusieurs minutes ; que pendant
tout le temps qu'il fut sensible , il suivit la
même route que la Lune , et qu'il disparut lorsqu'il
fut proche de cette Planette.
Selon les Lettres de Prague , les Terres embrasées
des environs de cette Ville , continuoient
de jetter beaucoup de fumées et de flammes.
Sur le bruit qui s'est répandu à Rome qu'on
avoit découvert à Viterbe une Carriere d'Albatre
extrêmement beau , plusieurs Sculpteurs sont
partis pour l'aller visiter. ' Le Pape a déclaré que
si tout l'Albatre que cette Carriere produit , est
aussi
MARS.
551
1733
aussi parfait que les échantillons qui lui ont été
présentez , on s'en servira pour la Chapelle Corsini
et pour la façade de l'Eglise de S. Jean de
Latran.
On écrit de Chartres , que le 7. Mars , jour auquel
on celebre la Fête de S. Thomas d'Aquin ,
Docteur de l'Eglise , M. l'Evêque de Chartres
prononça le Panégyrique du Saint , dans l'Eglise
des Dominicains de la même Ville , devant un
nombreux Auditoire , qui applaudit autant à l'éloquence
de ce Prélat , qu'au fond du sujet , qu'il
traita avec autant d'édification que de dignité.
Il s'étendit sur tout sur la solidité de la doctrine
du S. Docteur , faisant voir l'estime que les Conciles
en ont fait , et l'autorité qu'elle a dans l'Eglise.
fut
J. Baptiste Surian Evêque de Vence ,
reçû dans l'Académie Françoise le 11. de ce mois,
à la place vacante par la mort du Duc de Coislin
, Evêque de Metz ; il fit un Discours de remerciment
, auquel M. Danchet , Chancelier de
l'Académie , répondit , et ils parlerent l'un et
l'autre avec beaucoup d'éloquence.
Le 14. Février , M. Jean - Baptiste Souchai , de
l'Académie Royale des Belles- Lettres , et nommé
pour remplir au College Royal une place de Professeur
en Eloquence Latine, prononça , selon l'usage
, dans une Salle du même College , un fort
beau Discours Latin , en présence d'une nombreuse
Assemblée. Le Sujet sur lequel il parla
étoit énoncé en ces termes dans un Programme
de sa façon. Utrum et quid conferat ad Ġallicam
Eloquentiam Ciceronis imitatio,
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Résumé : « On écrit de Lisbonne, qu'on y voit appris de Santarem, que le 11. janvier, vers les six [...] »
Le 11 janvier, un globe lumineux a été observé à Lisbonne, suivant la trajectoire de la Lune avant de disparaître. À Prague, des terres enflammées continuaient de produire des fumées et des flammes. À Rome, une carrière d'albâtre a été découverte à Viterbe, attirant plusieurs sculpteurs. Le Pape a envisagé d'utiliser cet albâtre pour la Chapelle Corsini et la façade de l'église Saint-Jean de Latran, sous réserve de la qualité des échantillons. Le 7 mars, à Chartres, l'évêque a prononcé un panégyrique de Saint Thomas d'Aquin lors de sa fête, devant un auditoire nombreux. Le 11 mars, Jean-Baptiste Surian, évêque de Vence, a été reçu à l'Académie Française, remplaçant le Duc de Coislin, évêque de Metz. Surian et Danchet, chancelier de l'Académie, ont prononcé des discours. Le 14 février, Jean-Baptiste Souchai a été nommé professeur d'éloquence latine au Collège Royal et a prononcé un discours latin sur l'imitation de Cicéron dans l'éloquence gallique.
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23
p. 51-54
VERS DE M. LE PRESIDENT DE RUFFEY, A Messieurs de la Société Royale & Littéraire de Nancy. Sur le traité des dangers de l'esprit, composé par le Roi de Pologne, & inseré dans le tome V de l'Année littéraire, page 262.
Début :
Quel astre, par des traits d'une vive lumiere, [...]
Mots clefs :
Astre, Académie, Coeur, Esprit, Société royale et littéraire de Nancy
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texteReconnaissance textuelle : VERS DE M. LE PRESIDENT DE RUFFEY, A Messieurs de la Société Royale & Littéraire de Nancy. Sur le traité des dangers de l'esprit, composé par le Roi de Pologne, & inseré dans le tome V de l'Année littéraire, page 262.
VERS
DE M. LE PRESIDENT
DE RUFFEY ,
A Meffieurs de la Société Royale &
Littéraire de Nancy.
Sur le traité des dangers de l'efprit , compo-
Se par le Roi de Pologne , & infere dans le
tome V de l'Année littéraire , page 262.
QUel aftre , par, des traits d'une vive lumiere ,
Eclaire de l'efprit l'incertaine carriere ,
Vient montrer aux humains un fentier peu battu ,
Et du ſein de l'erreur les guide à la vertu !
J'apperçois fa fplendeur diffiper les ténebres ,
Découvrir des écueils en naufrages célébres ,
Régler les mouvemens d'un feu féditieux ,
Rendre utile aux mortels le plus beau don des
cieux .
Qu'heureux font les climats foumis à la puiffance
!
Cet aftre y fait fentir fa benigne influence ;
Il fçait les garantir des rigueurs des faiſons ,
Il fait naître leurs fruits , féconde leurs moiffons,
Cij
52 MERCURE
DE FRANCE
-Un jour pur & ferein conftamment les éclaire :
Quand cet aftre paroît leur fort devient profpere ,
On voit naître avec lui l'abondance & la paix ;
Son éclat l'annoncer bien moins que fes bienfaits.
Vous , Sçavans affemblés , honneur de l'Auftrafie
,
Que dirigent fes loix , qu'infpire fon génie ,
Aux traits de mon pinceau ne connoiffez -vous pas
Votre foutien , votre ame , en un mot , Staniſlas ?
Votre gloire eft la fienne , il en fait fes délices ,
De fon augufte amour vous goûtez les prémices ;
Il anime au combat de paiſibles guerriers ,
*
Il aime , avec les fiens , voir croître vos lauriers.
Quel plaifir pour vos coeurs , de l'entendre fans
ceffe
Dicter à l'univers des leçons de fageffe ;
De voir , par les écrits , le vice combattu ,
Et fon thrône fervir d'autel à la vertu !
Philofophe profond , fa divine morale
Sonde du coeur humain le tortueux dédale ;
De l'efprit , d'un oeil jufte , il faifit les défauts ,
Diftingue habilement le vrai d'avec le faux.
Accordant l'avantage à l'Etat monarchique ,
En maître , Staniſlas parle de politique ;
11 juge fes refforts peu dignes des grands Rois ,
Du bonheur des ſujets fait leurs fuprêmes loix ;
De leurs communs devoirs fçavamment il décide ;
* Prix fondéspar le Roi , que donne annuellement
P'Académie.
FEVRIER. 1755 . 53
Rien n'échappe aux clartés de fon cfprit folide.
Mais bientôt , le crayon & l'équerre à la main ,
De fuperbes palais il trace le deffein ;
Grand , hardi , créateur , il franchit les obftacles ,
Son génie & fon goût enfantent des iniracles ;
Et l'Artifte , en fon art deformais tout nouveau ,
S'étonne à fon aſpect de ſe voir au berceau .
De tous lieux l'étranger vient , le voit & l'admire
,
Son affable bonté dans fon palais l'attire ;
Par un heureux talent , par un charme vainqueur ,
Un feul mot lui fuffit pour conquérir un coeur.
Maisvous feule avez droit , illuftre Académie ,
De chanter dignement le héros d'Auſtraſie ,
Sa gloire , fes bienfaits , fa magnanimité ,
Sa conftance , fa foi , fa haute piété .
Appelles pouvoit feul autrefois entreprendre
De tracer le portrait du fameux Alexandre ;
Nul ne doit avec vous prendre le noble foin
De louer des vertus dont votre ceil eft témoin.
Mais daignez excufer ma Muſe téméraire ;
Admis par votre aveu dans votre fanctuaire ,
J'y puifai tout le feu qui m'anime aujourd'hui ;
A ma timide voix vous fervites d'appui :
J'y bégayai des fons fur la même matiere *
Que traite Staniſlas avec tant de lumiere .
* M. le Président de Ruffey étant à Nanci , lut
dans l'Affemblée de l'Académie du 4 Juillez 1744 ,
unepiece en vers fur l'Eſprit .
Cij
54 MERCURE DE FRANCE.
Vous parutes goûter mon zéle & mes travaux ,
Et pour Fencourager , le portrait du héros ,
Dont la postérité fait l'efpoir de la France ,
Fut , de mes foibles chants , la noble récompenfe.
Mon coeur , en confervant ce gage précieux ,
Garde le fouvenir d'un jour fi glorieux.
DE M. LE PRESIDENT
DE RUFFEY ,
A Meffieurs de la Société Royale &
Littéraire de Nancy.
Sur le traité des dangers de l'efprit , compo-
Se par le Roi de Pologne , & infere dans le
tome V de l'Année littéraire , page 262.
QUel aftre , par, des traits d'une vive lumiere ,
Eclaire de l'efprit l'incertaine carriere ,
Vient montrer aux humains un fentier peu battu ,
Et du ſein de l'erreur les guide à la vertu !
J'apperçois fa fplendeur diffiper les ténebres ,
Découvrir des écueils en naufrages célébres ,
Régler les mouvemens d'un feu féditieux ,
Rendre utile aux mortels le plus beau don des
cieux .
Qu'heureux font les climats foumis à la puiffance
!
Cet aftre y fait fentir fa benigne influence ;
Il fçait les garantir des rigueurs des faiſons ,
Il fait naître leurs fruits , féconde leurs moiffons,
Cij
52 MERCURE
DE FRANCE
-Un jour pur & ferein conftamment les éclaire :
Quand cet aftre paroît leur fort devient profpere ,
On voit naître avec lui l'abondance & la paix ;
Son éclat l'annoncer bien moins que fes bienfaits.
Vous , Sçavans affemblés , honneur de l'Auftrafie
,
Que dirigent fes loix , qu'infpire fon génie ,
Aux traits de mon pinceau ne connoiffez -vous pas
Votre foutien , votre ame , en un mot , Staniſlas ?
Votre gloire eft la fienne , il en fait fes délices ,
De fon augufte amour vous goûtez les prémices ;
Il anime au combat de paiſibles guerriers ,
*
Il aime , avec les fiens , voir croître vos lauriers.
Quel plaifir pour vos coeurs , de l'entendre fans
ceffe
Dicter à l'univers des leçons de fageffe ;
De voir , par les écrits , le vice combattu ,
Et fon thrône fervir d'autel à la vertu !
Philofophe profond , fa divine morale
Sonde du coeur humain le tortueux dédale ;
De l'efprit , d'un oeil jufte , il faifit les défauts ,
Diftingue habilement le vrai d'avec le faux.
Accordant l'avantage à l'Etat monarchique ,
En maître , Staniſlas parle de politique ;
11 juge fes refforts peu dignes des grands Rois ,
Du bonheur des ſujets fait leurs fuprêmes loix ;
De leurs communs devoirs fçavamment il décide ;
* Prix fondéspar le Roi , que donne annuellement
P'Académie.
FEVRIER. 1755 . 53
Rien n'échappe aux clartés de fon cfprit folide.
Mais bientôt , le crayon & l'équerre à la main ,
De fuperbes palais il trace le deffein ;
Grand , hardi , créateur , il franchit les obftacles ,
Son génie & fon goût enfantent des iniracles ;
Et l'Artifte , en fon art deformais tout nouveau ,
S'étonne à fon aſpect de ſe voir au berceau .
De tous lieux l'étranger vient , le voit & l'admire
,
Son affable bonté dans fon palais l'attire ;
Par un heureux talent , par un charme vainqueur ,
Un feul mot lui fuffit pour conquérir un coeur.
Maisvous feule avez droit , illuftre Académie ,
De chanter dignement le héros d'Auſtraſie ,
Sa gloire , fes bienfaits , fa magnanimité ,
Sa conftance , fa foi , fa haute piété .
Appelles pouvoit feul autrefois entreprendre
De tracer le portrait du fameux Alexandre ;
Nul ne doit avec vous prendre le noble foin
De louer des vertus dont votre ceil eft témoin.
Mais daignez excufer ma Muſe téméraire ;
Admis par votre aveu dans votre fanctuaire ,
J'y puifai tout le feu qui m'anime aujourd'hui ;
A ma timide voix vous fervites d'appui :
J'y bégayai des fons fur la même matiere *
Que traite Staniſlas avec tant de lumiere .
* M. le Président de Ruffey étant à Nanci , lut
dans l'Affemblée de l'Académie du 4 Juillez 1744 ,
unepiece en vers fur l'Eſprit .
Cij
54 MERCURE DE FRANCE.
Vous parutes goûter mon zéle & mes travaux ,
Et pour Fencourager , le portrait du héros ,
Dont la postérité fait l'efpoir de la France ,
Fut , de mes foibles chants , la noble récompenfe.
Mon coeur , en confervant ce gage précieux ,
Garde le fouvenir d'un jour fi glorieux.
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Résumé : VERS DE M. LE PRESIDENT DE RUFFEY, A Messieurs de la Société Royale & Littéraire de Nancy. Sur le traité des dangers de l'esprit, composé par le Roi de Pologne, & inseré dans le tome V de l'Année littéraire, page 262.
M. le Président de Ruffey adresse un poème à la Société Royale et Littéraire de Nancy, louant le traité des dangers de l'esprit, œuvre du Roi de Pologne Stanislas, publiée dans le tome V de l'Année littéraire. Le poème compare Stanislas à un astre lumineux guidant les hommes vers la vertu, la prospérité et la paix. Il met en avant les bienfaits de Stanislas pour la société, son amour pour la sagesse, et son rôle de guide moral et politique. Stanislas est décrit comme un philosophe profond, un créateur de monuments, et un homme de grande bonté. Ruffey exprime sa gratitude envers l'Académie pour le soutien et l'encouragement reçus concernant ses propres écrits sur Stanislas.
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24
p. 92-100
SEANCE PUBLIQUE De la Société royale des Sciences & Belles-Lettres de Nanci.
Début :
Le 20 d'Octobre dernier, la Société royale de Nanci tint, selon sa coutume, [...]
Mots clefs :
Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy, Esprit philosophique, Discours, Génie, Académie, Nancy
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texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De la Société royale des Sciences & Belles-Lettres de Nanci.
SEANCE PUBLIQUE
De la Société royale des Sciences & Belles-
Lettres de Nanci.
E 20 d'Octobre dernier , la Société
royale de Nanci tint , felon fa coutume
, fa féance publique. Ce jour , fi cher
à l'Académie par la naiffance de fon fondateur
, fera encore mémorable dans fes
faftes par les fujets diftingués qu'elle vient
de recevoir. Elle comptoit déja parmi fes
membres les Fontenelle , les Hénault , les
Montefquieu; elle vient de s'affocier encore
les Maillebois , les Maupertuis , les la Condamine.
M. Dagay , Abbé de Soreze , de
l'Académie de Befançon , étoit venu exprès
de Franche-Comté à Nanci , pour faire en
ce jour fon remerciment , & M. le Corvaifier
, Secrétaire perpétuel de l'Académie
d'Angers , avoit envoyé le fien. Il fut lû
par M. le Chevalier de Solignac : la façon
de lire ne nuit point à un difcours ; celuici
fut prononcé avec goût , on l'écouta
avec attention , on le relira encore avec
plaiſir , mais il faut le lire tout entier :
quelques morceaux détachés ne feroient
connoître qu'imparfaitement le ftyle & les
fentimens de l'auteur.
AVRIL. 1755.
93
" La gloire ( dit M. le Corvaifier ) eſt
» le premier objet d'une Société d'hommes
» de Lettres , les travaux utiles la procu-
» rent , les fuccès la confirment , l'hom-
» mage du public en fixe la folidité ; elle
devient le fond & la richeffe d'un Aca-
» démie , on peut l'augmenter en la com-
» muniquant mais on peut auffi l'affoiblir
, forfqu'on admetquelqu'un à y par-
;
ticiper. Que je crains , Meffieurs , que
» vous n'ayez à vous reprocher bientôt vo-
» tre indulgence ! vous m'affociez à vos
» triomphes littéraires , pouvois- je l'efpe-
» rer ? vous exigez de moi des travaux
ferois-je affez heureux pour remplir vos
» intentions & mes devoirs ?
» Les ouvrages qui honorent votre compagnie
, & qui lui appartiennent , font
marqués au coin de l'érudition , fuppo-
» fent des recherches , annoncent des con-
» noiffances , & portent le caractere du
»goût & du génie ; ils n'éblouiffent point ,
» ils intéreffent ; ils ne féduifent point , ils
» perfuadent ; ils n'amufent pas feulement,
ils inftruifent ; ils n'obtiennent point un
applaudiffement paffager , on les admire
toujours. Quelles productions , Mef-
» fieurs , aurois-je à vous offrir qui puiffent
» être placées à côté des vôtres ? Je n'ai
pour moi que du zéle . Je ne dois pas ce4
MERCURE DE FRANCE.
pendant oublier le feul moyen que je
puiffe faire voir pour vous être agréable .
» La maniere que j'ai employée à célébrer
» les vertus du Monarque de la France , a
mérité l'approbation de votre auguſte
fondateur. Un fuffrage fi refpectable de-
» vroit calmer mes inquiétudes , & ſoute
> nir mes efpérances ; mais puis-je me dif-
» fimuler que j'ai entrepris le fujet le plus
»magnifique & le plus fécond ? qu'il ne
» s'agiffoit pas d'embellir les objets , mais
» de les montrer : qu'il fuffifoit d'être ci-
» toyen & de connoître fon Roi . On ne
peut me fçavoir gré que du choix ; la ma
tiere que j'ai embraffée , eft affez riche
»pour foutenir celui qui la traite , & pour
» fuppléer aux talens .
M. de Corvaifier parle enfuite des dif
férens établiſſemens qu'a fondés le Roi de
Pologne , & des ouvrages qu'il a compo
fés ; & après avoir expofé le plan des uns
& fait l'analyse des autres , il conclut que
les amuſemens ingénieux de ce Prince ,
auffi-bien que fes plus férieufes occupa
tions , tournent également au profit de la
religion & de l'humanité.
-
Après la lecture de ce difcours , M.
Dagay , Abbé de Soreze , Chanoine de
T'Eglife métropolitaine de Franche - Comté
, & membre de l'Académie de Befan-
•
AVRIL. 1755. 95
çon , prononça lui - même fon remerci
ment , qu'il finit ainfi . » C'eſt à vous ,
Meffieurs , qu'eft réſervée la gloire de
» tranfmettre aux fiécles à venir les fenti-
❤mens magnanimes , & les actions héroïques
dont vous êtes les témoins : c'eft à
» vous à dépofer dans le fein de la renom-
» mée tout le détail d'une vie qui doit
» être à jamais le modele & l'exemple des
»
Rois. La feule chofe que vous avez à
» craindre , c'eſt que les faits que vous de-
≫ vez raconter , & qui fe paflent fous vos
n yeux , ne paroiffent aux yeux de la pof
térité une fiction ingénieufe, plus propre
à rendre la vertu aimable que reffemblante
à la vérité. Mais raffurez - vous ,
» Meffieurs , tant de grands établiſſemens
» également utiles à la religion & à l'hu-
» manité , plus durables que le marbre &
le bronze qui les atteftent , & qui font
confignés dans les annales de l'Eglife &
dans les archives des nations , garanti
ront la certitude de votre témoignage.
Daigne la providence , qui a toujours fi
» vifiblement protégé ce Monarque , mettre
le comble à tous nos voeux Puiffent
fes jours précieux fe prolonger aux dépens
de nos années , fe perpétuer au gré
- de nos defirs , fe multiplier à proportion
de fes vertus , & durer autant que fes
Sbienfaits !
96 MERCURE DE FRANCE.
M. le Comte de Cuftine , Directeur de
l'Académie , lui répondit. Il parla avec
cette politeffe & cette modeftie qui ca
racteriſent le vrai mérite , & qui conviennent
fi bien aux perfonnes de fon rang.
Son difcours fut généralement applaudi.
Il le termina par ces paroles , qu'il adreffa
à la Compagnie. » Suivez , Meffieurs , les
» hautes deftinées qui attendent tout ce
»
qui eft l'ouvrage de Staniflas ; marchez
" avec confiance dans la carriere où il
» vous précéde , & s'il arrivoit jamais que
» votre ardeur fe rallentît , rappellez - vous
que fa gloire eft inféparable de la vôtre.
- M. de Beauchamp , Lieutenant de Roi à
Nanci , prononça un difcours fur l'ambi
tion. Il diftingua la noble ambition , qui a
pour principe l'amour de la patrie , & pour
objet l'utilité publique , de l'ambition criminelle
qui ne confulte que l'orgueil , &
qui n'afpire qu'à l'indépendance. Il prouva
par des raifons folides & des exemples
choifis , qu'autant que l'une eft louable &
peut être utile , autant l'autre eft funefte
& digne de mépris.
M. Montignot , Chanoine de l'Eglife
cathédrale de Toul , fit une differtation
fur l'efprit philofophique , dans laquelle
il fit voir que ni Lucrece , malgré la beauté
de fon génie poëtique ; ni Spinofa ,
malgré
AVRIL. 1755 . 97.
malgré l'invention hardie & la liaiſon de
fon fyftême ; ni Bayle , malgré les argumens
fpécieux de la plus fine dialectique ,
n'étoient pas de vrais Philofophes.
L'auteur avoit commencé par remonter
jufqu'au tems heureux où l'efprit philofophique
vint à paroître dans le monde.
» Qu'entendoit- on , dit- il , avant Defcar-
» tes , par cette forte d'efprit ? Etoit - ce
cette recherche févere & rigoureuſe de
» la vérité , qui pefe , balance , examine
• fans prévention , & ne s'arrête que lorf
» que l'évidence paroît : Etoit-ce ce jugement
vif& pénétrant , qui ne fe laiffant
égarer par aucune fauffe lueur , avance
» toujours d'un pas égal vers la vérité ,
» parce qu'il ne veut la reconnoître que
» dans les principes d'une claire percep
» tion , par un fentiment intérieur , ou
d'après des obfervations exactes & ré-
» pétées avec fcrupule ? Non , Meffieurs ,
ajoute-t-il , on ne penfoit même pas qu'il
»fallût acheter fi cherement la qualité de
Philofophe .... Ceux qui portoient ce
» nom , on les difpenfoit alors d'étudier
la nature , & d'obferver fes loix ; mais
" on exigeoit qu'ils excellaffent dans l'art
dangereux d'embarraffer une difficulté
par toutes les fubtilités qu'une fauffe dialectique
enfeigne ; qu'ils fuffent habiles
D
ود
"
E
98 MERCURE DE FRANCE .
» dans la fcience des mots ..... Defcartes
paroît. Sa raifon ne peut fouffrir le joug
honteux où gémiffoit le refte des hom-
» mes. Il menace de renverfer jufques dans
»fes fondemens le vieil édifice de la Phi-
» lofophie d'Ariftote , qu'il ne trouve
étayée que par la prévention de fon fié-
>> cle . Cet heureux génie a le courage de
» donner les premiers coups ; il frappe
s d'une main fure. If nons trace en vain-
» queur les vraie's routes du fçavoir ... Je
» fixe à cette époque , continue M. Montignot
, le moment où le véritable ef
» prit philofophique commença à repa-
»roître fur la terre ... Vous connoiffez ,
» Meffieurs , les avantages que la Société
» en a retirés. Mon deffein me conduit
» plus loin ; je l'envifage du côté de la re
ligion , & je dis que l'efprit philofophi
" que lui eft avantageux
, ou plutôt qu'il
» ne lui eftpas nuifible : mais eft-il facile,
» ajoute - t - il , d'accorder
enſemble
cette
docilité d'enfant , que la foi exige pour
des vérités qu'il eft défendu
d'approfon
» dir , avec ces principes
féveres de la Phi-
» lofophie moderne
, qui fe fait une loi
inviolable de n'acquiefcer à aucune opi-
» nion , jufqu'à ce que l'évidence paroiſſe ,
» & qu'elle éclaire une vérité , comme un
beau jour qui vient rendre aux objets
AVRIL. 1755.
ITI
93
93
"
1,
?
BECO
ON
leurs couleurs naturelles : Ce font des
» doutes & des frayeurs qui n'age
gueres que cette partie des hommes qué
» n'ont pas médité fur le caractere de
»l'efprit philofophique , parce qu'ils n'en
» fout point éclairés .... Rendons ici l'ef
prit philofophique refpectable à leurs
yeux Montrons qu'il eft avantageux à la
religion , & qu'il la fert auffi utilement
» qu'ilmérite d'en être honoré. » Dans le
détail ouventre enfuite M. Montignot , il
fait voir que l'efprit philofophique fert à
faire appercevoir les bornes de la raiſon ,
la néceffité d'une révélation & l'obligation
de s'y foumettre. On ne fçauroit fuivre
l'auteur dans tous fes raifonnemens . Ils
font auffi forts qu'ils le pouvoient être , &
toute Baffemblée en fut extrêmement frappée.
Cet ouvrage paroîtra , fans doute ,
bientôt dans les mémoires de l'Académie
de Nanci , avec ceux dont nous venons
de parler ob a
}
D'HOURY , Libraire , rue de la Vieille
Bouclerie , donnera inceffamment une nouvelle
édition de la Chymie médicinale , de
M. Malouin , Médecin ordinaire de la
Reine.
ailty
CONSIDERATIONS fur les caufes de la
Eij
100 MERCURE DE FRANCE.
grandeur des Romains & de leur décadence
; nouvelle édition , à laquelle on a
joint un dialogue de Sylla & d'Eucrate .
A Paris , chez Guillyn , quai des Auguftins
, du côté du pont Saint Michel , au Lys
d'or. 1755 .
édition ; par
URE
>
ESSAI SUR L'ARCHITECTURE , nouvelle
le P. Laugier de la Compagnie
de Jefus. A Paris , chez Duchesne ,
Libraire , rue Saint Jacques , au Temple
du goût. 1755 .
Cette édition eft augmentée, d'un dictionnaire
des termes , avec des planches
qui en facilitent l'explication .
De la Société royale des Sciences & Belles-
Lettres de Nanci.
E 20 d'Octobre dernier , la Société
royale de Nanci tint , felon fa coutume
, fa féance publique. Ce jour , fi cher
à l'Académie par la naiffance de fon fondateur
, fera encore mémorable dans fes
faftes par les fujets diftingués qu'elle vient
de recevoir. Elle comptoit déja parmi fes
membres les Fontenelle , les Hénault , les
Montefquieu; elle vient de s'affocier encore
les Maillebois , les Maupertuis , les la Condamine.
M. Dagay , Abbé de Soreze , de
l'Académie de Befançon , étoit venu exprès
de Franche-Comté à Nanci , pour faire en
ce jour fon remerciment , & M. le Corvaifier
, Secrétaire perpétuel de l'Académie
d'Angers , avoit envoyé le fien. Il fut lû
par M. le Chevalier de Solignac : la façon
de lire ne nuit point à un difcours ; celuici
fut prononcé avec goût , on l'écouta
avec attention , on le relira encore avec
plaiſir , mais il faut le lire tout entier :
quelques morceaux détachés ne feroient
connoître qu'imparfaitement le ftyle & les
fentimens de l'auteur.
AVRIL. 1755.
93
" La gloire ( dit M. le Corvaifier ) eſt
» le premier objet d'une Société d'hommes
» de Lettres , les travaux utiles la procu-
» rent , les fuccès la confirment , l'hom-
» mage du public en fixe la folidité ; elle
devient le fond & la richeffe d'un Aca-
» démie , on peut l'augmenter en la com-
» muniquant mais on peut auffi l'affoiblir
, forfqu'on admetquelqu'un à y par-
;
ticiper. Que je crains , Meffieurs , que
» vous n'ayez à vous reprocher bientôt vo-
» tre indulgence ! vous m'affociez à vos
» triomphes littéraires , pouvois- je l'efpe-
» rer ? vous exigez de moi des travaux
ferois-je affez heureux pour remplir vos
» intentions & mes devoirs ?
» Les ouvrages qui honorent votre compagnie
, & qui lui appartiennent , font
marqués au coin de l'érudition , fuppo-
» fent des recherches , annoncent des con-
» noiffances , & portent le caractere du
»goût & du génie ; ils n'éblouiffent point ,
» ils intéreffent ; ils ne féduifent point , ils
» perfuadent ; ils n'amufent pas feulement,
ils inftruifent ; ils n'obtiennent point un
applaudiffement paffager , on les admire
toujours. Quelles productions , Mef-
» fieurs , aurois-je à vous offrir qui puiffent
» être placées à côté des vôtres ? Je n'ai
pour moi que du zéle . Je ne dois pas ce4
MERCURE DE FRANCE.
pendant oublier le feul moyen que je
puiffe faire voir pour vous être agréable .
» La maniere que j'ai employée à célébrer
» les vertus du Monarque de la France , a
mérité l'approbation de votre auguſte
fondateur. Un fuffrage fi refpectable de-
» vroit calmer mes inquiétudes , & ſoute
> nir mes efpérances ; mais puis-je me dif-
» fimuler que j'ai entrepris le fujet le plus
»magnifique & le plus fécond ? qu'il ne
» s'agiffoit pas d'embellir les objets , mais
» de les montrer : qu'il fuffifoit d'être ci-
» toyen & de connoître fon Roi . On ne
peut me fçavoir gré que du choix ; la ma
tiere que j'ai embraffée , eft affez riche
»pour foutenir celui qui la traite , & pour
» fuppléer aux talens .
M. de Corvaifier parle enfuite des dif
férens établiſſemens qu'a fondés le Roi de
Pologne , & des ouvrages qu'il a compo
fés ; & après avoir expofé le plan des uns
& fait l'analyse des autres , il conclut que
les amuſemens ingénieux de ce Prince ,
auffi-bien que fes plus férieufes occupa
tions , tournent également au profit de la
religion & de l'humanité.
-
Après la lecture de ce difcours , M.
Dagay , Abbé de Soreze , Chanoine de
T'Eglife métropolitaine de Franche - Comté
, & membre de l'Académie de Befan-
•
AVRIL. 1755. 95
çon , prononça lui - même fon remerci
ment , qu'il finit ainfi . » C'eſt à vous ,
Meffieurs , qu'eft réſervée la gloire de
» tranfmettre aux fiécles à venir les fenti-
❤mens magnanimes , & les actions héroïques
dont vous êtes les témoins : c'eft à
» vous à dépofer dans le fein de la renom-
» mée tout le détail d'une vie qui doit
» être à jamais le modele & l'exemple des
»
Rois. La feule chofe que vous avez à
» craindre , c'eſt que les faits que vous de-
≫ vez raconter , & qui fe paflent fous vos
n yeux , ne paroiffent aux yeux de la pof
térité une fiction ingénieufe, plus propre
à rendre la vertu aimable que reffemblante
à la vérité. Mais raffurez - vous ,
» Meffieurs , tant de grands établiſſemens
» également utiles à la religion & à l'hu-
» manité , plus durables que le marbre &
le bronze qui les atteftent , & qui font
confignés dans les annales de l'Eglife &
dans les archives des nations , garanti
ront la certitude de votre témoignage.
Daigne la providence , qui a toujours fi
» vifiblement protégé ce Monarque , mettre
le comble à tous nos voeux Puiffent
fes jours précieux fe prolonger aux dépens
de nos années , fe perpétuer au gré
- de nos defirs , fe multiplier à proportion
de fes vertus , & durer autant que fes
Sbienfaits !
96 MERCURE DE FRANCE.
M. le Comte de Cuftine , Directeur de
l'Académie , lui répondit. Il parla avec
cette politeffe & cette modeftie qui ca
racteriſent le vrai mérite , & qui conviennent
fi bien aux perfonnes de fon rang.
Son difcours fut généralement applaudi.
Il le termina par ces paroles , qu'il adreffa
à la Compagnie. » Suivez , Meffieurs , les
» hautes deftinées qui attendent tout ce
»
qui eft l'ouvrage de Staniflas ; marchez
" avec confiance dans la carriere où il
» vous précéde , & s'il arrivoit jamais que
» votre ardeur fe rallentît , rappellez - vous
que fa gloire eft inféparable de la vôtre.
- M. de Beauchamp , Lieutenant de Roi à
Nanci , prononça un difcours fur l'ambi
tion. Il diftingua la noble ambition , qui a
pour principe l'amour de la patrie , & pour
objet l'utilité publique , de l'ambition criminelle
qui ne confulte que l'orgueil , &
qui n'afpire qu'à l'indépendance. Il prouva
par des raifons folides & des exemples
choifis , qu'autant que l'une eft louable &
peut être utile , autant l'autre eft funefte
& digne de mépris.
M. Montignot , Chanoine de l'Eglife
cathédrale de Toul , fit une differtation
fur l'efprit philofophique , dans laquelle
il fit voir que ni Lucrece , malgré la beauté
de fon génie poëtique ; ni Spinofa ,
malgré
AVRIL. 1755 . 97.
malgré l'invention hardie & la liaiſon de
fon fyftême ; ni Bayle , malgré les argumens
fpécieux de la plus fine dialectique ,
n'étoient pas de vrais Philofophes.
L'auteur avoit commencé par remonter
jufqu'au tems heureux où l'efprit philofophique
vint à paroître dans le monde.
» Qu'entendoit- on , dit- il , avant Defcar-
» tes , par cette forte d'efprit ? Etoit - ce
cette recherche févere & rigoureuſe de
» la vérité , qui pefe , balance , examine
• fans prévention , & ne s'arrête que lorf
» que l'évidence paroît : Etoit-ce ce jugement
vif& pénétrant , qui ne fe laiffant
égarer par aucune fauffe lueur , avance
» toujours d'un pas égal vers la vérité ,
» parce qu'il ne veut la reconnoître que
» dans les principes d'une claire percep
» tion , par un fentiment intérieur , ou
d'après des obfervations exactes & ré-
» pétées avec fcrupule ? Non , Meffieurs ,
ajoute-t-il , on ne penfoit même pas qu'il
»fallût acheter fi cherement la qualité de
Philofophe .... Ceux qui portoient ce
» nom , on les difpenfoit alors d'étudier
la nature , & d'obferver fes loix ; mais
" on exigeoit qu'ils excellaffent dans l'art
dangereux d'embarraffer une difficulté
par toutes les fubtilités qu'une fauffe dialectique
enfeigne ; qu'ils fuffent habiles
D
ود
"
E
98 MERCURE DE FRANCE .
» dans la fcience des mots ..... Defcartes
paroît. Sa raifon ne peut fouffrir le joug
honteux où gémiffoit le refte des hom-
» mes. Il menace de renverfer jufques dans
»fes fondemens le vieil édifice de la Phi-
» lofophie d'Ariftote , qu'il ne trouve
étayée que par la prévention de fon fié-
>> cle . Cet heureux génie a le courage de
» donner les premiers coups ; il frappe
s d'une main fure. If nons trace en vain-
» queur les vraie's routes du fçavoir ... Je
» fixe à cette époque , continue M. Montignot
, le moment où le véritable ef
» prit philofophique commença à repa-
»roître fur la terre ... Vous connoiffez ,
» Meffieurs , les avantages que la Société
» en a retirés. Mon deffein me conduit
» plus loin ; je l'envifage du côté de la re
ligion , & je dis que l'efprit philofophi
" que lui eft avantageux
, ou plutôt qu'il
» ne lui eftpas nuifible : mais eft-il facile,
» ajoute - t - il , d'accorder
enſemble
cette
docilité d'enfant , que la foi exige pour
des vérités qu'il eft défendu
d'approfon
» dir , avec ces principes
féveres de la Phi-
» lofophie moderne
, qui fe fait une loi
inviolable de n'acquiefcer à aucune opi-
» nion , jufqu'à ce que l'évidence paroiſſe ,
» & qu'elle éclaire une vérité , comme un
beau jour qui vient rendre aux objets
AVRIL. 1755.
ITI
93
93
"
1,
?
BECO
ON
leurs couleurs naturelles : Ce font des
» doutes & des frayeurs qui n'age
gueres que cette partie des hommes qué
» n'ont pas médité fur le caractere de
»l'efprit philofophique , parce qu'ils n'en
» fout point éclairés .... Rendons ici l'ef
prit philofophique refpectable à leurs
yeux Montrons qu'il eft avantageux à la
religion , & qu'il la fert auffi utilement
» qu'ilmérite d'en être honoré. » Dans le
détail ouventre enfuite M. Montignot , il
fait voir que l'efprit philofophique fert à
faire appercevoir les bornes de la raiſon ,
la néceffité d'une révélation & l'obligation
de s'y foumettre. On ne fçauroit fuivre
l'auteur dans tous fes raifonnemens . Ils
font auffi forts qu'ils le pouvoient être , &
toute Baffemblée en fut extrêmement frappée.
Cet ouvrage paroîtra , fans doute ,
bientôt dans les mémoires de l'Académie
de Nanci , avec ceux dont nous venons
de parler ob a
}
D'HOURY , Libraire , rue de la Vieille
Bouclerie , donnera inceffamment une nouvelle
édition de la Chymie médicinale , de
M. Malouin , Médecin ordinaire de la
Reine.
ailty
CONSIDERATIONS fur les caufes de la
Eij
100 MERCURE DE FRANCE.
grandeur des Romains & de leur décadence
; nouvelle édition , à laquelle on a
joint un dialogue de Sylla & d'Eucrate .
A Paris , chez Guillyn , quai des Auguftins
, du côté du pont Saint Michel , au Lys
d'or. 1755 .
édition ; par
URE
>
ESSAI SUR L'ARCHITECTURE , nouvelle
le P. Laugier de la Compagnie
de Jefus. A Paris , chez Duchesne ,
Libraire , rue Saint Jacques , au Temple
du goût. 1755 .
Cette édition eft augmentée, d'un dictionnaire
des termes , avec des planches
qui en facilitent l'explication .
Fermer
Résumé : SEANCE PUBLIQUE De la Société royale des Sciences & Belles-Lettres de Nanci.
Le 20 octobre, la Société royale des Sciences & Belles-Lettres de Nancy a célébré sa séance publique annuelle, marquant également la naissance de son fondateur. Parmi les membres présents figuraient Fontenelle, Hénault, Montesquieu, ainsi que les nouveaux membres Maillebois, Maupertuis et La Condamine. M. Dagay, Abbé de Soreze, de l'Académie de Besançon, a prononcé un discours de remerciement. M. le Corvaisier, Secrétaire perpétuel de l'Académie d'Angers, a envoyé un discours lu par M. le Chevalier de Solignac, soulignant l'importance de la gloire académique et des travaux utiles. M. le Corvaisier a également exprimé son admiration pour les œuvres érudites de l'Académie et a discuté des établissements et œuvres du Roi de Pologne, notant leur utilité pour la religion et l'humanité. M. Dagay a ensuite remercié l'Académie pour sa mission de transmettre les actions héroïques et les sentiments magnanimes aux générations futures. M. le Comte de Custine, Directeur de l'Académie, a encouragé l'Académie à suivre les hautes destinées tracées par Stanislas. M. de Beauchamp a prononcé un discours sur l'ambition, distinguant l'ambition noble de l'ambition criminelle. M. Montignot, Chanoine de l'Église cathédrale de Toul, a fait une dissertation sur l'esprit philosophique, affirmant que Descartes a marqué le début de la véritable philosophie. Il a également discuté de la compatibilité entre l'esprit philosophique et la religion, soulignant que la philosophie aide à reconnaître les limites de la raison et la nécessité de la révélation. La séance s'est conclue par des annonces de publications récentes, notamment une nouvelle édition de la 'Chymie médicinale' de M. Malouin et un 'Essai sur l'architecture' du P. Laugier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 47-52
LE GENIE DU MANS. Songe de Madame la Comtesse de ... à Mme de ....
Début :
Dans un de ces momens qui suivent une gaité bruyante où l'esprit, laissé [...]
Mots clefs :
Philosophie, Littérature, Esprit, Songe, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE GENIE DU MANS. Songe de Madame la Comtesse de ... à Mme de ....
LE GENIE DU MANS.
Songe de Madame la Com effe de ...
à Mme de :
典
Ans un de ces momens qui fuivent
gaire bruyante
>
à lui-même , retourne fans effort à une aimable
philofophie , je me délaffois par des
réflexions qu'un leger fommeil vint interrompre
, je me trouvai tranfportée dans
une affemblée de Génies de nos différentes
provinces ; les progrès de la littérature devoient
être l'objet de leurs délibérations.
Je vis une collection énorme de ces ouvrages
renouvellés de Seneque , de ces
petits riens produits par les accès du bel
efprit , que la fatuité encenfe , & où cette
efpéce d'automates qu'on nomme petitsmaîtres
puife fes gentilleffes,
I Je revois à cela lorfque le Génie du
Mans m'aborda : vous gémiffez , me dit
il , fur la décadence de la littérature , & fur
ces fottifes qui deshonorent la raifon fran
çoife , n'en foyez pas furprife , la frivolité
fait le caractere de cette nation , elle a
penfé dans le fiécle dernier , & comme
elle ne peut foutenir un bon fens uniforme
MERCURE DE FRANCE.
& fuivi , elle fe dédommage aujourd'hui
de ce pénible effort par un jargon éblouiffant
> auquel une faftueufe obfcurité
donne un air de philofophie . Voilà les productions
des auteurs petits-maîtres ; mais
le public les examine , les juge , & venge
le bon fens l'impreffion eft le tombeau
de plufieurs de ces ouvrages , ils circuloient
d'abord dans des mains amies ; mais
fi la cenfure des fots eft fans conféquence ,
leur louange ne l'eft pas moins , & quoique
le faux bel efprit les ait deſtinés à inftruire
la poftérité , le bon goût décide qu'ils ne
parviendront jamais à leur adreffe.
Ces manieres d'auteurs font les ombres
d'un tableau , où ils contraſtent avec un
petit nombre de héros littéraires , qui
penfant fortement feront furement paſſer
le véritable efprit jufqu'aux derniers âges ,
& prouveront que la France , comme la
Grece , a fes époques de raifon & de bon
goût. La multiplication de ces grands hommes
eft le but des Académies , & c'eft un
des grands intérêts d'une nation qui prétend
à la fupériorité des talens qu'elle ne
peut plus conferver que par la fublimité
de fes efforts , car les littérateurs étrangers
font depuis quelque tems , à l'égard
des François , comme les Grands d'Efpagne
qui , avant Philippe V , luttoient contre
JUIN. 1755
49
tre le Souverain. Ainfi ces fociétés doivent
exciter le zéle de leurs membres
pour un nouveau genre de patriotifme , &
s'efforcer d'illuftrer la France par la gloire
des talens. Je me rappelle ici avec chagrin
l'inaction de la ville du Mans , dont l'efprit
naturellement délicat & philofophe ,
pourroit orner avec diftinction les Lettres
Françoiſes.
J'interrompis ici le Génie : vous jugez
bien favorablement , lui dis - je , des Académies
où fouvent la prétention fans
titre & l'audace protégée ufurpent des places
deftinées au mérite. On y trouve auffi
de ces hommes ordinaires qui , puérilement
exacts , briguent avec empreflement le titre,
de puriftes ; leurs productions font moins
des recueils de penfées que des répertoires
de mots françois . Je me rappelle fouvent cet
Académicien qui employa neuf ans à ôter
les car , les fi , les mais d'un ouvrage ; il
en eft encore qui n'ont pas des оссира-
tions moins frivoles : voilà ce qui forme
le grotefque du tableau de la littérature.
Mais les Académies n'en font pas moins
les fanctuaires du goût ; on y voit plufieurs
de ces hommes qui fçavent apprécier &
appliquer les talens , peindre le vrai avec
toutes les nuances de la fageffe , de la
décence & de la délicateffe : ce font des
1. Vol.
C
50
MERCURE DE FRANCE.
Sénats auguftes , dont l'autorité refpectée
par les littérateurs , réprime l'impétuofité
de leur efprit républicain , fans l'afervir
ni l'énerver.
9
J'approuvois
affez comme Vous
voyez , l'établiffement
d'une Académie
dans ma patrie , & j'attendois de plus
amples inftructions fur cet objet de la part
de notre Génie ; mais m'étant éveillée
comme je me difpofois à l'écouter attentivement
, je vis mes efpérances fe diffiper :
j'efpere cependant qu'une feconde rêverie
fatisfera votre empreffement
& le mien ;
faute de mieux , je vais vous entretenir de
mes propres réflexions.
La littérature du Mans fera d'abord femblable
à une prude févere jufqu'à l'excès
dans fes parures parures ,, enforte qu'elle imitera
la trifteffe des meurs de cette ville ; mais
je vous promers qu'une décente imagination
égayera bientôt fa mifantropie par
d'heureux caprices ; notre fexe n'y contribuera
pas peuil eft vrai que les Da
mes , dans l'efprit d'un ' philofophe atrabilaire
, font feulement de jolis automa-"
tes ; s'il s'abaiffe jufquà fourire à nosi
appas , il admire des miniatures qu'il ne
peut fenfément eftimer. Quorque nous
ayons donné plus d'une preuve de notre
capacité , l'injustice de fon jugement fub
AAA 0
JUIN . 1755. St
1
:
fifte toujours ; mais auffi eft- elle fans conféquence
? le bon fens n'eſt d'aucun fexe.
J'efpere que nous formerons un parti
dans l'empire littéraire que de révolutions
en conféquence dans les manieres de
penfer car nous connoiffons le fentiment
, ainfi nous n'imiterons pas ces aureurs
qui , par une froide analyſe de ſes
motifs , le perfuadent fans l'exciter ; nous
ferons donc furement fenfation , & nos
nouvelles idées auront leurs partifans . La
poëfie , fufceptible d'un vif coloris , les embellira
; & quoiqu'elle n'en puiffe faifir
exactement toutes les nuances fans perdre
de fa chaleur , une peinture délicate de
leurs traits les plus frappans leur donnera
un grand intérêt , fans avoir recours à ces
images trop licencieufes que la décence abhorre
, & qui prouvent que la littérature
a fes cyniques , auffi bien que les moeurs .
La poëfie nous conduira à cette douce
mélancolie de la philofophie qui forme
des fyftêmes fur les débris des autres . Je
projette de former alors des corps humains
avec des fylphes : c'en eft fait des Monades
de Leibnitz , & des tubules d'Amilec
; ce roman de la nature fera un épifode
agréable dans la phyfique pour dif
traire l'efprit humain fur la féchereffe de
la vérité ; c'eft là le pis aller , car il fe
Cij
52 MERCURE DE FRANCE.
pourroit faire qu'une femme à ſyſtême eût
deviné la nature. Voilà toutes les licences
de ma philofophie , fa partie morale honorera
l'humanité : quoique j'aie defſein de
faire tous mes efforts pour lui donner ces
graces touchantes qui intéreffent le coeur ,
elles feront toujours modeftes , fes charmes
n'en détruiront pas l'exactitude ; fimple
& parée par le feul fentiment , elle
formera l'homme vertueux & aimable .
Voilà , Madame , un effai de mes caprices
littéraires je l'aurois terminé par des
portraits dont l'efprit fupérieur de notre
illuftre Evêque & les talens de plufieurs
de nos compatriotes auroient fourni
les détails ; mais je me fouviens que
la vérité même vous ennuie lorfqu'elle a
l'air du panégirique ; j'efpere les couronner
cependant par les mains de la poëfie,
Je fuis , Madame , &c.
Songe de Madame la Com effe de ...
à Mme de :
典
Ans un de ces momens qui fuivent
gaire bruyante
>
à lui-même , retourne fans effort à une aimable
philofophie , je me délaffois par des
réflexions qu'un leger fommeil vint interrompre
, je me trouvai tranfportée dans
une affemblée de Génies de nos différentes
provinces ; les progrès de la littérature devoient
être l'objet de leurs délibérations.
Je vis une collection énorme de ces ouvrages
renouvellés de Seneque , de ces
petits riens produits par les accès du bel
efprit , que la fatuité encenfe , & où cette
efpéce d'automates qu'on nomme petitsmaîtres
puife fes gentilleffes,
I Je revois à cela lorfque le Génie du
Mans m'aborda : vous gémiffez , me dit
il , fur la décadence de la littérature , & fur
ces fottifes qui deshonorent la raifon fran
çoife , n'en foyez pas furprife , la frivolité
fait le caractere de cette nation , elle a
penfé dans le fiécle dernier , & comme
elle ne peut foutenir un bon fens uniforme
MERCURE DE FRANCE.
& fuivi , elle fe dédommage aujourd'hui
de ce pénible effort par un jargon éblouiffant
> auquel une faftueufe obfcurité
donne un air de philofophie . Voilà les productions
des auteurs petits-maîtres ; mais
le public les examine , les juge , & venge
le bon fens l'impreffion eft le tombeau
de plufieurs de ces ouvrages , ils circuloient
d'abord dans des mains amies ; mais
fi la cenfure des fots eft fans conféquence ,
leur louange ne l'eft pas moins , & quoique
le faux bel efprit les ait deſtinés à inftruire
la poftérité , le bon goût décide qu'ils ne
parviendront jamais à leur adreffe.
Ces manieres d'auteurs font les ombres
d'un tableau , où ils contraſtent avec un
petit nombre de héros littéraires , qui
penfant fortement feront furement paſſer
le véritable efprit jufqu'aux derniers âges ,
& prouveront que la France , comme la
Grece , a fes époques de raifon & de bon
goût. La multiplication de ces grands hommes
eft le but des Académies , & c'eft un
des grands intérêts d'une nation qui prétend
à la fupériorité des talens qu'elle ne
peut plus conferver que par la fublimité
de fes efforts , car les littérateurs étrangers
font depuis quelque tems , à l'égard
des François , comme les Grands d'Efpagne
qui , avant Philippe V , luttoient contre
JUIN. 1755
49
tre le Souverain. Ainfi ces fociétés doivent
exciter le zéle de leurs membres
pour un nouveau genre de patriotifme , &
s'efforcer d'illuftrer la France par la gloire
des talens. Je me rappelle ici avec chagrin
l'inaction de la ville du Mans , dont l'efprit
naturellement délicat & philofophe ,
pourroit orner avec diftinction les Lettres
Françoiſes.
J'interrompis ici le Génie : vous jugez
bien favorablement , lui dis - je , des Académies
où fouvent la prétention fans
titre & l'audace protégée ufurpent des places
deftinées au mérite. On y trouve auffi
de ces hommes ordinaires qui , puérilement
exacts , briguent avec empreflement le titre,
de puriftes ; leurs productions font moins
des recueils de penfées que des répertoires
de mots françois . Je me rappelle fouvent cet
Académicien qui employa neuf ans à ôter
les car , les fi , les mais d'un ouvrage ; il
en eft encore qui n'ont pas des оссира-
tions moins frivoles : voilà ce qui forme
le grotefque du tableau de la littérature.
Mais les Académies n'en font pas moins
les fanctuaires du goût ; on y voit plufieurs
de ces hommes qui fçavent apprécier &
appliquer les talens , peindre le vrai avec
toutes les nuances de la fageffe , de la
décence & de la délicateffe : ce font des
1. Vol.
C
50
MERCURE DE FRANCE.
Sénats auguftes , dont l'autorité refpectée
par les littérateurs , réprime l'impétuofité
de leur efprit républicain , fans l'afervir
ni l'énerver.
9
J'approuvois
affez comme Vous
voyez , l'établiffement
d'une Académie
dans ma patrie , & j'attendois de plus
amples inftructions fur cet objet de la part
de notre Génie ; mais m'étant éveillée
comme je me difpofois à l'écouter attentivement
, je vis mes efpérances fe diffiper :
j'efpere cependant qu'une feconde rêverie
fatisfera votre empreffement
& le mien ;
faute de mieux , je vais vous entretenir de
mes propres réflexions.
La littérature du Mans fera d'abord femblable
à une prude févere jufqu'à l'excès
dans fes parures parures ,, enforte qu'elle imitera
la trifteffe des meurs de cette ville ; mais
je vous promers qu'une décente imagination
égayera bientôt fa mifantropie par
d'heureux caprices ; notre fexe n'y contribuera
pas peuil eft vrai que les Da
mes , dans l'efprit d'un ' philofophe atrabilaire
, font feulement de jolis automa-"
tes ; s'il s'abaiffe jufquà fourire à nosi
appas , il admire des miniatures qu'il ne
peut fenfément eftimer. Quorque nous
ayons donné plus d'une preuve de notre
capacité , l'injustice de fon jugement fub
AAA 0
JUIN . 1755. St
1
:
fifte toujours ; mais auffi eft- elle fans conféquence
? le bon fens n'eſt d'aucun fexe.
J'efpere que nous formerons un parti
dans l'empire littéraire que de révolutions
en conféquence dans les manieres de
penfer car nous connoiffons le fentiment
, ainfi nous n'imiterons pas ces aureurs
qui , par une froide analyſe de ſes
motifs , le perfuadent fans l'exciter ; nous
ferons donc furement fenfation , & nos
nouvelles idées auront leurs partifans . La
poëfie , fufceptible d'un vif coloris , les embellira
; & quoiqu'elle n'en puiffe faifir
exactement toutes les nuances fans perdre
de fa chaleur , une peinture délicate de
leurs traits les plus frappans leur donnera
un grand intérêt , fans avoir recours à ces
images trop licencieufes que la décence abhorre
, & qui prouvent que la littérature
a fes cyniques , auffi bien que les moeurs .
La poëfie nous conduira à cette douce
mélancolie de la philofophie qui forme
des fyftêmes fur les débris des autres . Je
projette de former alors des corps humains
avec des fylphes : c'en eft fait des Monades
de Leibnitz , & des tubules d'Amilec
; ce roman de la nature fera un épifode
agréable dans la phyfique pour dif
traire l'efprit humain fur la féchereffe de
la vérité ; c'eft là le pis aller , car il fe
Cij
52 MERCURE DE FRANCE.
pourroit faire qu'une femme à ſyſtême eût
deviné la nature. Voilà toutes les licences
de ma philofophie , fa partie morale honorera
l'humanité : quoique j'aie defſein de
faire tous mes efforts pour lui donner ces
graces touchantes qui intéreffent le coeur ,
elles feront toujours modeftes , fes charmes
n'en détruiront pas l'exactitude ; fimple
& parée par le feul fentiment , elle
formera l'homme vertueux & aimable .
Voilà , Madame , un effai de mes caprices
littéraires je l'aurois terminé par des
portraits dont l'efprit fupérieur de notre
illuftre Evêque & les talens de plufieurs
de nos compatriotes auroient fourni
les détails ; mais je me fouviens que
la vérité même vous ennuie lorfqu'elle a
l'air du panégirique ; j'efpere les couronner
cependant par les mains de la poëfie,
Je fuis , Madame , &c.
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Résumé : LE GENIE DU MANS. Songe de Madame la Comtesse de ... à Mme de ....
Dans un rêve, l'auteure se retrouve parmi des génies représentant diverses provinces françaises, discutant des progrès de la littérature. Elle observe une variété d'ouvrages, allant des écrits sérieux de Sénèque aux productions frivoles des petits-maîtres. Le Génie du Mans l'aborde pour lui parler de la décadence de la littérature française, marquée par la frivolité et un jargon philosophique obscur. Il souligne que le public rejette ces œuvres superficielles, laissant place à de véritables talents littéraires. L'auteure interrompt le Génie pour critiquer les Académies, souvent corrompues par la prétention et l'audace, mais reconnaissant leur rôle de sanctuaires du goût. Elle approuve l'idée d'une Académie au Mans, espérant qu'elle stimulera les talents locaux. Le rêve s'interrompt, mais l'auteure exprime son espoir de voir la littérature du Mans s'épanouir, combinant prudence et imagination. Elle projette de créer une littérature qui respecte le sentiment et la décence, évitant les excès et les analyses froides. La poésie jouera un rôle central, embellissant les idées nouvelles avec délicatesse et mélancolie philosophique. L'auteure conclut en espérant contribuer à l'empire littéraire par des œuvres honnêtes et touchantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 220-221
ALLEMAGNE.
Début :
L'Impératrice-Reine vient d'établir pour la noblesse une Académie, dans laquelle [...]
Mots clefs :
Vienne, Berlin, Hanovre, Impératrice-Reine, Académie, Exécution, Magistrats, Académie royale des sciences et belles-lettres, Princesse, Prince du Landgraviat
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE,
DE VIENNE , le 19 Avril.
L'Impératrice - Reine vient d'établir pour la
nobleffe une Académie , dans laquelle on enfeighera
non feulement à monter à cheval , à faire
des armes & à danfer , mais encore l'hiſtoire , le
droit , la politique , la géométrie , & les langues
françoife & italienne . Chaque penfionnaire payera
fept cens florins par an. Le Comte de Solms ,
Confeiller privé , aura la direction de cet établiſ
fement.
Les anciennes extravagances au fujet des Vampires
venant de fe renouveller dans la haute Si
lefie , l'Impératrice- Reine a adreffé à la Régence
de cette province un refcrit , portant » qu'elle a
appris avec peine que le peuple pût le laiffér
>> féduire par des idées fi ridicules ; qu'elle exhorte
les Magiftrats à ne rien négliger pour le
convaincre de la fauffeté de femblables préven-
» tions ; qu'elle regarde l'exécution qui s'eft faite
» à l'égard de plufieurs cadavres , comme une action
qui répugne au bon ordre & à l'humanité ;
» que comme cette exécution a été faite à Pin-
» fçu des Magiftrats , Sa Majeſté veut qu'on en
» recherche les auteurs , & qu'on procéde contre
eux fuivant la rigueur des loix . »
DE BERLIN , le 18 Avril.
Hier , l'Académie royale des Sciences & Belles-
Lettres élut pour Académicien le feur pinus ,
& pour Affocié étranger le Sr de Secondar, Préfi
dent du Parlement de Guyenne , fils du célebre
Président de Montesquieu .
JUIN." 1755. 221
DE HANOV RE , le 2 Mai.
Ce matin , le Roi de la Grande - Bretagne eft
arrivé de Londres : on a dépêché des couriers
pour annoncer Gette nouvelle à plufieurs Cours
de l'Empire. Le Landgrave de Heffe- Caffel , & la
Princeffe , époufe du Prince héréditaire du Landgraviat
de ce nom , font attendus ici dans quelques
jours.
DE VIENNE , le 19 Avril.
L'Impératrice - Reine vient d'établir pour la
nobleffe une Académie , dans laquelle on enfeighera
non feulement à monter à cheval , à faire
des armes & à danfer , mais encore l'hiſtoire , le
droit , la politique , la géométrie , & les langues
françoife & italienne . Chaque penfionnaire payera
fept cens florins par an. Le Comte de Solms ,
Confeiller privé , aura la direction de cet établiſ
fement.
Les anciennes extravagances au fujet des Vampires
venant de fe renouveller dans la haute Si
lefie , l'Impératrice- Reine a adreffé à la Régence
de cette province un refcrit , portant » qu'elle a
appris avec peine que le peuple pût le laiffér
>> féduire par des idées fi ridicules ; qu'elle exhorte
les Magiftrats à ne rien négliger pour le
convaincre de la fauffeté de femblables préven-
» tions ; qu'elle regarde l'exécution qui s'eft faite
» à l'égard de plufieurs cadavres , comme une action
qui répugne au bon ordre & à l'humanité ;
» que comme cette exécution a été faite à Pin-
» fçu des Magiftrats , Sa Majeſté veut qu'on en
» recherche les auteurs , & qu'on procéde contre
eux fuivant la rigueur des loix . »
DE BERLIN , le 18 Avril.
Hier , l'Académie royale des Sciences & Belles-
Lettres élut pour Académicien le feur pinus ,
& pour Affocié étranger le Sr de Secondar, Préfi
dent du Parlement de Guyenne , fils du célebre
Président de Montesquieu .
JUIN." 1755. 221
DE HANOV RE , le 2 Mai.
Ce matin , le Roi de la Grande - Bretagne eft
arrivé de Londres : on a dépêché des couriers
pour annoncer Gette nouvelle à plufieurs Cours
de l'Empire. Le Landgrave de Heffe- Caffel , & la
Princeffe , époufe du Prince héréditaire du Landgraviat
de ce nom , font attendus ici dans quelques
jours.
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Résumé : ALLEMAGNE.
L'Impératrice-Reine d'Allemagne a fondé une Académie pour la noblesse à Vienne, où les élèves étudieront l'équitation, les armes, la danse, l'histoire, le droit, la politique, la géométrie, ainsi que les langues française et italienne. Le coût annuel est de sept cents florins par pensionnaire, et le Comte de Solms en assurera la direction. Parallèlement, des superstitions sur les vampires ayant resurgi, l'Impératrice-Reine a adressé un rescrit à la Régence de la province, condamnant les exécutions de cadavres et ordonnant de poursuivre les responsables. À Berlin, l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres a élu Pinius comme Académicien et de Secondat, fils de Montesquieu, comme Associé étranger. À Hanovre, le Roi de Grande-Bretagne est arrivé de Londres, et des courriers ont annoncé cette nouvelle à plusieurs cours de l'Empire. Le Landgrave de Hesse-Cassel et la Princesse, épouse du Prince héréditaire du Landgraviat, sont attendus prochainement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 77-124
Eloge de M. le Président de Montesquieu.
Début :
L'intérêt que les bons citoyens prennent à l'Encyclopédie, & le grand nombre de [...]
Mots clefs :
Montesquieu, Encyclopédie, Gloire, Moeurs, Ouvrage, Auteur, Esprit, Hommes, Académie, Parlement de Bordeaux, Académie française, Éloge, De l'esprit des lois, Lettres persanes, Amour, Nations, Malheur, Commerce, Intérêt, Honneur, Étude, Citoyen, Philosophie, Religion, Gouvernement, Roi, Sciences, Parlement
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texteReconnaissance textuelle : Eloge de M. le Président de Montesquieu.
Ous ne pouvons mieux ouvrir cet arpar
volume de l'Encyclopédie. Qui ſe diſtribue
depuis quelques jours chez Briaffon , David
l'aîné , le Breton , & Durand. Il doit être
d'autant plus intéreffant que M. de Voltaire
y a travaillé les mots , efprit , éloquence
, élégance. Qui pouvoit mieux en
parler ? Le morceau qui paroît à la tête du
même volume , acheve de le rendre précieux
. C'eſt l'éloge de M. de Montesquieu
par M. d'Alembert . On peut dire fans
fadeur que le Panégyrifte eft digne du
héros . Cet éloge nous a paru d'une fi grande
beauté , que nous croyons obliger le
Lecteur de l'inférer ici dans fon entier.
Quant à la note qui fe trouve à la page
huit , comme elle contient elle - feule une
excellente analyſe de l'Efprit des Loix ,
nous avons craint de prodiguer à la fois
tant de richeffes , & par une jufte économie,
nous l'avons réfervée pour en décorer
le premier Mercure de Décembre . Ceux
Diij
78 MERCURE DE FRANCE.
qui n'auront pas le Dictionnaire , feront
charmés de trouver cette piece complette
dans mon Journal , où ils pourront même
la lire plus commodément , puifqu'il eſt
portatif.
Eloge de M. le Préſident de Montefquien.
L'intérêt que les bons citoyens prennent
à l'Encyclopédie, & le grand nombre de
gens de Lettres qui lui confacrent leurs
travaux , femblent nous permettre de la
regarder comme un des monumens les
plus propres à être dépofitaires des fentimens
de la patrie , & des hommages
qu'elle doit aux hommes célebres qui l'ont
honorée . Perfuadés néanmoins que M.
de Montesquieu étoit en droit d'attendre
d'autres Panégyriftes que nous , & que la
douleur publique eût mérité des interpretes
plus éloquens , nous euflions renfermé
au- dedans de nous-mêmes nos juftes
regrets & notre refpect pour fa mémoire ;
mais l'aveu de ce que nous lui devons ,
nous eft trop précieux pour en laiffer le
foin à d'autres. Bienfaicteur de l'humanité
par fes écrits , il a daigné l'être auffi de
cet ouvrage , & notre reconnoiffance ne
veut que tracer quelques lignes au pied de
fa ftatue .
Charles de Secondat , Baron de la Brede
NOVEMBRE. 1755. 79
& de Montesquieu , ancien Préfident à
Mortier au Parlement de Bordeaux , de
l'Académie Françoife, de l'Académie royale
des Sciences & des Belles - Lettres de
Pruffe , & de la Société de Londres , naquit
au Château de la Brede , près de Bordeaux
, le 18 Janvier 1689 , d'une famille
noble de Guyenne. Son trifayeul , Jean de
Secondat , Maître d'Hôtel de Henri II ,
Roi de Navarre , & enfuite de Jeanne ,
fille de ce Roi , qui époufa Antoine de
Bourbon , acquit la terre de Montesquieu
d'une fomme de 10000 livres que cette
Princeffe lui donna par un acte authentique
, en récompenfe de fa probité & de
fes fervices. Henri III , Roi de Navarre ,
depuis Henri IV , Roi de France , érigea
en Baronie la terre de Montefquieu , en
faveur de Jacob de Secondat , fils de Jean ,
d'abord Gentilhomme ordinaire de la
Chambre de ce Prince , & enfuite Meftre
de camp du Régiment de Châtillon.
Jean Gafton de Secondat , fon fecond fils ,
ayant époufé la fille du Premier Préfident
du Parlement de Bordeaux , acquit dans
cette Compagnie une charge de Préfident
à Mortier. Il eut plufieurs enfans , dont
un entra dans le fervice , s'y diftingua ,
& le quitta de fort bonne heure. Ce fut
pere de Charles de Secondat , auteur Le
Div
So MERCURE DE FRANCE.
de l'Efprit des Loix . Ces détails paroîtront
peut- être déplacés à la tête de l'éloge
d'un philofophe dont le nom a fi peu
befoin d'ancêtres ; mais n'envions point
à leur mémoire l'éclat que ce nom répand
fur elle.
Les fuccès de l'enfance préfage quelquefois
fi trompeur , ne le furent point
dans Charles de Secondat : il annonça de
bonne heure ce qu'il devoit être ; & fon
pere donna tous fes foins à cultiver ce génie
naiffant , objet de fon efpérance &
de fa tendreſſe . Dès l'âge de vingt ans , le
jeune Montefquieu préparoit déja les matériaux
de l'Esprit des Loix , par un extrait
raifonné des immenfes volumes qui compofent
le corps du Droit civil ; ainfi autrefois
Newton avoit jetté dès fa premiere
jeuneffe les fondemens des ouvrages qui
l'ont rendu immortel . Cependant l'étude
de la Jurifprudence , quoique moins aride
pour M. de Montefquieu que pour la
plupart de ceux qui s'y livrent , parce qu'il
la cultivoit en philofophe , ne fuffifoit pas
à l'étendue & à l'activité de fon génie ; il
approfondiffoit dans le même temps des
matieres encore plus importantes & plus
délicates , & les difcutoit dans le filence
avec la fageffe , la décence , & l'équité
qu'il a depuis montrées dans fes ouvrages .
NOVEMBRE. 1755 . 81
Un oncle paternel , Préfident à Mortier
au Parlement de Bordeaux , Juge éclairé
& citoyen vertueux , l'oracle de fa compagnie
& de fa province , ayant perdu un
fils unique , & voulant conferver dans fon
Corps l'efprit d'élevation qu'il avoit tâché
d'y répandre , laiffa fes biens & fa charge
à M. de Montefquieu ; il étoit Confeiller
au Parlement de Bordeaux , depuis le 24
Février 1714 , & fut reçu Préſident à
Mortier le 13 Juillet 1716. Quelques années
après , en 1722 , pendant la minorité
du Roi , fa Compagnie le chargea de préfenter
des remontrances à l'occafion d'un
nouvel impôt. Placé entre le thrône & le
peuple , il remplit en fujet refpectueux &
en Magiftrat plein de courage , l'emploi fi
noble & fi peu envié , de faire parvenir
au Souverain le cri des malheureux ; & la
mifere publique repréfentée avec autant
d'habileté que de force , obtint la justice.
qu'elle demandoit . Ce fuccès , il eft vrai ,
par malheur l'Etat bien plus que pour
pour
lui , fut auffi paffager que s'il eût été injufte
; à peine la voix des peuples eût- elle
ceffé de le faire entendre , que l'impôt
fupprimé fut remplacé par un autre ; mais
le citoyen avoit fait fon devoir.
Il fut reçu le 3 Avril 1716 dans l'Académie
de Bordeaux , qui ne faifoit que de
Dy
82 MERCURE DE FRANCE.
naître . Le gout pour la Mufique & pour
les ouvrages de pur agrément , avoit d'abord
raflemblé les membres qui la for
moient. M. de Montefquieu crut avec raifon
que l'ardeur naiffante & les talens de
fes confieres pourroient s'exercer avec encore
plus d'avantage fur les objets de la
Phyfique. Il étoit perfuadé que la nature ,
digne d'être obfervée par -tout , trouvoit
aufli par tout des yeux dignes de la voir ;
qu'au contraire les ouvrages de goût ne
fouffrant point de médiocrité , & la Capitale
étant en ce genre le centre des lumieres
& des fecours , il étoit trop difficile de
rafferobler loin d'elle un affez grand nombre
d'écrivains diftingués ; il regardoit les
Sociétés de bel efprit , fi étrangement multipliées
dans nos provinces , comme une
efpece , ou plutôt comme une ombre de
luxe littéraire qui nuit à l'opulence réelle
fans même en offrir l'apparence . Heureufement
M. le Duc de la Force , par un prix
qu'il venoit de fonder à Bordeaux , avoit
fecondé des vues fi éclairées & fi juftes.
On jugea qu'une expérience bien faite
feront préférable à un difcours foible , ou
à un mauvais poëme ; & Bordeaux eut
une Académie des Sciences .
M. de Montefquieu nullement empreffé
de fe montrer au public , fembloit attenNOVEMBRE.
1755. 83
dre , felon l'expreffion d'un grand génie ,
un âge mur pour écrire ; ce ne fut qu'en
1721 , c'eft -à- dire âgé de trente - deux ans,
qu'il mit au jour les Lettres Perfannes. Le
Siamois des amufemens ferieux & comiques
pouvoit lui en avoir fourni l'idée ; mais
il furpaffa fon modele . La peinture des
moeurs orientales réelles ou fuppofées , de
l'orgueil & du flegme de l'amour aliatique
, n'eft que le moindre objet de ces
Lettres ; elle n'y fert , pour ainfi dire , que
de prétexte à une fatyre fine de nos moeurs,
& à des matieres importantes que l'Auteur
approfondit en paroiffant gliffer fur
elles. Dans cette efpèce de tableau mouvant
, Ufbek expofe fur-tout avec autant
de légereté que d'énergie ce qui a le plus
frappé parmi nous fes yeux pénétrans ;
notre habitude de traiter férieufement les
chofes les plus futiles , & de tourner les
plus importantes en plaifanterie ; nos converfations
fi bruyantes & fi frivoles ; notre
ennui dans le fein du plaifir même ;
nos préjugés & nos actions en contradiction
continuelle avec nos lumieres ; tant
d'amour pour la gloire joint à tant de
refpect pour l'idole de la faveur ; nos
Courtifans fi rampans & fi vains ; notre
politeffe extérieure & notre mépris réel
pour les étrangers , ou notre prédilection
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
affectée pour eux ; la bifarrerie de nos
gouts , qui n'a rien au- deffous d'elle que
l'empreffement de toute l'Europe à les
adopter ; notre dédain barbare pour deux
des plus refpectables occupations d'un citoyen
, le commerce & la magiftrature ;
nos difputes littéraires fi vives & fi inuti
les ; notre fureur d'écrire avant que de
penfer , & de juger avant que de connoître.
A cette peinture vive , mais fans
fiel , il oppofe dans l'apologue des Troglodites
, le tableau d'un peuple vertueux ,
devenu fage par le malheur , morceau
digne du Portique : ailleurs il montre la
philofophie long-tems étouffée , reparoiffant
tout-à- coup , regagnant par les progrès
le tems qu'elle a perdu , pénétrant
jufques chez les Ruffes à la voix d'un génie
qui l'appelle , tandis que chez d'autres
peuples de l'Europe , la fuperftition , femblable
à une atmoſphere épaiffe , empêche
la lumiere qui les environne de toutes
parts d'arriver jufqu'à eux. Enfin , par les
principes qu'il établit fur la nature des
gouvernemens anciens & modernes , il
préfente le germe de ces idées lumineufes
développées depuis par l'Auteur dans fon
grand ouvrage.
Ces différens fujets , privés aujourd'hui
des graces de la nouveauté qu'ils avoient
8
NOVEMBRE. 1755. 85
dans la naiffance des Lettres Perfannes , y
conferveront toujours le mérite du caractere
original qu'on a fçu leur donner ;
mérite d'autant plus réel , qu'il vient ici
du génie feul de l'écrivain , & non du
voile étranger dont il s'eft couvert ; car
Ufbek a pris durant fon féjour en France ,
non feulement une connoiffance fi parfaite
de nos moeurs , mais une fi forte teinture
de nos manieres mêmes , que fon
ftyle fait fouvent oublier fon pays . Ce
léger défaut de vraisemblance peut n'être
fans deffein & fans adreffe : en relevant
nos ridicules & nos vices , il a voulu
fans doute auffi rendre juftice à nos
avantages ; il a fenti toute la fadeur d'un
éloge direct & il s'en eft plus finement
acquitté , en prenant fi fouvent notre ton
pour médire plus agréablement de nous.
pas
Malgré le fuccès de cet ouvrage , M.
de Montefquieu ne s'en étoit point déclaré
ouvertement l'auteur. Peut - être
croyoit- il échapper plus aifément par ce
moyen à la fatyre littéraire , qui épargne
plus volontiers les écrits anonymes , parce
que c'est toujours la perfonne & non l'ouvrage
qui eft le but de fes traits ; peut- être
craignoit- il d'être attaqué fur le prétendu
contrafte des Lettres Perfannes avec l'auférité
de fa place ; efpece de reproche ,
86 MERCURE DE FRANCE.
difoit il , que les critiques ne manquent
jamais, parce qu'il ne demande aucun effort
d'efprit. Mais fon fecret étoit découvert ,
& déja le public le montroit à l'Académie
Françoife. L'événement fit voir combien
le filence de M. de Montefquieu avoit été
fage . Ufbek s'exprime quelquefois affez
librement , non fur le fonds du Chriftianiſme
, mais fur des matieres que trop de
perfonnes affectent de confondre avec le
Chriftianifme même , fur l'efprit de
perfécution
dont tant de Chrétiens ont été
animés ; fur les ufurpations temporelles
de la puiffance eccléfiaftique ; fur la multiplication
exceffive des monafteres , qui
enleve des fujets à l'Etat , fans donner à
Dieu des adorateurs ; fur quelques opinions
qu'on a vainement tenté d'ériger
en dogmes ; fur nos difputes de religion ,
toujours violentes , & fouvent funeftes.
S'il paroît toucher ailleurs à des questions
plus délicates , & qui intéreffent de plus
près la religion chrétienne , fes réflexions
appréciées avec juftice , font en effet trèsfavorables
à la révélation , puifqu'il fe
borne à montrer combien la raifon humaine
, abandonnée à elle-même , eft peu
éclairée fur ces objets. Enfin , parmi les
véritables lettres de M. de Montefquieu ,
l'Imprimeur étranger en avoit inféré quel
NOVEMBRE. 1755. 87
ques -unes d'une autre main , & il eût
fallu du moins , avant que de condamner
l'auteur , démêler ce qui lui appartenoit
en propre. Sans égard à ces confidérations
, d'un côté la haine fous le rom
de zéle , de l'autre le zéle fans difcernement
ou fans lumieres , fe fouleverent &
fe réunirent contre les Lettres Perfannes.
Des délateurs , efpece d'hommes dangereufe
& lâche , que même dans un gouvernement
fage on a quelquefois le malheur
d'écouter , allarmerent par un extrait
infidele la piété du miniftere. M. de Montefquieu
, par le confeil de fes amis , foutenu
de la voix publique , s'étant préſenté
pour la place de l'Académie Françoiſe vacante
par la mort de M. de Sacy , le Miniftre
écrivit à cette Compagnie qué S. M.
ne donneroit jamais fon agrément à l'auteur
des Lettres Perfannes ; qu'il n'avoit
point lu ce livre , mais que des perfonnes
en qui il avoit confiance , lui en avoient
fait connoître le poifon & le danger . M.
de Montefquieu fentit le coup qu'une pareille
accufation pouvoit porter à fa perfonne
, à la famille , à la tranquillité de
fa vie. Il n'attachoit pas affez de prix aux
honneurs littéraires , ni pour les rechercher
avec avidité , ni pour affecter de les
dédaigner quand ils fe préfentoient à lui ,
88 MERCURE DE FRANCE.
:
ni enfin pour en regarder la fimple privation
comme un malheur ; mais l'exclufion
perpétuelle , & fur - tout les motifs de
l'exclufion lui paroiffoient une injure. Il vit
le Miniftre , lui déclara que par des raifons
particulieres il n'avouoit point les
Lettres Perfannes , mais qu'il étoit encore
plus éloigné de defavouer un ouvrage
dont il croyoit n'avoir point à rougir , &
qu'il devoit être jugé d'après une lecture ,
& non fur une délation le Miniftre prit
enfin le parti par où il auroit dû commencer
; il lut le livre , aima l'Auteur , & apprit
à mieux placer fa confiance ; l'Académie
Françoife ne fut point privée d'un de
fes plus beaux ornemens , & la France eut
le bonheur de conferver un fujet que la fuperftition
ou la calomnie étoient prêtes à
lui faire perdre : car M. de Montefquieu
avoit déclaré au Gouvernement qu'après
l'efpece d'outrage qu'on alloit lui faire ,
il iroit chercher chez les étrangers qui lui
tendoient les bras , la fureté , le repos , &
peut-être les recompenfes qu'il auroit dû
efperer dans fon pays. La nation eût déploré
cette perte , & la honte en fut pourtant
retombée fur elle.
Feu M. le Maréchal d'Eftrées , alors Directeur
de l'Académie Françoife , fe conduifit
dans cette circonftance en courtiſan
NOVEMBRE . 1755 . 89
vertueux , & d'une ame vraiment élevée ;
il ne craignit ni d'abufer de fon crédit ni
de le compromettre ; il foutint fon ami &
juftifia Socrate. Ce trait de courage fi précieux
aux Lettres , fi digne d'avoir aujourd'hui
des imitateurs , & fi honorable à
la mémoire de M. le Maréchal d'Eftrées ,
n'auroit pas dû être oublié dans fon éloge.
M. de Montefquieu fut reçu le 24 Janvier
1728. Son difcours eft un des meilleurs
qu'on ait prononcés dans une pareille
occafion ; le mérite en eft d'autant
plus grand , que les Récipiendaires gênés
jufqu'alors par ces formules & ces éloges
d'ufage auxquels une efpece de prefcription
les affujettit , n'avoient encore ofé
franchir ce cercle pour traiter d'autres fujets
, ou n'avoient point penfé du moins à
les y renfermer ; dans cet état même de
contrainte il eut l'avantage de réuffir . Entre
plufieurs traits dont brille fon difcours ,
on reconnoîtroit l'écrivain qui penſe , au
feul portrait du Cardinal de Richelieu
qui apprit à la France le fecret de fes forces ,
& à l'Espagne celui de fa foibleffe , qui ôta
à l'Allemagne fes chaînes , & lui en donna
de nouvelles. Il faut admirer M. de Montefquieu
d'avoir fçu vaincre la difficulté
de fon fujet, & pardonner à ceux qui n'ont
pas eu le même fuccès .
›
90 MERCURE DE FRANCE.
Le nouvel Académicien étoit d'autant
plus digne de ce titre , qu'il avoit peu de
tems auparavant renoncé à tout autre travail
, pour fe livrer entierement à fon
génie & à fon goût . Quelque importante
que fût la place qu'il occupoit , avec quelques
lumieres & quelque intégrité qu'il
en eût rempli les devoirs , il fentoit qu'il
y avoit des objets plus dignes d'occuper
fes talens ; qu'un citoyen eft redevable à
fa nation & à l'humanité de tout le bien
qu'il peut leur faire ; & qu'il feroit plus
utile à l'une & à l'autre , en les éclairant
par fes écrits , qu'il ne pouvoit l'être en
difcutant quelques conteftations particulieres
dans l'obfcurité . Toutes ces réflexions
le déterminerent à vendre fa charge
; il ceffa d'être Magiftrat , & ne fut plus
qu'homme de Lettres .
Mais pour fe rendre utile par fes ouvra
ges aux différentes nations , il étoit néceffaire
qu'il les connût ; ce fut dans cette
vue qu'il entreprit de voyager. Son but
étoit d'examiner partout le phyfique & le
moral , d'étudier les loix & la conftitution
de chaque pays , de vifiter les fçavans , les
écrivains , les artiftes célebres , de chercher
fur- tout ces hommes rares & finguliers
dont le commerce fupplée quelquefois à
plufieurs années d'obfervations & de féNOVEMBRE.
1755. 91
jour. M. de Montefquieu eût pu dire comme
Démocrite. Je n'ai rien oublié pour
» m'inftruire ; j'ai quitté mon pays , & parcouru
l'univers pour mieux connoître
» la vérité : j'ai vu tous les perfonnages
» illuftres de mon tems ; mais il y eût
cette différence entre le Démocrite François
& celui d'Abdere , que le premier
voyageoit pour inftruire les hommes , &
le fecond pour s'en moquer,
Il alla d'abord à Vienne , où il vit fouvent
le célebre Prince Eugene ; ce Héros
fi funefte à la France ( à laquelle il auroit
pû être fi utile ) , après avoir balancé la
fortune de Louis XIV. & humilié la fierté
Ottomane , vivoit fans fafte durant la paix,
aimant & cultivant les Lettres dans une
Cour où elles font peu en honneur , &
donnant à ſes maîtres l'exemple de les protéger.
M. de Montefquieu crut entrevoir
dans fes difcours quelques reftes d'intérêt
pour fon ancienne patrie ; le Prince Eugene
en laiffoit voir furtout , autant que le
peut faire un ennemi , für les fuites funeftes
de cette divifion inteftine qui trouble
depuis fi longtems l'Eglife de France :
l'Homme d'Etat en prévoyoit la durée &
les effets , & les prédit au Philofophe.
M. de Montefquieu partit de Vienne
pour voir la Hongrie , contrée opulente &
92 MERCURE DE FRANCE.
fertile, habitée par une nation fiere & généreufe
, le fléau de fes Tyrans & l'appui de
fes Souverains. Comme peu de perfonnes
connoiffent bien ce pays , il a écrit avec
foin cette partie de fes voyages.
D'Allemagne , il paffa en Italie ; il vit à
Venife le fameux Law , à qui il ne reftoit
de fa grandeur paffée que des projets heureufement
deftinés à mourir dans fa tête ,
& un diamant qu'il engageoit pour jouer
aux jeux de hafard . Un jour la converfation
rouloit fur le fameux fyftème que Law
avoit inventé ; époque de tant de malheurs
& de fortunes , & furtout d'une dépravation
remarquable dans nos moeurs . Comme
le Parlement de Paris , dépofitaire immédiat
des Loix dans les tems de minorité ,
avoit fait éprouver au Miniftre Ecoffois
quelque réfiftance dans cette occafion
M. de Montefquieu lui demanda pourquoi
on n'avoit pas effayé de vaincre cette réfiftance
par un moyen prefque toujours infaillible
en Angleterre , par le grand mobile
des actions des hommes , en un mot
par l'argent : Ce ne font pas , répondit Law,
desgénies auffi ardens & auf dangereux que
mes compatriotes , mais ils font beaucoup plus
incorruptibles. Nous ajouterons fans aucun
préjugé de vanité nationale , qu'un Corps
libre pour quelques inftans , doit mieux
NOVEMBRE. 1755. 93
résister à la corruption que celui qui l'eft
toujours ; le premier , en vendant fa liberté,
la perd ; le fecond ne fait , pour ainfi
dire , que la prêter , & l'exerce même en
l'engageant ; ainfi les circonftances & la
nature du Gouvernement font les vices &
les vertus des Nations.
Un autre perfonnage non moins fameux
que M. de Montefquieu vit encore plus .
fouvent à Venife , fut le Comte de Bonneval
. Cet homme fi connu par fes aventures
, qui n'étoient pas encore à leur terme,
& flatté de converfer avec un juge digne
de l'entendre , lui faifoit avec plaifir le détail
fingulier de fa vie , le récit des actions.
militaires où il s'étoit trouvé , le portrait
des Généraux & des Miniftres qu'il avoit
connus . M. de Montefquieu fe rappelloit,
fouvent ces converfations & en racontoit
différens traits à fes amis.
Il alla de Venife à Rome : dans cette ancienne
Capitale du monde , qui l'eft encore
à certains égards , il s'appliqua furtour
à examiner ce qui la diftingue aujourd'hui
le plus , les ouvrages des Raphaëls ,
des Titiens , & des Michel- Anges : il n'avoit
point fait une étude particuliere des
beaux arts ; mais l'expreffion dont brillent
les chef-d'oeuvres en ce genre , faifit infailliblement
tout homme de génie . Accoutu94
MERCURE DE FRANCE.
mé à étudier la nature , il la reconnoît
quand elle eft imitée , comme un portrait
reffemblant frappe tous ceux à qui l'original
eft familier : malheur aux productions
de l'art dont toute la beauté n'eſt que
pour les Artiſtes.
Après avoir parcouru l'Italie , M. de
Montefquieu vint en Suiffe ; il examina
foigneufement les vaſtes pays arrofés par
le Rhin ; & il ne lui refta plus rien à voir
en Allemagne ; car Frédéric ne regnoit pas
encore. Il s'arrêta enfuite quelque tems
dans les Provinces-Unies , monument admirable
de ce que peut l'induftrie humaine
animée par l'amour de la liberté. Enfin il
fe rendit en Angleterre où il demeura deux
ans : digne de voir & d'entretenir les plus
grands hommes , il n'eut à regretter que
de n'avoir pas fait plutôt ce voyage : Locke
& Newton étoient morts. Mais il eut fouvent
l'honneur de faire fa cour à leur protectrice
, la célebre Reine d'Angleterre ,
qui cultivoit la Philofophie fur le thrône ,
& qui goûta , comme elle devoit , M. de
Montefquieu. Il ne fut pas moins accueilli
par la Nation , qui n'avoit pas befoin fur
cela de prendre le ton de fes maîtres . Il
forma à Londres des liaifons intimes avec
des hommes exercés à méditer , & à ſe préparer
aux grandes chofes par des études
NOVEMBRE. 1755. 95
profondes ; il s'inftruifit avec eux de la nature
du Gouvernement , & parvint à le
bien connoître. Nous parlons ici d'après
les témoignages publics que lui en ont rendu
les Anglois eux-mêmes , fi jaloux de
nos avantages , & fi peu difpofés à reconnoître
en nous aucune fupériorité.
Comme il n'avoit rien examiné ni avec
la prévention d'un enthouſiaſte , ni avec
l'austérité d'un Cynique , il n'avoit rapporté
de les voyages ni un dédain outrageant
pour les étrangers , ni un mépris
encore plus déplacé pour fon propre pays.
Il réfultoit de fes obfervations que l'Allemagne
étoit faite pour y voyager , l'Italie
pour y féjourner , l'Angleterre pour y penfer
, & la France pour y vivre.
De retour enfin dans fa Patrie , M de
Montefquieu fe retira pendant deux ans à
fa terre de la Brede : il y jouit en paix de
cette folitude que le fpectacle & le tumulte
du monde fert à rendre plus agréable ;
il vécut avec lui-même , après en être forti
fi long-tems ; & ce qui nous intéreſſe le
plus , il mit la derniere main à fon ouvrage
fur la caufe de la grandeur & de la déca
dence des Romains , qui parut en 1734.
Les Empires , ainfi que les hommes
doivent croître , dépérir & s'éteindre ; mais
cette révolution néceffaire a fouvent des
96 MERCURE DE FRANCE.
caufes cachées que la nuit des tems nous
dérobe , & que le myftere où leur petiteffe
apparente a même quelquefois voilées aux
yeux des contemporains ; rien ne reſſemble
plus fur ce point à l'Hiftoire moderne
que l'Hiftoire ancienne. Celle des Romains
mérite néanmoins à cet égard quelque exception
; elle préfente une politique raifonnée
, un fyftème fuivi d'aggrandiffement
, qui ne permet pas d'attribuer la
fortune de ce peuple à des refforts obfcurs
& fubalternes. Les caufes de la grandeur
Romaine fe trouvent donc dans l'Hiftoire ,
& c'eft au Philofophe à les y découvrir.
D'ailleurs il n'en eft pas des fyftêmes dans
cette étude comme dans celle de la Phyfique
; ceux-ci font prefque toujours précipités
, parce qu'une obfervation nouvelle
& imprévue peut les renverfer en un inftant
; au contraire , quand on recueille
avec foin les faits que nous tranfmet l'Hif
toire ancienne d'un pays , fi on ne raffemble
pas toujours tous les matériaux qu'on
peut défirer , on ne fçauroit du moins ef
pérer d'en avoir un jour davantage . L'étude
réfléchie de l'Hiftoire , étude fi importante
& fi difficile , confifte à combiner
de la maniere la plus parfaite , ces matériaux
défectueux : tel feroit le métire d'un
Architecte , qui , fur des ruines fçavantes ,
traceroit ,
NOVEMBRE. 1755 . 97
traceroit , de la maniere la plus vraiſemblable
, le plan d'un édifice antique , en
fuppléant , par le génie & par d'heureuſes
conjectures , à des reftes informes & tronqués.
C'eſt fous ce point de vue qu'il faut envifager
l'ouvrage de M. de Montefquieu :
il trouve les caufes de la grandeur des Romains
dans l'amour de la liberté , du travail
& de la patrie , qu'on leur infpiroit
dès l'enfance ; dans la févérité de la difcipline
militaire ; dans ces diffenfions intef
tines qui donnoient du reffort aux efprits ,
& qui ceffoient tout -à coup à la vue de
l'ennemi ; dans cette conftance après le
malheur qui ne défefpéroit jamais de la
république dans le principe où ils furent
toujours de ne faire jamais la paix qu'après
des victoires ; dans l'honneur du triomphe,
fujet d'émulation pour les Généraux ; dans
la protection qu'ils accordoient aux peuples
révoltés contre leurs Rois ; dans l'excellente
politique de laiffer aux vaincus leurs
Dieux & leurs coutumes ; dans celle de
n'avoir jamais deux puiffans ennemis fur
les bras , & de tout fouffrir de l'un juſqu'à
ce qu'ils euffent anéanti l'autre . Il trouve les
caufes de leur décadence dans l'agrandiffement
même de l'Etat , qui changea en
guerres civiles les tumultes populaires ;
E
98 MERCURE DE FRANCE.
dans les guerres éloignées qui forçant les
citoyens à une trop longue abfence , leur
faifoient perdre infenfiblement l'efprit républicain
; dans le droit de Bourgeoifie
accordé à tant de Nations , & qui ne fit
plus du peuple Romain qu'une espece de
monftre à plufieurs têtes ; dans la corrup
tion introduite par le luxe de l'Afie ; dans
les profcriptions de Sylla qui avilirent l'efprit
de la Nation , & la préparerent à l'eſclavage
; dans la néceflité où les Romains
fe trouverent de fouffrir des maîtres , lorfque
leur liberté leur fut devenue à charge ;
dans l'obligation où ils furent de changer
de maximes , en changeant de gouvernement
; dans cette fuite de monftres qui
régnerent , prefque fans interruption , depuis
Tibere jufqu'à Nerva , & depuis Commode
jufqu'à Conftantin ; enfin , dans la
tranflation & le partage de l'Empire , qui
périt d'abord en Occident par la puiffance
des Barbares , & qui après avoir langui plufieurs
ficcles en Orient fous des Empereurs
imbéciles ou féroces , s'anéantit infenfiblement
comme ces fleuves qui difparoiffent
dans des fables.
Un affez petit volume a fuffi à M. de
Montefquieu pour développer un tableau
fi intérellant & fi vafte. Comme l'Auteur
ne s'appefantit point fur les détails , & ne
NOVEMBRE. 1755. 92
faifit que les branches fécondes de fon
ſujet , il a ſçu renfermer en très - peu d'efpace
un grand nombre d'objets diftinctement
apperçus & rapidement préfentés fans
fatigue pour le Lecteur ; en laiffant beaucoup
voir , il laifle encore plus à penſer ,
& il auroit pu intituler fon Livre , Hiftoire
Romaine à l'ufage des Hommes d'Etat & des
Philofophes.
Quelque réputation que M. de Montefquieu
fe fût acquife par ce dernier ouvrage
& par ceux qui l'avoient précédé , il
n'avoit fait que fe frayer le chemin à une
plus grande entreprife , à celle qui doit
immortalifer fon nom & le rendre refpectable
aux fiecles futurs. Il en avoit dès
longtems formé le deffein , il en médita
pendant vingt ans l'exécution ; ou , pour
parler plus exactement , toute fa vie en
avoit été la méditation continuelle . D'abord
il s'étoit fait en quelque façon étranger
dans fon propre pays , afin de le mieux
connoître ; il avoit enfuite parcouru toute
l'Europe , & profondément étudié les différens
peuples qui l'habitent . L'Ifle fameufe
qui fe glorifie tant de fes loix , &
qui en profite fi mal , avoit été pour lui
dans ce long voyage , ce que l'ifle de Crete
fut autrefois pour Lycurgue , une école
où il avoit fçu s'inftruire fans tout approu-
E ij
100
MERCURE DE
FRANCE.
ver ; enfin , il avoit , fi on peut parler ainfi ,
interrogé & jugé les nations & les hommes
célebres qui
n'exiftent plus aujour
d'hui que dans les annales du monde. Ce
fut ainfi qu'il s'éleva par dégrés au plus
beau titre qu'un fage puiffe mériter , celui
de Légiflateur des Nations .
S'il étoit animé par
l'importance de la
matiere , il étoit effrayé en même tems par
fon
étendue il
l'abandonna , & y revint
:
à plufieurs repriſes ; il fentit plus d'une fois,
comme il l'avoue lui- même , tomber les
mains
paternelles .
Encouragé enfin
amis , il ramaffa toutes fes forces , & donfes
par
na l'Esprit des Loix.
Dans cet important ouvrage , M. de
Montefquieu , fans
s'appefantir , à l'exemple
de ceux qui l'ont précédé , fur des difcuffions
métaphyfiques relatives à l'hom
me fuppofé dans un état
d'abſtraction ,
fans fe borner , comme d'autres , à confidérer
certains peuples dans quelques relations
ou
circonftances
particulieres , envifage
les habitans de l'univers dans l'état réel
où ils font , & dans tous les rapports qu'ils
peuvent avoir entr'eux. La plupart des
autres Ecrivains en ce genre font prefque
toujours ou de fimples Moraliftes , ou de
fimples
Jurifconfultes , ou même quelquefois
de fimples
Théologiens;pour lui, l'hom
NOVEMBRE. 1755 . ΙΟΥ
perme
de tous les Pays & de toutes les Nations,
il s'occupe moins de ce que le devoir exige
de nous , que des moyens par lefquels on
peut nous obliger de le remplir , de la
fection métaphyfique des loix , que de celle
dont la nature humaine les rend fufceptibles
, des loix qu'on a faites que de celles
qu'on a dû faire , des loix d'un peuple particulier
que de celles de tous les peuples,
Ainfi en fe comparant lui -mêine à ceux
qui ont couru avant lui cette grande &
noble carriere , il a pu dire comme le Correge
, quand il eut vu les ouvrages de fes
rivaux , & moi auffi je fuis Peintre.
Rempli & pénétré de fon objet , l'Auteur
de l'Efprit des Loix y embraſſe un fi
grand nombre de matieres , & les traite
avec tant de brieveté & de profondeur ,
qu'une lecture affidue & méditée peut feule
faire fentir le mérite ce livre . Elle fervira
fur- tout , nous ofons le dire , à faire difparoître
le prétendu défaut de méthode
dont quelques lecteurs ont accufé M. de
Montefquieu ; avantage qu'ils n'auroient
pas dû le taxer légerement d'avoir négligé
dans une matiere philofophique & dans
un ouvrage de vingt années . Il faut diftinguer
le défordre réel de celui qui n'eft
qu'apparent. Le défordre eft réel , quand
l'analogie & la fuite des idées n'eft point
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
obfervée ; quand les conclufions font érigées
en principes , ou les précedent ; quand
le lecteur , après des détours fans nombre ,
fe retrouve au point d'où il eft parti . Le
defordre n'eft qu'apparent , quand l'Auteur
mettant à leur véritable place les idées dont
il fait ufage , laiffe à fuppléer aux lecteurs
les idées intermédiaires : & c'eſt ainfi que
M. de Montefquieu a cru pouvoir & devoir
en ufer dans un livre deſtiné à des
hommes qui penfent , dont le génie doit
fuppléer à des omiffions volontaires & raifonnées
.
L'ordre qui fe fait appercevoir dans les
grandes parties de l'Efprit des Loix , ne
regne pas moins dans les détails : nous
croyons que plus on approfondira l'ouvrage
, plus on en fera convaincu . Fidele à
fes divifions générales , l'Auteur rapporte
à chacune les objets qui lui appartiennent
exclufivement ; & à l'égard de ceux qui
par différentes branches appartiennent à
plufieurs divifions à la fois , il a placé fous
chaque divifion la branche qui lui appartient
en propre ; par- là on apperçoit ailément
& fans confufion , l'influence que
les différentes parties du fujet ont les unes
fur les autres , comme dans un arbre qu
fyftême bien entendu des connoiffances
humaines , on peut voir le rapport mutuel
NOVEMBRE. 1755. 103
des Sciences & des Arts. Cette comparaifon
d'ailleurs eft d'autant plus jufte , qu'il
en eft du plan qu'on peut fe faire dans
l'examen philofophique des Loix , comme
de l'ordre qu'on peut obferver dans un
arbre Encyclopédique des Sciences : il y
reftera toujours de l'arbitraire ; & tout ce
qu'on peut exiger de l'Auteur , c'eſt qu'il
fuive fans détour & fans écart le fyfteme
qu'il s'eft une fois formé.
Nous dirons de l'obfcurité qu'on peut
fe permetrre dans un tel ouvrage , la même
chofe que du défaut d'ordre ; ce qui feroit
obfcur pour les lecteurs vulgaires , ne l'eft
pas pour ceux que l'Auteur a eu en vue.
D'ailleurs l'obfcurité volontaire n'en eft
point une M. de Montefquieu ayant à
préfenter quelquefois des vérités impor
tantes , dont l'énoncé abfolu & direct auroit
pu
bleffer fans fruit , a eu la prudence
louable de les envelopper , & par cet innocent
artifice , les a voilées à ceux à qui
elles feroient nuifibles , fans qu'elles fuffent
perdues pour les fages.
Parmi les ouvrages qui lui ont fourni
des fecours , & quelquefois des vues pour
le fien , on voit qu'il a furtout profité des
deux hiftoriens qui ont penfé le plus ,
Tacite & Plutarque ; mais quoiqu'un Philofophe
qui a fait ces deux lectures , foit
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
difpenfé de beaucoup d'autres , il n'avoit
pas cru devoir en ce genre rien négliger ni
dédaigner de ce qui pouvoit être utile à
fon objet . La lecture que fuppofe l'Espric
des Loix , eft immenſe ; & l'ufage raiſonné
que l'Auteur a fait de cette multitude pro
digieufe de matériaux , paroîtra encore
plus furprenant , quand on fçaura qu'il
étoit prefqu'entierement privé de la vue ,
& obligé d'avoir recours à des yeux étrangers.
Cette vafte lecture contribue nonfeulement
à l'utilité , mais à l'agrément de
l'ouvrage fans déroger à la majefté de fon
fujet. M. de Montefquieu fçait en tempérer
l'austérité , & procurer aux lecteurs
des momens de repos , foit par des faits
finguliers & peu connus , foit par des allufions
délicates , foit par ces coups de pinceau
énergiques & brillans , qui peignent
d'un feul trait les peuples & les hommes .
Enfin , car nous ne voulons pas jouer ici
le rôle des Commentateurs d'Homere , il
y a fans doute des fautes dans l'efprit des
Loix , comme il y en a dans tout ouvrage
de génie , dont l'Auteur a le premier ofé
fe frayer des routes nouvelles. M. de Montefquieu
a été parmi nous , pour l'étude
des loix , ce que Defcartes a été pour la
Philofophie ; il éclaire fouvent , & fe trompe
quelquefois , & en fe trompant même ,
NOVEMBRE. 1755. 105
il inftruit ceux qui fçavent lire. La pouvelle
édition qu'on prépare , montrera par
les additions & corrections qu'il y a faites,
que s'il eft tombé de tems en tems , il a
fçu le reconnoître & fe relever ; par- là , il
acquerra du moins le droit à un nouvel
examen , dans les endroits où il n'aura pas
été de l'avis de fes cenfeurs ; peut- être
même ce qu'il aura jugé le plus digne de
correction , leur a - t-il abfolument échappé
, tant l'envie de nuire eft ordinairement
aveugle.
Mais ce qui eft à la portée de tout le
monde dans l'Eſprit des Loix , ce qui doit
rendre l'Auteur cher à toutes les Nations ,
ce qui ferviroit même à couvrir des fautes
plus grandes que les fiennes , c'eft l'efprit
de citoyen qui l'a dicté. L'amour du bien
public , le defir de voir les hommes heureux
s'y montrent de toutes parts ; & n'eûtil
que ce mérite fi rare & fi précieux , il
feroit digne par cet endroit feul , d'être
la lecture des peuples & des Rois . Nous
voyons déja , par une heureuſe expérience,
que les fruits de cet ouvrage ne fe bornent
pas dans fes lecteurs à des fentimens ſtériles.
Quoique M. de Montefquieu ait peu
furvécu à la publication de l'Efprit des
Loix , il a eu la fatisfaction d'entrevoir
les effets qu'il commence à produire parmi
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
nous ; l'amour naturel des François pour
leur patrie , tourné vers fon véritable objet
; ce goût pour le Commerce , pour l'Agriculture
, & pour les Arts utiles , qui
fe répand infenfiblement dans notre Nation
; cette lumiere générale fur les principes
du gouvernement , qui rend les peuples
plus attachés à ce qu'ils doivent aimer .
Ceux qui ont fi indécemment attaqué cet
ouvrage , lui doivent peut-être plus qu'ils
ne s'imaginent l'ingratitude , au refte ,
eft le moindre reproche qu'on ait à leur
faire. Ce n'eft pas fans regret , & fans
honte pour notre fiecle , que nous allons
les dévoiler ; mais cette hiftoire importe
trop à la gloire de M. de Montefquieu , &
à l'avantage de la Philofophie , pour être
paffée fous filence. Puiffe l'opprobre qui
couvre enfin fes ennemis , leur devenir
falutaire !
A peine l'Efprit des Loix parut- il , qu'il
fut recherché avec empreffement , fur la
réputation de l'Auteur ; mais quoique
M. de Montesquieu eût écrit pour le bien
du peuple , il ne devoit pas avoir le peuple
pour juge ; la profondeur de l'objet
étoit une fuite de fon importance même.
Cependant les traits qui étoient répandus
dans l'ouvrage , & qui auroient été déplacés
s'ils n'étoient pas nés du fond du fuNOVEMBRE.
1755. 107
jet , perfuaderent à trop de perfonnes qu'il
étoit écrit pour elles : on cherchoit un
Livre agréable , & on ne trouvoit qu'un
Livre utile , dont on ne pouvoit d'ailleurs
fans quelque attention faifir l'enſemble &
les détails. On traita légerement l'Esprit
des Loix ; le titre même fut un fujet de
plaifanterie enfin l'un des plus beaux
monumens littéraires qui foient fortis de
notre Nation, fut regardé d'abord par elle
avec affez d'indifférence. Il fallut que les
véritables juges euffent eu le tems de lire :
bientôt ils ramenerent la multitude toujours
prompte à changer d'avis ; la partie
du Public qui enfeigne , dicta à la partie
qui écoute ce qu'elle devoit penfer & dire ;
& le fuffrage des hommes éclairés , joint
aux échos qui le répéterent , ne forma plus
qu'une voix dans toute l'Europe.
Ce fut alors que les ennemis publics &
fecrets des Lettres & de la Philofophie ( car
elles en ont de ces deux efpeces ) réunirent
leurs traits contre l'ouvrage. De-là cette
foule de brochures qui lui furent lancées
de toutes parts , & que nous ne tirerons
pas de l'oubli où elles font déja plongées.
Sisleurs auteurs n'avoient pas pris de bonnes
mefures pour être inconnus à la poftérité
, elle croiroit que l'Efprit des Loix a
été écrit au milieu d'un peuple de barbares.
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
M. de Montefquieu méprifa fans peine
les Critiques ténébreufes de ces auteurs
fans talent , qui foit par une jaloufie qu'ils
n'ont pas droit d'avoir , foit pour fatisfaire
la malignité du Public qui aime la fatyre
& la méprife , outragent ce qu'ils ne peuvent
atteindre ; & plus odieux par le mal
qu'ils veulent faire , que
redoutables par
celui qu'ils font , ne réuffiffent pas même
dans un genre d'écrire que fa facilité &
fon objet rendent également vil. Il mettoit
les ouvrages de cette efpece fur la
même ligne que ces Nouvelles hebdomadaires
de l'Europe , dont les éloges font
fans autorité & les traits fans effet , que
des Lecteurs oififs parcourent fans y ajouter
foi , & dans lefquelles les Souverains.
font infultés fans le fçavoir , ou fans daigner
fe venger. IIll nnee ffuutt pas auffi indifférent
fur les principes d'irréligion qu'on
l'accufa d'avoir femé dans l'Eſprit des Loix .
En méprifant de pareils reproches , il auroit
cru les mériter , & l'importance de
l'objet lui ferma les yeux fur la valeur de
fes adverfaires. Ces hommes également
dépourvus de zele & également empreffés
d'en faire paroître , également effrayés de
la lumiere que les Lettres répandent , non
au préjudice de la Religion , mais à leur
défavantage , avoient pris différentes forNOVEMBRE.
1755. 109
mes pour lui porter atteinte. Les uns , par
unftratagême auffi puérile que pufillanime,
s'étoient écrit à eux- mêmes ; les autres ,
après l'avoir déchiré fous le mafque de
P'Anonyme , s'étoient enfuite déchirés entr'eux
à fon occafion . M. de Montesquieu,
quoique jaloux de les confondre , ne jugea
pas à propos de perdre un tems précieux à
les combattre les uns après les autres : il fe
contenta de faire un exemple fut celui qui
s'étoit le plus fignalé par fes excès.
par
C'étoit l'auteur d'une feuille anonyme
& périodique , qui croit avoir fuccédé à
Pafcal , parce qu'il a fuccédé à fes opinions;
panégyrifte d'ouvrages que perfonne ne
lit , & apologiſte de miracles que l'autorité
féculiere a fait ceffer dès qu'elle l'a
voulu ; qui appelle impiété & fcandale le
peu
d'intérêt que les gens de Lettres prennent
à fes querelles , & s'eft aliéné ,
une adreffe digne de lui , la partie de la
Nation qu'il avoit le plus d'intérêt de ménager.
Les coups de ce redoutable athlete
furent dignes des vues qui l'infpirerent ; il
accufa M. de Montefquieu & de Spinoffme
& de Déifine ( deux imputations incompatibles
) ; d'avoir fuivi le ſyſtème de
Pope ( dont il n'y avoit pas un mot dans
l'ouvrage ) ; d'avoir cité Plutarque qui n'eft
pas un Auteur Chrétiens de n'avoir point
110 MERCURE DE FRANCE.
parlé du péché originel & de la Grace , Il
prétendit enfin que l'Efprit des Loix étoit
une production de la Conftitution Unigenitus;
idée qu'on nous foupçonnera peut-être
de prêter par dérifion au critique. Ceux
qui ont connu M. de Montefquieu , l'ouvrage
de Clément XI & le fien , peuvent
juger par cette accufation de toutes les
autres.
Le malheur de cet écrivain dut bien le
décourager : il vouloit perdre un fage par
l'endroit le plus fenfible à tout citoyen , il
ne fit que lui procurer une nouvelle gloire
comme homme de Lettres ; la Défense de
l'Esprit des Loix parut. Cet ouvrage , par
la modération , la vérité , la fineffe de
plaifanterie qui y regnent , doit être regardé
comme un modele en ce genre. M.
de Montefquieu , chargé par fon adverfaire
d'imputations atroces , pouvoit le
rendrejodieux fans peine ; il fit mieux , il
le rendit ridicule . S'il faut tenir compte à
l'agreffeur d'un bien qu'il a fait fans le
vouloir , nous lui devons une éternelle
reconnoiffance de nous avoir procuré ce
chef-d'oeuvre : Mais ce qui ajoute encore
au mérite de ce morceau précieux , c'eſt
que l'auteur s'y eft peint lui- même fans y
penfer ; ceux qui l'ont connu , croyent
Î'entendre , & la poſtérité s'affurera , en
NOVEMBRE. 1755 111
lifant fa Défenfe , que fa converfation n'étoit
pas inférieure à fes écrits ; éloge que
bien peu de grands hommes ont mérité.
Une autre circonftance lui affure pleinement
l'avantage dans cette difpute : le
critique qui , pour preuve de fon attachement
à la religion , en déchire les Miniftres
, accufoit hautement le Clergé de
France , & fur-tout la Faculté de Théolo
gie , d'indifférence pour la caufe de Dieu ,
en ce qu'ils ne profcrivoient pas authentiquement
un fi pernicieux ouvrage . La Faculté
étoit en droit de méprifer le repro
che d'un écrivain fans aveu ; mais il s'agif
foit de la religion ; une délicateffe louable
lui a fait prendre le parti d'examiner l'Ef
prit des Loix. Quoiqu'elle s'en occupe depuis
plufieurs années , elle n'a rien prononcé
jufqu'ici ; & fût- il échappé à M. de
Montefquieu quelques inadvertences lé--
geres , prefque inevitables dans une carriere
fi vafte , l'attention longue & fcrupuleufe
qu'elles auroient demandée de la
part du Corps le plus éclairé de l'Eglife ,
prouveroit au moins combien elles feroient
excufables. Mais ce Corps , plein de prudence
, ne précipitera rien dans une fi
importante matiere : il connoit les bornes
de la raifon & de la foi ; il fçait que l'ouvrage
d'un homme de lettres ne doit point
112 MERCURE DE FRANCE.
être examiné comme celui d'un Théologien
que les mauvaifes conféquences
auxquelles une propofition peut donner
lieu par des interprétations odieufes , ne
rendent point blamable la propofition en
elle -même ; que d'ailleurs nous vivons
dans un fiécle malheureux , où les intérêts
de la religion ont befoin d'être ménagés ,
& qu'on peut lui nuire auprès des fimples,
en répandant mal - à - propos fur des genies
du premier ordre le foupçon d'incrédulité;
qu'enfin , malgré cette accufation injuſte ,
M. de Montefquien fut toujours eſtimé ,
recherché & accueilli par tout ce que l'Eglife
a de plus refpectable & de plus grand ;
eût-il confervé auprès des gens de bien la
confidération dont il jouiffoit , s'ils l'euffent
regardé comme un écrivain dangéreux
?
Pendant que des infectes le tourmentoient
dans fon propre pays , l'Angleterre
élevoit un monument à fa gloire. En 1752 ,
M. Daffier , célebre par les médailles qu'il
a frappées à l'honneur de plufieurs hommes
illuftres , vint de Londres à Paris pour
frapper la fienne. M. de la Tour , cet attifte
fi fupérieur par fon talent , & fi eftimable
par fon defintéreffement & l'élévation
de fon ame , avoit ardemment defiré
de donner un nouveau luftre à fon pinNOVEMBRE.
1755. 113
ceau , en tranfmettant à la poftérité le
portrait de l'auteur de l'Efprit des Loix ;
il ne vouloit que la fatisfaction de le peindre
, & il méritoit , comme Apelle , que
cet honneur lui fût réfervé ; mais M. de
Montefquieu , d'autant plus avare du tems
de M. de la Tour que celui - ci en étoit plus
prodigue , fe refufa conftamment & poliment
à fes preffantes follicitations. M. Daf
fier effuya d'abord des difficultés femblables
: Croyez-vous , dit-il enfin à M. de
Montefquieu , » qu'il n'y ait pas autant
d'orgueil à refufer ma propofition qu'à
» l'accepter » ? Defarmé par cette plaifanterie
, il laiffa faire à M. Daflier tout ce
qu'il voulut.
»
L'auteur de l'Esprit des Loix jouiffoit
enfin paisiblement de fa gloire , lorfqu'il
tomba malade au commencement de Février.
Sa fanté , naturellement délicate ,
commençoit à s'altérer depuis long- tems
par l'effet lent & prefque infaillible des
études profondes , par les chagrins qu'on
avoit cherché à lui fufciter fur fon ouvra- ge ; enfin
par le genre
de vie qu'on
le forçoit
de mener
à Paris
, & qu'il
fentoit
lui
être
funefte
. Mais
l'empreffement
avec
le-`
quel
on recherchoit
fa focieté
, étoit
trop
vif pour
n'être
pas
quelquefois
indifcret
on vouloit
, fans
s'en
appercevoir
, jouir
114 MERCURE DE FRANCE.
de lui aux dépens de lui -même. A peine la
nouvelle du danger où il étoit fe fût- elle
répandue , qu'elle devint l'objet des converfations
& de l'inquiétude publique ; fa
maifon ne défempliffoit point de perfonnes
de tout rang qui venoient s'informer
de fon état , les unes par un intérêt véritable
, les autres pour s'en donner l'apparence
, ou pour fuivre la foule. Sa Majefté ,
pénétrée de la ppeerrttee qquuee fon royaume alloit
faire , en demanda plufieurs fois des
nouvelles ; témoignage de bonté & de juftice
qui n'honore pas moins le Monarque
que le fujet. La fin de M. de Montefquieu
ne fut point indigne de fa vie. Accablé de
douleurs cruelles , éloigné d'une famille
à qui il étoit cher , & qui n'a pas eu la
confolation de lui fermer les yeux , entouré
de quelque amis & d'un plus grand
nombre de fpectateurs , il conferva jufqu'au
dernier moment la paix & l'égalité
de fon ame. Enfin , après avoir fatisfait
avec décence à tous fes devoirs , plein de
confiance en l'Etre éternel auquel il alloit.
fe rejoindre , il mourut avec la tranquillité
d'un homme de bien , qui n'avoit jamais
confacré fes talens qu'à l'avantage.
de la vertu & de l'humanité. La France &
l'Europe le perdirent le 10 Février 1755 ,
à l'âge de foixante- fix ans révolus.
NOVEMBRE 1755. 115
Toutes les nouvelles publiques ont annoncé
cet événement comme une calamité.
On pourroit appliquer à M. de Montefquieu
ce qui a été dit autrefois d'un
illuftre Romain ; que perfonne en apprenant
fa mort n'en témoigna de joie , que
perfonne même ne l'oublia dès qu'il ne fut
plus. Les étrangers s'emprefferent de faire
éclater leurs regrets ; & Milord Chefterfield
, qu'il fuffit de nommer , fit imprimer
dans un des papiers publics de Londres
un article à fon honneur , article digne
de l'un & de l'autre ; c'eft le portrait
d'Anaxagore tracé par Périclès . L'Académie
royale des Sciences & des Belles -Lettres
de Pruffe , quoiqu'on n'y foit point
dans l'ufage de prononcer l'éloge des affociés
étrangers , a cru devoir lui faire cet
honneur , qu'elle n'a fait encore qu'à l'illuftre
Jean Bernouilli ; M. de Maupertuis,
tout malade qu'il étoit , a rendu lui-même
à fon ami ce dernier devoir , & n'a voulu
fe repofer fur perfonne d'un foin fi cher &
fi trifte. A tant de fuffrages éclatans en faveur
de M. de Montefquieu , nous croyons
pouvoir joindre fans indifcrétion les éloges
que lui a donné , en préfence de l'un
de nous , le Monarque même auquel cette.
Académie célebre doit fon luftre , Prince
fait pour fentir les pertes de la Philofa116
MERCURE DE FRANCE.
phie , & pour l'en confoler.
Le 17 Février , l'Académie Françoiſe
lui fit , felon l'ufage , un fervice folemnel
, auquel , malgré la rigueur de la faifon
, prefque tous les gens de Lettres de
ce Corps , qui n'étoient point abfens de
Paris , fe firent un devoir d'affifter. On
auroit dû dans cette trifte cérémonie placer
l'Esprit des Loix fur fon cercueil , comme
on expofa autrefois vis - à-vis le cercueil
de Raphaël fon dernier tableau de la
Transfiguration . Cet appareil fimple &
touchant eût été une belle oraifon funébre.
Jufqu'ici nous n'avons confidéré M. de
Montefquieu que comme écrivain & philofophe
; ce feroit lui dérober la moitié
de fa gloire que de paffer fous filence fes
agrémens & fes qualités perfonnelles.
Il étoit dans le commerce d'une douceur
& d'une gaieté toujours égale . Sa
converfation étoit légere , agréable , &
instructive par le grand nombre d'hommes
& de peuples qu'il avoit connus. Elle étoit
coupée comme fon ftyle , pleine de fel &
de faillies , fans amertunie & fans fatyre
; perfonne ne racontoit plus vivement ,
plus promptement , avec plus de grace &
moins d'apprêt. Il fçavoit que la fin d'une
hiftoire plaifante en eft toujours le but ;-
NOVEMBRE. 1755. 117
il fe hâtoit donc d'y arriver , & produifoit
l'effet fans l'avoir promis.
Ses fréquentes diftractions ne le rendoient
que plus aimable ; il en fortoit
toujours par quelque trait inattendu qui
réveilloit la converfation languiffante ;
d'ailleurs elles n'étoient jamais , ni jouées,
ni choquantes , ni importunes : le feu de
fon efprit , le grand nombre d'idées dont
il étoit plein , les faifoient naître , mais il
n'y tomboit jamais au milieu d'un entretien
intéreffant ou férieux ; le defir de
plaire à ceux avec qui il fe trouvoit , le
rendoit alors à eux fans affectation & fans
effort.
Les agrémens de fon commerce tenoient
non feulement à fon caractere & à
fon efprit , mais à l'efpece de régime qu'il
obfervoit dans l'étude. Quoique capable
d'une méditation profonde & long- tems
foutenue , il n'épuifoit jamais fes forces , il
quitroit toujours le travail avant que d'en
reffentir la moindre impreffion de fatigue.
Il étoit fenfible à la gloire , mais il ne
vouloit y parvenir qu'en la méritant ; jamais
il n'a cherché à augmenter la fienne
par ces manoeuvres fourdes , par ces voyes
obfcures & honteufes, qui deshonorent la
perfonne fans ajouter au nom de l'auteur .
Digne de toutes les diftinctions & de
IIS MERCURE DE FRANCE.
toutes les récompenfes , il ne demandoit
rien , & ne s'étonnoit point d'être oublié ;
mais il a ofé , même dans des circonftances
délicates, protéger à la Cour des hommes
de Lettres perfécutés , célebres &
malheureux , & leur a obtenu des graces.
Quoiqu'il vecût avec les grands , foit
par néceffité , foit par convenance , foit
par gout , leur fociété n'étoit pas néceffaire
à fon bonheur. Il fuyoit dès qu'il le
pouvoit à fa terre ; il y retrouvoit avec
joie fa philofophie , fes livres & le repos.
Entouré de gens de la campagne dans fes
heures de loifir , après avoir étudié l'homme
dans le commerce du monde & dans
l'hiftoire des nations , il l'étudioit encore
dans ces ames fimples que la nature feule
a inftruites , & il y trouvoit à apprendre ;
il converfoit gayement avec eux ; il leur
cherchoit de l'efprit comme Socrate ; il
paroiffoit fe plaire autant dans leur entretien
que dans les fociétés les plus brillantes
, furtout quand il terminoit leurs différends
, & foulageoit leurs peines par fes
bienfaits.
Rien n'honore plus fa mémoire que
l'économie avec laquelle il vivoit , &
qu'on a ofé trouver exceffive dans un
monde avare & faftueux , peu fait pour
en pénétrer les motifs , & encore moins
NOVEMBRE. 1755. 119
pour les fentir. Bienfaifant , & par conféqnent
jufte, M. de Montesquieu ne vouloit
rien prendre fur fa famille , ni des
fecours qu'il donnoit aux malheureux ,
ni des dépenfes confidérables auxquels fes
longs voyages , la foibleffe de fa vue &
l'impreffion de fes ouvrages l'avoient
obligé . Il a tranfmis à fes enfans , fans
diminution ni augmentation , l'héritage
qu'il avoit reçu de fes peres ; il n'y a rien
ajouté que la gloire de fon nom & l'exemple
de fa vie.
Il avoit époufé en 1715 Demoifelle
Jeanne de Lartigue, fille de Pierre de Lartigue
, Lieutenant Colonel au Régiment
de Maulévrier ; il en a eu deux filles &
un fils , qui par fon caractere , fes moeurs
& fes ouvrages s'eft montré digne d'un
tel pere.
Ĉeux qui aiment la vérité & la patrie,
ne feront pas fâchés de trouver ici quelques
unes de fes maximes : il penfoit ,
Que chaque portion de l'Etat doit être
également foumife aux loix , mais que
les privileges de chaque portion de l'Etat
doivent être respectés , lorfque leurs effets
n'ont rien de contraire au droit naturel
, qui oblige tous les citoyens à concourir
également au bien public ; que la
poffellion ancienne étoit en ce genre le
120 MERCURE DE FRANCE.
premier des titres & le plus inviolable des
droits , qu'il étoit toujours injufte & quel
quefois dangereux de vouloir ébranler ;
Que les Magiftrats , dans quelque circonftance
& pour quelque grand intérêt
de corps que ce puiffe être , ne doivent
jamais être que Magiftrats , fans parti &
fans paffion , comme les Loix , qui abſolvent
& puniffent fans aimer ni hair.
Il difoit enfin à l'occafion des difputes
eccléfiaftiques qui ont tant occupé les Empereurs
& les Chrétiens Grecs , que les
querelles théologiques, lorfqu'elles ceffent
d'être renfermées dans les écoles , deshonorent
infailliblement une nation aux
yeux des autres en effet , le mépris même
des fages pour ces querelles ne la juftifie
pas , parce que les fages faifant partout
le moins de bruit & le plus petit
nombre , ce n'est jamais fur eux qu'une
nation eft jugée .
L'importance des ouvrages dont nous
avons eu à parler dans cet éloge , nous
en a fait paffer fous filence de moins confidérables
, qui fervoient à l'auteur comme
de délaffement , & qui auroient fuffi
l'éloge d'un autre ; le plus remarquable
eft le Temple de Gnide , qui fuivit d'affez
près les Lettres Perfannes. M. de Montefquieu
, après avoir été dans celle- ci Hopour
race ,
NOVEMBRE . 1755. 121
race , Théophrafte & Lucien , fut Ovide
& Anacréon dans ce nouvel effai : ce n'eſt
plus l'amour defpotique de l'Orient qu'il
fe propofe de peindre , c'eft la délicateffe
& la naïveté de l'amour paftoral , tel qu'il
eſt dans une ame neuve, que le commerce
des hommes n'a point encore corrompue.
L'Auteur craignant peut - être qu'un tableau
fi étrangerà nos moeurs ne parût
trop languiffant & trop uniforme , a cherché
à l'animer par les peintures les plus
riantes ; il tranfporte le lecteur dans des
lieux enchantés , dont à la vérité le fpectacle
intéreffe peu l'amant heureux , mais
dont la defcription flatte encore l'imagination
quand les defirs font fatisfaits . Emporté
par fon fujet , il a répandu dans ſa
profe ce ftyle animé , figuré & poétique ,
dont le roman de Thélemaque a fourni
parmi nous le premier modele. Nous ignorons
pourquoi quelques cenfeurs du temple
de Gnide ont dit à cette occaſion , qu'il
auroit eu befoin d'être en vers. Le ſtyle
poétique , fi on entend , comme on le
doit , par ce mot , un ftyle plein de chaleur
& d'images , n'a pas befoin , pour être
agréable , de la marche uniforme & cadencée
de la verfification ; mais fi on ne
fait confifter ce ftyle que dans une diction
chargée d'épithetes oifives , dans les pein
F
122 MERCURE DE FRANCE.
tures froides & triviales des aîles & du
carquois de l'amour , & de femblables
objets , la verfication n'ajoutera prefqu'aucun
mérite à ces ornemens ufés ; on
y cherchera toujours en vain l'ame & la
vie. Quoiqu'il en foit , le Temple de Gnide
étant une espece de poëme en profe
c'est à nos écrivains les plus célebres en ce
genre à fixer le rang qu'il doit occuper :
il merite de pareils juges ; nous croyons
du moins que les peintures de cet ouvrage
foutiendroient avec fuccès une des
principales épreuves des defcriptions poétiques
, celle de les repréfenter fur la toile.
Mais ce qu'on doit fur- tout remarquer
dans le Temple de Gnide , c'eft qu'Anacréon
même y est toujours obfervateur &
philofophe. Dans le quatrieme chant , il
paroît décrire les moeurs des Sibarites , &
on s'apperçoit aifément que ces moeurs
font les nôtres. La préface porte fur - tout
l'empreinte de l'auteur des Lettres Perfannes.
En préfentant le Temple de Gnide
comme la traduction d'un manufcrit grec ,
plaifanterie défigurée depuis par tant de
mauvais copiſtes , il en prend occafion de
peindre d'un trait de plume l'ineptie des
critiques & le pédantifme des traducteurs,
& finit par ces paroles dignes d'être rapportées
» Si les gens graves defiroient
NOVEMBRE. 1755. 123
33
de moi quelque ouvrage moins frivole ,
je fuis en état de les fatisfaire : il y a
» trente ans que je travaille à un livre de
» douze pages , qui doit contenir tout ce
que nous fçavons fur la Métaphyfique ,
» la Politique & la Morale , & tout ce
que de très grands auteurs ont oublié
» dans les volumes qu'ils ont publiés fur
» ces matieres » .
Nous regardons comme une des plus
honorables récompenfes de notre travail
l'intérêt particulier que M. de Monteſquieu
prenoit à ce dictionnaire , dont toutes
les reffources ont été jufqu'à préfent
dans le courage & l'émulation de fes auteurs
. Tous les gens de Lettres , felon lui,
devoient s'empreffer de concourir à l'exécution
de cette entrepriſe utile ; il en a
donné l'exemple avec M. de Voltaire , &
plufieurs autres écrivains célebres. Peutêtre
les traverfes que cet ouvrage a ef
fuyées , & qui lui rappelloient les fiennes
propres , l'intéreffoient-elles en notre faveur,
Peut-être étoit- il fenfible , fans s'en
appercevoir , à la juftice que nous avions
ofé lui rendre dans le premier volume de
l'Encyclopédie , lorfque perfonne n'ofoit
encore élever fa voix pour le défendre.
Il nous deftinoit un article fur le Goût, qui
a été trouvé imparfait dans fes papiers ;
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
nous le donnerons en cet état au public ,
& nous le traiterons avec le même refpect
que l'antiquité témoigna autrefois pour
les dernieres paroles de Séneque . La mort
l'a empêché d'étendre plus loin fes bienfaits
à notre égard ; & en joignant nos
propres regrets à ceux de l'Europe entiere ,
nous pourrions écrire fur fon tombeau :
Finis vita cjus nobis luctuofus , Patriæ
triftis , extraneis etiam ignotifque non fine
curâ fuit.
Tacit. in Agricol. c. 43 .
volume de l'Encyclopédie. Qui ſe diſtribue
depuis quelques jours chez Briaffon , David
l'aîné , le Breton , & Durand. Il doit être
d'autant plus intéreffant que M. de Voltaire
y a travaillé les mots , efprit , éloquence
, élégance. Qui pouvoit mieux en
parler ? Le morceau qui paroît à la tête du
même volume , acheve de le rendre précieux
. C'eſt l'éloge de M. de Montesquieu
par M. d'Alembert . On peut dire fans
fadeur que le Panégyrifte eft digne du
héros . Cet éloge nous a paru d'une fi grande
beauté , que nous croyons obliger le
Lecteur de l'inférer ici dans fon entier.
Quant à la note qui fe trouve à la page
huit , comme elle contient elle - feule une
excellente analyſe de l'Efprit des Loix ,
nous avons craint de prodiguer à la fois
tant de richeffes , & par une jufte économie,
nous l'avons réfervée pour en décorer
le premier Mercure de Décembre . Ceux
Diij
78 MERCURE DE FRANCE.
qui n'auront pas le Dictionnaire , feront
charmés de trouver cette piece complette
dans mon Journal , où ils pourront même
la lire plus commodément , puifqu'il eſt
portatif.
Eloge de M. le Préſident de Montefquien.
L'intérêt que les bons citoyens prennent
à l'Encyclopédie, & le grand nombre de
gens de Lettres qui lui confacrent leurs
travaux , femblent nous permettre de la
regarder comme un des monumens les
plus propres à être dépofitaires des fentimens
de la patrie , & des hommages
qu'elle doit aux hommes célebres qui l'ont
honorée . Perfuadés néanmoins que M.
de Montesquieu étoit en droit d'attendre
d'autres Panégyriftes que nous , & que la
douleur publique eût mérité des interpretes
plus éloquens , nous euflions renfermé
au- dedans de nous-mêmes nos juftes
regrets & notre refpect pour fa mémoire ;
mais l'aveu de ce que nous lui devons ,
nous eft trop précieux pour en laiffer le
foin à d'autres. Bienfaicteur de l'humanité
par fes écrits , il a daigné l'être auffi de
cet ouvrage , & notre reconnoiffance ne
veut que tracer quelques lignes au pied de
fa ftatue .
Charles de Secondat , Baron de la Brede
NOVEMBRE. 1755. 79
& de Montesquieu , ancien Préfident à
Mortier au Parlement de Bordeaux , de
l'Académie Françoife, de l'Académie royale
des Sciences & des Belles - Lettres de
Pruffe , & de la Société de Londres , naquit
au Château de la Brede , près de Bordeaux
, le 18 Janvier 1689 , d'une famille
noble de Guyenne. Son trifayeul , Jean de
Secondat , Maître d'Hôtel de Henri II ,
Roi de Navarre , & enfuite de Jeanne ,
fille de ce Roi , qui époufa Antoine de
Bourbon , acquit la terre de Montesquieu
d'une fomme de 10000 livres que cette
Princeffe lui donna par un acte authentique
, en récompenfe de fa probité & de
fes fervices. Henri III , Roi de Navarre ,
depuis Henri IV , Roi de France , érigea
en Baronie la terre de Montefquieu , en
faveur de Jacob de Secondat , fils de Jean ,
d'abord Gentilhomme ordinaire de la
Chambre de ce Prince , & enfuite Meftre
de camp du Régiment de Châtillon.
Jean Gafton de Secondat , fon fecond fils ,
ayant époufé la fille du Premier Préfident
du Parlement de Bordeaux , acquit dans
cette Compagnie une charge de Préfident
à Mortier. Il eut plufieurs enfans , dont
un entra dans le fervice , s'y diftingua ,
& le quitta de fort bonne heure. Ce fut
pere de Charles de Secondat , auteur Le
Div
So MERCURE DE FRANCE.
de l'Efprit des Loix . Ces détails paroîtront
peut- être déplacés à la tête de l'éloge
d'un philofophe dont le nom a fi peu
befoin d'ancêtres ; mais n'envions point
à leur mémoire l'éclat que ce nom répand
fur elle.
Les fuccès de l'enfance préfage quelquefois
fi trompeur , ne le furent point
dans Charles de Secondat : il annonça de
bonne heure ce qu'il devoit être ; & fon
pere donna tous fes foins à cultiver ce génie
naiffant , objet de fon efpérance &
de fa tendreſſe . Dès l'âge de vingt ans , le
jeune Montefquieu préparoit déja les matériaux
de l'Esprit des Loix , par un extrait
raifonné des immenfes volumes qui compofent
le corps du Droit civil ; ainfi autrefois
Newton avoit jetté dès fa premiere
jeuneffe les fondemens des ouvrages qui
l'ont rendu immortel . Cependant l'étude
de la Jurifprudence , quoique moins aride
pour M. de Montefquieu que pour la
plupart de ceux qui s'y livrent , parce qu'il
la cultivoit en philofophe , ne fuffifoit pas
à l'étendue & à l'activité de fon génie ; il
approfondiffoit dans le même temps des
matieres encore plus importantes & plus
délicates , & les difcutoit dans le filence
avec la fageffe , la décence , & l'équité
qu'il a depuis montrées dans fes ouvrages .
NOVEMBRE. 1755 . 81
Un oncle paternel , Préfident à Mortier
au Parlement de Bordeaux , Juge éclairé
& citoyen vertueux , l'oracle de fa compagnie
& de fa province , ayant perdu un
fils unique , & voulant conferver dans fon
Corps l'efprit d'élevation qu'il avoit tâché
d'y répandre , laiffa fes biens & fa charge
à M. de Montefquieu ; il étoit Confeiller
au Parlement de Bordeaux , depuis le 24
Février 1714 , & fut reçu Préſident à
Mortier le 13 Juillet 1716. Quelques années
après , en 1722 , pendant la minorité
du Roi , fa Compagnie le chargea de préfenter
des remontrances à l'occafion d'un
nouvel impôt. Placé entre le thrône & le
peuple , il remplit en fujet refpectueux &
en Magiftrat plein de courage , l'emploi fi
noble & fi peu envié , de faire parvenir
au Souverain le cri des malheureux ; & la
mifere publique repréfentée avec autant
d'habileté que de force , obtint la justice.
qu'elle demandoit . Ce fuccès , il eft vrai ,
par malheur l'Etat bien plus que pour
pour
lui , fut auffi paffager que s'il eût été injufte
; à peine la voix des peuples eût- elle
ceffé de le faire entendre , que l'impôt
fupprimé fut remplacé par un autre ; mais
le citoyen avoit fait fon devoir.
Il fut reçu le 3 Avril 1716 dans l'Académie
de Bordeaux , qui ne faifoit que de
Dy
82 MERCURE DE FRANCE.
naître . Le gout pour la Mufique & pour
les ouvrages de pur agrément , avoit d'abord
raflemblé les membres qui la for
moient. M. de Montefquieu crut avec raifon
que l'ardeur naiffante & les talens de
fes confieres pourroient s'exercer avec encore
plus d'avantage fur les objets de la
Phyfique. Il étoit perfuadé que la nature ,
digne d'être obfervée par -tout , trouvoit
aufli par tout des yeux dignes de la voir ;
qu'au contraire les ouvrages de goût ne
fouffrant point de médiocrité , & la Capitale
étant en ce genre le centre des lumieres
& des fecours , il étoit trop difficile de
rafferobler loin d'elle un affez grand nombre
d'écrivains diftingués ; il regardoit les
Sociétés de bel efprit , fi étrangement multipliées
dans nos provinces , comme une
efpece , ou plutôt comme une ombre de
luxe littéraire qui nuit à l'opulence réelle
fans même en offrir l'apparence . Heureufement
M. le Duc de la Force , par un prix
qu'il venoit de fonder à Bordeaux , avoit
fecondé des vues fi éclairées & fi juftes.
On jugea qu'une expérience bien faite
feront préférable à un difcours foible , ou
à un mauvais poëme ; & Bordeaux eut
une Académie des Sciences .
M. de Montefquieu nullement empreffé
de fe montrer au public , fembloit attenNOVEMBRE.
1755. 83
dre , felon l'expreffion d'un grand génie ,
un âge mur pour écrire ; ce ne fut qu'en
1721 , c'eft -à- dire âgé de trente - deux ans,
qu'il mit au jour les Lettres Perfannes. Le
Siamois des amufemens ferieux & comiques
pouvoit lui en avoir fourni l'idée ; mais
il furpaffa fon modele . La peinture des
moeurs orientales réelles ou fuppofées , de
l'orgueil & du flegme de l'amour aliatique
, n'eft que le moindre objet de ces
Lettres ; elle n'y fert , pour ainfi dire , que
de prétexte à une fatyre fine de nos moeurs,
& à des matieres importantes que l'Auteur
approfondit en paroiffant gliffer fur
elles. Dans cette efpèce de tableau mouvant
, Ufbek expofe fur-tout avec autant
de légereté que d'énergie ce qui a le plus
frappé parmi nous fes yeux pénétrans ;
notre habitude de traiter férieufement les
chofes les plus futiles , & de tourner les
plus importantes en plaifanterie ; nos converfations
fi bruyantes & fi frivoles ; notre
ennui dans le fein du plaifir même ;
nos préjugés & nos actions en contradiction
continuelle avec nos lumieres ; tant
d'amour pour la gloire joint à tant de
refpect pour l'idole de la faveur ; nos
Courtifans fi rampans & fi vains ; notre
politeffe extérieure & notre mépris réel
pour les étrangers , ou notre prédilection
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
affectée pour eux ; la bifarrerie de nos
gouts , qui n'a rien au- deffous d'elle que
l'empreffement de toute l'Europe à les
adopter ; notre dédain barbare pour deux
des plus refpectables occupations d'un citoyen
, le commerce & la magiftrature ;
nos difputes littéraires fi vives & fi inuti
les ; notre fureur d'écrire avant que de
penfer , & de juger avant que de connoître.
A cette peinture vive , mais fans
fiel , il oppofe dans l'apologue des Troglodites
, le tableau d'un peuple vertueux ,
devenu fage par le malheur , morceau
digne du Portique : ailleurs il montre la
philofophie long-tems étouffée , reparoiffant
tout-à- coup , regagnant par les progrès
le tems qu'elle a perdu , pénétrant
jufques chez les Ruffes à la voix d'un génie
qui l'appelle , tandis que chez d'autres
peuples de l'Europe , la fuperftition , femblable
à une atmoſphere épaiffe , empêche
la lumiere qui les environne de toutes
parts d'arriver jufqu'à eux. Enfin , par les
principes qu'il établit fur la nature des
gouvernemens anciens & modernes , il
préfente le germe de ces idées lumineufes
développées depuis par l'Auteur dans fon
grand ouvrage.
Ces différens fujets , privés aujourd'hui
des graces de la nouveauté qu'ils avoient
8
NOVEMBRE. 1755. 85
dans la naiffance des Lettres Perfannes , y
conferveront toujours le mérite du caractere
original qu'on a fçu leur donner ;
mérite d'autant plus réel , qu'il vient ici
du génie feul de l'écrivain , & non du
voile étranger dont il s'eft couvert ; car
Ufbek a pris durant fon féjour en France ,
non feulement une connoiffance fi parfaite
de nos moeurs , mais une fi forte teinture
de nos manieres mêmes , que fon
ftyle fait fouvent oublier fon pays . Ce
léger défaut de vraisemblance peut n'être
fans deffein & fans adreffe : en relevant
nos ridicules & nos vices , il a voulu
fans doute auffi rendre juftice à nos
avantages ; il a fenti toute la fadeur d'un
éloge direct & il s'en eft plus finement
acquitté , en prenant fi fouvent notre ton
pour médire plus agréablement de nous.
pas
Malgré le fuccès de cet ouvrage , M.
de Montefquieu ne s'en étoit point déclaré
ouvertement l'auteur. Peut - être
croyoit- il échapper plus aifément par ce
moyen à la fatyre littéraire , qui épargne
plus volontiers les écrits anonymes , parce
que c'est toujours la perfonne & non l'ouvrage
qui eft le but de fes traits ; peut- être
craignoit- il d'être attaqué fur le prétendu
contrafte des Lettres Perfannes avec l'auférité
de fa place ; efpece de reproche ,
86 MERCURE DE FRANCE.
difoit il , que les critiques ne manquent
jamais, parce qu'il ne demande aucun effort
d'efprit. Mais fon fecret étoit découvert ,
& déja le public le montroit à l'Académie
Françoife. L'événement fit voir combien
le filence de M. de Montefquieu avoit été
fage . Ufbek s'exprime quelquefois affez
librement , non fur le fonds du Chriftianiſme
, mais fur des matieres que trop de
perfonnes affectent de confondre avec le
Chriftianifme même , fur l'efprit de
perfécution
dont tant de Chrétiens ont été
animés ; fur les ufurpations temporelles
de la puiffance eccléfiaftique ; fur la multiplication
exceffive des monafteres , qui
enleve des fujets à l'Etat , fans donner à
Dieu des adorateurs ; fur quelques opinions
qu'on a vainement tenté d'ériger
en dogmes ; fur nos difputes de religion ,
toujours violentes , & fouvent funeftes.
S'il paroît toucher ailleurs à des questions
plus délicates , & qui intéreffent de plus
près la religion chrétienne , fes réflexions
appréciées avec juftice , font en effet trèsfavorables
à la révélation , puifqu'il fe
borne à montrer combien la raifon humaine
, abandonnée à elle-même , eft peu
éclairée fur ces objets. Enfin , parmi les
véritables lettres de M. de Montefquieu ,
l'Imprimeur étranger en avoit inféré quel
NOVEMBRE. 1755. 87
ques -unes d'une autre main , & il eût
fallu du moins , avant que de condamner
l'auteur , démêler ce qui lui appartenoit
en propre. Sans égard à ces confidérations
, d'un côté la haine fous le rom
de zéle , de l'autre le zéle fans difcernement
ou fans lumieres , fe fouleverent &
fe réunirent contre les Lettres Perfannes.
Des délateurs , efpece d'hommes dangereufe
& lâche , que même dans un gouvernement
fage on a quelquefois le malheur
d'écouter , allarmerent par un extrait
infidele la piété du miniftere. M. de Montefquieu
, par le confeil de fes amis , foutenu
de la voix publique , s'étant préſenté
pour la place de l'Académie Françoiſe vacante
par la mort de M. de Sacy , le Miniftre
écrivit à cette Compagnie qué S. M.
ne donneroit jamais fon agrément à l'auteur
des Lettres Perfannes ; qu'il n'avoit
point lu ce livre , mais que des perfonnes
en qui il avoit confiance , lui en avoient
fait connoître le poifon & le danger . M.
de Montefquieu fentit le coup qu'une pareille
accufation pouvoit porter à fa perfonne
, à la famille , à la tranquillité de
fa vie. Il n'attachoit pas affez de prix aux
honneurs littéraires , ni pour les rechercher
avec avidité , ni pour affecter de les
dédaigner quand ils fe préfentoient à lui ,
88 MERCURE DE FRANCE.
:
ni enfin pour en regarder la fimple privation
comme un malheur ; mais l'exclufion
perpétuelle , & fur - tout les motifs de
l'exclufion lui paroiffoient une injure. Il vit
le Miniftre , lui déclara que par des raifons
particulieres il n'avouoit point les
Lettres Perfannes , mais qu'il étoit encore
plus éloigné de defavouer un ouvrage
dont il croyoit n'avoir point à rougir , &
qu'il devoit être jugé d'après une lecture ,
& non fur une délation le Miniftre prit
enfin le parti par où il auroit dû commencer
; il lut le livre , aima l'Auteur , & apprit
à mieux placer fa confiance ; l'Académie
Françoife ne fut point privée d'un de
fes plus beaux ornemens , & la France eut
le bonheur de conferver un fujet que la fuperftition
ou la calomnie étoient prêtes à
lui faire perdre : car M. de Montefquieu
avoit déclaré au Gouvernement qu'après
l'efpece d'outrage qu'on alloit lui faire ,
il iroit chercher chez les étrangers qui lui
tendoient les bras , la fureté , le repos , &
peut-être les recompenfes qu'il auroit dû
efperer dans fon pays. La nation eût déploré
cette perte , & la honte en fut pourtant
retombée fur elle.
Feu M. le Maréchal d'Eftrées , alors Directeur
de l'Académie Françoife , fe conduifit
dans cette circonftance en courtiſan
NOVEMBRE . 1755 . 89
vertueux , & d'une ame vraiment élevée ;
il ne craignit ni d'abufer de fon crédit ni
de le compromettre ; il foutint fon ami &
juftifia Socrate. Ce trait de courage fi précieux
aux Lettres , fi digne d'avoir aujourd'hui
des imitateurs , & fi honorable à
la mémoire de M. le Maréchal d'Eftrées ,
n'auroit pas dû être oublié dans fon éloge.
M. de Montefquieu fut reçu le 24 Janvier
1728. Son difcours eft un des meilleurs
qu'on ait prononcés dans une pareille
occafion ; le mérite en eft d'autant
plus grand , que les Récipiendaires gênés
jufqu'alors par ces formules & ces éloges
d'ufage auxquels une efpece de prefcription
les affujettit , n'avoient encore ofé
franchir ce cercle pour traiter d'autres fujets
, ou n'avoient point penfé du moins à
les y renfermer ; dans cet état même de
contrainte il eut l'avantage de réuffir . Entre
plufieurs traits dont brille fon difcours ,
on reconnoîtroit l'écrivain qui penſe , au
feul portrait du Cardinal de Richelieu
qui apprit à la France le fecret de fes forces ,
& à l'Espagne celui de fa foibleffe , qui ôta
à l'Allemagne fes chaînes , & lui en donna
de nouvelles. Il faut admirer M. de Montefquieu
d'avoir fçu vaincre la difficulté
de fon fujet, & pardonner à ceux qui n'ont
pas eu le même fuccès .
›
90 MERCURE DE FRANCE.
Le nouvel Académicien étoit d'autant
plus digne de ce titre , qu'il avoit peu de
tems auparavant renoncé à tout autre travail
, pour fe livrer entierement à fon
génie & à fon goût . Quelque importante
que fût la place qu'il occupoit , avec quelques
lumieres & quelque intégrité qu'il
en eût rempli les devoirs , il fentoit qu'il
y avoit des objets plus dignes d'occuper
fes talens ; qu'un citoyen eft redevable à
fa nation & à l'humanité de tout le bien
qu'il peut leur faire ; & qu'il feroit plus
utile à l'une & à l'autre , en les éclairant
par fes écrits , qu'il ne pouvoit l'être en
difcutant quelques conteftations particulieres
dans l'obfcurité . Toutes ces réflexions
le déterminerent à vendre fa charge
; il ceffa d'être Magiftrat , & ne fut plus
qu'homme de Lettres .
Mais pour fe rendre utile par fes ouvra
ges aux différentes nations , il étoit néceffaire
qu'il les connût ; ce fut dans cette
vue qu'il entreprit de voyager. Son but
étoit d'examiner partout le phyfique & le
moral , d'étudier les loix & la conftitution
de chaque pays , de vifiter les fçavans , les
écrivains , les artiftes célebres , de chercher
fur- tout ces hommes rares & finguliers
dont le commerce fupplée quelquefois à
plufieurs années d'obfervations & de féNOVEMBRE.
1755. 91
jour. M. de Montefquieu eût pu dire comme
Démocrite. Je n'ai rien oublié pour
» m'inftruire ; j'ai quitté mon pays , & parcouru
l'univers pour mieux connoître
» la vérité : j'ai vu tous les perfonnages
» illuftres de mon tems ; mais il y eût
cette différence entre le Démocrite François
& celui d'Abdere , que le premier
voyageoit pour inftruire les hommes , &
le fecond pour s'en moquer,
Il alla d'abord à Vienne , où il vit fouvent
le célebre Prince Eugene ; ce Héros
fi funefte à la France ( à laquelle il auroit
pû être fi utile ) , après avoir balancé la
fortune de Louis XIV. & humilié la fierté
Ottomane , vivoit fans fafte durant la paix,
aimant & cultivant les Lettres dans une
Cour où elles font peu en honneur , &
donnant à ſes maîtres l'exemple de les protéger.
M. de Montefquieu crut entrevoir
dans fes difcours quelques reftes d'intérêt
pour fon ancienne patrie ; le Prince Eugene
en laiffoit voir furtout , autant que le
peut faire un ennemi , für les fuites funeftes
de cette divifion inteftine qui trouble
depuis fi longtems l'Eglife de France :
l'Homme d'Etat en prévoyoit la durée &
les effets , & les prédit au Philofophe.
M. de Montefquieu partit de Vienne
pour voir la Hongrie , contrée opulente &
92 MERCURE DE FRANCE.
fertile, habitée par une nation fiere & généreufe
, le fléau de fes Tyrans & l'appui de
fes Souverains. Comme peu de perfonnes
connoiffent bien ce pays , il a écrit avec
foin cette partie de fes voyages.
D'Allemagne , il paffa en Italie ; il vit à
Venife le fameux Law , à qui il ne reftoit
de fa grandeur paffée que des projets heureufement
deftinés à mourir dans fa tête ,
& un diamant qu'il engageoit pour jouer
aux jeux de hafard . Un jour la converfation
rouloit fur le fameux fyftème que Law
avoit inventé ; époque de tant de malheurs
& de fortunes , & furtout d'une dépravation
remarquable dans nos moeurs . Comme
le Parlement de Paris , dépofitaire immédiat
des Loix dans les tems de minorité ,
avoit fait éprouver au Miniftre Ecoffois
quelque réfiftance dans cette occafion
M. de Montefquieu lui demanda pourquoi
on n'avoit pas effayé de vaincre cette réfiftance
par un moyen prefque toujours infaillible
en Angleterre , par le grand mobile
des actions des hommes , en un mot
par l'argent : Ce ne font pas , répondit Law,
desgénies auffi ardens & auf dangereux que
mes compatriotes , mais ils font beaucoup plus
incorruptibles. Nous ajouterons fans aucun
préjugé de vanité nationale , qu'un Corps
libre pour quelques inftans , doit mieux
NOVEMBRE. 1755. 93
résister à la corruption que celui qui l'eft
toujours ; le premier , en vendant fa liberté,
la perd ; le fecond ne fait , pour ainfi
dire , que la prêter , & l'exerce même en
l'engageant ; ainfi les circonftances & la
nature du Gouvernement font les vices &
les vertus des Nations.
Un autre perfonnage non moins fameux
que M. de Montefquieu vit encore plus .
fouvent à Venife , fut le Comte de Bonneval
. Cet homme fi connu par fes aventures
, qui n'étoient pas encore à leur terme,
& flatté de converfer avec un juge digne
de l'entendre , lui faifoit avec plaifir le détail
fingulier de fa vie , le récit des actions.
militaires où il s'étoit trouvé , le portrait
des Généraux & des Miniftres qu'il avoit
connus . M. de Montefquieu fe rappelloit,
fouvent ces converfations & en racontoit
différens traits à fes amis.
Il alla de Venife à Rome : dans cette ancienne
Capitale du monde , qui l'eft encore
à certains égards , il s'appliqua furtour
à examiner ce qui la diftingue aujourd'hui
le plus , les ouvrages des Raphaëls ,
des Titiens , & des Michel- Anges : il n'avoit
point fait une étude particuliere des
beaux arts ; mais l'expreffion dont brillent
les chef-d'oeuvres en ce genre , faifit infailliblement
tout homme de génie . Accoutu94
MERCURE DE FRANCE.
mé à étudier la nature , il la reconnoît
quand elle eft imitée , comme un portrait
reffemblant frappe tous ceux à qui l'original
eft familier : malheur aux productions
de l'art dont toute la beauté n'eſt que
pour les Artiſtes.
Après avoir parcouru l'Italie , M. de
Montefquieu vint en Suiffe ; il examina
foigneufement les vaſtes pays arrofés par
le Rhin ; & il ne lui refta plus rien à voir
en Allemagne ; car Frédéric ne regnoit pas
encore. Il s'arrêta enfuite quelque tems
dans les Provinces-Unies , monument admirable
de ce que peut l'induftrie humaine
animée par l'amour de la liberté. Enfin il
fe rendit en Angleterre où il demeura deux
ans : digne de voir & d'entretenir les plus
grands hommes , il n'eut à regretter que
de n'avoir pas fait plutôt ce voyage : Locke
& Newton étoient morts. Mais il eut fouvent
l'honneur de faire fa cour à leur protectrice
, la célebre Reine d'Angleterre ,
qui cultivoit la Philofophie fur le thrône ,
& qui goûta , comme elle devoit , M. de
Montefquieu. Il ne fut pas moins accueilli
par la Nation , qui n'avoit pas befoin fur
cela de prendre le ton de fes maîtres . Il
forma à Londres des liaifons intimes avec
des hommes exercés à méditer , & à ſe préparer
aux grandes chofes par des études
NOVEMBRE. 1755. 95
profondes ; il s'inftruifit avec eux de la nature
du Gouvernement , & parvint à le
bien connoître. Nous parlons ici d'après
les témoignages publics que lui en ont rendu
les Anglois eux-mêmes , fi jaloux de
nos avantages , & fi peu difpofés à reconnoître
en nous aucune fupériorité.
Comme il n'avoit rien examiné ni avec
la prévention d'un enthouſiaſte , ni avec
l'austérité d'un Cynique , il n'avoit rapporté
de les voyages ni un dédain outrageant
pour les étrangers , ni un mépris
encore plus déplacé pour fon propre pays.
Il réfultoit de fes obfervations que l'Allemagne
étoit faite pour y voyager , l'Italie
pour y féjourner , l'Angleterre pour y penfer
, & la France pour y vivre.
De retour enfin dans fa Patrie , M de
Montefquieu fe retira pendant deux ans à
fa terre de la Brede : il y jouit en paix de
cette folitude que le fpectacle & le tumulte
du monde fert à rendre plus agréable ;
il vécut avec lui-même , après en être forti
fi long-tems ; & ce qui nous intéreſſe le
plus , il mit la derniere main à fon ouvrage
fur la caufe de la grandeur & de la déca
dence des Romains , qui parut en 1734.
Les Empires , ainfi que les hommes
doivent croître , dépérir & s'éteindre ; mais
cette révolution néceffaire a fouvent des
96 MERCURE DE FRANCE.
caufes cachées que la nuit des tems nous
dérobe , & que le myftere où leur petiteffe
apparente a même quelquefois voilées aux
yeux des contemporains ; rien ne reſſemble
plus fur ce point à l'Hiftoire moderne
que l'Hiftoire ancienne. Celle des Romains
mérite néanmoins à cet égard quelque exception
; elle préfente une politique raifonnée
, un fyftème fuivi d'aggrandiffement
, qui ne permet pas d'attribuer la
fortune de ce peuple à des refforts obfcurs
& fubalternes. Les caufes de la grandeur
Romaine fe trouvent donc dans l'Hiftoire ,
& c'eft au Philofophe à les y découvrir.
D'ailleurs il n'en eft pas des fyftêmes dans
cette étude comme dans celle de la Phyfique
; ceux-ci font prefque toujours précipités
, parce qu'une obfervation nouvelle
& imprévue peut les renverfer en un inftant
; au contraire , quand on recueille
avec foin les faits que nous tranfmet l'Hif
toire ancienne d'un pays , fi on ne raffemble
pas toujours tous les matériaux qu'on
peut défirer , on ne fçauroit du moins ef
pérer d'en avoir un jour davantage . L'étude
réfléchie de l'Hiftoire , étude fi importante
& fi difficile , confifte à combiner
de la maniere la plus parfaite , ces matériaux
défectueux : tel feroit le métire d'un
Architecte , qui , fur des ruines fçavantes ,
traceroit ,
NOVEMBRE. 1755 . 97
traceroit , de la maniere la plus vraiſemblable
, le plan d'un édifice antique , en
fuppléant , par le génie & par d'heureuſes
conjectures , à des reftes informes & tronqués.
C'eſt fous ce point de vue qu'il faut envifager
l'ouvrage de M. de Montefquieu :
il trouve les caufes de la grandeur des Romains
dans l'amour de la liberté , du travail
& de la patrie , qu'on leur infpiroit
dès l'enfance ; dans la févérité de la difcipline
militaire ; dans ces diffenfions intef
tines qui donnoient du reffort aux efprits ,
& qui ceffoient tout -à coup à la vue de
l'ennemi ; dans cette conftance après le
malheur qui ne défefpéroit jamais de la
république dans le principe où ils furent
toujours de ne faire jamais la paix qu'après
des victoires ; dans l'honneur du triomphe,
fujet d'émulation pour les Généraux ; dans
la protection qu'ils accordoient aux peuples
révoltés contre leurs Rois ; dans l'excellente
politique de laiffer aux vaincus leurs
Dieux & leurs coutumes ; dans celle de
n'avoir jamais deux puiffans ennemis fur
les bras , & de tout fouffrir de l'un juſqu'à
ce qu'ils euffent anéanti l'autre . Il trouve les
caufes de leur décadence dans l'agrandiffement
même de l'Etat , qui changea en
guerres civiles les tumultes populaires ;
E
98 MERCURE DE FRANCE.
dans les guerres éloignées qui forçant les
citoyens à une trop longue abfence , leur
faifoient perdre infenfiblement l'efprit républicain
; dans le droit de Bourgeoifie
accordé à tant de Nations , & qui ne fit
plus du peuple Romain qu'une espece de
monftre à plufieurs têtes ; dans la corrup
tion introduite par le luxe de l'Afie ; dans
les profcriptions de Sylla qui avilirent l'efprit
de la Nation , & la préparerent à l'eſclavage
; dans la néceflité où les Romains
fe trouverent de fouffrir des maîtres , lorfque
leur liberté leur fut devenue à charge ;
dans l'obligation où ils furent de changer
de maximes , en changeant de gouvernement
; dans cette fuite de monftres qui
régnerent , prefque fans interruption , depuis
Tibere jufqu'à Nerva , & depuis Commode
jufqu'à Conftantin ; enfin , dans la
tranflation & le partage de l'Empire , qui
périt d'abord en Occident par la puiffance
des Barbares , & qui après avoir langui plufieurs
ficcles en Orient fous des Empereurs
imbéciles ou féroces , s'anéantit infenfiblement
comme ces fleuves qui difparoiffent
dans des fables.
Un affez petit volume a fuffi à M. de
Montefquieu pour développer un tableau
fi intérellant & fi vafte. Comme l'Auteur
ne s'appefantit point fur les détails , & ne
NOVEMBRE. 1755. 92
faifit que les branches fécondes de fon
ſujet , il a ſçu renfermer en très - peu d'efpace
un grand nombre d'objets diftinctement
apperçus & rapidement préfentés fans
fatigue pour le Lecteur ; en laiffant beaucoup
voir , il laifle encore plus à penſer ,
& il auroit pu intituler fon Livre , Hiftoire
Romaine à l'ufage des Hommes d'Etat & des
Philofophes.
Quelque réputation que M. de Montefquieu
fe fût acquife par ce dernier ouvrage
& par ceux qui l'avoient précédé , il
n'avoit fait que fe frayer le chemin à une
plus grande entreprife , à celle qui doit
immortalifer fon nom & le rendre refpectable
aux fiecles futurs. Il en avoit dès
longtems formé le deffein , il en médita
pendant vingt ans l'exécution ; ou , pour
parler plus exactement , toute fa vie en
avoit été la méditation continuelle . D'abord
il s'étoit fait en quelque façon étranger
dans fon propre pays , afin de le mieux
connoître ; il avoit enfuite parcouru toute
l'Europe , & profondément étudié les différens
peuples qui l'habitent . L'Ifle fameufe
qui fe glorifie tant de fes loix , &
qui en profite fi mal , avoit été pour lui
dans ce long voyage , ce que l'ifle de Crete
fut autrefois pour Lycurgue , une école
où il avoit fçu s'inftruire fans tout approu-
E ij
100
MERCURE DE
FRANCE.
ver ; enfin , il avoit , fi on peut parler ainfi ,
interrogé & jugé les nations & les hommes
célebres qui
n'exiftent plus aujour
d'hui que dans les annales du monde. Ce
fut ainfi qu'il s'éleva par dégrés au plus
beau titre qu'un fage puiffe mériter , celui
de Légiflateur des Nations .
S'il étoit animé par
l'importance de la
matiere , il étoit effrayé en même tems par
fon
étendue il
l'abandonna , & y revint
:
à plufieurs repriſes ; il fentit plus d'une fois,
comme il l'avoue lui- même , tomber les
mains
paternelles .
Encouragé enfin
amis , il ramaffa toutes fes forces , & donfes
par
na l'Esprit des Loix.
Dans cet important ouvrage , M. de
Montefquieu , fans
s'appefantir , à l'exemple
de ceux qui l'ont précédé , fur des difcuffions
métaphyfiques relatives à l'hom
me fuppofé dans un état
d'abſtraction ,
fans fe borner , comme d'autres , à confidérer
certains peuples dans quelques relations
ou
circonftances
particulieres , envifage
les habitans de l'univers dans l'état réel
où ils font , & dans tous les rapports qu'ils
peuvent avoir entr'eux. La plupart des
autres Ecrivains en ce genre font prefque
toujours ou de fimples Moraliftes , ou de
fimples
Jurifconfultes , ou même quelquefois
de fimples
Théologiens;pour lui, l'hom
NOVEMBRE. 1755 . ΙΟΥ
perme
de tous les Pays & de toutes les Nations,
il s'occupe moins de ce que le devoir exige
de nous , que des moyens par lefquels on
peut nous obliger de le remplir , de la
fection métaphyfique des loix , que de celle
dont la nature humaine les rend fufceptibles
, des loix qu'on a faites que de celles
qu'on a dû faire , des loix d'un peuple particulier
que de celles de tous les peuples,
Ainfi en fe comparant lui -mêine à ceux
qui ont couru avant lui cette grande &
noble carriere , il a pu dire comme le Correge
, quand il eut vu les ouvrages de fes
rivaux , & moi auffi je fuis Peintre.
Rempli & pénétré de fon objet , l'Auteur
de l'Efprit des Loix y embraſſe un fi
grand nombre de matieres , & les traite
avec tant de brieveté & de profondeur ,
qu'une lecture affidue & méditée peut feule
faire fentir le mérite ce livre . Elle fervira
fur- tout , nous ofons le dire , à faire difparoître
le prétendu défaut de méthode
dont quelques lecteurs ont accufé M. de
Montefquieu ; avantage qu'ils n'auroient
pas dû le taxer légerement d'avoir négligé
dans une matiere philofophique & dans
un ouvrage de vingt années . Il faut diftinguer
le défordre réel de celui qui n'eft
qu'apparent. Le défordre eft réel , quand
l'analogie & la fuite des idées n'eft point
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
obfervée ; quand les conclufions font érigées
en principes , ou les précedent ; quand
le lecteur , après des détours fans nombre ,
fe retrouve au point d'où il eft parti . Le
defordre n'eft qu'apparent , quand l'Auteur
mettant à leur véritable place les idées dont
il fait ufage , laiffe à fuppléer aux lecteurs
les idées intermédiaires : & c'eſt ainfi que
M. de Montefquieu a cru pouvoir & devoir
en ufer dans un livre deſtiné à des
hommes qui penfent , dont le génie doit
fuppléer à des omiffions volontaires & raifonnées
.
L'ordre qui fe fait appercevoir dans les
grandes parties de l'Efprit des Loix , ne
regne pas moins dans les détails : nous
croyons que plus on approfondira l'ouvrage
, plus on en fera convaincu . Fidele à
fes divifions générales , l'Auteur rapporte
à chacune les objets qui lui appartiennent
exclufivement ; & à l'égard de ceux qui
par différentes branches appartiennent à
plufieurs divifions à la fois , il a placé fous
chaque divifion la branche qui lui appartient
en propre ; par- là on apperçoit ailément
& fans confufion , l'influence que
les différentes parties du fujet ont les unes
fur les autres , comme dans un arbre qu
fyftême bien entendu des connoiffances
humaines , on peut voir le rapport mutuel
NOVEMBRE. 1755. 103
des Sciences & des Arts. Cette comparaifon
d'ailleurs eft d'autant plus jufte , qu'il
en eft du plan qu'on peut fe faire dans
l'examen philofophique des Loix , comme
de l'ordre qu'on peut obferver dans un
arbre Encyclopédique des Sciences : il y
reftera toujours de l'arbitraire ; & tout ce
qu'on peut exiger de l'Auteur , c'eſt qu'il
fuive fans détour & fans écart le fyfteme
qu'il s'eft une fois formé.
Nous dirons de l'obfcurité qu'on peut
fe permetrre dans un tel ouvrage , la même
chofe que du défaut d'ordre ; ce qui feroit
obfcur pour les lecteurs vulgaires , ne l'eft
pas pour ceux que l'Auteur a eu en vue.
D'ailleurs l'obfcurité volontaire n'en eft
point une M. de Montefquieu ayant à
préfenter quelquefois des vérités impor
tantes , dont l'énoncé abfolu & direct auroit
pu
bleffer fans fruit , a eu la prudence
louable de les envelopper , & par cet innocent
artifice , les a voilées à ceux à qui
elles feroient nuifibles , fans qu'elles fuffent
perdues pour les fages.
Parmi les ouvrages qui lui ont fourni
des fecours , & quelquefois des vues pour
le fien , on voit qu'il a furtout profité des
deux hiftoriens qui ont penfé le plus ,
Tacite & Plutarque ; mais quoiqu'un Philofophe
qui a fait ces deux lectures , foit
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
difpenfé de beaucoup d'autres , il n'avoit
pas cru devoir en ce genre rien négliger ni
dédaigner de ce qui pouvoit être utile à
fon objet . La lecture que fuppofe l'Espric
des Loix , eft immenſe ; & l'ufage raiſonné
que l'Auteur a fait de cette multitude pro
digieufe de matériaux , paroîtra encore
plus furprenant , quand on fçaura qu'il
étoit prefqu'entierement privé de la vue ,
& obligé d'avoir recours à des yeux étrangers.
Cette vafte lecture contribue nonfeulement
à l'utilité , mais à l'agrément de
l'ouvrage fans déroger à la majefté de fon
fujet. M. de Montefquieu fçait en tempérer
l'austérité , & procurer aux lecteurs
des momens de repos , foit par des faits
finguliers & peu connus , foit par des allufions
délicates , foit par ces coups de pinceau
énergiques & brillans , qui peignent
d'un feul trait les peuples & les hommes .
Enfin , car nous ne voulons pas jouer ici
le rôle des Commentateurs d'Homere , il
y a fans doute des fautes dans l'efprit des
Loix , comme il y en a dans tout ouvrage
de génie , dont l'Auteur a le premier ofé
fe frayer des routes nouvelles. M. de Montefquieu
a été parmi nous , pour l'étude
des loix , ce que Defcartes a été pour la
Philofophie ; il éclaire fouvent , & fe trompe
quelquefois , & en fe trompant même ,
NOVEMBRE. 1755. 105
il inftruit ceux qui fçavent lire. La pouvelle
édition qu'on prépare , montrera par
les additions & corrections qu'il y a faites,
que s'il eft tombé de tems en tems , il a
fçu le reconnoître & fe relever ; par- là , il
acquerra du moins le droit à un nouvel
examen , dans les endroits où il n'aura pas
été de l'avis de fes cenfeurs ; peut- être
même ce qu'il aura jugé le plus digne de
correction , leur a - t-il abfolument échappé
, tant l'envie de nuire eft ordinairement
aveugle.
Mais ce qui eft à la portée de tout le
monde dans l'Eſprit des Loix , ce qui doit
rendre l'Auteur cher à toutes les Nations ,
ce qui ferviroit même à couvrir des fautes
plus grandes que les fiennes , c'eft l'efprit
de citoyen qui l'a dicté. L'amour du bien
public , le defir de voir les hommes heureux
s'y montrent de toutes parts ; & n'eûtil
que ce mérite fi rare & fi précieux , il
feroit digne par cet endroit feul , d'être
la lecture des peuples & des Rois . Nous
voyons déja , par une heureuſe expérience,
que les fruits de cet ouvrage ne fe bornent
pas dans fes lecteurs à des fentimens ſtériles.
Quoique M. de Montefquieu ait peu
furvécu à la publication de l'Efprit des
Loix , il a eu la fatisfaction d'entrevoir
les effets qu'il commence à produire parmi
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
nous ; l'amour naturel des François pour
leur patrie , tourné vers fon véritable objet
; ce goût pour le Commerce , pour l'Agriculture
, & pour les Arts utiles , qui
fe répand infenfiblement dans notre Nation
; cette lumiere générale fur les principes
du gouvernement , qui rend les peuples
plus attachés à ce qu'ils doivent aimer .
Ceux qui ont fi indécemment attaqué cet
ouvrage , lui doivent peut-être plus qu'ils
ne s'imaginent l'ingratitude , au refte ,
eft le moindre reproche qu'on ait à leur
faire. Ce n'eft pas fans regret , & fans
honte pour notre fiecle , que nous allons
les dévoiler ; mais cette hiftoire importe
trop à la gloire de M. de Montefquieu , &
à l'avantage de la Philofophie , pour être
paffée fous filence. Puiffe l'opprobre qui
couvre enfin fes ennemis , leur devenir
falutaire !
A peine l'Efprit des Loix parut- il , qu'il
fut recherché avec empreffement , fur la
réputation de l'Auteur ; mais quoique
M. de Montesquieu eût écrit pour le bien
du peuple , il ne devoit pas avoir le peuple
pour juge ; la profondeur de l'objet
étoit une fuite de fon importance même.
Cependant les traits qui étoient répandus
dans l'ouvrage , & qui auroient été déplacés
s'ils n'étoient pas nés du fond du fuNOVEMBRE.
1755. 107
jet , perfuaderent à trop de perfonnes qu'il
étoit écrit pour elles : on cherchoit un
Livre agréable , & on ne trouvoit qu'un
Livre utile , dont on ne pouvoit d'ailleurs
fans quelque attention faifir l'enſemble &
les détails. On traita légerement l'Esprit
des Loix ; le titre même fut un fujet de
plaifanterie enfin l'un des plus beaux
monumens littéraires qui foient fortis de
notre Nation, fut regardé d'abord par elle
avec affez d'indifférence. Il fallut que les
véritables juges euffent eu le tems de lire :
bientôt ils ramenerent la multitude toujours
prompte à changer d'avis ; la partie
du Public qui enfeigne , dicta à la partie
qui écoute ce qu'elle devoit penfer & dire ;
& le fuffrage des hommes éclairés , joint
aux échos qui le répéterent , ne forma plus
qu'une voix dans toute l'Europe.
Ce fut alors que les ennemis publics &
fecrets des Lettres & de la Philofophie ( car
elles en ont de ces deux efpeces ) réunirent
leurs traits contre l'ouvrage. De-là cette
foule de brochures qui lui furent lancées
de toutes parts , & que nous ne tirerons
pas de l'oubli où elles font déja plongées.
Sisleurs auteurs n'avoient pas pris de bonnes
mefures pour être inconnus à la poftérité
, elle croiroit que l'Efprit des Loix a
été écrit au milieu d'un peuple de barbares.
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
M. de Montefquieu méprifa fans peine
les Critiques ténébreufes de ces auteurs
fans talent , qui foit par une jaloufie qu'ils
n'ont pas droit d'avoir , foit pour fatisfaire
la malignité du Public qui aime la fatyre
& la méprife , outragent ce qu'ils ne peuvent
atteindre ; & plus odieux par le mal
qu'ils veulent faire , que
redoutables par
celui qu'ils font , ne réuffiffent pas même
dans un genre d'écrire que fa facilité &
fon objet rendent également vil. Il mettoit
les ouvrages de cette efpece fur la
même ligne que ces Nouvelles hebdomadaires
de l'Europe , dont les éloges font
fans autorité & les traits fans effet , que
des Lecteurs oififs parcourent fans y ajouter
foi , & dans lefquelles les Souverains.
font infultés fans le fçavoir , ou fans daigner
fe venger. IIll nnee ffuutt pas auffi indifférent
fur les principes d'irréligion qu'on
l'accufa d'avoir femé dans l'Eſprit des Loix .
En méprifant de pareils reproches , il auroit
cru les mériter , & l'importance de
l'objet lui ferma les yeux fur la valeur de
fes adverfaires. Ces hommes également
dépourvus de zele & également empreffés
d'en faire paroître , également effrayés de
la lumiere que les Lettres répandent , non
au préjudice de la Religion , mais à leur
défavantage , avoient pris différentes forNOVEMBRE.
1755. 109
mes pour lui porter atteinte. Les uns , par
unftratagême auffi puérile que pufillanime,
s'étoient écrit à eux- mêmes ; les autres ,
après l'avoir déchiré fous le mafque de
P'Anonyme , s'étoient enfuite déchirés entr'eux
à fon occafion . M. de Montesquieu,
quoique jaloux de les confondre , ne jugea
pas à propos de perdre un tems précieux à
les combattre les uns après les autres : il fe
contenta de faire un exemple fut celui qui
s'étoit le plus fignalé par fes excès.
par
C'étoit l'auteur d'une feuille anonyme
& périodique , qui croit avoir fuccédé à
Pafcal , parce qu'il a fuccédé à fes opinions;
panégyrifte d'ouvrages que perfonne ne
lit , & apologiſte de miracles que l'autorité
féculiere a fait ceffer dès qu'elle l'a
voulu ; qui appelle impiété & fcandale le
peu
d'intérêt que les gens de Lettres prennent
à fes querelles , & s'eft aliéné ,
une adreffe digne de lui , la partie de la
Nation qu'il avoit le plus d'intérêt de ménager.
Les coups de ce redoutable athlete
furent dignes des vues qui l'infpirerent ; il
accufa M. de Montefquieu & de Spinoffme
& de Déifine ( deux imputations incompatibles
) ; d'avoir fuivi le ſyſtème de
Pope ( dont il n'y avoit pas un mot dans
l'ouvrage ) ; d'avoir cité Plutarque qui n'eft
pas un Auteur Chrétiens de n'avoir point
110 MERCURE DE FRANCE.
parlé du péché originel & de la Grace , Il
prétendit enfin que l'Efprit des Loix étoit
une production de la Conftitution Unigenitus;
idée qu'on nous foupçonnera peut-être
de prêter par dérifion au critique. Ceux
qui ont connu M. de Montefquieu , l'ouvrage
de Clément XI & le fien , peuvent
juger par cette accufation de toutes les
autres.
Le malheur de cet écrivain dut bien le
décourager : il vouloit perdre un fage par
l'endroit le plus fenfible à tout citoyen , il
ne fit que lui procurer une nouvelle gloire
comme homme de Lettres ; la Défense de
l'Esprit des Loix parut. Cet ouvrage , par
la modération , la vérité , la fineffe de
plaifanterie qui y regnent , doit être regardé
comme un modele en ce genre. M.
de Montefquieu , chargé par fon adverfaire
d'imputations atroces , pouvoit le
rendrejodieux fans peine ; il fit mieux , il
le rendit ridicule . S'il faut tenir compte à
l'agreffeur d'un bien qu'il a fait fans le
vouloir , nous lui devons une éternelle
reconnoiffance de nous avoir procuré ce
chef-d'oeuvre : Mais ce qui ajoute encore
au mérite de ce morceau précieux , c'eſt
que l'auteur s'y eft peint lui- même fans y
penfer ; ceux qui l'ont connu , croyent
Î'entendre , & la poſtérité s'affurera , en
NOVEMBRE. 1755 111
lifant fa Défenfe , que fa converfation n'étoit
pas inférieure à fes écrits ; éloge que
bien peu de grands hommes ont mérité.
Une autre circonftance lui affure pleinement
l'avantage dans cette difpute : le
critique qui , pour preuve de fon attachement
à la religion , en déchire les Miniftres
, accufoit hautement le Clergé de
France , & fur-tout la Faculté de Théolo
gie , d'indifférence pour la caufe de Dieu ,
en ce qu'ils ne profcrivoient pas authentiquement
un fi pernicieux ouvrage . La Faculté
étoit en droit de méprifer le repro
che d'un écrivain fans aveu ; mais il s'agif
foit de la religion ; une délicateffe louable
lui a fait prendre le parti d'examiner l'Ef
prit des Loix. Quoiqu'elle s'en occupe depuis
plufieurs années , elle n'a rien prononcé
jufqu'ici ; & fût- il échappé à M. de
Montefquieu quelques inadvertences lé--
geres , prefque inevitables dans une carriere
fi vafte , l'attention longue & fcrupuleufe
qu'elles auroient demandée de la
part du Corps le plus éclairé de l'Eglife ,
prouveroit au moins combien elles feroient
excufables. Mais ce Corps , plein de prudence
, ne précipitera rien dans une fi
importante matiere : il connoit les bornes
de la raifon & de la foi ; il fçait que l'ouvrage
d'un homme de lettres ne doit point
112 MERCURE DE FRANCE.
être examiné comme celui d'un Théologien
que les mauvaifes conféquences
auxquelles une propofition peut donner
lieu par des interprétations odieufes , ne
rendent point blamable la propofition en
elle -même ; que d'ailleurs nous vivons
dans un fiécle malheureux , où les intérêts
de la religion ont befoin d'être ménagés ,
& qu'on peut lui nuire auprès des fimples,
en répandant mal - à - propos fur des genies
du premier ordre le foupçon d'incrédulité;
qu'enfin , malgré cette accufation injuſte ,
M. de Montefquien fut toujours eſtimé ,
recherché & accueilli par tout ce que l'Eglife
a de plus refpectable & de plus grand ;
eût-il confervé auprès des gens de bien la
confidération dont il jouiffoit , s'ils l'euffent
regardé comme un écrivain dangéreux
?
Pendant que des infectes le tourmentoient
dans fon propre pays , l'Angleterre
élevoit un monument à fa gloire. En 1752 ,
M. Daffier , célebre par les médailles qu'il
a frappées à l'honneur de plufieurs hommes
illuftres , vint de Londres à Paris pour
frapper la fienne. M. de la Tour , cet attifte
fi fupérieur par fon talent , & fi eftimable
par fon defintéreffement & l'élévation
de fon ame , avoit ardemment defiré
de donner un nouveau luftre à fon pinNOVEMBRE.
1755. 113
ceau , en tranfmettant à la poftérité le
portrait de l'auteur de l'Efprit des Loix ;
il ne vouloit que la fatisfaction de le peindre
, & il méritoit , comme Apelle , que
cet honneur lui fût réfervé ; mais M. de
Montefquieu , d'autant plus avare du tems
de M. de la Tour que celui - ci en étoit plus
prodigue , fe refufa conftamment & poliment
à fes preffantes follicitations. M. Daf
fier effuya d'abord des difficultés femblables
: Croyez-vous , dit-il enfin à M. de
Montefquieu , » qu'il n'y ait pas autant
d'orgueil à refufer ma propofition qu'à
» l'accepter » ? Defarmé par cette plaifanterie
, il laiffa faire à M. Daflier tout ce
qu'il voulut.
»
L'auteur de l'Esprit des Loix jouiffoit
enfin paisiblement de fa gloire , lorfqu'il
tomba malade au commencement de Février.
Sa fanté , naturellement délicate ,
commençoit à s'altérer depuis long- tems
par l'effet lent & prefque infaillible des
études profondes , par les chagrins qu'on
avoit cherché à lui fufciter fur fon ouvra- ge ; enfin
par le genre
de vie qu'on
le forçoit
de mener
à Paris
, & qu'il
fentoit
lui
être
funefte
. Mais
l'empreffement
avec
le-`
quel
on recherchoit
fa focieté
, étoit
trop
vif pour
n'être
pas
quelquefois
indifcret
on vouloit
, fans
s'en
appercevoir
, jouir
114 MERCURE DE FRANCE.
de lui aux dépens de lui -même. A peine la
nouvelle du danger où il étoit fe fût- elle
répandue , qu'elle devint l'objet des converfations
& de l'inquiétude publique ; fa
maifon ne défempliffoit point de perfonnes
de tout rang qui venoient s'informer
de fon état , les unes par un intérêt véritable
, les autres pour s'en donner l'apparence
, ou pour fuivre la foule. Sa Majefté ,
pénétrée de la ppeerrttee qquuee fon royaume alloit
faire , en demanda plufieurs fois des
nouvelles ; témoignage de bonté & de juftice
qui n'honore pas moins le Monarque
que le fujet. La fin de M. de Montefquieu
ne fut point indigne de fa vie. Accablé de
douleurs cruelles , éloigné d'une famille
à qui il étoit cher , & qui n'a pas eu la
confolation de lui fermer les yeux , entouré
de quelque amis & d'un plus grand
nombre de fpectateurs , il conferva jufqu'au
dernier moment la paix & l'égalité
de fon ame. Enfin , après avoir fatisfait
avec décence à tous fes devoirs , plein de
confiance en l'Etre éternel auquel il alloit.
fe rejoindre , il mourut avec la tranquillité
d'un homme de bien , qui n'avoit jamais
confacré fes talens qu'à l'avantage.
de la vertu & de l'humanité. La France &
l'Europe le perdirent le 10 Février 1755 ,
à l'âge de foixante- fix ans révolus.
NOVEMBRE 1755. 115
Toutes les nouvelles publiques ont annoncé
cet événement comme une calamité.
On pourroit appliquer à M. de Montefquieu
ce qui a été dit autrefois d'un
illuftre Romain ; que perfonne en apprenant
fa mort n'en témoigna de joie , que
perfonne même ne l'oublia dès qu'il ne fut
plus. Les étrangers s'emprefferent de faire
éclater leurs regrets ; & Milord Chefterfield
, qu'il fuffit de nommer , fit imprimer
dans un des papiers publics de Londres
un article à fon honneur , article digne
de l'un & de l'autre ; c'eft le portrait
d'Anaxagore tracé par Périclès . L'Académie
royale des Sciences & des Belles -Lettres
de Pruffe , quoiqu'on n'y foit point
dans l'ufage de prononcer l'éloge des affociés
étrangers , a cru devoir lui faire cet
honneur , qu'elle n'a fait encore qu'à l'illuftre
Jean Bernouilli ; M. de Maupertuis,
tout malade qu'il étoit , a rendu lui-même
à fon ami ce dernier devoir , & n'a voulu
fe repofer fur perfonne d'un foin fi cher &
fi trifte. A tant de fuffrages éclatans en faveur
de M. de Montefquieu , nous croyons
pouvoir joindre fans indifcrétion les éloges
que lui a donné , en préfence de l'un
de nous , le Monarque même auquel cette.
Académie célebre doit fon luftre , Prince
fait pour fentir les pertes de la Philofa116
MERCURE DE FRANCE.
phie , & pour l'en confoler.
Le 17 Février , l'Académie Françoiſe
lui fit , felon l'ufage , un fervice folemnel
, auquel , malgré la rigueur de la faifon
, prefque tous les gens de Lettres de
ce Corps , qui n'étoient point abfens de
Paris , fe firent un devoir d'affifter. On
auroit dû dans cette trifte cérémonie placer
l'Esprit des Loix fur fon cercueil , comme
on expofa autrefois vis - à-vis le cercueil
de Raphaël fon dernier tableau de la
Transfiguration . Cet appareil fimple &
touchant eût été une belle oraifon funébre.
Jufqu'ici nous n'avons confidéré M. de
Montefquieu que comme écrivain & philofophe
; ce feroit lui dérober la moitié
de fa gloire que de paffer fous filence fes
agrémens & fes qualités perfonnelles.
Il étoit dans le commerce d'une douceur
& d'une gaieté toujours égale . Sa
converfation étoit légere , agréable , &
instructive par le grand nombre d'hommes
& de peuples qu'il avoit connus. Elle étoit
coupée comme fon ftyle , pleine de fel &
de faillies , fans amertunie & fans fatyre
; perfonne ne racontoit plus vivement ,
plus promptement , avec plus de grace &
moins d'apprêt. Il fçavoit que la fin d'une
hiftoire plaifante en eft toujours le but ;-
NOVEMBRE. 1755. 117
il fe hâtoit donc d'y arriver , & produifoit
l'effet fans l'avoir promis.
Ses fréquentes diftractions ne le rendoient
que plus aimable ; il en fortoit
toujours par quelque trait inattendu qui
réveilloit la converfation languiffante ;
d'ailleurs elles n'étoient jamais , ni jouées,
ni choquantes , ni importunes : le feu de
fon efprit , le grand nombre d'idées dont
il étoit plein , les faifoient naître , mais il
n'y tomboit jamais au milieu d'un entretien
intéreffant ou férieux ; le defir de
plaire à ceux avec qui il fe trouvoit , le
rendoit alors à eux fans affectation & fans
effort.
Les agrémens de fon commerce tenoient
non feulement à fon caractere & à
fon efprit , mais à l'efpece de régime qu'il
obfervoit dans l'étude. Quoique capable
d'une méditation profonde & long- tems
foutenue , il n'épuifoit jamais fes forces , il
quitroit toujours le travail avant que d'en
reffentir la moindre impreffion de fatigue.
Il étoit fenfible à la gloire , mais il ne
vouloit y parvenir qu'en la méritant ; jamais
il n'a cherché à augmenter la fienne
par ces manoeuvres fourdes , par ces voyes
obfcures & honteufes, qui deshonorent la
perfonne fans ajouter au nom de l'auteur .
Digne de toutes les diftinctions & de
IIS MERCURE DE FRANCE.
toutes les récompenfes , il ne demandoit
rien , & ne s'étonnoit point d'être oublié ;
mais il a ofé , même dans des circonftances
délicates, protéger à la Cour des hommes
de Lettres perfécutés , célebres &
malheureux , & leur a obtenu des graces.
Quoiqu'il vecût avec les grands , foit
par néceffité , foit par convenance , foit
par gout , leur fociété n'étoit pas néceffaire
à fon bonheur. Il fuyoit dès qu'il le
pouvoit à fa terre ; il y retrouvoit avec
joie fa philofophie , fes livres & le repos.
Entouré de gens de la campagne dans fes
heures de loifir , après avoir étudié l'homme
dans le commerce du monde & dans
l'hiftoire des nations , il l'étudioit encore
dans ces ames fimples que la nature feule
a inftruites , & il y trouvoit à apprendre ;
il converfoit gayement avec eux ; il leur
cherchoit de l'efprit comme Socrate ; il
paroiffoit fe plaire autant dans leur entretien
que dans les fociétés les plus brillantes
, furtout quand il terminoit leurs différends
, & foulageoit leurs peines par fes
bienfaits.
Rien n'honore plus fa mémoire que
l'économie avec laquelle il vivoit , &
qu'on a ofé trouver exceffive dans un
monde avare & faftueux , peu fait pour
en pénétrer les motifs , & encore moins
NOVEMBRE. 1755. 119
pour les fentir. Bienfaifant , & par conféqnent
jufte, M. de Montesquieu ne vouloit
rien prendre fur fa famille , ni des
fecours qu'il donnoit aux malheureux ,
ni des dépenfes confidérables auxquels fes
longs voyages , la foibleffe de fa vue &
l'impreffion de fes ouvrages l'avoient
obligé . Il a tranfmis à fes enfans , fans
diminution ni augmentation , l'héritage
qu'il avoit reçu de fes peres ; il n'y a rien
ajouté que la gloire de fon nom & l'exemple
de fa vie.
Il avoit époufé en 1715 Demoifelle
Jeanne de Lartigue, fille de Pierre de Lartigue
, Lieutenant Colonel au Régiment
de Maulévrier ; il en a eu deux filles &
un fils , qui par fon caractere , fes moeurs
& fes ouvrages s'eft montré digne d'un
tel pere.
Ĉeux qui aiment la vérité & la patrie,
ne feront pas fâchés de trouver ici quelques
unes de fes maximes : il penfoit ,
Que chaque portion de l'Etat doit être
également foumife aux loix , mais que
les privileges de chaque portion de l'Etat
doivent être respectés , lorfque leurs effets
n'ont rien de contraire au droit naturel
, qui oblige tous les citoyens à concourir
également au bien public ; que la
poffellion ancienne étoit en ce genre le
120 MERCURE DE FRANCE.
premier des titres & le plus inviolable des
droits , qu'il étoit toujours injufte & quel
quefois dangereux de vouloir ébranler ;
Que les Magiftrats , dans quelque circonftance
& pour quelque grand intérêt
de corps que ce puiffe être , ne doivent
jamais être que Magiftrats , fans parti &
fans paffion , comme les Loix , qui abſolvent
& puniffent fans aimer ni hair.
Il difoit enfin à l'occafion des difputes
eccléfiaftiques qui ont tant occupé les Empereurs
& les Chrétiens Grecs , que les
querelles théologiques, lorfqu'elles ceffent
d'être renfermées dans les écoles , deshonorent
infailliblement une nation aux
yeux des autres en effet , le mépris même
des fages pour ces querelles ne la juftifie
pas , parce que les fages faifant partout
le moins de bruit & le plus petit
nombre , ce n'est jamais fur eux qu'une
nation eft jugée .
L'importance des ouvrages dont nous
avons eu à parler dans cet éloge , nous
en a fait paffer fous filence de moins confidérables
, qui fervoient à l'auteur comme
de délaffement , & qui auroient fuffi
l'éloge d'un autre ; le plus remarquable
eft le Temple de Gnide , qui fuivit d'affez
près les Lettres Perfannes. M. de Montefquieu
, après avoir été dans celle- ci Hopour
race ,
NOVEMBRE . 1755. 121
race , Théophrafte & Lucien , fut Ovide
& Anacréon dans ce nouvel effai : ce n'eſt
plus l'amour defpotique de l'Orient qu'il
fe propofe de peindre , c'eft la délicateffe
& la naïveté de l'amour paftoral , tel qu'il
eſt dans une ame neuve, que le commerce
des hommes n'a point encore corrompue.
L'Auteur craignant peut - être qu'un tableau
fi étrangerà nos moeurs ne parût
trop languiffant & trop uniforme , a cherché
à l'animer par les peintures les plus
riantes ; il tranfporte le lecteur dans des
lieux enchantés , dont à la vérité le fpectacle
intéreffe peu l'amant heureux , mais
dont la defcription flatte encore l'imagination
quand les defirs font fatisfaits . Emporté
par fon fujet , il a répandu dans ſa
profe ce ftyle animé , figuré & poétique ,
dont le roman de Thélemaque a fourni
parmi nous le premier modele. Nous ignorons
pourquoi quelques cenfeurs du temple
de Gnide ont dit à cette occaſion , qu'il
auroit eu befoin d'être en vers. Le ſtyle
poétique , fi on entend , comme on le
doit , par ce mot , un ftyle plein de chaleur
& d'images , n'a pas befoin , pour être
agréable , de la marche uniforme & cadencée
de la verfification ; mais fi on ne
fait confifter ce ftyle que dans une diction
chargée d'épithetes oifives , dans les pein
F
122 MERCURE DE FRANCE.
tures froides & triviales des aîles & du
carquois de l'amour , & de femblables
objets , la verfication n'ajoutera prefqu'aucun
mérite à ces ornemens ufés ; on
y cherchera toujours en vain l'ame & la
vie. Quoiqu'il en foit , le Temple de Gnide
étant une espece de poëme en profe
c'est à nos écrivains les plus célebres en ce
genre à fixer le rang qu'il doit occuper :
il merite de pareils juges ; nous croyons
du moins que les peintures de cet ouvrage
foutiendroient avec fuccès une des
principales épreuves des defcriptions poétiques
, celle de les repréfenter fur la toile.
Mais ce qu'on doit fur- tout remarquer
dans le Temple de Gnide , c'eft qu'Anacréon
même y est toujours obfervateur &
philofophe. Dans le quatrieme chant , il
paroît décrire les moeurs des Sibarites , &
on s'apperçoit aifément que ces moeurs
font les nôtres. La préface porte fur - tout
l'empreinte de l'auteur des Lettres Perfannes.
En préfentant le Temple de Gnide
comme la traduction d'un manufcrit grec ,
plaifanterie défigurée depuis par tant de
mauvais copiſtes , il en prend occafion de
peindre d'un trait de plume l'ineptie des
critiques & le pédantifme des traducteurs,
& finit par ces paroles dignes d'être rapportées
» Si les gens graves defiroient
NOVEMBRE. 1755. 123
33
de moi quelque ouvrage moins frivole ,
je fuis en état de les fatisfaire : il y a
» trente ans que je travaille à un livre de
» douze pages , qui doit contenir tout ce
que nous fçavons fur la Métaphyfique ,
» la Politique & la Morale , & tout ce
que de très grands auteurs ont oublié
» dans les volumes qu'ils ont publiés fur
» ces matieres » .
Nous regardons comme une des plus
honorables récompenfes de notre travail
l'intérêt particulier que M. de Monteſquieu
prenoit à ce dictionnaire , dont toutes
les reffources ont été jufqu'à préfent
dans le courage & l'émulation de fes auteurs
. Tous les gens de Lettres , felon lui,
devoient s'empreffer de concourir à l'exécution
de cette entrepriſe utile ; il en a
donné l'exemple avec M. de Voltaire , &
plufieurs autres écrivains célebres. Peutêtre
les traverfes que cet ouvrage a ef
fuyées , & qui lui rappelloient les fiennes
propres , l'intéreffoient-elles en notre faveur,
Peut-être étoit- il fenfible , fans s'en
appercevoir , à la juftice que nous avions
ofé lui rendre dans le premier volume de
l'Encyclopédie , lorfque perfonne n'ofoit
encore élever fa voix pour le défendre.
Il nous deftinoit un article fur le Goût, qui
a été trouvé imparfait dans fes papiers ;
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
nous le donnerons en cet état au public ,
& nous le traiterons avec le même refpect
que l'antiquité témoigna autrefois pour
les dernieres paroles de Séneque . La mort
l'a empêché d'étendre plus loin fes bienfaits
à notre égard ; & en joignant nos
propres regrets à ceux de l'Europe entiere ,
nous pourrions écrire fur fon tombeau :
Finis vita cjus nobis luctuofus , Patriæ
triftis , extraneis etiam ignotifque non fine
curâ fuit.
Tacit. in Agricol. c. 43 .
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Résumé : Eloge de M. le Président de Montesquieu.
Le texte présente un volume de l'Encyclopédie, dans lequel Voltaire a travaillé sur les articles concernant les mots 'esprit', 'éloquence' et 'élégance'. Ce volume inclut également un éloge de Montesquieu écrit par d'Alembert, jugé d'une grande beauté. Une note analysant 'L'Esprit des Lois' est réservée pour le premier Mercure de décembre. Montesquieu, bienfaiteur de l'humanité par ses écrits, a contribué à cet ouvrage, motivant ainsi la reconnaissance des auteurs. Charles de Secondat, Baron de la Brede et de Montesquieu, naquit au Château de la Brede près de Bordeaux le 18 janvier 1689. Sa famille, noble de Guyenne, acquit la terre de Montesquieu grâce à des services rendus à la couronne. Dès son jeune âge, Montesquieu montra des aptitudes remarquables, cultivées par son père. Il préparait déjà les matériaux de 'L'Esprit des Lois' à vingt ans. En parallèle de ses études juridiques, il approfondissait des matières philosophiques. En 1716, il devint Président à Mortier au Parlement de Bordeaux et se distingua par ses remontrances courageuses contre un nouvel impôt. Il fut également membre de l'Académie de Bordeaux et contribua à la création de l'Académie des Sciences. En 1721, il publia les 'Lettres persanes', un ouvrage satirique des mœurs françaises sous le prétexte de la peinture des mœurs orientales. Malgré le succès de cet ouvrage, Montesquieu resta discret sur son authorship pour éviter les critiques littéraires. Les 'Lettres persanes' furent attaquées pour leurs réflexions sur des sujets religieux et ecclésiastiques, provoquant des réactions hostiles. Montesquieu fut accusé et réhabilité concernant ses 'Lettres persanes'. Il rencontra le ministre, déclarant qu'il n'avouait pas les 'Lettres persanes' mais ne les désavouait pas non plus, et demanda que l'ouvrage soit jugé sur sa lecture plutôt que sur des délations. Le ministre lut le livre, apprécia l'auteur et permit à Montesquieu d'être reçu à l'Académie française. Le maréchal d'Estrées soutint Montesquieu avec courage et intégrité. Montesquieu fut reçu à l'Académie le 24 janvier 1728 avec un discours remarquable, où il évita les formules conventionnelles pour traiter de sujets plus larges. Il entreprit des voyages pour étudier les lois et constitutions de divers pays, rencontrer des savants et des artistes célèbres. Ses voyages l'amenèrent en Autriche, en Hongrie, en Italie, en Suisse, aux Provinces-Unies et en Angleterre. De retour en France, Montesquieu se retira à la Brede pour achever son ouvrage sur 'La grandeur et la décadence des Romains', publié en 1734. Il analysa les causes de la grandeur et de la décadence de Rome, mettant en avant des facteurs comme l'amour de la liberté, la discipline militaire et la politique d'expansion. Le texte loue ensuite l'œuvre de Montesquieu, notamment 'L'Esprit des Lois', qui offre une analyse approfondie et vaste de la politique et des lois. Montesquieu a préparé cet ouvrage pendant vingt ans, étudiant divers peuples et lois à travers l'Europe. 'L'Esprit des Lois' est présenté comme un livre destiné aux hommes d'État et aux philosophes, embrassant un grand nombre de matières avec brièveté et profondeur. Le texte défend la structure et la clarté de l'ouvrage, affirmant que l'apparente absence de méthode est en réalité une invitation à la réflexion. Il souligne également l'importance des sources utilisées par Montesquieu, notamment Tacite et Plutarque, et la manière dont il a su rendre l'ouvrage à la fois utile et agréable. Enfin, le texte mentionne les critiques et les attaques subies par 'L'Esprit des Lois' lors de sa publication, mais note que l'œuvre a finalement été reconnue pour sa valeur et son impact sur la pensée politique et philosophique. Montesquieu est accusé d'irréligion et de semer des principes d'irréligion dans son œuvre. Il est comparé à des auteurs de nouvelles hebdomadaires sans autorité ni effet. Ses adversaires, dépourvus de zèle mais cherchant à en montrer, ont utilisé diverses stratégies pour le discréditer. Montesquieu décide de répondre à l'un de ses critiques les plus virulents, auteur d'une feuille anonyme périodique, en le rendant ridicule plutôt que furieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 170-176
Lettre à l'Auteur du Mercure.
Début :
Monsieur, si le Public éclairé n'eût sçu depuis longtems apprécier tout [...]
Mots clefs :
Académie, Académie royale de chirurgie, Lambeau, Méthode, Chirurgie, Chirurgien, Henry-François Le Dran, Raimon de Vermale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre à l'Auteur du Mercure.
Lettre à l'Auteur du Mercure.
Mfçu
depuis
Onfieur , fi le Public éclairé n'eût
fçu depuis longtems apprécier tout
ce qui lui vient de la part d'un Anonyme ,
j'aurois pu le défabufer , & répliquer au
Mémoire inféré dans votre Journal du
mois de Juin ( a ) pour repouffer les traits
de l'impoſture avec le bouclier de la verité
; mais je fçais , comme ce fage public ,
méprifer ce qui eft méprifable. Qui male
agit , odit lucem ; & cela feul m'auroit impofé
filence , fi je ne devois rendre juftice
à M. Ravaton , qu'on pourroit peut -être
foupçonner auteur du memoire.
Mais ce Chirurgien- major regardant la
verité comme un principe de vertu chez
toutes les nations , fouffre toujours de la
voir alterée , & il defapprouve fort la
hardieffe de fon éleve : il affure même
dans une de fes lettres datée du 16 de ce
mois , qu'il n'a en aucune part à ce même
mémoire , & que c'est lui faire un tort infini
que de le penfer. Je crois , Monfieur , que
cet aveu fait par un homme auffi refpec
(a)Second vol.
NOVEMBRE. 1755. 171
table & auffi intereffé à la gloire que lui
attribue le mémoire , ne doit laiffer aucun
doute fur le faux témoignage de l'anonyme
, qui veut contre toute apparence
me rendre témoin de l'amputation à lambeaux
de M. Ravaton , & conftater l'impoffibilité
de la mienne ; mais pour en
prouver la poffibilité & en convaincre les
incrédules , je vous prie de vouloir bien
placer les lettres ci jointes dans quelque
volume de votre Journal ; le bien public
doit vous y exciter.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 20 Septembre 1755
Vermale.
Lettre de M. Ledran , membre de l'Académie
royale de Chirurgie , à M. Remon de
Vermale , Confeiller , premier Chirurgien
de l'Electeur Palatin , & aſſocié de cette
même Académie.
MONSIEUR , j'apprends avec plaifir
que vous faites fleurir la Chirurgie françoife
en Allemagne , & que vous foutenez
ainfi l'honneur de la nation . J'efpere que
vous voudrez bien continuer de faire
part
à notre Académie de ce qui vous paffera
par
les mains de curieux ou d'inftructif.
Je vous félicite du fuccès de votre am-
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
putation à deux lambeaux ; il faudroitqu'il
y eût des chofes bien extraordinaires
fi elle ne réuffiffoit pas. Mais comme
vous me demandez , Monfieur , mon avisfur
les trois manieres que vous propoſez ,
je crois devoir préferer celle qui porte perpendiculairement
un biftouri long , étroit
& très- pointu jufqu'à l'os , & de le gliffer
à côté de fa
circonférence pour percer audeffous
de la cuiffe les mufcles & la peau
de dedans en dehors , comme il les a d'abord
percés de dehors en dedans , & pour
former enfuite à droite & à gauche les
deux lambeaux projettés.
C'eft du moins comme je l'ai faite fur
les deux cadavres depuis que vous m'avez
fait part de ces perfections , & c'eft ainfi
que je l'enfeigne dans le traité d'opérations
que je vais donner au public, en vous rendant
, Monfieur , tout l'honneur qui vous
eft dû .
L'opération faite de cette maniere eft
très- prompte & praticable à tous les membres.
Le point effentiel eft de bien diriger le
tranchant du biftouri en faifant les lambeaux
, pour déterminer leur figure & leur
longueur relativement au volume du membre.
Je ne fçais fi M. Ravaton fera content
de la préference que je donne publiquement
à votre méthode .
NOVEMBRE. 1755. 173
On imprime actuellement les mémoires
de notre Academie , & M. de Lapeyronie
m'a affuré que vous y feriez à la tête des
Medecins & Chirurgiens célebres que nous
avons agregés.
Aimez - nous toujours un peu , & foyez
perfuadé de l'amitié la plus fincere , avec
laquelle je ferai toute ma vie & fans réferve
, votre , & c.
A Paris , ce 31 Mars 1742.
Ledran.
Lettre de M. Dankers , Médecin de S.A. S.
le Langrave de Darmstad , à M. Remon
de Vermale , &c .
MONSIEUR, le malade en queftion eft
déja très fatisfait des bons confeils que
vous nous avez donnés fur fon état ; mais
il fe flatte que vous voudrez bien prendre
la pofte pour venir ici en juger par
vous-même.
M. le Baron & Madame la Barone de
Scherautenbach efperent que vous voudrez
bien prendre votre quartier chez eux ,
m'ont chargé de vous faire en attendant
mille complimens de leur part. M. le Confeiller
de Schade eft dans un état fi bon
qu'il ne peut affez divulguer les obligations
qu'il vous a. Il dit partout que
H iij
774 MERCURE DE FRANCE.
c'est à tort qu'on taxe les Chirurgiens François
de vouloir toujours couper & fans néceffité
; il fe donne pour exemple avouant
que fans les grandes incifions que vous lui
avez faites , il auroit certainement perdu
fa jambe. Ne communiquerez- vous pas
fon accident à l'Academie?
Mais à propos de vos malades , j'ai vu
ces jours derniers la pauvre Goëling qui a
paffé ici avec fes parens pour aller chercher
fortune à Philadelphie. J'ai examiné
le refte du bras que vous lui aviez amputé
par votre nouvelle méthode , & j'ai admiré
la réunion des deux lambeaux.
On n'y voit aux endroits de la cicatrice
qu'une espece de ride ou de petit fillon
peu profond , & qui s'efface à mesure qu'il
s'approche de l'extrêmité du moignon ,
où on apperçoit à peine une ligne blanche
dans le centre , fort étroite & très-fuperficielle
; la cicatrice inférieure eft la plus
apparente , parce qu'elle eft un peu plus
creufe vers fon milieu . Je ne puis affez
applaudir à la bonté de cette méthode , qui
vous fait un honneur infini.
J'ai l'honneur d'être , & c .
Danskers , D. M.
A Darmstad , le 12 Mai 1744.
1
NOVEMBRE. 1755. 175
Extrait d'une lettre de M. Hoffmann , Chirurgien-
major de la ville & de l'hôpital de
Maftreich , à M. de Vermale , &c.
Il y a long- tems , Monfieur , que je me
fais gloire de me dire votre difciple , en
pratiquant avec fuccès votre méthode
d'amputer à deux lambeaux. J'ai eu plufieurs
fois l'occafion de l'employer depuis
1746 , & même à la jambe fur deux malades
, dont l'un fortit de l'hôpital parfaitement
guéri le vingtieme jour , & l'autre le vingttroifieme
après l'opération. Il paroit que M.
Ravaton n'avoit pas bien refléchi fur votre
méthode , lorfqu'il fit imprimer fon
traité des plaies d'armes à feu ; car je lui
crois trop de droiture dans fon procedé &
trop de zele pour la Chirurgie , pour ne
pas accorder à votre façon d'amputer la
fuperiorité qui lui eft due fur la fienne ,
que j'ai auffi pratiquée avec affez de fuccès.
Je me réſerve , Monfieur , de vous en dire
davantage lorfque vous me permettrez de
vous faire part des changemens que j'y ai
faits . Recevez en attendant les fentimens
de la vénération que m'infpire votre merite
diftingué , & du profond refpect avec
lequel je ne cefferai d'être votre très humble
, & c .
Hoffmann.
T
A Maftreich , le 18 Mai 1753 .
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
Après la lecture de ces lettres , on peut
certainement conclure que fi l'anonyme
doué de lumieres fuperieures à celles
qu'ont les plus refpectables Chirurgiens
de Paris , n'a jamais pu , comme il nous
en affure , former deux lambeaux fur le
cadavre , en fuivant la méthode de M. de
Vermale , ce n'eft qu'à lui feul qu'il doit
s'en prendre.
Mfçu
depuis
Onfieur , fi le Public éclairé n'eût
fçu depuis longtems apprécier tout
ce qui lui vient de la part d'un Anonyme ,
j'aurois pu le défabufer , & répliquer au
Mémoire inféré dans votre Journal du
mois de Juin ( a ) pour repouffer les traits
de l'impoſture avec le bouclier de la verité
; mais je fçais , comme ce fage public ,
méprifer ce qui eft méprifable. Qui male
agit , odit lucem ; & cela feul m'auroit impofé
filence , fi je ne devois rendre juftice
à M. Ravaton , qu'on pourroit peut -être
foupçonner auteur du memoire.
Mais ce Chirurgien- major regardant la
verité comme un principe de vertu chez
toutes les nations , fouffre toujours de la
voir alterée , & il defapprouve fort la
hardieffe de fon éleve : il affure même
dans une de fes lettres datée du 16 de ce
mois , qu'il n'a en aucune part à ce même
mémoire , & que c'est lui faire un tort infini
que de le penfer. Je crois , Monfieur , que
cet aveu fait par un homme auffi refpec
(a)Second vol.
NOVEMBRE. 1755. 171
table & auffi intereffé à la gloire que lui
attribue le mémoire , ne doit laiffer aucun
doute fur le faux témoignage de l'anonyme
, qui veut contre toute apparence
me rendre témoin de l'amputation à lambeaux
de M. Ravaton , & conftater l'impoffibilité
de la mienne ; mais pour en
prouver la poffibilité & en convaincre les
incrédules , je vous prie de vouloir bien
placer les lettres ci jointes dans quelque
volume de votre Journal ; le bien public
doit vous y exciter.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 20 Septembre 1755
Vermale.
Lettre de M. Ledran , membre de l'Académie
royale de Chirurgie , à M. Remon de
Vermale , Confeiller , premier Chirurgien
de l'Electeur Palatin , & aſſocié de cette
même Académie.
MONSIEUR , j'apprends avec plaifir
que vous faites fleurir la Chirurgie françoife
en Allemagne , & que vous foutenez
ainfi l'honneur de la nation . J'efpere que
vous voudrez bien continuer de faire
part
à notre Académie de ce qui vous paffera
par
les mains de curieux ou d'inftructif.
Je vous félicite du fuccès de votre am-
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
putation à deux lambeaux ; il faudroitqu'il
y eût des chofes bien extraordinaires
fi elle ne réuffiffoit pas. Mais comme
vous me demandez , Monfieur , mon avisfur
les trois manieres que vous propoſez ,
je crois devoir préferer celle qui porte perpendiculairement
un biftouri long , étroit
& très- pointu jufqu'à l'os , & de le gliffer
à côté de fa
circonférence pour percer audeffous
de la cuiffe les mufcles & la peau
de dedans en dehors , comme il les a d'abord
percés de dehors en dedans , & pour
former enfuite à droite & à gauche les
deux lambeaux projettés.
C'eft du moins comme je l'ai faite fur
les deux cadavres depuis que vous m'avez
fait part de ces perfections , & c'eft ainfi
que je l'enfeigne dans le traité d'opérations
que je vais donner au public, en vous rendant
, Monfieur , tout l'honneur qui vous
eft dû .
L'opération faite de cette maniere eft
très- prompte & praticable à tous les membres.
Le point effentiel eft de bien diriger le
tranchant du biftouri en faifant les lambeaux
, pour déterminer leur figure & leur
longueur relativement au volume du membre.
Je ne fçais fi M. Ravaton fera content
de la préference que je donne publiquement
à votre méthode .
NOVEMBRE. 1755. 173
On imprime actuellement les mémoires
de notre Academie , & M. de Lapeyronie
m'a affuré que vous y feriez à la tête des
Medecins & Chirurgiens célebres que nous
avons agregés.
Aimez - nous toujours un peu , & foyez
perfuadé de l'amitié la plus fincere , avec
laquelle je ferai toute ma vie & fans réferve
, votre , & c.
A Paris , ce 31 Mars 1742.
Ledran.
Lettre de M. Dankers , Médecin de S.A. S.
le Langrave de Darmstad , à M. Remon
de Vermale , &c .
MONSIEUR, le malade en queftion eft
déja très fatisfait des bons confeils que
vous nous avez donnés fur fon état ; mais
il fe flatte que vous voudrez bien prendre
la pofte pour venir ici en juger par
vous-même.
M. le Baron & Madame la Barone de
Scherautenbach efperent que vous voudrez
bien prendre votre quartier chez eux ,
m'ont chargé de vous faire en attendant
mille complimens de leur part. M. le Confeiller
de Schade eft dans un état fi bon
qu'il ne peut affez divulguer les obligations
qu'il vous a. Il dit partout que
H iij
774 MERCURE DE FRANCE.
c'est à tort qu'on taxe les Chirurgiens François
de vouloir toujours couper & fans néceffité
; il fe donne pour exemple avouant
que fans les grandes incifions que vous lui
avez faites , il auroit certainement perdu
fa jambe. Ne communiquerez- vous pas
fon accident à l'Academie?
Mais à propos de vos malades , j'ai vu
ces jours derniers la pauvre Goëling qui a
paffé ici avec fes parens pour aller chercher
fortune à Philadelphie. J'ai examiné
le refte du bras que vous lui aviez amputé
par votre nouvelle méthode , & j'ai admiré
la réunion des deux lambeaux.
On n'y voit aux endroits de la cicatrice
qu'une espece de ride ou de petit fillon
peu profond , & qui s'efface à mesure qu'il
s'approche de l'extrêmité du moignon ,
où on apperçoit à peine une ligne blanche
dans le centre , fort étroite & très-fuperficielle
; la cicatrice inférieure eft la plus
apparente , parce qu'elle eft un peu plus
creufe vers fon milieu . Je ne puis affez
applaudir à la bonté de cette méthode , qui
vous fait un honneur infini.
J'ai l'honneur d'être , & c .
Danskers , D. M.
A Darmstad , le 12 Mai 1744.
1
NOVEMBRE. 1755. 175
Extrait d'une lettre de M. Hoffmann , Chirurgien-
major de la ville & de l'hôpital de
Maftreich , à M. de Vermale , &c.
Il y a long- tems , Monfieur , que je me
fais gloire de me dire votre difciple , en
pratiquant avec fuccès votre méthode
d'amputer à deux lambeaux. J'ai eu plufieurs
fois l'occafion de l'employer depuis
1746 , & même à la jambe fur deux malades
, dont l'un fortit de l'hôpital parfaitement
guéri le vingtieme jour , & l'autre le vingttroifieme
après l'opération. Il paroit que M.
Ravaton n'avoit pas bien refléchi fur votre
méthode , lorfqu'il fit imprimer fon
traité des plaies d'armes à feu ; car je lui
crois trop de droiture dans fon procedé &
trop de zele pour la Chirurgie , pour ne
pas accorder à votre façon d'amputer la
fuperiorité qui lui eft due fur la fienne ,
que j'ai auffi pratiquée avec affez de fuccès.
Je me réſerve , Monfieur , de vous en dire
davantage lorfque vous me permettrez de
vous faire part des changemens que j'y ai
faits . Recevez en attendant les fentimens
de la vénération que m'infpire votre merite
diftingué , & du profond refpect avec
lequel je ne cefferai d'être votre très humble
, & c .
Hoffmann.
T
A Maftreich , le 18 Mai 1753 .
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
Après la lecture de ces lettres , on peut
certainement conclure que fi l'anonyme
doué de lumieres fuperieures à celles
qu'ont les plus refpectables Chirurgiens
de Paris , n'a jamais pu , comme il nous
en affure , former deux lambeaux fur le
cadavre , en fuivant la méthode de M. de
Vermale , ce n'eft qu'à lui feul qu'il doit
s'en prendre.
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Résumé : Lettre à l'Auteur du Mercure.
Dans une lettre adressée à l'éditeur du Mercure, un auteur conteste un mémoire anonyme publié en juin 1755, qui critique ses techniques chirurgicales. Il affirme que le public éclairé rejette les impostures et que la vérité doit triompher. L'auteur mentionne M. Ravaton, un chirurgien-major, qui désapprouve le mémoire et nie en être l'auteur. Pour défendre sa méthode d'amputation à deux lambeaux, l'auteur demande à l'éditeur de publier des lettres de soutien. La première lettre provient de M. Ledran, membre de l'Académie royale de Chirurgie, qui félicite M. Vermale pour ses succès en Allemagne et approuve sa méthode d'amputation. Ledran décrit en détail la technique, la recommandant pour sa rapidité et son efficacité. La deuxième lettre est de M. Dankers, médecin du Langrave de Darmstadt, qui témoigne de la satisfaction d'un patient ayant bénéficié de la méthode de M. Vermale. Dankers admire la cicatrisation obtenue et mentionne d'autres cas réussis, ainsi que l'appréciation de la méthode par des patients et des collègues. La troisième lettre, écrite par M. Hoffmann, chirurgien-major de la ville et de l'hôpital de Maestricht, confirme l'efficacité de la méthode de M. Vermale, qu'il pratique avec succès depuis 1746. Hoffmann critique implicitement M. Ravaton pour ne pas avoir reconnu la supériorité de la méthode de M. Vermale. Ces lettres attestent de la reconnaissance et de l'efficacité de la méthode chirurgicale de M. Vermale, contredisant ainsi les accusations du mémoire anonyme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 145-148
Prix proposés par l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions & Belles-Lettres de Toulouse, pour les années 1756, 1757, & 1758.
Début :
La Ville de Toulouse, célébre par les prix qu'on y distribue depuis longtems [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, Toulouse, Auteurs, Sciences, Académie, Prix, Ouvrages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prix proposés par l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions & Belles-Lettres de Toulouse, pour les années 1756, 1757, & 1758.
Prix propofes par l'Académie Royale des
Sciences , Infcriptions & Felles Lettres
de Toulouse , pour les années 1756 , 1757,
1758.
LA
A Ville de Toulouſe , célébre
par les
prix qu'on y diftribue depuis longtems
à l'Eloquence , à la Poéfie & aux Arts,
voulant
contribuer auffi au progrès des
Sciences & des Lettres , a , fous le bon
plaifir du Roi , fondé un prix de la valeur
de cinq cens livres , pour être diftribué
tous les ans par
l'Académie Royale des
Sciences ,
Infcriptions & Belles- Lettres , à
celui qui , au jugement de cette Compagnie
, aura le mieux traité le fujet qu'elle
aura propofé.
Le fujet doit être
alternativement de
Mathématique , de Médecine & de Littérature.
Le fujet proposé pour le prix double de
cette année 1755 , étoit l'Etat des Sciences
des Arts à Toulouſe fous les Rois Vifigots; &
quellesfurent les Loix & les Moeurs de cette
Villefous le gouvernement de ces Princes.
Quelques - uns des ouvrages préfentés
contiennent des recherches & des conjectures
qui auroient pu mériter le prix , fi
elles avoient été
fuffifamment dirigées vers
II. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
les principales parties du fujet propofé , &
fi les Auteurs euffent eu foin d'en tirer
tous les avantages qui pouvoient en réfulter.
Mais leur négligence à ces deux égards
a déterminé l'Académie à réferver encore
ce prix double , pour le joindre à celui de
1758 , qui fera de 1500 livres , & pour
lequel elle propofe de nouveau le même
fujet. Ceux qui compoferont pour ce prix ,
doivent s'attacher à déterminer avec le
plus de clarté & de folidité , qu'il fera
poffible , l'état des Loix , des Maurs , des
Sciences & des Arts à Toulouſe , & dans
l'étendue du Royaume dont cette Ville
fut la capitale fous les Rois Vifigots.
Lorfque les Sçavans furent informés
que le fujet du prix double de 1756 feroit
encore de déterminer la direction & la for
me la plus avantageufe d'une digue , pour
qu'elle refifte avec tout l'avantage poffible à
l'effort des eaux , en ayant égard aux diverfes
manieres dont elles tendent à la détruire ,
ils furent avertis que l'Académie n'a pas
moins en vue les digues deftinées à élevet
les eaux , ou à changer leur direction , que
celles qui ont pour objet de défendre les
bords de la mer ou ceux des rivieres .
Quant au prix triple de 1757 , qui a
pour fujet la Théorie de l'Ouie, les Sçavans
furent avertis l'année derniere , que l'ADECEMBRE.
1755. 147
cadémie , en priant les
Auteurs de fe renfermer
dans le fujet
propofé ,
demande
principalement une
expofition
exacte &
prouvée des
fonctions de chaque partie de
l'Oreille pour la
perception du fon.
Les
Auteurs qui ont déja remis des ouvrages
fur ces fujets ,
pourront les préfenter
derechef, après y avoir fait les changemens
qu'ils jugeront
convenables.
Les Sçavans font invités à travailler fur
ces fujets , & même les affociés étrangers
de
l'Académie. Ses autres membres font
exclus de
préténdre au prix.
Ceux qui
compoferont , font priés d'écrire
en
François ou en Latin , & de remettre
une copie de leurs
ouvrages qui foit
bien lisible , furtout quand il y aura des
calculs
algébriques.
Les Auteurs
écriront au bas de leurs
ouvrages une fentence ou devife ; mais ils
n'y mettront point leur nom . Ils pourront
néanmoins
y joindre un billet féparé &
cacheté , qui
contienne la même fentence
ou devife , avec leur nom , leurs qualités
& leur adreffe :
l'Académie exige même
qu'ils prennent cette
précaution , lorfqu'ils
adrefferont leurs écrits au
Secrétaire . Ce
billet ne fera point ouvert , fi la piece n'a
remporté le prix.
Ceux qui
travailleront pour le prix ,
意
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
pourront adreffer leurs ouvrages à M. l'Abbé
de Sapte , Secrétaire perpétuel de l'Académie
, ou les lui faire remettre par
quelque perfonne domiciliée à Toulouſe.
Dans ce dernier cas il en donnera fon récépiffé
, fur lequel fera écrite la fentence
de l'ouvrage , avec fon numero , felon
l'ordre dans lequel il aura été reçu.
Les paquets adreffés au Secrétaire doivent
être affranchis de port .
Les ouvrages ne feront reçus que jufqu'au
dernier Janvier des années pour le
prix defquelles ils auront été compofés.
L'Académie proclamera dans fon affemblée
publique du 25 du mois d'Août de
chaque année , la piece qu'elle aura couronnée.
Si l'ouvrage qui aura remporté le prix ,
a été envoyé au Secrétaire à droiture , le
Tréforier de l'Académie ne délivrera ce
prix qu'à l'Auteur même qui fe fera connoître
, ou au porteur d'une procuration
de fa part.
S'il y a un récépiffé du Secrétaire , le
prix fera délivré à celui qui le repréſentera.
L'Académie qui ne preferit aucunfyftême,
déclare auffi qu'elle n'entend point adopter les
principes des ouvrages qu'elle couronnera.
Sciences , Infcriptions & Felles Lettres
de Toulouse , pour les années 1756 , 1757,
1758.
LA
A Ville de Toulouſe , célébre
par les
prix qu'on y diftribue depuis longtems
à l'Eloquence , à la Poéfie & aux Arts,
voulant
contribuer auffi au progrès des
Sciences & des Lettres , a , fous le bon
plaifir du Roi , fondé un prix de la valeur
de cinq cens livres , pour être diftribué
tous les ans par
l'Académie Royale des
Sciences ,
Infcriptions & Belles- Lettres , à
celui qui , au jugement de cette Compagnie
, aura le mieux traité le fujet qu'elle
aura propofé.
Le fujet doit être
alternativement de
Mathématique , de Médecine & de Littérature.
Le fujet proposé pour le prix double de
cette année 1755 , étoit l'Etat des Sciences
des Arts à Toulouſe fous les Rois Vifigots; &
quellesfurent les Loix & les Moeurs de cette
Villefous le gouvernement de ces Princes.
Quelques - uns des ouvrages préfentés
contiennent des recherches & des conjectures
qui auroient pu mériter le prix , fi
elles avoient été
fuffifamment dirigées vers
II. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
les principales parties du fujet propofé , &
fi les Auteurs euffent eu foin d'en tirer
tous les avantages qui pouvoient en réfulter.
Mais leur négligence à ces deux égards
a déterminé l'Académie à réferver encore
ce prix double , pour le joindre à celui de
1758 , qui fera de 1500 livres , & pour
lequel elle propofe de nouveau le même
fujet. Ceux qui compoferont pour ce prix ,
doivent s'attacher à déterminer avec le
plus de clarté & de folidité , qu'il fera
poffible , l'état des Loix , des Maurs , des
Sciences & des Arts à Toulouſe , & dans
l'étendue du Royaume dont cette Ville
fut la capitale fous les Rois Vifigots.
Lorfque les Sçavans furent informés
que le fujet du prix double de 1756 feroit
encore de déterminer la direction & la for
me la plus avantageufe d'une digue , pour
qu'elle refifte avec tout l'avantage poffible à
l'effort des eaux , en ayant égard aux diverfes
manieres dont elles tendent à la détruire ,
ils furent avertis que l'Académie n'a pas
moins en vue les digues deftinées à élevet
les eaux , ou à changer leur direction , que
celles qui ont pour objet de défendre les
bords de la mer ou ceux des rivieres .
Quant au prix triple de 1757 , qui a
pour fujet la Théorie de l'Ouie, les Sçavans
furent avertis l'année derniere , que l'ADECEMBRE.
1755. 147
cadémie , en priant les
Auteurs de fe renfermer
dans le fujet
propofé ,
demande
principalement une
expofition
exacte &
prouvée des
fonctions de chaque partie de
l'Oreille pour la
perception du fon.
Les
Auteurs qui ont déja remis des ouvrages
fur ces fujets ,
pourront les préfenter
derechef, après y avoir fait les changemens
qu'ils jugeront
convenables.
Les Sçavans font invités à travailler fur
ces fujets , & même les affociés étrangers
de
l'Académie. Ses autres membres font
exclus de
préténdre au prix.
Ceux qui
compoferont , font priés d'écrire
en
François ou en Latin , & de remettre
une copie de leurs
ouvrages qui foit
bien lisible , furtout quand il y aura des
calculs
algébriques.
Les Auteurs
écriront au bas de leurs
ouvrages une fentence ou devife ; mais ils
n'y mettront point leur nom . Ils pourront
néanmoins
y joindre un billet féparé &
cacheté , qui
contienne la même fentence
ou devife , avec leur nom , leurs qualités
& leur adreffe :
l'Académie exige même
qu'ils prennent cette
précaution , lorfqu'ils
adrefferont leurs écrits au
Secrétaire . Ce
billet ne fera point ouvert , fi la piece n'a
remporté le prix.
Ceux qui
travailleront pour le prix ,
意
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
pourront adreffer leurs ouvrages à M. l'Abbé
de Sapte , Secrétaire perpétuel de l'Académie
, ou les lui faire remettre par
quelque perfonne domiciliée à Toulouſe.
Dans ce dernier cas il en donnera fon récépiffé
, fur lequel fera écrite la fentence
de l'ouvrage , avec fon numero , felon
l'ordre dans lequel il aura été reçu.
Les paquets adreffés au Secrétaire doivent
être affranchis de port .
Les ouvrages ne feront reçus que jufqu'au
dernier Janvier des années pour le
prix defquelles ils auront été compofés.
L'Académie proclamera dans fon affemblée
publique du 25 du mois d'Août de
chaque année , la piece qu'elle aura couronnée.
Si l'ouvrage qui aura remporté le prix ,
a été envoyé au Secrétaire à droiture , le
Tréforier de l'Académie ne délivrera ce
prix qu'à l'Auteur même qui fe fera connoître
, ou au porteur d'une procuration
de fa part.
S'il y a un récépiffé du Secrétaire , le
prix fera délivré à celui qui le repréſentera.
L'Académie qui ne preferit aucunfyftême,
déclare auffi qu'elle n'entend point adopter les
principes des ouvrages qu'elle couronnera.
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Résumé : Prix proposés par l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions & Belles-Lettres de Toulouse, pour les années 1756, 1757, & 1758.
L'Académie Royale des Sciences, Inscriptions & Belles-Lettres de Toulouse a institué des prix pour les années 1756, 1757 et 1758, avec des sujets alternant entre Mathématiques, Médecine et Littérature. Pour l'année 1755, le sujet portait sur l'état des sciences et des arts à Toulouse sous les rois Wisigoths, ainsi que sur les lois et mœurs de la ville durant cette période. Cependant, les travaux présentés n'ont pas suffisamment abordé les aspects principaux du sujet, ce qui a conduit l'Académie à reporter le prix double de 1755 pour l'ajouter à celui de 1758, portant ainsi la valeur du prix à 1500 livres. Pour l'année 1756, le sujet concernait la construction de digues résistantes aux eaux. Les savants ont été informés que l'Académie considérait également les digues destinées à élever ou à changer la direction des eaux. En 1757, le sujet était la théorie de l'ouïe, avec une demande d'exposition exacte et prouvée des fonctions de chaque partie de l'oreille pour la perception du son. Les auteurs peuvent soumettre leurs travaux en français ou en latin, avec une devise mais sans nom. Ils peuvent inclure un billet séparé et cacheté contenant leur nom et leurs coordonnées. Les ouvrages doivent être adressés au Secrétaire perpétuel de l'Académie, M. l'Abbé de Sapte, avant le dernier janvier de l'année concernée. Le prix sera proclamé lors de l'assemblée publique du 25 août et délivré à l'auteur ou à son représentant muni d'une procuration ou d'un récépissé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 209
« MM. les Amateurs de Musique tenants Concert dans l'Hôtel-de-Ville de Troyes, [...] »
Début :
MM. les Amateurs de Musique tenants Concert dans l'Hôtel-de-Ville de Troyes, [...]
Mots clefs :
Musique, Concert, Académie, Violon, Concerto, Symphonie, Harmonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « MM. les Amateurs de Musique tenants Concert dans l'Hôtel-de-Ville de Troyes, [...] »
MM. les Amateurs de Muſique tenants Concert
dans l'Hôtel-de-ville de Troyes, viennent d'ob
tenir un†excluſif. Ce qui leur procure la
ſatisfaction de former une Académie capable de
donner de l'émulation à toures les Perſonnes de
goût. On en a fait l'ouverture le 25 du mois de .
Mars. Le ſieur Bryon Ancien Premier Violon de
l'Académie de Grenoble y a joué un Concerto de
ſa compoſition, ſon goût & ſon exécution lui ont
mérité l'applaudiſſement des Connoiſſeurs. -
· On y a exécuté le Pſeaume Benedictus qui docet,
Motet à grand Choeur & Symphonie de la com
poſition du ſieur de Rouſſy Ancien Maître de Mu
ſique de l'Egliſe de Troyes. La tournure de ſon
chant, les traits d'harmonie bien amenés, l'ar
rangement des choeurs , lui ont mérité l'éloge
des Connoiſſeurs.
dans l'Hôtel-de-ville de Troyes, viennent d'ob
tenir un†excluſif. Ce qui leur procure la
ſatisfaction de former une Académie capable de
donner de l'émulation à toures les Perſonnes de
goût. On en a fait l'ouverture le 25 du mois de .
Mars. Le ſieur Bryon Ancien Premier Violon de
l'Académie de Grenoble y a joué un Concerto de
ſa compoſition, ſon goût & ſon exécution lui ont
mérité l'applaudiſſement des Connoiſſeurs. -
· On y a exécuté le Pſeaume Benedictus qui docet,
Motet à grand Choeur & Symphonie de la com
poſition du ſieur de Rouſſy Ancien Maître de Mu
ſique de l'Egliſe de Troyes. La tournure de ſon
chant, les traits d'harmonie bien amenés, l'ar
rangement des choeurs , lui ont mérité l'éloge
des Connoiſſeurs.
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Résumé : « MM. les Amateurs de Musique tenants Concert dans l'Hôtel-de-Ville de Troyes, [...] »
Les Amateurs de Musique de Troyes ont créé une Académie musicale le 25 mars. Le sieur Bryon a interprété un concerto acclamé. Le sieur de Roussy a présenté un motet salué pour son chant et son harmonie. Les deux œuvres ont été appréciées par les connaisseurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 71-75
DISCOURS prononcé dans l'Académie Françoise, le Samedi 22 Janvier M. DCC. LXIII, à la réception de M. l'Abbé DE VOISENON ; à Paris, chez la veuve Brunet, Imprimeur de l'Académie Françoise, au Palais & rue basse des Ursins. 1763. in-4°.
Début :
Le Public a vu avec plaisir un Eléve aimable de Thalie succéder à un des [...]
Mots clefs :
Discours, Académie, Ouvrages, Éloge poétique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé dans l'Académie Françoise, le Samedi 22 Janvier M. DCC. LXIII, à la réception de M. l'Abbé DE VOISENON ; à Paris, chez la veuve Brunet, Imprimeur de l'Académie Françoise, au Palais & rue basse des Ursins. 1763. in-4°.
DISCOURS prononcé dans l'Académie
Françoife , le Samedi 22 Janvier
M. DCC. LXIII , à la réception
de M. l'Abbé DE VOISENON ; à
Paris , chez la veuve Brunet , Imprimeur
de l'Académie Françoiſe , au
Palais & rue baffe des Urfins. 1763.
in-4°.
J
Le Public a vu avec plaifir un Eléve
aimable de Thalie fuccéder à un des
plus chers Favoris de Melpomene , & a
applaudi au choix de l'Académie Françoife
, qui a nommé M. l'Abbé de Voifenon
à la place de M. de Crébillon. Ce
fut le Samedi , 22 Janvier , que M. l'Abbé
de Voifenon y vint prendre féance
& y prononça un difcours qui a mérité
les applaudiffemens d'une nombreuſe
Affemblée. On fçait quelle eft la diffi-
1
72 MERCURE DE FRANCE .
" .
culté de ces fortes d'Ouvrages , où fur
an plan tout tracé on éxige cependant
des chofes neuves. Sans s'écarter de la
Toute indiquée , l'ingénieux Récipiendaire
a fçu employer des tours nou
veaux qui l'ont , pour ainfi dire , tiré de
la claffe commune. Il fuccédoit à un
très-grand Poëte : fon difcours , quoiqu'en
profe , devoit donc refpirer la
plus haute Poëfie; & c'eft dans ce langage
fublime qu'il a dignement loué fon illuftre
prédéceffeur. » Le grand Corneille,
», dit- il , & le tendre Racine venoient
» d'être plongés dans les ténébres du
tombeau : leurs maufolées étoient
» placés aux deux côtés du trône qu'ils
avoient accupé ; la Mufe de la Tragédie
étoit panchée fur l'urne de Pompée
, & fixoit des regards de défolation
fur Rodogune , Cinna , Phedre,
Andromaque & Britannicus. Elle étoit
» tombée dans une létargie profonde ;
» fon âme ufée par la douleur , n'avoir
» plus la force que donne le défefpoir.
Dans l'excès de fon abbattement ,
fon poignard étoit échappé de fes
mains un morte! fier & courageux
» enveloppé de deuil , s'avance avec in-
» trépidité ; ramaffe le poignard & s'écrie
: Mufe , ranime-toi , je vais te ren-
» dre
ور
MARS. 1763. 73
I.
es
11-
é
en
dre
» dre ta fplendeur. La Terreur entendit
» fa voix & parut fur la Scène : Tu me
» rappelles à la lumière , & ton Génie
» m'a donné un nouvel être , dit- elle
» avec tranfport. A ces mots elle faifit
» une coupe enfanglantée , marcha de-
» vant lui , & fit retentir le Mont facré
» du nom de Crébillon. La Mufe re-
» prit fes fens ; les cendres de Corneille
» & de Racine s'animérent ; & leur
» Succeffeur fut placé fur le Trône éle-
» vé entre les deux tombeaux.
Après cet éloge poëtique , M. l'Abbé
de Voifenon entra dans quelques détails
au fujet des Ouvrages dramatiques
de fon Prédéceffeur. Il dit , en parlant
d'une de fes Tragédies. » Atrée &Thyefte ,
- ce chef-d'oeuvre d'horreur , fit une
» impreffion fi forte , qu'on détourna
» les yeux ; on la lut , on l'admira ;
, mais on n'en foutint la repréfentation
» qu'avec peine ; & c'étoit la louer que
» de n'ofer la voir.
L'éloge de M. de Crébillon, dont nous
n'avons rapporté qu'une petite partie ,
eft firivi des autres éloges d'ufage dans
ces fortes de cérémonies ; & enfin le
difcours eft terminé par la defcription
poëtique de deux Temples que l'Auteur
appelle le Temple de la fauffe Gloire , &
D
74 MERCURE DE FRANCE .
de Temple de la Gloire véritable. Il place
dans le premier les Gengiskan , les
Tamerlan les Alexandres & tant
d'autres qui les ont pris pour modéles ;
de là une defcription des malheurs que
caufe l'ambition des Conquérans . Le
Temple de la Gloire véritable eſt bien
différent. C'eſt le féjour des bons Rois
tels que Marc Aurele , Trajan , Titus ,
S. Louis , Louis XII, Henri IV; ce qui
améne très- naturellement l'élogedu ROI
LOUIS XV,qui doit être l'ornement de
ce Temple. C'eft par là que finit le
difcours de M. l'Abbé de Voifenon ,
dans lequel on a trouvé des tours nouveaux
, des penfées ingénieufes , & une
variété d'images & de ftyle peu ordinaire
dans les Ouvrages de cette nature.
M. le Duc de S. Agnan én qualité
de Directeur de l'Académie , répondit
au difcours du nouveau Récipiendaire.
C'étoit M. le Duc de Nivernois qui devoit
être chargé de ce travail , fi des affaires
plus importantes ne l'euffent occupé
ailleurs. C'eſt à quoi M. le Duc de
S. Agnan fait allufion quand il dit: » Les
›› grands intérêts qui lui font confiés
»peuvent feuls nous empêcher aujourd'hui
de regretter fon abfence . De là
MARS. 1763. 75
il paffe à l'éloge de M. le Duc de Nivernois
qu'il finit ainfi » Daignez ,
→ Meffieurs , oublier ce que vous per-
» dez en ce jour , & ne vous occuper
» que de la fatisfaction que vous au-
» rez bientôt de le revoir le rameau d'o-
» livier entre les mains , plus en état
» que jamais de vous aider à faire con-
» noître à la Poftérité la plus reculée
» juſqu'à quel degré notre bien - aimé
Maître & Protecteur a porté tant de
» fois , & fi récemment encore les
» fentimens d'humanité , de bonté &
» d'amour de fes Peuples : fentimens
» nés avec lui pour notre bonheur , &
» garants à l'Europe entière de l'ufage
» qu'il fait des dernières leçons de fon
augufte Bifayeul , toujours préfentes
» à fes yeux , & pour jamais gravées
» au fond de fon coeur.
C'eft avec ces mêmes traits d'une noble
fimplicité que M. le Duc de S. Agnan
avoit loué M. l'Abbé de Voifenon
, & le grand Poëte Tragique qu'il
venoit remplacer à l'Académie. On a
applaudi à ces divers éloges ; & le difcours
imprimé n'a point démenti les
pplaudiffemens de l'Affemblée .
Françoife , le Samedi 22 Janvier
M. DCC. LXIII , à la réception
de M. l'Abbé DE VOISENON ; à
Paris , chez la veuve Brunet , Imprimeur
de l'Académie Françoiſe , au
Palais & rue baffe des Urfins. 1763.
in-4°.
J
Le Public a vu avec plaifir un Eléve
aimable de Thalie fuccéder à un des
plus chers Favoris de Melpomene , & a
applaudi au choix de l'Académie Françoife
, qui a nommé M. l'Abbé de Voifenon
à la place de M. de Crébillon. Ce
fut le Samedi , 22 Janvier , que M. l'Abbé
de Voifenon y vint prendre féance
& y prononça un difcours qui a mérité
les applaudiffemens d'une nombreuſe
Affemblée. On fçait quelle eft la diffi-
1
72 MERCURE DE FRANCE .
" .
culté de ces fortes d'Ouvrages , où fur
an plan tout tracé on éxige cependant
des chofes neuves. Sans s'écarter de la
Toute indiquée , l'ingénieux Récipiendaire
a fçu employer des tours nou
veaux qui l'ont , pour ainfi dire , tiré de
la claffe commune. Il fuccédoit à un
très-grand Poëte : fon difcours , quoiqu'en
profe , devoit donc refpirer la
plus haute Poëfie; & c'eft dans ce langage
fublime qu'il a dignement loué fon illuftre
prédéceffeur. » Le grand Corneille,
», dit- il , & le tendre Racine venoient
» d'être plongés dans les ténébres du
tombeau : leurs maufolées étoient
» placés aux deux côtés du trône qu'ils
avoient accupé ; la Mufe de la Tragédie
étoit panchée fur l'urne de Pompée
, & fixoit des regards de défolation
fur Rodogune , Cinna , Phedre,
Andromaque & Britannicus. Elle étoit
» tombée dans une létargie profonde ;
» fon âme ufée par la douleur , n'avoir
» plus la force que donne le défefpoir.
Dans l'excès de fon abbattement ,
fon poignard étoit échappé de fes
mains un morte! fier & courageux
» enveloppé de deuil , s'avance avec in-
» trépidité ; ramaffe le poignard & s'écrie
: Mufe , ranime-toi , je vais te ren-
» dre
ور
MARS. 1763. 73
I.
es
11-
é
en
dre
» dre ta fplendeur. La Terreur entendit
» fa voix & parut fur la Scène : Tu me
» rappelles à la lumière , & ton Génie
» m'a donné un nouvel être , dit- elle
» avec tranfport. A ces mots elle faifit
» une coupe enfanglantée , marcha de-
» vant lui , & fit retentir le Mont facré
» du nom de Crébillon. La Mufe re-
» prit fes fens ; les cendres de Corneille
» & de Racine s'animérent ; & leur
» Succeffeur fut placé fur le Trône éle-
» vé entre les deux tombeaux.
Après cet éloge poëtique , M. l'Abbé
de Voifenon entra dans quelques détails
au fujet des Ouvrages dramatiques
de fon Prédéceffeur. Il dit , en parlant
d'une de fes Tragédies. » Atrée &Thyefte ,
- ce chef-d'oeuvre d'horreur , fit une
» impreffion fi forte , qu'on détourna
» les yeux ; on la lut , on l'admira ;
, mais on n'en foutint la repréfentation
» qu'avec peine ; & c'étoit la louer que
» de n'ofer la voir.
L'éloge de M. de Crébillon, dont nous
n'avons rapporté qu'une petite partie ,
eft firivi des autres éloges d'ufage dans
ces fortes de cérémonies ; & enfin le
difcours eft terminé par la defcription
poëtique de deux Temples que l'Auteur
appelle le Temple de la fauffe Gloire , &
D
74 MERCURE DE FRANCE .
de Temple de la Gloire véritable. Il place
dans le premier les Gengiskan , les
Tamerlan les Alexandres & tant
d'autres qui les ont pris pour modéles ;
de là une defcription des malheurs que
caufe l'ambition des Conquérans . Le
Temple de la Gloire véritable eſt bien
différent. C'eſt le féjour des bons Rois
tels que Marc Aurele , Trajan , Titus ,
S. Louis , Louis XII, Henri IV; ce qui
améne très- naturellement l'élogedu ROI
LOUIS XV,qui doit être l'ornement de
ce Temple. C'eft par là que finit le
difcours de M. l'Abbé de Voifenon ,
dans lequel on a trouvé des tours nouveaux
, des penfées ingénieufes , & une
variété d'images & de ftyle peu ordinaire
dans les Ouvrages de cette nature.
M. le Duc de S. Agnan én qualité
de Directeur de l'Académie , répondit
au difcours du nouveau Récipiendaire.
C'étoit M. le Duc de Nivernois qui devoit
être chargé de ce travail , fi des affaires
plus importantes ne l'euffent occupé
ailleurs. C'eſt à quoi M. le Duc de
S. Agnan fait allufion quand il dit: » Les
›› grands intérêts qui lui font confiés
»peuvent feuls nous empêcher aujourd'hui
de regretter fon abfence . De là
MARS. 1763. 75
il paffe à l'éloge de M. le Duc de Nivernois
qu'il finit ainfi » Daignez ,
→ Meffieurs , oublier ce que vous per-
» dez en ce jour , & ne vous occuper
» que de la fatisfaction que vous au-
» rez bientôt de le revoir le rameau d'o-
» livier entre les mains , plus en état
» que jamais de vous aider à faire con-
» noître à la Poftérité la plus reculée
» juſqu'à quel degré notre bien - aimé
Maître & Protecteur a porté tant de
» fois , & fi récemment encore les
» fentimens d'humanité , de bonté &
» d'amour de fes Peuples : fentimens
» nés avec lui pour notre bonheur , &
» garants à l'Europe entière de l'ufage
» qu'il fait des dernières leçons de fon
augufte Bifayeul , toujours préfentes
» à fes yeux , & pour jamais gravées
» au fond de fon coeur.
C'eft avec ces mêmes traits d'une noble
fimplicité que M. le Duc de S. Agnan
avoit loué M. l'Abbé de Voifenon
, & le grand Poëte Tragique qu'il
venoit remplacer à l'Académie. On a
applaudi à ces divers éloges ; & le difcours
imprimé n'a point démenti les
pplaudiffemens de l'Affemblée .
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Résumé : DISCOURS prononcé dans l'Académie Françoise, le Samedi 22 Janvier M. DCC. LXIII, à la réception de M. l'Abbé DE VOISENON ; à Paris, chez la veuve Brunet, Imprimeur de l'Académie Françoise, au Palais & rue basse des Ursins. 1763. in-4°.
Le 22 janvier 1763, l'Académie Française a accueilli l'Abbé de Voisenon pour succéder à M. de Crébillon. Lors de sa réception, l'Abbé de Voisenon a prononcé un discours acclamé par une nombreuse assemblée. Il a souligné la difficulté de créer des œuvres nouvelles dans un cadre préétabli tout en se distinguant par des innovations. Dans son discours, il a rendu hommage à son prédécesseur en évoquant la tragédie française, notamment Corneille et Racine, et en décrivant la Muse de la Tragédie ranimée par le génie de Crébillon. Il a également détaillé les œuvres dramatiques de Crébillon, mentionnant notamment la tragédie 'Atrée et Thyeste', jugée trop horrible pour être représentée. Le discours s'est conclu par une description poétique des temples de la fausse gloire et de la véritable gloire, ce dernier étant dédié aux bons rois, y compris Louis XV. M. le Duc de Saint-Aignan, en tant que directeur de l'Académie, a répondu au discours, regrettant l'absence de M. le Duc de Nivernois et louant ses qualités humaines et son dévouement. Les éloges ont été applaudis, et le discours imprimé a confirmé l'approbation de l'assemblée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 109-123
ANNONCES DE LIVRES.
Début :
DICTIONNAIRE domestique portatif, contenant toutes les connoissances relatives à l'œconomie domestique [...]
Mots clefs :
Libraire, Académie, Ouvrage, Imprimeur, Édition, Dynamique, Mouvement, Volumes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ANNONCES DE LIVRES.
ANNONCES DE LIVRES.
DICTIONNAIRE domeftique portatif
, contenant toutes les connoiffances
relatives à l'oeconomie domestique &
rurale ; où l'on détaille les différentes
110 MERCURE DE FRANCE.
branches de l'agriculture , la manière
de foigner les chevaux , celle de nourrir
& de conferver toute forte de beftiaux
, celle d'élever les abeilles , les
vers à foie ; & dans lequel on trouve
les inftructions néceffaires fur la Chaffe,
la Pêche , les Arts , le Commerce , la
Procédure , l'Office la Cuifine & c .
Ouvrage également utile à ceux qui vivent
de leurs rentes ou qui ont des terres
, comme aux Fermiers , aux Jardi
niers , aux Commerçans & aux Artiſtes.
Par une Société de gens de Lettres . In-
8° . Paris , 1763. Chez Vincent , Imprimeur-
Libraire , rue S. Severin .
,
Nous avons annoncé , l'année dernière
, la première partie du premier volume
de cet Ouvrage utile , contenant
les lettres A & B. Celle que nous annonçons
aujourd'hui , renferme la lettre
C.
LE GENTILHOMME CULTIVATEUR
, ou Corps complet d'Agriculture
, traduit de l'Anglois de M. Hall ,
& tiré des Auteurs qui ont le mieux
écrit fur cet Art. Par M. Dupuy d'Emportes
,
de l'Académie de Florence.
Tome 5. in-4°. Paris , 1763.. Chez
P. G. Simon , Imprimeur du Parlement,
AVRIL. 1763.
rue de la Harpe ; Durand , Libraire,
rue du Foin ; Bauche , Libraire , quai
des Auguftins ; & à Bordeaux , chez
Chapuis l'aîné.
din ,
HISTOIRE DE SALADIN , Sultan
d'Egypte & de Syrie ; avec une Introduction
, ou Hiftoire abrégée de la dynaftie
des Ayoubites fondée par Salades
notes critiques , hiftoriques ,
géographiques , & quelques piéces juftificatives.
Par M. Marin , de la Société
Royale des Sciences & Belles -Lettres
de Lorraine , de l'Académie de
Marſeille , & Cenfeur Royal.
Quis nefcit primam effe hiftoriæ legem , he
quid falfi dicere audeat , deinde ne quid
veri non audeat ?
Cic. de Orat. Lib . II,
Pont
2 volumes in- 12 . Paris , 1763. Chez
Grangé , Imprimeur- Libraire
Notre- Dame , près la Pompé , au Cabinet
de la Nouveauté ; Bauche , quai
des Auguftins ; & Dufour , quai de
Gêvres , à l'Ange Gardien ."
Le fuccès de la première Edition de
cet Ouvrage garantit celui de la feconde.
ESPRIT , Saillies & Singularités du
112 MERCURE DE FRANCE.
P. Caftel. In- 12 . Amfterdam , 1763. Et
fe trouve à Paris , chez Vincent , rue
S. Severin .
Nous rendrons compte avec plaifir
de cet Ouvrage rempli d'idées auffi fingulières
qu'amufantes.
MANDEMENT & Inftruction paſtorale
de Mgr l'Archevêque de Lyon ,
portant condamnation des trois parties
de l'hiftoire du Peuple de Dieu , compofée
par le F. Berruyer, de la Compagnie
de Jefus , des écrits imprimés
pour la défenſe de ladite hiftoire , & du
Commentaire latin du F. Hardouin , de
da même Compagnie , fur le Nouveau
Teftament. In- 12. Lyon , 1763. de
l'Imprimerie & chez Aimé de la Roche ,
Imprimeur de Mgr l'Archevêque & du
Clergé aux Halles de la Grenette ;
chez Claude Cizeron , Libraire , à la
defcente du pont de pierre , du côté de
S. Nizier. Et fe trouve à Paris , chez
Pankoucke , Libraire , rue & à côté de
la Comédie Françoife.
RECUEIL DE PIECES en Profe &
en Vers , lues dans les Affemblées publiques
de l'Académie Royale de la
Rochelle dédié à S. A. S. Mgr. leAVRIL.
1763. 113
Et
e
Prince de Conti , Protecteur de ladite
Académie . Tome 3. in- 8° . A La Rochel
le , 1763. Chez Jérôme Legier , Imprimeur
de l'Académie , au Canton des
Flamands ; & fe trouve à Paris , chez
Merigot Père , quai des Auguftins . Prix,
31. 10 f. broché , 4 1. 10 f. relié.
On trouve chez le même Libraire
l'Ordonnance de la Marine commentée
par M. Valier. In-4°. 2 vol . Prix ,
24 liv. relié.
LE LANGAGE DE LA RAISON ;
par l'Auteur de la jouillance de foimême.
Venitefilii , audite me ; timorem Domini
docebo vos.
Pf. 33. V. II .
Paris , 1763. Chez Nyon , Libraire ,
quai des Auguftins , à l'Occafion .
HISTOIRE Univerfelle , Sacrée &
Profane , compofée par ordre de Mefdames
de France. Tomes 15 & 16. in-
12. Paris , 1763. Chez Louis Cellot
Imprimeur - Libraire Grand'Salle du
Palais , à l'Ecu de France & rue Dauphine.
Ces deux nouveaux volumes ne font
•
114 MERCURE DE FRANCE.
que confirmer la réputation juftement
acquife de leur Auteur ( M. Hardion
de l'Académie Françoife ) dont l'Ouvrage
traduit en Italien fe trouve chez
le même Libraire .
VOYAGE Pittorefque des environs
de Paris , ou defcription des Maifons.
Royales , Châteaux , & autres lieux de
plaifance , fituées à quinze lieues aux
environs de cette Ville . Par M. D ***.
Nouvelle Edition , corrigée & augmentée.
In- 12. Paris , 1763. Chez Debure
Père , quai des Auguftins , à l'Image
S. Paul ; & Debure , fils aîné , même
quai , à la Bible d'or .
MELANGE de Maximes , de Réfléxions
& de Caractères. Par M. Durey
d'Harnoncourt , Licentié en Droit. On
y a joint une Traduction des Conclufioni
d'Amore de Scipion Maffei , avec
le Texte à côté. Nouv. Edition , revue
& corrigée par l'Auteur;in -8 °; Bruxelles,
1763 ; & fe vend à Paris , chez Valleyrefils
, Imprimeur-Libraire , rue de la
vieille Bouclerie , à l'Arbre de Jeffé.
L'Auteur dit , dans fa Préface , qu'il
s'eft propofé les deux grands modéles
qui font nos maîtres dans l'art de peinAVRIL.
1763. 115
dre les hommes , la Rochefoucault &
la Bruyere ; mais fans fe flatter de les
atteindre , & fans s'affujettir à leur manière
, c'est-à-dire à la précifion du premier
, & à la méthode de l'autre. On
trouvera ( dit - il ) ici , comme l'annonce
le titre , des maximes , des réfléxions
& des portraits ; mais ce ne font que
des découpures jettées fans ordre fur
le papier. On a cru que la diverfité qui
fait le prix de ces fortes d'Ouvrages
demandoit cette efpéce de négligence .
On peut comparer , ce me femble , les
écrits de ce caractère à ces bofquets
dont les arbres , plantés irréguliérement
par les feules mains de la Nature , donnent
à la vue un plaifir plus touchant ,
que ces jardins fomptueux , dont tous
les plans font alignés & tirés au cordeau
, & c.
Nous ne tarderons pas à rendre compte
de cet Ouvrage , qui fait honneur
à fon Auteur.
NOUVELLES Obfervations théoriques
& pratiques fur la Goutte , avec
le détail des plantes , &c , qui forment
le reméde fpécifique calmant la goutte ;
dédiées à M. le Marquis de Marigny
Commandeur des Ordres du Roi , Di116
MERCURE DE FRANCE.
recteur général de fes Bâtimens , &c.
Par M. Chavy de Mongerbet , Médecin
des Bâtimens du Roi. On a joint , à la
fin de ce Traité celui des hernies
avec le traitement de ces maladies &
de celles des relâchemens de matrice &
de fondement.
,
Hic non agitur de verbis , fed de rebus.
In-12. Paris , 1763. Chez Michel Lambert
, rue & à côté de la Comédie Françoife.
LA LOUISIADE , ou le Voyage de
la Terre-Sainte , Poëme héroïque . Par
M. Moline , Avocaten Parlement.
Dùmnumerat palmas , credidit eſſe ſenem. Mart.
in-8° . Paris , 1763. Chez Defaint , junior
, à la Bonne-foi.
CONTES MORAUX dans le goût de
ceux de M. Marmontel , tirés de divers
Auteurs , & publiés par Mlle Uncy ; tomes
III & IV , chez Vincent , rue S. Severin.
Nous rendrons compte à la fois de
ces deux nouveaux volumes, & des deux
qui les ont précédés.
ODE SUR LA PAIX , par M. Pioger,
Capitaine de Cavalerie. In -8 °, Paris
1763. Chez Cuiſſart , Libraire , Pont au
AVRIL. 1763. 117
1
1
1
Change , à la Harpe. Nous en rendrons
compte dans le Mercure prochain .
LE BUCHERON , ou les trois Souhaits
, Comédie en un Acte , mêlée d'ariettes
. Repréfentée pour la première
fois par les Comédiens Italiens ordinaires
du Roi , le Lundi 28 Février 1763 ,
in-8° . à Paris , chez Claude Hériffant,
Imprimeur-Libraire , rue Neuve Notre
- Dame , à la Croix d'or . Prix , 1 liv.
4 f. Mufique de M. Philidor. Voyez
L'Article des Spectacles,
NOUVEAUX Elémens de Dynamique
& de Méchanique , par M. Mathon
de la Cour , de l'Académie Royale
des Sciences & Belles - Lettres de
Lyon ; à Paris chez les Frères Periffe ;
& fe trouve à Paris , chez Rollin
rue S. Jacques , vol. in -8 ° de 130
pages avec figures. 2 liv. 10 f. broché,
Les Principes de la Méchanique & de
la Dynamique font abftraits difficiles
, même pour les Géométres ; les
plus habiles n'ont pas dédaigné de s'en
occuper de la manière , ce femble , la
plus élémentaire , & ils ne font pas
toujours d'accord fur les premières vérités
d'où il s'agit de partir.
118 MERCURE DE FRANCE.
L'ouvrage de M. Mathon eft traite
d'une manière nouvelle , & fa méthode
n'avoit point encore paru ; elle fe
réduit à l'équilibre ou à l'oppofition
qu'il y a dans les forces motrices ; jointe
à la réfiftance que l'Auteur fuppofe
dans la matière pour toute efpéce de
mouvement.
Les propriétés de l'équilibre font 1º.
l'égalité qu'il y a néceffairement entre
les fommes des forces oppofées, en quelque
fens que ce foit qu'on les décompofe.
2. L'égalité entre les fommes
des momens oppofés par rapport
à un point quelconque du plan dans
lequel font les directions des forces ,
ou par rapport à un axe quelconque
qu'on peut imaginer à volonté dans le
cas où les directions des forces ne feroient
pas toutes dans un même plan .
M. Mathon tire de ces deux propriétés
plufieurs équations algébriques qu'il
applique aux principaux problêmes de
la Dynamique ; ceux qui ont le plus de
rapport avec les grandes queftions qui
ont ététraitées par les Géométres; il s'agit
par exemple de trouver le mouvement
que recevra un fyftême de corps agité
par des forces quelconques ; de trouver
le mouvement que doivent prendre
L
AVRIL. 1763. 119
?
plufieurs corps frappés à la fois par
un autre ; la plupart des problêmes de
Dynamique viennent fe placer comme
de fimples corollaires des principes lumineux
que l'Auteur y établit tels
font les théories des centres d'ofcillations
des centres de rotations
des plans inclinés , des poulies , des
frottemens ; la charge que fupportent
ces points d'appui , ces léviers
& plufieurs autres queftions importantes
& délicates. Ce Traité quoique fort
court , ne laiffe pas de développer les
élémens de cette Science avec plus de
netteté qu'on ne l'a fait en même
temps qu'il s'éléve à des recherches
très-fçavantes ; on y voit l'efprit mathé
matique , c'eft-à-dire d'ordre, de fimplification
, de déduction , les nouveaux
théorêmes donnés par M. le Chevalier
d'Arcy , y font démontrés d'une ma
nière très-fimple. Et cet Ouvrage paroît
fort néceffaire à ceux qui voudroient
entreprendre de lire feuls ce
qu'ont écrit fur la Dynamique les Auteurs
illuftres qui s'en font occupés , tels
que MM. Bernoulli , Herman , Euler,
Clairaut , d'Alembert , &c .
,
CHARPENTIER , Libraire , quai des
120 MERCURE DE FRANCE
Auguftins , près le Pont S. Michel , à
S. Chryfoftome , a acheté de M. Prault,
petit-fils , les OEuvres de Nivelle de la
Chauffée , de l'Académie Françoiſe ,
nouvelle Edition , corrigée & augmentée
de plufieurs Piéces qui n'avoient
point encore paru . 1763.5 vol. in-12.
petit format. Cette Edition mérite à
toutes fortes d'égards d'être recherchée .
On la doit à un ami de l'Auteur,M . Sablier
, Affocié de l'Académie des Belles-
Lettres de Marfeille. Les OEuvres de
Deftouches , 10 vol . in- 12. petit format.
Les OEuvres de Théâtre de M. de Saint-
Foix , nouvelle Edition revue , corrigée
& augmentée de plufieurs Comédies
4 vol. in-12. 1762 . ,
AVIS AU PUBLIC,
SUR le Mémoire de M. DEPARCIEUX.
Nous avons dit dans notre dernier
Mercure, qu'on n'avoit tiré du Mémoire
de M. Deparcieux , fur le moyen
' d'amener la riviere d'Yvette à Paris ,
à la porte S. Michel , que le nombre
d'exemplaires qu'on vouloit donner ,
& cela étoit vrai ; mais on avoit eu
la précaution de ne pas rompre les
formes ; & voyant que bien des perfonnes
AVRIL. 1763.
121
fonnes le demandoient , on en a tiré
depuis quelques exemplaires qui fe
vendent chez M. Durand , Libraire ,
rue du Foin .
Quelques perfonnes,mais en petit nombre
, ont marqué de l'inquiétude fur le
goût de vafe ou de Marais , dont M.
Dep. parle dans fon Mémoire. Il a'oublié
de faire obferver que l'eau fur
laquelle ont été faites toutes les épreuves
, a été puifée dans le temps que les
feuilles des arbres achevoient de tomber
, encore toutes vertes & pleines de
fuc , qu'elles ne pouvoient manquer de
communiquer à l'eau , joint à ce qu'elle
doit néceffairement enlever des dépôts
qui font dans prèfque tout le cours de
cette rivière , qu'on ne cure jamais
ou que par parties , & de loin en loin
y ayant tels endroits que perfonne du
lieu n'a jamais vu curer ; goût qu'elle
ne prendra plus quand on fera obferver
le réglement pour le curage de la
rivière. Car il ne faut pas être grand
Phyficien pour fentir que l'eau ne peut
avoir ce goût en fortant de la terre &
après avoir été filtrée par un terrein qui
eft prèfque partout de fable vitrifiable
qu'elle lave depuis des Siétles ' ;
terrein de même nature que ceux des
I. Vol. F
>
122 MERCURE DE FRANCE.
hauts de S. Cloud , ville Davré , Ro
quencourt , Meudon , Vanvres Clamart
, Buc , & c. dont les eaux font
pourtant excellentes.
,
Pour ne laiffer aucun doute fur un
projet auffi important pour la Ville de
Paris , M. Dep. fe propofe de lever plus
expreffement toutes ces difficultés , quí
dans le fond ne peuvent guères faire
d'impreffion fur l'efprit des Magiſtrats
éclairés que cela regarde , qui s'en rapporteront
au jugement des perfonnes
capables d'examiner , qui affurent que
l'eau expofée à l'air libre , fans chaleur
& fans mouvement , a entièrement
perdu ce goût au bout de quelques
jours. On pourroit dire d'après cela ,
qu'importeroit-il qu'elle eût ce goût
en fortant de terre , puifqu'elle le perd ?
( fuppofition gratuite. ) Au furplus, c'eft
un goût qu'elle a de commun avec
l'eau de toutes les rivières plus ou
moins fort ; la Seine elle -même n'en
eft pas exempte quand elle eft baffe
en Automne ; on n'y fait pas attention
parce que perfonne n'en parle , &
cela parce que perfonne ne boit l'eau
de la Seine qu'après qu'elle a repofé
dans un réfervoir ou qu'elle a paffé par
une fontaine fablée ; il faudroit dans
AVRIL. 1763: 123
le's comparaifons mettre toujours toutes
chofes égales.
DICTIONNAIRE domeftique portatif
, contenant toutes les connoiffances
relatives à l'oeconomie domestique &
rurale ; où l'on détaille les différentes
110 MERCURE DE FRANCE.
branches de l'agriculture , la manière
de foigner les chevaux , celle de nourrir
& de conferver toute forte de beftiaux
, celle d'élever les abeilles , les
vers à foie ; & dans lequel on trouve
les inftructions néceffaires fur la Chaffe,
la Pêche , les Arts , le Commerce , la
Procédure , l'Office la Cuifine & c .
Ouvrage également utile à ceux qui vivent
de leurs rentes ou qui ont des terres
, comme aux Fermiers , aux Jardi
niers , aux Commerçans & aux Artiſtes.
Par une Société de gens de Lettres . In-
8° . Paris , 1763. Chez Vincent , Imprimeur-
Libraire , rue S. Severin .
,
Nous avons annoncé , l'année dernière
, la première partie du premier volume
de cet Ouvrage utile , contenant
les lettres A & B. Celle que nous annonçons
aujourd'hui , renferme la lettre
C.
LE GENTILHOMME CULTIVATEUR
, ou Corps complet d'Agriculture
, traduit de l'Anglois de M. Hall ,
& tiré des Auteurs qui ont le mieux
écrit fur cet Art. Par M. Dupuy d'Emportes
,
de l'Académie de Florence.
Tome 5. in-4°. Paris , 1763.. Chez
P. G. Simon , Imprimeur du Parlement,
AVRIL. 1763.
rue de la Harpe ; Durand , Libraire,
rue du Foin ; Bauche , Libraire , quai
des Auguftins ; & à Bordeaux , chez
Chapuis l'aîné.
din ,
HISTOIRE DE SALADIN , Sultan
d'Egypte & de Syrie ; avec une Introduction
, ou Hiftoire abrégée de la dynaftie
des Ayoubites fondée par Salades
notes critiques , hiftoriques ,
géographiques , & quelques piéces juftificatives.
Par M. Marin , de la Société
Royale des Sciences & Belles -Lettres
de Lorraine , de l'Académie de
Marſeille , & Cenfeur Royal.
Quis nefcit primam effe hiftoriæ legem , he
quid falfi dicere audeat , deinde ne quid
veri non audeat ?
Cic. de Orat. Lib . II,
Pont
2 volumes in- 12 . Paris , 1763. Chez
Grangé , Imprimeur- Libraire
Notre- Dame , près la Pompé , au Cabinet
de la Nouveauté ; Bauche , quai
des Auguftins ; & Dufour , quai de
Gêvres , à l'Ange Gardien ."
Le fuccès de la première Edition de
cet Ouvrage garantit celui de la feconde.
ESPRIT , Saillies & Singularités du
112 MERCURE DE FRANCE.
P. Caftel. In- 12 . Amfterdam , 1763. Et
fe trouve à Paris , chez Vincent , rue
S. Severin .
Nous rendrons compte avec plaifir
de cet Ouvrage rempli d'idées auffi fingulières
qu'amufantes.
MANDEMENT & Inftruction paſtorale
de Mgr l'Archevêque de Lyon ,
portant condamnation des trois parties
de l'hiftoire du Peuple de Dieu , compofée
par le F. Berruyer, de la Compagnie
de Jefus , des écrits imprimés
pour la défenſe de ladite hiftoire , & du
Commentaire latin du F. Hardouin , de
da même Compagnie , fur le Nouveau
Teftament. In- 12. Lyon , 1763. de
l'Imprimerie & chez Aimé de la Roche ,
Imprimeur de Mgr l'Archevêque & du
Clergé aux Halles de la Grenette ;
chez Claude Cizeron , Libraire , à la
defcente du pont de pierre , du côté de
S. Nizier. Et fe trouve à Paris , chez
Pankoucke , Libraire , rue & à côté de
la Comédie Françoife.
RECUEIL DE PIECES en Profe &
en Vers , lues dans les Affemblées publiques
de l'Académie Royale de la
Rochelle dédié à S. A. S. Mgr. leAVRIL.
1763. 113
Et
e
Prince de Conti , Protecteur de ladite
Académie . Tome 3. in- 8° . A La Rochel
le , 1763. Chez Jérôme Legier , Imprimeur
de l'Académie , au Canton des
Flamands ; & fe trouve à Paris , chez
Merigot Père , quai des Auguftins . Prix,
31. 10 f. broché , 4 1. 10 f. relié.
On trouve chez le même Libraire
l'Ordonnance de la Marine commentée
par M. Valier. In-4°. 2 vol . Prix ,
24 liv. relié.
LE LANGAGE DE LA RAISON ;
par l'Auteur de la jouillance de foimême.
Venitefilii , audite me ; timorem Domini
docebo vos.
Pf. 33. V. II .
Paris , 1763. Chez Nyon , Libraire ,
quai des Auguftins , à l'Occafion .
HISTOIRE Univerfelle , Sacrée &
Profane , compofée par ordre de Mefdames
de France. Tomes 15 & 16. in-
12. Paris , 1763. Chez Louis Cellot
Imprimeur - Libraire Grand'Salle du
Palais , à l'Ecu de France & rue Dauphine.
Ces deux nouveaux volumes ne font
•
114 MERCURE DE FRANCE.
que confirmer la réputation juftement
acquife de leur Auteur ( M. Hardion
de l'Académie Françoife ) dont l'Ouvrage
traduit en Italien fe trouve chez
le même Libraire .
VOYAGE Pittorefque des environs
de Paris , ou defcription des Maifons.
Royales , Châteaux , & autres lieux de
plaifance , fituées à quinze lieues aux
environs de cette Ville . Par M. D ***.
Nouvelle Edition , corrigée & augmentée.
In- 12. Paris , 1763. Chez Debure
Père , quai des Auguftins , à l'Image
S. Paul ; & Debure , fils aîné , même
quai , à la Bible d'or .
MELANGE de Maximes , de Réfléxions
& de Caractères. Par M. Durey
d'Harnoncourt , Licentié en Droit. On
y a joint une Traduction des Conclufioni
d'Amore de Scipion Maffei , avec
le Texte à côté. Nouv. Edition , revue
& corrigée par l'Auteur;in -8 °; Bruxelles,
1763 ; & fe vend à Paris , chez Valleyrefils
, Imprimeur-Libraire , rue de la
vieille Bouclerie , à l'Arbre de Jeffé.
L'Auteur dit , dans fa Préface , qu'il
s'eft propofé les deux grands modéles
qui font nos maîtres dans l'art de peinAVRIL.
1763. 115
dre les hommes , la Rochefoucault &
la Bruyere ; mais fans fe flatter de les
atteindre , & fans s'affujettir à leur manière
, c'est-à-dire à la précifion du premier
, & à la méthode de l'autre. On
trouvera ( dit - il ) ici , comme l'annonce
le titre , des maximes , des réfléxions
& des portraits ; mais ce ne font que
des découpures jettées fans ordre fur
le papier. On a cru que la diverfité qui
fait le prix de ces fortes d'Ouvrages
demandoit cette efpéce de négligence .
On peut comparer , ce me femble , les
écrits de ce caractère à ces bofquets
dont les arbres , plantés irréguliérement
par les feules mains de la Nature , donnent
à la vue un plaifir plus touchant ,
que ces jardins fomptueux , dont tous
les plans font alignés & tirés au cordeau
, & c.
Nous ne tarderons pas à rendre compte
de cet Ouvrage , qui fait honneur
à fon Auteur.
NOUVELLES Obfervations théoriques
& pratiques fur la Goutte , avec
le détail des plantes , &c , qui forment
le reméde fpécifique calmant la goutte ;
dédiées à M. le Marquis de Marigny
Commandeur des Ordres du Roi , Di116
MERCURE DE FRANCE.
recteur général de fes Bâtimens , &c.
Par M. Chavy de Mongerbet , Médecin
des Bâtimens du Roi. On a joint , à la
fin de ce Traité celui des hernies
avec le traitement de ces maladies &
de celles des relâchemens de matrice &
de fondement.
,
Hic non agitur de verbis , fed de rebus.
In-12. Paris , 1763. Chez Michel Lambert
, rue & à côté de la Comédie Françoife.
LA LOUISIADE , ou le Voyage de
la Terre-Sainte , Poëme héroïque . Par
M. Moline , Avocaten Parlement.
Dùmnumerat palmas , credidit eſſe ſenem. Mart.
in-8° . Paris , 1763. Chez Defaint , junior
, à la Bonne-foi.
CONTES MORAUX dans le goût de
ceux de M. Marmontel , tirés de divers
Auteurs , & publiés par Mlle Uncy ; tomes
III & IV , chez Vincent , rue S. Severin.
Nous rendrons compte à la fois de
ces deux nouveaux volumes, & des deux
qui les ont précédés.
ODE SUR LA PAIX , par M. Pioger,
Capitaine de Cavalerie. In -8 °, Paris
1763. Chez Cuiſſart , Libraire , Pont au
AVRIL. 1763. 117
1
1
1
Change , à la Harpe. Nous en rendrons
compte dans le Mercure prochain .
LE BUCHERON , ou les trois Souhaits
, Comédie en un Acte , mêlée d'ariettes
. Repréfentée pour la première
fois par les Comédiens Italiens ordinaires
du Roi , le Lundi 28 Février 1763 ,
in-8° . à Paris , chez Claude Hériffant,
Imprimeur-Libraire , rue Neuve Notre
- Dame , à la Croix d'or . Prix , 1 liv.
4 f. Mufique de M. Philidor. Voyez
L'Article des Spectacles,
NOUVEAUX Elémens de Dynamique
& de Méchanique , par M. Mathon
de la Cour , de l'Académie Royale
des Sciences & Belles - Lettres de
Lyon ; à Paris chez les Frères Periffe ;
& fe trouve à Paris , chez Rollin
rue S. Jacques , vol. in -8 ° de 130
pages avec figures. 2 liv. 10 f. broché,
Les Principes de la Méchanique & de
la Dynamique font abftraits difficiles
, même pour les Géométres ; les
plus habiles n'ont pas dédaigné de s'en
occuper de la manière , ce femble , la
plus élémentaire , & ils ne font pas
toujours d'accord fur les premières vérités
d'où il s'agit de partir.
118 MERCURE DE FRANCE.
L'ouvrage de M. Mathon eft traite
d'une manière nouvelle , & fa méthode
n'avoit point encore paru ; elle fe
réduit à l'équilibre ou à l'oppofition
qu'il y a dans les forces motrices ; jointe
à la réfiftance que l'Auteur fuppofe
dans la matière pour toute efpéce de
mouvement.
Les propriétés de l'équilibre font 1º.
l'égalité qu'il y a néceffairement entre
les fommes des forces oppofées, en quelque
fens que ce foit qu'on les décompofe.
2. L'égalité entre les fommes
des momens oppofés par rapport
à un point quelconque du plan dans
lequel font les directions des forces ,
ou par rapport à un axe quelconque
qu'on peut imaginer à volonté dans le
cas où les directions des forces ne feroient
pas toutes dans un même plan .
M. Mathon tire de ces deux propriétés
plufieurs équations algébriques qu'il
applique aux principaux problêmes de
la Dynamique ; ceux qui ont le plus de
rapport avec les grandes queftions qui
ont ététraitées par les Géométres; il s'agit
par exemple de trouver le mouvement
que recevra un fyftême de corps agité
par des forces quelconques ; de trouver
le mouvement que doivent prendre
L
AVRIL. 1763. 119
?
plufieurs corps frappés à la fois par
un autre ; la plupart des problêmes de
Dynamique viennent fe placer comme
de fimples corollaires des principes lumineux
que l'Auteur y établit tels
font les théories des centres d'ofcillations
des centres de rotations
des plans inclinés , des poulies , des
frottemens ; la charge que fupportent
ces points d'appui , ces léviers
& plufieurs autres queftions importantes
& délicates. Ce Traité quoique fort
court , ne laiffe pas de développer les
élémens de cette Science avec plus de
netteté qu'on ne l'a fait en même
temps qu'il s'éléve à des recherches
très-fçavantes ; on y voit l'efprit mathé
matique , c'eft-à-dire d'ordre, de fimplification
, de déduction , les nouveaux
théorêmes donnés par M. le Chevalier
d'Arcy , y font démontrés d'une ma
nière très-fimple. Et cet Ouvrage paroît
fort néceffaire à ceux qui voudroient
entreprendre de lire feuls ce
qu'ont écrit fur la Dynamique les Auteurs
illuftres qui s'en font occupés , tels
que MM. Bernoulli , Herman , Euler,
Clairaut , d'Alembert , &c .
,
CHARPENTIER , Libraire , quai des
120 MERCURE DE FRANCE
Auguftins , près le Pont S. Michel , à
S. Chryfoftome , a acheté de M. Prault,
petit-fils , les OEuvres de Nivelle de la
Chauffée , de l'Académie Françoiſe ,
nouvelle Edition , corrigée & augmentée
de plufieurs Piéces qui n'avoient
point encore paru . 1763.5 vol. in-12.
petit format. Cette Edition mérite à
toutes fortes d'égards d'être recherchée .
On la doit à un ami de l'Auteur,M . Sablier
, Affocié de l'Académie des Belles-
Lettres de Marfeille. Les OEuvres de
Deftouches , 10 vol . in- 12. petit format.
Les OEuvres de Théâtre de M. de Saint-
Foix , nouvelle Edition revue , corrigée
& augmentée de plufieurs Comédies
4 vol. in-12. 1762 . ,
AVIS AU PUBLIC,
SUR le Mémoire de M. DEPARCIEUX.
Nous avons dit dans notre dernier
Mercure, qu'on n'avoit tiré du Mémoire
de M. Deparcieux , fur le moyen
' d'amener la riviere d'Yvette à Paris ,
à la porte S. Michel , que le nombre
d'exemplaires qu'on vouloit donner ,
& cela étoit vrai ; mais on avoit eu
la précaution de ne pas rompre les
formes ; & voyant que bien des perfonnes
AVRIL. 1763.
121
fonnes le demandoient , on en a tiré
depuis quelques exemplaires qui fe
vendent chez M. Durand , Libraire ,
rue du Foin .
Quelques perfonnes,mais en petit nombre
, ont marqué de l'inquiétude fur le
goût de vafe ou de Marais , dont M.
Dep. parle dans fon Mémoire. Il a'oublié
de faire obferver que l'eau fur
laquelle ont été faites toutes les épreuves
, a été puifée dans le temps que les
feuilles des arbres achevoient de tomber
, encore toutes vertes & pleines de
fuc , qu'elles ne pouvoient manquer de
communiquer à l'eau , joint à ce qu'elle
doit néceffairement enlever des dépôts
qui font dans prèfque tout le cours de
cette rivière , qu'on ne cure jamais
ou que par parties , & de loin en loin
y ayant tels endroits que perfonne du
lieu n'a jamais vu curer ; goût qu'elle
ne prendra plus quand on fera obferver
le réglement pour le curage de la
rivière. Car il ne faut pas être grand
Phyficien pour fentir que l'eau ne peut
avoir ce goût en fortant de la terre &
après avoir été filtrée par un terrein qui
eft prèfque partout de fable vitrifiable
qu'elle lave depuis des Siétles ' ;
terrein de même nature que ceux des
I. Vol. F
>
122 MERCURE DE FRANCE.
hauts de S. Cloud , ville Davré , Ro
quencourt , Meudon , Vanvres Clamart
, Buc , & c. dont les eaux font
pourtant excellentes.
,
Pour ne laiffer aucun doute fur un
projet auffi important pour la Ville de
Paris , M. Dep. fe propofe de lever plus
expreffement toutes ces difficultés , quí
dans le fond ne peuvent guères faire
d'impreffion fur l'efprit des Magiſtrats
éclairés que cela regarde , qui s'en rapporteront
au jugement des perfonnes
capables d'examiner , qui affurent que
l'eau expofée à l'air libre , fans chaleur
& fans mouvement , a entièrement
perdu ce goût au bout de quelques
jours. On pourroit dire d'après cela ,
qu'importeroit-il qu'elle eût ce goût
en fortant de terre , puifqu'elle le perd ?
( fuppofition gratuite. ) Au furplus, c'eft
un goût qu'elle a de commun avec
l'eau de toutes les rivières plus ou
moins fort ; la Seine elle -même n'en
eft pas exempte quand elle eft baffe
en Automne ; on n'y fait pas attention
parce que perfonne n'en parle , &
cela parce que perfonne ne boit l'eau
de la Seine qu'après qu'elle a repofé
dans un réfervoir ou qu'elle a paffé par
une fontaine fablée ; il faudroit dans
AVRIL. 1763: 123
le's comparaifons mettre toujours toutes
chofes égales.
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Résumé : ANNONCES DE LIVRES.
En avril 1763, le Mercure de France publie plusieurs annonces de livres. Parmi eux, un 'DICTIONNAIRE DOMESTIQUE PORTATIF' traite de divers aspects de l'économie domestique et rurale, édité par une société de gens de lettres. Le 'GENTILHOMME CULTIVATEUR', traduit de l'anglais par M. Dupuy d'Emportes, est annoncé dans son cinquième tome. L''HISTOIRE DE SALADIN' par M. Marin, membre de plusieurs académies, est publiée en deux volumes. D'autres ouvrages mentionnés incluent 'ESPRIT, Saillies & Singularités' de P. Castel, un 'MANDEMENT & INSTRUCTION PASTORALE' de l'Archevêque de Lyon condamnant certains écrits, et un 'RECUEIL DE PIECES' de l'Académie Royale de la Rochelle. Le texte évoque également des publications sur la dynamique, la médecine, la poésie, et des recueils de maximes. Plusieurs de ces ouvrages sont disponibles chez divers libraires à Paris et dans d'autres villes. Par ailleurs, le texte aborde les propriétés de l'eau et sa perception gustative. Il observe que l'eau exposée à l'air libre, sans chaleur ni mouvement, perd son goût au bout de quelques jours. Cette observation remet en question l'importance du goût de l'eau lorsqu'elle sort de terre, car elle le perd rapidement. Le texte considère cette idée comme une supposition gratuite. Il note également que ce goût est partagé par l'eau de toutes les rivières, plus ou moins fortement. Par exemple, la Seine peut avoir ce goût en automne lorsqu'elle est basse, mais cela passe inaperçu car les gens boivent l'eau après qu'elle a reposé dans un réservoir ou passé par une fontaine filtrée. Le texte insiste sur l'importance de comparer des conditions égales pour évaluer ces caractéristiques.
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33
p. 123-124
ACADÉMIE des Sciences & Belles-Lettres de DIJON.
Début :
L'ACADÉMIE convaincue que la matière importante qu'elle vient de choisir pour [...]
Mots clefs :
Académie, Dijon, Concours, Maladies, Mémoires, Antispasmodiques
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texteReconnaissance textuelle : ACADÉMIE des Sciences & Belles-Lettres de DIJON.
ACADÉMIE S.
ACADÉMIE des Sciences & Belles-
Lettres de DIJON.
L'ACADÉMIE
convaincue que la
matière importante
qu'elle vient de
choifir pour le concours au prix qu'elle
adjugera dans le mois d'Août 1764 ,
ne peut être approfondie
qu'avec un
temps & un travail confidérables
, annonce
dès-à-préfent ce fujet qui confifte
à déterminer la nature des Anti-
Spafmodiques
proprement
dits , à expliquer
leur manière d'agir , à diftinguer
leurs différentes
espéces & à marquer
leur ufage dans les maladies ?
On ne répétera point ici les condiditions
& les formalités que les Auteurs
doivent obferver en envoyant
leurs mémoires à l'Académie ; toutes les
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
Sociétés Littéraires du Royaume les
ont fi fouvent rappellées dans leurs
programmes , que ceux qui fe préfentent
aujourd'hui aux concours Académiques
, n'ont plus befoin probablement
d'en être avertis .
La queftion que propofe l'Académie,
lui paroît fi intéreffante , qu'elle ne
veut point fixer l'étendue des mémoires:
quelque long que foit un ouvrage ,
s'il mérite fon approbation , il aura
droit à fes fuffrages & à la courronne
Académique.
Les paquets affranchis de ports , feront
adreffés à M. Michault , Secré
taire perpétuel de l'Académie , rue de
Guife , à Dijon .
Ils ne feront reçus que jufqu'au
ACADÉMIE des Sciences & Belles-
Lettres de DIJON.
L'ACADÉMIE
convaincue que la
matière importante
qu'elle vient de
choifir pour le concours au prix qu'elle
adjugera dans le mois d'Août 1764 ,
ne peut être approfondie
qu'avec un
temps & un travail confidérables
, annonce
dès-à-préfent ce fujet qui confifte
à déterminer la nature des Anti-
Spafmodiques
proprement
dits , à expliquer
leur manière d'agir , à diftinguer
leurs différentes
espéces & à marquer
leur ufage dans les maladies ?
On ne répétera point ici les condiditions
& les formalités que les Auteurs
doivent obferver en envoyant
leurs mémoires à l'Académie ; toutes les
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
Sociétés Littéraires du Royaume les
ont fi fouvent rappellées dans leurs
programmes , que ceux qui fe préfentent
aujourd'hui aux concours Académiques
, n'ont plus befoin probablement
d'en être avertis .
La queftion que propofe l'Académie,
lui paroît fi intéreffante , qu'elle ne
veut point fixer l'étendue des mémoires:
quelque long que foit un ouvrage ,
s'il mérite fon approbation , il aura
droit à fes fuffrages & à la courronne
Académique.
Les paquets affranchis de ports , feront
adreffés à M. Michault , Secré
taire perpétuel de l'Académie , rue de
Guife , à Dijon .
Ils ne feront reçus que jufqu'au
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Résumé : ACADÉMIE des Sciences & Belles-Lettres de DIJON.
En août 1764, l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Dijon lance un concours portant sur l'étude des antispasmodiques. Le sujet inclut la détermination de leur nature, l'explication de leur mode d'action, la distinction de leurs différentes espèces et l'indication de leur usage dans les maladies. L'Académie souligne la nécessité d'un temps et d'un travail considérables pour approfondir ce sujet. Elle n'impose aucune limite de longueur pour les mémoires soumis, à condition qu'ils soient approuvés. Les auteurs doivent envoyer leurs travaux à M. Michault, secrétaire perpétuel de l'Académie, rue de Guise à Dijon, avant une date limite non précisée. Les conditions et formalités de soumission sont supposées connues des participants.
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34
p. 124-127
SÉANCE publique de l'Académie de BESANÇON pour la distribution des Prix.
Début :
LE 24 Août 1762, l'Académie de Besançon fit célébrer dans l'Eglise des [...]
Mots clefs :
Académie, Prix, Séance, Ordre, Besançon, Discours, Comte
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texteReconnaissance textuelle : SÉANCE publique de l'Académie de BESANÇON pour la distribution des Prix.
SÉANCE publique de l'Académie de
BESANÇON pour la diftribution
des Prix.
LE 24 Août 1762 , l'Académie de
Befançon fit célébrer dans l'Eglife des
P P. Carmes une Meffe avec un Motet ;
le Panégyrique de S. Louis fut enfuite
AVRIL. 1763. 125
prononcé par M. Pavoy , Docteur en
Théologie , Curé de Pugé en Franche-
Comté. L'après - midi du même jour
l'Académie tint une Séance publique
pour la diftribution des Prix . M. de
Frafne , Avocat Général Honoraire du
Parlement de Franche-Comté , Préfident
de l'Académie , fit un difcours
relatif à l'objet de cette Séance. Il obferva
fur la réferve du Prix d'éloquence
pour l'année prochaine : " Que c'eſt un
» moment de repos qui devient l'affu-
» rance d'une récolte plus abondante
» pour l'avenir ; que d'efprit n'eft pas
» toujours également fertile dans fes
» productions ; qu'expofé à des varia-
» tions qui le rendent fouvent mécon-
» noiffable à lui-même , il reffent ainſi
» que la Nature , les influences du temps
» & des circonftances ; que dans un
" Sujet propofé pour un Difcours ,
" tout dépend de la manière de l'apper-
» cevoir , de l'impreffion plus ou moins
» vive qu'il fait dans l'âme & des idées
» qui en résultent ; que de là naît cet-
» te heureufe facilité à préfenter le
L
chofes fous l'afpect qui leur con-
» vient , à les traiter avec ordre , à leur
» appliquer des principes qui devien-
» nent une fource féconde de confé-
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
» quences , & à répandre à propos fur
» tout l'ouvrage les agrémens du colo-
» ris ; qu'au contraire fi l'efprit foible-
» ment affecté ne faifit pas le véritable
» point de la queſtion à difcuter , il fe
» rétrécit en quelque forte , il tombe
» dans la langueur & de là dans les
» écarts.
M. de Frafne déclara enfuite que le
prix d'érudition avoit été décerné à
Dom Berthod , Bénédictin , Bibliothé
caire de l'Abbaye de S. Vincent de Befançon
, Auteur déja couronné plus d'une
fois par l'Académie ; que l'Acceffit
avoit été déféré en premier ordre à Dom
Coudret, Religieux de la même Abbaye,
& à l'Auteur de la Differtation qui a pour
devife Vivit poft funera Virtus. Le
mérite de ces deux derniers Ouvrages
fit remarquer à M. de Frafne » que
» quand on fuit d'auffi près le vainqueur
, on participe à fa gloire , &
» qu'il femble même que l'on peut
détacher
quelques fleurs de fa couronne
fans en diminuer l'éclat.
M. de Frafne annonça enfin que le
prix des Arts avoit été également adjugé
à M. Perreciot , Etudiant en Médecine
à Befançon & à André Vautheret,
Thuillier , demeurantau Village
AVRIL 1763. 127
"
de Four en Franche-Comté. Cette décifion
occafionna un acte de générosité
dont l'Académie eut la fatisfaction d'être
témoin avec le Public ; M. Perreciot
refufa de profiter du partage dont le
prix étoit fufceptible ; il s'empreffa de
céder à fon concurrent la médaille d'or
qui eft de la valeur de 200 liv . il ne fe
réferva que la gloire de la mériter deux
fois. Un procédé fi digne des Arts &
des Lettres aufquels il confacre fa jeuneffe
, excita l'admiration de toute l'Af
femblée. Dans la même Séance on inftalla
parmi les Affociés étrangers de l'Académie
le R. P. Pacioudi , Théatin
ancien Procureur général de fon Ordre,
Hiftoriographe de l'Ordre de Malthe ,
Bibliothécaire & Antiquaire de S. A. R.
le Duc de Parme , Membre de l'Académie
des Infcriptions & Belles-Lettres
de Paris , de celles de Florence , de Cortone
, de Pefaro , &c . On dérogea en
faveur de ce fçavant Etranger à l'ufage
des Académies de France ; on lui permit
de faire en Latin fon Difcours de réception,
auquel M. de Frafne , en qualité
de Préfident, répondit en François . La
Séance fut terminée par la lecture du
Programme des Sujets propofés pour
les Prix de 1763.
BESANÇON pour la diftribution
des Prix.
LE 24 Août 1762 , l'Académie de
Befançon fit célébrer dans l'Eglife des
P P. Carmes une Meffe avec un Motet ;
le Panégyrique de S. Louis fut enfuite
AVRIL. 1763. 125
prononcé par M. Pavoy , Docteur en
Théologie , Curé de Pugé en Franche-
Comté. L'après - midi du même jour
l'Académie tint une Séance publique
pour la diftribution des Prix . M. de
Frafne , Avocat Général Honoraire du
Parlement de Franche-Comté , Préfident
de l'Académie , fit un difcours
relatif à l'objet de cette Séance. Il obferva
fur la réferve du Prix d'éloquence
pour l'année prochaine : " Que c'eſt un
» moment de repos qui devient l'affu-
» rance d'une récolte plus abondante
» pour l'avenir ; que d'efprit n'eft pas
» toujours également fertile dans fes
» productions ; qu'expofé à des varia-
» tions qui le rendent fouvent mécon-
» noiffable à lui-même , il reffent ainſi
» que la Nature , les influences du temps
» & des circonftances ; que dans un
" Sujet propofé pour un Difcours ,
" tout dépend de la manière de l'apper-
» cevoir , de l'impreffion plus ou moins
» vive qu'il fait dans l'âme & des idées
» qui en résultent ; que de là naît cet-
» te heureufe facilité à préfenter le
L
chofes fous l'afpect qui leur con-
» vient , à les traiter avec ordre , à leur
» appliquer des principes qui devien-
» nent une fource féconde de confé-
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
» quences , & à répandre à propos fur
» tout l'ouvrage les agrémens du colo-
» ris ; qu'au contraire fi l'efprit foible-
» ment affecté ne faifit pas le véritable
» point de la queſtion à difcuter , il fe
» rétrécit en quelque forte , il tombe
» dans la langueur & de là dans les
» écarts.
M. de Frafne déclara enfuite que le
prix d'érudition avoit été décerné à
Dom Berthod , Bénédictin , Bibliothé
caire de l'Abbaye de S. Vincent de Befançon
, Auteur déja couronné plus d'une
fois par l'Académie ; que l'Acceffit
avoit été déféré en premier ordre à Dom
Coudret, Religieux de la même Abbaye,
& à l'Auteur de la Differtation qui a pour
devife Vivit poft funera Virtus. Le
mérite de ces deux derniers Ouvrages
fit remarquer à M. de Frafne » que
» quand on fuit d'auffi près le vainqueur
, on participe à fa gloire , &
» qu'il femble même que l'on peut
détacher
quelques fleurs de fa couronne
fans en diminuer l'éclat.
M. de Frafne annonça enfin que le
prix des Arts avoit été également adjugé
à M. Perreciot , Etudiant en Médecine
à Befançon & à André Vautheret,
Thuillier , demeurantau Village
AVRIL 1763. 127
"
de Four en Franche-Comté. Cette décifion
occafionna un acte de générosité
dont l'Académie eut la fatisfaction d'être
témoin avec le Public ; M. Perreciot
refufa de profiter du partage dont le
prix étoit fufceptible ; il s'empreffa de
céder à fon concurrent la médaille d'or
qui eft de la valeur de 200 liv . il ne fe
réferva que la gloire de la mériter deux
fois. Un procédé fi digne des Arts &
des Lettres aufquels il confacre fa jeuneffe
, excita l'admiration de toute l'Af
femblée. Dans la même Séance on inftalla
parmi les Affociés étrangers de l'Académie
le R. P. Pacioudi , Théatin
ancien Procureur général de fon Ordre,
Hiftoriographe de l'Ordre de Malthe ,
Bibliothécaire & Antiquaire de S. A. R.
le Duc de Parme , Membre de l'Académie
des Infcriptions & Belles-Lettres
de Paris , de celles de Florence , de Cortone
, de Pefaro , &c . On dérogea en
faveur de ce fçavant Etranger à l'ufage
des Académies de France ; on lui permit
de faire en Latin fon Difcours de réception,
auquel M. de Frafne , en qualité
de Préfident, répondit en François . La
Séance fut terminée par la lecture du
Programme des Sujets propofés pour
les Prix de 1763.
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Résumé : SÉANCE publique de l'Académie de BESANÇON pour la distribution des Prix.
Le 24 août 1762, l'Académie de Besançon organisa une messe suivie d'un panégyrique de Saint Louis à l'église des Pères Carmes. L'après-midi, une séance publique eut lieu pour la distribution des prix. M. de Frafne, Président de l'Académie, prononça un discours soulignant que l'esprit n'est pas toujours également fertile. Le prix d'érudition fut attribué à Dom Berthod, Bénédictin et Bibliothécaire de l'Abbaye de Saint Vincent de Besançon, tandis que l'accessit fut partagé entre Dom Coudret et l'auteur de la dissertation 'Vivit post funera Virtus'. Le prix des Arts fut décerné à M. Perreciot et André Vautheret, ce dernier habitant Four en Franche-Comté. M. Perreciot céda sa médaille d'or à son concurrent, suscitant l'admiration de l'assemblée. La séance se conclut par l'installation du R. P. Pacioudi parmi les associés étrangers de l'Académie, qui fit un discours en latin, auquel M. de Frafne répondit en français. La séance se termina par la lecture des sujets proposés pour les prix de 1763.
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35
p. 128-129
RENTRÉE publique de l'Académie de BESANÇON, du 17 Novemb. 1762.
Début :
M. ATHALIN, Doyen des Professeurs de Médecine en l'Université de Besançon [...]
Mots clefs :
Président, Séance, Académie, Médecine, Parlement, Discours, Récipiendaires
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texteReconnaissance textuelle : RENTRÉE publique de l'Académie de BESANÇON, du 17 Novemb. 1762.
RENTRÉE publique de l'Académie de
BESANÇON , du 17 Novemb. 1762,
M. ATHALIN , Doyen des Profeffeurs
de Médecine en l'Univerfité de
Befançon , & Vice-Préfident de l'Académie
, ouvrit la Séance par des regrets
modeftes d'avoir à fuppléer en
l'abſence de M. de Frafne & à remplacer
fes talens dans une occafion , où
il fe flatoit de n'avoir qu'à les admirer
en filence. Il indiqua enfuite le retour de
la paix comme un double fujet d'allegreffe
& pour les bons Citoyens &
pour les Gens dé Lettres , à qui elle
doit fervir d'époque d'une nouvelle
émulation . Delà il paffa à l'annonce des
ouvrages préparés pour cette Séance ,'
dont la lecture fe fit dans l'ordre fuivant.
M. Binétruy de Grand-Fontaine ,
Secrétaire perpétuel , fit l'éloge hiftorique
de M. de Clevans, Marquis de Bou-"
clans , Confeiller Honoraire du Parlement
de Franche- Comté , & de M.
le Baron de Courbouffon , Préfident à
Mortier du même Parlement. M. Rougnon
, Profeffeur de Médecine en l'Unii
AVRIL. 1763. 129
verfité de Befançon difcuta dans fon
difcours de réception , les influences
du climat & de l'air , furtout par rapport
à la Franche-Comté. M. l'Abbé
Camus , Chanoine de l'illuftre Eglife
Métropolitaine de Befançon , développa
dans fon difcours de reception les
caractéres de la vraie grandeur qui difsingue
celui qui n'ufe de fa fortune &
de fon élevation que pour devenir meilleur.
M. Athalin termina la Séance par
la réponse qu'il fit en qualité de Vice-
Préfident aux Complimens des deux
Récipiendaires.
BESANÇON , du 17 Novemb. 1762,
M. ATHALIN , Doyen des Profeffeurs
de Médecine en l'Univerfité de
Befançon , & Vice-Préfident de l'Académie
, ouvrit la Séance par des regrets
modeftes d'avoir à fuppléer en
l'abſence de M. de Frafne & à remplacer
fes talens dans une occafion , où
il fe flatoit de n'avoir qu'à les admirer
en filence. Il indiqua enfuite le retour de
la paix comme un double fujet d'allegreffe
& pour les bons Citoyens &
pour les Gens dé Lettres , à qui elle
doit fervir d'époque d'une nouvelle
émulation . Delà il paffa à l'annonce des
ouvrages préparés pour cette Séance ,'
dont la lecture fe fit dans l'ordre fuivant.
M. Binétruy de Grand-Fontaine ,
Secrétaire perpétuel , fit l'éloge hiftorique
de M. de Clevans, Marquis de Bou-"
clans , Confeiller Honoraire du Parlement
de Franche- Comté , & de M.
le Baron de Courbouffon , Préfident à
Mortier du même Parlement. M. Rougnon
, Profeffeur de Médecine en l'Unii
AVRIL. 1763. 129
verfité de Befançon difcuta dans fon
difcours de réception , les influences
du climat & de l'air , furtout par rapport
à la Franche-Comté. M. l'Abbé
Camus , Chanoine de l'illuftre Eglife
Métropolitaine de Befançon , développa
dans fon difcours de reception les
caractéres de la vraie grandeur qui difsingue
celui qui n'ufe de fa fortune &
de fon élevation que pour devenir meilleur.
M. Athalin termina la Séance par
la réponse qu'il fit en qualité de Vice-
Préfident aux Complimens des deux
Récipiendaires.
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Résumé : RENTRÉE publique de l'Académie de BESANÇON, du 17 Novemb. 1762.
Lors de la rentrée publique de l'Académie de Besançon du 17 novembre 1762, M. Athalin, Doyen des Professeurs de Médecine et Vice-Président de l'Académie, ouvrit la séance en regrettant l'absence de M. de Frafne. Il souligna la joie apportée par le retour de la paix, marquant une nouvelle ère d'émulation. La séance se poursuivit avec la présentation des ouvrages préparés. M. Binétruy de Grand-Fontaine, Secrétaire perpétuel, rendit hommage à M. de Clevans, Marquis de Bouclans, et au Baron de Courbouffon, Président à Mortier du Parlement de Franche-Comté. M. Rougnon, Professeur de Médecine, discuta des influences du climat et de l'air en Franche-Comté. L'Abbé Camus, Chanoine de l'Église Métropolitaine de Besançon, développa les caractéristiques de la vraie grandeur, qui se manifeste par l'utilisation de la fortune et de l'élévation pour devenir meilleur. M. Athalin conclut la séance en répondant aux compliments des deux récipiendaires.
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36
p. 129-131
PRIX proposés par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de BESANÇON, pour l'année 1763.
Début :
L'ACADÉMIE des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de Besançon, distribuera le [...]
Mots clefs :
Prix, Académie, Médaille, Arts, Sujet, Valeur
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texteReconnaissance textuelle : PRIX proposés par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de BESANÇON, pour l'année 1763.
PRIX propofés par l'Académie des
Sciences , Belles - Lettres , & Arts de
BESANÇON , pour l'année 1763. ,
L'ACADÉMIE 'ACADÉMIE des Sciences , Belles-
Lettres , & Arts de Befançon , diftribuera
le 24 Août 1763 trois Prix différens.
Le premier Prix , fondé par feu M. le
Duc de Tallard , eft deſtiné pour l'Eloquence
; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de trois cens cinquante
ivres. Le Sujet du Difcours fera :
Fv
130 MERCURE DE FRANCE.
•
Combien les moeurs donnent de luftre
aux talens ?
Le Difcours doit être à-peu-près d'u
ne demi- heure de lecture. L'Académie
ayant réfervé le Prix de 1762 , en aura
deux de la même efpéce à diftribuer en
1763.
Le fecond Prix , également fondé par
feu M. le Duc de Tallard , eſt deſtiné
pour l'Erudition ; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de deux cens
cinquante livres . Le Sujet de la Differtation
fera :
Comment fe font établis les Comtes
héréditaires de Bourgogne ; quelle fut
d'abord leur autorité , & de quelle nature
étoit leur Domaine ?
La Differtation doit être à- peu près
de trois quarts d'heure de lecture , fans
y comprendre le chapitre de preuves ,
qui devra être placé à la fin de l'Ouvrage.
Les Auteurs qui auront à produire
des Chartres non encore imprimées ,
font priés de les tranfcrire en entier ,
pour mettre l'Académie à portée de
mieux apprécier les preuves qui en réfulteront.
Le troifiéme Prix , fondé par la V
AVRIL 1763
131
12
de Besançon , eft deftiné pour les Arts ;
il confifte en une Médaille d'or de la
valeur de deux cens livres, Le Sujet du
Mémoire fera :
Quelle eft la nature des maladies épidémiques
qui attaquent le plus fouvent
les bêtes à cornes ; quelles en font les
caufes & les fymptômes , & quels font
les moyens de les prévenir ou de les
guérir?
Les Auteurs ne mettront point leurs
noms à leurs ouvrages , mais feulement
une devife ou fentence à leur choix
ils la répéteront dans un billet cacheté
dans lequel ils écriront leurs noms &
leurs adreffes . Ils enverront leurs ouvrages
francs de port , au fieur Daclin,
Imprimeur de l'Académie , avant le premier
du mois de Mai prochain.
Les ouvrages de ceux qui fe feront
connoître par eux-mêmes , ou par leurs
amis , feront exclus du concours..
Sciences , Belles - Lettres , & Arts de
BESANÇON , pour l'année 1763. ,
L'ACADÉMIE 'ACADÉMIE des Sciences , Belles-
Lettres , & Arts de Befançon , diftribuera
le 24 Août 1763 trois Prix différens.
Le premier Prix , fondé par feu M. le
Duc de Tallard , eft deſtiné pour l'Eloquence
; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de trois cens cinquante
ivres. Le Sujet du Difcours fera :
Fv
130 MERCURE DE FRANCE.
•
Combien les moeurs donnent de luftre
aux talens ?
Le Difcours doit être à-peu-près d'u
ne demi- heure de lecture. L'Académie
ayant réfervé le Prix de 1762 , en aura
deux de la même efpéce à diftribuer en
1763.
Le fecond Prix , également fondé par
feu M. le Duc de Tallard , eſt deſtiné
pour l'Erudition ; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de deux cens
cinquante livres . Le Sujet de la Differtation
fera :
Comment fe font établis les Comtes
héréditaires de Bourgogne ; quelle fut
d'abord leur autorité , & de quelle nature
étoit leur Domaine ?
La Differtation doit être à- peu près
de trois quarts d'heure de lecture , fans
y comprendre le chapitre de preuves ,
qui devra être placé à la fin de l'Ouvrage.
Les Auteurs qui auront à produire
des Chartres non encore imprimées ,
font priés de les tranfcrire en entier ,
pour mettre l'Académie à portée de
mieux apprécier les preuves qui en réfulteront.
Le troifiéme Prix , fondé par la V
AVRIL 1763
131
12
de Besançon , eft deftiné pour les Arts ;
il confifte en une Médaille d'or de la
valeur de deux cens livres, Le Sujet du
Mémoire fera :
Quelle eft la nature des maladies épidémiques
qui attaquent le plus fouvent
les bêtes à cornes ; quelles en font les
caufes & les fymptômes , & quels font
les moyens de les prévenir ou de les
guérir?
Les Auteurs ne mettront point leurs
noms à leurs ouvrages , mais feulement
une devife ou fentence à leur choix
ils la répéteront dans un billet cacheté
dans lequel ils écriront leurs noms &
leurs adreffes . Ils enverront leurs ouvrages
francs de port , au fieur Daclin,
Imprimeur de l'Académie , avant le premier
du mois de Mai prochain.
Les ouvrages de ceux qui fe feront
connoître par eux-mêmes , ou par leurs
amis , feront exclus du concours..
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Résumé : PRIX proposés par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de BESANÇON, pour l'année 1763.
L'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon attribuera trois prix le 24 août 1763. Le premier prix, doté d'une médaille d'or valant 350 livres, récompense l'éloquence sur le sujet 'Combien les mœurs donnent de lustre aux talents'. Le discours doit durer environ une demi-heure. Deux prix seront distribués en 1763, car celui de 1762 a été réservé. Le second prix, fondé par le Duc de Tallard et valant 250 livres, est destiné à l'érudition et porte sur les comtes héréditaires de Bourgogne, leur autorité et leur domaine. La dissertation doit durer environ trois quarts d'heure, sans compter le chapitre des preuves. Le troisième prix, doté d'une médaille d'or valant 200 livres, est destiné aux arts et traite des maladies épidémiques des bêtes à cornes, leurs causes, symptômes et moyens de prévention ou de guérison. Les œuvres doivent être soumises anonymement, accompagnées d'une devise ou sentence, avant le 1er mai 1763. Les candidatures révélées par les auteurs ou leurs amis seront exclues.
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37
p. 132
SÉANCE publique de l'Académie Royale des Sciences & Beaux-Arts de PAU.
Début :
M. LE Baron de Navailles Pocyferre, Chevalier d'honneur au Parlement, ouvrit [...]
Mots clefs :
Académie, Discours, Directeur, Sciences, Arts, Parlement
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texteReconnaissance textuelle : SÉANCE publique de l'Académie Royale des Sciences & Beaux-Arts de PAU.
SÉANCE publique de l'Académie Royale
des Sciences & Beaux - Arts de
PAU.
M. LE Baron de Navailles Pocyferre,
Chevalier d'honneur au Parlement , ouvrit
la féance par un Difcours fur les
avantages que l'on retire à célébrer les
grands hommes. Avantages également
précieux au coeur & à l'efprit. Il étoit
écrit avec goût & avec éloquence.
On fit lecture enfuite d'un Poëme
qui a remporté le Prix. Le Sujet propofé
étoit le Pacte de famille . M. Le
Mefle , de l'Académie des Sciences
Belles-Lettres & Arts de Rouen en eft
l'Auteur.
M. de Bordenave Caffou , Confeiller
au Parlement , & M. Bourdier de Bauregard,
Directeur des Domaines du Roi
en Bearn, qui avoient été élus pour remplir
deux places vacantes, y prononcerent
leur difcours de remercîment. M. le Directeur
( Navailles Pocyferre ) y répondit
au nom de l'Académie. L'Affemblée
étoit brillante & nombreufe , & applaudit
généralement & au Difcours
AVRIL. 1763. 133.
des Récipiendaires & à ceux du Directeur
qui méritoient les plus juftes éloges.
des Sciences & Beaux - Arts de
PAU.
M. LE Baron de Navailles Pocyferre,
Chevalier d'honneur au Parlement , ouvrit
la féance par un Difcours fur les
avantages que l'on retire à célébrer les
grands hommes. Avantages également
précieux au coeur & à l'efprit. Il étoit
écrit avec goût & avec éloquence.
On fit lecture enfuite d'un Poëme
qui a remporté le Prix. Le Sujet propofé
étoit le Pacte de famille . M. Le
Mefle , de l'Académie des Sciences
Belles-Lettres & Arts de Rouen en eft
l'Auteur.
M. de Bordenave Caffou , Confeiller
au Parlement , & M. Bourdier de Bauregard,
Directeur des Domaines du Roi
en Bearn, qui avoient été élus pour remplir
deux places vacantes, y prononcerent
leur difcours de remercîment. M. le Directeur
( Navailles Pocyferre ) y répondit
au nom de l'Académie. L'Affemblée
étoit brillante & nombreufe , & applaudit
généralement & au Difcours
AVRIL. 1763. 133.
des Récipiendaires & à ceux du Directeur
qui méritoient les plus juftes éloges.
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Résumé : SÉANCE publique de l'Académie Royale des Sciences & Beaux-Arts de PAU.
En avril 1763, l'Académie Royale des Sciences et Beaux-Arts de Pau a organisé une séance publique. Le Baron de Navailles Pocyferre, Chevalier d'honneur au Parlement, a inauguré la séance par un discours sur les mérites de célébrer les grands hommes, bénéfiques pour le cœur et l'esprit. Ce discours a été salué pour son goût et son éloquence. Par la suite, un poème sur le Pacte de famille, rédigé par M. Le Mesle de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, a été lu et a remporté le prix. M. de Bordenave Caffou, Conseiller au Parlement, et M. Bourdier de Bauregard, Directeur des Domaines du Roi en Béarn, ont prononcé des discours de remerciement après leur élection pour occuper deux places vacantes. M. le Directeur, Navailles Pocyferre, a répondu au nom de l'Académie. L'assemblée, nombreuse et brillante, a applaudi les discours des récipiendaires et du directeur, jugés dignes des plus grands éloges.
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38
p. 178-180
OPÉRA.
Début :
L'ACADÉMIE Royale de Musique a continué Titon & l'Aurore, (ainsi que [...]
Mots clefs :
Théâtre, Académie, Usage
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texteReconnaissance textuelle : OPÉRA.
OPERA.
L'ACADÉMIE Royale de Mufique a
continué Titon & l'Aurore , ( ainfi que
les Fêtes Grecques & Romaines les
Jeudi , jufques à la clôture de fon
Théâtre , laquelle s'eft faite cette année
, le Samedi 19 Mars , pour le com- le.compte
de l'Académie , & non pour les Acteurs
, comme il étoit d'ufage. Ceux- ci
ont penfé qu'il feroit plus utile au produit
du Bene-fit vulgairement nommé
Capitation , de donner quelques BALS
à la rentrée ; ils ont indiqué le premier
pour le 12 du préfent mois d'Avril.
M. MUGUET , dont nous avons précédemment
parlé à l'occafion de l'Ariette
du Dieu des Coeurs , a chanté le
rôle entier de Titon , dans lequel il a
été applaudi avec juſtice.
M. DUPAR , jeune Hautecontre
d'une figure & d'une taille avantageufe
pour le Théâtre , a débuté par un MorAVRIL.
1763. 179
ceau détaché. Les Connoiffeurs font
très-contens de la qualité de cette voix
qu'ils comparent même à celles dont la
mémoire eft célébre . Ils trouvent dans
ce Sujet le véritable caractère du fon
de Hautecontre joint à l'aptitude des
agrémens éffentiels dans le chant. Lorfqu'un
peu plus d'expérience & d'ufage
aura mis M. DUPAR en état d'être
mieux connu du Public , nous le ferons
nous-mêmes d'en rendre un compte
plus exact.
Mlle DUPLAN , jeune Sujet de l'Académie
, a eu occafion de paroître
quelquefois , & de faire entendre un
très-beau corps de voix , avec une difpofition
très-favorable à l'expreffion
d'un fentiment vif & des paffions les
plus fortes.
La figure de cette jeune Perfonne eft
heureufement coupée , & fpécialement
pour le genre d'expreffion auquel elle
paroît portée.
Les reprefentations des Jeudis , comme
nous l'avons déja fait remarquer ,
ont été une école très - avantageufe ,
tant pour former les jeunes Sujets de
ce Théâtre , que pour faire développer,
par l'ufage , les talens de quelques autres
qui n'ont pas de fréquentes occa
· ༄
Hvi
180 MERCURE DE FRANCE.
fions de fervir , & par conféquent d'être
connus du Public .
N. B. M. GELIOTE , dont nous.
avions indiqué la retraite du Théâtre
après les représentations de TITON &
L'AURORE , ne s'eft retiré qu'en 1754,
à la clôture du Théâtre , après les re- .
préfentations d'une remife de CASTOR
& POLLUX. Ce qui avoit induit en
erreur à cet égard , c'est qu'en effet il devoit
quitter après l'Opéra de TITON
& qu'il fut engagé à refterencore une
année
L'ACADÉMIE Royale de Mufique a
continué Titon & l'Aurore , ( ainfi que
les Fêtes Grecques & Romaines les
Jeudi , jufques à la clôture de fon
Théâtre , laquelle s'eft faite cette année
, le Samedi 19 Mars , pour le com- le.compte
de l'Académie , & non pour les Acteurs
, comme il étoit d'ufage. Ceux- ci
ont penfé qu'il feroit plus utile au produit
du Bene-fit vulgairement nommé
Capitation , de donner quelques BALS
à la rentrée ; ils ont indiqué le premier
pour le 12 du préfent mois d'Avril.
M. MUGUET , dont nous avons précédemment
parlé à l'occafion de l'Ariette
du Dieu des Coeurs , a chanté le
rôle entier de Titon , dans lequel il a
été applaudi avec juſtice.
M. DUPAR , jeune Hautecontre
d'une figure & d'une taille avantageufe
pour le Théâtre , a débuté par un MorAVRIL.
1763. 179
ceau détaché. Les Connoiffeurs font
très-contens de la qualité de cette voix
qu'ils comparent même à celles dont la
mémoire eft célébre . Ils trouvent dans
ce Sujet le véritable caractère du fon
de Hautecontre joint à l'aptitude des
agrémens éffentiels dans le chant. Lorfqu'un
peu plus d'expérience & d'ufage
aura mis M. DUPAR en état d'être
mieux connu du Public , nous le ferons
nous-mêmes d'en rendre un compte
plus exact.
Mlle DUPLAN , jeune Sujet de l'Académie
, a eu occafion de paroître
quelquefois , & de faire entendre un
très-beau corps de voix , avec une difpofition
très-favorable à l'expreffion
d'un fentiment vif & des paffions les
plus fortes.
La figure de cette jeune Perfonne eft
heureufement coupée , & fpécialement
pour le genre d'expreffion auquel elle
paroît portée.
Les reprefentations des Jeudis , comme
nous l'avons déja fait remarquer ,
ont été une école très - avantageufe ,
tant pour former les jeunes Sujets de
ce Théâtre , que pour faire développer,
par l'ufage , les talens de quelques autres
qui n'ont pas de fréquentes occa
· ༄
Hvi
180 MERCURE DE FRANCE.
fions de fervir , & par conféquent d'être
connus du Public .
N. B. M. GELIOTE , dont nous.
avions indiqué la retraite du Théâtre
après les représentations de TITON &
L'AURORE , ne s'eft retiré qu'en 1754,
à la clôture du Théâtre , après les re- .
préfentations d'une remife de CASTOR
& POLLUX. Ce qui avoit induit en
erreur à cet égard , c'est qu'en effet il devoit
quitter après l'Opéra de TITON
& qu'il fut engagé à refterencore une
année
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Résumé : OPÉRA.
En 1763, la saison de l'Académie Royale de Musique s'est achevée le 19 mars, avec une clôture bénéficiant à l'Académie plutôt qu'aux acteurs. Ces derniers ont proposé d'organiser des bals à partir du 12 avril. M. Muguet a interprété Titon dans l'opéra 'Titon & l'Aurore' et a été acclamé. M. Dupar, un jeune haute-contre, a fait ses débuts avec succès, impressionnant par la qualité de sa voix. Mlle Duplan, une jeune artiste de l'Académie, a également montré un beau timbre vocal et une grande expressivité. Les représentations du jeudi ont servi de formation pour les jeunes talents, permettant de développer les compétences de certains artistes moins fréquemment sur scène. Une note précise que M. Geliote s'est retiré du théâtre en 1754, après les représentations de 'Castor & Pollux', et non après 'Titon & l'Aurore'.
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39
p. 143-146
L'ART de graver l'Architecture dans le goût du Lavis.
Début :
DANS le nombre des découvertes intéressantes que ce siècle a déja procurées [...]
Mots clefs :
Architecte, Académie, Morceaux, Registre de l'Académie royale d'architecture, Gravure
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texteReconnaissance textuelle : L'ART de graver l'Architecture dans le goût du Lavis.
L'ART de graver Architecture dans le
goût du Lavis.
DANS ANS le nombre des découvertes
intéreffantes que ce fiècle a déja procurées
aux beaux arts , les amateurs feront
fans doute contens de celle que
le fieur Pierre - André Barabé vient de
mettre au jour. Cet Artifte qui entend
très - bien l'Architecture à laquelle il s'eft
appliqué férieuſement pendant plufieurs
144 MERCURE DE FRANCE:
années à l'École de M. Blondel, Architecte
du Roi , imagina dès le mois de
Janvier 1762 , d'imiter le pinceau dans
la gravure , à la place des tailles ufitées
jufqu'à préfent. Le fieur Barabé connoiffoit
bien la manière appellée la manière
noire que Chemitz & plufieurs
habiles Artiftes en ce genre ont employée
dans des fujets d'hiftoire ; mais
Cette manière noire ne fe pouvant appliquer
à l'Architecture , celle-ci demandant
plus de précifion dans le trait ,
& d'éxactitude dans les ornemens que
n'en éxigent la figure , le payfage , ou
toute autre fabrique des tableaux de
chevalet ; notre Auteur a conçu & fait
forger un outil qui , conduit par des
combinaifons qu'il a appliquées à ce
genre de travail , lui fait faire une mulfitude
infinie de points triangulaires qui
bien fondus enſemble expriment dans
le plus grand degré de perfection les
teintes les plus légères , & les ombres
les plus marquées dans le goût du lavis ,
& même une accélération , à laquelle
il n'avoit d'abord ofé prétendre. Le fieur
Barabé content de fes premiers fuccès ,
communiqua cette nouvelle invention
à M. le Comte de Caylus , qui enchanté
de cette découverte , encouragea l'Auteur
AVRIL. 1763. 145
que
teur & le chargea de lui graver quelques
planches d'après les deffeins de
Meffieurs Mignard que M. de Franque
Architecte du Roi lui avoit fait procurer
& qui ont très-bien réuffi . Ce fçavant
& digne citoyen confeilla même
au fieur Barabé de faire voir ſes épreu
ves à l'Académie Royale d'Architecture.
Il a fuivi ce confeil patriotrique & a été
très - bien accueilli de ce Corps illuftre
auquel il a été préſenté ainfi fes
ouvrages ,le 21 Mars de cette année , par
M. Soufflot , Architecte & Contrôleur
des Bâtimens du Roi , Ecuyer , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel, & .
Membre de cette Académie. Ce jeune
Auteur dans cette féance a goûté la
fatisfaction de voir applaudir fes recherches
, fes talens & fon travail , & d'obtenir
enfuite l'Extrait des Registres de
cette Compagnie ; Extrait que je vais
vous rapporter ici , comme un garant
de la perfection que je viens de vous
annoncer.
EXTRAIT des Regiftres de l'Académie
Royale d'ARCHITECTURE , du 22
Mars 1763.
M. Barabé a préfenté à PAcadémie
II. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
quatre morceaux de gravure d'Architecture
éxécutés dans une manière nouvelle
d'après des deffeins du Temple de
Diane à Nîmes , faits à la fin du dernier
fiécle par M. Mignard : ces quatre
Morceaux doivent faire partie d'un Livre
des Antiquités de Languedoc & de
Provence que M. le Comte de Caylus
va donner au Public , & qui fera entiérement
gravé dans cette nouvelle manière
qui a paru à l'Académie très-bien
imiter le lavis à l'encre de la Chine . La
Compagnie qui a vu avec plaifir ces
quatre Morceaux de gravures , & qui
regarde la nouvelle manière dont ils
font exécutés , comme très- agréable &
très- utile , eft d'avis qu'on ne peut trop
encourager M. Barabé qui les a faits à
perfe&ionner de plus en plus ce nouveau
genre de gravures qui rend parfaitement
bien les deffeins d'Architecture.
goût du Lavis.
DANS ANS le nombre des découvertes
intéreffantes que ce fiècle a déja procurées
aux beaux arts , les amateurs feront
fans doute contens de celle que
le fieur Pierre - André Barabé vient de
mettre au jour. Cet Artifte qui entend
très - bien l'Architecture à laquelle il s'eft
appliqué férieuſement pendant plufieurs
144 MERCURE DE FRANCE:
années à l'École de M. Blondel, Architecte
du Roi , imagina dès le mois de
Janvier 1762 , d'imiter le pinceau dans
la gravure , à la place des tailles ufitées
jufqu'à préfent. Le fieur Barabé connoiffoit
bien la manière appellée la manière
noire que Chemitz & plufieurs
habiles Artiftes en ce genre ont employée
dans des fujets d'hiftoire ; mais
Cette manière noire ne fe pouvant appliquer
à l'Architecture , celle-ci demandant
plus de précifion dans le trait ,
& d'éxactitude dans les ornemens que
n'en éxigent la figure , le payfage , ou
toute autre fabrique des tableaux de
chevalet ; notre Auteur a conçu & fait
forger un outil qui , conduit par des
combinaifons qu'il a appliquées à ce
genre de travail , lui fait faire une mulfitude
infinie de points triangulaires qui
bien fondus enſemble expriment dans
le plus grand degré de perfection les
teintes les plus légères , & les ombres
les plus marquées dans le goût du lavis ,
& même une accélération , à laquelle
il n'avoit d'abord ofé prétendre. Le fieur
Barabé content de fes premiers fuccès ,
communiqua cette nouvelle invention
à M. le Comte de Caylus , qui enchanté
de cette découverte , encouragea l'Auteur
AVRIL. 1763. 145
que
teur & le chargea de lui graver quelques
planches d'après les deffeins de
Meffieurs Mignard que M. de Franque
Architecte du Roi lui avoit fait procurer
& qui ont très-bien réuffi . Ce fçavant
& digne citoyen confeilla même
au fieur Barabé de faire voir ſes épreu
ves à l'Académie Royale d'Architecture.
Il a fuivi ce confeil patriotrique & a été
très - bien accueilli de ce Corps illuftre
auquel il a été préſenté ainfi fes
ouvrages ,le 21 Mars de cette année , par
M. Soufflot , Architecte & Contrôleur
des Bâtimens du Roi , Ecuyer , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel, & .
Membre de cette Académie. Ce jeune
Auteur dans cette féance a goûté la
fatisfaction de voir applaudir fes recherches
, fes talens & fon travail , & d'obtenir
enfuite l'Extrait des Registres de
cette Compagnie ; Extrait que je vais
vous rapporter ici , comme un garant
de la perfection que je viens de vous
annoncer.
EXTRAIT des Regiftres de l'Académie
Royale d'ARCHITECTURE , du 22
Mars 1763.
M. Barabé a préfenté à PAcadémie
II. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
quatre morceaux de gravure d'Architecture
éxécutés dans une manière nouvelle
d'après des deffeins du Temple de
Diane à Nîmes , faits à la fin du dernier
fiécle par M. Mignard : ces quatre
Morceaux doivent faire partie d'un Livre
des Antiquités de Languedoc & de
Provence que M. le Comte de Caylus
va donner au Public , & qui fera entiérement
gravé dans cette nouvelle manière
qui a paru à l'Académie très-bien
imiter le lavis à l'encre de la Chine . La
Compagnie qui a vu avec plaifir ces
quatre Morceaux de gravures , & qui
regarde la nouvelle manière dont ils
font exécutés , comme très- agréable &
très- utile , eft d'avis qu'on ne peut trop
encourager M. Barabé qui les a faits à
perfe&ionner de plus en plus ce nouveau
genre de gravures qui rend parfaitement
bien les deffeins d'Architecture.
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Résumé : L'ART de graver l'Architecture dans le goût du Lavis.
En janvier 1762, Pierre-André Barabé, formé à l'École de M. Blondel, a inventé une nouvelle technique de gravure architecturale inspirée de la manière noire. Cette méthode utilise des points triangulaires pour imiter le lavis, offrant une grande précision dans les traits et les ornements. Barabé a partagé son invention avec le Comte de Caylus, qui l'a encouragé à graver des planches d'après les dessins de Mignard, fournis par l'architecte du Roi, Franque. Ces œuvres ont été bien accueillies. Le 21 mars 1763, avec le soutien de M. Soufflot, Barabé a présenté ses travaux à l'Académie Royale d'Architecture. L'Académie a apprécié ses recherches et ses talents, et l'a encouragé à perfectionner cette nouvelle méthode. Les gravures présentées étaient celles du Temple de Diane à Nîmes, destinées à un livre sur les Antiquités de Languedoc et de Provence édité par le Comte de Caylus. L'Académie a salué la qualité de ces gravures, les jugeant très utiles et agréables, et a exprimé son soutien à Barabé pour qu'il continue à développer cette technique.
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40
p. 120-127
ANNONCES DE LIVRES.
Début :
ÉTAT Militaire de France, pour l'année 1763 ; sixiéme édition, par MM. [...]
Mots clefs :
Libraire, Académie, Sciences, Militaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ANNONCES DE LIVRES.
ANNONCES DE LIVRES.
ÉTAT Militaire de France, pour l'année
1763 ; fixiéme édition , par MM.
de Montandre- Lonchamps , Chevalier
de Montandre , & de Rouffel. Prix , 3
livres relié . A Paris , chez Guillyn
Libraire , quai des Auguftins , du côté
du Pont- Saint-Michel , au Lys d'cr.
Avec approbation , & privilége du Roi .
Avertiffement des Auteurs.
De toutes les éditions que nous avons
données jufqu'ici , celle- ci n'eft pas
la moins curieufe ni la moins intéreffante.
On y trouve la compofition nouvelle
M A I. 1763.
Ι2Ι
4
$
velle de toutes les Troupes Françoifes
ou Etrangères au fervice de France ;
les quartiers des Régimens tels qu'ils
étoient au premier Avril ; leur uniforme,
lès marques diftinctives de chaque grade
, un précis du fervice de l'Officier
des devoirs du Soldat , des appointemens
& folde de l'un & de l'autre ;
en un mot , c'eft un Code complet
qui peut feul donner une idée exacte
de la forme actuelle du Militaire , dont
la conftitution ne doit plus éprouver
de révolutions . L'Ordonnance portant
création de Régimens Provinciaux ,
mérite entr'autres l'admiration & la reconnoiffance
du vrai Citoyen ; en défendant
fa liberté contre les piéges trop
multipliés des Enrôleurs , elle affure à
l'Etat une fource féconde d'hommes
youés à fon fervice par les diftinctions
& le bien - être qu'elle leur procure.
Nous nous fommes propofé de donner
un tableau racourçi , mais fidéle de tous
ces fages établiffemens : nous nous eftimerons
heureux , fi le Public , & particuliérement
les perfonnes intéreffées
dont nous reclamons l'indulgence , nous
jugent fur notre zéle & fur les efforts
que nous avons faits pour remplir nore
objet.
F
122 MERCURE DE FRANCE .
•
Nous aurions fouhaité de joindre ici.
les Ordonnances qui regleront l'état de
la Gendarmerie & des Régimens Suiffes ;
mais l'on nous preffe de donner notre
Ouvrage , afin d'avoir une idée du Militaire
, telle qu'il eft aujourd'hui . Cependant
nous nous engageons , aufſitôt
que ces Ordonnances paroîtront ,
de les faire imprimer dans le même format
, de façon qu'elles puiffent être inférées
à la fin du Code Militaire que
nous donnons. On en diftribuera à toutes
les perfonnes qui en demanderont ,
en repréfentant le livre.
EXPERIENCES & Obfervations fur
l'ufage interne de la Pomme épineufe ,
de la Jufquiame , & de l'Aconit ; par
lefquelles il eft démontré qu'on peut
faire prendre aux hommes ces Plantes
avec fécurité , & qu'elles font très-falutaires
dans beaucoup de maladies qui
ne cédent point à d'autres remédes.
Traduites du Latin d'Antoine Storck ;
Médecin de la Cour de Vienne . Avec
figures en Taille -douce . A Vienne ; &
fe trouve à Paris , chez P. Fr. Didot le
jeune , Libraire , quai des Auguftins ,
près le Pont S. Michel. 1763.
LE CONSERVATEUR de la Santé ,
MA I. 1763. 123
ou avis fur les dangers qu'il importe à
chacun d'éviter , pour fe conferver en
bonne fanté & prolonger fa vie. Par
M. le Begue de Prefle , Docteur-Régent
de la Faculté de Médecine de Paris
& Cenfeur Royal.
Medicina fuit , res fcire nocentes
Quo fibi mortales à re lædente caverent.
Hebenstreit.
In- 12. La Haye , 1763 ; & fe trouve à
Paris , chez P. Fr. Didot le jeune , Libraire
, quai des Auguftins , près le Pont
S. Michel , à S. Auguftin .
JOURNAL hiftorique du voyage fait
au Cap de Bonne-Efpérance , par fen
M. l'Abbé de la Caille , de l'Académic
des Sciences ; précédé d'un diſcours fur
la vie de l'Auteur , fuivi de remarques
& de réfléxions fur les coutumes des
Hottentots & des habitans du Cap,avec
figures. In- 12 . Paris , 1763. Chez Guillyn
, Libraire , quai des Auguftins, près
le Pont S. Michel , au Lys d'or.
AMBASSADES de MM. de Noailles
en Angleterre. Rédigées par feu M.ÞÄ¿-
bé de Vertot. In- 12 . Leyde , 5 volumes ;
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
& fe trouve à Paris chez Defaint &
Saillant
, Libraires , rue S. Jean de
Beauvais , vis - à- vis le Collége , & chez
Durand , Libraire , rue du Foin .
Nous parlerons plus amplement de
cet Ouvrage , qui mérite toute l'attention
des Amateurs de notre Hiftoire .
ÉLÉMENS de Jurifprudence , par M.
R *** In- 12. Paris , 1762. Chez Delormel
, rue du Foin , à l'Image Ste Géneviéve
, Cellot , Imprimeur-Libraire ,
Grande- Salle du Palais , près l'Escalier
de la Cour des Aydes.
,
LE DANGER des liaiſons , ou Mémoires
de la Baronne de Blemon . Par
Madame la M.... de S. A.... Tome 3 &
dernier. In- 12 . Genéve 1763 ; & fe
trouve à Paris chez les Libraires qui
vendent les Nouveautés. Nous avons
promis l'Extrait de cet Ouvrage des
qu'il feroit fini. C'eft un engagement
que nous remplirons avec plaifir.
OEUVRES diverfes de M. l'Abbé
Delamarre. In - 12 . Paris , 1763. Se
trouvent chez les mêmes Libraires.
ALMANACH des Beaux-Arts Ou
M A I. 1763. 125
Defcription d'Architecture , Peinture ,
Sculpture , Gravure , Hiftoire Natureile ,
Antiquités , & dates des Etabliffemens
de Paris , pour l'année 1763. Dédié à
M. le Marquis de Marigny. 1 liv. 4 f.
broché . A Paris , chez Grangé & Dufour
, au Magafin Littéraire de la Nouveauté
, Pont Notre-Dame , proche la
Pompe.
L'ANTI-URANIE , ou le Déifme
comparé au Chriftianiſme , Epîtres à
M. de Voltaire ; fuivies de Réfléxions
critiques fur plufieurs Ouvrages de ce.
célébre Auteur ; Par L. P. B. C. In- 12.
Avignon , 1763. Et fe trouve à Paris ,
chez la veuve Valleyre , à l'entrée du
quai de Gêvres , à la Nouveauté ; &
chez Cailleau , rue S. Jacques , près les
Mathurins , à S. André,
LA BONNE FILLE , ou le Mort vivant
; Piéce à Spectacle , en façon de
Tragédie. Parodie de Zelmire. Amfterdam
, 1763 ; & fe trouve à Paris chez
les mêmes Libraires. Prix , 1 liv . 4 f.
PREDICTIONS Philofophiques , pour
l'année 1763. Envoyées à Mde de ****
Par M. F.... Brochure in- 12 , Londres
1763. Chez les mêmes.
Fin
126 MERCURE DE FRANCE.
LE JARDINIER d'Artois , ou les
Elémens de la culture des Jardins Potagers
& fruitiers par F. Bonnelle , de
l'Ordre des Chanoines Réguliers de la
Ste Trinité dits Mathurins, pour la Rédemption
des Captifs . Volume in- 8 °.
Prix , 50 f. broché. Ce volume contient
deux parties. Dans la première il donne
la defcription , la culture & la propriété
de chaque légume. Dans la feconde il
traite des meilleures efpéces de fruits ,
de la taille des arbres & de la manière
de les planter. Il donne un Traité fur la
manière d'élever des couches pour avoir
des champignons pendant l'hyver &
pendant l'été. Il fait enfuite une longue
& fçavante differtation fur le figuier.
Il parle en connoiffeur de la façon de
cultiver l'oranger , de la manière d'élever:
les orangers de grains du tems de les écuffonner
, des terres qui leur font propres
, de la defcription des caiffes , des
arrofemens particuliers , des inconvéniens
qui leur arrivent , de la conftru-
Etion d'une bonne fèrre , & c . On trou
ve à la fin de ce Volume un Traité fur
la giroflée & un autre fur l'oeillet. Cet
Ouvrage a paru mériter l'attention du
Public. Il fe vend à Arras chez Michel
Nicolas , Imprimeur- Libraire , vis -à -vis
M A I. 1763.
1127
C
les Etats ; chez Laureau , Libraire , rue
des Jéfuites , près le Marché aux Poiffons
; & à Paris , chez Leclerc , Libraire
, quai des Auguſtins.
29
DESCRIPTION hiftorique & naturelle
du Groenland , par Edge , traduite
du Danois , avec la Carte & 11 figures,
8°. fous preffe , papier fin.- dit .
pap. moyen collé. dit. pap. non-collé.
*
-
DICTIONNAIRE de Commerce , par
Savary , avec beaucoup d'additions
&c. 4 vol. in fol . G. P. - Tome 5º , qui
contiendra le commerce de chaque
Pays , & les Compagnies de Commerce,
avec beaucoup d'additions. On payera
pour les 5 volumes , jufqu'à ce qu'ils
foient finis en 1763 , 54 liv. enfuite
67 liv. 10 f. Petit Dictionnaire portatif
, ou abrégé de Savary , 8°. 7 vol.
G. P. 18. liv.
ทาย Ces Ouvrages font fous preffe chez
les Frères C. & A. Philibert , Imprimeurs-
Libraires , à Coppenhague & à
Genève. On peut foufcrire à Paris chez
MM. Defaint & Saillant , Libraires , rue
S. Jean de Beauvais.
ÉTAT Militaire de France, pour l'année
1763 ; fixiéme édition , par MM.
de Montandre- Lonchamps , Chevalier
de Montandre , & de Rouffel. Prix , 3
livres relié . A Paris , chez Guillyn
Libraire , quai des Auguftins , du côté
du Pont- Saint-Michel , au Lys d'cr.
Avec approbation , & privilége du Roi .
Avertiffement des Auteurs.
De toutes les éditions que nous avons
données jufqu'ici , celle- ci n'eft pas
la moins curieufe ni la moins intéreffante.
On y trouve la compofition nouvelle
M A I. 1763.
Ι2Ι
4
$
velle de toutes les Troupes Françoifes
ou Etrangères au fervice de France ;
les quartiers des Régimens tels qu'ils
étoient au premier Avril ; leur uniforme,
lès marques diftinctives de chaque grade
, un précis du fervice de l'Officier
des devoirs du Soldat , des appointemens
& folde de l'un & de l'autre ;
en un mot , c'eft un Code complet
qui peut feul donner une idée exacte
de la forme actuelle du Militaire , dont
la conftitution ne doit plus éprouver
de révolutions . L'Ordonnance portant
création de Régimens Provinciaux ,
mérite entr'autres l'admiration & la reconnoiffance
du vrai Citoyen ; en défendant
fa liberté contre les piéges trop
multipliés des Enrôleurs , elle affure à
l'Etat une fource féconde d'hommes
youés à fon fervice par les diftinctions
& le bien - être qu'elle leur procure.
Nous nous fommes propofé de donner
un tableau racourçi , mais fidéle de tous
ces fages établiffemens : nous nous eftimerons
heureux , fi le Public , & particuliérement
les perfonnes intéreffées
dont nous reclamons l'indulgence , nous
jugent fur notre zéle & fur les efforts
que nous avons faits pour remplir nore
objet.
F
122 MERCURE DE FRANCE .
•
Nous aurions fouhaité de joindre ici.
les Ordonnances qui regleront l'état de
la Gendarmerie & des Régimens Suiffes ;
mais l'on nous preffe de donner notre
Ouvrage , afin d'avoir une idée du Militaire
, telle qu'il eft aujourd'hui . Cependant
nous nous engageons , aufſitôt
que ces Ordonnances paroîtront ,
de les faire imprimer dans le même format
, de façon qu'elles puiffent être inférées
à la fin du Code Militaire que
nous donnons. On en diftribuera à toutes
les perfonnes qui en demanderont ,
en repréfentant le livre.
EXPERIENCES & Obfervations fur
l'ufage interne de la Pomme épineufe ,
de la Jufquiame , & de l'Aconit ; par
lefquelles il eft démontré qu'on peut
faire prendre aux hommes ces Plantes
avec fécurité , & qu'elles font très-falutaires
dans beaucoup de maladies qui
ne cédent point à d'autres remédes.
Traduites du Latin d'Antoine Storck ;
Médecin de la Cour de Vienne . Avec
figures en Taille -douce . A Vienne ; &
fe trouve à Paris , chez P. Fr. Didot le
jeune , Libraire , quai des Auguftins ,
près le Pont S. Michel. 1763.
LE CONSERVATEUR de la Santé ,
MA I. 1763. 123
ou avis fur les dangers qu'il importe à
chacun d'éviter , pour fe conferver en
bonne fanté & prolonger fa vie. Par
M. le Begue de Prefle , Docteur-Régent
de la Faculté de Médecine de Paris
& Cenfeur Royal.
Medicina fuit , res fcire nocentes
Quo fibi mortales à re lædente caverent.
Hebenstreit.
In- 12. La Haye , 1763 ; & fe trouve à
Paris , chez P. Fr. Didot le jeune , Libraire
, quai des Auguftins , près le Pont
S. Michel , à S. Auguftin .
JOURNAL hiftorique du voyage fait
au Cap de Bonne-Efpérance , par fen
M. l'Abbé de la Caille , de l'Académic
des Sciences ; précédé d'un diſcours fur
la vie de l'Auteur , fuivi de remarques
& de réfléxions fur les coutumes des
Hottentots & des habitans du Cap,avec
figures. In- 12 . Paris , 1763. Chez Guillyn
, Libraire , quai des Auguftins, près
le Pont S. Michel , au Lys d'or.
AMBASSADES de MM. de Noailles
en Angleterre. Rédigées par feu M.ÞÄ¿-
bé de Vertot. In- 12 . Leyde , 5 volumes ;
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
& fe trouve à Paris chez Defaint &
Saillant
, Libraires , rue S. Jean de
Beauvais , vis - à- vis le Collége , & chez
Durand , Libraire , rue du Foin .
Nous parlerons plus amplement de
cet Ouvrage , qui mérite toute l'attention
des Amateurs de notre Hiftoire .
ÉLÉMENS de Jurifprudence , par M.
R *** In- 12. Paris , 1762. Chez Delormel
, rue du Foin , à l'Image Ste Géneviéve
, Cellot , Imprimeur-Libraire ,
Grande- Salle du Palais , près l'Escalier
de la Cour des Aydes.
,
LE DANGER des liaiſons , ou Mémoires
de la Baronne de Blemon . Par
Madame la M.... de S. A.... Tome 3 &
dernier. In- 12 . Genéve 1763 ; & fe
trouve à Paris chez les Libraires qui
vendent les Nouveautés. Nous avons
promis l'Extrait de cet Ouvrage des
qu'il feroit fini. C'eft un engagement
que nous remplirons avec plaifir.
OEUVRES diverfes de M. l'Abbé
Delamarre. In - 12 . Paris , 1763. Se
trouvent chez les mêmes Libraires.
ALMANACH des Beaux-Arts Ou
M A I. 1763. 125
Defcription d'Architecture , Peinture ,
Sculpture , Gravure , Hiftoire Natureile ,
Antiquités , & dates des Etabliffemens
de Paris , pour l'année 1763. Dédié à
M. le Marquis de Marigny. 1 liv. 4 f.
broché . A Paris , chez Grangé & Dufour
, au Magafin Littéraire de la Nouveauté
, Pont Notre-Dame , proche la
Pompe.
L'ANTI-URANIE , ou le Déifme
comparé au Chriftianiſme , Epîtres à
M. de Voltaire ; fuivies de Réfléxions
critiques fur plufieurs Ouvrages de ce.
célébre Auteur ; Par L. P. B. C. In- 12.
Avignon , 1763. Et fe trouve à Paris ,
chez la veuve Valleyre , à l'entrée du
quai de Gêvres , à la Nouveauté ; &
chez Cailleau , rue S. Jacques , près les
Mathurins , à S. André,
LA BONNE FILLE , ou le Mort vivant
; Piéce à Spectacle , en façon de
Tragédie. Parodie de Zelmire. Amfterdam
, 1763 ; & fe trouve à Paris chez
les mêmes Libraires. Prix , 1 liv . 4 f.
PREDICTIONS Philofophiques , pour
l'année 1763. Envoyées à Mde de ****
Par M. F.... Brochure in- 12 , Londres
1763. Chez les mêmes.
Fin
126 MERCURE DE FRANCE.
LE JARDINIER d'Artois , ou les
Elémens de la culture des Jardins Potagers
& fruitiers par F. Bonnelle , de
l'Ordre des Chanoines Réguliers de la
Ste Trinité dits Mathurins, pour la Rédemption
des Captifs . Volume in- 8 °.
Prix , 50 f. broché. Ce volume contient
deux parties. Dans la première il donne
la defcription , la culture & la propriété
de chaque légume. Dans la feconde il
traite des meilleures efpéces de fruits ,
de la taille des arbres & de la manière
de les planter. Il donne un Traité fur la
manière d'élever des couches pour avoir
des champignons pendant l'hyver &
pendant l'été. Il fait enfuite une longue
& fçavante differtation fur le figuier.
Il parle en connoiffeur de la façon de
cultiver l'oranger , de la manière d'élever:
les orangers de grains du tems de les écuffonner
, des terres qui leur font propres
, de la defcription des caiffes , des
arrofemens particuliers , des inconvéniens
qui leur arrivent , de la conftru-
Etion d'une bonne fèrre , & c . On trou
ve à la fin de ce Volume un Traité fur
la giroflée & un autre fur l'oeillet. Cet
Ouvrage a paru mériter l'attention du
Public. Il fe vend à Arras chez Michel
Nicolas , Imprimeur- Libraire , vis -à -vis
M A I. 1763.
1127
C
les Etats ; chez Laureau , Libraire , rue
des Jéfuites , près le Marché aux Poiffons
; & à Paris , chez Leclerc , Libraire
, quai des Auguſtins.
29
DESCRIPTION hiftorique & naturelle
du Groenland , par Edge , traduite
du Danois , avec la Carte & 11 figures,
8°. fous preffe , papier fin.- dit .
pap. moyen collé. dit. pap. non-collé.
*
-
DICTIONNAIRE de Commerce , par
Savary , avec beaucoup d'additions
&c. 4 vol. in fol . G. P. - Tome 5º , qui
contiendra le commerce de chaque
Pays , & les Compagnies de Commerce,
avec beaucoup d'additions. On payera
pour les 5 volumes , jufqu'à ce qu'ils
foient finis en 1763 , 54 liv. enfuite
67 liv. 10 f. Petit Dictionnaire portatif
, ou abrégé de Savary , 8°. 7 vol.
G. P. 18. liv.
ทาย Ces Ouvrages font fous preffe chez
les Frères C. & A. Philibert , Imprimeurs-
Libraires , à Coppenhague & à
Genève. On peut foufcrire à Paris chez
MM. Defaint & Saillant , Libraires , rue
S. Jean de Beauvais.
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Résumé : ANNONCES DE LIVRES.
Le document de 1763 présente diverses annonces de livres. Parmi les ouvrages mentionnés, l'« État Militaire de France » pour l'année 1763 est une édition révisée qui détaille la composition des troupes françaises et étrangères au service de la France. Elle inclut les quartiers des régiments, les uniformes, les marques distinctives des grades, ainsi qu'un précis des devoirs des officiers et des soldats. Cette édition met également en avant l'ordonnance sur la création des régiments provinciaux, visant à protéger la liberté des citoyens contre les enrôleurs et à assurer une force d'hommes dévoués au service de l'État. Les auteurs expriment leur intention de publier prochainement les ordonnances régissant la gendarmerie et les régiments suisses. Le document mentionne également des travaux médicaux, tels que les « Expériences & Observations » sur l'usage de plantes comme la pomme épineuse, la jusquiame et l'aconit, traduites du latin par Antoine Storck. Un autre ouvrage médical notable est « Le Conservateur de la Santé » par le Begue de Presle, qui offre des conseils pour éviter les dangers et préserver la santé. Des ouvrages historiques et de voyage sont également listés, comme le « Journal historique du voyage fait au Cap de Bonne-Espérance » par l'Abbé de la Caille, et les « Ambassades de MM. de Noailles en Angleterre » rédigées par l'abbé de Vertot. Enfin, le texte liste divers autres ouvrages, allant des éléments de jurisprudence aux almanachs des beaux-arts, en passant par des œuvres littéraires et des traités sur la culture des jardins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 185
DE MANHEIM, le 21 Octobre 1763.
Début :
Notre Souverain a institué ici une nouvelle Académie qui a tenu hier sa première [...]
Mots clefs :
Souverain, Académie, Maître de maison, Électorat, Histoire, Professeur, Académiciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MANHEIM, le 21 Octobre 1763.
DE MANHEIM , le 21 Octobre 1763.
Notre Souverain a inftitué ici une nouvelle Académie
qui a tenu hier fa première Séance : le Marquis
desIffarts , Grand- Maître de la Maifon de l'Electeur,
y a présidé au nom deS.A. Electorale . L'Hif;
toire Politique & l'Hiftoire Naturelle du Palatinat
feront les deux objets des travaux de cette Société .
Le nombre des Académiciens eft fixé à dix ; le
Sieur Schoepflin , Profeffeur d'Hiftoire à Strafbourg
, en eft Préfident Honoraire.
Notre Souverain a inftitué ici une nouvelle Académie
qui a tenu hier fa première Séance : le Marquis
desIffarts , Grand- Maître de la Maifon de l'Electeur,
y a présidé au nom deS.A. Electorale . L'Hif;
toire Politique & l'Hiftoire Naturelle du Palatinat
feront les deux objets des travaux de cette Société .
Le nombre des Académiciens eft fixé à dix ; le
Sieur Schoepflin , Profeffeur d'Hiftoire à Strafbourg
, en eft Préfident Honoraire.
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42
p. 198-206
De VERSAILLES, le 31 Décembre 1763.
Début :
Le Roi a nommé l'Evêque de Vence à l'Evêché de Mâcon ; & à l'Evêché [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Évêché, Abbé, Honneur, Famille royale, Comte, Marquis, Monseigneur, Académie, Chevalier, Parlement, Ministres, Commandeur, Princesse, Ministre plénipotentiaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 31 Décembre 1763.
De VERSAILLES , le 31 Décembre 1763.
La Roi a nommé l'Evêque de Vence à l'Evêché.
de Mâcon ; & à l'Evêché de Vence l'Abbé de
Lorry , Vicaire-Général du Diocèfe de Rouen :
à l'Abbaye de Vallemont , Ordre de Saint Be
noît , Diocèle de Rouen , l'Abbé Desforges ,
Vicaire Général du Diocèfe du Mans ; à l'Ab- .
baye de Previlly , Ordre de Citeaux , Diocèle
de Sens , l'Abbé de Trudaine , Vicaire- Général du
Diocèſe de Senlis ; à l'Abbaye de Saint Manfuy ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de Toul , l'Abbé
Bertin , Confeiller d'Etat ; à l'Abbaye de Saint
Sauveur de Blaye , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe
de Bourdeaux , l'Abbé de Pingon , Comte de
Lyon , Vicaire Général du Diocèle de Vienne ; à
l'Abbaye de la Prée , Ordre de Citeaux , Diocèfe
de Bourges , l'Evêque d'Apollonie ; à l'Abbaye
de Saint Georges des Bois , Ordre de Saint Au
guftin , Diocèfe du Mans , l'Abbé de Pujols ,
Vicaire-Général du Diocèfe de Blois ; à l'Abbaye
Saint Vincent du Mans , Ordre de Saint Benoît
l'Evêque d'Orléans à l'Abbaye de Saint Alire ,
même Ordre , Diocèfe de Clermont , l'Archevêque
de Lyon , à l'Abbaye de Saint Auguftin de
Limoges , même Ordre de Saint Benoît , l'Abbé
de Veri , Auditeur de Rote; à l'Abbaye de Saint-
Sulpice de Bourges , même Ordre , l'Abbé le
Noir , Confeiller Clerc au Parlement de Paris
-
:
JANVLER . 1764. 1.99
à l'Abbaye de Chezal , même Ordre , l'Abbé
Gougenot , Confeiller - Clerc au Grand- Confeil
& à l'Abbaye de Saint Martin de Séez , même
Ordre , l'Abbé de Foy ; à l'Abbaye de Laval-
Brefliere , Ordre de Citeaux , Diocèle de Vienne
la Dame de Boiffac ,,Religieufe du Monaftere de
Montfleury , Diocèle de Grenoble ; & à l'Abbaye
de la Scauve , Ordre de Citeaux , Diocèle du ,
Puy, la Dame de Montmorin , Abbeffe de l'Abbaye,
de Clavas , du même Ordre & du même Diocèle :
Cette derniere Abbaye éteinte & demeurera
Ter
unie à celle de la Scauve.
Sa Majesté a nommé Aumônier de la Reine`
l'Abbé de Chilleau , Grand- Vicaire du Diocèſe,
de Metz .
La Ducheffe de Beauvilliers fut préfentée le 27
du mois dernier , à Leurs Majeftés & à la Famille.
Royale par la Ducheffe de Saint Aignan , & prit
enfuite le tabouret chez la Reine.
Le 29 du même mois , le Baron de Gleicken
Envoyé Extraordinaire de la Cour de Dannemarck
, a préfenté à Sa Majefté , de la part du
Roi fon Maître , cinquante- huit faucons d'Iflande.
Le Roi a nommé au Gouvernement de Belle-
Ifle , vacant par la mort du Vicomte de Belfunce
, le Marquis de Vibraye , Lieutenant- Général
de fes Armées , & a bien voulu , en confidération
des fervices de cet Officier , lui accorder la
première Place de Commandeur qui vaquera
dans l'Ordre de Saint Louis. En conféquence , le
Marquis de Vibraye a eu l'honneur de remercier
Sa Majefté le 24 du même mois , & a prêté ferment
le 30 entre les mains du fieur de Maupeou,
Garde des Sceaux , Vice- Chancelier.
Le même jour , la Comtelfe de Holderneff fut
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale
par la Maréchale de Mirepoix ; & le Chevalier du
Buat , Miniftre du Roi auprès de la Diéte Générale
de l'Empire , prit congé de Sa Majefté pour
retourner à Ratisbonne.
Le i de ce mois , le Marquis de Villeroy prêta
ferment entre les mains de Sa Majefté , pour le
Gouvernement du Lyonnois , du Forez & du
Beaujollois.
Le 4 , la Comteffe de Gacé , préfentée par la
Princeffe de Monaco , fit ſes révérences à Leurs
Majeftés & à la Famille Royale.
Le même jour , le Baron de Zuckmantel, Maréchal
de Camp , l'un des Directeurs de la Nobleffe
immatriculée de la Baffe - Alface , & nommé
Miniftre Plénipotentiaire du Roi auprès de
l'Electeur de Saxe , prit congé de Sa Majesté à.
qui il fut préfenté par le Duc de Praflin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le Département
des Affaires Etrangères .
Le 6 , on a célébré dans l'Eglife Paroiffiale de
Notre-Dame , un Service pour le repos de l'ame.
de Louife-Elifabeth de France , Ducheffe de Parme.
La Reine y a affifté , ainſi que Mgr le Dauphin
, Madame Adélaïde , & Mefdames Sophie
& Louife.
Le 8 , la Marquise de Pons fut préſentée à
Leurs Majeftés , ainſi qu'à la Famille Royale ,
par la Comtelle de Pons- Saint- Maurice.
Le 11 , la Marquife de Chalmazel , accompagnée
de la Marquife de Tallara & de la Marquife
de Caftries , fit fes révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le fieur Bertin , Contrôleur-Général des Fid
nances , ayant demandé au Roi la permiſſion dé
fe démettre de fa Place , Sa Majefté y a nommé le
JANVIER. 1764. 201
Sieur de L'Averdy, Conſeiller au Parlement de Paris
, & a rétabli en faveur du Sr Bertin , une Charge
de Secrétaire d'Etat qui avoit été fupprimée.
Le 13 , le Comte de Stharemberg , Ambaſſadeur
de la Cour de Vienne , eut une audience
particulière du Roi , à qui il notifia , de la part
de Leurs Majeftés Impériales & Royale , la mort
de l'Archiducheffe Infante . Il fut conduit , en
long manteau de deuil , à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine & de la Famille Royale ,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambaf
fadeurs. Le 15 , la Cour a pris le deuil , à cette
occafion , pour trois ſemaines.
La Marqnife de Pons , ayant été nommée par
Sa Majefté Dame pour accompagner Madame la
Dauphine , a eu l'honneur d'être préfentée au
Roi en cette qualité.
Le 18 , le fieur Bertin prêta ferment , entre les
mains de Sa Majefté , en qualité de Secrétaire
d'Etat. Le même jour , le Marquis de Bauffer ,
Miniftre Plénipotentiaire du Roi auprès de l'Impératrice
de Ruffie , prit congé de Sa Majesté pour
fe rendre à fa deſtination .
Le 21 , la Comteffe de Virieu fut préſentée à
Leurs Majeftés & à la Famille Royale , par la Marquife
de Sourches.
Le 27 , la Comteffe de Sparre de Cronneberge
fut préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille
Royale , par la Comteffe de Sparre , fa belle-
Soeur.
On a appris que , le 17 , l'Electeur de Saxe étoit
mort à Drefde , le troifiémejour d'une petite vérole
qu'on avoit prife d'abord pour une ébulli
tion peu dangereufe. Ce Prince s'appelloit Fréderic
- Chrétien - Léopold ; il étoit né le s Septem
bre 1722 & avoit été marié le 20 Juin 1747 à la
5
I-v
202 MERCURE DE FRANCE.
Soeur de l'Electeur de Baviere Frederic Augufte ,
Prince Electoral de Saxe , âgé de treize ans , fucèède
aux Etats du feu Electeur fon pere.
Le Marquis de Roux , de Marfeille , qui , en plafieurs
occafions , a donné des preuves de fon zèle
pour le bien de l'Etat , ayant demandé au Roi la
permiffion d'employer à la culture de fes terres
deux cens des familles étrangeres qui traverſent
le Royaume pour fe rendre à Cayenne , Sa Majefté
la lui a accordée & a donné ſes ordres en
conféquence.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont figné
Tes Contrats de mariage du Marquis de Beaucaire
avec Demoiselle de Hornbourg , fille du Comte
dé ce nom ; le 27 du mois dernier ) du Comte
de Sparre avec la Demoifelle Hardouin de Beaumois
, fille du Tréforier Général du Marc d'Or des
Ordres du Roi; du Marquis de Gauville avec la Demoifelle
Filleu , Dame & Patrone de S.Martin - le-
Viel des-Chenets : ( le 11'de ce mois ) da Comte
de Rouault avec la Dame de Brou , veuve du Sr
de Brou,Intendant de Rouen ; ( le 21 ) du Marquis
du Terrail avec Demoiſelle de Cruffol de Montauzier
; ( le 27 ) & du Baron de Boeil avec De
moifelle Saget , fille du fieur Saget , Confeiller
au Parlement de Paris. ľ le 28. )
Le Pere Bertier , Prêtre de l'Oratoire , a eur
T'honneur de préfenter à Sa Majesté trois volumes
de fa compofition , intitulés : Principes Phyfiques ,
"pour fervir de fuite aux Principes Mathématiques
d. Newton.
Le Baron de Zur- Lauben , Maréchal de Camp ,
commandant un bataillon de régiment des Gardes
Striffes & Honoraire Etranger de l'Académie
Royale des Infcriptons & Belles - Lettres , eut
Phonneur de préfenter le 13 de ce mois , fes Ou
A
JANVIER. 1764. 203
vrages à Monfeigneur le Duc de Berty & à Monfeigneur
le Comte de Provence : fçavoir , L'HISTOIRE
MILITAIRE des Suifes au fervice de la
France ; LES MÉMOIRES & LETTRES de Henry
Duc de Rohan ,fur la guerre de la Valteline , publiés
pour la premiere fois , & accompagnées de notes
Géographiques , Hiftoriques & Généalogiques ;
LE GÉNÉRAL D'ARMÉ E par Onofander , Ouvra➡
ge traduitdu Grec & dédié à Monfeigneur le Dauphin
; & les trois volumes de LA BIBLIOTHE
QUE Militaire , Politique & Hiftorique.
19,
Le fieur Clabault a eu l'honneur de préſenter,
fe
à Monfeigneur le Comte d'Artois un Tableau
Généalogique & Chronologique de la Maifon
Royale de France , dédié à ce Prince. Le len
demain , il a eu l'honneur de préfenter le même
Ouvrage à Monfeigneur le Dauphin , à Madame
la Dauphine , à Monseigneur le Duc de Berry & à
Monſeigneur le Comte de Provence.
Le fieur de Saint Geniès Chevalier de Sains
Louis , & Commandant de Bataillon , a eu l'honi
neur de préfenter au Roi un Ouvrage de la com→
pofition, intitulé , l'Officier Partifan.
Le 26 , le fieur Marmontel eut l'honneur de
préfenter à Leurs Majestés & à la Famille Royale
Je Difcours qu'il a prononcé pour la réception à
P'Académie Françoife.
Du 4 Janvier 1764.
Le premier de ce mois , les Princes & Princeffes ,
ainfi que les Seigneurs & Dames de la Cour , ren
dirent leurs refpects au Roi à l'occaſion de la nouvelle
année. Le Corps de Ville de Paris eut le mê
me honneur. Les Hautbois de la Chambre exécu
terent différens morceaux de Mufique pendant le
lever de Sa Majesté.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
1
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint-Elprit , s'étant allemblés dans <
le Cabinet du Roi vers les onze heures du matin ,
Sa Majesté tint un Chapitre dans lequel Elle nomma
Chevaliers dudit Ordre , le Comte de Saulx
Tavannes, Lieutenant-Général & Chevalier d'Honneur
de la Reine , le Chevalier de Muy , Lieutenant-
Général & Menin de Monfeigneur le Dauphin ,.
le Comte du Châtelet-Lomont , Maréchal de Camp
& Ambaffadeur du Roi à la Cour de Vienne ,
& le Comte d'Eftaing , Maréchal de Camp.
Après le Chapitre , le Roi fe rendit à la Chapelle ,
précédé de Monfeigneur le Dauphin , du Duc
d'Orléans , du Duc de Chartres , du Prince de
Gondé , du Comte de Clermont , du Prince de
Conty , du Comte la Marche , du Comte d'Eu ,
du Duc de Penthievre & du Prince de Lamballe ?
& des Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre. Les deux Huiffiers portoient leurs maſſes
devant Sa Majesté qui étoit revêtue du manteau :
Royal , ayant par - deffus , le Collier de l'Ordre &
celui de la Toifon d'Or. L'Evêque Duc de Langres
, Prélat Commandeur , célébra la Grand'
Meffe , à laquelle la Reine , Madame la Dauphine
, Madame Adelaide, & Meſdames Victoire ,
Sophie & Louiſe affifterent dans la Tribune. La
quête fut faite par la Princeffe de Monaco . Après
la Meffe , le Roi fut reconduit à fon appartement
en la maniere accoutumée. Il y eut le même jour
grand couvert pendant lequel les Muficiens du
Roi exécuterent plufieurs fymphonies.
•
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre affifterent , le 2 , au Service anniverſaire
qu'on célébre pour les Chevaliers défunts , & au- -
quel officia l'Evêque d'Orléans , Commandeur de
l'Ordre.
JANVIER 1764. 205
Le même jour , la Cour prit le deuil pour quatorze
jours , à l'occafion de la mort de l'Electeur
de Saxe.
Le 3 , le Parlement de Paris fe rendit à la Cour
pour rendre les reſpects au Roi à l'occafion de la
nouvelle année .
L'Académie Royale des Sciences a eu l'honneur
de préſenter au Roi le Volume de ſes Mémoires
pour l'année 17 ; 8. C'eft le fecond des quatre
volumes dont les fieurs le Roi , de la Lande ,
Tillet & Befout avoient été chargés par Sa Majesté
de compofer la Parrie Hiftorique & de procurer
la publication.
Les fieurs de Caffini , Camus & de Montigny ,
Membres de l'Académie Royale des Sciences , ont
préfenté au Roi une fuite de leur Carte Géographique
, c'eft -à - dire la foixante- neuviéme
Feuille N ° .175 , comprenant les Villes de Sierck,
Luxembourg & Treyes , le cours de la Mozelle
depuis Berg jufqu'à Treves , & celui de la Saxe
depuis Fremerdorfjufqu'à Conds où elle fe joint à
la Mozelle; & la foixante-dixiéme Feuille N° .165 ,-
qui comprend les Villes de Bafle, Huningue , Porrentru
, une partie du cours du Rhin & les lignes
qui féparent la France de la Suiffe .
Le fieur de la Lande , de l'Académie Royale des
Sciences , chargé par le Roi de compoſer chaque
année le Livre de la Connoiffance des Mouvemens
Céleftes , a eu l'honneur de préfenter à Sa Majesté
le Volume de cet Ouvrage , deſtiné pour l'année
prochaine 1765. Indépendamment des calculs
ordinaires faits pour l'ufage des Aftronomes & des
Navigateurs , ce Volume contient de nouvelles
Tables pour l'Aftronomie , une nouvelle théorie
fur la conftruction des Barometres , un détail cus
rieux des expériences faites depuis peu pour la dés
206 MERCURE DE FRANCE .
couverte des longitudes , & plufieurs articles inté
reffans.
L'Abbé de de Burle de Curban a eu l'honneur
de préfenter à Leurs Majeftés , à Monseigneur le
Dauphin & à Madame Adélaide la cinquiéme
Partie de la Science du Gouvernement , Ouvrage
compofé par le feu fieur de Réal. Cette cinquiéme
Partie , qui contient le Droit des Gens , eft dédiée
au Roi. Le fieur le Rouge , ancien Ingénieur--
Géographe du Roi , a préfenté auffi à Sa Majefté &
à Monfeigneur le Dauphin les premiers Exem
plaires des Plans , Profils & Elévation de la nouvelle
Paroifle de la Magdelaine , gravés d'après
les deffeins du fieur Content , Architecte du Roi.
Cet Edifice , qu'on doit conſtruire à l'extrémité
Septentrionale de la nouvelle rue Royale , fervira
de point de vue à la Place de Louis XV.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mereure
prochain.
La Roi a nommé l'Evêque de Vence à l'Evêché.
de Mâcon ; & à l'Evêché de Vence l'Abbé de
Lorry , Vicaire-Général du Diocèfe de Rouen :
à l'Abbaye de Vallemont , Ordre de Saint Be
noît , Diocèle de Rouen , l'Abbé Desforges ,
Vicaire Général du Diocèfe du Mans ; à l'Ab- .
baye de Previlly , Ordre de Citeaux , Diocèle
de Sens , l'Abbé de Trudaine , Vicaire- Général du
Diocèſe de Senlis ; à l'Abbaye de Saint Manfuy ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de Toul , l'Abbé
Bertin , Confeiller d'Etat ; à l'Abbaye de Saint
Sauveur de Blaye , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe
de Bourdeaux , l'Abbé de Pingon , Comte de
Lyon , Vicaire Général du Diocèle de Vienne ; à
l'Abbaye de la Prée , Ordre de Citeaux , Diocèfe
de Bourges , l'Evêque d'Apollonie ; à l'Abbaye
de Saint Georges des Bois , Ordre de Saint Au
guftin , Diocèfe du Mans , l'Abbé de Pujols ,
Vicaire-Général du Diocèfe de Blois ; à l'Abbaye
Saint Vincent du Mans , Ordre de Saint Benoît
l'Evêque d'Orléans à l'Abbaye de Saint Alire ,
même Ordre , Diocèfe de Clermont , l'Archevêque
de Lyon , à l'Abbaye de Saint Auguftin de
Limoges , même Ordre de Saint Benoît , l'Abbé
de Veri , Auditeur de Rote; à l'Abbaye de Saint-
Sulpice de Bourges , même Ordre , l'Abbé le
Noir , Confeiller Clerc au Parlement de Paris
-
:
JANVLER . 1764. 1.99
à l'Abbaye de Chezal , même Ordre , l'Abbé
Gougenot , Confeiller - Clerc au Grand- Confeil
& à l'Abbaye de Saint Martin de Séez , même
Ordre , l'Abbé de Foy ; à l'Abbaye de Laval-
Brefliere , Ordre de Citeaux , Diocèle de Vienne
la Dame de Boiffac ,,Religieufe du Monaftere de
Montfleury , Diocèle de Grenoble ; & à l'Abbaye
de la Scauve , Ordre de Citeaux , Diocèle du ,
Puy, la Dame de Montmorin , Abbeffe de l'Abbaye,
de Clavas , du même Ordre & du même Diocèle :
Cette derniere Abbaye éteinte & demeurera
Ter
unie à celle de la Scauve.
Sa Majesté a nommé Aumônier de la Reine`
l'Abbé de Chilleau , Grand- Vicaire du Diocèſe,
de Metz .
La Ducheffe de Beauvilliers fut préfentée le 27
du mois dernier , à Leurs Majeftés & à la Famille.
Royale par la Ducheffe de Saint Aignan , & prit
enfuite le tabouret chez la Reine.
Le 29 du même mois , le Baron de Gleicken
Envoyé Extraordinaire de la Cour de Dannemarck
, a préfenté à Sa Majefté , de la part du
Roi fon Maître , cinquante- huit faucons d'Iflande.
Le Roi a nommé au Gouvernement de Belle-
Ifle , vacant par la mort du Vicomte de Belfunce
, le Marquis de Vibraye , Lieutenant- Général
de fes Armées , & a bien voulu , en confidération
des fervices de cet Officier , lui accorder la
première Place de Commandeur qui vaquera
dans l'Ordre de Saint Louis. En conféquence , le
Marquis de Vibraye a eu l'honneur de remercier
Sa Majefté le 24 du même mois , & a prêté ferment
le 30 entre les mains du fieur de Maupeou,
Garde des Sceaux , Vice- Chancelier.
Le même jour , la Comtelfe de Holderneff fut
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale
par la Maréchale de Mirepoix ; & le Chevalier du
Buat , Miniftre du Roi auprès de la Diéte Générale
de l'Empire , prit congé de Sa Majefté pour
retourner à Ratisbonne.
Le i de ce mois , le Marquis de Villeroy prêta
ferment entre les mains de Sa Majefté , pour le
Gouvernement du Lyonnois , du Forez & du
Beaujollois.
Le 4 , la Comteffe de Gacé , préfentée par la
Princeffe de Monaco , fit ſes révérences à Leurs
Majeftés & à la Famille Royale.
Le même jour , le Baron de Zuckmantel, Maréchal
de Camp , l'un des Directeurs de la Nobleffe
immatriculée de la Baffe - Alface , & nommé
Miniftre Plénipotentiaire du Roi auprès de
l'Electeur de Saxe , prit congé de Sa Majesté à.
qui il fut préfenté par le Duc de Praflin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le Département
des Affaires Etrangères .
Le 6 , on a célébré dans l'Eglife Paroiffiale de
Notre-Dame , un Service pour le repos de l'ame.
de Louife-Elifabeth de France , Ducheffe de Parme.
La Reine y a affifté , ainſi que Mgr le Dauphin
, Madame Adélaïde , & Mefdames Sophie
& Louife.
Le 8 , la Marquise de Pons fut préſentée à
Leurs Majeftés , ainſi qu'à la Famille Royale ,
par la Comtelle de Pons- Saint- Maurice.
Le 11 , la Marquife de Chalmazel , accompagnée
de la Marquife de Tallara & de la Marquife
de Caftries , fit fes révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le fieur Bertin , Contrôleur-Général des Fid
nances , ayant demandé au Roi la permiſſion dé
fe démettre de fa Place , Sa Majefté y a nommé le
JANVIER. 1764. 201
Sieur de L'Averdy, Conſeiller au Parlement de Paris
, & a rétabli en faveur du Sr Bertin , une Charge
de Secrétaire d'Etat qui avoit été fupprimée.
Le 13 , le Comte de Stharemberg , Ambaſſadeur
de la Cour de Vienne , eut une audience
particulière du Roi , à qui il notifia , de la part
de Leurs Majeftés Impériales & Royale , la mort
de l'Archiducheffe Infante . Il fut conduit , en
long manteau de deuil , à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine & de la Famille Royale ,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambaf
fadeurs. Le 15 , la Cour a pris le deuil , à cette
occafion , pour trois ſemaines.
La Marqnife de Pons , ayant été nommée par
Sa Majefté Dame pour accompagner Madame la
Dauphine , a eu l'honneur d'être préfentée au
Roi en cette qualité.
Le 18 , le fieur Bertin prêta ferment , entre les
mains de Sa Majefté , en qualité de Secrétaire
d'Etat. Le même jour , le Marquis de Bauffer ,
Miniftre Plénipotentiaire du Roi auprès de l'Impératrice
de Ruffie , prit congé de Sa Majesté pour
fe rendre à fa deſtination .
Le 21 , la Comteffe de Virieu fut préſentée à
Leurs Majeftés & à la Famille Royale , par la Marquife
de Sourches.
Le 27 , la Comteffe de Sparre de Cronneberge
fut préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille
Royale , par la Comteffe de Sparre , fa belle-
Soeur.
On a appris que , le 17 , l'Electeur de Saxe étoit
mort à Drefde , le troifiémejour d'une petite vérole
qu'on avoit prife d'abord pour une ébulli
tion peu dangereufe. Ce Prince s'appelloit Fréderic
- Chrétien - Léopold ; il étoit né le s Septem
bre 1722 & avoit été marié le 20 Juin 1747 à la
5
I-v
202 MERCURE DE FRANCE.
Soeur de l'Electeur de Baviere Frederic Augufte ,
Prince Electoral de Saxe , âgé de treize ans , fucèède
aux Etats du feu Electeur fon pere.
Le Marquis de Roux , de Marfeille , qui , en plafieurs
occafions , a donné des preuves de fon zèle
pour le bien de l'Etat , ayant demandé au Roi la
permiffion d'employer à la culture de fes terres
deux cens des familles étrangeres qui traverſent
le Royaume pour fe rendre à Cayenne , Sa Majefté
la lui a accordée & a donné ſes ordres en
conféquence.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont figné
Tes Contrats de mariage du Marquis de Beaucaire
avec Demoiselle de Hornbourg , fille du Comte
dé ce nom ; le 27 du mois dernier ) du Comte
de Sparre avec la Demoifelle Hardouin de Beaumois
, fille du Tréforier Général du Marc d'Or des
Ordres du Roi; du Marquis de Gauville avec la Demoifelle
Filleu , Dame & Patrone de S.Martin - le-
Viel des-Chenets : ( le 11'de ce mois ) da Comte
de Rouault avec la Dame de Brou , veuve du Sr
de Brou,Intendant de Rouen ; ( le 21 ) du Marquis
du Terrail avec Demoiſelle de Cruffol de Montauzier
; ( le 27 ) & du Baron de Boeil avec De
moifelle Saget , fille du fieur Saget , Confeiller
au Parlement de Paris. ľ le 28. )
Le Pere Bertier , Prêtre de l'Oratoire , a eur
T'honneur de préfenter à Sa Majesté trois volumes
de fa compofition , intitulés : Principes Phyfiques ,
"pour fervir de fuite aux Principes Mathématiques
d. Newton.
Le Baron de Zur- Lauben , Maréchal de Camp ,
commandant un bataillon de régiment des Gardes
Striffes & Honoraire Etranger de l'Académie
Royale des Infcriptons & Belles - Lettres , eut
Phonneur de préfenter le 13 de ce mois , fes Ou
A
JANVIER. 1764. 203
vrages à Monfeigneur le Duc de Berty & à Monfeigneur
le Comte de Provence : fçavoir , L'HISTOIRE
MILITAIRE des Suifes au fervice de la
France ; LES MÉMOIRES & LETTRES de Henry
Duc de Rohan ,fur la guerre de la Valteline , publiés
pour la premiere fois , & accompagnées de notes
Géographiques , Hiftoriques & Généalogiques ;
LE GÉNÉRAL D'ARMÉ E par Onofander , Ouvra➡
ge traduitdu Grec & dédié à Monfeigneur le Dauphin
; & les trois volumes de LA BIBLIOTHE
QUE Militaire , Politique & Hiftorique.
19,
Le fieur Clabault a eu l'honneur de préſenter,
fe
à Monfeigneur le Comte d'Artois un Tableau
Généalogique & Chronologique de la Maifon
Royale de France , dédié à ce Prince. Le len
demain , il a eu l'honneur de préfenter le même
Ouvrage à Monfeigneur le Dauphin , à Madame
la Dauphine , à Monseigneur le Duc de Berry & à
Monſeigneur le Comte de Provence.
Le fieur de Saint Geniès Chevalier de Sains
Louis , & Commandant de Bataillon , a eu l'honi
neur de préfenter au Roi un Ouvrage de la com→
pofition, intitulé , l'Officier Partifan.
Le 26 , le fieur Marmontel eut l'honneur de
préfenter à Leurs Majestés & à la Famille Royale
Je Difcours qu'il a prononcé pour la réception à
P'Académie Françoife.
Du 4 Janvier 1764.
Le premier de ce mois , les Princes & Princeffes ,
ainfi que les Seigneurs & Dames de la Cour , ren
dirent leurs refpects au Roi à l'occaſion de la nouvelle
année. Le Corps de Ville de Paris eut le mê
me honneur. Les Hautbois de la Chambre exécu
terent différens morceaux de Mufique pendant le
lever de Sa Majesté.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
1
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint-Elprit , s'étant allemblés dans <
le Cabinet du Roi vers les onze heures du matin ,
Sa Majesté tint un Chapitre dans lequel Elle nomma
Chevaliers dudit Ordre , le Comte de Saulx
Tavannes, Lieutenant-Général & Chevalier d'Honneur
de la Reine , le Chevalier de Muy , Lieutenant-
Général & Menin de Monfeigneur le Dauphin ,.
le Comte du Châtelet-Lomont , Maréchal de Camp
& Ambaffadeur du Roi à la Cour de Vienne ,
& le Comte d'Eftaing , Maréchal de Camp.
Après le Chapitre , le Roi fe rendit à la Chapelle ,
précédé de Monfeigneur le Dauphin , du Duc
d'Orléans , du Duc de Chartres , du Prince de
Gondé , du Comte de Clermont , du Prince de
Conty , du Comte la Marche , du Comte d'Eu ,
du Duc de Penthievre & du Prince de Lamballe ?
& des Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre. Les deux Huiffiers portoient leurs maſſes
devant Sa Majesté qui étoit revêtue du manteau :
Royal , ayant par - deffus , le Collier de l'Ordre &
celui de la Toifon d'Or. L'Evêque Duc de Langres
, Prélat Commandeur , célébra la Grand'
Meffe , à laquelle la Reine , Madame la Dauphine
, Madame Adelaide, & Meſdames Victoire ,
Sophie & Louiſe affifterent dans la Tribune. La
quête fut faite par la Princeffe de Monaco . Après
la Meffe , le Roi fut reconduit à fon appartement
en la maniere accoutumée. Il y eut le même jour
grand couvert pendant lequel les Muficiens du
Roi exécuterent plufieurs fymphonies.
•
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre affifterent , le 2 , au Service anniverſaire
qu'on célébre pour les Chevaliers défunts , & au- -
quel officia l'Evêque d'Orléans , Commandeur de
l'Ordre.
JANVIER 1764. 205
Le même jour , la Cour prit le deuil pour quatorze
jours , à l'occafion de la mort de l'Electeur
de Saxe.
Le 3 , le Parlement de Paris fe rendit à la Cour
pour rendre les reſpects au Roi à l'occafion de la
nouvelle année .
L'Académie Royale des Sciences a eu l'honneur
de préſenter au Roi le Volume de ſes Mémoires
pour l'année 17 ; 8. C'eft le fecond des quatre
volumes dont les fieurs le Roi , de la Lande ,
Tillet & Befout avoient été chargés par Sa Majesté
de compofer la Parrie Hiftorique & de procurer
la publication.
Les fieurs de Caffini , Camus & de Montigny ,
Membres de l'Académie Royale des Sciences , ont
préfenté au Roi une fuite de leur Carte Géographique
, c'eft -à - dire la foixante- neuviéme
Feuille N ° .175 , comprenant les Villes de Sierck,
Luxembourg & Treyes , le cours de la Mozelle
depuis Berg jufqu'à Treves , & celui de la Saxe
depuis Fremerdorfjufqu'à Conds où elle fe joint à
la Mozelle; & la foixante-dixiéme Feuille N° .165 ,-
qui comprend les Villes de Bafle, Huningue , Porrentru
, une partie du cours du Rhin & les lignes
qui féparent la France de la Suiffe .
Le fieur de la Lande , de l'Académie Royale des
Sciences , chargé par le Roi de compoſer chaque
année le Livre de la Connoiffance des Mouvemens
Céleftes , a eu l'honneur de préfenter à Sa Majesté
le Volume de cet Ouvrage , deſtiné pour l'année
prochaine 1765. Indépendamment des calculs
ordinaires faits pour l'ufage des Aftronomes & des
Navigateurs , ce Volume contient de nouvelles
Tables pour l'Aftronomie , une nouvelle théorie
fur la conftruction des Barometres , un détail cus
rieux des expériences faites depuis peu pour la dés
206 MERCURE DE FRANCE .
couverte des longitudes , & plufieurs articles inté
reffans.
L'Abbé de de Burle de Curban a eu l'honneur
de préfenter à Leurs Majeftés , à Monseigneur le
Dauphin & à Madame Adélaide la cinquiéme
Partie de la Science du Gouvernement , Ouvrage
compofé par le feu fieur de Réal. Cette cinquiéme
Partie , qui contient le Droit des Gens , eft dédiée
au Roi. Le fieur le Rouge , ancien Ingénieur--
Géographe du Roi , a préfenté auffi à Sa Majefté &
à Monfeigneur le Dauphin les premiers Exem
plaires des Plans , Profils & Elévation de la nouvelle
Paroifle de la Magdelaine , gravés d'après
les deffeins du fieur Content , Architecte du Roi.
Cet Edifice , qu'on doit conſtruire à l'extrémité
Septentrionale de la nouvelle rue Royale , fervira
de point de vue à la Place de Louis XV.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mereure
prochain.
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Résumé : De VERSAILLES, le 31 Décembre 1763.
Le document détaille les nominations et événements à la cour de France à la fin de l'année 1763 et au début de l'année 1764. Le roi a procédé à plusieurs nominations ecclésiastiques, notamment celle de l'évêque de Vence à l'évêché de Mâcon et de l'abbé de Lorry à l'évêché de Vence. D'autres nominations concernent diverses abbayes et diocèses à travers la France. Le marquis de Vibraye a été nommé gouverneur de Belle-Île. Plusieurs présentations et congés de diplomates et de nobles ont eu lieu, incluant le baron de Gleicken, envoyé extraordinaire de la cour de Danemark, et le chevalier du Buat, ministre du roi auprès de la Diète générale de l'Empire. Des événements marquants incluent un service pour le repos de l'âme de Louise-Élisabeth de France, duchesse de Parme, et la prise de deuil à la cour suite à la mort de l'archiduchesse infante. Le document mentionne également des présentations de livres et d'ouvrages par divers auteurs et membres de l'Académie Royale des Sciences. Le 1er janvier 1764, les princes, princesses, seigneurs et dames de la cour ont rendu leurs respects au roi à l'occasion de la nouvelle année. Par ailleurs, les premiers exemplaires des plans, profils et élévations de la nouvelle paroisse de la Madeleine, gravés d'après les dessins de l'architecte du roi, le sieur Content, ont été présentés. Cet édifice est prévu pour être construit à l'extrémité septentrionale de la nouvelle rue Royale et servira de point de vue à la Place de Louis XV. Enfin, la publication des nouvelles politiques est annoncée pour le prochain Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 230-232
De PARIS, le 30 Décembre 1763.
Début :
Le Comte de Mailly, Chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant Général [...]
Mots clefs :
Comte, Chevalier, Gouverneur, Ordres, Académie, Discours, Lettres patentes, Université, Loterie de l'école royale militaire, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 30 Décembre 1763.
De PARIS, le 30 Décembre 1763 .
LE Comte de Mailly , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant Général de ſes Armées , Gouverneur
des Ville & Château de Dieppe , premier
Ecuyer de Madame la Dauphine , ſe rendit,
le 28 du mois dernier au Couvent des Peres
Cordeliers , revêtu des marques des Ordres de
Sa Majesté & précédé des ſieurs Chendret , Hé,
rault , & Perſeville , Huiſſier deſdits Ordres , aves
leur habit de Cérémonie. Il y préſida , au nom
du Roi , au Chapitre de Saint Michel , & reçut
Chevaliers de cet Ordre , avec les Cérémonies
accoutumées , le ſieur Dunod de Charnage ,
Avocat au Parlement de Besançon , Ancien Vicomte
Mayeur & Lieutenant Général de la même
Ville ; le ſieur Guillot Aubry , de l'Académie
3
FEVRIER. 1764. 231
Royale d'Architecture de la premiere Claffe &
Contrôleur des Bâtimens dépendans des Domaines
de Sa Majeſté ; le ſieur Mercier , ancien
premier Echevin de Paris , & le ſieur Babille ,
Avocat au Parlement , ancien Echevin. Le fieur
Boyer , Chevalier , Secrétaire de l'Ordre , avoit
auparavant adreſſé à l'aſſemblée un Dicours dans
lequel il avoit fait l'éloge des nouveaux Chevaliers ,
&avoit fait mention des motifs qui ont déter
miné Sa Majesté à leur accorder cette grace. Le
Comte de Mailly , & les Chevaliers ſe rendirent
enſuite en proceffion à l'Eglife , & y aſſiſterent
au Service qu'on y célébre tous les ans , lepremier
Lundi de l'Avent , pour les Rois , les Princes&
les Chevaliers décédés.
Le 24 du même mois , l'Académie Françoiſe
s'aſſembla & nomma le ſieur Marmontel pour
remplir la place vacante par la mort du ſieur de
Bougainville.
On a publié ici deux Lettres Patentes du Roi .
Les premieres , datées du 26 Octobre dernier ,
confirment le Collége de Fontenay- le-Comte ,
& l'union qui y a été faite du Prieuré de Rohan-
Rohan ; les ſecondes , du 16 Novembre , portent
tranflation des Ecoles de la Faculté des Droits de
l'Univerſité de Paris ſur la place de la nouvelle
Egliſe de Sainte Genevieve du Mont.
Le 3 dece mois , l'Univerſité tint ſon aſſemblée
al College de LoUIS- LE-GRAND , & annonça
pour l'année prochaine le prix d'Eloquence Latine
fondé par le ſieur Coignard , Secrétaire du
Roi , & Conſervateur des Hypothèques : ce prix
doit avoir pour ſujet: Ubi viget virilis difciplina ,
ibi optima estjuventutis inſtitutio. Le ſieur Camić ,
Profeſſeur au Collége de Lizieux , a été élu , le
16 de ce mois , Recteur de l'Univerſité à la place
du ſieur Fourneau,
232 MERCURE DE FRANCE.
Le 22 , l'Académie Françoiſe tint une ſéance
publique pour la réception du ſieur Marmontel
Le ſieur Bignon répondit , en qualité de Directeur
, au Diſcours du nouvel Académicien.
La ſéance fut terminée par la lecture d'une Epître
en vers du ſieur Marmontel ,fur la force & la
foibleffe de l'Esprit humain .
Le trente - fixiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait , le 24 de ce mois , en
la manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
livres eſt échu au Numéro 64567 celui de vingt
mille livres au Numéro 78669 , & les deux de
dix mille livres aux Numéro 70033 & 74726.
Les , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale Mi
litaire . Les Numéros ſortis de la roue de fortune,
font , 2,39,36,6,900
LE Comte de Mailly , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant Général de ſes Armées , Gouverneur
des Ville & Château de Dieppe , premier
Ecuyer de Madame la Dauphine , ſe rendit,
le 28 du mois dernier au Couvent des Peres
Cordeliers , revêtu des marques des Ordres de
Sa Majesté & précédé des ſieurs Chendret , Hé,
rault , & Perſeville , Huiſſier deſdits Ordres , aves
leur habit de Cérémonie. Il y préſida , au nom
du Roi , au Chapitre de Saint Michel , & reçut
Chevaliers de cet Ordre , avec les Cérémonies
accoutumées , le ſieur Dunod de Charnage ,
Avocat au Parlement de Besançon , Ancien Vicomte
Mayeur & Lieutenant Général de la même
Ville ; le ſieur Guillot Aubry , de l'Académie
3
FEVRIER. 1764. 231
Royale d'Architecture de la premiere Claffe &
Contrôleur des Bâtimens dépendans des Domaines
de Sa Majeſté ; le ſieur Mercier , ancien
premier Echevin de Paris , & le ſieur Babille ,
Avocat au Parlement , ancien Echevin. Le fieur
Boyer , Chevalier , Secrétaire de l'Ordre , avoit
auparavant adreſſé à l'aſſemblée un Dicours dans
lequel il avoit fait l'éloge des nouveaux Chevaliers ,
&avoit fait mention des motifs qui ont déter
miné Sa Majesté à leur accorder cette grace. Le
Comte de Mailly , & les Chevaliers ſe rendirent
enſuite en proceffion à l'Eglife , & y aſſiſterent
au Service qu'on y célébre tous les ans , lepremier
Lundi de l'Avent , pour les Rois , les Princes&
les Chevaliers décédés.
Le 24 du même mois , l'Académie Françoiſe
s'aſſembla & nomma le ſieur Marmontel pour
remplir la place vacante par la mort du ſieur de
Bougainville.
On a publié ici deux Lettres Patentes du Roi .
Les premieres , datées du 26 Octobre dernier ,
confirment le Collége de Fontenay- le-Comte ,
& l'union qui y a été faite du Prieuré de Rohan-
Rohan ; les ſecondes , du 16 Novembre , portent
tranflation des Ecoles de la Faculté des Droits de
l'Univerſité de Paris ſur la place de la nouvelle
Egliſe de Sainte Genevieve du Mont.
Le 3 dece mois , l'Univerſité tint ſon aſſemblée
al College de LoUIS- LE-GRAND , & annonça
pour l'année prochaine le prix d'Eloquence Latine
fondé par le ſieur Coignard , Secrétaire du
Roi , & Conſervateur des Hypothèques : ce prix
doit avoir pour ſujet: Ubi viget virilis difciplina ,
ibi optima estjuventutis inſtitutio. Le ſieur Camić ,
Profeſſeur au Collége de Lizieux , a été élu , le
16 de ce mois , Recteur de l'Univerſité à la place
du ſieur Fourneau,
232 MERCURE DE FRANCE.
Le 22 , l'Académie Françoiſe tint une ſéance
publique pour la réception du ſieur Marmontel
Le ſieur Bignon répondit , en qualité de Directeur
, au Diſcours du nouvel Académicien.
La ſéance fut terminée par la lecture d'une Epître
en vers du ſieur Marmontel ,fur la force & la
foibleffe de l'Esprit humain .
Le trente - fixiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait , le 24 de ce mois , en
la manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
livres eſt échu au Numéro 64567 celui de vingt
mille livres au Numéro 78669 , & les deux de
dix mille livres aux Numéro 70033 & 74726.
Les , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale Mi
litaire . Les Numéros ſortis de la roue de fortune,
font , 2,39,36,6,900
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Résumé : De PARIS, le 30 Décembre 1763.
Le 28 décembre 1763, le Comte de Mailly présida au Couvent des Pères Cordeliers le Chapitre de Saint Michel, où les sieurs Dunod de Charnage, Guillot Aubry, Mercier et Babille furent reçus comme Chevaliers. Le Chevalier Boyer prononça un discours élogieux. Ensuite, ils assistèrent à un service en mémoire des défunts Rois, Princes et Chevaliers. Le 24 décembre, l'Académie Française nomma Jean-François Marmontel pour remplacer François Bougainville. Deux Lettres Patentes du Roi confirmèrent l'union du Collège de Fontenay-le-Comte avec le Prieuré de Rohan-Rohan et transférèrent les écoles de la Faculté des Droits de l'Université de Paris sur la place de la nouvelle Église de Sainte Geneviève du Mont. Le 30 décembre, l'Université annonça un prix d'éloquence latine pour l'année suivante, avec pour sujet 'Ubi viget virilis disciplina, ibi optima est juventutis institutio'. Le sieur Camic fut élu Recteur de l'Université le 16 décembre. Le 22 décembre, l'Académie Française tint une séance publique pour la réception de Marmontel, au cours de laquelle le sieur Bignon répondit au discours du nouvel académicien. La séance se termina par la lecture d'une épître en vers de Marmontel sur la force et la faiblesse de l'esprit humain. Le 24 décembre, la Loterie de l'Hôtel de Ville attribua des lots de 50 000, 20 000 et 10 000 livres, et la Loterie de l'École Royale Militaire tira les numéros 2, 39, 36, 6 et 900.
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44
p. 221-222
SUPPLÉMENT aux Beaux-Arts. PEINTURE.
Début :
L'Académie de S. Luc, toujours attentive au progrès des Arts [...]
Mots clefs :
Peinture, Académie, Sculpture, Anatomie, Organes, Enseignement, Curiosité
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texteReconnaissance textuelle : SUPPLÉMENT aux Beaux-Arts. PEINTURE.
SupplÉm ENT aux Beaux-Ans* PEINTURE, L’Académie de S. Luc, toujours attentive au progrès des Arts de Peinture & de Sculpture , fait faire un Cours d'Anatomie relative aux connoiflances indifpenlablesà ces Ans. On y parte même à l’expofition & à la démonilration des Organes qui y ont un rapport moins direél, afin de fatisfaire les Curieux & les Sçavans que ce Cours attire. li a recommencé le a8 Janvier dernier , pour durer jufqu’à la fin de Mars, & fera continué exactement tous les ans pen-
• • • K ii]
ziz MERCURE DE FRANCE, dant trois mois, dans l’Amphithéâtre de l’Académie , rue du Haut-Moulin, près S.Denis delà Chartre.il commence à fept heures du fuir, apiès la levée du Modèle.
• • • K ii]
ziz MERCURE DE FRANCE, dant trois mois, dans l’Amphithéâtre de l’Académie , rue du Haut-Moulin, près S.Denis delà Chartre.il commence à fept heures du fuir, apiès la levée du Modèle.
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Résumé : SUPPLÉMENT aux Beaux-Arts. PEINTURE.
L'Académie de Saint-Luc organise un cours d'anatomie pour les arts de la peinture et de la sculpture. Ce cours, débuté le 18 janvier, se poursuit jusqu'à fin mars et inclut des démonstrations d'organes. Les sessions se tiennent à sept heures du matin dans l'amphithéâtre de l'Académie, rue du Haut-Moulin.
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45
p. 172
EXTRAIT d'une Lettre de Warsovie, du 8 Septembre 1764.
Début :
"Hier 7, le Comte Stanislas Poniastowski, Stolnich du Duché de Lithuanie, [...]
Mots clefs :
Comte, Grand-duché de Lituanie, Élection, Évêque, Académie, Couvent, Invention , Machine
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Warsovie, du 8 Septembre 1764.
EXTRAIT d'une Lettre de Warfovie , du 8
Septembre 1764.
D Hier · 7 le Comte Staniſlas Poniatowski ,
» Stolnick du Duché de Lithuanie , a été élu .
» & proclamé Roi de Pologne par les Nonces
& Senateurs aflemblés dans le Szoppa on
» Champ d'Election . Cette Election s'eft faite
avec la tranquillité & l'unanimité qu'on pou-
>> voit attendre de la fituation préfente des af
>> faires. L'Evêque de Cracovie s'étoit retiré &
n'a point affifté à cet événement.
Le Sieur Bonvenant Poix a inventé une machine
propre à cribler le bled , qui a la forme
d'un Côpe tronqué , dont la propriété eft de
nettoyer parfaitement le bled & de féparer en
même - temps le bon grain d'avec les pailles ,
l'ivraie , les grains altérés & les charençons ;
l'épreuve en a été faite , en préfence de l'Academie
des Sciences & de la Société Royale d'Agriculture
au Couvent des Chartreux & à
T'Abbaye de S. Nicolas des Champs , & les Commilaires
nommés par l'Académie ont rendy
des témoignages avantageux de la machine.
Septembre 1764.
D Hier · 7 le Comte Staniſlas Poniatowski ,
» Stolnick du Duché de Lithuanie , a été élu .
» & proclamé Roi de Pologne par les Nonces
& Senateurs aflemblés dans le Szoppa on
» Champ d'Election . Cette Election s'eft faite
avec la tranquillité & l'unanimité qu'on pou-
>> voit attendre de la fituation préfente des af
>> faires. L'Evêque de Cracovie s'étoit retiré &
n'a point affifté à cet événement.
Le Sieur Bonvenant Poix a inventé une machine
propre à cribler le bled , qui a la forme
d'un Côpe tronqué , dont la propriété eft de
nettoyer parfaitement le bled & de féparer en
même - temps le bon grain d'avec les pailles ,
l'ivraie , les grains altérés & les charençons ;
l'épreuve en a été faite , en préfence de l'Academie
des Sciences & de la Société Royale d'Agriculture
au Couvent des Chartreux & à
T'Abbaye de S. Nicolas des Champs , & les Commilaires
nommés par l'Académie ont rendy
des témoignages avantageux de la machine.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Warsovie, du 8 Septembre 1764.
Le 7 septembre 1764, le Comte Stanislas Poniatowski, Stolnick du Duché de Lithuanie, a été élu et proclamé Roi de Pologne. Cette élection a eu lieu dans le Szoppa, sur le Champ d'Élection, dans le calme et l'unanimité. L'Évêque de Cracovie n'a pas assisté à cet événement. Parallèlement, le Sieur Bonvenant Poix a inventé une machine à cribler le blé, en forme de cône tronqué. Cette machine nettoie efficacement le blé en séparant le bon grain des impuretés telles que les pailles, l'ivraie, les grains altérés et les charançons. Une démonstration de cette machine a été présentée devant l'Académie des Sciences et la Société Royale d'Agriculture, au Couvent des Chartreux et à l'Abbaye de Saint-Nicolas-des-Champs. Les commissaires de l'Académie ont rendu des témoignages positifs sur la machine.
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46
p. 173
SERVICE.
Début :
L'Académie de S. Luc a fait célébrer en sa Chapelle [...]
Mots clefs :
Académie, Service solennel, Comte, Cérémonie, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SERVICE.
SERVICE.
L'Académie de S. Luc a fait célébrer en fa
Chapelle le 17 Septembre , un Service Solemnel
pour le repos de l'ame du Comte d'Argenfon
Miniftre d'Etat , & Protecteur de cette Académie
de Peinture. Le Marquis de Paulmy , Protecteur
actuel , a affifté à cette cérémonie.
L'Académie de S. Luc a fait célébrer en fa
Chapelle le 17 Septembre , un Service Solemnel
pour le repos de l'ame du Comte d'Argenfon
Miniftre d'Etat , & Protecteur de cette Académie
de Peinture. Le Marquis de Paulmy , Protecteur
actuel , a affifté à cette cérémonie.
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